(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon jeudi matin, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien
vouloir vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors,
nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés. Et, comme première
déclaration, aujourd'hui, je cède la parole à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Souligner
la Journée de la santé mentale des ados
Mme Shirley Dorismond
Mme Dorismond :
Merci, M. le Président. Je prends
le moment pour souligner la première édition de la Journée de la santé mentale des ados, sous le thème Trouve
ton équilibre!, initiative de la Fondation Jeunes en tête, et je souligne
leur présence dans les tribunes.
Le
but est de sensibiliser les jeunes sur l'importance de prendre soin de leur
santé mentale via des équipes-écoles. Elles ont été sensibilisées,
outillées à participer à cette journée par des activités en classe.
Selon une enquête
menée par l'Université de Sherbrooke, 37 % des jeunes rapportent des
symptômes modérés à sévères d'anxiété et de
dépression. La prévention de la santé mentale positive est une clé déterminante
pour pallier à la crise actuelle chez les jeunes. Elle devrait être une
responsabilité partagée.
Bravo à la Fondation
Jeunes en tête pour cette initiative! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Marie-Victorin. Et je souhaite la bienvenue,
les gens de Jeunes en tête, à votre Assemblée nationale.
Maintenant, pour la
prochaine déclaration, je reconnais Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner
la Semaine d'actions contre le racisme et pour l'égalité des chances
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, M. le Président. Je suis
heureuse de souligner ce matin le début du 25e anniversaire de la Semaine
d'actions contre le racisme et pour l'égalité des chances. Cette 25e édition
est une belle occasion de célébrer le
travail exceptionnel du comité organisateur et administratif, ainsi que de tous
les partenaires qui se mobilisent année après année pour mettre en place
une programmation riche en activités.
Créée en 1999, nous
avons tous une responsabilité de continuer de lutter contre l'exclusion et de
sensibiliser la population aux enjeux de la
discrimination. Cette édition, sous le thème Regard historique sur le
racisme au Québec : le rapprochement entre les Québécois de toutes
origines et les nations autochtones, est une invitation au dialogue
et au rapprochement interculturel. C'est
aussi l'occasion d'effectuer un travail de mémoire pour se rappeler les luttes
d'hier et d'aujourd'hui pour l'inclusion.
C'est
un honneur pour moi de souligner ce 25e anniversaire. Bonne semaine à
toutes et à tous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Et nous poursuivons maintenant avec la déclaration de Mme la députée de
Soulanges.
Rendre hommage à M. Bernard Charlebois
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci,
M. le Président. En février dernier, nous apprenions le décès de M. Bernard
Charlebois. Je tiens aujourd'hui à rendre
hommage à cet homme respectable qui a façonné par son dévouement l'histoire de
la région de Vaudreuil-Soulanges et de sa ville natale, Saint-Lazare.
M. Charlebois
a toujours été présent pour sa communauté, d'abord comme livreur de courrier,
avec son père et leur mythique carriole, ensuite en politique municipale
durant de nombreuses années, de secrétaire-trésorier à la mairie de Saint-Lazare. Son parcours en politique et sa
vision lui permettent de devenir le premier préfet de la MRC de
Vaudreuil-Soulanges, et ce, de 1982 à 1987. On lui doit, entre autres, la
création du service des incendies de la ville et l'achat du premier camion de pompiers. Ce sont près de trois décennies
de carrière politique municipale, pour ce grand homme, qui ont marqué la
région.
M. Charlebois
laisse dans le deuil ses filles Caroline et Ninon, que je salue, et j'offre mes
plus sincères condoléances à elles ainsi qu'à leur famille. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Soulanges. Et je salue la famille de M. Charlebois dans nos tribunes.
Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je reconnais
maintenant, pour la prochaine déclaration, Mme la députée de Sherbrooke.
Dénoncer les lacunes dans les services de transport adapté
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le Président. Je veux offrir mon appui
aux personnes qui se sont mobilisées lundi dernier à Laval, Longueuil, Saint-Jérôme, Sept-Îles,
Magog, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean-sur-Richelieu et Sherbrooke pour dénoncer
les lacunes dans le transport adapté.
Depuis
la déréglementation de l'industrie du taxi, en 2019, on a perdu, au Québec,
plus de 50 % des chauffeurs de taxi
qui effectuaient des déplacements en transport adapté. Il y a de moins en moins
de voitures de taxi qui sont universellement accessibles. Le résultat, c'est que des personnes à mobilité réduite ont
de plus en plus de difficultés à se déplacer. C'est encore pire en dehors des
grands centres, où il n'y a pas de société de transport, parce que les taxis
étaient la seule option.
Les
usagers demandent au gouvernement de créer un programme pour recruter et former
des chauffeurs. Ils veulent aussi
qu'on offre une aide financière pour mettre en service des véhicules
universellement accessibles et qu'on réinvestisse dans le transport adapté pour assurer un service
équitable dans toutes les régions. J'espère qu'ils vont être entendus par
le gouvernement, parce que, pour vivre et
vieillir dans la dignité, il faut avoir la possibilité de se déplacer, même les
soirs, même la fin de semaine, et ce n'est malheureusement pas le cas en
ce moment partout au Québec, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke. Pour la prochaine déclaration,
je reconnais Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter les gagnants du concours Vocation en art!
de la circonscription de Huntingdon
Mme Carole Mallette
Mme
Mallette : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je saisis
l'opportunité, comme parlementaire, d'être un diffuseur
de la création artistique de nos régions. Le concours Vocation en art!,
organisé par les carrefours
jeunesse-emploi, nous en donne
l'occasion. Ce concours conscientise les participants à la réalité artistique
tout en les aidant à professionnaliser leur art.
Dans
ma circonscription, cinq prix ont été remis parmi les artistes participants.
Mention spéciale du jury à Lucie Fugère, de Hemmingford, pour sa photographie Vibrante. Prix à Marie-Josée
Lalonde, de Saint-Michel, pour sa peinture La dernière des fées, qui lui a aussi valu le prix Coup de coeur du public. Prix à Amély
Royer-Larocque, d'Ormstown, pour son oeuvre Borderline. Prix à Sandra
Morin-Carpentier, de Huntingdon, pour sa photographie Sous le soleil de
l'innocence. Ces oeuvres sont maintenant exposées à l'Assemblée nationale,
à mon bureau. Je vous invite toutes et tous à venir les admirer.
Bravo aux artistes!
Je suis très fière de votre créativité. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Huntingdon. Pour la prochaine déclaration,
je reconnais Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Journée mondiale de la trisomie 21
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, nous célébrons la Journée mondiale de la trisomie
21, qui nous offre l'opportunité de sensibiliser,
de promouvoir l'inclusion et de défendre les droits de cette population. Nous
devons continuer à oeuvrer ensemble
pour éliminer les obstacles à l'éducation, à l'emploi, à l'accès aux soins de
santé et à la pleine participation sociale, et de reconnaître la force et la
valeur des personnes atteintes de la trisomie 21 ainsi que leurs familles.
Québec has always been at the forefront of inclusion and
advocating for the rights of individuals with diversabilities. On World Down
Syndrom Day, let us commit to intensify our efforts to create a world where
every individial is respected, valued, and included.
Comme je l'ai fait, je vous invite tous et toutes à participer à la
campagne Bas dépareillés, du Regroupement pour la trisomie 21, pour
porter des chaussettes dépareillées pour accroître la sensibilisation et
exprimer notre soutien. À l'occasion de la
journée de la trisomie 21, je demande à tous les Québécoises et Québécois
d'appeler à la fin des stéréotypes qui font en sorte que cette
population soit sous-estimée, exclue, maltraitée ou discriminée. Joignons nos
voix et nos gestes pour créer une voix
unique, en montrant un monde où tout le monde est différent et a quelque chose
d'unique à apporter. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Pour
la prochaine déclaration, je cède la parole à M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner le 55e anniversaire
du club de l'âge
d'or Saint-André de Neufchâtel
M. Mario Asselin
M. Asselin : Je
suis heureux, aujourd'hui, de souligner le 55e anniversaire du club d'âge
d'or Saint-André de Neufchâtel, que vous
connaissez bien, M. le Président. J'ai d'ailleurs eu le plaisir de passer du
temps avec eux lors d'un souper, dernièrement, et je suis très fier.
Alors,
fondé en 1969 par Mmes Eva Boutet et Marguerite Paquet, le club a su
perdurer à travers le temps en permettant à ses membres de se réunir,
d'échanger et de s'amuser. Ce type d'organisation est fort utile afin de briser
l'isolement de nos personnes aînées. Nous
avons la chance, dans Vanier-Les Rivières, d'avoir plusieurs de ces précieux organismes qui
regroupent des aînés et que nous aimons
énormément. Je tiens à souligner l'engagement de la présidente actuelle,
Mme Lucille Bélanger, qui est à la tête du club depuis 2002.
Alors, bon 55e anniversaire
au club de l'âge d'or de Saint-André, de Neufchâtel.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Vanier-Les Rivières. Et nous poursuivons notre rubrique avec
la déclaration de M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre hommage à M. Lucien Lessard
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président, aujourd'hui, je souhaite rendre
hommage à M. Lucien Lessard, ancien député de Saguenay et ancien ministre
du gouvernement de René Lévesque, qui nous a quittés le 28 février dernier
à l'âge de 86 ans.
M. Lessard
était un des indépendantistes de la première heure. Originaire de
Grandes-Bergeronnes, il fut un grand promoteur
et défenseur des intérêts nord-côtiers. Il a eu d'abord une carrière
d'enseignant. Il fut l'un des premiers députés du Parti québécois dès 1970, réélu en 1973, 1976 et 1981. Nommé ministre
en 1976, il occupa différents ministères, dont celui des Transports. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il fit ajouter la
devise du Québec sur les plaques d'immatriculation des véhicules, le Je me souviens.
M. Lessard portait les intérêts de la Côte-Nord avec grande conviction et
veillait à ce que sa région soit plus
prospère et plus connectée avec le reste du Québec. En ce sens, il fut l'un des
premiers élus à promouvoir le dossier du pont sur la rivière Saguenay et
à souligner toute son importance pour le développement de sa région.
En
terminant, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances aux membres de sa
famille, et à tous ses proches, et aux Nord-Côtiers, qui regrettent un
député exceptionnel. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Matane-Matapédia. Et
nous poursuivons maintenant avec la déclaration de Mme la députée de
Duplessis.
Rendre hommage à M. Jean-David Bouchard
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : «Kuei, Kuei», M. le Président. Je suis très fière, aujourd'hui,
de souligner la réussite d'un jeune athlète
de ma circonscription, le judoka Jean-David Bouchard. Ce Fermontois de
16 ans a marqué l'histoire en récoltant la première médaille d'or
du club de judo de Fermont lors des Championnats nationaux élite qui se
tenaient les 13 et 14 janvier dernier à
l'Université d'Alberta. Grâce à ce couronnement, il devient champion canadien
de sa catégorie chez les 90 kilos
et plus. C'est remarquable. Jean-David fera partie de la délégation canadienne
qui se rendra aux championnats
de judo panaméricains-océaniens au Brésil en avril prochain. Il est
actuellement en Allemagne afin de participer à un camp d'entraînement et à une
compétition.
Au
nom des Nord-Côtiers et en mon nom personnel, je souhaite le meilleur des
succès pour la poursuite de ton rêve, Jean-David.
Merci de faire rayonner à ta façon notre belle et grande région et surtout
merci de prouver par tes réalisations que, malgré la distance, les
Nord-Côtiers ont également accès aux plus hautes marches du podium.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : «Tshinashkumitin.» Merci beaucoup, Mme la députée de Duplessis. Et,
pour la prochaine déclaration, je cède la parole à M. le député de
Beauce-Nord.
Rendre hommage à M. Eliot Grondin
M. Luc Provençal
M.
Provençal : Merci, M. le Président. Le week-end dernier, en Autriche,
dans le cadre de l'avant-dernière compétition internationale du circuit cette
année, le Mariverain Eliot Grondin a remporté le précieux trophée Globe de cristal en «snowboard cross» attribué au champion
de la présente saison. Lors de cet événement, il a malheureusement été victime d'une chute en demi-finale et d'une légère
blessure. Eliot n'avait, jusqu'à ce moment, jamais manqué le podium cette année, en huit occasions, en remportant
notamment cinq épreuves. Mais n'ayez crainte, M. le Président, sa présence
est confirmée cette fin de semaine au Mont-Sainte-Anne pour un dernier tour de
piste en 2024.
Alors, j'invite les citoyens de
Beauce-Nord, de Chaudière-Appalaches, de la Capitale-Nationale à être présents
pour l'encourager et le féliciter pour cette magnifique saison.
Bravo, Eliot! Tu es
une véritable inspiration pour nos jeunes planchistes locaux et des quatre
coins du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Beauce-Nord. Et, pour la prochaine déclaration,
je cède la parole à M. le député de Granby.
Souligner le 40e anniversaire du Centre de prévention
du
suicide Haute-Yamaska et Brome-Missisquoi
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. En
février dernier, le Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska et Brome-Missisquoi a souligné ses 40 ans
d'existence dans la région. Ils en ont d'ailleurs profité pour dévoiler un
nouveau logo et un nouveau nom plus représentatif du territoire qu'ils
desservent.
En
1984, le centre avait vu le jour grâce à un groupe de personnes dévouées qui
désiraient agir face au taux de suicide inquiétant sur notre territoire.
Depuis ce temps, l'organisme travaille à prévenir le suicide en intervenant
auprès des personnes suicidaires, de leur
entourage et des personnes endeuillées par suicide, tout en offrant différents
types d'activités dans la région. Pour
y arriver, ils se sont donné notamment comme objectif important de réduire la
prévalence des comportements
suicidaires en intervenant directement auprès des individus, de leur entourage,
d'améliorer l'implication de la
communauté à tous les niveaux d'action par la sensibilisation, l'information et
l'éducation ou encore en augmentant la concertation et la mise en commun
des efforts de prévention dans nos deux MRC.
Je
tiens à remercier Anne Jutras, directrice générale de l'organisme, et son
équipe pour tout le travail que vous faites. Votre travail est essentiel
pour donner de la lumière à des personnes qui en ont besoin. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Granby. Et nous concluons cette rubrique avec
la déclaration de M. le député de Chambly.
Souligner la Journée québécoise de la francophonie
canadienne
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, l'an dernier, le gouvernement du
Québec a statué que le 22 mars sera dorénavant la Journée
québécoise de la francophonie canadienne pour mettre en lumière l'importance et
le rayonnement de la langue française, tant au Québec que chez nos amis partout
à travers le Canada.
Cet
événement permet de souligner la vigueur et la diversité des communautés
francophones et leur attachement à l'égard de notre belle langue.
Le Québec est le seul
État francophone en Amérique du Nord. Nous avons donc une responsabilité
particulière à l'égard des francophones qui vivent partout au Canada.
Je
salue tous les organismes francophones et la Fédération des communautés
francophones et acadienne, dont certains sont présents ce matin dans nos tribunes. Continuons à tisser des liens
et à miser sur ce qui nous unit : notre histoire, notre racine et
notre désir de vivre et de faire vivre en français. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Chambly. Évidemment,
je souhaite la bienvenue à tous vos invités dans nos tribunes. Bienvenue à
l'Assemblée nationale du Québec.
Cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés. Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Messieurs
dames les députés, nous allons nous recueillir quelques instants, puisque c'est avec tristesse que nous avons appris
le décès de M. Yves Michaud, député de Gouin de 1966 à 1970. Nous allons
nous recueillir quelques instants en ayant une pensée toute particulière pour
sa famille, ses proches et ses amis.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Pourriez-vous appeler
l'article b, s'il vous plaît, Mme la Présidente?
Projet
de loi n° 591
La
Présidente : À l'article b du feuilleton, Mme la députée de Sherbrooke
présente le projet de loi n° 591, Loi visant
principalement à renforcer le contrôle de l'action gouvernementale par un
député en lui reconnaissant un droit de visite des institutions
administratives. Mme la députée.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la Présidente. Alors, le projet de loi
n° 591, Loi visant principalement à renforcer le contrôle de l'action gouvernementale par un député
en lui reconnaissant un droit de visite des institutions administratives.
Ce
projet de loi consacre le droit de chaque député de visiter l'institution
administrative de son choix afin de renforcer le contrôle parlementaire de l'action gouvernementale. Il garantit, en
outre, au député le droit de s'entretenir confidentiellement avec toute personne et d'être accompagné, lors de
sa visite, d'un membre de son personnel, d'un expert ainsi que d'un
journaliste.
Le projet de loi
oblige l'institution administrative dont la visite est requise par le député à
faire en sorte que ce dernier puisse exercer
son droit dans les meilleures conditions. Il prévoit également que
l'institution administrative ne peut refuser la visite ou imposer des
restrictions à celle-ci que pour des motifs sérieux relatifs à la sécurité.
De même, le projet de
loi détermine les conditions d'exercice relatives à la fréquence des visites, à
la procédure préalable, aux modalités d'accueil de la délégation et au
déroulement de la visite.
Finalement,
le projet de loi instaure certains recours, un cadre relatif à l'accompagnement
par un journaliste, au traitement des
renseignements obtenus ainsi qu'aux entretiens, en plus de prévoir des
dispositions diverses et finales. Merci.
La Présidente :
Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader du deuxième groupe
d'opposition, je vous écoute.
M. Leduc : ...mon collègue d'en face. Ayant moi-même tenté,
dans le passé, d'aller visiter la prison Leclerc, où il y avait des allégations
d'inconduite, là, assez graves, ayant été refusé, donc, l'accès, je me demande
si le leader serait intéressé à appeler le principe de mon estimée
collègue.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, comme tous les projets de loi, on les étudie au mérite, et, ceux
qui méritent d'être appelés, on les appelle.
Mise aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté? Adopté.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le plan stratégique 2023‑2027
du Centre d'acquisitions gouvernementales. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer la réponse du gouvernement au
rapport du Comité de la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles
et pénales pour la période 2023‑2027. Merci.
La Présidente :
Ce document est déposé. M. le ministre délégué à l'Économie.
M. Skeete : Bonjour, Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer le Plan d'action gouvernemental en économie sociale 2020‑2025.
Merci beaucoup.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Rebonjour, Mme la
Présidente. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées
en Chambre le 14 février 2024 par la députée de La Pinière et le
15 février 2024 par la députée de Mercier. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de
l'aménagement du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Consultations particulières sur le projet de loi
n° 50
M.
Schneeberger : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je dépose
le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui, les 19 et 20 mars 2024, a tenu des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 50,
Loi édictant la Loi sur la sécurité
civile visant à favoriser la résilience aux sinistres et modifiant diverses
dispositions relatives notamment aux centres de communications d'urgence et à
la protection contre les incendies de forêt.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. Mme la vice-présidente de
la Commission des institutions et députée de Robert-Baldwin.
Étude détaillée du projet de loi n° 54
Mme
Garceau : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de
la Commission des institutions qui, les 19 et 20 mars 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 54, Loi donnant suite à la
Table Justice-Québec en vue de réduire les délais en matière criminelle
et pénale et visant à rendre l'administration de la justice plus performante.
La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements. Merci
beaucoup.
• (10 h 10) •
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Plan de retour à
l'équilibre budgétaire
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. La semaine
dernière, c'est un déficit record dans le budget de la Coalition avenir
Québec : 11 milliards de dollars. Et ça, ça faisait suite à une
erreur, après seulement deux mois, du 7 novembre
à janvier dernier, une erreur de 8 milliards de dollars, qui
explique, donc, ce déficit record de 11 milliards de dollars.
Le premier
ministre, lui, il n'a pas d'inquiétude, c'est raisonnable. Il a commencé à
couper, mais il n'a pas de plan. Alors,
pour l'intéresser à la question d'avoir un plan de retour à l'équilibre
budgétaire, je vais essayer de lui parler de l'Ontario, ça va peut-être
l'intéresser. En 2019, une première au Québec, le ratio dette-PIB faisait en
sorte que le Québec était meilleur que
l'Ontario. Ça, c'était le résultat des bons gouvernements libéraux. Mais, avec
le budget de la semaine dernière, le
budget de la semaine dernière, Mme la Présidente, on a pu voir que le Québec
est devenu... est redevenu en arrière de l'Ontario. Francis Vailles a dit, le 16 mars dernier, et je le
cite : «...2024 restera dans l'histoire comme l'année où le Québec
est redevenu plus endetté que son voisin.»
Ça prend un plan de retour à l'équilibre
budgétaire. Le premier ministre doit être franc avec les Québécoises et Québécois. Quand il dit : On va poser les
gestes nécessaires, il parle de coupures. Il doit aussi rassurer les agences de
cotation, de crédit, qui ont dit que les perspectives étaient clairement
détériorées.
Quand va-t-il rencontrer les agences de crédit?
Et va-t-il confirmer qu'il sera présent, lui?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, d'abord, je pense que le chef
de l'opposition officielle le sait, le gouvernement de l'Ontario n'a pas encore
déposé son budget 2024‑2025. Ça devrait être, je pense, la semaine prochaine
ou dans deux semaines. Donc, avant de comparer 2024‑2025, il faudrait
d'abord avoir les chiffres de l'Ontario pour 2024‑2025.
Maintenant, Mme la Présidente, j'invite le chef
de l'opposition officielle à aller dans le plan budgétaire, à la page G.19. À cette page, on explique en
détail les révisions depuis la mise à jour de l'automne 2023. Donc, on a
ligne par ligne les différences qu'il
y avait entre l'automne 2023 puis le budget qui a été déposé la semaine
dernière. Or, Mme la Présidente,
contrairement à ce que le chef de l'opposition officielle a dit, puis c'est un
peu gênant, il n'y a à peu près aucune différence
dans les revenus. Donc, quand il dit : On s'est trompé dans les prévisions
économiques sur les revenus, j'essaie d'être
parlementaire, là, mais c'est totalement incorrect. Je ne sais pas si,
peut-être, son porte-parole en finances peut l'aider. Sinon, il pourrait peut-être consulter
Carlos Leitão, qui a déjà dit, d'ailleurs, aussi qu'il y avait eu trop de
coupures en santé puis en éducation. Mais, quand on regarde
les explications, on voit qu'essentiellement tous les ajustements concernent
les dépenses en santé puis en éducation.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Donc,
contrairement aux libéraux, on investit.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Il parle de Carlos Leitão. Je rappellerai que
son ministre des Finances a dit : J'aurais pu me présenter libéral,
ils ont fait des bonnes choses, eux autres, avant l'élection. Alors, pour mémoire,
voici.
Moi,
là, s'il y a de quoi de gênant, c'est quand vous dites, en dedans de deux mois,
que vous vous êtes trompés de 8 milliards. Ça, c'est gênant. Il est où, le
chef de la CAQ qui, le 1er novembre 2012, disait à Pauline
Marois : «Je me mets à la place
des agences, [...]ils doivent avoir hâte d'avoir une visite de la première
ministre, puis pas pour aller faire du shopping, [...]pour vraiment discuter des finances[...]. [...]je pense qu'il est
temps [...] qu'on commence à nous dire [où ils vont trouver l'argent]
pour [...] le trou de 1,6 milliard.»
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
le chef de l'opposition officielle veut continuer sur Carlos Leitão, je lui
rappelle que Carlos Leitão a dit que son
gouvernement, surtout à cause du président du Conseil du trésor, avait beaucoup
trop coupé en éducation et en santé.
Maintenant, Mme la
Présidente, pour ce qui est des agences de notation, depuis le dépôt du budget,
la semaine dernière, en quatre jours, on a
fait des émissions d'obligations du Québec pour 5 milliards de
dollars, incluant une émission en Europe. Les gens n'investissent pas pour nos
beaux yeux, ils investissent parce qu'ils ont confiance dans l'avenir du Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, il est où, le chef de la CAQ
qui, le 26 novembre 2013, disait au PQ, je le cite : «...en
deux mois, on est passés d'un engagement ferme à un trou de 2,5 milliards
et des déficits jusqu'en [2018].
«[...]Est-ce que le
gouvernement n'est pas un peu gêné de l'héritage qu'on est en train de laisser
à nos enfants?»
La
CAQ, Mme la Présidente, ce n'est pas 2,5 milliards, report à deux ans,
c'est 11 milliards, report à on ne sait pas quand, au-delà de cinq
ans. Est-ce que le gouvernement n'est pas gêné de l'héritage qu'il laisse à nos
enfants?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, je le répète, quand on
compare les prévisions puis le budget ou la mise à jour de l'automne 2023 avec le budget qui a été
déposé la semaine dernière, essentiellement, la différence vient
d'investissements en éducation et en
santé. On avait du rattrapage à faire. Le gouvernement libéral a fait des
coupures de services en éducation, en
santé, Carlos Leitão l'a dit et Gaétan Barrette l'a dit. Ce qu'aujourd'hui le
chef de l'opposition officielle nous dit, c'est que, s'ils étaient à
notre place, ils recommenceraient à faire des coupures.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, Mme
la Présidente, le premier ministre a déjà, lui, commencé à faire des coupures.
Il dit : On va poser des gestes. Ça, c'est synonyme de coupures. Il
y a 11 milliards, c'est son fiasco financier à lui. 11 milliards,
c'est historique, c'est le champion, Mme la Présidente. Certains diraient
même : C'est le «king».
Il
est où, le chef de la CAQ qui, le 26 novembre 2013, disait au PQ : «...c'est
facile, quand on va acheter quelque chose,
de payer avec la carte de crédit des autres, mais ça devient indécent quand
c'est la carte de crédit de nos enfants»? À quand le plan, Mme la
Présidente?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il y a déjà une partie du plan qui est dans le budget. Et, entre
autres, ce qu'on a fait, c'est qu'on a aboli des crédits d'impôt aux
entreprises. On le fait graduellement sur trois ans. Pourquoi? Parce qu'il y a des crédits d'impôt qui ont été
mis en place quand il y avait du chômage. Aujourd'hui, on est au plein emploi.
Ce n'est pas normal d'avoir des crédits
d'impôt sur la création d'emplois. Donc, je l'invite à lire comme il faut le
budget.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de l'Acadie.
Indépendance des
juristes de l'État
M. André Albert Morin
M.
Morin : Mme la Présidente, Radio-Canada nous apprenait ce
matin que les juristes de l'État sont victimes de pressions ou d'interventions politiques de la part
de certains ministres du gouvernement afin de faire changer leur opinion
juridique quand cette dernière ne va pas
dans le sens ou la volonté du gouvernement. Je salue le courage des juristes de
la fonction publique qui dénoncent cette situation-là.
Il faut
rappeler que les juristes sont déployés dans les ministères et organismes de
l'État sous la direction du ministre de
la Justice, et leur rôle, à ces juristes, c'est de s'assurer que les actions
gouvernementales respectent la loi. Ce n'est pas banal, comme mandat, s'assurer que les actions du gouvernement vont
respecter la loi. Il est donc fondamental de respecter leur
indépendance.
Mme la Présidente, compte tenu de la gravité de
ces allégations, est-ce que le premier ministre s'engage à faire toute la
lumière sur cette question afin de rassurer la population?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je remercie le collègue pour sa
question. Les juristes de l'État sont une partie importante des rouages de l'État, Mme la Présidente. Ce sont des
juristes qui ont choisi le service public. Ce sont des juristes qui conseillent
à tous les jours le gouvernement du Québec, qui conseillent l'État québécois.
Ils sont légistes, ils sont des plaideurs, ils sont des conseillers juridiques,
ils font des avis juridiques, ils plaident devant les tribunaux, ils
défendent l'intérêt public, et ce sont également eux qui rédigent les lois et
les règlements, Mme la Présidente.
Ils font leur travail en toute indépendance, Mme
la Présidente, et nous respectons le travail des juristes de l'État. Et je peux m'en assurer, Mme la Présidente. J'ai demandé qu'on fasse certaines vérifications. Les juristes de
l'État peuvent faire leur travail en toute indépendance, Mme la
Présidente.
Mais il y a
un élément fondamental. Du côté du gouvernement, nous respectons les juristes
de l'État, ce qui n'est pas le cas du Parti libéral du Québec, qui les a
laissés en grève pendant cinq mois, Mme la Présidente.
Vous les avez
laissés pendant 19 semaines, ces juristes de l'État là, en méprisant leurs
compétences, en méprisant leurs avis, en faisant en sorte, Mme la
Présidente...
La Présidente : Oui. Oui.
Des voix : ...
La
Présidente : Pardon, je vous entends. Nous allons revenir à de
bons sentiments. M. le ministre de la Justice, je vous demanderais de
retirer... On parle ici de termes qui sont dans le lexique, vous le savez. Et
poursuivez. Vous aurez 10 secondes.
M.
Jolin-Barrette : Je le retire, Mme la Présidente. La position du
Parti libéral, à l'époque où il était le gouvernement, c'était un manque
flagrant de respect envers les juristes de l'État...
La Présidente : En terminant.
• (10 h 20) •
M.
Jolin-Barrette : ...en les laissant durant des semaines, l'hiver,
dehors, à ne pas donner des conseils adéquats...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Alors, j'ai écouté le réquisitoire du ministre de
la Justice contre le gouvernement libéral de l'époque, mais la question, ce matin, Mme la Présidente, ce
n'est pas ça. On apprend par la voix des médias que les juristes de l'État
dénoncent la situation. Moi, là, j'aimerais
ça que le gouvernement soit capable de rassurer la population, c'est ça qui est
important, parce qu'ils sont garants de donner des avis juridiques au gouvernement.
Alors,
est-ce que, oui ou non, le ministre est au courant? Est-ce qu'il va faire
quelque chose pour remédier à la situation rapidement?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente,
ce serait intéressant que le député de l'Acadie écoute ma première réponse. Je lui ai déjà dit que j'avais demandé au
ministère de la Justice de faire certaines vérifications à cet effet-là, par
rapport à ces allégations-là, suite au
communiqué, non identifié, de l'association des notaires et des avocats de
l'État québécois.
Il y a une
chose fondamentale que, je le dis, en tant que jurisconsulte du gouvernement,
les avis juridiques que nous rendons
sont en toute indépendance, et les juristes le font à l'abri de toute
influence, Mme la Présidente, et nous valorisons leur travail. C'est fondamental dans tous les gestes qu'un gouvernement
pose, Mme la Présidente, c'est notamment basé sur le travail de qualité,
de compétence...
La Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...et d'exercice de la profession d'avocat ou de notaire
des juristes de l'État québécois, et je suis fier d'eux.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Albert Morin
M. Morin : Alors, j'ai bien compris,
Mme la Présidente, la réponse du ministre. Il nous dit qu'il va faire des vérifications. Soit. J'espère que ces
vérifications-là seront faites très rapidement, mais j'espère surtout que, pour
rassurer la population, le ministre va
être capable de déposer en cette Chambre ce qu'il a obtenu, parce qu'ici on
parle de transparence, on parle de
légalité, on parle d'évidemment rassurer la population. Donc, j'espère qu'il va
s'engager pour nous déposer, pour nous démontrer, pour nous divulguer ce
qu'il a fait, s'il a trouvé quelque chose, oui ou non.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, le travail d'un juriste de l'État est extrêmement important, et je
le valorise au plus haut point. Moi-même,
Mme la Présidente, dans ma vie professionnelle antérieure, j'ai exercé
l'équivalent de ces fonctions-là pour
la ville de Montréal, Mme la Présidente. Alors, comprenez-vous à quel point je
valorise leur opinion, leur indépendance et la qualité de leur travail?
On est
chanceux de pouvoir compter sur des juristes de l'État dévoués, Mme la
Présidente, qui travaillent le jour, les soirs, les fins de semaine, parfois en
urgence, pour faire en sorte de pouvoir servir la population québécoise. C'est
un beau métier. C'est un beau travail. Ce sont des gens qui ont choisi de
servir le peuple québécois.
La Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : Et je peux vous assurer qu'on a le plus grand
respect pour eux, contrairement au Parti libéral, où ils les laissent
dans la rue pendant cinq mois l'hiver, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le
député de Pontiac. La parole est à vous, juste à vous. On l'écoute.
Temps d'attente dans
les services d'urgence
M. André Fortin
M.
Fortin : Je rappellerais au gouvernement qu'il a laissé les
enseignants en grève pendant plusieurs semaines au froid aussi, au cours
des dernières semaines.
Mme la
Présidente, Mme la Présidente, pas plus tard qu'hier, le premier ministre a
affirmé ici, en Chambre, qu'on était
sur la bonne voie en santé. Le ministre de la Santé a dit qu'il était
exactement où il veut être deux ans après le dépôt de son plan santé. Mais
pourtant, Mme la Présidente, les histoires d'horreur dans le réseau continuent.
Aujourd'hui, on apprend qu'à Joliette une dame
de 73 ans est décédée dans les toilettes de l'urgence de Joliette après avoir attendu 17 heures sans voir un
seul médecin. C'est triste à dire, Mme la Présidente, les seuls médecins qui
l'ont vue, ce sont les médecins qui
ont tenté de la réanimer. Ces cas s'ajoutent à ceux des trois patients à
Châteauguay qui sont décédés aux urgences en attendant de voir
quelqu'un, à celui de l'homme à l'Hôpital de LaSalle qui a attendu pendant
45 minutes pour qu'on réponde au moniteur cardiaque, aux décès évitables
au Lakeshore.
À la lueur de des situations comme
celles-là, là, comment le ministre de la Santé peut nous dire qu'il est
exactement où il veut être deux ans après le dépôt de son plan?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, Mme la
Présidente, premièrement, pour le cas de Joliette, là, qu'on a vu avec le
coroner, j'ai pris rapidement connaissance,
là, du rapport. Pour bien comprendre un des enjeux, puis, l'enjeu, je pense que
les gens vont le comprendre, c'est un enjeu de triage et de prise en charge.
Lorsqu'on a... l'infirmière ou le personnel qui fait l'évaluation d'un cas va donner un niveau de priorité, à savoir
est-ce que c'est une priorité très importante, ce qu'on va appeler 0, donc
urgente, versus une priorité 5, qui est
moins urgente. Et, dans ce cas-là, il semblerait, selon les premières données
que nous avons, qu'il y a eu une
erreur de diagnostic au niveau de la priorité. C'est très malheureux, j'en
profite pour offrir toutes mes
sympathies à la famille, parce que ce genre d'erreur là arrive. Il ne faut pas
généraliser le cas. On a eu des améliorations importantes qui ont été faites à
Joliette. D'ailleurs, le coroner le reconnaît, parce que c'est un cas qui est
arrivé en août dernier, je crois, et,
depuis ce temps-là, les recommandations, l'essentiel des recommandations du
coroner ont été mises en place. Ça, c'est pour le cas de Joliette, Mme
la Présidente.
Maintenant, pour ce
qui est...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : Ah!
je reviendrai, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, je pense que c'est important de dire aux familles qu'on pense à
eux, aujourd'hui, non seulement pour Mme Boisclair, mais pour l'ensemble
des familles qui ont vécu des situations comme celle-là.
Mais
la réalité, là, c'est qu'il n'y a rien qui s'améliore aux urgences. Et ça, ce
n'est pas moi qui le dis, c'est l'Institut économique de Montréal qui,
cette semaine, a dit qu'il n'y avait absolument aucune amélioration dans les
temps d'attente aux urgences au Québec. Puis,
dans certaines régions, notamment chez nous, en Outaouais, le temps d'attente
explose.
Le ministre présente
plan par-dessus plan, par-dessus plan, mais il essuie échec par-dessus échec,
par-dessus échec. Pourquoi il est incapable d'améliorer la situation aux
urgences?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : C'est
intéressant, parce que j'ai répété plusieurs fois cette semaine... Puis je
pense qu'il y a de plus en plus d'intérêt
pour les tableaux de bord, c'est quand même intéressant. Mais qu'est-ce qu'il y
a derrière les tableaux de bord,
c'est la gestion du changement. Pourquoi c'est important de savoir où on s'en
va? Je vais vous donner trois statistiques pour les urgences, pour vous montrer qu'on s'améliore. Il y a eu
augmentation du nombre de personnes qui passent aux urgences. Il y a eu
augmentation du nombre de personnes âgées qui passent aux urgences, donc plus
de personnes plus âgées avec des maladies
chroniques. Pendant ce temps là, les taux aux urgences baissent. J'ai fait le
point avec les P.D.G. et je leur ai dit : Bravo! On s'en va dans la
bonne direction.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : Est-ce
que les taux sont encore élevés? Non, mais on travaille avec les conditions
qu'on a.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Tableaux
de bord ou pas, Mme la Présidente, la réalité, c'est qu'on continue de placer
des patients à risque. Ce matin, à 6 heures du matin, là, à
Châteauguay, le taux d'occupation moyen, c'était de 181 %, puis les
patients attendaient
10 h 15 min à l'urgence. 10 h 15 min, c'est sept
fois et demie la promesse de la CAQ de 90 minutes, puis 181 %, c'est
bien au-delà du seuil de 150 % où on place des patients à risque.
Dans
un hôpital où trois personnes sont décédées, même dans les hôpitaux où il sait
qu'il y a des problèmes, il est incapable de les régler. Pourquoi?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Encore
une fois, je suis certain que tout le monde est très excité de discuter des
tableaux de bord, mais je vais vous donner
une statistique. Lorsqu'on regarde les temps d'attente, par exemple au niveau
des prises en charge, il faut regarder le niveau de priorité. Et j'invite le
député de Pontiac à aller voir dans les tableaux de bord où sont nos...
Des voix : ...
M. Dubé : Mme la Présidente, je l'invite à aller voir dans
le tableau de bord, les P0 et P1 continuent de s'améliorer. On parle de minutes, on ne parle pas d'heures.
Alors, il faut tenir compte du niveau de priorité avec l'augmentation des
volumes et avec l'augmentation de difficulté des cas que l'on vit avec le
vieillissement de la population.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : Nos
gens dans les urgences font un très bon travail, très bon travail.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Examen de l'impact environnemental du projet Northvolt
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Demain, c'est la dernière
journée pour déclencher un BAPE sur le
projet Northvolt. Et, depuis le début de cette saga, le principal boulet du
projet, ce n'est pas les méchants journalistes, ce n'est pas les méchantes oppositions ni les écologistes ou les gens
qui posent des questions, le principal boulet du projet, c'est le
premier ministre lui-même et son talent impressionnant pour se tirer dans le
pied.
Je cite le ministre
de l'Économie le mois dernier : «On nous accuse d'avoir changé les règles
pour que Northvolt puisse éviter un BAPE, ce
qui est faux.» Fin de la citation. Mais la vérité a ses droits et la vérité est
sortie de la bouche du ministre de
l'Environnement, qui a enfin admis récemment ce que Québec solidaire avait découvert en février 2023. Pour avoir le projet Northvolt,
il fallait à tout prix éviter un BAPE. Il fallait donc changer les règles.
On
met 7 milliards de fonds publics là-dedans, 7 milliards. Ça, ce n'est
pas l'argent du premier ministre, c'est l'argent des Québécois, des
Québécoises, c'est de l'argent public.
Est-ce
que le premier ministre, ce matin, peut reconnaître qu'il a changé les règles
pour éviter que les Québécois et les Québécoises puissent se prononcer
sur le plus grand projet industriel...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, d'abord, première chose
qu'il faut... sur laquelle il faut tous s'entendre, on a, au Québec, pour
l'environnement, pour l'analyse de projets comme Northvolt, les normes les plus
strictes des 60 États et provinces en Amérique du Nord. Ceux qui
sont les plus proches de nous, c'est la Colombie-Britannique, mais ils sont à
peu près à 40 %, 50 %, si on regarde le nombre de tonnes avant
d'étudier un dossier, moins stricts que nous.
Maintenant,
Mme la Présidente, ce que le ministre de l'Économie et puis le ministre de
l'Environnement ont dit... On a déjà
les normes les plus strictes. Si on les avait augmentées encore plus, oui, il y
aurait eu un risque que le projet soit fait dans une autre province,
dans un autre État, aux États-Unis, parce que Northvolt a regardé toutes ses
options.
• (10 h 30) •
Maintenant,
Mme la Présidente, c'est une de mes plus grandes fiertés. La filière batterie,
avec GM, avec Ford, avec Northvolt,
va nous permettre de produire 1 million de batteries pour les véhicules
électriques à chaque année. J'entendais Québec solidaire dire cette
semaine : Oui, mais les batteries ne vont pas juste servir au Québec, ça
ne va pas réduire les GES seulement
au Québec. Mme la Présidente, le chef de Québec solidaire doit
comprendre, il n'y a pas un mur autour du Québec. Les GES, c'est un défi
planétaire, puis on va faire notre contribution, puis j'en suis très fier.
La
Présidente : Première complémentaire.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. M. le chef.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Mme
la Présidente, dans ce dossier-là, là, les Québécois, les Québécoises, ils ont
l'impression qu'on les prend pour des
valises. On va faire ça simple, là. Avant le changement de règles, là, une
usine qui produisait 50 000 tonnes avait
automatiquement un BAPE. Northvolt arrive dans le portrait, ça devient
60 000 tonnes, puis Northvolt, ils sont à 56 000 tonnes.
Donc, si ce n'est pas changer les règles sur mesure, ça, c'est quoi?
Est-ce que le premier
ministre reconnaît que Northvolt a eu un traitement de faveur?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, ce qu'il est important de dire,
c'est que, pour l'économie verte, il n'y avait pas de règle. Quand le
chef de Québec solidaire parle de 60 000 tonnes, l'État où on est le
plus proche du Québec, c'est la Colombie-Britannique, où c'est 100 000 tonnes. La France est
à 70 000 tonnes. Donc, à 60 000 tonnes, on est l'État en
Amérique du Nord qui est le plus strict.
Ce
que veut Québec solidaire, c'est qu'il n'y en ait pas, de projet, au
Québec, qu'on n'en fasse pas, de batteries pour les véhicules
électriques...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...qu'on
en jase, mais qu'on n'agisse pas. Nous, on agit.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre fait
avec Québec solidaire et les batteries exactement ce qu'il a fait avec
les baisses d'impôt et le Parti québécois la semaine passée, il déforme nos positions de manière grotesque parce
qu'il n'est pas capable de répondre à une question très simple.
Demain,
c'est la dernière journée pour déclencher un BAPE sur Northvolt. Est-ce qu'il
est au moins capable de reconnaître qu'ils ont changé les règles pour
éviter que cette multinationale soit soumise au BAPE?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, là, le chef de Québec solidaire court un petit peu après, mais on a tous vu, en campagne électorale, que Québec solidaire promettait des taxes orange, était contre les baisses d'impôt. Là,
aujourd'hui, il nous dit :
J'étais contre les baisses d'impôt, j'étais pour des taxes orange, mais là je
ne vous dirai pas ce que je ferais si j'étais à la place du
gouvernement.
Ce
qu'on sait, là, c'est que Québec
solidaire n'a aucun respect pour les
contribuables québécois, n'a aucun respect pour la classe moyenne, ils
veulent juste prendre plus d'argent dans leur portefeuille.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Nous,
ce qu'on fait, avec des projets comme Northvolt, c'est de créer des emplois
bien payés...
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant le député de — s'il
vous plaît! — Saint-Henri—Sainte-Anne.
La parole est à vous. On vous écoute.
Conditions
de vie dans les centres jeunesse
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente.
Je cite : «Du haut de mes 17 ans, je peux vous dire que ce qu'on
vit ici n'est pas normal. Pour pas
grand-chose, on m'envoie en isolement, seul, souvent pour trois, quatre heures,
sans me dire quand je vais sortir. La
pièce est froide, aucune fenêtre, pas de matelas, pas de chaise, juste une
dalle de béton et une lourde porte
barrée. Je ne peux pas boire, je ne peux pas manger, impossible d'aller aux
toilettes. C'est comme ça plusieurs fois par semaine. J'ai vraiment hâte
de partir d'ici.»
C'est
ce qu'un jeune en centre jeunesse m'a dit dans ma tournée d'appels. Ces
jeunes-là ne sont pas des anecdotes. Je
parle d'appels, parce que j'ai voulu aller visiter les jeunes du centre
Cartier, où on a vu des histoires d'horreur, et on me l'a refusé.
Est-ce
que le ministre va demander qu'on appelle le projet de loi de ma collègue de
Sherbrooke pour permettre aux députés de visiter les institutions publiques,
pour qu'on aille ensemble, lui et moi, leur rendre visite en centre jeunesse?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M.
Carmant : Bien, merci, Mme la Présidente. Je remercie le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour sa question puis son intérêt pour les centres jeunesse et
nos jeunes.
Ce qui s'est
passé, Mme la Présidente, et c'est ce qui est arrivé avec la visite du centre
Cartier, c'est l'établissement qui a
décidé de ne pas permettre la visite. Les règles sont que, normalement, un
député peut visiter un centre jeunesse qui est situé dans sa
circonscription.
Maintenant,
il faut comprendre que ce sont des milieux de vie, des milieux de vie pour des
mineurs, des milieux de vie où il y a une certaine confidentialité qui doit
être respectée. C'est difficile pour un parent d'imaginer que son enfant
pourrait avoir la visite de 125 députés
quand une situation difficile est réclamée dans un centre jeunesse, Mme la
Présidente.
Donc, nous, ce qu'on veut faire, Mme la
Présidente, c'est s'assurer que ces jeunes puissent vivre dans un milieu confidentiel et sécuritaire. Et, ce qu'on pourra
faire, on va analyser le projet de loi de la députée, et on verra quelles
seront les mesures qui seront à prendre par la suite, Mme la Présidente.
Donc,
j'invite le député à visiter les différents centres jeunesse, s'il y en a un
dans sa circonscription. Et, pour celui de Laval...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...on regardera ce qui
peut être fait par la suite. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Vanessa
m'a dit : «C'est
"rough", ce que je vais
dire, mais, avant d'arriver en centre jeunesse, j'ai été séquestrée pendant huit mois, pas d'air, pas d'espace. Quand je
fuguais, l'idée du retour en centre jeunesse me terrorisait. L'isolement, enfermée pour 48 heures, la
fouille à nu, souvent demandée par un homme, tout ça me replongeait dans mes
traumas.» Ça, c'est ce qu'on m'a dit. Je n'ose même pas imaginer ce que je
verrais, si je pouvais aller sur le terrain.
Est-ce que le ministre va demander qu'on appelle
le projet de loi de ma collègue?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M.
Carmant : Bien, c'est troublant, ce que rapporte le député,
Mme la Présidente, là. Mais, écoutez, on parle de fugue, ce qu'il faut savoir,
c'est qu'une fugue, en centre jeunesse, c'est déclaré après une heure de
retard, après le retour en centre
jeunesse. Donc, il ne faut pas... Il faut comprendre qu'il y a plusieurs fugues
qui sont des jeunes qui reviennent en retard
de l'école, des jeunes qui reviennent en retard de leur famille, des jeunes qui
reviennent en retard de différents milieux. Donc, ça, c'est une chose,
et on est en train de faire des actions pour les fugues.
Quant à la
situation en centre jeunesse, Mme la Présidente, l'important, là, c'est
d'améliorer les soins pour nos jeunes. Puis c'est là-dessus qu'on travaille. La
formation des éducateurs, c'est primordial pour nous. On a recommencé...
La Présidente : En terminant.
M.
Carmant : ...les formations pour les personnes à la
protection de la jeunesse, on est en train d'implanter des formations
pour nos éducateurs en centre jeunesse.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Des Thomas, des Vanessa, il y en a des milliers
qui vivent actuellement sous la protection de l'État dans les centres jeunesse. Dans certains cas, tout ce qu'on leur
offre, c'est des conditions de vie juste un peu moins pires que ce qu'ils vivraient à la maison. On ne
devrait pas accepter ça. En tant que député, je veux aller les voir, les
écouter. Je dois pouvoir les représenter.
Après avoir
entendu tout ça, le ministre doit bien voir qu'on ne peut pas se passer du
projet de loi de la députée de Sherbrooke. Nous donnera-t-il enfin son
appui?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien,
encore une fois, Mme la Présidente, je pense que la visite des mineurs doit
être extrêmement bien encadrée, pour
des raisons de confidentialité. Ce qui est important, comme je disais tout à
l'heure, Mme la Présidente, c'est la qualité des soins qu'on donne à nos
jeunes. On est en train de former les établissements à l'approche ARC pour
nos éducateurs, pour qu'ils comprennent les
liens d'attachement, pour qu'ils comprennent l'impact du rejet sur la vie de
ces enfants, pour qu'ils comprennent comment
mieux s'adapter aux différentes crises que nos jeunes font, pour limiter le
nombre de contentions, pour limiter le
nombre d'isolements, pour limiter la façon parfois un peu aliénante que sont
traités nos jeunes, Mme la Présidente.
La Présidente : En terminant.
M.
Carmant : Nous, ce qu'on veut, c'est les meilleurs soins
pour nos enfants dans les différents centres jeunesse du Québec. Je
pense que tout le monde comprend ça, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Sherbrooke.
Accès aux soins à domicile
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Depuis son arrivée au pouvoir, la CAQ a investi en
services à domicile, et ça continue dans le dernier budget. Alors, on va s'entendre tout de suite sur
une chose, moi, je ne me lève pas ici pour dire que le gouvernement ne fait
rien. Mais, moi, c'est les résultats pour
les citoyens qui m'intéressent. Et, quand on regarde la capacité du Québec à
répondre à la demande, bien, les résultats, on les cherche.
On répond en
ce moment à 10,7 % des besoins en services à domicile, c'est le rapport
commandé par la CAQ qui le dit. La ministre a lancé une réforme. Elle a parlé
de changement de paradigme complet. Elle a parlé de petite révolution. Mais, malgré la réforme de la ministre, malgré les
investissements, ce qu'on voit dans le budget, c'est qu'en quatre ans on
va passer de 398 000 personnes à
417 000 personnes qui reçoivent des services à domicile. Parti comme
c'est là, la réforme de la ministre des Aînés ne donnera pas plus de
résultats que le plan santé de son collègue.
Est-ce que la
ministre peut me dire, avec sa révolution et les sommes investies, on va
répondre à quel pourcentage des besoins en services à domicile dans
quatre ans?
• (10 h 40) •
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, je suis très contente de cette
question, parce qu'on n'a jamais eu autant de questions, depuis un an, sur les services de soutien à domicile. Donc,
c'est donc la preuve que les services de soutien à domicile sont extrêmement importants pour la population,
pour les aînés en particulier et, je suis convaincue, pour l'ensemble
des députés, ainsi que pour moi-même et pour notre gouvernement.
Je voudrais
quand même rappeler que, dans le dernier budget, que nous étudions
actuellement, c'est la moitié du budget
qui est accordé aux aînés qui ira directement au soutien à domicile. On est le
gouvernement qui a investi le plus en soutien
à domicile. Ce n'est pas une révolution qu'on veut faire, en soutien à domicile,
c'est un virage qu'on est en train d'enclencher,
Mme la Présidente. Et ce n'est pas évident de transformer un système qui a été
négligé pendant des décennies, et ça, ce sont les intervenants qui le
mentionnent, Mme la Présidente, les professionnels, qui sont tellement contents
qu'on puisse avoir des projets dans plus d'une dizaine de CISSS et CIUSSS pour
réduire les formulaires administratifs.
La Présidente : En terminant.
Mme Bélanger : Et on va continuer,
Mme la Présidente, une série de projets en soutien à domicile.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Vous avez tous remarqué,
la ministre ne nous a pas dit à quel pourcentage des besoins on va répondre dans quatre ans. Soit elle ne le sait
pas, soit elle préfère ne pas le dire. Et, dans tous les cas, c'est inquiétant,
parce que ce n'est pas juste des
pourcentages. On parle de vraies personnes qui ont des vrais besoins, pour qui
quelques heures de plus de services à domicile fait toute la différence
du monde entre vieillir chez soi ou se déraciner.
Combien de
temps ça va prendre pour qu'on soit capables de répondre à la demande, au
Québec, en services à domicile?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, j'ai de la misère à comprendre
que la députée de Sherbrooke ne voie pas de progrès dans les équipes de
soutien à domicile auprès des citoyens, même dans sa circonscription, que j'ai
eu l'occasion d'aller
visiter dernièrement, et où on me disait qu'il y avait des grandes
améliorations dans les services de soutien à domicile. Mme la Présidente, quand on demande aux patients,
aux aînés qui reçoivent des services en soutien à domicile, une grande
majorité des personnes sont satisfaites.
Je suis très
consciente qu'il faut continuer d'améliorer notre accessibilité, Mme la
Présidente.
La
Présidente : En terminant.
Mme Bélanger :
C'est
385 000 personnes, actuellement, qui reçoivent des services de
soutien à domicile, et nous allons continuer à...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Moi, ce qui m'inquiète, c'est... non seulement on
ne répond pas aux besoins en ce moment, mais on n'est pas non plus en
train d'avancer pour répondre à ces besoins-là qui sont en augmentation.
Il y a quelques
semaines, j'ai invité la ministre à ce qu'on travaille ensemble pour préparer
le Québec au vieillissement de la
population. Je n'ai jamais eu de réponse à ma main tendue. Alors, je relance
l'invitation aujourd'hui. Je lui
propose qu'on travaille ensemble. Est-ce que la ministre, elle est ouverte à ce
qu'on forme un comité transpartisan pour préparer le Québec au
vieillissement de la population? Parce que ça s'en vient, là, puis on n'est pas
prêts.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Oui, Mme la Présidente,
simplement mentionner que, quand on regarde les services de soutien à domicile, il ne faut pas regarder juste les
visites, mais il faut regarder l'intensité, le nombre d'heures qu'on donne aux
personnes pour répondre à leurs besoins, pour les maintenir le plus
possible à domicile.
Concernant votre
dernière intervention, Mme la députée, vous le savez, pour moi, c'est important
qu'on puisse travailler différentes
situations de façon transpartisane. Je pense qu'on est capables de le faire. On
le voit, la main tendue qu'on a eue,
puis merci d'y participer, pour le plan alzheimer, pour la politique nationale
sur l'alzheimer. J'entends bien votre
demande, et je pense que, pour moi, c'est évolutif. Puis c'est vrai que le
vieillissement, bien, ça concerne tout le monde.
La
Présidente : En terminant.
Mme
Bélanger : Alors, merci pour la question.
La Présidente : En question principale,
je reconnais maintenant le député d'Hochelaga-Maisonneuve. On vous écoute.
Protection
des droits des locataires
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Chaque semaine, mon
bureau de circonscription reçoit des appels de détresse concernant le dossier du logement, rénovictions,
intimidation, Airbnb illégaux, ça n'arrête plus. Ça fait six ans que je suis
député, Mme la Présidente, et je n'ai jamais vu ça.
On
a martelé pendant des mois à la ministre de l'Habitation que son projet de loi
n'allait pas assez loin, que ça ne changerait rien à la dure réalité des
gens. Dans un article de ce matin du Journal de Montréal, on apprend que
certains propriétaires utilisent des stratagèmes illégaux pour faire la vie
dure à leurs locataires dans l'objectif de les forcer à quitter : hurler à l'amiante, enlever les serrures, percer le toit
ou briser des tuyaux dans les murs pour inonder les appartements. La ministre va me dire que c'est illégal, tout ça,
elle a raison, mais ça ne change pas le fait que c'est en train d'arriver à du
vrai monde, ça ne change pas le fait que c'est ça que vivent des milliers de
locataires en ce moment. Et la nouvelle loi de la ministre, elle n'aide
pas ces gens-là.
L'encre
est à peine sèche sur son projet de loi qu'à peu près tout le monde réalise que
c'est un échec. Est-ce que la ministre va l'admettre, se rendre à
l'évidence et agir pour protéger réellement les locataires du Québec?
La Présidente :
La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente.
Effectivement, j'ai lu le même article. C'est sûr que, des gens qui ont des mauvaises intentions, on ne pourra pas tous
les arrêter. Je tiens à mentionner que 87 % des relations entre locataires
et locateurs vont bien. Ça fait qu'il y a un 13 %, là, qu'il faut gérer,
puis c'est ce qu'on a fait avec le projet de loi n° 31.
Alors,
on est venu resserrer les règles en mettant le fardeau de la preuve sur les
épaules des propriétaires. Alors, un propriétaire
qui est mesquin et vil comme ce qui semble être l'entièreté des propriétaires,
là, décrits par Québec solidaire, bien, ils vont devoir faire la preuve
que leurs démarches sont faites de bonne foi puis qu'ils respectent les
locataires.
Ensuite de
ça, on a augmenté les compensations dans un contexte d'éviction pour que,
justement, les gens vulnérables ne
soient pas pris par surprise, d'une part, qu'ils soient traités convenablement,
en recevant des compensations monétaires qui sont suffisantes.
Alors, on va
laisser le temps au projet de loi de faire son oeuvre. Je pense qu'il y a
d'excellentes mesures là-dedans. On
est venu resserrer vraiment les règles. Puis il ne faut pas oublier que ce
qu'il nous faut, là, c'est augmenter l'offre de logements...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ...et donc que les
gens veuillent construire plus. Donc, ça prend un bon contexte.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : J'en connais plein, des
bons propriétaires, Mme la Présidente, mais ceux qui ne sont pas bons, ils ont la vie trop facile parce que le gouvernement
n'agit pas. Et, devant l'inaction du gouvernement, on s'organise, nous. Moi,
j'ai organisé un brunch sur les rénovictions
en janvier dans Hochelaga-Maisonneuve. La députée de Sherbrooke a rassemblé des
centaines d'aînés pour leur parler de leurs droits en matière de logement. Et,
ce dimanche, les députés solidaires organisent une grande assemblée à Montréal
avec un avocat en logement.
J'invite la ministre à venir rencontrer le vrai
monde, le monde qui souffre et qui trouve que le gouvernement du Québec les a abandonnés.
Viendra-t-elle?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, je réitère que
les situations qui étaient décrites dans le journal ce matin, là, c'est
inacceptable. On n'endosse pas ça. Alors... Puis là où je rejoins mon collègue
de l'opposition, c'est... effectivement, il
faut que les gens connaissent leurs droits. Ça fait partie de mon travail aussi,
de m'assurer qu'autant du côté des
locataires que des propriétaires les gens connaissent leurs droits et leurs
obligations. Donc, moi, je rencontre un paquet d'intervenants, je me
promène dans les villes aussi pour faire connaître les mesures qu'il y a dans
le projet de loi n° 31
et m'assurer que ces droits-là seront connus de tous. Puis on va s'assurer que
les plateformes de diffusion pertinentes sont utilisées...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ...pour justement
transmettre cette information-là.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Les nombreuses déclarations controversées de la
ministre ont fait en sorte qu'elle a perdu la confiance des locataires du Québec. Mais je suis certain
qu'elle n'aime pas ça. Je suis certain qu'elle n'aime pas se voir comment les
caricaturistes la présentent dans les journaux. Mais vous savez quoi?
Elle a le pouvoir de changer ça. Elle a le pouvoir de montrer qu'elle n'est pas prisonnière d'une tour d'ivoire, qu'elle
est capable de rencontrer le vrai monde, de les regarder dans les yeux
et d'entendre leur détresse et leur souffrance.
Ma question est simple, Mme la Présidente :
Viendra-t-elle à notre assemblée ce dimanche?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Mme la Présidente, mon rôle, là, c'est vraiment de
m'assurer, d'une part, que les gens connaissent leurs droits. Alors,
bravo pour votre initiative, c'est bon. Moi, je fais mon travail, de mon côté,
dans le même objectif.
L'autre élément
qu'il faut vraiment souligner, là, c'est qu'ultimement tous ces
comportements-là ou ces situations-là qui
deviennent difficiles du côté des locataires sont exacerbés par le fait qu'il
manque de logements. Il faut augmenter l'offre de logements, et c'est ce que notre gouvernement... c'est ce sur quoi je
travaille à tous les jours, en multipliant les nouvelles façons de faire pour
être plus efficients, pour réduire le temps, pour réduire les coûts puis que ça
sorte plus vite, parce qu'il faut loger le plus de Québécois possible...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Duranceau : ...dans les meilleures conditions possibles.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Talon.
Indépendance
des juristes de l'État
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Mme la Présidente, ce n'est pas banal, ce qui est
rapporté dans les médias ce matin, on parle d'une recrudescence
d'interférences, d'ingérences dans les avis juridiques qui sont rendus par les
professionnels, par les avocats et les
notaires de l'État. Et là on est au coeur de ce que c'est, l'État de droit, la
capacité de nos juristes de dire l'État de droit pour qu'ensuite on puisse prendre des décisions fondées sur cet
État de droit. L'idée qu'il puisse y avoir des gens qui tentent de
modifier les conclusions avant que ça se rende à la partie politique, c'est
extrêmement important.
Le
ministre de la Justice, tout à l'heure, a fait un plaidoyer, mais
j'aimerais savoir s'il est préoccupé par les révélations de ce matin.
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse du ministre de la Justice.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, comme
je l'ai dit à mon collègue de l'Acadie, les juristes de l'État font leur
travail en toute indépendance. Et j'ai pris connaissance du communiqué de LANEQ
la semaine dernière et j'ai demandé des
vérifications au ministère de la
Justice à cet effet-là. S'il y a des
cas qui sont avérés, bien, il y a lieu que ça cesse immédiatement.
Et
je le réitère, les juristes de l'État ont la confiance de tous les
parlementaires, ont la confiance du gouvernement, parce qu'ils font un
travail extrêmement important à titre de conseillers juridiques, à titre de
plaideurs au bureau du Procureur général du Québec, à titre de légistes en
commission parlementaire. Et je pense que vous-même et tous les parlementaires ici, en cette Chambre, sont en
mesure de constater, lorsqu'on étudie des projets de loi, Mme la Présidente,
à quel point, la pertinence, le
professionnalisme, la compétence de leur travail, de leurs interventions, et
qu'ils répondent aux questions,
notamment aux collègues des oppositions. Ils sont là pour servir le Québec,
servir l'État québécois, et ça va demeurer ainsi. Et ils le vont faire
en toute objectivité, en toute indépendance, Mme la Présidente.
Et
notre gouvernement supporte les juristes de l'État. Et d'ailleurs, Mme la
Présidente, je pense qu'il faut toujours se rappeler qu'il s'agit d'un
rôle fondamental pour faire fonctionner l'État québécois...
La
Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...que les avocats et les
notaires de l'État sont une partie intégrante de nos professionnels, et on les
respecte.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Ce
n'est pas, Mme la Présidente, le professionnalisme des juristes de l'État dont
il est question aujourd'hui, c'est de la possibilité qu'il y ait de l'ingérence
dans leur travail. Et là, d'une part, le ministre nous dit qu'il n'y en a pas,
mais, d'autre part, il nous dit qu'il va faire des vérifications.
J'aimerais
savoir du ministre, Mme la Présidente, s'il est au courant, actuellement, s'il
a des raisons, lui, de s'inquiéter qu'il ait pu y avoir de telles
ingérences.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je n'ai
pas de raison de croire qu'il y a eu d'ingérence. Et, comme je le
réitère, les juristes de l'État rendent leurs avis, leurs opinions, leurs
conseils juridiques en toute indépendance.
À
la question du député de Jean-Talon, Mme la Présidente, c'est justement
pourquoi j'ai dit que j'ai demandé de faire
des vérifications au ministère de la
Justice, parce que vous savez que les
juristes de l'État sont dispersés dans plusieurs directions des affaires
juridiques, dans chacun des ministères, et qu'ils relèvent du ministère de la Justice, alors c'est pour ça que j'ai demandé de faire
des vérifications, mais, à ce jour, il n'y a pas de cas qui ont été portés à
mon attention. Et je tiens à rassurer
l'ensemble de la population et l'ensemble des parlementaires : les avocats
et les notaires de l'État sont là pour conseiller le gouvernement, et
ils le font bien, ils le font avec professionnalisme.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Je le redis, Mme la Présidente, ce qu'on apprend
aujourd'hui, c'est qu'il y aurait une recrudescence, actuellement, de
telles ingérences.
Est-ce
que le ministre peut s'engager formellement, en Chambre, aujourd'hui, à rendre
publiques les conclusions de ses
vérifications? Et est-ce qu'il peut minimalement s'engager à faire un rappel à
l'ensemble des membres du cabinet sur
l'importance de ce principe de respecter l'indépendance des juristes lorsqu'ils
rendent des opinions fondamentales à l'État?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je
suis le jurisconsulte du gouvernement. Mes collègues respectent les
avocats et les notaires de l'État québécois et me respectent aussi, du moins je
l'espère, Mme la Présidente, parce que, par
ma voix, je suis le porteur de la voix des juristes de l'État. Et, dans chacun
des dossiers, il y a souvent des conseils et des avis juridiques, Mme la Présidente, et ça permet la prise de
décisions, comme c'était le cas pour tous les gouvernements.
Lorsque
le député de Jean-Talon dit : Il y a une recrudescence des interventions,
je n'ai jamais vu d'intervention, Mme la Présidente. Je ne sais pas
comment ça se passait sous le Parti libéral, quand ils les ont laissés en
grève...
La
Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...pendant plusieurs mois à l'extérieur et qu'ils ne
les respectaient pas, les juristes de l'État.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant la députée de Robert-Baldwin. La parole est à vous.
On l'écoute.
Soutien aux intervenants en protection de la jeunesse
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Hier encore, révélations-chocs de Me Andreea Popescu et
Mme Janique Véronneau, ancienne
sergente-détective ayant travaillé dans les dossiers d'abus d'enfants. En
résumé, on constate que, malgré tous
les pouvoirs qui lui sont conférés, la DPJ elle-même confirme qu'elle ne
parvient pas à exécuter son mandat
adéquatement. Elle n'arrive pas à protéger nos enfants. C'est grave. Certains
intervenants ont la peur au ventre, incapables d'intervenir avec
certains parents criminalisés et violents.
Le
ministre a le devoir d'accompagner les intervenants de la DPJ pour intervenir
dans tous les dossiers. Je sais que la
Loi sur la protection de la jeunesse vient d'être révisée, mais, s'il y a encore des
corrections à faire, faites-les, et, si le système est brisé,
réparez-le.
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
Mme la Présidente. Je remercie la députée de Robert-Baldwin pour sa question
puis de s'inquiéter du sort de nos intervenantes. Moi, je le dis toujours, les
intervenantes de la DPJ, elles font le travail le plus difficile de nos intervenantes jeunesse, Mme la Présidente, puis il faut
que la députée de Robert-Baldwin s'en rende compte, de cette difficulté à travailler dans des
situations très difficiles, avec des parents qui sont agressifs, des parents
qui, pour se protéger, pour protéger leurs familles, ne nous disent pas
toujours la réalité, Mme la Présidente.
Donc,
il faut appuyer nos intervenantes, puis c'est ce que je me bats à faire depuis
cinq ans, Mme la Présidente. On a développé de la prévention, des interventions
en préparation, on a remis de la formation pour nos intervenantes de la
DPJ dans la façon de désamorcer les crises,
dans la façon d'intervenir dans les dossiers difficiles. Pendant
l'intervention, Mme la Présidente, on
permet à nos intervenantes d'être accompagnées en duo d'une autre intervenante,
d'intervenants, de policiers, parfois,
également, Mme la Présidente. Et, dans les situations où ça se passe plus
difficilement... Moi, je suis très content de vous parler d'un projet
qu'on est en train de développer à Granby...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...où on donne un soutien
psychosocial, psychologique à nos intervenantes qui ont eu une problématique.
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis,
et, pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président de l'Assemblée
nationale. Bonne fin de journée, tout le monde. Merci pour votre attention.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bon jeudi matin, chers collègues. En
fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, aujourd'hui je reconnais un membre de
l'opposition officielle en premier. Alors, je cède la parole à Mme la
députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Semaine
québécoise de la déficience intellectuelle
Mme
Prass : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le ministre des Services sociaux, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la 36e édition de la Semaine québécoise de
la déficience intellectuelle qui aura lieu du 17 au 23 mars 2024
sous le thème J'ai ma place!;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'importance de l'inclusion des personnes
ayant une déficience intellectuelle dans toutes les sphères de la
société et qu'elles aussi "ont leur place";
«Que
l'Assemblée nationale invite toute la population du Québec à réfléchir à la
place qu'occupent les personnes ayant
une déficience intellectuelle dans notre société et à participer aux activités
de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire : Il y a consentement, sans
débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors...
Oui, M. le leader adjoint... le leader.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Le vote électronique est demandé. Alors, Mmes et
MM. les députés, je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir
enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est maintenant terminé. Pour le
résultat, Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 104
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Derraji : Merci, M. le Président. J'aimerais qu'une copie de
cette motion soit envoyée à la Société québécoise de la déficience
intellectuelle, Coalition de parents d'enfants à besoins particuliers du Québec
et le Conseil québécois des entreprises adaptées. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
sera fait avec plaisir, M. le leader.
Alors,
maintenant, je suis prêt à reconnaître un membre du deuxième groupe
d'opposition. Et je cède la parole, pour sa motion, à M. le député de
Rosemont.
Saluer le
succès de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Marquette, le député de Matane-Matapédia et la
députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale souligne que l'élite
professionnelle du hockey est traditionnellement associée aux hommes malgré que des femmes pratiquent ce sport
depuis longtemps sans toutefois bénéficier de l'engouement populaire et
médiatique ni des retombées financières et de l'appui de commanditaires
majeurs;
«Qu'elle reconnaisse les efforts et l'engagement
pour le hockey féminin de pionnières québécoises telles que Caroline Ouellette,
Danièle Sauvageau, Kim St-Pierre, Danielle Goyette, Marie-Philip Poulin, France
St-Louis et de Manon Rhéaume, qui a traversé la première le plafond de verre il
y a plus de 30 ans;
«Qu'elle
salue le succès phénoménal de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey
féminin et la vente en un temps record, hier, de tous les sièges au
Centre Bell de Montréal pour un match entre Montréal et Toronto, le
20 avril;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale félicite les pionnières du hockey féminin et celles qui
reprennent aujourd'hui le flambeau,
qu'elle souhaite longue vie à la Ligue professionnelle de hockey féminin et
exprime son souhait de voir arriver une nouvelle équipe, ici, dans la
Capitale-Nationale.»
Merci, M. le Président.
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire : M. le Président, petite correction : la
ministre responsable du Sport, Loisir et Plein air serait conjointe sur
la motion. Et il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends que la ministre est également
conjointe à la motion. Alors, je... Oui, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Pas
de souci pour rajouter la ministre conjointe, on est bien contents. Puis on
demande un vote électronique, s'il vous plaît.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé, chers collègues. Alors, je vous invite,
dès maintenant, à bien vouloir enregistrer votre vote.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Alors, pour le résultat, Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstention :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : M. le Président, est-ce qu'on pourrait envoyer
copie de cette motion à la LPHF, la Ligue professionnelle de hockey
féminin, et à l'équipe montréalaise de la LPHF? Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait avec plaisir, M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
Alors,
pour la prochaine motion, je reconnais un membre du troisième groupe
d'opposition et je cède la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de Maurice-Richard et la députée de
Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que les raisons qui justifiaient l'adoption du
timbre de droit en 1971 n'ont plus
cours depuis que l'utilisation d'un module d'enregistrement des ventes est
obligatoire et l'uniformisation des taxes sur l'alcool;
«Qu'elle
rappelle que l'abolition du timbre de droit, prévue au projet de loi 170 adopté le 12 juin 2018, a été reportée sine die par le
gouvernement en 2020;
«Qu'en
conséquence l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'abolir dans les
plus brefs délais le timbre de droit sur les alcools vendus pour la
consommation sur place.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire :
Notre amendement ayant été refusé, il n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Je vous rappelle qu'on ne peut pas commenter, M.
le leader adjoint du gouvernement. Alors, il n'y a pas de consentement.
Alors,
je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du gouvernement, et je
reconnais M. le premier ministre.
Rendre hommage à M. Brian Mulroney,
ex-premier ministre du Canada
M. Legault : Oui, merci, M. le
Président. Donc, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le chef de l'opposition
officielle, le chef du deuxième groupe, le chef du troisième groupe et
la députée indépendante de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage au très honorable Brian Mulroney,
premier ministre du Canada de 1984 à
1993 et ancien député de Manicouagan et de Charlevoix, pour sa contribution
exceptionnelle au développement du Québec et du Canada;
«Qu'elle
rappelle sa détermination à faire avancer d'importants enjeux, notamment en
matière de développement économique, de protection de l'environnement,
de relations internationales, de promotion des droits humains et sur la place
du Québec au sein du Canada;
«Qu'elle
offre ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches; et
«Que les membres de
cette Assemblée observent une minute de silence en mémoire de ce grand
Québécois.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire :
Oui, M. le Président, il y a
consentement pour un débat de trois minutes par intervenant dans l'ordre suivant : le premier ministre, le chef de
l'opposition officielle, le chef du deuxième groupe d'opposition et le député
de Jean-Talon.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour
un débat de trois minutes maximum par intervenant et qu'il y a quatre
intervenants également qui vont intervenir. Alors, je cède tout d'abord la
parole à M. le premier ministre du Québec.
M. François Legault
M. Legault : Merci, M. le Président.
Bien, ça me fait plaisir, aujourd'hui, de prendre la parole pour rappeler la
mémoire de l'ex-premier ministre du Canada, M. Brian Mulroney.
Et,
bon, d'abord, M. Mulroney, qu'on appelait «le p'tit gars de Baie-Comeau»,
vient, donc, de la Côte-Nord, et très
fier de la Côte-Nord. D'ailleurs, le député actuel de René-Lévesque, pas plus
tard qu'en 2019, lui rendait hommage avec un buste quand il était maire
de Baie-Comeau.
Et, M. le Président,
c'est certain que M. Mulroney, bon, vient d'une famille anglophone,
irlandaise, et est allé à l'école, parce
qu'il était catholique, en français. Et M. Mulroney a fait ses études,
entre autres, à l'Université Laval, puis on a gardé de très bons
souvenirs de lui à l'Université Laval. On a, d'ailleurs, il n'y a pas beaucoup
de temps, annoncé qu'il y a un pavillon qui va porter son nom.
M. Mulroney,
bon, d'abord, on l'a connu comme commissaire à la commission Cliche sur la
construction. Il a été président
aussi de la compagnie Iron Ore. Puis après, bien, il est devenu chef du Parti
conservateur... progressiste-conservateur du Canada.
Évidemment,
je me rappelle de lui à cause de ses essais de réintégrer dans l'honneur, comme
il disait, le Québec dans la
Constitution, qui avait été malheureusement adoptée en 1982 sans l'accord du
Québec. Bon, évidemment, on se rappelle l'accord du lac Meech,
l'accord de Charlottetown, ça n'a pas marché, mais, au moins, M. Mulroney
a essayé.
Évidemment,
pour moi, son plus grand héritage puis sa plus grande réussite, c'est l'accord
de libre-échange avec les États-Unis. Imaginez-vous, quand on regarde
les échanges commerciaux actuellement entre le Québec puis tous les pays dans le monde, le seul pays où on a... ou
à peu près le seul, il y en a peut-être des petits, mais le seul pays important
avec lequel on a un surplus commercial, ça
veut dire qu'on exporte plus qu'on importe, ce sont les États-Unis.
Et, bien, on se rappelle des bonnes
relations de Brian Mulroney avec Ronald Reagan, et, donc, il a réussi à faire
adopter cet accord de libre-échange,
qui a été salué. Bon, évidemment, il y a eu des débats, je me souviens, à
l'époque, aux HEC, il y avait des gens
qui étaient pour, des gens qui étaient contre, mais rapidement, entre autres,
Bernard Landry, du Parti québécois, avait appuyé cette entente, puis tout le monde qui appuyait l'entente ont eu
raison. Ça a été une entente très, très, très importante pour l'économie
du Québec.
M. Mulroney,
aussi, a travaillé à lutter contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Il
a confronté ses alliés de l'époque,
Ronald Reagan puis Margaret Thatcher, et il les a convaincus d'imposer des
sanctions pour que ça arrête puis pour
qu'on libère Nelson Mandela. Puis on se souvient, je pense qu'on doit tous être
fiers de ça, que le premier discours de Nelson Mandela, il a été fait au
Canada. Donc, je pense qu'on peut être fiers de cette réalisation-là.
• (11 h 10) •
Je
veux terminer en parlant des qualités personnelles de Brian Mulroney. J'ai eu
l'occasion, on n'était pas des amis, mais
on avait des amis communs, d'être en privé avec lui. D'abord, il aimait
chanter, hein, des chansons irlandaises, il avait une bonne voix grave,
mais c'était un homme sympathique, chaleureux, gentil, charismatique, un vrai
gentleman. Et il faisait de la politique
avec de la hauteur, avec de la classe. Et je veux, donc, saluer son héritage
politique immense et offrir mes plus sincères condoléances à sa femme,
Mila, puis à ses quatre enfants. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le premier ministre. Je suis maintenant prêt à reconnaître
le prochain intervenant et je cède la parole à M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, M. le
Président. On ne peut pas dire ça de beaucoup de politiciens, politiciennes, mais Brian Mulroney aura marqué tellement la
politique canadienne et la politique québécoise, évidemment, par définition,
qu'on peut réellement affirmer que c'était
un géant de la politique. Et il aura laissé un héritage tangible, un héritage
qui fait en sorte que, oui, il y a eu des tentatives, notamment sur le
plan constitutionnel, que le Québec signe la Constitution canadienne. Et il ne faut pas voir ça, le fait
qu'il n'y ait pas eu signature à la fin, comme un échec, mais de voir là, il
l'avait bien dit, dans l'enthousiasme,
l'honneur et l'enthousiasme, la réintégration officielle, hein, par la
signature de la Constitution canadienne
par le Québec comme étant, encore une fois, un message très fort, message qui
perdure aujourd'hui : pour faire fonctionner la fédération canadienne, il
faut coopérer, il faut se parler pour qu'on puisse s'entendre. Alors, ça a été
quelque chose qui aura marqué son passage.
Et je pense que, de là, il y a beaucoup de positif que l'on peut tirer et un
enseignement très, très fort à coopérer ensemble au sein du Canada.
Il
y a, et le premier ministre en a fait mention, des legs majeurs. Il a parlé,
bien évidemment, de l'Accord de libre-échange nord-américain, qui faisait en
sorte de positionner de façon stratégique, économique le Canada, évidemment, dans le libre-échange et d'assurer,
d'assurer les transferts commerciaux. On peut même mentionner... Des fois, hein, quand on dit : Il a laissé comme
legs une taxe, bien, la taxe sur les produits et services a fait en sorte,
aujourd'hui, que le gouvernement a les moyens de ses ambitions,
toujours, bien évidemment, dans le respect des compétences des provinces.
On lui doit également une posture unique à
l'international. M. Mulroney, c'était la rigueur, la diplomatie, le
charme. Et on a pu le constater, il a
eu des succès retentissants, qui ont fait la fierté... la fierté du Canada, la
fierté du Québec, mais également qui
a fait avancer, sur le plan international, des causes excessivement
importantes, comme la lutte à l'apartheid en Afrique du Sud.
Bien
peu de politiciens auront donc eu, au plan national et international, une
marque aussi forte. Ça faisait dire à quelqu'un qui l'a bien connu, Jean Charest, qui avait
oeuvré avec lui, et je le cite : «Il a transformé le pays[...]. Il a
changé nos vies, votre vie, la
mienne, la vie du Canada, et le pays ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui
n'eût été [de Brian] Mulroney.»
Il
était un élu du Québec, un petit gars de Baie-Comeau, le premier
ministre l'a mentionné. Et, pour moi, qui à l'époque,
en 1984, quand il a accédé au pouvoir, quand il a été élu premier ministre du
Canada... moi, j'avais 11 ans, petit gars de Saint-Ferréol-les-Neiges, et ça a été un message très fort. Pour
moi qui m'intéressais... je ne dirais pas à la politique, je m'intéressais à l'actualité, de voir une
personne, un Québécois pouvoir être premier ministre du Canada, ça envoyait un
signal réellement fort dans mon esprit de petit gars de
Saint-Ferréol-les-Neiges de 11 ans. Et également je pense qu'on n'aurait pas pu, dès cet âge-là, avoir un meilleur
modèle de premier ministre que Brian Mulroney. Et ça, c'est des images
indélébiles, qui me resteront évidemment en tête et en souvenir.
On
doit, pour tout ça, bref, M. le Président, lui dire merci et l'exprimer à sa
famille. Et, en ces moments difficiles, moments de deuil, deuil national,
évidemment, au nom du Parti libéral du Québec, nous désirons offrir nos plus
sincères condoléances aux membres de sa famille et à ses proches. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le chef de l'opposition officielle. Et maintenant, pour son
intervention, je reconnais M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. À
mon tour, au nom de Québec solidaire, d'offrir nos plus sincères et chaleureuses
condoléances à la famille et aux proches de M. Brian Mulroney.
Hier,
notre collègue de Sainte-Rose a souligné la mémoire tragique du massacre de Sharpeville.
Dans les années 80, alors que
l'Afrique du Sud est plongée dans un régime d'apartheid raciste et sanguinaire,
le premier ministre Mulroney a le grand
courage de briser le silence d'une grande partie de la communauté
internationale, de défier, même, la politique, complice, à l'époque, de
l'Angleterre et des États-Unis.
Dès
1985, le Canada de Brian Mulroney impose des sanctions au régime sud-africain.
Son gouvernement fait même des représentations auprès des pays du
Commonwealth pour encourager les pays membres à lui emboîter le pas.
Son
gouvernement travaille ensuite pour la libération de Nelson Mandela, le premier
ministre l'a mentionné, et c'est le Canada de Brian Mulroney que
M. Mandela va choisir pour sa première visite à l'étranger, pour remercier
le pays et le premier ministre qui
avaient refusé de rester silencieux. 30 ans plus tard, en ces temps
troubles pour les droits humains à l'international, la communauté
internationale aurait beaucoup à apprendre du courage et du sens des principes
de Brian Mulroney.
Je
veux aussi souligner, bien sûr, son leadership précurseur en matière
d'environnement, parce que c'est Brian Mulroney qui a fait pression sur
Ronald Reagan pour aboutir sur l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de
l'air. C'est Brian Mulroney,
confronté au problème du trou dans la couche d'ozone, qui a accueilli la
conférence du Protocole de
Montréal, en 1987, un accord historique ratifié par 196 pays pour éliminer
les gaz CFC. Et c'est notamment grâce au Protocole
de Montréal qu'on peut dire aujourd'hui que la couche d'ozone s'est rétablie.
Il n'y en a pas beaucoup, M. le Président, de grands problèmes environnementaux
dont on peut dire aujourd'hui qu'on les a réglés ou qu'on est en voie de le faire. Bien, le trou dans la couche d'ozone, ça
en fait partie, et M. Mulroney a eu un impact significatif pour que la
planète en entier se mobilise pour régler ce problème-là.
Au-delà
de nos différends, et je fais aujourd'hui partie d'une famille politique qui a
eu de nombreux différends avec M. Mulroney,
je pense qu'on peut tous reconnaître les qualités humaines et politiques de ce
grand Québécois. Il avait d'ailleurs un
talent rare en politique, celui de l'humour. Je lisais récemment une chronique
de l'ancien chef du Parti québécois, Jean-François
Lisée, qui racontait une anecdote pour rendre hommage à ce talent de Brian
Mulroney, ce talent, donc, de l'humour.
M. Lisée raconte qu'il demande la permission à Brian Mulroney de le citer
dans un de ses livres. M. Mulroney répond : Non, pas question. Alors, M. Lisée s'essaie encore,
il dit : Bien, même après votre décès, qu'on souhaite, bien sûr, le plus
tard possible? Et M. Mulroney de répondre du tac au tac : Tu
m'appelleras à ce moment-là. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le chef du deuxième groupe d'opposition. Et maintenant je
reconnais M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : M.
le Président, je suis très ému de prendre la parole au nom de notre chef et au
nom du Parti québécois pour rendre hommage à Brian Mulroney, très ému
parce que je le fais aussi sur le plan personnel. Je suis, moi aussi, diplômé de la Faculté de
droit de l'Université Laval. Et, le premier ministre l'a mentionné, il y avait
une aura Brian Mulroney, à la Faculté
de droit de l'Université Laval, c'était quelque chose, d'être... de marcher
dans ses pas. On se rappelait souvent de sa mémoire. Et vraiment,
d'avoir le même alma mater, c'est déjà une fierté.
Et,
bien que je ne puisse pas dire, M. le Président, que nous étions des intimes,
j'ai eu la chance de le rencontrer à quelques reprises, notamment lors d'un
tête-à-tête, c'était en 2012 ou 2013, à l'occasion du 10e anniversaire
d'Avocats sans frontières. Il aurait
pu me donner 10 minutes et il m'a consacré au moins une heure. Je me
souviens encore aujourd'hui de cette
rencontre, où c'est là qu'on comprend ce que tout le monde te dit, que, cette
personne-là, c'était impossible de ne pas
l'aimer. Il était charmant, il était drôle, il était généreux de ses anecdotes.
Et je pense aux dizaines de milliers de personnes qu'il a rencontrées dans sa carrière, et, par la
suite, à chaque fois qu'on s'est rencontrés, il disait, de sa voix inimitable,
là, que j'aimerais être capable d'imiter,
là, mais là il me voyait : Ah! M. Paradis, l'avocat sans frontières.
Il avait cette capacité à connecter avec les gens et à trouver que
chaque personne qu'il rencontrait était importante.
• (11 h 20) •
Aussi, comme avocat
de droit international, comme avocat de droits humains, il faut se dire que
l'héritage de Brian Mulroney, c'est immense.
Son combat pour l'environnement à l'échelle internationale, son combat contre
l'apartheid, c'est un accomplissement extraordinaire. Et je pense que,
comme Québécois, on a tous ressenti un peu la même fierté à cette fameuse conférence, au Commonwealth, où on
a vu que notre premier ministre a décidé de pousser le combat contre l'apartheid, malgré la résistance, on se souvient
du visage de Margaret Thatcher. Et là on se disait : Voilà quelqu'un qui
a décidé de faire la bonne chose.
Alors,
des grands accomplissements à l'échelle internationale, mais un homme politique
qui était tellement proche des gens
et vraiment pénétré du désir le plus sincère d'améliorer leur vie. Vous le
savez, là, les témoignages sont tellement nombreux, comme celui que je viens vous rendre, là, mais de toutes les
personnes qui ont croisé son chemin puis qui disaient : Aïe! il nous donnait de l'importance, il était là
pour nous, puis il nous rappelait pour demander de nos nouvelles, jusqu'au
dernier jour de sa vie. C'est vraiment quelque chose de remarquable.
Donc, des engagements
publics dans les plus hautes sphères de l'État, un grand homme politique, mais
aussi et toujours, fièrement, le petit gars
de Baie-Comeau, le diplômé de l'Université Laval, animé tant par le sens de
l'État que du sens de la famille.
Je
citerais ici Edmund Burke : «L'histoire
est un pacte entre les morts, les
vivants et ceux encore à naître.» Et on a l'impression que c'est ça qui
animait beaucoup Brian Mulroney dans sa carrière.
On
salue aussi, bien sûr, en lui le premier ministre qui a vraiment oeuvré en
faveur de la reconnaissance de la nation québécoise. On salue son sens de l'honneur, son enthousiasme et son
engagement pour le Québec et les Québécois, depuis les travaux de la commission Cliche, en 1974,
jusqu'au soutien qu'il a généreusement offert à l'Université Laval pour former
les leaders internationaux de demain.
Donc, pour toutes ces
raisons, c'est un immense honneur pour moi et pour le Parti québécois de rendre
cet hommage à celui qui, avant d'être un
grand homme d'État, fut d'abord et avant tout un grand homme. Mes condoléances
à toute sa famille et à tous ses proches. Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, Mmes et MM. les parlementaires, je vous invite, s'il vous plaît,
à bien vouloir vous lever et observer une minute de silence en mémoire du très
honorable Brian Mulroney.
• (11 h
24 — 11
h 25) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Je vous remercie.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors,
nous en sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions, et je
cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire :
Oui, merci, M. le Président.
J'avise
cette Assemblée que la Commission des transports et de l'environnement
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant
principalement le Code de sécurité routière afin d'introduire des dispositions
relatives aux systèmes de détection et
d'autres dispositions en matière de sécurité routière, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 14 heures
à 16 h 30, ainsi que mardi le 26 mars, de 9 h 45 à
12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Conformément
à l'article 275 du règlement, la Commission des finances publiques
poursuivra le débat sur le budget, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures à
16 h 30, ainsi que le mardi 26 mars, de 9 h 45
à 12 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de
l'aménagement du territoire entreprendra les consultations particulières et les
auditions publiques du projet de loi n° 45, loi modifiant la loi sur les
sports afin principalement de renforcer la protection de l'intégrité des
personnes dans les loisirs et les sports, le mardi 26 mars, de
9 h 45 à 12 h 25, à la salle Pauline-Marois.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Pour ma part, je vous avise que la Commission des
institutions se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 13 heures à 13 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse d'un mandat d'initiative sur les incendies, la formation
et la pénurie de pompiers au Québec.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Alors, je vous
rappelle que, lors de l'interpellation prévue
pour demain, le vendredi — pardonnez-moi — 22 mars
2024, M. le député de Rosemont s'adressera à M. le ministre de la Santé
sur le sujet suivant : Le véritable coût des soins de santé pour les
Québécoises et Québécois.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire :
Oui, M. le Président. Pouvez-vous appeler l'article 5 du feuilleton,
s'il vous plaît?
Projet de loi n° 51
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Avec
plaisir. Donc, à l'article 5 du feuilleton, M. le ministre du Travail
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 51, Loi
modernisant l'industrie de la construction.
Y a-t-il des
interventions? Je reconnais M. le ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le Président.
Je suis évidemment très heureux de proposer aujourd'hui l'adoption du principe
du projet de loi modernisant l'industrie de la construction.
Ce projet de loi
constitue un jalon important dans de vastes efforts de renforcement et de
modernisation de cette industrie. Elle est
névralgique et elle devra relever de grands défis pour répondre aux besoins de
la société québécoise. C'est pourquoi
nous voulons l'équiper le mieux possible pour les nombreux projets à venir,
infrastructures, écoles, logements, hôpitaux, routes... puissent se
réaliser efficacement et rapidement.
Avec l'importance des
enjeux entourant la construction, on comprend bien que le projet de loi suscite
beaucoup de discussions et de réactions.
Lors des consultations particulières, devant la Commission de l'économie et du
travail, j'ai pu constater le sérieux
avec lequel les nombreuses organisations présentes ont abordé les mesures
proposées. On a entendu des
propositions constructives, des réactions enthousiastes sur certains points et
des inquiétudes sur certaines mesures. Bien que certains commentaires ne
correspondaient pas toujours à la portée des mesures du projet de loi, les
consultations ont suscité la réflexion. Et nous nous sommes assurés non
seulement de bien étudier, mais de donner un suivi en fonction des mesures qui sont prévues au projet de loi. C'est pourquoi
je veux rappeler les principales mesures de ce projet. On peut résumer
les améliorations proposées en quelques mots-clés : productivité, accès et
inclusion, collaboration et transparence.
D'abord, il y a la
mise en oeuvre d'une polyvalence accrue pour certaines tâches réalisées sur les
chantiers. Là-dessus, je le redis, c'est
loin d'être un bar ouvert. Nos propositions ont une portée utile mais modérée.
Les compétences spécifiques des travailleurs sont respectées, elles sont
essentielles pour la productivité et la qualité des travaux. Ce que la polyvalence accrue vise, c'est de permettre à un
travailleur qualifié, à titre de compagnon d'un métier, d'effectuer des tâches
complémentaires aux siennes. On parle ici de tâches connexes et de courte durée
effectuées dans une même séquence de travail.
Il n'est pas question de permettre à un corps de métier d'en déplacer un autre,
simplement d'exécuter efficacement des travaux pour réduire les délais
et les coûts.
• (11 h 30) •
Nous travaillons dans
un esprit similaire pour la mobilité accrue entre les régions. Les règles de
préférence d'embauche locale demeurent. Les chantiers doivent continuer de
faire appel aux travailleurs locaux. Dans un contexte où il y aura des grands projets partout au Québec et où la main-d'oeuvre
locale ne suffit pas, on ouvre la porte pour aider à combler les manques. Le but est de donner un peu
plus de latitude aux employeurs dans l'organisation du travail sur les chantiers
et de permettre aux salariés d'expérience d'être pleinement mobiles, peu
importe l'employeur avec lequel ils travaillent.
Dans
un contexte de manque de main-d'oeuvre, le projet de loi vise également à
favoriser l'accès à l'industrie de la conclusion... de la construction,
excusez-moi, et l'inclusion des personnes représentatives de la diversité de la
société québécoise. Il est question ici des membres des Premières
Nations et Inuits, des personnes issues de l'immigration et des minorités visibles et ethniques. Ce que nous
proposons, c'est de mettre en oeuvre des mesures d'assouplissement qui
permettront d'attirer ces travailleurs et travailleuses et ainsi faire entrer
plus de main-d'oeuvre dans l'industrie. Ces mesures
correspondent à celles mises en place pour augmenter le nombre de femmes dans
l'industrie, qui ont permis, d'ailleurs, d'augmenter significativement le nombre de femmes actives en
construction. Nous proposons également de reconnaître les formations reçues hors Québec et les heures de
travail effectuées dans des tâches pertinentes pour faciliter l'embauche
de travailleurs et de travailleuses issus de l'immigration.
Du
côté des relations de travail et de l'encadrement de l'industrie, le projet de
loi propose aussi plusieurs ajustements visant à faciliter la négociation des
conventions collectives. Un point en particulier, une demande de longue date
des syndicats, le projet de loi
permettrait la négociation d'une rétroactivité des augmentations salariales. Je
précise que cette disposition a donné lieu à des discussions très
intéressantes lors des consultations.
Le projet de loi cherche aussi à renforcer la
gouvernance, le rôle et le fonctionnement de la Commission de la construction du Québec. La création d'un comité paritaire de relations
de travail au sein de la commission est un des éléments qui a suscité beaucoup d'intérêt également. La
commission joue un rôle essentiel dans le domaine de la construction. Le
projet de loi vise à lui permettre de mieux jouer son rôle.
Voilà pour
les principales mesures. L'ensemble du projet de loi vise à améliorer des
façons de faire, à toutes sortes de niveaux, au bénéfice de l'industrie
et donc de toute la société québécoise.
En terminant, je tiens à remercier les
organisations qui ont pris part aux consultations particulières pour leur
participation éclairante. Je dis régulièrement, depuis le début du processus
législatif, que le projet de loi se veut modéré, équilibré et perfectible. Il n'est pas une finalité en soi, il est un
des éléments de l'immense chantier de modernisation de ce secteur. Certains points soulevés seront
certainement matière à discussion lors de l'étude détaillée. J'espère pouvoir
collaborer rapidement avec mes
collègues de l'opposition lors de l'étude détaillée, collègues que je salue,
avec lesquels j'ai développé une approche collaborative depuis un
certain temps, notre collègue de Bourassa-Sauvé, notre collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve et, bien sûr, notre collègue de Jean-Talon.
M. le Président, j'invite maintenant les membres
de l'Assemblée à adopter le principe du projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre du Travail.
Avant de
poursuivre avec la prochaine intervention, je vous informe qu'en plus du débat
de fin de séance annoncé hier il y
aura deux autres débats de fin de séance qui se tiendront aujourd'hui, à
13 heures. Le premier débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de l'Emploi concernant
l'abandon du gouvernement du programme du crédit d'impôt pour les travailleurs
expérimentés. Le deuxième débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de Sherbrooke à Mme la ministre responsable des Aînés
concernant les soins à domicile. Et le
troisième débat portera sur une question adressée par M. le député de Pontiac à
M. le ministre de la Santé concernant les délais d'attente aux urgences.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Merci beaucoup, M. le Président. Merci de me
permettre d'intervenir sur l'adoption du principe du projet de loi n° 51, Loi modernisant l'industrie de la construction.
M. le
Président, mon approche par rapport à ce projet de loi a d'abord été de me
demander quel est l'enjeu de politique publique
que l'on souhaite régler avec le dépôt du projet de loi, parce que, vous savez,
donc, comme législateurs, donc, lorsque l'on décide de mettre de l'avant, donc,
une solution législative, c'est parce qu'on a décelé une problématique certaine
au sein de la société civile et qu'on tente, donc, de la résoudre par ce moyen
qui est à notre portée.
Ici,
manifestement, donc, nous, au sein de l'opposition officielle, nous avons
maintes et maintes fois dénoncé la crise de l'habitation qui sévit au Québec,
que le gouvernement du Québec, que le gouvernement caquiste a décidé de...
a tardé à reconnaître au fil des dernières années. Et évidemment, à travers,
donc, nos interventions, ma collègue députée des
Mille-Îles, qui est ici présente aujourd'hui, qui interviendra sur ce projet de
loi, donc, a aussi, donc, dénoncé non seulement, donc, la crise de l'habitation, mais également le fait que différents,
donc, projets institutionnels, donc, ont de la difficulté à être portés,
donc, à avoir une certaine finalité.
Donc,
considérant le fait qu'au final ce qu'on souhaite, c'est bâtir mieux, bâtir
plus vite et bâtir à moindre coût pour
l'ensemble des contribuables, pour l'ensemble des consommateurs, et donc ceux
qui peuvent, donc, bénéficier de cette industrie qui est névralgique
pour l'économie québécoise, il faut trouver, donc, une solution, donc, à cet
enjeu-là. Ici, évidemment, la solution, elle
n'est jamais unique, hein? Donc, elle est toujours transversale, implique de
nombreux acteurs, implique de nombreuses interventions politiques,
législatives ou non.
Ici, le
ministre du Travail, donc, a décidé d'intervenir en modernisant l'industrie de
la construction. À ça, donc, au Parti
libéral du Québec, on dit : Soit, évidemment, donc, on aborde, donc, le
diagnostic sous la même forme. Je l'ai dit, donc, nous avons, donc,
dénoncé ces enjeux-là nous-mêmes en période de questions ou à travers les
différents outils parlementaires à notre disposition. Donc, nous portons le
même diagnostic sur la problématique.
La solution,
donc, qui est amenée dans ce cadre-ci, dans le cadre du projet loi n° 51, nous disons : O.K., tant mieux, c'est vrai, donc, ça fait 30 ans qu'on n'a pas ouvert, donc, la loi R-20
portant sur les relations de travail, la gestion de la main-d'oeuvre et la formation professionnelle
dans le secteur de la construction, donc, allons-y. Donc, nous avons cette
ouverture.
Le ministre identifie différents enjeux
maintenant. Donc, il dit... Donc, il souhaite moderniser l'industrie de la
construction, donc, identifier quelques enjeux qui sont à l'intérieur de cette
industrie-là pour répondre, on se le rappelle, donc, à ces différentes problématiques, bâtir mieux, bâtir à moindre
coût et bâtir plus vite. Donc, on nous indique que les défis, donc, sont
le manque de productivité dans l'industrie de la construction puis évidemment
tout ce qui concerne la main-d'oeuvre, donc, la pénurie de main-d'oeuvre, donc,
le recrutement, dans une certaine mesure, la rétention et, on y reviendra, la formation et la diversité de la
main-d'oeuvre. Donc, si l'on agit sur ces différents fronts là, et, de façon
subsidiaire, donc, sur la gouvernance de la Commission de la construction du Québec, et, bon, donc, sur les différents leviers
de relations de travail pour équilibrer, donc, les rapports entre les parties,
donc, si on agit sur ces différents fronts là, on va réussir à régler la problématique identifiée
plus tôt, qui touche l'ensemble des Québécois, je le répète : bâtir mieux,
bâtir plus vite et à moindre coût.
C'est là que je fais le constat suivant. Je dis,
donc : Le diagnostic est-il le bon? On abonde dans le même sens, certainement. Est-ce que le remède, maintenant,
est le bon? Après avoir entendu les parties en consultations particulières,
que je remercie, hein, donc, ce sont 19 groupes
que nous avons entendus à l'occasion de ces consultations particulières, ma
conclusion et mon constat, donc, à ce
stade-ci de l'adoption du principe, c'est de dire : À certains égards, on
peut le reconnaître. Donc, jusqu'à un
certain point, on nous dit qu'il y a une certaine avancée, hein, avec ce qui
est proposé, mais ce qui semble certain,
c'est que la dose est insuffisante. Donc, on nous... on administre un certain
remède, pas tout à fait certaine que ce soit exactement le bon, mais, même si c'est le cas, la dose, elle n'est
pas à la hauteur de ce qui devrait être fait dans l'industrie pour
répondre à la politique publique.
• (11 h 40) •
Et c'est ici
que j'émets, donc, une certaine réserve, M. le Président. Parce que vous vous
souviendrez, hein, dans l'actualité de la dernière année, il y a, donc, à peu
près neuf mois, le ministre, sur la place publique, donc, est allé dire,
donc, qu'il émettrait, donc, un geste
historique en ouvrant la loi R-20, donc, la loi que je vous ai nommée,
donc, sur les relations de travail,
la gestion de la main-d'oeuvre et la formation professionnelle dans le secteur
de la construction, donc, communément
appelée loi R-20, donc qu'on ouvrirait, donc, cette loi pour la première
fois, donc, de façon transversale en 30 ans.
Donc, il y
avait là une opportunité de vraiment donner ce que certains pourraient appeler,
donc, en faisant, donc, certains jeux de mots avec le secteur de la
construction, un coup de barre dans l'industrie pour y amener, donc, certains
aménagements pour l'alléger, hein, pour permettre une plus grande efficacité et
nous assurer que les besoins des Québécois
en matière d'habitation... que les besoins des Québécois, donc, qui subissent
la crise, hein, la crise de l'habitation, la crise du logement, mais également, donc, veulent, donc, différents
services, services ayant été promis par le gouvernement, mais qui, manifestement, donc, peine à répondre
aux missions essentielles de l'État... et donc de pouvoir répondre à toute
cette demande-là avec le projet qui nous
est... évidemment, donc, de faire tout ça, donc, dans le respect de toutes les
parties, donc, les... donc, le respect, donc, des acteurs impliqués,
donc, sur le terrain ainsi que leurs travailleurs.
Avec ce qui
nous est présenté... J'ai souvent posé cette question-là, en consultations
particulières, aux intervenants qui
sont venus, puis je leur demandais : Bon, l'objectif, on nous disait,
bien, c'est la productivité, d'améliorer la productivité. Est-ce que vous pensez qu'on y parvient vraiment?
Est-ce qu'avec ce que vous avez vu là, tel que présenté, donc, le projet
de loi, donc, avant qu'on arrive à l'étude
détaillée, est-ce qu'il répond à ce que vous voyez sur le terrain, vous qui
êtes les experts, donc, vous qui avez, donc, cette expertise au quotidien,
donc, de vous lever chaque matin pour contribuer à la société québécoise
en intervenant à l'intérieur du secteur de la construction?
Souvent, M.
le Président, je dois vous avouer que j'ai décelé certaines insatisfactions de
la part des intervenants. Bon nombre d'entre eux sont venus, donc, nous dire,
un peu comme je le disais plus tôt : Il y a des... bon, évidemment,
donc, il y a des avancées, et puis il y a
certains articles que nous-mêmes, donc, nous disons : Ah! donc, c'est très
bien qu'on aille... qu'on dépoussière
un peu certaines pratiques. Mais, étant donné les besoins qui sont... qui ont
été mis de l'avant, étant donné les
attentes, aussi, qui avaient été élevées par le gouvernement avant le dépôt de
son projet de loi, j'ai l'impression que
le ministre aurait pu faire preuve d'un peu plus d'audace dans la première
mouture de son projet de loi. C'est la raison pour laquelle nous, donc, le... donc, moi, comme porte-parole de
l'opposition officielle en matière de travail, lorsque nous en viendrons, donc, à l'étude détaillée du projet
de loi, bien, je m'assurerai d'émettre différentes bonifications du projet pour
que nous puissions véritablement répondre à ces besoins-là.
Je vous
disais, donc, que certains éléments, donc, ont été identifiés par le
gouvernement, par le ministre en matière, donc, d'enjeux dans le secteur de la construction, donc, nommément,
donc, le manque de productivité, le recrutement, la rétention, la
formation et la diversité de la main-d'oeuvre.
D'abord, en matière de productivité dans
l'industrie, productivité, efficacité, le ministre nous présente, donc, différentes, donc, propositions, d'une part, en
matière, donc, de ce qu'on appelle, donc, dans le projet, polyvalence et
d'autres, donc, en matière de
mobilité. En matière de polyvalence, ce qu'on voit, c'est... bon, le ministre
nous dit... il écarte le fait, donc,
de diminuer le nombre de métiers dans le secteur de la construction. Soit,
donc, c'est un choix qui est légitime, mais c'est certainement... il semble, M. le Président, nous
dire que, donc, manifestement, donc, c'est absolument ce qui aurait dû être
fait, hein?
Je veux être
claire avec vous ici, ce que j'avance, c'est que j'ai l'impression que, parce
que le gouvernement s'est réveillé
trop tard sur les enjeux, donc, qui touchent la population, la crise de
l'habitation et le fait, donc, de pouvoir avoir accès, donc, à des services
publics, donc, à travers, donc, des infrastructures de qualité, des
infrastructures récentes et plus nombreuses
sur le territoire, donc des écoles, des hôpitaux, des cliniques, etc., parce
que le gouvernement, donc, a, selon moi,
donc, failli à son devoir, donc, de poser ce diagnostic plus tôt, donc, face
aux enjeux lorsqu'il est entré au gouvernement, on a manqué une occasion de vraiment créer, donc, un chantier qui aurait
pu mettre autour de la même table les acteurs, donc, du secteur de l'industrie, tant du côté patronal
que syndical, donc, l'ensemble des parties. Parce que je comprends très bien
que le concept de paix industrielle est
crucial, dans ce secteur d'activité. Mais, si on avait voulu, donc, réaliser,
donc, un chantier, donc, qui est,
donc, historique, donc, tant qu'à ouvrir la loi pour la première fois en
30 ans, qu'on dise : Explorons les avenues, explorons qu'est-ce qui
est possible, qu'est-ce qui est à portée de main. Bien, je pense qu'on aurait
pu le faire, M. le Président.
Il y a eu
certains échanges lors des consultations particulières entre le ministre et
certains intervenants, où cet enjeu a été abordé, parce que ça fait partie,
donc, des recommandations, des propositions qui étaient comprises, donc, dans
certains des mémoires qui ont été présentés
lors des auditions, que nous avons tenues la semaine dernière et mardi cette
semaine. Et le ministre, donc, au micro, donc, a dit : Bien, donc,
pour, donc, par exemple, donc, créer, donc, des familles de métiers, donc, qui a été une
proposition syndicale, donc, ici, donc, ou... et donc de tout simplement les
réduire, qui était, donc, une bonne
proposition, donc, par exemple, donc, d'un groupe économique, bien, il aurait
fallu changer les différentes formations, donc tout recréer, donc, au niveau... avec le collègue de l'Éducation,
donc arriver avec quelque chose de substantiel. C'est vrai. C'est vrai que c'est un chantier qui aurait
requis plus de temps, qui aurait requis plus d'efforts, plus d'investissements,
plus de concertation.
Mais est-ce que, là, on n'a pas fait l'économie
d'un débat qui aurait été intéressant pour l'ensemble des Québécois, si, en amont, on avait réfléchi au fait
que : Bien, vous savez quoi, on est en train de vivre, donc, une situation
qui n'est pas possible en... lorsqu'il est
question de la crise de l'habitation? On est en train d'anticiper que, dans l'avenir,
donc, on va vouloir, donc, réaliser tel et
tel chantier, considérant, donc, la croissance de la population, considérant
les besoins de la population. Parce
qu'il y a la croissance, mais également, donc, le vieillissement de la
population requérant certains investissements
en infrastructures pour répondre à ce besoin-là aussi. Pourquoi est-ce qu'on ne
s'est pas rendus là? C'est l'une des questions que je pose lorsque je
pense à la manière dont le dossier de la polyvalence a été abordé.
Évidemment qu'à
court terme, bien, à plus court terme, maintenant, donc, c'est le carcan dans
lequel nous met le ministre, donc,
pour l'étude détaillée, et on aura l'occasion, donc, de faire ce débat-là pour
la suite, dans ce carcan-là. Bien, on nous présente, donc, certaines, donc,
définitions en nous disant, donc, que, dans le cadre de la même journée de
courte durée, le travailleur, donc, pourra, donc, réaliser, donc, des
tâches qui sont autres que celles prévues à l'annexe A du règlement,
donc, qui délimite, donc, leurs différentes fonctions et capacités sur un
chantier de construction, donc, dans leur milieu de travail.
Nous aurons
des questions. Nous aurons des questions, M. le Président, sur ce cadre-là,
donc, autrement que de faire, donc, le débat, donc, beaucoup plus large sur la
manière dont le ministre aurait pu aller plus loin, faire preuve de plus
d'audace sur le plan politique pour répondre à un besoin, à des besoins criants
de la population. Bon, on ne manquera pas de faire de ce débat-là, M. le Président,
mais on fera aussi, donc, celui plus législatif du choix du ministre, donc,
d'encadrer, donc, de façon... d'encadrer, donc, de cette manière-là,
donc, la question de la polyvalence.
• (11 h 50) •
Et on aura...
Et ce débat-là se fera de bonne foi, hein, M. le Président. On a entendu les
parties, certaines parties, donc, nous dire : Bon, ces définitions-là,
donc, viennent avec certains questionnements, notamment avec un risque, hein,
donc, de litige, donc, entre les différentes
parties, parce que, donc, manifestement, donc, il y a un certain flou qui est
entretenu avec cette définition. Donc, dans mon rôle, donc, de
porte-parole de l'opposition officielle, donc, certainement que je poserai
toutes les questions pour nous assurer de limiter ce risque-là à l'avenir pour
l'ensemble des parties.
Certains intervenants, donc, tout en qualifiant
cette définition de prudente, nous ont aussi dit : Écoutez, donc, on a certaines réserves sur l'application, donc,
dans le chantier, notamment, donc, sur la question des travaux de structure, qu'est-ce que ça implique. Donc, on va devoir faire notre travail de législateurs
avec minutie pour nous assurer qu'à la fin de la journée non seulement, donc, on puisse répondre, au meilleur des
capacités du législateur, aux besoins de la population et qu'on le fasse en ayant toujours ces
objectifs-là en tête, mais qu'également, avoir ces objectifs-là en tête, bien,
que ça signifie préserver, donc, des relations harmonieuses, donc, dans
l'industrie et nous assurer que ces concepts-là soient définis, donc, d'une
manière qui permette à l'ensemble des acteurs de faire leur travail
convenablement.
Manifestement, il y a encore du travail à faire
sur la question de la notion de polyvalence au sens plus large, comme je l'exprimais, ce qui aurait pu être fait,
ce qui aurait pu être présenté dans la première mouture du projet de loi
et ce qui est... et en fonction, donc, des
éléments, donc, qui sont, donc, eux, donc, effectivement présentés et pour
lesquels, donc, il faudra manifestement créer des aménagements.
En matière de
mobilité, le projet de loi, donc... puis peut-être vous expliquer la situation
actuelle, M. le Président, si vous n'êtes pas familier avec le secteur, comme
je ne l'étais pas du tout avant d'être... en fait, de savoir que le ministre,
donc, présenterait, donc, un tel projet de
loi. Je sais à peine tenir un marteau, M. le Président. Ceci dit, donc, en ce
moment, donc, dans le secteur de la
construction, donc, comment ça fonctionne, donc, pour des raisons historiques,
le règlement ne permet pas aux entrepreneurs, comme il se doit, M. le
Président... Le Règlement sur l'embauche et la mobilité des salariés dans
l'industrie de la construction mentionne que les employeurs ne peuvent pas
déplacer un travailleur d'une région à une
autre en fonction de leur contrat et selon leur convenance. Donc, rapidement,
ça signifie que les... donc, il y a différentes
régions de la CCQ, de la Commission
de la construction du Québec, où les
travaux, donc, doivent être... où, en fait,
donc, les salariés, donc, doivent résider, donc, dans leur région, donc CCQ,
donc, dans laquelle ils sont autorisés, donc, à faire différents
travaux.
Certainement qu'au départ cette... puis
évidemment, donc, il y a certaines exceptions, donc, dans la loi, donc, qui sont touchées, là, dans le projet de loi.
Certainement qu'au départ cet aménagement général, cette règle générale, telle
que formulée, avait tout à fait ses mérites. On le sait, le Québec, donc, a
connu, donc, des situations de fort chômage, particulièrement à l'extérieur des
grands centres. Et, dans une industrie qui procurait une occasion, donc, d'une
part, de stimuler l'économie... Et, on le
sait, c'est un peu la règle d'or, on stimule l'économie, donc, par
l'établissement, donc, de projets
d'infrastructures. Il y avait donc cette volonté-là, politique, légitime, de
création d'emplois dans différentes régions parce qu'on vivait ce haut
taux de chômage.
M. le
Président, vous m'entendez souvent parler du concept de pénurie de
main-d'oeuvre. Vous m'entendez souvent dire que la pénurie de main-d'oeuvre...
au Québec, donc, on ne peut même plus dire la pénurie, mais les pénuries
de main-d'oeuvre dans les différents
secteurs d'activité sont structurelles, sont... Elles sont structurelles. Ces
pénuries le sont en raison du fort vieillissement de la population, en
raison, donc, de notre courbe démographique qui est inversée. Et lorsqu'on
parle, donc, aux régions... Donc, nous, dans la dernière plateforme électorale,
donc, on le mentionnait, M. le Président,
donc, on le disait, donc, il faut, donc, une régionalisation, donc, de
l'immigration avec les... en travaillant, donc, avec les régions
elles-mêmes pour qu'elles puissent, donc, nous indiquer, donc, leurs besoins.
On a donc une dynamique
sur le long terme, donc, pas à court terme, en raison d'un ralentissement
économique, parce qu'on le sait, là,
aujourd'hui, donc, on vit un certain ralentissement, donc, qui rééquilibre un
petit peu plus, donc, le nombre de
postes vacants avec le nombre de personnes qui sont en quête d'un emploi, mais
ça ne... Ce ralentissement n'est pas une solution à la pénurie de
main-d'oeuvre, très clairement, et, malgré ce ralentissement, on est quand même
à des taux de chômage qui sont beaucoup plus bas que ce qu'on a connu à
une autre époque au Québec.
C'est le cas
depuis longtemps, donc, la question de la pénurie de main-d'oeuvre. Ça ne fait
pas depuis l'élection de 2022 qu'on en parle. On en parlait bien
avant. On pense à la campagne électorale de 2018. Ce phénomène
s'exacerbait, mais même, donc, auparavant,
donc, en préparation, donc, c'est toujours, donc, un enjeu économique qui nous
a préoccupés, nous, au Parti libéral du Québec.
On sait aussi
que, selon la Commission des partenaires du marché du travail, que cet enjeu-là
ne sera pas... ne se résorbera pas
dans la prochaine année. On parle... On n'a pas atteint le sommet de l'enjeu
des pénuries de main-d'oeuvre. Vous comprendrez, donc, qu'en toute cohérence,
M. le Président, qu'il faut prendre acte du fait que les aménagements
qui existent au sein du régime de la loi R-20
et de ses nombreux règlements... que le statu quo est très difficile pour
créer, donc, plus de productivité et plus d'efficacité dans le secteur.
Certains intervenants, je pense à l'APCHQ, on
parlait du secteur résidentiel, sont venus nous dire : Bon, là, on comprend très bien cette volonté initiale du
législateur, mais, quand bien même qu'on veut, et de façon, encore une fois,
donc, très... d'une façon qui se comprend,
et à laquelle nous sommes sensibles, très sensibles, protéger, donc, certains
salariés, donc, d'une certaine région, donc, d'éventuelles, donc, entreprises
qui viendraient compléter des grands projets et auxquels ils voudraient
également être parties prenantes pour développer leur économie locale
également, ce qu'on voit, c'est que le statu
quo crée aussi, donc, certains effets délétères, comme le fait que ces
différentes régions, à travers leurs délimitations, qui n'est pas la
délimitation des régions administratives, là, des 17 régions
administratives qu'on a au Québec, M. le
Président... mais, même si c'était le cas, on a des situations qui ne sont pas
nuisibles pour les travailleurs, où, donc, dans une région limitrophe, si on a,
donc, des salariés qui résident à moins de 15 kilomètres d'un autre lieu
de travail, s'ils sont à l'extérieur,
donc, de cette région-là, quand bien même ils reviendraient chez eux le soir,
ils ne sont pas capables de le faire.
On a aussi,
donc, certains groupes qui sont venus nous dire... bien, ils ont plusieurs
membres qui sont en région, des entrepreneurs qui sont en région puis qui
voudraient grossir. Ils ne sont pas capables de le faire avec le statu quo qui
existe aujourd'hui. C'est pour ça qu'on se dit... Il y a... Donc, en fait, ce
qui nous est présenté, donc, dans le projet de loi ici... et encore.
Donc, il y aura, donc, des aménagements à faire. On aura beaucoup de questions.
Il va
falloir, donc, qu'on assouplisse un peu ces éléments-là tout en assurant, donc,
un certain équilibre, ça, c'est certain. Donc, ça fait partie de nos
responsabilités, M. le Président. Mais force est de constater que, lorsque l'on
fait une analyse, une analyse des
coûts du statu quo, par rapport, donc, aux bénéfices d'une réforme, en ayant en
tête, encore une fois... parce que
c'est toujours ça, donc, la problématique à laquelle nous faisons face, donc,
de la crise de l'habitation et des besoins
de la population, donc, pour obtenir des infrastructures publiques... qu'il
faudra, donc, fortement, donc, questionner le ministre et nous assurer
que ce qui est présent, donc, nous permet d'assez répondre à ces besoins-là.
• (12 heures) •
On pense, par
exemple, à certains groupes qui sont venus nous dire, bon... Donc, par exemple,
donc, le ministre, donc, octroierait, donc, une mobilité provinciale aux
titulaires de certificats de compétence-compagnon expérimentés qui ont
déclaré 15 000 heures dans l'industrie de la construction. Est-ce
qu'il y a, donc, des aménagements à faire pour permettre aux titulaires de compétence... de certificats de
compétence-occupation d'avoir accès à cette mobilité provinciale? Et je vous
dirais, donc, M. le Président, qu'après avoir entendu différents intervenants,
notamment l'ACRGTQ, qui s'occupe de travaux de voirie, qui nous disent... 40 % de leur main-d'oeuvre est
constituée de titulaires de certificats occupation. Il y a peut-être quelque
chose à faire là, qui a peut-être été omis dans le projet de loi, qui nous permettrait
d'aller de l'avant avec un peu plus de mobilité. Donc, je ne donne que
cet exemple.
La
main-d'oeuvre, M. le Président. Donc, je vous ai parlé, donc, de la forte
pénurie de main-d'oeuvre qui sévit partout au Québec. Dans le secteur de la construction, donc... il n'est pas
exempt, donc, de ce phénomène. Différents intervenants de l'ensemble, donc, du secteur, donc, nous
disent : Il manquerait à peu près, donc, 12 000 à 13 000 travailleurs,
en ce moment, dans l'industrie pour
répondre aux besoins, donc, changeants, donc, selon les projets, donc, à venir.
Et on peut penser, par exemple, après, donc, le projet qui nous a été présenté
par M. Sabia, d'Hydro-Québec, que ce sont, donc, des besoins de
main-d'oeuvre qui seraient appelés à croître.
Différents enjeux, ici. Bon, cette
main-d'oeuvre-là, si on veut parvenir, donc, à l'intégrer, donc, dans le
secteur de l'industrie, il nous faut plus de
formation. Avec la demande qui a crû, ce qui est arrivé au cours des dernières
années, M. le Président, c'est que la grande majorité des gens qui intègrent
l'industrie de la construction entre par bassin. Par bassin, bien, ça veut dire
que, quand il y a un manque de main-d'oeuvre, bon, nous, donc, certains
bassins... pour que des gens non formés, donc, puissent intégrer rapidement le secteur et répondre aux besoins
quantitatifs de l'industrie, à défaut de répondre aux besoins
qualitatifs de celle-ci.
L'enjeu, ici,
c'est qu'une situation qui devait être... en fait, un outil, un instrument qui
devait répondre, donc, à des enjeux ponctuels vient aujourd'hui répondre à des
enjeux systémiques. Donc, c'est certain, et là je reviens, donc, à la
nécessité, donc, de rendre le tout un peu plus productif et aux questions qui
auraient pu être soulevées, donc, par le ministre, donc, sur la question, donc,
des métiers, par exemple, qui auraient peut-être, donc, pu répondre d'une
certaine manière, donc, à ces grands besoins de main-d'oeuvre avec une
main-d'oeuvre formée.
Le projet de loi, à mon grand étonnement et au
grand étonnement de nombre d'intervenants, tant des secteurs économiques, des milieux économiques que des
associations représentatives... Ils sont venus nous dire : Le grand enjeu
dans l'industrie, c'est la rétention
de la main-d'oeuvre. Le grand enjeu, c'est le fait que, les gens, ils quittent
après plusieurs années, et, surprise, l'un des motifs pour lesquels les gens quittent
l'industrie, en fait, une variable qui est corrélée avec le départ de
ces gens-là de l'industrie, c'est l'absence de formation.
Le projet de loi est
muet sur la question de la formation. Le ministre nous dit : Ce n'est pas
le bon véhicule pour parler de formation. Il l'a répété, donc, à quelques
égards lors des consultations particulières et même lors de son allocution ici, il y a... je l'ai entendu, donc,
dire que, bon, certains commentaires des parties prenantes, donc, s'écartaient
du projet de loi. Je pense, M. le Président, fondamentalement qu'il faut que...
en fait, que c'est une faille du projet de loi tel que libellé, qu'il faut qu'on s'attaque à la question de la formation
et que les AEP, les attestations d'études professionnelles qui ont été
annoncées l'automne dernier et qui ont été refinancées dans le cadre du budget
du gouvernement, 2024-2025, non seulement ne
suffisent pas, parce que, bon, les gens n'ont pas de... le gouvernement avait
dit qu'il n'avait pas d'outil, donc, pour
que ces personnes-là, donc, intègrent à tout... à coup sûr, donc, l'industrie
de la construction, il va falloir qu'on aille plus loin. Il va falloir
qu'on utilise ce créneau-là, M. le Président, pour parler de formation.
Je l'ai répété
pendant les consultations, la formation est vectrice de rétention. Si, pour
nous, la rétention de la main-d'oeuvre est un enjeu fondamental, si on... et ce
l'est, à croire toutes les parties qui sont venues au micro dans les derniers jours, je pense que l'attitude
responsable de notre part à titre de législateurs, donc, serait d'aborder cet
enjeu de rétention et de voir comment
le... nous pouvons donc plus amplement être agiles. Le ministre répète souvent,
son projet de loi, il est
perfectible, et je pense que, pour le bien de l'ensemble des parties, il y a
unanimité là-dessus, il y a consensus, il va falloir trouver un moyen
d'aller rapidement, donc, au-devant, donc, des questions de formation.
J'ai
parlé de recrutement, rétention, formation, diversité de la main-d'oeuvre. Le
projet de loi... Et ça, je le salue, je salue donc le fait que le ministre ait
décidé d'aborder un enjeu crucial au sein de l'industrie, le fait que les
personnes qui sont représentatives de la diversité québécoise soient
sous-représentées dans le secteur de la construction. Il y a des aménagements qui sont faits, notamment en matière
de mobilité, pour leur permettre d'être... en fait, d'avoir un seuil plus
bas, donc, pour être reconnus à titre de
travailleurs préférentiels. Certainement que c'est un sujet, vous comprendrez,
donc, qui... que je trouve précieux.
Et je pense qu'il faudra qu'on l'aborde avec sérieux au sein du projet de loi
afin de voir comment on peut améliorer, donc, ce qui s'y trouve en
matière de... d'accroissement de la diversité de la main-d'oeuvre.
Et,
dans ce cadre-ci, évidemment, ça comprend donc les femmes, qui sont
représentées dans l'industrie à 3,65 %, de mémoire. Et on comprend
que c'est... que, lorsqu'on voit, donc, le poids des femmes dans l'industrie et
leur poids réel au sein de la population,
qu'on n'est pas là, on n'est pas là, M. le Président. Il n'y a pas de quoi se
péter les bretelles, comme on dit. Il
y a énormément de travail à faire. Et je pense qu'il faut définitivement, donc,
se pencher sur la question des femmes dans le secteur de la construction,
encore une fois, avec sérieux et nous assurer que toutes les pierres ont
été retournées là-dessus, sachant que ce qui
sont des risques et des facteurs de risque de départ des femmes dans
l'industrie, bien, oui, c'est notamment, donc, l'absence de formation aussi,
donc d'entrée dans le secteur par ouverture de bassin, mais également les
questions de climat de travail, de situations, donc, malheureuses et d'attitudes,
donc, à modifier sur les chantiers, donc, pour permettre qu'elles s'y
sentent bien, et tout ce qui concerne la conciliation.
Je
vous parlais que, de façon subsidiaire, donc, pour répondre à l'enjeu
principal, le projet de loi, donc, aborde aussi les questions, donc, de
relations de travail. Le ministre l'a dit, donc, dans la première mouture du
projet de loi, donc, il met en avant, donc,
le concept... En fait, il permet, donc, aux... La première mouture du projet de
loi, donc, permettrait donc aux
parties de négocier des clauses de rétroactivité, ce qui ne se retrouve pas
aujourd'hui, donc, dans le régime particulier de relations de travail de
la R-20, qui est distinct de celui du Code du travail, pour... pour plein de
bonnes raisons, qu'aucune des parties ne... que toutes les... ou, en fait, que
toutes les parties, en fait, trouvent que c'est important, donc, d'avoir ce régime distinct. À cet égard,
certainement que nous aurons des questions sur le mécanisme que le ministre a
décidé d'inclure dans son projet de loi, qui est un fonds de
rétroactivité salariale qui fait... qui est l'antithèse d'un consensus, M. le Président. En fait, l'ensemble des personnes
qui sont venues nous parler ont émis leurs réserves sur le concept de
fonds de rétroactivité salariale. En fait, le fonds a fait l'unanimité contre
lui, ce qui est rare.
Donc,
j'invite le ministre, donc, à réviser cette position-ci, et je pense
que c'est à ce stade-ci, donc, étant donné tout ce que nous avons entendu, et
je connais la raisonnabilité du ministre avec lequel, donc, nous travaillons
bien, comme il l'a mentionné, pour nous assurer de revoir ces
dispositions-là dans le projet de loi. Parce que c'est excessivement complexe, c'est un mécanisme qui, manifestement,
donc, augmenterait les coûts dans le secteur parce qu'ils seraient absorbés,
donc, par l'ensemble des employeurs,
incluant les petits employeurs. Et on le sait, c'est 80 %, donc, des
entreprises dans le secteur de la
construction, donc, qui sont des toutes petites entreprises. Et ce fardeau
supplémentaire ne semble pas... ne semble pas régler, là, de façon... de
façon assez simple, là, les enjeux en matière de relations de travail.
• (12 h 10) •
Donc, je comprends la
volonté du ministre, donc, de vouloir assurer, donc, ce qu'il juge être un
rééquilibrage. Après avoir entendu, donc,
toutes les parties, donc, on questionnera, donc, certains, donc, éléments,
donc, sur le fond, son fonctionnement. Mais je porte aussi, donc, à
l'attention, donc, de cette Chambre que même la Commission de la construction du
Québec, lorsqu'elle est venue
témoigner, nous a dit que, bon, ils avaient une expertise en administration de
fonds, tel que prévu à
l'article 4 de la loi, mais qu'effectivement ce serait complexe, un tel
fonds serait complexe, ils l'ont même admis.
En
terminant, M. le Président, j'irais... je vous parlerais de planification des
travaux. L'ensemble des parties nous ont dit : Un autre des enjeux, en
matière de productivité et d'efficacité dans le secteur de la construction,
bien, c'est la planification des travaux. Le projet de loi ne l'aborde
pas. Et, s'il faut le faire à l'extérieur du projet de loi, on est ouvert, M. le Président, mais je pense que
c'est... il y a une réflexion qui est non seulement intéressante, mais qui est
pertinente, en matière de
planification des travaux, qui doit être entreprise dans le cadre, donc, de
l'ouverture de ce grand chantier qu'est la réforme de la loi R-20.
Donc, pour
ces motifs, pour tout ce que j'ai exprimé, M. le Président, vous comprendrez
que, bon, j'ai des réserves que je
considère sérieuses, que je ferai ce travail de législatrice avec minutie, mais,
à ce stade-ci, je vous dirais que je suis en faveur du principe du projet de loi, donc notre
formation politique, donc, votera pour le principe du projet de loi n° 51.
Nous... Je remercie, je profite de cette
tribune pour remercier, donc, les groupes, encore une fois, qui sont venus, qui
nous ont présenté des mémoires étoffés, qui ont une expertise impressionnante
du milieu, qui m'ont permis à moi, donc, d'en apprendre plus sur un secteur d'activité névralgique de l'économie qui
m'était inconnu et que, par respect pour leur travail, j'aborderai, donc, moi-même avec vigueur les
travaux entourant l'étude détaillée du projet de loi n° 51. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Alors, je suis maintenant prêt à
reconnaître le prochain intervenant et je vais céder la parole à M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, M. le Président. Il faut bien s'encourager,
entre collègues de l'opposition, sur un projet de loi.
Alors, ça me
fait plaisir d'intervenir aujourd'hui sur le projet de loi n° 51. On
l'attendait depuis longtemps, vous le savez, M. le Président. M. le ministre et
moi, on en est... je pense, celui-là, c'est notre 10e projet de loi
ensemble. Et au travers de
différentes discussions, je me rappelle, pendant les nombreuses heures du
projet de loi n° 59, des fois, on prenait des petites pauses pour souffler un peu, puis le
ministre me confiait, à l'époque, qu'il réfléchissait à intervenir sur le
dossier de la construction. On vivait, à
ce moment-là, un conflit de travail important,
parce qu'il y avait deux parties qui n'arrivaient pas à s'entendre. Il y avait, dans la mécanique de
la loi R-20, des éléments qui, à mon avis, faisaient en sorte que ça
menait vers une radicalisation du
conflit. C'est pourquoi j'étais intervenu, moi, législativement parlant, à ce
moment-là. J'avais déposé un projet de loi pour qu'on puisse donner la
loi antiscab... accès à la loi antiscab, en fait, aux travailleurs de la construction, travailleuses aussi, et pour qu'on
puisse permettre la rétroactivité salariale. Alors, j'étais un peu content de
voir que le ministre abordait le dossier de
la rétroactivité salariale dans son projet de loi, triste qu'il ne le faisait
pas sur la loi antiscab.
Mais, dans
tous les cas, nous avons eu l'opportunité, dans les dernières semaines, ce
mardi, en fait, de la semaine dernière,
d'entendre plusieurs groupes qui sont venus nous présenter leurs analyses du
contenu du projet de loi du ministre, qui est assez costaud, quand même, là, de
mémoire, à peu près 80 articles. Donc, un projet de loi de moyenne taille,
on pourrait dire, qui vient quand
même changer plusieurs éléments, là, de l'économie générale de l'industrie de
la construction. On pourrait regrouper, grosso modo, là, les thèmes de
ce projet de loi là en quatre grands secteurs : la question de la
polyvalence, la question de la mobilité, la question de l'inclusion puis la
question du régime du travail. J'aborderai donc quelques éléments dans chacun
de ces groupes-là.
D'abord, par
contre, revenir rapidement sur les audiences. Ça a été une discussion
intéressante. On a étalé ça sur quatre
jours, un peu plus que d'habitude. Il faut dire qu'il y avait le budget
là-dedans, là. Mais moi, j'ai une seule déception, là, dans les
audiences, c'est qu'on n'ait pas été en mesure d'accueillir Action Travail des
femmes, ATF. On l'avait mis sur la liste, et
la partie gouvernementale a voulu les jumeler. C'est une mauvaise pratique, à
mon avis, de faire ça. On le voit de plus en plus dans différents
projets de loi avec le gouvernement, de jumeler des groupes ensemble. Je ne
trouve pas ça très respectueux des groupes.
On n'aurait pas imaginé jumeler le Conseil du patronat puis la Fédération des
chambres de commerce. On ne l'a pas
fait, d'ailleurs. Alors, pourquoi on a voulu jumeler deux groupes qui
représentent des femmes?
Alors,
c'était... Il y avait déjà le CIAFT, le conseil d'intervention de travail des
femmes, qui venait, et on a voulu jumeler avec ATF. ATF a jugé, et j'étais
entièrement d'accord avec elles, que c'était un peu insultant et que, si on
n'était pas capables de leur faire de la place à eux, au même titre que
tous les autres intervenants, pour une période complète à eux, bien, ils ne viendraient pas, et c'est ce qui est arrivé.
Malheureusement, on n'a pas été capables de convaincre le gouvernement de leur faire une place à eux. Il y
aurait eu de la place, en plus, dans ces quatre jours-là, pour recevoir un
groupe supplémentaire. Donc, peut-être qu'on
aura l'occasion, lors de l'étude détaillée, de faire une motion préliminaire
en ce sens pour accueillir au moins ATF et
leur permettre de s'exprimer, comme on l'a fait pour plusieurs groupes
syndicaux. Vous comprendrez qu'il y a plusieurs syndicats et plusieurs
groupes patronaux également.
Autrement, sur le fond, M. le Président, quatre
grands thèmes. Polyvalence, d'abord, le ministre veut aller permettre à
certains titres d'emploi d'avoir plus de champ d'expertise, et, là-dessus, il
s'est dit beaucoup de choses. Il y avait eu
beaucoup d'expressions du ministre, là, qui avaient été faites dans les médias,
préalablement à son dépôt de projet de loi et dans les jours qui ont
suivi son projet de loi, sur les fameux cadres de porte dans une école, on n'a
jamais su laquelle, on n'a jamais su qui, ni
quand, ni comment, mais qui aurait pris sept métiers différents pour aller
changer la cadre de porte. Les
groupes syndicaux sont venus nous dire que c'était de la supercherie, que ce
n'était pas vrai, que ce n'était pas avéré
comme situation. Un groupe patronal nous a dit : Oui oui, ça a existé, un
de mes membres l'a vécu, mais n'a pas donné beaucoup de détails.
Il a donné un détail intéressant, cela dit, puis
c'était la question de la sous-traitance. Il disait : Ah oui! Il y avait beaucoup de sous-traitants. Bien oui, ça, c'est un
des problèmes de l'industrie. Les entreprises de petite taille, entre autres,
sont tellement spécialisées puis deviennent
tellement pointues qu'il faut parfois jusqu'à quatre ou cinq degrés de
sous-traitants pour un contrat. Bien,
ça, vous allez bien vouloir décloisonner les types d'emploi, ça risque de ne
pas beaucoup changer. Si, sur papier,
je vous permets de faire plus de tâches, bravo, mais, si, dans les faits, vous
êtes spécialisé dans une tâche, puis reconnu dans votre milieu comme
spécialiste de cette tâche-là, puis qu'on vous demande... on ne veut que vous
pour la réaliser, bien, vous avez un calendrier de travaux puis de contrats sur
plusieurs mois puis vous ne pouvez pas être
à deux places en même temps. Alors, ça se peut que ce soit à cause de la
surspécialisation que des travaux soient retardés, parce qu'on attend que
l'entreprise surspécialisée qu'on a sous-contractée soit libre pour venir faire
la portion de job, sur le contrat, qu'on lui a assignée. Ça retarde
nécessairement les travaux.
Alors, on
manque d'entreprises générales... de compétences générales, au Québec, sur le
domaine de la construction, et, là-dessus, le projet de loi est complètement
muet. J'ai posé la question à des groupes patronaux : Qu'est-ce qu'on
pourrait faire pour avoir un peu plus
d'entreprises généralistes, d'être moins prisonniers de cette logique-là de la
surspécialisation et de la sous-traitance à outrance, je pourrais dire?
Je n'ai pas entendu beaucoup de réponses, malheureusement, à ce problème-là, et j'ai la crainte, donc, qu'on se
berce d'illusions en donnant plus de possibilités à des groupes de faire plus
de tâches en espérant que, peut-être, magiquement, ça va provoquer une
accélération des chantiers ou de la réalisation des chantiers. J'ai
beaucoup de doutes là-dessus, M. le Président.
L'autre
thème qui a été abordé, c'est la question de la mobilité interrégionale. Gros
dossier. Dans le fond, dans le... ce qui est l'équivalent du Code du
travail de la construction, qui est la loi R-20, il y a une possibilité,
c'est écrit dans la loi R-20, vous
pouvez négocier des clauses... dans vos conventions collectives respectives,
là, il y en a plusieurs, dépendamment des titres d'emploi, vous pouvez négocier
des clauses sur la mobilité interrégionale. Et qu'est-ce que ça veut dire? Ça
veut dire que, quand vous êtes une entreprise... Essentiellement, là, les
grosses entreprises puis les contrats, là, c'est le corridor Montréal-Québec, là. C'est là que ça se passe, le gros des
contrats puis le gros des entreprises. Donc, c'est sûr que, dans des régions
plus éloignées, l'Abitibi, la Côte-Nord, etc., la Gaspésie, il y a des bonnes chances que
le contrat d'une moyenne à grande taille soit remporté par une entreprise de
moyenne à grande taille, qui a des fortes chances d'être une entreprise du corridor Montréal-Québec. Alors, si
vous êtes une entreprise Montréal-Québec, vous obtenez le gros contrat en région, il y a des bonnes chances que vous
vouliez vous rendre dans cette région-là avec vos employés, que vous connaissez
déjà, qui sont déjà dans votre système de paie, bon, avec qui vous êtes habitué
de travailler. Et, ce faisant, bien, vous
débarquez dans une région sur un contrat qui peut être assez gros, et, bien, il
n'y a personne de la région qui risque d'y travailler, à ce contrat-là,
ou si peu. Et ça a créé toutes sortes de mécontentements dans le passé.
• (12 h 20) •
On a le souvenir, je dirais, malheureux du blocage
de la route de la Côte-Nord avec le fameux Bernard Gauthier, qu'on
surnomme «Rambo». Moi, je suis un ancien syndicaliste, M. le Président. Vous
avez entendu ma question au ministre
la semaine dernière. Ce n'est pas mon syndicaliste préféré, «Rambo» Gauthier,
pour toutes sortes de raisons, sauf que lui, il défendait sa région. Puis c'est
pour ça qu'il était populaire dans sa région puis auprès des travailleurs de sa
région. Il a défendu sa région puis
il a obtenu gain de cause, en partie, avec Hydro-Québec puis le chantier
de La Romaine. Parce que ça devait
être frustrant en tabarnouche, M. le Président, d'être formé, d'être... d'être
compétent sur un domaine de construction puis de voir un immense
chantier à quelques kilomètres de chez vous être en train d'être réalisé
presque entièrement par des gens pas de la région.
Donc, il faut comprendre cette frustration-là et éviter
que ça reproduise dans le futur. Et là-dessus le gouvernement et le projet de loi du ministre font fausse route,
à mon avis, en interdisant, pour la suite des choses, ce genre de clause là, ce qui, déjà en soi, moi, m'inquiète, puis, je
trouve, ce n'est pas la bonne... la bonne façon de procéder. Mais, en plus, M.
le Président, il fait quelque chose
que le ministre se refuse de faire très souvent et qu'il a évoqué comme
argument pour refuser plusieurs de mes amendements dans de nombreux autres
projets de loi, c'est de dire : Laissons les parties négocier.
La
mobilité interrégionale, M. le Président, ce n'est pas dans la loi, là.
C'est... La loi dit qu'on a le droit d'en mettre, ce n'est pas toutes les
conventions qui en a. Ça veut dire que les conventions qui ont des clauses
précisant les modalités de mobilité interrégionale, c'est des clauses
qui ont été négociées, des clauses qui ont été librement signées par les
parties patronales, personne ne les a
forcées à faire ça. Tellement... C'est tellement vrai qu'il y a certaines
conventions qui n'en ont pas. Bien, si c'est des clauses librement négociées,
pour que c'est faire, en bon français, que nous, les législateurs, on commence à vouloir préciser dans un projet de loi
que c'est terminé, ces clauses-là, puis qu'on baisse le plafond, puis qu'on ne
pourra plus en négocier dans le futur? C'est un drôle de précédent, ça, M. le
Président.
Puis j'ai posé la
question à un des groupes patronaux qui venait de nous présenter à quel point
la convention collective qu'ils avaient
appliquée était compliquée, puis là il y a plein de clauses, puis là ce n'est
pas facile, puis ça ne nous met pas en compétitivité... Bien, coudon, êtes-vous
en train de plaider votre propre turpitude? C'est vous autres qui l'avez
négociée, cette convention-là, personne ne vous l'a imposée. Ne venez pas vous
plaindre à nous, législateurs, de venir vouloir
corriger le contenu de vos conventions collectives que vous avez signées, que
vous avez négociées. C'est quand même
hallucinant! Venez nous dire qu'il faudrait peut-être modifier la formation des
cadres généraux, mais ne venez pas vous plaindre du contenu de vos conventions
collectives que vous avez négociées, que vous avez signées. Moi, je suis
sidéré par ça, M. le Président, sidéré, je
n'en reviens pas. Je n'ai pas vu ça souvent et je suis déçu qu'on aille dans ce
sens-là sur la question de la mobilité interrégionale.
J'ai
la crainte, et je l'ai formulée au ministre en question ici, dans cette
Chambre, qu'on est en train de générer des nouveaux «Rambo» Gauthier dans
d'autres régions du Québec dans le futur, parce que, là, tout le monde
dit : Ah! mais là c'est parce que c'est le plein emploi, il n'y a pas de
problème, ça va bien aller. Ah! d'accord. Qu'est-ce qu'on fait dans trois,
quatre, cinq, six ans, quand on va être
peut-être en récession, woups! mais la loi, elle va être là, là, on n'aura pas
adapté la loi pour un contexte de chômage endémique, là, dans quelques
années ou dans une... Même si c'est dans une décennie, M. le Président, on ne la rouvre pas à chaque année, la loi R-20,
on la rouvre très rarement. Ça fait que moi, je suis très inquiet qu'on se base sur le contexte de plein
emploi, qui est conjoncturel, pour modifier le contenu d'une loi, qui, lui, est
supposé d'être à long terme et ne prévoit pas des contextes de chômage
endémique. Là-dessus, vous pouvez être certain, M. le Président, que je
vais intervenir vigoureusement lors de l'étude détaillée.
L'autre
bloc, c'était la question de l'inclusion, thème cher au ministre, je le sais,
cher à ma formation politique aussi. Il
y a un énorme taux de roulement dans la construction, c'est un énorme problème,
et ce taux de roulement là est encore plus
éclatant chez les femmes. Il y a un peu plus de femmes qu'avant dans le milieu
de la construction, pas assez, évidemment, mais malheureusement celles qui rentrent sortent — c'est
au-delà de la moitié, si je me souviens bien — après quelques années. C'est inacceptable.
Elles sortent pour toutes sortes de raisons : le climat de travail, la
précarité.
Beaucoup de
syndicats ont plaidé que, depuis la fin du placement syndical, on peut être
pour, on peut être contre, mais que, depuis la fin du placement
syndical, il y a un nombre réduit de femmes sur les chantiers parce que
certains entrepreneurs
disent qu'ils n'embauchent pas ça, eux autres, des femmes, et, à défaut de se
le faire imposer par le placement syndical,
ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, bien, ils ne les embauchent pas. Alors,
les femmes sont formées, sont dans l'industrie, mais ne se font pas appeler et
elles ne travaillent pas, alors elles changent d'industrie. Donc, je partage le
souci du ministre de vouloir faire en sorte que ces femmes-là soient davantage
dans l'industrie.
Mais
je suis assez... je suis resté sur ma faim par rapport au contenu du projet de
loi, et le CIAFT aussi. Je vous parlais tantôt du groupe, hein, de femmes qui est venu en commission. Ils sont
restés sur leur faim. Ils ont, par contre, proposé une série de mesures, notamment la formation
obligatoire sur le harcèlement. C'est quand même... ce serait tout un défi
logistique, là, former des centaines,
des milliers de personnes sur ce dossier-là. Mais, si on veut infléchir un
changement de fond, de culture, on n'aura pas le choix d'aller un peu dans ce
sens-là. Donc, je ne sais pas ce que le ministre en pense, par rapport à
ces formations obligatoires là, on aura l'occasion d'en discuter.
Mais
il y a aussi toute la question des quotas obligatoires. Il y a un terme
technique, là, programme emploi... je ne me souviens plus trop, là, mais tout
ça pour vous dire que, comme le gouvernement est donneur d'ouvrage de la grande
majorité des contrats de construction au
Québec, les écoles, les ponts, les routes, etc., bien, on pourrait, comme
donneur d'ouvrage, mettre dans nos contrats publics, dans les appels d'offres,
un pourcentage obligatoire ou une cible, en tout cas, de nombre de femmes qui travailleraient sur le
chantier, et c'est ça qui permettrait d'obtenir un contrat pour une entreprise,
et ça forcerait donc indirectement, mais
avec un effet certain, l'embauche de davantage de femmes, alors qu'on sait
qu'il y en a la moitié qui quittent l'industrie après cinq ans. Cette
idée-là a été mise au jeu par le CIAFT.
J'ai
questionné quelques groupes patronaux. Je les sentais très frileux. Ils étaient
toujours bien intentionnés : Oui, oui,
on travaille pour avoir plus de femmes, plus de femmes. J'ai dit :
Parfait, visiblement, les intentions sont là, et tant mieux; les résultats, on peut en discuter. Là, il y a une
mesure concrète, très, très claire, identifiée, somme toute assez facile, pour
le gouvernement, de mettre en oeuvre. Qu'est-ce que vous en pensez? Bien, ça
vient jouer un peu dans leur libre arbitre, vous comprendrez, M. le Président, ça vient jouer dans leur autonomie de
gestionnaires, et je n'ai pas senti le même enthousiasme sur cette mesure-là
que sur le principe général d'avoir plus de femmes en construction. Donc, ce
sera aussi un autre élément de débat auprès de... auprès de mon collègue l'estimé
ministre du Travail, parce que je pense qu'il faut qu'on serre un peu la vis là-dessus, et c'est une
suggestion très pertinente du CIAFT, qu'on devrait étudier avec sérieux. Je
sais que le ministre le fera dans les prochains jours.
L'autre
domaine, M. le Président, le quatrième gros bloc, là, si on veut, de discussion
de contenu du projet de loi, c'est le régime du travail. La loi R-20 est
une vieille loi. Historiquement, on avait décidé de sortir la construction du
Code du travail pour toutes sortes de raisons. Éventuellement, on leur a créé
une espèce de petit code du travail, qui est la loi R-20, puis on n'a pas fait évoluer leur code du travail à eux
au même rythme que le Code du travail général. Je m'explique.
Quand on a décidé de
donner, dans le Code du travail en 1978, si je me rappelle bien, la loi
antiscabs, donc, interdisant les
travailleurs illégaux de remplacement, on n'a pas fait l'équivalent pour la
construction, ce qui fait en sorte que, quand il y a des grèves dans la construction, qui ne sont pas si longues
que ça parce qu'assez rapidement on trouve une entente ou bien, parfois, il y a des lois spéciales qui sont votées ici,
je pense que la dernière date du gouvernement péquiste de Mme Marois en 2013, si je ne me trompe
pas, bref, pendant les semaines où il y a une grève, c'est tout à fait légal de
continuer à embaucher des travailleurs illégaux de remplacement. Et ça, à mon
avis, ça enfreint les valeurs du Québec, où
on avait adopté cette loi-là sous René Lévesque de manière consensuelle, avec
l'ensemble des partis présents à l'Assemblée nationale à l'époque, pour éviter
la violence sur des lignes de piquetage, pour éviter la violence dans des
milieux de travail où, en effet, il y
a une frustration importante qui peut se bâtir lorsqu'on constate que quelqu'un
est en train de nous remplacer dans notre poste de travail, alors que
nous, on défend nos droits en faisant la grève.
Donc,
pourquoi la construction ne peut pas, elle aussi, avoir accès à la loi
antiscab? C'est un grand absent du dossier du ministre... du projet de loi du
ministre. Ça a été soulevé par tous les mémoires syndicaux. En plus, M. le
Président, là, les travailleurs
québécois sous juridiction fédérale, ils vont l'avoir bientôt, la loi antiscab.
Historiquement, c'était... moi, j'étais un ancien syndicaliste, je me
rappelle qu'à tous les congrès de la FTQ où j'étais, systématiquement, il y
avait une motion pour que le fédéral applique la loi antiscab au Québec. Ça
s'en vient. Ça s'en vient. Ça a été déposé, c'est en train d'être discuté à la Chambre des communes. Ça fait que, là, là,
quand ça va être adopté, là, la totalité des salariés du Québec seront
couverts par la loi antiscab, sauf les gens de la construction, puis pour pas
vraiment d'explications très rationnelles.
Moi, je n'ai rien entendu, ni de la part du ministre ni de la part des groupes
patronaux, pour me justifier pourquoi ils n'ont pas accès à la loi antiscab,
les gens de la construction. Alors, j'attends toujours l'explication, et
vous pouvez être certains, évidemment, qu'il y aura un amendement qui
sera déposé en ce sens de la part de ma formation politique lors de l'étude
détaillée.
Autre
chose, sur le régime de négociation, la question du droit de grief. C'est
compliqué, la construction. C'est plein d'entreprises. Des fois, on travaille sur plus d'une entreprise, plus
d'un... plus d'un chantier. Il y a la CCQ, la Commission de la construction
du Québec, qui est là. Je reconnais
d'emblée que c'est un écosystème qui est différent que le classique :
une entreprise, un travailleur, un syndicat,
puis on fonctionne dans ce... bon, ce carré de sable là. Je reconnais que c'est
plus difficile, mais on a le droit de faire des griefs sur plein d'enjeux dans
les conventions collectives de la construction, sauf sur les enjeux de
salaire.
• (12 h 30) •
On
a décidé, dans la loi... Encore une fois, hein, c'est bizarre. Des fois, on
décide d'intervenir pour aller modifier le contenu d'une convention collective
sur la mobilité, mais là, tout à coup, on décide de ne pas donner le droit de
faire des griefs, aux salariés, sur les salaires. Il y a comme un... quelque
chose d'assez étonnant dans ces choix-là qui est fait historiquement par le
législateur et qui est renouvelé, malheureusement, par le contenu du projet de
loi du ministre. Alors, on décide, un peu
arbitrairement, comme ça, que, les salaires, ce n'est pas «grieffable», en bon
français, dans les conventions
collectives de la construction. Donc, vous pourrez toujours aller faire une
plainte à la CCQ, puis voir s'ils la traitent puis si, à un moment donné,
ça fonctionne ou pas, mais pas de grief.
Puis, quand... Ça, il y a eu un début
d'explication de la part, un peu, du ministre puis des groupes. Ils ont
dit : Oui, mais, M. le député,
si on fait ça, il va y avoir une avalanche de griefs. Ah bon? Bien, peut-être
que, s'il y a une avalanche de
griefs, c'est peut-être qu'il y a une avalanche de problèmes, hein, M. le
Président? Des griefs, là, ça origine d'un problème. Si je dépose un grief sur un salaire non payé, c'est
parce qu'il y a un salaire non payé. Je n'invente pas un grief de salaire non
payé comme ça, là, hein? Je le crée sur la base d'un fait. Alors, s'il y a une
avalanche de griefs, c'est parce qu'il y a un problème. Puis, s'il y a une avalanche de griefs, vous devriez
peut-être régler le problème puis ne pas venir plaider au ministre de continuer à avoir une exception pour
ne pas avoir accès aux griefs sur les salaires pour les travailleurs de la
construction.
Alors,
là-dessus, je suis un peu... vous me voyez un peu animé, M. le Président. Vous
pouvez compter sur cette même énergie lors de l'étude détaillée.
Dernier
point sur le régime du travail, qui est le plus important, à mon avis, c'est la
question de la rétroactivité salariale. Je vous disais tantôt que j'ai fait un
projet de loi, dans l'ancienne législature, sur ce dossier-là. C'est un peu la
même logique que le droit de grief sur les salaires. C'est écrit noir
sur blanc dans la loi R-20 que vous ne pouvez pas mettre dans les
conventions collectives de clauses de rétroactivité salariale.
Qu'est-ce
que la rétroactivité salariale? Si la convention collective se termine le
1er juin puis que la négo en stâle, en bon français, qu'elle bloque, pour toutes sortes de raisons, puis
qu'elle dépasse le 1er juin, puis qu'on arrive le 1er août, puis qu'on signe une entente, bien,
avec des nouveaux salaires, dans à peu près... la grande majorité des
conventions collectives au Québec, ce n'est pas unanime, hein, il y en a
aussi qui n'en pas, des clauses comme ça, mais, la plupart des conventions collectives, pour donner un
certain incitatif au ministre... pas au ministre, pardon, pour donner un
incitatif aux patrons à aller régler dans l'ordre des choses...
Une voix :
...
M. Leduc :
Oui, je suis désolé d'avoir mélangé le ministre avec le patron. J'ai mes habits
de syndicaliste qui ressortent, je suis
désolé. Alors, pour donner un incitatif au patron de ne pas indûment retarder
la complétion de la convention collective, bien, vous mettez une clause
de rétroactivité salariale qui fait en sorte que, si vous dépassez d'une
semaine, un mois, deux mois, bien, la nouvelle convention collective, vous
allez payer le nouveau salaire en date de la fin de la convention collective précédente, un principe de base, en droit du
travail, très commun, très accepté. Parce que, sinon, c'est quoi,
l'incitatif pour le patron? Bien, c'est de retarder ça le plus possible, parce
que chaque jour que vous allez retarder au-delà
de la date de la limite, au-delà du 1er juin, comme j'expliquais, bien,
c'est des salaires, des augmentations de salaire que vous n'aurez pas à payer
puis que vous mettez dans votre poche pour vos profits, pour vous, pour vos
actionnaires, ou peu importe.
Alors,
pourquoi diable on n'a pas mis, dans la loi R-20, la possibilité de faire
ça? Encore une fois, on nous dit : C'est compliqué. Ah! c'est compliqué. On en fait, des choses compliquées, ici,
M. le Président, sur une tonne de sujets, sur une tonne de projets de loi. La vie, c'est compliqué,
M. le Président. Alors, pourquoi on n'est pas capables de trouver une solution
là-dessus? Je ne sais pas.
À
la défense du ministre, et je reconnais là-dessus son esprit d'initiative, dans
son projet de loi, il nous propose une mécanique de rétroactivité salariale. Je
la trouve très compliquée, sa mécanique. Je pense que c'est une fausse
solution, une fausse bonne idée, sa
mécanique, mais je reconnais son initiative. Il a essayé de proposer quelque
chose. Et, comme ma collègue le disait, de l'opposition officielle, il y
a quelques instants, ça a fait l'unanimité contre, malheureusement, sa
proposition. Elle était compliquée. Il fallait décider d'avance ou prévoir
combien de jours on pensait que la convention collective allait décaler de sa
fin. Ça allait-tu être une semaine, deux semaines, trois semaines? On évalue ça
une couple d'années d'avance, puis on cotise
à un fonds pour espérer que ce soit à peu près le montant d'à peu près le délai
entre la fin de la convention puis la
signature de la prochaine. C'est tout un exercice de prévisibilité, M. le Président, de futurologie, quelques-uns pourraient dire. Donc, bravo pour l'effort, pour
l'essai. Je salue, encore une fois, sa volonté d'avoir essayé quelque
chose. Il faut constater que c'est un refus de toutes les parties.
Puis,
par contre, la solution, elle est venue aussi d'un nouveau consensus que je
devine. Il y a une... Certains syndicats et la Fédération des chambres de commerce, que je salue, parce qu'ils
sont le seul groupe patronal à avoir proposé ça, ils ont dit : Ce n'est
pas très compliqué. Dans le fond, ils disent : Nous, on ne veut pas...
autant la partie syndicale que patronale, on ne veut pas que vous veniez décider du contenu de la convention
collective en matière de rétroactivité salariale, faites juste biffer
dans la loi le moment où est-ce qu'on l'interdit et laissez les parties en
discuter. Ce n'est pas tout le monde qui va
vouloir aller faire la grosse bataille sur la rétroactivité salariale du côté
syndical, peut-être qu'ils vont vouloir faire la bataille sur autre
chose. Ils feront leur choix de priorité. Et, du côté patronal, même chose,
peut-être qu'il y en a qui disent :
Oui, oui, la rétro, on va la donner puis on va trouver une façon de le faire,
peut-être qu'il y a d'autres patrons qui vont dire : Non, non, il
ne faut rien... il ne faut pas toucher à ça, et ils auront des débats. C'est
ça, la négociation.
Alors,
c'est très simple, la suite des choses, je pense, pour le ministre. Il a un peu
évoqué lui-même cette idée-là, en question avec des groupes pendant les
audiences. Il dit : Mais, si on ne faisait que retirer l'interdiction de
faire de la rétro puis qu'on permettait aux
parties de voir si c'est prioritaire, etc.? Puis il y avait quand même un peu
d'ouverture du côté patronal. Du côté syndical, il y en avait évidemment
beaucoup.
Ça reprend un peu
l'esprit du projet de loi que j'avais déposé il y a deux ou trois ans
maintenant. C'était ça, c'était... on fait
juste retirer l'interdiction, puis on souhaite bonne négo à tout le monde,
finalement, parce que c'est ça, notre rôle
de législateurs. Ce n'est pas de signer d'avance la convention collective ou de
déterminer son contenu, c'est de mettre un contexte général approprié de
négociation et de laisser les parties faire le travail et s'entendre.
Alors,
là-dessus, je pense que la solution, elle est toute dessinée. J'ai senti le
ministre ouvert à cette piste d'atterrissage là. Il a déjà l'appui de la Fédération des chambres de commerce, qui n'est
pas négligeable, l'appui de certains syndicats, donc je
pense qu'avec un peu de chance on pourrait atterrir ensemble. En tout cas, il
aura certainement mon appui sur cette clause-là, s'il décide d'aller de
l'avant.
En terminant, M. le Président, on ne pourrait
pas terminer, là, sans parler de la question de la formation. J'ai moi-même
déposé une motion de grief sur le budget hier, sur les A.E.P., sauf ça a été
décrié par l'ensemble des groupes, hein,
autant patronaux que syndicaux. Ce n'était pas la bonne solution à la pénurie
de main-d'oeuvre. Tout le monde disait que,
la solution, c'était l'alternance travail-études. Donc, on garde les D.E.P.,
parce qu'en ce moment les nouveaux... les nouvelles A.E.P., les attestations d'études professionnelles,
fragilisent les D.E.P. Ils pourraient peut-être même les faire fermer,
éventuellement, là. Je ne veux pas être un prophète de malheur, mais on entend
beaucoup d'échos qui disent qu'on ne trouve
pas des salles, on ne trouve pas de professeurs, on dédouble peut-être pour
rien. En plus de certains éléments qui
sont sortis dans les médias où il y a des personnes d'un certain âge qui
appliquent, et qu'on imagine qui ne travailleront pas cinq, 10, 15 ans dans l'industrie de la
construction. Mais ils vont peut-être plus acquérir leurs compétences qu'on leur
a données en les rémunérant pour aller rénover leur chalet, par exemple,
ou leur salle de bain, ou des choses comme ça.
Bref, il faut faire attention avec les A.E.P.
Moi, je suis déçu que le ministre les ait renouvelées avec le budget. J'étais déçu qu'ils aient mis les frigoristes,
alors que, résolution unanime du C.A. de la CCQ, donc patronale, syndicale,
pour dire : Surtout, ne mettez
pas les frigoristes, ils travaillent avec des gaz, avec des éléments dangereux,
on ne peut pas réduire cette formation-là à quelques mois seulement. Ça s'est
ramassé pareil dans sa... dans son annonce. Et là on apprend, avec le budget,
que c'est renouvelé, les A.E.P. Ce que j'ai cru comprendre, dans les échanges
sur l'alternance travail-études, c'est que
c'était en étude, justement, auprès du ministère. Mais j'aurais aimé mieux
qu'il se concentre là-dessus et qu'il nous livre l'alternance
travail-études plus rapidement, plutôt que la fausse bonne solution que sont
les A.E.P.
Ça va
conclure mes commentaires là-dessus, M. le Président. Encore une fois, je le
dis, c'est mon 10e projet de loi avec
le ministre. Je le connais bien, je l'apprécie. C'est une personne qui aime
débattre, c'est une personne qui aime échanger, qui aime ça, essayer de faire
fructifier l'échange au bénéfice des Québécois et des Québécoises. Je vais donc,
aujourd'hui, voter pour le principe
du projet de loi, dans l'espoir de trouver des compromis sur la plupart des
enjeux que j'ai soulevés, sur la polyvalence, sur la mobilité, sur
l'inclusion, sur la rétroactivité salariale, sur le droit de grief, sur la loi
antiscabs. Je suis convaincu que le ministre
est sensible à ça. Et, par principe, par ouverture, je vais voter pour le
principe. Et je me réserve, bien sûr,
la surprise de mon appui ou pas au vote final, lorsque nous aurons terminé les
études détaillées, qui, je le sais, seront très fructueuses. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître le ou la prochaine
intervenante, et ce sera Mme la députée des Mille-Îles. La parole est à vous.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Alors, d'abord, j'aimerais
remercier le ministre et l'ensemble des députés, là, qui ont participé
aux échanges, et évidemment aux groupes qui ont participé aux consultations
particulières.
J'ai eu la chance d'entendre quelques groupes,
parce que j'ai présidé une section, une portion des travaux des consultations.
Écoutez, M. le Président, comme porte-parole de l'opposition officielle en
matière d'habitation, je dois vous dire que la crise du logement m'occupe
beaucoup depuis mon entrée en poste, et j'ai eu l'occasion de rencontrer énormément d'entrepreneurs en construction, de
gens qui vivent aussi, sur le terrain, les conséquences de la crise du
logement. Et ce qu'on voit, ce qu'on
constate, c'est qu'il faut absolument revoir la façon qu'on travaille dans ce
milieu-là, dans le milieu de la construction.
Mais je vais
vous faire quand même un état, là, précédemment, de la situation qu'on vit
présentement. Donc, comme je l'ai
dit, on vit une pénurie de logements qui est sans précédent, mais, au même
moment, on vit une pénurie de main-d'oeuvre, main-d'oeuvre dans le domaine de la construction, mais une pénurie de
main-d'oeuvre dans l'ensemble des domaines, aussi, de métiers. Au
Québec, là, le taux de chômage est quand même très bas, il y a plusieurs
domaines où on a besoin de main-d'oeuvre,
et, souvent, de la main-d'oeuvre qui vient de l'extérieur du Québec. Et,
pendant ce temps-là, bien, les mises en chantier, elles, ont baissé
comme jamais. On est... On a eu la pire chute historique, là. Les données sont
enregistrées depuis 1955, et c'est la pire
chute, là, ça a diminué de 35 %, mais on n'a même pas construit
39 000 logements l'année passée, alors que les besoins sont
immenses. Et j'y reviendrai, d'ailleurs, à ce sujet-là.
• (12 h 40) •
Les taux d'inoccupation, eux, évidemment, comme
la demande est forte, et il y a moins d'offres qui sortent de terre, bien, les taux d'inoccupation baissent
comme jamais. On est rendus, dans certaines... tu sais, on est en bas de
2 % dans l'ensemble du Québec,
mais, dans certaines régions, M. le Président, on est à moins de 1 %,
parfois même zéro, carrément. Donc,
dans certaines catégories, particulièrement les logements les plus abordables,
là, c'est zéro presque partout. Quand quelqu'un met un logement sur le
marché, les gens se l'arrachent, et ce qui fait qu'il y a, malheureusement, une
hausse aussi de l'itinérance, puis qu'il y a
des gens... Et c'est rendu la première raison de l'itinérance. Avant,
l'itinérance, c'était des enjeux de
santé mentale, principalement, de consommation aussi, mais plus maintenant.
Maintenant, c'est la plus... La première source, la première source de...
raison derrière l'itinérance, c'est le manque de logements. C'est
catastrophique.
Et là, bien, comme je le disais,
malheureusement, l'offre étant limitée et la demande étant en croissance, bien,
on a une hausse des prix de l'immobilier,
les propriétés continuent à augmenter, mais aussi des loyers. Et de moins en
moins de gens arrivent à se loger. Il
y a de moins en moins de gens, aussi, qui accèdent à la propriété. D'ailleurs,
nos jeunes, c'est la première
génération, M. le Président, qui n'aura pas d'accès à la propriété. Le coût,
actuellement, d'une maison, la propriété moyenne dans... c'est
475 000 $, d'une propriété neuve, là, d'une maison neuve,
475 000 $. Quand on fait des calculs hypothécaires, ce que ça prend comme mise de fonds et comme revenus pour
être capables de se payer ça, c'est gigantesque, et ça prend des revenus familiaux qui sont bien
au-delà du petit revenu familial moyen. C'est ça, la réalité. Évidemment,
nos jeunes, quand ils arrivent sur le marché
du travail, ils n'ont pas ces revenus-là. Alors, accéder à la propriété, c'est
rendu impossible, à moins qu'il y ait de l'argent des parents, derrière,
ou des grands-parents.
Et
pourquoi c'est rendu si cher? Bien, parce que les coûts de construction ont
énormément augmenté. Évidemment, il y
a eu des coûts... les coûts des matériaux qui ont augmenté, mais il y a aussi
des coûts de main-d'oeuvre. Et c'est là que vient... La réforme qu'on regarde aujourd'hui pourrait jouer dans
l'équation et permettre d'améliorer la productivité de l'industrie, et donc de diminuer un peu les coûts,
puisqu'on pourrait en faire un peu plus pour le même coût si on était...
si on avait une meilleure productivité, et
là je ne parle pas de productivité des individus, mais bien, dans son ensemble,
de l'industrie.
Il faut construire
davantage, c'est certain, avec ce constat-là. En fait, c'est énorme. La Société
canadienne d'hypothèques et de logement estime qu'il faudrait 1,1 million de
logements d'ici 2020 pour peut-être aspirer à retourner vers un marché
d'équilibre. Ça, c'est 150 000 logements par année qu'il faudrait
construire. On en a construit moins de
39 000 l'an dernier, donc vous voyez que le... on est loin du compte, on
est très loin du compte. Et lorsqu'on regarde les annonces qu'on fait, où on parle de très grandes
entreprises qui vont venir s'implanter au Québec, on entend le plan
d'Hydro-Québec, c'est énormément de travailleurs qui vont être mobilisés dans
des chantiers de construction plutôt industriels,
mais il nous manque déjà de main-d'oeuvre pour faire de la construction
résidentielle. Est-ce qu'il va nous en rester
pour construire des logements? Et ceux qui vont venir travailler dans ces
industries-là et ces chantiers-là, où vont-ils se loger?
Donc, il faut
absolument, il faut absolument mettre une emphase particulière sur la
construction résidentielle. D'ailleurs, ça
affecte directement notre économie actuellement. Le manque de logements fait en
sorte que des entreprises ne viennent
pas au Québec ou n'agrandissent pas parce qu'ils ne sont pas capables de loger
leurs travailleurs. Le manque de logements
fait en sorte que des étudiants ne viennent pas étudier au Québec, et donc ça
affecte notre capacité d'avoir de la main-d'oeuvre future. Donc, il faut
absolument mettre une emphase là-dessus.
Et ce qui est
inquiétant, c'est que l'industrie estime que d'ici... bien, d'ici 10 ans,
il pourrait y avoir 25 % des employés
actuels qui prendraient leur retraite. Alors, la pénurie risque de s'aggraver
encore plus. Il y a une étude de Desjardins qui a montré que la proportion d'immigrants et résidents non permanents
dans la construction était beaucoup plus élevée ailleurs. Ici, on est à 9 % à peine, alors qu'aux États-Unis, c'est
34 %, au Canada, 22 % dans les autres provinces, là. On manque de travailleurs, on a des immigrants qui
voudraient travailler ici, mais parce qu'ils se butent à plein d'obstacles pour
faire reconnaître notamment leurs
compétences, bien, ça freine leur accès à l'emploi. Alors, on les perd pour
travailler dans notre industrie.
Et là j'aimerais
parler de la particularité de l'Outaouais, qui a une frontière avec l'Ontario
et qui fait en sorte qu'il y a... il y a une
entente Québec-Ontario, là, de mobilité de main-d'oeuvre, mais ça fait surtout
en sorte que les Québécois vont en
Ontario, mais ils ne reviennent pas, les autres ne viennent pas, ils ne peuvent
plus revenir au Québec. Puis, quand j'ai rencontré des entrepreneurs là-bas,
ils nous ont fait part que c'était vraiment un enjeu majeur. Et actuellement
aussi, parce qu'il y a une taxe de vente du... la taxe de vente de l'Ontario
qui a été enlevée et que nous, on a toujours notre taxe de vente du Québec, bien, tous les chantiers s'en vont à Ottawa, en
Ontario plutôt que du côté québécois de la frontière. Alors, ça, c'est
majeur.
Et
ce que ça montre, tout ça, M. le Président, c'est qu'il va falloir une
meilleure mobilité, une mobilité à travers les régions. Quand on lit qu'un travailleur d'Eastman... Il y a un exemple,
là, qui a été rapporté dans un mémoire de l'APCHQ, qui nous dit qu'un travailleur d'Eastman, en
Estrie, ne peut pas se trouver un emploi à Magog parce que ce n'est pas la même région, la région de... le bassin, là, de la
région CCQ, mais, par contre, il peut aller travailler à Val-David, à trois
heures de route, juste parce que c'est deux... Val-David fait partie de l'immense
bassin de la région de CCQ, puis Eastman également... l'immense région,
pardon, de Montréal métropolitain. Donc, c'est aberrant, là, qu'un travailleur
ne puisse pas aller à 15-20 minutes de
chez lui pour travailler alors qu'il peut aller dans la région Montréal,
traverser une très, très grande... un très grand territoire.
Et
ironiquement j'ai lu que le premier ministre voulait convaincre des
travailleurs de la construction de déménager en région. Il a dit : On va avoir besoin de plus de monde que jamais
en région parce qu'il va y avoir de l'ouvrage, il va falloir convaincre
du monde de déménager parce qu'il va y avoir beaucoup de travaux. Puis là il
faisait référence, justement, aux chantiers
d'Hydro-Québec et à tous ceux de la filière batterie. C'est un peu décourageant
qu'on dise : Il faut que les gens déménagent dans une région pour
qu'ils puissent y travailler.
Il
y a peut-être eu une histoire dans le passé, mais, aujourd'hui, il faut se
poser la question : Est-ce que c'est encore valable? Il y a des régions, notamment à Trois-Rivières, qui voudraient
construire davantage, Bécancour, il manque de travailleurs. Il y a des gens de la région de Montréal qui pourraient
aller travailler là, construire, mais actuellement ils sont pénalisés, ils ne
peuvent pas le faire, pour toutes sortes de raisons. C'est vrai que les
règles... il y a des règles, dans ce
projet de loi là, qui sont modifiées, mais je vais citer juste la CCQ
là-dessus, qui dit : La seule solution à l'enjeu de la mobilité de
l'embauche... pas la CCQ, pardon, l'APCHQ, qui disent que la «seule solution à
l'enjeu de la mobilité et l'embauche
prioritaire [c'est] une diminution des seuils d'heures travaillées en fonction
desquels une personne est autorisée à
se déplacer à la grandeur de la province», mais que cette... ça risque, cette
mesure-là, de n'avoir «qu'un effet négligeable dans le secteur résidentiel, qui
n'est peu ou pas touché par des déplacements éloignés de sa main-d'oeuvre».
Donc, évidemment, ici, il va falloir
vraiment penser à la construction résidentielle, et, pour ça, je fais
entièrement confiance à ma collègue la députée de Bourassa-Sauvé, qui
fera l'étude détaillée sur le projet de loi. Je suis certainement, là... J'ai
confiance qu'elle aura à coeur cette situation-là lors de l'étude détaillée parce
que, définitivement, ce projet de loi là, malheureusement, ne réglera pas cet
enjeu-là actuel de la crise du logement.
Alors, M. le Président, je vous remercie pour
votre écoute.
• (12 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles.
Alors, je reconnais maintenant, pour son intervention, M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Merci, M. le Président. J'aimerais commencer par
remercier et féliciter le ministre et toute l'équipe au sein du
ministère qui a travaillé à la préparation de ce projet de loi. Le ministre
l'aborde avec... jusqu'à maintenant, en tout
cas, avec beaucoup d'ouverture et beaucoup de volonté de dialogue. Je l'en
félicite. J'aimerais remercier les collègues de l'opposition qui, déjà, aussi,
montrent leur ouverture et leur volonté de vraiment d'entamer un réel dialogue
sur quelque chose qui est très important, donc, la réforme, la modernisation de
l'industrie de la construction. Merci beaucoup aux participants à cette consultation. On a eu beaucoup de mémoires,
beaucoup de contributions extrêmement fouillées. Merci beaucoup de
l'intérêt que toutes et tous ont porté à ce processus-là.
Nous sommes
d'accord, M. le Président, avec cette volonté de moderniser le secteur de la
construction et d'améliorer la façon
dont on travaille, dont on réalise tous les ouvrages qui sont nécessaires au
développement du Québec tant dans le secteur résidentiel, commercial
qu'industriel.
Une première
question qu'on a, et on annonce tout de suite nos couleurs auprès du ministre
et de son équipe, et je pense que j'ai posé plusieurs questions là-dessus,
c'est dans quelle mesure cette réforme-là, elle a été planifiée, et sur
la base de quelles études, de quelles
données probantes, parce que, là, oui, on le dit, ça fait longtemps qu'on n'a
pas touché à ce secteur-là, mais c'est un secteur qui vit une certaine
paix industrielle. On dit qu'on veut l'améliorer.
Fort bien,
mais quel portrait a-t-on réellement de la situation actuelle et, surtout, de
ce que donnerait, selon des données probantes, les réformes qui sont proposées
par le ministre? Parce que, oui, on a parlé de certains sondages qui auraient
inspiré certaines des mesures qu'on retrouve dans le projet de loi, mais on a
vu, notamment, dès le départ des consultations particulières, que d'autres sont arrivés avec des études crédibles qui
démontrent que... qui démontrent d'autres choses, qui démontrent qu'il y a des
risques associés aux choix qui ont été effectués dans le projet de loi, qu'il y
aurait d'autres façons d'améliorer notre domaine de la construction au
Québec, et qu'on devrait explorer ces voies-là, peut-être, avant de commencer à toucher à d'autres façons de
fonctionner, dans notre secteur de la construction, qui sont importantes à la
paix industrielle et, oui, à l'efficacité dont on fait déjà preuve au
Québec dans ce domaine.
Donc, on va être très intéressés à ce qu'on nous
donne plus d'informations, donc, sur quelles sont les analyses rigoureuses dont on dispose, qui expliquent que
nous avons choisi cette voie-là, parce que nous le savons, parce qu'on a
suffisamment d'éléments qui nous permettent
de dire que ça va améliorer l'efficacité, que ça va améliorer la polyvalence,
que ça va améliorer la façon dont les
constructions sont réalisées au Québec. Et là, pour l'instant, je l'avoue, on a
un certain point d'interrogation
là-dessus, alors, certainement, du travail à effectuer puis des discussions à
avoir en commission parlementaire.
On voit déjà
que se dessinent des grands domaines de discussion, des grands domaines où il y
a des choix qui vont être effectués, par exemple, la fameuse question de
décloisonnement des métiers au Québec. Et, en gros, bien, le ministre...
Ah! bien, on a entendu des choses, hein?
Donc, le secteur patronal est très majoritaire à nous dire : Il faut aller
beaucoup plus loin. Et le secteur syndical a été aussi très fortement
enclin à nous dire : Attention, ne pas toucher à ça, déjà, le projet de loi va trop loin. Et, on le sait, le ministre a
déjà indiqué ses couleurs, il va nous dire : Bien, justement, j'ai posé
mon curseur quelque part dans le milieu. Il dit, en gros : On va
ramener cette question-là à un comité paritaire qui va devoir en discuter, et, en attendant, je vais quand même
permettre un certain décloisonnement dans un certain contexte, hein, lorsqu'il
s'agit de métiers qui sont connexes à ceux qui sont effectués, qui s'inscrit
dans un continuum de travaux et qui s'inscrit dans
une durée limitée. Bon, il y a quand même, déjà là, un précédent important, et,
s'il est vrai qu'on veut améliorer, au Québec,
la flexibilité dont on dispose, il est vrai aussi qu'on veut protéger des
valeurs aussi importantes que la sécurité sur les chantiers, la qualité
des travaux. Et là, ça va être important, donc, d'avoir des discussions
détaillées là-dessus pour préciser, donc, la portée du projet de loi et
s'assurer qu'on fait la bonne chose.
La création
d'un fonds de rétroactivité, donc, c'est-à-dire un fonds qui permettrait
d'assurer le paiement d'ajustements salariaux, de manière rétroactive,
au terme de négociations qui prendraient un certain temps, je pense qu'on peut
dire que c'est un pas en avant, qu'il faut
saluer la création de ce fonds. Et surtout, ce qu'on sait, c'est que la
mécanique d'installation, de
fonctionnement du fonds reste à déterminer, et donc, là-dessus, je pense qu'il
va y avoir des échanges, aussi, importants à tenir en commission
parlementaire pour s'assurer, encore une fois, qu'on fait la bonne chose.
La mobilité
interrégionale, c'est un autre grand sujet. Et c'est là... Là, encore une fois,
donc, la partie... la plupart des
mémoires... bien, en fait, je pense, la totalité des mémoires des représentants
des entrepreneurs, de la partie patronale sont venus nous dire : On ne va pas assez loin, il faut une
mobilité, il faut favoriser une mobilité régionale, il faut mettre fin à la question des territoires protégés. Et, à
l'inverse, beaucoup des organisations qui représentent les travailleurs sont
venues nous dire que, non, c'est un principe
important. Et ici, en réalité, le ministre prend quand même... le projet de loi
prend quand même une posture, donc, en faveur de l'ouverture à une plus grande
mobilité. Et quel impact ça va avoir réellement sur l'efficacité des travaux,
sur la qualité des travaux, sur la possibilité d'accélérer, d'aller plus
rapidement, d'aller mieux dans les travaux?
On ne sait pas encore c'est quoi, exactement, les données probantes sur cette
question-là, qui est vraiment importante, pour plusieurs autres raisons.
L'industrie de la construction au Québec, elle
est constituée, essentiellement, de petits entrepreneurs, qui ont moins de cinq employés. Il y en a beaucoup, de ces
entrepreneurs-là, en région, dont certains... et beaucoup de travailleurs
expriment la crainte que ce soit une mesure
qui permette, essentiellement, à des grandes entreprises, des grands
entrepreneurs de la région métropolitaine de Montréal, de la région
métropolitaine de Québec de débarquer dans les régions et de venir
occuper plus de chantiers, de prendre plus de place, au détriment des
entreprises régionales. C'est une crainte vraiment légitime qui est exprimée, alors que nous
cherchons les meilleurs moyens d'assurer le développement économique de nos
régions. Donc, sur cette question-là, là
aussi, il va falloir avoir des discussions très sérieuses et bénéficier du plus
de science possible.
Je reviens
encore avec cette question-là des données probantes. Quelles sont les retombées
attendues des mesures qui sont adoptées,
dans le projet de loi, sur cette question de la mobilité interrégionale? Parce
qu'encore une fois on nous met en
garde sur les mesures qui sont prises dans le projet de loi, et nous, je peux
le dire, là, on va regarder cette question-là de l'intérêt des régions avec beaucoup d'attention, tout en étant
conscients que, oui, il y a peut-être des mesures à prendre, mais est-ce que
c'est celles qui sont choisies dans le projet de loi? Est-ce qu'il y a d'autres
choses qu'on aurait pu faire?
Je terminerais
en mentionnant qu'il y a beaucoup de sujets sur lesquels certains mémoires et
certaines personnes qui sont venues en consultations particulières ont attiré
notre attention, puis on voit que le projet de loi ne va pas là ou, peut-être, ne va pas assez. La question du travail
au noir au Québec, c'est une question vraiment importante. Imaginez le nombre d'heures qu'on remet dans l'économie
régulière, imaginez les milliards, imaginez l'efficacité qu'on peut gagner
en agissant plus activement, plus fermement sur
ce sujet-là. Le projet de loi ne va pas là. Est-ce que c'est une... Est-ce que
ça aurait été une première porte d'entrée, plutôt que celles qui ont été
utilisées? Bonne question. La question de l'organisation du travail, la question d'insister encore plus sur la
formation, c'est des questions qui restent, pour l'instant, sans réponse, et,
ça aussi, je pense qu'on peut avoir un dialogue là-dessus.
En tout cas, on pense qu'il y a une belle
volonté de la part du gouvernement de mettre des questions importantes sur la table. Nous, on a le goût d'en discuter.
Donc, nous allons voter en faveur du principe de ce projet de loi là, et on a
hâte d'en discuter avec tous les collègues. Merci beaucoup.
• (13 heures) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Y
a-t-il d'autres intervenants qui souhaitent débattre de cette adoption
de principe? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 51,
Loi modernisant l'industrie de la construction, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de
l'économie et du travail
M.
Caire : Oui, M. le Président. Conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet
de loi n° 51, Loi modernisant
l'industrie de la construction, soit déféré à la Commission de l'économie et du
travail pour son étude détaillée et que le ministre du Travail soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder
aux débats de fin de séance.
Le premier
débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à
M. le ministre de la Cybersécurité et
du Numérique, en remplacement de Mme la ministre de l'Emploi, concernant
l'abandon du gouvernement du programme de crédit d'impôt pour les
travailleurs expérimentés.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je vous donne
la parole pour votre premier cinq minutes.
Abolition du crédit
d'impôt favorisant le maintien en
emploi des travailleurs d'expérience
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le
Président. Hier, en période de questions, j'ai questionné la ministre de l'Emploi sur l'abandon de cette mesure, donc,
l'abolition du crédit d'impôt aux entreprises pour l'embauche et le maintien
en emploi des travailleurs d'expérience. Je rétropédale ici, M. le Président,
pour vous donner un certain contexte, hein, parce
qu'évidemment, donc, on n'a pas décidé, donc, d'ouvrir, donc, le budget et de
contester cette mesure-là, donc, les yeux fermés. Il y a une
préoccupation beaucoup plus substantielle en matière de planification de la
main-d'oeuvre.
Je mentionne... Je réfère souvent aux
travaux très exhaustifs que nous, à l'opposition officielle, donc, on respecte,
de la Commission des partenaires du marché
du travail, qui établit donc, régulièrement, différents chiffres de besoins
d'emploi. La dernière longue analyse de l'état d'équilibre du marché du
travail, parce qu'il y a des publications plus récentes, donc, à court et à moyen terme, qui ont été
publiées par la suite, nous indique que, d'ici 2031, il y aura 1,6 million
de postes à pourvoir au Québec. Quelle est la répartition de ces postes
à pourvoir?
D'abord,
les jeunes, ceux qui sont sur les bancs d'école ou qui le seront, qui auront,
donc, à développer, donc, une expertise, donc, cette main-d'oeuvre-là, donc,
devrait être développée. Il faudra aussi se référer, évidemment, à la future
population immigrante. Les données, donc, évidemment, donc, font toujours,
donc, état, donc, du taux d'activité, hein? Donc,
ça fait partie, donc, des critères. Et donc la dernière part, donc, est à
travers, donc, les travailleurs expérimentés de 65 ans et plus.
Lorsqu'on regarde
notre tableau, sachant que ce sont les besoins, donc, de main-d'oeuvre, de
planification, je vous dis, donc, que j'ai
parlé des chiffres à long terme, mais donc ce sont les besoins, donc, qui sont
également à court terme, parce que
l'état d'équilibre du marché du travail, donc, nous fait, donc, un tableau avec
l'image, la photo d'aujourd'hui, et nos besoins futurs, c'est... Les
statistiques peuvent différer, mais les catégories de personnes qui peuvent
combler la main-d'oeuvre, donc, demeurent
fondamentalement, donc, les mêmes. C'est à partir de cette base-là qu'on
établit, donc, les critères suivants.
Or,
ce qu'on voit, c'est qu'en matière, donc, de préparation, donc, des jeunes, on
n'est pas tout à fait là. Il y avait même
un article, pas plus tard que ce matin, qui parlait, donc, qui questionnait
l'efficacité des bourses Perspective, alors que j'ai moi-même questionné l'efficacité des programmes PRATIC et PARAF
établis par le ministère de l'Emploi. On le sait, on parle abondamment d'immigration en cette Chambre, en cette
enceinte, M. le Président. Donc, manifestement, le gouvernement a perdu le contrôle sur cet enjeu-là.
Le taux d'activité ne peut pas être plus haut qu'il ne l'est en ce moment.
Donc, il a atteint des sommets.
Avec le
vieillissement de la population, notre population active est plus restreinte
proportionnellement. Donc, on est à un
sommet historique avec un taux de 77 %. Donc, ce qu'il nous reste,
puisqu'on ne peut pas... Le bassin de... La croissance de la main-d'oeuvre, donc, ne sera pas au rendez-vous. Ce
qu'il nous reste, bien, c'est les travailleurs expérimentés. Vous comprendrez donc que, dans une perspective de
planification à long terme, donc, de nouveaux besoins, et
évidemment, donc, de combler, donc,
les besoins économiques d'aujourd'hui, que c'est difficile de comprendre la
décision du gouvernement d'abolir ce crédit d'impôt pour les
travailleurs expérimentés.
Quand
je dis que c'est une décision difficile à comprendre, ce ne sont pas que mes
mots, ce sont aussi ceux du secteur économique, qui ont, tour à tour,
décrié cette décision au lendemain du budget 2024‑2025, la semaine
dernière.
Et ce qui est encore
plus difficile à comprendre, c'est que, quelques jours, là, deux semaines avant
l'annonce budgétaire, la ministre de
l'Emploi était... donc, annonçait qu'elle aiderait donc les entreprises, donc,
à les accompagner, donc, à l'embauche
des travailleurs expérimentés, parce qu'il y a des programmes comme ceux-là qui
existent, notamment, comme ce crédit d'impôt pour les travailleurs
expérimentés.
Alors, ma question, ici, c'est d'abord de
dire : Bien, pourquoi est-ce qu'avec la main gauche on dit : O.K.,
«let's go», vous êtes capables d'aller voir cette clientèle-là, mais que, de la
main droite, bien, on leur enlève un levier important? Pourquoi cette
annonce-là de 1 million de dollars juste avant le budget 2024‑2025? Est-ce
que la ministre était au courant que ça s'en
allait... que ça s'en venait? Et surtout pourquoi la ministre de l'Emploi, qui
est responsable de la planification de la main-d'oeuvre au Québec, qui, dans son ministère, donc, qui est
responsable, donc, de la Commission
des partenaires du marché du travail, a laissé passer cette décision de
son collègue d'abolir le crédit d'impôt au maintien en emploi des travailleurs
expérimentés?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Alors, je vais maintenant
céder la parole, pour cinq minutes, à M. le ministre de la Cybersécurité et du
Numérique.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Merci, M. le Président. Je remercie ma collègue de Bourassa-Sauvé de nous
donner l'opportunité d'expliciter davantage
les différentes mesures qui ont été prises dans le dernier budget et dans les
budgets précédents pour régler la question de la pénurie de
main-d'oeuvre.
D'abord,
M. le Président, je pense que ma collègue de Bourassa-Sauvé, elle va être
d'accord avec moi pour dire que,
quand il y a une mesure qui est mise en place et qui n'atteint pas les cibles,
qui n'atteint pas les objectifs, tout gouvernement responsable se doit de prendre les mesures
appropriées. Alors, si les cibles ne sont pas atteintes, on doit remettre en
question la mesure.
Or,
dans le cas du crédit d'impôt pour les travailleurs expérimentés, crédit
d'impôt aux entreprises, et je reviendrai sur le crédit d'impôt sur les... pour les travailleurs expérimentés, mais,
pour les entreprises, le corollaire entre le retour ou le maintien en
emploi et le crédit d'impôt ne donnait pas l'adéquation escomptée. Donc, ça...
La mesure ne donnait pas les résultats
escomptés. Donc, ça explique pourquoi, dans les... dans le dernier budget,
cette mesure-là n'a pas été reconduite.
Maintenant,
M. le Président, puis j'écoutais la collègue de Bourassa-Sauvé sur différentes
mesures, le gouvernement ne reste pas les bras croisés. Je veux dire, l'action
du gouvernement ne peut pas se résumer à cette simple mesure là, M. le Président, bien au contraire. J'en veux pour
preuve, par exemple, les investissements qui ont été faits, investissements
très importants qui ont été faits pour favoriser certains emplois. On
parle de 111 millions. Bon, on l'a vu avec les préposés aux bénéficiaires, on l'a vu avec différentes
formations, donc, ça, c'est une mesure qui est quand même assez costaude, qui
permet de pourvoir, dans certains secteurs, de pourvoir la main-d'oeuvre de ces
secteurs-là.
J'en veux pour preuve aussi, M. le Président,
puis peut-être un secteur qui est plus proche du mien, toute la transformation numérique des PME. Et ça, M. le
Président, je vais faire peut-être un peu d'histoire, si vous me permettez,
parce qu'à l'époque où j'étais à
l'opposition, cette situation-là avait déjà été dénoncée, que nos PME tardaient
à se lancer dans cette transformation
numérique là. Je me souviens, j'avais eu un échange avec Dominique Anglade,
qui était, à ce moment-là, ministre de l'Économie du gouvernement libéral et qui avait mis en place
un programme, parce qu'elle disait : Nos entreprises ne sont pas assez transactionnelles, ne vont pas assez
du côté du numérique pour favoriser la promotion de leur entreprise et les transactions. Et elle était
arrivée avec un budget de 5 millions. Ça, c'était ce que le gouvernement
libéral avait prévu pour ça.
Notre
gouvernement, M. le Président, investit 188 millions pour aider les PME
dans leur transformation numérique. Donc,
je pense qu'on peut dire que l'effort, il est conséquent, il est conséquent, M.
le Président. Et ça, c'est aussi un secteur sur lesquels il faut tabler pour combler les pénuries de main-d'oeuvre.
Donc, la transformation numérique, on le sait, ça permet, je dirais, de
valoriser le travail des individus et, disons, de leur éviter les tâches qui
sont répétitives, les tâches qui n'ont pas de valeur ajoutée. Donc, le
gouvernement est en action là-dessus, M. le Président.
Sur le crédit
d'impôt pour les travailleurs expérimentés, là-dessus, je veux peut-être
corriger ma collègue, parce que ce crédit d'impôt là, pour les travailleurs
expérimentés, a été maintenu, il a été maintenu. Celui pour les entreprises,
non, mais, pour les travailleurs
expérimentés, il est maintenu. Et ça, M. le Président, ça veut dire
1 500 $ dans les poches des travailleurs expérimentés qui
décident de retourner en emploi ou de rester en emploi.
Donc, M. le Président, je pense qu'il faut faire
la distinction entre les deux mesures. C'est important. Il y en a une qui est maintenue, il y en a une autre qui n'a
pas atteint les cibles, qui n'a pas donné les objectifs escomptés. Et j'imagine
que la collègue va être d'accord que, dans
ces cas-là, la bonne décision à prendre, c'est de retirer la mesure, ce que
nous avons fait.
• (13 h 10) •
M. le
Président, il y a aussi beaucoup d'autres mesures qui ont été mises en place,
oui, donc, pour accompagner les entrepreneurs, pour accompagner les
travailleurs expérimentés dans le retour en emploi. Je pense, entre autres, M.
le Président, aux travailleurs qui veulent
repousser leurs rentes à 72 ans, je pense à ceux qui sont en... qui, après
65 ans, peuvent décider de ne pas
cotiser au régime des rentes s'ils le souhaitent, donc, c'est des mesures qui
sont importantes, ou aussi le calcul de la rente sur les faibles gains,
parce qu'on sait que la rente, elle est calculée sur les gains qui sont faits
par les individus. Quand on revient en
emploi à temps partiel, on a des gains qui sont moins importants, et ça peut
avoir un impact sur la rente. Donc,
cette mesure-là aussi, elle a été abolie pour permettre de ne pas pénaliser les
travailleurs expérimentés qui ont des tâches à temps partiel, par
exemple.
Donc, je pense que notre gouvernement met
beaucoup de mesures en place, et ces mesures-là vont certainement donner des
résultats, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, je vais donner un droit de réplique de deux minutes à
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
(réplique)
Mme Cadet : Merci
beaucoup, M. le Président. J'espère que le ministre, il était à l'écoute
lorsque je prononçais mon allocution
d'ouverture, parce que j'ai mentionné maintes et maintes fois qu'on parle bel
et bien, ici, du crédit d'impôt aux PME
pour l'embauche et le maintien à l'emploi des travailleurs expérimentés. C'est
très, très, très clair, à notre effet, que
c'est... à mon effet, que c'est de ça qu'on parle. On n'est pas du tout en
train de mélanger les affaires, pour les gens à la maison. Donc, c'est
important de faire cette nuance-ci.
Et c'est,
justement, ça, l'enjeu. C'est exactement ce qu'on dénonce. Nos PME, on a besoin
de les accompagner parce que ce sont elles qui sont le levier de la croissance
économique dont on aura besoin pour nous assurer de résorber le déficit record
que le gouvernement a annoncé la semaine dernière, avec grand découragement à
l'ensemble des Québécois. Le gouvernement a décidé de prendre des
mauvaises décisions financières au cours des dernières années et, là, cherche à faire des économies de bouts de chandelle avec
des programmes en nous disant que celui-ci, que ce crédit d'impôt là, n'était pas... il n'était pas efficace. Mais sur
la base de quelles données? Le Conseil
du patronat du Québec, avec lequel la
ministre a fait une annonce deux semaines avant le budget, la FCCQ, la FCEI,
tour à tour, ont décrié l'abolition de ce crédit d'impôt aux PME pour le maintien à l'emploi des travailleurs
d'expérience. Pourquoi les décourager deux semaines après, décourager les PME
d'embaucher une main-d'oeuvre cruciale, fondamentale pour nous permettre de
répondre à nos besoins de
main-d'oeuvre, sachant qu'elle est sous-utilisée au Québec, lorsqu'on compare à
l'ensemble du pays et à votre province préférée, l'Ontario?
La question
que je posais, M. le Président, c'est de savoir pourquoi la ministre a laissé
ça passer dans le budget, parce que
c'est sa responsabilité de veiller à mettre tous les efforts, à consentir tous
les efforts pour la main-d'oeuvre du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Alors, nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de
Sherbrooke à Mme la ministre responsable des Aînés concernant les soins à
domicile. Mme la députée de Sherbrooke, je vous cède la parole pour
votre premier cinq minutes.
Accès aux soins à domicile
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Je vous remercie
beaucoup, M. le Président. Donc, ce matin, j'ai interpelé la ministre des Aînés
sur les soins à domicile. Je la questionnais sur les résultats, sur
notre capacité à offrir des services aux citoyens, et je trouve ça important parce que, malgré l'argent investi en
services à domicile... Et je sais qu'il y en a. On ne réussit pas à livrer ce
dont les citoyens ont besoin. Les... Les constats, pardon, de la Commissaire à
la santé et au bien-être sont extrêmement clairs :
on répond à 10,7 % des besoins en services à domicile. Et je suis certaine
que la ministre, comme tous nos collègues, était aussi catastrophée que moi quand ils ont pris connaissance de
l'état de la situation, qu'on répondait si peu aux besoins. D'ailleurs, elle a annoncé rapidement un virage
majeur dans l'organisation des soins. Elle voulait couper dans la bureaucratie,
c'est une initiative que je salue. Je sais
qu'ils ne restent pas les bras croisés, mais la réalité, c'est que, même si le gouvernement continue d'investir avec son dernier
budget, même si la ministre, elle a entrepris son virage, ce qui est prévu dans
le budget, c'est très clair, à la page B.17, c'est qu'on va à peine
avancer, c'est ça qui est prévu par le gouvernement lui-même. C'est prévu qu'on
va passer de 398 000 personnes qui reçoivent des services à
417 000 personnes en 2028, d'ici quatre ans, avec tous les fonds
investis et avec la réforme.
J'ai
demandé à la ministre, ce matin, ça répondrait à quel pourcentage des besoins
en 2028, et je n'ai pas eu la réponse. Donc,
j'espère qu'elle va avoir eu le temps de la trouver depuis ce matin, qu'elle va
nous la partager, mais je vous dirais que ce qui compte le plus pour
moi, c'est surtout mon autre demande. Parce que je lui ai proposé aussi qu'on
travaille ensemble pour préparer le Québec
au vieillissement de la population, qu'on forme ensemble, avec les collègues
des autres oppositions aussi, un comité transpartisan, comme ça a été
fait avec beaucoup de succès dans le passé pour réfléchir à l'aide médicale à mourir, pour rebâtir la
confiance des Québécois, des Québécoises surtout, envers le système de justice.
Et pourquoi je lui
propose ça? C'est parce qu'en tout respect pour ses compétences, elle ne pourra
pas y arriver seule, à préparer le Québec au
vieillissement de la population. La Commissaire
à la santé et au bien-être, ce
qu'elle nous dit dans son rapport, c'est
qu'il faut développer un écosystème de maintien de l'autonomie. Dans le rapport
qui a été commandé par la CAQ, on le
rappelle, à la page 28, elle écrit, noir sur blanc : «Le ministère de
la Santé et des Services sociaux ne peut
porter seul la responsabilité de développer l'écosystème du maintien de
l'autonomie. Le défi à relever interpelle un grand nombre d'autres
ministères et, à plus grande échelle, l'ensemble de la société québécoise.»
La première
recommandation de la commissaire, c'est que le ministère de la Santé et des
Services sociaux coordonne la collaboration
pour élaborer une politique gouvernementale sur le maintien de l'autonomie. La
commissaire, ce qu'elle nous dit,
c'est qu'il faut faire un état de la situation actuelle, il faut cibler ce
qu'on veut atteindre, les conditions à mettre en place pour y arriver.
Collaborer,
faire un état de la situation, c'est précisément ce que j'ai proposé à la
ministre il y a quelques semaines déjà.
Je lui ai offert qu'on travaille de manière transpartisane pour faire un état
des lieux sur les chantiers à faire pour améliorer la qualité de vie des aînés,
assurer leur dignité. Ça correspond en tous points à ce qui est suggéré dans le
rapport que la CAQ a elle-même commandé.
Et pourquoi un état
des lieux? Parce qu'en ce moment le seul volet sur lequel on a les idées
claires des besoins, c'est justement les
services à domicile, mais, pour le reste, on ne sait pas grand-chose. C'est
quoi, l'écart entre les besoins et l'offre pour la mobilité des personnes aînées
ou des personnes à mobilité réduite, par exemple? On ne le sait pas, mais,
un peu partout sur notre territoire, on voit
qu'il y a du monde qui nous signale que le transport en commun puis le
transport adapté, ça ne répond pas à leurs besoins.
C'est
quoi, l'écart entre les besoins puis l'offre en habitation, par exemple, pour
avoir des logements qui sont adaptés pour les personnes à mobilité réduite? Bien, on ne le sait pas, on fait juste
constater des fermetures de certains milieux de vie.
C'est
quoi, les entraves à la participation sociale des aînés? C'est quoi, les
aménagements, les ajouts d'infrastructures qu'il faudrait faire pour qu'ils se sentent à l'aise de fréquenter les
lieux publics dans nos municipalités en toute sécurité? On ne sait pas d'où
on part pour répondre à ces besoins-là.
Puis
en ce moment on agit tellement à petite échelle que ça me semble impossible de
réussir à permettre à chaque personne
de vieillir dans la dignité. C'est le cas pour les services à domicile, mais
c'est le cas aussi pour tout le reste. Par exemple, cette semaine, la ministre
annonçait 9 millions pour le Québec au complet pour faire des petits
projets d'amélioration d'infrastructures municipales dans le cadre du
programme Municipalité amie des aînés. Mais à quel rythme on va réussir à adapter nos infrastructures municipales
pour que ça contribue à un écosystème de maintien de l'autonomie à coup
de 9 millions par année pour le Québec au complet?
Donc,
moi, je pense que, si on a été capable, au Québec, de s'asseoir ensemble à deux
reprises pour parler de l'aide médicale à mourir, de comment mourir dans la
dignité, on devrait être capable de le faire encore pour réfléchir à ce
que ça prend pour vieillir dans la dignité
au Québec. Je pense que c'est ce que les aînés attendent de nous. C'est ce que
j'ai proposé à la ministre il y a
quelques semaines, je lui ai redemandé ce matin : Est-ce qu'elle accepte
ma proposition qu'on forme un comité transpartisan pour préparer le
Québec au vieillissement de la population?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke. Et,
pour une durée de cinq minutes, je cède la parole à Mme la ministre responsable
des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Oui.
Alors, M. le Président, je vais répondre en deux volets à la question. Je vais
y aller d'abord sur le volet du
soutien à domicile. C'est important de mentionner, puis je ne veux pas y aller
sur le budget aujourd'hui, là, mais notre
gouvernement a quand même, depuis 2018, investi près de
3,5 milliards de dollars en soutien à domicile depuis 2018. Vous l'avez vu, le budget qui est en
discussion actuellement, qui sera probablement, éventuellement, peut-être,
je l'espère, adopté, c'est
1,1 milliard, dont la moitié cette année, pour le prochain exercice
budgétaire, c'est 500 millions qui
s'ajoutent à tout ce qui a été investi depuis 2018, qui sont encore présents
dans les programmes. Ça fait que ça, c'est la première chose. Les
ressources financières ne sont pas illimitées.
Je veux quand même mentionner qu'actuellement il
y a 350 000 citoyens, des patients, personnes aînées, des personnes
en situation de handicap qui reçoivent des services de soutien à domicile. Il
ne faut pas regarder seulement un
indicateur. La commissaire santé, bien-être, j'ai eu l'occasion de la
rencontrer à plusieurs reprises lorsqu'elle a fait ses travaux. Je salue, d'ailleurs, vraiment, la grande
compétence dans les travaux. Mais, comme gouvernement, on ne suit pas un pourcentage. Nos indicateurs sont dans le tableau
de bord. Ça fait que nos indicateurs, c'est quoi, pour le soutien à domicile?
C'est le nombre de personnes desservies. Ça,
c'est concret. C'est ça que... Chaque CISSS, chaque CIUSSS, les équipes CLSC
suivent ça aussi, donc, le nombre d'usagers, et ça, c'est l'indicateur
le plus important.
• (13 h 20) •
L'autre
indicateur qu'on utilise, puis on le voit dans notre tableau de bord, c'est
vraiment le nombre d'heures mis en soutien à domicile. Et là je voudrais quand
même vous mentionner qu'actuellement là, en P11, c'est 30 008 000 heures.
C'est des millions d'heures. Ce n'est pas disparu, là. Depuis 2018, on a
constamment augmenté le nombre d'heures. C'est
plus de quatre millions d'heures par rapport à l'année passée. Là, vous
allez me dire : Oui, bien là, comment ça qu'on n'a pas plus
d'usagers? Bien, M. le Président, pourquoi on n'a pas plus d'usagers? Parce
qu'on fait plus d'intensité de services. Il
y a certaines personnes en soutien à domicile, actuellement, là, qui ont des
services sept jours sur sept, 24 heures, presque, sur 24. Bien, ça, c'est une bonne nouvelle. Mais donc ça veut
dire qu'il y a un petit nombre d'usagers qui demandent beaucoup,
beaucoup de services, puis, avec le vieillissement de la population, il va
falloir réfléchir à ça aussi.
Pour le moment, on n'a pas révisé le programme
en profondeur. On y va sur les programmes actuels. Mais, je veux quand même le mentionner, on a à peu près
800 professionnels de plus, au moment où on se parle, qu'à la même date
l'année passée. Ça fait que, donc, on est vraiment en train d'intensifier le
virage. Je ne reviendrai pas sur tout ce qu'on est en train de faire. Vous le
savez, là, on a entrepris un travail important avec les travailleurs sociaux
pour réduire, là, leur formulaire, qui
prenait jusqu'à six heures, et qui, maintenant, donc, peut... on peut faire une
bonne évaluation avec des outils standardisés à 90 minutes. Donc,
on le voit, il y a un changement qui est en train de s'opérer. On va avoir des meilleurs résultats d'ici la P13. Les résultats
qui sont sortis actuellement, c'est des résultats de la P10, P11. Ça, c'est
quoi, la P10, P11? C'est après les
fêtes. Ça fait que, tu sais... Alors, moi, je regarde... Puis on le voit, là,
on a des améliorations, quand même, sur le nombre de personnes en
attente. C'est important. On va réduire ça.
Mais je veux quand même vous dire que, des
personnes en attente de soutien à domicile, là, l'objectif, ce n'est pas zéro, il va toujours y en avoir, parce qu'à
partir du moment où une requête est faite pour le soutien à domicile ça peut
prendre quelques jours à évaluer puis à
mettre en service, ça fait qu'il va toujours y avoir un nombre de personnes.
Donc, il faut qu'on diminue ça.
Je veux juste revenir sur la main que vous me
tendez par rapport à l'écosystème du soutien à domicile. Vous savez, on a mis en... on a fait deux grandes
réunions à Québec, l'année dernière, sur des chantiers. Vieillir et vivre
ensemble, j'aurai l'occasion, vers la fin du mois de mai, de faire le lancement
de la stratégie nationale Vieillir et vivre ensemble. Votre collègue du
Parti libéral était... a participé à une de ces journées-là, d'ailleurs. Alors,
je veux quand même mentionner, l'événement
arrive au mois de mai, des chercheurs, des intervenants, plus de
30 ministères qui sont mobilisés. Tantôt, vous donniez l'exemple du transport. Moi, je pourrais
parler de la sécurité financière, du revenu. On peut parler, naturellement,
de la prévention, de la santé publique.
Donc, ce ne sera pas juste... mais il va y avoir un axe soutien à domicile,
bien sûr, puis un axe d'hébergement...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
Mme Bélanger : ...mais ce sera
un axe parmi tant d'autres. Et, oui, je vais réfléchir à travailler de façon...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Alors, je vais donner le droit de réplique, pour deux minutes,
à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
(réplique)
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. La ministre nous a ramenés à ce qui a été investi dans les
dernières années. Je ne sais pas combien de fois je vais devoir le répéter,
mais merci, merci pour ces investissements-là. Je reconnais qu'ils ont été faits. Je reconnais que personne n'a les
bras croisés, en ce moment, par rapport aux services à domicile, du côté du
gouvernement.
Mais on ne
peut pas non plus banaliser l'analyse de la Commissaire à la santé et au
bien-être en disant que ce n'est pas juste ce pourcentage-là qui compte, puis
c'est aussi le nombre des personnes qui reçoivent des services. 10,7 %
des personnes... des besoins qui sont
répondus en services à domicile, en ce moment, c'est extrêmement peu. Puis ce
qui est écrit là-dedans, là, c'est
aussi que, dans l'état actuel des choses, ce taux de... ce taux-là va diminuer.
C'est ça qui est écrit là-dedans, là.
Ça fait qu'on n'est pas du tout en train de se
préparer à mieux répondre aux besoins, ce n'est pas ça qu'il est en train de se passer actuellement. Je ne suis pas
convaincue, moi, que ce qui est en chantier actuellement au Québec est
suffisant pour assurer une qualité de vie, une vie digne aux personnes qui vont
vieillir sur les territoires du Québec, et ça m'inquiète énormément, ça m'inquiète énormément
parce qu'on a des gens qui nous le disent, qu'il n'y a déjà pas ce qu'il
faut pour eux, puis, on le sait, la proportion importante que ça va prendre,
dans les prochaines années, avec le vieillissement
de la population. Je ne comprends pas pourquoi on focusse juste sur ce qui a
déjà été fait dans le passé pour se réconforter plutôt que de travailler
tous ensemble.
La ministre parle de
la consultation qui a été faite dans la dernière année. Je l'ai consulté, le
document de cette consultation-là. C'est ahurissant de voir à quel point on n'a
presque rien sur quoi se reposer pour prendre des décisions pour la suite des choses. On ne connaît pas l'état
des besoins auxquels on doit répondre. C'est pour ça que j'invite la ministre
à ce qu'on fasse un chantier ensemble,
transpartisan, pour dresser un état des lieux. C'est ça, l'invitation que je
lance à la ministre. Ce chantier-là, il ne sera pas suffisant.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke.
Nous
allons maintenant procéder au troisième débat, qui portera sur une question
adressée par M. le député de Pontiac à
Mme la ministre déléguée à la Santé, en remplacement de M. le ministre de la
Santé, concernant les délais d'attente aux urgences. M. le député de
Pontiac, je vous cède la parole pour un premier cinq minutes.
Temps d'attente dans les services d'urgence
M. André
Fortin
M. Fortin : M. le Président, je ne passerai pas par quatre chemins, je vais
redemander à la ministre ce que j'ai posé au ministre ce matin et pour
lequel je n'ai pas obtenu réponse.
Le
seuil critique, pour une urgence, à partir duquel on met les patients à risque,
selon l'Association des médecins d'urgence, c'est 150 %. À
l'hôpital de Châteauguay, en ce moment, c'est 188 %. À l'hôpital de
Châteauguay, le temps d'attente, pas pour
les patients sur civière, le temps d'attente est de 10 h 16 min.
C'est 7,5 fois plus que la promesse du gouvernement de
90 minutes.
Alors,
j'ai une question toute simple, là : Quand on a une urgence où on sait
qu'il y a trois patients qui sont décédés puis qu'on permet de maintenir cette
urgence-là ait des seuils où les patients sont en danger, comment on peut
accepter ça, au gouvernement?
Pourquoi c'est encore la situation comme ça à l'hôpital de Châteauguay? Et
qu'est-ce que le gouvernement va faire à l'hôpital de Châteauguay pour
améliorer la situation?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Pontiac. Alors, en réponse, je vais céder la
parole à Mme la ministre déléguée à la Santé. Vous avez également droit à cinq
minutes, Mme la ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Merci, M. le Président.
Bien, écoutez, vous le savez, la situation des urgences, c'est une situation
qui est critique dans notre système de
santé, comme dans tous les systèmes de santé partout dans le monde. Les
urgences sont une porte d'entrée extrêmement importante, et plusieurs
investissements ont été faits. Je connais bien l'Hôpital Anna-Laberge pour y
avoir oeuvré dans ma carrière, et effectivement ils ont des gros défis en
termes d'organisation de services.
D'ailleurs, mon collègue le ministre de la Santé s'est rendu en visite
impromptue il y a quelques semaines. Ils ont fait des changements
importants dans la gestion, dans la gestion médicale aussi. Il y a eu des
améliorations. Là, on voit bien qu'il y a un goulot d'étranglement, puis je
pense que c'est important de s'assurer que les présidents-directeurs généraux, qui sont responsables, aussi, des résultats
dans leurs salles d'urgence, soient en mesure de mettre en place les actions
qui ont été identifiées avec le ministre, puis on parle ici de travailler en
amont et en aval des salles d'urgence notamment. Donc, les médecins de famille, je n'ai pas besoin de vous parler des
résultats, vous le savez, il y a un travail important qui est fait.
Je veux aussi quand
même mentionner qu'on voit, si vous regardez le tableau de bord, quand même
plusieurs indicateurs qui sont en vert au niveau de la salle... des salles
d'urgence au Québec. Puis on le voit, là, il y a un virage qui est en train de s'actualiser, puis c'est assez
particulier de voir qu'on a beaucoup de visites, on a plus de visites que les
années antérieures, puis ça s'explique notamment par le vieillissement de la
population. On le voit dans les salles d'urgence,
quand on regarde, les personnes de 75 ans et plus, c'est normal, on...
Donc, plus de personnes qui ont 75 ans et plus. C'est souvent à ces
âges-là qu'on va avoir besoin, des fois... de situations aiguës puis on va
avoir besoin de se rendre à l'urgence. Donc,
on a plus de 75 ans et plus. La courbe va comme ça. On a plus de visites,
mais, en même temps, on réussit à
maintenir et à améliorer un peu la DMS. Je vais dire un peu, mais, dans un
contexte où on a plus de demandes, on peut quand même parler de performance ici. Les équipes des salles d'urgence,
au Québec, sont au rendez-vous pour vraiment améliorer leurs résultats. Il y a
eu une cellule de crise. Il y a des rencontres qui sont faites. Il y a des
salles d'urgence qui ont plus
d'enjeux. Ils ont chacun des plans d'action. Ils doivent, donc, s'assurer de
mettre en place les bonnes pratiques, et c'est important. La
mobilisation est là dans les salles d'urgence.
• (13 h 30) •
Mais je veux quand même
aussi mentionner... Dans ma circonscription, par exemple, avec le centre
hospitalier de Saint-Jérôme, longtemps, ça a
été une salle d'urgence qui était à défis, on va dire ça comme ça. Puis,
aujourd'hui, dans cette salle d'urgence, ils ont réussi vraiment, avec
un achalandage extrêmement important puis avec des populations qui ont des besoins spécifiques, ils ont réussi à
faire un virage. Les résultats, si on le regarde sur le tableau de bord, ne
sont pas à 100 % au rendez-vous, mais sont dans une amélioration
extrêmement importante.
Puis il faut
aussi écouter ce que les citoyens nous disent, ce que les patients nous disent
de la satisfaction générale, globale,
qu'ils ont quand ils reçoivent des services dans une salle d'urgence. Ça fait
que je pense que c'est important de le regarder. Mon collègue le ministre de la Santé a
mis en place cette culture de mesurer ce qu'on fait. On le voit avec les
tableaux de bord, honnêtement, ça donne des résultats, parce que ce qu'on ne
mesure pas on ne le gère pas. Et là ce tableau de bord là qui est
présenté régulièrement ici, qui est public, bien, en fait, ce tableau de bord,
il est aussi utilisé par les présidents-directeurs généraux.
Puis je veux quand
même aussi mentionner que, dans chaque établissement, il y a des équipes de
gestion des lits, qu'on appelle, qui se
rencontrent le matin et qui font le bilan de tout ce qui se passe dans la
situation d'urgence... dans les urgences, mais qui font aussi le bilan
de ce qui se passe dans les unités de soins, et qui, là, vont vraiment
planifier les congés. Ça fait qu'il y a
vraiment beaucoup d'équipes qui travaillent avec les médecins, avec les
professionnels pour travailler aussi dans les unités de soins, parce que ce qui
se passe dans les salles d'urgence, bien, si on ne travaille pas en amont et en aval, bien, malheureusement, on a des
reflets de ça, mais moi, je suis très positive par rapport à ce que je vois.
Puis ça veut dire que, si on n'avait pas
fait tous ces changements-là, ces améliorations-là, avec l'augmentation du
nombre de visites constante, bien, on n'aurait pas... aujourd'hui, on aurait
une situation qui serait encore plus grave. On est conscients que ça va
donner des résultats.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Et je vais donner la parole pour deux minutes,
en droit de réplique, à M. le député de Pontiac.
M. André
Fortin (réplique)
M. Fortin : J'apprécie que la ministre prenne le temps de répondre à la
question, mais, M. le Président, voici ce
que j'ai entendu pour l'hôpital de Châteauguay. Ce n'était pas une question qui
portait sur les urgences du Québec, c'était une question qui portait sur l'Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. J'ai
entendu : Le ministre est allé, il y a eu des changements à la direction, puis on travaille en
amont puis en aval. C'est à peu près ça. Je ne peux pas dire, M. le Président,
que c'est très novateur, là, comme solution.
Ça, c'est la même chose que tout le monde fait depuis des années, et des
années, et des années, mais ce que ce
que la ministre doit être à même de constater, c'est qu'on maintient l'Hôpital
Anna-Laberge dans une situation où,
ne serait-ce que par le volume des gens qui sont présents sur place, on met,
comme l'a dit le Dr Boucher, de
l'association des médecins d'urgence, la population à risque. C'est ça qu'il
dit. En haut de 150 %, on met la population à risque.
Puis, à Anna-Laberge,
un hôpital où trois personnes, pas un incident, trois personnes sont décédées
en attendant des soins, en attendant sans avoir vu de médecin, on est à
188 % d'occupation. Les gens attendent pendant 10 h 16 min.
La promesse de la CAQ, qui connaissait très bien la courbe de vieillissement de
la population qui s'en venait, là, c'était de dire : Ça va être
90 minutes. 10 h 16 min, là, c'est 90 minutes une
fois, 90 minutes deux fois, 90 minutes trois fois, 90 minutes quatre fois, puis vous n'avez
toujours pas vu personne, 90 minutes cinq fois, 90 minutes six fois,
90 minutes sept fois et demie, M.
le Président, puis là vous allez voir quelqu'un. Ce n'est pas 90 minutes à
l'urgence, c'est 10 h 15 min qu'ils passent à une salle
d'urgence. C'est complètement inacceptable, dans une urgence où il y a eu une
situation... trois situations comme celles-là au cours des derniers mois, des
dernières années. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Pontiac. Et cela met fin aux débats de fin de séance.
Et je suspends nos
travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à
13 h 35)
(Reprise à 14 h 30)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Bon après-midi, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien
vouloir vous asseoir.
Alors,
nous reprenons les affaires du jour. Et, pour ce faire, pour connaître la suite
de nos travaux, je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Caire : M.
le Président, pourriez-vous appeler l'article 17 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet
de loi n° 42
Adoption
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
à l'article 17 du feuilleton, M. le ministre du Travail propose l'adoption
du projet de loi n° 42, Loi visant à prévenir et à combattre le
harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de
travail.
Alors, y a-t-il des interventions? Évidemment, je
reconnais M. le ministre du Travail. La parole est à vous, M. le ministre.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Merci, M. le Président.
Nous entamons aujourd'hui la dernière étape menant à l'adoption du projet de loi n° 42 visant à prévenir et à combattre
le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de
travail. Si ce projet
de loi est adopté par cette Assemblée, le Québec sera précurseur en ce qui
concerne la prévention et l'indemnisation des victimes de harcèlement
psychologique et de violence à caractère sexuel en milieu de travail.
À l'approche
de l'adoption du projet de loi, je suis fier de dire que nous avons atteint
notre objectif. Je ne peux passer sous silence l'importante contribution
de l'ensemble des collègues mais aussi des principaux acteurs concernés, durant
toute la durée de nos travaux. Et, quand je
réfère aux collègues, c'est tant ceux du côté gouvernemental que les collègues
de La Pinière, l'Acadie, Hochelaga-Maisonneuve et Jean-Talon.
M. le
Président, permettez-moi de refaire brièvement la genèse de ce projet de loi.
Je voudrais rappeler que notre gouvernement avait déjà entrepris de faire des
améliorations pour sécuriser les lieux de travail. Nous avions utilisé
le chantier de la modernisation du régime de santé et de sécurité au travail,
en 2021, comme opportunité d'instituer, pour l'employeur,
l'obligation de protéger la travailleuse ou le travailleur victime de violence
conjugale sur son lieu de travail. À
présent, dans le cas d'une situation de violence conjugale ou familiale,
lorsque l'employeur sait ou devrait raisonnablement savoir que le travailleur est exposé à cette
violence, il est tenu de prendre des mesures de protection appropriées. D'ailleurs,
cette responsabilité accrue a d'ailleurs été consacrée par des décisions des
tribunaux.
À cela s'ajoute dorénavant l'élaboration, pour
les chantiers de 10 travailleurs ou plus de la construction, d'un programme de prévention qui doit impérativement
prévoir l'identification et l'analyse des risques liés à la violence, dont la violence conjugale. Il faut obligatoirement que
les mesures ou les priorités d'action permettent d'éliminer ou, à défaut,
de contrôler les risques identifiés, incluant maintenant les risques
psychosociaux.
Pour aider
les employeurs dans ces nouvelles obligations, nous avons annoncé, l'été
dernier, l'ajout de 18 conseillers en santé psychologique de la CNESST, à temps plein, qui fourniront des
outils pour soutenir les milieux de travail dans leurs démarches.
Cependant,
nous avions la conviction qu'il fallait en faire encore plus, quand on sait que
49 % des travailleurs ont indiqué,
dans une enquête sur les inconduites sexuelles menée par Statistique Canada,
avoir observé ou subi un comportement sexualisé,
inapproprié ou discriminatoire dans leur milieu de travail, en 2020, mais que,
malgré tout, il y a encore une réticence à porter plainte chez les victimes, et peu le font. On comprend qu'il
était plus que temps que le gouvernement facilite la trajectoire menant
à une accessibilité des recours à tous et à toutes.
Ces données vont dans le même sens que celles
d'un sondage effectué par le ministère du Travail, en 2019, indiquant que
39 % des femmes et 23 % des hommes avaient subi une forme ou un autre
type de comportement sexuel inapproprié en
milieu de travail, au cours des deux années précédentes. L'urgence d'agir pour
faire cesser ces comportements s'est imposée.
En février 2022, j'ai donc mis en place un
comité chargé d'analyser les recours en matière de harcèlement sexuel et d'agression à caractère sexuel. Le
comité fut constitué d'expertes en la matière. Je les nomme, elles ont joué un rôle prépondérant : Mme Rachel Cox, qui
est professeure au Département de sciences juridiques de l'Université du Québec
à Montréal, qui en a assuré la présidence;
elle était assistée de Pre Dalia Gesualdi-Fecteau, de l'École des
relations industrielles de
l'Université de Montréal, ainsi que Me Anne-Marie Laflamme — en
fait, les trois, je pourrais les identifier comme étant des maîtres — doyenne de la Faculté de droit de l'Université
Laval. Elles purent également compter sur le soutien d'une équipe
chevronnée d'avocates et chercheurs.
Le rapport issu de ces travaux contient
82 recommandations visant quatre objectifs : rendre cohérent le cadre
juridique du travail, s'assurer que la
réponse du droit du travail permette de réparer les torts causés, réduire les
risques de victimisation secondaire, c'est-à-dire lorsque la victime fait face
à des réactions négatives supplémentaires par autrui, en lien avec le préjudice subi, et outiller les
milieux de travail pour prendre en charge le risque et y mettre fin
promptement.
En septembre
2023, j'ai annoncé que la très grande majorité des 23 recommandations concernant
des améliorations liées aux procédés administratifs réalisés par la
CNESST sont déjà en place ou en voie de l'être. Ces recommandations touchent,
entre autres, l'embauche de conseillers spécialisés, la formation continue pour
l'ensemble des intervenants, l'amélioration
du processus de traitement des réclamations et encore le développement de liens
institutionnels avec certains organismes.
Autre
exemple, la CNESST traitera dorénavant en priorité toutes les réclamations en
lien avec la violence à caractère sexuel par des agents d'indemnisation formés
en la matière. Ceci est en réponse à la recommandation n° 13
du rapport.
L'adoption du
projet de loi n° 42 nous permettra d'élargir le spectre de
protection du droit des Québécoises et des Québécois de travailler dans
un environnement sain et sécuritaire.
M. le Président, l'étape suivant la présentation
du projet de loi était de tenir des consultations particulières. Celles-ci se sont déroulées du 30 janvier
2024 au 1er février 2024. Lors du processus de consultation,
28 groupes ont déposé des
mémoires à la Commission de l'économie et du travail. Parmi ceux-ci,
16 groupes ont été entendus. Ces auditions ont permis de recueillir
plusieurs commentaires dans l'objectif commun d'améliorer les dispositions prévues.
Dans l'ensemble, les groupes étaient favorables au projet de loi, et un
consensus en a résulté. Les modifications proposées sont donc issues des
mémoires déposés lors des consultations et des échanges tenus lors des
auditions des groupes.
J'aimerais à
présent vous énumérer sommairement les principales mesures du projet de loi n° 42 : étendre l'obligation de
l'employeur de prévenir et de faire cesser le harcèlement en ce qui concerne
toute personne, donc incluant le fournisseur ou le client, notamment, protéger
la personne salariée contre des représailles de l'employeur, à la suite d'un
signalement de harcèlement psychologique envers une autre salariée ou en cas de
collaboration au traitement d'un signalement ou d'une plainte, interdire l'application des clauses
d'amnistie relatives aux violences physiques et psychologiques, y compris
celles à caractère sexuel, afin qu'un employeur puisse toujours
effectuer un processus de gradation des sanctions, ajouter des présomptions pour la personne salariée, pour
faciliter la reconnaissance d'une lésion professionnelle découlant d'une
violence à caractère sexuel, prolonger de six mois à deux ans le délai de
réclamation pour une lésion professionnelle découlant d'une violence à
caractère sexuel à la Commission des normes, de l'équité et de la santé et
sécurité du travail afin
que les personnes victimes aient plus de temps pour faire les démarches
requises, obliger les arbitres traitant des griefs en matière de harcèlement psychologique à suivre
une formation reconnue en matière de violence à caractère sexuel, assurer
la confidentialité du dossier médical des
personnes salariées en cas de contestation de l'employeur, donner la
possibilité au Tribunal administratif
du travail d'imposer des dommages
punitifs lorsque l'employeur est personnellement responsable du harcèlement
psychologique intentionnel et illicite et même s'il estime probable qu'il
s'agisse d'une lésion professionnelle, prévoir
une inhabilité à occuper certains postes dans le secteur de la construction en
cas d'infraction criminelle liée à des agressions sexuelles.
• (14 h 40) •
Également en complément, grâce à une mesure
administrative, le Tribunal administratif du travail mettra sur pied une équipe spécialisée en matière de violence
à caractère sexuel. Elle sera constituée de juges et de conciliateurs dûment
formés en la matière — ils
ont d'ailleurs déjà été formés sur les mythes et les stéréotypes en cette
matière — et
qui va prévoir aussi des mesures pour faciliter le processus et l'accompagnement
des personnes victimes, parce que, si j'avais à résumer en trois mots le projet
de loi, qui, souhaitons-le, devienne loi, c'est une meilleure prévention, un
meilleur accompagnement puis une meilleure indemnisation.
Ça répond à
la volonté de tous que le système de justice puisse évoluer en même temps que
le reste des obligations légales afin
que ce soit un changement de paradigme complet qui s'effectue chez les
personnes traitant de litiges en cette matière.
Déjà, depuis le 15 décembre 2023, la CNESST identifie et priorise les
plaintes en pratiques interdites de harcèlement psychologique et de
congédiement sans cause juste et suffisante ayant une composante de violence à
caractère sexuel lorsqu'elles sont déférées
au Tribunal administratif du travail. Le rapport des expertes ne recommandait pas une
réingénierie complète des règles juridiques actuelles, mais proposait des
solutions pragmatiques pour mieux adapter les leviers que nous avions déjà dans les lois existantes aux besoins
des personnes victimes de harcèlement psychologique et de violence à caractère
sexuel en milieu de travail.
Les mesures administratives que nous avons
annoncées en septembre dernier constituaient un premier pas dans la
modification d'un système complexe en adaptant nos institutions et instances du
droit du travail aux particularités du harcèlement sexuel et des agressions à
caractère sexuel pour pourvoir aux besoins des personnes qui en sont encore
malheureusement victimes.
À présent, en
complétant l'adoption du projet de loi, nous répondons à notre engagement de
créer des environnements de travail
sains, sûrs, respectueux et aussi équitables pour tous et toutes. Le Québec
pourra être fier de se situer encore une fois à l'avant-plan des
juridictions canadiennes en matière de droits et protection des travailleuses
et travailleurs.
En terminant,
je tiens à remercier la présidente de la Commission de l'économie et du travail, députée de Mirabel, ainsi
que tous mes collègues, encore une fois, de la banquette gouvernementale,
évidemment, mes collègues, je l'ai fait au début, mais moi, j'apprécie particulièrement le processus de
collaboration qui nous anime tous quand on travaille en étude détaillée. Mon
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve se plaît à dire que nous avons déjà travaillé
neuf projets de loi ensemble, et moi,
je lui renvoie l'affection qu'il m'a exprimée ce matin. C'est un ancien
conseiller syndical, je n'ai pas nécessairement
le même parcours que lui, donc j'apprends énormément de nos échanges, de ses
conseils et de ses instructions. Et, déjà, le collègue de Jean Talon est une
personne qui s'adapte très facilement aux processus, et je pense que notre
façon de travailler est compatible avec ce qu'il est et ce qu'il
ambitionne faire en politique. Donc, moi je trouve que c'est un élément extraordinaire pour notre Parlement. Et
évidemment notre collègue de l'Acadie puis sa collègue, aussi, de La Pinière, on a bien apprécié... Puis il y a eu des amendements
qui ont, à chaque fois, été analysés à leur mérite, puis, quand on pouvait
le faire, quand ça respectait les objectifs
du projet de loi puis que c'était efficace et pratique de le faire, on allait
de l'avant. Alors, je les félicite, bien sûr, tous les trois, et la
collègue aussi, bien sûr, de La Pinière.
M. le
Président, j'invite maintenant tous les collègues de cette Assemblée à voter en
faveur du projet de loi n° 42 visant à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la
violence à caractère sexuel en milieu de travail. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le ministre du Travail. Et je suis maintenant prêt à
reconnaître le prochain intervenant, et je vais céder la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, M. le Président. Je veux d'abord saluer mon
collègue de l'opposition officielle qui me permet de passer tout de
suite. C'est un accommodement que j'apprécie.
Je vais être assez court, M. le Président, parce
que j'ai été beaucoup dans le détail lors du vote précédent d'hier sur la prise en considération du rapport, là. J'ai
fait la longue liste des amendements que nous avions déposés et des thèmes qui ont été traités. J'ai fait tous les remerciements
d'usage, notamment à la stagiaire Bonenfant, que je salue encore, Alexandrine Lahaie, que j'apprécie beaucoup et
qui travaillera avec moi sur le 51, qu'on va commencer certainement bientôt.
Je veux, par contre, reprendre les quelques
minutes que j'ai devant moi pour parler d'un autre enjeu, qui est celui de la division du travail. Je vous dis... en
fait, la division du tribunal du travail. C'est une recommandation qui était
présente dans le rapport des expertes. Je veux aussi saluer au passage une
femme qui nous a écrit, à l'ensemble des parlementaires, dont je tairai le nom,
c'était son souhait qu'elle demeure anonyme, qui nous a envoyé un gros rapport,
une grosse réflexion, là, des dizaines de
pages sur, notamment, cet enjeu-là, la division du travail du TAT. Et le
ministre a dit qu'il allait créer une équipe spécialisée pour avoir une forme
de meilleure gestion de ces dossiers-là au TAT, mais, quand même, cette question-là d'une division était
abordée de manière structurelle dans plusieurs mémoires. Donc, je faisais
référence à l'instant à celui que nous avons reçu de cette femme
militante, là, qui nous avait interpelés, l'ensemble des élus.
Mais
je vais juste citer rapidement la recommandation n° 57
du rapport des expertes, là, de Cox, Gesualdi-Fecteau et Laflamme, que je salue au passage, d'ailleurs.
Le ministre l'a bien fait à l'instant. La recommandation 57 disait la
chose suivante : «Le comité recommande qu'une division en matière de violence
à caractère sexuel au TAT soit créée au sein de la LITAT — de la
loi du tribunal — et
que les juges nommés pour siéger à cette division possèdent une expertise en matière de harcèlement sexuel et d'agression à
caractère sexuel et soient formés sur une base continue dans ces matières.»
C'était une recommandation qui était reprise dans les mémoires de la CSD, de la
FTQ, de la CSQ, de la CSN et de l'UTTAM, donc, une idée qui était, somme toute,
assez populaire.
On verra si
l'équipe spécialisée du ministre fera le travail. Cela étant dit, moi, j'aurais
quand même souhaité qu'on aille
peut-être peu plus loin dans la réflexion sur la division à proprement parler,
parce que c'est ce qui a été fait dans le dossier de la violence sexuelle et conjugale. En droit criminel, on a
créé, à la Cour du Québec, une division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale, ou tribunal spécialisé, qu'on a appelé un peu dans le jargon. Ça
aurait été intéressant qu'on fasse la même chose dans le volet... dans
l'enveloppe «travail», si on peut parler ainsi.
Je termine en
citant un exemple, là, du rapport Cox, là, qui est à l'origine de toute cette
discussion-là. Ça va comme suit : «Le comité recommande donc la
création d'une nouvelle division du Tribunal administratif du travail dédiée à l'audition de l'ensemble des litiges impliquant un
enjeu de violence à caractère sexuel. Les juges de cette nouvelle division,
qui [pourraient] être issus [de d'autres]
divisions déjà existantes, seront tenus d'appliquer les mêmes règles de droit
et les mêmes règles de preuve et de
procédure que lors de l'audition de tout autre litige. Toutefois, à l'instar
des tribunaux spécialisés en matière
de violences sexuelles dans les domaines du droit criminel, le système sera
humanisé pour les personnes victimes et adapté aux particularités des
violences à caractère sexuel.»
Donc, M. le Président, ce n'est pas dans le
projet de loi. Ce n'est pas la solution qui a été retenue par le ministre, qui a ses raisons, j'imagine. Moi, je ne fais que,
dans le fond, réitérer au ministre une certaine demande d'ouverture pour
la suite des choses. Si jamais, d'ores et déjà, on observe, dans le futur, que
l'équipe spécialisée qu'il aura demandé de mettre
en place n'est pas suffisante, si on entend des échos de femmes qui auront
traversé ce chemin-là et qui auront jugé que ce n'était pas adéquat... Mais je souhaite qu'il demeure ouvert à
cette idée-là, d'une division, comme on l'a fait dans d'autres domaines,
et que ça puisse demeurer dans l'ordre du jour de ce débat permanent. Parce que
je ne pense pas qu'on termine ce débat-là,
de la violence à caractère sexuel, avec le projet de loi. On marque un jalon
important, auquel nous aurions...
nous aurons contribué, l'ensemble des oppositions, mais je suis convaincu que
le ministre est d'accord avec moi pour dire que c'est une préoccupation
constante de l'ensemble des parlementaires, de l'ensemble des partis politiques,
de l'État québécois, de son ministère, en
particulier, et qu'il y aura, dans le futur, d'autres moments pour intervenir
sur le sujet. Est-ce que ce sera là
l'occasion, donc, de revenir sur cette question de la division du Tribunal du travail? Nous verrons dans le futur.
Encore une
fois, merci à tout le monde qui est intervenu sur ce débat. Merci pour
l'ouverture du ministre sur les différents
amendements. Merci encore à mon collègue de l'opposition officielle de me
permettre d'intervenir maintenant. Et nous allons, bien sûr, voter en
faveur de l'adoption finale de ce projet de loi. Merci beaucoup.
• (14 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Et nous allons poursuivre
maintenant avec l'intervention de M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Merci. Merci, M. le Président. Alors, je suis
privilégié de pouvoir intervenir cet après-midi, à l'étape finale, en fait, l'adoption du projet de loi n° 42, Loi visant à prévenir et à
combattre le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel
en milieu de travail.
C'est un projet de loi important, je le
soulignais hier, lors de l'étape de la prise en considération, mais c'est particulièrement important parce que, M. le
Président, encore aujourd'hui, dans le monde du travail... il y a un trop grand
pourcentage de victimes qui doivent subir du harcèlement psychologique ou de la
violence à caractère sexuel dans le monde du travail. Ça ne devrait jamais
arriver. Il ne devrait pas, dans un monde idéal, y avoir aucun cas.
Malheureusement,
ça arrive. Les statistiques sont particulièrement importantes, et donc il
était... et je salue le ministre, il
était important que le ministre puisse déposer son projet de loi pour mettre en
place des modifications qui touchent un ensemble de lois qui vont venir
à prévenir, justement, le harcèlement psychologique et la violence à caractère
sexuel.
Et pourquoi c'est important? Bien, c'est parce
que les gens qui en souffrent, les victimes, ont souvent à attendre longtemps
avant de voir leur santé revenir. Et je pense que c'est important de souligner
que l'ensemble des experts s'entendent sur plusieurs des conséquences du
harcèlement psychologique et de la violence à caractère sexuel.
Permettez-moi de citer le mémoire de l'Ordre des
conseillers en ressources humaines agréés, un groupe qui a évidemment comparu lors de l'étude en commission,
et avec... ils ont déposé un mémoire. Puis, évidemment, les conseillers en ressources humaines, ce sont des experts dans
ce domaine-là. Donc, ils sont là, dans le milieu de travail, pour conseiller,
très souvent, ces... l'employeur, mais pour faire en sorte qu'avec
l'employeur il puisse y avoir un milieu de travail sain. Donc, ils sont très
bien placés, ils sont au premier plan pour voir quel est l'impact ou les
conséquences du harcèlement psychologique et de la violence à caractère sexuel.
Permettez-moi
de prendre quelque temps pour vous dire, entre autres parce que c'est documenté
dans leurs mémoires, quelles sont les conséquences qui peuvent se manifester
pour les victimes. Et vous allez voir que c'est vraiment important.
D'abord,
l'intégrité physique. Donc, ça affecte physiquement les gens : troubles du
sommeil, douleurs chroniques, hypertension artérielle, des gens qui sont
blessés. Alors donc, c'est très important, et ça entraîne aussi une...
intégrité psychologique, conséquences sur la
santé mentale, la nervosité, l'irritabilité, l'anxiété, et, dans certains cas,
ça va même entraîner
de la détresse psychologique ou même des états de stress post-traumatique, des
troubles dépressifs, voire des idées suicidaires.
Et ça, M. le Président, c'est documenté. Alors, c'est hyperimportant de
pouvoir, dans le milieu du travail, de faire en sorte que les travailleurs soient protégés et qu'on fasse en sorte
qu'ils n'aient pas à vivre... Et évidemment, quand on parle d'état de stress post-traumatique, de
troubles dépressifs, voire des idées suicidaires, ce n'est pas juste écrit dans
le mémoire, M. le Président, ça
arrive, ça arrive pour vrai. Moi, j'en ai connu, des gens qu'on a aidés, qui,
après des périodes de harcèlement, ont reçu un diagnostic de stress
post-traumatique, de troubles dépressifs, voire d'idées suicidaires. Et
là heureusement, heureusement, souvent, pour ces gens-là, il y a des mécanismes
en place, dans notre société, qui font qu'on
va être capables de les aider, de les accompagner et qui vont... qu'ils vont
revenir dans un état... qu'ils vont guérir de ça. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est excessivement
long, et, dans bien des cas, ça laisse des marques, puis des fois ça
laisse, malheureusement, des marques pour toujours.
Bien sûr,
quand un milieu de travail vit ces circonstances-là, imaginez le climat de
travail. C'est forcément néfaste. Il y a des conséquences néfastes pour la
victime mais pour les personnes qui travaillent, et évidemment ça crée un
climat de travail qui est toxique. Pour l'entreprise, ça peut entraîner
des enjeux financiers et voire même un contrecoup sur la réputation de
l'entreprise.
Je prends la
peine de vous en parler quelques minutes, parce que, quand on m'a demandé de
travailler à ce projet de loi là pour l'opposition officielle, quand
j'ai lu le titre, quand j'ai lu les articles, quand on était allés travailler
avec l'équipe gouvernementale et M. le
ministre, lors de l'étude article par article, je me disais : Si on peut
faire quelque chose pour aider ces
gens-là le plus rapidement possible, bien, il faut le faire, on ne peut pas
faire autrement, on ne peut pas faire autrement. Et ça, je pense que... et je
salue l'initiative du ministre et du gouvernement. Ce n'est pas parfait.
J'aurai l'occasion, dans quelques minutes, de vous parler davantage de
choses qui ont été acceptées, d'amendements, d'amendements que j'aurais voulu voir, qui n'ont pas été acceptés,
mais, quand même, dans l'ensemble, dans l'ensemble, c'est un pas dans la bonne
direction.
Et je
reviens, je reviens aux conséquences, je reviens à l'état physique qui peut
affecter une victime de harcèlement psychologique. Et c'est loin d'être
banal. Puis vous savez, M. le Président, nous tous ici, dans la société en
général, la très grande majorité des gens
vont travailler tous les matins. Ceux qui ou celles qui ont l'avantage d'aller
dans un milieu de travail où ils sont
passionnés, où ça va bien, où c'est respectueux, ça les... ça amène un
engouement, ça accroît la productivité au
travail, et c'est parfait puis c'est comme ça que ça devrait être. Mais
imaginez l'employé, homme ou femme, qui doit entrer dans un milieu de
travail puis que cette personne-là sait qu'elle va subir de la pression. Et ça
prend différentes formes, dans notre société
d'aujourd'hui. Ça peut être des courriels, ça peut être des commentaires, ça
peut être des courriels à n'importe quelle heure du soir, du jour, de la
nuit. À un moment donné, là, tout le monde a le droit à avoir une prestation de travail, mais une prestation où on
est en famille ou bien où on est seul à la maison, mais, enfin, où on est dans
notre univers à nous, puis on est heureux,
puis on veut juste se reposer. Ça aussi, les travailleurs puis les
travailleuses ont droit à ça. Mais
malheureusement, quand il s'installe un climat de violence à caractère sexuel
ou de harcèlement psychologique, bien, ça fait en sorte que ça peut
rendre et ça rend des travailleurs malades.
Donc, je salue, évidemment, l'initiative du
gouvernement, qui fait en sorte que, par ce projet de loi, on va tenter de réduire le plus possible... parce
qu'évidemment, un cas, c'est déjà trop, mais si, au moins, on peut réduire le
plus possible et sensibiliser les
gens à cette réalité pour que des travailleurs et des travailleuses n'aient
plus à le vivre, bien, à ce moment-là, je pense qu'on vient de faire un
pas important dans la bonne, dans la bonne direction.
Permettez-moi de regarder puis de relever
certaines dispositions du projet de loi qui, je pense, vont améliorer la qualité de vie et va lutter contre le
harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel. Dans le projet de loi,
outre, en plus des définitions, puis je
pourrai en reparler, mais, déjà, quand on parle de modifier le Code du travail, on dit, à l'article 1 du projet de loi, on parle de la
formation, formation pour les arbitres de grief qui auront à entendre des dossiers
de conduite de harcèlement psychologique ou... et donc qui devront avoir suivi
une formation dans ce sens-là et aussi une formation sur la violence à
caractère sexuel. Pourquoi c'est important? Bien, parce qu'on ne s'est pas
rendu jusqu'à un tribunal spécialisé, mais
au moins, si on a des décideurs qui sont bien au fait de la manifestation de ce
qui peut se passer dans le milieu de travail en termes de harcèlement
psychologique ou de violence à caractère sexuel, bien, au moins, ça permet aux décideurs d'entendre la preuve et
d'être capables de contextualiser tout ça. Et ça, je pense que c'est important,
tout comme, dans le projet de loi, il est prévu que les employeurs devront
adopter des politiques pour la prévention. Et ça
aussi, c'est très important. Ça, c'est une modification à la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui va faire en sorte que, dorénavant, les employeurs devront former...
devront avoir des politiques pour prévenir ce type de comportement là
qui est totalement condamnable.
• (15 heures) •
Donc,
l'élément formation, l'élément prévention est là, je tiens à le souligner. Je
souligne également qu'au niveau de la
politique, il y a même des éléments particuliers que l'on retrouve dans la loi.
Donc, ça va être important, éventuellement, les employeurs devront, bien
sûr, s'y conformer. Et ça, je pense que ça mérite... ça mérite d'être souligné.
Je veux
maintenant, pendant les minutes qui suivent, vous parler de l'article 4 de
la loi, qui va être modifiée, la Loi sur les accidents de travail et les
maladies professionnelles. Je veux vous en parler, puis, je vous dirais,
honnêtement, je vous en parle avec fierté,
parce que c'est un amendement que l'opposition officielle a déposé et qui a été
accepté par M. le ministre et la partie
gouvernementale. Et je vous explique pourquoi, à mon avis, c'est important.
Dans la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, l'article 4 du projet de loi n° 42, qui va modifier
cette loi-là, met en place une présomption, et donc, ça, je pense que c'est
important, une présomption à l'effet qu'«une blessure ou une maladie d'un travailleur est présumée être
survenue sur le fait ou à l'occasion de son travail lorsqu'elle résulte de la
violence à caractère sexuel subie par
ce dernier et commise par son employeur, l'un des dirigeants de ce dernier dans
le cas d'une personne morale ou l'un
des travailleurs dont les services sont utilisés par cet employeur», et, au
départ, l'article ajoutait «aux fins d'un même
établissement, sauf si cette violence survient dans un contexte strictement
privé». Il y a différents groupes qui nous
ont alertés sur cet élément-là, parce qu'évidemment la présomption, elle est...
elle va bénéficier à la personne victime. Sauf que, si on avait laissé ce
dernier bout de phrase, «sauf si cette violence survient dans un contexte
strictement privé», bien, la victime aurait été obligée, souvent, de démontrer
que ce n'est pas arrivé dans un contexte strictement privé. Donc, ça venait, au
fond, diminuer, amoindrir l'efficacité de la présomption que le gouvernement
essayait de mettre en place.
Ma collègue de La
Pinière et moi-même avons soulevé cet enjeu-là, et je trouvais ça
particulièrement important d'apporter
l'amendement pour éviter de retomber dans des situations où, d'abord, la
victime aurait à expliquer. Parce que, si
c'était resté tel quel, l'employeur aurait toujours pu dire : Oui, mais,
écoutez, c'est arrivé dans un contexte privé, donc ça ne s'applique pas. Évidemment, la personne qui
est victime, là elle va être obligée de démontrer que ce n'était pas dans
un contexte strictement privé. Alors là, on peut s'imaginer rapidement vers où
ça va nous mener, alors : où on était, qu'est-ce
qu'on a fait, etc. Puis, au fond, au fond, ça n'a, à mon avis, rien à voir avec
le fait que la victime ait subi du harcèlement ou de la violence à
caractère sexuel.
Donc,
le ministre était d'accord. L'amendement que j'ai présenté a été accepté, et
cette phrase-là a été rayée du projet de loi. C'est un atout aussi, je vous
dirais, pour les victimes, parce que je crois sincèrement que ça va leur
permettre de divulguer davantage des
situations de harcèlement, ce qui aurait été probablement un frein, si le
projet de loi n'avait pas été modifié.
Je
vous parle d'un autre amendement qu'on avait apporté, et s'en est suivi,
évidemment, une bonne discussion avec M.
le ministre. À l'article 1, quand je vous parlais de formation, puis ça,
c'est une modification au Code du travail, on voulait s'assurer que les personnes qui allaient donner
cette formation aux arbitres de griefs allaient être eux-mêmes des
professionnels formés dans ce
domaine-là pour être capables d'assurer, bien sûr, une qualité puis démontrer,
bien sûr, leurs compétences de
formateurs dans ce domaine. Or, après une discussion, M. le ministre a déposé
un amendement, à l'article 1, qui nous satisfaisait. Donc, ça nous
a permis de bonifier le projet de loi.
Cependant,
il y a certains amendements qu'on a déposés et qui n'ont pas été acceptés. Je
vous en parle brièvement parce que,
sincèrement, je pense encore aujourd'hui que ça aurait permis d'améliorer le
projet de loi, mais, bon, ce ne sera pas cette fois-ci.
Un
des éléments qu'on trouvait important, à l'article 22.1 du projet de loi,
c'était, entre autres, d'avoir une période de deux ans pour être capable de
déposer une plainte, mais deux ans à partir de la connaissance du préjudice
subi par cette conduite.
Présentement, le délai est de deux ans, mais c'est deux ans à partir des
événements. Évidemment, si c'est deux ans à partir de la connaissance du préjudice, c'est sûr que ça peut entraîner
un délai qui est plus long entre le moment où l'événement survient et où
la personne... où la personne va divulguer ce dont elle a été victime.
Je trouvais que
c'était important puis je vais vous expliquer pourquoi. C'est parce que, vous
vous souviendrez, au tout début de mon
intervention, je vous disais que les conséquences que peut vivre une victime,
ça peut être des troubles d'adaptation,
des états de stress post-traumatique, des troubles dépressifs. Et donc, dans
certains cas, ça peut même prendre du temps avant qu'il y ait un
diagnostic qui soit posé et que la victime soit même capable d'exprimer ce dont
elle a été victime, ce qu'elle a vécu. Puis
moi, mon intention avec cet amendement-là, c'était de s'assurer qu'on n'allait
pas échapper personne, et donc que
les gens pourraient avoir accès à tous les services. Ça n'a pas été retenu,
mais, en fait, c'est une tentative.
Donc,
l'autre élément aussi que j'aurais bien voulu voir adopter, c'est à
l'article 23 du projet de loi, parce qu'on prévoit maintenant des séances
de médiation, et j'aurais voulu m'assurer que la commission, donc, la CNESST,
aurait pu offrir un accompagnement à
la personne salariée, donc, à la victime, pendant la médiation. Ça n'a pas été
accepté non plus. Mais, quand même, quand on regarde l'ensemble du projet de
loi, et c'est ce que je soulignais un peu plus tôt, c'est un pas dans la
bonne direction, et je tiens à le souligner.
Le
dernier élément qu'on aurait voulu, c'est une présomption, dans le cas de la
violence à caractère sexuel... si la victime dépose une réclamation en dehors
de la période, qu'il y ait, donc, une présomption à l'effet que son retard ou
son motif de retard ait été raisonnable, donc, des éléments qu'on aurait voulu
voir, mais, je le redis, en fait, pour moi, l'élément le plus important,
c'était la modification à l'article 4 qui fait en sorte, je pense,
sérieusement, que, là, la présomption va jouer pleinement, va avoir pleinement effet, et que ça ne va pas empêcher des
victimes de divulguer et de dénoncer ce type de comportement là.
Il
y a un élément également que j'aimerais rajouter et qui était, lui, très cher,
dans le cadre des travaux, avec beaucoup de vigueur, que ma collègue la députée de La Pinière fait, et là le
projet de loi ne touche pas à ça. Je pense que ça aurait été important, puis je
vais vous expliquer pourquoi, mais on parle ici des chèques emploi-service dans
le réseau de la santé et des services sociaux. Ma collègue la députée de La
Pinière a soulevé la problématique des relations de travail avec le chèque
emploi-service à plusieurs reprises pendant l'étude du projet de loi, et
c'était, pour elle, des enjeux majeurs en ce qui a trait aux usagers.
Puis, dans les minutes qui vont suivre, je vais vous expliquer pourquoi.
• (15 h 10) •
Le
chèque emploi-service est un programme qui permet à un usager... et, dans bien
des cas, on parle ici d'une personne aînée vulnérable ou en perte d'autonomie,
ou encore une personne en situation de handicap, ou de son proche aidant,
et une personne dans cette situation-là peut
choisir le travailleur ou la travailleuse qui va lui offrir des services d'aide
à domicile dont elle a besoin. Alors, ça couvre le scénario, la situation où
une personne est malade, où une personne souffre d'un handicap et où elle a
besoin de soins à domicile. Et donc il y a une personne qui va venir lui offrir
ces services-là.
Deuxièmement,
il faut savoir qu'une personne qui fait usage du chèque emploi-service, pour
recevoir de tels services à domicile, est reconnue au sens de la Loi sur les normes du travail comme un employeur. Si l'usager qui reçoit les
services en question est inapte, c'est son proche aidant qui est considéré légalement
comme l'employeur. Donc, pour les
fins de la Loi sur les normes du
travail, la personne qui reçoit les
soins à domicile, une personne qui est malade ou la personne qui souffre
d'un handicap, va donc être considérée comme étant un employeur. Et donc il y a
des dispositions, forcément, du projet de loi qui vont s'appliquer à elle.
Troisièmement, les usagers puis les
proches aidants ne sont pas toujours au courant que la loi les considère comme
des employeurs. Parce que, dans le projet de
loi, et c'est important, il y a maintenant des obligations pour les employeurs,
j'en parlais précédemment, pour faire en sorte de mettre en place un milieu de
travail où on ne verra pas de harcèlement psychologique ou encore de violence à
caractère sexuel.
Mais donc les usagers
ou les proches aidants, qui, évidemment, ne sont pas toujours au fait des
dernières dispositions de la loi, seront donc considérés comme des employeurs.
Et, avant de recourir au programme du chèque emploi-service, le système leur
souligne qu'ils n'ont qu'à trouver la ressource qui leur offrira les services
et que le programme chèque emploi-service
s'occupera de la paie et des retenues fiscales. Alors donc, ce qu'on dit, au
fond, c'est que, là, il y a un
mécanisme qui va vous aider. Vous allez pouvoir recevoir des soins à domicile,
mais ce n'est pas toujours clair que ces personnes-là vont devenir des
employeurs. Et donc ça va générer des obligations légales.
Ma
collègue soulignait... Donc, elle a parlé à différentes personnes qui utilisent
les chèques emploi-service, et ce n'était pas clair pour ces
personnes-là que, là, soudainement, elles devenaient l'employeur.
Pour
vous dire aussi et puis pour vous décrire la situation, dans un reportage de
l'émission La facture en mars 2019, un proche aidant a été poursuivi par la CNESST au sujet d'un conflit
concernant les avantages sociaux d'une travailleuse. Le proche
aidant et la dame âgée qui recevait
les services... a été confirmé comme employeur et a dû verser à la travailleuse
un montant de plus de 3 000 $.
Donc, quelle a été la surprise de la personne d'apprendre qu'elle pouvait être
considérée comme employeur puis qu'en plus, à cause d'un conflit en lien
avec les avantages sociaux, elle a été poursuivie et qu'elle a dû débourser de
sa poche un montant de plus de 3 000 $.
Donc,
ça, évidemment, c'était dans un cas d'avantages sociaux. Donc, on aurait
souhaité que, puisqu'il y avait un projet de loi qui traitait d'éléments
importants dans le domaine du travail, qu'on puisse effectivement y insérer des
éléments qui auraient pu couvrir ces scénarios-là, mais ça n'a pas été
fait. Et, je me souviens, lorsqu'on était au stade de l'étude article par article, ma collègue la députée de La
Pinière disait : Bon, maintenant, imaginez le cas de figure où une travailleuse
du programme chèque emploi-service subit,
par exemple, du harcèlement dans son milieu de travail ou au domicile de
l'usager. Ça pourrait être, par exemple, d'une personne dans l'entourage
de l'usager.
• (15 h 20) •
Et donc, là, vous
voyez la difficulté qui pointe, M. le Président. Comment l'usager ou le proche
aidant va être capable de s'acquitter des
nouvelles obligations en vertu du projet de loi? Parce que, je vous le
mentionnais, et c'est bien, on parle
de formation, on parle de développer une politique contre le harcèlement, il y
a une politique pour la réception des plaintes, mais sauf que, là, dans...
quand on l'applique dans ce contexte-là, ça peut devenir, effectivement,
excessivement difficile. Et je ne
suis pas en train de vous dire qu'il n'y a pas de harcèlement dans ces
situations-là, mais ce que je dis, c'est qu'il ne devrait pas y en
avoir, mais, si jamais il y en a, ça devient, évidemment, difficilement
gérable.
Puis
c'est, au fond... au fond, l'élément que ma collègue la députée de La Pinière
voulait faire ressortir, ça va devenir rapidement inapplicable. Puis des
personnes qui utilisent le programme du chèque emploi-service, présentement,
il y en a plusieurs. Donc là, on se ramasse dans une situation où la personne
qui pourrait être considérée comme l'employeur, si c'est elle qui commet, par exemple, du harcèlement, bien, ça va
devenir difficile, pour la travailleuse ou le travailleur qui veut aider, de porter plainte. Effectivement, à ce
moment-là, j'imagine qu'il y aura la CNESST. Évidemment, il est toujours
possible de recourir, dans certains cas, à
des tribunaux de droit commun, mais vous comprendrez que ça devient difficile.
Et ma collègue
rappelait également, et ça, elle l'a entendu d'une ex-employée de la CNESST,
que, dans ces cas-là, ça devient très
difficile pour les agents parce qu'il faut qu'ils disent au travailleur ou à la
travailleuse à domicile que, dans une certaine façon, c'est l'usager qui
va gérer la plainte. Donc, vous comprendrez que, là, ça nous amène dans un dédale qui est excessivement difficile. Ce que
ça fait, dans les faits, c'est que ça va décourager les travailleurs de porter
plainte. Puis souvent ce qui arrive, bien,
c'est que le travailleur ou la travailleuse va être remplacé par une deuxième
personne qui va utiliser le programme
chèque emploi-service, mais qui, malheureusement, on ne le souhaite pas, on ne
le veut pas... mais qui,
malheureusement, pourrait être condamnée à vivre à peu près la même situation.
Et là ça devient, effectivement, difficile.
Pendant les travaux en commission, ma collègue la députée de La Pinière a
soulevé cet enjeu-là, et évidemment, ça, ça n'a pas été accepté, ça n'a
pas été changé.
On salue le travail
du ministre du Travail qui... et là, évidemment, j'étais là pendant les travaux.
Il nous a donné une fiche expliquant ce
qu'est le programme chèque emploi-service et que l'équipe de son collègue le
ministre de la Santé, de qui relève le chèque emploi-service, serait en
communication avec ma collègue la députée de La Pinière. Donc, je salue
l'initiative du ministre du Travail, qui en a parlé à son collègue le ministre
de la Santé, sauf que, malheureusement, à ce stade-ci, ma collègue n'a
toujours pas été contactée, et on attend toujours. Donc, en fait, moi, je tends
la main, j'invite le ministre du Travail...
parce que c'est une situation qui peut être problématique puis, évidemment, qui
risque de se ramasser, malheureusement, sans issue, puis ça, bien, on ne
veut pas ça. Donc, j'invite le ministre du Travail à parler à nouveau au ministre de la Santé. De toute façon,
connaissant le professionnalisme et l'ardeur au travail de ma collègue, je suis
certain qu'elle n'hésitera pas à contacter le ministre de la Santé à
nouveau, donc je le dis publiquement.
Parce qu'au fond,
présentement, ce sont des milliers de travailleurs et travailleuses qui
utilisent le programme du chèque
emploi-service, et donc l'application de ce projet de loi ne les visera pas, ne
les touchera pas, ou, en fait, si ça les touche, ils ne seront pas au courant.
Et donc le programme pourrait subir un contrecoup, ce qu'on ne veut pas, parce
qu'on sait et on le lit tous les jours dans les journaux, notre système de
santé subit une pression énorme. Il y avait encore des questions, ce matin, à la période des questions, là-dessus. Il y a des
gens qui veulent rester chez eux, mais qui ont besoin de soins. Qu'ils aient des travailleurs ou des
travailleuses qui vont les voir à la maison pour s'occuper d'eux, c'est
fondamental. Mais on ne voudrait pas que ça ait un impact, évidemment,
sur ce programme-là, qui, par ailleurs, est bénéfique pour un grand nombre de personnes. Donc, je tenais à
soulever ces préoccupations au niveau de l'adoption, parce que, dans une
certaine mesure, c'est un peu une
opportunité qui s'offrait à nous, la dernière, compte tenu du stade où on est
rendus avec le projet de loi n° 42, et vous comprendrez qu'on ne
voulait pas rater cette opportunité-là.
Cependant,
quand on regarde le projet de loi dans son ensemble, et je le mentionnais
précédemment, cette loi-là va venir
modifier un ensemble de lois qui touchent le monde du travail, que ce soient le
Code du travail, la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Il y a la Loi sur les normes du travail et, évidemment, il y
a toute la question de la violence en milieu de travail, la Loi visant à
assurer la protection des stagiaires en milieu de travail, la Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle
et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, et la
loi sur la santé et la sécurité au travail,
ainsi que la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, du
cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et de la scène.
Donc, comme
vous pouvez le voir, c'est un projet de loi qui n'a pas un très grand nombre
d'articles, mais qui va avoir une portée considérable, qui va venir modifier un
grand nombre de lois, et c'est effectivement bénéfique. J'étais personnellement
heureux de voir qu'il va y avoir des modifications qui vont toucher la Loi sur
le statut professionnel des artistes des
arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et de
la scène. C'est un domaine du monde du travail qui est important, mais
c'est un domaine aussi où il faut agir pour que les gens qui oeuvrent dans ce domaine-là ne soient pas victimes de
harcèlement psychologique ou de violence à caractère sexuel en milieu de
travail.
Je veux également souligner qu'au niveau de la
politique, donc, de la prévention il va y avoir une modification importante à
la Loi sur les normes du travail, et le ministre a cru bon d'inclure dans la
loi ce que la politique devra comprendre. Et ça mérite d'être souligné, parce
que les employeurs devront se conformer à ces dispositions-là, et à élaborer et à mettre en oeuvre des politiques, et
à les diffuser également, donc, notamment, des méthodes techniques pour identifier et contrôler, éliminer les risques de
harcèlement psychologique, et ça, c'est très important, incluant toutes les conduites qui peuvent se manifester par des
paroles, des actes ou des gestes à caractère sexuel, des programmes
d'information et de formation spécifiques en matière de prévention du
harcèlement psychologique, offerts aux personnes salariées, des recommandations
concernant les conduites à adopter lors de la participation aux activités
sociales liées au travail. Et ça, je pense
que c'est aussi très important, parce que, bien sûr, il y a un cadre, en fait,
strict, officiel. On sait très bien, quand on est dans le milieu de
travail... mais parfois, l'employeur va inviter des employés en dehors du
milieu de travail plus conventionnel, que ce
soit un bureau, une usine ou que sais je, et donc, de rappeler, dans une
politique, que, dans un contexte même
à l'extérieur du milieu de travail, on est toujours dans un contexte de travail
et que les gens doivent se comporter pour éviter du harcèlement
psychologique ou des violences à caractère sexuel, je pense que ça, c'est très
important.
Les modalités
applicables pour faire une plainte, un signalement... et ça, on avait eu de
bonnes discussions pour spécifier à qui et comment ça doit être fait,
évidemment, mesures visant à protéger la personne concernée dans une
situation de harcèlement psychologique et
celles qui ont collaboré au traitement d'une plainte ou à un signalement. Parce
que vous comprendrez, si on veut que des gens divulguent ces comportements-là,
qui sont inacceptables, encore faut-il leur donner un cadre qui va faire
qu'elles vont se sentir appuyées et qu'elles pourront cheminer dans le
processus.
Évidemment,
le processus de prise en charge et les mesures visant à assurer la
confidentialité d'une plainte, d'un signalement
ou d'un renseignement... Et ça aussi, c'est hyperimportant, M. le Président,
parce qu'il y a malheureusement des
victimes qui ne vont pas divulguer, si elles pensent ou elles savent que la
plainte va être partagée dans l'espace public. Donc, qu'on puisse leur assurer la confidentialité pour qu'on puisse
agir rapidement pour faire cesser la situation, ça, je pense que c'est
également un élément très positif. Et cette politique-là, qui sera adoptée une
fois que le projet de loi sera adopté,
fera partie intégrante des obligations de l'employeur. Et je pense que c'est
une avancée très positive, donc je tenais à le souligner.
J'arrive maintenant à la dernière étape de mon
allocution, et j'en suis rendu aux remerciements.
J'aimerais
d'abord remercier M. le ministre et son équipe parce que nous avons eu de bons
échanges. Ça a été toujours agréable. J'ai posé énormément de questions
à M. le ministre, il a toujours répondu. Il nous a donné des explications. Mon collègue député d'Hochelaga-Maisonneuve a
aussi posé bon nombre de questions, mais encore là on a... sincèrement. Puis c'est important, parce qu'évidemment, vous comprendrez,
on parlait de combattre le harcèlement psychologique, là, mais donc, tu sais,
pas de pression, de bons échanges, ça allait bien, c'était agréable. Parce que,
je pense, tout le monde... je pense
que je peux dire ça, tout le monde savait que c'était tellement important et
qu'il fallait vraiment prendre le temps d'aller au fond des choses. Bon,
évidemment, on aurait peut-être, des fois, voulu aller un peu plus loin, mais
quand même, ça a toujours été fait
dans un climat excessivement agréable. Et autant M. le ministre que son équipe
ont toujours été là pour répondre à mes questions puis aux questions de
ma collègue la députée de La Pinière.
Merci également au personnel du ministère, à
tous les fonctionnaires qui ont accompagné M. le ministre et aux juristes de l'État, qui ont sûrement donné des
opinions juridiques. Vous savez, les fonctionnaires, ce sont souvent des gens
qui travaillent un peu dans l'ombre, mais sans eux, l'État ne pourrait pas
fonctionner. Et M. le ministre était accompagné d'une équipe de gens
excessivement professionnels. Et donc je tiens à le souligner et à les
remercier.
Merci
également à ma collègue la députée de La Pinière, qui a fait un travail
extraordinaire, et merci également à tous les collègues députés, que ce
soit de la banquette gouvernementale ou des oppositions.
J'aimerais aussi prendre quelques instants pour
remercier puis saluer ma stagiaire de la Fondation Bonenfant, Mme Florence Nadeau. Mme Nadeau est dans
la tribune. Vous savez, comme parlementaires, M. le Président, quand on est
choisis, parce que c'est comme ça que ça fonctionne, hein, les stagiaires
choisissent le député, bien, c'est un privilège. Mme Nadeau a
travaillé excessivement fort, avec beaucoup de professionnalisme. Ce sont des
gens excessivement brillants. Ils sont
exposés à une foule de dossiers variés, mais ils sont capables, très
rapidement, de nous aider dans notre travail,
et ces gens-là font la différence, et je voulais prendre quelques minutes pour
le souligner, je pense que c'est important, et dire merci.
• (15 h 30) •
Merci
également à la recherche de l'aile parlementaire de l'opposition officielle,
mon collègue M. Thomas Guérette, qui était avec moi. Je tiens également
à remercier la présidente de la commission qui a présidé nos travaux, la
députée de Mirabel. Ça
s'est fait excessivement bien, ça a été très agréable. Et permettez-moi, en
dernier lieu, de souligner également les
employés de l'Assemblée nationale, ceux qui ont travaillé avec nous à la
commission ou ceux qui sont ici, au salon bleu. Je dois vous dire, et je
ne me gênerai pas pour le dire, on est particulièrement choyés, M. le
Président. Ce sont des gens excessivement
professionnels, dévoués. Ils sont toujours là pour nous aider, et donc ça
facilite énormément nos travaux. Et finalement, merci à vous, M. le
Président, qui m'avez écouté pendant près de 40 minutes.
Vous comprendrez, après tout ce que j'ai dit du
projet de loi, nous allons, bien sûr, voter pour son adoption, c'est certain.
Et puis, après ça, bien, on suivra l'élaboration, la mise en oeuvre, et on
s'assurera, évidemment, que les différents
organismes gouvernementaux qui auront à mettre en oeuvre le projet de loi
aient, bien sûr, les fonds nécessaires pour accomplir leur mandat.
Alors, sur ce, merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Et nous
allons poursuivre maintenant avec l'intervention de M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Merci beaucoup, M. le Président. Bien, justement,
en parlant de remerciements, j'aimerais commencer par les remerciements d'usage, mais, non, en fait, qui ne
sont pas des remerciements d'usage, qui sont des remerciements sentis, au
ministre, pour son approche à ce projet de loi qui abordait des dynamiques
importantes et, sous certains angles, délicates.
Beaucoup de dialogue. Il était entouré d'une équipe d'experts et d'expertes du
ministère, que j'aimerais féliciter et remercier aussi pour ce travail. Des
remerciements particuliers aussi à toutes les personnes qui sont venues
participer aux consultations particulières, qui ont déposé des mémoires
extrêmement éclairants aussi, pour mieux aborder les sujets qui sont traités dans le projet de loi, mes
collègues des banquettes de l'opposition, M. le député de l'Acadie, Mme la
députée de La Pinière, M. le député de Hochelaga-Maisonneuve. Extrêmement
intéressant aussi, ce dialogue constructif que nous avons eu ensemble. Permettez-moi aussi de
mentionner mon collègue Jean-Sébastien Barr, de l'équipe de recherche du Parti
québécois à l'Assemblée nationale. On est
une toute petite équipe. Oui, le député a beaucoup de travail à faire lui-même,
mais, heureusement, il est bien accompagné dans ce travail-là.
Le
harcèlement psychologique, la violence à caractère sexuel en milieu de travail,
c'est un véritable fléau. C'est une plaie qui affecte, depuis beaucoup trop
longtemps, nos milieux de travail ici, qui cause des effets extrêmement négatifs, non seulement pour les personnes
affectées, mais pour l'ensemble des collègues dans un milieu de travail, pour
notre société. C'est absolument
inacceptable, on ne peut pas le tolérer, et c'est pour ça qu'il faut aborder de
front ces problématiques-là, et c'est ce que fait ce projet de loi.
Je l'ai mentionné au tout début puis, au terme
de nos travaux, je suis d'autant plus content de le mentionner, j'abordais,
moi, l'étude de ce projet de loi là de deux perspectives. Dans mon ancienne
vie, hein... Le ministre a eu une ancienne
vie, les collègues de l'opposition qui travaillaient, aussi, des banquettes
gouvernementales, on arrive chacun avec notre perspective. Moi, j'arrivais avec
la perspective d'une organisation qui se consacre à représenter les victimes,
notamment de violence sexuelle, de harcèlement, de violence basée sur le
genre. Et j'arrive avec une profonde conviction que c'est important de prévenir ces formes de violence et
d'avoir un système qui est le plus bienveillant possible, qui, vraiment, veille
à ce que, lorsqu'il y a un cas, lorsqu'il y
a une plainte, on puisse accompagner le mieux possible les victimes pour
qu'elles obtiennent justice, et
qu'historiquement on a un déficit monumental, non seulement au Québec, mais
partout dans le monde, envers les victimes de ces formes de violence,
qui ont été, pendant longtemps, ignorées, effacées, parfois considérées comme secondaires, justifiées, normalisées, avec
des conséquences catastrophiques, psychologiques, physiques, encore une fois, sur les victimes, leur famille, leur
entourage, le milieu de travail. Donc, il faut vraiment changer notre approche
et continuer à l'améliorer pour favoriser l'exercice des droits et pour
favoriser, je le redis, la prévention.
De l'autre
côté, j'ai aussi été pendant 20 ans un employeur, le directeur général
d'une... de cette même organisation, mais qui doit aussi gérer des
processus, gérer des employés, gérer des ressources humaines, et qui est
conscient qu'il existe des garde-fous, des
mesures qui doivent permettre une défense pleine et entière, que, parfois, les
personnes visées par des allégations ne sont pas responsables, que ce
sont d'autres enjeux et qu'il faut s'assurer que ces personnes-là bénéficient toujours de toutes les garanties pour
une défense pleine et entière... et entière que notre système permet, que
les employeurs ont des contraintes, que certains employeurs, c'est des plus
petites organisations, et qu'il est important, donc, de veiller à mieux les
équiper, à mieux les accompagner.
Alors,
j'arrivais, moi, avec cette double... cette double vision. Et j'ai senti, je
pense, que, tous ensemble, et que, notamment,
le ministre, je tiens à le souligner aussi, avait cette approche d'équilibre.
Donc, d'une part, il fallait augmenter, il faisait... il fallait bonifier, il fallait améliorer et il fallait
aussi préserver l'essentiel aussi de... des garanties pour une défense
pleine et entière, notamment. Il fallait travailler sur une base solide.
Et ça, je
veux le mentionner, c'est remarquable, dans ce projet de loi là. Le travail a
été amené, au départ, notamment sur la base du travail extraordinaire, et il
faut le mentionner ici, du comité d'expertes qui ont déposé, donc, un rapport de
plus de 300 pages qui s'intitule,
rappelons-le, Mettre fin au harcèlement sexuel dans le cadre du
travail : se donner les moyens pour agir. Et il faut le mentionner,
hein? Donc, il s'agit de Me Rachel Cox, Dalia Gesualdi-Fecteau et Anne-Marie
Laflamme. Remarquable base avec des données
probantes pour agir. C'est comme ça qu'il faut agir comme gouvernement. Et,
vraiment, c'est là-dessus que s'est appuyé le ministre. Et je tiens
vraiment à le souligner.
Donc, dans le projet de loi, je ne vais pas
m'étendre longtemps parce qu'on en a beaucoup parlé, mais deux ou trois choses
sur lesquelles j'aimerais... j'aimerais insister.
D'abord, il y
a vraiment plusieurs mesures pour bonifier, améliorer la prévention. Ça fait
trois fois que j'en parle, là, mais ça commence par là. Ce qu'on ne veut
pas, c'est avoir à activer tous les mécanismes d'accompagnement des victimes puis tous les
processus de plainte. Donc, pour ça, il faut de la prévention, et ça, le projet
de loi, vraiment, bonifie là-dessus.
Plus de formation pour les parties prenantes, plus de formation dans le milieu
de travail, plus de formation et de préparation pour les employeurs, c'est
important.
Aussi,
ce... cet appel qu'on fait aux employeurs de mieux se préparer, d'avoir des
plans d'intervention, de passer par ces processus de formation, mais
aussi d'avoir ce qu'il faut en place, des politiques, des mesures pour
favoriser la prévention, alors, ça, je pense qu'il faut le saluer.
Ensuite,
il y a quelque chose qui est intéressant pour venir agir sur cet aspect-là de
la difficulté de... dans l'exercice des
droits, dont je parlais tout à l'heure, qu'historiquement ça a souvent été un
parcours du combattant ou de la combattante, souvent, qu'il faut faire une preuve difficile, qu'on est dans un
contexte procédural difficile, qu'il y a des embûches, et là ce qu'on a
fait, c'est qu'on a renforcé des présomptions. Donc, des présomptions, là, si
je résume, là, très rapidement, hein, c'est
qu'on facilite l'établissement de la preuve de certaines choses justement pour
ne pas que ça devienne trop des embûches, pour ne pas qu'on revictimise
les victimes de harcèlement ou de violence sexuelle en milieu de travail. Et donc, ça, je pense que ça va contribuer à
faciliter le cheminement des plaintes, le... de faciliter l'accompagnement, et
donc de faciliter la vie des victimes, rendre le processus plus digne.
Et ça, je pense qu'il faut le mentionner.
Il y a une autre
question aussi, hein, qu'on voyait venir, c'était la fameuse clause, ce qu'on
appelle les clauses d'amnistie. C'est-à-dire
que, des fois, on négocie, dans des conventions collectives, des clauses qui
font en sorte qu'il n'est pas possible
de considérer des précédents ou des infractions précédentes qui auraient été
commises par une personne qui est
visée par une plainte. Et ici, donc, il y a eu beaucoup de discussions, il y a
eu beaucoup de mémoires qui ont été présentés, beaucoup d'avis qui ont
été mentionnés à l'effet que les mesures proposées allaient beaucoup trop loin.
Puis d'autres disaient : Bien non, on
ne peut pas faire ça, on est en train de bouleverser un certain équilibre dans
le milieu du travail. Et là-dessus je
pense qu'il faut aussi souligner qu'il y a un bel équilibre, je pense, qui a
été atteint, il y a une certaine sagesse. Et ça, si je peux souligner, peut-être, une humble contribution du
soussigné, hein? On en a discuté en commission. On s'est aperçu qu'en réalité le projet de loi
cristallisait, d'une certaine façon, là où en était rendue la jurisprudence et
qu'il y avait une certaine sagesse
dans cette jurisprudence. C'est-à-dire que, finalement, ce qu'on fait, c'est
qu'on dit qu'il n'y a aucune disposition dans une convention collective
qui peut empêcher un employeur de considérer qu'il y a des antécédents pour des infractions, donc, de type de harcèlement
psychologique ou de violence à caractère sexuel en milieu de travail au moment
d'imposer une sanction.
Donc,
il s'agit donc de personnes qui sont des récidivistes. Et là ce qu'on dit,
c'est que l'employeur a le droit de considérer les antécédents. Et c'est un peu
là où la jurisprudence nous avait amenés. Et je pense que c'est un équilibre
qui est... qui est un bon équilibre et qui
nous rappelle qu'en réalité c'est de faire en sorte que des dispositions des
conventions collectives ne puissent
pas aller à l'encontre de dispositions d'ordre public de la Loi sur les normes
du travail, dont celle, essentielle, de protéger les travailleurs contre
la violence et contre le harcèlement en milieu de travail. Donc, là aussi,
vraiment, je pense, un bel équilibre.
Donc,
oui, c'est vrai, on aurait pu aller plus loin sur d'autres questions. Oui,
c'est vrai, certaines nouveautés, certaines avancées vont bouleverser certaines pratiques, certaines façons de
faire. Mais, en réalité, à la fin, c'est un très bon pas en avant. C'est un pas en avant mesuré. Et c'est
pourquoi nous allons voter pour l'adoption de ce projet de loi. Le ministre l'a
mentionné, et j'aimerais insister là-dessus, le ministre a dit : Ça va
faire en sorte que le Québec va continuer à être à l'avant-garde sur ces questions-là à l'échelle canadienne. Moi, je
l'inviterais à aller même un peu plus loin, c'est que le Québec doit et va continuer à être à l'avant-garde
à l'échelle internationale. Je suis bien placé pour en parler compte tenu
de mes expériences passées. C'est une bonne
chose, je pense, qu'on montre la voie sur certaines avancées en matière législative,
qu'on continue à s'inspirer aussi de ce qui fait... ce qui se fait de bien, ce
qui se fait de mieux ailleurs.
• (15 h 40) •
Mais ici quelque
chose aussi de très intéressant, c'est que, sur certaines mesures, comme, par
exemple, sur ces fameuses clauses
d'amnistie, ce sont beaucoup les étudiantes et les étudiants du Québec qui nous
ont poussés à agir, et je veux les
saluer. Sur les questions de lutte au harcèlement, de lutte à la violence
sexuelle en milieu de travail, ce sont beaucoup des groupes de femmes,
des organisations de la société civile qui sont auprès des victimes au jour le
jour, auprès des personnes qui vivent ces
phénomènes-là, qui nous ont incités, qui ont poussé le gouvernement à aller de
l'avant, et ça, vraiment, je veux le
saluer. Et j'espère que ces étudiants, ces femmes, ces personnes, ces
organisations vont continuer à nous inspirer, parce que, oui, c'est un bon pas en avant, mais ce n'est qu'un pas en
avant. Il reste beaucoup de travail à faire pour vaincre le harcèlement psychologique, pour vaincre la
violence à caractère sexuel en milieu de travail. Alors, on continue, au
travail, merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Et, pour la prochaine intervention, je
reconnais Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président. Je suis heureuse de
pouvoir intervenir aujourd'hui à propos d'un sujet d'une importance
capitale qui exige toute notre attention et notre engagement, la prévention et
la lutte contre le harcèlement psychologique et la violence sexuelle sur le
lieu de travail.
Le
projet de loi n° 42, Loi visant
à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la violence à
caractère sexuel en milieu de travail,
a pour objet de prévenir et de combattre le harcèlement psychologique et la
violence à caractère sexuel en
prévoyant diverses mesures dans les lois du travail visant principalement la
protection des travailleurs dans leurs milieux de travail et dans
l'exercice de leurs recours destinés à assurer cette protection en mettant en
place des mesures législatives pour renforcer la protection des travailleurs et
leur fournir un environnement de travail sûr et respectueux.
Ce projet de loi est nécessaire quand
nous considérons que le nombre de... Le nombre croissant de cas de harcèlement sexuel
signalés au CNESST était de 1 654 plaintes en 2019. Ceci démontre
l'importance de prévenir et de contrer le
harcèlement sexuel en milieu de travail car il peut avoir des impacts négatifs
importants sur les individus et les organisations. Il est essentiel
d'encourager les employeurs à prendre des mesures proactives pour prévenir le
harcèlement sexuel et psychologique et
assurer un milieu de travail sécuritaire et respectueux, puisqu'au Québec en
2020 près d'une personne sur deux a observé ou subi un comportement sexualisé
inapproprié ou discriminatoire en milieu de travail au cours des 12 mois
précédant la réalisation de l'enquête sur les inconduites sexuelles au travail
réalisée par Statistique Canada.
De
plus, en 2022, selon les données de la CNESST, 4 909 demandes de
recours concernant du harcèlement
psychologique ou sexuel ont été déposées en vertu de la Loi sur les normes du
travail. Malheureusement, on constate que les femmes seraient deux fois plus nombreuses que les hommes à indiquer
avoir subi un comportement sexualisé inapproprié ou discriminatoire en
milieu de travail.
Le harcèlement au
travail est devenu une réalité pour de nombreuses personnes au Québec. Il peut
prendre différentes formes, telles que le
harcèlement moral, le harcèlement sexuel, le harcèlement psychologique et bien
d'autres encore. Ces comportements
nuisent non seulement à la santé mentale et au bien-être des travailleurs, mais
ils sapent également la productivité et la cohésion au sein de ces
organisations.
Si
le projet de loi est un pas dans la bonne direction, il devrait toutefois aller
plus loin. Ma formation politique aurait voulu voir un changement à
l'allongement à deux ans du délai de réclamation pour une lésion
professionnelle découlant d'une violence à caractère sexuel, puisque,
lors des consultations, plusieurs groupes ont exprimé une volonté que tout délai soit complètement levé. Être victime de
harcèlement a un coût sur la santé mentale, et ce n'est pas toutes les
personnes qui peuvent se remettre dans un délai de deux ans. Donc, il
aurait fallu donner la chance à toutes ces personnes-là.
Les
personnes qui subissent du harcèlement sexuel au travail doivent en plus
affronter le régime juridique le plus complexe au Québec si elles cherchent à
être protégées et indemnisées. Avec de nombreuses lois s'appliquant à leur situation, elles ne savent pas toujours à quelle porte
frapper et finissent par perdre des recours et des indemnités. Tout d'abord,
il aurait été essentiel de renforcer les obligations des employeurs en matière
de prévention du harcèlement. Le projet de
loi n° 42 prévoit déjà la mise en place de politiques de
prévention et de formation pour les employés, mais nous devons aller
plus loin.
Il aurait été
nécessaire d'établir des normes claires et précises sur ce que ces politiques
doivent contenir et comment elles doivent être mises en oeuvre. Cela aurait garanti
une approche cohérente et efficace dans toutes les organisations. Le gouvernement aurait dû suivre la recommandation de
plusieurs de mettre en place une formation obligatoire sur les violences à
caractère sexuel pour l'ensemble des arbitres et tenir compte de la nécessité
d'une telle formation lors du recrutement, comme cela se fait déjà lors
du recrutement des juges de la Cour du Québec et de la Cour supérieure.
Lors des
consultations, certains groupes ont soulevé une autre lacune majeure du projet
de loi concernant les sanctions pour les
auteurs de harcèlement. Le texte ne prévoyait pas de sanctions suffisamment
dissuasives pour décourager les comportements de harcèlement au travail. Il est
essentiel d'avoir des sanctions claires et proportionnées pour s'assurer
que les auteurs de harcèlement sont tenus
responsables de leurs actes et que des mesures coercitives appropriées sont
prises.
Un
autre enjeu critique soulevé par le projet de loi concerne la confidentialité
des informations échangées dans le cadre de procédures de règlement des
plaintes de harcèlement psychologique. Alors que le projet de loi propose des dispositions visant à garantir la confidentialité
de ces échanges, certains experts et intervenants ont exprimé des
préoccupations quant à la portée et à
l'applicabilité de ces mesures. Il est impératif que toute législation visant à
protéger les victimes de harcèlement
garantisse également la confidentialité de leurs informations personnelles et
professionnelles tout en permettant un processus de règlement équitable
et transparent.
Je
suis fière que mon parti ait pu contribuer à bonifier ce projet de loi, comme
l'a fait mon collègue le député de l'Acadie qui a présenté un amendement
au projet de loi pour venir supprimer «aux fins d'un même établissement, sauf si cette violence survient dans un contexte
strictement privé», qui a été décrié par plusieurs groupes durant les
consultations particulières. Ce
passage avait pour effet de restreindre la portée applicable à la loi, ce qui
aurait fait en sorte de diminuer son
ampleur. Je suis heureuse que les membres de la commission qui ont étudié ce
projet de loi ont pu reconnaître que cet élément était nécessaire à
modifier et d'avoir reconnu que cette situation est bien réelle.
De plus, il est crucial
d'accorder une attention particulière à la sensibilisation et à l'éducation. Le
harcèlement au travail est souvent le
résultat de comportements discriminatoires et de stéréotypes préjudiciables. Il
est donc important d'intégrer des modules de sensibilisation et de formation
sur la diversité et l'inclusion dans les politiques de prévention du harcèlement. Cela permettra de... cela aurait
permis de promouvoir des environnements de travail respectueux et de prévenir
les situations de harcèlement dès le départ.
Il
est important de souligner que bonifier le projet de loi n° 42
ne se limite pas uniquement à des mesures législatives. La sensibilisation
et l'éducation doivent également être renforcées dans la société et dans son
ensemble. Les médias, les entreprises, les
organisations de la société civile et les établissements d'enseignement ont un
rôle crucial à jouer dans la
prévention du harcèlement au travail. Nous devons encourager des partenaires et
des initiatives visant à sensibiliser le public et à promouvoir des
relations de travail saines et respectueuses.
Le projet de loi n° 42 vise à remettre en place des mesures... vise à mettre
en place des mesures concrètes pour prévenir et combattre le harcèlement au
travail. Il renforce l'obligation des employeurs en matière de prévention, les employeurs qui seront tenus de mettre en place des
politiques de prévention du harcèlement, de former leurs employés sur
ces questions et d'établir des mécanismes de signalement et de traitement des
plaintes.
Lors des
consultations, plusieurs groupes ont exprimé que ce projet de loi n'allait pas
assez loin pour faciliter le parcours des victimes, qu'il y a une quasi-absence
de mesures de soutien, d'accompagnement, de sensibilisation et d'aide pour le milieu de travail
à cette prise en charge. Il devrait y avoir des formations obligatoires pour
les employeurs et les intervenants responsables de la prévention et de
l'accompagnement des victimes.
• (15 h 50) •
Le projet de
loi vient modifier certains articles, ce qui a pour conséquence d'augmenter
l'indemnité de remplacement du revenu d'un étudiant. C'est une augmentation par
rapport à la situation actuelle, mais cela demeure nettement insuffisant
et discriminatoire. Les personnes victimes de moins de 18 ans, qui reçoivent
présentement le quart du montant minimal versé
à une personne victime de la même violence mais qui a plus de 18 ans ou
qui n'étudie pas à temps plein, le projet de loi n° 42
propose que ces travailleurs reçoivent une indemnité calculée en multipliant un
salaire minimum par 17 heures. Rappelons que ces jeunes personnes,
des cégépiens ou parfois des élèves du secondaire, souffrent 24 heures par
jour, sept jours par semaine d'une incapacité psychologique à la suite de la
violence à caractère sexuel qu'elles ont subie et, si elles sont incapables de
travailler, souvent, elles sont également incapables d'étudier.
La version originale du projet de loi n° 42 du gouvernement est un bon début mais contenait des
lacunes qui nécessitaient des amendements
dont mon parti a mis de l'avant... Il était essentiel de revoir et de renforcer
la législation afin de garantir une
protection adéquate et efficace contre le harcèlement au travail. Il est
essentiel de créer des environnements de
travail sains, respectueux et équitables pour tous les travailleurs du Québec
car tout le monde a le droit de travailler dans un environnement de
travail sain. Et le mot d'ordre, c'est la prévention, c'est arrêter de
banaliser.
Le principe d'égalité entre les femmes et les
hommes constitue un fondement de la société québécoise. Or, le harcèlement et les agressions sexuelles dans le
cadre du travail heurtent de front ce principe. Il faut redonner la confiance
dans les recours en droit du travail aux personnes victimes de harcèlement
sexuel et d'agressions à caractère sexuel.
Mon parti votera pour l'adoption de ce projet de
loi qui propose la prévention, la lutte contre le harcèlement psychologique et
violence sexuelle, présente une avancée importante dans la protection des
travailleurs du Québec. En travaillant
ensemble, de manière collaborative et inclusive, nous pouvons créer un
environnement de travail sûr, respectueux et équitable pour tous les
travailleurs du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Y
a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Alors, le projet de loi n° 42,
Loi visant à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la
violence à caractère sexuel en milieu de travail, est-il adopté? Adopté.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président,
pourriez-vous appeler l'article 14 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet
de loi n° 46
Reprise
du débat sur la prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée et de l'amendement
de la députée de Westmount—Saint-Louis
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : À l'article 14 du feuilleton, l'Assemblée
reprend le débat ajourné le 20 mars 2024 sur la prise en
considération du rapport de la Commission des relations avec les citoyens sur
le projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration de la protection des enfants dans les services de
garde éducatifs, ainsi que sur les
amendements transmis en vertu de l'article 252 du règlement par Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
À ce moment-là, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
n'avait pas terminé son intervention. Alors, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
je vous redonne la parole.
Mme
Jennifer Maccarone (suite)
Mme Maccarone : Bien, c'est gentil,
M. le Président. Vous savez, ça... je ne suis jamais tannée d'entendre le nom de mon comté, parce que, vous savez, je suis
la fière députée de Westmount—Saint-Louis depuis maintenant six ans. Alors,
c'est vraiment un grand privilège. Puis c'est ainsi un grand privilège de
porter les dossiers pour ma formation politique, le Parti libéral du Québec, en matière de famille et évidemment d'en
débattre, du projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration de la protection
des enfants dans les services de garde éducatifs.
Et vous avez
été là avec nous hier, M. le Président, ça fait que vous avez déjà entendu le
début de mes remarques en ce qui
concerne ce projet de loi qui, comme je l'avais dit d'emblée hier, n'a pas
suscité beaucoup d'intérêt, pas beaucoup de passions. Il n'y a aucune revue de
presse pour le projet de loi n° 46, chose qui est dommage, parce que, malgré
que c'est un projet de loi hypertechnique, parce qu'on parle de gérer des
exceptions en ce qui concerne le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, mais on parle quand même de la sécurité de
nos tout-petits. Alors, je trouve très intéressant qu'on peut venir pour régler
ces exceptions et je salue l'initiative du gouvernement pour déposer ce projet
de loi. C'est clair, nous sommes
favorables, mais, pendant l'étude détaillée, on a quand même eu des échanges
qui ont été très constructifs.
Et je l'avais
mentionné hier, mais je pense que ça mérite d'être répété, malgré que ce n'est
pas un projet de loi qui est très costaud, c'est... j'en ai vu, ceux
avec 300, 500, puis le projet de loi n° 15 qui était
quand même la réforme monumentale
du réseau de santé, avec un projet de loi qui est plus gros que le Code civil
en entier avec tous les amendements. C'est un projet de loi avec
53 articles puis, quand même, 61 amendements.
Puis pour
ceux qui suivent nos travaux, ils vont... peut-être ce serait intéressant de
comprendre. Rendu à la prise en
considération, habituellement, c'est l'étape où on parle des travaux que nous
avons entamés lors de l'étude détaillée, qui est le processus où on débat de
chaque article et on parle des amendements, parce qu'il n'y a aucun projet de
loi qui est déposé ici, à l'Assemblée
nationale du Québec, qui n'est pas perfectible, qui n'est pas... que nous
n'avons pas pensé à bonifier. Puis je
le dis régulièrement, puis je pense que ça mérite toujours d'être répété, parce
que je l'ai appris de Lise Thériault, l'ancienne députée d'Anjou—Louis-Riel,
au moment qu'un projet de loi est déposé ici, à l'Assemblée nationale, puis on s'engage à l'étudier, ce n'est plus le projet
de loi du gouvernement, ce n'est pas le projet de loi des oppositions, c'est le
projet de loi de notre société civile.
Alors, c'est important de prendre en considération cette étape de l'étude
détaillée ainsi que les auditions,
qui sont très importantes, parce que, souvent, c'est ça qui nous alimente en
commission pour amener des amendements.
Alors, je
souhaite encore une fois remercier tous les groupes qui ont passé en
commission, puis ceux qui ont aussi déposé des mémoires, puis tous les... c'est
intéressant, mais on a beaucoup de citoyens aussi qui ont quand même pris le
soin de nous envoyer des commentaires puis leur avis, puis ça, c'est fort
constructif. Alors, je les remercie pour ceci.
Hier, j'ai
parlé un peu des amendements que nous avons abordés, puis il y a quand même
beaucoup d'amendements qui ont été
amenés pour faire des correctifs en lien avec des amendements que nous avons
déjà faits à l'intérieur du projet de
loi, mais j'avais souligné quand même quelques-uns dont je suis
particulièrement contente et aussi les déceptions. J'avais souligné l'amendement que nous avons déposé en ce
qui concerne l'accès universel, un droit universel dans notre réseau de services
de garde éducatifs. Puis pourquoi c'est important? Bien, c'est parce qu'on
souhaite que chaque enfant ici, au Québec,
aura un accès, le droit d'accès à notre réseau de services de garde éducatifs à
l'enfance. Parce que, si on souhaite agir tôt, parce que, si on veut
protéger et soutenir nos familles, surtout avec le coût de la vie qui augmente,
c'est bien par le biais de ce réseau que
nous devons développer, que nous devrons offrir en matière universelle un accès
universel comme nous avons dans le réseau de l'éducation. Alors,
évidemment, j'étais déçue que le gouvernement avait voté contre cet amendement.
On a déposé
deux fois, le Parti libéral du Québec, deux fois ce projet de loi pour amener
cet accès universel, ce droit à notre
réseau de services de garde pour tous les Québécois et Québécoises, deux fois
dans la dernière législature, et nous sommes revenus encore une fois dans cette
législature. Mais malheureusement, malgré les efforts que nous avons eus,
c'est toujours une réponse de non du gouvernement.
Nous avons
quand même eu du progrès en ce qui concerne la communauté autochtone, la
population autochtone, et j'en ai
parlé pleinement hier, les amendements que nous avons eus en ce qui concerne
les comités d'examen d'empêchements. Alors, ça, c'était vraiment un
gain, je pense, pour la communauté. Puis j'étais contente de l'ouverture que nous avons eue en ce qui concerne le comité
d'examen qui est actuellement en place, de s'assurer que nous aurons quand
même une personne issue de la communauté
avant le déploiement de ce comité pour s'assurer qu'on aura cette sensibilité,
cette connaissance puis cette expertise
autour de la table quand on est face à un examen d'un empêchement. Alors, c'est
un gain, M. le Président.
Il y avait quand même... J'ai quand même mon
document. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup jasé de ce qui est en lien avec les vérifications d'absence
d'empêchement, qui n'est pas la même affaire qu'un antécédent judiciaire. C'est
beaucoup plus robuste. Ça prend beaucoup
plus de temps de nos policiers, Sûreté du Québec ou bien les policiers
municipaux, de faire cette enquête.
Puis, oui, c'est important parce que, quand on parle de la sécurité de nos
enfants, je pense qu'il faut aller au fond des choses. Alors, tous les gens qui
oeuvrent au sein de notre réseau, qu'ils soient majeurs ou mineurs, vont
être assujettis à une vérification, surtout ceux qui oeuvrent au sein de nos
installations.
Alors, les
vérifications d'absence d'empêchement, ça va être un outil qui va être
renouvelable à chaque trois ans. Puis on avait eu le débat de majeur, mineur,
parce qu'on se comprend, dans le milieu familial, on peut accueillir aussi les
membres de la famille de la personne qui
s'occupe de ce milieu, qui va accueillir les enfants. Alors, on a eu le souci
aussi de parler de qu'est-ce que nous allons faire pour élargir des protections
puis faire des vérifications, mais aussi protéger nos jeunes qui habitent
dans ces installations. Puis, encore une fois, on gère les exceptions, M. le
Président, parce que c'est un réseau qui est
très sécuritaire, que ce soit le milieu familial, un CPE, ou le milieu privé,
ou privé subventionné. C'est vraiment pour gérer des exceptions, mais je pense
qu'on n'a pas droit à l'erreur. Alors, on a quand même bonifié beaucoup
d'éléments de ce projet de loi en ce qui concerne les vérifications d'absence
d'empêchement.
• (16 heures) •
Mais il y a quand même eu aussi un amendement
que j'ai déposé, qui a été accepté par le gouvernement, de quand même parler d'un maximum de frais, parce
que, c'est sûr, quand on parle de faire ces vérifications, on se comprend
que ça va prendre des frais parce que ça prend quelqu'un qui va faire cet examen,
qui va faire cette vérification. C'est qui
qui va payer pour ça? Puis on ne souhaite pas que ce soit notre réseau de
services de garde, parce que, déjà, ils ont des budgets qui sont
restreints. Puis on parle d'ajouter beaucoup plus de vérifications, ajouter
beaucoup plus de lourdeur en ce qui concerne
cette tâche, qui est une bonne affaire, qui est salué, mais c'est qui qui va
gérer ces frais? Puis ça peut varier entre 87 $ puis 130 $ par
vérification, ça dépend le nombre d'heures puis la vérification qui est
nécessaire.
Alors, on a
quand même parlé de... parce que tout ça, ça va être fait par règlement par le
gouvernement, mais c'est toujours l'imprévu pour le réseau. Alors, on a
pu parler d'avoir un maximum. Comme ça, au moins, quand ça va être établi, comment les frais vont être chargés...
Puis c'est qui qui va charger ces frais? Parce qu'à date, si on n'est pas dans
un milieu géré par un policier municipal,
puis c'est la Sûreté du Québec, bien, actuellement, c'est la Sûreté du Québec
qui paie pour ça. Puis nous avons envoyé une lettre qui disait que ça se peut
que ce n'est peut eux... c'est peut... ce n'est plus eux qui vont subventionner ces dépenses parce
qu'on comprend que ça va engendrer beaucoup plus de dépenses imprévues.
Il y a quand même eu autres gains puis
des changements que nous avons eus en ce qui concerne des amendements dans ce projet de loi, qui sont... qui est fort
intéressant, mais ceux que nous allons voter prochainement, lors de la fin de
ce débat, c'est en lien avec le ratio de personnel qualifié dans le réseau de
services de garde éducatifs à l'enfance. Bien, j'ai parlé un peu de ça hier
puis je reviens encore sur cet amendement que, pour moi... est essentiel, c'est
parce que, quand on parle de la sécurité de nos enfants, c'est clair,
c'est directement en lien avec la qualité et la formation du personnel qui
oeuvre au sein de ce réseau. C'est important parce que la formation de... la
qualification des éducatrices et éducateurs qui oeuvrent au sein du réseau...
valoriser ce rôle, c'est d'une grande importance, de s'assurer qu'on a
quelqu'un qui peut oeuvrer au sein... puis
de protéger les enfants, de dépister, de faire cet accompagnement, ça, ça se
fait uniquement par le biais d'une formation, une qualification.
Puis, présentement,
le ratio est un sur trois. On était censés de revenir, après la pandémie, à
deux sur trois. Malheureusement, le
gouvernement a repoussé cette date jusqu'en mars 2027, chose qui est désolante,
chose que, je sais... va avoir un
impact sur la sécurité de nos enfants. Alors, le sens de cet amendement, M. le
Président, c'est de ramener le ratio
à deux sur trois. On sait déjà... même quand c'était deux sur trois, il y avait
des installations qui n'avaient pas ce ratio. Ça fait que, malgré qu'on revient... au moins, ça va pousser les gens de
venir à ce niveau de qualité. Alors, je suis quand même... Je pense que c'est important qu'on prend
en considération ces besoins, ces besoins pourquoi? Parce qu'on ne peut pas avoir un compromis quand on parle de la qualité de service dans
notre réseau de services de garde éducatifs à l'enfance, qui est reconnu mondialement, qui est reconnu par
toutes les autres provinces au Canada. On est le modèle à suivre. Puis les
gens nous suivent. Ils essaient de mettre en
place le même réseau que nous, nous avons mis en place ici, au Québec, qui
fait envie dans le monde entier. Alors, pour cette raison, je pense que nous
devons être le modèle.
Puis, pour être le
modèle, bien, il faut parler de la qualification des éducatrices qui oeuvrent
au sein du réseau. Je ne suis pas la seule
qui pense ça, M. le Président. C'est quelque chose qui est évoqué par les
éducatrices eux-mêmes, les éducatrices qui sont, si on parle du FIPEQ-CSQ,
qui sont toujours en attente d'une date juste pour parler de la renégociation
de leurs conditions de travail, leur salaire. Alors, j'espère pour eux qu'on va
pouvoir commencer du bon pas ces négociations en parlant de la qualité parce
que... Si je peux parler juste pour moi-même, M. le Président, puis ce n'est pas la première fois que je raconte cette
histoire, très, très, très brièvement, mais je ne pense pas que j'aurais pu me
retrouver ici, à l'Assemblée nationale, si ce n'était pas pour le réseau de
services de garde éducatifs à l'enfance, parce que c'est eux qui m'ont
aidé à dépister au début, début, début du processus, que mes enfants, mes deux
enfants, qu'ils ont un besoin particulier.
Quand on est jeunes, jeunes parents, puis on ne sait pas où se logent toutes
les ressources, puis on sait qu'il y a quelque
chose qui ne va pas bien, mais on ne sait pas c'est quoi, exactement, c'est eux
qui m'ont épaulé, c'est eux qui m'ont dit : Peut-être,
Mme Maccarone, on devrait aller... poursuivre avec une analyse, un
dépistage.
Alors,
sur ce, M. le Président, j'ai hâte de poursuivre aux prochaines étapes. Je vous
remercie beaucoup pour votre précieuse attention. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Alors, j'ai été informé qu'il y avait consentement
pour faire la lecture de l'amendement proposé par Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis
avant sa mise aux voix. Est-ce qu'il y a vraiment consentement? Consentement.
Mise aux voix de l'amendement
Alors, je mets donc
aux voix l'amendement introduisant l'article 33.1 au projet de loi, qui
vise l'article 23 du Règlement sur les services de garde éducatifs à
l'enfance et qui se lit comme suit :
Le projet de loi est
modifié par l'ajout, après l'article 33 du projet de loi, de l'article
suivant :
33.1.
L'article 23 de ce règlement est modifié par la suppression
de «Toutefois, jusqu'à ce qu'il se soit écoulé 9 mois depuis le jour où prend fin l'état d'urgence
sanitaire déclaré par le décret n° 177-2020 du
13 mars 2020, il doit s'assurer qu'au moins 1 membre du personnel de garde sur 3 est qualifié et présent
chaque jour auprès des enfants durant la prestation des services de garde et que, pour les [11] mois
suivants, au moins 1 membre du personnel de garde sur 2 est qualifié et
présent chaque jour auprès des enfants durant la prestation des services
de garde.
«Si
le nombre de membres du personnel de garde est inférieur à 3, au moins un de ces
membres doit être qualifié.»
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Mise aux voix du rapport
Alors,
le rapport de la Commission des
relations avec les citoyens portant
sur le projet de loi n° 46, Loi
sur l'amélioration de la protection des enfants dans les services de
garde éducatifs, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Caire : M. le Président,
pouvez-vous appeler l'article 16 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 41
Adoption
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 16 du feuilleton, M. le ministre de l'Environnement, de la
Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs propose
l'adoption du projet de loi n° 41, Loi édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant
diverses dispositions en matière de transition énergétique.
Alors, comme première intervention, je reconnais
M. le député de Beauharnois.
M. Claude
Reid
M.
Reid : Merci, M. le Président. Salutations, chers
collègues. L'objectif ultime, M. le Président, du projet de loi est d'améliorer la performance des bâtiments
existants et neufs dans le but de réduire leur consommation d'énergie et leurs
émissions de gaz à effet de serre. Dans le Plan pour une économie
verte 2030, le Québec s'est engagé à réduire de moitié les émissions de GES provenant du chauffage
des bâtiments d'ici 2030. Pour le parc immobilier gouvernemental, l'objectif est une diminution de 60 % de ses
émissions d'ici 2030 et d'atteindre zéro émission d'ici 2040. D'ici
25 ans, tous les bâtiments du Québec devront être carboneutre. Ce sont des
objectifs ambitieux à réaliser, à réaliser dans un laps de temps relativement court, mais notre gouvernement
est déterminé à prendre les moyens nécessaires pour y parvenir. Ce
projet de loi fait partie des actions prises par le gouvernement pour y
arriver.
Avec le
projet de loi n° 41, on veut transformer en profondeur le secteur
de la construction et de la rénovation du bâtiment de tout type. Ce
projet de loi, j'en rappelle brièvement, M. le Président, les grandes lignes.
Actuellement, le gouvernement est limité dans
son pouvoir d'action réglementaire, puisque la responsabilité de mettre à jour et d'appliquer le Code de
construction du Québec, y compris les parties relatives à l'efficacité
énergétique des bâtiments, revient à
la Régie du bâtiment. Or, la loi encadrant la mission de la RBQ est
d'assurer la qualité et la sécurité des bâtiments, elle ne permet pas d'inclure
des critères environnementaux dans le code, sauf s'ils sont liés à la sécurité
ou à la qualité des constructions.
• (16 h 10) •
Nous souhaitons remédier à cette situation en
accordant au ministre responsable de la Transition climatique et énergétique les pouvoirs d'encadrer la performance
environnementale des bâtiments en fixant des normes minimales à atteindre en la matière. Pour la première fois, M.
le Président, des critères environnementaux seraient pris en considération
dans l'élaboration de normes visant les travaux de construction. Il pourrait
s'agir de critères d'efficacité énergétique, d'empreinte
carbone, de réduction de la demande électrique de pointe et d'installation
d'infrastructures de mobilité durable.
Également, le
projet de loi prévoit les pouvoirs habilitants pour l'instauration d'un système
de déclaration de cotation et de
performance des bâtiments. Un tel système viserait à rendre l'information
concernant la performance énergétique des bâtiments plus accessible, tout en offrant aux propriétaires et aux
locataires de ces bâtiments la possibilité de réaliser des économies
considérables, puisque leurs bâtiments devront éventuellement être plus
écoénergétiques.
D'autres
modifications législatives sont aussi proposées pour refléter les nouvelles
fonctions et responsabilités du ministre en matière de transition, innovation
et efficacité énergétique. Ces changements, M. le Président, viennent faciliter
le rôle de coordination de l'action
gouvernementale en matière de transition énergétique dans le cadre de la lutte
contre les changements climatiques.
D'ailleurs, le plan de mise en oeuvre du Plan
pour une économie verte 2030 et le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique seraient
fusionnés en un seul et unique plan, tout comme les fonds qui les alimentent.
Ainsi, nous veillons à une plus grande
cohérence entre ces deux domaines d'action, d'autant plus importante dans le
contexte énergétique actuel du Québec, caractérisé par la fin des
surplus de production d'hydroélectricité et le besoin croissant d'électricité
propre pour décarboner l'économie.
Les
travaux... Les consultations et l'étude article par article auront permis de
bonifier le projet de loi. M. le Président, 18 amendements ont ainsi été adoptés. Quelques exemples, je vais en
nommer quelques-uns. Les municipalités souhaitaient conserver une autonomie d'action et ainsi les
municipalités peuvent adopter une réglementation plus sévère que celle du
gouvernement, et ce, tout en assurant la
sécurité énergétique du Québec. On a confié au bureau de réexamen du ministère
l'éventuelle révision de cotes en performance énergétique. Si une municipalité
applique la réglementation québécoise, ces
inspecteurs ont des pouvoirs d'inspection et d'enquête dévolus aux inspecteurs
municipaux. La cotation des bâtiments a un caractère public. La députée
de Mille-Îles a bien vu en soustrayant du caractère public l'adresse de
l'établissement ou du lieu d'une personne
qui offre des services d'hébergement ou des services d'aide aux personnes
victimes de violence et d'une personne qui regroupe des personnes ou des
groupements de personnes offrant de tels services. On a également instauré une clause grand-père pour les
municipalités qui avaient adopté un encadrement du gaz naturel avant le
15 février. On a profité
également, M. le Président, de la réouverture de la loi pour faire quelques
ajustements au texte ainsi que des modifications de concordance aux
amendements proposés.
En
conclusion, M. le Président, les changements que nous proposons dans la
législation québécoise, nous devons les
apporter rapidement. Le Québec s'est fixé, pour 2030, un objectif de réduction
de ses émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % sous le niveau de 1990.
Le gouvernement doit disposer de bons leviers pour travailler rapidement à
l'atteinte de cette cible. Le projet
de loi n° 41 contribuera de façon importante à l'atteinte
des cibles gouvernementales en matière de réduction des émissions de gaz à
effet de serre et d'efficacité énergétique par la fixation de normes minimales
à atteindre en la matière. De plus,
il dégagera à plus long terme une marge de manoeuvre pour Hydro-Québec par le
biais d'importantes économies
d'électricité. C'est pourquoi, M. le Président, j'invite tous les
parlementaires à adopter le projet de loi n° 41.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Beauharnois.
Alors, pour la prochaine intervention, je reconnais Mme la députée des
Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. D'abord, je vais remercier... je vais commencer par les
remerciements, remercier le ministre pour
les échanges. Je remercie aussi tous les fonctionnaires qui ont travaillé sur
le projet de loi, qui ont répondu à
mes questions. Je remercie évidemment les députés, les collègues députés de
tous les partis, là, qui étaient présents,
dont mon collègue de Jacques-Cartier, qui m'a accompagnée tout au long de
l'étude de ce projet de loi, et, évidemment, les groupes, les groupes et
les nombreux groupes, là, qui sont venus en commission parlementaire, mais ceux
également qui ont envoyé des mémoires, là, sans le faire en personne, ça a été
très éclairant, là, pour l'étude de ce projet de loi.
Je
vais peut-être rappeler que l'objectif du projet de loi, par son titre, on
parle d'efficacité énergétique des bâtiments, mais, dans les faits, ce qu'on voit, c'est qu'on va mettre en place un
système de cotation, et avec... pour établir ce système de cotation là, on va avoir besoin des
renseignements sur les bâtiments, et un coup... dans le fond, les
renseignements de consommation
énergétique, de matériaux utilisés pour construire les bâtiments. Et par la
suite, avec tout ça, il y aura des... l'établissement
de normes de performance environnementale des bâtiments. Et donc tous les
bâtiments, à terme, normalement, de
ce qu'on comprend avec ce projet de loi là, tous les bâtiments, à terme,
seraient cotés et auraient éventuellement à atteindre une norme
particulière de performance environnementale.
Évidemment, M. le Président, ça implique que ça
pourrait... il pourrait y avoir des mises aux normes importantes pour des
bâtiments, notamment les bâtiments plus anciens. Il y a ce qu'on appelle les
passoires énergétiques. C'est évident que
dans la crise climatique qu'on vit, la crise énergétique aussi, il faut y
remédier, ça, il n'y a pas de doute. Par contre, c'est la manière de faire qui va voir... qui va faire en
sorte de voir si on est capable d'arriver à ces objectifs-là, éventuellement.
On est dans une crise du logement et on ne
peut pas non plus sortir des logements du parc immobilier. Actuellement, tous
les logements qu'on a, on en a besoin.
Alors,
il y a beaucoup d'éléments qui sont malheureusement des inconnus dans ce projet
de loi là, parce que tous, tous, tous les éléments, tous les critères, tout,
tout, tout va se faire par règlement. Donc, le projet de loi établit seulement
un peu les grandes lignes, les objectifs,
mais même pas, on n'a pas de cible, on n'a pas de plan, on n'a pas... on ne
sait pas exactement où ça va aboutir.
Tout, tout, tout va se faire par règlement. Ça, c'est l'élément majeur qui est
problématique dans ce projet de loi là.
On se donne beaucoup
de pouvoir, et, malheureusement, l'établissement de règlements, ça ne se fait
pas de la même façon qu'une loi. Il n'y a pas les mêmes consultations
publiques. C'est fait, d'une certaine façon, à portes closes. Et les consultations sont, je pourrais dire, juste
à sens unique, dans le sens qu'il y a... les groupes envoient des réponses ou
leurs commentaires, mais il n'y a pas d'échange, il n'y a pas... et les
parlementaires des oppositions ne participent pas nécessairement à cet
échange-là. Et les groupes qui commentent ne voient pas non plus ce que les
autres groupes ont envoyé comme commentaire,
alors que, dans un projet de loi, lorsqu'il y a des consultations
particulières, bien là, tout le monde entend ce que tout le monde a à
dire, et les parlementaires peuvent participer aux échanges.
Donc,
ça, c'est l'élément majeur qui fait en sorte, en fait, qu'on ne sait pas où ça
va aboutir. Et tous les groupes sont venus nous dire qu'ils étaient incapables
de prévoir l'impact du projet de loi parce qu'il y avait trop d'inconnus. Et
donc ça, c'est l'élément majeur que je voudrais mentionner par rapport à
ce projet de loi là.
Je le dis d'emblée,
là, on est tout à fait d'accord avec le principe que vise le projet de loi.
C'est la manière qu'on choisit, qui est... qui a trop d'inconnus, qui nous
inquiète. C'est donc impossible, là, d'évaluer l'impact, l'impact financier,
l'impact pour le gouvernement, mais aussi pour les citoyens, pour les
entreprises, les commerces qui devront mettre
à niveau leurs bâtiments, les PME qui ont des bâtiments aussi. On ne connaît
pas du tout l'impact présentement. Le ministre a présenté quand même ses
intentions réglementaires, mais elles peuvent changer à tout moment, là, ce
n'est pas fixé dans le... ce n'est pas fixé,
là, vraiment. Donc, ça, c'est l'enjeu qui est important et donc ça pourrait
effectivement changer. Puis en 2026, il y aura des élections, et toutes les
intentions réglementaires pourraient être revues complètement.
Je
voudrais mentionner que... et là je remercie le collègue qui est passé avant
moi, qui a mentionné l'amendement que j'ai proposé, qui a été accepté dans le
projet de loi. Donc, il y a eu effectivement un seul amendement qui a été
accepté des oppositions, et c'est le mien. Il y a eu, somme toute, plusieurs
amendements, M. le Président, là, qui ont été proposés, mais tous par le ministre. Mais les nôtres ont tous été
refusés, ceux des oppositions, à l'exception d'un qui était de faire en sorte, en fait, d'assurer une confidentialité
des données pour les personnes qui seraient à risque, là, de sécurité, là.
• (16 h 20) •
Je
pense, par exemple, à des femmes qui pourraient être dans une situation, là, de
violence conjugale et qui doivent être
protégées. Actuellement, dans le projet de loi, leurs données auraient pu être
publiques. Là, pourquoi je parle de leurs données, c'est parce que le
projet de loi prévoit qu'il y aura éventuellement un registre des bâtiments où
les cotes, les cotes des bâtiments, seront
publiques, et tous les propriétaires, leurs noms seront disponibles sur ce registre
public là. Alors, c'est pour ça que j'avais fait cette demande, qui a
été acceptée, et je remercie le ministre pour ça.
Par contre, un
élément majeur, un des amendements majeurs que j'ai demandés, qui a été refusé
et qui me fait craindre beaucoup pour la suite, c'est la question de la
création d'un code de bâtiment durable, et là je m'explique. Il existe déjà, actuellement, un code de bâtiment qui
est régi par la Régie du bâtiment du Québec, et c'est eux qui font le pont
avec les autres instances canadiennes, parce
qu'il existe aussi des normes canadiennes au niveau du bâtiment. Et la Régie
du bâtiment du Québec crée, met à jour le code du bâtiment depuis des
décennies.
Et, à
l'automne dernier, on a... il y a eu un règlement qui a été adopté pour faire
en sorte qu'il y ait au moins une certaine uniformisation des codes de
bâtiment, parce que les municipalités aussi peuvent adopter des codes de
bâtiment distincts. Et
donc on est venus... On a tenté d'alléger, pour les entreprises, et d'avoir un
code de bâtiment de base, le même pour
tous. Et là on arrive avec ce projet de loi là quelques mois plus tard, où le
ministre nous dit : Bien, on va créer, nous, un code de bâtiment
durable, qui va être distinct du code du bâtiment de la Régie du bâtiment du
Québec. Et donc la construction, les
constructeurs vont avoir à gérer trois codes de bâtiment. Ils vont avoir le
code du bâtiment de la Régie du bâtiment, les particularités des
municipalités et le code de bâtiment durable.
Tous les groupes, c'était sans équivoque, sont
venus nous dire que c'était une très mauvaise idée, que c'était... En fait, même l'Ordre des ingénieurs nous a dit
carrément : Seule la Régie du bâtiment du Québec a les compétences pour
rédiger un tel code. Et il y a une très grande crainte d'incohérence entre les
deux codes, parce que, bien que l'efficacité énergétique va sortir de la
Régie du bâtiment et va être traitée dans le code de bâtiment durable, il y a
quand même beaucoup d'éléments qui se
retrouvent... qui vont continuer à se retrouver dans le code du bâtiment
régulier de la Régie du bâtiment du Québec, qui... elles vont avoir, ces
normes-là, un impact sur l'efficacité énergétique.
Et je donne un exemple simple. La ventilation,
les appareils de ventilation, ou l'isolation, par exemple, ça a un impact
direct sur l'efficacité énergétique, mais là les deux vont être traités dans
des codes différents. Donc, ce que les
groupes proposaient, et c'est ce que j'ai proposé comme amendement, c'est
plutôt que la régie reste responsable, mais que le ministère soit partie prenante de la section efficacité énergétique
du bâtiment de la Régie du bâtiment du Québec, mais ça a été refusé.
Donc, ça, c'est un élément majeur que je dois dire.
J'aurais
souhaité aussi qu'il y ait des normes particulières pour les bâtiments
agricoles. On l'a fait... Dans le projet de loi, on prévoyait des normes particulières pour les bâtiments
patrimoniaux. Et là c'est assez évident, là, que les bâtiments
patrimoniaux ne peuvent pas être... ne peuvent pas être mis de... ne peuvent
pas avoir les mêmes normes que n'importe quel
bâtiment, parce que, des fois, il n'y a pas l'espace. Des fois, il faut vivre
avec des matériaux, disons, qui ont été mis en place il y a
200 ans. Et donc il n'y a pas nécessairement l'espace pour changer ça.
Et, si on parle, par exemple, de fenêtres, bien,
ce qui est plus efficace, c'est un matériau qui n'est généralement pas accepté dans les bâtiments patrimoniaux, là.
Quand on tente de préserver le caractère patrimonial, on va parler du bois,
par exemple, pour les fenêtres. Ce n'est pas
ce qui est le plus optimal au niveau énergétique, mais là il faut faire des
choix. Est-ce qu'on veut préserver
l'efficacité énergétique ou le caractère patrimonial? Évidemment, si on ne veut
pas perdre notre identité, c'est important de garder aussi notre
caractère patrimonial.
Donc, ça, je
salue le fait que le ministre ait prévu qu'il y aurait des normes particulières
pour les bâtiments patrimoniaux, dans le projet de loi, mais il n'y a
rien pour les bâtiments agricoles. Et vous comprendrez qu'un bâtiment agricole
ce n'est pas comme un bâtiment industriel normal. Et là... et j'ai beaucoup
posé de questions à cet effet, à savoir : Bien, O.K., admettons qu'on a un
genre de grange dans laquelle on préserve des aliments, par exemple, ou du foin
à une certaine température, mais qu'il n'y a pas de chauffage, tu sais? Il
suffit juste qu'il y ait une ampoule, une ampoule
pour allumer, pour mettre de la lumière, c'est de l'énergie, et donc
nécessairement il serait soumis aux mêmes normes que les autres
bâtiments.
Alors, moi,
j'aurais vraiment souhaité qu'un bâtiment... les bâtiments agricoles soient
traités différemment. En plus, nos agriculteurs vivent de façon... ce n'est
vraiment pas facile, ces temps-ci, je pense qu'il faut leur faire... avoir un
peu plus de sensibilité à leurs particularités. Donc, ça, c'est une
déception.
Et il y a d'autres éléments que j'ai proposés,
là, qui n'ont pas été reçus, là, acceptés, notamment des normes particulières pour les immeubles construits en
bois, par exemple, ou le fait qu'on inclue du contenu local dans les bâtiments.
Ce que je voudrais mentionner aussi, c'est ce
que... les propos du député de Jacques-Cartier, qui est venu parler de l'importance de faire de... de prévoir
l'autoproduction des bâtiments. Et là on parle beaucoup, là, dans le projet de
loi, d'efficacité énergétique des bâtiments, mais on comprend que c'est
qu'il y a un besoin, disons, d'économiser de l'énergie. On en a parlé
abondamment, lors de l'étude, du fait qu'on pourrait être à risque de manquer
d'énergie, mais il n'y a pas de mesure qui
fait en sorte qu'on prévoit l'autoproduction, par exemple, dans le résidentiel.
Et actuellement il y a plusieurs...
dans plusieurs municipalités, on entend des citoyens qui nous font part qu'il
est difficile, difficile pour eux de faire
des projets où, par exemple, ils auraient des panneaux solaires sur leurs
toits. Et moi-même, j'ai été, dans le passé, dans une municipalité où on encadrait, il n'y avait pas
beaucoup de latitude, et donc je peux imaginer que, là, on a 1 100 et plus
municipalités, au Québec, qui chacune doivent mettre leurs propres normes. On
pense qu'il faudrait le regarder aussi au
niveau provincial, peut-être, pour accélérer le pas et faire en sorte que soit
plus facile de s'autoproduire, là, ou, du moins, de produire une portion
de son électricité soi-même.
Et il y a
également un élément, là, qui avait été mentionné, du fait qu'Hydro-Québec
n'acceptait pas, dans le fond, de
comptabiliser cette électricité-là produite pour la récupérer plus tard. Et
donc, ça aussi, il y aurait une mise à jour à faire de ce côté-là. Ça
fait que le projet de loi aurait été une belle opportunité pour le faire.
Et un élément
que je voudrais souligner, c'est qu'il n'y a pas de plan, je l'ai dit, au
niveau du projet de loi. Bien, on n'a pas de plan, on n'a pas de cible, il n'y
a pas d'incitatif, non plus, suffisant pour encourager les Québécois à mieux
gérer leur consommation. Ça, c'est un enjeu,
parce qu'on en parle abondamment, dans le projet de loi, qu'il faut être plus
sobre, il faut amener nos bâtiments
énergétiques... Puis il y avait, cette semaine... on parlait même, là, il
faudrait peut-être changer toutes les fenêtres. C'était un citoyen, là, qui
parlait de... un organisme, là. Mais ça a un coût, changer toutes ses fenêtres, ça coûte des milliers de dollars. Mais
actuellement les programmes qui sont en place n'encouragent pas assez les
Québécois. Les coûts ont monté énormément,
mais les enveloppes ne sont pas suffisantes, malheureusement, pour ce que
ça coûte puis pour atteindre cet objectif-là.
Et, lors de
la prise en considération, le député de Masson a mentionné, et ça, ça nous a
vraiment étonnés, là, il a dit : D'ici
2050, tous les bâtiments du Québec devront être transformés. Ça, ça nous a
surpris, parce que, comme je disais, on avait quelques éléments
d'intention réglementaire, mais on n'a parlé que des grands bâtiments, donc les
bâtiments institutionnels, les bâtiments de 20 000, 25 000 pieds
carrés et plus, et c'était comme l'intention de commencer par ces bâtiments-là. Mais là de dire que tous les bâtiments devront
être transformés d'ici 2050, M. le Président, ça implique des sommes
considérables pour le gouvernement mais aussi pour les citoyens. Alors, est-ce
qu'il y a un plan pour ça? On est un peu
devant le néant, là-dessus, et c'est très inquiétant. Alors, pour nous, c'est
clair que les programmes actuels ne suivent pas et qu'il faudra les
mettre aux normes.
Là, je ne
sais pas combien de secondes il reste avant la fin... Quatre secondes? Bon,
bien, je vais arrêter maintenant, M. le Président, pour pouvoir continuer
plus tard, au retour. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends très bien, Mme la députée de
Mille-Îles, que vous n'avez pas terminé votre intervention.
Effectivement, vous allez pouvoir reprendre, à la reprise de ce débat, votre
intervention.
Ajournement
Et, compte
tenu de l'heure, les travaux sont ajournés au mardi 26 mars 2024, à
10 heures. Alors, je vous souhaite à tous et à toutes bon retour
dans vos circonscriptions. Et soyez prudents.
(Fin de la séance à 16 h 30)