(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon mercredi matin à tous. Je vous invite, chers collègues, à bien vouloir vous
asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors, nous
en sommes à la rubrique Déclarations de députés, et cette première déclaration
sera celle de M. le député de Joliette.
Souligner l'inauguration du
Pavillon pour elle par
l'Auberge du coeur Roland-Gauvreau
M. François
St-Louis
M.
St-Louis : Merci, M. le Président. Les Auberges du coeur sont
des ressources bien connues au Québec. Ces maisons d'hébergement pour
jeunes en difficulté et sans-abri représentent un véritable réseau provincial
pour les jeunes vivant une précarité au niveau du logement.
On sait, M. le Président, que les maisons
d'hébergement mixtes traditionnelles ne peuvent répondre de manière optimale
aux besoins distinctifs des femmes, particulièrement si elles ont un enfant.
C'est pourquoi l'Auberge du coeur Roland-Gauvreau de Joliette a récemment
inauguré le Pavillon pour elle, un tout nouveau pavillon dédié aux jeunes femmes vivant en situation d'itinérance ou à
risque de l'être. Une alternative adaptée à la réalité qui se veut une réponse
sur mesure à un problème spécifique.
Je me réjouis
que l'on ait enfin, dans Lanaudière, une ressource supplémentaire et adaptée à
l'itinérance au féminin. Bravo, mais
surtout merci à l'Auberge du coeur Roland-Gauvreau et aux marraines derrière
cette belle réalisation. Longue vie aux Auberges du coeur! Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Joliette. La
prochaine déclaration, je reconnais Mme la députée des Mille-Îles.
Souligner
la Journée nationale de l'habitation
Mme Virginie
Dufour
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je profite de
l'occasion pour souligner la Journée nationale de l'habitation.
L'importance
d'un logement va au-delà d'un simple abri. Il s'agit d'un droit humain
fondamental. Il conditionne le bien-être de nos concitoyens, la
stabilité de nos communautés et la prospérité de notre société québécoise.
En cette
Journée nationale de l'habitation, ne nous contentons pas d'uniquement soulever
l'importance de l'habitation ou de
reconnaître la gravité de la crise, non, il faut s'engager à trouver des
solutions tangibles. Ensemble, nous pouvons et nous devons outrepasser les différences politiques et travailler à un
avenir où chaque citoyen aura accès à un logement sûr et abordable.
La force de
notre société réside dans le bien-être de ses citoyens, et il est de notre
responsabilité collective de veiller à ce que chaque individu ait la
possibilité de se construire un foyer et un avenir.
Bonne journée nationale de l'habitation! Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles. Et
je reconnais maintenant Mme la députée de Saint-François.
Rendre
hommage à M. Jean-Charles Doyon
Mme
Geneviève Hébert
Mme
Hébert : M. le Président, M. Jean-Charles Doyon, ici
présent, a le don de rendre heureux les gens avec qui il crée des liens
en s'impliquant dans plusieurs projets en même temps.
Sa vocation
de service remonte à l'école primaire. Il a été aussi pompier, copropriétaire
d'un restaurant La Cage aux sports et conseiller municipal. Il y a
27 ans, il faisait partie des fondateurs du Festival des traditions du
monde de Sherbrooke, dont il dirige
aujourd'hui les opérations et le financement privé. M. Doyon dirige aussi
La Classique Pif, un grand tournoi
de balle qu'il commanditait lorsqu'il avait son restaurant. Depuis 1995, il
organise à Fleurimont la collecte des paniers de l'espoir de La
Fondation Rock-Guertin pour les familles démunies.
Homme
d'équipe, il partage les nombreuses reconnaissances qu'il a obtenues avec les
centaines de bénévoles qu'il a mobilisés, avec sa conjointe Lynda et leurs
trois fils ainsi que leurs six petits-enfants.
Quand
je vois M. Doyon devant la parade, M. le Président, c'est pour une bonne cause,
qu'elle soit sportive, culturelle ou caritative. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-François. Et bienvenue à l'Assemblée nationale,
M. Doyon.
Je reconnais
maintenant, pour la prochaine déclaration, M. le député de Gouin.
Souligner le succès du film documentaire Je vous salue
salope : La misogynie au temps du numérique
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président.
Je veux souligner aujourd'hui le rayonnement de La Ruelle Films, une
boîte de production et de distribution documentaire qui est située dans Gouin,
ma circonscription, et qui brille ces jours-ci
à l'étranger avec ses projections du film Je vous salue, salope : La
misogynie au temps du numérique, un film de Léa Clermont-Dion et
Guylaine Maroist.
Le
documentaire reçoit beaucoup de visibilité dans les médias à travers le monde,
notamment en France. Ça a suscité la
publication d'une lettre ouverte qui a été lancée et qui a amassé plus de
70 cosignataires de renom. C'est un rayonnement impressionnant qui
n'aurait jamais été possible sans les partenariats nationaux qu'a établis La
Ruelle Films avec plusieurs organisations,
notamment Amnistie Internationale France et la Ligue des droits de l'Homme. De
notre côté de l'océan, ce film-là a également été projeté aux
États-Unis, à Los Angeles, un peu partout.
Je
veux donc féliciter l'équipe de La Ruelle Films ainsi que les deux
documentaristes, qui font en ce moment briller la culture québécoise mais aussi son esprit critique. Ça part de la
circonscription de Gouin et ça se rend partout dans le monde. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Gouin. Et nous poursuivons avec Mme la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le 30e anniversaire du Centre
d'études collégiales en Charlevoix
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa :
Merci, M. le Président. Comme
vous le savez sûrement, un 30e anniversaire, ça se fête en grand. Aujourd'hui, je me lève au salon bleu pour souligner
l'anniversaire de notre Centre d'études collégiales en Charlevoix, le
seul établissement d'enseignement supérieur dans ma circonscription.
Depuis
la première rentrée, en 1994, plus de 2 000 étudiants y ont obtenu
leur diplôme. Il est grand temps de regarder avec fierté le chemin parcouru. Chaque année, 250 nouveaux
étudiants intègrent l'établissement. Le CECC, à travers les époques, s'est adapté aux besoins locaux en
éducation et a permis surtout de retenir nos jeunes dans notre communauté, au
grand bonheur de nos entreprises.
Le
CECC, c'est plus qu'un cégep, c'est une communauté, une famille qui a su tisser
des liens très forts entre les enseignants, le personnel et les étudiants. Des
amitiés s'y sont forgées, des talents et des passions se sont développés.
Aujourd'hui,
nous pouvons être fiers de la réussite de nos étudiants et du rôle vital que le
CECC joue dans le tissu social et économique de Charlevoix. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et je reconnais, pour la prochaine déclaration, M. le député de
Nelligan.
Rendre hommage à M. Élie Farah
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, M. le Président. Permettez-moi de
reconnaître aujourd'hui la contribution exceptionnelle de M. Élie Farah
au développement économique du Québec en lui remettant la Médaille de
l'Assemblée nationale.
M. Farah
a choisi le Québec comme terre d'accueil, amorçant rapidement une brillante
carrière, tant académique que
professionnelle, notamment chez Montréal International, où il a pu instaurer
des normes élevées de gouvernance, devenant un modèle pour de nombreuses agences de prospection d'investissements.
Son approche, alliant performance et collégialité, son coaching rigoureux et bienveillant ont inspiré
plus d'une génération de gestionnaires et de professionnels, dont certains
aujourd'hui occupent des rôles clés dans des
organisations dédiées au développement économique du Québec. J'espère que
vos voix s'ajoutent à la mienne pour exprimer notre profonde gratitude envers
M. Élie Farah.
Aujourd'hui,
M. le Président, très honoré d'honorer un citoyen avec ma collègue la députée
de Laval-des-Rapides. Nous sommes
tous fiers de votre contribution au Québec. Nous sommes tous fiers de votre contribution
au développement économique de notre Québec. Merci beaucoup. Et
amplement méritée, votre Médaille de l'Assemble nationale. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Nelligan. Et, M.
Farah, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Alors, je
reconnais maintenant, pour la prochaine déclaration, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner
le 100e anniversaire de l'entreprise Premier Tech
Mme Amélie
Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le Président.
Il y a 100 ans débutait l'histoire à succès de Premier Tech, un leader
mondial qui fait la fierté de notre région.
Alors que tout a commencé avec la tourbe de
mousse de sphaigne, Premier Tech est aujourd'hui devenu un chef de file dans
plusieurs domaines qui contribuent à nourrir, à protéger et à améliorer la
planète grâce à des produits et services à
la fine pointe de la technologie. Pour citer son président et chef de la
direction, Jean Bélanger, ici présent dans les tribunes, la croissance soutenue de l'entreprise «est le fruit de
l'engagement et de la passion de milliers d'équipiers partout dans le
monde».
Premier Tech,
c'est une présence mondiale mais avec de profondes valeurs locales,
100 ans de succès qui reposent sur
une vision, un travail d'équipe et de profondes valeurs d'innovation,
100 ans d'implication significative en éducation, en santé et dans
le sport.
Jean, ainsi
qu'à toute la grande équipe de Premier Tech, bon 100e et merci de faire la
différence. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Et, évidemment, M.
Bélanger, bienvenue à l'Assemblée nationale du Québec.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Jean-Talon pour sa déclaration.
Appuyer
les revendications des travailleurs du secteur public
M. Pascal
Paradis
M.
Paradis : M. le Président, quatre travailleurs en éducation
de la région de Québec forcés d'être en moyens de pression sont ici, dans les tribunes : Danny
Ouellet, technicienne en éducation spécialisée à l'école secondaire de
Rochebelle, Kathy Campagna,
éducatrice spécialisée à l'école Madeleine-Bergeron, Pascal Blanchette,
professeur à l'école secondaire de
l'Horizon, Édith Gravel, enseignante en première année à l'école Marguerite-D'Youville.
J'aimerais les féliciter et les remercier
pour le rôle essentiel qu'ils jouent en étant là tous les jours pour le futur
de nos enfants et du Québec, pour tenir notre système d'éducation à bout
de bras.
M. le Président, je suis père de deux enfants,
je sais pourquoi ils sont à la maison aujourd'hui, je sais pourquoi les travailleurs de l'éducation sont en grève
alors qu'ils voudraient être avec les élèves dans les écoles. C'est parce que
le gouvernement n'est pas à la table
des négociations, préférant négocier sur la place publique. C'est parce que le
gouvernement offre de les appauvrir.
Ne lâchez
pas. Votre rôle auprès de la jeunesse mérite d'être reconnu à sa juste valeur.
On ne vous lâchera pas. Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Et je
souhaite la bienvenue à vos invités dans nos tribunes, ici, à
l'Assemblée nationale.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Masson pour sa déclaration.
Souligner la création du conseil virtuel
Célestin V des Chevaliers de Colomb
M.
Mathieu Lemay
M. Lemay : M. le Président, au
Québec, nous comptons 77 500 Chevaliers de Colomb qui viennent en
aide aux citoyens les plus vulnérables, et
aujourd'hui est une journée historique pour l'ensemble des Chevaliers de
Colomb, car le premier regroupement
entièrement virtuel, le conseil Célestin V, voit le jour dès maintenant, et ce,
dans ma circonscription.
Sur les
plateformes en ligne, les membres auront droit à plusieurs activités, comme par
exemple des balados, des formations ainsi que des projets innovateurs.
Et, en embrassant la technologie, les barrières physiques n'existent plus, ce
qui permettra aux membres de se réunir malgré la distance physique, une
mobilité réduite ou une impossibilité à se déplacer
et ainsi partager leurs idées, leurs projets et leur fraternité. Cette
initiative marque un tournant majeur dans l'histoire de l'organisme,
soulignant ainsi leur engagement à rester à l'avant-garde.
Et, en
terminant, M. le Président, j'aimerais saluer la présence parmi nous, ici, dans
les tribunes, de M. Denis Desjardins, grand chevalier de
Colomb, accompagné de toute sa délégation. Tous ensemble, souhaitons-leur une
grande réussite, à ces Chevaliers de Colomb. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Masson. Et
bienvenue aux Chevaliers de Colomb à l'Assemblée nationale du Québec.
Je cède maintenant la parole, pour la prochaine
déclaration, à M. le député d'Abitibi-Est.
Souligner l'obtention par
l'entreprise Avionnerie Val-d'Or inc.
de la certification permettant de remotoriser
l'avion BX Turbo Beaver
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Merci, M. le Président. Vous serez certainement
d'accord avec moi, ce n'est pas simple de faire de la diversification
économique dans nos régions. Eh bien, mardi dernier, chez moi, à Val-d'Or, j'ai
eu le plaisir de participer à une grande nouvelle, soit l'obtention par
Avionnerie Val-D'Or du certificat STC de Transport Canada permettant de
remotoriser le BX Turbo Beaver et ainsi donner une seconde vie à cet ultime
avion de brousse certifié en 1948.
Cette certification,
jumelée au moteur turbopropulseur PT6A-34 de Pratt & Whitney et une
nouvelle génération d'ailes plus
performantes, permet d'améliorer le Beaver en offrant une plus grande
fiabilité, plus de puissance, une amélioration de la capacité cargo et une meilleure autonomie de vol. C'est maintenant
à Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue, que cette expertise sera offerte chez Avionnerie Val-d'Or, qui peut d'ailleurs
bénéficier de la troisième piste la plus longue du Québec avec ses
10 000 pieds.
En
terminant, félicitations aux dirigeants qui ont persévéré dans ce projet pour
réussir ce tour de force! Longue vie à Avionnerie Val-d'Or! Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Abitibi-Est. Et nous poursuivons maintenant
avec Mme la députée de Bertrand.
Souligner la Journée nationale de l'habitation
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, M. le Président. Je
souligne aujourd'hui la tenue de la Journée nationale de l'habitation.
Cette
journée rappelle l'importance fondamentale de l'habitation dans le quotidien
des Québécoises et des Québécois. C'est par là que tout commence. Avoir accès à
un toit décent, c'est la base. C'est ce qui nous permet de grandir, de
nous développer, de nous réaliser.
Depuis
plus d'un an, à titre de ministre responsable de l'Habitation, je m'applique à
ce que nous soyons en mesure d'augmenter
l'offre en construisant davantage de logements. Nous y réussirons
collectivement en améliorant nos façons de faire pour être plus
performants.
Parallèlement,
nous ne lésinons pas sur les moyens financiers, et la récente mise à jour
économique de mon collègue le ministre
des Finances vient confirmer notre volonté d'en faire davantage. Une somme de
1,8 milliard est notamment réservée pour la construction de 8 000 nouveaux
logements sociaux et abordables.
Les
28 et 29 novembre prochains se déroulera le Rendez-vous de
l'habitation 2023, où tous nos partenaires seront réunis afin
d'échanger sur notre vision pour les prochaines années. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bertrand. Et nous concluons cette rubrique
avec la déclaration de M. le député de Terrebonne.
Rendre hommage à Mme Chantal Leblanc
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, aujourd'hui, j'ai
l'honneur de rendre hommage dans cette Chambre à une ancienne collègue en or, Mme Chantal
Leblanc, qui a pris sa retraite en juin dernier. Elle est d'ailleurs ici
présente avec nous.
Pendant
cinq ans, elle a fait preuve d'écoute, de sensibilité et d'empathie en aidant
des citoyens de ma circonscription à
surmonter plusieurs épreuves. Cette femme au grand coeur et dédiée à sa
communauté a aussi porté la voix des citoyens de son quartier au conseil municipal de la ville de Terrebonne de 1997 à
2001, laissant derrière elle un héritage important. Au nom de tous les
Terrebonniens, je tiens à la remercier pour son apport dans notre communauté.
Sur une base plus personnelle, j'aimerais
souligner que Chantal a été une des grandes responsables de ma première
campagne électorale en 2018 et de ma deuxième en 2022. Donc, je la remercie
pour le succès qu'on a encouru.
Et,
pour les années à venir, je lui souhaite de passer des moments de qualité
entourée de son Pierre, de ses deux enfants, Émilie-Ève et
Mathieu-Charles, et ses petits-enfants. Bonne retraite, Chantal!
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Terrebonne. Et,
évidemment, je salue Mme Leblanc, ici présente dans nos tribunes. Alors, cela
met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 56)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est votre maison.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour,
Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet
de loi n° 41
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre de
l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs présente le
projet de loi n° 41, Loi édictant la Loi sur la performance
environnementale des bâtiments et modifiant diverses dispositions en
matière de transition énergétique. M. le ministre.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Il me fait plaisir de présenter le projet de loi n° 41.
Ce projet de
loi édicte la Loi sur la performance environnementale des bâtiments. Cette loi
octroie au ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
certains pouvoirs, dont celui de déterminer
les renseignements relatifs à la performance environnementale des bâtiments qui
doivent lui être déclarés et celui de
déterminer les distributeurs d'énergie qui doivent élaborer et administrer une
plateforme numérique permettant de transférer au propriétaire d'un
bâtiment des renseignements relatifs à la consommation énergétique de ce
bâtiment.
De plus, la
loi édictée octroie au gouvernement le pouvoir de déterminer, par règlement,
les bâtiments auxquels doit être
attribuée une cote de performance environnementale ainsi que les méthodes de
calcul applicables à l'attribution de cette
cote. Elle lui attribue également le pouvoir d'établir des normes en matière de
performance environnementale des bâtiments,
par exemple des normes à respecter lors de la réalisation de travaux de
construction, de rénovation ou de démolition d'un bâtiment ou des cotes
de performance environnementale devant être atteintes par les bâtiments.
La loi
édictée prévoit aussi la tenue, par le ministre, d'un registre public de la
performance environnementale des bâtiments
ainsi qu'une obligation d'affichage et de divulgation de la cote obtenue par un
bâtiment dans certaines circonstances. Des sanctions administratives pécuniaires
et des sanctions pénales sont également prévues en cas de manquement aux
différentes obligations.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie diverses lois, notamment afin de fusionner le Fonds de
transition, d'innovation et
d'efficacité énergétiques au Fonds d'électrification et de changements
climatiques et de reprendre, dans la Loi sur le ministère du Développement
durable, de l'Environnement et des Parcs, des dispositions législatives
relatives aux distributeurs d'énergie qui se trouvent actuellement dans
la Loi sur le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.
Enfin, le projet de loi apporte des
modifications de concordance et prévoit des dispositions transitoires et une
disposition finale.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Je reconnais M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme
la Présidente, nous souhaitons la tenue de consultations particulières en lien
avec ce projet de loi. Merci.
La Présidente : M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...entendre
la suggestion des groupes des oppositions, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Présidente : Alors, est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. De nouveau, je vous demande d'appeler l'article b
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 43
La
Présidente : À l'article b du feuilleton, Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie présente le projet de loi n° 43, Loi sur l'apostille des documents destinés à être
produits dans un État étranger partie à la Convention de La Haye du
5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics
étrangers. Alors, Mme la ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir de vous présenter le
projet de loi n° 43.
Ce
projet de loi reconnaît l'apostille comme moyen d'attester l'origine d'un
document qui doit être produit dans un
État étranger partie à la Convention de La Haye du 5 octobre 1961
supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers.
Le
projet de loi habilite le ministre de la Justice à délivrer l'apostille et
prévoit la tenue d'un registre des apostilles.
Enfin,
le projet de loi permet au gouvernement de déterminer, par règlement, des
normes relatives à l'apostille et contient des dispositions transitoires.
La
Présidente : Je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la Présidente, nous
allons prendre connaissance de ce projet de loi et nous sommes ouverts à
avoir des échanges avec le leader du gouvernement pour la suite des choses.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
• (10 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la Présidente,
vous me permettrez de formuler un souhait pour l'ensemble des leaders en cette Chambre. Le projet de loi déposé
par ma collègue la ministre des Relations internationales nécessite d'être
approuvé, et il y aura une entente internationale également en lien avec la
conclusion de cet accord-là par le Canada. Si
le Québec veut être en mesure d'exercer pleinement ses compétences et sa
juridiction dans le cadre de l'apostille des documents émanant de l'État québécois, il est nécessaire d'adopter le
projet de loi d'ici la fin de la session parlementaire, parce que le Canada s'est engagé à mettre en
oeuvre la convention le 11 janvier prochain. Donc, je sensibilise
l'ensemble des parlementaires à ce dossier sur l'importance de l'adopter
d'ici la fin de la session.
Mise aux voix
La
Présidente : Alors, est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, maintenant, M. le ministre de la Sécurité publique. Vous en avez
plusieurs.
M. Bonnardel :
J'en ai un, Mme la Présidente. Mais «kwe», Mme la Présidente.
Permettez-moi
de déposer les ententes, oui, sur le financement complémentaire à l'entente sur
la prestation des services policiers
dans les communautés de Timiskaming pour la période du 1er avril 2018 au
31 mars 2028 et de Kebaowek pour la période du 1er avril 2018
au 31 mars 2023.
Je
dépose également l'Entente de collaboration visant à assurer une présence
policière autochtone dans la communauté de Winneway.
En
terminant, je dépose les ententes relatives aux modalités de versement de
subventions pour la participation des services
de police de Kahnawake, Lac-Simon, Pikogan, Wendake, Mohawk Police
Service d'Akwesasne, naskapi, Listuguj, abénaquis
au programme de formation sur la détection de la conduite avec les capacités
affaiblies par la drogue pour les exercices financiers 2018‑2019 à
2021‑2022.
La Présidente :
Ces documents sont déposés. Mme
la ministre des Relations internationales et de la Francophonie.
Convention supprimant l'exigence de la légalisation
des actes publics étrangers, et note explicative
Mme Biron : En vertu de
l'article 22.2 de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
je dépose, à titre de documents, l'engagement international important suivant
ainsi qu'une note explicative sur le contenu et les effets de
l'engagement : la Convention supprimant l'exigence de la légalisation des
actes publics étrangers. Merci.
La Présidente : Alors,
ces documents sont déposés. Même dossier, Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie.
Motion proposant d'approuver la convention
Mme Biron : Conformément à
l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
je propose la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale approuve la Convention supprimant l'exigence de la
légalisation des actes publics étrangers.»
La
Présidente : Alors, je vous avise qu'en vertu de l'article 22.3
de la Loi sur le ministère des Relations internationales, la motion est
présentée mais ne pourra être débattue avant 10 jours. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Mme la Présidente, je dépose la réponse du gouvernement à la question
inscrite au feuilleton le 26 octobre 2003 par la députée de Vaudreuil.
Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Dépôt de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
de l'aménagement du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Consultations particulières sur le projet de loi n° 39
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui, le
21 novembre 2023, a tenu des auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 39,
Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Subvention accordée au club de hockey des Kings de Los
Angeles
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Nous le savons, désormais, c'est clair, la CAQ est incapable
de gouverner, incapable de gérer sainement
les finances publiques. Il s'agit d'un mauvais gouvernement, le gouvernement
caquiste, un gouvernement qui est déconnecté.
L'exemple
en titre, patent, c'est le 7 millions de dollars donné aux Kings de
Los Angeles. Encore une fois, c'est économiquement
injustifié, surtout, Mme la Présidente, quand on regarde les autres événements
majeurs financés par l'État québécois dans la grande région de la Capitale-Nationale. Carnaval de Québec reçoit 1 million d'aide, il y a 38 millions
de dollars de retombées économiques. Tournoi pee-wee reçoit
250 000 $, c'est 14 millions de retombées économiques. Le
Festival d'été de Québec reçoit 1,9 million de dollars, Festival
d'été de Québec, et c'est des retombées économiques de 23 millions.
Rappelez-vous que le Festival d'été de Québec, la dernière édition, c'était
11 jours, et il y a eu plus de 1,5 million d'entrées.
Rien
de tout cela, en matière d'analyse de retombées économiques, n'a été... n'est
venu justifier la mauvaise décision d'un gouvernement brouillon. Les tentatives
de justification du ministre des Finances ne tiennent pas la route quand
il dit : On veut donner un signal à la
ligue nationale, mais qu'une semaine avant il disait : Ah! non, non, il
n'y a pas de signal. Manque de cohérence. Et le ministre évalue, parce qu'il
fait un lien avec le retour des Nordiques de Québec, à 10 % les chances
que les Nordiques reviennent.
Alors,
le premier ministre fait un pari sportif qui coûte 7 millions de
dollars aux Québécois. Va-t-il annuler son pari sportif?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, je veux d'abord resituer le débat. On se souvient tous qu'un
gouvernement libéral a investi
400 millions de dollars de l'argent des Québécois,
400 millions de dollars, pour essayer de convaincre la Ligue nationale de hockey
de ramener les Nordiques à Québec. Il y en a qui y croient, il y en a qui n'y
croient pas, au retour des Nordiques.
C'est vrai que ce n'est pas simple, avec M. Bettman. J'entendais hier
M. Péladeau dire qu'il y croyait puis qu'il pensait que c'était possible.
Donc, Mme la
Présidente, le ministre des Finances a amené des activités pour une semaine à
Québec, à l'automne 2024, d'abord pour montrer cet amphithéâtre, qui est
vraiment extraordinaire puis qui est d'envergure de la Ligue nationale de hockey. Maintenant, Mme la Présidente, je suis très
conscient que, dans le contexte des négociations de conventions collectives, il y a des gens qui sont
en désaccord avec ça. Donc, on l'assume. Je pense que c'est encore important
d'y croire, au retour des Nordiques, puis
c'est important aussi que cet amphithéâtre, bien, serve à ce pour quoi il a été
construit, c'est-à-dire avoir des matchs de la Ligue nationale de
hockey.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
l'amphithéâtre sert déjà à de multiples événements, entre autres de la ligue
junior majeur du hockey, là. Si le
ministre des Finances veut voir des Québécois jouer au hockey, bien, il n'a pas
besoin de les importer de Los Angeles.
Le
premier ministre, aussi, en novembre 2011, avec sa rencontre avec le maire
Labeaume, à l'époque, maire de Québec, il était d'accord avec
l'amphithéâtre, ça fait qu'on va régler cet autre dossier là.
Le
premier ministre, le premier ministre est un premier ministre parieur. C'est un pari
sportif. 10 % des chances de ravoir les Nordiques de Québec? Parfait, moi,
je parie 7 millions de dollars là-dessus. Allez-vous reculer, oui ou
non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente,
c'est important de le répéter, le Parti libéral était d'accord avec
l'investissement de
400 millions de dollars d'argent public dans l'amphithéâtre, qui est
pour la ligue nationale, qui n'est pas... Je m'excuse, là, oui, on peut avoir
des matchs de la ligue junior majeur, mais c'est un amphithéâtre, là, qui a été
construit avec une taille, des tableaux, avec l'objectif d'avoir une équipe de
la ligue nationale. Québec solidaire était d'accord avec l'investissement de
400 millions de fonds publics,
puis le Parti québécois, en particulier Pauline Marois, était
d'accord avec l'investissement de 400 millions.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
C'est vrai que Louise Beaudoin puis Pierre Curzi n'étaient pas d'accord,
mais les autres du PQ étaient d'accord.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
En tout cas, ceux qui ne sont pas d'accord, hier, puis qui l'ont dit
clairement, c'est les députés caquistes de
Jonquière, de Beauce-Nord puis de Lac-Saint-Jean. Ils disent que c'est contre
leurs valeurs de parier. Un pari sportif,
7 millions de dollars, c'est contre leurs valeurs, vos trois députés,
c'est contre leurs valeurs de parier sur le retour des Nordiques de Québec. 7 millions de
dollars pour deux parties, ça va coûter cher la saison complète, Mme la
Présidente.
Alors,
j'ai questionné le ministre de la Capitale-Nationale il y a deux
semaines : incapable de nommer un seul projet d'envergure initié et
livré par la CAQ.
Il peut-tu m'en
nommer un, ce matin, le premier ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
Une voix :
...
La
Présidente : Ah! M. le leader. Question de règlement? Laquelle?
M. Jolin-Barrette : ...on s'adresse à vous,
je crois, dans cette Assemblée. Je pense que le vouvoiement est de mise
aussi entre collègues...
La Présidente :
Je suis debout, cher collègue.
Et, la fin de sa question, il l'a faite... il l'a faite comme il le fallait.
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, je vais vous donner des faits, des chiffres. De 2014 à 2019,
les infrastructures, à Québec, dans la Capitale-Nationale, c'étaient
6 milliards. Pour 2019-2024, avec un gouvernement de la CAQ, c'est 9,1 milliards. C'est une
augmentation de 50 % des infrastructures, investi dans la Capitale-Nationale. Que dire de plus?
Des voix : ...
La
Présidente : Attention! Je vous entends. Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Bien, dès leur arrivée au pouvoir, Mme la Présidente, la première décision
qu'ils ont prises quant à la Capitale-Nationale, c'est d'annuler 5 milliards de grands projets. Ils ont...
5 millions. Ils n'ont rien livré. Ils n'ont rien initié, ils n'ont
rien livré.
Il
parle du Centre Vidéotron. C'est libéral, initié en 2011, livré en 2015. Ça a
coûté 30 millions de moins. Essayez de faire mieux que le 400 millions qui était prévu. Alors, c'est
une réalisation libérale, le Centre Vidéotron, puis on en est fiers.
La promenade
Samuel-De Champlain, ne ramenez pas ça, c'est libéral aussi.
Pouvez-vous nommer un
seul élément, à part que de dire... à part que de dire...
• (10 h 20) •
La
Présidente : Alors, je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence.
On écoute maintenant...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous entends. On écoute maintenant la réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, bien, c'est dur à
suivre. Le chef du Parti libéral, il vient de nous dire qu'il est fier d'avoir
construit le Centre Vidéotron pour
éventuellement avoir le retour des Nordiques, mais de l'avoir construit avant
d'avoir la confirmation qu'on aurait
le retour des Nordiques. C'est ça qu'il vient de nous dire, Mme la Présidente.
Si on parle de pari, là, je pense que c'est dur à battre,
400 millions.
Maintenant, la phase III,
Samuel-De Champlain, 193 millions, allez voir, c'est une réalisation
de la CAQ.
La Présidente :
Monsieur... Est-ce une question
principale ou une question de règlement? Une principale. Alors, en
question principale, je reconnais le député de Nelligan. On vous écoute.
Retombées économiques d'une subvention accordée au
club de hockey des Kings de Los Angeles
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, nous assistons encore une fois, aujourd'hui, à une autre
séance de patinage. Le premier ministre
avait une question très simple de la part du chef : qu'il nous parle des
retombées économiques. C'est un comptable de formation. Il sait
manipuler les chiffres, il connaît les deux colonnes.
Des voix : ...
La Présidente :
Oui, là, je... Il y a un mot que
j'ai entendu. M. le leader du gouvernement, vous allez me dire que le mot qu'il
a utilisé est non parlementaire. Je vous invite à le retirer. Vous le savez,
que vous ne pouvez utiliser ce verbe.
M. Derraji :
Il sait travailler avec les chiffres, Mme la Présidente, il sait travailler
avec les chiffres.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, vous
avez demandé au leader de l'opposition officielle de retirer le mot, il
ne l'a pas retiré, je ne l'ai pas entendu de mes oreilles, Mme la Présidente.
La
Présidente : Bon, nous allons...
Des voix : ...
La Présidente :
Ne vous interpelez pas d'un côté
ou de l'autre de la Chambre. Il y a des questions, aujourd'hui, je veux
toutes les entendre. Vous retirez le mot.
M. Derraji :
...
La Présidente : Et poursuivez votre
question.
M. Derraji :
Il sait travailler avec les chiffres et il sait équilibrer les budgets.
La question, elle est
très simple, très, très simple. Vous investissez 7 millions de
dollars pour zéro retombée économique, vous n'avez
aucune étude. En fait, vous avez mis dans le pétrin l'ensemble de vos collègues
parce que, jour après jour, il n'y a pas de solidarité, ils sortent pour
vous dire que ça va mal dans le comté.
Alors,
Mme la Présidente, la question est très simple : Comment, aujourd'hui, le
ministre des Finances peut justifier la dépense de
7 millions de dollars sans retombée économique réelle?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente,
merci beaucoup. J'étais certain que j'allais avoir une question sur la
mise à jour fédérale, mais je me suis trompé. O.K.
Alors,
hier, j'ai eu l'occasion de discuter en débat de fin de séance avec le député
de Marquette, un excellent débat, courtois,
des arguments. Et puis, si je résumerais, là, il y a eu plusieurs critiques. En
fait, ce qu'on nous dit, c'est que l'État ne devrait pas se mêler de ce
genre d'événement.
J'entends
ces critiques. Le seul problème, c'est qu'on est déjà pas mal investis, là. On
a construit un amphithéâtre, 400 millions de dollars, pour une équipe
de la ligue nationale, et il n'y en a pas. Alors là, on fait des efforts
de promotion pour amener des événements
majeurs comme un championnat du monde de hockey féminin, un camp
d'entraînement, des parties de saison
régulière, et ça, ça va permettre de promouvoir Québec comme destination de
hockey. Et, si, un jour, il y a une expansion, bien, il n'y aura pas
d'investissement public...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...puisque nous aurons fait notre travail et qu'on a déjà
l'amphithéâtre.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, 7 millions de dollars pour deux matchs, c'est
inacceptable. Ne cherchez pas d'autres excuses, votre patinage continue sans
aucune valeur ajoutée.
Oublions
maintenant les arguments que je viens de vous dire. «Contre mes valeurs.» Ça,
c'est vos collègues au sein de votre
caucus. De la grogne chez les députés caquistes. Ça, c'est votre collègue de Beauce-Nord. Aujourd'hui, votre
collègue députée de Saint-Maurice—Laviolette vous dit la même chose.
Qu'allez-vous faire?
La Présidente : On s'adresse à la
présidence. Ce n'est pas un tableau didactique. Et la réponse du ministre des
Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente.
Bien, encore une fois, j'étais certain qu'on allait parler de la mise à jour
fédérale. Mais je reviens sur cet investissement. Puis on aurait pu parler
aussi de la mise à jour du Québec, là, adaptation aux changements
climatiques, logement, lutte à l'itinérance, banques alimentaires.
Alors,
vous... Il y a des critiques, je les entends, je les assume. C'était mon idée,
c'est ma responsabilité. Je suis ministre des Finances, ministre responsable
des Québécois d'expression anglaise, ministre responsable de l'Internet
haute vitesse et ministre responsable du retour des Nordiques.
La
Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : J'entends la critique que
l'État ne doit pas se mêler de ce genre d'événement, je l'entends, mais
on a un amphithéâtre...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente, je parle
de sa mise à jour économique, je sais qu'il veut fuir sa mise à jour économique. Les 7 millions de dollars,
une semaine avant, il disait qu'il ne restait plus d'argent dans les coffres de
l'État. Une semaine après, il disait quoi? Chèque ouvert pour deux
matchs, pour quatre jours, 7 millions de dollars.
Mme
la Présidente, ce que j'invite, aujourd'hui, c'est les collègues du ministre
des Finances de se lever et de voter pour la motion du mercredi. Dites non à
votre ministre des Finances. Vous avez une occasion de suivre la population
et non pas suivre la ligne de parti. J'espère que vous allez voter pour.
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Bien,
Mme la Présidente, le budget du Québec est de 150 milliards de
dollars annuellement. La mise à jour
avait 4,3 milliards d'initiatives ciblées pour le logement, la lutte à
l'itinérance, l'adaptation aux changements climatiques, la formation de la main-d'oeuvre, l'investissement des
entreprises, les banques alimentaires, une mise à jour qui a été, somme
toute, appréciée, avec des gestes ciblés.
Quant aux gestes
reliés à cet événement, j'entends les critiques, et ce que je vous dis...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...c'est que nous devons
faire des gestes pour promouvoir la candidature de Québec à long terme
pour une expansion. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Marquette.
Investissement dans les fédérations sportives
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Peut-être que le ministre ne me croira pas, Mme la Présidente, mais je
me lève aujourd'hui parce que je
l'apprécie, le ministre. J'apprécie le ministre, puis on partage la même
passion, qui est le hockey. Cependant, je lui offre une autre occasion
de faire amende honorable.
Hier,
le ministre, les bras croisés, nous a parlé, Mme la Présidente, pour justifier
cet investissement-là ou cette dépense-là, il a voulu justifier en parlant du
classement des Kings de Los Angel. Et même, Mme la Présidente, il est allé plus loin que ça, il nous a parlé de
la ligne du centre, la ligne du centre des Kings de Los Angeles. Pensez-vous sincèrement
que les citoyens qui en arrachent présentement sont concernés avec la ligne du
centre des Kings de Los Angeles?
Il
y a un dicton, Mme la Présidente, qui dit que la nuit porte conseil. Alors,
peut-il, une fois... peut-il, une fois pour toutes, avouer qu'il s'est gouré
royalement et qu'il retire la dépense de 7 millions de dollars aux Kings
de Los Angeles?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bon, j'entends. On a
eu ce débat-là hier. C'était un débat respectueux. Et puis, si je résume les arguments qui m'ont été donnés hier, je
dirais, encore une fois, que l'État ne devrait pas se mêler de ce genre
d'événement. Parce que ce qu'on m'a dit hier, c'était que, si on devait mettre
une dizaine de millions pour le championnat du monde de hockey junior, ça, ce serait correct, que, si on devait
investir pour la coupe Memorial, ça, ce serait apprécié. Alors là, on me
dit : Cet événement-là, particulièrement celui-là, on ne l'aime pas.
Alors, je vous entends.
Moi,
ce que je n'aime pas, c'est qu'on a un amphithéâtre de la ligue nationale qui
est vide. Et puis on m'a demandé de
faire des efforts pour ramener une équipe de la ligue nationale. Et puis il y a
des étapes. Il y aura un camp d'entraînement. Ensuite, il y aura des
matchs de saison régulière, un championnat du monde de hockey féminin, un
championnat du monde de hockey junior. Un
jour, il y aura une opportunité pour ramener une équipe de la ligue nationale.
Ce seront des fonds privés, parce que les Québécois ont déjà contribué
avec leur amphithéâtre.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : L'art de tout mélanger, Mme la Présidente. On parle de
retombées économiques.
Maintenant,
j'aimerais entendre la ministre responsable du Sport, cette fois-ci. Je l'ai
interpelée sur le sport de Bishop's et hier sur les 68 fédérations
sportives, elle a choisi de ne pas répondre.
Je
répète ce que j'ai dit hier : 5 millions est donné en frais
d'opération pour les 68 fédérations sportives au Québec
présentement. Va-t-elle faire front commun avec moi et demander le transfert
des 7 millions donnés aux Kings et le redonner aux fédérations sportives,
qui en ont terriblement besoin?
La Présidente :
La réponse de la ministre responsable du...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! La ministre
responsable du Sport et du Loisir. On vous écoute. Il n'y a qu'elle qui
a la parole, on l'écoute.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, Mme la Présidente.
Heureuse d'avoir une ovation de l'autre côté, vous êtes contents de m'entendre.
Bien,
en fait, je suis très contente de pouvoir me lever puis de réitérer tous les
investissements qu'on a faits pour le sport amateur au Québec, tout ce qu'on a
fait pour faire progresser le sport, pour le rendre intègre et sain pour nos
athlètes.
Je veux juste
rappeler que, depuis qu'on est au pouvoir, on a triplé les investissements dans
le développement du sport, on a augmenté de façon phénoménale les
investissements pour de l'infrastructure. Dans le dernier mandat, 1 milliard de dollars pour de
l'infrastructure. Nos engagements pour la campagne électorale étaient de
1,5 milliard pour de l'infrastructure, on a déjà
300 millions...
• (10 h 30) •
La
Présidente : En terminant.
Mme Charest :
...un appel de projets directement là, là, présentement, jusqu'au
5 décembre...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Mme la Présidente, ce que je comprends dans la réponse de la ministre,
là, c'est qu'elle cautionne la décision
de son collègue des Finances. Elle refuse de doubler le budget des fédérations
sportives avec cet argent-là, c'est ce qu'on comprend, parce qu'elle n'a
pas répondu.
Alors, je donne une
autre chance, parce que je suis une bonne personne, Mme la Présidente.
Allez-vous m'aider à convaincre le ministre
des Finances à retirer le 7 millions de dollars donné aux Kings et
doubler... et doubler le budget des fédérations sportives? C'est simple.
Oui ou non?
La
Présidente : La réponse de Mme la ministre.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui, merci. Je conviens
que c'est une bonne personne, mon collègue de Marquette. Maintenant, je
réitère tout ce qu'on a fait pour le sport au Québec, puis les investissements
que je vous ai... dont je vous ai parlé ne comprennent
même pas ce qu'on a fait pour le parascolaire, 150 millions qu'on a mis
pour faire en sorte que nos élèves au secondaire
puissent avoir des activités, les programmes particuliers aussi, qui fait en
sorte que nos élèves, là, qui aiment le sport, peuvent rester accrochés à l'école. Donc, je réitère à quel point
nous sommes investis, à quel point le sport est important pour le
gouvernement du Québec, et je suis très fière du travail qu'on a fait. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente : En...
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de bravo. En question
principale, je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition. La
parole est à vous.
Négociation des conditions salariales dans la fonction
publique
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Les parents du Québec
sont derrière la grève. Les écoles sont fermées, ce n'est pas facile pour
personne, mais il y a huit parents sur 10 qui appuient les travailleuses et les
travailleurs. Aïe! Ce n'est pas rien, ça. Ça veut
dire que c'est les Québécois les plus affectés par la grève qui sont les plus
solidaires. C'est parce que ces gens-là ont compris ce que le premier ministre, lui, n'a pas compris. On n'aura
jamais des bonnes écoles, on n'aura jamais des bons hôpitaux, on n'aura
jamais des bons services s'il n'y a pas du monde qui travaille dedans puis si
ces gens-là n'ont pas un bon salaire puis
des bonnes conditions. De toute évidence, la stratégie du premier ministre a
échoué. Diviser pour mieux régner, là, ça ne marche plus au Québec.
Hier, le premier
ministre a enfin admis qu'il offre moins que l'inflation à la majorité des
travailleuses et des travailleurs qui sont en grève. Dans le personnel de
soutien dans nos écoles, là, c'est 12 % qui vont dans les banques alimentaires. Ces gens-là ont le drapeau du Québec
sur leur chèque de paie, mais ne sont pas capables de payer leur épicerie.
J'ai
une question très simple, très simple pour le premier ministre, ce matin.
Est-ce que le premier ministre peut nous
dire... parmi les 400 000 personnes en grève, est-ce qu'il peut nous
donner un exemple d'une personne qui ne mérite pas l'inflation?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente.
D'abord, c'est vrai que les Québécois aiment les enseignants, aiment les
infirmières, puis c'est la même chose pour moi. Ils ont un rôle primordial dans
notre société. Si je pense aux infirmières, ce
qu'elles ont fait pendant la pandémie, c'est extraordinaire. Si je pense aux
enseignants, bien, écoutez, ils s'occupent de ce qu'il y a de plus
important, nos enfants.
Maintenant, ce n'est
pas mon argent qui est en jeu, c'est l'argent des Québécois, l'argent des
contribuables québécois. Puis la réalité, c'est qu'on offre une augmentation de
salaire de 14,8 % sur une masse salariale d'à peu près 60 milliards.
Ça fait que, faites votre calcul, 1 % de plus, c'est 600 millions.
Maintenant,
on prévoit que, pour la durée de la prochaine convention, l'inflation devrait
s'élever à 12,7 %, donc on offre
14,8 %, et on est ouverts à revoir la distribution du 14,8 %, mais,
pour ça, il faut que les syndicats viennent à la table. Donc, moi, j'invite les syndicats à revenir à la
table puis à discuter avec la présidente du Conseil du trésor pour qu'on trouve
une répartition équitable de ce 14,8 %.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre parle
toujours de ce que ça va coûter, de bien payer le monde. Il fait de la politique à court terme. Ça nous coûte combien, le
décrochage scolaire? Ça nous coûte combien, les agences de placement? Ça nous coûte combien, comme société, quand un
enfant ne reçoit pas l'aide dont il a besoin pour surmonter ses difficultés
d'apprentissage? Ça nous coûte combien,
comme société, quand on échappe un enfant à la DPJ? Ça nous coûte combien,
des services publics qui craquent de partout?
Le
premier ministre n'a pas répondu à ma question. Est-ce qu'il peut me nommer un
travailleur, une travailleuse qui ne mérite pas l'inflation?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, écoutez, si on écoute les propositions des syndicats, là, on
parle d'au moins 6 % de plus, ça veut dire 3,6 milliards. Est-ce que
Québec solidaire peut nous donner le début du commencement d'où on trouverait ce 3,6 milliards de dollars?
C'est tellement facile d'aller sur la place publique puis de parler du
7 millions pour ravoir les
Nordiques à Québec, mais on parle de 3,7 milliards pour répondre aux
demandes. Est-ce qu'il peut nous faire une suggestion concrète?
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
On le prend où?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre
n'assume pas son offre. Il n'assume pas le fait qu'il propose moins que l'inflation à la majorité des gens qui sont en
grève. Hier, j'ai parlé à Amélie, Sandra, Véronique, trois orthophonistes, ce
n'est pas des enseignantes, ce n'est pas des infirmières, des orthophonistes.
Je leur ai demandé quelle question elles voulaient poser au premier ministre, la voici : Comment
il va régler le problème de pénurie de personnel dans les écoles? Il manque
vraiment beaucoup de gens. Les tâches sont très, très lourdes.
Il
ne me répond pas. Est-ce qu'il peut leur répondre, à Amélie, Sandra et
Véronique? Pourquoi moins que l'inflation aux orthophonistes?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je
vais répéter ce que j'ai dit, on offre une augmentation de 14,8 % sur une
masse salariale de 60 milliards. Je suis certain que le co-porte-parole de
Québec solidaire est capable de faire le calcul, mais on juge que ce n'est pas suffisant, on demande des
milliards de plus. On les prend où? On les prend où? Est-ce qu'il peut faire une suggestion?
La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Verdun. On vous écoute.
Stratégie
du gouvernement en matière de
réduction de gaz à effet de serre
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Dans quelques jours, le ministre de l'Environnement s'envole à Dubaï pour vanter les efforts du Québec en lutte
aux changements climatiques. Mais qu'en est-il vraiment? On le sait, la part du lion des efforts qu'on doit faire,
c'est en transport, c'est 43 % de nos émissions. Mais que fait la CAQ? Ils
nous montrent une politique de
mobilité durable dans laquelle on met, oui, 10 milliards de dollars.
Mais c'est quoi, le résultat? Parce
que tous les voyants sont au rouge. L'usage de l'auto solo a augmenté, au
Québec, les GES ont augmenté, et la CAQ a refusé d'investir pour éviter les coupures de services dans le
transport en commun, sans parler qu'ils font tout pour que Québec n'ait
jamais un tramway.
Le
ministre de l'Environnement, est-ce qu'il peut reconnaître qu'on est en train
de rater complètement nos cibles de
réduction en matière de GES pour le transport? Va-t-il demander à ses collègues
de se réveiller et de se grouiller? Parce que 2030, bien, c'est demain
matin.
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, bien heureuse d'avoir une question
sur la Politique de mobilité durable,
parce que c'était l'essentiel de la question de la collègue de Verdun. Et ça me
donne l'occasion de montrer mon tableau,
Mme la Présidente, vous savez que j'ai toujours mon tableau, qui n'est jamais
loin, parce qu'on peut en rire, mais, Mme
la Présidente, à un moment donné, je le dis souvent, un gouvernement parle par
ses actions, par ses investissements, par
ses choix budgétaires. Or, ce tableau-là, la partie bleue, la partie bleue est
la part des investissements du gouvernement dans le transport collectif. J'invite la collègue de Verdun... Et je
peux lui en fournir une copie, aussi. Peut-être ce n'est pas tout le monde qui
le voit bien, là, même si j'ai mis en bleu. La CAQ, ici, regardez la part en
bleu, ça, là, c'est la part du
gouvernement en transport collectif. Et ça, ici, avant, c'est les libéraux, là.
On voit. La plus petite partie bleue, c'est les libéraux. Et la plus grosse partie bleue, c'est la CAQ. Alors, ça, c'est
les investissements de la CAQ en transport collectif, Mme la Présidente,
qui n'ont jamais été aussi élevés.
Et,
sur le transport collectif, on pense souvent spontanément au transfert modal
des passagers, mais les marchandises, c'est
très important. Or, dans la première année de mon arrivée aux Transports, on a
conclu la réalisation de nos deux chemins de fer :
870 millions en Gaspésie, où le premier ministre était...
• (10 h 40) •
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...440 millions, chemin de fer Québec Central.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Parlons donc des résultats du plan de transport durable. Ça, c'est les cibles
du gouvernement, la réduction de l'usage de la voiture solo. Ça, c'est la
réalité : une augmentation de l'utilisation de l'auto solo. Ça, ça
veut dire quoi? On augmente nos émissions de GES.
On
doit réduire dans le transport. La COP s'en vient. Qu'est-ce qu'on va dire?
Qu'on est la province de la climatopassivité?
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : J'ai l'occasion de répondre une seconde fois. Donc, j'étais
en train de dire : Oui, le transport collectif,
l'augmentation du transfert modal pas seulement pour les citoyens de manière
individuelle, mais aussi pour nos marchandises. La députée, qui se
préoccupe de l'environnement, doit comprendre aussi qu'il y a des marchandises
qui circulent dans des camions. Or, tout ce
qu'on peut mettre comme marchandises dans le maritime ou dans le ferroviaire,
c'est un gain en GES, c'est un gain en efficacité énergétique.
Alors,
je répète, là, nos deux chemins de fer qu'on possède, au gouvernement du
Québec, on est en réalisation pour réhabiliter les rails, pour mettre
plus de marchandises, donc moins de camions sur les routes.
Et,
sur les voitures, Mme la Présidente, l'important, aussi, c'est d'électrifier.
Je pense que QS est plus ou moins contre l'électrification des
voitures...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...mais
nous, vous voyez, à la CAQ, on est pour beaucoup moins de GES sur les... dans
l'air.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci,Mme la Présidente. J'aimerais ça rappeler le bilan
des résultats du vrai effet sur la réduction
des gaz à effet de serre, parce qu'on est en train de rater une cible qui est
déjà insuffisante. La ministre doit se rappeler,
là, que c'est de 17 mégatonnes de CO2 que son plan doit réduire, mais ça n'arrive même
pas à la cheville, les efforts qu'ils
sont en train de mettre. Pire encore, on augmente nos GES en transport. Je
rappelle, on passe de 27,2 à 31,6 mégatonnes. J'espère que c'est
ça, le bilan que la CAQ va aller montrer à la communauté internationale, parce
que...
La Présidente :
La réponse du ministre de
l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la
Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la Présidente.
La collègue mentionne qu'on rate nos cibles. Moi, les indicateurs, les
indicateurs que nous avons indiquent le contraire. Si on se rappelle de la
première présentation du plan de mise en oeuvre, on avait 42 % du travail identifié. Dès l'année suivante, grâce à
des investissements supplémentaires, on est passés à 51 %. Au printemps dernier, on était à 60 %. Et,
entre le PMO 2 et le PMO 3, c'est 1,4 milliard de dollars
supplémentaires qui ont été ajoutés.
Et à chaque année, en décembre, on présente le bilan des émissions de gaz à
effet de serre. Donc, dans les prochaines semaines, on fera le même
exercice. Et cet exercice-là démontre que...
La
Présidente : En terminant.
M. Charette : ...depuis l'arrivée de la Coalition avenir Québec, on progresse dans la
bonne direction année après année.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Laurier-Dorion. La parole est à vous.
Création d'un registre des
loyers
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente.
En septembre dernier, lors d'une entrevue, la ministre de l'Habitation nous disait qu'elle ne comprenait pas la fixation
des gens sur la cession de bail, alors que le bobo, selon ses termes, c'est la clause G du bail, là. C'est drôle, dans son projet
de loi n° 31 il n'y a rien sur la clause G. Je ne sais pas si la ministre
pose le bon diagnostic, mais c'est un diagnostic quand même. Alors, pourquoi ne
pas proposer un remède au bobo dans son projet de loi?
La
ministre sait que la clause G ne sert pas à grand-chose parce que la majorité
des locateurs ne la remplissent pas. La vraie solution est de faire
évoluer la clause G vers un registre des loyers.
Ça
tombe bien, Vivre en ville vient d'offrir au ministre... à la ministre un
registre des baux très facile à implanter. Si elle croit réellement que
le bobo, c'est la clause G, pourquoi refuse-t-elle ce beau cadeau de Noël?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la Présidente.
Alors, on va reprendre, aujourd'hui, les discussions puis l'analyse du projet de loi n° 31. Donc, il y aura lieu,
potentiellement, là, de discuter de ce dont mon collègue de Laurier-Dorion
parle.
Par
ailleurs, on a écouté tout le monde en commission parlementaire, et il y a des
gens qui, effectivement, proposent un
registre des loyers, puis il y en a d'autres qui pensent que ce n'est pas la
panacée non plus. Moi, Mme la Présidente, je travaille sur augmenter l'offre de logements. C'est ça, la tension dans
le système, c'est qu'il manque de logements. Et alors tout le monde se rabat
sur toutes sortes de mécanismes pour tenter de régler leurs cas, là. Mais, de
manière générale, il faut augmenter
l'offre de logements. Je pense qu'avec ce que le ministre des Finances a
annoncé la semaine dernière, 1,8 milliard, on est en bonne position pour faire bouger les choses. Et il ne faut pas
s'en aller encore dans des mesures administratives, puis des registres, puis des choses qui vont
finalement coûter cher pour pas nécessairement des impacts réels sur le
terrain.
Alors,
moi, je travaille tous les jours sur augmenter l'offre de logements avec des
partenaires comme les fonds fiscalisés puis comme d'autres partenaires
communautaires ou privés qui ont des bonnes idées puis qui font que les choses
peuvent avancer plus rapidement.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Il
y a beaucoup de problèmes dans le monde du logement, entre autres les hausses
abusives de loyer. Et, lors des
consultations sur le projet de loi n° 39, on a appris que le gouvernement
voulait instaurer une taxe de 3 % sur les logements vacants. Fort bien, mais les municipalités ont clairement
affirmé qu'on manque de données sur les bâtisses de trois logements et
moins.
Comment
peut-on taxer les logements vacants si les données sont incomplètes? Savez-vous
comment on pourrait le faire, Mme la Présidente? En instaurant un
registre des loyers. La ministre s'engage-t-elle...
La Présidente : La réponse de la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, oui, hier, on a eu la chance d'écouter nos parties... nos
partenaires, en fait, pour les consultations du projet de loi n° 39, que
j'espère que nous allons pouvoir l'étudier très prochainement. Alors, évidemment, en ce qui concerne vos demandes, on
entend toujours les municipalités, on va travailler, si on peut accepter leurs demandes, mais il faut
comprendre qu'au niveau de l'habitation, comme ma collègue l'a très, très
bien spécifié, il faut augmenter l'offre.
Et, au niveau
du registre des loyers, je l'ai dit assez longtemps, le registre des loyers,
c'est quand même 20 millions de
plus et un autre 20 millions à chaque année de plus. Alors, je vais
laisser bien travailler ma collègue à l'Habitation, ce qu'elle fait très
bien avec le projet de loi n° 31.
La Présidente : En terminant.
Mme Laforest : Et, pour les
municipalités, on continue le travail, de mon côté.
La Présidente : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le
registre des loyers de Vivre en ville, là, coûterait à peu près 1 million
par année. La ministre a l'air de trouver ça trop cher. Ça, ça veut dire
qu'avec deux matchs des Kings, on peut payer sept années de registre des
loyers, combattre pendant sept ans les hausses abusives de loyer.
Le premier ministre demande toujours des
solutions à Québec solidaire. Là, il y en a une, elle est clés en main. Est-ce
que les locataires du Québec vont enfin pouvoir compter sur lui?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Merci,
Mme la Présidente. 1,8 milliard, 8 000 unités, je pense que c'était
une bonne annonce, ça, la semaine dernière,
Mme la Présidente. Là, on est dans l'exécution. Il faut sortir ces unités-là le
plus rapidement possible. Puis
lisez-les, là, les commentaires, là, il faut augmenter l'offre, c'est ça qui
fait qu'il y aura une pression à la baisse sur les loyers.
Le registre
des loyers, ce n'est pas ça, la solution. Il faut plus de logements, il faut
plus de logements à des coûts qui
sont abordables, puis il y aura un effet domino sur toute la chaîne, Mme la
Présidente, puis c'est ce sur quoi nous, on a décidé de travailler, pas
d'autres dédales administratifs qui vont coûter plus cher à l'État, livrer du
logement.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Négociation des conventions collectives dans la fonction
publique
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mme
la Présidente, un conciliateur vient d'être nommé, mais le gouvernement
continue de négocier sur la place
publique à travers les médias. Le gouvernement parle d'un effort colossal aux
tables de négociation. Les travailleurs de l'État affirment que le gouvernement est aux abonnés absents. Le
gouvernement répète que l'augmentation moyenne offerte aux travailleurs de l'État, c'est 14,8 %. La réalité, c'est
que, pour trois quarts des travailleurs concernés, c'est 10,3 % sur cinq ans, moins que l'inflation. Le
gouvernement affirme que chaque point d'augmentation, c'est 600 millions.
La réalité, c'est 420 millions que ça représente. Il faut remettre
les pendules à l'heure pour le public.
Est-ce que la présidente du Conseil du trésor
peut commencer en répondant à la question du premier ministre? Où se trouve
l'argent pour donner des conditions adéquates aux travailleurs de l'éducation
et de la santé qui sont ici aujourd'hui?
Dans Northvolt? Dans les chèques et les baisses d'impôt pour les plus fortunés?
Dans les salaires des médecins non révisés? Chez les Kings de...
La
Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. On va donner une chance à la
négociation. C'est ce que j'ai entendu de
chefs syndicaux ce matin. Ça me donne espoir qu'enfin on va pouvoir avoir la
rencontre que je veux avoir, c'est-à-dire
parler des enjeux qui sont prioritaires. Prioritaires pour qui? Prioritaires
pour les Québécois, Mme la Présidente. Qu'est-ce qu'on essaie de faire
avec cette négociation-ci? Quelle est la responsabilité puis la priorité du
gouvernement? Améliorer les services à la
population. Ça veut dire quoi? Quand vous allez, le week-end, la fin de
semaine, dans une urgence, il va y
avoir des infirmières pour vous accueillir, parce qu'on veut mettre des mesures
pour qu'il y ait des infirmières pour vous
accueillir. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que les parents vont être informés
en juin de s'ils ont un enseignant dans leur classe, pas à la veille. On
ne veut pas revivre la rentrée scolaire chaotique. Alors, c'est ça qu'on veut
faire.
Tantôt,
on a donné des exemples. De quoi on parlait quand on a donné des exemples, de Québec
solidaire? On parlait de la charge de
travail. Alors, c'est sur l'organisation du travail qu'on veut travailler,
c'est notre priorité. On va donner une chance à la négo. C'est également
ma position. On va se parler aux tables.
Des voix : ...
• (10 h 50) •
La
Présidente : Pas de bravo. Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis :
Pour donner la chance aux négos, là, ça prend quelqu'un de l'autre côté de
la table de négociation.
Est-ce que la
présidente du Conseil du trésor reconnaît que les représentants des
travailleurs de l'État ont offert de
négocier de manière intensive, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, s'il
le faut, et qu'il n'y a pas eu de réponse à cette offre?
La
Présidente : Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Ma disponibilité, celle
de mes équipes, celle du gouvernement, elle est totale, aux tables de
négociation. Je l'ai dit, il y a du travail qui se fait présentement.
Par contre, des sujets doivent être abordés de façon prioritaire. Et, présentement, qui est en attente? C'est le
gouvernement. En attente de quoi? D'un retour sur les enjeux qui sont majeurs,
l'organisation du travail, et pas juste pour
les citoyens, j'ai donné des exemples, Mme la Présidente, pour les citoyens,
mais également pour les conditions de
travail. On nous dit, les enseignants : Ma tâche, elle est trop lourde. On
veut travailler... On donne des aides à la classe là-dessus. Les
infirmières nous disent : On est débordées, on ne veut plus de TSO. C'est
là-dessus qu'on veut travailler.
La
Présidente : En terminant.
Mme LeBel :
Ça prend leur collaboration.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Alors, sur ce thème des
thèmes majeurs, continuons sur le thème de la transparence et de la franchise.
Actuellement, il y a des offres
différenciées pour les infirmières, les psychologues et les travailleurs en
début de carrière. C'est le quart des travailleurs qui sont concernés
par l'offre jusqu'à 14,8 %.
Est-ce
que la présidente du Conseil du trésor reconnaît que, pour trois quarts des
travailleurs, c'est l'offre de base de 10,4 % qui s'applique, moins
que l'inflation?
La
Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Sur la table, il y a
14,8 %. Là-dedans, il y a ce qu'on appelle les mesures sectorielles, Mme
la Présidente. Dans les mesures
sectorielles, il y en a pour tout le monde. Il y en a pour les ouvriers
spécialisés. Il y en a pour les gens qui
sont considérés comme les plus bas salariés de l'État, c'est-à-dire en bas de
52 000 $. Il y en a pour tout le monde, dans les mesures
sectorielles du 3 %.
Et,
vous savez, Mme la Présidente, on veut également améliorer la précarité.
J'entendais parler des employés de soutien.
C'est justement ce qu'on veut faire avec les aides à la classe, leur permettre
d'avoir un horaire plein, travailler 37 heures par semaine,
améliorer leur quotidien. C'est une excellente nouvelle pour eux.
La
Présidente : En terminant.
Mme LeBel :
On va les rendre permanents.
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de commentaire après la réponse.
En question principale, je reconnais maintenant le député de
Marguerite-Bourgeoys. On vous écoute.
Projet de réseau structurant
de transport en commun à LaSalle
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Mme la Présidente, la population de ville LaSalle croît deux fois plus vite
que la moyenne montréalaise. En transport
collectif, ville LaSalle est très mal servie. Pour vous donner une idée, il
faut compter seulement 10 minutes
en voiture entre LaSalle et le centre-ville de Montréal, mais, en autobus, il
faut compter plus d'une heure pour faire le même trajet.
En
2021, le gouvernement annonçait une enveloppe pour créer un transport collectif
dans le sud-ouest de Montréal. L'ARTM
étudie le projet mais n'a toujours pas présenté les tracés. Et, pire encore,
dans les dernières semaines, nous avons appris que le bureau d'étude a,
encore une fois, retardé les consultations. Après la mise en service du REM de
l'Ouest, la réalisation de la ligne bleue et du REM de l'Est, LaSalle sera le
seul arrondissement sans aucun mode de transport structurant.
Est-ce que la
ministre peut nous garantir que le projet du grand Sud-Ouest ira de l'avant et
inclura un transport structurant qui passera par ville LaSalle?
La Présidente :
La réponse de la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, je vais répondre sur le
grand Sud-Ouest auquel fait référence le collègue, mais je ne peux pas
m'empêcher de rebrandir mon tableau, Mme la Présidente, parce que non seulement il y a plus d'investissement que
jamais en transport collectif depuis que la CAQ forme le gouvernement, mais
il y en a beaucoup dans la métropole, où siège le... où est la circonscription
du député de Marguerite-Bourgeoys.
Alors,
Mme la Présidente, je pense qu'il faut reconnaître, là, que non seulement on
investit plus que jamais dans le
développement du transport collectif, mais aussi dans le soutien à l'exploitation
du transport collectif. Puis c'est important de le dire et de le redire,
parce qu'il y a beaucoup de choses qui peuvent se dire, mais la réalité des
faits et des chiffres, Mme la Présidente,
c'est ce tableau-là, ici, alors j'aimerais que, entre autres, le député de
Marguerite-Bourgeoys en prenne acte.
Sur
le grand Sud-Ouest, eh bien, je vais informer mon collègue que les
consultations vont être faites par l'ARTM sur le projet du grand Sud-Ouest. Ça
a été confirmé cette semaine. Je l'ai confirmé à Mme Plante, qui s'est
déclarée satisfaite hier, par texto, sur le fait qu'il y aura des
consultations sur le grand Sud-Ouest menées par l'ARTM en décembre.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Le transport collectif
aide au développement économique de l'ensemble du Québec, et j'inclus, évidemment, ville LaSalle. Les sociétés de
transport à l'échelle du Québec demandent de l'aide. Il y a de la place pour
l'amélioration, optimisation des ressources, certes, mais, en bout de piste,
l'objectif du gouvernement devrait être d'offrir un service efficace,
attirant de transport structurant.
La ministre peut-elle
nous montrer un plan pour assurer la pérennité d'un éventuel transport
structurant pour ville LaSalle et le sud-ouest de Montréal?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, Mme la Présidente, je vais reprendre les propos de mon
collègue dans sa précédente question,
où il nommait avec beaucoup d'éloquence tous les projets qui sont en
réalisation sous le gouvernement de la CAQ, le REM, qui avait été initié avant
nous, la ligne bleue, qu'on a passé en réalisation, qui est en train de se
faire, le prolongement du SRB Pie-IX, qui est en train de se faire, tout ça
dans la métropole, en plus de tout ce qu'on finance comme lignes d'autobus et
soutien à l'exploitation, comme je l'ai dit tout à l'heure. Et, sur le grand
Sud-Ouest, je viens de lui confirmer que les consultations, c'était l'objet
de sa question, les consultations vont avoir lieu en décembre.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : La
ministre confie en entrevue à La Presse que le ministère des Transports était moins bon pour concevoir ses propres
transports collectifs que de construire des routes. On voit maintenant que la
Caisse de dépôt a un nouveau mandat de transport collectif pour Québec. Plus
tôt cette année, la caisse a obtenu le mandat du REM de l'Est.
Est-ce que la
ministre peut nous confirmer qui va réaliser le transport collectif pour ville
LaSalle et le sud-ouest de Montréal?
M. Beauchemin : La réponse de
la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, Mme la Présidente, je pense que, là, on mélange
plusieurs choses, là. Sur le grand Sud-Ouest,
qui est l'objet de la question, je viens de confirmer au député, on est à un
stade beaucoup plus... on n'est pas au
même stade que pour d'autres projets. Alors, les consultations, et c'est ça qui
était l'objet de la question et c'est ça qui était l'objet aussi des discussions, donc, nous avons confirmé cette
semaine, via l'ARTM, à l'administration municipale de Montréal que les
consultations sur le grand Sud-Ouest auront lieu en décembre.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Maurice-Richard.
Demande d'enquête sur les marges de profit des chaînes
d'alimentation
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Cette semaine,
nous avons eu les nouveaux chiffres de l'inflation, et, encore une fois, les
prix de l'épicerie augmentent, et augmentent
plus vite que le reste. La semaine dernière, Metro et Loblaws ont dévoilé leurs
résultats du troisième trimestre, et
Metro s'enligne pour des profits records de 1 milliard de dollars. Depuis
la pandémie, les trois grosses
chaînes d'épicerie ont doublé leurs profits, et pas juste à cause de
l'inflation, mais aussi et peut-être surtout parce que leurs marges de
profit ont doublé.
Mme la
Présidente, le gouvernement répond présent quand il est question de donner des
millions à des multimillionnaires
pour un match de hockey, présent quand il faut donner des subventions à des
multinationales dont le siège social est au Luxembourg, présent quand il faut
baisser les impôts pour les plus riches. S'il vous plaît, peut-il répondre
présent pour les Québécoises et les
Québécois, qui voient ces grandes chaînes se gaver pendant qu'ils ont du mal à
remplir leur épicerie?
Est-ce que le
gouvernement va accepter notre proposition d'une enquête sur les marges de
profit pour les grandes chaînes d'épicerie?
M. Beauchemin : La réponse du ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Alors, effectivement, on a
eu, hier, les chiffres d'inflation au Canada et au Québec, et je vais faire des
chiffres ronds, là, l'inflation est approximativement à 3 % au Canada,
4 % au Québec, et il y a une
part de ça qui est, évidemment, toujours de l'inflation dans l'alimentation et le logement,
au Canada et au Québec.
Pourquoi
l'inflation est plus élevée au Québec qu'au Canada? Bien, d'une part, parce
qu'on a augmenté le salaire minimum
de 7,5 %, puis ça a un impact sur plus... sur non seulement ceux qui
travaillent au salaire minimum, mais sur beaucoup de gens, parce que les tarifs de services de garde ont baissé
dans le reste du Canada mais pas au Québec, parce que nous sommes l'inspiration
de la politique du gouvernement fédéral pour réduire les tarifs de garde, et,
finalement, bien, parce que le marché du travail est beaucoup plus serré
au Québec, et donc les hausses de salaire ont été plus élevées.
Quant aux
gestes que le gouvernement pose, je rappelle qu'on a plafonné les tarifs, qu'on
a donné 2 000 $ pour les aînés à faibles revenus, qu'on a
amené une baisse d'impôt.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Mme
la Présidente, je pense que le ministre des Finances n'entend pas ce qu'on dit.
Les profits sont passés d'un peu plus
de 2 milliards à 6 milliards depuis la pandémie, et pas juste parce
qu'il y a de l'inflation, parce que les marges de profit ont aussi
doublé depuis la pandémie.
Ce qu'on demande au gouvernement aujourd'hui :
de juste faire une enquête pour comprendre ce qui se passe derrière ces chiffres-là. Ce n'est pas normal
qu'on ne prenne pas le parti pris des Québécoises et des Québécois quand on
voit tout cet argent qui est là-bas et tous les bonus qu'ils ont pendant que...
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui,
Mme la Présidente. Alors, je vous confirme que l'économie ralentit et que les
taux d'intérêt sont élevés, ce qui va permettre la poursuite de la réduction de
l'inflation, et puis on s'en va vers une destination de 2 %. Donc,
l'inflation va descendre plus vite au Québec simplement parce qu'elle est plus
élevée. Et puis je rappelle pourquoi elle est plus élevée : parce qu'on a
bonifié le salaire minimum de 7,5 %, parce que le marché du travail est
plus serré, que les salaires ont augmenté plus vite au Québec, parce que les
tarifs de services de garde ont été réduits dans le reste du Canada alors
qu'ils n'ont pas été réduits au Québec, parce que nous sommes l'inspiration du
gouvernement fédéral. Et le gouvernement fait quoi? Il aide les aînés, il
plafonne les tarifs...
• (11 heures) •
La
Présidente : Voilà. Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président de
l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre attention. Bonne fin de
journée à tous.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre formant l'opposition officielle et je
reconnais Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Demander la collaboration du gouvernement
fédéral afin d'enrayer
les passages illégaux à la frontière canado-américaine
Mme Maccarone : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député de Matane-Matapédia, la députée
de Vaudreuil et le député de Marguerite-Bourgeoys :
«Que
l'Assemblée nationale s'inquiète de l'action grandissante au Québec et au
Canada de réseaux de passeurs liés à de puissantes organisations
criminelles internationales;
«Qu'elle exprime sa
préoccupation profonde face à cette situation et qu'elle demande au
gouvernement fédéral de collaborer
pleinement et étroitement avec le gouvernement du Québec, notamment en matière
de sécurité publique, afin d'enrayer les passages illégaux de la
frontière.» Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président, il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
y a consentement, sans débat. Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
...demande un vote électronique, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé, Mmes et MM. les députés. Alors, je
vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir prendre votre boîtier et à
enregistrer votre vote dès maintenant.
Alors, le vote est maintenant
terminé. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Derraji : ...cette
motion soit envoyée au cabinet du premier ministre du Canada, M. Justin
Trudeau.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait, M. le leader. Alors, je suis maintenant
prêt à reconnaître un membre formant le deuxième groupe d'opposition, et je reconnais
M. le député de Laurier-Dorion.
Dénoncer les actes haineux
antisémites et islamophobes commis à Montréal
et condamner les attaques visant des lieux appartenant aux
communautés juives, arabes ou musulmanes
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec le ministre responsable de la Lutte contre
le racisme, la députée de D'Arcy-McGee, le député de Jean-Talon, la
députée de Vaudreuil et le député de Marguerite-Bourgeoys :
«Que l'Assemblée nationale dénonce les
actes haineux antisémites et islamophobes commis à Montréal contre des
lieux ou des personnes appartenant aux communautés juives, arabes ou
musulmanes;
«Que
l'Assemblée nationale condamne tout particulièrement les violentes attaques qui
ont visé l'école Azrieli Talmud Torah, l'école Yeshiva Gedola, la
synagogue de la congrégation Beth Tikvah et le bâtiment de la Fédération CJA.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président, il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, il y a consentement. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté. Oui, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc :
Est-ce qu'on pourrait envoyer
copie de cette motion aux groupes mentionnés dans la motion, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
évidemment, ce sera fait, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition
et je reconnais M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Maurice-Richard, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale salue le leadership des villes de Prévost, Candiac,
Saint-Hilaire et Montréal, dans leur interdiction
des systèmes au gaz dans les nouveaux bâtiments résidentiels, et ce, afin de
contribuer à la réduction des gaz à effet de serre;
«Qu'elle
souligne l'engagement de la Caisse de dépôt et placement du Québec d'atteindre
un objectif d'émissions nettes de zéro gaz à effet de serre de son
portefeuille global d'ici 2050;
«Finalement, qu'elle
demande à la Caisse de dépôt et placement du Québec, en tant qu'actionnaire
majoritaire d'Énergir, de respecter l'autonomie
réglementaire des villes du Québec dans leurs efforts de lutte aux changements
climatiques.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque (Chapleau) :
Non, M. le Président, il n'y a pas de consentement.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement. Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre formant le gouvernement et je reconnais M. le ministre de la Justice.
Demander au Parlement
fédéral d'utiliser la clause de souveraineté
parlementaire afin de rétablir les peines minimales
obligatoires dans les cas de leurre d'enfants
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que le nombre de signalements de leurre d'enfants au Canada
a augmenté de 815 %, entre 2018 et 2022, selon le Centre canadien de la
protection de l'enfance;
«Qu'elle affirme
qu'il faut tout mettre en oeuvre pour protéger nos enfants contre ce fléau
grandissant;
«Qu'elle souligne les
conséquences dévastatrices qu'un tel crime peut avoir sur les enfants qui en
sont victimes;
«Qu'elle
rappelle qu'à travers l'adoption de la loi C-26 en 2015, les
parlementaires fédéraux ont exprimé la volonté du peuple de punir sévèrement les auteurs de ce type d'infraction par
l'imposition de peines minimales d'emprisonnement;
«Qu'elle
constate que le 3 novembre 2023, dans une décision partagée, la Cour
suprême du Canada a invalidé les peines
minimales obligatoires pour l'infraction de leurre d'enfants, allant ainsi à
l'encontre de cet exercice démocratique et des efforts déployés afin de
rebâtir la confiance des personnes victimes envers le système de justice;
«Qu'enfin,
elle demande formellement au Parlement fédéral d'utiliser la clause de
souveraineté parlementaire afin de rétablir les peines minimales
obligatoires dans les cas de leurre d'enfants.» Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, il
y a consentement. Et je vous demanderais un vote électronique, s'il vous
plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé, chers collègues. Alors, je vous invite
dès maintenant à bien vouloir utiliser votre boîtier et à enregistrer votre
vote dès maintenant.
Alors, le vote est
maintenant terminé. Alors...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! On évite de s'interpeler, on est à l'étape du
vote. S'il vous plaît!
Alors, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstention :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, je vous demanderais de bien vouloir envoyer une copie au
gouvernement fédéral de même qu'au Parlement fédéral. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait selon votre demande, M. le leader adjoint
du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, nous en sommes
maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions, et je vais
vous céder la parole à nouveau, M. le leader
adjoint du gouvernement. Puis j'invite les collègues qui doivent quitter le
salon bleu, s'il vous plaît, à le faire dans le silence pour permettre
la poursuite des travaux. Merci de votre collaboration.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de la culture et de
l'éducation va poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 23, la Loi
modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence
en éducation, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des
services sociaux va poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 15, la Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission des
finances publiques entreprendra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 35, la Loi
concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le
budget du 21 mars 2023 et modifiant
d'autres dispositions, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
13 h 05, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'aménagement du
territoire poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 31, la Loi
modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Il y a consentement.
Alors, nous en sommes
maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 10) •
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 4
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 38
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, bien sûr. Merci beaucoup. À l'article 4 du
feuilleton, M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 38, Loi
modifiant la Loi sur la gouvernance et la
gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais M. le ministre
de la Cybersécurité et du Numérique.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Donc, évidemment heureux
d'intervenir sur le principe du projet de loi n° 36,
projet de loi omnibus qui, M. le Président, a pour objet, je dirais, de
renforcer la capacité du ministère de
la Cybersécurité et du Numérique à accomplir son mandat. Renforcer en quelle
matière? Bien, M. le Président, d'une part, je dirais, sur la capacité du gouvernement dans sa transformation numérique.
Et je vais vous donner quelques chiffres pour illustrer mon propos.
Actuellement,
au gouvernement du Québec, on a 2 538 projets en ressources
informationnelles différents, 2 538. On va investir, dépenses et investissement, à peu près
5,4 milliards de dollars. C'est 25 000 ressources,
M. le Président, qui travaillent
sur les différents projets en ressources informationnelles. Je pense, M. le
Président, qu'on peut dire qu'eu égard aux efforts qui sont déployés les Québécois sont en droit de s'attendre à
une transformation numérique qui va nous amener plus loin.
Le constat que nous faisons, au ministère, c'est
qu'il y a beaucoup de projets et que ça ne nous amène pas nécessairement à
l'objectif priorisé par le gouvernement. Donc, le projet de loi prévoit, M. le
Président, que le ministère de la
Cybersécurité... le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique pourra
proposer au gouvernement du Québec un portefeuille de projets
prioritaires.
Alors, la
notion de portefeuille de projets prioritaires existait déjà dans la loi
actuelle. Maintenant, ce qu'on vient améliorer,
c'est le fait qu'il y aura présentation de ce portefeuille de projets
prioritaires au gouvernement, et donc que le gouvernement adoptera le portefeuille de projets prioritaires. Ça
devient donc... ce sont donc les priorités du gouvernement qui seront
mises de l'avant.
Ce faisant,
les ministères concernés auront l'obligation de prioriser ces projets-là. M. le
Président, il a été constaté, dans
les dernières années, que quelquefois il pouvait y avoir une distorsion entre
ce qui était priorisé par le gouvernement et ce qui était priorisé par
les ministères et organismes. Avec le projet de loi, on vient s'assurer que les
priorités du gouvernement sont les priorités des organismes concernés. Ça
permet aussi d'édicter certains règlements de la part du ministre pour s'assurer une centralisation de la
gestion de ces projets-là et s'assurer, évidemment, que les priorités sont bel
et bien respectées.
Autre élément
qui est amené aussi, c'est l'obligation qui est faite au ministre de la Cybersécurité et du Numérique de faire un bilan d'étape des différents projets.
Donc, l'état d'avancement des projets, qui est déjà diffusé, oui, sur Internet,
mais des projets prioritaires, sera porté à l'attention du Conseil des
ministres de façon à s'assurer qu'évidemment les ministres et les ministères concernés par les projets prioritaires
feront le suivi nécessaire et adéquat. Donc, M. le Président, je pense que c'est un élément important du projet
de loi pour s'assurer d'une accélération de la transformation numérique du
gouvernement. Donc, un peu moins de projets, mais un peu mieux de projets.
M. le
Président, une autre avancée, je dirais, que je souhaite faire à travers ce
projet de loi là, c'est en matière de cybersécurité.
Quand je suis... quand le premier ministre m'a fait l'honneur de me nommer ministre délégué à la Transformation
numérique, dans le dernier mandat, M. le Président, le concept de cybersécurité
n'existait même pas au gouvernement. On ne
parlait pas de cybersécurité, on parlait de sécurité de l'information, etc. Et
donc, ce concept-là, on l'a défini à travers la première politique de
cybersécurité que j'ai eu l'occasion de déposer en 2020, mais malheureusement
le constat était que nos ministères et
organismes, en matière de cybersécurité ou, je devrais dire, de protection des
systèmes d'information, travaillaient en silo. Donc, un incident était
géré localement, la hiérarchie était du bas vers le haut, et généralement il
n'y avait pas de communication, il n'y avait pas d'interaction et il n'y avait
pas surtout de support d'un organisme à l'autre.
Et je vous dirais que l'expertise aussi était à géométrie variable, donc la
capacité à réagir à un même... à un événement de façon adéquate était à
géométrie variable.
Un des
éléments importants, ça a été de mettre tous ces ministères et organismes là en
réseau à travers le Réseau gouvernemental
de cyberdéfense. Évidemment, cette organisation-là se faisait dans le contexte
de la loi qu'on connaît, la LGGRI, à travers la loi n° 95.
Ça a permis de mettre les entités du gouvernement qui étaient soumises à la loi
en réseau. Et je vous dirais que les
résultats que nous obtenons aujourd'hui sont extrêmement positifs. Je n'ai
aucun problème à regarder les
Québécois puis leur dire : Aujourd'hui, le gouvernement du Québec est
meilleur qu'il ne l'a jamais été à protéger ses systèmes d'information, à protéger nos renseignements personnels, je
dirais à protéger aussi le fonctionnement de l'État. Et la pandémie a
été une école qui a accéléré cette capacité-là, bien évidemment, mais de ça en
est sorti un réseau gouvernemental de cyberdéfense qui est beaucoup plus
efficace.
Ceci étant, M. le Président, je ne voudrais pas
non plus laisser l'impression qu'on a atteint le niveau qu'on est en droit de s'attendre. Il y a encore du travail à
faire. Et un des éléments clés pour ce faire, M. le Président, c'est d'étendre
le périmètre de ce réseau. Et la loi que je
propose aujourd'hui va nous permettre, de collaboration avec le ministre
concerné, d'inclure les entreprises
de l'État au Réseau gouvernemental de cyberdéfense. On pense à nos actifs
stratégiques, M. le Président.
Évidemment, on va penser à nos grandes sociétés d'État qui, actuellement, sont
en marge de ce réseau. Et, pour moi, ça
nous prive d'une efficacité dans notre capacité à assumer ce mandat de
cybersécurité, qui est celui du ministère maintenant, pleinement et
efficacement.
Un autre
élément qui est important, M. le Président, c'est le fait que, le ministère de
la Cybersécurité, son mandat ne se
limite pas aux actifs de l'État québécois. Son mandat, sa responsabilité,
maintenant, s'étend sur l'ensemble du territoire québécois. Donc, la cybersécurité devient une mission régalienne de
l'État, comme l'est la santé, l'éducation, la sécurité publique. C'est très innovateur, M. le Président.
Je vous dirais qu'il n'y a pas de... il n'y a pas d'équivalent ailleurs au
Canada, ou en Amérique du Nord, ou... je dirais même, il n'y en a pas en Europe
non plus. Il y a beaucoup d'agences gouvernementales qui font ça, mais, un ministère, c'est une
première. Et donc nous sommes évidemment à élaborer la stratégie pour assumer
pleinement cette fonction-là, et le pouvoir
réglementaire qui devrait en découler, bien, nécessite qu'on fasse, je dirais,
une collecte d'information, qu'on
puisse tester des hypothèses avant d'agir de façon définitive, soit par voie de
législation, soit par voie réglementaire.
Et
donc le projet de loi nous permet de mettre en place des projets pilotes pour
une durée de trois ans, renouvelables maximum un an, qui vont nous
permettre de tester, je dirais, un contexte normatif et nous permettre de
vérifier des hypothèses sur des façons de fonctionner, des façons de faire,
notamment avec la société civile, l'entreprise privée, les milieux communautaires, les milieux académiques et
donc de travailler de concert avec ces groupes-là dans des hypothèses et des projets pilotes. La loi nous permet, nous
donne l'agilité de faire ça, et je pense que cet élément-là, il est
névralgique, M. le Président, parce
que je pense que tout le monde va être d'accord pour dire que, sur ces
aspects-là, on n'a pas le droit de manquer notre coup. Et donc c'est un
outil qui va être extrêmement, extrêmement important.
Toute la
notion aussi des, bon, signatures de clés publiques, les répertoires, les
registres, qui sont des éléments de cybersécurité, bon, la
responsabilité, elle est au ministère de la Cybersécurité, l'opération est au ministère
de la Justice. Il faut comprendre que ce
sont des vestiges d'une époque où il n'y avait pas de ministère et où les
responsabilités pouvaient être octroyées
à différentes organisations, dépendamment du caractère général de ce qu'on
avait à faire. Aujourd'hui, il y a un
ministère de la Cybersécurité, il y a une expertise au ministère de la
Cybersécurité, et cette façon-là de fonctionner, compte tenu du nouveau
contexte, doit s'adapter à ce contexte-là. Donc, par arrêté ministériel, le
projet de loi me permettra éventuellement de
rapatrier ces fonctions-là au ministère. Et je dis bien «éventuellement», parce
que, bon, il faut y aller par étapes puis il faut faire les choses dans
l'ordre, parce que ce sont quand même des infrastructures qui sont extrêmement
importantes au niveau de la sécurité, des communications, etc. Donc, ça va être
important de le faire, mais de le faire correctement et en partenariat avec les
acteurs.
• (11 h 20) •
M. le
Président, le dernier point, et c'est peut-être le seul point où j'ai senti
qu'il y avait des objections, et je veux prendre peut-être un peu plus de temps pour expliquer la position du
gouvernement parce que je pense que c'est nécessaire, c'est sur le
retrait de l'approbation des règles de gouvernance pour une source officielle
de données par la Commission d'accès à
l'information. Peut-être faire un peu l'historique, M. le Président, puis
expliquer la démarche, démarche qui s'inscrit d'ailleurs dans les événements récents. Puis ça va me permettre
peut-être de répondre à certains éléments que ma collègue de Mont-Royal—Outremont a soulevés par
rapport à la SAAQ.
Quand je suis
arrivé en fonction... vous savez, moi, je viens du milieu de l'informatique, M.
le Président, et une des choses que
j'étais à même de constater, c'est que la façon dont le gouvernement du Québec
entreposait et gérait les données,
c'était difficile, pour en dire le moins. Je vous donne un exemple. D'entrée de
jeu, je l'ai dit, on a 577 centres de traitement de l'information.
Donc, ça, c'est 777 endroits où on entrepose de la donnée. Pour vous
donner un exemple, je pense que la France en
a huit. Ça vous donne une idée, là, qu'il y a quelque chose qui ne marche pas
quelque part. Puis là je pourrais
vous donner d'autres exemples, là, où on démontre assez clairement
que le Québec avait perdu le contrôle, mais totalement, de cette situation-là. Pourquoi, M. le
Président? Parce qu'on a surmultiplié les bases de données. Pourquoi on
a surmultiplié les bases de données? Parce
que c'est... Parce que la réglementation, le cadre législatif dans lequel les
organismes, les ministères et
organismes travaillent est tellement complexe, tellement contraignant, tellement
contre-productif que les ministères et organismes qui avaient le droit
d'avoir accès à ces informations-là les collectaient.
Alors, ça, ça
veut dire quoi? Ça, ça veut dire, M. le Président, qu'on a surmultiplié les
bases de données complètes. Et ça, c'est
important, M. le Président... parce que je l'ai entendu en commission
parlementaire : Le gouvernement du Québec veut centraliser les informations. Non, ce n'est pas ce qu'on veut
faire. Ce n'est pas l'objectif des sources de données de centraliser les informations. C'est
qu'actuellement, sur un même individu, ses renseignements concernant son
identité vont se retrouver dans des
centaines de bases de données différentes. Toutes les informations qui
concernent... les informations complètes sur son identité vont se
retrouver dans des centaines et des centaines de bases de données différentes.
M. le Président, chaque base de données est une
chance de perdre ce renseignement-là, de se faire voler ce renseignement-là ou de faire fuiter ce
renseignement-là. Donc, vous comprenez immédiatement que cette façon de faire
là surmultiplie les risques par
rapport à la protection des données, par rapport à la protection des
renseignements personnels. Donc, en
plus de ne pas avoir le contrôle des endroits où on va stocker les informations
et d'en assurer la sécurité physique, la
sécurité logicielle et l'expertise pour la maintenance, en plus, on
surmultiplie le risque en surmultipliant ces bases de données là. Tout ça parce que deux organismes du
gouvernement, donc deux bras du gouvernement, ou deux doigts d'une même
main, ne sont pas capables de se parler parce qu'on a mis trop de contraintes
pour protéger les renseignements personnels,
mais on obtient exactement l'effet contraire : non seulement on ne protège
pas les renseignements personnels des Québécois, mais on augmente le
risque.
Donc, la
décision qui a été prise... et là-dessus, M. le Président, je veux saluer la
collaboration de l'ancien député de La
Pinière, Gaétan Barrette, et l'actuel député de Rosemont, qui ont été des
collaborateurs, parce qu'on a eu ces discussions-là,
et l'idée que je leur ai soumise, puis qu'ils ont acceptée, puis qu'on a
travaillée ensemble, c'est la constitution de sources officielles de données. Qu'est-ce que c'est, une source
officielle de données, M. le Président? C'est très simple : on prend des renseignements d'une même nature et
on va en confier la gestion à un organisme en particulier, et, à partir de là, l'ensemble des autres organismes du
gouvernement qui auront besoin de ces renseignements-là d'une même nature
devront s'abreuver à cette source-là, pour
s'assurer, d'une part, d'arrêter de surmultiplier le nombre de fois où une même
donnée va se retrouver dans l'espace gouvernemental, pour s'assurer d'avoir
l'intégrité de la donnée.
Puis là je
vais revenir là-dessus, sur l'intégrité de la donnée, M. le Président, parce
que ça a fait l'objet d'une confusion par
rapport à l'audit qui a été déposé par PricewaterhouseCoopers sur l'utilisation
du service d'authentification gouvernementale,
mais ça va permettre d'assurer l'intégrité de la donnée, M. le Président, puis
ça va nous permettre de mieux
protéger la source officielle. Parce qu'évidemment, les ressources n'étant pas
illimitées, puis en ayant moins de bases de données, les ressources
peuvent être évidemment octroyées au bon endroit pour s'assurer de faire le
travail.
Et ça va
aussi amener un avantage qui, à mon avis, en lui-même, justifie tout le
travail : ça va simplifier la vie du citoyen. Pourquoi, M. le Président? Parce que, si vous faites affaire
avec un des 305 organismes du gouvernement puis qu'à chaque fois vous êtes
obligé de répondre à ses questions parce que lui a besoin d'information pour
vous donner le service, vous vous transformez en commis de l'État. Et
j'ai donné un exemple là-dessus, récemment, où on inscrit son enfant à l'école. L'enfant est en sixième année, il s'en
va au secondaire. Alors, qu'est-ce que l'école secondaire va vous demander?
Pourriez-vous me transmettre le dernier bulletin de votre enfant? Et moi de
répondre : Pourquoi je ferais ça? Parce que c'est vous, le ministère de
l'Éducation, qui produisez le
bulletin. Pourquoi vous, du ministère
de l'Éducation, me demandez de parler avec le ministère de l'Éducation pour
demander au ministère de l'Éducation qu'il me produise un document du ministère de l'Éducation pour que je redonne au ministère de l'Éducation ce document-là qu'il produit? Parce que
c'est ça, la réalité, là, n'est pas dans l'organisation telle qu'elle est, M.
le Président. Souvenez-vous quand je vous parlais de toutes les banques de données où on collecte plein...
Alors... Puis après ça on va me demander son certificat de naissance, mais
pourquoi le gouvernement du Québec me demande de prouver que mon fils est venu
au monde? Je veux dire, il va à l'école depuis la maternelle jusqu'à la
sixième année, puis vous me demandez encore de prouver qu'il existe. Voyons,
vous parlez-vous?
Alors, c'est ça, M. le Président, la source de
données. On va se parler. On va se parler puis on va arrêter de poser des
questions au citoyen pour lesquelles on connaît la réponse, parce que c'est
nous qui produisons la réponse. On va
arrêter de faire ça. On va arrêter de transformer le citoyen en commis de
l'État. Le citoyen n'est pas un commis de l'État. Le citoyen, l'État est à son
service, ce n'est pas l'inverse. Alors, c'est ça, les sources de données, M. le
Président. C'est des entités qui sont capables de se parler, de
s'échanger des informations dont les entités ont besoin.
Et c'est le débat qu'on avait quand on a adopté
la loi n° 95, M. le Président, la question n'est pas
de savoir si l'organisme va avoir
l'information, parce que la loi prévoit que l'organisme a besoin de
l'information pour donner le service, la question est de savoir qui va
lui donner cette information-là. Est-ce que ce sont les autres entités du
gouvernement? Auquel cas, on libère le
citoyen d'avoir à faire ça ou on va demander au citoyen de courir après
l'information à notre place. Bien, la
loi n° 95, qui a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée
nationale, répond à cette question-là, c'est à l'État, c'est aux entités
de l'État de se parler entre eux pour être capables de donner des services aux
citoyens. Alors, ça, c'est...
Maintenant,
je parlais tout à l'heure d'intégrité de l'État, puis je reviens sur ce que je
disais par rapport à un commentaire qui a été fait par ma collègue de Mont-Royal—Outremont, cette surmultiplication des bases de données a amené évidemment une
incohérence dans les informations, parce que les mises à jour ne se font pas
toujours partout. En fait, elles ne se font pas du tout partout. Donc, quand
une base est mise à jour, les autres ne le sont pas nécessairement. Et donc on va retrouver des bases de données qui
concernent peut-être un même citoyen, pour lesquelles les informations ne
seront pas synchronisées. Par exemple, Stéphane quelque chose, à la RAMQ, bien,
c'est Stéphane pas de e, puis le même Stéphane
quelque chose, à l'Agence du revenu, c'est Stéphane avec un e. Alors, ça, ça
peut sembler ridicule, M. le Président, mais... Tant que personne ne se parle, il n'y a pas de problème. Mais ce
que la source officielle de données a amené comme obligation, c'est
d'identifier l'individu. Alors là, on a un problème, M. le Président, parce
qu'on a un Stéphane avec un e puis on a un
Stéphane pas de e. Est-ce que c'est le même Stéphane, puis juste victime d'une
erreur d'inscription? Est-ce que
c'est deux Stéphane, auquel cas, on ne peut pas éliminer un individu en
prétendant qu'il est l'autre? Ou est-ce que c'est une tentative de
fraude?
• (11 h 30) •
Alors, oui, effectivement, la création du
registre d'identité comme source officielle de données a amené cette difficulté-là, c'est vrai, on parle de 7 %
des cas au moment de la création des comptes dans le registre d'identité. Ça a
été souligné par Price Waterhouse
comme étant un élément qu'on connaissait. Oui, on le connaissait, on le
connaissait tellement qu'on a légiféré pour créer des sources de données pour
faire en sorte que ça n'arrive plus. Mais vous remarquerez, M. le Président, que ce commentaire-là est aussi dans la
section du rapport des problèmes inévitables. Donc, l'auditeur reconnaît
qu'il était inévitable qu'on rencontre des
problèmes, parce que, de savoir qu'il va y avoir une désynchronisation des
bases de données, on le savait, mais, de savoir quels sont les individus
qui seraient touchés par ça, on ne pouvait pas le savoir jusqu'au jour où l'individu créait son identité
numérique. Mais, au moins, aujourd'hui, je peux rassurer les collègues et leur
dire que ce que le gouvernement est en train
de faire, et qui va prendre quand même un certain temps à se mettre en place,
mais où on va dans la bonne direction et où on a réitéré d'ailleurs avec le
projet de loi n° 3 en santé, puis mon collègue en Éducation, avec
le p.l. n° 23, continue dans cette direction-là... On
va régler ces problèmes-là.
Maintenant,
M. le Président, pourquoi ce grand détour? Bien, parce que, quand on a fait la
loi, initialement, il y avait un
certain nombre d'éléments. Évidemment, c'était du droit nouveau, on était dans
un univers où la théorie, elle était claire, puis la direction vers
laquelle on voulait aller, elle était claire, mais il y avait une espèce de
prudence naturelle qui a fait en sorte qu'on
a dit : Bien, O.K., on va soumettre les sources de données au régime
général de protection des renseignements
personnels, régime général qui s'est mis en application cet automne, les
derniers éléments, donc deux ans après l'adoption de la loi n° 95. Et d'ailleurs, là-dessus, c'est un désaccord que j'avais avec...
que nous avions, le ministère, avec
la CAI, qui disait que la loi n° 95 amenait un régime particulier. Non, ce n'est
pas un régime particulier, parce que le
régime général s'applique. D'ailleurs, c'est le seul des trois où le régime général
s'applique. Et, en plus, on a pris des dispositions, dans la LGGRI
actuelle, pour ajouter, je vous dirais, des éléments de prudence.
Puis,
troisième élément de prudence qu'on a rajouté, c'était l'obligation de faire
approuver les règles de gouvernance par la CAI, bon, et là on se
demande : Mais pourquoi vous voulez retirer cette obligation-là? Parce
qu'avec la pratique, maintenant, donc, on a
une source de données qui a été constituée, qui est là depuis un an, on regarde
aussi les réflexions qui se font dans le p.l. n° 3,
on regarde les réflexions qui se font dans... c'est-à-dire, l'adoption du p.l. n° 3, les réflexions avec le p.l. n° 23,
qui a été amendé, d'ailleurs, soit dit en passant, pour aller vers le fait que
les règles sont transmises et non approuvées
par la CAI, bien, on se dit, un, c'est une étape qui n'a pas de plus-value,
parce que tous les pouvoirs de la CAI sont respectés. Le pouvoir de
recommandation de la CAI est respecté. Le pouvoir d'ordonnance de la CAI est
respecté. Le pouvoir de surveillance de la CAI est respecté. Et donc, du fait
d'aviser la CAI des règles de gouvernance, la CAI a toute latitude pour agir avant, pendant
et après, exactement comme c'est le cas présentement. En plus, on harmonise
les régimes, parce que, comme je le dis, M.
le Président, toutes les lois qui ont été adoptées après celle-là n'ont pas inclus
cette disposition, ni le p.l. n° 3, ni le p.l. n° 23,
ni la loi n° 64, qui est maintenant la loi n° 25. Aucune autre loi qui touche le secteur public, notamment, n'a
amené cette indication-là.
Et je
rajouterai le dernier argument. M. le Président, je pense personnellement que
non seulement il n'y a pas de valeur ajoutée à le faire comme ça, je
pense qu'on rajoute une certaine couche de bureaucratie. On fait en sorte que, dépendamment de quelle sera la charge de travail
de la CAI à ce moment-là, parce que c'est... Tu sais, évidemment, c'est
cyclique, là. Je veux dire, la CAI, à un moment donné, il y a des «peaks» puis
il y en a un peu moins. Donc, si on arrive dans le bon temps, bien, tant
mieux, si on n'arrive pas dans le bon temps, bien, tant pis.
Et finalement on met la CAI dans une situation
où elle pourrait avoir à désapprouver des règles qu'elle a approuvées, parce que, si la CAI approuve les
règles, et qu'en vertu de ces règles-là elle fait une enquête, et qu'il y a une
situation qui se produit, mais que les règles ont été respectées, bien, la CAI
va faire quoi? Elle va dire : Bien, finalement, c'était correct puis ce
n'est plus correct. Alors, M. le Président, on pense même que ça va donner une
meilleure latitude à la CAI sur son pouvoir de... oui, c'est ça, son
pouvoir de surveillance.
Donc, M. le
Président, pour ces raisons-là, nous souhaitons, par le projet de loi,
harmoniser la LGGRI sur les autres régimes législatifs et sans qu'il y ait
d'impact, de notre avis, sur la capacité de la CAI à agir et à bien faire son
travail.
Alors, M. le
Président, voilà, en gros, les éléments de la loi. J'ai bien hâte d'entendre
les collègues et surtout de commencer l'étude article par article.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre. Et je reconnais
maintenant Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir de prendre la parole ce matin dans le cadre des débats
entourant l'adoption du principe du projet de loi n° 38
déposé par le ministre de la Cybersécurité et du Numérique le 1er novembre dernier, intitulé Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la
gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres
dispositions législatives. Ce projet
de loi apporte diverses modifications à la Loi sur la gouvernance et la gestion
des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement, qu'on appelle
communément la LGGRI, ainsi qu'à la Loi sur le ministère de la Cybersécurité
et du Numérique.
Nous allons,
bien entendu, travailler de façon rigoureuse lors de l'examen approfondi du
libellé du projet de loi afin de
traiter adéquatement des enjeux qui ont été mis de l'avant lors des
consultations particulières, notamment par la Commission de l'accès à l'information, mais nous, à
l'opposition officielle, nous ne pouvons pas appuyer le gouvernement à ce
stade-ci, à l'étape du principe du
projet de loi n° 38. Nous estimons que certains éléments du projet
de loi sont louables, mais nous voterons contre le principe.
Il y a
quelque chose d'irréaliste dans la démarche, M. le Président, je dirais même
quelque chose de surréel. Il importe de
souligner qu'il y a quelque chose de très étonnant dans le fait que le
gouvernement se retrouve déjà dans une situation où il doit apporter des modifications substantielles à la loi
constitutive du ministère de la Cybersécurité et du Numérique et à la
LGGRI, moins de deux ans après la création du ministère.
Le projet de loi est loin d'être parfait. Nous
sommes sensibles à la préoccupation de la CAI, la Commission d'accès à l'information, au sujet des articles 10 et 19 qui
transforment l'obligation de faire approuver en amont, par la CAI, les règles de gouvernance applicables à une source
officielle de données gouvernementales en une simple obligation de
transmission. Le ministre en a parlé, et je pense que c'est un sujet qu'on va
devoir approfondir en étude détaillée. Je reviendrai sur cet élément un
peu plus tard.
Pour être
claire, là, je vois d'un bon oeil qu'on vienne préciser les pouvoirs du
ministre. On a besoin d'un leader, on a besoin d'un véritable chef d'orchestre
pour diriger l'immense virage numérique de l'État et coordonner les efforts
en matière de cybersécurité, je le dis
depuis longtemps. Mais tout ceci est irréaliste. Le ministre, jusqu'à
maintenant, il n'a pas démontré de leadership, il n'a pas démontré qu'il avait
une vision claire et il n'a pas su s'entourer d'une équipe forte pour mener à bien cette vision. A-t-il démontré jusqu'à
maintenant qu'il incarne le leadership de la transformation numérique au
Québec? Non, M. le Président. Comment se fait-il qu'on réalise aujourd'hui que
cette grande transition numérique découlant des initiatives de transformation
numérique des organismes publics ne puisse être effectuée en silo et sans aucun
leadership gouvernemental? C'est surprenant,
M. le Président. Un conseiller transversal qui intervient selon le degré de
sophistication des organismes gouvernementaux, ça ne fonctionne pas. Bien sûr
que ce n'est pas assez. Oui, ça prend un réel leadership du ministre, et le projet de loi vient clairement
enchâsser ce leadership à l'article 11. Oui, oui, en vertu de
l'article 11, l'article 19 de la LGGRI serait ainsi modifié pour y
ajouter le libellé suivant : «Le ministre assure le leadership de la
transformation numérique et de la cybersécurité
de l'administration publique.» Il me semble que ça va de soi, M. le Président.
Comment se fait-il qu'on soit obligé
d'inscrire ça dans une loi? On a ici un ministre imputable, un ministre
responsable de la Cybersécurité et du Numérique.
Le projet de
loi n° 38 vient donner plus de pouvoirs au ministre. On vient clarifier,
préciser ses pouvoirs, son rôle et ses responsabilités. On y crée aussi ce que
je qualifierais de lien d'autorité, une forme de hiérarchie entre le ministre
et les organismes publics pour la mise en
oeuvre des projets en ressources informationnelles. Il y a des pistes
intéressantes à étudier, là, parce
que, vraiment, il est temps non seulement qu'on vienne l'enchâsser dans la loi,
mais qu'on le voie dans les faits, dans la réalité.
Au niveau des outils, on permet au
ministre ou au gouvernement d'émettre des arrêtés, des décrets ou des
directives et on prévoit également la
possibilité de mettre sur pied des projets pilotes. Cette idée semble
raisonnable étant donné la rapidité avec
laquelle le ministère... — le
ministère! — le
numérique et la cybersécurité évoluent. Oui, c'est intéressant que le ministre puisse disposer d'un levier pour
tester des normes, mais est-ce que tout ça est suffisamment encadré? Ça reste
à voir et ça fera l'objet de nos discussions durant l'étude détaillée.
• (11 h 40) •
Le
projet de loi établit également une mécanique permettant une priorisation des
projets, une gouvernance centralisée de la gestion du portefeuille des
projets prioritaires ainsi qu'un meilleur encadrement et un meilleur suivi de
ceux-ci. Ce n'est pas une mauvaise idée du
tout. Rappelons qu'il y a actuellement, le ministre l'a mentionné,
2 538 projets en ressources informationnelles
en cours au sein de l'administration publique québécoise. C'est énorme. Je
reconnais qu'ils ne peuvent pas tous
être menés de front en même temps, mais ce qu'il faut, c'est qu'il faut allouer
les ressources adéquates aux plus prioritaires d'entre eux.
Donc,
à cet égard-là, je ne peux pas être contre l'objectif qui est mis de l'avant,
là, d'avoir une vision commune, claire, cohérente, engagée des priorités gouvernementales en transformation
numérique. C'est ce qu'on demande depuis longtemps puis c'est étonnant que ça n'avait pas été fait de
cette façon-là dès le départ. Mais, encore une fois, est-ce que tout ça est réaliste dans l'état actuel des choses? Je vais y
revenir, là, mais on a affaire à un ministère où il y a énormément de postes
vacants. On ne semble pas avoir l'expertise à l'interne pour mener à bien même
ces projets prioritaires là. C'est inquiétant.
Le
projet de loi «établit expressément l'obligation des organismes publics
d'appliquer les orientations, les stratégies, les politiques, les standards,
les directives, les règles et les indications d'application pris en vertu de la
LGGRI et prévoit que la responsabilité du respect de cette obligation incombe
au plus haut dirigeant de l'organisme». Est-ce que c'est vraiment la formule gagnante?
Le ministre a-t-il pris le pouls du terrain afin de s'assurer que ce soit
réaliste?
Je
lisais avec intérêt un mémoire qui a été déposé cette semaine, là, dans les
derniers jours, par la Fédération des cégeps. Je pense, ça vaut la peine qu'on
lise certains des passages. Ils ont exprimé, dans leur mémoire, leurs
«préoccupations à l'égard de certaines propositions du projet de loi n° 38 qui seraient susceptibles d'affecter plus particulièrement les cégeps.
Elle estime que certaines modifications sont
nécessaires afin de favoriser l'atteinte des objectifs du projet de loi n° 38. En effet — selon
eux — certains
changements proposés sont particulièrement importants quant au fonctionnement
opérationnel des organismes publics et, à cet égard, la fédération regrette
que les délais impartis pour la concertation soient si courts, car ils ne favorisent pas les échanges
constructifs requis avec les parties prenantes et les autres personnes
intervenant dans le réseau de l'éducation.»
Il
me semble qu'on aurait pu prendre le temps de bien consulter ces organismes. On
a... Ça fait deux ans, là, que le
ministère est en place. Je pense qu'il faut faire les choses correctement pour
la suite, pour assurer qu'on ait... qu'on réalise les projets dans les
délais et sans frustration pour les Québécois et Québécoises.
Dans leur mémoire, la
fédération exprime de sérieuses réserves face à l'étendue considérable du
pouvoir accordé au ministre. Encore une
fois, la fédération est préoccupée par l'empressement démontré par le gouvernement
dans les étapes de cheminement du
présent projet de loi à l'étude, projet de loi déposé le 1er novembre
2023, des consultations particulières annoncées le 13 novembre,
pour le 21 novembre. «La fédération considère que les délais impartis ne permettent pas aux personnes intervenant dans le
réseau de se concerter afin de considérer adéquatement les conséquences
majeures que représentent les changements législatifs proposés.»
D'ailleurs,
hier, durant les consultations, on devait avoir plusieurs intervenants. Il y en
a plusieurs qui se sont désistés. Moi, je ne sais pas pourquoi. Est-ce que
c'est parce qu'ils n'étaient pas prêts? Ils n'avaient pas eu un avis adéquat?
Ils n'avaient pas eu suffisamment de temps? Est-ce que ça arrive à une période
de l'année où ils sont pris dans autre chose? Je l'ignore, mais il aurait été intéressant d'entendre plusieurs
groupes, d'autres intervenants. Je ne sais pas s'il y a d'autres
mémoires qui vont être soumis, mais je trouve qu'à la lecture de celui-ci ça
pose des questions, des sérieuses questions, au
niveau de la consultation, puis peut-être qu'on sous-estime, là, l'impact sur
le terrain des changements qui sont proposés.
Finalement,
on mentionne... Donc, au-delà du fait qu'une consultation plus large et plus
éclairée aurait été souhaitée, la fédération... encore une fois, la Fédération
des cégeps, pour elle, ce projet a de très fortes chances d'imposer un
fardeau financier et organisationnel beaucoup trop lourd pour les cégeps. On va
y revenir en étude détaillée certainement.
Le projet de loi
donne aussi au ministre «la fonction d'assurer la cohérence et l'harmonisation
des actions gouvernementales dans les
domaines de la [sécurité] et du numérique et prévoit qu'il doit être associé à
l'élaboration des mesures ainsi qu'aux décisions ministérielles dans ces
domaines». Ce sera à discuter. C'est un objectif que je trouve louable, mais, encore une fois, je ne sais pas si
tout ça est réaliste dans l'état actuel des choses. La proposition de rehausser
la sécurité de l'information et
d'uniformiser l'implantation des meilleures pratiques semble aussi recevoir un
accueil favorable. Ce sera à discuter.
Permettez-moi, M. le
Président, de revenir sur le dossier de SAAQclic. Il me semble qu'il faut le
faire dans les circonstances. Je ne peux pas
passer sous silence le fait que le dépôt du projet de loi n° 38,
qui vise à améliorer le rôle et les pouvoirs
du ministre au sein de son ministère, arrive peu de temps après le fiasco de
SAAQclic, dont les Québécois ont grandement souffert et qui d'ailleurs n'est
toujours pas réglé. Est-ce que ce projet de loi là est une réaction à ce
fiasco? Pensons aux longues files
d'attente qu'on a vues un peu partout dans les succursales de la SAAQ pour
servir les citoyens qui n'arrivaient pas à conclure leurs transactions
essentielles en ligne par le biais de la nouvelle plateforme qui se
promettait d'être très simple et efficace.
On l'a appelé SAAQclic, mais ça... c'était plutôt «SAAQclic pas», des
transactions simples, rappelons-le,
de renouvellement de permis de conduire et d'immatriculation. La reprise des
activités dans les succursales après un arrêt de quelques semaines a
fait en sorte que la capacité de traitement a été complètement engorgée, créant
rapidement un effet de masse dans les centres de services de la SAAQ.
Essentiellement,
dans ce dossier-là, le gouvernement a surestimé l'adhésion immédiate des
citoyens à la nouvelle plateforme et les problèmes qui allaient
survenir. Le gouvernement a du même coup sous-estimé le besoin d'un grand nombre de Québécois de
continuer à aller en succursale et d'être accompagnés par un être humain. Il
est franchement choquant de voir que le gouvernement ait ainsi
sous-estimé la littératie numérique de la population. Le Service
d'authentification gouvernementale,
communément appelé le SAG, du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, a
aussi été spécifiquement critiqué. La
firme externe PricewaterhouseCoopers, le ministre en a fait mention, qui a
récemment produit un audit externe sur
le fiasco, a montré du doigt le SAG. Encore une fois, l'adhésion à ce service
de sécurité a été surestimée. De nombreux clients ont été incapables de s'y
inscrire. La firme confirme que la gestion incomplète et réactive des enjeux
d'authentification était pourtant connue par la SAAQ et le ministère de
la Cybersécurité et du Numérique en juin 2022, plusieurs mois avant le
lancement de SAAQclic.
Au-delà du virage numérique touchant
spécifiquement la SAAQ, les défis numériques du XXIe siècle sont immenses, M. le Président. Pensons aux grands
projets en cours dans le domaine de la santé et de l'éducation, pour ne nommer
que ceux-là. Le travail à faire au sein de l'État québécois, il est colossal.
Le dossier santé numérique, c'est un énorme chantier,
et il verra le jour dans les prochaines années. On en a grandement besoin. Mais
ici, dans le dossier santé numérique, c'est...
ça concerne la santé, les renseignements de santé des Québécois, c'est beaucoup
plus sensible que nos permis de conduire et nos plaques d'immatriculation.
Il faut à tout prix éviter un fiasco dans ce dossier-là.
Le gouvernement a mis en place deux projets
pilotes dans le réseau de la santé, et on a appris récemment qu'un expert en informatique accompagnerait le ministre
de la Santé pour mener à bien tous les changements en santé. Moi, je me pose
une question, M. le Président, quel sera le rôle du ministre de la
Cybersécurité et du Numérique dans ce dossier? Nous suivrons ce dossier de près. Encore une fois, il revêt une
importance capitale pour les Québécois et les Québécoises. On s'attend tous à ce que notre médecin ait accès
à tous nos renseignements de santé dans un cadre sécuritaire. À cet égard-là, le
défi, il est énorme.
• (11 h 50) •
Par ailleurs,
le monde est criblé de cyberattaques. Voilà un autre grand chantier qui
nécessite qu'on mette en place les
meilleures pratiques. La performance organisationnelle de l'État en matière de
numérique dépend également du
leadership et de la rigueur que s'impose un gouvernement. Pour le commun des
mortels, pour M. et Mme Tout-le-monde, l'environnement numérique
québécois doit être sécuritaire, accessible et répondre facilement à leurs
besoins.
Tout reste à
prouver dans ces dossiers-là. Ce qu'on a vu jusqu'à maintenant, c'était tout le
contraire. Il va sans dire que, collectivement, nous ne pouvons plus échouer
sur la prestation de services numériques à la population. Des ratés comme
SAAQclic, ça ne doit plus exister. Moi, je me demande si les modifications
législatives qui sont proposées aujourd'hui avec le projet de loi n° 38
avaient été déjà mises en vigueur, déjà en application, est-ce que ça aurait
changé quelque chose dans le dossier du
fiasco SAAQclic? Quelle aurait été la différence? Moi, c'est des questions que
je me pose, puis je ne suis pas
certaine, je ne suis pas certaine que ça aurait changé quoi que ce soit. Si
oui, bien, ça va être intéressant d'en discuter durant l'étude du projet
de loi.
On a beau
proposer le projet de loi n° 38 assurant une plus grande mainmise du
ministre, il n'en demeure pas moins que le problème numéro un de
l'informatique, au Québec, c'est un manque de ressources financières et un
manque d'expertise interne. Je l'ai
mentionné, déjà, il y a énormément de postes vacants au sein du ministère,
incluant au sein de la haute direction.
Le projet de loi vient modifier le régime
d'approbation des règles de gouvernance applicables à une source officielle de
données numériques gouvernementales, ce qui préoccupe la Commission d'accès à
l'information et le professeur Gambs, de l'UQAM, qu'on a entendus hier durant
les consultations. Le ministre y voit un simple allègement bureaucratique des formalités applicables,
lesquelles n'apportent pas de plus-value, selon lui. Pourtant, l'argumentaire
mis de l'avant par la CAI et supporté par le professeur Gambs, qui a fait une
intervention aux consultations d'hier, est assez convaincant. Rappelons que le
professeur Gambs est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en analyse
respectueuse de la vie privée et
éthique des données massives. La Ligue des droits et libertés abonde aussi dans
le même sens, dans son mémoire.
Je me réfère
ici au mémoire étoffé de la CAI et je le cite : «La Commission considère
que l'obligation pour une source
officielle de lui soumettre pour approbation des règles de gouvernance et
l'intervention en amont qui en découle sont nécessaires et souhaitables
en raison des particularités inhérentes à cette fonction particulière.
«Cette approbation survient actuellement avant
toute collecte, utilisation ou communication de renseignements par la source
officielle, bref avant toute atteinte potentielle à la vie privée des citoyens.
«La
commission peut ainsi agir de manière préventive et constructive auprès des
organismes publics pour l'élaboration de leurs règles de gouvernance à
titre de source officielle, par opposition à l'approche répressive qui
résulterait de leur transmission proposée par le projet de loi.»
La CAI nous indique que, bien qu'elle soit
récente, «l'expérience démontre l'apport positif que représente le processus d'approbation préalable des règles de
gouvernance, en particulier dans le cas de la fonction de source officielle
de données numériques gouvernementales». La
CAI mentionne dans son mémoire que «cette approbation contribue également à accroître la confiance des citoyens dans la
gestion de leurs renseignements dans le cadre de la transformation numérique
des services gouvernementaux et s'inscrit directement dans les objectifs
poursuivis par la LGGRI».
C'est ce qui
est mentionné dans le mémoire de la CAI, et nous sommes d'accord avec la CAI à
cet égard. Je m'explique mal pourquoi le ministre souhaite changer le
régime et éliminer cette mesure préventive.
«Cette
obligation d'approbation préalable de la commission étant toute récente, la CAI
s'interroge sur les motifs justifiant
de lui retirer la possibilité d'intervenir efficacement ainsi en amont pour
accompagner les organismes et prévenir des situations affectant la
protection des renseignements personnels des citoyens.»
On nous
explique, dans le mémoire de la CAI, qu'«une source officielle se voit confier
un rôle particulier. Il peut en
résulter une concentration, dans un même organisme public, d'un grand nombre de
renseignements personnels fournis par les citoyens à l'occasion de leurs
interactions avec un ou plusieurs organismes. Ces renseignements peuvent être
de nature sensible, par exemple des renseignements d'identité, fiscaux,
financiers, médicaux ou sociaux.»
À titre
d'exemple, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique agit comme source
officielle aux fins du Service d'authentification gouvernementale, le SAG, dont
on a fait mention plus tôt, ce même SAG qui avait fait l'objet de
critiques spécifiques par le... dans le
cadre de l'audit externe qui a été réalisé par PricewaterhouseCoopers suite au
fiasco de SAAQclic.
Donc, le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique doit faire approuver les règles
de gouvernance qui visent à assurer la protection qui sera accordée au nouveau
registre d'attributs d'identité gouvernemental. Ce registre, il faut le rappeler, contient des renseignements d'identité
sur l'ensemble de la population du Québec, incluant leur numéro d'assurance
maladie, leur numéro d'assurance sociale et
un identifiant unique du citoyen. Ce registre vise l'identification et l'authentification des personnes en vue de leur
donner accès aux prestations électroniques de services gouvernementales,
tout en contribuant à préserver à la fois
l'intégrité et la confidentialité des renseignements personnels détenus par
l'État. De l'avis de la Commission d'accès à l'information, la sensibilité de ces renseignements et la
convoitise que suscitera le registre
requièrent que des règles de gouvernance robustes et efficaces soient adoptées
et implantées avant que le ministère puisse agir comme source
officielle.
On nous dit,
c'est ce que Me Poitras de la CAI nous disait hier, que les échanges sont
en cours actuellement avec le ministère et qu'ils progressent bien. La
CAI nous a même mentionné que le processus d'approbation des règles de gouvernance
du ministère de la Cybersécurité et du Numérique tire à sa fin. Moi, je pense
qu'il serait mal avisé de le court-circuiter, alors qu'on arrive à la fin du
processus.
Rappelons que
le régime d'exception qui s'applique à une source officielle «permet aussi des
utilisations et des communications de
ces renseignements personnels sans le consentement des personnes concernées,
qui vont au-delà des situations initialement prévues au moment de leur
collecte auprès des citoyens.
«La source officielle doit donc mettre en place
des mesures de protection distinctes de celles prévues pour les renseignements
personnels qu'elle détient dans le cadre de ses propres attributions et de sa
mission.
«Ces règles
doivent être adaptées au contexte de chaque source officielle désignée et aux
risques supplémentaires résultant de
ce rôle et de la circulation accrue d'informations qui en résulte. Pour
élaborer ces règles, elle doit d'abord évaluer et gérer le risque
spécifique lié à cette fonction en réalisant une évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée.
«Ainsi, les
règles de gouvernance que doit adopter un organisme à titre de source
officielle se distinguent de celles prévues
par d'autres dispositions législatives qui n'ont pas à être approuvées par la
commission, comme celles que doit adopter tout organisme public en vertu
des nouvelles dispositions de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Ces règles de gouvernance
générale doivent être approuvées par le comité sur l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels de l'organisme.
«Elles se
distinguent [ainsi] de celles que doit définir par règlement le ministre de la Santé et des Services sociaux
en vertu de la Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux et
modifiant diverses dispositions législatives.» Ce qu'on appelle le projet de loi n° 3, qui est maintenant
la loi n° 5. «Lorsqu'en vigueur, ces règles seront applicables à tout organisme assujetti à cette loi. Elles sont
donc aussi d'application générale et applicables aux fonctions courantes des
organismes visés.» Donc, ici, on fait une distinction entre les fonctions
courantes et des fonctions spécifiques dans le cadre du rôle de source officielle de données. «La commission n'a pas à
approuver l'ensemble des règles de gouvernance générale visant les
opérations courantes des organismes publics ou des organismes de santé et de
services sociaux.»
De l'avis de la CAI, «la situation de la source
officielle est toute autre». Encore une fois, je me rapporte à leur mémoire : «Les règles de gouvernance qui
doivent être adoptées selon la LGGRI visent à mettre en place une gouvernance
spécifique au rôle de source officielle afin
d'assurer la protection des renseignements personnels qu'elle recueille,
utilise ou communique dans ce contexte spécifique.»
Nous nous
assurerons de ramener cet enjeu lors de l'étude détaillée et sommes confiants
que nous pourrons avoir une discussion ouverte et constructive avec le
ministre à cet égard.
• (12 heures) •
Tout ça, il
faut le rappeler, est dans le but de rassurer la population qui est en droit de
bénéficier d'une protection optimale de ces données sensibles. Le ministre
devra aussi nous expliquer pourquoi il juge que le processus en cours entre le ministère et la CAI, qui semble, encore une
fois, bien avancé, M. le Président, ne mérite pas d'être tout simplement
complété. D'ailleurs, Me Poitras nous
disait hier que ce processus servira certainement à créer un genre de
précédent ou qui pourra servir de modèle,
bien qu'elle a bien dit que ce n'est pas une approche mur à mur, qu'elle
préconise, ce n'est pas du tout une approche mur à mur où il faut que
chaque source officielle adapte ses règles en fonction de sa situation
particulière. Mais il va certainement sans dire que, quand on prend la peine de
compléter un processus, d'échanger de façon constructive avec la CAI, de
bonifier les règles de gouvernance qui vont s'appliquer dans le quotidien, là,
des personnes qui vont devoir intervenir
pour déterminer à quel moment on peut communiquer le renseignement, quelles
mesures doivent être mises en place,
etc., le mode d'emploi, le mode à suivre pour assurer la sécurité optimale.
Mais ces règles-là pourraient servir de précédent au moins en termes de
contenu, de... les différents items qui doivent s'y retrouver. Donc, c'est
vraiment un exercice qui semble tout
à fait pertinent et utile pour le futur, pas juste pour l'exemple précis, là,
qui est visé par la mesure transitoire, mais pour la suite des choses.
Donc, pour
l'étude détaillée à venir, encore une fois, le ministre peut compter sur nous
pour travailler en collaboration avec
lui et son équipe afin de discuter de toutes ces inquiétudes-là, tous les
concepts qui ont été mis de l'avant, toutes les préoccupations. Je pense
qu'on va avoir des discussions fort intéressantes dans les prochains jours. On
va poser toutes les questions au ministre afin de bien comprendre l'impact des
nouvelles dispositions législatives et s'assurer qu'elles permettront de mieux outiller le ministre afin
qu'il puisse coordonner et mener à bien les prochaines étapes du grand virage
numérique de l'État au bénéfice des Québécois et Québécoises. Mais je dois
réitérer que nous sommes sceptiques parce qu'on n'a vraiment pas vu jusqu'à maintenant que le ministre
incarnait le leadership nécessaire. Et, encore une fois, c'est
surprenant de revenir à la charge par voie législative moins de deux ans après
la création du ministère.
En terminant,
je réitère que nous allons voter contre le principe, en espérant aussi que...
j'imagine qu'il va être adopté, mais
j'espère vraiment qu'on n'aura pas à revenir par voie législative pour corriger
l'inaction et le manque de leadership du
ministre de la Cybersécurité et du
Numérique. On comprend, on comprend
qu'il a besoin d'une meilleure poigne et plus d'outils, un véritable leadership, pas juste enchâssé dans la loi,
mais démontré dans les faits dans le cadre des dossiers importants qui nous occupent et qui nous
occuperont dans les prochaines années. Tout ça pour éviter des fiascos comme
celui de SAAQclic dont les Québécois continuent malheureusement à faire
les frais encore aujourd'hui.
Donc, avec
les changements législatifs proposés, je rappelle que les attentes vont être
très élevées de voir enfin des résultats
satisfaisants pour la suite des choses. Les attentes de la population sont
énormes quant à la capacité de l'État de livrer des projets d'envergure offrant une facilité de naviguer à des
coûts raisonnables et à l'intérieur de délais respectables, c'est ce qu'on souhaite tous, sans mentionner
aussi toute l'attention qu'il faut porter à la cybersécurité et à la mise en
place d'un front cybersécuritaire unifié. Donc, merci, M. le Président.
C'est tout pour mon intervention d'aujourd'hui.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont. Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y
en a pas.
Mise
aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 38, Loi
modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté
sur division. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'économie et du travail
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Donc,
conformément à l'article 243 du règlement, je fais motion afin que le projet
de loi n° 38, la Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la
gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives, soit déféré à la Commission de l'économie et du travail pour son étude détaillée et que le ministre responsable de la Cybersécurité et du Numérique soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Alors, M. le
leader adjoint du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article 11 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 22
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée et des amendements du député de l'Acadie
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, à
l'article 11 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission des transports et de
l'environnement sur le projet de loi n° 22, Loi
concernant l'expropriation, ainsi que
les amendements transmis en vertu de l'article 252 du règlement par M. le
député de l'Acadie. Ces amendements sont déclarés recevables.
Y a-t-il des
interventions sur le rapport ainsi que sur ces amendements? Alors, je reconnais
maintenant Mme la ministre des
Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Bien heureuse d'intervenir aujourd'hui pour
la prise en considération, qui
signifie qu'on a, donc, terminé l'étude détaillée, qui a été une étape
évidemment importante, comme dans tout
cheminement de tout projet de loi. Par nature, à la prise en considération, on
sait qu'on va reparler à l'adoption finale.
Alors, je vais être
relativement concise aujourd'hui, parce que je vais revenir sur un peu plus...
de manière plus exhaustive, un petit peu à
l'adoption finale, mais c'est quand même important aujourd'hui, je pense, de
commencer par remercier, c'est
toujours, je trouve, le plus important, remercier d'abord les gens qui sont
venus en consultations particulières sur
notre projet de loi n° 22, projet de loi qui réforme la loi sur
l'expropriation. Comme on l'a dit souvent, en étude détaillée, et pendant les consultations, justement, c'est une
loi qui n'avait pas été touchée depuis 40 ans, donc qui a été adoptée en
1973, les derniers changements en 1983, on
est en 2023, alors donc depuis 40 ans, et qui, bien, comme tout ce qui
date de 40 ans, méritait d'être dépoussiérée, comme on dit, d'être
modernisée.
Alors, c'est
une refonte littéralement de la loi qu'on a faite à travers le projet de loi
n° 22. Alors donc, je veux remercier les gens qui sont en commission, en consultations particulières, donc,
en commission parlementaire, oui, mais en consultations particulières, ceux qui sont venus en personne et
ceux qui nous ont aussi fait parvenir des mémoires, qui sont venus nous
informer ou nous entretenir, finalement, de la réalité de ça. C'est quelque
chose d'assez niché, l'expropriation, on en convient.
Moi, en tout cas, je n'étais pas une spécialiste de l'expropriation, je n'en
suis toujours pas une, mais un peu plus qu'avant. Et je dois dire qu'après 75 heures, incluant les
consultations, on finit par se familiariser avec des choses telles que la rénovation cadastrale et autres notions que
peut-être mon collègue de l'Acadie connaissait déjà, lui étant juriste, parce
qu'il a passé les mêmes 75 heures avec nous en commission.
Donc, il y a
des notions très nichées, mais néanmoins très importantes. Quand on pense que
l'expropriation, c'est un des éléments qui est incontournable, notamment
dans nos grands projets d'infrastructure, que ce soit de transport collectif, de transport routier, de construction
d'écoles, de construction d'hôpitaux... Nos grands projets d'infrastructure,
souvent, on doit passer par des
expropriations, des acquisitions, je dirais, qui, quelquefois, débouchent sur
de l'expropriation, souvent gré à
gré, souvent, qui font l'objet d'ententes de consentement mutuel, mais des fois
on doit passer par l'expropriation. Donc, on a dépoussiéré cette loi-là.
Alors, merci
aux gens qui sont venus nous déposer des mémoires, qui sont venus nous voir et
qui nous ont partagé leurs réalités, différents points de vue, mais,
dans l'ensemble, je dirais que c'était assez unanime.
• (12 h 10) •
Premièrement, la nécessité de réformer cette
loi-là, c'est un engagement qu'on avait pris à la CAQ, qu'on avait réitéré aussi, notamment auprès de l'UMQ. Alors,
le milieu municipal qui attendait cette refonte là, les corps expropriants
aussi, je dirais, qui attendaient cette refonte-là, on est un corps expropriant
majeur au gouvernement, au ministère des Transports,
mais aussi dans les municipalités. Alors, beaucoup de municipalités qui étaient
impatientes qu'on fasse cette réforme-là,
alors, qui... peut-être pas aujourd'hui, mais à l'adoption finale, sans vouloir
présumer des futures étapes, mais qui, je pense, vont être satisfaites de ça.
Alors, merci, donc... Et, pour la plupart, qui sont venus, justement, en
commission. Alors, merci à toutes ces
personnes-là qui nous ont envoyé des mémoires, qui ont pris la peine de nous
éclairer sur leur réalité.
Merci à mes
collègues, aux collègues du gouvernement qui ont siégé avec moi à la Commission
des transports et de l'environnement. Merci aux collègues des oppositions aussi
qui ont siégé, qui... la plupart, qui sont restés, là, justement, du début à la fin. On a passé les 75 heures
ensemble. Alors, merci pour tout le travail qui a été fait. Merci aux gens de
mon ministère. Et, encore une fois, je vais revenir plus en détail à la
prochaine étape, mais merci aux gens de mon ministère. Je l'ai dit, c'est un
sujet qui est niché, qui est complexe, qui est particulier. Alors, on avait
besoin de gens expérimentés et experts de la
chose, et on avait les équipes du ministère, mes équipes du ministère qui
étaient avec nous du début à la fin,
qui, évidemment, ont élaboré le projet de loi et qui étaient avec nous en
commission pour nous éclairer sur différentes choses. Alors, merci aussi
à ces personnes-là.
Et donc, alors, très satisfaite, M. le
Président. Encore une fois, je vais revenir plus en détail à l'adoption finale,
mais très satisfaite qu'on franchisse cette
étape importante, en vue, justement, d'avoir une adoption finale, et que la loi
soit sanctionnée, et qu'on ait enfin, une
fois pour toutes, réformé la Loi sur l'expropriation. Alors, merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Et je reconnais maintenant la prochaine intervenante ou
intervenant. Ce sera M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Alors,
merci. Merci, M. le Président. Effectivement, je suis heureux de prendre la
parole aujourd'hui lors de la prise en considération du projet de loi
n° 22, Loi concernant l'expropriation.
Je l'ai dit dès le début, et ce que je
recherchais, c'était effectivement un équilibre. Parce que je ne peux pas faire autrement que de dire que cette loi là,
quand même, apporte un changement important si on la compare à la loi actuelle
sur l'expropriation. Et je peux vous dire
que, quant à la recherche d'un équilibre, M. le Président, l'exercice a été
ardu et plus ou moins convaincant. Je vais vous expliquer pourquoi
ultérieurement.
Mais,
d'entrée de jeu, permettez-moi de remercier toutes les personnes, les groupes,
les associations qui sont venus nous parler lors, d'abord, des consultations,
et, par la suite, les fonctionnaires, l'équipe du ministère des Transports
qui... Évidemment, l'équipe a répondu à mes
centaines, voire des milliers de questions que j'ai posées lors de l'étude
article par article, parce que, bien
que ce soit un projet de loi qui soit technique, c'est quand même un projet de
loi, et évidemment il deviendra,
éventuellement, loi — avec
la majorité gouvernementale, je serais étonné qu'il en soit autrement — et
donc ça a un impact important, significatif sur la vie des gens.
Donc, ma
position était de rechercher un équilibre pour s'assurer, d'abord, qu'on va
éviter les extrêmes, c'est-à-dire que
des expropriés ne recevraient pas les indemnités ou les montants auxquels ils
auraient droit pour se relocaliser, puis, évidemment, bien, décourager
les spéculateurs qui pourraient faire des millions de dollars dans des litiges
en lien avec l'expropriation ou
l'expropriation déguisée. Donc, protection des propriétaires, des petits
commerçants, des agriculteurs, et, ça, je vous en
reparlerai, et des locataires, parce qu'évidemment, quand on exproprie un
immeuble, il est aussi possible, dans
bien des cas, que ce soit un immeuble avec des logements, et donc que les
locataires soient obligés de se relocaliser.
Je dois
également souligner que le projet de loi a été parrainé par le ministère des
Transports et de la Mobilité durable, et, je l'ai soulevé d'emblée, je me suis
un peu questionné là-dessus, parce que, quant à moi, il y avait un potentiel de
conflit d'intérêts, puisque le plus grand expropriant au Québec est le
ministère des Transports et de la Mobilité durable, et, évidemment, il présente un projet de loi sur
l'expropriation. Donc, j'ai été particulièrement attentif à l'ensemble des
dispositions pour m'assurer évidemment qu'on rechercherait et qu'on obtiendrait
cet équilibre.
Je ne
conteste pas le fait qu'il était important de moderniser la loi. Mme la
ministre l'a souligné tout à l'heure : dernière modification, plus de 40 ans. Le droit a
évolué. Le droit a changé. La société évolue également. Et je vous donne un
exemple très concret. Les villes ont maintenant beaucoup plus de
responsabilités et d'obligations qu'avant.
On voit
l'importance, l'importance de préserver des espaces de conservation, des
boisés, protéger l'environnement, la
biodiversité. Plusieurs groupes nous l'ont mentionné. Nous-mêmes, députés de
l'Assemblée nationale, on a suivi une formation
tous ensemble sur l'importance de la protection de l'environnement et de la
biodiversité, donc, et puis on sent aussi qu'au niveau de la population
il y a ce que j'appellerais, parfois, chez certaines personnes, un peu
d'écoanxiété, c'est-à-dire que les gens sont
inquiets, voient l'avenir, voient la pollution, et ils se disent : Bien
là, il faut faire quelque chose.
Donc, je
pense qu'il y a des dispositions, dans ce projet de loi, qui vont permettre ou
aider les autorités publiques à remplir
certaines cibles. Ça ne veut pas dire, par ailleurs, que tout est parfait, et
je vais vous expliquer également, M. le Président, pourquoi.
Un des éléments importants du projet de loi est
de faire reposer la valeur d'un bien immobilier sur la valeur marchande. Présentement, on traite de la valeur marchande,
mais associée avec la valeur au propriétaire. Le concept de valeur au
propriétaire va être évacué avec le projet de loi. Cependant, la valeur
marchande reste, avec différents types d'indemnités pour compenser l'exproprié.
En soi, la
valeur marchande, comme élément de base, n'est pas un phénomène nouveau.
D'ailleurs, quand on compare la
législation dans d'autres provinces, il y a également l'utilisation de la
valeur marchande, mais, dans d'autres provinces, par ailleurs, le tribunal a plus de discrétion pour, en fait,
reconnaître, déterminer un certain type d'indemnité, ce qui est beaucoup plus restreint dans le projet de loi
actuel puisque plusieurs indemnités sont prévues par la loi. Et donc il y a eu
un travail important à faire, pour
l'opposition officielle, pour s'assurer que ces indemnités-là seront réajustées
avec une plus grande valeur pour
s'assurer que les expropriés ne perdront pas. Et, dans bien des cas, les
amendements qu'on a proposés ont porté fruit, parce que l'idée,
évidemment, c'est de s'assurer que l'exproprié ne perdra pas.
La ministre a
des objectifs avec son projet de loi, elle en a parlé, donc plus grande
prévisibilité, plus grande célérité dans
le traitement des dossiers d'expropriation devant le Tribunal administratif du Québec. Est-ce qu'il y aura un peu plus de
prévisibilité? Probablement, parce qu'il y a des indemnités maintenant qui sont
prévues par la loi. Est-ce que ça va nécessairement
aller plus vite? Bien, écoutez, on a proposé des amendements, à l'opposition
officielle, pour aider, mais on ne
peut pas faire abstraction du fait que la nouvelle loi, compte tenu de certains
barèmes, pourrait également amener des contestations judiciaires.
• (12 h 20) •
Donc, je reviens aux indemnités, parce que c'est
particulièrement important, et ça, on les retrouve, entre autres, dans
plusieurs articles du projet de loi... mais, aux articles 84 et suivants,
on parle de l'indemnité immobilière. L'article 85 reconnaît la valeur
marchande, c'est la base qui sera utilisée pour évaluer un bien, et on dit que
ça doit correspondre à la valeur des droits
établis conformément à l'article 86. Et donc 86 donne quand même
relativement une marge de manoeuvre en disant que «la valeur d'un droit
correspond au prix de vente :
«1° qui est le plus probable;
«2° qui est établi;
«a) à la date de l'expropriation — ce
qui pose un enjeu, j'y reviendrai;
«b) selon l'usage le meilleur et le plus
profitable de ce droit;
«c) sur un marché libre et ouvert à la
concurrence qui satisfait aux conditions suivantes :
«i. les parties sont informées [...] de l'état
de l'immeuble[...];
«ii. le droit a été mis en vente pendant une
période suffisante[...];
«iii. l'acquéreur [ne fait aucune pression ni le
vendeur de] pression indue...» Qui pourrait modifier le prix.
Et évidemment on dit :
«d) sans tenir compte :
«i. de la [...] plus-value attribuable à
l'annonce publique[...] — et
ça, on en a discuté beaucoup;
«ii. des constructions [ou] améliorations
[nécessaires], sauf celles autorisées [par la loi].».
Et évidemment l'article 87, par la suite,
décrit quel est l'usage le meilleur et le plus profitable d'un droit pour
indemniser un exproprié.
C'est
particulièrement important, et j'ai questionné, à de multiples reprises, la
partie gouvernementale à ce sujet-là, parce
que, comme je le mentionnais d'emblée, je ne veux pas qu'un exproprié soit
pénalisé indûment. L'expropriation, en soi, est déjà, évidemment, une décision
pour le bien public, mais une décision qui a quand même un impact significatif
sur la vie de quelqu'un. Et mon
inquiétude visait notamment à s'assurer que les propriétaires d'immeubles ne
perdraient pas... des commerçants qui vont voir leurs commerces expropriés ne
perdraient pas, mais aussi que des agriculteurs ne perdraient pas si
jamais il y avait une expropriation. Et donc j'ai questionné, à de multiples
reprises, le gouvernement là-dessus.
On m'a assuré
qu'avec le nouveau projet de loi, normalement, un agriculteur ne devrait pas
perdre. Et je peux vous dire, M. le Président, que ce n'étaient pas des
questions hypothétiques que je posais, mais avec un sens... éminemment
authentique, profond, pour m'assurer que les agriculteurs ne perdront pas,
parce que pas plus tard qu'aujourdhui, dans La Presse, il y a un excellent article d'Alain Dubuc qui
parle de la loi et qui parle, justement, des craintes d'un producteur laitier dans la région du Lac-Saint-Jean et qui va voir sa terre expropriée. Alors, vous comprendrez, alors, ce
n'est pas du tout hypothétique, là, on parle de cas réels, de cas vécus
au Québec maintenant.
Alors,
vous comprendrez qu'avec le nouveau régime, qui a plus de prévisibilité, avec
l'importance des terres agricoles, l'importance de l'autonomie alimentaire pour
le Québec et du travail que nos agriculteurs doivent faire, donc un agriculteur
qui voit sa terre coupée en deux, par exemple, par une autoroute ou une route,
bien, il va être capable ou bien de se relocaliser ou être capable, bien sûr, de cultiver ses champs
à nouveau, mais sans perdre, pour être capable de continuer d'exploiter son entreprise
agricole.
On
nous dit qu'il n'y aura pas d'impact. Alors, écoutez, on est en commission
parlementaire, moi, j'ai posé toutes les questions, et on verra, évidemment, à
la longue, ce que ça va donner. Mais il n'en demeure pas moins que c'est quand
même une question que je trouvais
hyperimportante à faire... évidemment, à aider ou à faire dire au gouvernement
pour préciser sa pensée.
Il y a eu, dans
l'étude article par article, un nombre important d'amendements,
10 amendements, qui ont été proposés par l'opposition officielle dans le
but de faire... de bonifier le projet de loi, d'accorder plus de droits aux
expropriés, d'essayer, justement, d'atteindre cet équilibre. Et je peux vous
dire que, suite aux questions que j'ai posées, la partie gouvernementale a aussi déposé un nombre très important
d'amendements pour tenir compte de la réalité. Mais permettez-moi, permettez-moi de souligner
quelques-uns des amendements qui ont été déposés par l'opposition officielle
et qui ont, je pense, bonifié le projet de loi.
Dans
la plupart des cas, on a réussi à faire augmenter les indemnités. Donc, ce qui
était prévu au départ au projet de loi, on a été capable de faire augmenter les
montants qu'éventuellement le tribunal pourra accorder à un exproprié.
Et je vous en donne un exemple. À
l'article 105, l'indemnité pour les troubles, les ennuis et les
inconvénients, au départ, ça disait
que ça ne peut pas excéder 5 000 $; avec l'amendement, c'est
maintenant rendu à 10 000 $. Donc, l'indemnité, pour la perte
de valeur de convenance, au départ, c'était 20 000 $, on est
maintenant rendu à 30 000 $.
On
a réussi également à faire adopter une définition, pour plus de précision, de
ce qu'est une entreprise agricole, parce que c'était un des éléments qui
avait été soulevé dans le mémoire de l'Union des producteurs agricoles, et
c'était particulièrement important.
Je
vous souligne d'autres amendements qui ont été adoptés. Un exproprié qui ne
transmettrait pas d'information à ses locataires serait le seul
responsable des préjudices qui vont en résulter. Et, évidemment, on ne voulait
pas que ce préjudice-là repose sur les
épaules d'un locataire, parce que, n'étant pas évidemment le propriétaire de
l'immeuble, il n'est pas nécessairement au courant de ce qui s'en vient
ou des avis d'expropriation.
Autre élément, ça
peut sembler un peu banal, mais je pense que c'était quand même important, le
projet de loi, au niveau de la procédure, va
permettre maintenant des interrogatoires au préalable, c'est-à-dire la
possibilité pour une partie d'interroger des témoins avant l'audition finale
devant le tribunal. Sauf que l'article 61 du projet de loi permettait,
entre autres, d'interroger des mineurs ou un
majeur inapte avec l'autorisation du tribunal. Et ma première réaction, ça a
été de dire : Ce serait quand
même surprenant, étonnant, voire rare, qu'un mineur — c'est peut-être arrivé — soit propriétaire de plusieurs immeubles puis qu'il soit visé par une procédure
d'expropriation, ou encore un majeur qui est inapte. Et donc,
finalement, ça, ça a été retiré du projet de loi.
Autre
élément, au niveau de la procédure, le gouvernement voulait venir encadrer
davantage la discrétion du tribunal quant à la possibilité de faire
entendre des témoins, parce que le projet de loi soulignait que, lors de la
conférence préparatoire, il faut que les
parties soient capables d'échanger sur leur nombre, et non des témoins, puis
qu'après ça, bien, ce soient ces
témoins-là qui soient entendus. C'est sûr que c'est une bonne pratique, parce
que ça permet de mieux prévoir la durée de l'audience devant le
tribunal, mais mon questionnement était le suivant. L'important, pour le
tribunal, c'est, en bout de piste, d'être
capable de trancher avec toute l'information possible. Et donc, si jamais un
témoin arrivait plus tard ou qu'un témoin n'était pas identifié pendant la
conférence préparatoire, bien, il faut absolument donner au tribunal la
discrétion de permettre d'entendre ce témoin-là, et, ça aussi, ça a été
accepté.
Autre
amendement, et ça, c'est un ajout complet, à l'article 54.1, et je vous en
parle pendant quelques minutes, parce que c'est un mécanisme qui va introduire
de la conciliation, facilitation. Ça m'apparaissait hyperimportant, parce que,
dans la majorité des cas, l'exproprié ne
sera pas nécessairement représenté par avocat. D'ailleurs, le projet de loi
indique clairement que, dans les
indemnités ou les frais qui peuvent être versés à un exproprié, les frais
judiciaires, les frais d'avocat ne sont pas inclus. On a essayé de faire
changer ça. Ça n'a pas été retenu par la partie gouvernementale.
• (12 h 30) •
Et
je pensais aux petits propriétaires, aux locataires, à des petits commerçants,
contrairement à des multinationales, qui
n'ont pas nécessairement un service juridique à l'interne, qui n'ont pas
nécessairement retenu les services d'un cabinet d'avocats, et donc, et donc,
ils seront exposés, si le projet de loi est adopté, à des interrogatoires au
préalable. Ils ne seront peut-être pas représentés. Et puis, par la suite, il y
aura un débat devant le tribunal. La partie gouvernementale nous
disait : Oui, mais, ne vous inquiétez
pas, on va bien les accompagner. Je comprends. Je comprends ça, sauf que la
ministre, ou le ministère des
Transports et de la Mobilité durable, ou le Procureur général sont quand même
parties à la procédure pour représenter l'expropriant.
Alors,
je voulais qu'on soit capable de mettre en place un mécanisme qui allait faire
en sorte que l'exproprié qui n'est pas représenté, même s'il l'est, mais, dans
bien des cas, il ne le sera pas, puisse avoir une séance de conciliation
où, là, un spécialiste pourra entendre les
parties, essayer de bâtir des ponts, trouver des liens communs, faire des
échanges sur des témoins qui pourraient être entendus, de la preuve ou des
admissions, mais vraiment quelqu'un d'impartial qui pourra effectivement
aider l'exproprié dans le cadre de cette séance.
Et
ça, ça a été accepté, et ça fait en sorte qu'il y a maintenant, dans le projet
de loi, l'article 54.1, qui se lit comme suit : «Le président du tribunal, le vice-président responsable de
la section des affaires immobilières, le membre désigné par l'un d'eux ou l'un des membres appelés à siéger
dans l'instance convoque les parties à une séance de conciliation au jour qu'il fixe. Il peut
toutefois, d'office ou à la demande d'une partie, remplacer cette séance par
une conférence de gestion si aucun accord n'intervient ou s'il estime
que les circonstances et l'intérêt des parties le justifient.
«La séance de
conciliation est présidée par un membre choisi par le président du tribunal, le
vice-président responsable de la section des affaires immobilières ou la
personne qu'il désigne.»
Et je vous dirais que
c'est particulièrement important, puisque ça va permettre aux parties de se
parler, mais dans un cadre qui est moins formel que, par exemple, une
conférence de gestion présidée par un juge et de faire avancer le débat. Donc,
je pense que ça, c'est un ajout important qui a été apporté par l'opposition
officielle.
Autre élément, aussi,
qui peut paraître plus procédurier, mais qui est quand même important parce que
ça peut représenter beaucoup d'argent, parce qu'on parle maintenant
d'interrogatoire au préalable, bien, évidemment, les frais de transcription
vont maintenant être inclus dans les frais qui pourront être remboursés aux
parties.
On a réussi aussi à
faire inclure dans l'indemnité pour les troubles, troubles majeurs, ennuis, les
propriétaires et les propriétaires de petites entreprises de 10 personnes
ou moins, parce qu'ils avaient été exclus du projet de loi. Donc, je pense que c'est après de longues
discussions, énormément de questions, des éléments qui ont été ajoutés au
projet de loi et qui tentent, évidemment, de rétablir cet équilibre.
Malheureusement, et
c'était également l'objectif visé par des propositions d'amendement auxquelles
vous avez fait référence ce matin, M. le Président, et j'aimerais y revenir, il
y a quand même trois dispositions qui n'ont pas été retenues, et je pense que
ça aurait été une amélioration importante pour le projet de loi. À
l'article 1, j'avais suggéré de rajouter un troisième alinéa qui veillait
à assurer un équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de
l'exproprié. Pourquoi? Bien, c'est parce que, comme je le mentionnais, c'était
mon objectif, comme porte-parole de l'opposition officielle, de s'assurer qu'il y ait un équilibre, et donc je trouvais
important de l'ajouter parce que ça, évidemment, éclaire le tribunal
dans son interprétation des différentes dispositions. Ça n'a pas été accepté.
Et il y a un élément,
je vous dirais, qui est encore plus important et auquel je tenais, parce qu'on
a fait un débat très long là-dessus, et c'était un ajout à l'article 5 du
projet de loi. Dans le but de vouloir aller plus vite, le législateur, à l'article 5, indique que «pour exproprier
un droit, il n'est pas nécessaire d'avoir obtenu les autorisations requises
pour la réalisation du projet ni de remplir les conditions préalables à cette
réalisation qui sont prévues par d'autres lois». Cependant, le deuxième
alinéa dit : «Le présent article n'a pas pour effet de supprimer
l'obligation pour un expropriant d'obtenir les décisions et les autorisations
requises par les dispositions qui l'habilitent à acquérir un tel droit.»
Ce
que ça veut dire, c'est que, quand un expropriant a un projet mais qu'il doit s'adresser
à d'autres organismes ou commissions judiciaires ou quasi judiciaires, il n'est
pas obligé, il peut aller de l'avant. Sauf que, pour certaines dispositions
où il y a consultation obligatoire, là il va être obligé de consulter, mais il
n'est pas obligé d'attendre, donc il peut aller de l'avant quand même, et ça, c'est un élément que je trouvais
particulièrement troublant. Pourquoi? Bien, parce que ça veut dire qu'un expropriant pourrait aller de
l'avant avant même d'avoir obtenu la décision, par exemple, de la commission de
la protection des terres agricoles du Québec, la CPTAQ. Et, pour moi, c'était
un enjeu, je vous dirais, majeur. Il nous reste 4,7 % de terres
agricoles au Québec. Je vous ai parlé de souveraineté alimentaire, tout à
l'heure, comment c'était important. Bien, ce
que ça veut dire, c'est qu'un expropriant, pour aller de l'avant... ils ne
pourront pas, à moins qu'il y ait un
décret, mais ils ne pourront pas ignorer la Commission de la protection du
territoire agricole, mais, si jamais, si jamais, si jamais la
commission, après un an, arrivait à la décision que, par exemple, le zonage
n'est pas bon, que le changement de zonage
n'est pas bon, qu'il faut quand même respecter la commission, bien, à ce
moment-là, l'expropriant va être obligé de tout arrêter puis de remettre
ça en état. C'est contre-productif et c'est, quant à moi, un manque de respect
envers un organisme indépendant et quasi
judiciaire. Puis on a l'impression, parfois, avec ce gouvernement, que, dès
qu'il y a un organisme indépendant qui peut apporter un contre-pouvoir,
on veut le tasser.
Et cet enjeu-là avait
été soulevé, soulevé par l'UPA dans son mémoire, mais malheureusement ça n'a
pas été accepté. Donc, moi, j'en reparle ce
matin pour démontrer l'importance de cet enjeu-là qui peut être totalement
contre-productif et engager des frais inutiles dans des fonds publics
pour le gouvernement.
Dernier élément que je voulais mentionner à ce
stade-ci, à la prise en considération, c'est la date de l'expropriation.
Le projet de loi, à l'article 12, indique clairement que ça va être à la
date de l'avis d'expropriation. Donc, dès qu'un exproprié va recevoir un avis,
ça va être désormais la date de l'expropriation. J'aurais vraiment préféré que
ce soit la date du transfert du droit de
propriété, parce qu'au niveau des indemnités ça peut faire une différence. On
me dit, et c'est le souhait du
gouvernement, que les dossiers, maintenant, vont procéder plus rapidement, et
donc qu'il ne devrait pas y avoir un grand délai entre les deux. Néanmoins,
pour s'assurer des droits de l'exproprié, je persiste et je pense qu'il aurait
été préférable que ce soit à l'avis du transfert de propriété.
Donc,
je tenais, M. le Président, à rappeler ces amendements, à prendre le temps de
les expliquer, pourquoi c'est important,
à mon avis, d'apporter des modifications. Mais, par ailleurs, quand on regarde
l'ensemble de la loi et tous les amendements qui ont été proposés et acceptés
de l'opposition officielle, ce n'est pas parfait, mais il n'en demeure pas moins que ça apporte certaines précisions dans le
domaine du droit d'expropriation, et, pour cette raison-là, je serai en faveur
de l'adoption en prise de considération. Et nous verrons après pour l'adoption
finale. Je vous remercie, M. le Président.
• (12 h 40) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui, je reconnais Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président. Merci,
mon collègue. D'ailleurs, merci... D'ailleurs, je vais commencer par
souligner le travail exceptionnel de mon collègue le député de l'Acadie, aussi
porte-parole de notre formation de l'opposition officielle en matière de
transport et de mobilité durable, entre autres.
Et
je suis très heureuse aujourd'hui de pouvoir prendre la parole, M. le Président,
dans le cadre du débat de prise en
considération du rapport de commission sur le projet de loi n° 22. Ce
nouveau projet de loi remplacera, comme on l'avait dit, l'ancienne loi, qui date d'une quarantaine
d'années, quand même, M. le Président. Alors, il a été approprié de la revoir
et d'y effectuer plusieurs mises à niveau afin qu'elle reflète les besoins et
les réalités toujours grandissants des projets d'infrastructure collectifs au Québec, ainsi que le besoin de se donner des
moyens efficaces pour atteindre nos cibles en matière de biodiversité et
de changements climatiques.
Et ça ne va pas vous surprendre, M. le
Président, qu'en tant que... moi-même, en tant que porte-parole sur l'environnement, les changements climatiques, en
matière de faune et parcs aussi, il est important pour moi de souligner les
enjeux environnementaux très importants au sein de ce projet de loi, ou
l'impact de ce projet de loi et l'impact de l'expropriation. Cet enjeu-là,
il y a tout un volet environnemental. Alors, c'est vraiment sur ça que je vais
miser dans mes remarques.
En principe,
le projet loi devrait permettre aux villes d'atteindre les objectifs
établis par le gouvernement provincial en
termes de protection environnementale. En effet, on se rappelle, M. le
Président, il y a à peine un an, à la COP 15, le gouvernement du
Québec, en marge de la COP 15 sur la biodiversité, à Montréal, s'est
engagé d'assurer la protection de 30 %
de notre territoire d'ici 2030. Il a même indiqué que le Plan Nature 2030
serait décliné en trois axes. Alors, je rappelle les trois axes : alors, le premier, c'est de donner aux Québécois
plus d'accès à la nature; deuxième axe, c'est de protéger nos espèces
menacées et vulnérables; et troisième, c'est d'appuyer le leadership autochtone
dans la conservation de la biodiversité. Il
faut donc se donner les moyens, M. le Président, concrets pour atteindre nos
objectifs, tant au sud du Québec que
dans le nord, et le projet de loi n° 22 aurait été une occasion en or pour
se donner des moyens concrets pour atteindre nos objectifs ambitieux.
Il faut aussi
faire le lien avec les changements climatiques. Comme mon collègue a souligné,
la semaine passée, on a complété,
tous les élus, une formation sur les changements climatiques, et lundi cette
semaine notre formation, et les élus, et
le personnel politique ont participé à une autre formation sur les changements
climatiques, surtout axée sur les solutions et les communications.
Alors, on comprend à quel point c'est une priorité et c'est toute une urgence.
Et on comprend donc très bien que, parmi
l'inventaire des solutions par rapport aux changements climatiques, celles qui
sont basées sur la nature, M. le
Président, sont parmi les plus efficaces. Il faut donc veiller à la
conservation de la nature, de la biodiversité, non seulement pour sa valeur intrinsèque de la biodiversité, mais
aussi... et aussi les services écosystémiques, mais aussi pour atténuer
les changements climatiques.
Lors des
consultations particulières, il y a eu beaucoup de groupes qui se sont
présentés, et je tiens à souligner en particulier
deux organismes qui... c'est-à-dire le Centre québécois du droit sur
l'environnement et aussi la société pour la protection de la nature... pardon, la Société pour la nature et les
parcs, c'est-à-dire SNAP-Québec. Alors, je souligne leurs mémoires, leur
contribution. Et on a fait des suivis vis-à-vis ces groupes-là... aussi Réseau
Environnement, dans le contexte des
consultations sur le Plan Nature. Alors, on a fait nos devoirs. Ils ont
souligné, entre autres, qu'il fallait absolument encadrer ce qu'on appelait expropriation déguisée ou expropriation de
fait et qu'il fallait absolument que la loi... le projet de loi vienne baliser, entreprendre des balises
pour vraiment clarifier ce qui est et ce qui n'est pas l'expropriation, mais le
projet de loi n° 22 demeure silencieux
à ce sujet-là. Alors, on s'est nous-mêmes... on a proposé nous-mêmes des
amendements pour ajouter une section
qui venait baliser, définir exactement c'est quoi, les expropriations, c'est
quoi, l'expropriation aux fins de conservation.
Lors de
l'étude détaillée, nous avons proposé tout un amendement, les
articles 169.1 à 169.13, dans le projet de loi, et justement le focus
était la conservation. Et je vais prendre un moment, juste, M. le Président,
pour en faire la lecture de notre...
de ce qu'on avait proposé. Alors, on avait proposé que «l'expropriation
s'exerce aux fins de conservation lorsqu'elle est exercée à cette fin à titre
principal, par une autorité ou un organisme compétent, une municipalité locale
ou une municipalité régionale de comté, à l'exception des villages
nordiques, cris ou naskapi, en vertu d'un pouvoir lui étant confié par une loi particulière à des fins de
protection ou de réhabilitation de l'environnement, des milieux naturels, de la
biodiversité, des espèces fauniques ou floristiques, ou des milieux humides ou
hydriques.
«Elle
s'exerce également quant à l'instauration ou la protection d'espaces naturels,
afin de s'adapter et [de] lutter contre les enjeux liés aux changements
climatiques notamment par des solutions basées sur la nature.»
Alors, c'est vraiment dommage que la ministre
ait rejeté cet amendement-là. On a trouvé ça vraiment décevant, M. le
Président, parce que, justement, nous sommes en pleine période de crise
climatique. C'est maintenant, cette crise.
L'objet
annoncé du projet de loi était de répondre, entre autres, aux enjeux du milieu
municipal quant à l'expropriation déguisée,
qui intervient presque exclusivement en contexte de conservation. Alors,
comment se fait-il que le projet de loi qui a été proposé, qui est devant nous aujourd'hui, ne tienne pas déjà
compte de cette réalité et que l'urgence soit remise à plus tard? Il est donc très décevant d'apprendre
que les défis les plus pressants de notre époque sont relégués au rang de
considérations secondaires et à nouveau reportés à plus tard, faute d'avoir
été... pardon, reportés à plus tard.
La ministre nous a confirmé que ce sujet sera
abordé au sein d'un éventuel projet de loi qui sera déposé par la ministre des Affaires municipales. Alors, M. le Président, nous allons suivre ça de
très près, nous allons être vigilants, nous allons être attentifs, mais on a quand même des préoccupations. Par
exemple, en matière de conservation, le MAMH ne dispose ni des données ni de l'expertise du ministère de
l'Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, Faunes ou Parcs, et il n'est pas du tout clair, monsieur...
ça ne nous donne pas confiance, parce qu'il n'est pas du tout clair que, même,
au sein de ce projet de loi, le ministère de l'Environnement... ce n'est pas
clair du tout qu'il a été consulté sur l'élaboration de ce projet de loi. Alors, on espère qu'ils vont
être consultés sur les prochaines étapes de façon intégrée et équilibrée.
On trouve
aussi... C'est peut-être même utopique de croire qu'un régime d'indemnisation
et un schéma juridique complet
nouvellement instauré en expropriation pourra faire l'objet de toute une
nouvelle révision substantielle pour un... par un sujet de loi. Finalement, il
faut distinguer dans nos approches et éviter des interprétations judiciaires
asymétriques, de complexifier des recours et l'engorgement des
tribunaux.
Alors, M. le Président, en terminant,
on va suivre... on va être très vigilants pour la suite des choses en ce qui
concerne l'expropriation à des fins
de conservation, mais nous avons participé de façon constructive et active au
sein de ces consultations, l'étude détaillée, et maintenant la prise en
considération. Merci, M. le Président.
• (12 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Y a-t-il d'autres
interventions? Alors, il n'y en a pas.
J'ai
été informé qu'il y aurait consentement pour mettre aux voix un à un les
amendements proposés par M. le député de l'Acadie et en faire la
lecture. Est-ce qu'il y a toujours consentement?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix des amendements
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Consentement. Alors, je mets d'abord aux voix
l'amendement modifiant l'article 1 et qui se lit comme suit :
L'article 1 du
projet de loi est modifié par l'insertion, à la fin de l'article, du paragraphe
suivant :
«3° d'assurer un
équilibre entre les droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié.»
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Je mets maintenant
aux voix l'amendement modifiant l'article 5 et qui se lit comme
suit :
L'article 5 du
projet de loi est modifié :
1°
par l'insertion, dans le premier alinéa après les mots «par d'autres lois», des
mots «, sauf pour l'expropriation d'un
immeuble situé en zone agricole, auquel cas l'autorisation préalable de la Commission de protection du territoire agricole
du Québec doit être obtenue, lorsque requise.»;
2° par l'insertion, à
la fin de l'article, de l'alinéa suivant :
«En cas de
non-réalisation d'un projet ayant mené à l'expropriation d'un immeuble situé en
zone agricole, l'expropriant doit, dans
l'année qui suit la date où il est devenu officiel que le projet ne se
réaliserait pas, offrir au producteur agricole exproprié, le cas échéant, la
rétrocession de l'immeuble, et ce, au prix de l'indemnité d'expropriation
qui lui avait été accordée. L'expropriant
doit également, dans la même année, prendre les procédures appropriées pour que
l'immeuble soit réintégré en zone agricole, lorsque celui-ci en avait
été exclu.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Alors, je mets
maintenant aux voix l'amendement modifiant l'article 12 et qui se lit
comme suit :
L'article 12
de ce projet de loi est modifié par le remplacement, dans le paragraphe 1° du
quatrième alinéa, des mots «la signification de l'avis d'expropriation
au titulaire» par les mots «prise de possession par l'expropriant».
Cet amendement est-il
adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Rejeté.
Mise aux voix du rapport
Enfin, le rapport de
la Commission des transports et de l'environnement portant sur le projet de loi
n° 22, Loi concernant l'expropriation, est-il adopté?
Adopté.
Alors, pour la suite
de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
afin de permettre le débat sur les affaires inscrites par les députés de
l'opposition, cet après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à
12 h 53)
(Reprise à 15 heures
)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi à toutes et à tous. Je vous invite à prendre place.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
d'annuler la subvention accordée pour la tenue de
deux parties présaison des Kings de Los Angeles
Nous allons débuter
nos travaux aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
À
l'article 46 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, M. le leader de l'opposition officielle présente la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de respecter l'état des
finances publiques, d'annuler la
subvention accordée pour la tenue de deux parties présaison des Kings de Los
Angeles et de mieux répondre aux besoins criants dans de nombreux
secteurs au Québec, notamment dans la Capitale-Nationale.»
Je
vous informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur
la motion inscrite par M. le leader de l'opposition officielle
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, 53 min 30 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
28 min 19 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
18 min 53 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
6 min 18 s sont allouées au troisième groupe
d'opposition, 1 min 30 s allouées à chacun des députés
indépendants. Dans le cadre de ce débat, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis
à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je
rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du
débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Je cède donc
maintenant la parole à M. le leader de l'opposition officielle.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, M. le Président. Très heureux de prendre la
parole aujourd'hui au salon bleu dans le cadre de la motion du mercredi.
J'aurais aimé prendre
l'après-midi pour parler de l'état des finances publiques. J'aurais aimé
prendre ce temps et l'utiliser pour parler
de l'inflation et l'effet de l'inflation qui cible la poche des Québécoises et
des Québécois. J'aurais aimé prendre
ce temps pour parler de la crise du logement, le gouvernement caquiste n'a rien
fait. J'aurais aimé prendre plus de
temps pour parler des missions essentielles de l'État, à savoir l'éducation, la
santé, la justice et l'état de l'économie. J'aurais aimé prendre la parole pour parler de la baisse
des exportations, la baisse des revenus autonomes de l'État, de la dernière
mise à jour économique du ministre des Finances. J'aurais aimé aussi prendre la
parole pour parler que la provision qu'il nous reste ne dépasse pas un demi-milliard. Mais, M. le
Président, je suis dans l'obligation, avec notre formation politique et nos
collègues... Et je vous invite à les
écouter attentivement, parce que tous, ils ont une réelle volonté, aujourd'hui,
c'est faire reculer le gouvernement caquiste sur sa décision de donner
et d'utiliser les fonds publics pour ramener deux équipes de la ligue nationale
pour un camp d'entraînement de quatre jours.
Je
suis d'accord avec le ministre des Finances qui nous disait : Écoutez,
c'est juste 7 millions sur un énorme budget. Mais, vous savez, au Parti
libéral, qu'il s'agit d'un sou, ou de 1 million, ou 7 millions ou
7 milliards, c'est la même rigueur. Ce n'est pas parce qu'on aime le hockey et on est passionné du hockey...
je l'aime aussi, pas autant que le soccer, j'aime le soccer, M. le Président,
mais ce n'est pas parce qu'on l'aime, et on aime un projet, et on veut être
l'initiateur de ce projet qu'on doit
sortir l'argent des Québécoises et des Québécois pour amener deux équipes.
C'est inacceptable, M. le Président.
Et
aujourd'hui j'offre une chance à tous les collègues caquistes. Vous avez un
choix, un choix de suivre une décision presque
personnelle du ministre des Finances et probablement du premier ministre. Mais
j'ai écouté et entendu des collègues caquistes
qui partageaient les mêmes inquiétudes que la population. Et, vous savez, M. le
Président, nous sommes élus pour amener la voix du peuple au Parlement. C'est
ça, notre rôle. Le rôle d'un élu, c'est écouter ceux et celles qui lui ont
donné la chance de siéger au
parlement. Les gens qui ont voté pour nous, s'ils savaient que leur
gouvernement va utiliser leur argent public pour amener deux équipes,
probablement, ils ne seront pas là. Et on voit le mécontentement, aujourd'hui,
de la population. Les gens sont fâchés.
Et
la liste s'allonge jour après jour. La dernière sortie, c'est la collègue de
Laviolette—Saint-Maurice
qui vient de déclarer qu'il y a de la grogne, qu'on reçoit des appels. Le
ministre de l'Éducation parlait du mauvais timing. C'est un collègue du
ministre. La ministre du Transport et de la Mobilité durable disait :
C'est un mauvais timing. D'autres collègues parlaient des valeurs, des valeurs. Je me demande, ces collègues que le
ministre des Finances n'écoute pas, c'est un vrai problème.
Une voix :
...
M. Derraji : Merci, mon collègue. Regardez sa bienveillance. Il vient de me
dire : C'est trois équipes. Un ancien joueur de la LNH. Vous savez quoi?
Le ministre aurait dû juste prendre un appel et texter : Député de
Marquette, je ramène trois équipes,
ça me coûte 7 millions, penses-tu que c'est un bon deal? Et vous savez
qu'est-ce qu'il va lui dire? Oublie ça. J'ai fait plusieurs camps
d'entraînement, zéro. On partageait les recettes, ce qui est normal.
En
plus, c'est un ministre des Finances. Il sait, quoi... Il gère un budget, M. le
Président, il sait comment gérer un budget. Il a une longue carrière, que je
respecte. C'est un homme de principes, une bonne expérience dans le secteur
privé, mais, rendu à ce qu'on veut
dealer avec une équipe ou avec la LNH, bien, on a tous des compétences. Allo,
Cicco... Allo, M. le député de Marquette, pensez-vous que c'est un bon
deal? Il l'a très bien expliqué, il a été invité à jouer en Europe, il n'y a
personne qui a payé.
Mais,
M. le Président, aujourd'hui, moi, je suis confiant qu'à
l'intérieur du caucus caquiste il va y avoir un... juste une seule personne qui va se lever. Je ne sais pas
s'ils vont accepter de voter aujourd'hui ou demain, mais, vous savez, c'est
très important, ce qu'on vit présentement, vous avez la chance de dire :
C'est sa décision. D'ailleurs, il le dit : C'est moi, l'initiateur. En fait, il ne vous a même pas
consultés : C'est moi, l'initiateur. C'est très clair. Au moins, il est
honnête, le ministre des Finances, il le dit clairement : C'est
moi, l'initiateur, c'est moi qui ai pris le lead dans ce projet.
Je ne sais
pas s'il s'attendait à ce qu'il va être dans le pétrin avec cette décision,
mais ça va mal, M. le Président. Ça fait
presque deux semaines qu'on ne parle que de ça au lieu de parler de d'autres
choses extrêmement importantes, mais je
tiens à le dire... Parce qu'il y a beaucoup de gens qui nous ont dit :
Écoutez, il y a la grève. C'est vrai, en tant que parents, on vit des problèmes à cause de la grève et les
négociations en cours, mais, excusez-nous, on n'a pas choisi le thème. C'est
le choix du ministre des Finances, qui a
décidé d'utiliser 7 millions de dollars pour se payer l'arrivée de trois
équipes au Québec.
Alors, M. le
Président, la liste, elle est très longue. Le député de Lac-Saint-Jean, le
député de Jonquière, le député, que
je respecte beaucoup, de Beauce-Nord parlaient des valeurs, mais, vous savez,
je vous seconde. Je suis d'accord avec vous.
S'il vous plaît, ne suivez pas la ligne du parti. Vous avez le droit de voter
contre. Demain et aujourd'hui, vous êtes devant un fait, un vrai examen. Est-ce qu'on va suivre la ligne du
ministre, que, probablement, vous ne partagez pas? À la lumière des scrums qu'on voit, il y a un malaise.
En fait, ça craquait au niveau des services publics, mais maintenant ça craque à l'intérieur du caucus caquiste. Mais vous
avez l'occasion, une occasion en or. Vous allez tous partir, à partir de
jeudi, rencontrer les citoyens qui vous ont
donné la chance de venir au parlement. Votez pour cette motion. Au moins, vous
allez envoyer le message que vous ne partagez pas la décision du ministre des
Finances.
• (15 h 10) •
Parlons du
ministre des Finances, M. le Président. J'ai eu la chance d'analyser la mise à
jour budgétaire, la mise à jour économique. Le même ministre des Finances... Et
je ne vais pas parler des banques alimentaires. J'ai un expert, le député de Jacques-Cartier, qui a fait un travail
phénoménal, exceptionnel avec les acteurs du terrain. Il va vous en parler
davantage. Je ne vais pas parler du deal et de la négociation. Le député de
Marquette, il est prêt, avec des bons arguments. Mais je vais vous
parler du ministre des Finances.
Le rôle d'un ministre des Finances, c'est
veiller à la bonne gestion des finances publiques. En fait, qu'est-ce qu'il fait? Il équilibre le budget dans des
prévisions, dans un cadre de rigueur budgétaire et de déficit budgétaire, et on
ne peut pas sortir un sou... Je le dis bien, on doit avoir la même rigueur,
qu'il soit un sou, ou 1 million, ou 7 milliards, c'est la même rigueur. Et, vous savez, M. le Président,
j'ai été, de l'autre côté, un acteur de la société civile, et j'ai eu à
rencontrer le ministre des Finances, l'ancien collègue Carlos Leitão,
et, vous savez quoi, j'avais un projet sur la table, et j'ai vu tout le processus, y compris les retombées
économiques. On m'a posé la question sur les retombées économiques, vous
savez quoi, même les retombées par région, et j'ai été obligé de fournir et de
faire mes devoirs.
Qu'est-ce que
le ministre des Finances vient de faire? Là, il est en train de préparer la
consultation prébudgétaire. Quand un
groupe, par exemple, qui représente une population vulnérable va venir lui
demander 6 millions ou 7 millions de dollars, est-ce que
le ministre va avoir le courage de leur poser : Sont où, les retombées
économiques? En fait, il vient de créer un
précédent. Si vous demandez 7 millions de dollars, comme le ministre
a donné aux trois équipes de la LNH, pas besoin de faire une étude de
retombées économiques. C'est ce qu'il vient de faire avec sa décision.
Et, je tiens
à le dire, ce n'est pas la décision de tous les collègues, car j'ai un espoir
qu'ils ne vont pas le supporter. C'est un vote libre. C'est un vote
libre, M. le Président, parce que c'est sa décision. Il l'a dit : C'est
moi qui a initié. C'est bien. Au moins, il
prend toute la responsabilité. Il n'y a personne qui l'appuie à 100 %. Il
est venu faire sa conférence de
presse seul. Mais, vous savez, quand le même ministre des Finances nous disait,
lors du dépôt de la mise à jour budgétaire : Écoutez, les revenus
de l'État, ce qu'on a prévu est plus élevé que le réel, ça veut dire :
moins de revenus de l'État. Hydro-Québec, je
lui ai posé la question, il m'a dit : C'est la pluie, il n'y avait pas de
pluie, on a moins de revenus. Il finance la réduction d'impôt par le Fonds des générations. La réserve, il lui reste un demi-milliard. Même
sur les prévisions de croissance, il
s'est trompé, ce n'est pas le bon chiffre. Je ne veux pas faire le débat sur
l'inflation, souvenez-vous qu'est-ce
qu'il disait à notre collègue Carlos : Ah! l'inflation risque d'augmenter,
hein? Souvenez-vous de ce débat. Bien, à vrai dire, le visionnaire était
mon collègue Carlos, qui nous a dit : Attention, faites attention à
l'inflation.
Donc, M. le
Président, je me demande, encore une fois... Le ministre des Finances n'avait
pas besoin de tout cela pour trois matchs, et vivre dans une crise, une crise
d'opinion publique, que personne n'appuie sa décision, une crise au sein de son propre parti, où il est presque isolé — je
me demande qui l'appuie dans la CAQ maintenant — et une crise de crédibilité. Et je vais
insister, pour les prochaines minutes, sur la crédibilité.
Vous savez,
le ministre des Finances, c'est toujours la personne qui nous rassure,
hein, qui nous rassure parce que c'est très important, les finances publiques.
On ne peut pas jouer avec les finances publiques, surtout quand ça va mal.
Ce n'est pas parce qu'ils ont hérité de
7 milliards, presque 8 milliards de dollars, où il y avait
l'embarras du choix de répondre à tout le monde avec des chèques... Ils l'ont
fait, juste avant l'élection, avec les 500 $. Souvenez-vous de qui envoyait
les chèques à 500 $ : Votez pour moi, vous allez recevoir un autre
500 $. C'est des choix. Mais, je vous le dis, la crédibilité, c'est que, le ministre, avec ce geste, bien, sur
la place publique, les gens se posent la question : Est-ce que, vraiment,
le ministre des Finances est en train de bien gérer les finances
publiques? Je ne vais pas revenir sur les arguments de l'arrivée ou non des
Nordiques, mon collègue de Marquette va lui expliquer ça d'une manière très
simple. Ce qu'il fait, c'est le contraire de la... pour réussir
l'arrivée d'une équipe de la ligue nationale à Québec.
M. le
Président, je formule un voeu. Vous savez, dans la vie, on peut toujours faire
des erreurs. Mon collègue, ce matin, parlait de la nuit, bien là, il a
l'après-midi, il a l'après-midi devant lui, M. le ministre des Finances, il peut, encore une fois, au nom de la discipline, au nom de la rigueur et au nom de la
transparence, trois éléments clés dans la vie d'un ministre des Finances...
En fait, je ne veux pas dire que, si cette annonce était faite par un autre
ministre, ça va passer. Mais
le problème, c'est que le ministre
des Finances a un autre chapeau. Ce
n'est pas un ministre des Sports ni des Loisirs, c'est un ministre des
Finances publiques, et c'est cette casquette de finances publiques où je
l'interpelle aujourd'hui.
Je l'interpelle parce
que, chaque jour qu'il avance, il y a un collègue qui parle, du caucus
caquiste. Au fait, je suis content que les
collègues parlent. Là, maintenant, il faut que les paroles suivent, il faut que
les paroles ne restent pas là. Il va y avoir un vote, et c'est ce vote-là qui
est extrêmement important. Il ne faut pas donner une carte blanche au ministre des Finances. Parce qu'il a fait une erreur, une erreur de jugement, une erreur de
jugement dans un moment très important, où, l'état des finances publiques,
lui-même, il disait que... de plus en plus difficile. Le même ministre des Finances qui dit que le Québec, on va devoir prendre des choix,
le même ministre des Finances qui, dans son document de la mise à jour économique,
disait que, si les revenus ne sont pas là, au rendez-vous, c'est sûr qu'il y a
des choix difficiles qu'il doit entreprendre.
Alors, M. le
Président, aujourd'hui, très heureux, au nom de ma formation politique, de
prendre la parole pour parler que... pour
présenter à la CAQ une autre option, une autre chance : reculer. Ce
financement ne mérite pas qu'on le fasse, les Kings n'ont pas besoin de cet
argent. Les Québécois méritent cet argent. Et, vous savez, on a le droit à
l'erreur, tout le monde va applaudir le ministre s'il recule. S'il
continue à faire la même chose, je me pose la question sur la crédibilité du ministre de mener des bonnes
consultations prébudgétaires et de gérer les trois prochains budgets avant 2026.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader de l'opposition officielle. Et je
reconnais maintenant M. le ministre des
Finances. Simplement vous rappeler, M. le ministre des Finances, vous disposez
d'un temps de parole de 51 min 30 s.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Bien,
merci, M. le Président. Et j'ai beaucoup de respect pour cette institution, et,
lorsque vous avez du respect pour l'institution, vous avez du respect pour vos
collègues. Alors, il y a eu des attaques personnelles, je ne répondrai
pas, mais je vais mettre quelques points au clair.
Premièrement,
sur les finances publiques, nous gérons les finances publiques de manière
prudente et responsable. Ça fait cinq
ans que je suis en poste, et j'ai vu deux ministres des Finances au Canada,
trois en Ontario. Et maintenant, lorsqu'on prend les 10 provinces puis les 13 territoires, je suis le
troisième avec plus d'expérience. Le parti... l'opposition officielle prétend
qu'ils nous ont laissé des finances publiques en bon état. C'est vrai, je l'ai
dit, je l'ai toujours dit. Ils se sont trompés sur la situation
budgétaire en 2018-2019, ils se sont trompés de 6 milliards de
dollars, et on a utilisé cet argent-là pour investir dans les services publics
et redonner de l'argent aux Québécois, c'est-à-dire, si je résumais, économie,
santé, éducation. Puis évidemment
environnement s'est ajouté à ça, mais, si on retourne en 2018-2019, santé,
éducation, économie.
• (15 h 20) •
Et
là il est arrivé une pandémie. Et la pandémie a causé une interruption de
l'économie qui a provoqué la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale
et donc un impact extrêmement important sur les finances publiques, qui fait
que, bien qu'on nous avait laissé des finances publiques en bon état, on a fait
un déficit de 10 milliards de dollars en 2021. Puis pourquoi, M. le Président? Bien, parce que, durant la
pandémie, c'étaient ressources illimitées pour combattre la pandémie, puis il
fallait s'occuper de nos citoyens, puis il fallait s'occuper de nos
entreprises. Et, en combinaison avec le gouvernement fédéral, bien, on a passé à travers cette crise, mais c'est
certain qu'au sortir de la pandémie, bien, puisqu'on avait eu un déficit
de 10 milliards, bien, les finances publiques sont plus serrées.
Or,
au Québec, on a deux lois, M. le Président, la Loi sur l'équilibre budgétaire,
adoptée en 1996 par M. le premier ministre Bouchard, le ministre des Finances
Landry, puis la loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations,
adoptée en 2006 par le premier ministre Charest et le ministre des Finances
Audet. Alors, il est normal qu'à la sortie d'une pandémie, à partir d'une
position de 10 milliards de déficit, bien, on doive avoir une convergence
prudente et responsable vers le retour à l'équilibre budgétaire. En fait, c'est
le respect de nos lois. Et puis c'est pour ça qu'on a dit qu'on allait partir doucement d'un déficit qui est
maintenant évalué à 6 milliards, en 2022-2023, puis qu'on va converger
doucement vers l'équilibre budgétaire en 2027-2028. Puis ça, c'est prudent et
responsable.
Un
autre point sur les prétentions sur la gestion des finances publiques de
l'opposition. Les oppositions, et puis là on va... on débat du projet de loi n° 35, l'omnibus budgétaire,
prétendent que nous qui faisions des déficits avons financé la baisse d'impôt en réduisant le Fonds des
générations. Mais savez-vous, M. le Président, que, durant la campagne
électorale, l'opposition promettait plus de baisses d'impôt que nous et
plus de dépenses? Alors, qu'est-ce que ça faisait, M. le Président? Plus de déficit. Mais il y avait
une erreur dans leur cadre financier, ils ne sommaient pas les déficits. Parce
que, quand tu sommes les déficits, bien, ça donne de la dette. Alors,
eux prétendent que j'aurais fait plus de baisses d'impôt et plus de dépenses
puis que... nous, notre baisse d'impôt, qu'on a financée avec une douce
réduction des contributions au Fonds des
générations, qu'on a décidé que la dette allait diminuer de 8 % à
10 % sur 15 ans au lieu de 10 ans, bien, c'était une position équilibrée, prudente et responsable.
Ça, c'est pour les finances publiques, puis je pense que c'est important.
Sur
la mise à jour... Bien, avant la mise à jour, on a pris une décision qui était,
face à la hausse de l'inflation, de protéger le pouvoir d'achat des Québécois.
Alors, suite à l'élection, on a décidé de redonner le 13 milliards de
hausse de revenus que nous avions eue
suite à l'inflation aux Québécois. On a fait trois choses : on a plafonné
les tarifs à 3 %, on a augmenté le crédit d'impôt à
2 000 $ pour les aînés de plus de 70 ans, on a eu le montant
ponctuel, 600 $, 400 $. Et puis,
là, on est arrivés au budget, la baisse d'impôt financée sans aucun impact sur
les missions de l'État, c'est-à-dire financée en ayant une trajectoire
de réduction de la dette moins rapide.
Alors,
j'arrive à la mise à jour. Et, oui, je vais parler du sujet de la motion, je
vous rassure, on a du temps. La mise à
jour, qui donne... C'est quoi, la mise à jour? Elle s'appelle Le point sur
la situation économique et financière du Québec. Le
Québec est la province qui est la plus transparente dans ses documents. On fait
vraiment un effort de vulgarisation, M. le
Président, n'importe qui qui a un secondaire V, qui lit la section A,
les 25 pages de la section A, peut tout savoir sur l'état de
l'économie et de la situation financière du Québec.
Alors,
qu'est-ce qu'on y apprend, dans cette mise à jour? D'abord, que l'activité
économique se modère comme prévu en
2023. Lorsque nous avons prévu, au budget de 2023, 0,6 % de croissance,
tout le monde nous a dit : Vous êtes trop élevés, vous êtes jovialistes. Eh bien, qu'est-ce qui se
passe, M. le Président? Depuis, les économistes du secteur privé ont convergé,
et ce sera notre meilleur estimé, parce que ça peut encore changer, 0,6 %
en 2023.
Par contre...
Puis ça, c'est un ralentissement, là. On était à 2,7 % en 2022, 0,6 %
en 2023. Pour 2024, la persistance de
l'inflation et l'effet cumulé des hausses de taux d'intérêt atténuent les
perspectives économiques mondialement. Ça ralentit en Europe, en Chine,
ça va ralentir aux États-Unis, parce que les États-Unis ont un déficit
budgétaire de l'ordre de 8 % du PIB,
alors, eux, ça n'a pas ralenti en 2023, mais on s'entend, là, que leur
situation fiscale s'est détériorée. Alors, nous, on prévoit, pour 2024,
0,7 % de croissance au Québec et 0,9 % au Canada. Et hier le
ministère des Finances du Canada a prédit, pour 2024, 0,4 %. O.K., alors,
nous, à 0,9 % pour le Canada, on était à la même place que la Banque du
Canada. Hier, le ministère des Finances dit : Non, ça va être plus
bas.
On ne prévoit
pas de récession, mais on prévoit une stagnation. C'est quoi, une stagnation?
C'est qu'il n'y a ni croissance ni
décroissance. On avoisine 0,0 % de croissance du PIB. On a des trimestres
légèrement en haut, puis on a des
trimestres légèrement en bas. En fait, lorsque vous regardez la croissance du
PIB au Canada, six des sept derniers mois sont autour de 0 % ou
négatifs. Et c'est là que j'ai dit : les six prochains mois seront très
difficiles. Pourquoi, M. le Président? Bien, parce que l'inflation est toujours
à 4 %, qu'elle va continuer de descendre à 2 %, mais ça va prendre 18 mois. Puis, pendant ce temps-là, bien, on
a toujours les taux d'intérêt à 5 %, qui, eux, ralentissent
l'investissement et la consommation. Après ces six prochains mois là,
qu'est-ce qui va se passer? Bien, la probabilité de baisse de taux, à partir du mois de juin 2024, est plus élevée
que la probabilité de hausse, c'est-à-dire que les marchés imbriquent 100 points
de base de baisse de taux en 2024. Ça veut
dire que, normalement, l'inflation... l'économie va ralentir suffisamment et
les taux d'intérêt vont avoir suffisamment d'impact que l'inflation va baisser,
et ça va permettre des baisses de taux.
Alors, la gestion prudente et responsable des
finances publiques a permis, à la mise à jour, 4,3 milliards de gestes
ciblés pour répondre aux priorités des Québécois, et ces priorités-là, c'est
quoi? 1,8 milliard pour le logement, M.
le Président, encore une fois en collaboration avec le gouvernement fédéral. On
travaille bien avec le gouvernement fédéral. Il y avait un fonds pour
accélérer le logement, que tout ce qu'il accélérait... En fait, il n'accélérait
rien. Il avait juste le nom. Puis là on a
travaillé fort pour enlever les conditions, pour que les fonds soient
disponibles, et ça va permettre de créer, M. le Président,
8 000 nouveaux logements, dont 500 réservés pour les personnes
en situation d'itinérance. On va aussi travailler
avec les municipalités pour augmenter la densité, modifier les règles de
zonage, accélérer les processus d'administration.
Bon, il y a également... Il y a
4 000 programmes de supplément au loyer, parce que, là, on aide aussi
les gens à payer leur loyer. On veut construire des logements, mais des fois il
y a des logements existants. Les gens en ont un, logement, mais ils n'arrivent pas à le payer. Ils paient, par exemple,
plus que 25 %, 35 % de leur revenu brut pour leur loyer. Alors, il faut les aider. Alors, il y a, en plus
des 8 000 logements... Il y a 4 000 de ces
8 000 logements là qui auront un programme de supplément de
loyer.
• (15 h 30) •
On a aussi,
depuis 2018, une augmentation de près de... J'aurais aimé avoir le chiffre
exact. Je pense que c'est 44 % du nombre d'itinérants... Si je
peux vous le trouver rapidement, je vous le donne, M. le Président. Bon, j'y
reviendrai, mais on a eu, depuis 2018... je vais dire cinq ans, parce que, je
pense, c'est 44 % de hausse de personnes en situation d'itinérance depuis 2018. Alors, on y va. Mon
collègue le ministre Carmant, qui est sur le terrain, M. le Président, puis qui
a une... Le ministre responsable des Services sociaux, qui est sur le terrain
puis qui a une trajectoire pour lutter contre l'itinérance,
des refuges, de l'aide supervisée, des logements supervisés...
145 millions pour la lutte à l'itinérance et l'aide alimentaire.
Puis j'y reviendrai, sur l'aide alimentaire.
On a aussi
mis 961 millions pour l'adaptation aux changements climatiques. C'est
extrêmement important. On a eu des
feux de forêt, M. le Président, cet été. On a eu des feux de forêt et on a eu
besoin de cueillir le bois. On a besoin de replanter, mais on a aussi besoin de
protéger nos villages. Et les municipalités nous demandaient de l'aide au
niveau de l'adaptation aux changements climatiques, et on a maintenant
plus de 1,8 milliard, sur cinq ans, qui sont alloués à ces fins. Et puis
il y en avait... Dans le fond, dans le 951 millions, il y avait
292 millions pour l'adaptation aux changements climatiques, 400 millions reliés aux feux de forêt et le
265 millions pour les sociétés de transport en commun, où on prend
plus de 70 % des déficits d'opération, plus de 100 % de la baisse de
revenus d'achalandage.
Bon, il y
avait également 1,3 milliard pour l'investissement des entreprises et la
formation de main-d'oeuvre. La formation
de main-d'oeuvre, c'est en construction puis les préposés aux bénéficiaires,
mais c'est certain qu'en construction, M.
le Président, ça semble être un succès. On a beaucoup d'inscriptions. Alors,
bravo au ministre de l'Éducation, la ministre de l'Emploi, le ministre du
Travail. En fait, il y a plusieurs personnes qui ont été impliquées dans cette
formation.
Je continue.
Il y avait aussi de l'argent pour simplifier les crédits d'impôt à
l'investissement avec le... Alors, étant donné que la hausse du coût de la vie demeure la préoccupation
principale des Québécois, on a aussi annoncé l'indexation du régime fiscal et les prestations d'assistance
sociale à 5,08 % alors qu'on prévoit 2,7 %. Alors, c'est la deuxième
année... 2024 sera la deuxième année où le taux d'indexation sera plus élevé
que l'inflation prévue. Et je rappelle qu'en 2022 l'indexation avait été
seulement de 2,7 %, alors que l'inflation, elle, avait été de 6,7 %.
Pourquoi, M. le Président? Parce que l'invasion de l'Ukraine par la
Russie s'était faite avant la détermination de l'indexation pour
l'année 2022.
Alors, la
bonne nouvelle, c'est que... en 2024, 5,8 % d'indexation du...
5,08 %, excusez-moi, d'indexation du régime fiscal, alors que
l'inflation sera de 2,7 %. Ça, M. le Président, ça vaut 2 milliards
par année pour tous les Québécois. Pour une personne seule qui gagne 60 000 $,
ça vaut 442 $. Pour un ménage qui gagne 100 000 $ combiné, les
deux membres du ménage gagnent 100 000 $, ça vaut 667 $.
Alors, les
conditions sont extrêmement difficiles, présentement, pour les Québécois, et
les actions du gouvernement... les
actions, c'est la baisse d'impôt, le plafonnement des tarifs, le crédit d'impôt
pour les aînés de 2 000 $, l'indexation du régime fiscal avec... combinée avec la force du
marché du travail fait que les actions du gouvernement protègent le pouvoir
d'achat des Québécois.
Je vais
terminer sur la mise à jour et en venir à la question de la motion. Mais,
puisqu'on a 51 minutes, je pense, c'est important de rappeler ce qu'on
fait pour les Québécois, parce qu'on a fait 4,3 milliards de gestes
ciblés, M. le Président, on
a pris les bonnes décisions. Tout ce qu'on nous reproche sur la mise à jour, ce
serait que, peut-être, nous aurions oublié 8 millions pour les banques alimentaires, je vais y répondre avec
plaisir. Puis je vois le député de Maurice-Richard qui est
arrivé. Je salue son respect pour
l'institution parlementaire. Il m'a posé une question, il a eu la réponse.
Depuis ce temps-là, il a enregistré la réponse, puis il est content, M.
le Président.
Alors, je
répète que le cadre financier est prudent et responsable, que le retour à
l'équilibre budgétaire après Fonds
des générations est graduel, prévu en 2027‑2028, qu'on a une croissance des
revenus à 3 % et qu'on a une croissance... à 3,1 %, puis qu'on a une croissance des dépenses à
3 % qui respecte la capacité de payer et qui est cohérente avec l'offre
aux employés du secteur public à 14,8 %
sur cinq ans. Il est normal d'avoir une modération de la croissance des
dépenses du gouvernement du Québec,
puisque la pandémie a amené un niveau de dépenses beaucoup plus élevé. Alors,
si vous avez un niveau de dépenses qui est plus élevé, c'est normal que
le taux de croissance soit plus bas.
Les missions
de l'État sont bien financées, et il est important, il est impératif que
l'inflation baisse pour permettre des
baisses de taux, et donc il doit y avoir une modération des dépenses fiscales.
C'est ce que la ministre des Finances, la vice-première ministre
Freeland a fait hier, c'est ce que nous avons fait, puis ça, ça va permettre,
M. le Président, une coordination de la politique monétaire, de la politique
fiscale, et ça va permettre la baisse de l'inflation.
Alors, c'était une mise à jour ciblée, appréciée
par les Québécois, dans des conditions extrêmement difficiles. Je rappelle que l'ordre de grandeur du budget du
gouvernement du Québec est de 150 milliards annuellement, que, lorsque
je parle du 4,3 milliards d'initiatives, je fais référence à des
initiatives qui s'échelonnent sur cinq ans.
Et là je veux
vous parler de la décision que nous avons prise, au mois de septembre,
d'attirer les Kings de Los Angeles dans notre amphithéâtre qui a été
construit pour recevoir une équipe de la Ligue nationale de hockey, payé par
les contribuables. Alors, j'ai dit que
j'estimais que le coût de la subvention... Parce que ce qu'on va faire, c'est
qu'on va prendre les coûts, les dépenses, le gestionnaire de l'amphithéâtre va
nous remettre un rapport de revenus et dépenses, on va envoyer ça chez une firme comptable, on va calculer, on va
mesurer puis on va dire : Voilà, les dépenses excèdent les revenus de
5 millions, puis il y aura une subvention qui totalisera 5 millions.
Et on s'est protégés, parce qu'on ne sait pas comment il y aura de commanditaires, puis de publicités, puis de choses comme
ça, mais on s'est protégés, on a dit : Ça ne peut pas coûter plus
que 5 millions.
J'ai donné comme ordre de grandeur l'événement
du golf, mais ce que je voulais mentionner précisément, c'est qu'il y a énormément... pas tous, mais il y a beaucoup
d'événements sportifs et culturels dans lesquels le gouvernement est impliqué. Et je vais rester dans le hockey,
parce que, lorsqu'il y a eu le championnat du monde de hockey junior, on ne l'a
pas eu, en 2023, il est allé à Halifax. Dans notre offre, il y avait une
subvention beaucoup plus importante que 5 millions de dollars.
Et, à notre grande surprise, bien, Halifax — et je pense qu'ils avaient un
partenaire, là, c'étaient deux villes dans
les Maritimes, mais l'endroit principal, c'était à Halifax — leur
montant de subvention était beaucoup plus élevé, alors on n'a pas été
choisi. Là, on essaie d'avoir la coupe Memorial au Québec. Alors, le
championnat du monde de hockey junior, c'est
beaucoup plus que 5 millions, et un événement comme la coupe Memorial,
bien, c'est beaucoup moins que
5 millions, mais ce n'est pas rien, c'est quelque chose comme 1,
2 millions, 750 000 $... 2 millions, on verra, mais on est
dans ces ordres de grandeur là, à 5 millions.
Par contre,
j'assume l'entière responsabilité. J'ai entendu les critiques, elles ont été
nombreuses, depuis une semaine, elles sont venues de plusieurs endroits, et je
les ai entendues. Elles viennent de l'opposition, notamment, et elles vont
continuer de venir des oppositions. Et les
journalistes ont posé des questions difficiles, puis hier j'ai répondu pendant
45 minutes à leurs questions, et j'assume l'entière responsabilité
de cette décision.
• (15 h 40) •
Et, s'il y a
un message général... Parce que, là, on ne peut pas faire le post-mortem de
cette décision-là, je vais vous dire pourquoi, M. le Président, bien,
parce que l'événement, il n'a pas eu lieu. L'événement, c'est une célébration
du hockey en octobre 2024, et puis il y aura
des événements publics, des entraînements publics, il y aura des matchs, des
matchs avec des alignements complets,
parce qu'on sera tout près du lancement de la saison, et il y aura d'autres
événements associés au hockey, au hockey mineur et... Mais, s'il y a un
message général, c'est que les gens nous disent : On ne veut pas de fonds
publics associés au sport professionnel, au hockey professionnel, mais au sport
professionnel. Ce message-là, M. le
Président, je l'entends, je l'entends. Et par contre on a signé les contrats et
puis on va respecter notre parole, on va tenir l'événement, on va faire une
analyse de l'événement et on jugera après si toutes ces critiques étaient
méritées et s'il faut apporter les ajustements, O.K.?
Bon, je veux
revenir sur certaines critiques précises, parce qu'il y a des critiques légitimes,
comme : Vous payez trop cher, ce n'est pas le moment d'annoncer ça, ou la
critique générale : Il ne devrait pas y avoir d'argent associé au
sport professionnel. Mais là je veux juste
vous dire, M. le Président, le gouvernement du Québec est associé à plusieurs
événements de sport professionnel. Alors, si critique il y a, bien, je
l'entends.
La fameuse
critique sur les banques alimentaires. Alors, on nous a demandé, au niveau des
banques alimentaires, de donner
20 millions au budget. Parce que, là, il y a des gens qui disent :
Bien, pourquoi vous n'avez pas donné l'argent aux banques alimentaires
puis vous allez donner de l'argent aux Kings de Los Angeles? On nous a demandé,
à la mise à jour,
20 millions. On a donné 21 pour être sûrs de remplir 100 % de la
demande. Après que nous ayons rempli ce que nous croyions 100 % de
la demande, bien, on est partis en publication, puis les banques alimentaires
du Québec ont demandé un ajustement, ils ont
dit : Ce n'est pas 10 qu'on a besoin, c'est 18, puis 10 va nous amener
jusqu'à Noël, mais après Noël on n'aura plus d'argent. Le député de
Maurice-Richard s'est levé en Chambre. La mise à jour était à 10 h 30
le matin, il s'est levé à 2 h 08
pour me dire... Je n'ai pas l'heure exacte, en fait, là, je ne veux pas induire
personne en erreur, mais il m'a
dit : Il vous manque 8 millions. Qu'est-ce que j'ai répondu, M. le
Président? J'ai dit : S'il manque 8 millions, soyez certain
que notre intention était de donner de 100 %, puis que le 8 millions
sera au rendez-vous.
On nous a
aussi critiqués, on a dit qu'on n'avait pas respecté les procédures du
gouvernement pour la subvention. O.K., mais d'abord, moi, je dois vous
dire que moi, je n'en signe pas, de contrats. J'en signe, mais je n'en rédige
pas. Premièrement, je ne suis pas avocat.
Deuxièmement, je ne suis pas professionnel au gouvernement — je
vais prendre une gorgée d'eau — c'est
certain que j'ai demandé à des professionnels du gouvernement de rédiger un
contrat dans les règles de l'art avec
Gestev, le promoteur de l'événement, et puis ça a été fait, M. le Président.
Puis les professionnels ont recommandé d'utiliser
le fonds de la Capitale-Nationale parce que c'était possible de le faire pour
amener une subvention qui pourrait atteindre...
que j'estime à 5 millions, mais qui pourrait atteindre un maximum de
7 millions une fois qu'il y aura eu reddition de comptes. Il y a aussi eu une résolution du Conseil du trésor, une résolution du Conseil
des ministres, tout a été fait dans
les règles de l'art.
Il y a aussi
eu une critique qui nous a fait mal. La journée même de l'annonce, un
journaliste a dit : Les Canadiens seraient prêts à venir jouer à
Québec gratuitement. J'ai beaucoup de respect pour les Canadiens et leur
organisation. Ils ont dit qu'ils ne s'opposaient pas au retour des Nordiques.
Je prends leur parole, c'est ce qu'ils disent, je la respecte. Par contre, les Canadiens sont venus en 2018 avec
un alignement incomplet, et les Maple Leafs jouaient deux soirs, ce soir-là. Ils sont venus avec un alignement des
ligues mineures. Les Québécois n'étaient pas intéressés. Les Canadiens n'ont
pas offert de venir jouer à Québec
gratuitement en 2024, ils ont offert de venir jouer gratuitement à Québec en
2024 après que nous nous soyons engagés avec les Kings de Los Angeles.
Et le journaliste qui a rapporté ça, bien, je regrette, il induit la population en erreur. Mais ça nous fait
mal parce que c'est certain que, le mercredi matin, la nouvelle, c'était :
Bien, voyons, 5 millions pour
les Kings, les Canadiens seraient venus gratuitement, mais, M. le Président,
cette information-là était — je veux choisir les bons mots — erronée,
tiens, je vais dire ça, tout simplement, puis vais passer à autre chose.
Bon, je
reviens sur c'est quoi que j'essayais d'accomplir, puisque j'en prends la
responsabilité, de cet événement. Qu'est-ce
que j'essayais d'accomplir? J'essaie de promouvoir la candidature de Québec
pour le retour d'une équipe de la ligue nationale dans un amphithéâtre
qui a été construit et payé par des contribuables québécois pour cette fin. Cet
amphithéâtre a été construit pour accueillir
des matchs de la ligue nationale et, ultimement, une équipe de la ligue
nationale. Or, il ne s'est rien passé
concernant la ligue nationale dans cet amphithéâtre depuis 2018. Alors, lorsque
le premier ministre m'a demandé de me mettre au travail, en plus de mes
responsabilités sur les finances publiques, les relations avec les Québécois d'expression anglaise, que je prends de
façon très sérieuse, et l'Internet haute vitesse — je prends toutes mes responsabilités extrêmement au sérieux — je
me suis dit : Il faut rappeler à la planète hockey que nous existons et
que nous avons une infrastructure des ligues majeures, que le Québec a changé,
que son économie est forte, que nous avons des entreprises dynamiques, que nos finances publiques sont solides, que
nous avons des amateurs de hockey, et une culture de hockey, et une
histoire de hockey ici, à Québec.
Et donc les étapes que j'envisageais sont des
matchs d'un camp d'entraînement, une dernière semaine de camp d'entraînement, des matchs de saison régulière en
2025 — les
Canadiens sont bienvenus, M. le Président, s'ils veulent venir jouer des
matchs de saison régulière en 2025 — un championnat du monde de
hockey junior — on
parle de 2027 — un
championnat du monde de hockey féminin. M.
le Président, ce ne serait pas fantastique, ça, que le Centre Vidéotron serait
plein pour un championnat du monde de hockey
féminin? Eh bien, c'est ça, les étapes, et puis, durant tout ce temps-là,
M. le Président, je maintiens les
communications ouvertes avec les dirigeants de la ligue nationale. C'est ça que
je fais, je leur parle. Je leur dis
que nous avons un amphithéâtre et que nous voulons une équipe. Et là j'arrive...
Puis c'est un marathon, ça, M. le Président,
c'est un marathon, mais il y a une fin parce que l'amphithéâtre, il a une vie
utile aussi, là. Dans 15 ans, l'amphithéâtre
va être trop vieux, là, pour accueillir une nouvelle équipe, O.K.? Alors,
l'amphithéâtre, il a une vie utile.
• (15 h 50) •
Alors, le but ultime, c'est... lorsqu'il y aura
une expansion, c'est d'avoir une candidature solide, M. le Président, de dire qu'on a une culture et une histoire de
hockey, puis qu'on reçoit les événements, puis qu'on a un amphithéâtre des
ligues majeures qui est ici. Et puis qui va payer pour cette expansion? Parce
que cette expansion-là, ça va se faire. Je vais dire un chiffre, là, parce qu'il vient d'y avoir une transaction,
1 milliard US pour les Sénateurs d'Ottawa, donc 1,4 milliard canadiens, parce qu'un des facteurs qui joue
contre nous dans la venue des Kings, mais qui joue contre nous dans la venue
d'une équipe de la ligue nationale aussi,
c'est la faiblesse du dollar canadien contre le dollar US, qui est à
1,37 $ canadien par dollar US, 37 % d'escompte, O.K.? Alors,
la dernière transaction, 1 milliard US, 1,4 milliard canadiens.
Alors, si
l'expansion est dans cinq ans, puis que l'expansion avait lieu, puis que ça
coûtait 2 milliards canadiens, bien, le propriétaire qui va détenir
51 % de l'équipe, là, celui qui va... ça va être un propriétaire privé, ça
va coûter 1 milliard de
dollars, et puis ce ne sera probablement pas les gens qui étaient impliqués la
dernière fois. La dernière fois, ils ont essayé. Ça n'a pas fonctionné.
Mais nous, au gouvernement, est-ce qu'on va mettre des fonds publics là-dedans?
Bien non, les Québécois ont déjà contribué
avec l'amphithéâtre. Nous, la contribution des Québécois, ce sera
l'amphithéâtre. Alors, tout ça, M. le
Président, c'est un marathon dont le but ultime est le retour d'une équipe de
hockey dans l'amphithéâtre qui a été construit pour accueillir une
équipe de hockey. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre des
Finances. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi :
Merci, M. le Président. Je serai plus bref que le ministre des Finances.
Laissez-moi d'abord dire que je suis... que je partage ce respect pour
l'institution qu'est l'Assemblée nationale avec le ministre des Finances, ici présent. C'est une fonction que je pense
importante, et une institution, évidemment, qui a participé beaucoup à qui on
est comme Québécois et qui est vraiment très, très importante.
J'ajouterai, ceci
étant dit, que je ne vois pas la politique comme étant un genre de truc rose
bonbon, où on est tous d'accord, dans le
consensus. Je vois la politique plus généralement comme un espace où il y a des
rapports de pouvoir, des conflits, des avancées sociales qui se font,
justement, par ces différents chocs de pensée et des avancées par des rapports
de force. Pensons à toutes sortes de choses,
hein, les combats féministes, les combats pour l'égalité, l'accès au droit de
vote, toutes les questions sociales qui touchent au filet au social
qu'on a, la lutte contre la pauvreté, etc., ça a été là parce qu'il y avait des
rapports de force et des gens, des partis pris qu'il y a eu au sein même de
cette institution.
Et donc laissez-moi
vous parler du parti pris que nous, on a, à Québec solidaire, et que, je pense,
fait la grande différence entre nous et le gouvernement. On a, à Québec
solidaire, le parti pris des opprimés, le parti pris des femmes, des personnes racisées, des pauvres de la classe
qui travaille, qui gagne son salaire à la sueur de son front, des PME, mais
tout ça face à quelque chose, face aux multinationales, face aux gens qui ont
le plus de pouvoir dans notre société, qui ont
énormément de porte-parole dans notre société, dont Québec solidaire ne fait
pas partie. Il y a, évidemment, des intérêts, mais il y a aussi,
évidemment, des politiciennes et des politiciens, des partis politiques qui ont
leur parti pris.
Le
fait de débourser 7 millions à des compagnies multimillionnaires, pour une
game où les gens gagnent des millions, d'argent
public, évidemment, c'est choquant, mais ça n'arrive pas déconnecté du reste de
ce que j'ai vu depuis que je suis élu
ici, le 3 octobre 2022. À chaque fois qu'il fallait prendre un parti pris
particulier pour les plus opprimés, pour les plus pauvres, pour la classe moyenne face à d'autres
qui, eux, gagnent beaucoup, qui, eux, ont du pouvoir, qui, eux, ont la
possibilité de mettre de l'argent
dans des paradis fiscaux, par exemple, à chaque fois, ce gouvernement-là a
choisi le mauvais côté. Nous, on sait
pour qui on se bat et on n'arrive pas à comprendre ces 7 millions là
d'argent public, ils servent à quoi aux Québécoises et aux Québécois, en
pleine inflation. Ils servent à quoi aux fonctionnaires? Ils servent à quoi aux
parents? Ils servent à quoi aux malades? Ils
servent principalement à mettre plus de millions dans la poche de personnes qui
ont plus de millions.
Et
laissez-moi vous donner quelques exemples, je vais prendre quelques minutes,
quelques exemples des différents projets de loi que j'ai vus. Il y a...
Commençons par un exemple qui s'est passé il y a quelques semaines. Donc,
on a appris, par une étude de l'IRIS, que
l'argent qui s'en va dans un paradis fiscal qui est le Luxembourg a augmenté de
20 % tous les ans depuis 2011, 20 % tous les ans depuis 2011. Si on
pense que l'inflation de 7 %, c'est beaucoup, là, ça, c'est
20 % de suite à chaque année. L'extrême majorité des compagnies qui sont
citées dans cette recherche, les 22 compagnies
québécoises qui ont envoyé 33 milliards de dollars dans ces
compagnies-là reçoivent de l'argent public d'une manière ou d'une autre.
On a fait une proposition simple, on a dit : Pas d'argent public pour des
personnes, pour des compagnies qui
transfèrent leur argent, qui font toutes sortes de passe-passe d'évitement
fiscal, voire de l'évasion fiscale, dans des paradis fiscaux. On a reçu une fin
de non-recevoir. À quoi ça sert? De quel côté on se place, quand on prend ce
genre de décision, mis à part augmenter
encore un peu plus les millions qu'il y a dans les poches des gens qui ont des
millions?
Un
exemple banal, on a eu toute une conversation sur les allègements de la
paperasse, il y avait une question de timbres
sur les bouteilles d'alcool qui sont vendues, des timbres fiscaux, qui sont
vendues dans les restaurants. Ce timbre-là nuit à toutes les petites PME, toutes les petites microbrasseries et
sert principalement aux trois gros, énormes microbrasseurs dont les propriétaires font partie des
milliardaires de ce pays. Pourquoi avoir gardé ce timbre-là, alors qu'on sait
qu'il nuit principalement aux PME du Québec?
Quand
il y a eu la question d'augmenter ou pas les tarifs d'électricité, j'ai demandé
une question simple au ministre de l'Économie : Est-ce que vous
avez fait une étude d'impact? Est-ce que ça impacte plus les gens les moins
nantis dans notre société, d'augmenter de
3 %? Il n'avait pas la réponse. Pourtant, la réponse, elle est simple, les
moins nantis mettent plus d'argent
pour chauffer leur appartement que les plus riches. En pourcentage de leur
revenu, une augmentation de 3 %, pour eux, c'est plus cher que pour
les mieux nantis. Il n'avait même pas fait l'analyse, même pas fait l'analyse.
On
s'est privé d'une richesse, d'une richesse commune, en faisant une baisse
d'impôt de 1,7 milliard annuelle, qui pourrait nous régler tous les
problèmes qu'on a, là, toutes les grèves qu'on a et puis cette manière de
laisser pourrir les situations
sociales. Le 1,7 milliard, là, il va à 100 % du 1 % le plus
riche, mais le 30 % le moins nanti a reçu 0 $. Sur le
1,7 milliard, il y en a plus que 1 milliard qui va aux hommes, et le
reste seulement va aux femmes.
Quel parti pris a pris le gouvernement en prenant
cette décision-là? Les baisses d'impôt, la baisse de taxe scolaire, dans la
dernière législation, évidemment qu'elles ont servi plus les plus riches que
les moins riches, c'est une idéologie de ce gouvernement-là qu'on voit devant
nous. Et aujourd'hui on a un cas patent, je dirais obscène, de cette
idéologie-là, on nous dit :
Attention, c'est pour ramener les Nordiques. Passer 15 ans dans une banque
de développement, comment on va expliquer
aux gens que c'est rentable de ramener une équipe de hockey si on est obligés
de mettre 7 millions d'argent public sur la table, comment? Moi, je
ne vois pas.
On a vu les milliards
qu'on a donnés à des multinationales étrangères pour faire des batteries, on ne
s'est même pas assurés que les batteries
restent au Québec, on ne s'est même pas assurés que leurs intrants viennent des
autres usines qu'on a au Québec.
Parmi ces usines-là, il y a celle de Granby, dont le siège social est dans un paradis
fiscal. On leur vend l'électricité moins cher. On a mis 1 million et demi
par job. Mis à part enrichir des multinationales étrangères, quel réel
gain on a de ce genre d'approche économique?
• (16 heures) •
Vous
savez, à Québec solidaire, on a choisi le camp des travailleuses et des
travailleurs, pas de ceux qui font de l'argent avec de l'argent, ceux qui
travaillent à la sueur de leur front, des fonctionnaires, des fonctionnaires
qui travaillent tous
les jours à tenir à bout de bras un système qui ne fonctionne plus, des écoles
où il manque de tout, un système de santé qui s'écroule, un système de justice où on doit attendre des années
avant d'avoir justice. Et aujourd'hui on est devant un symbole : d'un côté, des personnes dans la
rue qui se battent pour sauver ce qu'il nous reste du système public, qui aura
été saqué pendant des décennies, là... Ce
n'est pas juste ce gouvernement-là. Cette idéologie-là, elle est au pouvoir
depuis un quart de siècle maintenant.
Je pense qu'au moins, dans la situation actuelle, pour ne pas encore envenimer
la situation qu'il y a dans nos rues,
actuellement, où les gens se lèvent, à juste titre, le gouvernement doit tout
simplement reculer, reculer. Il ne changera pas sur tout le reste, il ne
changera pas sur tout le reste.
Et
c'est pour ça que nous avons, à Québec solidaire, une responsabilité pour tenir
tête à cette idéologie. Mais, au minimum,
au minimum, alors que même dans ses propres rangs les gens se lèvent pour
dire : Bien là, là, on n'est pas sûrs, on parle de questions de valeurs, on parle de timing, on parle
d'erreurs, bien là, c'est le moment, c'est le moment, au moins, à
appeler à un vote libre, au moins, à appeler à un vote...
Et je suis sûr que tout le monde, ici, veut le
retour des Nordiques à Québec, je pense que ça ne fait pas débat. Mais, sur
cette question-là, je pense que le symbole est tellement gros que même les
personnes qui sont d'accord avec tout ce que j'ai dit comme politique publique qui a servi avant tout les plus
riches, même avec ça, je pense qu'elles sont toutes prêtes, sur cette
décision-là, de reculer.
Ça fait qu'évidemment
il va sans dire qu'on va appuyer la motion qui a été présentée par la première
opposition. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Maurice-Richard. Et je
reconnais comme prochain intervenant... Est-ce qu'on fait le... on respecte le
principe de l'alternance des interventions? C'est qui, le...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, je reconnais le prochain intervenant, M.
le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis :
M. le Président, bon, d'abord c'est dommage, le ministre des Finances,
dont...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...
M. Paradis : Oui, mais... D'accord, très bien, je retire mes paroles. Mais je
voulais lui dire que moi aussi, je suis un amateur de hockey et que je... je voulais saluer ses efforts qui
visent à faire revenir les Nordiques à Québec, mais ce n'est pas de ça dont on parle aujourd'hui. Ce
n'est pas non plus seulement une question de timing, comme le dit la chanson,
hein, pour paraphraser la chanson. Ce n'est
pas un petit montant dont on parle, parce qu'avec 5 à 7 millions de
dollars on peut faire beaucoup de choses,
notamment les organisations dont on a parlé ici, les banques alimentaires, les
organisations communautaires. C'est
une question de principe. Et ici, le principe, c'est qu'on utilise des fonds
publics pour les envoyer à des
milliardaires, littéralement. Parce que, oui, là, maintenant, on le sait, la
subvention dont on parle, elle va payer, une fois qu'on aura fait les comptes de l'événement en question, les frais
de repas, de restaurant, donc, d'avion, de déplacement, d'hôtel de joueurs de
hockey qui sont des millionnaires et des propriétaires qui sont des
milliardaires. On le rappelle, hein, les
Kings de Los Angeles, les Panthers de la Floride et les Bruins de Boston valent
ensemble, M. le Président, de 3 à 4 milliards de dollars américains. L'année passée, ensemble,
ils ont réalisé des revenus de plus de 600 millions de dollars américains.
Donc, une nouvelle
fois aussi, je salue le fait que le ministre dise aujourd'hui qu'il
s'interroge, là, il nous a dit ça tout à
l'heure, il s'interroge sur le fait qu'on utilise des fonds publics pour
subventionner le sport professionnel. C'est qu'on ne devrait pas
utiliser les fonds publics pour financer des millionnaires et des milliardaires
dans des opérations entièrement publiques,
M. le Président. Donc, le problème ici, c'est un problème de deux poids, deux
mesures. Plus on est fortunés, plus
il semble que c'est facile d'avoir accès aux fonds publics. Et pour les autres,
notamment les groupes les plus
vulnérables, ceux qui ont de la difficulté à faire porter leur voix, c'est très
difficile d'avoir accès aux mêmes fonds publics.
Le Fonds pour la
région de la Capitale-Nationale dont on parle, qui aurait été utilisé, selon
les informations qu'on a, pour cette
subvention-là, il a des conditions, il est normé. Il faut notamment démontrer
qu'il y a des retombées lorsqu'on
investit l'argent des contribuables. Il faut notamment suivre un processus. Je
comprends que le ministre nous suit, que, légalement, les bonnes choses
auraient été faites. On va avoir... on espère avoir toute l'information
là-dessus, mais il y a un important
processus à démontrer avec des conditions à satisfaire. Et ici, pour les Kings,
bien, selon l'information qu'on a
eue, les retombées n'ont pas été analysées avant. On ne sait pas si, vraiment,
il y a eu un calcul de combien ça allait rapporter à la région de
Québec, à la Capitale-Nationale. On nous a dit que c'est parce que les gens
vont aimer ça. On nous a dit : Parce
qu'il y a 10 % de chances que les Nordiques reviennent à Québec. D'où
vient ce pourcentage? D'où vient cette
analyse? On ne le sait pas trop. Combien ça va créer d'emplois? On ne le sait
pas. Qu'est-ce que ça va faire, deux matchs hors concours des Kings au
mois d'octobre 2024 pour la Capitale-Nationale? On ne le sait pas
vraiment.
Ce
qu'on sait aussi, c'est qu'on prend des risques avec l'argent des
contribuables. Donc, c'est qu'une fois qu'on aura vu si on a fait des revenus ou pas, c'est là qu'on va savoir ce
qu'on paie avec l'argent des contribuables. Donc, on rend les risques imputables aux contribuables, alors
que les millionnaires et les milliardaires qui vont voyager ici vont toucher
leurs revenus habituels. C'est ça qui n'est
pas acceptable. Ça s'est passé trop facilement entre les gens plus fortunés
pour cette subvention-là.
On
peut le mettre en comparaison avec des éléments qui sont... auxquels les gens
peuvent se rattacher aussi. Dans le
cas de Northvolt, là, on estime que le gouvernement va investir environ
2,9 milliards de dollars. On parle de ça depuis le début.
Puis il y en a qui disent que c'est plus, il y en a qui disent que c'est un peu
moins. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas eu de chichi, là,
500 millions de plus, 500 millions de moins, 1 milliard de plus,
1 milliard de moins, mais quelles sont les conditions qui ont été
imposées? On a appris qu'il n'y avait pas vraiment de conditions sur le contenu
québécois. Est-ce qu'il y a des conditions
qui ont été fixées sur les salaires de la haute direction de Northvolt, qui
sont situés ailleurs dans le monde? Quelles sont les garanties de retour
d'investissement? Quels sont les fournisseurs auxquels devra faire appel la compagnie Northvolt? On ne semble
pas avoir tellement de conditions. À l'inverse, quand il s'agit d'organisations
communautaires qui approchent le
gouvernement pour avoir 50 000 $, 10 000 $,
100 000 $, il faut faire des demandes de 10 centimètres d'épais, il faut avoir des
indicateurs de rendement, démontrer qu'il va y avoir des retombées, avec
beaucoup de conditions. Deux poids, deux mesures, M. le Président.
Donc, le cadeau qu'on fait aux Kings de Los
Angeles, et aux Panthers, et aux Bruins, parce que c'est vraiment un cadeau avec l'argent des contribuables, ce n'est pas
acceptable pas seulement parce que ça arrive à ce moment-ci de l'année
ou à ce moment-ci de la vie politique, c'est inacceptable sur le fond.
Oui, vous voulez
m'interrompre, M. le Président? Je vois que vous me faites signe.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Simplement
pour vous rappeler qu'il vous restait moins d'une minute. Allez-y.
M. Paradis : J'arrivais
à ma conclusion, M. le Président, de toute façon.
Donc,
ce n'est pas seulement une question de timing, c'est une question de principe,
c'est une question de deux poids, deux
mesures, et c'est ça que les Québécois n'acceptent pas. Et je suis convaincu qu'il
y a plusieurs collègues ici qui reçoivent les mêmes messages que moi à
l'effet qu'on ne peut pas accepter cette décision-là, c'est une question de
lutte aux inégalités, c'est de ça dont on
parle. Alors, j'espère que l'ensemble des confrères, des consoeurs, ici, des
collègues vont prendre la bonne décision et voter en faveur de la motion
pour renverser cette décision du gouvernement. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. Je reconnais, comme prochain intervenant, M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci beaucoup, M. le Président. Je sais que,
quand le bilan, enfin, de la banque alimentaire du Québec a été déposé,
ils ont présenté des chiffres qui étaient pas mal choquants pour la population.
Je
veux juste rapidement rappeler certains chiffres, que 2,6 millions de
demandes d'aide alimentaire ont été répondues chaque mois par nos
banques alimentaires, c'est une augmentation de 33 % depuis 2019. Environ
680 000 dépannages, paniers et des
provisions ont été donnés, c'est une augmentation de presque 100 % depuis
2019. Il y a environ 655 000 collations
servies chaque mois, c'est une... pour l'année, excusez-moi, c'est une augmentation
de 21 % depuis 2019. Et
872 000 personnes sont aidées chaque mois par nos banques
alimentaires, c'est une augmentation de 73 %, et, parmi ces
gens-là, 35 % sont des enfants, 45 % sont des familles.
C'est
un gouvernement qui est complètement déconnecté. M. le Président, je suis
fatigué que les Banques alimentaires du Québec doivent courir après ce
gouvernement pour l'assistance en urgence, et c'est difficile, pour eux autres,
d'avoir une réponse. Mais ce ministre des Finances était
capable de courir après les Kings de Los Angeles avec un chèque de 7 millions de dollars.
Ça, c'est indécent, ça, c'est injuste. Mais ça, c'est la réalité d'une décision
qui n'était pas juste prise par le ministre des Finances, puis je sais qu'il a parlé pour 30 minutes,
mais c'est une décision qui était prise par le Conseil des ministres.
• (16 h 10) •
Et
je sais pourquoi certains de mes collègues dans les banquettes du gouvernement
sont fâchés aussi, parce que, dans chacun de nos comtés, on sait que, chacun de
nous, on a une banque alimentaire qui a besoin d'assistance aujourd'hui.
Mais pas juste ça, chacun de mes collègues a
des projets dans leur propre circonscription avec des groupes communautaires
comme avec leur ville. Puis je sais qu'ils
ont fixé une rencontre avec le ministre
des Finances pour faire une demande,
puis la réponse, c'était : Non,
on n'a pas l'argent. Mais, quand le ministre
des Finances dit : Bien, il faut
trouver des gens pour jouer des matchs de hockey au Centre Vidéotron, on
n'est pas juste allé demander des Kings de venir chez nous, parce qu'eux autres n'ont pas un aréna pour leurs matchs
de présaison, ils n'ont aucune place à jouer, alors on peut dire : Bien,
aïe! nous avons une solution pour vous autres, viens ici louer le Centre
Vidéotron, ça va être une semaine spectaculaire. Mais en place, ils ont dit : On va donner à vous
7 millions de dollars puis on va payer pour les lunchs des
Kings. Drew Doughty est payé
11 millions de dollars américains par année, il n'y a pas besoin, les
contribuables du Québec, de payer son lunch ni souper sur la Grande
Allée.
It
is unfair, it is unjust, in this society, that our food banks have to run after
this Government constantly, asking to help assist the most vulnerable people in
our society, they are always, constantly running after this Government for more help, because one in 10 Quebeckers relies on
a food bank each month, but they took the time and the energy to go run
after the Los Angeles Kings with a check for $7 million. I would prefer
our Government run after our food banks with that
$7 million and make sure they have everything they need to get through
these difficult times during a crisis of cost-of-living that we have not
seen since, as the Minister said, the Great Depression.
Alors, je suis 100 % d'accord avec mon collègue de Nelligan puis je
vais appuyer la motion. Puis J'espère que ce gouvernement va reculer sur
cette mauvaise décision.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Et je
reconnais maintenant, comme prochain intervenant, M. le député de
Montmorency.
M. Jean-François Simard
M.
Simard : Alors, merci beaucoup à vous, M. le Président. Je
croyais être de mon devoir de participer à ce débat sur cette motion du mercredi demandant
essentiellement au gouvernement de reculer et de ne pas participer à une
subvention afin de faciliter la tenue
d'un événement sportif majeur à Québec en octobre 2024, deux soirées de hockey
au Centre Vidéotron.
Mes premières
pensées, M. le Président, je les adresse à mes concitoyens et mes concitoyennes
qui m'ont fait l'honneur soit de
m'écrire, soit de me téléphoner pour me partager leurs inquiétudes, leur
désapprobation. Je tiens à leur dire que je les entends, je tiens à leur dire
que je les comprends, et, ma foi, que, dans une très large mesure, je partage
plusieurs de leurs opinions et de leurs inquiétudes.
Mais, si je
suis donc aujourd'hui devant vous, M. le Président, ce n'est pas parce que,
forcément, la période est facile,
c'est justement le contraire. Si je suis devant vous, c'est pour vous
expliquer, parce que les députés de l'opposition ne sont pas, comme certains le décrivent, des machines à voter sans
réfléchir, si je suis devant vous, c'est pour vous expliquer ce qui m'amène à
soutenir le ministre des Finances dans sa décision et dans ses démarches devant la
Ligue nationale de hockey.
Je tiens à
vous dire que moi, je connais le ministre des Finances. Je lui en parlais hier soir encore, ça fera
bientôt... mais ça ne me rajeunit
pas, ça fera bientôt 40 ans que je connais le bonhomme. C'est un petit
gars de Québec. Sa famille est ici. Je connais son frère, qui est un
grand joueur de tennis. Il connaît notre région. Et c'est un homme, dans le
milieu économique, qui a été trésorier de la
Banque Nationale du Québec. C'est un excellent ministre des Finances, qui, à
mon sens, s'inscrit dans la lignée
des grands ministres des Finances qu'on a connus avec Jacques Parizeau ou
Bernard Landry, voire même Carlos
Leitão, et je suis persuadé qu'il a été nous chercher le meilleur deal possible
qu'on puisse aller chercher auprès de la ligue nationale.
M. le Président, je pense qu'à travers tout ce
débat se dessinent en définitive deux camps, deux grands camps. Il y a ceux qui croient et espèrent encore le
retour des Nordiques, qui espèrent avec lucidité, sachant que les probabilités
jouent peut-être contre nous, mais
qui croient encore, malgré que la flamme soit vacillante, qui croient encore et
qui veulent travailler à ce retour des Nordiques.
Il y a, par ailleurs, un autre clan qui se
dessine. Et c'est une des raisons pour laquelle d'ailleurs j'interviens ici cet après-midi. C'est qu'il y a un glissement dans
le débat depuis quelque temps par rapport à cette subvention. Parce que c'est une chose que d'être contre une subvention
de 5 à 7 millions, c'en est une autre d'être carrément contre le retour
des Nordiques, c'en est une autre de
jeter la serviette, de dire : le débat, il est fini, le combat, il est
fini, il est révolu, retournez chez vous. Moi, c'est l'antithèse de ce qu'on
appelle le leadership politique.
Hier, il
s'est passé quelque chose de très important. On a le maire de Québec qui, lui,
a décidé de lancer la serviette. Et je vous le cite, il nous dit : «Je
n'ai pas envie d'être celui qui, après avoir été laissé il y a 25 ans,
espère encore et toujours le retour
de son épouse.» D'abord, ce n'est pas la ligue nationale qui nous a laissés,
petites erreurs historiques importantes, c'est nous qui avons vendu
l'équipe. Mais je voudrais vous rajouter ce qu'il dit : «Si un jour elle
veut revenir, on jugera si elle a le goût de
revenir ou pas.» Et il ajoute encore, sourire en coin, conseillant un ami qui
vivait une peine d'amour : «Juste pour
la punir, sois donc heureux! Juste pour lui montrer qu'elle n'a pas fait un bon
choix.» Ça, là, c'est la déclaration du maire de Québec hier. M. le Président, je vous dis une chose, si un jour
vous avez des problèmes conjugaux, je vous ne conseille pas d'aller voir
le maire de la ville de Québec, ça ne risque pas de vous aider.
Mais, de
manière plus sérieuse, on ne peut pas et on ne veut pas, nous, ici, à la CAQ,
et que ce soit bien compris dans le
camp des démissionnaires... on veut continuer à se battre pour obtenir cette
équipe de hockey et, si, un jour, il y a une expansion, et je crois
sincèrement qu'il y en aura une vu la force du marché du hockey en Amérique du
Nord, nous voulons être sur la ligne
de départ avec d'autres villes. Et je pense que c'est ce à quoi travaille
ardemment le ministre des Finances, mais mettez-vous 10 secondes à sa
place, M. le Président. Mettez-vous à sa place 10 secondes, la prochaine
rencontre qu'aura le ministre des
Finances avec Gary Bettman, qu'est-ce que Gary Bettman risque de mettre sur le
nez à mon ministre des Finances? C'est la déclaration du maire de
Québec, qui, lui, lance la serviette.
Bien, nous,
on ne la lancera pas puis on va faire preuve de leadership, parce que le maire
de Québec, en cette mesure, est en rupture complète avec son prédécesseur Régis
Labeaume. On l'aimait ou on ne l'aimait pas, mais Régis Labeaume avait quelque
chose que n'avait pas le maire, c'est qu'il s'est battu corps et âme pour le
retour des Nordiques de Québec. Et,
moi, aujourd'hui, je demande au maire de se ressaisir, et de revenir à la
raison, et de supporter le retour des Nordiques de Québec, de faire
preuve de leadership politique. C'est ce dont nous avons besoin.
M. le Président, il y a deux camps, je vous le
disais. Il y a aussi le camp de celles et ceux qui pensent que... Et je vois mon ami le leader de l'opposition avoir un
petit sourire en coin. Il sait comment je l'apprécie, mais, ceci dit, il y a
ceux qui... Puis j'écoutais avec attention
mon... le collègue le leader de l'opposition, qui a fait une très belle
intervention, comme celle de mon
collègue de Jean-Talon, comme celle de mon collègue de Jacques-Cartier, comme
celle de mon collègue de Maurice-Richard, mais, tous partis confondus de
l'opposition, pas une seule alternative en une heure de débat.
On nous
reproche de faire ce qu'on veut faire pour le retour des Nordiques. On nous dit
de ne pas faire ce qu'on fait, mais, en même temps, pas l'ombre d'une
alternative pour nous aider à trouver une solution pour ramener les
Nordiques de Québec, c'est de l'attentisme ou, encore, on va dire : On va
laisser faire les forces du marché, mais on va
attendre, à un moment donné... C'est la théorie de la baguette magique, puis
nous, à la CAQ, on n'est pas pour la théorie de la baguette magique.
Il y a un
grand penseur dans l'Église catholique, qu'on appelle Ignace de Loyola, le
fondateur des Jésuites. Ça vous dit peut-être quelque chose, M. le Président.
Vous connaissez bien ça. Il avait une devise qui m'inspire beaucoup, il avait
pour devise : Prie Dieu comme si tout
dépendait de lui, mais — il
ajoutait le «mais» — agis
comme si tout dépendait de toi. Agis comme si tout dépendait de toi.
Puis, nous, la baguette
magique, là, croire que, par l'opération du Saint-Esprit, à un moment donné, ça
y est, Gary Bettman se lève un matin et
puis, bing, bang! un appel au maire de la ville de Québec : Tiens,
signe-moi ça, on amène le retour des Nordiques, tu sais, ça, c'est... on
n'embarque pas dans ce type de scénario là. Et on pense que, pour se garder
des portes ouvertes, pour garder des canaux
de communication ouverts, pour être crédibles face à la Ligue nationale de
hockey, il faut que les bobines suivent les... Comment est-ce qu'on dit ça,
hein?
Des voix : ...
M. Simard : Les bobines suivent
les...
Des voix : ...
• (16 h 20) •
M.
Simard : Les bottines suivent les babines, M. le Président.
Bref, en définitive... Non, mais il faut qu'on ait les moyens de notre
ambition. Il faut avoir les moyens de son ambition, et c'est ce que nous
propose le ministre des Finances, avoir le moyen de ses ambitions.
M. le
Président, si je vous parle du retour des Nordiques, je vous en parle vraiment
comme un... comme quelqu'un... Moi, je ne connais pas le hockey. Il faut que je
vous fasse un «coming out». J'ai de la difficulté à patiner. Je ne connais pas grand-chose au hockey, mais je suis
un petit gars de Québec. Puis je ne vous parle pas juste comme le député de
Montmorency. Bien sûr, au premier chef, c'est dans la région de Québec. On est
très proche du Centre Vidéotron. Mais je vous parle comme quelqu'un qui
vient d'un milieu de vie, d'une famille où il y a des fans finis de hockey.
Moi, je me
souviens avec un souvenir impérissable des discussions de famille passionnées,
enflammées, à l'époque glorieuse de
la rivalité Québec-Montréal. J'étais fasciné par la culture sportive de mes
oncles, de mon grand-père Benoît, de
mon oncle Michel, de mon oncle André et de mon cousin Richard, de ma tante
Micheline, de ma tante Gisèle. C'était... hommes, femmes confondus, j'étais fasciné par le fait qu'ils se
souvenaient de l'histoire, vous savez, de l'historique de chacun des joueurs, de ses forces, de ses
faiblesses, des équipes qu'ils avaient fréquentées, des buts qu'ils avaient
comptés ou qu'ils avaient manqués.
J'étais fasciné par ça. Et puis on sait à quel point il y a
très peu d'institutions, très peu d'institutions qui ont marqué, autant que ne l'ont fait les Nordiques de Québec, la
ville et la grande région de Québec et le Québec tout entier. Très peu d'institutions l'ont fait autant.
Et puis, souvenez-vous d'une émission d'une série très bien connue en ce
moment, qui est en reprise, là, Lance et
compte, comme preuve de cet amour colossal que les gens du Québec, et en
particulier de Québec, ont eu pour
les Nordiques. Même les grands partisans du Canadien de Montréal avaient de la
difficulté, dans le fond de leur coeur, à détester les Nordiques de
Québec, M. le Président.
Et cet amour, il s'est concrétisé par, j'oserais
dire, presque un acharnement politique depuis 1995, tous partis confondus, pour travailler à leur retour. La
beauté de l'aventure des Nordiques, c'est qu'il n'y avait plus de parti
politique, il n'y avait plus de couleur, il n'y avait plus de souverainisme,
fédéralisme, de nationalisme, de bleu ou de rouge, tout le monde, main dans la
main, tous paliers de gouvernement confondus, du municipal au fédéral en
passant par le provincial, étaient
derrière, unanimement, le retour des Nordiques. Et chaque formation politique
qui est ici, je pense à mes amis du Parti québécois, que je respecte beaucoup,
et à mes amis du Parti libéral également, chaque formation politique a mis
sa pierre à l'édifice du retour des
Nordiques à Québec. C'était transpartisan. Ma peur, c'est qu'on peut être
contre cette subvention, pour toutes sortes de raisons, notamment quant
à l'implication du public pour soutenir le privé.
Puis il y a des débats très légitimes derrière
ça que je ne veux pas passer sous silence. Je les entends. Mais il ne faut pas
jeter le bébé avec l'eau du bain. Parce que, petit à petit déjà, de «je suis
contre la subvention», petit à petit, qu'est-ce
qu'on entend? C'est que, bof, c'est fini, ça, les Nordiques. Et puis il y a
peut-être des gens qui, sans nous le dire... décodez bien ce qu'on
entend, M. le Président, n'ont peut-être pas le courage de nous dire : Oh
non, nous aussi, on a lancé la serviette.
Non, non, ils nous disent ça autrement, c'est feutré, on va attendre, il n'y a
rien à faire. Je n'ai rien d'autre à proposer. Bien, peut-être bien que non, on
est peut-être contre la décision de la CAQ, mais jamais personne ne pourra
nous reprocher d'avoir tout essayé, M. le Président, pour assurer le retour de
cette équipe, assurer aussi entre-temps la...
viabilité, dis-je, financière du Centre Vidéotron. Parce que je n'ai pas tous
les chiffres en mémoire, mais depuis à peu près 2015, grosso modo, c'est un déficit annuel de
3 millions de dollars par année, un déficit annuel de 3 millions
dont la moitié est épongée par les seuls contribuables de la ville de
Québec dont je suis, M. le Président.
Alors, c'est
aussi non seulement une façon, notre action, de contribuer à maintenir la
flamme allumée, c'est aussi une façon
carrément d'assurer une vitalité à ce centre extraordinaire. Puis on sait tous
pourquoi on l'a bâti. Oui, bien sûr, on avait besoin, comme capitale nationale,
d'une infrastructure culturelle digne de ce nom. Soit, j'en suis. Mais nous
avions aussi, en arrière-pensée, de
manière clairement exprimée, cette volonté du retour des Nordiques. Parce que
si on avait eu l'assurance à l'époque qu'il n'y aurait pas d'équipe de
hockey, peut-être qu'on aurait fait le centre différemment.
Alors, M. le
Président, moi, je vous ramène à un événement dont je garde un souvenir
également impérissable, que je vous raconte après une gorgée d'eau, c'est la
fameuse Marche bleue. La fameuse Marche bleue en octobre 2010. Un moment
extraordinaire où il y a à peu près, de mémoire, 60 000, un peu plus de
60 000 personnes qui ont convergé vers les plaines d'Abraham. C'est du monde, ça. Certains
estiment même qu'il y en avait 75 000. Moi-même, je n'ai pas participé
à cet événement, mais, par contre, j'étais... je vous raconte l'anecdote, M. le
Président, j'étais dans une bannière d'un dépanneur
très, très connu d'une franchise québécoise, bien, Couche-Tard, pour ne pas le
nommer. Il y avait une longue ligne d'attente. Et il y avait, dans ces
magasins, des tee-shirts à l'effigie des Nordiques qui étaient en vente en
prévision de ladite manifestation de la marche bleue. Alors, M. le Président,
je vous raconte, donc, je poursuis mon anecdote. Je suis dans la ville, et il y a une jeune dame, 17, 18 ans qui arrive
à la caisse pour s'acheter ce tee-shirt qu'elle désirait tant, et puis elle donne sa carte de débit, elle prend
sa carte de débit, puis, là, le caissier, un peu gêné, doit lui dire :
Bien, désolé, Mme, les fonds sont insuffisants,
vous ne pourrez pas acheter votre tee-shirt. Et le M., un M. qui est derrière
lui, qui ne la connaissait pas, dit au
caissier séance tenante : Mme, partez avec le tee-shirt, je vais le payer
pour vous. C'est pour vous montrer cette espèce d'élan de solidarité, de
collégialité, d'unanimité qu'il y a toujours eu derrière le retour des
Nordiques.
Je vous cite,
je vous cite un passage d'un article de la grande journaliste Isabelle Porter,
du Devoir, elle-même une fille
de Québec, que je salue, de très grand talent. Elle dit ceci dans un article de
2010 : «Malgré le caractère très nostalgique du rassemblement, il y
avait beaucoup de jeunes sur place, des familles surtout.» Tiens!
«Adolescents lors du départ de l'équipe en 1995, ils sont revenus, désormais
adultes, célébrer l'équipe avec poussettes et enfants.» Et, si je vous cite ça, c'est parce que c'est là une autre magie
des Nordiques, cette espèce de logo d'igloo sur lequel est accoté un bâton
de hockey qui frappe tant notre imaginaire,
c'est l'aspect intergénérationnel. Ce n'est plus juste l'affaire de vieux
mononcles comme moi, M. le Président, des gens beaucoup plus jeunes, de
tous les horizons, convergent et espèrent ce retour.
Puis vous
savez, Mme la Présidente... M. le Président, excusez-moi, à un moment donné, on
vote avec ses pieds. Et actuellement on a entendu beaucoup de gens dire
pourquoi ils étaient contre cette subvention, beaucoup de gens prophétiser à l'avance l'échec de cet événement.
Bien, je tiens à vous confirmer, parce que j'ai validé ça ce matin, ce matin,
là, ce matin, ça fait à peine cinq jours qu'on peut acheter des billets pour
octobre prochain, ça fait seulement cinq jours que les billets sont en vente publique et il y a déjà plus
de 15 000 billets qui sont vendus. Ça fait à peu près 45 % des
billets pour l'événement déjà vendus.
Donc, je me dis, oui, je comprends les critiques
actuelles, mais je vois en même temps l'enthousiasme que cela génère, et cela me donne espoir. Et je me dis que
si, chemin faisant, nous sommes capables de démontrer à la Ligue nationale
de hockey que nous sommes toujours, la ville
de Québec, la ville de hockey que nous avons toujours été, que ce sera un
pari réussi.
Et peut-être
que l'arrivée des Nordiques n'est pas pour tout de suite, n'est pas pour demain
matin, mais peut-être qu'entre-temps, à cause du leadership du ministre des
Finances, à cause des canaux de communication qu'il a ouverts avec
Gary Bettman, et, Dieu merci, on en a, parce que, de ce temps-là, c'est le
seul à en avoir, puis, s'il n'était pas là, on serait seuls, grâce à ça, on pourra peut-être avoir
des scénarios intermédiaires, connaître d'autres types d'événements qui
vont venir alimenter l'activité du Centre Vidéotron.
Et je salue
des grands personnages comme l'ancien chef du Parti québécois,
Pierre Karl Péladeau, qui, hier encore, disait que tout était possible
seulement si on y croyait. M. le Président, je suis solidaire de la décision du
ministre des Finances. Comme Pierre Karl Péladeau et tant d'autres,
je vais travailler au retour de cette équipe de hockey. Je vous remercie pour
votre attention.
• (16 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Montmorency. Et, comme prochain
intervenant, je reconnais maintenant M. le député de Marquette.
M.
Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. le Président. 51 minutes, à peu
près, que la partie gouvernementale a parlé, on n'a pas parlé une minute, on
n'a pas défendu une minute ce 7 millions de dollars là. Vous connaissez la
Série du siècle, M. le Président, de 1972,
bien, je suis content d'avoir été témoin du «Spin politique du siècle» de 2023.
Honnêtement, là, c'est extraordinaire. Extraordinaire. Alors, merci
beaucoup au député de Montmorency.
J'avais des
choses à dire. J'ai dit tout ce que j'avais à dire, M. le Président, je vais
prendre à peu près cinq, six minutes, j'ai dit tout ce que j'avais à dire
là-dessus. Il y a des amalgames qui ont été faits du côté
du ministre des Finances, alors que la présidente
du Conseil du trésor a demandé aux citoyens et même aux partis d'opposition de
faire attention avec des amalgames durant
cette négociation-là avec le secteur public. Mais ce qu'on entend, depuis les
deux, trois derniers jours, avec le ministre des Finances, c'est tout
simplement énormément, mais énormément d'amalgames.
Quand il parle d'investissement avec le sport,
il parle... il fait référence aux quatre jours, trois équipes qui vont venir ici, à Québec, il parle de la coupe
Memorial, du Championnat mondial junior, championnat mondial féminin, la Coupe
du président, le grand prix. On parle de
retombées économiques, M. le Président. Moi, mon père me disait... il
dit : Ce n'est pas le salaire
que tu fais qui est important, c'est ce qui te reste dans les poches, c'est
comme ça... qui détermine ta richesse. Alors,
si on prend le 7 millions... puis je ne suis pas un économiste, là, mais,
si on prend le 7 millions qu'on investit ou qu'on dépense — parce
qu'on parle d'investissement, on parle de financement, mais c'est une dépense — dans
ce projet-là, combien est-ce qu'il te
reste dans tes poches, pour le public, parce que c'est le public qui finance,
combien est-ce qu'il te reste dans tes poches? Zéro, zéro retombée économique.
J'avais
d'autres points, M. le Président, mais je suis obligé de revenir sur ce que le
député de Montmorency, il a dit. Il a
dit, et je le cite : Il y a deux camps. Parce que, là, on parle des
Nordiques. Ça a été un spin des Nordiques aujourd'hui, là. Puis je
comprends de faire ça, là, c'est de la Communication 101. Quand ça ne va
pas bien à un endroit, quand on se fait
pogner à quelque part, qu'est-ce qu'on fait, bien, on change le narratif. Et là
le 7 millions, ce n'est pas pantoute pour les Nordiques. On a entendu le
député de Montmorency parler pendant quasiment 19 minutes des Nordiques,
alors que ça n'a pas rapport pantoute avec les Nordiques, M. le Président. Même
le ministre des Finances, il l'a dit, à la conférence de presse, que ce
n'était même pas pour les Nordiques. Mais, comme à son habitude, le premier
ministre a pris la parole puis il s'est
échappé, il a parlé des Nordiques. Woups! Il faut se ranger derrière le parti
d'un seul homme, le premier ministre. Alors, on prend le récit du premier
ministre, on défend ce que le premier ministre a dit, et là c'est rendu tout
d'un coup un investissement de
7 millions de dollars pour les Nordiques, ce qui est complètement,
mais complètement erroné, M. le Président.
Une
autre chose que le député de Montmorency... On va continuer, il m'a donné
tellement de matériel, je n'ai pas le
choix, je vais changer mon discours. Le député de Montmorency, il a dit :
Je suis persuadé que le ministre a eu le meilleur deal possible. Ferme
la citation. Il a-tu écouté le ministre, lui, dans les dernières journées? Le
ministre a dit, il a avoué lui-même qu'il a
payé 2 millions de trop. Il l'a-tu écouté? Je peux lui envoyer le lien, si
vous voulez, M. le Président, là. Ça n'a pas de bon sens.
Je vais continuer. Suite à la citation du maire
Marchand, là, il a dit : Bien, quand il va rencontrer Gary Bettman, qu'est-ce que Gary Bettman va mettre sur le nez de
notre ministre des Finances? Cette citation-là, c'est ça qu'il va dire. Ce qu'il va mettre sur le nez, M. le Président,
Gary Bettman, au ministre des Finances, c'est que «M. le ministre des Finances,
vous êtes... vous voulez une équipe de la
ligue nationale, mais vous êtes obligé de payer un club pour venir dans votre
ville». C'est ça, le message que vous
envoyez? Vous n'êtes pas prêts à recevoir un club. C'est ça, le message qu'il
envoie puis c'est ça qui est désastreux. Parce que la ville de Québec est
capable de recevoir une équipe. Il a dit également : Il y a deux équipes
puis, je le dis, je le répète, il y a deux clans. Il n'y a pas deux clans. Il y
a-tu quelqu'un, un chrétien, au Québec, qui ne veut pas voir les
Nordiques à Québec? Il y a un clan, il y a un clan, puis on veut tous ravoir
les Nordiques à Québec.
Ceci dit, M.
le Président, je vais passer à un autre sujet. Parce que, quand on parle du
7 millions, c'est sûr que c'est facile
de dire : Bien, on pourrait mettre l'argent à tel endroit, à tel endroit,
à tel endroit. Mais moi, j'ai parlé, j'ai parlé pour les 68 fédérations
sportives du Québec aujourd'hui. 68 fédérations sportives qui sont
financées de l'ordre de 5 millions de dollars pour des frais d'opération,
5 millions de dollars. Il y a des fédérations qui ont deux employés,
trois employés puis qui ont de la difficulté à arriver. C'est sûr que,
quand on voit 7 millions de dollars pour les loisirs, pour le
sport...
Bien, non, ce
n'est pas pour les loisirs puis pour le sport, c'est pour une industrie
milliardaire, pour se faire plaisir, assouvir
ses besoins de petit gars. Si le ministre avait besoin de rencontrer des
anciens joueurs de la ligue nationale ou même des joueurs vedettes, il aurait
pu m'appeler, M. le Président, je suis un ancien de la ligue nationale, je n'ai
pas besoin de billets pour entrer au Centre Bell. J'aurais pu l'amener
dans le Salon des Anciens, puis après on serait allés voir les joueurs du Canadien. Il l'aurait vu, Cole
Caufield, il l'aurait vu, Suzuki. C'est un privilège que j'ai. J'aurais pu
amener le ministre des Finances. Pas
seulement ça, je lui aurais payé la bière à 25 $, à part de ça, puis il
n'aurait pas été obligé de le déclarer à la Commissaire à l'éthique,
c'est en bas de 200 $.
Ceci dit, je
veux juste un autre... Je veux mentionner également un autre élément, M. le
Président. Il y a... Quand on parle du 7 millions, là, puis on
parle des jeunes, là, des saines habitudes de vie puis de l'activité physique,
M. le Président, il y a un aréna à Saint-Polycarpe — puis je suis content,
là, la députée de Soulanges est là — il y a un aréna à
Saint-Polycarpe que ma collègue de Vaudreuil a pris, là, à bras le corps, c'est
une mission pour elle, ont besoin de 4 millions de dollars pour survivre.
Mais là on dit : Bien, c'est un aréna à Saint-Polycarpe. Bien non, c'est
parce que, oui, c'est un aréna à Saint-Polycarpe, mais, en même temps, cet
aréna-là, M. le Président, il dessert plusieurs villes de proximité : Saint-Zotique, Coteau-du-Lac, Les
Coteaux, Rivière-Beaudette, Saint-Clet, Saint-Télesphore, Sainte-Marthe,
Très-Saint-Rédempteur, Sainte-Justine-de-Newton.
Ça, c'est un
cri du coeur du maire Jean-Yves Poirier. Mettez-vous dans la peau du maire
Jean-Yves Poirier aujourd'hui. Il voit 7 millions, comme ça, disparaître
dans les poubelles, M. le Président, alors qu'il y a des arénas comme celle
de Saint-Polycarpe qui a besoin de 4 millions de dollars pour
survivre. Cet aréna-là tombe, M. le Président, puis tout le monde sont obligés
d'aller à 45, 50... une heure pour faire du sport. C'est ça qui est
inacceptable. Puis ça, c'est du concret. Ça,
si on veut investir de l'argent, comme ça, dans du concret, chez nos jeunes,
les saines habitudes de vie... Cet
aréna-là, M. le Président, je vais vous le citer, là, je vais vous le citer en
passant : «L'aréna Saint-Polycarpe, c'est un carrefour dans la région. Un ciment pour la
communauté. Un endroit rassembleur, où jeunes et moins jeunes se réunissent
dans la bonne humeur pour pratiquer du sport. C'est un atout pour combattre
l'isolement, et un outil pour lutter contre la sédentarité.»
On vient de traverser une pandémie où nos jeunes
ont été affectés. Alors, quand on dit : On veut dépenser 7 millions de dollars, on peut-tu, s'il
vous plaît, le donner à des endroits qui vont être pas mal plus bénéfiques puis
qui vont être pas mal plus porteurs? Merci beaucoup, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marquette. Et je reconnais
maintenant Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. Je vais commencer par
remercier mes collègues pour la motion qui nous donne l'opportunité de nous
exprimer là-dessus, parce qu'effectivement il y en a long à dire. La motion
demande au gouvernement de respecter
l'état des finances publiques, oui, bien sûr, mais j'irais même plus loin,
j'aimerais demander au gouvernement de respecter la population. J'ai vu
tellement de mépris à travers cette annonce-là.
Et,
premièrement, il y a le montant, hein? Je comprends que, pour le ministre des
Finances, 7 millions, c'est quasiment de la petite monnaie. Pour lui, ce
n'est rien sur l'ensemble du budget du Québec qu'il a à gérer. Ça, je peux bien
le comprendre. Mais, partout sur le territoire du Québec, il y a des
organismes qui ne réussissent pas à faire avancer des projets parce qu'il leur
manque quelques dizaines de milliers de dollars pour réussir à faire avancer
leurs projets. Tous les députés ici le
savent très bien, combien de demandes on reçoit chaque année de la part
d'organismes de notre milieu qui ont besoin de fonds discrétionnaires. Il n'y a jamais personne qui réussit à
répondre à toutes ces demandes-là, ici. Puis les demandes qu'on reçoit, c'est
juste une petite fraction de tous les projets qui sont réfléchis dans les
organismes autour de nous, dans la
communauté, qui ne réussissent pas à voir le jour, souvent parce qu'il n'existe
pas de programme. Mais le ministre des Finances, lui, qu'est-ce qu'il a
fait? Quand il a eu une idée, il n'a pas eu besoin d'attendre qu'il existe un
programme pour ça — c'est
là où je vois tellement de mépris aussi de sa part — lui,
il a utilisé un programme qui existait déjà, qui était supposé d'être géré localement pour financer des projets de
petites entreprises, d'organismes à but non lucratif, des projets soutenus par la communauté, puis il s'en
est servi pour faire un projet qui lui tentait, lui, personnellement. Il s'en
est servi comme ça, sans demander à la communauté si c'était une priorité pour
eux.
Pourquoi les
règles habituelles n'ont pas été respectées? Les citoyens, les organismes sont
en droit de se demander ça
aujourd'hui. Pourquoi eux doivent respecter les règles, mais le ministre des
Finances, lui, peut les contourner et peut utiliser n'importe quel programme pour passer ses idées à lui? Pourquoi
l'autonomie locale n'a pas été respectée? Pourquoi le ministre n'a pas
commencé par aller exposer son idée à ceux qui le gèrent, le programme, pour
leur demander si ça répondait vraiment aux
besoins de la communauté? Probablement parce qu'il savait que jamais les gens
dans la région de la
Capitale-Nationale n'auraient voulu prioriser un projet comme celui-là, pas en
ce moment, quand il y a plein de petites entreprises hyperprécaires
parce qu'ils doivent rembourser des prêts obtenus pendant la pandémie, pas en ce
moment, quand tous nos organismes qui
répondent à des besoins essentiels aussi primaires que de manger. On de la
misère à arriver puis à répondre à leurs demandes.
J'ai lu des
affaires tellement scandaleuses pour essayer d'expliquer l'annonce du gouvernement. Le premier ministre lui-même est allé justifier ça en disant que c'était
important d'investir dans les loisirs. Je pense qu'on se fait niaiser,
M. le Président. Partout à travers le Québec, les organisations en lien avec le
sport, les loisirs reposent essentiellement sur
du travail de bénévoles. Ils ont des infrastructures, ils ont du matériel qui
sont souvent désuets. Les villes sont obligées de faire le choix entre rénover une piscine ou un aréna, puis ça, c'est
quand ils ont les moyens de le faire, parce qu'il y a beaucoup de
petites municipalités qui n'ont même pas le moyen d'avoir ni l'un ni l'autre.
Puis je sais qu'il existe des programmes
pour ça, la ministre des Sports, Loisirs est venue nous le répéter ce matin,
mais les petites municipalités, souvent, ils n'ont même... puis même les
plus grosses, ils n'ont même pas les moyens de mettre leur propre contribution
pour pouvoir soumettre des projets dans ces
programmes-là, ça fait qu'ils s'en passent. Il y a plein de familles qui n'ont
pas les moyens d'inscrire leurs
enfants dans des activités sportives. Les clubs sont obligés de faire des
campagnes de financement puis de vendre un paquet de patentes à gosses
pour réussir à financer l'inscription des enfants.
Je ne
comprends pas comment le gouvernement peut penser que la population va recevoir
ça comme explication, que c'est important de soutenir les loisirs, que
les loisirs qu'il faut soutenir, là, c'est un match de la Ligue nationale de
hockey à Québec.
J'ai aussi
entendu le gouvernement essayer d'expliquer à quoi ça allait servir, cet
argent-là, entre autres payer les lunchs des joueurs qui vont venir ici.
Je voudrais juste rappeler que, récemment, là, on proposait de mettre sur pied
un programme d'alimentation universel dans
nos écoles, ce que tous les autres pays du G7 font d'ailleurs déjà et qui est
de plus en plus essentiel pour répondre aux besoins des enfants qui n'ont pas
tous trois repas équilibrés dans une journée en ce moment, puis je me souviens très bien ce que la
CAQ a répondu. Ils se sont moqués de nous. Le premier ministre s'est moqué de
cette idée-là. Il n'en revenait pas, qu'on propose d'offrir les lunchs même aux
enfants dont les parents ont les moyens
de payer pour leurs lunchs. Il n'en revenait pas. Puis qu'est-ce qu'il nous propose
en ce moment, lui? De payer les lunchs de joueurs multimillionnaires d'équipes
de la Ligue nationale de hockey? Il y a un petit manque de cohérence ici,
hein? Je ne pense pas qu'on peut le prendre
au sérieux avec des arguments comme ceux-là. Combien de lunchs de plus on
aurait pu offrir à des enfants cette année
si la CAQ avait décidé de ne pas payer les lunchs des joueurs de hockey
professionnels puis, à la place,
d'offrir plus d'aide alimentaire? Pour 7 millions, là, je pense qu'on
parle de dizaines de milliers de repas qui auraient pu être offerts, parce
qu'en ce moment tous les organismes en aide alimentaire ont de la misère à
arriver.
Je n'en
reviens pas, de la déconnexion de ce gouvernement-là avec la population. Puis
ça remonte à loin, là, mais c'est de plus en plus frappant, l'ampleur de la
déconnexion, depuis l'élection de Jean-Talon. Au lieu de se garrocher
partout en essayant des affaires bizarres,
là, comme cette nouvelle proposition là qu'ils nous ont sortie la semaine
passée en pensant que ça va faire plaisir au monde, moi, j'inviterais le
gouvernement à commencer par régler les vrais problèmes que les gens vivent dans le quotidien, dans leurs vies. Il
y a des choses que la CAQ pourrait faire qui aideraient vraiment les gens, qui
répondraient vraiment à des besoins et qui ne coûteraient rien. Il y en a
plein. On en fait régulièrement, des propositions dans ce sens-là. Le contrôle des loyers, mieux
protéger les droits des locataires, ça, ça aurait un impact majeur sur les
finances de millions de personnes au Québec. Ça ne coûterait rien. Ça, ça
montrerait aux gens que le gouvernement est connecté à leurs vrais besoins dans
la vie. Et, à la place, ce que le gouvernement fait, c'est d'essayer de faire
diversion sur les crises que traverse le Québec en finançant une équipe
de hockey.
On a besoin
d'un gouvernement qui comprend les besoins des gens, mais là ce qu'on a, c'est
un gouvernement qui se croit tout permis, qui contourne les règles d'un
programme qui devrait être géré localement pour répondre à la lubie d'un
ministre qui utilise l'argent des citoyens,
l'argent qui vient des taxes puis des impôts des citoyens, pour financer
quelque chose qui n'aurait jamais dû coûter un seul sou d'argent public. Puis
en plus il fait ça en pensant que ça va faire plaisir aux gens. Pouvez-vous imaginer l'ampleur de la
déconnexion qu'on a ici? Parce que, même à Québec, là, ce n'est pas ça, la
priorité du monde, ici, là. Ce n'est pas de remplir le stade Vidéotron, la
priorité des gens de Québec.
Moi, j'aimerais
ça demander au ministre puis tout le monde du côté de la partie
gouvernementale, dans les prochains jours,
là, de faire une exception à leur quotidien, là, de remplacer leurs
déplacements habituels dans leurs minivans de ministre par un
déplacement en transport en commun, d'écouter les conversations autour d'eux,
d'aller prendre une marche au centre-ville,
ou peut-être même sur une ligne de piquetage, ou dans un centre d'achats,
n'importe où, écouter les conversations autour d'eux, demander aux gens, là,
d'ici, dans la Capitale-Nationale, c'est quoi, leurs priorités. Il n'y a pas grand
monde qui vont leur répondre que la
priorité, c'est de faire revenir les Nordiques ou de remplir le Centre
Vidéotron. Les gens ont des considérations beaucoup plus urgentes que
celles-là. Et ça devrait être ça, la priorité du gouvernement en ce moment.
Chaque dollar de fonds publics qui est
dépensé devrait servir à mieux prendre soin des gens, et ce n'est pas ça que je
vois en ce moment de la part du gouvernement. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke.
Alors, il me reste à céder la parole à M. le leader de l'opposition officielle,
pour votre réplique.
M. Monsef Derraji (réplique)
M. Derraji : Bon, déjà, la réplique, M. le Président. Je vais
me permettre quand même de commencer avec mon collègue le député de Montmorency. Il me respecte, et c'est mutuel. On
se respecte. C'est un très bon joueur d'échecs, moi aussi, et, dans ce cas, on partage quand même
quelque chose ensemble. On se parle assez régulièrement. D'ailleurs, il a
présidé notre commission aujourd'hui.
Mais,
vous allez me permettre, je ne suis pas du tout d'accord sur, entre guillemets,
le spin d'aujourd'hui. Vous savez, je
sais c'est quoi, avoir une bonne équipe de la ligue nationale à Québec. Il n'y
a personne ici, au salon bleu, qui ne veut pas une équipe, on s'entend, tout le monde, mais, s'il vous plaît,
n'essayez pas de nous dire qu'avec 6 millions, 7 millions de
dollars on va l'avoir.
Et
vous avez dit qu'il y a d'autres personnes qui partagent ses propos. Oui, tout
le monde partage les propos qu'on veut
avoir une équipe à Québec, qu'on le mérite. Mon collègue a très bien expliqué,
le député de Marquette, sur comment on
doit faire. Si on veut avoir une équipe, ce n'est pas avec une annonce pareille
du gouvernement du Québec. Ça ne marche pas de même. Je vous invite à aller prendre une bonne bière avec mon
collègue. Il va vous dire comment ça marche. Ça ne marche surtout pas comme ça, pas en donnant de
l'argent public pour remplir un stade. Mon collègue peut me corriger. Ça
ne marche pas de même si on veut avoir...
Si vous voulez qu'on
travaille ensemble pour avoir une équipe, aucun problème, nous sommes tous
prêts. Oui, la vitalité économique est
importante. La Capitale-Nationale, il y a de bonnes entreprises, ça marche très
bien, il y a pas mal de bons projets.
D'ailleurs, on peut se rappeler que, grâce à un gouvernement libéral, on a
l'aréna. Travailler ensemble, mais
venir, aujourd'hui, expliquer quelque chose qui est inexplicable et dire
qu'avec les 6, 7 millions on va avoir une équipe des Nordiques, écoutez, j'en ai vu dans ma vie,
mais celle-là, elle est vraiment bonne. Elle est bonne, mais, bravo, vous
avez eu au moins le courage de se lever pour dire que vous appuyez le ministre
des Finances. C'était à votre honneur.
• (16 h 50) •
Maintenant, M. le
Président, je vais revenir aux propos du ministre. J'ai calculé au-delà de
25 minutes ou 30 minutes... Le
ministre a parlé de tout, sauf pourquoi il a donné les 7 millions de
dollars. Au fait, il confirme qu'il n'avait pas d'argument. Il avait la possibilité de parler, d'expliquer aux
Québécoises et aux Québécois que, les 7 millions, il a fait les
analyses, les études par rapport à l'arrivée de ces équipes et pour les matchs
qu'on va avoir, mais, M. le Président, je
n'ai pas entendu de retombées économiques. Il parlait plus de célébrations, de
matchs. Il a aussi admis qu'il y avait des arguments... Les gens qui sont contre... Par exemple, le timing, il
était d'accord, mais il a aussi parlé de l'expansion, l'expansion de la
ligue.
M.
le Président, je pense que les arguments que notre formation politique a faits
depuis le début de cet enjeu tiennent la route, que ce n'est pas au ministre
des Finances, ce n'est pas aux Québécois de payer pour un camp d'entraînement,
sachant que cette équipe, au moment où ils
voulaient venir, où ils seront à Québec... l'aréna de cette équipe est fermé.
Cette équipe n'a pas... Les Kings de Los Angeles n'avaient pas accès...
n'auront pas accès à leur aréna en 2024.
J'aurais aimé, M. le
Président, faire reculer le ministre. Le ministre a pris sa décision. Il a dit
que c'est lui qui a initié... les promoteurs
l'ont dit aussi, que c'est lui qui a initié l'initiative. C'est lui qui a pris
la décision d'aller chercher l'argent dans un fonds. En fait, il a fait
de la créativité dans son budget. Parce que c'est lui qui manipule le budget. C'est lui qui sait comment travailler avec le
budget. Mais, vous savez, M. le Président, je formule le voeu, encore une
fois... Et là je viens de le voir, je ne sais pas si c'est vrai ou pas,
mais je vais quand même le mentionner, que le caucus de la CAQ a une réunion très importante ce soir sans les
conseillers politiques. On me dit que les députés veulent pouvoir parler
plus librement. Écoutez, j'espère que les
collègues caquistes vont avoir le courage de dire, entre eux, à leur ministre
des Finances qu'«on est coincés avec
ta décision, on ne peut plus te soutenir et que le vote, il est libre». Les
gens peuvent voter, mais ils vont aussi envoyer un message à leurs
citoyens, dans leurs comtés, qu'ils ne sont pas d'accord avec la décision, avec
la décision de leur ministre des Finances et la décision du premier ministre.
Parce qu'il y a un patron, dans cette équipe,
c'est le premier ministre. Le premier ministre cautionne que son ministre des
Finances utilise un fonds régional dédié à la Capitale-Nationale pour
financer l'arrivée de trois équipes.
Alors, M. le
Président, j'aurais aimé, j'aurais aimé que mon ministre des Finances me parle
des retombées économiques, mais malheureusement il n'y avait pas aucune mention
des retombées économiques, et c'est là où je me pose la question. Le ministre des Finances avait la possibilité de faire
autrement. Il parlait du respect de l'institution. Je ne pense pas qu'un élu, à l'intérieur de cette
Assemblée, ne respecte pas l'institution. On doit respecter l'institution,
comme on doit respecter le public,
dans la gestion des finances publiques. Aujourd'hui, si on lance, on pose la
question aux Québécois : Est-ce
que le ministre des Finances a respecté la saine gestion des finances publiques
en donnant 7 millions de dollars à ces équipes?, je ne pense pas qu'il va avoir un haut taux de succès. Donc,
s'il y a quelqu'un qui n'a pas respecté la gestion saine des finances
publiques, c'est le ministre des Finances.
On peut être d'accord
sur utiliser l'aréna, utiliser le Centre Vidéotron, on peut avoir des rêves de
ramener les Nordiques. Tous, on partage
cela. Ce qu'on questionne aujourd'hui, c'est la façon avec laquelle le ministre
des Finances, qui est le grand patron
des finances publiques, a géré toute cette opération. Je l'ai soulevé, qu'être
ministre des Finances, c'est la
transparence, c'est la rigueur, la rigueur dans la gestion des finances
publiques, la transparence dans l'utilisation des fonds publics. Ce n'est pas parce qu'on est
ministre des Finances qu'on va utiliser tel fonds, verser de l'argent dans le
fonds, retirer les fonds.
Qu'est-ce
qu'on va dire aux gens qui voulaient... Mon collègue vient de vous parler de
l'aréna que le maire attendait 4 millions de
dollars. J'ai vu que, dans le même fonds, on finançait des projets à hauteur de
150 000 $, 100 000 $. On va leur dire quoi? Avec quel visage le ministre des
Finances va rencontrer les groupes qui vont lui demander 6 millions de
dollars? Et il va leur demander des
retombées économiques? Est-ce qu'il va oser, dorénavant, demander des retombées
économiques à toutes les demandes de
7 millions de dollars ou moins? Lui-même, il n'a pas appliqué le
calcul des retombées économiques. Il
le dit clairement : J'aurais espéré 2 millions de dollars en bas
de ce qu'on m'a demandé. C'est lui-même qui a dit : Pas de problème, j'assume, je prends en charge les
pertes, je mets sur la table un 7 millions de dollars. Et après il
vient nous dire : Respect des
institutions, respect du travail. Écoutez, je l'invite à se regarder dans le
miroir et voir, par rapport au respect des finances publiques, le
respect des budgets qu'on s'est donnés, le respect de l'utilisation des fonds
publics.
Alors, M. le
Président, encore une fois, je pense que les collègues caquistes auront une
occasion en or, auront une occasion
en or de démontrer à la population qu'ils vont rencontrer dans leurs bureaux de
comté à partir de vendredi... On va demander
un vote, M. le Président, par rapport à la motion, comme on le fait à chaque
fois. Et ils vont avoir des discussions au sein de leur caucus tout à l'heure, en privé. J'espère que les
collègues qui ont eu le courage de parler aux médias, les derniers jours, vont se lever pour voter pour
cette motion. C'est un geste fort. C'est un geste fort. Soyez membres d'une
partie de l'histoire, non pas être partie à 7 millions de dollars.
Vous savez, moi, je vais être fier quand je vais rencontrer mes citoyens, vendredi, et je vais leur dire que
l'Assemblée nationale n'a pas donné l'aval au ministre des Finances pour
les 7 millions de dollars.
Alors, M. le
Président, je remercie mes collègues qui ont pris parole, mes collègues qui ont
suivi les débats, mes collègues de l'opposition, d'avoir pris le temps de
démontrer encore une fois à la population que c'est une décision insensée
de la part du ministre des Finances. Et je formule le voeu que mes collègues de
la CAQ vont voter pour cette motion. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader de l'opposition officielle.
Vote
reporté
Je vais maintenant mettre aux voix la motion de
M. le leader de l'opposition officielle, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de respecter l'état des
finances publiques, d'annuler la subvention
accordée pour la tenue de deux parties présaison des Kings de Los Angeles et de
mieux répondre aux besoins criants dans de nombreux secteurs au Québec,
notamment dans la Capitale-Nationale.»
Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, conformément à la demande du leader du
gouvernement, le vote sur la motion de M. le leader de l'opposition officielle
sera tenu à la période des affaires courantes de demain. M. le leader
adjoint du gouvernement.
Ajournement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je demande
d'ajourner nos travaux jusqu'à demain, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : En conséquence, nous ajournons nos travaux à
demain, jeudi 23 novembre 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 59)