(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, bon mercredi matin, chers collègues. Je
vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous en sommes
à la rubrique Déclarations de députés. Et, comme première déclaration,
aujourd'hui, je reconnais Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le 50e anniversaire du Centre local de
développement
de la région de Rivière-du-Loup
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à souligner les 50 ans du Centre local de
développement de la région de Rivière-du-Loup, un partenaire essentiel pour
notre vitalité économique et sociale. Je tiens... Mais, par-dessus tout, je tiens à saluer le travail et le
dévouement des équipes passées et présentes. Avec nous, aujourd'hui, dans les
tribunes, nous avons l'honneur
d'accueillir M. René Gingras, président, Mme Marie-Josée Huot,
directrice, M. Louis-Marie Bastille, administrateur, et M. Guy Dumont, conseiller. Mention spéciale à
Mme Marie-Josée Huot, qui cumule 25 ans de passion et
d'engagement à la direction de l'organisme. Sachez que vous faites toute la
différence pour nos entrepreneurs.
En
terminant, M. le Président, je tiens à féliciter toute l'équipe, qui a remporté
le prix développement économique local, équipe MRC, au congrès de
l'Association des professionnels en développement économique.
Merci pour votre
travail indispensable et bon 50e!
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Et je souhaite la bienvenue à toute l'équipe du CLD de Rivière-du-Loup à
l'Assemblée nationale.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Viau.
Souligner le 50e anniversaire du Centre de la petite
enfance populaire Saint-Michel inc.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, M. le Président. Une belle histoire que celle du CPE populaire de
Saint-Michel, qui a commencé en 1972.
C'est
avant tout l'histoire de femmes entrepreneures qui, avec l'aide du CLSC de
Saint-Michel, mettront sur pied une
garderie pour répondre aux besoins des familles de Saint-Michel. La garderie
deviendra plus tard la coopérative, puis le CPE populaire Saint-Michel,
par la suite.
Avec
ses trois installations, ce CPE accueille au total 220 enfants âgés de
zéro à cinq ans. C'est un milieu de vie sécuritaire, stimulant, qui a permis et qui permet encore à de nombreux
enfants de pouvoir grandir avec de saines habitudes de vie; une
soixantaine d'employés engagés et ayant chacun à coeur le bien-être des enfants
et celui des parents.
Au nom des milliers
d'enfants qui sont passés au CPE populaire de Saint-Michel au fil des
50 dernières années, je tiens à remercier
toute l'équipe, la directrice, Mme Lise Bélisle, la présidente du C.A.,
Mme Audrey Bernard, ainsi que tous les membres du conseil
d'administration.
Bon 50e et longue vie
au CPE populaire de Saint-Michel! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Viau. La prochaine déclaration sera celle de
Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à M. Claude Hardy
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert :
M. le Président, né en 1949, M. Claude Hardy s'est établi à Sherbrooke
en 1990.
Il a été 15 ans
préposé aux bénéficiaires à l'hôpital et au centre d'hébergement d'Youville
après y avoir été sept ans bénévole. Son
bénévolat, bien, il a débuté dans les années 60 comme responsable des
relations publiques d'un corps de tambours et clairons. Ensuite, il
s'est occupé d'une troupe de chanteurs, musiciens, il a fait de l'animation
scoute.
Depuis
2006, Claude Hardy participe au programme de football à l'école de la Montée de
Fleurimont, où ont joué ses deux petits-fils, Adam et Joël. M. le
Président, les Rebel juvénile ont même remporté le Bol d'or, exploit dont il a
souligné récemment le 10e anniversaire et l'implication de M. Hardy.
Toujours à l'école de la
Montée, M. Hardy est mentor en relations publiques de l'équipe de
robotique. Je tiens aussi à signaler qu'il a dirigé pendant 10 ans le
stationnement au Festival des traditions du monde de Sherbrooke.
M. Hardy, vous êtes un grand bénévole, dont
le sourire trahit l'entregent et l'empathie. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Saint-François. Et nous poursuivons avec Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner
le 50e anniversaire du Centre Saint-Pierre
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Acteur de changement depuis 50 ans, le Centre Saint-Pierre est
un lieu au coeur de ma circonscription qui
accueille, forme et accompagne les organisations et les personnes qui
s'engagent pour un Québec plus juste.
Si les murs du centre pouvaient parler, ils
témoigneraient de l'effervescence des idées et des actions que les mouvements
sociaux au Québec ont mis en oeuvre dans les dernières décennies pour plus de
justice sociale. Créé alors que le Faubourg
à m'lasse se voyait chamboulé par l'arrivée de la Cité des ondes, le centre a
toujours conservé le même leitmotiv :
donner une voix aux sans-voix. Je suis heureuse de savoir qu'il continue de se
tourner vers l'avenir et sera présent pour nous aider à faire face aux
défis présents.
Je salue
toutes celles et ceux qui ont façonné le Centre Saint-Pierre depuis 50 ans
et je suis fière de pouvoir le faire ici, au salon bleu. Je souhaite aux
nouvelles générations de citoyens et de citoyennes de l'organisation de s'approprier
ce lieu pour poursuivre leur engagement et surtout s'engager à la
transformation sociale.
Longue vie au Centre Saint-Pierre!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. La prochaine déclaration sera celle de M. le député de Masson.
Souligner
le 10e anniversaire de la campagne de sensibilisation
et de financement Noeudvembre
M. Mathieu
Lemay
M. Lemay : M. le Président,
nous sommes déjà le 1er novembre, et l'organisme Procure lance sa campagne
de sensibilisation et de financement annuelle pour lutter contre le cancer de
la prostate. D'ailleurs, cette année marque le 10e anniversaire de
Noeudvembre.
Cette
campagne a permis d'amasser jusqu'à maintenant 5 millions pour lutter
contre cette maladie et elle contribue au
financement de la recherche. Il s'agit d'une somme considérable. Et pourtant il
y a encore beaucoup de travail à faire.
Vous savez, M. le Président, chaque jour, des
Québécois reçoivent ce diagnostic que personne ne veut entendre, et c'est pour cette raison que j'invite toute la
population à faire tout comme moi et à porter le noeud papillon ainsi qu'à le
porter fièrement. Il permet d'attirer l'attention sur cette maladie, qui est
encore trop taboue.
Et je profite d'ailleurs de cette occasion, M.
le Président, pour souligner que trois Moulinoises participeront au trek Rose
Trip Sénégal 2024. Il s'agit de Mmes Martine Lessard, Annie Marceau
et Nadia Boufaied. Elles remettront une
partie des fonds ramassés à l'organisme Procure. Je vous invite à faire tout
comme eux et à donner avec générosité. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Masson. La prochaine déclaration sera celle de Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Souligner
le Mois national de sensibilisation à l'adoption
Mme
Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Je suis heureuse de prendre la parole ce matin pour souligner le début du Mois national de la sensibilisation à
l'adoption, un mois significatif pour de nombreuses familles québécoises et
qui nous permet de mettre en lumière la réalité de l'adoption, de la demande à
la complexité du processus et des enjeux jusqu'au bonheur et aux belles
histoires qu'elle peut créer.
Chaque année, au Québec, c'est près de
250 enfants pour qui les services du directeur de la protection de la
jeunesse doivent planifier un parcours de vie alternatif. L'adoption
internationale est chiffrée à une cinquantaine par année. Le Mois national de la sensibilisation à l'adoption est une
occasion pour nous de reconnaître l'importance de l'adoption et de tout
ce qu'elle apporte à notre société. C'est également une opportunité de briser
les stéréotypes, de promouvoir l'inclusion et de rappeler que la famille peut
prendre de nombreuses formes.
Finalement, j'en profite pour saluer le rôle
essentiel des organismes, des travailleurs sociaux et des bénévoles qui
oeuvrent pour soutenir les enfants et les parents adoptifs ainsi que ceux en
processus d'adoption. En novembre, célébrons la beauté de l'adoption. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. La prochaine déclaration sera celle de Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Rendre hommage à Mme Louise Thouin
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci, M. le Président.
Vous savez, trouver des bénévoles et tout un défi pour nos organismes communautaires. C'est pour ça que je veux prendre
cette minute pour souligner l'apport social d'une personne extraordinaire
de notre communauté, Mme Louise Thouin.
Elle
a été nommée, jeudi dernier, Bénévole de l'année lors du Gala Reconnaissance de
la Côte-de-Beaupré. Il est facile de
comprendre pourquoi. Mme Thouin est une véritable force motrice pour la
municipalité de Saint-Ferréol-les-Neiges. Elle est impliquée dans de nombreux projets, tels qu'Entraid'Don!, le
café Saint-Fé, qui favorise les échanges intergénérationnels, le Troc'Don — c'est une friperie gratuite — elle dirige le C.A. d'un office municipal
d'habitation, en plus d'avoir été longtemps conseillère municipale. Elle est de
toutes les causes. Donc, lorsqu'on parle de bienfaisance, d'événements communautaires, elle est toujours présente pour
les plus vulnérables. Et, en plus, elle est bien entourée, elle a six filles et
sept petits-garçons, et elle trouve le temps de s'impliquer dans sa communauté.
Alors,
Mme Thouin, félicitations! Il faudrait plus de gens comme vous.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
La prochaine déclaration, je reconnais M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner le 50e anniversaire de l'organisme Le Groupe
de personnes handicapées Les Alcyons inc.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M.
le Président, aujourd'hui, je souhaite souligner le 50e anniversaire de
l'organisme Les Alcyons de Mont-Joli.
Bien
ancré dans la communauté mitissienne, l'organisme offre tout au long de l'année
une série d'activités et d'ateliers pour les personnes handicapées et
agit en soutien aux proches aidants.
Fondé à Mont-Joli en
1973 sur l'initiative de Mme Cécile Gendron et du prêtre ouvrier, le père
André Boutin, l'organisme fut le tout
premier à offrir un tel lieu de rencontre et d'animation sur ce territoire.
Mme Gendron, elle-même vivant
avec une cécité, souhaitait briser l'isolement des personnes handicapées et
leur apporter un soutien actif. C'est mission accomplie, et ce, depuis
cinq décennies maintenant.
De
plus, au fil des ans, l'organisme a milité pour la mise en place du service
public de transport adapté dans la MRC et pour de meilleurs accès aux
bâtiments publics pour ses membres. Je salue l'engagement et le travail de
toute l'équipe, présidée par M. Mario Rodrigue, qui demeure mobilisée et
qui poursuit activement sa mission depuis toutes ces années.
À
toute l'équipe, à tous les bénévoles et à tous les membres des Alcyons de
Mont-Joli, bon 50e anniversaire! Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Matane-Matapédia. La prochaine déclaration, je
reconnais Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner le 275e anniversaire de la ville de
Saint-Hyacinthe
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, M. le Président.
L'année 2023 marque le 275e anniversaire de la ville de
Saint-Hyacinthe.
Pour
l'occasion, la talentueuse équipe du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe a
publié un livre : Saint-Hyacinthe : 275 ans à tisser la trame de notre histoire. Cet ouvrage relate sous plusieurs facettes la
riche histoire d'une ville qui se démarque dans les domaines des
affaires, des arts, des sports et encore plus.
En lisant ce livre,
on s'aperçoit rapidement que ce qui fait la force de Saint-Hyacinthe, hier
comme aujourd'hui, ce sont les gens qui
l'habitent et qui l'aiment, des gens fiers, engagés et tissés serré. C'est
grâce à des gens d'exception que Saint-Hyacinthe a pu prospérer au cours
de ces 275 années et qu'elle a devant elle un avenir prometteur.
M. le Président,
c'est un honneur pour moi de représenter les Maskoutains à l'Assemblée
nationale. Bon 275e, Saint-Hyacinthe!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Et je reconnais maintenant
pour sa déclaration M. le député de Côte-du-Sud.
Souligner le 30e anniversaire de l'organisme Services
Kam-Aide inc.
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : Merci,
M. le Président. L'organisme Kam-Aide propose des services d'aide à domicile
pour les personnes âgées ou en perte d'autonomie depuis 30 ans.
En effet, depuis maintenant trois
décennies, Kam-Aide est un pilier essentiel du Grand Kamouraska. Aujourd'hui,
nous devons rendre hommage à tous ceux qui ont contribué au succès de
l'organisation. Que ce soit le conseil d'administration, les membres du personnel, les partenaires, chacun
d'entre eux ont joué un rôle primordial dans la réalisation de la mission de
Kam-Aide.
Un
organisme qui fête ses 30 ans, ça représente certainement de la
résilience, du courage, de la détermination et surtout un engagement profond à
aider les autres. Je vous souhaite encore plusieurs années à poursuivre ce
véritable don de soi.
Je
tiens à souligner, d'ailleurs, la présence de Louise Fortin, Rose-Hélène
Bouffard, Vincent Lacroix et Ginette Brillant, qui fêteront avec leurs
invités cet anniversaire lors de la soirée reconnaissance de samedi prochain.
Bon 30e à chacun
d'entre eux!
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Côte-du-Sud. Et
je souhaite la bienvenue à l'équipe de Kam-Aide à l'Assemblée nationale du
Québec.
Je reconnais
maintenant, pour la prochaine déclaration, Mme la députée de Roberval.
Souligner le 100e anniversaire des Chevaliers de
Colomb du conseil de Roberval n° 2442
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci, M. le Président.
Les Chevaliers de Colomb du conseil 2442 de Roberval fêtent cette
année leur 100e anniversaire, 400 membres sous la gouverne du grand
chevalier, M. Germain Martel, des membres engagés qui prônent l'entraide et la solidarité, toujours prêts à aider
les plus démunis de notre communauté, des bénévoles qui ont le coeur sur la main. Familles, jeunes,
aînés, tout le monde bénéficie de votre générosité. Depuis nombre d'années,
en décembre, entre autres, ils mènent avec
conviction la guignolée des chevaliers, qui permet à notre
Saint-Vincent-de-Paul d'offrir des paniers de nourriture pour Noël à
plusieurs familles.
Bien
ancrés dans notre milieu depuis 100 ans, vous faites partie de notre
histoire, de notre culture. Vous nous avez aidés, supportés et avez contribué à rendre notre société meilleure.
Vous faites une grande différence dans la vie de bien des gens. Au nom
de toute la communauté et en mon nom personnel, merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Roberval. Et nous concluons cette rubrique
avec la déclaration de Mme la députée de Laporte.
Souligner le 25e anniversaire de l'entreprise
d'économie sociale Amélys
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet :
Merci, M. le Président. Il me fait grand plaisir de souligner le
25e anniversaire d'Amélys, une entreprise d'économie sociale située dans
ma circonscription.
L'organisation
s'est donné pour mission d'offrir des services d'entretien ménager,
d'assistance aux personnes, de répit
aux proches aidants ainsi que la distribution alimentaire en résidence, et ce,
afin d'augmenter la qualité de vie aux personnes aînées et en perte
d'autonomie.
Avec
plus de 200 employés, elle a quoi être fière de son parcours, car elle a
aidé, jusqu'à présent, plus de 9 000 familles. Cela représente
25 heures de services données mensuellement.
Aussi,
je souligne qu'elle s'est vu décerner le prix spécial pour entreprise de
services de 20 employés et plus de la Chambre de commerce et
d'industrie de la Rive-Sud.
Encore
félicitations à Amélys pour ces 25 années! Au quotidien, vous apportez une
différence à nos aînés et à leurs proches. Bon succès pour le futur!
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Laporte. Et
cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 38
La
Présidente : Oui. À l'article a du feuilleton, M. le ministre
de la Cybersécurité et du Numérique présente le projet de loi n° 38, Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la
gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre.
M.
Éric Caire
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Donc, ce projet de loi apporte diverses modifications à la
Loi sur la gouvernance et la gestion
des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du
gouvernement ainsi qu'à la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique.
Le projet de
loi précise notamment que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique
assume le leadership de la transformation
numérique et de la cybersécurité de l'administration publique. Il lui donne
aussi la fonction d'assurer la cohérence et l'harmonisation des actions
gouvernementales dans les domaines de la cybersécurité et du numérique et il prévoit qu'il doit être associé à l'élaboration
des mesures ainsi qu'aux décisions ministérielles dans ces domaines. En ce
qui concerne les organismes publics,
il établit expressément leur obligation d'appliquer les orientations, les
stratégies, les politiques, les
standards, les directives, les règles ou les indications d'application pris en
vertu de la Loi sur la gouvernance et
la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et prévoit que la responsabilité du respect
de cette obligation incombe au plus haut dirigeant de l'organisme.
Le projet de loi donne au ministère la
responsabilité de proposer au gouvernement un portefeuille des projets prioritaires en ressources informationnelles afin
que soient établies les priorités gouvernementales au regard des initiatives de
transformation numérique des organismes publics. Il prévoit que les organismes
publics responsables des projets visés par
les priorités gouvernementales doivent en prioriser la réalisation. Par
ailleurs, il habilite le ministre à prendre une directive ayant notamment pour objet d'établir les règles
visant à assurer une gouvernance centralisée de la gestion des portefeuilles
des projets prioritaires, entre autres en ce
qui concerne le suivi de ces projets. Il prévoit qu'une telle directive doit
être approuvée par le gouvernement.
Le projet de loi
prévoit aussi différentes mesures ayant pour objectif de rehausser et
uniformiser les pratiques en matière
de sécurité de l'information. À ces fins, il habilite le ministre à prendre un
arrêté prévoyant l'obligation pour tout organisme public qu'il désigne de
recourir à ses services pour réaliser des activités de cybersécurité. Il
confère aussi au ministre le pouvoir
d'ordonner, dans certaines circonstances, à un organisme public de retirer de
ses infrastructures et de ses systèmes tout logiciel, toute application
ou tout actif informationnel qu'il détermine. De plus, il autorise notamment le gouvernement à prévoir, sur recommandation
conjointe du ministre et du ministre chargé de l'application de la loi qui
régit une entreprise du gouvernement, que
certaines dispositions de la Loi sur la gouvernance et la gestion des
ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises
du gouvernement relatives à la sécurité de l'information s'appliquent, en tout
ou en partie, à une telle entreprise.
Le projet de
loi donne également au ministre la responsabilité de fournir aux organismes
publics les services de certification,
de répertoire et de signature électronique que le gouvernement détermine par
décret. Il prévoit notamment qu'un tel
décret peut, pour assurer sa mise en oeuvre, transférer au ministre les actifs
informationnels d'un organisme public ainsi que toutes les obligations
qui en résultent. Il prévoit aussi que le ministre peut fournir tout autre
service en ressources informationnelles en vue de répondre à un besoin
particulier d'un organisme public.
Le projet de loi permet par ailleurs au
gouvernement d'autoriser la mise en oeuvre d'un projet pilote visant à étudier, à expérimenter ou à innover dans les
domaines de la cybersécurité ou dans celui du numérique, ou à définir des
normes applicables en tels domaines. Il remplace de plus l'obligation, pour un
organisme public désigné comme source officielle de données numériques
gouvernementales, de faire approuver par la Commission d'accès à l'information
du gouvernement les règles qu'il doit établir concernant sa
gouvernance des renseignements personnels par une obligation de les lui
transmettre.
Enfin, le
projet de loi apporte certaines modifications de concordance à la Loi sur le
ministère de la Justice et comporte des dispositions diverses,
transitoires et finales.
La Présidente : Je reconnais le
leader de l'opposition officielle. Je vous écoute.
M. Derraji : Mme
la Présidente, nous souhaitons la tenue de consultations particulières sur ce
projet de loi. Merci.
La Présidente : M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, vous invitons les collègues des oppositions à nous faire
parvenir leur liste de groupes.
Mise
aux voix
La Présidente : Et est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des
voix : Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le plan d'immigration du
Québec 2024 et les orientations
pluriannuelles 2024 et 2025 de la planification de l'immigration au Québec
pour les années 2024 et 2025. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre de la
Famille.
Mme Roy (Verchères) : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2022‑2023 du Curateur public du Québec.
Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente, je
dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le
3 octobre 2023 par la députée d'Iberville et le 5 octobre 2023 par le
député de Matane-Matapédia. Merci.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Alors,
nous en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses
orales, et je reconnais, pour sa question principale, le chef de
l'opposition officielle.
Négociation des conventions collectives dans la fonction
publique
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le
gouvernement est incapable de livrer les services essentiels, services de base auxquels
les Québécoises et Québécois ont droit. On parle ici des services en santé, en
services sociaux, en éducation.
Le gouvernement n'est
pas un bon employeur. Le gouvernement fait face à un exode des travailleurs et
des travailleuses. Aujourd'hui, il manque
45 000 personnes dans le système de santé. Aujourd'hui, il manque
16 000 personnes en
éducation. Le premier ministre a dit : Jugez-moi sur les résultats. Bien,
j'en ai un, résultat, pour lui : 95 %. Ça, c'est la proportion des travailleurs et travailleuses dans
nos réseaux qui sont à bout et qui ont déclaré vouloir partir en grève parce
que les offres du gouvernement ne sont pas
au rendez-vous, 420 000 travailleurs et travailleuses en santé,
services sociaux et en éducation.
Aujourd'hui,
les citoyens, les patients, les parents se préparent à une grève lundi, une
grève qui va toucher les préposés aux
bénéficiaires dans les CHSLD et les hôpitaux, les infirmières, les
psychologues, les travailleuses sociales, techniciens de laboratoire,
psychothérapeutes, nutritionnistes, 95 000 enseignants, enseignantes
affiliés à la CSQ, travailleuses des services de garde scolaires, enseignants
dans les cégeps, personnel de soutien et de bureau en santé et en éducation.
Ma
question au premier ministre : Allez-vous remplir votre mandat? Allez-vous
vous asseoir, négocier et régler? La population le demande.
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La
réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente.
D'abord, c'est important de rappeler les faits. Dans la dernière négociation
de conventions collectives, on a augmenté
les salaires des enseignants de 16 % à 18 %. C'était la première fois
qu'on faisait des augmentations de salaire différenciées. On a augmenté
les salaires, aussi, des préposés aux bénéficiaires de 18 %. On a mis en place des formations accélérées. On a
formé, d'abord, un groupe de 10 000. Il en reste 8 000, actuellement.
On est en train d'en former un autre
5 000, Mme la Présidente. Dans la proposition qui est sur la table,
actuellement, on offre aux infirmières de nuit à temps plein une
augmentation de salaire de 17,3 %.
Donc,
on préfère aller avec des offres différenciées justement pour être capables de
bien améliorer les services aux citoyens, entre autres en incitant des
gens à appliquer sur les postes qui ne sont pas comblés.
Rappelons aussi, Mme la Présidente,
qu'on a mis des incitatifs importants pour les jeunes qui étudient au cégep,
à l'université, en sciences infirmières et en éducation.
Maintenant, on
propose une augmentation de 14,8 %. Que propose le Parti libéral?
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Sûrement autre chose, Mme
la Présidente, que d'avoir le résultat de se faire dire, lundi passé, dimanche
passé, que c'était, les offres, dérisoire, insultant et que la FIQ se dit déçue
et en colère.
Ça
fait un an que vous négociez, vous avez augmenté d'à peine un peu plus de
1 %. Je le sais, que ça a un impact sur les finances publiques,
mais vous n'avez pas le choix de vous entendre.
Quand
on se fait dire par les représentants des travailleuses et travailleurs qu'il
n'y a pas de négociation sérieuse à la table et qu'ils rejettent votre offre,
c'est ça, le résultat. Et on pense à la population qui va se cogner le nez sur
la porte lundi puis la semaine prochaine.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, bien, Mme la
Présidente, je le répète, on offre, actuellement, une augmentation de la masse
salariale de 14,8 % sur cinq ans, alors qu'on évalue que
l'inflation pour ces cinq années-là va être de 12,7 %.
Maintenant,
je repose ma question. On sait que 1 % de plus, c'est 600 millions.
On sait aussi que le gouvernement du Québec est déjà en situation
déficitaire. Donc, que propose le Parti libéral?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente,
là, je vais choisir mon mot, c'est épouvantable. Le premier ministre vient
de dire : Le Québec est en situation
déficitaire. Quand vous êtes arrivés au pouvoir, Mme la Présidente, vous aviez
7 milliards de dollars dans les
coffres. Vous avez décidé d'envoyer des chèques, qui sont dépensés, des chèques
de 500 $, puis de 400 $, 600 $,
qui ont coûté au Trésor public 6,7 milliards de dollars. Puis aujourd'hui
vous n'avez plus d'argent pour nos travailleurs, travailleuses?
Voyons donc,
Mme la Présidente. C'est ça, l'administration caquiste?
La
Présidente : La réponse du...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Je vous entends.
M. le ministre de la Sécurité
publique, je vous entends. M. le
premier ministre, on vous écoute.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je suis quand même surpris du commentaire du chef du Parti libéral. D'abord, il nous dit que, les chèques qu'on a donnés, 500 $ à
tout le monde, on n'aurait pas dû les donner. Il vient dire aussi que,
les chèques de 400 $ pour les personnes qui gagnent entre 50 000 $ et
100 000 $ et les chèques de 600 $ pour les personnes qui gagnent moins de 50 000 $, on n'aurait
pas dû les donner. Mme la Présidente, actuellement, les Québécois souffrent à
cause de l'augmentation des prix. On les a aidés puis on regarde comment
on peut les aider encore plus...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...contrairement au Parti libéral.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Je vous entends. Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
personne de sérieux ne va applaudir à ce que le gouvernement a fait en envoyant
6,7 milliards, des chèques à des gens qui gagnaient 80 000 $,
90 000 $, 95 000 $, personne ne va vous dire ça. On a
toujours plaidé, Mme la Présidente, pour des mesures ciblées, qui n'auraient
pas engagé 6,7 milliards de dollars qu'aujourd'hui il n'a plus. Il
dit : Le Québec est en déficit.
Aïe! Ça va bien. Là, la semaine prochaine, c'est les infirmières, également,
qui vont se porter en grève.
Il y a un exode de nos travailleurs et
travailleuses, puis la population n'a pas les services à cause de votre
mauvaise gestion.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
encore très surpris de ce que je viens d'entendre. Rappelons la mesure, les
chèques qu'on a envoyés en décembre
dernier : 400 $ pour les personnes qui gagnent entre
50 000 $ et 100 000 $, 600 $ pour les personnes qui gagnent moins de
50 000 $. Ce que vient de dire le chef de l'opposition officielle,
c'est que la classe moyenne ne méritait pas d'être aidée. C'est ça, le
nouveau Parti libéral du Québec.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Pontiac. La parole est à vous, on vous écoute.
Conditions de travail du personnel soignant
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, le ministre de la Santé nous répète à gauche et à
droite que la carte maîtresse de son
casse-tête santé — ça,
c'est son terme, «casse-tête», ce n'est pas le nôtre — la
pièce maîtresse, c'est l'attraction de la
main-d'oeuvre. Il présente son plan santé, bien, ça dépend de sa capacité
d'attirer de la main-d'oeuvre. Il présente un plan de rattrapage en chirurgie, ça dépend de sa capacité à recruter de
la main-d'oeuvre. Il veut ouvrir des résidences, des services à
domicile, ça dépend de sa capacité à garder sa main-d'oeuvre.
Bien,
pour attirer des professionnels de la santé, là, il faut leur offrir les meilleures
conditions de travail. Au cours des
prochaines années, des cinq prochaines années, il a besoin de
12 000 infirmières, 15 000 préposés,
3 300 travailleurs sociaux.
Sans des bonnes conditions de travail, là, il n'y en aura pas plus, des
travailleurs de la santé. Puis, sans des bonnes conditions de travail,
bien, son fameux casse-tête va devenir un château de cartes.
Il
est où, le ministre de la Santé, pour dire à sa collègue que ses offres, là, ça
ne l'aidera pas, ça ne marche pas, ça ne l'aidera pas à atteindre
l'objectif commun qu'on a d'améliorer les services à la population?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, je pense qu'on
a beaucoup d'enjeux, aujourd'hui, dans nos conventions collectives, qui viennent des précédents gouvernements. Il y a
des choses qui ont été données en convention collective, qui sont reconnues,
qui n'auraient jamais dû être données, avec laquelle... avec ces conditions-là
avec lesquelles on est pris maintenant.
Le
premier ministre a très bien répondu que, lorsque... depuis qu'on est au
gouvernement, on a pris l'approche des offres différenciées, qui ont été
un grand succès pour nous sortir de certains de nos problèmes, dont les
préposés aux bénéficiaires. On l'a fait aussi... Et on veut le faire avec les
infirmières, comme le fait ma collègue.
La
négociation, ce n'est pas facile. On a donné, au niveau du ministère de la
Santé, un mandat très clair au Conseil du
trésor, et j'ai une absolue confiance que la présidente du Conseil du trésor va
trouver des solutions avec les syndicats. C'est son rôle. Le mandat a
été très clair. Et c'est comme ça qu'on travaille, nous, on travaille en
équipe.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : La réalité, c'est que, quand ils présentent des offres comme celles-là,
ils le savent, qu'elles ne seront pas
acceptées. Ils le savent, que ça va mener à des jours de grève. Ils le savent,
qu'il va y avoir des impacts sur le réseau. Ils le savent, qu'ils vont priver
des Québécois de services. Ils le savent très bien, là, que, la semaine
prochaine, dès le premier jour de
grève, il va y avoir 346 patients qui vont voir leurs chirurgies annulées,
reportées, 346 Québécois. C'est des gens qui attendent un remplacement de la hanche, un remplacement de leur
genou, une cataracte. C'est eux qui vont faire les frais de cette
offre-là.
Des voix : ...
• (10 h 20) •
La Présidente :
Pas de commentaire après la
question. Je vous entends, M. le chef de l'opposition officielle. La réponse de la présidente du Conseil du trésor, je
souhaite l'entendre. Et, vos beaux gestes aussi, je les vois, M. le leader.
Allez-y pour la réponse, on l'écoute.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je suis tout à fait d'accord avec le fait qu'on a des
enjeux, présentement, de main-d'oeuvre, mais
on a surtout des enjeux de maximiser la main-d'oeuvre actuelle pour être
capables d'avoir
une meilleure force de travail sur le terrain. Et comment on veut le faire?
C'est avec des mesures, justement, ciblées. On met sur la table 14,8 % d'augmentation, qui vaut
8 milliards de dollars année après année, après année dans le budget
de la province. Je pense qu'on est... c'est
une offre qui est extrêmement sérieuse et qui démontre notre volonté de régler.
Mais,
vous savez, moi, je ne peux pas régler toute seule. Et, quand les syndicats me
demandent encore des baisses de
ratios, plus de congés, plus de vacances, la diminution du nombre d'heures de
travail et des libérations syndicales, je ne vois pas en quoi je peux...
La
Présidente : En terminant.
Mme LeBel :
...en répondant à ces demandes, satisfaire la population.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : La seule réponse que le premier ministre puis le ministre de la Santé
ont à offrir, c'est : Nous, on fait des offres différenciées, puis tout le monde d'autre est contre. Moi, je
n'ai pas vu personne qui était contre les offres différenciées, Mme la
Présidente. C'était même dans notre programme, d'avoir des offres différentes
pour les gens de l'Outaouais, parce qu'on n'arrête pas de perdre notre monde à
l'Ontario.
Qu'est-ce
qu'il y a dans cette offre-là, là, qui va garder le personnel en Outaouais?
Qu'est-ce qui va donner plus de
ressources aux gens de chez nous pour ne pas qu'ils soient envoyés... pour ne
pas qu'ils soient recrutés à tous les jours par l'Ontario?
La
Présidente : La réponse de la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Les offres différenciées,
c'est justement des façons de voir comment on peut trouver... dans le domaine
de la santé plus particulièrement, parce que
c'est celui-là que vise mon collègue, mais c'est vrai également dans le domaine
de l'éducation, c'est une façon, Mme la
Présidente, de voir comment on peut faire en sorte de convaincre notre
personnel d'aller travailler dans les
endroits défavorables. Le premier ministre le dit souvent, on ne manque pas
d'infirmières le mercredi, mais le dimanche, en fin de soirée, c'est
très difficile.
Alors, ce qu'on a mis
sur la table comme offre différenciée, pour lesquelles les syndicats n'adhèrent
pas pour l'instant, c'est plus d'argent pour
les infirmières qui vont accepter de venir travailler dans nos quarts de
travail. Présentement, une infirmière
clinicienne à l'urgence qui accepte de venir travailler la fin de semaine
pourrait gagner jusqu'à 145 000 $, avec notre offre.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de La Pinière.
On vous écoute.
Impact de la grève sur les services aux aînés
Mme Linda Caron
Mme Caron :
Merci, Mme la Présidente. Je me lève aujourd'hui pour les aînés du Québec.
Les négociations qui perdurent aujourd'hui vont faire mal aux aînés demain. Les
aînés sont déjà sur des listes d'attente qui sont assez longues, merci : 4 656 personnes en attente d'une place
en CHSLD, 2 300 qui sont hospitalisées pour rien, en attente d'une place en milieu de vie, majoritairement des aînés,
51 appels d'offres qui sont annulés pour construire des nouvelles places
en ressource intermédiaire,
principalement pour des aînés, et plus 20 000 personnes qui attendent
un premier service à domicile. Bref, des aînés qui ont besoin de soins et de
services et qui n'en ont déjà pas, et ils n'ont surtout pas besoin d'une grève.
Ma question est la
suivante : J'aimerais savoir ce que la ministre responsable des Aînés fait
concrètement aujourd'hui pour éviter cette grève et cette perte de services aux
aînés.
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la Présidente,
concernant la grève, bien, moi, je me fie au professionnalisme des employés
qui travaillent dans les maisons des aînés,
dans les CHSLD puis dans les services de soutien à domicile, puis il y a des
services essentiels qui sont prévus, qui sont convenus, et je suis confiante
que ça va bien se passer. J'ai passé ma vie dans le réseau de la santé et des services sociaux et je sais très
bien que les professionnels sont engagés à donner des services de qualité, et
j'espère que c'est ce qui se passera dans les prochaines journées.
Concernant
ce que la ministre des Aînés fait pour s'assurer de libérer des places puis
d'améliorer notre système de santé,
bien, c'est drôle, je n'ai pas eu de question, Mme la Présidente, sur les
maisons des aînés. Je suis à l'ouverture de 10 maisons des aînés, et, d'ici Noël, il y en aura huit
supplémentaires. Bien, les gens sourient, c'est drôle, mais les maisons
des aînés, Mme la Présidente, ça vient répondre aux besoins de nos aînés. Et on
va y arriver.
La
Présidente : En terminant.
Mme Bélanger :
On en a 46 à livrer au Québec, on va le faire puis on va accentuer nos
services de soutien à domicile, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la Présidente,
respectueusement, je dirais que c'est à l'opposition de choisir les questions
qu'elle pose au gouvernement.
Maintenant,
on connaît déjà la date, on connaît... on sait que, si le 6 novembre il
n'y a rien qui se passe, on aura droit
à une première séquence de grève, et les aînés vont en souffrir. Je veux savoir
ce que fait la ministre... En fait, je voulais savoir ce qu'elle faisait,
concrètement. Je comprends qu'elle espère que ça va bien se passer. Je me
serais attendue à des démarches auprès de sa collègue du Conseil du
trésor pour éviter une rupture de services.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Bien, écoutez, je pense
que, Mme la Présidente, c'est un travail d'équipe, là. Bien sûr que j'ai
parlé avec ma collègue ministre du Conseil
du trésor. Bien sûr que je travaille avec mon collègue ministre de la Santé et
avec mon collègue ministre délégué aux Services sociaux, bien sûr. Bien sûr
qu'on travaille tous ensemble, ce n'est pas fait en vase clos, là. Il y
a une stratégie gouvernementale, puis on communique, on travaille ensemble.
Moi,
je suis en train de dire, dans le fond, à la députée de La Pinière, que j'ai confiance aux employés qui travaillent auprès des aînés. J'ai confiance, il y a des
services essentiels qui ont été convenus, j'ai confiance que ça va être
respecté. Il faut faire attention...
La
Présidente : En terminant.
Mme Bélanger :
...pour ne pas faire peur aux aînés, aussi, Mme la Présidente.
Des voix :
...
La
Présidente : Oui, M.
le leader, je vais demander de retirer. Mme la ministre, Mme la ministre,
retirez le dernier mot que vous avez dit, il est non parlementaire. Vous
le retirez?
Mme Bélanger :
Alors, je vais retirer mon dernier mot.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la Présidente, les
aînés et les proches aidants sont déjà accablés par des listes d'attente qui
n'en finissent plus, ils sont confrontés à ça tous les jours. Ils voient le 6
novembre qui arrive à grands pas.
La
ministre responsable des Aînés, elle est responsable de la santé et du
bien-être des aînés, alors, concrètement, sa collaboration avec ses collègues et ses démarches pour éviter aux
aînés de souffrir, s'il y a une rupture de services, quelles sont-elles?
La
Présidente : Réponse de la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Je vais réitérer, Mme la Présidente, que je pense qu'à ce moment-ci il faut
rassurer la population. Dans le domaine de
la santé, il y a des services essentiels, et ils vont être maintenus, ils vont
être respectés, j'en suis certaine.
Maintenant, il faut
comprendre que l'offre qui est sur la table, qui a été avancée par le
gouvernement et bonifiée dimanche passé,
c'est une offre extrêmement sérieuse. Une offre différenciée, c'est une offre
complexe, Mme la Présidente, qui a différentes mesures pour
différents secteurs, dont les préposés aux bénéficiaires, dont les infirmières
qui donnent des soins, justement, à nos
aînés. Et je suis quand même perplexe, quand, moins de 30 minutes après le
dépôt d'une offre qui demande une analyse, des réflexions, une lecture
approfondie, on est capable de la décrier avec autant de véhémence.
Alors, je répète, je
m'attends, moi, de la part des syndicats...
La
Présidente : En terminant.
Mme LeBel :
...à une contre-offre solide et documentée.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef du deuxième
groupe d'opposition. On l'écoute.
Conditions de travail des employés de la fonction publique
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre dit souvent qu'il veut
marquer l'histoire. Bien là, il est en voie
de réussir. Des mandats de grève aussi forts dans le secteur public, au Québec,
ça fait 40 ans qu'on n'a pas vu ça. Même les libéraux, avec leur
austérité, leurs réformes, n'avaient pas réussi à semer autant de colère,
de colère chez les femmes et les hommes qui travaillent fort pour nous autres
dans nos écoles puis nos hôpitaux.
Dimanche,
le premier ministre avait l'occasion d'apaiser cette colère-là, la colère de
celles et de ceux que lui-même appelait,
il n'y a pas si longtemps, ses anges gardiens, mais le premier ministre est
tellement obsédé par sa guéguerre avec les syndicats, il veut tellement régler
ses comptes qu'il a perdu de vue l'essentiel. Ce qui est en jeu dans la
négociation, ce n'est pas l'orgueil
de l'un ou de l'autre, c'est l'intégrité même de nos services publics, c'est la
capacité de l'État québécois à remplir ses missions fondamentales :
soigner, éduquer, prendre soin de notre monde. Si le premier ministre n'arrive pas à offrir des bonnes conditions de travail et
des bons salaires, bien, les gens qui font ce travail-là vont continuer à s'en
aller, ils vont continuer à aller travailler ailleurs, et on va tous et toutes
être perdants, au Québec.
Qu'est-ce que le
premier ministre va faire pour réparer la confiance qu'il a brisée dans les
derniers mois?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
actuellement, tous les Québécois souffrent de l'augmentation des prix, entre
autres le coût des loyers, l'épicerie, puis on essaie d'aider, de façon
équitable, l'ensemble des Québécois.
Mme
la Présidente, actuellement, on offre aux 500 000 employés de l'État
une augmentation de la masse salariale de 14,8 % sur cinq ans, alors qu'on
prévoit que l'inflation va être de 12,7 %. C'est sûr que moi, je serais le
premier à vouloir offrir plus, mais il faut comprendre, là, que le
Québec, déjà, là, puis on va le voir dans la mise à jour, est en déficit.
Maintenant,
à quel endroit Québec solidaire prendrait l'argent pour augmenter l'offre de
14,8 %? J'aimerais qu'il nous le
dise, là, puis qu'il soit constructif. S'il propose d'augmenter de plus que
14,8 % la masse salariale, où prendrait-il l'argent?
• (10 h 30) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre, là,
avez-vous remarqué, avez-vous remarqué, il parle juste de capacité de payer quand c'est le temps de donner des
meilleurs salaires au monde ordinaire. Quand vient le temps de signer un chèque
pour une start-up suédoise, là, woups! on n'en entend plus parler, de la
capacité de payer.
En
fait, Mme la Présidente, là, la capacité de payer, là, c'est juste les beaux
mots que le premier ministre utilise, mais ce qu'il veut dire,
c'est : Vous ne le méritez pas.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Brièvement. Je vous écoute
pour votre question de règlement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, en vertu du règlement,
c'est de prêter des intentions qui sont illégitimes. Mme la Présidente, je vous demande de rappeler le
député à l'ordre. Ici, dans cette Chambre, il faut prendre la parole du
député. Il faut se respecter entre nous et il ne faut pas prêter des intentions
aux collègues.
La Présidente :
Je vous ai entendu. Faisons
attention les uns aux autres. Cela dit, M. le premier ministre a l'occasion
de répondre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je pense que le chef de Québec
solidaire vient de démontrer pourquoi il ne sera jamais premier ministre du Québec, parce qu'il mélange des incitatifs à
des entreprises avec des augmentations de salaire. Pour lui, c'est la
même chose.
Mme
la Présidente, dans la filière batterie, on est en train d'inciter des entreprises
à investir 30 milliards au Québec, à offrir des salaires plus élevés aux Québécois. On est en train,
actuellement, d'attirer des joueurs importants, comme GM, Ford.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Il
ne comprend rien à l'économie.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre vient de démontrer pourquoi les
mandats de grève passent à 95 %. C'est
pour... C'est à cause de cette attitude-là, la sienne, que les gens veulent
faire la grève, pas à cause des discours de la présidente de la FTQ puis
de la CSN. En ce moment, la personne qui donne envie aux gens de faire la
grève, c'est le premier ministre. Ce n'est pas mêlant, Mme la Présidente, pour
donner au monde le goût de faire la grève, là, le premier ministre, il est
meilleur que Michel Chartrand.
La
Présidente : En réponse, le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, on peut toujours compter sur le
chef de Québec solidaire pour faire des bonnes jokes. Une joke n'attend pas l'autre. Mme la Présidente, la réalité, là,
c'est qu'on offre actuellement une augmentation de 14,8 %, ce qui est deux points de plus que
l'inflation, malgré une situation déficitaire. Puis tout ce que Québec
solidaire a à proposer, c'est de
financer ça avec des nouvelles taxes orange, des nouvelles taxes orange sur les
camionnettes familiales. C'est pour ça, même, que les candidates à la
chefferie...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...disent :
Il faudrait que le chef change son discours.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Protection des droits des
locataires aînés
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la Présidente. Un peu comme tout le
monde, j'ai un petit peu de difficultés à suivre la ministre de l'Habitation. Ça fait depuis le début
de son projet de loi qu'elle nous dit : Faites des propositions. Mon
collègue de Laurier-Dorion fait juste
ça, des propositions : serrer la vis à Airbnb, un moratoire sur les
évictions, des vraies compensations aux
évincés, un suivi des rénovictions au TAL. Bref, on fait proposition sur
proposition pour aider le monde qui ne sont pas bien, bien riches, en
plein milieu d'une crise du coût de la vie, et la ministre, elle ne veut rien
savoir.
C'est très décevant,
mais je ne perds pas espoir. Je ne perds pas espoir parce que je pense qu'on
peut arriver à s'entendre, entre autres sur
la question de la protection des aînés. La ministre n'a pas bloqué nos
amendements sur la loi Françoise David, qui vise à les protéger, les
aînés.
Est-ce
qu'elle peut s'engager aujourd'hui à travailler avec Québec solidaire et avec
la FADOQ pour protéger les aînés du Québec?
La Présidente :
La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, effectivement, on a
commencé l'étude détaillée du projet de loi n° 31. Puis je tiens à remercier les oppositions. On a eu un départ
chaotique, mais là, effectivement, tout va très bien, et il y a une belle collaboration. Et je suis un
peu déçue d'entendre, par contre, que je ne retiens aucune proposition, parce
qu'au contraire on évalue certaines propositions
qui ont été faites, dont celles mentionnées, là, par ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Je tiens, par
ailleurs, à préciser qu'on a adopté des articles qui étaient fort pertinents en
matière de protection des aînés mais aussi
de l'ensemble des Québécois, à l'égard des évictions, donc, des mesures très
dissuasives à l'endroit de gens qui
seraient peu scrupuleux et qui mettraient à la porte des locataires. Alors, on
met le fardeau de la preuve sur leurs épaules.
Ensuite de ça, on impose des compensations financières qui sont plus
importantes pour que tout se fasse dans les règles de l'art et avec un
respect des gens qui doivent être déplacés.
Donc, je pense qu'on
avance bien, Mme la Présidente. Puis, moi, je l'ai dit...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Duranceau : ...j'étais dans un esprit de collaboration et d'écoute. Et
c'est ce que je démontre, je crois.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : La ministre nous parle toujours de : Il faut
faire l'équilibre entre les propriétaires et les locataires. En fait, c'est comme si elle me disait : David
puis Goliath sont parties égales. Ce n'est pas l'état de fait, il y a... Allez
voir, d'ailleurs, les gens de Mont-Carmel, qui vont vous rappeler qu'ils ne se sentent pas
bien, bien l'égal d'Henry Zavriyev, là, devant leur situation.
Alors,
moi, oui, j'entends, il y a des petits pas, mais j'ai l'impression, Mme la
Présidente, que la ministre s'est arrêtée comme en plein milieu du
chemin. Est-ce que ça, c'est être en équilibre?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Mme la Présidente, là, on est à
la troisième journée de l'étude détaillée, là, alors je suis dans le milieu du chemin, effectivement, là. Je
continue. Puis je continue avec les oppositions, puis on avance. Je pense qu'il
y a des bonnes discussions.
Puis
je pense que ce serait important d'arrêter toujours le David contre Goliath,
justement, là, parce que, si on se remet...
puis on prend un peu de recul, là, dans 85 % des cas, là, les locataires
et les locateurs, ils s'entendent bien. Puis, dans l'ensemble du Québec,
ça va relativement bien. On a des cas d'espèce qui font les journaux, qui sont
amplement relatés par les oppositions, puis
qui me touchent, moi aussi, là, puis que je ne trouve pas glorieux, puis c'est
sur ces cas-là qu'on travaille. Mais je pense qu'il ne faut pas
dépeindre l'ensemble de la situation comme noire et...
La
Présidente : En terminant.
Mme Duranceau :
...abominable.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme
Manon Massé
Mme Massé : ...cas d'espèce, le dernier dénombrement des
personnes itinérantes, là, ils nous ont dit qu'une personne sur quatre de 50 ans et plus qui sont dans la
rue, c'est parce qu'ils ont été expulsés de leurs logements. Ce n'est pas un
cas d'espèce, ça. 26 %.
Est-ce
qu'on va travailler main dans la main? Il y a une possibilité de protéger les
aînés avec une amélioration de la loi Françoise David. Est-ce que la
ministre va enfin dire oui?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente. Alors,
effectivement, c'est une situation qui me touche, ça. C'est pour ça qu'on a dit qu'on l'étudiait, votre
proposition, O.K.? Ça fait que, ça, on va être clair sur ça. Je pense que c'est...
la crise du logement, le coût de la
vie qui a augmenté, il y a un ensemble de facteurs qui font qu'il y a des gens
aînés qui, avant, pouvaient conserver leurs logements et qui, là, se
retrouvent dans une situation d'itinérance, qui n'est absolument pas souhaitable. Il y a différentes façons d'aider. Il
pourrait y avoir la loi, mais il y a aussi tout le Programme de supplément au
loyer, qu'on regarde, pour assouplir, pour
être sûrs de répondre aux besoins. Et j'ai ma collègue la députée de Labelle
qui va d'ailleurs entreprendre...
La
Présidente : En terminant.
Mme Duranceau :
...un mandat au niveau de
l'itinérance pour arrimer les programmes de la santé et de la SHQ.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Taschereau.
Financement du transport collectif
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont :
Mme la Présidente, se déplacer de
Sainte-Julie à Saint-Bruno, c'est deux villes très, très proches l'une de l'autre, ça prend 10 minutes en
voiture, ça prend 15 minutes en vélo, ça prend 1 h 30 min
en transport en commun. Prendre le
transport en commun dans la couronne sud de Montréal, c'est déjà un parcours du
combattant, puis la table est mise pour que ça empire dans les prochaines
années.
La
CMM nous dit que les coupes historiques dans le financement des transports en
commun vont couper les heures d'ouverture
du métro de Montréal, mais, ce matin, je veux entendre la ministre sur la
couronne sud. C'est un demi-million de personnes, la Rive-Sud, la
couronne sud. C'est des cégeps, des campus universitaires, des hôpitaux. C'est
plusieurs circonscriptions caquistes qui
risquent de perdre des services qui sont bons pour leur... qui sont bon pour la
population, et ça, aux bons soins du gouvernement.
Est-ce
que la ministre a parlé avec ses collègues de la Rive-Sud de Montréal et est-ce
qu'ils sont d'accord avec ça, moins de transport en commun dans leurs
circonscriptions?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci à Québec solidaire. Je pense, c'est la
première fois en six ans qu'ils
s'intéressent à autre chose que des grands centres urbains à Québec ou à
Montréal. Alors, ça va me faire plaisir de répondre sur les couronnes sud de
Montréal, parce qu'effectivement ce sont des gens avec qui on est en relation continuelle, puis vous vous en doutez
bien, Mme la Présidente, d'ailleurs, je pense, de par votre propre
circonscription.
• (10 h 40) •
Mais le
député m'amène sur la question générale du transport collectif. Je ne peux pas
m'empêcher de commencer, comme hier, par repréciser que jamais un
gouvernement n'a autant investi en transport collectif que la Coalition avenir Québec depuis 2018. C'est une réalité, Mme la
Présidente. J'aurai mon tableau, d'ailleurs, j'ai changé les couleurs depuis
hier, j'aurai mon tableau à nouveau aujourd'hui
pour le démontrer hors de tout doute, de manière très visuelle et instinctive.
Mais, pour ce
qui est de la couronne sud, je vais aussi préciser, on vient tout juste, lundi,
de faire le bilan de la première année
de chantier du tunnel Hippolyte-La Fontaine. Évidemment, il y a eu des enjeux,
c'est un chantier majeur, peut-être, possiblement,
un petit peu de retard, mais, dans la foulée des mesures d'atténuation qui ont
été mises en place, financées par le
gouvernement, dans le cours du chantier du tunnel Hippolyte-La Fontaine, il y a
eu énormément d'argent qui a été mis dans des mesures d'atténuation en
transport collectif...
La Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...qui ont été très achalandés et utilisés, donc
du transfert modal pour nos résidents de la couronne sud de Montréal.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. Bien, je vais informer
la ministre que ça ne va pas très bien non plus sur la Rive-Nord de Montréal.
Le portrait n'est vraiment pas plus réjouissant. Le ministre de l'Économie nous
dit qu'il veut réduire de moitié le nombre de voitures, mais il n'y a
pas plus de transport en commun qui est offert actuellement.
Comment les
gens de Terrebonne vont voyager, eux, sans voiture dans leur circonscription?
Comment le ministre de l'Économie va expliquer ça à ses électeurs, qu'on réduit le
nombre de voitures mais qu'on n'augmente pas le transport en commun sur
leur territoire?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Alors donc, c'est ça, mon tableau, Mme la Présidente, avant
d'aborder les couronnes nord, qui sont aussi très importantes. Vous
voyez, ici, là, j'ai mis la part du gouvernement en bleu pour être certaine que
tout le monde voit bien et... et donc, c'est
ça, il est à l'endroit. Donc, le gouvernement en bleu. Alors, j'aimerais ça que
Québec solidaire regarde bien comme
il faut ce tableau-là. On peut leur en fournir une copie. Je veux dire, ça ne
peut pas être plus clair, là. Même Québec solidaire devrait réaliser puis comprendre que la part du gouvernement, la part
monétaire, budgétaire du gouvernement en investissement en transport
collectif au Québec est non seulement la plus haute par rapport au précédent
gouvernement libéral...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...mais n'a cessé d'augmenter depuis qu'on est au
gouvernement.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Je vous entends. M. le chef de
l'opposition officielle, je pourrais répéter vos propos. Il n'y a qu'une seule
personne qui a le droit de parole ici. M. le député de Matane-Matapédia, une
seule personne a droit de parole, en l'occurrence moi. Et je cède la
parole au député de Taschereau. Deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : C'est bien beau, montrer
des tableaux puis lancer des chiffres, mais les projets n'atterrissent pas.
Puis, l'offre de transport collectif, les
opérations, on a un problème, actuellement, là. Les maires et les mairesses de
toutes ces circonscriptions, de toutes ces
municipalités-là le disent et le répètent. Les maires entendent... Les maires
et les mairesses n'entendent rien, nada, silence radio de la part de la
ministre. Ce sont des maires et des mairesses qui se trouvent... qui se tournent vers leurs députés caquistes mais qui se
font dire par la CAQ : On ne peut pas vous aider, on ne va pas vous
aider.
Est-ce que c'est
comme ça que la CAQ travaille pour les Rive-Sud et Rive-Nord de Montréal?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Alors, on nous dit, là : Ça a diminué. Mme la Présidente, 2023
n'est pas finie, et il y a des offres qui sont en train de se faire, il
y aura une mise à jour budgétaire. Alors, cette colonne-là est appelée à
augmenter encore. Et je ferai un tableau à jour après la mise à jour budgétaire
pour le bénéfice des collègues.
Donc, Mme la
Présidente, que ce soient les couronnes nord ou les couronnes sud, je m'entends
avec le collègue sur le fait que ça prend de
l'offre sur les couronnes, de l'offre de transport collectif. C'est pour ça
que, quand on nous arrive avec des demandes à la CMM où, disons, l'organisation
des services pourrait être optimisée à la faveur de plus de services en dehors du... en dehors de l'île de Montréal, on
est d'accord, Mme la Présidente. C'est pour ça qu'on est en discussion.
On va s'arranger pour que non seulement on puisse continuer de financer...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...très généreusement le transport collectif, mais que ce soit équitable
dans l'ensemble de la CMM.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage. On vous écoute.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Je suis debout, et je vous regarde, et
je vous entends. On se tait. On écoute.
Des voix : ...
La
Présidente : Hé! S'il vous plaît, on écoute le député de Jean-Lesage.
Je vais donner des noms, là.
Pénurie
d'éducatrices en service de garde
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la Présidente.
Imaginez un couple de jeunes qui veulent se lancer dans la vie. Lundi, le
gars a vu l'annonce de la CAQ sur les formations dans la construction. Ça
l'intéresse. Parfait. Il s'est inscrit. Il va commencer en janvier à être payé
25 $ de l'heure pour étudier en charpenterie-menuiserie. C'est une bonne
nouvelle. Sa blonde, elle, elle a toujours
rêvé d'être éducatrice à la petite enfance. Elle s'est inscrite au D.E.C. puis
elle aussi, elle va commencer ses
études en janvier. Est-ce qu'elle va gagner 25 $ de l'heure? Non. Une fois
qualifiée, ça va lui prendre six ans pour arriver à ce salaire-là.
Il manque
18 000 éducatrices et éducateurs à la petite enfance au Québec. La ministre
de la Famille peut-elle s'engager à déployer les mêmes ressources pour recruter
en éducation à l'enfance qu'en construction?
La
Présidente : La réponse de la ministre de la Famille.
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, il y a des opérations importantes pour du recrutement,
justement, d'éducatrices à la petite
enfance, et elle va se voir offrir une bourse, jusqu'à 9 000 $, pour
pouvoir aller étudier et faire son
D.E.C. à la petite enfance. On va permettre d'avoir... de travailler en même
temps que les études, d'avoir un parcours travail-études. On va faire de
la reconnaissance des acquis pour, justement, reconnaître toute l'expérience
qui a été acquise. On va offrir de la
formation en A.E.C. On va soutenir nos éducatrices justement pour pouvoir
remplir le plein d'éducatrices. Parce
qu'actuellement ce qu'on est en train de faire, au Québec, c'est du jamais-vu
depuis 25 ans. On est en train
de créer des places partout au Québec. C'est plus de 20 500 places
subventionnées depuis le début du grand chantier. Donc, c'est du
jamais-vu. Et, oui, bien sûr, on augmente nos efforts...
La
Présidente : En terminant.
Mme Roy (Verchères) : ...pour s'assurer d'avoir
des éducatrices à l'intérieur de nos services de garde éducatifs à
l'enfance.
La Présidente : Première complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M.
Zanetti : Mme la Présidente, pour compléter le réseau d'ici
deux ans, ça va prendre 9 000 éducatrices de plus par année.
C'est plus que le double que le meilleur résultat de la ministre jusqu'ici.
Est-ce
qu'elle peut reconnaître qu'il va falloir en faire beaucoup, beaucoup plus pour
compléter le réseau d'ici deux ans?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la
Présidente. Oui, on continue nos efforts avec les programmes COUD, justement, pour s'assurer d'augmenter le nombre
d'éducatrices, de donner le goût aux jeunes d'aller vers cette profession
extraordinaire, qui travaille pour l'avenir
du Québec, pour nos enfants, ce que nous avons de plus précieux. Donc, on
continue nos efforts. Mais, évidemment, quand quelqu'un s'inscrit pour un D.E.C.,
il faut prendre le temps que ça se fasse. Mais nous allons continuer à
travailler tous les jours et de façon récurrente pour s'assurer, justement, de
développer le réseau et d'intervenir, justement, pour soutenir les
familles du Québec.
La Présidente : En terminant.
Mme Roy
(Verchères) : Quand on fait des conversions, on change des
places à 80 $ la journée pour des places à...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M.
Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Moi, j'aimerais bien
savoir ce que fait la ministre de la Condition féminine dans ce dossier-là. D'un côté, on a un milieu
majoritairement féminin, d'un autre côté un milieu majoritairement masculin,
et on donne aux hommes tout de suite en partant ce qu'on va donner aux femmes
après minimum six ans.
Est-ce que la ministre de la Condition féminine
trouve ça juste?
La Présidente : La réponse de la
ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Alors, merci,
Mme la Présidente. Je pense qu'il est important de rappeler que notre gouvernement est intervenu de façon extrêmement
importante particulièrement chez les professions majoritairement femmes,
hein, qu'on pense aux enseignants, aux
enseignantes, qu'on pense aux infirmières, qu'on pense aux éducatrices, où il y
a eu un rattrapage.
Il y a
actuellement des négociations. Le processus de négociation va suivre son cours.
Mais de ramener ça en disant que...
Au contraire, je pense que, s'il y a un gouvernement qui est intervenu au
niveau des professions plus féminines et qui a travaillé à augmenter...
La Présidente : En terminant.
Mme Roy (Verchères) : ...justement,
le salaire, c'est la CAQ.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Jean-Talon. On vous écoute.
Projet de tramway à Québec
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Mme la Présidente, dans le dossier du tramway à
Québec, comme dans une grande majorité des dossiers de transport ou
d'infrastructures sous ce gouvernement, tout est compliqué, c'est difficile de
faire aboutir. Le premier ministre a
déclaré récemment que la ville de Québec a besoin d'un projet de transport
lourd. On vient tout juste d'apprendre, ce matin, que la ville de Québec a pris
une décision responsable, celle de ne pas faire un tramway à n'importe quel
prix. Elle propose des solutions pour arriver à livrer un projet à des
coûts raisonnables.
Tout au long
de la campagne dans Jean-Talon, on l'a dit à de nombreuses reprises, le
gouvernement manque de transparence
dans ce dossier. On est présentement à la croisée des chemins. Aujourd'hui, la
ville demande au gouvernement de la
soutenir. On offre à nouveau à la ministre des Transports et de la Mobilité
durable l'opportunité d'être transparente.
Est-ce que la
ministre va accepter la main tendue? Est-ce qu'elle va se mettre en mode
solution avec la ville de Québec?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, quand le député de Jean-Talon
commence en disant que, dans le
dossier de tramway, ça a toujours été compliqué, je veux juste lui rappeler que
c'est la ville de Québec qui gère le dossier de tramway. Donc, je tiens pour
acquis que ses commentaires ne s'adressent pas au gouvernement. Alors,
peut-être, peut-être tenir ça en compte.
• (10 h 50) •
D'ailleurs,
c'est le gouvernement qui a fait un projet de loi pour donner à la ville de
Québec, à leur demande, le pouvoir de gérer le projet, qui, à l'origine,
s'appelait le réseau de transport structurant de la capitale, projet de loi n° 26,
à l'avant-dernière législature. Donc, s'il
trouve ça compliqué, il faudrait qu'il adresse ses commentaires au gestionnaire
du projet.
De notre côté, on a
toujours fait ce qu'on avait à faire pour que le gestionnaire du projet, la
ville de Québec, puisse aller de l'avant, faire avancer le projet conformément
aux modalités qui avaient été prévues. On a passé le projet en planification au
PQI. On a donné les autorisations pour des travaux exploratoires, pour des
sommes pour les travaux exploratoires.
Alors, on a fait, Mme la Présidente, tout ce qu'on avait à faire de notre côté
pour que le gestionnaire du projet, la ville de Québec, puisse faire
avancer le projet.
Maintenant,
on a eu des nouvelles ce matin. Je n'ai pas pu écouter, parce qu'on était tous
en rencontre, directement, mais j'ai
eu écho de la sortie du maire de Québec de ce matin. Et ce que le premier
ministre a dit, ce que moi, j'ai dit et que je répète ici, en toute
transparence, pour reprendre le terme du collègue de Jean-Talon...
La Présidente :
En terminant.
Mme Guilbault : ...on
va s'asseoir avec la ville, discuter avec la ville de ce dont il a été question
dans leur annonce ce matin.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Oui, il y a des nouvelles, ce matin, mais la
ministre sait qu'on est, au bas mot, à 8 milliards depuis juillet dernier.
Jamais elle n'a fait de mise à jour sur le projet, sur sa stratégie, donc une
transparence sur sa pensée sur le projet. Je lui offre, Mme la
Présidente, une nouvelle fois ce matin l'opportunité d'être transparente.
La ville de Québec,
qui, oui, est maître d'oeuvre du projet, demande l'appui du gouvernement dans
sa nouvelle proposition. La balle est dans le camp de la ministre, à qui on
demande du leadership constructif.
Que répond-elle à la
ville de Québec?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Bien, Mme la Présidente, je sais que le collègue vient d'arriver, alors
moi, je vais lui offrir une nouvelle chance de comprendre comment les
projets fonctionnent. Il nous dit qu'on n'a pas fait de mise à jour et, dans la même phrase, il reconnaît lui-même que ce n'est
pas nous qui gérons le projet. On a passé 20 minutes... Il peut peut-être
demander au député de Taschereau de lui
expliquer comment ça fonctionne, parce que lui et moi, on a passé beaucoup de
temps...
Des voix : ...
M.
Jolin-Barrette : ...
La Présidente :
Oui, M. le leader du
gouvernement, je vais gérer la situation. Je vous demanderais l'un et l'autre,
de part et d'autre — je
vous entends, là — demeurons
respectueux, faisons attention aux...
Des voix :
...
La Présidente :
Écoutez-moi deux secondes. M. le député de Matane-Matapédia, je suis en train
de régler la situation. Je vous demande de faire attention aux propos qui
pourraient être blessants. C'est ce que vous alliez me dire. Mme la ministre,
poursuivez.
M. Jolin-Barrette :
...
La Présidente :
M. le leader du gouvernement, je
demande à Mme la ministre de poursuivre. J'ai tranché. Poursuivez.
Mme
Guilbault : Mais, Mme la Présidente, c'est quand même
important de comprendre comment fonctionnent les projets majeurs ici, là. Il me dit : Le projet de tramway est
mal géré. Ce n'est pas nous qui le gérons. Il me dit : Ça manque de transparence sur les mises à jour. Ce n'est pas à nous à
faire les mises à jour, c'est aux gestionnaires du projet. Alors, moi,
peut-être que l'interlocuteur n'est pas le bon ici ce matin, c'est tout ce que
je soumets...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...c'est tout ce que je soumets, Mme la Présidente. Donc, la mise à jour
a été faite par la ville de...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Alors, je comprends que la ministre préfère
s'attaquer aux personnes plutôt que de répondre à la question de la main
tendue...
Des voix : ...
La Présidente :
M. le leader, c'est bien, je
poursuis. M. le député, j'avais tranché, on ne va pas jouer là. Poursuivez
votre question. Vous pouvez vous asseoir. Et
il va y avoir une neuvième question, je la protège, pour l'opposition
officielle. Poursuivez.
M. Paradis : Très bien. Alors, c'est vrai que c'est la ville
qui est le maître d'oeuvre. Mais moi, j'aimerais savoir de la ministre
ce qu'elle a fait depuis cet été pour aider à ce que le projet se réalise à des
coûts raisonnables.
La Présidente :
La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Bien, je vais dire ce que j'ai
fait depuis cet été. Quand le Parti québécois et le Parti libéral demandaient, pendant l'élection de Jean-Talon,
demandaient impertinemment au gouvernement de se substituer au maire de
Québec pour faire des mises à jour basées sur des chiffres préliminaires, même
pas officiels, la CAQ a protégé le maire en
disant : Il a raison de ne pas dévoiler parce que les appels d'offres sont
confidentiels, il faut respecter les processus, et, le moment venu, le maire de Québec fera sa mise à
jour, au moment qu'il jugera opportun, qui est manifestement ce matin. C'est ça
que la CAQ a fait, comme tout le reste des avancées qu'on avait à faire à
travers les processus du PQI pour que le projet avance, tout en respectant l'autonomie puis la maîtrise d'oeuvre
de la ville de Québec. C'est ce que la CAQ a fait, c'est comme ça qu'on
gère les projets majeurs au gouvernement, Mme la Présidente.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de Chomedey. La
parole est à vous.
Financement du parc du Mont-Sainte-Anne
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Merci, Mme la Présidente.
Le 16 octobre dernier, Alliance Affaires Côte-de-Beaupré ainsi que la MRC de la Côte-de-Beaupré ont fait
une sortie publique pour demander au gouvernement du Québec d'investir dans le Mont-Sainte-Anne, un joyau touristique et
économique pour la région de la Capitale-Nationale. Dès le lendemain, le ministre de l'Économie a fermé la porte à une aide financière,
causant beaucoup de déception dans la région. Or, lors de l'étude des crédits budgétaires de son ministère,
il avait déclaré qu'il partage l'opinion des gens qui disent que cette montagne-là
mérite d'avoir des investissements, qu'elle n'a pas eus. Clairement, le
ministre se contredit dans ses propos.
Encore
un dossier qui n'avance pas dans la Capitale-Nationale, et la saison touristique d'hiver approche. C'est
quoi, le plan du gouvernement pour le Mont-Sainte-Anne?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
Oui. Bien, Mme la Présidente, la
santé des centres de ski, évidemment, c'est important pour le Québec, mais, en même temps, il faut faire
attention dans le contexte budgétaire dans lequel nous sommes présentement.
Ce que j'ai dit
publiquement, c'est qu'aujourd'hui d'accorder des sommes importantes au
Mont-Sainte-Anne, sans considération à ce
que la population s'attend du gouvernement, n'était pas responsable.
Conséquemment, j'ai dit très clairement que, pour l'instant, il n'y
avait pas de projet spécifique pour le Mont-Sainte-Anne mais que nous
regardions, au gouvernement, pour avoir un
programme pour tous les centres de ski, qui serait responsable dans le contexte
économique du Québec, et qu'on aurait une annonce à faire,
potentiellement, pour aider non pas seulement le Mont-Sainte-Anne, mais tous
les centres de ski qui auraient besoin d'assistance, au gouvernement, pour
changer leur équipement, pour permettre aux Québécois de pratiquer ce sport-là, mais dans un contexte,
encore une fois, qui va être respectueux du contexte budgétaire.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis.
Pour ce faire, je cède la place à la première vice-présidente de
l'Assemblée nationale. Merci et bonne fin de journée.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous allons poursuivre nos travaux.
À la rubrique
des motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
troisième groupe d'opposition. Alors, ce sera M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Souligner l'importance
de sensibiliser davantage la population aux enjeux
vécus par les personnes en situation d'immunosuppression
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le ministre de la Santé, le député de Pontiac, le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député de Marguerite-Bourgeoys et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les personnes immunosupprimées sont
vulnérables en tout temps face aux bactéries, aux virus et à leurs
variants;
«Qu'elle reconnaisse, dans une optique de
solidarité et de respect envers ces personnes, qu'elle doit sensibiliser
davantage la population aux enjeux vécus par les personnes en situation
d'immunosuppression;
«Qu'elle envisage que soit instaurée une journée
nationale des personnes immunosupprimées;
«Qu'enfin,
elle reconnaisse le "i" rouge incliné comme symbole officiel de
prévention face aux personnes immunosupprimées, afin d'inviter les gens
à conserver une distanciation sociale lorsqu'ils voient une personne portant ce
symbole.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée.
Maintenant,
nous allons poursuivre avec un membre du groupe formant le gouvernement. Alors,
Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Souligner le
40e anniversaire d'Opération Nez rouge
Mme
Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
l'Acadie, le député de Taschereau, le député des Îles-de-la-Madeleine,
la députée de Vaudreuil et le député de Marguerite-Bourgeoys :
«Que l'Assemblée [nationale] souligne le
40e anniversaire de l'Opération Nez rouge;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance de cet organisme sans but lucratif dans la prévention
de la conduite avec les facultés affaiblies;
«Qu'elle
reconnaisse que l'Opération Nez rouge a grandement contribué, au fil des ans, à
faire de nos routes des lieux plus sécuritaires;
«Qu'elle souligne l'engagement indéfectible du
gouvernement du Québec à titre de partenaire principal de l'Opération Nez rouge
depuis ses débuts;
«Enfin,
qu'elle remercie l'ensemble des bénévoles qui ont participé à l'Opération Nez
rouge pendant ces quatre décennies.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée? Motion adoptée.
Donc, nous allons poursuivre avec un membre du
groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la
parole est à vous.
Demander
au gouvernement de reconduire le financement
du programme Parlez-moi d'une langue!
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le ministre de la Langue française, la députée de Mercier,
le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le député de
Marguerite-Bourgeoys :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que depuis plus de 25 ans, le programme Parlez-moi
d'une langue! permet à des centaines de
conférenciers de rencontrer chaque année des dizaines de milliers d'étudiants
dans les établissements d'enseignement
collégial et universitaire ou d'éducation aux adultes afin de partager
l'importance de la langue française et de réaffirmer le désir de parler,
d'écrire et de vivre en français;
«Qu'elle
souligne que ce programme permet de promouvoir et valoriser la qualité du
français écrit et oral auprès des jeunes Québécois dans toutes nos
régions;
«Qu'elle
mette en relief que ce programme découle directement des priorités
gouvernementales relatives à la politique linguistique visant à favoriser l'emploi de la langue française et à
améliorer sa qualité dans tous les secteurs d'activité de la société
québécoise;
«Qu'elle
déclare que la poursuite de ce programme est éminemment souhaitable pour la
protection et la promotion de la langue française au Québec ainsi que
pour le partage et l'essor de la culture québécoise;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement du Québec de reconduire le financement du
programme Parlez-moi d'une langue! sans plus attendre.»
Merci, Mme la
Présidente.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M.
le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme la Présidente. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Oui,
s'il vous plaît, je vous demande un vote électronique.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, le vote est ouvert.
Alors, la période du
vote est terminée. M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : La
motion est adoptée. M. le leader de l'opposition officielle, je pense, vous
aviez...
M. Derraji : Oui. S'il vous plaît, j'aimerais qu'une copie de
cette motion soit envoyée à l'Union des écrivaines et écrivains
québécois. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Ce sera fait. Merci. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, on a une demande
également, Mme la Présidente, qu'une copie de la motion soit envoyée au
siège social du Parti libéral du Québec.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon, alors, nous allons...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous allons
poursuivre. Je suis debout.
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader de l'opposition officielle, M. le leader de l'opposition officielle,
je vous demanderais de ne pas interpeler les
gens de l'autre côté, s'il vous plaît. Nous allons poursuivre. Alors, un membre
du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier, la parole est à
vous.
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Je demande le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Jean-Talon :
«Que
l'Assemblée nationale demande un cessez-le-feu immédiat par toutes les parties
dans le conflit en Israël et en Palestine;
«Qu'elle appelle à
nouveau au respect du droit international par toutes les parties.»
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M.
le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
poursuivre.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous
sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M.
le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente.
Donc,
j'avise cette commission que la Commission de la culture et de l'éducation va
poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi n° 23, la Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi
sur l'Institut national d'excellence en éducation, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission de la santé et des services sociaux va poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi n° 15, Loi
visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du
projet loi n° 31, la Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi n° 22, Loi
concernant l'expropriation, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Il n'y a pas d'avis de la présidence.
Donc, nous allons
poursuivre à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et je cède la parole à M. le leader du
gouvernement pour nous indiquer la suite.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Donc, M. le ministre responsable des Services
sociaux...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! Si vous avez à sortir, faites-le en
silence.
Projet de loi n° 36
Adoption
M.
le ministre responsable des Services
sociaux propose l'adoption du projet de loi n° 36, Loi sur le recouvrement du coût des soins
en santé et des dommages et intérêts liés aux opioïdes.
Y a-t-il des
interventions?
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le ministre responsable des Services sociaux, la parole est à vous.
M. Lionel Carmant
M.
Carmant : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il y a deux
semaines, je me levais dans cette Chambre pour déposer le projet de loi
sur le recouvrement du coût des soins de santé et des dommages-intérêts liés
aux opioïdes. Aujourd'hui, on a adopté le
projet de loi n° 36, un projet de loi important, qui nous permet de mettre
en place les mécanismes pour non
seulement se joindre à cette action collective de la Colombie-Britannique, mais
aussi à rendre imputables, au nom de
tous les Québécois qui ont souffert et leurs familles, ces entreprises
pharmaceutiques qui ont causé tant de dommages, Mme la Présidente.
Dans un
premier temps, j'aimerais remercier les personnes qu'on a eu la chance
d'entendre lors des consultations. Du
nombre, on comptait, par exemple, l'Association des intervenants en dépendance
du Québec, l'INSPQ, la Dre Marie-Ève Goyer et l'organisme Spectre de rue, que
je remercie pour leur temps et leur apport. Leur expertise a été très
éclairante au niveau du projet de loi
comme tel, mais également pour notre compréhension de la crise actuelle et ses
pistes de solution. J'aimerais aussi
prendre le temps de saluer tous les collègues qui ont participé à l'étude de ce
projet de loi. La collaboration a été fantastique, et on a prouvé qu'en
travaillant tout le monde ensemble on peut faire avancer rapidement des projets
importants. Un merci spécial à la présidente de la commission, la députée des
Plaines, pour son travail formidable à la tête des travaux
parlementaires. Merci beaucoup.
C'est à
l'unanimité que nous faisons adopter cette loi, et je pense qu'il n'y a pas de
plus beau message qu'on pouvait envoyer quant à l'importance d'envoyer un
message solide aux grosses compagnies pharmaceutiques. Je le disais, ce
projet de loi est important pour la société
québécoise, mais surtout pour toutes les victimes directes et indirectes de la
crise des surdoses.
Mme la
Présidente, j'aimerais nous ramener au contexte qui a poussé le Québec à
déposer ce projet de loi. Il faut se rappeler que cette situation, ce qu'on
reconnaît comme la crise des opioïdes ou la crise des surdoses, n'est pas
unique au Québec. En août 2018, la Colombie-Britannique, durement
frappée par cette crise, a pris l'initiative de déposer une demande d'autorisation à exercer une action
collective contre une quarantaine de fabricants et de distributeurs d'opioïdes,
ainsi que leurs consultants, au nom de toutes les provinces et des territoires
canadiens. D'ailleurs, je tiens à préciser que, dès ce moment-là, le
Québec a été impliqué dans le processus.
Les
comportements de ces fabricants et distributeurs auraient conduit, entre
autres, à la mort, à l'hospitalisation de nombreux Canadiens et Québécois à la suite des surdoses. C'est tout
simplement inacceptable, Mme la Présidente. Aussi, ils auraient même fait de fausses représentations
quant aux risques de dépendance, aux effets secondaires et aux symptômes de
sevrage. Ces médicaments, normalement utilisés pour des douleurs aiguës et
sévères, sont devenus le traitement typique pour des douleurs chroniques pour de nombreux patients, typiquement pour
les maux de dos, Mme la Présidente. De ces manquements a résulté un
marché inondé de ces puissantes drogues, alors que la demande ne l'a jamais
justifié.
• (11 h 10) •
Le Québec,
comme le reste du Canada, fait face à une épidémie d'opioïdes qui a engendré un
nombre alarmant de décès par surdose. Les chiffres ne mentent pas. En 2020, on
comptait 319 décès attribuables à une intoxication aux opioïdes, comparativement à 263 décès en 2016. L'INSPQ
mentionnait, dans son intervention lors des consultations, qu'au Québec on
compte, en moyenne, cinq décès par semaine liés à une surdose aux opioïdes. La
crise des surdoses est devenue une réalité incontestable, touchant des
personnes de tous âges, de tous horizons et de toutes les régions du Québec.
Cette situation ne peut plus être tolérée.
Nous sommes
confrontés à une crise qui met en péril la vie de nos concitoyens, engorge nos
hôpitaux, accable notre système de santé et de services sociaux et laisse des
familles endeuillées et dévastées. C'est très préoccupant. Chacun de ces décès en est définitivement un de trop. On se
doit, comme gouvernement, de se donner les moyens de renverser la vapeur
et de freiner la crise. On le doit aux victimes et à leurs familles, mais aussi
aux Québécois.
J'aimerais rappeler qu'on travaille en
collaboration avec les autres provinces et territoires dans ce dossier depuis 2018. Notre participation à celui-ci n'a
donc rien de surprenant. Par l'adoption de ce projet de loi, on s'assure de
mettre en place des mécanismes pour participer au recours aux côtés des autres
provinces et territoires. On réitère également notre intention de
soutenir et de participer à cette action collective de la Colombie-Britannique.
La loi vise notamment à prévoir un recours
direct contre les fabricants et distributeurs d'opioïdes, ainsi que les
entreprises de consultation les ayant conseillés afin de recouvrer le
coût des soins de santé engagés et de faire assumer à l'industrie la
responsabilité de ses agissements, aménager des règles particulières au régime
général de la responsabilité civile qui trouvent habituellement application au Québec pour cette situation
particulière et permettre au Québec d'agir comme membre d'une action collective
initiée par la Colombie-Britannique.
Par ce projet de loi, le Québec rejoint donc les
autres provinces, les territoires et le gouvernement fédéral, qui considèrent tout autant que nous complètement
inacceptables les fautes commises par ces grosses compagnies pharmaceutiques. Le Québec se donne aussi la
possibilité de recouvrir certaines sommes importantes qui ont été défrayées à
travers les années par notre système
de santé pour pallier aux conséquences des abus des fabricants et des
distributeurs.
Au-delà de
tous ces aspects plus techniques, il s'agit de l'une des pièces du grand
casse-tête d'initiatives que notre gouvernement met en place pour prévenir les
surdoses et agir en réduction des méfaits. D'ailleurs, au printemps dernier,
j'annonçais 36,9 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir des
mesures de prévention en réponse aux surdoses. Ces sommes s'ajoutaient aux 15 millions déjà disponibles par la
stratégie nationale de prévention des surdoses de substances
psychoactives 2022‑2025. Plusieurs mesures de ce plan visent à prévenir les
surdoses, notamment auprès des personnes vulnérables qui peuvent souffrir de
problèmes de santé mentale ou vivre en situation d'itinérance. Ce financement additionnel, on l'a donné majoritairement aux
organismes communautaires, qui sont la première ligne de la crise. Les échos
qu'on a du terrain confirment que les
chiffres disent : La situation est grave. On doit agir rapidement si on
veut renverser la tendance et éviter de se rendre où sont d'autres provinces canadiennes
comme la Colombie-Britannique ou même, encore plus proche de chez nous,
l'Ontario.
Des mesures
ont été mises en place afin d'améliorer l'accessibilité à la naloxone. La
naloxone peut maintenant être obtenue
gratuitement et sans ordonnance dans toutes les pharmacies du Québec et dans
certains établissements de santé, en plus d'être disponible via les organismes
venant en aide aux personnes faisant usage de drogues. C'est important
que ce message passe à travers toute la
population, Mme la Présidente. C'est important de savoir que, si quelqu'un
présente une surdose en lien avec les opioïdes, on peut intervenir en
utilisant la naloxone. Mais c'est également important de savoir qu'il y a d'autres causes de surdose, et il faut
toujours s'assurer de ne pas laisser les personnes qui consomment de façon
isolée en train de consommer. On peut sauver des vies comme ça, puis ça, ça me
tient extrêmement à coeur.
On a investi pour renverser la tendance de la
crise des opioïdes dans les dernières années pour offrir plus de services aux gens qui en ont besoin et on va
continuer à le faire. L'adoption de ce projet de loi est un pas de plus dans
cette direction. Aujourd'hui, il est
important que tous comprennent que la crise des opioïdes est une urgence de
santé publique. On doit redoubler
d'efforts pour éduquer, prévenir et soutenir ceux qui sont touchés par cette
crise. Et, comme on le fait aujourd'hui,
on doit poursuivre nos actions légales pour rendre responsables les fabricants
et les distributeurs d'opioïdes. Il n'y
a pas de solution simple à cette crise complexe, mais on doit travailler
ensemble en tant que société pour y faire face. On est déterminés à agir et à réduire le nombre de vies perdues et de
familles brisées. Ce sera une bataille difficile, mais croyez-moi, Mme
la Présidente, nous ne la perdrons pas.
Merci à tous
ceux qui travaillent sans relâche pour lutter contre cette crise et merci à
tous pour votre soutien dans cette mission vitale pour notre province. Je tiens
à saluer, par exemple, les intervenants de l'organisme en itinérance autochtone qui ont sauvé la vie à plusieurs
itinérants cet été, une intervention via la naloxone dans leur... devant leur établissement. C'est, par exemple, ce type
d'intervention, cette sensibilisation que l'on doit déployer partout. Merci à
Projets autochtones Québec.
Je le répète,
car c'est important, c'est pour les Québécois victimes de la crise des opioïdes
qu'on fait ça. Pour eux et leurs proches qui ont souffert, je remercie donc les
équipes qui nous ont accompagnés dans le cadre de cette démarche pour
tout le travail accompli qui nous a permis d'adopter ce projet de loi si
rapidement. Ça a été un projet qui a vraiment été
très constructif avec les différents membres de l'opposition et avec les
membres de notre... la banquette gouvernementale, avec les différents
consultants qui sont venus nous parler et, bien sûr, géré de main de maître par
la présidente de la commission. Merci encore à tous.
Et finalement
c'est avec beaucoup de fierté que je salue l'adoption de cette Loi sur le recouvrement du coût des soins de santé et des dommages-intérêts liés aux
opioïdes aujourd'hui, voté à l'unanimité
dans cette Chambre. C'est important, ce qu'on fait pour le Québec aujourd'hui
et surtout, Mme la Présidente, pour le Québec de demain. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la parole est à vous.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. En effet, ce projet de
loi là a été rondement, mais il était surtout extrêmement nécessaire. Le Québec avait besoin de joindre sa
voix aux autres provinces du Canada pour aller récupérer l'argent qui dort
dans les profits monstrueux que font les
pharmaceutiques. Et ce qu'on va découvrir en regardant ce recours collectif là
aller, c'est que ça se fait sur le dos du monde. Ça s'est fait sur le dos du
monde en partie, et ça, c'est totalement inacceptable.
Donc,
aujourd'hui, pour moi, de prendre la parole au niveau de l'adoption de ce
projet de loi là, c'est fondamental, parce
que les opioïdes tuent, on le sait. On le sait depuis longtemps. Et d'ailleurs
on a eu d'excellentes consultations où des gens vraiment investis dans
le milieu, je pense notamment à Me Louis Letellier et à Sandhia aussi, de
l'association des intervenants et
intervenantes en dépendance du Québec, qui sont venus nous donner l'heure juste
sur qu'est-ce que ça veut dire de vivre avec une dépendance.
Même chose pour la Dre Marie-Ève Goyer, qui a vraiment nourri, pour moi, en tout cas, ma compréhension de pourquoi les
dépendances, ce ne sont pas des crimes, ce sont des problèmes de santé. Et
dans ce sens-là, je pense que là où a lieu
le crime, si vous voulez mon point de vue, Mme la Présidente, quand on pense à
ces pharmaceutiques qui ont volontairement omis des choses qui ont fait en
sorte que des gens ont développé des dépendances, c'est que c'est de ce
côté-là, le crime. Il est vraiment de ce côté-là, le crime.
Alors donc,
bien sûr, le projet de loi est consensuel. Ça a bien été, mais, quand même, de
notre côté, on a tenté de l'améliorer, notamment en créant un fonds. Ça
a été une proposition, bon, qui n'a pas été acceptée, mais je tiens à en reparler parce que l'esprit de cette
proposition-là était, elle, consensuelle, c'est de proposer la création d'un
fonds pour s'assurer que l'argent, l'argent qui va arriver des
pharmaceutiques, là, parce qu'il y en aura, on l'a vécu avec le tabac, on va le
revivre avec les opioïdes, quand
cet argent-là va arriver, on aurait aimé ça pouvoir prendre l'engagement, dès maintenant,
que cet argent-là va aller à la lutte aux opioïdes.
• (11 h 20) •
Vous me
direz : Bien là, c'est un peu... tu sais, si le recours collectif arrive
et conclut dans cinq, 10, 15 ans, tu sais, comment on peut... Non, Mme la Présidente, les opioïdes, là, c'est la
vache à lait des pharmaceutiques et du crime organisé, et, pour moi, il
est évident, que ce soit dans cinq, 10 ou 15 ans où ce recours collectif
là aboutit et amène des sommes d'argent au
gouvernement du Québec, c'est évident qu'il y aura encore des problèmes au
niveau des dépendances. Et c'est pour
ça qu'on voulait que l'argent... de prendre, dès maintenant, l'engagement que
l'argent qui allait arriver allait bien sûr servir aux victimes, aux personnes victimes de ces actes abominables, et
l'argent qui vient au gouvernement, lui, soit mis dans un fonds et
réservé pour la lutte aux opioïdes.
Ça a été refusé, mais, en discutant avec le ministre, on s'entendait sur
quelque chose, c'est-à-dire que ça va prendre de l'argent pas juste dans 15 ans, ça en prend maintenant, parce
que le phénomène, le problème a pris de l'ampleur dans les dernières années. Il y a des gens qui meurent,
et ces gens-là, Mme la Présidente, ce n'est pas juste des itinérants, là, c'est nos frères, nos soeurs, nos neveux, nos
nièces, nos parents, ces gens-là qui ont un problème de santé qui s'appelle la
dépendance. Ces gens-là ont besoin qu'on les
accompagne, parce qu'on sauve des vies quand on investit en prévention puis
quand on investit en intervention. Ça fait
que, donc, le ministre a... définitivement, il l'a dit à plusieurs reprises au
micro, il vient de m'en reparler, là,
juste avant qu'on adopte le projet de loi, on s'est entendus pour dire :
O.K., ça va prendre un comité qui
entoure le ministre... pas juste au niveau des ministères, parce que je le sais
qu'il est bien entouré, là, les ministres sont bien entourés, ce n'est
pas ça, l'idée, mais de gens qui vivent la situation, qui sont sur le terrain.
Et notamment,
la proposition que j'avais émise, c'était de dire que ce serait bien que, dans
ce comité-là, un peu un comité aviseur qui guiderait le ministre sur
l'utilisation ou l'orientation des utilisations des sommes dédiées à la lutte aux opioïdes... que ce comité-là devrait, entre
autres, être composé des intervenants en dépendance, parce que c'est eux
et elles qui savent concrètement qu'est-ce
que ça veut dire, et aussi où sont les leviers pour agir et intervenir, mais
aussi les personnes autochtones.
Parce que ce qu'on a appris aussi avec les auditions, c'est que, chez les
autochtones, il y a un travail
spécifique et particulier qui doit être fait, pour deux raisons. Première
raison, c'est que, puisque les autochtones... bien, je dirais, trois
raisons, même, puisque les autochtones sont surreprésentés dans le système
carcéral, puisque les autochtones sont
surreprésentés comme personnes vivant de l'itinérance et puisque les
autochtones sont surreprésentés à la Direction de la protection de la jeunesse . Ce sont trois lieux, Mme la Présidente, où on
est capable de voir qu'il y a une tendance...
en fait, pas une tendance, ce serait mal dit, mais que, dans ces trois
lieux-là, ces trois réseaux-là, la dépendance aux opioïdes est plus
importante.
Alors,
l'équation est simple. Si, effectivement, la dépendance aux opioïdes est plus
importante chez les personnes vivant
en situation d'itinérance, des gens qui ont passé à travers le processus de la
DPJ ou qui ont passé à travers le processus carcéral, si ça est juste, si c'est juste que les autochtones sont
surreprésentés dans ces trois secteurs-là, il est impératif que le ministre s'entoure, dans ce comité-là, de
personnes autochtones qui vont pouvoir le guider sur comment travailler au
niveau de la prévention et, bien sûr, l'intervention quand la dépendance est
déjà développée.
Le ministre
est très, très, très ouvert. Il m'a parlé de sa stratégie, qu'on pourrait
peut-être voir ça dans la stratégie qu'on
pouvait... Alors, je sais qu'il est ouvert, mais maintenant il ne faut pas
attendre le règlement du recours collectif avant de voir ce comité-là se mettre sur pied pour guider le ministre dans les
sommes investies pour lutter contre les opioïdes, parce que la crise des
opioïdes, elle n'est pas réglée, là. Elle n'est pas réglée. On a vu une
augmentation, d'ailleurs, dans les 10 dernières
années. Et il faut vraiment faire en sorte que l'action qu'on mène comme État,
comme gouvernement, que le
gouvernement mène comme responsable du portefeuille collectif... il faut que ce
soit avec de la vision, parce qu'on se bat contre des grosses machines,
là, les pharmaceutiques, le crime organisé, c'est des grosses machines, ça, là.
Alors, nous,
ce qu'on veut, c'est que le gouvernement prenne soin du monde, et, pour y
arriver, au-delà du comité dont je faisais état pour les dépenses, il faut
absolument avoir... agir, je dirais, à plusieurs niveaux. Au niveau de la prévention, ça, c'est le premier élément qui est
fondamental. Ça passe à travers l'éducation, ça passe à travers les groupes
communautaires qui font un travail
extraordinaire au niveau de l'éducation populaire, ça passe à devenir de la
prévention. Quelqu'un qui n'a pas
développé de dépendance, c'est quelqu'un qui risque d'avoir... qui a beaucoup
moins de chances de mourir que quelqu'un comme vous et moi, Mme la
Présidente.
Il faut agir en prévention aussi de réduction
des méfaits. Et là je pense à tout ce qui est centre de consommation supervisée, centre d'inhalation, centre de... puis
je dis «centre», là, ça peut être au même endroit, là, endroit pour évaluer
le contenu des drogues qui sont achetées et
qui vont être injectées ou inhalées. On parle de cette nécessité urgente
d'ouvrir largement à la population
plusieurs endroits, il y en a quelques-uns au Québec, mais plusieurs endroits
qui vont permettre aux gens qui ont un problème de dépendance de pouvoir
aller consommer en toute sécurité.
Parce que,
quand quelqu'un fait une overdose, là, c'est sûr que cette personne-là,
personnellement, ça lui coûte cher, surtout si elle en meurt, mais ça
coûte cher à son environnement, ça coûte cher socialement, puisque cette
personne-là va devoir avoir besoin des soins
de santé, va devoir... qu'on prenne soin d'elle de façon particulière. Alors,
il y a déjà un coût à ça. Alors donc, optons pour la prévention, optons
pour la réduction des méfaits. Si le Québec n'est pas dans la situation actuelle de l'Ontario puis de la
Colombie-Britannique, c'est principalement parce qu'on a pris à bras-le-corps,
en réduction des méfaits, toute la question de la consommation des
drogues.
Il nous reste un grand chemin à faire, un grand
bout de chemin à faire. Et là j'ouvre cette porte-là qui n'était pas dans le
projet de loi, mais, puisqu'on parle d'opioïdes et de dépendance, je vais me
permettre de l'ouvrir. Je pense, Mme la Présidente, que le Québec est mûr pour
une réflexion et, je dirais même, dans mon cas et dans le cas de Québec solidaire, pour aller jusqu'au bout de ça, d'une
réflexion sur la décriminalisation de la possession simple des drogues, de
toutes les drogues. Pourquoi? Bien, c'est simple. C'est que, tant que c'est
perçu, socialement, comme étant un crime de consommer et d'avoir en ta possession ce que tu as besoin pour ta propre
consommation, tant que c'est socialement vu comme étant un crime, bien, ça crée des situations comme on voit actuellement
dans le sud-ouest de la ville de Montréal, où les gens ont peur de voir arriver
à côté de chez eux un centre d'inhalation et d'injection, de consommation
supervisée.
• (11 h 30) •
Puis c'est sûr que, là, les gens se
disent : Bien oui, mais c'est criminel. Moi, je dis à ces gens-là que ce
n'est pas criminel d'être dépendant d'une
drogue. C'est un problème de santé. Et, tant qu'on ne l'adressera pas de cette
façon-là, on va se retrouver dans des
situations comme on le vit présentement dans le sud-ouest de Montréal. Je l'ai
vécu dans ma propre circonscription
lorsqu'il a été temps, il y a cinq ans, voilà cinq ans, lorsqu'il a été temps
d'ouvrir un centre d'injection supervisée. Il y avait eu effectivement
une levée de boucliers en disant : C'est dangereux pour nos enfants, ça va
être... ça va créer de l'insécurité dans le
quartier, ce n'est pas loin d'une école, nos enfants vont malheureusement
passer devant puis...
Voyez-vous, ça fait cinq ans, là, puis ce qu'on a observé, c'est qu'il n'y a
pas eu d'augmentation de la criminalité, c'est qu'il y a beaucoup de
moins de seringues qui traînent dans la cour d'école, de cette école-là.
Et je vous dirais qu'heureusement... je n'ai pas
les chiffres avec moi aujourd'hui, mais heureusement que ce centre-là existe,
parce que, depuis cinq ans, je ne sais pas combien de personnes auxquelles ils
ont sauvé la vie parce qu'ils ont pu
intervenir au moment d'une surdose qui n'a pas été létale à ce moment-là. Et
Dieu merci, parce que, moi, perdre des
citoyens qui sont malades par le seul fait qu'on les perçoit comme étant des
criminels, je trouve que ce n'est pas une bonne place où aller, comme
société.
Donc, vous
comprendrez qu'à Québec solidaire on est très ouverts à faire cette discussion et
cet échange-là. Et, dans les devoirs que nous avons faits en matière de
données, en matière de ce qui se passe ailleurs sur la planète, notre
conclusion, c'est que le Québec, et le Canada, est prêt pour la légalisation...
pour, pardon, la décriminalisation de la possession
simple des drogues. Il y a d'ailleurs des expériences qui se vivent
actuellement à travers le Canada. On espère que le Québec, bientôt,
arrivera aussi à demander l'exemption nécessaire au gouvernement canadien pour
être capable d'avoir... de permettre à nos
concitoyens qui consomment de pouvoir avoir en leur possession leur dose
nécessaire pour leur consommation.
J'étais
heureuse aussi d'apprendre, et c'était dans le projet de loi — je
m'excuse, j'y reviens — qu'il
n'y aura pas seulement les personnes
qui ont personnellement été victimes de dépendance aux opioïdes qui vont être
considérées dans ce recours collectif
là, mais aussi leur environnement, parce que quand dans une famille tu as un
parent, un enfant qui est dépendant ou ton conjoint qui est dépendant des
opioïdes, ça a des effets collatéraux sur tout le monde. Et donc, dans ce sens-là, j'étais heureuse que le projet de loi
reconnaisse aussi que les sommes à recouvrir incluent les gens qui ont ce
que j'appelle les effets collatéraux, là. Et
je pense qu'on a une discussion avec le ministre... a bien rappelé que, dans
les sommes qu'il devra récupérer des pharmaceutiques, ça inclut toutes les
sommes investies dans les organismes communautaires qui viennent
soutenir ces personnes-là depuis toujours.
Donc, voilà,
je pense que ça fait le tour de ce que j'avais à vous partager. J'insiste
vraiment beaucoup sur l'importance qu'on
se pose la question, au Québec, de la décriminalisation, parce que, bien sûr,
les gestes qui ont été posés par la pharmaceutique sont, dans mon livre
à moi, criminels, mais il y a tout un marché de la rue qui, lui, mélange toutes
sortes de drogues ensemble et met encore
plus à risque nos concitoyens qui sont pris avec cette dépendance-là. Et, dans
ce sens-là, j'espère que, sérieusement, la
prochaine étape, tout de suite après avoir adopté ce projet de loi là, nous
serons en mesure d'enclencher la
réflexion, mais, je dirais même, d'accoucher d'un projet qui nous permettra
ici, au Québec aussi, de décriminaliser la possession simple de toutes
les drogues. Merci, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a des interventions? Donc, le projet de loi n° 36, Loi sur le recouvrement du coût des soins de santé et des dommages-intérêts
liés aux opioïdes, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. M. le leader, pouvez-vous nous indiquer la
suite des travaux, s'il vous plaît?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demanderais de bien vouloir suspendre les travaux jusqu'à
15 heures, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, afin de permettre le débat sur une affaire
inscrite par les députés de l'opposition cet après-midi, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 15 h 01)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bon après-midi à toutes, bon après-midi à
tous. Je vous invite à prendre place. Nous allons poursuivre nos
travaux.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de renoncer
aux modifications proposées aux frais de scolarité imposés aux
étudiants canadiens non-résidents du Québec
Nous sommes
rendus aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. À
l'article 42 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés
de l'opposition, Mme la députée de Saint-Laurent présente la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que les
modifications proposées aux frais de scolarité des étudiants canadiens hors Québec auront pour effet de
diminuer les retombées économiques générées par leur présence au Québec,
de nuire au développement de certaines universités québécoises
et de favoriser l'essor des universités ailleurs au Canada, notamment à
Toronto;
«Qu'elle constate qu'aucune étude d'impact ne soutient cette
décision et qu'il est hasardeux de prétendre comme le fait le gouvernement que cette mesure permettra
de récupérer des sommes d'argent additionnelles pour financer le réseau
universitaire;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement caquiste
de reculer sur cette mesure.»
Je vous
informe que la répartition du temps pour le débat restreint sur la motion
inscrite par Mme la députée de Saint-Laurent
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, 53 min 30 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 28 min 19 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 18 min 53 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 6 min 18 s allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s sont
allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps
non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions
ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux
députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils
ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède donc maintenant la parole à Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. Le
27 septembre dernier, on pouvait entendre le ministre des Finances,
au CORIM, dire la chose suivante : Il y
a un écart de richesse entre le Québec et l'Ontario. Non, en fait, il y a un
écart de richesse entre Montréal et
Toronto, parce que, ah! pour la première fois, l'Université de Toronto a
devancé McGill. Ça, c'était le
27 septembre au CORIM, devant un parquet de gens du Québec. On voyait
qu'il reprenait le propos du premier ministre
qui, à chaque fois, nous parle de l'écart de richesse avec l'Ontario puis à
quel point que c'est important de le rattraper. Alors, moi, je n'arrive
pas à comprendre comment on peut avoir un ministre des Finances dire qu'il se
désole de voir l'Université de Toronto avoir
damé le pion à McGill, notre université, et, deux semaines et demie plus
tard, entendre la ministre de
l'Enseignement supérieur faire la plus grande jambette de l'histoire à McGill
ainsi qu'à Concordia et à Bishop's. Je ne comprends pas.
La seule
chose que je peux constater, c'est que cette volte-face ou ce changement de
discours est une conséquence directe
à la partielle dans Jean-Talon. Je comprends qu'il y a eu une onde de choc pour
le gouverneur caquiste, qui s'attendait à gagner un 90e député, et
qu'au lendemain de cette dégelée ils ont essayé de revenir en selle avec le
troisième lien. Quand ils ont vu que tout le
monde riait d'eux, ils se sont tournés puis ils ont décidé : Aïe!
qu'est-ce qu'on va faire pour reprendre
le flambeau nationaliste? Aïe! on va frapper sur nos universités, solidement.
Bien là, ils se décident de faire une conférence
de presse, qui n'était pas du tout attendue par le réseau universitaire.
Savez-vous pourquoi elle n'était pas attendue, M. le Président? C'est qu'en ce
moment, six différents comités qui travaillent, au niveau universitaire,
ça n'a jamais été dans aucun ordre du jour, cette annonce-là, jamais. La
ministre est arrivée Gros-Jean comme devant avec cela.
Mais, si vous
me permettez, à la place de citer le ministre des Finances, puis-je citer la
ministre de l'Enseignement supérieur
alors qu'elle était à Bishop's, le 14 août 2022, avec un panel d'autres
candidats aux élections? D'ailleurs, il y avait notre collègue qui est,
désormais, la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Elle dit a dit la chose suivante,
dans un meilleur anglais que le mien, donc pardonnez-moi, je n'ai
peut-être pas la même qualité de la langue anglaise que ma collègue : «We do have a brain drain. We need to attract you, we need to keep
you here, you. We have a shortage.»
Alors, elle a dit, en anglais :
On a un exode des cerveaux. On doit vous garder, vous, les étudiants
anglophones, nos gradués. On a une pénurie de main-d'oeuvre.
Ça, c'est
drôle, c'était il y a un an et trois mois, à Bishop's qui plus est. Et là, la
ministre de l'Enseignement supérieur, tout à coup il n'y a plus d'exode
de cerveaux, tout à coup il n'y a plus de pénurie de main-d'oeuvre, tout à coup
les étudiants canadiens ne sont plus
vraiment les bienvenus. Encore une fois, je cherche l'explication. Mis à part
Jean-Talon, je n'en trouve pas.
Alors, vous comprendrez qu'on s'attend du ministre de l'Enseignement
supérieur... Pourquoi je souligne le
mot «supérieur»? C'est qu'elle est à la tête du savoir. Et, lorsqu'on est à la
tête du savoir, qui est comblé par des professeurs, des chercheurs, des
gens avec des doctorats, bien, le monde de l'université s'attend qu'avant de
prendre la parole dans l'espace public, à
titre de ministre, c'est de vérifier ce qu'on dit, de le valider avec ce qu'on
appelle une étude, analyse d'impact, de s'assurer que, lorsqu'on parle
de chiffres, d'avoir les bons chiffres.
Or, la
ministre de l'Enseignement supérieur est arrivée, un
vendredi 13 octobre, avec le fameux 17 000 $. Tout le
monde s'est demandé : Mais d'où vient ce fameux 17 000 $ pour
les étudiants canadiens hors Québec? Quelle a été sa réponse? C'est la moyenne
de tarifs chargés en Ontario. Ah bon! J'imagine que la ministre, puisqu'elle
s'est rendue à l'université, elle a passé
par le cégep. Même en sciences humaines, pas de maths, on fait des cours avec
Excel puis on apprend à faire ce
qu'on appelle des moyennes pondérées. Or, dans son 17 000 $, elle a
exclu toutes les autres provinces. Elle a pris l'Ontario, avec ce qu'on appelle les programmes de profession
libérale : médecine, droit, pharmacie, dentisterie, les programmes les plus contingentés et pour lesquels
il n'y a qu'une minorité d'admis. Ça, M. le Président, ça s'appelle faire
dire n'importe quoi aux chiffres. On s'attend à beaucoup mieux d'une ministre
de l'Enseignement supérieur.
Or, depuis, les chiffres ont été démentis non
seulement par Le Journal de Montréal, qui ont donné un pouce vers le bas. J'imagine qu'elle l'a lu, ce samedi,
hein, c'est Rémi Nadeau, à chaque semaine, il fait le bulletin des élus. Bon,
alors, il a dit : Bien, effectivement,
ce n'est pas vrai, en fait, c'est que, pour deux tiers des... C'est inexact,
c'est le contraire de la vérité.
Alors, pour deux tiers des programmes, en fait, le Québec coûte déjà plus cher.
Par la suite, il y a eu Vincent Brousseau-Pouliot,
de La Presse, qui a complètement détruit la prémisse de départ de la ministre, pour
dire : Le 17 000 $, c'est inexact de dire que c'est la moyenne
canadienne. Non, au contraire, la moyenne se situe à combien, M. le Président?
Devinez? 9 000 $. C'est ça, la moyenne.
Alors, nous, contrairement à la ministre, on a
dû faire des tableaux. On a pris les programmes qui existent. Savez-vous quoi? Dans les programmes, plusieurs
d'entre eux sont entre 5 000 $ et 10 000 $. Par exemple, le
bac en infirmerie, vous pouvez le
faire à environ 5 000 $. Savez-vous quoi? La ministre a aussi laissé
entendre que c'est comme si le Québec supportait,
là, l'ensemble des étudiants canadiens, puis qu'ils déferlaient ici, au Québec.
Aïe! On en a tellement, ça n'a pas de
bon sens! Elle a juste oublié de dire la chose suivante, quand elle nous
comparait avec l'Ontario : nous avons 6 400 étudiants qui vont étudier en Ontario et nous recevons
environ 6 400 étudiants de l'Ontario qui viennent étudier au Québec.
Elle a juste oublié ça dans ses
chiffres. Quand même pas rien, pour une ministre de l'Enseignement supérieur.
Qui plus est, elle était journaliste, avant. Habituellement, on vérifie
les faits. Ça, c'est un autre exemple.
Elle a aussi oublié de nous mentionner que,
présentement, nos étudiants québécois au Canada, il y en a environ 11 000 qui étudient à l'extérieur du Québec.
Savez-vous qu'eux autres aussi l'État de chacune de ces provinces subventionne
nos étudiants québécois? Ça s'appelle
réciprocité. Là, je ne sais pas ce qui se passe dans le caucus de la CAQ. Je ne
sais pas si c'est les nationalistes
péquistes qui se sont échauffés puis que, là, ils disent : Aïe! Nous, là,
on débarque de tout ce qui est en
rapport avec le Canada, et que, là, tout à coup, les fédéralistes se sont
écrasés là-dedans, en chef, là, le ministre des Finances qui, lui, trouvait que c'était inacceptable que McGill ait
un recul par rapport à l'Université de Toronto. Mais moi, je ne
comprends pas qu'on puisse saboter nos universités et leur pouvoir d'attraction
des meilleurs talents.
• (15 h 10) •
Je suis
professeure à l'Université de Sherbrooke, en congé sans solde. Mon vert, c'est
le vert de l'Université de Sherbrooke. Savez-vous quoi, je suis
tellement fière de mon recteur, Pierre Cossette, qui, hier, dans une salle
comble, pleine de gens mobilisés de
l'Estrie, a rappelé que l'Université
de Sherbrooke n'est pas en
compétition avec Bishop's. Au contraire,
il y a des partenariats. Et la mesure de la ministre va mettre fin à Bishop's.
Pourquoi? Parce que 30 %, environ 30 %
annuellement des étudiants viennent de l'extérieur du Québec, dans le reste du
Canada. Comment peuvent-ils survivre si leur budget est amputé de 15 à
17 millions de dollars par année? Comment? C'est impossible. Et je ne
pense pas qu'on peut accuser le recteur, Sébastien Lebel-Grenier, d'être
une personne qui est contre le français, c'est un francophone. D'ailleurs, il m'a enseigné à l'Université de
Sherbrooke quand j'étais moi-même plus jeune, peut-être un peu plus fougueuse
à l'époque. Bon. À l'époque, là, nous, là,
on avait Sébastien Lebel-Grenier aussi comme doyen à la Faculté de droit. Or,
les partenariats ont toujours existé.
Ça fait 180 ans
que Bishop's existe. Je salue le courage de la députée de Saint-François, parce
qu'elle a osé le dire, que c'était important. Je salue son courage parce que
chaque voix compte, chaque voix est importante. Puis la vôtre a été
entendue en Estrie, puis les gens l'ont souligné. Bishop doit continuer
d'exister. On aimerait fêter un autre 180e. Puis
là je vous parlais... je vous fais grâce de tous les échanges d'étudiants entre
le campus de Sherbrooke, le vendredi soir, sur le campus de Bishop, hein? Ça, c'est une autre affaire. Mais, en
termes de retombées économiques, il y en a en Estrie. Bishop's, les
étudiants qui fréquentent cette université consomment en Estrie. Êtes-vous déjà
allés voir un match de football à Bishop's?
Après, là, je vous dis, là, ce qu'on appelle en anglais le «tailgating», entre
nous, les méchants partys, bien, ils
vont dans les bars à côté, mais ils consomment aussi avec des logements, il y
en a qui travaillent à la pharmacie du coin, ils consomment dans
l'épicerie locale. Ça ne peut pas être plus une économie locale que ça, nos
étudiants.
J'ai
rencontré, il y a quelques semaines, la présidente de l'union étudiante de
Bishop's, Sophia. Sophia vient de l'Alberta.
Elle ne parlait pas du tout le français, zéro puis une barre. Elle l'a appris à
Bishop. Elle s'exprime dans un parfait français.
Et elle voudrait encore se sentir la bienvenue, non seulement pour elle, mais
pour les autres à venir. Le combat de Sophia n'est pas le sien, hein,
parce que vous comprendrez qu'elle, elle a un droit acquis. Elle le fait pour
les autres Albertaines et Albertains qui aimeraient venir s'enrichir ici, chez
nous.
Permettez-moi
de faire miens les propos de Daniel Jutras, recteur de l'Université de Montréal. Il était à l'émission de Paul Arcand le matin. Il
a rappelé que, lui, tous les étudiants qui viennent du reste du pays ou
ailleurs, s'ils font le choix de rester au Québec, bien, c'est une richesse
pour nous, mais, si jamais ils font le choix de retourner, bien, savez-vous
quoi? Ça devient des ambassadeurs pour le
Québec. On n'arrête pas de parler de deux solitudes. Quelle est la meilleure
façon de rapprocher nos deux solitudes si ce n'est pas par ce qu'on a de
plus beau, notre jeunesse?
Et je salue
l'Union étudiante du Québec qui est avec nous, la CADEUL qui est avec nous. Et
on a marché, hier... non, ce n'est
pas hier, lundi avec vous. Première neige, premier grand froid et première
manifestation, mais vous étiez bien présents. Et c'est... J'aimerais... le
souligner, pardon, ce n'est pas rien. L'UEQ représente
94 000 étudiants majoritairement francophones, mais ils ont décidé de marcher main dans la main avec les
étudiants anglophones parce que ça dépasse tout entendement, cette mesure, qui
n'est supportée, dois-je le rappeler encore, par aucune étude. Et vous
comprendrez que j'ai bien séparé mon propos, là. La motion parle sur les
étudiants canadiens hors Québec. On reviendra pour les étudiants
internationaux, mais là, aujourd'hui, on veut régler la question des Canadiens
hors Québec.
Le
17 000 $, Mme la ministre, ayez le courage de nous le
dire, vous l'avez inventé de toutes pièces. Puis je vais vous dire
pourquoi vous l'avez inventé de toutes pièces...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Oui,
bien sûr. Allez-y. Je vous écoute.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader. Écoutez, Mme la députée de
Saint-Laurent, je vais vous demander de poursuivre. Cependant,
poursuivez en étant prudente dans vos interventions.
Mme
Rizqy : ...mon estimé collègue est un avocat, donc
il devrait savoir que je ne pose jamais une question dont je ne connais pas la réponse. Alors, quand
j'affirme qu'un chiffre a été inventé de toutes pièces, c'est que je suis
capable de le supporter
factuellement, avec preuves. Alors, permettez-moi de déposer le rapport du ministre des Finances du Québec. Dois-je citer son nom ou est-ce
que je vais avoir un rappel au règlement, si je dis «Eric Girard»?
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Mme la députée de Saint-Laurent, vous êtes une
députée d'expérience, vous connaissez
les règles. On n'appelle pas un collègue par son nom, mais par son titre, en
cette Chambre. Le ministre des
Finances du Québec.
Mme Rizqy : ...a rédigé un rapport
sur les finances des services publics. Prenons celui de 2020‑2021. Allons à la page 26. C'est fou comment, quand on
regarde juste un petit peu les rapports du gouvernement, on trouve des réponses
à nos questions : «Pour les étudiants canadiens non-résidents du Québec,
les droits de scolarité sont exigés de manière à ce que ceux-ci soient globalement comparables aux droits en vigueur
dans les autres universités canadiennes.» Oh! ça, c'était 2020‑2021.
Allons voir si
le ministre des Finances du Québec est conséquent avec lui-même en 2022, le
dernier rapport, le plus frais,
allons à la page 30 : «Pour les étudiants canadiens non-résidents du
Québec, les droits de scolarité sont exigés de manière à ce que ceux-ci soient
globalement comparables aux droits en vigueur dans les autres universités
canadiennes.»
Je vais le répéter, dans les mots du ministre
des Finances du Québec actuel. Il dit que, présentement, le fameux 9 000 $ qu'on exige, et non pas le
17 000 $, représente quoi? La moyenne canadienne. Aïe! Imaginez, moi,
je suis une petite députée de
l'opposition, de Saint-Laurent, avec une recherchiste que je prête avec trois
personnes, on est capable de lire le
rapport du ministre des Finances du Québec pour trouver réponse à nos
questions, qui viennent établir noir sur blanc que le fameux
17 000 $ est f-a-u-x. Alors...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Mme la députée de Saint-Laurent, je vais vous
rappeler encore, vous ne pouvez pas dire de manière contournée ce que
vous ne pouvez pas dire directement. Alors, je vous demande de retirer le mot
que vous venez d'utiliser, s'il vous plaît.
Mme
Rizqy : ...je retire le fait que j'affirme que c'est faux.
Alors, le 17 000 $ ne représente pas ce que le ministre des Finances
du Québec a signé de sa propre main. Est-ce que la ministre aura le courage de
l'admettre, que ce 17 000 $ est à tout le moins farfelu et, au pire,
excessivement dommageable pour le réseau universitaire? Et comment
peut-elle être ministre de l'Enseignement supérieur, représenter le savoir, la
recherche, l'innovation et avoir l'audacité... l'audace, pardon, de se présenter sans aucune étude?
Franchement, moi-même, comme prof, je pense que je l'aurais recalée. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Nous allons poursuivre avec Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Oui. Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, je voudrais remercier ma collègue la députée de Saint-Laurent de me donner l'occasion d'expliquer
les mesures annoncées et de corriger le tir aussi sur certains faits qui ont
été mentionnés. D'abord, je crois qu'il est
pertinent de remettre tout ça dans le contexte qui nous a menés à cette
annonce-là, ce nouveau modèle de
tarification, donc, pour les étudiants internationaux et les étudiants
canadiens non-résidents du Québec.
Lors de ma
nomination en tant que ministre, il y a un an, il y a des éléments qui ont
retenu mon attention et qui ont soulevé des questions. Je regardais la grille
tarifaire des étudiants non québécois à l'université. Le ministère de
l'Enseignement supérieur finance depuis très, très longtemps, à la
hauteur de plus de 100 millions par année, des étudiants canadiens qui viennent chez nous suivre des programmes
universitaires en anglais, particulièrement à Montréal, et qui, pour la plupart,
retournent dans leur province travailler, donc, après leur diplomation.
J'ai constaté aussi que les revenus issus des
droits de scolarité des étudiants internationaux sont venus créer un
déséquilibre financier très important entre le réseau francophone et
anglophone. On parle ici évidemment du réseau universitaire.
Cette
politique de tarification qui a entraîné cette déréglementation, cette
politique de déréglementation qui a entraîné, justement, un déséquilibre, a été mise en oeuvre par les libéraux en
2018. Elle avait pour objectif de permettre aux établissements d'enseignement supérieur, donc aux universités, de
charger ce qu'elles veulent aux étudiants internationaux. Et cette déréglementation des droits de scolarité
des étudiants internationaux est venue justement donner un avantage financier
important, considérable aux établissements anglophones.
• (15 h 20) •
Je vous donne
quelques chiffres pour remettre tout ça en perspective. Entre 2019 et 2022, les
universités McGill, Concordia
et Bishop's ont recueilli à elles seules autour de 282 millions de revenus
supplémentaires qui ont été générés par des droits de scolarité des étudiants internationaux sur un total d'à
peu près 407 millions pour l'ensemble des universités québécoises. En
comparaison, juste pour vous donner une idée, les 10 établissements
francophones du réseau de l'Université du
Québec se sont partagé seulement 46,9 millions de cette enveloppe
sur la même période entre 2019 et 2022. Pourtant, le financement public, lui, des universités n'a pas
été ajusté pour tenir compte, justement, de ces revenus additionnels qui
ont été engendrés au cours des dernières années.
Alors, comme
ministre de l'Enseignement supérieur, parce qu'évidemment ce système
universitaire est financé à même les
fonds publics, je me dois de rétablir l'équité, l'équilibre et de réduire cet
écart-là au sein de tout le réseau universitaire. Ma responsabilité,
c'est de m'assurer que le réseau francophone autant qu'anglophone puisse
croître, rayonner toujours davantage, autant
ici, chez nous au Québec, qu'à l'international, mais je dois aussi m'assurer
que certaines politiques du ministère
de l'Enseignement supérieur contribuent au rayonnement de ces universités-là.
Et c'est pour cette raison-là... c'est pour
ces raisons qu'on a annoncé la mise en place d'un nouveau modèle de
tarification pour tous les étudiants non québécois. Pour tous les étudiants non québécois du premier
cycle et du deuxième cycle professionnel, autant canadiens qu'internationaux,
il y a un plancher qui a été établi. Pour
les étudiants canadiens, il y a un tarif plancher qui a été établi, qui est
équivalent à ce que coûte leur
formation au gouvernement du Québec. Donc, je ne me suis pas réveillée, un
matin, pour dire qu'on passe de
8 992 $ à 17 000 $. Le prix plancher, qui a été fixé à
17 000 $, représente vraiment le coût moyen de la formation d'un
étudiant canadien hors Québec pour le
gouvernement du Québec. Pour les étudiants internationaux, le tarif minimum
sera un peu plus élevé que les étudiants canadiens, il représente
approximativement, pour le moment, 20 000 $. De plus, sur
chacun de ces étudiants non québécois, on vient récupérer un montant forfaitaire.
C'est une formule qui existait avant, justement,
pour éviter ce déséquilibre qu'a entraîné la déréglementation libérale en 2018.
C'est une formule qui existait déjà, à laquelle les universités sont
déjà... ont déjà à vivre cette mesure-là, ont déjà été avec une mesure de
formule hybride.
Par ailleurs,
il est important de souligner que tous les établissements universitaires vont
conserver le droit de charger un montant discrétionnaire à leurs étudiants hors
Québec. On permet toujours aux établissements de pouvoir charger un
petit peu plus de ce montant
discrétionnaire, comme c'est le cas actuellement. Je veux rappeler aussi, je
pense qu'on oublie vraiment, ces mesures, comme je l'ai mentionné il y a
quelques secondes à peine, ces mesures visent vraiment le premier cycle et le
deuxième cycle professionnel. Les étudiants de deuxième cycle pour le volet
recherche, tout ce qui est recherche et innovation au deuxième et au
troisième cycle, ne sont pas visés par cette mesure-là.
Et donc c'est
une mesure qui va permettre d'atteindre deux objectifs. D'abord, le
gouvernement du Québec, en l'occurrence, les contribuables ne
financeront plus la formation des étudiants canadiens qui viennent étudier dans
nos établissements anglophones, alors qu'on sait que, pour la plupart, ces
gens-là retournent dans leur province après leurs études. Un deuxième objectif, le nouveau modèle de financement va
permettre d'atteindre un meilleur équilibre au sein du réseau par rapport aux revenus générés à partir
des étudiants internationaux. Et, en récupérant ce montant forfaitaire sur les
droits chargés à chaque étudiant international, le ministère va, justement,
être capable de se donner les moyens de financer des mesures qui nous
permettront de mieux soutenir le réseau francophone dans l'attraction
d'étudiants internationaux,
particulièrement dans des domaines stratégiques pour l'économie québécoise et
nos services publics. Il est important de préciser ici que le prix plancher pour les étudiants internationaux
n'aura pratiquement aucun effet sur les droits de scolarité, contrairement à ce
qui est véhiculé actuellement dans l'espace public. On observe que les tarifs
actuels pour ces étudiants, donc les étudiants internationaux, sont
au-delà de la barre du 20 000 $ de prix plancher que nous avons fixé.
Donc, avec
ces nouvelles mesures, le gouvernement du Québec envoie un signal clair :
non seulement on mettrait fin à une
politique, justement, qui subventionnerait à perte les étudiants qui ne restent
pas ici, mais on viendrait renforcer l'attractivité
de nos universités francophones. Et ça, c'est une mesure parmi d'autres qui
viendraient, justement, renforcer le
système francophone, qui viendraient régler une partie du déséquilibre, parce
qu'il y a d'autres mesures, on a vu aujourd'hui avec l'annonce de ma collègue,
qu'il y a aussi le PEQ diplômé qui va venir nous aider à faire progresser,
faire augmenter le nombre d'effectifs
francophones dans nos universités francophones. D'ailleurs, depuis les cinq
dernières années, il y a un nombre
toujours croissant d'étudiants internationaux francophones qui a été attiré,
justement, par le foisonnement de la recherche, par la qualité de
l'enseignement de nos universités francophones. Alors, on a l'intention
d'accroître cet élan. C'est l'objectif du gouvernement depuis le début
du mandat, d'ailleurs, et on a déjà posé des gestes en ce sens.
Au dernier
budget, on a injecté un montant de 70 millions sur cinq ans pour des
exemptions octroyées justement à des étudiants internationaux francophones dans
des domaines d'études qui sont ciblés par la rareté de main-d'oeuvre. Ça, c'est
une mesure qui a eu de très bons résultats. On a vu une augmentation du nombre
d'inscriptions des effectifs francophones partout au Québec, particulièrement
en région.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'Université
Bishop's, nous sommes conscients, et je l'ai dit à maintes reprises publiquement, des impacts que la nouvelle grille
tarifaire pourrait avoir sur l'Université Bishop's. Comme établissement
de petite taille qui est situé en région,
j'ai exprimé, comme je l'ai mentionné à quelques reprises, que nous travaillons
sur différentes approches qui tiendront compte de sa situation particulière.
J'ai moi-même parlé au recteur, M. Lebel, au cours des dernières
semaines, au cours des derniers jours. Le ministère travaille étroitement avec
M. Lebel, de l'Université Bishop's, pour être capable d'en arriver à une
solution. Ma collègue, ici, aujourd'hui, la députée de Saint-François et
moi-même sommes en constante communication pour trouver, justement, cette piste
de solution.
Je suis aussi
en communication étroite avec les autres recteurs, que ce soit des universités
anglophones et francophones, parce que la mesure sur les CNRQ, donc, les
Canadiens hors Québec, la mesure aussi des étudiants internationaux, touche
tout le réseau, réseaux anglophone et francophone également.
D'ailleurs, je tiens à préciser, comme je l'ai
mentionné en tout début d'explication, qu'en début de mandat je me posais plusieurs questions, et ce sont des
préoccupations que j'ai partagées à quelques reprises avec les recteurs
concernés. Je me suis assise, je leur
ai partagé les préoccupations que j'avais concernant les Canadiens hors Québec
qui venaient ici à des tarifs privilégiés dans certains programmes. Je
leur ai partagé la préoccupation aussi de la déréglementation entre 2019 et 2022. Je vous ai donné les chiffres. J'ai
partagé ces préoccupations-là avec les recteurs des universités anglophones.
Je
comprends que, quand on parle de droits de scolarité, quand on parle de langue
française, ce sont des enjeux, des questions très sensibles, et donc c'est une
décision difficile, qui a fait beaucoup réagir, mais le statu quo n'est pas
acceptable. On va s'assurer que le
réseau francophone partout au Québec soit une destination prisée par les
milieux... par les meilleurs cerveaux dans toutes les disciplines. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la ministre. Je reconnais maintenant Mme la députée de Sherbrooke.
Peut-être vous rappeler, Mme la députée, que vous disposez de 18 minutes
quelques secondes pour votre intervention.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je vais le partager avec un collègue. Je veux m'exprimer par
rapport à la réalité de l'Université Bishop's, qui est fortement
atteinte par l'annonce de la ministre.
Je me suis
informée auprès du ministère de l'Enseignement supérieur s'il y avait eu une
étude d'impact de la mesure annoncée, et puis on est toujours en attente
de cette demande d'accès à l'information, mais, pour l'instant, on ne nous a transmis aucun document qui ressemblerait à une
étude d'impact qui aurait été faite du côté du ministère pour évaluer ce
qui se passe suite à cette mesure.
Or, l'Université Bishop's, elle en a fait une,
étude d'impact, suite à l'annonce. Donc, je vais me permettre de vous partager
ici plusieurs éléments d'information qui viennent démontrer à quel point la
situation est critique pour l'Université Bishop's, où les étudiants canadiens
non-résidents du Québec représentent environ 30 % des étudiants, qui sont essentiellement des étudiants de premier
cycle, donc, visés par la mesure. L'augmentation à 17 000 $ par an
des frais de scolarité, ça représente une augmentation de 126 % par
rapport à aller étudier ailleurs au Canada.
• (15 h 30) •
Donc, c'est certain que vous connaissez la
situation vécue par les étudiants actuellement, qui doivent faire des choix de leur lieu d'études. Il y a de
l'inflation. Il y a une crise du logement. Ce n'est pas spécifique au Québec,
ces enjeux-là, mais vous pouvez
certainement comprendre qu'avec, en plus, dans la balance, une augmentation
aussi substantielle des frais de scolarité exigés pour venir dans une
université québécoise, ça penche certainement dans la balance, parce que la moyenne des frais de scolarité hors Québec, au
premier cycle, elle est de 7 532 $, là, cette année. Donc, c'est
certain que, quand on passe à
17 000 $, ça vient orienter fortement les choix des étudiants qui
prennent une décision de là où ils vont s'inscrire pour fréquenter une
université.
À
l'Université Bishop's, c'est dans l'analyse d'impact qu'ils ont fait, ils
estiment qu'ils vont perdre au moins 90 % de leurs étudiants
canadiens non-résidents du Québec, sinon la quasi-totalité d'entre eux, et ils
ont chiffré la perte totale envisagée, à
terme, à plus de 11 millions de dollars par année. C'est énorme. Je
vous laisse imaginer ce que ça représente. Ça, c'est seulement pour la mesure qui concerne les étudiants qui sont
canadiens non-résidents du Québec. Si on mesure l'ensemble des impacts négatifs sur les revenus de l'Université
Bishop's, on s'attend à un impact négatif entre 18 et 19 millions de
dollars à partir de l'année 2024-2025.
C'est le quart de leur budget de fonctionnement. Demandez à n'importe quelle
institution d'enseignement supérieur,
en ce moment, s'ils peuvent se passer du quart de leur budget de fonctionnement
puis continuer à fonctionner, vous comprendrez que ce n'est pas le cas.
L'Université
Bishop's, c'est un pilier très, très important de la communauté en Estrie, pas
seulement de la communauté anglophone,
de l'ensemble de la communauté estrienne. Dans l'étude d'impact qui a été faite
par l'Université Bishop's, on peut
voir que l'impact économique de cette université-là se chiffre à
248 millions par an pour le Québec, dont 195 millions pour la ville de Sherbrooke. La présence de
l'Université Bishop's génère plus de 1 000 emplois en équivalents
temps plein au Québec, plus de 800
d'entre eux sont à Sherbrooke. Ça vous montre à quel point c'est un pilier
important. Puis, avec l'estimation
d'une diminution de 25 % de leur budget, ça se répercute directement, on
anticipe une perte de 62 millions de dollars par an pour l'économie du Québec, dont 48 millions par an
pour l'économie de Sherbrooke, et, en termes de pertes fiscales, on
parle de près de 6 millions pour le gouvernement du Québec.
Et ça, je ne
vous parle même pas, en vous disant ça, là — j'essaie de parler le langage du gouvernement,
hein, qui prend des décisions
économiques — de
l'impact sur la communauté anglophone, pour qui l'Université Bishop's constitue
un employeur de très grande qualité dans la région, hein? Les emplois de plus
grande qualité qu'on peut retrouver, pour une personne anglophone, en
Estrie, ils sont à l'Université Bishop's. C'est aussi un moteur important
d'accès aux études supérieures pour les
anglophones de l'Estrie. Donc, c'est certain que de voir cette institution-là
précarisée par l'annonce de la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est
extrêmement préoccupant. Vous pouvez tout à fait imaginer qu'avec une perte de 25 % de ses revenus, une université
doit prendre des décisions extrêmement difficiles. J'ai parlé de pertes
d'emplois tout à l'heure, ça veut aussi peut-être dire des fermetures de
programmes, une diminution d'offre de cours, et ça, c'est préjudiciable pour
toute la communauté.
La ministre
veut, de son côté, récolter à peu près 110 millions pour redistribuer dans
les universités francophones. En tout cas, avec l'analyse d'impact qui a été
faite à l'Université Bishop's, je peux vous dire qu'il n'y aura pas
grand dollar qui va arriver de l'Estrie par
rapport à cette mesure-là, parce que, quand on dit que la quasi-totalité des
étudiants non-résidents du Québec ne
reviendraient pas, ça, ça ne génère aucun dollar, là, pour financer les mesures
que la ministre souhaite mettre de
l'avant. Donc, c'est fort probable que non seulement on va précariser
grandement toute une communauté, on va avoir un impact économique préjudiciable pour l'Estrie et même pour le Québec et
on n'ira même pas chercher des sommes qui étaient visées pour soutenir
financièrement nos universités francophones.
Moi, ce que
je demande à la ministre, c'est que l'Université Bishop's soit exemptée, pour
toutes les circonstances que je viens d'expliquer. Il n'y a rien qui
montre que les étudiants qui viennent étudier à l'Université Bishop's sont un facteur d'anglicisation
pour Sherbrooke ou pour l'Estrie, bien au contraire. Donc, je demande à la ministre
d'agir. Il y a plusieurs pistes
d'action. Elle pourrait exempter l'Université Bishop's ou, à tout le moins,
moi, je m'attends de sa part à ce qu'elle
s'assure de compenser l'Université Bishop's pour qu'elle puisse maintenir
l'ensemble de ses activités. La communauté estrienne ne peut pas se
passer du rôle stratégique important que joue l'Université Bishop's pour son
développement.
Donc,
moi, c'est ce que je demande à la ministre : ou bien elle recule, pour
l'Université Bishop's, ou bien elle met en place des mesures
compensatoires pour s'assurer du maintien intégral des activités de
l'Université Bishop's. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres interventions? M. le député de
Vanier-Les Rivières.
M. Mario Asselin
M. Asselin : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, tout d'abord, je veux prendre le temps de saluer Mme la
ministre pour son intervention d'aujourd'hui. Elle a su faire la lumière sur ce
sujet qui a fait beaucoup couler d'encre dans les dernières semaines et qui touche plusieurs personnes de
différentes façons. Alors, je veux aussi saluer mes collègues du gouvernement
et aussi la députée de Saint-Laurent et mes
autres collègues. On est contents que la députée de Saint-Laurent ait suscité
notre présence en Chambre.
Alors,
avant de commencer, je veux vous dire à quel point je suis content d'être ici,
compte tenu de mon rôle d'adjoint parlementaire
à la ministre de l'Enseignement supérieur. C'est plus que mon devoir de venir
intervenir sur ce débat, compte tenu de la fierté que j'ai d'avoir été
choisi dans ces fonctions-là.
Alors,
vous le savez, ma vie politique... Avant, j'ai oeuvré comme directeur d'école,
et puis, pendant plus de 20 ans, la vocation de transmettre le savoir, ça
faisait partie de mon ADN, mais peu de gens, peut-être, savent que j'ai été
enseignant à l'université pendant
quelques années, à l'Université de Montréal. Alors, ça a été intéressant pour
moi. J'étais chargé de cours et puis
je me souviens de mes années d'enseignant du cours Communication et
organisation. Alors, c'est avec fierté, aujourd'hui, que je mets ça dans
mon baluchon.
Le
dossier du financement de l'enseignement supérieur, ça occupe beaucoup de mon
temps, bien évidemment. Je vais essayer de faire un portrait global du
financement des établissements d'enseignement dans les dernières années pour
démontrer l'approche que le gouvernement a
eue depuis son arrivée au pouvoir en 2018. En plus d'augmenter les budgets
année après année, c'est certain qu'on
regarde plusieurs éléments, puis il est possible de tirer des conclusions par
rapport à ça.
Reculons
à notre premier budget. On peut dénoter une croissance de 4,7 % dans les
investissements en enseignement supérieur. Pour l'année 2019‑2020,
on a une augmentation aussi... C'est une augmentation qui est incomparable
à l'année précédente sous l'ancien
gouvernement, je vous l'accorde. Nous avons continué, d'ailleurs, sur cette
lancée-là par rapport aux autres années.
Allons-y
année par année : 2020‑2021, 5 % d'augmentation; en 2021‑2022,
4,9 %; en 2022‑2023, un historique 8,6 %; et puis, en 2023‑2024, une prévision de 6,7 %. Alors, en résumé,
pour les cinq années entre 2019 et 2024, on parle de 27,3 % d'augmentation
au total, pour une croissance moyenne de 5 %, contrairement à 2,8 %
pour les années 2014 à 2019. Donc,
on voit tout de suite, là, la priorité, elle était où par rapport à notre
gouvernement, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
J'enchaînerais
ensuite avec les établissements d'enseignement francophones du Québec, qui sont
prisés, évidemment, particulièrement par les étudiants internationaux. On
remarque, d'année en année, une augmentation importante dans la cohorte des
universités. Pourquoi? Bien, parce que les francophones aiment le Québec. La
richesse et l'unicité de notre langue, c'est des éléments importants
dans l'attrait de nos enseignements... des établissements d'enseignement
supérieur.
• (15 h 40) •
La
qualité de vie, au Québec, c'est exceptionnel pour plusieurs raisons. Et puis
on connaît ici, dans notre Chambre, les
raisons pour lesquelles il y a... Au-delà des changements de saison, malgré
qu'on a eu notre première neige ce matin, là, c'est moins agréable de le mentionner, mais c'est la beauté de notre
climat, quand même, au Québec, et la richesse de tout ça qui fait qu'on
est prisés.
La qualité reconnue
mondialement de nos établissements d'enseignement et les tarifs préférentiels
des frais de scolarité, si on compare avec d'autres juridictions, on est quand
même très fiers de ça. On a des formations variées et spécialisées, par exemple, en intelligence artificielle. Je salue, au
passage, Mila, Ivado, le CEIMIA, le Centre d'expertise international de
Montréal en intelligence artificielle. Alors, on a aussi Confiance IA. Alors,
c'est toutes des précieuses organisations
avec lesquelles... universitaires avec lesquelles on travaille fort au niveau
de ce secteur-là, l'intelligence artificielle. En aéronautique et en
génie aussi, il y a beaucoup d'expertise là.
La
réputation de nos universités québécoises, ce n'est plus à faire. Au niveau de
la foresterie, de l'industrie minière ou
l'environnement et l'eau, nos richesses du Québec font de notre coin de pays un
vaste terrain de jeu et d'apprentissage à quelques pas de nos écoles.
Alors, c'est vraiment particulier que, dans les contextes aussi sportifs, on a
réussi, avec... Mme la députée de
Saint-Laurent a parlé, tantôt, de l'Université
Bishop's. J'ai habité longtemps en
Estrie, et puis les Gaiters et le «tailgate», je connais ça, j'ai assisté
régulièrement aux manifestations dans ce coin-là. C'est vrai que c'est spécial.
Alors, je voudrais
continuer en parlant du Programme de l'expérience québécoise, dont notre
ministre de l'Immigration parle
régulièrement. C'est quelque chose qui va faire en sorte, probablement, que,
dans les prochaines années, le fait de fréquenter ce programme-là, ça va
raffermir notre culture et ça va encourager des nouveaux adhérents à venir
expérimenter notre qualité de vie.
Je
voudrais mentionner, comme tel, de mes expériences de l'Université Laval, mon
alma mater, j'ai été, évidemment, gradué de cette université-là, et puis
comme spécialiste des sciences de l'activité physique. Mon corps,
nécessairement, ne dégage pas cette impression, mais, oui, j'ai étudié en
sciences de l'activité physique.
Des voix : ...
M. Asselin : Ah! vous êtes surpris, hein? Non, mais j'ai bien
aimé mes études. Compte tenu de mon passé dans les associations étudiantes, je
me souviens d'avoir abondamment milité, dans ces années-là, pour l'éducation.
Et puis ça m'a beaucoup, disons, ému,
voilà pas tellement longtemps, je suis retourné à l'Université Laval pour le
lancement du premier sommet des
étudiants à l'université, avec la CADEUL et l'AELIES. Et puis j'étais content
de voir un sommet. Dans mon temps, ce
n'est pas des choses qui existaient. Et puis j'ai vu la diversité et la
dynamique des étudiants universitaires toute une semaine, là, où est-ce
qu'il y avait des activités. Donc, c'était vraiment superintéressant.
Alors, je
vais prendre quelques minutes encore pour parler de l'Université Laval. On a eu
un campus de médecine qui prend
forme, avec des médecins, de manière délocalisée à Lévis et à Rimouski. Ça va
permettre d'offrir un doctorat dans ces deux nouveaux points
d'enseignement et de former des étudiants et des étudiantes en médecine pour une
pratique médicale adaptée aux régions. Ils
vont permettre d'augmenter rapidement et de manière importante les admissions à
la Faculté de médecine de
l'Université Laval, notamment celles qui... des personnes qui proviennent de
différentes régions. Notamment, il y
a aussi, grâce à l'Université Laval, des citoyens de partout dans l'Est du
Québec vont avoir accès à de meilleurs soins de santé et de services.
J'en profiterais aussi pour mentionner
l'investissement important qui a eu lieu à l'Université Laval pour le projet Carrefour international Brian-Mulroney, où
on a investi quand même 24 millions de dollars dans ce gros campus là,
on prévoit même que ça va devenir un hub important universitaire, un hub de
l'internationalisation qui va devenir un pôle d'excellence en recherche et en
enseignement pluridisciplinaire sur les enjeux internationaux, qui vont faire
de l'Université Laval un leader dans ce domaine-là.
Alors, pour
Mme D'Amours, que je vais citer : «C'est pour les chercheurs, les
étudiants, les partenaires que nous faisons ces grands espaces
collaboratifs axés sur le partage de ressources et des équipements. Tout ça — donc — pour favoriser le développement durable du Nord du
Québec et de l'Arctique canadien», qui vont, avec «le partage international
de [nos] collègues», faire en sorte que le
site va accueillir 250 scientifiques à court terme. Alors, ces gens-là
vont transiter par l'enseignement
supérieur dans une de nos universités québécoises, ça va venir consolider la
place de l'Université Laval comme établissement d'enseignement supérieur
et de recherche francophone dans le calibre mondial.
Alors, c'est
un grand détour pour vous parler des projets d'investissement majeurs de
l'Université Laval. C'est pour vous démontrer qu'en termes de recherche
et d'innovation les établissements francophones sont à la fine pointe des étudiants internationaux. Ces derniers vont
d'ailleurs compter pour des étudiants aux études du deuxième et troisième cycle
dans le contexte de la recherche de nos établissements.
Alors, je
vous dis qu'au niveau du moteur important des régions du Québec on compte sur
eux. La pérennisation de l'enseignement francophone représente un coût
important. Près des deux tiers des étudiants universitaires sont francophones. Ils
font en sorte que nos universités sont riches de savoirs. Alors, je vous
remercie d'avoir écouté ce débat-là.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Vanier-Les Rivières. Je reconnais maintenant M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : Merci,
M. le Président. À mon tour, au nom du Parti
québécois, de m'exprimer sur cette
motion du Parti libéral du Québec, qui m'interpelle comme citoyen, comme
député, comme ancien vice-président de la Fédération étudiante universitaire du
Québec.
Alors, la
motion, à sa face même, telle que présentée, est contradictoire. Elle reproche
au gouvernement, avec raison, de ne
pas avoir réalisé d'étude d'impact de sa décision. Mais la motion elle-même,
sans aucune étude, que je sache, prédit que la mesure va nuire au développement de certaines universités et
favoriser les universités ailleurs au Canada. Quelle étude d'impact permet d'affirmer ça? Je ne le sais
pas. Mais ça semblait important pour les libéraux, rapidement, de se rendre en Estrie en disant : On est là.
Manifestement, il y avait peut-être d'autres éléments qui motivaient leur
présence, mais certainement pas une étude.
La vérité, c'est que les étudiants canadiens
inscrits dans les universités québécoises jouissent d'un avantage exceptionnel
au sein de notre réseau. Cette réciprocité dans le reste du Canada, ça n'existe
pas. Ça, c'est le beau pays dans lequel on
habite. À chaque fois qu'il y a des débats comme ceux-là, on finit par
découvrir la nature même de ce pays, sa
grande générosité à l'égard des francophones et à l'égard du Québec. Alors, ces
étudiants, ils bénéficient de droits de scolarité préférentiels, ce que les
étudiants québécois n'ont jamais eu dans les universités ailleurs au Canada.
Cela n'a jamais existé.
C'est très ironique.
Quand le Québec propose d'abolir le traitement préférentiel réservé aux
étudiants canadiens, le Canada, d'une
seule voix, avec quelques relais au Québec, l'accuse de fermeture d'esprit, de
fermer une fenêtre sur le monde. Ils ne font pas ça à Toronto. Ils ne
font pas ça à Calgary. Ils ne font pas ça à Vancouver. Mais, nous autres, il faudrait le faire. Il me semble, ça ne marche pas.
On n'a pas tant de moyens que ça. Notre mansuétude, là, devrait-elle être
plus grande à l'égard des étudiants anglais?
Je ne penserais pas. Ça va être les étudiants québécois d'abord et ceux qu'on
invite avec des ententes, à moins qu'il y ait une réciprocité, mais ça n'existe
pas. Je savais que le reste du Canada était un vaste pays, mais
j'ignorais qu'il s'étendait au point de couvrir tout le reste du monde.
• (15 h 50) •
Pour revenir
à mon propos, le Canada réserve le même traitement aux étudiants québécois qu'à
tous les autres. Ils ne font pas de distinction. On n'est pas... on ne
se sent pas spécial. Il n'y en a pas, de distinction. Il suffit de regarder ce qu'il en coûte d'étudier
à l'Université de Toronto en droit, par exemple. Qui prend cause pour les
étudiants québécois? Qui accuse le reste du Canada de fermer une fenêtre
sur le monde? Bien, il n'y a pas grand monde.
Je doute que ce que le gouvernement propose ait
un vrai impact sur le français au Québec. Ça, c'est l'autre question, parce que
de la manière que c'est présenté... Il y a eu un groupe de réflexion du
gouvernement avec plusieurs ministres, où,
d'ailleurs, étonnamment, le ministre responsable de la loi n° 96, il n'a pas été invité. Je ne sais pas pourquoi. Lui, il voulait y aller, mais ils ne l'ont pas
invité, donc il n'est pas là. Ils arrivent avec un certain nombre de mesures
qui seront présentées, j'imagine, au
fur et à mesure. Celle-là est présentée comme une mesure sur le français. On
peut dire que c'est une mesure liée à
la... aux finances publiques, à l'équité, au rééquilibrage, à une volonté de
réinvestir dans les universités, mais
ce n'est pas vraiment une mesure pour le français, à moins que l'afflux
d'étudiants anglophones soit tel que ça soit ça, la menace sur le français. Moi, je pense que ce n'est pas ça, l'enjeu.
Si le gouvernement était sérieux en matière de langue, il y a une mesure en enseignement
supérieur qui lui est proposée depuis des années qu'il pourrait suivre, mais
qu'il se refuse à adopter, comme le
Parti libéral et comme Québec solidaire, qui, d'ailleurs, si j'ai bien compris,
va défendre l'Université Bishop's : le français au collégial, aussi simple que ça. Les enfants de
la loi 101 vont en français au primaire, au secondaire. Au cégep,
c'est... le choix est ouvert. Le transfert linguistique est énorme. Qu'est-ce
qui arrive? Socialisation en anglais à l'âge
adulte, là où on a notre formation collégiale ou, peut-être, notre formation
universitaire, réseau d'amis, là où on s'installe,
conjoint, conjointe. C'est un moment clé pour le reste de sa vie, la
socialisation. Ils ne veulent pas faire ça, mais ils font ça. Écoutez, ce n'est pas compliqué, cette mesure-là est plus
controversée que le budget d'un Québec indépendant, ça donne une idée. Ils sont arrivés avec ça en
disant : Ça, c'est notre mesure-phare. Là, ils vont être obligés de
reculer sur Bishop's, surveillez ça,
parce qu'ils ont des députés de la CAQ en masse en Estrie, ils vont dire :
Oui, on serait peut-être mieux de reculer là-dessus. Prédiction.
On ne m'a pas
convaincu du lien entre cette mesure et aider le français à prospérer au
Québec. Je n'ai pas vu la démonstration
que le gouvernement a dégagé des sommes qu'il a promises pour les réaffecter
aux institutions francophones. J'ai
hâte de voir l'Université du Québec à
Rimouski — je suis allé — on va avoir combien, on attend l'enveloppe. Mais
cette motion, avec ce qu'elle comporte
d'estimations et de projections que rien n'appuie, partage le même défaut que
la mesure proposée par le gouvernement. Ça s'égalise pas mal, mais il faut
faire un choix. Où sont les études d'impact? On ne les a pas.
C'est pourquoi, au nom de ma formation
politique, je voterai contre la motion présentée par la députée de Saint-Laurent. Et j'invite le gouvernement à
donner, le plus tôt possible, tous les détails concernant ce qui a été annoncé
le mois dernier. Pour l'instant,
comme dans bien d'autres dossiers, le gouvernement propose une sorte
d'effeuillage politique où on apprend
au compte-goutte l'étendue des mesures, et probablement le caucus de la CAQ en
même temps que moi. Que compte faire
le gouvernement pour les étudiants canadiens inscrits dans les universités
francophones? On ne sait pas non plus.
Donc, mon
vote pour la motion n'est en rien un appui inconditionnel à ce que le
gouvernement a proposé, il est contre une motion qui partage le même défaut de
rédaction que celui des annonces du gouvernement qu'il dénonce. Donc, je voterai contre sans grand enthousiasme, en
espérant, en même temps que le caucus de la CAQ, en apprendre plus là-dessus.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Matane-Matapédia. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député
de Jonquière.
M. Yannick
Gagnon
M. Gagnon : Bonjour, M. le
Président. Je trouve ça intéressant de parler, M. le Président, d'un mot fort,
une mesure... une mesure, pardon, d'incitatif, une mesure incitative, quand on
la décortique puis qu'on regarde qu'est-ce qu'il
y a précisément, une mesure incitative au nom des régions. Et aujourd'hui c'est
un député des régions qui vous parle. Alors, c'est une mesure incitative
au nom des régions, c'est essentiel.
Et la mesure
incitative, elle vise à favoriser l'attraction d'étudiants internationaux en
région. Et ça prend du courage, M. le Président, parce que, pour bénéficier de
la bourse qu'on va parler... que je vais vous parler pendant les prochaines
minutes, bien, notre gouvernement a eu le
souci de dire une chose : Pour bénéficier de la bourse d'exemption pour
les étudiants francophones
internationaux du MES, il faut être à l'extérieur de la communauté
métropolitaine, et ça, ça, M. le Président, ça signifie prendre soin de
nos régions. Et, quand on dit «prendre soin de nos régions», qu'est-ce que ça
va faire, cette bourse d'exemption là, pour
les étudiants francophones? Bien, qu'est-ce que ça va faire, deux petits mots
tout simples pour un gars de région : nous aider, M. le Président.
Et, quand on dit «nous aider», je vais le détailler. Nous aider comment? Au final, c'est de répondre aux besoins de
main-d'oeuvre des entreprises de chez nous, et c'est ça que je salue, M. le
Président.
Combien de
fois, combien de fois j'ai entendu des étudiants internationaux qui venaient à
Chicoutimi, à Jonquière tomber en amour avec notre région. Mais, M. le
Président, pour tomber en amour, il ne faut pas juste le voir sur une carte postale. Oui, le bouche-à-oreille est
puissant, on va en parler tout à l'heure, mais, pour tomber en amour, il faut
qu'ils viennent chez nous, il faut
qu'ils restent chez nous. Et aujourd'hui, avec la bourse d'exemption que je
vous parle, on a un outil pour qu'ils tombent en amour, on a un outil pour
qu'ils viennent chez nous et on a un outil pour qu'ils restent chez nous.
Et j'aime bien parler de concret, puis c'est ce
qu'on m'offre aujourd'hui, de parler de concret, de parler de qu'est-ce que la
bourse fait chez nous. Du concret, bien, j'ai le goût de vous en parler pour la
région que je représente. Oui, je suis député de Jonquière, mais je suis
également député du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
avec mes quatre autres collègues. Et, chez nous, on a une université, cinq
députés, cinq circonscriptions, mais une université qui est tellement importante. Et, oui, on est chauvins, on en est
fiers, notre université a une excellente réputation, et on dit aux jeunes de
chez nous :
Soyons fiers de notre université et, si c'est possible, restez étudier à
l'université de votre région, à l'Université du Québec à Chicoutimi. Mais l'université, également, s'est développée,
comme les gens de chez nous, une belle expertise, puis comme l'ensemble
du Québec.
On a une excellente
réputation, mais on a une excellente, également, réputation de l'autre bord de
l'océan, M. le Président,
c'est-à-dire en France. L'UQAC, c'est une université qui accueille beaucoup
d'étudiants internationaux. Depuis
2011, l'UQAC a vu une augmentation d'étudiants internationaux dans son
établissement, je ne dirais pas, significative. Le nombre d'étudiants internationaux qui fréquentent l'Université du
Québec à Chicoutimi est majeur, M. le Président. Ils sont passés de 438
à 2 709 étudiants internationaux, provenant d'une cinquantaine de pays à
travers le monde. Et ça, c'est une
université à 225 kilomètres d'ici, là, qu'on appelle la porte du Nord,
c'est chez nous — merci,
les collègues. C'est tellement majeur, ce qui se passe à l'Université du Québec
à Chicoutimi, M. le Président, que c'est 5,1 % du corps étudiant qui provient de l'étranger, et ça, il faut en être
fiers. Il faut en être fiers, de ce qui se passe à l'intérieur des murs du
savoir de l'Université du Québec à
Chicoutimi, mais aussi, M. le Président, cette belle expertise-là qui vient
chez nous, qui adopte notre région, puis, je pense que mes quatre
collègues peuvent en témoigner, ça fait une différence dans notre ville. Ces gens-là s'impliquent, ces gens-là amènent un petit
quelque chose qu'on n'avait peut-être pas dans notre région. Je le souligne,
parce qu'il m'a rencontré, puis il y a
l'intérêt, l'année dernière, le président de l'Association étudiante de
l'Université du Québec à Chicoutimi
était Français, M. Diao, un gars fort sympathique, qui est tombé en amour
avec chez nous. À l'automne dernier, on avait des joueurs de soccer qui
provenaient de l'international, et le calibre était tellement élevé que la population de chez nous est venue voir ces vrais
joueurs de soccer là, et il s'est passé quelque chose d'extraordinaire. C'est
sur un terrain de sport qu'on apprend à se
connaître, c'est avec l'ouverture de ces gens-là. Et, quand je dis qu'ils font
la différence en dehors de l'université, bien, c'est des petits
exemples.
Et
tantôt je parlais de la force du bouche-à-oreille, M. le Président, ce qui est
intéressant, en plus, puis on le voit quand on discute avec les
étudiants internationaux, c'est à quel point il y a toute une communauté.
Aujourd'hui, on est capables de parler à
l'ensemble, que ce soit à l'autre bout du monde, de dire qu'est-ce qu'on vit,
comment qu'on le vit. Puis le
bouche-à-oreille, quand un étudiant international vient chez nous, à
l'Université du Québec à Chicoutimi, il est puissant. Et j'avais... Les six choses qu'on mentionnait le
plus, dans la réputation du bouche-à-oreille, qu'un étudiant qui est venu à
l'Université du Québec dit à un autre
étudiant, bien, il mentionne qu'il y a des opportunités académiques et
professionnelles extraordinaires, que
c'est un des endroits où est-ce qu'il faut prendre en considération la grande
qualité de vie, le fjord. Le milieu scolaire est humain, il faut en être
fiers. Les gens de chez nous, on est chaleureux. L'excellence des programmes, l'excellence des programmes, l'établissement offre
un programme d'études spécifique, souvent unique, pour le futur des étudiants étrangers. On facilite l'accueil à
l'intégration. Le monde est fier d'accueillir les gens, et ça, c'est à
l'université, c'est ce qui se dit du bouche-à-oreille, mais ça a un
impact aussi, M. le Président, le milieu se mobilise.
• (16 heures) •
Bientôt — ça
a été médiatisé — il
va y avoir quelque chose d'extraordinaire chez nous. Peut-être que, dans les
grands centres, c'est anodin, mais chez nous, dans quelques semaines, ouvrira
le premier restaurant africain, et ça, c'est tout un geste symbolique. Si tu ouvres un restaurant
africain à Chicoutimi, qui est à quelques mois d'avoir ses premiers moins 40°,
bien, c'est parce qu'il y a une
mobilisation, puis c'est parce qu'il y a des gens qui sont établis, qui disent
qu'il y a un manque d'offre de
services, et on va l'ouvrir pour y répondre. Il y a assez de volume maintenant,
il y a assez d'humains qui ont l'intérêt. Alors, chez nous, M. le Président, si vous passez dans le coin, il y
aura le premier restaurant africain qui va ouvrir bientôt.
Et
puis tout ça aussi, ça amène une concertation intéressante, parce que
d'accueillir, aussi, ça ne repose pas juste sur l'institution, ça ne repose pas
juste sur le levier qu'on parle aujourd'hui, qui est la bourse, ça va aussi
avec tout le milieu, qui se concerte.
Puis je me dois de souligner un travail extraordinaire de deux organismes,
Portes ouvertes sur le lac et, bien entendu, Inclusia.
Et là j'ai parlé
beaucoup d'universités, mais il faut que je vous parle aussi de mon cégep,
parce que je suis sur le terrain, puis je le
vois, ce qui se passe. Le cégep de Jonquière, un important... La mission de
francisation du cégep de Jonquière joue un rôle tellement important. Et,
même si je n'étais pas député ou que je ne savais pas qu'il y aurait eu la mission de francisation du cégep de Jonquière,
on peut le sentir sur la rue Saint-Dominique quand cette belle jeunesse là
débarque chez nous. On le voit, qu'il se passe quelque chose
d'extraordinaire, on voit qu'il y a des gens qu'on ne voyait pas avant qui viennent fréquenter nos restaurants,
qui marchent sur notre bord de la rivière aux Sables, et c'est le cégep de
Jonquière qui nous l'offre avec la mission de francisation, et, encore une
fois, ça amène tout le dynamisme.
En
fin de semaine, M. le Président, je discutais avec un homme que je respecte,
M. Patrice Côté, qui est directeur du centre de formation générale aux adultes. Il me disait : Yannick,
tu réalises-tu que, pour la première fois, le CFGA a 130 étudiants qui viennent dans mon
institution pour apprendre la francisation, et ça, chez nous, c'est totalement
unique, 130. Et ma conversation avec M. Côté n'arrête pas là, il me
dit : On est en train de se préparer à doubler puis à tripler. Ça fonctionne, M. le Président, ça fonctionne. Et
la conclusion : nos institutions universitaires francophones sont d'une
grande attractivité pour les
candidats et les candidates internationaux, et ma région... et ma région, les
quelques minutes que j'ai prises, ma région en fait la démonstration.
Mais
toute cette fierté-là, je fais la parenthèse, qui est chez nous, ça fonctionne,
en particulier pour deux éléments, et c'est là-dessus que je suis fier
de mon gouvernement. La première chose pourquoi ça fonctionne si bien, et on en
est l'exemple avec le Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est le respect de nos institutions. On a décidé, dans le modèle de
la bourse, la liberté des
connaissances de notre territoire, on permet... Le MIFI et le MES sont
unanimes, chaque établissement détermine...
chaque établissement détermine les programmes d'études admissibles. Ce n'est
pas quelque chose qui vient d'en haut,
ce n'est pas quelque chose qui vient du côté, c'est l'institution qui se
mobilise puis qui détermine le programme d'études admissible parmi ceux
identifiés comme prioritaires, puis, par la suite, on fait la sélection des
candidats.
Il faut se
donner une vision. Ce n'est pas quelque chose qui va durer un an, ce n'est pas
un feu de paille, M. le Président. La
vision, on l'a structurée pour cinq ans, cinq ans, 70 millions sur cinq
ans. On a injecté... 10 millions ont été investis la première année, et
15 millions sera dégressif, année après année, de manière subséquente,
pour atteindre 70 millions. Qu'est-ce que ça donne? Qu'est-ce que ça donne? Ça fait 10 minutes que je
parle, qu'est-ce que ça donne comme résultat à l'année un? Bien, ça
donne de quoi, M. le Président. Pour la première année, l'investissement a
permis d'offrir 270 bourses d'exemption au niveau collégial et 480 au
niveau universitaire. M. le Président, après un an, c'est 750 bourses
au total.
Travailler
ensemble, je suis un gars de concertation, le travailler-ensemble me parle
énormément. Et, quand je dis de
travailler ensemble, c'est le ministère de l'Immigration, et de la
Francisation, et de l'Intégration, le MIFI, en collaboration, en collaboration avec le ministère de
l'Enseignement supérieur, qui ont uni leurs réflexions, qui ont décidé de
passer à l'action et qui sont restés
au centre. Pour qui on fait ça? Pourquoi on fait ça? Pour qui? Pour les
étudiants internationaux, collégiaux,
universitaires, inscrits à des programmes offerts en français, hors communauté,
hors communauté métropolitaine de Montréal, et ça, il faut le
mentionner. Le focus est sur les régions. Le critère, c'est hors communauté
métropolitaine de Montréal, et ça, c'est clair.
On
pourrait se dire : Combien de temps? Je l'ai dit tout à l'heure, la vision
est de cinq ans. Combien de temps? Non, pas un an, on accompagne la durée des études. Pour la durée normale de
leur programme d'études, ils paieront les mêmes droits de scolarité que les étudiants et étudiantes québécois. Le
résultat? Le résultat : à la fin du programme d'études menant aux professions en déficit de main-d'oeuvre ciblé
par l'Opération main-d'oeuvre, qu'on appelle l'OpMO. Qu'est-ce que ça
veut dire significativement, ça, quand on dit ça aux gens : Ça va venir
contrer le déficit de main-d'oeuvre ciblé par l'Opération main-d'oeuvre? Mais,
si on parle à M. et Mme Tout-le-monde, qu'est-ce que ça signifie? Pour un gars
du Saguenay—Lac-Saint-Jean, pour un député, pour un citoyen, qu'est-ce que ça signifie? Ça
signifie des travailleurs qui ont étudié chez nous, des étudiants qui
vont étudier chez nous, qui vont tomber en amour puis qui vont rester chez
nous.
Oui,
l'objectif, c'est de contribuer au manque de main-d'oeuvre, et ça, et ça, c'est
vital pour les régions, c'est vital pour
les régions — et
je suis extrêmement reconnaissant pour le MIFI et le MES, je suis un acteur qui
voit qu'est-ce que ça fait — mais aussi au dynamisme puis
au développement de notre communauté.
Et
je termine là-dessus, M. le Président. On s'est améliorés en région. On s'est
améliorés pour mobiliser et on s'est mobilisés.
On s'est améliorés par la mobilisation. Pourquoi? Pour mieux accueillir. M. le
Président, débarquer chez nous, ce n'est pas chaud quand tu n'es pas
prêt. Je l'ai dit tout à l'heure, on est à quelques semaines du moins 40.
Nos milieux d'enseignement se sont
spécialisés, se sont concertés pour s'assurer que la porte d'entrée du Nord est
en mesure d'accueillir, et qu'est-ce que ça donne comme résultat? Vivre
une belle expérience d'étude, premier critère.
Pour
vivre une belle expérience d'études, qui est la spécialité de nos universités
et de nos cégeps, comme je l'ai mentionné, on vient les supporter avec ce que
je viens de vous parler aujourd'hui et que je rementionne, parce que c'est
extraordinaire, qu'est la bourse d'exemption pour les étudiants francophones
internationaux uniquement en région.
Et
on va plus loin. Si tu vis une belle expérience d'études, si tu es supporté par
la bourse d'exemption, bien, ce qu'on souhaite, ce qu'on souhaite, c'est que tu
tombes en amour. Maintenant que tu as ton diplôme, maintenant qu'on t'a
supporté, bien, on dit : On veut que tu restes, on veut que tu bâtisses ta
famille, on veut que tu achètes ta maison, on veut que ton club de
soccer... que tu restes dans la région à la fin de tes études. Et ça, ça
fonctionne.
Les
chiffres que j'ai donnés sont extraordinaires, et la bourse permet de
revitaliser les régions. Et surtout, surtout, nos régions, notre région a des grandes ambitions. Et souvent on se fait
dire : Aurons-nous la main-d'oeuvre? On a l'outil pour former, on a
l'outil pour garder les gens chez nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jonquière. Merci pour
l'agréable invitation aussi.Donc, alors, je reconnais maintenant
comme prochaine intervenante Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais saluer
les étudiants de l'UEQ et de la CADEUL qui sont avec nous aujourd'hui
dans les tribunes. Je me permets...
Des voix :
...
Mme
Cadet : Oui, saluons-les. Merci.
Merci, M. le président de la Commission des finances publiques, pour ce leadership. Donc, ils sont là, et ils sont là pour
nous écouter. Et je me permets cet aparté, M. le Président. Donc, ils étaient
là, donc, pour parler, donc, d'une
situation pour laquelle ils sont au front, la rémunération des stages, mais ils
nous écoutent aujourd'hui, cet
après-midi, dans les tribunes, parce qu'ils sont également au front pour... en
fait, contre la mesure qui a été proposée par la ministre de l'Enseignement
supérieur, pour laquelle nous débattons cet après-midi. Donc, ils étaient,
donc, avec certains collègues vendredi
à l'Université Bishop's, lundi, avec d'autres étudiants francophones,
anglophones, qui ont dénoncé l'absurdité de cette mesure.
Ma
collègue qui est responsable des dossiers de l'enseignement supérieur a eu
l'occasion de vous mentionner, donc, tous
les faits. Vous la connaissez, toujours minutieuse, toujours avec des
allocutions basées sur les données. Donc, je ne répéterai pas ses dires, M. le Président, mais à mon... mais, de mon
côté, je suis porte-parole libérale pour la langue française et je me
permets d'intervenir dans ce débat sous cet angle-là, M. le Président, parce
qu'on se rappellera que, le 12 octobre dernier, la mesure ne nous est pas
apparue dans l'espace public par la ministre de l'Enseignement supérieur, M. le Président, la mesure nous est apparue, un
peu comme un cheveu sur la soupe, par le ministre de la Langue française.
Je vous rappelle le titre de l'article : Plan d'action sur le français — Québec
serre la vis à McGill et à Netflix.
• (16 h 10) •
Donc, dans le
but d'annoncer cette mesure, donc, on nous a présenté une annonce-choc, une
annonce fracassante pour protéger le français. Vous comprendrez, M. le
Président, que j'ai été assez dubitative de ce fait. Puis, vous ne m'entendrez pas dire ça
très souvent, je suis d'accord avec les propos du député de Matane-Matapédia,
qui disait : Finalement, on ne
comprend pas quel est le lien entre cette mesure qui concerne l'enseignement
supérieur et la protection du français. J'ai été encore plus dubitative quand j'ai entendu le premier ministre
nous affirmer sans ambages : Les étudiants canadiens non-résidents
du Québec menacent la survie du français.
J'ai présenté
une motion à cet égard. Donc, évidemment, donc, le gouvernement était contre
cette motion, mais ce que j'ai demandé, c'est de nous présenter des données. Parce
que vous comprendrez que, d'un côté, on nous dit : Voilà, donc, il nous
faut absolument doubler — doubler,
là — doubler
les frais de scolarité des étudiants canadiens hors Québec qui viennent
étudier dans nos institutions d'enseignement supérieur anglophones parce qu'ils
sont une menace pour le français, donc il
faut absolument faire ça pour leur serrer la vis, mais, de l'autre côté, et la ministre de l'Enseignement supérieur vient
de le répéter à l'instant même : Bien, voyons, on ne peut pas subventionner
leurs études, ils ne restent pas, ils ne restent
pas ici, au Québec, ce n'est pas juste, ce n'est pas juste. Vous comprendrez,
M. le Président, qu'il y a une certaine incohérence, que c'était notre devoir, à l'opposition officielle, de
soulever cette incohérence-là, mais surtout de demander des données.
Évidemment,
on n'a rien reçu. J'ai demandé au premier ministre de se rétracter sur ses
propos parce que ça nous semblait, donc, énorme comme affirmation. Mais,
puisqu'on ne nous a pas présenté de données, bien, de notre côté, bien, on a fait nos devoirs. Donc, j'ai présenté, donc,
une demande d'accès à l'information au ministère de la Langue française, et je
vais vous la lire. Donc, nous avions demandé, M. le Président, au sujet de
l'annonce sur les frais de scolarité des étudiants étrangers et canadiens à laquelle le ministre de
la Langue française a participé le 13 octobre 2023, tout document, note,
analyse, échange, courriel, étude ou statistique au sujet de l'impact de
la présence des étudiants, donc, étrangers et canadiens hors Québec au sein des établissements d'enseignement supérieur, donc
l'impact sur la situation linguistique au Québec.
M. le
Président, je vous annonce que ma demande d'accès à l'information au ministère
de la Langue française a été refusée.
Vous comprendrez que soit il y a une analyse qui a été produite et que les
résultats ne sont pas concluants, soit que cette analyse n'existe pas et que le lien que le gouvernement tente de
nous faire, depuis trois semaines, au sujet de cette annonce, donc, ce
lien-là, donc, est complètement farfelu et ne tient pas la route.
Pendant ce temps-là, M. le Président, je vous
dirais que le gouvernement, donc, nous arrive avec cette mesure relativement improvisée, mais, lorsqu'il est
question de mesures structurantes pour protéger la langue, le gouvernement est
aux abonnés absents. L'investissement de
50 millions de dollars que McGill devait annoncer, là, était prêt à annoncer, la
même semaine où la mesure, donc, caquiste a
été présentée dans l'espace public, la CAQ leur a dit : Non, non, non,
attendez ça, nous, on vous arrive
avec notre propre mesure. Bien, ça, c'était une mesure structurante pour
protéger le français, et le pérenniser, et nous assurer que les
étudiants et les enseignants, le corps professoral puissent apprendre le
français.
On s'empêche,
M. le Président, avec cette mesure, de faire en sorte que des étudiants
deviennent des ambassadeurs du
français. Et, M. le Président, je me permets une autre parenthèse ici, j'ai
aussi le... donc, je suis particulièrement attachée, donc, à cette question, donc, d'avoir des
ambassadeurs, des ambassadeurs du français, des ambassadeurs de notre culture,
de notre société distincte parce que je sais
que ça fonctionne. D'ailleurs, en ce moment, donc, il se tient la semaine
internationale de la Francophonie
scientifique. J'y suis comme membre de l'Assemblée parlementaire de la
Francophonie, instance au sein de laquelle je présente, je travaille sur un
projet de mobilité des jeunes dans l'espace francophone. Les acteurs de l'espace francophone savent à quel point la
mobilité peut être enrichissante pour nos jeunes et permet de créer des
solidarités. Dans un contexte où, au
Canada, on n'arrête pas de parler des deux solitudes, quelle belle façon de
permettre à ces jeunes de comprendre
le Québec, de comprendre, d'apprendre notre langue commune, mais pas simplement
de le faire, donc, sur le plan didactique, sur le plan linguistique, mais
également de pouvoir porter, porter nos valeurs sur le plan culturel. Donc,
c'est aussi ce qui me touche dans tout ça, M. le Président, et ce qu'on empêche
de faire avec cette mesure.
Je vais vous
présenter d'autres choses qui se font, qui devraient se faire sur le français,
sur lesquelles le gouvernement n'agit
pas, mais, au contraire, sur lesquelles on fait diversion avec une mesure où on
double les frais de scolarité des étudiants canadiens hors Québec, prétextant qu'ils sont une menace à la survie du
français, pendant — et
je continue — qu'on
a des délais innombrables chez Francisation Québec, Francisation Québec n'arrive pas à répondre à la demande, M. le
Président, pendant qu'on ne s'intéresse pas à la qualité de la langue.
J'avais un débat de fin de séance avec le ministre, la semaine dernière, sur cet enjeu-là, parce qu'on nous
présente, donc, ces belles mesures fracassantes, d'un côté, mais sur la qualité
de la langue, des mesurettes, M. le Président.
Le programme
J'apprends le français, depuis 2020, l'opposition officielle demandait au
gouvernement d'agir sur ces questions-là,
de remettre sur les rails ce programme-là. Ça n'a été fait qu'au mois de juin,
cette année, M. le Président. Et j'en
passe, mais je nomme... je les nomme... je prends le temps de les nommer, M. le
Président, parce que je veux étayer à
quel point, ici, on est en train de perdre notre temps avec une mesure qui ne
présente pas de données, parce que c'est bel et bien ce qu'on retrouve dans la
motion de ma collègue, ici, là, qu'aucune étude d'impact ne soutient cette
décision. Il est hasardeux de prétendre, comme le fait le gouvernement,
que cette mesure permettra de récupérer des sommes d'argent additionnelles pour financer le réseau
universitaire. Et je rajouterais, donc, il est... donc, il est hasardeux de
prétendre que ça permettra également, donc, de redresser la situation du
français au Québec. Et je vous nomme tout ça parce que j'ai de la
difficulté à suivre le gouvernement.
Je continue
sur d'autres mesures, parce que je vous parlais, plus tôt, de McGill, M. le
Président, Bishop's, ma collègue, plus
tôt... ma collègue de Saint-Laurent a parlé de la présidente de l'association
étudiante de Bishop's, qui est une Albertaine, qui est venue ici, qui a
appris le français, qui aime le Québec, qui veut rester et qui se bat pour ceux
qui, comme elle, voudraient suivre ses
traces et être en mesure, donc, de créer ces liens-là entre les deux solitudes,
M. le Président, ce que le gouvernement caquiste empêche.
J'écoutais,
plus tôt, le député de Jonquière, qui nous disait : «Ces gens-là — et
je le cite — amènent
un petit quelque chose qu'on n'avait peut-être pas dans notre région.»
Je suis d'accord avec le député de Jonquière et j'ai bien hâte aussi, par ailleurs,
d'aller essayer, donc, ce nouveau restaurant africain. Donc, je comprends que
l'invitation était lancée. J'étais à
Chicoutimi récemment, puis, oui, vous avez une belle région. Mais pourquoi, M.
le Président, ça ne pourrait pas être
le cas non seulement pour toutes les régions, dont celle de l'Estrie, mais
qu'on puisse également tisser ces solidarités-là avec les étudiants canadiens hors Québec, ceux qui viennent... ceux qui
sont les premiers, dans leurs familles, à fréquenter une université, ceux qui veulent voir du pays,
littéralement, mais qui n'ont... mais, en fait, qu'on empêche... auxquels on
empêche, donc, de faire ça? Parce qu'on leur
dit : Non, on va vous empêcher de venir ici en doublant vos frais de
scolarité. On leur dit : Cachez
cet anglais que je ne saurais entendre. Parce qu'on perçoit et on prétend que
ce sera un risque pour nous, plutôt
qu'une richesse pour nous. D'ailleurs, sur Bishop's, il faudrait que la
ministre, elle parle à son premier ministre, parce qu'elle nous
dit : On travaille là-dessus, mais ce que j'ai entendu, c'est que le
premier ministre, il a dit : Pas question d'exempter Bishop's de la mesure. Donc, à un moment donné, il faut que
la main gauche parle à la main droite au sein de la CAQ.
Enfin, je
dois répondre au député de Matane-Matapédia, M. le Président. Quoi que je me
réjouisse du terme... que le terme
«mansuétude» soit employé en cette enceinte, il y a réciprocité, il y a
réciprocité, chiffres à l'appui, pas parce que le Québec est spécial, mais
parce que, véritablement, nous-mêmes, nos étudiants, lorsqu'ils quittent,
lorsqu'ils vont à l'extérieur du
Québec, donc au sein du Canada, pour étudier, bien, ils sont subventionnés par
les autres provinces aussi. Cette réciprocité, elle existe.
Donc, en
terminant, M. le Président, évidemment, j'enjoins tous mes collègues à voter
pour la motion de ma collègue la
députée de Saint-Laurent, une motion qui est basée sur des faits, une motion
qui est basée sur une vision à long terme, ce que, manifestement, le
gouvernement caquiste n'a pas. Merci, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Donc, je
reconnais maintenant M. le député d'Hochelaga. Simplement vous rappeler,
M. le député, qu'il vous reste 12 min 24 s.
M.
Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, M. le Président. Je vais commencer par
saluer les gens qui sont dans les gradins, du mouvement étudiant,
notamment, un mouvement que j'ai bien connu pour y avoir participé dans mes
jeunes années.
Je vais devoir lire trois amendements que nous
déposons, à Québec solidaire.
Alors, le premier va comme suit : Ajout de
l'amendement suivant la à suite du deuxième alinéa :
«Qu'elle
demande au gouvernement caquiste de réformer la méthode de financement des
universités francophones et anglophones afin qu'elles correspondent au
poids démographique respectif de chaque groupe;».
La motion amendée se lirait ainsi :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que les
modifications proposées aux frais de scolarité des étudiants canadiens hors Québec auront pour effet de
diminuer les retombées économiques générées par leur présence au Québec,
de nuire au développement de certaines
universités québécoises et de favoriser l'essor des universités ailleurs au
Canada, notamment à Toronto;
«Qu'elle
constate qu'aucune étude d'impact ne soutient cette décision et qu'il est
hasardeux de prétendre comme le fait le gouvernement que cette mesure
permettra de récupérer des sommes d'argent additionnelles pour financer le
réseau universitaire;
«Qu'elle
demande au gouvernement caquiste de réformer la méthode de financement des
universités francophones et anglophones afin qu'elle corresponde au
poids démographique respectif de chaque groupe;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement caquiste
de reculer sur cette mesure.»
Deuxième amendement, M. le Président :
Ajout de l'amendement suivant à la suite du deuxième alinéa :
«Qu'elle
constate que la décision de 2018 de déréglementer les frais de scolarité des
étudiants internationaux était une mauvaise politique publique;».
Je ne pense
pas que je suis obligé de lire exactement au complet la motion. On comprend
qu'elle se joint à la fin.
Et le dernier amendement : Ajout de
l'amendement suivant à la suite du deuxième alinéa :
«Qu'elle
demande au gouvernement caquiste d'amorcer un rattrapage dans le financement
des universités francophones dès le budget 2024-2025;».
Quelques explications sur les trois amendements,
M. le Président.
D'abord, la
première que j'ai lue, sur le rééquilibrage, à Québec solidaire on pense depuis
longtemps qu'il y a, en effet, un déséquilibre important entre le réseau
universitaire francophone et anglophone et que ce rééquilibrage-là doit être
fait rapidement. On constate dans la mesure caquiste une intention d'aller vers
ça avec cette espèce de redistribution prévue de l'argent, là, perçu à travers
la cote, qu'on peut dire, la quote-part qu'il est allé chercher chez les
universitaires canadiens et internationaux,
vers les universités francophones, mais on est extrêmement loin de la coupe aux
lèvres, là. Le rattrapage à faire se chiffre en milliards et non en
quelques millions. C'est un peu l'esprit de l'autre résolution, la troisième, que j'ai déposée, quand je demande à ce
qu'un rattrapage des universités francophones soit fait, une espèce de
résolution complémentaire à la première.
Et,
finalement, la deuxième parle de la déréglementation. Ça, c'est intéressant
parce que, quand elle a présenté sa mesure,
la ministre, dans les jours qui ont suivi, elle a répondu à des questions de
mes collègues de l'opposition officielle et elle se plaignait, de dire... en disant : Oui, mais c'est vous
qui avez déréglementé, le Parti libéral, les frais pour les étudiants
internationaux à l'époque, en 2018. Elle avait raison de dire ça, mais c'est
quand même ironique, le fait qu'elle le dise en lien avec le fait qu'elle ne le corrige pas. Sa mesure ne réglemente pas
de nouveau des frais internationaux. Elle fait juste dire : Voici le prix plancher, vous pouvez
charger bien plus que ça si vous voulez, il n'y a pas de limite, il n'y a pas
de problème.
Alors,
c'est quand même ironique de dire : Vous avez déréglementé, ça a généré
des problèmes, donc, ah! non, on va juste nous mettre un prix plancher. Puis,
en plus, le prix plancher qu'elle met est, de facto, pas mal ce qui est déjà
chargé dans les universités pour les
étudiants internationaux. Ce n'est pas très loin de ce qui est déjà le cas.
Donc, son prix plancher, c'est un peu de la poudre aux yeux, c'est déjà
appliquer quelque chose qui est déjà là. Ce faisant, elle s'assure d'obtenir
une certaine cote, mais elle ne change pas vraiment l'échiquier, M. le
Président.
Et pourquoi
on trouve important de déposer cette motion-là, M. le Président, sur 2018,
c'est pour faire un clin d'oeil à mes collègues du Parti libéral, l'opposition
officielle, parce que c'est eux qui ont mis en place la mesure, à l'origine,
de la déréglementation des frais de scolarité internationaux, qui avait été
décriée par tout le mouvement étudiant, par Québec solidaire aussi à l'époque. On leur avait dit la chose suivante :
Non seulement il y a toutes sortes de questionnements à avoir sur l'augmentation des frais de scolarité, qui, en
soi, est un débat intéressant, mais, en plus, en déréglementant les frais pour
les étudiants internationaux, vous allez
favoriser les universités anglophones, en particulier les deux grosses de
Montréal, Concordia et McGill.
Pourquoi? Parce que les étudiants internationaux francophones, nommément,
particulièrement les Français et les Belges, ont déjà des ententes entre
leurs pays respectifs et le Québec quant au non-paiement de frais de scolarité en venant ici. Ils paient les frais de
scolarité de leur pays d'origine, et vice versa pour les Québécois qui vont en
France ou en Belgique.
Donc, il n'y
a pas des milliers de dollars à aller soutirer d'un étudiant français qui vient
de passer un an à l'UQAM, par
exemple, ou à l'Université de Montréal, pas d'argent à aller chercher là.
L'argent, il est où? Il est dans tous les autres étudiants internationaux qui
viennent étudier en anglais, principalement à McGill et à Concordia. Parce que
l'autre effet moins intéressant de
ça, c'est que ça a poussé les universités francophones, l'UQAM et l'UdeM y
compris, à commencer à vouloir
peut-être ouvrir des programmes en anglais pour attirer un peu de ces étudiants
internationaux anglophones dont les frais de scolarité sont
particulièrement lucratifs pour une université.
Donc, deux
effets pervers, on favorise McGill et Concordia, puis on force un peu les
universités francophones, du moins il y a un incitatif, de facto, à ce qu'ils
ouvrent des programmes en anglais, ce qui pose une tonne de questions sur la
langue commune au Québec et son efficacité dans la science.
Donc, ça, c'est une mesure libérale, à
l'origine. Le gouvernement de Couillard... M. Couillard, l'ancien premier ministre, en fin de mandat, adopte cette mesure-là,
pas beaucoup de débats, ça passe, et puis, «chop-chop» c'est en application
depuis 2018. On avait prévu des effets pervers. Les effets pervers sont là. On
les connaît.
Donc, évidemment, on met la motion... Parce que
je suis content, aujourd'hui, d'entendre mes collègues du Parti libéral réaliser qu'il y a
anguille sous roche, réaliser qu'il y a eu une mauvaise décision là. Alors, on
propose de l'écrire, de le mettre
noir sur blanc pour que ce soit clair pour tout le monde que ce n'est pas là
qu'on veut retourner et pour que ce soit
clair pour tout le monde que la ministre n'a pas fait le travail au complet et
que ce n'est pas vrai qu'elle a reréglementé les frais de scolarité des
étudiants internationaux. Voilà pour les trois amendements, M. le Président.
Pour le débat
de manière un peu plus large, moi, j'ai été assez estomaqué, lorsque l'annonce
a été rendue publique, de voir qu'on
était incapable... et là-dessus je rejoins 100 % ma collègue qui
s'est exprimée avant moi, on était incapable, du côté du gouvernement de la CAQ, de nous fournir des chiffres. Puis on
les a demandés, nous autres aussi, les chiffres, par des canaux privés et par des canaux plus formels. Comment vous
arrivez, au ministère, pour dire : On va redistribuer à peu près une centaine de millions de dollars aux
universités francophones? Quelles sont vos projections qui font en sorte
que vous dites : Oui, oui, c'est à peu
près cet argent-là qu'on va être capables d'aller chercher? Quand on double des
frais de scolarité pour les étudiants
canadiens, par exemple, est-ce qu'on est en train de se dire qu'il va y avoir
exactement le même nombre d'étudiants
qui vont rester? Sur combien d'années? Est-ce qu'on peut imaginer, peut-être,
qu'il va y avoir une baisse? Si oui, de combien? C'est quoi, la matière
avec laquelle on en arrive à ce chiffre-là? Parce que moi, je n'ai pas nécessairement été surpris de la réaction, par
exemple, des universités du Québec. Le réseau UQ s'est reviré de bord, a dit : Bon, quelques millions qu'on nous
propose... Ils en ont tellement besoin qu'ils ont dit oui, dans le fond. Puis
je ne suis pas en train de les
blâmer, à leur place, j'aurais fait la même chose. Mais c'est clair, clair,
clair que ça ne réglera pas le déficit structurant de financement des
universités francophones au Québec, cette mesure-là, surtout si elle est basée sur un calcul qui n'est pas démontré, un calcul
qui n'a pas été rigoureusement testé, notamment par l'opinion politique de
ses adversaires ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, moi,
je suis inquiet de ça. Et je suis doublement inquiet parce que, dans la
conférence de presse qui a eu lieu, la
ministre était accompagnée du ministre de la Langue française, le député de
Chambly, qui a dit quelque chose d'assez étonnant, qui m'a fait un peu de peine, quand même, j'étais surpris
qu'on en arrive là, au Québec. Il disait qu'il y avait trop d'étudiants
anglophones à Montréal. Il y a trop d'étudiants anglophones à Montréal, c'est
un problème. C'était présenté comme un problème politique, il y a trop
d'étudiants anglophones à Montréal.
Moi, M. le Président, je suis dans une
circonscription montréalaise, dans l'est de Montréal, donc ce n'est pas la même
réalité que le centre-ville, on s'entend, mais je fréquente le centre-ville, en
bon Montréalais. On souhaite qu'il reprenne du tonus, d'ailleurs, le plus tôt
possible. Ce n'est pas facile, post-pandémie, le centre-ville. Ça fait que,
comme tout le monde, ça m'arrive, et je
n'aime pas ça quand ça arrive, que, dans un service, un café, un magasin, je ne
sois pas capable d'obtenir un service
en français. Ça m'arrive. Et on pourrait parier que la personne qui est là, il
y a des bonnes chances qu'elle soit
une personne étudiante dans une de ces deux grandes universités là.
Statistiquement, il y a quand même des chances que ce soit le cas.
Mais moi, je
suis capable de faire la part des choses entre une situation, en lien avec le
français, qu'il faut corriger, sur
laquelle il faut travailler... Il faut une meilleure connaissance du français,
même pour ceux et celles qui sont de passage au Québec pour leurs études. Et, pour ça, je regrette la réaction de
McGill, là, que j'avais d'ailleurs dénoncée, ce qui m'a fait plaisir qu'on
adopte une motion hier pour leur dire, à McGill : Vous devriez quand même
mettre votre plan d'action en place et ne pas attendre le règlement de
ce conflit-là. C'est comme deux choses distinctes, à mon avis. Et donc, pour revenir en arrière, M. le
Président, moi, je veux faire une distinction entre une réalité empirique où,
le français, ce n'est pas toujours facile, on a tous des expériences
personnelles pas toujours agréables avec le français dans le centre-ville de Montréal, je peux faire la différence entre ça et
l'analyse, assez concrète aussi, que c'est une bonne chose que Montréal soit
une ville attractive en termes étudiants, en termes d'études, que ce soit une
bonne chose que Montréal soit réputée, de manière internationale, pour être une
ville sympathique pour venir faire des études. Moi, je suis content de ça. Ça
aide Montréal comme métropole, ça aide le
Québec comme province et, dans mon cas, je l'espère, comme futur pays. Alors,
je suis capable de faire la distinction entre les deux. Alors, je
regrette vraiment les paroles qui ont été prononcées par le gouvernement
là-dessus.
• (16 h 30) •
Écoutez,
est-ce que c'est la défaite dans Jean-Talon qui a fait en sorte qu'ils se sont
virés de bord puis qu'ils ont dit : Vite, vite, on pogne une mesure qui
était dans notre plan plus général d'annonces, là? On sait qu'il y a une grosse
annonce qui s'en vient, du côté de la
ministre, sur les stages, sur le financement du réseau universitaire. Est-ce
qu'elle a pris, comme, un truc plutôt
simple à expliquer puis, «chop-chop», on y va en conférence de presse, vite,
vite, il faut retourner sur notre truc nationaliste? Ça ressemble à ça,
en tout cas, M. le Président, et c'est regrettable.
Nous, ce qu'on dit, là : Du travail à faire
sur le français, dans la science, là, puis dans l'université, il y en a en tabarnouche, là, il n'y a pas de problème, là.
D'ailleurs, si la ministre veut avoir une influence véritable, elle pourrait
faire un suivi sur les questions que je lui ai posées à l'étude des
crédits de l'an dernier sur la publication, sur les langues de publication des mémoires de maîtrise, de
doctorats, sur les articles scientifiques, des chiffres, là, qui vont peut-être
sortir bientôt, qui sont inquiétants
à ce niveau-là. L'anglais prend de plus en plus de place, incluant dans les
universités francophones. Alors, s'il
y a un travail à faire pour le français dans le milieu universitaire, il y a ce
travail-là sur lequel elle pourrait se pencher.
Puis, M. le
Président, moi, je pense que c'est une mauvaise annonce. Ma collègue la députée
de Sherbrooke a parlé abondamment du cas de Bishop's, université importante
pour la communauté anglophone de l'Estrie, qui vit des heures difficiles suite à son annonce. Je pense qu'ils
doivent reculer et je pense qu'ils doivent migrer, de manière plus générale, vers
un nationalisme plus positif, un nationalisme qui met de l'avant des mesures
structurantes pour favoriser le français, puis ne pas aller au détriment
des étudiants canadiens, internationaux. Ce n'est jamais une bonne idée de
hausser les frais de scolarité, en aucune
circonstance. C'est là-dessus, notre position, M. le Président : oui, un
meilleur réseau francophone, mieux financé, mieux structuré, non à des
hausses de frais de scolarité. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député d'Hochelaga. Donc, je cède maintenant la parole à M. le député de
Beauce-Sud, en vous rappelant... M. le député, vous disposez de
15 min 43 s.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est un plaisir de vous retrouver cet après-midi afin d'échanger ensemble de jeunesse, d'éducation, de l'avenir de
notre réseau universitaire québécois. À mon tour de saluer les représentants
de divers groupes de mouvements étudiants
qui sont avec nous cet après-midi. Je veux vous remercier — oui,
on peut les applaudir à nouveau,
certainement, certainement — et
vous féliciter aussi pour votre implication dans vos universités, dans le mouvement étudiant. On est à une ère où on
parle beaucoup d'implication citoyenne, de responsabilité citoyenne également.
Alors, d'être étudiant, de décider de
prendre plusieurs heures par semaine pour s'impliquer pour l'avenir des jeunes
au Québec, je trouve ça touchant, je
trouve ça important. De venir passer du temps aussi au salon bleu de
l'Assemblée nationale pour nous
écouter, je trouve ça impressionnant. Alors, merci d'être là et merci pour
votre implication. Sachons, M. le Président, qu'il y a beaucoup plus de choses qui nous rejoignent dans la vie que des
choses qui nous séparent, y compris avec le mouvement étudiant.
Vous me
permettrez également aussi de souligner que notre gouvernement est présentement
dans une consultation jeunesse qui est fort importante, qui se termine
ce jeudi à Québec le 2 novembre. Je vois la députée de Bourassa-Sauvé. Nous étions ensemble du côté de Montréal. Je sais
que j'ai plusieurs collègues du gouvernement, je vois la députée d'Iberville, le député de Jonquière, entre autres, qui ont...
la députée, aussi, de Laviolette—Saint-Maurice, qui ont participé de façon active
aux consultations jeunesse qui se tiennent présentement, qui vont nous
permettre de renouveler le prochain plan d'action jeunesse de notre
gouvernement.
Il faut savoir qu'on avait fait un plan d'action
jeunesse record, hein, 2021‑2024, 300 millions de dollars, qui a aidé une centaine d'organismes jeunesse à travers
le Québec. C'est 300 000 jeunes, M. le Président, qui ont été aidés
avec le plan jeunesse. Et on a même monté, pour certaines activités sporadiques...
Jusqu'à 500 000 jeunes qui ont pu être aidés grâce aux investissements de notre gouvernement.
Puis, il faut le dire, M. le Président, il n'y a jamais eu autant un
gouvernement du Québec qui a investi dans le Secrétariat à la jeunesse puis qui
a investi dans le ministère de l'Éducation au Québec. Lorsqu'on regarde le Plan québécois des infrastructures, ne
serait-ce qu'au niveau primaire, secondaire, collégial, universitaire,
on en a mis, de l'argent, on en a mis, des ressources.
Vous écouterez, M. le Président, et je suis
convaincu que vous allez le faire, le balado du premier ministre avec Lucien
Bouchard, hier, qui a été publié, où il y a un long échange entre le premier
ministre actuel et le premier ministre Bouchard
sur l'importance de l'éducation dans notre société, où on dit : Peut-être
que ça ne fait pas les manchettes à tous les jours, peut-être que ce n'est pas ça qui fait la différence dans une
élection générale, selon certains analystes... Parce que je considère que
l'éducation fait partie des plus grands débats dans notre société. Bien, à
l'intérieur de ce balado-là, M. le
Président, on parle de l'importance de l'éducation comme choix, comme élus,
comme gouvernement, et de l'importance d'y mettre les ressources et les
investissements nécessaires. Et il faut dire qu'on répond présent à ce
niveau-là depuis notre arrivée.
Évidemment,
la motion pour laquelle la députée de Saint-Laurent nous réunit aujourd'hui...
Puis je veux saluer sa contribution au débat public. C'est une députée
qui est hyperactive, qui est travaillante, qui est dévouée, qui met tout son coeur et toute son énergie dans ses dossiers.
Elle ne m'écoute pas, M. le Président, présentement, parce qu'elle est trop
concentrée, mais je sais qu'elle va
réécouter la bande sonore en fin de semaine, et elle pourra entendre ce que
j'ai à dire sur son travail, mais je veux la remercier pour nous avoir
réunis aujourd'hui.
Il n'en
demeure pas moins, M. le Président, qu'il faut parler de l'avenir du français
au Québec. Et j'entendais mes collègues,
là, parler de mesures absurdes. Est-ce que l'avenir du français, M. le
Président, c'est absurde? Est-ce que de mettre en place des mesures pour s'assurer de rehausser les universités
francophones au Québec, de s'assurer d'avoir un meilleur financement du réseau francophone au Québec, est-ce que c'est
absurde, M. le Président? Je ne crois pas. Et c'est sûr que, lorsqu'on a reçu un mandat... puis, dans
ce cas-ci, nous, on a reçu deux mandats de la population québécoise, qui sont des mandats très forts. Évidemment que ça
ébranle les chakras, évidemment que ça remet en question ce qui fonctionnait
dans les dernières années au Québec. Mais
n'en demeure pas moins qu'il faut avoir le courage de ses convictions, et, si
on croit réellement que le français
est menacé au Québec, M. le Président, il faut oser prendre des mesures qui
sont costaudes et qui sont réalistes.
Il faut dire aussi qu'avec cette mesure-là, M.
le Président, on n'a pas encore le fin mot de l'histoire ou les fins résultats. Est-ce qu'il y aura encore des
étudiants anglophones qui décideront de venir dans les universités québécoises?
Oui. Est-ce qu'ils accepteront de
payer plus cher? Oui. Il ne faut pas fermer la porte complètement, dire... Ce n'est
pas vrai, là, que, demain matin, il
n'y aura plus d'étudiants internationaux qui vont venir étudier au Québec, M.
le Président, ce n'est pas vrai.
C'est aussi mal connaître nos universités québécoises, qui rivalisent d'audace
pour offrir des programmes audacieux, qui
rivalisent d'audace dans la formation, dans les professeurs invités. On a de
grandes et de belles universités au Québec, M. le Président.
Puis je peux
vous dire que la députée de Saint-François, qui est ici, en Chambre, qui est
une députée extraordinaire, travaillante,
dévouée — oui, on peut l'applaudir — nous
parle à tous les jours, M. le Président, elle nous parle à tous les jours du réseau universitaire, non seulement du
réseau universitaire à Sherbrooke, incluant, bien sûr, l'Université Bishop's,
elle nous parle de son cégep, elle nous
parle de sa circonscription avec passion, avec dévouement. Elle est
profondément attachée à l'Estrie, profondément, aussi, attachée à
l'Université Bishop's, M. le Président. Elle a été aux côtés de la ministre de l'Enseignement supérieur afin de
s'assurer de propulser l'Université Bishop's encore plus loin. Parce que ce
n'est pas fini, M. le Président. Oui, on
remet des éléments en question, mais on se propulse dans l'avenir. On veut
augmenter la fréquentation dans nos
universités au Québec, M. le Président. C'est l'objectif que nous avons. Puis
je sais une chose, c'est que la
députée de Saint-François ne ménage aucun effort pour propulser son comté
toujours plus loin puis propulser le réseau
collégial et universitaire de Sherbrooke. Merci à la députée de Saint-François
pour son excellent travail, M. le Président. Il faut le noter, il faut
le noter.
Puis Dieu
sait, M. le Président, qu'il y a eu Monique Gagnon-Tremblay, dans
Saint-François, qui a été une grande ministre,
une grande élue ici, à l'Assemblée nationale, il y a aussi... non, mais il faut
le noter, il faut noter, hein, qui a fait des grandes ententes, entre autres,
internationales. Je me souviens aussi du député de Sherbrooke, l'ancien premier
ministre du Québec, qui a été aussi
un grand premier ministre au Québec. Puis je peux vous dire que la députée de
Saint-François, en Estrie, elle
s'inscrit dans ces grands élus, M. le Président, de la région estrienne, je
vous en passe un papier, oui, surtout, surtout en termes de présence, et
elle le mérite et elle le mérite grandement.
Maintenant,
M. le Président, on parlait de l'avenir du français, qui est fondamental, qui
est important. Il y a eu un rapport
de l'OQLF qui a démontré que les jeunes Québécois étaient de plus en plus
indifférents face à l'avenir du français. Et ça, c'est préoccupant, M. le Président. On sait que Montréal
s'anglicise, puis c'est un fait. Aïe! Je suis content, j'entendais la
députée de Bourassa-Sauvé et d'autres députés montréalais mentionner qu'il y a
des défis de l'avenir du français du côté de
Montréal, et c'est vrai, ne serait-ce que dans les interactions dans les
commerces et aussi, également, dans la langue du travail. On a eu un
projet de loi n° 96, Mme la Présidente, pour lequel plusieurs formations
politiques ont voté contre, hein? Il faut
aussi se souvenir de ça, qu'il y a des gens ici qui n'aimaient pas le projet de
loi n° 96. Maintenant, il n'en demeure pas moins que c'est un jalon important pour renforcer le français. Mais
ce n'est pas tout, ce n'est pas tout. On ne peut pas s'arrêter en route.
Et nous croyons également que de ramener une équité dans le réseau francophone
et anglophone est important.
• (16 h 40) •
On sait aussi
qu'en récupérant ces montants forfaitaires là... Puis on va juste rappeler des
chiffres, M. le Président, je pense que c'est important, là. On parle d'un
tarif, là, qui va passer de 8 992 $ à 17 000 $. On ne
triple pas, on ne quadruple pas, on
n'est pas en train d'être dans des frais de scolarité américains, là, de
50 000 $, 60 000 $, on n'est pas là du tout, là. On
est quand même dans des frais qui, selon nous, est le coût réel qu'un étudiant
va pouvoir bénéficier dans le réseau universitaire.
Puis également, bien, ces sommes-là vont nous aider à mieux financer le réseau
francophone, qui est important. Puis
on sait aussi qu'il y a des universités anglophones qui font de plus en plus
d'efforts en francisation pour offrir de la formation mais aussi offrir
une certaine culture générale en francophonie pour que ça devienne réellement
des écoles citoyennes qui exposent aux
étudiants internationaux qu'est-ce que c'est, le Québec. Et quelle est la
langue officielle du Québec? Bien, c'est le français. Alors, on
reconnaît les efforts des universités anglophones.
Il n'en demeure pas moins que d'avoir ces sommes
financières là, c'est des sommes qu'on peut injecter directement dans le
réseau, c'est des sommes financières qu'on peut injecter pour permettre au
réseau francophone non seulement l'attraction
des étudiants internationaux, particulièrement, aussi, dans des domaines, et la
ministre le soulignait tout à
l'heure, des domaines qui sont stratégiques pour l'économie québécoise et nos
services publics. Puis, il est important aussi de préciser, puis je le répète,
là, que le tarif plancher établi pour les étudiants internationaux n'aura
pratiquement aucun effet aussi sur les droits de scolarité,
contrairement à ce qui était dans l'espace public. Ce n'est pas vrai que les
étudiants québécois
vont se mettre à payer davantage parce qu'il y a certains étudiants qui vont
payer plus. Et évidemment ça envoie un
signal clair, ça envoie un signal qui est important pour l'ensemble du réseau
universitaire aussi de mentionner que l'avenir du français dans nos portes
est extrêmement important.
Il
faut aussi rappeler, M. le Président, tous les efforts que le gouvernement du
Québec fait pour l'accessibilité aux études,
également les études pour les étudiants québécois. On se souvient tous d'une
certaine époque où les étudiants étaient descendus dans la rue pour
réclamer des frais de scolarité plus bas. Heureusement... ou, du moins, de ne
pas augmenter les frais de scolarité à l'époque, on se souvient de 2012, entre
autres. On n'est pas, on n'est plus, maintenant, dans ces débats-là, dans ces
enjeux-là, malgré qu'il faut continuer de se parler, malgré qu'il faut
continuer d'avoir un dialogue, malgré qu'il
faut continuer d'être vigilants sur les frais de scolarité des étudiants
québécois. Parce que l'objectif, c'est quoi? Oui, on veut valoriser la formation professionnelle, on veut valoriser,
évidemment, nos techniques au niveau collégial, mais il ne faut jamais perdre de vue non plus de
valoriser les études universitaires, M. le Président, avec, entre autres, la
gamme de services qu'on offre
maintenant. Vous savez, hein, avec les certificats, avec les microprogrammes,
avec les programmes courts, le réseau
universitaire s'est beaucoup développé avec les dernières années, et ça, bien,
c'est la preuve des investissements
qui ont été faits par notre gouvernement, par les gouvernements précédents pour
valoriser également les études universitaires. Mais l'accessibilité
financière doit toujours demeurer un objectif et un outil.
On
a bonifié le régime de l'aide financière pour un montant de 650 millions.
Ça, c'est depuis 2020. On a pris en charge
les intérêts sur les prêts étudiants durant la pandémie, on se souvient, pour
un montant de 150 millions de dollars, qui était une belle grande mesure. On a offert un montant forfaitaire de
100 $ par session pour aider à l'achat de matériel informatique en
raison de la pandémie. C'est une autre mesure d'investissement de notre
gouvernement, dans le réseau universitaire,
de 82 millions. On a haussé le Fonds de recherche du Québec, hein, pour un
montant de 50 millions de dollars. Le réseau universitaire, M.
le Président, fait partie intégrante de la recherche que l'on doit accomplir en
sciences, en technologies, en santé, surtout
maintenant avec l'intelligence artificielle. Ils font partie, ils sont des
alliés. On a gelé la hausse des
droits de scolarité à 33 %... pas 33 %, 3 %, M. le Président,
très important, jusqu'en 2026 pour un montant de 50 millions de
dollars.
On
a lancé aussi... puis c'est important de le noter, parce que les étudiants le
réclamaient, je me souviens de nombreuses discussions pour un plan d'action en santé mentale directement injecté
en enseignement supérieur avec plusieurs mesures, 60 millions de dollars. On a lancé un
plan pour la réussite en enseignement supérieur, accompagné de mesures de 450 millions de dollars. Parce que, vous
savez, M. le Président, grâce aux investissements que l'on met au primaire, au
secondaire, il y a de plus en plus d'élèves
qui avaient des diagnostics qui, malgré tout, se rendent au niveau collégial et
se rendent au niveau universitaire. On a toutes les raisons du monde
d'être fiers.
Récemment,
un étudiant de mon comté nous disait : Moi, on me disait, au primaire, que
je ne réussirais jamais à me rendre au secondaire; je me suis rendu au
secondaire. On me disait : Tu n'iras jamais au cégep; je me suis rendu au cégep. On me disait : Tu n'iras jamais à
l'université; je me suis quand même rendu à l'université. C'est grâce aux
investissements que l'on a faits pour
les étudiants, mais en mettant en place différentes mesures pour les élèves en
difficulté. Ça nous permet également d'avoir plus de diplômés et de
valoriser, comme je vous le disais également, les études universitaires. On a également lancé un programme incitatif de bourses
Perspectives Québec pour une enveloppe de 1,7 milliard de dollars.
Encore une fois, c'est du jamais-vu, ça.
Là-dessus,
on a été chanceux, hein? Les oppositions n'ont pas réussi à beaucoup nous
critiquer parce que ça a permis quand même d'inciter des étudiants à s'inscrire
dans divers programmes. Encore récemment, il y a des parents qui me
disaient : Ils vont pouvoir avoir l'aide financière en enseignement, ils
vont pouvoir avoir l'aide financière dans des
programmes importants. C'est bien, M. le Président. Ça soulage les élèves, ça
soulage les parents. C'est assez extraordinaire, tout ce qu'on a réussi
en matière d'investissements en enseignement supérieur.
Maintenant, il ne
faut pas s'arrêter en cours de chemin. Il faut continuer de travailler avec nos
recteurs, nos rectrices, les vice-recteurs,
les directeurs des départements de différents programmes pour, oui, augmenter
la fréquentation et voir de quelle façon on peut, oui, je le répète
encore une fois, valoriser la langue française dans le réseau universitaire
québécois, comment on peut continuer de mettre en place des mesures et des
programmes pour le faire.
Je pense également
que la richesse des étudiants internationaux, elle est connue. Vous savez, le
Québec a déjà plusieurs ententes avec divers
États, divers pays à travers le monde en ce qui a trait à la réciprocité au
niveau des frais de scolarité, mais il faut demeurer attentifs, somme
toute, à ces échanges-là, à ces partages-là et à faire en sorte que les étudiants internationaux, moi, j'en suis
convaincu, vont continuer de s'inscrire dans les universités québécoises.
Pourquoi? Parce que c'est également un privilège d'étudier au Québec,
M. le Président. C'est un privilège d'étudier à Montréal, à Québec, à Sherbrooke, entre autres, qui est une
grande ville, qui est une belle ville. C'est important, M. le Président, de
continuer à attirer ces étudiants-là. Et
nous, on pense qu'on va réussir à le faire malgré la nouvelle mesure que nous
mettons en place. On ne croit pas que
ça va empêcher tout le monde de s'inscrire demain matin, parce que, justement,
on a des programmes qui sont
importants, parce que c'est une chance de venir également étudier chez nous et
qu'ils vont continuer de répondre présents dans nos universités.
Puis on travaille, et
la ministre l'a bien indiqué tout à l'heure, à la mise en place de... la façon
dont on va faire descendre cette annonce-là,
à la mise en place des mesures, à la mise en place de ces nouveaux programmes
là. Je sais que la députée de Saint-François, je vous le disais, M. le
Président, travaille excessivement fort avec la ministre de l'Enseignement
supérieur pour faire bien atterrir les
choses pour l'Université Bishop's. Pourquoi? Parce qu'elle est travaillante.
Elle est dévouée. Elle a à coeur l'université. Elle a à coeur que l'université
puisse se propulser encore plus loin. Elle a tout l'appui de notre gouvernement pour la région de l'Estrie,
mais aussi sans perdre de vue l'avenir de la langue française au Québec,
qui est fondamental, qui est important et qu'on doit garder en ligne de compte dans
les prochaines années.
Il reste combien de temps exactement, M. le
Président? Je vous ai vu deux fois me dire «deux minutes», ça fait que je ne
suis plus sûr.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : ...
M. Poulin : Excellent. Et également, bien, il faudra continuer
aussi le dialogue. Je vois les associations étudiantes, comme je le mentionnais, qui sont avec nous
aujourd'hui, la ministre de l'Enseignement supérieur. Il va falloir tracer
aussi la voie pour les prochaines
années à se dire quels programmes on priorise, comment on fait pour augmenter
les inscriptions, comment on fait
pour établir un nouveau rapport de force également avec les étudiants
internationaux, tout en protégeant la langue française. Alors, ce
travail-là, ces devoirs-là doivent se continuer de se faire dans les prochaines
années.
Ce
n'est pas simple, faire des changements au Québec, M. le Président. On a reçu
ce mandat-là de pouvoir le faire, de
pouvoir le faire dans toutes les régions du Québec. Et ce ne sera pas simple de
protéger le français dans les prochaines années. Sachez que nous sommes au travail pour le faire avec passion,
avec détermination, la députée de Saint-François, je le
rappelle, mais également avec l'ensemble des membres de notre gouvernement.
Je
vous remercie. Merci encore une fois à la députée de Saint-Laurent, que j'ai
encensée, tout à l'heure, pour son travail
d'amener des débats fort importants aussi au salon bleu, je tiens à le faire. Mais
évidemment on n'appuiera pas à sa motion, M. le Président. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Beauce-Sud. Mme la députée
de Saint-Laurent, avant de vous céder
la parole pour votre droit de réplique, j'ai besoin d'avoir vos orientations
pour ce qui est des trois amendements déposés tout à l'heure par M. le
député d'Hochelaga.
Mme Rizqy :
M. le Président, j'ai pensé, en
lisant les amendements de Québec solidaire, que c'étaient des amendements
caquistes. Alors, vous comprendrez qu'après la lecture des amendements j'étais
fort surprise, et on va voter contre. Et permettez-moi par la suite, lors de
mon débat, de pouvoir expliquer pourquoi on va voter contre.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Parfait. Bien, merci. Donc, j'ai vos
orientations. Maintenant, je vous cède la parole pour votre réplique de
10 minutes.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : Non, mais, sincèrement, là, je suis obligée de
lire Hal Newman, La dernière ambulance, il avait fait le gazouillis suivant : «Je trouve fascinant
que les anciens dirigeants du mouvement étudiant [du] carré rouge restent
désormais largement silencieux car,
après tout, seuls les étudiants universitaires anglais sont ciblés par le
gouvernement.» Québec pas vraiment solidaire. Ça, c'était il y a six
jours.
Aujourd'hui,
les amendements : «Qu'elle demande au gouvernement caquiste de réformer la
méthode de financement des universités francophones et anglophones afin qu'elle
corresponde au poids démographique respectif de chaque groupe.»
• (16 h 50) •
Ayoye! Ça, c'est pire
que qu'est-ce qui est déjà annoncé par le gouvernement de la CAQ. Ça, ça tue
carrément Bishop's alors qu'il y a une seule
députée de l'opposition en Estrie, la députée de Sherbrooke, même pas capable
de se lever pour sa région. La députée de Saint-François a plus de courage
qu'une députée de l'opposition. Il faut le faire, là! Puis, oui, Mme la députée de Saint-François, je
vous ai applaudie parce que vous êtes allée dans les nouvelles. Vous l'avez
dit à micro ouvert, qu'il fallait tout faire pour sauver Bishop's. Ce que je
trouve malheureux, c'est quand j'entends le député
de Beauce-Sud... Puis je le crois, quand il dit qu'à chaque jour vous en parlez
en caucus. Je vous crois, mais moi, j'espère... Mon souhait le plus profond,
c'est que vous entendiez son message, parce que, sinon, vous allez avoir une
deuxième Émilie Foster ou une deuxième Joëlle Boutin.
Des voix : ...
Mme Rizqy : Oui, elles ne sont plus là. Je peux les nommer, elles
ne sont plus là. Puis on sait pourquoi elles ne sont plus là, parce qu'à
un moment donné, là, c'est important d'avoir des députés qui, même s'ils ne
sont pas ministres, portent la voix de leur
région. Puis c'est important de dire qu'il y a eu des centaines de personnes
réunies à Bishop's, des gens
d'affaires... M. Lussier, là, c'est le président de la chambre de commerce
de Sherbrooke, il dénonce cette mesure. Quand j'entends le Parti québécois qui dit : Il n'y a pas eu de
démonstration de réciprocité, c'est le Parti québécois, aujourd'hui, qui
vient, sans aucun support, là, affirmer qu'au fond l'article du Journal de
Montréal, par Emmanuelle Latraverse, de Paul
Journet, de La Presse, ou de Vincent Brousseau-Pouliot, de La Presse,
c'est des articles qui sont, quoi, erronés, selon le Parti québécois.
Or, les chiffres existent, et c'est pour cela que c'est important.
On
est en enseignement supérieur, et je n'ai jamais entendu autant de messages
erronés, de désinformation. C'est grave,
là. On parle de nos institutions. De se vanter que tout a été fait pour nos
étudiants, là, que... D'ailleurs, l'Union étudiante du Québec est encore
présente avec nous. Ce n'est pas vrai, là, que tout a été fait pour eux.
940 millions a été détourné de l'aide financière
aux études. Quand j'entends dire que c'est le gouvernement caquiste qui a
annulé les frais d'intérêt pour les étudiants... Je comprends que vous
portez une cravate rouge, mais ça ne fait pas de vous un PLC. Mais c'est le gouvernement libéral fédéral qui a transféré de
l'argent pour cette mesure durant la pandémie, puis c'est le gouvernement
caquiste qui a décidé d'annuler cette
mesure, alors que tous les autres Canadiens en bénéficient. Au moins, quand
vous prenez la parole, connaissez vos
faits correctement, parce que, sinon, vous vous tirez dans le pied, puis ça
devient gênant pour tout le monde.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader, oui, vous je reconnais, allez-y.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...peut-être s'adresser à la présidence. C'est un
principe très clair dans notre enceinte.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci beaucoup.
Merci pour votre intervention, M. le leader. Mme la députée, je vais
vous demander de poursuivre.
Mme Rizqy : Je
sais que la vérité choque, et c'est pour ça que la vérité est importante. Puis
je sais que, des fois, le premier ministre aime se comparer lui-même à
Maurice Duplessis, mais, même dans cette période sombre, la vérité trouvait
toujours son chemin.
Alors là, il faut revenir aux faits. Bishop's ne
pourra pas survivre. Quand vous me dites que la députée de Saint-François se
bat dans l'eau bénite pour sauver son université, elle essaie de trouver une
solution à un problème causé par son propre
parti. Quand vous me dites que le gouvernement a eu un mandat fort, 63 %
des Québécois n'ont pas voté pour vous. Redescendez, là, écoutez le
monde. Écoutez votre propre caucus. Écoutez la voix des jeunes qui ont marché dans la rue lundi, des étudiants
francophones avec des étudiants anglophones, main dans la main. Ça, est-ce que
vous l'entendez, cette grogne?
Quand le
monde des affaires... Attendez, là, prenons le temps. M. Baillargeon,
P.D.G. de la Banque de Montréal, la mairesse de Sherbrooke — d'ailleurs,
on lui souhaite un prompt rétablissement — et le maire suppléant... bien, lui aussi est sorti pour dénoncer, mais la mairesse,
avant de prendre une pause pour sa santé, elle est sortie contre cette mesure.
La mairesse Valérie Plante est sortie contre. M. Leblanc, de la Chambre de
commerce de Montréal, est sorti contre. Daniel
Jutras, recteur de l'Université de Montréal, Mme D'Amours, rectrice de
l'Université Laval, Pierre Cossette, recteur de l'Université de Sherbrooke, toutes des universités francophones, des
universités à charte francophone, sont sortis contre. Vous êtes isolés.
Est-ce que vous réalisez à quel point vous êtes isolés?
Moi, la
dernière fois que j'ai joué dans un film où est-ce que le gouvernement n'avait
pas de chiffres mais voulait avancer tête baissée, savez-vous c'était quel
dossier? Maternelles quatre ans. Aïe! On y va, on a de la conviction. Ça
prend du courage, avoir de la conviction. Rien n'était attaché, ils ont inventé
un chiffre durant la campagne, 122 800 $ par classe. Finalement, ça coûtait 1,2 million de dollars.
Puis finalement il y a un ministre qui a dit cinq ans plus tard : Je ne
vais pas... Et je ne citerai pas aux mots le ministre de l'Éducation, parce que
c'est quand même inapproprié, ce qu'il a dit
à la télévision nationale, pour un ministre de l'Éducation qui dit que le
français, c'est important. Même le faucon pèlerin aurait été gêné. Mais là on rejoue encore dans le
même film avec la CAQ : incapables d'avoir une décision soutenue avec
des études.
C'est drôle, si vous prenez le temps, puis ça,
je vous invite, allez prendre un café avec les étudiants de la FECQ ou les
étudiants de l'UEQ, chaque fois que je me suis assise avec des étudiants, ils
ont toujours eu des dossiers étoffés. Imaginez,
là, des étudiants, là, avec les moyens du bord, arrivent avec des beaux
dossiers étoffés, chiffrés à la cent près. Bravo! Je pense qu'on a beaucoup à apprendre. Avez-vous une classe de
formation pour des élus, s'il vous plaît? Parce que, de toute évidence,
c'est comme si la rigueur n'existait plus. Aujourd'hui, on peut se lever, dire
ce qu'on pense, en espérant que le répéter puis le répéter, ça devienne une
vérité avouée. Non, la vérité compte.
Et voici ce
qui va arriver, M. le Président. D'oser dire que nos étudiants vont venir
payer... Voici quelques chiffres, parce
que c'est quand même important. Les étudiants vont venir payer... L'Université
d'Ottawa, le baccalauréat en ès arts : 6 712 $. Pourquoi
qu'ils paieront 17 000 $ au Québec? Pourquoi, M. le Président?
Attendez, Toronto, c'est moins cher, c'est
6 100 $. Mais non, hein? Nous, le Québec, on... 17 000 $.
L'université de la Colombie-Britannique, puis ça, je peux vous dire, c'est beau, en Colombie-Britannique,
hein, 5 843 $. Manitoba, 4 471 $. L'université du Western,
7 798 $. Aïe, mais nous, on va facturer 17 000 $.
Ouf! On est bien partis! Attendez. Baccalauréat en sciences, c'est le même
prix, 6 712 $ à Ottawa,
6 100 $ à Toronto, 5 089 $ au Manitoba, mais, nous,
17 000 $. Vraiment. La moyenne canadienne est autour de
9 000 $. Et ça, ce n'est pas moi qui le dis, le ministre des Finances
l'a dit dans son rapport que, tantôt, j'ai cité.
C'est quand
même fascinant comment la CAQ est capable de se contredire à partir même de son
gouvernement. Le ministre des Finances du Québec a signé... rapport sur
les finances des services publics. Ce n'est pas moi qui l'a signé, c'est la
CAQ : «...les étudiants canadiens non-résidents du Québec [ont des] droits
de scolarité [qui] sont exigés de manière à [...] ceux qui soient globalement
comparables aux droits en vigueur dans les autres universités canadiennes.»
Donc, on a un
ministre qui s'est déjà présenté pour le Parti conservateur, on le
sait, le Parti conservateur rigoureux sur les chiffres, hein, on les connaît,
même le premier ministre nous a invités à voter pour eux, lui,
il dit : Bien non, il faut qu'on soit compétitifs, il faut que ce
soit dans la moyenne canadienne. Bien non. La ministre de l'Enseignement Déry,
elle, elle a décidé que ça va être
17 000 $. Savez-vous pourquoi qu'elle a pensé que c'était une bonne
idée, M. le Président? Parce qu'elle a eu une commande politique.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Je vous demanderais encore... Mme la députée
Saint-Laurent, on ne nomme pas les collègues par leur nom mais par leur
titre. Et vous connaissez les règles. S'il vous plaît, appliquez-les.
Mme
Rizqy : Oui, absolument. Et finalement elle n'arrête pas
de dire : Ah! la réforme... Aujourd'hui, là, on ne parlait pas des étudiants internationaux, mais, si
vous voulez, dans les dernières 30 secondes, j'aimerais juste dire que,
tant pour le Parti québécois que Québec solidaire puis la CAQ, bien, quand il y a eu la réforme
pour les étudiants internationaux, ça
a généré plus de 7 623 nouveaux étudiants dans les universités francophones,
alors que c'est resté stable dans les universités anglophones. Donc, il
y a quand même quelque chose qui a fonctionné.
Mais, pendant
tout ce débat-là, non seulement il manque le 940 millions de dollars
aux étudiants, mais il manque 1,4 milliard
de financement pour les universités québécoises. Avez-vous entendu un seul sou
supplémentaire du gouvernement? Non. Il préfère donner ça à plein de
compagnies étrangères, mais pas à nos universités.
Alors, non, ce n'est plus
la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est rendu la ministre de l'enseignement
inabordable. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-Laurent.
Je vais maintenant mettre aux voix la motion de
Mme la députée de Saint-Laurent, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que les modifications proposées aux frais de scolarité
des étudiants canadiens hors Québec auront
pour effet de diminuer les retombées économiques générées par leur présence au
Québec, de nuire au développement de
certaines universités québécoises et de favoriser l'essor des universités
ailleurs au Canada, notamment à Toronto;
«Qu'elle constate qu'aucune étude d'impact ne soutient cette
décision et qu'il est hasardeux de prétendre comme le fait le gouvernement que
cette mesure permettra de récupérer des sommes d'argent additionnelles pour
financer le réseau universitaire;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement caquiste
de reculer sur cette mesure.»
Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique. Allez-y, M. le leader.
• (17 heures) •
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir reporter ce vote
à demain, s'il vous plaît.
Vote
reporté
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur
la motion de Mme la députée de Saint-Laurent sera tenu à la période des
affaires courantes de demain. M. le leader.
Ajournement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. À ce stade-ci de nos travaux, je vous
demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à demain, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, en conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi le
2 novembre 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 01)