(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes,
bonjour à tous. Bon matin. Donc, je vous invite à prendre place, nous
allons commencer nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à
la rubrique Déclarations des députés, et, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le succès d'une
activité artistique organisée par Création Sautozieux
dans une école secondaire du Grand Nord
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je me lève pour souligner l'implication
de deux ambassadrices de la Côte-de-Beaupré.
Mmes Marie-Chantal
Lachance et Nathaly Lessard sont deux bachelières en arts visuels et en
enseignement des arts de l'Université Laval. En 1997, elles ont fondé
Sautozieux. Pour la petite histoire, Sautozieux réalise des oeuvres en collaboration avec des fondations, des organismes
ou encore avec des milieux scolaires. Bref, ces oeuvres sont le fruit d'une
créativité collective.
Récemment,
Marie-Chantal et Nathaly ont décidé de voir encore plus grand. Elles se sont
rendues dans le Grand Nord du Québec, où elles ont partagé leur passion avec
les jeunes de la communauté innue. Alors, c'était dans une école
secondaire, et les jeunes ont pu réaliser
des murales et des flocons-totems identitaires. Vous auriez dû voir le visage
des enfants. Ils ont eu la chance
d'exprimer leur attachement à leur culture et à leur identité. Ça a vraiment
suscité un enthousiasme palpable et ça a renforcé le sentiment
d'appartenance à leur culture. Félicitations!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
J'en profite
pour vous rappeler, collègues, que les déclarations sont d'une durée d'une
minute. Merci pour votre collaboration et de respecter ce délai imparti
à nos déclarations.
Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Chomedey.
Rendre hommage à Mme Mary
Deros
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan
Olivier : Merci, M. le Président. J'aimerais aujourd'hui
souligner l'implication de Mme Mary Deros, une femme engagée et de
coeur, qui est notre fierté.
Élue en 1998,
elle représente Parc-Extension, à Montréal. Recrutée par Pierre Bourque, elle
s'engage à améliorer la vie des citoyens, priorisant la sécurité et les
logements abordables. Depuis plus de 20 ans, elle offre un leadership
axé sur le vivre-ensemble.
Elle est née à Athènes, en Grèce, dans une
famille d'origine grecque et arménienne. Elle a déménagé avec sa famille à
Montréal à l'âge de sept ans. Polyglotte, elle parle couramment le grec,
l'arménien, le français et l'anglais.
Avant de se
lancer en politique municipale, elle était une bénévole bien connue à
Parc-Extension. En plus de ses fonctions d'élue, elle est célébrante de
mariages, et, avec les fonds qu'elle reçoit, elle en verse à des causes
charitables. Elle mérite cette reconnaissance. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Reconnaissance pleinement
méritée pour Mme Mary Deros. Merci, Mme la députée de Chomedey.
Et la parole revient maintenant à Mme la députée
de Saint-François.
Rendre hommage à M. Roger
Cormier
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
depuis 2002, M. Roger Cormier est bénévole au Réseau d'amis de Sherbrooke,
qui offre des services aux personnes de 65 ans
et plus et à leurs proches aidants. Le Réseau d'amis lui a remis une plaque
de reconnaissance lors du 20e anniversaire de son implication, en 2022.
M. Cormier
est rendu à son huitième jumelage, dont deux ont duré plus de huit ans. Son
accompagnement consiste à visiter une
fois par semaine un aîné avec qui il a lié une relation significative, ce qui a
un impact positif majeur sur la qualité de vie de l'aîné. Il a aussi mis ses
talents manuels au service du Réseau d'amis. Il est généreux, authentique,
persévérant et habile à établir des rapports amicaux.
M. le
Président, ses trois filles suivent ses traces : Maryse, en milieu
scolaire, Mélanie, dans le secteur hospitalier, et Lucie, dans la lutte
contre la pauvreté.
M. Cormier,
le bénévolat que vous poursuivez durant votre retraite peut être pris comme un
modèle. Je tiens sincèrement à vous féliciter pour tout votre beau
travail. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-François. Et je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner le 25e anniversaire
du Carrefour de
ressources en interculturel Centre-Sud
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Cette année marque le 25e anniversaire d'un organisme
exceptionnel dans ma circonscription, le Carrefour de ressources en
interculturel du Centre-Sud.
La mission du
CRIC, c'est de rassembler puis de développer des ressources dans le domaine
interculturel avec et pour les
organismes et les personnes résidentes afin de favoriser le rapprochement
interculturel entre toutes les communautés. Je pense à leurs projets divers, tels Femmes et Hommes-relais, les
Rendez-vous interculturels, Raconte-moi le Centre-Sud. Je pense à leurs services d'aide aux personnes
immigrantes, de défense de droits, d'ateliers de conversation en français, et
j'en passe.
25 ans à
accompagner, former et sensibiliser, 25 ans à favoriser le vivre-ensemble,
25 ans à mobiliser par l'implication citoyenne. À toute l'équipe et
bénévoles du CRIC, je tiens vraiment à vous dire un gros merci pour tout le
travail que vous avez fait. Bon 25e, et longue vie au CRIC!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. La parole revient maintenant à M. le député de Joliette.
Rendre hommage à
M. Antonio Barrette
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci,
M. le Président. C'est pour moi aujourd'hui un véritable rendez-vous avec
l'histoire, mais c'est aussi et surtout une occasion unique de rendre hommage à
un grand parlementaire et un homme politique des plus importants pour la
circonscription de Joliette.
En effet, M. le Président, M. Antonio
Barrette aura siégé à l'Assemblée nationale du Québec pendant 24 ans, soit de 1936 à 1960. Durant cette période, il aura
occupé la fonction de ministre du Travail pendant 16 ans, d'abord sous
Maurice Duplessis et ensuite sous Paul Sauvé, à qui il succédera comme premier
ministre du Québec en 1960. M. Barrette dont on célébrait donc
le 125e anniversaire de naissance le 26 mai dernier. Cet homme aura
eu un impact significatif dans la vie des gens de son époque.
Son apport à
la société québécoise lui aura valu plusieurs distinctions, dont quatre
doctorats honorifiques, ainsi que le titre de grand officier de l'Ordre
de Saint-Grégoire-le-Grand.
Avec un tel
parcours, M. le Président, je crois que l'on peut dire qu'Antonio Barrette aura
été et sera toujours un très grand Joliettain. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Joliette. Au tour, maintenant, de M. le député de
Jacques-Cartier.
Rendre hommage à Mme Lori
Graham
M. Gregory
Kelley
M.
Kelley :
Today, I would like to wish Lori
Graham, CTV's exceptional weather presenter, a happy retirement from journalism after a fruitful 25-year career.
Lori
began covering weather with CTV during the 1998 ice storm, baptism by ice.
Since then and over the years, Lori has seen it all, from summer heat waves to floods, eclipses, and
aurora borealis. But even when the weather was at its gloomiest Lori managed to bring warmth to the
screen because of her positive outlook. Her sharing of viewers' pictures of
weather events was my favorite personal touch.
Beyond her professional
passion, Lori gives back to her community. Over the years, she has helped
support numerous causes. She has acted as the honorary president of the
Canadian Cancer Society's annual Relay for Life and played an active role in
events to the benefit of the Shriners Hospital, the MUHC, the Lakeshore General
Hospital, the Children's Wish Foundation,
Ronald McDonald House Charities, Girls for the Cure and Kids Help Phone, among
others. On behalf of the community, I would like to say thank you for
giving your time and energy to these causes.
Tomorrow is Lori's last day on the job. She will definitely
be missed by all of her colleagues and devoted viewers.
Wishing you the very best, Lori. Happy trails!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jacques-Cartier. La parole revient maintenant à M. le député de
Richelieu.
Souligner le 25e anniversaire
du Centre de transfert
technologique en écologie industrielle
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond : Oui,
merci, M. le Président. J'ai aujourd'hui le plaisir de souligner le
25e anniversaire du Centre de transfert technologique en écologie
industrielle, le CTTEI, une organisation qui a su briller non seulement à
Sorel-Tracy, mais également partout
au Québec. Et, M. le Président, je souligne d'ailleurs la présence, dans nos
tribunes, de trois piliers de l'organisation, Mme Claude
Maheux-Picard, directrice générale, Mme Julie Gendron et Mme Sophie Girard.
Affilié au
cégep de Sorel-Tracy, le CTTEI a pour mission d'accroître la performance des
entreprises et des collectivités par
la recherche et le développement d'approches et de technologies novatrices en
écologie industrielle. L'organisation, M.
le Président, s'est récemment vu remettre un prix lors du Gala du mérite
économique de Sorel-Tracy, une marque de reconnaissance régionale
soulignant l'excellence de l'organisation.
Alors, en
terminant, je félicite toute l'équipe du CTTEI pour ses 25 années de
contribution remarquable à notre région, à la société québécoise et à
notre environnement. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Richelieu. Et je reconnais maintenant M. le député de Jean-Talon.
Souligner le 20e anniversaire
du Centre mère-enfant Soleil du
Centre hospitalier universitaire de Québec-Université Laval
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Le 18 mai
dernier, le Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec célébrait ses 20 ans.
Depuis 20 ans, le Centre mère-enfant Soleil
regroupe les meilleurs spécialistes médicaux et paramédicaux, qui prodiguent des soins prénataux, néonataux,
pédiatriques et obstétriques favorisant la santé des mères, des enfants et des adolescents. Ce sont 7 200 accouchements,
6 600 chirurgies et 113 600 suivis en consultation externe
qui sont, entre autres, réalisés chaque année au Centre mère-enfant
Soleil.
Je salue le
Dr Marc-André Dugas, chef du Département de pédiatrie, et
Mme Marie-Josée Laprise, directrice adjointe, ici présents dans les
tribunes, de même que les 1 200 membres de l'équipe du Centre
mère-enfant Soleil.
Bravo pour ces 20 ans de joie et
d'espérance pour les parents et leurs enfants, d'engagement et d'excellence, d'innovation scientifique, comme par exemple un
système de réalité augmentée développé pour réduire le stress des enfants
avant une chirurgie, une première mondiale.
Comme député
de Jean-Talon et comme père de deux enfants nés au Centre mère-enfant Soleil,
je suis doublement fier de vous dire merci et de vous souhaiter un très
joyeux anniversaire.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Jean-Talon. Au tour, maintenant, du député de Lac-Saint-Jean.
Rendre hommage à
Mme Diane Gilbert-Ouellet
M. Éric Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci,
M. le Président. Diane Ouellet-Gilbert, citoyenne de ma circonscription, a reçu
récemment le titre de Patriote de l'année pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Diane est
copropriétaire d'une ferme laitière et céréalière avec un volet agrotourisme.
Elle est membre fondatrice et présidente du syndicat des agricultrices
de la région, en plus de siéger au conseil d'administration provincial des Agricultrices du Québec. Elle s'implique dans sa
municipalité, dans la fabrique, dans la chorale, elle milite pour le droit
des femmes et multiplie les actions qui
permettent aux femmes de se déployer. C'est également une pionnière en matière
de santé et sécurité sur les fermes.
M. le
Président, on dit toujours qu'une minute, c'est peu, mais, dans le cas de
Diane, c'est vraiment trop peu, puisque la liste de ses implications et
de ses réalisations est très longue.
Diane, ça
fait longtemps qu'on se connaît, et je ne te l'ai jamais, peut-être, dit, mais
tu as toute mon admiration. J'espère que notre communauté pourra compter encore
longtemps sur ton savoir-faire et ton dévouement. Merci, Diane.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Lac-Saint-Jean. La parole revient maintenant à Mme la députée
de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. Jacques Goulet
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif :
En 2010, Jacques Goulet, randonneur visionnaire, a su convaincre quelques
bénévoles pour se joindre à lui pour réaliser un sentier pédestre en Mauricie.
Ils ont créé l'organisme Sentier national de la Mauricie pour développer et promouvoir le sentier, qui sillonne
maintenant 100 kilomètres et qui fait partie du Sentier national du
Québec.
Travaillant,
débrouillard, déterminé, imaginatif, à l'écoute et minutieux, méticuleux,
Jacques trouve des solutions à tous les problèmes et effectue la recherche et
le suivi de financement. Même avec des petits budgets, il motive les
bénévoles pour construire et entretenir
plateformes, ponts, passerelles, refuges, faire du nivellement et de
l'empierrement pour rendre la randonnée agréable.
Depuis
24 ans, Jacques partage sa passion pour le mieux-être de chaque
randonneur. Ses heures de bénévolat se comptent par milliers.
Merci et bravo,
Jacques!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Je reconnais maintenant M. le député de Portneuf.
Rendre
hommage à M. William Alain
M. Vincent
Caron
M. Caron :
M. le Président, le 1er juin, la Semaine québécoise des personnes
handicapées débutera. Je saisis cette occasion
pour souligner l'incroyable résilience de quelqu'un que nous portons toutes et
tous dans notre coeur dans Portneuf, William Alain, de Saint-Raymond.
En
2015, suite à un terrible accident de motoneige, William devient tétraplégique.
À 18 ans, sa vie bascule. Cependant, William a continué de croire en lui,
en ses rêves, de croire en la vie. Alors que tout semblait perdu, William nous
prouve que rien n'est insurmontable.
Paralysé des épaules aux orteils, William travaille, poursuit ses passions,
notamment celle pour la chasse. Grâce à sa détermination, grâce à sa famille, à
ses amis, la prison du fauteuil roulant n'en est maintenant plus une.
Bien contre son gré, il est devenu l'une de nos inspirations dans Portneuf.
Je
salue cet homme d'une gentillesse absolue, qui nous inspire. J'admire son
courage face aux épreuves. Merci d'être un modèle. Chapeau bas, William!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Portneuf. La parole revient maintenant à M. le député de
Côte-du-Sud.
Souligner
le 10e anniversaire du programme Enseigner le Kamouraska
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest :
Ma déclaration traite d'un
programme unique qui a pour objectif d'accroître la connaissance du territoire en plus de contrer l'exode rural.
Merci au préfet Sylvain Roy, présent dans les tribunes de l'Assemblée
nationale.
Initié
en 2014 par la MRC de Kamouraska, chapeauté par Charles de Blois Martin,
le programme Enseigner le Kamouraska vise à accroître la connaissance des
élèves du troisième cycle grâce à des ateliers animés par des professionnels
et via des sorties enrichissantes dans des lieux marquants du Kamouraska.
Le
domaine de l'agroalimentaire, du patrimoine, de l'énergie, de la forêt, de l'histoire,
de la généalogie et celui de notre paysage distinctif sont tous représentatifs
de notre belle MRC. S'imprégner de ce qui nous entoure, c'est également permettre aux jeunes de véritablement tomber en
amour et d'être sensibilisés aux opportunités qu'offrent nos
17 municipalités.
Bravo
pour votre 10e anniversaire! Créer, dynamiser, soutenir, Enseigner le
Kamouraska, c'est porteur d'avenir, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Côte-du-Sud. Alors, voilà
qui met fin à la rubrique Déclarations des députés. Et je remercie chacun
d'entre vous pour vos déclarations.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h
56)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente : Bonjour, tout le monde.
Mesdames messieurs, distingués invités, le parlement du Québec, c'est chez
vous.
Alors, messieurs
dames les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au
feuilleton le 17 avril 2024 par le député de Maurice-Richard, le
24 avril 2024 par le député de Taschereau et le 2 mai 2024 par le
député de Matane-Matapédia.
Je
dépose également la réponse du gouvernement à la pétition déposée en Chambre le
16 avril 2024 par la députée de Robert-Baldwin.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour ma part, je
dépose le rapport annuel 2023-2024 du Commissaire à la langue française.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je reconnais maintenant M. le député de Taschereau.
Obtenir une reconnaissance juridique et financière de
l'importance de la restauration écologique
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 1 379 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la cible 2 de l'accord international de Kunming-Montréal sur la
diversité biologique demande de "veiller à ce que, d'ici 2030, au moins
30 % des zones d'écosystèmes terrestres, d'eaux intérieures et
d'écosystèmes marins et côtiers
dégradés fassent l'objet de mesures de remise en état efficaces, afin
d'améliorer la biodiversité, les fonctions et services écosystémiques,
ainsi que l'intégrité et la connectivité écologiques";
«Considérant que
l'érablière à caryer cordiforme est l'écosystème le plus dégradé du Québec et
qu'il abrite la majorité des espèces à statut précaire en déclin;
«Considérant
que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), située dans cet écosystème,
a identifié les secteurs présentant un potentiel de restauration
écologique;
«Considérant
qu'il subsiste une ambiguïté quant à ce que la loi permet aux municipalités en
matière d'expropriation pour la restauration écologique et que cela les
expose à des poursuites;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
modifier l'article 245 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme pour y
ajouter que les secteurs représentant un
potentiel de restauration écologique ont une valeur écologique importante et
qu'un acte municipal visant leur conservation justifie une atteinte au
droit de propriété;
«D'octroyer
le montant de 100 millions de dollars que demande la CMM depuis 2022 pour
financer leurs projets de restauration écologique sur les anciens golfs;
«D'octroyer
au ministère de l'Environnement les ressources nécessaires pour accompagner
professionnellement et financièrement
les instances municipales situées dans le domaine bioclimatique de l'érablière
à caryer cordiforme pour planifier et réaliser des projets de restauration
écologique.»
La Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
J'ai été avisée
qu'après la période des questions et réponses orales il pourrait y avoir des votes
requérant l'approbation des deux tiers des membres de l'Assemblée.
Je
vous avise également qu'après la période des questions et réponses orales sera
tenu le vote reporté sur l'adoption du projet de loi n° 37,
Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits des enfants.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Stratégie du gouvernement en matière de développement
économique
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, la filière batterie,
normalement, c'est une bonne nouvelle, mais plus on creuse, plus on se questionne. Le traitement royal a été
donné, entre autres, à Northvolt, des subventions qui se chiffrent en milliards
de dollars, des
autorisations gouvernementales, autorisées, accélérées, l'octroi d'électricité,
pour quels gains tangibles pour l'économie du Québec? C'est la question
centrale.
Hier, j'ai voulu
tester au niveau de la recherche et développement. À quatre reprises j'ai questionné
le premier ministre. La réponse est claire : Recherche et
développement, dans la filière batterie, il ne s'en fera pas au Québec. Ça,
fermez cette porte-là, ça n'arrivera
pas, des aveux mêmes de Northvolt, par exemple. Ce qui fait dire, le
22 mai, à Frédéric Laurin, professeur
en économie à l'UQTR, je le cite : «On revient à cette mentalité
mono-industrielle. Nous ne sommes plus là du tout dans la région! Ça vient chercher des ressources dont nous avons
besoin pour développer les PME et les entreprises d'ici.» Fin de la citation. François Vincent,
vice-président de la FCEI, dit : «[Les PME] se disent que nous sommes en
train de servir un repas cinq services à des voisins avec la boîte à
lunch de nos enfants.»
Maintenant,
en matière d'électricité, on voit, les manufacturiers et exportateurs du Québec
n'ont pas l'électricité requise, une
entreprise sur trois manque d'énergie pour des besoins actuels, et trois sur
quatre retardent des projets notamment d'investissement.
Pourquoi
le premier ministre a-t-il fait deux poids, deux mesures, qui va à l'encontre
des intérêts de notre... nos entreprises?
• (10 h 10) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente. Bon, d'abord, c'est une de
mes grandes fiertés, avec le ministre de l'Économie, d'avoir réussi à attirer
pour 16 milliards de dollars de la filière batterie. Les experts du
ministère de l'Économie estiment qu'à terme il va y avoir des retombées
de 9 milliards par année sur le PIB, 9 milliards par année.
Maintenant, Mme la
Présidente, je pense que, depuis qu'Hydro-Québec existe, que ce soient les
gouvernements libéraux, péquistes, il y a toujours eu un tarif avantageux pour
les entreprises industrielles, que ce soient des entreprises québécoises ou des entreprises étrangères,
maintenant, par exemple, comme Rio
Tinto Alcan. Mme la Présidente, pourquoi
il y a un tarif privilégié pour les entreprises industrielles? Parce qu'il y a
des retombées, il y a des emplois qui se créent à 75 000 $, à 100 000 $ par année. Donc, quand on
calcule la réduction de tarifs versus les retombées, le Québec est gagnant.
Donc, Mme la
Présidente, c'est clair qu'avec 9 milliards de retombées par année il va y
en avoir pour les PME. J'invite le chef de
l'opposition officielle à aller visiter Bécancour, Saint-Basile-le-Grand. On le
voit, là-bas, tout le monde est excité, la population est excitée. Les PME
attendent puis déjà donnent des services pour la construction des usines.
Puis, quand les usines vont fonctionner, ça va être encore plus important comme
retombées.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien oui, tout le monde est excité, à matin, Mme
la Présidente. Je vais revenir, dans ma prochaine question, sur les tarifs. Il
m'a répondu sur les tarifs, ma question était sur le manque d'électricité.
Hier, son ministre sortant de
l'Économie a dit : «Effectivement, la demande a été mal planifiée au
niveau industriel par Hydro-Québec.» Ça fait que c'est la faute d'Hydro-Québec.
Les manufacturiers et exportateurs du Québec en ont besoin, d'électricité, il
n'y en a pas, pour produire, exporter et, le cas échéant, augmenter les
revenus de l'État. Maintenant, c'est la faute d'Hydro-Québec.
Pourquoi ne pas avoir
eu une vision économique?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, d'abord, je veux rassurer tout
le monde, le ministre de l'Économie, il n'est pas sortant, là, il est
là, et même il a annoncé qu'il serait là pour un troisième mandat, Mme la
Présidente.
Maintenant,
Mme la Présidente, Mme la Présidente, je veux répéter un petit peu ce qui est
arrivé avec l'électricité. Quand on est arrivés, en 2018, il y avait des
surplus d'électricité prévus pour les 20 prochaines années parce
qu'il n'y avait pas assez de projets
industriels. Il y a assez d'électricité pour les individus, mais là le ministre
de l'Économie a tellement amené de projets industriels au Québec que,
maintenant, il faut choisir, puis évidemment on choisit ce qu'il y a de mieux
pour les Québécois, là où il y a...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...les
salaires les plus élevés.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente,
le premier ministre vient de nous faire toute une annonce, il nous a tous pris par surprise, y incluant son ministre de
l'Économie, qui vient d'apprendre qu'il allait être candidat pour une troisième
élection. Je l'invite à aller lire l'entrevue qu'il a
donnée le 8 mai dernier au journal Les Affaires, où il dit
que, pour lui, deux mandats, huit ans, c'est
bien en masse. Puis, savez-vous, la population, je pense qu'elle va avoir la
même réflexion.
Alors, une fois qu'on
a dit ça, pourquoi le premier ministre, Mme la Présidente, a-t-il dit à nos
PME...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon. Aïe! Voulez-vous que je vous nomme un après l'autre?
Messieurs dames!
Des voix :
...
La Présidente :
Je vous entends, M. le ministre. Je vous entends très, très bien, madame. Il
n'y a qu'une seule personne qui a le droit de parole ici, il s'agit du chef de
l'opposition officielle. Je vous ai entendus chahuter, rigoler. C'est une
période des questions qui se veut sérieuse. Il vous reste six secondes, M. le
chef, poursuivez.
M. Tanguay : Le premier ministre du Québec réitère-t-il le
message qu'il avait envoyé aux PME : Investissez ou disparaissez?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente, le chef de l'opposition
officielle n'a pas été gentil avec
moi en fin de semaine. Là, il vient de n'être pas gentil avec le
ministre de l'Économie. Pourtant, Mme la Présidente, soyons clairs. Depuis cinq
ans, le PIB par habitant a plus augmenté au
Québec que dans le reste du Canada, le salaire moyen a beaucoup plus augmenté
au Québec que dans le reste du
Canada, et le revenu disponible a beaucoup augmenté... a plus augmenté au
Québec que dans le reste du Canada. Donc, je pense, Mme la Présidente, qu'on a
un excellent ministre de l'Économie.
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de bravo, pas de commentaire.
On se tait, on écoute la question. Troisième complémentaire, le chef de
l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Je vous le jure, Mme la Présidente, j'essaie d'être
gentil avec le gouvernement, mais je n'ai pas beaucoup d'occasions de l'être.
Entre autres, François Vincent, V.P. de la FCEI, dit : «Les PME sont déjà
affaiblies par la pénurie de main-d'oeuvre, la hausse des coûts et la
dette pandémique accumulée. [...]on assiste à une augmentation du nombre de fermetures d'entreprises. Et que fait le
gouvernement? Il pige davantage dans les poches des petites et moyennes
entreprises.» Ça, ce sont les PME qui lui disent.
C'est ça, sa vision
économique?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, quand le gouvernement libéral était au pouvoir, il y avait des
tarifs privilégiés pour les entreprises industrielles, que ce soient des
entreprises québécoises ou des entreprises étrangères. Pourquoi, Mme la Présidente? Parce qu'il y a des
retombées additionnelles. Si on prend, par exemple, un commerce de détail, tout
le monde est capable de comprendre que ce n'est pas les mêmes retombées
qu'une entreprise industrielle.
Donc, j'invite le
chef de l'opposition officielle à parler un petit peu avec son député de
Marguerite-Bourgeoys.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Pénurie
de main-d'oeuvre dans l'industrie aérospatiale
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, l'annonce d'une zone d'innovation est
une bonne nouvelle, mais celle annoncée la
semaine dernière laisse un arrière-goût amer. Après avoir vu Boeing tout faire
pour détruire Bombardier, tout faire pour détruire la CSeries et tout
l'écosystème, la CAQ a décidé de lui faire une place de choix au Québec. En
investissant notre argent dans une compagnie étrangère directement
compétitionnée contre Bombardier, et lui donner accès à notre main-d'oeuvre qualifiée, la CAQ a ouvert la porte
au loup dans notre bergerie. Le secteur aéronautique en arrache déjà avec
des enjeux de main-d'oeuvre, et la CAQ a
décidé d'en ajouter une couche sur le dos de Bombardier. Le ministre de
l'Économie et le premier ministre ont encore fait le choix d'aider une
entreprise étrangère au lieu d'aider un fleuron québécois.
Mme la Présidente, il est où, le nationalisme
économique de ce gouvernement-là?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Économie, de l'Innovation...
Des voix : ...
La
Présidente : ... — s'il
vous plaît! — et
de l'Énergie. On l'écoute.
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : Mme la Présidente, je remercie beaucoup le député de
faire état d'un très beau coup, encore une
fois, du gouvernement, avec la zone d'innovation Espace Aéro. Et je pense que
le député n'a pas bien compris ce qui s'est passé. Je vous explique.
On
a Bombardier... On a Boeing qui investit 240 millions de dollars,
dont 110 millions pour de la recherche collaborative, sans aucun investissement du gouvernement du Québec. On
s'entend que le gouvernement fédéral a accordé un contrat P-8 à Boeing, et
conséquemment Boeing doit réinvestir au Canada. Le Québec, on a été capables de
se démarquer par rapport au Manitoba,
où Boeing a des opérations, par rapport à l'Ontario, et les investissements en
recherche et développement collaboratifs, sans l'aide du gouvernement,
se font ici, au Québec.
Alors, il n'a rien
compris de ce que Boeing a fait. Et, en fait, il met en lumière le fait que la
zone innovation Espace Aéro est une très
bonne chose pour le Québec. On doit être fiers d'avoir la seule géographie au
monde, la seule, où il y a trois avionneurs qui sont ici : Airbus,
Boeing, Bombardier.
La
Présidente : En terminant.
M.
Fitzgibbon : Il n'y a pas une autre place dans le monde où on voit ça.
La
Présidente : Première...
Des voix :
...
La
Présidente : Première
complémentaire, et je reconnais, pour ce faire, la députée de Bourassa-Sauvé.
On l'écoute.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme
la Présidente, on se trouve aujourd'hui dans un contexte où la main-d'oeuvre
aéronautique se fait de plus en plus rare.
L'état de l'équilibre du marché du travail nous le confirme, les régions des
Laurentides, Montréal et la
Montérégie présentent déjà un déficit d'ingénieurs en aérospatiale, de monteurs
et de mécaniciens d'aéronefs. Ces régions sont donc en déséquilibre.
Avec des nouveaux joueurs, on va déshabiller Jean pour habiller Paul.
C'est quoi, le plan
de la ministre de l'Emploi pour permettre le déploiement de la zone Aéro?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Emploi.
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Mme la Présidente, j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises
de parler de tout ce qu'on fait en emploi
pour répondre aux besoins des différents secteurs. J'ai parlé de l'Opération
main-d'oeuvre à multiples reprises, où on vient former des gens dans
différents secteurs, entre autres au niveau du privé, génie, technologies de
l'information, construction. On est là à tous les niveaux et on ne laisse pas
tomber personne.
Vous
savez, on développe beaucoup de grands projets qui vont permettre de donner aux
Québécois des emplois qui sont
payants et on va continuer de le faire. On va répondre aux besoins du domaine
de l'aérospatiale. Je suis en communication avec les gens, avec le CSMO
aussi...
La Présidente :
En terminant.
Mme Champagne
Jourdain : ...qui sont responsables de ce secteur-là, et on va former
plus de gens, Mme la Présidente, comme on l'a toujours fait.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme
la Présidente, l'industrie aéronautique, c'est 42 000 travailleurs.
L'automne dernier, il en manquait déjà
38 000. Alors, je l'ai mentionné, donc, les régions qui sont visées par
l'Espace Aéro, la Montérégie, Montréal, les Laurentides, sont déjà en déséquilibre pour plusieurs de ces postes.
C'est la responsabilité de la ministre de l'Emploi de pourvoir
ces postes, de s'assurer à ce qu'ils soient pourvus, sinon la zone d'innovation
est vouée à l'échec. L'Opération main-d'oeuvre, elle n'a pas ciblé le secteur
aéronautique.
C'est quoi, le plan
précis de la ministre pour l'Espace Aéro?
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme
Champagne Jourdain : Mme la Présidente, j'ai déjà eu l'occasion aussi de
l'expliquer, l'Opération main-d'oeuvre,
c'est un grand chantier qui cible, effectivement, six secteurs. Ça ne nous
empêche pas de mettre des mesures en
place en parallèle de ce qui se fait à l'Opération main-d'oeuvre. Et, vous savez,
tous nos collègues sont à pied d'oeuvre pour faire de... les annonces dans ce
secteur-là une réussite. On travaille en équipe. Vous savez, vous avez eu la
chance d'entendre parler de
l'aérocampus à Longueuil, où on va former des gens dans ce secteur-là pour
répondre aux besoins de l'aérospatiale.
Mme la Présidente, on est en action et on va
continuer de l'être, nous. Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Nelligan.
Maintien
du service de traversier entre
Rivière-du-Loup et Saint-Siméon
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
depuis plus de quatre ans, la ville de Rivière-du-Loup vit dans l'incertitude relativement à son service de traversier entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon, dans Charlevoix. Depuis quatre ans, le gouvernement
caquiste menace de déménager ce fleuron économique.
Au mois de février dernier, j'ai interpelé la
ministre. Elle s'est engagée à régler le dossier. Elle les a rencontrés. Ils sont là, mais, cette fois-ci, ils veulent que
le premier ministre se lève, lui-même qui a déclaré en mars 2022 que la
décision est po-li-ti-que.
Est-ce qu'il
va avoir le courage, aujourd'hui, de se lever et déclarer que le traversier sera
lancé? Et à quel moment il va aller à
Rivière-du-Loup rencontrer les acteurs qui ont fait le
déplacement pour lui demander une seule chose, la date de lancement du
traversier?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à mon
collègue de Nelligan de ramener ce sujet qui
est très important. On se souvient que, la dernière fois qu'il s'est levé, je
pense que c'était aussi pour parler du... de la question de la traverse de Rivière-du-Loup, à la suite de quoi, d'ailleurs, on a rencontré ensemble, avec ma
collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata, qui est extrêmement hyperactive
dans ce dossier-là depuis le tout début du mandat, Mme la Présidente... donc, depuis son élection, on a rencontré ensemble
les divers acteurs socioéconomiques, les élus, etc., du coin en
question, de la localité en question, qui sont, à juste titre, préoccupés par
la question : Est-ce que la traverse demeurera ou changera d'endroit, avec
le quai et tout ce qui vient avec en termes d'infrastructures?
Le député sait très bien, parce qu'on en a parlé
durant cette rencontre-là, et, encore une fois, c'est piloté par ma collègue, avec moi, toujours, à ses côtés, on a
retourné toutes les pierres, Mme la Présidente. Quand on est arrivés, quand
elle est arrivée, en 2018, il y avait beaucoup d'inquiétude, mais il faut
prendre le temps de faire les choses correctement, Mme la Présidente. Mon
collègue sait très bien qu'il y a de forts enjeux autour de la traverse et des
infrastructures à Rivière-du-Loup. Donc, il faut évaluer comme il faut les deux
scénarios, que ce soit en termes de faisabilité, de réalisme, de dragage
et de coûts, aussi.
Alors, on a eu cette semaine ou on aura sous peu
le rapport de la dernière étape. Et je compléterai dans mes deux prochaines
réponses.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M.
Derraji : ...Mme la Présidente. Ça, c'est l'excellent
travail d'un citoyen de Rivière-du-Loup, M. Marc Morin. Il est là. Il vous
interpelle, M. le premier ministre. 8 000 signatures,
8 000 citoyens de Rivière-du-Loup, aujourd'hui, vous adressent... vous demandent une action, une intervention. J'ai entendu
les réponses de Mme la ministre du Transport. Ils veulent une date.
Est-ce que vous allez vous engager aujourd'hui à
leur donner une date?
La
Présidente : Je vous rappelle, M. le député, que vous vous
adressez à la présidence. La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Alors, Mme la Présidente,
je l'ai dit, on a reçu cette semaine... ou ces jours-ci on reçoit le rapport, parce que, comme le sait le député, la
STQ pilote avec ma collègue ce dossier-là, la Société des traversiers, c'est
elle qui opère actuellement la traverse.
Alors, ce qu'on a fait, pour être sûrs de retourner toutes les pierres, quand
je dis qu'on a retourné toutes les pierres, on a lancé un appel d'intérêt
à l'industrie, est-ce qu'il y a des opérateurs privés qui seraient intéressés à opérer la traverse et à se charger des opérations concomitantes, parce qu'il
y a d'importantes questions de dragage, mon collègue le sait très bien,
il y a un enjeu de profondeur, à Rivière-du-Loup, raison pour laquelle on a jugé que c'était mieux de déménager à Cacouna, mais
il y a des enjeux là aussi, il y a des enjeux aussi, il y a une
pouponnière.
Alors,
mon collègue sait très bien qu'il y a plusieurs... c'est beaucoup plus complexe
que ça en a l'air, d'où l'importance de documenter convenablement et
exhaustivement...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...les deux scénarios. On
aura le rapport ces jours-ci, et dès que possible on aura une décision, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire, je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors,
moi, je vais essayer, moi aussi, Mme la Présidente. Puis on aimerait ça
entendre la voix du premier ministre dans ce
dossier-là. Ça fait quatre ans que le dossier a été lancé, les analyses
ont été faites. À un moment donné, un
gouvernement... Puis la ministre l'a mentionné, il y a une question de coût.
Bien, à un moment donné, le gouvernement
doit gérer, doit investir des fonds publics là où le besoin est criant,
démontré et appuyé par la population.
Ils ont besoin d'une date.
Qu'il
rassure la population, là, qu'il n'est pas encore en train de refaire le coût
du troisième lien, là. Que vaut sa parole? On est prêts à l'entendre sur
une date.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, le Parti libéral est un
parti très courageux. Quand il rencontre les gens de Rivière-du-Loup, il dit : La traverse, on
souhaiterait qu'elle soit à Rivière-du-Loup, mais, quand les gens du Parti libéral
rencontrent les citoyens de Cacouna, ils disent : La traverse devait être
à Cacouna. Donc...
Des voix : ...
La
Présidente : ...de l'opposition officielle, quelle est votre question
de règlement, je vous en prie?
M. Derraji : ...c'est
faux. Voilà. C'est faux.
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement... Attention, là, le ton
hausse. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...Mme la Présidente, le
premier ministre relate des faits, relate des faits. Alors, on prête de
graves accusations qui...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon. Messieurs! Messieurs! Article 32,
article 37... Article 32, article 37. Je suis debout. Vous vous assoyez. Merci, messieurs. Ne l'oubliez pas.
Ce n'était pas une question de règlement. Vous pouvez poursuivre. Il
vous reste neuf secondes, monsieur.
M. Legault : Donc, aujourd'hui, le Parti libéral, étant donné
qu'il y a des gens de Rivière-du-Loup, bien, propose que la traverse soit à Rivière-du-Loup.
Il y a des avantages et des désavantages pour les deux endroits, puis on
va rendre notre décision bientôt.
La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Augmentation
du nombre de crimes violents
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. La semaine dernière, un triple homicide a secoué Montréal. Sept homicides à Montréal en 10 jours,
sept, 16 depuis le début de l'année. Le SPVM l'avoue, c'est préoccupant. Un
ancien enquêteur du SPVQ dit qu'«on l'échappe totalement en ce moment». Mais le
ministre, lui, il dit que ça a été une semaine difficile.
Hier, le Service de police de la ville de Québec a publié ses données pour 2023. Les crimes
violents sont en forte hausse.
Neuf homicides ont eu lieu dans la capitale, du jamais-vu, et on
ne parle même pas des complots et des tentatives de meurtre. Une
augmentation de 30 % des crimes contre la personne depuis cinq ans,
et ça ne cesse de grimper.
Mme la Présidente, devant ces faits, que fait le
ministre pour rassurer la population?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Sécurité publique.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : Premièrement, Mme la Présidente, il faut faire
attention à ce que la députée dit. J'ai dit que c'était une semaine difficile pour Montréal, il faut se
l'avouer. Il n'y a pas une question d'insensibilité, là, là. J'ai dit que
c'était une semaine difficile.
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait pour combattre
la violence armée, depuis 2018? On a fait une annonce de 225 millions de dollars pour
225 nouveaux policiers pour la ville de Montréal en 2022. Ça veut
dire quoi, ces 225 nouveaux policiers?
Ce ne sont pas des policiers pour remplacer ceux qui partent à la retraite ou
qui démissionnent, ce sont des nouveaux policiers qui vont combattre la
violence armée. On a annoncé aussi des travailleurs sociaux, des équipes mixtes
qui vont accompagner les policiers. On a financé une cohorte de
72 policiers à la hauteur de 3 millions de dollars juste pour le
SPVM.
On fait tout
en notre pouvoir, Mme la Présidente, pour sécuriser Montréal, rendre Montréal
sécuritaire. Oui, ça a été une semaine difficile, je le répète, il faut se
l'avouer, mais on a tout fait. On a même augmenté les cohortes du côté
de l'École nationale de police pour être
capables de répondre aux besoins de la ville de Montréal et des autres corps de
police partout sur le territoire.
La Présidente : En terminant.
M. Bonnardel : Je répondrai à une
complémentaire suivante, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme
Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : ...Mme la Présidente, la population n'est pas
rassurée. Cette hausse de violence, là, on la sent partout. Il se passe
quelque chose depuis quelque temps, et nous devons tous ensemble nous en
préoccuper.
Aujourd'hui,
je tends la main au ministre. Est-ce qu'il accepterait de tenir, l'automne
prochain, un sommet sur la violence afin de rassurer la population et trouver
des solutions.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, je le répète, il n'y a jamais
eu une action aussi importante pour la ville de Montréal et, en parallèle, la
ville de Laval. Il n'y a jamais eu d'action aussi importante pour sécuriser
Montréal, pour donner des pouvoirs au Service
de police de la ville de Montréal,
pour avoir plus de policiers. Je le répète, là, ce n'est pas banal, 225 millions de dollars pour financer
225 nouveaux policiers, pas des policiers qui partent à la retraite ou qui
démissionnent, des nouveaux sur le
terrain, plus des équipes mixtes, plus une cohorte financée spécifiquement par
le gouvernement, par le ministère, pour le SPVM.
La Présidente : En terminant.
M.
Bonnardel : En 2018, on avait de l'aide au service de police
municipal à la hauteur de 16 millions de dollars. On est
rendus à 112 millions en 2023‑2024.
• (10 h 30) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Mme la Présidente,
on ne peut pas continuer à travailler chacun de notre côté, en silo. Nous avons la responsabilité de s'asseoir vraiment
ensemble pour trouver des solutions. C'est tellement important. La population
nous écoute, puis,
comme je répète, ils ne sont pas rassurés. Il y a une hausse de violence
importante qu'on voit à travers la province. On devrait se rassembler,
les chercheurs, forces de l'ordre, l'école, les municipalités.
Je
réitère ma demande. Je tends la main. Est-ce que le ministre est prêt à tenir
un sommet sur la violence l'automne prochain?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, on a mis tous
les outils en place pour supporter le SPVM, pour supporter Laval, pour
supporter la Sûreté du Québec, pour qu'il y ait plus de policiers sur le
terrain, formés. Grâce au ministre des Finances,
c'est 61 millions de dollars, je le répète, 61 millions de
dollars qui a été accordé à l'École nationale de police pour passer de
650 recrues annuellement à, cette année, 1 100. 1 100 hommes et
femmes seront formés à l'École nationale de police. On prévoit une
moyenne de 1 000 pour les cinq prochaines années.
Donc, on a mis tous
les efforts financiers pour être capables...
La
Présidente : En terminant.
M.
Bonnardel : ...de supporter nos corps de police, les accompagner,
sécuriser la population.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Position
du gouvernement en matière d'environnement
et d'électrification du transport collectif
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Au Québec, on est en
déficit, en déficit climatique, en déficit budgétaire
mais aussi en déficit de gros bon sens. Si la tendance se maintient, le Québec
va rater ses cibles de réduction de gaz à effet de serre. Si la tendance se
maintient, on se dirige vers des coupures de service dans le transport en
commun parce que les sociétés de
transport sont dans le rouge. Mais, en ce moment, le plan de la CAQ, c'est
d'électrifier le plus vite possible les autobus urbains au Québec.
Savez-vous c'est
combien de gaz à effet de serre, tous les transports collectifs mis ensemble,
au Québec? 0,4 % de nos émissions.
Savez-vous c'est quoi, la facture de l'électrification des autobus?
13 milliards de dollars, 13 milliards de fonds publics pour même pas 0,4 % de nos
émissions de gaz à effet de serre. Et, pendant ce temps-là, on coupe des lignes
d'autobus. Ça n'a aucun, mais aucun bon sens.
Le
plan sur l'économie verte va être mis à jour dans les prochaines semaines. Il
faut mettre notre argent là où ça marche, là où ça compte. Il faut
ralentir l'électrification des autobus pour accélérer les services.
Est-ce
que le premier ministre va le faire? Qu'est-ce qui est plus urgent, des autobus
électriques ou des autobus qui passent à l'heure?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, d'abord, c'est important de le
répéter, puis, avec raison, la vice-première ministre le répète souvent, jamais
un gouvernement n'a autant investi en transport collectif que notre
gouvernement. C'est vrai pour les infrastructures. C'est vrai pour le
support aux dépenses de fonctionnement.
D'ailleurs,
la vice-première ministre a, vendredi dernier, rencontré les maires de la CMM
pour essayer de trouver une solution qui soit équitable puis qui
respecte la capacité de payer et des municipalités et du gouvernement.
Mme
la Présidente, ce qu'il est important aussi de dire, c'est que, quand on
regarde les 60 États et provinces en Amérique du Nord, c'est au Québec qu'il y a
le moins de GES par habitant, c'est au Québec qu'on a le meilleur plan pour
réduire encore plus les GES.
Maintenant,
il y a des questions qui se posent du côté de l'électrification des autobus.
Donc, c'est quelque chose que ma collègue regarde. Donc, on ne renonce pas aux
cibles de réduction de GES puis on essaie, justement, avec le Plan pour une économie
verte, de choisir les investissements où il y a le plus de rendement dans le
sens de réduire les GES.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : J'aimerais ça que le premier ministre donne une réponse
claire, parce que, là, il a comme l'air
d'être le seul à ne pas faire partie du consensus. Vivre en ville, Équiterre,
la Fondation David-Suzuki, le ministre de l'Économie et Québec solidaire, on est tous d'accord, ce n'est pas la
bonne place où mettre notre argent. 13 milliards de dollars
pour 0,4 % des GES, je veux dire, ça n'a aucun bon sens.
Est-ce
que le premier ministre est d'accord avec son ministre de l'Économie et Québec
solidaire ou est-ce qu'il est tout seul dans son coin?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M.
François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je sais que ça n'intéresse pas beaucoup Québec solidaire, l'économie, mais, quand on regarde les différentes
alternatives, oui, il faut regarder l'impact sur les GES, mais aussi il faut
regarder l'impact sur les retombées économiques. On a la chance d'avoir
des entreprises, d'abord, comme Lion, entreprise québécoise, Nova Bus, qui n'est pas une entreprise québécoise,
mais on est quand même fiers de l'avoir chez nous, qui fabriquent des
autobus électriques.
Donc, Mme la
Présidente, on est en train de regarder, quand on additionne les objectifs de
réduction de GES et les retombées économiques, quels sont les
investissements optimaux.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le gouvernement de la CAQ, là, est en train
d'électrifier la charrue avant les boeufs. C'est pour ça que les écologistes, le ministre de l'Économie et Québec
solidaire, on est tous d'accord, puis ça n'arrive pas souvent :
13 milliards de dollars investis dans 0,4 % de nos GES, ce n'est
pas la meilleure décision pour la planète, ce n'est pas la meilleure décision pour les Québécois puis les
Québécoises, qui veulent juste des meilleurs services de transport collectif.
Pourquoi le premier ministre n'est pas d'accord
avec ça?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M.
François Legault
M.
Legault : Oui. Je note deux choses, Mme la Présidente.
D'abord, Québec solidaire préférerait qu'on électrifie les boeufs avant
les charrues. Et, deuxièmement, Québec solidaire est contre l'électrification
des autobus. Donc, j'en prends note.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Verdun. La parole est à vous, madame.
Stratégie du gouvernement en
matière de lutte
contre les changements climatiques
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Il n'y a aucun doute, les changements climatiques sont là. Le scénario actuel du réchauffement planétaire
prévoit une augmentation de plus de quatre degrés dans le sud du Québec.
Quatre degrés de plus, là, ça veut dire plus
de gens qui souffrent de la chaleur l'été, dans leurs petits appartements, plus
de pertes agricoles dues aux sécheresses. C'est plus de feux de forêt qui
ravagent des communautés et qui augmentent la pollution dans les villes.
La solution à
la canicule, ce n'est pas d'acheter plus de climatiseurs, c'est plus d'arbres.
La solution aux inondations, ce n'est pas des digues plus hautes, c'est de
conserver nos milieux humides.
Mais
pourtant la destruction des milieux humides s'accélère dans le sud du Québec.
En ce moment, il y a même 180 millions de
dollars qui dorment dans les coffres de l'État, depuis 2018, qui devraient
servir à reconstruire ces milieux naturels dont nous avons besoin pour
s'adapter aux changements climatiques, mais la CAQ ne le fait pas.
Est-ce que le gouvernement va investir ces
sommes maintenant?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M.
André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Merci, ma collègue, pour la question.
Tout ce qui
touche la question de l'adaptation aux changements climatiques, Mme la
Présidente, notre gouvernement est mobilisé plus que jamais dans cette
direction-là. À témoin, une somme de 1,8 milliard de dollars qui est
présentement au budget, au cours des cinq
prochaines années, pour venir en accompagnement. On a une cible qui vise à ce
que 100 % des citoyens du Québec, d'ici 2030, soient sur un
territoire qui ait un plan d'adaptation aux changements climatiques. Ça, ça veut dire que, d'ici 2030, toutes les
municipalités du Québec, Mme la Présidente, vont avoir fait, dans un premier
temps, une appréciation de risques qui est liée aux changements climatiques et,
dans un deuxième temps, vont avoir mis en place un plan d'adaptation aux
changements climatiques. Puis, pour les accompagner dans tout ça, bien, c'est
1,1 milliard qui
est au cadre pour la mise en oeuvre du Plan pour une économie verte, c'est
462 millions qui est du côté du ministère des Transports et de la Mobilité durable pour améliorer
ses infrastructures, c'est 167 millions qui est du côté des Affaires
municipales et Habitation pour un plan de protection du territoire face
aux inondations.
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : On est engagés, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : La première recommandation des experts en adaptation aux
changements climatiques, c'est quoi? C'est
de préserver nos écosystèmes et la biodiversité. Mais qu'est-ce que fait la
CAQ? Ils ont autorisé à Northvolt de
détruire 60 000 mètres carrés de milieux humides. Dernièrement,
Microsoft a payé 3,9 millions pour détruire 75 000 mètres
carrés de milieux humides. Cet argent-là, il est dans les coffres, il dort
encore avec un autre 180 millions.
Allez-vous dépenser
cet argent-là pour s'adapter aux changements climatiques?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Mme la Présidente, je veux quand même rappeler à ma
collègue qu'il y a eu un rapport, récemment, de la firme Dunsky Energy qui a
identifié... qui a analysé la gouvernance climatique de 15 chefs de file mondiaux en Amérique du Nord et en Europe. Le
Québec fait non seulement partie de ces chefs de file, Mme la Présidente, mais a été identifié comme le deuxième
meilleur au niveau de sa gouvernance climatique et de la reddition de
comptes.
C'est
dans ce contexte-là, Mme la Présidente, qu'on va continuer à se gouverner.
Première des choses, c'est qu'on a mis de côté, là, 1,8 milliard de
dollars pour nous accompagner dans différents gestes, différentes décisions qui
devaient être posées pour s'adapter aux changements climatiques.
La
Présidente : En terminant.
• (10 h 40) •
M.
Lamontagne : Puis c'est dans ce sens-là qu'on est engagés, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Je n'ai pas entendu une réponse à ma question. Il y a 180 millions de
dollars qui dorment depuis 2018, depuis six
ans, qui sont mis de côté pour reconstruire des milieux humides pour nous aider
à nous adapter face aux changements climatiques.
Ma
question est simple : Est-ce que la CAQ, oui ou non, va investir ces
180 millions tout de suite pour protéger les communautés face aux
changements climatiques?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
...ma collègue, ce n'est pas
180 millions. Au moment où on se parle, c'est 1,8 milliard qu'on est
prêts à investir, qu'on est mobilisés pour investir pour accompagner toutes les
communautés. Si vous avez regardé dans les derniers mois, dans la
dernière année, là, toutes les MRC du Québec qui avaient soumis des projets
pour mettre en place un plan d'adaptation
aux changements climatiques ont été supportées par le biais du plan de mise en
oeuvre pour une économie verte.
Alors, Mme la
Présidente, encore là, je veux rassurer ma collègue, là, c'est
1,8 milliard, au moment où on se parle,
qui sont dans les livres du gouvernement, qui sont prêts à être investis en
accompagnement des municipalités, du ministère des Transports, du
ministère des Affaires municipales pour venir sécuriser...
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : ...le territoire en fonction des changements climatiques,
Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Mode de rémunération des médecins
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, le
29 novembre 2019, 2019, ça, c'est la date où le premier ministre
menaçait d'adopter une loi spéciale pour
imposer aux médecins un nouveau mode de rémunération. Ça fait bientôt
cinq ans, et, surprise, on attend toujours.
En fait, dans
l'opposition, le premier ministre nous disait à répétition que les deux
problèmes principaux du réseau de santé, c'est, premièrement, le mode de
rémunération des médecins; deuxièmement, le nombre trop élevé de personnes dans
le réseau qui ne donnent pas de services.
Or,
depuis qu'il est au pouvoir, qu'est-ce qu'il a fait? Bien, les médecins sont
toujours payés de la même manière, et, surprise, on a augmenté le nombre de
cadres par 37 %. Le résultat, c'est que les Québécois n'en ont pas pour
leur argent, n'ont toujours pas accès à des
services adéquats. Et ce qui est rapporté par les médias aux quatre coins du
Québec, c'est tout simplement
inacceptable : des décès dans la salle d'attente d'urgence, des poupons
qui sont transférés parce que la pouponnière est fermée, des fermetures
de services à répétition.
Ma question au
premier ministre : Est-ce qu'il va avoir le courage de respecter sa propre
promesse? Suivant sa propre lecture du réseau de santé, est-ce qu'il va avoir
le courage de changer le mode de rémunération des médecins, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, c'est vrai depuis tous les
rapports qui ont été déposés, entre autres le rapport de Michel Clair, où on dit : Si on veut
redresser le réseau de la santé, ça passe par la première ligne, ça passe par
une prise en charge des médecins de
famille, idéalement le faire dans ce qu'on appelle les GMF, les groupes de
médecine de famille, où des médecins
se mettent ensemble avec des infirmières, d'autres employés. D'ailleurs, je
suis très fier de dire que c'est lorsque
j'étais ministre de la Santé qu'on a ouvert le premier GMF au Québec. C'est
vrai que le ministre qui était avant moi avait travaillé à préparer ça,
c'était Rémy Trudel, puis je souligne son travail.
Maintenant,
Mme la Présidente, il y a encore des médecins au Québec, malheureusement, qui
ne prennent pas en charge, qui refusent de travailler en GMF. Mon collègue le
ministre de la Santé est en négociation avec eux autres. Il faut quand même rappeler que, depuis 2018, le nombre de
Québécois qui ont été pris en charge par un médecin de famille ou un GMF
est passé de 6,4 millions à 7 millions. Donc, il y a
600 000 personnes de plus. Mais tout le monde comprend qu'on est
9 millions, au Québec, donc il y a encore du travail à faire. Puis moi,
j'ai confiance qu'on va réussir à avoir une nouvelle entente. Puis le ministre
de la Santé discute avec, aussi, la présidente du Conseil du trésor, avec le
syndicat de la FMOQ.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, ma
question porte sur le mode de rémunération des médecins. J'en ai parlé au
premier ministre en mars, et il m'avait dit qu'il commençait des négociations
avec les fédérations de médecins. Ça
fait six ans qu'il est au pouvoir, ça fait plus de 10 ans qu'il nous
dit qu'il faut changer le mode de rémunération. Si c'était urgent il y a
cinq ans, pourquoi est-ce que ça n'avance pas?
Oui ou non, est-ce
qu'il va changer le mode de rémunération des médecins?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, ce qui est important, puis
l'objectif, c'est qu'il y ait plus de Québécois qui soient pris en charge, O.K., c'est ça. Les moyens, bien,
il peut y avoir une partie de la rémunération qui est en capitation, une partie
aussi qui tient compte de l'âge puis du manque d'autonomie, parce qu'une
personne plus âgée devrait peut-être compter pour deux personnes,
il y a... parce qu'il va y avoir plus de visites par année.
Donc,
il faut regarder l'objectif final. L'objectif final, c'est qu'il y ait plus de
Québécois qui soient pris en charge, donc qui soient capables d'avoir
rapidement un rendez-vous, d'être capables d'être suivis par un médecin de
famille...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...par
une infirmière. C'est ce qu'on fait.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Oui ou non? Est-ce que le
premier ministre va respecter sa promesse de revoir le mode de
rémunération des médecins ou est-ce qu'il va trahir sa promesse?
La
Présidente : On demeure respectueux. La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente. Bien, d'abord, on a déjà
revu le mode de rémunération, c'était dans une entente qui se termine le
31 mai, donc dans quelques jours, et on veut encore la modifier pour
trouver un moyen que plus de
Québécois soient pris en charge. Donc, on avance, puis j'ai confiance au
ministre de la Santé pour continuer à avancer.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mercier.
Accès
aux projets pédagogiques particuliers
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, le ministre de l'Éducation va
peut-être trouver que je me répète, mais, en réalité, je persiste et
signe. Je vais lui parler des profondes inégalités qui existent dans nos
écoles.
Le
ministre veut ouvrir les projets particuliers au plus grand nombre d'élèves, sa
cible de 75 % est ambitieuse, j'en conviens, mais, s'il conserve la sélection basée sur les notes et
l'argent, ce ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau. Si on garde la
sélection, le peu de mixité qui reste dans nos classes va tout simplement
disparaître.
Les
projets particuliers, c'est un moteur de motivation. Malheureusement, en ce
moment, ce moteur, il est inaccessible pour les élèves qui en ont le
plus besoin. Là, je parle des élèves qui l'ont moins facile dans la vie, ceux
et celles qui viennent de milieux plus défavorisés, qui ont de moins bonnes
notes. Ces élèves sont exclus de la plupart des projets particuliers. Le ministre lui-même l'a dit. Quand il allait dans les
écoles, il y a des élèves qui lui disent : On n'est en rien.
Ce
matin, je fais une proposition au ministre de l'Éducation : Enlevons les
barrières qui empêchent les élèves qui l'ont moins facile pour
s'épanouir. Est-ce que le ministre peut me donner son appui?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, je suis très
heureux d'accueillir Québec solidaire dans le camp des pragmatiques, n'est-ce pas? En matière d'éducation, on voit déjà
les résultats du virage. C'est très bien, parce que c'est exactement... c'est
exactement notre proposition, Mme la Présidente.
La
proposition de la Coalition avenir
Québec, en matière de projets
particuliers, c'est de les rendre de plus en plus accessibles. On ne fait pas juste en parler, on
agit. On a décidé, par exemple, que, pour les premiers 300 $, ce serait
gratuité. Ça veut dire, ça, Mme la
Présidente, que déjà près de 60 % de tous les élèves qui sont dans un
projet particulier ne paient pas un sou, parce que c'est le contribuable, c'est
le trésor public qui s'en charge. Ça fait partie de notre philosophie de
rendre les projets particuliers de plus en plus accessibles.
Et
non seulement on paie le premier 300 $, mais on a également un budget. Si
jamais une école décide de créer un projet
particulier en musique ou en sport, ça prend des équipements, ça prend des
instruments de musique, et tout ça. On a un budget également pour ça,
pour amener les écoles, de plus en plus d'écoles à se donner un projet
particulier.
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville : Le nombre de projets particuliers, Mme la Présidente, depuis l'année
passée, il a augmenté de 9 %, au Québec.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, je suis étonnée. Je pensais que
le ministre allait penser que je radotais, que je me répétais.
Finalement, c'est la première fois qu'il entend ce que je lui dis.
Là,
j'aimerais vraiment ça qu'il m'écoute et qu'il réponde. Il a déjà dit qu'il
étudiait la possibilité d'arrêter toute sélection basée sur les notes,
l'argent, le comportement. Ça fait 74 jours qu'il a dit ça, puis,
malheureusement, il est trop tard pour la prochaine rentrée.
S'il
est d'accord avec moi, est-ce qu'il peut le dire tout de suite, qu'il s'engage
à ce qu'à la rentrée, en 2025, il n'y ait plus de sélection?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la Présidente, c'est par respect que je n'ose dire
que Mme la députée de Mercier radote. Je
n'oserais pas dire ça. Mais je dois lui dire, par contre, et peut-être que
c'est moi qui radote, finalement, qu'il faut tendre vers la fin de la sélection
dans les projets particuliers au secondaire, du public. Je l'ai dit, ça, il y a
déjà plusieurs mois de ça, et on commence
à voir des résultats. Le centre de services scolaire, là, de des Chênes,
dans la région de Drummondville, ils ont décidé d'implanter des projets
particuliers dans toutes les écoles publiques du centre de services scolaire...
La
Présidente : En terminant.
• (10 h 50) •
M. Drainville :
...pour tous les élèves, y
compris les élèves à besoins particuliers. Il faut s'en aller dans cette
direction.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Le centre de services des Chênes va le rendre accessible à tout le monde
sans aucune sélection? Je n'entends pas le ministre, j'aimerais ça qu'il me
réponde. Est-ce qu'il est d'accord que ce soit gratuit pour tous les élèves, 100 %, pas juste les 75 %, et
aussi qu'il n'y ait aucune sélection basée sur les notes? J'aimerais ça qu'il
s'y engage, parce qu'il a l'air d'accord avec moi. Juste, faites un pas,
M. le ministre.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, je dis :
Il faut tendre vers la fin de la sélection, à l'école publique, pour les
projets particuliers. Mais, vous savez, Mme la Présidente, une fois qu'on a
débloqué les fonds, ça doit venir de l'école. Les projets particuliers sont créés par les écoles,
les équipes-écoles, les parents des écoles, le conseil d'établissement. Ça doit
venir de la base. Il faut arrêter, à un moment donné, de toujours vouloir
imposer d'en haut.
On
donne des sous. On dit : Le moins de sélection possible. Ça se fait au
centre de services scolaire des Chênes. Et là on dit que les conseils d'établissement, les
équipes-écoles, les parents doivent se mettre ensemble pour créer des nouveaux
projets particuliers, avec le moins de sélection possible.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Marquette.
Mesures
pour encadrer la vente des produits de vapotage
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci,
Mme la Présidente. Le 10 avril dernier, j'ai questionné le ministre de la
Santé sur l'inefficacité des mesures visant à encadrer la vente des produits de
vapotage. En réponse à ma question, le ministre avait indiqué, et j'ouvre les guillemets : «Au cours des
derniers mois, on a eu plus de 750 inspections.» Surprise, Mme la
Présidente : depuis le 31 octobre dernier, seulement
42 avertissements de non-respect et 45 constats d'infraction ont été
émis. Encore plus aberrant, Mme la
Présidente, on apprend qu'à ce jour les contrevenants à la loi n'ont reçu
aucune amende et aucune sanction.
Mme la Présidente, le
ministre de la Santé connaît le modus operandi des commerçants. Il sait que le
vapotage constitue une menace pour la santé
des jeunes. Il sait aussi que le vapotage est en pleine progression chez les
adolescents. Qu'est-ce que le
ministre de la Santé attend pour protéger la santé de nos jeunes et pour mettre
fin à ce commerce illégal?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Il
y a eu deux changements, depuis la dernière question du député, sur la question
du vapotage. On est rendus maintenant à plus de 1 000 inspections qui
ont été faites un peu partout au Québec. En ce moment, c'est... il y a plus d'une cinquantaine de dérogations qui
ont été faites. Et ce que je dirais, Mme la Présidente, c'est que le DPCP,
en ce moment, est en train de valider le
genre de pénalités qui peuvent être mises aux gens qui n'ont pas respecté la
loi.
Je rappelle, je rappelle que c'est la
responsabilité du DPCP de mettre ces mesures-là, et les pénalités vont jusqu'à
125 000 $. Alors, en ce moment, le
DPCP est en train de faire ça pour regarder, justement, les résultats des
1 000 inspections qui ont été faites. Si on a besoin de repasser,
bien, on a des gens au ministère qui font exactement ça en ce moment, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Complémentaire?
Une voix :
...
La Présidente : Principale.
Mesures pour encadrer la vente des produits de vapotage
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Alors,
ce qu'on apprend, c'est qu'il n'y a aucune amende, aucune sanction, et c'est la faute
du DPCP. C'est ce que je comprends.
Alors,
je me permets de reprendre les paroles du ministre de la Santé, le
9 décembre 2020, avant les changements : «La mise en place de
mesures visant à mieux encadrer le vapotage est nécessaire.» Ferme les
guillemets. Je continue : «Avec la
popularité croissante des produits de vapotage, notamment chez les jeunes, il
devient impératif d'agir afin d'éviter qu'une
nouvelle génération devienne dépendante de la nicotine à cause de ces
produits.» Ferme les guillemets. Je continue : «Les recommandations
concernant les arômes et saveurs, ainsi que la limite maximale de nicotine nous
interpellent particulièrement.»
Mme la Présidente, trois
ans et demi plus tard, est-ce que le ministre peut confirmer que le dossier du
vapotage est toujours aussi important pour
lui? Parce que, là, il amène des chiffres, on augmente les inspections, mais il
n'y a toujours pas d'amende et de
sanction, parce que les résultats sur le terrain, là, ça ne fonctionne pas, et
les jeunes sont toujours à risque. Moi, ça me dérange. Est-ce que ça le
dérange, lui?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, est-ce
que je comprends de la question
du député de Marquette qu'il veut que ce soit le gouvernement qui dise au Directeur des poursuites criminelles et pénales qui et quand poursuivre? Parce que, dans
notre système, il y a une séparation entre le gouvernement et le poursuivant
public.
Alors,
vous voulez faire les enquêtes puis vous voulez vous-même accuser les gens en
lien avec une infraction de nature pénale. C'est ce que vous nous
proposez.
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, je suis debout, messieurs dames.
Une voix : ...
La
Présidente : Et lequel?
M. Derraji : ...avec votre permission, il prête des intentions
au collègue. Le collègue pose des questions très simples...
La Présidente :
Et la réponse était totalement en
lien direct avec la question posée. Vous pouvez poursuivre ou la période
des questions est terminée, c'est votre choix.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le
Parti libéral du Québec nous dit : Nous, on va faire notre propre loi.
On va poursuivre les gens puis... on va les
poursuivre et les condamner, Mme la Présidente. Écoutez, est-ce que je
comprends que...
Une voix :
...
La
Présidente : Oui, monsieur...
Des voix : ...
La
Présidente : Oui. Je suis debout. M. le leader de l'opposition
officielle, vous avez raison. Si vous voulez poursuivre,
M. le ministre de la Justice. Ne prêtez pas d'intentions. Vous étiez bien parti
sur un cours de droit. Poursuivez. Il vous reste quelques secondes.
M.
Jolin-Barrette : ...le leader de l'opposition officielle a raison, je
suis Procureur général du Québec, et je ne
donne pas de directive, qui et quoi poursuivre, au Directeur des poursuites criminelles et pénales. Or, vous nous invitez à faire le contraire.
Dans notre système de droit...
Une voix :
...
La Présidente :
On peut continuer comme ça
jusqu'à 1 min 15 s, si vous voulez. Moi, j'aimerais qu'on
termine de façon respectueuse. On demeure sur la question. On reste
respectueux. Merci, M. le leader de l'opposition officielle. Il vous
reste 20 secondes.
M. Jolin-Barrette : ...il
y a une distinction, il y a une séparation entre le pouvoir exécutif, le
poursuivant, l'indépendance
judiciaire aussi. On doit respecter chacun des champs de compétence, Mme la
Présidente. Mais je comprends que le
Parti libéral veut se constituer en juge et partie. Alors, ce n'est pas ce
qu'on fait, nous, de notre côté, Mme la Présidente.
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Je
vous invite à demeurer en place pour la tenue d'un vote reporté, le vote
annoncé plus tôt. Et, pour ce faire, je vais céder la place, maintenant, au
troisième vice-président de l'Assemblée. Je vous souhaite une bonne journée
tout de même. À demain. Merci.
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 37
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre
responsable des Services sociaux proposant que le projet de loi n° 37, Loi sur le
commissaire au bien-être et aux droits des enfants, soit adopté. Le vote est
maintenant ouvert.
La période de vote
est terminée. Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : La
motion est donc adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 37,
Loi sur le commissaire au bien-être
et aux droits des enfants, est adopté.
Motions sans préavis
À la rubrique des
motions sans préavis, M. le premier ministre.
Nommer de nouveau Mme Myrlande Pierre membre et
vice-présidente
de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
M. Legault : M. le Président, je
propose, après consultation auprès des partis d'opposition et des députés
indépendants :
«Que,
conformément aux articles 58 et 58.3 de la Charte des droits et libertés
de la personne, Mme Myrlande Pierre soit
nommée de nouveau membre et vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse pour un mandat de cinq ans à compter du 29 juillet
2024.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, cette motion
doit être approuvée par au moins les deux tiers des membres de l'Assemblée.
Elle doit donc être suivie d'un vote électronique.
Mise aux voix
Je
mets donc aux voix la motion de M. le premier ministre telle que lue
précédemment. Le vote est maintenant ouvert.
• (11 heures) •
La période de vote
est terminée. Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : La motion est adoptée. Nous poursuivons. M. le premier
ministre.
Nommer de nouveau Mme Nadine Vollant membre à temps
partiel de
la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
M. Legault : Oui. M. le Président, je propose, après consultation auprès des partis
de l'opposition et des députés indépendants :
«Que, conformément
aux articles 58, 58.1 et 58.3 de la Charte des droits et libertés de la
personne, la personne suivante soit nommée
de nouveau membre à temps partiel de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, pour un mandat de cinq ans à compter du 14 juin 2024 : donc
pour le
«Volet droits de la
personne : Mme Nadine Vollant, directrice générale [du] Regroupement
Mamit Innuat inc.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, cette motion doit
être approuvée par au moins les deux tiers des membres de l'Assemblée. Elle
doit donc être suivie d'un vote électronique.
Mise aux voix
Je
mets aux voix la motion de M. le premier ministre telle que lue précédemment.
Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote
est terminée. Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : La motion est adoptée.
Toujours à la
rubrique des motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement. M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui. Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Maurice-Richard et le chef du
troisième groupe d'opposition :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que des coupures dans les services directs
aux citoyens ont eu lieu au cours de la 41e législature, notamment
en Santé et en Éducation;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de ne pas couper dans les services directs
aux citoyens afin de revenir à l'équilibre budgétaire.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il... Y a-t-il...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Y a- t-il consentement pour débattre de cette
notion?
M. Caire : Il
ne peut qu'y avoir consentement.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement. Pour la...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! Et, pour la prochaine motion, qui revient à l'opposition
officielle, je reconnais M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Merci,
M. le Président. Vous allez me permettre de saluer la présence de Carl Thériault,
conseil de ville à Rivière-du-Loup, le citoyen Marc Morin de Rivière-du-Loup et la présidente de la Chambre de commerce de
Rivière-du-Loup, Mme Claudette Migneault.
M.
le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Taschereau, le député
de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que la traverse reliant Rivière-du-Loup et Saint-Siméon est
un lieu fluvial essentiel pour l'Est du Québec;
«Qu'elle
souligne que selon la ville de Rivière-du-Loup
et de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, l'existence
de ce lien fluvial génère des retombées économiques évaluées à
15 millions de dollars pour la ville de Rivière-du-Loup,
uniquement pour le secteur touristique;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste de s'engager au maintien de la traverse
au quai de Rivière-du-Loup.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Pour la prochaine motion, qui revient au deuxième
groupe d'opposition, je reconnais M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exprime son appui à une résolution pacifique du conflit
israélo-palestinien par la création de deux États distincts;
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse le droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes;
«Que l'Assemblée nationale constate
que 145 des 193 États membres des Nations
unies ont désormais reconnu l'État palestinien;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de reconnaître
officiellement l'État de Palestine.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire : Pas
de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Et, pour la prochaine motion, qui revient au
troisième groupe d'opposition, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale affirme que les débats portant sur les politiques
d'immigration et les conditions d'accueil au Québec sont souhaitables et
légitimes;
«Qu'elle affirme que
plaider pour une réduction des niveaux d'immigration n'est pas une forme
d'intolérance.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Il y a consentement, sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Consentement, sans débat. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Leduc : Nos
deux amendements ayant été refusés, pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement pour débattre de cette
motion.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Écoutez...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Écoutez,
il n'y a pas de débat... il n'y a pas de consentement au débat. Donc,
nous allons passer au prochain point, s'il vous plaît.
Avis
touchant les travaux des commissions
Alors,
nous sommes bien rendus à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président, j'avise cette Assemblée que la
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi n° 57, Loi édictant la Loi visant à
protéger...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader adjoint du gouvernement, un instant, s'il vous plaît. S'il vous
plaît! J'invite celles et ceux qui doivent quitter de le faire en
silence, s'il vous plaît. Les travaux se poursuivent. Merci. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Donc, M. le Président, j'avise cette Assemblée que
la Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 57, Loi
édictant la Loi visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice sans
entraves de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal,
aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission des finances publiques poursuivra les consultations particulières et
les auditions publiques du projet de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les
stratégies d'acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de leurs
projets d'infrastructure,
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
12 h 50, de 15 heures à 18 h 15 et de
19 h 30 à 21 h 55, à la salle Pauline-Marois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement. Alors, pour ma part, je vous avise
que la Commission des finances publiques... Ah! Bien sûr.
Alors, y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 143.1 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions?
Des voix : Consentement.
Le Vice-Président (M.
Benjamin) : Consentement. Merci.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission des finances publiques se réunira en séance de
travail demain, le jeudi 30 mai
2024, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se... que
la commission se saisisse, merci, d'un mandat d'initiative portant sur les
logiciels d'intelligence artificielle générative tels que GPT-4.
Je vous avise
également que la Commission de la
santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail demain, le
jeudi 30 mai 2024, de 8 heures à 8 h 30, à la
salle RC.171, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse d'un mandat d'initiative
portant sur la question de l'encadrement des conseils en matière de nutrition
qui sont prodigués à nos jeunes athlètes.
Enfin, je
vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en
séance de travail demain, le
jeudi 30 mai 2024, à la salle RC.161, de 8 heures à
8 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse de la pétition concernant les mesures d'atténuation du bruit
avant l'entrée en service du REM dans le secteur de la ville de Mont-Royal et, de 8 h 30 à
9 heures, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse
de la pétition concernant le remplacement du pont du chemin de Cookshire
à Compton.
La période des affaires courantes étant
terminée...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ah! D'accord.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique
des renseignements sur les travaux de l'Assemblée. La période des affaires
courantes étant terminée...
Une voix : ...
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ah!
Allez-y, M. le leader.
M. Leduc : D'abord, juste souligner
que vous avez bien prononcé «Cookshire». Bravo!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Oui, Cookshire, oui.
M.
Leduc : Il y a tout un débat
sur comment on prononce ça, «Cookshire». Je fréquente de plus en plus les gens
à Sherbrooke, donc je me familiarise avec les terminologies là-bas.
Blague à part... Je suis content que mon collègue comprenne ma blague.
Des voix : ...
M.
Leduc : Blague à part, blague à part, vous regardez
l'horaire du jour, M. le Président, et c'est assez tranquille, là. Il va y
avoir le principe sur le 65, il va y avoir peut-être le droit de la famille
aussi, mais il y a de l'espace, là, pour discuter de d'autres projets de loi, puis je m'en voudrais de
ne pas faire un plaidoyer en face... à mon collègue d'en face pour qu'on
étudie des projets de loi de l'opposition. Je
sais qu'il y en a quelques-uns qui sont déposés, peut-être demain, il y a du
préavis, mais il y a quand même
beaucoup d'espace. J'aimerais soumettre, donc, à mon collègue qu'on puisse
appeler différents projets de loi.
Aujourd'hui, je lui soumets celui de la visite
des élus dans les institutions de l'État, qui a fait grand bruit dans les
dernières semaines, on en a beaucoup parlé. C'est un projet de loi qui, je
pense, mériterait d'avoir une discussion transpartisane.
Là, j'ai compris aussi, on a reçu la lettre du premier ministre, qu'il allait y
avoir une discussion transpartisane sur
les écrans. On va jouer dans ce film-là, on va embarquer dans la discussion,
mais je pense que cette attitude du gouvernement
pourrait être copier-coller dans d'autres domaines, notamment celui de la
visite des élus dans les institutions de l'État.
Alors, je lui soumets que peut-être, à partir de
demain, vendredi ou même la semaine prochaine, on puisse, par exemple, étudier
le projet de loi sur la visite des élus dans les institutions de l'État. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Oui, M. le Président. Effectivement, le premier
ministre a annoncé notre intention d'offrir une commission parlementaire transpartisane, peut-être pas sur
les écrans, mais sur le sujet plus vaste des réseaux sociaux. Ceci étant dit,
pour ce qui est des différents projets de
loi, je pense que mon collègue admettra qu'il y a différentes façons de faire
avancer les idées qui sont amenées ici par autant les oppositions que le
gouvernement. Ma collègue de l'Habitation en fait une démonstration éclatante aujourd'hui. Donc, on peut continuer les
discussions par rapport à l'agenda du salon bleu, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, merci, donc, pour vos interventions. Donc,
je vous invite à poursuivre vos échanges à ce sujet.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui,
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 6 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 65
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 6 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Habitation
propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 65, Loi
limitant le droit d'éviction des locateurs et renforçant la protection des
locataires aînés.
Je reconnais, comme
première intervention, Mme la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Oui. Merci, M. le Président.
Alors, d'abord, je veux saluer mes collègues des oppositions et, évidemment,
mes collègues de la banquette gouvernementale. On va passer pas mal de temps
ensemble dans les prochains jours, et
je vous remercie tous et toutes à l'avance de votre collaboration pour l'étude
du projet de loi n° 65, Loi
limitant le droit d'éviction des locateurs et renforçant la protection
des locataires aînés.
Je dois le dire, M.
le Président, j'ai bon espoir que l'étude de ce projet de loi se déroule
rondement. Avec mes collègues des oppositions, on n'est pas toujours d'accord
sur tout, mais je pense qu'on s'entend sur l'importance de mieux protéger les locataires contre les
évictions, en particulier les aînés. On doit prendre des mesures fortes pour
aider les Québécois à traverser la crise plus humainement.
Avant
d'aller plus loin, je tiens à rappeler que le projet de loi n° 31, adopté en février dernier, visait une modernisation de certaines
dispositions du Code civil quant aux relations locataire-locateur. Ce projet
de loi était une étape importante. Il fallait
agir pour rétablir l'équilibre entre les propriétaires et les locataires,
nonobstant qu'il y ait ou non une crise du logement. C'est maintenant
chose faite.
J'ai
toujours dit, M. le Président, que je ne suis pas dogmatique. Jamais je n'ai
fermé la porte à ajouter des mesures qui seraient complémentaires à celles du
projet de loi n° 31, et c'est ce qu'on fait avec le projet de loi n° 65, et, au besoin, nous interviendrons à nouveau. Cette crise du
logement n'est pas statique, et l'on doit être agiles et s'adapter.
Avant
même la fin de l'étude détaillée du projet de loi n° 31,
j'avais déjà commencé à réfléchir, avec mon équipe, à des solutions pour amoindrir, continuer
d'amoindrir les effets de la crise sur les citoyens. J'avais besoin de plus de
temps pour réfléchir, pour en évaluer
les impacts. J'ai présenté à plusieurs reprises les fruits de ma réflexion à
mon caucus pour avoir leur avis, pour comprendre l'impact qu'aurait ma
proposition dans leurs circonscriptions, pour recueillir leurs suggestions.
J'ai écouté, j'ai discuté et j'ai adapté ma proposition.
Et je pense que la
mesure que l'on présente aujourd'hui est équilibrée et mesurée, tout en étant
très audacieuse. Audacieuse pourquoi? Parce
que ce n'est pas tous les jours qu'on propose de suspendre l'application de
dispositions du Code civil, M. le Président, mais je pense que l'ampleur
de la crise que l'on vit en ce moment le justifie pleinement.
Je le dis depuis le
début, la vraie solution à la crise du logement, c'est d'augmenter l'offre, mais
nos efforts de construction, ils ne portent
pas leurs fruits instantanément. Qu'on le veuille ou non, ça prend plusieurs
mois avant qu'un projet immobilier prenne forme. Donc, dans l'intérim, il faut
protéger les plus vulnérables.
Dans le contexte
actuel, un temps d'arrêt, une pause sur les opérations modifiant la
disponibilité de logements est nécessaire. Une éviction ou encore une menace
d'éviction, ça cause un stress immense, et l'on souhaite éviter à un maximum de
Québécois de se retrouver dans une telle situation, considérant le peu
d'alternatives à leur disposition présentement.
En contexte de crise, le fait de perdre son logement peut avoir des
conséquences immenses qui peuvent aller jusqu'à l'itinérance.
Même
si les personnes qui se font évincer sont dorénavant mieux protégées et
compensées depuis l'adoption du projet
de loi n° 31, il n'en demeure pas moins que les opportunités
pour se reloger à prix abordable sont très limitées pour l'instant. C'est
pourquoi, avec le projet de loi n° 65, on vient agir à la
source sur les opérations purement spéculatives afin de diminuer le plus possible les évictions. Je
pense qu'on s'entend tous pour dire que c'est une situation exceptionnelle qui
mérite des mesures exceptionnelles.
Les
causes de la crise du logement sur l'ensemble du territoire québécois sont
multiples, trop souvent hors de notre contrôle.
Combinée aux facteurs économiques que l'on connaît, l'arrivée massive
d'immigrants temporaires exerce une pression
additionnelle sur le marché de l'immobilier et sur la disponibilité des
logements. Le projet de loi n° 65 est une mesure forte, justifiée par
l'importance de la pénurie de logements actuelle. Ce projet de loi aurait un
impact réel sur la qualité de vie des gens, sur leur droit à leur
maintien dans leur logement.
Je
prends le temps d'expliquer rapidement, M. le Président, les deux principales
mesures du p.l. n° 65. D'abord, on propose un moratoire de trois ans sur les évictions pour subdivision,
agrandissement ou changement d'usage. Le moratoire entrerait en vigueur à la sanction du projet de
loi, mais, pour éviter la course aux évictions, il viserait les processus
d'éviction qui seraient amorcés dès la date de la présentation du projet de
loi. Le moratoire serait applicable à l'ensemble du Québec pour une durée maximale de trois ans, et le
gouvernement pourrait à tout moment y soustraire des parties de territoire si
la situation le justifie.
De
plus, durant cette période, si le taux d'inoccupation publié par la SCHL pour l'ensemble
du Québec atteignait 3 %, le moratoire
prendrait fin.
Soyons très
clairs, c'est une mesure qui vise les spéculateurs. Elle ne vise pas les
propriétaires qui souhaiteraient, par
exemple, expulser un locataire pour défaut de paiement ou encore procéder à une
reprise de logement pour s'y loger ou loger
un proche. Le moratoire ne vise pas non plus les travaux majeurs, car les
propriétaires qui procèdent à ces travaux sont déjà tenus de réintégrer leurs locataires après avoir effectué ces
derniers. Je considère que les mesures proposées n'auront pas d'impact
négatif à long terme sur la qualité du parc de logements locatifs au Québec.
• (11 h 20) •
Dans un
deuxième temps, M. le Président, le projet de loi n° 65 vise à bonifier
les protections auxquelles ont droit les aînés vulnérables concernant les
reprises de logements et les évictions. Actuellement, un locataire est protégé
contre une reprise ou une éviction s'il a 70 ans ou plus. Il doit
aussi occuper son logement depuis au moins 10 ans. Il doit avoir un revenu égal ou moindre au revenu maximal pour
l'admissibilité à un logement à loyer modique. Avec le p.l. n° 65, M. le
Président, nous proposons d'abaisser le seuil d'âge de 70 à 65 ans, soit
l'âge généralement reconnu pour la retraite, et d'augmenter le revenu maximal de 25 %. Cette bonification porterait
à environ 60 000 le nombre de ménages aînés protégés. Contrairement
au moratoire, qui est d'une durée maximale de trois ans, l'élargissement
des critères pour la protection des aînés
est une mesure permanente. L'action de notre gouvernement s'inscrit ainsi dans
le long terme et envoie un message clair que les aînés en situation de
vulnérabilité doivent être protégés.
Étant donné
l'importance de ce projet de loi et l'impact concret qu'il aura sur nos
concitoyens, j'en appelle à la collaboration
de mes collègues des oppositions et des députés présents en cette Chambre afin
que l'on procède rapidement à son adoption,
afin de nous donner... de nous aider à traverser collectivement cette crise
plus humainement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Je reconnais maintenant
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Alors, bonjour à tous. Effectivement, je crois qu'on va passer un certain moment ensemble à étudier le projet de loi dans
les... dans les prochains jours. En fait, on va commencer demain l'étude
du projet de loi n° 65.
J'aimerais
d'abord rappeler que nous vivons une crise du logement sans précédent. Ça, ce
n'est pas du nouveau, c'est quelque chose qu'on martèle, les
oppositions, depuis, en fait, plusieurs années. Et, pendant plusieurs années
aussi, le gouvernement de la CAQ le nie, a
nié qu'il y avait cette crise du logement là. On a des taux d'inoccupation qui
ne cessent de diminuer. Et j'ai
entendu, dans les dernières semaines, la ministre parler... la ministre de
l'Habitation parler de l'arrivée massive d'immigrants. Mais la réalité, c'est
que la crise, elle était là bien avant que ces immigrants-là arrivent, et dans
les régions où ils sont le moins
présents, dans les régions, d'ailleurs, là, où on trouve les plus grands taux
d'inoccupation, c'est dans les régions les plus éloignées.
Par exemple,
j'ai été avec... à l'Union des
municipalités du Québec vendredi
dernier et je parlais avec le maire de Gaspé. Je lui ai demandé comment ça
allait. Il m'a dit : Écoutez, ça va vraiment mieux. On est passé de
0 % à 0,1 % de taux d'inoccupation. Vous comprendrez que c'était
ironique, sa réponse, 0,1 %, c'est... c'est pour dire qu'il n'y a
absolument pas de logements disponibles dans cette... dans cette
région. Ce n'est pas la première terre d'accueil des immigrants, M. le
Président, d'aller à Gaspé. Ce n'est pas là qu'ils arrivent en masse,
disons, depuis... depuis quelques mois.
Donc, c'est
une réalité qui frappe le Québec en entier, et ce qui a aussi contribué à
augmenter les loyers. Évidemment, la
rareté crée... crée l'inflation, et les gens sont prêts à payer plus parce
qu'ils ne trouvent rien. Ça, c'est une réalité, mais il y a
aussi une réalité qui vient du fait que c'est... c'est plus cher. Les immeubles
qui se sont échangés dans les dernières... derniers mois, dernières années, bien, ont été achetés beaucoup plus
cher qu'avant, et donc les mensualités des propriétaires sont beaucoup plus
grandes, et on commence à voir, d'ailleurs, des cas, ça a été mentionné dans
certains médias, où même des propriétaires ont de la difficulté à
arriver avec les loyers qui sont actuellement. Donc, il y a une grande pression
actuellement et un parc locatif qui, malheureusement, est vieillissant. Une grande majorité du parc
locatif a été construit il y a de ça 50 ans et plus, donc,
aujourd'hui, il a besoin d'amour, ce parc locatif là, mais les règles actuelles
découragent les investissements, et j'y reviendrai, là, un peu plus loin, M. le
Président.
On a
constaté, en parallèle, des conditions de marché qui ont fait en sorte que les
baisses des mises en chantier ont chuté drastiquement... de façon dramatique.
«Drastiquement», je pense que c'est un anglicisme. Ça a été... C'est ça, on a
vu des taux records, en fait, de
diminution où on a construit à peine... moins de 39 000 unités, en
2023, alors qu'on aurait besoin d'en
construire plus de 100 000. Et là les chiffres diffèrent, là, entre ce que
la SCHL ou l'APCHQ nous disent qu'on devrait construire, mais tous s'entendent pour dire qu'on devrait construire au
moins deux fois à trois fois plus que ce qu'on a construit l'an dernier. Et donc le manque à gagner augmente,
c'est-à-dire qu'on construit moins qu'on construisait. Puis d'ailleurs 2021 était une année record où on a
construit beaucoup, mais là on construit moins, alors qu'on a une population
qui augmente. Alors, on a définitivement un
enjeu de rareté. Et donc, effectivement... Puis ça, ce n'est pas quelque chose
de nouveau, là, ce n'est pas arrivé dans les
trois derniers mois, M. le Président, c'est des choses qu'on mentionne depuis
plusieurs années. Et c'est pour ça un peu que j'ai été surprise que ce projet
de loi là soit déposé le... en fait, ça a été déposé,
si je ne me trompe pas, la semaine dernière, 23 mai, le 23 mai, alors
qu'en février dernier on adoptait le projet de loi n° 31, qui
touchait la relation entre les locataires et les locateurs.
Ce projet de loi là, j'ai participé à l'étude
détaillée, ça a été assez chaotique, je pourrais rappeler, mais il y avait plusieurs éléments qui touchaient notamment les
évictions. Il y a eu beaucoup d'échanges, pas plus tard qu'en janvier dernier,
où la ministre nous disait que son projet de
loi n° 31 suffisait, ce serait bien, bien suffisant. Et je rappelle qu'à
ce moment-là elle
a aussi retiré la possibilité... en fait, elle a retiré... ou plutôt elle a
donné le droit aux propriétaires de ne pas accepter une cession de bail. Tous les groupes sont venus en
commission parlementaire, à l'exception de deux, évidemment, les groupes qui
représentaient les propriétaires mais même les villes, tout le monde est venu
parler du fait que ce changement-là dans la cession de bail allait créer un effet pervers au moment où on est en
pleine... dans la pire crise du logement que le Québec ait vécue.
Et là je
rappelle que la ministre n'a pas du tout, du tout cédé sur ce point-là.
Quelques mois plus tard, elle revient sur
des nouveaux amendements, mais il y avait une opportunité, ici, qui a été
manquée, qui était de ne pas... d'avoir un statu quo pour la cession de bail. Puis j'avais dit, à ce moment-là, à
la ministre que je partageais son opinion, qu'il est nécessaire que les propriétaires puissent user de leurs
propriétés comme bon leur semble éventuellement, mais que la situation actuelle
requérait, tu sais, une mesure exceptionnelle
et que cette mesure-là, la cession de bail, existait depuis tellement
longtemps, ce n'était pas le moment, ce n'était pas la bonne saison,
comme j'avais dit, de le faire, qu'elle devrait attendre quelques années que la situation se replace. Elle a été
inflexible, alors c'est déplorable, parce que, là, il n'y a pas de retour en
arrière sur cet élément-là.
Il y a eu
énormément d'échanges, dans ce projet de loi là, sur les types d'éviction qui
existaient. Moi, j'ai déposé un amendement, M. le Président, pour interdire les
évictions pour faire de l'hébergement touristique de courte durée, ce
qu'on appelle communément, aujourd'hui, les Airbnb, mais ça peut être toutes
sortes d'autres plateformes de location. C'était,
c'est possible, avant... avant le dépôt de ce projet de loi là, c'était
possible, donc, pour un propriétaire, d'évincer des locataires qui sont
là en bonne et due forme depuis plusieurs années simplement pour les mettre sur
la plateforme.
Alors, j'avais eu des échanges avec la ministre,
au fait que... puis j'avais déposé un projet de loi, d'ailleurs, précédemment, pour interdire cette pratique, le
temps au moins que le marché se replace. Et l'élément qui était mentionné, c'est qu'on est venus changer les règles, en fait,
on est venus changer les règles pour les évictions. Donc, dans le projet de loi
n° 31, on est venus, disons, rendre plus difficiles
les évictions de façon générale, mais on ne changeait pas les règles pour ce qui était du changement d'affectation. Donc, ce
que je mentionnais à l'époque, c'est que les gens vont se tourner, dans le fond, vers... au lieu, par exemple, d'un
agrandissement ou d'une subdivision, qui impliquaient quand même des montants,
là, d'investissement de la part des propriétaires, bien, qu'ils allaient se
tourner vers la création, par exemple, des Airbnb, parce que c'était plus facile, beaucoup moins
coûteux, et ça assurait d'augmenter les loyers, quand même... d'avoir des
revenus, pardon, plus élevés.
• (11 h 30) •
Et là,
lorsque j'ai eu ces échanges-là, c'était assez particulier, là, parce que
c'était le 26 octobre 2023, donc il y a à peine sept mois, où... et on était trois groupes d'opposition, mais
c'était mon amendement, mais trois groupes à intervenir, où on a mentionné que... On a donné des exemples,
par exemple, les Îles-de-la-Madeleine, où il y a une crise qui est absolument démente et que ce n'est pas des hébergements
touristiques qui manquent, ce sont des logements. Et la ministre est venue à
maintes reprises nous dire que... bien, que
ça en prenait, de l'hébergement touristique au Québec, que c'était aux villes d'intervenir, mais qu'elle ne voyait pas d'enjeu.
Elle a pris la défense, finalement, plus du tourisme que des locataires lors de
ces échanges. C'était déplorable, puis on l'avait, d'ailleurs, tous dénoncé.
Elle nous
disait aussi, lors de ces échanges, que le Code civil, bien, c'est compliqué à
changer. On voit, sept mois plus
tard, que, finalement, ce n'était peut-être pas si difficile à changer. Elle
aurait pu le faire, c'était une opportunité manquée. On a perdu sept mois
depuis cet amendement-là. Elle disait : On ne peut pas se mettre à ajouter
des exceptions. Là, c'est
l'hébergement touristique, mais après ça ça va être quoi? Est-ce qu'on va
parler d'usage commercial? Est-ce qu'on va restreindre les usages
commerciaux au niveau du Code civil?
Et là elle
parlait des logements touristiques qui manquaient à Rimouski. Je dois vous
dire, M. le Président, qu'il manque beaucoup, beaucoup, beaucoup de
logements à Rimouski, pas d'hébergement touristique. Quand j'ai rencontré le maire de Rimouski, il ne m'a pas parlé
d'hébergement touristique, il m'a parlé de logements tout court. Il m'a parlé
de l'université, qui ne peut même pas accueillir le nombre d'étudiants
qu'elle souhaiterait parce qu'elle n'a pas assez de logements, et ça, malgré qu'il y a des projets de logements étudiants qui
s'en viennent sous peu. Donc, c'était assez paradoxal d'avoir ces conversations-là, M. le Président, sur
l'importance des hébergements touristiques. Et ça m'a menée à dire que j'avais
l'impression que la ministre avait abdiqué son rôle de ministre de l'Habitation
pour, plutôt, la ministre du Tourisme. C'était décevant.
Donc, ça,
c'étaient des échanges qu'on avait eus au mois d'octobre. Puis en janvier, en
janvier, à la fin janvier, le 30 janvier, exactement, 2024, ça, c'est il y
a à peine quatre mois, là, on a eu des échanges sur les... sur protéger
davantage les aînés en réduisant notamment
l'âge de 70 ans à 65 ans. Ça, c'est ce que la mesure qui... dans le
projet de loi qu'on va étudier puis qu'on parle aujourd'hui, bien, c'est
ce qui était discuté le 30 janvier 2024.
Et on en a
parlé, M. le Président. Ça, c'est tous les échanges qu'il y a eu, là, je ne
sais pas si vous voyez, mais c'est beaucoup de pages — c'est
recto verso parce qu'on essaie d'imprimer pour être un peu plus écologique — donc,
ces échanges-là.
Et il y a eu à maintes reprises que la ministre a dit : Bien non, ce n'est
pas nécessaire de faire ces changements-là. C'était proposé, donc, de diminuer de 70 ans à 65 ans l'âge où
un aîné est protégé de l'éviction lorsqu'il habite et réside depuis au moins 10 ans dans le même logement.
Elle nous a dit, bien, qu'elle avait... que le projet de loi n° 31 avait renversé le fardeau
de la preuve et que, donc, aujourd'hui, les locataires étaient mieux protégés,
qu'elle avait fixé des indemnités minimales beaucoup plus importantes
qu'avant.
Et finalement
elle avait ajouté, et ça, c'est intéressant, quand je relisais ces échanges,
que, bien, il y a bien des gens qui ne sont pas vraiment vulnérables à
65 ans. Ça, c'est des propos de la ministre, là. Donc, ils n'étaient pas
vulnérables il y a quatre mois, mais ils le sont aujourd'hui. Je
salue l'ouverture de la ministre d'aujourd'hui, mais je déplore qu'elle n'ait
pas eu cette ouverture-là il y a quatre mois
parce qu'on a perdu du temps. Entre-temps, les avis d'éviction ont été envoyés.
Il y a des gens... On a vu des histoires dans les médias, donc, des gens qui
ont été évincés entre-temps.
Et
là je vais souligner aussi les propos de la députée de Labelle, qui est
l'adjointe parlementaire de la ministre de l'Habitation, qui a fait tout un plaidoyer sur le fait qu'il ne fallait
pas réduire l'âge parce que ça avait des conséquences importantes. Elle disait un cas concret qu'elle a
vécu, un homme qui est propriétaire d'un bungalow, un homme de 60 ans,
un bungalow qu'il loue, qu'il loue à quelqu'un, donc à un locataire, et là, à
sa retraite, il souhaite reprendre sa maison, mais
qu'à cause de cette clause sur les aînés de 70 ans, lui, il ne peut pas
reprendre, donc, son logement parce qu'il n'a pas encore 65 ans, en fait... plutôt que lui, il
n'a pas 70, mais là, en tout cas, bref, on va baisser tout ça à 65 ans.
Mais il reste qu'à 60 ans, c'est vrai, il ne peut pas reprendre son
logement si sa locataire y réside depuis plus de 10 ans et a 70 ans.
Et là elle disait... elle citait l'homme en
question : Il n'y a plus personne qui va louer à des personnes âgées, ça fait qu'il y a des effets pervers. Et là on était
en train de discuter de la possibilité de baisser à 67 ans, à ce
moment-là, elle disait : Baisser à 67 ans pourrait même
entraîner des effets encore plus pervers, augmenter encore plus la
discrimination potentielle. Je serais
curieuse d'entendre Mme la députée de Labelle aujourd'hui, savoir ce qu'elle
pense du projet de loi n° 65, est-ce
que ça va créer cette discrimination-là, que nous, nous disions non à ce
moment-là, mais elle semblait assez convaincue.
Par rapport aux revenus, on avait eu aussi des
échanges où on disait... Là, dans le fond, elle disait qu'elle ne voulait pas revoir les seuils de revenus pour ne
pas créer des régimes différents. Là, le seuil de revenus, c'est le seuil pour
être admissible, dans le fond, à cette
protection-là. Actuellement, un aîné doit avoir l'équivalent du revenu qui est
admissible pour un logement à loyer modique, et il y avait une
proposition sur la table de l'augmenter à 150 %. Le projet de loi, finalement, aujourd'hui, qu'on va étudier parle de
125 % du revenu admissible pour un revenu à... un loyer à... un logement
à loyer modique.
Mais, à ce
moment-là, donc, elle nous disait qu'il ne fallait pas créer des régimes
différents, qu'il y avait un mode de
calcul avec le PRBI. Je vous avoue que je ne sais pas à quoi correspond cet
acronyme, mais elle disait : C'est le régime applicable, on ne va pas créer de différence dans
un contexte versus un autre. Je serais curieuse de savoir, et ça fera partie
de mes questions à la ministre, de savoir qu'est-ce qui a changé entre le
30 janvier 2024 et aujourd'hui.
Puis, bon,
finalement, là, elle avait grand espoir que son projet de loi allait aller
faire en sorte qu'il y aurait plus de logements... qu'il y aurait plus de
protection des aînés, mais, dans les faits, elle l'a dit elle-même à maintes
reprises, elle l'a dit lorsqu'elle a déposé, la ministre, son projet de
loi, elle a dit : Ça ne va pas régler la crise du logement, le projet de
loi n° 65. Et là je la cite mot pour mot, là :
«La vraie solution à la crise de logement, c'est d'augmenter l'offre.» Tout à l'heure, la ministre, lors de son allocution sur
le principe, elle parlait que ça peut... ça prend plusieurs mois pour
construire du logement. Non, non, ça prend plusieurs années pour
construire du logement. Ça, c'est la réalité.
D'ailleurs,
je peux faire une prédiction, M. le Président. Quand le moratoire de trois ans
va se terminer, on va être encore dans une crise du logement. Ce ne sera
pas... ce ne sera pas terminé. Je lisais un expert, d'ailleurs, aujourd'hui, qui parlait que ça pourrait prendre 10 ans
avant qu'on en sorte. Au rythme où vont les choses, malheureusement, ça risque
de s'exacerber encore davantage. Il y a une
réalité, c'est qu'actuellement les gens qui sont évincés ont nulle part où
aller. Alors, il fallait faire quelque
chose, et, sur ce, je le salue. Ce que je déplore, c'est que ça n'a pas été
fait plus tôt, lorsqu'il y a eu des propositions d'en faire davantage il
y a quelques mois.
D'ailleurs,
aujourd'hui, la première source d'itinérance, quand les gens sont rencontrés
puis on leur... on essaie de comprendre pourquoi ils sont dans la rue, la
première raison, c'est le fait qu'ils n'ont plus de logement. Ça, c'est nouveau.
Ce n'était jamais comme ça dans le passé.
Dans le passé, c'étaient des problèmes de santé mentale, de consommation de drogue ou d'alcool. C'est la première fois qu'on
voit ça. Et on voit de l'itinérance dans des endroits du Québec où qu'il n'y en a jamais eu. Quand j'ai entendu, il y a
quelques mois, le maire de Roberval parler qu'il y avait un campement
d'itinérants chez lui l'été dernier... C'est impressionnant de savoir
qu'il y en avait là. Moi, j'étais conseillère municipale à Laval, Sainte-Rose, un endroit... un petit village, et il
y avait des campements qui commençaient à s'installer dans des boisés de la
ville. Donc, on en voit partout à des places qu'on n'en avait pas dans le
passé. Ça, c'est une réalité.
• (11 h 40) •
Donc, le
projet de loi prévoit, et la ministre a décrit, là, son projet de loi, là, de
diminuer l'âge, donc, de protection des aînés de 70 ans à 65 ans et
de... le revenu admissible, donc, d'augmenter à 125 %. Il prévoit aussi un
moratoire, donc, sur les évictions pendant trois ans. Par contre, il y a
plusieurs exceptions, et là il y aura beaucoup de questionnements à cet égard, à savoir... La ministre disait :
Le gouvernement, donc, se donne le pouvoir de soustraire, en tout temps, une
partie du territoire de cette
application-là. Comment va-t-on s'assurer qu'il n'y ait pas, disons, d'intérêts
privés particuliers ou d'influence
indue pour soustraire une partie de territoire? C'est très... disons, ça laisse
la place à beaucoup de choses, là, «une
partie de territoire». Et ça, il faudra l'encadrer, parce que c'est quand
même... et la ministre elle-même le dit, c'est quand même... c'est
particulier, là, de suspendre un article du Code civil, c'est plutôt rare qu'on
fait ça.
Moi, je n'ai
pas mémoire, mais je ne suis pas juriste, là, à savoir à quels moments on a
fait ça dans l'histoire, mais de... Donc, dans l'article 1, on suspend un
article du Code civil temporairement, et, dans l'article 2, le
gouvernement se dit : Bien, à
tout moment, comme je veux, selon les critères que je déterminerai moi-même...
changer l'article 1. C'est quand même
particulier, et il faudra le baliser, je crois, parce que ça, ça laisse place à
un peu n'importe quoi et surtout ça laisse place à des jeux d'influence qu'on
ne veut pas avoir. On a quand même l'héritage de la commission Charbonneau,
on ne veut pas revivre ça.
Je vois, et
je l'avais mentionné lorsque le projet de loi a été déposé, en le regardant, je
me suis dit... La première... Le
premier réflexe, ça a été de me demander : Est-ce que ça pourrait amener
des baisses d'investissement, d'investissement dans l'immobilier, alors que... alors qu'on est en pénurie de logements
et que ce qu'on a besoin, c'est de construire, il faut stimuler la
construction? Ce qui se construit le plus actuellement, quand il y a
construction, c'est du logement locatif. Il
y a beaucoup moins de marchés pour la construction de condos, par exemple, ou
de maisons. Maisons, on s'entend qu'avec la densification qu'il faut faire sur notre territoire, c'est de moins
en moins un modèle qu'on va voir. Donc, ce qu'on peut voir, donc, c'est soit du logement locatif ou du
condo, l'équivalent duplex, triplex, mais par condo. Mais, au coût où sortent les unités de terre, actuellement, on est dans le
400 000 $, 450 000 $ la porte et plus pour un condo, bien,
quand on est dans ces eaux-là puis on
rajoute les frais de condo, bien, la grande majorité des citoyens n'ont tout
simplement pas les moyens de payer
les mensualités avec les taux d'intérêt actuels. Donc, les gens ont de moins en
moins accès à la propriété. Alors, qu'est-ce
qui se construit? Il se construit ce que... La seule chose qui peut se
construire, c'est du locatif. C'est vraiment... Ça a été le moteur des
rares mises en chantier l'an dernier, ça a été du logement locatif.
Mais
là... Et là, moi, ce que j'entends, puis plusieurs groupes m'en ont parlé,
c'est de dire : Bien, peut-être qu'il n'y aura pas d'investissement pendant plusieurs années.
Déjà, le marché immobilier, l'écosystème économique, actuellement, de l'immobilier fait en sorte que c'est très peu
attractif de construire. Les taux... L'équité qui est exigée par les grands
financiers est très importante, beaucoup plus qu'avant, on parle de
quatre, cinq fois plus qu'avant, en montant. C'est énormément d'argent qui est placé dans des projets, ce qui
limite l'action sur les autres. Et les rendements sont tels que... ils sont si
bas que c'est plus intéressant, financièrement, de prendre un CPG, donc
un placement garanti du gouvernement. Alors, quand les grands groupes regardent comment ils peuvent faire de l'argent...
hein, ils ne construisent pas à perte, on s'entend, là, donc ils
regardent ça puis ils se disent : Bien, présentement, je ne construirai
pas, parce que c'est plus payant de laisser l'argent
à la banque. Ça, des promoteurs l'ont dit. Même je l'ai entendu au micro de
Patrick Lagacé il y a quelques mois, des
groupes qui ont fait ce calcul-là. Donc là, on décourage encore plus, et c'est
ma crainte, avec une mesure comme ça. Puis,
comme je l'ai dit, on en a besoin, j'en suis consciente, mais le problème,
c'est qu'il n'y a pas d'autres mesures pour accompagner les
propriétaires puis stimuler la construction. Il n'y a pas de plan. Il n'y a pas
de plan.
Puis d'ailleurs, lors de l'étude du projet de
loi n° 31, la ministre avait dit, puis ça, c'était en janvier : Il
faut augmenter l'offre, je l'ai dit à
plusieurs reprises, il faut augmenter l'offre de logements. On va sortir, dans
les prochaines semaines, un plan de
max... un plan de match qui explique comment on va s'y prendre pour augmenter
l'offre de logements. Bien, on
l'attend toujours. On l'attend toujours. Puis je ne sais pas combien d'échanges
on a eus avec la ministre à ce sujet-là, mais là c'est rendu l'été prochain. Mais c'était ce qu'elle nous avait
dit en mai dernier. Donc, en mai 2023, elle nous disait qu'elle aurait un plan de match avant
l'été 2023. On est rendus un an plus tard, c'est le jour de la marmotte,
on n'a toujours pas de plan. Ça devient inquiétant, M. le Président.
L'autre élément,
puis, tu sais, je parlais du fait... j'ai une crainte, là, de voir les... une
réduction des investissements et je serais curieuse de savoir si le
ministère a fait cette... une analyse d'impact. Et j'ai donc posé la question,
lors d'un échange... un breffage technique,
j'ai posé cette question : Est-ce que le ministre... le ministère a fait
une analyse d'impact réglementaire sur ce projet de loi là? C'est quoi,
l'impact que ça va avoir? Et on m'a dit : Oui, oui, ça a été fait, on
va la déposer le 10 juin. Ça, ça a été
la réponse que j'ai reçue : 10 juin. 10 juin, j'ai dit, c'est
parce que la ministre parle d'adopter le projet de loi avant la fin de
la session. La fin de la session, c'est le 7 juin. J'ai dit : Vous
allez déposer l'analyse réglementaire après l'adoption? Il semble qu'il y a
comme un non-sens. Alors, ce sera à suivre. Je poserai des questions à ce sujet-là lors de l'étude détaillée, c'est
bien évident, parce qu'avant d'adopter un projet de loi il faudrait au moins
savoir c'est quoi, son impact qui a été évalué. Voilà.
L'autre
élément, c'est : Est-ce qu'on pourrait avoir des... en fait, risquer des
potentiels de logements? Et, par exemple, il y a... on va venir interdire les évictions pour subdivision. La
subdivision, actuellement, sert à augmenter l'offre de logements. Donc, par exemple, moi, j'ai souvenir, mon... un
de mes premiers appartements à Montréal, c'était un immense six et demie.
C'était gigantesque. On était deux, on était
colocataires. Mais aujourd'hui, donc, avec le projet de loi qu'on a, on ne
pourrait pas... le propriétaire ne
pourrait pas, donc, transformer ce logement-là pour en faire deux logements et
accueillir deux familles. Il y a peut-être une perte d'opportunité qu'on
va avoir, et la question se pose.
Par exemple, j'ai vu un projet qui était
débattu, là, dans une petite municipalité pas plus tard qu'hier, où c'est une grande maison qui a été transformée en maison
de chambres. Donc, cette maison-là était louée. Là, elle va être transformée en maison de chambres. Donc, cette
grande maison va accueillir... si je ne me trompe pas, c'est huit personnes.
Est-ce qu'on perd... on va perdre cette possibilité-là, d'augmenter
l'offre et d'accueillir plus de... un plus grand nombre de personnes? Il faut
se poser la question.
Et il y a un
reportage, là, si... je crois que c'est aujourd'hui que ça va sortir à nouveau,
où il y a une inquiétude qui a été soulevée par la CORPIQ, là, la corporation,
là, qui représente les propriétaires immobiliers du Québec, où ils parlent
qu'il y a un changement dans le modèle
immobilier. Il y a de moins en moins... En fait, les propriétaires de duplex et
triplex qui généralement étaient des
gens, c'était... ils possédaient un ou deux immeubles, bien, ils tendent à se
départir de leurs logements. Puis ça, d'ailleurs, il y a une mesure qui
a été prise par le ministre des Finances, où il va... il a l'intention d'augmenter la taxe sur le gain en capital. Bien,
ça, ça l'accélère... en fait, il y a... Moi, j'ai eu vent des gens qui veulent
se départir de cet investissement-là
avant que ça passe. Ça passerait normalement le 25 juin. Bien, ça fait en
sorte qu'il y a une concentration dans des mains de moins de joueurs du
parc immobilier, et ça, c'est... il y a un risque.
Et, quand on
a vu les cas, les cas de grande négligence de bâtiments, il y a un propriétaire
qui ressort souvent dans les médias, un dénommé Henry Zavriyev. Il est... Il
possède 1 000 logements. Bien, lui, il a eu des méthodes qui...
ce n'est pas le projet de loi qui va les
empêcher, là... cesser d'entretenir le logement, par exemple, faire du bruit,
faire en sorte que les gens... que ça
ne soit plus un environnement agréable. Il y avait un logement qui avait de la
sécurité, c'est... il y avait un
genre de concierge qui était là en tout temps. Dès que le propriétaire a changé
de main... Dans le fond, dès que l'immeuble a changé de main, oups! la
personne n'était plus disponible, la porte avant était débarrée, faisant en
sorte qu'il y avait des gens qui rentraient
pour dormir dans le lobby, tous des... Ça, ce n'est pas encadré par cette
loi-là. Alors, il y a ce risque-là,
ici, qu'on voit, dans le fond, un certain dépérissement du parc immobilier, et
ce n'est surtout pas ça qu'on a besoin. On ne peut pas perdre davantage
de logements, définitivement.
• (11 h 50) •
D'ailleurs,
il y a un article très intéressant qui est sorti, je crois que c'est
aujourd'hui, ce matin, dans Les Affaires, d'un dénommé Jean Sasseville, qui disait : Bien, c'est bien,
c'était nécessaire, mais il faut absolument agir sur qu'est-ce qui est à la base des
rénovictions. Qu'est-ce qui est à la base des rénovictions? C'est le fait,
justement, que ce n'est pas actuellement rentable. Ce n'est pas... Il n'y a pas de mesure financière incitative à
rénover le parc immobilier actuel. Tu sais, dans le fond, aujourd'hui, si un immeuble, un logement est
dépéri, malheureusement, il va être occupé pareil, parce qu'il n'y a pas
assez de logements.
Donc, il y
a... Et, quand il y a une rénovation qui se fait, bien, c'est à peu près
impossible de rentrer dans son argent, selon
les calculs actuels du Tribunal administratif du logement, et donc ça fait en
sorte... Tu sais, prenons l'exemple de changer
le toit. Changer un toit, bien, un toit, ça a une durée de vie de 15,
20 ans, mais c'est au-delà de 26 ans avant de reprendre, de retrouver l'argent qui a été investi
dans l'immeuble lorsqu'on change le toit. Donc, en partant, bien, ça fait en
sorte que les propriétaires vont étirer, vont étirer et ne vont se limiter qu'à
ce qui est absolument nécessaire, ne feront pas les travaux qui
pourraient améliorer, là, le parc immobilier en soi.
Et donc je
vais lire, là... je vais lire, donc, ce que monsieur disait... ce que
M. Sasseville disait : Le moratoire sur les évictions, c'est «une décision populaire», mais
«qui s'attaque aux symptômes seulement». C'est nécessaire, donc, d'agir
aussi sur qu'est-ce qui mène à ces évictions-là, à ces rénovictions, je tiens à
le mentionner.
Je
terminerais, M. le Président, en mentionnant qu'évidemment nous allons travailler
de bonne foi et faire l'étude de ce projet de loi là. J'ai entendu la ministre
déplorer le fait qu'on n'avait pas pris position immédiatement, à savoir
si on allait tenir... demander des consultations particulières ou non. C'est
sûr qu'il y a des groupes qui étaient au courant du contenu du projet de loi avant d'autres, et ce n'était pas notre cas. Et
donc il fallait quand même, au minimum, prendre le temps de l'étudier,
le projet de loi, avant de définir si on avait besoin ou non de consultations.
Ensuite, elle
veut agir rapidement. Elle l'a dit tout à l'heure : J'espère que ça va
être adopté rapidement, rapidement. Mais, il y a quatre mois, il n'y avait pas
cet empressement-là. Il y a quatre mois, c'était : Non, non, tout est beau,
tout est correct, on l'a... on a couvert le
tout. Et là elle laisse sous-entendre que ça va être la faute des oppositions
si jamais ça ne va pas assez vite, si jamais il n'est pas adopté d'ici
la fin de la session. Il y a une règle qui fait en sorte que, si un projet de
loi n'est pas déposé... est déposé, plutôt, après le 15 mai de cette
session, bien, ça prend le consentement de tous les partis pour l'étudier... pour l'étudier, et là on avait beaucoup de
pression : Il faut l'étudier, il faut absolument que vous donniez
votre consentement. M. le Président, si la ministre avait déposé huit jours
plus tôt son projet de loi, huit jours seulement, il n'y aurait pas eu cette
nécessité de négociation avec les partis.
Alors, moi, je pose la question : Pourquoi,
encore une fois, la ministre a attendu, comme le projet de loi n° 31,
d'ailleurs, à la dernière minute pour déposer quelque chose que tout le monde
avait déjà proposé dans un projet de loi quatre
mois plus tôt? Et là ça deviendrait notre responsabilité, et, nous, avoir le
fardeau qu'elle travaille à la dernière minute, je trouvais ça absolument déplorable. Si la ministre veut travailler en
collaboration, il faudrait au moins qu'elle commence par reconnaître ses propres torts, qui est d'agir
très tardivement, alors qu'il y avait possibilité de le faire beaucoup plus
tôt.
Sur ce, M. le
Président, je pense que ça va être une étude intéressante. On va faire notre
travail d'opposition comme on doit le faire, et article par article.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Je reconnais
comme prochaine intervenante Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. J'ai le goût de dire :
Enfin! Aujourd'hui, enfin, on va commencer le processus qui va nous mener, je l'espère, à l'adoption de ce projet de
loi avant la fin de la présente session parlementaire.
Il y avait quelques semaines, on avait pu
entamer l'étude de principe du projet de loi que j'avais moi-même déposé pour élargir la loi Françoise David.
Malheureusement, on ne s'était pas rendus au vote sur ce principe, à l'époque,
mais on ne s'est pas laissé décourager. On avait continué, avec mes collègues,
de revendiquer des gestes immédiats pour
éviter des drames aux locataires en pleine crise du logement. Il y a beaucoup
de groupes qui se sont joints à cette lutte, notamment des groupes de
défense de droits en matière de logement, également des groupes qui défendent
des droits pour les aînés, l'Association des
juristes progressistes, également, s'était mobilisée, il y a eu des lettres
ouvertes, des sorties médiatiques. Et je suis contente de voir que ça a
fini par influencer la ministre de l'Habitation et son gouvernement. Je veux les remercier d'avoir été à l'écoute,
enfin, de ces propositions-là, parce que ça fait quand même plusieurs années
que ces mesures-là sont revendiquées.
D'ailleurs, l'élargissement de la loi Françoise David, là, mon collègue avait
déposé ce projet de loi là avant moi, dans la précédente législature, quant au
moratoire pour les évictions quand le taux d'inoccupation est en bas de 3 %. Il le revendiquait, le
collègue de Laurier-Dorion, depuis 2019, déjà. Donc, on les remercie, du côté
du gouvernement, d'avoir enfin fait preuve d'écoute par rapport à ces
suggestions-là.
Ce que je
vois, moi, dans ce revirement de situation, disons, du côté du gouvernement,
c'est la reconnaissance, enfin, qu'il
y a une urgence et qu'on ne peut pas attendre de livrer des logements, il faut
agir en attendant. Donc, les mesures qui sont dans ce projet de loi là, c'est un plasteur, c'est vrai, ça ne
réglera pas la crise du logement. C'est un plasteur qui est essentiel, par
contre, pour qu'on puisse donner de l'air aux personnes qui sont sur le marché
locatif, leur éviter de subir une éviction en pleine crise du logement.
On va travailler efficacement, du côté de Québec solidaire, pour adopter ce
projet de loi là. On va avoir assurément des
suggestions à faire, vous n'en serez pas surpris. Le projet de loi ne va pas
aussi loin que ce qu'on souhaiterait
sur certaines mesures, on pourra en discuter, avoir les explications de la
ministre, à savoir pourquoi elle ne va pas jusque-là. J'ai bien hâte qu'on
s'assoie ensemble pour en discuter. Mais on va collaborer pour que ça aille
rondement, parce qu'on veut que ce soit adopté avant la fin de la session.
J'espère
également qu'on va avoir, dans les prochains mois, autant d'écoute qu'on en a
eu pour ces dispositions-là pour réfléchir à comment livrer des
logements. Parce que l'objectif, ce n'est pas de rester sous moratoire
longtemps. L'objectif,
c'est de sortir de cette crise du logement. Et c'est ça, la vraie solution à
long terme, c'est de livrer davantage de logements. Il y a plusieurs villes qui ont mentionné leur volonté
d'atteindre 20 % de logements sur leurs territoires, qui seraient hors marché. Ça, c'est la vraie solution à long
terme. On doit les soutenir là-dedans. Plus la proportion de logements hors
marché est élevée, plus il y a de personnes qui vont être à l'abri de la
spéculation en matière de logement. Puis ça, c'est vraiment essentiel parce que c'est un déterminant
très important de la santé, de la santé mentale, c'est un déterminant très
important pour le développement des enfants,
aussi, même en matière de décrochage scolaire. On l'a vu, les enfants qui ne
sont pas bien logés dans leur environnement familial ont plus de difficulté à
réussir à l'école quand ils n'ont pas un environnement adéquat pour
faire leurs devoirs, pour dormir, par exemple. Donc, ça, c'est assez bien
documenté.
J'ai entendu la ministre nous dire qu'elle
n'était pas dogmatique. C'est une femme qui se dit à la recherche des meilleures politiques publiques. Je salue ça,
c'est ce qu'on devrait tous être en train de faire ici. Alors, je veux lui
soumettre que la meilleure politique,
à court terme, qu'on pouvait faire, c'est effectivement ce moratoire sur les
évictions, et la meilleure politique publique à long terme qu'on pourrait
faire, c'est de hausser significativement la proportion de logements qui
sont hors marché. Donc, on va avoir des
suggestions à faire pour la soutenir là-dedans, dans les prochains mois, puis
j'espère avoir sa collaboration, parce que le droit au logement, c'est très
important, puis au Québec on devrait le reconnaître. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Et, comme
prochaine intervenante, Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Merci, M. le Président. Alors, ça me fait plaisir
d'intervenir sur le principe du projet de loi n° 65,
Loi limitant le droit
d'éviction des locateurs et renforçant la protection des locataires aînés.
Alors, le
projet de loi veut tout d'abord interdire pour trois ans au locateur d'un
logement d'en évincer le locataire, peu
importe l'âge du locataire, c'est important de le souligner, donc, pour
subdiviser le logement, l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation. Ce moratoire de trois
ans contre les évictions vise donc à protéger tous les locataires, pas
seulement les aînés. Sauf erreur,
c'est une première dans le marché immobilier québécois, et nul ne sait quels
effets ce moratoire aura sur le marché locatif et sur la construction de
nouveaux immeubles locatifs.
Le projet de loi veut prévenir, certes, les
évictions, donc va empêcher, dès sa sanction ou quelques jours après, que des locataires soient évincés pour les trois
raisons déjà mentionnées, c'est-à-dire subdivision, agrandissement substantiel
et changement d'affectation. Une question que j'ai... Quand on subdivise un
logement, c'est pour en créer un deuxième. Alors, est-ce qu'il y a un risque là de s'empêcher de créer plus de
logements en faisant des subdivisions? Et, en même temps, à l'opposé, pour un agrandissement de logement,
bien, il nous faut aussi conserver des logements assez grands pour les
familles, parce qu'on sait que c'est de plus en plus difficile pour les
familles d'acquérir une propriété. Alors, si on n'a plus de logements qui permettent à une famille de
deux enfants ou trois enfants et deux parents de se loger dans un appartement
locatif, bien, ça cause des difficultés aussi à ces familles-là. Mais je
conviens qu'il n'y a pas de solution facile, là, à la crise du logement et que ce projet de loi ne va pas mettre fin à la
crise du logement, comme d'autres l'ont dit avant moi, mais il y a un
premier pas pour protéger certains... les locataires contre les évictions.
• (12 heures) •
Une autre
question que j'ai : Est-ce que ce projet de loi aura une douche d'eau
froide... un effet douche d'eau froide sur la construction de nouveaux immeubles
locatifs? J'espère bien que non, mais il est permis quand même de s'en
inquiéter. Si la construction de nouveaux immeubles locatifs devait
stopper, ça va... ça risque de prendre plus de trois ans. Donc, le moratoire est pour trois ans ou jusqu'à ce que
le taux d'inoccupation fixé par la SCHL, donc, calculé par la SCHL... jusqu'à
ce que ce taux d'inoccupation, donc, revienne, remonte à 3 %, mais on
risque de se retrouver dans un cercle vicieux, c'est là ma crainte, si le projet de loi fait en sorte
qu'on arrête la construction d'immeubles locatifs. Et donc la rareté va se
maintenir au-delà des trois années qui sont dans le projet de loi.
Alors, c'est à réfléchir, c'est un pensez-y-bien. Cela dit, je veux être claire, parce que j'espère sincèrement que ce
projet de loi n'ait que des effets positifs tant pour les locataires que pour
la construction de nouveaux immeubles locatifs, mais, encore là, il est
permis d'avoir des doutes.
L'élargissement
de la protection des locataires aînés contre les évictions m'interpelle plus
particulièrement, bien évidemment. Et je me permets de rappeler qu'à cet égard
les mesures du projet de loi ont déjà été proposées comme amendements par des
collègues lors de l'étude détaillée du projet de loi n° 31
tout récemment mais que la ministre avait refusé d'aller de l'avant. Je ne sais
pas ce qui l'a fait changer d'idée depuis l'étude détaillée du projet de loi n° 31, mais j'accueille favorablement, bien entendu, deux des
mesures qui sont incluses dans ce projet de loi, c'est-à-dire de réduire l'âge de 65... c'est-à-dire réduire à 65 ans
l'âge auquel une personne aînée qui occupe un logement depuis 10 ans ne
peut pas être évincée, pour les trois
motifs mentionnés, plutôt que 70 ans dans la loi actuelle, alors c'est un
point positif, et aussi, la deuxième mesure, de hausser le revenu à
partir duquel l'aîné a droit à la protection contre les évictions, en le
faisant passer à 125 % du revenu
d'admissibilité à un loyer modique, alors, plutôt que 100 %, comme c'est
le cas actuellement. Durant l'étude
détaillée, il y avait eu une proposition d'être un petit peu plus généreux, à
150 % du revenu d'admissibilité, mais 125 %, c'est déjà un
très bon pas, un très bon pas en avant.
Je me permets
d'ajouter qu'à la crise du logement pour les aînés s'ajoutent aussi la crise du
revenu puis la crise du système de santé, je reprends ces expressions de
l'association québécoise de défense des retraités, l'AQDR. Et j'ajoute à cela ce
que j'appelle la crise des fermetures de RPA, parce que les aînés sont nombreux
à être confrontés à des défis insurmontables
puis à courir le risque d'être mis sur une voie rapide de l'itinérance, je l'ai
dit à plusieurs reprises. En matière de crise du revenu, bien, il y a le fait
que le revenu des personnes retraitées est fixe ou très peu indexé. Et il y a quand même près de
800 000 Québécois qui doivent vivre avec 25 000 $ de revenu
ou moins.
Et puis, évidemment, en
matière de crise de système de santé, bien, on sait que le soutien à domicile
ne répond actuellement qu'à 10,7 % des
besoins. Il y a plus de 16 000 personnes qui sont en attente d'un
premier service à domicile. Et on nous promet un virage du soutien à domicile,
mais encore faut-il que les aînés aient un domicile pour obtenir les
soins et le soutien dont ils ont besoin à domicile.
Aussi,
accélérer la construction d'unités de logements sociaux, communautaires et
abordables et puis en réserver des unités pour les aînés, c'est une proposition
de l'AQDR, et je pense que ça pourrait aider davantage. Évidemment, l'AQDR pointe aussi le fait qu'il faut revoir la
structure de gouvernance au sein du gouvernement pour permettre d'optimiser et
d'accélérer les délais d'approbation pour que les... ces immeubles sortent de
terre.
Mais je reviens aux RPA. L'article 9 du
projet de loi soustrait les résidences privées pour aînés, donc les RPA, de l'interdiction d'éviction à certaines
conditions. Mais il faut savoir aussi que, les résidences privées pour aînés,
il continue d'en avoir, des
fermetures, au rythme de deux par semaine. Il y a un rapport de recherche très
fouillé qui a été rendu public lundi
qui confirme que les RPA vont continuer de disparaître, à moins qu'il y ait un
assouplissement de certaines réglementations
et qu'il y ait une amélioration du partenariat avec l'État, notamment avec les
CISSS et les CIUSSS. Alors, si on veut s'assurer d'avoir suffisamment
d'appartements pour les aînés dans les RPA à un coût raisonnable, bien, il
faudra que le gouvernement s'attaque aux
obstacles quasi insurmontables pour les RPA, les obstacles auxquels elles
doivent faire face, et malheureusement, ce n'est pas visé par le projet
de loi n° 65.
Sur ce, je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le projet
de loi n° 65?
Mise aux voix
S'il n'y a
pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 65, Loi limitant le droit d'éviction des locateurs et
renforçant la protection des locataires aînés, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
relations avec les citoyens
M. Caire : Oui, M. le
Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que le projet de loi n° 65, Loi limitant le droit d'éviction des locateurs et
renforçant la protection des locataires aînés, soit déféré à la Commission des relations avec les citoyens pour son étude détaillée et que la ministre de
l'Habitation soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Pouvez-vous appeler
l'article 9 du feuilleton, M. le Président?
Projet de loi n° 56
Prise en considération du
rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 9 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des institutions sur le projet de
loi n° 56, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille et instituant le régime d'union parentale.
Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci
beaucoup, M. le Président. On est déjà rendus là, c'est déjà le moment de la
prise en considération du rapport de la Commission des institutions sur le
projet de loi n° 56. Donc, je rappelle le titre, pour les gens à la
maison, c'est la Loi portant sur la réforme du droit de la famille et
instituant le régime d'union parentale. Ça fait déjà plusieurs fois que je me lève dans cette Chambre pour vous parler
de nouveautés entourant la réforme du droit de la famille. Ce dont on parle aujourd'hui, c'est le
troisième jalon de cette importante réforme. Je vais juste vous faire une
petite histoire pour vous rappeler d'où on part.
Donc,
ça a commencé en 2021. On a d'abord amorcé, avec le dépôt et l'adoption du
projet de loi n° 2, une réforme importante. Donc, ce projet de loi, je
rappelle le titre, c'était la Loi portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits
de la personnalité et de l'état civil.
Par la suite,
on a déposé le projet de loi n° 12, qui était la loi portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à l'issue
d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression
ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui.
Donc, oui, ce
sont des titres très, très longs, mais ce qui est important, c'est ce qu'il y a
dans les projets de loi. Donc, le
projet de loi n° 56 porte, quant à lui, sur la conjugalité. C'était... et
on l'a entendu, les médias nous posaient des questions, les gens nous
écrivaient pour savoir quand est-ce qu'on s'attaquerait à la conjugalité, donc
c'était très, très, très attendu. On le sait
parce que la réalité des familles québécoises a beaucoup changé depuis la
dernière réforme du droit de la famille, qui était dans les
années 1980, donc je n'étais même pas née. Et, de nos jours, il y a de
plus en plus d'enfants, en fait 65 %
des enfants, qui naissent hors mariage — et
ce sera le cas pour mon petit coco, ici. Il était donc de notre devoir, en tant que législateurs, de s'attaquer, on peut dire
ça, à cette problématique-là, mais à cette situation-là pour adapter le droit
à la nouvelle réalité de nos familles. C'est
un devoir qu'on avait, que les autres gouvernements ont trop longtemps reporté,
et nous, on a décidé de s'y attaquer.
Donc, comment
est-ce que cette réflexion-là a commencé? Ça fait environ 10 ans, le
fameux dossier, le jugement de la Cour suprême, Éric contre Lola, dont
on a tous entendu parler. Dans ce jugement-là, la cour confirmait que la responsabilité de définir les règles encadrant les
unions de fait revenait au gouvernement du Québec. On était donc pointés du
doigt, on avait cette responsabilité.
• (12 h 10) •
À cette
époque, il y a un comité consultatif qui a été mis sur pied. On avait produit
un rapport, c'était en 2015, mais ensuite ce rapport-là a été tabletté. À notre
arrivée au gouvernement, on a décidé que le statu quo n'était pas acceptable.
Je l'ai mentionné, 65 % des enfants
naissent hors mariage, donc il fallait agir pour nos enfants, pour les familles
du Québec. Donc, je suis fière de
dire qu'avec la fin de l'étude détaillée du projet de loi n° 56,
bien, cet engagement-là a été respecté, et ça n'a pas été facile, parce
qu'il faut dire que c'est un sujet qui est délicat, protéger les enfants qui
naissent en union de fait sans pour autant
brimer leur autonomie et la liberté décisionnelle des parents. Donc, ce n'était
pas une mince tâche. Avec le projet
de loi n° 56, on a trouvé ce qu'on appelle un équilibre, là,
pour toutes les parties. D'un côté, on établit les protections nécessaires pour assurer une plus
grande stabilité pour les enfants qui naissent hors mariage en cas de
séparation et, de l'autre, on maintient un libre choix pour les parents.
Et là nous,
on baigne là-dedans depuis plusieurs semaines, on connaît de fond en comble ce
projet de loi, mais je vais résumer,
là, les grandes mesures pour ceux et celles qui nous écoutent à la maison, et
on sait que ça touche énormément de familles.
Donc, le
projet de loi se décline en quatre mesures-phares. D'abord, on vient créer une
union parentale. Qu'est-ce que c'est? C'est un nouveau régime d'union qui va
s'appliquer aux conjoints de fait qui deviendront parents après l'entrée en
vigueur de cette loi. L'union parentale, ça va créer la création d'un
patrimoine dont la valeur va être partagée de manière équitable, de manière
égale en cas de séparation. Mais, bon, qu'est-ce que ça comprend? Je vous
résume, grosso modo, c'est la résidence familiale, les meubles, les
voitures qui sont utilisées, là, par... pour les déplacements de la famille.
Et, détail
important, avant que les gens réagissent, il est important de souligner qu'en
tout temps pendant l'union les
conjoints vont pouvoir, d'un commun accord, retirer des biens du patrimoine ou
bien se retirer complètement de son application.
Il est important, et on l'a mentionné, donc, de trouver l'équilibre et que les
Québécois puissent conserver cette autonomie décisionnelle, et on l'a entendu
en commission parlementaire, c'était demandé. Donc, de nombreux couples font le choix de ne pas se marier, il faut respecter
aussi leur choix. Mais, d'un autre côté, il sera possible pour les parents non
mariés qui le souhaiteraient, et dont
les enfants sont nés avant l'application de la loi, d'entrer dans ce régime-là.
Il va y avoir une façon simplifiée de le faire, et ils seront outillés.
Deuxième
mesure maintenant, la protection de la résidence familiale. Donc, le projet de
loi n° 56 propose d'instaurer des mesures de protection
sur la résidence familiale. C'était nécessaire pour éviter qu'un parent se
retrouve, du jour au lendemain, en situation de vulnérabilité avec ses enfants
parce qu'il n'était pas propriétaire de la résidence principale.
Si on regarde
autour de nous, on connaît tous des couples qui ne sont pas propriétaires, les
deux, de la maison familiale, parfois, et là c'est un peu stéréotypé, mais
c'est souvent ce qu'on voit, l'homme peut payer l'hypothèque, la femme
peut payer l'épicerie, peut payer, par
exemple, quelques comptes. Donc, sur papier, elle n'est pas propriétaire de la
maison. Lorsque les deux parents se séparent, le tribunal, avec,
justement, cette protection, pourrait attribuer le droit d'usage temporaire de la résidence familiale au conjoint qui obtient
la garde des enfants et même s'il n'est pas propriétaire de la maison. Cette
mesure va permettre aux parents d'avoir
suffisamment de temps pour se reloger et assurer une transition plus en
douceur, là, pour la famille, pour
les enfants. On le sait, on est dans un contexte où il y a une pénurie de
logements, où se loger est très difficile, donc on veut éviter que des
enfants se retrouvent à la rue.
Mesure n° 3, la
violence judiciaire. C'est un terme qui était inconnu à beaucoup de parlementaires,
même à beaucoup de gens. Qu'est-ce
que c'est, la violence judiciaire? En
fait, c'est certains citoyens qui peuvent se servir du système
judiciaire pour nuire à leur ex-conjoint ou leur ex-conjointe. En fait, ils
multiplient les recours et les mesures devant les tribunaux de manière onéreuse, et souvent ça
génère de l'anxiété, on comprend, tout ça dans le but d'atteindre leur
ex-conjoint. Personne ne devrait pouvoir instrumentaliser le système de justice
pour nuire à son ex-partenaire. Donc, avec ce projet de loi, on vient donner les outils nécessaires aux
tribunaux, on vient aussi permettre aux tribunaux de déceler ce genre d'abus et
surtout de les sanctionner.
Je tente de faire ça rapidement, je vous résume
en gros, mais il reste encore des mesures.
La dernière
mesure, et c'était un sujet qui était chaud, c'est un sujet qui était délicat,
on parle d'héritage, donc, avec les nouveaux droits successoraux. Donc, la
dernière mesure-phare du projet concerne l'héritage et prévoit des nouveaux
droits pour les
conjoints en union parentale. Actuellement, selon la loi, si un conjoint de
fait sans testament décède, 100 % de
son héritage est remis à ses enfants, et ce, même s'il est avec son ou sa
partenaire depuis des années. Et, encore une fois, on le dit, de moins... de moins en moins de couples
décident de se marier, ce qui fait qu'il y avait une certaine partie de la
population qui était plus vulnérable. On a vu trop d'histoires, justement, qui
étaient choquantes, qui étaient troublantes, où
le conjoint survivant se retrouvait parfois en situation de précarité
financière, en plus de devoir vivre, là, le deuil, la perte de son
conjoint ou de sa conjointe. Donc, grâce à cette nouvelle mesure, le conjoint
survivant, pourvu qu'il ait fait vie commune
avec le défunt au moins pendant un an avant le décès, pourra hériter. On va
respecter, en fait, les mêmes proportions que s'il avait été marié avec le
défunt. Donc, on le répète, c'est en absence de testament. Ce sera donc
un tiers de l'héritage qui se verra attribué
au conjoint ou conjointe survivant et deux tiers aux enfants. Bien évidemment, la
liberté testamentaire va demeurer, et un conjoint pourra toujours décider de
partager son héritage dans son testament de la manière qu'il le
souhaite.
Vous voyez,
il y a beaucoup de travail dans ce projet de loi là. Ça répond vraiment à
beaucoup de questionnements, à
beaucoup d'inquiétudes, aussi, qui avaient été soulevées dans la population. Ce
sont des mesures qui ont été étudiées, discutées. On n'a rien laissé au hasard.
Je tiens d'ailleurs à remercier vraiment tous les parlementaires et les équipes
qui se sont penchés sur ces
questions-là. Ça s'est fait dans le respect. On avait en tête toujours la
sécurité, l'avenir des enfants. C'étaient des discussions qui étaient
enrichissantes, et on essayait de se mettre un peu dans la place des jeunes
familles et des couples ici, au Québec.
Ces mesures-là vont avoir un impact concret sur
de nombreuses familles québécoises, et c'est ce que notre gouvernement voulait
faire. On voulait avoir des lois qui sont plus près des gens. On voulait aussi
que les réalités de nos familles soient
représentées. On est un gouvernement qui travaille pour les futures
générations, pour les enfants, et je crois que c'est vraiment ce qui
transcende dans ce projet de loi là. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et,
comme prochaine intervenante, je reconnais Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. C'est un plaisir pour moi de poursuivre le débat à l'étape de la prise en considération du projet de loi
n° 56, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille et instituant le régime d'union parentale.
C'est vrai,
ce que la collègue a dit, c'étaient des débats qui ont été très intéressants,
très enrichissants. Ce n'est pas un projet de loi, je pense... Dans le fond, le
principe fait l'unanimité, mais le contenu, peut-être pas. On a entendu toutes
sortes de recommandations lors des consultations particulières. Alors, c'est
clair, lors de la prochaine étape de ce projet de loi, lors de son adoption, il va y avoir des gens qui vont être
déçus, il va y avoir des gens qui vont être rassurés, mais chose qui est... que je peux vous dire, M. le
Président, chose qui est certain, c'est que ce n'est pas une simplification du
droit de la famille. Il y a plusieurs avocats qui voient ça d'une... d'une
certaine façon autre qui vont être contents, mais c'est une avancée, certes. Alors, la création d'un nouveau
régime, l'union parentale, je pense que c'est une bonne nouvelle. C'est
sûr, ça répond à un besoin qu'on a constaté depuis des années, alors on le
salue et on est contents de poursuivre.
Est-ce que
c'est un projet de loi qui va aussi loin qu'on aurait voulu et aussi loin que
plusieurs partenaires ou groupes, parties prenantes auront voulu? Probablement
que non, mais c'est un départ. Puis c'est bien qu'on continue à avancer parce
que, c'est sûr, la société avance, alors l'Assemblée nationale a quand même une
responsabilité de poursuivre ces avances... ces avancées dans notre
société.
D'emblée, M. le Président, je souhaite saluer le
travail du député de l'Acadie que, je sais, suit nos travaux à distance, c'est un excellent parlementaire qui a
travaillé très fort, ainsi que le recherchiste qui nous accompagne dans le
débat de ce projet de loi, Gabriel
Bourret, qui ont fait un travail... c'est quand même très détaillé. C'est
toujours des projets loi qui sont très techniques, quand on parle de modifier
le Code civil, alors je souhaite souligner, quand même, leur travail en
ce qui concerne tout ce qui était en lien
avec l'étude détaillée. Parce que, rendu à la prise en considération, comme
vous le savez sans doute, M. le
Président, c'est le moment où on parle des gains, des déceptions, où on parle
des amendements, mais je pense que ça va être important de faire quand même un
petit survol de c'est quoi, le projet de loi, puis pourquoi qu'on le...
de ma façon de comprendre, pourquoi le gouvernement a décidé de poursuivre avec
ceci.
C'est la troisième étape de la réforme du droit
de la famille. Et, encore une fois, je répète, ce n'est pas nécessairement une
simplification. J'espère... je vais probablement utiliser le mot
«sensibilisation de la population» plusieurs
fois lors de mes remarques, parce que ça va en prendre, de l'information et de
la sensibilisation de la population pour
s'assurer de la bonne compréhension de qu'est-ce qu'on va faire lors de
l'adoption puis la mise en oeuvre de cette loi. Le Code civil du Québec, dans le fond, sera modifié pour encadrer les
droits et les obligations des conjoints de fait avec enfants, notamment en cas de séparation. C'est ça,
le projet de loi. Puis on sait aussi, au Québec, quand même, ça grimpe
sans arrêt, où on a quand même 43 % de nos couples avec enfants qui vivent
en union libre.
• (12 h 20) •
C'est intéressant — d'autres statistiques
qui sont en lien avec ça — qu'à
l'intérieur de tous ces couples seulement 8 % ont un contrat de vie
commune. Puis c'est dommage, parce que c'est la démonstration que plus de
50 % de la population ne sont pas au courant que, s'ils sont mariés ou
s'ils sont conjoints de fait avec des enfants, ils n'ont pas les mêmes
protections, mais 50 % de la population pense que c'est le cas. Ça fait
que ça se peut qu'il y ait même des élus ici, qui siègent à l'Assemblée nationale,
qui pensaient que... soit qu'ils sont mariés ou bien qu'ils sont conjoints de fait, puis qu'ils ont des enfants, puis qu'ils
décident de se séparer, bien, qu'ils vont être protégés par le même régime. Ce n'est pas le cas. Alors, ce projet de loi vient répondre
à une certaine catégorie de ces couples, parce que, dans le fond, le but, c'est de protéger, évidemment, les
enfants. Ça fait que, encore une fois, on salue ceci. Mais, si 50 % de la
population ne sont pas au courant de
la façon que ça fonctionne à l'intérieur des régimes actuels, ça va être
important de leur sensibiliser et de
parler de c'est quoi, un contrat de vie commune, parce que, comme j'ai dit, M.
le Président, il y a seulement 8 % de la population qui en ont un.
Le projet loi n° 56
viendra modifier le Code civil, notamment afin de préciser que la formation
d'une union parentale emporte la
constitution d'un patrimoine formé sur certains biens des conjoints. Ça fait
que, là, au début des débats, on
parlait de la résidence familiale, on parlait des meubles, on parlait des
véhicules automobiles. Lors des débats, il y a quand même eu une modification de ceci. Parce que c'est quoi, la
résidence familiale? Chaque couple, chaque famille va avoir une autre
définition, puis ça peut vraiment varier. Est-ce que c'est parce qu'on vit en
condo en ville puis on a une maison en campagne?
C'est lequel qui est la résidence familiale? Alors, encore une fois, je salue
le travail de mon collègue, qui a quand
même déposé un amendement pour modifier ceci que le gouvernement a accepté.
Alors, toutes les résidences
familiales seront couvertes quand on parle du patrimoine.
L'autre chose que je pense qui est une
déception, mais... non seulement une déception, mais que, encore une fois, ça va créer quand même de la confusion, et,
en plus de ça, ce n'est pas une simplification, parce que, là, on va avoir
trois régimes. Parce que son entrée en vigueur, de ce projet de loi, ne sera
pas rétroactive. On a quand même déposé un amendement pour changer ceci. Le gouvernement a voté contre, parce que
le projet de loi viendra en vigueur le 30 juin 2025. Ça fait qu'on
a quand même un an pour le gouvernement de préparer le terrain, de préparer les
documents, de préparer, j'espère, une grande
campagne de sensibilisation de la population pour qu'ils comprennent qu'on va
avoir un gros changement. Mais
malheureusement ça va quand même créer trois régimes, comme il y a des gens qui
ont dit, trois catégories d'enfants, parce
que seuls les conjoints de fait qui sont les parents d'un même enfant né ou
adopté — c'est une précision importante — après le 30 juin 2025 seront soumis à cette
loi. Alors, les ménages non mariés ayant eu des enfants avant cette date
pourront toutefois se placer sous la protection du régime, s'ils veulent, mais
il faut faire ça devant un notaire.
Alors, on va avoir quand même les enfants qui
sont les mieux protégés. Puis je reviens toujours au sort des enfants, parce
que c'était le nerf de la guerre dans
ce projet de loi, c'était pour protéger les enfants québécois. Alors, on va
avoir des... mieux protégés des parents
mariés, parce que ça, c'est clair, on sait où on s'en va, c'est la séparation
des biens, c'est la protection des conjoints, c'est la protection des enfants.
On va avoir les oubliés, parce qu'on va quand même avoir les enfants qui sont nés avant juin 2025 de
parents d'union de fait qui ne seront pas protégés par ce nouveau régime,
alors, on a cette catégorie. Et on va
avoir une troisième catégorie d'enfants qui vont être couverts, ou un autre
régime, les enfants du projet de loi
n° 56, parce que, lors de l'adoption de la loi et la mise en vigueur, mais
là on va avoir une autre catégorie.
Puis, je répète, ce n'est pas parce que les
parents avec les enfants qui sont dans l'union de fait qui ont eu des... et qui ont donné naissance à un enfant avant
l'adoption de la loi, avant la mise en oeuvre de la loi... oui, ils vont
pouvoir, s'ils souhaitent, aller devant un notaire pour faire ce
changement, mais c'est des coûts. Il faut trouver ces ressources. Il faut payer pour ces ressources. Ce n'est pas
tous les parents qui y ont accès, qui ont une compréhension de ceci. Encore
une fois, sensibilisation, ça va être très important.
Et je pense que c'est important à cette étape,
M. le Président, de faire mention de tous les groupes qui ont passé en commission parlementaire, qui nous ont témoigné
de leur grande expérience, plusieurs avocats, des notaires, des groupes qui
représentent les parties prenantes et les personnes concernées, que ce soient
les enfants ou le sort des femmes, parce qu'ils ont vraiment alimenté le débat
puis ils ont partagé leur expertise qui nous ont aidés vraiment à avoir
un débat enrichi, malgré qu'on n'a pas pu
convaincre le gouvernement de faire un changement pour avoir une protection la
plus égale possible pour tous les enfants et de simplifier le plus
possible la mise en application de cette loi.
Puis ça me
fait penser à Me Tétrault qui a passé puis que, lui, lors de son témoignage,
nous a dit : Il y a seulement une
catégorie d'enfants : les enfants. J'aurais voulu voir ça à l'intérieur de
la loi. J'ai trouvé ça vraiment... Ça m'a frappée. Je l'ai noté parce
que c'est vrai. Puis on a quand même une responsabilité de, je pense, penser
comme ça, comme parlementaires. Puis, quand j'ai parlé des trois catégories
d'enfants, je dois remercier les Pres Carmen Lavallée puis Hélène Belleau,
parce que, quand je parle des trois catégories, les mieux protégés, les oubliés
et les enfants du projet de loi n° 56,
bien, dans le fond, je suis en train de leur citer... parce que c'est vrai,
puis elles n'étaient pas les seules, il y a plusieurs personnes qui ont pensé qu'on va faire face à ces difficultés
puis à ce manque de compréhension, ça fait que d'où l'importance de
sensibiliser la population et de parler de qu'est-ce que ça va représenter lors
de l'adoption.
Le projet de
loi, aussi, va mettre en oeuvre une demande de prestation compensatoire au
tribunal pour les parents qui estimeraient s'être appauvris après avoir
contribué à l'enrichissement du patrimoine de l'autre conjoint. Ça fait qu'on
peut imaginer un couple ensemble, une personne qui donne naissance à un enfant.
L'enfant fait face à des difficultés, ça
fait que ce parent reste à la maison pour en prendre charge, ça fait que... ne
retourne pas sur le marché de travail. Puis l'autre parent... Ils
ne sont pas mariés. L'autre parent va continuer à travailler, à
investir dans les REER, à investir dans l'hypothèque de la maison. Puis l'autre parent, bien, dans le fond, il
n'aura pas accès à tout ça parce qu'on a fait un choix, comme couple, de rester à la maison pour s'occuper
de ce bébé qui a besoin de moi, ou, pour x, y, z raisons, c'est
un choix très personnel, un des parents a décidé de rester à la maison,
l'autre retourne sur le marché du travail puis continue à investir dans
son futur. Cette personne ne sera pas nécessairement protégée.
Je comprends
qu'on a un assouplissement. Ça fait que le parent en question qui se sent
appauvri va pouvoir aller devant le tribunal puis plaidoyer de ce cas
pour avoir une équité en ce qui concerne la séparation des biens, bien, parce qu'il
y a... Le mot d'«accompagnement», quand on parle d'une pension alimentaire,
n'apparaît nulle part dans ce projet de loi. On n'a pas traité ça du tout pour
les conjoints. Ça fait que, sans enfant, ce n'est pas traité. Ça fait qu'au
moins il y a ça, mais, encore une fois, je
répète, ce n'est pas une simplification. Ça représente quand même du travail
acharné que ces parents, ces Québécois, il va falloir... font pour
assurer que leurs droits sont protégés puis qu'eux, leur futur aussi est protégé. Puis, tu
sais, j'ai une petite pensée à cette étape quand je pense à ça, M. le
Président, surtout aux femmes immigrantes. Je sais que, dans votre comté, M. le
Président, à Viau, vous avez une forte population de femmes immigrantes,
vous avez une forte population, aussi, des
personnes issues de la diversité, il y a un haut niveau de pauvreté. Alors,
c'est une population, chez vous, que... vous militez très fort aussi pour les
protéger, vont faire face à probablement des difficultés de compréhension. Puis ça se peut qu'ils vont tomber
aussi dans la catégorie de : moi, j'étais appauvrie, parce que...
culturelle aussi, ça se peut que
j'aie fait un choix de rester à la maison. Ça fait que comment accompagner ces
personnes, ces femmes, ces personnes
immigrantes aussi, les proches aidants, les conjoints? Je pense qu'il faut
reconnaître et valoriser le travail non rémunéré, surtout des femmes. Oui, la
société est en évolution, mais ça reste que, majoritairement, c'est les femmes
qui restent à la maison pour s'occuper des enfants. Alors, c'est...
quand même, une petite pensée pour eux.
• (12 h 30) •
Comme dans le cas des mariages, les biens acquis
avant l'union seront exclus du calcul, quand on parle de la séparation des biens. Contrairement au mariage,
toutefois, la contribution d'un parent à un REER ou à un fonds de pension ne
sera pas considérée dans l'appréciation du patrimoine établi dans le cadre de
l'union parentale. J'étais quand même un peu surprise de ça, M. le Président.
Puis je sais qu'il y a quand même des collègues qui ont mené un débat en ce qui
concerne ceci. Pourquoi? Encore une fois, parce que, si on va penser de
modifier le Code civil en ce qui concerne le sort de parents, l'union parentale, bien, on n'a pas pris en
considération le sort des conjoints quand on n'a pas d'enfant. Puis on a
entendu plusieurs groupes militer
pour ce changement, que ce soit le Conseil
du statut de la femme, le Groupe des
13, mais plusieurs autres groupes qui parlaient de comment protéger, surtout,
encore une fois, les femmes. Il y a des mythes qui se promènent, qui... où on dit que les femmes, on a une équité
salariale. On a des avancées importantes, certes, mais on n'est pas rendues là
encore. Ça fait que je pense que, tant qu'on
n'est pas rendu à une équité, que ce soit salariale, au niveau du marché du
travail ou autre, il faut toujours se
soucier de ceci. Alors, je trouve quand même malheureux qu'on n'ait même pas pu
avoir un débat sur ce sujet pour vider la question, pour s'assurer que
ça peut être pris en considération.
Le gouvernement, leurs points sont valides, puis
il faut le dire, le point de dire : On ne veut pas marier les Québécois de force, c'est vrai, c'est vrai, il
faut avoir un juste milieu dans ceci. Alors, au lieu d'avoir un «opting out»,
on a peut-être un «opting in», ça va être de cette façon que ce sera
traité. Mais, encore une fois, je répète, ce n'est pas si simple, malheureusement, ce n'est pas des régimes
qui sont simples, puis ça... la compréhension de ceci, c'est très complexe.
Alors, je répète que la sensibilisation de la population va être importante.
Puis, quand
on parle de régimes de retraite, les REER, pension, pourquoi que c'est
important? C'est parce que... Encore une fois, je peux citer Me Tétrault
ou autres avocats qui ont passé pour nous alimenter avant qu'on ait commencé
l'étude détaillée, parce que c'est vrai que la situation économique de l'enfant
est directement liée à la situation économique
du parent. Alors, de ne pas penser aux pensions alimentaires ou comment nous
allons séparer ce type de bien, bien, ça se peut qu'on va pénaliser les
enfants. Puis c'est pour ça que j'étais déçue qu'on n'ait pas pu creuser plus
cette question puis peut-être trouver un
mi-chemin, un mi-chemin, parce que ça va être important de penser à tous les
enfants. Puis, encore une fois, le sort de l'enfant est directement lié
au sort du parent.
Il y a quand
même des éléments qui sont aussi très importants. Puis je salue quand même
l'avancée du gouvernement en ce qui
concerne les couples qui sont ensemble, où il n'y a pas un testament. Ça, c'est
quand même quelque chose qui est très important. Pourquoi? Parce qu'avec le
projet de loi n° 56, une personne en union libre qui décède avant, bien,
il va avoir beaucoup de difficultés, lors du décès de cette personne, pas de
testament. Ça fait que, si c'est mon conjoint, ma conjointe, bien, je ne pourrai pas nécessairement... avoir accès au
patrimoine. Maintenant, ça, c'est quelque chose qui est changé, ça fait qu'on doit saluer, c'est quand
même une avancée, je pense, très importante. Alors, je trouve ça très bien, et
bravo, parce que c'est une mesure de protection pour surtout plusieurs couples.
Quand on fait face à cette difficulté, à cette période de notre vie, hein, ce
n'est pas... notre cerveau, notre tête n'est pas là-dessus, comme vous pouvez
imaginer. Alors, de s'assurer... on aura au moins ce soulagement, bien,
je pense que c'est une bonne chose.
Quand on
parle des amendements, il y en avait plusieurs... pas beaucoup, pas beaucoup
pour un projet de loi qui est si
technique, un projet de loi qui, quand même, représente une réforme assez
substantielle, mais il y en a plusieurs qui ont été adoptés, qui ont été
déposés par mon collègue, entre autres des modifications de la clarification.
Ça aide, de travailler avec l'ancien
procureur en chef pour le Canada. Puis, il faut dire, il y avait plusieurs avocats
qui ont alimenté les débats autour de la table, plusieurs collègues,
entre autres, ainsi que les équipes qui entourent le ministre.
Mais le collègue de l'Acadie avait quand même
fait des modifications, un amendement qui vient donner suite à la recommandation
de plusieurs experts, lors des consultations, pour attacher un article à la
jurisprudence actuelle, comme de changer le
texte qui dit «la manifestation expresse ou tacite de la volonté des conjoints
ou de l'un d'eux de mettre fin à l'union» par les mots «la cessation de
la vie commune». Ça fait que ça, c'est une avancée encore... Ça, c'est une
simplification, M. le Président, il faut le dire, là. Ça fait que c'est quand
même du beau travail qui a été fait.
Et un autre
amendement qui était très important, et on est reconnaissants que le
gouvernement a accepté l'amendement déposé par le collègue, parce que dans la
loi, dans la mouture avant, c'était écrit que «30 jours [suivant] la fin
de l'union, lorsque celle-ci prend fin par la manifestation, expresse ou
tacite, de la volonté par l'un ou l'autre des conjoints de mettre fin à
l'union», c'est changé pour «120 jours». Ça fait que ça, ça veut
dire : au moment qu'on décide de se séparer, on a 30 jours pour mettre de l'ordre dans tout. Mais ce n'est pas assez
de temps, M. le Président. On a même entendu plusieurs avocats, il y a toutes
sortes d'opinions là-dessus, encore une fois. «Where there is a lawyer, there
is an opinion.» Alors, c'est clair,
on a entendu des avocats qui ont dit : On n'a même pas besoin d'avoir une
date, puis on en a d'autres qui ont dit : 60 jours, 90 jours.
Puis les membres de la commission ont décidé de se statuer à 120 jours,
120 jours qui représentent quand même un temps qui est beaucoup plus que
30 jours pour ces couples de trouver une stabilité, de qui va avoir
la maison, qui va habiter où, comment nous
allons séparer la charge des enfants, etc. Ça fait qu'il faut le dire, ça,
c'est une avancée puis un amendement déposé par le Parti libéral du
Québec. Alors, je suis contente de ceci.
Aussi, je l'avais
mentionné au début de mes remarques, mais, à l'intérieur de la séparation du
patrimoine, le gouvernement avait fait le choix de parler de la résidence
principale, la voiture, les meubles. Puis le député de l'Acadie a déposé, encore une fois, un autre amendement,
puis cette fois-ci pour couvrir toutes les résidences familiales. Alors, ça,
c'est une avancée très importante, puis on est reconnaissants de ceci.
J'ai parlé de la preuve d'appauvrissement d'un
conjoint. Et il y a quand même des modifications de ceci. Mais il y a quand même eu des amendements que nous
avons déposés, comme opposition officielle, qui ont été refusés. Ça fait qu'il
y a quand même des déceptions, entre autres une modification à l'article...
bien, l'introduction du nouvel article 15.1, qui était pour
modifier l'article du Code civil, le 2457. Pourquoi? Parce que, quand on parle
des assurances puis avoir accès à de
l'assurance, dans le Code civil actuel, on parle uniquement de l'époux et
conjoint unis civilement, mais on ne parle
pas de l'union parentale. Mais là on est en train de créer un autre régime, ça
fait que c'est tout à fait logique de déposer un amendement, parce que,
là, on est en train d'en débattre, actuellement, d'insérer l'union parentale
pour avoir accès à cette même couverture en
ce qui concerne les assurances. C'est un oubli, dans le fond, dans le projet de
loi et c'est la démonstration que cet aspect du projet de loi n° 56 n'a
pas été validé, soit avec les assurances, soit avec la loi sur l'assurance,
avant le dépôt du projet de loi. Ça fait qu'on est allés trop vite, je ne sais
pas, mais il y avait quand même un travail en amont
à faire qui n'était pas fait, manifestement. Alors, j'espère... Parce que le
ministre a dit que lui-même, ce qu'il va faire, c'est... il va faire le travail pour investiguer. Il n'a pas fait une
tête là-dessus, ça fait qu'on tient sa parole parce que ça va être important de
s'assurer que ce nouveau régime a accès aux mêmes protections pour le bien,
pour le mal. Puis on comprend que ça
prend une conversation avec tous les assureurs, mais c'est quelque chose qui
était manquant dans la loi, puis on a essayé de corriger le tir.
Je peux dire
la même chose avec... en ce qui concerne le sort des animaux, M. le Président.
Malgré qu'il n'y avait pas d'amendements qui ont été déposés, je ne sais pas
pour vous ou dans votre comté de Viau, probablement, parce que vous avez des
citoyens qui sont très engagés, mais moi, j'ai reçu au-dessus de
400 courriels, dans ma boîte de comté, en ce qui concerne le partage de notre animal de
compagnie, puis avec raison. On sait que c'est un sujet sensible pour plusieurs
Québécois et Québécoises. Leur animal de
compagnie, c'est leur bébé, c'est leur enfant. Alors, comment faire la
séparation de ce bien? Est-ce que c'est un bien? Ça tombe dans quelle
catégorie? Comment allons-nous poursuivre?
Il y avait quand même un débat puis des
questions en ce qui concerne cet enjeu. C'est un enjeu, mais ce n'était pas réglé à l'intérieur du débat du projet de loi
n° 56. On est rendus à la prise en considération puis on n'a pas de
décision. Le gouvernement a dit que, bien oui, il faut faire une tête. On va quand
même réfléchir à la question. Mais, au moment où on aura pu avancer, et prendre une décision, et consulter les
groupes, ce n'était pas fait. Ça fait que je... il va avoir plusieurs personnes
qui vont être déçues de ceci. C'est regrettable, mais on espère que c'est un
sujet qui sera clarifié, hein, parce que je comprends qu'il y a plusieurs
citoyens qui vont être affectés par ceci, hein, parce que, veux veux pas,
presque 50 % des couples se
séparent. C'est une statistique qui est décevante, mais c'est la réalité.
Alors, il faut se prévenir de ceci.
Et, sur ce,
M. le Président, je suis... merci beaucoup pour votre écoute précieuse. Et on
est contents de poursuivre à la prochaine étape de ce projet de loi.
Merci.
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix du rapport
Donc, s'il
n'y a pas d'autre intervenant, donc, à ce moment-là, le rapport de la Commission des institutions portant sur
le projet de loi n° 56, Loi
portant sur la réforme du droit de la famille et instituant le régime d'union
parentale, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président,
pourriez-vous appeler l'article 11 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 53
Adoption
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 11 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi
n° 53, Loi édictant la Loi sur
la protection contre les représailles liées à la divulgation d'actes
répréhensibles et modifiant d'autres dispositions législatives.
Je reconnais, comme premier intervenant, M. le
député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci. Merci, M. le
Président. Vous venez de nommer le projet de loi n° 53. Je n'en referai
pas la nomenclature, si vous me le
permettez, il est quand même assez long, mais permettez-moi de vous exprimer ma
réjouissance d'être rendu à cette
étape finale, M. le Président, un projet de loi qui a suscité cette belle
collaboration avec l'ensemble des parlementaires. Je vois le député de
Pontiac qui était présent, la députée de La Pinière, le député de Rosemont
aussi, qui ont très
bien collaboré à ce projet de loi. Et ça démontre toute cette ouverture qu'on
avait, dès le départ, là, à travailler en équipe avec la présidente du Conseil
du trésor pour arriver avec une finalité qui... qui convenait à tout le monde.
Ça fait que c'est vraiment une belle efficacité. Je pense qu'il faut prendre le
temps, là, de signifier.
Il
faut se le rappeler, M. le Président, que ce projet de loi aura un impact
significatif. Il va vraiment permettre de renforcer la culture de l'éthique et
de l'intégrité au sein de l'ensemble de l'appareil gouvernemental, puis
c'est... ce n'est pas... à ne pas négliger, naturellement. Il était devenu
nécessaire, naturellement, de réviser le mécanisme de divulgation d'actes répréhensibles prévu à la Loi facilitant
la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics afin
de les rendre plus robustes, afin d'améliorer, comme je l'ai dit tantôt, son
efficacité.
Mais
ce qui est important aussi, M. le Président, c'est qu'on venait aussi renforcer
la confiance du public. Le public doit avoir confiance au processus qu'on se
donne qui permet de faire des divulgations et de s'assurer que les gens qui font des divulgations, bien, ils sont... ils
peuvent le faire en toute sécurité. Parce que, M. le Président, ça prend quand
même beaucoup de courage de faire ce type de divulgation là.
Je
vais me permettre, M. le Président, quand même de faire un survol très, très,
très rapide du projet de loi. Je vais le faire en trois temps. Dans le fond, le
projet de loi, il permet d'améliorer la confidentialité des processus, élargir
et faciliter l'accès pour les divulgateurs à la protection contre les
représailles et miser davantage sur la prévention.
D'abord, pour ce qui
est de l'aspect confidentiel du processus de traitement de divulgation, il faut
comprendre, M. le Président, que, maintenant, les gens vont être dirigés, donc
les divulgateurs, vers des organismes de confiance indépendants pour faire
enquête.
Il va également
conférer à ces organismes chargés du traitement des divulgations des outils
supplémentaires pour assurer le maintien de
la confidentialité, par exemple le pouvoir d'interdire la communication de
renseignements liés à une enquête.
Le projet de loi
n° 53 permettra aussi d'améliorer la protection et l'accompagnement des
divulgateurs qui sont menacés ou qui subissent diverses représailles. Entre
autres, les victimes pourront dorénavant bénéficier de l'expertise et du service du Protecteur du citoyen, qui
offrira notamment de la médiation et qui pourra les représenter en fonction du
recours approprié. Les victimes pourront
également compter sur des pouvoirs de réparation accrus accordés au Tribunal administratif du travail, ce qui
n'était pas le cas avant.
Enfin,
je soulève un dernier aspect, celui de la prévention. De nouvelles obligations
dévolues aux organisations et au Protecteur du citoyen devraient
permettre de prévenir, dans la mesure du possible, des actes répréhensibles.
Bref, M. le
Président, vous voyez, je serai quand même assez court, toutes ces nouvelles
façons de faire auront un effet... un effet
convaincant, et, en fait, ça se résume à tolérance zéro. Donc, ce qu'on
souhaitait, c'est venir vraiment renforcir le processus pour donner confiance
aux gens qui décident de faire des divulgations. Et donc, en ce sens, je pense
que c'est vraiment mission accomplie, M. le Président, ça fait que je pense
qu'on peut s'en réjouir. Ça fait que j'invite l'ensemble des parlementaires à
voter favorablement pour l'adoption finale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Maskinongé. La parole revient maintenant à M. le député
de Pontiac.
M.
André Fortin
M.
Fortin : Merci. Merci, M. le Président.
Bon, on a discuté hier de ce projet de loi, alors je ne m'éterniserai pas dans mes remarques, mais il y a quand même
quelques éléments que je veux dire. D'abord, remercier le député de l'Acadie
qui... au nom de qui je prends la parole aujourd'hui, qui est notre
porte-parole en la matière, mais qui, pour des raisons évidentes, ne
peut être avec nous aujourd'hui.
Bon, le député de
Maskinongé n'a pas voulu nommer le titre du projet de loi parce qu'il est très
long, mais, effectivement, il reflète bien
c'est quoi qu'il y a dans le projet de loi, la Loi édictant la Loi sur la protection contre les représailles
liées à la divulgation d'actes répréhensibles et modifiant d'autres
dispositions législatives.
C'est
un projet de loi positif. Protéger, comme le dit le titre, protéger contre des
représailles liées à la divulgation d'actes répréhensibles des fonctionnaires,
c'est une saprée bonne affaire, M. le Président. C'est une bonne chose. On
devrait vouloir ça. On devrait
vouloir, en tout temps, protéger les gens qui lèvent la main, les lanceurs
d'alerte, les divulgateurs qui disent : Un instant, il y a quelque chose
qui se passe, puis ce n'est pas tout à fait ce qui devrait se passer, puis il y
a un risque ici.
Alors,
tout gouvernement qui se respecte devrait vouloir, disons, protéger le droit de
parole, protéger le droit de porter plainte de gens qui osent faire cette
action-là. Parce que ces gens-là, à la base, là, qu'est-ce qu'ils font? Ils
n'ont pas de gain personnel à faire ça. Il n'y a pas de gain personnel à lever
la main et dire : Il y a quelque chose qui se passe qui n'est pas correct
dans mon ministère, dans mon département, dans mon organisme. Il n'y a pas de
gain personnel à ça, mais il y a un
gain pour le public. Ce qu'on fait quand on lève la main, c'est qu'on protège
la fonction publique de façon générale,
c'est qu'on protège les deniers publics, les ressources financières du public,
l'argent que vous, moi et nos concitoyens, on investit tous, on envoie tous ici, à Québec, pour donner des services
à la population. On protège le bon fonctionnement de l'appareil gouvernemental. Alors, M. le
Président, à la fin de la journée, là, on protège l'intérêt public quand on
fait des divulgations comme celles auxquelles on fait référence ici.
Alors, si on peut
donner davantage de protection, si on peut donner davantage de confiance, si on
peut s'assurer, M. le Président, que des
gens n'hésitent pas à lever la main, à dire : Il faut faire attention, il
y a quelque chose qui mérite enquête ici, on doit le faire. Et c'est un
peu ce que le projet de loi vient faire.
On avait quelques...
on avait quelques réserves... pas quelques réserves, quelques inquiétudes par
rapport au projet de loi, c'est-à-dire : Est-ce que les divulgateurs
seraient bien entourés tout au long du processus? Est-ce qu'ils pourraient, par exemple, avoir la présence de leurs
représentants syndicaux, syndical pour les épauler à travers tout ça? Ce sont des modifications
qui ont été faites en cours de route par la présidente du Conseil du trésor.
Ça, c'est une bonne chose, parce
qu'une personne qui fait une divulgation, elle se met un peu... elle se rend un
peu vulnérable au... devant son employeur. Alors, de savoir qu'elle sera
épaulée tout au long du processus, qu'elle aura les ressources nécessaires, ce
n'est pas une mauvaise affaire, et on apprécie le changement qui a été fait.
L'autre
chose qui nous inquiétait, c'est qu'on vient dire ici : Il y a un
mécanisme unique, c'est au Protecteur
du citoyen qu'on doit formuler la
plainte, mais, si le Protecteur du citoyen le juge nécessaire, il peut juste
renvoyer la plainte à l'organisme
pour lequel vous travaillez. Alors là, M. le Président, pour nous, il y avait
un certain aspect de vulnérabilité de
la personne plaignante, du divulgateur, ce qu'on voulait éviter à tout prix.
Alors là, la présidente du Conseil du
trésor, à notre suggestion, est venue mettre des balises
autour de tout ça, est venue proposer des mécanismes pour s'assurer que le Protecteur du citoyen ne peut pas juste, à
gauche, à droite, quand ça lui tente, renvoyer tout ça à l'organisme en
question. Il le fait sous certaines conditions, tout en protégeant
l'identité ou l'anonymat de la personne qui a formulé la plainte.
Ça, ce sont des
changements positifs, M. le Président, et, je le répète, tout ça pour protéger
le divulgateur afin qu'il n'y ait pas de répercussions,
qu'il y ait le moins de répercussions possible, parce qu'il y a des risques
encore aujourd'hui. Les gens, du
moins, sentent qu'il y a des risques sur son emploi, son salaire, son
bien-être, sa réputation, sa relation avec son employeur, etc. Il y a toutes
sortes de raisons pour lesquelles encore aujourd'hui des gens hésitent à lever
la main, hésitent à dire : Bien, pour ça, je ne suis pas certain
que je peux divulguer ce que je vois qui n'est pas tout à fait correct.
M.
le Président, je ne referai pas l'argument que j'ai fait hier, je crois, au
grand dam de certains collègues d'en face, par rapport au fait que tenter de
lever l'omerta dans la fonction publique. C'est une bonne chose, mais que ça
serait le fun qu'ils fassent la même
chose dans leur parti politique. Je ne referai pas l'argument au complet, mais,
quand même, M. le Président, je trouve ça particulier qu'un parti qui est ici
aujourd'hui puis un gouvernement qui est ici aujourd'hui nous dit :
C'est vrai, les gens devraient être capables de divulguer ce qu'ils voient puis
ce qu'ils n'aiment pas dans la fonction publique, c'est
bon pour la fonction publique, mais ils ne devraient pas le faire dans notre
parti, parce que vous avez entendu, M. le Président, la directive
qui a été offerte aux membres de la Coalition avenir Québec.
• (12 h 50) •
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement, oui.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Je ne vais pas rappeler le long titre de ce projet de
loi, donc, projet de loi n° 53, Loi édictant la Loi sur la
protection contre les représailles liées à la divulgation d'actes
répréhensibles. Donc, je vais
continuer à vous écouter tout en vous demandant d'être prudent, M. le député.
M.
Fortin : ...M. le Président.
Effectivement, je vais m'en tenir à la protection contre les représailles liées
à la divulgation d'actes répréhensibles
parce que, quand on envoie un message à qui que ce soit, que ce soit dans la
fonction publique, que ce soit dans un parti politique ou ailleurs, en leur
disant : Taisez-vous, s'il vous plaît, on ne vient pas protéger
contre des représailles qui que ce soit.
Et je ne sais pas, M.
le Président, ce que le parti d'en face avait peur d'entendre au cours de la
fin de semaine. Peut-être qu'il avait peur
que les gens parlent du déficit de 11 milliards. Peut-être qu'il avait
peur ou qu'il était inquiet... Sans leur prêter d'intentions, M. le Président,
peut-être qu'il était inquiet qu'on parle des ratés dans la fonction... dans le
réseau de la santé. Peut-être qu'il était inquiet qu'on parle de ce qui
se passe sur la Côte-Nord, en Outaouais, en Abitibi en ce moment. Peut-être qu'il était inquiet, M. le Président, qu'on
parle du troisième lien. Peut-être qu'il était inquiet que leurs membres
parlent du traversier à Rivière-du-Loup. Peut-être qu'il était inquiet, M. le
Président, qu'on parle de la crise en agriculture et de l'absence totale de
leadership de la part du parti au pouvoir. Peut-être qu'il était inquiet, M. le
Président, du fait que, je ne sais pas, moi,
le gouvernement a empêché la tenue de spectacles culturels chez Mario Pelchat.
M. le Président, la liste, là, elle est longue.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Écoutez, s'il vous plaît, s'il vous plaît, je pense
qu'à ce stade-ci... Donc, je demande au
député de poursuivre son intervention, puisqu'on est en train de parler d'actes
répréhensibles par rapport à la...
d'actes... par rapport à la divulgation d'actes répréhensibles. Donc, je vais
demander au député de poursuivre, mais tout en étant...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Allez-y.
M. Caire : ...dans l'analyse du député, qu'il fait la
nomenclature d'actes répréhensibles. Est-ce que la présidence est en train de dire qu'elle constate des actes
répréhensibles dans le parti politique qui forme le gouvernement? M. le
Président, est-ce que c'est ça que vous êtes en train de faire?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
M. le leader adjoint, merci pour votre intervention. Donc, je vais demander
au député de poursuivre, de revenir sur le
projet de loi qui est en cours, donc, et de se concentrer sur son intervention
par rapport au projet de loi n° 53.
M. Fortin : Merci,
M. le Président. Et, vous savez, quand le gouvernement envoie un signal, quand
le gouvernement dit à la société civile... parce que le gouvernement est un
leader, hein? Souvent, on se tourne vers le gouvernement, on se dit : Il
doit être sans reproche. Là, ici, le gouvernement est en train d'envoyer un
signal. On dépose une loi pour protéger contre les représailles quiconque fait
des divulgations. Alors, si quelqu'un dit... si quelqu'un, dans la société
civile, dit : Bien, savez-vous quoi? Moi aussi, je vais mettre un
mécanisme à l'intérieur de mon entreprise privée pour s'assurer que quelqu'un
qui fait des divulgations est protégé, bien, ça aura été une bonne chose, ça
aurait été un signe de leadership de la part du gouvernement.
Alors,
pourquoi se priver qu'un parti politique fasse la même chose, M. le Président?
Le gouvernement agit comme leader en ce sens-là. Les partis politiques
pourraient suivre l'exemple du gouvernement, comme toute entreprise privée.
Alors, s'il y a des membres de ce parti politique là qui veulent parler de la
violence armée à Montréal, ils devraient pouvoir le faire. Vous le savez, dans votre comté de Viau et partout ailleurs à
Montréal, c'est un enjeu. S'il y a des membres d'un parti politique qui veulent parler du fait que ça
prendrait un ministre en Abitibi, qui veulent parler d'un remaniement
ministériel, ils devraient pouvoir le faire. S'ils veulent parler de tous les
enjeux que je viens de citer et de tous les autres que je pourrais citer
en lien avec l'absence de leadership de leur gouvernement, ils devraient
pouvoir le faire.
Enfin,
M. le Président, mon point est fait. Une bonne chose, une très bonne chose
qu'on passe à l'adoption, aujourd'hui,
de ce projet de loi là non seulement pour son contenu, mais aussi parce que ça
pourra libérer la présidente du Conseil
du trésor, présidente du Conseil du trésor qui, au cours des prochains jours, a
d'immenses défis devant elle. Elle doit
régler la crise avec la Fédération des médecins omnipraticiens. Et j'utilise le
mot «crise», M. le Président, parce que vous devriez voir, à l'instar de
celle de ma collègue, ma boîte de courriels, de citoyens après citoyens, Québécois après Québécois, incapables d'avoir un
rendez-vous avec un médecin de famille cette semaine, incapables, M. le Président. Alors, j'espère que la présidente du
Conseil du trésor pourra concentrer, maintenant que son projet de loi est
adopté, toutes ses énergies sur un dossier crucial comme celui-là. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Pontiac. Prochain intervenant, je reconnais Mme la
députée de La Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron :
Merci, M. le Président. Alors, ça
me fait plaisir d'intervenir sur l'adoption du projet de loi n° 53. Ça a
été un plaisir de me joindre à cette commission vers la fin des travaux, parce
que les lanceurs d'alerte font partie intégrante des remparts de la démocratie.
Ils visent à évidemment faire cesser des actes répréhensibles à l'égard des
organismes publics, mais, plus largement, comme l'a dit mon collègue le député
de Pontiac, en fin de compte, c'est l'intérêt public qu'ils tentent de
protéger.
Alors,
la divulgation, ce n'est pas une chose facile. Il y avait un manque de
confiance qui était constaté. Ce projet de loi veut redonner confiance aux
lanceurs d'alerte. Et ils veulent aussi les protéger contre les représailles...
les assurer qu'ils seront protégés contre les représailles.
Alors,
le projet de loi le fait en centralisant le traitement des plaintes à l'égard
des représailles au Protecteur du
citoyen, en permettant aussi au
protecteur et au syndicat de l'employé d'accompagner l'employé qui divulgue, si
tel est son... si tel est son choix.
Et cet accompagnement-là est important, car il ne faut pas laisser seules les
personnes qui ont le courage de dénoncer.
Bien
sûr, il faudra que le Protecteur du
citoyen soit doté des ressources
humaines et financières nécessaires pour s'acquitter de ses responsabilités et que les employés soient informés,
renseignés sur ces changements. Et c'est d'ailleurs ce... Ce sera
d'ailleurs le rôle de la nouvelle fonction qui est créée par ce projet de loi
au sein des organismes.
Alors, je vais
terminer rapidement, M. le Président, en disant aussi que le projet de loi
confie au Commissaire à l'éthique et à la
déontologie la responsabilité de
traiter les divulgations qui mettraient en cause le Protecteur du citoyen lui-même. Alors, je
suis certaine que vos citoyens, dans Viau, appuieraient ce projet de loi. C'est
tout aussi important pour eux que mes
voisins et voisines dans le comté de La Pinière. Alors, nous allons voter pour
ce projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise
aux voix
S'il
n'y a pas d'autre intervenant, le projet de loi n° 53, Loi édictant la Loi sur la protection contre les
représailles liées à la divulgation d'actes répréhensibles et modifiant
d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Caire : M.
le Président, je fais motion afin d'ajourner nos travaux à demain matin,
9 h 40.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, en conséquence, nous ajournons nos travaux à jeudi 30 mai
2024, 9 h 40.
(Fin de la séance à 12 h 59)