(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon jeudi matin, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien
vouloir prendre place et à vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors,
nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés. Et, ce matin, la première
déclaration sera celle de Mme la députée de La Pinière.
Souligner le Nouvel An lunaire et l'année du Dragon de
Bois
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, M. le Président. Le 10 février 2024
marque le début du Nouvel An lunaire sous le signe du Dragon de Bois.
Régie par le calendrier lunisolaire traditionnel, cette fête, célébrée par nos
voisins et voisines d'origine asiatique,
souligne la convivialité et l'espoir. Le signe du Dragon de Bois, qui est mis à
l'honneur cette année, représente la vitalité, la croissance, la
créativité, l'inspiration, le leadership, la flexibilité et l'adaptabilité.
Comme députée de La
Pinière, j'ai la chance d'être conviée à plusieurs activités chaque année en
lien avec le Nouvel An lunaire. Le dragon étant considéré traditionnellement
comme un signe de bonne fortune, je souhaite que ce Nouvel An lunaire apporte à
tous et à toutes succès et prospérité.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci.
Merci beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Alors, nous poursuivons
avec Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter le Parc Safari de Hemmingford pour son
classement
de niveau argent par la revue Best of Montréal
Mme Carole Mallette
Mme Mallette :
Merci, M. le Président. Je veux
aujourd'hui souligner la reconnaissance exceptionnelle que s'est vu décerner le Parc Safari de Hemmingford. En
effet, le parc s'est mérité le niveau argent de la part de la revue Best of Montréal,
ou le meilleur de Montréal, aux côtés de l'oratoire Saint-Joseph et de La
Ronde.
Je veux profiter de
cette occasion pour vous indiquer que le parc est, depuis plus de 50 ans,
un des principaux attraits touristiques de
la Montérégie-Ouest. Des activités de tout genre y sont proposées, telles que
le parc aquatique, le Safari Aventure
en camion de brousse électrique et le pavillon découvertes, entre autres. Avec
plus de 300 animaux en liberté,
d'une trentaine d'espèces différentes, le parc s'est donné une mission
éducative et de préservation des espèces en voie d'extinction.
Alors,
M. le Président, j'aimerais dire bravo au Parc Safari et à son propriétaire,
Jean-Pierre Ranger, de contribuer au rayonnement de mon comté. Et je
vous invite tous et toutes à venir visiter avec moi cet été.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Huntingdon. Et, pour la prochaine déclaration,
je reconnais M. le député de Taschereau.
Souligner le 70e anniversaire du Carnaval de Québec
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Merci, M. le Président. Bien,
permettez-moi, aujourd'hui, de vous parler d'un événement qui égaie nos hivers
depuis 70 ans, le Carnaval de Québec. Ça a lieu en ce moment même juste à
côté d'ici, partout au centre-ville, partout dans la ville. Vous ne
pouvez certainement pas le manquer.
Le
carnaval, c'est rendu un incontournable, à Québec, et au Québec, et même à
travers le monde. Et cette ampleur qu'a prise le festival au cours des ans,
c'est la belle démonstration qu'ici on accueille notre hiver à bras ouverts et
qu'on en fait une véritable célébration.
Tout
ça a commencé sur la mythique rue Sainte-Thérèse, dans le quartier
Saint-Sauveur, sur la rue... c'est aujourd'hui la rue Raoul-Jobin, dans le beau quartier Saint-Sauveur, dans ma
circonscription. C'est là que l'esprit du carnaval a pris racine. Chaque année,
des résidents de la rue et du secteur décoraient leurs maisons et créaient des
sculptures de glace, de neige à même
la rue. 70 ans plus tard, le carnaval a pas mal grandi, évidemment, mais
c'est le même amour rassembleur de l'hiver québécois qui anime les
carnavaleux d'année après année.
Aujourd'hui,
on célèbre 70 ans de fête, de créativité et de réconfort, et je nous
souhaite encore 70 ans de cette belle tradition. Alors, bon
carnaval à tous et à toutes!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Taschereau. Et nous poursuivons maintenant
avec Mme la députée d'Iberville.
Saluer le travail des bénévoles du Carnaval Iber-Neige
Mme Audrey Bogemans
Mme Bogemans :
Merci beaucoup, M. le Président.
On a vraiment de la belle visite aujourd'hui au salon bleu, on a les
organisateurs du Carnaval Iber‑Neige du secteur Iberville, de
Saint-Jean-sur-Richelieu. Donc, bienvenue.
Pour
moi, le Carnaval Iber‑Neige, c'est bien plus qu'un événement, c'est des
souvenirs d'enfance. C'est jouer dehors jusqu'à tant qu'on ne sente plus nos orteils ni le bout de nos doigts,
puis d'aller se réchauffer à l'intérieur avec des bénévoles avec un grand sourire qui viennent nous remettre
un chocolat chaud. Et puis c'est encore la même chose aujourd'hui, sauf
que le renouveau est vraiment présent. On a de la glissade sur tube,
maintenant, du patin à glace, des jeux gonflables. Il y a même des tournois qui
ont évolué au fil du temps.
Puis
le secret du carnaval, bien, c'est définitivement les bénévoles, les gens
d'expérience qui sont là depuis presque le début, qui savent transmettre
les valeurs de l'événement à la jeune génération, qui amène le renouveau.
Donc,
aux bénévoles en or, je dis merci, félicitations. Puis vive l'hiver! Et c'est
toute une tradition familiale, le Carnaval Iber‑Neige.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée d'Iberville. Et je
souhaite la bienvenue à l'équipe organisatrice d'Iber‑Neige.
Alors, pour la
prochaine déclaration, mesdames et messieurs, je reconnais le député de Viau.
Souligner le 10e anniversaire du Fonds 1804
pour la persévérance scolaire
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, M. le Président. Je tiens
aujourd'hui à saluer le Fonds 1804 pour la persévérance scolaire,
qui célèbre cette année ses 10 ans d'existence.
Né
d'un effort de mobilisation de la collectivité autour des enjeux de la
persévérance scolaire, 10 ans plus tard, le Fonds 1804, c'est près de 1 200 bourses à la
persévérance remises à des jeunes de partout au Québec. Ce sont des initiatives
de mentorat, de parrainage et
d'accompagnement postsecondaire. Ce sont des actions en faveur de l'engagement
des parents et de la communauté. C'est aussi l'académie de leadership
Louverture-Mandela du Fonds 1804.
Au fil des ans, le
fonds a pu compter sur l'implication bénévole de nombreuses personnes.
J'aimerais, pour ce 10e anniversaire,
souligner la contribution des dizaines de donateurs, partenaires de la réussite
éducative au succès de cette organisation.
Je
salue aujourd'hui le travail du Fonds 1804 pour la persévérance, son
président, M. Édouard Staco, l'ensemble des gouverneurs et
ambassadeurs de ce fonds.
Alors, à tous les
membres du Fonds 1804, un bon 10e anniversaire!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Viau. Et nous poursuivons avec M. le député d'Abitibi-Est.
Rendre hommage à M. Claude Richard
M. Pierre Dufour
M. Dufour : M.
le Président, j'ai le plaisir de souligner l'accomplissement d'un de mes
concitoyens qui a fêté dernièrement 50 ans de carrière comme pilote
d'hélicoptère.
Influencé
par son grand-père qui lui disait que l'avenir allait passer par les airs, le
jeune Claude effectua son premier vol solo dès l'âge de 20 ans et
fonda son entreprise en 1984.
Son
parcours de plus de 13 000 heures l'amènera partout sur le territoire
québécois pour différentes missions, par exemple, pour certains ministères, pour faire des relevés fauniques ou
miniers, ou encore pour un volet plus artistique, pour des vues aériennes pour la série L'Or ou le
film Guibord s'en va-t-en guerre. Mais sa plus grande fierté demeure son
impact du côté sécuritaire pour la
société. Il fut d'ailleurs un acteur important pour seconder la SOPFEU pour
combattre les feux de forêt et la
Sûreté du Québec pour intervenir sur la recherche de personnes disparues. À cet
effet, en 2013, il réalisera son plus
grand sauvetage lorsqu'il finira par repérer un homme parti en excursion
solitaire sur la rivière Nottaway et qui était à bout de ressource et
disparu depuis quelques mois.
Comme
le dit humoristiquement Claude, son existence aurait pu être plus
difficile : J'aurais pu être obligé de travailler.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Abitibi-Est. Et nous poursuivons... et nous
poursuivons cette rubrique avec Mme la députée de Vimont.
Exprimer de la solidarité et du
soutien envers les proches des victimes
de la tragédie de la Garderie éducative Sainte-Rose inc.
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz :
Merci, M. le Président. Je tiens
à prendre la parole en ce 8 février pour nous rappeler un triste événement qui a bouleversé la vie de familles de
notre communauté lavalloise mais aussi, j'ose imaginer, de tous les Québécois.
La
tragédie de la garderie de Sainte-Rose nous a marqués à tout jamais. Les mots
sont insuffisants pour expliquer l'inexplicable,
pour décrire ce que ces familles, ces enfants, ces éducatrices ont vécu cette
journée-là. Jamais un parent ne devrait vivre cela. Jamais un enfant ne
devrait vivre cela. Ici, à l'Assemblée nationale, nous pensons à vous.
Ce
dont je sais, c'est que nous sommes un peuple solidaire. Cette journée-là et
les jours qui ont suivi, nous avons été
témoins de l'élan de solidarité des Lavallois, du besoin de partager ce deuil,
de vivre ensemble cette immense tristesse toute la province au complet.
Je tiens aussi à
saluer le courage des parents qui étaient sur place, des éducatrices qui ont
veillé au bien-être des enfants et, bien sûr,
tout le travail effectué par les intervenants auprès des familles. En mémoire
de ces petits êtres, dans ce silence assourdissant qu'est cette perte,
nous n'oublierons jamais.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Vimont. Et nous poursuivons avec la députée
d'Anjou–Louis-Riel.
Souligner le 30e anniversaire de l'organisme Déclic — Initiatives
pour la formation et l'emploi des jeunes
Mme Karine Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, M. le Président.
Alors, il y a 30 ans, un organisme du nom de Déclic, dont la mission est
de répondre aux besoins sociaux
psychopédagogiques des jeunes adultes en difficulté, a ouvert ses portes dans
l'est de Montréal.
Reconnu
par les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur pour leurs
services périscolaires spécialisés ainsi
que par les ministères du Travail, de l'Emploi et de l'action communautaire via
différents programmes, l'organisme déploie
une vingtaine de professionnels chevronnés et mobilisés qui oeuvrent
annuellement auprès de plus de 300 jeunes adultes vivant en
situation de vulnérabilité et, dans ce cadre, offre plus de
4 800 heures d'intervention individuelle.
C'est
grâce aux deux fondateurs de Déclic, des personnes sensibilisées et dévouées au
bien-être des jeunes adultes vulnérables,
que l'organisme a déployé et a développé une approche d'intervention
interdisciplinaire unique et adaptée. Alors je salue et remercie M. Benoit Bernier, aujourd'hui directeur de
développement, et Mme Sonia Lombart, directrice générale.
Félicitations pour
vos 30 ans de réalisation!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée d'Anjou–Louis-Riel. Et, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Labelle.
Rendre hommage au Dr Michel Massé
Mme Chantale Jeannotte
Mme
Jeannotte : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux rendre
hommage au Dr Michel Massé, médecin à la retraite qui a consacré plus de
30 ans à la présidence du conseil d'administration de la coopérative
Défi-Autonomie d'Antoine-Labelle, à
Mont-Laurier. M. Massé a constamment placé le mieux-être des aînés au
centre des priorités, notamment en favorisant leur autonomie et leur
maintien à domicile, comme ces derniers le souhaitent.
Vous
savez, il faut également souligner que ses filles, Julie et Isabelle, ont suivi
les traces de leur père en pratiquant, elles aussi, la médecine en région tout en s'impliquant dans les groupes de
médecine de famille universitaire en Abitibi-Témiscamingue.
S'il
considère que le soutien à domicile des aînés a fait beaucoup de progrès dans
les dernières années, M. Massé reconnaît
qu'il reste beaucoup à faire et souhaite ardemment un virage en ce sens au
Québec. C'est une vision que nous sommes plusieurs à partager et dont le
Dr Massé a été un important ambassadeur.
C'est pourquoi nous
lui disons merci pour tout le bien qu'il a fait en faveur de l'autonomie des
aînés et du développement de la médecine familiale en région. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Labelle. Pour la prochaine déclaration, je
reconnais M. le député de Saint-Jean.
Saluer le dynamisme de la Chambre de commerce
et de l'industrie du Haut-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
l'hebdo du Haut-Richelieu Le Canada français titrait récemment qu'un
vent de renouveau soufflait sur la CCIHR. La CCIHR, M. le Président, c'est la
Chambre de commerce et de l'industrie du Haut-Richelieu, et le vent de renouveau, c'est le
dévoilement d'une nouvelle identité graphique et d'un nouveau site Web. Et la nouvelle signature est effectivement un vent
de fraîcheur, mais c'est surtout un témoignage du dynamisme de la CCIHR,
qui compte parmi les plus anciennes chambres
de commerce au Québec, soit depuis 1894, et certains disent même 1874.
Toujours
est-il que la CCIHR continue d'être bien de son temps en embrassant, par
exemple, le circuit court et le maillage
industriel pour réduire les coûts de gestion des déchets, et trouver de
nouvelles solutions innovantes, et créer de nouvelles opportunités d'affaires. Et ça fonctionne. En quelques
semaines seulement, une trentaine d'entreprises participent déjà au
projet Symbiose.
Tout
ça pour dire que je suis très fier de la chambre de commerce et de ses
dirigeants, l'équipe de Michel Milot à la permanence et le conseil d'administration,
sous la présidence de M. Alain Paradis, que je salue. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Jean. Et nous concluons cette rubrique
avec M. le député de Papineau.
Féliciter le comité organisateur du Tournoi provincial de
La Lièvre
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup, M. le Président. C'est un plaisir
de me lever pour souligner le succès d'un événement sportif qui, à chaque hiver, fait le plaisir de
centaines de jeunes hockeyeurs de ma circonscription et aussi d'ailleurs au
Québec.
Du
5 au 28 janvier, les centres sportifs Robert-Rochon et de Buckingham ont
été le théâtre du populaire Tournoi provincial de La Lièvre. Au
cours de quatre week-ends, un impressionnant total de 140 équipes ont
disputé pas moins de 280 parties. Ce sont près de 2 000 joueurs
et entraîneurs qui ont pu profiter de l'hospitalité de nombreux bénévoles,
d'ailleurs qui, année après année, se font un devoir de faire vivre une
expérience inoubliable aux joueurs.
Je tiens d'ailleurs à
souligner le travail du comité organisateur, qui ne laisse rien au hasard.
Daniel St-Gelais, Mélyssa Ranger, Martine
St-Gelais, Luc Clément et Erika Marier-Boulianne, au nom des enfants, vraiment,
je vous dis un gros merci.
Pour
conclure, je félicite les trois équipes de ma circonscription qui ont remporté
les grands honneurs du tournoi, les
Jets 2 de La Lièvre M9‑2, les Jets 1 de La Lièvre M9‑4 et
les Jets de La Lièvre M13‑B. Bravo! Et go, Jets, go! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Papineau. Et cela met
fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 03)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Bienvenue au parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 49
La Présidente :
À l'article a du feuilleton, M.
le ministre des Finances présente le projet de loi numéro n° 49,
Loi donnant suite à des mesures
fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 21 mars 2023
et à certaines autres mesures. M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, Mme la Présidente.
Ce
projet de loi modifie diverses lois afin principalement de donner suite à des
mesures annoncées dans le discours sur
le budget du 21 mars 2023 et dans divers bulletins d'information publiés
par le ministère des Finances en 2022, en 2023 et en 2024.
Le projet de loi prolonge d'un an le délai pour
produire la déclaration de revenus afin de bénéficier du crédit d'impôt
remboursable conférant le nouveau montant ponctuel pour pallier la hausse du
coût de la vie.
De
plus, dans le but d'introduire ou de modifier des mesures propres au Québec, le
projet de loi modifie la Loi sur les impôts, la Loi concernant les
paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales et la Loi sur la Régie de
l'assurance maladie du Québec afin, notamment :
1° de bonifier la composante relative au
logement du crédit d'impôt remboursable pour la solidarité;
2° de
bonifier les crédits d'impôt non remboursables pour les pompiers volontaires et
pour les volontaires en recherche et sauvetage;
3° de limiter
l'accès de certains particuliers au crédit d'impôt non remboursable relatif à
un fonds de travailleurs;
4° de mettre en place un nouveau congé fiscal
relatif à la réalisation d'un grand projet d'investissement;
5° de prolonger le crédit d'impôt remboursable
pour la transformation numérique de la presse écrite;
6° de bonifier le crédit d'impôt remboursable
pour l'édition de livres et le crédit d'impôt remboursable pour la production
d'événements ou d'environnements multimédias présentés à l'extérieur du Québec.
Le projet de
loi modifie également la Loi sur l'administration fiscale, la Loi sur la taxe
de vente du Québec et la Loi
concernant la taxe sur les carburants afin de mettre en oeuvre le nouveau
programme de gestion de l'exemption fiscale des Premières Nations en
matière de taxes.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie la Loi constituant Capital régional et coopératif Desjardins,
la Loi constituant Fondaction, le
Fonds de développement de la Confédération des syndicats nationaux pour la
coopération et l'emploi et la Loi
constituant le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec afin notamment de
réorganiser les catégories d'investissement de ces fonds fiscalisés et
d'actualiser leurs fonctions.
En outre, le
projet de loi modifie la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du Québec afin
de hausser le montant des exemptions
servant au calcul de la prime exigible d'une personne assujettie au régime
public d'assurance médicaments.
De plus, le
projet de loi modifie la Loi sur le régime de rentes du Québec afin de
permettre à certains travailleurs de 65 ans ou plus de faire le choix de
cesser de cotiser à ce régime et afin de mettre fin à l'obligation d'y cotiser
à compter de l'année suivant le 72e anniversaire du travailleur.
Le projet de
loi modifie également la loi sur la taxe de vente du Québec afin d'augmenter le
droit spécifique sur les pneus neufs de véhicules routiers.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie notamment la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe
de vente du Québec afin d'y apporter
des modifications semblables à celles qui ont été apportées à la Loi de l'impôt
sur le revenu et à la Loi sur la taxe
d'accise par des projets de loi fédéraux sanctionnés en 2022 et en 2023. Ces
modifications concernent, entre autres :
1° la déduction pour dépenses d'outillage des
personnes de métier;
2° les
limites de retrait des paiements d'aide aux études et la possibilité pour les
parents divorcés ou séparés de conclure conjointement un contrat de
régime enregistré d'épargne-études;
3° le contingent des versements des organismes
de bienfaisance enregistrés;
4° la déclaration obligatoire des traitements
fiscaux incertains indiqués aux états financiers d'une société.
Enfin, le projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie. Merci,
Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté. M. le
leader du gouvernement, à nouveau.
M.
Jolin-Barrette : Rebonjour, Mme la Présidente. Je vous demanderais
d'appeler l'article b du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 52
La
Présidente : À l'article b du feuilleton, M. le ministre
responsable de la Laïcité présente le projet de loi n° 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver
le principe de la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur
la laïcité de l'État. M. le ministre.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Donc, projet de loi
n° 52, Loi permettant au
Parlement du Québec de préserver le principe de la souveraineté
parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État.
Ce projet de loi préserve le principe de la
souveraineté parlementaire en reconduisant la disposition dérogatoire prévue à
l'article 34 de la Loi sur la laïcité de l'État.
La Présidente : Et je reconnais M.
le leader de l'opposition officielle. Je vous écoute. Brièvement.
• (10 h 10) •
M.
Derraji : Mme la Présidente, nous allons prendre le temps
d'analyser le projet de loi, et on se réserve le droit de demander des
consultations, au besoin. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Présidente : Alors, est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Il n'y a pas de dépôt de documents ni de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, je reconnais
maintenant Mme la députée de Mille-Îles.
Donner
à la Commission municipale du Québec le mandat d'enquêter
sur le processus de changement de zonage et l'acceptabilité sociale
pour le projet de la Cité du cinéma à Laval
Mme
Dufour : Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
248 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le projet de la Cité du cinéma
soulève beaucoup d'inquiétudes citoyennes et que, parmi les 10 municipalités de plus de
100 000 habitants, Laval est la seule dont le taux de participation
des électeurs a plongé sous la barre des 30 % à l'élection
municipale de 2021;
«Considérant que l'ouverture d'un registre
référendaire a été annulée le 19 septembre 2022;
«Considérant que
le Service de l'urbanisme de Laval a recommandé dans un rapport daté du
16 juin 2022 de refuser le
changement de zonage et mentionne qu'aucune démarche d'acceptabilité sociale en
amont n'a été entreprise auprès des citoyens du secteur concerné malgré
une vive opposition pressenti à son implantation;
«Considérant
que la nouvelle version du projet annoncée en novembre 2023 pourrait se
concrétiser sans donner la possibilité aux citoyens d'ouvrir un registre
sur la tenue d'un référendum;
«Considérant
que le projet peut avoir des répercussions importantes sur le paysage, la
qualité de vie, l'environnement, les infrastructures municipales et la
circulation routière;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons à la ministre des
Affaires municipales :
«De mandater
la Commission municipale du Québec pour enquêter sur le processus de changement de
zonage et d'acceptabilité sociale démarré depuis 2022 pour le projet de
la Cité du cinéma;
«De demander à la CMQ son avis sur la conformité
pour le schéma d'aménagement SADR-1.7;
«De maintenir la possibilité d'ouvrir un
registre pour la tenue d'un référendum.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est maintenant déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le député de Laurier-Dorion débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions
et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Mesures pour la protection et
la promotion du français
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. On le sait, le
gouvernement caquiste est un mauvais gestionnaire des fonds publics. Face au Québec, face aux
nombreux défis, aux multiples crises, il est incapable, le gouvernement
caquiste, de bien dépenser l'argent
des contribuables. Rappelons-nous le triste épisode du 7 millions de
dollars pour deux parties des Kings de Los Angeles.
En novembre
dernier, même, le ministre des Finances a déposé sa mise à jour économique et
il a dit : Je n'en ai plus, d'argent,
et maintenant toutes les dépenses additionnelles devront être empruntées. Le
prochain budget, Mme la Présidente, va nous démontrer l'ampleur du dégât
caquiste dans nos finances publiques.
Le dernier
gaspillage en titre est dans un dossier qui est névralgique, un dossier où nous
devons être vigilants, c'est l'épanouissement du français, mais le
gouvernement dépense de façon déraisonnée, sans lien rationnel, pour atteindre notre objectif de l'épanouissement du français. En
mars 2023, la fameuse publicité du faucon pèlerin, tout le monde s'est
demandé : C'est quoi, ça? En
mars 2023, mauvaise campagne, le gouvernement a pris des fonds publics, a
payé une analyse par
SOM pour se faire dire : Oui, c'était un coup d'épée dans l'eau, ça a été
raté. Et ça a été une campagne qui misait sur l'absurde, qui était floue. Coup
d'épée dans l'eau, raté. SOM leur dit, en juin 2023 : Ne faites plus
ça, ça ne fait pas avancer la cause du français. Bien, ça ne les a pas
empêchés de se payer une farce à 271 000 $ le 31 décembre.
Le premier ministre était-il au courant? Et
est-il d'accord avec ce gaspillage?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui, Mme la
Présidente, s'il y a une différence importante dans les programmes politiques
du Parti libéral puis de la CAQ, c'est bien en matière de protection du
français. Rappelons-nous le projet de
loi n° 21. Rappelons-nous
l'approche concernant les nouveaux arrivants. Rappelons-nous l'approche
concernant les universités anglophones.
Mme la Présidente, c'est ce qu'on a de plus
précieux comme nation, notre langue. C'est ce qui fait qu'on est solidaires, qu'on est tissés serré puis qu'on
travaille ensemble, comme Québécois. Et, Mme la Présidente, malheureusement, il
y a un déclin du français, actuellement.
Évidemment,
quand on parle des plus jeunes, entre autres, quand on parle des Netflix, des
Spotify, de tous ces outils où le contenu est souvent en anglais, je pense, c'est
important de rappeler à tout le monde, par de la publicité, que le
français sera toujours vulnérable en
Amérique du Nord, donc d'utiliser de la publicité, Mme la Présidente, pour être
capable de sensibiliser tous les
Québécois, parce que chaque Québécois a une responsabilité pour protéger notre
langue, pour promouvoir notre langue.
Je pense que
les anciens chefs du Parti libéral n'en ont pas fait assez pour protéger le
français. Puis on voit maintenant où est rendu le Parti libéral.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, ce n'est pas parce que
l'objectif à atteindre est louable, et auquel nous participons, l'épanouissement du français, que le gouvernement,
dans l'intervalle, peut faire n'importe quoi. Il parle des jeunes. SOM leur a dit, en juillet 2023, je cite
l'étude : «...le manque de clarté du message et l'incompréhension qu'il
suscite font en sorte que les jeunes
rencontrés se sentent peu concernés et ne savent pas ce qu'on attend d'eux.»
Fin de la citation. Il s'est fait dire que c'est un coup d'épée dans
l'eau.
Je reviens
avec ma question. Il est tributaire, il est responsable des fonds publics. 271 000 $
pour 1 min 15 s. Était-il au courant? Est-il d'accord?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, il faut faire la promotion de
la culture québécoise, il faut faire la promotion du français de toutes sortes
de façons, puis d'ailleurs je sais que mon collègue le ministre de la Culture
travaille sur plein de projets qui s'adressent, entre autres, à des
jeunes, parce qu'on doit tous comprendre que le français sera toujours vulnérable en Amérique du Nord. On est entourés de
centaines de millions d'anglophones. Il y a du contenu en anglais, il y a des
jeunes, malheureusement, qui trouvent ça cool, de sortir des mots en anglais ou
de se parler en anglais...
Des voix : ...
La
Présidente : Alors, je suis debout. Votre temps de parole est
terminé. On écoute... On a écouté la question, on écoute la réponse, maintenant,
c'est la deuxième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, je ne pouvais pas avoir réponse
plus éclatante que sa publicité, ça n'a rien fait pour nous empêcher
d'utiliser des anglicismes. Lui-même tombe dans le panneau. Lui-même, il n'a
pas été capable de comprendre le message.
Ma question
est toute simple. Le premier ministre a la responsabilité de la gestion des
fonds publics. Des propositions pour l'épanouissement du français, on en
a fait plusieurs. Le premier ministre était-il d'accord avec ce gaspillage, 271 000 $ pour
1 min 15 s, qui ne l'empêche même pas lui-même d'utiliser des
anglicismes? Est-il d'accord? Le savait-il?
La Présidente : ...réponse du
premier ministre.
Des voix : ...
La Présidente : Mme la députée, je
vous entends très bien aussi. M. le premier ministre, votre réponse.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, je répète ce que j'ai dit.
Malheureusement, il y a des jeunes qui trouvent ça cool, «chill», toutes les
expressions qui étaient utilisées dans la publicité dont parle le chef de
l'opposition officielle. C'est important qu'on réalise, tout le monde... Puis
il y a le même défi en France, sauf que nous, contrairement à la France,
on est entourés de centaines de millions
d'anglophones. C'est important pour la CAQ de protéger puis de promouvoir le
français. Ça ne l'est pas pour le Parti libéral. Bien, c'est un choix
qu'on fait, puis on est différents.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M.
Tanguay : Mme la Présidente, c'est important, pour le Parti
libéral du Québec, l'épanouissement du français, puis c'est important de
bien défendre les fonds publics, Mme la Présidente...
Des voix : ...
La Présidente : M. le chef...
Des voix : ...
La
Présidente : Non, M.
le leader, restez assis, je vous en prie, je suis debout. Article 32 et
article 37. Vous devez garder le
silence, je suis debout, demeurez assis, et par ailleurs ne pas faire de coup
d'éclat comme vous venez de faire. Vous écoutez la question au même
titre où la réponse a été écoutée.
M. le leader, qu'avez-vous à rajouter? Brièvement.
M.
Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, on ne peut pas induire la
Chambre en erreur comme le fait le chef du...
Des voix : ...
La
Présidente : 32 et 37. Merci beaucoup. On perd du temps, du
temps précieux. Nous allons poursuivre avec la question. Il n'y a qu'une
seule personne qui a droit de parole, ici : le chef de l'opposition
officielle. On l'écoute.
M.
Tanguay : Mme la Présidente, le gouvernement caquiste, c'est
des gaspilleux. 7 millions de dollars aux Kings, c'est du gaspille.
271 000 $ pour une publicité qui est un coup d'épée dans l'eau, c'est
du gaspillage également.
Qu'en
est-il de l'apprentissage du français sur nos bancs d'école, qui, sous la CAQ,
a diminué de 10 %, et de Francisation Québec, qui a des ratés sur ratés?
C'est ça, le gouvernement caquiste : des ratés sur ratés.
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, on se souvient tous des débats sur le projet de loi
n° 96. Entre autres, dans le projet
de loi n° 96, on limite le nombre de places dans les cégeps anglophones à
17,5 %. Rappelez-vous des députés libéraux avec leurs pancartes devant le cégep de Dawson pour dire : Ça n'a
pas de bon sens. J'en vois qui font signe que oui. Eux, ils seraient
prêts à augmenter à 50 % les places dans les cégeps anglophones.
Mme la Présidente, on ne s'excusera pas de faire
la promotion du français. Le Parti libéral pense que c'est du gaspillage. C'est
leur choix.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de bravo. En
question principale, je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys.
Des voix : ...
La Présidente : Silence! On vous écoute.
Prévisions budgétaires du
gouvernement
M. Frédéric
Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, l'économie du Québec ne va pas
dans la bonne direction. À sa mise à jour budgétaire, c'était évident que les prévisions jovialistes du ministre des Finances n'allaient pas être réalisées. Il a persisté
à y croire. Malheureusement, ce n'est pas la
réalité. Depuis, taux de chômage à la hausse, produit intérieur brut à la
baisse, deuxième
trimestre à la baisse, troisième à la baisse, quatrième s'en va dans la même
direction. Des économistes s'entendent pour
dire que la première moitié de 2024 va être pareille. Depuis plusieurs
semaines, c'est des centaines et des centaines de licenciements tout partout à travers le Québec. Ce
matin, Bell : 4 800 postes à travers le Canada, dont des centaines au
Québec. Hier, Énergie Cardio va fermer la porte.
Est-ce
que le ministre des Finances croit encore à ses prévisions jovialistes ou
va-t-il enfin avouer qu'il avait tort, comme le pensent plusieurs?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M.
Girard (Groulx) :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, je vais y aller une
affirmation à la fois.
À
propos de l'emploi, il y a beaucoup de volatilité dans les statistiques mensuelles,
alors il faut regarder l'évolution sur un an. C'est comme ça que les
économistes font ça, pour éviter les variations saisonnières. Alors, pour
l'ensemble de 2023, il y a eu une croissance de 1,5 % de l'emploi
au Québec. Et, dans des circonstances très difficiles, avec des taux d'intérêt à 5 %, une inflation qui avoisinait
4 %, bien, 1,5 % de croissance d'emploi, c'est excellent. C'est aussi
bon que l'Ontario. Puis on remarque
que c'est ici que le taux de chômage a le moins augmenté, étant donné ces conditions
difficiles. Le taux de chômage, il a
augmenté de 0,6 % sur une année. Et il y aura une nouvelle publication de
chiffres d'emploi pour janvier
demain, puis on va prendre acte de ça et analyser ça. Mais, dans l'ensemble,
dans des conditions extrêmement difficiles, le marché de l'emploi est
résilient, au Québec.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Mme la Présidente, le ministre des Finances doit être capable de dire la vérité aux Québécois.
On détient la palme d'or des faillites au
Canada. Pour régler un problème, il faut tout de même comprendre qu'on en a un.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement. Très
brièvement.
M. Jolin-Barrette : ...député ne peut pas
employer des propos blessants, en vertu de l'article 35, et ne peut pas
dire qu'il ne dit pas la vérité, Mme la Présidente.
La Présidente :
Bon, à cet égard, je dois avouer
que le leader a raison. Mais, cela dit, poursuivez, en tout respect.
M.
Beauchemin : Pour régler la situation, il faut augmenter la
productivité. Le problème, c'est que, dans les quatre dernières années, les
résultats de la CAQ, c'est zéro, 0 % d'augmentation de la productivité au
Québec.
Est-ce que le ministre
des Finances est fier de ce 0 %?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, Mme la Présidente,
je suis fier qu'on ait une vision à long terme puis qu'on travaille de façon
cohérente, l'ensemble du gouvernement. Alors, pour stimuler le PIB potentiel du
Québec, on y va de plusieurs mesures,
notamment avec le capital humain, des efforts importants en éducation, des
efforts en requalification de main-d'oeuvre,
en formation de main-d'oeuvre, au niveau de l'investissement, Mme la
Présidente, des outils fiscaux, le congé fiscal pour grands projets
d'investissement, de l'aide directe, des subventions, des positions en équité
prises via Investissement Québec, le Fonds de développement économique, de l'aide
à la transformation des entreprises. On répond présent avec plusieurs
outils pour aider le développement du Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Mme la Présidente, le ministre des Finances peut bien dire ce qu'il veut, là, mais c'est
encore zéro sur quatre ans. La
productivité, 2023 : baisse de 1,6 %. Pire, les investissements
d'entreprises à la baisse. Ça, ça ne changera pas le cap bien vite, là.
La
fierté nationale, là, c'est aussi une fierté économique. Est-ce que le ministre des Finances est fier de ces résultats négatifs?
Des voix : ...
La Présidente : Bon, je vous
rappelle la règle, pas de commentaire après la question. Et on écoute la
réponse du ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, encore une fois, Mme la Présidente, le
député de l'opposition fait des analyses sans tenir compte de la
saisonnalité.
Alors, en 2023, année extrêmement difficile pour
l'économie mondiale, tout le monde le sait, au Québec nous avions une prévision de 0,6 %. On sait que le
deuxième trimestre et le troisième trimestre ont été difficiles et que,
contrairement à l'affirmation du député, le quatrième trimestre commence
de très bonne façon, mais il y a eu des grèves au quatrième trimestre. Alors, il faudra voir l'ensemble du
total pour le quatrième trimestre. Mais qu'est-ce qui s'est passé en 2023,
c'est qu'on a eu une croissance
importante de la population, notamment en raison de l'immigration temporaire,
et, comme la croissance a été faible, bien, ça fait une faible
productivité.
La Présidente : En question
principale, je reconnais...
Une voix : ...
La
Présidente : M. le
leader, je vous en prie! En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mille-Îles. La parole est à vous, juste à vous.
Délais de délivrance des
permis de construction
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
Les développeurs immobiliers n'ont jamais construit aussi peu de logements
que maintenant. Au moment même où on devrait tripler les mises en chantier, on
voit plutôt une baisse historique.
Dans une
lettre ouverte, hier, une entrepreneure a lancé un cri du coeur devant ce
qu'elle a appelé l'immobilisme municipal.
Mélanie Letarte, directrice générale d'une PME qui développe de l'immobilier
depuis 25 ans, disait être prête à construire, là, 1 000 logements maintenant, mais les projets
restent sur les tablettes des villes. Les délais, la bureaucratie, la paperasse, c'est devenu un véritable carcan. Le
gouvernement a donné plus de pouvoirs aux villes, mais les résultats ne se
font pas sentir.
En Ontario,
on a donné des cibles aux villes pour les délais de délivrance des permis.Est-ce
que c'est une avenue que la ministre de l'Habitation entend explorer?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis contente
qu'on soulève cet élément-là, qu'il faut que ça aille plus vite au niveau des municipalités. C'est justement ce que
le projet de loi n° 31 cherche à faire en donnant des pouvoirs exceptionnels aux villes, des pouvoirs
qui sont temporaires, parce qu'on l'a entendu, hein, il y a plus de
25 000 unités d'habitation
qui sont bloquées, présentement, au Québec. Alors, avec le projet de loi
n° 31, on donne un pouvoir spécial aux villes pour permettre d'accélérer l'émission de permis. Évidemment,
c'est un pouvoir qui est limité dans le temps. C'est trois ans. On pourra renouveler pour une période
de deux ans. Et ce sera enfin un outil que les élus municipaux pourront
utiliser pour mettre de l'avant...
permettre à des projets d'avancer. Et évidemment tout ça se fait avec des
consultations publiques au préalable, alors dans une grande transparence, avec
la population, mais enfin un mécanisme qui va permettre aux villes de faire bouger les choses. Et ce pouvoir-là a été
très bien accueilli par les villes, Mme la Présidente. Alors, je m'attends à ce
que les élus municipaux l'utilisent à bon escient. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Donc, pas de cible. La
bureaucratie ne se retrouve pas que dans les villes. Les développements domiciliaires dépendent aussi des autorisations du
ministère de l'Environnement. Et, contrairement à Northvolt, là, qui a bénéficié d'une voie rapide, ultrarapide, bien,
les projets immobiliers, eux, sont ralentis, voire bloqués par le ministère.
C'est du deux poids, deux mesures.
À quand un
grand chantier avec l'ensemble des ministères concernés pour vraiment réduire
les délais et la paperasse imposés aux promoteurs du Québec?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci. Encore une fois, merci de m'amener sur ce
terrain-là, parce que c'est exactement ce qu'on fait. On a effectivement une cellule interministérielle, là. Tout
le monde se parle. Les projets d'habitation qui sont bloqués, bien, on a des équipes dans les
ministères des Affaires municipales, de l'Habitation, de l'Environnement, tout
le monde est autour de la table et trouve des solutions pour que les
choses avancent plus vite, Mme la Présidente. On est exactement dans cet état d'esprit là, mais nous, on ne fait pas juste en
parler, on le fait. Ça avance. Je les vois, les résultats. Et vous pouvez demander, sur le terrain, les gens
sentent que ça bouge. Ça ne bouge pas assez vite, peut-être, on continue,
et d'où l'importance, là, d'adopter le
projet de loi n° 31, qui contient d'excellentes mesures justement pour
faire avancer...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme
Dufour : Mme la Présidente, pour Northvolt, là, c'est le
traitement royal, on change la réglementation, pas de BAPE, on accélère
les processus, mais, pour les PME québécoises qui veulent construire des
logements pour des Québécois, bien, elles
n'ont que des bâtons dans les roues. En bout de ligne, là, c'est nous qui
payons le prix, c'est tous les citoyens, parce que la crise du logement
empire.
Pourquoi fait-on preuve d'une telle hypocrisie
gouvernementale?
La Présidente : Bon, là, je vais me
lever. Attendez, madame... M. le leader. Brièvement. Je vais vous écouter.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, vous savez que le mot est au lexique...
• (10 h 30) •
La Présidente : Et voilà. Merci, M.
le leader. Alors, Mme la députée, je vous prie de le retirer, il est au
lexique.
Mme Dufour : Je le retire. Et
pourquoi, dans ce cas-là, qu'on fait deux poids, deux mesures?
La Présidente : Alors, la réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Oui.
Bien, écoutez, là, Mme la Présidente, quand on a eu des discussions sur le p.l.
n° 31, et entre autres sur les pouvoirs accordés aux
villes pour faire avancer les choses, ma collègue de l'opposition n'était pas
en faveur de ce que je propose aux
municipalités, elle n'a pas confiance en les élus municipaux. Donc... Je dis ça
comme ça.
Tout ça pour
dire que le projet de loi n° 31 contient la mesure dont je vous parle pour
permettre l'accélération de l'émission de permis par les villes, on a des
mesures pour encourager le logement étudiant, on a des mesures pour faire
en sorte que la Société d'habitation du Québec est capable d'utiliser des nouveaux outils
financiers pour, encore là, financer du logement. Moi, je suis dans
l'action, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
Accès
à la propriété
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. Hier matin, le premier ministre s'est dit ouvert à notre
proposition que les offres d'achat
sur les maisons soient transparentes. Mais, hier après-midi, changement de cap,
la ministre l'Habitation a annoncé qu'elle allait s'allier au Parti
libéral pour bloquer notre motion. Je ne suis pas surpris, mais je suis déçu.
Cinq ans de crise du logement, cinq ans de
spéculation immobilière sans bon sens, des vies brisées, des rêves brisés, et aujourd'hui le premier ministre, bien,
il dit aux familles qui veulent s'acheter une première maison exactement
la même chose qu'il dit aux locataires du
Québec : Bien, débrouillez-vous avec vos troubles. Même une proposition
aussi simple, le gros bon sens, là,
la base, juste avoir un marché immobilier transparent, même ça, c'est trop pour
lui. Même ça, le premier ministre, il est contre.
Surenchérir à
coups de dizaines de milliers de dollars dans le noir total, sous pression, le
premier ministre, il est d'accord avec ça? Il n'y a pas de classe
moyenne au Québec sans accès à la propriété, Mme la Présidente. Le prix des
maisons a augmenté de 74 % depuis que le premier ministre gouverne.
Donc, ma
question, ce matin, elle va être très, très simple, là, les Québécois ont le
droit de savoir où le premier ministre se situe : Est-ce que le
premier ministre trouve que les maisons, au Québec, sont trop chères?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, on réalise tous que le prix des maisons a beaucoup augmenté
au cours des dernières années. On a des enfants qui essaient d'avoir accès à la
propriété, puis c'est difficile. Heureusement, les salaires augmentent très
rapidement, au Québec, plus rapidement que dans le reste du Canada. Donc, au
moins, on travaille de ce côté-là.
Mme
la Présidente, le problème du secteur de l'immobilier, puis ce n'est pas
seulement au Québec, c'est dans toutes les
provinces, c'est qu'il y a trop de demande, entre autres à cause de l'arrivée
de beaucoup de demandeurs d'asile et d'immigrants.
Je sais que Québec solidaire, une journée, dit : Il y en a trop, une
journée dit : Non, il n'y en a pas trop, mais il reste que, la vraie vie, là, c'est qu'on est
rendus 9 millions de personnes, ça a augmenté de 400 000 le nombre...
la population, donc ça prend plus de
logements. Puis je sais que Québec solidaire, ils n'aiment pas ça qu'on dise
ça, mais c'est une réalité.
L'autre
chose qu'il manque, de l'autre côté, c'est... il n'y a pas assez d'offres de
logement. Même si, dans les dernières années,
on a réussi à inverser la tendance du Parti libéral, j'ai d'ailleurs dans mon
beau cahier ici les années libérales, où il y a eu une baisse des mises en chantier, depuis que la CAQ est là ça
augmente, mais ça n'augmente pas assez vite, compte tenu de la demande. Donc, ce qu'on fait, on forme
plus de gens, plus de travailleurs de la construction, on améliore, avec
un projet de loi, les... la productivité du
secteur de la construction. Le ministre des Finances a mis 5,7 milliards
pour la construction de logements abordables. Que propose...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Que propose... O.K. Par
où on commence? Le premier ministre a été capable, fidèle à son
habitude, de blâmer quelqu'un, cette fois-ci les immigrants, mais ma question
portait sur le prix des maisons...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon. Brièvement, M. le leader du gouvernement. Question
de règlement. Laquelle?
M. Jolin-Barrette : Oui, 35, Mme la
Présidente. C'est prêter des intentions, c'est des propos blessants. Le chef du
deuxième groupe d'opposition rapporte des propos qui sont complètement
inexacts...
La Présidente :
Bon, je suis debout. Je vais
reconnaître brièvement, très brièvement le leader du deuxième groupe
d'opposition et je vais trancher.
M. Leduc :
Alors, le chef du deuxième groupe
d'opposition ne prête pas d'intentions, il fait une analyse des propos
du premier ministre, c'est tout à fait approprié dans cette Chambre, Mme la
Présidente.
La Présidente :
Alors, nous allons poursuivre. À
chacun sa perception des choses. Poursuivez votre question, je vous
prie, et le premier ministre aura l'occasion de répondre. Allez-y, vous avez
16 secondes.
M. Nadeau-Dubois : Les salaires ont augmenté
de 29 % depuis qu'il est premier ministre, le prix des maisons a
augmenté de 74 %. On est en train d'ériger un mur face à toute une
génération de premiers acheteurs.
Est-ce que le premier
ministre trouve que les maisons sont trop chères au Québec?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : La réponse, c'est que le
prix des maisons a beaucoup augmenté. On n'est pas encore rendus au niveau
de l'Ontario, de la Colombie-Britannique puis d'à peu près partout dans le
monde, mais, effectivement, plus les salaires augmentent,
plus il y a de la demande, plus les prix augmentent. Donc, quel est le vrai
problème? Trop de demande. Puis ce
n'est pas... on ne blâme pas les immigrants, mais, quand il y a
525 000 immigrants temporaires au Québec, ça pose des enjeux concernant le logement. Puis on n'a pas à
être gênés, les Québécois, on est un peuple accueillant. Puis là, actuellement,
on reçoit le double en demandeurs d'asile de
la population qu'on représente au Canada. Québec solidaire s'arrache les
cheveux, mais il n'est pas capable...
La Présidente :
Deuxième complémentaire. Et
j'entends les remarques qui viennent du côté gauche ici. M. le chef.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre a une
difficulté incroyable à parler de l'immobilier plutôt que de parler des immigrants, on vient de le voir, et le premier
ministre est incapable de répondre à ma question, là, tout le monde a remarqué,
il tourne autour du pot, il dit : Ça a augmenté beaucoup.
La question est
simple : Est-ce que les maisons, au Québec, sont trop chères? Il est-tu
capable de dire aux jeunes qui nous écoutent, qui rêvent d'avoir une maison,
que les maisons sont trop chères? Pourquoi il n'est pas capable de faire ça?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, je dis effectivement que le prix des maisons a beaucoup
augmenté. O.K.? Mais Québec
solidaire, qui est le magicien national, dit : Nous, si on était au
gouvernement, on réduirait le prix des maisons. Ça ne marche pas comme ça, Mme la Présidente, c'est l'offre et la
demande. Puis on travaille très fort sur l'offre, 5,7 milliards. Puis il va falloir, à un
moment donné, être capables, avec Ottawa, de dire : On limite le nombre de
demandeurs d'asile.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Verdun. La parole est à vous, juste à vous.
Révision
des normes et règlements concernant la qualité de l'air
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, le dernier
oncologue de Rouyn-Noranda vient de quitter
la ville. Et pourquoi? Parce qu'il ne veut pas élever son nouveau-né à l'ombre
de la fonderie. Il sait qu'est-ce que ça veut dire de vivre dans une
ville où la qualité de l'air tue.
Au Québec,
c'est 4 000 personnes par année qui décèdent prématurément en raison
de la mauvaise qualité de l'air. C'est
10 fois plus que le nombre de décès dus aux accidents de la route. Pendant
ce temps, le gouvernement autorise les entreprises à dépasser les
seuils, comme pour la Fonderie Horne ou la papeterie White Birch à Québec.
Cette
semaine, l'Association québécoise des médecins pour l'environnement a interpelé
le ministre pour démontrer l'urgence
d'agir et contrôler la qualité de l'air. La CAQ doit mettre à jour les normes,
revoir les règlements sur l'assainissement de l'atmosphère, revoir les
seuils de polluants dans l'air pour protéger la santé de la population.
Est-ce que le ministre peut s'engager à écouter
les médecins?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Environnement, de la Lutte
contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci,
Mme la Présidente. Merci à la collègue de nous permettre de rappeler un petit
peu l'action gouvernementale des dernières années, au niveau de la
qualité de l'air, mais d'abord et avant tout dans le dossier de la Fonderie Horne, une institution dans la région de
Rouyn-Noranda qui va célébrer ses 100 années dans les prochaines années,
qui est au coeur de l'activité économique de la région, mais qui est aussi un
grand pollueur, et tout le monde le reconnaît.
• (10 h 40) •
Au cours des
dernières années, il y a des gouvernements qui se sont succédé qui n'ont pas
porté attention aux aspects négatifs,
notamment au caractère polluant de l'entreprise. Il y a des autorisations
ministérielles qui ont été données, qui ont été répétées et qui ne se souciaient pas, justement, de données
probantes au niveau scientifique sur l'impact de la qualité de l'air et
sur la qualité de la santé des résidents et des résidentes du secteur.
L'année
dernière, en partenariat avec la Santé publique, en partenariat avec l'INSPQ,
on a proposé une nouvelle autorisation,
qui a été entérinée par la suite, et qui nous ramène aux seuils exigés par la
science. Ce n'est pas nous qui les avons
déterminés, c'est la Santé publique qui nous a dit : Nous devons
déterminer tels seuils, et c'est maintenant les conditions qui doivent
s'appliquer à l'entreprise, qui entend les respecter. Donc, c'est une
avancée...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Parlons de science. Le ministre a le devoir de protéger les gens au
Québec, de Limoilou, de Rouyn, de l'est de Montréal face aux grands pollueurs.
Parce que, vous savez, les particules fines,
là, c'est des polluants extrêmement dangereux. Lorsqu'on les respire, ça reste
pogné dans le sang, ça reste pogné dans nos poumons. Et le seuil maximal, au Québec, est trop élevé. Et ce n'est
pas moi qui le dis, c'est l'organisme... l'Organisation mondiale de la santé, c'est nos médecins.
Le ministre, est-ce qu'il va mettre à jour le
Règlement sur l'assainissement de l'atmosphère et ainsi...
La Présidente : La réponse du ministre
de l'Environnement.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Je
vais compléter ma réponse sur le dossier de Rouyn-Noranda, et ça vient
remplir à la question... compléter la réponse à la question de la
collègue, plutôt.
Dans le cas de Rouyn-Noranda, les autorisations
passées ne faisaient pas allusion aux autres contaminants atmosphériques. Tous les métaux qui sont pourtant
assujettis à la réglementation québécoise échappaient aux précédentes autorisations. Ce n'est
plus le cas. Ce sont les mêmes exigences que partout ailleurs qui s'appliquent.
Il y a une période différente pour ce
qui est du nickel, et, encore une fois, selon les suggestions de la Santé
publique, mais là aussi il y a des progrès très importants qui sont faits.
Autres éléments qui ont été aussi réalisés au
cours des dernières années sous le gouvernement de la Coalition avenir Québec,
c'est la transparence des données. Maintenant, elles sont publiques et...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Il faut parler des
seuils de base. Nos normes, au Québec, ce qu'on appelle le Règlement sur
l'assainissement de l'atmosphère, en ce moment, là, on le néglige, puis la
négligence de la CAQ en matière de la
pollution de l'air, bien, va mettre en danger la vie des gens. Puis ce n'est
pas moi qui le dis, ce sont nos médecins. C'est 4 000 morts
par année. Ça coûte 30 milliards de dollars en dommages.
Est-ce que c'est trop demander, au Québec, de
pouvoir sortir dehors sans diminuer notre espérance de vie?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Je reconnais le
côté démagogique de Québec solidaire et souvent de la...
Des voix : ...
La Présidente : Bon. Je reconnais le
leader du deuxième groupe d'opposition. Cependant, je vous dis de faire attention,
un petit rappel, avec le mot «démagogie». Qu'est-ce que vous allez nous dire?
M. Leduc : Vous me dites ça à
moi, la démagogie, ou à lui?
La
Présidente : Ça vient de votre député. Je vous demande :
Qu'avez-vous à nous dire à l'égard d'une question de règlement?
M. Leduc : C'est le ministre
qui a utilisé l'expression «démagogique», article 35...
La Présidente : Je vous... M. le
leader du gouvernement. Brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, des mots propres de la députée de Mercier, elle nous a déjà dit
que c'était une formation politique
radicale, Québec solidaire, et la démonstration en est encore faite
aujourd'hui. Elle me l'a dit en commission parlementaire...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon. Je suis debout. Je comprends que les propos
de la députée de Verdun peuvent ne pas vous plaire. C'est une critique du
comportement qui est permise. Cela dit, le mot «démagogie», vous devez le
retirer, je vous prie, M. le ministre.
M. Charette : Je
le retire volontiers. Mais l'approche retenue par Québec solidaire n'est
certainement pas celle qui est
cautionnée par les résidents mêmes de Rouyn-Noranda. Ils avaient une députée à
Rouyn-Noranda. La population a eu l'occasion
de trancher, parce que, justement, cette politique de vouloir faire peur à
outrance, de court-circuiter certains éléments qui sont pourtant essentiels à la compréhension du dossier, les citoyens
et citoyennes de Rouyn-Noranda ont tout simplement dit non à cette approche-là, et c'est l'approche
du gouvernement qui a été retenue. Mais heureusement ils ont aujourd'hui
un bon député, avec qui on travaille en étroite collaboration pour faire
avancer le dossier de la Fonderie Horne.
Des voix : ...
La Présidente : Messieurs
dames, article 32, des questions de décorum. Pas de commentaire après les
réponses.
En question principale, je reconnais maintenant
la députée de Mercier. La parole est à vous. On vous écoute.
Subventions
fédérales accordées aux entreprises pétrolières
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Le gouvernement de la CAQ nous parle de son appétit pour
rapatrier les pouvoirs en
immigration. Il dit qu'il va rapatrier la déclaration de revenus fédérale, et,
à Québec solidaire, on est d'accord avec ça. Mais il y a une autre affaire pour
laquelle on aimerait que la CAQ ait de l'appétit et de la rapatrier, c'est les
subventions aux pétrolières. Le
fédéral gaspille 15 milliards de notre argent par année en subventions aux
pétrolières. Il faut que le fédéral ferme
le robinet. Il faut absolument ramener notre part de cet argent-là ici, au
Québec, et l'investir dans l'adaptation aux changements climatiques. Ce
serait le fun que la CAQ se tienne debout des fois devant Ottawa pour vrai.
Est-ce que
le ministre des Relations canadiennes
peut au moins s'engager ici, devant
nous, à décrocher le téléphone et dire à Ottawa : Rendez-nous notre
butin? Hein? Le premier ministre doit connaître ça, cette expression-là.
La
Présidente : Le ministre
responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie
canadienne. Je vous écoute. On l'écoute.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Je vois qu'il y a une évolution. Avant, ils prenaient des ballounes;
maintenant, ils prennent des cellulaires. On
a hâte à la semaine prochaine, voir qu'est-ce qu'ils vont prendre comme accessoires,
là, pour combler, peut-être, le vide des propos.
Mais, Mme la
Présidente, je veux rassurer ma collègue et surtout rassurer les Québécois, nous
sommes extrêmement actifs dans nos
relations avec le Canada. On fait entendre notre voix de manière très, très
forte. D'ailleurs, on a obtenu des gains.
On a fait des ententes. On s'est entendus, notamment, pour Northvolt. On s'est
entendus pour la Davie. On a fait changer
la Loi sur les langues officielles du Canada, personne n'aurait cru ça. On a
fait insérer la Charte de la langue française dans la loi canadienne sur les
langues officielles. Et on continue de travailler de cette manière-là, en
s'affirmant. On est dans un processus
d'affirmation nationale. On ne s'excusera pas d'être Québécois. On ne
s'excusera pas de défendre les valeurs des Québécois. D'ailleurs, on l'a fait
hier de belle manière avec ma collègue la ministre des Aînés et le
ministre de la Justice. On se fait entendre,
au Canada, je veux rassurer les Québécois. En fait, je pense que les Québécois
le comprennent très bien, mais je voulais rassurer ma collègue.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Je
n'ai pas entendu aucune réponse par rapport aux subventions pétrolières. On
fait des efforts ici, au Québec, pour lutter contre les changements
climatiques, puis ça ne sert à rien si c'est bar ouvert à Edmonton ou à Fort McMurray.
L'urgence climatique, là, ça fait l'unanimité au Québec, ce n'est pas le cas
dans le reste du Canada. Le fédéral, là, les subventions pétrolières, je disais
que c'est 15 milliards pour tout le pays, mais c'est 3 milliards.
C'est beaucoup d'argent. On peut tellement
faire de choses avec cet argent-là, au lieu de le donner au pétrole sale de
l'Ouest canadien.
Est-ce que le ministre va défendre les intérêts
du Québec et demander de rapatrier l'argent?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, je voudrais
juste rappeler qu'en fiscalité c'est très important de traiter l'ensemble des
contribuables de façon équitable. Alors, il y a des incitatifs à l'investissement
qui existent au Canada et au Québec.
Et l'industrie de l'énergie, elle existe toujours, et, bien sûr, ces
entreprises-là sont éligibles à ces incitatifs.
Par ailleurs, dans le montant que vous nommez, il y a l'amortissement accéléré
qui favorise l'accélération des investissements, et, j'ai une bonne
nouvelle pour vous, ça a expiré le 31 décembre 2023.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Donc, de ce que je comprends, on va avoir
3 milliards de dollars, parce que c'est important que les Québécois comprennent qu'on met de l'argent
dans les subventions pétrolières, puis, si ce que dit le ministre... ça veut
dire qu'on va avoir 3 milliards. Vous
savez, ce matin, là, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, les gens se sont réveillés avec une mauvaise nouvelle, il n'y
aura pas de cabane sur la glace à La Baie, un 8 février. Les changements
climatiques, c'est aujourd'hui. On a besoin
de cet argent-là pour lutter contre les changements climatiques et s'y adapter
aujourd'hui, pas demain matin. Est-ce qu'on l'a, le 3 milliards?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, il n'y a pas de 3 milliards, Mme la
Présidente, parce que l'exploration ne se fait pas ici. Alors, il n'y a
pas de déduction fiscale associée à ces activités-là parce qu'elles n'ont pas
lieu ici. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, maintenant, je reconnais
le chef du troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Rapatriement des
pouvoirs en matière d'immigration
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, la politique d'immigration
fédérale, l'Initiative du siècle, est censée durer encore 76 ans, mais, après deux, trois ans, c'est déjà un
fiasco total, qui est largement rejeté par la population. Donc, ce matin, on apprend que près du deux tiers des
Québécois veulent qu'on diminue les seuils d'immigration. Les Québécois
sont accueillants mais veulent aussi qu'on respecte notre capacité d'accueil.
Je rappelle
que cette politique en immigration vient du fédéral. Elle nous est imposée
contre notre gré, et on n'est pas
consultés. On sait que, pour le premier ministre, rapatrier les pouvoirs en immigration,
c'était une question de survie de la nation pour éviter la
louisianisation. Il a demandé un mandat fort pour rapatrier ces pouvoirs.
Donc,
j'aimerais qu'il nous explique qui on doit croire à ce stade-ci. Il y a deux
semaines, le premier ministre nous a dit que Marc Miller fait preuve de
beaucoup d'ouverture sur cette question, mais cette semaine la ministre de
l'Immigration nous a dit exactement
le contraire, qu'il n'y a aucune ouverture pour rapatrier les pleins pouvoirs.
Or, le premier ministre n'a même pas osé faire la demande dans sa lettre
à Justin Trudeau le mois dernier.
Donc, qui
croire : le premier ministre, qui nous laisse miroiter des avancées, alors
qu'il n'ose même pas mettre par écrit la demande, ou sa ministre de
l'Immigration, qui nous dit clairement qu'il n'y a aucune ouverture?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, d'abord, soyons très clairs, la ministre de l'Immigration
puis moi, on dit la même chose. On
discute depuis un certain temps avec Marc Miller pour mettre des conditions de
connaissance du français pour les immigrants temporaires, ce que n'a
jamais fait le Parti québécois.
Maintenant,
là où on est d'accord, bon, ça n'aidera pas les fusions entre le PQ puis Québec
solidaire, mais on pense qu'il y a
trop de demandeurs d'asile, on pense qu'il y a trop d'immigrants temporaires,
on est d'accord là-dessus. Le choix qu'on
fait, nous, c'est de discuter, négocier avec Ottawa. Le choix du Parti
québécois, c'est d'attendre le grand soir de la souveraineté. Chacun sa
stratégie. Je respecte cette stratégie d'attendre le grand soir.
Maintenant,
Mme la Présidente, ce qu'il est important aussi de dire, c'est qu'en attendant
qu'on s'entende sur la réduction du
nombre c'est important que nos immigrants qui arrivent au Québec connaissent le
français. Comment se fait-il que les
gouvernements du Parti québécois, incluant le dernier, de Pauline Marois, n'ont
jamais cru bon d'exiger la connaissance du français pour les immigrants économiques qui sont choisis par le
gouvernement du Québec? Il y a deux Partis québécois : il y a le Parti québécois quand ils écrivent des
livres ou quand ils sont dans l'opposition puis il y a le Parti québécois quand
ils sont au gouvernement. C'est dur à suivre.
Des voix : ...
La Présidente : Article 32. On
garde le silence et on écoute la question. La première complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, vous aurez compris que non
seulement le premier ministre n'est pas
capable d'énoncer le rapatriement des pouvoirs en immigration, lorsqu'il parle
à Justin Trudeau, il n'est même pas capable de l'énoncer ici, en Chambre.
Donc, ça promet.
Pour l'idée
de rapatrier les pouvoirs à travers un référendum, le premier ministre a évoqué
ça durant la campagne électorale, là,
la ministre de l'Immigration vient d'évoquer ça également, qui devons-nous
croire? Est-ce qu'il y a une date butoir pour obtenir les pouvoirs en
immigration? Et est-ce qu'on tiendra, après cette date butoir, un référendum
pour demander aux Québécois s'ils veulent les pouvoirs en immigration?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui,
bien, parlons-nous de référendum. Je ne pense pas qu'on a besoin de faire un
référendum pour demander aux
Québécois s'ils souhaiteraient qu'on rapatrie des pouvoirs à Québec en
immigration, je pense, c'est consensuel, c'est consensuel. On n'exclut pas de le faire, mais ce n'est pas, à
cette étape-ci, nécessaire, puisque c'est une évidence. Par contre, il y a une autre évidence, c'est que, si
on parle d'un référendum sur la souveraineté du Québec, bien, il y a une
majorité de Québécois qui n'en veulent pas, même dans ceux qui appuient
le Parti québécois.
Une voix : ...
La
Présidente : M. le député, je vous entends un petit peu trop. Deuxième
complémentaire. C'est le chef du troisième groupe d'opposition qui a la parole,
on l'écoute.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
encore une fois, on dit une chose et son contraire sur la question d'un
référendum sur l'immigration. Très
bien. On passe à la prochaine contradiction. Il y aurait... Selon le premier
ministre, on devrait songer à limiter
le nombre de travailleurs étrangers temporaires, en raison de la crise du
logement. Or, quand j'avais posé la question à la ministre de l'Immigration,
elle a déclaré qu'aucun seuil ne sera fixé là-dessus, parce que ça voudrait
dire une économie planifiée.
Donc, à nouveau, qui
on doit croire? Les propos du premier ministre ou les propos de la ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
quand il y avait moins d'immigrants temporaires, le chef du PQ ne demandait pas de réduire les immigrants
temporaires. On est rendus à 525 000, puis c'est en croissance. On pense
qu'il y en a trop.
Maintenant,
c'est important aussi d'exiger le français. Quand j'entends le porte-parole du
PQ, Stéphane Handfield, dire qu'il
faudrait augmenter le nombre d'immigrants en réunification familiale, sans
aucune condition de connaissance du français, je ne reconnais plus le
PQ.
Des voix : ...
La Présidente :
Je vous entends toujours. En
question principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac. La
parole est juste à vous, monsieur.
Aide aux producteurs agricoles
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, l'économie, en région, ça passe d'abord et avant tout
par l'agriculture. Et, ce n'est un secret pour personne, là, après la saison de
l'an dernier, il y a du stress, il y a de l'inquiétude, il y a de l'anxiété
chez nos producteurs. Il y a aussi
beaucoup de frustration envers le gouvernement, parce que ça fait plus de six
mois que l'UPA, les producteurs
maraîchers, les producteurs de fraises et framboises, les producteurs de pommes
de terre, les producteurs de légumes et de transformation ont tous
demandé de l'aide d'urgence au ministre et qu'ils sont encore sans réponse du
gouvernement.
De
l'aide d'urgence. Mme la Présidente, c'est urgent, ça ne peut pas attendre six,
huit mois. Pendant que le gouvernement
hésite, là, pendant qu'il se tourne les pouces, les faillites chez les
agriculteurs, elles ont augmenté de 23 % cette année. Ce n'est pas
compliqué, les gens, ils vivent sur leur marge de crédit.
Alors,
je ne passerai pas par quatre chemins, Mme la Présidente. Après six mois, là,
est-ce que le gouvernement va consentir à cette aide d'urgence là pour
des producteurs, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Bien, Mme la Présidente,
je remercie mon collègue pour sa question. Vous savez, c'est depuis... bien, en réalité, depuis qu'on est au gouvernement
qu'on est à l'écoute des producteurs et des productrices, par toutes les
politiques qu'on a mises en place pour leur accorder le soutien.
Depuis
juin l'an passé, là, on est très alertes, toujours en communication avec l'UPA
mais avec les différentes filières, en fonction des défis qu'ils ont eus
en 2023. On a lancé, justement, un fonds d'urgence, mon collègue parle de
mesures d'urgence, on a lancé un fonds
d'urgence en juin 2023, ce fonds-là qui a évolué, qui fait qu'aujourd'hui c'est
167 millions de dollars de liquidités qui sont à la
disposition des producteurs, des productrices.
L'autre chose qu'on a
faite, on s'est assurés d'activer au maximum les capacités des programmes d'assurance
récolte. On est rendus, là, à
114 millions de déboursés puis, d'ici quelques semaines, ça va être
196 millions qui va avoir été
accordé en soutien aux producteurs, productrices, un record de tous les temps,
qui fait suite, naturellement, à une année très difficile. Et puis là, au niveau de leur programme de gestion de
risques, c'est 367 millions qui sont dans les comptes, aujourd'hui,
des producteurs, des productrices.
Je veux vous assurer,
Mme la Présidente, qu'on suit la situation, qu'on accompagne nos gens.
La
Présidente : Et, en question principale, le député de Pontiac.
Aide
aux producteurs agricoles
M. André
Fortin
M. Fortin : Bon, j'apprécie la lecture du feuillet paroissial du ministère de
l'Agriculture par le ministre, mais ce qu'on veut aujourd'hui, là, c'est
une réponse sur le plan d'urgence demandé par les producteurs agricoles.
Le ministre
le sait comme moi, là, qu'en ce moment les superficies cultivées, au Québec,
là, elles n'augmentent pas. Le
ministre le sait comme moi, que les producteurs, ils sont obligés de mettre
leurs terres en garantie, en ce moment, pour avoir des liquidités pour pouvoir planter cette année. Le ministre le
sait comme moi, qu'ils sont en train de faire des décisions difficiles. Il y en a plusieurs qui ferment leurs
portes, il y en a plusieurs qui changent leurs cultures parce qu'ils n'ont pas
les moyens de se payer leurs cultures
habituelles, parce qu'ils n'ont simplement pas d'argent. Tout ça pendant que La Financière agricole, là, celle qui est supposée
aider le développement de l'agriculture au Québec, est assise sur des surplus
accumulés de centaines de millions de dollars, Mme la Présidente.
Alors, au lieu de nous faire la liste de ces
demi-mesures, est-ce que le ministre peut envoyer un message clair à La
Financière agricole qu'elle a besoin d'aider les producteurs agricoles tout de
suite?
Des voix : ...
La Présidente : Vous connaissez la
règle. M. le ministre.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : M. le
Président, je m'excuse...
La Présidente : Mme la Présidente.
M. Lamontagne : Mme
la Présidente. Excusez-moi. Vous avez tellement bien pris votre place, depuis
que vous êtes en poste, là, je ne peux pas comprendre que je fais cette
erreur-là encore, Mme la Présidente, là.
Pour moi, mon
collègue, là, il n'entend seulement que d'une oreille. Je m'excuse, là, mais,
ce que je viens de parler, là, le fonds d'urgence avec 167 millions, au
moment où on se parle, là, il y a 1 100 entreprises qui ont demandé
de l'aide, là, qui est de
50 000 $ à 200 000 $, là, il y en a 557 qui ont eu
réparation, des fonds, il y en a 340 qui sont à l'étude. Et puis, honnêtement, là, toute la place est là pour qu'ils
fassent leurs demandes. L'assurance récolte, là, 196 millions, M. le
député. Ce n'est pas des pinottes,
là, 196 millions. 367 millions dans les fonds d'Agri. Ce n'est pas des
pinottes, ça, monsieur... mon collègue, là.
• (11 heures) •
La Présidente : Alors, voilà. Cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Demeurez en place, vous savez qu'il y a des
votes reportés. Alors, pour la suite des choses, je cède la place au deuxième
vice-président de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre attention.
Votes
reportés
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bon jeudi matin à
tous. Nous en sommes à la rubrique Votes reportés. Alors, oui, là c'est
un monsieur qui est là.
Motion
proposant que l'Assemblée demande au gouvernement de
rendre obligatoire la divulgation des promesses d'achat
simultanées sur une même propriété
Nous allons
maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le député de
Laurier-Dorion débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée reconnaisse que le Québec
traverse une grave crise du logement;
«Qu'elle
reconnaisse que la hausse importante des prix de l'immobilier constitue un
frein à l'accès à la propriété pour les jeunes familles du Québec;
«Qu'elle
reconnaisse que le phénomène des surenchères à l'aveugle peut contribuer à la
hausse des prix des maisons;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de mettre fin aux enchères
immobilières à l'aveugle en rendant obligatoire la divulgation des
promesses d'achat simultanées [à] une même propriété.»
Alors, le vote est maintenant ouvert.
Alors, le vote est maintenant terminé. Pour le
résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 11
Contre :
96
Abstentions :
4
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est rejetée.
Motions
sans préavis
Alors, nous
en sommes maintenant à la rubrique Motions sans préavis. Et, en fonction de nos
règles, je reconnais un membre formant l'opposition officielle, et je
reconnais Mme la députée de Chomedey.
Souligner la tenue du
70e Carnaval de Québec
Mme Lakhoyan
Olivier : Bonjour, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la ministre du Tourisme, le député de Jean-Lesage, le chef
du troisième groupe d'opposition et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale souligne la tenue de
la 70e édition du Carnaval de Québec;
«Qu'elle
souligne l'importance de cet événement phare comme moteur d'activité pour le
tourisme hivernal dans la ville de Québec et la région de la
Capitale-Nationale;
«Qu'elle rappelle que les traditions associées
au Carnaval de Québec, telles que le port du rouge, les chansons carnavalesques, la ceinture fléchée, l'effigie de
Bonhomme et le fameux caribou sont imbriquées dans la culture québécoise;
«Qu'elle
rappelle que Bonhomme Carnaval est un fier ambassadeur de la nordicité du Québec
et de sa joie de vivre;
«Qu'enfin,
elle félicite chaleureusement l'ensemble des artisans qui ont rendu possible la
tenue de cette 70e édition ainsi que les éditions antérieures.»
Merci.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, sous cette ambiance de fête, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui,
merci, M. le Président. Vous me permettrez de ne pas chanter et de vous dire
qu'il y a consentement pour un débat
de deux minutes, dans l'ordre suivant : Mme la députée de Chomedey, le
ministre responsable de la Capitale-Nationale, le député de Jean-Lesage
et le chef du troisième groupe d'opposition.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il
y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et que la durée
des interventions soit donc limitée à deux minutes par intervenant.
Je cède donc la parole à Mme la députée de
Chomedey.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
M. le Président. Merci, M. le ministre.
En tant que
porte-parole en matière de tourisme de l'opposition officielle, je veux d'abord
souligner, dans les tribunes, la présence de la directrice générale du
Carnaval, Mme Marie-Eve Jacob, et d'ex-présidents et membres de l'Ordre
de Bonhomme. Bonjour!
La ville de
Québec a longtemps su profiter des joies de l'hiver, et le Carnaval de Québec
en est l'exemple parfait. Créé dans sa forme actuelle en 1954 par des
gens d'affaires de la région, le Carnaval de Québec est devenu une tradition annuelle qui attire des visiteurs du monde entier.
Il célèbre la joie de vivre en hiver à travers une multitude d'activités et de
festivités qui mettent en valeur notre
culture, notre musique, notre gastronomie et nos traditions. Je pense notamment
aux défilés de nuit, aux compétitions de sculpture sur neige et à la
course de canot à glace.
Évidemment,
je ne peux parler du Carnaval de Québec sans parler de son fier représentant,
Bonhomme, que notre équipe a eu la
chance de le rencontrer, hier soir, et on a dansé avec lui un peu. Blanc comme
neige, vêtu de sa tuque rouge et de
sa ceinture fléchée, Bonhomme incarne la joie de vivre des Québécois et est un
fier symbole du tourisme hivernal partout à travers le monde. Les
Québécois sont fiers de leur carnaval et le considèrent comme partie prenante
de leur patrimoine culturel. Les touristes,
quant à eux, sont attirés par l'atmosphère unique et festive ainsi que par la
possibilité de découvrir les
traditions et la convivialité québécoises. Le Carnaval de Québec est
aujourd'hui un incontournable de notre hiver et permet à la capitale
d'être une destination hivernale de premier plan.
En terminant,
je veux remercier toute l'équipe organisatrice du Carnaval de Québec pour cette
70e édition, qui est un franc
succès. Je vous souhaite mes meilleurs voeux de succès pour les
70 prochaines années. Merci pour tout votre travail. Et joyeux
Carnaval!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Chomedey. Je reconnais maintenant M. le
ministre responsable de la Capitale-Nationale.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui.
Oui, merci. Merci, M. le Président. Écoutez, tantôt, quand j'ai lancé, là, le
début de la chanson thème du
Carnaval, je suis très heureux que vous ayez tous embarqué. Je pensais
justement à mon collègue de l'Éducation, je ne voulais pas... je ne
voulais pas me retrouver seul a cappella, donc merci à tout le monde.
Vous savez, le Carnaval de Québec, ça fait
partie de l'ADN des gens de Québec et de tout le Québec. C'est la démonstration que la région est la capitale
hivernale en Amérique du Nord et même à travers le monde. Et à la fois les
citoyens et les visiteurs reconnaissent cette fête-là comme étant notre
fête, notre signature, notre identité, à Québec.
On connaît les principales activités,
M. le Président. On parle du palais de Bonhomme. On parle de la course en
canot sur glace. On parle des sculptures de
glace. Et on voit, là, que... comme moi, je suis certain que plusieurs d'entre
vous, vous avez des souvenirs d'enfance liés à ça.
Moi, je restais sur
Saint-Cyrille, maintenant René-Lévesque, quand j'étais petit-cul. On recevait
la famille de Drummondville, de Montréal. On
venait à la parade sur Saint-Cyrille. On se réunissait en famille, on fêtait, il
faisait moins 20°, moins 30°, on
prenait... bien, j'étais un peu jeune, mes parents prenaient un petit caribou,
et on passait des week-ends festifs ensemble. Ça représente tellement
bien les Québécois, ça, ces liens familiaux retrouvés dans une fête hivernale.
On
y tient beaucoup, à ce carnaval-là, puis on est heureux de voir que le
Carnaval, avec Mme Jacob et toute son équipe, savent renouveler l'expérience. Dans les principales côtes de
Québec cette année, on a fait de la glissade. On a encore attiré plusieurs personnes. Et c'est vrai
que le temps propice, température idéale, je crois, fait en sorte que, cette
année, ce 70e anniversaire est particulièrement un grand succès.
Alors,
bravo à toute l'équipe! Bravo à tous les bénévoles! Et je souligne également...
Bravo à ma collègue ministre du Tourisme,
qui a fait des missions au Mexique, à New York, à Boston, dont les deux
dernières spécifiquement sur ce 70e anniversaire. C'est nous, ça,
c'est notre signature, c'est notre ADN.
Et, comme dit le
slogan, Déguédine pis sors!. Écoutez, joyeux Carnaval, tout le monde, et
salut, Bonhomme!
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Jean-Lesage.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti :
Merci beaucoup, M. le Président. Et salut, Bonhomme!
Bon, je sais,
d'habitude on porte du rouge, mais je n'avais pas de veston rouge. Mais j'ai
quand même, en votre honneur, mis aujourd'hui ma cravate fléchée pour dire
vraiment : Voilà, le Carnaval est avec nous.
Le Carnaval de
Québec, c'est le symbole de la résilience d'un peuple. Alors que le froid et la
noirceur nous enveloppent, nous, on sort. On
se rassemble. On s'approprie nos quartiers. On piétonnise nos rues. On danse et
on chante. Notre culture, dans ce qu'elle a de plus festif et d'unique,
nous réchauffe le coeur.
Dès
notre plus jeune âge, on apprend à braver le froid, à apprivoiser l'hiver. On
amène nos enfants au défilé pour voir
les chars allégoriques et entendre les harmonies d'un peu partout, qui vivent
leur moment de gloire. Jouer de la trompette à moins 40°, c'est un défi, mais c'est un privilège et c'est beau. Quand
les bouts de chou ont froid, on leur montre à sauter sur place pour se réchauffer les pieds, parce
qu'il faut être patient avec l'hiver et attendre la fin du défilé. On ne veut
pas manquer la chance d'envoyer la
main à Bonhomme. D'ailleurs, j'imagine que vous nous avez vus, là, moi et ma
fille, au dernier défilé sur la
3e avenue. En tout cas, on a pensé que ça s'adressait à nous, votre salut,
puis on est vraiment contents, ça nous a réchauffé le coeur.
Le
Carnaval, depuis 70 ans, c'est redonner la fête aux citoyens. Oui, ça fait
rayonner la ville, ça nous amène plein de
touristes, mais ça nous permet aussi de nous retrouver. Et, au travers des
années, le carnaval a amené la fête dans tous les quartiers de la ville. Des sculptures de glace de
la rue Sainte-Thérèse aux glissades urbaines à Cap-Rouge, en passant par
une station de glisse aux chutes
Montmorency, le Carnaval a réussi à susciter l'émerveillement et le bonheur
chez les petits et les grands.
Bonhomme,
je veux vous dire bravo. Merci d'avoir fait vivre la fête depuis tant d'années.
Vous avez inspiré les gens de la
ville de Québec à s'approprier l'hiver, à s'approprier la fête : les
voûtes de Ti-Père, la Revengeance des duchesses, le Phoque OFF — là,
pour les gens du Journal des
débats, je parle de... ça s'écrit
comme l'animal marin. Tout ça, grâce à vous, ça a mis de la chaleur dans nos
coeurs. Merci. Et bon Carnaval, tout le monde! Et merci d'être là, avec nous,
aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Jean-Lesage. Et je cède maintenant la parole à
M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, rarement j'ai été aussi heureux puis aussi fier de prendre la
parole en cette Chambre, parce qu'il
y a 70 ans maintenant un groupe d'hommes d'affaires relançait le Carnaval
de Québec, et, parmi ces gens, il y
avait mon grand-oncle, Louis-Philippe Plamondon, et mon grand-père, Paul-Henri
Plamondon. À l'époque... à l'époque,
Paul-Henri... — d'ailleurs,
mon troisième s'appelle Henri — Paul-Henri
Plamondon était président sortant de la
Chambre de Québec, et Louis-Philippe et Paul étaient copropriétaires du Manoir
St-Castin, et l'histoire familiale veut qu'ils cherchaient un moyen à
remplir les hôtels l'hiver. Ils constataient qu'on avait un tourisme d'été,
mais que l'hiver c'était plus fragile. Et
j'ai trouvé dans les archives familiales un extrait du Soleil du
11 novembre 1954 qui va comme suit :
«M. Plamondon
a vigoureusement affirmé que les hommes d'affaires de Québec, français et
anglais, n'ont jamais eu l'intention d'organiser des réjouissances qui seraient
le privilège exclusif des Canadiens d'origine française et qui ne
dureraient qu'une seule saison. "Nous avons organisé un carnaval permanent
qui fera revivre les grandes réjouissances d'autrefois
tout en attirant dans notre ville les touristes des autres provinces et même
des États-Unis. Nous avons en main, dit-il,
des journaux de New York datant de 1910 et 1915 dans lesquels on trouve de
grandes photos de nos monuments de glace d'alors. Notre carnaval devra être
aussi populaire et attirer autant de touristes durant les années futures. Voilà
pourquoi nos maisons d'affaires investissent des capitaux dans ces
manifestations."»
Et donc moi, j'ai grandi... mes souvenirs
d'enfance chez mon grand-père sur la rue Saint-Cyrille-Campbell, aujourd'hui René-Lévesque, mon grand-père me
donnait un Coke dans une bouteille de verre puis il disait : Tu as le
droit de
regarder le Carnaval. Puis il y avait des vestiges, des artéfacts de la
fondation du Carnaval partout dans la maison, même chose au Manoir
St-Castin.
Autre anecdote familiale intéressante, ma
grand-mère s'est battue contre mon grand-père et mon grand-oncle pendant des années contre le Carnaval de Québec,
parce qu'en bonne catholique elle considérait que les gens en profitaient
pour boire de la boisson et que c'était
inacceptable que les gens en profitent pour prendre un coup. Il faut croire que
ma grand-mère a perdu cette bataille-là.
Ma famille
était, comme bien des gens d'affaires derrière le Carnaval de Québec, issue de
familles très pauvres, très entrepreneuriales.
D'ailleurs, si vous voyez la première mouture du Bonhomme Carnaval, en 1955, il
n'est pas joli tout de suite. Il
s'est amélioré par la suite. Mais c'est cet esprit d'entrepreneuriat, de lancer
quelque chose avec les moyens qu'on a et de s'améliorer constamment que je retiens de cette fondation-là, dans
les anecdotes familiales que mon père a bien voulu me raconter.
Et je le vois
encore aujourd'hui, je suis allé avec ma famille glisser dans les nouvelles
glissades qui ont été initiées cette année, un nouveau concept où
maintenant le carnaval rejoint tous les quartiers à Québec, toujours cette
mentalité d'innover et de rassembler dans un
bagage culturel qu'on célèbre, dont on est fiers. Et je pense que, donc, la
mission du Carnaval de Québec se
porte admirablement bien. J'en suis infiniment reconnaissant pour tous ces
artisans, ces bénévoles qui donnent du temps. Et je nous souhaite encore
plein de beaux carnavals de Québec.
Salut, Bonhomme! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : M.
le Président, je vous demande de transmettre copie de cette motion à
l'organisation du Carnaval de Québec. Merci.
Des voix : ...
M. Derraji : Et à Bonhomme...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
...M. le leader de l'opposition officielle.
Alors, nous
sommes maintenant rendus à entendre un représentant du deuxième groupe
d'opposition pour sa motion, et je cède la parole à
M. le député de Jean-Lesage.
Exprimer l'inquiétude de
l'Assemblée face aux récents épisodes de censure
visant des livres jeunesse québécois et réitérer son adhésion à la liberté
d'opinion, à la liberté d'expression et à la libre circulation des idées
M. Zanetti : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia :
«Que l'Assemblée nationale s'inquiète des
récents épisodes de censure visant des livres jeunesse québécois;
«Qu'elle affirme son soutien aux écrivaines québécoises
Elise Gravel et Myriam Daguzan Bernier, ainsi qu'à l'illustratrice Cécile
Gariépy, dont les livres ont été récemment la cible de censure;
«Que l'Assemblée nationale réitère son adhésion
à la liberté d'opinion, à la liberté d'expression et à la libre circulation des
idées.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Caire : Il y a consentement,
sans débat, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Il y a consentement, sans
débat. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Un vote
électronique, s'il vous plaît, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, le vote
électronique est demandé, mesdames et messieurs. Alors, je vous demande
de prendre votre boîtier. Le vote est maintenant ouvert.
Alors, le vote est maintenant terminé. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : M.
le Président, est-ce qu'on pourrait envoyer copie de la motion aux trois
personnes citées dans la motion, à savoir Mme Elise Gravel,
Mme Myriam Daguzan Bernier et Mme Cécile Gariépy, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce
sera fait selon votre demande.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre du troisième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Maurice-Richard, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'importance du port de Saguenay pour l'économie
du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de la circonscription de
Dubuc;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que le port de Saguenay dispose déjà de
programmes lui permettant de décarboner ses activités;
«Qu'en
conséquence, l'Assemblée nationale mandate le gouvernement de réaliser un
projet d'envergure contribuant à la décarbonation de l'économie au port
de Saguenay avant la fin de la présente législature.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre formant le gouvernement, et je
reconnais... je donne la parole à M. le ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'importance pour le Québec de défendre la
souveraineté de son Parlement;
«Qu'elle souligne que c'est à travers ce
Parlement que la nation québécoise peut affirmer son identité distincte;
«Qu'elle
s'oppose formellement à toutes démarches du fédéral qui viseraient à limiter
l'usage de la disposition de souveraineté parlementaire, et ultimement
son autonomie;
«Qu'elle
rappelle que l'usage préventif qui en a été fait par tous les gouvernements
québécois depuis 1982 est en tout point constitutionnel et conforme
à l'interprétation de la Cour suprême dans l'arrêt Ford de 1988;
«Qu'elle
affirme qu'il n'appartient ni au Parlement fédéral ni aux tribunaux de modifier
ce compromis constitutionnel au coeur du pacte fédératif.»
Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Pas de
consentement.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, nous
en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Et
je vais demander aux collègues qui
doivent quitter le salon bleu, s'il vous plaît, de bien vouloir le faire en
silence pour la poursuite de nos travaux. Merci beaucoup. Alors, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Caire : Merci,
M. le Président.
Donc, la Commission des transports et de l'environnement poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 48, Loi modifiant
principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection
et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à 13 h 40, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la santé et des services sociaux poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de
loi n° 37, Loi sur le
commissaire au bien-être et aux droits des enfants, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à 12 h 50, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'économie et du
travail entreprendra l'étude
détaillée du projet de loi n° 42, Loi
visant à prévenir et à combattre le
harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de
travail, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures à
16 h 30, à la salle Pauline-Marois.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement
pour déroger à l'article 143 du règlement concernant l'horaire des
travaux des commissions? Consentement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
des institutions se réunira en séance de travail aujourd'hui, à 14 heures, pour une durée de 30 minutes,
à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
concernant l'adoption d'une réforme électorale pour la mise en place d'un mode
de scrutin proportionnel mixte.
Je vous avise
également que la Commission de
l'Assemblée nationale se réunira en
séance publique le mardi 13 février
2024, de 9 h 45 à 12 h 20, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à l'étude du rapport
préliminaire de la Commission de la représentation électorale.
Enfin, je vous avise que la Commission des
finances publiques se réunira en séance de travail le mardi 13 février
2024, de 12 h 30 à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant
l'abolition des pénalités aux rentes de retraite des prestataires d'une rente
d'invalidité.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, alors, je vous rappelle que,
lors de l'interpellation prévue pour
demain, le vendredi 9 février 2024, Mme la députée des Mille-Îles
s'adressera à Mme la ministre responsable de l'Habitation sur
le sujet suivant : L'habitation au Québec, un autre échec caquiste.
Je vous avise de plus que l'interpellation
prévue pour le vendredi 16 février 2024 portera sur le sujet
suivant : Le manque de préparation du
gouvernement caquiste pour faire face au vieillissement de la population et
assurer à chaque Québécoise et Québécois la possibilité de vieillir dans
la dignité. Mme la députée de Sherbrooke s'adressera alors à Mme la ministre
responsable des Aînés.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour, et je cède la parole, pour la suite de nos travaux, à
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui. M. le
Président, pourriez-vous appuyer l'article 3 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 41
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Avec plaisir. Alors, à
l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 7 février 2024 sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 41, Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et
modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique.
Alors, Mme la
députée de Verdun avait utilisé 33 min 44 s de son temps de
parole. Alors, il vous reste du temps, Mme la députée. Je vous cède la
parole, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
(suite)
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. Lors de mon... ma dernière
intervention, je vous parlais de disponibilité énergétique et de gaz naturel. Vous savez, c'est dans le cadre du projet
de loi n° 41 qu'on va se pencher sur comment rendre nos bâtiments mieux... en fait, de décroître leur
apport en termes de gaz à effet de serre, et je nous disais à quel point le gaz
naturel fossile ne doit plus être une option quand vient le temps de chauffer
nos bâtiments.
À cet égard,
on parlait aussi des impacts qu'il y a aussi du gaz naturel renouvelable en
termes de disponibilité. Les GNR, je vous le disais, ce n'est pas une option
simple de remplacement pour le gaz naturel parce qu'il n'y en aura jamais
assez. Et on se demande encore sur quels chiffres le gouvernement de la CAQ se
base pour justifier qu'on va être capables de toutes, toutes, toutes remplacer les sources... l'utilisation du gaz
fossile dans les bâtiments par le gaz naturel renouvelable.
Je veux nous rappeler que 21 % du volume de
gaz actuel consommé au Québec chaque année est réservé aux procédés industriels
qui sont non convertibles à l'électricité. Puis, selon nous, c'est à ce
remplacement-là, le seul remplacement dans
lequel... le meilleur remplacement qu'on peut aller chercher, c'est celui de
procédés industriels qu'on ne peut
pas électrifier, et c'est là que les efforts, en termes d'utilisation du gaz
naturel renouvelable, devraient y aller et devraient être réservés.
Par la suite,
je voulais aussi amener le fait qu'on a un distributeur principal de gaz au
Québec, c'est l'entreprise Énergir, mais Énergir n'arrive pas à combler tous
les besoins en gaz naturel fossile, c'est-à-dire remplacer le gaz fossile par
le gaz naturel renouvelable.
Actuellement, 98 % du gaz distribué par Énergir et des sources fossiles et
le Règlement modifiant le Règlement
concernant la quantité de gaz naturel renouvelable devant... qui devait être
livrée par un distributeur, qui était en... qui est rentré en vigueur le
1er janvier 2023 ne portera qu'à 10 % le volume des gaz naturels
renouvelables injectés dans le réseau
gazier ici à l'horizon 2030. C'est-à-dire que seulement 10 % des...
du gaz qui va être distribué par Énergir, c'est du gaz naturel renouvelable, et ça, avec un objectif en 2030. Puis ça
laisse quand même 90 % de la source de gaz fossile qu'on va
continuer à brûler, que ce soit dans le bâtiment ou dans les sources
industrielles.
Ça,
ça ne veut pas dire, comme je vous disais, qu'on ne peut pas faire du gaz
naturel renouvelable. Nos propositions en
matière de gaz naturel... gaz naturel renouvelable qu'on a mises de l'avant
pendant la campagne électorale, on parlait de miser sur le biogaz, de déchets de fumier en usage local pour réduire
nos émissions de gaz à effet de serre, prioriser le GNR et le biogaz
pour les usages qui ne sont pas électrifiables, comme les procédés industriels,
développer un système d'échange entre les
producteurs locaux de biogaz et les consommateurs industriels, par exemple des
procédés de biométhanisation dans des
fermes laitières ou des fermes de production animale qui pourraient alimenter
la source locale, voire des sources avoisinantes,
tout en ayant un regard... en gardant le monopole électrique par Hydro-Québec.
Mais on ne peut pas compter sur cette
production pour remplacer les gaz. Bien que le GNR soit renouvelable, ça
demeure du méthane, et son utilisation engendre
les mêmes impacts sur la santé que les gaz fossiles, et sa prétendue
carboneutralité peut prendre de nombreuses années, voire plusieurs décennies à s'accomplir à travers le cycle
naturel du carbone. Donc, alors, il faut quand même prendre en
considération ces ensembles d'impacts.
Je
veux parler aussi de l'enjeu de la biénergie. On voit qu'il y a une entente, en
ce moment, entre Hydro-Québec et Énergir
sur la biénergie, c'est-à-dire d'alimenter à la fois par la... de source
électrique et par les gaz naturels de systèmes de chauffage. Mais malheureusement l'introduction de
ce service-là de biénergie continue de permettre une dépendance aux énergies
fossiles, au gaz fossile, qui est complètement au contraire des objectifs de
transition énergétique. Comme je le disais,
chaque fois qu'on met un système de chauffage au gaz ou en biénergie, ça dure
20 à 30 ans, c'est un investissement qui va durer 20 à 30 ans. Ça veut dire qu'en 2050, même si on vise
la carboneutralité, on continue à encourager l'utilisation du gaz
fossile dans nos bâtiments.
Et
pourquoi il ne faut pas en dépendre? Parce que la biénergie, c'est souvent vu
comme une option de facilité, et le Québec
vise la carboneutralité en 2050, donc brancher les nouveaux bâtiments au réseau
gazier, même en mode bioénergie, va
créer ce qu'on appelle le verrouillage carbone. On a d'autres options :
les thermopompes, des accumulateurs de chaleur, qui sont moins chers que la bioénergie, au prix actuel du gaz, et encore
qui sont plus... c'est plus... plus vrai si c'est du GNR, parce qu'il
faut comprendre que le GNR continue à coûter huit fois plus cher que le gaz
naturel des sources fossiles.
• (11 h 30) •
Donc,
jusqu'à maintenant, dans les discussions qu'on a eues en commission
parlementaire, puis j'ai bien hâte de participer
aux prochaines, ce qu'on a entendu, c'est que la CAQ utilise l'argument ou
l'excuse de la sécurité énergétique comme
un prétexte pour freiner, en ce moment, l'ambition climatique des municipalités
dans leur transition, c'est-à-dire de
délaisser peu à peu l'utilisation du gaz naturel, d'arrêter les nouveaux
branchements. Et ça, pourquoi on nous dit qu'il faut réglementer et... voire faire un recul? Parce que ça crée
artificiellement de l'insécurité énergétique en accordant... En ce moment, la CAQ accorde des milliers de mégawatts à
des grosses usines multinationales. Donc, qu'est-ce que ça veut dire? C'est
qu'on demande aux villes de prioriser des... oui, faire des constructions
écoénergétiques, sans nécessairement dire
si l'énergie est disponible, puis ça crée... cette insécurité-là, elle est
créée de façon artificielle. Parce qu'en fait il y a un débat qu'on n'a pas fait au Québec, c'est-à-dire à
qui on priorise, en termes de disponibilité de notre énergie renouvelable,
l'hydroélectricité. En ce moment, la CAQ est en train de donner des contrats
avec des clauses de... préférentielles, c'est-à-dire
avec des tarifs qui vont faire en sorte que ça coûte moins cher aux
multinationales d'acheter des blocs énergie qu'aux nouveaux bâtiments de
se brancher à notre réseau.
Puis
juste pour donner un exemple, Nouveau Monde Graphite à Bécancour, pour sa mine
et sa future usine, ont bénéficié d'un rabais de 20 % sur le tarif
industriel ordinaire. Hydro-Québec a conclu aussi un contrat d'exportation majeur avec l'État de New York. Ça livre à peu
près 10,4 térawattheures d'électricité à New York pendant 25 ans.
Puis, en ce moment, là, ce qu'on a
fait, c'est exporter cette énergie-là. Et New York, ils vont arriver à
décarboner leurs bâtiments. New York,
c'est en train de donner des objectifs de sortir le gaz des bâtiments,
d'arrêter les nouveaux branchements, avec notre énergie. Et, pendant ce temps-là ici, au Québec, on n'est pas
encore capables de faire un vrai plan pour éliminer les sources fossiles
dans les bâtiments.
Je
pourrais vous parler de Northvolt, qui pourrait nécessiter 360 mégawatts
d'électricité, ce qui est l'équivalent de la consommation de 60 000 résidences. On peut parler du projet
TES Canada, d'origine allemande, qui a obtenu un bloc d'énergie de 150 mégawatts d'Hydro-Québec.
Bref, dans le cadre de ce p.l. là, le p.l. n° 41,
ça doit nous permettre d'avoir un débat pour gérer la pointe électrique sans
verrouiller les bâtiments, au Québec, dans le gaz fossile et avec la biénergie.
Il faut que le gouvernement, la CAQ,
planifie de manière exhaustive l'abandon de ces énergies fossiles dans les plus
brefs délais, sortir les gaz de nos bâtiments, comme on l'a fait pour le
mazout.
On ne peut plus justifier
l'installation des nouvelles chaudières à gaz ou pour renouveler des
équipements en fin de vie comme, en ce
moment, on le... s'emploie actuellement Énergir dans le cadre de son
partenariat avec Hydro-Québec, et
tout ça pendant que l'Agence internationale de l'énergie nous le précise, qu'il
faut interdire des nouvelles chaudières à combustion fossile, compris
les... y compris les gaz dans les bâtiments, dès 2050 pour réussir à limiter
les changements climatiques sur le seul... sous le seuil du 1,5 degré
Celsius.
Je
ne sais pas si vous avez lu les nouvelles, je pense, ce matin et hier, que la
dernière année qu'on vient de vivre, et pas seulement la dernière... l'année la plus chaude mondialement.
Pendant 12 mois, nous avons dépassé le 1,5 degré Celsius. Cet
objectif même de réchauffement climatique, là, c'est quelque chose... c'est...
dont les effets... on vit présentement. Et
c'est ça, l'urgence d'agir, de se donner un plan concret pour ne plus dépendre
de l'énergie fossile dans nos bâtiments. Il faut qu'on se penche tout de suite. On a l'opportunité, avec le p.l. n° 41, d'avoir ce débat-là puis de prendre des décisions dans ce sens tout en donnant aux villes leur droit à
l'autonomie à... qu'ils... qu'ils puissent innover et aller plus loin en
matière de lutte aux changements climatiques.
Donc, pour conclure, M. le
Président, ce qu'on souhaite. On appelle d'abord à une révision du projet de
loi en abrogeant les articles 29 et 30
pour ne pas empiéter sur l'autonomie des villes, laisser les villes réglementer,
et faire en sorte qu'on tire les
villes vers le haut puis qu'on ne vienne pas couper des règlements qui sont
déjà en place pour lutter contre les changements climatiques, pour
sortir du gaz, pour avoir des règles... des pratiques de sécurité, de réduction
de notre empreinte énergétique. Il faut
rompre avec une vision centralisatrice qui va pénaliser les municipalités. On
veut aussi que la portée du système des cotations énergétiques ne soit pas
limitée aux grands bâtiments, parce que ça représente seulement une minorité du parc immobilier. Il faut qu'on
soit ambitieux, il faut qu'on aille plus loin puis qu'on assujettisse
l'ensemble des bâtiments du Québec,
bien sûr, avec des échéanciers, bien sûr, avec des programmes d'adaptation. On
est capables de le faire, et c'est le temps.
On demande également que les détails de tous les
règlements d'application soient élaborés, bien sûr, en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes
pour assurer que ces nouvelles normes soient à la fois rigoureuses et
ambitieuses, qu'on soit capables de voir l'intention des règlements le
plus tôt possible pour être capables de débattre en commission parlementaire,
et faciliter le débat, et bien comprendre les intentions autour de ce projet de
loi.
Nous allons
aujourd'hui voter pour le principe parce que, comme je l'ai dit au tout début
de mon intervention, on a une ouverture parce que c'est urgent de
réglementer et d'encadrer ce qu'on appelle l'efficacité énergétique dans les
bâtiments. Il faut qu'on fasse ces
étapes-là tout de suite dans la lutte aux changements climatiques, mais on a
besoin que le p.l. n° 41 ait plus
de mordant pour avoir des politiques d'efficacité énergétique qui prônent une
sortie complète de notre dépendance aux carburants fossiles. On ne demande pas que ce soit... On ne demande pas,
aujourd'hui, de fermer le robinet demain matin. Ce qu'on veut, c'est un plan, c'est une stratégie et au moins qu'on se
penche sur les nouveaux branchements, parce qu'on le sait que c'est ça,
le problème. C'est ça qui crée la dépendance dans le long terme. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Verdun.
Et, avant de
céder la parole au prochain intervenant, je voulais vous dire qu'en plus du
débat de fin de séance annoncé hier
je vous informe qu'un autre débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui, à
13 heures. Le premier débat va porter sur une question adressée par Mme la députée de D'Arcy-McGee à M. le
ministre responsable des Services sociaux concernant le financement nécessaire pour les foyers de L'Arche.
Et le deuxième débat portera sur une question adressée par M. le député de Marguerite-Bourgeoys à M. le ministre
des Finances concernant les prévisions économiques jovialistes du ministre
des Finances.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître le prochain intervenant. Je reconnais M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M.
Kelley : Merci, M. le Président. C'est un plaisir de
prendre la parole aujourd'hui pour parler de ce que j'ai entendu pendant les audiences publiques et comment... à
faire des remarques préliminaires sur ce projet de loi qui a été déposé par
le ministre qui est responsable pour la transition énergétique.
Je pense
que... C'est sûr que, dans le contexte actuel, c'est nécessaire d'avoir un
meilleur encadrement concernant la
construction des bâtiments et, quand même, les standards dans certains de nos
bâtiments. C'est que c'est complètement nécessaire. On a vu partout sur la planète une répétition de certains
standards qui sont trouvés dans ce projet loi, un code pour certains bâtiments, une note de comment ils
sont efficaces, des trucs comme ça. Ce n'est pas un modèle qui est créé
par le Québec, mais bien inspiré par des modèles qui existent ailleurs, dans
les autres pays.
Mais, je
pense, c'est toujours important, pour juste bien... pour les gens qui nous
écoutent, expliquer exactement... Si jamais il y a... des citoyens
veulent savoir c'est quoi, la... grosso modo, d'un projet de loi, je vous
invite à aller voir les notes explicatives
au début d'un projet de loi. Et je veux juste prendre le temps pour bien
expliquer à tout le monde. On parle
du projet de loi n° 41, la Loi sur la performance environnementale des
bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de transition
énergétique.
Alors, ce
projet de loi édicte la loi sur la performance, comme je viens de dire, des
bâtiments. Cette loi octroie au ministre
de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques et de la
Faune et des Parcs certains pouvoirs, dont celui de déterminer des
renseignements relatifs à la performance environnementale des bâtiments qui
doivent lui être déclarés et celui de
déterminer des distributeurs d'énergie qui doivent élaborer et administrer une
plateforme numérique permettant de
transférer au propriétaire d'un bâtiment des renseignements relatifs à la
consommation d'énergie de ce bâtiment.
• (11 h 40) •
De plus, la
loi édictée octroie au gouvernement le pouvoir de déterminer par règlement les
bâtiments auxquels doit être
attribuée une cote de performance environnementale ainsi que les méthodes de
calcul applicables à l'attribution de cette
cote. Elle lui attribue également le pouvoir d'établir des normes en matière de
performance environnementale des bâtiments,
par exemple des normes à respecter lors de la réalisation des travaux de
construction, de rénovation ou de démolition des bâtiments, ou des cotes
de performance environnementale devant être atteintes par les bâtiments.
La loi
édictée prévoit aussi la tenue par le ministre d'un registre public de la
performance environnementale des bâtiments
ainsi qu'une obligation d'affichage et de divulgation de la cote obtenue par un
bâtiment dans certaines circonstances. Des
sanctions administratives pécuniaires et des sanctions pénales sont également
prévues en cas de manquement aux différentes obligations.
Par ailleurs, le projet de loi modifie divers
projets de loi, notamment afin de fusionner le Fonds de transition, d'innovation et d'efficacité énergiques au Fonds
d'électrification et des changements climatiques et de reprendre, dans la Loi
sur le ministère du Développement durable et
de l'Environnement et des Parcs, des dispositions législatives relatives aux
distributeurs d'énergie qui se trouvent actuellement dans la Loi sur le
ministère des Ressources naturelles et de la Faune.
Alors, ça, c'est, grosso modo... ça,
c'est, grosso modo, les intentions du ministre avec ce projet de loi. Juste
pour plus préciser c'est quoi, dans
le projet de loi, on, vraiment... va octroyer au gouvernement et au ministre de
l'Environnement et la Lutte contre
les changements climatiques le pouvoir de déterminer les renseignements
relatifs à la performance des bâtiments,
d'administrer une plateforme numérique, ça, c'est un gros changement,
déterminer par règlement quel bâtiment doit
être attribué une cote de performance et les méthodes de calcul et de tenir un
registre public, ça, c'est vraiment au coeur de ce projet de loi, et
aussi à établir des normes. C'est des gros changements, c'est quelque chose qui
n'existe pas.
Et,
pendant les audiences publiques, M. le Président, nous avons entendu certaines
réservations des différents groupes. C'est
sûr que la plupart ont été favorables avec les objectifs, mais une chose, le
fonds fusionné... et gouvernance, on a entendu certaines craintes à une centralisation, encore, de certains fonds,
comment le code de bâtiment... comment ça va être calculé? Comment ça va
marcher? C'est quoi, les cibles? C'est quoi, les objectifs? C'est quoi,
l'échéancier?
Puis
aussi, une atteinte à l'autonomie municipale, c'est sûr que l'UMQ puis la FMQ
ont sensibilisé la commission aux
effets indésirables importants concernant ce projet de loi. Puis, quand même,
plusieurs municipalités ont déposé des mémoires
en ce sens aussi, pour juste mettre une mise en garde. On a eu beaucoup de
discussions aussi, au sein de cette Assemblée,
concernant l'autonomie municipale. Un encadrement général, des fois, c'est
nécessaire. C'est sûr que d'avoir des
règles qui sont claires pour tout le monde, d'un côté du Québec à l'autre, est
important, mais, en même temps, comment on va trouver un bon équilibre, qu'on respecte toujours les pouvoirs des
municipalités qui veulent aller de l'avant et quand même aller un petit
peu plus loin, c'est toutes des choses qu'il faut clarifier avec ce projet de
loi.
Et je sais que deux
articles, 29 et 30, ont soulevé plusieurs inquiétudes des différents groupes.
Mais c'est sûr, M. le Président, qu'on a
aussi entendu, pendant les audiences publiques, beaucoup de commentaires
concernant juste l'état de la
situation énergétique, aussi, au Québec. Puis c'est sûr que plusieurs groupes
ont soulevé un petit peu un drapeau que la transition énergétique, on
est à mi-chemin, ça va prendre beaucoup plus d'énergie. Il faut déployer une
stratégie de l'efficacité aussi. Mais nous
avons entendu, particulièrement des municipalités, que le fardeau ne peut pas être
sur le dos des municipalités.
Et
je veux juste prendre un exemple pour les critères, par exemple, qu'on veut
mettre en place pour l'efficacité d'un bâtiment.
Ça peut être lié aussi avec une décision de faire une rénovation ou une mise à
jour d'un centre communautaire ou un aréna. Des municipalités ont dit :
C'est sûr, de rendre un aréna... Tout le monde ici a un aréna dans leur
circonscription, on est d'accord. Je
pense que tout le monde ici a probablement des projets qui étaient soumis au
gouvernement pour aider nos
municipalités à faire des rénovations des bâtiments. Mais elles disent :
C'est une chose, j'ai déjà un bâtiment qui est vieux, qui a besoin beaucoup d'amour, et, si on mettait des contraintes
liées à l'efficacité, ce n'est pas une mauvaise chose, mais déjà les projets coûtent pas mal cher pour
faire des rénovations des vieux bâtiments. Et, si on a certains standards,
bien, comment nous, on va assumer ces
coûts-là? Quand même, c'est une question d'agrandir un projet ou mettre plus
des fonds pour s'assurer que ça marche. C'est bien correct, mais ça va
prendre une politique puis des investissements du côté du gouvernement provincial et, quand même, du
gouvernement fédéral pour aider nos municipalités et leurs bâtiments d'être
plus efficaces.
Mais
ça s'applique aussi, je pense, à nos PME, à quand même nos grosses
industries... entreprises industrielles puis aussi, c'est sûr, pour les
citoyens. Ce n'est pas la première fois ici que j'explique à vous, M. le Président,
l'importance, dans le présent
contexte, actuel, du «crunch» énergétique au Québec et partout sur la planète,
que le fardeau ne peut pas tomber exclusivement sur le dos des citoyens. C'est
bien beau de dire qu'on veut que tout le monde réduise leur consommation
d'énergie, mais les experts disent : Ce
n'est pas en... rouler le lave-vaisselle au milieu de nuit qu'on va atteindre
nos cibles très ambitieuses dans le plan d'Hydro-Québec. Ça va prendre souvent
des rénovations à des maisons, alors de remplacer des fenêtres, de remplacer des portes, de
remplacer le système d'une fournaise à un système d'une géopompe, toutes... une
pompe thermale. Toutes ces options-là sont importantes. Ça peut rendre une
maison très efficace.
Mais
dans le contexte actuel, où, première chose, pour ma génération, c'est très
difficile d'acheter une maison, alors, si vous êtes capable, après ça... C'est
un investissement que vous gardez pour 20 ans. Est-ce que vous avez
vraiment les moyens de dépenser entre
20 000 $ à 30 000 $ sur le changement des fenêtres, puis ajouter
aussi un changement pour une thermopompe à la maison, puis ajouter aussi la
rénovation de la cuisine, ajouter la rénovation de la chambre à côté pour
bébé puis les autres enfants? Vous savez,
M. le Président, que, pour une jeune famille qui vient de juste faire un
investissement majeur de leur vie,
d'aller, après ça... de faire des rénovations à la maison pour rendre ça plus
efficace... Si on veut inciter, puis inviter, et encourager les gens,
bien, ça dit qu'on doit avoir des programmes qui sont plus généreux ici, au
Québec.
Puis
une chose qui était intéressante, et pour tout le monde qui est présentement
ici, dans la Chambre, je ne sais pas, je ne veux pas faire de la publicité pour
le gouvernement fédéral, mais il y a un programme intéressant d'un prêt à 10 ans
sans intérêt de 40 000 $ pour
faire les rénovations de la maison pour rendre ça plus efficace. C'est
intéressant pour les gens qui peuvent faire un investissement comme ça,
mais on a entendu des groupes qui disent : Ces types de programmes, peut-être, on peut multiplier ou répliquer quelque
chose comme ça, similaire, pour le Québec où, quand même, on a eu le programme RénoVert. Je sais qu'il y a un programme
qui a été mis en place par ce gouvernement, mais des groupes, encore, ont dit que le programme qui existait avant, avec
l'ancien gouvernement libéral, était plus simple, et c'était plus efficace.
Et tout le monde,
ici, qui travaille avec les différents groupes dans leur propre comté ou, quand
même, quand ils parlent avec des élus municipaux,
quand on parle des programmes pour avoir des subventions, des «incentives» pour
encourager des gens de faire une rénovation
ou quoi que ce soit, ils disent : Si le gouvernement va créer un autre
programme, juste s'assurer que c'est simple à utiliser, et c'est efficace, puis
ça n'ajoute pas trop de paperasse dans notre vie. Je pense que ça, c'est quelque chose que, quand ce
gouvernement commence à faire la réflexion que... O.K., on a des cibles
d'efficacité énergétique qui ont été
mises de l'avant par Hydro-Québec, il y a une partie qu'Hydro, un rôle qu'il
doit assumer, mais, après ça, ça va prendre une politique
gouvernementale avec des sommes importantes pour s'assurer que ça marche.
Puis
l'exemple qui était utilisé par M. Damphousse, le président de l'UMQ, il a
dit... Encore, je reviens aux arénas, leur programme qui a été lancé par ce
gouvernement, c'est sûr que ça va dépenser sans problème avec beaucoup des
projets rejetés, mais il dit : Dans chacun de ces
projets-là, tout le monde peut être plus efficace. Alors, ce n'est pas... quand
même pas juste une question, selon moi, de
doubler le budget. C'est possible que ça doit aller plus loin que ça, et ça ne
dit pas que tout doit être fait demain, mais, encore, dans l'ordre, avec
les sommes qui sont nécessaires.
• (11 h 50) •
Je sais qu'il
y a la... Et on dit : Bien, il y a des limites, M. le député de
Jacques-Cartier, du gouvernement de dépenser. C'est sûr, mais il faut
aussi regarder comment on utilise présentement le Fonds vert, qui est aussi dédié
à la transition énergétique. C'est sûr,
aussi, oui, lutter contre les changements climatiques, c'est très important,
puis il faut avoir les sommes pour aider les municipalités, mais, en même
temps, il faut aussi s'assurer qu'il y a des sommes pour assister eux autres
à être plus efficaces et à avoir des
programmes qui sont plus généreux pour les municipalités, mais, quand même,
pour les citoyens.
Et je
sais, M. le Président, que nous avons eu des discussions sur l'idée des
microréseaux et, quand même, l'autoproduction pour les citoyens, et ça,
c'est aussi un autre enjeu qu'il faut en discuter au sein de ce projet de loi.
J'ai posé la question à plusieurs différents
groupes, est-ce qu'eux autres pensent que les microréseaux, c'est une partie de
la solution à notre enjeu énergétique
au Québec, ils ont tous dit oui. Il y a des éléments dans ça qui sont très
intéressants pour les municipalités et quand même pour les citoyens. Les
maires ont tous dit, et l'UMQ ont dit, et la FQM dit : Bien, pour nous, si
on est capable de mettre des panneaux
solaires sur le toit de nos bâtiments, d'avoir une batterie de stockage puis
n'être pas dépendant sur le réseau
d'Hydro-Québec, c'est sûr que ça va... pour nous de réduire notre fardeau
fiscal, mais aussi, si c'est moins... si c'est... Si ça marche bien puis le projet est rentable pour les
versements des panneaux solaires sur un toit de l'hôtel de ville, sur l'aréna, sur l'école du coin, etc., il
dit : Bien, c'est qu'aussi notre budget, on a plus d'argent pour dépenser
dans des services aussi. Alors, si on
pense qu'à long terme c'est une façon de gagnant-gagnant pour tout le monde,
mais je reviens à la question là, rendre un bâtiment plus efficace, il
faut le faire.
Mais, en même
temps, on sait que l'avenir de la production énergétique, ça va être fait de
plus en plus par le citoyen. Et c'est
une bonne chose. Si on... Le modèle est simple, c'est des panneaux solaires sur
le toit de la maison avec une batterie de
stockage qui dure deux ou trois jours, avec quand même une auto qui peut
recharger la batterie de la maison avec une thermopompe. C'est tout circulaire, c'est tout électrique et c'est tout
chargé par l'énergie du soleil et l'énergie solaire. Et les gens sont de plus en plus indépendants de gros
réseaux. Ça ne dit pas qu'on ne va jamais avoir besoin de temps en temps
d'Hydro-Québec, mais c'est... quand même, un
expert a dit qu'avec ce système de stockage de batterie, production à la
maison, on est capable de rouler notre frigo, notre système de chauffage et des
applications pour charger une télévision, écouter
la télévision pendant l'heure de pointe. Alors, quand même, cet argument que,
bien, l'autoproduction à la maison ne
se fera pas aider avec la question de la gestion de l'heure de la pointe...
Bon, au milieu de l'hiver ou quand même l'été, il se dit : Pas nécessairement, parce que, quand
même, si Hydro-Québec est branchée au milieu de journée... pendant la journée,
il y a... où c'est gris, puis il n'y a pas
de soleil, bien, Hydro-Québec peut charger la batterie de la maison. Puis, avec
un système intelligent à la maison,
on ferme la connexion avec Hydro, puis on charge la batterie pour une couple de
jours... heures, puis on revient au milieu de soirée avec celle d'Hydro.
Alors, c'est
toute la question d'interconnexion. Mais pourquoi on parle des microréseaux et
pourquoi c'est intéressant? Parce que les règlements, présentement,
d'une municipalité à l'autre, changent. Quand même, dans ma circonscription, il y a une municipalité où les panneaux solaires sur
le toit sont interdits. Aucune personne ne sait trop pourquoi et quand
c'était fait, mais, peut-être, le timing,
c'est bon pour nous de regarder que les municipalités ne peuvent pas interdire
les citoyens de mettre un panneau solaire sur leur maison. C'est quelque
chose à revoir et à discuter.
Quand j'ai
posé la question à l'UMQ, ils n'étaient pas fermés à l'idée d'un encadrement,
d'une idée comme ça dans ce projet de loi ou un projet de loi à l'avenir. Mais
c'est une discussion à avoir qui peut... Ça, ça fait que, d'un côté à l'autre, au Québec, on a un système qui est
égal, mais aussi clair pour le citoyen de faire un investissement, commencer
à faire des recherches.
Et, quand
même, suite à l'article de Radio-Canada hier et les discussions... on a eu en
Chambre pendant la période des
questions avec le ministre de l'Énergie, il me semble qu'il y a grande
ouverture pour un agrandissement de notre capacité de l'énergie solaire ici, au Québec. Mais la
question, c'est : Comment on peut rendre ça rentable pour le citoyen et,
quand même, peut-être pour les
municipalités et certaines entreprises? On verra la suite des choses. Mais
c'est juste, si on regarde en
comparaison avec les autres villes, à Montréal, ça prend environ 19 ans
pour rendre un investissement de panneaux solaires rentable. À Toronto, c'est
10 ans, à Calgary, c'est cinq ans. C'est sûr que le contexte énergétique
et le prix de l'électricité dans chacune
de ces villes est différent, mais nous avons avantage qu'eux autres n'ont pas.
Calgary et Toronto ont fait ça parce que
le prix de l'électricité était très élevé puis ils disent : Bien, si on
introduit l'électricité solaire, ça va baisser le prix de l'électricité, puis on peut produire plus. Nous,
on veut éviter que le prix de l'électricité augmente trop rapidement dans les
prochaines années parce qu'on est obligés
d'ajouter beaucoup plus d'énergie. Alors, c'est s'assurer que... que le gros
bon sens, mais en même temps s'assurer que tout le monde a l'énergie
nécessaire.
Puis juste un
point final. Aussi, l'autoproduction et qu'est-ce que les experts ont dit, ça
peut aussi rendre plus de citoyens plus sécures dans leur maison quand
il y a des pannes, qui, on sait, va arriver... on sait qu'il va arriver plus fréquemment à cause des événements de météo plus
sévères. Ça va avec la réalité des changements climatiques. Si, quand même, on atteint nos cibles, on sait, avec
l'augmentation de température de la planète qui va arriver dans les prochaines
couples des années, ça va créer des
tempêtes plus sévères. Alors, on peut rendre les gens plus résilients à des
changements climatiques s'ils sont
plus indépendants sur... avec leur production d'électricité à la maison. Puis
on a déjà vu dans la dernière tempête de verglas à Montréal qu'on enlève
l'énergie d'une région de Montréal pour quatre, cinq jours, c'est difficile
pour les gens. On est vraiment
dépendant sur l'électricité maintenant, plus que jamais dans notre passé, puis
ça peut créer des situations de sécurité pour la population. Alors,
c'est quelque chose à surveiller de près. Puis je vais continuer de faire les
bonnes suggestions envers un système qui
marche, qu'on peut avoir notre production pour les citoyens à la maison,
ajouter un rôle pour
les municipalités, et, quand même, le gouvernement provincial peut commencer à
prendre un meilleur... plus qu'un rôle,
si on pense de mettre des panneaux solaires sur le toit des bâtiments du
gouvernement du Québec, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée. Mais, bref, on va voter en faveur de la...
principe de ce projet de loi. Il y a plein de discussions à avoir sur,
oui, qu'est-ce qui va être modifié mais aussi des politiques à venir. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. Y
a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme
McGraw : Oui. Merci, M. le Président. Pardon, je me
détache, je m'installe. Alors, il me fait plaisir à mon tour de prendre la parole dans le cadre du
discours sur l'adoption du principe du projet de loi n° 41, Loi édictant la Loi sur la performance
environnementale des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de
transition énergétique. Évidemment, comme vous le savez, M. le Président, ayant
consacré ma vie adulte et même adolescente aux enjeux environnementaux et
climatiques, il est certain que j'ai un grand intérêt pour ce projet de loi,
qu'on attendait d'ailleurs depuis longtemps,
et ses impacts sur... pour le Québec, sur et pour le Québec, surtout étant,
jusqu'à tout récemment, la porte-parole
de l'opposition officielle en matière d'environnement, de changements
climatiques. Je salue ma successeure et ma collègue la députée de Mille-Îles
pour son excellent travail sur ce projet de loi à date. Et je salue aussi mon
collègue le député de
Jacques-Cartier, notre porte-parole en matière d'énergie, pour son travail
acharné sur ces enjeux, qui sont majeurs.
Tout cela
s'inscrit dans notre approche globale vis-à-vis notre avenir énergétique au
Québec. Comme notre formation réclame
depuis déjà un an, le Québec a besoin d'un vrai plan stratégique et bien
réfléchi sur notre avenir énergétique, et ce, pour atteindre nos
objectifs climatiques, notamment la carboneutralité.
En résumé, le
projet de loi n° 41, qui a été déposé le 22 novembre dernier par le
ministre de l'Environnement, de la Lutte
contre les changements climatiques, de la Faune et Parcs touche de nombreux
aspects. En effet, il modifie huit lois et un règlement, ce qui est énorme comme portée. Et, comme l'a souligné ma
collègue de Mille-Îles, le projet de loi fait référence à changer
les règlements 54 fois dans le texte du projet de loi.
• (12 heures) •
Lors de sa
conférence de presse, le ministre a dit que le projet loi n° 41 a notamment pour but de corriger les passoires énergétiques et qu'il y a un bel équilibre avec la
carotte et le bâton dans cette pièce législative. Le projet de loi vise, si je
comprends bien, 20 000 bâtiments,
soit les grands bâtiments. On reconnaît même, puis je cite, l'énergie qu'on ne
dépense pas, c'est ce qu'il y a de
plus économique, effectivement. En effet, pour atteindre la carboneutralité, on
est d'accord que l'efficacité
énergétique doit être la priorité numéro un. Comme l'a... comme il a été
souligné dans le rapport de... ça va prendre
un effort monumental et du courage politique pour aller chercher ces térawatts.
On sait, et ça a été souligné, d'ailleurs, aujourd'hui, que le Québec a pris des engagements à l'externe, par
exemple le projet Hertel‑New York, et j'ai eu la chance de siéger sur cette commission qui a adopté ce
projet de loi. Et on a été en faveur, notamment parce que... parce qu'entre
autres l'acceptabilité sociale et l'appui très fort de la communauté autochtone
de la nation mohawk et on a eu la grande cheffe
Sky-Deer qui a parlé en faveur. Donc, nous, on a soutenu ce projet-là. Mais,
comme ça a été mentionné, ça, ça va aider l'État de New York
à atteindre ses objectifs en matière de changements climatiques, sans
nous aider au Québec. On comprend
très bien que les changements climatiques, c'est un enjeu mondial, global, et
tout le monde doit faire son effort, mais
il n'est pas du tout clair comment le Québec va atteindre ses propres
objectifs, parce qu'on sait bien que le gouvernement n'a identifié que 60 % des mesures pour
atteindre des objectifs qui ne nous mènent même pas à la carboneutralité d'ici
2050.
On sait que le Québec est un leader, on est
reconnu comme étant un leader dans le domaine de l'environnement et des changements climatiques. On est fiers. Même
le ministre de l'Environnement a reconnu, à la COP, que ce rôle de leadership, ça ne s'est pas fait du jour au
lendemain, ça a été bâti à travers les décennies par plusieurs gouvernements,
dont des gouvernements libéraux, qui
ont entrepris des décisions structurantes : hydroélectricité, marché du
carbone et même la décision... ou
avant la décision précurseure, sous le ministre Couillard... donc, il y avait
le ministre Bourassa... le premier ministre
Bourassa, le premier ministre Charest, avec le marché du carbone, et avec le
premier ministre Couillard, de ne pas
explorer ou d'exploiter les fossiles
aux alentours de l'île d'Anticosti. Donc, ça, ça a été des décisions
structurantes par des gouvernements libéraux antérieurs.
Alors, la
question, c'est : Maintenant, le Québec, qui est reconnu, qui a été choisi
à la COP28, j'ai été présente... Le Québec est reconnu et choisi comme premier
État fédéré, a coprésidé le BOGA, Beyond Oil and Gas, c'est tout un honneur,
M. le Président, c'est sûr, et ça, ça a été
bâti au fur... Mais c'est quoi, la valeur ajoutée, aujourd'hui, du Québec en
matière de changements climatiques
pour prendre des décisions structurantes et avoir un vrai plan sur notre avenir
énergétique? Parce qu'il n'est pas
clair comment on va atteindre nos objectifs, M. le Président. Donc, pour être
crédible, le Québec, qui doit aller maintenant, en tant que coprésident du
BOGA... aller chercher d'autres provinces à travers le Canada, des pays
à travers le monde pour se joindre au BOGA, il faut être crédible chez nous.
L'enjeu au
Québec, on sait très bien que ce n'est pas la question de la production des
énergies fossiles, mais c'est bien la
consommation. C'est là l'enjeu du Québec, c'est la consommation, et là on est
en retard. Si on se compare, par exemple, à l'Ontario, on est rendus... on fait la moitié des efforts, on fait la
moitié des efforts que l'Ontario en termes de notre... par personne, notre production... pardon, notre impact
climatique. Et c'est surtout à cause de la consommation au Québec, et ce,
surtout dans le secteur du transport. Mais après ça il y a les bâtiments. On a
un effort considérable, même monumental, comme
dit le rapport Dunsky, un rapport monumental, à faire au Québec pour réduire
notre consommation. Et ça, ça ne peut
pas juste être les individus, il faut que ce soient des carottes, des
incitatifs pour encourager les Québécois de diminuer la consommation. Mais ça, ça prend un effort macro,
ce n'est pas... on ne peut pas juste laisser ça aux Québécois individuellement, ça va
prendre un effort macro et surtout des incitatifs pour encourager des gens à
prendre des décisions éclairées.
Alors,
le travail doit se faire, M. le Président. On ne peut pas se vanter d'être un
leader en matière climatique sans faire de vrais efforts. Donc, c'est
dans ce contexte que s'inscrit ce projet de loi n° 41.
Il faut... le focus, ça doit être la consommation.
L'efficacité énergétique, c'est vraiment là le nerf de la guerre. Alors, en
principe, on est pour ce projet de loi parce que, justement, ça vient
s'attaquer à l'énergie... l'efficacité énergétique, et on parle des bâtiments.
En
résumé, il y a plusieurs dispositions prévues dans ce projet de loi, octroyer
au gouvernement et au ministre de l'Environnement
et de la lutte contre les changements climatiques les pouvoirs suivants,
donc : un pouvoir... la performance environnementale des bâtiments, administrer une plateforme numérique,
attribuer une cote de performance environnementale ainsi que des méthodes
de calcul applicables à l'attribution de cette cote, établir des normes en
matière de performance environnementale des
bâtiments, tenir un registre public de la performance environnementale des
bâtiments et aussi de fusionner les
fonds de transition d'innovation et d'efficacité énergétique au fonds
d'électrification et de changement climatique. Donc, c'est quand même
majeur.
Alors,
comme je l'ai déjà souligné, ce projet de loi est attendu depuis longtemps, M.
le Président, particulièrement lorsqu'on
considère que les besoins énergétiques récents du Québec. Cependant, il y a des
éléments qui manquent au projet de loi pour en faire une mesure
compréhensive et efficace vers nos objectifs.
D'ailleurs,
dans le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du
Québec de 2018, le gouvernement libéral prévoyait de doter le Québec d'un
système de cotation énergétique obligatoire pour les nouvelles constructions et
lors de la revente des maisons unifamiliales d'ici 2023. Mais là on est rendus
en 2024, M. le Président, alors, je suis désolée, mais la CAQ n'a
décidément pas effectué le plan, et nous sommes bientôt six ans plus tard, mais
en retard.
Considérant
que nos réserves d'énergie sont à sec, M. le Président, et considérant la
faible efficacité énergétique de nos
bâtiments au Québec, il y a lieu d'agir avec célérité et audace avec ce projet
de loi. En atteignant les objectifs visés, le Québec entier va en
bénéficier.
Je profite, M. le
Président... étant aussi la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je veux souligner
le travail de deux personnes dans mon comté
que... pour qui j'ai une attention toute particulière en pensant au projet de
loi actuel, c'est Sam Ramadori, qui est le P.D.G., et Frank Sullivan,
qui est le chef du développement commercial chez Brainbox AI, Brainbox Artificial Intelligence. C'est basé à
Montréal, M. le Président, et ça fait fureur à travers le monde. On était à la
COP28 ensemble. Brainbox a fait partie de la délégation québécoise au sein d'Investissement Québec. Ils ont fait fureur, M. le Président. Donc, je suis très
fière de cette entreprise montréalaise, avec les deux chefs, qui sont des
concitoyens et des voisins dans ma circonscription.
Cette
entreprise innovatrice sur le plan de la transition énergétique mondiale tire
parti de l'intelligence artificielle pour
rendre les bâtiments plus intelligents, plus verts et plus efficaces au plan
énergétique. En collaboration avec ses partenaires mondiaux, il permet aux bâtiments de réduire leur
empreinte carbone. Brainbox AI apporte de la durabilité à l'environnement
bâti pour réduire de manière significative
la consommation et les coûts énergétiques. Brainbox permet de réduire
directement les GES des secteurs de
l'énergie et des bâtiments, mais aussi en ayant un impact dans les secteurs du
transport, des grandes industries ainsi que l'agriculture et de
l'alimentaire.
Brainbox
AI a développé la toute première technologie d'intelligence artificielle
autonome au monde pour l'optimisation
énergétique et la décarbonation de l'environnement bâti. Cette opportunité
permet d'exploiter les données inutilisées de l'IA autonome pour créer un
bâtiment véritablement auto-optimisé, qui inclut la création du premier
système de chauffage, de ventilation et de
climatisation autonome au monde, je répète, au monde,
M. le Président. C'est vraiment... C'est pour ça que ça fait fureur. On passe donc d'une approche réactive
actuelle à une approche prédictive et préventive, permettant aussi de décarboner l'environnement
bâti à l'échelle mondiale et gérer la flexibilité de charge des bâtiments pour
accompagner la transition énergétique.
Depuis son lancement en 2019, ça fait à peine cinq ans, plus de
100 millions de pieds carrés de bâtiments commerciaux ont été...
ont bénéficié de cette technologie dans 70 villes au monde.
• (12 h 10) •
Cette
compagnie québécoise fait fureur, comme je le dis. D'ailleurs, comme je le dis,
j'ai été fière de participer, avec la
délégation canadienne, à la COP, et ils ont fait une présentation, la salle
était remplie. Et il y a de belles opportunités. Et, encore une fois, je souligne tout le temps le
concept de développement durable, M. le Président, le triple bilan :
économie, société, environnement. Et
Brainbox, c'est vraiment le triple bilan. En bref, je suis fière de promouvoir
de telles innovations d'une
entreprise de chez nous aux répercussions positives mondiales. Il faut
encourager de plus... encore plus, davantage des initiatives comme celles-ci,
qui vont contribuer à la transition énergétique et à la performance
environnementale de nos bâtiments au Québec.
En
résumant... en résumé, suite aux consultations particulières, nous avons retenu
des groupes entendus... on a entendu des groupes qui étaient tous en faveur, M.
le Président, de ce projet de loi, mais ils avaient tous des points très précis, selon leur expertise et leur perspective
sur le sujet. Il y avait des entreprises en énergie, des municipalités, des
groupes en environnement, des experts
en énergie, urbanisme, etc. Alors, c'était très intéressant, et ça va
certainement permettre de bonifier ce projet de loi.
Même si notre
formation est en faveur du principe de ce projet de loi, il y a quelques enjeux
que nous allons surveiller de très près, par
exemple les fonds fusionnés, la gouvernance de ces fonds, surtout qu'il y a eu
des rapports sur ces fonds-là,
justement. Il y avait des préoccupations, M. le Président. Le code du bâtiment,
c'est un engagement incomplet et
tardif. On va surveiller aussi les cibles, les objectifs, les mesures. Comme je
le dis, M. le Président, le Québec n'a pas encore un vrai plan stratégique pour atteindre la carboneutralité, donc
un plan stratégique avec des cibles, et des objectifs, et des mesures précises, parce que, là,
présentement, on a identifié seulement 60 % des mesures pour atteindre...
qui ne nous permettent même pas
d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. On n'a pas un plan stratégique sur
notre avenir énergétique. Le gouvernement prend des engagements à l'interne, à
l'externe, sans plan. Donc, ce n'est pas clair comment on va combler nos besoins en matière
d'énergie au Québec et en même temps respecter nos engagements à l'extérieur du
Québec. Ce n'est pas clair,
M. le Président, et c'est très sérieux. C'est pour ça qu'on réclame
depuis au moins un an une commission itinérante, des consultations à travers le
Québec, parce que ça doit être un projet de société. Ce n'est pas un projet de
recherche, ce n'est pas juste trois
personnes qui vont décider, c'est un projet de société. Aussi, on va regarder
tout ce qui... l'impact sur l'autonomie municipale dont ma collègue a
déjà parlé.
Alors, en
conclusion, M. le Président, je veux souligner à nouveau que nous voulons aller
voter en faveur du principe du projet de loi n° 41, considérant
l'état du parc immobilier du Québec et le fait qu'il s'agit d'un projet de loi
qui a été fortement attendu. En tant
qu'opposition officielle, ma formation politique et moi, nous allons participer
activement et sérieusement à l'étude détaillée, article par article, de
cette pièce législative afin de bonifier cette pièce.
La position
des différents groupes concernés par le projet de loi en commission
parlementaire était primordiale afin d'apporter les meilleurs amendements
possible pour bonifier le projet de
loi n° 41. D'ailleurs, lors de
la campagne de 2022, notre formation
politique avait été très vocale au fait de revoir le code du bâtiment,
puisqu'il existe plusieurs façons d'améliorer la performance énergétique d'un bâtiment, tel que l'isolation,
étanchéité à l'air des portes et fenêtres, contrôle des systèmes d'éclairage intérieur-extérieur, optimisation du
chauffage, de la ventilation, du conditionnement d'air, isolation des tuyaux, quantité
de surface vitrée sur un projet, etc. Mais malheureusement peu des éléments
ci-dessus que j'ai mentionnés se retrouvent
dans le projet de loi. Nous devons alors nous assurer que chacun des points
ci-dessus fasse l'objet de ce projet de
loi, car l'atteinte d'efficacité énergétique au Québec ne se fera pas
simplement par des voies réglementaires, M. le Président, mais par des
actions concrètes sur le terrain.
Alors, je
conclus, M. le Président. On a du travail à faire, c'est un enjeu majeur pour
le Québec. Il faut s'attaquer à la consommation, à l'efficacité
énergétique, c'est l'enjeu du Québec, parce qu'on ne produit pas les fossiles,
c'est la consommation et c'est l'efficacité.
C'est là, l'enjeu pour le Québec. Il faut démontrer du courage politique, il faut
prendre des mesures, avoir des cibles, être très concrets pour être
crédibles, M. le Président, lorsqu'on va aller parler à d'autres provinces, à des pays pour, justement, faire leur
part. Il faut être crédibles, il faut toujours avoir une valeur ajoutée. On ne peut pas s'asseoir sur les lauriers du passé, les
décisions structurantes des gouvernements antérieurs, il faut que ce gouvernement prenne ses responsabilités. On va
dans la bonne direction avec ce projet de loi et on va participer activement
et constructivement aux discussions à venir. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, le
principe du projet de loi n° 41, Loi
édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et
modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
transports et de l'environnement
M. Caire : Oui,
M. le Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le projet de loi
n° 41, Loi édictant la Loi sur
la performance environnementale des bâtiments et modifiant diverses
dispositions en matière de transition
énergétique, soit déféré à la
Commission des transports et de l'environnement pour son étude détaillée
et que le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Alors, M. le
leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Caire : Pourriez-vous
appeler l'article 6 du feuilleton, s'il vous plaît, M. le Président?
Projet de loi n° 46
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Avec plaisir. À
l'article 6 du feuilleton, Mme la ministre de la Famille propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration de la protection des
enfants dans les services de garde éducatifs.
Alors, y a-t-il des interventions? Je cède donc
la parole à Mme la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
M. le Président. Je remercie l'Assemblée d'accueillir le projet de loi sur l'amélioration de la protection des enfants dans les services de
garde éducatifs. Nous sommes
aujourd'hui à l'étape de l'adoption du principe.
D'abord, je tiens à
remercier les membres de la Commission des relations avec les citoyens, toute
l'équipe ministérielle, les oppositions pour
leur rigueur démontrée lors des consultations particulières sur le projet de
loi n° 46. Je remercie également
les groupes qui nous ont partagé leurs observations et leurs recommandations au
cours de cet exercice. Enfin, je ne
peux passer sous silence l'apport de mon équipe et celle du ministère dans la
préparation et le dépôt de ce projet de loi qui instaurera un climat
encore plus sécuritaire pour nos tout-petits dans les services de garde.
Permettez-moi,
M. le Président, de faire un rappel des événements qui nous ont menés à déposer
ce projet de loi en décembre dernier.
Au printemps 2021, notre gouvernement a réalisé une vaste consultation
publique qui a amené au lancement du
Grand chantier pour les familles, un plan d'action pour compléter le réseau des
services de garde du Québec. Une des
actions du plan vise justement à renforcer les leviers nécessaires pour assurer
la santé, la sécurité et le bien-être des enfants dans les services de
garde.
Malgré les efforts
réalisés au cours des dernières années, le développement accéléré du réseau a
mis en lumière certaines limites dans
l'encadrement légal et réglementaire qui touche la santé, la sécurité et le
bien-être des enfants. Des événements,
dont certains ont été médiatisés, ont mis en lumière ces limites. J'avais alors
annoncé mes engagements de corriger
des situations où le ministère ne pouvait pas agir assez promptement et de
m'assurer qu'on prenne les dispositions pour corriger ces situations.
• (12 h 20) •
Le
projet de loi n° 46 vient nous donner des leviers additionnels, les
leviers requis pour améliorer encore la sécurité de nos tout-petits. Lors d'inspections, d'enquêtes, de vérifications de
la conformité, le ministère de la
Famille a donc identifié les leviers manquants pour intervenir au moment
opportun et toujours améliorer la sécurité de nos petits. Rappelons que la
mission du ministère de la Famille est, oui, de favoriser l'accessibilité aux
services de garde éducatifs à l'enfance, mais également
d'en assurer la plus grande qualité. Je vous rassure, nous avons un service...
un réseau de services de garde éducatifs à l'enfant sécuritaire et de
qualité, formé de personnel dévoué et passionné.
Cependant,
force est de constater que l'on peut encore améliorer la situation pour le
mieux-être de nos tout-petits. Cette
qualité de notre réseau, elle passe, entre autres, par des milieux de garde
sécuritaires adaptés aux besoins des enfants. C'est ce qui nous a amenés
à élaborer ce projet de loi que nous vous présentons aujourd'hui.
Pour
qu'il soit exhaustif et qu'il réponde aux besoins tant du ministère que des
gens du milieu, nous avons entendu plusieurs organismes, intervenants en
consultations particulières et nous avons partagé avec eux des discussions, des
commentaires et des recommandations. Je veux
d'ailleurs les remercier pour leur franchise, la franchise dans leurs propos,
la justesse de leurs propos et la qualité
des documents qu'ils nous ont soumis. Nous avons eu des discussions stimulantes
et constructives qui ont apporté un
éclairage précieux pour la suite de nos travaux. Nous allons évaluer les
recommandations avec beaucoup d'ouverture, tout en gardant en tête
l'objectif fondamental de ce projet de loi.
Je suis fière,
aujourd'hui, de porter à votre attention les principales mesures que l'on veut
mettre en place. Assurer une prise en charge
rapide des situations où la santé, la sécurité et le bien-être des enfants
peuvent être compromis. On pense notamment à l'adoption de nouvelles
mesures et de suivis pour la gestion des comportements et des attitudes inappropriés des prestataires ou des membres du
personnel des services de garde. On veut se doter de nouveaux leviers pour
rehausser l'intégrité des titulaires de permis, des administrateurs et des
actionnaires. On veut se doter aussi de leviers supplémentaires pour accroître
l'agilité de notre réseau afin de mieux répondre aux besoins de garde des
parents.
Concrètement,
ce projet de loi permettra au ministère d'obtenir certains pouvoirs pour mieux
intervenir en cas d'urgence. On pense, par exemple, à ordonner l'évacuation
immédiate d'une installation ou de procéder à la suspension ou à la révocation
d'un permis sans avis préalable dans certaines situations d'urgence et là où
c'est nécessaire pour protéger nos enfants,
de resserrer, en concordance avec d'autres législations québécoises, les
conditions d'obtention d'un permis et les motifs permettant de les suspendre ou de les révoquer, d'ajouter des
pénalités administratives en lien avec la sécurité des enfants et la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance ainsi que l'obligation pour un titulaire de permis de
suspendre immédiatement un membre de son personnel dans certains cas
bien précis et exceptionnels, d'harmoniser, dans la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, l'encadrement et la
vérification d'absence d'empêchement et d'ajouter de nouvelles dispositions pour clarifier le
fonctionnement en plus d'accroître le rôle du comité d'examen des empêchements,
et finalement d'offrir la chance à plus d'organismes
communautaires à but non lucratif de mettre en place des services de
garde occasionnels, toujours pour mieux répondre aux besoins de nos familles.
Je
ne le répéterai jamais assez, la santé, la sécurité et le bien-être des enfants
sont une priorité de notre gouvernement. Les mesures proposées dans le projet de loi viennent justement le
démontrer une fois de plus. La très grande majorité des services de garde sont des lieux sécuritaires. Les
parents peuvent, en toute confiance, être rassurés de la qualité des services
offerts par les directions, par les
éducatrices, dévouées et compétentes. Notre responsabilité est cependant de
gérer les exceptions où, malheureusement, des gestes ou des comportements
inappropriés doivent être corrigés, interdits, voire même punis. Pour que
les... Quand il y a des situations particulières, nous devons avoir des mesures
particulières pour les régler.
Je
vous invite donc, chers collègues, à adopter le principe du projet de loi et
ainsi permettre que nous procédions à l'étude détaillée, article par article,
dans le même esprit d'ouverture et de saine collaboration. Je suis convaincue
que nous pourrons ensemble adopter un projet de loi qui sera bénéfique
pour la santé et la sécurité et le développement de nos tout-petits dans les
services éducatifs du Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre de la Famille. Je
suis maintenant prêt à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Vous allez me permettre, dans mes remarques principales, de faire mention aujourd'hui... c'est tout le Québec qui se
souvient du triste drame qui est survenu à la garderie Sainte-Rose il fait
maintenant un an. Alors, mon coeur est avec Jacob, avec Maëva, avec leurs
proches, ainsi qu'avec chaque enfant, leurs familles,
les membres du personnel de la garderie, toute la communauté qui a été touchée,
ainsi que les premiers répondants qui étaient les premiers sur la scène
lors de cette tragédie qui a eu lieu aujourd'hui il y a un an. C'est quelque
chose, évidemment, que... Il faut toujours
avoir un souvenir que la vie est précieuse. Puis, quand la ministre parle de la
sécurité de nos enfants, bien, c'est
dans ces cas-ci que je pense qu'on doit avoir un souvenir de comment c'est
essentiel et précieux, aussi des
difficultés de santé mentale que nous sommes confrontés, mais toutes les
éducatrices qui se sont levées ce matin pour aller travailler n'ont jamais pensé d'être victimes de cette tragédie
puis ce type de drame. Alors, mon coeur, puis, je sais, probablement
tous les élus qui sont ici aujourd'hui, on est avec vous.
Ce qui nous
amène à en débattre pour l'adoption du principe du projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration de la protection des enfants dans les services de garde
éducatifs. C'est un plaisir pour moi
de vous adresser, M. le Président, au nom de ma formation politique, en ce qui
concerne ce projet de loi, qui est fort intéressant. Alors, nous allons être en
faveur de l'adoption du principe du projet de loi. Puis je rejoins la ministre
dans ses remarques en disant que notre réseau est sécuritaire. Notre réseau de services de garde
éducatifs à l'enfance fait l'envie du monde entier, puis on voit le Canada qui
essaie de nous suivre parce que le Québec,
nous sommes des précurseurs en ce qui concerne les services aussi de nos
enfants.
Alors, j'espère qu'on partage tous nos bons
coups parce que c'est bien d'être des précurseurs, mais on souhaite le bien-être de tous les enfants. Alors, je suis
fière de notre réseau. Mais c'est vrai, c'est un projet de loi qui vient régler
les exceptions. Il y a toujours des
exceptions à la règle. Alors, la ministre peut compter sur notre collaboration
constructive en ce qui concerne le débat de ce projet de loi.
• (12 h 30) •
Puis
évidemment je remercie tous les groupes qui se sont passés en consultations
particulières, qui ont beaucoup alimenté
notre discussion puis les débats, les questions qui vont beaucoup nous aider
lors de l'étude détaillée de ce projet de
loi pour s'assurer la bonification de ce projet de loi. Je dis chaque fois, M.
le Président, vous avez déjà entendu ces remarques quand je parle d'un projet de loi, au moment qu'un
projet de loi est déposé à l'Assemblée nationale, ça n'appartient plus
au gouvernement, ça appartient aux citoyens et citoyennes du Québec, quelque
chose que j'ai appris de Lise Thériault, l'ancienne
députée d'Anjou—Louis-Riel.
Alors, quand on fait un débat, on fait un débat au nom de tous nos citoyens,
et, pour être des bonnes
porte-parole, il faut vraiment être à l'écoute des gens qui nous alimentent en
consultations particulières. Alors,
on prend beaucoup en considération toutes les recommandations, tous les
mémoires aussi, ceux qui ont été déposés pour des gens qui ne se sont pas présentés en consultations, c'est
grandement apprécié. Je veux aussi remercier ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce, qui m'accompagne dans le
débat de ce projet de loi. Elle a des suggestions très constructives. Elle
est maman d'un enfant qui, présentement,
fréquente un CPE, alors elle a beaucoup de recommandations. Ça fait que son
aide est précieuse lors du débat puis la bonification de ce projet de loi.
Ce n'est pas
un gros projet de loi, 53 articles. C'est hypertechnique, puis,
étrangement, il n'y a aucune revue de presse.
La seule revue de presse en ce qui concerne ce projet de loi, c'était le
communiqué de presse de la ministre pour annoncer le dépôt de ce projet
de loi.
Alors, les remarques, j'espère, vont peut-être
engendrer un peu d'intérêt en ce qui concerne ce projet de loi, parce que, oui, c'est vrai, c'est technique, puis,
oui, c'est vrai, on va gérer des exceptions, mais ça reste que c'est quand même
des mesures qui vont être intéressantes puis ça représente un changement. J'ai
été là, dans la dernière législature, lors de
réformes des services de garde éducatifs à l'enfance où on a même changé le nom
pour, à l'époque, le projet de loi n° 1, ça fait que je vois... C'est comme des éléments que nous avons manqués
lors du débat de ce projet de loi, qui était quand même gros à l'époque.
Vous ne serez
pas surpris, M. le Président, qu'évidemment il faut que je fasse mention qu'il
y a quelques éléments... des groupes
ont soulevé. Ce n'est pas nécessairement ce qu'il est écrit dans ce projet de
loi, mais c'est la vitesse en l'application du projet de loi qui soulève
des préoccupations. Ils ont dit... Malgré que la ministre a dit qu'il y avait
une consultation qui a été faite, il y a
beaucoup de groupes qui nous ont dit qu'il n'y avait pas assez de consultations
ou qu'ils n'étaient pas consultés en ce qui concerne les mesures à
l'intérieur de ce projet de loi. Alors, j'espère qu'on va prendre notre temps, quand nous allons en débattre, pour s'assurer
qu'on prend en considération tous les points de vue des groupes qui seront
affectés.
Je dois aussi
faire mention que tout ce qu'on fait ici, à l'intérieur de ce projet de loi,
c'est pour améliorer la protection des
enfants, oui, mais il n'y a aucune mention, évidemment, de la qualité en ce qui
concerne la qualification de nos éducatrices et éducateurs qui oeuvrent au sein du réseau des services de garde
éducatifs à l'enfance. C'est quelque chose que j'ai mentionné à maintes reprises
lors des auditions particulières. Pourquoi? Parce que le ratio, on sait, déjà,
il est trop bas en termes de qualification.
Puis la qualification, M. le Président, la formation, c'est le nerf de la
guerre. On souhaite avoir une main-d'oeuvre qualifiée. On ne veut pas niveler
vers le bas. On veut augmenter la qualité des services qui sont offerts dans
notre réseau.
C'est très
important, parce que la qualification demeure un moyen d'améliorer la
protection des enfants... principal. Il
y a plusieurs groupes qui l'ont souhaité. On sait que, pendant la pandémie, en
2019, c'est là où le gouvernement a pris la décision de baisser le
ratio, parce qu'on faisait face à beaucoup de difficultés. Ça fait que c'était
comprenable. Ça fait que, là, le ratio est actuellement
un sur deux, mais il avait quand même pris un engagement, lors... mars 2024, de
rehausser le ratio où c'était
auparavant, à deux sur trois. Là, malheureusement, cette date a été repoussée
jusqu'en mars 2027. Alors, c'est une
très longue attente à avoir de la main-d'oeuvre qualifiée au sein de notre
réseau, hein, puis c'est quelque chose qui est très important.
Il y a eu aussi beaucoup
de discussions en ce qui concerne le guide de prévention. Ça aussi, je pense
que ça augure bien, parce que plusieurs
groupes ont dit qu'ils souhaitaient contribuer à une réévaluation puis une mise
à l'oeuvre d'une nouvelle version du
guide de prévention en ce qui concerne des actes qui pourraient être considérés
comme répréhensibles.
C'est un
projet de loi, comme j'avais dit... est très technique, puis je pourrais
élaborer. Écoute, il y a énormément d'éléments
qui sont touchés dans ce projet de loi de seulement 53 articles. Mais je
pense que j'irai plutôt sur c'est quoi, les principales difficultés qui ont été énumérées, et c'est quoi, les
propositions, à l'intérieur du projet de loi, pour combattre ces
difficultés.
Alors, dans
le projet de loi, on propose une intervention en cas d'urgence. Ça fait que ça
veut dire qu'on va avoir des
inspecteurs, des enquêteurs qui vont pouvoir ordonner l'évacuation immédiate
d'une installation ou une partie de celle-ci s'il y a un cas raisonnable, évidemment, un cas d'urgence, comme par
exemple santé et sécurité, le bien-être des enfants, où ça pourrait être gravement compromis. Je peux
donner des exemples comme insalubrité, structurels, température
inadéquate, etc.
Ça fait que ça, ça fait partie des raisons où le
gouvernement ou la ministre a besoin d'avoir ce changement. Pourquoi? Parce
que, présentement, ce pouvoir cible seulement les aires de jeux. Alors, ça ne
permet pas au ministère d'ordonner une
évacuation dans le cas d'une situation... Ça fait qu'on est favorable à donner
ce type de pouvoir. Je pense que
c'est important, sauf que je pense qu'on a besoin d'avoir des explications et
une bonification en
termes de définitions, parce que, dans la loi, ce qui est complexe,
c'est... puis c'est toujours comme ça, c'est toujours des termes qui sont très
larges, dans la mesure du possible,
partout dans le Code civil. Mais «gravement compromis», «danger imminent»,
qu'est-ce que ça veut dire? Ça va
être très important, parce que, quand on se donne ce pouvoir qui est très
important, on comprend qu'à chaque
fois qu'on veut invoquer ce pouvoir on va avoir des parents, de côté, qui vont
avoir un manque de place, etc. Alors, ça va être important que ceci soit
clarifié.
On parle
aussi de la condition d'obtention et de conservation de permis. Je n'irai pas
en détail pour celle-ci, mais il y a
aussi les mesures de prévention, de la sécurité des enfants. Ça, c'est
important, évidemment. Le projet de loi souhaite renforcer les mesures de prévention et propose d'inscrire une obligation
des titulaires de permis de suspendre immédiatement tout membre de son personnel dans les cas très
précis, comme, par exemple, s'il y a un appel de la DPJ. Encore une fois, on
comprend très bien le souhait et le désir de
poursuivre. Pourquoi? Parce que, présentement, il ne faut jamais oublier,
hein... puis il y a beaucoup de gens,
je pense, qui ne comprennent pas la complexité qu'on fait face quand on parle
de notre réseau. Les employés qui oeuvrent au sein de notre réseau de
services de garde éducatifs à l'enfance ne sont pas des employés de l'État. Alors, il y a quand même cette
particularité, ça fait que cette difficulté d'agir, on peut agir en ce qui
concerne les directeurs, directrices, les détenteurs de permis. Mais je
comprends la nécessité de vouloir agir quand on parle de la protection et sécurité de nos enfants, encore une
fois, dans les exceptions, dans les rares cas. Alors, on a besoin de mettre ça
à l'intérieur du cadre de la loi. Ça fait que ça, c'est important.
Mais
évidemment ça soulève des préoccupations puis des craintes des groupes qui
représentent les employés qui oeuvrent au sein du réseau. Comment allons-nous
poursuivre? Est-ce qu'ils vont avoir la possibilité d'en discuter puis de se défendre? Si on suspend quelqu'un, c'est qui
qui va subventionner ce délai? Puis je sais qu'on avait une bonne écoute
autour de la table, puis ça va être une
question de discuter des solutions, puis c'est quoi, les orientations du
gouvernement. On va avoir des règlements qui seront adoptés, hein? Ça
fait que c'est sûr, lors de l'étude détaillée, je vais demander c'est quoi, les orientations, puis je pense que ce
serait bien d'avoir cette clarté puis cette transparence, lors de nos débats,
en ce qui concerne ce projet de loi, parce
que c'est quand même un changement important pour le réseau, puis il mérite
d'avoir ce type de réponse en ce qui concerne qu'est-ce que le gouvernement
souhaite faire en termes d'accompagnement en ce qui concerne ce changement.
Il y a
évidemment autre chose, on parle de la protection contre les représailles.
Protection contre les représailles, c'est quelque chose qui existe déjà, mais
ce n'est pas nécessairement quelque chose qui est répandu à travers tout
le réseau. Ça fait que, quand on parle, par
exemple, du milieu familial, c'est un peu différent, ce réseau. Alors, c'est
une extension de ces protections. Il
est proposé, évidemment, que toute personne qui, de bonne foi, a adressé une
plainte à la ministre ou qui collabore à une inspection ou une enquête
menée par la ministre devrait avoir cette mesure de protection, qu'on ne peut
pas menacer, par contre, si c'est un parent qui place une plainte... on ne peut
pas menacer ce parent que vous allez perdre
votre place, par exemple, il faut avoir un accompagnement. C'est quelque chose
qui a une lacune un peu... un peu, présentement,
parce que, présentement, puisque les parents fréquentent une garderie dont les
services de garde ne sont pas subventionnés,
comme j'ai mentionné, ou dans un milieu familial, ils ne sont pas visés par
cette protection. Alors, c'est un élargissement de protection qui augure
bien. C'est une bonne chose. Ça fait qu'on salue aussi cette modification.
• (12 h 40) •
On a beaucoup,
beaucoup, beaucoup parlé de vérifications, d'absences, d'empêchements.
Pourquoi? Parce qu'évidemment on va
avoir un élargissement en ce qui concerne l'application de ces vérifications,
en supplément aussi des antécédents judiciaires. Puis c'est important de
le noter, parce qu'on a aussi deux autres projets de loi qui roulent, ici, à l'Assemblée, ceux au sein du réseau du sport,
qui parle aussi des vérifications d'antécédents judiciaires, ainsi que dans
le réseau scolaire, où on parle aussi de la
protection de nos jeunes, qui comprend aussi ce type de vérifications. Ça fait
que ça engendre aussi un peu de préoccupations.
J'étais très
contente de voir la Sûreté du Québec qui ont passé en audition pour nous
alimenter, un peu, de leurs façons de
faire, parce qu'on comprend qu'ils vont avoir une demande beaucoup plus
importante, maintenant, auprès de leurs services ainsi que les services aux municipalités. Parce que, si on n'est pas
desservis par le territoire de la SQ, bien là, c'est les services de
municipalités qui vont fournir les documents puis tous les services en ce qui
concerne les vérifications d'absence d'empêchement
et les vérifications d'antécédents judiciaires. Alors, on a cette préoccupation
de... Est-ce qu'on a assez de main-d'oeuvre? Comment allons-nous
poursuivre avec ces demandes, surtout que maintenant on va mettre encore plus d'emphase dans la loi, ça
fait que ça va être important, puis parce qu'on va élargir les personnes qui
vont être assujetties à ce type de
vérification? Parce qu'auparavant on parlait du personnel qui oeuvre au sein,
mais là on parle aussi des gens qui offrent des services, des gens qui
travaillent à temps partiel, par exemple.
On parle aussi des personnes qui sont ici, des
immigrants qui viennent ici, qui oeuvrent au sein de notre réseau. On a plusieurs personnes qui viennent à la...
répondre de l'aide de remplir le poste d'éducatrice ou éducateur dans notre
service. Puis ils sont arrivés au Canada. Il
y a des modalités particulières qui sont prévues, en complément des
vérifications effectuées avec le
gouvernement fédéral, pour ces personnes, que c'est pris en compte ici, dans ce
projet de loi. Parce qu'on est ici
moins de 12 mois, c'est plus complexe, il faut faire d'autres types de
vérifications. Si on est ici plus de 12 mois, bien, ils seront assujettis
à une vérification d'empêchement... d'absence d'empêchement. Mais ça reste
qu'il faut prendre ça en considération
puis développer un lien, évidemment, avec le gouvernement fédéral pour
effectuer ce type de vérification. Ça fait que c'est une responsabilité
qui est partagée.
On a beaucoup entendu des groupes qui ont passé,
M. le Président, en ce qui concerne les VAE, parce que ça va être plus facile
d'utiliser un acronyme pour ce type de vérification, parce que c'est vraiment à
coût variable. Tout dépendamment... le
territoire, les délais pour recevoir votre document suite à une vérification,
ça peut être deux semaines comme ça
peut être un an. On a entendu trois mois. On a entendu huit mois. Alors, ce
serait bien qu'on ait une standardisation, une harmonisation, quelque
chose qui est aussi pris en compte en ce qui concerne la mise en oeuvre des
dispositions réglementaires de qu'est-ce que nous allons regarder en termes de
ces vérifications. Parce que, c'est vrai, il y a plusieurs personnes, non seulement les installations,
souvent, qui sont pris en otage pour ceci, parce que, si on est en attente,
bien, la personne ne peut pas oeuvrer
au sein de l'installation. Ça fait que... Est-ce qu'on va mettre en place
une assermentation, par exemple, pour
pallier cette différence ainsi que pour les personnes qui sont ici de moins de
12 mois? Est-ce que c'est de cette façon que nous allons pallier la
différence puis le manque en termes d'information? Ça se peut. Mais ça reste
que c'est des mesures que, je pense,
soulèvent beaucoup de craintes parce qu'aussi... parce que c'est à coût
variable en termes de délais. Ce
n'est aussi pas toutes les mêmes façons, les mêmes informations, ça fait que
les groupes souhaitent évidemment avoir accès à se défendre, à partager
leurs points de vue.
Ça fait que
je trouve que c'est bien qu'à l'intérieur du projet de loi on parle de
l'instauration d'un comité, un comité qui sera en place pour valider les empêchements,
puis ça va aider aussi des personnes qui oeuvrent au sein des installations,
qui se retrouvent en conflit d'intérêts, qui ne devront pas statuer, alors ça
irait à un comité neutre. Mais la composition de
ce comité, je pense que ça reste à en faire le débat, rendu à ces articles dans
la loi, parce qu'on a entendu plusieurs gens qui souhaitent faire
partie, puis il y a beaucoup de recommandations que nous avons entendues des
groupes en ce qui concerne la composition,
entre autres les groupes qui représentent les communautés autochtones, Premières Nations, qui souhaitent avoir leur propre comité, alors, en espérant qu'on
aura une ouverture pour ceci.
Il y avait
aussi des discussions en ce qui concerne l'administration des médicaments non prescrits.
Actuellement, comme vous pouvez
imaginer, M. le Président, avec l'approbation parentale, certes, si votre
enfant est dans une installation puis
fait une fièvre, bien, on souhaite, avec l'approbation du parent, le
consentement qu'on peut administrer de l'acétaminophène, par exemple, ou bien crème solaire, ou bien un
insecticide pour éviter des morsures de bibittes, voilà. Alors... mais on
souhaite l'élargir parce qu'on comprend qu'il y a quand même une évolution dans
notre société, on utilise de plus en plus des produits naturels. On peut penser à un bébé qui fait ses
dents. Plusieurs parents vont utiliser le Camilia, par exemple, pour soulager
la douleur, mais ça, c'est quelque
chose qui n'est pas présentement
prescrit puis inclus. Alors, on parle d'un élargissement puis aussi une souplesse, avec, certes, la
compréhension que ça va être encadré, pour faire un accompagnement pour
s'assurer que les parents, oui, sont écoutés puis que les services de
garde éducatifs à l'enfance sont aussi protégés.
On a aussi entendu le souhait de... le réseau
qui représente les communautés autochtones d'inclure les remèdes traditionnels. Ils ont fait cette représentation,
ça fait aussi partie de leur mémoire. Ça fait que nous allons faire une
recherche pour voir comment c'est traité au niveau fédéral, parce que c'est
quelque chose qui existe déjà. Puis on comprend la spécificité dans leurs communautés de rejoindre leurs besoins,
hein, puis leurs techniques de soigner leurs enfants. Ça fait que, dans la mesure du possible, si on... nous pouvons
rejoindre cette demande, bien, je trouve que ça augure bien. Puis nous serons
très favorables à ceci.
Il y a
l'encadrement des ententes de services puis il y a les organismes pouvant
offrir des services en halte-garderie. Chose
aussi, je trouve, la souplesse est une bonne chose, parce qu'on voit comment
nos familles évoluent ici. Ça fait que ce
n'est pas tout le monde qui a besoin d'avoir un cinq jours par semaine. Je peux
même penser à mes deux collègues qui ont
un enfant, qui utilisent la halte-garderie ici, à l'Assemblée nationale, et qui
fréquentent aussi un CPE, dans... proche de leur résidence. Alors, cette flexibilité, je pense que c'est une bonne
chose, surtout qu'on sait que le nerf de la guerre aussi, c'est l'ouverture des
places. Ça fait que, si on peut ouvrir des places puis offrir cette souplesse
pour des gens qui en ont besoin à des... un horaire atypique, bien,
c'est une bonne chose.
Puis, en
parlant des horaires atypiques, l'autre souplesse que je trouve aussi est une
bonne chose, c'est l'utilisation de garde non usuelle en dehors des heures de
services de garde en milieu scolaire, soit la nuit ou le soir, d'avoir une
flexibilité pour les âges. Parce qu'on reconnaît qu'il y a quand même des
parents avec un enfant qui est à l'âge pour fréquenter un service de garde, mettons quatre ans, mais ils ont
peut-être aussi un enfant de sept ans. Alors, un enfant serait éligible, mais
pas l'autre. Alors, c'est une flexibilité que je trouve aussi est bien pour
soutenir nos parents.
Je continue,
M. le Président. Quand on parle de... aussi, on a jasé beaucoup des
petits-enfants au sein du milieu familial. Pourquoi? Parce qu'on sait que, souvent, c'est dans notre résidence, on
a nos propres enfants qui vont arriver peut-être après les heures d'école, mais
on a déjà à charge des enfants. Alors, c'est quelque chose qui est déjà
prescrit dans la loi, mais pas pour
les grands-parents. Ça fait que, maintenant, ça va être plus clair pour les
grands-parents, quelles règles seront applicables pour eux. Parce qu'on a des grands-parents aussi
qui offrent des services de garde dans le milieu familial. Alors, on va avoir
des règles, puis ça va être plus clair pour eux c'est quoi, la loi, puis
comment ils devront se conformer.
J'ai
parlé un peu de la réalité autochtone. Je les remercie beaucoup pour leur
mémoire puis leur présentation. C'était très instructif. Puis ce qu'ils nous
ont dit, c'est... Actuellement, ils font face à des difficultés en ce qui
concerne maternelles quatre ans. Ils ont des
maternelles quatre ans sur leurs territoires, mais ça reste qu'ils n'ont pas
nécessairement accès à des services
de garde après les heures d'école. Il y a un manque de personnel, il y a un
manque de demandes, par exemple.
Alors, ce qu'ils souhaitent, c'est une flexibilité pour les âges, chose que je
comprends très bien. Ce qu'on veut, c'est
du sur-mesure et pas du mur-à-mur en ce qui concerne les besoins. Alors,
j'espère que, ça aussi, ce sera adressé pour rejoindre leurs besoins. Ça fait qu'après les heures d'école un enfant
qui n'est pas à un âge pour fréquenter un service de garde va pouvoir quand même continuer à fréquenter
pour aider les parents à rester sur le marché de travail puis être dans
un milieu sécuritaire.
• (12 h 50) •
On
a aussi parlé beaucoup de formation, M. le Président. Il y a eu beaucoup de
recommandations, beaucoup de gens qui souhaitent partager puis faire
partie du développement d'un programme de formation. Pourquoi? Parce que, présentement, la loi ne prévoit pas d'habilitation
pour encadrer davantage la formation initiale pour le réseau de services
de garde à l'enfance en milieu familial,
alors, bref, que le ministère peut mettre en place puis donner accès à des
formations. Mais il ne peut pas
contrôler, nécessairement, les personnes pouvant le dispenser, ce qui fait en
sorte que les formations sont à... variables de qualité. Alors, on souhaite
mettre quelque chose en place qui va harmoniser, qu'ils vont avoir quelque
chose de plus concret pour s'assurer
que tout le monde suit la même formation, encore une fois, avec le but de
s'assurer la santé et sécurité de nos
enfants. Je pense que c'est le topo le plus important, en ce qui concerne
les éléments que nous avons soulevés, comme le plus important puis le
plus intéressant.
Comme
j'ai dit, nous sommes très favorables en ce qui concerne les prochaines étapes
de ce projet de loi. Nous allons continuer à amener des amendements qui
vont être constructifs, on espère d'avoir une bonne écoute du gouvernement et de la ministre, parce que, comme j'ai dit, on
trouve que c'est bien. On trouve que c'est une continuation d'un bon travail
qui a été déjà fait au sein de notre réseau
puis on souhaite poursuivre en collaboration. Alors, merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui. Je reconnais Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir à mon tour de prendre la parole dans le cadre du discours
sur l'adoption du principe du projet loi
n° 46, Loi sur l'amélioration de
la protection des enfants dans les services de garde éducatifs.
Évidemment,
en plus de mon rôle législatif en tant que députée, il est certain que j'ai un
intérêt tout particulier pour ce projet de loi en tant que mère de famille,
comme a mentionné ma collègue, ayant de nombreux services de garde
éducatifs à Notre-Dame-de-Grâce, mais aussi
j'ai moi-même eu recours à ceux-ci pour mes trois garçons, CPE, garderies
subventionnées, garderies non subventionnées, même milieux familiaux.
Avant
de continuer, j'aimerais reconnaître le travail exceptionnel de notre
porte-parole de l'opposition officielle en matière... en la matière famille, soit la députée de Westmount—Saint-Louis. D'ailleurs, c'est le comté voisin du mien au Grand Montréal.
«Go, NDG!»
Il est vrai que, ce
qu'a souligné ma collègue, à date, il n'y a pas eu beaucoup d'intérêt
médiatique concernant le dépôt du projet de
loi, mais, si je comprends bien, le projet de loi, en tant que tel, fait suite
à des reportages et des articles montrant
plusieurs enjeux sérieux au niveau de la gouvernance, de l'administration, et
des employés, et des états de lieux dans
le système. Il est donc évident que notre formation politique ne s'objectera
pas à des mesures visant à mieux encadrer la sécurité des enfants, ce sont nos... de nos tout-petits, ce sont ce
qu'on a de plus précieux, comme société, dans notre réseau.
Effectivement,
le projet de loi n° 41 dépose... qui a été déposé le 7 décembre
dernier par le ministre de la Famille, la
ministre, je devrais dire, pardon, de la Famille, modifie trois lois et deux
règlements. En résumé, si je comprends bien, il vise à mieux encadrer
les garderies, bien, les services, je devrais dire, afin de protéger tous nos
tout-petits au Québec. Il obligera notamment les propriétaires des services de
suspendre un employé qui met en danger la santé des enfants.
De
plus, le ministère pourra faire fermer un service insalubre ou dont les
installations sont dangereuses pour la sécurité
des tout-petits. Le projet de loi permettra de révoquer un permis de garderie
si un de ses administrateurs est déclaré coupable d'un acte criminel. On touche aussi... s'attaquer au phénomène
des prête-noms dans les milieux de garde. On souhaite également étendre la protection contre des représailles pour
les parents qui dénoncent des situations inacceptables dans le réseau,
dans les garderies non subventionnées en particulier.
Il
y a eu quand même des consultations particulières, comme a soulevé... a
souligné la ministre ainsi que ma collègue, et il y a eu 10 mémoires qui
ont été déposés, et 11 groupes qui sont venus en commission. Alors, je
tiens, à mon tour, de remercier l'ensemble des groupes, les organismes
et les experts qui sont venus présenter, en personne ou à distance,
virtuellement, leurs remarques, commentaires et/ou recommandations. Et c'était
vraiment intéressant, M. le Président, de
participer à la commission aux côtés de ma collègue et les collègues de la
banque ministérielle aussi, de les entendre, et ça va certainement permettre de bonifier ce projet de loi. On constate
que l'ensemble des groupes sont pour ce projet de loi, mais la grande
majorité d'entre eux vont tout de même émettre certaines réserves sur certains
éléments.
M.
le Président, étant députée de Notre-Dame-de-Grâce, j'ai eu l'opportunité à
plusieurs reprises de m'entretenir avec
des experts qui dirigent dans le milieu des CPE, mais aussi des garderies
subventionnées et non subventionnées... que des milieux familials... ou familiaux, devrais-je dire, dans ma
circonscription. Alors, je profite de cette occasion pour souligner leurs aspirations, leurs expériences et leurs préoccupations dans le contexte, oui, de ce projet de loi, mais aussi à ce stade d'adoption,
de façon... le système en général.
En
premier lieu, je pense que c'est primordial, on est toutes... tous et toutes
d'accord de mettre nos efforts sur la valorisation de cette profession,
qui s'avère très demandante physiquement, mentalement, émotionnellement. Comme eux m'avaient dit : «We're not there just to
play games», on travaille très fort, ça demande beaucoup. Les personnes qui
exercent cette profession prennent soin et éduquent notre future société.
Généralement,
le processus de vérification est perçu comme étant une bonne chose, mais les
délais administratifs demeurent un
enjeu important, ce qui occasionne des grands défis pour le recrutement
d'éducatrices ou éducateurs qualifiés. Le
défi d'un recrutement fait en sorte que les établissements ne peuvent combler
le manque de personnel, incluant le personnel qualifié pour enfants ayant des besoins particuliers. Par conséquent, la
sécurité peut être compromise parce qu'il n'y a pas assez d'éducatrices pour le nombre d'enfants dans
les groupes, dans certains groupes. C'est le feedback que je vous partage
selon... informel, selon mes discussions, ce
qui entraîne, par la suite, l'épuisement, des absences, des blessures, des pertes
de personnel. C'est ici que se situe le... un des soucis de la sécurité.
J'en profite
aussi pour mentionner qu'il a été porté à mon attention que les programmes de
formation des nouveaux employés
devraient être aussi offerts les soirs et les fins de semaine afin de permettre
aux nouveaux employés et les étudiants de
travailler les cinq jours, au besoin, par semaine dans les établissements de la
petite enfance, et non juste les deux ou trois jours, donc avoir cette
possibilité. Le roulement évidemment du personnel a un impact significatif pour
offrir une stabilité aux enfants... petits
enfants. L'enjeu principal demeure la qualité des professionnels et ainsi donc
la formation est clé. Puisque ces
services sont considérés... considérant comme des services essentiels, il faut
proactivement les renforcer à leurs conditions
de travail. De plus, nous allons surveiller de très près la nouvelle approche
concernant le fonctionnement, les détails sur la liste d'attente.
Alors, M. le
Président, même si nous, notre formation, nous allons appuyer le principe du
projet loi n° 46, notre... et je devrais soulever 46 et non pas 41, notre formation politique
relève quand même deux enjeux principaux : l'enjeu de la qualification
des éducatrices, qui demeure effectivement l'éléphant dans la pièce. Des
éducatrices qualifiées viennent aider à une
meilleure protection de nos enfants, mais rien n'aborde cette question dans le
projet de loi, ce n'est pas abordé.
C'est un
projet de loi très technique, notamment sur la question des VAE, comme a
souligné ma collègue. Alors donc,
c'est... on va aller dans les détails du technique. Pas à ce stade-ci dans mon
discours. Donc, en conclusion, je vais souligner
à nouveau que nous allons voter en faveur du principe du projet de loi
n° 46. Notre formation ne s'objectera pas à des mesures visant, évidemment, à mieux encadrer la sécurité de nos
enfants et de nos petits enfants dans notre réseau.
Toutefois, le
projet de loi passe à côté de l'essentiel, la formation des éducatrices. Non
seulement le gouvernement n'en parle pas autant dans le projet de loi,
mais il a aussi repoussé le retour du ratio de deux éducatrices qualifiées...
• (13 heures) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Pardon, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, il est 13 heures, je dois vous demander, à
cette étape-ci : Est-ce que vous avez complété votre intervention?
Mme McGraw : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
vous n'avez pas tout à fait complété votre intervention. Alors, vous pourrez
poursuivre votre intervention à la reprise du débat sur le présent sujet.
Débats de fin de séance
Alors, nous
en sommes maintenant... tel qu'il est indiqué précédemment, nous allons
maintenant procéder aux débats de fin
de séance. Et le premier débat portera sur une question adressée par Mme la
députée de D'Arcy-McGee à M. le ministre responsable des services
sociaux concernant le financement nécessaire pour les foyers de l'Arche.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de
cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Alors, je
vais, donc, céder la parole, pour sa première intervention de cinq minutes, à
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Financement des foyers
de l'Association des Arches du Québec
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci,
M. le Président. Donc, hier, j'ai posé une question au ministre à propos du
financement des foyers de l'Arche du Québec,
qui offrent de l'hébergement de longue durée pour les personnes avec une
déficience intellectuelle ou sur le
spectre de l'autisme. Ce que je n'ai pas eu le temps de préciser, c'est que,
par exemple, en moyenne, les maisons de L'Arche reçoivent 85 $ par
jour par résident, tandis qu'il y a d'autres hébergements qui offrent un hébergement similaire de longue durée pour une
clientèle similaire qui reçoivent 291 $ par jour. Donc, clairement, il y a
une disparité, et clairement, il n'y a pas de
standardisation du financement. Également, ce qu'on nous dit du côté des
arches, on dit : 85 $ par
jour en moyenne, parce qu'il y a une disparité régionale au niveau des CISSS et
des CIUSSS, qui offrent différents
montants. Donc, encore une fois, un manque de formule standardisée pour le
financement pour de tels hébergements.
Les arches,
qui sont un organisme international, donc qui ont des foyers à travers le
monde, à travers le... à travers le
Canada, dans les autres provinces canadiennes, reçoivent entre trois et quatre
fois plus de financement par résident que ce qui est offert au Québec. D'autant plus, on sait qu'il y a des listes
d'attente pour des années pour que cette population-là trouve de l'hébergement
de longue durée. Et L'Arche nous dit qu'ils ont des chambres vides, ils ont des
chambres qui sont disponibles, mais qui sont vides en
raison d'un manque de financement pour embaucher du personnel. Donc, on
pourrait réduire les listes d'attente qui existent si le gouvernement était
prêt à financer L'Arche à la hauteur qu'ils méritent, dont leurs résidents méritent, pour s'assurer que
toutes les chambres qu'ils ont soient remplies et qu'ils soient remplis avec
des résidents plutôt que d'être vides comme ils sont présentement.
Encore
une fois, ce sont des personnes de tous les âges, mais il y a une population,
parmi les résidents, qui sont dans la soixantaine, qui ont 70 ans et plus,
qui n'ont soit plus de famille, qui soit ont des parents qui sont trop âgés
pour s'occuper d'eux. Donc, on se
demande qu'est-ce qui arriverait à cette population si jamais les maisons
étaient obligées de fermer pour
raison de manque de financement. Et ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'ils
prendraient des lits soit dans un CHSLD, qui n'est pas le milieu qui est
apte pour eux et dont les lits, dans un CHSLD, sont destinés pour une
population autre.
Et
ce que l'organisme réclame, et ce n'est pas juste au nom des foyers de L'Arche
du Québec, mais au nom de tous les hébergements de longue durée pour
cette population, est un programme de financement standardisé pour tous les organismes communautaires qui offrent de
l'hébergement de longue durée. Donc, encore une fois, leur demande n'est pas
uniquement pour faire face à leur réalité,
mais pour qu'il y ait une équité et une standardisation au niveau du
financement pour ces hébergements à travers le Québec.
On
nous dit également, le ministre a mentionné hier qu'ils sont en... son
ministère est en pourparlers avec l'organisme, mais l'organisme nous dit que ça fait deux ans que les pourparlers
existent et... existent et que ça n'aboutit pas, encore une fois, que le ministère les renvoie aux CISSS et
que les CISSS les renvoient au ministère. Donc, clairement, soit qu'on est...
il y a une incompréhension, de la part du
ministre, de la réalité des arches, parce que leur réalité fait en sorte qu'ils
ont dû justement faire un appel, un
cri de coeur. Il y avait un article, dans La Presse le 18 janvier,
titré Mourir plutôt que perdre sa maison. Donc, clairement,
ces personnes-là se sentent dans un état où ils sont oubliés, elles ne sont pas
considérées par le gouvernement à la
même hauteur que, par exemple, quelqu'un qui habite dans une résidence Véro
& Louis, qui reçoit 291 $ par jour par personne.
Donc,
ce qu'on demande et ce que les arches demandent, encore une fois, c'est qu'il y
ait un financement standardisé pour tous les hébergements similaires. Il ne
faut pas faire de distinction. Une personne qui a un problème... qui a une
déficience intellectuelle ou qui est sur le
spectre de l'autisme, qu'il soit dans la Côte-Nord, qu'il soit à Montréal,
qu'il soit en Montérégie, mérite
d'être traitée de la même façon. Et clairement ce n'est pas ce que le
gouvernement fait présentement.
Donc, pour s'assurer
que ces maisons et ces 35 personnes ne se retrouvent pas ailleurs sans
foyer, on demande au gouvernement de
s'asseoir avec les maisons de L'Arche du Québec pas seulement pour régler
l'enjeu qui existe avec cette
organisation-là, mais, encore une fois, pour un financement standardisé pour
tous les organismes communautaires et que tous les CISSS et les CIUSSS à travers le Québec offrent le même montant
pour les mêmes... le même hébergement pour cette population-là. Il y
a... une iniquité existe, et on voudrait voir... on voudrait le voir réglé.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et je cède maintenant la
parole, pour cinq minutes, à M. le ministre des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Ça me fait plaisir de discuter de
l'hébergement pour les personnes en
situation de handicap à travers le Québec. Commençons... La députée de
d'Arcy-McGee a soulevé plusieurs points.
Commençons par la situation de L'Arche Lanaudière, qui, je tiens à le préciser,
est la seule qui est financièrement à risque actuellement par rapport à
une fermeture cette année et qui... qui est celle qui m'a contacté directement.
Premièrement, la
raison de cet enjeu, c'est qu'eux, ils sont financés à la mission globale, M.
le Président, les différentes arches, et la
mission globale de cette institution est au niveau des activités de jour. Et
les arches, comparativement à... Celle de Lanaudière, comparativement
aux autres, ne reçoit que 208 000 $ par année, alors que, si on
compare avec l'Outaouais ou Montréal, c'est
plus 700 000 $ à 800 000 $ par année. Donc, c'est...
je comprends la situation. Et d'ailleurs j'ai décidé moi-même de combler avec des fonds discrétionnaires le
manque à gagner qu'il leur restait pour s'assurer qu'ils puissent finir
l'année financière sans difficulté et sans fermer. Donc, première chose.
Deuxième
chose... l'hébergement au Québec. Effectivement, il y a une grande variation
selon les projets. Mais ce débalancement,
qui a été créé quand la première Maison Véro et Louis a été annoncée,
d'ailleurs, par l'ancien gouvernement libéral,
où le financement était beaucoup plus élevé que ce qui a été fait
historiquement... puis nous, en bon gouvernement, on a continué de maintenir
les nouvelles installations qui ouvraient à un taux similaire à ce qui se
faisait avec la Maison Véro et Louis.
Et
ce qu'on est en train de faire actuellement, puis ça, j'ai demandé au directeur
de notre division DIDPTSA, c'est de
revoir et de développer une certaine équité interrégionale entre le financement
selon, évidemment, la gravité du handicap. Donc, ce qu'il faut comprendre, c'est que, dépendamment de la
population, disons, un jeune autiste avec un trouble grave du comportement, s'il y a une maisonnée où ce sont
des jeunes comme ça qui y habitent, le ratio supervision versus individu
peut varier, en général, autour de soit un
pour un ou même, des fois, deux pour un. Donc, ces établissements, évidemment,
seront beaucoup mieux financés si on compare, par exemple, à d'autres
établissements.
Nous,
par exemple, on a beaucoup poussé sur le logement supervisé avec... pour
favoriser l'autonomie des gens qui sont
dans ces maisons-là, leur permettre d'aller travailler le jour, etc., et là on
a plus souvent des ratios d'une sur 10, une sur 20, personne qui supervise. Donc, la variation est très grande. Et
nous, ce qu'on essaie d'établir, c'est vraiment un registre ou une grille tarifaire qui va permettre d'avoir
une certaine équité selon la sévérité des handicaps que vivent ces personnes-là
et évidemment selon les régions. Parce qu'on
peut comprendre que le loyer peut varier d'une région à l'autre ou la création
d'un édifice peut varier d'une région à l'autre. Donc, on travaille sur ce
modèle-là, qu'on veut déployer par la suite, et progressivement équilibrer les
choses, là, à travers le Québec. Ça, c'est très important pour nous.
• (13 h 10) •
Troisième
point, les arches à travers le Québec, par rapport au reste du Canada et de
l'Amérique. Nous, ce qu'on a indiqué
aux arches, là, c'est que... réglons ce qui est en danger de fermer. M. le
Président, on est à la fin de l'année budgétaire, là, donc,
c'est... moi, je... Le ministre des
Finances nous appuie grandement, mais
il est en train de préparer le budget de l'an prochain actuellement, on
s'entend, donc c'est sûr qu'on ne peut pas remodifier les choses si rapidement.
On a éteint l'urgent, mais on va regarder la
façon dont ils sont financés par rapport au nombre de résidents puis à la
sévérité des résidents et on s'ajustera selon les besoins.
Bon, le
dernier point qu'elle a soulevé, la députée, c'est : Qu'est-ce qui arrive
si ça ferme? Moi, c'est sûr que j'ai dit
une chose aux différents CISSS et CIUSSS : Arrangez-vous pour qu'ils
soient dans un milieu adéquat. Si c'est un milieu institutionnel, oui, il y a des CHSLD, mais il y a
encore plus. On est en train d'ouvrir plusieurs maisons alternatives, comme
j'ai discuté hier. Au départ, le projet des maisons des aînés n'incluait que
100 places pour la population jeune adulte ou... maintenant, on parle de 1 000 places à
travers le Québec, de personnes en situation de handicap dans des maisons
alternatives qui ont vraiment... qui ont vraiment un environnement
idéal.
Donc, on va tout faire pour s'arranger, M. le
Président, mais je suis confiant pour la suite des choses.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, je cède
donc la parole, pour un droit de réplique de deux minutes, à Mme la
députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass (réplique)
Mme
Prass : Merci, M. le Président. Le ministre vient de dire
que, s'il y a une fermeture, les CIUSSS vont s'assurer que les résidents sont placés dans des milieux
adéquats. Par contre, ces milieux qui existent sont déjà destinés à des personnes
qui sont sur des listes d'attente. En
fermant... En permettant de fermer... La fermeture d'une maison des Arches,
c'est une ressource de moins à un
moment de... à un moment où les listes d'attente sont pour des années. Donc,
c'est quatre 0,25 $ pour
1 $, ce n'est pas de les enlever d'un lit puis de les mettre dans un autre
lit, c'est de les permettre de rester où ils sont et qu'il y ait une
pérennité pour la survie de ces maisons-là.
Un financement standardisé, le ministre dit
qu'il en parle avec son cabinet, mais ce n'est pas pour... ce n'est pas pour demain, c'est pour aujourd'hui, parce
que, peut-être, celui de Lanaudière, il y a une fermeture potentielle cette année, mais, d'après l'Association des Arches, il
y a la fermeture potentielle des 24 maisons dans les prochaines deux
années. Donc, on ne peut pas faire ça à la pièce. Il faut regarder ça de
façon globale. Et c'est une ressource qui est indispensable pour ces familles et ces personnes-là. Encore une
fois, de dire : Bien, si ça ferme, on va juste les mettre ailleurs...
Déjà, nous n'avons pas assez de lits. Nous n'avons pas assez
d'hébergement de longue durée pour les personnes avec un handicap. Donc, ce n'est pas question de les prendre dans un
endroit et de les mettre ailleurs, c'est question d'en rajouter plus et de
s'assurer de la... de ceux qui existent présentement.
J'espère que
votre collègue le ministre des Finances lors de son annonce du budget,
prochainement, va prendre tout ça en
compte, qu'une formule ou une proposition de financement standardisé sera
présentée à ce moment-là, parce que ce sont
des vies, ce sont des êtres humains qui n'ont pas de choix, qui n'ont pas
nécessairement des choix à faire pour eux-mêmes, encore moins pour essayer de
déterminer qu'est-ce qui va arriver à leur fin de vie. Donc, j'espère qu'on
entendra, dans le budget de votre collègue, une réelle solution. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Alors, nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys à M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, en
remplacement de M. le ministre des Finances, concernant les prévisions
économiques jovialistes du ministre des Finances. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous cède la parole pour une durée de cinq
minutes.
Prévisions budgétaires du gouvernement
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, j'ai
posé deux questions globales au ministre des Finances tout à l'heure, durant
les affaires courantes, une était à savoir si ses prévisions jovialistes, ses
prévisions, encore, pour l'année 2023, tenaient, et l'autre,
c'était à propos d'une donnée très spécifique, qui était la productivité.
Donc, je vais
vous dire que, personnellement, j'ai trouvé ça un peu... un peu triste de ne
pas être capable d'avoir une réponse
précise sur une question qui était extrêmement précise, pour la simple et
unique raison que je comprends le jeu. On
a des statistiques qui sont relativement simples. La productivité, quelque
chose qui est mesuré de par la page G.7 du dépôt du budget du mois de mars dernier. On a les statistiques de la
mise à jour économique du mois de novembre dernier. On a ces statistiques-là, et c'est une page
simple. J'y ai fait référence. Les quatre dernières années, sous le
gouvernement de la CAQ, la productivité a été nulle, zéro, aucun gain de
productivité au Québec depuis les quatre dernières années.
Et, pour me
répondre à cette question, le ministre a décidé de me parler de plusieurs
autres statistiques, mais pas de celles-là.
Mais la page G.7... excusez, C.7, je n'avais pas mes lunettes, là, C.7 de
la mise à jour économique le dit : 2021... 2020, pardon, une augmentation de 0,04 %, 2021, une augmentation de
1,6 %, 2022, une baisse de 0,04 %, 2023, une baisse de
1,6 %. Total : zéro. Il n'y a pas de façon d'autre que de calculer
ça, là. L'école... On a tous appris à additionner.
Ça fait que, donc, on a parlé, à la place, le produit... pas le produit intérieur
brut, la dette nette. On a parlé du taux de chômage, que tout s'améliorait, que le nombre de postes vacants...
l'inflation, etc. Bien, j'ai sorti les statistiques. J'ai demandé à mon équipe. La
dette nette est stable. Le taux de chômage a augmenté. Le nombre de postes
vacants est relativement plus bas, 4,9 %. Le taux d'inflation le
plus haut au Canada à 4,5 %.
Il y a
plusieurs données. On peut jouer avec les... on peut jouer avec les
statistiques, on peut s'amuser à ne pas répondre à la question, on peut s'amuser à tourner alentour du pot, mais la
réalité, c'est qu'il y a eu zéro gain de productivité sous la CAQ depuis les quatre dernières années. Leur
chiffre le dit, les économistes en parlent, tout le monde semble être d'accord.
La première
question qui a été demandée au ministre des Finances, c'est de savoir :
Ses prévisions économiques pour
l'année 2023 au niveau de la croissance économique, donc on parle ici du
produit intérieur brut, vont-elles rester les mêmes, vont-elles être encore aussi optimistes, disons, ou va-t-il
s'adapter? Comme tous semblent être d'accord, après un deuxième trimestre négatif, un troisième trimestre
négatif, un quatrième trimestre qui a été affecté par, évidemment, la grève du secteur public, et donc fort probablement
encore une fois négatif, avec ça, O.K., sachant que le premier trimestre
a été peu positif, force est de constater
que l'année 2023 va sûrement se solder par quelque chose de négatif pour
l'année au complet.
À sa mise à
jour économique, le ministre des Finances dit encore que, pour
l'année 2023, on va avoir une hausse de 0,6 %. J'ai simplement
demandé : Est-ce que... est-ce que c'est encore le cas? Est-ce qu'on va
vraiment avoir une augmentation de
0,06 % pour l'année 2023? J'ai demandé plus général : Est-ce que
vos prévisions... vont-elles être encore... est-ce que vous allez les croire encore ou est-ce que vous allez
simplement passer à la prochaine étape, c'est-à-dire d'avouer que vous aviez eu
tort, comme la majorité des gens sont en train de dire en ce moment, à propos
des prévisions économistes de... économiques de la CAQ?
Donc, mon
point était simple, mais parler de choses spécifiques avec la CAQ, c'est comme
essayer d'attraper une truite dans une rivière sans canne à pêche, avec les
mains, c'est impossible. On a tout le temps... on dévie la question, on
passe à autre chose, on est en train de dire : Ah! mais ce n'est pas la
réponse que je veux donner, je vais parler plutôt du nombre de travailleurs, je vais parler du taux de chômage, je vais
parler d'autre chose. Il y a toujours moyen d'avoir l'air d'avoir réussi à faire quelque chose, mais,
spécifiquement par rapport au produit intérieur brut, les prévisions sont-elles
vraies, vont-elles rester, oui ou non? Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Et je cède la parole, en droit de réplique de cinq minutes, à
M. le ministre de la Cybersécurité et du... et du Numérique, pardon.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. J'apprécie beaucoup
l'exercice de style auquel vient de se livrer mon collègue de Marguerite-Bourgeoys. Par contre, je lui dirai, il y a un problème à
la base même de sa rhétorique, parce que le collègue allègue que le ministre fait des prévisions
économiques jovialistes, puis après ça il dit : J'en veux pour exemple...
je prends un élément, comme si tout le reste n'avait aucun impact. Or,
l'économie, en autant que je suis concerné, ne relève pas exclusivement de la productivité. Je ne suis pas
un économiste, mais il me semble qu'il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Or, quand le ministre des
Finances lui répond, bien, il lui répond sur l'économie en général, parce que
la question, la prémisse de base du député de Marguerite-Bourgeoys fait état
de prévisions jovialistes du ministre des Finances sur l'économie.
• (13 h 20) •
Et ce que le
ministre des Finances a fait, et ce que je vais faire, c'est de lui dire :
Il n'y a rien de jovialiste dans les prévisions,
il n'y a rien de jovialiste non plus dans ce que le gouvernement du Québec a
fait, dans les gestes qui ont été posés,
parce qu'on s'attaque à l'inflation. Ça fait partie de l'économie, il me
semble. On s'attaque aussi au marché de l'emploi, ça fait partie de l'économie aussi. On met en
place des mesures anti-inflation, ça fait partie de l'économie. On s'attaque à
la fiscalité, ça fait partie de l'économie.
Donc, M. le
Président, en tout respect pour le député de Marguerite-Bourgeoys, quand sa
prémisse de base, c'est de dire : Bien, vous avez des prévisions
jovialistes sur l'économie, et qu'on lui répond sur les différents éléments de
l'économie, de dire qu'on ne répond pas à sa question, ça m'apparaît être
nettement exagéré, je vais le dire comme ça.
Alors, sur
les prévisions qui seront à faire, bien, je lui demande d'être patient. Le
ministre des Finances va déposer bientôt le budget du Québec, dans
lequel il pourra prendre connaissance de l'ensemble des prévisions qui sont faites.
Mais je vais quand même, M. le Président, lui rappeler, et c'est ce que mon collègue le ministre des Finances a
fait, lui rappeler les mesures qui ont été mises en place pour s'assurer
que les prévisions économiques étaient réalisées.
Alors, M. le
Président, ce gouvernement... Et je veux juste aussi peut-être apporter une
autre précision, parce qu'à situation
comparable, donc, dans une situation économique difficile, l'ancien
gouvernement libéral a fait le choix de l'austérité. Or, là-dessus aussi, on pourrait avoir un débat, là, puis
pas sûr que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys aurait envie d'en discuter très longtemps, mais on a
coupé dans les services. Le ministre des Finances, ce gouvernement, n'a pas
fait ce choix-là. Le ministre des Finances, ce gouvernement, a fait un autre
choix. Quels autres choix a-t-il faits?
Bien, on a fait le choix de baisser les impôts
des Québécois, 9,3 milliards qu'on retourne dans les poches des Québécois. On a mis en place une mesure
anti-inflation. On limite l'augmentation des tarifs à 3 % pour s'assurer
que les Québécois n'ont pas de choc
tarifaire. Et je me souviens, M. le Président, parce que j'étais assis de
l'autre côté de la Chambre à cette
époque-là, que l'ancien gouvernement libéral ne s'est pas gêné pour imposer des
chocs tarifaires aux Québécois au moment
où l'économie était difficile. Donc, quand on parle de prévisions économiques
jovialistes, M. le Président, je pense que, de ce côté-là de la
Chambre... de l'autre côté de la Chambre, on n'a vraiment pas de leçon à
donner.
M.
le Président, on a aussi soutenu le portefeuille des Québécois. Pour s'assurer
que nos prévisions économiques n'étaient
pas jovialistes, on a fait en sorte d'aider les Québécois, et des mesures,
d'ailleurs, qui ont été dénoncées, notamment, par le député de Marguerite-Bourgeoys. On le sait,
il y a eu deux séries de chèques qui ont été envoyés aux contribuables québécois pour les soutenir dans cette période
économique plus difficile. Indexation du crédit d'impôt aux aînés, M. le Président,
on passe de 411 $, pour les aînés de 70 ans et plus, à
2 000 $.
Donc, il y a eu des
prévisions économiques. Il y a des gestes qui se sont... qui ont été posés en
fonction de ces prévisions économiques là.
Il y en aura d'autres au prochain budget. Je demande au député de
Marguerite-Bourgeoys d'être patient et d'attendre, comme tout le reste
des Québécois, le dépôt du prochain budget du Québec.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, je cède maintenant la parole, pour un
droit de réplique de deux minutes, à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
(réplique)
M. Beauchemin :
Merci beaucoup, M. le Président.
Écoutez, c'est relativement simple. 0,6 % était la prévision, et la question était à propos de la prévision du
produit intérieur brut. Tout le reste de la réponse, là, O.K., du ministre de
la Cybersécurité, là, tourne alentour
du pot. La question était à propos du produit intérieur brut. Il y a plusieurs
composantes, on est tous d'accord, mais le net, on est capables de parler de
façon résumée, de façon exécutive, le PIB préconisé par le ministre des
Finances est erroné.
Alors,
est-ce que le ministre a été capable de corriger le tir? Non. Est-ce qu'il a
été capable de faire autre chose? Non. On
est en train de nous dire comme quoi qu'ils font tout bien pour le
développement économique, mais la preuve est dans le pouding. Non, on ne fait pas bien pour le
développement économique au Québec avec la CAQ. La preuve, on est en récession
technique. La preuve, ils ont été incapables de stimuler l'économie.
M.
le Président, je m'excuse, mais la réponse n'est pas suffisante. Incapables de
corriger le tir, incapables de dire qu'ils
se sont trompés. Comment les Québécois peuvent faire confiance à ce
gouvernement-là quand ils ne sont même pas capables de répondre à une question
simple : Quelle est la nouvelle vision du produit intérieur brut pour
l'année 2023, pas celle qui s'en vient, là? La question était sur
cette année, pas l'an prochain. Incapables de répondre à la question.
M.
le Président, force est de constater que le contrôle... La chaîne a débarqué de
la bicyclette ici, là. On n'est plus capables de vraiment avoir une vision
globale de l'économie. Tu sais, il y a plusieurs composantes, je suis d'accord
avec ça, mais tous comprennent que le
cumul de tout ça donne le produit intérieur brut. Le produit intérieur brut
était la question. La question, elle
était simple : Quelle va être la révision? Quel a été le chiffre pour
l'année 2023? Incapable de me répondre, pêcheur sans canne à pêche
qui n'entend même pas les questions.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Et cela met fin aux
débats de fin de séance
Et je suspends nos travaux
jusqu'à 14 h 30. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à
13 h 26)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi à toutes et à tous. Donc, je vous invite à prendre place,
nous allons poursuivre nos travaux.
Projet
de loi n° 46
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Nous
en étions, au moment de la suspension, au débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 46, et je cède tout de suite la parole à
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée
McGraw (suite)
Mme McGraw :
Merci, M. le Président. J'étais justement à mes commentaires de conclusion.
Donc,
en conclusion, je voudrais souligner que nous, nous allons, notre formation,
voter en faveur du principe du projet de loi n° 46. C'est bien... c'est
sûr que notre formation politique ne s'objectera pas à des mesures visant à
mieux encadrer la sécurité, la santé et le bien-être de nos enfants et
de nos petits-enfants dans notre réseau. Toutefois, le projet de loi passe à côté de l'essentiel, c'est-à-dire
la formation des éducatrices. Non seulement le gouvernement n'en parle pas
dans le projet de loi, mais il a repoussé le
retour du ratio de deux éducatrices qualifiées sur trois à 2027, dans trois
ans. Si nous voulons des services de garde éducatifs sécuritaires, ça
passe par du personnel qualifié.
En
tant qu'opposition officielle, ma formation politique et moi, nous allons
participer de façon active, et sérieuse, et constructive à l'étude détaillée article par article de cette pièce
législative afin de la bonifier. La position des différents groupes
concernés par le projet de loi, en commission parlementaire, était primordiale
afin d'apporter les mesures, les amendements possibles pour bonifier ce projet
de loi. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que j'ai d'autres interventions?
Mise
aux voix
S'il
n'y a pas d'autre intervention, donc, le principe du projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration de la protection des
enfants dans les services de garde éducatifs, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des relations avec les citoyens
M. Caire :
Oui, M. le Président.
Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que
le projet de loi n° 46, Loi sur l'amélioration
de la protection des enfants dans les services de garde éducatifs, soit déféré
à la Commission des relations avec
les citoyens pour son étude détaillée et que la ministre de la Famille soit
membre de ladite commission pour la durée de ce mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire :
M. le Président, pourriez-vous appeler l'article 13 du feuilleton,
s'il vous plaît?
Projet
de loi n° 31
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée et des amendements transmis
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 13 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission de l'aménagement du territoire sur le projet de loi
n° 31, Loi modifiant diverses
dispositions législatives en matière
d'habitation, ainsi que les
amendements transmis en vertu de l'article 252 du règlement par Mme la
députée des Mille-Îles, M. le député
de Laurier-Dorion et M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Ces amendements
sont déclarés recevables.
Y a-t-il des
interventions sur ce rapport ainsi que sur ces amendements?
M. Caire :
M. le Président, est-ce que je
peux demander, avec le consentement des collègues, une courte suspension,
s'il vous plaît?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce que j'ai l'accord de tous les collègues
pour une suspension?
Nous allons donc
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14
h 34)
(Reprise à 14 h 36)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
nous étions à l'article 13 du feuilleton. Donc, on prend en considération
le rapport de la Commission de l'aménagement
du territoire sur le projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, ainsi que les amendements transmis en vertu de l'article 252 du
règlement par Mme la députée
des Mille-Îles, M. le député de Laurier-Dorion et M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. Ces amendements, disais-je, sont déclarés
recevables.
Donc, première
intervention sur ce rapport ainsi que les amendements, j'accueille Mme la
ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, M. le Président.
Alors, je suis heureuse que nous soyons rendus à l'étape de la prise en considération du rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire sur le projet de loi n° 31, Loi modifiant
diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Au fil de la démarche
législative, tous les groupes concernés ainsi que les partis d'opposition ont
eu l'occasion de nous soumettre leurs
commentaires et suggestions. C'est très important pour notre système
démocratique qu'ensemble nous participions aux
réflexions entourant les pièces législatives. Nous en sommes tous conscients.
Nous faisons face à une crise du logement qui ne date pas d'hier et dont les
causes sont multiples. Les défis en la matière ont évolué au fil du temps, comme dans la plupart des domaines.
Pour régler la crise du logement, on doit se doter d'un maximum d'outils,
et c'est ce que fait le projet de loi n° 31.
Dans
cette optique, tous les partenaires, dont notre gouvernement, doivent unir
leurs forces, leurs ressources et leurs compétences pour améliorer la situation. Il n'y a pas de solutions
magiques qui peuvent tout régler du jour au lendemain, mais il y a des solutions efficientes qui peuvent
permettre à davantage de ménages québécois d'avoir accès à un logement abordable et adéquat. C'est ce qu'on met de
l'avant avec le projet de loi n° 31. Nous devons poser des actions
concrètes pour mieux répondre aux nombreux besoins en habitation. C'est
un sujet d'une importance capitale. On parle d'un besoin de base des Québécoises et des Québécois. Il ne
faut ménager aucun effort pour améliorer la situation. Nous devons assurer
une coordination, une concertation et une
cohérence accrue de nos interventions avec nos partenaires. C'est notre
responsabilité comme gouvernement.
Dans
cette optique, le projet de loi n° 31 est un outil supplémentaire qui peut
assurément contribuer à améliorer l'offre de logements sur le marché locatif. En effet, les mesures proposées
visent à mieux protéger les locataires et faire connaître leurs droits, contrer les hausses de loyer
abusives grâce à plus de transparence, rendre plus flexible la cession de bail,
optimiser l'intervention du Tribunal
administratif du logement et offrir une meilleure accessibilité à la justice,
renforcer l'accès au logement
étudiant, augmenter et préserver l'offre de logements sociaux et abordables en
assurant une meilleure gestion du parc
de logements, accélérer la réalisation de projets d'habitation, améliorer
l'efficacité de la Société d'habitation du Québec et l'efficacité de ses
interventions financières, moduler certaines règles concernant la copropriété.
Évidemment,
suivant les discussions entourant les mesures du projet de loi, nous avons
apporté différents amendements afin
de bonifier certaines propositions. Je remercie d'ailleurs chacune des
formations politiques pour leur implication à cet égard. Et je pense qu'il est primordial de
souligner les principales modifications que nous proposons, qui se reflètent,
d'ailleurs, dans le rapport de la Commission de l'aménagement du
territoire.
Je
le dis toujours, on a besoin de créativité et de collaboration pour construire
plus vite et être plus efficaces. On introduit
donc une disposition, dans le projet de loi n° 31, qui répond exactement à
cet objectif. Une fois le projet de loi adopté, l'ensemble des municipalités pourraient autoriser des projets de
logements sociaux, abordables ou étudiants de trois logements ou plus
qui dérogent à la réglementation d'urbanisme en vigueur.
• (14 h 40) •
Aussi,
les municipalités de 10 000 habitants ou plus dont le taux
d'inoccupation des logements est en dessous de 3 % pourraient autoriser
tout autre type de projet d'habitation de trois logements ou plus. Ces
pouvoirs, d'une durée de trois ans et renouvelables pour une durée de
deux ans, contribueraient à accélérer la mise en chantier de logements.
D'autre
part, nous voulons aussi autoriser de plein droit, malgré le zonage applicable,
l'aménagement d'un logement accessoire
attaché ou intégré à une résidence unifamiliale isolée dans les zones
résidentielles situées à l'intérieur des périmètres d'urbanisation, et
ce, pour une période de cinq ans.
Malheureusement,
on dit souvent que la bureaucratie dans les villes est un obstacle à la construction
de logements, eh bien, avec ces mesures, on vient régler certains des
irritants. Je vais aussi m'assurer de rencontrer les villes pour bien expliquer ces nouveaux outils. Ils doivent être
utilisés. C'est mon rôle, comme ministre, de m'assurer que les dispositions
du projet de loi sont bien comprises, alors on va sensibiliser les partenaires
dans les prochaines semaines.
Je
veux prendre le temps de parler de la cession de bail. C'est probablement la
mesure qui a fait le plus jaser dans le projet de loi, au point d'en
occulter les autres, et c'est dommage, parce qu'il y a vraiment de bons
éléments dans le projet de loi, comme vous
pouvez le constater. Je veux, encore une fois, rassurer les oppositions et les
gens qui nous écoutent à la maison,
la cession de bail va continuer d'exister, on ajoute simplement une troisième
option, celle de résilier le bail du locataire si un propriétaire refuse la
cession de bail. On vient donc ajouter de la flexibilité. On est très loin de
ce que certains groupes ont présenté
comme la fin de la cession de bail, c'est important pour moi de remettre les
pendules à l'heure sur ce point.
Aussi,
plusieurs personnes et organismes entendus lors des consultations particulières
se sont montrés très préoccupés par
le phénomène de monétisation de la cession bail et de la sous-location. On a
répondu à leur demande, un amendement vise à interdire que la sous-location et
la cession de bail soient faites à profit. De façon à les dissuader de
monétiser leur bail, tout profit
pourrait constituer une infraction passible d'une amende de 400 $ à
4 200 $ pour une personne morale ou de 200 $ à
1 900 $ s'il s'agit d'une personne autre qu'une personne morale.
Par
ailleurs, ce qui a... en ce qui a trait à la clause G du bail, une modification
permettrait de dissuader les locateurs qui
font de fausses déclarations ou omettent sciemment d'indiquer le loyer le plus
bas payé au cours des 12 mois précédents ou le dernier loyer si le logement était vacant depuis plus de
12 mois. Dans de tels cas, les locateurs fautifs pourraient être condamnés à verser des dommages et intérêts
punitifs à la demande d'un locataire. Cette mesure renforcerait la protection
apportée par la clause G. On vient donc
ajouter de la transparence sur la question du prix des logements, c'était
important pour moi de le faire.
Par
ailleurs, lorsqu'un logement est devenu impropre à l'habitation dû à la
négligence d'un locateur, la condamnation par le TAL au paiement de dommages et
intérêts punitifs serait dorénavant possible. L'insalubrité d'un logement peut
avoir des effets négatifs considérables sur
la santé et le bien-être d'un locataire. Ainsi, tout locateur a le devoir de
maintenir ces logements dans un état adéquat.
Il
faut savoir aussi que, malgré qu'ils puissent faire valoir leurs droits devant
le Tribunal administratif du logement, des
locataires pourraient tolérer la situation de peur de ne pouvoir se reloger. Je
pense ainsi que d'imposer des dommages et
intérêts punitifs aux locateurs fautifs peut conscientiser ces derniers à
l'importance de maintenir leur logement en bon état. L'entretien du parc de logements existants est un
enjeu fondamental, et je suis heureuse que l'on puisse proposer des mesures
pour inciter les propriétaires à agir convenablement.
Par
ailleurs, d'autres amendements que nous souhaitons mettre de l'avant visent à
donner plus de pouvoir à la Société
d'habitation du Québec. Nous proposons notamment qu'elle puisse aliéner
des immeubles sous la valeur marchande, elle pourrait ainsi vendre à un
tiers porteur d'un projet, comme un OBNL ou un office d'habitation, un immeuble
à un prix avantageux ou même le lui céder
gracieusement. Il s'agit là, encore une fois, d'un moyen qui contribuera à
améliorer la disponibilité de terrains
ou d'immeubles pour la réalisation de projets de logements sociaux et
abordables. Dans la même optique,
nous pensons qu'il serait avantageux de donner le droit de préemption à la
Société d'habitation du Québec, comme c'est le cas pour les municipalités,
actuellement. Ce droit lui permettrait d'acquérir en priorité sur tout autre
acheteur un immeuble ou un terrain dans le but, par exemple, d'y
développer des logements sociaux.
Et, si on
continue avec les amendements en lien avec les logements, logements étudiants,
tout d'abord, nous voulons habiliter
le gouvernement à déterminer les modalités selon lesquelles un propriétaire
peut être reconnu pour l'application des
dispositions particulières au bail dans un établissement d'enseignement. Je
pense notamment à l'importance de créer une exception au droit au maintien dans
les lieux pour les personnes qui n'étudient plus à temps plein et qui occupent
un logement détenu par un
propriétaire reconnu. Il importe de nous assurer que les logements destinés aux
étudiants sont bel et bien occupés par cette clientèle.
Nous
souhaitons aussi réviser les exemptions de taxe foncière applicables aux
résidences étudiantes. Les exemptions seraient
maintenues pour les résidences étudiantes appartenant à des OBNL et elles seraient
élargies à tous les établissements d'enseignement postsecondaire, donc
le niveau collégial serait maintenant visé.
Un autre amendement consiste à assurer une saine
gestion du fonds de prévoyance des copropriétés, à protéger davantage ce type d'habitation et les futurs
acheteurs d'unités neuves ou existantes. Pour ce faire, nous devons moduler les
obligations en matière de copropriété divise en fonction des caractéristiques
d'un immeuble aux fins de la révision du carnet
d'entretien et de l'étude de fonds de prévoyance. Il faut savoir que les frais
administratifs liés à la révision de tels documents représentent des sommes considérables pour les plus petites
copropriétés divises. De plus, le nombre d'entreprises réalisant ce type d'étude est limité, ce qui crée
des situations où des syndicats de copropriété se retrouvent dans
l'impossibilité de se conformer à leurs obligations légales.
Aussi,
toujours dans l'optique d'améliorer l'offre de logements sur le marché locatif,
nous proposons un amendement visant à
accorder aux ministères, aux organismes gouvernementaux et à certains
organismes publics un pouvoir temporaire visant à faciliter l'aliénation
d'immeubles. Dans le contexte actuel de pénurie, nous devons rendre disponibles
plus efficacement les immeubles excédentaires de l'État pour la réalisation de
projets d'habitation.
Pour
conclure, l'ensemble des mesures du projet
de loi n° 31 ainsi que les
amendements que nous proposons feront la
différence pour améliorer l'offre de logements dans toutes les régions du
Québec. C'est un autre pas de plus que nous faisons dans la bonne direction. Je le réitère, le projet de loi est un
outil essentiel et surtout complémentaire à plusieurs autres mesures et
investissements mis de l'avant par notre gouvernement en matière d'habitation.
Bien entendu, le travail n'est pas terminé, nous
en sommes conscients et nous avons l'intention de poursuivre nos efforts en synergie avec tous nos partenaires.
Et soyez assurés que nous allons toujours mettre l'intérêt des Québécoises
et des Québécois au premier plan de nos décisions et de nos interventions.
Enfin, je
suis persuadée que, tout comme moi, cette Assemblée souhaite mettre de l'avant
les solutions nécessaires afin que
tous les Québécois puissent bénéficier d'un logement abordable et adéquat.
Alors, il est maintenant temps d'adopter le projet de loi n° 31.
Merci, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Je reconnais comme
prochaine intervenante Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Alors, je serai un peu moins enthousiaste que la ministre par
rapport au projet de loi n° 31, que nous allons maintenant... sur lequel on se
penche aujourd'hui pour la prise en considération. D'abord, ça a été, dès le début, là... pas de surprise dans
ce que je vais dire là, le projet de loi a été mal ficelé dès le début. Il a
été déposé en juin 2023, il y a
près de huit mois, et ça... on n'est toujours pas rendus à la fin. Il y a des
raisons. C'est un projet de loi qui avait seulement 38 articles au
départ, mais, mon Dieu, combien d'amendements on a eus, on a eu... ça a été
complètement désorganisé, comme étude.
C'est
malheureusement un projet de loi qui s'avère une occasion ratée d'agir plus
profondément sur la crise du logement
qui sévit puis qui impacte davantage surtout les plus vulnérables. Il n'y a
pas... il n'y a pas une semaine qu'il y a des... qu'il n'y a pas des articles
dans les journaux qui parlent de gens qui vivent... qui perdent leur logement,
ou qui peinent à en trouver un, ou
qui n'arrivent plus à en payer un. Les loyers montent, évidemment. C'est vrai
qu'il manque de logements dans son
ensemble, il faut construire davantage, et ça, c'est la base profonde de cette
crise, mais ce que le projet de loi, ici, propose sur... par rapport à la
cession de bail, bien, ça pourrait empirer davantage la crise du logement pour
une certaine tranche de la... une frange de la population, la population
la plus vulnérable.
Et donc je le
disais, M. le Président, ça a été une étude qui a été quand même, je dois
dire, chaotique, pénible par moments.
Il y a eu une mauvaise planification au départ, ça s'est rajusté, mais ça a
été... ça a été vraiment, vraiment difficile d'arriver à une étude de
projet de loi coordonnée.
Et, tu sais,
comment... J'ai fait quelques projets de loi, et, franchement, celui-ci sortait
complètement, là, du lot des autres qu'on a vus. Et des parlementaires
d'expérience m'ont fait part qu'ils n'avaient jamais vu ça comme
désorganisation dans un projet de
loi. La portée du projet de loi, elle a complètement changé. On a parlé de
nombre d'amendements. C'est vrai
qu'il y a eu des amendements, dans tous les projets de loi, il y a des
amendements, mais de changer à ce point la portée du projet de loi, ça,
c'est du... en tout cas, selon des parlementaires d'expérience, c'est du
jamais-vu.
Et
évidemment, quand on dépose un... quand on étudie un projet de loi en
consultations particulières, au départ, bien, les gens qu'on invite,
c'est en fonction du projet de loi sur lequel on travaille, sur la base qu'on
a. Et le projet de loi a tellement changé
que je dois vous dire qu'il y a beaucoup de groupes qui nous ont écrit pour
dire : Bien, on aurait aimé être entendus.
Si on avait su qu'il allait y avoir ce changement-là, bien, on aurait aimé
s'exprimer. Évidemment, ces groupes-là n'avaient pas de mémoire, et donc ils
n'avaient pas pu prendre connaissance des changements qui venaient en cours de
route. J'ai même dû, dans un des... un des amendements que je parlerai plus en
détail, gagner du temps, parce que, lorsqu'il a été déposé là, il changeait complètement la donne en urbanisme, tu
sais, dans l'urbanisme de façon générale pour l'ensemble... pour les plus grandes villes du Québec, mais on
n'avait pas eu la chance de l'analyser, de se pencher, de consulter, de parler
avec des groupes. Alors, il a fallu gagner
du temps, gagner du temps. J'ai dû déposer des amendements pour être capable
d'étirer jusqu'à la fin de la journée, pour gagner quelques journées pour
l'analyser plus en profondeur.
Bref, complètement, c'est ça, désorganisé. Et,
malgré tous ces ajouts-là, et malgré toute la bonne volonté de la ministre, bien, ça ne réglera pas la crise du
logement dans sa version finale. On a besoin d'un plan global, on a besoin de
mesures structurantes pour relancer l'industrie de la construction, les groupes
nous le disent actuellement.
Alors qu'en
Ontario il y a la taxe de vente provinciale a été abolie, ici elle est
toujours... elle est toujours présente, et donc on devient vraiment... Dans le fond, il y a moins d'intérêt à
construire au Québec. L'équation mathématique ne fonctionne pas. Il y a énormément de... Il y a même qui des promoteurs
m'ont dit : J'ai eu mon permis, là, je l'ai eu, mais je ne le prends pas, je ne m'en sers pas parce que
je ne ferai pas d'argent. L'équité que je devrais mettre dans ce projet-là va
être tellement grande que je ne pourrai pas,
là, faire d'autres projets, je vais en avoir... je vais être trop, trop pris à
la gorge, alors je n'investirai pas
et je vais attendre que la tempête passe. Et, pendant ce temps-là, bien,
malheureusement, ça s'aggrave.
Il y a des
RPA, des résidences pour personnes âgées, qui ferment. Il y a vraiment... il y
a énormément de gens qui ont été mis
à la rue. Et c'est, évidemment, dans les logements les plus abordables où la
situation est la plus critique. Lorsqu'on tombe dans des logements, là, dans la strate supérieure, là, le taux
d'inoccupation dans certaines villes il est quand même très bas. Mais, dans la grande région
métropolitaine et dans la région de Québec, il y en a, de ces propriétés-là,
mais les gens ne peuvent pas se les
payer. Alors, on a cette situation-là où il y a les logements que les gens
peuvent se payer, mais il y en a presque plus.
Et donc, ce que je disais, le recul, c'est un
recul majeur, présentement, c'est la cession de bail. La ministre l'a mentionné, c'est ce qui a occulté le reste du
projet de loi, la cession de bail. On en a parlé beaucoup, énormément, mais
c'est évident que ça a un impact, ça va avoir un impact, cet élément-là.
Et, je
voudrais souligner, là, il faut un équilibre entre locataires et propriétaires,
et c'est un équilibre qu'au Parti libéral du Québec on a toujours tenté de trouver, et en temps... en situation
d'équilibre du marché, hein, si on avait été en situation d'équilibre, on aurait été favorables à ce
changement-là, mais le problème, c'est qu'actuellement le taux d'inoccupation
est tellement faible, il est à zéro
dans plusieurs villes, il est entre 0 % et 1 % dans la très grande
majorité des villes du Québec. Ça, ça
veut dire qu'il n'y en a plus, de logements, M. le Président, des logements
abordables, du moins, il n'y en a plus du tout, et donc, évidemment, les propriétaires qui ont ces logements-là,
ils ont le très grand bout du bâton dans ce marché-là, alors ce n'est
pas le bon moment pour faire ce changement-là.
J'aurais aimé
que la ministre recule. Ça aurait pu se faire dans quelques années, lorsque
l'équilibre serait... en tout cas, on aurait relancé la construction, mais là
c'est comme une conjoncture tout en même temps qui va faire en sorte, je
pense, malheureusement, que la collègue de
d'Arcy-McGee, la députée de d'Arcy-McGee va être appelée à parler, malheureusement, beaucoup plus souvent, dans le
futur, elle est porte-parole des dossiers en itinérance, et, malheureusement,
la situation qu'on va vivre, c'est que des
gens vont se retrouver à la rue, et il y aura davantage d'itinérance. On le
voit déjà, que ça augmente. Alors, ici, pour moi, c'est un feu rouge
énorme.
Et le risque
de discrimination, il est réel. Et, à ce titre, j'aimerais lire juste une
petite portion d'un mémoire qu'on... En
fait, ce n'est pas... c'est un article qu'il y a eu sur le projet de loi n° 31,
et c'est Richard Ryan. Il a dit : «...des propriétaires auront
davantage le pouvoir de discriminer sur la sélection du nouveau ménage
locataire.» Même si ce n'est pas légalement
permis, mais c'est difficilement vérifiable. Alors : «Dans ce contexte de
crise, s'il est difficile pour quiconque de se trouver un toit, ce défi est d'autant plus grand pour une famille
monoparentale, des personnes racisées ou des gens issus de groupes marginalisés. La cession de bail
entre locataires était souvent le dernier rempart à pouvoir dénicher un toit
pour ces ménages.» Alors, c'est ce à quoi je
faisais référence par rapport à la discrimination. Je pense qu'ici,
malheureusement, on va voir des gens qui auront encore plus de
difficulté de se trouver un toit.
Maintenant,
je vais vous parler de l'autre feu rouge majeur qui est, pour moi... c'est
peut-être... c'est une des très grandes
inquiétudes que j'ai eues au cours de l'étude de ce projet de loi là, c'est
l'amendement 37.2, le fameux amendement que la ministre est donc
bien fière d'avoir déposé et qui, selon elle, va régler toute la crise du
logement. Mais, en fait, ce règlement-là...
cet amendement-là qui a été déposé, peut-être juste pour ceux qui nous
écoutent, là, le préciser, c'est que ça
va permettre aux villes de plus de 10 000 habitants, et là
il y en a, si le compte est bon, là, 215, villes, c'est quand même beaucoup, là, il y en a plusieurs qui se
qualifient... ces villes-là de 10 000 habitants et
plus vont pouvoir passer outre leurs règlements d'urbanisme sans aucun
encadrement, rien du tout.
• (15 heures) •
Et
là c'est intéressant parce que, bon, c'est sûr que c'est un large pouvoir
discrétionnaire qu'on donne. Un large... c'est plus que large, là, on
donne le total pouvoir discrétionnaire aux conseils municipaux de ces
villes-là. Et, moi, pendant l'étude
détaillée, quand on a eu cet amendement-là, c'est un des amendements-surprises
que nous avons eus, bien, j'ai
vraiment, j'ai vraiment travaillé fort pour qu'on essaie de l'améliorer, et
j'ai parlé du risque que ça devienne le far west, et là je me souviens
très bien de la réaction de la ministre et d'autres collègues députés de la
banquette ministérielle... gouvernementale,
pardon, qui riaient parce que... Ah mon Dieu! Elle exagère, le far west, ça n'a
pas de bon sens. C'était insultant
que je dise ça. Mais ce matin, dans Le Devoir, dans Le Devoir, Isabelle Porter interviewait des gens qui s'y
connaissent quand
même bien, hein, des gens de l'Ordre des urbanistes... des gens de l'Ordre des
urbanistes du Québec, l'Ordre des architectes du Québec, des gens qui ont été sur la Commission d'enquête
sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, vous savez, la
fameuse commission Charbonneau, donc deux personnes qui ont fait partie de ce comité, qui ont parlé, dans cet article du Devoir,
et je vais vous lire... En fait, Sylvain Gariépy, hein, le président de l'Ordre des urbanistes, il parle «d'un éventuel
far west dans l'approbation des projets de construction». C'est ce que je
disais. Et ça adonne que j'ai été présidente
de l'Association québécoise d'urbanisme dans le passé. Alors, quand je
faisais cette lecture de l'amendement 37.2, j'avais une certaine
connaissance du milieu de l'urbanisme et je voyais les risques et les dérives éthiques potentielles de cet
amendement. Et il s'avère aussi que j'ai travaillé plusieurs années contre un
maire qui a abusé énormément de
pouvoirs discrétionnaires qu'il avait, et c'était le maire Gilles Vaillancourt,
à Laval. Alors, moi, je les ai vues, les dérives, j'ai vu ce que ça
pouvait faire, la collusion.
Et là je parle de
collusion parce que c'est ce que l'article du Devoir parle. Et je vous
lis, là, tel quel : «"C'est sûr que ça ouvre la porte à la collusion
et à la corruption", avance la professeure de droit de l'Université de
Montréal Martine Valois.» Elle a siégé au
comité de la commission Charbonneau. «...on donne trop de "pouvoir
discrétionnaire" aux élus...» Et
il y a un autre professeur en sciences politiques de l'Université de Montréal,
Denis Saint-Martin, qui est du même avis.
Il dit : «"Lorsqu'on enseigne ce qu'est la corruption, on propose
toujours la même équation : monopole + discrétion - imputabilité =
corruption", dit-il...» Et là il dit que, selon lui, «les conditions du
calcul risquent d'être réunies dans certaines villes». Pas toutes les
villes, évidemment.
Et,
lorsqu'on en parlait, je me souviens la réaction, le sous-ministre qui me
disait : Ah! non, non, mais aujourd'hui, les élus, ce n'est pas la même époque que l'époque du maire... du fameux
maire Vaillancourt, ça a changé, ce n'est pas la même chose. Mais, sur 215 villes, qui peut nous assurer qu'il n'y
aura pas de... aucune dérive? On dit : Ah oui! mais il va y avoir des élections, là, l'année prochaine.
Oui, mais, justement, après les élections, il va y avoir quatre ans. Quatre
ans, il peut s'en passer, des
choses. Alors, oui, c'est vrai que le pouvoir ne sera pas éternel, pour
l'instant, mais ça peut aller jusqu'à cinq ans. Cinq ans, ça amène jusqu'à la
fin du deuxième mandat, du prochain mandat des élus municipaux.
Alors...
et c'est ça, et je termine, là, sur cet article, M. Gariépy, là, le
président de l'Ordre des urbanistes, qui disait : «En mettant de côté la réglementation, les élus
auraient, selon lui, le loisir de favoriser certains constructeurs au détriment
d'autres sans justification claire. [Et]
maintenant on [...] enlève toutes, les règles. "Sky is the limit!"»
«Sky is the limit», c'est vrai, parce
qu'il n'y a plus de limite de hauteur, il n'y aura plus... Même si un règlement
de zonage établit que, normalement, dans une zone, c'est deux étages ici,
quatre étages là, 10 étages là, 15 dans les zones plus denses, 20, 30, peu
importe, illimité, bien, en fait,
l'illimité pourrait se retrouver absolument partout dans la ville, partout, plus
de contrôle, mais pas juste plus de contrôle, plus de pouvoir de
contester. On enlève complètement cette possibilité-là.
Il
est vrai que, dans les médias, on lit beaucoup de... Je sais que c'est quelque
chose qui dérange plusieurs maires et
plusieurs promoteurs, la contestation, la difficulté de l'acceptabilité
sociale, c'est difficile de faire avancer les projets. Mais on aurait pu revoir le processus de
changement de zonage, on aurait pu revoir les règles, et qui peut s'opposer,
les pourcentages, on aurait pu revoir
ça, mais, au lieu de tout revoir ça, on s'est dit : On va tout simplement
tout enlever, alors plus de contrôle, plus de possibilité de contester.
Et là je vais dire...
je me rappelle, la ministre, à ce moment-là, nous disait : Oui, mais là il
faut agir, il faut agir, il faut construire,
là, il faut construire dans les cinq prochaines années. Mais là je voudrais
citer Maxime Pedneaud-Jobin, qui nous
a dit, bien : «On ne construit pas pour cinq ans, on construit pour
100 ans.» C'est vrai, mais pas juste 100 ans, là. J'ai un territoire où il y a des maisons patrimoniales,
il y en a qui sont là, elles ont 300 ans, dans mon comté. Donc, ce qu'on
va voir, ce qui va se construire, dans les
cinq prochaines années, bien, ça pourrait rester dans notre paysage très
longtemps. Et j'ai invité certains à
venir voir le boulevard Saint-Elzéar, à Laval, et voir à quel point ça a été
complètement défiguré. Et ça, c'était l'époque de Gilles Vaillancourt,
qu'il n'y avait plus de limite, «sky was the limit».
Un
autre élément qui est problématique avec cet article-là, et, M. le Président,
je vais faire une petite prédiction, j'ai l'impression que, dans deux
ans, on va revenir puis on va peut-être le rechanger. D'ici deux ans, là, je
prédis qu'on va revenir puis mettre
certaines règles parce que... J'ai l'impression. Et je vais vous parler d'un
élément qui risque de... un effet
d'entraînement, d'enchaînement : ça risque de créer de la spéculation.
Parce que, voyez-vous, les zonages établissent un peu la valeur des terrains,
donc on peut savoir la valeur d'un terrain ou évaluer la valeur d'un terrain
selon ce qu'on peut y faire. Donc, si on
peut faire du deux étages, duplex, quadruplex mais sur deux étages, ça a une
certaine valeur. Mais, si on peut faire du 10 étages, hum!
soudainement, la valeur du terrain vient d'augmenter sensiblement et... en
fait, substantiellement. Mais là on est rendu à «sky is the limit», on peut
tout faire. Alors, il y aura certainement de la spéculation, des terrains qui vont s'acheter à des valeurs beaucoup plus
élevées que leur valeur réelle. Il y aura évidemment une pression, parce
que ceux qui auront payé très cher auront une pression pour le développer,
voudront bien être convaincants auprès de la mairie, peu importe qui
sera-t-elle, pour le développer. Alors, il y a un risque.
Et
donc c'est à cette optique-là que j'avais proposé des amendements à la ministre
pour venir au moins l'encadrer un
tantinet. J'ai demandé, j'ai proposé... puis là je le ramène parce que j'ai...
il y a un... j'ai déposé, là, un... on appelle ça un... mon Dieu, je ne me rappelle jamais du nom, mais,
bref, un amendement que j'ai ramené qui concerne cette disposition-là, donc de
venir limiter à 100 % la dérogation possible. C'est-à-dire que, si le
zonage permet déjà du deux étages, bien, la dérogation exceptionnelle pourrait être de quatre étages, le double,
100 %. Si c'est une zone de quatre étages, ah! bien, on pourrait
autoriser huit étages. Six étages, du 12 étages qu'on pourrait
autoriser. Donc, c'est quand même une densité supplémentaire fort acceptable
qui permettrait de rentabiliser davantage les projets, mais sans qu'il y ait
des dérives à l'ultime et une spéculation à
outrance des terrains. Donc, je le ramène et j'invite les collègues, le
gouvernement à l'envisager sérieusement pour garder un certain
encadrement. Je fais un pari que d'ici deux ans, peut-être que ce sera ramené,
si jamais il ne passe pas aujourd'hui.
Je voudrais peut-être juste mentionner que j'ai
réussi à faire... au moins à convaincre la ministre d'obliger une reddition de comptes aux villes, ce n'était pas prévu à l'origine, pour qu'au moins on soit
capables d'avoir un suivi sur les dérogations faites, qui les a... en a bénéficié et
pour quel motif elles ont été faites. Donc, ça, au moins, ça a été ajouté dans
le projet de... dans l'amendement et dans... ce sera dans le projet de loi
final.
Et également,
là, une possibilité de contestation auprès de la Commission municipale du Québec pour
la conformité au schéma d'aménagement
pour les villes MRC, et là c'est très technique, là, très, très technique,
alors je ne rentrerai peut-être pas
dans les détails, mais ça, c'est un gain pour les villes qui n'avaient pas, là,
n'avaient pas une MRC distincte de leur ville. Et le délai initial, là, la portée, là, initiale, c'était cinq ans. J'ai
convaincu la ministre de le ramener à trois ans, mais j'ai dû céder le fait que c'est renouvelable par
règlement pour deux ans. Donc, on s'entendra qu'il y a des bonnes chances que
ça se rende à cinq ans, de toute façon,
mais, bon, tu sais, au départ, ce ne sera que trois ans. Et, si on change de
gouvernement d'ici là ou de ministre, bien, je me suis dit :
Peut-être qu'à ce moment-là ce deux ans là ne sera pas renouvelé, parce qu'en
2026 il y aura peut-être un nouveau gouvernement. Donc, c'est pour ça que
j'avais proposé ça.
• (15 h 10) •
Maintenant, je vais parler quand même... il y a
des éléments positifs, là, dans le projet de loi, là, je vais le mentionner. Il
y a tout ce qui est dommages-intérêts punitifs pour les fausses déclarations ou
lorsque le locateur omet sciemment de
fournir l'avis au nouveau locataire indiquant le loyer le plus bas payé. Et ça,
on avait déposé un amendement en ce
sens-là, et c'est... et je suis contente, là, la ministre a été dans le même
sens que nous, elle l'a accepté. Et donc ce que ça va permettre, c'est... dans le fond, c'est une façon de renforcer la
fameuse clause G. La fameuse clause G, c'est celle qui oblige le propriétaire à déclarer le dernier
loyer, les 12... le plus bas des 12 derniers mois, et c'est celui... c'est
un peu celui qui fait, en fait, qui
est la cause du pourquoi on demande un registre des loyers. Parce que, lorsque
ce n'est pas rempli, bien, on n'a pas
le... on ne sait pas qu'on... si on paie le juste prix, et c'est pour ça que
les groupes demandent un registre des
loyers. Mais, avec une clause G renforcée et vraiment
efficace, bien, normalement, on le souhaite, ça devrait être moins
problématique. Les propriétaires devraient maintenant commencer à le remplir
parce qu'il y a des dommages-intérêts punitifs. Pour l'avoir mis, ça
commence... ça peut être assez convaincant de le remplir. Donc, ça, ça devrait
régler cette situation-là.
Évidemment,
tous les amendements qui ont pour but de renforcer le logement étudiant, ça,
c'est essentiel, c'est des bons ajouts dans le projet de loi. Le logement
étudiant, il est primordial pour contrer la crise du logement dans certaines
villes. Les étudiants prennent beaucoup de
logements actuellement dans le marché régulier et il faut plus de logements
étudiants pour libérer ces logements-là.
Autoriser les logements de plein droit, les
logements accessoires, ça, c'est un plus. Par contre, je dois dire que, pour les villes qui l'ont déjà fait, très, très
peu d'unités achetées, donc ça ne sera pas la panacée, cette mesure-là, mais
c'est un outil de plus.
Le
renversement du fardeau de preuve pour les évictions, des meilleures indemnités
pour les évictions, pouvant aller, là, jusqu'à 24 mois, ça, c'est
majeur, c'est quand même le grand plus de ce projet de loi, à mon sens. Par
contre, je le souligne, les changements ne
concernent que les évictions, ça ne touche pas les reprises de logement, les reprises
pour un proche, hein, c'est distinct, les deux. Et on a vu, en fait, une hausse
de 36 % des reprises de logements en deux ans, et ce que je crains, c'est
que le fait qu'on n'ait pas ajusté les deux, bien, on va voir davantage de
reprises de logement plutôt que des
évictions. Il y aura des motifs là... Soudainement, on va se trouver bien des
parents, bien des parents qu'on doit s'occuper pour être capable de
reprendre un logement à moindre coût. Donc, ça, c'est mon inquiétude avec cet
élément-là.
Je vais
peut-être revenir sur... Bon. Une chose qu'on a réussi à intégrer, c'est
l'interdiction de la marchandisation de
la cession de bail ou la sous-location. Un des éléments qui était évoqué pour
dire que la cession était inadéquate, c'est qu'il y en avait, des locataires,
qui profitaient de la cession bail pour abuser, finalement, d'autres locataires
en sous-louant leur bail ou en cédant
leur bail pour... en échange d'une somme monétaire, et ça, c'est inacceptable,
on ne peut pas... C'était contre la loi évidemment, mais là on est venu
vraiment, clairement l'interdire, et il y aura des pénalités importantes.
Et maintenant
je vais peut-être parler de ce qui a été refusé, qu'on aurait bien aimé qu'il
fasse partie du projet de loi, notamment. Et le premier, là, je ramène aussi
cet amendement-là pour peut-être convaincre les collègues du gouvernement
de le considérer, mais c'est un amendement
qui viendrait interdire les évictions pour faire... pour convertir un logement
en hébergement touristique de courte
durée. Donc, ça, c'est lorsqu'il y a un changement d'usage, bien, on peut
évincer des gens, mais ce qu'on
aurait souhaité, c'est que ça ne puisse pas se faire dans le cas d'une
conversion pour faire du logement... de l'hébergement touristique de
courte durée, là, ce qu'on appelle les Airbnb, là, communément. On n'a pas
besoin actuellement, M. le Président, de
plus d'hébergements touristiques, là, on a besoin de loger notre monde en
priorité. Et là, actuellement, on a
des gens qui sont mis à la rue pour accueillir des touristes, alors que l'offre
hôtelière est quand même fort
importante dans des régions. Et le collègue des Îles-de-la-Madeleine pourrait
en parler, mais c'est une situation très grave aux Îles-de-la-Madeleine,
notamment à cause de ça.
Il y a toute
la notion de zonage différencié que j'aurais aimé qui fasse partie du projet de
loi. Le zonage différencié permet, dans le fond, d'offrir un bonus de
densification, mais à des organismes sans but lucratif qui font du logement
abordable et social. Et là je vais le mettre
en parallèle avec l'amendement 37.2 de la ministre. Soudainement, les
organismes sans but lucratif ne pourront plus compétitionner avec les
prix des terrains sans limites qu'on va trouver, alors que le zonage
différencié aurait permis de leur donner un zonage plus dense pour eux. Donc,
c'est une façon pour eux d'avoir un bénéfice
financier, mais qui est à coût nul pour le gouvernement, à coût nul pour les
villes. C'est juste de leur dire : Bien, vous, vous pouvez construire, par exemple, du huit étages, alors que si
c'est un autre qui vient du logement régulier, ce sera du quatre étages. Donc, évidemment que ce
sera plus intéressant, ils pourront offrir un montant supérieur pour le
terrain, mais, surtout, ça va réduire le coût par unité du terrain.
Il est
nécessaire, M. le Président, qu'on s'attaque à tout l'enjeu de l'insalubrité.
Il y a quand même des éléments qui ont
été rajoutés dans le projet de loi, mais il est essentiel qu'on révise le
calcul du Tribunal administratif du
logement pour encourager les
propriétaires à maintenir leurs logements en meilleur état. Il y a trop de cas
d'insalubrité, et actuellement la façon que le calcul est fait, ça prend 26 ans avant d'entrer
dans son dans son argent quand on est propriétaire et on fait une rénovation,
alors que bien des rénovations sont à refaire 10 ou 15 ans plus tard.
Alors, actuellement, il y en a qui tout simplement ne le font pas parce qu'ils n'arrivent pas à rentrer dans
leurs sous. Et ça, ça fait qu'on a un parc immobilier qui, de plus en plus, dépérit, malheureusement. Et une
grande partie de notre parc immobilier a été construit avant 1970 donc.
Donc il faudra y voir assez rapidement.
Et il y a
plusieurs articles du projet de loi qui viennent affaiblir le logement social,
et ça, pour moi, c'était un enjeu. Je
l'ai mentionné, on aurait aimé que le terme «logement abordable» soit précisé.
Dans le projet de loi. Il est très vague, il veut dire un peu n'importe quoi. Et donc je crois que... j'espère
sincèrement qu'il y aura des investissements massifs en logements
sociaux au prochain budget, pas ce qui a déjà été annoncé. Ce n'est pas
suffisant, il en faut davantage.
Je termine,
M. le Président, en vous disant que j'ai une grande inquiétude pour la
protection des aînés. On l'a dit, il y a de plus en plus de fermetures
de résidences pour personnes âgées, et la ministre a complètement refusé tous
les amendements qui ont été faits pour les
protéger davantage des évictions, notamment, là, de baisser l'âge à
65 ans, une position pour laquelle nous étions d'accord. Et les
propriétaires d'animaux, l'accès à des logements est de plus en plus difficile.
J'ai tenté d'amener le débat. Ça a même un
peu dégénéré. Il y a certains groupes qui ont pris ça très à coeur, alors que
l'intention était tout simplement
qu'on ait un débat à ce sujet-là. Il faudra trouver une solution. Est-ce que ce
sera une assurance? Il faudra
trouver. Mais actuellement, il y a de plus en plus de logements qui ne sont pas
accessibles aux propriétaires d'animaux.
Et je termine
en disant que, bien, c'est un projet de loi, là, qui m'apparaît inachevé, sur
lequel nous allons être appelés à voter. Vous ne serez pas surpris que
nous voterons contre ce projet de loi là.
Et je termine
mes dernières secondes pour remercier la ministre, tous les députés qui ont
participé aux échanges, et un merci tout spécial aux fonctionnaires et
le sous-ministre, je ne me rappelle plus de son nom, mais qui ont été très patients et qui ont répondu à mes multiples
questions, donc, ils étaient très nombreux, des avocats du Tribunal administratif du logement, M. Foster, P.D.G. de la SHQ, le président, aussi, du Tribunal administratif du logement. Donc, je les remercie sincèrement pour
leur patience, leur temps et leurs explications fort éclairantes.
Sur ce, M. le Président, je vous souhaite une
bonne journée.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée des Mille-Îles. Et je
reconnais maintenant M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Donc, nous voilà rendus à
l'étape de l'adoption du principe du p.l. n° 31,
qui a fait couler beaucoup d'encre et qui a
pris très longtemps à être adopté, non pas parce que les oppositions ont fait
un mauvais travail, mais plutôt par
la mauvaise préparation du gouvernement. On va se rappeler que ce projet-là est
promis depuis le début de
l'année 2023, depuis le mois de janvier de l'année 2023, et cela
allait constituer une des principales réponses du gouvernement de la CAQ à la crise du logement telle qu'on la connaît
actuellement, là, dont les manifestations les plus graves, là, se produisent dans le secteur locatif
sous la forme des différents types d'abus sur les locataires, et cela dans un
contexte des taux d'occupation extrêmement bas qui continue à descendre de mois
en mois à travers tout le Québec.
Vous savez,
et M. le Président, nous, ma formation politique, Québec solidaire, depuis
notre fondation en 2006, nous avons
toujours considéré la question d'avoir un toit sur la tête comme un droit
fondamental qui n'a pas été et tout à fait atteint dans dans la société
québécoise, même si nous faisons partie des sociétés dites développées. Ce
droit-là est mis à mal, et il existe
des milliers de ménages qui sont qualifiés de mal logés, à cause de différentes
raisons, mais le droit au logement n'est
pas tout à fait... le droit d'avoir un toit sur la tête, ce droit fondamental,
n'est pas tout à fait acquis, en termes pratiques, au Québec.
C'est dans ce
souci-là que nous avons toujours avancé des propositions, que nous avons
toujours signalé, dénoncé des abus,
signalé des problématiques qu'il fallait résoudre, et cela bien avant d'autres
partis de la scène politique québécoise, là. Nous avons, en quelque sorte, déjà anticipé la crise du logement, qui
existe depuis... non pas depuis un an, depuis deux ans, depuis plusieurs
années, ici, au Québec.
Notre
principal mérite, selon moi, c'est que nous avons toujours été à l'écoute,
année après année, des citoyens et citoyennes
qui s'organisent devant leurs mauvaises conditions d'habitation. Et les groupes
de la société civile, ainsi que des
experts, nous les avons toujours écoutés, nous avons toujours entamé un
dialogue avec ces personnes-là, et cela nous a inspirés pour faire de nombreuses propositions structurantes qui sont
en phase avec les besoins habitationnels des Québécois et Québécoises.
C'est dans
cet esprit-là que nous avons donc pris part activement à l'étude du projet de
loi n° 31. Devant le tollé que ce projet de loi a suscité dès son dépôt, nous avons travaillé
d'arrache-pied afin de déposer de nombreux amendements pour l'améliorer.
Oui, il faut... On va se le dire, devant le
passé, devant la trajectoire de la Coalition avenir Québec en matière d'habitation, qui a passé son premier mandat, de
2018 à 2022, à nier l'existence même de cette crise du logement, ils se sont
réveillés à la dernière minute, nous avions très peu d'espoir concernant ce
fameux projet de loi qui viendrait... qui allait constituer leur réponse
substantielle, nous disait-on, à l'époque, là, de la CAQ à la crise du
logement. Car ce gouvernement s'est
réveillé cinq ans trop tard, concernant la crise du logement, alors que les
campements et les tentes des personnes en situation d'itinérance poussent dans toutes les régions du Québec et que
les loyers... des prix explosent, qu'il y a, de plus, une véritable
épidémie d'évictions, souvent frauduleuses.
Et, malgré
cela, nous avons travaillé de bonne foi et nous avons déposé quelque
25 amendements pour améliorer le
projet de loi. Malheureusement, la CAQ, le gouvernement, n'a retenu aucune de
nos propositions, ce qui aura malheureusement des
conséquences sur la crise actuelle, parce que nos solutions, ce que nous avons
avancé est en mesure d'atténuer, à tout le moins, là, les conséquences
pratiques de la crise du logement, là.
On peut le dire sans peur de se tromper, le
projet de loi n° 31 va empirer la situation des
locataires au Québec, notamment parce qu'il va retirer un des seuls leviers
pour contrer la hausse des loyers, c'est-à-dire la cession de bail. Le
gouvernement avait enfin l'occasion, une occasion, après avoir ignoré la
question du logement pendant son premier mandat,
de faire quelque chose de significatif pour aider les Québécois et les
Québécoises à faire face à la hausse du coût de la vie. Le loyer ou l'hypothèque est le premier poste de dépenses de
tous les ménages au Québec. Nous sommes tous et toutes des consommateurs, des consommatrices d'habitations, de
logements, là, et c'est ce qui coûte le plus cher dans notre budget, là.
Il semble,
devant cette réalité-là, que le gouvernement de la CAQ est complètement
déconnecté de la réalité de ces personnes qu'il est censé représenter,
des gens qui travaillent 40 heures par semaine, qui consacrent, pour
certains, quelque... plus des 50 % de
leurs revenus mensuels à leur loyer et qui n'ont pas, et qui n'ont certainement
pas les moyens d'investir dans l'immobilier, comme la ministre de
l'Habitation l'a suggéré dans le débat, là, sur le p.l. n° 31.
Le gouvernement, la Coalition avenir Québec, a
refusé, tout au long de l'étude détaillée, de considérer que les locataires du Québec sont dépendants d'avoir un
toit sur la tête tout simplement, que le contexte est complètement déséquilibré
et en faveur des propriétaires, ce qui leur
fait craindre de perdre leur logement et de ne pas être capable d'en trouver un
autre qu'ils peuvent se payer. Tous
les locataires du Québec, aujourd'hui, ont peur, craignent lorsqu'il y a un
changement de propriétaire parce qu'ils peuvent être victimes d'une
éviction.
Québec solidaire a parlé à la ministre des
locataires qui font la file à 30 pour vendre leur profil aux propriétaires. Et qu'est-ce qu'elle répond, la ministre de
l'Habitation? On ne peut pas résoudre la crise du logement avec quelques
articles du Code civil. Il faut augmenter l'offre d'ici 5 à 10 ans.
D'ici là, arrangez-vous. C'est ça, la réponse de la ministre de l'Habitation aux locataires qui cherchent un
logement et qui sont en difficulté. Les locataires, ce sont des gens ordinaires
qui n'ont pas tous le privilège d'être des
millionnaires de l'immobilier. Le Québécois et la Québécoise moyen attend sa
prochaine paie pour faire une grosse
épicerie. Ils ne veulent pas se faire dire en pleine crise du logement :
Tiens, on va te retirer le plein droit à la cession du bail au
locataire.
La cession de
bail, tel qu'elle existe en ce moment, consiste en une reconduction, en quelque
sorte, d'un bail vers une autre personne dans ses termes existants. Si
le bail d'un appartement est résilié plutôt que cédé, l'appartement est remis sur le marché et il peut faire l'objet d'un
nouveau bail. Sur papier, le propriétaire doit indiquer le plus bas montant
payé au cours des 12 derniers mois, la fameuse clause G, et le
locataire peut demander une fixation au loyer au Tribunal administratif du logement sur cette base s'il considère
qu'il y a eu une hausse abusive de loyer entre les deux locataires.
Premièrement,
l'obligation de divulguer le loyer est imposée dans le cadre de la signature
d'un bail, mais, avant de signer un
bail, il faut bien trouver une personne pour l'appartement. Or, rien n'oblige
le propriétaire à afficher le logement au
même prix qu'il avait été loué à l'ancien locataire. Si un logement peut être
affiché 500 $ de plus, pourquoi ne pas le faire? Seules les
personnes prêtes à payer 500 $ de plus seront alors intéressées par cette
annonce.
Deuxièmement,
on sait que huit locataires sur 10 au Québec ne connaissent pas le montant payé
par le précédant locataire dans l'appartement qu'ils occupent en
contrevenance directe, directe avec l'obligation légale des propriétaires à
divulguer cette information et en dépit des conséquences importantes d'être
pris en flagrant délit.
Un sondage Léger a aussi montré qu'environ
5 % des locataires se tournent... seulement 5 % des locataires se tournent vers le Tribunal administratif du
logement pour différentes raisons. Pourquoi un si petit pourcentage? Parce que
les gens ne sont pas fous, ils savent que, dans un marché où ils sont
30 locataires pour un seul logement, un dossier au TAL, peu importe les raisons, est une tache qui peut
nous faire perdre un logement. Plus encore, entreprendre une démarche au
Tribunal administratif du logement est un aria et les propriétaires le savent.
Il est aussi connu que les gens connaissent peu
leurs droits et craignent de perdre leur logement s'ils font des démarches
auprès du Tribunal administratif du logement. Qui veut commencer sa relation avec un propriétaire locateur en
demandant une fixation de loyer? Sachant tout cela, comment ne pas arriver à la
conclusion inévitable que la fin de la cession du bail mènera à une
augmentation des loyers. On l'a dit,
nous et d'autres personnes, la cession du bail est le dernier rempart utilisé
par des locataires afin d'éviter des augmentations abusives de loyer.
• (15 h 30) •
L'aveuglement
volontaire du gouvernement de la CAQ à cet effet est déconcertant, M. le
Président, là. C'est un gouvernement,
à ce titre, déconnecté de la réalité. On dirait que, pour la CAQ, toutes les
Québécoises et tous les Québécois sont des propriétaires qui ont un
capital financier, un revenu considérable et qu'ils ne regardent jamais leur
compte de banque bancaire avant de payer
leur loyer ou leur hypothèque. Un gouvernement solidaire remettrait de
l'humanité dans notre système
politique. Plus encore, un gouvernement solidaire utiliserait la science et le
savoir terrain des groupes et des gens
de la société civile, comme ceux qui sont venus en commission supplier la
ministre de ne pas abolir la cession de bail afin de planifier un
développement immobilier humain, innovant, et basé sur les intérêts des
locataires et des petits propriétaires.
Plutôt que d'encourager les locateurs à maintenir ou à augmenter la qualité des
services rendus, la fin de la cession du bail représente l'opportunité de
générer davantage de rendement. Parce que ça va être ça, la conséquence
pratique et peut-être même la finalité de l'abolition, à toutes fins pratiques,
de la cession de bail telle qu'on la connaît, ça va être l'augmentation des
rendements pécuniers d'une partie des locateurs. Ces hausses de prix induites
par la renégociation des baux auront
un effet à la hausse sur tous les prix dans le marché résidentiel,
particulièrement en l'absence d'un registre de loyer public et universel, tant
demandé par plein d'organisations et de gens ici, au Québec. Tant que les taux
d'inoccupation n'auront pas substantiellement augmenté, limiter la cession de
bail agira contre l'intérêt du consommateur locataire.
Nous avons
donné des alternatives à la ministre pour amoindrir la mauvaise décision de
mettre fin au plein droit de la
cession de bail, par exemple encadrer les motifs sérieux afin d'interdire
l'effet de monnayer une cession de bail et ainsi permettre
que les locataires conservent le plein droit à la cession; l'exclusion de la
possibilité de refuser une cession de bail
pour les aînés de 65 ans et plus demeurant depuis plus de cinq ans dans
leur logement et ayant un revenu équivalant à 150 % du revenu moyen pour
l'accès à un loyer... à une habitation à loyer modique, un HLM; l'exclusion de
la possibilité pour un propriétaire
de refuser une cession de bail lorsque le taux d'inoccupation est sous les
3 % dans ce secteur. Et nous allons tenter une dernière fois, M. le
Président, de présenter un autre amendement afin de, par exemple, faire en
sorte que le locataire... le
colocataire d'un signataire de bail qui a vécu au moins pendant 12 mois
dans cet appartement-là, et souvent pendant plus longtemps, puisse aussi
être bénéficiaire d'une cession... bénéficiaire de plein droit d'une cession de
bail.
Nous avons
aussi proposé la mesure qui a été tant de fois avancée, c'est-à-dire le
registre de loyer. La cession de bail,
si ce registre-là avait été créé et il avait été implanté par le gouvernement
du Québec, là, la cession de bail serait beaucoup moins nécessaire, car il serait aisé d'aller
consulter l'ancien montant du loyer avant de signer un nouveau bail. Beaucoup
de locateurs seraient hésitants, avec un
registre de baux, à imposer des hausses abusives de loyer lors d'un changement
de locataire. Un registre de baux
permettrait aussi au Tribunal
administratif du logement de se
concentrer sur les cas d'abus graves, là, d'insalubrité, etc., au lieu
de gérer des demandes de fixation de loyer à répétition.
Je vous pose
la question, peut-être vous, M. le Président, vous ou quelqu'un que vous
connaissez, est-ce que vous avez déjà
essayé de rejoindre le Tribunal
administratif du logement au
téléphone? Bonne chance, M. le Président, là. Le recours au TAL est non seulement le dernier recours souhaité par les
locataires, mais ce n'est pas facile d'y avoir accès, alors qu'un
registre des baux serait tellement plus facile à consulter.
Dans un
contexte d'inflation, le registre de loyer est une solution à la hausse
fulgurante des loyers, des hausses qui appauvrissent
de plus en plus la classe moyenne et éloignent tout particulièrement les
jeunes... le rêve des jeunes de devenir, un jour, propriétaires.
Si la ministre de l'Habitation voulait vraiment
rétablir l'équilibre entre les propriétaires et les locataires, un registre de loyer serait l'outil idéal pour
égaliser le rapport de force. Un sondage révélé en 2023, il n'y a pas si
longtemps, nous informe que, lorsque
les locataires déménagent, leur loyer bondit de manière significative, soit
d'environ 20 %. 20 % d'un loyer de 1 000 $, d'un loyer qui
coûte 1 000 $, c'est 200 $ de plus par mois, 200 $ que le
locataire doit sortir de sa poche
pour le mettre dans la poche d'un locateur. C'est 200 $ que vous n'avez
pas pour mieux vous nourrir, nourrir vos enfants, vous habiller et habiller vos enfants, c'est de
l'appauvrissement net, M. le
Président. Et ce chiffre-là de 20 %, en fait, ça a été confirmé par les dernières données de la Société
canadienne d'hypothèques et de logement, la SCHL, qui, lui, arrive à la conclusion que, lorsqu'il y a un
changement de locataire au Québec, c'est une augmentation moyenne de 19 %,
là.
32 % des locataires déclarent qu'ils
n'auraient pas le choix d'accepter une hausse de loyer au-delà de leur capacité de payer, alors que l'épicerie coûte de
plus en plus cher. Et c'est vraiment inquiétant. Ensuite, 80 % des
locataires ne sont pas au fait que la
clause G du formulaire de leur bail, et ce, bien que ce soit théoriquement
illégal de ne pas l'indiquer... Mais,
on le sait, dans la pratique, une très... dans la très grande majorité des
baux, il n'y a pas... la clause G n'a pas été remplie. Un sondage récent des propriétaires du Québec
montre de façon préliminaire que 54 % des propriétaires seraient en faveur
d'un autre mécanisme d'archivage des loyers que la clause G, alors que
seulement 22 % d'entre eux s'y opposeraient.
Le lancement du Registre des loyers de
l'organisme Vivre en ville a marqué un tournant majeur dans la mobilisation
pour trouver une solution concrète à la crise de l'habitation. Déjà,
50 000 loyers y ont déjà été consignés, mais c'est insuffisant pour avoir un... pour avoir l'ensemble du
portrait locatif au Québec. Un nombre important d'acteurs influents de
la société civile ont, d'ailleurs, apporté leur soutien en faveur d'un registre
public universel et obligatoire, notamment
les maires et mairesses des 11 grandes villes du Québec, là. En fait, il y
a seulement le gouvernement de la Coalition avenir Québec et certaines
associations de propriétaires qui s'y opposent.
Autre élément
que nous avons apporté, M. le Président, c'est l'élargissement de la loi
Françoise David pour mieux protéger les locataires aînés, qui sont
particulièrement vulnérables parce que susceptibles d'une éviction abusive.
Permettez-moi de... permettez-moi de vous lire un extrait du discours de
Françoise David lors de l'adoption du principe du projet de loi n° 492 en 2016, ici même, au salon bleu. Je cite
Françoise David, et malheureusement je n'ai pas le talent oratoire de
cette grande dame, mais, bon, vous allez vous contenter de moi.
Je cite
Mme Françoise David : «Pour se rappeler un tout petit peu d'où vient
l'idée de ce projet de loi[...], tout ça est parti, il y a deux ans, d'un
constat effectué dans ma circonscription — circonscription
de Gouin — et dans plusieurs autres, c'est l'augmentation de la spéculation immobilière, spéculation
se faisant par toutes sortes de subterfuges mais ayant un impact particulier sur les aînés. Les personnes
aînées locataires dans ma circonscription et dans plusieurs autres, non
seulement à Montréal, mais dans d'autres grandes villes du Québec, sont
souvent des personnes locataires d'un même logement
depuis extrêmement longtemps, on parle parfois de 30 ans, des personnes
vraiment âgées, souvent vulnérables, souvent
en perte d'autonomie, souvent souffrant de maladies et qui, du jour au
lendemain, se voient évincées d'un logement parce que le propriétaire dit
vouloir agrandir, subdiviser, etc. [...]il y a [...] parfois, malheureusement,
des subterfuges pour arriver
finalement à transformer tout un immeuble locatif en condos, le revendre, etc.
Mais, quelle qu'en soit la raison, moi, j'ai pensé, nous avons pensé, à Québec solidaire, d'abord et avant tout
aux personnes aînées, aux personnes aînées locataires.» Fin de la
citation.
• (15 h 40) •
Je souligne
ici que Françoise David, en 2016, faisait référence à l'année 2014, où déjà
on voyait les effets de la spéculation
immobilière sur les évictions, notamment les évictions d'aînés. Le gouvernement
de la CAQ et le Parti québécois qui
pointent actuellement l'immigration pour la crise du logement devraient se
rappeler que les effets de la spéculation immobilière au Québec et au
Canada sont documentés depuis la fin des années 1990.
Je reviens à
Françoise David, cette fois-ci lors de l'adoption du projet de loi n° 492.
Je cite Françoise : «Il y a probablement
bien des personnes ici qui ont soit des parents âgés, ou des oncles, ou des
tantes, ou des gens de leur famille, et
je pense que tout le monde connaît la valeur importante qu'a le logement pour
les aînés, leur logement, leur milieu. D'ailleurs, quand ils doivent ou elles doivent quitter pour,
par exemple, s'en aller en résidence, c'est toujours un déchirement. Vous
savez, il y a cette vieille expression
québécoise qui s'appelle "casser maison". Ça dit quelque chose, ça,
hein, on casse. Pourtant, on ne casse rien du tout, mais c'est le
sentiment de briser quelque chose, d'être obligé de sacrifier souvent
énormément de choses, d'ailleurs, pour passer à une autre étape. Dans ce
cas-ci, le déménagement, un déménagement imposé, ça a le même effet, finalement, que l'obligation, pour des raisons de santé
physique ou mentale, de s'en aller en résidence. Alors, quand on n'est
pas obligé, quand c'est une décision qui ne dépend pas de nous, on aime bien
mieux pouvoir rester chez soi, dans son
milieu, avec ses repères, son CSLC, avec des services autour, des commerçants
qu'on connaît, des voisins, un club
de l'âge d'or. Je l'ai déjà dit bien des fois, mais, tout ça, je pense que, si
on a une certaine connaissance des aînés[...], on sait à quel point
c'est important.
«[...]le
Québec — toujours
Françoise David qui parle — a
décidé, il y a déjà bien des années, d'être une terre où on s'occuperait
convenablement des aînés. Il y a un ministère des Aînés, il y a une ministre
des Aînés, c'est important. Est-ce qu'on y
accorde toujours l'importance nécessaire très concrètement? Je n'en suis pas
certaine. [...]Mais on a quand même
des orientations dans la société québécoise, et l'une de ces orientations,
c'est le maintien à domicile des aînés le plus longtemps possible, ce qui suppose un environnement adéquat, un
logement adéquat, ce qui suppose tout l'environnement social, culturel.»
Toujours
Françoise David : «Je sais que les aînés, les locataires [et] les
parlementaires sont heureux de l'adoption de ce projet de loi. Il fait
la démonstration qu'il peut être possible dans le parlementarisme
québécois[...], de se mettre d'accord sur des objectifs et sur des moyens. Il
est beaucoup plus rare qu'un projet de loi issu d'une ou l'autre des
oppositions se rende à terme comme celui-ci. Moi, j'espère qu'il y en aura
plusieurs autres.»
Finalement,
nous dit Françoise David : «...ça [a] aussi fait la preuve qu'entre
personnes de bonne volonté, au-delà des allégeances politiques partisanes, eh
oui, on est capables parfois de s'entendre. Et on est capables de le faire
pourquoi? Bien, parce qu'on veut travailler pour les gens. Et, quand on
travaille pour les gens, je pense qu'en général on travaille bien.»
C'est
ça, les mots de Françoise David, lors de l'adoption du projet de loi n° 492, déjà, en 2016. Et, pour souvenir, on rappellera que le projet n° 492 était une initiative d'une députée d'opposition, Françoise David, à
l'époque, et le gouvernement de
l'époque, de M. Couillard, avait accepté d'étudier cette initiative-là,
qui a abouti, finalement, à une meilleure protection des locataires
aînés.
Pourquoi ne pas faire
la même chose aujourd'hui, M. le Président? Pourquoi cette fermeture du
gouvernement de la Coalition avenir Québec,
là, pour avancer et mieux protéger les aînés des évictions abusives, alors que
la gravité de la crise du logement... C'était déjà grave en 2016, mais
c'est encore plus grave aujourd'hui. Les aînés subissent encore plus de pression pour... concernant les évictions,
et ces évictions-là, on va se le rappeler, constituent un attentat au droit
fondamental de maintien dans les lieux, et tout ça en vue d'augmenter les
gains, le rendement des propriétaires de ces bâtiments-là.
Je m'adresse à Mme la
ministre de l'Habitation. Vous aviez l'occasion, lors du projet n° 31,
de travailler de manière transpartisane sur la question du logement, et ce, à
un moment aigu de la crise, alors que les Québécois et les Québécoises en arrachent avec le coût de la vie.
Les augmentations abusives des loyers lors d'un changement de locataire et lors
de l'application de la clause F, dont on va en parler, affectent directement
des millions de Québécois et de Québécoises, jeunes et moins jeunes.
Je
vous rappelle, M. le Président, là, qu'au Québec il y a 1,3 million des
ménages qui sont locataires. Ça représente tout près de 3 millions de
personnes, un tiers de la population québécoise. Nos propositions, plus de
25 amendements qu'on a apportés,
étaient pragmatiques, raisonnables et ouverts à la discussion. Or, il semble
que le simple fait de donner un gain, ne
serait-ce que symbolique, aux oppositions était plus important que d'accepter
d'améliorer la protection des locataires, notamment les aînés, qui ont bâti le Québec d'aujourd'hui. Vous avez,
Mme la ministre, écouté le lobby des propriétaires. Vous n'avez proposé aucune mesure pour freiner la
spéculation immobilière, vous l'avez même encouragée en abolissant, à toutes
fins pratiques, l'abolition de... la cession de bail, là, alors que cette
spéculation immobilière a pourtant un impact direct sur les prix des logements mais aussi sur les prix des maisons.
Parce qu'il ne faut pas se leurrer, M. le Président, dans le monde immobilier,
tout est relié. Le secteur locatif est... ce qui se passe dans le secteur
locatif influence aussi, ce qui se passe, en particulier les prix du
secteur des maisons privées, là.
En réalité, Mme la
ministre, vous n'avez fait que protéger les profits de certains et de certaines
dans le marché immobilier. Je n'ai rien
contre les profits, il faut en faire, mais, à un moment donné, il faut faire...
il faut faire une limite, il faut mettre une limite, surtout lorsque
cela tombe dans la spéculation. Vous avez protégé un marché où le droit au logement et à vieillir dans la dignité prend le
bord pour que des actionnaires, quelque part dans le monde, fassent la piastre
sur le dos des plus vulnérables dans notre
société, pour que des spéculateurs de ce monde, qu'ils soient littéralement des
prédateurs de l'immobilier, continuent leur petit manège.
C'est
vraiment désolant, M. le Président, là, d'assister à l'adoption d'un projet de
loi, qui était annoncé comme le grand projet de loi qui allait régler, régler
un très grand nombre de problèmes dans le secteur locatif, là, dont des
situations scandaleuses, scandaleuses
d'abus non seulement concernant les loyers, mais le fait de faire perdre un
logement à des ménages, et alors, dans la réalité, ce projet de loi ne
vient qu'aggraver les... qu'aggraver la situation dans le secteur locatif, là.
C'est
pour tout cela, M. le Président, que nous ne pouvons acquiescer à voter en
faveur de l'adoption de ce projet de loi. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Je cède maintenant la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, le temps est venu de se prononcer
sur la prise en considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi n° 31. Et il est de coutume de revenir sur les consultations qui nous ont permis d'approfondir
notre connaissance sur le marché de l'habitation, par exemple, dans le cas échéant, sur le dossier, d'entendre différents
groupes et de prendre en compte leurs points de vue et dans l'objectif de
bonifier le projet de loi. Rien n'est parfait. Et je pense que les législateurs
comme le gouvernement lui-même l'ont toujours reconnu, d'ouvrir les
portes de l'Assemblée nationale aux différents groupes d'intérêts, aux
associations, aux citoyens également qui
viennent se prononcer sur un projet de loi, c'est un exercice démocratique
absolument essentiel qui nous permet d'aller plus loin, d'approfondir la
réflexion et de bonifier le projet de loi.
Mais, avant de
revenir sur, justement, le point de départ qui nous amène aujourd'hui à la
prise en considération, c'est-à-dire le
début des consultations particulières, je vais revenir un peu en arrière sur le
dépôt du projet de loi en tant que tel, parce qu'il faut quand même
mettre en contexte le fait que, pendant le premier mandat de la Coalition
avenir Québec, la situation du logement, de
l'habitation est devenue extrêmement pénible, extrêmement grave pour des
milliers, voire des centaines de
milliers de Québécois. On a appelé ça très rapidement, avec tous les signaux
d'alarme qui nous étaient envoyés de partout à travers le territoire...
on a appelé ça la crise du logement. Et, pendant quatre ans, nos vis-à-vis au gouvernement ont essentiellement nié la crise. Le
mot en c était proscrit, tabou. On ne voulait pas reconnaître un état de fait,
une situation dramatique pour nombre de citoyens du Québec, et pas seulement,
là, dans les grands centres, mais dans l'ensemble du territoire québécois.
• (15 h 50) •
On
a fait le plaidoyer pendant des années jusqu'à ce qu'on ait cette campagne
électorale de 2022 où chaque parti politique a dû se prononcer, et on a vu une certaine ouverture de la part du parti
gouvernemental à finalement reconnaître que la situation était
dramatique, qu'il fallait agir. On s'attendait donc à ce que, dès le lendemain
des élections d'il y a un an et demi, le
gouvernement arrive de façon résolue avec des solutions pour résorber la crise
du logement, qui sévit à travers l'ensemble
du territoire. Et pendant des mois, bien, on nous a dit qu'on travaillait sur
un plan, sur une stratégie, sur un projet de loi, et là je parle de toute la session de l'hiver 2023, pour
finalement, in extremis, en juin, à deux jours, trois jours de la fin de la
session parlementaire, avoir droit enfin à quelque chose de concret, une pièce
législative qui était déposée, avec évidemment
zéro chance qu'on puisse l'adopter avant l'été, puisqu'il faut quand même
suivre la procédure et étudier le projet
de loi, entendre les groupes, et ainsi de suite. Et on s'est dit : Bien,
il y a certainement un devoir qui a été fait, on a pris du temps, mais,
au moins, nous arriverons avec un certain nombre de solutions.
Le
projet de loi, je l'ai ici, il comptait 37 articles au départ. Et
même si, d'entrée de jeu, on a essayé d'y voir du positif, on s'est dit :
Mais pourquoi y a-t-il à la fois quelques éléments positifs, mais aussi des
reculs en ce qui concerne la
protection des droits des locataires, et alors qu'on est dans une crise où je
pense que tout le monde va admettre ici que ceux qui subissent les
effets de cette crise réelle, ce sont effectivement les locataires? On
s'attendait à une panoplie de solutions à
travers le pouvoir législatif, gouvernemental et de l'Assemblée nationale, mais
on a découvert très rapidement que,
si on en donnait quelques-uns, là, des... quelques-unes, si on offrait quelques
solutions, on retirait également un certain nombre d'éléments. Ce qui nous a
fait douter, là, de la volonté réelle d'arriver avec un remède de cheval pour
une situation de crise qui est
inédite, qui est véritablement importante et grave et qui a des conséquences
sur la vie, sur le bien-être des Québécoises et des Québécois.
Alors,
je vous rappelle les éléments qu'on voyait comme étant, somme toute,
positifs : améliorer la protection des gens qui pourraient être victimes
d'éviction en inversant le fardeau de la preuve sur le propriétaire, qui doit
donc prouver que s'il est contesté,
si l'éviction est contestée devant le Tribunal
administratif du logement, mais qu'il
doive prouver qu'il le fait pour des
raisons valables, des raisons légitimes. Point positif. Heureusement, ça se
retrouve également dans la version finale du projet de loi issu des
travaux de la commission.
Autre
élément, on décide de prolonger ou d'améliorer, c'est-à-dire, les compensations
en cas d'éviction. On avait un trois
mois de compensations auparavant, ce qui, évidemment, lorsqu'on perd son loyer
qu'on occupe depuis 10 ou 15 ans, bien,
c'est une goutte d'eau dans l'océan des frais qu'on va devoir assumer pour se
trouver un loyer équivalent dans le même
secteur, parce que le coût des logements a explosé, parce que les logements
aussi sont très rares, parce que le taux d'inoccupation n'a jamais été aussi bas. Alors, évidemment, de prolonger
la période ou plutôt d'allonger, augmenter les compensations jusqu'à concurrence de 24 mois, bien, on a vu que
c'était un geste de bonne volonté de la part de la ministre de
l'Habitation.
Sinon,
on s'est bien demandé pourquoi il fallait une contrepartie de la part des
locataires, des citoyens du Québec. Si
on vous donne une meilleure protection, mais il faut quand même une meilleure
protection, c'est-à-dire une meilleure compensation
en cas d'éviction, on demeure évincé, on demeure à la recherche d'un logement.
On ne règle pas un problème, on atténue les effets immensément tragiques de se
voir évincé par une compensation financière qui n'arrivera pas,
justement, magiquement, à nous permettre de nous trouver un toit, mais on
atténue la douleur et les impacts financiers. Mais ça ne règle pas le problème.
Mais, en contrepartie, on nous annonçait que nous allions retirer la cession de
bail. Et j'y reviendrai tout à l'heure, parce qu'on a essayé de comprendre pourquoi, mais en juin, on
n'arrivait pas trop à savoir pourquoi la ministre avait décidé de
retirer la possibilité, pour l'essentiel, de céder son bail à... par exemple, à
son colocataire ou encore à son conjoint en
cas de séparation, bref, de permettre que le bail puisse être repris par un
tiers sans avoir à passer par une
annonce d'un logement libre qui se traduit le plus souvent par une augmentation
du loyer largement au-delà des
recommandations du Tribunal
administratif du logement. Ces
données-là existent. On le sait, l'augmentation est de l'ordre de
20 %, alors que les recommandations du Tribunal administratif sont bien
inférieures.
On pourrait
aussi parler des statistiques, là. Lorsqu'on voit un loyer qui est occupé
actuellement, là, depuis... pour, par
exemple, un deux et demi qui serait avec le même occupant pendant une période
de cinq ou 10 ans par rapport à un loyer qui a changé d'occupant au cours des
dernières années, la différence de ces deux loyers de valeur équivalente avec
les dernières années, les statistiques des
dernières années, il est avéré que la différence d'une ville à l'autre, ça
varie d'une ville à l'autre, mais la différence entre un loyer d'une valeur
équivalente, si on a vu des changements dans l'occupation dudit loyer, la différence peut être de l'ordre de
25 %, de 30 %, de 35 %, et même davantage. C'est donc dire
que le contrôle des loyers dont on s'est doté, au Québec, et dont on
pouvait être tellement fiers, dans une société qui se veut juste, et généreuse,
et bienveillante... avec un filet social où le droit au logement, sans être,
malheureusement, reconnu de façon législative, est au moins reconnu comme étant
un besoin de base et que... auquel tout le monde devrait avoir accès.
Alors, juin, pas vraiment d'explication sur le
retrait de cette mesure-là qui permettait d'atténuer les hausses de loyers,
qui, je le rappelle, ont un impact extrêmement important sur des centaines de
milliers de Québécois qui tirent le diable
par la queue, disons-le, là, avec une période où l'inflation est galopante, où
le coût de la vie augmente, où le coût des
aliments augmente encore plus rapidement que l'inflation elle-même, les besoins
essentiels, se nourrir, se loger, sécurité, tout ça est extrêmement lourd à porter pour nombre de familles du
Québec, nombre de familles monoparentales, nombre de jeunes, nombre de personnes âgées dont les
revenus ne suivent pas l'inflation. Je suis toujours en juin. La seule réponse
à laquelle on a eu droit, de façon assez
particulière, c'est que ce droit-là... en fait, ce n'était pas un droit, c'est
une mesure pour protéger les propriétaires, les locateurs. Et, maintenant, le
marché étant complètement déséquilibré en faveur des locateurs, ils n'avaient plus besoin de s'assurer que quelqu'un
reprenne le bail, alors qu'on en aurait besoin aujourd'hui pour protéger les
locataires, justement.
• (16 heures) •
Nous prenons
l'été pour étudier le projet de loi, et se préparant, justement, à y apporter
un certain nombre de bonifications,
d'amendements, et on se retrouve, justement, lors des consultations avec des
groupes d'intérêts, des associations, des
villes aussi qui viennent à tour de rôle nous donner leur point de vue, et des
étudiants également, des propriétaires, bien entendu, des constructeurs, et, à quelques exceptions près, on nous
dit : Ce n'est pas une bonne idée, là, le retrait de la cession de
bail, surtout pas, là, en période de crise du logement. Très mauvais message à
passer. Et ça a un écho, évidemment, au-delà
des travaux de la commission, mais on se dit : On a quelque chose qui
commence à ressembler à un consensus, sauf évidemment les représentants
des propriétaires, qui nous disent : Bien non, évidemment, c'est la
demande qu'on a faite à la ministre, on
voudrait qu'elle maintienne cette mesure-là. Même le premier ministre, ici
même, au salon bleu, ouvre la porte
en disant : Bien, on peut regarder ça. Alors, plein d'espoir, mais on se
dit : Si on veut vraiment faire une différence, gardons ce qui
fonctionne un tant soit peu et améliorons les choses.
Ce n'est
malheureusement pas ce qui s'est produit. La ministre n'a jamais voulu céder un
pouce sur la question de la cession de bail, allant jusqu'à déclarer,
comme je le mentionnais tout à l'heure, que cet outil-là n'était plus
nécessaire puisqu'il ne servait plus aux
propriétaires, il ne sert maintenant qu'aux locataires. Ici, on a un projet de
loi, là, pour résorber un tant soit
peu la crise du logement. On s'attendrait à ce qu'on aide les locataires.
Jamais n'a-t-on pu obtenir de la ministre une ouverture là-dessus.
Elle a même été jusqu'à déclarer, et je dois le
rappeler parce que c'est quand même assez fondamental dans le dossier, que, si les locataires se servaient de la
cession de bail à l'heure actuelle, c'est qu'ils se servaient du bien d'autrui
pour donner au suivant. Alors, c'est dire la compréhension ou l'absence de
compréhension du vécu, et de la réalité, et des
difficultés, voire des tragédies, que vivent nombre de familles au Québec. Elle
en a rajouté une couche. La citation a fait époque. C'est-à-dire qu'elle a aussi ajouté que, si cette crise du
logement là, si elle affectait tellement les locataires puis si les
locataires en voulaient davantage, bien, ils n'avaient qu'à investir dans
l'immobilier.
Alors, c'est
dire la déconnexion de la ministre face aux problèmes qu'elle disait vouloir
régler avec le projet de loi n° 31, mais il y a pire. On étudie, avec les gens de la société civile, le
projet de loi de 38 articles. Certains font notre affaire, d'autres
un peu moins. On voudrait bonifier le projet de loi. On s'apprête à
entreprendre le travail. La ministre n'est pas
prête, et ça, c'est assez exceptionnel. Souvent, on a des projets de loi qui
sont déposés. Deux semaines plus tard, on a des consultations, des
consultations ouvertes, particulières, et ensuite on commence le travail
article par article. On se doutait que le
dossier avait été élaboré rapidement, qu'il avait été un peu bâclé. C'est la
raison pour laquelle on y voyait des failles
et on y voyait lieu d'en discuter pour proposer des amendements, des
bonifications. Mais ce qu'on apprend, c'est que la ministre, elle n'est
pas prête à étudier son projet de loi. On pose la question, pour finir par
apprendre qu'il y avait beaucoup, beaucoup
d'amendements apportés par la partie gouvernementale. On commence l'étude et on
nous dit : Bien, on ne vous
donnera pas l'ensemble des amendements qu'on est à préparer parce qu'ils n'ont
pas tous été approuvés par le Conseil des ministres. Donc, comme on a dit
souvent dans la période de crise sanitaire, et ça semble être devenu une habitude pour la partie gouvernementale, on
construisait littéralement le projet de loi en plein vol, c'est-à-dire dans le
plein exercice, là, de l'étude du
projet de loi. On ne savait pas, d'un jour à l'autre, ce qu'on allait nous
proposer comme amendements. Il y en a
eu... Il y en a eu de nombreux. Le tableau, ici, indique, en couleur, tous les
changements qui ont été apportés au projet de loi, et ils ne sont pas
tous positifs, loin s'en faut. Mais, questionnée par les membres des partis
d'opposition lors de la commission, la
ministre nous a même indiqué qu'il était tout à fait normal qu'on bonifie le
projet de loi, parce qu'il y avait
des aspects du projet de loi touchant à l'habitation qui devaient être convenus
avec d'autres collègues, d'autres ministres, d'autres ministères. Et,
visiblement, ça n'avait pas été fait avant le dépôt du projet de loi en juin,
et on s'est appliqués à le faire pendant
l'été. On a attaché certaines ficelles avec d'autres ministères, avec d'autres
collègues, et on n'a pas jugé bon de soumettre ces amendements-là à
l'examen en commission, devant la société civile, en consultations
particulières.
J'ai suivi plusieurs projets de loi, dont le
projet de loi historique, le projet de loi n° 15 sur
la santé, le projet de loi n° 17 qui a
transformé complètement le transport en taxi au Québec. On a fait de nombreux amendements
au projet de loi. Jamais
je n'ai vu un projet de loi aussi bâclé, aussi transformé et qui ne ressemble
absolument pas à la version originale du projet de loi initial. C'est, et je le dis en pesant mes mots, pour ma
part, un déni de démocratie. La ministre, pour les raisons qui
lui appartiennent, je ne lui impute pas de motifs, mais je dis que la façon
dont elle a mené l'élaboration et l'étude de ce projet de loi ne permet pas d'avoir le point de vue des citoyens, des
groupes, des associations, de ceux qui seront touchés par le projet de loi, parce qu'il n'a pas été
soumis à la consultation particulière, alors que ce sont les règles de
l'Assemblée nationale qui ont été bafouées par un travail aussi mal
préparé, mais, aussi, aussi peu rigoureux.
Alors ça,
c'est mon introduction, parce que je pense que ça nous indique un peu vers où,
ensuite, on a pu se diriger : retard
dans l'étude, des jours de perdus. On sait que le gouvernement aurait voulu
adopter ce projet de loi avant l'hiver, avant la pause de la période des fêtes. Mais évidemment on n'avait pas fait
nos devoirs, alors c'est normal qu'on n'ait pas pu arriver, après avoir
perdu tout ce temps-là en commission.
Mais il y a
plus, il y avait des éléments qui étaient problématiques, on en a discuté, non
seulement dans la mouture originale,
mais dans les ajouts qui ont été apportés par le gouvernement. Je n'en nommerai
qu'un seul aujourd'hui, on aura le
temps d'y revenir pour l'adoption finale, mais il est absolument
extraordinaire, et je le dis dans le sens le plus péjoratif du terme, c'est-à-dire que l'on arrive au milieu
de l'étude d'un projet de loi en disant que nous allons profiter d'un projet de
loi sur l'habitation pour essentiellement suspendre, pour une période de cinq
ans, les règles de zonage de l'ensemble des municipalités du Québec pour permettre la construction
d'habitations, de loyers, de logements, parce qu'on en a bien besoin.
Mais, non seulement cette discussion-là n'a
jamais été ouverte, faite ni dans les médias, ni dans une campagne électorale, ni dans les consultations
particulières, mais elle n'a pas subi le test, si on veut, là, de la
discussion, du débat et des vérifications,
à savoir si, bon, il y avait une chance que ça fonctionne, et de voir aussi
quelles étaient les... En d'autres mots, on est arrivé avec cette solution-là
en nous disant : Bien, je pense que ça va fonctionner. Est-ce que vous
avez fait des études? Est-ce que vous
avez, comme on le fait dans certains projets de loi, une étude d'impact
réglementaire? Absolument pas. On a
rencontré des propriétaires, c'est ce qu'on peut supposer, on a passé un coup
de téléphone, j'imagine, à un certain nombre
d'élus municipaux ou à leurs associations et puis on a trouvé que c'était une
maudite bonne idée. Est-ce que vous avez mesuré les conséquences? Les
conséquences ne peuvent être que positives.
J'ai des petites nouvelles pour vous.
Aujourd'hui même, dans le journal Le Devoir, on nous disait que ce
projet d'amendement là, cet amendement-là au
projet de loi, c'est-à-dire l'article 37.2, risque de nous ramener à
l'époque, dont on croyait qu'elle était lointaine, là, à l'époque de la
commission Charbonneau et de tous les scandales qui y ont été révélés de
corruption. C'est grave. On le devinait un
peu. Mais évidemment on ne peut pas aujourd'hui lancer des accusations, on
remet en question le fait qu'on n'a jamais étudié quelles pourraient
être les conséquences négatives, les conséquences positives, on n'en sait guère
davantage, et on a l'impression d'une mesure improvisée.
• (16 h 10) •
Ensuite, ça a
des risques, des risques sérieux et surtout ça représente une certaine
contradiction avec un geste qui avait été posé par la ministre des
Affaires municipales, qui, il n'y a pas si longtemps, dans le mandat précédent,
nous a présenté la Politique nationale de l'architecture et de l'aménagement du
territoire, où on a comme principe l'idée de planifier
de façon plus rigoureuse, d'essayer, justement, de faire en sorte que le
développement de nos villes et villages du territoire québécois, de
l'aménagement, donc, du territoire puis du développement économique qui va avec
ça, y compris la densification, par exemple, de l'habitat, et tout ça,
tout ce soit fait de façon plus réfléchie, puis on veut justement aller travailler dans ce sens-là. On a un article qui
dit : On balance tout par-dessus bord. Tout ça, c'est terminé. Il n'y a
pas de planification, il n'y a pas de
vision d'avenir. Il y a pour, cinq ans, une suspension des règles. C'est, et
d'autres l'ont dit avant moi, essentiellement une ouverture vers la
possibilité que le far west se déroule sur le plan de l'aménagement du
territoire, à travers les villes du Québec.
Et là,
évidemment, on nous dira : Mais là vous n'allez pas accuser à l'avance les
élus municipaux de malversation ou de leur dire qu'ils ne sont pas en
mesure de gérer leurs territoires convenablement. Il s'avère qu'il y aura une
balance des inconvénients à mesurer par les
élus. Et, lorsqu'on va leur dire qu'on manque de logements, que la crise du
logement, elle est importante, qu'il
y a des investissements importants qui s'en viennent dans leurs localités,
qu'on va faire monter la valeur foncière des propriétés et donc du rôle
et donc leurs revenus, lorsqu'on va leur dire que, finalement, pour toutes ces raisons-là, et que la ministre, de
toute façon, le permet et qu'il n'y aura pas nécessairement de levée de
boucliers, il peut être tentant de
céder sans... politiquement à des offres comme celles-là sans prendre en
considération le fait qu'on va faire du tout et du n'importe quoi en
matière de construction, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour, évidemment, le patrimoine, pour
l'aménagement, pour, aussi, les citoyens et le vivre ensemble, parce que le
pouvoir citoyen est en même temps suspendu.
Oui, on fera
des consultations, mais le dernier mot appartiendra au conseil municipal, et,
une fois qu'il va aller en consultations,
la décision sera déjà prise. Et ça, c'est ce qui est extrêmement dommageable
pour la démocratie municipale également.
Il y aura même une élection municipale d'ici à ce que cette mesure-là se
termine. Des gens pourraient se présenter au conseil municipal avec pour
seul objectif de réaliser des projets qui, hier, étaient interdits par la
réglementation municipale. C'est grave. Et,
une fois qu'ils auront achevé leur oeuvre, bien, ils pourront bien tourner la
page et aller ailleurs. Il y a une
multitude de risques qu'on pourrait exposer à ça, à cette mesure-là, et on ne
les a jamais véritablement mesurés, analysés, discutés.
Ensuite, évidemment, on a des mesures qu'on
aurait bien voulu introduire. Je pense qu'il me reste cinq minutes, M. le Président, c'est bien ça? Je les aborderai
en rafale. On s'est dit : Bien, à partir du moment où l'ouverture à... de
la ministre est assez mince, on va s'imaginer au moins que, lorsqu'on
fait une proposition et qu'elle est prise en délibéré, c'est-à-dire qu'elle est suspendue de l'étude, bien, il y a une
réflexion qui se fait. On a fait des propositions d'amendements sur les modifications à apporter à la loi n° 492, considérant le droit des locataires aînés, on parle donc de mesures
qui les protègent contre les évictions sauvages et donc une loi qui date de
2015 et à une période où on ne connaissait pas la crise du logement
qu'on connaît aujourd'hui. On s'est dit : Bien, le contexte ayant changé,
on pourrait aussi améliorer ces protections-là. La ministre reçoit les propositions en disant : On
en discutera plus tard, on va les analyser. Réduire l'âge à partir duquel on ne
peut pas, là, évincer les personnes âgées de 70 à 65 ans. On pense qu'à
partir de 65 ans, l'âge de la retraite,
on peut admettre que les... ces gens-là, cette catégorie de gens là n'ont pas
des revenus, là, disons, élastiques. On ne peut pas facilement augmenter notre rémunération, notre capacité de
payer un loyer, et les évictions menant souvent à la recherche d'un loyer qui va s'avérer plus
dispendieux, plus cher, c'est une très mauvaise nouvelle. On va protéger
davantage les personnes les plus âgées.
On a
également proposé de réduire aussi la durée à partir de laquelle on est protégé
quand on a 65 ans ou 70 ans, là,
selon la loi actuelle, la durée d'occupation du bail ou du logement. On va
réduire ça de 10 ans à cinq ans. Cinq ans, c'est quand même un bon
bail. On se dit que si on a occupé les lieux pendant cinq ans puis qu'on est
rendu à 65, 66, 70 ans, dans la
situation actuelle, se faire foutre à la porte, c'est une très mauvaise
nouvelle. C'est dramatique. C'est dramatique sur le plan financier, sur le plan social, sur le plan affectif, sur le plan
psychologique également. On ne veut pas voir des gens se retrouver davantage à
la rue. On a un phénomène d'itinérance qui est croissant, on a doublé le nombre
de personnes itinérantes en deux ans, et, parmi celles-là, il y a
beaucoup de femmes, il y a beaucoup de personnes âgées également, des jeunes aussi, mais là, ici, on parle des
personnes âgées. Et on s'est dit : Cette mesure-là, ce sera quand même un
plus. Les personnes les plus
fragilisées, les plus vulnérables, les personnes qui ont un revenu annuel qui
est essentiellement sous le seuil de
la pauvreté, qui est le seuil à partir duquel on calcule qu'ils sont
admissibles à obtenir un logement, une habitation à loyer modique, un
HLM, parce qu'ils ont des revenus qui sont sous le seuil nécessaire pour
remplir les besoins impérieux. Les besoins
impérieux, là, c'est les besoins essentiels : se loger, se nourrir,
assurer sa sécurité. Et ce seuil-là, il est très faible. On parle, dans
certaines régions, parce qu'il peut varier d'une région à l'autre, on parle de
28 000 $, 30 000 $, 32 000 $ par année de
revenus.
Alors, on n'a pas voulu non plus, du côté de la
ministre, augmenter ce seuil-là. Ça, ça pouvait paraître un peu plus complexe, mais les gens de 70 ans,
65 ans, les gens qui ont vécu 10 ans ou cinq ans dans un même
appartement ont un revenu extrêmement
faible, ne peuvent pas se payer un logement équivalent à un coût plus élevé.
Et, malgré les plaidoyers importants que chacun des partis d'opposition
a pu faire, la ministre n'a jamais voulu céder un pouce. Et, quand on lui a dit : Mais ça fait pourtant quelques mois
que vous avez pris en délibéré ces propositions-là, est-ce que vous pouvez nous
dire quel est le fruit de votre réflexion,
de votre analyse, pourquoi vous en arrivez à la conclusion qu'on ne touche
absolument pas à rien?, la réponse,
en fait, elle n'est jamais venue. Essentiellement, on a dit : Mais ces
gens-là sont des gens qui ont atteint l'âge de la retraite, leurs revenus ne
peuvent pas augmenter, et tout ça. Et on nous a dit, essentiellement : La
mesure qui a été adoptée il y a
10 ans est encore bonne, comme si le contexte n'avait pas changé, puis les
revenus, là, bien, les revenus de l'âge de la retraite, bien, oui, ils ne sont
pas extensibles, mais l'âge de la retraite, elle, n'a pas changé. Alors, voici.
Merci beaucoup, M. le Président. On y reviendra.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Et je reconnais maintenant Mme la
députée de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président.
Donc, pour la dernière partie de ce projet de loi, j'ai eu le privilège de
siéger avec ma collègue de Mille-Îles sur la commission et j'ai vu, j'ai
témoigné moi-même d'une grande déception à l'égard
de ce projet de loi qui était tant attendu. Un projet de loi qui ne correspond
pas du tout à ce qui devrait être fait par un gouvernement qui prend la crise du logement au sérieux, avec une baisse
de mises en chantier de presque 40 %, un creux historique, surtout
comparé en Ontario, où des mesures ont été mises en place pour, justement,
encourager les nouvelles constructions.
On constate
que ce projet de loi, dans sa version finale, avec les amendements qui ont été
rejetés par la ministre et les
amendements de dernière minute qu'elle a proposés, va probablement exacerber
les problèmes actuels. Ce gouvernement, jusqu'à dernièrement, a carrément nié l'existence de la crise du
logement. Donc, on voit, avec le projet de loi, surtout la première mouture qui a été déposée, qu'il y avait
un manque d'efforts, qu'il y avait un manque, vraiment, de réflexion pour
comprendre comment le gouvernement pouvait agir au nom de la population pour
renverser cette situation.
• (16 h 20) •
Comme l'ont
mentionné plusieurs des collègues, un projet de loi qui a été déposé et qui a
été presque complètement réécrit
suite aux amendements que la ministre a présentés, des amendements très
importants, qui faisaient en sorte, comme j'ai dit, de presque réécrire
le projet de loi, et des amendements qui n'ont jamais été portés devant des
groupes lors des consultations restreintes. Donc, déjà, quand on posait des
questions à la ministre à propos, justement, des... bien, de la pensée qu'il aurait pu y avoir derrière les amendements
qu'elle a proposés, elle nous répondait qu'elle, elle avait consulté son
monde. Donc, qui est son monde? Clairement,
ce n'est pas les locataires. Clairement, ce n'est pas ceux qui auraient un avis
contraire à ce qu'elle a présenté. Plutôt des gens qui seraient là uniquement
pour corroborer ce qu'elle a mis de l'avant.
Donc, moi, je
voudrais donner un petit exemple avec un des amendements que la ministre a
présentés pour accorder de larges
pouvoirs discrétionnaires aux municipalités pendant cinq ans pour qu'ils
puissent justement aller de l'avant avec de la construction et avoir un
pouvoir discrétionnaire pour ne pas devoir passer par le processus et les
protocoles qui encadraient, justement, la
construction à la municipalité. Alors, je voudrais vous donner un exemple d'un
cas qui démontre comment cet enjeu-là pourrait être négatif pour les
citoyens.
Donc, dans
une des municipalités qui se retrouvent dans mon comté, il y a quelques années,
une municipalité qui contient surtout
des maisons, très peu d'appartements, il y a un immeuble, un des rares
immeubles qui louait des appartements plutôt
que des condos, et cet immeuble-là a été détruit en raison d'insalubrité. Et le
maire, à l'époque, a proposé que, plutôt qu'avoir
un immeuble de trois à quatre étages comme c'était le cas... que lui, il aurait
voulu faire un rezonage pour permettre la
construction d'un immeuble de 12 étages, ce qui a été très contesté de la
part de la population et de la part des concitoyens. Il y a eu un référendum
qui a fait en sorte que la population a eu la chance de se prononcer, et ils
ont rejeté ce projet-là. Quelques
mois plus tard, il y a eu les élections municipales, et le maire, pour cette
raison, et entre... d'autres, j'imagine, n'a pas été réélu.
Quand j'ai évoqué cet exemple à la ministre,
c'était assez effrayant de l'entendre me dire : Bien, s'il y a des aberrations qui sont le produit de cet amendement,
donc, les citoyens auront un recours, et le recours sera de ne pas réélire
leurs élus municipaux. Donc, moi, j'ai été quand même outrée d'entendre ça,
parce que la ministre elle-même a utilisé le mot «aberrations». Donc, elle comprend qu'il y a la possibilité, avec
cet amendement-là, qu'il y ait des constructions qui font en sorte... qui ne reflètent pas du tout
l'urbanisme de certaines municipalités et de certains quartiers. Mais, pour
elle, si... il n'y a pas de problème, les citoyens pourront par la suite
évoquer leur colère en ne pas réélisant cette personne, mais, par contre, l'immeuble qui est là, qui a
fait en sorte que l'élu, entre autres, n'a pas été réélu, sera toujours là et
sera une aberration pour les
citoyens. Donc, de l'entendre dire ça, moi, j'ai trouvé ça assez choquant, et
d'autant plus de remettre la responsabilité sur les élus avec un amendement à
un article qu'elle, elle propose, j'ai trouvé ça difficile à comprendre, si
vous voulez.
Alors, encore
une fois, dans ce projet de loi, on ne voit aucune mesure concrète, que ce soit
pour les locataires, que ce soit pour la construction de nouveaux immeubles, et
c'est ce qu'on a besoin. Ce n'est pas juste une question des loyers,
c'est une question de on a besoin de plus de logements au Québec.
Et comme ça a
été fait presque partout ailleurs au Canada, ma collègue de Mille-Îles a
présenté... a suggéré à la ministre que la TVQ soit éliminée sur les
nouvelles constructions. Et, encore une fois, je voudrais donner un exemple. Lors d'un passage à Gatineau, on a eu la chance de
rencontrer des promoteurs immobiliers qui nous disaient : Mais, compte
tenu que la TVQ a été suspendue en Ontario pour les nouvelles constructions et
ce n'est pas le cas au Québec, bien, nous,
ça ne nous intéresse pas énormément de... il n'y a pas d'avantage de construire
au Québec, mais il y a un avantage de construire
en Ontario. Donc, on a des compagnies québécoises basées au Québec qui
choisissent de construire dans d'autres provinces parce que c'est plus
avantageux pour eux, parce qu'il y a des mesures qui ont été mises en place par
les gouvernements justement pour encourager
la construction. Donc, je reviens au fait qu'avec cette proposition et d'autres
amendements qui ont été proposés, clairement, il y a un manque de vision de la
part du gouvernement de vouloir vraiment créer des incitatifs pour des
nouvelles constructions.
Également pour tout ce qui est de cession de
bail, qui était un droit acquis pour les Québécois depuis 1973, la ministre n'a
eu aucune ouverture à cet égard. Ses réponses étaient toujours courtes. Et elle
n'avait pas l'air de vouloir nous répondre.
Elle avait déjà, évidemment, pris une position et elle n'avait pas l'intention
d'y céder. Donc, cession de bail qui
existe depuis 1973, l'un des rares outils que les locataires ont pour justement
avoir un outil pour le contrôle des loyers et qui a été demandé, entre
autres, par la ville de Montréal de ne pas y toucher.
La raison
pour laquelle on y tenait, c'est parce que, bien, présentement, avec le dernier
dénombrement qui est sorti, de la
part du gouvernement, sur les chiffres de l'itinérance, on voit que 23 % des
personnes qui se retrouvent maintenant dans la rue sont là en raison d'expulsion ou d'éviction de leur appartement.
Et on comprend également qu'avec le prix des loyers aujourd'hui il est extrêmement difficile pour une
personne de se payer un loyer de 1 500 $ par mois pour une chambre.
Donc, la cession de bail faisait en
sorte qu'il y avait quand même un certain mécanisme pour contrer ces montées
flamboyantes.
Il y a une
étude qui a été faite, qui a fait la distinction entre les augmentations de
loyer en 2021 et 2022 pour des appartements
qui ont carrément changé de locataire, donc, qui n'ont pas eu accès à une
cession de bail et ceux qui ont eu accès à une cession de bail. Donc, pour les appartements où ça n'a pas été un
transfert de cession de bail, ça a été un locataire qui a quitté, un autre qui
est arrivé, il y a une augmentation en moyenne de 13,2 % du loyer, tandis
que, quand il y avait une cession de bail, la moyenne de l'augmentation du
loyer était de 3,6 %. Donc, clairement, ce n'est pas juste des mots.
Il y a des statistiques qui viennent pour
démontrer que la cession de bail fait en sorte qu'il y a un certain... pas
contrôle, mais un certain outil pour s'assurer que les propriétaires ne
peuvent pas, d'un locataire à l'autre, augmenter les prix sans devoir
s'expliquer.
Présentement,
avec une cession de bail, les propriétaires ont quand même des droits. Ils
peuvent rejeter une demande de
cession de bail pour des motifs sérieux. Donc, il existe déjà des mécanismes,
pour les propriétaires, pour s'assurer qu'une personne a un historique de ne pas payer leur loyer, un historique avec
le Tribunal du logement. Donc, il y avait un outil. Et là la ministre,
carrément, encore une fois, permet aux locateurs, maintenant, de ne pas devoir
fournir un motif sérieux, mais c'est leur
décision. Et sa réponse a été : Bien, il y a des propriétaires qui ne
voudront pas qu'il y ait, par exemple, des familles en haut qui font du bruit, etc. Donc, cession de bail qui va
mener à des instances de discrimination. Et, pour ça, on se désole et on
votera contre l'adoption de... contre la prise en considération. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Ajournement
Écoutez, compte tenu de l'heure, nous allons
ajourner nos travaux au mardi 13 février 2024, à 10 heures.
(Fin de la séance à
16 h 29)