(Treize
heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Je vous invite à prendre place. Nous
allons débuter nos travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
sommes rendus à la rubrique Déclarations des députés. Avant même de commencer,
je profite pour rappeler, les
collègues qui auront à faire une déclaration ce matin, de se tenir à une
minute, qui est la durée prévue pour la déclaration.
Et, sans plus tarder,
je reconnais M. le député de Chauveau.
Féliciter
M. Gabriel Lemieux pour son ascension de l'Aconcagua
M.
Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec fierté que je
dédie ma déclaration de député au premier Canadien à gravir l'Aconcagua à la
course, Gabriel Lemieux, que je salue, dans les tribunes. Il est accompagné de
Misty Patillo-Forsberg et François-Xavier Roy.
Après une année de
préparation, l'athlète de Stoneham-et-Tewkesbury a réalisé un grand rêve en
atteignant le toit des Amériques, le plus haut sommet en Amérique du Sud. Avoir
gravi cette montagne représente plus qu'un record pour Gabriel. Il souhaitait d'abord inspirer le dépassement de soi
auprès des gens. Selon lui, si l'on met l'effort, la discipline et que
l'on sait bien s'entourer, chaque rêve est réalisable et atteignable.
Gabriel,
tu es une personne inspirante pour Chauveau. Merci d'être ici avec nous. Je te
souhaite de poursuivre tes rêves et continuer d'être la personne que tu
es.
Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chauveau. Et, sans plus tarder, je cède maintenant la parole
à M. le député de l'Acadie.
Souligner
le 50e anniversaire du programme de technologie
de l'architecture du cégep Vanier
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci,
M. le Président. Je tiens à souligner le 50e anniversaire du département
de technologie architecturale du collège Vanier, qui est situé dans ma circonscription.
Ce
département a ouvert ses portes en septembre 1973. Le département a débuté
sur le campus Snowdon, de Vanier, avant
de déménager sur le campus principal, en 1986. Les enseignants, en 1973-1974,
étaient des architectes et ingénieurs en
exercice qui ont marqué l'architecture et l'ingénierie au Québec. Ils étaient
fiers de partager leur savoir avec la prochaine génération de
technologues.
Vanier a formé de
nombreux technologues au cours des 50 dernières années. Ils ont contribué
fièrement au développement architectural du
Québec. En tant que député de l'Acadie, je leur souhaite bon succès. Et bravo à
Vanier! Ils continueront pour encore 50 ans au minimum. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Et la parole revient maintenant à Mme la
députée de Rimouski.
Souligner
le Mois de l'arbre et des forêts
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Merci, M. le Président.
Le mois de mai est le Mois de l'arbre et des forêts, célébré partout au
Québec. Le thème de cette année est Je choisis le bois!.
Matière
première indispensable, le bois a permis de bâtir le Québec. Au-delà de son
héritage et de sa relation avec notre
passé, il s'accorde également au présent et surtout au futur. Plus que jamais,
cette ressource d'une valeur inestimable joue un rôle clé dans la lutte
contre les changements climatiques et la décarbonation de notre économie.
Cette
année encore, de nombreuses activités auront lieu dans toutes les régions du
Québec, dont les si populaires distributions gratuites de plants dont
pourront bénéficier l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
Je tiens également à
saluer le travail des associations forestières régionales, des organismes, des
écoles, des municipalités qui donnent vie à
cette vaste programmation afin de mettre en lumière l'importance du bois dans
toutes les sphères de notre vie. Merci. Et bon Mois de l'arbre et des
forêts 2024.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Rimouski. Au tour, maintenant, de M. le député de
Rosemont.
Inviter
la population à participer à la campagne de
financement du Resto populaire Rosemont
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Parmi les
affres qui accablent nos communautés, l'insécurité alimentaire gagne de plus en plus de terrain. Elle touche
particulièrement les personnes seules, les immigrants et, de façon
disproportionnée, les mères monoparentales.
Depuis 2018, on a un
magnifique projet à Rosemont, le Resto pop. On y est presque, on y est presque,
mais il reste du travail à faire. Sous peu,
on pourra bientôt ouvrir le Resto pop Rosemont : 50 places,
75 000 repas par année à 6 $ le repas. C'est le but recherché
depuis des années par une équipe infatigable, qui ne cesse de travailler pour
que ça se fasse.
Mais je l'ai dit, on
y est presque, il manque un peu d'argent, M. le Président, permettez que je le
mentionne. Le Resto pop ramasse de l'argent en ce moment, collecte de l'argent,
a besoin de 125 000 $ pour lancer ses activités. On y est presque. Si le coeur vous en dit, si la
cause vous tient à coeur, il y a un cocktail de financement ce jeudi dans
Rosemont, auquel je serai. Je vous invite aussi à y participer. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Rosemont.
Je
demanderais, s'il vous plaît, aux personnes, au public, aux membres du public
qui sont avec nous de bien vouloir observer
le silence, s'il vous plaît, pendant l'intervention des députés ici, en Chambre.
Merci pour votre contribution à cela.
Alors, la prochaine
déclaration, je cède maintenant la parole à Mme la députée de Châteauguay.
Souligner
le 50e anniversaire du Club FADOQ
Coeurs vaillants Saint-Isidore
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron :
Merci, M. le Président. Samedi
dernier, j'ai eu l'immense plaisir de prendre part au 50e anniversaire
de la FADOQ Coeurs vaillants de
Saint-Isidore. Cette soirée thématique dansante et spectacle en hommage à
Céline Dion a permis d'accentuer la
hauteur de l'implication des nombreux bénévoles de l'association ainsi que du
conseil d'administration.
Cette dernière a un
rayonnement tout à fait contagieux pour les résidents et résidentes de la
municipalité de Saint-Isidore. Par leur dynamisme, les bénévoles s'investissent
pour faire vivre des activités à leurs membres, qui leur permettent de demeurer actifs, de développer des
liens interpersonnels, et même de découvrir de nouvelles passions chez
leurs 130 membres.
Tout
compte fait, la FADOQ Coeurs vaillants est bien à l'image de
Saint-Isidore : tissée serré, proche des gens et toujours prête à
prendre le flambeau pour assurer la relève.
Merci à tous ceux et
celles qui rendent le tout possible, et félicitations pour ces
50 premières années! Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Châteauguay. Et je reconnais maintenant M. le député
de Marquette.
Rendre
hommage à Mme Josée Ranger
M.
Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je prends un moment pour souligner la retraite
d'une personne très impliquée au sein de ma circonscription.
Josée
Ranger est une femme extraordinaire, très humaine et très dévouée à la
communauté lachinoise. Elle a débuté sa carrière en tant qu'enseignante en
1994. Sa passion pour l'enseignement et sa facilité à connecter avec les jeunes
sont ce qui l'a amenée aux postes de direction, à l'école secondaire
Dalbé-Viau.
Résidente de Lachine
depuis plusieurs années, Josée a consacré toute son énergie à apporter le meilleur
service possible aux jeunes. Que ce soit
pour leur cheminement scolaire, sportif ou leurs activités parascolaires, Josée
a toujours été très présente afin d'assurer leur succès et leur
développement.
Lors
de ses 25 ans de service, elle a même reçu le prix Michel-Ménard, qui
témoigne de son énorme implication et son engagement.
Josée,
je te remercie pour tous les beaux accomplissements que tu as apportés à notre
communauté. C'est avec un pincement au coeur que je te vois quitter,
mais je te souhaite une retraite bien méritée. Merci beaucoup, Josée. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Marquette. La parole revient maintenant à M. le député
de Taillon.
Souligner la Semaine de la santé mentale
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, M. le Président. Cette année, la semaine
nationale de la santé mentale se déroule du 6 au 12 mai. C'est l'occasion de rappeler que les troubles
mentaux peuvent toucher tout le monde. On connaît tous quelqu'un, un ami,
un parent, un proche, qui est ou qui sera
touché au courant de sa vie. On déploie présentement plusieurs initiatives, au
Québec, pour les jeunes comme pour
les adultes. On doit poursuivre nos efforts pour changer la culture, en santé
mentale, rapprocher les services de la communauté et surtout continuer
d'en parler.
Je
veux prendre le temps de remercier tous ceux et celles qui oeuvrent en santé
mentale et qui nous aident chaque jour
à prendre soin des Québécois : les travailleuses sociales, les infirmières,
les IPS, les psychiatres, les psychologues, les ergothérapeutes et tous
les autres. Votre contribution et votre expertise sont précieuses.
Je
rappelle que, si vous avez besoin de parler à quelqu'un rapidement, de
nombreuses ressources sont disponibles. Le 8-1-1 Info-Social, entre autres, est
là 24 heures par jour, sept jours sur sept. N'hésitez pas à lever la main.
En parler, c'est commencer à aller mieux. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Taillon. La parole revient maintenant à M. le député de
Montmorency.
Rendre
hommage à M. André Viger
M. Jean-François
Simard
M. Simard :
Alors, M. le Président, je salue
d'abord mes anciens collègues parlementaires, que je retrouve avec plaisir.
60 secondes,
c'est bien peu de temps pour dire merci à un homme qui a consacré toute sa vie
au temps. Et je parle ici d'André Viger, natif de Montmorency, qui a été
l'horloger en chef de l'Assemblée nationale pendant plus de 43 ans,
sans ne jamais manquer une seule journée de travail.
Alors,
M. le Président, André est accompagné par sa collègue Lynda Vincent, qui est
chargée de projet et de l'entretien
des horloges, que je salue également. Son départ a suscité une grande
déferlante d'amour, que j'ai pu voir dans le comté de Montmorency.
Alors, je ne connais
pas le nombre de pas qu'il a franchis, le nombre de marches d'escalier qu'il a
empruntées, ni même le nombre de barreaux
d'échelle qu'il aura faits durant toute sa carrière, mais, une chose est certaine,
il aura donné le rythme à notre vie parlementaire pendant quatre
décennies.
Mon cher André, à chaque fois que nous entendrons
dorénavant une cloche sonner, nous penserons à toi. À bientôt.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Montmorency. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Vimont.
Souligner
le Mois de l'arbre et des forêts
Mme Valérie
Schmaltz
Mme Schmaltz :
Merci, M. le Président. Alors, le
mois de mai marque le Mois de l'arbre et des forêts. Pour célébrer cette
occasion, j'organise une journée de distribution gratuite d'arbres le
18 mai prochain au parc Prévost, dans Vimont. Cet événement permettra de
sensibiliser la population de manière ludique et éducative à l'importance des
forêts et de la plantation d'arbres
dans nos vies quotidiennes. C'est donc avec enthousiasme que j'adresse cette
invitation à tous les citoyens de
Vimont et de la région de Laval, et même à vous, M. le Président. Venez
rencontrer et échanger avec les différents organismes partenaires de
l'événement, qui partagent notre passion pour la protection de l'environnement.
Rappelons-nous
que nos forêts sont une source de fierté à bien des égards. Même en milieu
urbain, le bois conserve une importance fondamentale dans notre vie.
C'est un rendez-vous,
et je vous attends. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Vimont. Et je reconnais maintenant Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner
le 40e anniversaire de la bibliothèque Jean-Corbeil
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, M. le Président. À
l'occasion du 40e anniversaire de la bibliothèque Jean-Corbeil,
les Angevins et Angevines célèbrent 40 ans d'une communauté unie
autour du pouvoir des livres.
La
bibliothèque fut fondée en 1984 grâce à la ténacité du maire de l'époque,
M. Jean Corbeil. Celle-ci fut d'ailleurs nommée en son honneur en
2005.
Durant
ces quatre décennies passées, la bibliothèque a évolué pour répondre aux
besoins des citoyens, intégrant les nouvelles
technologies tout en préservant la richesse de la tradition littéraire. Malgré
ses récentes rénovations, l'édifice a
conservé et expose de nombreuses oeuvres d'art acquises par le Fonds du
patrimoine culturel d'Anjou au courant des années.
La
bibliothèque Jean-Corbeil est bien plus qu'un simple lieu de dépôt de livres,
elle est aussi un lieu de rencontre, d'apprentissage et de création pour
les citoyens et citoyennes de tous les âges et de toutes les cultures. Que ce
soit entre amis, en famille ou seul, je vous
invite à venir visiter notre belle bibliothèque et consulter sa programmation
haute en couleur. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Mégantic.
Féliciter
le Camping Aventure Mégantic pour l'obtention de la
certification or en tourisme durable de GreenStep
M.
François Jacques
M. Jacques : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux
féliciter le Camping Aventure Mégantic pour sa certification or en tourisme durable de GreenStep. Non seulement ils
sont les premiers au Canada dans leur secteur d'activité, mais ils sont les
premiers chez nous, au Québec, tous secteurs confondus. C'est un beau cadeau
pour cette entreprise de ma circonscription, qui fêtera son
10e anniversaire dans quelques semaines.
Pour obtenir sa
certification, Camping Aventure Mégantic a dû répondre à des critères rigoureux
reconnus par le Conseil mondial du tourisme
durable et répondant aux objectifs de développement durable des Nations unies. Par son engagement dans
cette voie, Camping Aventure Mégantic contribue à ce que notre région soit une
destination touristique qui priorise la protection de notre
environnement et la lutte contre les changements climatiques.
Alors, encore une
fois, je félicite cette entreprise innovante de chez nous, pour laquelle on ne
compte plus les distinctions. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Mégantic.
Pour la dernière
déclaration, j'aurais besoin du consentement de la Chambre pour permettre à M.
le député de Lac-Saint-Jean de faire sa déclaration. Consentement. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
Souligner
le travail du Groupe Centre-Lac d'Alma
M. Éric
Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci,
M. le Président. M. le Président, j'aimerais souligner la présence, dans les
tribunes, de citoyens et citoyennes de ma
circonscription qui proviennent du Groupe Centre-Lac, un organisme qui
accueille des personnes adultes vivant avec un handicap physique ou
intellectuel. Les intervenantes de l'organisme, sous la direction de Valérie, sont compétentes et dévouées. Les activités
qu'elles organisent permettent de briser l'isolement des participants, d'offrir des activités de loisir et
d'alphabétisation et leur donnent l'opportunité de socialiser et de maintenir
leurs acquis. Les usagers de l'organisme vous diraient sans doute que le
Centre-Lac, c'est comme une grande famille. Au Centre-Lac, on cuisine, on
s'amuse, on se déguise, on fête Noël, on va au musée, on va même jouer aux
quilles.
En
terminant, M. le Président, je suis bien fier de tout ce beau monde. Aux
intervenantes, continuez votre excellent travail, vous êtes essentielles. Aux participants, merci pour vos
sourires, votre bonne humeur. Vous aussi, vous êtes essentiels.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclarations des députés ce matin. Je remercie chacun de vous pour vos
déclarations.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(Reprise à 14 h 06)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Bonjour.
Bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence d'ex-parlementaires
de l'Assemblée nationale
Je
vous disais, d'entrée de jeu, qu'il y a beaucoup de monde aujourd'hui. Alors, j'ai
le plaisir de souligner, à l'occasion de
la 30e assemblée générale du Cercle des ex-parlementaires de l'Assemblée
nationale du Québec, la présence, dans nos tribunes, des
ex-parlementaires, dont le conseil d'administration, sous la présidence de
Mme France Dionne.
Présence
de Mme Louise Harel et de MM. Jean-Pierre Charbonneau et
François Gendron, ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
Et
également je souligne la présence d'anciens présidents et présidentes de
l'Assemblée nationale, Mme Louise Harel et
MM. Jean-Pierre Charbonneau et François Gendron. Je vois qu'il y a quelques
timides.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses
aux questions inscrites au feuilleton le 9 avril 2024 par le député de
Pontiac. Merci.
La Présidente :
Ces documents sont déposés.
Modifications à la composition
du Bureau de l'Assemblée nationale
Pour
ma part, je dépose une lettre que m'a adressée M. le premier ministre dans
laquelle il m'informe de la nomination du
député de Mégantic à la fonction de membre du Bureau de l'Assemblée nationale
et de la nomination de la députée des Plaines à la fonction de membre
suppléante du Bureau de l'Assemblée nationale.
Je cède maintenant la
parole...
Une
voix : ...
La Présidente :
Ce n'est pas terminé. Vous êtes
trop rapide, M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole à M.
le deuxième vice-président et député de Chauveau pour la présentation d'une
motion.
Motion proposant d'adopter les
modifications
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : Mme la Présidente, je propose que ces modifications à la
composition du Bureau de l'Assemblée nationale soient adoptées.
Mise aux voix
La
Présidente : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente :
Adopté. Voilà. Enfin, j'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie
du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement du territoire
et député de Drummond—Bois-Francs.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 57
M. Schneeberger : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je dépose le rapport de l'aménagement... de la Commission de l'aménagement du territoire, pardon,
qui, les 30 avril, 1er et 2 mai, a tenu des auditions publiques dans
le cadre des consultations particulières sur
le projet de loi n° 57, Loi
édictant la Loi visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice sans
entraves de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal.
• (14 h 10) •
La Présidente :
Ce rapport est déposé. Mme la
présidente de la Commission de
l'économie et du travail et députée
de Mirabel.
Étude détaillée du projet de
loi n° 44
Mme D'Amours :
Mme la Présidente, je dépose le
rapport de la Commission de
l'économie et du travail qui, les
9 et 10 avril ainsi que le 7 mai
2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 44,
Loi modifiant principalement la Loi
sur le ministère de l'Économie et de
l'Innovation en matière de recherche.
La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Merci.
La Présidente : Ce
rapport est déposé. M. le président de la Commission des institutions et
député de Richmond.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 56
M. Bachand : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dépose le
rapport de la Commission des institutions qui, le 30 avril ainsi que les
1er, 2 et 7 mai 2024, a tenu des auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le
projet de loi n° 56, Loi
portant sur la réforme du droit de la famille et instituant le régime d'union
parentale. Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Marquette.
Restructurer la gouvernance de la Fédération
québécoise de hockey sur glace
M. Ciccone : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 60 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
directeur général de la fédération de Hockey Québec n'a pas les pouvoirs
nécessaires pour moderniser son organisation;
«Considérant
que les présidents régionaux exercent des rapports de force au lieu
d'entretenir une relation collaborative avec la fédération;
«Considérant
que Hockey Québec n'est pas en mesure d'entretenir des liens étroits avec les
associations de hockey mineur locales;
«Considérant
la déception généralisée des Québécois et des Québécoises du départ précipité
du directeur général de la fédération de Hockey Québec malgré sa
compétence;
«Considérant
l'urgence de moderniser notre sport national;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec de prendre les mesures nécessaires pour que
la gouvernance de la Fédération québécoise de hockey sur glace soit
restructurée afin de moderniser le sport national des Québécois et des
Québécoises.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. Mme la députée de
Saint-François.
Remplacer le pont du chemin
Cookshire à Compton
Mme Hébert : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
804 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le ministère des Transports et de
la Mobilité durable — MTMD — songe à ne pas reconstruire le pont du
chemin Cookshire, qui enjambe la rivière Moe à Compton;
«Considérant
que ceci entraînerait un détour de cinq kilomètres — sept minutes — par un chemin de gravier en piètre état,
pour les quelque 220 voitures qui empruntent ce pont quotidiennement;
«Considérant
que ceci augmenterait le temps de réponse des véhicules d'urgence — ambulance, pompier — et affecterait le transport scolaire;
«Considérant
[...] ceci entraînerait une augmentation des primes d'assurance habitation et
automobile, des frais de carburant et d'entretien de véhicules, des
frais de livraison pour les entreprises agricoles, etc.;
«Considérant
que ceci entraînerait une augmentation de la circulation des véhicules agricoles à
travers le hameau de Moe's River;
«Considérant
que la trentaine de personnes qui habitent près de la rivière et qui se
retrouveraient dans un cul-de-sac risquent d'être isolées advenant que
la route — déjà
affaissée — soit
coupée;
«Considérant
que le chemin de Cookshire relie les villages de Compton et Johnville et que
les liens routiers sont essentiels pour le développement et la vitalité
économique des communautés rurales;
«Considérant
[...] ceci pourrait créer un précédent pour les autres ponts du Québec qui
arrivent en fin de vie utile;
«Considérant [...] le
détour représenterait une distance additionnelle de plus de
400 000 kilomètres par an et [...] ceci va à l'encontre des objectifs
de réduction des GES;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au MTMD d'entreprendre des mesures immédiates pour
remplacer le pont du chemin de Cookshire à Compton.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Cet
extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Bilan
du gouvernement en matière d'éducation
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, nous avons devant nous un
gouvernement déconnecté, incapable de livrer les services essentiels à
la population.
Hier, imaginez-vous donc, ils ont eu des
bulletins chiffrés pour l'année passée. Ce sont des échecs en santé, en éducation, en enseignement supérieur. Santé, ils
ont atteint 32 % de leurs cibles; en éducation, 22 %; enseignement
supérieur, 11 %. C'est carrément pathétique.
Nous avons un
gouvernement déconnecté, Mme la Présidente, parce que le premier ministre, lui,
il s'imagine que tout s'améliore,
tout va dans le bon sens. Les Québécoises, les Québécois sont lucides et, dans
un récent sondage mené par la firme Léger, ont dit, trois sur quatre,
75 %... ils ont dit qu'ils n'en ont pas pour leur argent, pour les impôts
et les taxes qu'ils paient. Ça fait même
dire à Jean-Marc Léger ce qui suit : «Ça fait près de 40 ans que je
fais ce métier-là, [...]ce sont les pires résultats que j'aie vus sur
l'efficacité gouvernementale.» Fin de la citation.
Incapable de
livrer les services, entre autres en éducation. On va parler au premier
ministre de l'éducation. Dans les cinq dernières années, c'est près de
5 000 professeurs qui ont quitté, Mme la Présidente, et ça, c'est
sans compter les contractuels et les
suppléants qui ont également quitté. Sous la CAQ, c'est une hausse du
décrochage scolaire. Les derniers chiffres, c'est
11 000 élèves par année qui quittent sans un diplôme d'études
secondaires.
Le premier
ministre, qui nous avait promis mer et monde en éducation, peut-il le
reconnaître? Que vaut sa parole?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, bien, d'abord, le chef de
l'opposition officielle nous parle des bilans par rapport aux objectifs
chiffrés qui ont été donnés à chacun des ministres. On ne peut pas comparer
avec les bilans libéraux, parce
qu'ils n'en avaient pas, d'objectifs chiffrés. Donc, c'est une nouveauté qui a
été mise en place par mon gouvernement.
Maintenant,
Mme la Présidente, parlons d'éducation, parlons d'éducation. Tout le monde le
sait, ici, ça a toujours puis ce sera toujours ma priorité. Mme la Présidente,
depuis que je suis premier ministre, on a augmenté le budget de l'éducation de 50 %, 50 %. Je suis
certain que ça impressionne tous les anciens parlementaires, qui auraient
probablement rêvé d'avoir une telle augmentation, Mme la Présidente.
Maintenant,
parlons des enseignants. On a une situation, Mme la Présidente, où on a des
difficultés causées, entre autres, par
l'immigration temporaire. Quand les anciens parlementaires étaient
parlementaires, on avait à peu près 100 000 immigrants
non permanents. On en a actuellement 560 000, immigrants non
permanents. On augmente de plus de 10 000 par mois, Mme la
Présidente.
Donc, ça
prend quatre ans, former un enseignant. On a une augmentation des inscriptions,
on a mis des incitatifs. Mais
actuellement, avec tous les nouveaux enfants à qui on doit donner des services,
c'est normal qu'on n'y arrive pas.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Le bilan du Parti libéral du Québec au pouvoir,
c'était le décrochage qui baissait. Avec la CAQ, c'est le décrochage qui
monte. 11 000 jeunes. Ça, c'est un scandale, Mme la Présidente.
Il veut
prendre les ex-parlementaires à témoin, il veut parler des budgets? Parfait. Je
ne parlerai pas de son déficit de
11 milliards de dollars. Savez-vous, les anciens parlementaires,
qu'il a mis 396 millions de dollars pour augmenter les
inscriptions en enseignement? Bien, il y en a, après deux ans, 1 100 de
moins dans nos universités qui se sont inscrits. 396 millions qui a fait
patate.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la Présidente, le chef de l'opposition
officielle a touché le mot «déficit». À un moment donné, on ne peut pas dire
une chose et son contraire. On ne peut pas dire : Nous, quand on était au
gouvernement, on a choisi de faire des coupures... Puis ce n'est pas moi
qui le dis. Carlos Leitão, l'ami du député de Marguerite-Bourgeoys. Gaétan Barrette l'a dit. Le gouvernement libéral de Martin
Coiteux, parce que c'était lui qui décidait, a fait des coupures en éducation
puis en santé pour garder le déficit à zéro. Ce n'est pas le choix qu'on a
fait.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : La preuve dans le pudding. Le décrochage scolaire
diminuait. Avec eux, Mme la Présidente, il augmente. Alors, qu'il explique
pourquoi, de grâce, qu'il fait des déficits, dans ce compte-là, parce qu'on
vient de le démontrer, il gaspille l'argent, il n'y a pas de résultat.
Les résultats
font en sorte que, dans une école, Dollard-des-Ormeaux, première année, ça fait
15 professeurs qu'ils ont depuis
le début de l'année. On savait que c'était un adulte par classe, mais là c'est
rendu un adulte par jour par classe.
Il est-tu fier de son bilan, Mme la Présidente?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la Présidente, c'est un peu surprenant
pour un parti qui n'a pas une position claire sur la réduction nécessaire de l'immigration
temporaire. Donc, on a un chef de l'opposition officielle qui vient nous
dire : Ça prendrait plus
d'enseignants, mais, en même temps, on ajoute 560 000 personnes, dont
des dizaines de milliers d'enfants... Oui,
je vois le leader de l'opposition qui dit que ce n'est pas vrai. 560 000,
Mme la Présidente. On est même obligés de reporter l'implantation de ce qui me tient à coeur, les maternelles
quatre ans, parce qu'on doit servir tous ces gens-là qui arrivent au
Québec.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Puis je les comprends
d'arriver au Québec, mais, à un moment donné, on ne peut pas dire...
Des voix : ...
La Présidente : Un peu de silence,
je vous prie, j'avais un peu de difficulté à entendre la réponse.
Maintenant, troisième complémentaire. Et vous
vous adressez à la présidente.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, il est dans sa sixième année,
il a déposé son sixième budget. Les Québécoises, Québécois en ont soupé,
d'un premier ministre qui pointe du doigt, qui accuse, qui n'est même pas
capable de livrer, Mme la Présidente, les services essentiels.
La conclusion
de ce segment, je vais le laisser à M. Éric Cornellier, enseignant au primaire
depuis 35 ans. Il les a vus
passer, lui, les gouvernements. Il dit au Devoir : «Au bout du
compte, ce sont nos enfants et nos adolescents qui n'ont pas les
services éducatifs de qualité auxquels ils ont droit.»
Alors, il dit quoi comme excuse, à matin, au
Pr Cornellier?
• (14 h 20) •
La Présidente : ...vous vous
adressez à la présidente. Et maintenant la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, écoutez, vous
entendez, là, le chef de l'opposition officielle dire... Il y a sept, huit ans,
on avait 100 000 immigrants
temporaires. On en a 560 000, donc 460 000 de plus. Mais le chef du Parti libéral dit : Ça n'a aucun
impact sur le logement, ça n'a aucun impact sur l'éducation, aucun impact sur
la santé, aucun impact sur les banques alimentaires, aucun impact sur
l'aide sociale. Il est temps qu'il se réveille.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Bourassa-Sauvé. On vous écoute.
Pénurie
de personnel enseignant
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Hier, Le Journal de Québec a révélé qu'il y a eu
5 000 démissions d'enseignants
sous la CAQ, 5 000 enseignants, là. Là, on a entendu le premier ministre
nous dire que c'est en raison de l'immigration
temporaire, mais, si le premier ministre et l'équipe du gouvernement étaient
sur le terrain, ils réaliseraient qu'il
n'y a aucun prof qui nous dit ça. Les enseignants, aujourd'hui, qui quittent,
ils sont là... ceux qui sont actuellement dans nos classes, ils quittent
parce qu'il y a des cas de plus en plus lourds dans leurs classes, sans
ressources additionnelles. Ils quittent parce qu'ils subissent de la violence. Il y a ceux qui
n'ont pas de formation, qu'on laisse se débrouiller tout seuls, puis ceux qui sont encore là, ils sont fatigués,
ils sont épuisés, ils quittent, et c'est de ces profs-là qu'on parle
aujourd'hui.
Mme
la Présidente, l'éducation, c'est une des missions essentielles de l'État. Le
premier ministre nous avait dit que c'était sa priorité des priorités,
mais ce qu'on voit, c'est un gros échec dans ce domaine-là.
Qu'est-ce que le ministre
de l'Éducation va faire pour arrêter l'hémorragie?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Merci, Mme la Présidente. Bien, d'abord, je suis d'accord
pour dire qu'un enseignant ou une enseignante qui démissionne, c'est un
enseignant ou une enseignante de trop qui démissionne.
Maintenant, faisons
la part des choses, Mme la Présidente. Oui, on peut regarder le nombre de
démissionnaires au cours des dernières
années, puis effectivement, sur une base annuelle, c'est passé de 713, il y a
cinq ans, à autour de 1 250 l'année passée. Donc, ça représente effectivement
une augmentation importante. Mais ne prenons pas juste les enseignants et les enseignantes qui démissionnent,
prenons l'ensemble du corps enseignant. Alors, si on prend l'ensemble du corps enseignant, il est passé de 65 000 à 69 000 enseignants
qui ont une permanence. Donc, ça, c'est une augmentation de 7 %. Alors, faisons attention, Mme la
Présidente, avec les chiffres. Il ne faut pas regarder juste ce qui fait notre
affaire, il faut regarder l'ensemble du corps enseignant.
Et
puis évidemment on met de l'avant des mesures pour valoriser, pour attirer
davantage de jeunes dans la profession enseignante. On a des aides à la
classe qui vont se déployer.
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : On a, bien entendu, une hausse de la rémunération très
importante. On leur donne plus de...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, il y a
5 000 enseignants qui ont quitté dans les cinq dernières années, là.
Le premier ministre nous parlait
d'une augmentation, tantôt. J'en ai une, augmentation, pour lui, c'est une
augmentation de 76 % des départs des enseignants. C'est énorme.
Mme
la Présidente, le ministre, donc, nous parle, donc, de ce qu'il fait, mais
manifestement le bilan dont il se vante, il ne fonctionne pas. Le premier ministre nous avait dit :
Jugez-moi sur les résultats. Voici les résultats de la CAQ en éducation.
Est-ce qu'ils sont
fiers de leur bilan?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, savez-vous quoi, oui, on est
fiers. On est fiers d'avoir réinvesti en moyenne
1 milliard de dollars de plus par année dans chaque budget de
l'éducation depuis qu'on est là. On est pas mal plus fiers, Mme la Présidente,
de notre bilan en éducation que de celui des libéraux, qui nous ont laissé un
système d'éducation exsangue, dans un état lamentable. Ils ont fait des
compressions en éducation, Mme la Présidente. Ils n'ont pas diminué le taux de
croissance, ils ont carrément sabré, enlevé de l'argent, et les premiers qui
ont payé pour ça, ce sont les élèves à besoins particuliers. Vous devriez avoir
honte de vous lever sur une question sur l'éducation...
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : ...vous avez été pathétiques sur l'éducation.
Des voix :
...
La Présidente :
Vous connaissez le règlement. De
un, M. le ministre, vous vous adressez à la présidente. De deux, je suis debout et je parle, on garde le silence. Article 32,
article 37. Pas de commentaire. Et j'aimerais maintenant entendre,
en deuxième complémentaire, la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme
la Présidente, je suis fière de me lever au nom des enseignants, aujourd'hui,
en éducation, Mme la Présidente. Le bilan dont j'ai parlé aujourd'hui, c'est le
bilan caquiste. Depuis leur arrivée au pouvoir, ce sont 5 000 enseignants qui
ont quitté, et ce chiffre augmente d'année en année. Manifestement, tout ce que
fait la CAQ, en éducation,
ça ne fonctionne pas. Ça craque de partout. Le premier ministre avait
dit : Vous nous jugerez sur les résultats. Voici les résultats de la CAQ en éducation. Le gros bulletin, là, en
éducation, de la CAQ, bien, c'est E pour échec. Vos...
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, la base de la
question, c'est le roulement, hein? C'est ça, le début de la question, le roulement. Parlons du roulement chez les
libéraux, du temps qu'ils étaient au pouvoir, les deux derniers gouvernements.
Combien de ministres de l'Éducation ils ont
eus, vous pensez, Mme la Présidente? Ils ont eu Pierre Reid, Jean-Marc
Fournier, Michelle Courchesne, Line
Beauchamp, Michelle Courchesne à nouveau, Yves Bolduc, François Blais,
Sébastien Proulx. Il y avait... Ils
changeaient de ministre de l'Éducation à peu près aux années et demie, Mme la
Présidente. Demandez-vous pas pourquoi ce ministère-là n'était pas géré.
Il n'était pas géré parce qu'il n'y avait pas de ministre pour le gérer.
Alors,
dans notre cas, il y en a eu un pendant quatre ans, puis, bien, ça dépend, là,
est-ce que je vais pouvoir rester...
Des voix :
...
La
Présidente : Bon. Bon début de semaine. Vous êtes en forme.
Maintenant,
en question principale, je reconnais le député de Pontiac. La parole est à
vous, juste à vous. On l'écoute.
Bilan du gouvernement en matière de santé
M. André Fortin
M. Fortin : Je
vois qu'il y a une belle fébrilité pour le prochain remaniement du premier
ministre, Mme la Présidente.
Le premier ministre
puis à peu près tout le monde sur les banquettes du gouvernement, là, nous
répètent que, malgré le déficit record de
11 milliards, il y a deux secteurs qui sont prioritaires, l'éducation puis
la santé, puis, dans les deux cas, Mme la Présidente, les résultats sont
loin d'être au rendez-vous. Moi, j'ai appris une chose, en politique, là, c'est toujours risqué de donner une note à son
adversaire, en politique. Bien, dans ce cas-ci, c'est la présidente du Conseil
du trésor qui donne une note au ministre de
la Santé, puis cette note-là, c'est 32 %, 32 % de cibles atteintes
dans le plan stratégique du ministre de la Santé. Les délais d'attente à
l'urgence, les délais d'attente pour une consultation avec un spécialiste, les délais d'attente pour une
chirurgie de cancer, les délais d'attente pour une chirurgie point, les délais
d'attente pour un service en santé
mentale, pour une première intervention à la DPJ, et j'en passe, le ministre de
la Santé, il rate toutes ces cibles-là. Le message aux Québécois, là,
c'est : Attendez, attendez, puis attendez.
Est-ce
qu'il peut comprendre quand les Québécois disent qu'ils n'en ont pas pour leur
argent avec le gouvernement de la CAQ?
La
Présidente : Et vous vous adressez à la présidence. Et voici la
réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Moi, je suis certain que les anciens
parlementaires s'amusent beaucoup, aujourd'hui. Mais je voudrais en profiter pour saluer deux groupes, le groupe d'Alma,
les jeunes qui sont là, je les salue, et aussi des gens d'une de mes écoles dans La Prairie, Jean-XXIII. Bonjour.
Ce n'est pas si pire, la période des questions, je voulais juste vous le dire.
Ils étaient très inquiets, Mme la Présidente.
Sérieusement, sur la
question du bulletin des ministères, je suis très à l'aise d'en parler, parce
que c'est moi, quand j'étais au Trésor, qui l'a mis en place. Puis on l'a mis
en place savez-vous pourquoi, Mme la Présidente? Pour être transparents, pour dire
à la population qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'on est en train de faire.
Puis
surtout, en santé, le député de Pontiac oublie juste une chose. Les résultats
dont on parle, c'est les résultats qui se sont terminés le 31 mars 2023.
Ça, ça fait un an de ça. Et, dans l'année 2022‑2023, on était encore en
pleine pandémie. Alors, je veux juste... Je sais qu'il n'aime pas
cette...
Des voix :
...
M. Dubé :
Non, mais, Mme la Présidente, quand on pose la question, il faut écouter la
réponse. Puis la réponse, c'est qu'on se sortait péniblement d'une
pandémie, dans l'année 2022‑2023. Et moi, ce que je suis content de voir,
c'est les améliorations qu'on est en train de faire.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : Je
l'ai toujours dit au député de Pontiac : Ne regardez pas la photo,
regardez si la...
• (14 h 30) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Bien, je félicite le ministre de la Santé, il a
effectivement mis en place un outil pour qu'on mesure sa mauvaise
performance.
Maintenant, Mme la Présidente, s'il veut qu'on
regarde la tendance, on n'a pas de problème à faire ça. Dans le rapport de la présidente du Conseil du trésor,
on nous dit que, quand le ministre est arrivé, il y avait 70 % des
consultations avec les spécialistes qui se faisaient dans les délais
médicaux. L'an dernier, c'était 43 %, puis cette année il est rendu à 41 %. On vient de le voir, là, le ministre,
c'est un chic type, mais ses résultats, eux, sont loin d'être chics. Il n'en
donne pas pour leur argent aux Québécois.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : ...tellement pressé de répondre, Mme la
Présidente. En fait, moi, je reviens sur un article qu'il y a eu dans La
Presse, il y a quelques semaines, puis elle a dit : Il y a une période
prépandémique, il y a eu la pandémie, puis il
y a la période postpandémique. Qu'est-ce que ça disait, en résumé, l'article de
La Presse, un article de fond? C'est qu'on est en train, pour la première fois cette année,
d'améliorer les résultats postpandémiques. Et c'est ça, moi, qui est important.
Il n'y a personne ici, en Chambre, qui ne
réalise pas les difficultés qu'on a eues pendant la pandémie. Est-ce qu'on a eu
une détérioration de notre réseau pendant la
pandémie? La réponse, c'est oui, mais on avait déjà eu une détérioration assez sensible grâce aux gens d'en avant. Alors, moi, je
vous dirais, Mme la Présidente, je regarde où on est rendus, je regarde ce
qui...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Mme la Présidente, la performance dans le réseau
de la santé, là, aujourd'hui, elle n'est pas acceptable. Aujourd'hui, on est
incapables de soigner les Québécois dans les délais médicalement acceptables.
Et tout ce que fait le ministre,
c'est niveler vers le bas. Il manque sa cible, il se donne une cible encore
plus basse, puis il la rate encore, Mme la Présidente. 32 % de
performance, ce n'est pas acceptable.
Si le
ministre était encore au privé, là, s'il travaillait encore au privé, je
pourrais lui dire d'avance ce serait quoi, son bonus, cette année. Ce
serait zéro puis une barre.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : C'est le genre de commentaire dont on n'a pas
besoin, mais je vais passer par-dessus, Mme la Présidente, parce que, je
vais vous dire, je pense qu'avec tous les efforts qui sont faits dans le réseau
par les professionnels de la santé, par les
employés de soutien... Quand j'entends ces commentaires-là, savez-vous c'est
quoi? C'est que le député Pontiac, il s'adresse au personnel, il s'adresse aux
professionnels qui font un effort. Écoutez, que, le ministre, là... qu'il ne
soit pas content du ministre, pour
moi, ça ne me dérange pas, mais je veux juste qu'il pense que les
330 000 employés du réseau de santé font leur possible tous les
jours, dans un contexte qui est très difficile. Et moi, j'en profite pour les
remercier pour tout le travail qu'ils font, parce qu'on va réussir
ensemble. Merci beaucoup.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de bravo, vous le savez. En question
principale, nous reconnaissons maintenant le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Déclarations
du premier ministre concernant les
manifestations à l'Université McGill
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la
Présidente. Le Québec, c'est un État de droit. La charte québécoise des droits et libertés de la personne, ce n'est pas du
papier peint, c'est un des piliers de notre démocratie, au Québec. Et, dans
notre charte, il y a une liberté
fondamentale, c'est la liberté d'expression. Il y a une liberté fondamentale,
c'est la liberté de réunion pacifique.
Le premier ministre est censé être le gardien de
ces libertés fondamentales là pour tous les Québécois et toutes les Québécoises. Il a le droit de ne pas être d'accord
avec les étudiants et les profs qui manifestent pacifiquement sur le campus de McGill. Il a le droit de ne pas être
d'accord avec leurs revendications. Il a le droit de ne pas être d'accord avec la Cour supérieure, qui a rejeté la demande
d'injonction contre le campement. Il a le droit, même, de ne pas être d'accord
avec le SPVM, qui préconise, je cite, «un dénouement pacifique». C'est leurs
mots, ça. Mais, quand le premier ministre joue au shérif comme il l'a fait la semaine
dernière, quand le premier ministre donne carrément des directives à la police,
ce qu'il fait, c'est envenimer la situation,
ça met de l'huile sur le feu. Quand le premier ministre fait ça, il dépasse les
bornes.
Le
premier ministre devrait respecter notre charte, respecter l'indépendance de la
police et laisser une chance au dialogue...
La
Présidente : Je reconnais le leader du gouvernement. Brièvement.
Question de règlement.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, il y a des limites. On prête des
intentions, on invoque le fait que le premier
ministre ne respecterait pas la Charte des droits et libertés de la personne.
Ça n'a pas de sens, l'intervention du collègue. Alors, je vous demande
de le rappeler à l'ordre, Mme la Présidente.
La Présidente :
Moi, je vous demande, toutes et
tous, de faire attention. On ne peut pas dire que quelqu'un ne respecte
pas nos lois, ici, la bonne foi se présume. Poursuivez. Vous avez
10 secondes.
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre
devrait respecter l'indépendance de la police et surtout laisser une chance
au dialogue.
Est-ce que le premier
ministre reconnaît qu'il a dépassé les bornes?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,Mme la Présidente, concernant le
campement à McGill, j'ai dit ce que j'avais à dire. Maintenant, c'est à McGill, c'est à la direction de McGill et
au SPVM de choisir les moyens, les moments appropriés pour s'assurer que
la loi soit respectée. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre vient de rétropédaler sur ses
déclarations d'en fin de semaine, parce qu'en fin de semaine et vendredi ce
n'est pas ça qu'il a dit. En fin de semaine et vendredi, il a dit :
Envoyez la police démanteler le campement.
C'était un manque de respect pour la séparation des pouvoirs. Même le SPVM
préconise une résolution pacifique.
Est-ce que le premier
ministre reconnaît qu'il a erré dans les derniers jours?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, j'ai dit ce que j'avais à
dire et je maintiens ce que j'ai dit. Maintenant, c'est à la direction
de McGill et au SPVM de prendre leurs responsabilités.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Donc, le premier ministre a changé son fusil d'épaule,
et c'est tant mieux. Il semble s'inspirer de sa ministre des Transports et pas
tant de la Mobilité durable, il commence à s'occuper de sa fougère à lui. Puis
sa fougère à lui, c'est la protection des libertés fondamentales des Québécois
et fermer son bureau du Québec à Tel-Aviv.
Et, en effet, c'est le travail du SPVM et de McGill de trouver une solution
négociée et pacifique à la situation actuelle. Au moins, le premier
ministre a reconnu son erreur.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, je vais être très clair, je ne reconnais pas d'erreur, je persiste
et je signe.
Maintenant,
le chef de Québec solidaire vient nous dire que le Québec devrait fermer son
bureau en Israël. On n'est pas d'accord avec ça.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Sherbrooke.
Pénurie de places en maison d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la Présidente. Marie-Claude Raymond,
51 ans. Josianne Faucher, 27 ans. Louise Houle, 70 ans. Hayette Bouguellid, 51 ans.
Lorraine Marsolais, 80 ans. Narjess Ben Yedder, 32 ans. Chloé Lauzon-Rivard,
29 ans. On est le 7 mai. En
quatre mois, il y a eu autant de féminicides présumés que durant toute
l'année 2023. Et, derrière ces statistiques-là, il y a des milliers de
femmes qui vivent de la violence, qui ont peur pour leur sécurité et celle de
leurs enfants chez elles, des femmes qui veulent partir, très souvent,
mais qui n'ont nulle part où aller parce que, les logements, soit il n'y en a pas, soit ils coûtent tellement cher
qu'elles ne sont pas capables de les payer. Les maisons d'hébergement débordent
tellement qu'elles sont rendues à mettre des matelas par terre.
Ma
collègue la députée de Mercier a demandé une voie rapide dans le PHAQ pour
qu'on puisse livrer plus vite des places
en maison d'hébergement. Est-ce que la ministre de l'Habitation va répondre
présente pour les victimes de violence conjugale au Québec?
La
Présidente : La parole à la ministre responsable de la Condition
féminine.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Mme la Présidente, il se joue de grands drames
dans certaines maisons au Québec, et nous en sommes conscients. Nous
faisons de grands efforts pour que les choses changent et évoluent, mais il y a
certains drames dont on n'a pas
connaissance. Notre gouvernement a fait plus que tous les gouvernements pour
contrer la violence conjugale et la violence faite aux femmes. Depuis
que nous sommes au pouvoir, nous avons investi plus de 1 milliard de
dollars : les tribunaux spécialisés, les bracelets antirapprochements, les
maisons d'hébergement.
Ce
matin, j'étais dans la circonscription de mon collègue de l'Agriculture, dans
la circonscription de Drummond, et
j'ai annoncé le financement, la pérennisation de cellules de crise, d'urgence.
Nous avons mis ensemble des organismes mandataires et nous allons... qui
permettent aux femmes de pouvoir s'exprimer et de... Nous pouvons dégager, en
fait, le niveau de risque que les femmes
courent et ainsi les protéger. La semaine dernière, j'étais à Québec, et nous
avons annoncé un budget de plus de 40 millions de dollars pour
aider les organisations communautaires...
La Présidente :
En terminant.
Mme
Biron : ...qui viennent en
aide aux maisons d'hébergement. Alors, le travail que nous faisons, il est colossal.
La
Présidente : Première complémentaire, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Les cellules d'intervention rapide, c'est une très
bonne nouvelle, mais moi, je ne peux pas me contenter qu'on déploie un filet de sécurité autour des
femmes qui vivent de la violence. À cause de la crise du logement, il y a des
femmes qui restent dans des relations toxiques, voire dangereuses pour leur
vie, parce qu'elles ne réussissent pas à se loger ailleurs. Au moins 10 femmes par semaine se
font étrangler juste à Montréal. Elles ont 7,5 fois plus de chances de se
faire tuer par leurs partenaires.
Est-ce qu'on peut
mettre en place une voie rapide pour de l'hébergement en violence conjugale?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Nous avons plusieurs projets de maisons
d'hébergement, et c'est du jamais-vu. Au cours du prochain mandat, jusqu'en 2026‑2027, il y aura
30 nouvelles maisons de deuxième étape. Jamais ça ne s'était vu au Québec.
Actuellement, neuf projets ont ouvert leurs portes. La dernière maison, je l'ai
ouverte dans la circonscription de ma collègue
de Pointe-aux-Trembles au début... à la fin du mois de février. 20 projets ont
reçu un financement pour le bâtiment, huit
sont en cours et devraient ouvrir leurs portes d'ici la fin de 2024. Trois
projets de maisons de première étape sont également en développement, et
nous devrions être capables d'annoncer une quatrième maison...
La
Présidente : En terminant.
Mme Biron : ...d'ici
la fin du prochain mandat, ce qui devrait résorber le problème de logement.
• (14 h 40) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : En quatre mois, on dépasse le bilan de l'année
dernière au complet pour les féminicides. Tous les jours, des femmes, au Québec, se font étrangler
par leurs partenaires, et on n'a pas assez de places pour leur permettre de
reconstruire leur vie en sécurité, et la réponse du gouvernement, c'est de nous
dire ce qu'ils ont déjà fait, ce qu'ils sont déjà en train de faire. Ce
n'est pas assez.
On
a besoin d'une voie rapide pour plus d'hébergement en violence conjugale.
Est-ce que le gouvernement va le faire?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Mme la Présidente, la députée me force la main, je
suis obligée de reculer dans le temps. En 2014, quand le Parti libéral a
pris le pouvoir, il y avait 72 millions de dollars investis en
maisons d'hébergement. Quand il a quitté le
pouvoir, en 2018, il y en avait 77, à peine cinq petits millions. Quand nous
sommes arrivés au pouvoir, nous avons investi
44 millions de dollars, et, dans le deuxième mandat, nous ajoutons un
autre 44 millions de dollars, si bien qu'au final, en 2026‑2027,
ce sera 165 millions de dollars qui seront investis dans les maisons
d'hébergement. C'est une augmentation de 104 %.
La Présidente :
En terminant.
Mme Biron : C'est
du jamais-vu.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mercier.
Rétention
du personnel enseignant
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. La semaine passée, on a
appris que des élèves de première année du primaire ont vu défiler une quinzaine de profs devant leur classe. Quand
on sait à quel point la stabilité est importante, je m'inquiète
énormément pour la qualité de l'enseignement que ces élèves vont recevoir.
Le
ministre nous a dit que c'était inacceptable puis que c'est causé par la
pénurie des profs. Qui, pensez-vous, souffre le plus de cette situation?
Ce sont évidemment les élèves.
On apprenait hier que
4 880 profs réguliers et permanents ont démissionné depuis cinq ans.
Ça, c'est une augmentation de 76 %. C'est énorme. Et là on ne compte même
pas les profs suppléants et contractuels qui, aussi, démissionnent. C'est bien beau, ce que le ministre fait pour ajouter
plus de profs rapidement, mais ce qui est important, c'est de retenir
les profs qualifiés qui démissionnent massivement.
Qu'est-ce que va
faire le ministre pour retenir les profs réguliers qui sont dans notre réseau?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Alors, Mme la Présidente, je
reviens sur les chiffres, parce que, je pense, c'est important d'être factuel.
Quand on parle de démission, ici, il faut
faire attention, là, ça ne veut pas dire que les enseignants qui ont
démissionné d'un centre de services scolaire... ça ne veut pas dire
qu'ils ont quitté le réseau scolaire. Par exemple, un enseignant ou une
enseignante qui démissionne d'un centre de services scolaire et qui décide
d'aller enseigner dans un autre centre de services
scolaire est considérée comme une enseignante démissionnaire. Et puis on sait
qu'il y a eu... au terme de la pandémie, il y a eu des familles, effectivement, qui ont quitté l'île pour s'en
aller dans les couronnes, on peut penser que ça a pu toucher un certain
nombre d'enseignants et d'enseignantes. Donc, soyons prudents avec ces
chiffres-là.
Maintenant,
je le réitère, je le répète, je pense que c'est important de le dire, il y a
cinq ans c'était 713 démissionnaires, là on parle de 1 258 démissionnaires
sur tout près de 70 000 enseignants et enseignantes. Et le nombre
total des enseignants et
enseignantes, il est passé de 65 000 à 69 000, une augmentation de
7 %. Alors, ça, il faut garder ça à l'esprit. On aurait tout aussi
bien pu faire une nouvelle en disant : Augmentation du nombre
d'enseignants au Québec, plus 9 %.
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : Je vais revenir sur les mesures, maintenant, qu'on va
prendre pour les garder et les attirer.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Il y a quand même une tendance à la hausse. Le
ministre peut bien nous dire : Ah! ça ne veut rien dire, on n'a pas les causes exactes, aussi, de ces
démissions-là parce que le ministère ne l'a pas. En fait, ce qu'on vit en ce
moment, Mme la Présidente, ce n'est pas une crise de
l'éducation, c'est une crise dans les classes du régulier au public. C'est là que les profs quittent puis que les
élèves décrochent. L'éléphant dans la pièce, là, c'est qu'on a un système
d'éducation injuste.
Est-ce que le
ministre le voit, là, cet éléphant dans la pièce, l'injustice de notre système
d'éducation?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, depuis bientôt
six ans, on mène une opération de redressement. On est en train de redresser la
situation, à l'éducation. On investit comme jamais, l'éducation a reçu des
budgets comme ceux-là. On est à 20 milliards,
maintenant, en éducation, ça ne s'est jamais vu dans l'histoire du Québec. Et
c'est pour ça, Mme la Présidente, que,
dans la dernière convention collective, on envoie des signaux extrêmement
puissants de valorisation. À la fin de la convention, une nouvelle enseignante va gagner 65 000 $ dès sa
première année; après 13 ans, 109 000 $. On ajoute des
aides à la classe, on crée des programmes courts...
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : ...pour permettre à des enseignants qui ont un bac
d'aller chercher leur brevet. Ils sont...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, je ne dis pas que le ministre
ne fait rien, là. Je le vois, il travaille fort, il fait tout en son pouvoir pour le système de
l'éducation, il sue sa vie. Mais, moi, ce que je veux, c'est qu'il fasse des
choses pour être efficace, pour être efficace. Tant et aussi longtemps qu'il ne
reconnaîtra pas le coeur du problème, il va travailler très fort, puis
ça ne donnera pas de résultat.
Le
coeur du problème, c'est que notre système d'éducation n'offre pas la même
qualité à tous les élèves du Québec. L'école à trois vitesses, il dit
que ça n'existe pas. Ouvrez-vous les yeux, M. le ministre.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, depuis que
nous sommes aux affaires, la priorité, c'est l'école publique. C'est
pour ça qu'on a investi 1 milliard de plus par année. L'essentiel de cet
argent-là est allé à l'école publique. On a créé plus de 800 classes spéciales pour les élèves à besoins
particuliers. On a augmenté le nombre de professionnels en éducation de 12 %. On a augmenté le nombre de personnel
de soutien de 21,7 %. On va ajouter des aides à la classe dans une classe
du primaire publique sur deux à partir de
septembre. On crée des voies rapides. On investit dans les projets particuliers.
On investit dans la valorisation du français. On investit dans les
nouvelles écoles...
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
...comme jamais ça ne s'est fait.
On investit dans la formation professionnelle. Puis savez-vous quoi, Mme
la Présidente? Ça va continuer.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant la députée de Sherbrooke. La parole est à vous.
Conditions
de vie dans les centres jeunesse
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Hier,
le ministre des Services sociaux et moi, on est allés visiter quelques unités à
Val-du-Lac. Ça faisait longtemps que je
voulais y aller, mais il a fallu que je convainque le ministre pour réussir à y
mettre les pieds parce que,
localement, on me le refusait. Clairement, on était attendus, le ministre s'est
rendu compte, lui aussi. Ça sentait les biscuits chauds, la peinture
fraîche.
Moi,
ce que je voudrais voir dans nos centres jeunesse, ce n'est pas les meilleurs
trucs de «home staging», c'est les meilleures pratiques de réadaptation. Mais
les intervenants nous l'ont dit, et le ministre l'a entendu comme moi, ils ne réussissent
pas à faire de réadaptation quand il n'y a pas d'équipe stable, et il y a
seulement quatre équipes stables sur 21 unités.
Les unités n'ont même pas toutes une cuisine fonctionnelle, alors que ça
devrait être des milieux de vie pour les enfants qui sont là.
Le ministre est sorti
en disant que ce n'est pas l'idéal, ce qu'il a vu. C'est un euphémisme.
J'aimerais
savoir ce qu'il retient de sa visite, des échanges avec les employés. Surtout,
c'est quoi le suivi qu'il va faire pour que
ces jeunes-là aient droit à un milieu de vie et un accompagnement qui répondent
vraiment à leurs besoins?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, je remercie la députée de Sherbrooke, Mme la
Présidente, de ramener la visite qu'on a faite hier avec la députée de Saint-François et le député de Richmond, qui, je pense,
a permis de voir l'importance du discours que l'on tient depuis plusieurs
années, qui est l'importance de plus de prévention, plus de travail en amont
pour éviter, justement, que la DPJ entre dans la vie des jeunes et pour
prévenir également que ces jeunes-là soient placés dans des centres jeunesse.
Ce
qu'on a entendu, c'est que plusieurs nous ont dit que, lorsque... avant de
rentrer en centre jeunesse, il y avait un
processus, comme ce qu'on est en train de déployer, qui s'appelle Ma famille,
ma communauté, où on demande à l'entourage du jeune qui peut venir et donner un coup de main, avant de le placer.
Si on arrive à déployer ça partout comme on l'a fait à Val-des-Sources et qu'on veut le faire ailleurs
en Estrie, on va diminuer la surpopulation en centre jeunesse. Si on met
en place des programmes adaptés pour les
jeunes qui ont une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de
l'autisme, on va diminuer également les ressources en centre jeunesse.
Et c'est comme ça, Mme la Présidente, et tout le monde était d'accord, qu'on va
améliorer le temps de réadaptation...
La Présidente :
En terminant.
M. Carmant :
...pour ces jeunes-là.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : J'ai
entendu le ministre s'exprimer sur ce qu'il veut faire en dehors des centres
jeunesse : la prévention, des lieux
pour les enfants, des ITSA. Intéressant. Mais je n'ai pas entendu sa réponse
sur ce qu'il veut faire à l'intérieur de nos centres de réadaptation. Il y a
des enjeux de main-d'oeuvre, je ne l'ai pas entendu là-dessus, la question
de l'autonomie professionnelle. Il y a des
enjeux très, très concrets qu'on peut régler en l'espace de quelques mois avec
de l'argent, notamment les enjeux de
sécurité, de magnétisation des accès, dont on nous a parlé, les enjeux d'accès
à du matériel pour des loisirs, pour lesquels il n'y a aucun dollar,
actuellement, de disponible.
Qu'est-ce que le
ministre va faire pour ça?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien,
une chose, à propos des enjeux de ressources humaines, je pense qu'il faut
effectivement stabiliser les équipes, puis une des choses qu'on a faites, une
des grandes choses que la présidente du Conseil du trésor a réussi à faire, c'est que, dans la dernière
négociation, on a donné la même prime à tous les employés des centres jeunesse,
que ce soit l'évaluation-orientation,
l'application des mesures et les éducateurs. Ça, c'est quelque chose qu'ils
m'avaient demandé, dans la tournée,
parce qu'avant on mettait beaucoup d'emphase sur l'évaluation-orientation dans
le contexte des listes d'attente. Ils
m'ont dit : Pensez à tout le monde, incluant nous, les éducateurs. Donc,
on pense, ça va venir stabiliser les équipes.
Pour les autres
enjeux, je pense qu'une bonne discussion avec le CIUSSS pour les changements au
niveau des Clé, etc., ça va régler le problème.
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
Et je compte retourner au mois de juin pour m'assurer que les choses évoluent
favorablement.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Cette fois-ci, ça a pris une demande au
ministre... une demande de la part du ministre pour pouvoir visiter les lieux.
Je le remercie d'avoir accepté, on a pu voir une partie des enjeux. Mais ce
n'est pas normal que la décision d'accepter ou pas une visite à un
député dépende des décisions politiques des gestionnaires. Tous les élus ici
ont la responsabilité de s'assurer de la
qualité des services dans nos établissements publics, et on devrait baliser le
processus pour que le traitement des demandes de visite ne soit pas
arbitraire comme c'est le cas en ce moment.
Est-ce que le projet
de loi va être appelé pour régler cet enjeu?
• (14 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la
Présidente, on a... j'ai déjà dit que les visites dans les comtés sont... font
partie du rôle du député. Maintenant, s'il y avait une situation spéciale, à
cause d'une émeute qui s'est produite à ce centre jeunesse là, c'est pour ça que c'était important pour moi d'y aller,
avec la députée de Saint-François, le député de Richmond et la députée de Sherbrooke, Mme la Présidente.
Donc, nous, ce qu'on veut, c'est évidemment s'assurer que, dans chaque région, les services soient donnés de la façon la
plus appropriée possible. Et je compte sur tous les 125 députés qui sont
ici pour s'assurer que les choses se passent bien. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : En question principale,
je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès au logement
M. Joël
Arseneau
M.
Arseneau : Merci, Mme la Présidente. L'été dernier, le
premier ministre a eu l'audace de dire que personne ne s'était retrouvé à la
rue le 1er juillet, sous sa gouverne, depuis 2018. Mais les faits sont
têtus, et, chaque année, de plus en
plus de ménages se retrouvent par centaines, littéralement, sans avoir de bail
au 1er juillet et dans les mois qui suivent. C'est ça, le bilan de la CAQ du 1er juillet.
Et, cette année, ça s'annonce encore plus catastrophique pour les locataires.
Déjà, là, on sent que les comités de
logement sont débordés. Le Tribunal
administratif du logement est
débordé. Les ressources en santé mentale sont débordées.
On l'a dit à maintes reprises, en habitation on
se dirige vers une crise sociale sans précédent. Le gouvernement a refusé d'agir pendant six ans. Il n'y a pas de
plan habitation, pas de registre des loyers, pas de protection pour les aînés
vulnérables. Il a mis fin à la cession de bail.
En prévision
du 1er juillet, la ministre a récemment rehaussé le programme d'aide pour
les locataires, pour leur trouver un logement d'urgence. Le problème,
c'est qu'au Québec tous les jours c'est le 1er juillet.
Qu'est-ce que la ministre...
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, je remercie le
collègue de la troisième opposition pour sa question parce que ça va me
permettre de parler, justement, du service d'aide à la recherche de logement.
Évidemment, on est en action déjà
depuis janvier, alors que les gens reçoivent des avis pour le renouvellement de leur bail. Les services d'aide à la recherche de logement, ça ne ferme pas
après le 1er juillet, c'est en
vigueur toute l'année, puis ils sont là pour aider les gens. Puis moi, je
pense, je veux vraiment être rassurante puis dire à la population : Si
vous pensez que vous allez avoir
besoin d'aide, même si vous n'êtes pas certains, faites appel au service d'aide
à la recherche de logement. Je vais en profiter pour donner le numéro de téléphone, qui est le 1-800-463-4315. Et ces
gens-là, là, sont vraiment des gens des offices d'habitation, des gens
dans les municipalités et d'autres gens au niveau des... oui, c'est ça, des
offices d'habitation et des municipalités, ils
sont là pour aider. Ils ont fait des miracles l'année dernière, ils vont
continuer d'en faire cette année. On
est là pour aider les gens pour des solutions qui sont temporaires mais aussi
permanentes. Donc, il faut communiquer avec nos services d'aide à la
recherche de logement.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M.
Arseneau : Mme la Présidente, l'aide d'urgence, c'est un
cataplasme sur une jambe de bois. Mais, à cause de l'inaction du gouvernement,
la crise du logement est en passe de devenir une crise de santé publique, une
crise de santé mentale. À cause des
rénovictions, des menaces d'expulsion, des hausses vertigineuses de loyers, des
habitations insalubres, les locataires, ils ne vont plus au tribunal du
logement, ils vont à l'hôpital.
Est-ce que la
ministre aura des vraies mesures à présenter d'ici le 1er juillet pour
combattre la crise, oui ou non?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je réitère qu'il y a, bien sûr... il y a les services d'aide
à la recherche de logement, des gens
motivés, dédiés, qui sont là pour aider les gens. On peut en parler en Chambre,
on peut en parler dans les journaux,
mais il faut diriger ces gens-là vers le service d'aide, qui va pouvoir agir
puis les aider. Ça, c'est au niveau de la recherche de logement.
Par ailleurs,
il y a le programme d'aide au logement. Donc, ce n'est pas un programme, c'est
en continu, toute l'année, de
100 $ à 170 $ par mois pour aider des gens très vulnérables qui ont
besoin d'aide pour payer leur logement. À l'approche du
1er juillet, ça aussi, ça peut être une mesure d'aide. Il y a les
programmes de supplément au loyer qui sont là. Peut-être que, justement,
en faisant appel au service d'aide à la recherche de logement, on va découvrir
qu'on est admissible...
La Présidente :
En terminant.
Mme Duranceau :
...au Programme de supplément de
loyer. Il y a de l'aide concrète sur le terrain, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, on apprenait
dernièrement que le cabinet de la ministre a pris l'habitude de fantômiser les
journalistes pour ne pas répondre à la question, à savoir si elle veut faire
reconnaître le droit au logement.
Est-ce que la
ministre peut nous dire, aujourd'hui, si elle reconnaît le droit au logement? Et
est-ce qu'elle va continuer de fantômiser
les locataires qui se retrouvent de plus en plus nombreux sans logement, à
vivre dans leur voiture ou dans la rue?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau :
Ça me fait plaisir de répéter
qu'il faut diriger les gens vers les services d'aide à la recherche de
logement. C'est ça, la solution. Il y a des gens qui sont là, qui vont répondre
au téléphone. Depuis janvier, ils répondent au téléphone. Mais là, vraiment, entre le 15 juin et le
14 juillet, sept jours sur sept, sauf le 24 juin, il y a des gens qui
sont là très concrètement pour aider dans la recherche. Il y aura des
mesures temporaires, peut-être que ce sera quelques jours à l'hôtel, mais, après ça, on est là pour trouver
des logements. Et il y a des... il y a des options disponibles, et je pense
qu'il faut focusser sur ces choses-là au lieu de raconter n'importe
quoi.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de D'Arcy-McGee.
Utilisation
des sommes versées au Fonds de prévention
et de recherche en matière de cannabis
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci,
Mme la Présidente. Après avoir exigé une reddition de comptes du ministre des
Services sociaux quant à l'utilisation du fonds de recherche pour le cannabis,
nous avons pu apprendre des données plutôt stupéfiantes.
On apprend que près de 60 % des fonds du fonds du cannabis financent des
organisations éloignées de l'objectif initial de la loi.
De
plus, aujourd'hui, on a lu dans les médias que le réseau de centres de
réadaptation en toxicomanie Portage a vu disparaître 24 % de la capacité d'accueil du réseau québécois en
raison du refus du ministère de la Santé de bonifier leur financement,
qui n'a pas augmenté depuis 2008. Pourtant, c'est à ces fins que l'argent du
fonds est destiné.
Mme
la Présidente, comment le ministre peut-il justifier l'écart de près de
60 % entre l'utilisation des fonds pour des initiatives non liées à la recherche sur le cannabis ou au
traitement des dépendances et les intentions définies par sa Loi
encadrant le cannabis, qui sont la prévention et le financement des soins
curatifs en toxicomanie?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien,
écoutez, le fonds de recherche sur le cannabis est déployé avec la Santé
publique dans un but, Mme la Présidente : prévenir les méfaits en lien
avec le cannabis, mais également avec toutes les formes de dépendance.
Et plusieurs des initiatives peuvent dépasser la recherche qui est financée via
le FRQS, mais également d'autres
initiatives, telles l'itinérance, la toxicomanie, où il y a des liens directs
avec l'utilisation de cannabis
ou d'autres substances qui peuvent lier à des dépendances, Mme la Présidente.
Maintenant,
j'aimerais revenir sur le Portage. Portage a demandé un financement alors qu'il
reçoit déjà 16 millions de dollars.
C'est une... C'est probablement l'organisme qui est le mieux financé. Ça aurait
été inéquitable de donner un ajout en mission globale à cet organisme.
Je me suis retroussé les manches, j'ai travaillé avec eux. On est en contact
avec Centre-Sud. Ce qu'on veut faire, c'est
un partenariat, justement, avec des situations de toxicomanie et itinérance qui
peuvent bénéficier de leurs services
et avoir une entente spécifique entre le CIUSSS Centre-Sud et l'organisme
Portage, Mme la Présidente, parce que, nous, ce qu'on cherche...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...c'est
des solutions gagnant-gagnant pour nos organismes et pour les individus. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Marquette.
Qualité
des collations offertes dans les écoles de la région de Montréal
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci,
Mme la Présidente. On apprenait hier dans un article de La Presse que la
protectrice régionale de l'élève conclut que la plupart des collations
offertes par les écoles de la région de Montréal sont inadéquates et
potentiellement nocives et qu'elles sont composées huit fois sur 10 d'aliments
ultratransformés au lieu de fruits et de légumes.
Encore
récemment, on apprenait que l'obésité gagnait du terrain chez les adultes et
chez les enfants. Pas surprenant, Mme
la Présidente, lorsqu'on voit le choix des collations offertes par le
gouvernement et le ministère de l'Éducation. C'est scandaleux. Ce ministère a le devoir de
sensibiliser les élèves à l'importance d'une saine alimentation. Il est
démontré que ces aliments sont la cause principale de maladies comme le
diabète, le cholestérol, et j'en passe.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre de l'Éducation et sa collègue aux Sports,
elle-même nutritionniste de formation,
peuvent nous confirmer qu'il s'agit d'une situation unique à la région de
Montréal? Et que vont-ils faire pour immédiatement corriger cet enjeu?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Alors, Mme la Présidente, oui,
c'est un enjeu, évidemment, important. En fait, c'est le dossier de
l'aide alimentaire.
Je
rappelle, Mme la Présidente, qu'il y a six ans de ça, l'aide alimentaire,
c'était autour de 10 millions par année. Maintenant, c'est 60 millions par année. Donc, on a beaucoup
augmenté l'aide alimentaire. Et ça, c'est dans l'ensemble des centres de services scolaires du Québec mais aussi
pour des organismes comme le Club des petits déjeuners et puis, bien
entendu, la cantine.
Maintenant, la question que pose le député, elle
est très pertinente. Nous avons eu, effectivement, des échanges avec le centre de services scolaire de Montréal, qui
est en lien avec la protectrice régionale de l'élève, et les informations que
nous avons, Mme la Présidente, c'est que le
centre de services scolaire de Montréal va s'ajuster, va apporter des
modifications à son menu par rapport, donc, à la qualité des aliments
qui sont servis.
Maintenant,
il y a un cadre, également, qui existe, concernant les aliments qui sont servis
dans les écoles. Ce cadre-là est présentement en révision, et nous
allons nous assurer, bien entendu, lorsqu'il sera rendu public, lorsque la
nouvelle version sera rendue publique,
qu'elle s'ajuste aux nouvelles conditions de qualité d'aliments qui sont
soulevées par le député.
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour
ce faire, je vais céder la place au
troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre
attention. Bonne fin de journée, tout le monde.
• (15 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans
préavis, je reconnais un membre du groupe
formant l'opposition officielle, et je reconnais Mme la députée de
D'Arcy-McGee.
Souligner
le Jour commémoratif de l'Holocauste-Yom Hashoah
Mme Prass : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le ministre responsable de la
Lutte contre le racisme, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député de Jean-Talon, la députée de Vaudreuil et le député
d'Arthabaska :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le Yom Hashoah, soit la Journée internationale
de commémoration des victimes de l'Holocauste qui se déroulait du 5 au
6 mai 2024.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, il y
a consentement pour un débat de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : la députée de
D'Arcy-McGee, le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne
et le député de Jean-Talon.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
je comprends qu'il y a un consentement pour qu'il y ait un débat de deux
minutes avec quatre intervenants. Et je reconnais tout de suite Mme la députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président. Je me sens privilégiée,
aujourd'hui, en tant que fière membre de la communauté juive du Québec, de me
lever dans cette Chambre pour souligner la 69e commémoration de Yom Hashoah,
qui a eu lieu les 5 et 6 mai, pour
honorer la mémoire des millions de personnes qui ont été persécutées et
exécutées en raison de leur identité.
Pendant
les commémorations de Yom Hashoah, nous faisons le deuil de l'extermination de
6 millions de Juifs qui ont été systématiquement pris pour cibles
simplement parce qu'ils étaient juifs. Nous pleurons également les Roms, les personnes vivant avec un handicap, les membres de
la communauté LGBTQ+, les minorités raciales et les dissidents politiques
qui ont été tués par les nazis, ainsi que
ceux qui ont risqué ou perdu leur vie pour protéger celle des autres. Nous
honorons la mémoire des victimes, le
courage des survivants et l'héroïsme de ceux qui ont tenu tête aux nazis durant
ce chapitre des plus sombres de l'humanité.
Jeune
correspondant de guerre, René Lévesque comptait parmi les premiers témoins à
entrer dans le camp de Dachau, en
Allemagne, lors de la libération de ce camp. Je le cite : «Ce que l'on
découvrait dans ce camp, c'était en même temps l'antisémitisme, mais surtout jusqu'où on peut chuter dans la barbarie
en une chute organisée, c'est-à-dire pas un accident de parcours, mais
quelque chose de systématique, une organisation de la mort.»
79
years later, with only a handful of survivors left, it is our duty and
responsibility to teach current and future generations
about the horrors they experienced during the Holocaust. We must ensure that this
dark chapter in history is never repeated by teaching our children tolerance,
respect, and inclusion, and by never forgetting the innocent victims of
the Holocaust.
Le Québec a été pour un grand nombre de survivants de l'Holocauste une
terre d'accueil. Ils ont planté leurs racines nouvelles, enrichissantes
par leurs traditions, leurs valeurs et leurs compétences. Ces survivants et
leurs descendants sont aujourd'hui par
dizaines de milliers des membres de la population québécoise qui contribuent à
l'essor de notre société.
Jews
in Québec deserve to feel... Excusez-moi.
Nous leur avons
promis que notre nation n'oublierait pas ce qu'ils ont enduré et qu'elle ne
resterait plus jamais silencieuse face à l'antisémitisme. Il est donc aberrant
de constater, en 2024, une résurgence de l'antisémitisme aussi marquée envers
la communauté juive du Québec.
Jews in Québec deserve to feel safe,
supported, and welcomed. They deserve to live openly and proudly, without intimidation or fear.
En faisant sien ce jour de commémoration de l'Holocauste, l'Assemblée
nationale affirme à tous les citoyens du Québec qu'elle aussi dit non; non à l'intolérance, non au racisme, non à
l'indifférence et non à l'antisémitisme. Aujourd'hui, nous nous
rappelons notre devoir perpétuel en tant qu'êtres humains de vivre selon ces
principes.
N'oubliez jamais. Jamais
plus.
Never forget. Never
again.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et, le prochain intervenant, la parole
revient à M. le ministre responsable de la Lutte contre le racisme.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais d'abord remercier la collègue de
D'Arcy-McGee et témoigner de mon entière solidarité avec la députée de
Repentigny, qui nous permet d'honorer la mémoire de ceux et celles qui ont
souffert ou perdu la vie lors d'une des périodes les plus sombres de notre
histoire.
Prenons
un moment pour réfléchir à l'importance de la Journée du souvenir de la Shoah.
Les années ne pourront jamais effacer les horreurs endurées par le peuple juif.
Lors d'un événement de commémoration, ce dimanche, j'ai été témoin de récits poignants de courage, de résilience et
de solidarité qui émergent de ces épreuves indescriptibles. La communauté rend
non seulement hommage à ceux qu'ils ont perdus, mais aussi à ceux qui ont
survécu.
Se souvenir de
l'Holocauste, c'est plus qu'un devoir de mémoire, c'est un acte de résistance
contre l'oubli et l'indifférence. Ça nous
rappelle également d'être attentifs à ce qui nous entoure afin de reconnaître
les signes de la haine et de la discrimination. Notre gouvernement s'est engagé
à lutter contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les formes de
discrimination. Je fais également appel à toute la population. Joignez-vous à
nous dans ce combat, dans cette lutte, car, ensemble, on va construire un
Québec et un monde plus inclusif et respectueux.
C'est un appel
essentiel et un rappel essentiel, surtout en ces moments troubles où des
conflits armés éclatent et menacent la paix
de toutes nos sociétés. Nous devons prendre les moyens pour que l'histoire ne
se répète jamais. Ne laissons pas la haine s'enraciner chez nous.
L'éducation est notre
première arme contre le racisme et la discrimination. Enseigner l'ouverture et
l'inclusion à nos enfants, mais aux adultes aussi, est impératif pour que tout
le monde respecte les cultures qui nous entourent.
En cette journée de
commémoration, nous sommes de tout coeur avec la communauté juive.
Soutenons-nous... souvenons-nous, pardon, de
leur courage et engageons-nous à tirer les leçons du passé pour façonner un
avenir où l'égalité et la compassion prévalent.
Merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. La parole
revient maintenant à M. le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, nous
soulignons le Yom Hashoah, une journée qui nous rappelle la profondeur
de l'horreur de l'Holocauste, au cours duquel 6 millions de personnes
juives ont été assassinées systématiquement
par le régime nazi. Nous honorons également les personnes persécutées en raison
de leur origine, de leur orientation
sexuelle, de leurs convictions politiques ou religieuses, et nous saluons le
courage de celles et ceux qui ont résisté, souvent au péril de leur vie.
Le Yom Hashoah
est une journée consacrée à la mémoire des victimes et des survivants, un
moment pour réfléchir aux leçons à
tirer de cette tragédie. Nous devons nous rappeler que le mal peut prendre
racine lorsque la haine et la discrimination
trouvent un terreau fertile dans l'indifférence ou la complaisance. Cela nous
oblige à dénoncer fermement tout acte
d'antisémitisme ou de haine où qu'il se produise et à demeurer unis contre
toute forme d'intolérance. Les récits de
résistance et de survie comme le soulèvement du ghetto de Varsovie ou la
bravoure des Justes parmi les nations nous rappellent que, même dans les
ténèbres les plus profondes, l'espoir et la solidarité peuvent prévaloir.
Aujourd'hui,
nous rendons hommage à cette force humaine qui transcende l'horreur. Que cette
commémoration serve à renforcer notre engagement collectif à bâtir un
monde où la diversité, l'inclusion et la justice priment sur la haine et la peur. Ensemble, honorons la mémoire
des victimes en luttant sans relâche pour un avenir empreint d'espoir et de
paix. Merci.
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. La parole revient maintenant à M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : M. le Président, dans ses mémoires, l'ancien
premier ministre du Québec René Lévesque rapportait son expérience alors qu'il était correspondant de
guerre, en 1945, lorsqu'il a découvert, aux côtés de l'armée américaine, le
camp de concentration de Dachau. Je le cite,
moi aussi : «Harcelés de questions — par une foule de survivants — dans toutes
les langues à la fois, tirés à la hue et à la dia par des mains d'une maigreur
effrayante au bout de poignets devenus translucides, nous étions là,
ahuris, contemplant ces fantômes en pyjamas rayés qui sortaient en titubant des
baraques où ils s'étaient terrés jusqu'à
notre arrivée en compagnie de quelques éclaireurs des services sanitaires. [...]Et,
tant d'années plus tard, c'est parfois pire. Des gens, qui osent se proclamer
néonazis et savent que la mémoire est une faculté qui oublie, vont jusqu'à soutenir que rien de tout cela n'est
vraiment vrai. Je vous assure qu'elle était pourtant bien réelle, dans son
irréalité de cauchemar, cette chambre à gaz dont les serveurs s'étaient
sauvés...»
Les mots de
René Lévesque ont marqué le parti qu'il a fondé. Ces mots restituent dans toute
leur horreur les faits, la barbarie
érigée en système par le régime criminel de l'Allemagne nazie. La Shoah a
marqué un point tournant dans l'histoire. Elle nous a révélé à quelles
extrémités peuvent aller la haine et l'antisémitisme. Les atrocités qu'ont
subies les Juifs ainsi que les
Tziganes, les homosexuels, les handicapés, les dissidents, victimes d'une
idéologie mortifère et de l'eugénisme, ne doivent pas, ne doivent jamais passer sous silence. Nous
avons toutes et tous le devoir de mémoire pour apprendre. Pour ne plus jamais que ce soit possible, il faut se souvenir
des victimes et des résistants, il faut se souvenir des crimes odieux dans les
camps de concentration, dans les trains,
dans les villes, dans les villages, partout, se souvenir que c'est un moment
dans l'histoire où le terme
«génocide» s'est malheureusement incarné comme crime international, un crime
contre lequel nous devons continuer à lutter parce que c'est notre
responsabilité humaine.
C'est
pourquoi, à l'occasion de la journée internationale de commémoration des
victimes de l'Holocauste, souvenons-nous.
J'aimerais
inciter de manière particulière les parents à sensibiliser leurs enfants, à
parler de la Shoah avec eux, parce qu'il faut perpétuer le devoir de
mémoire.
Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je vous invite, collègues, à observer avec
moi une minute de silence à la mémoire des victimes de l'Holocauste.
• (15 h 13
—
15 h 14)
•
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
vous remercie.
Et, pour
la prochaine motion, qui revient au deuxième groupe d'opposition, je reconnais
M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
Semaine nationale de la santé mentale, qui se tient cette année du 6 au
12 mai;
«Qu'elle
constate que 300 organismes ont signé, en date du 7 mai, une lettre
qui sonne l'alarme à l'effet que la crise du logement est la cause
principale des problèmes de santé mentale des Québécoises et des Québécois;
«Qu'elle prenne acte
des solutions proposées, notamment l'entrée en vigueur d'un moratoire sur
toutes les évictions justifiées par un
changement d'affectation, par un agrandissement ou par une subdivision, un
registre des loyers ainsi que le plafonnement des hausses annuelles de
loyers;
«Qu'elle
rappelle que la peur de perdre son logement, les évictions forcées, les hausses
de loyer indues et l'incapacité de
trouver un logement à un prix acceptable augmentent considérablement le stress,
l'anxiété, la perte de repères et la solitude et fragilisent donc l'état
de la santé mentale des individus;
«Qu'ainsi,
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de reconnaître que la crise du
logement a un impact significatif sur la santé mentale des Québécoises
et des Québécois.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Et, pour la prochaine motion, qui revient au
troisième groupe d'opposition, je reconnais M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : M. le Président, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de
Pontiac, la députée de Mercier et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que la dépendance des jeunes aux écrans représente un
enjeu de santé publique;
«Qu'elle
prenne acte du dépôt de l'important rapport sur le temps d'écran des jeunes en
France, intitulé Enfants et écrans : à la recherche
du temps perdu;
«Qu'elle mandate la Commission de la santé et des
services sociaux pour étudier les différentes recommandations de ce rapport et toute autre littérature
pertinente afin de trouver des solutions à l'enjeu du temps d'écran chez les
jeunes;
«Que l'organisation
du mandat soit confiée au comité directeur de la commission.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Et, pour la prochaine motion, qui est une motion
qui revient au gouvernement, j'invite M. le ministre de l'Environnement à nous
la présenter.
Condamner les actes de violence et de sabotage et les
menaces
envers Northvolt et l'un de ses sous-traitants
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Mille-Îles et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale condamne vigoureusement et sans réserve les actes de violence, le
sabotage et les menaces envers Northvolt et l'un de ses sous-traitants;
«Qu'elle
souligne son soutien aux travailleurs visés et qu'elle rappelle l'importance du
caractère pacifique dans lequel doivent se dérouler les débats;
«Qu'elle
rappelle finalement que le cadre d'évaluation environnemental du Québec est
parmi les plus stricts au monde.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il
y a consentement, sans débat, M. le Président. Et je vous demanderais un vote
électronique, s'il vous plaît.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, un vote électronique a été demandé. La période
de vote est ouverte.
La période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est donc adoptée. M. le leader
adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président.
Et donc j'avise cette
Assemblée que la Commission de l'économie et du travail va poursuivre l'étude
détaillée du projet loi n° 51, la Loi modernisant
l'industrie de la construction,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle Pauline-Marois;
La
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 50, la Loi
édictant la Loi sur la sécurité
civile visant à favoriser la résilience aux sinistres et modifiant diverses
dispositions relatives notamment aux centres de communications d'urgence
et à la protection contre les incendies de forêt, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de la santé et des services sociaux va poursuivre l'étude détaillée
du projet loi n° 37, la Loi
sur le commissaire au bien-être et aux droits des enfants, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des finances publiques va poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 60, la Loi
autorisant la conclusion
de conventions collectives d'une durée supérieure à trois ans dans les secteurs
public et parapublic,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Pour ma part, je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : S'il vous plaît, collègues! S'il vous plaît!
Je vous avise que la
Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail
demain, le mercredi 8 mai 2024, de 7 h 30 à 9 heures,
à la salle Louis-Hyppolite-La Fontaine, afin de déterminer les observations, conclusions ou recommandations de la commission à
la suite des consultations particulières et auditions publiques ainsi que des
rencontres tenues dans le cadre du mandat d'initiative visant à étudier les
moyens facilitant le don d'organes ou de tissus, notamment
l'instauration de la présomption du consentement.
Je
vous informe aussi qu'aujourd'hui, à 17 heures, au bureau de Son Honneur
la lieutenante-gouverneure, il y aura sanction
des projets de loi suivants : le projet de loi n° 49, Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées
à l'occasion du discours sur le
budget du 21 mars 2023 et à certaines autres mesures; le projet de loi n° 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de la
souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État; le projet de loi n° 58, Loi n° 2 sur les crédits, 2024‑2025;
et le projet de loi n° 59, Loi
visant l'interruption du processus de délimitation des circonscriptions
électorales.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Je
vous informe également que demain, lors des affaires inscrites par les députés
de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
l'Acadie. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que dans une société libre et démocratique, nul
ne devrait condamner le recours aux tribunaux par des citoyens ou des
organisations si ceux-ci s'estiment lésés dans leurs droits;
«Qu'elle rappelle [...]
l'État de droit est un des fondements de la démocratie québécoise.»
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
• (15 h 20) •
M. Lévesque (Chapleau) : M. le Président, je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 3 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet
de loi n° 57
Adoption
du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 3 du feuilleton, Mme la ministre des Affaires municipales
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 57, Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et
à favoriser l'exercice sans entraves de leurs fonctions et modifiant
diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal.
Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 236 du règlement prévoyant que le
débat sur l'adoption du principe du projet
de loi est inscrit aux affaires du jour de la séance suivant sa présentation...
soit sa présentation soit le rapport de la commission. Y a-t-il
consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je reconnais comme première intervenante
Mme la ministre des Affaires municipales.
Mme
Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui, merci. Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, nous sommes rendus présentement à l'étude détaillée du projet
de loi n° 57, projet de loi qui vise à protéger les élus et favoriser
l'exercice sans entraves de leurs fonctions.
Alors, ça démontre encore une fois, M. le Président, l'importance qu'accorde
notre gouvernement pour protéger les élus tous partis confondus. La protection des élus, c'est essentiel dans nos
institutions démocratiques. Également, on veut favoriser une meilleure
démocratie dans le milieu municipal.
Alors,
je pense que, les échanges que nous avons eus, tous ensemble, avec les groupes
reçus la semaine dernière, on a eu de bons échanges, très fructueux. Les
témoignages qu'on a entendus, M. le Président, les témoignages également
de nos élus ont également soutenu la
nécessité d'agir très rapidement. Alors, je suis très satisfaite de constater
que les mesures que nous proposons sont très bien accueillies, M. le
Président, depuis le début de nos travaux.
Alors, c'est
essentiel, pour notre gouvernement, d'être à l'écoute, à l'écoute des besoins,
des préoccupations du milieu municipal. Nous
avons mené de nombreuses consultations dans les derniers mois pour en arriver à
ce projet de loi. Alors, certains
éléments soulevés lors des consultations seront intégrés dans le projet de loi,
travaillés avec mes collègues de
l'opposition, mes collègues également du gouvernement. Nous faisons face à une
montée des actes répréhensibles et violents
auprès des élus. Il faut donc agir collectivement, rapidement. Chaque geste compte.
C'est pourquoi, dans les derniers mois,
nous avons déjà mis de l'avant différentes initiatives, et le projet de loi
n° 57 est un outil de plus dont nous devons nous munir pour que les
élus soient davantage respectés et qu'ils puissent assumer leurs fonctions.
Alors,
je répète, il est nécessaire d'édicter une nouvelle loi, la loi visant à protéger les élus et à favoriser
l'exercice sans entraves de leurs
fonctions. Cette nouvelle loi
prévoirait une infraction pénale de 500 $ à 1 500 $ qui
permettrait de sanctionner toute personne qui entrave l'exercice de
leurs fonctions d'un élu municipal ou d'un député en le menaçant, l'intimidant ou en le harcelant. Il y a une autre
infraction pénale de 50 $ à 500 $ qui permettrait de sanctionner une
personne qui causerait des désordres
dans le déroulement d'une séance du conseil. La loi prévoit également des
balises pour guider la Cour supérieure dans l'émission d'injonctions devant tout comportement menaçant,
harcelant, intimidant, violent à l'endroit d'un élu. Alors, nous devons aussi outiller davantage les municipalités
afin de les soutenir dans leur résolution de conflits. Le projet de loi accorderait donc à la ministre le
pouvoir de désigner une personne et accompagner un conseil municipal aux
prises avec des difficultés qui nuisent à
son bon fonctionnement. Nous ajoutons également l'obligation pour toute
municipalité d'adopter un règlement de régie interne.
Le
second thème du projet... Le second thème du projet de loi touche la démocratie
municipale. Nous approchons à grands
pas des élections générales municipales de 2025, alors que
1 100 municipalités, au Québec, enverront 8 000 postes
d'élus qui seront à pourvoir. Il est primordial de rendre nos processus
démocratiques plus accessibles et mieux adaptés. Nous proposons des mesures dans le but d'accroître le
bassin des candidats aux élections municipales. Nous souhaitons également
mettre en place plusieurs mesures qui visent
à faciliter le vote, à favoriser la participation électorale. Il est important
de souligner que nous souhaitons
permettre la participation à distance aux conseils municipaux ainsi qu'aux
séances extraordinaires.
Maintenant,
M. le Président, nous poursuivons nos travaux en continuant de travailler en
synergie pour le milieu municipal,
pour les députés, également, de l'Assemblée nationale et pour nos institutions
démocratiques. Faisons la différence tous
ensemble. Je vous invite donc à participer de façon proactive aux échanges
entourant l'étude détaillée de l'ensemble des mesures du projet de loi.
Merci, M. le
Président. Merci à mes collègues. Merci également aux collègues de
l'opposition. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Et je reconnais, comme
prochaine intervenante, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Merci, M. le Président. Il me
fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 57, Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et
à favoriser l'exercice sans entraves de leurs fonctions et modifiant
diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal.
Je
pense qu'il est important, d'entrée de jeu, de faire une mise en contexte, de
rappeler des chiffres alarmants qui ont été rendus publics dans les derniers
mois. Plus de 10 % ou autour de 10 % des élus municipaux qui ont été
élus en 2021 ont démissionné en cours
de mandat. Ce sont des chiffres inquiétants. Il faut en prendre acte. Ces
chiffres ont été rendus publics avant
la démission de la mairesse de Gatineau, l'une des plus grandes villes au
Québec. La démission de la mairesse de
Gatineau a eu l'effet d'une onde de choc dans le milieu municipal. Notre
formation politique, dès que ces chiffres sont sortis, et tout de suite après la démission de la mairesse Bélisle, nous avons déposé une
demande de mandat d'initiative. Nous
avons voulu qu'une commission se penche d'urgence sur la question de la
civilité au sein des conseils municipaux, et plus largement sur la dégradation du respect envers les élus de tous
les paliers de gouvernement, et les enjeux liés au harcèlement et aux menaces envers ceux-ci. Ce
mandat d'initiative date du 23 février 2024 et il était signé par moi-même
et mon collègue le député de Marquette, porte-parole en matière de Lutte contre
l'intimidation.
Alors,
c'est dire à quel point, pour nous, notre démocratie municipale est extrêmement
importante. De pouvoir retenir en
poste, d'attirer des candidatures aux prochaines élections municipales de 2025,
ça, c'est l'an prochain, c'est vraiment bientôt, c'est un enjeu qui nous
préoccupe depuis plusieurs mois.
Et
je voudrais juste relire un passage, donc, de ce mandat d'initiative, et je
vous rappelle les chiffres, là, 800 élus, près de 10 % de tous les élus qui ont démissionné de leur poste,
c'est un phénomène inquiétant pour nous. D'autant plus qu'il existe d'importants enjeux liés au manque de
candidatures pour plusieurs postes électifs dans nos municipalités : «La
dégradation du climat de travail des élus ainsi que la diminution du respect et
de la civilité entourant leur fonction, inacceptable
pour tous, s'érige en rempart contre les efforts déployés pour attirer une diversité
de nouvelles candidatures aux postes
électifs. Pensons notamment aux jeunes et aux femmes qu'on souhaite voir
s'impliquer davantage en politique. À
cet égard, les menaces envers les élus de tous les paliers de gouvernement et
la toxicité véhiculées sur les médias sociaux méritent une attention
particulière des parlementaires.»
Le gouvernement a annoncé diverses mesures dans
les derniers mois, en amont du dépôt du projet de loi no 57. On peut penser à des formations additionnelles. On
peut penser à de l'aide psychologique. Il y a un montant de 2 millions
qui est annoncé par le gouvernement pour
offrir aux élus municipaux une aide, une ligne directe de l'aide psychologique.
Mais, si on se retrouve avec le besoin de
consulter des psychologues, c'est que la détresse s'est déjà installée. C'est
malheureux, mais ça existe, et donc
c'est une mesure qui avait été saluée, incluant par nous. C'est important de
venir en aide aux élus qui vivent une
détresse et qui ont besoin de consulter. Mais ces mesures étaient
insuffisantes. Il fallait aller plus loin. Et en ce sens-là, on accueille le principe du projet de loi. C'est un
projet de loi pour lequel on va voter pour le principe. Il y aura
différents éléments à surveiller sur lesquels on aura des discussions, je
l'espère, constructives en étude détaillée afin de s'assurer qu'on mette en place toutes les mesures en amont pour
pouvoir bien accompagner et soutenir les élus dans le cadre de
l'exercice de leurs fonctions.
Donc, le
projet de loi no 57, déposé en avril, comprend un volet très important sur
la protection des élus, et le
maintien de nos institutions démocratiques, et aussi toute une panoplie
d'autres mesures qui touchent le monde municipal.
• (15 h 30) •
M. le
Président, en tant qu'ancienne élue municipale, je peux confirmer que la
fonction d'élu municipal est extrêmement
stimulante, mais je dois aussi dire que les responsabilités grandissantes et la
dégradation du respect à l'endroit des élus municipaux alourdissent
considérablement leur tâche et peuvent mener à un désengagement malsain pour
notre démocratie. Il faut y voir. On
note d'ailleurs que le climat s'est dégradé davantage depuis la pandémie. Les
citoyens étaient peut-être plus
prompts, il y avait possiblement plus d'émotivité dans leurs propos durant la
pandémie, mais les choses ne sont... on ne peut pas dire que les choses
se sont améliorées au sortir de la pandémie. Les chiffres dont j'ai fait
mention un peu plus tôt parlent d'eux-mêmes. Le nombre de démissions est
vraiment alarmant.
Il faut se
rappeler que le contexte est difficile. En ce moment, on parle d'inflation, de
la hausse du coût de la vie. C'est
sur toutes les lèvres. Il y a une crise du logement, il y a un déficit de
maintien des infrastructures, il y a des grands enjeux de mobilité, il y a de l'itinérance, énormément
d'enjeux sociaux pour lesquels les élus municipaux sont aux premières lignes,
aux premières lignes des doléances des
citoyens sur une panoplie d'enjeux incluant ceux qui relèvent principalement
d'un autre palier de gouvernement.
C'est ça, la réalité des élus municipaux en 2024, M. le Président. Les citoyens,
à juste titre, ont le droit de venir consulter et faire la démonstration
de leurs doléances. Les gens viennent se plaindre à leurs élus municipaux, c'est un réflexe normal et c'est tout
à fait souhaité. Et, en ce qui me concerne, le projet de loi ne doit pas
changer cette dynamique. Ce n'est pas
pour rien qu'on dit que nos conseils municipaux sont des gouvernements de
proximité, parce qu'on parle du palier le plus proche des citoyens.
Toutefois, il
est devenu évident que ça va trop loin. Certains comportements viennent
dépasser les bornes, outrepasser la
ligne entre ce qui est exprimé dans le respect et ce qui est empreint de... et
ce qui enfreint le climat, l'environnement de travail respectueux que
tous les Québécois méritent, incluant les élus.
Ici, à
l'Assemblée nationale, on a tous, sur notre bureau et un peu partout dans
l'Assemblée nationale, une affiche, un carton qui indique que l'incivilité,
c'est tolérance zéro. On doit oeuvrer, tous les Québécois doivent pouvoir
oeuvrer dans un milieu de travail empreint de respect et de civilité.
J'aimerais d'ailleurs, encore une fois, rappeler
un passage du mandat d'initiative que ma formation politique a déposé : «Le service public est une vocation
noble et essentielle pour notre démocratie. Il ne devrait jamais devenir un
espace fragilisant la santé de ceux
qui choisissent de servir leurs concitoyens. Trop souvent, la ligne entre le
désaccord politique et le harcèlement et la violence verbale est
franchie, au détriment de notre démocratie. Il faut que ça cesse!»
Donc, encore
une fois, tout ça, tous ces phénomènes sont grandissants, viennent rendre la
tâche des élus municipaux extrêmement
difficile, alors qu'on promeut des milieux de travail exempts de harcèlement et
d'incivilité partout au Québec.
J'aimerais faire un retour sur les consultations
qui ont eu lieu la semaine dernière. Mme la ministre a raison, on a eu des échanges extrêmement intéressants. Je
pense qu'on peut dire qu'on a entendu plusieurs voix, on a entendu des...
on a entendu... bon, ça ne peut jamais être
exhaustif, mais on a entendu différents points de vue. Je dois dire qu'il y a
un constat clair qui s'est dégagé, là, comme quoi il fallait poser des
gestes et ajouter des mesures pour protéger les élus municipaux. On a entendu aussi des gens venir exprimer leurs
préoccupations au niveau du respect et du maintien intégral de la liberté d'expression, qui est un principe
sacro-saint de notre démocratie et qui est extrêmement important pour notre
formation politique.
Donc, bref,
je pense qu'on a eu des... on a eu des échanges extrêmement enrichissants,
fructueux. On a pu prendre acte de ce que les élus vivent, pas seulement lors
de leurs échanges en période de questions, par exemple, lors des séances
du conseil municipal, les séances publiques,
mais aussi au sein même des conseils municipaux. Et j'aimerais prendre
l'occasion, d'ailleurs, pour remercier tous les intervenants. La qualité
des mémoires qui ont été déposés, pas seulement par ceux qui sont venus nous exposer verbalement leurs points de vue en
commission, mais aussi tous les autres groupes, intervenants, élus,
syndicats, différents groupes citoyens qui ont pris la peine d'écrire et de
déposer leurs points de vue auprès de la
commission, c'est extrêmement apprécié. On reconnaît toute la qualité du
travail. Et soyez assurés que, durant l'étude
détaillée, on va tenir compte de tous les commentaires qui ont été émis afin de
bonifier le projet de loi, de s'assurer qu'on discute de tous les points, tous les points
de vue, tous les éléments qui ont été soulevés, dans l'objectif de venir
bonifier le projet de loi. Et
j'aimerais réitérer que notre formation politique, comme toujours, nous allons
travailler de façon constructive
avec le gouvernement afin d'en arriver à un projet de loi bonifié.
Je
l'ai mentionné, il y a un constat clair qui se dégage, le climat est devenu
très difficile pour les élus, en particulier les élus municipaux, et, comme je l'ai mentionné, que ce soit à
l'intérieur ou à l'extérieur des conseils de ville. L'incivilité n'a pas
lieu uniquement entre les murs d'un hôtel de ville, ça peut suivre l'élu dans
sa vie, dans sa vie personnelle. Parce que,
oui, un élu, quand il décide de se présenter, on devient une personnalité
publique. Il faut accepter que nos... les gens qu'on représente, nos
commettants, nos concitoyens vont souhaiter avoir un dialogue avec nous, pas
seulement au sein des hôtels de ville ou ailleurs, mais également quand
on fait nos courses, quand on prend des marches dans notre quartier. Et c'est normal et c'est ce qu'on
souhaite. Mais par contre un élu a tout de même droit au respect de sa vie
privée.
Je
pense que ça vaut la peine de faire état d'exemples concrets qui ont été mis de
l'avant durant les consultations, des exemples qui ont été donnés par
des élus du genre de comportements abusifs dont ils font l'objet.
Le projet de loi
parle d'insultes, de menaces, de harcèlement... en fait, il parle d'intimidation,
de menaces, de harcèlement qui peuvent
prendre différentes formes, par exemple des insultes au micro durant la période
des questions. En particulier, une
élue nous a dit qu'elle avait été menacée de mort au micro durant la période de
questions, ce qui a affecté son sentiment de sécurité, évidemment.
Des cris, des
insultes, des tracts anonymes, collés sur des vitres d'auto ou à la maison,
comprenant des insultes ou des menaces
anonymes, autrement dit, des lettres non signées, utilisées comme armes, M. le
Président. Se faire suivre, quelqu'un
qui viendrait garer sa voiture près du domicile d'un élu, qui est... qui peut
être vu comme un comportement qui pourrait être considéré comme du
harcèlement. C'est ce qu'on veut dire par une atteinte, une atteinte à la vie
privée.
Des
présences à répétition durant des conseils municipaux, ce n'est aucunement
quelque chose qu'on veut viser par le projet de loi. Les citoyens, les payeurs
de taxes, les contribuables sont tout à fait dans leur droit de venir aussi
souvent qu'ils le souhaitent assister aux
séances du conseil d'une ville. Par contre, ces présences à répétition peuvent
être accompagnées de propos
irrespectueux, d'insultes, d'insinuations, et c'est là où ça dépasse la ligne
de ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
• (15 h 40) •
Il
faut qu'on parle des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux viennent alourdir
considérablement la tâche des élus. Ils
ajoutent à la pression déjà grandissante en raison de leurs responsabilités
grandissantes. Il n'est pas... il est rendu commun, M. le Président, pour des élus de se faire
invectiver sur les médias sociaux. Parfois, ça se fait à visage découvert, on
sait qui est la personne qui... qui
tienne ces propos-là, ces propos violents. Ça se fait parfois de façon anonyme,
c'est-à-dire que la personne utilise
un faux profil, où on est... ça devient difficile de savoir qui est derrière
ces propos, ces propos violents. Les élus peuvent faire l'objet
d'insinuations de toutes sortes, notamment sur leur intégrité.
Une
mairesse est venue nous raconter que ça lui prend 24 heures pour se
remettre d'une séance de conseil. C'est toute sa famille, après, qui en écope. C'est normal qu'un élu ou qu'une
élue prenne la chaleur, ça fait partie de notre travail, et, si on n'est pas capable de le faire, bien, on
n'est pas à la bonne place. Et c'est intrinsèque à notre rôle. Toutefois, ça va
trop loin dans plusieurs instances, et c'est
ce qui est l'intention derrière le projet de loi, et c'est ce sur quoi nous
souhaitons poser des gestes de façon collaborative avec le gouvernement.
Comme
l'a bien dit le maire de Laval, et je pense que c'est important de le citer, il
peut y avoir une confrontation des idées mais pas des individus. J'ai
trouvé ça très pertinent comme remarque.
Deux
maires différents, dans des contextes tout à fait différents, m'ont déjà
raconté avoir vécu des douleurs à la poitrine
en s'approchant de l'hôtel de ville, tout ça dans le cadre de leurs fonctions.
Je ne veux pas... je ne veux pas faire preuve de sensationnalisme ou
être dramatique, mais ce sont des cas réels, des cas vécus, des élus qui, au
fil du temps, à force de subir ce genre de
comportement, en viennent à ressentir des symptômes physiques et qui font en
sorte qu'ils doivent prendre une pause pour préserver leur santé. C'est
des cas vécus, là, au Québec dans les dernières années.
L'UMQ,
l'Union des municipalités du Québec, a fait un... a mené un sondage, a fait
mener un sondage... Je retrouve mes
papiers, M. le Président. À la page... Un autre mémoire de grande qualité, là,
qui a été soumis par l'Union des municipalités du Québec. Aux
pages 5 et 6 du mémoire, ça vaut la peine qu'on parle du sondage, un
sondage d'envergure mené avec la firme Léger
du 19 mars au 8 avril dernier auprès des élus, des élus municipaux.
1 380 élus des quatre coins du Québec y ont répondu. C'est... Les éléments, dont certains sont présentés dans
le cadre du mémoire, confirment l'importance d'agir afin de protéger les personnes élues et de
favoriser la conciliation entre la fonction d'élu et la vie personnelle.
Quelques chiffres. «Selon le sondage
Léger-UMQ, 46 % [...] des élus ont signalé avoir été confrontés à de
l'intimidation et des menaces, tandis que
36 % ont déclaré avoir été victimes de harcèlement. Les femmes élues — à
hauteur de 53 % — sont
plus fréquemment victimes
d'intimidation et de menaces que les hommes — à hauteur de 42 %.» Selon l'UMQ, «vu la
prévalence alarmante des
comportements graves envers les personnes élues, la création d'une nouvelle
amende allant de 500 $ à 1 500 $ pour les personnes qui les
menacent, intimident ou harcèlent est accueillie très favorablement». Ça, c'est
le point de vue de l'UMQ.
On
a aussi entendu des élus venir nous dire qu'ils vivaient des situations très
difficiles et préoccupantes au sein même des conseils municipaux auprès
desquels ils évoluent. Je pense en particulier à la Table de travail sur la civilité en politique municipale, à la Coalition Faut que
ça change pour une saine démocratie. Quand on se présente en politique municipale, on peut le faire de façon
indépendante. On peut le faire dans le contexte d'un parti politique. On ne
sait pas comment ça va se solder une
fois que l'élection va être complétée. Est-ce qu'on va être en situation
minoritaire? Est-ce qu'on va faire
partie de l'équipe du maire ou de la mairesse? Quelle va être la dynamique au
sein du conseil dans lequel on devra évoluer et auprès duquel on va
vouloir représenter le mieux possible les intérêts des citoyens qui nous ont
accordé leur confiance?
Ce qu'on
entend des élus, c'est que, dans plusieurs cas... et je ne veux pas
généraliser, mais, dans trop de cas, les élus ont des difficultés au sein de
leurs conseils. Ils vivent de la toxicité, ils vivent dans un climat
extrêmement difficile, et je me demande si le projet de loi va assez loin pour venir pallier à
ces enjeux-là, à ces obstacles-là. C'est un point sur lequel on va porter une attention particulière
pour s'assurer qu'on protège les élus pas seulement vis-à-vis un comportement
difficile de la part de la population, mais
aussi au sein même des conseils municipaux. L'impact est majeur dans certaines
villes, M. le Président, au point où des
dossiers se retrouvent sclérosés, n'avancent pas, et, dans ce cas-là, bien, il
y a un impact sur le citoyen. Un citoyen souhaite que son conseil de ville soit
fonctionnel, puisse avancer, qu'on puisse faire avancer les dossiers. On
nous a donc demandé de prévoir plus de mesures en amont dans ce sens-là.
On a soulevé l'idée
de prévoir un mécanisme de gestion de conflit en amont qui permettrait de
dénouer des situations conflictuelles,
l'objectif étant d'éviter les escalades. Pensons aussi à un mécanisme de
gradation des sanctions, par
opposition au seul recours qui semble... pas le seul recours, mais un des seuls
recours qui existe en ce moment, c'est de
porter plainte auprès de la Commission
municipale du Québec. Dans les faits,
il peut ne pas y avoir un seul incident qui mène à une plainte à la Commission
municipale du Québec. On peut avoir
affaire à une multiplication de microagressions à l'endroit d'un élu par
un de ses collègues. La Commission municipale du Québec intervient s'il y a un
manquement, s'il y a vraiment un acte répréhensible. On nous a suggéré, en
consultation, M. le Président, de prévoir le soutien d'un organisme neutre pour accompagner les élus quand
il y a, par exemple, un manquement à un code de conduite, code de conduite qui pourrait être imposé dans tous les
codes d'éthique et de déontologie adoptés par les villes à la grandeur du
Québec. C'est une idée qui circule et qui nous a été proposée.
Actuellement,
les élus se disent : On se tourne vers qui? On se tourne vers le ministère des Affaires municipales? Mais
ça prend une résolution du conseil pour pouvoir entreprendre cette démarche-là.
Ça, c'est un élément qui a été discuté durant les consultations. Il va
falloir qu'on voie à éliminer des entraves aux élus pour pouvoir accéder aux
services dont ils ont besoin pour les
soutenir dans leurs fonctions. On ne veut pas en arriver à un point où les élus
s'autocensurent alors qu'ils ont été
élus démocratiquement pour représenter les citoyens de leur district électoral.
Cela ne servirait certainement pas la démocratie. Il va falloir y voir.
Plusieurs élus, à la
grandeur du Québec, peinent à exercer leur rôle pleinement, car ils se trouvent
en position minoritaire au sein de leurs conseils. On voit ça de plus en plus
avec la présence de partis politiques au palier municipal.
Le
Conseil du statut de la femme a déposé un mémoire, je trouve intéressant d'en
faire mention rapidement : Le Conseil du statut de la femme se réjouit que
deux obstacles à la participation des femmes en politique soient ciblés dans le
projet de loi n° 57, «soit les violences et les responsabilités
familiales. Bien qu'elles concernent aussi des hommes, ces deux réalités posent des défis majeurs pour
plusieurs femmes qui s'engagent, ou souhaitent s'engager, en politique.» En
tant que femme et ancienne élue municipale, c'est un sujet qui me tient
à coeur.
«S'agissant
des violences, le Conseil du statut de la femme rappelle ici qu'elles
entraînent des conséquences lourdes pour les femmes en politique, comme soulevé
dans son récent mémoire à Élections Québec et dans son étude sur l'hostilité
en ligne. Elles affectent non seulement la
santé des personnes visées, mais aussi la vie professionnelle et la liberté
d'expression. Elles sont d'ailleurs
reconnues comme amenant certaines femmes à renoncer à la vie publique ou à s'en
retirer prématurément.» C'est pour
ces raisons que «le Conseil du statut de la femme salue l'intention du
législateur d'adopter des dispositions pour contrer les violences à
l'endroit des personnes élues», les femmes.
Aussi,
«les femmes qui s'engagent en politique peuvent rencontrer des difficultés de
conciliation travail-famille, du fait qu'elles assument encore davantage les
responsabilités familiales et domestiques et qu'elles doivent composer avec les défis associés à la grossesse, à
l'accouchement et à l'allaitement. [Et donc] le Conseil du statut de la femme
accueille favorablement l'intention
du législateur d'adopter des dispositions visant à faciliter la conciliation
travail, politique et famille...»
On
a eu différentes revendications du réseau des femmes... ou des élues
municipales, jeunes mères de famille, qu'on devra discuter plus en profondeur
pour être... s'assurer qu'on soit allés assez loin, là, pour faciliter le
travail des jeunes mères qui s'impliquent en politique.
• (15 h 50) •
Le Directeur général
des élections est venu nous parler en commission, il nous a parlé du rôle qu'on
souhaite lui attribuer au niveau de la
protection des députés de l'Assemblée nationale. Il serait, selon le libellé
actuel du projet de loi, le poursuivant. C'est un rôle avec lequel il est mal à
l'aise. J'en parlerai plus loin, là. Ce que je voulais mentionner, c'est : malgré ses réserves très importantes
de jouer ce rôle, parce qu'il a un rôle... il doit maintenir son impartialité,
sa neutralité, son indépendance,
etc., il a quand même souligné, et j'ai trouvé que c'était un passage
extrêmement important du projet... des différents mémoires qui ont été
soumis, c'est un passage que je trouve très important, et j'aimerais le reprendre ici : «Les personnes élues doivent
tout de même pouvoir exercer ce rôle librement et sereinement...» Il avait dit
auparavant qu'on est... quand on est en politique, c'est un rôle où on doit
gérer les désaccords, mais que «les personnes élues doivent tout de même pouvoir exercer ce rôle
librement et sereinement, dans un climat respectueux, sans subir
d'intimidation, de harcèlement ou de
menaces, sans craindre pour leur sécurité. Afin que notre démocratie
représentative soit bien vivante, une
pluralité de femmes et d'hommes doivent présenter leur candidature et s'engager
en politique pour représenter leurs concitoyens.»
Encore le DGEQ qui nous dit : «Nous devons, collectivement, nous offrir
des conditions qui favorisent leur participation et leur implication de
manière durable.»
Je reviendrai sur les
réserves au niveau de son rôle, mais ça résume quand même l'intention derrière,
je pense... derrière le projet de loi. Et ce
sont des préoccupations que je partage personnellement et que mes collègues à
l'opposition officielle partagent. On
souhaite, à l'approche des prochaines élections municipales, s'assurer
d'avoir... que les personnes, les
hommes et les femmes impliqués dans leur communauté, qui ont à bien le... qui
ont à coeur le bien-être de leur communauté, qui ont un bon sens de
l'écoute, qui veulent s'engager dans le service public pour le bien de la
collectivité, pour faire avancer les
projets... Le message qu'on envoie, c'est : N'ayez crainte, là,
présentez-vous, impliquez-vous, on a besoin de vous, ne soyez pas découragés par ce que vous entendez. Premièrement, ce
n'est pas dans tous les conseils et dans tous les hôtels de ville qu'il
y a ces problèmes-là. On sait que c'est un... c'est un enjeu, mais je trouvais
que les propos du Directeur général des élections résumaient bien la
préoccupation.
La
mairesse de Longueuil a déposé un mémoire et elle est venue en consultations
nous souligner son appui au projet de
loi. En fait, elle, elle souhaiterait même que les critères de l'infraction
soient... qui sont objectifs et... et, à plusieurs niveaux, là, on doit démontrer l'entrave et la menace, etc.
Je pense qu'il va falloir réfléchir à savoir si on veut alléger les critères de
l'infraction. Ça, je ne suis pas certaine,
il va falloir en parler en étude détaillée. Mais elle nous dit : «Le
nouveau régime de protection des élus prévu est aussi accueilli avec
soulagement au sein du monde municipal.» Elle nous dit, la mairesse de Longueuil : «En instaurant cette nouvelle
voie sur le plan pénal, on s'assure d'un traitement plus rapide de certaines
causes.» Et elle dit : «Je tiens
par ailleurs à insister sur l'importance des amendes prévues : elles
auront un effet dissuasif incontestable.»
Bref, M. le
Président, le projet de loi, il est salué par plusieurs, d'autres ont des
craintes, je vais y arriver. Il répond certainement
à une problématique sérieuse. Donc, je le répète, nous, on va voter pour le
principe, mais on va avoir en tête, durant l'étude détaillée, des
préoccupations extrêmement légitimes qui ont été mises de l'avant.
Et
d'ailleurs, aujourd'hui, dans La Presse, on en avait un résumé, c'est-à-dire tout ce qui
touche la liberté d'expression, qui,
je l'ai mentionné, est un principe sacro-saint de notre démocratie. Il ne faut
pas que le projet de loi vienne museler les citoyens, les brimer dans leur droit
légitime et absolu de faire valoir leurs préoccupations, faire valoir leurs
opinions, venir exprimer leur désaccord avec certaines idées, avec
certains projets. C'est fondamental dans notre démocratie, il faut que ce soit maintenu. Les citoyens sont encouragés
à venir, aussi souvent qu'ils le souhaitent, échanger et faire preuve de...
et faire mention de leurs préoccupations auprès de leurs élus.
Mais la Ligue
des droits et libertés et d'autres acteurs, là, de la société civile se
préoccupent que ce projet de loi vienne amoindrir ou vienne brimer, affecter
négativement la liberté d'expression et vienne affecter, donc, la participation
citoyenne, qui est aussi une composante
essentielle de notre démocratie. Je l'ai mentionné, le mémoire de la Ligue des
droits et libertés soulève un point
extrêmement important au niveau du maintien de la liberté d'expression, un
droit fondamental dans notre
démocratie, et ce n'est pas du tout à prendre à la légère. Et je m'attends,
durant l'étude détaillée qui va suivre, qu'on ait des discussions de fond pour s'assurer que le projet de loi ne
vienne pas du tout brimer la liberté d'expression. Ce qu'on souhaite
faire, c'est protéger les élus, mais maintenir la participation citoyenne.
D'ailleurs,
la ministre, elle l'a dit à maintes reprises, durant les consultations, que ce
n'était pas son intention en déposant le projet de loi. Ce qu'elle souhaitait
faire, ce que son gouvernement souhaitait faire, c'était de viser des
situations abusives. Elle a mentionné
que l'intention du législateur n'est pas de restreindre le débat public, le
débat d'idées, les questions des citoyens, mais tout ça, on le rappelle,
doit se faire dans le respect.
Une autre... Permettez-moi de citer, de faire
mention d'un extrait du mémoire déposé par la ville de Gatineau, extrêmement pertinent, là, dans le cadre du propos
sur la liberté d'expression et la participation citoyenne, à la
page 4 : «Nous souhaitons
finalement réitérer, en toile de fond, notre attachement et notre grande
valorisation de la participation citoyenne. À la ville de Gatineau, c'est avec fierté que nous accueillons nos
citoyennes et citoyens qui prennent la parole lors des séances du conseil municipal, dans des commissions ou
autres instances publiques, car nous souhaitons avoir leurs contributions
pour développer et bonifier nos projets et
bâtir une ville inclusive. Aussi nous formulons le souhait que les mesures
visant à établir un climat de travail sain et respectueux pour les
membres du conseil municipal et de l'administration, exempt de harcèlement et
d'intimidation, ne soient en rien un frein à cette riche participation
citoyenne.»
C'est ce qu'on souhaite également, et on y
verra, on va s'assurer d'avoir ça en tête à tous les instants de l'étude
détaillée des articles du projet de loi qui traitent justement de la protection
des élus.
J'aimerais juste ajouter... au niveau de la
participation citoyenne, ayant été élue municipale, je peux vous dire que moi, je n'ai pas vécu de... les périodes de
questions, ce n'est jamais facile, mais je n'ai pas vécu de périodes de
questions qui ont dérapé dans le désordre, mais je sais que ça se voit
ailleurs. Et, quand on dit que la liberté d'expression est extrêmement importante et elle ne doit pas
affecter la participation citoyenne, j'aimerais ajouter, à l'inverse, que la
participation citoyenne de la part de la fameuse majorité silencieuse,
pour ceux qui le... Je suis certaine que tout le monde ici, dans l'Assemblée,
au salon bleu, savent à quoi je réfère quand je parle de la majorité silencieuse,
ce sont ces citoyens qui, probablement,
suivent la politique à distance mais ne sont pas... ne font pas partie des
personnes qui vont régulièrement se manifester lors des séances des
conseils municipaux. Il ne faudrait pas, à l'inverse non plus, qu'on laisse se
dégrader davantage le climat au sein de
certains conseils municipaux, lors de certaines périodes de questions, au point
de décourager cette majorité silencieuse de venir faire valoir leur
point de vue. Parce qu'il y a ce risque-là aussi. Si on ne pose pas... M. le Président, j'ai bien une heure, hein, de
temps? Merci. Si on ne pose pas les gestes pour recadrer le débat et le ramener
dans un esprit de civilité et de respect, il
y a aussi ce danger-là que la... que des gens qui voient à quel point ça peut
devenir... que le climat se dégrade
auprès des conseils municipaux peuvent se dire : Moi, je ne vais pas là,
moi, je ne me mêle pas à ça, je vais trouver une autre façon peut-être
de faire valoir mon point de vue, incluant sur les médias sociaux.
• (16 heures) •
J'ai déjà vu
des... j'ai déjà entendu des citoyens dire : Il y a tout un débat, un
débat d'idées, un débat intense, là, sur
les médias sociaux, sur certains projets. J'ai déjà essayé d'ajouter mon grain
de sel pour venir un peu tempérer, un peu rééquilibrer, nuancer, et qu'est-ce qui arrive dans ce temps-là? Bien,
ça suscite encore... des fois, encore plus d'agressivité, encore plus de propos insultants, blessants, à
l'endroit des élus, à l'endroit des citoyens qui viennent ajouter leur grain de
sel. Donc, j'aimerais qu'on garde tout ça en tête quand on parle de
participation citoyenne.
En parlant de
liberté d'expression, j'aimerais ajouter qu'il est extrêmement important pour
les élus... que les élus municipaux demeurent accessibles pour leurs
électeurs. Et je profite de mon allocution aujourd'hui pour rappeler l'importance pour tout élu d'être à l'écoute de
ses concitoyens. C'est vraiment la base de notre rôle. Et moi, d'aucune,
d'aucune façon, je voudrais participer à l'adoption d'un projet de loi
qui viendrait amoindrir ou affecter ce rôle, ou affecter cette composante
essentielle de notre démocratie.
Comme les
villes sont des gouvernements de proximité, traitant d'enjeux qui touchent
concrètement les résidents dans leur
quotidien, il est important que les élus municipaux soient proches de leurs
concitoyens. C'est ça, le rôle fondamental des élus
municipaux, c'est d'être à l'écoute des préoccupations des concitoyens qu'ils
représentent afin de bien les représenter, avec pertinence, et porter
leurs voix lors des assemblées du conseil municipal afin d'y faire valoir les
intérêts de leur communauté. Il faut donc continuer d'encourager cette
participation citoyenne, M. le Président, car, il faut le dire, les fonctions des conseillers municipaux influencent
des décisions importantes pour leur milieu. Les revendications, les doléances
et les propositions des citoyennes et citoyens, ce sont bien souvent par le
biais des élus municipaux qu'elles cheminent.
Le projet de
loi n° 57 et son nouveau régime pénal proposé ne doivent pas avoir pour
effet, encore une fois, de museler les
citoyens qui souhaitent exprimer leurs préoccupations dans le respect. Nous
étudierons le libellé attentivement lors de l'étude détaillée du projet de loi afin d'atteindre ce juste équilibre,
en adoptant une loi qui répondra aux besoins du milieu municipal,
favorisera... et fera progresser la démocratie municipale.
J'aimerais
revenir sur la question des formations, formations offertes aux élus, pas
seulement les nouveaux, mais ceux qui
sont déjà en poste. Il est extrêmement important d'en offrir en continu, et ça
a été beaucoup discuté durant les consultations.
Et le projet de loi vient prévoir un pouvoir auprès de la ministre d'imposer,
d'obliger certaines formations sur des sujets et selon les modalités
qu'elle déciderait.
Par exemple,
on peut penser à une formation sur la prévention du harcèlement. C'est une
proposition qui avait été mise de
l'avant par les groupes qui vivent... par les élus qui vivent des situations
conflictuelles ou difficiles au sein même de leurs conseils municipaux. On a même discuté de la possibilité
d'offrir des formations aux candidats qui songent à se présenter à un
poste électif.
Parce que je pense qu'une des raisons qui
expliquent ces démissions, parce qu'il y a plusieurs raisons, plusieurs facteurs qui viennent expliquer que les élus
municipaux démissionnent en si grand nombre, c'est que parfois, une fois en
poste, ils sont désenchantés, ce n'était pas
ce à quoi ils s'attendaient. Un élu municipal ne doit pas faire de microgestion
dans les affaires quotidiennes de la
ville. On ne gère pas les ressources humaines de façon directe, etc. Alors, des
formations sur le rôle de l'élu, sur ses responsabilités, sur la
gouvernance, ce sont toutes des choses qui pourraient venir aider dans la
réflexion et venir encadrer et soutenir les élus dans l'exercice de leurs
fonctions.
On peut penser à un meilleur soutien aux élus
aussi. Ça prendrait des crédits supplémentaires, mais il ne faut pas négliger le fait que les médias sociaux, je
l'ai mentionné plus tôt, ont changé la donne, ont changé le rôle de l'élu. Et,
dans des plus petites municipalités, les élus sont laissés à eux-mêmes pour
gérer tout ça, pour répondre aux citoyens sur les médias sociaux. Le soutien aux élus est
véritablement à géométrie variable dans les différentes municipalités du
Québec.
Bon, là, je reviens sur le Directeur général des
élections, qui est venu en commission nous parler de son malaise quant à son rôle, au rôle qu'on souhaite lui
octroyer dans le cadre du nouveau projet de loi n° 57.
Il est extrêmement mal à l'aise. Il
dit que, sans remettre en question le bien-fondé des mesures qu'on souhaite
mettre de l'avant pour protéger les élus dans l'exercice de leurs fonctions,
«le Directeur général des élections juge que ces nouveaux outils légaux ne
devraient pas être sous sa
responsabilité. Ce nouveau rôle est incompatible avec son besoin de préserver
l'impartialité et l'indépendance nécessaires
pour exercer ses fonctions premières [c'est-à-dire] l'organisation d'élections provinciales intègres,
équitables et transparentes.»
Alors, quelle ne fut pas notre surprise, quand
on a appris ça de la part du Directeur général des élections. On a demandé au
gouvernement et on a demandé au Directeur général des élections : Mais
est-ce que vous vous étiez parlé? Est-ce que
vous aviez été consulté en amont? Comment se fait-il que vous arrivez avec
cette position maintenant? Pas que je la
remette en question, je peux voir... je peux voir le malaise. Il nous dit que
s'il exerçait... Je le cite, à la page 4 du mémoire : «S'il exerçait
les nouvelles responsabilités qui lui seraient conférées par le projet de loi,
le Directeur général des élections serait
susceptible de se trouver dans des situations affectant négativement la
perception du public à l'égard de sa neutralité et de son indépendance. Or, la confiance des personnes candidates, des
partis politiques, des citoyennes et des citoyens quant au processus
électoral, quant aux résultats électoraux et, par extension, quant à la
légitimité des personnes élues est tributaire
de leur confiance dans l'institution qui est responsable de l'organisation de
ce processus et qui en est garante de son intégrité.»
Il parle
aussi d'enjeu d'application. Ce qu'il dit, c'est que, dans son rôle de
poursuivant public, le Directeur général des élections peut intenter une
poursuite contre un élu à cause d'une contravention à la Loi électorale. On
peut penser, entre autres, à des
questions de financement. «Or, ce même élu pourrait faire l'objet de menaces,
de gestes ou de propos portant atteinte
à sa vie privée», selon le nouveau libellé du projet de loi n° 57. «Selon la loi proposée, dans ce contexte, cet élu pourrait
s'adresser au Directeur général des élections afin d'obtenir une injonction ou
d'intenter une poursuite pénale. Le
Directeur général des élections estime que le nouveau rôle qui lui est proposé
est difficilement conciliable avec son rôle actuel de poursuivant
public.»
Donc, je
terminerais ici, là. Je pense que le point est clair, là, le Directeur général
des élections n'est pas à l'aise avec le rôle qu'on lui confie dans le projet
de loi. Alors, on s'attend, de la part du gouvernement, à ce que des
amendements soient déposés, à ce qu'on nous propose une autre
alternative, M. le Président, parce que, visiblement, cet aspect du projet de loi, ce volet n'avait pas été, donc...
j'oserais dire qu'il y avait... que la réflexion ou que la... que la réflexion,
que les échanges, que le débat
n'avaient donc pas eu lieu en amont avant de déposer le projet de loi. Donc,
c'est quelque chose sur lequel on va devoir se pencher en étude
détaillée.
M. le Président,
le projet de loi n° 57, ce n'est pas uniquement un projet de loi qui vient
édicter une nouvelle loi pour
protéger les élus. C'est un projet de loi omnibus qui vient modifier diverses
dispositions législatives concernant le domaine municipal. On veut favoriser la
participation électorale et faciliter l'accès au vote, par exemple, élargir
l'admissibilité au vote itinérant aux
personnes à mobilité réduite ou incapables de se déplacer pour des raisons de
santé et à leurs proches aidants domiciliés à la même adresse. On va
prévoir le vote au bureau du président d'élection. On veut donc... oui, c'est
ça, favoriser le vote au bureau du président
d'élection. On veut remplacer le jour du vote par anticipation optionnel du
lundi par le samedi, parce qu'on a
appris que les gens préfèrent sortir voter par anticipation un samedi. Donc, il
y a toute une panoplie
de mesures pour venir, dans le fond, moderniser, faciliter le processus
électoral et favoriser une participation accrue, parce qu'on sait qu'aux élections municipales le taux de participation
est toujours décevant, à mon sens. Donc, ce sont des mesures
intéressantes qu'on va étudier avec le gouvernement.
Un
aspect intéressant pour accroître le bassin de candidatures et favoriser
l'engagement, on veut retirer la période de résidence préalable sur le territoire de la municipalité aux fins
d'établir l'éligibilité d'un candidat. Je me questionne sur cette disposition. Il va falloir qu'on ait des
échanges, parce que, là, une personne qui viendrait tout juste d'emménager dans
la municipalité pourrait se présenter aux élections municipales. Donc, une
mesure à discuter, M. le Président.
Je
l'ai mentionné, on accorde à la ministre le pouvoir... différents pouvoirs dans
le projet de loi, incluant celui de reporter
ou de suspendre une élection à la demande du président d'élection lorsque la
sécurité des personnes ou des biens est menacée en raison d'une
situation d'urgence réelle ou appréhendée ou lorsqu'un événement imprévisible
entrave sérieusement son bon déroulement. On peut penser à des feux de foyer...
des feux de forêt. On prévoit la transmission annuelle,
aux partis politiques autorisés, d'un extrait de la liste électorale
permanente. C'est une autre mesure intéressante qu'on étudiera avec le
gouvernement.
• (16 h 10) •
Il
faut le mentionner aussi, une autre mesure importante visant à protéger les
élus, c'est de retirer le caractère public de l'adresse du candidat, donc de l'élu, à l'exception du nom de la
municipalité, cette adresse figurant dans la déclaration de candidature lors des élections municipales et
provinciales. C'est une question... C'est une proposition intéressante, mais
qui va devoir faire l'objet de discussions aussi.
Obliger
les municipalités à adopter un règlement de régie interne, c'est quelque chose
qu'on voit d'un bon oeil aussi, justement, pour assurer un bon
déroulement des débats municipaux.
Permettre
à la ministre de désigner une personne pour conseiller et accompagner les élus
lors de la préparation et le déroulement des séances du conseil ainsi
que pour intervenir auprès d'une municipalité aux prises avec des difficultés
dues à des relations tendues avec des citoyens est une autre mesure qui vient
soutenir ou qui vient assurer un meilleur encadrement, un meilleur déroulement
des séances publiques.
Point intéressant qui
a été mis de l'avant dans le projet de loi, c'est de prévoir ou limiter le
cumul de fonctions. On va prévoir qu'est
inhabile à exercer la fonction de membre du conseil d'une municipalité, le
directeur général, le greffier ou le
trésorier d'une autre municipalité. On a reçu des mémoires qui viennent nous
dire que ce n'est peut-être pas une bonne idée dans certains contextes, peut-être dans des plus petits milieux. On
comprend qu'il y a possibilité ou qu'il y a crainte de certains conflits d'intérêts de cumuler
certaines fonctions, mais dans certaines instances, dans certains cas, c'est
tout à fait convenable. Alors, c'est un point sur lequel il va falloir
avoir des échanges en étude détaillée.
Je l'ai mentionné,
habiliter la ministre à déterminer par règlement des formations obligatoires
pour les élus municipaux et en prescrire les
modalités, ça aussi, ça va faire l'objet de discussions importantes, incluant
la possibilité de prévoir des formations pour les candidats.
Il
y a des modifications qui viennent hausser le plafond applicable aux sommes
qu'un organisme municipal, donc une ville, peut verser dans ses réserves
financières. Ça, c'est une disposition importante. Il y a aussi de permettre à
une municipalité locale d'exiger, dans le
cadre d'une entente en matière de zonage incitatif, le versement d'une somme
d'argent destinée à la mise en oeuvre d'un programme de logements
abordables, sociaux ou familiaux.
Donc,
vous voyez, M. le Président, le projet de loi est un projet de loi omnibus qui
touche, oui, à la protection des élus,
mais aussi à différents enjeux, différents volets du domaine municipal, et on
va donc en discuter. C'est certain qu'on va... on s'attend à avoir des
discussions approfondies. Et je vais terminer là-dessus, M. le Président, pour
rappel sur la question de la liberté d'expression, sur la question de qui va
jouer le rôle du poursuivant dans le cadre de la protection des députés.
On va discuter en détail des définitions ou
des termes qui sont employés dans le projet de loi et qui ne sont pas définis
de façon particulière. On va faire
des comparaisons avec ce qui existe dans le Code criminel, parce que le Code
criminel a déjà des dispositions, évidemment, qui viennent régir
l'intimidation, le harcèlement, les propos et les gestes menaçants. On va discuter aussi d'une demande que je n'ai pas
mentionnée, une demande qui nous a été faite en consultation, d'élargir la
protection aux fonctionnaires et aussi aux
membres de la famille proche des élus. Ce sont tous des éléments qui vont
devoir être discutés en étude détaillée.
Donc,
en terminant, M. le Président, nous allons voter pour le principe, mais avec
les réserves que j'ai mentionnées précédemment
et avec l'objectif et le souhait, à l'opposition officielle, d'avoir des
échanges et des réponses sur tous les éléments que j'ai mentionnés
précédemment. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
J'en
profite pour vous informer qu'un débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui,
à 18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac à M. le ministre de la
Santé concernant les échecs du gouvernement en matière de soins de santé.
Et nous poursuivons
toujours avec l'adoption du principe du projet de loi n° 57. Je reconnais
M. le député de Taschereau.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont :
Merci, M. le Président. D'abord,
permettez-moi de saluer toutes les personnes qui sont présentes en cette
enceinte, de remercier aussi la ministre, là, pour le projet de loi qu'elle a
déposé, qui vise, là, à permettre aux élus... Bien, c'est un projet de loi
omnibus, évidemment, là, mais essentiellement, là, la plus grosse partie, le
corps, le coeur de ce projet de loi là vise à permettre, selon les dires de la
ministre, de protéger les élus municipaux d'exercer leurs fonctions sans
entrave, dans la sécurité.
Évidemment, il y a beaucoup de choses
qui sont au coeur de... qui sont dans ce projet de loi là, mais, à cette
étape-ci, M. le Président, si vous le permettez, je vais me concentrer
sur ce qui me semble poser le plus problème.
D'abord,
établissons une chose : évidemment, on prend acte du nombre très important
de démissions que nous avons pu
observer dans le milieu municipal. Aux dernières nouvelles, on était à quelque
chose comme 800 démissions ou tout près de 800 démissions chez les élus municipaux, sur
8 000 élus municipaux. Évidemment, c'est un nombre qui est quand
même assez impressionnant, et on peut
s'attendre, évidemment, que ce nombre-là augmente d'ici non seulement les
élections en 2025, mais d'ici la
période ou à partir de la période où une démission d'un élu municipal, qu'il
soit conseiller, conseillère ou maire
ou mairesse, n'entraînera pas l'obligation de tenir des élections partielles.
Ça, c'est à partir de l'automne prochain et c'est une crainte que nous
avons, évidemment.
Évidemment, on peut
remarquer également qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas. On a de la
difficulté à attirer des gens à se
présenter, finalement, à des postes d'élus au niveau municipal. Plusieurs des
postes... en fait, la moitié des
postes de maire ou de mairesse au Québec ont été élus sans... par acclamation,
en fait, sans opposition. Donc, on a vraiment
un enjeu très important à attirer les gens. On a un enjeu aussi à les retenir,
donc des enjeux au niveau de l'attractivité et de la rétention.
Évidemment,
il y a des cas de démission qui ont eu... qui ont résonné beaucoup plus fort dans
l'espace public. La démission de la mairesse de Gatineau, Mme France
Bélisle, a, disons, eu beaucoup d'échos. À cet effet-là, nous avons
réagi rapidement et proposé un mandat d'initiative afin de se pencher sur les
différentes raisons qui font qu'on a un nombre
incroyable de démissions chez les élus municipaux au Québec. Et les raisons
sont multiples, et nous en avons entendu plusieurs aussi pendant les auditions. Ça va de comportements
inappropriés des citoyens envers les élus à des comportements inappropriés
d'élus envers d'autres élus. Il y a la question de la rémunération qui est
problématique également, la conciliation
travail-famille, le sentiment d'abandon du gouvernement du Québec envers les
élus municipaux. Ça a été dit à quelques reprises. La perte de sens face
à l'ampleur de la tâche, notamment en période exceptionnelle, en situation exceptionnelle, notamment au regard des
changements climatiques et de leurs impacts. On a eu des maires et des
mairesses, des conseillers, des
conseillères municipales qui, face aux enjeux d'inondations, aux feux de forêt,
ont tout donné pour protéger, pour agir de façon bienveillante envers
leur population, mais qui n'ont pas eu le soutien nécessaire et qui en sont
sortis complètement épuisés et ont décidé de quitter.
• (16 h 20) •
Bref, les questions sont très nombreuses, et c'est
ce qu'on voulait aborder, nous, à travers notre mandat d'initiative, l'ampleur
des raisons qui sont derrière ces démissions-là. Or, le projet de loi que nous
avons, le projet de loi n° 57, ne cherche visiblement qu'à s'attaquer
à certains de ces enjeux-là et ne pas les aborder tous de front.
Donc,
on a entendu plusieurs groupes en audiences. Franchement, je tiens à les
remercier, leur contribution était absolument
inestimable, leurs mémoires sont très intéressants. Je remercie aussi les gens,
les citoyens, les citoyennes qui ont
déposé des mémoires. Évidemment, on les... on va tous les lire. Il y en a
plusieurs qu'on a déjà lus, et ceux qui rentreront par la suite, on va les lire également. Et
franchement, c'est riche d'enseignements, c'est riche de suggestions fort à
propos, que nous allons discuter avec la ministre pendant l'étude
détaillée.
Maintenant,
si je vais sur ce qui constitue, à mon avis, la principale faiblesse,
finalement, du projet de loi n° 57, ça touche
les comportements inappropriés des citoyens envers les élus et, dans une
moindre mesure, la conciliation travail-famille.
En fait, je vais me concentrer essentiellement sur le premier point, là, parce que la
conciliation travail-famille, il y a
des aménagements dans le projet de loi que je trouve intéressants, et on va
tenter de les bonifier. Évidemment, on a eu des propositions intéressantes de la part, notamment, du regroupement
des jeunes mères du municipal. Moi, aujourd'hui, je vais vraiment me
concentrer sur les comportements inappropriés des citoyens envers les élus.
Le projet de loi
présente cet aspect-là de son corpus comme une façon de protéger notre
démocratie. Et je suis évidemment bien
d'accord sur le fait qu'il faut protéger nos élus, il faut s'assurer qu'ils
puissent effectuer leur travail. Ils sont
une composante, évidemment, essentielle du rouage démocratique. En même temps,
le projet de lot met en opposition certains droits et, à mon avis, il ne fait pas le travail. Il n'y a pas
eu de travail à trouver d'emblée un équilibre à l'intérieur du projet de
loi.
Dans
le projet de loi, on parle de droit à la sécurité. Le droit à la sécurité,
c'est un droit qui est notamment reconnu par la charte québécoise, droit à la sécurité... c'est le droit à la
sûreté, en fait. Il nous protège, entre autres, contre les menaces,
l'agression physique et contre les agressions physiques elles-mêmes. Il nous
protège pour garantir notre sûreté, notre sécurité psychologique, et ça oblige
les autorités à mettre en place des services de police, des premiers soins, de
sécurité d'incendie, bref, pour protéger
notre intégrité physique et psychologique. On ne peut pas être contre ça, évidemment.
C'est un droit fondamental dans la charte québécoise, notamment.
Le
projet de loi aborde aussi un deuxième droit, le droit à la vie privée, le
droit à la vie privée qui est aussi reconnu dans la charte québécoise. Ce droit protège notre intimité et interdit
que certaines informations qui nous concernent soient accessibles ou
rendues publiques, par exemple notre image, par exemple notre corps, des
échantillons de sang, notre orientation sexuelle, notre état de santé, notre
adresse, notre vie personnelle et familiale, etc. Donc, évidemment, quand on pense à ça d'un point de vue d'élu, évidemment,
en étant élu, qu'on soit au milieu... au niveau municipal ou à l'Assemblée
nationale du Québec, évidemment qu'on sait d'emblée qu'on fait déjà une croix
sur une partie de notre vie privée. On décide
d'être à l'avant-plan, de s'inscrire dans le débat médiatique, n'empêche qu'il
y a des éléments qui peuvent apparaître, et à juste titre, et je le
partage, comme inquiétants. Je pourrais nommer, par exemple, le phénomène du
«doxing», c'est un terme anglophone, je suis
désolé, je n'ai pas trouvé la traduction, mais la divulgation de données
personnelles, qui est une pratique qui consiste à rechercher et à
divulguer sur Internet des informations sur l'identité et la vie privée d'un
individu dans le but de lui nuire ou de lui
faire peur. Donc, si, par exemple, M. le Président, quelqu'un trouvait et
divulguait votre adresse privée, par exemple, évidemment, c'est une
forme d'intimidation, et on veut se prémunir de ça, évidemment. C'est une façon
de nuire, d'entraver le travail d'un élu, et on veut éviter ce genre de
situation là.
Donc, c'est des droits qui
sont fondamentaux, qui sont reconnus par la charte québécoise, la charte
canadienne également. Par contre, il y a un
droit qui, malheureusement, n'est pas abordé dans le projet de loi, aucune
mention dans le projet de loi quant à la liberté d'expression, qui est
aussi un droit fondamental de notre société.
D'ailleurs, je me permets de souligner qu'on a
reçu, lors des audiences, plusieurs lettres. Il y a plusieurs groupes qui nous ont écrit. J'en ai une copie ici, là, une
lettre qui était datée du 3 mai, en l'occurrence, là, je vous en lis un
petit bout. Donc, on a reçu environ
70 de ces lettres-là. C'est un moyen d'expression, de liberté d'expression puis
d'expression... de manifestation, en
fait, d'un désaccord. Je pense que c'est un peu ça, le principe aussi. On veut
nous sensibiliser avec une méthode
qui est l'envoi de courriels à répétition. Je l'ai lue, la lettre, je ne sais
pas si mes collègues l'ont fait, mais dans laquelle on nous dit qu'ils sont grandement préoccupés par le dépôt et
la rapidité des consultations sur le projet de loi n° 57, qui vise à protéger les élus, à favoriser
l'exercice sans entrave de leurs fonctions. Les auteurs de cette lettre
disent : «Nous reconnaissons qu'il est fort important de préserver
le droit à un environnement de travail sans harcèlement ou violence. Toutefois, le projet de loi créera des entraves
potentielles à l'expression politique des citoyens et des citoyennes ainsi qu'à
l'action politique des groupes communautaires.
«Les définitions présentes dans le projet de loi
englobent autant une personne menaçant un élu qu'un individu qui tente de faire
entendre son opinion politique, bien qu'elle puisse déranger l'élu concerné. Ce
sont deux situations différentes. L'action
politique n'est pas à confondre avec la violence, le harcèlement ou
l'intimidation pouvant être perpétrés à l'égard d'une personne élue.»
Donc, la lettre vient nous sensibiliser sur le
fait qu'il y a deux types de manifestations qu'on peut voir se déployer dans les conseils municipaux ou auprès
des élus, d'abord l'action d'une personne qui en voudrait à un élu et qui
voudrait lui nuire à travers des agressions,
des incivilités, du harcèlement et, de l'autre côté, des personnes ou des
groupes qui veulent faire une action
politique. Et ça, malheureusement, dans le projet de loi, on ne fait pas la
distinction, on ne vient pas établir la ligne entre les deux moyens d'action
qui sont, d'un côté, la liberté d'expression et la liberté de réunion, évidemment je vais en reparler un petit peu plus
loin tantôt, et, de l'autre, bien, simplement une agression, une incivilité ou
du harcèlement.
Alors, c'est
quoi, le droit de manifester, M. le Président? Je sens que la question vous
mord les lèvres, donc je vais vous le dire. Le droit de manifester, puis c'est
un... Je vais vous lire des extraits, en fait, qui sont... qui proviennent du
site Web Droit de manifester. C'est un projet, là, de vulgarisation sur la
liberté d'expression, le droit de manifester, qui avait été fait par la
Ligue des droits et libertés et l'UQAM.
Donc, le
droit de manifester : «Manifester, c'est l'exercice même des libertés
d'expression et de réunion pacifique. Ces libertés sont garanties dans les
chartes canadienne et québécoise, et les tribunaux québécois ont récemment
confirmé le caractère fondamental de ces
libertés. La Cour supérieure écrivait en 2015 que le fait de pouvoir manifester
son opposition ou sa dissidence est
essentiel dans une démocratie car la manifestation favorise les valeurs
sous-jacentes à la liberté
d'expression et à la liberté de réunion pacifique, soit le débat démocratique,
la recherche de la vérité et l'épanouissement personnel.
«En octobre
2019, la Cour d'appel a souligné pour sa part que l'expression, c'est-à-dire le
discours, et la manière d'être de cette expression, en l'occurrence la réunion,
sont protégées distinctement par la charte canadienne. Selon la Cour d'appel, le domaine public et, plus précisément,
la rue, le trottoir, la place ou le parc, sont les lieux privilégiés,
traditionnels et historiques de l'expression collective et de la réunion
populaire. Ils forment le terrain naturel de la manifestation.
«La manifestation
est une activité expressive en soi, perturbatrice, qui dérange. C'est sa nature
et sa raison d'être. La Cour d'appel
rappelle que ce n'est pas pour autant qu'elle doit être considérée comme une
nuisance, réprimée ou contrôlée.»
Une distinction importante ici, M. le Président,
parce que, d'un côté, si le droit de manifester s'exprime dans un lieu public, il semblerait que ça passe la
barre, ça passe le test des tribunaux, et il y a une... il y a clairement une
distinction à faire entre l'action politique et l'action individuelle
dans laquelle, finalement, on pourrait effectivement réprimer et contrôler, mais, pour ce qui est de l'action
politique, les jugements nous montrent qu'on doit laisser aller les gens
s'exprimer ou les organisations s'exprimer. Ça fait partie des
fondements de notre démocratie.
Évidemment,
toujours tiré du même site Internet, les limites raisonnables au droit de
manifester, quelles sont-elles?
«Les libertés
d'expression et de réunion pacifique, comme tous les droits protégés par nos
chartes, peuvent être limitées dans certaines circonstances.
«À titre
d'exemple, la Cour suprême a jugé constitutionnelle la disposition du Code
criminel pénalisant la propagande haineuse, même si cette infraction
porte atteinte à la liberté d'expression. En effet, elle a estimé que
l'impératif social consistant à prévenir les
effets néfastes de la propagande haineuse sur les personnes ciblées était très
important et justifiait de limiter
ainsi la liberté d'expression. Bref, de telles restrictions sont autorisées par
les chartes canadienne et québécoise si elles sont raisonnables et
justifiées dans une société libre et démocratique.»
• (16 h 30) •
Je poursuis. «La
Cour suprême a élaboré en 1986 un test détaillé dans la décision R. c. Oakes.
Une atteinte à un droit ou à une
liberté pourra être jugée justifiée si l'objectif poursuivi par le législateur
est urgent et réel dans une société libre et démocratique et si le moyen
choisi, soit la mesure restrictive, est bien conçu pour atteindre cet objectif.
C'est à l'État, dans ce cas-ci les autorités
municipales, que revient le fardeau de prouver que l'atteinte est justifiée. La
Cour suprême exige une preuve forte et persuasive et répète souvent que
de vagues généralisations ne suffisent pas.
«Les éléments que les autorités doivent prouver
à cette étape sont les suivants :
«1. L'objectif
de la restriction se rapporte à des préoccupations urgentes et réelles dans une
société libre et démocratique.
«2. Le moyen choisi est raisonnable et justifié.
Ce critère de proportionnalité comprend trois volets : le premier
«La mesure adoptée n'est ni arbitraire, ni
équitable, ni irrationnelle; deuxièmement
«La mesure adoptée est
celle qui porte le moins atteinte aux droits; troisièmement
«Les effets bénéfiques de la mesure sont plus
importants que ses effets préjudiciables.»
Je poursuis.
«La Cour d'appel, dans l'arrêt Bérubé, a établi que ce test doit être appliqué
de façon particulièrement rigoureuse
quand la liberté d'expression est en jeu, en raison de son importance sociale
et de sa fonction privilégiée comme instrument et pilier de l'ordre
démocratique. Il en va de même pour la liberté de réunion pacifique. Ainsi, si
un doute persiste à savoir si la restriction
est justifiée — si
un doute persiste à savoir si la restriction est justifiée — les
tribunaux doivent conclure en faveur de ces libertés.»
Très
récemment, M. le Président, les quatre centrales syndicales... en fait, quatre
centrales syndicales, là, la CSD, la
CSQ, la CSN et la FTQ, ont écrit à la ministre, en fait, le 29 avril
dernier, et je vais vous en lire quelques extraits, parce que ces centrales syndicales sont aussi inquiètes
des dispositions qui se trouvent actuellement dans le projet de loi n° 57
relativement à la liberté d'expression, la liberté de manifester, de se réunir
pacifiquement.
Alors, je
vous lis ça : «Certaines dispositions du projet de loi pourraient avoir
pour effet de criminaliser la participation démocratique des citoyennes
et citoyens et de porter atteinte à leur liberté d'expression, que ce soit
individuellement, comme membres
d'organisations de la société civile — entre
parenthèses, dont les syndicats, et/ou comme public. Nous pensons, par exemple,
aux campagnes de lettres adressées aux élus pour communiquer ces préoccupations
et des pistes de solutions sur les
enjeux d'affaires publiques.» Plus loin, on lit : «C'est pourquoi nous
vous invitons à faire preuve de prudence
par rapport à toutes ces mesures risquant de réprimer la participation
démocratique et la liberté d'expression de la population. Elles
pourraient avoir pour effet de dégrader davantage le climat social, d'attiser
la polarisation, et donc d'empirer les
problèmes d'insécurité, de harcèlement et d'intimidation.» Les quatre centrales
syndicales voient un risque à ce qu'on empire la situation avec ce
projet de loi là tel qu'il est écrit actuellement.»
Dans le
mémoire de la ministre, que j'ai pris le temps de consulter, donc, le mémoire
de la ministre qui est remis, évidemment,
au Conseil des ministres, là, on retrouve le passage suivant. Donc, on y
dit : «Les infractions pénales visant à sanctionner les citoyens
menaçants ou harcelants, intimidants à l'égard d'une personne élue ou ceux
troublant le déroulement d'une séance du
conseil d'un organisme municipal pourraient toutefois susciter des inquiétudes
de la part des citoyens à l'effet qu'une telle infraction pourrait
porter atteinte à leur liberté d'expression ou de les censurer lors d'une séance du conseil.» Donc, à l'intérieur du
mémoire, on confirme qu'il y a un doute à ce que les gens se sentent brimés
dans leur liberté d'expression, droit
de manifester, droit de se réunir pacifiquement. Et la conclusion de ce
paragraphe-là, M. le Président, c'est : «Il reviendrait alors aux
tribunaux de circonscrire la portée de ces infractions.»
Moi, je me
pose quand même des questions... la question suivante, en fait : Pourquoi
la ministre, dans son projet de loi,
ne semble pas avoir cherché à trouver un équilibre, elle-même, qui pourrait
permettre de garantir à la fois que les élus municipaux puissent faire leur travail sans entraves et en toute
sécurité et, de l'autre, protéger la liberté d'expression? Pourquoi ce travail-là n'a pas été fait et n'a pas
été inscrit d'emblée dans le projet de loi? Pourquoi on n'a pas de définition
claire de ce qui constitue une entrave, ou du harcèlement, ou une agression, ou
une incivilité auprès d'un élu et qu'on... et pourquoi, plutôt, on s'en remet simplement aux tribunaux? On demande aux
tribunaux de se faire une jurisprudence et de trancher.
Moi je me questionne. Je pense qu'on doit avoir
un projet de loi qui va venir fixer des balises, fixer des limites avec peut-être des meilleures définitions, avec
peut-être le retrait de certaines parties du projet de loi. Moi, je ne pense
pas qu'en l'état le projet de loi
nous permet d'avoir la meilleure réponse à l'enjeu qui est identifié, comme je
le rappelle, là, qui vise à répondre,
finalement, à cette... je dirais, à cette épidémie, en fait, de démissions que
nous observons dans le milieu municipal.
D'ailleurs,
quand la ministre a demandé à des élus avec qui on a discuté pendant les
audiences... elle leur a demandé, puis
je paraphrase, là, c'était... ce n'était peut-être pas exactement ses mots,
mais elle a demandé ce que le projet de loi allait changer pour eux dans leur
travail, la réponse a été très claire : Ça envoie un message clair.
C'était ça, la réponse, ça envoie un
message. Est-ce que ça donne des nouveaux outils? Est-ce que ça vient combler
un manque? Est-ce que ça vient
combler un vide juridique? Non. La réponse a juste été : Ça envoie un
message. Il y a moyen d'envoyer des messages autrement qu'en créant un nouveau régime pénal, M. le Président. Il y a
moyen de faire ça de la bonne façon. Donc, moi, je me questionne.
Vraiment, je me questionne.
On veut évidemment protéger nos élus, on veut
s'assurer qu'ils puissent faire leur travail de manière sécuritaire, on veut les attirer. On ne veut pas que la crainte
de vivre du harcèlement, des incivilités et des agressions soit un repoussoir
à s'engager dans la démocratie municipale,
évidemment. On veut trouver les bons moyens. C'est une certitude, pour mon
groupe parlementaire, pour Québec solidaire.
On veut absolument que les élus puissent travailler, donc on veut favoriser
l'attractivité, on veut favoriser la
rétention des élus municipaux au Québec. En même temps, est-ce que ça doit se
faire au détriment de la liberté d'expression? Je ne crois pas. Je ne
crois pas.
Donc, à cette
étape du projet de loi, M. le Président, nous allons voter pour son principe
parce que, sur le fond, nous sommes d'accord, on veut évidemment
s'assurer que les élus municipaux et les élus de l'Assemblée nationale puissent
travailler de façon sécuritaire, sans
entraves. Mais, en même temps, notre vote pourrait évoluer. Nous allons
proposer des amendements, particulièrement sur le premier chapitre du projet
de loi n° 57. Il nous apparaît essentiel de s'assurer de trouver la bonne balance entre la protection des
élus, et la liberté d'expression, et la liberté de se réunir pacifiquement.
Donc, ce sera un peu ce qui va nous guider dans les prochaines séances,
M. le Président. On va travailler de manière ouverte, collaboratrice, de manière sincère. Je pense qu'on partage l'objectif de
protéger nos élus municipaux. En même temps, la question de la liberté d'expression est un principe fondamental trop
important de notre démocratie, et on ne peut pas faire... on ne peut pas
faire l'économie de s'assurer de bien le baliser à l'intérieur du projet de
loi.
Donc, je vous
remercie pour votre écoute, M. le Président. On aura l'occasion de se revoir,
en espérant, évidemment, qu'on aura,
du côté de la partie gouvernementale, la même ouverture, la même écoute face
aux revendications, là, qui étaient portées par différents groupes qu'on a rencontrés
et pour lesquels cet enjeu-là est très, très important. Nous allons être leur
voix sur... pendant l'étude détaillée, et
j'espère que nous aurons, évidemment, là, l'écoute de la ministre, parce que
c'est très important. Et d'ailleurs
je remarque que nous avons repoussé les articles qui touchent, qui traitent,
justement, là, de ces... du chapitre
I plus tard, là, dans l'étude détaillée. Donc, j'espère que c'est un signal à
l'effet qu'on est en train de réfléchir à mieux baliser cette partie du
projet de loi là. C'est un enjeu trop important. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Taschereau. Je reconnais
maintenant Mme la députée de Chomedey.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme
Lakhoyan Olivier : Merci, M. le Président. Je suis ravie de
participer au projet de loi n° 57, en accompagnant... de ma
collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, la porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'affaires municipales, la Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et
à favoriser l'exercice sans entraves de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal. Ce
projet de loi vise à protéger les élus et à garantir l'exercice libre de leurs fonctions, comme on le fait ici. En
tant qu'une loi omnibus, elle aborde plusieurs autres aspects essentiels
pour une démocratie saine dans nos municipalités.
La semaine dernière, M. le Président, la Commission
de l'aménagement du territoire a lancé ses consultations particulières et
auditions publiques concernant le projet de loi n° 57. Au cours de ces
auditions, nous avons reçu une multitude de mémoires provenant de différents
groupes, qui étaient également présents pour nous exposer leur position. En général, tous les groupes que nous avons reçus
en commission parlementaire, présentés, sont favorables à ce projet, bien
que nous avons... nous ayons identifié
quelques points de divergence d'opinions, notamment le DGEQ, le Réseau des
jeunes mères au municipal, Coalition
Faut que ça change, certains maires, d'autres regroupements, bien sûr, et la
Ligue des droits et libertés.
• (16 h 40) •
M. le
Président, nous allons donc prendre en considération les éléments apportés lors
des consultations de la semaine dernière,
lors de l'étude. Bien entendu, nous allons le faire en collaboration avec la
ministre des Affaires municipales, qui, tout comme nous, a fait preuve d'une écoute attentive lors des
consultations. Il est crucial de souligner que les menaces dirigées contre les élus ne peuvent être tolérées dans une
société démocratique comme la nôtre. Les agressions contre nos représentants
élus compromettent les fondements mêmes de notre système démocratique.
En mars
dernier, ma formation politique a déposé une demande de mandat d'initiative afin
de pencher sur cet important enjeu.
Ainsi, cette loi vise à assurer un environnement où nos élus peuvent exercer
leurs fonctions sans crainte ni intimidation, ce qui est essentiel pour le bon fonctionnement de nos institutions
démocratiques. En effet, depuis les élections municipales de 2021, près de 800 des 8 000 personnes
élues ont déjà démissionné, imaginez, une situation sans précédent, M. le
Président, c'est-à-dire 10 % des
élus. C'est très alarmant, et l'année n'est pas terminée. Parmi ces démissions,
celle de la mairesse de Gatineau,
France Bélisle, résonne particulièrement. Elle a mentionné avoir vu certaines
tactiques d'intimidation de la part d'autres
élus qui se sont manifestées à travers des commentaires publics méprisants,
créant ainsi un climat de travail dégradant.
Le projet de loi, M. le Président, prévoit la
création d'un tout nouveau régime pénal pour la protection des élus des municipalités, mais aussi de l'Assemblée
nationale, nous autres. Des amendes varieront de 500 à 1 500 $ pour toute
personne qui perturberait le travail d'un
élu en le menaçant, l'intimidant ou le harcelant, créant ainsi chez lui une
crainte raisonnable pour sa sécurité et son intégrité. Dans le cas des
élus municipaux, les poursuites seront engagées par les municipalités, tandis que, pour les députés, le Directeur général des
élections du Québec, le DGEQ, serait responsable de cette tâche, selon
le projet de loi.
Il faut que
je vous le dise, lors des consultations, le Directeur général des élections a
clairement exprimé son malaise quant à l'attribution de ce mandat aux membres
de la commission. En outre, il a soulevé beaucoup de points sur lesquels
nous devrons nous pencher lors de l'étude
détaillée avec la ministre. M. Jean-François Blanchet, Directeur général des
élections du Québec, une institution
neutre et indépendante qui a pour principale mission d'appliquer la Loi
électorale et de veiller à l'intégrité
de notre système électoral. Il agit également en tant que poursuivant public
pour les lois et chapitres des lois sous sa responsabilité. C'est un
gros dossier.
Le DGEQ est chargé de veiller à ce que les
élections se déroulent de manière juste, transparente et conforme aux lois électorales. Il intervient en cas de
non-respect de ces lois par les candidats et les élus. D'après lui, je vais
«quoter» : «Ce serait
regrettable d'affaiblir involontairement un pan de notre démocratie pour en
renforcer un autre.» Ça, je vais répéter parce que ça m'a... ça m'a fait de quoi, ça m'a fait réfléchir. Et c'est
la raison qu'on fait ces consultations-là, afin d'entendre tout le
monde, et apprendre quelque chose, et l'apporter... et apporter des
changements. Je répète : «Ce serait regrettable d'affaiblir
involontairement un pan de notre démocratie pour en renforcer un autre.» Je le
dis, et ça me fait de quoi. «D'autres
institutions compétentes assument déjà des responsabilités en matière de
protection des personnes élues et, plus largement, des citoyennes et
citoyens, dont l'Assemblée nationale, les différents corps policiers...»
Aussi, il
ajoute : «À l'heure actuelle les personnes élues peuvent se tourner vers
ces instances si elles font l'objet de menaces, de harcèlement, d'intimidation
ou d'atteinte à leur vie privée, de même que si elles craignent pour leur
sécurité. Ces institutions ont toutes les compétences nécessaires et
elles sont outillées pour recevoir ce type de demande et pour y donner suite. À notre connaissance, aucune
administration électorale — dit-il — canadienne,
n'assume un tel rôle. Dans certains territoires, afin de mieux protéger
les personnes élues, les peines encourues aux infractions existantes sont renforcées si ces infractions sont commises à
l'encontre d'une personne élue.» Il nous donne des exemples, d'ailleurs. C'est
important qu'on compare. «Pour ces raisons,
il ne semble pas approprié de remplacer la Sûreté du Québec ou la police
par le DGEQ.
C'est une question légitime à poser à la ministre pour comprendre les
motivations derrière sa suggestion de confier cette responsabilité au
DGEQ.»
Au niveau
municipal, ce projet de loi rend aussi passible d'une amende quiconque cause du
désordre de manière à troubler le déroulement d'une séance du conseil d'un
organisme municipal. Des amendes sont également prévues pour ceux qui perturbent les séances du conseil municipal.
Les recours prévus par cette loi peuvent être engagés par l'élu lui-même,
un organisme municipal ou le Directeur général des élections.
De plus, le
projet de loi suggère d'introduire une amende pénale de 50 $ à 150 $ pour
tout citoyen qui perturberait le bon déroulement d'une séance du conseil
d'un organisme municipal. Les recours prévus par la loi édictée peuvent être
pris, selon le cas, par l'élu concerné, par un organisme municipal ou par le Directeur
général des élections.
Par ailleurs,
le projet de loi retire le caractère public de l'adresse figurant dans la
déclaration de candidature à titre de membre du conseil d'une
municipalité ou à titre de député. En outre, M. le Président, le projet de loi
vise à protéger la vie privée des députés en retirant la divulgation publique
de leur adresse lors de leur déclaration de candidature.
Dans le domaine municipal, ce projet de loi
propose plusieurs changements pour rendre le processus électoral plus accessible et transparent. Il permettra à
plus de personnes de voter en élargissant les options telles que le vote
itinérant et le vote au bureau du
président d'élection. De plus, de nouvelles méthodes seront introduites pour
présenter des demandes à la commission de révision de la liste
électorale municipale.
• (16 h 50) •
Le projet de
loi propose également plusieurs changements pour améliorer le processus
électoral dans les municipalités locales.
Dans les cas où le greffier trésorier occupe également le poste du directeur général,
une autre personne sera nommée pour superviser les élections en tant que
président d'élection.
De plus, des
ajustements sont proposés aux règles relatives aux rapports financiers des
partis politiques municipaux afin d'assurer une grande... une plus
grande transparence. Les partis politiques autorisés recevront également chaque
année un extrait de la liste électorale permanente, ce qui contribuera à
garantir l'intégrité du processus démocratique.
Le projet de loi donne au ministre en charge des
Affaires municipales le pouvoir de reporter ou de suspendre une élection municipale dans certaines situations
spécifiques. Cela peut se produire lorsque la sécurité des personnes ou des biens est en danger ou lorsqu'un événement
imprévu compromet sérieusement le bon déroulement de l'élection. Cette mesure
vise à assurer la sécurité et l'intégrité du processus électoral en
garantissant que les élections se déroulent dans des conditions sûres et
équitables pour tous.
Le projet de loi propose plusieurs mesures visant à améliorer la gouvernance
municipale et à renforcer les normes éthiques et de comportement dans
les organes municipaux. Il oblige les règles municipales à adopter un code
d'éthique et de déontologie pour leurs
employés, ainsi que les municipalités et les communautés métropolitaines à
mettre en place des normes pour maintenir l'ordre, le respect et la
civilité lors des séances du conseil.
De plus, le
projet de loi donne à la Commission municipale du Québec, la CMQ, le pouvoir de
faire exécuter une sanction financière qu'elle a imposée à un membre du conseil
municipal en vertu de la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale. Il permet également au
ministre responsable des Affaires municipales de désigner une personne pour
conseiller une municipalité dans la gestion de ses séances de conseil et de ses
relations avec les citoyens.
En outre, le projet de loi autorise la
participation à distance, à certaines conditions, pour les membres du conseil
d'un organisme municipal lors des séances et il permet à un élu qui doit
s'absenter des séances du conseil pendant plus de 90 jours consécutifs de demander un délai supplémentaire à la
Commission municipale du Québec. Donc, 90 jours, et on peut faire la demande pour encore ajouter d'autres...
d'autres temps selon les besoins. Ces mesures visent à assurer une
gouvernance municipale efficace et transparente, tout en offrant un soutien et
des ressources aux élus municipaux dans l'exercice de leurs fonctions.
Certains groupes estiment que la période de
90 jours prévue pour le congé de maternité des jeunes mamans qui sont
membres d'un conseil est insuffisante. J'ai devant moi Jasmine Sharma, Lynda
Khelil, Karine Lechasseur, Diane Morin. Désolée, Lynda Khelil, elle est de la
Ligue des droits et libertés. Donc, ces mesures visent à assurer une
gouvernance municipale efficace et transparente. Donc, ces groupes-là nous
mentionnent que ce n'est pas suffisant et préféreraient une durée de congé de
50 semaines. Donc, c'est ça qu'ils nous ont apporté à la table.
Le projet de loi propose plusieurs changements
importants pour la gouvernance municipale. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de détails. Il prolonge la
durée du mandat d'un préfet élu par cooptation à quatre ans, mais permet à une
municipalité régionale de comté de choisir un mandat de deux ans. De plus, il
oblige les municipalités à fournir une assistance aux élus et aux employés
municipaux qu'on va convoquer à comparaître lors d'une enquête ou d'une
préenquête liée à leurs fonctions.
Le projet de
loi actualise le processus de vente d'immeubles à l'enchère publique par les
municipalités pour défaut de paiement de taxe foncière, notamment en permettant
que l'enchère s'effectue à distance. Il prévoit que les barrages qui sont la propriété de l'État ou dont il a
l'administration ou la gestion ne sont pas portés au rôle d'évaluation
foncière. Il permet également à une municipalité locale d'exiger, dans le cadre
d'une entente en matière de zonage incitatif, le versement d'une somme
d'argent destinée à la mise en oeuvre d'un programme de logements abordables,
sociaux ou familiaux.
Le projet de
loi propose des modifications importantes pour améliorer la gestion des
contrats au sein des organismes municipaux.
Il exige désormais que les règlements sur la gestion contractuelle favorisent
l'utilisation de biens et services québécois
ou canadiens ainsi que des fournisseurs, assureurs et entrepreneurs ayant des
établissements au Québec ou au Canada.
De plus, il augmente le montant maximal que les
municipalités peuvent verser dans leurs réserves financières. Ces changements visent à encourager l'économie
locale et à renforcer la stabilité financière des municipalités. Le projet
de loi garantit également que certaines
règles s'appliquent toujours à une municipalité locale, même si sa population
diminue en
dessous de 100 000 habitants. Ces mesures visent à assurer une
gouvernance municipale efficace et à protéger les droits et les
responsabilités des élus et des employés municipaux.
M. le Président, ce
projet de loi modifie également les critères pour déterminer qui peut voter et
qui est éligible pour être membre du conseil
d'une municipalité. Il prévoit également que les directeurs généraux, les
greffiers ou les trésoriers d'autres
municipalités ne pourront pas occuper des postes de membre du conseil dans une
municipalité locale. Ces mesures visent à renforcer l'intégrité et la
représentativité des organes décisionnels municipaux.
En
conclusion, ce projet de loi vise à renforcer la protection des élus, à moderniser
les processus électoraux municipaux et
améliorer la gestion des affaires municipales. Est-ce que c'est parfait? Non.
En tant que membre de l'opposition officielle, avec ma collègue de
Mont-Royal...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
malheureusement, Mme la députée de Chomedey, c'est tout le temps dont
vous disposez pour votre intervention. Je vous remercie. Donc, merci.
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Il n'y a pas... S'il n'y a pas d'autre
intervention, donc, on mettra aux voix, à ce moment-là...
Mise
aux voix
Alors, le principe du
projet de loi n° 57, Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et à
favoriser l'exercice sans entraves de leurs
fonctions et modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine
municipal, est-il adopté?
Adopté.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'aménagement du territoire
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi
n° 57, la Loi édictant la Loi
visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice sans entraves de leurs
fonctions et modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine
municipal, soit déféré à la Commission de l'aménagement du territoire pour son
étude détaillée et que la ministre des Affaires municipales soit membre
de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement.
• (17 heures) •
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 11 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 30
Prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 11 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission des finances
publiques sur le projet de loi n° 30, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le
secteur financier.
Y a-t-il des
interventions? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Mathieu
Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Ce sera en ma
qualité de député de Chapleau que je vais
intervenir cet après-midi au nom du ministre des Finances, que, d'ailleurs, je
remercie de sa confiance, de me permettre d'intervenir à cette étape très
importante, importante, c'est-à-dire, de la prise en considération du rapport
de la commission.
D'ailleurs, j'en
profite pour vous saluer, Mme la Présidente. Bien heureux de vous... de vous
retrouver en cet après-midi. Je salue
également les collègues de la banquette gouvernementale et les collègues,
évidemment, de l'opposition. Je vois que tout le monde est tout sourire
cet après-midi.
Et donc la Commission
des finances publiques a complété, le 1er mai dernier, l'étude détaillée
du projet de loi n° 30. Et évidemment
je vous soumets, Mme la Présidente, et aux collègues, aujourd'hui, là, son
rapport pour prise en considération.
Avant de parler du projet
de loi lui-même, remercions d'abord les membres de la commission qui ont
consenti à ce que nous... à ce qu'en fait
l'étude soit faite par blocs. Donc, un merci spécial aux membres de la
commission. Ça a permis de travailler très efficacement dans cette
commission-là, comme le disait le ministre des Finances.
Nous
remercions également les intervenants qui ont collaboré avec le ministère des
Finances lors de la préparation du
projet. On pense, entre autres, à la Chambre de l'assurance de dommages,
notamment, qui a fait des commentaires très constructifs qui sont la source d'inspiration pour certains des amendements
qui ont été apportés lors de l'étude détaillée.
Puis, maintenant, quant au projet de loi
lui-même, Mme la Présidente, on pourrait rappeler qu'il permet d'abord d'apporter au secteur financier certains
allègements attendus et importants, évidemment, d'ajouter ou de renforcer des
pouvoirs afin de favoriser le respect
des règles qui sont en place, de faciliter aussi la diversification des modèles
d'affaires dans le secteur de
l'assurance. Et donc les dispositions sur lesquelles la commission s'est
penchée avec beaucoup plus d'attention touchent à l'expertise en
sinistre, à la distribution d'assurance chez les concessionnaires automobiles
et à la remise des bénéfices dus en vertu de contrats d'assurance sur la vie.
Donc, à notre avis, ces dispositions représentent des avancées importantes que
nous devons souligner aujourd'hui en cette Chambre.
Et je vais
m'arrêter ici afin de laisser la parole aux collègues, dans l'espoir,
évidemment, que nous puissions adopter rapidement,
là, cette prise en considération du rapport et franchir un pas de plus vers
l'adoption de cet important projet de loi. Donc, merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, le projet
de loi n° 30, qui, finalement, est un projet de loi qui a été demandé par l'Autorité des marchés financiers dans le but, là, de moderniser les interventions,
surtout, là, dans le domaine des assurances. Donc, il y a eu trois
éléments qui, pour nous, ont été essentiels, quand on approfondit un petit peu plus sur le sujet, le premier étant
la distribution d'assurance sans représentant. Bien, ici, évidemment, le point
était en ce qui a trait aux concessionnaires
automobiles qui vendaient de l'assurance sur les points de vente sans avoir des
gens formés par l'industrie de l'assurance, donc pas certifiés et non sous le
registre de l'AMF.
Donc, pour
nous, on voulait s'assurer d'offrir une période de transition à l'industrie
automobile pour pouvoir s'adapter, pour faire en sorte que les gens qui
oeuvrent dans ce domaine puissent suivre les cours de formation nécessaires
pour remplir les nouvelles exigences de l'AMF. Et donc on a été capables de,
justement, faire en sorte que ce délai soit plus long qu'il était initialement entendu. Donc, on a maintenant une période
de mise en demeure de la loi... du projet de loi de deux ans, ce qui, pour nous, représente amplement
de temps pour pouvoir permettre à l'industrie, là, de s'ajuster, l'objectif
étant ici de faire un outil de protection du
consommateur, donc la réglementation vient donc de l'AMF, mais en même temps de
pouvoir permettre aussi à l'offre de services aux consommateurs d'être
présente. Donc, on croit qu'en donnant cette période-là additionnelle, un amendement, là, que mon parti a donc mis de
l'avant, on va être capables, là, d'atteindre cet objectif.
Il y a eu des sujets au niveau des experts en
sinistre. Évidemment, les experts en sinistre, c'est quelque chose qui était important. On va se rendre compte,
évidemment, que, lorsqu'il y a une catastrophe naturelle, que ce soit une
inondation ou les feux de forêt,
c'est à ce moment-là où la demande pour ces experts-là en sinistre, des gens
qui sont entraînés, là, par la
chambre d'assurance et de dommages, le CHAD, l'acronyme, bien, ces gens-là sont
extrêmement demandés. Et donc il y a eu place à considérer de se servir de
gens, des experts en sinistre qui ne sont pas entraînés par cette chambre-là,
qui ne sont pas certifiés, parce que
la demande était temporairement extrêmement exigeante. Donc, il y a une
supervision qui a été mise en place.
Alors, on a questionné le ministre à savoir si
les exigences au niveau de la pratique allaient être faites de façon aussi
professionnelle que par les experts en sinistre eux-mêmes. On a demandé quel
genre de supervision, quel genre d'entraînement
ces gens-là allaient avoir et on a eu réponse, là, à nos questions. On a eu
réponse à nos questions dans un contexte où est-ce qu'ici, en bout de
piste, ce qu'on veut, c'est de clarifier quelque chose que, justement, l'Autorité
des marchés financiers voulait s'assurer que l'industrie soit donc mieux
encadrée. Donc, c'était une pratique qui existait de façon ad hoc, là, dans le passé, lorsqu'il y avait des inondations,
par exemple, que, là, maintenant, on a mieux encadrée. Donc, pour nous,
ce point-là était évidemment important.
Et puis le dernier point que je veux mentionner,
c'est cette réglementation-là, le projet de loi n° 30 fait aussi... a
aussi un effet pour les courtiers immobiliers, et je vais l'expliquer très
simplement. Lorsque, par exemple, un courtier immobilier
aurait été fautif dans son travail, le... la pénitence, l'amende aurait été
seulement sur le dos de l'individu en tant que tel qui a été pris dans
ce problème-là. Là, maintenant, ce qu'on a fait, c'est qu'on a mis une instance
de gouvernance qui va donc aller au-delà, et
donc on va maintenant rendre le bureau, les administrateurs du bureau auquel le
courtier est attaché, responsables, jointement, de payer et de s'assurer
d'au retour à l'équilibre de l'agent fautif. Donc, que ce soit une amende, ou
une période d'entraînement, ou un cours à suivre, ou peu importe le genre
d'amende qui va être faite, il y a une
responsabilité maintenant qui est mise en place, et donc on appelle ça
simplement une meilleure gouvernance, et c'était l'objectif de l'AMF.
Donc, dans ce contexte-là, nous, on est contents
de voir les amendements qui ont été acceptés par le ministre. On a été capables de verbaliser les propos qu'on a
entendus de plusieurs parties qui sont venues nous rencontrer, que ce
soit de façon directe ou en commission, pour nous expliquer un peu quelles
étaient leurs doléances par rapport à ce projet de loi là. Et le fait qu'on a
été capables d'avoir une période de mise en place prolongée de deux ans pour le
projet de loi va donc
permettre à tous les membres qui sont affectés par ça de pouvoir s'adapter, et
ainsi être capables de livrer le service. Donc, étant donné que c'est une
demande qui vient d'une recommandation et d'analyses qui viennent de l'AMF,
bien, vous comprendrez, Mme la Présidente,
qu'étant donné ces changements-là et ces amendements-là on va être supporteurs
du projet de loi. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix du
rapport
S'il n'y a pas d'autre intervention, le rapport
de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi n° 30, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur
financier, est-il adopté? Adopté. M.
le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demande donc de suspendre nos travaux jusqu'à la tenue des débats de fin
de séance, s'il vous plaît. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, je suspends les travaux jusqu'aux débats de fin
de séance, que nous avons annoncé précédemment.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 18 h 32)
Débats de fin de séance
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder au débat de fin de
séance. Il portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac à Mme
la ministre de la Santé concernant les échecs du gouvernement en
matière de soins de santé.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé
le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a ensuite un droit de réplique de deux minutes.
Alors, M. le député de Pontiac, la parole est à
vous.
Bilan
du gouvernement en matière de santé
M.
André Fortin
M.
Fortin : Merci, merci, Mme la Présidente. Effectivement,
j'adresse... j'adresse ma question à M. le ministre de la Santé, mais on va être très contents d'échanger
avec Mme la ministre des Aînés, en remplacement.
Je veux
mettre de quoi au clair tout de suite en partant, Mme la Présidente, là, parce
que j'ai entendu les propos du ministre
de la Santé aujourd'hui, là, tout le
monde, ici, là, je pense, tous partis confondus, tout le monde, ici, a un
énorme, un énorme respect pour le travail des professionnels de la
santé. Et ça, je ne pense pas... je pense que ça transcende toutes les lignes de parti, ça, Mme la Présidente.
Et tout le monde, ici, reconnaît qu'ils font du mieux qu'ils peuvent, avec les
moyens qui leur sont octroyés, qui, souvent, on peut considérer ça, Mme la
Présidente, comme les moyens du bord. Mais il y a une personne qui est
imputable des résultats... en fait, deux, si j'inclus le premier ministre, mais
il y a une personne qui est imputable des
résultats, et ça, c'est le ministre
de la Santé. Il est en charge de tout
ce qui se passe dans le réseau de la santé. Cette personne-là, ce n'est pas
Geneviève Biron, ce n'est pas la P.D.G. nouvellement nommée à Santé Québec, ce n'est pas le Dr Abergel, le
nouvellement nommé vice-président à Santé Québec, c'est le ministre de la Santé, puis, à la limite, j'inclus la ministre déléguée ou la ministre
des Aînés et le ministre des Services sociaux.
Et les
résultats, Mme la Présidente, ils sont désastreux. Il n'y a pas d'autres mots
pour le dire. Le ministre nous a dit : Ne vous fiez pas au tableau parce que c'est des résultats de l'an
dernier. C'est un peu particulier. D'un côté, il se dit très fier
d'avoir lui-même mis en place le tableau, de l'autre côté, il nous dit :
Bien, ce n'est pas très bon parce que c'est les résultats de l'année passée,
mais quand même.
Voici le tableau que la présidente du Conseil du
trésor a publié, et, ça, c'est le comparatif des cibles que le ministère se donne versus les résultats
atteints : pourcentage des Québécois inscrits auprès d'un médecin de
famille, non atteint, cible non atteinte; nombre de personnes inscrites auprès
d'un médecin de famille en GMF, cible non atteinte; délai moyen de prise en charge médicale à l'urgence pour
la clientèle ambulatoire, cible 90 minutes, résultat 197 minutes,
cible non atteinte; durée moyenne de séjour pour la clientèle sur civière,
cible 14 heures, résultat, 18 heures, cible non atteinte; nombre de personnes en attente d'un service en
santé mentale, cible 13 000, résultat 20 000, cible non atteinte;
pourcentage des consultations auprès d'un médecin spécialiste, cible
85 %, résultat 57 % — ça, c'est la cible des gens qui voient un spécialiste à l'intérieur des délais
médicalement prescrits — je
répète, cible 85 %, résultat 57 %. Et vous savez c'est quoi, parce
que le ministre nous dit toujours : Regardez la tendance, vous savez c'est
quoi, le résultat, cette année? 41 %. Ce n'est même pas la moitié de la cible du 85 %. Nombre de demandes
de chirurgies en attente depuis plus de six mois, cible
25 000 personnes, on visait qu'il y ait 25 000 personnes
sur la liste d'attente de chirurgies, des gens qui sont là depuis plus de six mois, il y en a 49 000,
cible non atteinte. Pourcentage de patients traités par chirurgie oncologique,
chirurgie de cancer, dans le délai
inférieur ou égal à 28 jours, cible 77 %, résultat 54 %. Ce
n'est pas atteint, ça non plus. Nombre de places en service résidentiel pour les personnes vivant avec une
déficience physique, déficience intellectuelle ou trouble du spectre de
l'autisme, cible non atteinte. Et je pourrais continuer comme ça longtemps, Mme
la Présidente. Ils ont obtenu 32 %. 32 % de leurs cibles sont
atteintes.
Et là je ne parle même pas, Mme la Présidente,
de ce qui est en train de se passer avec les négociations pour la suite du GAP. Personne ne sait ce qui va se
passer, qu'est-ce qui va se passer avec les négociations avec les infirmières. Personne ne sait ce qui va se passer parce que les
infirmières nous disent : Non, on n'en veut pas, de cette fameuse
flexibilité là, on a vu ce qui s'est passé en Mauricie—Centre-du-Québec.
On ne parle pas, Mme la Présidente, du délai interminable pour une mammographie
dans ma région.
Ça, Mme la
Présidente, ce n'est pas le bilan de Santé Québec, ce n'est pas le bilan du Parti libéral de Gaétan Barrette, de Philippe Couillard. Ce n'est pas le bilan
du Parti québécois. Ce n'est pas le bilan de la FMOQ ou de la
Fédération des infirmières. Ce n'est pas le bilan de Doug Ford. Ce n'est
pas le bilan de la pandémie. Ce n'est pas le bilan des anciens gouvernements. Ce
n'est pas le bilan du tableau de bord — ça, ça ne fait que nous aider
à constater l'enjeu. Ce n'est pas le bilan
d'une seule région, c'est le bilan partout au Québec. Ce n'est pas le bilan de
Danielle McCann. C'est le bilan du
parti qui nous a promis 90 minutes à l'urgence. C'est le bilan du parti
qui nous a dit : Tout le monde va avoir un médecin de famille. C'est le
bilan du parti qui a promis des améliorations à la DPJ. C'est le bilan du parti
qui, trois fois, a proposé un plan de rattrapage en chirurgie.
Je veux juste
une question pour la ministre : Est-ce
qu'elle croit encore au principe de responsabilité ministérielle?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole
à Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Bien, certainement que j'affirme que la responsabilité
ministérielle est extrêmement importante. Et puis on porte avec fierté cette
responsabilité qu'on a d'améliorer le système de santé. Naturellement, avec le ministre de la Santé et avec le ministre
délégué... le ministre, excusez-moi, responsable des Services sociaux. Mais je vais répondre de façon générale,
parce que la question de mon collègue député faisait le tour d'horizon, là, de
l'ensemble des cibles qu'on retrouve dans le bulletin.
Puis, vous
savez, on ne vit pas dans un rêve. Nous sommes extrêmement lucides. Les cibles
que nous nous sommes données sont
très ambitieuses, sont extrêmement ambitieuses, et on ne baissera pas ces
cibles, Mme la Présidente. Mais, de là à dire que tout va mal, qu'il n'y
a plus rien qui fonctionne dans le système de santé, je pense qu'il faut
apporter quelques nuances.
Le bulletin
qui est sorti, auquel vous faites allusion, avec tous les résultats, il faut se
rappeler que ce sont les résultats de
l'année 2022‑2023, et déjà on voit une tendance dans plusieurs
cibles, en termes d'amélioration. Alors, oui, effectivement, les résultats ne sont pas optimaux, on n'a pas
atteint nos cibles. Nos cibles sont ambitieuses, elles vont rester ambitieuses,
nos cibles, parce que ce qu'on
souhaite pour les Québécois et les Québécoises, c'est de leur offrir le
meilleur système de santé et des services sociaux.
Vous avez
parlé des durées moyennes sur civière, des durées moyennes au niveau
ambulatoire, dans les salles d'urgence. C'est vrai, les résultats étaient très
décevants, l'année dernière, au sortir de la pandémie. Mais il faut regarder où on est aujourd'hui, puis on est en processus
d'amélioration. Même chose pour les médecins de famille, on peut regarder
la cible des médecins de famille, mais il
faut quand même regarder que ce que nous avons mis en place pour soutenir le
réseau de l'accès à la première ligne, c'est vraiment l'accès à un
professionnel de la première ligne. Donc, déjà, on a changé le vocabulaire par rapport à ça. Puis, quand vous demandez aux
Québécois, plusieurs Québécois nous disent : Bien, nous, on n'a pas toujours besoin de voir le
médecin de famille; de voir une IPS, ça peut être tout à fait correct pour
répondre à nos besoins. C'est ça qu'on a fait, Mme la Présidente, on a
donc intégré d'autres catégories professionnelles pour répondre aux besoins de
l'ensemble des Québécois et Québécoises pour la première ligne.
• (18 h 40) •
Même chose
pour la chirurgie, Mme la Présidente. La chirurgie, les résultats de l'année
dernière sont extrêmement décevants, extrêmement décevants. On était au sortir
de la pandémie, mon collègue a eu l'occasion de le mentionner. Et cette année,
on le voit, malgré les négociations, malgré, donc, des pertes de temps opératoire,
on a... quand même, on le voit là, en
train de modifier la tendance. Il y a plein de bonnes nouvelles, où il y a des
établissements qui réussissent à réouvrir, donc, avec beaucoup de créativité,
je vous dirais, puis de beaucoup de travail avec les employés, à ouvrir des
salles supplémentaires. Bien sûr, ce que je suis en train de vous dire,
ce n'est pas dans toutes les régions du Québec, puis je suis très consciente qu'il y a des régions qui sont en plus grande
difficulté, c'est préoccupant, et on les accompagne dans tout ce qu'ils
doivent... dans tout ce qu'elles doivent réaliser.
Alors, pour
répondre à votre question sur l'imputabilité, bien, oui, on est imputables,
puis on est responsables, puis on le sait, puis on est lucides. Et c'est pour
ça, d'ailleurs, qu'on a demandé de mettre en place, puis mon collègue, quand
il était au Conseil du trésor, a été le
premier à mettre en place, à exiger d'avoir des bulletins pour l'ensemble des
ministères. Et puis, lorsqu'il est arrivé à la Santé, une des premières
choses qu'il a faites, ça a été de mettre en place un tableau de bord. Puis, quand je suis arrivée comme ministre
responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, la première chose que
j'ai demandée, c'est de mettre à jour nos
données au niveau des services de soutien à domicile et d'ajouter des
indicateurs en lien avec le vieillissement de la population.
Alors,
on pourrait aussi terminer sur une note positive, parce que, dans les
indicateurs qui vont bien, Mme la Présidente, puis j'en donne le mérite à tous
les employés qui travaillent dans les services de soutien à domicile puis aux
médecins qui sont impliqués, bien, nos indicateurs pour le soutien à domicile
sont dans le vert. Ça, je suis très contente de ça. Puis on va continuer de
monter la cible parce qu'on a encore énormément de travail à faire, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Pontiac pour son droit de réplique.
M. André Fortin (réplique)
M.
Fortin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. J'apprécie les premiers propos de la ministre, qui nous
dit : Bien sûr, on croit encore au principe de responsabilité
ministérielle. Je suis content de savoir qu'au gouvernement de la CAQ il y a
encore quelqu'un qui croit à ce principe-là, parce que, et on pourrait sortir
le verbatim, Mme la Présidente, jour après jour, semaine après semaine, question après question, lorsque les ministres du
gouvernement répondent aux questions de l'opposition, il y a systématiquement un blâme envers quelqu'un, envers
quelque chose. Plutôt que d'accepter sa responsabilité, systématiquement, on blâme quelqu'un d'autre, Mme
la Présidente. Alors, oui, il y a une responsabilité ministérielle, on s'entend là-dessus, mais avec ça vient une
responsabilité d'améliorer les choses, et c'est ça que les Québécois veulent
voir.
Quand la
ministre nous parle de la tendance, là, je m'excuse, mais la tendance pour le
pourcentage de consultations auprès d'un médecin spécialiste, ça, c'est des
gens qui le savent, qu'il y a quelque chose qui ne va pas, puis ils attendent de voir un spécialiste, ils savent qu'ils ont
besoin de voir un spécialiste, ils ont vu leur médecin de famille, le point de
départ, c'était 70 %. Au début
de l'exercice, 70 % des Québécois pouvaient voir un spécialiste dans les
délais requis. On était rendus, l'an dernier, à 57 %. On est à 41 %
cette année. Les patients traités dans les délais pour chirurgie oncologique,
le point de départ du gouvernement,
c'était 65 %. On était rendus, l'an dernier, à 54 %. On est à
47 %. Moins de la moitié des Québécois sont vus pour leurs
chirurgies de cancer dans les délais prescrits.
Alors, je le
dis, je le répète, ce n'est pas la faute des professionnels. L'échec, en santé,
c'est la faute du gouvernement. Celui
qui paie le prix, c'est le Québécois. Et je veux que le gouvernement se
rappelle une chose. En 2022, là, eux, ils ont été élus, élus pour améliorer la
situation. Nous, on a été élus pour contrôler l'action gouvernementale, et ça va
continuer tant que ça ne s'améliore pas.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci
beaucoup, M. le député. Cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 8 mai 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 45)