(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Donc, je vous invite à prendre place. Nous
allons débuter nos travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous sommes à
la rubrique Déclarations de députés, et, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Châteauguay.
Souligner
le courage de Mme Virginie Primeau-Poirier
dans son combat contre le cancer
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron : Merci, M. le
Président. En novembre dernier, Virginie Primeau-Poirier et Nikita Druzhynin se tenaient fièrement sur la troisième marche du
podium après avoir livré une performance exceptionnelle au championnat
du monde amateur de danse «ballroom». Ces partenaires sur la piste tout comme
dans la vie étaient au sommet de leur forme, représentant fièrement notre
Québec sur la scène internationale. Ils sont de vraies étoiles de mon comté.
Leur monde
s'est écroulé alors que Virginie reçoit le diagnostic qui semble
impossible : un cancer du sein de stade 3. C'est après avoir été sensibilisée à l'auto-examination
que Virginie a découvert la masse qui grandissait dans son corps.
Depuis maintenant près d'un an, Virginie
affronte bravement la maladie, jour après jour, alimentée par cette passion de
retrouver la piste de danse.
À la veille
du Mois de la sensibilisation du cancer du sein, je porte à mon tour le message
qui a fait la différence pour la vie de Virginie en partageant son
histoire. Sachez que le cancer du sein peut être silencieux. Il ne fait aucune
discrimination. Ne négligez pas vos auto-examinations. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Châteauguay. La parole revient maintenant à Mme la députée de
D'Arcy-McGee.
Souligner
le 25e anniversaire de l'organisme Le Phare, Enfants et familles
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président.
Le Phare, Enfants et familles a été la toute première maison de soins
palliatifs pédiatriques au Québec, et cette année l'organisme célèbre ses
25 ans.
À ses débuts, Le Phare offrait du répit à domicile.
En 2007, la maison ouvrait officiellement ses installations dans le quartier
Rosemont-Angus, à Montréal. Les cofondatrices, Michèle Viau-Chagnon et Nicole
Marcil-Gratton, ont été des pionnières dans le développement de cette ressource
essentielle. Le Phare et son équipe interdisciplinaire aspirent de devenir
la référence en soins palliatifs pédiatriques communautaires au Québec.
Le Phare veille sur ses centaines d'enfants
ayant une maladie limitant leur espérance de vie en leur offrant des soins, des thérapies complémentaires et des
activités adaptées à leurs besoins, ils accompagnent,,, psychosocial, du répit
n'est jamais oublié.
Depuis
25 ans, Le Phare veille, guide et se souvient des enfants et de leurs
familles, l'importance au sein de notre société québécoise. On leur
souhaite bonne chance et bonne continuation. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean.
Rendre
hommage à Mme Aurélie Rivard
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, ce
n'est pas la première et probablement pas la dernière fois que je vous parle
d'Aurélie Rivard.
Il y a trois ans presque jour pour jour, je vous
annonçais que je lui remettrais la Médaille du député de l'Assemblée nationale, ce que j'ai fait dans le
bureau du premier ministre, où elle était venue nous montrer ses cinq nouvelles
médailles des Jeux paralympiques de Tokyo.
Aurélie est
rentrée de Paris récemment avec trois médailles, ce qui porte à 13 son bilan de
médailles paralympiques en natation, sans compter tous les championnats
canadiens et mondiaux.
Saint-Jean-sur-Richelieu
est fière de sa championne et lui montrera cette fin de semaine dans une
activité publique.
Et,
selon ce que j'entends, si tout se passe bien, une piscine du Complexe sportif
Claude-Raymond portera bientôt son nom. Et
c'est loin d'être un détail, M. le Président, puisque ce n'est pas une
coïncidence anodine, la fondation de
cet autre grand héros de chez nous, Claude Raymond, a été pour beaucoup dans la
carrière d'Aurélie Rivard, que je salue et félicite au nom de tous
mes concitoyens de la circonscription de Saint-Jean.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Au tour, maintenant, du député de Taschereau.
Rendre hommage au personnel de soutien scolaire
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Merci, M. le Président. Nous soulignons présentement la
Semaine nationale du personnel de soutien scolaire.
Éducatrices en
service de garde, techniciennes en éducation spécialisée, en informatique ou en
loisirs, secrétaires, électriciens, concierges, le personnel de soutien
scolaire s'assure que nos écoles sont des milieux de vie sains et sécuritaires. Ils soutiennent le
personnel enseignant et contribuent à la réussite de nos enfants. Parce que
leur travail pourtant essentiel passe trop souvent inaperçu, je
souhaitais utiliser ces quelques instants pour leur rendre hommage.
L'engagement du
personnel de soutien scolaire est indispensable au bon fonctionnement de notre
système d'éducation. C'est grâce à leurs
interventions bienveillantes et à leur professionnalisme que, comme parents,
nous déposons nos enfants à l'école avec confiance chaque matin.
Merci de votre travail.
Et bonne Semaine nationale du personnel de soutien scolaire!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Taschereau.
Avant
de céder la parole à Mme la députée de Laporte, j'aimerais demander le consentement pour que Mme
la députée de Laporte puisse changer sa... le titre de sa déclaration.
Des voix : Consentement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement.
La parole revient maintenant à Mme la députée de Laporte.
Souligner le 50e anniversaire du Centre d'art de Préville
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Oui.
Merci, M. le Président. Alors, je souligne le 50e anniversaire de
fondation du Centre d'art Préville, situé à
Saint-Lambert. Ce centre se distingue par son offre de cours, soit en musique,
danse, arts visuels, théâtre, arts autochtones, écriture de chansons,
enregistrement sonore. Il y en a pour tous les goûts.
Le Centre d'art
Préville, c'est plus de 600 élèves, 1 200 inscriptions au camp
d'été et une centaine de bourses qui sont distribuées chaque année. C'est une
vraie pépinière de talents artistiques de tous genres et de tous âges.
Fondé en 1974 par
Mme Belva Thomas, sa fille Veronica, violoniste réputée
internationalement, a pris le relais et a permis au Centre d'art Préville de
connaître une croissance remarquable, comptant plusieurs initiatives, dont
l'Académie de danse Préville, la plateforme virtuelle unique Préville en ligne
et les Ateliers scolaires Préville.
Je souligne
l'excellence dans le travail de tous les acteurs qui gravitent de près ou de
loin auprès du centre.
Mme Thomas, je
vous souhaite plusieurs autres années à faire vibrer notre communauté.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et au tour, maintenant, de Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner la fermeture de la Charcuterie Noël
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Fondée en 1979 par M. Salvatore Natale puis
reprise par son fils Roberto, la Charcuterie Noël a servi avec fierté, passion
et convivialité plusieurs générations de Nord-Montréalais et de Québécois de
partout qui jugeaient avec justesse que les délectables trouvailles de
cet établissement en valaient le détour.
Si
la fonction éponyme des lieux en a été le socle, les viandes fraîchement
coupées ont côtoyé les miches de pain, les mets italiens gastronomiques,
les produits d'épicerie fine ainsi que les inimitables délices sucrés.
À
l'arrivée du temps des fêtes, faire tirer un panier-cadeau de la Charcuterie
Noël parmi nos aînés était déjà devenu l'une de mes précieuses traditions. Cela
me manquera donc de déceler sur leurs visages la joie de recevoir leurs
savoureux assortiments de victuailles, amalgamée à la quiétude de ce qui
relève du coutumier, parce que recevoir un présent signé Charcuterie Noël,
c'était comme recevoir un cadeau de sa propre famille.
C'est
donc le coeur gros que je joins ma voix à celles de mes concitoyens de
Bourassa-Sauvé pour dire au revoir à notre chère Charcuterie Noël. Je
tiens profondément à remercier la famille Natale pour ses services rendus à
notre communauté au cours des 45 dernières années. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le 70e anniversaire de la Cantine D'Amours
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais souligner en cette Chambre les
70 ans d'une véritable institution basque, et je parle ici de la Cantine
D'Amours.
Reconnu à travers le
Québec, cet établissement pistolois a traversé les décennies en maintenant un
niveau de qualité exceptionnel et en innovant sans cesse avec de nouvelles
recettes.
C'est
en 1954 que Jeanne Plourde entame un projet qui fera un long bout de chemin,
soit la vente de hot-dogs et de frites sous son perron. En 2009, son
petit-fils Denis D'Amours reprend le flambeau de l'entreprise familiale avec sa
conjointe Mélanie.
M. le Président, je
tiens à féliciter la famille D'Amours, qui a su bâtir une véritable institution
qui fait la fierté des Pistolois. Si vous passez par Trois-Pistoles, je vous
invite à y faire un tour et à découvrir le fameux cheeseburger complet de la
cantine, une recette originale et authentique, qui a su perdurer à travers le
temps.
Au nom des citoyens
et citoyennes de ma circonscription, bon 70e à toute l'équipe de la Cantine
D'Amours! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. La parole revient maintenant à M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner l'acte de bravoure de Mme Marie-Josée
Blanchette
et de M. Patrice Didier
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président, aujourd'hui, je tiens à souligner
l'acte de bravoure de Mme Marie-Josée Blanchette et de
M. Patrice Didier pendant la plus récente édition de l'Ultra-Trail des
Chic-Chocs.
Ce
massif montagneux comporte plus de 25 sommets au-delà des
1 000 mètres en altitude et fait de cet événement une des
courses les plus difficiles dans l'est de l'Amérique du Nord.
Le
17 août, Mme Blanchette et M. Didier étaient en randonnée sur le
mont Albert et ont retrouvé un homme en convulsions et inconscient à environ une trentaine de minutes du sommet. Infirmière
et infirmier à l'urgence de l'Hôpital d'Amqui, ils ont tout de suite
porté assistance à ce coureur en détresse.
En absence de la
couverture cellulaire dans le parc national de la Gaspésie, ce fut le premier
coureur en bas de la montagne qui a communiqué avec les secours. Trois heures
et demie se sont écoulées avant l'arrivée des équipes de sauvetage et des
ambulanciers. Près de huit heures ont été nécessaires pour compléter la mission
de sauvetage avec une évacuation par hélicoptère.
Je tiens donc à joindre ma voix à ce coureur, à sa
famille et à ses proches pour féliciter chaudement Mme Blanchette et M. Didier. Votre intervention a sauvé une
vie. Toute la communauté matapédienne et votre député sont fiers de vous.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Matane-Matapédia. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner l'arrivée à Saint-Hyacinthe d'une nouvelle
équipe de la Ligue nord-américaine de hockey
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M. le Président, à Saint-Hyacinthe nous célébrons,
cette saison, le retour du hockey professionnel, après 15 ans
d'absence, une nouvelle ligue... une nouvelle équipe de la Ligue
nord-américaine de hockey, le Bataillon.
Nous
avons la chance d'accueillir dans nos tribunes, ce matin, Dominic Lapensée,
entraîneur-chef, et Jessy Girard, commissaire de la ligue.
Pour les Maskoutains,
c'est un retour longuement attendu ainsi que le présage de matchs de fort
calibre.
M.
le Président, vous savez, le hockey, c'est un sport qui nous rassemble et qui
crée des liens entre les générations.
Donc, à la ligue et
aux propriétaires, MM. Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre, merci
d'avoir choisi Saint-Hyacinthe.
J'invite la
population à venir nombreux encourager notre nouvelle équipe au stade
L.-P.-Gaucher.
Bonne première saison
au Bataillon, et que la passion du hockey reprenne d'assaut notre communauté!
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Bonaventure.
Souligner le travail de la Fondation québécoise du cancer
Mme Catherine
Blouin
Mme Blouin : Merci beaucoup, M. le
Président. Cette année encore, près de 67 500 Québécois recevront un
diagnostic de cancer. C'est donc dire qu'il y a un Québécois à toutes les huit
minutes qui reçoit un diagnostic.
Nous avons la chance ici, au Québec, de pouvoir
compter sur la Fondation québécoise du cancer, un organisme qui prend soin des
personnes atteintes d'un cancer et de leurs proches.
Partenaire important du réseau de la santé, la
fondation soutient bon nombre de personnes année après année. Elle est là, au
coeur de l'épreuve, pour écouter, informer, réconforter, accompagner et
héberger les Québécoises et les Québécois que le cancer vient bouleverser.
D'ailleurs, le 15 septembre dernier a
marqué le 45e anniversaire de cet organisme exceptionnel.
Alors, au nom de l'ensemble de la population, je
profite de cette occasion pour remercier les administrateurs, les employés et
les centaines de bénévoles qui y ont succédé depuis 45 ans. Au fil des
années, tous ces anges gardiens ont fait preuve d'une bienveillance et d'une
générosité qui vient vraiment du fond du coeur. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Fabre. Et je cède
maintenant la parole à M. le député de Mégantic.
Souligner
la réalisation de projets de revitalisation
du centre-ville de Lac-Mégantic
M.
François Jacques
M.
Jacques : Merci, M. le Président. C'est avec fierté que je
souligne aujourd'hui l'aboutissement de deux projets d'envergure pour la
reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic, dont l'immeuble
Le Chevalier.
En effet, dans le cadre du Fonds au bénéfice de
la communauté de Lac-Mégantic, deux projets viendront ajouter 51 logements abordables, un pôle
communautaire et 14 000 pieds carrés d'espace commercial au coeur de
la ville. Il s'agit d'un avancement majeur pour les gens de chez nous,
qui se sont grandement mobilisés depuis 2013.
Permettez-moi de souligner l'apport de mes
collègues à la Justice, à l'Habitation et aux Affaires municipales, ainsi qu'à la ville de Lac-Mégantic, sans qui ces
projets n'auraient pu voir le jour. Un énorme merci également à l'ensemble
des partenaires et des collaborateurs qui ont permis de rendre possibles ces
réalisations par leur persévérance et leur volonté de recréer un milieu vivant,
habité et dynamique afin de redonner le sentiment de bien-être du passé. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Mégantic, pour votre
déclaration. Et, comme dernière déclaration, je dois céder... je vais
céder la parole, maintenant, à Mme la députée de Fabre.
Souligner
la Semaine contre l'intimidation et la violence à l'école
Mme Alice
Abou-Khalil
Mme
Abou-Khalil : Bonjour, M. le Président. Chers collègues,
permettez-moi de souligner aujourd'hui la semaine de la lutte contre
l'intimidation à l'école.
Ayant été informée de plusieurs cas
d'intimidation envers les étudiants de la circonscription de Fabre, c'est mon devoir de rappeler à cette Assemblée ainsi
qu'à tout le monde qui nous écoute que chaque geste compte pour défier
ce fléau dans nos écoles.
Enseignants,
parents, élèves et membres de la société civile, nous avons tous un rôle à jouer
pour offrir à nos enfants les outils pour parler, pour se soutenir et
pour mettre fin à ce cycle de violence qui affecte la vie de nos jeunes.
Travaillons ensemble pour créer des écoles où
chacun peut s'épanouir en toute confiance, où la diversité est célébrée et où
chaque voix est écoutée et respectée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Fabre. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclarations de
députés. Je remercie chacun des collègues pour votre déclaration.
Et nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 05)
La Présidente : Mesdames et
messieurs, bienvenue. Bienvenue au parlement du Québec.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence
de Mme Méganne Perry Mélançon,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de
Mme Méganne Perry Mélançon, ancienne députée de Gaspé.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de l'Économie, de l'Innovation, de l'Énergie.
Mme Fréchette : Alors,
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2023‑2024 de la
Régie de l'énergie et du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie.
Et je dépose
également les états financiers consolidés de l'exercice clos le 31 mars
2024 du Fonds de développement économique,
de Capital Ressources naturelles et Énergie ainsi que du Fonds pour la
croissance des entreprises québécoises. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre de l'Éducation.
M. Drainville : Oui, bonjour,
Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2023‑2024 du Conseil supérieur de l'éducation et de la Commission
consultative de l'enseignement privé.
Je dépose
également le plan stratégique 2024‑2028 de la Commission consultative de l'enseignement
privé. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2023‑2024
du ministère de la Sécurité publique, de la Régie des alcools, des courses et
des jeux ainsi que du Commissaire à la lutte contre la corruption.
Je dépose
également la planification stratégique 2024‑2027 du Commissaire à la
lutte contre la corruption. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette
Vézina : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le
rapport annuel de gestion 2023‑2024
du ministère des Ressources naturelles et des Forêts et le rapport
d'activité 2023‑2024 du Forestier en chef. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action
communautaire.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport d'activité 2023‑2024 du
Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Merci.
Dépôt de rapports de
commissions
La Présidente : À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission de la santé et des
services sociaux et député de Beauce-Nord.
Étude détaillée du projet de
loi n° 66
M. Provençal : Mme la
Présidente, je dépose le rapport de la Commission de la santé et des services
sociaux qui, le 24 septembre 2024, a
procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 66, Loi visant à renforcer le suivi des personnes
faisant l'objet d'un verdict de non-responsabilité
criminelle pour cause de troubles mentaux ou d'inaptitude à subir leur
procès. La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, je reconnais
M. le député de Saint-Jérôme.
Améliorer la protection
et le soutien offerts aux travailleurs étrangers
M. Chassin : Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 159 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant que plusieurs [travailleurs
étrangers] et [travailleuses étrangères] temporaires se font imposer des frais
illégaux de recrutement pour venir travailler au Québec, notamment à titre
d'aides domestiques ou dans l'industrie du camionnage;
«Considérant le Règlement sur les agences de
placement de personnel et les agences de recrutement de travailleurs étrangers
temporaires empêchant l'imposition de frais de recrutement aux personnes
travailleuses et que lesdits frais doivent être couverts par l'employeur
désirant recruter;
«Considérant qu'aucune infraction menant à
réparation n'a été émise par les autorités;
«Considérant que les travailleuses et
travailleurs concernés ne désirent pas porter plainte ou dénoncer afin d'éviter
de possibles représailles, telles que d'être retournés dans leur pays;
«Considérant que ces personnes travailleuses
sont ainsi victimes d'exploitation à des fins de travail, une forme de traite
de personnes;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'offrir une protection et un
soutien aux travailleuses étrangères et travailleurs étrangers
temporaires afin que ces personnes puissent avoir le courage de dénoncer. Nous
demandons de clarifier et d'étendre la réglementation entourant les frais de
recrutement afin d'en assurer une meilleure application.
Cela inclut d'effectuer des vérifications de l'application de cette
réglementation et de mettre en application des conséquences sévères
lorsque non respectée. Finalement, nous demandons de promouvoir davantage les
connaissances des droits, des ressources et des recours disponibles pour ces
personnes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et, pour ce
faire, je cède la parole, en question principale, au chef de
l'opposition officielle.
Blocs d'énergie destinés aux
entreprises
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, Northvolt est en
crise : perte de contrats majeurs, difficulté à payer ses fournisseurs,
licenciement, lundi dernier, de 1 600 employés en Suède, les
actionnaires qui refusent d'injecter de l'argent supplémentaire. Cerise sur le sundae : la ministre, elle, de
l'Énergie en Suède a décrété que son gouvernement ne mettra pas une cent de plus dans Northvolt, de un, et, de
deux, elle a mis sur pied une cellule de crise. Pendant ce temps-là, au Québec,
tout va bien, Mme la Présidente, ils sont... j'allais dire autre chose, le
gouvernement caquiste est pleinement rassuré.
Northvolt,
selon toute vraisemblance, n'aura pas besoin des 354 mégawatts d'ici
quatre ans. Depuis plusieurs jours, on demande au gouvernement de dégeler ce
bloc d'énergie. La réponse catégorique de la ministre : Il n'en est pas
question.
Hier, le
gouvernement a commencé à voir la lumière. Nouveau concept : le
séquençage. La ministre de l'Énergie a dit, je la cite : «S'il y a une
marge de manoeuvre, eh bien, peut-être qu'on pourrait utiliser un bloc
d'énergie au profit d'autres entreprises.» Alléluia, Mme la Présidente,
ils voient la lumière!
Question au premier ministre, maintenant.
J'aimerais l'entendre nous confirmer que les 354 mégawatts seront
entièrement dégelés et au profit d'entreprises du Québec.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, on a fait le choix d'être présents, d'être actifs dans la
filière batterie parce qu'on est convaincus que ça fait partie des
domaines d'avenir dans les économies sur la planète. Donc, on a pris un risque
calculé, on a diversifié notre risque entre plusieurs entreprises : GM,
Ford, Northvolt, Volta, Nemaska.
Et, Mme la Présidente, ce n'est pas juste moi
qui le dis, qu'on doit le faire, Raymond Bachand, hier, Raymond Bachand,
ancien ministre d'Économie, des Finances, qui dit que c'est important que le
Québec prenne sa place dans la filière batterie. Raymond Bachand qui dit :
Il faut regarder à long terme quand on parle d'économie. Raymond Bachand qui
dit : Il n'y a rien de pire dans un projet de développement économique que
la politique partisane. Raymond Bachand qui dit : Risque calculé, oui,
parce qu'on prend notre place dans une nouvelle industrie.
Mme la
Présidente, ce qui est clair, là, c'est qu'on a un nouveau Parti libéral qui
n'a pas de vision d'avenir au point de vue économique et qui s'oppose à
la filière batterie. C'est un choix qu'ils font. Je m'ennuie de Raymond Bachand.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît!
Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
il dit que le Parti libéral du Québec n'a pas de vision d'avenir, alors qu'eux autres même, ils viennent de découvrir le
séquençage, l'étapisme, y aller par étapes. Ils ont découvert ça hier, eux
autres, puis ils nous font des leçons sur une vision d'avenir. Quand on
leur dit que 354 mégawatts gelés pendant quatre ans, ça n'a pas de bon
sens parce que, pendant ce temps-là, ils disent non à des entreprises du
Québec, la semaine passée c'était une hérésie, ce qu'on disait, là ils
commencent à voir la lumière.
Je repose ma question au premier ministre :
Va-t-il dégeler l'entièreté du bloc pour des entreprises du Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, j'aimerais que le chef de l'opposition officielle aille plus loin.
Est-ce qu'il nous propose d'enlever le bloc d'énergie
à GM? Est-ce qu'il nous propose de l'enlever à Ford? Il n'y a pas longtemps,
Ford avait arrêté sa construction, comme Northvolt. Là, la construction est
reprise. Donc, est-ce qu'on enlève le bloc d'énergie de tout le monde?
Dans le cas de Northvolt, on nous dit que la
construction est retardée de 12 à 18 mois. Moi, je pense que c'est un bon
risque, calculé, de continuer de réserver ces blocs pour la filière batterie.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Hier, la ministre
ouvre la porte. À matin, le premier ministre, il ferme la porte. Il est en
train de dire — puis
qu'il le dise clairement aux Québécoises et Québécois puis à nos entreprises du
Québec — qu'il
ne va pas toucher aux 354 mégawatts, alors que sa ministre a dit qu'elle
amorçait une réflexion. Pourquoi? Parce qu'elle a eu la permission de Northvolt. Pourquoi? Parce qu'eux autres, ils veulent
leurs prochains 300 millions. Northvolt, ils donnent la permission
de jouer dans son 354 mégawatts parce qu'ils veulent leurs
300 millions.
Le premier ministre, il est-tu en train de
fermer la porte à ce que la ministre a ouvert hier?
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
il n'est pas question de verser le 300 millions tant que le financement ne
sera pas tout en place puis tant qu'on n'aura pas commencé la construction de
l'usine en Montérégie.
Maintenant,
Mme la Présidente, oui, il faut peut-être se poser la question : Est-ce
que, dans deux ans, dans cinq ans, dans
10 ans, si jamais il y avait un problème — puis on ne le souhaite pas, j'espère que les
libéraux ne le souhaitent pas — on
pourrait se poser des questions sur les
blocs qu'on a donnés à différentes entreprises? Mais, pour l'instant, c'est
tellement important pour nous, la filière batterie, qu'il n'est pas
question, à court terme, d'enlever les blocs d'énergie.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
j'ai rarement vu ça, un premier ministre qui contredit de plein fouet sa propre
ministre. Voyons donc! Donnez-y une chance, là, ça fait trois semaines qu'elle
est là, là.
Quand il dit «s'il y a un problème», il y en a
un, problème, avec Norhtvolt, il y a déjà un délai de deux ans. Ce n'est plus 2026, c'est 2028. La ministre a ouvert
une porte de façon raisonnable, elle s'est ralliée à nos arguments. On ne va
pas geler ça pendant quatre ans, le 354 mégawatts.
Alors, Northvolt lui a donné la permission. Lui,
va-t-il faire en sorte de libérer ces mégawatts?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, c'est important, là, que tout le monde comprenne que la ministre de
l'Économie et de l'Énergie n'a jamais dit
qu'à court terme elle retirerait le bloc d'énergie à Northvolt. Elle n'a jamais
dit ça, Mme la Présidente.
C'est quand même triste, là, de voir
le nouveau Parti libéral. C'est triste de voir le nouveau Parti libéral. Ça a déjà été un grand
parti. Ça a déjà été un parti économique. Aujourd'hui, c'est un parti qui
ressemble de plus en plus à Québec
solidaire.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Et maintenant j'aimerais entendre...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Il y aura une
seule personne qui aura le droit de parole, ici, et c'est le député de
Marguerite-Bourgeoys. On vous écoute, monsieur.
Investissement
du gouvernement dans Northvolt
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin :
La CAQ a donné nos ressources, donné nos travailleurs, donné notre énergie
à Northvolt pourquoi? Pour essayer de nous
faire rentrer dans la chaîne d'approvisionnement, pas la chaîne de valeur, la
chaîne des profits, Mme la Présidente,
parce que, oui, un jour, si Northvolt fait des profits, les profits vont aller
en Suède, pas au Québec.
J'entends
déjà la ministre de l'Économie me dire : Ah! un instant, là, nous, on a
parié sur 270 millions de dollars dans une débenture convertible. Mme la Présidente, savez-vous ce qui se
passe, actuellement, chez Northvolt? Ils sont en train de restructurer tout le financement. Il y a un manque de
liquidités. Ça veut dire quoi, ça, sur la valeur du placement que la CAQ
a fait?
Mme
la Présidente, j'aimerais entendre le ministre
des Finances, qui a lui-même
recommandé le placement dans Northvolt, me dire combien pense-t-il que
ce placement-là vaut maintenant.
La
Présidente : La réponse de la ministre...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous prie, un peu d'attention. La ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente,
merci. Alors, notre approche, en fait, que l'on a adoptée par rapport à Northvolt, elle est prudente, et elle est
raisonnable, et elle est sophistiquée, au sens où on a appris, on a appris des
erreurs des gouvernements antérieurs,
parce que, vous savez, il est arrivé plusieurs cas où il y a des grands projets
d'investissement qui ont été financés sans condition, puis il y a eu des
pertes considérables, vraiment, qui ont été assumées par le gouvernement du
Québec, dans des projets antérieurs menés par le gouvernement, par le Parti
libéral à ce moment-là. Alors, nous, on a
tiré des leçons de ça, et, afin de protéger les deniers publics, protéger
l'argent des Québécois, on s'est assurés d'y aller d'une approche par jalons, par étapes progressives, qui fait
en sorte qu'au niveau du financement c'est seulement lorsque certaines
étapes, certaines conditions auront été remplies que du financement pourra être
octroyé.
Concernant
le 240 millions qui a été investi, eh bien, il y a le terrain qui est en
garantie, un terrain prisé, d'un gabarit inégalé, et qui est à proximité de la
métropole, et qui a le bon zonage, donc un terrain avec une bonne valeur. Et
par ailleurs, bien, il y a un financement via une débenture convertible
en équité également.
Une voix :
...
La Présidente : M. le leader de
l'opposition officielle, je vous entends beaucoup, beaucoup, beaucoup. Vous
devriez donner l'exemple et demeurer silencieux.
Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, j'ai
posé la question au ministre des
Finances, il a lui-même recommandé
l'investissement de 270 millions de dollars dans la convertible de la CAQ.
Est-ce
qu'il peut se lever, puis être transparent, puis nous dire combien vaut cette
débenture convertible maintenant?
• (10 h 20) •
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui,
Mme la Présidente. Il y a un ralentissement qui existe dans le cas du secteur
de l'énergie... des véhicules
électriques, pardon, et ce que je constate, c'est qu'en fait, dès le premier
vent de face, le Parti libéral propose de
tourner le dos à Northvolt. Nous, on a une parole qu'on va respecter. Et je
comprends que l'attitude du Parti libéral ferait
en sorte que la parole du gouvernement ne serait pas respectée, si c'étaient
eux qui étaient dans le siège des décideurs. Maintenant, nous, on
travaille en étroite collaboration avec Northvolt, qui a pris des mesures
costaudes, qui ont été annoncées lundi, en
Suède, et qui n'affectent pas le projet au Québec, ni sa nature ni sa
composition. Donc, on va faire en sorte de travailler ça avec eux dans
le calendrier qui conviendra, considérant les nouveaux développements.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Le
ministre n'est pas capable de nous dire ce que ça vaut. Dans le décret qu'il a
lui-même endossé, l'investissement de
270 millions de dollars, il était là, il l'a recommandé, Mme la
Présidente. Puis là, maintenant, on devrait leur faire confiance, ils ne sont pas capables de dire combien ça vaut, puis,
aveuglément, investir un autre 300 millions de dollars?
Mme la Présidente, combien vaut le
270 millions dans Northvolt, que vous avez mis dans Northvolt?
La Présidente : Et on s'adresse à la
présidence.
La réponse de la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. C'est un
risque calculé que l'on prend avec Northvolt, c'est un risque calculé que l'on
prend pour le développement de la filière énergétique et... la filière
batterie. Et je constate, en fait, que le Parti libéral n'est pas de cette école-là. Il ne souhaite pas qu'on profite de notre
positionnement inégalé pour aller tirer tout le bénéfice, au profit des
Québécois, qu'on a... du fait qu'on a des minéraux stratégiques et critiques,
qu'on peut les exploiter, les développer dans des composantes de véhicules
électriques et même les recycler. On a une filière qui est composée de manière
complète, de toutes les étapes, et Northvolt est au coeur de ce projet-là. Et
je me serais attendue à ce que le Parti
libéral y voie là un levier important de développement économique pour les
Québécois, mais manifestement ils ne sont pas de cette école.
La Présidente : En question
principale, je reconnais...
Des voix : ...
La Présidente : C'est chez vous? Ah!
Je vais ajuster mes verres de contact sous peu. Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
on vous écoute.
Assujettissement des
entreprises à la Charte de la langue française
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Il y a plus d'un an, le gouvernement de la CAQ a prêté plus de
150 millions de notre argent à Ultium Cam, une usine de production de
matériaux de batteries, pour qu'elle s'installe à Bécancour. Ce nom-là vous dit probablement quelque chose, Mme la
Présidente, parce qu'en décembre dernier il y a un mécanicien qui avait
dénoncé publiquement le processus d'embauche en anglais de cette usine de la
filière batterie puis avait porté plainte. Bien, Mme la Présidente, la semaine
dernière, la décision du Tribunal administratif du travail est tombée et a donné raison au plaignant. Il a
fallu qu'un travailleur québécois rappelle à une entreprise soutenue par le
gouvernement de la CAQ que la langue officielle du Québec, c'est le français.
Pour paraphraser la nouvelle campagne du ministre de la Langue française, ça,
c'est gênant.
Est-ce que
nos entreprises québécoises, Mme la Présidente, elles doivent comprendre
qu'avec le gouvernement de la CAQ,
quand il est question de son obsession batterie, c'est : Au diable les
conditions d'attribution des blocs d'énergie, au diable le BAPE et au
diable le respect de la Charte de la langue française?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Langue française.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la Présidente.
Alors, ici, on a un cas qui montre bien qu'on a bien fait d'adopter la loi n° 96, qu'on appelle aussi la loi n° 14,
la nouvelle Charte de la langue française. Les gens n'étaient pas d'accord, de
l'autre côté, ils trouvaient qu'on avait trop d'ambition pour la nation
québécoise, trop d'ambition pour la langue française,
mais on a bien fait, puisqu'on a institué, maintenant, dans la Charte de la
langue française le droit de travailler en français, puis on a renforcé nos institutions, on continue de le faire,
en renforçant l'Office québécois de
la langue française.
Je ne sais
pas si ma collègue a pris connaissance de la décision, mais la décision du
tribunal dit que les employés, les gens ont le droit de travailler en français,
ont le droit de passer des entrevues en français et que c'est en français qu'on
vit, au Québec. Le français, c'est notre langue commune, c'est notre langue
officielle, ça doit se refléter partout. Il me semble que
ma collègue devrait se réjouir de ça. Il peut y avoir des gens qui ne l'ont pas
bien compris encore, des gens qui ne
l'appliquent pas encore correctement. On a tous le devoir de le répéter
fièrement pour que tout le monde le comprenne puis qu'il n'y ait plus de
ces dérapages, de ces erreurs.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Bien,
Mme la Présidente, l'article 46 de la Charte de la langue française
existait déjà, puis nous, on a proposé de le renforcer, au Parti libéral du
Québec.
Mais ici, qu'est-ce
qui est important, Mme la Présidente, paragraphe 24 de la décision,
l'entreprise de batteries, elle a fait
passer ses entrevues en anglais et en coréen parce que son représentant, il ne
comprend pas le français. C'est écrit noir
sur blanc, paragraphe 25 : «Le tribunal retient que l'une des
exigences figurant dans l'offre d'emploi est la connaissance de la
langue anglaise et coréenne.» À Bécancour. Ça ne s'invente pas.
La
CAQ nous dit qu'elle priorise le français, mais ça prend vite le bord quand il
est question de la filière batterie.
La
Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. Un instant.
Article 32. Vous devez garder le silence. Je vous rappelle le règlement.
La réponse du
ministre de la Langue française.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
Mme la Présidente, le Parti libéral n'est pas à une contradiction près
quand on parle de la langue française. Ils ont voté contre la loi n° 96,
contre la plus grande modernisation de la Charte de la langue française depuis 1977. Et, si on n'avait pas apporté les
changements que nous avons apportés, la décision du tribunal aurait été complètement
différente. Et là elle se réclame d'une
décision prise en fonction d'une loi contre laquelle ils ont voté. Démêlez-vous
entre vous autres, trouvez-vous un chef, trouvez-vous un leadership,
mais ressaisissez-vous, bâtard!
La
Présidente : Et, M. le ministre, permettez-moi de vous rappeler que
vous parlez à la présidence.
Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet :
Mme la Présidente, manifestement, je pense que le ministre, il n'a pas lu
la décision du Tribunal administratif du travail. La CAQ, ici, elle a mis de
notre argent dans une entreprise étrangère qui ne respecte pas nos lois
québécoises. Elle passe des entrevues à des travailleurs québécois en anglais
et en coréen à Bécancour. L'usine de batterie,
ici, elle n'a pas été capable de prouver qu'elle avait une raison valable de le
faire. Elle a contrevenu à la Charte de la langue française, c'est écrit
noir sur blanc.
La
CAQ nous dit, dans ses nouvelles publicités sur le français, «ça se tient
debout», mais, quand il est question de batteries, ça plie pas mal.
La
Présidente : Pas de commentaire après les questions. La réponse du
ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Mme la Présidente, on
veut que ça se passe en français, au Québec, clairement. Clairement. C'est
pour ça qu'on a modifié la loi. Et, si on
n'avait pas modifié la loi, ça n'aurait pas été sanctionné, la décision du
tribunal aurait été différente.
Est-ce que mes
collègues, tout à coup, virent à 180 degrés? Est-ce qu'on a des nouveaux
alliés pour la langue française? J'aimerais
ça le savoir. Ça veut dire que, maintenant, ils vont appuyer nos mesures très
fortes pour le droit de travailler en français, pour ce qu'on a fait
dans les cégeps anglophones, ce qu'on fait maintenant pour avoir des cours de
français dans les universités. C'est bien, si on a enfin des alliés et si le
Parti libéral se ressaisit. Écoutez, bienvenue sur la patinoire de la langue
française.
La
Présidente : En question principale... Bonjour, Mme la députée de
Saint-Laurent. La parole est à vous.
Blocs
d'énergie destinés aux entreprises
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
le ministre pourrait peut-être parler à son collègue qui fait des entrevues sur
le «fly» pour parler de «features» de souliers.
Maintenant
que j'ai dit ça, l'an dernier, le premier ministre nous présentait le projet
Northvolt comme étant le deal du siècle, sa Baie-James du XXIe siècle.
Aujourd'hui, on nous dit : Un petit vent de face. Évidemment, hein? Pas
grand-chose qui se passe, à part que l'usine principale ne roule pas à plein
régime, qu'ils ont débranché la deuxième usine
en Suède, débranché l'usine au Portugal, débranché 1 600 emplois,
débranché un contrat de 3 milliards avec BMW. Même les actionnaires
veulent débrancher leurs investissements additionnels. Le gouvernement suédois
ne veut pas mettre un sou de plus, ils mettent une cellule de crise pour aider
à gérer une restructuration financière.
Aujourd'hui,
face à ce petit vent de face, est-ce que le premier ministre réalise que sa
Baie-James commence à ressembler plus à son Waterloo et que c'est peut-être le
temps de débloquer 1 500 mégawatts pour nos entreprises d'ici?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, manifestement, le Parti libéral part en
guerre contre la filière batterie. Vraiment,
il ne voit pas là le potentiel, tout le potentiel énorme qu'on a réussi déjà à
dégager de ce créneau-là et qu'on va continuer à faire. On a déjà une
vingtaine d'entreprises qui sont insérées dans cette filière batterie,
j'entends notamment EcoPro, Ultium, Nouveau
Monde Graphite, Lithion, il y en a plusieurs autres comme ça. Donc, on va miser
sur ce potentiel encore pour les
prochaines années, parce qu'il y a là un levier de développement pour les
Québécois inégalé.
Alors,
on ne va pas, par ailleurs, répéter les erreurs du passé, les erreurs des
libéraux, où on a investi dans des firmes sans avoir d'élastique, sans avoir de
conditions à rencontrer. Ça n'a pas été notre approche. C'est un secteur pour
lequel on a été très prudents, et c'est
important de le demeurer, et on va rester attentifs à l'ensemble de ce qui se développe
autour de Northvolt.
Pour ce qui est de la
cellule de crise, j'ai posé la question, et on m'a expliqué que la cellule de
crise de Northvolt en Suède, c'est pour faire en sorte que les travailleurs
étrangers temporaires restent en Suède. Il y avait énormément de travailleurs
étrangers temporaires parmi les personnes licenciées, et ils veulent s'assurer
qu'ils restent à l'emploi, dans un nouvel emploi, et en Suède. Alors, voilà
pour la cellule de crise.
• (10 h 30) •
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
En 1 min 15 s, elle n'a jamais parlé de Northvolt. Pendant ce
temps-là, aujourd'hui, le premier ministre dit : Non, on ne va pas prendre
les 354 mégawatts pour les réattribuer, alors qu'elle était hier, la
ministre, avec Paul Laroque, au Bilan,
avec Patrice Roy, pour dire : Oui, oui, on a parlé avec l'entreprise, ils
sont prêts à libérer les précieux blocs d'énergie.
Moi, ma question,
aujourd'hui : Qui dit vrai, la ministre ou le premier ministre?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Mme la Présidente, si je n'ai pas
parlé de Northvolt, je ne sais pas de quoi j'ai parlé, mais, alors,
soulignons-le pour tout le monde, je parle de Northvolt quand j'interviens ce
matin.
Alors,
d'une part, il n'est pas question de transférer à courte échéance des blocs
d'énergie réservés pour Northvolt à d'autres organisations et
entreprises. Ce que j'ai dit et que je répète, c'est qu'il y a un exercice de
séquençage qui est en cours chez Northvolt, et, au terme de cet exercice-là,
qui va se conclure dans le courant de l'automne, on va voir s'il y a des blocs d'énergie qui pourraient être
libérés au cours des prochaines années et attribués à d'autres entreprises.
Mais il n'y a rien de cette nature-là
qui va se faire à courte échéance, parce qu'il y a un exercice qui est en
cours, de séquençage, pour voir l'allure que ça va prendre avec le
nouvel échéancier.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme
la Présidente, le séquençage, en français, c'est quand on parle d'ADN puis de
biologie. Là, on est dans le monde des
affaires. Dans le monde des affaires, il y a une restructuration financière, on
nous parle que l'entreprise va
supermal, et je n'arrive pas à croire que la ministre essaie de faire diversion
en nous disant que, d'un côté...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vais vous entendre brièvement
sur un rappel au règlement, j'imagine.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, la collègue ne peut pas utiliser
ce mot, je lui demanderais de le retirer. Écoutez, on prête des intentions,
c'est blessant. 35.
Des voix : ...
La
Présidente : Article 32. On retrouve le silence. Et, oui, faites
attention à vous. Ça, c'est blessant.
Cela dit, ce mot
n'est pas au lexique. Demeurons respectueux. Mme la...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Un peu de silence. J'aimerais entendre Mme la
députée. Il lui reste 14 secondes.
Mme Rizqy : La ministre, quand elle nous parle de jalons à
franchir, peut-elle expliquer aux Québécois pourquoi qu'en ce moment il y a 1 million de
dollars... 1 milliard de dollars d'engagés pour un projet qui ne
verra pas le jour soit avant 2029 ou 2030, tel qu'elle l'a dit hier à Paul
Larocque?
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, j'invite la députée de Saint-Laurent à
réécouter, en fait, une des cinq entrevues
que j'ai données ou les deux scrums d'hier, parce que ce que j'y mentionne,
c'est qu'il y a un montant de
240 millions qui a été investi pour l'achat du terrain, le terrain est en
garantie, un terrain d'une grande valeur. Et il y a également
270 millions qui ont été investis dans la maison mère. Alors, le total, ça
fait 510 millions, avec des bonnes garanties.
Alors, voilà, ça, c'est les informations que j'ai divulguées hier et que je
réitère ce matin. Et, s'il advenait qu'on ait un investissement futur,
ça va être dans le respect de l'entente qu'on a signée et qui comprend
plusieurs étapes pour éviter d'être trop à risque. Et donc c'est suite aux
atteintes des conditions qu'on va pouvoir débloquer l'argent.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Position du gouvernement concernant les projets d'oléoduc
en territoire québécois
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Depuis plusieurs mois
maintenant, le Québec est plongé dans un débat de société important. Comment on
va prendre le virage rapide vers une économie verte et durable? Le premier ministre répète d'ailleurs que c'est pour ça qu'il
a besoin de Northvolt pour décarboner le Québec. On peut débattre entre
nous de la meilleure façon de décarboner notre économie, mais, de manière
générale, dans une écrasante majorité, les Québécois et Québécoises sont
d'accord sur l'essentiel : il faut décarboner notre économie.
À Ottawa, c'est plus
compliqué. Depuis jeudi dernier, le premier ministre est devenu le
superbénévole d'un homme qui veut, lui,
recarboner l'économie du Québec. Pierre Poilievre s'est engagé à aller contre
les choix environnementaux de la
nation québécoise. Il ne veut pas donner une cent au tramway. Il veut passer
des nouveaux pipelines sur notre territoire. Il veut permettre aux
raffineries de pétrole de polluer encore plus. Bref, le premier ministre appuie
un homme qui rêve d'anéantir dès son arrivée au pouvoir tous les efforts
environnementaux du Québec.
Si les souhaits du
premier ministre sont exaucés, et que les conservateurs prennent le pouvoir à
Ottawa, et que Pierre Poilievre respecte sa promesse de forcer le passage de
nouveaux pipelines au Québec, maintenant que le premier ministre a appuyé
Pierre Poilievre, comment il va défendre le Québec contre les nouveaux
pipelines?
La
Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La
Présidente : J'aimerais entendre le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, depuis deux ans, puis on a des nouveaux chiffres aujourd'hui qui
le confirment, le nombre d'immigrants
temporaires est passé de 300 000 à 600 000. Le chiffre exact, c'est
588 000, le chiffre révisé
aujourd'hui. Donc, Mme la Présidente, pour moi, c'est l'urgence la plus
importante quand on parle au gouvernement fédéral. Pourquoi? Parce que ça amène
des problèmes majeurs de logement, de services en santé, en éducation.
Ça pose des problèmes aussi pour l'avenir du français à Montréal.
Donc, ce que j'ai
dit, c'est : Pourquoi le Bloc québécois ne profiterait pas de l'occasion,
où il y a un vote de confiance, pour exiger du gouvernement Trudeau qu'on
réduise enfin de façon significative le nombre d'immigrants? Je n'ai jamais dit
que j'appuyais un parti plutôt que l'autre. J'ai dit qu'on ne devrait pas...
Des voix :
...
M. Legault :
J'ai dit qu'on ne devrait pas appuyer le gouvernement de M. Trudeau tant qu'il
ne nous dira pas... qu'il ne prendra pas l'engagement clair de réduire le
nombre d'immigrants temporaires au Québec. C'est ça que j'ai dit. Québec solidaire
essaie de prétendre d'autre chose, mais c'est tout ce que j'ai dit.
Puis
ce que je vois, c'est que le Parti québécois n'est pas mieux que Québec
solidaire. Quand il vient le temps de se tenir debout pour défendre notre
langue, ils ne sont pas là.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de bravo. Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Mme la Présidente, j'aimerais ça connaître l'adresse
du cordonnier du premier ministre, parce que
ma poignée dans le dos est un peu lousse, il faudrait que je la fasse ajuster.
Mme la Présidente, tout le monde au Québec
a compris ce que le premier ministre a fait jeudi dernier. Il s'est rangé
derrière Pierre Poilievre. Puis Pierre Poilievre, il n'a rien
promis en matière d'immigration au Québec, pas un pouvoir de plus. Il n'a rien
promis sur le plan de la langue française au Québec, pas une mesure de plus. Ce
qu'il a promis, par contre, c'est des nouveaux pipelines.
Qu'est-ce que le
premier ministre va faire quand son ami va prendre le pouvoir?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, tout ce que j'ai dit, la
semaine dernière, c'est qu'avant d'appuyer le gouvernement de M. Trudeau le Bloc québécois devrait exiger
qu'on réduise de moitié le nombre d'immigrants temporaires. C'est tout
ce que j'ai dit. Et, s'il y a une campagne électorale, Mme la Présidente, ce
sera l'occasion pour chaque parti, incluant le
parti frère, le NPD, de Québec solidaire, le Parti conservateur, le Parti
libéral, le Bloc québécois... tout le monde devront prendre des
engagements pour réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Aïe! on a une grande famille, à Québec solidaire, parce qu'hier on était
les frères du Bloc, aujourd'hui on est les frères du NPD. Moi, j'étais sûr
qu'on était enfant unique.
Le premier ministre,
là, il est complètement mélangé. Il est tellement mêlé qu'il se mélange dans
ses attaques. Sa job, son travail, son
mandat, ce n'est pas d'être le superbénévole du Parti conservateur du Canada,
c'est de défendre les valeurs des Québécois puis des Québécoises, puis nos
valeurs, c'est la protection de notre fleuve, de notre territoire. On
n'en veut pas, des nouveaux pipelines, au Québec.
Pourquoi le premier
ministre ne parle pas de ça?
• (10 h 40) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre. On l'écoute.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, là, j'invite le chef de
Québec solidaire à utiliser le mot en français. Oléoducs. Oléoducs.
Maintenant, Mme la
Présidente, tout ce que j'ai dit, la semaine dernière, c'est que le Bloc
québécois, avant d'appuyer le gouvernement
Trudeau, devrait exiger qu'on règle le problème le plus urgent au Québec,
c'est-à-dire réduire le
600 000 immigrants temporaires qui nous fait mal au niveau du
logement, de la santé, de l'éducation et du français. C'est tout ce que
j'ai dit, rien de plus, rien de moins.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant M. le
député de Rosemont.
Subventions octroyées pour la tenue d'événements
sportifs professionnels
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. La semaine prochaine, les Kings de Los Angeles
vont venir jouer ici, à Québec, aux frais
des contribuables, en vertu d'un financement créatif. On a un deux pour un
parce que, cette semaine, les golfeurs professionnels disputent la Coupe
des Présidents à Montréal, aux frais des contribuables, en vertu d'un
financement sophistiqué.
On dit souvent, au
golf : Ce n'est pas comment, c'est combien. Dans ce cas-ci, les deux
questions se posent.
Comment le gouvernement peut justifier des dépenses hors
normes, parfaitement hors normes, de 6 millions de dollars au
golf ou au hockey professionnel, alors qu'il demande à nos réseaux publics et à
ses propres députés, le gouvernement demande à ses propres députés de se serrer la
ceinture? Comment peut-il trouver, de façon sophistiquée, 6 millions pour
des milliardaires du golf?
La
Présidente : La réponse de la ministre du Tourisme.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la Présidente. Alors, soit le Québec,
Mme la Présidente, se positionne à l'international ou elle laisse sur la table 4,1 millards de
dollars de devises étrangères qui entrent au Québec, uniquement pour 2023, là,
puis les données n'ont pas été terminées
d'être compilées, 4,1 millards de dollars au Québec. Ça, ça va aller dans des
CPE. Ça, ça va aller dans les infrastructures sportives de ma collègue.
Ça va aller dans des écoles. Ça va aller sur l'ensemble des infrastructures au
Québec.
Maintenant, ce qu'il
est important à préciser, dans le cas de la PGA, Mme la Présidente, il n'y a
pas de salaire qui est payé aux golfeurs,
zéro salaire qui sont payés aux golfeurs. Ce qui va ressortir de l'événement de
la PGA, les sommes qui vont ressortir
de là, Mme la Présidente, bien, premièrement, c'est 45 000 touristes
à Montréal, c'est 71 millions de dollars de retombées, c'est une diffusion à travers la
planète, et 100 % des recettes qui pourraient être tirées de la PGA vont
être remises au CSUM, ici, à Montréal, de la part des professionnels de
la PGA.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
4 milliards de retombées, 1 milliard de téléspectateurs. En tout
respect, là, la ministre souffre du syndrome
Taylor Swift. Tout est amplifié ici, là, de façon exagérée. La Caroline du
Nord, le New Jersey ont reçu la même Coupe du président sans une cent
publique.
Est-ce que la
ministre peut au moins réaliser que le gouvernement du Québec, et le Québec,
n'est pas le guichet automatique des milliardaires du sport, qui n'ont pas
besoin de nos subventions pour venir ici?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Bien, je vais répondre que l'Australie a levé la
main, Mme la Présidente, pour avoir des événements sportifs internationaux
à grande télédiffusion. Il n'y a pas de meilleure carte de visite, il n'y a pas
de campagne promotionnelle pour positionner
le Québec, Montréal, à l'international, que ces grands événements là. Et
l'Australie a jugé bon, elle aussi, d'offrir, donc, des sommes
gouvernementales, une participation, pour recevoir la PGA.
Ce
que Québec solidaire ne comprend pas, c'est qu'on est, à l'industrie
touristique, le plus grand... troisième plus grand exportateur, après
aéronautique et l'industrie de l'aluminium. Est-ce qu'on va laisser
4 milliards sur la table?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Parlons de disproportions, là. Ma collègue de Mercier et mon collègue de
Gouin, on a rencontré récemment le réseau
Partage, au Québec. Savez-vous combien ils reçoivent par année, du gouvernement
du Québec, pour organiser les Magasins-Partage de Noël? 13 000 $. 13 000 $. Ils sont obligés,
d'ailleurs, d'annuler tous les Magasins-Partage à travers le Québec cette année
parce que le gouvernement est trop pingre, il leur donne 13 000 $.
Pendant ce temps-là, on triture les
programmes existants, on triture les programmes existants pour trouver
6 millions hors normes. Kings, PGA, même combat, même résultat.
La
Présidente : M. le député, je vous avise que vous avez employé un
terme qui est non parlementaire, je vous inviterais à le retirer, le verbe que
vous avez employé. Il est au lexique, là, j'ai vérifié deux fois, je ne le
répéterai pas. Le retirer, je vous prie. Triturer les programmes. Triturer.
Vous le retirez?
M. Marissal :
...
La
Présidente : Parfait. La réponse de la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Bien, Mme la
Présidente, on va juste revenir, là, les recettes québécoises en devises
étrangères, pour l'instant, au Québec, je répète, les devises étrangères qui
sont rentrées au Québec en 2023 : 4,1 millards. Les recettes. 4,1 millards. On vise 6 milliards de
devises étrangères, au Québec, pour 2026. Ces devises étrangères là, Mme la Présidente, permettent entre autres à ma
collègue d'avoir 2,2 milliards, justement, pour aider les gens qui sont en
situation de difficulté.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Adéquation entre la taille de
l'État et les services offerts
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, lorsqu'elle était dans l'opposition, la
CAQ promettait de faire le ménage et de réduire la taille de l'État. Elle
promettait donc 5 000 fonctionnaires de moins. Mais, comme dans tant d'autres dossiers, une fois arrivée au pouvoir,
elle a fait exactement l'inverse. Au lieu d'en enlever 5 000, la CAQ a
rajouté 10 000 fonctionnaires, a donc augmenté la taille de l'État
par 15 %. Pourquoi? Parce que, pendant que la CAQ laissait les services
publics se détériorer, elle a augmenté les contrôles administratifs, augmenté
la surveillance, augmenté la bureaucratie.
Ça se traduit par 40 % de cadres de plus, en santé, qui ne donnent pas de
services directs à la population, la création de Santé Québec, la création de
l'agence de Mobilité Infra Québec, des superpositions de couches administratives,
et tout ça avec le pire déficit de l'histoire du Québec, 11 milliards.
Le Protecteur du
citoyen, dans son plus récent rapport, parle d'un État qui déshumanise sa
population dans l'accomplissement de ses missions tellement l'État est
désormais dédié au contrôle administratif. On parle d'un réflexe ici de faire
passer des enjeux administratifs avant les grandes missions de l'État à l'égard
des citoyens.
Est-ce que le premier
ministre peut reconnaître que, sous son règne, il y a plus de bureaucratie que
jamais et moins de services directs à la population pour les Québécois?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, quand on regarde
l'augmentation des effectifs, depuis 2018, c'est clair que la grande,
grande majorité des augmentations sont dans les réseaux de la santé et de
l'éducation.
J'entends
le chef du troisième groupe d'opposition dire ou laisser entendre que des
cadres, en santé, ce n'est pas utile. Bien, je m'excuse, quand on a eu la
COVID, on s'est rendu compte qu'il y avait des établissements qui n'avaient
pas de cadre, qui n'avaient pas de personne
responsable pour faire appliquer les normes, puis effectivement mon collègue a
mis en place des responsables. Mme la Présidente, il y a des cadres, aussi, qui
viennent aider les infirmières à avoir moins de paperasse à remplir.
Donc, ça aussi, ça amène des services additionnels.
Mais
ce qu'il est surtout important de dire, Mme la Présidente, c'est que la grande
majorité des augmentations, c'est pour donner plus de services en santé,
plus de services en éducation. On a ajouté des orthophonistes, on est en train
d'ajouter des aides à la classe pour être deux par classe.
Donc,
oui, on a fait le choix d'augmenter les budgets de la santé et de l'éducation
de 50 % depuis 2018, puis on est fiers de ça.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, au-delà des mots, le résultat sur le
terrain, c'est moins de services, plus de contrôle et de bureaucratie. Le
Protecteur du citoyen déplore l'usage abusif des mesures de contrôle, et je le cite, «qui doivent être appliquées de
façon minimale, exceptionnelle et en dernier recours». Le résultat actuel, là,
c'est que ça nous coûte plus cher en
bureaucratie, plus cher en paperasse, puis la population se retrouve devant
moins de services.
Est-ce
que le premier ministre peut le reconnaître, reconnaître que les contrôles
administratifs abusifs ont explosé pendant qu'on a moins de services?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je m'excuse de le dire,
là, mais ce n'est pas exact qu'il y a moins de services. Il y a plus de
chirurgies, plus d'actes qui sont faits par les médecins, par les infirmières.
Il
y a un problème, il y a une augmentation de la demande, pour plusieurs raisons.
D'abord, il y a un vieillissement de
la population. Ensuite, il y a l'arrivée des 600 000 immigrants
temporaires. Il y en a parmi eux autres qui sont malades.
Donc, quand on
regarde les services qui ont été donnés, il y a beaucoup plus de services qui
ont été donnés aujourd'hui qu'il y en avait en 2018. Le meilleur exemple, c'est
en santé mentale, on a beaucoup plus de services qui sont donnés qu'il y a six
ans.
• (10 h 50) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, le
gouvernement de la... le gouvernement actuel est un gouvernement
dépensier. Et posez la question à la population si, en santé, en éducation, en
services sociaux, on a plus de services qu'avant.
Il y a une détérioration des services, Mme la Présidente. Et, quand on écoute
les gens sur le terrain, et pas juste le
Protecteur des citoyens, il y a un consensus que les gens qui travaillent pour
la population sont étouffés par les contrôles administratifs, tout ça pour protéger l'image de ce gouvernement. Et il
faut que ça arrête. On veut une meilleure gestion...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, à mon avis, là, ce sont
des commentaires gratuits qui sont faits actuellement, basés sur absolument rien, parce que, moi, j'invite
le chef du troisième groupe d'opposition à aller voir les indicateurs de
performance, il verrait que partout le volume de services a été augmenté,
continue d'augmenter, continuellement. Malheureusement,
la demande augmente plus vite. Donc, on a besoin de plus d'argent. Il y a un
problème avec le gouvernement fédéral,
qui ne fait pas sa part, en santé, puis, pendant ce temps-là, bien, on a le
Bloc québécois qui appuie le gouvernement fédéral.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant Mme la
députée de Sherbrooke.
Modifications
au Règlement sur le transport des élèves
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. Ça fait un mois, cette semaine, que l'école a recommencé,
et, à Sherbrooke, ça fait un mois que des milliers d'élèves n'ont pas de
transport scolaire, des milliers de familles qui se cassent la tête chaque jour
depuis la rentrée pour que leurs enfants puissent arriver à l'heure à l'école,
des milliers de parents qui ratent des
heures de travail pour y arriver, des milliers de parents qui font des dépenses
imprévues pour que leurs enfants
puissent aller à l'école. Les familles sont à bout de ressources, le centre de
services scolaire aussi, et personne ne comprend le silence du ministre
de l'Éducation.
Vendredi
dernier, je lui ai écrit pour lui demander de modifier le règlement sur le
transport scolaire. En ce moment, le règlement empêche le centre de services
scolaire, tous les centres de services scolaires, de réattribuer des circuits,
même quand le service n'est pas offert. Je
n'ai toujours pas de réponse. Les parents s'impatientent. Ils veulent entendre
le ministre et savoir ce qu'il va faire.
Est-ce qu'on peut
savoir s'il va aider les parents à avoir du transport scolaire?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M.
Drainville : Bien, d'abord, Mme la Présidente, commençons par dire
qu'on a augmenté d'une façon très importante les budgets pour le transport scolaire.
Première chose. Ça, je pense que c'est très important de le dire.
Deuxième
chose, on transfère ces argents-là, donc, aux centres de services scolaires,
qui prennent ces budgets-là, et
évidemment, par la suite, il y a une... il y a des contrats qui sont signés
avec des transporteurs scolaires. Et ces transporteurs scolaires, dans certains cas, font affaire avec
des syndicats, et donc on se retrouve avec une négociation entre des
entreprises privées et les chauffeurs ou les employés qui sont
syndiqués. Et c'est ce à quoi nous assistons.
On
a eu plusieurs négociations comme ça, au Québec, depuis, je dirais... au cours
des deux dernières années. Il y a eu, dans certains cas, des conflits de
travail, effectivement, et on s'en désole. Et, moi, ce que je dis
habituellement, dans ces cas-là, c'est qu'on a transféré beaucoup de nouvel
argent pour les transporteurs scolaires, et les chauffeurs doivent avoir leur
juste part.
Et
je réitère que les chauffeurs doivent avoir leur juste part. Maintenant, en
bout de ligne, c'est une négociation entre des entreprises privées et
des syndicats de chauffeurs, et il faut laisser ces négociations-là se dérouler
correctement.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Bien
sûr, Mme la Présidente, que je ne demande pas au ministre d'intervenir dans le
conflit de travail, et j'espère aussi que ces travailleurs-là vont avoir leur
juste part des subventions, qui ont été, de toute évidence, mal balisées, mais là, en ce moment, on est dans
une situation où l'entreprise sait qu'elle pourrait ne pas offrir de transport
scolaire pendant des mois et elle ne perdra pas ses contrats. Dans quel univers
est-ce que ça peut fonctionner? Les entreprises, en temps normal, quand elles
ne livrent pas les services, elles peuvent perdre des contrats.
Moi, je demande au
ministre de réviser le règlement pour que les circuits puissent être
redistribués.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la Présidente, il y a des contrats qui ont été
signés, il y a une négociation qui est en cours. Il faut permettre à cette négociation-là de continuer à se dérouler, et
c'est la bonne chose à faire. On ne va pas commencer, Mme la Présidente,
à s'immiscer dans les négociations qui ont lieu entre les transporteurs
scolaires et les syndicats, on a beaucoup de
transporteurs scolaires, au Québec, on a beaucoup de syndicats locaux, et ce
n'est pas notre responsabilité de le faire. Notre responsabilité, c'est
de s'assurer que le financement est au rendez-vous, et il l'a été. Les budgets
pour le transport scolaire ont été augmentés. Il faut s'assurer, évidemment,
que les employés aient leur juste part, et c'est ce qu'on demande.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Sa responsabilité, c'est de s'assurer que les
enfants puissent aller à l'école le matin. En ce moment, il y a des
milliers d'élèves, à Sherbrooke, qui ne peuvent pas aller à l'école le matin
sans que leurs parents doivent se mettre
dans le trafic pour aller les reconduire. Je ne lui demande pas d'intervenir
dans le conflit de travail, je lui demande d'utiliser son règlement. Il
peut le faire avec un processus accéléré. Il y a une procédure prévue pour ça.
Il pourrait permettre aux centres de services scolaires de réattribuer des
circuits pour que le service puisse être offert aux familles.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, la députée de
Sherbrooke se lève et dit : Il y a des contrats qui ont été signés, mais
vous pouvez les briser, il n'y a pas d'enjeu. Honnêtement, honnêtement, moi,
j'ai un petit enjeu avec cette idée-là, cette proposition-là de Québec solidaire à l'effet qu'on puisse
signer des contrats puis à un moment donné on puisse les briser.
Alors,
Mme la Présidente, Mme la Présidente, les parents et les enfants vivent une
situation qui est difficile, ça, c'est
un fait. Ça, c'est un fait. Et donc évidemment qu'on souhaite que le transport
scolaire soit rétabli le plus rapidement possible. Ça aussi, c'est un fait.
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : Maintenant, Mme la Présidente, les contrats sont signés,
et on doit les respecter.
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis, et, pour ce faire, je cède la place au troisième vice-président
de l'Assemblée nationale. Merci pour votre attention.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour, collègues. Donc, à la rubrique des
motions sans préavis, en fonction de nos
règles et l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le troisième groupe d'opposition.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le député de Rosemont, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que, selon la Loi électorale, les contributions
politiques doivent être faites volontairement, sans compensation ni
contrepartie;
«Qu'elle prenne acte
de la réflexion de la Coalition avenir Québec afin de réactiver le financement
politique prochainement;
«Qu'elle
prenne acte de la surreprésentation des maires et mairesses parmi les donateurs
de la CAQ, alors que près de la moitié des maires et préfets du Québec
ont contribué à sa caisse électorale;
«Qu'elle prenne acte
que plusieurs d'entre eux sont sortis publiquement pour dénoncer le fait que
les activités de financement représentaient la seule porte d'entrée possible
pour s'entretenir avec des ministres;
«Qu'elle
prenne acte que, dans certaines régions du Québec, les deux tiers des maires
ont fait des contributions à la CAQ;
«Qu'elle prenne acte
que des entrepreneurs affirment avoir dû contribuer à la caisse électorale de
la CAQ pour rencontrer des ministres;
«Qu'elle demande à la
Coalition avenir Québec de ne plus monnayer l'accès à ses ministres en échange
de contribution politique au sens de la Loi électorale du Québec et de
permettre à toute personne intéressée d'assister à [des] événements, sans
contribution obligatoire.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? Il n'y a pas de consentement.
Pour la
prochaine motion, ça revient à un membre du groupe formant le gouvernement, et
je reconnais Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie.
Reconnaître
l'importance de mettre fin à la dépendance énergétique du Québec
à l'égard des entreprises pétrolières et de développer des projets permettant
la production de batteries pour des véhicules électriques
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse la dépendance énergétique du Québec à l'égard des
entreprises pétrolières;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance d'y mettre fin et de développer des projets permettant
la production de batteries pour des véhicules électriques.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Consentement, sans débat.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. La période de
vote est ouverte.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
1
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : La
motion est donc adoptée.
La prochaine
motion revient à un membre du groupe formant l'opposition officielle, et je
reconnais Mme la députée de Chomedey.
Souligner la Journée mondiale du tourisme
Mme
Lakhoyan Olivier : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Taschereau, le député de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée mondiale du tourisme, qui se tient chaque année
le 27 septembre;
«Qu'elle rappelle qu'il s'agit d'une occasion de
célébrer une industrie qui permet chaque année à des millions de Québécois et
de touristes venus de l'extérieur du Québec de découvrir, savourer et
bénéficier des richesses de notre territoire, de nos quatre saisons, de notre
culture et de notre savoir-faire;
«Qu'enfin, elle prenne acte des enjeux
importants liés au manque de main-d'oeuvre dans le secteur touristique et
qu'elle demande au gouvernement de poursuivre et intensifier les efforts pour
pallier cette situation en collaboration avec les principaux acteurs de
l'industrie.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement,
sans débat. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : ...électronique,
M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
1
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : La motion est adoptée. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Derraji : M.
le Président, je vous demande que copie de cette motion soit envoyée à
l'Alliance de l'industrie touristique du Québec. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Ce sera fait. Et, pour la
prochaine motion, qui revient à un membre du groupe de la deuxième
opposition...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Oui, M. le leader, bien sûr.
M. Derraji : Juste
une petite rectification par rapport à la motion présentée par Mme la ministre
de l'Économie et de l'Énergie. Notre collègue députée de Saint-Laurent était
conjointe. Donc, c'est pour le besoin du libellé, s'il vous plaît.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader de
l'opposition officielle. Donc, pour la prochaine motion, deuxième groupe
d'opposition, et je reconnais M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Une motion courte et sucrée.
Je sollicite
le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Marguerite-Bourgeoys, le député de
Jean-Talon et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de rendre publiques les études et
analyses sur les retombées économiques du projet Northvolt dans les plus
brefs délais.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement pour débattre de cette motion.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant, nous allons passer aux avis touchant
les travaux des commissions. Je demanderais aux collègues qui doivent
quitter... Donc, oui, allez-y, M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre : ...mon
vote lors du vote sur la motion du gouvernement, s'il vous plaît, pour
m'abstenir du vote. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
que j'ai le consentement? Consentement.
Alors, pour la prochaine rubrique, je cède la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président.
Donc, j'avise
cette Assemblée que la Commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'énergie et des ressources naturelles
va poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 63, la Loi
modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 12 h 50
et de 15 h 50 à 18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 62, la Loi
visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des organismes
publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de leurs projets d'infrastructure, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de l'aménagement du territoire
entreprendra l'étude détaillée du projet de loi...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader adjoint... M. le leader adjoint du gouvernement, un instant. S'il vous plaît, collègues, vous connaissez la
règle. Donc, les travaux se poursuivent. Donc, je vous invite à quitter de
manière un peu plus discrète, s'il vous plaît. Poursuivez, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...n° 70, la Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire
des animaux, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
des finances publiques se réunira en séance de travail le jeudi 26 septembre,
à la salle Pauline-Marois, de 8 heures à 8 h 30, afin de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant la demande
pour que la Société des alcools du Québec cesse la vente de vins israéliens
produits dans les territoires occupés et, de 8 h 30 à 9 heures,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
concernant l'annulation de la hausse du taux de taxation des gains en capital
au Québec.
Je vous avise également que la Commission de la
santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
jeudi 26 septembre, de 8 heures à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de poursuivre l'étude des observations,
conclusions ou recommandations de la commission à la suite des consultations
particulières et auditions publiques ainsi que les rencontres tenues dans le
cadre du mandat d'initiative visant à étudier les moyens facilitant le don
d'organes ou de tissus, notamment l'instauration de la présomption du consentement.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 61
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 24 septembre 2024 sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif.
Alors, nous
étions arrivés, hier, à l'intervention de Mme la députée de Chomedey, à qui je
reconnais tout de suite la parole. Mme la députée de Chomedey.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
(suite)
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour, M.
le Président. Merci beaucoup. Donc, j'aimerais faire l'intervention pour
l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif.
Aujourd'hui, je m'adresse à vous pour vous
parler du projet de loi n° 61. Comme vous le savez,
le système du transport collectif québécois traverse une autre crise. Les
sociétés de transport manquent de budget, les territoires sont inégalement
desservis et les Québécois ne disposent pas des services dont ils ont besoin au
quotidien.
Ce projet de loi, qui devrait révolutionner la
manière dont nous développons le transport collectif, selon la ministre des Transports et de la Mobilité durable,
vise à créer l'agence Mobilité Infra
Québec, dont la mission serait «d'effectuer, lorsque le gouvernement lui en
confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la planification et la
réalisation de projets complexes de transport». Encore le mot
«complexe». On ne comprend pas qu'est-ce que c'est exactement, ce n'est pas
très clair.
L'agence
serait également chargée de faire des analyses de transport, à la demande du
ministre responsable des Transports et de la Mobilité durable. Encore un
autre point : Où est l'indépendance, pour la MIQ? On ne le voit pas, ce
n'est pas clair.
En tant que porte-parole de l'opposition officielle
en matière de Tourisme, ce projet de loi est en lien étroit avec mes dossiers.
En effet, le tourisme repose sur une série de facteurs interdépendants, parmi
lesquels la mobilité joue un rôle central.
Les transports collectifs, tels que le bus ou les trains, sont un pilier
fondamental pour la croissance de l'industrie touristique québécoise. On
connaît... dans plusieurs pays où ils ont des trains rapides, on est capable
d'aller voyager facilement. Donc, est-ce qu'ils auront ce mandat-là? On ne sait
pas, ce n'est pas clair.
• (11 h 10) •
Donc, il
assure... ce transport collectif assure l'accessibilité des destinations,
permettant aux touristes de se déplacer aisément, et participe à la
valorisation des régions moins bien desservies, qui sont nombreuses au Québec.
Puis c'est dommage qu'ils ne les découvrent
pas. Un système de transport efficace, moderne, écologique et rapide favorise
donc un meilleur service touristique. Ainsi, je me dois de m'assurer que
ce projet de loi prenne en considération l'impact qu'il aura sur la chaîne
touristique afin qu'il soit en accord avec notre vision pour un développement
harmonieux du secteur.
Contrairement aux affirmations de la ministre
Guilbault dans son mémoire déposé au Conseil des ministres, selon lesquelles ce projet de loi n'affecterait
pas les entreprises, il est évident qu'il aura des répercussions importantes
sur plusieurs d'entre elles, notamment celles opérant dans les secteurs
de l'hôtellerie, du transport des agences de voyages et de la restauration.
En effet, si les promesses du gouvernement sont
tenues et si ça fonctionne bien, parce que c'est pas mal vague, Mobilité Infra
Québec pourrait transformer des espaces actuellement peu fréquentés, car
différemment accessibles, en des
destinations beaucoup plus prisées,
contribuant ainsi à dynamiser ces régions. Cette augmentation du flux de
visiteurs stimulerait non seulement le commerce local, mais aurait également un
impact positif sur l'emploi en créant de nouvelles opportunités dans des secteurs tels que l'hôtellerie,
la restauration et les services touristiques. De plus, l'amélioration de
l'infrastructure ferroviaire permettrait non seulement de réduire les temps de
trajets, mais aussi d'offrir des alternatives plus écologiques et abordables à la voiture, ce qui
inciterait davantage de citoyens à opter pour ces nouveaux modes de transport. Mais, pour que ces bénéfices soient
pleinement réalisés et réalisables, il est essentiel que les projets de la
nouvelle agence dédiée au transport
collectif profitent à l'ensemble du territoire de manière équitable et non
seulement à certaines zones déjà
favorisées. Un développement trop concentré dans des régions spécifiques
risquerait d'accentuer les inégalités territoriales, tandis qu'une répartition
équilibrée des investissements garantirait que toutes les régions ou les
quartiers du Québec puissent bénéficier des améliorations en matière
d'accessibilité et de mobilité. Ainsi, le taux de satisfaction des visiteurs
augmenterait grâce au gain de temps et d'argent que pourraient générer ces
solutions de transport collectif efficaces,
tout en favorisant une répartition plus harmonieuse du tourisme et des
avantages économiques à travers le territoire. Cela permettrait non seulement de désengorger les zones surfréquentées,
mais aussi d'assurer un développement durable, inclusif du secteur
touristique dans son ensemble. Je me laisse rêver, vraiment, là. Ce serait
magnifique.
Si l'on veut
que ce projet de loi devienne d'utilité publique, il doit remplir des
conditions précises sans lesquelles la
création de cette agence ne sera qu'une façade de plus, rendant les démarches
plus complexes tout en donnant l'illusion aux citoyens d'un bénéfice,
alors qu'en réalité cela n'apporte aucun avantage concret pour eux.
Nous
demandons de la transparence de la part du gouvernement. Quel est le but
concret de cette agence? Quelle est sa vision? Cette agence doit parvenir à
proposer un projet concret et une planification globale et sur le long terme
afin de contrecarrer l'accumulation de projets isolés et indépendants
qui, par le passé, n'ont pas permis de construire un réseau cohérent ni d'assurer la pérennité des
infrastructures. Trop souvent, ces initiatives ont été mises en place sans
coordination avec les autres projets,
entraînant une fragmentation des efforts et des ressources, ce qui a contribué
à l'inefficacité et à des résultats en deçà des attentes.
Dans ma circonscription, à Chomedey, à Laval,
des lignes de transport ont été supprimées au début de l'année, et c'est un vrai retour en arrière, qui ne
correspond pas aux besoins des citoyens. Il y a des gens ici qui prenaient ces
lignes tous les jours, et maintenant, faute de moyens, ils se retrouvent sans
solution. Cela crée une inégalité dans l'accès aux transports, surtout
pour ceux qui n'ont pas d'autres options pour se déplacer.
Pas plus tard
qu'avant-hier, lundi dernier, avant que je quitte pour venir à Québec, j'ai
rencontré Isabelle Guimond et Annie Des Rosiers, responsables
d'Alta, Association lavalloise pour le transport adapté, qui m'ont fait part de
leur inquiétude face à la régression des
services de transport adapté proposés aux personnes en situation de handicap.
Elles m'ont expliqué que, parmi leurs membres, certains se sont vu
couper des droits dont ils bénéficiaient par faute de moyens. Imaginez, là, on
est en train de rêver, mais on est en train de couper.
À Laval, nous subissons des coupures de
services, et nos aînés sont les premiers touchés. C'est inacceptable. Il y a
des stops pour les résidences... ont été supprimés. Ces aînés qui prenaient ces
autobus-là pour aller au centre d'achats, pour aller à leurs
rendez-vous, là, on leur enlève ça. On essaie de rêver. De plus, dans le
courant de l'été dernier et dans la continuité
de l'année 2023, 20 nouveaux postes ont été supprimés au sein de la
Société de transport de Laval en raison du contexte financier instable
et préoccupant que connaissent les sociétés de transport collectif.
• (11 h 20) •
Selon Anne-Sophie Harrois, porte-parole de la
STL, dans La Presse... Permettez-moi... Donc, dans La Presse, on parle de la crise de transport collectif.
Celui-là, on parle de Laval. Puisque je suis de Laval, je vais couvrir Laval un
peu. Je voudrais mettre en lumière la situation alarmante que vit la Société de
transport de Laval. Malgré les efforts pour maintenir
le service, la STL a dû abolir près de 60 postes en quelques mois en
raison d'un manque à gagner de 2,4 millions de dollars. Combien ça va coûter, ce nouveau... oui,
cette nouvelle agence? Dans le journal ici, c'est écrit : «On estime le
coût de fonctionnement de cette nouvelle agence de
6 millions de dollars pour la première année puis entre 9 et
9,5 millions annuellement.» Et là, juste à Laval, on a coûté... on a coupé
2,4 millions. Ça n'a pas de sens.
Ces compressions touchent en grande partie les
postes administratifs, mais elles reflètent une crise financière qui affecte
l'ensemble du transport collectif à Laval comme ailleurs au Québec. Ce contexte
instable met en péril les services essentiels aux citoyens lavallois. Alors que
nous travaillons à la création d'une nouvelle agence, nous devons admettre qu'il manque des ressources financières
pour assurer le bon fonctionnement et le développement des infrastructures
de transport collectif. La crise actuelle souligne l'urgence de trouver des
solutions durables et de nouvelles sources de financement pour soutenir ce
secteur vital. On ne peut laisser cette situation perdurer. Il faut revoir ces
décisions et mettre en place des services de
transport public qui répondent aux besoins de tout le monde, tout le monde,
tout le monde, surtout ceux qui en dépendent vraiment.
La création de cette agence doit être dans le
but d'adopter une vision large qui prend en compte l'ensemble du territoire et les besoins... maintenant et futurs,
parce que, comme on remarque, on est en train de couper les services depuis
le printemps dernier, et ça ne va pas en améliorant, donc, cela dans l'objectif
non seulement d'améliorer la connectivité entre
les différentes régions, mais aussi d'assurer que chaque projet s'inscrit dans
une stratégie de développement durable. Il est essentiel que cette
planification inclue une réflexion approfondie sur les interconnexions entre
les divers modes de transport tout en
garantissant que les investissements réalisés aujourd'hui soutiennent une
croissance soutenue et équilibrée du réseau pour les générations
futures, mais on dirait c'est au détriment du service d'aujourd'hui. Donc, il
faut voir... On peut rêver pour le futur, mais aujourd'hui, aujourd'hui,
qu'est-ce qu'on fait avec toutes ces coupures? Ça, c'est une grande inquiétude
pour nous tous.
Donc, pour cela, il me semble nécessaire que
Mobilité Infra Québec soit dépolitisée. Ne serait-ce d'ailleurs pas pour cette raison que le gouvernement souhaite
la créer, tenir hors du champ politique le réseau de mobilité québécois?
L'agence ne doit pas subir des fluctuations politiques et les changements de
gouvernement. En 2013, l'actuel ministre de
Cybersécurité disait à propos des agences que créer une agence, c'est créer une
agence de favoritisme, créer une agence, c'est créer une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire. Il est
curieux de voir que la CAQ souhaite faire une agence aujourd'hui. Une gestion neutre, indépendante
permettrait à l'agence de se concentrer sur sa mission à long terme. Sa mission
à long terme... Est-ce
que cette agence est assez indépendante pour... prendre décision ou ils vont
faire le travail que la ministre va leur demander de faire? Donc, ce
n'est pas clair.
Donc, sans être
influencée par les priorités politiques temporaires ou les intérêts électoraux
du moment, la population, là, veulent
recevoir du service. Ils veulent voir que leur gouvernement... que, d'un
gouvernement à l'autre, on puisse avoir un plan à long terme puis on
sait qu'on va continuer, mais n'importe quel gouvernement qui rentre. Donc,
s'il y a une autoroute 13, là, il va continuer passé Mirabel, il ne va pas
être coupé. Donc, c'est vraiment important. Les citoyens sont tannés. Ils
veulent vraiment avoir un gouvernement qui s'occupe d'eux.
Une agence autonome pourrait mieux garantir une
planification cohérente, stable et axée sur le bien-être collectif plutôt que
sur des objectifs partisans. Or, pouvons-nous réellement espérer une agence
indépendante, sachant qu'elle est créée à la demande du gouvernement et
que c'est lui qui lui dictera ses directives?
Il y a donc un risque
que les décisions soient fortement influencées par les choix politiques du
moment, ce qui pourrait nuire à l'impartialité et à l'efficacité de sa gestion.
En rendant cette structure dépendante des orientations gouvernementales, nous
risquons de retomber dans les mêmes erreurs que par le passé, où des projets de
transport ont été lancés ou abandonnés en
fonction des élections plutôt qu'en suivant une vision à long terme. Cela fait
donc craindre que l'agence ait du mal à fonctionner de façon vraiment
autonome et à prioriser les besoins des citoyens au lieu de ceux du
gouvernement en place.
Un
autre critère crucial pour garantir que ces projets répondent réellement aux
besoins est celui des décisions. Elles doivent être prises dans un cadre
collaboratif et non de manière centralisée et descendante. L'Union des
municipalités du Québec a exprimé une forte inquiétude quant à la
conservation de leur liberté décisionnelle à la suite de l'émergence de Mobilité
Infra Québec. En effet, Martin Damphousse, le président, s'est dit inquiet.
Donc, pour finir,
puisque je n'ai pas beaucoup de temps, je m'interroge également sur le champ
d'action de cette agence. Il me semble important de souligner une certaine
ambiguïté à ce sujet. En effet, le nom même de Mobilité Infra Québec prête à
confusion. Si l'agence est supposée de se concentrer exclusivement sur les
transports collectifs, pourquoi ne
pas l'appeler simplement Transport Infra Québec? L'utilisation du terme
«mobilité» pourrait indiquer que le gouvernement souhaite se réserver
une certaine flexibilité en désignant des projets complexes de transport,
mais...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
Mme la députée de Chomedey, c'est tout le temps dont vous disposez.
Nous sommes toujours
dans ce débat sur l'adoption de principe du projet de loi n° 61, et, comme
prochaine intervenante, je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci,
M. le Président. Donc, à mon tour d'intervenir, au nom du Parti libéral du
Québec, sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi édictant la
Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif.
M. le Président, on a
une maxime ici, au Québec, qui dit Je me souviens. Bien, moi, M. le
Président, je me souviens d'un premier ministre qui, à une autre époque, en
2018, donc à son arrivée, il nous disait, je le cite : Moi, je ne veux pas tout changer et perdre deux ans à
jouer dans les structures. Il est aussi revenu à la charge en 2021 en nous
parlant encore du fait que lui, il ne voulait pas jouer dans les
structures.
Je me souviens aussi
de l'actuel ministre de la Cybersécurité qui, en 2013, parce qu'il était déjà à
l'Assemblée nationale, nous disait, à propos
des agences, ceci : Créer une agence, là, c'est créer une agence de
favoritisme. Créer une agence, c'est créer une instance qu'on éloigne du
contrôle parlementaire.
On a aujourd'hui,
donc, un premier ministre au pouvoir, donc, un député de La Peltrie, qui est
actuel ministre de la Cybersécurité, qui
font partie, donc, d'un gouvernement qui nous est arrivé, pas plus tard que
l'année dernière, avec l'agence Santé Québec et qui, là, aujourd'hui,
nous arrive, avec la ministre des Transports, avec Mobilité Infra Québec. Donc,
aujourd'hui, là, après la Santé, ce sont les Transports qui ont droit à une
agence.
C'est
particulier, vous en conviendrez, M. le Président, que la CAQ a tellement viré
sa veste de bord qu'on est passé d'un parti politique qui nous disait :
Ah! jouer dans les structures, là, ce n'est pas ça qui va faire avancer le
Québec, là... Moi, je veux des
résultats, vous me jugerez sur les résultats, que nous disait le premier
ministre. Bien là, il a tellement changé son fusil d'épaule que la
vice-première ministre, donc la ministre des Transports, quand elle a déposé
son projet de loi, elle a affirmé que
la nouvelle agence, là, Mobilité Infra Québec va, entendez-vous bien, là, révolutionner
la manière dont on développe le transport collectif au Québec. Révolutionner,
M. le Président, rien de moins. Donc, vous conviendrez avec moi qu'il semble y avoir une certaine collision
des visions au sein de la Coalition avenir Québec... qu'il semble congru de
renommer agence Avenir Québec... Qu'est-ce qui se passe avec la CAQ?
Donc, mais, révolutionner,
je vais revenir là-dessus, parce que c'est aussi se demander, M. le Président,
sur quelles bases, la ministre, elle a
effectué ces affirmations, puisque, contrairement à tout projet de loi... Là,
on commence à être des parlementaires aguerris, on le sait, lorsque le
gouvernement dépose des... les législateurs qui sont, donc, du côté
gouvernemental, donc, déposent un projet de loi, habituellement, bien, ça vient
avec, bon, la partie rendue publique, donc, du mémoire déposé au Conseil des ministres et une analyse d'impact
réglementaire. Bien, contrairement à tous les autres projets de loi sur
lesquels on a eu le plaisir de siéger, tous les autres projets de loi, qui,
parfois, donc, peuvent être, donc, un
peu plus mineurs, un peu plus majeurs, puis ça a été le cas dans le cadre du
projet de loi créant l'agence Santé Québec, bien, la CAQ, elle n'a pas cru bon
de procéder à une analyse d'impact réglementaire, nonobstant les coûts
impliqués.
On comprend
d'abord, là, avant, donc, d'aller, donc, dans les enjeux du projet de loi
n° 61, que juste la structure, ce qui a entouré le dépôt du projet
de loi, donc, les étapes précédant le dépôt du projet de loi n'ont pas toutes
été remplies, puis,
comme on a l'habitude de le mentionner, M. le Président, manifestement, encore
une fois, dans ce dossier, la CAQ a été brouillonne et a fait preuve
d'improvisation.
Donc, aujourd'hui, donc, la CAQ, donc, qui nous
disait : Pas de structure, on ne joue pas là-dedans, ce n'est pas bon,
c'est des... une agence, c'est une agence de favoritisme, c'est créer une
instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire, bien, aujourd'hui, donc, on
brasse des structures puis on nous fait rêver à des jours meilleurs en disant qu'on va tout révolutionner, mais, dans les faits,
pour un gouvernement qui souhaite se faire juger sur les résultats, bien,
les résultats, ils se font toujours attendre.
Puis depuis
l'arrivée de la CAQ, en 2018, bien, les crises en transport collectif, elles se
sont multipliées. Puis le projet de loi, avec ce qui nous est présenté,
on a de la difficulté à croire, au Parti libéral du Québec, que c'est ce projet
de loi là qui va venir régler tous les maux du Québec en matière de transport
collectif.
• (11 h 30) •
Je vais vous
parler, donc, des différents enjeux. D'abord, donc, le gouvernement caquiste,
il affirme que l'objectif de leur projet de loi... donc, c'est fait, donc, dans
le but de retirer la politique des décisions. Quand on lit le projet de
loi, M. le Président, donc, quand on analyse, en fait, tout semble indiquer le
contraire. Donc, le projet de loi ici, bon, il institue Mobilité Infra Québec, puis on nous dit, donc, quand on lit,
donc, les premières dispositions, qu'il a pour mission...
que Mobilité Infra Québec aura «pour mission d'effectuer, lorsque le
gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse
d'opportunité, la planification et la réalisation de projets complexes de
transport. Il précise que Mobilité Infra Québec peut également
réaliser des analyses en transport à la demande du ministre responsable des
Transports et de la Mobilité durable et exécuter tout autre mandat que le
gouvernement lui confie.»
Déjà, à sa face même, M. le Président, c'est un
peu difficile de dire : O.K., on va éloigner le politique de tout ça, là,
c'est pour ça qu'on vient créer une agence. On a besoin, donc, de créer, donc,
ce mur-là pour être capable, donc, de
réaliser des projets de transport collectif, mais, dès les premières
dispositions, ce qu'on comprend, c'est qu'on ne la voit pas, là, cette distance-là entre le politique
et la nouvelle agence, parce que... donc, tout serait fait, donc, à la demande
du ministre.
On comprend bien, comme l'a énoncé l'Ordre des
urbanistes, que, dans son état actuel, le projet de loi, il laisse une place trop grande à l'arbitraire politique
dans l'élaboration des transports. Je cite le mémoire, justement, donc, de
l'Ordre des urbanistes, qui nous
dit : «Les autorités politiques détermineront quels projets seront retenus
pour financement et lesquels seront confiés à MIQ — à Mobilité
Infra Québec — sur
la base de critères inconnus, voire sur la base de considérations politiques,
encore une fois.»
Donc, déjà, donc, à sa face même, on nous
dit : O.K., on a besoin d'un bras de distance. Mais le milieu, là... donc là, je vous ai cité l'Ordre des urbanistes,
mais ils ne sont pas tout seuls, le milieu nous dit : Quand on lit le
libellé du projet de loi, puis de notre expérience, de la manière dont
c'est structuré, on ne la voit pas, cette distance-là.
Par ce projet de loi, ensuite, M. le Président,
le gouvernement se donne tous les pouvoirs, notamment en ce qui a trait à l'expropriation qui se fera également au
nom des villes. Ici, là, M. le Président... Donc, je vous ai dit, donc, premier
enjeu, donc, à la base, donc, on nous a dit :
On crée une agence pour dépolitiser la conception des projets de transport
collectif au Québec. Donc, déjà, on ne le voit pas, mais en plus de ça,
ce qu'on réalise, là, c'est que, dans tout ça, non seulement, donc, on ne dépolitise pas, mais le gouvernement
centralise des pouvoirs. Ici comme dans bien d'autres secteurs, on voit le
vieux réflexe centralisateur de la CAQ, qui
renie l'autonomie des gouvernements de proximité que sont les municipalités
puis qui viendrait leur imposer un fardeau financier.
M. le Président, je n'ai pas eu le plaisir
d'être aux consultations particulières, là, qui sous-tendaient le projet de loi n° 61, mais pour avoir, donc, lu
certains mémoires, pour avoir vu, donc, différents comptes rendus, on comprend
que ça, ça a été une énorme
préoccupation des municipalités puis des autres acteurs qui sont venus
témoigner en commission parlementaire puis qui se sont dit : Un
gros, gros, gros voyant rouge sur cette question-là. Le gouvernement, il ne
peut pas, en fait, décider, donc, de renier
notre autonomie, nous, comme municipalités, dans la gestion des projets de
transport collectif, puis après ça venir nous refiler la facture.
Je vous donne... Je vous partage, M. le
Président, l'opinion de l'UMQ, l'Union des municipalités du Québec, qui a
soulevé des craintes sur la pièce législative dans son intervention. Son
président, Martin Damphousse, il a affirmé ceci :
«Le projet de loi prévoit que le gouvernement fixe unilatéralement la
contribution financière des municipalités pour les projets complexes de transport avant de leur confier l'exploitation.
Cette approche risque de compromettre sérieusement l'autonomie
municipale et d'avoir un impact significatif sur les finances des
municipalités.»
Quand je vous disais, M. le Président, que c'est
un énorme voyant rouge, on a, ici, le président de l'UMQ qui est venu en commission parlementaire, puis qui
nous a dit, puis qui a écrit dans son mémoire : C'est parce que ça n'a pas
de bon sens, là, le gouvernement, il ne peut pas décider, là, de fixer
unilatéralement qui va contribuer à ces projets de... complexes, là. Puis on reviendra là-dessus, ma collègue de Chomedey
l'a... elle a mentionné, donc, l'aspect nébuleux, là, de la définition de ce qui est complexe, de ce qui
serait complexe, de ce qui ne le serait pas, et qui dit : Bien, ce n'est
pas une approche qui est respectueuse de l'autonomie des municipalités,
là. C'est... Ce n'est pas acceptable pour eux.
Dans cette même veine, donc, Martin Damphousse,
il a demandé que des ententes soient conclues entre le gouvernement et les municipalités avant d'engager toute contribution
financière des municipalités. Je pense que, M. le Président, vous conviendrez que ça a bien du bon
sens, là, cette demande-là, de dire : Bien, écoutez, bien, on veut réaliser
des projets complexes de transport collectif... En fait, nous, les
municipalités, on a de l'ambition en matière de transport collectif, donc, d'accord, on va s'asseoir, on va
en signer, des ententes, ensemble, puis on va être capables de voir :
O.K., comment est-ce qu'on contribue? Comment est-ce qu'on se partage la
facture de ces projets-là?
Donc, CDPQ Infra, parce que je parlais des
municipalités, mais on se dit : O.K., c'est... est-ce que ce sont les
seuls à croire que c'est un enjeu, cette autonomie-là ou cette façon... donc,
une façon de procéder qui serait unilatérale de la part du gouvernement de la CAQ? En fait,
CDPQ Infra est venue abonder dans le même sens puis indiquer : «Il est
impératif que les ministères, les villes et les sociétés de transport puissent
s'entendre pour réaliser des projets de transport collectif.» Ce n'est pas
rien, là. Ils sont venus quand même, donc, appuyer le propos des municipalités
en disant : Bien, écoutez, sauf votre respect, Mme la ministre des
Transports, sauf votre respect, gouvernement caquiste, c'est quand même
important que les villes et les sociétés de transport puissent s'entendre pour
réaliser des projets de transport collectif qui vont avoir une incidence
notable et durable sur la composition de leur territoire, sur leur façon de
l'aménager, sur leurs projets à long terme, sur leurs projections.
En commission, la ministre s'est dit :
Bien, écoutez, là, je vais venir vous rassurer, tout de même, donc, le projet de loi, donc, il modifie la Loi sur le
ministère des Transports, il prévoit que... bon, donc, prévoit, donc, qu'il
devrait, donc, y avoir, donc, des ententes, mais cependant, en fait, ce
que le projet de loi, donc, il fait, il dit : Bien, oui, O.K., il faudrait
qu'ils s'entendent. Donc, c'est bien beau, mais à défaut d'entente... Donc, le
projet loi, donc, je vous disais, donc,
modifie, donc, la Loi sur le ministère des Transports pour dire qu'à défaut
d'entente avec le ministre, bien, le montant de la contribution financière d'une municipalité ou d'un autre
organisme, un projet complexe de transport, bien, est fixé par le
gouvernement.
Donc, c'est
bien beau de dire : O.K. c'est correct, là, vous souhaitez des ententes,
on a pensé à ça, M. le Président, on
a pensé à ça, on a dit : Bien oui, oui, c'est normal, ils vont pouvoir
s'entendre, mais, s'ils ne s'entendent pas, bien, le gouvernement, il s'accorde ce droit-là, il
s'octroie ce droit-là de dire : Bien, nous, là, on va tout fixer. Donc,
contribution financière, là, voilà combien est-ce que vous vous allez mettre,
puis ça finit là. Vous comprendrez que l'UMQ puis CDPQ Infra, ils ne sont pas satisfaits de cette
modalité-là. Puis c'est gros, là, c'est gros, là, M. le Président, ça veut
quand même dire que MIQ, Mobilité Infra Québec, bien, dans ce cadre-là,
il pourrait entamer des travaux sans l'aval préalable des municipalités. Pour
nous, c'est un gros voyant rouge.
Puis je vais vous dire comme la ville de Québec
dans son mémoire... parce qu'évidemment il y a eu l'UMQ, mais tout le monde a
soulevé, donc, ce gros élément, il a dit, donc : «Lorsqu'un des acteurs
détient le pouvoir de fixer unilatéralement les termes de l'entente, il y a
lieu de se questionner sur les leviers de négociation à la disposition des
autres partenaires.» Ou, comme la ville de Montréal l'a aussi mentionné en
commission : «Cela nous semble instaurer une méfiance mal venue à l'égard
des municipalités.»
Ensuite, M.
le Président, je vais vous parler d'enjeux de financement, parce que, là, on a
parlé, donc, de dépolitisation des pouvoirs, donc, décisionnels, on a
parlé, donc, de l'autonomie, donc, municipale, l'autonomie des gouvernements de proximité qui ne serait pas respectée par ce
projet de loi tel que libellé, mais je vais vous parler, donc, des enjeux qui
entourent, donc, les sources de financement des sociétés de transport. Parce
que, dans tout ça, là... Parce que, quand même,
si on se dit : O.K., on va déployer, donc, des projets ambitieux de
transport collectif au Québec, bien, ça se paie, puis le projet de loi,
en fait, il adresse de façon très timide... il aborde, plutôt, de façon très
timide l'enjeu des sources de financement des sociétés de transport, alors que
c'est un enjeu qui est au coeur du problème.
Je vous rappelle, M. le Président, que notre
excellent collègue de Nelligan, notre porte-parole en matière de transports, il a déposé, le 1er mai dernier,
un projet de loi pour offrir de nouvelles sources de financement aux sociétés
de transport en commun, soit la captation foncière. Pour vous expliquer,
M. le Président, en très peu de temps, la captation foncière, donc, qui permet
déjà, actuellement, de financer, donc, le REM à Montréal, donc, part du
principe que la plus-value d'un projet
immobilier est en grande partie attribuable au fait que le secteur est bien
couvert, donc, par un service de
transport en commun. Donc, le projet de loi, donc, qui était le n° 791, il visait, donc, à permettre aux organismes de transport en commun de développer des projets immobiliers
aux abords ou au-dessus de leurs infrastructures. Et donc l'objectif, ici,
c'est de s'inspirer des meilleures pratiques.
• (11 h 40) •
Donc, je le dis, donc, les promoteurs
immobiliers qui construisent des immeubles à proximité des stations du REM doivent verser des redevances à l'exploitant
du REM. Et donc on sait que ce sont, donc, des idées qui sont mises en place à Vancouver, par exemple, elles sont mises
en place en Europe aussi, puis ça fournira aux sociétés de transport des
nouveaux moyens de financement pour développer leur offre de services, sans
pour autant faire payer davantage les usagers. En permettant aux
organismes de transport en commun de faire du développement immobilier, bien,
ça, ça pourrait, du même coup, diminuer la charge de l'État, qui doit souvent,
donc, éponger, donc, leurs déficits qui sont importants. Puis c'est une
proposition, M. le Président, qui fait consensus. Elle fait consensus auprès
des sociétés de transport, auprès de nombreux groupes, des organisations qui
oeuvrent dans le domaine de la mobilité.
On a ici,
donc, une idée qui est, bien, j'ose dire, géniale, mais une idée, donc, qui est
prometteuse, M. le Président, une
idée qui, donc, je le disais, donc, fait consensus puis nous permet de ne pas
juste aller jouer, donc, dans la colonne des dépenses, des investissements, mais aussi jouer dans la colonne des
revenus. Parce que, je vous l'indiquais, si on se dit qu'on veut être ambitieux
dans le développement de projets cruciaux de transports collectifs,
bien, ça demande qu'on aille se poser des questions, qu'on soit
innovants, donc, en matière de sources de revenus, d'où le principe de
captation foncière, ici, donc, et ça,
M. le Président, c'est dans la même veine que de se dire... Tu sais, la
CAQ et la ministre des Transports et de la Mobilité durable, ils tentent
sans cesse... puis ça, c'est comme ça dans tous les dossiers, ils tentent sans
cesse de se désengager de leurs responsabilités, donc, d'assurer une offre de
transport collectif soutenue qui... ça nous permettrait de démontrer du
leadership puis de se mettre en mode solution.
En matière de transport de façon générale, on le
voit, puis on le mentionnait dès le début, là, dans tout ce qui entourait le
dépôt du projet de loi, on voit de l'improvisation, on voit, donc, de
l'inaction, donc, de façon générale, puis c'est un peu... en fait, ce sont ces
façons de faire qui ont plongé les sociétés de transport dans un profond
gouffre financier. C'est pour ça que nous, on a proposé de pouvoir leur offrir,
à ces sociétés-là, des nouveaux leviers financiers. Ça, tout ça, là, c'est une
idée hyperinnovante, c'est une idée, évidemment, libérale qui vient jouer dans
la colonne des revenus. Puis, comme je le disais,
Mobilité Infra Québec, c'est bien beau dire : O.K., on crée une nouvelle
structure, on crée une agence, ici, mais, si on ne se pose pas les questions
sur les sources de financement, c'est comme si on passait à côté d'un grand
problème.
Ça fait que non seulement on a les éléments
structuraux que je vous mentionnais, M. le Président, donc, sur le non-respect
de l'autonomie des municipalités, sur le fait que des décisions peuvent se
prendre de façon unilatérale puis que ça, ça
ne fait l'affaire de personne, mais que, là, on a une idée, donc, qui ferait un
petit peu l'affaire de tout le monde puis qu'on se dit, donc, du côté
gouvernemental : Ce n'est pas important de se poser ces questions-là. On
ne demande même pas, donc, de reprendre exactement le libellé du projet de loi n° 791, M. le Président, c'est de se poser et c'est de se dire : O.K., d'accord, O.K.,
proposez-nous quelque chose aussi en matière de sources de financement, parce
qu'on ne peut pas juste mettre de l'avant... donc, créer, donc, cette
agence-là, tenter de se déresponsabiliser puis de s'offrir l'opportunité de pouvoir mettre le singe sur le
dos de quelqu'un d'autre quand il y aura des comptes à rendre sans se poser,
donc, les questions cruciales sur, bien,
comment est-ce qu'on va financer tout ça et comment est-ce qu'on va se
permettre que nos projets, bien, ils soient pérennes.
Je vous ai nommé les enjeux qui sont au coeur,
donc, des défis en matière de transport collectif puis des gros voyants qu'on
voit dans le cadre du libellé, des dispositions du projet de loi n° 61, M.
le Président, mais il y a d'autres questions.
Puis je le mentionnais au passage, ma collègue de Chomedey le mentionnait,
Mobilité Infra Québec se fera confier les
projets complexes de transport. Qu'est-ce qu'un projet complexe? C'est
l'ACRGTQ, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, qui, lui-même, donc, se... qui, elle-même, donc, se posait cette
question-là dans son mémoire puis qui est venue nous le demander en commission
parlementaire. À la lecture du projet, par exemple, d'autres questions,
l'avenir de l'ARTM puis celui du bureau de projet, bien, O.K., on dit : Il
est incertain. Qu'en est-il réellement? La
composition des membres gouvernant l'agence, elle n'est pas claire non plus.
Qui pourra en faire partie? Qui déterminera qui peut y accéder? Quelle
latitude pourra-t-elle avoir? Ce sont toutes des questions qu'il reste à poser,
M. le Président.
Donc, en conclusion, la création d'une agence
avec un mandat clair, transparent et surtout bien financé est d'importance
capitale. L'avenir de tous les futurs projets structurants de transport du
Québec en dépend. Si ce projet de loi peut
finalement ramener le transport collectif sur les rails, nous serons de la
partie. Pour ces motifs, nous sommes pour l'adoption du principe, mais,
vous le voyez, il y a de grosses, grosses, grosses questions que nous devons
poser, que notre collègue de Nelligan,
certainement, continuera de poser lors de l'étude détaillée du projet de loi
n° 61. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole pour faire cette
intervention sur l'adoption du principe du projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif.
Alors, M. le Président, comme on peut lire dans
les notes au début du projet de loi : «Ce projet de loi institue Mobilité
Infra Québec qui a pour mission d'effectuer, lorsque le gouvernement lui en
confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la planification et la
réalisation de projets complexes de transport. Il précise que Mobilité Infra
Québec peut également réaliser des analyses en transport à la demande du
ministre responsable des Transports et de la Mobilité durable et exécuter tout autre mandat que le gouvernement lui confie.»
Alors, vous avez bien vu, M. le Président, que j'ai souligné des bouts
du... de cette... de ce paragraphe inclus au début du projet de loi.
Alors, comme
ma collègue députée de Bourassa-Sauvé l'a soulevé, et ma collègue de Chomedey
avant elle, la notion de projet
complexe de transport n'est pas définie dans le projet de loi. La plupart des
groupes qui sont venus en commission parlementaire durant les consultations
ont soulevé cet aspect problématique. De quoi s'agit-il au juste quand on parle
d'un projet complexe de transport? Est-ce que le troisième lien... feu le
troisième lien ou futur troisième lien, on ne le sait pas, est-ce que c'est un projet complexe de transport? Est-ce que
le REM, c'est un projet complexe de transport? Est-ce que le prolongement de la ligne bleue, c'est un
projet complexe de transport? Qu'est-ce qu'un projet complexe de transport?
Qu'est-ce qui est dans la tête de la ministre et des légistes autour qui ont
rédigé ce projet de loi? Quels sont les critères objectifs qui permettent ou qui permettront de statuer qu'un projet de
transport est complexe? Si on... la ministre ou le ministre en titre décide de confier l'analyse à Mobilité Infra Québec, est-ce que ça veut dire qu'avant même d'analyser
le projet le ou la ministre va savoir qu'il s'agit d'un projet complexe
de transport?
Maintenant, le mandat de Mobilité Infra Québec,
il est très large, mais cette agence n'aura aucune autonomie. On vient de le
lire mot à mot dans le projet de loi, je viens d'insister là-dessus, «lorsque
le gouvernement lui en confie la
responsabilité», ou «à la demande du ministre responsable», ou «tout autre
mandat que le gouvernement lui confie». Ça veut dire que cette agence n'aura pas d'autonomie, n'aura pas... ne
pourra pas prendre l'initiative sur tout projet de transport qui lui
apparaît complexe tant qu'on n'aura pas de définition. Et, même avec une
définition, cette agence n'aura aucun pouvoir d'initiative.
Même chose
pour la réalisation d'analyses en transport, elle n'aura pas de pouvoir
d'initiative non plus. Et ce n'est pas juste moi qui le dis, M. le Président,
le Pr Pierre-André Hudon, du Département de management de l'Université Laval, ici, à Québec, montre comment l'article 4 du projet de loi ne donne
aucun pouvoir d'initiative à Mobilité
Infra Québec. Selon lui, Mobilité
Infra Québec va se retrouver à la remorque du gouvernement, et ça pose deux
problèmes. D'abord, la connaissance fine en matière de transport,
c'est souvent au niveau municipal qu'on la retrouve, et, si on veut vraiment
que cette nouvelle agence soit une réserve d'expertise, bien, il faudrait qu'on
lui laisse une certaine autonomie. Alors, comme
tout va émaner du gouvernement, c'est quand même mal parti pour dépolitiser les
projets de transport, vous en conviendrez, M. le Président.
Et ça pose une autre question : À quoi bon
créer cette agence centralisée et loin du terrain alors qu'on a déjà un
ministère des Transports et de la Mobilité durable? Je vais paraphraser un
certain... je ne le nommerai pas, je vais paraphraser quelqu'un qui est connu en économie dans les médias : En as-tu
vraiment besoin? On en a-tu vraiment besoin?
• (11 h 50) •
Et, en
matière d'autonomie, M. le Président, les municipalités sont également mises à
mal avec ce projet de loi. Après
s'être fait traiter de quêteux, maintenant on leur enlève à peu près tout droit
de regard. On leur dit «à défaut d'entente avec le ministre, le montant de la contribution financière d'une
municipalité ou d'un autre organisme à un projet complexe de transport est fixé par le gouvernement». Alors,
M. le Président, le gouvernement se donne le gros bout du bâton sur toute
la ligne, autant pour ne pas donner
d'autonomie à son agence que retirer de l'autonomie aux municipalités.
Pourtant, le gouvernement devrait savoir que l'argent, il vient toujours
de la même poche, celle des contribuables. Que vous alliez la chercher dans le
budget d'une municipalité ou dans votre budget déficitaire, ça vient de la même
poche.
Et, en
matière d'expropriation, dans le cadre de ce projet de loi, est-ce qu'on va
rejouer dans le même film des terrains pour les écoles? Bravo pour le
soutien aux municipalités et l'autonomie municipale.
Mme Catherine
Morency, ingénieure et sommité mondiale en génie des transports qui enseigne à
Polytechnique, se demande, elle aussi, si les élus municipaux auront des
leviers pour assurer une interaction adéquate entre les modes de transport. En
vertu de l'article 74 du projet de loi, l'agence Mobilité Infra Québec
pourra imposer à peu près tout, puisque le gouvernement fixera le montant de la
contribution financière exigible des organismes visés par un projet mené par cette agence et il en déterminera aussi
les modalités de versement. Et les organismes visés, M. le Président, comme je
l'ai dit tantôt, ce sont les municipalités locales, aussi les sociétés de
transport en commun, le réseau de transport du métro et l'Autorité
régionale de transport métropolitain,
l'ARTM. Alors, exit l'autonomie municipale et l'autonomie des autres
organismes.
C'est un secret de Polichinelle, que le
financement des sociétés de transport répugne à la CAQ. On l'a assez entendu,
des commentaires dénigrant la gestion financière des sociétés de transport en
commun de la part de la ministre des
Transports et de la Mobilité durable,
qui disait : On ne va pas aller gérer l'achat des crayons. Si ce n'est pas
dénigrer le rôle des sociétés de transport, je ne sais pas ce que c'est.
Alors, M. le Président, c'est comme si le
gouvernement se refusait à reconnaître que les services de transport en commun sont vulnérables... que les services et
les sociétés de transport en commun sont vulnérables à l'heure actuelle.
On a beau avoir subventionné des autobus électriques, avoir obligé l'achat
d'autobus électriques, ce qui est, en passant, une bonne idée pour l'économie,
pour décarboner, rien contre ça, mais, quand on ne subventionne pas les garages
dans lesquels on doit faire l'entretien des
autobus électriques, parce que ce n'est pas la même chose que les anciens
autobus, bien, on n'aide pas les
sociétés de transport. Elles doivent puiser à même leurs fonds limités pour
construire ces infrastructures qui vont permettre d'utiliser les bus
électriques. Alors, il y a un manque de cohérence quelque part, là.
Et c'est la
Pre Morency, de Polytechnique, qui disait, en consultations, que le
gouvernement ne voit pas les services de
transport en commun comme des services, c'est-à-dire que le gouvernement...
oui, voit les services de transport en commun comme des systèmes visant
une rentabilité au détriment du bien essentiel social du transport collectif.
Ma collègue de Chomedey l'a mentionné tout à l'heure dans son allocution, dans
son comté, la Société de transport de Laval a coupé sur des lignes d'autobus,
et il y a des arrêts qui étaient devant des résidences de personnes âgées qui
ont été enlevés. Pensez-vous que les personnes âgées peuvent se permettre de
marcher entre... de longues distances entre les arrêts pour pouvoir prendre
l'autobus, le seul mode de transport auquel ils ont accès à prix abordable,
pour se rendre à leur rendez-vous médical ou pour aller prendre un café à la
foire alimentaire du centre commercial? Je comprends que la décision n'a pas été prise par le gouvernement
ici, elle a été prise par la société de transport, mais, quand une société de
transport est rendue à prendre ces décisions-là, c'est parce que l'heure est
grave, là, côté financement. Ça ne va vraiment, vraiment pas bien.
En 2024, c'est essentiel, le transport collectif
pour les personnes aînées dont je viens de parler, mais aussi pour les jeunes qui vont à l'école, qui vont au cégep,
à l'université, les personnes qui vont au travail. Ce n'est pas tout le monde
qui a une voiture pour aller au travail. Ce
n'est pas toutes les familles qui ont deux voitures, quand les deux
personnes... les deux conjoints travaillent. Ça devient de plus en plus
difficile. Et, de toute façon, on veut réduire l'utilisation de l'automobile,
donc tant mieux, j'ai le goût de dire, si une famille a un seul véhicule, mais
il faut que tous les membres de la famille puissent
se déplacer de manière autonome, et, pour ça, ça prend du transport collectif.
En plus, les voitures sont de plus en plus coûteuses, et surtout les voitures
électriques, alors il faut permettre aux gens de se déplacer.
Je me range
aussi à l'analyse de la Pre Morency, qui montre du doigt l'absence de
cohérence du projet de loi avec le plan de mobilité durable, l'absence de
vision de mobilité intégrée au Québec et le manque de fondement scientifique
sur les décisions.
Une autre
professeure qui est venue dans les consultations, Florence Junca-Adenot, de
l'UQAM, le dit aussi sans ambages dans son mémoire : «Quand on
analyse le projet de loi de création de l'agence — donc celui dont on
parle, M. le Président — il
n'y a pas de référence aux problèmes à résoudre ni aux objectifs poursuivis.
L'agence, dans sa définition, accroît la politisation des choix en
concentrant entre les mains du gouvernement toutes les décisions concernant les
grands projets de transport complexes, qui ne sont pas définis, et les autres
décisions.» Et, en page 4 de son mémoire, elle dit : «Au lieu de
s'attaquer aux problèmes identifiés, l'agence se voit dotée d'un mandat
tellement large qu'elle s'éloigne de la réalisation des projets pour inclure
des mandats d'analyse de transport et de mobilité, des mandats de planification, des
mandats de développement de systèmes intelligents, de coordination des services
de transport en commun, de
développement immobilier, de gestion du matériel roulant, dont, par exemple,
des garages pour véhicules électriques, des autobus électriques, etc. Ce mandat étendu empiète sur les rôles et
quatre responsabilités des sociétés de transport, des agences régionales, et des villes, et même du
ministère des Transports, qui ont l'expertise.» Je rappelle ce ne sont pas
mes mots, ce sont ceux de la Pre Junca-Adenot.
Elle
ajoute que c'est d'autant plus vrai que «l'agence devient la seule responsable
des projets qui lui sont confiés, des duplications coûteuses et
démotivantes, des coûts qui vont augmenter, une dilution des expertises, des
problèmes de gouvernance à venir et de politisation qui vont se multiplier».
Elle ajoute qu'«à travers le mandat de planification qui est donné à l'agence, il apparaît un oubli méthodologique
majeur : la planification d'un projet de transport doit être intégrée
à la planification urbaine, dont il est un moteur de réussite très interrelié
aux choix d'activités urbaines à renforcer ou à développer».
Alors, quand les
villes et municipalités ont des schémas d'aménagement — elles
en ont toutes — elles
doivent le respecter d'une manière intelligente. Quand on prévoit, quand on
planifie le développement immobilier dans une ville, bien, on devrait
s'attacher avec le développement du transport collectif. Tout n'a pas besoin
d'être un TOD, un «transit-oriented development», un développement qui est axé
sur le transport en commun, où... par exemple, je pense au quartier Solar, à Brossard, qui est intégré avec la station du
quartier du REM, tout n'a pas besoin d'être comme ça, mais qu'on ait au
moins la possibilité de prévoir, de planifier du transport collectif, que ce
soit un bus, que ce soit un métro ou autre,
qu'on le planifie dans le développement immobilier d'une ville et qu'on en
ajoute là où ça n'a pas été planifié, et que les lignes se rejoignent, qu'il y
ait a une intermodalité, là, c'est absolument nécessaire. Mme Junca-Adenot
ajoute aussi, dans le projet de loi,
que ça fonctionne en vase clos : «La phase de planification ne devrait pas
relever de l'agence, si l'agence est créée, parce que le transport en
commun n'est vraiment pas intégré.»
• (12 heures) •
Je vais vous donner
un exemple, M. le Président, de Montérégie. Il y a l'aéroport de Saint-Hubert,
où le transporteur Porter va offrir des vols
intérieurs. Alors, bien entendu que la région... à l'exception, peut-être, des
personnes qui habitent à côté de cet aéroport, la région se réjouit, et
j'en suis, du développement que ça peut... que ça peut amener, que ça promet,
mais, M. le Président, si vous pensez que les voyageurs pourront se rendre
facilement à l'aéroport de Saint-Hubert pour une correspondance ou en
provenance d'une correspondance avec l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Dorval, détrompez-vous. Si vous pensez que vous
allez pouvoir utiliser le transport en commun pour vous rendre entre l'aéroport de Saint-Hubert... c'est-à-dire pour
vous rendre à l'aéroport de Saint-Hubert à partir de Brossard, de La Prairie,
de Candiac, Saint-Constant, Chambly,
Saint-Bruno, et j'en passe, détrompez-vous, parce que l'intermodalité,
l'intégration des transports, ce n'est pas à l'ordre du jour.
La collaboration, les
gens qui sont venus en commission ont dit que la collaboration, le mode
collaboratif était important. Je vais vous donner un exemple éloquent d'absence
de collaboration et d'intégration. À la station Panama du REM, donc, à Brossard, il y a le terminus d'autobus du Réseau de
transport de Longueuil, M. le Président, on n'a même pas été capable de s'entendre de se faire un
corridor qui n'est pas interrompu. Alors, on a le terminus d'autobus, très
beau, il a été refait, les gens marchent à l'intérieur. Il y a la gare
du REM qui a été faite, qui est juste à côté. On n'a pas été capable de relier les deux. Il faut sortir du
terminus d'autobus, marcher un bout à l'extérieur et entrer à l'intérieur de la
gare. Alors, les gens, en hiver, par moment de... quand il pleut très
fort, ils sont obligés de faire un bout à l'extérieur, et le revêtement qu'il y
a au sol, bien, il est glissant. Alors, qu'est-ce qui se passe? Il y a des gens
qui tombent en s'en allant prendre le REM ou en ressortant du REM. Je ne peux
pas croire qu'on n'a pas été capable de se parler pour éviter une absurdité du
genre.
Alors, pourquoi je
fais référence à ces deux exemples-là, M. le Président? C'est tout simplement
pour montrer à quel point l'absence
d'intégration du transport collectif a des répercussions concrètes sur le
terrain et se répercute aussi en rupture de service. Il n'y a pas de
boucle complète. Alors, si l'agence était créée pour régler ce genre de
problème là, j'applaudirais, mais ce n'est définitivement pas ce qu'on voit
dans le projet de loi.
Alors,
M. le Président, le temps... le temps file, mais je vous ai parlé de «projet
complexe» qui a besoin d'être défini, des
enjeux majeurs d'autonomie pour l'agence elle-même vis-à-vis du gouvernement et
pour les villes. Il faut cesser de voir le transport collectif comme une
entreprise à rentabiliser, alors qu'il s'agit d'un service public essentiel que
les villes sont incapables de
financer seules. L'argent est le nerf de la guerre, et le gouvernement ne peut
pas faire fi de cette réalité-là.
Il faudrait retourner
à la planche à dessin pour élaborer une vision d'ensemble intégrée qui tient
compte aussi des besoins d'accessibilité. Parce qu'un groupe est venu nous
parler de l'accessibilité du transport collectif, et c'est absolument essentiel
pour les personnes qui ont un handicap physique, pour les personnes aînées,
aussi pour les jeunes familles qui se
promènent avec un bébé en poussette et un petit par la main. On devrait avoir
une politique d'accessibilité universelle
au moins dans les transports en commun, à défaut d'en avoir une partout au
Québec, et ces groupes sont venus... ce groupe est venu nous le
rappeler.
M. le Président, ma
question existentielle demeure. La création d'une agence est-elle vraiment
nécessaire? Tout l'argent et toute l'énergie
consacrés à la création de Mobilité
Infra Québec ne seraient-ils pas
utilisés à meilleur escient si on demandait plutôt au ministère du
Transport... des Transports et de la Mobilité durable de plancher sur une
vision d'ensemble intégrée, en collaboration
avec les parties prenantes et les experts, notamment universitaires, en matière
de transport en commun? Je reste malheureusement avec l'impression que
la ministre des Transports et de la Mobilité durable
parraine ce projet de loi pour se délester de ses responsabilités
ministérielles devant son incapacité à gérer le dossier. Et c'est
dommage et triste pour les Québécois, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur le projet de loi n° 61? Je reconnais Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
M. le Président. Je m'installe. Alors, toujours un plaisir. À mon tour de
prendre la parole dans le cadre du discours sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 61, loi édictant une loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif.
Évidemment, ayant un background, un parcours en environnement et en
changements climatiques, il est certain que j'ai un grand intérêt pour ce
projet de loi qui aborde les enjeux des transports en commun et de mobilité
durable, qui est une des solutions claires face à la crise climatique. Mais,
avant de continuer, je voudrais reconnaître le travail de notre porte-parole de
l'opposition officielle en la matière, soit
le leader de l'opposition officielle et évidemment le député de
Nelligan, aussi les collègues qui ont parlé devant
moi. Je ne vais pas reprendre tous leurs propos et je vais profiter de
cette opportunité de parler d'un enjeu local qui nous tient à coeur, à
Notre-Dame-de-Grâce, en lien avec ce projet de loi.
Mais, en résumé, le
projet de loi n° 61, qui a été déposé le 9 mai
dernier par la vice-première ministre et la ministre
des Transports et de la Mobilité durable, aurait pour effet de créer une
nouvelle loi, en plus de modifier 11 lois, ce qui est énorme, M. le
Président. En résumé, le projet de loi créerait la future agence qui sera
chargée de coordonner le développement des différents projets de transport
collectif au Québec. Et cette pièce législative prévoit ainsi la création de Mobilité
Infra Québec, une agence indépendante
du ministère des Transports du Québec. Et ce projet de loi permettrait
au gouvernement de, et je cite, «prendre le contrôle du destin du transport
collectif à l'échelle de la province», comme l'a déjà dit la vice-première
ministre elle-même.
Mobilité
Infra Québec aura ou aurait pour mission «d'effectuer, lorsque le gouvernement
lui en confie la responsabilité,
l'analyse d'opportunité, la planification et la réalisation de projets
complexes de transport». La nouvelle agence
pourrait en outre «acquérir, par expropriation, les immeubles qu'elle juge
nécessaires dans le cadre de sa mission pour son propre compte ou pour [celui]
du gouvernement, d'une municipalité, d'une société de transport en commun, du RTM — Exo — ou
de l'ARTM». Alors, beaucoup de changements, M. le Président. Et, comme les
collègues ont déjà souligné, il y a quand même des préoccupations très
sérieuses face à cette initiative.
Alors, évidemment,
les collègues, en commission, ils ont écouté, il y a eu des consultations
particulières. Si je comprends bien, il y avait 35 mémoires qui ont été
déposés par 25 groupes qui sont venus se présenter en commission. Et je tiens à remercier l'ensemble de ces groupes,
des organismes, des experts qui sont venus présenter, en personne ou
virtuellement, leurs remarques, commentaires et recommandations. Et je suis
certaine que c'était vraiment intéressant de
les entendre, et ça va certainement permettre de bonifier le projet de loi.
D'ailleurs, la grande majorité des groupes sont favorables, si je comprends bien, au projet de loi, mais des ajustements
sont définitivement nécessaires, et selon aussi les remarques qui ont
été faites par les collègues.
Il y a des enjeux
importants, M. le Président, et donc des ajustements nécessaires, parce que les
enjeux qui ont été soulevés depuis le dépôt à l'Assemblée nationale sont quand
même des enjeux importants. Il y a également de nombreuses questions qui se
posent à ce sujet. Comme je l'ai dit, je ne vais pas reprendre tous les propos
des collègues, qui ont si bien parlé, mais les questions se résument selon moi
comme suit.
Donc, tout d'abord,
Mobilité Infra Québec se fera confier des projets complexes de transport.
Alors, la première question : Qu'est-ce
qu'un projet complexe de transport? Comment c'est défini? Le diable est dans
les détails, M. le Président, donc c'est une question pertinente, et la
définition va être fondamentale.
Les enjeux entourant
le financement et les sources de financement des sociétés de transport sont
timidement adressés par le projet de loi. Pourtant, il s'agit, comme a dit ma
collègue, du coeur du problème en ce moment.
• (12 h 10) •
À la lecture du
projet de loi, l'avenir de l'ARTM, ainsi que celui des bureaux de projet, est
incertain. Alors, la question : Qu'en est-il, réellement et concrètement,
de leur futur?
Le
gouvernement de la CAQ affirme que l'objectif de leur projet de loi est fait
dans le but de retirer la politique des décisions, mais le projet de loi semble indiquer le contraire. Avant ce
projet de loi, le gouvernement se donne tous les pouvoirs, notamment en
ce qui a trait à l'expropriation, qui se fera également au nom des villes, un
enjeu très sérieux et important, M. le
Président. Alors, la question est : Qu'en est-il de l'autonomie des
municipalités, nos gouvernements de proximité?
La composition des
membres gouvernant l'agence n'est pas claire. Alors, la question est : Qui
pourra en faire partie? Qui déterminera qui
peut y accéder? Quelle latitude pourra-t-il... pourra-t-elle avoir? Ce sont des
questions qui restent à poser. La création d'une agence avec un mandat
clair, transparent et surtout bien financé est d'importance capitale. L'avenir
de tous les futurs, prochains projets structurants en transport du Québec en
dépend.
Comme j'ai dit, M. le
Président, j'en profite de parler d'un enjeu local dans ce contexte qui nous
tient à coeur, à Notre-Dame-de-Grâce, qui me tient à coeur personnellement. Et,
justement, parce qu'on parle d'un projet de loi en matière de transport, j'aimerais profiter de cette occasion pour en
discuter davantage, soit le projet dalle-parc, un lien nord-sud entre Notre-Dame-de-Grâce et le sud-ouest de Montréal. C'est un sujet,
peut-être, qui est familier pour certains d'ici, mais je veux prendre le
temps de l'expliquer.
Alors,
le projet de la dalle-parc consisterait à créer un pont vert cyclable et
piétonnier qui relierait le quartier de Notre-Dame-de-Grâce et l'arrondissement du Sud-Ouest au-dessus de
l'autoroute 20. Il aurait l'avantage de connecter des quartiers
coupés par le projet Turcot. Et, selon le Conseil régional de l'environnement
de Montréal, ce pont formerait éventuellement
une partie clé d'un corridor vert reliant le parc Angrignon et les berges du
fleuve au boulevard Cavendish.
De
nombreux élus, citoyens, experts et organismes appuient et réclament la
réalisation de ce lien vert. Et ce projet a été évoqué pour la première
fois dans le cadre du projet Turcot, donc, projet infra complexe, par le
gouvernement du Québec en 2010, mais il n'a
jamais été construit, puisqu'il a été retiré du projet en 2015. Le gouvernement
libéral a alors promis sa réalisation en 2018, où la dalle-parc serait un
projet de la ville de Montréal, mais aussi avec la participation du
gouvernement du Québec.
Depuis
les élections de la CAQ, en 2018, seules deux études de faisabilité financées
par le gouvernement et la ville de Montréal
ont été menées, en 2019 et 2020. Mais, n'ayant pas de mise à jour de Québec
depuis février 2021 sur la concrétisation et le financement de ce projet
vert et essentiel, un moyen de transport actif qui améliorerait grandement non
seulement la qualité de vie des résidents des quartiers avoisinants, mais aussi
de toutes les Montréalaises et les Montréalais,
ma prédécesseure, Kathleen Weil, a déposé une question écrite au feuilleton le
3 mai 2022, adressée au ministre des Transports de l'époque,
demandant l'état d'avancement du projet de la dalle-parc.
Dans sa réponse
datant du 1er juin 2022, la ministre disait, et je cite, que «la prochaine
étape est la réalisation par la ville de
Montréal de l'avant-projet, ce qui permettrait notamment de préciser les
budgets nécessaires et l'échéancier de
la réalisation du projet d'aménagement d'un lien nord-sud de transport actif».
Même si l'avant-projet n'est pas encore complété, j'ai parlé avec la ville de Montréal, et on veut quand même
que le gouvernement du Québec s'engage financièrement tout de suite.
Alors, je tiens à
souligner que j'ai pu rencontrer, il y a deux semaines, la vice-première
ministre et la ministre des Transports et de
la Mobilité durable pour discuter de
cet enjeu, et j'aimerais sincèrement remercier la ministre et son équipe d'avoir pris le temps de m'écouter sur ce
dossier très important pour mon comté et qui est attendu depuis longtemps
par de nombreuses personnes. Ce fut une rencontre, selon moi, très productive
et très positive. Et, même si on n'a pas encore
des engagements financiers explicites, j'ai senti une grande ouverture de sa
part et un intérêt marqué, et ce, malgré le contexte budgétaire que l'on
connaît et le fait que le MTQ attend de recevoir des suivis importants de la
ville de Montréal. J'étais très heureuse d'entendre que le MTQ pourrait le
construire, puis la ville, l'aménager, un processus commun et courant au MTQ.
Je suis donc, pour
conclure cette partie-là, optimiste pour la suite à ce sujet et j'espère que
nous allons pouvoir collaborer pour réaliser ce pont vert signature à Montréal.
Et par ailleurs, même si on parle ici de transport actif et non collectif, puisque c'est un projet tout
particulier qui demande une certaine expertise, je me demande si ce serait le
MTQ ou Mobilité Infra Québec qui pourrait avoir le mandat de sa
réalisation.
Alors, pour revenir
au projet de loi n° 61, on se rappelle qu'avec le projet de loi n° 15
du ministre de la Santé... ce sont, cette
fois-ci, les transports qui ont droit à une agence avec le projet de loi n° 61. La CAQ brasse les structures en faisant rêver à des jours
meilleurs, mais, dans les faits, les résultats se font souvent attendre, M. le
Président. D'ailleurs, on sait qu'en 2013 l'actuel ministre de la Cybersécurité
et du Numérique et le député de La Peltrie disait à propos des agences, et je
cite : «Créer une agence, c'est créer une agence de favoritisme. Créer une
agence, c'est créer une instance qu'on
éloigne du contrôle parlementaire.» Effectivement, cela centralise,
bureaucratise et ça s'éloigne. Alors, on va surveiller ça de très près,
M. le Président, et jouer notre rôle parlementaire de contrôle essentiel.
Il est quand même
curieux de voir que la CAQ souhaite faire une agence aujourd'hui. En créant une
nouvelle agence, est-ce que le gouvernement tente, c'est une question qu'on se
pose, de se déresponsabiliser et surtout de s'offrir l'opportunité de pouvoir,
et je cite, «mettre le singe sur le dos à quelqu'un d'autre lorsqu'il y a des
comptes à rendre»? Ce sont des questions qui se posent, M. le Président.
Depuis l'arrivée de
la CAQ, les crises en transport collectif se sont multipliées, et le projet de
loi n° 61 ne fait rien pour régler ce problème. Le
financement est le coeur du problème. C'est l'éléphant dans la pièce, comme a
dit ma collègue. Pourtant, le gouvernement demeure totalement silencieux sur
cette question fondamentale.
L'offre
de nouveaux services en transport au Québec est au neutre depuis l'arrivée de
la CAQ, et ce, sans omettre les
multiples interruptions dans les projets en cours. Si ce projet de loi peut
finalement ramener le transport collectif sur les rails, nous serons de
la partie.
Enfin, en tant
qu'opposition officielle, ma formation politique et moi, nous allons participer
activement, sérieusement et constructivement
à l'étude détaillée article par article de cette pièce législative afin de la
bonifier. La position des différents groupes concernés par le projet de
loi en commission parlementaire était primordiale afin d'apporter les meilleurs
amendements possible pour bonifier le projet de loi.
Alors, sur ce, M. le
Président, je vous remercie.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce
que j'ai d'autres intervenants sur le projet
de loi... l'adoption du principe du projet de loi n° 61? Alors, s'il n'y a
pas d'autre intervenant, le principe du projet de loi n° 61...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ah! Attendez. Je vais terminer ma lecture. Le principe
du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec
et modifiant... et modifiant certaines dispositions relatives au transport
collectif, est-il adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé.
Une voix : ...
Vote
reporté
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, le vote sera reporté à la période... à la
prochaine période des affaires courantes. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous
plaît, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des Communications
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 64, Loi instituant le
Musée national de l'histoire du Québec.
Y a-t-il des interventions?
Des voix : ...
Projet de loi n° 67
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : L'article 4
du feuilleton. Ah! Bien, parfait. Alors, voilà. À l'article 4 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des
professions pour la modernisation du système professionnel
et visant l'élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le
domaine de la santé et des services sociaux.
Je reconnais
Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. Mon propos sera beaucoup plus pertinent sur le projet de loi
n° 67, qui est un projet de loi fort important pour les services professionnels, mais aussi pour
l'accès à la première ligne en santé, M.
le Président. Donc, on franchit aujourd'hui ce que je considère être une étape
cruciale. Toutes les étapes sont cruciales dans les projets de loi quand on réussit à les faire cheminer et à
avancer, mais l'adoption de principe du projet de loi n° 67, qui
est là pour élargir l'accès des Québécois à des services professionnels de
qualité, franchit cette étape cruciale là.
Le projet de
loi, qu'est-ce que c'est, grosso modo, M. le Président? C'est la Loi modifiant le Code des professions pour
la modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de
certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
Qu'est-ce que
ça veut dire pour les citoyens, M. le Président, ce projet de loi là? Deux
choses. Le système, on est... on doit être fiers du système
professionnel que l'on a au Québec. C'est un système professionnel qui a plus
de 50 ans mais qui garantit, pour les citoyens, la qualité des services
professionnels, qui garantit qu'on peut avoir confiance en nos professionnels
et qui est là pour s'assurer de la protection des citoyens dans les services
professionnels.
Vous savez, les services professionnels sont
diversifiés. On est dans le domaine de la santé, de l'ingénierie, des
technologies. On a plusieurs... on a plusieurs types de services
professionnels. Il y a plus de, je pense, 52 ordres professionnels... 46
ordres professionnels, 52 ou 54 professions qui sont réglementées de la
sorte, et c'est fort important d'être fiers de ce système professionnel là.
Mais, force est de constater, et je pense que mes collègues de l'opposition
ainsi que mes collègues de la banquette ministérielle seront d'accord, il a
besoin d'évoluer, il a besoin d'être modernisé. Et on doit également en profiter pour revoir l'organisation de ces
services professionnels là, particulièrement dans l'objectif d'élargir
les soins, l'accès à la première ligne en santé et d'être capables de donner
encore plus d'accès de qualité à nos citoyens, et c'est ça que ce projet de loi
là fait.
Le projet de loi n° 67 s'inscrit dans une
démarche beaucoup plus grande, et c'est une première étape dans cette
démarche-là. Je me plais à le dire, mais, quand on réussit à trouver des
avancées et qu'on réussit à s'entendre avec tous les groupes concernés, tous
les ordres professionnels concernés, je pense qu'il faut, pour le bien des
Québécois, pour le bien des citoyens, sécuriser les avancées immédiatement mais
continuer de travailler pour la suite.
On a eu des
consultations qui ont été particulièrement enrichissantes. D'ailleurs, j'en profite
pour, encore une fois, remercier mes collègues d'en face pour leur
collaboration et les échanges constructifs qu'on a eus avec les différents groupes. C'est une douzaine de groupes, une
cinquantaine de mémoires qui vont nous alimenter non seulement pour l'amélioration du projet de loi n° 67, mais
également pour nos démarches futures et notre réflexion future dans le grand
chantier de la modernisation des services professionnels. Donc, je tiens à
remercier tous ceux qui sont venus participer. Qu'ils aient participé
par leur présence ou qu'ils aient participé par un mémoire, je veux les
rassurer, on va prendre... on va prendre
connaissance de toutes ces informations-là et on va prendre les améliorations
particulières qu'on peut faire dans le projet de loi n° 67.
Beaucoup nous ont interpelés sur la suite à
donner quand on parle de gouvernance, quand on parle... quand on parle de comment les ordres professionnels sont
organisés, comment... quand on parle de mieux rassurer les citoyens, de
mieux les protéger, quand on parle d'avoir plus d'agilité dans notre système
professionnel pour permettre à ce système professionnel là de mieux répondre
aux besoins des citoyens. On a entendu. On y travaille. On y travaille avec
l'office. On y travaille avec le Conseil interprofessionnel.
On y travaille avec les différents ordres professionnels concernés. On
sera au rendez-vous. Ce sont des travaux qui vont prendre probablement un peu
plus de temps dans certains cas, mais l'objectif est de moderniser le système
professionnel.
Dans l'objectif d'élargissement de la
profession, surtout dans le domaine de la santé, on franchit un grand pas
aujourd'hui, un pas important, en augmentant le pouvoir de prescription des
pharmaciens, en leur donnant un pouvoir de
diagnostic pour des maladies courantes. Ça va faciliter, les gens, les citoyens
au quotidien. Quand on pense à une otite qu'on peut avoir avec nos
enfants, quand on pense à des maladies courantes où un parent est habilité à
reconnaître les signes...
où un pharmacien est habilité à reconnaître les signes, on pourra plus
facilement avoir accès à des soins pour nos enfants, à des soins pour
les maladies courantes.
On donne la possibilité... Donc, on reconnaît à
certains professionnels de la santé la qualité de leur évaluation et on l'élève
à un niveau de diagnostic. Ça aussi, ça va permettre une simplification pour
les citoyens, éviter que cette évaluation-là,
qui avait une valeur, qui a une valeur et qui aura encore une valeur, se doit
d'être confirmée par un médecin pour avoir accès à des programmes, pour
des questions d'assurance, pour des questions de formulaires qui devront,
naturellement, être ajustés par la suite.
Alors, très
fière de cette étape-là. Et je vais conclure en remerciant mes collègues et en
leur disant que j'ai bien hâte d'être
au rendez-vous avec eux pour l'étude détaillée, où, je suis très certaine, on
va continuer à collaborer ensemble dans l'intérêt des Québécois. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Bien sûr. Il y
a le député de l'Acadie. M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, M. le Président.
Je suis heureux, ce matin, de prendre la parole en cette Chambre à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi n° 67, donc, Loi modifiant le Code
des professions pour la modernisation du système
professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques professionnelles
dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Alors, c'est un projet de loi important, je le
reconnais. J'ai écouté attentivement l'énoncé de Mme la ministre.
Je tiens d'entrée de jeu, M. le Président, à
remercier tous les groupes qui ont produit des mémoires et tous les groupes qui sont venus en commission
parlementaire. Vous comprendrez que c'est quand même beaucoup de travail pour
tous ces organismes, se déplacer, mais c'est
une présence qui est excessivement importante parce que ça permet, à nous,
parlementaires, de bien saisir, de bien comprendre, surtout dans l'opposition
officielle, l'impact du projet de loi et voir comment on peut, évidemment,
aider le gouvernement à bonifier son projet de loi.
Je vous dirai d'emblée, M. le Président, que les
groupes qu'on a rencontrés, ils étaient très nombreux, que ce soient des
associations de professionnels, des ordres professionnels, des... l'association
des pharmaciens propriétaires, l'association
des mutuelles... en fait, qui chapeaute l'ensemble des coopératives au Québec.
Ce que j'ai retenu de l'ensemble de ces groupes-là, c'est qu'ils sont en
faveur du principe.
Le
gouvernement essaie, avec ce projet de loi, comme son nom l'indique, de
moderniser le système professionnel, de donner un meilleur accès. L'idée, elle
est valable. Le grand principe, il est bon, mais après ça il faut être capable
de décortiquer dans les détails ce que ça peut vouloir signifier. Parce que
c'est souvent dans ces petits détails là qu'on rencontre certaines embûches ou, enfin, que nous, de l'opposition
officielle au Parti libéral du Québec, on peut, éventuellement, nous verrons,
proposer des amendements pour bonifier ce projet de loi.
Je vous
dirais que, dans l'ensemble, les groupes étaient en faveur. Et je tiens
également à remercier le travail de ma collègue la députée de La Pinière, qui a
siégé avec moi pendant l'étude et pendant l'écoute de ces groupes, pendant
les consultations particulières. Son aide,
évidemment, est toujours excessivement utile. C'est une grande professionnelle,
donc je l'apprécie énormément.
Ce que je tiens à souligner, cependant, puis je
pense que, pour les gens qui nous écoutent, c'est important de le mentionner, et permettez-moi de référer au
mémoire du Collège des médecins, parce qu'ils sont d'accord, un des éléments
qu'ils trouvent... et puis Mme la ministre en a fait état, c'est de substituer
éventuellement le terme «évaluation» par «diagnostic». Donc, les ordres
professionnels, les professionnels qui sont visés par le projet de loi pourront
désormais poser un diagnostic, ce qui est, en fait, une amélioration. Ça
clarifie ce qu'ils vont pouvoir faire. Mais encore, une fois qu'ils pourront faire ça, il va falloir évidemment
les équiper pour qu'ils soient en mesure de bien agir. Certains le font déjà,
ils font déjà des évaluations, mais, pour d'autres, évidemment, on s'entend que
la formation va être effectivement importante.
• (12 h 30) •
Mais il y a un élément... il y a un élément que
j'aimerais faire ressortir du mémoire du Collège des médecins, qui... Et on
verra, pendant l'étude article par article, comment on peut bonifier ce projet
de loi, mais le collège nous dit : «Le
collège exhorte le ministère de la Santé...» Puis, quand je lis le mot
«exhorte», pour moi, exhorter quelqu'un ou un organisme à faire quelque
chose, c'est quand même quelque chose qui est important, ce n'est pas banal. Ce
qu'on nous dit : «Le collège exhorte le
ministère de la Santé et des Services sociaux à mettre rapidement en place des
outils technologiques efficients, notamment le Dossier de santé
numérique, en s'assurant que ses modalités d'application sont cohérentes avec
les normes professionnelles.»
Pourquoi je vous mentionne cela, M. le Président?
Bien, c'est parce que, tout à l'heure, quand je vous parlais de certains
détails, puis ça, bien, ce n'est pas un petit détail... mais, si, les
professionnels, on leur donne un pouvoir supplémentaire, si on leur donne la
possibilité de poser un diagnostic, mais qu'ils n'ont pas accès à
l'information, bien, c'est complètement inutile, ça ne fonctionnera pas,et ça,
il y a plusieurs groupes qui sont venus nous le dire.
Alors, moi, à l'étape de l'adoption du principe,
je veux le souligner, je veux que le gouvernement l'entende parce que ça ne
donne pas grand-chose d'adopter des projets de loi si, après ça, dans sa mise
en application, on n'est pas capable de réaliser l'objectif qui est visé par le
projet de loi. Donc, je pense que c'est important de le souligner, souligner,
M. le Président, et je tenais à le faire à cette étape-ci.
Autre élément, autre élément que je tiens à
souligner puis qu'il faudra regarder, étudier à nouveau, c'est l'article 6
du projet de loi. L'article 6 donne un pouvoir en situation d'urgence et
sur recommandation d'un ministre concerné. Donc :
«...le ministre peut, pour la durée de la situation d'urgence, autoriser un
ordre professionnel à délivrer des autorisations spéciales d'exercer des
activités professionnelles réservées aux membres de l'ordre.»
En fait, ce
que ça veut faire, cet article-là, c'est, dans des situations d'urgence, donc,
de permettre au gouvernement, à un
ministre de permettre à des professionnels de poser certains actes, avec,
évidemment, une limitation, avec un pouvoir qui est délimité, mais la
situation d'urgence n'est pas, comme tel, définie. Et il y a plusieurs... il y
a plusieurs groupes et associations qui sont
venus nous dire : Écoutez... Un ordre professionnel, là, M. le Président,
sa vocation, là, son mandat, sa mission, là, c'est de protéger le public.
Alors, on ne veut pas cloisonner pour cloisonner, on ne veut pas empêcher,
mais, en bout de piste, la mission de
l'ordre professionnel, c'est de protéger le public. Donc, on veut s'assurer,
pour les ordres professionnels, et je les comprends, que, s'il y a des
permis ou des... qui sont donnés en situation d'urgence, ce ne sera pas à n'importe qui pour n'importe quelle raison.
Et plusieurs groupes sont venus nous dire : Ça ne devrait pas être fait
dans des cas de pénurie de main-d'oeuvre. On parle vraiment d'urgences,
cataclysmes, autres.
En fait, ce sont des témoignages très
intéressants qui nous ont été donnés par certains ordres professionnels parce
que... et on va y veiller, mais, par la même occasion, quand on regarde la
partie qui est publique du mémoire qui a été déposé au Conseil des ministres,
on y lit, à la page 9, que «le mandat d'urgence, en ce qui a trait à
l'accès aux professions et mobilité de la
main-d'oeuvre, permettrait de pallier les besoins de main-d'oeuvre lorsqu'une
forte demande pour l'exercice
d'activités professionnelles réservées aux membres d'un ordre professionnel
résulte de la situation d'urgence».
Donc, au
fond, ce que plusieurs groupes sont venus nous dire, c'est : Faites
attention, ça ne devrait pas nécessairement servir à pallier à un manque de main-d'oeuvre, alors que, dans le
mémoire qui a été envoyé au Conseil
des ministres, on voit que le
gouvernement contemple cette idée. Donc, évidemment, c'est un élément sur lequel
nous aurons à réfléchir et à travailler d'une façon plus soutenue pendant
l'étude détaillée du projet de loi.
Permettez-moi
également de faire référence au mémoire qui a été déposé par l'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec, qui, comme je le soulignais d'emblée dans mon exposé, souligne que le
projet de loi va mettre fin à une confusion sémantique entre l'évaluation et le
diagnostic, ce qui est un élément... ce qui est un élément qui est important
puis qui est salué par les ordres professionnels.
Maintenant, je ne peux passer sous silence le
fait que, dans leur mémoire, l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec souligne, fait une
connotation... en fait, avec un sens un petit peu différent, avec un petit
bémol, mais qui rejoint, en fait, la
recommandation ou l'exhortation du Collège
des médecins : «L'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec — et
je cite leur mémoire à la page 4 — est d'avis que, pour assurer
une mise en oeuvre optimale du projet de loi
et atteindre la visée souhaitée par ce dernier, les modifications proposées
devront être accompagnées de changements administratifs au sein du
réseau de la santé et des services sociaux, car l'expérience passée a démontré — M. le
Président — que ces obstacles administratifs peuvent empêcher
le déploiement optimal des modifications législatives dans
l'organisation des soins et des services.»
Et, quand un
ordre professionnel prend la peine de le soulever... en fait, je vous dirais,
deux ordres professionnels, je pense que, de la part du gouvernement...
j'invite le gouvernement à être très attentif, parce qu'on aura beau
changer toutes les lois, mais... pour
essayer de les rendre plus efficaces, mais, s'il y a une lourdeur
administrative, s'il y a tellement de paperasse à remplir ou si le
système informatique ne permet pas une saine communication, on n'arrivera à
rien, et puis c'est... vous comprendrez, ce n'est sûrement pas l'objectif visé
par l'opposition officielle. Nous, on veut arriver à quelque chose de concret,
on veut s'assurer que les Québécois puis les Québécoises vont avoir accès à des
soins dans le domaine de la santé, et ça, je pense que c'est très important.
Donc, l'ordre des infirmiers et des infirmières
nous disent qu'il y a même des exigences d'ordre strictement administratif qui viennent limiter la portée des
conclusions cliniques des professionnels habilités à les rendre, donc, et
c'était une, d'ailleurs, de leurs
recommandations. Donc, sachez qu'à ce stade-là, nous, dans l'opposition
officielle, on va veiller au grain, ça, c'est certain.
Autre
élément, autre élément important, parce que le projet de loi n'en traite pas
comme tel, mais c'est un élément que je veux absolument vous souligner, et ça
se retrouve dans le mémoire de l'Association des pharmaciens des établissements
de santé du Québec, qui a été déposé à la
Commission des institutions, et l'APES demande depuis longtemps, évidemment,
qu'on puisse reconnaître une spécialisation, et je fais référence à la
page 20 de leur mémoire. Donc, on nous dit : Le projet de loi n° 67... «Le gouvernement a une
opportunité, avec ce projet de loi, notamment en ce qui a trait aux
modifications proposées à la Loi sur la pharmacie, d'y inclure la notion
de spécialisation en pharmacothérapie par une disposition spécifique, à l'instar de ce que prévoit la Loi
sur les infirmières et infirmiers du Québec.» En effet, pour les IPS, «la seule
façon de garantir la mise en oeuvre
d'un tel changement et d'un changement rapide a été de le prévoir dans la loi».
Évidemment, on dit, et je prends la
peine de le souligner : «Sans cela, le projet de loi n° 67, tel qu'il
est rédigé et proposé, aura très peu d'effet sur la pharmacie
d'établissement.»
Et, quand on parle de la pharmacie
d'établissement, on parle, évidemment, des pharmaciens qui oeuvrent... ou des
pharmaciennes qui oeuvrent dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Donc, ce sont des pharmaciens et pharmaciennes
qui sont hyperspécialisés, parce que, dans les établissements hospitaliers,
vous comprendrez, M. le Président, que,
dans certains domaines, il ne faut effectivement pas uniquement prescrire des
médicaments ou des comprimés, mais il faut être capable aussi d'avoir un
pharmacien spécialisé pour être capable de doser, de mettre en place, de mettre
en oeuvre un traitement, par exemple, de
chimiothérapie, et donc ça demande une spécialité et des compétences qui, je
l'admets bien humblement, dépassent, mais énormément, ce que je peux
connaître de la pharmacie, on s'entend — moi, je ne suis pas un
pharmacien — et
donc on les a écoutés avec beaucoup, beaucoup d'attention.
• (12 h 40) •
Mais le travail qu'ils ont à faire, ce que j'ai
compris, puis c'est le message, en fait, que je veux véhiculer aujourd'hui, ce qu'on a compris et ce que moi,
j'ai compris, c'est qu'il s'agit, évidemment, d'un travail hautement
spécialisé. Puis
vous comprendrez que ça fait partie d'un groupe, ça fait partie d'un ensemble.
Quand, malheureusement, quelqu'un souffre
d'un cancer, et, vous savez, M. le Président, à chaque jour au Québec, il y a
des gens qui vont recevoir un diagnostic de cancer, et ça, ça renverse une vie, c'est évident... mais l'oncologue
va être capable de poser un diagnostic. Si on a besoin d'une chirurgie, bien, l'oncologue-chirurgien va
le faire. Mais par la suite, s'il y a des traitements de chimiothérapie, ma
compréhension, c'est que c'est des
pharmaciens puis c'est des pharmaciens en établissement de santé qui vont être
capables d'intervenir puis, après ça, d'aider, de suivre des patients.
Ces gens-là suivent une formation spéciale. Et donc ce qu'on nous dit, c'est
que, sans la reconnaissance de cette spécialisation, de cette notion de
spécialisation, «les problèmes de coordination — et je cite leur
mémoire — de
soins vécus aux points de transition et particulièrement au congé des patients vont demeurer et perdurer». Le manque
d'uniformisation des offres de soins pharmaceutiques, et donc la sous-utilisation des pharmaciens en établissement
de santé, va faire en sorte que ça va être beaucoup plus difficile pour
les patients.
«L'absence de
soutien structuré pour les pharmaciens de première ligne aux prises avec des
thérapies complexes — c'est
ce à quoi je faisais référence — et
des patients en phase aiguë de leur maladie vont demeurer et perdurer»,
sans cette spécialisation, et l'absence de corridors de services va entraver la
véritable mise en oeuvre du projet de loi. On dit même que «les médecins de
famille vont continuer à exercer des tâches liées à la gestion de la
pharmacothérapie — parce
que c'est la situation, présentement — souvent en lien avec
l'hospitalisation de patients, desquelles les pharmaciens spécialisés
pourraient les libérer», mais, sans la spécialisation, la situation va
perdurer. Et évidemment des médecins
spécialistes vont également continuer à exercer des tâches liées à la gestion
de la pharmacothérapie, et donc ça va perdurer.
On nous souligne également que le manque
d'uniformisation des offres de soins pharmaceutiques, et donc la
sous-utilisation des pharmaciens en établissement de santé, ça va perdurer
parce que la rédaction et l'approbation des EPAP
sont laborieuses et lourdes administrativement. Et, vous voyez, M. le
Président, le privilège qu'on a quand on est élu député, quand on
participe à de tels travaux, quand on voit des projets de loi, la législation.
Moi, je vais vous admettre bien humblement
que je n'avais pas entendu parler des EPAP avant de commencer à étudier et à
aborder ce projet de loi là, mais ce qu'on nous a expliqué en commission
parlementaire, et d'où l'importance des commissions parlementaires, c'est que
les EPAP, c'est une entente qui est signée entre des professionnels de la santé
dans un lieu donné avec des individus précis. Et, quand on a une EPAP qui est
en fonction, qui est en vigueur, le pharmacien qui était inclus dans l'EPAP
peut, lui, poser différents gestes, mais, quand il ne l'est pas, tout est
beaucoup plus lourd. Sauf qu'on nous dit également que négocier des EPAP, c'est
un mécanisme qui est lourd et compliqué et que la reconnaissance d'un titre de
pharmacien spécialisé en établissement de santé fera en sorte qu'on pourrait
travailler... ces pharmaciens pourraient travailler
sans être obligés de reconduire et de resigner des EPAP, donc ça augmenterait
l'efficacité. Alors, on en reparlera, c'est effectivement important.
Donc, voilà, voilà quelques exemples concrets de
ce qu'on a appris pendant les consultations particulières. Et évidemment on y reviendra pendant... pendant, évidemment,
l'étude article par article du projet de loi. Il y a, évidemment,
d'autres groupes qui nous ont fait, bien sûr, des recommandations, mais je vous
dirais que, quand je vous parlais, à l'article 6,
de la situation d'urgence, M. le Président, l'ensemble, l'ensemble des groupes
nous ont tous dit que ça pouvait être
problématique et qu'il fallait absolument circonscrire la notion de situation
d'urgence. Je fais référence, entre autres, au mémoire qui a été déposé par le Conseil interprofessionnel du Québec qui
a été présenté à la Commission des institutions. Donc, élément, aussi,
important.
On nous a
aussi parlé... parce que, dans le projet de loi, on va prévoir des projets
pilotes, mais, là aussi, la façon dont la
mécanique du projet de loi fonctionne, c'est un petit peu compliqué. Donc,
certains ont suggéré des assouplissements, et ça, je pense que c'est
important de le souligner.
Question,
aussi, de permis, on parle d'introduire un permis restrictif permanent, on
parle aussi de permis spéciaux. Qu'est-ce qui arrive quand un
professionnel a déjà un permis? Plutôt que de le remplacer ou de l'amender, le
projet de loi propose de lui donner un autre permis. Donc, qu'est-ce qui va
arriver avec le premier permis? Est-ce qu'il va devenir caduc? Est-ce qu'il va
devenir inopérant? Ce n'est pas très, très clair. Donc, évidemment, c'est un
autre élément sur lequel moi, je tenais à attirer votre attention, et je pense
que ça, c'est effectivement important.
Donc, voilà
pour l'ordre ou, en fait, l'association... et je vais vous donner le titre
exact, le Conseil interprofessionnel du
Québec. J'attire aussi votre attention... On a entendu en commissions
particulières le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité,
M. le Président. Ce conseil regroupe les coopératives au Québec. Alors, ça,
j'ai été, aussi, fortement impressionné parce... En fait, l'ensemble des
coopératives, incluant les coopératives... la coopérative Desjardins. Donc, ce
n'est pas banal, comme mouvement, n'est-ce pas? On en convient. Mais eux
nous... ont attiré notre attention sur la définition... certaines définitions
dans le projet de loi, dont les personnes morales sans but lucratif. Et c'est
là que le Conseil québécois a attiré notre
attention sur, évidemment, toutes les ramifications et le fonctionnement des
coopératives. On nous suggère que ce soit remplacé par des entreprises
d'économie sociale, tel que défini dans la Loi sur l'économie sociale, pour que les coopératives puissent agir
et, compte tenu de l'objectif du projet de loi n° 67, puissent faire une
différence dans le domaine de l'accès
aux soins, dans le domaine de la santé et des services sociaux. Donc, on nous
dit, évidemment, qu'il y a déjà des
définitions et que, dans d'autres lois, il faudrait qu'il y ait une
concordance, et donc de faire en sorte que le projet de loi reflète,
finalement, la réalité des autres lois que l'on retrouve dans le corpus
législatif du Québec.
On nous dit également qu'il y a une notion qui
va être développée dans le projet de loi. On parle, évidemment, de la
possibilité de rendre des services, mais pour un coût modique. Et le Conseil
québécois de la coopération et de la mutualité nous disait que c'est
problématique parce que, bien, on le comprend, M. le Président, l'essence même
d'une coopérative, ce n'est pas de faire des
profits, c'est de rendre des services puis, après ça, bien, c'est de redonner
des dividendes à leurs membres. Donc, ça pose un enjeu,
particulièrement.
Et il y a présentement,
dans le mouvement coopératif, M. le Président, des coopératives qui regroupent
des spécialistes de la santé et qui donnent des services à la population. Donc,
vous comprendrez qu'il ne faudrait pas que le
projet de loi vienne contrecarrer les excellents services qui sont déjà rendus
par ces coopératives. Et on nous dit et on nous rappelle, évidemment,
que, dans la Loi sur les coopératives, l'article 128 de cette loi souligne
que l'activité d'une coopérative avec ses
membres ne constitue pas un moyen de profit, tout à fait. Donc là, il faudra
veiller, et, croyez-moi, l'opposition
officielle libérale va veiller à ce qu'il y ait, évidemment, une concordance
dans... entre les différentes lois dans le corpus législatif.
Donc, vous voyez toute l'importance d'entendre
ces groupes, parce qu'évidemment, comme parlementaires, on a beau avoir une
idée des lois, on n'a pas, évidemment, tout le corpus en tête. Et donc de voir
qu'un mouvement comme le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
a pu, évidemment, attirer notre attention sur leur vécu, sur leur loi et s'assurer qu'il y aura,
évidemment, une concordance avec le projet de loi n° 67, c'était
effectivement un élément qui était très bénéfique, et je tenais à le
souligner. Donc, effectivement, très, très important.
• (12 h 50) •
Le Barreau du Québec a soumis également un
mémoire, et évidemment il y a plusieurs recommandations qui sont énoncées dans
le mémoire du Barreau, très important. On nous dit que «le Barreau salue
l'ajout de la possibilité de délivrer un "permis spécial" — je
vous en parlais tout à l'heure, M. le Président — individualisable pour
l'exercice de certaines activités
professionnelles». Mais «le Barreau du Québec considère que les exceptions
prévues actuellement sont suffisantes», le projet de loi ne devrait pas
nécessairement être modifié, mais qu'il faut s'assurer qu'il n'y ait pas,
évidemment, ce double emploi avec les différents types de permis. Ça... Et
c'est effectivement très important.
Autre
élément, il précise et il souligne que... pour éviter d'induire le public en
erreur, il propose que le permis soit renommé afin que ce soit très
clair, parce qu'il y a déjà des permis spéciaux qui existent.
On nous dit également que, pour des fins de
protection du public — et,
rappelez-vous, c'est le mandat des ordres professionnels — le Barreau
du Québec recommande de prévoir au Code des professions l'obligation pour un ordre professionnel de conserver les
renseignements concernant une personne à qui une ou des nouvelles autorisations spéciales est délivrée. Il
n'y a présentement aucune obligation de conservation. Puis vous comprendrez
que, si vous voulez effectivement protéger
le public, bien, il faut que l'ordre professionnel soit capable de garder un
registre, évidemment, des gens à qui on délivre un permis, et ça, je
pense que c'est absolument, absolument important.
On nous présente aussi des opportunités à
explorer, et le Barreau, tout comme l'ordre des infirmiers et des infirmières,
tout comme le Collège des médecins, souligne qu'il est important de s'arrêter à
l'allègement du traitement réglementaire. On nous dit que le projet de loi
aurait été une occasion parfaite de présenter une forme réelle du mécanisme d'adoption réglementaire dans le système
professionnel, qui s'avère d'ailleurs criante, considérant que les délais
pour obtenir des approbations réglementaires requises demeurent longs, et ce,
malgré les efforts déployés par l'Office des professions. Donc, ça, c'est
effectivement très, très important.
On nous dit aussi que le projet de loi, donc,
devrait... il va clarifier les règles applicables lorsqu'un juge du Tribunal
des professions est absent ou empêché d'agir, mais la même disposition n'existe
pas en ce qui a trait les comités
statutaires des ordres professionnels. Donc, en fait, ce que cela veut dire,
c'est que, si vous avez un comité d'un ordre professionnel qui doit évaluer une
demande d'une personne pour devenir membre de l'ordre, toute l'analyse est
faite, la personne envoie toute sa documentation, et malheureusement,
une fois que tout est réglé et que les gens membres du panel doivent se réunir
pour rendre une décision, bien, s'il y en a un qui est incapable d'agir, s'il y
en a un qui, malheureusement, décède, bien, alors, présentement, là, ils vont
être obligés de tout recommencer au grand complet. Donc, vous voyez la lourdeur que ça peut imposer aux gens, et puis ce
n'est pas, évidemment, efficace. Donc, ça aussi, c'est un élément qu'on
va regarder.
Et, s'il y a lieu, bien, évidemment, on pourra présenter
un amendement pour l'ajouter, parce qu'au fond, l'idée, c'est de faire en sorte
que les ordres professionnels puissent agir d'une façon beaucoup plus efficace
et que ce soit beaucoup plus... avec beaucoup plus de célérité, ce qui est,
évidemment, très, très important pour, bien sûr, l'ordre, mais aussi la
protection du public. Ça, je pense que c'est effectivement très, très
important.
J'attire aussi votre attention, M. le Président,
sur un mémoire qui a été déposé par la FADOQ et qui traite du décloisonnement
des professions et de l'accès aux soins, et, à la fin, il y a plusieurs
recommandations qui sont faites. Bien sûr, on suggère d'augmenter les
investissements en santé mentale. Ça, c'est une proposition qui est plus large,
uniquement, que ce qui est prévu par le
projet de loi n° 67, mais vous comprendrez avec moi, M. le
Président, que c'est fondamental pour
le bien, évidemment, malheureusement, de ces personnes qui souffrent de
problèmes de santé mentale.
On nous dit aussi : «Modifier le Code des
professions afin de permettre à plus de professionnels du domaine de la santé de vendre des prothèses auditives.»
Puis ça, on a entendu aussi des groupes qui nous ont parlé... D'ailleurs, ma
collègue la députée de La Pinière a posé
d'excellentes questions à ces groupes pour s'assurer que les gens puissent
avoir accès à des prothèses dont ils ont besoin. Vous comprendrez aussi
qu'il y a de plus en plus de gens au Québec qui, malheureusement, souffrent de problèmes d'audition, donc le fait de
pouvoir avoir accès rapidement et à un coût raisonnable à des prothèses
auditives, c'est effectivement un élément qui est très important. La FADOQ va
même jusqu'à suggérer de libéraliser le
marché de la vente des prothèses auditives, notamment en permettant qu'un audioprothésiste
puisse être salarié ou employé par
quelqu'un d'autre qu'un audioprothésiste. On nous suggère également
d'apporter des changements au programme
de prothèses auditives de la RAMQ afin de couvrir l'achat, la réparation et le
remplacement de deux prothèses auditives. Et donc c'est... ça, c'est un
élément qui est important pour l'ensemble de la population qui aura besoin,
effectivement, malheureusement, de prothèses auditives.
On a écouté également les pharmaciens
propriétaires, et ils nous ont dit qu'effectivement ils voyaient quand même
d'un bon oeil la réforme qui est proposée par le projet de loi n° 67.
Mais évidemment, là, on va permettre éventuellement à des
pharmaciens de poser des diagnostics, d'ailleurs la ministre, dans son exposé,
y faisait référence, mais il faudra aussi s'assurer que les pharmaciens auront,
bien sûr, toute la formation pour le faire. Évidemment, c'est une chose, comme professionnel, d'être capable de
prescrire le bon médicament; de poser un diagnostic, c'est autre chose.
Et évidemment ça aura un impact, bien sûr, sur
la façon dont on procède dans certaines pharmacies, parce qu'évidemment ils vont devoir entendre et écouter
des patients avant d'être capables de poser un diagnostic, et ça, je pense
que c'est fondamental. Il faut tenir ça...
il faut regarder ça, il faut en tenir compte, et il faut aussi qu'il y ait
éventuellement de la formation qui
soit donnée. Ça va être effectivement très, très, très important pour la
réussite et pour la mise en oeuvre de ce projet de loi, si on veut que
ce soit véritablement efficace.
Alors, pour toutes les raisons que je vous ai
mentionnées, moi, je tenais ce matin à... dans le temps qui m'était alloué, non seulement à traiter de ce que le
gouvernement veut faire avec la réforme des ordres professionnels, mais de
faire ressortir le fait que c'est un pas... c'est un pas, je pense, dans la
bonne direction, mais c'est un très petit pas. Et ce que la majorité des
ordres professionnels et des associations qui sont venus nous ont dit,
c'est : Il faut aller plus loin, il faut l'ouvrir davantage, il faut... On
a une opportunité, maintenant, devant le Parlement, M. le Président, donc, ne
soyons pas timides, faisons en sorte que nous puissions avancer plus
rapidement, parce que le but, c'est de permettre à des gens d'avoir accès aux
services de soins de santé. Et, on le sait, au Québec — d'ailleurs,
l'opposition officielle a posé tellement de
questions au gouvernement là-dessus — une
fois que la personne est dans le système, la qualité des soins est
exceptionnelle, au Québec, on est chanceux. Mais, encore là, il faut y avoir
accès, et c'est là que ça devient effectivement difficile.
Donc, pour ceci, et en conclusion, parce que je
pense, M. le Président, qu'il me reste à peu près 30 secondes avant la
pause...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...disposez
d'un temps de parole qui peut aller...
M. Morin : Par la suite, oui.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Voilà.
M. Morin : Alors... Mais je
vous dirai que, avant la pause, c'est la raison pour laquelle je suis en faveur
du principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le
Code des professions. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie.
Alors, j'en profite pour vous informer qu'il y
aura un débat de fin de séance qui se tiendra demain, le jeudi 26 septembre 2024, à
13 heures, sur une question adressée par Mme la députée de Sherbrooke à M.
le ministre de l'Éducation concernant le règlement sur le transport
scolaire.
Alors, compte tenu de l'heure, et afin de
permettre le débat sur l'affaire inscrite par les députés de l'opposition, cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 67 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement d'accorder à
d'autres entreprises l'actuel bloc d'énergie de 354 mégawatts alloués à
Northvolt en attendant l'ouverture de son usine en Montérégie
Nous
poursuivons nos travaux aux affaires courantes, à la... aux affaires inscrites
par les députés de l'opposition.
Alors, à l'article 60 du feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée de
Saint-Laurent présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le
gouvernement du Québec a octroyé un bloc d'énergie de 354 mégawatts à la
jeune pousse suédoise Northvolt pour son projet d'usine de cellules de
batteries en Montérégie et s'est engagé financièrement pour près de
1,4 milliard de dollars dans le projet;
«Qu'elle prenne acte des difficultés financières
rencontrées par Northvolt, notamment, la perte d'un contrat majeur de 3 milliards de dollars avec BMW,
les difficultés à payer ses fournisseurs, la mise sur pause de projets
d'expansion, le refus de ses deux actionnaires importants Volkswagen et
Goldman Sachs d'injecter des sommes supplémentaires, le refus du gouvernement
suédois de mettre un cent de plus dans le projet, et plus récemment, la restructuration
bancaire qui a conduit à la suppression de 1 600 emplois, soit
20 % des effectifs;
«Qu'elle prenne acte
que le gouvernement du Québec prévoit désormais que le projet Northvolt en
Montérégie entrera en service avec au moins
18 mois de retard, soit pas avant 2028, et que l'on ne peut exclure des
retards additionnels;
«Qu'elle rappelle que de nombreuses
entreprises déjà établies au Québec et offrant des emplois payants se sont vu
refuser des blocs d'énergie;
«Qu'elle prenne acte
que cette situation compromet des investissements et des emplois en région;
«Qu'elle rappelle et appuie les propos du
président-directeur général d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, à l'effet
qu'il est nécessaire de procéder à un
rééquilibrage en faveur de nos entreprises d'ici dans l'octroi des mégawatts
d'énergie disponibles pour les projets industriels voulant se
décarboner;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste d'accorder à d'autres entreprises
l'actuel bloc d'énergie de 354 mégawatts
alloués au projet Northvolt, tout en s'assurant qu'une quantité identique soit
disponible pour Northvolt en 2028 lors de l'entrée en service prévue de
son usine en Montérégie.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour ce débat restreint, la
motion inscrite par Mme la députée de Saint-Laurent, s'effectuera comme
suit : 10 minutes sont réservées à l'auteure de la motion pour sa
réplique, 52 min 45 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 28 min 38 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
18 min 5 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
6 min 2 s sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera distribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je
rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de
ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, heureuse de parler avec vous, cet
après-midi, d'énergie, mais surtout d'une ressource qui se fait de plus
en plus rare, nos blocs d'énergie.
Alors, notre motion, je vais me permettre de la
lire, puisqu'il s'agit de la nôtre, du Parti libéral du Québec :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement du
Québec a octroyé un bloc d'énergie de 354 mégawatts» — ça,
c'est l'équivalent, en matière énergétique, pour alimenter la ville de Longueuil
au grand complet — à
une jeune pousse suédoise, Northvolt, pour
son projet d'usine, que certains ont
qualifiée de giga-usine, le premier ministre est allé jusqu'à dire que
c'était sa Baie James du XXIe siècle, le projet du siècle, a-t-il qualifié, en
Montérégie, et s'est engagé financièrement pour un total de 7 milliards de
dollars, mais que, jusqu'à présent, 710 millions ont déjà été décaissés, et on s'apprête à verser un montant
additionnel de 300 millions de dollars, tel qu'a été révélé par Nicolas
Lachance, du Journal de Québec, pas plus tard qu'hier, pour un total, en
ce moment... Le gouvernement du Québec a engagé près de 1 milliard de dollars pour une jeune pousse
étrangère qui ne verra pas le jour avant 2028? 2029? 2030? Personne ne le sait,
parce que Pierre Fitzgibbon, l'ex-super
ministre, a dit qu'il allait y avoir minimum 12 à 18 mois de retard. Mais
en aucun temps l'entreprise n'a
démenti cette affirmation de l'ancien ministre de l'Économie et de l'Énergie,
M. Pierre Fitzgibbon. Mais,
depuis, il est parti, comme vous le savez, particulièrement vous autres, mais,
en attendant, nous, on se demande ça va débuter quand, l'usine.
Alors, si on
continue, on se rend compte que la ministre de l'Énergie parle d'un petit vent
de face pour Northvolt, petit vent de
face. Définissons le petit vent de face de la ministre. Ah bon! Un contrat
de 3 milliards de dollars a été retiré par BMW à Northvolt. L'usine
principale, qui est située en Suède, ne roule pas à plein régime. La deuxième usine en Suède, ils ont décidé de la débrancher.
L'usine qui devait voir le jour en Pologne, débranchée. L'usine qui devait
voir le jour au Portugal, débranchée.
C'est simple,
deux actionnaires, Volkswagen, Goldman Sachs, qui, ensemble, détiennent
40 % des parts de Northvolt, ne veulent pas mettre un sou
additionnel. On parle de deux actionnaires importants. Leur propre gouvernement
suédois ne veut pas mettre un sou de plus.
Ça va tellement mal que la vis-à-vis de la ministre de l'Énergie, c'est-à-dire
la ministre de l'Énergie suédoise, a décidé d'implanter pas une cellule
de batteries, une cellule de crise.
Pendant ce
temps-là, on apprend que c'est une firme américaine qui est mandatée pour
refaire une restructuration financière après avoir licencié
1 600 employés. Ça, c'est 20 % des effectifs de Northvolt. Mais
la ministre de l'Énergie, elle, elle
est rassurée, parce qu'après tout c'est un petit vent de face, rien de moins. Pendant
ce temps-là, que savons-nous? L'usine qui devait démarrer en Montérégie
à partir de 2026 est maintenant rendue à 2028.
Mais, hier, Mme la Présidente, il fallait être
attentif, parce que la ministre était avec Patrice Roy, mais, par la suite, elle est allée en entrevue avec Paul
Larocque, au Bilan. Vous savez, Mme la Présidente, nous, au Parti
libéral du Québec, on est rigoureux, on a fait sortir le verbatim.
Là-dedans, la ministre, elle s'est fait poser des bonnes questions par l'habile journaliste. Disons qu'il a un petit peu
d'années derrière la cravate, Paul Larocque. Alors : «Mme la ministre,
c'est clair que ce projet-là va être
retardé d'au moins 18 mois. C'est un peu la confirmation de ce qu'on vient
de voir.» La ministre lui répond : Bien, on n'a pas... on n'a pas
confirmé le délai. Elle ne veut même pas avouer ce que Pierre Fitzgibbon a déjà avoué candidement. Elle dit : Il va y
avoir... Elle invente un nouveau terme en droit des affaires, là, c'est la
première fois que moi, j'entends le terme «séquençage», mais j'ai des
amis, là, qui ont étudié en santé, là — d'ailleurs, bonjour — séquençage,
c'est de l'ADN. Donc, à moins qu'elle est en train de nous dire que Northvolt
va changer d'ADN, je ne comprends pas le terme «séquençage» et je
l'invite à utiliser la langue française à bon escient. Ici, on parle de restructuration
financière. C'est ça, le terme. Peut-être que les lignes de communication, ça
ne rentrait pas là-dedans, «restructuration financière», mais, «séquençage», à
chaque fois que je l'entends, ça griche dans mes oreilles.
Maintenant que j'ai dit ça, on continue. Le
délai, elle ne veut pas dire c'est quand, mais elle dit la chose suivante... À
Patrice Roy, elle a dit 2029, mais, quatre heures plus tard, lorsqu'elle est en
entrevue avec Paul Larocque, elle parle de 2030, où est-ce qu'il y aurait une montée en puissance de
Northvolt, où est-ce qu'ils auront vraiment besoin des mégawatts.
Qu'est-ce qu'elle dit d'autre dans cette
entrevue? Bien là, on apprend que Northvolt, eux, sont conscients de la valeur
des blocs d'énergie.
• (15 h 10) •
Moi, je veux dire merci à Northvolt. Au moins,
on sait que vous, vous êtes conscients de la valeur de nos blocs d'énergie.
Mais moi, j'aimerais juste savoir : Est-ce que la ministre, elle, elle est
consciente? J'aurais aimé être à votre réunion
pour vous poser la question suivante. Puisque la ministre, en votre nom,
lorsqu'elle parlait à Paul Larocque, elle a dit que vous, Northvolt, étiez sensibles à la valeur de nos blocs
d'énergie, étiez ouverts à libérer des blocs d'énergie, moi, je veux savoir : Combien de blocs d'énergie
êtes-vous prêts à libérer? Deuxième des choses : Quand? Parce qu'en
attendant, nous, au Parti libéral du
Québec, on a fait le tour. On est allés voir, oui, Les Forges de Sorel à
Sorel-Tracy. On a rencontré non seulement les patrons, on a vu des
employés et on a surtout vu aussi le délégué syndical. Il en avait long à dire
sur son député local, je vais vous dire. Il
faudrait peut-être aller faire un petit tour aux Forges de Sorel. Eux, ils ne
comprennent pas une chose, Les Forges de Sorel. Ils n'ont pas besoin de
354 mégawatts, ils en veulent 16, mégawatts. Pour faire quoi? Pour se décarboner. Pourquoi c'est urgent
pour eux de se décarboner? C'est qu'ils sont assujettis au marché du carbone. Donc, s'ils ne le font pas, ça va coûter plus cher
à produire, et, si ça coûte plus cher à produire, ils sont moins compétitifs,
vous comprendrez, hein, Mme la Présidente, n'est-ce pas?
Alors, une
fois qu'on a dit ça, nous, on est intelligents, on se dit : Faisons les
choses correctement. Devant les faits, à savoir que, l'usine, si elle démarre,
ce ne sera pas avant 2028, et, puisque le gouvernement caquiste a admis qu'il y
aura finalement bel et bien 1 500 mégawatts de disponibles à partir
de 2027, pourquoi, alors, on ne libère pas dès maintenant des mégawatts
pour les entreprises déjà existantes, des entreprises qui font rouler
l'économie du Québec présentement, qui ont des emplois payants?
Juste pour vous donner un ordre de grandeur, Mme
la Présidente, savez-vous combien qu'il y a d'employés aux Forges de Sorel?
320. Salaire moyen? Entre 80 000 $ et 120 000 $. Pour citer
le premier ministre, ce sont des jobs payantes,
parce que, lui, on se rappelle, hein, sa job payante, c'est au moins
56 000 $. Il va être content, c'est le double, là-bas, et ce,
avant le temps supplémentaire.
Bon, le premier ministre trouvait que ce n'était
pas assez québécois. Bien, je ne sais pas, moi, des Lapierre, des Tremblay, des Bouchard, habituellement, ça,
c'est québécois, là. Bien, hein, qui sait, peut-être que le premier ministre,
dans sa boussole, il pourrait être guidé vers Sorel-Tracy puis aller leur dire,
à eux autres, sur le terrain : Aïe! finalement, vous n'êtes pas assez
québécois à mon goût. Ça fait juste 85 ans que Les Forges de Sorel
existent, juste 85 ans.
Bien, savez-vous
quoi? S'il n'est pas certain encore, vous savez, il pourrait embarquer dans sa
limousine, aller... On monte, on s'en va à La Baie, au Saguenay.
La Baie, au Saguenay, il y a... des députés caquistes ainsi que la
ministre locale responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, tout feu tout flamme, pas il y a un an, pas il y a six mois, il y a deux semaines, coupaient le ruban avec
First Phosphate, une entreprise qui, elle, a besoin de 10 mégawatts pour
faire quoi? La filière batterie, exactement ce que le premier ministre aime,
filière batterie. Ils ont juste besoin de 10 mégawatts pour créer
au moins 100 emplois payants. Bien, ils sont en attente.
Alors, moi...
Vous comprendrez que nous, le Parti libéral, on est de bonne foi dans tout ça.
Nous, on dit : Vous, vous avez vendu ce que vous n'avez pas, on
vous trouve une solution qui est gagnante-gagnante pour tout le monde.
Northvolt montre, d'un côté, leur grande
sensibilité pour nos blocs d'énergie, il dit : Écoutez, on va être
honnêtes, notre projet ne verra pas le jour avant 2028‑2029, peut-être même
2030, on va libérer des blocs d'énergie en attendant. On ne va quand même pas
les geler puis les laisser sur la table ad vitam aeternam parce que le
gouvernement n'a même pas pensé mettre une clause de sortie, aucune date de
péremption, rien, «nada».
Alors, pour
citer la ministre de l'Énergie, basta! Bien, moi, je pense que le «basta!»
devrait être maintenant et qu'on dise : Savez-vous quoi, on va
arrêter de faire l'autruche, on va s'assurer que les blocs d'énergie soient dès
maintenant réattribués et on va garantir à
Northvolt, garantir à Northvolt : Quand vous serez prêts en 2028, 2029 ou
2030, le Québec sera au rendez-vous.
Vous voyez, Mme la Présidente, elle n'a même pas
besoin de déchirer l'entente. De son propre aveu, hier, au bilan, elle disait
que Northvolt, eux, étaient sensibles. Maintenant qu'elle est présente avec
nous, est-ce qu'elle, elle est sensible?
Est-ce qu'elle, elle comprend la réalité des entrepreneurs québécois, des
entreprises déjà établies ici, qui, eux, ne comprennent pas qu'on a
déroulé le tapis rouge pour des jeunes pousses étrangères, mais qu'on dit non à
nos entreprises d'ici déjà établies? Est-ce qu'elle est sensible à ça? Nous,
là, on lui offre une porte de sortie.
Alors, moi, ce matin, j'étais en point de
presse. J'étais tout heureuse. Elle nous a donné raison hier au bilan. Pas de problème. C'est sûr qu'elle va voter pour
la motion, il n'y en a pas, d'enjeu. Elle a même dit, elle-même, hier, au
bilan, que, bien oui, il y a des discussions, il y a des discussions, Northvolt
est ouvert. À ma grande surprise, le premier ministre, à la période de questions : Elle n'a jamais dit ça. Il a
renié la parole de la ministre de l'Énergie. Je comprends que c'est une
ministre qui... En ce moment, bon, c'est la ministre suppléante à M. Pierre
Fitzgibbon, mais il me semble qu'après trois semaines on pourrait lui donner
les coudées franches puis qu'elle pourrait...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement, vous avez un appel au règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : On appelle
les personnes par leur titre et leur poste. Personne n'est suppléant de
personne. Tout le monde est dans ses pleines fonctions et tout le monde a droit
au respect et à la dignité de la fonction.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
merci, M. le leader. Mme la députée, vous allez poursuivre. Et vous avez
compris la... Oui, madame...
Mme Rizqy : ...c'est
la ministre qui vient suppléer au départ du superministre.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon.
O.K. Mme la députée, c'est la ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie. Alors, on va l'appeler par son titre. Alors, vous pouvez
poursuivre.
Mme Rizqy : Moi, je me limite à ministre de l'Énergie. C'est
mon dossier. C'est ma vis-à-vis. Là, je suis désolée si le premier ministre a
cru bon qu'il n'y avait pas assez de personnes dans le caucus de la CAQ pour en
faire monter d'autres au Conseil des ministres. Ça, ce n'est pas de mon
ressort, vous comprendrez.
Une fois que j'ai dit
ça, Mme la Présidente, une fois que j'ai dit ça, quel a été mon étonnement ce
matin, à la période de questions, quand le
premier ministre l'a rabrouée devant tout le monde, tellement que mon
étonnement s'est rendu jusqu'à LCN. Vous savez, à 12 h 30, là, à LCN,
ils ont quelque chose qui s'appelle Le débat. Ils ont fait jouer
l'entrevue de la ministre avec Paul Larocque, tout de suite juxtaposée
avec le premier ministre qui dit : Non, elle n'a pas dit ça.
Alors, moi, là,
aujourd'hui, on lui offre l'occasion de montrer si, oui ou non, elle a les
coudées franches dans son ministère. Est-ce qu'elle porte son ministère ou elle
se fait porter? Et c'est ça, la vraie question. Est-ce qu'hier elle a été dédouanée lorsqu'elle est allée à l'émission
de Paul Larocque pour dire qu'effectivement il est possible de libérer des
blocs d'énergie? Si oui, qu'elle vote pour. Sinon, on va comprendre, quand elle
se sera assise... puis qu'elle a voté contre Les Forges de Sorel, qu'elle vote contre First Phosphate, qu'elle
vote contre toutes les entreprises établies au Québec qui, eux, attendent des
blocs d'énergie pour, elles, pouvoir se décarboner, réellement se décarboner
ici, au Québec. Sinon, on comprendra qu'à la CAQ on dit une chose au salon
rouge et on dit autre chose en entrevue.
Mais,
nous, au Parti libéral du Québec, le sujet pourrait être clos, là. Elle serait
contente, je vais arrêter de me lever à chaque période de questions. Sinon, je
vais être obligée encore de me relever sur le même sujet. Mais moi, je lui
offre ici une belle porte de sortie.
Et
savez-vous quoi, Mme la Présidente? Si jamais le gouvernement veut voter
contre, ils ne pourront plus dire que c'est le parti de l'économie
nationaliste. Parce qu'au fond même Northvolt l'a dit : Nous, on est
prêts. Donc, on va comprendre que Northvolt est d'accord, mais que le
gouvernement de la CAQ refuse de le faire.
Alors,
Mme la Présidente, vous entendrez aussi, dans les prochaines minutes, mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys. Lui,
il est allé voir First Phosphate. Il a bien aimé ça au Saguenay. Puis il s'est
rendu compte que, là-bas, c'est des emplois, en région, payants.
Alors, j'espère que
ce ne sera pas seulement le Parti libéral du Québec qui va se lever pour les
emplois payants en région. J'espère que les députés qui sont allés dans le
kodak pour annoncer en grande pompe des millions de dollars d'investissements
avec des jobs payantes vont aussi dire à leurs collègues : Eh! savez-vous
quoi, là, avant de frapper notre Waterloo,
c'est peut-être temps, là, de minimiser tous les impacts puis de
dire : O.K., on a notre porte de sortie, on libère des blocs d'énergie dès maintenant et on sera au
rendez-vous avec Northvolt en 2028, ou en 2029, ou, qui sait, 2030, le cas
échéant.
Alors,
Mme la Présidente, j'ai hâte de savoir qui a dit vrai, la ministre de
l'Économie, de l'Énergie et de l'Innovation et responsable de la
Métropole ou le premier ministre du Québec, qui, lui, a dit : Il n'en est
pas question. Merci.
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
merci, Mme la députée. Maintenant, nous allons poursuivre le débat avec
Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, d'abord et avant tout,
bien, je souhaite revenir, là, sur
quelques points importants, la filière batterie et ses retombées sur l'économie
québécoise, également, le projet de loi n° 69 assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives et ses implications, et également Northvolt.
Alors, tout d'abord,
dois-je rappeler que notre gouvernement s'est engagé à décarboner l'économie
d'ici 2050? Ce sont des cibles ambitieuses, mais il faut le faire. On doit le
faire. Et on le fait pour les Québécois maintenant, mais surtout pour les Québécois
des générations futures.
Comme
le premier ministre le dit régulièrement, on est devant une occasion
exceptionnelle. Et on peut transformer les
défis de la transition énergétique en opportunités de développement économique
parce que la planète entière recherche de l'énergie verte. Rares sont
les endroits aussi bien positionnés que le Québec sur le plan énergétique. Il
faut en être conscient et il faut profiter de ce positionnement-là. On doit
maintenant agir pour tirer tout le potentiel de cet avantage stratégique et, en
plus, on peut le faire au profit des Québécois.
Si notre nation est
bien positionnée en matière d'énergie verte, nos ressources naturelles, notre
main-d'oeuvre qualifiée, notre expertise de
pointe, on doit faire plus et faire mieux pour assurer une transition
énergétique efficace. En plus, on va
faire ça en protégeant les bas tarifs d'électricité des Québécois, parce que ce
sont eux, les véritables propriétaires d'Hydro-Québec. Et, pour
atteindre ces objectifs, on doit revoir notre encadrement du secteur de
l'énergie, et c'est ce qu'on fait avec le
projet de loi n° 69. On souhaite que tout le monde embarque dans ce grand
projet de société qu'est la transition énergétique, et j'invite les
oppositions à embarquer, elles aussi.
L'arrivée de
la filière batterie dans plusieurs régions du Québec, ça offre des opportunités
de retombées économiques très importantes pour les entreprises locales.
Le Québec a l'ambition de produire la batterie la plus verte et la plus responsable au monde.
Mais qu'est-ce que la filière batterie? J'aimerais ça le rappeler, parce que je
pense que certains ont oublié l'ampleur du projet.
Alors, le Québec
s'est doté d'une stratégie pour devenir un acteur important de la filière
batterie en Amérique du Nord en développant une filière complète, de
l'extraction minière jusqu'au recyclage, en passant par la fabrication des
composantes de batterie. On parle d'être présent sur la chaîne de A à Z. C'est
là une véritable économie circulaire qu'on va mettre progressivement en place.
Dans une économie
circulaire, on évite le gaspillage, on préserve et récupère le plus de valeur
possible des ressources en utilisant, en réparant, en reconditionnant, en
refabriquant, ou convertissant, ou recyclant des produits et des matériaux. C'est
ce qu'on souhaite faire avec des entreprises d'ici et avec celles qui font le
choix du Québec.
On souhaite utiliser
judicieusement nos précieuses ressources, considérer les déchets comme une
ressource et non comme un coût et trouver
des moyens innovants d'améliorer l'environnement et l'économie. On peut faire
ça également avec la filière batterie.
Une
batterie lithium-ion, c'est une batterie rechargeable utilisée notamment dans
les véhicules électriques en raison de sa densité énergétique. Elle peut également
être recyclée. Les cathodes des batteries NMC, comme celles qu'entend
produire Northvolt au Québec, utilisent du nickel, du manganèse, du cobalt en
plus du lithium. Tous ces matériaux peuvent être recyclés en fin de vie,
diminuant d'autant les besoins en intrants des mines.
Notre objectif, comme
gouvernement, bien, c'est de créer de la richesse pour les Québécois, et ça
passe par le développement économique de secteurs d'avenir. Et, comme je le
disais, le Québec a la chance d'avoir son... sur son territoire les minéraux critiques et stratégiques pour fabriquer des
batteries, comme le lithium, le graphite, le nickel. Et, avec notre électricité verte et nos minéraux
critiques et stratégiques, le Québec est positionné pour fabriquer la batterie
la plus verte au monde.
Ce
qu'on est en train de créer, au Québec, avec cette filière batterie, c'est
exceptionnel. L'avenir passe par l'économie verte. On le sait, c'est un défi commun pour tous. On a tout ce qu'il
faut pour se démarquer à chacune des étapes de la chaîne
d'approvisionnement. On va partir de la mine et se rendre jusqu'à la
revalorisation. L'objectif est d'en faire une chaîne de valeur parfaitement intégrée. C'est nécessaire pour la décarbonation.
43 % de nos GES, au Québec, proviennent des transports. Alors, si
on veut décarboner, on a besoin d'électrifier nos transports, et, pour ça, ça
va prendre des batteries.
Bref, la transition
énergétique, c'est un grand levier de développement économique. Nous allons
pouvoir valoriser nos richesses naturelles et créer de la valeur ajoutée au
Québec. Ce sera la première chaîne de valeur intégrée du Québec, de la mine, au
produit, jusqu'au recyclage.
Notre gouvernement a
annoncé pour plus de 16 milliards d'investissements dans la filière
batterie jusqu'à présent, et ce n'est pas
terminé. Pour y arriver, ça nous prend l'expertise pour fabriquer les batteries
et leurs composantes. C'est pour ça qu'on a besoin d'entreprises avec cette
expertise-là, qui viennent de la Corée du Sud ou encore de la Suède. Ce sont
des intégrateurs avec une expertise de niche qui sont nécessaires pour
développer le reste de l'écosystème.
Les
entreprises de la filière batterie, comme Posco, EcoPro, Northvolt, vont
permettre le transfert de connaissances au bénéfice du Québec. Et il y a tout un écosystème de fournisseurs qui
va pouvoir se développer autour de ces donneurs d'ordres. Les
entreprises québécoises comme Nemaska, Nouveau Monde Graphite, Lion
Technologies ont de grands projets pour s'intégrer et en amont et en aval de la
chaîne de valeur. Et Investissement Québec est déjà sur le terrain et met en
relation les entreprises avec des entrepreneurs d'ici. Il faut que tous ces
écosystèmes soient bien intégrés.
On
peut être fiers de dire que nos jeunes vont avoir des emplois très bien
rémunérés et dans une industrie porteuse pour l'avenir et qui va nous
tirer de l'avant en matière de transition énergétique.
Je fais une
parenthèse, ici, sur notre dépendance aux importations d'hydrocarbures. Les
véhicules électriques, au Québec, nous
permettent de mettre fin à la dépendance des automobilistes à l'égard des
pétrolières. Le Québec importe plus
de 10 milliards de dollars d'Hydro-Québec... d'Hydro-Québec... d'hydrocarbures, pardon, chaque année,
10 milliards de dollars
d'hydrocarbures chaque année. La filière batterie nous permet de profiter des
retombées économiques et permet de réduire les dépenses des ménages
québécois.
Le deuxième poste de
dépenses en importance au Québec est relié au transport. Ainsi, malgré les
défis que nous rencontrons, malgré le vent de face dans le cadre de certains
projets, vent qui est habituel pour de grands projets industriels, on doit miser sur nos forces et nos avantages pour produire
au Québec et non seulement importer les composantes clés des véhicules
de l'avenir. On doit être ambitieux pour créer de la richesse pour l'ensemble
des Québécois.
À terme, ce qu'on
souhaite faire avec la filière batterie rapportera beaucoup au Québec. Le
nombre d'emplois total dans le secteur de la batterie pourrait atteindre
environ 10 000 emplois d'ici 10 ans. Dans la région de
Bécancour, on estime que le nombre d'emplois directs sera de 2 500 à
3 000 emplois. Ces chiffres sont appelés à évoluer selon les projections, bien sûr, de chaque entreprise
faisant partie de la filière batterie et au fur et à mesure que de nouveaux
projets seront annoncés.
Alors,
à ce jour, la valeur des principaux projets de la filière batterie annoncée est
estimée à plus de 16 milliards de dollars. De ce montant, 10,9 milliards de dollars, soit
66 % de la valeur totale des projets, seront des investissements privés
des entreprises qui s'implanteront ici et créeront des emplois bien rémunérés
pour les Québécois.
En
introduction, je vous parlais du projet de loi n° 69,
la Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives. Dans les deux dernières
années, on a consulté les parties prenantes,
les distributeurs d'énergie, les experts, les citoyens, les communautés
autochtones, les groupes environnementaux, les groupes d'intérêts. Plus
encore, la semaine dernière, mes collègues parlementaires et moi avons terminé
une série de 38 échanges en audiences avec des parties prenantes
intéressées par le projet de loi dans le cadre des consultations particulières menées par l'Assemblée nationale.
Nous prendrons le temps de lire et d'étudier chaque proposition, chaque mémoire afin de parfaire cet important projet de
loi qui vise à doter le Québec d'une véritable vision intégrée en matière
d'énergie et d'efficacité énergétique.
J'en
profite pour remercier, d'ailleurs, les intervenants qui sont venus nous
exposer leurs vues en audiences, devant la commission, de même que tous ceux
qui ont déposé un mémoire auprès des membres de la commission. Un merci tout
particulier à mes collègues parlementaires pour la richesse de leurs
interventions.
On a un projet de loi
qui reflète des grands consensus et qui nous permettra d'agir à la hauteur des
ambitions des Québécois. Avec le projet de
loi n° 69, on vise principalement à renforcer la
gouvernance du secteur énergétique, à améliorer la gestion de l'offre et
de la demande en énergie et à optimiser le processus de fixation des tarifs
d'électricité et de gaz naturel. Bref, il
nous permet de propulser le Québec dans un créneau d'avenir. Et l'élément
central, principal de ce projet de loi là, c'est le plan de gestion
intégré des ressources énergétiques.
Un plan intégré des
ressources énergétiques, c'est un processus structuré, équilibré, qui nous
aidera à façonner notre avenir énergétique, et je dirais même notre devenir
énergétique. Il va cibler les actions nécessaires pour assurer notre
développement énergétique de façon à soutenir notre économie tout en favorisant
l'acceptabilité sociale. L'idée avec ce plan,
c'est d'évaluer les diverses options possibles pour répondre aux besoins
énergétiques du Québec de manière ordonnée,
prévisible et durable tout en s'inscrivant dans un processus de transition
énergétique. C'est un outil stratégique important pour informer les
citoyens, et surtout pour prendre des décisions éclairées.
On a, bien sûr,
l'intention de mettre en place une démarche qui permettra la participation des
parties prenantes. C'est notamment le cas de
la Régie de l'énergie. Elle a un rôle important à jouer dans le domaine de
l'énergie au Québec. Avec notre projet de loi, elle conserve toute son
indépendance et l'ensemble de ses compétences exclusives. Sa mission sera même renforcée pour qu'elle prenne en compte
la transition énergétique dans ses décisions, dans un contexte où nous devrons pratiquement doubler la production
d'électricité au Québec. La régie demeurerait également la seule responsable
de fixer les tarifs tous les trois ans pour refléter l'évolution de la juste
valeur de l'énergie.
• (15 h 30) •
Cet
exercice se fera tout en protégeant les clients résidentiels et en assurant une
prévisibilité également pour les entreprises.
Comme vous le savez, notre gouvernement s'est engagé à plafonner la hausse des
tarifs à 3 % pour les Québécois, clients résidentiels
d'Hydro-Québec.
Les entreprises d'ici
et d'ailleurs sont à la recherche d'énergie propre. Pour répondre à cette
demande, on doit miser sur l'efficacité
énergétique également et accélérer le développement de nouveaux projets
énergétiques. Bien qu'on ne manque
pas d'électricité, la demande est actuellement plus grande que l'offre. On
doit, par conséquent, miser sur les meilleurs projets et préserver notre
avantage concurrentiel en énergie propre.
À cet effet, on veut
assouplir le processus d'approvisionnement et rendre Hydro-Québec plus agile et
efficace. Hydro-Québec, c'est notre meilleur
outil dans la lutte contre les changements climatiques. C'est un de nos plus
grands leviers de développement
économique et d'enrichissement collectif. Sa mission principale restera
toujours de satisfaire les besoins en électricité des marchés du Québec
de manière suffisante, sécuritaire, fiable et à un coût avantageux.
Maintenant, parlons
du sujet de l'heure, Northvolt. J'ai rencontré, pas plus tard qu'hier, là,
donc, les dirigeants nord-américains de Northvolt. On m'a confirmé, pendant
cette rencontre, que le projet québécois est toujours une priorité. Le projet est bel et bien sur les rails.
Les travaux, d'ailleurs, se poursuivent à Saint-Basile-le-Grand et à
McMasterville. D'ailleurs, l'entreprise a déjà investi plusieurs
dizaines de millions de dollars dans le projet et continue à le faire.
On ne se met pas la
tête dans le sable, il y a un ralentissement au niveau du développement de
l'entreprise. La production de l'usine en Montérégie débutera vraisemblablement
plus tard que prévu, mais, avant de statuer sur les conclusions de l'exercice en cours, on doit attendre que l'entreprise
complète son exercice de revue stratégique. Pour certains collègues, j'ai l'impression que cet exercice de
revue stratégique est déjà complété, et on a déjà toutes les réponses que
l'on attendra de cet exercice-là. Ce n'est pas le cas. Elle continue de nous
tenir informés des développements, l'entreprise. Dans le cadre de cet exercice, Northvolt agit de manière responsable, et
personne ne contredit personne en ce qui concerne l'octroi de blocs
d'énergie.
Le premier ministre,
que... Vous avez dit qu'on n'était pas là, pas là maintenant, pas là à court
terme, eh bien, moi aussi, je dis la même
chose, je dis qu'il faut attendre la conclusion de l'exercice en cours avant de
définir s'il y aura de la marge de manoeuvre pour la redirection d'une partie
du bloc d'énergie. Mais, à court terme, on n'est pas là. On n'est pas
là. Bien qu'on veuille essayer de nous mettre un calendrier sur la table, eh
bien, voilà, l'entreprise n'est tout simplement
pas là. Ce qui se passe actuellement en Suède, avec le repositionnement de
l'entreprise et les mises à pied, n'affecte pas le projet au Québec. Ça a été
dit et redit, et je tiens à le souligner à nouveau. Northvolt va faire une mise
à jour cet automne. La société mère prend les moyens pour accéder
rapidement à la rentabilité.
Maintenant, notre
gouvernement a été prudent et intelligent dans notre entente de financement.
C'est, en fait, la première fois de
l'histoire que le gouvernement du Québec fait un financement par étapes comme
celui que nous avons mis en place avec Northvolt. Pourquoi? Parce qu'on
a appris des erreurs des précédents gouvernements. Vous savez tout à fait à quoi je fais référence, et les
exemples à ce sujet ne manquent pas, et beaucoup d'argent et de deniers publics
ont été perdus. Mais, plus encore, on a
utilisé une façon novatrice de financer le projet pour protéger l'argent des
Québécois. Le financement par étapes
veut dire que le décaissement de l'argent se fait de manière progressive, avec
des étapes définies par des objectifs
à atteindre, faute de quoi il n'y a pas de financement. Pour obtenir la
prochaine tranche de financement, l'entreprise doit atteindre des
objectifs convenus avec le gouvernement. L'argent sortira au fur et à mesure
que le projet de l'entreprise progressera. On n'est pas encore à la prochaine
étape en matière de financement public.
Et
je le répète, on a fait un montage financier habile et prudent pour atténuer au
maximum le risque du projet et pour
protéger l'argent des Québécois. Les libéraux et les péquistes ne manquent pas
de projets à leur actif avec des montages financiers simplistes et
bâclés où le Québec a perdu sa mise. La filière batterie est un levier
important de développement économique, en plus de nous permettre de décarboner
notre économie et nos transports et atteindre la carboneutralité.
Un premier prêt de 240 millions de
dollars a été octroyé pour aider Northvolt à faire l'acquisition du terrain. Il
est donc garanti, ce prêt, par le terrain.
Ce prêt, c'est comme la banque qui vous donne une hypothèque. Si vous ne payez
pas votre hypothèque, la banque va se protéger en
reprenant votre maison, dans ce cas-ci, le terrain. Notre contrat avec
Northvolt nous permet de récupérer le terrain si le projet n'atteint pas
certains objectifs d'avancement. Mentionnons toutefois
que le terrain industriel acheté par Northvolt a des caractéristiques uniques
au Québec. C'est le seul terrain au Québec
doté d'une très grande superficie et d'un zonage industriel à proximité d'un
très grand centre urbain et qui puisse être facilement raccordé au
réseau d'Hydro-Québec pour être alimenté en énergie.
Le deuxième outil de financement est une
devanture convertible. C'est un prêt qu'on peut convertir en équités, par exemple, lorsque Northvolt ferait un premier
appel à l'épargne pour devenir une entreprise publique cotée en bourse, par exemple. C'est un instrument financier dont
les termes sont identiques pour l'ensemble des investisseurs. Ça veut dire
que plusieurs investisseurs institutionnels
réputés, comme le géant américain BlackRock, des fonds de pension comme la
Caisse de dépôt et de placement du Québec,
ont investi en acceptant les mêmes termes et conditions qu'Investissement Québec.
Ces investisseurs réputés ont fait leur propre
revue diligente et ont aussi choisi de participer au financement de Northvolt
parce qu'ils croient au projet. Il y a des détails confidentiels pour
l'entreprise et les investisseurs, mais je peux
vous rassurer que notre montage financier est très rigoureux et limite au
maximum le niveau de risque. Notre structure financière est un mélange
de prêts, de prises en équité et de subventions, lesquelles arrivent
majoritairement en fin de parcours, pour ce
qui est des subventions, et seulement une année après le début de la production
de cellules. Encore là, une garantie fort importante pour un des
segments du financement.
Le choix d'utiliser une débenture convertible,
c'est prudent, parce qu'advenant un scénario catastrophe où Northvolt ferait
défaut notre débenture convertible nous placerait à un rang privilégié par
rapport aux actionnaires pour récupérer les actifs de l'entreprise et... avec
les autres créanciers de même rang. On serait donc à la table advenant une telle situation. Mais on n'en est pas là.
Northvolt a levé près de 15 milliards d'euros dans ses rondes de
financement. Je suis confiante que,
si un scénario comme celui-là se produisait, le Québec serait en mesure de
récupérer une bonne partie de sa mise. Mais, encore une fois, on n'en
est pas là aujourd'hui.
Alors, pour
conclure, la filière batterie, c'est un pari calculé, nécessaire pour atteindre
la décarbonation. C'est assez exceptionnel et hors du commun, ce qui se
passe avec la filière batterie, Mme la Présidente. Le monde entier se prépare à
l'électrification des transports.
Pour y
arriver, il faut développer notre filière batterie. On ne peut pas juste se
reposer sur la Chine. La Chine domine l'écosystème de la batterie. La Chine
possède 90 % de la production de cathodes, 97 % de la production
mondiale d'anodes, et, pour les cellules, les entreprises chinoises
contrôlent près de 75 % de la production.
C'est normal
que ces projets sur lesquels on travaille prennent du temps. On développe de
nouvelles technologies de rupture qui vont changer la façon qu'on a de
se déplacer et de consommer notre énergie. Et, à terme, on sait que l'électrification des transports, c'est nécessaire.
On se doit de décarboner. 43 % de nos émissions au Québec sont causées
par le transport. C'est impératif d'électrifier nos transports, et, pour y
arriver, on a besoin de la filière batterie.
Mes collègues
vous parleront des projets en cours dans leur région dans cette filière. On en
compte plus de 20 à travers l'ensemble du Québec. J'aurais pu vous parler des
discussions que mon ministère et Investissement
Québec entretiennent
actuellement avec plus d'une centaine d'entreprises qui souhaitent embarquer
dans notre projet de société qu'est la filière batterie. Ils souhaitent
embarquer dans la transition énergétique du Québec.
Ce que notre gouvernement est en train de faire
au Québec, c'est emballant. J'espère que les oppositions sont rassurées. J'espère qu'elles aussi vont embarquer
dans nos ambitions de développement économique au profit des Québécois.
Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je suis prête à entendre une autre intervention. Je ne sais pas si... Habituellement,
on fait un tour. Alors, si, M. le député, vous êtes ici pour... Habituellement,
on fait un tour, après ça je reviens. Bien, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous reconnais. Prenez la parole.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Écoutez,
peut-être juste, d'entrée de jeu, juste noter quelques commentaires que
la ministre a mentionnés.
En ce qui a trait aux celluliers, on est dans la
chaîne d'approvisionnement. On n'est pas dans la chaîne de valeur parce qu'on
ne détient pas les profits que ces entreprises-là vont peut-être,
potentiellement, éventuellement, un jour, peut-être faire. Si Northvolt, un
jour, fait de l'argent, des profits, cet argent-là, ça s'en va en Suède. Si GM
fait de l'argent, cet argent-là va s'en aller chez GM aux États-Unis, la même
chose pour Ford. On n'est pas dans la chaîne de
valeur avec les celluliers que je viens de mentionner. On est dans la chaîne
d'approvisionnement parce qu'on leur a donné à rabais nos travailleurs,
notre énergie, notre capital puis nos ressources. C'est ça, la réalité, Mme la
ministre.
Vous savez, on parle de transfert de
connaissances, comme quoi ça va aider notre écosystème. On n'a aucune propriété intellectuelle dans le développement de
la filière batterie de la part de ces celluliers-là, surtout pas de Northvolt.
On a même eu une rencontre à ce sujet-là avec l'intervenant de Northvolt que
vous avez mentionné, Mme la ministre, et
puis je peux vous dire une chose, je suis extrêmement déçu de la tournure des événements
dans les dernières semaines pour la simple et unique raison qu'il y avait une
ouverture, Mme la Présidente, de la part de l'entreprise à faire en sorte que, potentiellement la,
propriété intellectuelle, la recherche et développement pourraient se faire ici
même au Québec. Mais on l'a vu, ils ont décidé de faire des coupures chez
Northvolt, 1 600 postes, et ils ont coupé dans la recherche et
développement. Ils ont aussi déménagé l'entreprise de la Californie, leur
succursale de la Californie, qui faisait de la recherche, en Suède. Donc, non seulement on a manqué le bateau pour la
recherche et développement avec Northvolt, la compagnie a aussi décidé de couper dans sa propre recherche et
développement, ce qu'on a appris plus tôt cette semaine.
Vous
savez, dans l'industrie... dans des nouvelles industries où est-ce qu'il y a
des nouvelles technologies comme ça, couper dans la recherche et développement,
c'est couper dans son avenir, c'est hypothéquer l'avenir de l'entreprise. Donc,
moi, je trouve que c'est un autre nuage noir qui s'additionne à la situation
actuelle.
Puis je suis surpris,
en fait, aussi, Mme la Présidente, de voir qu'aujourd'hui on n'a pas la
capacité de pouvoir débattre de la finance, du coût du financement avec la
délégation appropriée de la part du gouvernement sur le sujet. En période des questions, aujourd'hui, j'avais
posé une question directement au ministre des Finances, à savoir, bon, bien, le
décret, là, qui a été fait le 23 octobre 2023, le ministre avait donc
cosigné ce décret-là, il était... je vais citer, il était, en conséquence, sur la recommandation du ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et du ministre des Finances
de débourser quelque dollar que ce soit pour la compagnie Northvolt.
Donc, écoutez, ici,
on est dans une situation où la valeur ajoutée de la part de la compagnie, là,
selon ce que j'ai entendu de la ministre,
c'est la création d'emplois. Bien, ça, c'est un modèle de développement
économique qui date des
années 90. C'est un modèle qui n'apportera pas de valeur ajoutée au
Québec. Puis là, nous, on a deux ministères qui ont autorisé, par décret, des sorties d'argent de l'ordre de
1 milliard de dollars pour justement aller vers cette start-up,
cette jeune pousse suédoise qui s'installe à Saint-Basile-le-Grand, puis
on n'est pas capable de nous dire la valeur ajoutée que ça va apporter. On nous fait croire, en fait, que c'est une courroie
de valeur pour le Québec quand ce n'est pas le cas. On est juste dans la chaîne d'approvisionnement.
On vient faire l'assemblage de composantes. On ne donne pas de technologie à
personne. On s'installe ici, on prend des employés qui travaillaient dans un
écosystème ailleurs, on les... on fait souffrir nos PME qui là,
maintenant, vont avoir, eux, à aller se chercher de nouveaux employés.
Donc,
on fait face à cette situation-là, Mme la Présidente, et je trouve ça bien
dommage. Je trouve ça bien dommage parce qu'évidemment, à l'intérieur de
la filière batterie, le nom de Northvolt, évidemment, ressort beaucoup parce
que ça ne va pas bien pour l'entreprise. Puis je vais vous dire, Mme la
Présidente, quand une entreprise est obligée... quand des compagnies sont obligées de mandater des huissiers pour se faire
payer, comme c'est le cas avec les fournisseurs de services pour la
maison mère de Northvolt en Suède, c'est vraiment de mauvais augure.
Dans un syndicat
bancaire, lorsque, par exemple, une compagnie fait défaut sur ses paiements à
ses petits fournisseurs, il y a un niveau
qui peut être endurable avant que ça, ça engage des conséquences de
restructuration du prêt. Ici, on
n'est pas au courant de ces montants-là, on ne sait pas exactement quels sont
les montants, mais je peux vous dire une
chose : N'importe quel prêteur qui voit ça sur le radar allume et commence
à surveiller de plus près ce qui se passe. Et c'est ce qu'on a vu.
On a aussi entendu
parler du gouvernement de la Suède qui a décidé qu'il n'allait plus mettre un
sou de plus dans l'entreprise. On a entendu
parler de la cellule de crise qui a été mise en branle par le gouvernement de
la Suède en ce qui a trait à
Northvolt. Je peux vous dire juste une chose : Tous les signes qui sont en
train de sortir actuellement sont des signes extrêmement négatifs pour
le futur de l'entreprise.
Vous savez, il y a
d'autre chose qui est un petit peu plus problématique aussi, c'est qu'il y a à
peu près quatre, cinq ans, la technologie proposée par Northvolt était la
technologie un peu plus dominante pour l'industrie de la cellule de batterie. Maintenant, c'est rendu minoritaire.
80 % de la technologie utilisée pour faire des batteries est une technologie supérieure à celle de
Northvolt. Donc, on coupe dans la recherche, on coupe dans la recherche et
développement, donc on hypothèque l'avenir
de la compagnie pendant que la technologie en tant que telle ne va pas bien,
n'est pas la technologie de l'avenir.
Donc, on se trouve à
être dans une situation où est-ce que, financièrement, ça ne roule pas très
bien. On a une technologie qui, de toute évidence, est en train de se faire
déplacer par la compétition. On l'a vu en Chine, il y a une compagnie qui s'appelle CATL, C-A-T-L, elle est
capable de produire une batterie en lithium solide qui, elle, va produire
une autonomie de 1 200 ou
1 100 kilomètres, quasiment le triple de ce que la batterie de
Northvolt est supposée faire. Donc,
on fait face à cette compétition-là, et en plus, de façon mondiale, la demande
pour l'ensemble des batteries, évidemment, amène les prix à la baisse. Donc,
la marge de manoeuvre sur le produit final que Northvolt va vendre est de moins
en moins intéressante.
Donc, c'est vraiment
un enlignement, là, incroyable de mauvaises circonstances. Et, si on ajoute en
plus à ça le fait que les prêteurs actuels sont dans un mode de restructuration
du financement de l'entreprise, ici, on parle des prêteurs séniors, c'est eux qui contrôlent le financement de
l'entreprise, bien, les prêteurs séniors sont en train de se dire :
Comment je vais faire pour retrouver mes billes? Parce qu'un prêteur banquier
ou obligataire sénior, son objectif dans la
vie, là, c'est de prêter de l'argent, faire un rendement dessus puis ravoir son
argent. Il n'est pas dans la business de faire un profit parce que le
stock va doubler ou tripler. Ce n'est pas ça, le mandat d'un banquier. Donc,
actuellement, là, le groupe qui contrôle le
financement de l'entreprise est en train de se restructurer. Le message que ça
envoie à tout le monde, ça, c'est qu'eux autres, ils sont séniors puis
ils vont se payer les premiers, si jamais il y avait un défaut quelconque.
Ça veut dire quoi,
ça, Mme la Présidente? Ça veut dire que ceux qui sont juniors à ça, comme la
structure qui était décrite par la ministre
comme étant une structure avec priorité, bien, elle est subordonnée aux
prêteurs séniors. Alors, la fameuse
note convertible, c'est le dernier des morceaux de papier d'emprunt que
Northvolt a qui va être remboursé si jamais un jour il fallait passer par cette
procédure-là. C'est certain que l'équité va être disparue puis c'est
probablement certain aussi que la débenture échangeable va disparaître.
Donc, ma question
reste ensemble... entière. Comment se fait-il que lorsqu'on a posé la question
au salon bleu, aujourd'hui, au ministre des
Finances... J'ai posé une question qui était relativement simple. Lui qui avait
donc autorisé le décret pour qu'on
débourse 200 millions US, 270 millions CAN, pour faire l'acquisition
de cette débenture échangeable, comment se fait-il qu'il n'est pas
capable de nous donner la valeur aujourd'hui de cette débenture-là?
Avec
toutes les conditions que je vous ai données, avec toute le data que j'ai donné
au niveau de ce qui se passe dans le marché, on le voit bien, là,
aujourd'hui, ce morceau de papier là vaut une fraction de ce que Mme la
ministre a mentionné comme montant initial. Donc, on fait face à ça.
• (15 h 50) •
L'autre morceau de
financement qu'on parlait tantôt, c'est le terrain à 240 millions. Mme la
Présidente, je vous le dis, là, retournez
voir Luc Poirier qui a vendu ça à gros prix à Northvolt, je peux vous dire
juste une chose : Il ne paiera pas 240 millions pour ravoir le
terrain. Ça fait qu'on a beau dire que le terrain est en garantie, là, il n'y a
pas de marché secondaire liquide sur ce terrain-là, là. Du jour au lendemain,
revouloir revendre ça, c'est certain qu'on ne sera pas capable d'avoir
240 millions. Donc, encore une fois, oui, c'est une garantie, et ça laisse
sous-entendre comme quoi qu'on va retrouver toutes nos billes, mais c'est
illusoire de penser que ça va être le cas.
Puis dans tout ça, on a un contrat qui a été
signé, donc, dans le décret, comme quoi que le gouvernement s'est engagé à débourser un autre 300 millions de
dollars additionnel envers la compagnie pour pouvoir... en fait, ça, ça va être
une question, faire quoi avec cet argent-là?
Je vais y arriver. Mais ce 300 millions de dollars là, on n'a aucune
transparence de la part du
gouvernement, on ne sait pas combien que ça vaut actuellement. Puis, si on est
pour débourser un 300 millions de dollars additionnel, sur
quelles conditions... à quelles conditions, à quel prix? Donc, on n'est pas
capable d'avoir de la transparence par rapport à la valeur actuelle de ce
morceau de papier là. Comment pourrions-nous donc simplement donner confiance au gouvernement, allez-y,
dépensez un autre 300 millions? Voyons donc, Mme la Présidente, c'est
de mauvaise gouvernance de penser comme ça.
Puis je vais vous dire une chose, l'argent, là,
qu'on donne, ça va à la maison mère, ça ne va pas pour le développement de
Northvolt 6, de Saint-Basile-le-Grand. L'argent qu'on a déboursé à date,
là, de 270 millions puis le 300 potentiel
qu'on parle ici, là, ça s'en va à la maison mère, dans leur fonds consolidé à
eux. Qu'est-ce que vous pensez qu'ils vont faire avec cet argent-là, Mme
la Présidente? Ils sont en manque de liquidités. Eux autres, là, ils essayent d'éteindre des feux, ça fait qu'ils vont prendre
cet argent-là pour essayer d'éteindre le plus de feux possible. Est-ce qu'ils
vont prendre cet argent-là pour développer Northvolt 6, ici même, à
Saint-Basile-le-Grand? La réponse à ça, Mme la Présidente, c'est officiellement
non. Ils sont en mode survie.
Donc, moi, j'aurais aimé ça avoir de la
transparence, de la part de la ministre puis de la part du ministre des
Finances, à savoir, la question de l'heure que tous les Québécois ont au niveau
du financement de Northvolt : Que vaut le papier initial que le
gouvernement est allé dépenser 270 millions de dollars canadiens pour
acheter une débenture convertible? Qu'est-ce que ça vaut dans les conditions
actuelles du marché? Force est de constater qu'on est incapable d'avoir une réponse du gouvernement, que ce soit
de la part du ministre des Finances, que ce soit de la part de la ministre
de l'Économie et de l'Innovation. Donc, force est de constater qu'au Québec,
actuellement, on perd confiance à cause du manque de transparence de ce
gouvernement-là.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prêt à
reconnaître M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Quel gâchis, Mme la
Présidente! Le projet Northvolt, depuis le début, est un gâchis, étape après
étape : un gâchis économique, un gâchis écologique, un gâchis énergétique
et un gâchis démocratique.
Parlons d'abord de la question économique.
Faut-il rappeler, Mme la Présidente, que tout ceci a commencé avec une
compagnie, une jeune pousse, une start-up qui a fait un appel d'offres.
Imaginez le front, Mme la Présidente, un
appel d'offres pour dire aux États : Mettez-vous à genoux et dites-moi ce
que vous êtes prêts à m'offrir, moi, la jeune pousse qui n'a même pas
une compagnie qui marche à plein... une usine qui marche à plein régime,
dites-moi ce que vous êtes capables de me donner, et je vais voir si je vais
daigner venir m'installer chez vous. Il faut croire que le Québec, Mme la Présidente, et, à l'époque,
M. Fitzgibbon et puis le premier ministre ont vraiment donné le tapis
rouge pour, évidemment, avoir la chance d'être choisis par cette
compagnie.
7 milliards d'argent public,
7 milliards d'argent public, dont 2,9 qui viennent du Québec. Ça, là,
c'est 800 $ par Québécoises et Québécois, 800 $, chacun de nous a mis
sur la table pour que cette compagnie vienne. C'est ce qu'on compte leur donner à terme. On nous dit : C'est pour les
jobs, pour 3 500 jobs. Ça fait 1,5 million de dollars la job.
Je ne sais pas combien d'impôts ces
personnes-là vont payer, Mme la Présidente, mais nous, on a vraiment envie de
voir les études économiques qui nous permettent d'avoir une idée des
retombées économiques.
L'autre argument, c'est de nous dire :
Attention, on va avoir toute la boucle, toute la chaîne, c'est le plus gros, on veut notre cellulier. On a toutes sortes
d'autres morceaux de la filière batterie, celle-là va venir nous permettre
d'avoir tous les morceaux du puzzle. Aucune condition, Mme la Présidente, pour
que les intrants, la matière première, viennent du Québec. Ils peuvent bien ramener tous, tous, tous leurs métaux
précieux d'Australie ou de Chine. Il n'y a pas de condition pour qu'ils
viennent du Québec, aucune condition pour que ce qui sort de la compagnie reste
au Québec. Ils peuvent bien vendre toutes leurs batteries en Californie,
et il n'y aurait pas de problème.
Mme la
Présidente, les voitures électriques coûtent cher. Elles ne sont pas la seule
solution, mais elles font partie de la solution à la crise climatique, et on
aurait pu s'attendre à avoir un deal qui nous permette d'avoir des voitures
électriques moins chères pour les Québécoises et les Québécois.
Aucune propriété intellectuelle qui est associée
à ce projet-là qui nous appartient, pas même un petit bureau de recherche. 7 milliards d'argent public. Tout
va mal économiquement dans ce projet-là. Le terrain a été acheté
240 millions de dollars,
entièrement, 100 %. On a couvert un prêt de 100 % de la valeur de ce
terrain-là qui a été acheté en 2015, par la personne qui l'a vendu
20 millions, plus de 10 fois moins cher, Mme la Présidente.
Et la réalité, on la connaît, ça reste une jeune
pousse qui a essayé de grossir vraiment trop vite. Des contrats de plusieurs
milliards, juste celui de BMW, de plusieurs milliards que Northvolt a perdus.
1 600 emplois perdus en une journée, 20 % des travailleuses et
travailleurs de cette compagnie. Des usines qui ont fermé, qui ont été
abandonnées un peu
partout en Europe par cette compagnie. Et toujours aucune étude économique
publique de ce gouvernement. Ils voudraient qu'on leur fasse confiance
sur parole. Tout va bien, Mme la Présidente.
Donc, un gâchis économique, mais un gâchis
écologique aussi. Nous avons entendu la ministre à plusieurs reprises nous
dire : Mais attention, ça va aider à décarboner le Québec. Pourtant, je
pensais qu'on avait fait le tour de cette
question-là, Mme la Présidente. Nous avions fait, nous-mêmes, une demande
d'accès à l'information pour avoir, du ministère de l'Économie, de
l'Innovation, et de l'Énergie un document, un courriel, un PDF, un PowerPoint,
quelque chose qui fait un lien entre toute
la filière batterie et les baisses de gaz à effet de serre au Québec.
Figurez-vous, Mme la Présidente, que c'est le seul document que nous
avons reçu qui n'était pas caviardé, pas une phrase n'a été caviardée, et pour cause, parce que la réponse tenait en une
ligne : Il n'y a dans notre ministère aucun document, aucun courriel qui
fait le moindre lien entre des baisses de gaz à effet de serre au Québec
et la filière batterie.
Une catastrophe écologique aussi parce que ces
compagnies-là sont maîtres chez nous dans la politique de ce gouvernement, car
pour qu'elles s'installent ici, on a changé les règlements, les règlements
écologiques pour pouvoir éviter à cette compagnie d'avoir un BAPE, d'avoir des
vraies, véritables analyses, de comprendre ce qui se passe avec l'implantation
de cette compagnie chez nous, sachant que le terrain, il a beau être
industriel, il y avait plus de 70 milieux humides dedans. Eh bien, sans BAPE, sans rien, ils ont eu l'autorisation
de pouvoir se débarrasser de plus de 60 de ces milieux humides, sachant que cette compagnie-là s'est mise là parce
qu'elle avait besoin d'avoir accès à l'eau pour y déverser des matières qui ressortent de leurs procédés. Mme
la Présidente, Richelieu, c'est une source d'eau potable pour
12 municipalités... sans BAPE, Mme la Présidente.
• (16 heures) •
Un gâchis énergétique aussi, parce qu'évidemment
un bloc d'électricité aussi énorme, sans aucune garantie, sans aucune balise économique qui nous permette de
s'assurer qu'il y a des retombées économiques, un bloc énergétique qui
correspond à plus d'un barrage d'un des quatre barrages de la... du complexe de
La Romaine, qui, faut-il le rappeler, a mis 11 ans à être construit. Mais en plus, un des plus gros
problèmes qu'on a au Québec, Mme la Présidente, c'est la gestion de la
pointe, la gestion de la pointe étant ces moments où on a besoin d'encore plus
d'électricité qu'on est capable d'en fournir. Et le gros problème, c'est de
dire aux différents consommateurs, de dire : Essayez de vous effacer
pendant la pointe, c'est important, ça va
nous permettre de ne pas acheter notre électricité beaucoup, beaucoup plus
cher, 10 fois plus cher que ce qu'on est capable de fournir. On n'a
même pas demandé à cette compagnie qui fait des batteries d'utiliser les
batteries pour pouvoir redonner de l'électricité au réseau ou au moins
s'effacer du réseau au moment où nous avons ces dites pointes. Parlez-moi
d'innovation. Parlez-moi d'innovation.
Et enfin, Mme la Présidente, un gâchis
démocratique. On change les normes environnementales sans débat, en catimini.
Il y a des rencontres entre le...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le... J'allais me lever en même temps, alors je
suis convaincue... Mais...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, prudence. Vous savez les mots, au lexique,
qui sont interdits ici. Alors, je vous demanderais de faire... la
prudence pour le reste de votre intervention, M. le député.
M.
Bouazzi : Mme la Présidente, je le retire, même. Sans bruit
ni trompette, Mme la Présidente, ce gouvernement a changé nos normes environnementales dans un simple décret. La
compagnie avait besoin d'un BAPE si elle consommait plus de
30 000 mégawatts... 30 mégawatts, pardon, eh bien, enlevons la
limite du 30 mégawatts. La compagnie avait besoin d'un BAPE si elle
produisait plus de 50 000 tonnes. Elle en produit 60 000... non,
56 000, pardon, bien, montons la limite
à 60 000. Des rencontres entre le P.D.G. de Northvolt et des ministres
dans des restaurants chics de Montréal, qui n'apparaissent pas à leurs
agendas, des rencontres qui n'apparaissent pas à leurs agendas. Je ne peux pas
utiliser aucun adjectif pour qualifier ces rencontres-là, Mme la Présidente, je
pense qu'aucun ne serait acceptable dans notre lexique.
D'un point de vue démocratique, imaginez-vous
quelqu'un qui investit 7 milliards, dont 2,9 milliards d'argent public des Québécoises et Québécois, sans jamais
avoir partagé l'étude économique qui permet de dire qu'il y a des retombées
positives pour le Québec. Imaginez le problème, le manque de gouvernance, de
saine gouvernance de l'argent public. Quel
gâchis, Mme la Présidente! C'est d'autant plus un gâchis que nous avons besoin
de batteries pour faire la transition énergétique. Il y a moyen de le
faire positivement. Il y a moyen d'utiliser ces batteries pour de la résilience
énergétique. Il y a moyen d'utiliser ces
batteries pour du transport en commun. Il y a moyen d'utiliser ces batteries
pour des voitures moins énergivores, pour des vélos électriques aussi.
Il y a moyen d'utiliser ces batteries au Québec, parce que les accords de Paris, qui sont notre seule bouée pour pouvoir
essayer de limiter la catastrophe climatique qu'on a déjà commencé à vivre...
bien, elle dépend des baisses de gaz à effet
de serre qu'on opère chez nous, au Québec, et non pas celles qu'on... à
l'extérieur de nos frontières.
Ça fait que,
pour conclure, Mme la Présidente, la vision qui a entouré tout ce projet-là est
une vision d'un siècle passé, une
vision qui ne prend pas en compte l'impératif de la crise climatique, l'urgence
de la crise climatique, une vision qui... vraiment passée date, où on cherche,
comme ça, des multinationales étrangères, et, dans ce cas-ci, encore pire, des
multinationales terriblement risquées, avec l'idée que ça suffirait à faire de
l'essor économique, sans jamais avoir le contrôle sur cette économie-là,
alors qu'en 2024 la question d'avoir du contrôle sur notre économie pour
pouvoir assurer des revenus, pour pouvoir assurer que les... et les entrants,
et les sortants de cette compagnie-là puissent participer à l'essor économique et à la lutte à la crise climatique au
Québec, pour même pouvoir assurer que ces compagnies-là ne mettent pas
leur argent dans des paradis fiscaux, car la maison mère de Northvolt a toutes
sortes de stratagèmes, Mme la Présidente. Il y a un rapport de l'IRIS, qui date de quelques
jours, qui les expose bien, entre autres, avec ce qui se passe au Luxembourg,
Mme la Présidente. Avouez, Mme la Présidente, que c'est un sacré gâchis.
Maintenant,
pour revenir à la motion, nous allons effectivement l'appuyer. Il est évident
que cette compagnie-là va avoir un retard. Au meilleur des cas, si elle
voit, un jour, le jour, elle va avoir un retard d'au moins deux ans, qui, de toute façon, se rajoute aux années de
construction de cette usine, et qu'entre-temps, bien, on ferait bien d'utiliser
cette électricité-là le plus vite possible pour décarboner notre
économie. Les spécialistes nous le disent jour après jour, les rapports du GIEC
nous le disent jour après jour, la fenêtre d'intervention pour lutter et
baisser nos gaz à effet de serre est minuscule,
que la limite de 1,5° est déjà atteinte, qu'il va falloir faire d'énormes
efforts pour ne pas atteindre et dépasser l'augmentation de la
température de deux degrés sur la planète, ce qui, en soi, serait
catastrophique.
Et donc, oui, utilisons cette électricité-là à
bon escient. Il y a toutes sortes de projets pour augmenter notre capacité
électrique, y compris en consommant moins. Si on a des obligations face à cette
compagnie-là, bien, le temps qu'elle sera
construite, on espère que les autres promesses de ce gouvernement-là seront
tenues, en matière d'énergie, et qu'il y aura effectivement ces blocs de
disponibles. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Alors, je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le
député de Nicolet-Bécancour, la parole est à vous.
M. Donald Martel
M. Martel : Bonjour, Mme la
Présidente. C'est drôle parce que je voulais commencer mon petit laïus en
disant que, le discours du Québec solidaire,
il n'y a rien qui me surprend au niveau économique, mais que, le discours du
Parti libéral soit le même que Québec solidaire, je le déplore. Puis là
j'entends le collègue de Québec solidaire qui finit sa présentation puis je
vois les collègues du Parti libéral qui l'applaudissent. Je me disais : Ça
ne se peut pas que ces deux partis-là, d'un point de vue économique, ils soient
rendus à la même place. Mais il faut croire que oui.
Tantôt, j'écoutais le collègue de
Marguerite-Bourgeoys qui parlait de la Chine, puis je suis assez d'accord avec
lui par rapport aux progrès que la Chine a faits. La solution à ça,
c'est-tu : On se croise les bras, on ne fait rien ou on essaie de
développer une filière comme on fait actuellement?
Moi, Mme la Présidente, je suis députée de Nicolet-Bécancour,
mais je viens du Centre-Mauricie, je viens de Grand-Mère. Ça ne me fait pas
plaisir de dire ça, mais j'ai eu 60 ans cet été. Pendant presque une
trentaine d'années, j'ai fait du
développement économique régional. Puis, dans la région de la Mauricie—Centre-du-Québec, on a géré beaucoup la décroissance économique, avec toutes les
fermetures d'emplois qu'il y a eu à Shawinigan, à Grand-Mère, à Trois-Rivières.
Donc, on arrive avec une opportunité extraordinaire qui, moi, m'emballe
beaucoup.
• (16 h 10) •
J'étais sur le terrain. Qu'est-ce que ça donne
exactement, la filière batterie, notamment à Bécancour, dans le parc industriel de Bécancour? La semaine passée...
pas la semaine passée, voilà deux, trois semaines, je rencontre un des
dirigeants d'une entreprise du parc industriel de Bécancour, une entreprise qui
est là ça doit faire peut-être une trentaine d'années.
Elle est un peu sur la fin de vie, des bons emplois, mais technologie dépassée.
Puis la personne me dit : Donald, j'ai eu l'autorisation de mes
grands patrons d'aller en plans et devis pour la modernisation de notre
entreprise. Ça veut dire des investissements
de 200 à 300 millions. C'est une entreprise qui est là actuellement, qui
est potentiellement sur sa fin de vie. Parce qu'on développe la filière
batterie, il a l'autorisation de procéder aux plans et devis pour des
investissements potentiels de 200 à 300 millions. Il y a au moins
deux ou trois autres entreprises, Mme la Présidente, exactement dans la même
position. Des entreprises qui sont chez nous depuis 30 ans, depuis
40 ans, ils arrivent à maturité, puis là ils voient arriver l'opportunité, l'opportunité de développer la filière
batterie, puis ils se disent : C'est une belle occasion pour nous de se moderniser. Donc, des entreprises qui
auraient probablement fermé, chez nous, dans les trois ou quatre prochaines
années, on va probablement les moderniser pour les 30, 40 prochaines
années.
L'ABI, qui
est un joueur très important chez nous, regarde le potentiel : Est-ce que
notre production peut s'adapter par rapport à la filière batterie?
Est-ce qu'il y a des choses qu'on peut faire par rapport à la filière batterie?
On a une usine de silicium, c'est la même chose.
Vous savez, Mme la Présidente, on était très
fiers de procéder à l'annonce de notre gouvernement de la filière batterie à
Bécancour. Et on a lancé la troisième zone d'innovation, sous la désignation de
la Vallée de la transition énergétique. Cet important développement de la zone
d'innovation se fera à travers trois objectifs : développer la filière
batterie du côté de Bécancour, l'électrification des transports du côté de
Shawinigan, puis l'hydrogène vert du côté de Trois-Rivières.
Des retombées
de la filière batterie. Air liquide, qui est chez nous depuis quelques années,
a le plus gros électrolyseur au
monde. Sans tambour ni trompette, un communiqué de presse : Air liquide,
ils annoncent qu'ils investissent 200 millions pour s'adapter, pour
desservir la filière batterie. C'est un article qui date du
15 mars 2004, l'excellent journaliste Sébastien Lacroix, du Nouvelliste,
il dit : «Un autre projet qui s'insère dans la filière batterie a été
lancé au début de la semaine à Bécancour, alors qu'Air liquide a débuté les
travaux de préparation de son site situé le long de l'autoroute 30, en face de GM et voisin de Ford.» Ça va bien dans
une conversation où on parle de Bécancour, parc industriel. «L'installation
de conduites souterraines au sud de
l'autoroute pour aller rejoindre des entreprises telles que GM-POSCO, Nemaska
Lithium ne posera pas de problème.
L'entreprise procédera de la même manière que l'a fait Énergir avec sa conduite
de gaz naturel, soit à partir d'un forage horizontal dans le roc.
«Air Liquide fait valoir que l'implantation de
son usine pourra fournir les entreprises de la filière batterie qui ont des
besoins cruciaux et importants en gaz à l'air, dont de l'air décarboné, de
l'oxygène et de l'azote.
«Le
fait de construire une unité centrale de production desservant plusieurs
clients permet également à Air Liquide d'utiliser 30 % de moins
d'électricité qu'en ayant recours à des unités décentralisées. Le tout
permettra également de soustraire une cinquantaine de camions pour le
transport.»
Je finis
là-dessus : «Le chantier de construction de l'usine de séparation d'air,
qui est évalué à 200 millions de dollars, se poursuivra tout au long de l'année, pour un
démarrage en décembre 2024 et une mise en service en 2025.» On ne peut
pas dire que ce n'est pas contemporain.
En plus — là,
je vous ai parlé de projets d'investissements potentiels, des investissements
qu'ils faisaient là — les
acteurs du milieu se mobilisent. Écoutez, je pense qu'il y a sept, huit
universités qui travaillent actuellement ensemble. Il y a les quatre cégeps de la Mauricie—Centre-du-Québec qui se sont joints à l'UQTR, qui
se sont joints aux cinq centres de
services de la Mauricie—Centre-du-Québec
pour collaborer ensemble à faire une école de batterie. Donc, au-delà des
entreprises, il y a beaucoup de partenariats qui se font.
J'aimerais ça faire... parce que, des fois, on a
l'impression que le Parti libéral veut faire la leçon au niveau du développement économique. Moi, je veux juste le
rappeler, dans le parc industriel de Bécancour, O.K., les libéraux ont
été là à peu près 15 ans, il y a eu... Le parc industriel de Bécancour,
là, il faut savoir que c'est le seul parc industriel qui appartient au gouvernement du Québec. C'est un parc qui existe depuis
60 ans. Les 15 dernières années libérales, il s'est perdu plus
d'emplois dans le parc industriel qu'il s'en est créé. Là, je pense à la
fermeture de Norsk Hydro, je pense à
la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly. Le Parti libéral a créé une
entreprise. Moi, depuis que je suis député, là, quand on était dans l'opposition, le Parti libéral a aidé à créer une
entreprise. Vous savez quelle, Mme la Présidente? Greentone. Vous savez
ce que Greentone produit? Du cannabis. On a mis ça en plein milieu du parc
industriel de Bécancour. Venez faire un petit tour, l'entreprise dégage
beaucoup d'odeurs qui empestent la communauté. On travaille très fort à essayer d'atténuer ça. Mais le bilan du Parti
libéral pour le développement du parc industriel de Bécancour : Greentone,
seule entreprise.
Depuis qu'on
est au pouvoir, Mme la Présidente, avec le développement de la filière
batterie, nous, gouvernement de la CAQ, dans le parc industriel de
Bécancour : Ultium CAM, ça, c'est GM,
matériaux actifs de cathode. Venez
voir, la bâtisse est montée, le centre d'administration. Il y a encore
d'autres projets à venir. Nemaska Lithium, l'hydroxyde de lithium, la bâtisse
est pratiquement terminée. EcoPro, EcoPro, c'est Ford, il y a eu un arrêt, ils
recommençaient cette semaine à faire des travaux d'installation. Matériaux
avancés Mirae, ils sont en construction au moment où on se parle. J'ai parlé d'Air liquide tantôt. Nouveau Monde Graphite, un projet qu'on espère qui va commencer la
construction bientôt. Vale, ils sont en consultation, ils souhaitent
débuter le chantier très prochainement.
Des entreprises qui n'ont pas rapport
nécessairement avec la filière batterie, mais qu'on a aidées, dans le parc industriel : Virentia, qui fait la
transformation de la luzerne, Innomalt, qui fait la transformation du malt, et
NEAS, qui est spécialisée dans le transport maritime nordique. Ce que je
viens de vous nommer là, Mme la Présidente, là, c'est des nouvelles entreprises
qui sont installées dans le parc industriel depuis moins de six ans.
Les libéraux
veulent nous faire un peu la leçon au niveau économique. Je vais faire juste un
petit rappel. Ça doit faire une quinzaine d'années, j'aurais dû être un peu
plus précis pour la date, il y avait deux projets de centrale électrique au
gaz au Québec. Il y avait le projet de TransCanada Énergie, à Bécancour, puis
il y avait le projet de Suroît, qui était à Beauharnois. Le projet de Suroît,
c'était un projet d'Hydro-Québec, et le projet de TransCanada Énergie,
évidemment c'était TransCanada qui étaient les propriétaires, de l'Ouest
canadien. La journée, je me rappelle comme si c'était hier, la journée où est-ce que le Parti libéral a
annoncé qu'il ne faisait pas le Suroît, un projet qui appartenait à
Hydro-Québec, ils sont allés voir les gens de Beauharnois, ils ont
dit : On ne fait pas ce projet-là. Jean Charest, il a pris l'avion, le
taxi, je ne sais pas, il s'est ramassé à
Bécancour, il a dit : On va faire... — il avait deux choix — on va faire TransCanada Énergie. Vous savez
quoi, Mme la Présidente? TransCanada Énergie n'a jamais produit d'électricité.
Savez-vous combien qu'il a coûté aux
Québécois à ne pas faire fonctionner cette entreprise-là? 2 milliards. Ça,
là, quand les libéraux veulent venir nous
faire la leçon économique, là... Il y avait deux projets, un projet qui
appartient à Hydro-Québec, qui nous appartient, un projet qui appartient
à des intérêts de l'Ouest canadien. Ils donnent ce contrat-là, il ne fonctionne
pas, ça nous coûte 2 milliards de dollars.
• (16 h 20) •
Parti
québécois, il n'est pas en reste : fermeture de la centrale nucléaire de
Gentilly, c'est la perte de 900 emplois. On avait investi déjà 2 milliards pour la réfection, on a jeté ça
dans le fleuve. Mais le pire, le plus important, à mon avis, c'est qu'on
avait une expertise mondiale au niveau du génie nucléaire qu'on a laissé aller.
Je trouve ça vraiment triste. L'impact de la fermeture de la centrale nucléaire
à Gentilly, là, une communauté de chez nous, il y avait une maison sur cinq qui
était à vendre. Le prix des maisons est à peu près le plus bas au Canada. Je
suis allé en fin de semaine, j'ai fait une
tournée du comté, ça m'a fait... ça m'a fait du bien de penser à Gentilly. Vous
savez quoi? Le restaurant qui était fermé, il est ouvert. Je ne sais pas
combien de nouvelles maisons... Il n'y a plus de maison à vendre, puis je ne le
sais pas, combien qu'il y a eu de nouvelles
maisons de bâties. Le nombre de maisons jumelées, là, il y a un quartier, c'est
plein. Il y a un bâtiment, je n'ai
jamais vu ça à Gentilly, quatre étages, multilogements. Ça, là, c'est la
répercussion du développement de la
filière batterie dans le parc industriel. Quand je me promène chez nous, je
vois la même chose, écoutez, Daveluyville, du multilogements, Nicolet,
Bécancour, Saint-Célestin, Baie-du-Febvre. Les retombées positives économiques,
elles sont partout sur le territoire.
Je vais finir là-dessus, Mme la Présidente. Vous
savez, Dieu merci, je n'ai jamais été libéral de ma vie, mais je vais toujours être reconnaissant pour
l'héritage de Robert Bourassa à l'égard de l'hydroélectricité. J'ai déjà été
péquiste puis je suis très reconnaissant de Bernard Landry qui a eu la
vision du multimédia puis qui a transformé la fermeture de GM pour en faire
l'usine Paccar. C'était avoir de la vision. Aujourd'hui, je suis caquiste. Je
suis très fier du premier ministre, qui
supporte le développement de la filière batterie, qui va être une économie
verte pour les générations futures. J'en suis très fier. J'invite mes collègues,
notamment mes collègues libéraux, à se ressaisir. On a une opportunité
extraordinaire de transformer positivement l'avenir de nos jeunes.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons
le débat avec M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Mme la Présidente, j'aimerais saluer l'initiative
de ma collègue de Saint-Laurent pour la présentation de cette motion qui nous
parle de l'importance des blocs d'énergie alors que plusieurs entreprises au
Québec sont à la recherche d'énergie
et se font dire non. Pourquoi et comment a-t-on octroyé un bloc d'énergie de
354 mégawatts à Northvolt? C'est
un peu ça, la question. Talonnés par les partis d'opposition au cours des
dernières semaines, on a beaucoup entendu le premier ministre et la
ministre nous dire : C'est parce qu'on veut créer des emplois bien
rémunérés, c'est ça, notre objectif. Vous vous souvenez, Mme la Présidente, de
ce tableau didactique qu'on a tiré d'une présentation de ce même gouvernement du Québec à Northvolt et aux
entreprises étrangères, qui dit : Venez chez nous, vous allez payer votre
main-d'oeuvre moins cher.
Alors, il y a un problème de transparence. Il y
a un problème d'équivalence, de concordance entre ce que nous dit le gouvernement et ce qui se passe en réalité.
Et c'est pourquoi, je vous le dis tout de suite, à la fin de mon intervention,
Mme la Présidente, je vais proposer un amendement à la motion proposée par ma
collègue de Saint-Laurent sur cette très importante question des blocs
d'énergie, mais donc sur la question de la transparence, parce que c'est ça, le
problème non seulement pour les blocs d'énergie, Mme la Présidente, mais pour
l'ensemble de ce dossier, c'est un problème
de gestion, de planification. Quelle analyse a été faite préalablement à
l'investissement dans Northvolt? On ne le sait pas. On n'en a jamais
rien su et on ne le sait toujours pas. Qu'est-ce qu'on a fait comme analyse
environnementale? On ne le sait pas. Comment on gère les risques financiers et
les garanties pour l'argent des Québécois qui est investi? On ne le sait pas.
On vient
d'entendre une série de nouvelles préoccupantes, dans les dernières semaines,
relativement à Northvolt. Moi, je suis content d'entendre la ministre nous dire
aujourd'hui que l'entreprise confirme que le projet au Québec est
toujours une priorité et qu'elle est en train de compléter son exercice. On
nous dit que l'entreprise est responsable. Fort bien. Ce n'est pas l'entreprise, le problème, Mme la Présidente, c'est
le gouvernement. La ministre nous dit : J'espère que les
oppositions sont rassurées aujourd'hui, mais elle nous dit aussi : On
attend les résultats de l'exercice de révision. On attend. Bien, je suis désolé, là, mais, la transparence, là, elle ne
devrait pas attendre, elle aurait dû être là dès le début de ce projet-là, et
on n'en serait peut-être pas ici aujourd'hui à avoir cette discussion s'il y
avait eu une transparence du gouvernement.
Ça a commencé avec le contournement du
BAPE : pas de BAPE dans ce dossier-là, on va faire... On ne suit pas les règles habituelles. C'est le projet
présenté par le gouvernement comme un des plus importants de l'histoire du
Québec, on ne fera pas de BAPE puis
vite on va se précipiter. On voit aujourd'hui qu'on aurait eu le temps d'en
faire un, parce que le projet, il a des délais.
Et puis on n'a jamais rien su, donc, des
ententes, qu'est-ce qui a été négocié par le Québec. 2,9 milliards de notre argent, Mme la Présidente, je pense que les
Québécois ont le droit de savoir quels termes ont été négociés, quels contrats
ont été signés, à quelles conditions. On a
donné le bloc de 354 mégawatts, qu'est-ce... qu'est-ce qu'on a eu comme
garantie pour les 2,9 milliards de l'argent des Québécois? On ne le
sait pas.
Et aujourd'hui on n'a toujours pas de réponse
aux questions les plus simples. On demande au gouvernement : Pouvez-vous
nous dire il y a combien qui a été déboursé de l'argent des Québécois dans le
projet? Jusqu'à maintenant, on n'a toujours
pas eu la réponse. Maintenant, c'est dans les médias, mais c'est parce qu'on a
mis, nous, l'opposition, les chiffres sur la table et on a dit : C'est
710 millions de dollars de l'argent des Québécois, Mme la Présidente,
qui est déjà investi. On ne l'a pas entendu. Et là il y a peut-être un
300 millions additionnel qu'on va être... qu'on va devoir mettre. Puis, ça
non plus, on n'a pas vraiment de réponse là-dessus.
Et, ensuite, quelles garanties, à quel point cet
argent-là des Québécois est à risque? Et là on a entendu le premier ministre
lui-même se lever ici, en Chambre, nous dire : Cet argent-là, là, c'est
une débenture, puis là on va passer avant les
actionnaires; c'est fort, une débenture. Puis là, après ça, on entend la
ministre nous dire : On va avoir un statut vraiment privilégié avec
une débenture. Puis elle dit : On va pouvoir la convertir en équité. Elle
l'a encore répété aujourd'hui. Mais ça, ça
ne veut pas dire que c'est une priorité par rapport aux autres créanciers. Ça
ne veut pas dire qu'on a des garanties sur les actifs. Une débenture, pour que
les Québécoises et les Québécois comprennent, là, c'est un prêt sans garantie,
non garanti.
Et, la vérité, c'est la P.D.G. d'Investissement
Québec qui l'a mentionnée hier sur les ondes de Radio-Canada. On lui a posé la
question : Sommes-nous prioritaires, nous, les Québécois, avec notre
argent? Sa réponse, c'est non, Mme la
Présidente, on n'est pas prioritaires. Puis elle nous a rappelé qu'il y avait
plein d'autres investisseurs. Il y en a, là, il y en a, des
investisseurs : J.P. Morgan Chase, Goldman Sachs, Banco
Santander, BNP Paribas, Deutsche Bank, Siemens Bank, Volkswagen, Swedbank
Robur. Je pourrais en nommer, là, il y en a des dizaines. Puis peut-être qu'il y en a parmi ceux-là qui ont des créances
garanties sur les actifs. Alors, si ça tourne mal, qu'est-ce qui va rester de
l'argent des Québécois? Il y a tout
lieu de croire qu'il ne restera pas grand-chose. Parce qu'une débenture, Mme la
Présidente, là, généralement, là, ça,
tu n'es pas dans les loges quand vient le temps de séparer l'argent, là, tu es
très loin dans les balcons. C'est ça, la nature d'une débenture.
• (16 h 30) •
Et
là, maintenant, la ministre, la ministre s'associe à cette démarche-là, là,
puis là tente de vendre ça avec des mots qui sonnent bien — novateur,
séquençage, approche prudente, raisonnable, sophistiquée, par jalons, par
étapes — mais
il y a déjà de l'argent qui a été investi.
Et une débenture, je m'excuse, ce n'est pas novateur. J'en négociais il y a
20 ans, puis c'est un instrument qui existe depuis très longtemps.
Alors, quelle
est la stratégie, quelle est la vision, on ne le sait pas. On veut de la
transparence. On veut la voir, la débenture.
Motion d'amendement
Et c'est pour
ça que je propose, donc, l'amendement suivant, Mme la Présidente :
Ajouter, après le sixième alinéa, le suivant :
«Qu'elle demande au gouvernement de faire preuve
de transparence quant aux conditions en vertu desquelles a été octroyé à
Northvolt un bloc d'énergie de [350] mégawatts;».
Et je termine
là-dessus, quelques secondes : Ajouter au dernier alinéa, après les mots «d'accorder»,
les mots suivants : «, dans la
mesure où les ententes contractuelles entre le gouvernement du Québec et
Northvolt le permettent,».
Voilà, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...M.
le député. Tel que stipulé par l'article 98.1 de notre règlement, un amendement sur une motion présentée par un député
de l'opposition... ne peut être amendée que sur la permission de son auteur. Donc, Mme la députée, est-ce que... votre
permission pour l'amendement présenté par M. le député de Jean-Talon?
Mme Rizqy : Avec grande joie.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de
Masson.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Mme la Présidente, c'est
avec plaisir que j'interviens, ce soir... bien, cet après-midi, sur la motion du mercredi. En fait, vous savez quoi, les enjeux
énergétiques, là, c'est quelque chose qui me passionne, Mme la Présidente.
Dès 2015, je me suis impliqué, avec l'Assemblée nationale, sur
l'approvisionnement énergétique, et ce, en lien avec mes collègues des États-Unis, avec la NCSL, la National Conference
States of Legislature, et aussi le LEHI, le Legislative Energy Horizon
Institute. Bref, je suis engagé sur les enjeux énergétiques. C'est un sujet qui
me passionne, puis je vais vous en parler un peu plus aujourd'hui parce que ça
fait partie de la motion du mercredi de la députée de Saint-Laurent.
Et donc il
faut qu'on comprenne qu'on s'est engagés, nous, le Québec, à amener cette
transition énergétique là pour... d'ici 2050, puis on est parmi les premiers
États à être carboneutres en Amérique du Nord. Puis on le rappelle, que,
présentement, nous autres, au Québec, là, tu
sais, notre consommation totale, là, à ce jour, bien, c'est à peu près juste
50 % de nos énergies qui sont
consommées que c'est des énergies fossiles. Vous devez savoir, Mme la
Présidente, aussi qu'au Québec, avec
Hydro-Québec, avec nos barrages hydroélectriques, avec notre filière éolienne,
c'est 99,9 % de notre électricité qui
est produite qui est une électricité verte avec de l'énergie renouvelable, et
ça, on est parmi les États les plus productifs sur la planète, Mme la
Présidente.
Malgré ça, il y a quand même plusieurs défis qui
sont devant nous si on veut atteindre notre carboneutralité, et notamment dans
les secteurs du transport et de l'industrie, parce que, juste ces deux
secteurs-là, c'est environ 70 % de toutes nos émissions de gaz à effet de serre
qui sont faites par les transports et l'industrie. Et là c'est sûr que les
énergies renouvelables vont avoir un rôle
important à jouer pour la décarbonation du Québec parce qu'on veut remplacer
toutes nos énergies fossiles de ce côté-là.
Et, bien, ce que j'aimerais vous dire aussi,
c'est qu'on a plusieurs projets en cours de production, d'électricité renouvelable, qui sont issus aussi des communautés
autochtones et des communautés locales, et ça, c'est des communautés qui
se sont engagées à participer au développement d'énergies renouvelables. Puis,
en plus de ça, elles vont pouvoir bénéficier
de retombées économiques importantes qui sont associées à ces projets-là, puis
ça, ça fait partie de notre transition économique, notre transition
énergétique du Québec.
Alors, en
plus de compter, là, le returbinage de nos turbines, de l'ajout de puissance
éolienne, on regarde toutes les avenues possibles. Notre collègue le
député de Nicolet-Bécancour en parlait aussi tout à l'heure, de qu'est-ce qui
se passait dans sa circonscription, mais il
y a plusieurs actions qui sont faites pour sécuriser nos approvisionnements
énergétiques, électriques et augmenter notre production d'énergie
renouvelable.
Et, si vous pensez qu'il y a juste les
transports et l'industrie, sachez aussi, Mme la Présidente, je vais en parler aujourd'hui... parce qu'on a aussi fait le projet
de loi n° 41 avec le ministre de l'Environnement, qui parlait de la
cotation énergétique de nos bâtiments, et ça, dans nos bâtiments aussi,
on peut aller chercher de l'efficacité énergétique de ce côté-là. Et d'ailleurs on va créer un nouveau code
du bâtiment durable du Québec, qui sera étudié, là, en consultations cet
automne auprès des acteurs locaux, qui découle du projet de loi n° 41.
Mais les objectifs puis les bénéfices, aussi, de
la filière batterie qu'on est en train de mettre en place avec notre ministre
de l'Énergie, bien, c'est quand même de créer de la richesse pour tous les
Québécois puis, bien, ça passe dans des
développements de secteurs d'avenir, on appelle ça aussi, Mme la Présidente,
des zones d'innovation. Et là c'est important de le mentionner, là, tu
sais, notre filière batterie, elle ne se fera pas toute seule. On est chanceux,
on est privilégiés même,
au Québec, d'avoir plusieurs minéraux critiques et stratégiques ici même, en
sol québécois, pour lesquels on peut avoir
une filière batterie intégrée, de l'extraction du minerai jusqu'à la
réalisation des anodes et des cathodes, donc, avoir la batterie dans son
ensemble. Et ça, c'est quand même quelque chose que très peu d'États ou de pays
peuvent se vanter d'avoir, toute la
multitude... pour ne pas utiliser d'anglicisme, parce que je sais que certains
collègues regardent les anglicismes que je pourrais mentionner, mais, bref, ça
peut arriver. C'est exceptionnel, Mme la Présidente. C'est ça que je
voulais vous dire, c'est quand même... on est quand même dans les États les
plus verts au monde.
Et,
au cours des prochaines années, là, malgré tous les investissements qu'on veut
faire de ce côté-là pour la filière batterie, bien, on considère quand
même que c'est une industrie qui est prometteuse pour le Québec, pour lequel
c'est un devoir d'aller de l'avant avec la
filière batterie. Ça fait partie de notre stratégie québécoise de
développement, la filière batterie.
C'est quelque chose, là, qui s'est... qui est évolutif puis qui a quand même...
qui comporte trois volets. Permettez-moi d'en parler un peu.
Tu sais,
premièrement, je vous l'ai dit tout à l'heure un peu, on veut exploiter puis
transformer nos minéraux du territoire québécois, fabriquer les composantes des
batteries comme des anodes, des cathodes. Puis ensuite, en... deuxièmement, on veut aussi produire des véhicules
commerciaux électriques, on veut investir dans la fabrication locale. Et, en troisième volet, on veut aussi développer
le recyclage des batteries grâce aux technologies québécoises d'avant-garde afin d'intégrer le Québec
au sein d'une chaîne logistique nord-américaine de recyclage des batteries.
Et ça, quand on parle
de recyclage des batteries, ce n'est pas tous les États qui sont rendus à ce
stade-ci. Plusieurs se posent la question : Mais qu'est-ce qu'on va faire
avec le recyclage des batteries et la récupération des batteries? On a quand
même fait aussi des avancées de ce côté-là. On a des entreprises qui ont fait
des innovations technologiques, pour
lesquelles ils sont en opération, présentement. On a juste à penser à une
entreprise qui est à Saint-Bruno, dans le comté de Mme la présidente, pour
laquelle on vient récupérer les matières premières et puis les réintégrer
et réutiliser. Bref, ça ne sera pas la dernière entreprise parmi les futures
entreprises. Il y a plusieurs façons de faire la récupération et le recyclage
des batteries en fin de vie utile. On pense aux véhicules électriques, mais on
pense à tous les types de batteries
possibles avec la technologie lithium-ion, bien entendu. Or, nous, ce que je
suis prêt à dire, Mme la Présidente, c'est qu'on a tout ce qu'il faut
ici même pour produire la batterie la plus propre au monde, puis ça, on peut en
être fiers, Mme la Présidente. Ça fait que c'est un écosystème vraiment intégré
qu'on a ici, au Québec.
Et,
quand même, on a aussi des besoins futurs à considérer, vous le savez. En fait,
on ne serait pas ici aujourd'hui si on serait en situation de surplus
énergétique. Donc, la période des surplus énergétiques d'Hydro-Québec, elle est bien terminée, et
là on cherche par tous les moyens de pouvoir décarboner notre économie. Et
toutes les entreprises du Québec aimeraient ça avoir cette puissance
énergétique là, cette puissance verte que nous avons pour pouvoir décarboner
toutes leurs entreprises respectives. Or,
c'est des choix qui doivent être effectués. Et Mme la ministre est devant ce
dilemme-là, aujourd'hui, de ne pas pouvoir accorder des puissances, des
mégawatts à toutes les entreprises qui ont des solutions innovantes qui
permettent de décarboner l'économie aujourd'hui même.
Et donc, bien
entendu, s'il y avait des retards supplémentaires à avoir, il pourrait y avoir
une révision au niveau de l'attribution des
blocs de puissance pour l'entreprise Northvolt, mais aujourd'hui on n'est pas
dans cette situation-là. Donc, je ne vois pas pourquoi que la députée de
Saint-Laurent s'en inquiète.
Il faut savoir aussi
que...
Des voix : ...
M. Lemay :
Non, mais c'est vrai, parce que j'ai regardé la revue de presse, Mme la députée
de Saint-Laurent. Je veux dire, je comprends
que vous avez des inquiétudes, mais sachez quand même que les projets de
décarbonation de notre économie, ils sont en cours, il y en a plusieurs.
On va pouvoir les réaliser. Moi, j'ai la certitude qu'avec l'ajout de puissance
énergétique qu'on va faire puis les choix qu'on va faire dans le futur on va
réussir à répondre à nos préoccupations et aussi à décarboner notre économie,
parce que c'est notre objectif. On a notre Plan pour une économie verte 2030, mais on a aussi un objectif
d'être carboneutre pour 2050. On va arriver. Nous autres, on est un Québec
vert, un Québec fier, on est
prospères. Puis, Mme la Présidente, la seule chose que je dois répéter ici,
mais je suis sûr que la députée de
Saint-Laurent est quand même d'accord avec nous, on peut être fiers d'être
verts ici, au Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons
avec M. le député de Saint-Jean. Pour votre information, M. le député, il reste
11 min 25 s de temps de parole à votre formation politique.
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux :
Détail important et intéressant. Merci, Mme la Présidente.
Beaucoup
d'enthousiasme, que d'enthousiasme de la part de notre camarade de Masson, et
ça fait du bien, parce que, depuis
une heure, il me semble que c'était lourd, que c'était pesant. Et c'est le
député de Bécancour... Nicolet-Bécancour qui m'a inspiré, parce que je
ne m'en allais pas là du tout, je m'en allais vous parler du contexte, Mme la
Présidente. Vous le savez, je vous dis tout
le temps que le contexte fait foi de tout, surtout en période de turbulence.
C'est le bon mot dans les circonstances en ce qui a trait à Northvolt.
Mais, non, je veux revenir à ce que le collègue de Nicolet-Bécancour disait, parce que c'était un bel exemple et
éloquent de positivisme, de fierté, de terrain, de vision, de pourquoi on fait
ce qu'on fait comme on le fait, et ce
qu'on veut... la bienveillance qu'il faut qu'on ait à l'égard de l'économie,
parce que c'est ça qui est le nerf de la guerre pour un gouvernement,
c'est l'économie.
Puis, vous savez, moi, j'ai remarqué, en tout
cas, j'ai senti, puis je n'ai pas pu me débarrasser de ça depuis le début de
Northvolt — le
début de Northvolt, là, dans le calendrier, ça fait à peu près un an — ça a
été accueilli dans une sorte de... on va dire de la
méfiance. Non, mieux que ça, une sorte de défiance. C'est comme si c'était trop
beau pour être vrai. Ah! regarde, il doit y
avoir un problème avec ça, tu sais. Il fait beau là, mais il va
pleuvoir, tu sais. Il y a cette sorte de défiance-là qu'on a quand on est... je
ne dirai pas jaloux, mais quand... quand, mettons, c'est trop beau pour être
vrai, puis on se dit : Ah! bien, ça ne doit pas être vrai, c'est trop beau
pour être vrai.
Ce
qui fait que moi, quand j'ai vu ça aller, je me suis dit : Bien, c'est de
valeur, parce qu'il y a du bon là-dedans, il y a du beau là-dedans. Je ne parle pas des clous qui ont été plantés
dans les arbres, ça se rapproche à de l'écoterrorisme, je ne parle pas
des campagnes de... vraiment, on cherchait des sorcières, c'étaient des courses
à la sorcière, parce que c'était trop beau pour être vrai.
Puis je vous demande
de me suivre, là, parce que j'écoute trop de radio puis de télé, moi aussi, parce
que la collègue de Saint-Laurent en regarde
et en écoute énormément aussi, parce qu'elle nous a cité tellement d'extraits
aujourd'hui. Moi, je n'ai pas
d'extrait, mais je peux vous dire que j'entends et je lis de plus en plus des
observateurs, des chroniqueurs, des analystes, des gens d'opinions. Vous savez,
nos médias, je suis le premier à le déplorer, ils ont plus d'opinions
que de faits, ces temps-ci, depuis trois ou quatre ans, en tout cas. Je pense
qu'il y a trop de chroniques dans les journaux, Mme la députée de Saint-Laurent. Je vois plus, dans les journaux et dans
les médias télévisés chez nous, de chroniques que de journalisme, tu sais, et à
mon corps défendant, et à ma grande tristesse, après 37 ans de métier.
Mais, quand j'écoute, je lis, je regarde,
je vois, j'entends énormément d'opinions, de chroniques, il n'y a
rien de mal avec ça, mais, quand il y a plus de ça que de faits et de
journalisme, j'ai de la misère à suivre.
En tout cas, revenons
à mon mouton, c'est-à-dire le député de Nicolet-Bécancour, qui était... ça lui
va bien, d'ailleurs, mouton, je le regarde,
là, avec cette éloquence et sa démonstration de positivisme. Moi, les
observateurs que je voulais citer, ils caractérisent ce qui se passe en ce
moment de négativisme. Ils nous disent : C'est comme si c'était mal parti, il y avait des gros nuages, puis là,
bien, on est habitués de penser que ça va mal, l'aventure, depuis un an,
de Northvolt. Je ne veux pas être
méchant, là, mais, dans mon... dans ma vision à moi des choses, parce que je
suis généralement très positif, et c'est toujours à moitié plein qu'il
est, mon verre, j'ai de la misère, après un an, à ne pas penser que c'est
une sorte de diabolisation ou d'acharnement pour essayer d'instrumentaliser...
ce ne serait pas le bon mot, mais ce serait probablement le meilleur qui me
vient à l'esprit en ce moment sur ce qu'on est en train de vivre, là. Et, quand
j'écoute le député de Nicolet-Bécancour, qui me parle de ce que ça veut dire pour son monde, de ce que ça veut
dire pour les compagnies chez lui...
Puis, tout à l'heure, la ministre parlait de... en amont et en aval de
Northvolt, bien, c'est de l'amont puis c'est de l'aval des autres compagnies
chez vous. Amont, aval, c'est de la petite et moyenne entreprise, ça peut être
aussi de la grosse entreprise qui a d'énormes contrats avec l'énorme
compagnie, mais essentiellement l'économie dont on parle et que je dis qui est tellement importante pour
les gens qui aboutissent avec ces projets-là, qui amènent ces projets-là, qui
se battent pour ces projets-là, bien, c'est en espérant pour le mieux et
en travaillant pour que les retombées soient les plus positives possible. Et le
député de Nicolet-Bécancour nous a montré jusqu'à quel point, dans son cas,
dans son comté... il faut dire que c'est lui
qui a le monde de la batterie, là, c'est vraiment la vallée... la vallée de
l'électrification, mais c'est beau à entendre, ça fait du bien, ça
m'inspire, parce que je trouvais ça lourd.
Toujours
est-il que ces affaires de perception de l'opinion publique et de la machine
autour des médias qui regardent ça aller, ça ne donne pas beaucoup de chance au
coureur, en ce moment, hein? Il est en train de courir avec une main dans le
dos, puis ça ne va pas bien, son affaire. Je disais tout à l'heure que c'était
turbulent. Bien là, on est comme en train de se dire : Bien là, il
est-tu sur le point de tomber, là, il va-tu tomber?
Moi, je nous souhaite
bonne chance à tous. Je souhaite bonne chance à Northvolt. Je n'ai aucune
compétence pour dire qu'ils vont survivre ou
pas, que les actions vont monter, descendre, qu'ils vont... Ce qui va arriver,
je ne le sais pas, mais je trouve ça triste qu'un beau projet comme ça, avec
tout ce que ça porte de nos espoirs pour inventer quelque chose dans ce nouveau
monde de décarbonation, pour inventer quelque chose dans cette nouvelle vision
de l'économie... parce que Dieu sait qu'on parle de robotisation, on parle de
plein de choses. Ce n'est pas juste l'économie qui est en train de changer, c'est le travail. Et, si on est capables
de trouver, dans une niche comme la filière batterie, un moyen, un levier
économique pour être capables de se payer ce travail de l'avenir qu'on mérite,
avec la robotisation, et tout ça, nous ne nous en porterons que mieux.
Mais l'objectif du
gouvernement, c'est de créer de la richesse, on l'a entendu, la ministre l'a
répété aujourd'hui. Le premier ministre, quand il ne parle pas de créer de la
richesse, il parle d'éliminer l'écart de richesse. Ça revient pas mal au même, c'est le développement économique, et ce secteur-là, moi, me semblait un secteur d'avenir, et
je continue de penser qu'il y a toutes les raisons de croire que ça peut
bien aller.
Notre
électricité verte, ça, c'est ce qui m'a le plus touché quand j'écoutais la
ministre, elle a dit : «Avec notre électricité verte et nos minéraux
critiques et stratégiques, le Québec est positionné pour fabriquer la batterie
la plus verte au monde.» C'est vrai,
monsieur, moi, ça m'excite, ça. Je trouve qu'il y a là un défi, là-dedans, à
surmonter, et, si on est capables d'y participer, si on est capables
d'être en avant...
J'entendais qu'on
n'aura peut-être pas les brevets. J'entendais que ce n'est pas nous autres qui
va les vendre aux Américains, c'est des gens qui viennent les fabriquer chez
nous. Je ne sais pas, mais, si je pense qu'on est dans la parade puis si je pense qu'on est en avant du
convoi, il y a des grosses chances qu'on puisse en profiter puis que les
petites compagnies en aval et en amont puissent grandir, comme on a fait
en Beauce pendant si longtemps avec des petites compagnies devenues grandes,
comme on a fait ailleurs au Québec dans d'autres domaines, comme on a fait, et
vous l'avez dit tantôt, avec la Baie James,
comme on l'a fait avec le multimédia. Quand je dis que vous m'inspirez, M. le
député, vous voyez, ça m'a
beaucoup... pas perturbé, ça m'a inspiré, puis je vais, comme ça, à travers les
points que j'avais puis je me dis : Il est encore plus à moitié plein, mon
verre, je pense qu'il est plus à moitié plein, en espérant que ça se passe
bien pour la compagnie.
Donc, par rapport à l'économie, la ministre
disait : On va partir de la mine et se rendre jusqu'à la revalorisation, ce sera une chaîne parfaitement intégrée. Ça, je
trouve que, du point de vue écologique, même si Northvolt a fait les frais des écologistes depuis le lancement du projet, d'un
point de vue écologique, c'est peut-être ce qui a le plus de mérite pour le Québec, de ne pas seulement sortir de
terre des minéraux et du matériel, mais de le suivre jusqu'à tant qu'on le
ramène à la fin.
Chez nous, on vient juste de lancer... À la
Chambre de commerce et d'industrie du Haut-Richelieu, on vient juste de lancer un programme un peu en retard sur
d'autres régions, parce que Symbiose a été lancé il y a un petit bout de temps
déjà dans d'autres régions, et nous, on vient juste de se raccrocher à ça il y
a deux ans, mais ce qu'on fait, c'est qu'on dit que les déchets, ou les restes, ou les... appelons ça les déchets,
parce que c'est ce que c'est, des uns peuvent devenir la matière
première de l'autre. Vous savez quoi, au bout d'un an et demi, ils se sont
rendu compte qu'ils avaient tous besoin de matières premières que d'autres
jetaient puis qu'ils avaient tous des choses qu'ils jetaient qui leur coûtait
de l'argent, au final. Donc, si on est
capables de faire ça dans la globalité d'un truc comme la filière batterie,
bien, quant à moi, on gagne.
Vous m'aviez donné combien de temps, madame?
11 min 25 s. Merci beaucoup.
Donc, je
voulais aussi parler du contexte, dans la mesure où il y a le contexte
économique, mais il y a le contexte législatif aussi, c'est-à-dire que
ce projet de loi que vantait la ministre tout à l'heure, le p.l. n° 69,
les consultations particulières sont terminées, on va pouvoir tranquillement,
mais effectivement passer à l'étude article par article. Ce n'est pas arrivé par hasard, ça, là, on arrive
avec un projet de loi pour lequel le gouvernement a consulté pendant deux
bonnes années. Quand le ministre de l'Économie est devenu le ministre de
l'Économie et de l'Énergie, avec l'Innovation entre les deux, il avait une
vision, et puis, pendant deux ans, il a travaillé, puis il a accouché de son
projet de loi qu'on a maintenant devant nous pour étudier.
Ce projet de loi là, c'est l'engagement du
Québec, vers 2050, vers la décarbonation. Le premier ministre le dit régulièrement, on est devant une occasion
exceptionnelle. La ministre l'a répété tantôt. On peut transformer les défis de
la transition énergétique en opportunité de développement économique. Ce
projet de loi là nous permet de transformer aussi notre machine, notre
Hydro-Québec qu'on aime tant... d'être capable de s'adapter à ce défi de 150 à
180 milliards qui l'attend, en même
temps qu'on dit qu'on veut garder, parce que c'est à nous autres, l'électricité,
c'est aux Québécois que ça appartient... on veut garder les prix le plus
bas possible, puis qu'il n'y aura pas d'augmentation, de choc tarifaire pour les gens, les résidentiels, et qu'on va
s'ajuster, parce que ça prend de plus en plus de valeur, d'énergie propre... on
va s'ajuster à l'industriel puis au commercial pour être capables de garder les
choses dans un ordre économique qui va pouvoir être suivi par tout le monde.
Bien, au final, si on est capables de faire ça
avec un projet de loi qui nous permet de trouver les ajustements que ça nous prend pour se rendre là avec
Hydro-Québec, pour se rendre là avec les tarifs d'Hydro-Québec, pour se rendre
là avec quoi, bien, avec une capacité de travailler dans une filière
comme la filière batterie pour nous amener jusqu'où...
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Votre temps de parole est
terminé, monsieur. Alors, merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec le droit de réplique de Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
ma motion portait sur les 354 mégawatts gelés pour Northvolt de façon indéterminée. Or, on a assisté aujourd'hui à une
séance pour combler le temps qui a mené à une certaine série de dérapages.
Je veux être très claire, d'entendre le député
de Saint-Jean dire qu'il y a plus d'opinions dans les médias, aujourd'hui, que de faits, c'est tirer à boulets
rouges sur les médias d'information, que leur travail est de nous garder,
nous... de s'assurer que nous, on dit la vérité. Les journalistes qui
deviennent chroniqueurs ne perdent pas leur sens d'éthique au travail.
Les journalistes qui, aujourd'hui, sont chroniqueurs font un travail pour
débusquer les vraies nouvelles du faux. Et,
à l'ère de la désinformation, qui est le pire des maux, présentement, où est-ce
qu'on se bat contre la désinformation, c'est complètement irresponsable de
tirer à boulets rouges sur les médias d'information, que ça nous plaise ou que
ça nous déplaise. Méfiez-vous toujours...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste
un instant, là, monsieur... Juste...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je ne veux juste pas qu'on se
crie à travers la Chambre, là, parce que j'entends plus qu'une voix que
la voix de Mme la députée de Saint-Laurent.
M. le leader, vous avez une question de
règlement?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...règlement, là. D'abord, on ne s'invective pas,
dans la Chambre, on n'interpelle pas les collègues. Il y a un mot qui
est non parlementaire qui a été dit par la collègue et...
Une voix : ...
M. Lévesque
(Chapleau) : Je ne vais pas répéter en cette Chambre, là, mais
il y en a un qui a été dit. Je peux vous le dire après, si vous voulez,
mais... Donc, voilà. Actuellement, c'est ce qui se passe.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : La seule chose que je veux vous dire, c'est que je
dois entendre une voix, c'est la voix de Mme la députée de Saint-Laurent.
Alors, continuez, parce que le temps s'écoule.
Mme Rizqy : ...crie
pendant que je parle, c'est le député de Saint-Jean. Alors, je l'invite à se
calmer. S'il n'est pas content de ce que lui-même a dit, il peut sortir
dans le «hot room», dans la salle... et le dire clairement, qu'il retire ce
qu'il a dit en cette Chambre. Mais d'attaquer à boulets rouges les médias
d'information et de dire qu'à son avis il y a plus d'opinions que de faits,
c'est excessivement troublant de la part d'un élu qui sait que le quatrième
pouvoir de cette démocratie, ce sont les
médias d'information. Dois-je rappeler qu'en ce moment Meta ne diffuse plus
aucune information? Dois-je rappeler que nos médias d'information
saignent à blanc? Dois-je rappeler qu'en région on a de moins en moins d'information? Alors, oui, je trouve ça
complètement irresponsable, d'autant plus qu'il a été chaudement applaudi par
ses collègues.
Et il parle plus d'opinions que de faits alors
que son député collègue de Nicolet-Bécancour a réécrit l'histoire en disant que c'est le Parti libéral qui a fermé Gentilly. Il a dû manquer une méchante bonne partie.
C'était le gouvernement de Pauline
Marois, péquiste, à l'époque. Et il était péquiste, à l'époque, peut-être
devoir s'en rappeler, et même sa collègue qui est ministre de l'Énergie
était aussi péquiste, à l'époque, elle était directrice adjointe de
M. Lisée.
Honnêtement, là, ça suffit, de réécrire
l'histoire. Mais de pousser le bouchon et dire jusqu'à la chose suivante :
On a fermé une centrale nucléaire et on a
jeté ça dans le fleuve, jamais que le Parti
québécois a jeté du nucléaire dans le
fleuve. Mais honnêtement, là, il y a
un méchant dérapage aujourd'hui. Je comprends que vous lisez souvent vos
lignes, là, mais il y a des limites.
Faites la vérification des faits avant de vous lever en cette Chambre. On a un
devoir, comme élus, de rester factuels et ne jamais dire des affaires
qui sont tout sauf la vérité.
Maintenant
que j'ai dit ça, je ne peux pas croire qu'après près de deux heures de débat,
on me dit : Oui, oui, nous, on est rassurés, et que le collègue de Masson
me dise : Oui, j'ai fait ma revue de presse, mais qu'il ne comprend pas
notre inquiétude. Mme la Présidente, je lui
invite juste à le lire, lire la une du Journal de Montréal :
Northvolt en mode survie. Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, c'est la une
du Journal de Montréal. Puis après ça il se demande pourquoi qu'avec
une revue de presse internationale,
québécoise, canadienne, américaine, tout le monde dit qu'en ce moment c'est
très, très particulier, tout ce qui se passe avec Northvolt, parce qu'en
fait la situation financière est au bord, au bord de la faillite. C'est pour ça qu'on a dû mandater une firme de
restructuration financière pour redresser les choses, pour éviter une faillite.
C'est ça qui, en ce moment, est en
train de se passer. Tout le monde le sait. Il y a un économiste suédois qui a
dit : Laissez-moi réviser ce que
j'ai dit. Il a dit, l'économiste suédois : J'avais prédit une faillite
dans six mois; finalement, à tout moment. Alors, je ne sais pas où
est-ce que vous prenez vos lignes, là, mais ça commence vraiment à être
inquiétant.
D'autre part, quand j'entends la ministre
dire : Tout va bien, on est rassurés, de me parler de la filière batterie,
et que nous, on parle de façon spécifique de
Northvolt... On ne vous parle pas de Bécancour, on ne vous parle pas de Ford,
on ne vous parle pas de GM, on parle de Northvolt. C'est eux qui, de leur
propre aveu, là... Pierre Fitzgibbon a dit : Minimum 18 mois avant que l'usine démarre. Donc, oubliez 2026,
c'est 2028. La ministre elle-même, à Paul Larocque, hier soir, elle a évoqué un scénario de 2029-2030 et
que l'entreprise elle-même est prête à libérer des blocs d'énergie. Alors,
je ne comprends pas pourquoi qu'on ne va pas de l'avant, parce que, oui, il y a
des emplois, dès maintenant, qui en ont de besoin, de ces blocs d'énergie, des
entreprises d'ici qui sont déjà établies au Québec depuis des années, qui ont
fait leurs preuves, pas une jeune pousse,
là, étrangère, là, entreprises établies au Québec depuis des décennies, et ils
ne demandent pas 354 mégawatts, ils en demandent 10 ou 16.
Quand j'entends le député de Nicolet-Bécancour
dire : Oui, on est fiers, ça crée des jobs payantes, est-ce qu'il a
entendu ma collègue de Bourassa ce matin? C'était dans son comté qu'un de ses
commettants, pas capable d'avoir une job
parce que son C.V. n'est pas en anglais puis qu'il n'est pas capable de passer
une entrevue en coréen, dans son comté. Peut-être faire un petit tour, là, allez rencontrer un de vos
commettants, il va vous en parler, des jobs payantes. Mais, en attendant on
peut même lui transmettre... ma collègue va lui transmettre la décision,
peut-être qu'il pourrait la lire dans ses temps libres.
Mais, en attendant, nous, là, ce qu'on veut
savoir aujourd'hui, c'est comme un secret de Polichinelle, ça ne va pas bien,
présentement, pour Northvolt. L'usine, elle ne verra pas le jour d'ici 2028.
Ça, Mme la Présidente, c'est dans quatre
ans. Ça, c'est si ça va bien. Sinon, la ministre a évoqué un scénario de 2030.
Ça, Mme la Présidente, c'est dans six ans. L'entreprise est de bonne
foi, elle nous dit que l'entreprise est consciente que ce sont des précieux
blocs. Mais nous, on se demande est-ce que
la ministre, elle... Est-elle consciente qu'il s'agit de vraiment de précieux
blocs? Est-ce qu'il y a une sensibilité pour le Québec d'abord puis de
s'assurer que nos entreprises d'ici puissent obtenir ces mégablocs?
Alors, nous, aujourd'hui, on est assez étonnés, parce
qu'hier soir elle disait une chose à Patrice Roy et à Paul Larocque; ce matin, le premier ministre a décidé de recadrer
le message, et là la ministre est rentrée dans les rangs. On comprend
maintenant tout son poids au Conseil des ministres. Mais, en attendant, nous,
on s'attend... et vous aurez compris que
nous, on a accepté l'amendement de mon collègue de Jean-Talon, on s'attend à ce
que vous votiez pour, parce que la vérité... Elle nous a donné un
exemple bancaire, elle dit : Oui, mais, vous savez, dans les banques, ça
fonctionne comme ça. Je vais reprendre son
même exemple de la banque. Aucune banque ne laisserait dormir
354 millions de dollars pendant six ans sans faire d'intérêts.
Honnêtement, là, ce serait gênant pour une banque. Tous les actionnaires
diraient à la banque, au conseil
d'administration, au P.D.G. : Tasse-toi, je vais le faire. Alors, à ce
stade-ci, si on veut prendre un exemple bancaire, on est en train de
laisser dormir 354 mégawatts, qui ne va générer aucune redevance à l'État québécois. Donc, Hydro-Québec ne va pas toucher
une cent. Et, pire, Mme la Présidente, ils n'ont même pas mis une clause
de sortie, pas de date de péremption et même pas de pénalité en cas que
l'énergie n'est pas utilisée pendant x nombres d'années. C'est franchement
gênant. Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Donc, le débat est maintenant terminé.
Conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le député de Jean-Talon, avant de procéder au
vote sur la motion principale.
Alors, je
vous fais la lecture de ces deux motions. La motion principale présentée par
Mme la députée de Saint-Laurent se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que le gouvernement du Québec a octroyé un bloc d'énergie
de 354 mégawatts à la jeune pousse
suédoise Northvolt pour son projet d'usine de cellules de batteries en
Montérégie et s'est engagé financièrement pour près de 1,4 milliard
de dollars dans le projet;
«Qu'elle prenne acte
des difficultés financières rencontrées par Northvolt, notamment, la perte d'un
contrat majeur de 3 milliards de
dollars avec BMW, les difficultés à payer ses fournisseurs, la mise sur pause de
projets d'expansion, le refus de ses
deux actionnaires importants Volkswagen et Goldman Sachs d'injecter des sommes
supplémentaires, le refus du
gouvernement suédois de mettre un cent de plus dans le projet, et plus
récemment, la restructuration bancaire qui a conduit à une suppression
de 1 600 emplois, soit 20 % des effectifs;
«Qu'elle prenne acte
que le gouvernement du Québec prévoit désormais que le projet Northvolt en
Montérégie entrera en service avec au moins
18 mois de retard, soit pas avant 2028, et que l'on ne peut exclure des
retards additionnels;
«Qu'elle rappelle que de nombreuses entreprises
déjà établies au Québec et offrant des emplois payants se sont vu refuser des
blocs d'énergie;
«Qu'elle prenne acte que cette situation
compromet des investissements et des emplois en région;
«Qu'elle
rappelle et appuie les propos du président-directeur [...] d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, à l'effet qu'il est nécessaire de procéder à
un rééquilibrage en faveur de nos entreprises d'ici dans l'octroi des mégawatts
d'énergie disponibles pour les projets industriels voulant se décarboner;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste d'accorder à d'autres entreprises
l'actuel bloc d'énergie de 354 mégawatts alloués au projet
Northvolt, tout en s'assurant qu'une quantité identique soit disponible pour
Northvolt en 2028 lors de l'entrée en service prévue de l'usine en Montérégie.»
La motion d'amendement de M. le député de
Jean-Talon se lit comme suit :
Ajouter, après le sixième alinéa, le
suivant :
«Qu'elle
demande au gouvernement de faire preuve de transparence quant aux conditions en
vertu desquelles a été octroyé à Northvolt un bloc d'énergie de
354 mégawatts;»
Ajouter au dernier alinéa, après le mot
«d'accorder», les mots suivants :
«, dans la mesure
où les ententes contractuelles entre le gouvernement du Québec et Northvolt le
permettent,».
Je mets
d'abord aux voix la motion d'amendement de M. le député de Jean-Talon que je
viens tout juste de vous lire.Oui, M. le député de Jean-Talon.
M.
Paradis : Si un groupe le permet ou est avec moi là-dessus,
je demanderais un vote électronique sur la proposition d'amendement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous avons ici une demande de vote électronique.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
voilà, appuyée par la députée de, voyons...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...de Saint-Laurent. Excusez-moi pour le blanc de
mémoire. M. le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : ...de reporter, en fait, ces deux votes, que nous
aurons demain, à la prochaine période des affaires courantes, s'il vous
plaît.
Votes reportés
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur la motion de Mme la députée de Saint-Laurent
et la motion d'amendement de M. le député de Jean-Talon seront tenus à
la période des affaires courantes de demain.
Donc, pour la suite des travaux, je vais céder
ma place. M. le leader, avant d'appeler l'article, je vais céder la place à mon collègue à la vice-présidence.
Alors, merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon après-midi, tout le monde. Merci beaucoup de m'accueillir. Alors,
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
souhaite évidemment la bienvenue, vous vous joignez à nous, là, pour la suite
de nos travaux, d'ailleurs qui s'annoncent fort intéressants et pertinents,
comme toujours. Et je vous demanderais d'appeler l'article 4 du
feuilleton, s'il vous plaît. Merci.
Projet
de loi n° 67
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Avec plaisir. À l'article 4 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions
pour la... modernisation, pardonnez-moi, du
système professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques
professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux.
Au moment de l'ajournement, M. le député de
l'Acadie avait terminé son intervention. Alors, y a-t-il d'autres intervenants?
Oui. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
la parole est à vous.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour,
collègues. Oui, très heureux qu'on continue les travaux cet après-midi pour l'adoption de principe du p.l. n° 67, vous étiez en train de le dire, Loi modifiant le Code des professions
pour la modernisation du système professionnel et visant l'élargissement de
certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
Nous avons entendu, M. le Président, plusieurs
groupes, la semaine dernière ainsi que ce mardi, en commission. On est très, très, très heureux, évidemment, de
travailler sur ce projet de loi. J'en profite ici, en cette Chambre, pour
remercier les équipes, remercier les recherchistes, remercier la société
civile qui s'est mobilisée pour cette belle participation-là à ce beau projet de loi. Évidemment, plusieurs
volets, j'y reviendrai un petit peu dans mon allocution cet après-midi :
un volet sur les pharmaciens, donc l'élargissement notamment des
pouvoirs et des rôles des pharmaciens; facilitation et simplification également
pour certaines procédures; évaluation et diagnostic... en fait, diagnostic, là,
en matière de santé mentale pour certains
professionnels, on va en parler aussi; des nouveaux permis, notamment destinés
aux personnes formées à l'étranger et aux gens à la
retraite. Évidemment, plein d'autres éléments.
Donc, allons-y droit au but. Les groupes sont
venus quand même nous parler de différents éléments puis de différents points qui vont attirer
particulièrement notre attention. Évidemment, sur l'ensemble du projet de loi,
là, sous toute réserve des discussions qui auront lieu, on est très
majoritairement positifs, on va appuyer évidemment tout ce qui permet de donner
des meilleurs soins, et des meilleurs services, puis de simplifier l'accès aux
services pour les citoyens, citoyennes.
Donc, on accueille favorablement, notamment, là,
au niveau de l'article 3 du projet de loi, tout ce qui va être de la modification qu'on a appelée sémantique, là,
à différents mémoires, entre le diagnostic et l'évaluation en santé mentale.
Maintenant, on va parler de diagnostic, on ne parlera plus d'évaluation pour
certains professionnels. Les professionnels nous
expliquaient que c'était le médecin qui faisait le diagnostic, finalement, mais
qu'en amont tout le travail avait été fait par d'autres professionnels
qui, eux, devaient signer évaluation et non pas le diagnostic, ce qui
compliquait plusieurs choses, parce que
certaines lois, certains règlements, certaines obligations exigent finalement
qu'on ait un diagnostic médical. Et là l'exemple nous a été donné sur
l'aide financière aux études, par exemple, ou sur la CNESST, ou sur d'autres
lois qui vont demander une évaluation d'un docteur, d'un médecin, alors que,
finalement, bien, le psychologue l'avait
faite, l'évaluation, ou d'autres professionnels l'avaient faite. Et là on va
pouvoir simplifier puis harmoniser le tout.
Alors, il n'y a pas d'élargissement, sur le
fond, du pouvoir ou il n'y a pas de modification de l'acte qui sera fait par l'expert ou le professionnel, mais on va
enfin reconnaître son évaluation comme étant un diagnostic pour... Et les
experts nous ont bien expliqué qu'on pouvait faire cette modification-là,
certainement dans le 67, mais qu'il faudrait après aller valider dans
l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires pour faire en sorte
que ça se suit.
Et un des exemples qu'on a étudiés, c'est
justement le projet de loi qui est actuellement à l'étude, hein, le 68, sur la modernisation du travail des médecins, pour
être certain, donc, que l'ensemble de notre corpus législatif fonctionne
ensemble. Plusieurs groupes nous ont parlé de ça, puis l'exemple qui avait été
donné aussi, c'est que, par exemple, un trouble du spectre de l'autisme
avait été confirmé par les spécialistes, mais ça restait une évaluation
seulement. Il fallait référer au médecin qui, finalement, appelait l'expert,
bref, il y avait beaucoup de dédoublements.
Pour
l'instant, pas question d'octroyer un pouvoir de médication. Ça a fait l'objet
de discussions pour ces différents spécialistes là. On parle des psys,
des infirmières cliniciennes, des conseillers et conseillères en orientation,
sexologues, orthophonistes. Mais on a bien
compris qu'il y avait une évaluation... ou une ouverture à potentiellement
aller vers là dans les prochaines années. Donc, on est à un premier
volet ou à une première étape à ce moment-ci, évidemment que ce sera très nécessaire d'être suivi. Et puis les
orthophonistes, par exemple, nous ont dit : Ça, ça va beaucoup nous aider
en milieu scolaire, en milieu de l'emploi, en communauté, pour éviter de
devoir référer au médecin, qui va essentiellement avaliser le rapport qu'eux
vont avoir fait en amont. Ça fait que ça, c'est un des volets qu'on va étudier.
Tout le volet
des permis, là, des permis qui se superposent, il y a effectivement eu une
grande part du débat dans les séances qui ont traité de ça. Entre le
permis restrictif temporaire, le permis spécial qui est finalement un permis
restrictif permanent, il y a un ensemble de discussions, là, qui va se faire, à
savoir : Est-ce qu'on peut cumuler des permis? Est-ce qu'on peut
superviser des... superposer des permis? Comment ça va marcher, quand quelqu'un
détient un permis spécial puis qu'on veut
mettre par-dessus ça, potentiellement, un autre permis? Bref, il y a beaucoup
de discussions puis de clarifications à faire.
Il va falloir
aussi que ce soit très clair sur quel rôle puis quelles conditions doivent être
remplies au tableau de l'ordre, mais aussi dans la communication avec le
public sur, oui, lui est détenteur ou elle est détentrice d'un permis de...
d'un permis spécial, mais voici les actes qu'il ou elle peut accomplir puis
dans quelles conditions, parce que c'est ce qu'on va, finalement, venir faire pour deux catégories
de personnes, les personnes à la retraite qui voudraient revenir à l'emploi
après un nombre d'années qui ne lui
permettrait plus de se requalifier à l'ordre, et pour les personnes formées à
l'étranger dont on sait que certaines
compétences restent à aller chercher ou restent à bonifier mais qui en
possèdent déjà un énorme bagage puis qui sont capables... qui seraient
capables directement d'aller faire des mandats.
• (17 h 10) •
Donc, les ingénieurs, notamment, mais les
autres, là, nous ont dit qu'on ne devrait pas pouvoir cumuler deux permis et que l'obtention d'un permis plus large
devrait rendre caduc, ou intégrer, ou... disons, englober le deuxième. Ça
fait que c'est des choses qui vont devoir être évaluées de manière très, très
attentive.
L'autorisation
spéciale en cas d'urgence. Donc, le projet de loi intègre une disposition qui
dit qu'en cas d'urgence les ordres
vont pouvoir émettre des permis spéciaux de pratique dans certains secteurs
spécifiques. Donc, l'exemple était donné sur l'élargissement du droit de
la vaccination, par exemple. Dans un contexte de pandémie, on s'est mis à dire que, oui, il était là nécessaire d'élargir
certains pouvoirs réservés de certains professionnels pour le bien public. Mais
là les groupes sont venus vraiment
nous dire qu'il va falloir baliser le cas d'urgence, ne pas superposer,
justement, l'état d'urgence, puis ce n'est pas la même chose, mais
surtout de s'assurer que la pénurie de main-d'oeuvre, par exemple, ce ne soit pas considéré comme un de ces facteurs de
l'urgence là, ce qui ferait en sorte que, finalement, par ces permis d'urgence
là, on est à... sans dire contourner,
mais on est à faciliter l'accès à des professions, parce qu'il y aurait une
situation d'urgence qui le justifierait. Mais il ne faudrait pas
contourner les ordres et il ne faudrait pas contourner les besoins de formation
continue, de formation initiale, et d'être
certains, certaines que, finalement, on est en train de faire les bonnes choses
pour les bonnes raisons et pas en train de, finalement, pallier une
pénurie de main-d'oeuvre en octroyant des permis spéciaux dans des régions
données sans garantir une qualité de service. Donc, il va falloir le vérifier.
Le Barreau,
notamment, et d'autres groupes nous ont dit qu'il va falloir baliser qu'est-ce
que veut dire la situation d'urgence, ce qui n'est actuellement pas
prévu dans le projet de loi. Donc, c'est un élément qu'il va falloir étudier. À
peu près l'ensemble des groupes qu'on a questionnés a fait cette
recommandation-là, et je sens que la ministre va être très ouverte à ce qu'on
le fasse, mais on va aussi assurer de notre côté...
J'ai déjà parlé de la superposition des permis.
Un autre élément qui a beaucoup retenu l'attention dans les discussions, c'est
la capacité pour les professionnels d'opérer en OBNL ou en PSBL, là, à but non
lucratif. Donc, ça, ça a fait l'objet d'une
grande discussion, parce que, là, le projet de loi dit que les ordres
professionnels vont devoir se doter de règlements qui le permettent ou
qui ne le permettent pas, mais qu'a contrario ça ne sera pas nécessairement
permis jusqu'à ce que ce soit fait. Les... se sont dit : Oui, ça va
prendre du temps, il y a des modifications législatives à faire,
réglementaires. Il va y avoir un genre de période de transition où le flou
juridique va régner, là, ce qui amenait le Barreau à nous dire : Oui,
prévoyons donc un délai tampon pour que ça, ça ne soit pas d'application
immédiate.
Donc, il y a plusieurs éléments qu'il va falloir
qu'ils soient évalués là-dedans. Et il y a des groupes qui ont dit : Bien, pourquoi on ne prévoirait pas tout simplement
que ce soit possible jusqu'au contraire plutôt que jusqu'à tant que vous ayez
dit que ce n'est pas possible. Donc, il y a des clarifications et des
bonifications possibles dans la modification. Je pense qu'on va pouvoir
l'étudier. Je pense qu'on est à même peut-être de simplifier ça.
Grande discussion aussi pour ouvrir aux sociétés
par actions, aux sociétés en nom collectif, à revoir le modèle de... oui, de coop, de coopérative, qui va être
important aussi. Donc, on va évaluer ça dans les prochaines semaines, mais
évidemment que les groupes sont venus nous parler de ça.
Un autre élément qui a retenu l'attention de
manière importante, c'est le volet modique dans l'OBNL, donc, de s'assurer que les honoraires ou les services
soient fournis de cette façon-là. Plusieurs groupes nous ont dit que ce n'était
pas nécessaire d'aller là, que, de toute façon, le caractère modique des
honoraires n'était pas défini par la loi, que, là, ça allait laisser une
interprétation large de qui allait définir que quand, quoi, où. Alors, ils nous
ont dit plutôt : Laissez les codes de
déontologie régler la question, laissez les associations puis les ordres
professionnels régler la question, qu'on n'avait pas besoin d'introduire
un nouveau critère ou une nouvelle mesure qui n'était pas nécessaire dans le
projet de loi.
Donc, évidemment, après ça, le projet pilote
autorisé par décret du gouvernement, ça a fait l'objet de beaucoup de discussions aussi. Bien qu'on a plutôt soumis
que ça devrait peut-être être d'abord aux ordres et ensuite, une fois le projet
pilote confirmé puis avalisé par les ordres, transféré vers un décret, et non
pas le contraire, parce que, là, on est plutôt en mode... Le décret va prévoir des projets pilotes, un décret du
gouvernement, du ministre responsable, avec la responsable des ordres.
Ça semblait lourd et contraignant. Ça ne semblait pas nécessairement être utile
dans la perspective d'un projet pilote où on
devrait peut-être plutôt régler ça en bas puis, du moment où c'est confirmé,
monter en haut jusqu'au décret, puis, après ça, être capables de le
faire au moment opportun. Donc, il y avait des discussions importantes
là-dessus. C'est des choses qu'on va évaluer.
Et puis finalement un des derniers grands
éléments qui ont fait l'objet de discussions, c'est les pouvoirs élargis des pharmaciens, qui vont donner beaucoup d'accès
en première ligne aux citoyens et citoyennes, là, notamment en termes de prolongation d'ordonnances. Les pharmaciens
pouvaient seulement... dans le cadre superlimité, et là ça va être élargi.
Il va y avoir une discussion, évidemment, à établir les barèmes par règlement
sur le renouvellement d'ordonnances, quand
est-ce qu'on va pouvoir le faire, quand on va pouvoir le faire. Il va
évidemment y avoir certaines conditions. Il va y avoir des prescriptions
directes pour des maladies courantes. L'exemple de l'infection urinaire a été
relevé à plusieurs façons, où madame,
monsieur sait très bien ce qu'il a ou ce qu'elle a, puis, bon, de repasser au
médecin, alors que c'est très clair, il y a déjà un historique... On va
pouvoir faire ça directement chez le pharmacien.
Puis il y avait après une grande question sur
les prélèvements, prélèvements dans la gorge, dans le nez. Donc, le pharmacien va... bien là, c'était déjà le cas,
ils nous l'ont expliqué puis ils étaient déjà en train d'adapter leurs bureaux,
là, post-COVID, pour octroyer certains
soins, mais là on va vraiment avoir, ils nous l'ont expliqué, une petite
révolution, là, des cabinets de pharmaciens, où on va avoir vraiment une
ligne de services, là, où il va y avoir le... tu sais, on va... ils vont ouvrir des
bureaux. Essentiellement, il va y avoir un endroit spécifique pour ça, et ils
vont pouvoir offrir davantage de
services directement en pharmacie, et ça, c'est toujours pour désengorger la
première ligne de médecins, évidemment, puis les urgences, puis s'assurer que les citoyens et citoyennes soient
capables d'aller directement chercher les services qu'ils ont besoin, là
où ils ont besoin, de manière rapide et fiable, quand c'est possible.
Les
pharmaciens nous ont beaucoup parlé de reconnaître la spécialité des diplômés
en pharmacothérapie avancée. Ça, c'est quelque chose qui a été relevé à
plusieurs reprises. On comprend que ce ne sera probablement pas l'objet
du présent projet de loi, mais on a été très sensibilisés à l'étudier puis à
avancer, afin qu'eux puissent prescrire davantage, afin qu'on puisse, encore
une fois, libérer le travail des médecins. On nous dit que c'est déjà le cas,
là, dans des ententes qu'ils ont à l'interne, avec des médecins. Alors,
pourquoi ne pas élargir? C'est une spécialité, c'est une spécificité. Ça fait qu'il y aurait un travail à faire avec les
ordres puis les pharmacies pour reconnaître cette spécialité-là, avec des
critères.
Donc,
voilà. Il y a, évidemment, plusieurs autres éléments en vrac. On a entendu un
petit peu plus qu'une douzaine de
groupes, si je ne m'abuse, mais il y a plus d'une quarantaine de mémoires qui
ont été déposés. Alors, évidemment qu'il nous reste, tous et toutes, un grand travail à faire, parce qu'il y a
plein de choses. Il faut comprendre qu'il y a 46 ordres là, donc tous... a voulu quand même donner son grain
de sel. Évidemment, la ministre a spécifié que ce projet de loi là était
probablement le premier d'une série de trois,
donc beaucoup sont venus nous dire, en amont, ce qu'ils espèrent retrouver dans
la version... dans le deuxième ou dans le troisième. Donc, il y a eu un
grand... disons, une grande prise de mobilisation puis de
sensibilisation, à savoir : Bon, je sais que ce que je demande n'est pas
dans le projet de loi n° 1, mais je viens vous parler de ce qui m'importe, là, notamment au niveau des syndics.
Les associations professionnelles sont venues dire qu'ils aimeraient
avoir un code de déontologie des syndics, un comité de plaintes au syndic.
Donc, il y a
plusieurs éléments qui n'étaient pas dans le cadre du 67, surtout, là, dans
cette dernière journée d'auditions, là, qui
a été vraiment élargie. Mais on nous a dit : Ne nous oubliez pas, il y a
du travail à faire. En fait, on a senti les ordres puis les différentes
professions beaucoup sur leur faim puis en attente de modifications, là. Ils et
elles ont dit, à plusieurs reprises, qu'on
voyait ces modifications-là aux 50 ans. Ça fait qu'ils ne voulaient pas
nécessairement laisser passer un autre 50 ans. C'est ce qu'ils ont
dit vers la fin. Alors, pour moi, il était clair qu'on va essayer, le plus
possible, de saisir la balle au bond dans
leurs revendications. Il y a évidemment du travail en amont qui est fait avec
l'ordre... avec le regroupement des ordres, évidemment, puis il y a du travail
de défrichage qui est fait, il y a des comités, puis pour s'assurer que
tout ça, ça s'avance le plus consensuellement possible.
C'est
des choses qui sont susceptibles de faire des grandes modifications dans la vie
des citoyens et citoyennes, là. On est souvent à parler que, oui, c'est
quoi, ça, vraiment, les ordres, puis à quel point c'est proche du citoyen pour
que ça ait une modification, mais dans ce projet de loi là, on est vraiment à
élargir l'accès de plusieurs services, là, aux citoyens et citoyennes. Donc, on
fait, encore une fois... Puis il y a une belle démonstration ici, directement,
que des modifications qui peuvent apparaître un petit peu techniques, au sein
des ordres, peuvent avoir de grandes, grandes répercussions pour les citoyens.
Et, tant et aussi longtemps qu'on va améliorer l'accès aux services, tant et
aussi longtemps qu'on va permettre à plus de
Québécois, Québécoises d'être mieux desservis par leurs professionnels, pour la
société québécoise, bien, Québec solidaire, ma formation politique, on va être
en appui. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Alors, maintenant, pour la prochaine intervention, je reconnais
Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci,
M. le Président. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole au sujet de
l'adoption du principe du projet de loi
n° 67, Loi modifiant le Code des
professions pour la modernisation du système professionnel et visant
l'élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la
santé et des services sociaux.
Alors, ce projet de
loi modifie le Code des professions, en matière d'accès aux professions, afin
d'ajouter des situations permettant la
délivrance, par le conseil d'administration d'un ordre professionnel, d'un
permis restrictif temporaire et d'un
permis spécial pour l'exercice de certaines activités professionnelles. Il
prévoit également qu'en situation d'urgence le ministre chargé de l'application des lois professionnelles peut
autoriser un ordre professionnel à délivrer des autorisations spéciales d'exercer des exercices... des activités
professionnelles réservées aux membres d'un ordre. Il permet aussi la mise
en oeuvre de projets pilotes.
• (17 h 20) •
Alors, trois éléments
à souligner dans cette visée du projet de loi. Pour ce qui est du permis
restrictif temporaire et permis spécial, le Conseil interprofessionnel du Québec et d'autres groupes sont venus dire que le fait
d'avoir deux permis différents va
semer la confusion et, plutôt que cela, d'avoir un seul permis, mais que les
ordres puissent énumérer, pour chacun
de ses membres, les actes qu'ils ont droit de pratiquer, ce qui serait facile à
comprendre pour les membres du public, dont la protection est le but
premier d'un ordre professionnel.
Deuxième élément, la
situation d'urgence qui permettrait d'autoriser des autorisations spéciales,
elle n'est pas définie. Et donc, qu'on
veuille la définir ou non, l'important, selon plusieurs groupes qui sont venus
nous voir, c'est de s'assurer qu'une pénurie de main-d'oeuvre ce n'est
pas une situation d'urgence. La COVID est un exemple flagrant d'une situation d'urgence, on ne remet pas ça en
question. Mais quelle serait une situation d'urgence? Les ordres veulent
s'assurer, donc, que ce n'est pas une... la pénurie de main-d'oeuvre qui serait
une situation d'urgence, parce que c'est quelque
chose qui risque de perdurer, et, alors là, on donnerait des autorisations à
des personnes qui ne sont pas totalement formées pour poser les actes.
Le troisième
élément : Que le gouvernement permette la mise en oeuvre de projets
pilotes relatifs à toute matière visée
par le Code des professions, ou par la loi constituant un ordre, ou par un
règlement. Bien, les groupes nous demandent plutôt que les ordres eux-mêmes puissent autoriser
des projets pilotes. Ce sera plus facile, plus... beaucoup plus rapide. Et
les ordres... certains ont déjà des projets
pilotes pour améliorer les choses, alors ils ne voudraient pas perdre cette
possibilité-là.
Le projet de loi
permet aussi «à l'ensemble des ordres professionnels d'autoriser, en vertu d'un
règlement, l'exercice d'une profession au
sein d'une personne morale sans but lucratif.» Alors, c'est une autre visée du
projet de loi. Plusieurs groupes ont soulevé des questions et exprimé
des inquiétudes sur l'exercice au sein d'une personne morale sans but lucratif.
Le CIQ, donc le Conseil
interprofessionnel du Québec, prône plutôt le terme «tout type d'organisation».
Et le conseil québécois de la coopérative et
de la mutualité est venu nous dire que la terminologie utilisée dans le projet
de loi, donc, le terme de «personne
morale sans but lucratif» exclurait les coopératives de santé. Or, il existe
une cinquantaine de coopératives de
santé, partout au Québec, qui fonctionnent bien, et, si le projet de loi était
adopté tel quel, ces coopératives de
santé ne pourraient plus fonctionner avec le libellé actuel du projet de loi.
Alors, le conseil québécois de la coopérative et de la mutualité propose
plutôt de changer la terminologie, de changer le terme de «personne morale sans
but lucratif» pour le terme d'«entreprise
d'économie sociale», qui est inclusif, donc qui n'exclut personne. Et
d'ailleurs on nous réfère à la Loi sur l'économie sociale pour... comme
référence, là, de base pour cet article du projet de loi.
L'article 27 du
projet de loi introduit la notion d'honoraires ou de frais à coût modique, ce
que plusieurs groupes ont demandé carrément de retirer du projet de loi, parce
que ça ne veut rien dire, étant donné que c'est très relatif, un coût modique.
C'est un peu, M. le Président, comme lorsqu'on parle de logement abordable,
quand on parle d'habitation, c'est un terme qui ne veut rien dire, ça fait
juste semer la confusion entre «logement abordable» ou «logement social». Ce n'est pas du tout la même chose. Donc, le terme de
«coût modique» serait à retirer, selon plusieurs groupes.
Et le conseil
québécois de la coopérative et de la mutualité, encore lui, soulignait que
cette notion d'honoraires à coût modique ne fonctionne pas pour les
coopératives, parce que les coopératives ne génèrent pas de profits, mais des
excédents qui sont remis à leurs membres ou dans les services. Et, quand on
parle de membres d'une coopérative, par
exemple une coopérative de santé, il ne s'agit pas juste des personnes qui y
travaillent, des professionnels qui y travaillent ou des membres de leur conseil d'administration.
Ça comprend le millier ou les milliers de personnes de la société civile qui
vont chercher des services à la coopérative. Alors, ce sont toutes ces
personnes-là qui profitent des... qui bénéficient des excédents et non des
profits des entreprises... des coopératives.
Alors,
point intéressant aussi, M. le Président, les professionnels de la santé qui
oeuvrent dans ces coopératives de santé
sont... ils sont salariés mais peuvent compter sur le personnel administratif
de la coopérative pour tout ce qui touche la paperasse administrative.
Alors, c'est une façon de faire qui est très intéressante, je dirais même à
encourager.
Maintenant,
le projet de loi précise que certains renseignements concernant un membre d'un
ordre professionnel n'ont pas un caractère
public lorsque la divulgation de ceux-ci est susceptible de mettre en péril la
sécurité d'une personne ou de causer un préjudice à la personne qui est
l'auteur du renseignement ou qui en est l'objet. Alors, ce que vient faire le
projet de loi ici, c'est d'officialiser une pratique qui est en cours,
c'est-à-dire de ne pas publier, dans le répertoire des membres qui est
accessible au public, les coordonnées personnelles d'un ou d'une
professionnelle qui, par exemple, serait
victime de violence conjugale ou de toute autre sorte de menace ou de violence.
Les données nécessaires à la protection du public, donc sur les actes de
cette... que cette personne peut poser, sur son titre, etc., restent quand même
disponibles au public, mais ses
renseignements personnels, notamment sur son lieu de résidence, son numéro de
téléphone, pourront être retirés.
Alors, le projet de loi vient préciser cela, vient l'officialiser, et je crois
que c'est une très bonne chose pour les professionnels qui se retrouvent
malheureusement dans des situations comme celles-là.
Le projet de loi
permet à certains professionnels du domaine de la santé de poser un diagnostic
en santé mentale, notamment. Alors, il y a plusieurs articles du projet de loi
qui viennent modifier la terminologie qui est utilisée actuellement dans les
règlements où... qui portent sur la formation de plusieurs professionnels, où
on utilisait jusqu'ici le terme
«évaluation», et ce sera remplacé par «diagnostic». Il y a les conseillers
d'orientation et les infirmières pour les diagnostics de troubles mentaux, les psychologues pour les troubles
neuropsychologiques, les sexologues pour les troubles sexuels.
Alors, tous
accueillent favorablement ce changement de terminologie, qui est, en fait, plus
qu'un changement de sémantique, parce qu'il
s'agit de reconnaître, en fait, la formation et la compétence de ces
professionnels qui posaient de tels diagnostics, sauf qu'on les appelait
«évaluations». Alors, ça voulait dire, puisqu'on ne pouvait pas utiliser le
terme «diagnostic», que les médecins étaient
obligés de passer derrière. Et souvent le médecin appelait le professionnel
pour dire : O.K., qu'est-ce que
je mets, qu'est-ce que j'écris? Alors, c'était une utilisation inutile,
finalement, du temps du médecin et une non-reconnaissance des
compétences des autres professionnels.
Alors, cette
avancée-là montre bien l'éloquence des mots, l'importance des mots. Alors, on
va pouvoir utiliser «diagnostic», si le projet de loi va de l'avant, bien
entendu, et puis les délais vont se retrouver raccourcis, parce qu'un... pensez
à un élève qui a besoin d'un diagnostic pour avoir des services, bien, il
fallait qu'il passe aussi par le médecin. Maintenant, ce ne sera plus
nécessaire. Le professionnel qui... le diagnostic va pouvoir... finalement, va
être suffisant, je dirais, pour que l'élève puisse avoir ses... être admissible
aux services.
Par contre, la mise
en garde qu'on nous a faite, c'est que cette avancée ne va se concrétiser que
si l'ensemble des formulaires, tant chez les assureurs que dans le réseau de la
santé et des services sociaux lui-même et dans d'autres organisations publiques et gouvernementales... donc, ces formulaires,
qu'ils soient mis à jour, que toute la documentation soit mise à jour
pour être en phase avec le projet de loi et en concordance. Parce que sinon,
s'ils... si, sur les formulaires, on
continue de demander un diagnostic d'un médecin, bien, évidemment, même si on
change l'appellation dans ce projet de loi là pour «les actes posés par
les ordres professionnels», ça ne fonctionnera pas.
Le projet de
loi vient aussi confier au conseil d'administration de l'Ordre des pharmaciens du Québec de nouvelles fonctions, soit celle de
donner un avis au ministre de la Santé et des Services sociaux ou à Santé
Québec sur la qualité des
soins ou des services pharmaceutiques fournis dans les centres exploités par
les établissements et d'effectuer des enquêtes. Alors, on comprend ici que les centres, ce sont des CHSLD publics ou les
maisons des aînés, mais pas les CHSLD privés conventionnés ou privés.
Peut-être que... sûrement que ce sera discuté lors de l'étude détaillée.
• (17 h 30) •
Le projet de
loi élargit aussi le champ d'exercice des pharmaciens et les activités qui leur
sont réservées, y compris la prescription de médicaments et la
prolongation d'ordonnances pour une période plus longue qu'à l'heure actuelle. Les pharmaciens se réjouissent des élargissements
prévus, mais nous mettent en garde sur quelques points, M. le Président.
D'abord, l'espace physique requis pour offrir plus de services, la nécessité de
pouvoir offrir gratuitement les tests de dépistage de la COVID, comme c'était
le cas jusqu'au mois de mars cette année — ça rejoint d'ailleurs une
demande de la FADOQ, qui n'était pas parmi
les invités dans les consultations du projet de loi, mais qui a tout de même
déposé un mémoire fort intéressant — et
puis les pharmaciens aussi peuvent faire les tests de dépistage du VIH, et la
nécessité de réduire le fardeau
administratif des pharmaciens avec la RAMQ. C'est une demande... une mise en
garde des pharmaciens pour que les avancées du projet de loi puissent se
concrétiser et vraiment débloquer l'accès aux services pour le public.
Les
pharmaciens nous mettent aussi en garde à propos des médicaments de spécialité
qui deviennent de plus en plus le monopole de grandes organisations qui
obligent les patients à obtenir leurs médicaments auprès de ces organisations,
qui n'ont pas accès nécessairement à tout le
dossier du patient et qui font parfois des recommandations contradictoires sur
la posologie de ces médicaments de spécialité.
Et, fort intéressant... D'ailleurs, mon collègue
député de l'Acadie le disait dans son intervention ce matin, les consultations, c'est une partie fort intéressante
des projets de loi parce que c'est très instructif. On apprend ce qui se passe
sur le terrain et on apprend plein de choses qui sont utiles, qui... même si
elles débordent le contenu du projet de loi, elles sont toujours très
pertinentes, ces choses qu'on apprend. Alors, les médicaments de spécialité,
contrairement à ce que je pensais... honnêtement, je croyais que
c'étaient les médicaments pour les personnes qui ont des maladies
particulières, maladies chroniques, mais les
médicaments de spécialité, ce sont les médicaments qui sont spécialisés pour
faire différentes choses, pour agir sur différentes choses. Et les
nouveaux médicaments sont presque tous des médicaments de spécialité. Alors, c'est important de s'assurer que ces
médicaments soient distribués dans nos pharmacies de quartier, nos pharmacies
communautaires et ne deviennent pas le
monopole de grandes organisations. On nous mentionnait, par exemple, Amazon,
d'autres organisations qui sont situées aux États-Unis ou bien dans le reste du
Canada.
J'ai retenu trois éléments importants, qui
s'inscrivent parfaitement dans l'objectif de favoriser l'accès aux soins de santé et services sociaux, qui ont été discutés
durant les consultations. Le premier, et des collègues y ont fait référence
avant moi, la création d'un titre de
pharmacien spécialiste. Ces pharmaciens sont titulaires d'une maîtrise en
pharmacothérapie avancée. Ils travaillent dans les hôpitaux dans le
cadre d'ententes de partenariat, les EPAP. Mais ce qu'on a appris, fort intéressant, c'est qu'une EPAP, ça peut être,
par exemple, à l'étage, disons, département de cancérologie où tous les professionnels, tous les médecins, les IPS qui y
travaillent donnent leur accord, donnent leur accord pour que le pharmacien
qui a cette spécialité-là, même si on ne la
nomme pas «spécialité»... que ces pharmaciens puissent ajuster eux-mêmes la
médication, la prescrire sans avoir recours au médecin.
Sauf que... On nous donnait l'exemple d'un tel
pharmacien qui va suivre, donc, les... disons, les personnes qui sont atteintes
du cancer et qui, peut-être, rendues à la maison, le vendredi soir ou la fin de
semaine, ça va moins bien, ils ont plus de
douleurs ou ils ont plus d'effets secondaires, ils peuvent appeler, donc, ce
pharmacien spécialiste, et puis lui va pouvoir ajuster facilement la médication,
donc, pour le confort de la personne et pour lui éviter de devoir venir à l'urgence. Mais ce pharmacien-là qui va, par
exemple, à l'urgence parce que, justement, son patient qu'il suit dans un
autre département se retrouve à l'urgence pour une raison ou une autre, bien
là, il ne peut plus faire ces actes-là, même si
c'est son patient, qu'il connaît son dossier, qu'il pourrait régler ça en
quelques minutes, parce que l'EPAP ne s'applique pas à l'urgence, elle s'applique juste à l'étage où le pharmacien... où
les professionnels ont accepté. Et, même à cet étage-là, si, une journée, le médecin change et que, le
nouveau médecin, bien, ça ne lui tente pas de signer cette EPAP là ou de faire
tout le processus, il n'a pas le temps, bien, le pharmacien ne pourra pas
fonctionner.
Alors, je pense que ça vaut la peine de se
pencher sur cette question-là et de faciliter le rôle de ce pharmacien en lui
accordant ce titre de spécialiste, parce que, là, il pourrait y avoir des
corridors de soins aussi, ce médecin... ce pharmacien
spécialiste pourrait devenir une référence pour les pharmaciens communautaires
qui ont une question sur une médication... pourraient l'appeler plutôt
que de passer par un médecin, et on sait que les médecins sont surchargés.
Et je vous ai donné l'exemple de patients qui
souffrent du cancer, mais, dans le milieu de la santé mentale, c'est la même chose. On sait qu'il y a une attente
de six à 24 mois pour avoir accès à un psychologue dans le réseau de la
santé. Il y a 10 000 personnes qui sont en attente d'un service de première ligne pour voir... en santé mentale, selon les données 2024 du
gouvernement. Alors, si ce pharmacien spécialiste avait ce titre-là, avec les
actes qui viennent avec, et pouvait ajuster
la médication d'une personne qui a des problèmes de santé mentale, ça
enlèverait tellement de souffrances à cette personne-là, à toutes les
personnes autour, ça éviterait des visites chez le médecin, des visites à
l'hôpital, à l'urgence, ça éviterait même, dans certains cas, des actes de
violence, quand la personne se désorganise, là. Alors, il y a vraiment... moi, j'ai trouvé qu'il y avait
vraiment une belle possibilité de solution avec cette proposition qui a été
faite par les pharmaciens.
Un autre point très intéressant : de
permettre aux audiologistes de distribuer ou vendre des appareils auditifs. Alors, à l'heure actuelle, les audiologistes sont
formés, ils ont une maîtrise, ils peuvent diagnostiquer un trouble auditif, ils
peuvent ajuster un appareil auditif, mais ils ne peuvent pas le distribuer, ils
ne peuvent pas le vendre. C'est réservé aux audioprothésistes,
qui sont moins nombreux que les audiologistes, qui travaillent dans le privé,
alors que les audiologistes travaillent
dans le public. Avec le vieillissement de la population, on a besoin de
rehausser l'offre de services en matière de prothèses auditives et
d'avoir accès à un plus grand nombre de professionnels qui peuvent vendre ces
appareils.
Alors,
dans le mémoire de la FADOQ, on pouvait lire qu'il y a près du quart des
personnes qui auraient besoin d'un appareil auditif au Québec qui n'en ont pas
parce que c'est trop cher. Alors, si ces prothèses étaient vendues par un plus grand nombre de personnes, on peut penser
qu'il y aurait une pression sur le prix, à la baisse. Ce serait, aussi, bon
pour la RAMQ, qui couvre une seule prothèse, même si on a deux oreilles. Alors,
ce serait bien de se pencher sur cette possibilité-là aussi.
Et une troisième
chose, donc, très intéressante, c'est qu'on nous a dit que les étudiants en
deuxième année de dentisterie peuvent offrir
des services d'hygiène dentaire. Alors, je voyais une belle opportunité de
recourir à ces étudiants pour les services d'hygiène buccodentaire dans les
CHSLD, pour les aînés, ou, simplement, pour ajouter des plages dans les
cabinets de dentistes, qui coupent des plages horaires en hygiène dentaire par
manque d'hygiénistes.
En
conclusion, M. le Président, les groupes entendus durant les consultations
sont, principalement, favorables à la majorité du contenu du projet de
loi, malgré les mises en garde émises, mais ils sont surtout, surtout, surtout,
empressés d'aller plus loin pour rendre les services à la population, pour
établir des corridors de soins, pour favoriser une pratique pleine et entière de leurs professions et de leurs
compétences en santé et services sociaux, pour le plus grand bien de la
population. Alors, vivement, allons plus loin, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Il n'y en a pas?
Mise
aux voix
Alors,
le principe du projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation
du système professionnel et visant
l'élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la
santé et des services sociaux, est-il adopté?
• (17 h 40) •
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des institutions
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément
à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de
loi n° 67, la Loi modifiant le Code des professions
pour la modernisation du système
professionnel et visant l'élargissement de certaines pratiques professionnelles
dans le domaine de la santé et des services sociaux, soit déféré à la
Commission des institutions pour son étude détaillée et que la ministre
responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M.
le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 3 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 64
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée national de l'histoire du
Québec.
Alors, évidemment,
première prise de parole, M. le ministre de la Culture et des Communications.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, je dois vous dire que je suis très fier de
faire adopter le principe du projet de loi n° 64, la Loi instituant le Musée national de l'histoire du Québec. C'est
un projet qui me tient à coeur, un projet que notre gouvernement met de
l'avant pour tous les Québécois.
Avant toute chose,
bien sûr, j'aimerais remercier de leur contribution les membres du gouvernement
qui ont participé aux consultations, le
personnel du ministère de la Culture et des Communications, celui du Musée de la civilisation, les
collègues des oppositions ainsi que les nombreux intervenants qui sont venus
nous rencontrer, mes collègues et moi, lors des consultations
particulières.
Du Conseil en éducation des Premières
Nations à La Fondation Lionel-Groulx, en passant par le Pr Gérard Bouchard
et nombre de ses collègues du milieu
académique, ou encore à l'Institut d'histoire de l'Amérique française et à la
Société du patrimoine politique du Québec, je remercie sincèrement tous les
intervenants de ces consultations particulières. Ils ont pris le temps de se préparer, de se déplacer,
pour la plupart, et de venir témoigner de leur appréciation du projet de loi.
Tous nous ont fait réfléchir et ils ont, chacun à leur façon, bonifié nos
travaux.
La création du Musée
national de l'histoire du Québec, c'est, pour notre gouvernement, la
concrétisation d'une grande ambition, c'est,
pour nous, un puissant outil de renforcement de la cohésion nationale. Il
permettra de faire connaître et de participer à la diffusion de
l'histoire de la nation québécoise, de sa culture, de son identité ainsi que de
témoigner de son évolution et de l'apport
des communautés qui ont façonné son parcours et son territoire. Pour reprendre
des propos qui ont été maintes fois entendus lors des consultations,
tous les Québécois et les Québécoises vont pouvoir se retrouver dans ce musée.
On veut que cette
nouvelle institution muséale mette en lumière les grandes réalisations, les événements
marquants, les personnages-phares du Québec
dans un parcours historique raconté de façon inédite. On veut en faire un
musée du XXIe siècle, qui mise sur une
approche muséologique innovante, grâce, notamment, à des moyens numériques
et immersifs. Nous avons l'ambition d'en
faire un lieu tout aussi attractif que rassembleur. D'ailleurs, j'espère que ce
seront les jeunes qui insisteront auprès de leurs parents pour y aller
et non l'inverse.
La Fondation
Lionel-Groulx a eu raison de nous rappeler, lors des consultations, que ce
musée devait être un lieu de rassemblement,
je les cite, «pour les Québécois et les Québécoises de souche et de feuille,
pour être mieux capables de comprendre le présent et mieux outillés pour
dessiner notre avenir en commun». Quelle merveilleuse formule, à la fois juste
et rassembleuse.
Aller à la rencontre
des différences du passé, c'est aussi apprendre à aller à la rencontre des
différences d'aujourd'hui, comprendre son
histoire pour mieux se comprendre et aussi pour mieux comprendre le monde qui
nous entoure, voilà le legs que nous souhaitons offrir aux générations
futures par la création de ce musée.
Comme
je le disais en ouverture des consultations, on ne comprend pas grand-chose à
l'histoire de la Nouvelle-France si
on ne connaît pas l'influence des alliances entre les Français et les
autochtones, on ne comprend pas non plus l'histoire du Bas-Canada si on ne comprend rien de
l'immigration britannique, comme on ne comprend pas grand-chose au Québec
contemporain si on n'y voit pas une société ouverte sur le monde qui n'est
désormais plus ni la Nouvelle-France ni le Bas-Canada. J'ai envie de dire qu'il
faut savoir d'où l'on vient pour savoir où on veut aller.
Et, pour nous,
d'ailleurs, la nouvelle institution muséale sera installée dans le pavillon
Camille-Roy du Séminaire de Québec, donc, un
bâtiment rempli d'histoire, empreint d'histoire, qui est situé au coeur de
l'arrondissement historique du
Vieux-Québec. Donc, j'allais dire, pour nous, l'emplacement n'est pas anodin
parce que ça ajoute à ce devoir de mémoire, ce lieu étant le berceau de
l'Amérique française et de la langue française en Amérique.
M.
le Président, je suis donc très fier de ce projet de loi qui met de l'avant la
volonté ferme de notre gouvernement de
mettre de l'avant l'histoire et la culture distinctes du Québec dans un nouveau
musée national. D'ailleurs, je fais ici la parenthèse, c'est un moment important que le moment où on crée un musée
national. La dernière fois remonte à il y a 40 ans, sous le
gouvernement de René Lévesque. C'était alors la création du Musée de la
civilisation.
Et
j'ai entendu, au cours des derniers mois, des gens remettre en question la
nécessité même de ce musée, comme s'il fallait être gêné de parler de
nous, la nation québécoise, alors qu'on souhaite, bien sûr, être inclusifs et
que la nation québécoise, elle est
plurielle. Il est nécessaire, M. le Président, ce musée. Il est nécessaire,
enfin, d'enfin offrir aux Québécoises et aux Québécois un lieu qui est
entièrement consacré à leur histoire. J'en suis intimement convaincu.
Nous
allons donc entamer sous peu l'étude détaillée du projet de loi. Je souhaite...
Donc, avec la bonne collaboration des membres de la commission, nous pourrons
rapidement faire cheminer le projet de loi. M. le Président, j'invite donc
l'Assemblée à accepter le principe du projet de loi n° 64. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je suis maintenant
prêt à reconnaître le prochain intervenant, et ce sera Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre. J'aimerais tout
d'abord commencer mon intervention sur l'adoption du principe pour,
premièrement, saluer tous les groupes et les personnes qui sont venus
témoigner, rendre des grands témoignages avec des mémoires très étoffés,
articulés, concernant leurs visions et leurs préoccupations concernant le musée
national.
Et
donc j'aimerais tout d'abord, M. le Président, mentionner quelques
préoccupations liées à l'annonce, l'annonce, évidemment, de la création
du Musée national de l'histoire du Québec à la fin du mois d'avril, cette
année, qui a... évidemment avait déjà fait
couler beaucoup d'encre et a suscité de nombreux débats, et ce, même avant le
dépôt du projet de loi n° 64. Et pourquoi, M. le Président? Bien, puisque dès l'annonce de la création
du musée, il y a eu des sorties publiques, des sorties publiques de l'historien
Éric Bédard, qui fait partie du comité aviseur du musée national, qui a tenu
des propos controversés lorsqu'il a
évoqué la notion de préhistoire et que les peuples autochtones sont un peu la
préhistoire du Québec.
De plus, il y a eu
une série de contradictions nébuleuses du premier ministre et du ministre de la
Culture et des Communications quant à l'objet ou la mission du nouveau musée.
Et je tiens à citer, M. le Président, les sorties publiques du premier ministre et également du ministre de la Culture et des Communications, et parce qu'elles sont fort pertinentes.
Le premier ministre Legault, d'une part, affirme que le musée ne sera pas
nationaliste...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
...
Mme Garceau :
Je m'excuse?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Tout
simplement, Mme la députée de Robert-Baldwin, faire attention. Même si c'est une citation, on ne peut pas nommer
un collègue par son nom ni son prénom. Je vous invite seulement à être
prudente avec cet élément-là, s'il vous plaît.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Donc, le premier ministre, d'une part, affirme que «le musée ne sera
pas nationaliste mais national». Toutefois,
il considère que l'histoire du Québec commence avec l'arrivée de Champlain
et que... quelques jours plus tard,
ajoute : «Il y a 11 nations autochtones, et puis on est ouverts à
travailler avec eux autres pour aussi
qu'il y ait des façons de faire connaître leurs nations, mais l'idée, c'est de
montrer l'histoire de la nation qui était canadienne-française, et qui
est maintenant québécoise, et qui a commencé avec Champlain.»
Et là... et je cite le ministre de la Culture et
des Communications : «Très respectueux de l'histoire des Premières Nations
elles-mêmes, on est des nations différentes et on travaille de nation à nation.
Eux-mêmes nous disent qu'ils veulent cette
posture-là. Je pense que c'est important de travailler avec elles, mais ça ne
nous empêche pas d'avoir un musée sur
notre nation, notre nation québécoise. Ce ne sera pas un musée sur l'histoire
de l'occupation du territoire de la vallée du Saint-Laurent, mais un musée sur l'histoire de notre nation, la
nation québécoise.» Et je vais revenir, M. le Président, sur ces propos, parce
qu'évidemment surtout les Premières
Nations avaient été très offusquées
par ces propos qui avaient été tenus à l'annonce du projet de loi.
• (17 h 50) •
Et, même si l'idée, M. le Président, de créer un
musée national consacré exclusivement à l'histoire du Québec, tel qu'annoncé dans l'intitulé du projet de loi,
qui est louable en soi... Oui, c'est un musée, on est en train de créer un
musée national de l'histoire du Québec. Et, tel que mentionné par le
ministre, la dernière fois qu'un musée national a été créé, c'est il y a 40 ans. Et donc c'est sûr et
certain que nous devons prendre le temps pour bien étudier ce projet de loi.
Mais ce gouvernement a décidé d'aller de l'avant avec le projet de... le
projet, un projet monumental, avec des coûts, M. le Président, estimés à 92 millions de dollars, et ça,
il n'y a pas eu d'étude au niveau des retombées économiques. On n'a aucune idée
en termes de la ventilation de ces coûts, le 92 millions de dollars,
et il n'y a pas eu de consultation parmi les acteurs du réseau muséal concernant la nécessité, oui, de créer un
nouveau musée à proximité du Musée de
la civilisation, qui fait, oui, des
expositions concernant l'histoire du Québec
déjà et depuis des années, et l'impact, l'impact d'ajouter un nouveau musée
de cette envergure, un nouveau musée national, sur l'écosystème muséal.
Il y a aussi
un contexte économique aujourd'hui que nous ne pouvons pas écarter ni ignorer lorsqu'on
parle de la création d'une nouvelle institution de l'État, avec tous les
coûts associés à ceci, incluant, évidemment, le budget de fonctionnement.
L'annonce du ministre des Finances, le printemps dernier, d'un budget assorti
d'un déficit record de 11 milliards de
dollars, les nombreuses crises de manque de financement dans différents
secteurs de nos services publics et aussi et particulièrement dans le
domaine de la culture nous exigent à prendre un pas de recul, à ce moment-ci,
du processus législatif et parlementaire lié à l'étude de ce projet de loi.
Il va de soi
que nous ne pouvons pas perdre de vue que les musées régionaux, et ça,
il ne faut pas les oublier, confrontent une dure réalité
économique, et ce, particulièrement depuis la pandémie. Les musées régionaux
protestent haut et fort du manque criant de ressources et le sous-financement
du réseau muséal québécois. Ils font face à de nombreux défis qui ne sont...
qui sont non négligeables. Dans plusieurs régions du Québec, des musées mettent
déjà en valeur l'histoire du Québec et contribuent à la vitalité culturelle des
régions.
Une question importante s'impose aujourd'hui, M.
le Président : Quel sera l'impact de ce nouveau musée, un musée national,
sur la survie de nos musées régionaux?
De plus,
n'oublions pas que l'annonce en grande pompe de la création du musée national
s'est faite sur les cendres du fiasco
des espaces bleus, un autre grand projet caquiste annoncé en 2021 pour la
création initiale de 17 espaces bleus. Ceci devait être aménagé dans toutes les régions du Québec pour honorer
l'histoire des héros et des bâtisseurs du Québec. Les coûts, M. le
Président, on ne peut pas l'oublier, l'estimé, au départ, en 2021, était de
259 millions de dollars pour tous les espaces bleus. Et évidemment, deux
ans plus tard, cet estimé-là ne tenait plus la route, et là on était... on
avait décidé : Bien, ça ne sera pas
17 espaces bleus, on va garder seulement quatre espaces bleus, et l'estimé
pour les quatre était, à cette époque, à 153 millions de dollars,
incluant 60 millions estimés pour l'espace bleu à Québec, dans le pavillon
Camille-Roy du Séminaire, lequel bâtiment
sera maintenant, fort probablement, l'établissement du nouveau musée national.
Et nous connaissons tous le sort du projet
des espaces bleus dont le ministre, en mars dernier, a mis fin puisque les
coûts estimés pour tout le projet avaient augmenté à plus de
1 milliard de dollars.
Il va sans
dire que, considérant le contexte économique actuel et les annonces
antérieures, de ce gouvernement, de grands projets mal ficelés et
sous-estimés, nous devons porter une attention particulière, M. le Président,
aux travaux préalablement effectués avant le dépôt du projet de loi, depuis les
derniers mois et les mois à venir. À ce jour, comme je l'ai mentionné, nous
n'avons aucun détail concernant la ventilation de l'estimé des coûts de ce
musée national de 92 millions de
dollars. Il me semble tout à fait légitime et nécessaire d'obtenir du ministre de la Culture et des Communications
un portrait financier clair et complet.
M. le Président, nous avons eu des... quelques jours de consultations particulières, avec
16 personnes, on a reçu 18 mémoires, des groupes de personnes, des
historiennes, des historiens, des experts dans le domaine de la... secteur... dans
le secteur des musées du Québec et des
experts, aussi, dans les universités, des professeurs de différentes chaires,
et tout. C'était vraiment enrichissant, l'échange que nous avons eu. C'est sûr
et certain qu'il y a eu plusieurs questions, mais ça fait en sorte que nous, à ce stade-ci, lors de
l'adoption du principe et évidemment pour l'étude détaillée, nous allons avoir
plusieurs échanges sur les préoccupations de certains groupes, dont je partage.
Je tiens à les remercier sincèrement. Il y a certains groupes qui sont... qui ont participé
de façon virtuelle, mais il y en a beaucoup qui sont venus à Québec pour
être présents et pour avoir des échanges très importants avec nous, et je tiens
à les remercier.
Il y a, M. le Président, des préoccupations, de
grandes préoccupations, dont je partage, qui ont été soulevées par les
personnes et... certaines personnes et groupes et que je tiens à préciser
aujourd'hui. Le premier est lié au dédoublement évident de la mission du
nouveau Musée national de l'histoire du Québec et du Musée de la civilisation
et ses conséquences. Et nous avons juste, M. le Président, à prendre
connaissance des fonctions des deux musées telles que... les fonctions telles
que proposées au niveau du projet de loi n° 64 et, évidemment, la
disposition législative concernant les fonctions du Musée de la civilisation.
Et je souhaite les lire, parce que les... la similarité est vraiment frappante,
et ça a été vraiment retenu par plusieurs groupes, qui ont une grande préoccupation
concernant la similarité entre les fonctions
de ces deux musées. Celle qui est proposée au niveau du projet de loi, et je le
lis comme suit : «De faire connaître
et de promouvoir l'histoire du Québec, sa culture et son identité distinctes,
ainsi que de témoigner de l'évolution de la nation québécoise et de la
part des communautés qui ont façonné son parcours et son territoire», ça, c'est
un des... une des dispositions, si je peux dire, principales dispositions. Et
l'autre, pour comparer, du Musée de la civilisation : «...a pour fonctions de faire connaître l'histoire
et les diverses composantes de notre civilisation, notamment les cultures
matérielles et sociales des occupants du territoire québécois et celles qui les
ont enrichies.»
• (18 heures) •
Et il y a plusieurs experts qui ont rendu un
témoignage... des témoignages éloquents sur toute cette situation, de leurs
préoccupations, et évidemment les conséquences que ça peut avoir au niveau
de... le Musée de la civilisation, surtout, compte tenu de sa proximité. Il y a
eu, à titre d'exemple, des préoccupations soulevées par M. Martin Pâquet, un professeur, aussi l'Institut d'histoire de
l'Amérique française, le professeur titulaire au Département de littérature,
théâtre et cinéma, Jonathan Livernois, de l'Université de Laval. Mais plus
particulièrement et intéressant, M. le Président, était le... était le mémoire du Syndicat de
professionnelles et des professionnels du gouvernement du Québec, qui sont
venus en commission parlementaire, et
c'est le syndicat qui représente les 115 employés, les
115 professionnels du Musée de la civilisation, et donc je trouvais
très intéressant qu'ils ont déposé un mémoire. Et aussi ils étaient très
préoccupés par toute cette question de la similarité entre les fonctions, et,
pour eux, il était évident que la création du nouveau musée entraînerait... il y aurait, évidemment, le
dédoublement de missions qui pourrait diluer les ressources et les efforts du Musée de la civilisation du Québec.
Il y a aussi... et une des recommandations de ce
syndicat, M. le Président, c'est la première... la deuxième... excusez, la troisième recommandation, qui se lit
comme-ci : «Si le gouvernement va de l'avant avec la création d'un nouveau
musée, le syndic recommande de mieux
encadrer la mission de celui-ci par une réelle évaluation des besoins, pour
éviter les dédoublements avec le Musée de la civilisation.»
Il y a aussi
eu, M. le Président, Mme Christine Bernier, Mme Bernier, qui est
professeure agréée du Département d'histoire de l'art, de cinéma et des
médias audiovisuels à l'Université de Montréal et qui a quand même utilisé des termes, si je peux dire, assez... assez forts au
niveau de... pour exprimer sa préoccupation du dédoublement des missions
entre les deux musées, et que, pour elle,
semble-t-il que... Elle avait mentionné que le Musée de la civilisation, en
ce moment, réfère au musée national
comme étant le petit frère, et elle mentionne aussi que sa plus grande crainte,
c'est : Est-ce que le petit
frère... va-t-il vampiriser le Musée
de la civilisation? Et, dans son
mémoire, elle donne plus de détails concernant cette préoccupation.
Et donc, considérant la réputation
internationale du Musée de la civilisation et sa proximité, évidemment, au Séminaire, il sera important de prévoir et de
préciser une distinction claire entre les fonctions du Musée de la civilisation et le Musée
national.
Nous avons
reçu également, suite à nos consultations particulières, compte tenu de
l'échange et des préoccupations concernant
le dédoublement de missions... c'est M. Yves Bergeron, qui est le
titulaire de la Chaire de la recherche sur la gouvernance des musées,
professeur de muséologie à l'Université du Québec à Montréal, qui a révisé son
mémoire et nous a transmis une annexe avec une définition, une définition
concernant le Musée national de l'histoire du Québec, qui ferait en sorte que
ça pourrait créer une certaine distinction pour... entre les deux musées. Donc,
ce sera à étudier, évidemment, lors de l'étude détaillée, parce que nous avons
reçu également... il y avait quelques références à d'autres recommandations
concernant les fonctions telles que stipulées au projet de loi.
Il y a aussi, comme j'ai mentionné, l'impact
financier, l'impact potentiel de la création de nouveaux musées sur les musées
régionaux et dans l'écosystème muséal. Plusieurs personnes et groupes ont
soulevé cette préoccupation, considérant, comme j'ai mentionné, le
sous-financement des musées régionaux et que plusieurs crient famine. Il y a de
grandes inquiétudes du milieu muséal, déjà fragilisé. Et, la Fédération
Histoire Québec, le directeur de la fédération, M. Jean Rey-Regazzi, est venu en consultations, est venu en
commission parlementaire — cette fédération, M. le Président, représente plus de 350 organismes en histoire, qui représentent des
milliers de citoyennes et de citoyens du Québec — et
il a mentionné... un instant... et il a fait, M. le Président, une
recommandation que je voulais citer : «Nous croyons que, si le gouvernement
veut faire de ce musée une réussite, il convient de s'assurer qu'il soit
apolitique et qu'il reflète les différentes façons de voir, de faire et de
comprendre l'histoire. Le Musée national de l'histoire du Québec doit être à l'image de ce que le Québec est, et porter sur la
place publique des débats sur des périodes ou des sujets controversés. Ce
devrait justement être la fonction d'un
musée aujourd'hui : amener les visiteurs à s'interroger sur leur histoire,
à participer au débat public.»
Il y a aussi,
M. le Président, M. Martin Pâquet, qui est également professeur, qui a
mentionné qu'il faut s'assurer que le nouveau musée puisse vivre sans
nuire aux autres musées du Québec.
Mme Christine
Bernier, dont j'avais mentionné, tout à l'heure, qu'elle... elle est même allée
plus loin que d'autres intervenants en disant : Au lieu de créer un
nouveau musée national, on devrait créer un OSBL, un centre d'exposition de l'histoire, et qui
ferait en sorte que ce centre aurait un budget plus modeste, avec des ambitions
moins arrogantes aux yeux des musées régionaux, et que ce serait mieux
accueilli.
La Société du patrimoine politique du Québec est
également venue en commission parlementaire. Ils ont mentionné que les
investissements dans les musées nationaux ne peuvent être faits au détriment
des initiatives déjà en place. C'est l'idée
que le musée joue un rôle. C'est intéressant parce qu'ils sont venus parler
d'un rôle que le Musée national pourrait jouer en tant que
coordonnateur, surtout lorsqu'il y a des commémorations concernant des figures
inspirantes. Et j'ai pris bonne note de ce
rôle proposé de coordonnateur, parce qu'il serait peut-être intéressant d'en
discuter et de voir comment ce rôle pourrait être élargi afin de pouvoir
aider les musées régionaux, les aider financièrement, les alimenter et pour
qu'ils restent, évidemment, qu'ils restent tous en fonction parce qu'ils sont
nécessaires.
• (18 h 10) •
L'objectif de la mission du nouveau musée a
également été discuté en commission parlementaire et a fait l'objet d'un bon échange concernant surtout
l'intitulé, M. le Président, du projet de loi et les interventions du ministre
de la Culture lors des consultations particulières. Et il semblait
évident, à la lecture de l'intitulé, M. le Président, du projet de loi, Loi instituant le Musée national de l'histoire du
Québec, et l'article 2,
l'article 2 qui précise sa fonction, une de ses fonctions, «de
faire connaître et de promouvoir l'histoire du Québec, sa culture et son
identité distincte ainsi que de témoigner de l'évolution de la nation
québécoise et de l'apport des communautés qui ont façonné son parcours et son
territoire»... il semblait, M. le Président, qu'à la lecture de ce projet de
loi l'objectif principal est de faire connaître et de promouvoir l'histoire du
Québec. Mais cependant, à la lumière des sorties publiques au moment de
l'annonce du projet, que ce soit M. Éric
Bédard, le premier ministre, le ministre de la Culture et des Communications, dont j'ai déjà mentionné au début de mon intervention, mais surtout considérant les interventions
particulières du ministre de la Culture et des Communications lors des
consultations particulières, on a découvert que l'intention réelle du ministre
et de ce gouvernement est de créer un
nouveau musée national sur l'histoire de la nation québécoise, en d'autres
mots, on va le dire, parce que c'était déjà repris dans les médias, un
legs culturel du premier ministre, et il faut... C'est un sujet sensible, on
l'a mentionné lors des consultations particulières, parce qu'il y a un
équilibre... un équilibre, si je peux dire, est à faire lorsqu'on regarde l'histoire du Québec, l'ensemble de l'histoire du
Québec. Et plusieurs, M. le Président, ont mentionné... plusieurs groupes
ont mentionné qu'il est fondamental, que
c'est très important de ne pas politiser ce musée, de maintenir à l'écart
l'influence politique, que ce soit dans la création du nouveau musée ou
dans son contenu.
Et, tel que mentionné particulièrement par le
Conseil en éducation des Premières Nations, qui ont eu beaucoup de difficultés à digérer les propos annoncés lors
de... les propos annoncés au moment... en avril 2024, et ils ont mentionné...
et c'est très, très important pour eux, ils
ont mentionné, en commission parlementaire, que les musées doivent être le
reflet de l'histoire complexe, riche et diversifiée. Ce projet de loi doit
refléter une vision inclusive, juste, non biaisée et équitable de
l'histoire du Québec, l'histoire de tous les Québécois et de toutes les
Québécoises.
Je cite, M. le
Président... c'est Mme Catherine Larochelle, professeure à la Faculté des
arts et des sciences, Département d'histoire à l'Université de Montréal,
et également Mme Camille Robert, doctorante et chargée de cours au Département d'histoire à l'Université du Québec
à Montréal. Elles sont venues en commission parlementaire, M. le Président,
c'était notre dernière journée, et j'ai trouvé leur mémoire et leurs
interventions fort intéressantes parce que ça
découlait, M. le Président, d'une lettre ouverte qui avait été cosignée par
Mme Robert et Mme Larochelle dans La Presse au mois de
mai dernier, avec 34 autres cosignataires, la plupart étant des
historiennes, des historiens issus des milieux universitaires, de l'histoire
publique et du communautaire, et je tiens, monsieur... parce qu'on a beaucoup
parlé de leur vision, que c'était important
que ce musée reflète une histoire plurielle, et j'ai trouvé le terme très
intéressant et aussi inclusif.
Je cite, dans leur mémoire... Dans cette lettre,
la lettre ouverte, elles ont souligné les risques d'un retour au récit national
centré sur les grands événements et les héros, qui viserait avant tout à
susciter la fierté : «Nous mettions de
l'avant l'importance de l'histoire dans la compréhension des sociétés humaines,
avec toutes les nuances et la rigueur que cela implique. Dans l'optique où ce
musée sera créé coûte que coûte, nous voulons profiter de notre présence devant
vous pour partager ce qui est, à notre sens et selon notre expertise, essentiel
pour que ce projet de loi, et éventuellement le Musée national de l'histoire du
Québec, soit une référence importante dans le monde muséal et dans le monde de l'histoire et qu'il remplisse sa mission. Pour ce
faire, il est essentiel que le musée adopte une vision de l'histoire qui soit
plurielle, multidimensionnelle et ouverte aux interprétations occurrentes...
concurrentes — je
m'excuse.
«La conception dominante de la nation québécoise
a longtemps exclu certains groupes qui ont pourtant joué un rôle important dans l'histoire de ce qu'on nomme
aujourd'hui le Québec. Nous pensons, bien sûr, aux nations autochtones, mais
aussi aux communautés juives, aux communautés noires ou aux communautés
d'origine italienne, chinoise ou irlandaise, pour ne nommer que celles-ci. Les individus appartenant à ces groupes,
même s'ils sont établis au Québec depuis plusieurs générations, ou plusieurs
millénaires, dans le cas des autochtones, peinent encore souvent à se retrouver
dans l'histoire du Québec, telle qu'elle est enseignée dans les écoles
ou présentée dans les musées.»
L'idée, M. le Président, que ce nouveau Musée
national de l'histoire du Québec présente une histoire plurielle du Québec et
inclusive de toutes les communautés qui ont contribué à façonner son parcours
fut l'objet de plusieurs témoignages des personnes et des groupes qui ont
participé aux consultations particulières. Nous avons la Fédération Histoire
Québec qui l'ont mentionné, la Fondation Lionel-Groulx, l'Institut de
l'Amérique française qui a mentionné : «Il faut un récit qui nous rassemble,
il faut que le musée soit rassembleur, non un récit d'une histoire militante.
On doit parler d'un musée national de l'histoire et non pas d'un musée de
l'histoire nationale. Le musée doit porter sur l'ensemble des peuples qui
occupent et qui ont occupé le territoire.» Et il y a également M. Laurier
Turgeon, professeur titulaire spécialiste du patrimoine et de la
Nouvelle-France à l'université de Laval, et, dans son mémoire, il mentionne ceci : «Il faut s'assurer d'adopter une
muséologie participative et collaborative où toutes les Québécoises et tous les
Québécois pourront participer activement et être représentés afin que le
musée soit le reflet de nos identités plurielles, inclure notamment
les jeunes, hommes, femmes, représentants des Premières Nations, communautés
culturelles francophones et anglophones, mais également de notre identité
collective qui nous a permis d'accomplir de grands projets collectifs et qui
nous permettra de construire un meilleur avenir ensemble.»
• (18 h 20) •
Mon dernier point, M. le Président, est lié aux Premières
Nations. Et c'est très... je sais que mon collègue le député de l'Acadie va faire une intervention à ce sujet, mais, dans
l'optique que ce nouveau musée reflète la grande histoire du Québec,
incluant les contributions de toutes les communautés qui ont participé à bâtir
le Québec d'aujourd'hui, il y a un élément
qui a fait consensus et qui a été réitéré par la majorité des personnes et des
groupes lors de nos consultations particulières, et ça, c'était la
nécessité absolue que les Premières Nations aient la place qui leur revienne
dans l'histoire du Québec, l'histoire des peuples autochtones et leur
contribution inestimable qui est intrinsèquement liée à l'histoire du Québec.
Plusieurs ont
également confirmé qu'ils souhaitent que les Premières Nations soient
représentées au sein du conseil d'administration du nouveau musée, le
comité aviseur et évidemment le comité scientifique. D'ailleurs,
Mme Johanne Lamoureux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en
muséologie de proximité de l'Université de Montréal, a mentionné qu'il y a une tendance dans le monde muséal d'avoir une
approche plus large et décoloniale : «L'approche est plus miser vers la cocréation avec les Premières Nations afin d'intégrer les peuples autochtones dans les expositions et de
créer des comités aviseurs autochtones.»
Certains groupes ont recommandé des
modifications à l'article 2 du projet de loi n° 64
afin de reformuler les fonctions du musée
pour tenir compte des contributions des Premières Nations, et je tiens
à souligner celle proposée par Mme Larochelle et Mme Robert,
qui reflète vraiment l'essence des autres propositions. J'y arrive.
Elles suggèrent la modification suivante à
l'article 24.2 : «De contribuer à la compréhension et à la diffusion de l'histoire du Québec, de sa culture et de son
identité distincte ainsi que de témoigner du cheminement complexe de la nation
québécoise et des communautés et groupes sociaux qui ont façonné son parcours
et son territoire; cela ne pouvant se faire qu'en prenant en
considération le fait que les Premières Nations et Inuits sont des sujets de
plein droit de cette histoire du Québec.»
Il y a
également, M. le Président, le Pr Jonathan Livernois, professeur
titulaire, qui a également, lors des consultations particulières,
mentionné qu'il faut inclure les Premières Nations et les communautés
culturelles dans la mission du musée. Et,
lui, sa modification à l'article se lirait comme suit : «De faire
connaître et de promouvoir l'histoire du Québec et sa culture ainsi que
de témoigner de l'évolution de la nation québécoise en prenant soin de montrer
l'enrichissement et la participation des peuples autochtones et des communautés
culturelles à ce parcours.»
Nous avons eu l'opportunité, M. le Président, de
rencontrer et de recevoir les témoignages du Conseil en éducation des Premières Nations, et plus particulièrement le directeur
général du conseil, M. Denis Gros-Louis et John Martin, conseiller.
Nous avons également reçu leur mémoire et une lettre de Ghislain Picard, chef
régional de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador.
D'entrée de
jeu, il va sans dire que les Premières Nations ont été grandement affectées,
comme j'avais mentionné, et offusquées par les propos d'Éric Bédard, du premier
ministre et du ministre de la Culture
et des Communications lors de l'annonce de la création du nouveau musée.
Il n'y a eu aucune consultation avec les Premières Nations préalablement au
dépôt du projet de loi.
Chose
certaine, et tel que mentionné par plusieurs personnes et groupes, ce projet de
loi et la création d'un nouveau musée national de l'histoire du Québec
est une opportunité charnière d'entamer un processus de coconstruction et de
collaboration avec les Premières Nations puisque leur histoire fait partie
intégrante de l'histoire du Québec. Ce musée peut
jouer un rôle important dans l'entreprise de réconciliation, et le moment est
venu pour ce gouvernement de la mettre en
oeuvre. Le Conseil en éducation des Premières Nations nous a fait part de huit
recommandations et deux amendements, lesquels feront partie évidemment
de nos échanges lors de l'étude détaillée du projet de loi.
Il faut
mentionner qu'au cours des dernières années, et je crois que c'est important à
le mentionner, M. le Président, il y a eu une bonne collaboration entre le
Conseil en éducation des Premières Nations et le ministère de l'Éducation
afin de répondre aux besoins croissants en matière d'outils pédagogiques dans
le milieu de l'éducation au Québec. Le portail thématique Les Voix du
Territoire a été dévoilé le 11 septembre dernier et contient des
contenus validés par les spécialistes en éducation autochtone. Il est important
pour le conseil que la création d'une nouvelle institution muséale doit
s'harmoniser aux initiatives pédagogiques des Premières Nations, telles que Les
Voix du Territoire.
Je voulais terminer, M. le Président, en citant
les propos du Conseil en éducation des Premières Nations, à la fin de leur
mémoire, qui se lit comme suit : «L'analyse du présent mémoire révèle que
le projet de loi n° 64, tel qu'il est proposé, ne répond pas aux
recommandations de consultation et de codéveloppement avec les Premières
Nations et ne s'arrime pas ni aux principes
de réconciliation ni à la reconnaissance des enjeux systémiques.» Pour les
groupes, le conseil, l'APNQL, «les musées doivent être des lieux de
socialisation et d'éducation qui reflètent fidèlement l'histoire du Kepek, y compris celle des Premières Nations, qui ont habité ces territoires bien avant l'arrivée des Européens, et
qui les ont sauvegardés et protégés depuis des temps immémoriaux,
jusqu'à aujourd'hui».
En tant que parlementaires, M. le Président,
nous devons garantir que les voix des Premières Nations soient entendues et
respectées dans cette démarche historique de la création du nouveau musée, et
j'espère que le ministre de la Culture et des Communications va s'assurer que
ce projet de loi respecte les perspectives et les contributions des Premières Nations et que nous allons adopter des amendements très importants qui vont
refléter leur implication et leur grande contribution à l'histoire du
Québec.
Et donc, M. le Président, notre formation
politique est pour le principe de l'adoption... est pour l'adoption du principe
du projet de loi n° 64. Nous avons de grandes réserves et de
préoccupations et nous les partageons avec les groupes, et donc nous avons hâte d'échanger, de
collaborer afin de bonifier ce projet de loi afin que ce soit... qu'on va créer
un nouveau musée national de l'histoire du Québec qui va être rassembleur pour
tous et que tous les Québécois et toutes les Québécoises vont se
retrouver dans ce musée national. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Ajournement
Et, compte
tenu de l'heure, les travaux seront ajournés à demain, jeudi, le
26 septembre 2024, à 9 h 40. Bon souper à tous.
(Fin de la séance à 18 h 30)