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Version finale

43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)

Le mardi 5 décembre 2023 - Vol. 47 N° 87

Aller directement au contenu du Journal des débats

Table des matières

Affaires courantes

Déclarations de députés

Souligner le 45e anniversaire de la station de télévision CIMT-TVA

Mme Amélie Dionne

Souligner le 10e anniversaire de la Corporation AbbVie

Mme Marwah Rizqy

Souligner le 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme

Mme Karine Boivin Roy

Appuyer les organismes d'aide alimentaire

Mme Alejandra Zaga Mendez

Rendre hommage à l'organisme Compo Haut-Richelieu inc.

Mme Audrey Bogemans

Souligner le départ à la retraite de Mme Nathalie Legros

M. Alexandre Leduc

Souligner le travail des organismes d'aide alimentaire

Mme Lucie Lecours

Remercier le personnel de l'Assemblée nationale et celui des bureaux de circonscription
pour leur appui

M. Sylvain Lévesque

Souligner la vitalité des marchés de Noël de la circonscription de Mégantic

M. François Jacques

Souligner la performance de M. Florent Pelletier au marathon de Chicago

Mme Stéphanie Lachance

Féliciter les récipiendaires de la Bourse du député de Richelieu et de la Bourse à l'innovation
de la Chambre de développement agricole de Richelieu

M. Jean-Bernard Émond

Souligner la solidarité et la résilience des citoyens de la circonscription de Saint-Jean en temps
de crise

M. Louis Lemieux

Présence des joueurs et des entraîneurs du club de football des Alouettes de Montréal

Présence de MM. Pierre Karl Péladeau et Cosmo Maciocia, ex-parlementaires de l'Assemblée
nationale


Présentation de projets de loi

Projet de loi n° 394 — Loi concernant la mise en place de politiques de conciliation
études-famille-travail notamment dans les établissements
d'enseignement supérieur


Dépôt de documents

Dépôt de pétitions

Procéder à des consultations supplémentaires sur le projet de loi visant à rendre le système de
santé et de services sociaux plus efficace et y apporter des modifications

Analyser les impacts des feux de camp sur la santé

Questions et réponses orales

Délais d'attente dans les urgences

M. Marc Tanguay

M. François Legault

M. Marc Tanguay

M. François Legault

M. Marc Tanguay

M. François Legault

M. Marc Tanguay

M. François Legault

Temps d'attente dans les services d'urgence

M. André Fortin

M. Christian Dubé

M. André Fortin

M. Christian Dubé

M. André Fortin

M. Christian Dubé

Projet de loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace

Mme Elisabeth Prass

M. Christian Dubé

Mme Elisabeth Prass

M. Christian Dubé

Mme Elisabeth Prass

M. Lionel Carmant

Déclarations du premier ministre concernant la grève du personnel enseignant

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. François Legault

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. François Legault

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. François Legault

Équité salariale dans le secteur public

Mme Christine Labrie

Mme Sonia LeBel

Mme Christine Labrie

Mme Sonia LeBel

Mme Christine Labrie

M. Jean Boulet

Subventions accordées à l'industrie pétrolière et gazière par le gouvernement fédéral

Mme Alejandra Zaga Mendez

M. André Lamontagne

Mme Alejandra Zaga Mendez

M. André Lamontagne

Mme Alejandra Zaga Mendez

M. André Lamontagne

Demande d'enquête sur les marges de profit des chaînes d'alimentation

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. François Legault

Fermeture possible de la Clinique de la Cité Vaudreuil

Mme Marie-Claude Nichols

M. Christian Dubé

Mme Marie-Claude Nichols

M. Christian Dubé

Mme Marie-Claude Nichols

M. Christian Dubé

Conditions de travail des employés du réseau de l'éducation

Mme Marwah Rizqy

Mme Sonia LeBel

Négociation des conventions collectives des employés du réseau de l'éducation

Mme Marwah Rizqy

Mme Sonia LeBel

Motions sans préavis

Féliciter les Alouettes de Montréal, champions de la coupe Grey

M. Paul St-Pierre Plamondon

Mme Isabelle Charest

M. Enrico Ciccone

M. Gabriel Nadeau-Dubois

Mise aux voix

Demander au gouvernement fédéral de revoir la tarification de Postes Canada pour la
distribution des médias imprimés

Mise aux voix

Souligner la tenue de l'Opération ruban rouge de l'organisme MADD Canada

Mise aux voix

Rappeler aux entreprises l'obligation de respecter les dispositions de la Charte de la langue
française au Québec

Mise aux voix

Avis touchant les travaux des commissions

Renseignements sur les travaux de l'Assemblée

Affaires du jour

Projet de loi n° 35 —  Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le
budget du 21 mars 2023 et modifiant d'autres dispositions

Prise en considération du rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée

M. Eric Girard

M. Monsef Derraji

Mme Madwa-Nika Cadet

Mise aux voix du rapport

Projet de loi n° 38 —  Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes publics et des entreprises du
gouvernement et d'autres dispositions législatives

Adoption

M. Éric Caire

Mme Michelle Setlakwe

M. Haroun Bouazzi

Mise aux voix

Motions du gouvernement

Motion proposant que l'Assemblée approuve la Convention supprimant l'exigence de la
légalisation des actes publics étrangers

Mme Martine Biron

Mme Brigitte B. Garceau

Mise aux voix

Projet de loi n° 43 —  Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger
partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence
de la légalisation des actes publics étrangers

Adoption du principe

Mise aux voix

Commission plénière

Étude détaillée

Mise aux voix du rapport de la commission

Adoption

Mme Martine Biron

Mme Brigitte B. Garceau

Mise aux voix

Projet de loi n° 23 —  Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi
sur l'Institut national d'excellence en éducation

Adoption

M. Bernard Drainville

Mme Marwah Rizqy

Mme Ruba Ghazal

M. Pascal Bérubé

Ajournement

Journal des débats

(Treize heures quarante-deux minutes)

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Très content de nous retrouver pour le début de nos travaux. Donc, je vous invite à prendre place.

Affaires courantes

Déclarations de députés

Nous allons débuter tout de suite avec la rubrique les déclarations des députés. Donc, première intervenante, je cède la parole à Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.

Souligner le 45e anniversaire de la station de télévision CIMT-TVA

Mme Amélie Dionne

Mme Dionne : Merci, M. le Président. Afin de reconnaître toute l'importance de nos médias locaux dans l'exercice de notre démocratie, je tiens à souligner, aujourd'hui, le 45e anniversaire de CIMT-TVA.

C'est en 1978 que la station de télé a vu le jour à Rivière-du-Loup pour se positionner dans tous les foyers du Bas-Saint-Laurent, de Charlevoix et du Nouveau-Brunswick. CIMT-TVA n'est pas seulement une station télé, mais c'est aussi un citoyen corporatif très impliqué dans son milieu. Depuis 45 ans, CIMT soutient différentes causes et collabore avec de nombreux promoteurs et entrepreneurs, contribuant ainsi à la vitalité économique et sociale de notre région. La station a su s'adapter aux évolutions du paysage médiatique et aux besoins de ses téléspectateurs. Elle a su demeurer pertinente et près des gens.

M. Simard, Cindy, Mélanie, Catherine, Steven et toute l'équipe, félicitations pour ces 45 ans de succès, d'information et d'engagement envers notre communauté! Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata, et je reconnais maintenant Mme la députée de Saint-Laurent.

Souligner le 10e anniversaire de la Corporation AbbVie

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Bonjour, M, le président. Permettez-moi de souligner le 10e anniversaire d'AbbVie.

J'y étais avec le ministre de l'Économie et de l'Innovation pour marquer non seulement une décennie de succès, mais également pour mettre en lumière un incroyable parcours d'une entreprise de Saint-Laurent qui s'est engagée à avoir un impact positif.

Depuis sa création, AbbVie a été un phare de l'innovation et de l'engagement, tant au Québec qu'à l'international, grâce aux contributions transformatrices qu'elle a apportées dans le domaine des soins de santé. Abbvie se positionne comme pionnière dans la résolution de problèmes de santé graves. En effet, l'engagement d'AbbVie dans la recherche a conduit à la création de thérapies et de médicaments révolutionnaire dans les domaines de l'immunologie, de l'oncologie, de la neurologie et bien d'autres.

AbbVie a toujours repoussé les limites et démontré son expertise permettant le progrès en santé. AbbVie est plus qu'une entreprise, ce sont des chercheurs, des scientifiques, des professionnels de la santé qui poussent les limites et les repoussent, même.

Alors, félicitations à Abbvie! Et j'ai hâte de fêter un autre 10 ans avec vous.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. La parole revient maintenant à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.

Souligner le 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme

Mme Karine Boivin Roy

Mme Boivin Roy : Merci, M. le Président. Il y a 50 ans, soit en 1973, par la création d'un organisme public d'étude, de consultation et d'information, le Québec pose un geste concret et durable en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes. Ainsi est né le Conseil du statut de la femme, guidé par cinq valeurs fondamentales pour mener à bien sa mission, soit la rigueur, l'inclusion, l'ouverture, l'innovation et la bienveillance.

Au fil du temps, les recherches, les analyses et les interventions publiques du conseil ont contribué à notre réflexion collective et ont collaboré à l'implantation de politiques équitables et égalitaires.

Pour célébrer leur 50e anniversaire, le Conseil du statut de la femme a dévoilé, le 1er décembre dernier, un documentaire nommé Les héritières, qui nous convie à la rencontre de pionnières et de femmes qui ont tracé la voie chacune dans leur domaine.

Je vous invite à visionner ce documentaire. Et je salue toutes les collaboratrices du Conseil du statut de la femme, au fil des années, qui ont, comme elles le disent, l'égalité à coeur pour un Québec fier de ses valeurs.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.

Appuyer les organismes d'aide alimentaire

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président. J'aimerais faire entendre aujourd'hui la voix de nos banques alimentaires à Verdun et à L'Île-des-Soeurs, qui croulent sous la pression de la hausse des demandes.

À l'approche du temps des fêtes, la demande d'aide alimentaire, au Québec, explose, et nos banques alimentaires ne voient pas leurs ressources augmenter. Certaines d'entre elles sont contraintes de choisir entre venir en aide à nos personnes âgées, à nos travailleurs du secteur public ou à la mère monoparentale. Mais, malgré cela, les gens qui y travaillent sont déterminés à aider tout le monde. Ils et elles ne comptent plus les heures, parfois avec du temps non rémunéré, parce que leur budget leur oblige à faire des coupures.

En cette fin d'année, mon voeu, M. le Président, c'est que le cri du coeur de nos banques alimentaires soit entendu. Elles ont besoin de plus de ressources mais, surtout, qu'on s'attaque à la racine du problème, parce que ce n'est pas acceptable que nos familles et nos travailleurs et travailleuses, au Québec, continuent de s'appauvrir ainsi. Merci.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Iberville. La parole revient maintenant à madame... Merci, Mme la députée de Verdun. La parole revient à Mme la députée d'Iberville.

Rendre hommage à l'organisme Compo Haut-Richelieu inc.

Mme Audrey Bogemans

Mme Bogemans : Merci beaucoup, M. le Président. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, dans les tribunes, des gens qui ont l'environnement à coeur. Ils ont travaillé très fort pour que Compo du Haut-Richelieu ait le privilège de construire sa propre usine de compostage. D'ailleurs, plus tôt, j'ai su que la directrice générale de la MRC est venue ici en 1992, 1993, à l'Assemblée, pour sensibiliser les élus du temps à ce projet régional, dont la réalisation est maintenant une fierté pour tous.

Cette installation, unique en son genre, a été inaugurée en octobre dernier avec la présence du ministre de l'Environnement. C'est le premier centre de compostage avec maturation entièrement sous bâtiment au Québec, et c'est chez nous, dans le comté d'Iberville, que la magie s'opère.

L'équipe Compo du Haut-Richelieu s'évertue à innover pour la réduction de notre empreinte environnementale, et ils réussissent. Alors, je dis merci à l'équipe de Compo du Haut-Richelieu et pour leur travail au quotidien.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Iberville. Au tour, maintenant, de M. le député d'Hochelaga.

Souligner le départ à la retraite de Mme Nathalie Legros

M. Alexandre Leduc

M. Leduc : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner la carrière d'une personne qui vient tout juste de débuter sa retraite, Mme Nathalie Legros.

C'est une agente sociocommunautaire au sein du SPVM depuis 27 ans et elle a passé les sept dernières années chez nous, au poste de quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Le travail effectué auprès des plus vulnérables durant cette période n'est certainement pas passé inaperçu. Mme Legros a notamment veillé à la sécurité et au bien-être des aînés à travers des ateliers de prévention de la fraude et de la maltraitance. En pleine canicule, elle fait de longues séances de porte-à-porte auprès des aînés isolés afin de s'assurer de leur état de santé. Pour l'enjeu des violences conjugales, porter plainte est essentiel, et, encore une fois, Mme Legros était présente. Elle a su développer des partenariats avec le milieu afin de faciliter cette étape pour les victimes.

C'était une grande partisane de l'Impact, maintenant le CF Montréal, et ce n'était pas rare de la croiser en uniforme au Stade Saputo. Les personnes qui ont eu la chance de la côtoyer sont sans équivoque à l'égard de sa façon d'être et de son travail. Elle a une excellente écoute active, travaille en collaboration, et tous et toutes ont eu un immense plaisir à travailler avec elle.

Elle met la barre haute pour les agents sociocommunautaires qui lui succéderont. Son approche humaniste, dans son travail, est un modèle à suivre.

Un grand merci pour tout, Mme Nathalie Legros.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député d'Hochelaga. Je comprends qu'il y avait consentement afin que le député de Hochelaga puisse remplacer le député de Taschereau? Merci.

Alors, la parole revient maintenant à Mme la députée de Les Plaines.

Souligner le travail des organismes d'aide alimentaire

Mme Lucie Lecours

Mme Lecours (Les Plaines) : Bonjour, M. le Président. Alors, pour ma dernière déclaration de députée de 2023, il m'apparaissait important de saluer le travail remarquable des banques alimentaires de partout au Québec et plus particulièrement dans ma circonscription.

Le travail que font ces organismes et leurs bénévoles est essentiel, surtout en ces temps plus difficiles. Je les remercie des efforts incroyables qu'ils déploient pour nourrir les gens les plus vulnérables de notre communauté, les enfants, les personnes âgées et celles en situation d'itinérance. Toujours avec le sourire et sans jugement, ils démontrent ce qu'est l'esprit de solidarité et d'être là les uns pour les autres.

Il n'y a aucun doute que nos banques alimentaires ont besoin d'un plus grand soutien pendant la période des fêtes mais aussi tous les jours de l'année. Si vous avez du temps, si vous avez les moyens d'aider, faites-le. Un don, même si petit soit-il, est en réalité très grand. Tous ensemble, ouvrons nos coeurs, et allumons la flamme de la générosité. Merci, M. le Président.

• (13 h 50) •

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Les Plaines. La parole revient maintenant à M. le député de Chauveau.

Remercier le personnel de l'Assemblée nationale et celui
des bureaux de circonscription pour leur appui

M. Sylvain Lévesque

M. Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Et je suis convaincu que vous vous joignez à moi, ainsi que l'ensemble des collègues, pour souhaiter, en cette dernière semaine de travaux parlementaires, nos voeux et remercier les 625 employés de l'Assemblée nationale. Je pense, bien sûr, aux cadres, aux professionnels, aux techniciens, au personnel de soutien. Je veux saluer, bien sûr, le secrétaire général, M. Siegfried Peters, et toute l'équipe de direction, mais je veux aussi saluer les membres de l'administration, nos légistes, nos constables, l'équipe des travaux parlementaires et de la diffusion, l'accueil et la mission éducative, l'équipe de restauration, sans oublier nos pages, qui font un travail extraordinaire, M. le Président.

Et j'ai une pensée, évidemment, pour tous les employés et travailleurs dans les 125 circonscriptions. Merci du fond du coeur de nous accompagner dans notre travail, et je vous souhaite de profiter du repos bien mérité avec vos familles et de profiter des fêtes.

Alors, joyeux Noël! Bon début d'année 2024. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Chauveau. Merci. Au tour, maintenant, du député de Mégantic.

Souligner la vitalité des marchés de Noël
de la circonscription de Mégantic

M. François Jacques

M. Jacques : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux souligner la vitalité des marchés de Noël dans ma circonscription.

Entre le 4 novembre et le 10 décembre, plus de 22 marchés de Noël auront accueilli les citoyens et citoyennes ainsi que les visiteurs dans autant de municipalités. C'est quand même formidable!

Les marchés de Noël jouent un rôle important dans nos régions. D'abord, ils créent une ambiance festive et conviviale à l'approche des fêtes, puis ils valorisent le savoir-faire local et ils nous font découvrir plusieurs artisans et produits de notre coin de pays.

Sur le plan communautaire, les marchés de Noël ont aussi une contribution significative. Ils sont une occasion de rencontre et de partage tout en soutenant les artisans, les commerçants et les associations locales. Les marchés de Noël offrent une expérience unique et authentique. J'ai eu la chance d'en visiter plusieurs encore cette année.

Je salue les nombreux bénévoles et artisans qui rendent ces événements possibles dans chacune des 36 municipalités de ma circonscription. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Mégantic. La parole revient maintenant à Mme la députée de Bellechasse.

Souligner la performance de M. Florent Pelletier au marathon de Chicago

Mme Stéphanie Lachance

Mme Lachance : Merci. J'aimerais souligner aujourd'hui l'exploit d'un athlète de chez nous, qui est d'ailleurs parmi nous, dans les tribunes.

Le 8 octobre dernier, M. Florent Pelletier, de Lac-Etchemin, a pris le départ du championnat mondial par groupes d'âge du marathon de Chicago, un parcours de 42,2 kilomètres qu'il a réalisé en 3 h 31 min 3 s. Il a brillamment terminé en sixième position, le propulsant au cinquième rang mondial.

Même si, selon ses propos, il dispose d'un gros moteur dans une petite carrosserie, il n'y a, selon lui, pas de secret qui explique son résultat. Rigueur, détermination et surtout discipline, ce sont ces trois facteurs qui lui ont permis d'atteindre ce niveau, lui qui a commencé à courir à 60 ans.

Au-delà du sport, M. Pelletier est aussi un homme de coeur qui rend fiers les Etcheminois. Il est la preuve qu'il n'est jamais trop tard pour se dépasser. Merci beaucoup.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bellechasse. Je cède maintenant la parole à M. le député de Richelieu.

Féliciter les récipiendaires de la Bourse du député de Richelieu
et de la Bourse à l'innovation de la Chambre de
développement agricole de Richelieu

M. Jean-Bernard Émond

M. Émond : Oui, merci beaucoup, M. le Président. C'est avec une immense fierté que je félicite aujourd'hui les récipiendaires de la Bourse du député de Richelieu de la relève agricole 2023 et de la bourse Innovation de la Chambre de développement agricole de Richelieu, soit l'entreprise L'Effet Boeuf, dirigée par Mme Josiane Clermont et M. Pierre-Olivier Plasse, ainsi que Les Serres de la Vallière, pilotées par Mme Magalie Rajotte.

Ces bourses, M. le Président, reconnaissent l'engagement exceptionnel de ces jeunes entrepreneurs qui incarnent le futur prometteur de notre secteur agricole, et, en tant que député de Richelieu, M. le Président, je suis honoré de contribuer à l'épanouissement de notre relève, convaincu que nos nouveaux ambassadeurs sauront représenter fièrement les valeurs de notre communauté.

En terminant, je nous invite tous ensemble, M. le Président, à soutenir et à célébrer l'excellence au sein de notre dynamique communauté agricole. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Richelieu. La parole revient maintenant à M. le député de Saint-Jean.

Souligner la solidarité et la résilience des citoyens de la
circonscription de Saint-Jean en temps de crise

M. Louis Lemieux

M. Lemieux : M. le Président, on va se le dire, la dernière semaine n'a pas été facile pour Saint-Jean-sur-Richelieu, où près de la moitié des foyers de notre ville de 100 000 habitants ont été privés d'eau pendant presque quatre jours. D'ailleurs, après un lent retour progressif de l'eau jeudi soir, l'avis d'ébullition n'a été levé que dimanche après-midi.

Je veux souligner que, malgré des moments difficiles, parce que ça n'a rien de drôle pour personne, la solidarité et la résilience des citoyens aura été, à mes yeux, rien de moins qu'exemplaire, ne serait-ce que pour leur patience et leur compréhension.

Il faut aussi féliciter les autorités municipales et leurs employés pour leur réaction rapide à la rupture d'une conduite majeure d'aqueduc. La gestion de ce qui était bel et bien une crise et la coordination pour y répondre ont été rapides et efficaces, et les communications avec les citoyens et les partenaires ont aidé tout le monde, à commencer par les plus vulnérables.

Mission accomplie! Merci, gens de Saint-Jean. Je vous lève mon verre d'eau!

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Jean. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclarations des députés.

Je vais suspendre les travaux quelques instants.

(Suspension de la séance à 13 h 57)

(Reprise à 14 h 07)

La Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux et nombreuses, ce matin, comme je me plais à le dire... cet après-midi, je devrais dire. Le parlement du Québec, c'est votre maison. Bienvenue.

Mmes et MM. les députés, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Luc Tremblay, député de Chambly de 1981 à 1985. Nous allons donc nous recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière pour sa famille et ses proches.

Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous asseoir.

Présence des joueurs et des entraîneurs du club
de football des Alouettes de Montréal

Je vous demanderais maintenant d'attendre avant d'applaudir, puisque j'ai le plaisir de souligner aujourd'hui la présence dans les tribunes des joueurs et entraîneurs des Alouettes de Montréal, vainqueurs de la coupe Grey 2023.

Présence de MM. Pierre Karl Péladeau et Cosmo Maciocia,
ex-parlementaires
de l'Assemblée nationale

L'équipe est accompagnée de M. Pierre Karl Péladeau, ancien député de Saint-Jérôme, et de M. Cosmo Maciocia, ancien député de Viger. Vous pouvez applaudir.

(Applaudissements)

La Présidente : Nous allons maintenant poursuivre les affaires courantes.

Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.

Présentation de projets de loi

À la rubrique Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.

M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Ce projet de loi prévoit que certains établissements d'enseignement doivent, dans les six mois de son entrée en vigueur...

Une voix : ...

M. Leduc : Pardon?

Une voix : ...

M. Leduc : Oui, l'article du feuilleton, bien sûr. L'article a, s'il vous plaît.

Projet de loi n° 394

La Présidente : Parfait. On se comprend. Alors, à l'article b du feuilleton, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve présente le projet de loi n° 394, Loi concernant la mise en place de politiques de conciliation études-famille-travail notamment dans les établissements d'enseignement supérieur. M. le député, la parole est à vous.

M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.

Alors, ce projet de loi prévoit que certains établissements d'enseignement doivent, dans les six mois de son entrée en vigueur, adopter une politique de conciliation études-famille-travail pour favoriser la réussite scolaire de leurs élèves ou de leurs étudiants qui ont des responsabilités à titre de parents ou de proches aidants. Il précise le processus d'élaboration, de diffusion et de révision de la politique et oblige les établissements à rendre compte de son application selon les paramètres prévus.

Aussi, le projet de loi définit la conciliation études-famille-travail et identifie les établissements d'enseignement auxquels elle s'applique.

De plus, le projet de loi détermine les éléments qui doivent être prévus par la politique, notamment la création de statuts, dont ceux d'élève et d'étudiant parent, d'élève ou d'étudiant proche aidant, d'élève ou d'étudiant réputé inscrit et d'élève ou d'étudiant réputé inscrit à temps plein, la mise en place de mesures d'accommodement et de sensibilisation ainsi que l'offre de services d'accueil, d'aide, de référence et d'accompagnement des élèves ou des étudiants en matière de conciliation études-famille-travail.

Le projet de loi prévoit également le regroupement des services disponibles en matière de conciliation études-famille-travail au sein de l'établissement d'enseignement ainsi que la possibilité pour un établissement de conclure des ententes avec des ressources externes pour offrir des services.

Enfin, le projet de loi accorde au ministre le pouvoir d'imposer des mesures de surveillance et d'accompagnement et, en cas de défaut de se conformer à une disposition du projet de loi, de faire exécuter les obligations d'un établissement d'enseignement par une tierce personne, aux frais de l'établissement.

Merci.

• (14 h 10) •

La Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?

Des voix : Adopté.

La Présidente : Adopté.

Dépôt de documents

À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre de la Culture et des Communications.

M. Lacombe : Merci, Mme la Présidente. Je dépose les plans stratégiques 2023‑2027 du ministère de la Culture et des Communications et du Musée de la civilisation. Merci.

La Présidente : Ces documents sont déposés.

Pour ma part, je dépose le rapport d'activité 2022‑2023 de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant.

Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.

Dépôt de pétitions

À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. La parole est à vous.

Procéder à des consultations supplémentaires sur le projet de loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux
plus efficace et y apporter des modifications

Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 6 387 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Attendu qu'il n'y a pas eu suffisamment de consultations sur le projet de loi n° 15, lequel propose un changement majeur dans la politique, encore mal comprise, des services de santé et des services sociaux;

«Attendu que le projet de loi n° 15 centraliserait [les services de gestion] de santé et des services sociaux au sein de sa nouvelle agence Santé Québec, dont relèveraient les 30 responsables des autorités régionales, abolissant ainsi les conseils d'administration des établissements locaux et retirant tout rôle de gestion aux patients, aux bénévoles et aux communautés;

«Attendu que le projet de loi n° 15 fragiliserait les programmes d'accès garantissant des services adéquats en anglais, compromettant ainsi le statut des établissements bilingues;

«Attendu que les fondations de bienfaisance pourraient subir une perte de financement de [...] recherche en santé, freinant ainsi l'innovation et entraînant une diminution de la qualité des soins et l'acquisition d'équipements vitaux;

«Attendu que le projet de loi aura des conséquences négatives sur la santé et le bien-être de tout Québécois;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec :

«De revoir le projet de loi n° 15 pour éviter les effets négatifs sur les patients, les bénévoles, les chercheurs et les communautés locales;

«D'organiser des consultations supplémentaires afin que les citoyens et les groupes qui n'ont pas été entendus puissent l'être;

«D'apporter des modifications pour préserver la gouvernance locale ainsi que les relations avec la communauté, y compris en langue anglaise.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.

La Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. Mme la députée de Verdun.

Analyser les impacts des feux de camp sur la santé

Mme Zaga Mendez : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 60 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants :

«Considérant que la DSP de la Montérégie a émis de sérieuses inquiétudes en lien avec les impacts des feux de camp sur la qualité de l'air dans le parc national de la Yamaska en 2010 qui n'ont jamais été rendues publiques;

«Considérant que l'absence d'information sur la qualité de l'air dans les parcs nationaux, les réserves fauniques et les campings expose les visiteurs, y compris les enfants, à des menaces involontaires sur leur santé, dont la gravité n'a jamais été documenté;

«Considérant que les enfants, personnes âgées ou atteintes d'une maladie chronique et autres groupes vulnérables aux effets de la pollution de l'air représentent ensemble une grande proportion de la population du Québec;

«Considérant que les feux de camp mal éteints causent, bon an mal an, plus de 60 feux de forêt et que nous faisons face à un nouveau contexte de pénurie de ressources pour y faire face;

«Considérant que le droit à un environnement sain et respectueux de la biodiversité est reconnu à l'article 46.1 de la charte québécoise des droits et libertés;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :

«Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec de :

«Donner le mandat à l'INSPQ d'étudier la détérioration de la qualité de l'air due aux feux de camp dans les campings, réserves et parcs nationaux;

«Caractériser les risques pour la santé des visiteurs exposés et des populations limitrophes;

«Envisager des mesures de mitigation et d'accessibilité pour les personnes vulnérables; et

«Communiquer les données ainsi que les risques sur la santé de façon transparente avec la population.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

La Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.

Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.

Questions et réponses orales

Nous en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.

Délais d'attente dans les urgences

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Mme la Présidente, nous sommes dans la sixième année de ce mauvais gouvernement caquiste. En matière de santé, rien ne va plus. À l'Hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, la semaine dernière, il y a eu des taux d'occupation à l'urgence qui dépassaient, à certains moments donnés, les 200 %. Je vais vous lire un extrait du Journal de Montréal de ce matin : «Mercredi dernier, un patient âgé est décédé en soirée après avoir perdu conscience et fait un arrêt cardiaque. Il attendait depuis 12 heures pour un mal de ventre. Selon nos informations, il avait été classé priorité 3.

«Normalement, ces cas doivent être vus en 30 minutes. Mais, la semaine dernière, les P3 étaient vus en 24 heures...» Toujours selon Le Journal de Montréal, que je vais citer : «Le lendemain — le jeudi, à l'Hôpital Anna-Laberge — un autre patient qui avait été placé sur une civière en attendant d'être vu par un médecin est décédé. Il avait des problèmes respiratoires[...].

«Pour plusieurs employés, ces deux décès ne sont malheureusement pas si surprenants[...].

«"Ça fait des années qu'on crie à l'aide, il y a quelque chose qui bloque à quelque part", dit l'un d'eux.»

Vendredi, dans La Presse, le Dr Gilbert Boucher, président de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence, a dit, et je le cite : «Ça fait deux semaines qu'il y a des hôpitaux qui sont dans les 200 %, et c'est dans ce temps-là, justement, qu'il y a des patients qui viennent dans les salles d'attente, qui ne sont pas vus [...] qui décèdent. C'est ça qu'on commence à entendre.»

Comment le premier ministre peut-il tolérer ça? Comment explique-t-il cette perte de contrôle?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, les deux cas qui sont mentionnés, à l'Hôpital Anna-Laberge, sont très préoccupants. Il y a actuellement une enquête du coroner, donc il faut être prudents, on va savoir exactement ce qui s'est passé. Il y a aussi une enquête qui est faite par le CISSS, et le ministre de la Santé s'est rendu sur place dimanche pour s'enquérir de la situation.

Donc, Mme la Présidente, ce qui est rapporté dans Le Journal de Montréal, si c'est le cas, c'est inacceptable. Et donc on va attendre le résultat des enquêtes, mais je peux vous assurer que le ministre de la Santé est très préoccupé et qu'on va suivre ça de très près.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : De grâce, Mme la Présidente, j'invite le premier ministre à ne pas attendre le résultat des enquêtes. Perte de contrôle dans les urgences, le Dr Boucher disait, et je le cite : «C'est presque toutes les urgences qui reçoivent le fardeau de cette surcapacité [...] et c'est là que ça devient dangereux. Des patients qui sont dans [le corridor] et à qui on ne fait pas de signes vitaux pendant 8, 10, 12 heures... Quand on a 20 civières... c'est 15, 20 heures sans recevoir de médicaments [...] sans être nourri.»

Comment explique-t-il sa perte de contrôle? Que va-t-il...

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, on le sait, comme partout au Canada, même, je dirais, dans le monde, il y a eu une pandémie qui nous a amenés à reporter des chirurgies. Et...

Une voix : ...

M. Legault : Pardon? Pardon? Il y a eu 11 000...

La Présidente : Excusez-moi, M. le premier ministre. Vous connaissez la règle, ne vous interpelez pas de part et d'autre, et vous vous adressez à la présidente. J'aimerais entendre la réponse. On a écouté la question attentivement, j'aimerais avoir la réponse et une attention tout aussi importante. Allez-y.

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, pendant la pandémie, il y a 11 000 décès. Et, quand on regarde la surmortalité dans le reste du Canada, il y aurait eu 21 000 décès si on avait eu le même taux de surmortalité, puis il y en aurait eu 31 000, décès, si on avait eu la même surmortalité qu'aux États-Unis. Donc, on peut penser que les efforts qui ont été faits dans nos hôpitaux, bien, ont permis de sauver entre 10 000 et 20 000 décès.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Pour expliquer les ratés de son gouvernement, Mme la Présidente, après-midi, le premier ministre nous ressert l'excuse de la pandémie. Dois-je lui rappeler qu'en janvier 2021 son cabinet affirmait : «...le PM a tenu à mentionner que les engagements [...] seront respectés, malgré la pandémie...» Fin de la citation. Ça, c'est réglé, la pandémie, ramenez-nous-la pas. Aussi, c'est partout, dans toutes les urgences. Il y a un an, le taux d'occupation, c'était 121 %. Aujourd'hui, c'est plus de 127 %.

Que va-t-il faire de différent face à son échec?

La Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui. Je comprends que le chef de l'opposition officielle voudrait que ce soit fini, la pandémie, mais partout, dans toutes les provinces au Canada, on n'a pas fini de rattraper les chirurgies qui ont été différées. Donc, ce sont les mêmes infirmières, les mêmes médecins qui soignent les patients actuellement qui sont aussi obligés de faire du rattrapage par rapport à ce qui a été retardé durant la pandémie.

Donc, Mme la Présidente, on met en place toutes sortes de mesures. On a mis, entre autres, des incitatifs, on a réussi à augmenter le nombre d'étudiantes, d'étudiants en sciences infirmières. Donc, Mme la Présidente, si le chef de l'opposition officielle a quelque chose à proposer, bien, qu'il le propose.

• (14 h 20) •

La Présidente : Troisième complémentaire.

M. Marc Tanguay

M. Tanguay : Bien, si le premier ministre du Québec n'a plus de proposition à faire, qu'il cède sa place, qu'il n'attende pas après l'opposition officielle. Je veux dire, c'est dans trois ans, les élections. Vous êtes au pouvoir. Mme la Présidente, il est dans sa sixième année. Il nous a resservi, tantôt, la pandémie, quand, en janvier 2021, j'espère qu'il nous faisait la promesse que les urgences, ça allait marcher, il disait : On va respecter nos engagements. Il n'a plus l'excuse de la pandémie. Le Dr Gilbert Boucher, là, le président de l'association de la médecine d'urgence, il ne parle pas de la pandémie, il dit, et je le cite : «C'est la catastrophe tous les jours.»

C'est votre échec, prenez vos responsabilités, agissez.

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui, Mme la Présidente, il faut rappeler, puis je le sais, que le chef de l'opposition officielle n'aime pas ça, mais déjà, quand on est arrivés, donc avant même la pandémie... Et ce n'est pas moi qui le dis. Carlos Leitão, l'ancien ministre des Finances libéral, et Gaétan Barrette, ancien ministre de la Santé libéral, ont dit : Ça n'a pas de bon sens, les coupures qui ont été faites dans les services de santé par le gouvernement libéral. Ce n'est pas moi qui ai dit ça, c'est deux anciens ministres libéraux. C'est de ça qu'on a hérité.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac. La parole est à vous, juste à vous. On l'écoute.

Temps d'attente dans les services d'urgence

M. André Fortin

M. Fortin : C'était la semaine dernière, Mme la Présidente, pas plus tard que la semaine dernière, on a pris le temps de citer le Dr Boucher, le président des urgentologues, qui nous a dit qu'à partir de 150 % d'occupation nos urgences sont extrêmement dysfonctionnelles, et on met les patients à risque. La réponse du ministre de la Santé, la semaine dernière, ça a été de dire que la situation, bien, c'est en partie dû à la grève et que c'est partout pareil au Canada.

Malheureusement, Mme la Présidente, il y a deux personnes qui sont décédées en... pas en Alberta, au Québec, et deux personnes qui sont décédées à Châteauguay en attendant des soins à l'urgence. Alors, je n'en reviens pas encore que le premier ministre nous sert la même réponse que la semaine dernière, à savoir que c'est partout pareil au Canada. Sa job, ce n'est pas de s'occuper des patients en Alberta, c'est de s'assurer que nos urgences sont fonctionnelles pour les Québécois ici, au Québec.

Il doit... le ministre de la Santé doit immédiatement nous dire qu'est-ce qu'il va faire pour rectifier la situation. L'an dernier, il avait mis en place une cellule de crise. Cette année, plus rien.

Qu'est-ce qu'il attend pour agir?

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Alors, écoutez, Mme la Présidente, là, premièrement, avant de dire qu'on ne fait plus rien, là, on va préciser des choses.

Premièrement, je veux dire à la famille, comme je l'ai mentionné quelques fois depuis mercredi dernier... mes sympathies à la famille. Le premier ministre vient de le dire, c'est une situation inacceptable qu'on a vécue, à Anna-Laberge. C'est pour ça que je me suis rendu sur place. Indépendamment de l'enquête du coroner, je voulais comprendre les faits. Et je pense qu'il faut être prudent, sur une situation particulière qui est arrivée, de bien connaître tous les faits, qu'est-ce qui s'est passé exactement.

Maintenant, à savoir qu'on n'a rien fait... J'aimerais faire une précision sur la cellule de crise. La cellule de crise, entre autres où était le Dr Boucher, a fait un excellent travail, excellent travail, pendant le temps qu'elle l'a fait, mais il fallait penser à autre chose. Nous avons... La cellule de crise a fait des recommandations très claires, comment améliorer la gestion des urgences. Il y a plusieurs hôpitaux qui ont suivi ces recommandations, et on a vu une différence. Ce n'est pas le cas à Anna-Laberge. Et c'est ça qu'il faut faire avec M. Delamarre, qu'on vient de nommer, c'est de dire pourquoi, dans certains hôpitaux, des recommandations très claires de la cellule de crise n'ont pas été mises en place. M. Delamarre sera là cette semaine, à Anna-Laberge, pour faire le suivi des recommandations.

La Présidente : Première complémentaire.

M. André Fortin

M. Fortin : Mme la Présidente, il y a deux personnes qui sont décédées à l'urgence de Châteauguay. Le premier ministre dit : C'est inacceptable. Tout le monde ici va être d'accord. Mais il y a des patients, là, qui sont classés priorité 1 et 2 qui se présentent aux urgences et qui quittent sans voir personne. Ça aussi, c'est inacceptable. Il y a des patients qui, dans les derniers jours, ont passé deux jours sur civière, sans nourriture ou médicaments. Ça aussi, c'est inacceptable. Je le rappelle, là, à 150 % d'occupation c'est dangereux, puis à l'hôpital psychiatrique Douglas, en ce moment, c'est 300 % d'occupation.

Qu'est-ce qu'il fait, le ministre? C'est ça qu'on veut savoir.

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Moi, ce que je vous dirais, Mme la Présidente, à part d'être sur le p.l. n° 15, je suis sur le terrain, quand je suis capable d'y être. Parce que c'est ça qui est important, puis c'est ça que je demande à tous les gestionnaires, au P.D.G. de chaque établissement. Oui, madame... Je sais qu'il n'aime pas la réponse, mais c'est ça qu'il faut faire. Il faut que nos P.D.G. soient sur le terrain, qu'ils aillent rencontrer les employés, qu'ils aillent rencontrer les médecins, puis dire : Pourquoi, dans tel cas, les recommandations que nous avons eues, très claires, de la cellule de crise, dont M. Boucher était membre, pourquoi elles ne sont pas implantées? Est-ce que c'est une question de gestion clinique? On a parlé de ça, du p.l. n° 15, j'attends ça. Est-ce que c'est une question de négociation collective? On est en train, avec ma collègue au Trésor... Il y a un ensemble de mesures qu'on va mettre en place. On l'a dit, Mme la Présidente, le statu quo n'est pas acceptable.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. André Fortin

M. Fortin : C'est lui, le ministre, c'est lui qui en est responsable, Mme la Présidente. En catastrophe, l'année passée, quand il y avait des situations comme ça dans les urgences, le ministre a lancé une clinique d'IPS, mais il n'a fait aucun suivi par la suite, puis les infirmières ont quitté la clinique. En catastrophe, l'année passée, le ministre a lancé une cellule de crise, mais, cette année, il l'a remplacée par un employé du ministère. Encore là, pas de suivi. Cet employé-là n'a même pas rencontré la cellule de crise. Je vais dire comme le Dr Boucher : Là, ça presse, on a besoin de quelqu'un qui s'occupe des urgences. Le ministre, peut-être?

Des voix : ...

La Présidente : Pas de bravo. La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Écoutez, je vais prendre ça avec un petit grain de sel, parce que, pour ceux qui me connaissent, là, non seulement je suis sur le terrain, mais je suis en train de mettre en place une organisation qui va avoir à succès ce qu'on doit faire en santé. C'est très, très clair. Mais, à court terme, on doit poser des gestes forts. J'entends encore les gens dire : Le statu quo n'est pas possible. On doit faire des choses qui changent à moyen puis à long terme, mais on doit faire des choses à court terme. À court terme, M. Delamarre est en train de mettre en place les recommandations qui n'ont pas été suivies. Je veux être très clair là-dessus, Mme la Présidente. Il est, en ce moment, en train de rencontrer chacune des urgences pour être certain qu'on comprend pourquoi et comment on va changer les règles, s'il faut changer les règles qui ne sont pas suivies dans les hôpitaux.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la députée de D'Arcy-McGee. La parole est à vous.

Projet de loi visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace

Mme Elisabeth Prass

Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Il y a de fortes préoccupations dans le réseau des services sociaux par rapport au projet de loi n° 15. Des commissaires qui ont siégé sur la commission Laurent et 60 organismes ont adressé une lettre au ministre de la Santé pour exprimer leur inquiétude qu'il n'y a aucune garantie dans le projet de loi n° 15 que les services sociaux recevront les ressources nécessaires avec Santé Québec. Quelle a été la réaction du ministre? Silence radio. Même pas un accusé de réception. Pourtant, ils disent, dans leur lettre, qu'il s'agit ici d'une question fondamentale d'affirmation et de reconnaissance des deux grandes missions complémentaires.

Avec les amendements de dernière minute que le ministre dépose, est-ce qu'il peut en déposer un pour affirmer que la nouvelle structure Santé Québec assurera aussi la mission des services sociaux?

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Bien, je suis très content d'avoir la question pour clarifier les faits. Moi, j'ai rencontré plusieurs personnes, au cours des huit derniers mois, depuis le temps qu'on a déposé le projet de loi, j'ai discuté avec mon collègue qui est responsable des services sociaux pour s'assurer qu'on faisait des changements importants dans la façon dont on gère notre système de santé.

Un des premiers changements qui était demandé par les personnes dont la députée parle en ce moment, c'était avoir une reconnaissance plus importante des services sociaux dans la gestion de chacun des établissements. Et c'est pour ça qu'on a décidé, avec mon collègue, de mettre un des groupes additionnels, un groupe des services sociaux qui va être excessivement dédié à aviser le P.D.G. sur est-ce que les services sociaux sont proprement donnés dans chacun des établissements.

C'est majeur, Mme la Présidente. Avant, les services sociaux étaient cagés dans un groupe multidisciplinaire. On a demandé, on a fait des changements importants à la loi, la loi actuelle. Ça, pour moi, c'est du très concret. De dire que je n'ai pas parlé à ces gens-là... Pas plus tard que la semaine dernière, je leur ai expliqué encore les changements.

Alors, madame, on avance. On a dit que ça prenait des changements un peu partout. Je le répète, le statu quo n'est pas acceptable.

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Elisabeth Prass

Mme Prass : ...Mme la Présidente. L'accès aux services sociaux est essentiel pour les plus vulnérables de notre société. Les signataires de la lettre demandent minimalement au ministre de changer le nom de la nouvelle structure de Santé Québec à Santé et Services sociaux, comme ça a toujours été le cas. Un CISSS, c'est un centre intégré de santé et services sociaux. Le nom du ministère est celui de Santé et Services sociaux.

Est-ce que le ministre peut s'engager à déposer un amendement pour faire ce changement de nom?

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Bien, très bien. Écoutez, on a eu la chance de commencer cette discussion-là lorsqu'on a discuté au tout début, puis je pense que les députés qui sont avec moi, en Assemblée, en commission parlementaire... c'est l'article 20, puis j'ai dit : Le nom de Santé Québec, là, on discutera quand on aura fait le tour du projet de loi, ce qu'on a fait. On a fait le grand tour du projet de loi jusqu'à maintenant. Et là on est prêts, c'est une question d'aujourd'hui ou demain. Les articles qui sont en suspens, on va les discuter, dont l'article 20.

Mais, lorsque j'ai rencontré les gens dont elle parle, je leur ai dit : Écoute, il y a quelque chose de plus important que le nom. Est-ce que les services sociaux vont être là? Je viens de vous répondre, ils sont montés dans l'organisation, ils sont plus importants. Et, en plus, le nom du ministère ne change pas, ce sera toujours le ministère de la Santé et des Services sociaux. Merci, Mme la Présidente.

• (14 h 30) •

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Elisabeth Prass

Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. En fin de semaine, les psychiatres et les pédiatres ont joint leurs voix aux signataires de la lettre pour rappeler au ministre de la Santé que les services sociaux ne sont pas suffisamment valorisés dans le projet de loi n° 15, que les besoins de santé mentale et dans les ressources psychosociales ne sont pas moins prioritaires. Le projet de loi du ministre doit être clair à cet égard, avec une assurance que l'offre de services sociaux ne sera pas affectée de façon négative, comme le craignent les signataires de la lettre.

Est-ce que le ministre est prêt à déposer un amendement à cet égard?

La Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.

M. Lionel Carmant

M. Carmant : Bien, ça va me faire plaisir, Mme la Présidente, de me lever puis de parler de l'importance qu'on met dans les services sociaux au niveau de ce gouvernement. Tu sais, on parle de l'Organisation mondiale de la santé, et la santé, pour nous, c'est quelque chose de global et qui inclut fondamentalement les services sociaux, Mme la Présidente. Dans la lettre que la députée de D'Arcy-McGee parle, on donne trois exemples : l'implantation du mécanisme d'accès en santé mentale, l'implantation du Programme québécois pour les troubles mentaux, dont je vous ai tellement parlé ici, et le programme Agir tôt. Nous, c'est fondamental. Dans les programmes en santé et en services sociaux, l'interdisciplinarité, c'est de base. Et, dans la santé globale, il n'y a pas de santé sans services sociaux, ça va ensemble. Merci, Mme la Présidente.

Des voix : ...

La Présidente : Ah! Pas de commentaire après la réponse. En question principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.

Déclarations du premier ministre concernant la grève du personnel enseignant

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Le bon père de famille, là, ça ne marche plus. Vendredi dernier, le premier ministre a demandé aux profs du Québec d'arrêter leur grève pour le bien de nos enfants. On se serait cru en pleine pandémie. Et, comme à peu près toutes les déclarations du premier ministre sur les négos du secteur public dans les derniers mois, cette déclaration-là a mis le feu aux poudres. Les Québécois et les Québécoises veulent une solution, mais les propos du premier ministre ont plutôt été reçus comme une provocation.

Le bien de nos enfants. Est-ce que le premier ministre pense vraiment que les femmes qui sont en grève ne pensent pas à ça à temps plein, le bien de nos enfants? Les enseignantes, là, tiennent nos écoles à bout de bras, malgré les plafonds qui tombent, les collègues qui démissionnent, malgré la tâche qui explose, malgré les classes qui débordent, puis aujourd'hui le premier ministre leur fait la morale en disant : Pensez à nos enfants? Le bien de nos enfants, là, c'est la seule raison, la seule pour laquelle ces femmes-là travaillent encore dans nos écoles. Le bien de nos enfants, c'est la seule raison pour laquelle ils font la grève. Est-ce que le premier ministre va, aujourd'hui, oser prétendre qu'il sait mieux que ces enseignantes-là ce qui est bon pour nos enfants?

Est-ce que le premier ministre peut reconnaître qu'il s'est trompé et retirer ses propos de vendredi dernier?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Oui. Mme la Présidente, ce que j'ai dit vendredi dernier, puis je le répète, c'est qu'on souhaite que les enseignants, les enseignantes rentrent au travail le plus vite possible. C'est pour ça que, dès la fin de semaine, on a bonifié de façon importante nos offres salariales, entre autres, à la FAE, le syndicat qui représente une partie des enseignants puis qui est en grève, actuellement.

Donc, ce qu'on veut, Mme la Présidente, c'est de régler le plus rapidement possible. Ma collègue la présidente du Conseil du trésor est disponible avec la cheffe négociatrice 24/7. Donc, ce qu'on veut, c'est de régler avec la FAE puis éventuellement avec la CSQ, parce que ça n'a pas de bon sens qu'actuellement, alors qu'il y a des propositions qui sont mises sur la table, qui sont intéressantes, du côté salarial, on soit encore à priver des enfants d'école. C'est ce que j'ai dit.

La Présidente : Première complémentaire.

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois : Tant mieux que le gouvernement ait fait une nouvelle offre, mais est-ce que le premier ministre peut comprendre que, quand il fait des déclarations comme celle de vendredi, là, les gens sur le terrain se sentent insultés? C'est comme si le premier ministre allumait des feux, puis après ça il comptait sur la présidente du Conseil du trésor pour aller les éteindre à la table de négociation. Le «bon cop, bad cop», là, ce n'est pas une bonne stratégie, ça rend les choses plus difficiles, ça envenime la situation. Tout le monde veut la fin de la grève, mais ça commence par un changement d'attitude de la part du premier ministre.

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, dans le dernier budget, il y a 350 millions de dollars par année qui est prévu pour des aides à la classe. Ça veut dire quoi, ça, Mme la Présidente? 4 000 équivalents temps plein. Ça veut dire 15 000 classes qui vont avoir de l'aide.

Le syndicat nous demande de réduire la taille des classes, ce qui voudrait dire plus d'enseignants, alors qu'il nous en manque déjà. Donc, est-ce que le chef... le co-porte-parole de Québec solidaire est toujours d'accord pour défendre les syndicats?

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre parle plus des syndicats que des travailleuses, que des enseignantes, qui sont cernées jusqu'au menton parce que ça fait des décennies que ces femmes-là tiennent nos écoles publiques à bout de bras malgré l'austérité, malgré les réformes de structure, malgré tout ce qui ne va pas bien dans nos écoles publiques. Elles méritent d'être respectées.

Est-ce que le premier ministre reconnaît qu'il a été maladroit, vendredi, et qu'il a insulté les enseignantes du Québec?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, je n'accepterai pas que le co-porte-parole de Québec solidaire laisse entendre que c'est plus important pour lui, l'éducation, que pour moi. J'ai fait toute ma vie politique en précisant que l'éducation, ça devrait être la priorité. D'ailleurs, durant la dernière campagne électorale, il m'a traité de tous les noms possibles en disant : Non, le chef de la CAQ ne devrait pas dire que l'éducation, c'est la priorité, il devrait dire que c'est l'environnement. C'était ça, la position de Québec solidaire.

La dernière négo, on a augmenté le salaire des enseignants de 18 %. C'est la première fois qu'on faisait des offres différenciées. Puis là il y a des offres bonifiées. Est-ce que le syndicat pourrait les regarder puis nous revenir?

La Présidente : Je reconnais maintenant la députée de Sherbrooke. La parole est à vous, juste à vous.

Équité salariale dans le secteur public

Mme Christine Labrie

Mme Labrie : Mme la Présidente, chaque fois que j'interpelle la CAQ sur les inégalités entre les hommes et les femmes, ils me disent qu'ils trouvent ça bien important. Quand je leur parle du rôle qu'eux-mêmes devraient jouer pour réduire les inégalités, ils se scandalisent parce qu'ils sont certains d'en faire déjà assez. Mais la CAQ a beau dire que c'est important pour eux, ça fait plus de cinq ans qu'ils gouvernent et ils ne réussissent même pas à offrir l'équité salariale à toutes les femmes qui travaillent pour l'État québécois. J'ai interpelé souvent la présidente du Conseil du trésor pour que ça débloque, mais, au moment où on se parle, il y a encore des milliers de femmes qui attendent depuis 2015, et même depuis 2010, le traitement de leur plainte pour l'équité salariale, des femmes qui travaillent pour l'État, des femmes qui s'épuisent à faire fonctionner nos services publics et qui attendent encore après l'équité salariale dans le Québec de 2023.

Combien de temps encore la CAQ va les faire attendre avant de leur offrir un salaire juste?

La Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, l'équité salariale, c'est quelque chose qui est très important. C'est quelque chose qui est tellement important pour nous, au gouvernement, mais pour l'ensemble de la société québécoise, que ça se retrouve dans une loi. Donc, l'équité salariale, ce n'est pas quelque chose qui se négocie, Mme la Présidente, c'est quelque chose qui fait l'objet d'une loi parce que c'est important, au Québec, de reconnaître à sa juste valeur le travail des femmes et bien évaluer l'emploi qu'elles occupent. Je sais que Québec solidaire va faire la même chose pour sa co-porte-parole.

Ceci étant dit, vous savez, il y a présentement une loi qui est en action. On a eu des décisions à la CNESST dernièrement, on va suivre les décisions. On applique les critères de la loi et on va faire en sorte que personne, personne ne soit défavorisé en vertu des règles qui sont là, parce que c'est important d'évaluer à sa juste valeur les emplois qui sont occupés par des femmes. On s'en occupe. On s'en occupe tellement que ça fait l'objet d'une loi, Mme la Présidente.

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Christine Labrie

Mme Labrie : J'ai parlé récemment à des représentants syndicaux qui m'ont dit que, pour les plaintes de 2010, qui ont fini par se régler récemment, après 13 ans, il y a plusieurs dizaines de dossiers pour lesquels ils ont été obligés de chercher la succession pour envoyer l'argent. Chercher la succession, ça, ça veut dire qu'il y a des femmes qui ont eu le temps de prendre leur retraite et de mourir avant de recevoir le salaire qu'elles auraient dû recevoir de leur vivant.

Qu'est-ce que la ministre va faire pour que plus jamais des femmes n'attendent aussi longtemps avant de recevoir leur salaire juste?

La Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. L'équité salariale est importante. D'évaluer l'emploi des femmes à sa juste valeur est une notion qui est extrêmement importante également. Elle est importante. Ce maintien-là, on appelle ça le maintien, il est fait... il est fait à chaque fois, mais, qu'est-ce que vous voulez, il y a des fois où les syndicats ne sont pas d'accord avec l'évaluation du maintien qu'ils font... qu'on fait, et ça doit faire l'objet de décisions d'un tribunal, tel qu'il est stipulé par la loi. On travaille très fort, on va appliquer les critères correctement, Mme la Présidente, mais ça fait l'objet d'une loi, et on va suivre la loi correctement.

• (14 h 40) •

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Christine Labrie

Mme Labrie : Je remarque que la ministre met la faute sur les syndicats. C'est quand même assez stupéfiant. Si le processus prévu dans la loi fait en sorte que des femmes puissent attendre pendant aussi longtemps l'équité salariale, au point où elles l'attendent jusqu'au dernier jour de leur vie sans la recevoir, peut-être que ça veut dire qu'il faut modifier ce processus-là. Moi, je refuse de croire que la ministre, elle est à l'aise avec le fait que ce soit aussi long, au point où des femmes meurent avant d'avoir l'équité salariale.

Est-ce qu'elle est prête à discuter pour qu'on puisse trouver des solutions pour que le délai soit raisonnable?

La Présidente : La réponse du ministre du Travail.

M. Jean Boulet

M. Boulet : Merci, Mme la Présidente. La Loi sur l'équité salariale au Québec est reconnue à travers le monde comme étant une des plus généreuses, et elle est d'ailleurs une des raisons qui fait en sorte que le taux d'emploi des femmes, au Québec, est un des plus élevés sur la planète.

Donc, la Loi sur l'équité salariale, comme le soulignait ma collègue, est appliquée. Il y a des exercices de maintien d'équité salariale à toutes les périodes de cinq années. La loi est respectée, la CNESST voit à son application. Et on devrait tous être fiers de cette loi, qui a donné des résultats extrêmement intéressants en termes de réduction d'écart entre les salaires des hommes et de celles qui occupent des emplois à prépondérance féminine. Merci, Mme la Présidente.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la députée de Verdun. La parole est à vous.

Subventions accordées à l'industrie pétrolière et
gazière par le gouvernement fédéral

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente. La COP bat son plein en ce moment à Dubaï, présidée par un sultan du pétrole. Parlant du pétrole, encore une fois, c'est le Canada, un autre État pétrolier, qui négocie les accords climatiques en notre nom, au nom du Québec.

Les deux dernières années, le Canada a tenu plus de 2 000 rencontres avec les lobbys du pétrole et du gaz, puis ça a l'air que ça porte fruit, Mme la Présidente, parce que vous savez combien d'argent, de notre argent, le Canada investit en subventions à l'industrie pétrolière chaque année? 15 milliards de dollars par année. Et la part du Québec, c'est 3 milliards. Pendant ce temps-là, nos municipalités ont besoin de 2 milliards par année pour s'adapter aux changements climatiques.

Est-ce que la CAQ va faire la seule chose qui s'impose, c'est-à-dire exiger que le fédéral cesse de subventionner le pétrole avec notre argent? Est-ce que le gouvernement va rapatrier nos 3 milliards pour calmer les effets des changements climatiques ici, au Québec?

La Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

M. André Lamontagne

M. Lamontagne : Oui, merci, Mme la Présidente. Vous savez, aujourd'hui se tient lieu la COP28, et notre... mon collègue ministre de l'Environnement est sur les lieux. Et puis, une chose qui est sortie depuis le début de la COP, on entend des divergences entre des gens qui parlent de réduire les énergies fossiles versus l'élimination des énergies fossiles, et puis notre ministre est arrivé sur les lieux et a été sans équivoque, d'ailleurs il a mentionné qu'il était troublé par le fait qu'il y ait ces enjeux-là, et puis il a affirmé haut et fort que ça doit aller vers l'élimination des énergies fossiles.

Et puis une nouvelle, aussi, qu'on a pu apprendre, c'est que le Québec fait partie de l'initiative de l'alliance pour l'élimination des énergies fossiles et puis le Québec a été invité à se joindre, en compagnie du Danemark et du Costa Rica, pour assurer la présidence et la co-présidence de cet organisme.

Alors, je veux assurer que le Québec est tout à fait déterminé, par la voie de la représentation de ce ministre, de faire valoir à la COP28 la position du Québec, à savoir qu'une sortie...

La Présidente : En terminant.

M. Lamontagne : ...des énergies fossiles est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Zaga Mendez : C'est vrai, le Québec fait partie de l'alliance Beyond Oil & Gas, puis c'est vrai, ici, tout ce qu'on veut, c'est sortir complètement des énergies fossiles. Mais là il faut être cohérent. On ne peut pas dire ça puis à la fois laisser 3 milliards de notre argent subventionner chaque année des pétrolières canadiennes. Ça n'a pas de sens. On n'a pas... On ne va pas faire un Québec vert à l'intérieur d'un État pétrolier comme le Canada.

Alors, ma question est simple : Est-ce que la CAQ va faire preuve de cohérence et demander que notre argent soit rapatrié ici, au Québec?

La Présidente : La réponse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

M. André Lamontagne

M. Lamontagne : Bien, moi, dans une preuve de cohérence, ce que je m'attendrais, Mme la Présidente, dans un contexte où notre voix doit porter partout dans le monde, bien, quand on a un gouvernement qui adopte une loi qui vient faire en sorte qu'il n'y aura plus d'exploitation puis d'exploration pétrolières au Québec... bien, que nos collègues de l'opposition applaudissent; que, quand le Québec se joint à cette organisation-là, qui vise l'élimination des énergies fossiles, nos collègues de l'opposition applaudissent. Et puis, après ça, quand on a notre ministre qui représente le gouvernement du Québec à la COP28, qui accepte la présidence avec deux autres États de cet organisme-là, encore là, je m'attendrais à ce que nos collègues applaudissent...

La Présidente : En terminant.

M. Lamontagne : ...parce qu'on ne parle que d'une seule voix, Mme la Présidente. C'est ça que j'attendrais, la cohérence de l'opposition.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Alejandra Zaga Mendez

Mme Zaga Mendez : Vous savez, le Québec fait encore partie de la délégation canadienne à la COP. Qui d'autre fait partie de cette délégation? Suncor, Enbridge, Imperial Oil, Cenovus Energy, MEG Energy, des pétrolières et des gazières qui sont là pour garder notre argent, pour garder les 15 milliards de dollars par année. On devrait être en train de poursuivre ces entreprises, pas leur donner l'argent des Québécois et Québécoises.

Alors, ma question est simple : Est-ce que la CAQ va rapatrier nos 3 milliards pour que ça cesse, les subventions au pétrole?

La Présidente : La réponse du ministre.

M. André Lamontagne

M. Lamontagne : Je veux dire, le rôle que mon collègue cherche à jouer à la COP28, c'est vraiment un rôle de leadership, un rôle de leadership, en s'appuyant sur le leadership qui est reconnu, du Québec, à travers le monde, pour ses actions en matière de lutte aux changements climatiques. Et, encore là, d'être à la table aujourd'hui avec le Danemark puis le Costa Rica pour mener cette initiative-là, le Beyond Oil & Gas Initiative... Alliance, bien, je vous dirais que ça démontre à quel point on est engagés. Puis il y a des messages qui sont envoyés aussi à nos partenaires du Canada dans ce sens-là, Mme la Présidente.

Alors, une autre fois, ce que je demanderais à ma collègue, c'est... quand on sort du Québec, on s'en va représenter le Québec à l'étranger pour manifester nos positions en matière de changements climatiques, c'est de parler d'une seule voix, Mme la Présidente. Merci.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.

Demande d'enquête sur les marges de profit des chaînes d'alimentation

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, à l'heure actuelle, au Québec, une personne sur 10 doit avoir recours aux banques alimentaires. Plusieurs personnes le font même si elles ont un emploi à temps plein. Et la triste réalité, c'est que, même dans un pays riche et égalitaire comme le nôtre, en 2023, on est rendus au point où 86 %, 86 % des gens disent qu'ils sont obligés de modifier leurs choix alimentaires pour économiser. Certains ont carrément de la difficulté à se nourrir.

Sur deux ans, on parle d'une hausse de 25 % du prix du panier d'épicerie, si on parle d'un panier, là, qui garantit une alimentation saine. Pendant que 900 000 Québécois ont recours aux banques alimentaires et, évidemment, qu'on doit en faire davantage pour ces organismes-là se pose la question évidente : Quoi faire pour que le panier d'épicerie soit moins cher? Entre janvier 2022 et octobre 2023, alors que l'inflation, sur une base annuelle, était à peu près à 5 %, c'était 76 % d'augmentation pour les céréales, 56 % pour les féculents, 54 % d'augmentation pour les légumes, 39 % pour les fruits.

On a proposé à plusieurs reprises au premier ministre de lancer une enquête sur la concurrence dans le milieu de l'alimentation et de donner au Québec un bureau de la concurrence qui a des dents en la matière. Il a refusé. À nouveau, on est devant l'attentisme de la CAQ, on attend qu'il y ait une crise pour ensuite se poser des questions.

Est-ce que le premier ministre peut nous dire si, selon lui, des hausses de 76 %, 56 %, 54 % pour certains aliments, c'est normal?

La Présidente : La réponse du premier ministre?

M. François Legault

M. Legault : Oui. Mme la Présidente, effectivement, les Québécois, comme à peu près partout dans le monde, vivent des augmentations importantes du prix... des prix à l'épicerie. Et on est le gouvernement, parmi toutes les provinces, qui a aidé le plus les citoyens, avec des chèques, avec... On a augmenté de 50 % l'aide sociale pour les personnes qui ont des contraintes. On a augmenté de 50 % l'aide aux organismes communautaires. On a augmenté comme jamais l'argent pour les banques alimentaires.

Maintenant, Mme la Présidente, mon collègue le ministre de l'Agriculture est en train de voir s'il y a effectivement des surprofits, mais le chef de la troisième opposition devrait savoir qu'il y a d'autres raisons. La guerre en Ukraine a amené une augmentation importante des céréales puis de beaucoup de denrées, c'est vrai partout dans le monde. Donc, le problème, ce n'est pas juste Metro, Provigo puis IGA, c'est aussi la situation mondiale. Mais pour ce qui est des trois grandes chaînes, le ministre de l'Agriculture fait le suivi sur les marges bénéficiaires.

• (14 h 50) •

La Présidente : Première complémentaire.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, faire des chèques, ce n'est pas s'attaquer au problème, ce n'est pas d'aller à la source du problème. Le problème est au moins en grande partie un problème de concurrence. Et là les gens, les citoyens, sont obligés d'aller eux-mêmes en cour pour se faire justice. Ils ont eu gain de cause dans le cartel du pain. Ils sont présentement devant la cour pour le cartel de la viande. Que fait le gouvernement pendant ce temps-là? On a eu le même problème à la pompe, il n'y a pas de concurrence dans le secteur de l'énergie.

Est-ce que le premier ministre peut mandater l'Office de la protection du consommateur pour faire une vraie enquête et forcer la concurrence, oui ou non?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Bien, je vois que le chef de la troisième opposition a la même proposition que le gouvernement de Justin Trudeau, que François-Philippe Champagne. Effectivement, François-Philippe Champagne, à Ottawa, a fait venir les grandes chaînes puis essaie de voir avec les grandes chaînes quelle part du problème vient des surprofits des grandes chaînes alimentaires. Mais le chef du troisième groupe d'opposition doit comprendre que, oui, il faut aider à mettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois. Ce n'est pas vrai qu'on va y arriver, à régler les problèmes, seulement en cherchant les surprofits. Il faut faire les deux.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, c'est justement ça, on ne fait pas les deux, c'est l'attentisme de la CAQ. M. le premier ministre parle de mettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois. Demandez aux Québécois ce qu'il reste dans leur portefeuille en ce moment. 76 % d'augmentation pour les céréales, les féculents, les légumes, les fruits. Les gens ont de la difficulté à faire leur épicerie.

Est-ce que le premier ministre et la CAQ peuvent se saisir de ça et assurer la concurrence au Québec, oui ou non?

La Présidente : La réponse du premier ministre.

M. François Legault

M. Legault : Mme la Présidente, on fait les deux. Le gouvernement fédéral fait un suivi avec les grandes chaînes alimentaires, mon collègue fait le suivi avec les grandes chaînes alimentaires, mais nous, on remet de l'argent dans le portefeuille. Je le sais, le Parti québécois est contre les baisses d'impôt, était contre le 2 000 $ qu'on a donné aux personnes de 70 ans et plus, était contre à peu près toute l'aide qu'on a donnée pour geler les tarifs aussi, les tarifs du gouvernement.

Donc, le Parti québécois, tout ce qu'il pense, c'est qu'on va régler tous les problèmes avec les surprofits des chaînes alimentaires. Nous, on pense qu'on doit aussi mettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la députée de Vaudreuil. La parole est à vous, juste à vous.

Fermeture possible de la Clinique de la Cité Vaudreuil

Mme Marie-Claude Nichols

Mme Nichols : Merci, Mme la Présidente. En 2019, une infirmière praticienne et son collègue médecin ont la brillante idée de construire un complexe médical public, dans le comté de Vaudreuil, qui prend aujourd'hui en charge 25 000 patients. Même les représentants du ministère de la Santé sont emballés devant leur détermination à soigner les gens et décident de les appuyer dans leurs démarches, jusqu'à ce qu'on les abandonne.

Cet abandon a mis en péril 25 000 dossiers patients, et je me suis empressée d'en informer le ministre de la Santé. Malgré les dires du ministre à déployer les efforts nécessaires pour sauver la clinique, concrètement, il ne se passe rien depuis presque un an. Le ministère fait des propositions mais oublie d'aider. Par exemple, on a proposé aux gestionnaires de la clinique de se jumeler avec un GMF, mais au final ils font face à un refus.

La clinique n'y arrive plus. C'est vraiment dommage qu'on en arrive à traiter de cette question ici, au salon bleu, mais, devant l'inaction du gouvernement, c'est ma seule option, sinon c'est 25 000 noms de plus sur la liste des patients orphelins.

Qu'est-ce que le ministre peut faire pour sauver cette clinique?

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Très bien. Alors, Mme la Présidente, j'apprécie la question de la députée. Il faut faire attention lorsqu'on arrive en discussion ici, au salon bleu, sur des cas très spécifiques comme celui que la députée demande. Ici, on est dans la gestion de GMF ou d'équivalents, qui font des ententes avec le gouvernement, et le gouvernement doit respecter des règles d'attribution, des règles de paiement.

Alors, aujourd'hui, venir dire qu'on ne s'est pas entendus depuis un an, c'est difficile pour moi d'arriver puis de dire exactement est-ce que c'est du côté, par exemple, des propriétaires de la bâtisse privée, est-ce que c'est du côté du gouvernement, qui a l'obligation de suivre les règles. Je pense que c'est un peu délicat. Et moi, je n'ai aucun problème à m'asseoir avec la députée et le faire avec elle personnellement, comme j'ai déjà fait souvent avec elle, mais ce que j'aimerais dire, Mme la Présidente, je me refuse de discuter devant tout le monde de cas de négociation que l'on a avec un propriétaire privé d'immeuble qui veut avoir des conditions pour être capable de rouvrir ou de ne pas fermer. Alors, Mme la Présidente, vous comprendrez que je vais avoir une certaine retenue parce que ces dossiers-là sont en négociation. Merci beaucoup.

La Présidente : Première complémentaire.

Mme Marie-Claude Nichols

Mme Nichols : Je vais vous donner un autre exemple. Récemment, peut-être pour retarder la fermeture de la clinique, le ministère de la Santé leur a proposé d'en faire un centre de vaccination, mais on ne peut pas leur dire à quel moment ils vont pouvoir appliquer sur un appel d'offres. C'est complètement illogique. Mme la Présidente, dites-moi qu'on se trompe et dites-moi que le ministère ne propose pas n'importe quoi pour étirer le temps, parce qu'aux dernières nouvelles on leur a même suggéré de considérer ouvrir une garderie. Oui, oui, une garderie. Maintenant, on renvoie la clinique de santé au ministère de la Famille. Ça ressemble vraiment à du bon débarras.

La Présidente : La réponse du ministre de la Santé.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Écoutez, premièrement, je voudrais juste que la population soit bien consciente qu'on n'est pas du tout en désaccord avec les garderies, là. Si c'est ça, le message que vous essayez de passer, ce n'est pas ça du tout. Ce que j'aimerais dire, cependant, c'est qu'on est prêts à accompagner la députée et le propriétaire pour trouver des sources de financement. Mais, je le répète, Mme la Présidente, nous allons sortir un appel d'offres sous peu pour être capables, justement, d'avoir plus de points de service, entre autres dans nos centres de vaccination, dans nos centres de services. Et j'espère que tout le monde comprend bien, ici, que ce qu'on demande, c'est d'être capables de respecter les règles pour que tous nos établissements, toutes nos cliniques de GMF, toutes nos coopératives soient bien traités, mais traités correctement. Puis je suis sûr que la présidente du Conseil du trésor est d'accord qu'on suive les règles. Merci.

La Présidente : Deuxième complémentaire.

Mme Marie-Claude Nichols

Mme Nichols : Mme la Présidente, je comprends que le ministre, là, il veut améliorer le système de santé et le rendre plus efficace, mais, quand des professionnels du réseau prennent les choses en main, qu'ils investissent de leur temps, leur énergie, toutes leurs ressources pour améliorer l'accès aux services de santé publics, puis qu'on les laisse tomber, c'est inacceptable.

Je demande au ministre de la Santé de s'engager formellement à prendre personnellement en charge le dossier du complexe médical de Vaudreuil et à trouver une solution rapidement, au risque de remettre 25 000 dossiers sur la liste des patients orphelins.

Une voix : ...

La Présidente : La réponse du ministre.

M. Christian Dubé

M. Dubé : Excusez-moi, j'ai voulu aller trop vite.

Je regarde un exemple, je vous donne un exemple, là, pour dire qu'on ne laisse pas tomber les gens qui veulent nous aider dans le réseau. On a un bel exemple, la clinique UP, à Brossard, clinique pédiatrique. Ces gens-là ont fait un travail fantastique depuis plusieurs années pour, justement, venir appuyer le réseau pour les enfants qui avaient des enjeux pour aller aux urgences de la Rive-Sud. Ces gens-là sont venus nous voir puis ont dit : Est-ce qu'on pourrait, en respectant les règles, être capables d'ouvrir une autre clinique, une autre clinique dans les Laurentides? Savez-vous, ça s'est réglé comme ça. Lorsqu'on suit les règles, lorsqu'on est capables de prouver qu'on est capables de bien faire les choses, alors, on le fait, Mme la Présidente, puis je voudrais juste qu'on continue à faire la même chose avec tous nos partenaires.

La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la députée de Saint-Laurent. La parole est à vous.

Conditions de travail des employés du réseau de l'éducation

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : À toutes les Québécoises, n'acceptez jamais que la générosité, là... la question de l'équité, c'est une question de générosité. C'est une question fondamentale, c'est un droit, l'égalité hommes-femmes.

Maintenant, à toutes les femmes du réseau de l'éducation, vous portez à bout de bras l'école publique. Beaucoup de choses ont circulé, permettez-moi de rétablir certains faits. 4 000 aides à la classe n'aident en rien, ni au secondaire ni aux 90 000 classes, au total, au Québec. D'augmenter les ratios à cause d'une aide à la classe n'aide en rien à l'épuisement professionnel que vous souffrez. De vous donner des offres en dessous de l'inflation ne vous aidera pas, à vous, les 12 % du personnel de soutien qui devez encore fréquenter les banques alimentaires.

Maintenant, est-ce que l'effet CAQ... Est-il fier de son bilan? En quatre ans, c'est deux fois plus de démissions au niveau des enseignants.

Moi, j'aimerais savoir : Quand il dit que c'est sa priorité, l'éducation, est-ce qu'il se le répète tel qu'un mantra, en espérant que ça devienne vrai?

La Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Bon, je vais peut-être prendre... je ne parlerai pas à la caméra, je vais vous parler à vous. Donc, je vais prendre le temps de préciser qu'il n'y a pas de demande d'augmentation de ratios dans les classes, donc on peut tout de suite écarter ça de la table, il n'en est pas question. Par contre, il n'est pas question non plus, malheureusement, de baisser les ratios, compte tenu qu'on n'a pas d'enseignants disponibles, quand on parle des discussions qui sont faites dans les négociations, présentement.

Quand on parle de 4 000 aides à la classe, c'est 4 000 ETC, donc, c'est des gens qui sont déjà disponibles dans le réseau, qui sont en soutien, les éducatrices en service de garde, qui ont déjà des horaires, qui ne sont pas complets, pour lesquels on va compléter des horaires. Ce sont des femmes qui vont avoir accès à des horaires complets dans le réseau de l'éducation et qui vont pouvoir aller prêter main-forte à 15 000 classes dans le réseau. C'est ça qui est sur la table, Mme la Présidente.

Donc, hier, on a fait une proposition de règlement avec la FAE, on est en discussion, présentement, avec la FSE, qui a l'autre moitié, grosso modo, des enseignants, et il y a là-dedans des éléments qui sont essentiels sur l'autonomie des enseignants, entre autres sur la récréation. Libérer les enseignants de la récréation, c'est important pour les enseignants. Donc, il y a des choses intéressantes, il y a des choses importantes, et on va trouver la solution le plus rapidement possible.

La Présidente : En question principale, je reconnais la députée de Saint-Laurent.

Négociation des conventions collectives des
employés du réseau de l'éducation

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Vous voyez, hein? Mes collègues et moi, on est allés sur le terrain rencontrer les enseignants sur les lignes de piquetage. Ils m'ont posé la question suivante, de la façon la plus sincère : Est-ce que le premier ministre puis le ministre de l'Éducation comprennent vraiment la réalité scolaire? Parce que même la semaine passée le premier ministre a dit la chose suivante, qui était le contraire de la vérité, il a dit qu'il a donné 18 %...

Des voix : ...

Mme Rizqy : Le contraire de la vérité, on a encore le droit, là, Mme la...

La Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement. Quel est votre rappel au règlement?

• (15 heures) •

M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente, on prête des intentions, on utilise une formule connue pour faire quelque chose, indirectement, qu'on ne peut pas faire directement. Alors, il faudrait que la députée de Saint-Laurent s'amende pour faire...

La Présidente : Je vous ai entendu. Nous allons poursuivre. Et vous savez qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement. Faites attention aux choix de mots. Je vous invite à poursuivre, vous avez 40 secondes.

Mme Rizqy : La vérité, lorsque le premier ministre dit qu'il a accordé 18 % aux éducatrices scolaires, il se trompe, il est mélangé, ce sont les éducatrices du réseau de la petite enfance qui ont eu ça, alors que les éducatrices scolaires ont eu 8 %. Je pense que le premier ministre devrait connaître un peu mieux ses priorités parce que sinon je vais être obligée de donner raison à Stéphane Gobeil, qu'il connaît très bien. 4 avril 2012 : «Je pensais que c'était l'éducation, la priorité. Manifestement, la priorité caquiste, c'est de passer dans les médias.»

Alors, moi, sincèrement, aujourd'hui, j'aimerais savoir. Est-ce qu'ils sont sérieux quand ils disent aux Québécois : On espère régler d'ici la fin de l'année? Parce que ça veut dire 24 jours pas d'école pour des milliers d'enfants. Êtes-vous vraiment sérieux?

La Présidente : La réponse de la présidente...

Des voix : ...

La Présidente : Pas de bravo. La présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Depuis 2018, incluant la dernière négociation, les enseignants ont eu 18 % d'augmentation, offre salariale acceptée, entente qui a été qualifiée d'historique par les syndicats de l'éducation à l'époque, première fois des ententes différenciées. C'est la première fois dans l'histoire, Mme la Présidente, qu'on était capables, dans les deux priorités gouvernementales dans cette négo-là, qui sont les mêmes depuis le début, l'éducation et la santé, d'offrir à ces enseignantes, à ces infirmières, à ces préposées aux bénéficiaires, à ces éducatrices en CPE une augmentation globale qui était plus élevée que pour l'ensemble des employés de l'État. On va continuer à travailler, parce que c'est encore nos priorités.

La Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.

Motions sans préavis

Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci, tout le monde.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bon après-midi, chers collègues.

En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. Et je cède la parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition.

Féliciter les Alouettes de Montréal, champions de la coupe Grey

M. St-Pierre Plamondon : M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, le député de Marquette, le chef du deuxième groupe d'opposition, le député de Marguerite-Bourgeoys et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :

«Que l'Assemblée nationale félicite l'organisation des Alouettes de Montréal, les joueurs, les entraîneurs et le personnel de soutien pour leur victoire mémorable lors de la finale de la coupe Grey 2023 [le] 19 novembre dernier;

«Qu'elle souligne la ténacité dont l'équipe a fait preuve face à l'adversité pour renverser son statut de négligés et confirmer sa victoire dans les derniers instants du match;

«Qu'elle souligne que c'est la grande région de Montréal et tout le Québec qui partagent la fierté d'accueillir ces champions en cette enceinte, en français.»

(Applaudissements)

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Vous comprendrez, M. le Président, par ces applaudissements qu'il y a un consentement, et ce, pour un débat de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : le chef du troisième groupe d'opposition, la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, le député de Marquette et le chef du deuxième groupe d'opposition.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et pour que la durée des interventions soit limitée à deux minutes. Je cède donc la parole, comme premier intervenant, à M. le chef du troisième groupe d'opposition.

M. Paul St-Pierre Plamondon

M. St-Pierre Plamondon : Merci, M. le Président. Donc, je suis très heureux de pouvoir féliciter en personne toute l'équipe des Alouettes. Donc, en mon nom personnel, au nom du Parti Québécois, nos sincères félicitations.

Je souligne, là, la présence des joueurs présents, donc Tyson Philpot, David Côté, Marc-Antoine Dequoy, Tysen-Otis Copeland, Reggie Stubblefield, David Dallaire, Frédéric Chagnon, Louis-Philippe Bourassa et Philippe Gagnon. Je salue le personnel entraîneur, dont Danny Maciocia et Anthony Calvillo. Je veux saluer également le propriétaire, Pierre Karl Péladeau. Merci d'avoir repris cette équipe au moment où elle était en difficulté. Merci d'y avoir cru et d'avoir insufflé de l'élan, de la stabilité.

Mais, surtout, ce que je veux vous dire, on veut vous féliciter pour la manière dont vous avez gagné. Personne ne croyait en vous. Personne ne croyait que c'était possible. En début d'année, on vous prédisait le pire. On vous prédisait même le dernier rang. Vous avez non seulement fait mentir les pronostics, mais c'est la manière, c'est ce match extraordinaire en finale, probablement un des meilleurs matchs de l'histoire de la ligue canadienne, en tout cas un des meilleurs matchs que moi, j'ai vus dans ma vie. Je veux mentionner ce fameux troisième et cinq, après un sack du quart, avec 32 secondes à faire. J'ai dit à certains d'entre vous ce matin... j'ai dit : Je ne sais pas qui a pris cette décision-là, mais il y a quelqu'un qui pensait en gagnant, il y a quelqu'un qui n'avait pas froid aux yeux, puis on m'a répondu : Oui, c'est Anthony Calvillo. Et là j'ai dit : Ah! bien, là, ça a du sens. Donc, merci, Anthony, pour ce moment de football. Félicitations à Tyson Philpot! Non, mais un «pump fake» en troisième essai et cinq alors que la saison se joue, une passe de toucher dans la zone des buts avec 18 secondes à faire, le travail de Cody Fajardo, ça prenait des nerfs d'acier pour y arriver, mais vous vouliez gagner et vous avez gagné.

Et donc je veux profiter de votre présence à l'Assemblée nationale, la maison du peuple québécois, pour vous témoigner à vous tous un sentiment que je pense qui est partagé dans l'ensemble du Québec, c'est notre admiration et notre affection pour votre savoir-être, pour ce que ce savoir-être-là incarne pour nous. Dans un monde du sport professionnel qui est de plus en plus une business désincarnée, détachée de leur monde, de leur société, vous avez su démontrer exactement le contraire. Je pense que c'est, entre autres, aussi pour ça que les Québécois sont si heureux de votre victoire. Vous êtes impeccables sur le terrain, mais vous l'avez également été à l'extérieur du terrain.

Votre appartenance à Montréal, à l'ensemble du Québec, c'est quelque chose qui nous a touchés. Je pense à votre entraîneur, Jason Maas, qui faisait littéralement des quiz en français dans vos rencontres. Il faut quand même le faire. Je pense à votre quart-arrière qui apprenait des mots en français pour accueillir convenablement les jeunes. Je ne peux pas passer sous silence l'incroyable discours d'après-match de Marc-Antoine Dequoy, un moment de télévision historique. Et je tiens à le dire ici, à l'Assemblée nationale : Oui, tu avais raison de péter ta coche, et, oui, tu as dit tout haut ce que les Québécois pensent tout bas. Merci pour ça.

Et je veux citer l'entraîneur Jason Maas, parce qu'il m'a beaucoup marqué. C'est un Américain du Wisconsin. Il a dit la chose suivante : «We represent the Québécois way of thinking. We know it is different. We want people to feel that difference when they come to our team and be part of our culture.» Merci également pour ça, parce que ce n'est pas toujours... ça n'a pas toujours été comme ça dans le sport au Québec, puis on l'apprécie. Je pense que, cette mentalité-là, on l'a rarement vue, puis ça nous fait du bien. Cette mentalité-là, elle crée de l'attachement envers vous, envers l'équipe, de l'admiration pour le fait aussi que vous jouiez pour votre équipe et non pas le nom qui est derrière votre dos. Puis, nous, une équipe qui part avec peu de moyens, qui persévère puis qui va jusqu'à la victoire, bien, ça nous inspire. C'est la recette des équipes gagnantes, des joueurs qui pensent plus à la cause qu'à leur petit individu.

Donc, je veux vous le redire à nouveau, chers Alouettes, vous nous rendez très fiers. Merci à vous. Et nous vous le rendrons assurément dans les gradins la saison prochaine, nous serons là en très grand nombre. Merci beaucoup.

• (15 h 10) •

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Et je reconnais, pour la prochaine intervention, Mme la ministre responsable du Sport, Loisir et du Plein air.

Mme Isabelle Charest

Mme Charest : Merci, M. le Président. À mon tour de souligner, de saluer et de féliciter les Alouettes et le personnel qui sont avec nous aujourd'hui.

Vous savez, M. le Président, la beauté du sport, c'est que ce n'est jamais fini tant que ce n'est pas fini. Un quart, un match, une saison, bien que ça se solde souvent en un jeu, bien, ça ne peut pas se résumer ainsi. C'est plutôt la posture de l'équipe, du groupe de leaders, l'effort collectif qui marquent l'histoire, parce qu'au-delà du match et du résultat ce dont on devrait se souvenir, c'est le chemin parcouru. Et, à ce compte, les Alouettes, vous êtes l'exemple parfait de persévérance et de résilience.

Malgré un début de saison, disons-le, plutôt difficile, vous avez déjoué les pronostics pour atteindre la grande finale, où peu vous voyaient, mais ça ne vous a pas empêchés d'y croire, de travailler fort pour réaliser votre objectif. Les demi-finales, les finales de division ont été sans appel. La table était mise pour la 110e finale de la coupe Grey, une première participation en 13 ans pour les Alouettes, un match serré jusqu'à la toute fin. Vous n'avez jamais baissé les bras. Avec une minute à jouer au quatrième quart, vous avez tout donné pour combler l'écart de trois points. Toute une séquence, qui s'est conclue par une superbe passe en troisième essai et le touché victorieux à 13 secondes de la fin. Tiens! Un autre 13. Ça nous rappelle le numéro d'un certain Anthony Calvillo.

D'ailleurs, cette victoire, M. le Président, me rappelle étrangement une fameuse saison, en 2005, où Danny Maciocia était entraîneur-chef, Jason Maas était quart-arrière, mais il défendait à cette époque d'autres couleurs. Une saison peu fructueuse, une fin de match de coupe Grey tout aussi dramatique que celle-ci en deuxième prolongation. Et cette fois-là, bien, les Eskimos d'Edmonton avaient eu le dessus sur les Alouettes. Alors, évidemment, on est bien contents qu'aujourd'hui ils soient revenus du bon côté de la force.

Un mot aussi pour souligner l'effort marqué de l'organisation d'avoir dans son alignement des joueurs québécois. Avec plus d'une dizaine de joueurs de chez nous, je suis convaincue que ce souci de représentativité aura une incidence sur les prochaines générations de joueurs de football au Québec.

En terminant, je dis encore une fois, pour cette belle victoire, bravo, les Alouettes! Avec cette victoire, justement, c'est tout le Québec que vous avez rendu fier. Merci.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Et je cède maintenant la parole, pour le prochain intervenant, à M. le député de Marquette.

M. Enrico Ciccone

M. Ciccone : On va tenter de faire ça en deux minutes, mais ce ne sera pas facile, M. le Président.

Cette année, les Alouettes de Montréal ont été un bel exemple de ténacité et de persévérance. Rappelez-vous qu'avant le début de la saison 2023 la majorité des analystes et des experts prédisaient que les Alouettes termineraient la saison au bas du classement de la Ligue canadienne de football. Or, sous le leadership de l'entraîneur-chef Jason Maas, la direction de Danny Maciocia, la résilience des joueurs, ils ont fait mentir les détracteurs. Même à la finale de l'Est contre les Argonauts de Toronto et à la finale de la coupe Grey face aux Blue Bombers de Winnipeg, les Alouettes ont montré qu'ils sont une équipe redoutable, à ne pas négliger. Avec une fiche de 11 victoires et sept défaites en saison régulière, ils nous ont fait vivre de grandes émotions, surtout lors des matchs éliminatoires. Rien ne battra les derniers moments de la finale, lorsqu'à 13 secondes du sifflet final les Alouettes prennent les devants grâce à un toucher de Tyson Philpot, qui a reçu une passe de Cody Fajardo. Ce faisant, les Alouettes sont devenus champions après une disette de 13 ans.

Mes sincères félicitations aux joueurs ainsi qu'à l'entraîneur-chef, Jason Maas, au directeur général, Danny Maciocia, au président, Mark Weightman, pour avoir bâti des assises solides cette saison. Des remerciements sincères également au propriétaire, Pierre Karl Péladeau, qui a ramené cette fierté québécoise au sein de la formation en rétablissant les liens d'attachement et de confiance entre les amateurs de football et les Alouettes, qui en avaient terriblement besoin. Encore une fois, mille mercis, M. Péladeau. Vous pouvez être fiers de vos exploits, car le Québec est définitivement fier de vous.

Je m'en voudrais de ne pas signaler également l'apport indéfectible de l'ex-président des Alouettes, M. Mario Cecchini, qui a gardé le fort durant des moments mouvementés au sein de la formation, dans les années antérieures, avant la conquête de la coupe Grey. M. Cecchini, cette victoire vous appartient également.

En terminant, et sans vous mettre de pression, on vous attend tous l'année prochaine au même endroit pour vous rendre hommage une autre fois pour un... et j'utilise une expression sportive, M. le Président, un «repeat». Merci beaucoup, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Marquette. Et je reconnais maintenant M. le chef du deuxième groupe d'opposition.

M. Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. La beauté du sport, c'est que personne ne peut vraiment prédire comment ça va finir. En début de saison, personne n'aurait parié que Winnipeg s'inclinerait en finale 28 à 24 contre Montréal. Jusqu'aux dernières secondes du match, en fait, il n'y a à peu près personne qui aurait cru qu'on finirait l'année avec un défilé de la coupe Grey à Montréal. Sauf que c'est justement ça, la beauté du sport, les derniers peuvent finir les premiers. L'important, c'est de ne jamais arrêter d'y croire, c'est de ne jamais arrêter d'y travailler. Alors que les oiseaux de malheur leur prédisaient le dernier rang, nos Alouettes ont refusé de rester cloués au sol. Ils ont pris un envol spectaculaire en fin de saison et, malgré tous les vents contraires, ils ont mis le cap vers une victoire qui va rester gravée longtemps dans les annales du football québécois puis dans la mémoire des partisans du football québécois.

Sauf que, pour moi, pour Québec solidaire puis pour bien des spectateurs, je pense que le moment le plus magique de tous les moments magiques du 19 novembre est arrivé après la victoire. C'est la fierté franche et contagieuse de Marc-Antoine Dequoy. Ce n'est pas pour rien que ses paroles ont fait mouche, ce n'est pas pour rien qu'on a vécu, à ce moment-là, un grand frisson collectif. C'est parce qu'au Québec, venir de loin, revenir de l'arrière, on comprend c'est quoi. Cette histoire de remontée contre toute attente, bien, c'est un peu la nôtre, au fond, au Québec. Cette lutte pour le respect, pour ce qu'on est, pour la langue qu'on parle, elle ne se fait pas seulement sur le terrain de la politique, ou de l'éducation, ou de la culture, elle se fait aussi sur le terrain de football. L'histoire du Québec est jalonnée de grandes victoires sportives qui nous rassemblent comme peuple, qui nous donnent le goût de croire en nous autres, puis cette victoire-là en fait partie.

L'écrivain uruguayen Eduardo Galeano a une phrase que j'ai toujours beaucoup aimée. Il disait : Dans sa vie, un homme peut changer de femme, il peut changer] de parti politique, mais il ne change jamais de club de football. Les Québécois et les Québécoises ne changeront pas de club de football, M. le Président, parce que les Alouettes de Montréal, c'est notre club.

Au nom de Québec solidaire, merci à toute l'équipe. Merci de nous inspirer à battre la marche. Vous marchez sur la trace des grands. Vous ouvrez aussi le chemin des victoires à toute une génération de jeunes joueurs et de jeunes joueuses de football. Prenez cette victoire, allez nous en chercher d'autres. Prenez cette coupe-là, ramenez-en une autre l'an prochain. Merci beaucoup, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.

Mise aux voix

Est-ce que cette motion est adoptée?

Des voix : Adopté.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Alors, je reconnais maintenant un membre du gouvernement, pour la prochaine motion, et je reconnais M. le ministre de la Culture et des Communications.

Demander au gouvernement fédéral de revoir la tarification de
Postes Canada pour la distribution des médias imprimés

M. Lacombe : Merci beaucoup. M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Mercier et le député de Matane-Matapédia :

«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que les journaux locaux et régionaux sont indispensables au développement de nos communautés, partout au Québec;

«Qu'elle souligne que la fin de la distribution du Publisac, prévue en février 2024, viendra bousculer leur modèle de distribution, alors qu'ils vivent déjà une crise financière importante;

«Qu'elle précise qu'au moins 85 publications québécoises sont touchées par cette situation et que cette perturbation contribuera à fragiliser l'accès à l'information pour les citoyens, principalement hors des grands centres urbains;

«Qu'elle constate qu'une distribution par le biais de Postes Canada pourrait être une solution salvatrice pour une majorité de ces journaux, mais que la tarification demeure un obstacle;

«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de revoir la tarification de Postes Canada pour la distribution des médias imprimés, afin qu'ils puissent continuer de jouer le rôle essentiel qui est le leur, dans toutes les régions du Québec.»

Merci, M. le Président.

• (15 h 20) •

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, il y a consentement, sans débat, M. le Président.

Mise aux voix

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, il y a consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?

Des voix : Adopté.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. M. le leader adjoint.

M. Lévesque (Chapleau) : ...que vous fassiez parvenir une copie de cette motion à la direction de Postes Canada, au bureau du ministre Jean-Yves Duclos ainsi qu'au bureau de la ministre Pascale St-Onge, s'il vous plaît.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ce sera fait, M. le leader adjoint du gouvernement. Maintenant, je suis prêt à reconnaître un membre de l'opposition officielle et je reconnais M. le député de l'Acadie.

Souligner la tenue de l'Opération ruban rouge
de l'organisme MADD Canada

M. Morin : M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable, le député de Laurier-Dorion, le député de Jean-Talon, le député de Marguerite-Bourgeoys et la députée de Vaudreuil :

«Que l'Assemblée nationale souligne la tenue de l'Opération ruban rouge organisée par MADD Canada qui vise à sensibiliser la population à la prévention contre la conduite avec des capacités affaiblies;

«Qu'elle rappelle que chaque année, des accidents impliquant des conducteurs avec capacités affaiblies fauchent la vie d'innocentes victimes et que ces drames [pourraient être évités];

«Qu'enfin, elle demande au gouvernement caquiste de poursuivre et d'intensifier ses efforts de sensibilisation et de prévention à la lutte [contre] la conduite avec les facultés affaiblies.» Merci.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, il y a consentement, sans débat.

Une voix : ...

Mise aux voix

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, il y a consentement, et le vote électronique est demandé. Alors, chers collègues, je vous demande, s'il vous plaît, de bien vouloir enregistrer votre vote à l'aide du boîtier électronique.

Le vote est maintenant terminé. Pour le résultat, Mme la secrétaire générale.

La Secrétaire : Pour :         103

                      Contre :              0

                      Abstention :        0

Le Vice-Président (M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.

M. Derraji : ...qu'une copie de cette motion soit envoyée à MADD Canada, l'Association de la santé publique du Québec, l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes, la Fondation CAA-Québec, Éduc'alcool et l'Association des directeurs de police du Québec. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, les envois seront faits selon vos demandes, M. le leader de l'opposition officielle.

Et je reconnais maintenant, pour la prochaine motion, un membre du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à Mme la députée de Mercier.

Rappeler aux entreprises l'obligation de respecter les dispositions
de la Charte de la langue française au Québec

Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec le ministre de la Langue française et le député de Matane-Matapédia :

«Que l'Assemblée nationale rappelle à Ultium CAM et toutes les entreprises de la filière batterie que le français est la langue officielle du Québec et doit être la langue utilisée pour les processus d'embauche;

«Qu'elle rappelle que cette filiale de General Motors reçoit une subvention du gouvernement dans le cadre de la filière batterie québécoise;

«Qu'elle rappelle que les employeurs ont l'obligation de respecter le droit de tous les travailleurs [et toutes les travailleuses] du Québec d'exercer leurs activités en français;

«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de rendre ses subventions aux entreprises conditionnelles au respect de la Charte de la langue française.» Merci.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci, Mme la députée de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président. Il y a consentement, sans débat.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, oui, M. le leader de deuxième groupe d'opposition.

M. Leduc : Vote électronique, s'il vous plaît, M. le Président.

Mise aux voix

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, le vote électronique est demandé. Chers collègues, je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir enregistrer votre vote dès maintenant.

Le vote est maintenant terminé. Pour le résultat du vote, Mme la secrétaire générale.

La Secrétaire : Pour :         103

                      Contre :              0

                      Abstention :        0

Le Vice-Président (M. Lévesque) : La motion est adoptée.

Avis touchant les travaux des commissions

Alors, nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions, et je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 15, la Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland;

La Commission de l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 39, la Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;

La Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 40, la Loi visant notamment à réformer les cours municipales et à améliorer l'efficacité, l'accessibilité et la performance du système de justice, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle Pauline-Marois.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 143.1 du règlement concernant l'horaire des travaux des commissions? Il y a consentement.

Renseignements sur les travaux de l'Assemblée

Alors, à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, oui, M. le leader adjoint du gouvernement, je vous écoute.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, M. le Président. Donc, vous savez qu'il y a eu discussion entre les groupes parlementaires et vous avez constaté qu'il y a consentement afin que l'Assemblée tienne séance de 19 heures à 21 heures, ce soir, plutôt que de 19 h 30 à 21 h 30.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, je vais néanmoins demander le consentement. Il y a consentement? Consentement.

Affaires du jour

Alors, la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant procéder et passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 11 du feuilleton, s'il vous plaît.

Projet de loi n° 35

Prise en considération du rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, oui, à l'article 11 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le projet de loi n° 35, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 21 mars 2023 et modifiant d'autres dispositions.

Y a-t-il des interventions? Je reconnais M. le ministre des Finances.

M. Eric Girard

M. Girard (Groulx) : Bien, merci, M. le Président. Comme vous le savez, la Commission des finances publiques a procédé la semaine dernière à l'étude détaillée du projet de loi n° 35, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 21 mars 2023 et modifiant d'autres dispositions.

Je dois d'abord souligner et remercier tous ceux et celles qui ont participé à l'étude détaillée. C'était une... comme nous sommes habitués, à la Commission des finances publiques, une belle collaboration. Et puis on avait des juristes de grande qualité, de Retraite Québec, de Revenu Québec, du ministère des Finances. Et tous ces gens-là ont répondu à nos questions, ont aidé notre compréhension, et ça a permis de procéder rapidement.

Ce projet de loi permettra notamment de mettre en oeuvre les mesures du dernier budget. Il comprend également des initiatives qui n'ont pas été annoncées dans le cadre du budget mais qui nécessitent des modifications législatives afin de répondre à des préoccupations administratives. Le regroupement de ces modifications législatives permet d'éviter la multiplication des projets de loi et de donner suite aux objectifs du gouvernement.

• (15 h 30) •

Les mesures incluses dans ce projet de loi touchent une multitude de sujets et permettront au gouvernement d'adapter le Régime des rentes du Québec aux nouvelles réalités des Québécoises et des Québécois afin d'accroître leur sécurité financière et de faciliter leur maintien en emploi; de revoir le rôle de Retraite Québec; de moderniser la Loi sur l'équilibre budgétaire pour la rendre plus flexible et plus simple, tout en maintenant la contrainte liée au respect de l'équilibre budgétaire, une modernisation de cette loi qui date de 1996, M. le Président; de réduire graduellement la dette nette du Québec et de revoir les revenus consacrés au Fonds des générations, une autre loi qui a bien servi les Québécois, M. le Président, que nous modernisons, qui date de 2006; de prévenir le blanchiment d'argent dans les casinos et les salons du Québec; de confier à RECYC‑QUÉBEC la responsabilité de produire périodiquement un avis visant principalement à s'assurer du financement à long terme du Programme québécois de gestion des pneus hors d'usage; d'encadrer les guichets automatiques de cryptoactifs et d'optimiser l'administration de la Loi sur les entreprises de services monétaires; d'améliorer la protection des renseignements personnels contenus dans les dossiers fiscaux et les dossiers relatifs à la perception des pensions alimentaires; de bonifier les mesures administratives en matière de biens non réclamés et de perception des pensions alimentaires; de récupérer les sommes non utilisées par le Tribunal administratif des marchés financiers pour le projet virage technologique des tribunaux administratifs; de simplifier le processus d'adjudication des emprunts par appel d'offres des municipalités; d'alléger le processus relatif au transfert d'un fonds d'amortissement; et de simplifier le processus d'approbation des investissements universitaires.

Alors, voilà, M. le Président, pour le résumé du projet de loi n° 35. Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un projet de loi assez costaud, qui nous permet d'intervenir dans plusieurs sphères, et ce, dans l'intérêt supérieur des Québécoises et Québécois. Je demande à mes collègues députés de nous appuyer dans la prise en considération du rapport de la Commission des finances publiques afin que nous puissions l'adopter dans les meilleurs délais, et ce, au bénéfice et dans l'intérêt de tous les Québécois. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre des Finances. Et je reconnais maintenant M. le député de Nelligan.

M. Monsef Derraji

M. Derraji : Merci, M. le Président. Premièrement, je tiens à saluer le ministre des Finances. Effectivement, nous avons eu un excellent échange en commission parlementaire avec des experts qui nous honorent, qui honorent le Québec, notamment un excellent échange avec l'actuaire... un des actuaires qui étaient présents aussi, M. Luc Godbout, après, lors de nos échanges en étude détaillée de ce projet de loi.

Et, je l'ai mentionné à M. le ministre, il y a des choses où on était très d'accord, des changements majeurs par rapport à des lois qui touchent un peu partout. C'est vrai quand il dit que c'est un projet de loi costaud, parce qu'on n'avait pas l'habitude d'avoir un omnibus avec autant de choses. Sur ce point, je suis très d'accord avec lui. Mais, M. le Président, dans le temps que j'ai devant moi, je ne peux pas, je ne peux pas, aujourd'hui, dire que, dans ce projet de loi n° 35, nous sommes d'accord sur tous les points. C'est impossible. Ce n'est pas parce que je veux juste jouer mon rôle d'opposition, mais c'est une façon de voir les choses de la part du gouvernement et nous-mêmes.

Nous étions toujours contre l'utilisation du Fonds des générations pour financer la baisse d'impôt, et, sur ce point, c'est un désaccord profond avec le choix qui a été fait par le gouvernement caquiste, en utilisant le Fonds des générations pour financer la baisse d'impôt. Donc, ça, c'est un élément qui est très important. Plusieurs groupes l'ont mentionné, et on va continuer à le marteler, à le mentionner, parce que, pour nous, c'est très important, surtout pour l'avenir du Québec, mais surtout pour le respect de l'équité intergénérationnelle, qui est, donc, une valeur extrêmement importante pour le Parti libéral, extrêmement importante pour le mouvement des jeunes. Et on ne peut pas, aujourd'hui, cautionner qu'un gouvernement a pris la décision, seul, d'aller utiliser les versements au Fonds des générations pour autre chose. Donc, ça, on l'a mentionné à plusieurs reprises, qui est une valeur importante, et c'est un choix budgétaire qui a été fait par le ministre des Finances. Ça lui revient. Écoutez, on verra avec les années si c'était un bon choix ou pas. Nous, nous sommes convaincus que ce n'était pas un bon choix. Le Québec fait face à beaucoup de défis. La ceinture est serrée. Le choix de ce qu'on va faire au niveau de nos finances publiques exige un peu de prudence. Donc ça, c'est le premier point.

L'autre point, M. le Président, à part le Fonds des générations, qui viendra affecter à long terme, comme je l'ai dit, la capacité des générations futures à payer les services publics... Et, on le voit, le poids des services, des missions essentielles de l'État, à savoir la santé, l'éducation, la justice, on voit la pression sur les services publics, et j'espère qu'un jour les générations futures n'auront pas à payer les choix ou bien un mauvais choix qu'on vient de prendre aujourd'hui.

Nous sommes, pour être beaucoup plus précis, le 5 décembre 2023. Probablement, quelqu'un, avec les mots clés, va aller chercher nos échanges sur le Fonds des générations, mais je tiens à le dire, que le Parti libéral ne partage pas ce choix qui a été fait par le gouvernement caquiste d'utiliser le Fonds des générations pour payer une baisse d'impôt. Sur ça, sur ce point, nous sommes contre, M. le Président.

L'autre point, bien entendu, j'ai écouté les explications de l'actuaire. Nous avons un bon régime, bien administré par Retraite Québec. D'ailleurs, je salue mon collègue qui a travaillé sur cette fusion avec un bon organisme et j'ouvre une parenthèse. J'ai siégé sur le conseil d'administration, M. le Président, de Retraite Québec pendant quatre ans. Donc, je déclare que je suis, même si c'est d'une période passée... Mais j'ai été là pendant quatre ans. J'ai vu l'excellence... Et d'ailleurs je salue l'ensemble des membres qui y travaillent, l'ensemble des comités, les vice-présidents, les membres du conseil d'administration, l'ensemble des employés de Retraite Québec qui nous honorent par leur travail. C'est un organisme qui est extrêmement important pour le Québec.

Encore une fois, c'est là où c'est un choix politique. Je comprends la marge de manoeuvre. Le ministre, il était très clair. Nous avons posé toutes les questions sur la marge de manoeuvre, et qu'on doit garder une marge de manoeuvre, et cette marge de manoeuvre, c'est pour éviter que les taux de cotisation futurs restent un peu à un certain niveau respectable, qu'on ne pousse pas les employeurs à payer davantage, qu'on ne pousse pas les employés à payer davantage. Donc, c'est là où nous sommes, M. le Président, et, sur ce point, il y a un choix politique. Le ministre le sait. Notre formation politique a déposé un projet de loi pour l'indemnisation des invalides, et, sur ce point, c'est un choix que le gouvernement a pris. On verra.

Encore une fois, je vous le dis, c'est sûr que nous, sur ce projet de loi, que ce soit pour le principe d'adoption ou l'adoption, on va voter contre, mais c'est des choix politiques, et on ne peut pas, aujourd'hui, passer sous silence et de dénoncer ces choix politiques, mais de le mentionner, que nous étions contre le fait de laisser, encore une fois, traîner ce problème. Et je sais qu'il est judiciarisé. Nous avons déposé un projet de loi, mais on ne peut pas laisser ces gens sans trouver des solutions, parce que c'est quand même des personnes qui souffrent d'une injustice démontrée depuis plusieurs, plusieurs années.

Donc, M. le Président, passer à la prochaine étape, au niveau de l'adoption, mais, malheureusement, comme je l'ai mentionné, on ne partage pas ces deux points. Les autres points, le ministre a notre appui, parce que c'est des changements qui sont très positifs, qui vont améliorer les choses, notamment sur l'écofiscalité. Je l'encourage d'ailleurs à en avoir davantage. Il est sur la bonne voie. Et je lui ai transmis les salutations de mon collègue Carlos Leitão, parce que je l'ai informé de la discussion. Et d'ailleurs il m'a suggéré un autre point que je vais soumettre si le ministre est favorable d'aller dans ce sens et de travailler ensemble. Mais, malheureusement, vous pouvez le constater, M. le Président, on ne peut pas être d'accord sur l'ensemble des points. Sur ces deux points, il y a une divergence d'opinions, qu'on ne partage pas avec M. le ministre. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Nelligan. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.

Mme Madwa-Nika Cadet

Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à mon collègue de Nelligan de me permettre d'intervenir sur la prise en considération du projet de loi n° 35, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 21 mars 2023 et modifiant d'autres dispositions.

M. le Président, donc, nous étions ensemble la semaine dernière, donc, sur ce même sujet. Nous en étions alors à l'adoption du principe de ce projet de loi. Donc, sans surprise, nous avons voté contre l'adoption du principe la semaine dernière, notamment, et comme mon collègue vient de le faire, en mentionnant les choix politiques que le gouvernement, donc, a décidé de faire cette année en sabrant dans le Fonds des générations.

Donc, j'y reviendrai, donc, également dans le cadre de mon allocution sur la prise en considération, mais je profite, donc, de ce moment, d'abord, donc, pour, à la fois, encore une fois, donc, remercier les intervenants que nous avons eus en commission parlementaire, donc, avant l'adoption du principe du projet de loi, qui ont enrichi notre réflexion et qui ont permis, comme je le présumais à l'adoption du principe, de poser des questions éclairées lors de l'étude détaillée du projet de loi que nous avons conclue la semaine dernière.

Le ministre l'a mentionné, mon collègue de Nelligan aussi, donc, nous avons eu l'occasion, donc, de bénéficier de cette expertise-là pour que nos échanges soient relevés sur un sujet assez aride, je vous avouerais, M. le Président. Donc, je suis une profane dans le sujet. Je ne suis ni économiste ni banquière, mais je pense qu'on a eu l'occasion, grâce à ces différentes expertises, de pouvoir avoir un échange qui soit à la hauteur de ce que les citoyens souhaitent de la part de leurs législateurs, donc, une réflexion, somme toute, intelligente.

Donc, M. le Président, je le mentionnais, donc, sans surprise, donc, nous voterons contre, encore une fois, donc, à l'étape de cette prise en considération. Les échanges que nous avons eus sur une multitude de sujets concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget ont été assez intéressants, et, sur plusieurs points, nous sommes en accord. Donc, on passe, bon, du critère de la dette brute à la dette nette pour établir, donc, la dette... et puis, donc, par exemple, sur cet élément-là, donc, nous, on n'a pas d'enjeu.

• (15 h 40) •

Donc, il y a plusieurs éléments, donc, dans ce qui nous a été proposé, notamment, donc, au niveau de la Loi sur l'équilibre budgétaire, avec lesquels, donc, nous n'avons pas d'enjeu particulier. Mais, tout de même, j'y reviens, donc, encore une fois, donc, la question du Fonds des générations, elle est cruciale ici. Puis le ministre l'a mentionné, donc, dans le cadre de cet omnibus, donc, on voyait, donc, plusieurs éléments, mais ici, donc, non seulement, donc, on faisait des modifications à la Loi sur l'équilibre budgétaire, on regardait du côté du régime des rentes du Québec, on faisait des modifications aussi de ce côté-là, mais on changeait, donc, la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations.

La semaine dernière, M. le Président, je vous ai fait un peu la genèse du Fonds des générations, donc, qui a été créé sous un gouvernement libéral dans les années 2000, en 2006, sous le gouvernement de M. Charest et avec Michel Audet comme ministre des Finances, et qui était donc l'impulsion, d'une part, donc, de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, mais également, donc, d'autres groupes de la société civile, dont Force Jeunesse.

Aujourd'hui, cette année, ce qu'on a vu de la part du ministre des Finances, donc, c'est une décision relativement dogmatique à l'idée de diminuer de 40 % les versements au Fonds des générations pour pouvoir financer une baisse d'impôt. Comme je vous le mentionnais la semaine dernière, M. le Président, nous sommes préoccupés, nous sommes préoccupés par ce choix politique qui est une attaque frontale au Fonds des générations, parce qu'on le sait, hein, donc, c'est un outil, donc, qui nous permet d'assurer... bon, un fonds qui est dédié exclusivement, donc, au remboursement de la dette du Québec qui nous permet de réduire le fardeau des générations plus futures et qui nous permet d'assurer le principe d'équité intergénérationnelle. Je vous l'ai dit, le principe d'équité intergénérationnelle, pour nous, au Parti libéral du Québec, c'est fondamental, c'en est même une valeur, la huitième des neuf valeurs qui a été ajoutée dans notre constitution sous l'impulsion de notre Commission-Jeunesse. Donc, c'est... puisque nous avons, donc, ces valeurs-là, nous sommes dans l'obligation de regarder toute politique publique sous la lentille de ces différents principes, et c'est la raison pour laquelle nous ne pouvons accepter ce choix qui a été fait de toucher au Fonds des générations pour financer une baisse d'impôt.

Puis c'est une conversation que nous avons eue avec le ministre à l'occasion de l'étude détaillée du projet de loi pour bien saisir ses motifs. Et il nous a confirmé qu'évidemment, donc, parce qu'on a eu une conversation, des conversations plus larges, M. le Président, sur, bon, la taille du Fonds des générations, mais j'ai demandé, dans le fond, la première préoccupation, la raison pour laquelle il a décidé d'y toucher cette année, ce n'est pas en raison de la taille du fonds, puis le ministre nous a assuré que, bon, ça fait partie de ses préoccupations, mais ce qu'il m'a... ce qui l'a vraiment motivé à toucher au Fonds des générations cette année, c'est financer cette baisse d'impôt. Donc, c'est toucher à l'argent de nos jeunes de demain pour financer un choix politique aujourd'hui. Vous conviendrez avec moi, M. le Président, que ce choix-là, et c'en est un, donc, il n'y avait aucune obligation de toucher au fonds aujourd'hui... On disait donc la taille du fonds par rapport à la dette, la dette brute, si je ne m'abuse, donc, du Québec, est d'environ de 8,7 %, statistique que j'ai de mémoire, M. le Président. Donc, on n'est pas entre le 10 % et 20 % de taille du Fonds des générations qui a été mentionné par M. Pierre-Carl Michaud, professeur aux HEC, qui est venu nous exposer son point de vue universitaire sur le rôle du Fonds des générations.

Donc, déjà, donc, sur ce point-là, donc, je vous disais, d'utiliser le Fonds des générations pour financer cette baisse d'impôt, ça, c'est un choix que nous avons condamné plus tôt cette année, que nous continuons cette année, et puis qui nous enjoint à voter contre le projet de loi, même si, sur les différents aspects de ce projet loi omnibus, nous n'avons pas de... même si nous sommes en accord avec plusieurs, donc, de ces points-là.

Mais qui plus est, puis je réitère ce point-là, non seulement c'était le pire motif, de toucher au Fonds des générations, c'était, bien, de financer une baisse d'impôt aujourd'hui, mais la pire façon de le faire, bien, c'est aussi en enlevant des revenus dédiés. Je vous le répète, le Fonds des générations, donc, il est alimenté par des revenus dédiés, donc des sources de revenus qui sont consacrées, donc, à ce remboursement de la dette, donc des sommes... Donc, pour financer le Fonds des générations, donc, on utilise donc notre ressource renouvelable collective la plus importante, donc l'eau. Donc, on... donc, les revenus dédiés sont notamment constitués des redevances hydrauliques qui proviennent d'Hydro-Québec et des producteurs privés d'hydroélectricité. Et le fonds bénéficie aussi des sommes relatives à l'indexation du prix de l'électricité patrimoniale, des revenus miniers, de la taxe spécifique sur les boissons alcooliques et à la liquidation des biens non réclamés administrés par Revenu Québec.

Donc, je vais me concentrer ici, M. le Président, sur les revenus miniers, donc, parmi, donc, les autres revenus dédiés qui sont amputés, donc, du Fonds des générations. Donc, on n'y va pas avec un certain prorata, comme le mentionnait le professeur Pierre-Carl Michaud, lorsqu'il est venu nous voir en consultations particulières, donc, il nous a exprimé son malaise à voir certains revenus dédiés être amputés, à travers ce projet de loi, des revenus, des versements, donc, être faits, donc, au Fonds des générations. Parce qu'en enlevant, donc, ces différentes catégories là, donc, on crée une certaine incertitude. Nonobstant, donc, les autres catégories dont les revenus sont stables, sont fixes, les revenus dédiés, bien, on parle de revenus qui sont variables, ici. Et, dans le contexte de la filière batterie qui s'en vient, là, qui est là, dans le contexte de l'exploitation, donc, de ces minéraux, et de ce que Force Jeunesse a aussi mentionné, donc, en commission... en consultations particulières, en commission parlementaire, mais aussi par la suite, publiquement, c'est qu'on a ici, donc, les revenus d'une ressource non renouvelable dont ont bénéficié les générations précédentes et dont ne pourront pas bénéficier les générations suivantes. Donc, dans un principe d'équité intergénérationnelle, il aurait été pertinent, à tout le moins, de conserver les revenus miniers parmi les revenus dédiés, plutôt que de faire un calcul qui, grosso modo, donc, permettait, donc, d'imputer, donc, la baisse, donc, des versements, donc, de 2 milliards, et de permettre de financer cette baisse d'impôt.

Donc, en terminant, M. le Président, donc, pour ces motifs, il nous apparaît impensable, pour nous, malgré différents, donc, autres aspects du projet de loi, d'être en faveur, donc, du tout, parce qu'on touche à un joyau, un joyau sur le plan financier, un joyau pour l'équité intergénérationnelle des Québécois, on touche au Fonds des générations. Donc, pour ces motifs, donc, on votera contre, M. le Président. Merci.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.

Mise aux voix du rapport

Alors, le rapport de la commission des finances publiques portant sur le projet de loi n° 35, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 21 mars 2023 et modifiant d'autres dispositions, est-il adopté?

Des voix : ...

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté sur division. Alors, pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 13 du feuilleton, s'il vous plaît.

Projet de loi n° 38

Adoption

Le Vice-Président (M. Lévesque) : À l'article 13 du feuilleton, M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique propose l'adoption du projet de loi n° 38, Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives.

Y a-t-il des interventions? Oui. Je reconnais M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique.

M. Éric Caire

M. Caire : Oui. Merci, M. le Président. Donc, c'est un plaisir, à cette étape-ci, l'adoption finale, d'intervenir. M. le Président, je serai bref parce que je pense que, sur le projet de loi n° 38, beaucoup a été dit, mais je veux quand même prendre le temps de revenir sur certains éléments qui ont suscité peut-être un peu plus de débats que d'autres et certains éléments aussi, M. le Président, qui, pour anodins qu'ils puissent paraître, vont donner des outils supplémentaires et importants au gouvernement, non seulement pour assumer la transformation numérique, mais aussi, M. le Président, pour assumer pleinement sa mission en cybersécurité.

• (15 h 50) •

Sur cet aspect-là, principalement, je vous dirais deux petits commentaires. Premièrement, le fait que maintenant la loi permet au gouvernement d'assujettir les entreprises du gouvernement, en tout ou en partie, à la LGGRI sur les questions de cybersécurité est, pour moi, un élément fondamental. Parce que, dans les dernières années, si beaucoup a été fait pour mettre en place le réseau gouvernemental de cyberdéfense et si on continue à faire beaucoup de choses pour que ce réseau-là puisse être renforcé, pour qu'il soit de plus en plus performant et pour garantir un espace cybersécurité au sein du gouvernement du Québec, M. le Président, il faut maintenant avoir cette vision-là pour l'ensemble du territoire québécois. Et je pense qu'il est... charité bien ordonnée commence par soi-même, il est normal et logique que les entreprises du gouvernement participent à cet effort-là.

Bientôt, M. le Président, nous arriverons avec des mesures aussi pour la société civile. Et ce sera mon deuxième point. J'avais... j'ai la chance, M. le Président, d'intervenir et d'échanger avec différents représentants de différents États, et le fait d'avoir ce ministère-là est une chose qui est nouvelle, une chose qui intéresse, qui suscite même beaucoup d'intérêt. Mais, de notre côté, ça a aussi... ça nous impose, je vous dirais, d'ouvrir le chemin. Et un des éléments du projet de loi qui est extrêmement important, c'est cette capacité que nous avons, que nous aurons après l'adoption et la sanction, à tenir ces projets pilotes, parce que c'est tout le cadre normatif, M. le Président, qu'il faut revoir. Parce que, bon, un État qui a la mission d'assurer la cybersécurité dans son espace territorial, il n'y en a pas beaucoup. Et, de ce fait là, il y a des choses, des hypothèses qu'on veut, et qu'on doit, et qu'on va vérifier, et cette possibilité-là d'avoir les projets pilotes va grandement contribuer à ça.

Le portefeuille de projets prioritaires. M. le Président, je ne reviendrai pas... Je l'ai dit, le gouvernement du Québec a beaucoup trop de projets. Il faut être capable de prioriser. Il faut être capable de se concentrer sur moins de projets, mieux de projets, pour assurer une transformation numérique. Il y a, chaque année, beaucoup de ressources qui sont consenties à ça. Les résultats ne sont pas à la hauteur de ces ressources-là parce que dispersés dans trop de projets en même temps. Donc, il faut que les priorités du gouvernement se reflètent dans les projets qui sont priorisés.

Je ne vous le cacherai pas, M. le Président, vous avez entendu comme moi le premier ministre, la santé, l'éducation, l'économie, la francisation du Québec sont des priorités du gouvernement. Il faut que nos actions, que notre transformation numérique reflète cette priorité-là. Ça ne veut pas dire que seuls les projets prioritaires seront ceux qui seront réalisés, comme j'avais la discussion avec ma collègue de Mont-Royal—Outremont, mais ça veut très certainement dire que ceux-là devront être priorisés avant tout autre. Et ça, c'est important de le préciser aussi parce que je sais que, pour certains ministères et organismes, ça pouvait laisser craindre qu'on... en dehors du portefeuille de projets prioritaires, point de salut. Non, mais il faut être capable de mettre les priorités à la bonne place, M. le Président. Et ça, pour moi, c'est essentiel.

M. le Président, bien, on l'a vu avec la discussion qu'on a eue avec la Commission d'accès à l'information, les discussions qu'on a eues avec ma collègue de Mont-Royal—Outremont, avoir cette capacité-là, que nous avons ou que nous aurons maintenant, qui est arrimée sur la loi n° 5, qui est arrimée sur la loi n° 23, qui est arrimée sur la loi n° 25, donc, harmoniser nos façons de faire quant à l'approbation des règles de gouvernance, et je le réitère, M. le Président, parce que, pour moi, c'est important, il n'y a pas de recul sur la sécurité, il n'y a pas de recul sur la capacité, surtout pas la capacité de la Commission d'accès à l'information de bien jouer son rôle, de nous accompagner, de nous faire des recommandations, de s'assurer qu'on va dans la bonne direction. Quand on parle de traiter les informations, les renseignements personnels des Québécois, bien évidemment que non. Je crois à ce rôle-là de la Commission d'accès à l'information.

Maintenant, qui trop embrasse mal étreint. Je pense que les dispositions qui étaient exclusives à la loi — bien, suite à la loi n° 95 — ne nous amenaient pas nécessairement dans un espace qui était utile, qui était nécessaire. Nous nous sommes harmonisés. Je remercie les collègues. On a adopté cette disposition-là, et aujourd'hui je pense que ça va simplifier de beaucoup la mise en place des sources officielles de données, source officielle de données, M. le Président, qui sont une philosophie qui est très différente, qui nous amène ailleurs dans la gestion de nos données, qui nous amènent ailleurs dans la capacité à assurer l'intégrité, l'accessibilité et la confidentialité de nos données. Ma collègue nous rappelait le rapport de la Vérificatrice générale. Eh oui, M. le Président, c'est sûr que, quand qu'il y a trop d'endroits où on va conserver de la donnée, bien, on se met à risque, on augmente les surfaces d'attaque, on augmente le besoin en ressources humaines, matérielles, financières, on augmente le besoin de gestion, et donc, évidemment, on met tout ça à risque.

Donc, les sources officielles de données sont une réponse directe à ça, sur l'intégrité de la donnée aussi, M. le Président, parce que dans un autre dossier, on l'a vu, deux, 12, 20, 100, 200, 300 banques de données nous amènent quoi? Nous amènent une incapacité à assurer une intégrité, une cohérence de la donnée. Alors, la mise en place des sources de données a et va continuer à faire en sorte que ces incohérences-là vont ressortir, mais dans l'objectif ultime que, quand toutes ces sources de données là seront mises en place, nous allons avoir réglé ce problème-là au niveau de l'intégrité de la donnée et s'assurer qu'on a une cohérence partout au sein du gouvernement du Québec. Donc, M. le Président, plusieurs mesures, plusieurs mesures qui sont extrêmement pertinentes et utiles, à ce moment-ci, du travail du ministère.

Je conclurai, M. le Président, évidemment, en remerciant les collègues de la partie ministérielle qui ont travaillé avec moi, en remerciant ma collègue de Mont-Royal—Outremont. Je pense qu'on a eu de très bonnes discussions. On n'est pas d'accord sur tout, mais essentiellement on a eu des bonnes discussions, des discussions pertinentes, des discussions de fond, puis ça a été, somme toute, très agréable de travailler avec ma collègue. Je pense qu'au final j'ai cru comprendre qu'elle avait l'intention d'appuyer le projet de loi. De toute façon, j'aurai ma réponse dans quelques instants, et, si c'est le cas, je l'en remercie, mais, dans tous les cas, je la remercie pour les bonnes discussions qu'on a eues pendant la commission parlementaire. Je pense que ça a été très, très édifiant, et c'est la preuve, M. le Président, qu'on peut avoir des divergences d'opinions, mais qu'au final on travaille tous pour les meilleurs intérêts du Québec.

Je remercie, évidemment, la présidente de la commission, parce qu'elle a installé une dynamique qui a permis ces échanges, ces échanges-là, la députée de Mirabel, qui a laissé les discussions avoir cours. Donc, c'est toujours intéressant, quand on est dans une étude de projet de loi, d'être capable d'aller au fond des choses comme on l'a fait dans la commission.

Donc, M. le Président, très, très heureux de voir qu'on va passer à l'adoption finale. Et, M. le Président, merci beaucoup de votre attention.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Et, pour la prochaine intervention, je reconnais Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.

Mme Michelle Setlakwe

Mme Setlakwe : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de prendre la parole cet après-midi dans le cadre des débats entourant l'adoption du projet de loi n° 38, Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement, communément appelée la LGGRI, et d'autres dispositions législatives, ce projet de loi ayant été déposé le 1er novembre dernier par le ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Rappelons que ce projet de loi apporte principalement des modifications à la LGGRI et à la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique.

L'examen approfondi du libellé, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi, nous a permis d'avoir de nombreux échanges très informatifs avec le ministre. Et à mon tour de le remercier, M. le Président, pour la qualité de nos échanges, ainsi que la présidente de la commission qui nous a permis d'avoir ces échanges très importants. Ça nous a permis de répondre à plusieurs questionnements que nous avions et d'apporter plusieurs précisions sur des dossiers chauds, divers enjeux et aussi quant aux priorités du gouvernement dans le cadre de ce grand chantier qu'est la transformation numérique.

Il est important de rappeler le chiffre suivant, M. le Président : 5,2 milliards de dollars en investissements et dépenses sont prévus en 2023‑2024 au niveau des ressources informationnelles de l'administration publique québécoise. Donc, c'est un chantier extrêmement important. Nos questions au ministre nous ont permis de mieux comprendre l'impact des dispositions législatives proposées. Le ministre a expliqué dans quelle mesure celles-ci permettront de mieux l'outiller afin qu'il puisse, on l'espère, coordonner et mener à bien les prochaines étapes du grand virage numérique de l'État au bénéfice des Québécois.

Donc, le projet de loi donne effectivement plus de pouvoirs au ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Il vient aussi clarifier les rôles et responsabilités entre le ministre et les organismes publics. On écrit aussi ce que je qualifierais de lien d'autorité, une forme de hiérarchie entre le ministre et les organismes publics pour la mise en oeuvre des projets en ressources informationnelles.

Le projet de loi établit également une mécanique permettant une priorisation des projets, une gouvernance centralisée de la gestion du portefeuille des projets prioritaires ainsi qu'un meilleur encadrement et un meilleur suivi de ceux-ci. Ce n'est pas une mauvaise idée, j'y reviendrai.

• (16 heures) •

Rappelons qu'il y a actuellement, et le ministre l'a mentionné, 2 538 projets en ressources informationnelles en cours au sein de l'administration publique québécoise. C'est énorme. Ils ne peuvent pas tous être menés de front en même temps. Il faut allouer les ressources aux plus prioritaires d'entre eux, et on ne peut pas être contre l'objectif d'établir une vision commune, claire, cohérente et engagée des priorités gouvernementales en transformation numérique. C'est ce qu'on demande depuis longtemps. Donc, quand j'entends le ministre nous parler du portefeuille de projets prioritaires, son souhait de se concentrer sur moins de projets, étant donné que les ressources sont dispersées, afin de donner des résultats satisfaisants à la population, on ne peut pas être en désaccord avec ce principe-là.

On se demande toutefois si c'est réaliste dans l'état actuel des choses, mais le ministre se veut rassurant. Il nous dit qu'il a suffisamment de ressources au sein de son ministère. On a même appris en commission qu'il y a un solde migratoire positif au sein de son ministère. Aussi, il nous a dit que les cibles d'heures rémunérées sont atteintes. Donc, on espère que toute l'équipe est en place, qu'ils pourront tous mettre la main à la pâte pour pouvoir réaliser ces projets-là. On espère toujours que l'organigramme du ministère, qui est, somme toute, assez jeune, pourra se compléter dans un avenir rapproché. Étant donné cette tâche colossale, encore une fois, il faut une équipe complète qui mette la main à la pâte.

Le projet de loi établit expressément l'obligation des organismes publics d'appliquer les orientations, les stratégies, les politiques, les standards, les directives, les règles et les indications d'application pris en vertu de la LGGRI et il prévoit que la responsabilité du respect de cette obligation incombe aux plus hauts dirigeants de l'organisme. Rappelons qu'il y a plus de 300 organismes publics assujettis à la LGGRI.

Il appert des discussions qui ont eu lieu durant l'étude détaillée qu'il y avait du travail qui se faisait en silo. Sans aller aussi loin que de dire qu'il y avait une résistance à adhérer à une vision centralisée et axée sur une plus grande uniformité, le ministre a mentionné qu'on passe d'une culture en silo à une nouvelle façon de faire. Dans le fond, ce que ça veut dire, c'est que tout le monde se trouve dans la même barque, et il est important que tout le monde rame dans la même direction. S'il y a des enjeux au niveau de l'exécution, s'il y a un manque de discipline, en quelque sorte, alors ces modifications au cadre législatif s'avéreront utiles.

On nous a exprimé le désir de rallier les organismes publics et les entreprises gouvernementales. D'ailleurs, le ministre en a fait mention aussi, tout à l'heure, là, dans les points qu'il a souhaité mettre de l'avant. Assujettir les entreprises au régime de la LGGRI, c'est un des objectifs du projet de loi, et je pense que le libellé est tout à fait satisfaisant à cet égard-là. L'objectif, dans le fond, c'est d'envoyer un message, comme l'a mentionné M. le ministre, un message clair qu'il faut arrêter de faire bande à part. Il faut avoir une vision commune et la mettre à exécution.

Le projet de loi donne ainsi au ministre la fonction d'assurer la cohérence et l'harmonisation des actions gouvernementales dans les domaines de la cybersécurité et du numérique et prévoit qu'il doit être associé à l'élaboration des mesures ainsi qu'aux décisions ministérielles dans ces domaines.

Je comprends tout à fait l'objectif et l'efficience qu'on cherche à améliorer et je me questionne, M. le Président. Comment se fait-il qu'on n'ait pas fait ça avant? Comment se fait-il qu'on réalise aujourd'hui que cette grande transformation numérique ou transition numérique découlant des initiatives de transformation numérique des organismes publics ne puisse être effectuée en silo et sans leadership gouvernemental? C'est surprenant, M. le Président, qu'on n'ait pas légiféré de la bonne façon dès le début et qu'on doive faire des changements législatifs aussi importants moins de deux ans après la création du ministère. Mais, bon, j'imagine qu'on doit regarder en avant et espérer que les choses changeront pour le mieux dans l'appareil gouvernemental. Il est vraiment temps qu'on arrive au XXIe siècle.

Le projet de loi vient également modifier la LGGRI pour autoriser le gouvernement à prévoir, sur recommandation conjointe du ministre de la Cybersécurité et du Numérique et du ministre chargé de l'application de la loi qui régit une entreprise du gouvernement, que certaines dispositions de la LGGRI relatives à la sécurité de l'information s'appliquent, en tout ou en partie, à une telle entreprise.

Le ministre l'a mentionné... J'ai questionné le ministre afin qu'il donne des exemples de sociétés d'État qui seraient ainsi assujetties. Il a révélé qu'il envisageait des entreprises oeuvrant dans des secteurs, des zones névralgiques comme l'énergie, les transports et l'économie. Hydro-Québec a été nommée comme prioritaire, ainsi que Loto-Québec, la SAQ, Investissement Québec, et j'en passe. Ce n'était pas un énoncé exhaustif, là, mais j'ai compris qu'au niveau d'Hydro-Québec, et ça se comprend, il fallait qu'on mette les mesures en place pour, comme le ministre l'a dit, assujettir cette entreprise-là à ce nouveau réseau de cyberdéfense. Donc, on espère pour le mieux, on espère que notre... que ce secteur névralgique soit bien protégé au niveau des cyberattaques.

La proposition de rehausser la sécurité de l'information et d'uniformiser l'implantation des meilleures pratiques doit aussi être accueillie favorablement. Une partie de la recette qui va assurer le succès dans le domaine de la cybersécurité et du numérique, c'est, justement, l'uniformisation. Je dois dire que le ministre a tenté de se montrer rassurant quant aux préoccupations exprimées par la Fédération des cégeps dans son mémoire, mais tout reste à voir dans le déploiement. Je pense qu'il faut faire attention à trop de contraintes et au maintien de l'autonomie organisationnelle. D'ailleurs, la Fédération des cégeps a soumis une lettre conjointe, avec un autre groupe qui agit au niveau du numérique, exposant qu'il y avait peut-être des changements qui devraient être faits pour tenir compte de leur réalité à eux ou de ne pas les soumettre à des exigences qui ne sont pas applicables aux universités. En tout cas, ça restera à voir. J'ai comme l'impression qu'on va devoir possiblement revenir faire des changements législatifs à court ou moyen terme. Ça pourra faire l'objet de discussions dans le futur.

Je comprends mieux pourquoi le ministre souhaite se donner une meilleure mainmise, assurer une meilleure cohésion au niveau de l'appareil gouvernemental. Avec 2 538 projets en ressources informationnelles en cours au sein de l'administration publique québécoise, il est important d'établir des priorités et de s'assurer, encore une fois, que tout le monde rame dans la même direction.

Au niveau du leadership, j'ai longuement questionné le ministre au sujet de l'article 11 du projet de loi, M. le Président. En vertu de cet article, il devient explicite que le ministre est un leader et non seulement, selon une fausse perception, semble-t-il, un simple conseiller transversal. En effet, l'article 19 de la LGGRI est modifié pour y ajouter le libellé suivant : «Le ministre assure le leadership de la transformation numérique et de la cybersécurité de l'administration publique.» Il s'agit d'une des dispositions centrales du projet de loi, mais bien sûr que ça prend un réel leadership du ministre, et le projet de loi vient clairement enchâsser ce leadership à l'article 11.

J'ai demandé au ministre si l'ajout de ce texte venait changer son statut, si ça venait ajouter des pouvoirs de leader qu'il n'avait pas auparavant. Il m'a confirmé que non, la loi vient tout simplement rendre explicite un statut qui existait déjà dans les faits depuis la création du ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Donc, il faut comprendre que le texte ajouté au niveau du leadership n'aurait pas eu pour effet de changer quoi que ce soit dans le dossier du fiasco SAAQclic. Le ministre assurait déjà le leadership de la transformation numérique et de la cybersécurité de l'administration publique. La loi vient simplement le préciser explicitement.

J'ai demandé au ministre si d'autres lois de notre corpus législatif comprennent un libellé équivalent à celui proposé à l'article 11 enchâssant le leadership d'un ministre. Moi, personnellement, je trouvais ça surprenant, mais on me dit que la Loi sur le ministère de l'Économie et de l'Innovation le fait à son article 10.

À savoir si, dans les faits, M. le Président, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a démontré ce leadership jusqu'à maintenant, la question se pose. J'ai trouvé qu'il s'était plutôt déresponsabilisé dans le dossier de SAAQclic. Et, encore récemment, je n'ai pas trouvé qu'il a incarné un véritable leadership ou un empressement à régler la problématique du non-respect de la confidentialité des secrets médicaux et des données médicales des Québécois. J'y reviendrai brièvement sur SAAQclic tout à l'heure.

En ce qui concerne le dossier des secrets médicaux bafoués, j'ai réitéré en commission parlementaire l'importance d'apporter les correctifs le plus rapidement possible. Je suis très inquiète de cette situation qui est franchement épeurante, M. le Président. Trop de Québécois ont été victimes d'incidents de confidentialité. Encore dans ce dossier, il y a eu démonstration d'un manque de leadership, selon moi, vis-à-vis l'importance de protéger adéquatement la confidentialité des renseignements de santé des Québécois.

• (16 h 10) •

Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a parlé des améliorations à venir lors de la mise en application des règlements pris en vertu de l'article de... c'est-à-dire en vertu de la loi n° 5, qui était le projet de loi n° 3. Mais il faut rappeler que ces problèmes existent depuis des années et qu'aucuns correctifs n'ont été imposés sur le terrain ou, du moins, des correctifs suffisants. Je pense que le ministre évite la crise actuelle en parlant des bienfaits éventuels de la loi n° 5. On nous dit, bon, qu'éventuellement il va y avoir un seul système, une seule loi, une seule base de données et que ça va tout régler dans ce dossier-là. Je suis sceptique, c'est-à-dire que j'ai beaucoup d'espoir que ça va tout régler, mais la confidentialité n'est pas respectée dans les dossiers médicaux des Québécois depuis des mois, depuis le dossier de La Presse. Bien, La Presse en avait fait état dans un dossier assez étoffé au printemps, et encore récemment, donc, la Vérificatrice générale a déposé un rapport très préoccupant à ce niveau-là.

Donc, je réitère que le ministre du Numérique a clairement la responsabilité d'assurer la sécurité de l'information. Oui, c'est sûr que ça relève du ministère de la Santé, évidemment, ce sont des lacunes qu'on retrouve dans le réseau de la santé, mais, pour moi, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a un rôle à jouer dans ces dossiers-là d'accompagnement, de leadership, comme la loi le mentionne.

Les constats de la Vérificatrice générale sont accablants. C'est grave. Elle constate de graves lacunes au niveau du contrôle des accès aux renseignements personnels, des mesures de cybersécurité nécessaires, comme la journalisation et les alertes, de la gestion des risques et des incidents en lien avec la confidentialité et des activités de sensibilisation et de formation. Il faut s'y attarder dès maintenant. Il fallait s'y attarder hier. Il y a des employés qui quittent et qui ont toujours accès aux dossiers. Il y a des employés qui utilisent des mots de passe génériques, des mots de passe qui ne sont pas changés. Sur certains postes de travail, les dossiers sont laissés ouverts. On a simplement à bouger la souris puis on voit les dossiers des Québécois apparaître. Il y a vraiment... Le principe du secret médical est tellement important que je ne peux pas croire qu'il y a eu un tel laisser-aller au Québec. Puis, oui, les choses vont changer, j'ai bon espoir avec le projet de loi n° 5, mais... avec la loi n° 5, c'est-à-dire, mais en attendant, à chaque jour qui passe, il y a 400 000 utilisateurs du réseau qui ne sont pas encadrés par de bonnes pratiques de protection des données.

Et ce qui fait peur également, c'est que le gouvernement n'a même pas un portrait clair de la situation. Suite au dossier réalisé par La Presse, c'était au mois de mai dernier, mon collègue de Pontiac et moi avions fait une demande de mandat d'initiative afin que le gouvernement se penche sur la problématique pour mieux comprendre le processus d'accès et les mesures de contrôle mises en place. Je m'explique mal que le gouvernement n'ait pas jugé bon donner suite à notre demande. Comment peuvent-ils expliquer leur position aux Québécois? Nous sommes toujours prêts à travailler avec le gouvernement sur ce dossier, je tiens à le rappeler, M. le Président.

Dans le cadre de l'étude détaillée, nous avons aussi abordé la question de l'intelligence artificielle avec le ministre. Vous le savez, M. le Président, cet enjeu est omniprésent dans notre société. J'ai appris au fil de nos échanges que, malgré la perception que plusieurs peuvent avoir quant à l'appartenance naturelle de l'intelligence artificielle avec l'innovation et l'économie, il s'agit d'une composante du numérique, et donc ça relève du ministre de la Cybersécurité et du Numérique. C'est bel et bien son ministère qui est responsable d'assurer le leadership au niveau de l'intelligence artificielle.

L'intelligence artificielle étant une composante de la transformation numérique, il nous a confirmé que c'est lui, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, qui est le leader au sein du gouvernement sur ce dossier. D'ailleurs, c'est lui qui a déposé la Stratégie d'intégration de l'intelligence artificielle dans l'administration publique. Donc, tout encadrement législatif à venir relèvera de lui, et on suivra tout ça avec grand intérêt.

Au niveau des outils, on permet au ministre ou au gouvernement d'émettre des arrêtés, des décrets ou des directives. Tout ça est prévu dans le projet de loi, et je pense que ce sont des avancées intéressantes.

On prévoit également la possibilité pour le gouvernement d'autoriser la mise en oeuvre, par le ministre, de projets pilotes visant à étudier, à expérimenter ou à innover dans le domaine de la cybersécurité ou dans celui du numérique, ou à définir des normes applicables en de tels domaines. D'ailleurs, le ministre l'a mentionné durant son allocution un petit peu plus tôt, c'est un des aspects du projet de loi sur lequel il a mis l'emphase afin de mettre en place des mesures pour la société civile. Ces projets pilotes là vont permettre de revoir le cadre normatif, de vérifier des hypothèses, donc on voit ça d'un bon oeil.

Le projet de loi stipule donc que le projet pilote peut viser pas seulement des organismes publics, mais des entreprises du gouvernement ou toute autre entreprise ou les citoyens. Cette idée semble raisonnable étant donné la rapidité avec laquelle le numérique et la cybersécurité évoluent. Oui, ça semble intéressant que le ministre puisse disposer d'un levier pour tester des normes. Le ministre a donné en exemple la divulgation obligatoire d'incidents, la détermination de ce qui est stratégique, donc on va suivre ça avec intérêt.

Un projet pilote pourrait viser des entreprises privées, je l'ai mentionné, par exemple, dans le secteur de l'énergie, selon le ministre, ou dans d'autres secteurs stratégiques pour l'économie québécoise. Au niveau des projets pilotes visant les citoyens, le ministre a mentionné qu'il avait en tête d'oeuvrer sur la littératie. Je pense qu'il y a effectivement du travail à faire pour accompagner un pan de la population à ce niveau-là.

Le ministre a souligné le caractère non contraignant de la démarche et que le tout se ferait sur une base d'adhésion volontaire. Un projet pilote pourrait être établi pour une durée maximale de trois ans, que le gouvernement pourrait prolonger d'au plus un an. Le projet de loi prévoit que le gouvernement pourrait en tout temps modifier un projet de loi ou y mettre fin.

Le projet de loi prévoit aussi que les résultats d'un projet pilote doivent être publiés sur le site Internet du ministère de la Cybersécurité et du Numérique au plus tard un an après la fin du projet pilote. Après questionnement, ce libellé nous semble tout à fait convenable. Et d'ailleurs on le retrouve... On retrouve un libellé similaire dans d'autres textes de loi de notre corpus législatif. Par exemple, au niveau des comparables, on a évoqué le Code de la sécurité routière et la loi sur le cannabis.

Un bref retour sur SAAQclic, M. le Président. En commission parlementaire, nous sommes revenus sur ce dossier du fiasco SAAQclic. Je ne veux pas m'éterniser sur ce dossier qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et qui a engendré 41 millions en coûts supplémentaires, comme on l'a appris récemment. Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a confirmé que le dépôt du projet de loi n° 38 n'est pas une réaction à ce fiasco. Ce que je retiens de nos échanges, le ministre et moi, c'est que, selon lui, l'erreur principale a été de jumeler les communications relatives au Service d'authentification gouvernementale, le SAG, avec celle sur la nouvelle plateforme SAAQclic. Le ministre a réitéré que le SAG fonctionne très bien et que les citoyens auraient dû recevoir des communications spécifiques au SAG.

Il faut rappeler que le SAG sera la porte d'entrée à d'autres services numériques de l'État, par exemple, au ministère du Revenu, et bien d'autres, dans les années à venir. Comme il est nouveau et a été mis en service pour la première fois en lien avec son premier client, si on peut dire, la SAAQ, la réputation du SAG aurait été, en quelque sorte, si j'ai bien compris, entachée par le fiasco du déploiement de la plateforme SAAQclic auquel il a été rattaché, mais ça importe peu, dans le fond, pour la population.

M. le Président, les Québécois ont été présentés avec ce nouveau système SAG plus SAAQclic de façon conjointe, et ce, après une fermeture complète des succursales de la SAAQ pendant trois semaines, une autre grave erreur, celle-ci admise par le premier ministre lui-même. Ça demeure des bévues du gouvernement caquiste, et ce sont les Québécois qui en font les frais, un grand échec du gouvernement pour le premier grand projet de transformation numérique. Franchement, on va passer pour le leadership exemplaire. On a plutôt constaté un manque de leadership et de rigueur de la part du gouvernement, à mon sens.

Le ministre a beau invoquer de simples manquements au niveau des communications, je dois mentionner à nouveau que la firme externe qui a audité le fiasco SAAQclic a montré du doigt le SAG. Le SAG, donc, je répète, le Service d'authentification gouvernementale, qui relève exclusivement du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, a été spécifiquement critiqué. Encore une fois, l'adhésion à ce service de sécurité a été surestimée, selon moi. De nombreux clients ont été incapables de s'y inscrire. La firme externe confirme que la gestion incomplète et réactive des enjeux d'authentification était connue par la SAAQ et le MCN en juin 2022, bien avant le lancement de SAAQclic en février 2023.

Au-delà du virage numérique touchant spécifiquement la SAAQ, les défis numériques du XXIe siècle sont immenses, M. le Président. Pensons aux grands projets en cours dans le domaine de la santé et l'éducation, pour ne nommer que ceux-là. Le ministre, d'ailleurs, en a fait mention tout à l'heure dans son allocution que ce sont les domaines pour lesquels le gouvernement va se concentrer en priorité pour les prochaines étapes. Le ministre a confirmé durant l'étude détaillée que ce sont des chantiers prioritaires puis il vient de le réitérer. D'ailleurs, le projet de loi n° 23 en éducation, dont l'étude détaillée vient de se clore, assurera une fluidité des données vers le ministre. Le travail à faire au sein de l'État québécois, de façon générale, au niveau de la transformation numérique, il est colossal.

• (16 h 20) •

Le projet de loi n° 38 vient modifier le régime d'approbation des règles de gouvernance applicables à une source officielle de données numériques gouvernementale, ce qui préoccupe notamment la Commission d'accès à l'information, la CAI, comme on l'appelle. Le ministre, lui, y voit un simple allègement bureaucratique des formalités applicables, lesquelles n'apportent pas de plus-value, à son avis.

D'ailleurs, dans son allocution un peu plus tôt, il en a fait mention et il s'est montré rassurant. Il a dit que, selon lui, les modifications qu'on veut faire au projet de loi n° 38, de créer... de transformer l'obligation de faire approuver les règles en amont par une simple transmission ne constituera pas un recul au niveau de la sécurité. On l'espère bien. Durant nos discussions, le ministre a mentionné que de retirer ce pouvoir d'approbation des règles en amont n'a pas d'impact majeur car ce changement ne modifie en rien les pouvoirs de surveillance de la CAI. Si la CAI observe des lacunes au niveau des règles et pratiques, rien ne l'empêche d'intervenir pour demander des ajustements.

Le ministre a aussi indiqué que cette règle particulière n'a pas été reprise dans le corpus législatif ultérieurement, par exemple, dans le régime particulier applicable aux renseignements de santé en vertu du projet de loi n° 3 adopté plus tôt cette année, devenu la loi n° 5. Je n'ai pas été convaincue par l'argumentaire du ministre, alors j'ai voté sur division sur les articles concernés. Ce sont des points sur lesquels on n'était pas complètement... on n'était pas en accord. Et je reconnais que le CAI va toujours avoir un pouvoir d'intervention après la transmission des règles, mais il me semble qu'on augmente le risque qu'il soit trop tard car son intervention pourrait survenir après qu'il y ait eu des incidents de confidentialité, et c'est exactement ça qu'on veut éviter.

Il faut travailler, selon moi, à prévenir des situations affectant la protection des renseignements personnels des citoyens. La CAI considère que l'obligation pour une source officielle de lui soumettre pour approbation des règles de gouvernance et l'intervention en amont qui en découle sont nécessaires et souhaitables en raison des particularités inhérentes à cette fonction particulière. Cette approbation survient actuellement avant toute collecte, utilisation ou communication de renseignements par la source officielle, bref avant toute atteinte potentielle à la vie privée des citoyens. La commission peut ainsi agir de manière préventive et constructive auprès des organismes publics pour l'élaboration de leurs règles de gouvernance à titre de source officielle par opposition à l'approche répressive qui résulterait de leur transmission proposée par le projet de loi.

La CAI mentionne dans son mémoire que cette approbation contribue également à accroître la confiance des citoyens dans la gestion de leurs renseignements dans le cadre de la transformation numérique des services gouvernementaux et s'inscrit directement dans les objectifs poursuivis par la LGGRI. Franchement, au niveau de la confiance du public, moi, je pense qu'elle a été effritée puis qu'on... il serait malavisé de faire des changements qui viendraient potentiellement nous exposer à des incidents de confidentialité.

On nous explique d'ailleurs, dans le mémoire de la CAI, qu'«une source officielle se voit confier un rôle particulier. Il peut en résulter une concentration, dans un même organisme public, d'un grand nombre de renseignements personnels fournis par les citoyens à l'occasion de leurs interactions avec un ou plusieurs organismes. Ces renseignements peuvent être de nature sensible, par exemple, des renseignements d'identité, fiscaux, financiers, médicaux ou sociaux.»

À titre d'exemple, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique agit comme source officielle aux fins du Service d'authentification gouvernementale, communément appelé le SAG. Comme on l'a mentionné plus tôt, avec les changements proposés, le ministère n'aurait plus à faire approuver les règles de gouvernance qui visent à assurer la protection qui sera accordée au nouveau registre d'attributs d'identité gouvernementale. Rappelons que ce registre contient des renseignements d'identité sur l'ensemble de la population du Québec, incluant leur numéro d'assurance maladie, leur numéro d'assurance sociale et un identifiant unique du citoyen. Ce registre vise l'identification et l'authentification des personnes en vue de leur donner accès aux prestations électroniques de services gouvernementales, tout en contribuant à préserver à la fois l'intégrité et la confidentialité des renseignements personnels détenus par l'État.

De l'avis de la commission, la sensibilité de ces renseignements et la convoitise que suscitera ce registre, registre qui servira pendant plusieurs années, requiert que des règles de gouvernance robustes et efficaces soient adoptées et implantées avant que le ministre de la Cybersécurité... avant que le ministère de la Cybersécurité et du numérique puisse agir comme source officielle. Avec l'adoption du projet de loi, ce ne sera plus le cas. Pourtant, on nous dit que des échanges sont en cours et qu'ils progressent bien, même s'ils ont été initiés l'an dernier. Je reconnais que c'est long comme délai, mais je maintiens qu'il serait malavisé de le court-circuiter, M. le Président.

Donc, en terminant, nous allons voter pour le projet de loi n° 38, malgré nos inquiétudes au niveau des règles qu'on vient de mentionner, là, sur les règles de... l'approbation des règles de gouvernance par la CAI, mais nous allons voter pour le projet de loi n° 38, tout en réitérant, M. le Président, qu'on a besoin d'un vrai leadership incarné, pas juste de l'enchâsser dans la loi, mais vraiment de le sentir sur le terrain, ce leadership. On comprend que le ministre ait besoin d'une meilleure pogne et plus d'outils, et espérons que le régime législatif révisé nous permettra d'éviter d'autres fiascos comme celui vécu avec SAAQclic, dont les Québécois continuent malheureusement, à ce jour, à faire les frais. Pour le commun des mortels, M. et Mme Tout-le-monde, l'environnement numérique québécois doit être sécuritaire, accessible et répondre facilement à leurs besoins. Il va sans dire que collectivement, nous ne pouvons plus échouer sur la prestation de services numériques à la population. Des ratés comme SAAQclic, ça ne doit plus exister.

Je veux bien soutenir le gouvernement dans l'adoption du projet de loi, mais, soyons clairs, la barre sera bien haute pour la suite des choses. Avec les changements législatifs proposés, les attentes seront très élevées de voir enfin des résultats satisfaisants dans les dossiers de transformation numérique. Les attentes de la population sont énormes quant à la capacité de l'État de livrer des projets d'envergure offrant une facilité de naviguer à des coûts raisonnables et à l'intérieur de délais respectables, et on s'attend aussi à voir un front cybersécuritaire unifié se mettre en place. Merci, M. le Président. C'est tout pour moi aujourd'hui.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Et, pour la prochaine intervention, je reconnais M. le député de Maurice-Richard.

M. Haroun Bouazzi

M. Bouazzi : Merci, M. le Président. Très heureux d'être ici aujourd'hui. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de participer à toute la commission parlementaire, étant donné que j'étais aussi sur d'autres projets de loi, incluant aussi la venue du P.D.G. d'Hydro-Québec, M. Sabia, mais je l'ai lu avec attention. Je dois dire que je suis heureux qu'un certain nombre de pouvoirs se retrouvent aux mains du ministre. À mon tour aussi de dire mon étonnement que ces prérogatives-là n'existaient pas dès le début.

Je suis bien placé pour savoir toute la complexité qu'il peut y avoir derrière des transformations numériques. On parle de beaucoup de milliards de dollars, d'énormément d'institutions qui vont être touchées, et effectivement un mélange de centralisation, de gouvernance, mais aussi de liberté au niveau des différents ministères peut permettre, d'un côté, une agilité, mais, de l'autre côté, une cohérence au niveau de ces transformations numériques.

En fait, comme ma collègue, je pense que d'abord nous n'avons pas le luxe de rater cette transformation numérique. Ça coûte très, très, très cher de refaire des projets. Ça coûte cher d'avoir des longues années de retard. Ça coûte cher de mal gérer les... la gestion du changement. Ça fait que, pour toutes ces raisons-là, on espère qu'à partir de maintenant la suite des choses va être meilleure pour les différents projets de transformation numérique qui sont en cours.

Peut-être deux remarques rapides. Le projet permet de pouvoir avoir des projets pilotes très rapidement. On pense qu'il faut faire, bien sûr, très attention par rapport à la gestion des données qui sont utilisées dans ces projets pilotes là et que ce n'est pas parce que c'est des preuves de concept ou des projets pilotes que la gestion des données devrait avoir moins de gouvernance les entourant. Et c'est sûr qu'on a une certaine inquiétude par rapport à toutes les prérogatives que le ministre se donne.

De l'autre côté, je tiens à rappeler ici qu'il y a un pourcentage non négligeable de Québécoises et de Québécois qui sont illettrés numériquement et que le fait de numériser les services de l'État devrait dégager du temps humain et des ressources pour pouvoir accompagner les personnes non pas dans un plan B, mais dans un plan A pour ces personnes-là, parce qu'elles n'ont pas malheureusement ou accès à la technologie ou la compréhension de la technologie qui leur permettrait de faire affaire avec les services qui pourtant leur sont essentiels. C'est souvent un angle mort. Ce n'est pas évidemment quelque chose qui est abordé dans ce projet de loi là. C'est souvent un angle mort, et puis on espère qu'il sera tenu en compte dans tous les projets de transformation du numérique de l'État.

Ayant dit ça, et puis les quelques réticences qu'on peut avoir, nous aussi, on va voter pour ce projet de loi. Et puis on souhaite bonne chance au ministre et de meilleures chances, évidemment, que ce qui s'est passé dans le passé. Merci, M. le Président.

Mise aux voix

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Maurice-Richard. Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.

Alors, le projet de loi n° 38, Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives, est-il adopté?

• (16 h 30) •

Des voix : Adopté.

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 48 du feuilleton, s'il vous plaît.

Motions du gouvernement

Motion proposant que l'Assemblée approuve la Convention supprimant
l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers

Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, à l'article 48 du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à l'article 48 du feuilleton, faisant suite au dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le 22 novembre 2023, d'un engagement international. Cette motion se lit comme suit :

«Que, en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales, l'Assemblée nationale approuve la Convention supprimant l'exigence de la [législation] des actes publics étrangers.»

Je vous rappelle qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales cette motion donne lieu à un débat restreint de deux heures. La répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat s'effectuera comme suit : 60 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 28 min 46 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 21 min 11 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 7 min 4 s sont allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s est allouée à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires, selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne sont soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.

Je cède maintenant la parole à Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie.

Mme Martine Biron

Mme Biron : Merci beaucoup, M. le Président. La Convention Apostille est une convention multilatérale qui a été adoptée à la Conférence de La Haye de droit international privé lors de la neuvième session, le 5 octobre 1961.

Donc, 62 ans plus tard, le 12 mai dernier, le gouvernement du Canada a décidé de déposer son instrument d'adhésion à la Convention Apostille auprès du dépositaire de la convention, soit le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas. Il est à ce moment devenu le 125e pays membre de cette convention. L'adhésion était la seule voie ouverte au Canada s'il souhaitait devenir partie de la convention, puisqu'il n'était pas membre de la Conférence de La Haye de droit international privé au moment où la Convention Apostille a été adoptée.

Donc, en vertu des dispositions de la convention, celle-ci entrera en vigueur au Canada, incluant au Québec, le 11 janvier prochain, ça veut dire dans un peu plus qu'un mois. Cette convention trouvera donc application dans l'ensemble des États qui y étaient parties avant le dépôt de l'instrument d'adhésion du Canada.

Concrètement, la Convention Apostille vise donc à simplifier la production de documents étrangers. Elle réduit le processus lent, lourd et coûteux de la législation, qui est le processus traditionnel à suivre pour l'authentification des documents. Dans le processus de légalisation, la signature de l'émetteur de l'acte est attestée par une autorité dont la signature est à son tour attestée par une autre autorité.

Ici, au Québec, c'est avec une loi de mise en oeuvre de cette convention et le règlement qui sera pris en vertu de celle-ci que nous établirons le cadre légal nécessaire. Ce sont ces textes qui prévoiront quels documents seront visés et quelle sera l'autorité compétente désignée pour délivrer l'apostille pour les documents québécois. C'est également dans la loi de mise en oeuvre que sont prévus, entre autres choses, le registre des apostilles ainsi que les informations qu'il devra contenir.

En posant les gestes nécessaires à la mise en oeuvre de cette convention, le Québec démontre son engagement envers la simplification des procédures administratives et son soutien aux principes de justice et d'équité internationales. De plus, chacune des conventions internationales multilatérales auxquelles le Québec se déclare lié renforce la reconnaissance du Québec comme partenaire à part entière sur la scène internationale. Il s'agit donc d'une démonstration concrète de l'action internationale du Québec. En mettant en oeuvre ces conventions dans son droit interne, nous mettons en place les structures nécessaires pour qu'elles puissent s'appliquer rapidement et de façon efficace pour le plus grand bénéfice des citoyens.

La mise en oeuvre de la législature d'engagements internationaux au Canada s'effectue en fonction du partage constitutionnel des compétences entre les Parlements provinciaux et fédéral. Les provinces sont seules compétentes pour mettre en oeuvre, par voie législative, des engagements internationaux qui concernent leurs champs de compétence. Donc, la présente étape est la première par laquelle l'Assemblée est appelée à prendre une décision formelle à l'égard de la mise en oeuvre de la Convention Apostille par le Québec. Outre l'obtention de l'approbation de cette convention par l'Assemblée nationale, le gouvernement du Québec devra, pour pouvoir se déclarer lié par une telle convention, prendre un décret à cet effet une fois le droit interne québécois qui aura été ajusté.

Alors, Mme la Présidente, je propose donc que l'Assemblée nationale approuve la Convention supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers, que je viens de présenter. Et je conclus en exprimant ma grande satisfaction de voir à nouveau cette Assemblée exercer ce pouvoir collectif exceptionnel. Merci.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je suis prête à entendre un autre intervenant ou intervenante. Je pense, Mme la députée de Robert-Baldwin, vous aviez une intervention. Alors, je vous cède la parole.

Mme Brigitte B. Garceau

Mme Garceau : Une brève intervention, Mme la Présidente, puisque nous sommes pour l'adoption de cette Convention de La Haye, une convention internationale qui est quand même importante et sera aussi importante pour le Québec, puisque ça va... Cette Convention Apostille va simplifier l'authentification des actes, le processus, je dirais, de l'authentification des actes publics destinés à être produits à l'étranger. Et nous savons pertinemment que nous avons beaucoup de Québécois et de Québécoises qui voyagent à l'étranger pour différentes raisons, que ce soit pour affaires, pour contracter des contrats avec des entreprises étrangères et aussi pour des contrats d'emploi, et des étudiants qui vont à l'étranger pour étudier.

• (16 h 40) •

Et donc cette convention, qui date depuis 1961... Et je comprends que le gouvernement du Canada, les Affaires mondiales Canada, a adhéré à la convention le 16 mai dernier, et donc cette convention qui va faire en sorte que nous allons simplifier le processus d'authentification des documents, certains documents, des documents publics, il faut se le dire. C'est ça qui est indiqué à la convention, et on le précise à l'article 1, en termes de quels documents nous allons... qui vont pouvoir faire l'objet, comme on dit, d'être apostillés. Et on parle de documents, évidemment, qui émanent d'un ministère public, d'un greffier, d'un huissier de justice, d'une autorité ou d'un fonctionnaire relevant d'une juridiction de l'État, les documents administratifs, les actes notariés, les déclarations officielles telles que mentions d'enregistrement, visas pour date certaine et certifications de signature apposée sur un acte sous seing privé. Évidemment, il y a tout l'aspect ici de s'assurer que, lorsque des documents vont être apostillés, qu'il va y avoir un niveau de sécurité, de confidentialité également, et donc la convention prévoit la tenue d'un registre. Et ce registre va faire en sorte que les apostilles vont être inscrites, et certaines personnes auront accès à ce registre en temps et lieu. Et donc, ici, pour la simplification, si je peux dire, de processus administratifs, ici, c'est sûr et certain que ce serait de bon augure, parce qu'actuellement le processus est lourd. Ça prend du temps, et c'est avec le gouvernement fédéral, et aussi avec les consulats, les ambassades. Et donc, pour les gens qui ont besoin de déposer des documents publics à l'étranger, ça va être important pour eux d'avoir... comme on dit, que ces documents-là soient apostillés dans les plus brefs délais.

Donc, sur ce, Mme la Présidente, nous n'avons pas d'objection en ce qui a trait à l'adoption de la motion.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?

Mise aux voix

Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie proposant qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales l'Assemblée nationale approuve la convention supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers. Cette motion est-elle adoptée?

Des voix : Adopté.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée nationale.

M. le leader du gouvernement, bien nous indiquer...

M. Lévesque (Chapleau) : ...je vous demande d'appeler l'article 5 du feuilleton afin que nous puissions, de consentement, procéder à toutes les étapes de l'adoption du projet de loi et que la motion et l'adoption du principe soient mises aux voix sans débat.

Projet de loi n° 43

Adoption du principe

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Est-ce qu'il y a consentement afin de procéder à toutes les étapes de l'adoption du projet de loi n° 43 et que la motion d'adoption du principe soit mise aux voix sans débat? Est-ce qu'il y a consentement?Consentement.

Mise aux voix

Le principe du projet de loi n° 43, la Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la législation des actes publics étrangers, est-il adopté?Adopté. M. le leader du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la Présidente. Je fais motion afin de déférer ce projet de loi à la commission plénière et que, de consentement, nous puissions procéder aux écritures.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce que cette motion de renvoi du projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers, pour étude détaillée en commission plénière est adoptée?Adopté. Est-ce qu'il y a consentement pour procéder aux écritures?

Des voix : Consentement.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je fais motion afin que l'Assemblée se constitue en commission plénière afin de procéder à l'étude de ce projet de loi.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le leader propose que l'Assemblée se constitue une commission plénière. Est-elle adoptée?

Des voix : Adopté.

Commission plénière

Étude détaillée

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce que tous les articles du projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie de la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers, sont adoptés?Adopté.

Est-ce que l'ensemble du projet de loi, incluant le préambule et le titre, est adopté?

Des voix : Adopté.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je propose que la commission adopte une motion d'ajustement des références. Cette motion est-elle adoptée?Adopté.

Mise aux voix du rapport de la commission

Est-ce que le rapport de la commission plénière est adopté? Adopté. M. le leader du gouvernement.

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 5 du feuilleton et je propose que nous procédions à l'adoption du projet de loi avec des interventions d'un maximum de 10 minutes par groupe parlementaire.

Adoption

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie propose l'adoption du projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie de la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers.

Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'article 230 du règlement prévoyant que l'adoption du projet de loi doit avoir lieu à une séance distincte que celle de l'adoption du rapport de la commission plénière?Consentement.

Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'article 22 du règlement prévoyant qu'un projet de loi présenté après le 15 novembre ne peut être adopté pendant la période des travaux au cours de laquelle il a été présenté? Consentement.

Afin de céder la parole au prochain intervenant, je comprends qu'il y a consentement afin de limiter les interventions à 10 minutes par groupe parlementaire. Est-ce qu'il y a consentement?

Des voix : Consentement.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Consentement. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la ministre? Non? O.K. Donc... Oui, Mme la ministre, je vous cède la parole.

Mme Martine Biron

Mme Biron : Bien, c'est avec une grande fierté et un profond sentiment d'accomplissement que je m'adresse à vous aujourd'hui, Mme la Présidente, à l'étape de l'adoption du projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers.

Avec ce projet de loi, nous offrons un service supplémentaire aux Québécois et aux Québécoises. La mise en oeuvre de cette convention a un impact direct pour les gens qui ont besoin de transmettre des documents à l'étranger, qu'on parle d'individus ou d'entreprises. En adoptant ce projet de loi, le Québec poursuit son travail d'affirmation et prend ses responsabilités dans la mise en oeuvre d'engagements internationaux qui concernent ses champs de compétence.

Alors, en terminant, je veux remercier les partis d'opposition d'avoir collaboré pour que nous puissions adopter rapidement ce projet de loi. Je veux aussi remercier tous les professionnels du ministère de la Justice ainsi que du ministère des Relations internationales pour leur rigueur dans ce dossier ainsi que pour leur grande amabilité. Merci.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole est à vous.

Mme Brigitte B. Garceau

Mme Garceau : Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, j'aimerais remercier la ministre, et également les membres de son ministère, et certains membres qui se sont joints à nous, hier, du ministère de la Justice, pour, comme on dit, un briefing technique pour que je puisse avoir certaines explications concernant le projet de loi, compte tenu que c'est quand même un projet de loi important qui va faciliter, pour les Québécois et les Québécoises, toute cette question d'authentification de documents qu'ils doivent déposer à l'étranger.

• (16 h 50) •

Nous savons que, même au Canada, on parlait, là, environ de 200 000 actes canadiens qui doivent être authentifiés. Et c'est sûr et certain qu'au Québec on vise même peut-être 20 000 à 25 000 documents, et donc qui fait en sorte que c'est quand même un projet de loi important qui va aider les Québécois et les Québécoises à l'étranger pour, comme j'ai mentionné tout à l'heure... que ce soit pour des questions d'exécution de contrats pour des raisons d'affaires, pour un contrat d'emploi ou un étudiant qui veut étudier à l'étranger. Nous, comme... évidemment, avec cette loi, on va pouvoir aider ces gens à faciliter et expédier toute cette question-là de dépôt de documents et surtout au niveau de... à l'international. Et je sais qu'une question que nous avions discutée hier, c'était les adoptions à l'étranger. Et ça va faciliter et expédier également les adoptions des enfants à l'étranger parce que nous allons pouvoir... le ministère de la Justice va être habilité pour apostiller ces documents. Donc, ça, c'est quand même un processus qui est fort important, surtout pour les parents, les Québécois et les Québécoises qui attendent souvent très longtemps pour adopter un enfant. Et donc je dois dire que je suis très fière que nous allions de l'avant, Mme la ministre, avec ce projet de loi.

C'est sûr qu'on simplifie le processus qui fait en sorte que, oui, ça va être le ministère de la Justice qui va être habilité à apostiller des documents, sauf que les documents, on va au-delà d'apostiller des documents, des actes publics ou des actes authentiques tel qu'il est prévu au projet de loi. Et je l'avais soulevé avec Mme la ministre, on va aussi apostiller, par... ultérieurement, des documents tels que décrits à l'article 3 du projet de loi, des documents autres que les documents visés à l'article 1, concernant les actes authentiques en particulier ou des copies certifiées de ces actes. Mais là on parle des documents qui émanent d'une personne ou d'un organisme, et donc on parle de documents privés. On pourrait parler des états financiers liés à une entreprise, préparés par une firme de comptables, on pourrait parler des états de comptes bancaires qui émanent d'une institution financière, et donc, oui, on peut parler de contrats sous seing privé, on peut parler de contrat entre actionnaires, mais il y a des documents que, finalement, le ministère de la Justice va apostiller qui ne seront pas des documents... des actes publics ou des actes authentiques. Et on va impliquer les avocats et les notaires qui vont avoir la possibilité d'autoriser, si je peux dire, ou de vérifier la véracité de la signature qui est liée à l'acte. Et l'avocat ou un notaire va devoir déclarer de façon officielle que c'est bel et bien la personne et la signature de la personne sans réviser les faits ou le contenu de l'acte ou du document qui fait l'objet de cette déclaration. Et donc, pour moi, je fais, comme j'avais mentionné, une mise en garde à ce sujet, parce que nous savons très bien qu'avec la technologie, les avancements au niveau de la technologie, les gens peuvent... on peut manipuler des documents, des documents qu'à première vue ont l'air très légitimes mais, cependant, ne le sont pas. Donc, avec cette mise en garde, je voulais que ce soit clair qu'évidemment il y a toute une question de responsabilité professionnelle au niveau des avocats et des notaires qui pourrait résulter de l'exécution de cet article. Et donc je voulais faire ce commentaire.

Et évidemment, concernant aussi toute la question de l'apostille, je sais que la convention avait annexé à l'apostille... avait annexé, je m'excuse, un modèle au niveau de la forme et le contenu de l'apostille. Je vois, l'article 4 du projet de loi, que ça va être... la forme et le contenu de l'apostille seront déterminés par le ministre. Je comprends qu'on veut se l'approprier et peut-être mettre des informations additionnelles, mais je n'ai aucun doute, là, que l'apostille du ministère de la Justice sera conforme aux normes telles que mentionnées dans la Convention de La Haye. Je vois également qu'il y aurait peut-être possibilité à long terme d'avoir une apostille qui va être électronique. On verra, mais, pour le moment, ça va être une apostille sur papier. On va tenir un registre tel que... conformément aux termes de la convention, et ça, c'est certainement important, l'accès à ce registre, qui va avoir accès et qu'on ait des règles très formelles à ce sujet pour protéger, évidemment, la confidentialité de ces documents.

Et aussi je comprends que le Canada est le 125e pays qui va être membre de la convention. Ce n'est pas toutes les provinces qui ont accepté d'adhérer à la Convention Apostille, je crois que nous sommes la cinquième, et donc... Mais je vois ça comme étant un geste très positif de notre part. Comme je l'ai mentionné, ça va faciliter l'obtention, là, ou la transmission de documents à l'étranger par les Québécois et les Québécoises. Donc, merci beaucoup, Mme la Présidente.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?

Mise aux voix

Alors, le projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être produits dans un État étranger partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers, est-il adopté?

Des voix : Adopté.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. Alors, M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?

M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Nous nous dirigeons maintenant vers l'éducation, et je vous demande d'appeler l'article 12 du feuilleton, s'il vous plaît.

Projet de loi n° 23

Adoption

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 12 du feuilleton, M. le ministre de l'Éducation propose l'adoption du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.

Alors, M. le ministre de l'Éducation, je vous cède la parole.

M. Bernard Drainville

M. Drainville : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très heureux de prendre la parole pour cette adoption finale, donc, du projet de loi n° 23.

Évidemment, Mme la Présidente, cette adoption finale ne se fait pas dans les circonstances que nous aurions espérées. On se retrouve, Mme la Présidente, dans un contexte de grève qui touche, donc, 40 % des... de nos écoles, et ce, depuis plusieurs jours, Mme la Présidente. On est rendus, quoi, là, au huitième ou neuvième jour de grève, et, si ça ne se règle pas d'ici vendredi, à partir de vendredi, c'est 100 % des écoles publiques du Québec, Mme la Présidente, qui seront en grève. On parle de grève des enseignants, grève du personnel scolaire.

Alors, évidemment, Mme la Présidente, j'ai une pensée pour toutes ces personnes qui travaillent dans notre réseau scolaire, nos enseignantes, nos enseignants, nos éducatrices, notre personnel professionnel, nos techniciennes en éducation spécialisée, enfin tous ceux et celles qui sont frappés, donc, par ce conflit de travail. En même temps, Mme la Présidente, si on avait voulu illustrer les défis immenses auxquels l'éducation est confrontée, le moment que nous traversons l'illustre puissamment, illustre puissamment les grands défis auxquels le monde de l'éducation est confronté, Mme la Présidente.

• (17 heures) •

Et donc, dans les prochaines minutes, je tenterai de faire la démonstration que le projet de loi n° 23, que nous étudions et que nous débattrons dans les prochaines heures, est une façon d'améliorer notre réseau de l'éducation, va contribuer à renforcer notre réseau de l'éducation, va nous permettre de s'outiller de différentes manières afin de relever encore mieux, pour le présent et pour l'avenir, les grands défis de l'éducation auxquels nous sommes confrontés, Mme la Présidente.

Je l'ai dit à de multiples reprises dans des interventions publiques que j'ai faites, j'essaie d'être le plus possible dans les écoles. Depuis que je suis ministre de l'Éducation, Mme la Présidente, j'ai visité 55 établissements scolaires, et, quand je le fais, ce n'est pas juste de, comment dire... de se promener, puis de prendre de belles photos, puis de quitter, et d'en faire un exercice d'image ou de relations publiques. Non, j'essaie sincèrement, Mme la Présidente, à toutes les fois que je vais visiter une école, j'essaie d'apprendre quelque chose de nouveau sur la situation qui règne dans nos écoles. Et, pour ce faire, Mme la Présidente, il faut discuter avec le personnel, il faut prendre le temps justement de s'asseoir avec ceux et celles qui travaillent au quotidien auprès de nos élèves, et ils ont beaucoup de choses à nous dire, Mme la Présidente.

Et je dois vous dire que... Puis ce n'est pas juste une formule qui vise à bien me faire paraître. Je le dis sincèrement, Mme la Présidente, à toutes les fois que j'ai visité une école ou un établissement scolaire, dans certains cas c'était un centre de formation professionnelle, par exemple, ou une école primaire, une école secondaire, une institution dédiée à l'éducation des adultes, dans certains cas, bien entendu, des écoles privées, notamment dans mon comté... Enfin, bref, il y a toute une panoplie de codes différents que j'ai pu constater, et, Mme la Présidente, j'ai pris le temps, à chaque fois, de m'asseoir avec les gens qui travaillent dans l'école ou qui travaillent dans le centre de services scolaire pour connaître leur réalité. Et, je le dis, Mme la Présidente, à chaque fois que j'ai visité un établissement scolaire, j'ai appris quelque chose de nouveau, et je pense qu'il faut rester en mode apprentissage, en particulier quand on est dans le domaine de l'éducation, Mme la Présidente.

Et l'une des premières choses que j'ai apprises, dès les premières visites d'écoles et de classes que j'ai réalisées, c'est que le plus grand défi auquel nous sommes confrontés présentement dans les classes du Québec, Mme la Présidente, c'est la composition de la classe. La composition de la classe est devenue très exigeante. Nous avons décidé, collectivement, il y a une vingtaine d'années de ça, d'intégrer à nos classes régulières les élèves à besoins particuliers. Ça reste un choix collectif positif, Mme la Présidente, mais c'est un choix collectif qui pose des défis grandissants à notre personnel et en particulier aux enseignantes et aux enseignants. Et donc la composition de la classe, Mme la Présidente, fait en sorte qu'on a de plus en plus d'élèves à besoins particuliers qui demandent, donc, qu'on s'occupe d'eux, qu'on s'occupe d'elles, qui demandent de l'attention, qui demandent du temps d'enseignement.

Et, évidemment, Mme la Présidente, j'entends les acteurs du réseau, et en particulier notre personnel enseignant, nous dire : Écoutez, la composition de la classe est devenue si difficile qu'il faut nous donner de l'aide, qu'il faut, notamment, réclament-ils, par le truchement de leurs directions syndicales, notamment, notamment, pas uniquement, mais notamment... de diminuer les ratios, diminuer le nombre d'élèves dans les classes. C'est une des solutions qui est mise de l'avant avec le plus, je dirais, de force, de constance. Et, Mme la Présidente, je vous le dis sincèrement, si on était capables de diminuer, d'une manière structurante, importante, les ratios, ce serait certainement une orientation que nous souhaiterions adopter, pour soulager justement les enseignants qui sont confrontés à cette composition de la classe qui est exigeante.

Le problème, Mme la Présidente, comme vous le savez, c'est que nous faisons face à une pénurie de la main-d'oeuvre dans tous les champs d'activité mais en particulier dans le domaine de l'éducation. Et ce n'est pas une situation qui est, comment dire, limitée au Québec, Mme la Présidente. Partout, dans les pays industrialisés, il y a présentement une crise dans le domaine de l'enseignement, et en particulier en ce qui a trait aux ressources humaines dont nous avons besoin dans les classes, dans les écoles, dans le réseau de l'éducation. On le voit en France, au Royaume-Uni, dans les provinces canadiennes, aux États-Unis. Partout, Mme la Présidente, il y a ce défi auquel nous sommes confrontés, celui de la pénurie de main-d'oeuvre et de la pénurie d'enseignants et d'enseignantes.

Et c'est pour ça, Mme la Présidente, que, dans ce projet de loi n° 23, nous avons souhaité ajouter un certain nombre de programmes de 30 crédits pour faire en sorte que des enseignants, enseignantes non légalement qualifiés, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de brevet... Si je résume, là, ils n'ont pas de brevet, mais ils ont un bac. Et, à travers ces programmes de 30 crédits, Mme la Présidente, nous leur donnons l'occasion d'aller chercher une formation de base en pédagogie, qui va leur permettre de devenir des enseignants et des enseignantes qualifiés, donc avec brevet, au terme de cette formation.

C'est la voie, Mme la Présidente, que nous avons choisie. Ce n'est pas la seule, il y a plusieurs voies qui devront être empruntées si nous voulons résorber cette pénurie d'enseignants et d'enseignantes, mais c'est l'une des voies que nous avons décidé, Mme la Présidente, de privilégier pour faire en sorte, justement, que l'on puisse augmenter le nombre d'enseignantes, enseignants avec brevet dans les écoles du Québec, pour qu'on puisse surmonter cette pénurie et qu'on puisse, éventuellement, être en mesure de jouer sur les ratios et de constituer, notamment, de créer, notamment, des classes spéciales qui nous permettraient d'accueillir certains de ces élèves à besoins particuliers, qui sont présentement dans des classes régulières, les accueillir dans des classes, par exemple, d'adaptation scolaire, pour leur permettre, donc, d'obtenir l'enseignement qui est adapté à leurs besoins, que ce soit pour des raisons de déficit au niveau de l'apprentissage, au niveau de l'adaptation, mais, bref, leur donner accès, donc, à ces groupes plus petits, à ces classes plus petites qui répondraient davantage à leurs besoins.

Et, je tiens à souligner, Mme la Présidente, depuis cinq ans, depuis que le gouvernement de l'actuel premier ministre est en place, depuis que le gouvernement de la Coalition avenir Québec est au pouvoir, nous avons créé plus de 700 classes spéciales. Malgré le fait que la pénurie d'enseignants et d'enseignantes nous limite beaucoup, nous avons quand même réussi, Mme la Présidente, à créer plus de 700 classes spéciales. Si on voudrait... si on voulait, dis-je bien, le faire encore plus, on se retrouverait, Mme la Présidente, donc, confrontés à cette difficulté par rapport au personnel disponible.

Bon. Alors, Mme la Présidente, dans le projet de loi n° 23, donc, on a dit : Pour un certain nombre de formations de 30 crédits, les étudiants qui vont s'en prévaloir, qui vont s'inscrire dans ces programmes-là vont pouvoir, à terme, décrocher leurs brevets d'enseignant. Ça, c'est une voie, Mme la Présidente, que nous avons choisie et sur laquelle nous avons décidé d'agir par le projet de loi n° 23. Et l'espoir que j'ai, Mme la Présidente, et je vous le dis sincèrement, l'espoir que j'ai, c'est qu'au terme de l'adoption de ce projet de loi n° 23 d'autres formations de 30 crédits seront éventuellement créées, et je le souhaite. J'espère qu'il y aura de plus en plus d'enseignants qui n'ont pas le brevet, mais qui ont un bac, qui sentent l'appel, qui entendent l'appel, qui ont le goût de s'investir dans la carrière d'enseignante, d'enseignant et qui vont saisir cette occasion de pouvoir aller se former avec ce 30 crédits, qu'on ajoute à leur bac de 90 crédits, un bac dans des matières qui sont enseignées à l'école ou connexes aux matières enseignées à l'école. Alors, ça peut être quelqu'un qui a un bac en histoire, en géographie, en français, en mathématiques, en chimie, en physique, peu importe, matières enseignées à l'école, qui va chercher ce 30 crédits et qui devient un enseignant légalement qualifié, avec brevet.

• (17 h 10) •

Et, si on réussit, Mme la Présidente, à créer, autour de cette mesure et d'autres mesures que nous mettons en place ou que nous mettrons en place... on espère, de cette façon-là, Mme la Présidente, résorber, donc, graduellement cette pénurie de main-d'oeuvre, cette pénurie d'enseignants. Alors, ça, c'est une dimension du projet de loi. On réaffirme l'importance de ces programmes de 30 crédits et on en inscrit un certain nombre pour envoyer un signal clair aux étudiants, Mme la Présidente. On dit aux étudiants : Inscrivez-vous dans ces programmes, si vous obtenez les résultats voulus, vous obtiendrez, à terme, le brevet et vous pourrez devenir, donc, enseignant légalement qualifié. Alors, Mme la Présidente, ça, c'est une chose que le projet de loi n° 23 accomplit.

Maintenant, Mme la Présidente, je l'ai dit, l'enseignement, ça a toujours été un grand défi, mais je pense qu'on peut dire sans risque de se tromper que ça l'est encore davantage de nos jours, de là l'importance de s'appuyer sur les méthodes pédagogiques, les pratiques pédagogiques les plus avancées, celles qui ont fait la preuve qu'elles nous permettent d'obtenir les meilleurs résultats possible pour les élèves, et c'est pour ça, Mme la Présidente, que nous créons l'Institut national d'excellence en éducation. Alors, comme son nom l'indique, c'est un institut qui va se consacrer à l'excellence en éducation en dressant d'abord, comment dire, l'éventail des pratiques pédagogiques les plus à jour, celles qui donnent les meilleurs résultats, celles qui sont fondées sur ce qu'on appelle les données probantes.

Alors, données probantes, il y a tout un débat autour de ça, Mme la Présidente, mais les données probantes, c'est assez... ce n'est pas compliqué. Quand on y pense, données probantes, ça veut dire données avec preuves, la donnée, l'enseignement, la pratique qui a fait la preuve qu'elle était efficace et qu'elle permettait d'atteindre les résultats voulus. C'est ça, un enseignement basé sur les données probantes.

On n'a rien à craindre des données probantes, Mme la Présidente. Tout au contraire, il faut se féliciter que nous adoptions cette voie, parce que c'est la voie, justement, qui va nous permettre de se fonder sur les pratiques les plus modernes et, par la suite, les adapter à nos circonstances à nous, celles qui prévalent dans nos classes, au sein de notre société. Et donc l'Institut national d'excellence en éducation, Mme la Présidente va faire l'inventaire de ces pratiques pédagogiques basées sur les données probantes, pratiques pédagogiques qui visent un enseignement efficace, qui vise à accompagner l'enseignante, l'enseignant pour que cette personne soit la plus efficace possible en classe.

Alors, être efficace, ça veut dire quoi, Mme la Présidente? Ça veut dire d'accompagner le mieux possible l'élève vers la réussite scolaire tout en adoptant une façon d'enseigner qui va nous permettre, oui, d'obtenir les résultats, mais de le faire d'une manière qui va nous préserver, qui va faire en sorte qu'on sera satisfaits, qu'on sera comblés, qu'on sera valorisés, Mme la Présidente.

Actuellement, il y a beaucoup de nos enseignantes, de nos enseignants qui nous disent : Je finis ma journée, je suis épuisée puis, par moments, j'ai le sentiment de ne pas avoir été capable de tout donner parce que j'ai été prise dans une dynamique de classe qui était... qui rendait mon enseignement très difficile. C'est pour ça, Mme la Présidente, qu'il faut accompagner nos enseignantes et nos enseignants avec les meilleures pratiques pédagogiques possible, celles qu'on observe ailleurs dans le monde, celles qui ont démontré qu'elles étaient capables de produire de beaux résultats pour les élèves, et les amener chez nous, et vérifier sur le terrain si elles fonctionnent. Si elles ne fonctionnent pas, elles ne sont pas probantes. Il faut les mettre de côté. Et, si elles fonctionnent, il faut non seulement le dire, mais il faut s'assurer de les promouvoir et de les étendre à l'ensemble de nos écoles. C'est ce à quoi l'INEE va servir, Mme la Présidente.

Par ailleurs, je tiens à le dire, Mme la Présidente, puisque c'est la dernière fois que je prendrai la parole sur ce sur cette question, enfin en cette Chambre du moins, je sais qu'il y a des craintes par rapport à la création de l'INEE, Mme la Présidente. Je les ai entendues, ces craintes, ces inquiétudes, et ce que je tiens à dire : L'INEE, Mme la Présidente, va puiser dans la diversité des courants de pensée en matière d'éducation. L'idée de l'INEE, Mme la Présidente, ce n'est pas de promouvoir une école de pensée. L'idée de l'INEE, c'est d'aller chercher les bonnes idées là où elles se trouvent, d'aller chercher les bonnes méthodes là où elles se trouvent, et d'en faire la recension, et, par la suite, quand on aura démontré qu'elles fonctionnent bien, de les propager, de les... d'en faciliter la mise en oeuvre dans les différentes écoles du Québec.

Puis, Mme la Présidente... j'en parlerai vers la fin, mais on a fait quand même un certain nombre d'amendements pendant l'étude du projet de loi en commission parlementaire et nous avons renforcé, par ces amendements, la gouvernance de l'INEE. On a justement renforcé la composition, on a modifié la composition du conseil d'administration de l'INEE de manière à rassurer, justement, les personnes qui avaient peut-être certaines craintes. On a réussi, je pense, de toutes sortes de manières, à apaiser, en partie du moins, certaines des inquiétudes qui ont été signifiées par rapport à la création de l'INEE. Et donc j'ose espérer, Mme la Présidente, que certaines des voix qui se sont élevées pour s'objecter à la création de l'INEE se trouveront convaincues, du moins en partie, et qu'elles donneront une chance au coureur, avec l'INEE, qu'on donne une chance au coureur, Mme la Présidente. Je parle à ceux et celles qui se sont objectés à la création de l'INEE.

Par ailleurs, Mme la Présidente, il est vrai qu'en créant l'INEE nous avons décidé de donner un nouveau rôle au Conseil supérieur de l'éducation. Le Conseil supérieur de l'éducation, dorénavant, sera dédié à l'enseignement supérieur. Donc, on l'appellera le Conseil de l'enseignement supérieur. Donc, sa mission, ce sera de jouer son rôle auprès de la ministre de l'Enseignement supérieur en ce qui a trait aux cégeps, aux universités, bref, au niveau postsecondaire, et l'INEE, elle, aura pour mandat de se concentrer, donc, sur le niveau préscolaire, primaire, secondaire, formation professionnelle et formation générale des adultes. Et je crois sincèrement, Mme la Présidente, qu'on aura, avec ces deux organismes, un très bel équilibre.

Ma vision, en tout cas, du rôle de l'un et de l'autre, c'est une vision qui s'appuie sur une sorte de fonctionnement en tandem, où on aura d'un côté l'INEE, on aura le conseil supérieur... le Conseil de l'enseignement supérieur. Et je crois sincèrement, Mme la Présidente, que ces deux organismes-là peuvent travailler en équipe. D'autant plus que la présidente actuelle du Conseil supérieur de l'éducation, qui deviendra, donc, présidente du Conseil de l'enseignement supérieur, est une personne, je parle de Mme Brodeur, qui a toujours été favorable à la création de l'INEE. Elle a un préjugé... plus qu'un préjugé, elle a, comment dire, une disposition très favorable à l'INEE. Et donc je pense qu'elle et le ou la futur P.D.G. de l'INEE vont pouvoir très, très bien travailler en équipe.

• (17 h 20) •

Alors, j'ai parlé des formations de 30 crédits, j'ai parlé de l'INEE. Alors, l'INEE, Mme la Présidente, va également jouer un rôle dans la reconnaissance des formations initiales, donc les formations qui sont données dans nos facultés d'éducation, mais aussi dans la reconnaissance des programmes de formation continue. L'INEE, Mme la Présidente, jouera un rôle dans la reconnaissance des programmes de formation continue. Et, quand on est confronté aux immenses défis de l'éducation, la formation continue, Mme la Présidente, devient encore plus importante qu'elle ne l'était déjà. Et le projet de loi n° 23 prévoit justement un encadrement encore plus... comment dirais-je, un encadrement encore plus clair, encore plus solide sur la question de la formation continue, Mme la Présidente. Et on affirme, donc, dans ce projet de loi n° 23, en ce qui a trait à la formation continue, on affirme qu'il y a un équilibre à chercher et à trouver sur cette question.

Les enseignantes et les enseignants, Mme la Présidente, peuvent se prévaloir d'un nombre infini, j'oserais dire, de formations continues. Il n'y a pas de limite aux heures de formation continue qu'une enseignante peut décider de suivre parce qu'elle souhaite se perfectionner dans tel ou tel domaine, qu'elle souhaite apprendre davantage sur telle ou telle question, qu'elle souhaite développer son habileté ou... habileté sur certains pans de son enseignement sur lesquels elle juge qu'elle a encore du travail à faire. On a tous, Mme la Présidente, des choses à améliorer. Alors, on peut imaginer une enseignante qui dit : Moi, là-dessus, je me sens bien, je me sens en confiance. Là-dessus aussi, je suis forte. Là-dessus, j'ai peut-être un petit peu de travail à faire, donc je vais m'investir dans une formation pour m'améliorer, pour devenir meilleure sur ce plan-là.

Et donc le projet de loi n° 23, Mme la Présidente, reconnaît cela et reconnaît aussi le rôle que les directions d'école et de centres de services scolaires peuvent jouer, pourront jouer sur la question de la formation continue. Il doit y avoir, Mme la Présidente, sur cette question-là de la formation continue, un équilibre entre le droit des enseignantes de choisir les formations de leur choix et le droit des directions d'école de pouvoir, dans certains cas, prescrire certaines formations dans le cadre d'une journée pédagogique, par exemple. Et il faut trouver entre ces deux droits un juste équilibre.

Et, dans le projet de loi n° 23, Mme la Présidente, nous disons également qu'il sera possible à l'avenir, pour le ministre de l'Éducation, peu importe qui occupera la fonction, pour le moment c'est moi, un jour ce sera quelqu'un d'autre... c'est possible, en vertu de 23, Mme la Présidente, que le ministre, à un moment donné, dise : Écoutez, sur cet enjeu-là, là, c'est vraiment une priorité de notre société, il faut travailler là-dessus, c'est une priorité de notre gouvernement, et donc je vais demander à ce que tous les enseignants suivent cette formation sur cette question précise, Mme la Présidente. Alors, l'idée, ce n'est pas d'abuser, Mme la Présidente. J'ai déjà dit publiquement que ça pourrait être trois heures par année, sur un sujet précis, ou six heures, peu importe, mais, à des moments précis, dans des contextes donnés, lorsqu'on décidera collectivement qu'il faut mieux s'investir sur tel ou tel enjeu, le ministre pourrait dire : Bon, bien, on se met à la gang, comme on dit, là, en bon français, Mme la Présidente, et puis on va tous suivre cette formation.

Alors, ça pourrait être sur le français, j'ai donné cet exemple-là par le passé, Mme la Présidente. Ça pourrait être le français parce que le français, c'est un grand défi présentement. Le français, je l'ai dit, le français écrit en particulier, les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que nous souhaiterions, et donc il y a du travail à faire au niveau du français écrit. Ça pourrait être la gestion de la classe. On pourrait décider, Mme la Présidente, que tout le corps enseignant, dans une année donnée, va prendre une formation sur la gestion de la classe, parce que, justement, la composition de la classe est un immense défi. Ce sont deux exemples, Mme la Présidente. Mais, bref, la formation continue, c'est un enjeu important, c'est une pièce importante de ce projet de loi n° 23 sur lequel nous nous penchons présentement.

Alors là, parlons un peu de la gouvernance, Mme la Présidente, parce que ça, ça a fait couler beaucoup, beaucoup d'encre, n'est-ce pas? On a dit : Ah! le ministre se donne toutes sortes de pouvoirs, etc. Mme la Présidente, c'est vrai que le ministre de l'Éducation — un jour, ce sera la ministre de l'Éducation, peu importe — aura dorénavant la responsabilité de recommander au gouvernement, donc au Conseil des ministres, la nomination des directeurs généraux, directrices générales des centres de services scolaires.

Bon. Pourquoi, Mme la Présidente, avons-nous fait ce choix? Pourquoi? Bien, on a fait ce choix parce que nous souhaitons donner de la cohérence et de la cohésion à la direction du réseau, Mme la Présidente. Le réseau, il est constitué de 72 centres de services scolaires qui... dont chacun a sa réalité, sa dynamique régionale, sa dynamique territoriale, ses enjeux propres, rural, semi-rural, urbain. La réalité de Montréal n'est évidemment pas celle de nos régions. Alors, il y a toute la question de la composition de plus en plus multiethnique de nos écoles à Montréal, dans la grande couronne de Montréal, mais aussi de plus en plus dans plusieurs endroits du Québec, Mme la Présidente, où l'immigration est de plus en plus une réalité, et c'est très bien ainsi. Mais évidemment, quand on a des enfants qui nous arrivent d'un peu partout dans le monde et qu'il faut les franciser, ça soulève des enjeux particuliers : les enjeux d'intégration, de francisation, d'accueil. Alors, il y a certains milieux scolaires qui sont confrontés à ces défis et donc qui ont des besoins particuliers à ce niveau-là.

Au niveau rural, qu'est-ce que vous voulez, Mme la Présidente, il y a des communautés qui sont en déficit démographique. Il y a plus de personnes qui partent que de personnes qui restent ou qui se renouvellent. Et donc, là, il y a des enjeux. Les écoles de village, qu'est-ce qu'on fait avec ça?

Alors, chaque réalité doit être prise en compte, Mme la Présidente. C'est normal. Et c'est pour ça qu'on a 72 centres de services scolaires, c'est pour refléter cette diversité territoriale, cette diversité nationale, que j'oserais dire, qui est constituée de toutes ces réalités locales et régionales.

Maintenant, Mme la Présidente, c'est quand même important qu'au-delà de nos différences on ait, à un moment donné, une direction, qu'on se donne une destination, qu'on décide, tout le monde ensemble, on va travailler sur tel ou tel projet, telle ou telle priorité. Et, oui, Mme la Présidente, c'est la responsabilité du ministre de l'Éducation, à un moment donné, d'arriver puis de dire : Écoutez, j'ai écouté, j'ai visité des écoles, j'ai écouté les experts, j'ai consulté, j'ai réfléchi et j'en viens à la conclusion que voici les différentes priorités que nous devrions adopter collectivement pour mener notre réseau de l'éducation à bon port et pour augmenter, donc, les chances de réussite scolaire de nos élèves.

Dans mon cas à moi, Mme la Présidente, après quelques mois en fonction, j'ai fait un point de presse et j'ai dit : Écoutez, après cet exercice de consultation, d'information, de réflexion, j'en viens à la conclusion qu'on devrait se donner sept priorités au Québec : le français, l'amélioration de notre maîtrise du français, le déploiement d'aide à la classe, parce que, compte tenu de la grande difficulté que nous avons au niveau de la main-d'oeuvre, il faut trouver de l'aide là où elle se trouve. L'aide à la classe est déjà présente à l'intérieur des murs des écoles. On pourrait demander à ces éducatrices ou à ces techniciennes en éducation spécialisée de nous donner plus d'heures, elles le souhaitent, elles souhaitent avoir des horaires complets, enfin, le plus possible, si tel est leur bon désir, Mme la Présidente, on n'impose rien à personne, mais il y en a beaucoup qui font des 20 heures, des 25 heures qui souhaiteraient faire des 30 heures, des 35 heures. Alors, j'ai dit : Les aides à la classe, ça, ça pourrait vraiment aider à la réussite scolaire, prêter main-forte à nos enseignants, aider nos élèves. Alors, deuxième priorité, les aides à la classe.

Troisième priorité, la création de voies rapides, j'y ai fait référence tout à l'heure, pour justement amener dans notre réseau scolaire davantage d'enseignantes et d'enseignants qualifiés.

• (17 h 30) •

Quatrième priorité, la formation professionnelle, Mme la Présidente. Moi, j'y crois, à la formation professionnelle. Moi, je pense, Mme la Présidente, que c'est une voie extraordinaire pour beaucoup, beaucoup d'élèves. Et on en a beaucoup parlé, de la formation professionnelle, au fil du temps, mais parfois c'était davantage un discours qu'une véritable politique avec des moyens pour vraiment favoriser la réussite scolaire à travers ces programmes qui font appel davantage, je dirais, à une intelligence manuelle, l'intelligence des métiers. Et c'est une belle intelligence, Mme la Présidente. Et Dieu sait qu'elle est utile, et Dieu sait qu'elle peut permettre à quelqu'un de se réaliser, et Dieu sait qu'elle peut permettre à quelqu'un de bien gagner sa vie. Alors, quatrième priorité, la formation professionnelle.

Cinquième, alors ce n'est pas en ordre d'importance, Mme la Présidente, là, cinquième, projets particuliers, créer davantage de projets particuliers. C'est à peu près la moitié des écoles secondaires publiques du Québec qui ont présentement des projets particuliers. Les projets particuliers, c'est une source de valorisation, une source de motivation. Alors, moi, j'ai dit : Il faut en créer davantage dans les écoles publiques secondaires du Québec.

Sixième priorité, Mme la Présidente, nos infrastructures, continuer à investir dans les rénovations, agrandissements, constructions de nouvelles écoles. C'est un chiffre avec lequel je reviens constamment, mais je pense qu'il commence à s'installer, là. 9 milliards, il y a cinq ans, Mme la Présidente, c'était l'argent qui était investi dans les infrastructures scolaires québécoises, 9 milliards. Ça, c'est à la fin du précédent... du dernier gouvernement du Parti libéral, de l'opposition officielle, donc, le gouvernement de M. Couillard, 9 milliards. Avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec, les sommes ont investi... investies, dis-je, ont augmenté constamment. On est, aujourd'hui, à 22 milliards. On est passés de 9 à 22 milliards, Mme la Présidente, en investissements dans les infrastructures scolaires, et nous souhaitons évidemment continuer parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de travail à faire. Je rappelle que l'école moyenne, au Québec, date de 1967. L'âge moyen de notre réseau scolaire, Mme la Présidente, c'est 1967. Alors, vous comprenez qu'on a beaucoup, beaucoup de travail à faire pour moderniser, rénover, agrandir, etc., nos infrastructures scolaires.

Et la septième priorité, c'était l'efficacité, et je pense, Mme la Présidente, que le projet de loi n° 23 va nous permettre, justement, d'être plus efficaces, parce que, si on a une direction commune, si on s'entend, entre le gouvernement, le ministre de l'Éducation et les directions générales, sur le terrain qu'il faut miser sur ces sept priorités, bien, j'ai la prétention, Mme la Présidente, de dire que, si nous ramons tous et toutes dans la même direction, les probabilités que nous atteignions l'objectif sont bien meilleures que si chacun part dans des directions différentes.

Et donc je fais un grand détour, Mme la Présidente, pour répondre à la question, pour ne pas dire à la critique, de ceux et celles qui ont dit : Bien oui, mais ça n'a pas de bon sens, le ministre se donne le droit de recommander au gouvernement la nomination des D.G. à partir de 2025, etc. Mme la Présidente, la raison pour laquelle je pense que c'est une bonne idée, c'est que je pense que c'est normal et souhaitable qu'entre la direction générale du ministère et les acteurs sur le terrain, dans les différents centres de services, c'est normal qu'il y ait une cohérence et une cohésion. Nous formons une équipe, Mme la Présidente.

Je l'ai dit à de multiples reprises pendant l'étude article par article, parce que l'opposition me posait des questions là-dessus, et elle jouait son rôle, j'ai dit : Écoutez, dans ce nouveau système de gouvernance, le ministre, c'est un peu comme le capitaine de l'équipe, si on peut dire. Le capitaine de l'équipe, mais l'équipe, c'est beaucoup plus que le capitaine, Mme la Présidente. Les 72 directions régionales font partie de l'équipe. J'oserais dire que les directions d'école dans les différents établissements font également partie de l'équipe, et, ultimement, toutes les équipes-écoles font partie de l'équipe, de l'équipe éducation, Mme la Présidente.

Et donc on se donne, avec le projet de loi n° 23, les moyens d'avoir une direction commune. On se donne les moyens, Mme la Présidente, d'avoir un leadership qui va nous amener tous et toutes vers un but commun. Alors, voilà pourquoi, Mme la Présidente, nous avons décidé d'aller de l'avant avec une gouvernance comme celle-là.

Le projet n° 23... le projet de loi n° 23, dis-je, Mme la Présidente, prévoit également les circonstances en vertu desquelles nous pourrions décider d'aller de l'avant avec de l'enseignement à distance. Alors, les deux conditions pour l'enseignement à distance, c'est qu'il y ait circonstances exceptionnelles ou imprévisibles. Et j'ai donné l'exemple, par exemple, Mme la Présidente, d'un enfant qui subit des traitements à l'hôpital, qui ne peut pas aller en classe. Bon, bien, actuellement, si on veut lui donner de l'enseignement à distance, la loi m'oblige à passer par un projet pilote, Mme la Présidente. Il faut passer par un projet pilote pour donner de l'enseignement à distance au Québec. C'est bien évident que la loi est très, très, très en retard sur l'évolution que nous avons connue en matière d'enseignement à distance. Et donc il faut qu'on ait cette souplesse, cette flexibilité de donner aux enfants qui sont à l'hôpital, qui sont à la maison un enseignement à distance qui va leur permettre de faire en sorte qu'ils ne prendront pas trop de retard sur les autres.

On pourrait parler de catastrophes naturelles, Mme la Présidente. Lorsqu'arrivent des catastrophes naturelles il se peut que l'école ne puisse pas fonctionner normalement. Les élèves n'ont tout simplement pas accès à la bâtisse, aux lieux physiques. L'enseignement à distance peut devenir, dans ces circonstances, une alternative très positive, très constructive, qui va permettre aux élèves de poursuivre leurs apprentissages. Alors, ça peut être une inondation, une inondation comme celle qu'on a connue à Baie-Saint-Paul. Ça peut être les feux de forêt, Mme la Présidente. Notre collègue de Labelle vit présentement des moments très difficiles. Elle vient de m'écrire, il y a un instant, là, pour me dire qu'elle réfléchissait avec son milieu : Qu'est-ce qu'on fait avec les écoles dans la situation dans laquelle elle se trouve? Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour l'enseignement, là, pour faire en sorte, justement, que les élèves ne se retrouvent pas avec de trop grands retards? Je n'ai pas eu l'occasion de discuter encore avec elle. Je viens d'avoir le courriel, Mme la Présidente. Mais c'est un exemple de circonstances qui pourraient, par moment, nous obliger à passer à l'enseignement à distance. Et donc, en vertu du projet de loi, on pourra le faire sans être obligé de passer par un projet-pilote.

Par ailleurs, Mme la Présidente, l'autre aspect qui est très important dans ce projet de loi, c'est l'accès aux données. Alors, ça, vous m'avez entendu, je pense, à quelques reprises, déplorer le fait que je naviguais à vue trop souvent. Je ne savais pas... je n'avais pas l'information qui me permettait de répondre à des questions, somme toute, de base. Ce n'est pas compliqué, Mme la Présidente, c'est arrivé à de multiples reprises, dans la dernière année, où j'ai été obligé de faire ce qu'on appelle une collecte d'info. On envoie un courriel dans les 72 centres de services scolaires pour avoir l'information. Alors, évidemment, il faut la chercher, il faut la trouver, puis, après ça, elle nous est retournée. Il faut l'organiser, cette matière-là, pour avoir la... Bon. Comment voulez-vous qu'on gère un réseau scolaire, Mme la Présidente, quand on n'est pas capable, sur certains enjeux clés essentiels, d'avoir l'information qui nous permette de prendre la bonne décision?

Alors, dorénavant, Mme la Présidente, en vertu du projet de loi n° 23, on aura un régime de données qui va nous permettre d'avoir accès à l'information d'une manière beaucoup plus rapide, d'une manière beaucoup plus rigoureuse. On pourra même, Mme la Présidente, à partir de ces données, venir en aide aux élèves qui ont des retards.

Alors là, on rentre dans le domaine, l'univers des renseignements personnels, Mme la Présidente. Ça a fait l'objet de longues, longues heures de débat en commission parlementaire, débats, discussions, parce qu'on voulait s'assurer, justement, qu'il y avait ce juste équilibre dans le projet de loi entre l'accès à ces informations qui va nous permettre d'identifier les élèves qui sont à risque de décrochage et les aider avant qu'ils ne décrochent, d'une part, et, d'autre part, la protection des renseignements personnels, la protection de la vie privée, Mme la Présidente. Puis, on le sait, avec le développement des algorithmes et de l'intelligence artificielle, l'utilisation qu'on va pouvoir faire de ces données à l'avenir va être de plus en plus fine. On va être capable, Mme la Présidente, de faire parler des données, puis d'aller chercher, dans ces données, des informations qui vont nous permettre d'agir beaucoup plus efficacement que par le passé. Mais il faut s'assurer, Mme la Présidente, que, quand on le fait, on respecte un cadre éthique, un cadre légal, et c'est exactement ce que nous nous sommes donnés avec le projet de loi n° 23. Je pense qu'on a trouvé cet équilibre, et puis ce qu'on va mettre en place, Mme la Présidente, avec ce régime des données, ce sera le prolongement de ce qui existe déjà dans quelques centres de services scolaires.

• (17 h 40) •

En fait, ils sont de plus en plus nombreux à être membres de ce qui s'appelle des communautés de pratique. Donc, ce sont des centres de services scolaires qui utilisent les données, justement, pour identifier les élèves qui sont à risque de décrochage et intervenir auprès des élèves afin de favoriser leur réussite. Dans un centre de services scolaire comme Val-des-Cerfs, Mme la Présidente, ils ont commencé à utiliser ces données avec logiciels, algorithmes, et tout ça, et ils ont réussi à diminuer de plusieurs points de pourcentage le taux de décrochage. On peut, Mme la Présidente, utiliser ces données pour les mettre au service de l'élève, pour les mettre au service de la réussite scolaire. Alors, il y a certains centres de services scolaires qui sont... qui ont davantage de moyens, de ressources matérielles, de ressources humaines, de ressources technologiques pour se donner ce système qui leur permet de faire parler les données et donc de venir en aide aux élèves, mais il y a certains centres de services scolaires, Mme la Présidente, qui n'ont pas ces moyens. Et donc, avec le régime de données que nous nous donnons avec 23, nous allons pouvoir faire en sorte que les avancées technologiques qui ont cours dans certains coins du Québec au sein de ces communautés de pratique puissent être déployées et partagées à l'ensemble du territoire québécois. Hein, bonne chose, ça? Bon.

Des voix : ...

M. Drainville : Merci. Alors, c'est quelques-uns des éléments, Mme la Présidente, les plus importants, j'ose le croire, qui composent, donc, ce projet de loi n° 23.

Alors, Mme la Présidente, je l'ai dit, j'insiste là-dessus, avant de pouvoir avoir accès à ces renseignements personnels, il faudra passer ce qu'on appelle le test de nécessité. Donc, il faudra faire la démonstration que la fin visée justifie le moyen et que l'atteinte à la vie privée est proportionnelle à l'objectif désiré, l'objectif étant un objectif d'intérêt public. Bon, je résume, là, parce que le test de nécessité, il est quand même plus complexe que ça, mais, vous comprenez, il ne faut pas aller trop loin dans l'atteinte à la vie privée. Il faut s'arrêter lorsqu'elle devient démesurée par rapport à l'objectif visé, qui est, ultimement, la réussite scolaire.

Parce qu'en bout de ligne, Mme la Présidente, on fait ça pourquoi? Pourquoi est-ce que 23 devient un projet de loi qui, nous en avons la conviction, va nous permettre d'améliorer à court, moyen et long terme la situation de notre réseau de l'éducation? Pourquoi on le fait? On le fait pour les enfants, Mme la Présidente. Ultimement, il faut toujours se ramener à ça, toujours, toujours se rappeler qu'en bout de ligne le réseau scolaire, il sert à une chose, il sert à permettre à nos enfants, à nos élèves d'aller au bout de leur potentiel. Le réseau scolaire, l'éducation, Mme la Présidente, c'est à ça que ça sert, ça doit t'outiller pour la vie, ça doit te permettre de réaliser tes aspirations, ça doit te permettre de devenir le citoyen que tu souhaites devenir et te donner tous les moyens possibles pour être un citoyen qui va être heureux, qui va contribuer, qui va réaliser ses aspirations. C'est à ça que ça sert, l'éducation, Mme la Présidente, et je ne parle pas, évidemment, de tout son rôle économique, je reste sur la dimension humaine. Et je pense, Mme la Présidente, j'ose espérer qu'à travers les quelques éléments que je vous ai mentionnés, j'ose espérer que je vous ai convaincus qu'au terme de l'adoption de ce projet de loi on aura davantage de moyens pour, justement, favoriser la réussite de nos enfants et leur permettre d'aller au bout de leurs aspirations.

Je veux quand même dire deux, trois choses avant de conclure, deux, trois choses supplémentaires. Je veux juste vous dire, Mme la Présidente, que, malgré tous les grands défis auxquels nous faisons face, il ne faut jamais perdre de vue qu'il se fait des choses extraordinaires dans notre réseau scolaire. Puis, dans mes visites d'école, là... Bon, vous comprendrez, Mme la Présidente, que, dans le contexte actuel, parfois, certains membres du personnel, avec qui je vais avoir une discussion, avec qui je vais partager un repas, tout ça, je peux comprendre qu'il y en a un certain nombre qui sont un petit peu sur leur quant-à-soi, hein, je peux comprendre. C'est correct, ça.

Mais, je vais vous dire une chose, Mme la Présidente, de façon générale, il y a un moment, dans ces discussions et dans ces visites, où tout le monde se rallie et tout le monde manifeste en même temps, tout le monde a la même réaction en même temps, et c'est lorsque je parle du fait que, malgré tous les grands défis, à chaque jour, Mme la Présidente, dans nos classes, dans nos écoles, dans notre réseau de l'éducation, il se fait des choses extraordinaires. Puis ça, là, il ne faut jamais l'oublier. Le narratif autour de l'éducation, Mme la Présidente, là, oui, il y en a des problèmes, puis il ne faut pas se mettre la tête dans le sable et puis faire semblant qu'ils ne sont pas là, ils sont là, puis Dieu sait qu'on en entend parler, puis c'est correct, mais, Mme la Présidente, je soutiens qu'on ne parle pas suffisamment de ce qui va bien, puis de ce qui se fait de bien, puis de ce qui se fait de beau. Les petits miracles du quotidien, Mme la Présidente, qui se produisent chaque jour dans les classes du Québec, ça, on n'en parle pas suffisamment.

Puis, aujourd'hui, on a un bel exemple, Mme la Présidente, là. Les résultats PISA sont sortis, là, les résultats PISA, là. Ça, c'est un examen international qui a une immense crédibilité. Il n'y a personne qui remet en question la crédibilité des tests PISA. Bien, les résultats sont sortis aujourd'hui pour 2022, Mme la Présidente. Il y a 91 pays et économies qui ont participé aux examens, 91, là, l'Allemagne, l'Autriche, l'Australie, la Corée, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, la France, Israël, l'Italie, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, Singapour, 91, Mme la Présidente. Bien, savez-vous, les élèves du Québec, ils sont où dans le classement? Je vais vous le dire, où est-ce qu'ils sont, moi. En mathématiques, nos élèves de 15 ans qui ont participé aux examens PISA, Mme la Présidente, ont terminé premiers au Canada, en mathématiques, et septièmes au monde sur 91 pays et économies. Le Québec est septième au monde en mathématiques, premier au Canada, septième au monde. En sciences, on est quatrième au Canada, derrière, notamment, l'Ontario qui est troisième, mais on réussit quand même un score très honorable, une 11e place à l'international en sciences, sur 91 pays et économies, Mme la Présidente, 11e au monde, les élèves québécois de 15 ans en 2022, puis en lecture, quatrièmes au Canada, 12e au monde, 12e à l'international.

Alors, ce n'est pas parfait, on souhaiterait être numéro un partout, puis on va travailler pour continuer à améliorer notre réseau de l'éducation, Mme la Présidente. Puis c'est vrai que les résultats ont baissé depuis le début des années 2000, mais, si vous regardez les courbes, ça a baissé partout, le Canada a baissé, les pays de l'OCDE ont baissé, on n'est pas l'exception. Mais, quand tu prends un pas de recul et tu regardes les résultats, tu ne peux pas faire autrement, Mme la Présidente, que de te dire : Il doit se faire des belles choses dans nos classes au Québec si on réussit à obtenir ces résultats-là, là, hein? Je pense que oui, moi. Et on parle de combien d'élèves? Je vais vous dire ça, là. 4 137 élèves, répartis dans 133 écoles du Québec, ont participé au PISA 2022. Ça commence à ressembler à un échantillonnage respectable.

Alors, pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente? Bien, je vous dis ça parce qu'à un moment donné il faut en parler, de ce qui va bien, il faut le dire, qu'il se fait de belles choses. Pourquoi? Pas juste parce que c'est vrai, mais parce que, si on veut attirer dans la carrière éducation des jeunes, il faut qu'une fois de temps en temps ils entendent dire à quel point c'est beau, l'éducation, à quel point ils pourront se réaliser s'ils choisissent le métier de l'éducation, la profession de l'éducation. Ils vont faire la différence dans la vie des enfants puis ils vont faire la différence dans l'évolution de la société québécoise. Il faut le dire, Mme la Présidente.

• (17 h 50) •

Il nous manque d'enseignants présentement. Une des façons de contrer cette pénurie, c'est d'amener des jeunes à s'inscrire dans les facultés d'éducation. Actuellement, il y en a 5 000 qui s'inscrivent, il m'en reste 3 000 après quatre ans. Il y en a 5 000 qui s'inscrivent, après quatre ans, il n'en reste que 3 000. Puis je vais dire une chose : Si tout ce que tu entends sur l'éducation, c'est qu'il n'y a rien qui va bien, tout est négatif, tout est brisé, bien, ça se peut qu'à un moment donné tu te dises : Regarde, je n'irai pas en éducation ou je vais lâcher l'éducation.

Encore une fois, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'attaquer aux problèmes. Je vous ai donné des exemples très concrets de mesures que nous prenons, dans ce projet de loi et autrement aussi, pour, justement, rendre l'expérience enseignant, enseignante, l'expérience d'éducatrice, l'expérience de technicienne en éducation spécialisée, l'expérience de professionnelle plus positive pour les attirer et les garder, Mme la Présidente.

Donc, il ne s'agit pas de nier les problèmes, mais il faut trouver, encore une fois, l'équilibre, l'équilibre entre ce qui ne va pas bien puis ce sur quoi il faut travailler pour trouver des solutions et valoriser ce qui se fait de beau. Il faut le dire. Parce qu'on veut, justement, que nos jeunes, à un moment donné, se disent : Coudonc, c'est vrai que ce n'est pas facile, mais, si je deviens enseignante, il y a des enfants qui, dans cinq, 10, 15, 20 ans, vont se rappeler de moi, comme moi, je me rappelle encore de mes enseignantes, Mme la Présidente. Chacune d'entre elles, pour chaque niveau que j'ai fait, je m'en rappelle. Je peux vous les nommer. Puis il y en a là-dedans qui ont fait une grande différence dans ma vie. Puis c'est comme ça pour les élèves du Québec, partout au Québec. On a tous été marqués par nos enseignantes et nos enseignants. On l'a tous été. Ils ont fait une différence dans nos vies, immense. Mais c'est encore vrai aujourd'hui, ça, Mme la Présidente. C'est encore possible, pour une enseignante ou un enseignant, de faire la différence dans la vie d'un élève. Il faut le dire. Il faut mettre en valeur ces belles histoires.

Alors, voilà, Mme la Présidente. Je pense sincèrement, puis je le répète, ce projet de loi n'a pas été que louangé, il y a eu beaucoup de critiques. C'est très bien ainsi, on vit en démocratie. Je n'ai aucun problème avec la critique, Mme la Présidente, mais, à un moment donné, il faut s'assumer. On s'assume. On a fait des choix, on a pris des décisions comme gouvernement. Comme équipe gouvernementale, on a pris la décision d'aller de l'avant avec toutes ces orientations dont je viens de vous parler. Et j'ai la conviction, Mme la Présidente, qu'à terme le réseau de l'éducation en sortira amélioré et renforcé.

Et je veux dire, avec les quelques minutes qu'il reste, je veux dire merci, Mme la Présidente, merci, une série de remerciements. Je veux d'abord dire merci aux députés d'opposition qui m'ont accompagné dans l'étude de ce projet de loi. C'est un projet de loi, Mme la Présidente, qui s'est fait, qui a été étudié dans la bonne humeur, dans la bonne humeur. Il y avait un esprit positif autour de la table. Je remercie mes deux porte-parole, la députée de Saint-Laurent et la députée de Mercier, qui m'ont accompagné, nous ont accompagnés. Je n'oublierai pas la députée de Robert-Baldwin, Mme la Présidente. La députée de Robert-Baldwin a été très présente. Elle a fait une contribution très positive. J'ai appris à la connaître. Je ne la connaissais pas, la députée de Robert-Baldwin. Je lui ai même donné un pot de miel, Mme la Présidente. Ça, là, il y a plein de députés dans cette... il y a plein de députés...

Des voix : ...

M. Drainville : Exactement. Là, je le sais, là, que je viens de m'embarquer dans une affaire, là, parce que, là, les députés, avec raison, vont me dire : Puis nous autres? Puis nous autres? C'est parce que j'ai juste une ruche, Mme la Présidente. J'ai juste une ruche, ça fait qu'il faut que je donne mes pots de miel avec parcimonie. Mais là, qu'est-ce que vous voulez, on a fait 100 heures en commission parlementaire. On devient quasiment... pas des amis, mais, en tout cas, on devient un peu complices, nécessairement. Après un certain temps, bien, tu dis : Écoute, elle a mérité un pot de miel. Bon. Puis je salue également le député de Jacques-Cartier, qui nous a accompagnés, la députée de Mont-Royal—Outremont également a été là à un moment donné. Alors, ça a été un beau travail entre la partie gouvernementale et les députés d'opposition, un travail constructif.

Je veux remercier, Mme la Présidente, les députés de notre formation politique, de ma famille politique, qui étaient là, la présidente, la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata, incluant Les Basques, qui a été là pendant... enfin, pendant une bonne partie de nos travaux. Lorsqu'elle n'était pas là, c'était la députée de Hull qui présidait. Je la salue, la députée de Hull. Je salue mes deux adjoints parlementaires, le député de Richelieu, un homme sage que j'apprécie beaucoup. Je salue ma collègue de Chaudière-Appalaches, la députée de Lotbinière-Frontenac, qui... avec laquelle j'ai développé une très belle complicité, Mme la Présidente. C'est une femme qui fait de la politique pour les bonnes raisons. Je salue le député de Vanier-Les Rivières, je ne sais pas s'il est là, non, il n'est pas là, un homme passionné d'éducation depuis nombre d'années, il a dirigé des écoles, Mme la Présidente, donc contribution positive. Le député de Beauce-Sud, Mme la Présidente, qui a été là, très présent, bravo, merci, mon cher, député de Côte-du-Sud également, qui nous a accompagnés. Alors, je salue. Pas évident, Mme la Présidente, ça prend beaucoup d'écoute puis beaucoup de... oui, de patience. Bon.

Une voix : ...

M. Drainville : Je l'ai saluée, la députée de Hull. Je l'ai saluée, la députée de Hull. Je salue mes... ma formidable équipe du cabinet, Mme la Présidente, dirigée par Robert Dupras. C'est Julien Grenon qui m'a accompagné pendant les travaux de la commission. Merci, merci beaucoup, chère équipe du cabinet, vous êtes formidables. La haute direction de mon ministère, Mme la Présidente, qui est dirigée par la sous-ministre Carole Arav, merci, Mme Arav. C'est Stéphanie Vachon, la sous-ministre adjointe, qui était à mes côtés pendant l'étude du projet de loi. Merci beaucoup, Stéphanie. Vous avez fait un travail formidable. Les légistes également ont beaucoup travaillé. Je pense, entre autres, à Alexandre Guyon Martin, grand, grand travail. Alors, Mme la Présidente, c'est un travail d'équipe, la politique. C'est un travail d'équipe, la politique, puis un projet de loi, c'est un travail d'équipe également, mais la quintessence du travail d'équipe, je vous le dirais, un projet de loi, Mme la Présidente.

Alors, c'est ainsi que je conclus. J'écouterai, après le souper, les interventions de mes collègues. Je remercie les membres de cette Assemblée pour leur écoute, n'est-ce pas, et puis je vous salue, Mme la Présidente. Et puis, bien, on se souhaite une bonne suite des choses avec l'éducation, qui a de grands, grands défis. J'espère qu'on en viendra à une entente bientôt avec les syndicats, une entente qui, je le souhaite, sera gagnante-gagnante et qui nous permettra, d'une certaine manière, de repartir du bon pied pour la suite des choses, avec tous ces immenses défis auxquels nous sommes confrontés, mais nous le faisons, Mme la Présidente, je le répète, nous le faisons pour qui? Les élèves, les enfants, Mme la Présidente. C'est pour ça qu'on a un réseau de l'éducation, les élèves, les enfants.

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.

Des voix : ...

La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.

Compte tenu de l'heure et du consentement obtenu préalablement, je vais suspendre les travaux, et nous allons reprendre à 19 heures.

(Suspension de la séance à 17 h 58)

(Reprise à 19 heures)

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bon début de soirée. Donc, nous allons reprendre nos travaux. Je vous invite à prendre place pour la suite des travaux.

Nous étions rendus à l'article 12 du feuilleton et au sujet de ce... l'adoption, le débat sur l'adoption du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.

Et la parole revient à Mme la députée de Saint-Laurent.

Mme Marwah Rizqy

Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. Dans un premier temps, j'aimerais d'abord souligner la présence du ministre. Pourquoi que j'aime le faire, c'est qu'il n'est pas rare, en fait, de ne pas avoir notre vis-à-vis, que d'avoir quelqu'un d'autre ou personne. Alors, qu'il assiste à cet échange, pour moi, en tant que députée, c'est une première. Alors, j'aimerais dire merci, parce qu'honnêtement ce n'est pas tout le monde... et surtout qu'on est en session intensive, et, souvent, on a peut-être plusieurs enjeux à régler. Alors, merci pour votre présence.

Alors, tantôt, on a parlé des pots de miel du ministre, alors je vais commencer avec le miel et par la suite j'irai avec le pot. Pour le miel : on a eu quatre journées de consultations, on a entendu 25 groupes, la grande majorité de ces groupes étaient en désaccord avec plusieurs parties du projet de loi n° 23. Quand on a commencé nos travaux à l'automne, juste avant début septembre, le ministre de l'Éducation a fait une entrevue pour donner suite à son mandat général sur les agressions sexuelles, les cas de violence à caractère sexuel dans les écoles. Il avait dit qu'il allait déposer des amendements pour le faire dans ce projet de loi.

J'ai d'abord salué le travail qui a été fait, j'ai dit qu'il allait avoir mon entière collaboration ainsi que de toute l'équipe du Parti libéral du Québec. Mais je l'ai invité à faire un projet de loi distinct afin qu'on puisse faire les consultations et d'avoir vraiment une loi-cadre pour les violences à caractère sexuel. Le ministre de l'Éducation a pris le temps de réfléchir à cette question, il a pesé les pour, il a pesé les contre, et, aujourd'hui, il a mis au feuilleton un projet de loi qui porte... et je ne peux pas m'avancer sur le contenu, mais ma compréhension, c'est que ça porte sur les violences à caractère sexuel. Alors, ça, c'est une démonstration d'écoute. Un peu de miel.

De plus, nous avons amendé de façon considérable le projet de loi. Pour donner un ordre de grandeur, le projet de loi contient 75 articles, mais environ neuf dispositions transitoires pour 66 articles. Il y a eu 64 amendements et des sous-amendements. Des fois, on avait des désaccords, des fois, ça prenait plus de temps. Le ministre, quand il avait besoin de réfléchir, au lieu de dire tout de suite non, il disait : Je le prends en délibéré, on va suspendre. Et, je dois le dire, on a suspendu 25 heures et demie, mais, à chaque fois, c'était pour revenir avec un article qui était amendé. Donc, il y avait du travail.

Et pourquoi je le dis? C'est parce qu'il y avait des équipes... Et tantôt le ministre a souligné le travail de Mme Vachon, mais aussi maître... pouvez-vous m'aider...

Une voix : ...

Mme Rizqy : ...Me Guyon Martin, mais aussi les équipes en arrière de lui et ceux qui nous suivaient à distance. Il n'était pas rare de devoir suspendre parce qu'on avait besoin d'avoir des informations qui n'étaient pas nécessairement en lien direct avec le réseau d'éducation, mais qui touchaient l'accès à l'information.

Quand on dit qu'on pose des questions... Bon, il a découvert ma collègue la députée de Robert-Baldwin. Ma collègue s'est jointe au projet de loi et souvent a dû me remplacer au pied levé pour que je puisse faire mes rendez-vous personnels de santé, et a tout le temps été présente, m'a supportée, beau temps, mauvais temps. Et c'est bien d'avoir une collègue qui, comme on dit, assure nos arrières. Et on a posé des questions. Et, lorsque nous sommes arrivés à un point très important pour les commissions scolaires anglophones, le ministre de l'Éducation a dit la chose suivante : Donnez-moi une seconde, je suspends. Après ça, il est revenu, il a dit : Vous avez raison, je vais prendre l'engagement de les contacter, avant de continuer l'étude d'un bloc complet. Le bloc a été suspendu pendant plusieurs journées. Le ministre a tenu parole, il a contacté les commissions scolaires anglophones. Ils ont eu une entente, il y a eu un amendement.

Et c'est pour ça que je prends le temps de le dire. Parce que, souvent, les gens, quand ils suivent les débats parlementaires, pensent que c'est des échanges qui peuvent être frontaux. Mais ça arrive très souvent, et qu'on ne le voit pas, mais qu'il y a des échanges qui sont positifs et qui mènent à un impact et une conclusion positive pour les parties prenantes qui vont devoir vivre avec le projet de loi.

Alors, pour les centres de services scolaires anglophones... les commissions scolaires anglophones, dis-je bien, selon l'amendement du ministre, le p.l. n° 23 ne s'applique pas à eux tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas un décret. Donc, les pourparlers qui doivent avoir lieu dans un forum judiciaire peuvent poursuivre. Et évidemment, en cas de défaite du gouvernement, le décret ne prendra pas effet. Évidemment, si jamais... ce sera un autre débat, à ce moment-là, le gouvernement édictera son décret. Mais ça, ça a été un immense gain, puis le Parti libéral du Québec, nous, c'était très important.

On a eu la chance de lire des extraits importants de la décision du district de la cour supérieure de Montréal, une décision très étoffée. Et c'est important de respecter la minorité anglophone. Et ça, le ministre de l'Éducation ne s'est pas entêté, et, je dois vous dire, ça a été rafraîchissant pour moi parce que, dans un passé pas si lointain, souvent, des fois, je devais m'obstiner, mais c'était sans succès. Alors, merci, M. le ministre, de votre ouverture. Je continue encore avec le miel. Inquiétez-vous pas, le pot, c'est après.

Des voix : ...

Mme Rizqy : Oui, oui, là, même vos collègues sont surpris, on dirait, mais... Vous ne connaissez pas ce volet, hein, de votre collègue, mais il est très à l'écoute.

Alors, par la suite, on avait d'autres amendements qu'on... et, à un moment donné, on a posé des questions, et pourquoi je prends le temps de l'expliquer? À un moment donné, l'INEE... Nous, on a toujours dit, au Parti libéral du Québec : Avoir plus de données, on est pour. C'est nous qui avons inventé les tableaux. Maintenant, même les ministres trimballent des tableaux. C'est rendu que la vice-première ministre du Québec a toujours un tableau, mais c'est nous autres, les tableaux de bord. Puis on est contents que vous partagiez la bonne formule des tableaux de bord, mais on a dit la chose suivante : Les informations doivent être pertinentes, utiles.

Et on a posé des questions par rapport au centre de services scolaire qui a fait, en fait, le projet pilote d'obtenir des données. Et là nous, on posait des questions : Mais est-ce qu'ils ont eu le consentement des parents? Puis, le ministre, il dit : Bien, je pense que oui, ils ont sûrement respecté la loi. Je dis : Bien, désolée, moi, j'ai une déformation professionnelle. Quand vous êtes avocat, M. le Président, on vous apprend toujours à douter. Donc, vous doutez puis vous reposez des questions. Là, il me disait : Est-ce que vous avez la preuve qu'ils n'ont pas respecté la loi? Je ne le sais pas, je vous le demande. Alors, il a fallu que je fasse une demande d'accès à l'information, puis j'ai dit : Bien, vous, vérifiez de votre côté. Le lendemain, tout à son honneur, le ministre de l'Éducation nous revient avec une décision contre le centre de services scolaire, qui aurait, malheureusement, une pratique qui n'a pas respecté le consentement parental.

Donc, il y a eu des données qui ont été faites, qui, par la suite, ont été transformées en intelligence artificielle pour créer une nouvelle donnée, et le consentement parental n'a pas été fait. Ils auraient pu ne pas le partager avec nous puis nous laisser chercher, mais il a dit : Écoutez, c'est venu à moi, j'ai cette décision, puis effectivement il va falloir qu'on s'améliore, puis qu'on s'assure que le consentement parental soit au rendez-vous, puis que la loi soit respectée, faire de la formation au centre de services scolaire. Alors, ça aussi, c'est tout à l'honneur du ministre, d'avoir été très transparent là-dessus. Puis ça fait aussi la preuve que, l'opposition, quand on pose des questions, bien, c'est ça, notre rôle, c'est de s'assurer de couvrir tous les angles que, nécessairement, on n'a pas vus à prime abord.

Vous comprendrez qu'il nous a aussi invités à des rencontres de travail. Moi, j'ai déjà mon rendez-vous avec lui au mois de janvier. Alors, il m'a dit : On fera une séance de travail. Le lendemain, je reçois une invitation à choisir ma journée. Alors, ça, c'est très rapide. Alors, je serai prête, et on a répondu. On va se voir, M. le ministre.

Et là, maintenant, bon, vous me voyez venir, le pot. Bon, là, je le sais, là, le pot... le pot. M. le ministre, tantôt, vous avez parlé du résultat PISA et vous avez fait l'éloge comme si c'était le résultat de votre gouvernement, mais vous avez oublié de dire merci à des gens qui sont essentiels, les profs de sciences et de mathématiques. Alors, je sais que... Je vous connais, là, s'il y a un consentement, on pourrait peut-être laisser deux secondes, pas plus, parce que je vous connais, quand vous avez un micro, M. le ministre, des fois, vous partez, hein?

Alors là, je pense que vous avez probablement... Dans votre, comment dire, excitation, fierté, vous avez peut-être juste oublié de dire merci à tous les enseignants du Québec qui sont des passionnés de mathématiques et de sciences. Alors, j'imagine que vous voulez juste dire merci maintenant. Il hoche de la tête. Alors, merci à tous les enseignants de mathématiques et de sciences. Vous êtes des passionnés, et, grâce à vous, effectivement, c'est une immense journée de fierté pour le Québec.

• (19 h 10) •

Et j'arrive au français. Alors, le français, on est fiers, mais c'est la première fois... et je ne vais pas me tromper, alors je vais lire : «Les jeunes de la province ont toutefois connu une baisse en lecture. Entre 2018 et 2022, le score moyen a baissé de 13 points au Canada dans son ensemble. Le Québec a connu une "des baisses les plus prononcées."» Alors, je nous invite à nous donner le défi de revenir à notre position que nous aimons bien, c'est-à-dire être premiers. Donc, ça, je pense que le français... C'était dans l'article de La Presse, M. le ministre. C'est un paragraphe que je pense qu'on a peut-être omis de vous surligner, mais je pense que, le français, généralement, on a toujours bien performé.

Et là je vais quand même dire merci aux enseignants, parce qu'il faut se rappeler une chose, c'était un examen du PISA après des années où est-ce qu'il n'y en a pas eu à cause de la pandémie. Il faut garder ça en tête. Donc, nous avons eu beaucoup d'élèves qui ont manqué des journées de classe, et du retard d'apprentissage. Donc, il faut tout mettre ça aussi en contexte. Alors, j'espère qu'on continuera à redoubler d'efforts pour faire le rattrapage au niveau des apprentissages.

Maintenant, brevet d'enseignant. Je vous l'ai dit, je vous le répète, à ce jour, je ne comprends pas, il va falloir que vous me l'expliquiez, là, qu'est-ce qu'une personne avec un bac en études hispaniques a comme compétence pour aller enseigner à la maternelle puis au primaire, préscolaire. Je vous le dis, là, ça, ça ne rentre pas. Je peux comprendre qu'un enseignant en... une personne qui a étudié un baccalauréat en mathématiques, qu'une personne qui a étudié en physique, en chimie, en histoire, en littérature française puisse aller chercher des crédits en pédagogie pour l'enseignement au secondaire, parce qu'il faut savoir que la tâche, au secondaire, elle est beaucoup plus circonscrite, mais, au primaire puis au préscolaire, c'est vraiment une forme d'enseignement qui est complètement distincte. Et d'ailleurs c'est pour ça qu'il y a un baccalauréat préscolaire et primaire. Alors, ça, je vous ai dit, M. le ministre, de distinguer les deux.

Et je vous ai aussi dit la chose suivante : Gardez en tête qu'en ce moment vous avez 40 % des écoles québécoises qui sont fermées. Il y a une grève générale illimitée, il y a les enseignants dans la rue, mais vous avez aussi le front commun qui représente la CSQ-FSE. Ces enseignants-là, pour eux, ça a été une gifle de savoir que leur bac de quatre ans, qui leur a permis d'obtenir le saint Graal... qui est quoi? Le brevet. Pour eux, c'est venir dire, au fond, qu'eux, qui ont eu la voie de passage de 30 crédits : Bien, pourquoi que moi, j'ai fait quatre ans? Pourquoi que moi, j'ai fait des stages? Ça, c'est la question que tout le monde me pose en ce moment quand nous, on va dans la rue. Là, on dit : Bien, nous, on est en train d'essayer de sauver l'école publique puis on comprend que le ministre aimerait que ceux qui ne sont pas qualifiés deviennent légalement qualifiés. Bien, pourquoi qu'il n'a pas créé une autre catégorie? Nous, on vous a demandé spécifiquement de créer une autre catégorie pour permettre à ces gens-là, évidemment, de venir aider, mais sans leur donner le brevet pour 30 crédits, puis encore moins pour le préscolaire puis le primaire. C'est ça qui fait vraiment une grande, grande discorde.

Alors, ça, je pense que, malheureusement, ça va nous rattraper. Je vais vous dire pourquoi : nos écoles régulières, que les gens pensent avoir connues dans leur enfance, là, comme élus, là, n'existent plus. Nos classes sont très complexes. On a un poids de population qui est beaucoup plus important, nos classes sont plus importantes, les défis sont plus grands. On a aussi beaucoup plus de... par exemple, les demandeurs d'asile que nous intégrons, qui arrivent aussi avec non seulement... Certains d'entre eux ne sont pas allés à l'école, il y en a que c'est la première fois qu'ils vont aller à l'école. Donc, nous, nos enseignants puis les équipes-écoles vont plus loin que juste enseigner, là, c'est une prise en charge complète à l'école.

Alors, lorsqu'on ne vous a pas donné tous les... outils, pardon, pour la pédagogie, bien, ça se peut que vous décrochiez. Alors, c'est ça, le problème. En ce moment, comme le ministre l'a dit, on a 5 000 inscriptions au baccalauréat en éducation. Puis, suivez-moi, là, il a raison, il y en a 5 000 qui rentrent. On termine au bout de quatre ans, il en reste 3 000 qui vont graduer. Suivez-moi, M. le Président. Par la suite, après trois ans, le 25 % s'en va, environ 25 % à 30 % quittent. Après ça, après cinq ans, il en reste combien, M. le Président? 50 %. Donc, sur les 5 000, il va m'en rester 1 000. C'est fou, là. Imaginez, si c'étaient les étudiants en médecine, là, tout le Québec, là, ferait un constat en disant : Non, non, ça ne marche pas, là, ça prend un arrêt d'agir, il faut stopper l'hémorragie, mais, vu que c'est l'éducation, on dirait que ce n'est pas grave. On va créer plus de monde qui va rentrer dans le réseau, le problème, ce n'est pas ceux qui rentrent, c'est ceux qui quittent.

C'est pour ça que j'ai préparé un tableau à partir de l'article de Daphnée Dion-Viens. Vous me voyez venir, tableau, hein, je vous l'ai dit, tableau de bord, c'est nous. Regardez : ça, 2019‑2020, j'ai enlevé 2018 parce que la... trois quarts de l'année, c'est le Parti libéral puis, un quart, c'est vous, puis ça allait quand même mieux. Puis là, après ça, ça se détériore. Là, l'effet CAQ, regardez le nombre de démissions. Puis là, ici, ce qui est important de retenir, démissions, là, on exclut les départs à la retraite, je vous parle de démissions sans les départs à la retraite, qui, eux aussi, les départs à la retraite, sont en constante augmentation. Et là, on voit que ça a explosé.

Et Le Journal de Québec titrait Situation «dramatique» dans nos écoles : deux fois plus de profs ont démissionné depuis quatre ans. Et, juste depuis la rentrée scolaire, donc entre août et novembre, selon les données compilées par Daphnée Dion-Viens, il y a déjà 800 enseignants qui ont quitté le navire. On n'a même pas fini l'année, M. le Président, puis imaginez l'impact de la grève.

Alors, le ministre a raison de dire : On en perd. Après ça, il a fait un lien avec la composition de la classe. L'enjeu, c'est que, quand on a fait l'étude détaillée du p.l. n° 23, on lui a demandé si on pouvait traiter de la question de la composition de la classe, puis il a dit non, ce n'était pas le bon forum, ça va se jouer aux tables. Mais aux tables de négociation, la composition de la classe, il y a un refus de revoir les ratios. Mais ce que les gens ne réalisent pas, c'est la chose suivante : la demande, c'est aussi de créer davantage de classes d'adaptation, parce qu'effectivement il y a des élèves que, malheureusement, on n'arrive pas dans la classe régulière, qui devrait être régulière. Et, oui, à ce moment-là, ça prend une classe adaptée, puis ça, ça va aider l'élève davantage que de, malheureusement, être dans une classe où est-ce qu'il ne pourra pas réussir, et lorsqu'on le met dans une classe où est-ce que l'élève ne pourra pas vivre ce qu'on appelle des minisuccès, mais chacun des minisuccès contribue à son estime de lui et à sa réussite éducative, ultimement. Lorsque vous vivez une série d'échecs, M. le Président, ça ne vous aide jamais. Alors, c'est sûr que ça, ça pourrait aider. Ce qui pourrait aussi aider, c'est les professionnels de soutien, puis on l'a vu, hein, on multiplie les articles là-dessus, parce que les professionnels de soutien, là, bien, ils quittent aussi le navire plus. Le personnel de soutien, les techniciens en éducation spécialisée, là, 80 % d'entre eux — ça, c'est du service direct aux élèves — sont encore à temps partiel, n'ont pas d'emploi à temps plein, alors que les besoins sont à temps plein. Puis, pour revenir aux enseignants, vous le savez, 40 % d'entre eux sont encore en emploi précaire.

Bon, et là je vais régler une question, les affectations au mois de mai, parce que ça semble être le nerf de la guerre en ce moment, là, puis je ne peux pas croire qu'on paralyse 40 % des écoles du Québec pour une question qui pourrait se régler assez rapidement, notamment en donnant la permanence aux enseignants, mais aussi, pas juste en écoutant les enseignants, mais carrément les cadres scolaires, là. Donc, les dirigeants des écoles disent la chose suivante : On ne peut pas régler à 100 % les affectations aux mois de mai et juin, là, au 30 juin, c'est impossible. Pourquoi? Parce que les départs à la retraite terminent en date du 30 juin. Le 1er juillet, particulièrement à Montréal, c'est la journée consacrée aux déménagements, hein? On le sait, hein, c'est le 1er juillet. Par la suite, il y a les cours qui sont repris. Certains passeront, certains ne passeront pas. Alors là, on termine, au fond, durant l'été, le portrait complet des besoins des centres de services scolaires, école par école. Et aussi, durant l'été, il y en a qui prennent, malheureusement, la décision de quitter le navire, parce qu'ils disent : Bien non, je ne peux pas repartir encore dans les mêmes conditions. Alors, on a aussi des départs, durant l'été, qui sont plus importants. Puis aussi, il y a, des fois, des bonnes nouvelles de congés de maternité.

Alors là, ce que le gouvernement veut, c'est qu'en date du 30 juin ce soit terminé, mais ce qu'il ne dit pas publiquement, c'est qu'en date du 1er juillet c'est le... bien, c'est le centre de services scolaire qui va pouvoir assigner l'enseignant, lui dire quelle école, et la tâche, donc où et quoi. Ça, c'est sûr que ça achoppe. Mais, pire, c'est que, je le répète, les cadres vous le disent, ce n'est pas les enseignants, là, ce n'est pas les syndicats qui vous le disent, l'employeur vous le dit clairement : Nous, il y a encore une portion qui va devoir se faire au mois d'août. Donc, à défaut d'écouter les enseignants puis les syndicats, peut-être d'écouter les cadres, ça pourrait aider.

Si vous me permettez... Ça, c'est une chose. Bon, évidemment, ce qui pourrait aider, c'est aussi de donner quelque chose qui s'appelle, minimum, l'inflation, parce qu'on ne veut pas que nos enseignants, puis le personnel de soutien, puis les professionnels de soutien s'appauvrissent pour travailler dans une école.

• (19 h 20) •

Puis tout ça, aujourd'hui, c'est quoi, cette question-là? C'est la sauvegarde et la préservation de l'école publique du Québec. Est-ce qu'on l'aime, notre école publique? J'ai fait... Au mois d'octobre, si ma mémoire est bonne, nous étions ensemble, M. le ministre, pour l'amour de l'école publique. Bien, cette école publique a besoin de sentir l'urgence et la compréhension de leurs réalités, puis, aujourd'hui, c'est un peu surréaliste de travailler sur un p.l. n° 23 qui ne répond pas aux urgences du terrain. Le p.l. n° 23, là, concrètement, demain matin, ne nous aidera pas à stopper l'hémorragie des départs des enseignants. Le p.l. n° 23 ne nous aidera pas non plus à éradiquer la violence dans les écoles, qui tend à monter. Dans plusieurs centres de services scolaires, partout au Québec, ça a doublé ou triplé. Le p.l. n° 23 ne nous aidera pas non plus à baisser les demandes de CNESST du personnel scolaire, qui ont aussi explosé au Québec. Le p.l. n° 23 ne nous aidera pas non plus à aider les femmes qui travaillent et qui sont toujours, entre 70 % à 80 %, à statut précaire et que 12 % d'entre elles, qui sont des personnels de soutien, doivent malheureusement fréquenter une banque alimentaire. Vous avez tous lu l'article de Caroline Touzin, de La Presse, vendredi dernier. Impossible de rester insensible lorsqu'on lit qu'une enseignante ou une personne membre du personnel de soutien qui s'occupe d'enfants autistes puis... qu'elle n'est même pas capable de subvenir à ses besoins de base en alimentation pour elle et ses deux adolescents et qui doit avoir recours à une banque alimentaire. Comment se fait-il qu'au Québec, on est une société si riche collectivement, on peut se permettre d'être aussi pauvre individuellement? C'est impossible, M. le Président. C'est une question de choix.

Et je veux prendre le temps de dire merci aux citoyens. Caroline Touzin, la journaliste de La Presse, a reçu plus que des courriels pour dire merci, elle a été submergée de personnes qui ont fait des dons. Il y a eu un élan de générosité au Québec pour aider ceux et celles qui ont parlé — c'est principalement, «celles», c'est des femmes, des mères. Et elle a reçu des certificats-cadeaux pour permettre justement de faire une épicerie décente. Alors, juste dire merci à tous ces Québécois qui l'ont fait de façon très spontanée, tout simplement pour aider son prochain. Puis ça, c'est quelque chose qui est vraiment très particulier au Québec, on n'a jamais eu besoin de faire un appel à tous pour aider son prochain. Mais ce qu'on devrait faire, c'est de s'assurer que, si vous travaillez pour l'école publique, vous n'avez pas besoin de Caroline Touzin, de La Presse, pour dénoncer l'inacceptable. C'est qu'on a réussi à avoir un filet de société, filet social qui est fort, qui nous permet d'avoir un salaire décent pour tous.

Je continue. Je vous ai dit, M. le ministre, vous ne pouvez pas, pas vous, n'importe qui, mais pas vous, être celui qui va abolir le Conseil supérieur de l'éducation. L'INEE peut exister, il n'y a pas de problème. L'enjeu, c'est pourquoi qu'on vient enlever une institution, un legs qui a 60 ans d'existence, 60 ans de succès? Vous avez fait mention de Mme Brodeur. Mme Brodeur a fait partie du comité, mais jamais que Mme Brodeur a dit qu'il fallait abolir le Conseil supérieur de l'éducation, jamais. D'ailleurs, tous ceux qui ont recommandé l'INEE ont toujours dit qu'il fallait préserver le Conseil supérieur de l'éducation, tous, sans aucune exception.

Vous avez aussi oublié de mentionner quelque chose dont nous avons appris par Marie-Michèle Sioui, dans Le Devoir, le fameux comité ad hoc opaque. Certains ont même eu une rémunération, puis nous, on ne le savait pas. Et eux sont venus à la commission et jamais qu'ils n'ont dénoncé le fait qu'ils ont participé à un autre comité pour la création de l'INEE. Alors, imaginez, M. le Président, vous êtes une élue, un élu, d'ailleurs vous l'êtes, vous siégez dans une commission, puis les gens viennent vous vanter l'INEE, mais ils ne vous disent pas qu'en fait c'est eux qui ont eu l'idée, puis ils ont même été payés pour ça. Bien, c'est sûr qu'ils sont pour. Ça ne coûte rien de dénoncer un conflit d'intérêts ou une apparence de conflit d'intérêts pour dire : En passant, sachez que j'ai travaillé dans tel comité. Mais on a appris, c'est à la demande du gouvernement, qu'il fallait garder sous silence ce fameux comité ad hoc. Mais, bon, des demandes d'accès, ça sert à ça, des demandes d'accès à l'information. Puis Marie-Michèle Sioui, elle a écrit un immense papier là-dessus.

On a aussi appris que le CTREQ... Le CTREQ, ça fait des années que ça existe, ça travaille vraiment pour faire le suivi préscolaire, primaire, secondaire et collégial. Et on a voulu savoir est-ce que le CTREQ va survivre avec la création de l'INEE. Dans un premier temps, le ministre de l'Éducation nous a dit : Oui, il n'y a pas d'enjeu. Alors, on a sorti le mémoire du ministre des... de l'Économie, pardon, et lui, ce que nous, on a appris, c'est que la création de... pardon, le mémoire du ministre de l'Éducation lui-même : «La création de l'institut exigerait de nouveaux investissements publics. Dans le cadre du rapport publié en 2018, les coûts avaient été estimés par le groupe de travail à 7 millions de dollars par année lorsque l'organisme serait pleinement fonctionnel, 2024‑2025; cette estimation apparaît toujours plausible aujourd'hui au regard du modèle législatif proposé. L'incidence budgétaire pourrait être moindre dans la perspective où des mesures d'optimisation d'activités analogues, actuellement financées par l'État, étaient mises en place.»

Alors, on a demandé : C'est quoi, l'optimisation financière? Pas de réponse. Mais, vous savez, on a beaucoup de sources, alors nos sources nous ont mis au parfum qu'il y a deux semaines il y a eu une rencontre entre le ministre de l'Économie, son équipe et le CTREQ, où est-ce qu'on annonce au conseil d'administration : Votre financement de 812 000 $ ne sera pas renouvelé en juin 2023... pardon, en juin 2024. C'est drôle, ça coïncide avec l'apparition de l'INEE. Et là le ministre dit : Oui, mais nous, on maintient notre financement, le ministre, lui, de son côté, offre environ 70 000 $, si ma mémoire est bonne, mais le financement global du CTREQ, c'est 900 000 $. Imaginez, vous avez 900 000 $ de budget de fonctionnement, puis on vous enlève 812 000 $, on vous ampute la vaste majorité de votre budget de fonctionnement. Et ça, M. le Président, c'est sûr que ça n'aide pas. Alors, c'est pour ça qu'on s'est demandé pourquoi on a besoin de démanteler ce qui existe déjà pour créer l'INEE. Il n'y a personne qui a demandé ça. Et, surtout, c'est que le CTREQ a fait ses preuves et le Conseil supérieur de l'éducation a fait ses preuves. Alors là, évidemment, on a perdu ou on va perdre deux institutions.

Maintenant, il y a une lettre qui avait été rédigée en septembre 2023, signée par 217 professeurs, ce qui n'est pas rien, collectif de signataires, Projet de loi 23 : renversons la vapeur pour le bien de tous et de toutes pendant qu'il est encore temps :

«Plusieurs personnes sont d'avis que le p.l. n° 23 représente une des réformes les plus importantes en éducation depuis le rapport Parent. En juin dernier, [2 017] professeurs d'université dans ce domaine ont partagé d'importantes inquiétudes à l'égard de ce projet de loi.

«D'autres appuis se sont ajoutés a posteriori pour appuyer le contenu de cette lettre, ce qui correspond à près de la moitié du corps professoral qui a fait connaître ouvertement son désaccord. C'est sans compter celui des nombreux autres acteurs du réseau de l'éducation au Québec.

«Étant sans réponse des ministres de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, nous nous permettons de vous interpeler.» Donc, ils n'ont pas eu de réponses, là. Ça, c'est les professeurs.

«Déficit démocratique.

«Nous sommes des collègues provenant de l'ensemble des universités québécoises. Nous intervenons dans des champs disciplinaires différents. Nos intérêts et objets de recherche sont tout aussi diversifiés que complémentaires. Il en est de même de nos méthodes de recherche. Par ailleurs, certains d'entre nous ont parfois des différends sur le plan des idées, ce qui nous amène à débattre en tout respect et de façon constructive. C'est ainsi que la science progresse.

«Nous nous réunissons comme rarement auparavant pour déplorer le processus à la base du p.l. n° 23 et [vos] apparences vertueuses.

«D'abord, il apparaît que les orientations du p.l. n° 23 ont été édictées par un petit groupe de personnes.» Le comité ad hoc. «Par exemple, en 2021, un groupe de travail confidentiel, le Comité sur les résultats scientifiques et les milieux scolaires, a soumis au ministère de l'Éducation un rapport, maintenant accessible en vertu de la loi à l'accès à l'information, dont les orientations s'apparentent grandement au contenu du projet de loi n° 23.

«S'il est légitime que le ministère fasse appel à des membres du réseau pour l'aiguillier dans sa prise de décisions, il est déplorable qu'il ne considère et ne retienne que le point de vue de quelques personnes, particulièrement compte tenu de l'ampleur et de l'importance de la réforme qui fait actuellement l'objet de vives contestations. La situation est d'autant plus consternante que les quelques collègues en question partagent une posture similaire. Or, non seulement elle est loin de représenter la diversité des points de vue et des connaissances en sciences de l'éducation, mais la façon par laquelle elle est défendue comporte des accrocs à la rigueur scientifique attendue de la part des chercheurs et chercheuses.»

• (19 h 30) •

(Interruption) Une petite pause-santé.

«Qui plus est, ce sont plusieurs des universitaires qui ont siégé au CRSMS, incluant l'actuelle présidente du Conseil supérieur de l'éducation, qui ont été invités à témoigner à la commission...» Sur le p.l. n° 23.

«Ensuite, plusieurs d'entre nous ont [...] abordé, en d'autres lieux, les lacunes et les effets délétères potentiels du p.l. n° 23 : imprécision du problème réel à régler alors que le Québec se positionne avantageusement aux épreuves internationales — le PISA; flou entourant le concept d'excellence promu; approche autoritaire du changement, centralisation de la prise de décisions; dédoublement de structures; pression indue sur le personnel scolaire; déprofessionnalisation et démobilisation; perte de lieu de concertation, en particulier le CSE — le Conseil supérieur de l'éducation — et le Comité d'agrément des programmes de formation à l'enseignement — c'est simple, le CAPFE, le feu est pris; accentuation des inégalités scolaires; démotivation des élèves; entrave à la liberté pédagogique et académique[...].

«Ce contre quoi nous voulons vous mettre en garde aujourd'hui, M. le premier ministre, c'est du simplisme des solutions proposées par certaines personnes pour endiguer des problèmes complexes et variés rencontrés dans le réseau d'éducation. Certes, ces solutions peuvent apparaître séduisantes et connaître une certaine popularité. Mais la facilité est souvent un mirage. L'expérience et l'expertise que nous rassemblons collectivement nous amènent plutôt à affirmer que les pistes d'amélioration sont plurielles et qu'elles méritent d'être considérées avec nuances, ainsi que dans leur globalité et complexité. Or, il y a actuellement une pauvreté[...].

«M. le premier ministre, vous avez été ministre de l'Éducation. Vous affirmez régulièrement que cette dernière est la priorité absolue de votre gouvernement. Vous avez déjà eu l'humilité et la sagesse d'abandonner certaines idées. Saurez-vous le faire à nouveau devant la faible adhésion que le p.l. n° 23 suscite, et dont plusieurs orientations ont été récusées par nombre d'universitaires il y a longtemps?

«L'amélioration du système d'éducation passe par un réel pouvoir d'agir et l'implication de l'ensemble des acteurs concernés. Hélas, ce n'est pas du tout le cas actuellement, comme on peut le constater par les nombreuses sorties médiatiques d'une variété d'entre eux et d'entre [...] elles.

«L'aboutissement de la démarche actuelle risque fort, au bilan, de créer davantage de problèmes que d'en régler. Il est encore temps de retourner tous et toutes ensemble à la table à dessin...»

Signée par 217 professeurs de toutes les universités du Québec, quand même. Alors, c'est quand même un immense groupe, des professeurs, c'est de chercheurs, puis il n'y a pas d'adhésion. La FAE, évidemment, la FSE, la CSQ, la CSN, Mme Nancy Goyette, professeure au Département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières, mais aussi l'Association des doyens et doyennes, directeurs, directrices pour l'étude et la recherche en éducation du Québec sont venus nous dire que ce n'était pas un projet de loi n° 23 qui était nécessaire. En fait, c'étaient des opposants.

On a cherché, en fait, qui applaudissait le p.l. n° 23, on n'a pas trouvé, M. le Président. Et pourtant il s'agit d'une réforme en éducation... alors que j'ai moi-même siégé dans la dernière réforme, ça fait, quoi, même pas trois ans, la dernière réforme, on n'a pas fait le bilan de la dernière réforme qu'on en fait déjà une deuxième.

Et, au niveau de la formation, comment on peut dire qu'on respecte l'autonomie professionnelle des enseignants quand on va leur dire ce qu'on aimerait qu'ils suivent? Chaque enseignant sait qu'est-ce qui lui manque. Si, par exemple, un enseignant, cette année, a un enfant, disons, sur le spectre de l'autisme et que, là, il dit : Ah! je vais chercher plus d'heures là-dessus parce que j'en ai besoin — il n'y a aucun enseignant qui a envie d'être incompétent dans sa classe, tous les enseignants visent l'excellence, puis, faites-moi confiance, ils le font avec les moyens du bord — il me semble que c'est correct de leur faire confiance.

Puis d'ailleurs je répète une chose, je ne peux pas croire qu'à ce jour on veut assigner les enseignants à l'école pour leurs cinq heures de pédago, alors que, pour tous les autres travailleurs au Québec, c'est correct, le télétravail. Ça, ça veut dire qu'on ne fait pas confiance aux enseignants. C'est comme si on pense qu'ils vont voler du temps. Voyons donc, ils ont de la correction, là, sans plus finir, des courriels à répondre, des cours à préparer. Puis, de toute façon, il n'y en a pas, de locaux, à l'école, de disponibles. Alors, pourquoi qu'on ne permet pas, aux tables de négo, là, quelque chose qui fait un consensus au Québec, le télétravail, une fois de temps en temps? Alors, quand on dit qu'on respecte nos enseignants, je peux vous dire qu'on a déjà vu mieux.

Alors, là-dessus, M. le Président, pour conclure, le ministre a terminé en disant qu'il espérait que ça se règle aux tables de négo, puis qu'on parle de façon positive de l'école. Les enseignants parlent de façon positive de l'école, le personnel de soutien aussi, les professionnels de soutien, puis, faites-moi confiance, ils veulent être en classe en ce moment, mais il faut mieux comprendre c'est quoi, leurs demandes, puis elles sont raisonnables. De demander au minimum l'inflation, je ne pense pas que nous, comme élus, là, on peut être très bons pour parler, dire que c'est correct que nous, on puisse gagner un bon salaire pour nos enfants, mais pas eux, là, puis on va devoir tous se garder une gêne. De dire que, les pédagos, ils ne peuvent pas le faire à la maison, en télétravail, je ne la comprends pas non plus. Je ne peux pas croire qu'on paralyse le Québec pour ça, que de dire : Donnez-nous plus rapidement des permanences, on va régler aussi un problème de rétention. Bien non, on ne va ouvrir que quelques postes de permanents puis on va laisser encore 40 % des enseignants encore dans la précarité. Ça, ça se règle. Puis, savez-vous quoi, de croire que d'offrir une permanence va occasionner un problème parce qu'on risque d'avoir trop de profs, ça n'arrivera pas, on manque de profs. Donc, c'est correct, vous pouvez leur donner leur permanence, là, on va avoir besoin d'eux l'année suivante, encore et encore. Là-dessus, là, il n'y aura pas de problème. On n'est plus dans une époque où est-ce qu'on avait trop d'enseignants, au contraire.

Alors, ça, j'espère qu'on va pouvoir le régler, mais surtout je ne veux plus entendre «le régler d'ici la fin de l'année». Dire ça, là, ça veut dire que le gouvernement est d'accord qu'on va avoir 24 journées d'école manquées pour des milliers d'élèves. Ça doit se régler cette semaine, pour le bien de tous. Puis de croire qu'aller jusqu'à la fin de l'année, c'est correct, c'est dire qu'on n'a pas compris l'urgence. Puis, si on n'a pas compris aujourd'hui, on va le comprendre quand? Le 20 décembre? Le 24 décembre? Il va être trop tard. Il y a déjà des élèves que, là, ça va être leur troisième semaine sans école. Ça n'a pas d'allure, là. Alors, c'est pour ça que nous, on veut que s'intensifient les négociations avec tout le monde, parce que, même si vous réglez à la FAE, il reste le Front commun. Puis, je vous le dis tout de suite, là, si vous ne réglez pas le Front commun, bien, il n'y aura pas plus d'école, alors il faut régler les deux maintenant.

Alors, M. le Président, en terminant, je tiens encore à remercier ma collègue de Robert-Baldwin et, évidemment, une personne toute spéciale que vous connaissez maintenant, Florence — la nôtre, pas la vôtre. Bien, elle est bien gentille, votre Florence, M. le ministre. Vous avez eu votre Florence, nous avons notre Florence. Nous, c'est Florence Thivierge, qui... Maintenant, c'est vraiment sa cinquième année avec moi en éducation, on a fait plusieurs projets de loi. Et vous pouvez toujours compter sur nous pour le prochain projet de loi que, demain, nous prendrons le temps, évidemment, de lire complètement, le commenter puis travailler avec vous pour le faire adopter pour, vraiment, la sécurité des élèves, s'assurer qu'il y a de la formation, de la prévention en matière de violences à caractère sexuel, puis on a déjà quelques groupes pour vous pour les consultations.

Alors, là-dessus, M. le Président, vous comprendrez que le Parti libéral, on ne peut pas voter pour ce projet de loi. Jamais qu'on ne pourrait voter pour l'abolition du Conseil supérieur de l'éducation, jamais. Ça ne marche pas. On ne peut pas non plus cautionner un diplôme au rabais où est-ce qu'on pourrait donner un brevet pour du préscolaire puis du primaire, ça nous dépasse, et ça, pour nous, c'est trop. Et c'est ça que je trouve dommage, c'est que ce projet de loi n° 23 ne nous aidera pas aux vrais défis, que ce soit la composition de la classe, les besoins en santé, les psychologues, ne nous aidera pas à la réussite éducative. C'est ça, l'enjeu. Ça, c'est là-dessus qu'on devrait, tout le monde, s'affairer à travailler. Puis, une fois qu'on va régler, là, le vrai enjeu, là, c'est-à-dire la composition de la classe, il y a bien du monde à l'école qui vont souffler, puis ça va permettre de mettre l'emphase sur les apprentissages et non pas faire constamment de la gestion de classe.

Et finalement mes derniers mots, c'est pour vous, ceux qui ont décidé de travailler dans l'école publique, c'est un choix, parce que vous êtes quand même très prisés. Je sais qu'on vous fait de l'oeil pour aller travailler au privé. Alors, tous qui ont choisi l'école publique, merci. C'est une école qui a vraiment besoin de beaucoup d'amour et de votre passion. Et on souhaite, évidemment, que vous nous gardiez votre optimisme jusqu'à la fin et que l'après-grève ne sera pas dans l'amertume, mais dans, vraiment, le sentiment d'avoir été entendus et écoutés.

Alors, j'espère sincèrement pouvoir vous dire «à l'année prochaine», et que vous serez encore dans nos écoles publiques, parce que les élèves vous aiment beaucoup. Et c'est vrai que tout le monde se rappelle de sa Francine, professeure de quatrième année primaire, ou de sa Monique, professeure en cinquième année, et moi, Angèle, en sixième année. Alors, c'est vrai, le ministre a bien raison, on se rappelle de nos enseignants très longtemps. Merci beaucoup, M. le Président.

• (19 h 40) •

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Nous sommes toujours sur l'adoption du projet de loi, le débat sur l'adoption du projet de loi n° 23, et je reconnais Mme la députée de Mercier.

Mme Ruba Ghazal

Mme Ghazal : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, ce soir, je vais faire mon intervention pour l'adoption finale du projet de loi n° 23, puis ça arrive dans un drôle de contexte, en fait, un contexte difficile pour l'école publique, on a les profs qui sont en grève. Moi et mes collègues de Québec solidaire, on est extrêmement présents toutes les semaines, plusieurs fois, avec les professeurs sur les piquets de grève, les profs, donc, de la FAE. Et, quand je parle avec les profs, je leur parle beaucoup, beaucoup, beaucoup, je les entends beaucoup, je les écoute, il n'y a personne qui me parle du projet de loi n° 23. En fait, non, cette semaine, cette semaine, lundi, j'étais devant une école dans mon comté, et on m'en a parlé puis on m'a dit : S'il vous plaît, faites en sorte que ce projet de loi là ne soit pas adopté. Puis malheureusement j'ai été obligée de les décevoir puis de leur dire qu'on est rendus à l'étape presque finale, là, du projet de loi cette semaine, et malheureusement, même si, plusieurs opposants, nous aussi, à Québec solidaire... moi, j'ai demandé le retrait du projet de loi, je ne pense pas que ça va arriver cette semaine, le gouvernement est déterminé d'aller de l'avant.

Puis on a passé beaucoup, beaucoup d'heures, là, plus que 90 heures en étude détaillée sur ce projet de loi, puis un des éléments qui a marqué l'attention, les profs, cette semaine, avec qui je parlais, c'était le fait de dire : Moi, j'ai un bac et j'enseigne en enseignement, et là on donne à n'importe qui qui a un bac à un autre sujet un 30 crédits pour faire le même travail que je fais. Et ça, la prof qui m'en a parlé, elle avait un sentiment... vraiment, là, elle était indignée, insultée qu'on puisse, comme ça, donner un brevet avec un 30 crédits, alors qu'elle elle a étudié pendant quatre ans, avec les stages, et tout ça, pour devenir enseignant, enseignante. C'est quoi, le message qui est donné, là, pour les profs qui sont dans la rue, en ce moment, pour notre école publique? Pas très positif.

Je veux reprendre ce que le premier ministre a dit. Ce qu'il a dit, c'est qu'il a demandé aux profs, il a dit : Retournez en classe pour le bien des enfants, puis ça, ça m'a rappelé, la façon que le premier ministre a de dire les choses, quand il a dit aux aînés : Envoye à la maison! Évidemment, c'était pour la pandémie, c'était parce qu'on a peur, aussi, pour les aînés. Mais là il a cette habitude-là, le premier ministre, de parler de cette façon-là qui peut sembler paternaliste : Allez, retournez dans les classes parce que c'est bon pour les enfants.

Moi, j'ai envie de faire mon intervention sur le projet de loi n° 23 en posant la question : Est-ce que le projet de loi n° 23, qui, malheureusement, va être adopté cette semaine... est-ce que ça va être bon pour les enfants? Est-ce que le fait de donner plus de pouvoirs au ministre puis de centraliser le pouvoir de notre réseau de l'éducation entre ses mains... est-ce que ça, ça va être une bonne chose pour les enfants? Est-ce que le fait que ce soit le ministre qui oriente la formation continue du personnel enseignant, alors que ça a été dit par son prédécesseur, que ça va être important de laisser la liberté aux profs de choisir les heures de formation obligatoires eux et elles-mêmes, selon leurs besoins... donc, est-ce que le fait que ce soit orienté par le ministre, les heures de formation continue, le contenu aussi... est-ce que c'est pour le bien des enfants? Le fait que le ministre puisse nommer les directeurs généraux des centres de services scolaires, est-ce que ça, c'est bon pour les enfants? Le fait d'abolir le Comité d'agrément des programmes de formation à l'enseignement, le CAPFE, l'organisme qui approuvait les programmes, là, la formation des enseignants, est-ce que ça, c'est bon pour les enfants? Le fait de démanteler le Conseil supérieur de l'éducation, que nous avons hérité de la Révolution tranquille en même temps qu'il y a eu la création du réseau de l'éducation moderne tel qu'on connaît aujourd'hui, est-ce que ça, c'est une bonne chose pour les enfants? De créer l'Institut national d'excellence en éducation... Vous savez, par rapport à cet institut-là, nous, à Québec solidaire, on aurait été pour. Évidemment, il y aurait eu des choses à changer dans l'institut, dans sa façon... les mandats qui vont lui être donnés, qui sont très, très... avec une vision très, très fermée. Si le Conseil supérieur de l'éducation restait ouvert, restait tel qu'il est puis continuait à avoir son mandat de s'occuper aussi du réseau scolaire puis de soumettre des rapports, ses rapports aussi pour le primaire, secondaire et préscolaire, on aurait été... on aurait eu une autre discussion. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Donc, est-ce que la façon que l'Institut national d'excellence en éducation, l'INEE, va travailler... est-ce que c'est bien... c'est pour le bien des enfants?

M. le Président, si le gouvernement veut le bien des enfants, bien, il devrait écouter ceux et celles qui travaillent à tous les jours, qui donnent leurs compétences, leur passion, leur savoir-faire aux enfants. Il devrait les écouter. Et là je parle de tout le monde qui travaille dans les écoles, que ce soient les enseignants, les enseignants, les professionnels, le personnel scolaire, les directions. C'est toutes les personnes qui connaissent les enfants par leur nom, comme le disait le précédent ministre de l'Éducation, ce sont ces personnes-là qui savent ce qui est bien, ce sont les experts, les expertes de ce qui se passe dans nos classes, les profs. Pour savoir ce qui est bien pour les enfants, il faut les écouter. Puis, moi, quand je leur parle, ils me le disent de façon unanime : Si on est dehors, c'est pour les enfants, on est le porte-voix des enfants, qui ne peuvent pas s'exprimer, qui ne savent pas, ces enfants-là, ce dont ils ont besoin, de quels services ils ont besoin, de quels professionnels ils ont besoin. Les enfants ne le savent pas.

Notre société se fie sur les profs, se fie sur les professionnels, sur le personnel de soutien, sur nos écoles pour donner le meilleur aux enfants. Et ces personnes-là, qui sont proches, à tous les jours, des enfants, savent ce qui est bien pour eux et elles, pas nous ici, qui sommes à l'Assemblée nationale, qui ne sommes pas des enseignants ou qui ne côtoyons pas les enfants à tous les jours. Donc, les écouter, ça, ce serait un bon début pour le bien des enfants. Honnêtement, à écouter aussi les experts dans le système d'éducation, ce qui serait bien pour le bien des enfants, ce serait de retirer le projet de loi n° 23. C'est ça qui aurait été une bonne chose.

Par rapport au Conseil supérieur de l'éducation, ça va être comme une sorte de deuil qu'on va vivre parce que les rapports du Conseil de l'éducation étaient des moments très, très attendus. Puis, contrairement à l'INEE, il y a une indépendance encore plus forte du Conseil supérieur de l'éducation puis il pouvait aussi se donner les mandats qu'il voulait... — c'est-à-dire qu'il veut, il existe encore, hein, on n'a pas encore adopté le projet de loi — sur n'importe quel sujet.

Puis, quand j'ai posé la question au ministre : Est-ce que c'est possible que l'INEE parle de l'école à trois vitesses, par exemple... Comme il y a eu un rapport qui a été déposé, il y a quelques années, par le Conseil supérieur de l'éducation, qui a dit que notre école québécoise est la plus inégalitaire au Canada à cause de cette école à trois vitesses, école privée subventionnée, école publique avec des projets particuliers, où on va sélectionner les élèves sur la base de leurs notes, où, des fois, aussi on va charger des frais quand même assez importants, et l'autre vitesse, l'école régulière. Donc, à cause de l'existence de cette école à trois vitesses, ça reproduit les inégalités dans notre société. Donc, quand j'ai posé la question au ministre : Est-ce que c'est possible que l'INEE étudie la question?, il dit : Oui, oui, ils peuvent aller sur n'importe quel sujet. Mais en réalité les mandats de l'INEE vont être en fonction de ce qui va être déterminé par le ministre. Quand on parle des données probantes, ils vont être très, très occupés sur plein plein de choses et d'éléments à travailler, à étudier, qui ont été donnés... des mandats qui ont été donnés dans le projet de loi, des pouvoirs, des éléments sur lesquels ils vont se pencher, que ce serait très étonnant qu'ils se penchent sur cette question-là. Puis les données existent, on le sait, qu'il y a l'école à trois vitesses, puis tout ce qu'elle crée comme inégalités, puis les inégalités continuent à se creuser de plus en plus. Ça a été le cas dans les dernières années, et aujourd'hui c'est encore plus le cas.

On l'a vu, là, quand il y a eu les palmarès des écoles, sur lesquels, malheureusement, des profs, des parents se fient beaucoup et qui sont biaisés parce qu'on va aller évaluer les résultats à des examens d'élèves dans ces écoles, les écoles privées, les écoles régulières, où il y a un plus grand nombre d'enfants et d'élèves à besoins particuliers ou en difficulté, c'est sûr qu'on ne compare pas des pommes avec des pommes, on compare des pommes et des oranges, c'est ce qui fait que les écoles privées sont toujours au-dessus de la liste et ça, ce n'est pas étonnant. Donc, c'est démontré, l'existence de l'école à trois vitesses. Le ministre dit que c'est une idéologie. Là, on a l'INEE. L'INEE... en sachant que, le ministre, pour lui, c'est une idéologie, est-ce que l'INEE va dire : Je mets de côté tout ce que le ministre nous demande, les sujets sur lesquels il nous demande de travailler, puis moi, je vais aller faire... l'INEE va faire un rapport sur l'école à trois vitesses? C'est sûr que non.

J'ai essayé de comprendre pourquoi est-ce que le ministre s'entêtait à ne pas... à abolir ou démanteler le Conseil supérieur de l'éducation, puis je n'ai pas eu de réponse satisfaisante. La seule réponse... en tout cas, le seul élément auquel... moi, je crois, la raison, la raison pour laquelle le gouvernement et le ministre décident de démanteler le Conseil supérieur de l'éducation, c'est parce qu'on n'aime pas la sonnette d'alarme que le Conseil supérieur de l'éducation sonne depuis des années sur l'existence de cette école à trois vitesses. Le gouvernement et le ministre veulent aller corriger un petit peu à gauche et à droite en donnant plus de projets particuliers, un peu plus, quand c'est possible, pour que tous les élèves puissent avoir des projets particuliers, mais l'inégalité existe, on continue encore à financer à hauteur de 60 % à 75 % l'école... les écoles privées, contrairement à d'autres... à ailleurs. Par exemple — le gouvernement et le premier ministre aiment beaucoup se comparer à l'Ontario — quand on regarde l'Ontario, bien, l'école privée existe, mais elle n'est pas subventionnée, ce sont les parents qui font le choix d'aller à l'école privée qui vont aller payer le plein prix, le prix réel d'aller à l'école privée, et non pas comme ici, où les parents qui envoient leurs enfants à l'école publique, par... ces parents-là travaillent et, par leurs impôts, financent l'école privée, avec tout ce qu'il y a comme avantages dont leurs enfants ne bénéficient pas, et ça, c'est une injustice, c'est une inégalité importante qui existe dans notre société puis qui a été largement, largement documentée. Mais ce gouvernement, les gouvernements précédents, quand le Conseil supérieur de l'éducation sonnait l'alarme, données à l'appui, on préférait faire la sourde oreille et tabletter un après un les rapports du Conseil supérieur de l'éducation.

Il y a aussi une autre question... pour revenir, pour le bien des enfants, la centralisation, je vais y revenir un peu plus, la centralisation à outrance dans ce projet de loi là, est-ce que c'est pour le bien des enfants? Ça m'étonnerait. Si le gouvernement voulait le bien des enfants, je le répète, il aurait retiré ce projet de loi là.

Je reçois énormément... et je ne suis pas la seule, je suis certaine que plusieurs députés, ici, aussi en reçoivent, des fois il y a des députés du gouvernement qui en reçoivent, et les citoyens, citoyennes nous les renvoient, des fois, dans l'opposition, pour avoir une réponse, parce qu'ils ont l'impression qu'ils ne pourront pas avoir de réponse, puisqu'ils critiquent le gouvernement, et c'est leurs députés qui sont dans ce gouvernement-là, j'ai reçu beaucoup, beaucoup de lettres, évidemment, de profs, de professionnels, de personnels de soutien, on en voit aussi sur les réseaux sociaux, mais aussi de parents, et ça, cette solidarité-là, là, et cet appui des parents envers les profs, ça, c'est quelque chose qui fait chaud au coeur à voir parce que c'est très difficile, en ce moment, pour les parents. Il n'y a personne qui est heureux que nos écoles soient, en ce moment, fermées puis qu'elles ne fonctionnent pas, pas toutes les écoles, mais celles, par exemple, sous la FAE, puis bientôt pas mal toutes les écoles, avec les grèves intermittentes. Il n'y a personne qui est heureux de ça, puis les premiers, évidemment, ce sont les parents qui sont touchés.

• (19 h 50) •

Je voyais sur les réseaux sociaux des images et des... des vidéos où on montre des contorsionnistes pour dire : Voici ce que les mères de famille, aujourd'hui, doivent faire, se contorsionner pour pouvoir trouver où mettre leurs enfants. Et on le voit ici, à l'Assemblée nationale, il y a... ça, c'est peut-être le côté positif de la chose, il y a des enfants qui viennent ici, à l'Assemblée nationale, parce que les parents, les gens qui travaillent ici, à l'Assemblée nationale, que ce soient des élus, ou du personnel de l'Assemblée, ou du personnel politique, bien, des fois ils ont besoin... ils n'ont pas trouvé personne pour s'occuper de leurs enfants, quand ils sont en âge de pouvoir... quand ils ne sont pas trop... encore trop jeunes puis qu'ils peuvent venir ici, puis qu'ils n'ont pas personne d'autre pour les garder.

Donc, moi, je me dis... je les lis, je réponds à ces lettres-là puis j'ai envie de profiter du projet de loi, ici, de l'adoption finale pour parler des vraies affaires, parce que, dans le projet de loi, on ne parle pas des vraies affaires, des vraies solutions à tout ce qui existe dans notre... comme problèmes dans notre réseau scolaire, que ce soit la composition de la classe, que ce soit la surcharge des profs, que ce soit le manque de professionnels, la pénurie de main-d'oeuvre. Il y a plein, plein de problèmes dans notre réseau scolaire. J'ai déposé un plan pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre. Le premier point, c'est de s'attaquer — et ça, ça prend du temps, là, ça ne peut pas se faire en un claquement de doigts — à l'école à trois vitesses. Donc, tous ces problèmes-là ne sont pas résolus par le projet de loi n° 23. Ça, c'est les vraies affaires dans l'école puis dans notre système d'éducation.

J'ai envie de lire quelques lettres qui m'ont été envoyées par des parents. Je n'ose pas nommer les gens, quoiqu'ils me les ont données. C'est des parents, mais je ne vais pas les nommer. Je vais juste dire si c'est une mère, un père.

Donc, une mère, voici ce qu'elle me dit : «En tant que citoyenne engagée et parent d'un enfant fréquentant l'école publique, je tenais à vous exprimer mon plein soutien envers les enseignants, les professionnels du milieu de l'éducation et les employés de soutien actuellement en grève. La situation dans le domaine de l'éducation est préoccupante. Les revendications portées par les grévistes témoignent des défis auxquels ils font face au quotidien, tels que des classes surchargées, des ressources pédagogiques insuffisantes et des conditions de travail difficiles. Ces problématiques non résolues ont un impact direct sur nos enfants et leur développement éducatif. Il est essentiel de reconnaître l'importance capitale de l'éducation dans la construction d'une société juste, équilibrée et prospère. Les enseignants, les enseignantes, les professionnels du milieu de l'éducation et les employés de soutien jouent un rôle essentiel dans l'épanouissement de nos enfants en leur offrant les connaissances, les compétences et les valeurs nécessaires pour s'épanouir dans la vie. En appuyant les grévistes, nous faisons entendre notre voix en tant que citoyens conscients de l'importance de l'éducation dans la construction d'une société équilibrée et prospère et en tant que parents soucieux du bien-être et de la réussite éducative de nos enfants.» Et la personne me remercie, pour dire : «J'espère que vous faire entendre leurs voix.»

Des lettres comme ça, j'en ai reçu plein, plein, plein. Il y en a une d'une mère de Pierreville, donc, ça, c'est le comté de Nicolet-Bécancour. Je crois, le député de Nicolet-Bécancour a reçu cette lettre-là. C'est une lettre très longue. Je ne vais pas la lire au complet, mais c'est une mère de cinq enfants, et elle nous parle d'un de ses enfants qui a sept ans, qui a des grandes difficultés d'apprentissage. Il a un TDAH, il a un trouble anxieux puis, en plus, on lui a découvert une surdité. Et je vais juste lire comment elle parle de l'enseignante : «Son enseignante est une perle.» Elle nous parle aussi de ses dédales dans le système d'éducation. Elle en profite aussi pour parler du personnel, des femmes qui travaillent dans le système de l'éducation : «Son enseignante est une perle. D'ailleurs, je peux vous confirmer que mes enfants ont tous des enseignantes dévouées, passionnées et impliquées auprès de leurs petits de 8 heures à 15 h 15. Ce sont ces enseignantes qui sont auprès d'eux, qui voient à leur socialisation, qui, en parallèle, sont là pour les consoler quand ça ne va pas. Vous savez, des enfants en vivent énormément, des émotions, dans leur journée. Pour certains d'entre eux, ils ont besoin d'être accompagnés pour comprendre leurs émotions et les vivre. Les enseignantes n'ont pas comme seule et unique tâche d'enseigner la matière. Elles ont énormément de tâches connexes, énormément de préparation, de planification, de corrections et de plans d'intervention. Des parents comme — elle nomme son fils — mon fils, bien, il y en a énormément — il y en a énormément — intégrés dans les classes. Elles connaissent leurs élèves et, chaque jour, elles travaillent pour leur bien, pour leur développement, pour en faire de mini-adultes prêts à affronter la vie et le travail, puis juste ça leur mérite énormément plus de reconnaissance que ce que le gouvernement leur offre et leur reconnaît actuellement, malgré le travail acharné de l'enseignante de mon garçon. Je vois que l'enseignant doit faire face seul à la situation, sans support, sans aide. Ma plus grande crainte est que mon fils devienne un futur décrocheur scolaire, étant donné qu'il n'a pas d'aide à un âge crucial de son développement, puis ce n'est pas de sa faute ni de ma part de ne pas avoir essayé d'aider mon fils et de ne pas l'encourager. Ce n'est pas la faute de son enseignante. Pour communiquer, souvent, les enseignants de mes enfants, je le vois et je le constate, qu'elles sont très, très dévouées.»

• (20 heures) •

Donc, ça, c'est quelque chose qui est exprimé par une mère, ce qui... et c'est quelque chose qui est très, très exprimé aussi par les parents en disant : À la fin de la journée, on a l'impression de ne pas pouvoir aider tous les enfants. On sait qu'on en laisse échapper un, puis peut-être qu'il va être un futur décrocheur, et ça, c'est très difficile à vivre en revenant à la maison, c'est une charge supplémentaire. En plus d'en avoir plein les bras, c'est aussi une charge personnelle par rapport au sentiment du devoir non accompli, malgré le fait qu'elles n'ont pas eu une seule seconde pour respirer.»

Et là la mère de famille complète, de cinq enfants, quand même, bravo, madame, elle dit : «Alors, oui, je suis directement liée par le conflit entre le gouvernement et les travailleuses et travailleurs du secteur public. Je ne comprends pas pourquoi notre gouvernement refuse de s'ouvrir les yeux et de comprendre que les services publics demandent des conditions qui pourraient être mieux pour les enfants du Québec, pour les enfants du Québec, le bien des enfants du Québec dont parlait le premier ministre. Je me demande si notre gouvernement ne joue pas au macho en refusant de meilleures conditions de travail pour des domaines qui concernent majoritairement des femmes et des mères. Pourquoi les conditions sont un peu mieux dans les domaines plus masculins, si ce n'est pas de la discrimination? Je me pose la question. La santé et l'éducation devraient être une priorité pour notre gouvernement, car, sans la santé et l'éducation, la société ne pourra jamais devenir florissante. Je vous l'ai dit en début de courriel, en 2023, être maman n'est pas de tout repos, mais être travailleuse, travailleur du secteur public, en 2023, ne l'est pas moins, et parmi eux, il y a aussi des parents.»

Les femmes qui enseignent dans les écoles, qui font la grève, ce sont aussi des parents qui envoient aussi, probablement, peut-être leurs enfants dans des écoles qui sont fermées à cause de la grève. Donc, on ne peut pas séparer, comme le gouvernement le fait : il y a les méchants syndicats puis il y a la pauvre population qui souffre. Tout ça, c'est le même monde. Les gens qui font la grève sont aussi des parents, sont aussi des gens qui font appel aux services publics.

Il n'y a pas juste des mères. J'ai eu beaucoup, beaucoup de mères, mais il y a aussi des pères qui écrivent. Un père de trois enfants, sept, neuf et 11 ans : «Je vous écris en tant que parent et citoyen pour appuyer les revendications du personnel de soutien et des enseignants, enseignantes. Notre système d'éducation est tenu à bout de bras, depuis des années, par des employés dédiés et passionnés, sans investissement majeur ni soutien de votre gouvernement. Il est temps, comme société, d'investir massivement dans notre système d'éducation afin que nos enfants puissent avoir des conditions d'apprentissage optimal et que le personnel passionné que nous avons la chance d'avoir puisse travailler dans des conditions acceptables qui soient comparables à ailleurs, aux autres provinces. Cessez les dépenses futiles et investissez dans l'essentiel.»

Ça, j'ai eu aussi beaucoup dans les lettres, parce que je ne peux pas toutes les nommer... les lire, beaucoup de parents qui ont parlé du fait que comment ça se fait que vous donnez des augmentations de salaire aux députés, mais pas assez pour les profs. Puis je trouve que c'est important, M. le Président, de parler de la réalité très terrain. Pour moi, des fois, j'ai souvent peur, comme députée, de devenir déconnectée de ce qui se passe dans le vrai monde, comme on dit, comme dirait la ministre des Transports, le vrai monde ou les M., Mme Tout-le-monde ou les gens ordinaires, toutes ces expressions-là qu'on entend. Moi, j'ai très peur, des fois, qu'on devienne déconnectés à force de rester ici et de chauffer notre siège, là, à l'Assemblée nationale. C'est important d'aller sur le terrain puis d'aller dans les écoles.

Je comprends que le ministre aussi le fait, c'est ce qu'il nous dit, mais disons que le contexte est plus aseptisé quand il y va que quand nous, par exemple, quand moi, je vais sur les piquets de grève, auxquels j'invite d'ailleurs le ministre à venir. Je sais, peut-être que c'est un peu difficile à cause des questions de sécurité, peut-être, puis je sens peut-être que ça démange le ministre de parler avec les profs qui viennent des fois... qui viennent... Il me dit non, ça ne le démange pas, de leur parler. Je disais... pourtant, ça, c'était un compliment que je disais. Pourquoi? Parce que, quand il y a une prof qui est venue ici, la semaine passée, à l'Assemblée nationale, j'ai demandé au ministre de la rencontrer. C'est Mme Dumont, qui est mère de famille monoparentale de trois enfants, qui enseigne dans une école. Son cas a été relaté dans Le Journal de Montréal ou Le Journal de Québec, et elle était obligée, même, parce qu'elle fait la grève sans salaire, et elle est d'accord avec ça et elle a appuyé la grève, elle était obligée d'avoir un deuxième job pour pouvoir y arriver puis demander de l'aide. Puis elle était ici, à l'Assemblée nationale, je l'ai invitée, et le ministre a gentiment accepté de la rencontrer.

Donc, moi, je me suis dit : C'est un signe, peut-être que le ministre aimerait aussi aller sur les piquets de grève puis rencontrer les profs. Ce serait une expérience plus enrichissante que d'aller dans les écoles, où est-ce qu'on a fait le ménage partout, où est-ce qu'on a choisi sur... trié sur le volet les... peut-être les profs qui pouvaient lui parler, d'y aller comme ça, là, sans être attendu. Ça, c'est important pour rester connecté, connecté sur ce qui se passe, puis c'est pour ça que je fais cette lecture-là. Parce que je pourrais répéter tout ce que j'ai dit puis j'ai commencé à en parler, là, tout ce que ce projet de loi fait comme centralisation, qu'est-ce qu'il fait avec l'INEE, avec la vision beaucoup, beaucoup plus restrictive du système de l'éducation, du fait de regarder des données probantes selon ce qui se passe dans la classe, et non pas avoir une vue plus globale, comme le centre de services scolaire... excusez-moi, comme le Conseil supérieur de l'éducation. Je pourrais vous parler de...

J'en ai parlé, là, de ça, je pourrais répéter tout ça, tout ce qui a été dit par les profs, par les gens qui se sont opposés au projet de loi. Il y en a qui se sont opposés à certaines parties du projet de loi. Je pourrais... Je vais continuer et je vais le faire, mais je trouve que c'est important aussi qu'on regarde comment les parents vivent la situation actuelle.

J'ai ici aussi une lettre que j'ai reçue, un courriel d'une mère monoparentale qui veut tellement soutenir les profs qu'elle a fait un GoFundMe pour les profs qui sont en grève. Voici ce qu'elle dit : «Je suis une maman monoparentale qui fait appel aux banques alimentaires quelquefois, mais qui comprend et supporte plus que tout les grèves actuelles, et ce, même si je ne travaille dans aucun de ces domaines», des gens qui sont en grève. «Je travaille sur un projet pour soutenir les enseignants et les enseignantes qui se lancent en grève générale illimitée, sans fonds de grève. Et je vous joins un "post"», qu'elle a partagé, là, sur les réseaux sociaux.

Donc je suis allée regarder ça, parents solidaires des profs. Il y a plein de gens dans la société civile, des profs, des parents, donc du soutien. Donc, cette mère-là, elle va elle-même dans les banques alimentaires puis elle sait qu'il y a des gens du personnel de soutien scolaire, des profs qui vont dans les banques alimentaires aussi, parce qu'elles n'y arrivent pas. Ces femmes-là n'y arrivent pas, elles n'y arrivent plus. Et voilà des exemples de générosité et de solidarité. Donc, souvent, dans les mauvaises situations, on peut voir quelque chose de positif, c'est cette solidarité-là.

J'ai aussi d'autres lettres, rapidement, que je vais lire ici. D'une enseignante épuisée : «Je suis enseignante de français au secondaire depuis bientôt sept ans, je suis syndiquée, affiliée à la FAE, je suis en grève générale illimitée depuis maintenant cinq jours.» Ça, c'était le 30 novembre. «Demain sera la sixième journée où je serai dans la rue, au lieu d'être dans ma classe. Je suis passionnée par mon métier, j'adore mes élèves et j'ai une direction en or. Malgré tout, il y a des jours où la tâche me pèse trop, lourdeur de la tâche, manque de confiance, de la part du gouvernement, à notre égard, en tant que professionnels, réduction de notre autonomie professionnelle. La liste est longue. Je suis une mère de famille avec deux très jeunes enfants et, si la situation continue ainsi, je ne sais pas si le métier d'enseignante me conviendra encore longtemps. Les négociations actuelles sont une occasion parfaite, pour notre gouvernement, de montrer aux enseignants, mais aussi au Québec au complet, que vous avez confiance en nos compétences et nos constats. Il est nécessaire que les gens, aux tables de négociation, écoutent nos représentants syndicaux et négocient de bonne foi.» Et elle lance un message au ministre de l'Éducation pour qu'il interpelle sa collègue présidente du Conseil du trésor.

• (20 h 10) •

J'ai reçu aussi une lettre... parce que j'ai interpelé, la semaine passée, le ministre sur le travail des TES, donc, qui font beaucoup, beaucoup de choses. Et souvent, le ministre va nous dire : aide à la classe, aide à la classe, aide à la classe. Ça ne va pas aider tout le réseau au grand complet, tous les problèmes. Ça ne peut pas être une unique solution. Puis ce qu'elle fait, cette TES, elle raconte... parce qu'elle a l'impression que les gens ne savent pas ce qu'elle fait comme emploi, comme travail... elle énumère quelques tâches, une liste complète. Je ne vais pas la lire au complet, ce serait impossible, mais je vais en lire quelques-unes. Elle dit : «Ça nous arrive souvent de consoler des enfants à cause de querelles dans les familles. Parfois, ça arrive que les enfants aiment mieux être à l'école qu'à la maison. Nous sommes parfois infirmières, on soigne des blessures assez graves, on s'occupe de donner des médicaments et des pompes, on sauve des enfants d'allergies sévères, avec un EpiPen, on accompagne des enfants en ambulance. Aujourd'hui, c'est assez courant de se faire confier qu'un enfant a le goût de se suicider. Et, oui, je travaille au primaire. Ce n'est pas facile d'avoir du temps pour ne pas le laisser dans cet état. Il faut gérer beaucoup de cas urgents, parfois, et nous ne savons pas trop lequel choisir. Ça conclut que nous sommes psychologues aussi, mais pas avec la formation. Alors, on s'imagine que c'est notre enfant et on fait de notre mieux.» Vraiment, là, moi, ça vient me chercher, ça déchire le coeur... ça brise le coeur de voir tout ça, parce qu'il faut toujours qu'elles travaillent dans des cas d'urgence.

J'ai rencontré aussi des professionnels, et c'est ça qu'ils disaient, c'est que normalement, leur travail, ce serait de faire de la prévention, que ce soient les psychologues ou les psychoéducateurs, les orthopédagogues, les orthophonistes, c'est de faire de la prévention, de travailler en profondeur avec des élèves. Mais ce qu'ils font, souvent, c'est travailler pour les cas urgents, quand c'est urgent, puis, après ça, c'est tout. Donc, ils ne peuvent pas aider tout le monde, et ça, c'est très, très difficile. D'où l'appel du privé, d'où le fait qu'il manque énormément de professionnels aussi dans nos écoles. Et ça, c'est très grave, parce que le nombre d'élèves en difficulté n'a jamais été aussi important. Au secondaire, là, avant, c'était le quart; là, c'est rendu le tiers. Ça n'a jamais été aussi important, et ce qui fait que les profs sont encore plus débordés. Donc, c'est toutes ces conditions-là qui sont extrêmement difficiles.

Puis je comprends que le gouvernement dit : Bien là, on ne peut pas en inventer, des profs, on ne peut pas inventer des professionnels, on ne peut pas en inventer. Il faudrait commencer par arrêter la saignée, faire en sorte que ceux qui sont là, celles qui sont là ne quittent pas le bateau. Déjà, là, ce serait un pas immense. Et, pour ça, il n'y a pas 36 000 solutions, c'est d'écouter les profs qui sont en grève, d'écouter les gens aussi, les professionnels, les personnels de soutien du front commun, d'écouter les experts et expertes de nos classes, de nos écoles, ceux qui connaissent, ceux et celles qui connaissent les enfants par leurs noms. Ce serait de commencer là et de leur offrir des bonnes conditions de travail, parce qu'elles sont déterminées. Elles sont déterminées, elles ne rentreront pas, puis, en tout cas, on le souhaite, sans une entente qui soit plus que satisfaisante pour les profs.

J'ai parlé de beaucoup d'éléments qu'amenait ce projet de loi-là, qui n'allaient pas pour... qui n'aidaient pas... qui n'étaient pas une solution pour le bien des enfants, comme le souhaitait le premier ministre. Parmi... un des éléments, vraiment, qui est rendu une marque de commerce de ce gouvernement-là, c'est la centralisation, que ce soit en santé et, maintenant, en éducation, une centralisation où est-ce qu'on concentre le pouvoir entre les mains du ministre de l'Éducation.

Le gouvernement, ce qu'il peut faire avec le projet de loi n° 23, peut nommer les directeurs généraux des centres de services scolaires, puis ces directeurs généraux peuvent désigner les directeurs généraux adjoints des centres de services scolaires et nomment aussi les directions d'établissement. Le ministre, lui, peut combler les postes vacants sur les conseils d'administration des centres de services scolaires. Il a aboli le CAPFE, comme je l'ai dit tantôt. Ça, c'est le comité indépendant qui garantit la qualité de la formation initiale des profs et qui n'a malheureusement pas été capable de continuer son travail d'agréer les formations courtes de 30 crédits. Il va falloir qu'ils le fassent plus tard, alors qu'il y a un projet de loi... dans le projet de loi, le ministre est arrivé avec un nouvel article de son projet de loi pour donner tout de suite les brevets pour ces cours, ces certificats... pas certificats, mais les brevets de 30 crédits. Donc, c'est une formation à rabais, où est-ce qu'on vient déprofessionnaliser le métier d'enseignant encore plus, malheureusement.

Le ministre a aboli, j'en ai parlé en long et en large, le Conseil supérieur de l'éducation, parce qu'on n'aimait pas ce que le conseil dit, on le fait taire à jamais. C'est la façon de faire du gouvernement et du ministre. Il va établir aussi... le ministre établit une entente de gestion et d'imputabilité avec le centre de services scolaire, donc, avec des résultats... pour avoir des résultats. Une gestion axée sur les résultats, ça, c'est ce qu'on appelle la nouvelle gestion publique, où est-ce qu'on gère nos services publics, on gère nos hôpitaux ou on gère aussi nos écoles comme si c'étaient des usines avec des tableaux de bord. C'est important d'avoir des données, et tout ça, mais on ne peut pas juste gérer avec des oeillères, en ne regardant que les tableaux, puis il faut que tous les indicateurs soient verts, sinon, ça ne marche pas. Ce n'est pas comme ça. Il y a d'autres choses qu'il faut regarder, les facteurs un peu plus... j'allais dire mous, pas juste avec des indicateurs chiffrés, mais ça peut être aussi les facteurs socioéconomiques, où se trouve l'école, c'est quoi, les enjeux dans cette école-là, dans le quartier même.

Le ministre détermine par règlement quand on peut imposer de l'enseignement à distance. C'est lui qui va le déterminer, et souvent, ça, c'est très inquiétant, quand on est dans un projet de loi puis qu'on met des choses dans le règlement. Là, nous, les législateurs, on ne peut pas l'influencer, ou en discuter, ou en débattre.

Il détermine par règlement le contenu des formations, le contenu que les profs doivent suivre. Ça, c'est vraiment un bris de la promesse qui a été faite par le précédent ministre de l'Éducation, qui a dit : On impose le nombre d'heures obligatoires, 30 heures par année, vous pouvez en faire plus, mais il va y avoir un minimum plancher, mais on ne vous dit pas quoi faire. Puis j'ai cité l'ancien ministre en étude détaillée pour rappeler au ministre actuel de l'Éducation ce que son prédécesseur disait : Nous n'allons pas imposer le contenu de la formation. C'est un bris absolu de ce qui avait été promis dans la précédente réforme du gouvernement de la CAQ. Ici, on vient dire : Ça va être par règlement, le contenu pourrait être déterminé pour répondre aux indicateurs.

Le ministre — un autre pouvoir du ministre — restreint l'autonomie professionnelle des profs en matière de choix de formation continue. Ça, je l'ai mentionné, et aussi, enfin, le ministre peut annuler des décisions des centres de services scolaires s'il les juge non conformes à ce que le ministre lui-même dit.

Donc, ici, le ministre, je ne vais pas le féliciter pour ça, mais il vient, avec le projet de loi n° 23, de réaliser un exploit. Pourquoi je dis ça? Parce que, lundi, il y a eu plusieurs intervenants du système d'éducation, du réseau de l'éducation, des représentants des enseignants, enseignantes, des représentants du personnel de soutien, des représentants des professionnels dans le réseau scolaire, des citoyens, des parents mobilisés pour l'école publique, des chercheurs, des doyens des facultés de sciences de l'éducation, qui sont intervenus à plusieurs reprises depuis le dépôt du projet de loi, notamment par une lettre qui avait été lue tantôt, dont les extraits ont été lus, par 240 chercheurs et profs d'université, par ma collègue, des professeurs d'université. Tout ce monde-là ont uni leurs forces. Lundi, ils ont fait un point de presse et ils ont parlé d'une seule voix pour dire : C'est un projet de loi centralisateur, qui n'ira pas dans le sens qu'on veut aller, dans la bonne direction pour notre réseau de l'éducation. C'est tellement centralisateur que ça l'est plus que depuis le temps des évêques, quand ils contrôlaient le système d'éducation. C'est peu dire.

Puis, pour se justifier pendant l'étude détaillée... Vous trouvez ça drôle. Bien, c'est parce que... mais, en plus, on recule un petit peu en arrière, c'est-à-dire qu'on vient aussi défaire le Conseil supérieur de l'éducation qui avait été créé en même temps que la Révolution tranquille. Mais là on retourne en arrière, on l'enlève. On veut que ce soit le ministre qui décide. Puis, quand je posais la question au ministre, pourquoi est-ce que c'est lui qui décidait de tout, c'est lui qui pouvait même annuler des décisions prises par le centre de services scolaire puis... il m'a dit : Bien là, tu sais, des fois, vous, les oppositions, vous me demandez d'intervenir, vous me demandez des choses, les journalistes... je suis imputable, je ne suis pas capable de répondre, ça fait que je me donne des pouvoirs pour être capable de vous répondre. Puis, à un moment donné, il l'a dit, là, puis je le cite : Il faut bien que je serve à quelque chose.

Ça fait que, le projet de loi n° 23, il se donne des pouvoirs pour se donner une utilité. Est-ce que ça, c'est pour le bien des enfants ou pour le bien du ministre? Ça va être tellement...

• (20 h 20) •

Des voix : ...

Mme Ghazal : Ce n'est même pas drôle. Je ris, mais ce n'est même pas drôle. Tu sais, on peut même se demander, quand le projet de loi va être mis en oeuvre et, malheureusement, adopté cette semaine, si ça va être possible de s'opposer à la parole ministérielle. Puis là je ne vise pas le ministre qu'on a ici, parce que, dans le projet de loi, là, ce n'est pas écrit le nom et le prénom du... le prénom et le nom du ministre qui est écrit, c'est «ministre». Donc, ça peut être n'importe quel ministre. Est-ce que ça va être possible d'aller à l'encontre de ce que dit le ministre ou est-ce que ça va devenir un crime de lèse-majesté? Puis c'est comme ça aussi de la part du gouvernement, pour le ministère de la Santé aussi.

Moi, je me rappelle aussi, j'avais le dossier de la Régie de l'énergie. Là aussi, on enlève les contre-pouvoirs, on réduisait le pouvoir de la Régie de l'énergie pour qu'elle puisse, par exemple, donner son avis comme elle le faisait chaque année sur la tarification d'Hydro-Québec. On enlève puis, là, on disait que ça va être le ministre. C'est toujours le gouvernement qui sait mieux que quiconque, l'appareil gouvernemental, quoi faire. Donc, c'est une centralisation pour dire : Bien, moi, je le sais, puis moi, je vais être imputable, puis moi, je vais pouvoir répondre de tout dans le réseau de l'éducation. Puis ça, c'est très dangereux, parce que les contre-pouvoirs... comme, par exemple, le Conseil supérieur de l'éducation qui sonne l'alarme sur des enjeux importants dans le réseau de l'éducation, bien, il ne pourra plus parler. Il ne pourra plus parler, et ça, c'est très, très inquiétant.

C'est pour ça qu'on a l'impression que c'est vraiment un projet de loi où le ministre devient le roi du système de l'éducation plus que le ministre du système de l'éducation. Donc, moi, il y a des... j'ai eu un cadeau, le ministre nous a donné des pots de miel, que j'ai mangé au complet, c'est très, très bon, et... bien, il y a les opposants qui se sont unis ensemble cette semaine et qui ont envie de donner un cadeau, parce qu'on se dit, c'est tellement centralisateur, c'est tellement le ministre qui décide de tout qu'il faut donner à César ce qui revient à César. Et je leur ai promis que j'allais le faire. Donc, c'est le roi, hein, qu'il faut couronner, le roi du système.

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme la ministre, je vous rappelle...

Des voix : ...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Vous connaissez... Non, Mme la ministre... Mme la députée, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Ce n'est pas un tableau didactique. Donc, je vous demande de vous rappeler... Donc, vous êtes une députée d'expérience, vous connaissez les règles.

Une voix : ...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Bon, parfait. Alors, poursuivez votre intervention sans cet artefact, s'il vous plaît. Allez-y.

Mme Ghazal : Très bien, mais après je vais le mettre ici puis je vais le donner au ministre. On rit, mais ce n'est pas drôle. Ce n'est pas drôle. Je l'ai amené parce que, pour eux, c'était important de marquer le fait à quel point c'est le ministre qui va décider de tout dans le réseau de l'éducation et que ce n'est pas une bonne chose pour nos enfants. Ce qui est une bonne chose, c'est de s'assurer d'avoir un système d'éducation qui fonctionne.

Des solutions, il y en a plein. Moi, j'en ai proposé plein, notamment le plan pour régler la pénurie de la main-d'oeuvre, pour s'assurer que les profs, surtout les profs d'expérience... On parle beaucoup des jeunes profs qui quittent dans les premières cinq années, mais il y a aussi les profs d'expérience qui, à un moment donné, ils n'en peuvent plus puis ils font un autre métier ou répondent à l'appel, par exemple, du privé, les professionnels du système d'éducation qui sont fondamentaux pour nos élèves en difficulté. Et on ne veut pas que ça devienne les futurs décrocheurs.

Je comprends que le ministre nous dit tout le temps : Il faut regarder les bonnes choses, les bonnes choses. Bien, les bonnes choses, ce qui se passe de bien dans notre réseau de l'éducation, c'est le personnel qui y travaille, qui reste là, qui est passionné, dont une partie d'entre eux et d'entre elles sont dans la rue pour le réseau de l'éducation, pour être la voix des enfants. Ce n'est pas uniquement pour leurs poches. Ce sont surtout des femmes qui travaillent dans le réseau de l'éducation et qui sont insultées par les offres qui sont faites par le gouvernement et qui sont insultées surtout aussi par le fait qu'on déprofessionnalise le métier d'enseignant, enseignante. Ce sont des expertes. Est-ce qu'on va dire à un médecin comment opérer son patient? Pourquoi est-ce qu'on dirait à une prof quelle formation aller suivre? Pourquoi est-ce qu'on dirait à une prof comment est-ce qu'elle doit se comporter dans sa classe, ce dont elle a besoin? Elle, elle le sait, ce dont elle a besoin. Ce qu'il faut, c'est lui donner toutes les ressources, lui donner tout ce qu'elle a besoin pour pouvoir faire son travail, ne serait-ce que...

Des fois, il y a des profs qui vont donner des photos dans leur classe, ils veulent acheter des livres. Le budget est tellement minuscule que leur bibliothèque est... il y a juste une... même pas une étagère qu'il y a des livres. Il va falloir qu'elles... Ce qu'elles font souvent, c'est qu'elles sont obligées d'aller chercher leur propre argent pour aller acheter des livres, elles vont à la bibliothèque. Elles se démènent parce qu'elles n'ont pas les ressources et elles le font pour le bien des enfants.

Donc, ça, c'est fondamental de les entendre, de les écouter puis de ne pas dire : Ah! c'est les méchants syndicats. Il faut sortir de ce discours-là du gouvernement actuel qui est de diviser la population pour mieux régner. Puis ça ne fonctionne pas puisque les parents sont solidaires. J'ai lu plusieurs extraits de courriel que nous recevons, où ces parents-là nous disent, dans les sondages aussi : C'est clair que ce qu'on a besoin, ce n'est pas d'une centralisation des pouvoirs, ce n'est pas d'une couronne sur la tête du ministre qui va décider de tout dans le réseau de l'éducation. Ce qu'on a besoin, c'est de faire confiance aux personnes, aux femmes surtout, en grand nombre, qui travaillent dans nos écoles pour le bien des enfants.

Je veux terminer, M. le Président, après l'étude détaillée... Évidemment, ce projet de loi là, vous avez très bien compris, il n'y a pas de surprise ici que nous allons, à Québec solidaire, voter contre, parce qu'il ne règle pas les vrais problèmes de notre réseau de l'éducation. Ce qu'il fait aussi est dangereux, puisqu'il enlève les contre-pouvoirs, et ça, ce n'est pas très bon dans une démocratie, ce n'est pas bon pour notre réseau de l'éducation. J'ai quand même participé à l'étude détaillée. J'ai été moins chanceuse, j'ai eu beaucoup moins d'amendements... je n'en ai pas déposé une tonne, mais malheureusement, j'ai eu beaucoup moins d'amendements qui ont été acceptés par le gouvernement sur plusieurs éléments que j'ai mentionnés tout à l'heure.

Mais je veux quand même remercier toutes les équipes qui travaillent, que ce soient les personnes qui ont accompagné le ministre, qui ont répondu à nos questions. Je veux remercier tous les députés qui sont membres de la commission, qui étaient présents, les gens qui travaillent avec nous, mon ministère, composé d'une personne. Quand on travaille, c'est souvent... on a une personne avec qui travailler pour le projet de loi, pour bien le comprendre, pour être aussi en contact avec les gens du réseau, du système de l'éducation, pour bien, bien comprendre les tenants et aboutissants, les détails qui, nous qui ne sommes pas experts, des fois, nous échappent, Jean-François Hughes, qui a été présent avec moi, mon recherchiste, et aussi dans la grande, grande majorité de l'étude de ce projet de loi là.

Je remercie aussi toutes les personnes qui regardaient ça de très, très près, tous les experts, les chercheurs qui ont écrit des lettres, la mobilisation des parents pour l'école publique, parce que tout ça, c'est un enjeu de notre école publique puis son avenir. Moi, c'est ça qui m'inquiète profondément, c'est quoi, l'avenir de notre école publique. Est-ce que l'école publique, telle que moi, je l'ai connue, quand j'y suis allée, puis que mes parents ont choisi sciemment de m'envoyer, moi, mes soeurs et mon frère à l'école publique, parce qu'ils savaient qu'on allait avoir une bonne éducation... Je sais que l'école secondaire à laquelle j'allais, quand j'en parle autour de moi, on me dit : C'est rendu une école très difficile. Ce n'était pas du tout le cas à l'époque, il y a 35 ans, un peu moins, là, 30 ans maintenant. Et je me dis : Est-ce que mes parents auraient fait le même choix de m'envoyer à l'école publique avec la situation actuelle si... Tous les enjeux, que ce soient les négociations avec les profs, que ce soit l'étude du projet de loi n° 23, tout ça, c'est l'enjeu de l'école publique, de son avenir, de sa qualité, de sa réputation. Il y a plein de solutions, et les gens qui nous ont écoutés pendant l'étude détaillée, qui nous ont soumis des propositions, c'est aussi ça, leur inquiétude. Et je ne pense pas juste aux gens qui y travaillent, mais aux parents, à la société.

L'amour de l'école publique, c'est l'enjeu le plus fondamental, et moi, tant et aussi longtemps que je serai députée, tant et aussi longtemps... toute ma vie, je vais me battre pour l'école publique, parce que c'est là qu'on voit à quel point, si on est dans une société moderne qui donne la meilleure éducation à tous ses enfants, sans aucune ségrégation, sans aucune division en lien avec la classe sociale des enfants, tous les enfants peuvent aspirer au mieux, d'aller au bout de leurs compétences, d'aller au bout de leurs rêves. Et il n'y a rien de mieux que l'école publique pour faire ça. Donc, c'est pour ça que... c'est ça, le sens de mon engagement politique, de l'engagement politique aussi des membres de Québec solidaire. Et, bien, je vous remercie, M. le Président. Je donnerai mon cadeau plus tard, quand les caméras seront fermées, au ministre de l'Éducation. Merci.

• (20 h 30) •

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mercier. Donc, je reconnais maintenant M. le député de Matane-Matapédia.

M. Pascal Bérubé

M. Bérubé : Merci, M. le Président. Que retenir du projet de loi n° 23? D'abord, les paroles du premier ministre aujourd'hui, qui a indiqué que, tout au long de sa vie politique, l'éducation était sa priorité. Or, il se trouve que je peux confirmer, à certaines époques, que c'était le cas. Comme conseiller politique à son cabinet, j'ai été témoin du combat qu'il a mené pour aller chercher 1 milliard de dollars pour la jeunesse québécoise face à son premier ministre. C'était spectaculaire, c'était nécessaire. Beaucoup de l'estime que j'ai gagnée du premier ministre, ça s'est passé là. C'était le Sommet du Québec et de la jeunesse, 1 milliard de dollars. Le premier ministre Bouchard n'était pas heureux, mais le ministre avait fait sa bataille pour aller chercher l'argent qu'il avait besoin pour le réseau. Et, depuis ce temps-là, ça m'apparaît comme étant une des opérations ministérielles les plus significatives, de la vie politique, que j'ai vues.

J'ai vu aussi le ministre de l'Éducation s'émouvoir sincèrement du cas des enfants qui vivaient des difficultés dans des classes adaptées, qui manquaient de ressources. J'ai été témoin de ça. J'ai vu aussi sa volonté de faire de la reddition de comptes sans même avoir une loi. Il accueillait deux commissions scolaires les vendredis puis il leur posait des questions sur les indicateurs, aussi. J'ai vu le ministre de l'Éducation, qui est le premier ministre maintenant, s'assurer que l'éducation soit un tremplin vers tous les rêves que les enfants avaient. Et j'ai vu ça avec beaucoup de bonheur, comme conseiller politique, je vous l'ai dit, comme président du Comité national des jeunes du Parti québécois, comme militant engagé dans le mouvement étudiant. J'ai vu ça. Et ça a été un grand ministre de l'Éducation, je peux vous en témoigner, et je le pense toujours aujourd'hui, très sincèrement.

Le premier ministre a dit aujourd'hui que l'éducation, c'est toujours sa priorité. Alors, maintenant au pouvoir, maintenant premier ministre du Québec, il faut juger les oeuvres. Et une des façons de juger de ça, c'est les gestes, les priorités, l'engagement financier, la réaction face aux situations qui se présentent à nous. La négociation dans le secteur public, à elle seule, tend à démontrer qu'il y a plusieurs enjeux qui sont soit ignorés soit qui méritent une considération au plus haut niveau de l'État, qu'elles soient financières, qu'elles soient quant aux moyens.

D'abord, les enseignants, les enseignantes, le personnel de soutien, aujourd'hui même, on apprend que, sous ce gouvernement, dans les quatre dernières années, le nombre de démissionnaires a doublé, que, depuis cinq ans, sous ce gouvernement, 6 200 enseignants et enseignantes ont quitté la profession. Uniquement cette donnée-là devrait nous donner froid dans le dos. C'est un chantier tellement important de s'assurer que le corps professoral formé, engagé dans les classes, d'abord, soit heureux de pratiquer, soit en mesure de donner la pleine mesure de leurs talents et de leurs compétences, et ne quittent pas. Et, cet enjeu, on a pu l'apprécier cet automne. Avec la rentrée scolaire, on a été capable d'identifier de façon très précise, en l'absence d'un institut, le nombre exact d'enseignants qui manquaient dans les classes. Quand le ministre nous dit qu'il a besoin de données précises, c'était très précis, hein, on avait ça presque chaque jour.

Donc, les enseignants et les enseignantes disent : Ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est une question d'organisation scolaire, c'est une question de gestion de la classe, du plan de classe, c'est la reconnaissance de notre autonomie professionnelle, parce que c'est des professionnels. C'est le message qu'ils passent présentement. Alors, le test de réalité, pour qu'une personne ou une organisation indépendante et neutre puisse dire : C'est leur priorité, c'est maintenant. On n'y est pas encore arrivé, il n'y a pas encore eu de règlement, mais, pour moi, c'est un test important, savoir si l'éducation est une priorité, comment va se passer cette négociation, est-ce qu'on va arriver à une entente ou est-ce qu'on finira ici, très tard le soir, dans un bâillon.

Il y a aussi le législatif. Quel est le premier projet de loi qu'on décide de présenter, qui va monopoliser les parlementaires et qui va faire en sorte qu'on envoie le message clair qu'on a réfléchi? Et, de tous les enjeux qui nous ont été communiqués... Le ministre aime à dire qu'il a fait 50 écoles. Je ne sais pas quels critères guident sa visite des écoles, mais je suis assez convaincu que le personnel scolaire qu'il a rencontré ne lui a pas dit : En priorité, vous savez ce qui manque, puis je l'observe depuis longtemps, M. le ministre, puis je suis heureux que vous soyez ici pour vous le dire, je pense que le ministre de l'Éducation devrait avoir davantage de pouvoirs, oui, vous, et, je pense, ça prend un institut qui va notamment régir notre autonomie professionnelle. Oui, bien sûr, il y a les plans d'intervention, oui, bien sûr, il y a les conditions des enseignants, oui, bien sûr, il y a le soutien à l'école publique, mais, vous savez quoi, vous êtes exactement là où on vous attendait. Alors, évidemment, j'ironise, personne ne dit ça au ministre dans les visites d'école.

Et moi, je suis prêt à le tester avec lui dans une école de ma circonscription, elles sont nombreuses cotées neuf et 10. Je n'ai jamais eu de visite du ministre de l'Éducation, mais je ne désespère pas. Et je lance le défi aux députés de sa formation politique. Combien d'entre eux vont célébrer, sur les réseaux sociaux, dans les médias de leurs circonscriptions, l'adoption d'un projet de loi n° 23 qui va venir concrètement aider à la réussite scolaire et à épauler les enseignants et les enseignantes? C'est ça, la solution? Bien sûr que ça ne peut pas être la solution, mais est-ce qu'on va dans la bonne direction? Je ne crois pas, M. le Président.

Il y a trois choix possibles. Quand le ministre est arrivé, quand le ministre s'est présenté pour ce parti, peut-être par distraction, il a omis d'indiquer les raisons fondamentales de son adhésion à cette formation politique. Je vais mettre ça sur le compte de la distraction. Quand il est arrivé à l'éducation, j'attendais impatiemment les valeurs, les mesures qu'il souhaitait mettre en place. Ça a pris un certain moment, mais il est arrivé avec sept mesures. En ce qui me concerne, je ne suis pas un expert, mais j'ai un baccalauréat en enseignement, j'ai un brevet valide partout au Québec, je suis fils d'enseignant, je m'intéresse à ces questions depuis longtemps. En ce qui me concerne, il y a des choses qui ne changent pas : la réussite scolaire de tous, ça devrait être la priorité, tout le reste, c'est des moyens. La réussite scolaire, s'assurer que chacun des jeunes soit qualifié, soit socialisé dans le réseau scolaire, devienne un citoyen à part entière, ça devrait être la priorité, puis le reste, c'est des moyens.

Alors, on commence par quoi? Le ministre a choisi, à travers la loi n° 23, de se donner un pouvoir important, qu'il considère comme étant nécessaire pour obtenir des données, pour avoir une certaine autorité sur des décisions qui pourraient être prises et qui mériteraient d'être renversées, quoique je vous indique qu'il a fait ça dans un centre de services scolaire au Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis la loi n'était pas adoptée. Alors, il a une certaine autorité, le ministre. Moi, si j'étais une direction de centre de services scolaire puis j'étais interpelé par le ministre de l'Éducation, je peux-tu vous dire que je ne m'obstinerais pas, surtout que ce n'est pas les élus.

D'ailleurs, on avait des élus avant. Et là j'ai parlé du mandat précédent, pour le moins dire, les quatre années qui ont précédé l'arrivée du ministre ont été pénibles. Vous ne trouverez pas beaucoup de nostalgiques de l'époque où son prédécesseur était ministre. Je ne le dis pas pour l'accabler davantage, mais c'est vérifiable, c'est une donnée probante, je peux vous le dire.

• (20 h 40) •

On s'est demandé, à travers la législation, quels sont les gestes qui allaient nous surprendre, qui allaient faire en sorte d'inscrire le gouvernement dans une pensée, dans une orientation. Et moi, je suis de ceux qui s'intéressent beaucoup à ces questions, que ce soient les lettres que le premier ministre signe pour les ministres ou les orientations qu'on donne pour un mandat, puis ça m'intéresse pour vrai depuis très longtemps, ces questions-là, et je me suis dit : Bien, il va nous surprendre. Parce que je me souviens, dans l'opposition, de ce que le premier ministre disait sur le soutien aux enfants, sur les ressources, en fait tout ce qu'il disait que, maintenant, il combat, notamment quand il dit, pas tellement loin d'ici, juste là, que les enseignants de l'Ontario, ils gagnent plus cher que les enseignants du Québec, maintenant, à travers une infographie partagée par la présidente du Conseil du trésor, on dit : Non, ce n'est pas vrai. Il y a quand même des limites. Moi, je ne suis pas un fédéraliste, mais, si j'étais fédéraliste comme le ministre, je dirais : Bien, je vais me comparer puis je vais avoir les vraies données. On va se comparer avec l'Ontario. Ça semble un projet de société, maintenant, de se comparer avec l'Ontario, alors comparons les données. C'est un nouvel étalon de comparaison, l'Ontario. Alors, oui, ils gagnent plus cher.

Alors, si on veut, en toutes circonstances, suivre l'Ontario comme étant une étoile qu'il faut suivre, bien, regardons comme il faut les chiffres. Demain matin, je pense que les enseignants et enseignantes du Québec signeraient pour les mêmes conditions qu'en Ontario. Parlez-en aux enseignants et enseignantes de l'Outaouais, par exemple, où la proximité de la frontière fait en sorte que c'est drôlement tentant. Moi, dans ma formation universitaire, le nombre de mes anciens collègues qui sont maintenant en Ontario est important, en Alberta aussi, où ils enseignent le français. Les conditions sont meilleures. Ce n'est pas le seul critère, il y a le goût de l'aventure aussi, de vivre autre chose, c'est quand même une donnée importante.

Donc, dans les quatre ans, 2018-2022, je me suis dit : Sur quoi le gouvernement va aller? Surprenez-moi. Bien, ils m'ont surpris. Les maternelles quatre ans, ni souhaitables, ni réalisables, ni demandées, ils l'ont fait. Ils y croyaient. Le premier ministre s'est fait demander : Si vous aviez un seul enjeu pour lequel vous pourriez mettre votre siège en jeu, c'est lequel? Les maternelles quatre ans. Il l'a dit, il l'a fait, puis finalement on a décidé d'arrêter parce que ce n'était pas faisable. On avait un réseau de CPE qui faisait quand même beaucoup de choses importantes. Puis on aurait pu mettre davantage de ressources dans les écoles, mais c'est une question... Vraiment, ça, là-dessus, ils avaient une pensée puis ils y croyaient. Moi, je n'y croyais pas, mais eux y croyaient, puis ils l'ont essayé, puis ils l'ont arrêté.

Mais il y a eu autre chose. Il y a eu une structure. Alors, à travers la loi, c'est la loi n° 40, je pense, ils ont aboli les commissions scolaires pour créer les centres administratifs scolaires, et un des projets-phares, c'était d'abolir les fonctions de commissaires. Ces gens-là, qu'on connaissait tous, qui étaient dans nos milieux, qui s'engageaient de bon coeur, pas pour l'argent, là, en éducation parce que ça les intéressait, on a éliminé toutes ces personnes-là, sauf du côté anglophone. Pour les anglophones, ayez vos élus, vous les méritez. Les francophones, on vous enlève ça. C'est ça qui est arrivé.

Alors, moi, je n'ai plus d'interlocuteur élu. C'est le choix du gouvernement. On a changé le papier à lettres. Et là le gouvernement, à travers sa loi, va combattre sa propre créature du gouvernement précédent. Il va pouvoir nommer et dégommer une direction de centre de services scolaire. Tout ça pour ça.

Alors, après tout ça, je me suis dit : L'arrivée d'un ministre qui est un volontariste, ce qui est une immense qualité... En ce qui me concerne, quand je dis que quelqu'un est un volontariste, c'est : Il y a ça, on le fait, on a les moyens, on prend les moyens, ça n'a jamais été fait, on va le faire. Je trouve que c'était prometteur. Je me suis dit : Le ministre n'a pas quitté la radio pour être passif, là, il va être volontaire.

Et je me suis posé la question : Qui est arrivé avec l'idée du projet de loi n° 23? Alors, j'ai un choix de réponse. Le comité des huit, dont on a appris l'existence par une journaliste. À titre préventif, est-ce que le mot «Politburo» est possible d'être prononcé ici? Si c'est le cas, vous m'arrêterez et vous me reviendrez, O.K.? Ça s'apparente à un Politburo, dans le sens noble, pour quelqu'un qui a étudié l'histoire comme moi. Alors, huit personnes, un conseil de sages — tiens, je vais utiliser, là, l'image d'aujourd'hui — conseillent le ministre. On ne savait pas c'était qui, mais ils sont là, à quelque part, tapis dans l'ombre. Est-ce que c'est le bureau du premier ministre ou est-ce que c'est le ministre lui-même? Si ce n'est pas le ministre lui-même, déjà ça me rassure, mais pas longtemps, parce que je suis étonné qu'il ait accepté la recommandation qui vient soit du comité des huit soit du bureau du premier ministre. Dans tous les cas, je trouve que c'est un échec.

Je trouve que, déjà, d'avoir ce projet de loi, pour l'ampleur des problèmes qu'on a, tend à démontrer que le réflexe prioritaire ne devrait pas être ça. Je ne suis même pas convaincu qu'on avait besoin d'une loi pour atteindre les objectifs que le ministre voulait atteindre, qui sont légitimes, mais, dans le réseau de l'éducation, il me semble... Parce qu'en santé on fait l'inverse, hein? On ramène de l'administration dans les milieux, sur les territoires des CISSS, parce que le Parti libéral avait mis fin à ça. Donc, on reprend ce mouvement-là puis, en éducation, on fait le mouvement inverse. Ça va être le ministre qui va gérer ça. Évidemment, il y a un ministre présentement. Il y en aura d'autres après. On n'est pas à l'abri de quelqu'un qui décide de nommer des gens selon des critères qui lui appartiennent, quelqu'un qui nomme des gens pour qui il a une entière confiance, parce qu'il les connaît bien, qui répondent à un type d'attitude, un courant de pensée en éducation. Ça existe. Ça peut être particulier, ça.

Alors, moi, je suis d'avis que d'intervenir dans des cas où, vraiment, c'est très, très problématique, rapidement, oui, mais je considère que le ministre a une autorité morale importante. Puis, je vous le répète, là, un ministre de l'Éducation qui décide de mettre fin à une situation, ça bouge au 16e étage de l'édifice G.

D'ailleurs, le ministre l'a démontré sur la question de la prière à l'école. Vous vous souvenez, on est intervenus puis on a dit : Il faut envoyer un message clair. Le ministre a été saisi de ça. Sa première réaction, ce n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Ensuite, il a envoyé... ce n'est pas un formulaire, c'est une consigne, une lettre circulaire, il a envoyé une consigne très claire, d'ailleurs c'est dans les prochains jours, c'est le 30 décembre, je pense : il n'y en aura plus. Le ministre a tranché, il envoie sa consigne. Vous contesterez si vous voulez, mais l'État du Québec a tranché. Moi, ça, j'aime ça. Et ça pourrait être une décision avec laquelle je ne suis pas en accord, mais, que le ministre, de son autorité, pas un roi, un gestionnaire, décide de prendre une décision comme celle-là, moi, je trouve que c'est correct. Il l'a fait dans d'autres domaines, également, je trouve que c'est correct aussi. Il a une autorité morale.

Le ministère de l'Éducation, ce n'est pas rien, hein? De Paul Gérin-Lajoie jusqu'à aujourd'hui, c'est un ministère très prestigieux, parce que les enjeux qui s'y discutent sont... c'est l'éducation nationale, c'est le ministère qui nous élève, à travers la formation. C'est fantastique, le ministère de l'Éducation. C'est un peu galvaudé de dire, peut-être : C'est le plus beau ministère, mais c'est un ministère très stimulant au plan intellectuel, au plan de ce qu'on veut faire pour une société. Alors, quand on demande à des gens qui ont une grande carrière en politique quel est le ministère qu'ils ont préféré, le premier ministre va souvent dire : l'Éducation, la première ministre Marois va dire : l'Éducation, et d'autres aussi. Un député pour qui j'ai énormément d'estime, qui s'appelle Sébastien Proulx, qui a été député à l'Assemblée nationale, pour moi, a été un des très grands ministres de l'Éducation des 30 dernières années. Il était bien parti, je le voyais faire, le volontarisme puis une certaine idée du bien commun.

Alors, on fait ça comment? Bien, on regarde la latitude que le premier ministre ou le gouvernement nous donne, les moyens à notre disposition, on va au plus vite puis on essaie de remporter des batailles pour en faire davantage. Moi, c'est comme ça que je vois le rôle du ministre de l'Éducation. C'est comme ça que le premier ministre a abordé son mandat, un peu candidement, à l'époque, par manque d'expérience, mais il l'a fait avec une telle ferveur que j'aimerais qu'elle puisse animer le ministre. Et le ministre, qui couvrait probablement, peut-être à l'international, à ce moment-là, la politique, sait très bien que, ce genre de ministres là qui mènent des batailles, les réseaux les apprécient et les respectent beaucoup parce qu'ils sont d'abord avec eux. Ils n'ont pas besoin d'être dans une manifestation puis de se dire : Si on est là, ils vont tous être avec nous. D'ailleurs, nous, on ne fonctionne pas comme ça, au Parti québécois. Une autre formation politique fonctionne comme ça. Moi, je pense que les gens sont capables de juger de la sincérité de notre engagement, qui est détaché du gain électoral, et d'avoir toujours le même discours en privé ou en public. Puis c'est comme ça que...

Alors, ce projet de loi là, il va être adopté, parce que le gouvernement est majoritaire. Des fois, les gens nous disent : Oui, mais faites de quoi pour empêcher ça. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse? Proposez un amendement. Ils peuvent refuser, ils sont majoritaires. Mais comment ça? Je n'ai pas voté pour eux autres. Mais d'autres l'ont fait. Ça se corrige. On aura un projet de loi qui sera adopté par une formation politique qui ne représente, aujourd'hui dans l'opinion publique, même pas le tiers de l'électorat. En tout cas, on en saura plus demain. Le Parti libéral du Québec est contre, il a ses raisons. Québec solidaire est contre, il a ses raisons. Et nous avons nos raisons.

• (20 h 50) •

Ça peut être utile, l'institut. Mais là il n'y a pas mal de monde qui connaissent ça beaucoup plus que moi puis beaucoup plus que le ministre, qui nous disent qu'on ne va pas dans la bonne direction. Alors, j'espère qu'on a des gens solides qui nous disent... qui ne sont pas... qui n'ont aucun lien avec le ministère de l'Éducation, qui ne sont pas sur un comité, qui ne sont pas rémunérés, qui sont capables de balancer. Mais je ne pense pas, j'ai pas mal tout lu ce qui s'est dit. C'est lourd, là, tu as les facultés d'éducation qui disent : Ce n'est pas la bonne chose à faire. Tu as les enseignants qui disent : Ce n'est pas la bonne chose à faire. Tu as à peu près tous les observateurs qui disent : Je comprends ce que vous voulez faire, mais vous ne pouvez pas commencer votre mandat avec ça, parce que, là, le réseau ne vous suivra pas.

Puis c'est important que les réseaux sentent que leur champion, là, c'est leur ministre, qu'il va mener des batailles pour eux. Et c'est ça, le propre, je pense, des ministres qui, dans le temps, marquent l'imaginaire : parce qu'ils se sont battus puis ils ont laissé quelque chose de tangible. Ça peut être une loi, ça peut être le financement pour une initiative qui est parfois méconnue. Mais, moi, je crois beaucoup à ça.

Alors, on va voter contre l'adoption du projet de loi n° 23. C'est la démonstration que... C'est comme s'il y avait une préoccupation qui était parallèle à l'actualité, que tout le monde voit, la mobilisation du mouvement syndical. Puis d'ailleurs réglons cette question-là une fois pour toutes, là. Je sais très bien comment fonctionnent, là, les communications du bureau du premier ministre, là. Quand on dit «syndicat», là, on pourrait remplacer par «les travailleurs et les travailleuses». Un syndicat, c'est une organisation qui regroupe des travailleurs et des travailleuses. Bien sûr, il y a des représentants, mais il y a des mandats, les gens votent, puis ils sont avec eux. J'ai regardé les mandats, ils sont pas mal avec leurs représentants syndicaux, c'est eux qui ont donné les mandats. Moi aussi, j'étais présent sur des lignes de piquetage. J'en ai fait plusieurs : j'en ai fait à Montréal, j'en ai fait à Rimouski, j'en ai fait à Matane. Je les écoute, ils sont mobilisés, mobilisés, et, eux, pour beaucoup, parce qu'ils se disent : Il y a un coût à payer, soit qu'on n'a pas de fonds de grève, ou soit que... il fait froid, ou soit qu'on a peur de perdre notre bataille, hein? Il y a ça aussi. Les batailles qu'on mène, des fois, on peut les perdre puis on peut avoir cette peur-là. Mais ils n'ont pas peur de perdre la bataille. Il y a des gens qui ne sont pas syndiqués qui les appuient, puis il semble qu'ils sont du bon côté de l'histoire. Je n'irais pas jusqu'à dire le bon côté de l'histoire, mais je dirais que, mutuellement, l'État, qui est nous, notre capacité de payer, et les employés de l'État, qui sont nous aussi, sont capables de trouver le bon équilibre.

Puis c'est un investissement parce que l'employé que tu as qui ne quitte pas, il vaut une fortune parce qu'il est formé, parce qu'il y a une connaissance, parce qu'il est motivé. Si on finit la session parlementaire avec un bon règlement, je vais parler du monde de l'éducation, ce sera le plus gros gain pour le ministre et pour nous tous. Et je l'encourage à participer aux échanges pour trouver une solution satisfaisante. Et je sais qu'il peut y contribuer avec son intelligence, avec... Il est capable d'analyser cette situation-là. Il faut qu'il réussisse. Mais moi, je ne souhaite pas qu'on se plante, je souhaite qu'on réussisse. Quel gain j'aurais là-dedans, moi? Qu'est-ce que ça rapporterait aux enfants? Il faut qu'ils réussissent, il faut que les deux partis négociantes réussissent. Ça, c'est mon souhait. Alors, on a encore du temps pour y arriver. Mais, si on arrive avec une entente qui ne nous force pas à aller en loi spéciale, tout ça, ou à décaler les... ça va être fantastique, ça va être le plus beau coup en éducation de l'année, selon moi, puis ça va être durable. Ça ne réglera pas tout, mais ça va être une partie importante.

Puis après il va rester d'autres choses. Il reste quand même quelques années au mandat. J'aurais aimé qu'on parle... on appelle ça l'école à trois vitesses. C'est vrai, moi, je suis allé à l'école publique, je suis fils d'un enseignant de l'école publique. De toute façon, il n'y avait pas d'alternative, il n'y avait pas d'école privée dans ma région, ça fait que ce n'est pas comme si on avait le choix. Je suis allé à l'école publique. J'ai beaucoup fait de compétition contre des écoles privées, dans Génies en herbe, entre autres, qui avaient beaucoup plus de ressources que nous, puis je voyais qu'ils avaient beaucoup de ressources, mais j'étais très attaché à mon école puis, avec le temps, puis peut-être parce que j'avais une conscience sociale qui était plus aiguisée, déjà, très jeune, que la moyenne de mes collègues, je réalisais qu'il y avait quelque chose d'important à l'effet que l'école publique réussisse pour tout le monde puis que, si l'école publique n'était plus capable de réussir, c'est comme si on abandonnait une des grandes responsabilités de l'État.

Donc, l'école publique, elle souffre. Si le ministre pouvait me garantir que, sans toucher à l'école privée, on est capables d'augmenter de façon considérable le financement et les chances de réussir, peut-être que ça règle une partie du débat, mais ce n'est pas ce qui se passe présentement.

Il y a des écoles privées qui sont fréquentées parce que les enfants et leurs parents considèrent qu'ils ont des meilleures chances de réussir, d'accord, qu'il y a des programmes stimulants, en sciences, en culture, en sport. Mais il y a aussi une troisième catégorie qu'on ne nomme jamais, c'est les parents qui choisissent un peu d'acheter un nom comme on achète une marque. C'est mieux pour son avenir s'il est formé à Brébeuf que s'il est formé à telle école secondaire de Montréal. Je vais en nommer une où j'ai enseigné, qui s'appelle l'école Georges-Vanier, à Villeray, je vais prendre cet exemple-là, une école qui vit de la violence, que vous connaissez, M. le Président. Ça pourrait être des écoles de votre comté, ça pourrait être Calixa-Lavallée, Lucien-Pagé, on peut toutes les nommer dans ce secteur. Si on a les moyens... puis, des fois, les parents n'ont pas les moyens mais vont vraiment faire des sacrifices pour y arriver, ils vont aller à l'école privée, ils vont arrêter de faire le débat puis ils vont dire : Au moins, mes enfants vont avoir une formation très correcte, de qualité et aussi, sur leur C.V., ils vont faire partie d'un réseau social. Je ne veux pas accabler Bébeuf, je pourrais donner d'autres exemples, les Eudistes de Rosemont, les grandes institutions, mais j'aimerais, moi, que tous les enfants aient accès à ces mêmes ressources.

On a inauguré une commission scolaire... J'ai une commission scolaire anglophone dans ma circonscription, «Greater Québec», une école de 10 millions de dollars, d'accord, la plus belle école que j'ai vue, même pas la... avant les labs-écoles. C'est le collègue ministre, député à Laval, j'ai envie de le nommer par son prénom parce que je le connais bien, qui est venu l'inaugurer au début du premier mandat de la CAQ. Puis là je réalise toutes les ressources qu'il y a, puis les laboratoires, puis la vue, puis, quand je suis sorti de là, je pleurais. J'étais content pour les enfants qui y allaient, mais je me suis dit : Les autres enfants vont savoir qu'elle existe, cette école-là. Le petit village de Les Boules, dans la municipalité de Métis-sur-Mer, ils vont savoir qu'elle existe, cette école-là, puis ils vont vouloir avoir une école comme celle-là. C'est ça qui me touche beaucoup. Je veux que les enfants aient les mêmes chances, qu'ils aient une belle école, un beau gymnase, une belle cour d'école, des livres, je veux qu'ils aient des enseignants qui ont du temps avec eux autres. Peut-être utopique de penser ça, mais ça fait toute la différence dans la vie d'un enfant. Donc, je souhaite, pour l'autre versant du mandat, qu'on soit davantage là-dedans.

Évidemment, le ministre pourrait me dire : Oui, mais on a investi des montants considérables pour refaire des écoles, même construire des écoles. J'ai vu ça. Moi, je suis dans une circonscription où on ne bâtit pas d'écoles. On ferme des écoles. Et on a des écoles des années 50 qui méritent énormément de travaux. Je n'ai pas beaucoup d'argent pour faire ça. Moi, je n'aurai pas un Lab-École dans mon comté, il n'y en aura pas. Je n'ai pas de maison des aînés non plus. On fera d'autres choses. Je n'en demande pas non plus. Je demande qu'on finance correctement ce qu'on a pour donner les mêmes chances à tout le monde.

Ça, un chantier comme celui-là, j'embarque. Un chantier où je suis capable de plaider, avec mon ancien collègue, que, d'investir des ressources pour nourrir les enfants le matin, indifféremment de leur condition, pour ne pas ostraciser les plus pauvres, comme il se fait dans plusieurs États américains, notamment le Wisconsin, je suis prêt à aller plaider ça avec le ministre, de lui donner des arguments pour convaincre qui il faut convaincre. Les fondamentaux : se nourrir, une belle école, des enseignants motivés, une école qui s'adapte aux nouvelles réalités, une école qui, ô sacrilège, est capable de dire que, oui, c'est différent avec les garçons. Je ne sais pas si je suis encore correct de dire ça, là, je vais le dire pareil. Il y a un enjeu. D'ailleurs, le ministre des Finances l'a dit dans sa mise à jour économique, il a dit : Je suis préoccupé par la diplomation des garçons. C'est un enjeu. L'école bouge. Je suis très critique à l'égard des lab-écoles parce qu'ils coûtent cher, mais les trois qui sont là, c'est trois amis, je les connais, puis j'ai jasé beaucoup avec eux, ce qu'ils sont en train de faire est fantastique. Ils ont adapté l'école à l'attention, à la vie d'un jeune pour le stimuler et pour faire en sorte que, quand il est à l'école, cet enfant-là, il a un sentiment d'appartenance.

Il y a une école à Montréal, j'oublie son nom, mais pas tellement loin de... lorsqu'on va vers le pont Jacques-Cartier, c'est une des écoles qui était la plus mal en point à Montréal, et, un jour, la CSDM a décidé de mettre des ressources importantes pour la peinturer, pour mettre des équipements, puis tout ça. Puis vous savez ce qui est arrivé? Les enfants se sont dit : On veut rester dans cette école-là parce que c'est encore mieux que chez nous. Ça fait qu'ils restaient après l'école, puis, tant qu'à être là, ils faisaient des devoirs, puis tout ça. Puis ils disaient, puis ça, c'est triste aussi de le dire, mais : C'est plus beau et stimulant que de retourner chez nous, dans un petit appartement, j'aime ça, être à l'école, c'est beau, puis on fait du sport. Puis les enfants restaient jusqu'à 16 heures, 17 heures, 18 heures, 19 heures, et les parents savaient...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : M. le député de Matane-Matapédia, est-ce que vous souhaitez poursuivre votre intervention à la reprise des travaux?

Une voix : ...

Le Vice-Président (M. Benjamin) : Parfait.

Ajournement

Alors, compte tenu de l'heure et conformément au consentement obtenu plus tôt aujourd'hui, les travaux sont ajournés au mercredi 6 décembre 2023, à 9 h 40.

(Fin de la séance à 21 heures)