(Dix heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
mardi matin, chers collègues. J'espère que vous avez passé une très belle fin
de semaine.
Alors, je vous demande, s'il vous plaît, de bien
vouloir vous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. On peut s'asseoir.
Affaires du jour
Alors, pour
la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement, comment
commençons-nous cette semaine?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bonjour, M. le Président, d'abord, en vous saluant. Nous commençons en vous
saluant puis en vous disant que nous sommes très heureux d'être ici ce matin
pour reprendre nos travaux, belle journée à Québec, beau soleil. Donc, je salue
également les collègues.
Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 64
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
nous débutons avec l'article 2 du feuilleton. L'Assemblée reprend le débat
ajourné le 25 septembre 2024 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée national de l'histoire du
Québec.
Au moment de l'ajournement, Mme la députée de
Robert-Baldwin avait terminé son intervention. Alors, je suis maintenant prêt à
reconnaître la prochaine ou le prochain intervenant, et ce sera M. le député de
l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Alors, bonjour, M.
le Président. Heureux de prendre la parole à l'étape de l'adoption du principe
du projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée
national de l'histoire du Québec.
Alors, c'est un projet de loi important. C'est
un sujet qui est aussi excessivement important pour toute personne, l'histoire
de l'endroit où elle vit, l'histoire de sa province, l'histoire de sa nation,
l'histoire de son pays, l'histoire en général. C'est une science qui est
excessivement, je vous dirais, importante parce qu'elle permet de saisir ce qui
s'est fait dans le passé, de bonnes et de
mauvaises choses, et, quand on identifie et qu'on étudie les mauvaises choses,
on essaie évidemment de ne pas les répéter, mais, pour ça, bien sûr, il
faut... il faut connaître son histoire puis il faut être capable d'en parler, pour les bons coups puis les mauvais
coups, de ce qu'un peuple, une nation peut vivre au fur et à mesure où
les années passent.
Moi, je vous dirais, M. le Président, quand j'ai
entendu cette idée-là d'histoire du Québec et de musée, ma première réaction,
c'était une réaction de joie parce que je suis un fan d'histoire. J'ai eu le
plaisir de rédiger une thèse de doctorat en histoire du droit et en droit pénal
comparé. Je ne sais pas si ça fait de moi un historien, parce que je n'ai pas eu le privilège d'enseigner longtemps
l'histoire, mais j'ai enseigné l'histoire des institutions et du droit à
l'Université d'Ottawa. Donc, c'est
pour vous dire, c'est pour vous dire comment l'histoire, pour moi, c'est
hyperimportant, puis être capable, évidemment, de l'analyser avec un esprit
critique, c'est aussi fondamental. C'est ce que j'essayais de faire avec
mes étudiants.
D'ailleurs, je vous fais une petite anecdote
personnelle. Plus jeune, avec mes parents, mes parents me disaient toujours : Bon, bien, avant d'aller voyager à
l'extérieur, on va connaître... on va connaître le Québec. Et moi, ma...
Finalement, ce que j'aimais bien, quand on se promenait sur les chemins,
dont le chemin du Roy, c'était d'identifier les plaques historiques puis de
leur dire : Bien là, il faudrait arrêter là, il faudrait aller lire la
plaque. Tu sais, après quelques heures de lire la plaque, ils commençaient à
être un peu tannés, ils avaient hâte qu'on arrive à quelque part, mais c'est
pour vous dire comment l'histoire, pour moi, a toujours été hyper,
hyperimportante. Puis, pour moi, un musée national de l'histoire du Québec,
c'est un ouvrage, c'est une décision, c'est une institution qui devrait
rassembler et non pas diviser.
Et je vous dirai que, quand j'ai suivi tous les
cours d'histoire que j'ai été capable de suivre, que ce soit au primaire, au
secondaire, au cégep ou à l'université, en tout cas, les enseignants que
j'avais ont toujours commencé les cours d'histoire, d'histoire du Québec ou
d'histoire du Canada, en parlant des Premières Nations, des Premiers Peuples. Et je dois vous dire que j'ai été un petit peu
surpris, hein, je vous partage ça ce matin, d'entendre, puis j'espère que je
reprends bien les mots du premier ministre, mais, à un moment donné, je
pense que notre premier ministre disait : L'histoire ou le Musée national
de l'histoire du Québec va commencer avec Champlain. Oh! ça m'a étonné, je dois
vous dire, parce que, dans le cursus
d'histoire que j'ai suivi, l'histoire du Québec ne commençait pas avec
Champlain, ne serait-ce que si on veut
parler... si on veut parler de la Nouvelle-France, peut-être qu'on pourrait
parler de Jacques Cartier qui est venu un petit peu avant Champlain.
Donc, j'ai été un petit peu étonné.
Et puis, après ça, il y a eu comme un débat, à
savoir est-ce qu'on allait inclure les Premières Nations ou pas. Je trouvais ça aussi un petit peu étonnant. Et,
ici, pour l'opposition officielle, j'ai le privilège d'être le porte-parole
pour les relations avec les Premières Nations et
les Inuits. Donc, vous comprendrez, M. le Président, que, quand j'ai entendu tout ça, bien, je me suis senti un petit peu
interpelé, puis c'est pour ça, entre autres, que je voulais parler en cette
Assemblée ce matin peut-être pour mettre des choses en perspective puis
peut-être, bien, évidemment, éventuellement inspirer le gouvernement.
Et pour cette raison,
pour cette raison, je me suis particulièrement attardé au mémoire qui a été
présenté par différents groupes ou institutions des Premières Nations, et je
nomme le Conseil en éducation des Premières Nations, l'APNQL, l'Assemblée des
premières nations Québec-Labrador et l'Institut Tshakapesh. Et je vais prendre
quelques instants pour rappeler certains passages de leur mémoire qui, je
pense, méritent d'être retenus, méritent à tout le moins d'être discutés,
méritent d'en... qu'il faut s'en rappeler.
Et je cite la
page 11, où on indique : «La création d'un musée sur l'histoire du Québec
offre une occasion unique de rendre hommage
au riche panorama historique et culturel de la province. Toutefois, cette
initiative ne sera réussie que si
elle intègre pleinement et respectueusement les perspectives et les
contributions des Premières Nations. L'APNQL, le CEPN et l'Institut Tshakapesh souhaitent que le projet de loi n° 64 soit amendé pour refléter une vision inclusive, juste et
équitable de l'histoire du Québec, comme le recommande ce mémoire.»
Et, quand vous
regardez les différentes recommandations, puis je vais en citer quelques-unes
pour attirer évidemment l'attention du gouvernement sur cette réalité, parmi
les recommandations du mémoire et les différents chapitres, on souligne... on demande d'«intégrer les récits,
contributions et perspectives autochtones à toutes les expositions, avec
des sections gérées directement par les Premières Nations». Et, ça, je pense
que c'est important, parce que, quand on regarde, évidemment, l'apport des
Premières Nations à l'histoire du Québec, quand on regarde et qu'on relit la
déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones, et d'ailleurs, il y
a au moins une motion de l'Assemblée nationale qui souligne évidemment qu'on
doit en tenir compte, ça n'a pas encore été adopté par le gouvernement, mais
c'est quand même un document des Nations unies qui est hyperimportant, on voit
comment il est important de travailler, finalement, en codirection, en
partenariat avec les Premières Nations pour qu'ils puissent avoir véritablement
leur place au sein, évidemment, des différentes initiatives du gouvernement. Et
c'est ce que... c'est ce que le mémoire rappelle dans... en ce qui a trait à la
création d'un musée national de l'histoire du Québec.
On nous dit
également : «Respecter les protocoles culturels des Premières Nations pour
la conservation et la présentation d'artefacts autochtones, ce qui est aussi,
effectivement, très important.
«Reconnaître les
approches éducatives et pédagogiques des Premières Nations concernant
l'histoire en valorisant les savoir-faire des Premières Nations.» Ça, je pense
que c'est important d'être capable de travailler en partenariat avec les
Premières Nations pour faire en sorte que non seulement on reconnaisse leurs
approches éducatives et pédagogiques, qui sont très souvent différentes des
nôtres, mais également de mettre en valeur les savoir-faire des Premières
Nations et organiser des consultations régulières avec des membres et des
experts des Premières Nations pour garantir
des représentations justes et respectueuses, y compris la révision de la
politique culturelle et de la politique muséale du ministère de la
Culture et des Communications. Donc, on parle ici, évidemment, de partenariat,
et c'est ce à quoi je faisais référence au début de mon allocution.
«Élaborer des
programmes éducatifs en collaboration avec les Premières Nations pour
sensibiliser le public à leur histoire et à leurs enjeux contemporains.» Et,
quand je vous disais que, dans l'histoire, bien oui, il faut raconter, il y a
plein de gens, nos ancêtres ont fait plein de trucs hyperimportants, hyperpositifs,
mais il y a aussi des moments de notre
histoire qui... en fait, des moments qui sont beaucoup plus sombres. Puis ça,
bien, je pense qu'il faut avoir l'honnêteté, et puis c'est question de
justice, d'être capable d'en parler.
• (10 h 10) •
Puis, parmi les
moments plus sombres de notre histoire, il y en a, malheureusement, qui
touchent les Premières Nations et les autochtones. On a vécu, hier, la journée
de la vérité et de la réconciliation. Samedi, il y avait une vigile, une
cérémonie commémorative à la mémoire de Joyce Echaquan. Ça fait aussi partie de
notre histoire. Puis la vérité et la réconciliation pour les peuples
autochtones, c'est évidemment d'en parler, de le reconnaître, mais d'être
capable aussi de le montrer. Ça fait partie de notre histoire.
Et ça a eu un impact
terrible chez les Premières Nations. Je ne sais pas si vous avez eu la chance
d'écouter, hier, le témoignage du Dr Stanley Vollant à la radio. Il a fait une
grande marche, il est arrivé dans la région de Pikogan et il disait que, pour
la première fois, il avait réussi à parler à sa fille de ce qu'il avait vécu,
de ce que sa mère avait vécu dans les écoles résidentielles où étaient
littéralement enlevés et confinés des membres des Premières Nations. Ce n'est
pas un moment glorieux de notre histoire, M. le Président, mais, ça aussi, il
faut avoir le courage d'en parler. Il faut avoir le courage de faire connaître
ce qui s'est passé, parce qu'évidemment on ne voudrait plus jamais, jamais que
ce genre de situation là arrive. Ça, ça m'apparaît important.
Donc, quand on parle
ici, dans leur mémoire, d'élaborer des programmes éducatifs en collaboration
avec les Premières Nations pour sensibiliser le public, bien, je pense que
c'est tout ça, et parler, évidemment, de leur histoire et de leurs enjeux
contemporains qui sont intimement liés aux nôtres, évidemment.
«Former le personnel,
les membres du conseil d'administration et les membres du comité d'experts du
musée à propos des cultures autochtones afin
d'éviter des stéréotypes et des erreurs historiques.» Parce qu'il y en a. Puis,
quand je vous disais d'emblée que je pense qu'un musée, ça sert aussi à
montrer, à faire réfléchir les gens, à leur permettre de développer un esprit
critique, bien, je pense que c'est aussi la mission d'un musée, et puis que,
quand on sort d'une exposition, bien, on se dit : Oui, O.K., mais j'ai
appris quelque chose et maintenant je vais peut-être faire des choses différemment parce que, grâce à ce que j'ai
appris, grâce à ce que je sais de notre histoire, bien, évidemment, on va être
capable de ne pas répéter des erreurs du passé.
«Inclure des expositions mettant en valeur les
contributions contemporaines des Premières Nations et offrant également une
plateforme aux artistes et aux leaders autochtones.» Donc, finalement, c'est
très, très important, et je pense qu'il faut le souligner
puis il faut être capable de reconnaître l'apport constitutif et cardinal des
Premières Nations et des Inuits par leurs savoirs, leurs langues, leurs
cultures ainsi que leurs systèmes de gouvernance distincts dans l'histoire, le
territoire et la société contemporaine du Québec. Ça, je pense que c'est tout à
fait essentiel.
Et je pense
que c'est la raison aussi pour laquelle, avec ce musée, il faudra être inclusif
et il faudra que le comité scientifique ait un apport essentiel, parce que je
pense que la pire des choses qu'on puisse faire avec un musée national
d'histoire, c'est d'en faire un... de politiser un musée pour en faire une
espèce d'histoire qui ne correspondrait pas, comme
je vous le disais tout à l'heure, à certains bons coups et moins bons coups de
ce qu'on a vécu ici, au Québec et au Canada. Il faut être capable, il
faut avoir le courage d'aborder des perspectives différentes, des points de vue
différents et de le montrer, surtout, surtout, ne pas utiliser un musée à des
fins partisanes.
Je vais revenir avec la déclaration du premier
ministre et puis au moins d'un historien, où on voulait faire débuter
l'histoire, finalement, avec Champlain. Champlain a contribué d'une façon tout
à fait significative à l'histoire du Québec et du Canada. Il a fondé la ville
dans laquelle on se trouve présentement, il a exploré des contrées, en fait, il
en a fait, du kilomètre en canot, c'est clair, d'ailleurs, d'ailleurs, en canot
avec des membres des Premières Nations. Donc,
en tout cas, je ne sais pas comment est-ce que... Si on se fie à la position de
certains, je ne sais pas comment ils vont décrire les gens qui étaient
avec Champlain, là, mais, en tout cas, quand on regarde des estampes, quand on
regarde des récits de ses voyages, on voit
qu'il était accompagné des membres des Premières
Nations. Les Premiers Peuples, les
Premières Nations, sont arrivés ici il y a des milliers d'années et ils
étaient, d'ailleurs, bien présents.
Et c'est vrai que Champlain a fondé le Québec,
l'habitation de Québec. C'était une résidence qui... où les gens, évidemment, ont vécu d'une façon plus permanente,
d'une façon continue depuis 1608, sauf pour l'épisode des frères Kirke, vous vous en rappellerez. Les Anglais ont pris
possession de l'habitation assez rapidement, puis après ça, avec des traités
internationaux, ça a été redonné aux Français, mais, quand même, des gens ont
vécu ici.
Mais ils n'ont pas été... Champlain n'a pas été
le premier à vouloir avoir un projet de peuplement pour le territoire du Québec. Rappelez-vous des
initiatives de Cartier et de Roberval, qui, à Cap-Rouge, ont fondé un
établissement et où des colons français y ont quand même vécu un premier
hiver très difficile, très difficile. Puis, sans l'aide des Premières Nations,
pas sûr qu'ils auraient tous survécu. Tellement difficile, ça a entraîné,
éventuellement, des conflits. Il y a eu aussi un conflit entre Roberval et
Cartier, donc, évidemment, ils sont repartis, mais on ne peut pas passer sous silence les voyages de Cartier. Et Cartier, quand
il a remonté le fleuve jusqu'à Montréal, quand on lit ses récits de voyage,
on voit qu'il a été accueilli dans une... je ne sais pas si on peut appeler ça
une municipalité, ou une ville, ou un village, mais dans un peuplement des Premières
Nations qui était excessivement grand. Alors, il l'a décrit.
Donc, est-ce
que ça voudrait dire que, dans le Musée national de l'histoire du Québec...
qu'est-ce qu'on va faire? On ne parlera pas des voyages de Jacques
Cartier? On ne parlera pas de sa visite à Hochelaga? On ne parlera pas qu'il a
rencontré des...
D'ailleurs, Cartier a ramené en France des
membres des Premières Nations. Pas sûr qu'il leur a demandé leur consentement pour les ramener. Et, ça aussi, c'est
des moments moins glorieux, puis je pense qu'il faut avoir l'honnêteté
d'en parler et de le reconnaître. Peut-être que Cartier, hein, qui était censé
découvrir plein de diamants puis de richesses en Nouvelle-France, s'est dit que
peut-être qu'il serait mieux de ramener quelqu'un juste pour prouver au roi de
France qu'il avait... il était allé dans une
contrée où il y avait du monde. Mais, justement, il y avait du monde qui y
vivait. Il vivait dans une société organisée, dans des villages. Il y avait des
moyens de locomotion. Ce n'était pas n'importe quoi, là.
Alors, tout ça réitère mon point de vue de
l'importance, de l'importance, évidemment, de parler... de parler des Premières Nations dans ce qui sera un jour le Musée national de l'histoire du Québec. Je
vois mal, sincèrement, comment on peut en parler sans eux. D'autant plus
qu'entre les Français, et les différentes nations autochtones, et les Anglais,
bien, évidemment, ça a généré beaucoup de conflits, ce qui a quand même permis,
éventuellement, la Grande Paix de Montréal,
qui est un événement, évidemment, important dans l'histoire de la
Nouvelle-France, où le gouverneur a réussi à signer avec les différentes
nations autochtones un traité pour amener la paix et la prospérité.
Donc, tout ça
pour vous dire que notre histoire, elle est intrinsèquement liée à celle des
Premières Nations. Ils étaient là bien avant nous. Si Jacques Cartier, quand il
a hiverné avec ses bateaux, n'avait pas eu l'apport de la pharmacopée des
Premières Nations, ils seraient probablement tous morts du scorbut. Personne
n'aurait pu raconter leur voyage, donc, d'où l'importance, évidemment,
évidemment, d'en parler.
Je vous ai parlé évidemment des écoles
résidentielles. Il ne faut pas l'oublier. Il faut être capable d'avoir le
courage de dire ce qui s'est passé, mais évidemment connaître son histoire,
c'est fondamental, ça évite de répéter des erreurs
du passé. Puis je vous dirais que c'est aussi un message pour nous qui siégeons
en ce parlement, mais pour toutes les
personnes aussi qui viennent le visiter, parce que, quand vous regardez
l'oeuvre de Taché et que vous regardez la façade du parlement, c'est clairement une ode à l'histoire du Québec, et puis
les Premières Nations y occupent une place significative. Donc, il ne
faut pas l'oublier, absolument.
On est privilégiés. On débat dans ce salon
rouge, mais, en haut de vous, on a évidemment une magnifique toile d'une des
réunions du Conseil souverain de la Nouvelle-France. Donc, partout au
parlement, l'histoire est présente. Et je
pense que, si je souhaite quelque chose, c'est que ce musée national de
l'histoire reflète cette réalité de tous les peuples, à commencer par
les Premières Nations, qui ont fait du Québec, du Canada, finalement, une
nation qui est fière, qui a une belle histoire, avec des moins bons côtés, mais
dont il faut se parler. Je pense que c'est excessivement important.
C'est la
raison pour laquelle je ne peux pas être contre le principe. Je vais appuyer le
principe du projet de loi n° 64.
Et je termine en rappelant la devise du Québec,
qui est tout à fait pertinente, M. le Président, Je me souviens.
• (10 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il n'y en a
pas.
Mise
aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 64, Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec, est-il adopté? Adopté. M.
le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la
culture et de l'éducation
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 64, la Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec, soit déféré à la
Commission de la culture et de l'éducation pour son étude détaillée et que le
ministre de la Culture et des Communications soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce
que cette motion est adoptée? Adopté.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 59 du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Entente entre le Québec et le
Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de sécurité
sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, à
l'article 59 du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat
sur la motion inscrite à l'article 59 du feuilleton faisant suite au dépôt
par Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le
11 septembre 2024, d'un engagement international. Cette motion se lit
comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale approuve l'Entente entre le Québec et le Royaume de
Belgique modifiant l'Entente en
matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique signée le
28 mars 2006, signée le 19 avril 2023.»
Je vous rappelle qu'en vertu de
l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales
cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. La répartition des temps de parole dans le cadre de ce
débat s'effectuera comme suit : 57 minutes sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 31 min 4 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
20 min 34 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
6 min 51 s sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps qui est non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants
que, s'ils souhaitent intervenir au cours de ce débat, ils ont 10 minutes
à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède donc maintenant la parole au premier
intervenant, et ce sera M. le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. C'est vraiment avec plaisir que je propose
aujourd'hui à cette Assemblée, au nom de la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, l'approbation de l'Entente entre le Québec et le Royaume de Belgique modifiant
l'Entente en matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique que la ministre a signée
le 19 avril 2023, à Québec, en compagnie du Consul général de Belgique,
M. Geert Vansintjan.
La conclusion d'une entente internationale telle
que celle qui fait l'objet du débat actuel est la forme la plus achevée des
relations diplomatiques entre les États parce que l'entente est créatrice
d'obligations juridiques, sur le plan international, avec le partenaire
étranger. Ces engagements doivent ainsi être honorés par les parties
contractantes. Chacune de ces ententes conclues renforce la reconnaissance du
Québec comme partenaire à part entière sur la scène internationale. L'action internationale des États et des gouvernements
s'avère, dans l'actuel contexte de la mondialisation, de plus en plus incontournable. Les gouvernements
travaillent fort afin de promouvoir les échanges économiques, la mobilité
des personnes, la coopération en matière d'éducation, de science ou d'autres
domaines.
Le Québec a la chance de compter sur un riche
réseau de délégations, de bureaux et d'antennes à l'étranger. Ceux-ci, au
nombre de 34 dans 19 pays, nous permettent d'être en contact avec des
gouvernements et des sociétés avec lesquels
nous avons établi, au fil des décennies, des relations d'échange et de respect.
Ce réseau diplomatique est devenu l'un
des plus importants bâtis par un État fédéré sur la planète. C'est quand même
quelque chose, ça, M. le Président. La conclusion d'ententes internationales
par le gouvernement du Québec, comme celle soumise aujourd'hui pour approbation,
c'est vraiment un bel exemple de cette coopération.
Sur la base
de la réciprocité, les ententes de sécurité sociale favorisent la mobilité des
personnes, des travailleurs et des étudiants. Ceci est accompli par la
coordination des régimes de sécurité sociale qui sont visés à ces ententes. Près du tiers de ces
ententes conclues incluent, en plus des dispositions sur les rentes de
retraite, d'invalidité et de survivant, des dispositions sur la santé, les accidents du travail et les maladies
professionnelles. C'est, d'ailleurs, le cas de l'entente qui fait
l'objet du présent débat. Ces ententes garantissent aux personnes visées le
maintien de leur acquis... de leurs acquis, pardon, et de leurs droits en voie
d'acquisition dans les régimes qu'ils quittent et une intégration plus rapide
dans les régimes de sécurité sociale du territoire d'accueil. Elles favorisent,
donc, la mobilité des personnes.
Les dispositions sur
l'assujettissement déterminent la législation à laquelle l'employé demeure
soumis durant son assignation temporaire sur l'autre territoire et celle à
laquelle l'employeur doit effectuer les cotisations afférentes, évitant ainsi
une cotisation supplémentaire au régime applicable sur le territoire d'envoi.
Des dispositions analogues s'appliquent aux travailleurs autonomes. Ces
ententes favorisent donc aussi la mobilité des travailleurs. Les ententes qui, comme celle-ci, incluent aussi le volet
santé, permettent aux personnes visées, dont les étudiants, de s'inscrire dès
leur arrivée au régime d'assurance
maladie du Québec et au régime d'assurance hospitalisation, sans qu'il leur
soit nécessaire de souscrire à une assurance privée. Elles favorisent
donc aussi la mobilité étudiante.
Le Québec bénéficie
largement des ententes de sécurité sociale. Au cours des années 80 et 90,
la priorité dans la négociation de ces ententes a été accordée aux pays d'où
provenait alors l'immigration et desquels des résidents du Québec pouvaient espérer
obtenir l'exportation de leurs pensions par la conclusion d'ententes. Les
premières ententes ont donc été conclues
avec les États-Unis, la France, l'Italie, l'Allemagne, la Grèce et le Portugal.
Ce faisant, des milliers de personnes
ont ainsi amélioré leur qualité de vie et particulièrement leurs conditions
économiques. Par la suite, les efforts du Québec ont porté plutôt vers
des pays où des entreprises québécoises étaient susceptibles d'envoyer des
travailleurs détachés dans le cadre de contrats à l'étranger, et ce, afin de
leur épargner une double cotisation aux régimes de sécurité sociale
applicables. On pense ici aux ententes conclues avec le Brésil, l'Inde et la
Corée du Sud. Plusieurs entreprises québécoises y bénéficient ainsi d'un
avantage comparatif.
La
pertinence de conclure de telles ententes demeure évidente pour tous, sans
oublier le rayonnement international qu'elles apportent au Québec en
tant que seule entité fédérée à négocier de telles ententes avec des pays
souverains. Il s'agit là d'une démonstration concrète de l'action
internationale du Québec, en négociant et en mettant en oeuvre ces ententes.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Chapleau. Je suis maintenant prêt à entendre
la prochaine intervention. M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, M. le Président. Alors,
très heureux, ce matin, de prendre la parole lors de cette... de l'étude de
cette motion, finalement, qui a été présentée et signée par la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie.
Il s'agit d'une
entente, comme le collègue de la banquette gouvernementale le soulignait, entre
le Québec et le Royaume de Belgique, modifiant l'entente en matière de sécurité
sociale qui existait auparavant. Donc, évidemment, c'est une mise à niveau,
mise à jour très importante, très importante. Parce que je regardais rapidement
des statistiques, et les derniers chiffres
que j'ai trouvés, c'est qu'il y aurait 51 340 Belges qui vivent au
Québec, donc c'est pour vous dire comment cette entente-là,
effectivement, est utile, dont 32 000 qui vivent dans la grande région de
Montréal. Et, comme le soulignait le collègue de la banquette gouvernementale,
ces ententes que le Québec peut conclure avec d'autres États est pour moi, évidemment, une manifestation de
l'importance pour le Québec, basée notamment sur la doctrine Gérin-Lajoie,
d'avoir une présence dans le monde, à l'international, au sein de ses
compétences législatives.
Donc, c'est une
entente qui est importante parce que ça va permettre la mobilité entre la
Belgique et le Québec. Et le Québec et la
Belgique ont évidemment plusieurs choses en commun. Bien sûr, il y a la langue.
Plusieurs Belges parlent le français
tout comme nous, d'ailleurs. La Belgique est aussi riche de sa culture, et que
dire de sa gastronomie, un volet qu'il
ne faut pas négliger. Évidemment, qui n'a pas déjà savouré des frites belges
et, évidemment, dégusté quelques bières? Il y en a plusieurs en
Belgique, d'où l'importance, évidemment, bien sûr, d'avoir ces échanges entre
la Belgique et le Québec. La science de l'art et la musique, évidemment, la
culture, l'art, en Belgique tout comme au Québec, ce sont deux éléments
hyperimportants.
L'éducation.
L'éducation. En Belgique, ils ont d'excellentes universités, où, d'ailleurs,
plusieurs Québécois vont étudier. Et nous avons d'excellentes universités au
Québec qui permettent à des Belges de venir, évidemment, étudier chez nous.
Pour ne nommer que celle-ci, je réfère à l'Université Libre de Bruxelles, où
ils ont des programmes, évidemment, d'études supérieures qui sont très, très
reconnus à travers le monde. Donc, l'éducation est un élément particulièrement
important que nous valorisons, autant du côté de la Belgique que du côté du
Québec.
• (10 h 30) •
Et, bien sûr, notre
engagement social. C'est un élément qui est très important. Et l'entente de ce
matin, qui est jointe à la motion du gouvernement, en est une manifestation
concrète. Il est important d'avoir accès à un filet social juste et équitable,
et il est aussi important que ce filet en matière de sécurité sociale soit
accessible pour les Belges qui viennent ici
tout comme pour les Québécois qui sont en Belgique. Nous avons ces valeurs-là
en commun, un filet social important, et il faut le mentionner.
On
a beaucoup d'échanges internationaux avec la Belgique. Le collègue de la
banquette gouvernementale y faisait référence,
beaucoup de mobilité de travailleurs, d'étudiants, donc il est important, quand
les gens se... voyagent entre la Belgique
et le Québec, qu'ils puissent avoir... recourir ou avoir recours à une
couverture qui va, évidemment, les protéger.
Le ministère de la Santé et le ministère du
Travail sont deux ministères responsables visés par l'entente, et, évidemment,
c'est là aussi la manifestation du travail important que font les
fonctionnaires de ces deux ministères pour en arriver, évidemment, à la
réalisation et à la signature de telles ententes.
Et, pour les gens qui nous
écoutent, pour essayer de rendre ça un peu plus concret, je vous dirais que,
pour les organismes publics québécois qui sont visés par l'entente, il y a,
bien sûr, Retraite Québec, la Régie de l'assurance maladie, la CNESST et Revenu
Québec. Et permettez-moi de rappeler
certains principes, finalement, certains aspects-phares de cette entente
entre le Québec et le Royaume de Belgique : égalité de traitements,
l'entente informe et souligne pour le migrant qu'il aura les mêmes droits et
obligations que les nationaux eu égard à la sécurité sociale; la détermination
de la législation applicable; le maintien des droits en cour; le maintien des
droits acquis et le service des prestations à l'étranger, autant d'éléments qui
sont importants dans le cadre de cette entente.
Et d'ailleurs, si on regarde d'une façon plus
spécifique le texte de l'entente, on dit, par exemple, que, dans le domaine du
maintien des droits acquis, les droits aux prestations acquis par un migrant
dans un État partie à l'entente, donc Québec-Belgique, sont conservés dans
l'autre État partie de cette même entente, et le service des prestations à
l'étranger, donc le service des prestations auxquelles a droit un migrant, par
exemple en matière de santé ou advenant une lésion professionnelle, lui est
assuré par l'autre État partie à l'entente.
Donc, c'est vous dire comment, finalement, cette
entente-là crée un filet social qui est important et qui fait en sorte que, si
un Belge vient au Québec, bien, il aura une protection. Et c'est la même chose
si un Québécois va, évidemment, résider ou étudier en Belgique. Donc, volet,
évidemment, très, très important.
Négociation, évidemment, qui a pris, comme je le
mentionnais, beaucoup de travail. Je reconnais à nouveau l'apport et le travail
des fonctionnaires. Et cette entente-là, finalement, va reconduire une entente
qui prévoyait déjà un filet social pour les échanges entre les Belges et les
gens du Québec. Donc, très, très important.
Je vous
souligne également que cette entente-là va aussi assurer, comme je le soulignais,
finalement, le filet social, les
différentes assurances qui pourront être données si jamais... si jamais
quelqu'un devait, évidemment, y avoir recours, que ce soit en matière de santé ou de sécurité au travail, normalement.
Donc, ça, c'est un volet important. Cette entente-là a été signée, mais
on doit, évidemment, en débattre pour qu'elle, éventuellement, prenne
pleinement toute sa force.
Ce n'est pas
la première entente de la sorte qui est signée. Le Québec en a signé avec
d'autres États à l'international. Cependant, cette entente particulière,
évidemment, vise notamment la coordination des régimes de sécurité sociale,
l'égalité de traitement dans l'application des législations, l'exportation des
prestations, la totalisation des périodes d'assurance pour l'ouverture du droit
à certaines prestations, le service des prestations en nature ou en cas de
maladie, d'accident de travail ou de maladie professionnelle et l'évitement
d'une double cotisation aux régimes visés pour les travailleurs non salariés et
les employeurs détachant temporairement des employés sur l'autre territoire.
Donc, les instruments modificateurs vont élargir le champ d'application de
l'entente à de nouveaux bénéficiaires, tout en effectuant la mise à jour qui
s'impose en fonction des modifications, bien sûr, législatives récentes dans le
corpus législatif québécois.
Alors, pour toutes ces raisons, entente
importante. J'ai été très heureux de prendre la parole pour souligner l'apport
positif de ce que cette entente-là va procurer aux Québécois qui vont aller en
Belgique et aux Belges qui vont venir, qui
vont venir au Québec. Et évidemment nous allons voter en faveur de la motion du
gouvernement. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il n'y en a
pas.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Oui, je m'excuse. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Oui,
M. le Président. Je vais juste peut-être prendre le... je vais prendre une minute pour
m'installer. Merci beaucoup, M. le
Président. C'est vraiment un privilège pour moi. Merci, mon collègue de
l'Acadie. D'ailleurs, je salue non seulement la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, mais aussi mon collègue le député de l'Acadie et porte-parole de l'opposition
officielle de notre formation en matière, bien, de plusieurs dossiers et...
mais, aujourd'hui, relations internationales et de la francophonie.
C'est vraiment un privilège pour moi d'être ici
parmi vous aujourd'hui dans le contexte, dans le cadre de cette motion concernant l'entente entre le Québec et le
Royaume de Belgique qui cherche à modifier l'Entente en matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de
Belgique, qui a été signée en... le 28 mars 2006 et ensuite en avril 2023.
Alors, moi,
en tant que porte-parole de ma formation en
matière de solidarité sociale... Mais
aussi, M. le Président, je me permets
de le souligner, la plupart de ma carrière a été à l'international. J'ai pu, en
tant qu'anglophone qui a choisi de faire ses études, primaire, secondaire et
cégep, entièrement en français... Ça a été un atout pour moi parce que ça
m'a permis de poursuivre ma carrière à l'étranger, mais j'ai toujours choisi de
revenir au Québec. J'ai fait mes études en relations internationales au London
School of Economics. J'ai étudié à McGill pendant 10 ans... pardon, j'ai
enseigné à McGill pendant 10 ans en développement international. J'ai
travaillé comme rapporteur à l'ONU. D'ailleurs, j'ai suivi toutes les négociations sur les changements climatiques, la biodiversité
et beaucoup de COP. Mais aussi j'ai été la présidente et directrice
générale de la Fondation Jeanne-Sauvé, où on a reçu... Donc, quand je suis
revenue à Montréal, j'ai pu continuer ma
carrière en relations internationales. On avait des jeunes de partout dans le
monde, de 50 pays, des jeunes leaders, des jeunes professionnels,
qui parvenaient de tous les pays du monde, par la suite, j'ai été rectrice et
présidente du collège Pearson, en, voyons... en Colombie-Britannique, qui fait
partie de 12 collèges du monde, à travers le monde, et les étudiants
provenaient ou proviennent encore de 100 pays et plus, dont les Belges et
les Québécois, évidemment.
Un quart des étudiants provenaient des 10 provinces canadiennes et
territoires, mais 100 autres pays aussi. Donc, pour moi, de parler de cette entente, en tant que quelqu'un qui a
vraiment bâti une carrière... Et je devrais ajouter aussi conseillère
principale auprès de l'ancien premier ministre Paul Martin en matière de
coopération internationale. Alors, je trouve que l'entente, ça démontre... ça
témoigne, effectivement, du Québec à son meilleur, lorsqu'on est confiants et
ouverts sur le monde, inclusifs et diversifiés. Alors, je le souligne.
• (10 h 40) •
Comme vous le savez sûrement, M. le Président,
la population du Québec et celle de la Belgique francophone, notamment, ont des
caractères culturels très proches. Mon collègue a parlé de la gastronomie,
entre autres, mais aussi, évidemment,
géographiquement, politiquement, commercialement et linguistiquement,
évidemment. Le Québec et la Belgique ont de multiples points communs, et
ces points renforcent la relation entre... les relations entre nos deux
nations.
Ainsi, il est
logique que l'on entérine la continuation de cette entente. Les échanges
internationaux de travailleurs entre
les deux nations sont importants et essentiels. Ainsi, la protection et le
maintien de leur filet de sécurité est essentiel, et, pour cette raison,
nous sommes... C'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui.
Aussi, en
pleine pénurie de main-d'oeuvre, M. le Président, c'est important d'avoir des
travailleurs qui proviennent de
l'étranger, qui sont bien formés, qui sont bien éduqués, il y a une vraie
valeur ajoutée à notre société, et aussi, je n'en doute pas, les Québécois
qui se rendent en Belgique même pour travailler.
On sait que les sujets de l'entente sont les
suivants : l'égalité de traitement, la détermination de la législation applicable, dans ce cas, celle-ci, de l'accès à
une seule loi de sécurité sociale, le maintien des droits en cours, le maintien
des droits acquis et le service des prestations à l'étranger.
Comme vous le
savez, vous l'avez constaté, M. le Président, ce sont des points essentiels à
attacher et à entériner. On ne lésine donc pas sur ces enjeux. La
protection de nos travailleurs québécois en Belgique ainsi que la protection
des travailleurs belges ici, au Québec, en dépendent grandement.
Alors, c'est pour ça que... Avant de conclure,
juste pour souligner, encore une fois, à quel point cette entente ne reflète et ne témoigne pas seulement de notre
présence dans le monde, mais d'une grande ouverture vers le monde. Et, comme je le souligne, le Québec est vraiment à son
meilleur lorsqu'on est ouverts, inclusifs et confiants, et ça, cette entente-là
reflète très bien cette confiance et cette
ouverture vers le monde, et c'est un vrai atout pour le Québec et pour la
Belgique.
Alors, en conclusion, en conclusion, avec toutes
les raisons que j'ai énumérées, nous sommes en faveur de la motion, bien sûr, concernant l'Entente entre le
Québec et le Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de sécurité
sociale entre le Québec et le Royaume de
Belgique qui a été signée le 28 mars 2006 et, par la suite, en avril 2023.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie proposant :
«Que
l'Assemblée nationale approuve l'Entente entre le Québec et le Royaume de
Belgique modifiant l'Entente en
matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique signée le
28 mars 2006, signée le 19 avril 2023.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. En conséquence, cet engagement international est approuvé par
l'Assemblée nationale.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 12 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 66
Prise en considération du
rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 12 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission
de la santé et des services sociaux
sur le projet de loi n° 66, Loi
visant à renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause
de troubles mentaux ou d'inaptitude à subir leur procès.
Alors, je reconnais maintenant une première
personne, et ce sera M. le député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci. Merci, M.
le Président. Je considère que c'est un privilège, chers collègues, de prendre
la parole au nom du ministre de la Sécurité publique pour la prise en
considération du projet de loi n° 66, Loi visant à renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un
verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux ou
d'inaptitude à subir leur procès.
Je pense que c'est l'ensemble du Québec qui a
été touché suite aux événements, aux tragiques événements qui ont eu lieu à Louiseville. Et, tu sais, au-delà de
l'ensemble du Québec qui a été touché, naturellement, le rôle d'un élu, c'est
de représenter sa communauté, ça fait que vous pouvez comprendre, je pense, M.
le Président, que c'est l'ensemble de la communauté de Louiseville qui a été
fortement touchée par tout ce qui est arrivé.
Si on revient un peu en arrière, j'ai accepté de
déposer une pétition au nom de l'association des policiers et policières du Québec dans ce dossier, et c'est
quand même 24 000 personnes qui ont signé cette pétition. Je pense
que c'est une des pétitions, là, qui
ont récolté le plus de signatures, là, à travers... au fil du temps, là, dans
l'ensemble de l'histoire du Québec. Donc, c'est significatif, quand
même, c'est parlant.
Et, tu sais,
l'objectif, là, puis je le résume dans mes mots, là, c'était vraiment
d'améliorer tout le système ou l'écosystème communicationnel, là,
lorsque les policiers font une intervention. Je pense que tout le monde
s'entendait là-dessus.
Puis cette situation-là, elle a été rapidement
prise au sérieux par l'ensemble des intervenants, dont le ministre, que je salue, d'ailleurs, pour sa proactivité, là, dans
ce dossier, mais ce n'est pas le seul. Il faut voir, là, à partir du moment
où un enjeu comme ça a été adressé à notre
gouvernement, quand on comprend l'ensemble de ce dossier assez complexe,
parce que ça regroupait trois ministères, le
ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité publique et le ministère
de la Santé... Quand je remercie le
ministre de sa proactivité, c'est que, rapidement, chacun des ministres a
mandaté, là, à la demande du ministre Bonnardel, leurs sous-ministres...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : ...
M. Allaire : Pardon,
oui, le ministre de la Sécurité publique. Merci, M. le Président, de me
rappeler à l'ordre et... Mais ils ont mandaté chacun des sous-ministres,
là, pour travailler sur ce dossier-là. Parce qu'assurément, si tout le monde
aurait travaillé en silo, on ne serait pas arrivés avec une solution qui a
autant fait l'unanimité puis qui a répondu clairement à ce qui était évoqué
dans la pétition.
Je reviens aussi sur la proactivité du ministre.
Tu sais, dans un dossier comme ça, les gens veulent être rassurés. Et on s'est déplacés à Louiseville, avec le
ministre, pour rencontrer le maire de la municipalité de Louiseville. On s'est
déplacés pour rencontrer les policiers, policières qui travaillent au
poste, la sécurité... de la Sûreté du Québec, pardon, au poste à Louiseville,
également. Je sais que le ministre a rencontré à plusieurs reprises, ou son
cabinet, les membres de l'association des policiers et policières du Québec
aussi pour les rassurer. Puis j'entendais, d'ailleurs, une entrevue de M. Painchaud, à un moment donné, sur les
ondes d'un poste de radio de la région de la Mauricie, et qui disait, là :
J'ai confiance en M. Bonnardel,
j'ai confiance, il m'a regardé droit dans les yeux... j'ai confiance au
ministre, M. le Président... Oui, c'est correct, vous pouvez me rappeler
à l'ordre.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : ...je
fais le rappel, s'il vous plaît, d'utiliser toujours le titre du collègue ici, à l'Assemblée nationale. Donc, je sais que
vous le savez, vous êtes un parlementaire chevronné. Alors, je vous invite
à la prudence.
M. Allaire : Merci,
M. le Président. Je pense que ça démontre bien cette proximité-là, justement,
lorsqu'on appelle un collègue par son nom. Je m'en excuse, je vais
essayer de ne plus répéter cet impair. Pardonnez-moi.
On se souvient aussi, dans tout ce processus,
qu'il y a une enquête, une enquête publique qui a été... qui a été commandée par la coroner Kamel. C'est des dossiers
publics, des... c'est des discussions, pardon, publiques et apolitiques qui ont lieu sur un événement qui s'est déroulé,
et qui est primordial pour s'assurer que ce genre de situation là, là, arrive
le moins souvent possible.
Si je
reviens, justement, aux consultations qu'il y a eu, c'est quand même
12 groupes qui ont défilé devant nous, qui sont venus présenter leurs
mémoires, M. le Président, le 10 et 11 septembre dernier, et je pense que
ça a été quand même unanime, de toute
évidence, là, les gens ont reçu favorablement le dépôt du projet de loi n° 66, et du fait qu'il répondait directement à un enjeu.
• (10 h 50) •
On a reçu des policiers, des criminologues, des
groupes de la défense des victimes, des groupes de défense des droits, des représentants des équipes traitantes
et plusieurs autres intervenants qui nous ont permis de bonifier notre
réflexion mais aussi bonifier le projet de loi.
Si j'isole un
peu certaines interventions, là, les gens de la Sûreté du Québec nous ont dit
qu'ils voyaient vraiment ce projet de loi comme un changement significatif sur
le terrain. Ils ont même utilisé le terme «coup de circuit». Ça fait que
je pense que c'est important de le redire.
Je pense que l'association des policiers et
policières du Québec, également, se sont montrés très favorables au projet de loi, qui répond vraiment aux besoins qui
étaient mentionnés notamment dans la pétition. Ça fait que je pense que,
de toute évidence, on est sur la bonne voie, là, pour que ce genre de situation
arrive le moins souvent possible.
On a également entendu, M. le Président, des
représentants de la Commission d'examen des troubles mentaux et l'Association des médecins psychiatres du
Québec qui ont formulé des recommandations, puis je vais y revenir un peu
plus tard.
Je tiens à
souligner aussi que le coroner en chef, M. Bernier, et la coroner Kamel,
qui sont venus aussi témoigner en commission à peine 24 heures
après le dépôt, justement, là, de l'enquête publique qui a été menée de main de
maître par la coroner Kamel... Et, de toute évidence, la
coroner Kamel, là, s'il y a un élément qui ressort du rapport, c'était, justement, tout l'élément... communicationnel,
pardon, des nombreux intervenants qui travaillent, là, auprès des personnes
non criminellement responsables, qui, de toute évidence, là, ne se parlaient
pas suffisamment ou adéquatement ou ils n'avaient pas les bons outils pour le
faire.
Puis un des éléments qui, je pense... qu'on doit
retenir de la commission, c'est qu'elle a salué publiquement la proactivité du
ministre Bonnardel... de M. le ministre, pardon. On va finir par l'avoir, M. le
Président, ne soyez pas inquiet. Donc, je
pense que c'est à souligner, parce que c'est la première fois, et elle l'a dit,
depuis qu'elle exerce ce métier, qu'elle
voyait un ministre déposer un projet de loi, une pièce législative importante
avant même qu'elle dépose son rapport. Donc, c'est important de le dire.
Il faut remercier l'ensemble des groupes qui
sont venus témoigner en commission. Ils ont vraiment permis, je pense, à nous,
du côté du gouvernement mais aussi à l'ensemble des partis de l'opposition, à
regarder comment qu'on pouvait améliorer ce fameux projet de loi. Et je parle
de deux amendements en particulier qui sont venus le bonifier, entre autres, on est venus un peu préciser
certains rôles, on est venus nommer plus précisément ce qu'est le poste d'agent
de liaison et le rôle qu'ils auront à jouer,
là, concrètement, sur le terrain, un amendement aussi qui est venu, d'une
certaine façon, là, clarifier le rôle du CETM et rendre plus... plus
anonymes, en fait, certaines dispositions.
Je l'ai dit un peu tantôt, là, mais je remercie
les collègues de l'opposition, je pense, qui ont fait en sorte que ce projet de
loi a très bien cheminé. Je pense que c'est un projet de loi qui se devait être
un projet de loi où on s'élevait au-dessus de la politique. Je pense qu'on le
fait tous pour les bonnes raisons. Ce qu'on voulait, c'est vraiment changer les choses, puis on l'a démontré rapidement, parce
que... Ce qu'on souhaitait, en fait, c'est que le plus rapidement que ce projet
de loi serait adopté, bien, plus rapidement qu'on arriverait, là, à donner
davantage d'outils aux policiers qui font des interventions pour que ça arrive,
naturellement, le moins souvent possible.
Alors, M. le
Président, je souhaite que l'ensemble des parlementaires votent en faveur de la
prise en considération du rapport à cette étape-ci. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Maskinongé. Alors, nous poursuivons maintenant avec
l'intervention de Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Un plaisir de vous avoir avec nous ce matin. Évidemment, nous sommes
ici aujourd'hui pour débuter les échanges en ce qui concerne la prise en
considération de la loi n° 66, qui a quand même
un long titre, mais qu'on appelle vraiment la loi de Maureen. Puis on est ici parce qu'il y
a un an et six mois à peu près, M. le
Président, qu'une policière, une amie, une mère de famille, une conjointe, une
collègue a malheureusement perdu sa vie lors d'une intervention
policière, puis c'est malheureux. Je pense que tout le Québec a vécu cet
homicide.
Alors, nous
sommes rendus ici, au salon rouge de l'Assemblée nationale, pour parler, encore
une fois, de Maureen Breau. Encore une fois, je souhaite partager mes
sincères condoléances avec sa famille puis tous ses proches. Je pense à elle
régulièrement, non seulement quand on fait un débat sur un projet de loi comme
celui-ci, qui est sensible, qui est important, qui est petit, qui ne réglera
pas tout, mais parce que la cause de sécurité publique de nos policiers, nos
policières, de nos constables, ça me préoccupe énormément. Ça me préoccupe
énormément, parce qu'on n'en parle pas
assez, de l'importance de leur rôle puis l'humanité derrière ce qu'ils font.
C'est des êtres humains qui mettent souvent leur vie à risque pour notre
bien-être, pour notre sécurité, et je pense que nous devons avoir un énorme respect
pour ce qu'ils ont fait puis ce qu'ils font au quotidien pour nous,
surtout qu'on voit la dangerosité de qu'est-ce qu'ils font.
Maureen Breau n'est pas la seule ou la première
policière qui a perdu sa vie. On en a eu, d'autres cas, précédemment, autant
tristes. Mais celui-ci nous a frappés vraiment de front à cause du geste
violent. Puis évidemment les choses que nous n'avons pas faites auparavant,
qu'on aurait dû faire puis que nous sommes en train de faire un peu aujourd'hui
avec le projet de loi n° 66... Puis ça, c'est de préparer nos policiers,
policières avant qu'ils interviennent, de
leur donner les informations qui sont, évidemment, urgentes, importantes,
nécessaires, de savoir c'est qui qui est derrière la porte, pour qu'eux,
ils puissent se préparer, puissent se préparer pour tout événement.
Puis on sait que, si on avait agi différemment
dans le cas de Maureen Breau, avec Isaac Brouillard Lessard, peut-être, elle
serait ici avec nous aujourd'hui, puis, peut-être, on n'aurait même pas un
projet de loi à en débattre... qui est
triste, parce que, dans le fond, on sait que c'est nécessaire. Puis c'est
dommage, parce que c'est vraiment un incident majeur qui nous a poussés à avoir cette réflexion, puis j'espère que ce
ne serait pas toujours la manière dont laquelle que nous allons
travailler.
En tout cas, c'est... Évidemment, je suis fière
de porter la voix du Parti libéral du Québec et de moi-même en ce qui concerne cet enjeu puis la sécurité
publique. Puis, oui, c'est important de légiférer puis, oui, c'est important de
faire un petit pas. C'est trop tard pour Maureen. C'est trop tard pour
les trois autres personnes qui ont perdu leur vie en 2021 aussi à cause d'un
autre état mental perturbé, Mohamed Belhaj, André Lemieux, Alexis
Lévis-Crevier... en août 2022, excusez-moi,
qui ont été tués par un homme qui était lui aussi assujetti à des problèmes de
santé mentale. Puis, à quelque part, c'est trop tard pour ces personnes,
mais c'est aussi un peu trop tôt.
Et je dis ça
avec beaucoup d'humilité, M. le Président, parce que moi, j'ai poussé beaucoup
pour que le gouvernement agisse puis avance dans ce dossier, parce que
j'étais tellement interpelée. Puis on a des bonnes relations avec nos partenaires, que ce soit l'association des
policiers, policières du Québec, que ce soit la fédération des policiers,
policières de la ville de Québec, le
FPPM, le SPVM. C'est des gens avec qui on travaille étroitement, puis on savait
comment qu'eux, ils ont été shakés par rapport à ceci.
Mais c'est un peu trop
tôt, parce qu'il reste quand même des éléments qu'on n'a pas pris en
considération lors du débat de ce projet de
loi. C'est un projet de loi qui est très petit. C'est un projet de loi de 12 articles,
un projet de loi de 12 articles,
avec cinq articles qui représentent quand même de la concordance en anglais, ça
fait que, dans le fond, il y avait juste
deux articles à en débattre. Ça nous a pris très peu de temps de faire l'étude
détaillée à cause de ceci, mais je trouve qu'il y avait des éléments
qu'on aurait pu mettre puis des éléments qu'on n'a pas pu faire. Puis on n'a
pas pu amender puis ajouter parce qu'ils sont manquants, parce qu'on attend
toujours des études. Puis je vais revenir un peu à ça.
Mais, en contrepartie, je suis contente, parce
que c'est le fruit, quand même... une longue haleine de travail qui nous a pris
un an suite au décès de Maureen. Ça a été le dépôt de la pétition de
l'association des policiers, policières du Québec puis le travail de Jacques
Painchaud, un cas similaire... leur président, une pétition qui a quand même eu
24 000 signataires. Je pense qu'à
date c'est toujours le plus gros de cette législature. Ça fait qu'on voit
l'importance de l'impact sur le
terrain. Malheureusement, le gouvernement a voté contre. Le collègue de
Maskinongé, lui aussi, il a voté contre, malgré que c'était lui, le
parrain de cette pétition, parce que c'était arrivé dans sa région.
• (11 heures) •
On a fait... J'ai déposé un mandat d'initiative,
encore une fois, pour pousser le gouvernement d'au moins avoir une réflexion,
mais ensemble, d'une façon transpartisane, pour jaser de qu'est-ce que nous
pouvons faire, qu'est-ce qu'on attend, est-ce qu'il y a des éléments dont nous
devons prendre en considération, peut-être, avant le dépôt d'un projet de loi,
est-ce qu'il y a des choses que nous pouvons faire avant le dépôt d'un projet
de loi, comment qu'on peut contribuer à avoir un projet de loi étoffé qui va
répondre aux besoins sur le terrain, puis qu'est-ce qu'on peut faire pour
entendre des groupes principaux, quelque chose vraiment rapide puis succinct
pour nous aider à entendre les groupes, pour avoir quelque chose, à la
réflexion de leurs besoins puis leurs demandes.
Malheureusement, le gouvernement a voté contre.
Puis j'étais étonnée de ça, parce qu'on a quand même fait les études puis le travail, puis on voit que
l'augmentation d'interventions policières pour état mental perturbé est le
syndrome de porte tournante qui est en explosion, une croissance de...
minimum, de 38 %. Puis, dans la région de... comme Granby, la région du ministre
de la Sécurité publique, on voit une
croissance de 130 %. Ce n'est pas rien. Puis ce n'est pas ce projet
de loi qui va tout régler ceci.
Puis, à la
suite de ce refus puis que le gouvernement avait voté contre, malheureusement,
on a fait aussi une motion de mercredi, encore une fois, pour amener de
la visibilité, pour essayer de pousser la réflexion du gouvernement, encore une
fois, pour travailler ensemble. Puis on avait l'APPQ qui était avec nous, le
FPPVM qui était avec nous, le FPPVQ qui ont
aussi été avec nous pour entendre les débats, puis pour nous épauler, puis nous
supporter dans cette démarche. Puis, vous savez, M. le Président, je
prends les choses personnelles peut-être un peu, parce que ça me tient vraiment
à coeur. Ça fait que j'ai trouvé ça vraiment difficile de recevoir ce non puis
le vote contre cette motion de mercredi.
On est ici aussi puis on a fait l'étude
détaillée suite à, oui, les incidents que nous avons vécus dans le passé, mais il y avait aussi le rapport de la coroner
Géhane Kamel, qu'on n'a pas reçu le rapport avant le dépôt du projet de loi.
Puis je comprends qu'elle est... Elle est contente parce que c'était quand même
un pas vers l'avant, puis ça a adressé quand
même quelques éléments qui étaient soulevés dans son rapport, qui est très
étoffé, mais pas tous les éléments, pas tous les éléments. Ça fait que
c'était un peu, peut-être, précoce.
Il y a aussi... Le 17 mai 2023, dans le
fond, quelques semaines après les événements tragiques, le gouvernement avait
confié à l'Institut québécois de réforme du droit et de la justice le mandat de
réaliser les travaux sur l'application de la Loi sur la protection des
personnes dont l'état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui.
C'est un long titre pour ce qu'on appelle le
P-38. C'est le nom plus commun que les gens connaissent puis qui est connu sur
le terrain. C'est une loi qui existe
depuis un quart de siècle, quand même, 25 ans, alors ça fait très
longtemps. Puis malheureusement ce projet de loi arrive alors que leurs
travaux ne sont toujours pas encore entamés puis terminés.
Alors, est-ce
que c'est trop tôt? Est-ce qu'il y a des éléments qui sont manquants dans ce
projet de loi suite à la réflexion puis le dépôt, peut-être, de leur rapport?
Parce que, moi, ce que je souhaite, en tout cas, c'est que leur constat...
On va
profiter de l'occasion pour peut-être corriger le projet de loi, de faire des
amendements. Par la suite, est-ce que ça va nécessiter un autre dépôt d'un autre
projet de loi pour modifier le projet de loi n° 66,
qui modifiait, quand même, la Loi sur les services correctionnels? En
tout cas, c'est... J'ai l'impression qu'on a commencé peut-être quelque chose qu'on... Il va falloir qu'on continue la
réflexion. Puis j'espère que nous allons compléter la réflexion parce que c'est
un travail qui est très important.
Puis, à avoir entendu tous les groupes... Puis
ce n'est pas beaucoup de groupes qui sont venus présenter en commission parlementaire, c'était juste une
journée, mais, à entendre les groupes, plusieurs, entre autres, évidemment, les
policiers, les groupes qui représentent des policiers et aussi les groupes qui
ont témoigné, qui étaient là pour la défense des
droits des personnes qui souffrent de troubles mentaux, eux, ils ont dit :
On devrait s'inspirer de qu'est-ce qu'ils font en Ontario. En Ontario, leur P-38, on appelle ça la loi de Brian, pour
un cas similaire. Puis un des problèmes qu'on fait face avec le P-38, pour la gouverne
de tout le monde puis votre écoute attentive, c'est qu'avant... c'est compliqué
pour les policiers d'agir. Même s'il dit : O.K., ça, c'est un cas de,
peut-être, quelqu'un qui souffre d'un état mental perturbé, est-ce que je devrais amener cette personne à
l'hôpital contre son gré? C'est ça, la loi, j'ai le droit de le faire, mais il
faut vraiment étudier la question. Est-ce que je vois... Il faut évaluer
la dangerosité de la situation.
Puis ça, c'était soulevé dans le rapport de la
coroner Kamel, c'était soulevé par plusieurs policiers aussi, si on avait jugé, dans les trois autres interventions
qu'ils ont eues avec Isaac Brouillard Lessard, peut-être on ne serait pas ici,
encore une fois, aujourd'hui, parce que les
policiers auront jugé : Ça, là, ça, il faut amener cette personne à
l'hôpital, parce que je vois que
c'est un danger pour lui-même puis c'est un danger aussi pour la population
autour, mais ce n'était pas le cas.
Mais, en
Ontario, on n'a pas besoin de faire cette évaluation, on n'a pas besoin
d'évaluer la dangerosité de la personne. Puis j'ai trouvé très intéressant d'entendre les groupes de défense des
droits des personnes qui souffrent de troubles mentaux, parce qu'eux, ils ont dit : C'est ma vie qui est à
risque, puis, si je suis rendu à ce point où je suis tellement désorganisé puis hors de moi puis je ne suis pas capable de me
contrôler, bien, je veux que les policiers interviennent pour m'aider, pour
me sauver, hein, puis je souhaite être en
bonnes mains, dans la main des soins de santé, services sociaux... que je
trouvais intéressant.
Puis
ça se peut que c'est ça qui va sortir de l'évaluation de l'institut québécois.
Je ne sais pas, ça se peut. Ça se peut que c'est ça qui va sortir lors de
l'évaluation qui sera terminée pour le P-38. On a... ma collègue de
D'Arcy-McGee et moi-même, on a
assisté, quand même, à une présentation d'où nous sommes rendus en ce qui
concerne cette réflexion, mais on a
un an, un an et demi, peut-être, peut-être même deux ans, un rapport qui va
être prêt puis complet, qui va être déposé
d'ici peut-être un autre 12 mois, mais après ça combien de temps est-ce
que ça va nous prendre pour déposer une loi qui va régler ceci, un règlement, une directive? Je ne sais pas. Parce
qu'il y a quand même une réflexion qui est en lien avec ceci, mais
j'espère qu'ils vont s'inspirer un peu de ça.
Puis
aussi j'espère qu'ils vont aller revoir et revisionner les vidéos que nous
avons... où nous avons entendu les groupes,
parce que, quand j'ai partagé, dans le briefing technique, que ces groupes ont
quand même témoigné leur désir d'avoir
un changement aussi, ainsi qu'évidemment les policiers, ils étaient surpris. Ça
fait que vous voyez comment nous ne
sommes pas peut-être tous dans la même place, puis ce n'est pas seulement les
policiers qui souhaitent avoir cette protection.
Et
ça me fait réfléchir aussi, on n'a jamais autant parlé de la Commission
d'examen des troubles mentaux, jamais. Je vous mets au défi, M. le Président,
je pense qu'il y en a plusieurs, Québécois, Québécoises qui ne savaient même
pas que ça existait, avant un an et demi,
avec le décès de Maureen Breau. Parce qu'on se questionne : Qu'est-ce
qu'ils font? Comment ça fonctionne?
Comment ça se fait que M. Brouillard Lessard, il était libre? Comment ça
se fait qu'il n'y avait pas un suivi? Comment ça se fait que nous sommes
rendus ici à en débattre, au salon rouge, du projet loi n° 66?
Puis je mentionne
tout ça parce que c'est un petit projet de loi qui va... qui ne va pas régler
un gros problème. C'est un pas dans la bonne direction, certes, mais ça ne
règle pas tout. Ça ne va pas régler le syndrome des portes tournantes, les
portes tournantes où les policiers font des interventions, ils vont à la porte,
c'est une personne... ou ils disent :
O.K., cette personne, c'est clair, c'est un P-38, je vais amener cette
personne, pour sa sécurité, à l'hôpital, ils sont là pendant peut-être
une heure, il n'y a personne qui prend en charge la personne, il n'y a pas
un agent de sécurité ou ils oublient la personne, puis la personne soit qu'il
fugue ou il quitte. Ça fait que, dans une heure, deux heures,
trois heures, ils sont de retour chez
eux, un autre appel aux policiers : Bien là, la personne est toujours là,
la personne est toujours en crise, on fait quoi?
Bien,
ça, c'est une porte tournante, puis ça, ça continue. Puis ça, il y a une
fréquence tellement importante de ça qu'on mérite d'en discuter puis on
devrait prendre en considération qu'est-ce que nous pouvons faire pour aider
non seulement les personnes concernées, mais aussi toutes les personnes qui
doivent intervenir, que ce soient les policiers, que ce soient les services
sociaux, peu importe la personne sur le terrain, les agents de la communauté
qui sont là aussi, des fois, pour épauler
les policiers. Il faut prendre ça en considération parce que c'est en explosion
puis c'est un fait que les policiers
soulèvent depuis des années et des années. Même pendant que Mme McCann
était la ministre responsable de Santé, c'était dénoncé, puis elle, elle
avait dit : Je vais régler ça, je vais régler ça, mais il n'y a rien qui
est arrivé depuis, puis regarde qu'est-ce qui est arrivé à Maskinongé, à
Louiseville, malheureusement, le décès de Maureen Breau.
J'ai mentionné que le
nombre d'interventions pour les policiers, policières en ce qui concerne l'état
mental perturbé ait explosé. Ce projet de loi ne va aucunement régler ça. Ça ne
va pas régler la complexité, la lourdeur de leur travail... avec les années d'expérience, mais surtout en lien avec santé
mentale... puis que plusieurs policiers nous disent que je suis rendu
quand même un travailleur social puis je ne suis pas formé pour faire ça, ça ne
fait pas partie de mon désir de vouloir
prêter main-forte puis faire partie de forces de l'ordre puis la sécurité
publique, je n'ai jamais pensé que je dois travailler de cette manière.
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour aider les policiers qui dénoncent ceci?
Puis
aussi ça ne va pas régler aucunement la formation, que ce soit la formation des
nouveaux agents d'intervention, que...
puis... ainsi que la formation des policiers, qu'on sait c'est le nerf de la
guerre. C'est quelque chose qu'on avait soulevé. Je ne sais pas si c'était vous, M. le Président, qui était ici quand on
a fait les interventions sur le projet de loi n° 14, qui est la réforme sur la Loi de la police, mais on
l'avait soulevé, la formation, c'est tellement essentiel. Puis, encore une
fois, je reviens au rapport de Géhane
Kamel, elle, elle l'avait soulevé dans ce rapport et dans le rapport précédent
avec les... ce qui est arrivé en août 2022, le triple homicide, elle
avait soulevé, encore une fois, la formation de nos policiers. C'est tellement
important, mais on n'en parle pas du tout, les policiers doivent être plus
formés.
• (11 h 10) •
Puis
je salue le travail de la Sûreté du Québec, qui... quand ils sont venus
témoigner en commission parlementaire, ils
ont parlé de ce qu'ils sont en train de mettre sur pied, ce qu'ils sont en
train de travailler, mais... puis ça, c'est la SQ, ce n'est pas les
municipalités. Puis je questionne comment qu'ils vont le faire, puis il n'y a
aucune obligation. Toutes les autres professions qui ont un ordre professionnel
ont quand même 45 heures sur trois ans, mais pas les policiers,
policières, il n'y a aucune obligation. On souhaite une requalification.
Mettons, tu veux avoir un Taser, tu veux avoir... tu veux être armé, ça prend
quand même une qualification, une requalification, il faut être formé, mais on
a un manque d'effectifs, on a des «ranges»
de tir qui sont fermés. Ça fait que comment ils doivent le faire pour être
formés? Ça fait que, en tout cas, c'est un autre casse-tête.
On
a entendu les sept groupes, quand même, lors des consultations, puis les sept
groupes... puis je vais les nommer, parce
que, sept groupes, je pense qu'on peut nommer c'est qui. J'ai mentionné la
Sûreté du Québec, la Commission d'examen des troubles mentaux, Mme Anne Crocker, qui est professeure
titulaire du Département de psychiatrie et d'addictologie, École de criminologie, Université de Montréal, et
directrice de recherche et enseignement universitaire à institut national
de psychiatrie légale de
Philippe-Pinel — très intéressante, son intervention. On a aussi
entendu l'Association des groupes d'intervention en défense de droits en
santé mentale du Québec, l'association québécoise de Plaidoyer-Victimes, le
Bureau du coroner, Me Kamel, qui était parmi nous, et aussi le Service de
police de l'agglomération de Longueuil.
Et je les mentionne parce
que leur intervention était tellement utile, importante, instructive... qui
nous a aidés à développer des amendements pour bonifier le projet de loi.
Encore une fois, un projet de loi qui est vraiment, vraiment petit, vraiment... seulement deux articles, parce
que... ceux qui étaient de la concordance, mais je vais adresser aussi la
concordance. Ça fait que nous, on avait
quand même déposé, lors de l'étude détaillée, trois amendements, pas beaucoup.
Comme je dis, on a quand même terminé le projet de loi dans moins de quatre
heures, environ quatre heures. Je n'ai jamais fait ça. Puis, oui, c'est vrai,
on avait quand même un bon rythme, puis je pense que le travail que nous avons entamé ensemble, tous les parlementaires, on
comprenait comment c'était important. Mais, comme j'ai dit, ça reste que
c'est un projet de loi hyper, hyper léger.
Ça fait que le premier amendement que nous avons
déposé, c'était en réponse des demandes des groupes, des policiers, qui nous
ont demandé d'avoir une réciprocité, parce que, dans le fond, ce que ce projet
de loi va faire, c'est deux éléments : un, on va créer une autre catégorie
d'agents dans le système correctionnel, et l'autre chose, c'est que ça va permettre le réseau de santé et services
sociaux de partager les informations qu'eux, ils disent importantes aux
policiers, policières lors des interventions, seulement pour les
personnes jugées non criminellement responsables, seulement pour eux, parce qu'on comprend que la protection
de ces personnes vulnérables est aussi un enjeu très important. Mais les policiers
souhaitaient aussi avoir de la réciprocité, puis que l'information soit — leur
mot — bidirectionnelle.
Ça fait qu'on a travaillé avec eux pour développer un amendement qui leur donne
la possibilité de partager les informations. Parce
qu'eux, ce qu'ils ont dit, c'est : Il y a des moments où nous aussi, on
veut prêter main-forte puis aider ces personnes. Puis, il faut le dire, puis j'ose croire que ma collègue, elle va
sûrement en mentionner, la majorité des personnes qui souffrent d'un problème de santé mentale ne sont pas
violentes, ils ne sont pas violents. Ça fait qu'on parle quand même des cas
extrêmes, des cas à part, c'est... Ça fait que comment que nous allons
traiter ça? Puis les policiers disent : Mais des fois on a des
interventions, puis on ne veut pas que ce soit judiciarisé, on ne veut pas que
l'information qu'on partage va amener la personne
devant le tribunal parce que ça ne va pas aider la personne concernée, alors
nous aussi, on souhaite être en mesure de partager de l'information.
Puis, pour eux, ce n'est pas clair que c'est écrit sur la loi de protection des
renseignements, qu'on peut le faire, ce n'est vraiment pas clair.
Ça fait qu'ils nous ont demandé de faire ces
correctifs. On avait déposé un amendement, on a dit... puis on voulait donner toute la liberté au gouvernement et
surtout le ministre et son équipe de travailler là-dessus et d'avoir une
bonne réflexion et aussi une consultation. Ça fait qu'on a dit qu'il peut faire
par le biais d'un règlement, qui est rare pour moi, M. le Président, parce que
c'est sûr, quand on est membre de l'opposition, on n'aime pas bien, bien ça,
les règlements puis les directives. Pourquoi? Parce que c'est flou, on n'a pas
de l'information, ce n'est pas du concret pour nous puis c'est... on a l'impression qu'on signe un chèque en blanc.
Mais, cette fois-ci, on a jugé que... parce que c'est tellement sensible puis qu'on souhaite... ça va bien, on a
proposé ceci, le «peut». Alors, on comprend que ça... ce n'est pas un «doit»,
qu'il doit, mais malheureusement il n'y avait pas d'ouverture de la part du
ministre, malgré qu'il avait débuté dans ses remarques
d'ouverture, lors de l'étude... l'étude détaillée, qu'il va être très ouvert.
Il a dit non à tous nos amendements. Mais, voilà, je... c'est comme ça
que ça fonctionne, je comprends puis, à quelque part, je ne comprends pas.
Ça fait que j'étais surprise que le gouvernement
ait voté contre cet amendement. Ça fait qu'on aurait réessayé, parce que ce qu'on avait entendu du ministre,
c'est que, bien, on n'a pas besoin de ça parce que c'est déjà écrit, c'est déjà
compris, mais chose que... tout le contraire des gens qui sont venus témoigner
puis... mais un règlement, bien, c'est long puis c'est compliqué. Bon, on aurait déposé un amendement, puis là on a
dit la même chose, qu'«il peut», mais maintenant avec une directive, une
directive qui ne prend pas une consultation de 45 jours de tous les
groupes concernés, qui peut faire... qui
peut être le sujet, ou est le résultat, le produit d'une consultation avec
toutes les parties prenantes, mais qui est beaucoup moins lourde comme
processus parlementaire qu'on peut utiliser pour répondre à une question des
groupes sur le terrain. Encore une fois, le
gouvernement et le ministre avaient voté contre. Ça fait que c'est clair, c'est
un peu comme les babines qui ne
suivent pas les bottines quand on dit qu'on va avoir une ouverture, mais,
voilà, on était rendus face à ça.
Je vous ai
parlé de formation, formation, encore une fois, qui est le nerf de la guerre,
qui a été soulevée par le coroner, qui est soulevée par les policiers,
et même l'APPQ ont dit : On est confortables que vous mettez en noir et
blanc dans la loi qu'on doit suivre
45 heures de formation ou de requalification sur trois ans tellement
qu'on sait que c'est important pour
notre protection, pour la protection de notre... de la société qu'on protège.
C'est vraiment le nerf de la guerre. Eux, c'est les policiers, eux-mêmes sont
confortables à le faire, mais le gouvernement avait... eux, ils ont dit :
Non, la formation, dans le fond, ce
n'est pas si important que ça. Nous, on va gérer ça autrement, puis il y a
quelque chose qui s'en vient, mais pas assez important pour mettre dans
la loi.
Ça fait que, encore une fois, c'est une grande
surprise. Il y avait quand même un élément qui était soulevé par mon collègue de... le deuxième groupe d'opposition,
un amendement qui était abordé suite à une lettre que nous avons reçue
de la Commission de la santé et des services sociaux des premières nations du
Québec et du Labrador, puis eux nous avaient demandé d'avoir quand même des
spécificités qui étaient notées dans la loi de leurs centres de services
sociaux. Pourquoi? Parce qu'ils disent
qu'ils sont comme à part. Ça fait qu'eux, ils avaient aussi écrit un amendement
que j'avais trouvé intéressant, mais malheureusement, encore une fois,
le gouvernement a voté contre.
Là, on va
parler un peu de l'autre élément que j'avais dit, là, on va adresser quand même
le fait que Santé et Services sociaux
peut partager des informations en lien avec des personnes qui sont considérées
non criminellement responsables. Mais l'autre chose qui est dans la loi, c'est
les agents de liaison, puis ça, c'est un amendement qui est abordé par le
gouvernement, que je salue. Pourquoi? Parce que
tous les groupes qui sont venus témoigner, ce n'était pas nommé dans la
loi, ont parlé de la création de nouveaux postes, une nouvelle catégorie
d'emploi qui n'était pas nommée. Ça fait que,
là, encore une fois, on fait face... C'est flou. Comment qu'on va travailler?
Services sociaux, si c'est interprété que, ah! bien, agent de liaison,
ce n'est pas dans la loi, ça fait que, non, c'est clair, je ne peux pas donner
de l'information à cette personne. Puis
c'est un rôle clé qui était aussi une recommandation de Géhane Kamel. Ça fait
que c'est une bonne affaire, que nous allons poursuivre
avec ce rôle. C'est des personnes, oui, sous la responsabilité de services
correctionnels, mais qui ne vont jamais, apparemment, aller dans tout ce
qui est milieu carcéral. Eux, ils vont travailler à l'extérieur. Il faut qu'ils
font partie d'un ordre professionnel. Ça fait que ça, c'est une bonne chose.
Mais
il y avait quand même des préoccupations qui ont été soulevées, entre autres
par la Pre Crocker : Pourquoi que ce rôle ne réside pas sous
la responsabilité de Santé et Services sociaux?, qui est logique et une bonne
question à poser, parce qu'on parle de cette personne qui va avoir la
responsabilité d'évaluer la personne concernée, la personne non criminellement responsable qui va... la
responsabilité de cette personne va être déterminée par le CETM, par la Commission
d'examen des troubles mentaux. Encore une
fois, une grande responsabilité qui amène aussi la question : Si on a
seulement 18 agents de liaison puis deux coordonnateurs, combien de
dossiers est-ce que ces personnes vont être responsables? Parce qu'on sait qu'il y a
2 150 dossiers, 1 900 dossiers qui sont actifs. Ça, ça
amène énormément de dossiers par personne. Puis les familles souhaitent être consultées par les agents de liaison,
puis un agent de liaison qui est supposé d'être là pour donner de l'information
aux policiers, de donner de l'information aux Santé et Services sociaux, de
prendre soin de la famille, de prendre soin
de la personne concernée. Ça fait qu'on a compris qu'on a peut-être 400 à
500 dossiers actifs qui doivent
être suivis par ces personnes, mais on n'a pas parlé de la formation. Ça va
être quoi, la formation? Comment ça va fonctionner? C'est qui qui va
donner la formation?
• (11 h 20) •
Alors, c'est sûr, ça
nous amène à avoir quand même des préoccupations. Pourquoi? Parce que, encore
une fois, c'est un nouveau rôle. C'est un rôle que je pense qui va amener du
bien puis qui va aider les personnes concernées, mais ça ne va pas tout régler.
Ça ne va pas régler les portes tournantes. Ça ne va pas régler la hausse
exponentielle des interventions en lien avec l'état mental perturbé, parce
qu'on parle uniquement des personnes qui sont jugées non responsables à cause de leur santé mentale. Alors,
toutes les autres personnes qui ne sont pas prises en charge, on ne parle
pas d'eux, puis on ne parle pas, aussi, de l'importance cruciale d'aussi
protéger les personnes concernées qui sont vulnérables, il faut le dire.
Il
faut s'assurer de ne jamais perdre la vue de notre but quand il y a une
personne qui est jugée non criminellement responsable ou n'importe qui qui fait partie de notre système carcéral.
Ce qu'on souhaite, évidemment, c'est un rétablissement, une réinsertion
sociale. C'est ça, le but. Oui, c'est punitif parce qu'ils sont jugés, peu
importe s'il y a quelque chose de grave qui
est arrivé, mais le but, c'est toujours quelque chose de bien pour notre
société. C'est ça qu'on souhaite. Alors, j'ai quand même des
préoccupations de ceci. Puis je veux m'assurer aussi que les droits des
personnes concernées ne sont pas brimés.
C'est sensible. Il ne faut jamais perdre la vue que ces personnes sont des
êtres humains puis ils ont des droits, et il ne faut jamais prendre ça
léger.
Alors,
évidemment, mention pour les policiers, policières, mais aussi pour le réseau
de santé et services sociaux, pour le
nouveau rôle d'agent de liaison puis peut-être aussi les agents de probation,
parce qu'il y a quand même les deux, puis
c'est pourquoi que les... ces personnes concernées, ils ont quand même une
inquiétude, il y a une peur qui est là parce qu'un agent de probation
puis un agent de liaison, on veut s'assurer qu'on a une ligne qui divise les
deux.
Ça
fait que le temps file, M. le Président, il me reste littéralement
20 secondes. Ça fait que je vais vous remercier pour votre attention. Puis j'ai hâte pour la
suite, parce que, c'est clair, l'adoption... la prise en considération, c'est
une étape importante, mais, lors de
l'adoption, on souhaite poursuivre pour aider le gouvernement dans la démarche
d'aider les personnes vulnérables ainsi que notre sécurité publique.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Et maintenant je reconnais Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass :
Merci, M. le Président. Donc, je prends la parole, aujourd'hui, avec ma
collègue députée de Westmount—Saint-Louis, qui, vraiment, a pris ce dossier à
coeur depuis le malheureux décès de
la sergente Maureen Breau, qui a mené
une bataille avec une pétition, qui a été auprès de la communauté et, vraiment,
s'est impliquée depuis le début. Donc,
de voir le projet de loi qui a été déposé par le gouvernement, comme elle a
dit, c'est un début. On n'est pas encore rendus là, mais c'est un début.
Ce
qu'on se pose comme question, c'est la raison pour laquelle le gouvernement a
déposé leur projet de loi avant que
le rapport de la coroner ne soit déposé. On retrouve 13 articles dans ce
projet de loi et 38 recommandations que la coroner a faites. Donc, comme on le dit, un début, mais
beaucoup de travail qu'il reste à faire, puis on espère que ce n'est qu'un
début.
Donc, un projet de
loi important, comme j'ai mentionné, autrement connu comme la loi Maureen
Breau, qui vise à renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict
de non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux. Donc, je voudrais prendre quelques minutes, pour ceux qui nous
écoutent, pour mieux comprendre qu'est-ce qu'implique un verdict de
non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. Donc, lorsqu'une
personne est déclarée non responsable criminellement, cela signifie qu'elle
n'était pas en mesure de comprendre la nature de ses actes au moment de
l'infraction en raison de troubles mentaux avérés. Cette décision est souvent
prise par les tribunaux dans un souci de
justice, et les verdicts de non-responsabilité ne doivent pas être perçus comme
une impunité, mais plutôt comme une
reconnaissance de la nécessité d'un traitement adapté. En renforçant le suivi,
nous pouvons mieux prévenir les récidives
et assurer un environnement plus sûr pour tous et pour toutes. Trop souvent, le
système judiciaire et le système de santé mentale fonctionnent en silo,
ce qui peut entraîner des lacunes dans le suivi et le traitement.
Le projet de loi
n° 66 propose une approche intégrée qui faciliterait
la collaboration entre les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux et les autorités judiciaires, mais il y
a des lacunes dans ce qui est proposé, et je voudrais les amener en
lumière.
Donc,
le projet de loi, entre autres, crée, comme ma collègue l'a mentionné, un poste
d'agent de liaison, ce qui encouragerait la collaboration entre divers
professionnels. Par contre, cette approche interdisciplinaire permettrait de s'assurer que chaque individu bénéficierait d'un
suivi complet et cohérent. Mais certains experts et certains groupes ont
toutefois critiqué l'affiliation de ces
agents de liaison aux services correctionnels et non au réseau de la santé.
Cela pourrait risquer de susciter la
méfiance, est venue expliquer, lors des consultations, la directrice de la
recherche et de l'enseignement de l'Institut national de psychiatrie
légale Philippe-Pinel. Selon elle, cela vient perpétuer que le rétablissement
est à l'opposé de la sécurité publique. Si l'on souhaite mandater quelqu'un
pour coordonner le suivi des personnes reconnues non criminellement
responsables, il faudrait que l'intervenant relève du milieu de la santé et des
services sociaux.
L'Association des
groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec ont
aussi critiqué cette mesure, car le
problème, c'est que cet agent sera lié aux forces de l'ordre, ce qui ne
fonctionnerait pas. Il faudrait plutôt que
ce soit au nom de la santé. Puisqu'on parle ici de personnes malades, dont
l'approche est un art complexe, si l'agent est tagué «sécurité publique», il
va... les personnes pourraient avoir peur. Et, encore une fois, on parle de
personnes avec de graves troubles
mentaux. Nos personnes dans le réseau de la santé sont les mieux placées pour
comprendre leur réalité, pour comprendre comment les approcher, pour
comprendre comment pouvoir les amener à recevoir les soins dont ils ont besoin. Mettre un agent qui représente les
forces de l'ordre, comme j'ai mentionné, ça donne plutôt l'impression que la
personne a fait quelque chose de mal. Plutôt qu'essayer de les comprendre et de
vouloir rétablir la situation, bien là, on vient les punir un petit peu, les condamner. Et, même pour les
proches de ces personnes, ça pourrait faire une énorme différence, car,
en mettant ça à la Sécurité publique, les proches et la famille peuvent
devenir... peuvent se sentir des délateurs.
Ils pourraient être portés à ne pas tout dire, car ils ont peur que, leur
proche, s'ils parlent à un agent de la paix, bien, il peut y avoir des répercussions à propos des agissements de
cette personne-là. Donc, il faut une sensibilité que les gens qui travaillent dans le réseau de la santé et
des services sociaux ont, car c'est des situations et des populations avec
lesquelles ils agissent régulièrement. Donc, il faut les aider à aller mieux,
et, pour ça, il faut qu'elles développent une relation
de confiance avec la personne qui veut les aider. Encore une fois, c'est plus
facile d'avoir ce lien de confiance avec quelqu'un du réseau de la santé que du réseau de la sécurité publique,
pour les personnes avec des troubles mentaux graves.
Également,
ces personnes qui commettent des infractions ne doivent pas être stigmatisées.
Au contraire, elles méritent une
seconde chance. En leur offrant des programmes de traitement adaptés, nous
pouvons les aider à intégrer la société de manière constructive, et il y a des éléments dans le projet de loi
n° 66 qui mènent à des dispositions pour la réhabilitation.
Par
contre, deux choses. Premièrement, dans le système de la santé et services
sociaux que nous avons présentement... est débordé. Nous avons une liste en
santé mentale qui est presque de 20 000 personnes. C'est bien de
dire : On va leur donner les
services, on va les encadrer, mais il faudrait que les ressources soient là, et
présentement les ressources ne sont pas là. Également, il ne faut pas
que ce soient des traitements où on prescrit un médicament à une personne et
que le traitement s'arrête là. Il y a trop de surmédication qui se fait au
Québec, et il ne faudrait pas qu'on s'attende à... une personne avec des troubles mentaux graves prenne une pilule
puis, de façon magique, tout va se rétablir, et ils vont voir clair. Ils ont
besoin d'un suivi d'un psychologue, d'un psychiatre, selon le spécialiste dont
ils ont besoin, mais présentement on n'a pas les ressources. Et ce qui fait en
sorte que, justement, on a... le Québec s'est retrouvé avec plusieurs
situations, dans les dernières années, où
des personnes qui avaient des troubles mentaux graves ont commis des crimes
parce que peut-être qu'ils se sont tournés envers le système, mais le
système n'avait pas les ressources pour eux. Donc, il ne faut pas que ces personnes-là, quand on les identifie, qu'on...
qu'ils n'aient pas accès aux ressources, aux traitements dont ils ont besoin
pour vraiment pouvoir combattre leurs
troubles mentaux graves et devenir des citoyens qui peuvent contribuer à la
société.
• (11 h 30) •
Donc,
renforcer le suivi des personnes souffrant de troubles mentaux graves nécessite
des investissements substantiels dans
des programmes de traitement, des services de santé mentale et des formations
pour les professionnels. Sans un budget adéquat, il serait difficile de
garantir que les mesures prévues dans le projet de loi soient effectivement
appliquées, ce qui pourrait compromettre l'objectif de la réhabilitation et, en
parlant de la réhabilitation, qui ne consiste pas seulement à réduire les
risques, mais aussi à permettre aux individus de vivre de manière autonome et
significative.
Donc,
une autre lacune du projet de loi est l'absence de mesures claires pour évaluer
l'efficacité des programmes de suivi
de traitement. Sans indicateur de succès défini et sans mécanisme d'évaluation
en place, il serait difficile de déterminer si des objectifs de réhabilitation et de sécurité sont réellement
atteints. Une évaluation régulière et rigoureuse est essentielle pour
ajuster les stratégies et garantir que les ressources sont utilisées de manière
optimale.
Et,
lors des consultations publiques, plusieurs groupes ont demandé qu'un vrai
traitement d'un suivi thérapeutique, encore une fois, pas juste des
pilules, un engagement sincère envers la réhabilitation des personnes souffrant
de troubles mentaux graves doit se traduire par des ressources adéquates. Et
justement, quand on pense aux recommandations que la coroner a faites lors du dépôt de son rapport, un élément important
qui a été proposé auparavant était la mise en place d'un tribunal
exclusif au traitement des cas de santé mentale, qui aiderait grandement les
psychiatres dans leur travail, tout en
évitant aux familles de devoir frapper à plusieurs portes du système de
justice. On comprend mal pourquoi le ministre n'a pas été ouvert à cette suggestion-là, puisqu'elle a été faite en
2022, également suite aux morts tragiques de trois personnes à Laval. Et
justement ce travail est remis à la coroner parce que c'est la mieux placée
pour vraiment examiner l'enjeu, examiner le portrait présent et voir ce qui
pourrait être mis en place. Ça existe en Ontario, et, comme le premier ministre
nous rappelle souvent, on veut toujours être comme... bien, la CAQ veut
toujours qu'on ressemble plus à l'Ontario. Donc,
ce tribunal administratif spécialisé en santé ferait en sorte, encore une fois,
qu'on taperait juste à une porte, ce qui n'est pas présentement le cas.
Donc, je voudrais
terminer en demandant pourquoi le ministre n'a pas été plus ouvert aux
amendements que ma collègue de Westmount—Saint-Louis a proposés, tous dans l'esprit de bonifier ce projet de loi, que ce
soit pour une formation de
35 heures pour les policiers pour s'assurer... et c'est pour leur
protection et la protection de la population, pour ceux avec qui ils vont avoir
affaire.
Donc, un bon début, mais beaucoup de
travail qui reste à faire. On espère qu'il y aura d'autres projets de loi à
venir par la suite pour combler les
lacunes. Mais, pour ce qui est de la prise en considération, ma formation est
en faveur. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Il n'y en a pas.
Mise
aux voix du rapport
Alors,
le rapport de la Commission de la santé et des services sociaux portant sur le projet de loi n° 66, Loi
visant à renforcer le suivi des
personnes faisant l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle pour
cause de troubles mentaux ou d'inaptitude à subir leur procès, est-il
adopté? Adopté.
Pour la suite de nos
travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais
de bien vouloir appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 69
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 3 du feuilleton, Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives.
Alors,
pour la première intervention, je reconnais Mme la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Merci beaucoup. Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, je suis très heureuse d'être avec vous
aujourd'hui, de même avec les collègues. C'est un honneur, en fait, de pouvoir
m'adresser à mes collègues pour discuter en détail du projet de loi n° 69 qui vise à assurer la gouvernance responsable des
ressources énergétiques.
Alors,
je tiens d'abord à saluer mes collègues parlementaires qui ont participé aux
consultations particulières qui se sont
tenues il y a quelques jours. Donc, je fais référence plus particulièrement au
député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de Gatineau, le député de Gaspé, le député de
Côte-du-Sud, celui de Dubuc, la députée de Saint-Laurent, la députée de
Mille-Îles, le député de Maurice-Richard, le député de Jean-Talon et le député
de René-Lévesque. Donc, merci à vous tous d'avoir pris part à ces échanges.
J'aimerais également souligner le travail de mon prédécesseur, M. Pierre Fitzgibbon, qui, depuis le début du
présent mandat, a supervisé les différentes équipes du gouvernement pour
la rédaction de cet important projet de loi.
Alors, comme vous le
savez, notre gouvernement s'est engagé dans un grand mouvement collectif, un
véritable projet de société, en fait, pour
décarboner notre économie d'ici 2050. Pour ce faire, on doit faire preuve
d'audace, on doit faire preuve d'ingéniosité, et c'est ce dont on a
amplement... dont on dispose amplement, je dirais. Québec est bien positionné
pour y arriver et pour se démarquer. On a tout ce qu'il faut, en fait, pour
être des leaders de la transition énergétique
et de l'économie verte. On a l'expertise. On a la capacité d'innover. On a les
ressources naturelles. On a les réseaux électriques les plus verts au
monde.
Pour
atteindre nos objectifs de décarbonation, on doit, entre autres, prioriser
l'efficacité énergétique et l'électrification des transports, des bâtiments et
de certaines activités industrielles. On doit agir dès maintenant pour que l'ensemble
de la société québécoise puisse contribuer pleinement à la transition
énergétique, qui est un défi à l'échelle internationale, et, pour ça, on doit se doter d'une vision claire
pour bâtir un Québec encore plus vert et prospère pour nos générations futures.
Et c'est exactement ce qu'on va faire, M. le
Président, avec le projet de loi n° 69. Avec ce projet de
loi, on veut revoir et moderniser l'encadrement du secteur énergétique.
Donc,
principalement, on a trois objectifs : renforcer la gouvernance du secteur
énergétique, améliorer la gestion de l'offre et la gestion de la demande en
énergie et optimiser le processus de fixation des tarifs d'électricité et de
gaz naturel.
Ces
deux dernières années, il y a des consultations préalables qui nous ont permis
d'identifier les freins à l'accélération de la transition énergétique dans le cadre légal et réglementaire
actuel. Le projet de loi n° 69 reflète les principaux consensus parmi toutes les avenues mises sur la table, et
c'est ce avec quoi on propose d'aller de l'avant. Il va nous permettre d'agir
à la hauteur des ambitions des Québécoises
et des Québécois. Le cadre législatif actuel date d'il y a plus de 25 ans
et ne répond plus au contexte énergétique en grand changement. Donc, il
faut se tourner vers le futur pour maintenir notre avantage concurrentiel en
énergie verte, un avantage qui est à risque si on ne se dote pas des bons
outils dès maintenant, parce que le Québec n'est pas le seul dans la course à
la transition énergétique.
L'élément central de
notre projet de loi, c'est donc le plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques, communément appelé le PGIRE. Il s'agit d'un processus structuré,
participatif et transparent qui va nous doter d'une vision d'ensemble de l'avenir énergétique. Le projet de loi n° 69 permet d'encadrer et de pérenniser la mise en place du PGIRE. Cet encadrement législatif va permettre de
bien définir les rôles et les obligations de l'ensemble des parties purement
liées au développement énergétique du Québec. On a, bien sûr, l'intention d'élaborer
ce plan avec la participation du plus grand nombre. Plusieurs intervenants ont
d'ailleurs déjà levé la main. Le message est entendu.
Le
PGIRE va porter sur toutes les sources d'énergie. Il va fournir également un
état des lieux sur la consommation énergétique et va nous permettre
d'avoir une réflexion éclairée sur l'énergie, notamment en discutant des
trajectoires possibles quant à l'évolution
du contexte énergétique. Il évaluera les différentes options
d'approvisionnement énergétique pour répondre aux besoins variés et à
nos objectifs de décarbonation, tout en considérant les implications
économiques et sociales. Bref, c'est un
outil stratégique important pour informer, pour sensibiliser et pour mobiliser
les citoyens afin de prendre des
décisions éclairées et pour guider les différents acteurs comme Hydro-Québec et
les distributeurs gaziers, tout comme
la Régie de l'énergie. D'ailleurs, avec le projet de loi n° 69, la Régie de l'énergie conserve toute son indépendance. Sa
mission va être élargie pour qu'elle prenne en compte la transition énergétique
dans ses décisions.
• (11 h 40) •
Dans un
contexte d'évolution rapide du portrait énergétique, le projet de loi n° 69 propose également de modifier le processus de fixation des
tarifs pour obtenir plus de visibilité et de stabilité aux consommateurs, tout
en évitant des hausses importantes lors des révisions tarifaires, sans oublier
les entreprises, ici et ailleurs, qui sont aussi à la recherche d'une énergie
propre.
Alors, comment répondre à cette demande qui
croît plus rapidement que l'offre? Eh bien, plusieurs intervenants ont insisté, avec raison, sur l'importance de
miser d'abord sur l'efficacité énergétique, un principe auquel nous adhérons. Il faut aussi accélérer le développement de
nouveaux projets énergétiques en électricité et dans les autres filières
d'énergie verte et complémentaire.
L'octroi des
blocs d'électricité est un sujet qui a fait beaucoup couler d'encre ces
derniers... ces dernières semaines, parce que les besoins en énergie propre et
en puissance sont immenses, et la capacité de répondre, elle, est limitée.
Donc, on doit faire des choix, des choix
stratégiques, et continuer de sélectionner les projets les plus porteurs pour
le Québec. C'est essentiel si on veut enrichir les Québécois et profiter
de notre avantage comparatif avec les autres États dans le monde.
Avec le projet de loi, on veut également donner
plus de flexibilité à Hydro-Québec pour qu'elle puisse répondre à la demande.
La mission principale d'Hydro-Québec est bien sûr de satisfaire les besoins en
électricité des marchés du Québec de manière
sécuritaire, fiable et à un coût avantageux. On veut donc lui donner les moyens
d'accélérer ses projets dans le but d'assurer notre résilience et notre
sécurité énergétique, et ce, dans toutes les régions du Québec.
Il ne s'agit
pas... Il ne s'agit là que de quelques exemples de ce que propose le projet de
loi n° 69. Il présente des avancées
significatives, avec des outils qui vont permettre à tout le monde d'embarquer
dans ce grand projet de société qu'est la transition énergétique.
Au total, 38 groupes et intervenants ont
été entendus lors des consultations particulières. On a reçu, en fait, jusqu'à
présent, même plus de 70 mémoires. Et tout le monde s'entend sur le fait
qu'un changement législatif est nécessaire
si on veut atteindre nos objectifs. La majorité des intervenants ayant déposé
des mémoires sont en faveur des grands objectifs du projet de loi n° 69. Ils nous ont transmis des propositions et des mémoires qui nous
aideront à revoir l'encadrement du secteur de l'énergie de manière
encore plus efficace.
Parmi les
recommandations reçues, je pense, entre autres, au PGIRE
qui doit porter sur toutes les sources d'énergie, incluant les mesures
d'efficacité énergétique, et qui, de toute évidence, est attendu par l'ensemble
des parties prenantes. Tout le monde souhaite y contribuer.
On nous a
aussi relevé l'importance de tenir compte du portrait régional du Québec dans
l'élaboration de ce PGIRE. Pour plusieurs, la sobriété et l'efficacité
énergétique devraient être priorisées comme sources d'approvisionnement.
On nous a aussi souligné l'importance de trouver
un équilibre, un équilibre entre le maintien de la compétitivité de nos
entreprises, la protection de la clientèle domestique et la juste part des
coûts que chaque type de consommateur doit assumer.
On nous a
proposé de permettre des modèles innovants de production et de vente
d'électricité et des partenariats, tout
en protégeant le caractère public d'Hydro-Québec, et ça, c'est important. Il
s'agit là d'un aspect crucial pour encourager le développement
économique de nos régions.
Et, enfin, il est souhaité de tenir compte du
potentiel des autres filières énergétiques pour assurer, entre autres, notre
sécurité énergétique.
Ces recommandations, M. le Président, reflètent
bien l'engagement collectif qu'on ressent, partout au Québec, en faveur de la
transition énergétique. À l'heure actuelle, c'est assurément notre plus grand
défi, mais c'est aussi très encourageant de voir tous les acteurs se mobiliser
et être prêts à travailler ensemble.
Avec le projet de loi n° 69, on se donne
les outils nécessaires pour faciliter cette transition au meilleur coût pour la société québécoise, tout en favorisant
l'acceptabilité sociale et un développement économique durable. Un projet
de loi-phare et audacieux qui fera rayonner davantage le génie et l'audace des
Québécois et Québécoises en matière d'énergie verte.
Sur ce, merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Maintenant, je reconnais Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonjour, M. le
Président. Je vois l'heure qui file. Donc, je vous dis d'avance que je vais
réserver mon temps pour la reprise des travaux, parce que je ne pense pas avoir
terminé dans le délai imparti.
Alors, le projet de loi n° 69, je remercie
d'abord ma collègue la députée de Mille-Îles, qui m'a accompagnée tout au long
des travaux. Merci aussi à tous ceux qui ont participé, les nombreux mémoires
que nous avons reçus. On a eu beaucoup de demandes de
participation. Malheureusement, vous le savez, on n'a que des plages horaires
limitées. Notre souhait, ça aurait été d'entendre tout le monde, mais on a dû
se plier.
Bien
évidemment, nous, au Parti libéral du Québec, on avait demandé, avant de
déposer un tel projet de loi n° 69 : N'est-il pas temps,
au Québec, d'avoir une jasette nationale sur la situation énergétique du Québec
pour la suite des choses? Et à l'époque c'était le député de Jacques-Cartier
qui était le porte-parole, à ce moment-là, et moi, je suis la remplaçante, M. le Président... avait dit :
Bien, c'est important, il n'y a plus de vrai débat public sur ce dossier, sur
cet enjeu-là qu'est Hydro-Québec,
l'énergie, nos précieux blocs d'énergie. Et on a eu un sentiment d'avoir été
bousculé et pas trop savoir pourquoi, mais surtout pour qui on fait le
p.l. n° 69. Alors, tout au long de mon intervention,
ces deux questions-là, je vais essayer de répondre le pourquoi et le pour qui.
J'ai entendu
la ministre nous parler de gouvernance. Elle nous a aussi dit que le projet de
loi répondait à améliorer, et je cite,
la gestion de l'offre d'électricité et, troisième chose qu'elle nous a dite,
optimiser l'électricité. Le tarif d'électricité, elle veut l'optimiser.
Optimiser, généralement, c'est que c'est plus efficace. Je ne comprends pas
vraiment le terme qui a été employé
aujourd'hui. Est-ce que c'est parce qu'on nous annonce une hausse de tarif mais
que le nouveau mot choisi, c'est
«optimiser»? C'est quand même audacieux, ça, je l'accorde, qu'au lieu de parler
de hausse on parle d'optimisation de tarif.
Alors,
aujourd'hui, moi, je vais faire le point sur cela, sur les trois termes employés
par la ministre de l'Énergie, mais je vais aussi vous parler de
l'article 38. Je vous parlerai du rôle du ministère de l'Éducation... — mon
petit lapsus, vous comprendrez, le ministère de l'Éducation n'est jamais
trop loin pour moi — le
ministère de l'Énergie, la création d'un programme
d'aide financière pour limiter l'impact des hausses de tarifs de distribution
de l'électricité pour les consommateurs. Je vais vous parler également du retrait de l'obligation pour
Hydro-Québec de procéder à des appels d'offres. Et aussi, une question que plusieurs personnes se posent :
Est-ce que ce projet de loi n° 69 n'est pas un cheval de Troie pour
privatiser une partie d'Hydro-Québec? Or, jamais que cette question-là
n'a été débattue par la population. J'ai beau regarder les programmes
électoraux de la CAQ, en aucun temps cette notion n'a été abordée dans aucun
des programmes électoraux de la CAQ.
Alors, je
trouve ça un petit peu, comment dire, risqué de s'aventurer à dénationaliser
Hydro-Québec, qui a été bâtie par la
génération des grands-parents de plusieurs Québécois, je ne peux pas dire la
mienne parce que, moi, vous comprendrez, mes grands-parents sont nés au Maroc, ma mère est arrivée ici. Donc, tu
sais, je ne referai pas l'histoire... mais, pour être très consciente que,
nous, comme élus, on est les gardiens d'un des plus beaux legs du Québec, qui
est la nationalisation d'Hydro-Québec, qui a été faite sous un
gouvernement libéral. On peut penser à Jean Lesage, à René Lévesque, à Robert
Bourassa. Mais tous ces hommes qui ont bâti le Québec, aujourd'hui ils en
pensent quoi du p.l. n° 69?
Alors,
pourquoi qu'aujourd'hui on se retrouve ici? On parle de gouvernance. Qu'est-ce
qu'on tente d'améliorer? Pendant des semaines et des semaines, je me suis
levée et j'ai posé la question suivante, qu'on a même mise en jeu avec une motion très simple... Vous savez, il y a
des entreprises, au Québec, déjà établies, qui ont des emplois, qui, elles,
veulent se décarboner. Ces entreprises ont
soumissionné pour avoir ces fameux blocs d'énergie. Ces entreprises ont reçu, pour la majorité d'entre elles, un refus. Un non,
c'est une chose, M. le Président. Première question, quand on refuse quelque
chose, comme les enfants : Pourquoi? Puis, tant et aussi longtemps
que vous n'avez pas la réponse, on va vous poser encore la
question : Mais pourquoi? Pourquoi vous me dites non?
J'ai en tête
le président des Forges de Sorel qui est sorti publiquement, il a dit :
Moi, on m'a dit non, mais je n'ai pas eu accès à la grille d'analyse. On ne m'a
pas posé aucune question sur l'impact environnemental, l'impact économique
et l'impact social. Les Forges de
Sorel, ça fait 85 ans qu'elle existe, cette entreprise, à Sorel-Tracy.
Plus de 300 emplois, très payants, M. le Président, entre
80 000 $ et 120 000 $.
Mais cette question de gouvernance n'est-elle
pas un peu fondamentale dans une société où... Je me rappelle d'un autre chef
de parti et premier ministre qui disait : Audi alteram partem. Mais que
veut dire audi alteram partem? C'est le
droit d'être entendu, M. le Président. Alors, l'entreprise qui se fait dire
non, qui n'a pas accès à sa grille d'analyse et qui n'a pas un processus
d'appel, est-ce qu'on respecte les règles naturelles de justice naturelle,
c'est-à-dire le droit de procédure, le droit
d'être entendu, le droit de porter appel d'une décision? Il me semble qu'on a
ici enfreint une règle de justice naturelle.
• (11 h 50) •
On demande à ces mêmes entreprises de
soumissionner à nouveau parce qu'il y aura, dès 2027, 1 500 nouveaux
blocs d'énergie de disponibles. Mais, M. le Président, moi, j'ai été prof dans
une autre vie, imaginez que je dise à mon étudiant : Tu as coulé. Mon
étudiant va me dire : O.K. Il risque d'être triste, on s'entend. C'est un
gros choc de savoir qu'il y a un échec, une
fin de non-recevoir. La deuxième des questions. La deuxième question que mon
étudiant risque de me poser :
Mais est-ce que je peux voir ma copie d'examen? Est-ce que je peux voir le
corrigé? Mais je lui dis : Non, non, crois-moi sur parole, j'ai la grille d'analyse, je ne te la montre pas,
mais tu as coulé. Mais je t'invite à te présenter à l'examen de rattrapage. Il y aura une reprise dans les
prochaines semaines, dans les prochains mois. Prépare-toi à l'examen de
reprise. L'étudiant risque de dire : Bien, Mme la députée... ou
plutôt Mme la professeure, respectueusement, ce n'est pas un exercice futile pour moi de refaire un examen dont
je ne sais pas pourquoi j'ai coulé, dont je ne sais pas où je dois m'améliorer
lorsque je vais soumissionner à nouveau? Et
moi de lui dire : Mais, écoute, tu as peut-être raison, mais tu ne pourras
jamais porter en appel ma décision.
Quand même! Donc, non seulement je juge, c'est moi qui a un mot à dire sur
cette décision, mais mon étudiant n'a même pas un droit d'appel. Il ne
peut même pas aller en révision. Rien. Terminé.
Ça me rappelle une drôle d'époque. Cette
époque-là, pourtant, n'était pas très lumineuse. Il me semble que, si la
ministre parle en disant qu'il y a trois choses importantes dans ce projet de
loi... et le premier élément qu'elle a cité, c'est
la règle de gouvernance. Or, elle et son parti ont voté contre une motion que
nous avons présentée, au Parti libéral, un mercredi, demandant une chose tellement simple : Remettez aux
entreprises leurs grilles d'analyse. Un, c'est transparent. Deux, si ces entreprises désirent soumissionner à
nouveau, elles savent qu'est-ce qu'elles doivent améliorer, le cas échéant.
Mais peut-être aussi elles vont se rendre compte, ces
entreprises, qu'elles n'ont rien à améliorer. Peut-être qu'au fond c'était une décision arbitraire de l'ancien
ministre Pierre Fitzgibbon qui, lui, a décidé qui seront les gagnants et qui
seront les perdants. Mais, en ayant
une mainmise sur ces blocs d'énergie, en s'étant octroyé, le gouvernement, ce
pouvoir ultime...
Ce superpouvoir a des
conséquences qui sont néfastes. Permettez-moi de les exprimer. Dans une
démocratie, une des pierres angulaires, ce sont les bases de justice naturelle.
Et ici je pense sincèrement qu'on ne l'a pas respectée, que le gouvernement, en refusant de transmettre la grille d'analyse avec
un non, une fin de non-recevoir et qu'il n'y a pas de processus d'appel,
immanquablement on tombe dans l'arbitraire.
Permettez-moi
de faire un parallèle. En 2023, la Vérificatrice générale du Québec a publié un
rapport sur les fonds pour aider les
entreprises à traverser la pandémie. Cette idée, au départ... évidemment, la
bonne foi se présume. Les gens ont dit : Ah, bonne idée! Le gouvernement
veut aider les entreprises à pouvoir survive la pandémie. Or, qu'est-ce qu'on
a appris? L'argent était distribué sans
critère, sans grille d'analyse, et même, des fois, des projets n'auraient pas
dû se qualifier. Bref, on tombait dans le discrétionnaire mais avec de
l'argent public. L'argent, c'est une chose. C'est très précieux. Les blocs d'énergie, j'ai le goût de vous dire, M.
le Président, c'est encore plus précieux. Pourquoi? Je vais vous l'expliquer.
Prenons
toujours le cas des Forges de Sorel. Cette entreprise qui est établie ici est
assujettie au marché de la carbone, donc
à la Bourse. Si elle ne se décarbone pas, non seulement ça lui coûte plus cher,
mais elle est pénalisée, face au marché de la carbone, rapport qu'elle
paie plus. Si elle paie plus, est-elle compétitive par rapport à tous les
autres compétiteurs qui sont à l'extérieur
du pays, qui sont à l'extérieur du Québec? Non. Leurs compétiteurs sont en
Chine. Soyons honnêtes. Au niveau de l'environnement, je n'ai même pas
besoin de commenter. Je pense qu'on se comprend tous ici. Mais, vous savez, le gouvernement chinois ne s'est
jamais gêné pour subventionner leurs entreprises. D'ailleurs, dans un rapport
de l'OCDE, savez-vous à quelle hauteur les
entreprises chinoises, notamment dans le secteur d'aluminium, sont subventionnées?
Huit fois plus qu'ici. Donc, je pense qu'on peut qualifier cela de
concurrence déloyale en partant. Mais, nous,
cette entreprise d'ici qui compte dans ses rangs des Lapierre, des Tremblay,
des Bouchard, eux, là, ils ont des familles. J'ai même rencontré, là,
une personne que c'est la troisième génération qui travaille dans cette
entreprise. Eux, leur souhait, c'est se
décarboner, avec des employés qui sont déjà d'ici et établis au Québec depuis
des générations. Maintenant, ça met en péril des investissements, parce
qu'ils doivent réfléchir : Est-ce que j'achète une nouvelle cuve à
l'électrique ou est-ce que j'achète une nouvelle cuve qui, elle, si je n'ai pas
les blocs d'énergie pour le faire, bien, elle va devoir être au gaz? Quand même
particulier. On pense à aider la planète entière, parce que le premier ministre
est même allé à l'extérieur du pays pour
dire : Venez-vous-en, on a l'électricité pas chère puis on a de la
main-d'oeuvre pas chère, mais, avant de vendre ça aux étrangers, il me
semble que, comme bon père de famille, tu t'occupes d'abord de ton monde, tu
dis : Nous, c'est le Québec d'abord. Je vais aider mon monde à se
décarboner. Je vais aider mon monde à faire des investissements au Québec. Je
vais aider mon monde à m'assurer que les emplois du Québec restent encore au
Québec.
Et
ça, M. le Président, c'est pour ça que j'ai de la misère aujourd'hui lorsqu'on
me dit que l'objectif du projet de loi n° 69, c'est : améliorer la
gouvernance. J'ai de la misère à y croire. Pourquoi ont-ils voté contre la
motion? Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un projet de loi pour faire
preuve de transparence? Il me semble que ça va de soi.
Et j'ajouterais la
chose suivante : En matière de gouvernance, je n'ai pas entendu des gens
en commission nous... venir louanger la
transparence de ce projet de loi. Plusieurs ont même dit : Écoutez, le
PGIRE, le fameux plan de gestion des
ressources, bien, il va venir plus tard. On ne sait pas quand, mais il va venir
plus tard. Donc, on met la charrue devant
les boeufs. On va légiférer avec un plan de gestion. Puis la question demeure
encore : Pour quoi, mais pour qui? Et le pour qui, ici, est vraiment intéressant. Avons-nous vendu aux
étrangers ce que nous n'avons pas, au détriment des Québécois puis des
entreprises d'ici?
Et,
quand j'entends la ministre dire qu'elle va optimiser les tarifs d'électricité,
elle devrait faire preuve de franchise là-dessus et dire clairement,
comme son projet de loi l'écrit, qu'il y aura une hausse de tarifs résidentiels
et qu'elle sera compensée par, et je cite, «un programme d'aide financière pour
limiter l'impact à la hausse des tarifs de distribution d'électricité pour les consommateurs». Ça, M. le Président, c'est
l'article 75. Donc, très franchement, je pense qu'on peut réviser
le vocabulaire et que le gouvernement assume son choix en matière des hausses,
mais, quand on parle et qu'on dit que la
gouvernance, c'est important, au-delà des mots, les actions comptent. Et, en ce
moment, il y a plein d'entreprises, au Québec, qui ne demandent qu'une
seule chose au gouvernement, elles sont prêtes à soumissionner, elles veulent
soumissionner à nouveau, mais elles veulent savoir où est-ce qu'elles ont perdu
des points, qu'est-ce qu'elles doivent améliorer dans leurs projets.
Et là je ne vous
parle pas des entreprises qu'il y a un enjeu de raccordement, je vous parle des
entreprises qui peuvent être raccordées mais
qu'elles ne comprennent pas pourquoi qu'elles ont été refusées. Et, si la
réponse, en définitive, est la suivante : C'est qu'on manque
d'énergie, il va falloir que le gouvernement réponde à cette question-là :
Pourquoi avez-vous privilégié... Pourquoi
ont-ils privilégié des entreprises étrangères, des jeunes pousses, notamment
une jeune pousse, au détriment
d'entreprises déjà établies depuis très longtemps? Pourquoi qu'aujourd'hui on
passe de surplus énergétique à déficit énergétique historique au Québec?
Jamais je n'aurais cru un jour entendre Hydro-Québec nous dire qu'ils ne
peuvent pas brancher des foyers d'habitation. Jamais je n'aurais cru un jour
qu'une ville qui a un projet d'écoquartier responsable
se ferait dire : Non, on ne peut pas vous brancher. Qui l'aurait cru? On
nous a parlé de la spirale de la mort, on nous a dit qu'on devait jeter
nos surplus, mais finalement, à force d'aller trop vite, est-ce que ce n'est
pas tout notre bas de laine, présentement,
qui est à risque parce que des décisions ont peut-être été précipitées sans une
analyse complète? Peut-être qu'on a navigué à vue?
Toutes ces questions,
M. le Président, devront être répondues. Alors, vous comprendrez que je vais
garder mon temps pour la suite, après nos travaux, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Je comprends donc, Mme la députée de
Saint-Laurent, que vous n'avez pas terminé votre intervention et que vous allez reprendre votre intervention à la
reprise du débat sur le projet de loi n° 69. Ce sera le cas.
Alors,
compte tenu de l'heure et afin de permettre la tenue des affaires courantes,
cet après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 69 est ajourné.
Et les travaux sont
suspendus jusqu'à 13 h 40, cet après-midi. Bon midi. Bon appétit à
tous.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 13 h 41)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Bonjour
à toutes, bonjour à tous. Je vous invite à prendre place, collègues, nous
allons débuter nos travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous sommes à la
rubrique Déclarations des députés. Et, sans plus tarder, je reconnais M. le député
de Joliette.
Souligner
le 95e anniversaire de la Société d'histoire de Joliette—De
Lanaudière
M. François
St-Louis
M. St-Louis :
Merci, M. le Président. Permettez-moi, d'abord, de souligner la présence,
dans nos tribunes, des membres de la Société d'histoire de Joliette—De
Lanaudière, qui célèbre cette année son 95e anniversaire.
En effet, c'est en
1929 que l'abbé Eugène Martin fondait ce qui s'appelait alors la Société
historique de Joliette. À cette époque, la
présidence du conseil d'administration était assurée par un acteur marquant de
notre histoire, et j'ai nommé Sir
Joseph-Mathias Tellier. Durant son illustre carrière, Sir Tellier aura été
maire de la ville, député de la circonscription de Joliette et deviendra
même chef de l'opposition officielle sous l'égide des conservateurs ici même, à
l'Assemblée nationale du Québec. Il deviendra même, plus tard, juge et juge en
chef de la province de Québec.
La
mission de notre société d'histoire, M. le Président, est fort simple mais combien
importante, soit de recueillir et
conserver des documents textuels, iconographiques ou encore des objets
témoignant de l'histoire de la ville, de la MRC de Joliette, ainsi que
des MRC de D'Autray et de Matawinie.
Grâce
à la Société d'histoire de Joliette—De Lanaudière, M. le Président, notre histoire est
bien vivante et le restera. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Joliette.
J'en
profite pour rappeler aux collègues que les déclarations sont d'un maximum
d'une minute. Merci de respecter le délai imparti pour cette
déclaration.
Je reconnais sans
plus tarder M. le député de Pontiac.
Souligner
le Mois de la sensibilisation au cancer du sein
M. André
Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. Québec, le mois d'octobre, c'est le Mois de la
sensibilisation au cancer du sein. Et il y a une seule vraie bonne raison pour
cette campagne, c'est d'encourager des femmes entre 50 et 74 ans à passer
une mammographie bilatérale et de le faire à chaque deux ans.
M.
le Président, toutes les années, c'est 7 600 Québécoises qui
reçoivent la terrible nouvelle qu'elles sont atteintes d'un cancer du
sein, mais, en diagnostiquant tôt le cancer, puis en amorçant rapidement les
traitements, on arrive à un taux de
survie, aujourd'hui, de 89 %.
Alors,
encourageons les Québécoises à y aller, à mettre les chances de leur côté et à
se prévaloir d'une mammographie et d'un dépistage rapide, mais, en même temps,
M. le Président, rappelons-nous, rappelons au gouvernement qu'il faut mettre
les chances du côté des femmes en améliorant les délais, présentement
inacceptables dans certaines régions, pour l'accès à la mammographie, en
améliorant l'accès aux spécialistes et en améliorant l'accès à la chirurgie. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Merci, M. le député de Pontiac. La parole
revient maintenant à Mme la députée de Prévost.
Souligner
la Journée internationale des personnes âgées
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : En
cette Journée internationale des personnes âgées, je souhaite saluer tous les
Québécois et les Québécoises qui ont 65 ans et plus et qui
représentent une force vive pour notre société.
En
effet, d'ici les cinq prochaines années, nous serons plus de 2,3 millions
d'aînés au Québec et nous avons le devoir de tout faire en notre pouvoir pour changer la perception du
vieillissement, la rendre positive, puisque vieillir est un privilège,
et nous devons en être fiers.
J'ai présenté, au printemps dernier, ma stratégie
gouvernementale 2024-2029, La fierté de vieillir et j'en profite pour
remercier tous mes collègues ministres, les différents organismes, les tables
de concertation des aînés qui sont présentes partout au Québec pour nous aider
à réaliser ce défi.
En terminant,
je tiens à saluer la présence d'invités de marque au salon rouge,
Mme Nicole Bolduc et M. Bertrand
Gignac, respectivement présidente et directeur général des conférences
régionales concertation aînés du Québec.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Prévost. Au tour, maintenant, du député de Maurice-Richard.
Souligner le
25e anniversaire de Solidarité Ahuntsic
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Aujourd'hui, j'ai
l'honneur de souligner le 25e anniversaire de Solidarité Ahuntsic.
Cette table
de quartier, située dans ma circonscription, est un espace précieux où
l'entraide, la lutte et l'engagement social prennent racine et
s'épanouissent. Leur équipe est à l'origine de nombreuses initiatives de lutte
à la pauvreté, d'éducation populaire et de
défense de droits dans Ahuntsic, pour n'en nommer que quelques-unes. Leur
contribution au tissu communautaire
d'Ahuntsic est inestimable, et c'est pourquoi ils et elles pourront toujours
compter sur mon soutien indéfectible.
Cela prend encore plus de sens dans un contexte
où 13 autres organismes, dont Solidarité Ahuntsic, font face à une menace
d'éviction par le centre de services scolaire de Montréal. Pour le bien-être de
notre communauté, je serai à vos côtés jusqu'au bout pour préserver cet
important pilier du milieu communautaire d'Ahuntsic.
Bon 25e anniversaire et longue vie à
Solidarité Ahuntsic!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Maurice Richard. Et je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. Larry
Bernier
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : La
municipalité de Lac-Édouard est assurément une des seules municipalités du
Québec qui n'a aucune dette et qui
génère de vrais revenus, de vrais surplus financiers, et ceci est en grande
partie dû à M. Larry Bernier, maire bénévole depuis 2006.
M. Bernier est déterminé mais patient,
volubile mais à l'écoute et très impliqué au niveau du développement socioéconomique depuis qu'il a pris sa retraite
comme enseignant, il y a 17 ans. Depuis, il est membre d'une douzaine de
comités en même temps, par exemple la Table
des élus de la Mauricie, le conseil d'administration de la FQM, le Comité
de sécurité publique de l'agglomération de
La Tuque, le conseil d'administration de la SAMBBA, président du plan de
développement de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Mauricie.
Je veux
aujourd'hui le reconnaître pour son engagement social en mentionnant aussi
celui de Mme Rollande Lecours, dont il est l'époux,
enseignante bénévole et qui permet de garder La P'tite École de Lac-Édouard ouverte.
Merci de faire une différence.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci, Mme la
députée de Laviolette—Saint-Maurice. Je cède maintenant la parole à M. le député de Gouin.
Remercier l'équipe de La
Maison Marguerite de Montréal
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. Je veux prendre un moment aujourd'hui pour souligner le travail
exceptionnel de La Maison Marguerite, un organisme de ma circonscription qui
héberge des femmes en difficulté.
Le
29 avril dernier, leur hébergement a été complètement ravagé par un
incendie. La directrice générale, Mireille, et toute son équipe ont donc
travaillé d'arrache-pied très rapidement pour que toutes les femmes soient
relocalisées, et ça s'est fait dans un contexte, bien sûr, où, on le sait, les
places en hébergement pour les femmes en difficulté sont extrêmement rares. Et, tout en réalisant cet
exploit-là, bien, ils se sont également mis à la recherche de nouveaux locaux,
des locaux à moyen terme, et ils ont réussi à en trouver. Ça a été fait en juillet
dernier.
Je veux,
donc, aujourd'hui, saluer leur résilience, la résilience des travailleuses de
La Maison Marguerite. Grâce à vous, grâce à votre dévouement, les femmes ont à
nouveau un espace sécuritaire pour se reconstruire. Bravo! Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Gouin. Et la parole revient maintenant à Mme la députée de
Saint-Hyacinthe.
Souligner
le travail de l'Association québécoise de défense des droits des
personnes retraitées et préretraitées, section Richelieu-Yamaska
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci,
M. le Président. En cette Journée internationale des personnes âgées, je
souhaite rappeler la contribution inestimable de nos aînés à la société
québécoise.
Non seulement ils ont contribué à bâtir le
Québec d'aujourd'hui, mais leur implication bénévole qu'ils font régulièrement au sein d'organismes communautaires
ou de services de loisirs permet de maintenir en place différents services
et contribue au bien-être de nos communautés.
Je tiens à
souligner la présence, dans nos tribunes, de trois membres de l'Association
québécoise de défense des droits des personnes retraitées et
préretraitées de la section Richelieu-Yamaska, Mmes Rosetta Bruno, Lucie Gravel
et Martha Ramirez. Merci, mesdames, pour votre implication.
Nous avons beaucoup à apprendre de nos aînés, M.
le Président, et leur voix mérite d'être entendue. Merci.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe. La parole revient maintenant à M. le député
de Saint-Jérôme.
Remercier les citoyens et
citoyennes de la circonscription
de Saint-Jérôme pour leur soutien
M. Youri Chassin
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, une fois n'est pas coutume. Permettez-moi
de remercier les nombreux Jérômiens qui m'ont témoigné leur soutien dans
les dernières semaines.
La décision difficile de devenir indépendant, je
l'ai prise d'abord en pensant à mes électeurs, mais on ne sait jamais vraiment comment ceux-ci vont recevoir la nouvelle.
Mais, depuis ma conférence de presse, je dois dire que je suis renversé
et bouleversé par les réactions positives.
Mon équipe et moi avons été à la rencontre de
nos concitoyens dans divers événements. Nous avons échangé sur tous les sujets.
Et, comme je m'y étais engagé, nous avons aussi tenu une journée portes
ouvertes, jeudi dernier, le 26 septembre, et on remercie les gens d'avoir
répondu présent. De Laurent, qui m'a envoyé une lettre dactylographiée, à Diane, du milieu communautaire, Jade, Yvon,
Louis et vous toutes et tous, mon équipe et moi vous remercions du fond
du coeur pour la vague de soutien reçue. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Saint-François.
Rendre hommage à
Mme Sandra Côté
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
je tiens à saluer Mme Sandra Côté, ici présente dans les tribunes.
Mme Sandra Côté a publié, en 2014, Le
bonheur à tue-tête : histoires d'espoir qui met du bonheur au coeur...
Native de Stoke et arrivée à Brompton en 1991,
elle a fondé en 2016 le journal communautaire Ici Brompton, dont elle a
été la rédactrice en chef jusqu'à récemment.
Depuis 2016 également, elle est membre du comité
de gestion du projet Coeur de Brompton qui dynamise la communauté d'affaires.
En 2022, Mme Côté a contribué à la
constitution d'un groupe de citoyens en OBNL en vue de faire de l'église
Sainte-Praxède un espace collectif multifonctionnel.
Accentuant
ses efforts pour faire rayonner le commerce local, elle a acquis en 2024 le Bottin
de Brompton, qui met en valeur les entreprises du district.
Créative et pleine d'empathie, elle fait jaillir
des étincelles partout où elle s'investit.
M. le
Président, j'ai eu l'honneur de lui remettre la médaille de député de
Saint-François le 13 septembre dernier.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Saint-François. Et notre prochaine déclaration, elle revient à Mme la
députée de Laporte.
Souligner la persévérance
scolaire d'élèves de la circonscription de Laporte
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui en est un tout particulier. C'est avec grande fierté que
je vous présente des élèves de ma circonscription. Par leur persévérance et
leur résilience, je me devais de souligner leur cheminement dans leurs études
en les invitant à l'Assemblée nationale.
Durant
un parcours scolaire, des situations peuvent parfois mener au découragement, à
la perte de motivation, voire à l'abandon. Heureusement, il y a cette petite
voix intérieure, cette force de caractère qui nous distingue et nous incite à
poursuivre afin d'atteindre notre objectif. Et, peu importe notre objectif,
c'est le fait d'en avoir un qui nous permet de toujours garder notre motivation
et de regarder droit devant. C'est pour cette raison que je devais souligner
cette persévérance et cette résilience. C'est le parcours qui forge
l'expérience et la confiance en soi.
Aussi, je tiens à
féliciter des gens qui les entourent, parents, professeurs et toutes les
personnes-ressources qui les soutiennent. Sachez que vous êtes un apport
primordial dans leur réussite en les épaulant de diverses manières.
Félicitations! Et je
vous souhaite à tous un bon succès pour la suite.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laporte. La parole revient maintenant à M. le député
de Côte-du-Sud.
Rendre
hommage aux membres de l'Unité 53 de la
Garde côtière auxiliaire canadienne
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest :
Merci, M. le Président. Le jeudi 22 août dernier, date marquante
pour Mira, Patrick, leur fille Lilia, de passage sur le fleuve en Côte-du-Sud.
En
revenant de la Gaspésie, leur voilier, Or Azure, le safran a été abîmé
devant Saint-Jean-Port-Joli. Des courants forts, des vagues de trois
mètres, des vents de 28 noeuds ont mené à une perte de contrôle de leur
voilier.
Heureusement,
l'expérience et la fiabilité de l'Unité 53, Garde côtière auxiliaire
canadienne de Saint-Jean-Port-Joli, était
au rendez-vous, avec son commandant, Jean-Pierre Leclerc. D'un calme
exemplaire, les auxiliaires de la garde côtière ont pu, après plusieurs heures, rapatrier le voilier
et prendre soin de la famille avec bienveillance et réconfort. Quelle bravoure!
Je
tiens à vous remercier au nom de Mira De Montigny, Patrick Nisot, Lilia et leur
chien Plume pour cette intervention digne de mention. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Côte-du-Sud. Alors, voilà
qui met fin à la rubrique Déclarations des députés. Je remercie chacun de vous,
collègues, pour votre déclaration.
Et nous allons
suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(
Reprise
à 14 h 05)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Vous êtes
nombreux aujourd'hui. Bienvenue. Bienvenue. Le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Présence de M. Scott McKay et de Mme Jeannine
Richard,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
J'ai
le plaisir de souligner aujourd'hui la présence, dans les tribunes, de
M. Scott McKay, ancien député de L'Assomption
et de Repentigny, ainsi que Mme Jeannine Richard, ancienne députée des Îles-de-la-Madeleine.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente.
Permettez-moi de déposer le plan stratégique 2024-2027 de la Société du parc industriel et portuaire de
Bécancour. Merci.
La Présidente :
Ce document est déposé. M. le
ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration.
M. Roberge : Mme la Présidente,
permettez-moi de déposer le rapport annuel d'activité et de gestion 2023-2024
de la Commission d'accès à l'information.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Lamontagne : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer l'Entente pour l'octroi de
sommes affectées aux activités du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation entre la Société du Plan Nord et
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ainsi que le
rapport annuel de gestion 2023-2024 de la Commission de protection du
territoire agricole du Québec.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette Vézina : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer l'Entente pour l'octroi de sommes
affectées aux activités du ministère des Ressources naturelles et des Forêts
entre la Société du Plan Nord et la ministre des Ressources naturelles et des
Forêts. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...de ma
collègue la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le
rapport annuel de gestion 2023-2024 pour Les Offices jeunesse
internationaux du Québec.
La Présidente : Ce document est
déposé. Mme la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air.
Mme Charest : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel 2023-2024 de la Société
des établissements de plein air du Québec. Merci.
La Présidente : Ce rapport est
déposé. M. le leader du gouvernement, vous en avez plusieurs.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le 31 mai 2024 par la députée de D'Arcy-McGee, le 4 juin 2024 par les députés des Îles-de-la-Madeleine et de
Taschereau, le 6 juin 2024 par le
député de Taschereau, le 7 juin 2024 par les députés de Rivière-du-Loup—Témiscouata et de Jacques-Cartier, ainsi
que le 11 septembre 2024 par le député de Nicolet-Bécancour. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
Pour ma part, je dépose le rapport annuel de
gestion 2023-2024 d'Élections Québec et de la Commission de la
représentation électorale.
J'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles et député de Marquette.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 63
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
qui, les 24, 25 et 26 septembre et le 1er octobre 2024, a tenu des
auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 63,
Loi modifiant la Loi sur les mines et
d'autres dispositions. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. M. le président de la Commission de l'aménagement du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Étude détaillée du projet de
loi n° 70
M. Schneeberger : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je dépose le rapport de l'aménagement du territoire qui, les
25 et 26 septembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 70, Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des
animaux.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. Mme la présidente de la
Commission de l'économie et du travail
et députée de Mirabel.
Étude détaillée du projet de
loi n° 68
Mme D'Amours : Mme la
Présidente, je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail
qui, les 26 septembre et 1er octobre 2024, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 68, Loi visant principalement à réduire la charge administrative des médecins. La commission a adopté le texte du projet de loi
avec des amendements. Merci.
• (14 h 10) •
La Présidente : Ce rapport est
déposé. M. le président de la Commission des finances publiques et député de
Montmorency.
Étude détaillée du projet de loi n° 62
M. Simard :
Oui, Mme la Présidente. C'est avec plaisir que je dépose le rapport de la
très studieuse et vaillante Commission des
finances publiques qui, les 5 et 6 juin et les 18, 24, 25 et
26 septembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi
n° 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies
d'acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans
la réalisation de leurs projets d'infrastructure. La commission a adopté le
texte du projet de loi avec des amendements.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Sherbrooke.
Créer un ministère des Aînés avant les prochaines
élections provinciales
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 6 942 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
personnes de 65 ans et plus constitueront 25 % de la population
québécoise d'ici 2030;
«Considérant la
diminution de la qualité de vie d'une part importante des personnes aînées du
Québec due :
«À des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes;
«Au manque criant et
à la perte de logements abordables et sécuritaires;
«Aux difficultés
croissantes d'accès à des services de santé universels et gratuits;
«À l'offre anémique
de services de soutien à domicile;
«À la fracture
numérique imposée aux personnes vulnérables;
«Considérant l'âgisme
systémique et ses effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant
l'hétérogénéité et la complexité des besoins et des parcours de vie des
personnes aînées;
«Considérant
que le Plan d'action gouvernemental 2024-2029 — La fierté de vieillir prévoit faire appel à
34 ministères et organismes gouvernementaux partenaires;
«Considérant
l'importance du respect des droits démocratiques des personnes aînées à une
représentation adéquate au sein même du gouvernement grâce à un ou une ministre
qui saura porter, haut et fort, cette cause et qui saura orchestrer le plan d'action ambitieux du gouvernement afin
d'assurer aux personnes aînées québécoises une retraite et un vieillissement
dans la dignité;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de créer un ministère des
Aînés, avant les prochaines élections
provinciales, et de nommer un ou une ministre qui disposera de tous les pouvoirs
et leviers nécessaires, dont un portefeuille, afin d'exercer un
leadership fort et imputable.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. À nouveau, Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Il y en aura trois. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 24 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
personnes de 65 ans et plus constitueront 25 % de la population
québécoise d'ici 2030;
«Considérant la
diminution de la qualité de vie d'une part importante des personnes aînées du
Québec due :
«À des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes;
«Au manque criant et
à la perte de logements abordables et sécuritaires;
«Aux difficultés
croissantes d'accès à des services de santé universels et gratuits;
«À l'offre anémique
de services de soutien à domicile;
«À la fracture
numérique imposée aux personnes vulnérables;
«Considérant l'âgisme
systémique et ses effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant
l'hétérogénéité et la complexité des besoins et des parcours de vie des
personnes aînées;
«Considérant que le Plan
d'action gouvernemental 2024-2029 — La fierté de vieillir prévoit faire appel à
34 ministères et organismes gouvernementaux partenaires;
«Considérant l'importance du respect des droits
démocratiques des personnes aînées à une représentation adéquate au sein même
du gouvernement grâce à un ou une ministre qui saura porter, haut et fort,
cette cause et qui saura orchestrer le plan d'action ambitieux du gouvernement
afin d'assurer aux personnes aînées québécoises une retraite et un vieillissement
dans la dignité;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de créer un ministère des
Aînés, avant les prochaines élections provinciales, et de nommer un ou une
ministre qui disposera de tous les pouvoirs et leviers nécessaires, dont
un portefeuille, afin d'exercer un leadership fort et imputable.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Et j'ai reçu une
demande de Mme la députée de Sherbrooke pour la présentation d'une pétition non
conforme. Y a-t-il consentement pour présentation de cette pétition? Consentement.
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vous remercie. Donc,
je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 1 290 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
personnes de 65 ans et plus constitueront 25 % de la population
québécoise d'ici 2030;
«Considérant la
diminution de la qualité de vie d'une part importante des personnes aînées du
Québec due :
«À des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes;
«Au manque criant et
à la perte de logements abordables et sécuritaires;
«Aux difficultés
croissantes d'accès à des services de santé universels et gratuits;
«À l'offre anémique
de services de soutien à domicile;
«À la fracture
numérique imposée aux personnes vulnérables;
«Considérant l'âgisme
systémique et ses effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant
l'hétérogénéité et la complexité des besoins et des parcours de vie des
personnes aînées;
«Considérant
que le Plan d'action gouvernemental 2024-2029 — La fierté de vieillir prévoit faire appel à 34 ministères
et organismes gouvernementaux partenaires;
«L'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de créer un ministère des
Aînés, avant les prochaines élections provinciales, et de nommer un ou une
ministre qui disposera de tous les pouvoirs et leviers nécessaires, dont
un portefeuille, afin d'exercer un leadership fort et imputable. Il en va des
droits démocratiques des personnes aînées à une
représentation adéquate au sein même du gouvernement grâce à un ou une ministre
qui saura porter, haut et fort, cette cause et qui saura orchestrer le
plan [...] ambitieux du gouvernement afin d'assurer aux personnes aînées
québécoises une retraite et un vieillissement dans la dignité.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et, pour ce
faire, je cède la parole, en question principale, à la députée de Mille-Îles.
Évaluation de l'impact environnemental du projet Northvolt
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
Alors, plus une semaine ne se passe sans qu'on ait des révélations-chocs
dans le dossier Northvolt. Cette fois, Mme la Présidente, bien, on constate à
quel point le ministre de l'Environnement était
prêt à tout pour faire passer le projet. Je vous lis quelques extraits relatés
par un article de Thomas Gerbet ce matin, tous des commentaires qui
viennent d'employés du ministère de l'Environnement eux-mêmes, je les
cite : «On essaie à tout prix de rendre le projet acceptable alors qu'il
ne l'est pas.» Un autre a dit : «Ce n'est pas transparent et c'est un peu croche.» Puis : «Il faut tout faire pour
que le ministère ne paraisse pas mal.» Fin de la citation. Clairement, il
m'apparaît aujourd'hui que le
ministre a tourné les coins ronds et il a failli à sa fonction, dont la
principale mission est supposée être la protection de l'environnement.
Alors,
ma question est toute simple, Mme la Présidente : Est-ce que le ministre
de l'Environnement se cherchait un emploi comme ministre de l'Économie?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, comme on le sait tous, le processus est en
cour, est devant les tribunaux actuellement, il est judiciarisé, alors je vais
être très prudente dans mes commentaires et dans ma réponse. Mais je veux néanmoins souligner le fait que le
Québec a agi de manière responsable pour attirer Northvolt dans le cadre
de la filière batterie, un projet de grand
impact pour le Québec, et qu'on a les lois environnementales parmi les plus
rigoureuses sur la planète, et ces lois-là s'appliquent à Northvolt tout
comme à l'ensemble des acteurs de la filière batterie.
Il faut voir qu'il
n'y a pas si longtemps, il y a quelques mois à peine, on n'avait pas de cadre
réglementaire pour les entreprises oeuvrant
en matière de batteries vertes. Alors, ce cadre-là, on l'a élaboré au cours des
derniers mois, et il s'applique à l'ensemble des acteurs de la filière
batterie, bien sûr, incluant Northvolt. Alors, c'est un projet qui va respecter
les lois et pour lequel on s'est dotés, maintenant, d'un nouveau cadre
réglementaire.
Et il faut voir que Northvolt a, de
son côté, aussi mis de l'avant plusieurs engagements en matière
environnementale. Notamment, elle
s'est engagée à protéger l'habitat du petit blongios, qui est une espèce à
risque. Donc, c'est une des actions qu'elle va poser. Je pourrai y
revenir.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour :
Mme la Présidente, les nouvelles preuves démontrent que ce n'est pas une ni
deux mais bien trois règles qui ont été modifiées pour accommoder Northvolt et
lui éviter un BAPE. Comme l'a dit un fonctionnaire, il fallait détourner la
tête.
Mme
la Présidente, le ministre, peut-être la ministre de l'Économie, mais le
ministre de l'Environnement peut-il enfin
avouer ce que tout le monde maintenant sait, là, c'est que les nouvelles
règles, elles étaient purement une commande politique?
La
Présidente : La réponse du ministre des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui, Mme la Présidente. Bien,
écoutez, en rappel de ce que ma collègue vient de mentionner, le Québec dispose des réglementations parmi les
plus sévères en Amérique du Nord en matière d'environnement. Puis ce qui est important, c'est que le projet de
Northvolt, Mme la Présidente, va se décliner en plusieurs volets, en plusieurs
étapes, et, pour chacune des étapes, l'entreprise devra fournir documents,
analyses, données, et, sur la base de ces analyses-là, de ces
données-là, le ministère de l'Environnement, à travers la loupe des mesures les
plus strictes en Amérique du Nord, va faire
l'analyse de chacune des étapes. Et, pour qu'une étape puisse aller à la suite
d'une autre étape, Mme la Présidente, ils vont devoir se conformer à ces
normes qui sont les plus strictes en Amérique du Nord. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Mme la Présidente, la première étape,
c'est de respecter les règles. La deuxième, ça aurait été un BAPE. Et d'ailleurs on apprend ce matin que le
ministère a lui-même envisagé un BAPE accéléré de 11 mois, comme nous,
on le demandait. Et on peut même constater qu'il aurait été terminé au moment
où on se parle.
Alors, pourquoi le
ministre a décidé de se tirer dans le pied quand on sait que l'acceptabilité
sociale aurait été vraiment améliorée avec un BAPE? Pourquoi on s'est tiré dans
le pied, Mme la Présidente?
• (14 h 20) •
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Bon, Mme la Présidente, on a un projet. On a des règles en vertu desquelles
on va analyser ce projet-là. Ces règles-là
sont parmi les plus sévères en Amérique du Nord. On prend ce projet-là, on le
décline en plusieurs étapes. Pour chacune des étapes, l'entreprise devra
fournir données, analyses, documentation, qui vont être analysé en vertu
de ces critères qui sont les plus... parmi les plus sévères en Amérique du
Nord. Et, pour qu'une étape puisse suivre une première étape, elle devra
rencontrer toutes ces règles-là qui sont parmi les plus sévères en Amérique du Nord, comme les autres entreprises au Québec
sont assujetties aux règles environnementales du Québec, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Bourassa-Sauvé.
Rémunération des stages étudiants
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, avril
2023, la ministre de l'Enseignement supérieur, elle disait ceci, mot pour
mot : «Quand les jeunes arrivent en fin de parcours à des stages 4,
qu'on appelle, et travaillent dans le réseau 30 à 40 heures-semaine,
ils méritent d'avoir une rémunération.» Les étudiants, ils étaient
enthousiastes, ils se sont dit : On a enfin de l'écoute. La CAQ a même appuyé plusieurs motions en faveur de la
rémunération des stages dans le secteur public depuis. Ça s'en venait.
Puis, au budget, j'ai
questionné la ministre, elle est revenue sur sa parole. Les jeunes viennent de
vivre une autre rentrée collégiale et
universitaire sans rémunération des stages dans le secteur public. Surprise. La
semaine dernière, le ministre de
l'Éducation, il a rouvert la porte, un an et demi après sa collègue. Il nous a
appris que lui aussi, il trouve que les stagiaires en enseignement,
bien, ils méritent d'être payés.
Mme
la Présidente, les étudiants, ils ne veulent pas rejouer dans le même film. La
rémunération des stages, c'est pour quand?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci pour cette question. Alors, effectivement, on avait l'intention de rémunérer les stages, et moi-même,
personnellement, je m'étais assise avec les étudiants, les assos étudiantes
pour faire cette démarche-là. On avait
travaillé, au ministère de l'Enseignement supérieur, sur cette démarche de
rémunération des stages. Et j'avais dit, à l'époque, qu'il y avait des choix à
faire, des choix difficiles mais nécessaires. Il
y avait la rémunération des stages et il y avait également le logement
étudiant. On est en crise du logement, le logement étudiant était une revendication primordiale de la
part des étudiants, et on avait fait ces choix-là. On a investi, justement,
dans le logement étudiant, au cours de la dernière année, 200 millions au
PQI pour être capables de faire accélérer les projets de logement, de logement
étudiant. Alors, c'est ce que j'avais dit l'année dernière.
Encore une fois, on n'exclut rien, on regarde
toutes les possibilités, mon collègue l'a dit la semaine dernière, pour
renverser ces tendances-là, surtout dans le stage 4 chez les profs. On
doit renverser une tendance. On est en train de
regarder, on explore certaines avenues. Mais, ceci dit, il y a plusieurs
mesures qui ont été mises de l'avant, au cours des dernières années, non
seulement pour soutenir les étudiants partout, dans plusieurs programmes
prioritaires, mais aussi on regarde les solutions qu'on peut faire sur que ce
soit en santé, que ce soit en éducation pour...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, ça fait un an et demi que je
mène ce dossier. Ça fait un an et demi que la CAQ promet la rémunération des stages. Chose promise,
chose due. Ce matin, à Lagacé, le ministre de l'Éducation, il a répété mille fois : On y travaille. Il vient de
découvrir que ça permettrait d'attirer des candidatures au bac en enseignement.
Les jeunes, ils sont tannés de se faire dire que ça pourrait être une
bonne idée, ils le savent.
Quand est-ce que la CAQ va les payer pour leur
travail?
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader, je
vous entends un petit peu trop. La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme
la Présidente, ce que j'ai dit, ce matin, à l'émission de Patrick Lagacé, c'est
qu'il y a différentes formules qu'on regarde. Il y en a une, de ces
formules, qui est déjà en train de se mettre en place, c'est le trois plus un. L'Université de Sherbrooke le fait, l'Université
Laval le fait, l'UQTR le fait. Alors, ça consiste à quoi? Bien, ça consiste
à concentrer l'enseignement théorique en enseignement, donc, pour devenir prof
sur les trois premières années, et la quatrième année devient un stage en
emploi. Donc, l'étudiante qui étudie pour devenir enseignante se retrouve dans une classe avec sa classe, ça devient son stage de
quatrième année, et elle reçoit, pour ce faire, un plein salaire. C'est une
très bonne formule. J'invite les autres facultés d'éducation à l'adopter.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme
la Présidente, pendant que la CAQ tourne en rond puis se dit : Ah! bien,
ce serait une bonne formule, ce serait une bonne formule, il y a des jeunes,
particulièrement des jeunes femmes, qui, en ce moment, travaillent dans le secteur public puis elles ne sont pas
payées. Elles seront des futures enseignantes, oui, mais des futures
infirmières, des futures infirmières praticiennes spécialisées, des
futures travailleuses sociales. Elles offrent des services publics tout en
vivant dans la précarité. En pleine pénurie de personnel, c'est un non-sens.
Quand est-ce qu'elles vont être payées pour leur
travail?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je pense que c'est important de rappeler à
tout le monde les mesures qui ont été mises de l'avant. Non seulement, d'abord,
il y a un programme de bourses Perspective Québec qui viennent... qui
vient soutenir nos étudiants, que ce soit dans tous les domaines prioritaires,
santé, éducation, jusqu'à 20 000 $ de soutien financier. Et, comme je
l'ai dit, on a fait des choix. Non seulement on a investi dans le logement, mais on a investi aussi dans le soutien aux
étudiants mais aussi dans les conventions collectives, meilleures conditions de
travail, meilleurs salaires. Les
jeunes qui vont sortir vont être capables d'avoir de meilleurs salaires que ce
qu'il y avait avant.
En 2018, juste pour vous donner un exemple qui
est important, une étudiante en enseignement terminait son bac avec 3 900 $ en bourses. Là, elle
termine avec 20 000 $ dans ses poches grâce à la bourse Perspective
Québec. Et on continue. Il y a plusieurs mesures qui donnent des
résultats sur le terrain, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et, oui, je vous rappelle que vous vous adressez à la
présidente quand vous parlez.
Question principale.
Je reconnais le député de l'Acadie.
Francisation des immigrants
M. André Albert Morin
M.
Morin :
Mme la Présidente, on s'entend tous pour dire que la CAQ a perdu le
contrôle en immigration. On constate maintenant qu'elle est en train d'échapper
le ballon en francisation. Après les coupures de services dans les Laurentides,
Le Devoir nous apprenait hier que c'est au tour de l'Estrie
d'écoper pour la mauvaise gestion caquiste. Sans revirement de situation, le
programme de francisation à la commission scolaire Eastern Townships fermera
ses portes le 25 novembre.
Résultat : 500 étudiants de plus qui n'auront pas accès à la
francisation. 500 personnes dont l'intégration est essentielle pour notre société, ils doivent
apprendre le français. 500 personnes que le gouvernement laisse tomber,
car ils vont tous retourner sur la
liste d'attente. La stratégie de la CAQ en immigration et francisation est
simple : Arrangez-vous.
Mme la Présidente,
est-ce que le ministre de l'Immigration peut revenir sur sa décision et offrir
le financement adéquat pour la francisation?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. D'abord, on va rappeler un peu les faits entre l'ère du
gouvernement du Parti libéral et ce qui se passe avec la Coalition
avenir Québec. Au moment où c'était l'opposition officielle qui était aux
affaires, on francisait environ 20 000 personnes par année. Depuis
que... Le leader dit : Nous n'avons jamais coupé. Il n'y avait pas grand-chose à couper, Mme la Présidente. Ils
francisaient environ 20 000 personnes par année. Dans la
dernière année avec Francisation Québec, nous en avons francisé 76 000.
Alors, on n'en fait pas assez, bien qu'on en
fasse beaucoup plus qu'eux. Ça doit être un peu gênant pour mon collègue de se
lever, d'autant plus qu'à la dernière année du gouvernement libéral, en 2017, la Vérificatrice générale a sorti un
rapport accablant qui parlait du chaos en francisation sous le
gouvernement libéral.
Donc, Mme la
Présidente, jamais, jamais le Québec n'a autant investi en francisation, jamais
le Québec n'a francisé autant de Québécois à chaque année. Le budget de l'an
dernier pour les centres de services scolaires était de 104 millions de dollars. C'est immense, bien plus que sous
l'ère libérale. Et, cette année, il n'y a pas de coupure dans les
centres de services scolaires.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Rappelons
les faits : liste d'attente interminable, réduction des services, coupures
dans les prestations pour les personnes à temps partiel. Le gouvernement
de la CAQ a sorti la tronçonneuse, en francisation, alors que les personnes
immigrantes doivent maîtriser le français en six mois.
Le
ministre de l'Éducation déclarait : Je ne suis pas patient, je pense qu'en
matière d'apprentissage du français on ne peut pas être patient. Peut-il jouer
pleinement son rôle du roi de la montagne et remettre la francisation sur les
rails?
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous entends, hein, je vous entends, je ne veux pas
vous nommer les uns après les autres. J'aimerais maintenant entendre le
ministre.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! C'est trop bruyant de tout partout.
La...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! La réponse du ministre de l'Immigration, de la Francisation et
de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Bien, écoutez, Mme la
Présidente, on va y aller avec des faits. Mon collègue a parlé de l'aménagement
qu'on a fait pour la francisation à temps partiel, ça va nous permettre de
franciser 15 000 personnes de plus cette année, le fait qu'on
réalloue des sommes, avec les mêmes montants, il n'y a pas de coupure ici, n'en
déplaise à mon collègue, on réalloue des
sommes pour former 15 000 personnes
de plus cette année grâce à la bonne
administration. Donc, on en fait plus qu'ils en
faisaient. On fait mieux que ce qu'ils faisaient. Puis, en plus, on s'améliore
en cours de route pour réallouer les sommes et être plus efficaces avec
chaque dollar. Je pense que les Québécois sont bien servis.
• (14 h 30) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Alors,
ils en laissent tomber des milliers. Comment peut-il, d'un côté, avancer que le
français, au Québec, est d'une première importance et, de l'autre,
littéralement couper dans l'apprentissage de notre langue officielle?
Cet automne, ce sont des milliers de personnes qui n'auront plus accès à la
francisation. Tous sont désemparés.
Devant cette incohérence, est-ce que le ministre
de la Langue française peut convaincre celui de l'Immigration de financer
adéquatement la francisation?
La Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Oui,
Mme la Présidente, ce serait bien que mon collègue se décolle de sa feuille
pour qu'on puisse dialoguer vraiment. J'ai répondu à ses deux questions
précédentes pour lui a expliqué que ce qu'il disait était totalement
inexact. On francise plus qu'on le faisait.
Cependant, ne
lui en déplaise, la liste d'attente est très longue. Pourquoi? Parce que la
demande est extraordinairement élevée, à cause du très, très, très grand
nombre que son parti frère nous amène ici, sur le territoire québécois, le Parti
libéral du Canada. Le collègue, là, du Parti libéral du Québec nous envoie
beaucoup trop, notamment, de demandeurs d'asile et de gens sous le programme...
du Programme de mobilité internationale.
Donc, à l'impossible nul n'est tenu, mais on va
franciser plus cette année que l'an passé.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.
Analyse de la SAAQ sur
la faisabilité d'abaisser le seuil
limite d'alcool dans le sang permis au volant
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
ce n'est pas la première fois que je me lève dans cette Chambre pour parler de l'alcool au volant, mais, cette fois-ci, c'est
le coroner qui me pousse à me lever dans cette Chambre. Le coroner a demandé
clairement à la SAAQ de formuler un avis, et je vais le nommer, c'est :
«Réaliser dans les plus brefs délais une analyse respective de la faisabilité d'abaisser le seuil limite d'alcool dans le
sang de 80 milligrammes par 100 millilitres à
50 milligrammes par 100 millilitres, qui consiste à amender le Code
de la sécurité routière en conséquence.»
J'ai devant moi la réponse que nous avons reçue
de la demande d'accès à l'information. Cette demande d'accès, elle est dans le
bureau de Mme la ministre pour décision.
Ma question, elle est très simple : Est-ce
que c'est Mme la ministre qui a demandé cet avis à la SAAQ suite à la réception
du coroner, qu'elle connaît très bien parce qu'elle a travaillé dedans, oui ou
non?
La Présidente : La réponse de
la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, je connais très bien le
coroner parce que j'ai travaillé dedans, peut-être que je reformulerais en
disant : J'ai travaillé au Bureau du coroner. Mais les coroners sont tous
indépendants dans leurs fonctions, formulent
leurs propres recommandations. Je ne sais pas à quel coroner il fait référence.
Mais, Mme la Présidente,
effectivement, j'ai travaillé longtemps au Bureau du coroner et j'ai travaillé
avec plusieurs personnes pour faire avancer... pour travailler,
contribuer à plusieurs avancées pour protéger la vie humaine, et j'en suis très
fière.
Et plusieurs choses ont été faites en matière de
conduite avec les facultés affaiblies. Je suis heureuse que le collègue ramène
ce sujet-là parce qu'il est très important. On a eu l'occasion d'en parler
pendant des heures, dans la foulée du dépôt
de mon précédent projet de loi n° 48, qui vient modifier le Code de la
sécurité routière, qui vient ajouter et renforcer encore davantage plusieurs
mesures en matière de sécurité routière au Québec. Je suis certaine que le
député Nelligan est aussi fier que moi de l'adoption de ce projet de loi
là en décembre dernier. Et on en mesure déjà les retombées sur l'ensemble de
notre réseau routier supérieur et municipal.
Pour ce qui est de la conduite avec les facultés
affaiblies, comme je lui ai expliqué à plusieurs reprises dans le passé, et je le maintiens aujourd'hui, on a, au
Québec, un des systèmes les plus costauds en matière de sévérité envers les
conduites avec les facultés affaiblies, que ce soit l'alcool ou les drogues...
j'aurai... des drogues. J'aurai l'occasion de compléter dans mes prochaines
réponses.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Je vais répéter ma
question : Est-ce que c'est la ministre qui a demandé cet avis à la SAAQ? C'est très clair. Et, je tiens à rappeler aux
collègues, voilà la réponse que nous avons reçue. Le coroner qui demande... le
coroner qui demande un avis...
Une voix : ...
La Présidente : Je vais reconnaître
le leader du gouvernement. Question de règlement. Laquelle?
M. Jolin-Barrette : Il
me semble, Mme la Présidente, qu'on doit exhiber un tableau didactique. Or, je
ne constate pas de tableau, je constate un carré noir. Alors...
La Présidente : Bien, M. le leader.
Seuls les tableaux sont permis, comme vous...
Une voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Vous ne me répondez pas. Je vous
dis que seuls les tableaux didactiques sont permis. Poursuivez. Il vous
reste 14 secondes.
M. Derraji : C'est
de la noirceur, ce n'est pas un tableau, Mme la Présidente, et c'est un sujet
qui est très sérieux. C'est... Le
leader du gouvernement se lève pour me demander : C'est un tableau
didactique? Qu'il regarde les gens, en haut, les familles endeuillées
veulent savoir qu'est-ce qu'il y a dedans.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît! La
réponse de la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la
Présidente. Évidemment, salutations et respect aux gens qui sont possiblement
présents ici, je ne les vois pas parce qu'ils sont derrière moi, mais nos
salutations chaleureuses leur sont transmises de la part de toute la
partie gouvernementale.
Mme la
Présidente, je l'ai dit tout à l'heure et je vais extrapoler, on a au Québec
une nation qui est extrêmement sévère en matière de conduite avec les facultés
affaiblies, que ce soit la drogue ou l'alcool. Je vais lui donner des exemples
qu'il connaît déjà. On a le programme de réhabilitation, d'encadrement le
plus... justement, le plus encadrant et le plus long pour des gens qui se font attraper avec une conduite sous influence
d'alcool ou de drogue. On a aussi des modalités de saisie de véhicules
très sévères, l'interdiction... tolérance zéro pour les jeunes conducteurs. Et
je vais...
La Présidente : En question
principale. En principale?
Une voix : ...
La Présidente : Oui, vous avez
raison. Deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Ce n'est pas
grave. Ce n'est pas la première fois qu'ils viennent au parlement, c'est la
troisième fois qu'ils viennent. C'est
anormal que j'aie une demande sur votre bureau suite à une décision. Cette
décision doit être rendue publique, ça concerne les familles
endeuillées. On vous a demandé clairement de faire une étude sur le 0,05...
La
Présidente : Là, je dois... je dois vous rappeler que vous vous
adressez à moi, M. le leader. Vous êtes le leader, vous donnez l'exemple.
M. Derraji : Le coroner a
demandé une étude. L'étude, elle est caviardée.
Les familles endeuillées veulent savoir la
vérité, toute la vérité. Qu'est-ce qu'il y a dedans, dans cette étude?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Alors donc, j'y reviens, Mme la Présidente, ce sera ma dernière
réponse, à moins qu'il me pose une autre question. Donc, je le disais : le
programme de réhabilitation le plus long, le plus encadrant; des modalités
de saisie du véhicule, en cas de conduite avec les facultés affaiblies, qui
sont parmi les plus sévères; l'interdiction d'alcool, tolérance zéro pour les jeunes conducteurs; des
modalités plus sévères aussi pour ceux qui font du transport de personnes,
conducteurs d'autobus, conducteurs de taxi; des modalités spécifiques pour les
conducteurs de véhicules lourds. Et, dans le projet de loi n° 48,
on a ajouté, en plus, des modalités plus sévères pour les nouveaux conducteurs
de permis de motocyclette, comme il le sait très bien.
Alors, globalement,
Mme la Présidente, on est extrêmement sévères en matière de conduite avec les
facultés affaiblies parce qu'on est un gouvernement responsable qui aura été
très actif en sécurité routière en général.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant Mme la
députée de Verdun.
Évaluation
de l'impact environnemental du projet Northvolt
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. On apprend ce matin que les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement
ont subi une pression politique énorme pour éviter un BAPE à Northvolt. L'an
passé, le gouvernement arrangeait nos règles environnementales sur mesure pour
Northvolt, et, à l'époque, le ministre de l'Environnement et de l'Économie nous disait qu'on n'avait pas le temps
pour faire un BAPE. Il nous promettait même des retombées économiques
rapides, des retombées pratiquement garanties.
Aujourd'hui, le
projet est remis aux calendes grecques. La seule garantie qu'on a, là, c'est
que ça va très mal chez Northvolt. En fait,
Mme la Présidente, là, si Northvolt fait ses valises demain matin, vous savez
ça va être quoi, les retombées pour le Québec? Un terrain vague puis des
dettes.
Aujourd'hui,
ma question, c'est pour la nouvelle ministre de l'Économie : Est-ce
qu'elle regrette, aujourd'hui, la pression politique que son
gouvernement a exercée pour éviter un BAPE à Northvolt?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation,
de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente.
Bien, je réitère ce que j'ai avancé tout à l'heure, à savoir que le processus
est actuellement judiciarisé, donc je vais être prudente dans ma réponse, mais
tout de même réitérer que le Québec a agi de manière responsable lorsqu'il a
attiré et discuté avec Northvolt pour venir s'insérer, s'intégrer dans la
filière batterie, un projet qui va générer
des retombées de 16 milliards de dollars pour le Québec, dont
11 milliards issus du secteur privé, donc un projet, vraiment, aux
retombées considérables en matière de création d'emplois, en plus de décarboner
l'économie, et les partenaires économiques également.
Donc, du côté
environnemental, bien, on a les lois parmi les plus rigoureuses en matière
environnementale, et Northvolt, tout comme
l'ensemble de la filière batterie, sont soumises à ces lois. Mais il faut voir
qu'il n'y a pas si longtemps encore
on n'avait pas de cadre réglementaire qui entourait la filière batterie. Il a donc
fallu bâtir ce cadre. Et c'est ce qu'on a fait. Et maintenant ce cadre-là s'applique non seulement à Northvolt,
mais à l'ensemble des entreprises qui constituent la filière batterie.
Et, pour ce qui est
de Northvolt, bien, ils ont des engagements en matière de protection de
l'environnement, notamment de protection du petit blongios, et également de
création d'un terrain, en fait, qui sera...
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Ce qu'on a appris,
ce matin, c'est que l'État a déroulé un tapis rouge pour une multinationale qui est sur le bord de la faillite. C'est grave,
Mme la Présidente. On a sauté des étapes importantes pour assurer la
transparence pour un projet, un projet qui n'a aucune garantie.
Donc, ma question
aujourd'hui : Est-ce que la ministre peut au moins admettre qu'on aurait
dû faire un BAPE sur la totalité du projet Northvolt?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Je sursaute quand j'entends qu'il n'y a absolument
aucune garantie, parce qu'on a passé les
dernières semaines à dire et à répéter qu'on avait des garanties, notamment le
240 millions de dollars pour financer l'achat du terrain, le
terrain étant garanti, un terrain d'un gabarit considérable, qui est très
recherché. Ensuite, il y a le bon zonage
industriel, qui est à proximité d'un poste d'Hydro-Québec, qui est à proximité
de la métropole. Bref, un terrain grandement recherché par différents types
d'entreprises, et c'est ça, notre garantie. Et on a également injecté de
l'argent dans la maison mère, et cet investissement-là, il est convertible en
actions.
Donc, Mme la
Présidente, on a agi de manière très prudente, comme on l'a répété
régulièrement.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Mme la
Présidente, là, le manque de transparence de la part de la CAQ sur le dossier
Northvolt continue. Là, la CAQ a créé un précédent qui est très grave, là. On a
modifié des règles sur mesure pour une multinationale,
pour accélérer un projet qui ne fait que prendre des retards, là. C'est ça,
l'enjeu, là, c'est une grosse, grosse erreur de gouvernance.
Est-ce que la ministre peut reconnaître... peut
au moins reconnaître cette erreur?
• (14 h 40) •
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui,
Mme la Présidente. Suite au commentaire de ma collègue, tout le dossier
Northvolt s'inscrit dans un contexte, Mme la Présidente, où le Québec, on l'a
répété, on le répète encore, dispose... présente les règles à peu près les plus sévères en Amérique du Nord en matière
environnementale. Puis un projet comme Northvolt va se déployer en différentes étapes, et, pour chacune des
étapes, Mme la Présidente, l'entreprise va soumettre des données, l'entreprise
va soumettre des analyses, faire des requêtes qui vont être analysées par le
ministère de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques selon ces
règles qui sont les plus sévères en Amérique du Nord, et puis il va donner les
autorisations sur les mêmes règles auxquelles toutes les entreprises du Québec
sont soumises, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Francisation des immigrants
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente. Voilà une autre journée sous le signe de l'austérité
caquiste, et, encore une fois, c'est la langue française qui écope. Quelle
surprise! Après nous avoir dit ici même, dans cette Chambre, il y a une dizaine de jours, qu'il ne couperait
pas dans la francisation, eh bien, quelle surprise, que fait le nouveau
ministre de l'Immigration? Il coupe dans la francisation.
Le constat est, encore une fois, sans appel. Les
unes après les autres, les décisions du nouveau ministre vont toutes dans le
même sens : coupures, coupures, coupures. Il coupe l'incitatif de
28 $ par jour pour l'apprentissage du français, il coupe des centaines de
places en francisation à Laval, et maintenant, en Estrie, il coupe 500 places.
Mme la Présidente, si le ministre maintient que
la protection de la langue française est encore sa priorité, qu'il le prouve et
qu'il réouvre les classes. Aura-t-il le courage de ses convictions ou
faudra-t-il s'habituer à être déçus?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci,
Mme la Présidente. Je remercie la collègue du Parti libéral d'avoir prêté ses
feuilles à son voisin pour poser une question à peu près semblable,
c'est-à-dire alléguer des compressions qui sont des vues de l'esprit.
Alors, écoutez, il y a 40 millions de
dollars de plus cette année que l'an passé à Francisation Québec. C'est une
annonce qui a été faite dans le budget. C'est une annonce, aussi, qui découle
des travaux du Groupe d'action pour l'avenir de la langue française, un groupe
d'action à six ministres, six ministères, qui a résulté par plusieurs mesures,
21 mesures, dont une mesure qui était l'ajout de ressources à Francisation
Québec. Donc, cette année, on va franciser encore plus qu'on l'a fait l'an
passé.
Sous le
dernier... À la dernière année du gouvernement libéral, on francisait environ
20 000 personnes par année. Au cours de la dernière année, on
a francisé 76 000 personnes. C'est du jamais-vu. Ce n'est même pas
proche de ce qu'aucun autre parti a déjà fait, ici. On en est extrêmement
fiers. Et, pour le reste, écoutez, je vais laisser mon collègue lire la suite
de sa question.
La Présidente : Première
complémentaire. Pour ce faire, la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Le ministre peut
continuer à parler de vues de l'esprit, s'il le souhaite, mais les faits
parlent d'eux-mêmes. Chez nous, le centre de services de Sherbrooke va avoir
700 000 $ de moins pour offrir des cours de francisation, c'est une coupure. À la commission scolaire Eastern
Townships, ils sont maintenant financés pour 25 élèves, sauf qu'ils
en ont 400. C'est une coupure. Ils vont devoir fermer le programme.
À cause des
coupures de la CAQ, il y a des centaines de personnes chez nous qui veulent
apprendre le français, qui étaient motivées, qui étaient inscrites et
qui ne pourront pas. C'est comme ça qu'on protège la langue, avec la CAQ?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Mme la Présidente, il y a des différences entre la répartition des sommes
d'une année à l'autre. Francisation Québec est une organisation qui est en plein déploiement.
Il y a davantage de professeurs qui sont embauchés à Francisation Québec.
Pour ce qui est du
financement dans le réseau scolaire, dans les centres de services scolaires, je
répète, le budget 2023, c'était 104 millions; le budget 2024,
c'est 104 millions. Il peut y avoir une répartition qui est différente. Il peut y avoir aussi des centres des services
scolaires qui ont dépensé une très forte partie de leurs crédits dans les
premiers mois de l'année. Plutôt que de dépenser 1/12 à chaque mois, ils
ont peut-être dépensé davantage au début...
La
Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...puis, à la fin de
l'année, ils n'ont pas le même nombre de cours qu'au début. Tout ça peut
arriver. Des répartitions, d'un réseau à l'autre...
La
Présidente : ...
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, j'aime mieux regarder mes feuilles que
d'avouer que j'ai la tête dans le sable comme le fait le ministre.
Le
ministre ne veut pas entendre raison. Eh bien, moi, j'interpelle la ministre de
l'Économie et de l'Énergie, qui, elle, n'aurait jamais avalisé de telles
mesures puis de telles coupes en francisation.
Va-t-elle
intervenir auprès de son collègue? Va-t-elle se lever, elle, pour corriger le
tir et protéger la langue française?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Immigration, de l'Intégration
et de la Francisation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la Présidente.
Il y a beaucoup de ministres qui disent : Moi aussi, je voudrais répondre,
moi aussi, je voudrais répondre.
Écoutez, on est très
fiers de ce qu'on a fait en créant le guichet unique. On est très fiers d'avoir
une échelle de compétence, maintenant, qui
est comparable. Peu importe le réseau, c'est le même niveau de qualité, peu
importe les cours qui sont offerts
par Francisation Québec. On est très fiers d'avoir multiplié l'offre,
d'avoir réparti l'offre, de le faire en entreprise, à temps plein, à
temps partiel.
Maintenant, n'en
déplaise à mon collègue, la demande est immense. On ne peut pas répondre à
toutes les demandes tout de suite. La
capacité de payer des Québécois n'est pas infinie. Le nombre d'immigrants
temporaires à franciser sur le territoire québécois est trop grand. Je
lui tends la main pour nous aider à faire entendre raison...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Talon.
Évaluation
de l'impact environnemental du projet Northvolt
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
Continuons à creuser, Mme la Présidente, la gestion gouvernementale du
dossier de Northvolt. Comment les professionnels de la fonction publique
qualifient la gestion par le gouvernement du dossier Northvolt? Ça vaut la
peine de le répéter : «Je n'aime tellement pas le gros aspect politique.»
«J'ai l'impression de
marcher sur des oeufs.»
«On essaie à tout
prix de rendre le projet acceptable alors qu'il ne l'est pas.»
«Ce n'est pas
transparent et c'est un peu croche.»
«Il faut tout faire
pour que le ministère ne paraisse pas mal.»
C'est ce qu'a révélé,
ce matin, Radio-Canada, confirmant un peu ce que tout le monde savait déjà.
Je
ne fais nullement référence à la cause devant les tribunaux. Je demande à la
ministre de nous parler de gestion et de planification, parce que c'est
elle qui en a la responsabilité ministérielle, maintenant.
Comment
se fait-il qu'on écarte de cette manière le BAPE et les processus normaux?
Est-ce que la ministre peut nous dire
aujourd'hui, en Chambre, qu'elle cautionne cette façon de faire ou elle va nous
dire qu'elle aurait fait les choses différemment?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Bien, le gouvernement a agi de manière responsable dans le cadre de ses discussions pour entourer, là, la mise en
place, l'attraction de ce projet de la filière batterie, je le rappelle, un
projet qui va créer des impacts de 16 milliards de dollars. Mais,
comme il a été mentionné déjà tout à l'heure, il n'y avait pas de cadre réglementaire
qui existait pour entourer le secteur de la filière batterie au moment où se
tenaient ces discussions pour attirer Northvolt.
D'ailleurs,
j'en profite pour mentionner qu'il y a déjà 20 entreprises qui sont
actives dans la filière batterie, des entreprises qui sont réparties dans la
moitié des régions du Québec. On en est bien fiers.
Et par ailleurs,
bien, Northvolt s'est engagée, donc, à protéger l'environnement de différentes
manières, je mentionnais, tout à l'heure, en protégeant, là, l'habitat du petit
blongios. Et, de manière à instaurer également une mesure de compensation et de protection pour les milieux humides,
Northvolt s'est également engagée à acquérir un terrain qui soit... qui sera
voisin ou encore à moindre proximité du lieu de l'entreprise pour restaurer,
conserver ou créer un milieu naturel. Et également il y a une
compensation de 4,7 millions de dollars qui a été versée par Northvolt
pour l'atteinte aux milieux humides.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
Bon, on est rendus très loin, là, mais la question, c'est celle de la
responsabilité ministérielle, comment sont
gérés les dossiers que la ministre pilote. Elle a été ambiguë à Tout le
monde en parle, dimanche, là, elle a dit : Je prends fait et
cause pour Northvolt, mais je pourrais avoir la filière batterie sans
Northvolt.
Alors,
je demande la même chose, sur le respect des compétences du BAPE et des
processus normaux. Le prédécesseur de
la ministre, lui, il était clair, il a dit : «Je n'en veux pas, de BAPE.»
Est-ce que la ministre... (panne de son) ...ou est-ce qu'elle est prête
à tenir un BAPE?
La
Présidente : La réponse de Mme la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente. Bon,
c'est la première fois que j'entends, là, que je n'ai pas été claire à
l'émission, dimanche, en entrevue, parce que j'ai entendu plutôt le contraire.
Mais, en ce qui a
trait au BAPE, il faut mentionner que Northvolt sera soumis à un BAPE pour ce
qui est de la portion de l'usine de
recyclage. Ça, ça a été convenu depuis le début, et donc c'est, comment dire,
une strate de plus, une couche de plus que l'on ajoute à l'application
des règles qu'on a élaborées pour la filière batterie, de même que les règles environnementales qui existent déjà, et qui
sont parmi les plus rigoureuses à l'échelle internationale. Alors, voilà.
Pour ce qui est du BAPE, c'est la portion usine de recyclage qui y sera
soumise.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
On parle d'un BAPE pour l'ensemble du projet, pas pour une partie
seulement. Puis là ce que Radio-Canada nous a révélé, c'est un gâchis de
planification et de gestion. Le gouvernement a imposé au Québec un projet qu'il a lui-même mal ficelé. Puis là ce que
je comprends des réponses, c'est que la ministre caquiste, elle a l'air de
cautionner ça, elle a l'air de nous dire que ça a été bien fait, qu'elle est
d'accord puis qu'elle va continuer à faire pareil. Alors, je lui offre une nouvelle chance de nous le dire si c'est le cas.
Est-ce qu'elle va gérer de manière différente le dossier Northvolt et
demander un BAPE?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Alors, je réitère
qu'on a adopté une approche très prudente. On sait que c'est un secteur qui est
en émergence. Tout secteur en émergence est appelé à connaître des soubresauts.
Et puis il y a eu un ralentissement à
l'échelle internationale, on en est conscients, on l'avait d'ailleurs prévu,
qu'il pouvait y avoir ce genre de situation-là, et c'est pour ça que la mécanique de financement fait en sorte que l'on
va décaisser le financement au fur et à mesure de l'application et de l'état d'avancement du projet.
Donc là, on a passé seulement la première étape, et les étapes subséquentes vont survenir seulement si les conditions...
l'ensemble des conditions sont remplies. Alors, c'est une approche très
structurée, organisée, et c'est ce qui est mis en place. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Bilan
du gouvernement en matière de relations avec les Premières Nations
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. Au lendemain de la Journée nationale de vérité et
réconciliation, je me souviens, je me souviens de l'horreur des pensionnats
autochtones, je me souviens des enfants disparus dans notre système
de santé, je me souviens de Val-d'Or, je me souviens de Joyce Echaquan.
J'aimerais ça me lever, ce matin, puis vous
dire que la discrimination envers les Premiers Peuples, c'est une histoire du
passé, mais en fin de semaine j'étais assise avec des gens de
différentes communautés, différentes nations, différents âges, ils ne m'ont pas
juste parlé de la discrimination du passé mais de celle qu'ils vivent
maintenant au quotidien.
Mme
la Présidente, il n'y aura pas de réconciliation sans vérité et il n'y aura pas
de vérité sans reconnaissance de la discrimination spécifique vécue par
les Premiers Peuples.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre va prendre le leadership nécessaire pour
faire en sorte que la situation se règle?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Relations avec les
Premières Nations et les Inuit.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Et merci à ma collègue pour sa question au lendemain de
cette journée fort importante.
Il n'y a pas de
surprise ici, Mme la Présidente, on a toujours la même vision, c'est-à-dire
qu'il y a du racisme, il y a du profilage,
il y a de l'intolérance, et on va tout faire pour lutter, parce que ma collègue
a raison, puis je vais rajouter un terme qui manquait, c'est le terme
«action». Il faut agir, Mme la Présidente.
Quand
on parle de racisme systémique, il y a deux enjeux. Un, pour certains ça
polarise, et, deuxièmement, on ne s'entend pas tous sur la définition,
et, à preuve, on a eu une commission fédérale qui est allée dire récemment que
de célébrer Noël, c'était du racisme systémique.
Alors,
au lieu d'embarquer dans le débat de sémantique, ce qu'on a décidé de faire,
Mme la Présidente, c'est d'agir, Groupe d'action contre le racisme, d'avoir un
ministre qui a été nommé, qui fait la lutte au racisme. D'ailleurs, il est
à côté de moi. On était ensemble, hier, à
Mistissini, avec plusieurs membres du gouvernement, plusieurs élus, et on était
avec les membres de la communauté pour la Journée de vérité et
réconciliation.
Et
de plus, Mme la Présidente, elle faisait allusion aux pensionnats autochtones,
suite à une invitation de la famille on était avec eux pour l'inhumation d'une
jeune fille de neuf ans qui est décédée dans les années 60, lors de
son passage dans un pensionnat
autochtone, qui avait été enterrée à La Tuque, loin des siens, après
cinq minutes de funérailles, mais, grâce à la loi n° 79,
qu'on a faite ensemble ici, je parle d'action, on a pu la ramener dans sa communauté,
puis c'est ça qui parle, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Mme la Présidente, ce n'est pas une question de débat sémantique, c'est une
expérience de vie. Les gens qui sont issus des Premiers Peuples, des Premières
Nations vous le disent : Nous, ce qu'on vit au quotidien, c'est de la
discrimination juste parce qu'on est autochtones.
Moi, je ne comprends
pas ce gouvernement-là qui en fait un débat de sémantique alors que c'est une
réalité. La commission Viens en a parlé, le Protecteur du citoyen en a parlé,
le Principe de Joyce. Qu'est-ce que vous attendez?
La Présidente :
Et je vous rappelle que vous vous
adressez à la présidence, Mme la députée. La réponse du ministre.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci, Mme la Présidente.
Et c'est justement ce que je disais : On n'en veut pas, de débat
sémantique, Mme la Présidente, on veut agir. Puis Yvon Deschamps le
disait : On ne veut pas le savoir, on veut le voir. Alors, les gens
peuvent aller sur notre site Web, peuvent aller voir ce qu'on a fait. Ils
peuvent aller à Trois-Rivières, ils peuvent aller à Sherbrooke... pardon, à Trois-Rivières, à Sept-Îles, à Québec pour
voir les résidences étudiantes qu'on est en train de faire ou qu'on a
faites. Ça, c'est des gestes concrets, Mme la Présidente.
Alors, je comprends
ce que ma collègue dit, puis elle a raison qu'il faut faire de la lutte au
racisme une priorité. On est d'accord, de ce côté-ci de la Chambre. Nous, on a
décidé d'agir, des actions concrètes, les gens peuvent le voir. D'ailleurs, présentement, ensemble, on travaille à
la sécurisation culturelle dans le monde de la santé. Ça aussi, c'était attendu.
On le fait, Mme la Présidente, puis on est en action.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Agir, là, on peut agir, là, encore une fois, de façon très coloniale :
Moi, je sais ce qui est bon pour le peuple
autochtone, je vais faire ce qui est nécessaire. Ce n'est pas ça, l'affaire.
L'affaire, c'est qu'ils nous disent qu'eux,
au quotidien, ce qu'ils vivent, c'est du racisme et de la discrimination
systémique. Je ne comprends pas pourquoi vous remettez ça en cause,
c'est eux qui le vivent, pas nous.
Alors, qu'est-ce que
vous attendez? Les commissions sont...
• (14 h 50) •
La Présidente : Mme la
députée, vous vous adressez à la présidence, je vous en prie. La réponse du
ministre.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Mme
la Présidente, on parle de près de 600 appels à l'action, on ne les a pas
inventés, Mme la Présidente, le comité... la Commission de vérité et
réconciliation, la commission Viens, le Groupe d'action contre le racisme, et
j'en passe, c'est ce qu'on tente à mettre en application. On prend nos
responsabilités, comme gouvernement, Mme la
Présidente, c'est vrai. Il y a une partie qui va aussi à nos prédécesseurs, Mme
la Présidente, et ma collègue le sait très bien. Imaginez-vous un
instant, vous héritez d'une maison dans un piteux état, vous commencez à faire
le ménage, à repeinturer, puis là l'ancien propriétaire vient vous voir puis il
dit... il titille un peu sur la couleur de la peinture.
Mme la
Présidente, on agit. Moi, de recevoir les commentaires des gens, des libéraux
qui étaient là à l'époque... Parce que, de 2001 à 2016, la commission
Viens a étudié les rapports, c'étaient les libéraux qui étaient là, Mme la
Présidente. Nous, on agit. Au lieu s'ostiner sur des termes, on agit. Puis
c'est ce qu'on fait à tous les jours.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant Mme la députée de Robert-Baldwin.
Création du Musée national de
l'histoire du Québec
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Mme la
Présidente, en 2021, quand le premier ministre annonce le réseau des Espaces
bleus, il nous fait rêver :
17 musées, un par région, 260 millions de dollars dès juin 2023. Mais
le projet est tellement mal ficelé qu'en mars dernier le ministre doit y
mettre fin quand il se rend compte que ça coûterait finalement plus de
1 milliard de dollars.
Six semaines après l'enterrement des Espaces
bleus, le gouvernement annonce un nouveau musée pour ne pas perdre la face et d'argent, évidemment, déboursé,
le Musée national de l'histoire du Québec, une annonce précipitée, faite sans
consultation des experts et qui fait l'objet de nombreuses critiques. Le
ministre semble oublier qu'il a déjà... il est déjà responsable d'un musée national ayant pour mission de faire
connaître l'histoire et les diverses composantes de notre civilisation.
Comment le ministre peut-il nous assurer qu'il
ne réservera pas à ce nouveau musée le même sort que les Espaces bleus?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci,
Mme la Présidente. Bien, d'abord, c'est intéressant de noter que, lorsqu'on
s'occupe de musées, on les fait grandir. Sous l'époque libérale, il y a eu
beaucoup de compressions dans les musées, ça s'est d'ailleurs soldé par
des fermetures de musées au Québec. Donc, si j'étais au Parti libéral, je me
garderais une gêne.
Maintenant, Mme la Présidente, ma collègue le
sait très bien, on sort de l'étude... des consultations particulières au sujet du projet de loi. Il y a énormément de
gens qui sont venus nous dire ce qu'ils en pensaient. Et il y a un
consensus : on a besoin de ce
Musée national d'histoire du Québec pour parler de la nation québécoise. C'est
faux de dire qu'actuellement il y en a déjà un, musée qui parle de la
nation québécoise, de son histoire. Ça n'existe pas, actuellement.
Donc, Mme la Présidente, on va continuer, on va
garder le cap, et on va le faire de façon inclusive aussi, en soulignant bien
sûr le grand apport des Premières Nations et des Inuits au développement, au
parcours de la nation québécoise.
D'ailleurs, l'étude détaillée commence tantôt, ça me fera plaisir de continuer
à en discuter avec ma collègue.
Des voix : ...
La Présidente : Attention aux
propos. Première complémentaire...
Une voix : ...
La Présidente : Pardon?
Une voix : ...
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Nelligan.
Analyse de la SAAQ sur
la faisabilité d'abaisser le seuil
limite d'alcool dans le sang permis au volant
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
l'enjeu, il est très sérieux, je suis dans l'obligation de me lever une
quatrième fois. Le coroner, Me Garneau, a demandé formellement à la Société
de l'assurance automobile du Québec de réaliser dans les
plus brefs délais leurs analyses respectives de la faisabilité d'abaisser le
seuil limite d'alcool dans le sang de 80 milligrammes à
50 milligrammes par 100 ml, qui consiste à amender le Code de la
sécurité routière en conséquence.
Aujourd'hui, suite à
notre demande d'accès à l'information, je n'ai pas de tableau didactique, j'ai
des feuilles noires, Mme la Présidente. Ce
sont des feuilles noires. Ce sont des feuilles noires, que je ne vais pas
utiliser, mais je vais le mentionner. Je n'ai pas eu de réponse.
Et les gens qui sont
en haut, qui viennent, veulent savoir toute la vérité et rien que la vérité sur
les conclusions de cette étude. Vous savez
pourquoi? C'est leur combat. Et ils s'adressent maintenant à Mme la ministre.
Est-ce qu'elle va dévoiler l'étude?
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci au collègue de revenir sur
la question, parce que c'est vrai
qu'elle est importante. Et je dirais, plus largement, que toute la question de
la sécurité routière est importante. C'est la raison pour laquelle j'ai déposé
et fait adopter le projet de loi
n° 48, où on a fait énormément
de choses pour que la sécurité routière progresse sur tout notre vaste
territoire de la nation du Québec, Mme la Présidente. Comme je le disais en
début de travaux dans le projet de loi que je suis en train de faire
actuellement, c'est toujours plus facile de ne rien faire que de faire quelque
chose. Ça prend du temps puis de l'énergie pour changer les choses, au Québec,
et on a eu ce temps, cette énergie,
ce courage et cette volonté de faire avancer la sécurité routière avec le
projet de loi n° 48, dont je suis très fière.
Pour ce qui est de la
conduite avec les facultés affaiblies, je l'ai dit tout à l'heure, on est déjà
une nation qui est extrêmement sévère en matière de modalités quand quelqu'un
se fait prendre avec la conduite sous influence, de sévérité et des
conséquences auxquelles cette personne-là s'expose. Mais, Mme la Présidente, je
suis obligée, pour le bénéfice de tout le monde, de rappeler que, quand les
libéraux étaient au gouvernement, en 2018, on a un article ici, Alcool au volant : le 0,05 suggéré à la
Justice, rejeté aux Transports.
Qui était ministre des Transports? Le député de Pontiac, qui est en face
de moi, Mme la Présidente.
• (15 heures) •
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour
ce faire, je cède la place au troisième vice-président. Merci. Bonne fin de
journée.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour, collègues. Nous sommes à la
rubrique des motions sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions, je reconnais un membre du groupe formant l'opposition
officielle, et je cède la parole à Mme la députée de La Pinière.
Souligner
la Journée internationale des aînés
Mme Caron : Merci, M. le Président. Alors,
je salue les personnes aînées qui sont présentes avec nous aujourd'hui
dans les tribunes, notamment les membres, les représentants de l'AQDR.
Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la ministre responsable des Aînés, la députée de Sherbrooke, le député des Îles-de-la-Madeleine,
la députée de Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale des aînés;
«Qu'elle
prenne acte que les aînés de plus de 65 ans [composent] plus du quart de
la population du Québec en 2030;
«Qu'elle reconnaisse
que la contribution active des aînés à la société sur les plans économique,
politique, social et culturel mérite d'être mise en valeur;
«Qu'elle
rappelle l'importance de conserver et de valoriser le patrimoine légué par les
aînés sur tous les plans afin de poser des jalons pour les autres
générations;
«Qu'elle
prenne acte que l'Organisation mondiale de la santé a établi que l'âgisme a un
impact négatif important sur la santé et sur le bien-être des personnes aînées
et qu'elle déclare que ce phénomène mérite d'être combattu;
«Qu'enfin l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de reconnaître l'apport exceptionnel des
aînés à la société québécoise, à la
construction du Québec d'aujourd'hui, de même que leur droit à vivre dans la
dignité.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur
par intervenant, dans l'ordre suivant : la députée de La Pinière,
la ministre responsable des Aînés, la députée de Sherbrooke et le député des Îles-de-la-Madeleine.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour
qu'il y ait un débat de rigueur impliquant quatre intervenants et que, pour la
durée... et que la durée de ces interventions soit limitée à un maximum de deux
minutes chacune. Alors, je cède la parole à Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci,
M. le Président. Le 14 décembre 1990, l'Assemblée générale des Nations
unies proclamait le 1er octobre
Journée internationale des personnes âgées pour sensibiliser le public aux
questions touchant les aînés et pour apprécier leur contribution à la
société.
34 ans plus tard, il faut encore
sensibiliser à tout ce qui joue contre les aînés dans notre société. Bon nombre
d'obstacles relèvent de l'âgisme, un biais
dont on est souvent inconscients mais que les personnes aînées prennent, à
raison, comme des frustrations, des microagressions et qui finissent
parfois par se solder par de la maltraitance : un préposé, dans un
commerce, qui ne voit pas la personne aînée qui attend et sert des personnes
plus jeunes avant, un piéton qui s'impatiente
devant une personne aînée qui marche plus lentement, qui s'empresse de la
dépasser en risquant de la faire tomber, un malfaiteur qui cible des
personnes aînées avec un stratagème de fraude financière, et, malheureusement, un système qui déshumanise les personnes aînées,
qui les laisse tomber dans la fracture numérique, qui n'agit pas pour sauver
les ressources intermédiaires et les RPA, qui ne répond qu'à une fraction des
personnes qui ont besoin d'une place en hébergement
ou de soins à domicile, qui laisse des personnes devenir itinérantes pour la
première fois de leur vie ou qui les laisse pâtir à l'urgence sans leur donner
l'attention supplémentaire qu'il faut pour les empêcher de dépérir durant
la trop longue attente pour des soins.
Ce qu'on aurait cru inconcevable de voir au
Québec se déroule sous nos yeux, et c'est inacceptable. Je nous invite donc à
garder en tête la dette de gratitude que nous avons envers les aînés lorsque
nous prenons des décisions comme
législateurs mais aussi lorsque vient le jour où chacun, chacune de nous devra
accompagner, prendre soin des aînés de notre entourage.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
reconnais maintenant Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : M. le Président,
je profite de ce moment pour souligner la Journée internationale des aînés. Je
souhaite saluer toutes les Québécoises et les Québécois qui ont 65 ans et
plus et qui représentent une force vive pour notre
société. Je viens tout juste de participer à la grande marche ici même, à
Québec, cet avant-midi, et je peux vous dire que les aînés, au Québec, sont une force vive, et ils vont prendre leur
place. Je vois d'ailleurs plusieurs personnes dans les tribunes et je
tiens à les saluer.
Le
vieillissement de la population est bien réel. C'est plus de 2,3 millions
de Québécois, Québécoises qui auront 65 ans et plus en 2031. C'est certain
que le vieillissement, au Québec, ça représente un défi, un grand défi, mais
aussi de grandes opportunités. On aspire tous à vieillir en santé, et
c'est pour ça qu'on doit accueillir et accepter ce changement, autant pour la
personne aînée que pour sa famille et son entourage. C'est une étape de vie
extrêmement importante. Vieillir, c'est incarner le changement. Il faut
l'accepter et être l'acteur de son changement, et non pas la victime. Notre
gouvernement s'est doté d'un plan gouvernemental, Fierté de vieillir, et nous
allons le porter.
Je terminerais, M. le Président, sur les paroles
réconfortantes de Félix Leclerc, tirées de son magnifique texte Vieillir en
beauté... et en sagesse :
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son
coeur.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son
corps.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir
positivement.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec espoir.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec amour.
«Ne regrette pas de vieillir,
«C'est un privilège refusé à beaucoup.»
• (15 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La parole revient maintenant à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au nom de ma
formation politique pour souligner la Journée internationale des aînés.
On parle souvent des aînés comme les bâtisseurs
du Québec, et c'est vrai, ce sont eux et elles qui ont placé plus haut les attentes envers l'État. C'est une
génération qui s'est battue pour que l'État joue un rôle pour assurer l'égalité
des chances en éducation, l'accès aux soins, l'accès à l'enseignement
supérieur, l'indépendance énergétique, la protection de la langue, l'égalité entre les hommes et les
femmes. Ils ont contribué toute leur vie à ce que l'État améliore les services
et le filet social.
Oui, ce sont des bâtisseurs, mais ce qu'on
oublie souvent, c'est que les aînés n'ont pas fini d'être des bâtisseurs. Ils
sont encore là, bien vivants, très actifs, à avoir encore des attentes élevées
envers l'État québécois. Les aînés sont tannés
qu'on parle d'eux comme des personnes malades. La vaste majorité d'entre eux
sont en santé et vivent encore chez eux,
veulent y rester longtemps. Ils sont engagés dans leur milieu, ils font une
différence tous les jours dans nos communautés.
Maintenant qu'ils sont plus âgés, ils veulent
contribuer à ce que l'État prenne bien soin des aînés, comme ils ont contribué, dans le passé, à ce que l'État
prenne mieux soin des enfants et des femmes, par exemple. On a devant nous
une génération qui sonne l'alarme parce qu'ils et elles sont en train de
vieillir dans une société qui n'est pas prête à faire
face au vieillissement de la population. Pour vieillir dans la dignité, ça
prend bien plus que des soins, il faut pouvoir
participer activement aux décisions qui nous concernent. Il faut avoir une
autonomie financière, pouvoir se déplacer, avoir un foyer adapté à ses
besoins.
Cette génération-là a eu la pertinence, il y a
quelques décennies, de mettre sur pied un ministère de l'Éducation et
revendique aujourd'hui un ministère des Aînés à part entière parce que les
enjeux des aînés dépassent de loin ce qui relève
du ministère de la Santé. Et je pense qu'on devrait les écouter. Il y a encore
beaucoup à faire pour bâtir un Québec où tout le monde trouve sa place.
Et ça tombe bien parce qu'on a des bâtisseurs d'expérience qui nous montrent la
voie pour répondre aux besoins de leur génération. Écoutons-les. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Et
je reconnais maintenant M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci,
M. le Président. Je tiens d'abord à souligner les représentants de l'AQDR et de
la Coalition pour la dignité des aînés qui sont présents aujourd'hui
dans nos tribunes.
La Journée internationale des aînés est un
excellent moment pour souligner l'importance de l'apport des aînés dans la société. Au Parti québécois, nous voulons
faire des aînés une véritable priorité en travaillant pour contrer l'isolement
et la solitude, en favorisant la
participation citoyenne des aînés, en améliorant leurs conditions de travail,
leur mobilité, en protégeant leurs droits, dont celui au logement,
notamment, et en freinant leur appauvrissement.
Pour tout
cela et plus encore, un véritable ministère des Aînés avec de vrais pouvoirs et
ses propres budgets nous apparaît un geste fort qu'il faut poser.
M. le Président, les aînés veulent pouvoir vivre
et vieillir dans la dignité, avec autonomie, dans leurs chez-soi. Nous devons,
au Québec, améliorer l'accès aux soins et aux services de maintien à domicile,
faire un grand virage. Vivre et vieillir chez soi avec ses proches, dans les
meilleures conditions possibles et le plus longtemps possible, voilà ce que veut la grande majorité des aînés. Nous
devons éliminer les obstacles de la vie quotidienne qui font en sorte que
vivre ou se déplacer de manière autonome
deviennent des enjeux. L'accès aux soins de santé doit également être amélioré
partout dans le réseau et partout au Québec, alors que les aînés représentent
la majeure partie des usagers.
Cela
dit, les aînés ne sont pas que des usagers du système de santé. Ce sont des
citoyens à part entière, des citoyens dont les conditions de vie dépendent de
leurs conditions financières, alors qu'ils sont nombreux à avoir connu un appauvrissement au cours des dernières années,
un appauvrissement qui mène bien souvent à une diminution de leur
participation sociale et à plus d'isolement.
Nous devons travailler à briser cet isolement et
à réduire la solitude des aînés. Le Québec ne peut se passer du riche apport de
l'expérience, de l'expertise, du savoir-faire des aînés. Cette contribution
active doit être valorisée sur les plans culturel, social et économique, M. le
Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est donc adoptée. La prochaine motion revient au... Oui.
Mme Setlakwe : Puis-je
vous demander, M. le Président, qu'une copie de cette motion soit envoyée à la
Coalition pour la dignité des aînés,
l'Association des retraités de l'éducation et des autres services publics du
Québec, AREQ-CSQ, la Fédération de l'âge d'or du Québec et l'Association
québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait, Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Et, pour la
prochaine motion, qui revient au deuxième groupe d'opposition, je reconnais M.
le député de Laurier-Dorion.
Souligner le Mois du
patrimoine hispanique
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Tout d'abord, je voudrais souligner la présence de représentantes et
représentants des organismes l'Héritage hispanique du Québec, la Fondation
Salvador Allende et la Confédération des associations latino-américaines de
Québec. Merci beaucoup d'être ici avec nous.
M.
le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le ministre de la Lutte contre le
racisme, le député de l'Acadie, le député de Jean-Talon, la députée de
Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'édition 2024 du Mois du patrimoine
hispanique qui se déroule du 1er au 31 octobre;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance des communautés latino-américaines au sein de la
société québécoise et salue leur
contribution dans les domaines social, politique et culturel, tout comme celui
de l'économie, particulièrement dans le monde agricole;
«Qu'elle souligne avec fierté la présence du
plus grand nombre à ce jour d'élu-es québécois d'origine latino-américaine,
tous paliers confondus, ainsi que l'élection de la première femme provenant de
cette communauté à titre de députée de l'Assemblée nationale en 2022;
«Qu'elle
appelle au resserrement des liens entre le Québec et l'Amérique latine, et ce,
dans tous les champs d'activité;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'apport des cultures latino-américaines
au Québec bénéficie à l'ensemble de la société québécoise et favorise le
vivre-ensemble.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes de
rigueur par intervenant dans l'ordre
suivant : le député de Laurier-Dorion, le ministre responsable de la Lutte
contre le racisme, le député d'Acadie et le député de Jean-Talon.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je comprends qu'il
y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants, pour que la durée
des interventions soit limitée à un maximum de deux minutes et pour que la
présidence applique strictement le temps de parole. Alors, je cède tout
de suite la parole à M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : «Muchas
gracias, Señor Presidente.» Nous célébrons au mois d'octobre le Mois du
patrimoine hispanique. Nous célébrons la présence et la contribution des
membres des communautés latino-américaines à la vie et à la destinée du Québec.
Les liens unissant nos nations sont nombreux et
diversifiés. Déjà dans les années 70, le Québec a accueilli des Chiliens
et Chiliennes fuyant la persécution, et, quelques années plus tard, nous avons
accueilli des Salvadoriens et Salvadoriennes
fuyant la guerre civile qui sévissait là-bas. Entre-temps, des ressortissants
de tous les pays de l'Amérique latine ont choisi le Québec pour faire
leur vie, contribuant ainsi avec leur joie de vivre, leur force de travail et
leur créativité à la nation québécoise.
Pendant le mois d'octobre, nous soulignons,
entre autres, l'apport essentiel des travailleurs et travailleuses agricoles à notre agriculture. Plus de 20 000
de ces personnes originaires de l'Amérique centrale font en sorte que les
champs sont semés, sarclés puis récoltés, assurant ainsi la vitalité du
secteur agricole dans la société québécoise.
Le Québec développe aussi de forts liens
économiques avec les pays situés au sud du Rio Grande. Le Mexique est membre du
traité de libre-échange. Pour sa part, le Québec a implanté des délégations
générales à Mexico City, à São Paulo, au Brésil, et à Bogotá, en Colombie, ce
qui témoigne de l'intérêt économique du Québec pour ces nations.
À chaque
année, le Québec envoie des milliers de ses jeunes en Amérique latine, que ce
soit pour étudier, apprendre l'espagnol, travailler ou contribuer à
l'aide internationale, ou tout simplement pour voyager et découvrir les
cultures latino-américaines. Nous pouvons être fiers de ce lien.
Célébrons donc la présence des communautés
latino-américaines au Québec. Célébrons l'amitié, l'«amistad», entre nos
peuples. «Viva América latina! Viva Québec!»
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Je reconnais maintenant M. le
ministre de la Lutte contre le racisme.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, M.
le Président. Je tiens d'abord à remercier les collègues de nous permettre de souligner le Mois du patrimoine hispanique, qui
débute aujourd'hui au Québec. C'est une période importante pour rendre hommage aux communautés hispaniques, qui
contribuent activement à notre richesse collective dans de nombreux secteurs.
Nous avons la
chance de côtoyer ces Québécois à part entière à tous les jours, que ce soit en
tant que travailleurs dans nos hôpitaux, dans nos écoles, que ce soit en tant
que personnes qui contribuent dans nos classes et dans nos universités.
M. le Président, la communauté hispanique
enrichit le Québec non seulement par sa belle culture, mais aussi par son amour pour le français. Je pense, entre
autres, au professeur de HEC Luis Cisneros, qui enseigne l'entrepreneuriat
et l'innovation, et tout ça, M. le
Président, en français, qui a été nommé un des 10 hispaniques les plus
influents au Canada. Ce n'est pas rien.
J'ai le devoir de rappeler qu'en célébrant ce
mois nous célébrons, bien sûr, les nombreuses contributions des hispanophones
et des hispaniques, mais nous avons aussi le devoir de reconnaître les défis
auxquels ces communautés font face. Trop souvent, des préjugés, des stéréotypes
assombrissent la beauté de notre diversité et de nos différences. En tant que Québécois,
nous avons tous la responsabilité de combattre ces injustices. Nous devons
veiller à ce que chacun, peu importe son origine, soit respecté,
valorisé et qu'il puisse faire... bien vivre au Québec.
Je souhaite à tous et à toutes un bon Mois du
patrimoine hispanique, en particulier mes collègues de l'Assemblée nationale. Et
nous avons tous un moment pour réfléchir à comment on peut faire davantage pour
rendre ce Québec à notre image, de tout le monde. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre de la Lutte contre le racisme. Et je reconnais maintenant
M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin :
Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que je souligne avec mes
collègues le Mois du patrimoine hispanique,
mois d'octobre, d'ailleurs, qui a été proclamé, lors d'une motion à l'Assemblée
nationale en 2018, Mois du patrimoine hispanique et qui a été reconnu
par notre Assemblée.
Évidemment,
les liens avec la communauté remontent à beaucoup plus longtemps, beaucoup plus
loin que 2018, mais je dois souligner que, dans les années 70,
évidemment, la communauté a beaucoup augmenté à cause des tristes événements politiques au Chili. Effectivement,
plusieurs Chiliens ont fui le coup d'État militaire de Pinochet pour venir
trouver refuge chez nous. Il en a été de
même par la suite de la communauté salvadorienne. Et ça démontre, évidemment,
les liens tissés serré entre nos communautés.
On doit reconnaître
aujourd'hui la contribution de milliers d'hommes et de femmes qui sont arrivés
ici, qui ont travaillé très fort et qui contribuent à tous les jours à bâtir la
société québécoise. La communauté contribue à notre essor, que ce soit dans nos universités, dans nos centres de recherche,
dans nos écoles, dans nos garderies, dans notre système de santé, dans
notre Parlement et, évidemment, dans le domaine de l'agriculture. Ils font
partie de ce que nous sommes.
La communauté est une
véritable richesse pour le Québec, et c'est la raison pour laquelle nous devons
souligner avec fierté, M. le Président, le Mois du patrimoine hispanique.
«Felicidades!»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Et je reconnais maintenant M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : (S'exprime en espagnol). Célébrer le Mois du patrimoine hispanique, c'est
célébrer des décennies d'échange, de coopération et d'apports au Québec.
Depuis les
années 60, les Latino-Américains jouent un rôle majeur dans la
construction de notre pays. Leurs contributions à notre culture, à notre
économie et à notre vie politique sont incontournables. À Québec, dans les rues
de Sainte-Foy—Sillery,
il ne se passe pas une semaine sans que je parle espagnol. À Montréal,
notamment au coin de Jean-Talon et de
Saint-Hubert, on vibre au son de l'Amérique latine, la popularité de la salsa
et du tango ne pouvant être démentie.
Dans toutes nos
régions, les Latino-Américains rendent de grands services à nos entreprises ou
sont eux-mêmes entrepreneurs. On n'entend plus seulement les accents de la
Beauce, de la Gaspésie ou du Saguenay, mais aussi ceux du Guatemala, du Mexique et de la Colombie, sans oublier, évidemment, la
cuisine, avec les ceviches, empanadas, enchiladas qui ont gagné la
plupart des cuisines du Québec. (S'exprime en espagnol).
J'aimerais terminer
en lisant un poème de Gérald Godin, ministre au sein des gouvernements
Lévesque, intitulé à juste titre Tango de Montréal, en hommage aux
Latino-Américains, à leur vaillance et à leur contribution à la culture
québécoise :
«Sept heures du matin
métro de Montréal
c'est plein
d'immigrants
ça se lève de bonne
heure
ce monde-là;
«Le vieux coeur de la
ville
battrait-il donc
encore
grâce à eux
«Ce vieux coeur usé
de la ville
avec ses spasmes
ses embolies
ses souffles au coeur
et tous ses défauts
«Et toutes les
raisons du monde qu'il aurait
de s'arrêter
de renoncer.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jean-Talon.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. Alors, bon Mois de l'héritage hispanique à tous et à toutes.
La prochaine motion
revient... Ah! Allez-y, M. le leader.
M. Leduc :
...peut envoyer copie de cette motion, M. le Président, aux groupes
présents, à savoir Héritage hispanique, la Fondation Salvador Allende et la
Confédération des associations latino-américaines de Québec? Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait, M. le leader. M. le député de Matane-Matapédia, pour la prochaine
motion.
Reconnaître la nécessité de se
préoccuper de l'attractivité et de la rétention
du personnel qualifié au sein du réseau public de l'éducation
M. Bérubé : Merci. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Saint-Laurent, la députée
de Mercier, le député de Saint-Jérôme et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse qu'il est nécessaire de se préoccuper de l'attractivité
et de la rétention du personnel qualifié au sein du réseau public de
l'éducation [au] Québec;
«Qu'elle
propose au ministère de l'Éducation de s'enquérir des motifs évoqués par les enseignantes,
enseignants et autres professionnels de l'éducation pour expliquer leur
départ du réseau public de l'éducation québécois, de les compiler et de les
publier.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le député, allez-y.
M. Bérubé :
M. le Président, si une formation y consent, on aimerait pouvoir voter sur
cette motion.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce que j'ai l'appui de... Parfait.
Alors, un vote a été
demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est donc adoptée.
Alors, pour la suite
de nos travaux, je vais inviter les collègues qui doivent quitter de le faire
de manière...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Allez-y.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ah!
bien oui, c'est vrai, la motion du gouvernement. Alors, je cède la parole
au ministre de l'Éducation.
Souligner la Semaine pour l'école publique
M. Drainville :
Il ne faut pas oublier le gouvernement, M. le Président. Je sollicite...
C'est un sujet sérieux.
Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de
Saint-Laurent, la députée de Mercier, le député de Matane-Matapédia, la députée
de Vaudreuil et le député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
15e [édition de la] Semaine pour l'école publique qui se tient du
30 septembre au 6 octobre sous le thème de la parentalité;
«Qu'elle reconnaisse les
avancées importantes des dernières années pour l'amélioration du réseau public
et l'augmentation importante des budgets en éducation depuis les
6 dernières années;
«Qu'elle réitère l'importance du rôle des
parents et de leur collaboration avec les équipes-écoles;
«Qu'enfin,
elle remercie — elle
remercie, dis-je bien — les milliers de personnes qui travaillent jour
après jour pour former les citoyens de demain et qui font en sorte que
nos jeunes aillent au bout de leur potentiel.»
• (15 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée? Adopté.
Avis
touchant les travaux des commissions
Alors, pour
celles et ceux qui doivent quitter, donc, je vous invite à le faire
discrètement, s'il vous plaît, puisque les travaux se poursuivent. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Donc,
j'avise cette Assemblée que la Commission
des transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 61, la Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la culture et de l'éducation entreprendra l'étude détaillée du projet de loi
n° 64, la Loi instituant le
Musée national de l'histoire du
Québec, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes se réunira en séance de travail le
mercredi 2 octobre 2024, de 7 h 15 à 8 h 45, à la
salle Pauline-Marois, afin de procéder à l'organisation des travaux de la
commission.
De plus, je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
mercredi 2 octobre 2024, de 7 h 30 à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de poursuivre l'étude des observations,
conclusions ou recommandations de la commission à la suite des consultations
particulières et auditions publiques ainsi que des rencontres tenues dans le
cadre du mandat d'initiative visant à étudier les moyens facilitant le don
d'organes ou de tissus, notamment l'instauration de la présomption du
consentement.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Je vous
informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
Jean-Lesage. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale souligne que la rémunération des stages en enseignement est une
solution à la pénurie d'enseignantes et d'enseignants dans notre système
d'éducation public;
«Qu'elle salue
l'ouverture du ministre de l'Éducation à rémunérer les étudiantes et les
étudiants lors de leur dernier stage au baccalauréat en enseignement;
«Qu'elle salue
également la mobilisation des étudiantes et étudiants en enseignement sur cet
enjeu;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de prévoir la rémunération des derniers stages du baccalauréat en
enseignement dès le prochain budget.»
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 69
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt
aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives. Alors, Mme la députée de
Saint-Laurent poursuivra son intervention.
Mme Marwah Rizqy (suite)
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, M. le Président. Permettez-moi juste de faire peut-être un
bref résumé de ma première partie. Je disais, avant que notre séance soit
suspendue, que la ministre faisait allusion, pour son projet de loi, à trois éléments. Elle parlait de, un, gouvernance;
deux, améliorer la gestion d'offre d'électricité; et, trois, optimiser les
tarifs d'électricité.
Bon.
Alors, je suis encore à mon point 1, gouvernance, que j'ai vraiment fait
dans ma première partie. De notre côté, pour le Parti libéral du Québec, on est très troublés parce que, jusqu'à
présent, en matière de gouvernance, le gouvernement de la CAQ, très
franchement, n'a pas été un très grand, comment dire... je vais dire champion,
sincèrement, parce que nous, on a demandé...
et on avait fait une motion du mercredi où est-ce qu'on voulait tout simplement
que les entreprises, notamment, qui ont eu un refus pour les blocs
d'énergie, bien, puissent recevoir au moins leurs grilles d'analyse. Et j'avais
fait l'analogie suivante : imaginez, moi, je suis professeure à
l'université, je dis à un de mes étudiants : Vous avez coulé. Bon, premièrement, il y a le choc d'avoir coulé.
Deuxièmement, je lui dis : Bon, mais ne vous inquiétez pas, vous
allez avoir votre examen de reprise dans quelques semaines, dans quelques mois.
Ah oui? Bien oui, parce que, dans quelques
mois, il y aura 1 500 nouveaux mégawatts de disponibles. Puis là
l'étudiant se dit : O.K., parfait, est-ce que je peux voir mon examen, est-ce que je peux
comprendre où j'ai coulé? Et là moi de répondre : Non. Ah! Et là
l'étudiant : Bien, parfait, je
vais aller me plaindre à la direction, je vais aller voir le doyen. Et moi de
lui répondre : Il n'y a pas de doyen. Ah! Bien, je vais aller voir
le recteur. Il n'y a pas de recteur. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de
processus d'appel.
En matière de justice
naturelle, l'important, dans une procédure comme la nôtre au Québec, bien, dans
notre démocratie, on veut ce droit d'appel, on veut cette transparence. Et je
disais qu'il y avait un premier ministre qui disait toujours : Audi
alteram partem. Bien, je l'entends en ce moment, ça résonne, audi alteram
partem. On en a fait quoi, à toutes ces
entreprises qui, aujourd'hui, non seulement ne connaissent pas leurs résultats,
mais n'ont jamais obtenu leur grille d'analyse
de la part ni d'Hydro-Québec ni du gouvernement? Et, ici, on ne peut pas blâmer
Hydro-Québec. Rappelons-nous, Pierre
Fitzgibbon a dit : Je prends le contrôle. Le deuxième projet de loi du
gouvernement, c'était précisément ça, prendre le contrôle, la mainmise sur les blocs d'énergie, décider, selon eux,
selon le gouvernement, mieux qu'Hydro-Québec, où devront aller les blocs
d'énergie.
(Interruption)
Mme Rizqy : Il faut croire que Siri
veut même s'en mêler. Ça aurait été drôle, hein, de savoir ce que Siri en
pense, maintenant que j'y pense.
Mais c'est quand même
quelque chose de particulier, non, d'être tenu à l'écart et que le gouvernement
nous dise : Faites-nous confiance? Or, si le passé est garant de l'avenir,
bien, moi, je trouve que c'est un mauvais présage.
Rappelons-nous
qu'il n'y a pas si longtemps, 2023, le rapport de la Vérificatrice générale du
Québec. Elle avait décidé de regarder ce qui se passait au sein du
ministère de l'Économie de Pierre Fitzgibbon. À l'époque, vous vous rappelez,
il y avait eu la pandémie, et, dans un geste, assez important, de vouloir aider
les entreprises à passer à travers la pandémie, le gouvernement a décidé
d'octroyer des fonds d'aide. Et évidemment la bonne foi se présume, mais,
lorsque la Vérificatrice générale a décidé d'éplucher tout ça, elle s'est rendu
compte que ces fonds ont été distribués... absence
de critères, de façon arbitraire, et qu'au fond ça devenait un fonds très
discrétionnaire, et que même des entreprises qui n'auraient pas dû se
qualifier avaient obtenu cette aide.
J'ai
l'impression de rejouer exactement dans le même film, mais changez le mot
«argent» par «bloc d'électricité». On distribue les blocs d'énergie en
absence de critères qui sont clairement, pour l'instant, encore non divulgués
auprès des entreprises qui ont été refusées dans un geste sans précédent,
arbitraire et discrétionnaire, et, à la surprise générale, le superministre
démissionne à quelques heures d'un début d'un projet de loi aussi important.
Alors, vous comprendrez qu'en matière de gouvernance on peut clairement faire
mieux, mais aussi on a une obligation de faire mieux parce que le gouvernement
du Québec n'est jamais au-dessus des lois. Et je lui rappelle très humblement
que les règles de justice naturelles, vous pouvez peut-être les retarder, mais
elles finissent toujours par vous rattraper.
Maintenant,
améliorer la gestion de l'offre d'électricité. Alors, j'ai commencé mon propos
en demandant deux choses : Pourquoi et pour qui? Pourquoi on doit
améliorer notre gestion de l'offre d'électricité? Rappelons-nous, en 2016,
Hydro-Québec nous parlait de la spirale de la mort, qu'il ne fallait pas trop
développer, là, on a trop d'énergie. Bien, à
l'époque, le gouvernement libéral allait de l'avant, notamment, avec les
éoliennes. Je me rappelle très, très bien le député de l'Assomption, qui aujourd'hui est premier
ministre, là, à l'époque, dans l'opposition, ouf! c'était un des pires projets,
avoir des éoliennes. Une fois rendu au
pouvoir, qu'est-ce qu'il a fait? Ah! on met ça sur pause pour, par la suite, se
rendre compte que, finalement, c'est une bonne idée, les éoliennes.
Je me rappelle aussi
du gouvernement actuel qui, en janvier 2020, grands sourires, va à New York
signer un important contrat. Ils
disent : On va vendre nos surplus. Et ça, c'est tellement particulier, ce
que je vais vous dire, M. le Président. Regardez la séquence, le temps,
le gouvernement, tout feu tout flamme, annonce avoir signé un contrat de
25 ans où est-ce qu'on va vendre notre électricité pas trop cher aux
Américains et, trois semaines plus tard, on apprend qu'on n'a plus d'électricité, que les surplus, c'était fini. Ou, pour
reprendre l'expression de la ministre actuelle de l'Énergie, «basta!»,
il n'y en a plus.
Alors, quand on me dit : On va améliorer la
gestion de l'offre d'électricité, pourquoi? Parce que vous avez vendu ce que vous n'aviez pas? Parce que vous avez
mis la charrue devant les boeufs, vous n'avez pas fait une planification
des blocs d'énergie en
amont en disant : Est-ce qu'avant de vendre aux Américains, en avons-nous
assez pour la demande actuelle au
Québec avec nos entreprises? Parce qu'on est tous pour la vertu. Qui ici est
contre la tarte aux pommes? Personne. Tout le monde est d'accord. On est
tous conscients qu'il y a des changements climatiques. Mais donc, si on résume
la marche à suivre du gouvernement actuel,
on va aider des entreprises... pardon, on va aider l'État de New York en
vendant notre électricité pas trop
cher, qui, lui, va la revendre aux Américains. Eux vont se décarboner. Mais,
pendant ce temps-là, nos propres
entreprises québécoises et celles qui sont établies déjà au Québec, eux, on va
leur vendre plus cher l'électricité, et on va même... pire, parce que c'est une
chose, l'argent, là, pire, c'est de ne pas avoir d'énergie. Et eux, on va leur
dire : Non seulement voici la
facture, mais, en plus de ça, ne nous demandez pas des blocs d'énergie, on n'en
a pas pour vous.
• (15 h 40) •
Et quelle est la conséquence pour ces entreprises
d'ici? La conséquence, elle est simple, M. le Président. Ça veut dire que leurs
coûts de production augmentent. Le prix du marché de la carbone augmente pour
elles. Donc, la conséquence, elle est mathématique. Très simple. Et savez-vous
quoi? La ministre de l'Énergie, elle est ministre de l'Économie, elle va comprendre le langage que je vais dire. Nos
entreprises québécoises vont perdre de leur compétitivité sur le marché
international. Au profit de qui? Des Américains? Les mêmes Américains qui nous
ont taxés et surtaxés en tarifs? Prenez un pas de recul. N'importe qui de censé
va se dire : Voyons donc, on ne peut pas faire ça.
Bien, ça tombe bien. Savez-vous qui d'autre de
censé qui est venu nous voir, M. le Président, en commission parlementaire? Le
P.D.G. d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, un homme respecté de tous, un
homme très accompli. Vous comprendrez, bon,
sans faire de révélation sur son âge, il a quand même une très, très, très
grande carrière, mais on se rappelle aussi de son passage à la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
Et je me
permets une petite parenthèse importante pour ceux qui parlent du français.
M. Sabia fait partie des rares personnes
qui, lorsque promettent d'apprendre le français, l'ont fait. Alors, c'est tout
à son honneur, et merci. Je referme la parenthèse, mais je pense que
c'était important de le souligner.
Alors, M. Sabia a dit la chose suivante en
consultations. Je l'interrogeais par rapport aux blocs d'énergie, et là il me dit la chose suivante : Cartes sur
table? Et moi, je réponds : Oui, cartes sur table, bien sûr. Et il dit que
ça prend un rééquilibrage dans nos blocs d'énergie pour s'assurer
d'abord que nos entreprises d'ici en ont. Évidemment, on priorise celles qui doivent se décarboner et qui désirent
se décarboner. Il parlait d'un ratio, 75-25. Oui, il faut faire de l'économie,
oui, il faut essayer d'attirer d'autres capitaux étrangers, mais il me semble
que, généralement, un bon gouvernement commence toujours par son monde et non
pas pour les intérêts étrangers en premier. Alors, c'est pour ça qu'on dit que Le Québec d'abord, c'est plus qu'un slogan, c'est ce qui doit
animer tout élu de l'Assemblée nationale du Québec. Mais ici, manifestement, ça n'a pas été le cas. Alors,
quand que je dis : Pourquoi qu'on en est rendus là, mais surtout pour qui?
Clairement, ça n'a pas été pour les Québécois d'abord.
Et
permettez-moi de parler de la chose suivante. On nous dit, dans le troisième
élément de réponse de la ministre, qu'elle veut optimiser, et je cite, «optimiser
les tarifs d'électricité». En langage clair, «optimiser», ça veut dire quoi?
Moi, je ne l'ai pas compris. Est-ce qu'elle veut parler de hausses de tarifs?
Parce que c'est ça aussi qu'il est marqué dans
le projet de loi. Article 75 : Création d'un programme d'aide
financière pour limiter l'impact à la hausse des tarifs de distribution
d'électricité pour les consommateurs. Or, c'est assez particulier, parce que,
tout le long, la ministre nous a dit :
Non, non, il n'y en aura pas, de hausse de tarif pour les résidentiels. Mais
rappelons-nous Pierre Fitzgibbon. Je pense, c'est important ici de faire
un petit peu la genèse de, peut-être, ce qui pourrait expliquer son départ.
M. Fitzgibbon, on ne pourra jamais lui
reprocher de ne pas avoir du franc-parler. Il dit vraiment ce qu'il pense. Mais c'est sûr que, quand on a une équipe de
communication, dans un gouvernement, un électron un peu trop libre, bien,
c'est difficile à gérer. Et tout le monde comprendra que M. Pierre
Fitzgibbon n'est pas une personne qu'on gère. Il aime gérer, mais peut-être moins se faire gérer. Maintenant, il a dit
tout haut ce que tout le monde pensait, il a dit : Non, les hausses de tarifs sont évidentes, il va y en
avoir. Il a même avancé le chiffre de 5 %, 6 %, 7 %. Et là le
premier ministre, il n'a pas aimé ça, il a dit : Non, ça va être
3 %. Alors, quelques minutes après que le premier ministre a dit que ce
sera maximum 3 %, Pierre Fitzgibbon a récidivé, il a dit : Non, je
maintiens, 5 % à 7 %, puis peut-être même 10 %.
• (15 h 50) •
Or, on a su que, le samedi, il y a eu une
rencontre au sommet entre les deux hommes, même les trois hommes, parce que le
chef de cabinet était présent. Et clairement M. Fitzgibbon n'était pas
capable de chanter la même chanson ou
peut-être qu'il savait que ça allait sonner... un mot que je ne peux pas dire,
mais vous connaissez l'expression, quand on chante, hein, puis qu'on n'est pas une... on n'est pas une Céline
Dion. Je vais le dire ainsi. Et puis, coup de théâtre, la démission et
tournée médiatique.
Et j'ai écouté attentivement cette tournée
médiatique. À Paul Larocque, à l'émission Le bilan, il dit la chose suivante : Bien oui, c'est sûr qu'il va y
avoir une hausse, mais, vous savez, ce ne sera pas là, puis je comprends le
gouvernement qui ne veut pas faire peur au monde, il y a des discussions
à avoir, mais ce n'est pas tant le projet de loi qui est problématique, c'est tout ce qu'il y a à
l'extérieur du projet de loi qui s'en vient et qu'on n'a pas encore discuté.
Bien moi, je veux savoir, M. Fitzgibbon, qu'est-ce qu'il y a dans
le projet de loi qui n'a pas encore été écrit mais qui s'en vient puis qu'on
n'a pas encore discuté. S'il vous plaît, éclairez-moi. Il dit aussi la chose
suivante : C'est sûr qu'on va payer. Même
si le gouvernement met ça à 3 %, la vérité : il va y avoir un manque
à gagner qui devra être compensé. Il a dit la chose suivante : C'est soit le ministre des Finances qui va avoir
moins de redevances de la part d'Hydro-Québec ou qu'on refile la hausse
à quelqu'un d'autre.
Alors, durant
les consultations, la ministre a décidé, elle, d'ouvrir son jeu un peu. Alors,
elle a demandé, notamment, au secteur
de l'aluminium : Êtes-vous prêts à payer une prime verte pour votre
électricité? Là, M. le Président, vous connaissez la fiscaliste en moi, prime veut dire augmentation
de tarif, prime veut dire taxe. Donc, la fameuse prime verte de la ministre
est une taxe verte. On connaissait déjà la
taxe orange, bien, maintenant tout le monde va apprendre qu'il y a une taxe
verte, avec le gouvernement de la CAQ. Et là tous les
industriels ont dit la chose suivante : Mais, Mme la ministre,
réalisez-vous que nous, on a des
employés partout en région et que nos tarifs bas d'électricité qui viennent du
bloc patrimonial, si vous nous les
augmentez, non seulement on perd des investissements projetés qu'on devait
faire au Québec, mais, pire, ça peut mettre à mal notre industrie et,
pire, générer des pertes d'emplois? Ça, M. le Président, ce ne sont pas des
épouvantails, c'est réel.
Bon, dans une autre vie, je travaillais pour Rio
Tinto Alcan. Moi, j'étais à l'usine de La Baie, très belle usine, d'ailleurs. Savez-vous, M. le Président, c'est
quoi, de la bauxite? Pas grand monde. Mais c'est vraiment beau de voir ça,
que nous, chez nous, au Québec, on est capable de faire l'aluminium le plus
vert au monde. Est-ce que quelqu'un pense qu'ici, au Québec, on a un fonds
souverain qui aide nos entreprises puis qu'on est capable, là, d'imprimer de
l'argent pour eux? Ça n'existe pas au
Québec. Par contre, dans d'autres pays, ils utilisent des fonds souverains pour
subventionner au coton l'industrie de l'aluminium.
Alors, dans
l'OCDE, ils ont regardé dans différents pays c'est quoi, le montant de
subvention qui leur est alloué. Bien, dans le secteur de l'aluminium, en
Chine, M. le Président, savez-vous que c'est huit fois plus subventionné que n'importe où au monde? Alors, comment voulez-vous
que nous, qu'Alouette, Alcoa, Rio Tinto puissent continuer à faire
compétition à des géants chinois, qui, eux, côté environnemental, on repassera,
mais, pire, subventionnés au coton. On a un
avantage concurrentiel, de par notre électricité, avec le bloc patrimonial,
mais, si on leur enlève, ils ont été très clairs, les emplois, que ce
soit au Saguenay, que ce soit à Shawinigan, que ce soit à Sept-Îles, tous ces
emplois sont, en ce moment, en péril. Un représentant est allé jusqu'à
dire : Vous savez, juste l'incertitude qu'on vit présentement amène, au
niveau du conseil d'administration de nos entreprises d'aluminium, des discussions
très importantes. Ça ne prend pas grand-chose, pour un conseil
d'administration, pour décider d'aller voir ailleurs si le ciel est plus beau.
Nous, on est
chanceux, là, au niveau des emplois payants. Moi, je connais quand même les
salaires de Rio Tinto, mais je vais quand même me garder une
gêne. Bien, je peux vous dire, ils sont vraiment bien payés, on est bien en
haut du 56 000 $. Mais savez-vous quoi? Tout mon respect, parce que,
pour être à côté d'une cuve puis avoir... connaître la chaleur existante réelle sur le terrain de l'usine, je vous lève mon
chapeau. N'en demeure pas moins qu'on est vraiment en haut de la barre fixée par le premier ministre,
quand il disait : 56 000 $, là, pour moi, ça, c'est un bon
salaire. Là, on parle d'emplois vraiment bien payés.
Alors là, on
va mettre en péril tout un secteur d'activité pour, et je cite, «un pari
risqué». Donc, le premier ministre a pris notre argent, a pris nos blocs
d'énergie et est allé mettre ça directement sur le 13 noir, en se
disant : Savez-vous quoi? Je me fais confiance, moi, ça va être le 13
noir. Puis là tout le monde attend. Mais il me semble que c'est toujours plus
facile, hein, parier avec l'argent des autres. C'est toujours plus facile
d'inviter quelqu'un d'autre avec... Tiens, viens-t'en
au resto, je t'invite, mais c'est sur la carte des autres. Là, c'est toute la
carte de crédit collective, là, qui est vraiment, vraiment pleine. Tout
ça pour quoi, pour qui?
Il y a un an, vous étiez tous dans la belle
photo. On va faire le plus gros projet manufacturier dans l'histoire du Québec. Ils ont dit : On a une analyse
financière. Donc, on va mettre 7 milliards de dollars d'argent public
avec une analyse financière, on gèle 354 mégawatts pour une jeune
pousse ad vitam aeternam, parce qu'il n'y a personne qui ait cru bon d'écrire une clause de sortie dans le contrat.
Habituellement, c'est de base dans la négociation d'un contrat : on met
les conditions sine qua non pour
réaliser, on met un terme, un échéancier, et on ajoute même des pénalités en
cas de non-respect de certaines
conditions, et on se prévoit une clause de sortie. Bien non, notre
gouvernement : Ah! non, non, non, inquiétez-vous pas, tout va bien
aller. Or, non seulement la jeune pousse est dans l'eau trouble, très eau
trouble — ça,
c'est un euphémisme — ça
ne va pas bien, le gouvernement ne veut pas réallouer les blocs d'énergie de
Northvolt. Je ne comprends pas. L'entreprise elle-même a offert de
réattribuer ces blocs, dans la mesure qu'en 2027 ou 2028, lorsqu'on en aura besoin, si jamais l'usine voit le jour,
ils sont garantis. Puis on a 1 500 mégawatts de disponibles à partir
de 2027. Or, il est où, l'enjeu?
Le seul enjeu
que je vois est le suivant : Est-ce que le gouvernement sait quelque chose
que nous ne savons pas? Permettez-moi de reformuler : Est-ce que le
gouvernement doute de sa propre parole? Parce que, si c'est le cas, il y a des centaines d'entreprises qui ont soumissionné
pour des blocs d'énergie, il faudrait peut-être les informer que, finalement,
quand vous prenez votre crayon pour remplir votre soumission pour avoir des
blocs d'énergie, mais ça se peut que ce soit un travail futile, parce
que les mégawatts promis ne seront pas au rendez-vous dès 2027.
Alors, j'appelle le gouvernement à une plus
grande transparence, parce que Northvolt, dès la semaine passée, dans un geste
de bonne foi et d'ouverture, a dit : Effectivement, puisque notre
entreprise, notre usine, ne sera pas prête en 2026... ils sont capables de
libérer des blocs d'énergie dès maintenant pour ceux qui en ont besoin
aujourd'hui. Pensez aux Forges de Sorel,
eux, ils en ont... ils n'en ont pas besoin de 354, ils en ont besoin de
16, mégawatts. Il y a aussi First Phosphate qui, elle... 10
mégawatts pour 100 emplois payants... pardon, j'ai fait une mauvaise
liaison en français, j'entends déjà le mononcle 101 me dire que j'ai mis
un s, 100 emplois — merci,
je me corrige — 100 emplois
payants au Saguenay, à La Baie, plus
précisément, et là on parle d'emplois, là, bien rémunérés, là, on est dans le
80 000 $, là, des très, très bons emplois. Eux, ils en ont
besoin de 10. Ils espèrent les avoir d'ici décembre pour lancer leur projet,
puis on leur souhaite. Alors, moi,
là, je ne doute pas de la ministre responsable du Saguenay, de sa bonne foi,
mais là j'ai besoin qu'elle parle à
sa collègue pour dire : Écoute, libère les 10 mégawatts pour
l'entreprise du Saguenay, Northvolt n'en a pas besoin maintenant.
Et, nous, vous savez, au Parti libéral du
Québec, on est très conciliant. Si le gouvernement nous dit : Écoutez, on
ne libérera pas 354, mais on va en libérer 100, mégawatts, parce qu'on en
a seulement besoin en 2030, on va dire : Bravo,
transparence, la lumière fut. Ça, ça s'appelle de la bonne gestion non
seulement des deniers publics, mais aussi des ressources naturelles
publiques. Parce que, je le dis au passage, Hydro-Québec n'appartient pas au
premier ministre, ni à moi ni à personne
ici. Hydro-Québec appartient à l'ensemble des Québécois. Et les
354 mégawatts réservés qui vont être gelés ad vitam aeternam, ça, ce n'est pas de
la bonne gestion des deniers publics. Et pourquoi je dis maintenant deniers
et non pas des ressources naturelles? Parce
que, vous savez, c'est comme de l'argent à la banque. Les gens intelligents ne
mettront pas 354 millions de
dollars dans leur compte courant. Généralement, ils vont essayer de l'investir
avec du rendement. Là, nous, non
seulement les 354 mégawatts ne sont pas dans un compte courant, M. le
Président, ils sont sous le matelas. Personne
ne l'utilise, ça prend la poussière. Donc, pendant ce temps-là, il n'y a pas de
redevance payée à Hydro-Québec... pardon, il n'y a pas... il n'y a pas
de facture payée à Hydro-Québec et, par conséquent, il n'y a pas de redevance
payée à l'État. Donc, les deniers publics, ça ne rentre pas, là, en ce moment,
l'argent.
Puis le
gouvernement, il me semble qu'il devrait être pressé à vouloir que l'argent
rentre, ils ont un déficit historique de 11 milliards. Il me semble, comme
gestionnaire aguerri, d'autant plus que le ministre des Finances, un homme
des HEC, devrait le savoir, dire :
Effectivement, je ne peux pas laisser l'argent dormir. C'est un ancien
banquier. Tous les banquiers savent une chose : l'argent ne dort
jamais. La meilleure façon de faire de l'argent, c'est quand, justement...
quand nous, on dort, l'argent travaille pour
vous. Mais nous, en ce moment, les mégawatts sont carrément, là, ouf, gelés.
Alors, moi, honnêtement, je n'arrive pas, celle-là, à la comprendre.
Maintenant, je ne peux passer sous silence les
choses suivantes. Dans le projet de loi, l'article 38 nous cause problème.
Les entreprises privées vont pouvoir vendre de l'énergie produite aux occupants
d'un terrain adjacent... produite, pas de
l'autoproduction. L'autoproduction, au Parti libéral du Québec, on est
d'accord. D'ailleurs, le député de Jacques-Cartier avait fait cette
grande proposition qu'on puisse permettre à tous les Québécois d'avoir des
panneaux solaires sur le toit de leur maison, de faire de l'autoproduction et
de remettre l'excédent à Hydro-Québec; gagnant-gagnant-gagnant. Et en plus, M. le Président, les nouvelles batteries
permettent d'entreposer l'électricité de sept à 10 jours.
Or, dans les
autres États américains, en Colombie-Britannique, il y a eu des immenses
subventions. Aux États-Unis, ils paient jusqu'à 50 % de la facture,
notamment pour le secteur agricole. S'ils mettent, là, des panneaux solaires
sur les établissements et non pas sur les
terres, là, on va faire attention, nous, à nos terres agricoles, M. le
Président, ça, ça permet à la ferme
de s'alimenter, en région rurale, à moindre coût. Et le gouvernement,
là-dedans, dans leur programme à eux, 50 %, ils prennent la
facture. Nous, le gouvernement, non, il laisse Hydro se gérer, des petites
subventions. Mais ce n'est pas assez, ça
coûte quand même encore assez cher, les panneaux solaires, même si le prix a
beaucoup diminué. Les batteries, il n'en demeure pas moins, sont quand
même assez chères jusqu'à présent.
Mais là, ici,
on ne parle pas d'autoproduction, on parle de produire de l'électricité dans le
but de vendre. N'est-ce pas exactement ça, la mission d'Hydro-Québec, produire
de l'électricité et de la vendre, un monopole que nous avons depuis des
années? Et pourquoi on a créé ce monopole? Surtout, pour qui avons-nous créé, à
l'époque, ce monopole? Adélard Godbout avait
compris une chose. Il a été le premier à vouloir s'assurer qu'on contrôle notre
énergie et le coût de l'énergie. Ça,
c'était le pourquoi. Mais le pour qui, c'est que ce n'était pas normal que les
gens de Rivière-du-Loup, à l'époque, payaient trois fois plus cher leur
électricité que les gens de Montréal. Par la suite, l'équipe de Jean Lesage,
l'équipe du tonnerre qui comptait dans ses rangs René Lévesque, ont dit :
Parfait, on va aller de l'avant, on nationalise. Ça, c'est courageux.
Alors,
pourquoi on retourne en arrière? On connaît le passé. On sait qu'est-ce que ça
donne, d'avoir du privé dans l'électricité.
Il n'y a aucune entreprise privée qui fait dans la charité, là. La première
mission d'une entreprise privée, c'est de faire des profits pour répondre aux
demandes de leurs actionnaires, qui, à chaque année, vont vouloir plus de
profits pour avoir plus de
redevances. Alors, les actionnaires, eux, qu'est-ce qu'ils veulent, en
définitive, c'est des dividendes. Et plus leur chèque de dividendes est important, plus ils aiment ça. Alors, je
ne vois pas pourquoi qu'on a besoin d'aller là. Qui a demandé
l'article 38?
• (16 heures) •
Écoutez, en
commission parlementaire, il y a même des gens qui sont venus nous demander de changer
le terme «adjacent» pour «proximité». Donc, on irait encore plus loin,
là. Ce n'est pas juste de produire, mais ce serait pour, par exemple, un pôle.
Alors, pourquoi qu'on entrerait le loup dans la bergerie? Moi, je comprends
tous les employés d'Hydro-Québec qui sont venus. D'ailleurs, je veux dire
merci. On a eu une délégation d'employés d'Hydro-Québec tout le long des consultations ainsi que les différents groupes
syndicaux qui ont été présents sans arrêt pour écouter. C'est la première fois en six ans, M. le Président,
qu'il y a des groupes et des agents de la société civile, que... depuis le jour
un jusqu'à la fin des consultations, étaient avec nous dans la salle. Ça
vous montre la préoccupation des gens.
En outre,
l'article 38, M. le Président, vous comprendrez qu'on va faire un
amendement. Par la suite, je ne peux pas
croire que, jusqu'en 2022, Hydro-Québec, dans ses appels d'offres, demandait
50 % de contenu québécois et 35 % de contenu régional. Et
puis, en 2022, on n'a jamais su pourquoi, à la demande de qui, les deux
critères ont été retirés. Il n'y a plus de
spécificité régionale, mais il n'y a plus non plus la notion fait au Québec.
Alors, maintenant, le gouvernement a décidé de régler l'enjeu, il n'y
aura tout simplement plus d'appel d'offres. Mais comment voulez-vous qu'on
puisse s'assurer que, dans les appels d'offres d'Hydro-Québec, il y a du
contenu québécois puis du contenu régional, si, dans les mêmes appels d'offres, ils n'existent plus? Et depuis quand que les
appels d'offres sont synonymes de quelque chose de négatif? Il me semble que les appels d'offres, c'est bon pour la
concurrence, c'est bon pour la transparence, généralement. Donc, vous voyez, M. le Président, il y a un fil
conducteur. Ce n'est pas vers l'arrière que la CAQ tente de nous faire faire.
Et, aujourd'hui, on a un exemple concret avec
l'article de Thomas Gerbert. Je vais vous dire ma stupéfaction quand je l'ai
lu. Nous, on s'en doutait, mais qu'au tribunal ils lisent les échanges sur la
plateforme Teams des employés du ministère
de l'Environnement qui disent que c'est fait tout croche, qu'ils ont eu de la
pression politique, qu'ils se sont sentis
inconfortables et qui ont manifesté leur désaccord à l'interne, qui ont
vulgarisé leur inconfort, qu'ils ont dit : Ça ne passe pas le BAPE... Face à la pression, ils ont
même essayé de trouver une voie de passage : Faisons un BAPE accéléré de
11 mois. Une fin de non-recevoir. La commande a été passée, le projet doit
passer, tel un rouleau compresseur. Pourquoi? Puis, encore une fois, pour qui? Qui tenait le fameux crayon pour écrire
ce nouveau cadre? Quand j'entends la ministre se lever en Chambre, aux
questions de ma collègue la députée de Mille-Îles, et de dire, avec le plus
sérieux du monde : Bien,
le cadre légal a été respecté... Bien, Mme la ministre, respectueusement, ce
n'est pas ça, la question. Ce n'est pas de savoir si, aujourd'hui,
Northvolt respecte le cadre légal. Qui a tenu le crayon pour écrire ce nouveau
cadre légal? Cette question-là, elle demeure pleine et entière. Manifestement,
on n'aura pas cette réponse à la période de questions parce qu'il manque...
période de questions et réponses, mais il restera toujours un contre-pouvoir,
la Cour supérieure. J'ai toujours dit :
La vérité, vous pouvez peut-être essayer de la ralentir, mais elle finit
toujours par jaillir, M. le Président, et plus on avance dans ce
dossier-là, plus on creuse, plus on se rend compte que le pour quoi n'en valait
peut-être pas la peine, mais le pour qui n'a jamais été dans les intérêts des
Québécois. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Saint-Laurent. Et, comme prochain intervenant, je reconnais M. le député
de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président.
On est, aujourd'hui, ici pour commenter un projet de loi sur son principe. Nous avons déjà appelé à ce que ce projet de loi
soit retiré, le temps d'avoir un vrai plan. Donc, vous ne serez pas étonné,
M. le Président, de voir que nous allons
voter contre ce principe. Ceci étant dit, on pense que c'est important de le
commenter aujourd'hui, le commenter sur ses dérives démocratiques, sur
ses dérives écologiques et sur ses dérives économiques.
Laissez-moi
commencer par la question du coût de l'électricité, car ce projet de loi ouvre
grand la possibilité du privé de
prendre de l'espace, de la place, à la place d'Hydro-Québec, dans la production
principalement, mais pas seulement, et j'ai préparé, M. le Président,
quelques graphiques qui, je pense, vous intéresseront pour bien comprendre la
situation.
Voici à quoi ressemble le coût, tout simplement,
de production. Donc, une fois qu'on a payé les fournisseurs, les salaires, les
créanciers... Ah! voilà. Donc, une fois qu'on a payé les fournisseurs, les salaires,
les créanciers, bien, il y a... bien sûr,
quand c'est le privé, il faut payer les dividendes, et juste la partie
dividendes... je vais y arriver, et juste la partie dividendes, d'après une recherche de l'IREQ, nous a coûté
jusqu'à maintenant, de 2006 à 2023, entre 900 millions et 1,6 milliard de dollars, et, jusqu'à
2035, on s'attend à ce que ça atteigne possiblement les
3,3 milliards de dollars. Sauf qu'il ne faut pas s'arrêter aux dividendes, M. le Président, et je vais vous
montrer les dérives qui ont été faites dans la production... de la
production depuis le début.
D'abord, qu'est-ce que ça coûte au privé?
Prenons une éolienne, disons que pour chaque mégawatt, ça coûte 1 million, donc, 3 millions, le coût de
construction, et ensuite la maintenance sur 20 ans, si on compte
20 000 $ par an, sur 20 ans
ça fait un peu plus de 1 million, donc on est rendus à un peu plus de
4 millions. Mais, pour la construction, il faut la financer, M. le
Président. On la finance avec des dettes, donc, qu'on prend chez les banques et
avec l'argent que les actionnaires mettent de leurs poches. Les actionnaires,
c'est normal, prennent plus de risques, ils reçoivent, disons, un 12 % de rendement, alors que les banques en
prennent un 8 %. Là, il faut calculer qu'est-ce que ça nous coûte sur
20 ans, de payer des dividendes,
dont on a parlé, aux actionnaires, mais aussi de payer les banques année après
année, évidemment, pour la partie
intérêts. Donc, j'ai rajouté ici la partie intérêts, comme vous pouvez voir,
sur 20 ans encore une fois, on se retrouve avec un coût de
financement où plus de 50 %, 54 % du coût de financement, c'est les
intérêts et les dividendes qu'on paie sur 20 ans, pour une somme de
6,6 millions de dollars.
Pour le public, M. le Président, évidemment, il
n'y a pas de dividendes, ça fait que tout le financement se fait avec la dette. Et Hydro-Québec, contrairement au
privé, ne se finance pas à 8 %, mais se finance à même les aides de l'État,
a accès aux dettes de l'État, et donc, pour un endettement sur 20 ans, on
est autour... entre 3 % et 4 %, ce qui fait qu'on est rendus à 4,1 millions de coûts de
financement. Ça, c'est 37 % moins cher, 37 % moins cher que le privé.
Donc, pour chaque éolienne, quand on la construit et qu'on la maintient
par le privé, les coûts de maintenance sont le même coût, mais le coût de financement... parce que non seulement on
va verser des dividendes à chaque année aux actionnaires, ce qui nous
coûte, évidemment, de l'argent, mais aussi on va payer plus d'intérêts aux
banques parce qu'Hydro-Québec paie moins d'intérêts
aux banques que le privé. Et d'après les différentes études qu'on a vues en
commission parlementaire — vous
avez ici l'évolution de la place du privé dans la production totale
d'électricité — donc,
en 2010, c'était 4,9 %, en 2020 c'est
10,2 %, et, si rien ne change, en 2030, juste basé sur
les contrats qui ont été passés et les projections d'Hydro-Québec, si seulement la moitié part au privé, on parle de
19 % au privé. Chaque augmentation de production privée va nous coûter
plus cher à nous toutes et tous. Nous allons
la payer de nos poches, à travers nos factures, ou le gouvernement va la payer
en recevant moins de dividendes.
• (16 h 10) •
Alors, il y a quelque chose d'autre,
normalement, qui pourrait nous rapporter d'aller au privé, c'est la question de la gestion de risques, hein? Le privé prend des
risques et il est payé en fonction du risque qu'il prend, mais pas dans le
cas dont on parle, M. le Président, pas dans
le cas dont on parle, et ici je vais vous montrer l'absurdité que c'est.
Aujourd'hui, il y a le marché de
l'électricité, où s'échange le kilowattheure à travers l'Amérique du Nord. J'ai
pris, ici, l'évolution du prix du baril de pétrole sur les trois derniers
mois : on a un max à 78 $ US, un min à 68 $ et une moyenne
à 71 $. Ça, c'est les trois
derniers mois, une oscillation autour de 10 %, plus ou moins. J'ai pris,
ici, le bitcoin. On s'entend-tu, M. le Président,
que le bitcoin, c'est donc bien risqué? Eh bien, ça oscille beaucoup plus,
effectivement, de manière journalière que
le pétrole, mais on a quand même un max à 65 000 $, une moyenne à
62 000 $ et un minimum à 55 000 $, donc une
oscillation qui oscille, elle aussi, plus souvent, mais autour de 10 % sur
les trois derniers mois.
Voici à quoi
ressemble l'échange d'électricité en Amérique du Nord : un max à
250 $ le mégawattheure, un min à moins 3 $ le mégawattheure, pour une
moyenne à 94 $ le mégawattheure, une oscillation de plusieurs centaines de
pourcentages. Quand on parle de bitcoin, là, et qu'on pense que c'est risqué à
10 % d'oscillation, le marché de l'électricité oscille à plus de
100 %, plus de 150 % dans une variation juste de trois mois. Est-ce
que vous pensez sérieusement qu'il y a n'importe quelle
institution privée qui va oser investir dans ce marché-là? Eh bien, il n'y en a
pas. C'est aussi simple que ça. Il n'y en a
pas, car ce n'est pas le privé qui prend le risque associé à ces
investissements-là, M. le Président, c'est le public, c'est Hydro-Québec,
en garantissant un prix fixe sur 20 ans, sur 20 ans.
Donc, on se
retrouve avec des compagnies privées qui ne... qui nous coûtent plus cher et
qui ne prennent aucun risque. Et ce
risque-là, il a un coût, et c'est Hydro-Québec qui le paie, parce que quel que soit... à quel
coût s'échange le mégawatt ou le
kilowattheure sur le marché instantané, le spot, eh bien, nous allons acheter
0,09 $... bon an, mal an, 0,09 $ le kilowattheure, voire même
0,10 $ des nouvelles installations d'éoliennes.
Il n'y a pas
que ça qui va nous coûter cher, M. le Président, il y a aussi le fait que
l'ancien ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie, M. Fitzgibbon, a distribué les mégawatts
que nous n'avions pas. Il a distribué 2 500 mégawatts pour des développements économiques. Dans le plan d'Hydro-Québec, ils nous disent : La partie pour la carboneutralité, c'est 75 %,
et la partie pour le développement économique, c'était 25 %. Bien,
figurez-vous qu'en 18 mois
M. Fitzgibbon a dilapidé non pas
25 % du développement économique, mais 30 %. Il a déjà dilapidé plus
que tout ce qu'Hydro-Québec est
capable de produire pour le développement économique. Parce que, faut-il le
savoir, M. le Président, faut-il le savoir,
tout ce qui a été distribué n'est pas pour la carboneutralité, mais juste pour
du développement économique. Si c'était juste ça, mais ils ont tous eu
accès à un tarif L autour de 0,05 $, 0,053 $ le kilowattheure, alors
que toute la nouvelle électricité, justement celle qu'on n'a pas, celle qu'il
leur a vendue, elle coûte 0,11 $ le kilowattheure.
Nous avons reçu un mémoire de
M. Jean-François Blain, qui a fait les calculs de qu'est-ce que ça nous
coûte, juste le 2 500 mégawatts que M. Fitzgibbon a distribué en
18 mois. Eh bien, la première année, c'est 190 millions, la deuxième, 387, en 2026, on est rendus à
600 millions, etc. On dépasse le milliard déjà en 2028. Sur 20 ans,
d'ici 2043, nous aurons... ça nous
aura coûté, cette décision de 18 mois, 22 milliards de dollars, coûté
22 milliards de dollars, c'est-à-dire que cette électricité-là nous
aura coûté à produire 43 milliards de dollars, et nous allons assumer
collectivement une perte de 22 milliards de dollars.
Il y a
d'autres manières avec lesquelles notre facture d'électricité va augmenter avec
ce projet de loi, M. le Président, c'est
que ce projet de loi ouvre plus grand, grand la possibilité du privé de vendre
au privé, la possibilité du privé à vendre au privé. Donc, avant ça, on
avait le droit à de l'autoproduction. Il y avait aussi la possibilité, donc,
d'autoproduire non pas juste sur son
terrain, mais sur un terrain adjacent. Nous allons... Nous avons vu,
d'ailleurs, avec l'ancien ministre, M. Fitzgibbon, à quel point le
mot «adjacent» est élastique. Il est élastique de 200 kilomètres carrés,
M. le Président, dans Shawinigan,
là où TES Canada s'est installée. Mais là, en plus de ça, nous allons nous
retrouver avec des ventes du privé au privé.
J'ai posé la question à M. Sabia :
Est-ce que ces ventes-là font partie de l'énorme projet que nous a proposé Hydro-Québec
d'ici 2050? Et la réponse, c'était non. Les 180 térawattheures que nous
devons produire d'ici... annuellement de plus d'ici 2050 ne contiennent pas les
ventes du privé au privé. Et vous me direz : Mais pourquoi ça va nous
coûter cher? Bien, ça va nous coûter cher de deux manières différentes, M. le
Président. D'abord, évidemment, c'est des revenus qu'Hydro-Québec n'aura pas
parce que c'est des revenus qui s'échangent du privé au privé, mais pas
seulement, il y a aussi le fait que nous allons engager des dépenses
pharaoniques pour le projet d'Hydro-Québec et que
les revenus dépendent, c'est-à-dire que nous pouvons engager tous ces... toutes
ces dépenses-là et se retrouver à ne pas vendre toute l'électricité que
nous avions prévue.
Il y a
quelques mois, Hydro-Québec a annoncé des investissements pour ajouter des
gros câbles, 5 000 kilomètres de câbles de très haute tension — 5 000 kilomètres,
là, c'est pratiquement entre ici et Paris — pour un coût qui oscillerait entre... de 45 à 50 milliards de dollars.
Imaginez, là, que, tout d'un coup, on se retrouve avec des productions du privé
au privé et avec des câbles qui sont
sous-utilisés, imaginez tous les milliards qu'on aura mis. Le projet d'Hydro-Québec, là, il va accaparer 20 % de la main-d'oeuvre qui travaille
dans la construction de tout le Québec. Si on se trompe dans les calculs, ça va nous coûter une fortune, et
malheureusement l'histoire nous a montré qu'Hydro-Québec pouvait se
tromper dans ses calculs.
Comme si ça ne suffisait pas, M. le Président,
ce projet de loi ouvre la porte à ce qu'Hydro-Québec puisse même se départir de
ses barrages, parce qu'il y a une limite, aujourd'hui, à 50 mégawatts pour
pouvoir avoir un barrage qui appartient au privé, cette limite-là va monter à
100 mégawatts, M. le Président. Il y a une liste ici, devant moi, qui nous a été aussi fournie pendant les
consultations, où il y a toutes sortes de barrages qui sont... dont la
puissance est inférieure à cinq
mégawatts... à 100 mégawatts, il y en a 13, exactement, et
rien ne va empêcher Hydro-Québec de se départir de ces barrages une fois
que le projet de loi va passer.
Il faut
comprendre, M. le Président, que j'ai posé la question à M. Sabia :
Est-ce que vous comptez vous départir de ces barrages? Et la réponse a
été : Bien non, ce n'est pas dans nos plans, pas tout de suite. Bah! Ça,
ça veut dire, évidemment, que ça peut
très bien devenir dans les plans à un moment, mais ça veut aussi dire que le
prochain P.D.G. pourra très, très bien faire ça. Et, comme nous l'avons
démontré tout à fait au début, bien, à chaque fois qu'une installation, une
infrastructure de production
électrique sera au privé, bien, ça va nous coûter plus cher. Et je vous
avouerai que cet entêtement idéologique, idéologique, de garder, de
développer la production d'électricité privée dans un espace où il y a un
monopole naturel de l'État, où ça nous coûte
une fortune de faire du privé au privé... et cet entêtement idéologique
m'impressionne. Et il est ancré,
hein? Il a commencé avec le Parti
québécois du temps de M. Landry
et M. Bouchard. Il a été développé encore plus du temps du Parti
libéral. Le Parti québécois, ensuite, avec Marois, etc. Et maintenant, avec la
CAQ, nous assistons carrément à une
déréglementation du secteur pour aller encore plus loin. Chacune de ces
étapes-là nous a coûté cher, et en contradiction avec l'histoire
profonde qui est la nôtre, cette magnifique histoire qu'est la création d'Hydro-Québec
comme un joyau, comme une richesse commune
qui nous assure d'avoir l'électricité moins chère et non pas qui nous assure de
financer le privé.
• (16 h 20) •
Alors,
en plus de tout ça, nous avons reçu toutes sortes de groupes de pression, de
grands industriels, de chambres de commerce, de représentants du
patronat qui nous ont dit : L'interfinancement, il va falloir l'enlever
graduellement. Et d'ailleurs le projet de loi ouvre la porte... la possibilité de
changer les règles du jeu face à l'interfinancement. Ça, ça veut dire que ces industriels nous ont proposé
que la facture des Québécoises et Québécois augmente plus vite que celle
des industriels ou que celle des PME. C'est
ça qui nous a été proposé. Avouez, M. le Président, qu'ils ont du front, ils
ont du front.
L'autre
chose, aussi, qui va faire que nos factures vont augmenter — vous
comprenez qu'il y en a vraiment beaucoup, des raisons pourquoi nos
factures vont augmenter — c'est
que la grande majorité de la nouvelle électricité qui va être construite, donc les fameux
180 térawattheures annuels qu'Hydro-Québec
voudrait construire dans les
26 prochaines années, vont aller à l'industrie. Or, si
l'électricité patrimoniale est partagée de manière proportionnelle sur la
totalité de la production d'Hydro-Québec, bien, plus ça va, moins les consommateurs d'électricité particuliers,
les citoyennes et citoyens québécois,
vont avoir accès à l'électricité patrimoniale en proportion de leur
consommation. Ça fait que ça, c'est pour le coût.
Si je résume, ça coûte cher parce qu'on verse
des dividendes au privé, parce que, quand le privé se finance, bien, ça lui coûte vraiment plus cher que le
public, parce que, tout simplement, leur taux d'intérêt au privé est supérieur
à celui d'Hydro-Québec. Ça va nous coûter cher parce que, quand on vend du
privé au privé — c'est
ce que permet ce projet de loi là — bien,
Hydro-Québec se prive de revenus et peut aussi avoir créé des infrastructures
qui sont trop grosses par rapport aux
besoins finaux qu'on va avoir pour décarboner et dont le coût va être partagé
sur les factures des Québécoises et Québécois, donc ça n'aura pas le
choix d'augmenter. Ça va coûter plus cher aux Québécoises et aux Québécois parce que la proportion d'électricité nouvelle qui
va être utilisée pour les industries et les PME est supérieure à celle qui va être utilisée pour les citoyens, et donc on va
diluer l'électricité patrimoniale, qui est celle qui coûte le moins cher dans
la facture des Québécoises, des Québécois, et évidemment on se retrouve dans
cette situation qui est vraiment malheureuse.
Maintenant,
j'ai parlé des questions des factures des Québécoises et Québécois, il y a deux
autres sujets qui sont importants à
aborder : il y a la question climatique, écologique et la question
démocratique. Commençons par la question écologique.
Tous les gens qui sont venus nous voir, M. le
Président, nous ont dit à peu près la même chose, c'est que la transition
énergétique se bâtit sur trois piliers essentiels : l'efficacité, la
sobriété et la production d'énergie propre. Ces trois piliers-là sont essentiels à la réussite. On en enlève un et on ne
réussira pas. Ce projet de loi au complet est basé sur plus de production d'énergie, rien sur la
sobriété, rien sur l'efficacité, rien. Ce projet de loi ne contient même pas
une ligne pour dire que la carboneutralité en 2050 est un objectif. Ça
fait qu'on pourrait très, très bien faire tout ce qu'il y a dans ce projet de loi et se retrouver non pas à
diminuer, mais à augmenter nos gaz à effet de serre, car ce projet de loi ne
diminue pas un litre d'essence sur nos routes. Il ne fait rien de ça.
C'est une ancienne manière de voir les choses qui date des années 70, 80, 90, qui est «drill, baby,
drill», mais version électrique. Pourtant, l'efficacité, c'est important, et
sans l'efficacité, il n'y aura pas... Quels sont les objectifs
d'efficacité? Il n'y en a pas. La sobriété non plus.
Je rappelle
ce que c'est, hein, parce que les gens confondent souvent les deux. L'efficacité,
c'est tout simplement passer d'une... je ne sais pas, moi, d'une Honda
Civic à essence à une Honda Civic électrique, parce que les voitures
électriques sont à peu près 40 % plus efficaces, évidemment, en plus du
fait qu'elles produisent moins de gaz à effet de serre. La sobriété, c'est de
passer d'un Hummer à un vélo électrique, par exemple. Ça, c'est faire preuve de
sobriété, c'est-à-dire non pas juste faire la même chose de manière efficace,
mais, évidemment, en faire aussi moins, parce que notre planète ne peut pas continuer à soutenir le rythme de nos
développements tels qu'ils ont été conçus depuis, disons, les
50 dernières années surtout.
Et c'est d'autant plus important, M. le
Président, c'est que, dans le projet d'Hydro-Québec, qui est à peu près le seul plan qu'on a, hein, qui n'est pas le plan
du gouvernement, dans le projet d'Hydro-Québec, on nous dit : Hydro-Québec,
en 26 ans, va produire
180 térawattheures, 180 térawattheures en 26 ans. Pour vous
donner une idée, pour vous donner une idée,
le complexe de La Romaine, qui est, donc, composé de quatre barrages,
produit 8,5 térawattheures, 8,5 térawattheures. Ça nous a pris 11 ans, de produit ça. Ce
qu'on nous dit, là : En équivalent complexe de La Romaine, nous allons
produire, tenez-vous bien, plus de
20 fois le complexe de La Romaine, plus de 80 équivalents au barrage du
complexe de La Romaine en 26 ans. On va faire ça en 26 ans,
alors que le complexe nous a pris 11 ans à produire, à construire, M. le
Président. Moi, j'ai posé la question à des
spécialistes, dont M. Mousseau, par exemple, pour lui dire : Mais les
chances d'y arriver sont de combien, là? Elles sont nulles. Il n'y a pas
un ingénieur qui pense sérieusement qu'on a la moindre chance de réussir un
projet aussi ambitieux. Donc, dans les faits, nous savons que nous n'allons pas
réussir à produire autant d'électricité,
autant commencer là où on sait qu'on a... que chaque dollar investi est un
gain, qui est les dollars de l'efficacité et, évidemment, les changements de comportement qui entourent la
sobriété énergétique. Or, dans ce projet de loi, il n'y a rien.
• (16 h 30) •
Ce projet de loi, donc, ouvre la porte à la
privatisation, ne parle pas de sobriété, ne parle pas d'efficacité, mais il ne
nous dit pas pourquoi, car ce projet de loi arrive avant le plan. Ce projet de
loi nous dit : Attention, j'ai mis dans le
projet de loi que je dois planifier. Aïe! Depuis quand on a besoin d'un projet
pour planifier, M. le Président? C'est quand même incroyable. C'est quand même incroyable. C'est incroyable. Je vous
dis, vraiment, moi, ça fait juste deux ans que je suis élu, là, c'est
comme... c'est surprise après surprise, mais celle-là, elle est grosse, quand
même. On ouvre la porte à la privatisation.
On est sûrs d'une chose, c'est que les factures des Québécoises et Québécois
vont augmenter. On est sûrs d'une
chose, c'est que les piliers les plus importants de la transition, qui sont
l'efficacité et la sobriété, ne sont pas présents, mais on n'a pas de plan. On
ne vous dit pas pourquoi. On vous le dira plus tard, dans un an, dans deux ans,
faites-nous confiance. Vraiment, vraiment, on va faire confiance?
Moi, le
premier projet de loi sur lequel j'étais, c'était le projet de loi n° 2.
Le projet de loi n° 2, M. le Président, visait à bloquer les augmentations de tarifs
d'Hydro-Québec de 3 %. O.K., dans le projet, le ministre Fitzgibbon, à
l'époque, là, il rajoute une section pour
dire : À partir de maintenant, tous les projets de 100 mégawatts et
plus, ils vont passer sur mon bureau pour être autorisés, sur mon bureau pour
être autorisés. À l'époque, je me souviens, moi, je venais d'une institution financière publique. Les questions de
gouvernance, pour moi, étaient juste évidentes. Et puis évidemment les
questions de gouvernance à l'Assemblée nationale, dans nos projets de loi, dans
nos ministères, pour moi, étaient juste évidentes, qu'il fallait les respecter.
Imaginez, M. le Président, ne pas avoir accès à
l'électricité en 2024, là, c'est avoir le pouvoir de vie ou de mort sur les industries. Cinq mégawatts, là, c'est
n'importe quel projet d'extension, d'agrandissement, d'amélioration
d'efficacité, d'ouverture d'une nouvelle compagnie. Tout ça, ça déploie cinq
mégawatts. Bien, il y a quelqu'un, un homme, là, pas une administration, un homme, là, qui s'est donné le
droit lui-même de dire : Toi, oui, toi, non, toi, je te le donne, toi, je
ne te le donne pas. Il se gargarisait, hein : Ah! j'ai reçu 10, 20,
30, 40, 50 projets, c'est moi qui décide.
Les critères, vous ne les avez pas vus, M. le
Président. Vous ne les avez pas vus parce qu'ils ne sont pas publics. On se demande s'ils sont écrits quelque part. Ils
sont peut-être là, dans la tête du ministre. Le processus, dans une gouvernance
normale, c'est qu'il y a quelqu'un qui
définit les critères et une autre personne qui regarde si les critères sont
rencontrés ou pas. Ça, c'est un processus normal, sans compter, évidemment, que
et les critères sont publics et les résultats de l'analyse sont publics.
Donc, une compagnie qui arrive, fait une
demande, quelqu'un d'autre avait fait les critères, on les regarde, on dit : Oui, O.K., oui, non, est-ce que ça
participe à la diminution de gaz à effet de serre, est-ce que ça participe à
créer de la richesse, à créer de l'emploi, etc. On a un certain nombre
de critères, voici pourquoi, évoluer... Et puis, à la fin, on dit : Bien
là, on ne vous donne pas l'électricité ou on vous donne l'électricité pour telle
ou telle raison. Rien de tout ça! Pas même
une procédure d'appel, vous êtes refusé, votre compagnie va mourir, votre
industrie ne survivra pas, vous n'avez pas de procédure d'appel. Wow!
Wow! Et là on nous dit : Faites-nous confiance. Il n'y a pas de plan. Il
n'y a pas de plan, mais faites-nous
confiance, ouvrons la place à la privatisation. Vraiment? Vraiment. Il faut
avoir du front. Il faut avoir du front, M. le Président.
Ça fait que,
d'un point de vue démocratique, on repassera, deux semaines, deux semaines, six
jours pour écouter des groupes, avec
un exercice auquel on commence à s'habituer, mais, je dois avouer, sur un
projet aussi important, c'est quand
même quelque chose, une sous-sous-sous-représentation des groupes écologiques,
des syndicats. Vous vous imaginez, Greenpeace
n'était pas là. On a dû se battre même pour avoir le front commun où tout le
monde est. L'IRIS n'était pas là. Le
syndicat d'Hydro-Québec n'était pas là, imaginez, imaginez. C'est ça, le
grand débat sur la suite de l'énergie au Québec? Imaginez.
Et là on nous dit : Faites-nous confiance,
mais oui, on aime la démocratie, etc., faites-nous confiance, ouvrons la place
au privé, ouvrons la place à avoir plus... plus de frais, des factures plus
élevées, ouvrons la place à moins de prévisibilité pour les industries. Parce
que la ministre, elle pourrait, là, corriger la situation du manque de
gouvernance totale sur qui reçoit de
l'électricité ou qui ne la reçoit pas. Il n'y a aucune, aucune volonté de faire
ça. Aïe, aïe, aïe! C'est quelque
chose pareil. C'est quelque chose pareil. On a l'impression que les rapports du
GIEC n'existent pas. On a l'impression d'être encore bloqués dans des
raisonnements des années 80, M. le Président.
Le dernier... La dernière chose que je voudrais
aborder, c'est un conseil, en fait, à la ministre. Je sais que c'est quelqu'un qui travaille très fort. Je sais que
c'est quelqu'un qui sait bien s'entourer. Je l'implore vraiment de commencer
à travailler tout de suite avec des partenaires pour avoir un véritable plan,
avec des échéanciers, où il y a un moment où
on a consommé tant de pourcentage de moins d'essence ou un moment où on a
déplogué tel pourcentage de moins de gaz fossile, où il n'y aura plus de
mazout. Et, comme ça, les courbes, d'un côté, descendent et, de l'autre,
augmentent. Parce qu'à date, là, c'est d'une opacité incroyable.
Je vous ai
dit, M. le Président, tout à l'heure, que le 180 térawattheures
représentait plus de 20 fois La Romaine, le
180 térawattheures qu'on doit produire en 26 ans. Mais pourquoi, en
fait, on a besoin des 180 térawattheures? Est-ce que vous avez vu l'analyse qui nous explique à quel point c'est
important de doubler la taille d'Hydro-Québec? Mais moi, je ne pense pas
que vous l'avez vue, M. le Président, parce que personne ne l'a vue. On a eu un
premier ministre qui est sorti à un moment, il a dit : J'ai besoin de
50 % de plus d'Hydro-Québec. Puis ensuite il y a eu une étude de Dunsky
qui a dit : Bien, 66 % de plus. Puis ensuite il y a Hydro qui est sortie,
qui a dit... On a l'impression que c'est... c'est la bourse, là, c'est... un jour ça monte, un jour ça descend. En fait, ça
ne fait que monter. C'est juste que c'est des coûts, tout ça, là, c'est
180 milliards de dollars. Si on capote, là, parce qu'il y a un
4 milliards de déficit structurel dans nos... dans nos budgets, là
on s'apprête à dépenser 180 milliards en 26 ans.
Eh bien, moi, je vous dis, honnêtement, je ne le
comprends pas, le 180 térawattheures. Je ne l'ai pas vue, la... l'équation, et je ne la comprends pas. Je ne la
comprends pas et puis je vais me permettre, j'ai un peu de temps, de développer
un peu pourquoi.
Aujourd'hui, là, il y a 50 % de l'énergie
qu'on consomme qui est électrique, donc, dans l'extrême majorité, électrique
verte, qui ne produit pas de CO2, et l'autre 50 %, c'est du
fossile. C'est beaucoup le transport, évidemment, avec l'essence, mais pas seulement, le gaz fossile, etc. Si on prend le
50 % qu'on consomme qui est du fossile et qu'on le transforme au complet en électrique, bien, l'électrique
est plus efficace que l'essence, c'est-à-dire qu'il consomme moins de
joules. Une voiture électrique est beaucoup plus efficace qu'une voiture
thermique, d'ailleurs, qu'on appelle, pas par
hasard, c'est parce qu'il y a beaucoup de perte d'énergie. Une voiture, ça
chauffe. Cette chaleur-là, on la perd, n'a aucun intérêt. Il y a toutes sortes de choses comme ça qui font que, quand on
passe à l'électrique, bien, on consomme moins de joules, moins
d'énergie. Ça fait que, bon an, mal an, là, on est 50 % plus efficaces
sans faire d'effort.
• (16 h 40) •
Ça fait que,
là, ça, vous me direz : Bien, ça, c'est un demi-Hydro-Québec. Mais on est
quand même capables d'être plus
efficaces. On est capables d'isoler des murs pour consommer moins
d'électricité. On est capables de changer ce que le ministre de l'Économie de l'époque appelait des
grille-pains, là, les fameuses plinthes pour mettre des thermopompes. On est capables de mettre des meilleurs procédés
qui nous permettent de consommer moins d'électricité. On est capables
aussi de construire du transport en commun pour ne pas remplacer chaque voiture
à essence par une voiture électrique. On est
capables d'avoir une deuxième... à la place d'avoir une deuxième voiture, avoir
une voiture électrique et un vélo électrique.
On est capables de faire bien des choses qui font qu'on est capables de
consommer moins. Donc, si on oublie les
nouvelles choses, si, juste, on carboneutralise tout ce qu'on a chez nous et
qu'on s'applique, par exemple, les objectifs d'efficacité que l'Allemagne s'est donnés, bien là, tout d'un coup, on
est à 8 %, 10 % de plus de consommation... 10 % de plus.
Là, ce qu'il nous
propose, c'est une augmentation de 100 %. Il nous propose un projet de loi
qui est basé sur cette augmentation-là. On ne l'a pas vue, l'analyse, on ne
sait pas pourquoi on a besoin d'autant d'électricité. On ne sait même pas si ça
diminue nos consommations d'énergies fossiles, on ne sait même pas si ça
diminue nos gaz à effet de serre. En fait,
on est sûrs qu'on serait même capables d'augmenter les gaz à effet de serre
avec un tel projet de loi parce qu'il ne règle pas les problèmes
frontalement. Il ne se donne pas des règles du jeu qui permettent de s'assurer
de baisser les gaz à effet de serre.
Ça
fait que j'espère de tout mon coeur que la ministre va entendre raison et
écouter tous les groupes qui sont passés pour leur dire : S'il vous
plaît, là, présentez-nous un plan, on veut rentrer en dialogue avec ce plan-là.
Les industriels, les PME, les groupes
écologiques, les groupes citoyens, les groupes de défense des consommateurs,
les maires et mairesses, nous devons
penser cette transition ensemble, car elle n'est... ne peut pas être simplement
une augmentation de production, là.
C'est un changement de notre société, cette transition énergétique. C'est un
changement de paradigme. Et c'est la seule condition qui pourra faire, un, que ce soit une réussite, mais que ce
soit une réussite aussi parce qu'il y aura de l'acceptabilité sociale. Car, sans démocratie, il n'y aura pas d'acceptabilité
sociale. Sans justice, il n'y aura pas d'acceptabilité sociale, parce
qu'il va falloir de la justice climatique.
Aujourd'hui, là, le
50 % le moins nanti au Québec, là — il n'est pas pauvre, là,
50 %, là — 4 millions
et demi de personnes produisent en moyenne cinq tonnes de CO2 par
personne. Le 1 % le mieux nanti en produit 97. On parle beaucoup de la moyenne qui est à neuf, là. Si le
50 % le mieux nanti produisait autant de CO2 que le
50 % le moins nanti, on aurait déjà atteint nos objectifs de 2035.
À
qui allons-nous demander des efforts? Ce projet de loi n'y répond pas. Il n'y
répond pas. Or, sans justice climatique, il n'y aura pas de transition
climatique, car il y aura résistance, et résistance à juste titre, et
résistance à juste titre.
Aïe,
aïe, aïe! C'est... C'est triste. Nous avons attendu ce projet de loi vraiment
longtemps, vraiment longtemps, et nous nous retrouvons devant ce projet
de privatisation qui n'est pas un projet de transition énergétique. Et donc,
pour toutes ces raisons, M. le Président,
nous allons, avec beaucoup de tristesse, voter contre ce principe, car le
principe n'est pas le bon. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Maurice-Richard.
Je vous informe qu'un
débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat
portera sur une question adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur concernant le laxisme du gouvernement caquiste
en matière de rémunération des stages.
Nous
poursuivons toujours sur l'adoption du principe du projet de loi n° 69, et
je reconnais maintenant M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Merci, M. le Président.
J'aimerais commencer par remercier toutes les Québécoises, tous les Québécois,
tous les organismes qui ont participé à ce qui a tenu lieu de débat public
jusqu'à maintenant sur le projet de loi n° 69. Je vais y revenir. Ce n'est pas le débat public que nous espérions, ce
n'est pas le débat public dont nous avions besoin avant d'aborder le
projet de loi n° 69, mais beaucoup de personnes sont
venues notamment en consultations particulières. Il y a 75... 74 mémoires déposés aujourd'hui, donc, de gens qui ont pris la
peine de nous écrire. Que ces personnes sachent qu'elles ont été lues.
Nous avons eu près d'une quarantaine d'organismes et de personnes qui sont
venus témoigner en consultations particulières, et je voudrais les remercier.
Je déplore déjà que
ces consultations avaient un objectif très limité. Chaque personne, chaque
organisation arrive, a 10 minutes pour présenter son point de vue et
ensuite pour répondre aux remarques des députés. Ce n'est pas la nature, donc, de la consultation qu'on
attendait parce que ça ne permet pas à ces intervenants d'eux-mêmes poser des
questions, de proposer, de dialoguer. Alors,
je vais y revenir. Mais, quand on dit que ce n'était pas la consultation
attendue, c'est ça.
Néanmoins... Et, en
plus, les personnes qui sont venues sont venues par choix du gouvernement.
C'est le gouvernement qui a décidé qui allait venir et qui n'allait pas venir.
Et il y a beaucoup de gens qui ont demandé à être entendus et dont la demande
n'a pas été acceptée. Mon collègue de Maurice-Richard l'a mentionné, mais on a
été stupéfaits d'entendre que les
travailleurs d'Hydro-Québec, les artisans du secteur de l'énergie, ceux qui
sont au coeur de tous les sujets dont on parle n'ont même pas été convoqués. Ce
n'est qu'une illustration, mais il y a plusieurs organisations qui ont une grande expertise, qui ont des points
de vue qu'on devait entendre et qui n'ont pas été invitées. Mais néanmoins
je remercie tous celles et ceux qui ont pris la peine de dialoguer avec nous.
J'aimerais remercier
la ministre. Elle a commencé sur les chapeaux de roues son nouveau mandat. Elle
venait d'être nommée. Je sais que ça n'a pas
été facile pour elle d'arriver dans un train en marche, je la remercie, de même
que toute l'équipe du ministère qui a participé à la présentation... à la
préparation du projet de loi. Et je remercie aussi mes collègues, bien, en fait, les collègues députés
des banquettes gouvernementales et tous mes collègues des groupes d'opposition.
Je pense qu'on a travaillé avec sérieux, malgré nos grandes réserves sur ce
projet de loi n° 69.
Projet de loi, en effet, annoncé en
grande pompe par le gouvernement depuis longtemps, qui devait donner beaucoup
de réponses aux nombreuses questions qu'on pose depuis des semaines, des mois,
des années à ce gouvernement, à savoir : Mais où va-t-on avec l'avenir énergétique, économique et même social du
Québec? Et on nous a présenté, donc, le projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives. M. le Président, le ver est déjà
dans la pomme du titre parce qu'on nous parle de gouvernance responsable, et il y a plusieurs problèmes, dans ce projet de
loi là, qui sont justement des problèmes de gouvernance. Le processus qui
a mené à la présentation du projet de loi est un problème de gouvernance. Et ce
qu'on retrouve dans ce projet de loi, c'est
un problème de gouvernance. Alors, c'est un petit peu ironique qu'on nous dise
que c'est une loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques du Québec.
Mon
intervention va se concentrer sur trois points principaux, M. le
Président : la question de la facture d'électricité pour les Québécoises
et les Québécois, la question de la privatisation et la question de la
planification, donc de la gestion, de la façon dont le gouvernement a
présenté ce projet de loi.
D'abord,
sur la question de la facture d'électricité — parce que c'est celle qui concerne 9 millions
de Québécoises et des Québécois, qui veulent savoir qu'est-ce qui va se passer
avec leur facture d'électricité — qu'est-ce
qui va se passer avec cette facture,
dans le contexte où, à partir de la création d'Hydro-Québec, en 1944, mais
surtout à partir de la nationalisation
de l'électricité, en 1962, on a fait d'Hydro-Québec, on a fait du secteur de l'énergie, la colonne
vertébrale de l'économie du Québec? On a fait d'Hydro-Québec, du secteur
de l'énergie, un instrument d'émancipation, de libération du peuple québécois à
travers cet outil fort qui a démontré notre génie. Parce que, M. le Président,
il faut se souvenir qu'au début les gens ne croyaient pas aux Québécois. Quand
Jacques Parizeau et d'autres ont dit : Nous allons construire les plus
grands barrages de la planète et nous allons devenir des géants de la
production d'électricité, ils ont fait rire
d'eux à Toronto. Les gens ne voulaient pas leur prêter de l'argent. On leur
disait : Bien non, vous êtes trop petits, vous êtes habitués à un
petit pain, vous ne pourrez pas faire ça. Jacques Parizeau et tout ce
groupe-là, ils sont allés à New York pour
emprunter de l'argent, ce qu'on a eu. Et on a réussi, à travers ces actions
fortes, courageuses, à construire notre bien collectif, notre richesse
collective. C'est un symbole par excellence de ce qu'on sait faire de mieux au Québec, du génie québécois, de la force des bras
des Québécoises et des Québécois. C'est nous, Hydro-Québec, c'est à nous.
• (16 h 50) •
Et, quand on parle
des profits que génère Hydro-Québec, on parle de l'argent qui sert notamment à
payer les services publics, à faire en sorte qu'on a des services publics en
éducation, en santé, pour toutes les Québécoises et les Québécois, et j'en passe, les routes, etc. C'est de ça dont on parle.
Donc, c'est un bien commun, et il y a un pacte qui vient avec ça. Ce pacte, c'est qu'on a dit que les
Québécoises et les Québécois vont payer des tarifs abordables pour
l'électricité parce que ça fait partie, donc, du socle sur lequel on a
bâti le Québec moderne.
Donc,
qu'est-ce qui se passe avec les tarifs d'électricité? On a un gouvernement qui
fait des communications, beaucoup de communications, en nous
disant : Nous vous garantissons que vos tarifs d'électricité
n'augmenteront pas de plus de 3 % par
année, le taux d'inflation, jusqu'à un maximum de 3 % par année. Puis là
on nous dit : Tant qu'on va être là, c'est ça, la règle, 3 %. Beaucoup de communications, mais, sur cette
question-là, le gouvernement ne joue pas franc-jeu. Le projet de loi
n° 69, ce n'est pas ce qu'il dit, ce n'est pas ce qu'il prévoit, et c'est
ça, le problème, sur la question du coût de l'électricité, dire une chose,
faire son contraire.
Qu'est-ce que le
projet de loi, il prévoit? Bien, il prévoit, d'abord, qu'on retourne à la Régie
de l'énergie une série de pouvoirs et de
fonctions qu'on lui avait retirés, par décision de ce même gouvernement,
d'ailleurs. On avait édenté la Régie
de l'énergie, on s'est rendu compte que c'était une mauvaise idée, on retourne
un certain nombre de pouvoirs à la Régie
de l'énergie. Fort bien. Et donc le premier principe, c'est qu'on dit :
Sur la fixation des tarifs, c'est la Régie de l'énergie qui va avoir ce
pouvoir-là à partir de maintenant.
Mais là il y a
d'autres articles qui disent d'autres choses. Il y a l'article 130,
d'abord, qui ouvre la porte à une forme de
tarification dynamique. Bon, fort bien, on peut avoir un débat sur cette
question-là, qui est liée à celui de la sobriété, de la transition énergétique, mais on ne l'a pas
eu encore, ce débat-là, et je vais y revenir. Mais est-ce que cette ouverture
à la tarification dynamique signifie une
augmentation des coûts d'électricité notamment pour certains ménages qui
vivent, par exemple, dans des immeubles ou dans des logements qui sont moins
bien isolés et que, pour eux, ça va être plus difficile de faire appel à
ces nouveaux mécanismes là, qui, eux, vont continuer à payer plus cher? C'est
probable, c'est possible que ce soit le cas.
Il y a aussi et
surtout l'article 75 du projet de loi. Puis c'est important de le lire
parce que, là, ce n'est pas le député de Jean-Talon qui parle, c'est le projet
de loi qui parle. L'article 75, il édicte une nouvelle loi, puis c'est la
Loi concernant un programme d'aide financière visant à limiter l'impact de la
hausse des tarifs de distribution d'électricité d'Hydro-Québec pour la clientèle
domestique. Alors, si on a un article du projet de loi, qui en contient, là,
plusieurs autres, là, qui édicte cette
nouvelle loi là qui prévoit tout un mécanisme et un programme pour gérer les
impacts de la hausse des tarifs d'électricité pour les tarifs domestiques,
comment peut-on prétendre qu'il n'y en aura pas, de telles hausses? C'est ce
que dit le projet de loi.
Le projet de loi
prévoit, pour gérer ce programme-là, la création d'un fonds, dont on peut
présumer qu'il va fonctionner comme suit, M. le Président. Le projet de loi
semble nous dire : Il va y avoir une augmentation du coût de production de l'électricité jusqu'à x, y, mais peut-être
qu'on va vouloir le limiter, dans la facture des clients d'Hydro-Québec,
à un pourcentage x. Néanmoins, il va y avoir une hausse plus importante et là
il va falloir compenser cette hausse-là. Et, pour compenser cette hausse-là,
c'est là que vient, qu'arrive ce fonds dont on parle, le Fonds d'aide à la
clientèle domestique d'Hydro-Québec, affecté au versement des sommes
nécessaires à Hydro-Québec pour l'administration du programme dont on vient de
parler.
Et là, plus loin, dans le projet de loi, on le
dit, qui va payer pour ce fonds-là. Qui va payer, M. le Président? Les contribuables, M. et Mme Tout-le-monde. Donc,
M. et Mme Tout-le-monde vont payer plus cher pour un fonds qui va servir à compenser la différence entre le réel coût de
production de l'électricité et celui auquel on voudrait le maintenir éventuellement. C'est donc dire que, le projet de
loi, ce qu'il dit clairement par ce fonds-là, c'est que les contribuables vont
finir par payer plus cher.
Nous, on a vu
ça dans le projet de loi, donc j'ai demandé à plusieurs organisations ce qu'ils
en pensaient. Est-ce que ça veut
dire... Je leur posais toutes la... à tous et toutes la question : Est-ce
que ça veut dire qu'à la fin du compte, en fin de compte, les gens vont
payer plus cher? La Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal a
dit oui, l'Institut de l'énergie Trottier,
Polytechnique Montréal, même chose, Option Consommateurs, l'Union des
consommateurs, l'Association québécoise des consommateurs industriels,
les regroupements nationaux des conseils régionaux de l'environnement, l'Association des professionnels de la construction et
de l'habitation du Québec, la Centrale
des syndicats du Québec, le Regroupement des organismes environnementaux
en énergie, Jean-François Blain, analyste du secteur de l'énergie m'ont tous dit la même chose. Il y a même un expert qui a
dit, je le cite, que «c'était un stratagème comptable et financier qui nous était proposé par le projet
de loi». Pour ne pas dire que, oui, la facture d'électricité va grimper. Mais
c'est le cas, ça va arriver.
Il y a
d'autres, aussi, qui l'ont dit, mais d'une autre façon, en parlant de
l'interfinancement. La fédération de l'entreprise indépendante, le conseil... le Conseil patronal de
l'environnement, le Conseil du patronat du Québec aussi l'ont dit, ils disent :
On salue le fait que le projet de loi prévoit
la fin de l'interfinancement. Puis là ils demandent qu'il y ait moins
d'interfinancement. De quoi s'agit-il, M. le Président, qu'est-ce que ça
veut dire, «l'interfinancement»? Ça, c'est un bon...
c'est un beau mot pour parler de ce pacte que j'évoquais tout à l'heure, M. le
Président, c'est-à-dire qu'on a décidé que les tarifs d'électricité
allaient rester abordables pour les foyers. Et ça veut dire que l'industrie et
les entreprises paient une part différenciée aussi des coûts globaux de
production d'électricité au Québec. C'est ça, l'interfinancement. Alors, quand on a des entreprises puis quand on a
une industrie qui saluent la fin de l'interfinancement et qui mentionnent
la création du programme pour compenser les effets de la fin de
l'interfinancement pour les foyers, c'est ça que ça veut dire. Ça veut dire que M. et Mme Tout-le-monde, que les clients
résidentiels vont payer plus cher. Alors donc, ça, c'est le premier problème principal, pour nous, de
ce projet de loi là, sur la question, donc, du coût de la facture
d'électricité.
Et tout ça, c'est lié à l'ensemble des choix du
gouvernement, dont on sait peu de choses. Je vais y revenir à la fin sur cette question-là, sur la planification et
le plan du gouvernement. Mais qu'est-ce que le gouvernement nous a dit,
avant de présenter le projet de loi n° 69, sur ses intentions quant à
l'interfinancement, sur ce pacte fondateur de la nationalisation de
l'électricité, qu'est ce qu'il nous a dit sur la part, donc, des foyers
résidentiels par rapport à ceux des entreprises...
à celle... à la part des entreprises, des PME, par rapport à celle de
l'industrie? Ça a été au coeur des consultations particulières, mais on
n'a pas eu la vision du gouvernement.
• (17 heures) •
Ici, on l'a
entendu en Chambre : Oui, bon, les passe-droits, les tarifs préférentiels
pour l'industrie, «basta!», a dit la ministre. Mais c'est beau comme slogan
ici, à l'Assemblée nationale, mais ça vient avec tout un plan global sur la
gestion des tarifs pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois, notamment
les foyers, mais aussi les entreprises, les PME et les industries. Ça a
des impacts, les choix du gouvernement qui sont différenciés. Il y a beaucoup
des gens des PME qui sont venus nous
dire : Oui, mais là, pendant qu'on a protégé les tarifs ici et là, bien,
nous, les PME, nos tarifs ont monté, puis pourquoi cette préférence-là,
notamment pour des entreprises étrangères par rapport à des entreprises
québécoises? Bonne question.
Ensuite, il y a beaucoup d'organisations...
certaines organisations, on aimerait... on aurait aimé qu'il y en ait beaucoup
plus, mais certaines organisations sont venues nous parler au nom des foyers,
au nom des personnes qui sont en situation
de vulnérabilité, au nom des personnes qui ont de la difficulté à trouver leur
voix dans un débat comme celui-là, nous rappelant qu'on était loin de
nos objectifs sur l'efficacité énergétique, sur l'isolation des maisons
québécoises, sur des programmes d'efficacité
d'énergie. Mais ils nous ont dit : Attention, parce que ce qu'on voit dans
ce projet de loi là pourrait faire encore plus mal aux personnes les
plus vulnérables au Québec, et ça, c'est un pensez-y-bien pour le gouvernement
et pour nous toutes et tous, comme députés.
Toute la question de la sobriété et de la
décarbonation, là non plus, on ne sait pas exactement... bien, je dis
«exactement», on ne sait pas quel est le plan du gouvernement, quelles sont nos
cibles, qu'est-ce qu'on a retenu des études,
des analyses les plus récentes qui ont été déposées sur ces questions-là.
Est-ce que, vraiment, on a besoin d'une telle augmentation de la capacité de production ou est-ce qu'on ne voudrait
pas plutôt travailler sur notre efficacité énergétique, y compris du
côté industriel? Est-ce qu'on n'a pas procédé à l'envers en allant vendre notre
électricité pas chère à l'étranger, et en récoltant tout un paquet de projets,
puis en disant : Ah! bien là, maintenant, il faut répondre à cette
demande-là puis donc il faut produire plus? Ça, M. le Président, on ne le sait
pas... ou Mme la Présidente — bonjour, Mme la Présidente — donc,
ça, on ne le sait pas.
Quelle est la part que le gouvernement veut
faire jouer sur la question de l'efficacité par rapport à la sobriété, par rapport à l'augmentation de la production? On
ne le sait pas. Quelles sont ses cibles? Comment voit-il... compte tenu des dernières données disponibles et des derniers
développements dans... notamment dans la filière batterie, que pense-t-il
des cibles qu'on s'est fixées sur le nombre
de voitures électriques qu'on veut sur les rues... dans les rues du Québec? On
ne le sait pas.
Alors, ça,
c'est sur la question, donc, et tous ces choix-là ont un impact sur la question
des tarifs pour les Québécoises et
les Québécois, et on a beaucoup plus de questions que de réponses dans le
projet de loi n° 69. Quoiqu'on a une certitude : le projet de loi n° 69,
ce qu'il prévoit, c'est une augmentation des tarifs. C'est ce que les experts
nous ont mentionné dans leurs mémoires et dans leurs réponses.
Bon, deuxièmement, la privatisation du secteur
de l'énergie, parce que, oui, le projet de loi n° 69
prévoit une privatisation du secteur de l'énergie, comment arrive-t-elle?
Différents moyens.
Il y a d'abord
l'article 38, Mme la Présidente, qui autorise les entreprises privées à
produire et à vendre de l'énergie à d'autres
entreprises privées. Bon, là, on nous dit : Bien, il va y avoir de
l'autoproduction, là-dedans, puis là tu vas pouvoir peut-être prendre
une partie de ta production, la vendre à une entreprise qui est adjacente. Très
bien. C'est quoi, une entreprise adjacente?
Est-ce que le projet qu'on nous a présenté comme le projet modèle, celui de TES
Canada, est un exemple de ce qu'on
veut faire? Parce que, si c'est ça qu'on veut faire, alors là on ouvre la porte
toute grande à la privatisation.
Parce que, là, ici, on parle d'un parc d'éolien qui est situé pas mal loin de
l'usine de production d'hydrogène, puis là à qui on voudrait vendre
cette production-là? Est-ce qu'ils sont vraiment adjacents? Est-ce que c'est le
terrain d'à côté? On ne le sait pas.
Donc, ici, il
y a une porte ouverte à la privatisation et plus de privé. Pourquoi se
priverait-on de la possibilité que ce
soit le Québec, à travers Hydro-Québec, qui vende cette énergie-là dont
d'autres entreprises ont besoin? Pourquoi on laisserait des entreprises privées la vendre à d'autres entreprises
privées? C'est une grande question philosophique qui vient contrecarrer
le principe de la nationalisation de l'électricité en 1962.
L'article 83,
par exemple, élargit les cas où l'État peut permettre l'utilisation des cours
d'eau par des entreprises privées. Donc, on donne plus de possibilités au privé
d'utiliser la force hydraulique, hein, c'est ça, l'expression, donc les
cours d'eau québécois pour produire de l'électricité, plus de privé.
Les
articles 115, 116, ça élargit les possibilités pour Hydro-Québec de vendre
des actifs de production d'énergie à
des intérêts privés. O.K., pourquoi on élargit ça? Quel est le plan
d'Hydro-Québec avec ces actifs-là? Est-ce qu'on veut plus de place pour des projets dits petits? Puis des
projets petits, ici, c'est moins de 100 mégawatts, c'est assez relatif
comme notion de petit. Il y a beaucoup d'autres mécanismes qui peuvent remettre
en question, aussi, le principe, donc, de la propriété publique du secteur de l'énergie, de la production, de la
transmission et de la distribution. Certains témoignages et certains
mémoires nous parlent de toute la question de la segmentation d'Hydro-Québec,
de la segmentation par projets de la
production, de la transmission et de la distribution, où là, il y aurait des
risques qu'on les analyse de telle sorte que ça fasse plus de place pour
le privé à chaque fois.
Une analyse sérieuse qui nous a été présentée en
consultations particulières indique que la production privée pourrait passer de
4,9 % actuellement à 19 % en 2030 si on adopte le projet de loi n° 69 tel quel. Et ça, ce qui est intéressant, c'est que, quand on se place dans cet horizon-là et qu'on
regarde ce que génère comme profits Hydro-Québec à chaque année, selon
les chiffres d'Hydro-Québec et qu'on dit qu'on veut doubler la taille
d'Hydro-Québec, ça veut dire que, dans ces années-là, on va arriver à
12 milliards par année, environ, de production par Hydro-Québec, mais là
on céderait une plus grande part au privé, et ça, selon les calculs des mêmes
experts, des mêmes intervenants, ça veut dire qu'on se priverait de
3 milliards de dollars à chaque année que le Québec pourrait produire
lui-même, mais qu'on dirait : On va
laisser ça au privé. Donc, cet argent-là, on ne l'aura pas pour nos hôpitaux,
pour nos routes, pour nos écoles, on
va laisser ça au secteur privé. Et ce qui est intéressant, c'est que ceux qui
nous... qui sont venus nous dire : Bien, ça, c'est bien, ça, plus
de place pour le privé, on leur a posé la question : Avez-vous des études
qui démontrent l'impact de la présence du
privé dans le secteur de l'énergie ici ou ailleurs dans le monde, en avez-vous,
des exemples où on voit que ça
diminue les tarifs pour les clients, les clientes, que tout est plus efficace,
que tout est tout le temps moins cher? Bien, on n'en a pas trouvé, d'exemple. À l'inverse, des études démontrent que
la privatisation, ça a un impact à la hausse pour les tarifs
d'électricité, et ça, il y en a plusieurs.
Alors, ce que les gens doivent comprendre, c'est
ce qu'on prévoit dans le projet de loi. Donc, plus de place pour le privé, ça ne veut pas dire nécessairement
des tarifs moins chers, ça veut dire, probablement, des tarifs plus chers.
Ça entretient aussi une vision qui, pour
moi, est complètement antinomique avec cette construction du secteur de
l'énergie puis d'Hydro-Québec dont je parlais tout à l'heure et dont on peut
tellement être fiers, comme Québécoises et Québécois, c'est de dire... puis ça, on l'a entendu souvent
ici de la part du gouvernement, c'est : Oui, mais, si on ne change pas ça,
si on ne fait pas plus de place au
privé, on ne sera pas capables. Ah oui? Nous, les Québécois, avec Hydro-Québec,
on ne sera pas capables? Nous sommes parmi les géants sur la planète en
matière de production d'électricité et d'électricité verte. C'est ça, la
réalité qu'il ne faut jamais oublier.
Alors, moi, je voudrais bien savoir, en 2024, ce
que les entreprises privées peuvent faire et que le gouvernement du Québec ne peut pas faire. Lever des fonds?
Hydro-Québec, dans les trois, quatre dernières années, sur le marché des
obligations, a levé
12 milliards de dollars. Trouvez-moi des entreprises qui sont
capables de faire ça en claquant des doigts. Nous avons une capacité
extraordinaire à construire, à faire des projets. Fort bien, Hydro-Québec, dans
son plan à elle, notamment sur les énergies... sur l'énergie éolienne, indique
qu'elle entend reprendre la maîtrise d'oeuvre de tous les projets à l'avenir, fort bien, et qu'il va y avoir
des partenariats avec les municipalités, avec les Premières Nations, très bien,
et avec le secteur privé, pourquoi pas, c'est déjà le cas, ça marche déjà, mais
donc avec une maîtrise d'oeuvre du Québec. Et ça, c'est extrêmement important pour nous, et ce n'est pas ce qui est
prévu dans le projet de loi. Alors, ça, c'est sur la question de la privatisation. On a des inquiétudes
parce que le projet de loi met la table pour une privatisation du secteur
de l'énergie.
• (17 h 10) •
Troisième
grande préoccupation pour nous, c'est que le gouvernement n'a pas fait ses
devoirs et n'a pas planifié avant de présenter le projet de loi n° 69. Un
très grand nombre d'intervenants sont venus nous le dire, d'ailleurs :
On ne devrait pas être ici, on ne devrait pas être en train d'analyser ce
projet de loi là parce qu'il manque plein d'étapes préalables. On a mis la charrue avant les boeufs, c'est ça qui s'est
passé. On nous présente un cadre législatif qui est très technique, qui
est très complexe, d'ailleurs, sans la vision qui devrait précéder ce cadre
législatif. On trace une route législative
sans savoir où on veut aller avec cette route-là. Le gouvernement, il ne l'a
jamais présentée, sa vision de l'avenir énergétique, économique et social du Québec. Il n'a pas consulté les
Québécois. Il n'a pas présenté sa vision, donc c'est évident... c'est
évident qu'il n'a pas consulté les Québécois.
On
a entendu le gouvernement parler à de très nombreuses reprises de la grande
consultation de l'été dernier, consultation
limitée à trois axes qui a donné lieu, Mme la Présidente, tenez-vous bien, à ce
document synthèse : Rapport
synthèse des consultations sur l'encadrement et le développement des énergies
propres au Québec, un document
de 10 pages environ. Ce n'est pas ça, une véritable consultation, et ce
n'est pas ça, un véritable plan gouvernemental.
Je le réitère, je
viens de le mentionner, Hydro-Québec nous a présenté sa vision. Hydro-Québec
nous a dit : Voici où je nous vois à
l'horizon 2035. Mais Hydro-Québec, c'est une partie de l'équation. L'autre partie
de l'équation, c'est le gouvernement, c'est de savoir où le gouvernement, lui,
veut s'en aller, où il veut amener les Québécois en matière d'énergie. Et ce qui est très intéressant, c'est
que le projet de loi insiste fortement sur l'importance capitale pour le Québec
d'avoir un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques. Les Québécois
doivent s'habituer, là, c'est le PGIRE, un nouvel acronyme dans le portrait
québécois. Et c'est bien, on dit : Il faut voir c'est quoi, nos cibles, où
est-ce qu'on veut aller. Il faut le réviser périodiquement. Mais le projet de
loi dit : C'est ça, le coeur de la question, il faut qu'on ait un plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques. Puis là on a un projet de loi qui dit : Bien, on va vous
présenter ça dans quelques années, on va y travailler, alors que
nombreux sont les intervenants qui sont venus nous dire : Mais non, il
faut présenter d'abord la vision pour savoir qu'est-ce qu'on veut faire avec le
projet de loi. Et on ne le sait pas.
Où
est-ce que le gouvernement veut s'en aller avec l'énergie? On ne le sait pas.
Qui est le pilote dans l'avion? On ne le sait pas. Ça, c'est une
question qu'on a posée à l'étude des crédits, en commission parlementaire,
quand le P.D.G. d'Hydro-Québec, Michael Sabia, est venu, quand le ministre était
là. On disait : Oui, mais là qui décide, actuellement, là? C'est la
régie? C'est le ministre? Puis là c'est le ministre avec qui, ou c'est le
P.D.G.?
Et ce qu'on a vu
aussi, c'est que, lorsqu'il y a eu un changement, lorsque le ministre, le
prédécesseur de la ministre actuelle a
démissionné, Pierre Fitzgibbon, on a vu apparaître le fait qu'il y avait des
mésententes, qu'il y avait des désaccords. On a vu les paroles se
délier. Et c'est normal parce qu'on n'a pas eu beaucoup de transparence dans
les dernières années. En fait, on n'en a pas
eu, de transparence. On a posé beaucoup de questions, on n'a pas eu beaucoup de
réponses. On a eu une gestion très personnalisée de l'avenir énergétique du
Québec. On a eu un ministre qui nous l'a dit
souvent, il parlait au «je» : J'ai beaucoup de projets, j'en ai choisi, je
les ai personnellement sélectionnés, j'en suis fier. Je rejoins mon
collègue de Maurice-Richard, qui le mentionnait, tout à l'heure, aussi, là,
c'est une... c'était une gestion très
personnelle, et c'est ça qu'on devait tenter de décoder pour comprendre où le
gouvernement s'en va en énergie. Mais ce n'est pas ça que ça prenait, ça
prenait un plan, et on ne l'a pas eu.
Quel est le modèle,
la modélisation d'Hydro-Québec, actuellement? Le fameux document mystérieux,
là, qui est celui qui fait les prédictions
de demandes d'énergie par secteur, de capacité de production avec la
pluviométrie, intéressant. On n'a pas entendu beaucoup parler de ça,
mais c'est peut-être un peu au coeur de l'affaire. Qu'est-ce qui fait qu'on est passés de prédictions de grand surplus, et
donc d'une capacité à exporter notre énergie immense, à, soudainement, une
pénurie, puis là que tout le monde cherche
les blocs d'énergie et tout le monde cherche l'énergie au Québec? Qu'est-ce
qui s'est passé en dedans de quelques années?
Bien, ces questions-là, on n'a toujours pas les réponses, puis c'est au
gouvernement de nous les donner... à Hydro-Québec, mais surtout au
gouvernement de nous les donner.
Alors
donc, résumons-nous. Le projet de loi que nous avons, actuellement, n'est pas
le projet de loi de la ministre actuelle.
Je l'ai mentionné au tout début, elle est arrivée en catastrophe, juste à temps
pour les consultations particulières. C'est le projet de loi qui a été
écrit par son prédécesseur, avec les idées de son prédécesseur, qui a dit très
clairement, notamment sur la question des
tarifs : C'est inévitable, l'augmentation des tarifs pour les
particuliers... pas sûr que c'est ça
que le projet de loi dit, malgré ce que prétend le gouvernement dans ses communications publiques. Il n'y en a pas, de garantie du
plafonnement à 3 % par année de la hausse des tarifs pour les particuliers,
il n'y en a pas. Et ceux qui se sont prononcés,
13 mémoires, au moins, d'experts, disent : Le projet de loi prévoit
que ça va coûter plus cher pour les Québécoises et les Québécois.
Deuxièmement, le
projet de loi, il prévoit une privatisation du secteur de l'énergie. Ça aussi,
l'ancien ministre nous l'avait annoncé. Il
nous l'a dit plusieurs fois : On ne sera pas capables sans ça, c'est vers
là qu'on va. Des fois, il y en avait
peut-être d'autres dans son gouvernement qui répondaient ou qui parlaient autrement,
mais c'est ça qu'ils nous ont annoncé, alors c'est ça que le projet de
loi n° 69 prévoit.
Et le projet de loi n° 69 ne nous est pas
présenté au bon moment, charrue avant les boeufs. Ce n'est pas un projet
de loi qu'on est supposés d'être en train d'étudier, c'est le plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques du gouvernement, qu'on n'a jamais vu et
sur lequel on n'a pas été consultés, avec toutes les questions fondamentales
que ça comprend, notamment pour les tarifs, notamment pour la privatisation,
mais il y a plusieurs autres questions sur lesquelles
je ne m'étendrai pas aujourd'hui, là, mais la Régie de l'énergie, ses
pouvoirs, ses fonctions, son autonomie, la gouvernance d'Hydro-Québec, qui est changée par ce projet de loi. Il y a plein
d'autres questions qu'on a à peine eu le temps d'effleurer en
consultations particulières.
Donc,
c'est un projet de loi, là... Et les Québécois doivent... J'invite les
Québécois à se rendre compte de l'importance capitale de ce projet de loi pour notre avenir, parce que l'avenir
énergétique, il est intimement lié à notre avenir économique, qui est
intimement lié à notre avenir social. On parle du joyau des entreprises d'État
québécoises, Hydro-Québec, c'est de ça dont
on parle. Et on nous a présenté un projet de loi qui ne repose sur aucune
vision, sur aucun plan sur lequel les Québécois
auraient pu se prononcer. On demande donc de nouveau à la ministre de retirer
ce projet de loi et de retourner faire
ses devoirs. Vous allez donc comprendre que nous allons voter contre le
principe du projet de loi n° 69. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous allons poursuivre sur le projet de loi
n° 69. Alors, je suis prête à céder la parole au prochain
intervenant. Mme la députée des Mille-Îles, à vous la parole.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, je vais commencer au même point que le collègue le député de Jean-Talon a terminé, en disant que
nous aussi, nous demandons de retourner à la table de dessin, de recommencer le travail, de mettre une pause et
aussi que nous voterons contre le projet de loi. Donc, je commence ainsi.
Maintenant,
je vais peut-être au moins saluer les collègues qui ont participé aux
consultations particulières, notamment le député de Jean-Talon, mais la
ministre aussi. Et je veux saluer les groupes qu'on a entendus. Ce n'est pas rien, Mme la Présidente, on a entendu
37 groupes en consultations particulières, et ça, c'est sans compter qu'il
y a de nombreux groupes qui auraient
souhaité être entendus, mais, malheureusement, qui n'ont pu l'être parce que le
gouvernement a souhaité limiter le nombre de groupes qui étaient
entendus. Et je vais souligner, par exemple, Greenpeace, qui a fait plusieurs démarches pour tenter d'être entendu,
qui considérait que c'était l'avenir du Québec qui était en jeu avec ce projet
de loi là. Ils auraient aimé pouvoir s'exprimer, malheureusement ça n'a pas été
possible pour eux. Et on a aussi reçu 74 mémoires.
Ce n'est pas rien, ça. Ça démontre à quel point ça touche tout le monde, toute
la société. Ce projet de loi là est gigantesque pour notre avenir et
vraiment... en fait, gigantesque... il est gigantesque en termes de nombre
d'articles, mais il est surtout extrêmement important pour notre avenir.
• (17 h 20) •
Alors, je vais peut-être revenir sur la base,
hein, le titre du projet de loi. Ce que ça dit, bien, c'est la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives. Bon, ce que ça dit, en gros, c'est qu'on souhaite
revoir la façon qu'on gouverne nos ressources énergétiques, mais, dans les
faits, on veut surtout pouvoir augmenter la capacité de production énergétique
du Québec. Et là je dois dire qu'il y a vraiment plusieurs enjeux, plusieurs brèches qui ont été constatés par les
groupes qui sont venus nous parler. Évidemment, nous aussi, à la lecture
du projet de loi, on a constaté des écueils importants.
Mais d'abord je voudrais rappeler que la
Coalition avenir Québec n'a pas été élue avec le mandat de revoir la façon qu'on produit notre énergie, de revoir la
gouvernance, de revoir les tarifs. Ça ne faisait pas du tout partie des enjeux
électoraux. Et ce que tout le monde ou presque tous ont dit, c'est qu'une telle
réforme aurait dû être précédée par une conversation
nationale. Nous, on avait proposé une commission itinérante, le Parti libéral
du Québec avait proposé ça, une commission itinérante pour aller à la
rencontre de l'ensemble des Québécois et l'ensemble des groupes, des
entreprises impactées, parce qu'il y a
énormément de gens qui auraient aimé pouvoir s'exprimer, et des gens ne...
venir à une commission parlementaire, ce n'est pas disponible à tous,
d'abord.
Et je vais mentionner ce sujet... je vais vous
lire un extrait du mémoire de l'Union des consommateurs, mais ça reflète ce que beaucoup de groupes nous ont
dit. Alors, ils ont écrit : «Ainsi, la plupart des changements proposés
sont avancés sans débat public, sans débat public adéquat ni données
claires sur leur impact, tant en termes de décarbonation du Québec que sur les finances personnelles des
ménages.» Évidemment, pour l'Union des consommateurs, c'est ce qui inquiète le plus, les finances personnelles des
ménages, mais ça, ça vaut pour toutes les entreprises aussi qui s'inquiètent
de voir des modifications à la façon que les
tarifs sont établis, que les investissements qui vont être requis pour
atteindre, dans le fond, le niveau
d'énergie qu'on voudrait produire dans le futur va nécessairement amener une
pression à la hausse aussi sur les
tarifs. Mais cette conversation-là, à savoir est-ce qu'on veut vraiment
atteindre ces niveaux-là, est-ce qu'on veut faire de la production
privée, etc., on ne l'a pas eue, et c'est ce que plusieurs ont dénoncé.
Je vais
rappeler aussi la situation actuelle. Donc, je vais retourner un peu en
arrière. Le 15 février 2023, il y a eu une loi, la loi n° 2, qui, elle donnait dorénavant le... en fait, dictait que tous les
blocs d'énergie de cinq mégawatts et plus devaient dorénavant être autorisés par le ministre de l'Économie et de
l'Énergie. Auparavant, c'était 50 mégawatts. Ce que ça fait, en fait, c'est qu'aujourd'hui presque
tous les projets, peu importe — à
cinq mégawatts, ça englobe énormément de projets — bien,
doivent être autorisés par le ministre. Ça crée beaucoup d'incertitude.
Et je vais vous donner un exemple, je suis allée
visiter, en 2023, la Société de transport de Laval, la STL — je
suis députée à Laval — et
elle nous disait : Bien, on ne sait pas, on ne sait pas si on va avoir
notre bloc d'énergie pour électrifier nos autobus. Pourtant, le gouvernement va
cesser de subventionner des véhicules hybrides. La seule chose qu'on peut
dorénavant acheter, c'est des véhicules électriques, mais on n'a toujours pas
l'autorisation du ministre pour notre
projet. Depuis, ça a été octroyé, mais ça a été très long et ça a amené
énormément d'incertitude. Et les délais aussi, bien, qu'est-ce que ça a fait? Ça a fait augmenter les coûts de
construction du garage qui avait besoin de cette énergie-là. Donc, ça,
c'est un impact, c'est un exemple, mais il y en a une multitude.
Et on a
constaté aussi qu'il y a des groupes, particulièrement des entreprises
étrangères, qui ont obtenu des blocs d'énergie
vraiment importants. Et évidemment, vous allez comprendre, je vais vous parler
de Northvolt, hein, il est sur les
toutes les lèvres, ces jours-ci, Northvolt. Bien, quand on octroie
354 mégawatts à une entreprise, ça prive énormément d'entreprises, de plus petits projets, évidemment,
d'autant plus qu'à Northvolt on n'a demandé aucun objectif d'autoproduction,
alors qu'il y a un potentiel immense pour
le... sur les toits, par exemple, de faire de l'électricité solaire. Donc,
aucun objectif, alors que d'autres
entreprises, elles, sont prises à regarder vers de l'autoproduction, parce
qu'elles n'ont eu aucune énergie allouée.
Ensuite,
quand on constate qu'il y aura des délais dans le projet, et ça, même la
ministre l'a admis, et l'entreprise doit nous revenir d'ici peut-être
une semaine sur les délais, combien de temps qu'on parle, bien, ce sont des
blocs qui sont réservés, mais qui pourraient servir à d'autres entreprises.
D'ailleurs, la FQM nous a dit : On ne compte plus le nombre de projets qui n'ont pu être réalisés en
région étant donné les problèmes d'approvisionnement en énergie. Et donc
ces problèmes-là affectent non seulement les entreprises, mais aussi l'économie
complète de régions, et ça, c'est très dommageable. Il y a des entreprises
québécoises qui ont été freinées dans leurs projets d'expansion, de
décarbonation. Et on a abondamment parlé du
cas des Forges de Sorel, qui avaient besoin, Mme la Présidente... juste en comparaison,
là, on parle de
Northvolt, 354 mégawatts, là, on parle des Forges de Sorel,
16 mégawatts. Ils avaient besoin de 16 mégawatts pour
remplacer 80 % du gaz naturel qu'ils utilisent, et ça, ça aurait permis de
retirer 30 000 tonnes, c'est énorme, 30 000 tonnes de CO2,
c'est l'équivalent de 6 500 voitures, c'est énorme,
320 travailleurs qui dépendent de ça.
Et malheureusement ce projet-là a été refusé.
Sur quels critères? On ne le sait pas. L'entreprise n'a eu aucune communication à ce sujet-là, la grille
d'évaluation n'a pas été transmise. Mais ce qu'on sait, c'est que ce projet-là,
il est pourtant essentiel à la survie
de cette entreprise, 320 travailleurs qui... actuellement, l'entreprise
est sur la bourse du carbone à un
taux... Actuellement, la tonne du carbone est à environ 40 $ la tonne,
mais, en 2030, elle sera rendue à 100 $ la tonne. Alors, l'entreprise voit ça et elle dit : Mes
coûts vont augmenter de façon si importante, les coûts liés aux crédits carbone
que je n'ai pas le choix, il faut que j'investisse pour me décarboner. Alors,
ça devient un projet de survie, ce projet-là, et on l'a refusé.
Et le plus
étonnant là-dedans, c'est qu'une obscure entreprise étrangère qui fait dans le
géotextile, elle, a reçu des mégawatts à Sorel. On ne sait pas combien
de mégawatts, mais elle a reçu des mégawatts à Sorel. Alors, c'est sûr que ça laisse pantois sur la gestion des mégawatts
jusqu'à maintenant, et le projet de loi... on craint, évidemment, que la
situation, ça s'empire.
D'ailleurs, le projet de loi, d'emblée, on dit
que c'est pour décarboner l'économie qu'on a besoin de ce projet de loi là, mais le... et là ça a été la première
présentation qu'on a eue, la première consultation a été avec Hydro-Québec,
et le P.D.G. d'Hydro-Québec, Michael Sabia,
est venu lui-même nous dire qu'on n'avait pas d'équilibre dans le dossier, que,
dans les faits, on octroyait beaucoup plus
de mégawatts à la croissance plutôt qu'à la décarbonation, alors
qu'Hydro-Québec elle-même s'était
donné l'objectif... et le gouvernement, de dire : Bien, on va allouer
75 % des mégawatts à la décarbonation. Ce n'est pas du tout ça qui
s'est passé.
Et, à ce
titre, je vais lire un extrait du mémoire de la fédération des travailleurs du
Québec, la FTQ, qui dit : «La décarbonation de l'économie est essentielle
pour atteindre nos objectifs climatiques. Cependant, le projet de loi n° 69 prétend favoriser la décarbonation, mais en réalité il
camoufle une course au développement industriel tous azimuts qui risque de freiner nos progrès vers un avenir
climatique viable.» Ce que la fédération des travailleurs du Québec, la FTQ,
nous a dit. Bien d'autres groupes l'ont mentionné, l'ont soulevé. Évidemment,
les propos de Michael Sabia ont semblé confirmer cette prétention.
Ensuite, on
dit que le but avoué, c'est de mieux encadrer la production, l'utilisation des
ressources énergétiques du Québec. Et
là on parle du plan... on... dans le projet de loi, là, on arrive tout de suite
avec la création d'un plan intégré des ressources.
Ça, c'est le PGIRE. Et là je vais essayer de le nommer comme ça, parce que
sinon ça va être un peu long, mais on dit que ça, ça va avoir... ça va
permettre de planifier la production et l'octroi des ressources dans le temps,
O.K.? Par contre, le problème, c'est que le
PGIRE va relever du ministre. Alors là, on tombe dans le discrétionnaire, on ne
sait pas exactement comment ça va s'enligner.
Des groupes nous ont mentionné aussi qu'on a
ignoré complètement, dans le projet de loi, la notion d'efficacité énergétique, pourtant, qui devrait être
essentielle, parce que créer, créer, créer de l'énergie, alors que la création
de la future énergie va nous coûter
beaucoup, beaucoup plus cher que celle qu'on avait dans le passé, ça, ça va
vouloir dire, éventuellement, que nos tarifs vont monter, si on n'est
pas... on n'optimise pas notre consommation.
• (17 h 30) •
Et, à ce
sujet, le conseil... attendez, c'est le conseil du patronat... je veux
juste être... dire bien leur nom, conseil du patronat de l'environnement du Québec, CPEQ, nous a mentionné... il
s'étonne que le projet de loi ne mette pas de l'avant-plan l'efficacité énergétique alors qu'elle doit être au coeur
même de la transition énergétique. Et c'est ça qu'on... On semble jouer avec les
mots ici. On parle de transition énergétique, mais, quand on ne parle pas
d'efficacité énergétique, sommes-nous vraiment dans la transition
énergétique? On peut se poser la question. On semble être plutôt dans : On
vend notre électricité pour pas trop cher
pour attirer des entreprises. Mais, malheureusement, quelqu'un devra payer la note,
puisque la nouvelle énergie qu'on va créer va nous coûter beaucoup, beaucoup
plus cher que ce qu'on la vend présentement, d'ailleurs.
Et, encore pour le PGIRE, là, le plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques que je mentionnais, il y a de nombreux
groupes qui nous ont souligné qu'on semble faire les choses à l'envers, parce
que, là, on dit : Le PGIRE devrait être aligné sur le Plan pour une
économie verte et les objectifs climatiques. Ça, tous les groupes nous le
disent, ça devrait être dans cet ordre-là.
Mais, dans le projet de loi, ça semble être tout à fait le contraire. On dit,
ni plus ni moins, que le Plan pour une économie verte, les objectifs climatiques,
eux, s'adapteront, ce que le PGIRE mettra dedans. Ça, c'est un non-sens, Mme la
Présidente.
Et, à ce sujet, d'ailleurs, la Fédération
québécoise des municipalités nous en a fait un rappel, ils nous ont dit qu'il doit... Le plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques et les mises à jour subséquentes, bien, elles doivent
prendre en compte les orientations gouvernementales en aménagement du
territoire tout comme les schémas d'aménagement des MRC. Et je rappellerai que ces orientations gouvernementales
là, elles doivent respecter les objectifs climatiques. Et ça, l'Union
des municipalités du Québec a fait le
même constat. Il faut que le PGIRE vienne en dessous et non pas au-dessus
de tout le monde pour qu'on soit cohérents, pour que l'action gouvernementale
soit cohérente.
Je vais mentionner aussi que le projet de loi...
On en profite pour corriger des erreurs du passé, les erreurs de la CAQ, je
dois le dire, parce qu'en fait ils ont commis une erreur historique lorsqu'ils
ont lié les tarifs d'électricité à l'inflation.
Et là, à ce moment-là, j'ai le souvenir d'avoir entendu un ministre dire que,
bien non, l'inflation, ça n'atteindra jamais 5 %, ça ne dépassera
pas, même, les 3 %. Bien, en se... en retirant la Régie de l'énergie du
dossier puis, dans le fond, en alignant ça à
l'inflation, bien, eh oui, on l'a vu, l'inflation a dépassé bien au-delà les
3 % par la suite de la pandémie.
Alors là, on est revenus, on a fait un projet de
loi, il y a quelques mois, pour dire : Ah! on va limiter à 3 %. Puis là, maintenant, on revient avec le projet de
loi n° 69, où, là, on dit : Bien, finalement, ça va être la Régie de
l'énergie. Donc,
ce qu'il y avait au départ, qu'on a tenté de modifier deux fois, bien là, on
revient à cet état de fait là que c'était la meilleure... la meilleure
pratique, de suivre la Régie de l'énergie.
Le
projet de loi vient aussi modifier la manière dont les tarifs pour
l'électricité patrimoniale sont établis. Et là je mentionne qu'il y a une... Il y a eu... Puis
plusieurs groupes sont venus nous parler d'une préoccupation concernant des
emplois en région qui sont liés à des tarifs...
des tarifs, quand même, industriels qui sont plus bas mais qui correspondent
aux coûts qu'ils avaient à ce moment-là. Et c'est sûr que, si on crée de la
nouvelle énergie, bien, les coûts vont monter, et ça, il y a une grande
inquiétude concernant les emplois.
Et je vais vous lire,
à cet effet, le mémoire du Conseil du patronat, qui nous a dit : «Le CPQ
s'inquiète toutefois du fait que plusieurs
dispositions du projet de loi n° 69 conduiront à des hausses importantes
de tarifs pour les entreprises, petites et grandes, et que les tarifs
peuvent, ultimement, ne pas refléter le coût de service.»
Et là plusieurs nous
ont fait état des risques de perte d'emploi dans les régions. Et c'était
essentiellement en région qu'on parlait de ces pertes d'emploi, parce que les
grandes entreprises de ce type-là sont situées en région.
Ensuite, il y a un...
Le projet de loi prévoit une plus grande ouverture à la revente d'électricité,
notamment d'une entreprise privée vers une autre entreprise privée. Ça,
plusieurs sont venus nous dire que ça amenait une brèche dans le monopole de distribution d'Hydro-Québec.
Et, bien que, là, ça semble être circonscrit, bien, en fait, on peut se poser
la question si ce ne sera pas un cheval de Troie qui va rentrer, et pour briser
pour de bon, là, le monopole de transport et de distribution d'Hydro-Québec.
Et, à ce titre, je
vous lirais un extrait du mémoire de l'Union des producteurs agricoles, qui
connaissent bien nos régions, qui
connaissent bien la réalité. Et ils disent... Ils nous disent clairement que
l'article 38, celui qui ouvre une brèche... «L'UPA s'oppose
totalement à cette disposition car celle-ci marque notamment une première étape
vers l'institutionnalisation de la vente privée d'électricité au Québec», que
ça pourrait créer deux classes de consommateurs d'électricité. Et ils rajoutent
et disent : «Ça ferait en sorte de multiplier les projets privés en zone
verte.» Ils rappellent : «La zone agricole est une ressource limitée, non
renouvelable et essentielle à l'autonomie et la sécurité alimentaire des Québécois.» Tout à fait d'accord avec eux. Donc,
on doit préserver nos terres agricoles. Et je comprends leurs inquiétudes.
Je pourrais aussi
dire qu'il y a une inquiétude face à une possible ingérence politique dans les
décisions de la régie, parce que le projet de loi prévoit que le gouvernement
pourra émettre ses propres préoccupations, tant sociales qu'économiques ou
environnementales, à la Régie de l'énergie afin de les orienter sur leurs
décisions. La Régie de l'énergie devrait être indépendante, Mme la Présidente, et,
ici, il semble aussi y avoir une brèche. Et, avec les articles qu'on a vus ce matin concernant Northvolt, je ne suis
pas rassurée, Mme la Présidente. Je crains qu'on fasse... qu'on ait aussi de
l'ingérence politique dans les tarifs d'électricité.
Et
finalement, bien, je voudrais rappeler, donc, je vais conclure là-dessus, Mme
la Présidente, il me reste à peine une
minute, que... Je rappelle que le gouvernement de la CAQ n'a jamais obtenu de
mandat de la population pour effectuer une réforme aussi importante. Il
est essentiel d'aller consulter la population. Et j'aimerais aussi que la CAQ
en profite, on a eu un changement de
ministre, ce serait le bon moment, là, de prendre une pause, de retirer le...
de reporter l'étude du projet de loi puis, encore une fois, de tenir une
réelle consultation.
Et
donc, comme je l'ai dit au début, hein, il est clair que nous voterons contre
ce projet de loi. Mais, bien entendu, si
le projet de loi avance et que l'étude détaillée commence, bien, vous pouvez
compter sur moi, Mme la Présidente, et sur
ma collègue qui est porte-parole du dossier de l'énergie pour travailler et
questionner tous les éléments, tous les articles de ce projet de loi là, pour s'assurer que les impacts soient le plus
minime possible pour les Québécois et nos entreprises en région. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons
les débats avec M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de prendre la parole
dans le contexte de l'adoption de principe du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives.
Déjà, dans le titre,
Mme la Présidente, on voit une différence entre le souhait exprimé dans le
titre et la réalité. Le titre est «gouvernance responsable des ressources
énergétiques». Allons-y, voir la gouvernance responsable.
Ma collègue des
Mille-Îles disait, un peu plus tôt, et faisait référence que le premier
ministre du Québec, en décembre 2019, disait à l'opposition officielle libérale
de l'époque : Voyons donc! Une inflation de 5 % à 6 %, voyons
donc! Sur quelle planète vivent les libéraux? Et il pointait, à ce moment-là,
Carlos Leitão.
On
a vu, Mme la Présidente, que, pour ce gouvernement-là, dans un projet de loi
sur la fixation des tarifs d'hydroélectricité, ils avaient décidé, ils
avaient décrété que l'inflation, ce n'était jamais au-dessus de 2 % puis, potentiellement, 3 %, les années où ça allait
bien mal. Et de traiter les libéraux, de leur demander, nous, Mme la Présidente,
combien... sur quelle planète on vivait... Bien, on vivait sur la planète
Terre.
C'est pour ça qu'on
était contre ce mauvais projet de loi là qui allait retirer à la Régie de
l'énergie sa capacité de fixer, selon
différents barèmes, notamment le premier, les investissements nécessaires par
Hydro-Québec pour améliorer et maintenir les infrastructures, et
également aussi le facteur de l'inflation.
• (17 h 40) •
Alors, le
gouvernement, quand on parle, dans le titre du projet de loi, de gouvernance
responsable des ressources énergétiques,
au niveau des tarifs, il avait déjà tout faux en décembre 2019. On leur a dit.
À ce moment-là, ils ont quand même été de l'avant.
Et
aujourd'hui, avec le projet de loi n° 69, ils veulent nous
ramener dans un débat des tarifs, où, là, ils poursuivent sur leur
lancée complètement déconnectée, Mme la Présidente, quand, d'une part, le
premier ministre, qui continue... Il
revient, il récidive là-dessus : Moi, ad vitam aeternam, tant que je serai
premier ministre, ce ne sera jamais plus que 3 %, la hausse des tarifs d'hydroélectricité pour les
particuliers. Ce faisant, il refile la facture à nos PME, qui, elles, ont dû,
dans les deux dernières années, faire
face à des hausses de plus de 12 %, quand on compose les deux hausses qui
ont été mises de l'avant, Mme la Présidente, plus de 12 % dans les
deux dernières années pour nos entreprises, nos PME du Québec. Elles, elles ramassent la facture. Puis que le
premier ministre dit : De toute façon, le coût de l'électricité ne sera
jamais, pour les particuliers, plus
de 3 %... Il revient dans une logique complètement déconnectée qui fait en
sorte que ça ne tient pas la route.
Un qui avait compris ça réellement, c'était
Pierre Fitzgibbon, qui était, il n'y a pas... il n'y a pas un mois, qui était
encore le ministre de l'Énergie et de l'Économie. Pierre Fitzgibbon, lui,
disait : Dans mon projet de loi n° 69, qui est devant nous aujourd'hui, Mme la Présidente... Il avait instauré un
mécanisme pour faire en sorte que, si je le résume bien comme il faut, il y avait un fonds à même les
taxes et impôts des Québécoises et Québécois pour compenser Hydro-Québec si d'aventure la hausse, dans les faits, était plus de 3 %.
Autrement dit, la Régie de l'énergie fixe avec Hydro-Québec
ce dont ils ont besoin en
matière de revenus, et, si ça représentait plus de 3 %...
Et, à
l'époque, Pierre Fitzgibbon, à l'époque pas si lointaine, il y a trois
semaines, un mois, Pierre Fitzgibbon prenait l'exemple de dire : Bien, si c'est 4 %, on va rester plafonné
à 3 % pour les particuliers, mais, pour ce qui est du 1 %, le gouvernement du Québec, à même les taxes et
impôts, va faire un chèque pour le 1 % puis il va l'envoyer à Hydro-Québec pour le compenser.
À la fin de la journée, c'est la même poche, Mme
la Présidente, qui paie, c'est le payeur de taxes qui paie son... sa facture
d'électricité, qui paie sa taxe de vente du Québec puis qui paie ses impôts.
C'est la même poche qui va payer. Mais,
quand on dit, de façon très artificielle : Ils n'en feront pas les frais,
les Québécoises, les Québécois, les particuliers, c'est faire fi de la
réalité, où, de toute façon, ils vont payer.
Là, on a devant nous, Mme la Présidente, un
gouvernement qui veut parler de gouvernance responsable des ressources
énergétiques. Sur le premier volet, les tarifs, la preuve en est faite, ce
n'est pas une gouvernance responsable.
Et c'est d'ailleurs la pomme de discorde qui a
fait en sorte que le premier ministre, quand Pierre Fitzgibbon parlait de ça... Je me rappelle d'avoir écouté des
entrevues, pas plus tard qu'il y a quatre semaines, où Pierre Fitzgibbon disait :
Non, il n'y a pas de contradiction, dans le fond, entre moi puis le premier
ministre, dans le fond, on dit la même chose. Puis là il essayait de rentrer le
carré dans le cercle, là. Ça ne marchait pas, là.
Alors, Pierre
Fitzgibbon avait dit au premier ministre : Moi, je vais déposer le projet
de loi n° 69 puis je vais quitter après,
je vais quitter en décembre. Le premier ministre lui a dit : Bien, écoute,
ça ne changerait pas grand-chose au prix des tomates, pourquoi tu ne démissionnerais pas tout de suite? Pierre
Fitzgibbon, le premier surpris, il l'a dit en entrevue : Je ne
m'attendais pas à ça. Comme si, excusez du peu, la réforme qui avait été
promise, le projet de loi n° 69, depuis avril
2023... Donc, la réforme qui avait été promise, il travaillait là-dessus depuis
avril 2023. On est un an et demi après. Aujourd'hui, à minuit moins cinq...
Il l'aura déposée au... à l'été dernier. Il allait entrer en commission
parlementaire puis il se fait dire, par le
premier ministre : Bien, pars donc tout de suite, ça ne changera rien. La
pomme de discorde, c'était prioritairement ciblé, entre autres,
là-dessus, sur les tarifs.
Pierre Fitzgibbon voulait le dire, lui, à la
population, toute la vérité. Lui, il voulait dire toute la vérité à la population en disant : Bien, ça va être plus.
Et, Pierre Fitzgibbon, je le cite, le 6 juin 2024 : «C'est clair,
quand on se projette dans 10, 15 ans, l'addition de production va faire
que les coûts vont augmenter, ça fait que les tarifs vont augmenter.» Et
là il y allait de son exemple, il
disait : Si c'est une hausse de 3 % pour le résidentiel, il y a un
programme, il y a un budget qui va
être établi par le gouvernement pour compenser cette hausse-là pour Hydro-Québec. Ça, c'est dans le projet de loi n° 69.
On a
questionné — les
journalistes — il
y a trois semaines, le premier ministre là-dessus, il n'était pas au courant.
Il n'était pas au courant de ce fonds-là.
Deux choses l'une : il ne lit pas son projet de loi, il n'est pas au
courant de la réforme qu'il est en train de travailler... sur laquelle son
ministre, son superministre est en train de travailler depuis un an et demi, il ne le lit pas, ou il est au courant, dans le
fond, puis il veut passer par la porte d'en arrière, Mme la Présidente.
Ce sont les deux choix.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement, vous avez un appel au règlement à faire?
M. Lévesque
(Chapleau) : Bien oui. Bien, on prête des intentions ici, en
cette Chambre, puis ce n'est pas permis de faire ça pour des collègues.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. M. le chef
de l'opposition officielle, soyez prudent dans vos propos.
M. Tanguay : Alors,
Mme la Présidente, je continue, sur un rappel au règlement que vous n'avez pas
sanctionné. Je continue.
N'importe où entre 100 millions, 200,
300 millions par année, n'importe quoi entre 100, 200, 300 millions
par année, ça, c'est Pierre Fitzgibbon qui
disait le coût de la hausse supérieure à 3 %. Les Québécoises et
Québécois, là, ils ne paieront pas
par la porte d'en avant, ils vont payer par la porte d'en arrière avec le fonds
consolidé, qui est abreuvé à même les taxes et impôts, les tarifs,
notamment, Mme la Présidente.
Pomme de
discorde. Pierre Fitzgibbon le dit haut et fort, il est en contradiction avec
le premier ministre. Le premier ministre
dit : Écoute, tu me parlais de partir en décembre, pourquoi tu ne pars pas
tout de suite? Ça ne ferait pas grand-chose, finalement. Bien, on l'a bien vu, que celui qui
était entre autres le maître à penser en matière énergétique, son bébé, son
projet de loi, il n'est pas là aujourd'hui pour le défendre.
Malheureusement,
pour l'actuelle ministre de l'Énergie et de l'Économie, qui a été déléguée là à
minuit moins cinq, elle est prise
avec la patate chaude. Elle est prise avec la patate chaude, parce que, quand
on parle de saine gestion, dans le titre même, loi assurant une
gouvernance responsable des ressources énergétiques... bien, elle est prise
face à un gouvernement qui a été irresponsable dans sa gestion des ressources
énergétiques.
Et j'en veux pour preuve, Mme la Présidente, que
Michael Sabia, lors des auditions, lors des auditions sur le projet de loi
n° 69, est venu le dire clairement. Michael Sabia est venu dire qu'il faut
rééquilibrer l'énergie qu'on donne aux
entreprises étrangères. Il faut les rééquilibrer pour nos entreprises du
Québec. Rapidement, tout le monde s'est tourné vers le premier ministre : Êtes-vous d'accord avec ça? À
l'évidence, la réponse est oui, mais lui, il a dit : Non, on n'a pas
besoin de rééquilibrer, on continue, on continue de même, ça va bien.
Alors, il est
en contradiction, le premier ministre, après l'avoir été avec son
superministre. Puis on a vu comment peu de poids pesait-il dans la
balance quand vous contredisez le premier ministre : Dehors! C'est ce qui
est arrivé. Michael Sabia dit : Il faut
rééquilibrer. Le premier ministre s'entête : On n'a pas à rééquilibrer. En
ce sens-là, le premier ministre a dit
non à Pierre Fitzgibbon puis là il a dit non à Michael Sabia, au même titre
qu'on avait dit non à Sophie Brochu quand elle avait dit, à l'époque : Moi, ce n'est pas vrai que je vais
être la présidente-directrice générale d'Hydro-Québec et que je vais présider
au Dollarama de l'énergie. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire donner à rabais
notre électricité aux entreprises étrangères ou, entre autres, avec une
entente avec New York, Mme la Présidente.
L'entente
avec New York, deux ans après, ils sont venus dire : On s'est trompés, on
a mal calculé, on est en manque énergétique au Québec. Mais ils ont
signé un contrat qui va durer pour 20, 25 ans. Le contrat de New York, je
pense, c'était un 20 ans. Et ils
l'ont signé pareil, alors qu'ils le savaient, Mme la Présidente. Vous ne pouvez
pas, après un mandat complet, ne pas
connaître ce qui se passe chez Hydro-Québec. Et Sophie Brochu avait signé la
sonnette d'alarme à ce moment-là. Le
Dollarama de l'énergie, à quoi elle faisait référence? Qu'on donne notre
électricité à rabais aux entreprises étrangères et, entre autres, dans le
contrat de New York qu'on va payer.
Je vous le dis, là, notez l'heure, là, notez le
jour et l'heure, le contrat de New York, là, on va payer cher et puis
longtemps, parce que, là, il va falloir la fournir, cette électricité-là, on a
vendu ce qu'on n'avait pas. Celles et ceux qui nous écoutent à la maison, on a vendu ce qu'on n'avait pas. Aïe! Mais,
en date d'aujourd'hui, 2022, on avait eu un bon prix. Mais là il va
falloir créer ce qu'on n'a pas, qui va nous coûter plus cher, Mme la
Présidente.
Alors, c'est
bien beau d'avoir une belle annonce, de dire : Aïe! contrat de 20,
25 ans avec New York, c'est super, voici, aujourd'hui, on fait du profit, qu'en sera-t-il dans cinq ans,
10 ans, 15 ans, 20 ans? Clairement, Sophie Brochu l'avait
annoncé. Qu'à cela ne tienne, Sophie Brochu
est partie. Elle a quitté et, aujourd'hui, elle n'est plus là pour donner son
opinion.
Aussi, Mme la Présidente, quand on regarde
Northvolt, quand on regarde ce qui a été octroyé à Northvolt, Northvolt, il fallait... Puis ma collègue députée
des Mille-Îles, qui fait un excellent travail comme porte-parole de
l'opposition officielle, entre autres en matière d'environnement, a
dénoncé le court-circuitage qui a eu lieu au sein du ministère de l'Environnement, où, ce matin, on lit des
témoignages, on lit des témoignages d'employés du ministère de l'Environnement
qui étaient sous le choc, qui étaient
désemparés, qui voyaient bien qu'on était en train de contourner la loi et
qui... Ils parlaient, à ce moment-là, Mme la Présidente, de mettre de
côté...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
C'est bon, M. le leader du
gouvernement. M. le chef de l'opposition officielle, vous connaissez très, très bien, j'en suis
certaine, les mots qu'il ne faut pas utiliser ici, en cette Chambre, juste le
fait de contourner la loi. Soyez prudent dans les mots que vous
utilisez.
• (17 h 50) •
M. Tanguay : Alors, Mme la
Présidente, vous me demandez la précision, je vais vous donner la précision. Ce
qu'ils ont dit, les employés, dans la
preuve, c'est ce qui suit, c'est qu'ils n'ont pas été écoutés et qu'ils ont été
écartés. Ça, moi, je le dis de mon siège, c'est contourné. Ils n'ont pas
été écoutés, ils ont été écartés. Ils en témoignent. Bien, ils ont été contournés. Par qui? Par le gouvernement
caquiste. Ça, ça se dit. La vérité, Mme la Présidente, elle n'est pas belle.
La vérité, elle est triste. Quand on nous
répond des réponses cyniques ce matin, Mme la Présidente : On a les lois
les plus robustes, on a les lois les
plus sévères... Bien, si vous ne les appliquez pas, faites-les encadrer,
mettez-les sur le mur, c'est à peu près la seule valeur qu'elles ont.
Si votre
premier réflexe, c'est de dire : On va changer pour faire passer Northvolt
en dessous du radar... La norme en ce qui a trait au nombre de tonnes
pour les cathodes... faire en sorte que Northvolt... La norme était
50 millions... 50 000 tonnes, pardon, 50 000 tonnes
par année. Northvolt avait un projet de 56 000 tonnes par année, et
on dit : On va changer la norme, ce ne
sera plus 50 000, ça va être... woups! ça va être 60 000 tonnes.
Ah! bien, regarde donc, Northvolt vient
de passer en dessous du radar. Quand on fait ça, qu'on ne vienne pas nous
présenter un projet de loi n° 69 qui a pour titre Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques. Ça ne passera pas au Parti
libéral du Québec, de l'opposition officielle, et ça, on va le dénoncer, Mme la
Présidente.
Alors, les
lois ont été écartées, dixit les employés de l'Environnement, ont été contournées,
dixit les employés de l'Environnement, Mme la Présidente, si bien
qu'aujourd'hui il y a un procès. Le gouvernement se fait faire un procès par
rapport à ça. On verra la suite des choses, la procédure judiciaire.
Alors, face à
ça, Mme la Présidente, Northvolt, il n'y en aura pas eu, de BAPE. On plaidait,
à ce moment-là, parce qu'on était
dans le noir comme tout le monde... on plaidait : Pourquoi pas un BAPE
rapide, 11 mois? Il serait déjà terminé. Non, le gouvernement a
dit : Non, non, non. Et là ça pressait tellement qu'on voit que Northvolt...
Le
ministre Pierre Fitzgibbon, avant de quitter, sa dernière entrevue ou
l'avant-dernière entrevue qu'il a donnée à la radio, je l'écoutais, c'était le
3 septembre dernier, disait : Bien, le retard, pour Northvolt, ça va
être, probablement... On parle de, quoi,
12 mois, 18 mois, 24 mois? Alors, le 2026, ça s'enligne pour
être 2028. On a posé, autant comme autant, toutes les questions à ce
gouvernement-là, pas capable de nous confirmer si c'est 12 mois,
18 mois ou 24 mois.
Et là on nous plaide
que, bien, c'était normal dans cette industrie-là. L'actuel ministre de
l'Environnement puis de l'Énergie nous
plaide que c'était normal, des délais. C'est normal dans cette industrie-là.
Bien, si c'est normal, des délais, pourquoi avoir fait ça à vitesse
grand V? C'est quoi, cette histoire-là?
Northvolt,
là, 350 mégawatts, ça ne dit rien à personne. 354 mégawatts, c'est
toute l'alimentation de la ville de Longueuil.
354 mégawatts, il est là, il existe, on n'y touche pas. Il est gelé en
attendant Godot, en attendant Northvolt. Oui, mais là il était gelé pour
deux ans. Là, il va être gelé pour trois ans, il va être gelé pour quatre ans.
On a dit au
gouvernement responsable : Gouvernance responsable, dégelez-le. On a posé
des questions : C'est quoi, votre plan
de match? Allez-vous en créer d'autres? Parce que, là, vous avez New York à
fournir, juste en passant, puis vous avez d'autres entreprises à
fournir. Allez-vous en créer, finalement, de l'énergie? Parce qu'Hydro-Québec a
dit : D'ici 2035, ce n'est pas
354 mégawatts, on est dans le trou, ça nous en prend 8 000,
9 000, mégawatts. Imaginez combien ça fait de villes de Longueuil,
ça. Des dizaines et des dizaines.
Alors, on a... Au
gouvernement, c'est quoi, votre échéance? Pierre Fitzgibbon, dans son
franc-parler, avait dit, il y a quelques
mois : Bien, on va être capables... Il avait dit, en 2023 : On va
être capables de développer 1 500 mégawatts nouveaux à partir
de 2027. Bien, on a dit : Parfait, excellent, on va vous aider. 2027,
1 500 nouveaux vont arriver. Northvolt,
c'est 354, pas avant quatre ans, pas 2027, probablement 2028‑2029. Arrêtez de dire non aux entreprises québécoises. Dégelez ce
bloc-là. Vous allez développer, vous, cette énergie-là puis vous fournirez
Northvolt quand ce sera le temps, en temps
et lieu. En entreprise privée, tout le monde a compris, à la maison, c'est
comme ça qu'on gère. En temps réel, lorsque c'est dû, on est là puis on
est présent. Hydro-Québec engage sa responsabilité. Hydro-Québec engage sa
responsabilité, offre les garanties, et ça,
Northvolt est capable de vivre avec ça dans un contrat commercial. C'est comme
ça que ça marche, un contrat
commercial, tu le négocies : Je vais être présent, tu as besoin de
354 mégawatts en 2026, ah! là, ce n'est plus ça, 2027‑2028.
On
a proposé ça pendant deux semaines au premier ministre, puis il disait :
Non, non, non. À la dernière période de questions, Mme la Présidente, ce que le premier ministre est venu nous
dire, c'est que probablement que Northvolt n'en aura pas de besoin avant
une autre année supplémentaire.
Alors, ils commencent
à apprendre sur le tas, mais, quand c'est un gouvernement qui apprend sur le
tas après six ans, qu'on a un déficit record
de 11 milliards de dollars, nous, on le dénonce, au Parti libéral du
Québec. Ils sont arrivés au pouvoir, les services, tous les services
étaient donnés de meilleure qualité et en temps opportun. Il y avait un surplus
budgétaire de 7 milliards de
dollars. Là, ils nous ont creusé un trou de 11 milliards et ils ont engagé
10 000 fonctionnaires de plus à Québec, pas première ligne,
éducation, santé, à Québec.
Alors, monsieur
madame, à la maison, là, l'avez-vous senti passer, le 18 milliards de
dollars additionnel dans les services
publics? Non. Les 10 000 fonctionnaires, les avez-vous sentis vous
aider au jour le jour dans le dossier de santé, éducation, services de
garde, justice, nommez-les tous?
Les Québécoises et
Québécois, avec ce mauvais gouvernement caquiste là, sont doublement perdants.
On a un déficit record de
11 milliards de dollars qu'on ne voit pas le bout, avec ce
gouvernement-là, quand est-ce qu'on va être capables de l'équilibrer, parce qu'il n'a pas déposé de
plan. C'est bien trop compliqué. On ne voit pas le bout de l'équilibre
budgétaire. Puis l'équilibre
budgétaire, c'est nécessaire, parce que tout devient possible. On peut, à ce
moment-là, avoir des services de
qualité et en temps opportun. Alors, Québécoises, Québécois doublement
perdants, déficit record de 11 milliards de dollars et des services à la population qui se sont
dégradés sur un mauvais gouvernement caquiste qu'on va continuer à dénoncer
matin, midi, soir.
Et, des solutions,
s'ils sont en panne de solutions, bien, Mme la Présidente, on va continuer à
leur en soumettre. Qu'on ne vienne pas nous
présenter un projet de loi n° 69. Ça leur a pris un an et demi, Mme la
Présidente, pour qu'on ait le débat de principe, alors qu'il était
promis.
Ils en sont dans
leurs deux dernières années. Il leur reste deux derniers budgets de dégâts à
faire à la province de Québec, au Québec.
Sous la CAQ, le Québec s'est affaibli. Sous la CAQ, on a une perte de contrôle
de l'immigration. Le premier ministre veut parler de l'immigration,
bien, on va en parler. On lui a demandé de reprendre le contrôle.
Le
titre du projet de loi, «gouvernance responsable», on ne le voit à nulle part.
C'est garroche de l'argent, garroche de
l'argent. Puis, quand on leur dit : Aïe! l'énergie, c'est à nous autres,
Hydro-Québec, c'est nous autres, Québec d'abord... Il a oublié ses belles
promesses électorales. Campagne, promesses 2022, quand il parlait de
nationalisme économique...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Juste faire attention. Vous savez, on n'a pas le
droit de... J'ai vu le chef... J'ai vu le
leader du gouvernement se lever, je savais très bien qu'il allait faire un
appel au règlement, bien, parce que vous avez soulevé une feuille.
Allez-y.
M. Tanguay : ...j'ai le droit
d'exhiber, Mme la Présidente... De tout temps, ça fait 12 ans que je suis
député, j'ai le droit d'exhiber un texte, hein, j'ai le droit d'exhiber
un texte.
Alors,
Mme la Présidente, dehors, la CAQ, on va se débarrasser de ce mauvais
gouvernement là. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je suis prête à reconnaître un autre ou une autre
intervenante sur le... Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, la parole est à vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, Mme la Présidente. Bien, écoutez, sur ces paroles passionnées du
chef de l'opposition officielle,
permettez-moi de renchérir sur la question de l'énergie. J'espère qu'avec les
minutes qui vont se succéder je vais avoir la même fougue et la même
passion que mon estimé collègue.
Certainement, Mme la
Présidente, que le sujet est d'une extrême importance. L'énergie, c'est un
sujet qui anime tous les Québécois, toutes les Québécoises. Donc, il me fait
vraiment plaisir de prendre la parole à mon tour aujourd'hui, à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi n° 69.
On va le rappeler, le
dire, on ne peut pas le dire assez souvent, le gouvernement de la CAQ n'a
pas... n'aura pas le dernier mot. Il n'a
pas... n'a pas les pleins pouvoirs, les coudées franches pour décider, au nom
de tous les Québécois et Québécoises,
de notre avenir énergétique. C'est un débat de société qui doit être mené.
C'est une... S'il y a une question fondamentale
aujourd'hui... On est comme à la croisée des chemins au niveau... au niveau de
la transition énergétique, de la question d'assurer qu'on va être capables de
décarboner notre économie, d'assurer qu'on va être capables de fournir des
blocs d'énergie à nos entreprises et, oui, avoir un regard aussi sur des
investissements étrangers.
• (18 heures) •
Mais
moi, je peux vous dire, Mme la Présidente, que je ne suis pas ici pour parler
du fin détail du libellé du projet de loi n° 69, c'est ma collègue
de Saint-Laurent, qui fait un travail remarquable dans ce dossier-là. Moi, je
suis ici pour ajouter ma voix à celle de mes collègues sur des questions
générales au niveau de l'énergie et de ce que je peux constater comme comportement, au niveau du gouvernement caquiste, et qui
m'inquiète beaucoup, beaucoup pour l'avenir de... l'avenir de notre économie, l'avenir de notre entreprise
qu'on appelle Hydro-Québec, qui fait notre fierté et qui appartient,
on le rappelle, à tous les Québécois et Québécoises.
J'écoutais
ma collègue de Saint-Laurent un petit peu plus tôt, quand elle faisait son
intervention puis qu'elle parlait du fait qu'il y a des blocs d'énergie
qui sont refusés, Mme la Présidente, à des entreprises d'ici, des entreprises
qui ont besoin de blocs d'énergie pour leur croissance économique, pour
pouvoir... pouvoir se... transitionner vers une énergie plus verte et qui se voient refuser ces blocs d'énergie. Ma collègue,
qui est avocate — moi
aussi, je suis avocate — disait
que c'est frustrant d'entendre ces
entreprises dire, dans un premier temps : Bien, on... c'est assez aberrant
qu'au Québec on se voie refuser des
blocs d'énergie quand, il y a quelques années, on était en situation de
surplus. Mais ce qui est d'autant plus frustrant, c'est quand on se voit
refuser l'accès à des blocs d'énergie sans savoir précisément sur la base de
quels critères. Et là, ici, on touche à la question de l'arbitraire, on
touche à la question fondamentale du droit d'être entendu, du droit de... C'est
un droit fondamental de comprendre ce sur quoi une décision de notre gouvernement
a été prise.
Est-ce que les
grilles d'analyse... Est-ce que les critères sont remis aux entreprises quand
ils se font refuser des blocs d'énergie? La réponse, c'est non, Mme la
Présidente. On a des entreprises qui, au fil des dernières semaines, et il y en aura d'autres qui vont sortir, viennent
dire publiquement qu'ils se sont vu refuser des blocs d'énergie et ils ne
savent pas sur quels critères la décision a été prise.
Alors,
je trouve ça extrêmement inquiétant qu'on soit rendus dans cette situation-là
au Québec. Rappelons que le superministre,
qui a récemment... qui s'est récemment retiré, là, le député de Terrebonne,
s'était vu attribuer des superpouvoirs. On se rappelle qu'il avait...
C'est lui qui avait le dernier mot. C'est lui qui avait le pouvoir de décider,
moi, j'appelle ça un droit de vie ou de mort, là, sur les blocs d'énergie qui
allaient être octroyés à des entreprises. Et le seuil qui était, donc... qui
était visé, là, pour que ce soit le ministre qui vienne prendre la décision, avait
été abaissé.
Et donc combien
d'entreprises devaient maintenant soumettre leurs demandes? Imaginez, Mme la
Présidente, la demande se retrouvait sur le
bureau du ministre, et c'est lui qui avait le pouvoir de décider si telle
compagnie, la compagnie ABC, allait
avoir ses blocs d'énergie et si, oui ou non, la compagnie XYZ allait avoir ses
blocs d'énergie. C'est là où on est rendus, au Québec, Mme la
Présidente, à ce qu'il y ait un superministre.
Et maintenant c'est
la superministre...
M. Lévesque (Chapleau) :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
M. le leader de... du gouvernement. Vous avez une question de règlement?
C'est ça? Quelle est-elle?
M. Lévesque
(Chapleau) : On a déjà eu cette discussion-là, vous et moi, et même la
collègue, nous avons eu ça, on doit se nommer par notre titre, en cette
Chambre. Et tout superlatif n'est pas permis, en cette Chambre, ce qu'elle
vient de faire avec le superlatif actuel.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...M.
le leader. Soyez prudents. Et, oui, on interpelle les collègues par leur
titre officiel. C'est bon.
M. Ciccone : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'était
pour la question de règlement? Je viens de la... Je viens tout juste de
passer le message.
M. Ciccone : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous avez une autre question de règlement, M. le
député de Marquette? Allez-y, si vous avez une autre question.
M. Ciccone : ...juste mentionner au leader adjoint que la personne dont
ma collègue parle, il n'est plus en Chambre ici. Il n'est plus un député. Il
n'est plus un élu, il a quitté. Alors, elle peut l'appeler superministre si
elle veut. Merci, Mme la Présidente.
M. Lévesque (Chapleau) : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...l'ancien ministre et l'actuelle ministre, les
deux fois, et vous l'avez entendu très bien comme moi.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon, on perd du temps, par
exemple, là, ici. Soyez prudente. Oui, on interpelle les gens par leur titre
officiel, je le répète. Et elle s'adressait à la ministre actuelle dans son
deuxième propos. Continuez.
Mme Setlakwe : Bon, juste pour
clarifier, je n'ai pas nommé ni un ministre ni l'autre par son nom. Je pense que ce qu'on me reproche, c'est d'avoir référé à
ces personnes comme étant superministres, ce que je ne ferai plus. Ce sont
des ministres qui ont des pouvoirs
extraordinaires. On va tourner la page, et je vais poursuivre mon intervention,
Mme la Présidente.
Et donc ce
que je disais, c'est qu'il y a des... c'est que nous sommes dans une situation
où on manque d'énergie, alors que, rappelons-le, quand le gouvernement de la
CAQ est entré au pouvoir, il y avait des surplus d'énergie et, il faut
le dire aussi, il y avait des surplus budgétaires.
Comment se fait-il que, six ans plus
tard, sept ans... six ans plus tard,
on soit dans une situation où on
est... on doive se demander comment allons-nous permettre à notre économie
d'effectuer rapidement ce virage
vert, permettre à notre économie d'être décarbonée, permettre à nos entreprises
d'avoir accès à l'énergie qui est nécessaire pour déployer leurs plans
d'affaires?
Comment se fait-il aussi, Mme la Présidente, et
ça, c'est un sujet sur lequel il faut revenir, comment se fait-il qu'on ait
négocié une transaction avec une entreprise étrangère, je pense que je peux la
nommer, on parle de Northvolt, si on a
affaire à un gouvernement qui, on l'espère, gère les fonds publics et gère
notre énergie avec prudence et rigueur... Comment se fait-il qu'on soit
incapable de nous dire aujourd'hui, étant donné, donc, le ralentissement qu'on
connaît, là, que connaît le projet de déploiement de l'usine de
Northvolt, comment se fait-il que le gouvernement n'est pas capable de nous... de rassurer les Québécois et de dire
que, dans les modalités qui ont été négociées, il n'y a pas une clause de
sortie, il n'y a pas une clause qui lui permette, au gouvernement, de
dire à l'entreprise : Bien, écoutez, vous avez, donc, un ralentissement au niveau du déploiement de
votre... de la construction de votre usine, au Québec, étant donné qu'il y a
un ralentissement, on va pouvoir invoquer
une clause dans le contrat? Il me semble que ça aurait été de prudence
élémentaire de dire : Bien, les
blocs d'énergie qui vous sont réservés, étant donné qu'ils ne seront pas
utilisés avant, soyons conservateurs, là,
pendant, disons, 18 mois, deux ans, deux ans et demi, peut-être même plus,
bien, ces blocs-là, on va les attribuer à des compagnies d'ici qui en
ont besoin.
Je pense que la liste est longue, là, de
compagnies qui ont des demandes en cours pour des blocs d'énergie. Alors, pour un gouvernement qui se dit
nationaliste, bien, le nationalisme, ce n'est pas juste une question identitaire,
c'est aussi le nationalisme économique. J'implore le gouvernement de pouvoir
dire aux entreprises d'ici : Oui, nous aurons des blocs d'énergie
pour vous à court, moyen et long terme. C'est le rôle du gouvernement de
prévoir, c'est le rôle du gouvernement d'offrir une prévisibilité, c'est le
rôle du gouvernement d'agir en gestionnaire responsable des deniers publics et
aussi de cette richesse collective qui est notre énergie propre.
Alors on se trouve malheureusement, Mme la
Présidente, face à une situation dans laquelle non seulement le gouvernement a
placé, permettez-moi de le dire, tous ses oeufs dans le même panier... Je ne
dis pas qu'on est contre la filière
batterie, mais ici, avec Northvolt, on a investi non seulement beaucoup
d'argent, il y a déjà beaucoup d'argent qui est investi sur le terrain et il y a de l'argent qui été investi sous forme
de dette au niveau de la société mère, il y a la Caisse de dépôt qui a
investi de l'argent, aussi, on est rendus à 700 millions. Pour le reste,
on nous rassure, l'argent sera versé uniquement
lorsque l'entreprise rencontrera certaines conditions, lorsque le financement
sera ficelé, lorsque la... lorsque que l'usine sera en construction.
Le premier ministre a beau nous dire que c'est
un risque calculé, moi, je pense qu'on a déjà non seulement mis tous nos oeufs dans le même panier, mais qu'on a
donc mis aussi... on a bloqué une quantité énorme d'énergie. Et là on semble ne pas pouvoir avoir cette flexibilité qui
nous permettrait, étant donné les délais, étant donné le fait que le projet
est retardé... on ne puisse pas offrir ces
blocs d'énergie à nos entreprises d'ici. Alors, ça a toujours été ça, là, la
politique qui a toujours animé, qui devrait animer tous les députés de
l'Assemblée nationale, la politique du Québec d'abord, nos entreprises d'abord. Alors, c'est très surprenant,
aujourd'hui, d'être face à un gouvernement qui se dit nationaliste, mais qui...
et qui même de le... et qui n'est pas capable de mettre en oeuvre, ce
nationalisme économique dont nous avons tant besoin de nos jours.
Et, d'ailleurs, j'ai entendu aussi les extraits
de la commission parlementaire sur le projet de loi n° 69.
On a entendu le président d'Hydro-Québec affirmer que, oui, puis il était très
prudent dans ses propos... que, oui, il y avait peut-être eu, bon, des décisions qui avaient été prises où on n'a
peut-être pas priorisé des entreprises d'ici. Je voyais le malaise dans ses propos. Et c'est quand même,
encore une fois, extrêmement décevant qu'on se retrouve dans cette situation
difficile, aujourd'hui, avec notre énergie, alors que, si
on recule seulement quelques années, on était dans une situation de surplus.
• (18 h 10) •
Et le premier
ministre, combien de fois on l'a entendu dire que, quand il a pris le pouvoir,
il s'est assis avec le P.D.G. d'Hydro-Québec
et il se faisait dire : De l'énergie, on en a, on a des surplus, on peut
en vendre à l'extérieur? Je n'ai rien
contre le fait qu'on puisse utiliser notre énergie, nos surplus d'énergie pour
aider d'autres juridictions à se décarboner puis à mener à bien le
virage vert, mais je ne m'explique pas comment se fait-il que, là, le premier
ministre se retrouve, donc, en situation de
déficit. Là, on parle de milliards d'investissements qui sont nécessaires, on
doit se poser en toute urgence. On
est complètement bousculé, on se demande... là, il faut absolument augmenter la
capacité de notre société d'État, qui fait notre grande fierté, on parle
de barrages, on parle d'éolien. Ce sont toutes des questions extrêmement
importantes, mais, encore une fois, je suis vraiment déçue de voir à quel point
il y a eu un manque de planification, un manque de prévisibilité. Et qui paie, qui fait les frais de ce manque de
planification, Mme la Présidente? Bien, ce sont les entreprises, nos entreprises avant tout. Le projet de loi,
évidemment, donc, parle d'un plan intégré des ressources, mais c'est bien
évident qu'on est rendu là, à avoir cette discussion-là.
Je
ne peux pas passer sous silence l'ouverture, donc, le projet de loi qui prévoit
une grande ouverture à la revente d'électricité d'une entreprise privée vers
une autre entreprise privée. Ma collègue de Saint-Laurent, plus tôt dans
son intervention, l'a dit, c'est un article sur lequel nous, on va demander
qu'il y ait des discussions approfondies. Beaucoup dénoncent actuellement cette situation comme une brèche dans le monopole
de distribution d'Hydro-Québec : «Bien qu'en effet une plus grande ouverture soit faite, la loi
encadre toutefois assez strictement cette possibilité. En effet, l'article — puis là on parle des articles 38 et 39 — proposé prévoit que l'entreprise qui produit et
distribue l'électricité doit le faire pour un seul consommateur et à partir d'un emplacement adjacent au site de
production. Cette ouverture semble vouloir répondre à une volonté grandissante
du milieu des affaires à faire de l'autoproduction pour leurs installations.
Toutefois, cette disposition, qui,
pour l'instant, est circonscrite, pourrait servir de cheval de Troie et briser
pour de bon le monopole de transport et de distribution d'Hydro-Québec.»
Donc, je joins ma
voix à celles de mes collègues, où je nous implore d'être extrêmement prudents
avant d'ouvrir la porte à cela. Le
gouvernement n'a pas le mandat, donc, de faire ce genre de privatisation.
Est-ce qu'on parle juste d'autoproduction ou est-ce qu'on parle de... Il
va falloir étudier le libellé très en détail, Mme la Présidente, pour s'assurer
qu'on n'ouvre pas la porte à une situation qui va donc causer une rupture, une
cassure par rapport à ce qu'on a toujours connu au niveau de notre société
d'État.
Le projet de loi
prévoit aussi que le gouvernement pourrait émettre ses préoccupations, tant sociales
qu'économiques ou environnementales, à la Régie de l'énergie afin de les
orienter dans leurs décisions. Une disposition similaire existait déjà, là, dans la loi actuelle. Par exemple, l'ancien
ministre de l'Énergie, là, mon prédécesseur, M. Pierre Arcand, s'en était prévalu pour assurer que les Québécois
ne vivraient pas un choc tarifaire pour financer le complexe de la
Romaine et avait demandé à la régie de répartir la hausse des tarifs requise
sur plusieurs années. Les modifications qui sont proposées, donc, à la loi, là,
par le projet de loi n° 69, semblent permettre une
utilisation plus importante de ces décrets
de préoccupation. Il faudra donc, Mme la Présidente, s'assurer que le
gouvernement ne pourra pas s'en servir pour orienter les décisions de la
régie de manière excessive. Ça, c'est à l'article 67.
Je reviendrais...
Donc, j'avais ces quelques articles que je voulais mentionner de façon plus
particulière. Évidemment, comment ne pas
parler aujourd'hui de la question des tarifs d'électricité? On a entendu le
premier ministre, donc, s'engager à
limiter la hausse des tarifs résidentiels à 3 %, et, pour pouvoir tenir sa
promesse et ne pas augmenter les tarifs d'électricité plus que
l'inflation, le gouvernement prévoit, donc, dans le projet de loi actuel, de
mettre en place un fonds afin de compenser Hydro-Québec pour la perte de
revenus qui est liée à cette promesse.
Dans la conférence de
presse sur ces demandes à la Régie de l'énergie, Hydro-Québec a précisé que les
besoins quant au tarif domestique étaient
d'une hausse de 3,9 %, mais ils sont limités à 3 %. Pour que la
société ne perde pas en rentabilité, le gouvernement va compenser le
manque à gagner. Écoutez, on se le demande tous, là, comment on va pouvoir
compenser. Évidemment, tout ça va coûter énormément à l'État, toutes ces
infrastructures qui sont prévues. Et, si on
veut respecter la promesse, donc, de ne pas hausser la question... le tarif
résidentiel, la question demeure tout entière : Qui va devoir payer, donc, pour ces investissements
colossaux en infrastructures? Est-ce que ce sont nos PME? Est-ce que ce
sont des sociétés étrangères? Est-ce que ce sont donc... par le biais des
redevances? Mais, ultimement, la question va devoir se poser : Qui va
payer pour ces investissements substantiels qui sont requis?
Encore une fois, Mme
la Présidente, la question qu'il faut se poser, c'est : Comment se fait-il
qu'on en soit rendus là aujourd'hui, en quelques années, à voir, donc, des
surplus qui ont été dilapidés autant au niveau de l'énergie qu'au niveau du
déficit de record? Et puis là je m'inspire, en terminant, là, des propos de
notre chef, qui a rappelé, à juste titre, que le gouvernement, quand il est
entré au pouvoir, avait donc... pouvait bénéficier de surplus de
7 milliards qui avaient été laissés par
le gouvernement libéral précédent. Et, sept ans plus tard... six ans plus tard,
pardon, on nous laisse avec un déficit record de 11 milliards.
C'est un différentiel, Mme la Présidente, de 18 milliards. C'est énorme.
C'est par le biais de toutes sortes de
décisions improvisées, irréfléchies, à courte vue, que, malheureusement, les
Québécois se retrouvent dans cette situation extrêmement malheureuse, où
on doive...
Et
là on le voit dans des décisions qui ont été prises récemment. Moi, je peux
parler de mon dossier de porte-parole en enseignement supérieur, on a dû
imposer des plafonds dans les dépenses d'investissement de nos... de nos
institutions d'enseignement
supérieur. Les cégeps et les universités ont reçu, donc, cette annonce, cette nouvelle
tout à fait inattendue durant les
vacances, cet été, comme quoi ils devaient, donc, couper drastiquement dans
leur budget d'investissement, encore une fois, étant donné qu'on est
dans cette situation financière difficile. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. Donc, nous en sommes à l'adoption du principe du projet
de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la Présidente,
vous avez entendu mes collègues l'un après l'autre au cours, donc, de cet
après-midi, vous parler des écueils du projet de loi n° 69, qui est
défendu avec brio par notre collègue de Saint-Laurent, que je salue. Vous ne serez, donc, pas surprise, donc,
d'apprendre que nous sommes contre le principe de l'adoption de... contre le
principe du projet loi n° 69.
C'est rare, Mme la
Présidente, là. Parce que, vous le savez, évidemment, donc, l'objectif, c'est
toujours, donc, d'étudier ces projets de loi. Donc, habituellement, donc, à
l'étape de l'adoption du principe, on veut... on va s'assurer, donc, de le poursuivre, on va nommer, donc, les
écueils, ce qui manque dans le projet de loi, là où il fait fausse route, mais,
bien souvent, on est en accord avec celui-ci. Cette fois-ci, bien, ce n'est
absolument pas le cas.
D'abord, Mme la
Présidente, on ne devrait même être en train d'étudier ce projet de loi là en
ce moment. On se rappellera que le
gouvernement de la CAQ n'a jamais obtenu le mandat de la population pour
effectuer une réforme aussi importante, là. On parle quand même de notre
joyau, d'Hydro-Québec. On sait que la ministre, la nouvelle ministre de l'Économie nous a dit... et de l'Énergie nous a
dit qu'elle était Hydro-Québécoise, mais, dans ce cadre-là, je pense que, comme
Hydro-Québécoise, bien, on aurait pu... le gouvernement, donc, aurait pu, donc,
se garder une petite gêne, parce qu'un
projet comme celui-ci, quand on demande une... quand on met en branle, donc,
une réforme aussi substantielle, bien, habituellement, on va chercher un
mandat de la population pour être capable de le faire.
C'est
sûr que je vous ramène à plusieurs élections précédentes. Dans les
années 60 et 70, chaque fois qu'on a eu... chaque fois qu'il y a des
gouvernements qui se sont succédé, ont décidé de toucher à l'énergie, de
réformer tout ce qui concernait le
contexte énergétique, bon, ils en ont fait, donc, des engagements électoraux,
ce sont assurés d'aller chercher un mandat de la population pour pouvoir le
faire. Donc, déjà, ça nous positionne de ce côté-ci. Mais, en plus, vous vous
rappellerez, Mme la Présidente, que, pour...
Bien, en fait, donc, dans les jours précédant le début des consultations
particulières liées au projet de loi n° 69, bien, on a eu un
changement de ministre. Donc, on ne parle pas d'un changement mineur. On parle
du ministre qui a piloté ce projet, qui a travaillé avec les acteurs, puis, au
moment, donc, de commencer à l'étudier, bien, on sait ce qui s'est
passé, il a dû quitter, quitter précipitamment, à la demande du premier
ministre.
• (18 h 20) •
Donc,
ma collègue de Saint-Laurent, à ce moment-là, avait demandé judicieusement de
reporter... de profiter du changement de ministre pour reporter l'étude
du projet de loi. Puis ça, ça n'enlève rien, Mme la Présidente, aux qualités intrinsèques de la ministre. On la connaît, elle
est studieuse. Ce n'est pas ça, l'enjeu, mais elle est tout de même arrivée en
poste en catastrophe, sur les chapeaux de roues, et, considérant, donc, les
éléments contextuels que je viens de vous énoncer, bien, on aurait pu
profiter de cette occasion-là pour reporter l'étude de ce projet de loi ci.
Enfin,
de façon plus fondamentale, Mme la Présidente, c'est quoi, l'enjeu ici, hein,
parce que, là, je vous ai parlé, donc,
de modifications importantes, de contexte énergétique assez important, puis,
ici, on fait face à une situation où, comme dans bien d'autres domaines, on est passés d'un surplus à un déficit. On
le sait, on est passés d'un surplus de main-d'oeuvre à une pénurie de main-d'oeuvre. On est passés,
donc, de surplus budgétaires... Ma collègue de Mont-Royal—Outremont vient de parler, donc, des surplus budgétaires,
donc, de 7 milliards de dollars à un déficit de
11 milliards de dollars. On est passé de surplus énergétiques...
qui sont disparus et qui font en sorte qu'aujourd'hui, bien, le Québec, il
manque d'électricité pour effectuer sa transition énergétique.
Donc,
Hydro-Québec, il prévoit dépenser plus de 150 milliards de dollars
dans les prochaines années pour doubler sa capacité de production dans
le but d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. C'est assez majeur, Mme la
Présidente. Puis, dans ce cadre-là, nous,
quand on... Nous, au Parti libéral du Québec, quand on a vu qu'on faisait face
à cette situation, qu'on regardait
qu'est-ce qui nous guettait... qu'on s'est dit : O.K., bien, il y a une
transition énergétique à faire ici au Québec, puis il faut qu'on soit
capable de se parler entre Québécois pour voir qu'est-ce qu'on veut faire avec
ça. Bien, on avait recommandé de tenir une
réelle consultation nationale itinérante à travers le Québec. On a commencé à
demander ça depuis le 16 janvier
2023. Ça fait plus d'un an et demi que cette demande, elle est demeurée lettre
morte de la part du gouvernement.
Donc, dans
l'intervalle... Puis, je le disais, Hydro-Québec... Le gouvernement du Québec
considère que ce sont environ
100 000... 100, plutôt, térawattheures qui devront être ajoutés aux
quelques 210 térawattheures qui sont déjà produits annuellement pour répondre aux besoins
énergétiques du Québec. Bien, ça, je pense que ça aurait demandé... Bien,
enfin, on pense, nous, au Parti libéral du Québec, que ça aurait demandé
une consultation nationale, mais, bon, on arrive avec le processus législatif
qui nous est présenté.
Donc, je vous ai
déjà, donc, expliqué pourquoi, bien, on ne devrait même pas être en train de
l'étudier, mais là il est devant nous. Donc,
au-delà du fait que le contexte économique et énergétique qui prévaut aujourd'hui
au Québec fait en sorte qu'on... le produit législatif qui nous a été
déposé, qui nous a été présenté, ne nous semble pas adéquat en soi, bien, il y a les éléments qui se trouvent au
projet de loi qui nous semblent être assez... quelques-uns d'entre eux sont
assez difficiles à avaler. Vous avez entendu mes collègues vous les
nommer.
Donc, par exemple, je
commence avec l'objectif même, donc, du projet de loi, donc, on dit... Le but
avoué du projet de loi, c'est de mieux
encadrer la production et l'utilisation des ressources énergétiques du Québec.
Et l'un des premiers éléments qui sont mis en avant dans le projet de loi,
bien, c'est la création d'un plan intégré des ressources qui aurait pour
but de mieux planifier la production et
l'octroi des ressources dans le temps. Jusque-là, je pense qu'on est d'accord.
On n'arrête pas de demander au gouvernement de mieux planifier. Donc, on
comprend, donc, ce principe.
Ceci dit, cette
planification ici, donc, elle relèverait, donc, des pouvoirs du ministre, donc,
dans le texte qui nous est présenté. Donc,
bien qu'on dit : O.K., c'est bien beau, donc, de planifier, bien, il y a
plusieurs groupes qui sont venus en consultations particulières puis qui
nous ont dit : Bien, pourquoi cette responsabilité-là, elle ne relève pas d'Hydro-Québec, qui détient beaucoup plus
d'informations quant à la production et l'utilisation de l'électricité au
Québec? Pourquoi est-ce que, dans le projet de loi, on nous dit :
Bien, la planification doit relever des pouvoirs du ministre?
On l'a vu, puis je reviendrai là-dessus un peu
plus tard, Mme la Présidente, il y a eu certaines tendances que l'on voit au
gouvernement, notamment dans le dossier énergétique, de ramener... d'enlever à
Hydro-Québec certains pouvoirs, de lui enlever, donc, une certaine capacité
décisionnelle et de ramener ça vers le politique. Ça ne nous semble pas être une gouvernance responsable, parce qu'on
le dit bien, là, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives... Pour gouvernance responsable, on comprend que le premier élément qui outille, qui sous-tend le
projet de loi nous apparaît... nous apparaît problématique à différents égards,
Mme la Présidente, donc.
Et de plus je
vous disais, donc, que l'élément... l'élément, donc, de gouvernance, donc, de
mettre ça dans les mains, donc, de
mettre ces pouvoirs-là dans les mains du ministre, mais aussi, même si, donc,
le p.l., il prévoit une planification à
long terme, bien, le gouvernement caquiste, il n'a toujours pas déposé de telle
planification, alors que le gouvernement est à la deuxième moitié de
leur second mandat. Donc, à un moment donné, ça devient, donc, difficile, donc,
de trouver ce processus légitime, considérant l'historique du gouvernement en
la matière.
Ensuite, Mme
la Présidente, pour... Bon, on le sait, pour assurer la pérennité de notre
société d'État puis assurer une juste répartition des coûts pour ses clients,
bien... bon, le gouvernement, donc, il doit mettre de l'avant des modifications
législatives quant à la manière dont la tarification de l'électricité doit se
faire. On se rappellera, Mme la Présidente, qu'en 2019, je pense que c'était
2019, Mme la Présidente, le gouvernement, il a commis une erreur historique,
c'était certainement dans le dernier mandat,
il a décidé de lier les tarifs d'électricité à l'inflation plutôt que de
conserver, donc, la détermination, donc, de ces tarifs, donc, par la Régie
de l'énergie.
À l'époque,
on l'avait dit, donc, le Parti libéral du Québec, donc, s'était levé en cette
Chambre, plutôt au salon bleu, pour dire : Pas certain que ce soit une
bonne idée. De mémoire, donc, c'était notre collègue, Carlos Leitão, qui disait : Oui, mais si l'inflation, elle augmente
substantiellement, si elle grimpe à 5 %, 6 %... Puis le premier
ministre, donc, lui avait répondu en
d'autres termes, ici, je résume ses propos, mais qu'essentiellement il
fabulait, que c'était un scénario qui était irréaliste. On a vu ce qui
s'est passé dans les dernières années, donc, l'augmentation, donc, de
l'inflation galopante, donc, qui s'est
produite au cours des derniers mois, qui a affecté, donc, le coût de la vie des
Québécois, donc, à plusieurs égards, mais
également, donc, de nos différentes entreprises. Bien, le gouvernement, donc,
dans le projet de loi, il dit : Ah! Oups! On est obligé, un petit
peu, de reculer, on est obligé d'un peu rétropédaler ici.
Donc, il a commis cette erreur historique là,
Mme la Présidente, puis là, donc, on nous propose de revenir à des tarifs qui sont établis par la Régie de
l'énergie. Bon, c'est une bonne nouvelle, pour nous, on le sait, on le dit, je
viens de le dire, on s'est toujours
battu pour que ce soit la régie qui établisse les tarifs à la suite d'une
analyse publique. Ceci dit, le projet de loi, en ce moment, bien, il propose
que cette analyse-là se fasse une fois tous les trois ans plutôt que sur
une base annuelle. Avant ça, on avait une
base annuelle, Mme la Présidente. Donc, on ne revient pas tout à fait au statu
quo, on dit juste : O.K., puis on va... c'est bon, on a compris, peut-être
que ce n'était pas l'idée du siècle, on va ramener ça à la Régie de l'énergie, mais on n'est plus sur une
base annuelle comme on l'a déjà été, on arrive avec une analyse triennale ici.
Ça nous apparaît un peu surprenant. Ça nous
apparaît un peu surprenant, Mme la Présidente. Surtout... donc, ça vient du
fait qu'à... Hydro-Québec, donc, afin de demander une révision tarifaire durant
la période de trois ans, va maintenant devoir
demander l'autorisation au gouvernement, ce qui peut soulever des
questionnements, comme Hydro-Québec est une société d'État puis que la
régie est un organisme indépendant. Donc, on a des questionnements là-dessus,
Mme la Présidente.
Ensuite, le
projet de loi vient aussi modifier la manière dont les tarifs, donc, pour
l'électricité patrimoniale sont établis. Ça, on le sait, ça fait partie de
notre contrat social avec Hydro-Québec, donc, les blocs d'électricité
patrimoniale, Mme la Présidente. Ici,
les changements qui sont prévus semblent donner plus de latitude au
gouvernement pour modifier cette tarification historique.
On l'a dit plus tôt, je l'ai mentionné, mes
collègues l'ont mentionné, on est en faveur que l'ensemble des tarifs soient
établis par la régie, on comprend, donc, il y a des... je veux dire, O.K., on
est ouverts, on l'a même dit plus tôt, je
veux dire, s'il fallait avoir, donc, une consultation nationale sur l'énergie,
bien, ça pourrait faire partie, donc, des éléments, donc, à discuter lors d'une éventuelle consultation
nationale. Il y a un débat à faire, on le comprend, mais ici, le gouvernement,
il semble se donner le droit de choisir qui
aura accès au bloc patrimonial et à quelles conditions l'électricité peut être
accordée.
Quand je vous parlais d'enjeu de gouvernance,
Mme la Présidente, quand je vous disais que le titre du projet de loi dit Loi assurant la gouvernance responsable
des ressources énergétiques, vous comprendrez qu'ici, donc, il y a un...
une certaine suite logique, il y a certains
éléments qu'on y retrouve au niveau, donc, d'une certaine captation des
pouvoirs, d'une certaine attribution, donc, des pouvoirs sur le plan
politique, dans la manière, donc, de pouvoir développer les...
• (18 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Désolée, Mme la députée, mais on doit mettre fin au débat. Mais, comme
vous n'avez pas terminé votre intervention, est-ce que vous souhaitez la
poursuivre lors de la reprise de ce débat?
Mme Cadet : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Parfait. Donc, nous allons
l'inscrire. Vous serez la prochaine lors de la reprise du débat du
projet de loi n° 69.
Débats de fin de séance
Rémunération
des stages étudiants
Maintenant,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de
séance, qui portera sur une question adressée par Mme la députée de
Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de l'Enseignement supérieur concernant le
laxisme du gouvernement caquiste en matière de rémunération des stages.
Je vous rappelle que,
conformément à l'article 310, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous avez
ensuite un droit de réplique de deux minutes.
Donc,
je vais juste valider... Parfait. Donc, tout le monde est en place. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, je vous cède la parole.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Rebonsoir, Mme la
Présidente. Donc, j'apprécie échanger avec vous ce soir, manifestement. Donc,
cette fois-ci, donc, on va... donc, je vais poursuivre la conversation, puis on
va échanger sur le débat sur la rémunération des stages dans le secteur public.
Vous m'avez entendue
un peu plus tôt aujourd'hui, en période de questions, Mme la Présidente, donc,
vous rapporter les propos de la ministre il
y a un an et demi. Je vous les recite ici. Donc, en avril 2023, donc, c'est
connu, c'est public, donc les extraits ont été largement et abondamment
diffusés, elle nous disait : «Quand les jeunes arrivent en fin de
parcours, à des stages 4, qu'on appelle, ils travaillent dans le
réseau 30 à 40 heures-semaine, ils méritent d'avoir une rémunération.»
Donc, Mme la
Présidente, donc, Mme la ministre nous a expliqué... même aujourd'hui, en
période de questions, elle nous a dit...
elle a rencontré les jeunes, elle a rencontré les associations étudiantes.
C'est un dossier qui lui tient à coeur. Soit. Mon enjeu aujourd'hui puis la raison pour laquelle j'ai demandé
qu'on puisse effectuer un débat de fin de séance sur le dossier de la rémunération des stages dans le
secteur public... C'est qu'on ne doute pas de l'intention du gouvernement
dans ce dossier. On ne doute pas que le
gouvernement, il a cheminé puis qu'il est en accord avec le principe. Mme la
Présidente, j'ai déposé des motions sur le sujet ici, à l'Assemblée
nationale, justement sur le principe de la rémunération des stages dans le secteur public. Ces motions ont été
acceptées à l'unanimité des parlementaires. Donc, on comprend, le gouvernement
caquiste a voté en faveur de ces motions. Il y en a eu une, de mémoire, donc, à
l'automne, donc, l'année dernière, un peu plus tard au printemps cette année,
donc on comprend... puis on a eu des sorties avec les associations étudiantes,
on a eu une motion du mercredi sur la rémunération des stages. Ça fait
longtemps que je talonne le gouvernement sur ce
dossier. Chaque fois, bien, on nous répond : D'accord, d'accord. O.K., on
travaille là-dessus, on travaille là-dessus, on travaille là-dessus.
Mais aujourd'hui on a
des étudiants, on a des jeunes, et je l'ai dit un peu plus tôt et je le répète
parce que je l'ai mentionné souvent, notamment
des jeunes femmes, Mme la Présidente, parce que les stages qui... aujourd'hui,
les... bien, en fait, les professions
pour lesquelles les stages ne sont toujours pas rémunérés aujourd'hui sont, et
c'est largement documenté, des professions à prédominance féminine, Mme
la Présidente. On parle ici de stagiaires, donc, qui sont des futures
infirmières, qui sont des futures enseignantes, qui sont des futures
travailleuses sociales, qui sont des futures infirmières praticiennes
spécialisées. D'ailleurs, j'en profite, j'ai un peu plus de temps, donc, pour
rappeler que je marraine une pétition, d'ailleurs, sur la rémunération des
stages qu'effectuent les futures infirmières praticiennes spécialisées alors
que ce sont des professionnels, dans leur cas, qui sont déjà à l'emploi, qui
oeuvrent dans le secteur public, qui ont des
responsabilités, bien, habituellement, parce que c'est un programme
relativement récent, donc souvent elles
n'arrivent pas directement après leur formation, elles ont travaillé, donc,
elles ont parfois des enfants, elles ont parfois une hypothèque, donc
elles ont la vraie vie du quotidien dont elles doivent s'occuper, puis qui
décident, donc, de faire ce saut-là et qui se retrouvent, donc, en fin de
parcours avec un stage qui est non rémunéré.
Donc,
je vous donne ces exemples-là parce que les témoignages qu'on a entendus, Mme
la Présidente, sont des témoignages, donc, de jeunes, de jeunes femmes
en majorité, qui nous disent : Bien, pendant cette période de stage là, on est en situation de précarité. Nous, on aide
l'État à remplir ses missions essentielles. Nous, quand on est rendus, donc,
à ce stade-là de notre formation, là... Ce n'est pas un stage d'observation,
Mme la Présidente, là, ce n'est pas des jeunes qui arrivent avec leurs
calepins, là, dans un milieu de travail, qui prennent des notes puis qui
repartent chez eux à la fin pour faire un
examen, on parle de personnes qui effectuent une prestation de travail. On
parle de personnes, donc, qui, encore une fois, donc, aident l'État à
remplir ses missions essentielles, donc, qui s'assure d'offrir des services
publics à l'ensemble des Québécois.
Dans
un contexte où on le sait, que, dans le secteur public, donc, on a encore une
pénurie de main-d'oeuvre, on sait que, malgré, donc, la croissance de
certains... donc, de recrutements, donc, dans certains de ces métiers, donc, on
n'arrive pas à répondre, donc, à la demande,
qui est encore plus croissante, donc, pour ces services publics, bien, il faut
qu'on soit capables de les attirer puis de
les maintenir, ces travailleuses-là. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est :
D'accord, O.K., le gouvernement... Là,
je vous dis tout ça, le gouvernement, il est en accord avec moi. Je le sais,
là, Mme la ministre, elle va me dire : Tout à fait, on est sur la
même longueur d'onde sur le principe. Maintenant, ce que je demande, la
question que je pose à la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est : Quand est-ce qu'elle va payer ces
jeunes femmes là pour le travail
qu'elles font? Quand est-ce qu'elle va payer ces jeunes femmes là pour la
prestation de travail qu'elles effectuent dans notre secteur public?
Parce que non seulement elles le méritent, comme elle-même, elle a dit, mais
chose promise, chose due.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je cède la parole à Mme la ministre. Je vous rappelle que vous avez un temps de
parole maximum de cinq minutes.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci beaucoup à ma collègue de l'autre côté de la Chambre. Évidemment, on est tous sur la même page quand on
parle de rémunération de stages, plus spécifiquement le stage 4, dont
mon collègue à l'Éducation parlait il y a quelques jours.
Je
veux revenir sur la chronologie, un petit peu, des événements. Donc, oui, il y
a eu des motions qui ont été votées. Oui, ils ont eu des motions qui ont été
votées à l'unanimité. Tout le monde s'entend pour dire que la rémunération
des stages, c'est un enjeu important, c'est un enjeu aussi préoccupant.
Maintenant, le
gouvernement a fait des choix. Je l'ai dit et je l'ai répété, Mme la
Présidente, à plusieurs reprises, on a fait des choix qui sont exigeants mais
nécessaires. On a décidé, au cours des derniers mois, d'investir massivement dans nos services publics, que ce soit en santé,
que ce soit en éducation, là où il y a vraiment des besoins criants. On vient
améliorer, avec ce qu'on a fait comme investissement dans les services publics,
on vient améliorer de manière substantielle les salaires et les
conditions de travail. Ce sont 450 000 salariés du secteur de
l'éducation, de la santé et des services sociaux
et de l'enseignement supérieur. Ce qui veut dire que les étudiants en fin de
parcours auront des emplois beaucoup plus payants lorsqu'ils vont
accéder au marché du travail dans le secteur public, avec, Mme la Présidente,
de meilleures conditions sur le marché du
travail. On vient leur garantir, si vous voulez, un meilleur avenir. Donc,
c'est les choix que nous avons faits.
Il y avait deux
grosses préoccupations à l'époque. Il y a peut-être un an de ça, avec les
associations étudiantes, on a travaillé en
étroite collaboration avec les assos là-dessus. On avait deux gros enjeux, le
logement étudiant, qui est un enjeu
extrêmement important, qui est un frein à l'accessibilité à l'enseignement
supérieur, parce que les régions connaissent un besoin criant, et il y avait
l'enjeu de la rémunération des stages. Et on a fait ces choix-là. On s'est
dit : On va bonifier les conventions
collectives, on va bonifier les salaires et les conditions de travail, et on va
aussi s'attaquer au logement étudiant. C'est la raison pour laquelle on
a eu... on a eu un 200 millions au PQI pour être capable de faire pousser
des logements étudiants un petit peu partout à travers le Québec.
Donc,
on a fait ces choix-là, ce qui ne veut pas dire qu'on ne regarde pas les
options en ce moment, qu'on n'explore pas d'autres avenues. Plus
spécifiquement, comme le mentionnait mon collègue, dans le stage 4 en
enseignement, ce sont des étudiants
qui sont en fin de parcours, qui ont une classe, c'est-à-dire qu'ils ont la
charge d'une classe et qui travaillent 40 heures-semaine. C'est la
raison pour laquelle on essaie de mettre de l'avant le fameux programme de
trois ans... de trois plus un, trois ans
plus un an de stage en classe. On sait que l'Université de Sherbrooke,
Mme la Présidente, a levé la main et déploie ce type de programme là et
de formation.
Et j'invite... Depuis
plusieurs mois déjà, mon collègue et moi travaillons très fort pour que
d'autres universités emboîtent le pas, pour que, justement, Mme la Présidente,
on puisse avoir des ententes avec les centres de services scolaires, où ces jeunes-là sont embauchés pour le
dernier... le dernier bout de leur parcours, donc la quatrième année, qui se fait justement dans les stages. Donc, on
explore cette possibilité-là. Il y a plusieurs solutions, justement, pour
combler à la pénurie de professeurs dont on parlait la semaine dernière.
• (18 h 40) •
Mais j'insiste
beaucoup sur le fait que c'est une tendance qu'il faut renverser. Quand on
parle de pénurie d'enseignants, c'est une tendance lourde qu'il faut renverser.
Il y a plusieurs autres mesures qu'on a mises de l'avant, mon collègue et moi, pour, justement, soutenir les
étudiants et étudiantes qui sont en éducation. Le portrait n'est pas tout
sombre non plus. On a eu des statistiques dans certaines facultés où il
y a effectivement des enjeux. Il y a d'autres facultés
où il y a eu une croissance. Je parlais avec le recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières au cours de la fin de semaine, qui me disait
qu'au cours des cinq dernières années, dans le programme en éducation
préscolaire... préscolaire, primaire,
je pense, il y avait eu... il y a eu une augmentation de 22 %. Donc, il y a quand même
des facultés... Il y a eu aussi, du côté de Concordia, du côté de
d'autres facultés, une certaine croissance, en termes d'étudiants qu'on a dans
ces programmes en éducation et en enseignement.
Donc,
je pense qu'il ne faut pas voir... le portrait n'est pas tout noir, n'est pas tout
sombre. On a mis des mesures de
l'avant pour soutenir les étudiants, non seulement à travers les bourses
Perspective, aussi, on peut avoir jusqu'à 20 000 $ pour
avoir... pour passer à travers son baccalauréat en éducation. On a un soutien
financier important qui accompagne nos
étudiants. Alors, je pense qu'il y a plusieurs mesures qui sont actuellement...
qui sont actuellement sur la table et qui, depuis, ont été déployées, qui viennent aider les étudiants :
bonification de l'AFE, les programmes de persévérance, les programmes de
PASME, mais il y a eu une série de mesures qui ont donné des résultats et qui
donnent des résultats.
Maintenant, ce que je
souhaite, c'est que ce fameux programme de trois ans plus un soit vraiment
déployé à la grandeur de nos universités.
Puis on travaille très fort avec les universités, que ce soit l'Université
Laval, l'UQAM, l'Université de Montréal, qui ont de grosses facultés en
éducation, de justement emboîter le pas, nous donner cette possibilité-là pour
que soit rémunéré... c'est-à-dire pour que soit... qu'il y ait des ententes et
des partenariats avec les centres de
services scolaires et les étudiantes en question pour le dernier bout du
parcours. Alors, voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la
parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé pour son droit de réplique.
Mme Madwa-Nika
Cadet (réplique)
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Ce que j'aimerais dire à la ministre, c'est que, l'an
dernier, en avril 2023, lorsqu'elle a
dit que les stagiaires méritaient d'avoir une rémunération, ce qu'elle a créé,
chez les jeunes, c'est de l'espoir. La semaine dernière, donc un an et demi
plus tard, après sa déclaration, quand son collègue, donc, à l'Éducation,
donc, a lui aussi, donc, soulevé le fait
qu'il étudiait la possibilité de rémunérer les stages, donc, dans le milieu de
l'éducation, ce qu'il a aussi créé, c'est de l'espoir.
Jeudi soir, j'avais le privilège d'être invitée
d'honneur à l'événement, donc, de Force jeunesse, donc, qui lançait la
programmation des Rencontres Maîtres chez vous, ça fait que j'avais l'occasion
d'être avec beaucoup de jeunes, des jeunes de... oui, donc, qui militent au
sein de différentes formations politiques, mais surtout des jeunes qui sont
très, très, très actifs au sein
d'associations étudiantes, l'UEQ, la FECQ, la CADEUL, donc toutes ces
associations-là qui sont très
présentes et qui suivent le dossier de la rémunération des stages dans le
secteur public depuis de nombreuses années. Ce que j'ai vu jeudi soir, là, c'est le même jour, le même après-midi où
le ministre a fait sa déclaration... ce que j'ai vu jeudi soir, c'est aussi de
l'espoir dans les yeux de ces jeunes-là qui sont venus me voir, qui se sont
dit : O.K. Mon Dieu! Ça s'en vient, ça s'en vient, ça s'en vient.
Donc, moi, ce que je n'ai pas envie, là, moi, ce
que je ne veux pas voir, c'est de voir ce gouvernement-là, le gouvernement
caquiste, créer des faux espoirs pour les jeunes. Un an et demi plus tard,
quand on nous dit : O.K., on étudie la question, les jeunes se
disent : Nous, on le sait, qu'on mérite d'être payés. La ministre, elle
l'a déjà dit l'année passée. Le ministre de
l'Éducation, tout ce qu'il a fait, c'est répéter exactement les mêmes propos
que l'année dernière. Donc, ça va être très important de passer à l'action, Mme
la Présidente, parce que, quand le gouvernement nous dit : On a fait
des choix, bien, moi, ce que j'entends, c'est qu'ils ont fait le choix de ne
pas payer ces jeunes-là.
Puis, pour
finir, je veux juste mettre le gouvernement en garde : la rémunération des
stages à la pièce, ça ne passera pas, je vous le dis, ça ne passera pas.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 2 octobre 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 44)