(Dix heures)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Avant de
débuter nos travaux, nous allons prendre quelques instants de
recueillement.
Affaires du jour
Merci. Alors, à l'article... M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...de vous retrouver en ce mardi matin pour
poursuivre nos travaux. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 6 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 34
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'article 6 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 20 septembre 2023 sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 34, Loi
visant à moderniser la profession notariale et à favoriser l'accès à la
justice.
Y a-t-il des intervenants? M. le député de
l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Alors, bonjour, M. le Président. C'est avec
plaisir, ce matin, que je vais vous entretenir, ainsi que les membres de la Chambre, sur le projet de loi
n° 34, Loi visant à moderniser
la profession notariale et à favoriser l'accès à la justice.
Il y a différentes mesures, dans le projet de loi, qui visent évidemment à
aider et à moderniser l'accès à la justice. Si vous permettez, en fait, le projet de loi prévoit, je vous dirais, sept
éléments que je qualifierais d'importants et que je vais vous résumer. Donc, entre autres, le projet de loi
va prévoir l'utilisation des technologies de l'information dans la profession notariale, le projet de loi va prévoir la création
d'un greffe central numérique, le projet de loi prévoit la création de la
catégorie notaire à la retraite ainsi que le dépôt des greffes auprès de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, donc, je pourrai en reparler d'une façon plus spécifique, créer un fonds d'études
juridiques qui va permettre de financer des mesures pour l'accès à la justice pour le Barreau et la Chambre
des notaires, prévoir une procédure pour l'exécution forcée du paiement
d'une dette résultant de l'inexécution d'une obligation contractuelle par acte
notarié, et modifier la Loi sur les tribunaux judiciaires
relativement au régime de prestations supplémentaires des juges pour leur fonds
de pension ainsi que des juges des
cours municipales, et enfin transfert des droits acquis par les juges de la
cour municipale de Montréal à l'un des régimes de retraite prévus par la
Loi sur les tribunaux judiciaires.
Alors, comme
on peut le constater, le projet de loi qui a été déposé par le ministre de la
Justice vise à moderniser, d'une
part, et à rendre, en fait, avec certains aspects plus techniques... modifier
le régime de pension des juges, notamment des juges de la cour
municipale de Montréal. Mais l'aspect le plus important, je vous dirais, du
projet de loi, c'est les dispositions qui
visent à moderniser la profession notariale. Et évidemment c'est important pour
l'ensemble des professions d'être bien adaptées à la situation actuelle
dans notre société.
Il est intéressant de noter cependant que, pour
la profession de notaire, c'est une des plus vieilles professions, au fond, qui existe au Québec, ça, je pense que
c'est important de le souligner, hein, le notariat, institution de droit latin
et de droit d'origine française, donc, tout
comme notre droit civil. Donc, il y avait déjà des notaires en Nouvelle-France
avant le traité de Paris et la
conquête britannique de 1763. En fait, peu après la fondation de Québec, déjà
l'administration royale, en France, permettait à des notaires d'exercer
au Québec, et donc la Chambre des notaires, le corps professionnel des notaires, a donc été à même d'exercer la pratique
du droit bien avant le Barreau, et le notariat a survécu au traité de Paris
quand on a reconnu l'importance du droit
civil québécois avec l'arrivée du régime anglais, et donc les notaires ont pu
continuer à exercer leur profession et à rendre des services à la
population.
Mais, évidemment, avec les siècles qui passent,
il faut évidemment toujours s'assurer que les corporations professionnelles seront en mesure de protéger le
public et de rendre des services qui sont évidemment adéquats à la population
en général, et c'est la raison pour laquelle ce projet de loi va venir
moderniser la profession notariale.
Et je vous
disais rapidement, M. le Président, en fait, les grands thèmes de ce projet de
loi, mais j'aimerais maintenant attirer votre attention sur certaines
dispositions du projet de loi qui vont amener des modifications.
On l'a vécu
avec la pandémie, notre société a dû s'ajuster à un nouvel environnement et,
évidemment, le télétravail. Rédiger des contrats, des actes à distance, ce sont
des éléments qui sont devenus, évidemment, monnaie courante dans notre société. Donc, quand on parle de moderniser la profession
notariale, il y a, entre autres, une disposition du projet de loi, et je réfère plus particulièrement à
l'article 46, qui permet à une partie de signer un acte à distance. Donc,
traditionnellement, les gens... et,
évidemment, tout se faisait sur papier, ça se fait encore comme ça aujourd'hui,
le projet de loi n'est pas en vigueur,
mais les gens étaient présents, et le notaire, comme officier public,
constatait leur présence et, évidemment, était en mesure d'attester qu'il s'agissait bien des bonnes personnes. Alors,
maintenant, le projet de loi, même si c'est exceptionnel, va permettre à
une partie de signer un acte à distance. Le projet de loi... et ça, c'est
l'article 46.
L'article 56
prévoit plus spécifiquement les formalités, parce qu'évidemment on sait qu'un
acte notarié a toujours un
formalisme, donc l'article 56 va prévoir les formalités pour la signature
d'un acte notarié sur format papier, parce que ça va continuer, évidemment,
d'exister, mais le projet de loi va prévoir également que, dans certains cas où
les documents sont sur support technologique, que tous les documents annexés
pourront être aussi sur support technologique pour être capable, évidemment, de fonctionner avec un greffe
numérique. Donc, c'est d'autant plus important que ça permet de bien
fonctionner d'une façon cohérente.
L'article 60
apporte un changement important au projet de loi, et ça souligne, entre
autres... tout greffe doit, selon les
modalités déterminées par règlement du conseil d'administration — on
parle du conseil d'administration de la Chambre des notaires — être
conservé au greffe central numérique. Et ça, c'est une nouveauté.
Aujourd'hui, on est à l'étape du principe, M. le
Président, mais, éventuellement, on pourra entendre... et on a demandé à ce que des groupes soient entendus en
commission parlementaire pour être capables, évidemment, de bien cerner tous
les tenants et aboutissants de cette nouvelle disposition-là. Mais l'intention
du gouvernement, c'est de créer un greffe central numérique pour permettre éventuellement à ce que des actes
soient versés à ce greffe-là et que tout soit sur... soit numérisé, en
fait.
• (10 h 10) •
Vous comprendrez qu'en soi, en 2023, il y a de
plus en plus d'éléments, de documents, d'informations qui sont conservés sur des supports numériques. Ça, en soi,
ce n'est pas une nouveauté. Sauf que vous comprendrez aussi l'importance
de la protection des renseignements
personnels. Et ça, je peux vous dire qu'en tant que porte-parole en justice de
l'opposition officielle, c'est quelque
chose que moi, je vais veiller... je vais questionner le gouvernement là-dessus
éventuellement, parce qu'il faut
s'assurer que ces renseignements-là, qui seront déposés dans un greffe central
numérique, soient bien protégés d'attaques ou de cyberattaques.
On le sait,
ce n'est pas une nouveauté, des cyberattaques, il y en a continuellement. On le
voit à la semaine. C'est évidemment un drame, mais ça existe. Donc, il
faut être capables de se protéger contre ces attaques. Et, quand on parle d'un greffe central numérique, on sait, et puis
c'est un peu aussi pour ça que je faisais une référence brève à l'histoire des
notaires en Nouvelle-France puis au Québec,
on sait depuis des siècles, on l'a même vu parfois à la télévision, comment le
notaire pouvait, évidemment, recueillir les
confidences des gens, traiter, rédiger des actes, notamment des testaments. Et
on connaît, évidemment, l'importance de la confidentialité de ces documents-là.
Alors, présentement, ça se fait sur papier. Le
notaire a un greffe, il y a une voûte, c'est déposé là-dedans. Donc, évidemment, à moins véritablement d'entrer par
effraction puis d'essayer de défoncer la voûte du notaire, ce n'est pas facile
d'avoir accès à ces documents-là. Avec un greffe numérique, c'est autre chose.
Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des moyens
de protéger toutes ces informations-là. Ça existe. Sauf que je pense qu'il
faudra être particulièrement vigilants pour s'assurer qu'il n'y aura pas d'accès ou de brèche dans le document et...
dans le répertoire, en fait. Donc, ça, c'est un élément qui est très, très, très important, parce que,
puis je vais vous en reparler un peu plus tard, on dit que l'ordre va être
responsable du greffe numérique.
Donc, création du greffe numérique, ça, c'est un changement important qui va
être apporté par ce projet de loi.
L'article 63,
et j'attire votre attention là-dessus, souligne et rappelle que le ministre de
la Justice est aussi le Notaire général
du Québec et qu'il peut également tenir un greffe. Il y a effectivement des
notaires qui travaillent dans la fonction publique. En fait, quand on lit certains documents publiés par
l'Association professionnelle des notaires, ils ont certaines
statistiques, puis on se rend compte, dans les statistiques, qu'il y a quand
même 27 % des notaires, au Québec, qui travaillent dans le secteur public
ou au sein d'entreprises privées. Donc, c'est quand même un pourcentage
relativement important. Et évidemment le
ministère de la Justice doit, comme d'autres ministères, faire affaire à des
notaires. Évidemment, ça veut dire
aussi que le ministre de la Justice, en tant que notaire général, va pouvoir
tenir un greffe. Et ma compréhension du projet de loi, c'est
qu'effectivement il pourra y avoir un greffe numérique.
Donc, pour moi, il va être important d'être
vigilant, comme porte-parole de l'opposition, pour s'assurer que ce qui sera mis en place dans cette transformation-là
numérique va évidemment être à l'abri d'attaques ou d'indiscrétions que des gens pourraient faire pour essayer d'entrer
dans cette banque et s'assurer, évidemment, que le greffe puisse fonctionner
adéquatement si le ministre de la Justice et Notaire général du Québec décide
de tenir un greffe numérique.
On l'a vu
dans les derniers mois dans d'autres champs d'activité, dans d'autres domaines,
la transformation numérique opérée
par le gouvernement de la CAQ amène souvent plus son lot de défis, pour ne pas
dire parfois de drames, qu'un bon fonctionnement.
Encore ce matin, je parlais à la radio de la SAAQ et de sa transformation numérique
où ça ne clique guère.
Alors, vous
comprendrez que, quand on voit ça ou quand moi, je vois ça dans un projet de
loi, je me dis : Bien oui, bien sûr, on ne peut pas arrêter le progrès,
donc il va y avoir une progression, donc on va permettre l'utilisation du numérique, mais il faut quand même s'assurer qu'il
y aura évidemment un système en place pour bien protéger les renseignements
et les données qui seront inscrits, déposés au sein de ce greffe numérique.
L'article 64
pour les notaires dit : «L'ordre est responsable [...] du greffe [...]
numérique.» Donc... Et ça, on doit le lire avec les articles 67 et 68 du projet de loi, qui dit que «l'ordre
doit assurer la sécurité [du] greffe». Et donc je vous dirai que moi, j'ai
hâte, en commission parlementaire, de rencontrer des groupes, notamment la Chambre des notaires, pour être capable de
discuter avec eux sur les mesures qui pourront être mises en place, le
programme global, évidemment. Il ne s'agit pas de divulguer toutes ces
mesures de sécurité, mais au moins de voir comment la Chambre va être capable
de gérer ce greffe-là et le protéger pour évidemment que les informations
sensibles qui y soient contenues, qui vont y être déposées... Parce que ça va être la responsabilité de l'ordre de
s'assurer qu'il n'y aura pas de bris et que des gens n'auront pas accès, parce qu'évidemment... je ne sais pas
comment ça va être fait, ça, on va en parler éventuellement en commission
parlementaire, mais, si quelqu'un est capable de casser tous les systèmes de
défense puis avoir accès à l'ensemble des documents,
ça va devenir assez problématique. Puis, tu sais, d'autant plus que,
normalement, il devrait se retrouver là-dedans une série
de testaments. Donc, on ne veut pas que ces documents-là deviennent... ou
soient soit divulgués, évidemment, dans la sphère publique.
Bien sûr, le
projet de loi prévoit qu'il pourra y avoir un audit du greffe, et donc de la
façon dont il est tenu, et qu'il devra respecter les plus hautes normes
de sécurité, cela va de soi. Je pense que ça, c'est véritablement un minimum. Mais, encore là, on va faire notre travail, dans
l'opposition officielle, pour s'assurer, effectivement, que ce sera totalement
sécuritaire.
Quand je
relisais le projet de loi et que je relisais l'ensemble des articles, je dois
avouer qu'il y en a un, article, que j'ai
trouvé un peu... un peu étonnant, et j'en fais mention, et c'est notamment
l'article 68 du projet de loi, qui dit que «le greffe central numérique doit être hébergé au
Québec». Cela m'apparaît... Cela va de soi. Sauf que le gouvernement
rajoute : «Le gouvernement peut toutefois, selon les modalités
qu'il détermine, autoriser qu'il soit hébergé à l'extérieur du Québec.» On aura la chance de questionner le
ministre là-dessus et d'en parler en commission parlementaire, mais, quand
j'ai lu ça pour la première fois, sachez que ça m'a un peu étonné. Donc, on
verra quelles peuvent être les raisons, mais il me semble que ça devrait être
hébergé au Québec.
Autre élément
important, il y a des dispositions du projet de loi qui vont permettre que les
greffes, une fois qu'un notaire a
cessé d'exercer et qu'il ne cède pas son greffe, les greffes pourront être
versées à la Bibliothèque nationale
du Québec. Et, présentement, la plupart de ces greffes-là,
qui sont non scellés, sont versés au greffe de la Cour supérieure. C'est ma compréhension du système actuel. Moi, je veux bien,
mais, encore là, le même enjeu va se poser.
Et là, de
cette fois-ci, l'enjeu, je pense qu'il est double. D'abord, il faudra s'assurer
que la Bibliothèque nationale du
Québec va avoir les moyens pour
recevoir toute la documentation, mais j'espère aussi que la Bibliothèque nationale du Québec
va voir son budget augmenter, parce qu'évidemment si on lui transfère toute
cette information-là, il va falloir qu'elle
soit classée, classifiée, protégée, il y a peut-être des gens qui feront des
demandes éventuelles, d'être capable de répondre aux demandes. Et,
puisqu'il y aura, donc, un apport relativement important d'informations
nouvelles, il ne faudrait pas que ça ait un impact sur le service que donnent présentement la Bibliothèque
nationale et les Archives nationales à la population.
• (10 h 20) •
Donc, comme
je vous le mentionnais, le notaire qui n'est plus inscrit au tableau de l'ordre
doit céder son greffe, cela va de soi. Le projet de loi prévoit aussi des
dispositions où, dans un cas d'urgence, dans un cas où un ou une notaire
ne pourrait plus exercer, il y a la
possibilité de nommer un gardien provisoire du greffe existant en cas
d'urgence. Et le projet de loi prévoit une série de mesures qui peuvent
être mises en place.
Le projet de
loi prévoit également la création de la catégorie notaire à la retraite avec
certaines modalités. Donc, cette catégorie-là existait déjà au Barreau. Donc,
un avocat, après un certain âge, un nombre d'années, peut demander d'être
inscrit comme avocat à la retraite. Je
comprends qu'il n'y avait pas l'équivalent chez les notaires, et donc le projet
de loi va créer cette catégorie-là de
notaire à la retraite. Ma compréhension, c'est que le notaire à la retraite ne
pourra pas détenir un greffe, mais il portera le titre de notaire et
pourra rendre certains services, ce qui est, évidemment, une bonne chose.
Le projet de
loi permet également la création... Et là je réfère plus particulièrement à
l'article 15 du projet de loi. Donc,
le conseil d'administration de la Chambre
des notaires pourra, bien sûr,
assurer la formation professionnelle, dispenser l'enseignement
approprié, promouvoir la qualité des services professionnels, dont la
conservation des actes au sein des greffes
notariaux conservés au greffe central numérique, pourra travailler à la réforme
du doit... du droit, pardon, mais surtout pourra financer des mesures visant à favoriser l'accès à la justice ainsi que
la numérisation et la conservation des greffes notariaux. Et donc je pense que
l'aspect favoriser l'accès à la justice est particulièrement important. C'est
un thème qui me tient particulièrement à coeur. Et évidemment le projet
de loi va aussi modifier la Loi sur le Barreau pour permettre au Barreau de
financer des mesures ayant pour objet de favoriser l'accès à la justice.
Pourquoi
c'est important, et je suis heureux de constater que les deux ordres
professionnels qui s'occupent surtout de
la science juridique vont être capables de travailler en ce sens-là, bien, je
l'ai dit à plusieurs reprises, je l'ai décrié à plusieurs reprises, notre système est au bord du gouffre, et donc ça ne
va pas bien. Donc, qu'on puisse permettre à des ordres professionnels, avec
leurs moyens, de travailler à l'accès à la justice, ça m'apparaît totalement
essentiel, puisque la justice est un
pilier, un des fondements de notre État de droit. Donc, c'est hyper,
hyperimportant, parce que le système, présentement, et il y a eu une
multitude d'articles qui ont été écrits là-dessus, ne suffit plus.
Et je l'ai
dit dans cette Chambre à plusieurs reprises, M. le Président, je ne blâme pas
du tout, du tout, au contraire, les
employés qui travaillent présentement dans les palais de justice. Ils sont
débordés, ils sont mal payés, ils ont des problèmes de rétention de
personnel. Alors, ça ne va pas bien. Et ça, c'est documenté dans un article de
journal récemment, dans L'Actualité, un article de Valérie Gonthier et Michaël
Nguyen. Les journalistes écrivaient que le salaire, présentement, de greffières, au palais de justice, est tellement
bas qu'elles sont admissibles à l'aide juridique. Et donc ça démontre le
problème majeur. Donc, tout ce qu'on peut faire pour aider l'accès à la
justice, ça va être effectivement important.
Puis le
personnel, présentement, qui est en poste, notamment les greffières, bien, ce
sont des gens qui sont essentiels pour
le bon fonctionnement du système de justice, puis pas uniquement en matière
criminelle, en matière civile, en matière de protection de la jeunesse, puis pas uniquement à la Cour du Québec, à
la Cour supérieure également puis à la Cour d'appel. Donc, il faut être capable de mettre en place tous
ces mécanismes qui vont faire en sorte que la justice va fonctionner pour
évidemment donner la confiance aux citoyens.
Donc, ça, ça m'apparaît important. Le projet de loi fait état de ces choses-là,
et là aussi j'ai effectivement bien hâte, en
commission parlementaire, de voir qu'est-ce qui pourra être fait d'une manière
tout à fait concrète pour favoriser l'accès à la justice au Québec.
Il y a également certaines dispositions qui sont
un peu techniques, mais qui, à mon avis, pourront aider. J'aurai évidemment des
questions pour le ministre, mais je vois, dans l'article 3 du projet de
loi, une disposition qui pourra justement aider et faciliter, dans certains
cas, l'accès à la justice, et on parle d'une exécution forcée d'une obligation
contractuelle constatée dans un acte notarié. Maintenant, ma compréhension,
c'est que, quand un créancier veut obtenir l'exécution forcée d'un paiement d'une créance, il
doit s'adresser ou la faire homologuer par la Cour supérieure. Alors, quand
c'est notarié... on le sait, un notaire ou
une notaire est capable, et c'est leur travail, de décerner, de faire des actes
authentiques qu'ils constatent.
Alors, une fois que l'acte est notarié, je pense que, si on peut directement
permettre l'exécution forcée du
paiement d'une créance résultant de l'inexécution d'une obligation contractuelle,
ça va effectivement aider les choses.
Bon,
on dit que la procédure serait établie par règlement du gouvernement. Je peux
comprendre que le gouvernement veut
mettre ça dans un règlement, c'est évidemment plus facile à modifier qu'une
loi, mais il n'en demeure pas moins qu'il faudra voir et rester vigilant sur ce qu'on va mettre dans le règlement,
parce qu'on dit que le règlement pourra exclure de l'application de certains articles... de cet
article certains contrats. Alors donc, on verra, mais on sera vigilant
là-dessus, mais je pense qu'à sa face même, en tout cas, c'est une
mesure qui pourrait accélérer les choses.
Et,
comme je le mentionnais d'entrée de jeu, le projet de loi, à la toute fin, et
ça, c'est un peu plus technique, va modifier les régimes de pension,
entre autres des juges de la cour municipale de Montréal, de la Cour du Québec,
en fonction des cotisations qui doivent être
données ou des prestations supplémentaires qui seront versées au fonds de
contribution annuelle. Ce volet-là
est un peu plus technique, mais, évidemment, on aura, bien sûr, l'opportunité
de questionner le ministre sur toutes ces questions.
Donc,
en gros, parce qu'on est à l'étape du principe, je vous dirais que, quand j'ai
lu avec attention le projet de loi... Et
je vous le dis d'emblée, j'appuie le principe du projet de loi. Ça ne veut pas
dire que c'est parfait, ce n'est pas ce que je dis, mais je pense que c'est quand même un pas dans la bonne
direction et ça va permettre aux notaires, dans le cadre de leur
travail, d'être, en fait, plus actuels, de rendre des services à la population
tels que la population peut évidemment s'attendre
à en recevoir. Cependant, au niveau du principe, je pense que c'est bon de
moderniser la profession notariale, c'est sûrement bon, de favoriser l'accès à la justice, mais, souvent, tout se
joue dans les petits détails. Alors, moi, j'ai évidemment très hâte
d'aller en commission parlementaire d'abord, écouter des groupes qui vont nous
en dire davantage, puis, par la suite, comme
on le fait toujours, évidemment, faire une étude article par article pour
s'assurer que l'objet, l'objectif du projet
de loi va être évidemment atteint par le document législatif déposé par le
gouvernement, technique sur certains aspects mais quand même important,
je le mentionnais.
• (10 h 30) •
Cependant,
quelques bémols, et je vais terminer là-dessus. On l'a vu, on a eu
l'opportunité de critiquer le gouvernement à plusieurs reprises dans la
transformation numérique. Je me rappelle les excellentes interventions et questions de ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, qui, évidemment, a permis à la population de bien comprendre et
de voir parfois ce qui ne fonctionnait pas dans la transformation numérique.
Alors, je tiens à le souligner.
Donc, en soi, toute transformation
numérique peut être bonne, mais il faut s'assurer que ce soit fait avec un mécanisme qui, d'abord, ne va pas tout bloquer le
système et qui va assurer la protection des renseignements personnels puis
des renseignements hautement confidentiels
qui y sont contenus. Je comprends que l'idée, c'est de confier à la chambre et
à son conseil d'administration la gestion de ce greffe-là. C'est bien, mais il
faudra voir, et ça, j'ai hâte de poser des questions là-dessus puis d'en apprendre davantage, voir
comment ça va fonctionner pour s'assurer qu'il n'y aura pas de heurts et
que ce sera, donc, un roulement qui va bien se faire quand on va se mettre à
utiliser le greffe.
Je
vous le souligne et je le répète, le fait qu'on puisse transférer des greffes à
la Bibliothèque nationale, c'est aussi une
bonne chose, mais évidemment ce sera sur support numérique. Donc là, la
Bibliothèque nationale, on ne parle plus de la Chambre des notaires, on
parle de l'État. Et, moi, ce que je vais m'assurer, c'est qu'évidemment, quand
ce sera fait, ça va se faire d'une façon où,
évidemment, on ne perdra pas de documents, je l'espère, et où ces documents-là
vont être conservés d'une façon
sécuritaire, parce qu'il y aura là, effectivement, un ensemble de données
parfois confidentielles, parfois moins,
mais qu'on devra quand même conserver. Et il faut que l'État soit capable de
prendre des mesures pour que ce soit conservé
adéquatement puis que, par la suite, ces documents-là puissent éventuellement
être recherchés par des fonctionnaires, donc des employés de l'État, mais en s'assurant qu'ils auront les
ressources et puis les employés nécessaires pour le faire. On ne peut pas toujours accroître, accumuler,
accumuler, demander plus, sans que les employés de l'État aient ou bien un
nombre suffisant pour travailler
correctement puis, évidemment, être rémunérés suffisamment pour être capables
de faire leur travail. Donc, ça,
c'est une chose sur laquelle je vais veiller particulièrement comme
porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice.
Ça
complète mon exposé, M. le Président, mais, en ce qui a trait au principe de ce
projet de loi là, qui vise à moderniser et à favoriser l'accès à la
justice, je vais voter en faveur du principe. Je vous remercie.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mise
aux voix
Alors,
le principe du projet de loi n° 34, Loi visant à moderniser la profession notariale et à favoriser l'accès à
la justice, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des institutions
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Donc,
conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion
afin que le projet de loi n° 34, la Loi visant à moderniser la profession
notariale et à favoriser l'accès à la justice, soit
déféré à la Commission des institutions pour son étude détaillée et que le
ministre de la Justice soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article 13 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 27
Adoption
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 13 du feuilleton, M. le ministre
des Finances propose l'adoption du projet de loi n° 27, Loi
modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec et
d'autres dispositions.
Y a-t-il des interventions? (Panne de son) ...M.
le leader adjoint, le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Donc, très
heureux de vous entretenir ce matin sur
le projet de loi n° 27. Et donc le ministre des Finances soumet à
l'Assemblée nationale le projet de loi n° 27, qui est intitulé la Loi modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du
Québec et d'autres dispositions.
C'est vraiment pour moi un plaisir
d'intervenir à cette étape-ci du projet de loi au nom de mon collègue le
ministre des Finances, que je remercie, d'ailleurs, là, pour sa
confiance, M. le Pésident.
Et donc
peut-être parler un peu du cheminement de ce fameux projet de loi n° 27,
donc, qui a été présenté, on se souviendra,
M. le Président, le 30 mai 2023 et que le principe en a été adopté le
6 juin 2023. La Commission des finances publiques en a fait l'étude détaillée les 13 et 14 septembre 2023
et adopté les 166 articles. Des amendements ont également été
adoptés. Le rapport de la commission a été adopté... a été déposé le
19 septembre et a été pris en considération le 20 septembre, et nous
sommes aujourd'hui à faire l'adoption finale du projet de loi.
Et donc c'est
un projet de loi qui, en fait, donne suite à des mesures fiscales qui avaient
été annoncées dans divers bulletins
d'information publiés notamment en 2021, en 2022 et en 2023. Il donne également
suite à deux mesures annoncées dans le discours sur le budget du
21 mars 2023.
Étant donné,
M. le Président, que le projet de loi contient des modifications diverses qui
sont regroupées en sujets principaux
et que l'ensemble de ces sujets a fait l'objet d'une étude détaillée, je vais
simplement en discuter sommairement, si vous le voulez bien.
Et donc le
projet de loi, M. le Président, modifie d'abord la Loi sur les impôts et la Loi
concernant les paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales,
notamment. Et donc, là, on a une certaine énumération parce qu'il y a plusieurs
éléments dans le projet de loi.
On vient
bonifier le crédit d'impôt remboursable pour le soutien aux aînés, une mesure
qui est phare, du gouvernement, pour aider les aînés vulnérables à faire
face à l'augmentation du coût de la vie.
On élargit
également l'admissibilité à la déduction additionnelle pour les frais de
transport des petites et moyennes entreprises éloignées et au mécanisme
d'étalement du revenu des producteurs forestiers, deux mesures qui vont
évidemment aider particulièrement les PME en région, M. le Président.
On vient
reconduire également les crédits d'impôt, qui sont remboursables, visant à encourager
la création de nouvelles sociétés de services financiers afin de
permettre au secteur financier québécois de poursuivre sa croissance.
On renforce
également la conformité fiscale à l'égard des cryptoactifs, adaptant ainsi nos
lois pour mieux encadrer le traitement fiscal des cryptoactifs.
Et évidemment
une mesure qui était bien attendue et bien annoncée, comme vous le savez, M. le
Président, on... on implante, c'est-à-dire, la baisse générale de l'impôt sur
le revenu des particuliers à compter de l'année d'imposition 2023, une mesure qui est pérenne, permanente et
favorable pour augmenter le revenu disponible des Québécois, et évidemment
encourager l'effort au travail, et favoriser
la croissance économique du Québec. Et, M. le Président, on n'en est pas peu
fiers. Effectivement, c'est un engagement
électoral que nous avions pris, et nous le livrons grâce, évidemment, au bon
travail du ministre des Finances et de l'ensemble des collègues. Et donc
ce projet...
Des voix : ...
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup. Merci. Ce projet de loi modifie
également la Loi constituant Capital régional
et coopératif Desjardins afin que certains investissements faits pour accroître
l'offre de logements abordables soient reconnus pour l'application de la
norme d'investissement qui y est prévue.
De
plus, il modifie la Loi concernant l'impôt sur le tabac afin d'augmenter les
taux de la taxe spécifique sur les produits du tabac.
Ce projet de
loi modifie également la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du
Québec afin d'y apporter des modifications semblables à celles qui ont
été apportées à la législation fédérale.
Enfin, ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie.
Et donc, en
terminant, je tiens à remercier, M. le Président, les collègues du gouvernement
de même que les députés des partis
d'opposition membres de la Commission des finances publiques pour leur collaboration
tout au long du processus de l'étude
de ce projet de loi. Et, comme je le disais d'entrée de jeu, un merci spécial
évidemment au ministre des Finances, qui me permet ce matin, là, de vous
entretenir à l'étape de l'adoption finale du projet de loi.
Et, en
conclusion, je demande donc à cette Assemblée, M. le Président, de bien vouloir
adopter le projet de loi n° 27. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Toujours sur le projet de loi n° 27, je reconnais M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Le projet de loi n° 27 est un projet de loi qui a illustré le manque de précision en ce qui
a trait de mesures fiscales ou des mesures qui peuvent aider la population de
façon ciblée.
Malheureusement, durant la campagne électorale,
nous avions proposé deux mesures relativement simples à instaurer, c'est-à-dire l'augmentation du crédit de la solidarité de
25 % et d'augmenter le nombre d'items qui puissent être inclus dans le panier de biens essentiels, exempts
de la TVQ, deux mesures relativement simples qui font quoi, M. le Président?
Qui vont aider directement les gens les plus
touchés. Que ce soit dans un cycle inflationniste ou un cycle de récession,
c'est toujours les mêmes personnes
qui vont souffrir, c'est les gens les moins nantis, les gens en bas de
l'échelle. Mais, pour eux autres, là,
économiser 10 % de leurs factures lorsqu'ils s'en vont acheter des biens
essentiels, c'est important, ça fait une différence. Malheureusement, on n'a pas entendu une réaction positive de
la part du gouvernement là-dessus et on a eu plutôt des redistributions
vers les échelons plus élevés.
On est tous
pour faire en sorte que l'économie du Québec aille mieux. On est tous pour
faire en sorte que le PIB du Québec ait une croissance incroyable.
Malheureusement, on ne peut pas faire le choix de laisser de façon délibérée
des personnes en moyens dépourvus à
l'arrière. Donc, malheureusement, c'est la réalité de ce gouvernement avec ce
projet de loi là. Et vous ne serez pas surpris, M. le Président, que, pour
cette raison, ma formation politique va voter contre. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
Alors, le
projet de loi n° 27, Loi
modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec et
d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
• (10 h 40) •
M.
Lévesque (Chapleau) : Vous savez, je vais partager mon enthousiasme,
justement, d'avoir adopté ce beau projet de loi, qui va sûrement
recevoir, dans les prochains jours, la sanction royale.
Et donc, à ce
stade-ci, M. le Président, je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 4 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 31
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 4 du feuilleton, Mme la
ministre responsable de l'Habitation propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en
matière d'habitation.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais Mme la
députée de Labelle.
Mme Chantale Jeannotte
Mme
Jeannotte : Bon, bien, merci, M. le Président. Je suis très
heureuse de prendre la parole aujourd'hui en cette Assemblée dans le cadre de l'adoption du principe
du projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Vous savez,
M. le Président, lors de ma nomination à titre d'adjointe parlementaire de la
ministre de l'Habitation, celle-ci
m'avait confié le mandat de rencontrer les groupes qui souhaitaient contribuer
à la réflexion afin de recueillir leurs propositions dans
le but de moderniser cette loi qui, dans le fond, n'avait pas été modernisée
depuis 1994, M. le Président, on
parle de plus de 29 ans. Puis, vous savez, il y a 29 ans,
l'habitation, c'était tout un autre marché, on n'était pas du tout à une époque où le marché... présentement, on a
vraiment un grand, grand défi parce que l'offre, évidemment, n'est pas là
par rapport à la demande.
Alors, dans
le cadre de ce mandat, j'ai rencontré 11 groupes à l'automne 2022. Et
vous savez tout comme moi que, récemment,
grâce au projet de loi, nous avons rencontré 19 autres groupes et vous
savez qu'il y a 52 mémoires aussi qui ont été présentés dans le cadre de ce projet de loi n° 31. Ça a été
des rencontres extrêmement fructueuses, plusieurs échanges. Puis
d'ailleurs je tiens à remercier, là, tous ceux qui se sont prêtés à l'exercice,
je les remercie parce que c'est vraiment important, un exercice aussi
démocratique que celle-là.
C'était
justement... Le but, M. le Président, c'était d'entendre les irritants tant
d'un côté, les locataires, dans le marché actuel, ce qu'ils vivent, que des propriétaires, vous savez, ce qu'ils
vivent aussi, eux également. Ça fait que c'était à nous de trouver un
équilibre, puis, moi, d'en faire part à la ministre pour qu'éventuellement il y
ait un projet de loi.
Donc, ma
collègue ministre a déposé ce projet de loi à la dernière session afin,
justement, de répondre aux principaux problèmes
liés à cette vieille loi, là, qui datait de 1994, je le répète, et d'en
discuter, et puis de bonifier, là, ce qu'il fallait faire pour rendre
cet équilibre plus équitable.
Donc, M. le
Président, ce projet de loi a été fait, c'est ça, justement, là, comme je le
disais, pour aider l'équilibre entre les
propriétaires et les locataires. Et ce projet de loi propose diverses solutions
à des enjeux complexes en matière de marché locatif.
J'aimerais
parler peut-être d'éléments, là, que je considère majeurs puis qui ont vraiment
été dans l'actualité, dont, par exemple, les reprises, les évictions, les
cessions de bail, la clause F, la clause G. Tout ça a fait l'objet de débats,
là, dans l'actualité, puis j'aimerais en parler, là.
Prenons, par
exemple, là, les rénovictions. On a parlé beaucoup de ça dans les journaux
ou... donc, les locataires qui ont subi des conséquences incroyables parce
qu'il y avait des propriétaires peu scrupuleux, hein? Ce n'est pas toujours...
En général, là, M. le Président, ça va bien,
les locataires, les propriétaires, ça s'entend bien, mais c'est toujours le
10 %, là, qui, malheureusement,
fait mal, là, et c'est ça qu'on a voulu corriger. Donc, ça... il y avait des
stratagèmes qui ont causé des maux de
tête, autant d'un côté comme de l'autre, là, aux locataires puis aux
propriétaires. Donc, c'est pour ça, là, qu'on a voulu pallier à la
situation.
Donc, tu
sais, imaginez, là, pour un locataire, pour trouver un toit quand le taux
d'inoccupation est à son plus bas, ça
peut vite devenir angoissant et très, très stressant, parce qu'il y avait des
propriétaires peu scrupuleux qui mettaient les gens dehors. Ça, ça n'avait pas de bon sens. Puis c'est au locataire de
démontrer qu'il avait été victime d'une rénoviction devant le Tribunal
administratif du logement.
Vous savez,
M. le Président, le Tribunal administratif du logement, c'est un outil que le
Québec s'est donné, puis ça, ça fonctionne bien pour protéger les locataires
puis aussi les propriétaires. Et puis là, bien, c'était, dans le contexte
des rénovictions, au locataire de démontrer
qu'il avait été victime de rénoviction. Mais savez-vous quoi, M. le Président? Ce projet de loi vient renverser le fardeau de la preuve. Ce que
ça veut dire, dans le fond, là, c'est qu'il y a un ajout de présomption selon
laquelle le locataire ayant reçu un avis
d'éviction est réputé l'avoir refusé. Ça fait que c'est comme si d'office il
refusait. Puis c'est quoi qui arrive?
C'est que c'est le propriétaire qui va devoir aller au Tribunal administratif du logement puis démontrer sa bonne foi. Ça fait que
ça, c'est majeur.
Moi, si j'ai
un duplex ou un triplex et puis que... j'ai le droit, là, de le vendre à mon
fils, mais ça, c'est de bonne foi. Ça fait que c'est moi qui vais devoir aller
aux TAL pour dire : Bien, écoutez, je l'ai acheté, là, avec les économies
que j'ai faites, puis c'est correct, je le vends à mon fils. Ça, c'est
de la bonne foi. Puis le TAL va sûrement dire : C'est correct. Mais savez-vous qu'est-ce qui va arriver? Je vais
devoir donner une indemnité au locataire. Puis ça aussi, c'est nouveau,
puis on va débattre en commission, mais c'est des avancées majeures tant pour
le locataire que le propriétaire.
Ça fait que ça, c'est un autre exemple, là, qui
n'avait pas de bon sens, là, donc, des reprises ou des évictions sauvages, là, puis ça, le projet de loi vient
corriger ces choses-là puis vient amener, là, aussi des indemnités. La loi va
obliger le propriétaire... Moi,
j'appelle ça des propriétaires, là. Ils appellent ça des locateurs, mais je ne
suis pas capable, M. le Président, je
dis toujours des propriétaires, excusez-moi. Mais c'est «le locateur», le vrai
terme juridique. Ça fait que le projet
de loi vient donc... prévoit des indemnités, pour le propriétaire, qu'il doit
verser au locataire, s'il est de bonne foi, je le répète.
Ça fait que,
voyez-vous, c'est vraiment... le projet de loi n° 31
va venir aider tant de part et d'autre. Puis, vous savez, M. le Président, moi, j'ai eu la chance d'entendre
les deux côtés de la médaille, comme on dit. Puis, vous savez, il y a beaucoup de jeunes couples qui ont acheté des duplex, des
triplex, puis eux aussi font face à l'inflation, aux taux d'intérêt élevés, les
hypothèques, les taxes qui augmentent, les
rénovations. Ça fait qu'eux aussi sont à la gorge, là, il ne faut pas penser
que c'est tous des méchants
propriétaires, là, ou locateurs, là. Vous savez, j'ai eu la chance d'entendre
les deux côtés de la médaille.
Peut-être un
dernier exemple aussi, là, de choses qu'on va changer dans le projet de loi.
Dans mon comté, j'ai entendu dire
qu'il y a des gens qui investissent pour nous aider à bonifier l'offre. Ça fait
qu'ils venaient me voir, puis ils me disaient : Mme Jeanotte, on n'est même pas... Mme la
députée, on n'est même pas capables d'arriver avec un coût de construction
qui ferait qu'on aurait un loyer en bas de
2 000 $. Puis ça, je ne vous parle pas de Montréal, là, je vous parle
de Ferme-Neuve. Alors, c'est pour ça
qu'il y a une autre disposition dans le projet de loi, M. le Président, qui,
dans le fond, va indiquer le montant
maximal que cet investisseur-là va pouvoir mettre son loyer au cours des cinq
prochaines années. Ça fait que ça, ça
vient protéger le locataire aussi parce qu'au moins il va savoir à quoi
s'attendre. Puis ça protège aussi l'investisseur qui a voulu faire une bâtisse, aussi, parce que lui,
il va savoir s'il est capable d'arriver, ça fait que, là, il va savoir s'il
peut la bâtir, sa fameuse bâtisse.
Ça fait que,
tu sais, dans le projet de loi, M. le Président, il y a vraiment, donc, des
dispositions qui vont aider les propriétaires
tant que les locataires. Ça fait que c'est vraiment une avancée majeure, là,
comme je le disais, après tant d'années que ça n'avait pas été fait. Ça met en place un
encadrement, aussi, plus solide pour s'attaquer à la problématique de fond,
c'est-à-dire la construction de logements. Parce qu'entre vous et moi le projet
de loi n° 31, là, c'est l'équilibre entre le propriétaire et le locataire puis notre outil, le
fameux Tribunal administratif du
logement, mais on s'entend que ce
n'est pas ça qui va régler la crise
du logement en entier, hein? C'est la construction de logement social et
abordable, pas mal... pas «pas mal plus», mais c'est un tout. Ça, c'est
un jalon, mais il y a bien d'autres choses à faire.
Donc, c'est
un rude défi, M. le Président, on le sait, c'est difficile, on a un vent de
face. Parce que ce n'est pas simple, la
construction, vous savez? Il y a eu la guerre, donc ça, ça a eu un impact sur
les chaînes d'approvisionnement, pour les gens qui construisent, les taux d'intérêt qui n'arrêtent pas
d'augmenter, les problématiques des municipalités qui doivent déréglementer, la simplification administrative.
Tous les ministères qui sont impliqués dans l'habitation, M. le Président,
c'est majeur. Vous savez, c'est un exercice
horizontal majeur, il n'y a pas juste l'Habitation, là, le MAMH, en bon
canadien, c'est-à-dire le ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation, il y a des dispositions que ma collègue a faites, dans son dernier projet de loi, qui vont venir
aussi aider beaucoup, beaucoup à la construction, les municipalités s'y mettent,
donc, le code du bâtiment, là. Mon autre
collègue, au niveau du Travail, va travailler très fort aussi pour revoir les
dispositions qui vont aider à la construction. Le ministre des Finances
l'a dit, au cours de la prochaine mise à jour économique, on va avoir des
choses. Ça fait qu'on travaille très, très fort, M. le Président, pour faire
face à ce vent de face là, mais on va y arriver.
• (10 h 50) •
Vous savez,
le projet de loi, je reviens à ça, offre une approche concrète, et s'inspire
des demandes qui nous ont été faites,
et met de l'avant des mesures qui pourront avoir un effet perceptible dans la
relation équilibrée que nous souhaitons établir au quotidien entre les
locataires et les propriétaires.
Alors, je conclus, M. le Président. Plusieurs
autres éléments de ce projet de loi sont importants, et nous aurons l'occasion
d'en discuter abondamment lors de l'étude détaillée du projet de loi de ma
collègue.
Je termine en mentionnant que je suis convaincue
que nous avons l'occasion de faire époque pour instaurer un meilleur équilibre entre locataires et propriétaires.
Nous avons la chance d'apporter des modifications pour prendre soin des uns comme des autres et nous assurer que les
règles en place permettront d'évoluer dans un cadre harmonieux. C'est important. Après tout, les propriétaires
d'immeuble locatif auront toujours besoin de bons locataires, et ces derniers
souhaiteront également compter sur des bons propriétaires, qui
respectent leurs besoins de sécurité et leur capacité de payer.
Je conclus en
remerciant les groupes qui ont participé à ces consultations ainsi que mes
collègues parlementaires. Puisse
notre travail, déjà bien enclenché, nous mener ultimement à l'adoption d'une
loi qui fera une différence positive en habitation au Québec et dans les
prochaines années. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Labelle. Merci. Prochaine
intervenante, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. D'emblée, je dois vous
dire que j'ai la voix un peu faible aujourd'hui. Je suis contente de
pouvoir être venue ce matin en Chambre, mais je dois vous dire que ce n'était
pas facile. J'ai l'énergie, le taux
d'énergie un peu bas, alors vous m'excuserez. Je vais peut-être être un peu
moins, disons, comme... D'habitude, je suis
assez à mes affaires et je sais où m'en aller, mais là je vous avoue que je...
baisse d'énergie, ma voix tremblotante, et j'ai manqué un peu de temps pour me préparer parce que je n'ai pas filé
depuis quelques jours. Heureusement, aujourd'hui, je me sens mieux. Mais
d'emblée... Mais, quand même, c'est un projet de loi qui était très attendu, et
je peux en parler abondamment parce que j'ai assisté à toutes les consultations
particulières.
Et donc,
d'abord, je voudrais remercier tous les intervenants qui sont venus nous
parler, dans le fond, de tous leurs enjeux qu'ils voyaient avec le projet de loi. Mais, au-delà de ça,
plusieurs groupes ont fait des propositions pour améliorer la crise du logement,
et donc j'accueille, là, vraiment avec beaucoup d'intérêt toutes les
propositions qui ont été faites. On a
eu quand même 53... 52 mémoires jusqu'à maintenant, donc ce n'est pas rien. Je
ne les ai pas tous lus encore, mais j'en ai lu peut-être la moitié, et
il y a vraiment de très, très belles propositions dans ces mémoires.
Et donc je
remercie, comme je disais, tous ceux qui sont venus, mais je remercie aussi les
parlementaires qui étaient autour de
la table, qui sont venus poser des questions, bien, d'abord, la ministre et ses
collègues de la partie gouvernementale, et évidemment mes deux collègues des deux autres groupes d'opposition
qui ont été présents... qui ont été présents lors des consultations. Donc, à nous six, sept,
environ, là, qui posaient des questions, je pense qu'on a réussi à aller capter
un peu plus, là, de, peut-être, ce
qu'on ne pouvait pas trouver dans les mémoires, ou des fois des précisions, et
des fois ce qui nous manque quand les
groupes n'ont que 10 minutes. Alors, c'est très, très court pour exprimer
leur position. Ils n'ont que 10 minutes
pour parler, mais ils ont des mémoires détaillés. Des fois, on essaie de les
lire en détail, mais parfois ils arrivent plus tardivement, les
mémoires, alors c'est plus difficile de le faire, alors on leur pose des
questions. Et ce temps-là est essentiel pour
bien comprendre les positions puis s'assurer qu'on offre... au bout du compte,
qu'on adopte le meilleur projet de loi possible.
D'abord, je dois dire qu'il y avait beaucoup
d'attentes envers ce projet de loi là parce qu'on vit une crise du logement vraiment, vraiment profonde dans toutes
les régions du Québec. Je ne crois pas qu'il y a des régions qui n'ont jamais vu ça, jamais, jamais vu ça. Ça s'est déjà
vu, des crises du logement, mais aussi aiguës au Québec, non. Et là c'est
étendu partout dans les régions les plus éloignées, par exemple Gaspé, on le
voit aux Îles-de-la-Madeleine, on le voit un peu
partout, en fait, dans les régions les plus éloignées. Bien, il y a eu beaucoup
de mouvements avec la pandémie, mais il y avait... et donc, là, il y a
des gens qui ont quitté les grandes villes pour aller dans ces régions-là, mais
il y avait déjà un
manque de logement avant même cette situation-là. J'étais en échange avec des
gens de la région de Rouyn-Noranda,
qui me disaient que ça faisait des années qu'eux vivaient une crise du
logement.
Et
donc, là, maintenant, c'est encore pire, c'est plus exacerbé. On parle d'un
taux d'équilibre... Normalement, ça devrait être 3 %. Il y a des groupes,
aujourd'hui, qui nous disent que, pour que ce soit vraiment en équilibre, ça
devrait être 7 % de taux d'inoccupation, mais disons... prenons le
chiffre de 3 %. Dans certaines régions, on est à 0 %, dans d'autres on est à 1 %, moins de 1 %. Beaucoup, beaucoup,
beaucoup, en fait, la majorité du Québec, on est à moins de 1 % de taux
d'inoccupation. Donc, c'est vraiment
dramatique. Puis ça, ça veut dire que, des familles, s'il y a un incendie et
que, demain matin, ils partent et ils cherchent un logement, il n'y en a
pas, il n'y en a aucun qui est disponible. C'est terrible.
À Montréal, la
situation... la grande région de Montréal, la situation est un peu moins
dramatique, le taux d'inoccupation est un
peu plus élevé, région de Québec également. Mais par contre ce qu'on a appris
avec les chiffres de Centraide...
L'été dernier, Centraide a fait un grand forum sur l'habitation, et c'était
fort intéressant, et ce qu'on a constaté avec ces chiffres, les chiffres qu'ils nous ont présentés, c'est qu'en
fait les taux d'inoccupation qu'on voit, les chiffres, ça peut être
trompeur. Parce que, quand on étale, en fait, on segmente les logements par le
loyer qui est payé, hein, une fourchette de loyers payés, on voit, en fait, que
le taux d'inoccupation des logements les plus dispendieux... c'est là qu'il y a vraiment de l'inoccupation, mais, dans
les logements les plus abordables, là, on est dans des zéros, même à Montréal,
même à Québec. Donc, quand on voit des... tu
sais, on entend des fois : C'est 2 % ou 1,8 % à Montréal, bien,
en fait, c'est 3,3 % et plus dans les logements les plus
dispendieux, mais on est en bas de 1 %, parfois même à 0 % dans des
certaines catégories de logement.
Ce
qui fait en sorte qu'il y a un marché qui s'est développé pour essayer de
protéger ces rares logements là, qui sont à coût... qui sont plus
abordables. Et donc, dans le passé, en fait, il y a eu beaucoup de... on a vu
beaucoup, beaucoup d'histoires, dans les
journaux, d'éviction qui ont, en fait, résulté, par la suite, à des logements,
à des loyers plus élevés. Et ça, ça a contribué à une inflation assez
importante des loyers.
Donc,
avec la rareté, on a vu les loyers exploser dans certaines régions. La ville de
Gatineau, notamment, c'est là qu'il y a eu la plus forte explosion, c'est là
qu'on trouve aujourd'hui les loyers les plus chers, les loyers moyens les plus
chers, à Gatineau. Et d'ailleurs c'est une
des raisons pourquoi j'ai autant insisté pour qu'on les rencontre, parce qu'ils
vivent la crise du logement peut-être la plus exacerbée au Québec, c'est
chez eux. Ils ont une pression énorme qui vient de l'Ontario. Ça, ça s'ajoute... Il y a eu beaucoup d'Ontariens qui se
sont... qui ont déménagé au Québec. Notamment, à Ottawa, c'est beaucoup plus dispendieux, actuellement,
habiter à Ottawa. Et la mairesse de Gatineau, en consultations particulières, nous
a dit : On est, à quelque part, le logement abordable d'Ottawa, Gatineau.
Et ça a fait en sorte que les prix ont monté, parce que la rareté,
encore une fois, a fait monter les prix.
Et,
quand on est propriétaire, bien, on veut... c'est un peu normal qu'on souhaite,
à un moment donné, rentabiliser notre
investissement. Quand on voit ça, bien, puis qu'on a des logements avec des
loyers plus bas, bien, à un moment donné, le propriétaire, peut-être, il
décide : bien, je vais investir, je vais vraiment le rénover puis je vais
pouvoir, après ça, peut-être augmenter un peu les coûts.
Mais,
s'il y a eu ça, c'est que... si les propriétaires ont fait ça, c'est qu'il y a
aussi quelque chose, dans la loi actuelle, qui est un peu, comment je pourrais
dire... Il y a un problème où les propriétaires qui souhaitent investir,
présentement, dans leur logement
n'arrivent pas à récupérer les sommes dans un échéancier qui est réaliste ou
qui est... Tu sais, on dit «le retour sur
investissement», mais c'est un investissement... Chaque personne qui possède un
bien immobilier doit investir, à un moment
donné, changer son toit, changer les fenêtres, des fois le plancher. Et
surtout, quand il y a des locataires, on n'a pas toujours les mêmes... des locataires qui ont les mêmes... le même
souci. Je dirais que, la grande majorité des locataires, il n'y a pas d'enjeu. Mais il arrive que des
logements sont endommagés. Et là, quand il y a des travaux qui sont effectués,
bien, il n'y a pas moyen de récupérer ça
dans un délai raisonnable. Actuellement, je crois, si je ne me trompe pas,
c'est sur 26 ans. Mais il est assez fréquent, si on change une
toiture, que... moi, en tout cas... nous, on a une maison qui a environ 18 ans, puis notre toiture est à refaire.
Alors, si on avait eu à étaler le paiement de la dernière toiture sur
26 ans, ça veut dire qu'on
serait encore en train de récupérer l'argent de la dernière puis que, là,
aujourd'hui, on aurait à payer une nouvelle. Donc, ça, c'est un enjeu
pour les propriétaires, mais ce n'est pas adressé du tout dans le projet de
loi.
• (11 heures) •
Donc,
en fait, ce qu'on voit, c'est qu'il y a comme plein d'éléments qu'on voit, dans
notre milieu locatif, qui ne marchent pas bien actuellement mais que le
projet de loi adresse en partie, mais il y a d'autres qu'il ne va pas.
Et
donc moi, je vais commencer à m'attarder un peu plus au projet de loi lui-même,
parler de ce que j'ai considéré qui était des bons points. Donc,
d'abord, ce que je considère qui est un très bon point, c'est qu'on est venu
adresser la fameuse clause F. C'est la
clause qui, en fait, vient... permet aux propriétaires qui ont des immeubles
neufs ou des immeubles qu'ils vont
mettre sur le marché locatif pour la première fois... pendant cinq ans vont
pouvoir ajuster le loyer sans contrôle des loyers.
Comment
ça fonctionne actuellement, si on a un logement régulier qui n'est pas neuf,
bien, la hausse de loyer est déterminée
par un calcul qui vient du Tribunal
administratif du logement. Ça, c'est
ce qu'on appelle le contrôle des loyers. D'ailleurs, il y a un expert qui est
venu nous parler du fait que, si, au Québec, c'était plus abordable de se loger
qu'en Ontario, c'est parce qu'il y
avait ce système-là qui était plus efficace. Alors, ça, je ne pense pas qu'il
faut jeter ça, mais il y a probablement des ajustements à faire dans les
calculs, la façon que les calculs sont faits.
Mais,
bref, il y a actuellement... Les logements neufs, eux, ce qui arrive, c'est
que, s'il y a un contrôle des loyers qui
s'effectuait, bien, il y avait tellement une incertitude dans le marché qu'à
une certaine époque on a permis, dans le fond, que, pendant cinq ans, le
propriétaire d'un nouvel immeuble peut, dans le fond, déterminer le loyer sans
passer par le Tribunal administratif du logement. C'est la clause F.
Par contre,
il y a eu beaucoup de gens qui ont eu des mauvaises surprises. Donc, on a vu
des personnes âgées dans des résidences pour personnes âgées... puis, en
passant, les résidences pour personnes âgées, c'est la même chose, c'est appliqué, cette loi-là,
c'est la même loi. Bien là, ils ont vu des fois qu'elles ont signé, elles ont
signé des baux à, je ne sais pas, je
vais donner un chiffre, là, hypothétique, 1 000 $, puis là, l'année
d'après, 1 500 $, puis, l'année d'après, 2 000 $, et là,
à un moment donné, 3 000 $. Et là, wo! Et là, à un moment donné,
perte de services. Ce n'est pas ce que j'avais signé comme entente au départ. Mais, avec la clause F, les gens, les
propriétaires ont cette latitude-là de mettre le montant qu'ils
souhaitent ou qu'ils jugent qui est nécessaire pour rentrer dans leur argent.
Ce qui est particulier avec les résidences pour
personnes âgées, c'est vraiment... et ma collègue la députée de La Pinière
viendra en parler davantage tout à l'heure, mais ce qui est particulier avec
celles-là, c'est qu'il y a toute la notion
des services aussi qui rentrent en ligne de compte. Et ça, c'est plus difficile
de visualiser, dans un horizon de quelques années, à quel point ça va augmenter les coûts. Et donc il y a eu, je
pense, beaucoup d'ajustements de ce côté-là, mais ça a quand même... Il y a une réalité, les personnes
qui arrivent en résidence pour personnes âgées ont des moyens limités, des
revenus limités, des revenus de retraite
parfois qui se limitent au Régime des rentes du Québec, peut-être la pension de
vieillesse, la sécurité du fédéral, mais
c'est très limité. Donc, quand les coûts augmentent de façon telle que les gens
ne peuvent plus se loger, bien, ça devient vraiment difficile.
Alors, un des bons points du projet de loi,
donc, ce que je disais, c'est que maintenant on va demander aux propriétaires, de facto, d'indiquer quel sera
le montant maximal, après cinq ans, possible. C'est sûr qu'il pourrait y
avoir... Il y a des groupes qui l'ont
souligné, bien, un propriétaire pourrait dire : Bien là, cette année,
c'est 1 500 $, puis le maximum, ça, c'est 5 000 $, potentiel. Donc, le gap est très élevé,
donc c'est possible que ça fasse peur, mais, au moins, les gens qui vont signer vont avoir au moins une idée de
qu'est-ce que ça pourrait être et se dire : Bien, à 5 000 $, je
ne pourrai pas me le permettre, ce
serait impossible. Et peut-être, à ce moment-là, il y aurait une négociation,
je ne le sais pas, mais, au moins, il y aura une transparence.
Actuellement, il n'y en a pas, c'est une surprise.
Il y a des
groupes qui auraient voulu que ce soit par contrôle des loyers, mais ça, ce
n'est quand même pas évident. Comme je disais, il y a eu... On a vu, là, des impondérables dans les
dernières années. Puis, quand on arrive avec un nouveau logement sur le
marché, il y a beaucoup de choses qu'on ne sait pas. Est-ce qu'il y aura des
réparations d'urgence parce qu'il y a eu une
défaillance lors de la construction? Est-ce que le marché, finalement, fait en
sorte qu'il va falloir... Je ne sais
pas, moi, je donne un exemple. Des fois, le coût d'entretien d'un service
commun dans un endroit où on est, nous, bien, ça a monté trois fois de prix. Donc, oups! ce n'est pas le même
coût que c'était avant. Donc, avant qu'un propriétaire comprenne toute la notion de qu'est-ce qui entre
en ligne de compte dans ses coûts, bien, ça peut prendre quelques années.
Bon, cinq
ans, il y a des groupes qui auraient voulu baisser ça à trois ans. Trois ans,
il y a un risque, quand même, il faut
se le dire, que les augmentations viennent plus vite à ce moment-là, et ce
n'est pas nécessairement ce qu'on souhaite actuellement, et c'est pour
ça que notre... La position du Parti libéral a toujours été de ne pas le
baisser de cinq ans à trois ans, surtout pas
de ne pas l'enlever, parce que ce qu'on craint, c'est que, si on enlève cette
possibilité-là, bien, c'est que les
logements vont rentrer sur le marché... au lieu de rentrer à... Je donnais
l'exemple hypothétique, à 1 500 $, bien, ils vont rentrer à
3 000 $ sur le marché.
Et donc, d'un
coup, on va voir une inflation assez importante dans les nouveaux logements, et
ce n'est pas ce qu'on souhaite dans
le marché actuel, où il n'y en a pas du tout, et les gens n'ont pas le choix,
dans le fond, de prendre le loyer qui
est là. Donc, voilà, ça, c'est un des éléments qui était... qui est positif,
parce qu'on est venus, au moins, mettre un maximum.
On a... Et ma
collègue qui a parlé précédemment, de la partie gouvernementale, a parlé de
l'avis d'éviction, et qu'on est venus, dans le fond, avec ce projet de
loi là, un peu mieux encadrer les évictions.
D'abord, on
est venus mettre une présomption de refus pour les avis d'éviction. Donc, précédemment,
ce n'était pas le cas, c'est
qu'après... Dans le fond, s'il n'y avait pas une réponse dans les 10 jours
de la part du locataire qui se faisait évincer,
bien, c'était... ça veut dire qu'il l'a refusé, mais, des fois, l'avis n'a pas
été reçu, il est en voyage, des fois, il ne sait pas lire. Peu importe, là, maintenant, s'il n'y a pas de réponse,
le propriétaire, ça veut dire que c'était un refus. Donc, ça ramène à un
équilibre un peu plus mieux pour le locataire.
Par contre, je vais peut-être aller à l'encontre
de ce que ma collègue a dit précédemment. Elle a dit : Pour les reprises
et les évictions, il y avait un... on avait adressé ça, puis qu'il y avait un
meilleur équilibre. Mais, non, en fait, il y
a plusieurs cas où les reprises ne
sont pas traitées dans le projet de
loi. On traite plutôt des avis
d'éviction, mais pas des reprises
dans plusieurs articles. Et ça, c'est un élément que je vais revenir
avec des amendements, fort probablement,
parce qu'aujourd'hui ce qu'on fait, c'est 10 fois plus de reprises que
d'évictions.
Donc, le
fardeau a comme changé. À une certaine époque, c'était un peu le contraire. Il
y avait plus d'évictions que de reprises, mais, en fait, c'est que c'est
un peu plus difficile de faire des évictions. Alors, les gens se rabattent sur
les reprises, et pourquoi, et c'est quoi, la
distinction? Ça, c'est important. Dans le fond, une éviction, bien, on va la
faire... Par exemple, on prend notre
logement, on veut le subdiviser. Il y avait
un grand six et demie. On le subdivise en deux trois et demie. Ça, après ça, c'est une éviction pour subdivision.
Il y a... Pour faire du Airbnb, je reprends le logement puis maintenant
je le mets en commercial, Airbnb. Ça,
c'est une éviction, et le projet de
loi est venu vraiment bien encadrer ça, présomption de refus et des indemnités supplémentaires
importantes, et, ça, je le souligne. Je remercie le gouvernement d'avoir osé
aller là, parce que ce n'est évidemment pas ce que les propriétaires
souhaitaient.
D'ailleurs,
ils nous ont recommandé d'aller avec des indemnités plus basses, mais les
locataires ont tous dit même qu'il
faudrait que ce soit plus élevé. Donc, on voit qu'on est probablement dans un
équilibre avec ce qui est proposé, puis il y en a qui en veulent plus puis d'autres moins. Ça fait que c'est
probablement un équilibre qui a été trouvé là, là-dessus, sur les indemnités, mais les indemnités pour les
reprises, ce n'est pas les mêmes. On n'est pas du tout dans les mêmes eaux.
Dans le cas des avis d'éviction, ça va
jusqu'à un mois. Je crois, c'est un mois par année de... en fait, par année, à
avoir été dans le logement, jusqu'à un maximum de 12 mois, si je ne
me trompe pas. C'est quand même substantiel.
Par contre, il y a un
élément que plusieurs groupes ont souligné avec raison, et il faudrait s'y
pencher, c'est qu'actuellement l'indemnité
calculée sur le loyer payé actuellement, et non pas le loyer futur... Et
évidemment, quand on est dans un... dans des
situations avec des taux d'inoccupation de zéro, ça signifie que, quand on va
se retrouver un autre logement, puis qu'on est évincés, puis on se retrouve un
autre logement, bien, on va payer plus cher. Et je vous donne l'hypothétique : On payait 500 $ — il
y en a, il y en a, des loyers à 500 $ — puis que, là, soudainement, on se retrouve sur
le marché à 2 000 $, c'est quand
même 1 500 $ de plus par mois. Et là, quand on fait ça, bien là, si
on se dit : Bien, on a 12 mois
à 500 $, bien, ça ne couvre... ça couvre à peine trois, quatre mois du nouveau
loyer. Donc, ce n'est pas tout à fait un
an dans la réalité pour le locataire. Donc, il faudra peut-être se pencher
là-dessus. Disons, ma tête n'est pas encore faite là-dessus, mais c'est
un élément qu'il faudra réfléchir, parce que c'est sûr que le marché est
tellement en déséquilibre... Actuellement,
juste, tu sais, si on construit... Actuellement, les unités sortent à autour de
400 000 $ la porte. Il y a des marchés que c'est un peu moins, d'autres, c'est un peu
plus, dépendamment des terrains, mais disons que c'est 400 000 $
la porte. Si on part puis on s'en va prendre une hypothèque avec ça,
bien, on a des paiements... qu'on soit propriétaire, on a des paiements qui dépassent les 2 500 $ par
mois. Donc, difficile que les loyers soient abordables quand le coût de la
porte fait en sorte que les coûts avec les taux d'intérêt sont aussi
élevés.
• (11 h 10) •
Alors,
quand je donnais l'exemple du 2 000 $, que la personne passe de
500 $ à 2 000 $ de loyer, ce n'est pas très hypothétique, c'est ça actuellement. Les nouveaux
logements qui arrivent sur le marché, c'est 2 300 $,
2 400 $, 2 500 $. Puis ce n'est pas parce que les propriétaires
veulent, là, exploiter les locataires, c'est parce que c'est leurs coûts réels.
Ça en est rendu là. Donc, on a un enjeu avec ça, ici, je le souligne.
Une
grande, grande... Puis je veux juste revenir sur les reprises. Donc, pourquoi,
dans le fond, c'est ça... Après ça, c'est
quoi, la différence avec les reprises de logements? Bien là, c'est
plutôt : Mon père va venir habiter dans le haut. Moi, je suis au duplex, je suis en bas, mon père va
venir... plutôt : Moi, je vais être en haut, lui va être en bas parce que,
ses genoux, c'est mieux, et donc je
veux reprendre le logement pour lui, bien, c'est une reprise. Et là ce n'est
pas du tout les mêmes règles. Dans le
projet de loi... Dans la loi actuelle ni le projet de loi, on ne l'adresse pas.
Mais là ce qu'il arrive, c'est qu'il y a malheureusement beaucoup de
gens qui font des... bien, pas beaucoup, attention, il y a des cas qui nous ont
été rapportés comme quoi il y avait des
reprises de logement frauduleuses, donc sous de faux motifs. Et donc, par
exemple, je vais dire : Mon père va venir. Mais finalement mon père
a décidé de rester dans sa maison trois mois plus tard, et là, après ça, je remets le logement sur le marché puis, là, je
ne... pas du tout, du tout le même loyer. Ça, c'est malheureux parce qu'on a
quand même, à ce moment-là, évincé quelqu'un sous de faux motifs, et ça, il
faut, je pense, agir là-dessus.
Dans
les... Mes principales préoccupations par rapport au projet de loi, comme il a
été déposé, bien, évidemment, tout le
monde en a parlé, ça a fait, là, le scandale de l'été, les cessions de bail.
Cession de bail, en fait, c'était quelque chose qui était très marginal dans le passé, mais qui s'est un peu accentué.
Et qu'est-ce que c'est, dans le fond? C'est que, quand j'ai un bail... Et moi, j'ai souvenir, quand je suis
allée à l'université, on avait pris un bail à Montréal, et, à un moment donné,
moi, j'ai quitté, je suis allée vivre à l'étranger, je suis allée vivre au
Chili, et là je devais trouver quelqu'un pour prendre mon bail, parce qu'autrement c'est moi qui étais prise à payer le loyer
pour toute l'année qu'il restait. Et donc la cession de bail, c'était... ça servait à ça. Ça servait,
dans le fond, à permettre aux locataires de trouver quelqu'un pour prendre sa
charge puis aux propriétaires de ne pas se ramasser avec pas de loyer. Parce
qu'à cette époque-là le taux d'inoccupation était
pas mal plus élevé. On avait l'embarras du choix pour trouver des logements. Et
donc, tu sais, il y a des sûrement des gens,
sûrement des propriétaires qui ont vécu ça, des gens qui sont partis vivre à
l'étranger puis ils ont juste dit : Moi, je pars puis je laisse le
propriétaire avec son logement. Il essaiera de me retrouver. Il n'aura pas
d'argent. Ça fait que la cession de bail, c'était une façon, dans le fond, de
permettre aux propriétaires...
Puis,
d'ailleurs, c'étaient les propriétaires qui l'avaient demandé à l'époque, la
cession de bail. Mais là, dans les dernières
années, c'est devenu une façon de protéger des loyers abordables. Donc, on a
vu... Puis il y a une dame qui est venue nous parler en consultations
particulières qui parlait qu'il y avait un groupe Facebook, un, il y en a
plusieurs, un seul groupe avait
55 000 abonnés, et c'est un groupe de cessions de bail. Donc,
quelqu'un a un bail à céder, il va là-dessus. J'ai un bail à céder, puis là ça... des personnes, là, qui veulent
prendre le logement, il y en a des centaines, et des centaines, et des
centaines. Et donc ça permet de maintenir les mêmes conditions du bail.
Il
existe aussi la sous-location. Ça, c'est différent, c'est : j'ai un
résiduel de mon bail... Et, d'ailleurs, moi, c'est ce que j'avais fait, à
l'époque, avec le Chili. Quand j'étais allée au Chili, j'avais sous-loué ma
partie à quelqu'un d'autre, puis, à la fin de l'année, dans le fond, le
bail vient à échéance. Tu sais, c'est la même échéance à ce moment-là, et là le
propriétaire peut renouveler ou pas, c'est différent. Céder le bail, c'est un
peu distinct.
Mais, dans les deux
cas, autant dans la cession que dans la sous-location, il y a malheureusement
eu aussi de l'abus. Il y a des groupes qui
nous ont dit que c'était anecdotique, il y a d'autres qui ont dit : Non,
non, il y a des cas réels de
marchandisation de la cession de bail ou de la sous-location. Donc, quelqu'un
qui a un loyer très peu cher, admettons le fameux 500 $, qui dit : Moi, je vais te sous-louer mon
logement, mais tu vas me payer 800 $ par mois, et je me fais 300 $.
Puis la personne est contente parce qu'à
800 $ elle paie beaucoup moins cher que si elle allait sur le marché
actuel, qu'elle paierait peut-être 1 800 $ ou
2 000 $, donc...
Mais ça, on ne peut
pas accepter ça, parce que c'est faire de l'argent sur le dos, quand même, du
propriétaire, qui, lui, a tous les risques.
Et le pire, c'est : après ça, il y a aussi ses assurances, au
propriétaire, qui vont être affectées par ça. Donc, ça... Puis, après ça, il n'a pas le contrôle non plus sur qui va
aller là. Donc, on ajoute beaucoup, là, de... Puis, si, en plus, la personne se fait du profit là-dessus,
pour moi, là, il y a comme une... quelque chose qui... on ne peut pas aller là.
On ne peut pas permettre que des gens utilisent
le fait qu'ils ont un loyer abordable pour aller se faire de l'argent sur le
dos de d'autres locataires, qui, en fait...
Tu sais, de céder son bail à une autre personne pour protéger le loyer
abordable, c'est louable, mais pas
d'aller se faire du profit sur le dos de la personne qui va reprendre le bail.
Moi, c'est inacceptable. Et ça, je viendrai probablement avec des
amendements à ce sujet-là.
Mais, par contre, dans les circonstances
actuelles, compte tenu du taux de déséquilibre énorme du marché, on considère que ce n'est pas le bon moment de
toucher les cessions de bail. On a entendu tous les groupes à ce sujet-là, même
des villes sont venues
dire : Non, ne touchez pas aux cessions de bail, ce n'est pas la bonne
saison pour le faire. Si, un jour, on
retrouve un équilibre un peu plus... bien, c'est ça, un taux d'inoccupation un
peu plus en équilibre, on pourra le regarder, mais, pour l'instant, c'est... il y a trop de... le marché est trop à
l'avantage des propriétaires pour enlever cet élément-là de la loi, pour
nous, en tout cas.
Un autre élément, c'est la clause G. En fait,
on n'y touche pas du tout, à la clause G, dans le projet de loi. Et la
clause G, ce que c'est, c'est... en fait, le propriétaire doit indiquer le
loyer précédent, le montant. Et ça, beaucoup de groupes nous l'ont dit, et même comme locataire, je l'ai
vécu, beaucoup de propriétaires ne le remplissent pas mais peut-être par
méconnaissance, ce n'est peut-être pas par
mauvaise foi. Mais il y a un enjeu, c'est que ce chiffre-là, le montant qu'on
met comme loyer précédent, bien, ça
permet aux nouveaux locataires de savoir est-ce que le loyer qu'on
m'indique ici, qu'on me charge va
avec, tu sais, l'inflation, du moins, du secteur ou de cette unité-là. Et donc,
dans la loi, ça doit être rempli, mais il n'y a pas vraiment de
conséquence pour un propriétaire qui ne la remplit pas, cette clause-là.
Et, d'ailleurs, un
peu à cause de ça que beaucoup de groupes, en fait, une majorité de groupes ont
demandé à ce qu'on mette en place un registre
des loyers, pour permettre aux locataires, aux nouveaux locataires d'aller
fouiller puis d'aller s'informer sur
l'ancien loyer. Et là, d'ailleurs, Vivre en ville est venu nous présenter le
fait qu'eux ont mis en place un
registre des loyers. Puis ils disaient : Bon, bien, c'est un outil quand
même facile, en place, on est prêts à le céder au gouvernement gracieusement. Et on les remercie
pour cette offre, mais un registre des loyers, ce n'est pas juste un outil
informatique, c'est beaucoup plus que ça. Parce
que, quand je leur ai demandé comment ils validaient l'information qui
était dedans, l'important, c'est les données, ce n'est pas tant l'outil, bien,
il n'y a aucune validation actuellement dans l'outil
de Vivre en ville. Donc, ça fait qu'actuellement ça... Je comprends, dans le
fond, qu'on a voulu le présenter, l'outil, mais, dans les faits, ça n'a pas de force de loi du tout, et
l'information peut être bidon. On ne le sait pas. On ne le sait pas.
Ça
fait que, pour que ce soit vraiment un vrai registre, il faudrait que ce soit
géré au niveau du gouvernement. Et, encore
une fois, c'est... Bon, on l'a vu dans les derniers mois, ce n'est pas
nécessairement la force, là, du gouvernement actuel, les nouveaux outils
informatiques. Mais, ceci dit, ceci dit, mettons qu'on prenait l'outil de Vivre
en ville, il reste... Comment on le popule
de données, comment on va s'assurer que les données qui sont dans le registre
sont les bonnes? Et l'expérience avec
tout ça... les gouvernements qui ont mis en place des registres des armes à
feu, par exemple, ça n'a pas toujours
été un succès. Alors, moi, j'ai un gros bémol sur le registre des loyers. Par
contre, si la clause G fonctionnait, on n'aurait pas besoin du registre des loyers. Alors, il est là, l'enjeu.
La clause G, il faudra la renforcir, trouver le moyen de la renforcir,
et je vais revenir avec des amendements à ce sujet-là.
• (11 h 20) •
Un élément qui me
préoccupe beaucoup, puis je l'ai mentionné à plusieurs moments dans le projet
de loi, c'est l'affaiblissement du logement social. Puis, ça, on le voit depuis
malheureusement quelques années. On voit que le gouvernement actuel ne croit pas beaucoup au logement social. On a tenté
de changer les mots. Donc, c'est venu... Au départ, l'ancienne ministre
qui avait le dossier de l'habitation a créé un nouveau programme, le Programme
habitation abordable Québec. À
l'époque, elle disait que ça ne remplaçait pas AccèsLogis, c'était plutôt
complémentaire, puis qu'il y aurait
éventuellement un autre programme pour le logement social. Mais, plus tard, on
a entendu la nouvelle ministre de l'Habitation nous dire qu'AccèsLogis
était mort et que, dans le fond, on ne s'en servirait plus.
Ce n'est pas l'outil,
tant, qui compte, là, que ça s'appelle AccèsLogis ou pas, c'est plutôt le fait
qu'AccèsLogis permettait de faire du
logement social, puis ça a permis d'en faire quand même beaucoup au Québec. Et
tous les groupes disaient : O.K., il y a certains ajustements à faire à ce
programme-là, mais, mais, à la base, c'est le meilleur outil qu'on avait. Le nouveau programme n'a pas donné l'effet
escompté, en tout cas pas pour des logements sociaux. Il y a eu beaucoup
d'enjeux. Et là la deuxième mouture, bien,
on verra bien, mais, pour l'instant, il y a un seul... Le deuxième appel de
projets, il y a un seul projet en
chantier sur les 41 annoncés dans le PHAQ, la deuxième phase. Ce n'est pas
surprenant, là, parce que les délais de 12 mois étaient
irréalistes.
Mais,
ceci dit, moi, ce que j'ai vu dans le projet de loi, c'est que, partout où il y
avait «social», «logement social», on
a voulu changer pour «logement abordable» ou «habitation», et c'est quand même
important parce qu'il y a une grande distinction
entre les deux. Un logement abordable, c'est... Bien, en fait, je vais
recommencer, plutôt. Qu'est-ce que c'est, un logement social? Un logement
social, c'est basé sur le revenu de la personne, et on va venir mettre un
maximum de, si je ne me trompe pas, 25 %. Donc, la personne ne
paiera jamais plus que 25 % de son revenu pour son loyer.
Et
ça, c'est important, parce qu'au-delà de 30 % on dit que les gens
commencent à devoir couper ailleurs. Et là, actuellement, ce qu'on trouve, c'est des gens qui malheureusement
paient... 50 %, 70 % de leur revenu va au loyer. C'est énorme et ça
ne laisse plus grand-chose pour manger, pour payer les fournitures scolaires,
etc. Donc, c'est... c'est un enjeu.
C'est
pour ça qu'on a besoin d'autant de logement social, alors que le logement
abordable, lui, ce n'est pas tout à fait la même chose, c'est plutôt... Bien,
c'est moins cher que le marché. Mais, c'est moins cher que le marché, quand
le marché monte de 20 %, bien, le logement abordable monte de 20 %.
Et donc il est de moins en moins abordable, pour ne pas dire... les logements abordables à Gatineau ne sont pas
abordables du tout. De mémoire, on avait un exemple, on était 1 800 $, c'était considéré
abordable. Il y a énormément de gens dans notre société qui n'ont pas les
moyens de payer ces montants-là sans couper dans d'autres services
essentiels, d'autres biens essentiels de leur vie.
Et
donc, quand je lis, dans le projet de loi, qu'on veut permettre l'aliénation de
HLM, donc quand les HLM vont être, par exemple... seraient démolis parce qu'ils
n'ont pas été entretenus, bien, qu'ils pourraient être aliénés pour faire
du logement abordable, bien là, on perd l'essence du HLM. Quand on a mis les
sous, quand le gouvernement fédéral, à
l'époque, a construit les HLM, ça le dit, habitations à loyer modique, le but,
c'était de faire du logement social. Il y a des conseils
d'administration qui gèrent ça, c'est des milieux de vie, et là on veut pouvoir
les aliéner pour faire du logement abordable où là ça peut être un peu tout et
n'importe quoi. Moi, je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec ça.
Et
on l'a vu aussi avec un autre élément, où la CMM... on veut permettre à la CMM
d'investir. Dans le fond, elle avait
un fonds de logement social puis elle peut rembourser les contributions des
municipalités dans des projets d'habitation. Bien là, dans la loi, c'était indiqué qu'elle
devait le faire dans les projets de logements sociaux, et là on veut lui
permettre de venir, dans le fond,
rembourser des projets d'habitation. «Habitation», le mot... donc là, ici, on
change «logement social» par
«habitation». Ça aussi, c'est un peu tout et n'importe quoi. Il n'y a plus de
balise. Et là on parle de l'argent des contribuables. Est-ce que
l'argent des contribuables devrait servir à du logement privé? Moi, je ne suis
pas d'accord. Les fonds publics doivent...
il doit y avoir un retour pour le public, un legs, un genre... on doit avoir un
gain pour la société. Mais, quand c'est un profit pour un privé, il est où, le gain pour la société? Moi, je ne
suis pas à l'aise que nos subventions en logement aillent là.
Puis ça, les gens de
la CMM, après quelques échanges avec eux, semblaient être bien ouverts à ce
qu'on précise qu'au lieu d'habitations on parle que ce soient des logements
sociaux, abordables ou communautaires, au moins pour... Ce n'est pas parfait,
là, parce qu'«abordables», pour moi, c'est trop un peu n'importe quoi, mais on
a compris, par les échanges, que ce qu'ils souhaitaient, c'est pouvoir
participer à des projets de coops d'habitation, par exemple, ou des projets qui
sortent un peu de l'ordinaire, comme les projets d'UTILE, qui fait du logement
étudiant, et qui ne cadrent pas toujours dans les programmes de la Société
d'habitation du Québec. Et donc c'est ce qu'ils souhaitaient vraiment.
Alors,
moi, je vais proposer un amendement pour venir corriger ça et que ce ne soit
pas «at large», n'importe quel projet
d'habitation, mais bien qu'on précise les types d'habitation puis qu'on reste
dans ce qui laisse un legs pour le public. Évidemment, pour les HLM, ça ne peut pas... moi, personnellement, je ne
peux pas accepter qu'on permette d'aliéner des bâtiments, des HLM, pour faire du logement abordable. Vous comprendrez
que c'est sûr que c'est un changement que je vais... Je vais m'y opposer
fortement.
Ensuite,
dans le projet de loi, on trouve aussi que la... on souhaite donner des
objectifs, dans le fond... en fait, on souhaite
permettre à la Société d'habitation du Québec d'offrir des services payants. On
ne sait pas lesquels, on ne sait pas combien,
on ne sait pas à qui, ce n'est pas précisé, mais on dit «dans un objectif
d'autofinancement». «Autofinancement», la
Société d'habitation du Québec, ça peut faire peur quand on lit ça. La Société
d'habitation du Québec soutient des groupes, hein, toutes sortes, et déjà on
entend qu'il y a des pénuries de main-d'oeuvre, des fois que c'est long d'avoir
certains services, des réponses, etc.
Alors, si en plus on se met à vendre des services à des privés, par exemple,
est-ce que ça va détourner de la
main-d'oeuvre, du temps humain, qui aurait servi à offrir des services de
soutien aux groupes communautaires? Moi, c'est sûr que je vais poser beaucoup de questions à ce sujet-là. J'ai la
gorge sèche. Voilà. Donc, on voit, là, qu'il y a un enjeu de ce côté-là, du
côté de cet élément-là qui est très imprécis, et puis c'est sûr que je vais
poser beaucoup, beaucoup de questions
concernant la Société d'habitation du Québec. La ministre m'a mentionné qu'il y
avait déjà des services rémunérés de la SHQ, mais, c'est ça, je vais
vouloir en savoir beaucoup plus là-dessus.
Je
dois dire que c'est un projet de loi, comme je disais, qui était très attendu,
mais le fait qu'on ait seulement entendu, au bout du compte, là... Je ne sais plus exactement le nombre de groupes
qu'on a entendus, mais très peu par rapport au nombre de groupes qu'on souhaitait entendre. Je dois dire, là, nous, en
tout cas, l'opposition officielle, on avait fait une liste exhaustive des groupes qu'on souhaitait
entendre, et il y en a plusieurs que le gouvernement nous a dit non — merci,
monsieur — le gouvernement nous a dit non, malheureusement.
Et là il y a eu des désistements, dont notamment la ville de Gatineau, et là il y a eu des
désistements, donc ça nous a permis, finalement... À force d'insister, on a
finalement pu les entendre, et je
suis bien contente qu'on les ait entendus parce qu'il y a vraiment des éléments
très particuliers qu'il s'est passé
à... qu'il se passe à Gatineau avec la proximité de la frontière ontarienne, et
ça nous a permis vraiment de voir un aspect différent par rapport à la
main-d'oeuvre, par exemple.
Ça,
c'est un élément que les autres groupes n'ont pas vraiment abordé. En fait,
aucun groupe n'a abordé la question de
la mobilité de la main-d'oeuvre entre l'Ontario et le Québec, et ça, c'est quelque
chose... la main-d'oeuvre en construction. Donc, quand on est à... Il y a environ, ils estiment, 500 Québécois
qui travaillent en Ontario en construction, mais ils ne peuvent pas revenir au Québec pour une question de
carte de compétence. C'est différent quand on est Ontarien puis qu'on vient au Québec, là il y a des ententes, mais,
quand on est Québécois, qu'on s'en va en Ontario, qu'on délaisse nos cartes,
revenir, c'est beaucoup plus complexe. Et là
c'est 500 Québécois qui pourraient venir travailler au Québec, et
particulièrement à Gatineau, qui ne peuvent pas le faire. Donc là, il y
a quelque chose à regarder de ce côté-là.
• (11 h 30) •
Il
y a aussi... On a abordé avec eux aussi la question de la taxe sur les
produits... la TPS, taxe produits et services. Dans le fond, le fédéral a annoncé... le gouvernement fédéral a annoncé,
la semaine dernière, qu'il allait retirer cette taxe-là... la semaine
dernière ou la semaine précédente, là, je ne suis plus sûre exactement, mais,
bref, il allait la retirer sur les matériaux
de construction, dans le fond, pour faire du logement locatif. Belle
initiative. Nous, on le proposait pour... dans le fond, au niveau de la TVQ, la taxe de vente du Québec, de la retirer
pour les projets de logements sociaux et abordables. Donc... Et ça,
c'est vraiment un enjeu, parce qu'actuellement, dans le fond, il y a une
inflation énorme au niveau des matériaux de
construction, les projets coûtent beaucoup plus cher à faire. Et là c'est de
plus en plus difficile à attacher les projets. Et je vais revenir sur
AccèsLogis tantôt, justement, à ce sujet-là.
Mais,
bref, à Gatineau, ce que la mairesse nous a dit, c'est que l'Ontario a
annoncé... Puis ça, c'est important, quand le fédéral a annoncé ça, qu'il allait enlever la taxe, la TPS, bien,
l'Ontario a dit : Bien, nous aussi, on arrive avec notre taxe de vente,
l'Ontario, on va l'enlever, nous aussi. Et là le Québec a dit : Non, non,
nous, on ne fera pas ça. Mais là, Gatineau, la mairesse, ce qu'elle nous expliquait, ça veut dire que ça va être à
peu près 10 % plus cher, construire à Gatineau qu'à Ottawa. Il y a un pont
qui les sépare, mais ça va coûter plus cher construire à Gatineau à cause qu'on
n'enlèvera pas la TPS... la TVQ, pardon, du côté du Québec.
Donc,
moi, j'exhorte le gouvernement, encore une fois, à y réfléchir. Je comprends
qu'on ne veut pas l'offrir puis j'ai entendu le ministre des Finances
dire : Bien, ça coûterait très, très cher, et là... parce qu'il avait
probablement le chiffre en tête de l'ensemble des projets locatifs, mais
qu'on commence peut-être avec les projets de logements sociaux, logements abordables, qui ne cessent, là... les
projets ne cessent d'être retardés, faute d'être capable d'attacher le
financement. Donc, ça, ça pourrait
être une option. Et, pour ça, je suis contente qu'on ait entendu la ville de
Gatineau, parce que ça nous a mis cette réalité-là... ça nous a présenté
cette réalité-là.
Et
je vais revenir avec AccèsLogis, où on a décidé... le gouvernement a décidé
d'abolir ce programme-là, et sous prétexte
que les projets n'avançaient pas, ça n'allait pas assez vite, etc., mais les
groupes nous l'ont dit, et plusieurs sont venus, puis l'enjeu principal,
c'est... C'est vrai qu'il y avait des petits ajustements à faire, peut-être des
volets... c'était peut-être trop segmenté
dans certains secteurs, mais, à la base, quand un projet avait son financement,
puis qu'il se qualifiait, puis qu'il
voulait commencer, les taux, le maximum constructible, entre guillemets, là,
le... Comment je pourrais dire ça? Le taux sur lequel se basait la subvention
par logement était basé sur un coût de construction qui était déjà désuet.
Donc, à chaque année, là,
actuellement, depuis plusieurs années, dans la construction, on voit des taux
d'inflation beaucoup plus élevés que l'inflation générale qu'on entend.
Moi, j'étais dans le municipal auparavant, et on a vu, en une année, nos coûts de construction de projets majeurs monter de
30 %. Mais il n'y a pas un programme... le programme AccèsLogis mais
le PHAQ, la même chose, ne suivent pas ça.
Ils arrivent, ils ont des maximums, des coûts de construction maximums qui
ne sont pas en adéquation avec le marché. Et ça fait en sorte que, quand le
financement est enfin attaché, bien, on dit : O.K., là, c'est beau, notre financement est prêt, on part, on commence à
faire toutes les démarches, les coûts ont monté, puis le financement, il
ne marche plus, ça fait qu'il faut aller chercher d'autre argent. Et il y a
beaucoup de villes qui ont commencé à mettre des sous supplémentaires pour
faire en sorte que les projets lèvent de terre. Nous, on l'avait fait, à Laval, à l'époque, on a mis plusieurs millions
pour faire en sorte d'attacher le grand projet de Val-Martin. Le gouvernement
a mis beaucoup d'argent, on ne se le cachera pas, mais la ville aussi. Et donc,
à la base, quand on parlait que certains projets,
ça devait être du 10 % du municipal, à un moment donné, c'était 20 %,
c'est rendu du 40, 50 % au ministère
des fois. Ça fait des factures
très élevées, et c'est pour ça que les maires disent : Ouf! ce n'était pas
dans nos responsabilités, l'habitation,
avant, et là c'est rendu qu'on met des grosses portions de notre budget
là-dedans. Et c'est pour ça qu'il y a eu un cri du coeur des maires, et c'était... et je vous avoue que j'ai un peu
ri quand j'ai entendu autant la ministre que le premier ministre dire que c'était un peu la faute des
villes ou c'était la faute des villes, je ne me rappelle plus c'était laquelle
des ministres, Affaires municipales
ou Habitation, qui avait dit ça, mais c'était pour... Moi, ça m'a fait rire,
parce que j'avais souvenir de mon
ancienne vie, où ce n'était pas nécessairement facile d'attacher des projets,
puis, comme ville, on voulait, on voulait, on voulait, mais les
programmes n'étaient pas flexibles.
Puis, là-dessus, je souligne que la ministre
semble avoir beaucoup d'ouverture à avoir des programmes plus flexibles, et tant mieux si ça peut être le cas,
mais il faudra que les coûts maximums admissibles soient réalistes, peut-être
basés sur le réel plutôt qu'on met un
maximum, parce que ça ne marche juste pas, actuellement, il y a tellement
d'incertitude. On l'a vu avec la
pandémie, ça a monté, des taux très élevés, les coûts de construction, d'un
coup, augmentent parce que les matériaux de construction augmentent, mais la
pénurie de main-d'oeuvre, qui n'est pas réglée, d'ailleurs, dans le domaine de
la construction, donc, fait en sorte que les coûts augmentent énormément. À un
moment donné, ça ne suit pas, ça ne suit juste pas.
Puis les
appels de projets à date fixe, avec un court échéancier pour répondre, ça
aussi, c'est un enjeu dans plein de programmes gouvernementaux. Les
groupes me l'ont dit, on l'a vu dans des mémoires, que... on nous dit : Il
faut des programmes pluriannuels, il faut
avoir une prévisibilité, il faut être capable de déposer un peu n'importe quand
les projets, parce que, si tout le
monde... Tu sais, là, on a vu, là, il y a 44 projets qui ont été attribués
l'année passée. Si tout le monde part en construction en même temps, bien, ça
fait quoi? Ça fait augmenter, encore une fois, ça fait augmenter le coût
de la construction, parce que, là, les
groupes qui font la construction, ils ont aussi des pénuries de main-d'oeuvre,
ils sont moins nombreux sur le marché, et là, soudainement, ils sont tous
occupés en même temps. Ça fait qu'à un moment donné ils sont tous
occupés en même temps puis, à un moment donné, pouf! ils n'ont plus de travail.
Ça ne marche pas. Il faut être capable
d'étaler ça dans le temps pour que les gens qui font de la construction
puissent avoir... offrir des prix un peu plus... un peu plus, c'est ça,
raisonnables. Et c'est normal, c'est la loi de l'offre et de la demande, ça
fait que, s'il y a beaucoup de projets qui
sortent en même temps, bien, ils vont charger plus cher, les soumissions
sortent plus chères. Alors, il y a tout ça à revoir. Et je ne sais pas si le projet de loi est l'opportunité de
le faire, mais il faudra s'y attaquer, il faudra s'y attaquer.
Il y a des
éléments aussi sur le Tribunal
administratif du logement qui sont
dans le projet de loi que je me... je vais m'y attarder un peu plus, éventuellement, mais on l'a vu, la semaine
dernière... bien, en fait, oui, c'est ça, le rapport du Protecteur du citoyen. Il y a des enjeux, avec le Tribunal administratif du logement, il manque de main-d'oeuvre, et ça, c'est un élément... Il faut s'assurer... Il manque
de personnel, au tribunal, les délais s'allongent. Il y a certains éléments que
ça s'est raccourci, mais ce qu'il faut s'assurer, c'est que ce projet de loi là
ne va pas créer encore plus de demandes au TAL. Il faut absolument éviter ça.
Il faut permettre aussi des délais un peu plus longs. Il y a plusieurs
endroits, dans le projet de loi... bien, en
fait, qu'on n'a pas changé, mais qui avaient des délais de 10 jours. Par
exemple, un locataire avait 10 jours pour faire... j'essaie de me
rappeler, là, bien, justement, je pense que c'était contester la reprise de
logement. 10 jours, ce n'est pas
beaucoup. Comme je disais, il suffit d'être parti en voyage deux semaines, on a
manqué le bateau. Donc, ça, c'est des
éléments que je vais proposer d'ajuster, puis qu'on ait peut-être au moins des
30 jours un peu partout, là, que ce soit à peu près les mêmes
délais dans tous les cas de figure. Voilà.
Et il y a eu
des éléments aussi intéressants que je voudrais peut-être vous souligner puis,
après, je vais pouvoir conclure, là,
dans le fond, qu'il va falloir se pencher. Puis je le parlais... j'en ai parlé
un petit peu, là, tout à l'heure, les coûts que le Tribunal administratif du logement établit, les
calculs pour les rénovations, c'est un enjeu, mais il y a aussi les assurances
et les taxes municipales. On a découvert
que... Moi, c'est quelque chose... c'est une réalité que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas... Je ne suis pas
propriétaire d'un multilogements, là, donc, je ne savais pas ça, mais, quand on
est propriétaire et qu'on doit
répartir les taxes municipales et les assurances sur l'ensemble d'un immeuble,
bien, le Tribunal administratif le calcule au prorata des loyers payés et non pas de l'aire, la superficie d'un
logement, alors... et là ce que ça fait en sorte, c'est que ceux qui ont les plus petits loyers, bien, c'est
eux qui paient le moins de la portion des taxes municipales et ceux qui paient
le moins des assurances, évidemment. Et ça
fait en sorte que, comme il y a eu des hausses d'assurances dans les dernières
années, évidemment, il y a toujours des
hausses de taxes municipales à un moment donné, bien, ça fait en sorte que les plus
hauts loyers dans le même immeuble ont
absorbé une plus grande part des taxes et des assurances, et donc que l'écart
entre les plus bas et les plus hauts loyers dans
l'immeuble s'agrandit. Et là ce qui est particulier, c'est que, si c'est un bas
loyer, mais qu'il a une grande surface, dans
les faits, sa portion à lui est plus élevée parce que les taxes municipales et
les assurances se calculent sur la
superficie. Alors, il y a peut-être un déséquilibre à analyser de ce côté-là.
Ça a été soulevé. Moi, c'est une réalité
que je ne connaissais pas, et donc c'est quelque chose que je pense qu'on doit
regarder peut-être pour viser un équilibre.
Et
là je vais terminer en vous disant que, comme je disais, dans ce projet de loi
là, malheureusement, il n'y avait pas...
il n'y a rien qui adresse la crise du logement. Donc, on est en... Je
disais : On manque de logement terriblement partout. Il n'y a rien, dans ce projet de loi là, qui va
faire en sorte que, demain matin, il va se construire des unités,
malheureusement, vraiment, vraiment
pas grand-chose là-dedans, puis ça, c'est ce que les gens ont décrié le plus. À
part la cession de bail, là, c'était le deuxième élément qui ressortait
le plus. Ça ne s'attaque pas à la crise du logement.
Moi, j'en avais parlé
lors du projet de loi n° 16 sur l'aménagement et
l'urbanisme. Je crois beaucoup au zonage différencié
et je pense qu'on a là une grande... une bonne opportunité. Je vais le proposer
en amendement. On verra si c'est accepté cette fois-ci. Je l'ai essayé avec le
p.l. n° 16. Ça n'a pas marché. Je vais l'essayer ici.
Donc, dans le fond, le zonage
différencié, ce que ça permet, c'est... On a octroyé, lors du p.l. n° 16, le zonage incitatif aux villes, et ça, c'est vraiment distinct. Le zonage incitatif, ça permet, dans le
fond, d'échanger avec une ville, de dire : Bien, donne-moi un peu plus de
densité, d'étages, par exemple, permets-moi
de construire un peu plus haut, là, puis, en échange, là, je vais te donner
quelques unités de logement social,
ou, en échange, je vais faire, je ne sais pas, un immeuble plus écoénergétique,
ou, en échange, je vais peut-être préserver un boisé.
C'est
une négociation, mais, à la base, quand on arrive pour acheter le terrain, on
est tous sur le même pied d'égalité. Qu'on fasse du logement social, abordable
ou régulier, on est tous sur le même pied d'égalité. Avec le zonage
différencié, ce que ça permettrait,
puis plusieurs villes nous l'ont demandé dans leurs mémoires, c'est vraiment...
Et ça venait de groupes communautaires, bien sûr, c'est... À la base,
sur le même terrain, il y aurait deux densités possibles. Tu fais du logement régulier, tu as droit à six étages. Tu veux faire
du logement social, tu vas avoir droit à huit étages. Donc là, il y a un
avantage concurrentiel, pour celui qui fait du logement social ou abordable,
qu'il n'y a pas dans l'autre... dans le zonage incitatif, ce qui fait en sorte que, bien, un, ça va
permettre de réduire les coûts par unité pour les cas, surtout dans les grandes
villes, où la densité est telle qu'actuellement il n'y a plus de terrains
puis les terrains s'échangent à des coûts astronomiques. Donc, ça, ça va donner un avantage un peu plus...
Bien, ça va abaisser le coût des unités et ça va donner un avantage concurrentiel. Ça fait que les groupes vont savoir
qu'ils vont pouvoir en faire plus, puis ça va peut-être aussi inciter des
groupes à en faire, parce qu'ils vont
peut-être vouloir en construire plus. Donc, ça, c'est quelque chose qui, à
court terme, pourrait avoir une incidence si les villes, évidemment,
l'utilisent. Ce serait un outil qu'on donnerait dans les mains de villes — j'ai
vraiment de la misère — et
donc ça, c'est un élément qui serait très intéressant.
• (11 h 40) •
Puis
il faudra regarder aussi la question des bigénérationnels. Ça nous a été
demandé. Actuellement, chaque ville légifère
sur les bigénérationnelles. Dans la dernière législature... pas la dernière
législature, la dernière session, on a permis, dans le fond, que toute ville qui voulait ajouter des logements
accessoires, ce serait plus susceptible d'approbation référendaire si elles faisaient un changement de zonage dans ce
sens-là. Là, il y a des gens qui sont venus nous demander, notamment la FQM, la Fédération québécoise des
municipalités, sont venus nous demander de peut-être les permettre partout de facto,
puisque beaucoup de villes, petites villes surtout, ne savent pas
nécessairement qu'elles ont ce pouvoir-là de faire le changement et de permettre des bigénérationnels partout. Donc, ce serait
quelque chose à évaluer, à voir, mais ce serait... il y a un potentiel là, par exemple, pour faire du logement
additionnel. Puis là j'ai dit «bigénérationnel» parce qu'on a un vieillissement de la population et il y a
beaucoup de gens qui aimeraient ça pouvoir avoir leurs parents près d'eux au
lieu de les voir en résidences, personnes
âgées, mais il y a aussi toutes les unités d'habitation accessoires, par
exemple, ajouter une extension à la
maison qui permet de faire un autre logement ou une mini maison à la cour
arrière. Ça, j'avoue, il faut s'assurer
que ça s'harmonise bien, là, une mini maison dans la cour arrière, mais, bref,
tout ça, c'est des possibilités d'ajouter des logements sans détruire des nouveaux... sans s'étendre sur la zone
agricole et c'est ce qu'on appelle la densification douce. Il faut le faire, parce qu'on a,
malheureusement... C'est une réalité, là, c'est qu'on veut aussi des milieux de
vie agréables, on veut... on a besoin
de plus de logements, mais on ne veut pas... ce n'est pas tout le monde qui
veut avoir des tours de 15 étages partout non plus. Donc, il faut
s'adapter au milieu, au cadre bâti et de pouvoir ajouter des unités
d'habitation accessoires, comme bigénérationnelles ou une extension, bien, ça
permet de faire une densification douce.
Moi,
quand j'étais au municipal, j'ai fait beaucoup de porte à porte pour gagner mes
élections, beaucoup, beaucoup, beaucoup
de porte à porte. Et je me suis rendu compte qu'il y avait plusieurs maisons,
en fait, qui avaient déjà un logement au sous-sol. Ce n'est pas toujours
conforme, mais ils le faisaient comme ça parce que ce n'était pas permis de le
faire, et donc c'était un peu
clandestin. Mais, au bout du compte, si on le généralise, on le permet dans
certaines villes, bien, ça va permettre
d'acheter du logement et de densifier sans ajouter... bien, c'est ça, de
contraindre nécessairement pour les gens qui vivent autour, parce que le cadre bâti va être plus harmonieux.
Donc, voilà. Et puis il y a toutes sortes d'autres idées qu'on a pour contrer la crise du logement, que
j'aurai l'occasion d'en parler et de faire des amendements dans ce projet de
loi là aussi. Mais, voilà, M. le Président.
Écoutez,
moi, j'ai hâte de pouvoir travailler, d'aller en étude détaillée sur ce projet
de loi là, et donc j'annonce déjà, là,
qu'on va être pour l'adoption du principe, l'adoption du principe, pas parce
qu'on pense qu'il est parfait, loin de là, je l'ai dit, il y a plein d'enjeux, il y a plus d'enjeux
que de points positifs dans le projet de loi, mais je pense qu'il faut
travailler à être constructif,
travailler pour améliorer les choses, et donc c'est pour ça que je vais appuyer
le principe, et mes collègues également. Alors, merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Prenez soin de
vous.
Alors, je comprends que j'ai le consentement du
député de Laurier-Dorion afin que la ministre responsable de l'Habitation
puisse intervenir. Alors, Mme la ministre responsable de l'Habitation, à vous
la parole.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Bien, merci, M. le Président. Bonjour à mes
collègues qui sont présents ici. Bien, écoutez, je suis heureuse d'être
parmi vous aujourd'hui pour l'adoption de principe du projet du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses
dispositions législatives en matière d'habitation, que j'ai déposé à l'Assemblée nationale le 9 juin dernier. Il
s'agit du premier projet de loi que je pilote à titre de ministre
responsable de l'Habitation.
Dans ce
contexte, mon intention est de travailler en collaboration avec tous les
acteurs concernés, comme je le fais depuis
le début de mon mandat, afin que les mesures que nous présentons et celles qui
pourraient y être ajoutées répondent aux enjeux complexes qui
caractérisent le marché locatif.
Je me suis
ainsi mise en mode écoute afin de recueillir une pluralité de points de vue qui
vont nous aider à moderniser le cadre
légal en habitation. D'ailleurs, le projet de loi n° 31
s'inscrit dans la continuité d'autres mesures législatives que nous
avons adoptées dans le cadre de projets de loi antérieurs.
Les objectifs du projet de loi n° 31
sont à la fois fondamentaux et ambitieux, car ils visent à modifier le cadre
législatif régissant les relations entre les locataires et les propriétaires,
les bailleurs. On n'a pas touché à ces règles-là depuis 40 ans. Ils visent aussi à préserver un juste équilibre, un
fragile équilibre entre les droits et les responsabilités de tout un chacun. Ce projet de loi est né, d'ailleurs, de
demandes et de représentations qui nous ont été faites autant du côté des
locataires que des propriétaires, notamment lors de la tournée de mon adjointe
parlementaire la députée de Labelle.
Les relations
entre locataires et propriétaires sont la pierre d'assise de notre système
locatif. C'est donc important d'assurer
une dynamique qui soit équitable et transparente. Les locataires doivent avoir
accès à une habitation convenable, et
ce, à des conditions de location justes et raisonnables. En contrepartie, il
faut considérer que les propriétaires consentent des efforts financiers
importants pour leur offrir ce cadre de vie. C'est cette combinaison qui
contribue à l'essor du marché locatif.
Il faut créer un environnement qui est propice
aux investissements en matière de logement. Il faut inciter à la construction, et nous voulons donner un second
souffle à ce marché afin de contribuer à créer un environnement qui soit
propice aux investissements diversifiés en
matière de logement. Pour ce faire, il faut miser sur l'implication de
plusieurs acteurs.
De mon côté,
je vous assure, on n'a jamais eu autant de projets en gestation au sein de la
Société d'habitation du Québec.
Maintenant, il faut les faire lever de terre le plus rapidement possible en
misant sur des programmes plus performants, une réglementation mieux adaptée et l'implication étroite de tous les
partenaires du monde de l'habitation. Le mot d'ordre, c'est «exécution». Les commentaires entendus à cet
égard par l'ensemble des participants lors des consultations particulières
de la Commission de l'aménagement du
territoire vont en ce sens, dans le sens de nos propositions et du plan
d'action à venir en matière d'habitation.
Les
consultations particulières que nous avons menées ont été des échanges
constructifs. Comme je m'y attendais, le
projet de loi soulève certains questionnements. C'est pour cette raison que la
commission a convié plusieurs groupes provenant du milieu de l'habitation à
venir en débattre devant la Commission de l'aménagement du territoire et à nous
faire part de leurs commentaires et suggestions. Ces échanges ont eu
lieu lors de consultations particulières, les 14, 19 et 20 septembre dernier. D'ailleurs, je tiens à remercier mes
collègues parlementaires d'y avoir participé ainsi que tous les groupes
qui sont venus nous rencontrer. Et évidemment, je souligne la contribution
toujours appréciée de mon adjointe parlementaire, députée de Labelle, à cet
égard. Alors, les apports de chacun ont été bénéfiques et ont enrichi le débat.
Je suis
consciente que le projet de loi n° 31 ne réglera pas tous
les problèmes en matière de logement. C'est la somme de solutions porteuses provenant de tous les
acteurs concernés par le marché locatif qui est la clé pour améliorer la
situation. Nous n'avons pas non plus la prétention de répondre à toutes
les attentes manifestées par les organismes entendus. Chose certaine, nous apporterons une contribution significative pour
toutes les Québécoises et tous les Québécois concernés.
Comme l'a
rappelé M. Mario Polèse, professeur émérite à l'Institut national de la
recherche scientifique en commission
parlementaire, il existe un équilibre fragile à cet égard qui requiert des
arbitrages parfois complexes. Il est nécessaire
que le projet de loi n° 31 modifie notamment le Code civil du Québec, la
Loi sur la Société d'habitation du Québec et la Loi sur le Tribunal
administratif du logement. Les modifications proposées concernent, entre
autres, l'éviction, les hausses de
loyer pour les logements récents, la cession de bail, le parc de logements
sociaux communautaires et abordables ainsi que le fonctionnement du Tribunal
administratif du logement.
En matière
d'éviction, la loi oblige actuellement les locataires à introduire un recours
devant le Tribunal administratif
du logement pour s'opposer à leur éviction, alors qu'en matière de reprise c'est au
propriétaire de s'adresser au tribunal en cas de refus d'un locataire. Cela
crée confusion. Les modifications apportées relatives aux évictions visent à
renforcer les droits des locataires
et à harmoniser le régime actuel à celui applicable en cas de reprise. Il nous
faut une procédure à suivre plus claire pour tout le monde. Ces
modifications visent ainsi à rétablir l'équilibre entre les parties en
obligeant les propriétaires à devoir désormais démontrer le bien-fondé de leur
projet au tribunal en cas de refus d'un locataire.
• (11 h 50) •
Le projet de
loi n° 31 prévoit une indemnité plus généreuse accordée aux locataires en cas
d'éviction. Cette indemnité serait fixée à raison d'un mois de loyer par
année d'occupation continue pour un même logement, l'indemnité minimale
équivaudrait à trois mois de loyer et l'indemnité maximale à 24 mois. Nous
pensons que cette indemnité doit être suffisamment
élevée pour compenser adéquatement les locataires évincés. Ensuite, les
locataires pourraient s'adresser au tribunal s'ils jugent qu'une
indemnité plus élevée est justifiée, comme c'est le cas actuellement.
À l'égard des modifications de la clause F,
l'une des craintes actuelles des locataires est de composer avec des variations
démesurées de leur loyer à court et moyen terme. Le projet de loi n° 31
propose donc des modifications au Code civil
du Québec afin de prévoir que les propriétaires de logements situés dans un
immeuble nouvellement bâti ou qui a
fait l'objet d'un changement d'affectation récent indiquent aux baux le montant
maximal qui pourrait être imposé à titre de loyer. La modification apportée à la clause F
du bail a pour objectif d'offrir davantage de prévisibilité aux locataires lors
de la signature du bail, tout en maintenant un environnement propice à
l'investissement. Ça permettrait aux locataires de mieux planifier leur
budget en conséquence, ce qui est fondamental dans leur quotidien.
La
cession de bail. Une chose est claire, la cession de bail est un outil pour
permettre aux locataires de se libérer de
leurs obligations. À ce titre, il nous apparaît important de leur donner une
possibilité encore plus grande de s'en libérer. C'est pourquoi nous proposons qu'en cas de refus du propriétaire
d'accepter un cessionnaire pour un motif autre que ceux reconnus par le
Code civil actuellement celui-ci doive alors libérer son locataire de ses
obligations à cet égard.
À
l'égard de l'aliénation des HLM, autre point, des dispositions sont prévues
pour permettre à un office d'habitation ou à une municipalité de conserver le fruit d'une vente d'immeuble pour
rénover ou reconstruire un HLM ou réaliser un nouveau projet de logements abordables. Il est clair dans mon esprit que
cette orientation n'a pas comme but de retrancher des logements sociaux. Au contraire, plusieurs
intervenants, lors des consultations particulières, ont souligné l'importance
de préserver notre parc de HLM, une des clés
essentielles à l'accessibilité au logement hors du marché privé. Notre
gouvernement partage entièrement cet
avis. C'est pour cette raison qu'un programme de rénovation pour les HLM a été
lancé ce printemps pour utiliser
toutes les sommes à notre disposition afin de mettre à niveau notre parc
locatif le plus rapidement possible. C'est un investissement sociétal.
Par
ailleurs, nous visons une meilleure agilité de la SHQ. D'autres propositions
visent à améliorer l'efficacité de la Société d'habitation du Québec
dans ses interventions et d'avoir une meilleure agilité financière.
À
l'égard du Tribunal administratif du
logement, je tiens à souligner
l'efficacité du Tribunal administratif du logement. Pour tous types de causes confondus, le délai
moyen pour obtenir une première audience est maintenant de 2,7 mois. Donc,
on a eu une amélioration notable. Cela
confirme que notre gouvernement a vu juste lorsqu'il a mis de l'avant les
mesures législatives nécessaires pour transformer la Régie du logement
du Québec il y a quatre ans. Nous n'arrêterons pas là pour autant. Le projet de loi prévoit plusieurs mesures qui offriront
plus d'agilité au tribunal dans le but d'améliorer encore davantage les
services aux citoyens, et d'autres bonnes suggestions ont été entendues en
consultations, et nous verrons comment le
projet de loi peut être modifié à cet égard. Le projet de loi permettrait
également à davantage de citoyens d'exercer leurs droits en leur permettant d'être représentés par la personne de
leur choix. Ce serait un progrès majeur, en particulier pour les
locataires qui n'ont pas souvent la chance d'être bien accompagnés en cette
matière.
Je conclurai, donc,
là-dessus, M. le Président, concernant les principales dispositions du projet
de loi n° 31. Celui-ci témoigne de la
volonté de notre gouvernement de s'adapter aux réalités actuelles en matière...
actuelles en habitation et de
moderniser un cadre législatif vieux de 40 ans, qui amènera, notamment, un
meilleur équilibre entre les locataires et les propriétaires. C'est courageux de s'aventurer là, et c'est un sujet
sensible, mais les circonstances actuelles font que nous devons aller
dans cette direction.
Nous
voulons mettre à la disposition des ménages québécois davantage de logements,
des logements adéquats, sécuritaires et qui répondent à leur capacité
financière de payer un loyer. Nous voulons que les ménages québécois aient une
meilleure accessibilité aux logements locatifs. En contrepartie, nous
souhaitons soutenir les propriétaires afin qu'ils puissent poursuivre leurs efforts dans le déploiement d'une offre accrue
et améliorée de logement. Ils jouent un rôle primordial dans le contexte actuel de pénurie de logements,
ne l'oublions pas. Le Québec compte de nombreux petits propriétaires à qui
l'on ne peut...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre, est-ce que vous souhaitez poursuivre votre intervention?
Alors,
compte tenu de l'heure, et afin de permettre la tenue des affaires courantes
cet après-midi, le présent débat sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 31 est ajourné.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 13 h 40)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Bon après-midi, chers collègues. Je vous invite, s'il vous plaît, à
bien vouloir prendre place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors,
nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés, et, pour cette première
déclaration, je reconnais Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter
Mme Sarah-Claude Simard, gagnante du Championnat
mondial d'art oratoire d'Optimist International
Mme Amélie
Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à souligner les performances en art oratoire d'une jeune
fille de ma région. Sarah-Claude Simard,
18 ans, a remporté, le 21 juillet dernier, le Championnat mondial
d'art oratoire d'Optimist International, qui se tenait à l'Université de
Saint-Louis, dans l'État du Missouri.
Lors
de ce grand rendez-vous d'envergure internationale, Sarah-Claude a démontré un
talent exceptionnel en matière d'expression
orale, ce qui lui a valu le titre de championne internationale de l'art
oratoire. Cette année, les participants étaient appelés à s'exprimer sur
le thème À la découverte de l'optimisme en moi.
Je tiens à
remercier le Club Optimiste de Rivière-du-Loup, qui a aidé et accompagné
Sarah-Claude tout au long de ce
parcours qui l'a menée vers la victoire. Depuis 50 ans, les bénévoles du
club accompagnent des jeunes dans les concours oratoires.
Toutes mes
félicitations, Sarah-Claude, et merci de faire rayonner notre langue française!
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. La prochaine intervenante, Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner le 45e anniversaire
du Club Santé-sport Anjou
Mme Karine Boivin Roy
Mme Boivin
Roy : Merci, M. le Président. Alors, en ce dernier mardi
de septembre, je tiens à souligner le 45e anniversaire du Club
Santé-sport Anjou.
Cet organisme
de mon comté, fondé en 1978, offre des activités de conditionnement physique
aux hommes et aux femmes d'Anjou—Louis-Riel.
On y offre des cours de groupe pour retrouver, maintenir et améliorer la
condition physique dans une ambiance
festive et amicale, et ce, de septembre à avril, à multiniveaux et aux
instructeurs d'expérience. Des centaines de citoyens et citoyennes âgés de 16 ans à — écoutez bien — 100 ans y sont inscrits et y participent à
chaque année. Alors, leur
programmation diversifiée offre, entre autres, la possibilité d'exercer de
nombreux sports, tels l'aquaforme, le pickleball et le cardio-fitness.
Alors, au nom
des Angevins et des Angevines et en mon nom personnel, je tiens à remercier le
club de ne pas avoir baissé les bras
à la suite d'enjeux évidents durant la pandémie — pour tous les clubs, d'ailleurs, de tous les
comtés — et
je les félicite de poursuivre, année après
année, leur belle mission qui est de garder notre population angevine active.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Mercier.
Souligner la Journée nationale
du personnel de soutien scolaire
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
M. le Président. Le 28 septembre, c'est la Journée nationale du personnel
de soutien scolaire.
Quand on
parle des écoles, on parle souvent des profs, mais on oublie le personnel de
soutien scolaire, sans qui rien ne
fonctionnerait dans les écoles. On parle de qui? On parle des personnes qui
conduisent les élèves matin et soir, des gens qui travaillent dans les services de garde, des secrétaires, les
TES qui aident les élèves en difficulté, les techniciens dans les laboratoires,
le concierge, qui offre un milieu de travail pour les élèves qui soit propre et
sain pour tout le monde. Ces gens-là
font un travail essentiel et déterminant. C'est simple : si le personnel
de soutien disparaissait de nos écoles, on ne pourrait pas les ouvrir. Et ce sont en majorité des femmes qui
représentent ces 40 % de gens qui travaillent dans les écoles.
C'est
important de profiter de la journée du 28 septembre pour nous rappeler
collectivement qu'on doit valoriser le travail des gens qui travaillent
dans le... qui sont des personnels de soutien scolaire, et il est temps que le
ministre de l'Éducation entende leurs demandes et que son gouvernement négocie
de bonne foi pour...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée...
Mme Ghazal : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée.
J'en profite pour vous rappeler, collègues, que les durées des
déclarations, c'est d'une minute.
Alors, je reconnais maintenant M. le député de
Chauveau.
Souligner le 45e anniversaire
de l'Association féminine des Cantons-Unis
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Je suis très
heureux de souligner le 45e anniversaire de l'Association féminine
des Cantons-Unis de Stoneham-et-Tewkesbury, un organisme fondé le 8 mars
1978 par Mme Nicole Deslongchamps, dont
je salue la présence dans les tribunes, et qui est accompagnée de
Mme Céline Harton, l'actuelle présidente, depuis les
20 dernières années.
D'abord mise
sur pied pour sortir les femmes de l'isolement, l'Association féminine des
Cantons-Unis s'est donné pour mission de préserver et de transmettre
l'héritage de leurs mères et grands-mères. Que ce soit par le tricot, le métier
à tisser ou encore la
couture, c'est tout un savoir-faire que l'association veut léguer aux femmes,
filles et petites-filles, qui sont de plus en plus nombreuses à s'y
intéresser.
Merci à l'Association
féminine des Cantons-Unis pour votre souci à mettre en valeur un riche
patrimoine local et à cultiver ce sentiment
d'appartenance à la communauté de Stoneham-et-Tewkesbury. Bon
40e anniversaire à toutes!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chauveau. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Vaudreuil.
Rendre
hommage à Mme Natalia Lanucha, athlète paralympique
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Merci, M. le Président.
Natalia Lanucha, une joueuse de tennis en fauteuil roulant, a traversé de
nombreuses épreuves. À l'âge de sept ans,
elle découvre être atteinte d'un cancer des os avec des métastases aux poumons
et peu de chances de survie.
Après
de nombreuses chirurgies et avec une grande détermination, Natalia arrive à
marcher, mais ne peut ni courir ni
sauter. À 23 ans, Natalia choisit donc de relever les défis et surmonter
les épreuves. La découverte du tennis en fauteuil roulant est un tournant dans sa vie. Elle
travaille avec acharnement depuis sept ans pour s'y perfectionner. Elle
s'entraîne à Pincourt sous l'oeil
d'Étienne Bergeron, bâtisseur d'une communauté de tennis en fauteuil roulant
qui vise à faire reconnaître des athlètes mondialement.
D'ailleurs,
Natalia se prépare aux Jeux panaméricains et espère atteindre son rêve ultime,
les Jeux paralympiques de Paris en 2024. Pour y arriver, elle a besoin de
soutien financier. J'invite donc toute la population à soutenir et à suivre
cette athlète remarquable qui nous rappelle que la détermination peut surmonter
les obstacles les plus grands.
Bravo, Natalia! Tous
les citoyens du comté de Vaudreuil te souhaitent bon succès.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Féliciter
Mme Caroline Naubert pour ses exploits sportifs
M. Donald
Martel
M. Martel : M. le Président, en 2015,
Caroline Naubert a entrepris de faire un changement personnel radical. Elle
a quitté son mode de vie sédentaire pour se lancer dans un grand effort de
transformation personnelle.
Huit
ans plus tard, à force de travail acharné, de motivation et de constance,
Caroline avait réussi à perdre 125 livres. Au cours de ces années,
cette Bécancouroise a également relevé avec succès de nombreux défis sportifs
majeurs. Tout récemment, Caroline était
officiellement invitée à se joindre à l'équipe de Triathlon Canada pour les
Championnats du monde de triathlon
multisports 2020‑2024, qui auront lieu en Australie. Cette invitation
vient couronner des années d'efforts, mais Caroline affirme que le fait d'être devenue un modèle pour ses trois
enfants, ses amis et son entourage... qui la réjouit le plus.
Au
nom de tous mes concitoyens, je veux saluer la grande détermination de Caroline
Naubert et lui souhaiter la meilleure des chances pour l'avenir.
Chapeau, Caroline!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Nicolet-Bécancour. La
parole revient maintenant à M. le député de Joliette.
Souligner
le 50e anniversaire de l'organisme
Action Dignité Lanaudière
M. François
St-Louis
M. St-Louis :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner le
50e anniversaire d'un organisme qui a pignon sur rue dans la ville de
Joliette, et je parle ici d'Action Dignité Lanaudière.
Cet organisme
accompagne des gens qui vivent des enjeux d'analphabétisme ainsi que des gens
qui vivent des difficultés socioéconomiques.
Que ce soit à travers des activités comme des cafés-rencontres, des ateliers
d'alphabétisation ou encore des
activités de prévention contre le décrochage scolaire, l'organisme vise à
développer l'autonomie des personnes qu'ils accompagnent.
Cela
fait donc, M. le Président, un demi-siècle qu'Action Dignité améliore la
qualité de vie des citoyennes et des citoyens
de la circonscription de Joliette et des environs, 50 ans pendant lesquels
de nombreuses personnes de coeur se sont investies pour cet organisme. Que ce soit comme animateurs,
administrateurs ou bénévoles, ils ont su redonner leur fierté à des gens
qui en avaient grandement besoin.
Longue vie à Action
Dignité Lanaudière! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Au tour, maintenant, de Mme la députée de Châteauguay.
Souligner
la présence d'élus municipaux de la ville de
Mercier en visite à l'Assemblée nationale
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron : Merci,
M. le Président. J'ai le plaisir d'accueillir à l'Assemblée nationale,
aujourd'hui, la mairesse et les
conseillers et conseillères de la ville de Mercier, Mme Lise Michaud,
Stéphanie Felx, Tony Bolduc, Bernard Mallet, Philippe Drolet, Martin
Laplaine ainsi que Stéphane Roy.
La ville de
Mercier, qui compte tout près de 15 000 habitants, est une ville
vibrante et accueillante, à l'image de ses concitoyens, et le conseil
municipal n'y fait pas exception. Les citoyennes et les citoyens sont
privilégiés de pouvoir compter sur une
mairesse et des conseillers autant à l'écoute, audacieux et tenaces. Ils vont
jusqu'au bout des choses et font valoir
leur territoire et tout le monde qui y habite. De plus en plus, des jeunes
familles viennent s'installer à Mercier, ce qui donne lieu à plusieurs
beaux projets de la ville. Côtoyer et collaborer avec les élus de Mercier est
souvent fructueux et toujours enrichissant.
Bienvenue à l'Assemblée nationale.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Châteauguay. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jean.
Souligner la Journée
québécoise de parrainage civique
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
hier, 25 septembre, c'était la Journée P, P comme dans parrainage civique.
Il y a 19 organismes de parrainage civique
au Québec. Évidemment, je suis particulièrement fier de celui du Haut-Richelieu et de ses parrains et marraines, et
surtout ses filleuls. Les filleuls sont des personnes marginalisées par des
incapacités, qu'elles soient intellectuelles, physiques ou mentales. Les
parrains qui leur sont jumelés sont des personnes bénévoles qui n'agissent pas à titre de professionnels mais bien à titre
d'amis, avec le souci de créer une relation égalitaire et basée sur la
réciprocité. Plus d'une centaine de jumelés dans le Haut-Richelieu disent tous
que c'est gagnant-gagnant et enrichissant pour les deux.
Le problème,
comme je l'ai constaté, cet été, à leur pique-nique annuel, c'est qu'il y a au
moins autant de filleuls potentiels
qui sont en attente. Je profite donc de la Journée P pour lancer un avis de
recherche pour des parrains, pour les organismes de parrainage civique
de chez nous et de partout au Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Saint-Jean. Au tour, maintenant, de Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. Claude
Hamel,
directeur de l'aéroport de La Tuque
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : Merci. Claude
Hamel baigne dans le domaine de l'aviation depuis toujours. Son père était
pilote et copropriétaire d'une compagnie
d'aviation à La Tuque, et il a obtenu sa licence de pilote à 18 ans,
puis, plus tard, sa licence commerciale.
Avant de
prendre sa retraite d'Hydro-Québec, il a suivi des formations en gestion
d'aéroport, car il voulait offrir ses services de directeur à l'aéroport
de La Tuque pour occuper sa retraite. Il occupe ce poste depuis six ans,
presque sept jours sur sept, et il ne compte pas ses heures. C'est un être
travaillant, intelligent et méthodique.
Au cours des
45 dernières années, il a analysé et comparé les aéroports du Québec, ce
qui lui a permis de convaincre le
conseil municipal de La Tuque de procéder à la réfection des
installations. Hier, si la piste, la nouvelle piste d'atterrissage qui permet d'accueillir maintenant des avions
médicaux a été inaugurée, c'est en grande partie grâce à lui. Le développement
économique et touristique peut aussi se développer davantage grâce à
M. Hamel. Bravo, et merci!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. La
parole revient maintenant à Mme la députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Rendre hommage à
Mme Mariette Dussault et à M. Pierre Sévigny,
récipiendaires de la Médaille de l'Assemblée nationale
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci,
M. le Président. Depuis mes débuts comme députée, j'ai eu la chance de
rencontrer des personnes inspirantes, dont leurs histoires sont dignes
de mention. Aujourd'hui, je tiens à souligner le parcours exceptionnel de deux
d'entre elles, Mme Mariette Dussault et Pierre Sévigny, qui sont
actuellement dans nos tribunes.
Depuis plus de 50 ans, ils
contribuent activement au développement et au bien-être de leur communauté via
de multiples implications. Leurs
feuilles de route sont si impressionnantes que je vais me limiter ici à un bref
aperçu, notamment la cofondation de
plusieurs organismes et corporations, dont la résidence pour aînés et le
Service d'entraide de Breakeyville, leur
rôle clé dans l'organisation des fêtes du 75e anniversaire de leur
municipalité ou encore de nombreuses levées de fonds pour la recherche
pour la sclérose en plaques, et j'en passe.
La
Médaille de la députée que je vous remettrai tout à l'heure est donc si
largement méritée, vous, véritable modèle d'engagement pour tous les
citoyens de Breakeyville...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Souligner
le 25e anniversaire de l'organisme Baobab familial
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : J'ai le plaisir de
souligner le 25e anniversaire de Baobab familial, un organisme
communautaire du quartier
Côte-des-Neiges qui a pour mission d'accueillir et de soutenir les familles
dans leur vie quotidienne en enrichissant leur vie familiale et
communautaire.
Il
y a 25 ans, Baobab familial est né dans un modeste appartement du quartier
grâce à l'initiative d'un groupe de femmes
animées par des valeurs d'entraide, de respect et de chaleur familiale.
Aujourd'hui, il est devenu le foyer de quelque 600 familles de
l'arrondissement, qui reçoivent de l'appui via différents services, tels que de
l'aide aux devoirs, du soutien à
domicile, la halte-garderie et bien d'autres. Baobab familial est un acteur
essentiel pour les familles du quartier, quel que soit leur milieu socioéconomique ou culturel. Dès
l'instant où nous franchissons ses portes, nous sommes imprégnés d'un profond sentiment d'appartenance qui habite les
murs parsemés de photos et de collages des familles qui s'y sont créé un
deuxième chez-soi.
Je
tiens à remercier toute l'équipe pour l'extraordinaire travail qu'elle
accomplit quotidiennement. Longue vie à Baobab familial! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Voilà donc qui met fin à la rubrique Déclarations des
députés.
Je vais suspendre les
travaux durant quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(Reprise à 14 h 02)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Bon début de semaine. Bienvenue
chez vous, chers visiteurs.
Mmes
et MM. les députés, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de
Mme Louise Cuerrier, députée de Vaudreuil-Soulanges
de 1976 à 1981. Nous allons nous recueillir quelques instants en ayant une
pensée toute particulière pour sa famille et ses proches.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes, dans le silence, chers collègues.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : L'article a
du feuilleton, Mme la Présidente?
La
Présidente : Je crois que c'est l'article b.
M. Leduc : C'est
le b, c'est le b, alors.
Projet
de loi n° 495
La Présidente :
À l'article b du feuilleton,
Mme la députée de Verdun présente le projet de loi n° 495, Loi visant à lutter contre l'accaparement
des terres agricoles. Mme la députée.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Ce projet de loi instaure des mesures pour lutter contre l'accaparement
des terres agricoles.
Premièrement, le projet de loi interdit à une
entité qui est un fonds d'investissement privé d'acquérir une terre agricole.
Deuxièmement,
le projet de loi confère à la Commission
de protection du territoire agricole du Québec la responsabilité de tenir un
registre des acquisitions en zone agricole. Il prévoit à cette fin que
l'officier de la publicité des droits
transmet à la commission, dans les 15 jours qui suivent l'inscription,
tout document visant l'inscription d'une acquisition d'un droit réel et
immobilier en zone agricole.
Enfin, le projet de
loi confère des pouvoirs à la commission pour surveiller son application et
prévoit diverses sanctions. Merci.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté.
Dépôt
de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, nous en avons plusieurs, juste avant la période
des questions, Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports
annuels de gestion 2022-2023 de
la Commission des transports du Québec, de la Société de l'assurance automobile du Québec, de la Société
des traversiers du Québec et du ministère des Transports et de la
Mobilité durable.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi
de déposer les rapports d'activité 2022-2023 de la Société de
financement des infrastructures locales du Québec, de Financement-Québec, ainsi
que le rapport annuel de gestion 2022-2023 du ministère des Finances.
Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Justice.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je dépose le rapport annuel de
gestion 2022-2023 de l'Office de la protection
du consommateur, le rapport annuel de
gestion 2022-2023 de la Commission
des services juridiques, le rapport
annuel de gestion 2022-2023 du Tribunal administratif du Québec, le
rapport annuel de gestion 2022-2023 du Conseil de la justice administrative,
le rapport annuel de gestion 2022-2023 du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le plan stratégique 2023-2027 du
Directeur des poursuites criminelles et pénales, le rapport annuel de
gestion 2022-2023 du ministère de la
Justice, le rapport annuel d'activité 2022-2023 de la Loi visant à aider
les personnes victimes d'infractions criminelles
et à favoriser leur rétablissement, le rapport annuel 2022-2023 de la
Société québécoise d'information juridique ainsi que le rapport
annuel 2022-2023 du Fonds d'aide aux actions collectives. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie.
M.
Fitzgibbon : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer les rapports
annuels de gestion 2022-2023 des Fonds
de recherche du Québec, Société et culture, Nature et technologies et Santé,
les états financiers consolidés de l'exercice clos le 31 mars 2023 du Fonds de développement économique, du Fonds
pour la croissance des entreprises québécoises et de Capital Ressources
naturelles et Énergie.
Je
dépose également le rapport annuel de gestion 2022-2023 du ministère de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et le rapport
annuel 2022-2023 de la Régie de l'énergie.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Santé.
M. Dubé : Oui, Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de
déposer les rapports annuels de gestion 2022-2023 de la Corporation d'urgences-santé, de l'Institut
national de santé publique, de la Régie
de l'assurance maladie du Québec, de
l'Institut
national d'excellence en santé et en services sociaux et du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Ces documents sont déposés. M. le
ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi de déposer le plan stratégique 2023-2027 de la Fondation
de la faune, le rapport
annuel 2022-2023 du Comité
consultatif de l'environnement Kativik,
le rapport des activités 2022-2023 du Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James et
le rapport annuel de gestion 2022-2023 du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Drainville :
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2022-2023 du ministère de l'Éducation ainsi que celui du Conseil
supérieur de l'éducation.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre de l'Éducation supérieure... de l'Enseignement
supérieur, dis-je.
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je dépose aujourd'hui les rapports annuels
de gestion 2022-2023 du
ministère de l'Enseignement supérieur ainsi que le comité de consultation sur
l'accessibilité financière aux études et le plan
stratégique 2023-2027. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Fréchette : Oui,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2022-2023 du ministère de l'Immigration, de la Francisation
et de l'Intégration. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le ministre de la Langue française.
M. Roberge : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel 2022-2023 de l'Office québécois de la langue française
et de la Commission de la toponymie. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le ministre de la Culture et des Communications.
M. Lacombe : Mme
la Présidente, je dépose, pour ma part, les rapports d'activité 2023...
2022-2023, plutôt, du Conseil consultatif de la lecture et du livre, de
la Société de développement des entreprises culturelles, du Conseil du patrimoine culturel du Québec, ainsi que le
rapport annuel 2022-2023 de la Société de télédiffusion du Québec, Télé-Québec.
Je dépose également le rapport annuel de
gestion 2022-2023 du ministère de la Culture et des Communications.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Bonnardel : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2022-2023 de la Sûreté
du Québec, du ministère de la
Sécurité publique, du Bureau du coroner et de la Commission québécoise des libérations conditionnelles.
Et je dépose
également le rapport quinquennal de mandat 2018-2023 présenté au ministre
de la Sécurité publique. Merci.
• (14 h 10) •
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre de l'Emploi.
Mme Champagne
Jourdain : «Kuei, kuei», Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer les rapports annuels de
gestion en 2022-2023 de la Commission
des partenaires du marché du travail
et du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Je dépose
également le rapport quinquennal 2018-2023 de la Loi favorisant le
développement et la reconnaissance des
compétences de la main-d'oeuvre ainsi que le rapport actuariel du Régime québécois d'assurance parentale au 31 décembre 2022. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre du Tourisme.
Mme Proulx : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2022-2023 du ministère du Tourisme et le rapport
annuel 2022-2023 du Parc olympique. Merci, madame.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre de la Famille.
Mme Roy
(Verchères) : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer
le rapport annuel de gestion 2022-2023 du ministère de la Famille.
Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette Vézina : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport d'activité 2022-2023 du Forestier en chef et les rapports annuels de gestion 2022-2023 de la Société du Plan Nord et du ministère des
Ressources naturelles et des Forêts. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre du Travail.
M. Boulet : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2022-2023 du ministère du Travail et de la Régie du
bâtiment du Québec. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique.
M. Caire :
Mme la Présidente, je dépose le
rapport annuel de gestion 2022-2023 du ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
La Présidente :
Ce document est déposé.
M. le ministre responsable des
Relations avec les Premières Nations et les Inuit.
M. Lafrenière :
«Wachiya», Mme la Présidente. Je dépose le décret du gouvernement du Québec
concernant l'entrée en vigueur de la
Convention complémentaire n° 29 à la Convention
de la Baie James et du Nord québécois.
Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Pour
ma part, j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce
préavis.
Dépôt
de rapports de commissions
Maintenant,
à la rubrique Dépôt de rapports de commissions, Mme la présidente de la Commission de l'économie et du travail et
députée de Mirabel.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 17
Mme D'Amours : Merci, Mme la Présidente.
Je dépose le rapport de la Commission
de l'économie et du travail qui, les 20 et 21 septembre 2023, a tenu des
auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet
de loi n° 17, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Merci.
La Présidente :
Ce rapport est déposé. Mme la
présidente de la Commission des transports et de l'environnement et
députée de Westmount—Saint-Louis.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 22
Mme Maccarone :
Mme la Présidente, je dépose le
rapport de la Commission des transports et de l'environnement qui, le 14, 19, 20 et 21 septembre 2023, a
tenu les auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur
le projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période des questions et réponses orales, et
je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Déploiement de la plateforme
SAAQclic
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. À l'aube de la
sixième année caquiste, on constate à tous les jours, à toutes les semaines un gouvernement qui est incapable de livrer
les services auxquels sont en droit de s'attendre les Québécoises et les
Québécois.
C'est
aussi le constat que le Protecteur du citoyen a fait la semaine passée,
lorsqu'il nous a remis son rapport sur SAAQclic, le fiasco de la Société
d'assurance automobile du Québec. Il dit, et je le cite : «Les citoyens
n'ont pas les services auxquels ils ont
droit.» Fin de la citation. SAAQclic, Mme la Présidente, c'est un projet qui
est sur le radar depuis plusieurs années. En 2018, à l'arrivée du
gouvernement, c'était déjà à l'état d'un projet. Ça a été un fiasco.
Le
8 mars dernier, le ministre de
la Cybersécurité et du Numérique a
dit, et je le cite : «Je tiens à dire qu'au niveau du SAG...» Le
SAG, ça, c'est le Service d'authentification gouvernementale. «Je tiens à dire
qu'au niveau du SAG il n'y [...] a pas de
problème.» Fin de la citation. Bien, il a été contredit, Mme la Présidente,
d'abord par le Protecteur du citoyen, qui
a dit que le SAG a connu son lot de problèmes. Il dit : «...une meilleure
planification du virage [...] auraient permis de limiter les préjudices et les coûts...» Price Waterhouse a remis un
rapport en août dernier qui conclut que le SAG avait des lacunes connues par la
SAAQ et par le ministère depuis juin 2022.
Le ministère
de... le ministre de la Sécurité
publique, lui, a reconnu avoir
rencontré la SAAQ à la même époque et en
novembre, puis il a dit : Tout était beau. Puis, le 8 mars dernier,
il a dit : «Dans les faits, on aurait dû avoir des éloges pour ce
projet-là...»
Alors,
le premier ministre, aujourd'hui, qui n'est pas capable de trouver personne de
responsable, a-t-il le goût, à matin, de donner des éloges à son ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, merci, Mme la Présidente. Vous allez me
permettre, peut-être, avant de commencer, de souhaiter la bienvenue à la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, qui est de retour avec nous. On est contents de la voir en santé.
Bravo!
Des voix :
...
M. Legault :
Dans une forme dangereuse, Mme la Présidente.
Oui,
15 ans, en 15 ans libéral, on a... après 15 ans, on n'avait
toujours pas eu d'identité numérique partagée. Imaginez-vous, Mme la
Présidente, après 15 années libérales, à chaque fois qu'un citoyen
québécois veut aller chercher son permis de conduire
ou sa carte d'assurance maladie, en tout cas, à chaque fois, tout était à
recommencer parce que rien n'était ensemble.
Donc,
depuis que le gouvernement de la CAQ est au pouvoir, on a commencé à mettre ce
système. Il faut être prudent, quand on parle de la SAAQ, parce
qu'essentiellement ce qui est arrivé, c'est que les bureaux ont été fermés
pendant trois semaines, puis
malheureusement, bon, les gens de la SAAQ n'avaient pas prévu plus d'employés
après le retour des trois semaines. Il y a eu un changement du président
de la SAAQ. Mais, Mme la Présidente, ce qu'on me dit, c'est que l'identité numérique partagée, ça progresse bien,
puis enfin, grâce à la CAQ, les Québécois n'auront pas besoin, comme dans
les 15 années libérales, de reprendre leur identification...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...à
chaque fois qu'ils font une demande au gouvernement.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Wow! Mme la Présidente, il parle du 15 ans
libéral puis il a soufflé les 25 bougies de son gâteau de fête politique en fin de semaine, Mme la
Présidente. Alors, il y a toujours bien pour quelque chose, ici, dans la
responsabilité du premier ministre, qui a commencé péquiste puis que,
là, il est caquiste.
Ce
qu'on constate, il dit : Ça va bien, ça va bien. Quel déni de la réalité.
Ce matin, Le Journal de Québec dit
qu'un service en ligne est
inaccessible, il y a de nombreux rendez-vous qui sont annulés sans
avertissement. Il dit quoi à Isabelle Bouchard, de Sept-Îles, qui
dit : «Je n'ose même [plus] appeler»? C'est une perte de confiance. Les
éloges?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Cybersécurité et du
Numérique.
M.
Éric Caire
M. Caire : D'abord, je vais faire la
distinction entre SAAQclic et le Service d'authentification gouvernementale,
parce qu'on a lu le même rapport, mais visiblement
on n'a pas compris les mêmes choses, le chef de l'opposition officielle et moi. Parce qu'au niveau du Service
d'authentification gouvernementale je veux juste souligner au chef de
l'opposition officielle
qu'effectivement il fonctionne bien, il est robuste. Et je lisais les mêmes
articles que lui ce matin, puis c'est drôle parce que, s'il est allé jusqu'au bout de l'article, il va relater...
l'article relate le témoignage de la citoyenne qui dit que ça a bien
été, de créer son compte pour le Service d'authentification gouvernementale.
Maintenant, au niveau de SAAQclic, effectivement, il y a encore des problèmes.
La
Présidente : En terminant.
M. Caire : Et
je l'ai dit, Mme la Présidente, la SAAQ aurait pu faire plus de tests puis la SAAQ
a...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, c'est de la faute de tout le
monde, sauf la faute du ministre. Une source du bureau d'enquête, le 8 mars dernier, du Journal de Québec, et je cite : «Dès l'été dernier, le cabinet
du ministre[...] — ça,
c'est l'été 2022 — avait
été informé du fiasco à venir. [...]En coulisse, tout le monde le savait, que
ça allait planter. C'est ça qui est triste.»
Après ça, le ministre, il a contredit
ça : Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Bien, Pricewaterhouse, dans son
rapport, dit : Les lacunes
étaient connues par le ministère depuis juin 2022. Puis la citoyenne, qui
est dithyrambique, puis il a le goût de lui faire des éloges, elle
dit : C'est une perte de confiance. Les éloges?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Éric Caire
M. Caire : ...le paragraphe où elle dit que ça a bien été, de
créer son compte, mais ça, c'est le bout qu'il a probablement skippé,
comme le reste.
Dans le rapport, Mme
la Présidente, ce que le rapport de PricewaterhouseCoopers dit, c'est
qu'effectivement il y a une synchronisation
des bases de données. Et là, ici, à l'Assemblée nationale, on a adopté une loi,
parce qu'on a dit : Sous
l'époque libérale, il y avait des milliers de bases de données, il y avait des
milliers d'informations qui étaient colligées un peu n'importe comment, puis, aujourd'hui, nous, on veut synchroniser
ça. Ce que ça fait, c'est qu'un même citoyen va voir son identité libérée de différentes façons, puis, oui, ça cause des
problèmes, puis, oui, on le savait. Ce que Pricewaterhouse dit... ce que Pricewaterhouse dit, c'est que ce
qu'on ne savait pas, c'est quel citoyen était confronté à ce problème-là, et
c'était une erreur... c'était une erreur...
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Wow! Là, on est rendus... on est rentrés dans une
autre dimension. Là, le ministre, il dit : Oui, il y a des problèmes, puis
on le savait, mais là il dit : On n'est pas capable de cibler quelle
catégorie de citoyens qui ont des problèmes.
Les citoyens ont des problèmes, puis vous ne le réglez pas, le problème. Je
pense que le problème, M. le premier ministre, là, il est derrière vous,
à votre droite, en arrière. Je pense qu'il est là, le problème, ça s'appelle la
responsabilité ministérielle.
Alors,
une question toute simple, question toute simple à son ministre, qui a
dit : On avait questionné la CAQ... la SAAQ, puis la SAAQ a dit :
Bien, c'est réglé, puis il a dit : On les a laissés aller. Ça a coûté, à
date, 2,6 millions, en date du 27 avril...
• (14 h 20) •
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. M. le
ministre.
M.
Éric Caire
M. Caire : Mme la Présidente, j'ai dit en cette Chambre qu'il
y avait des problèmes au niveau du stockage de données. C'est pour ça qu'on a fait adopter une loi. Ça
fait que, si le chef de l'opposition officielle veut connaître la source du
problème, qu'il repose la même question mais en face d'un miroir, puis
là il va avoir un interlocuteur.
Mme
la Présidente, on est en train de faire le ménage dans les banques de données.
Ça a été le chaos pendant 15 ans, 15 ans
de chaos, 15 ans de n'importe quoi. Puis ce gouvernement a donné aux Québécois
une identité numérique solide, robuste,
fiable. Puis on est en train de faire la même chose avec nos bases de données.
Et, oui, enfin les Québécois vont avoir une, et une seule, identité, et
non pas le chaos que...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire : ...vous
avez offert pendant 15 ans.
Des voix :
...
La Présidente :
Bon, là, j'entends des sons puis
j'entends des remarques. Il n'y a qu'une personne qui aura le droit de
parole ici, c'est Mme la députée de Robert-Baldwin. On vous écoute.
Pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau
de la protection de la jeunesse
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Le
gouvernement de la CAQ a nié la crise de la pénurie de main-d'oeuvre
pendant quatre longues années. Durant ce temps, la protection de la jeunesse a
connu un exode de leur personnel vers d'autres
secteurs. Des intervenants étaient soumis à un environnement professionnel
hautement exigeant, à une charge de travail beaucoup trop lourde et à
une supervision insuffisante.
Le
Protecteur du citoyen en conclut que la perte d'expertise pèse lourd.
Le personnel présent peine à suffire à la tâche, ce qui laisse peu ou
pas de place pour faire les formations et mettre à jour les connaissances.
La DPJ connaît, en ce moment, une
pénurie de main-d'oeuvre alarmante, ce qui met en péril les services offerts
aux plus vulnérables d'entre nous, surtout nos enfants. Le Québec n'a
pas oublié le drame de la fillette de Granby. Moi, je ne l'ai pas oublié.
Est-ce que le
premier... est-ce que le premier ministre attend... est-ce que le premier
ministre... je m'excuse...
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci, Mme la Présidente. Puis ça va me
permettre de répondre pas à la question mais aux commentaires de la députée de Robert-Baldwin. Premièrement, soyez assurée que, s'il y a
quelqu'un ici qui n'a pas oublié avril 2019, c'est moi, là. Donc,
on travaille toujours très fort pour améliorer la solution des jeunes.
Puis
je l'invite, cette semaine, on a un événement fantastique vendredi. Depuis...
la première fois depuis... avant 2015, là, avant tout ce qui s'est passé au
ministère de la Santé et des Services sociaux en 2015, pour la première fois, on
a la journée nationale de la protection de
la jeunesse, Mme la Présidente. C'est plus de 600 intervenantes qui vont
suivre la formation sur la Loi de la protection de la jeunesse. Les
changements qu'on a faits, les meilleures pratiques, violence conjugale... Je
pense, tout le monde s'intéresse ici à la violence conjugale. Bien, on a changé
la loi puis on veut que ça s'applique
partout de la même façon, Mme la Présidente, de la formation... Il y a plus de
500 intervenantes sur place, une centaine en ligne, des
présentations tout au long de la journée, Mme la Présidente.
Maintenant,
une autre chose qu'il faut savoir, c'est que, oui, on a des enjeux au niveau
des ressources humaines, mais c'est plus de 500 personnes qu'on a
ajoutées à la protection de la jeunesse depuis qu'on est là.
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : Donc,
on ajoute du monde, on ajoute des services, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Mme la Présidente, le Protecteur du citoyen a rappelé que les
intervenants de la DPJ doivent être non
seulement adéquatement formés, mais aussi bien supervisés pour qu'ils puissent
notamment distinguer un conflit de couple d'un contexte de violence
conjugale. Tarder à identifier la dynamique de violence conjugale peut
entraîner des conséquences néfastes, graves pour les familles, mais surtout
pour les enfants.
Est-ce
que le premier ministre trouve encore que la pénurie de main-d'oeuvre, c'est
une mosus de bonne affaire?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la Présidente, on vient de changer la
loi. On a mis la violence conjugale comme une raison de signalement et de compromission. Et également, comme je vous
dis, vendredi, on a une formation, on a une session particulière sur le sujet,
la violence conjugale. On veut que tout le monde ici et tout le monde à travers
le Québec comprennent la même chose,
les intervenantes, les avocats, les juges, tout le monde. C'est important, Mme
la Présidente, et on a mis une
priorité là-dessus. Donc, vendredi, j'invite la députée, si elle est
intéressée, à venir à la formation sur la DPJ. On va avoir une journée
superbe, discuter des mises à jour de la loi...
La Présidente :
En terminant.
M. Carmant : ...et
s'assurer que tout le monde soit bien représenté. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : ...intervenantes de la protection de la jeunesse méritent mieux. La
société, nos enfants méritent mieux. Ce gouvernement n'arrive pas à assurer les
services essentiels de l'État en matière de protection de la jeunesse.
À
l'aube de sa sixième année, est-ce que le gouvernement peut avouer l'échec en
matière de protection de la jeunesse?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : ...pas du tout, Mme la
Présidente. C'est un changement de culture qu'on est en train de faire au Québec, Mme la Présidente. Les services jeunesse,
là, il faut que ça se donne en première ligne, puis c'est ça qu'on est en train de mettre sur place. Ce n'est pas facile, mais on va y
arriver, Mme la Présidente. On a ajouté le programme Agir tôt. On a rehaussé le programme en négligence en
première ligne. On a ajusté le programme de crise. Mme la Présidente, on
fait des efforts importants.
Puis,
hier à Granby, j'ai annoncé quelque chose de fantastique, Mme la Présidente. En
plus, ça vient de Granby même. Tous
les organismes communautaires, le centre de services scolaire, la DPJ, la
jeunesse se sont mis ensemble pour que, quand un enfant est en détresse,
au lieu d'appeler la DPJ puis de signaler...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...la
communauté se prend en main et prend soin de l'enfant, Mme la Présidente...
La
Présidente : En question principale, je reconnais...
Des voix : ...
La
Présidente : Silence! Je reconnais la députée de La Pinière. La parole
est à vous.
Accès
aux soins à domicile
Mme Linda
Caron
Mme Caron : «En 2022‑2023, le Protecteur du citoyen est fréquemment
intervenu à la suite de coupes dans les services. À ces occasions, les CISSS et les CIUSSS ont fait valoir le
manque alarmant de personnel à l'étendue du réseau public.» Qu'est-ce que ça signifie concrètement
pour les services à domicile? Édiction de nouvelles normes, comme un bain au lieu de deux par semaine, diminution
générale des services, fardeau plus élevé sur les proches aidants, à qui on
demande toujours plus, et
20 000 aînés, 20 000 aînés en attente d'un premier service
à domicile. Comment maintenir les aînés à domicile sans services?
À
l'aube de la sixième année de la CAQ, le bilan parle de lui-même :
1 600 unités de RPA fermées depuis janvier,
2 300 aînés hospitalisés pour rien, 4 500 en attente d'une place
en CHSLD.
Face à ce constat
lamentable, que fera la ministre pour cesser d'abandonner les aînés?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, j'ai lu avec
attention le rapport du Protecteur du citoyen. Pour moi, c'est toujours une
occasion de mesurer l'évolution des actions que notre gouvernement porte et de
voir quelles sont les prochaines étapes pour continuer d'améliorer les
années libérales en lien avec l'hébergement et le soutien à domicile.
D'ailleurs, j'aimerais rappeler que le ministre de la Santé, à l'époque,
M. Gaétan Barrette, avait donné des consignes, en CHSLD, de laver les résidents avec un bain au lit, à la
débarbouillette. Je me souviens très bien de ça, Mme la Présidente. On n'est pas du tout là-dedans. On est en train de
moderniser notre réseau d'hébergement au Québec, que ce soit avec la création
des maisons des aînés, avec les CHSLD privés qui deviennent conventionnés, avec
nos CHSLD publics où on améliore la qualité
des soins et services. On est en train d'entreprendre un virage en soutien à
domicile, Mme la Présidente. Un virage, ça ne se fait pas en un mois, en
deux mois.
La
Présidente : En terminant.
Mme Bélanger :
Un virage, ça se fait dans une
planification, et c'est ce qu'on est en train de faire, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première...
Des voix :
...
La Présidente :
Attention, je vous entends. Première complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Ça fait six ans que la CAQ est au pouvoir, alors
ce n'est pas un virage en six mois. Maintenant, les CISSS, c'est une norme, une norme, un bain par
semaine au lieu de deux. Mais «détresse», «coupe de services», «parcours
du combattant», «parcours sinueux et
inquiétant», «dépersonnalisation des soins», «perte d'expertise avec des
préposés aux bénéficiaires formés en
accéléré», «proches aidants plus sollicités», ce sont les mots du Protecteur du citoyen, et ça décrit l'effet dévastateur.
Est-ce que la
ministre est fière de ce bilan?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la
Présidente, là où je rejoins ma collègue, c'est qu'il nous reste encore
beaucoup de travail à accomplir, et
nous allons continuer le travail amorcé. Les services de soutien à domicile,
j'ai eu l'occasion de le mentionner, c'est un virage important que nous
amorçons. Et vous regarderez d'ailleurs les données de la dernière année
financière, où on a constamment, au cours des quatre dernières années,
depuis l'arrivée de notre gouvernement, augmenté le nombre de personnes desservies en soutien à domicile. Nous
avons augmenté le nombre d'intervenants. Nous avons créé des postes en
service de soutien à domicile. Il faut continuer...
La Présidente : En terminant.
Mme Bélanger : ...avec le
vieillissement de la population, et nous sommes là, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : C'est insuffisant. On parle d'un gouvernement qui
est à l'aube de sa sixième année. La CAQ fait preuve qu'elle est incapable de livrer pour les services et les soins de
qualité aux aînés au Québec. Le Protecteur du citoyen dit même qu'on est
en train de «créer un nouveau phénomène d'itinérance» chez des personnes qui
sont en perte d'autonomie avancée à force de les transférer d'un hébergement à
l'autre.
Le premier ministre, comme premier responsable,
va-t-il agir, lui, pour les aînés du Québec?
• (14 h 30) •
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, j'ai l'impression qu'on n'est
pas sur la même planète. Les services de soutien à domicile, nous avons
investi 2,6 milliards de dollars. J'ai eu l'occasion d'aller dans
différentes régions du Québec, les gens nous
disent : Continuez votre travail, nous avons des bons services en soutien
à domicile. Mais on ne s'arrêtera pas là, il en faut plus, je suis
d'accord, et nous sommes au rendez-vous pour ça.
Et j'aimerais
mentionner à ma collègue que les services de soutien à domicile, ce n'est pas
seulement les CLSC. Ce serait
intéressant que la première opposition regarde les investissements qu'on fait
aussi dans les entreprises d'économie sociale, qui jouent un rôle
important...
La Présidente : En terminant.
Mme Bélanger : ...pour maintenir les
aînés dans leur milieu de vie.
La Présidente : En
question principale, je reconnais la députée de Westmount—Saint-Louis. La parole est à vous, juste à vous.
Pénurie de main-d'oeuvre dans
les services correctionnels
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Mme la Présidente, la semaine dernière, le
Protecteur du citoyen est venu faire la démonstration que la pénurie de main-d'oeuvre avait un impact
direct sur les services. Dans les services correctionnels, la pénurie est telle
que les règles de droit international sont
parfois bafouées en raison du manque de personnel : confinement dans sa
cellule 22 heures par jour
pendant des semaines, accès interdit aux aires de vie, menotté à son lit à
l'unité de soins palliatifs, en fin de vie.
La pénurie de main-d'oeuvre affecte les services
aux détenus mais affecte aussi le personnel. Des gestionnaires doivent
délaisser leurs tâches pour remplacer les agents. Des agents doivent travailler
pendant 16 heures sans arrêt.
Les services correctionnels, c'est essentiel,
Mme la Présidente. En 2018, tout le monde parlait de la pénurie de main-d'oeuvre, tout le monde sauf le premier
ministre. Cinq ans plus tard, on frappe le mur, des droits fondamentaux sont
bafoués, le personnel est au bout du rouleau.
Est-ce que le premier ministre est fier?
La Présidente : La réponse du ministre
de la Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, on ne va pas se cacher, il y a
plusieurs secteurs d'emploi, au Québec, qui ont été mis à mal par la pandémie. Oui, la pandémie. Les agents de services
correctionnels, la formation de ces agents a été réduite, sinon aucune formation pendant ces deux années. Donc, on a
énormément, énormément de retard accumulé. On a augmenté les cohortes du côté de l'école
nationale. Maintenant, la formation aussi va se faire à l'extérieur de l'École
nationale de police.
On
est conscients des difficultés. Maintenant, il n'y a pas de bris de service. On
est conscients aussi du rapport qui a
été dévoilé là-dessus et on va s'engager le plus rapidement possible à
former encore plus d'agents de services correctionnels dans le futur
pour répondre aux besoins, donc, de la population et de la population
carcérale.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Mais, Mme la Présidente, qui dit
pénurie de main-d'oeuvre dit du personnel à bout de souffle. Les agents de services correctionnels sont
épuisés, et, quand on est épuisé, c'est là qu'il arrive des accidents. L'an
dernier, les agents correctionnels ont pris plus de
4 000 jours d'absence de plus qu'en 2021 en raison d'un accident de
travail. C'est énorme.
Est-ce
que le premier ministre trouve encore que la pénurie de main-d'oeuvre, c'est
une mosus de bonne affaire?
La
Présidente : M. le ministre de la Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
...mentionner, Mme la Présidente,
le taux de vacances est passé de 7 % à 12 %. C'est énorme. C'est
énorme, on en convient.
Maintenant, oui, la
pandémie peut avoir le dos large, mais il reste qu'on n'a pas pu former
d'agents de services correctionnels.
Maintenant, comme je le mentionnais tantôt, il y a 246 nouveaux agents de
services correctionnels qui ont été formés à l'École nationale de police
en 2022‑2023, 82 autres ont gradué de l'école nationale en 2023‑2024. On a
augmenté les cohortes pour être capables de
former plus d'agents de services correctionnels, pour être capables de répondre
aux besoins de la population carcérale.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Mme la Présidente, il y a plus d'agents blessés, mais il y
a aussi plus d'agents en congé de maladie.
Entre 2021 et 2022, les agents ont pris 14 000 journées de plus de
maladie et d'accidents de travail, 14 000 journées de plus. La
pression commence à être intenable dans le réseau.
Mme
la Présidente, à l'aube de sa sixième année, la réalité frappe le premier
ministre, mais ce qui frappe surtout, c'est son inaction des années
derrière ça, et ça fait mal à tous les Québécois.
La
Présidente : La réponse du ministre de la Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je prends le
temps de le mentionner, parce que je n'ai pas eu souvent la chance de le faire, mais on a mis sur pied, au ministère,
le programme ambassadeurs, 90 agents de services correctionnels ont
été identifiés. On a augmenté la
visibilité, du côté du ministère, dans les établissements d'enseignement
scolaire secondaires, collégiaux afin
de promouvoir le métier d'agent correctionnel. On est allés chercher, donc, sur
111 événements, pendant la
période d'avril 2022 à juin 2023, des agents additionnels, des étudiants qui
vont être formés par les différentes cohortes qui ont été mises en place
par le ministère à l'extérieur de l'école nationale. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Conditions salariales des employés du secteur
public
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
Il y avait du monde dans les rues de Montréal samedi, plus de 100 000 personnes des quatre coins du
Québec. C'est la plus grosse mobilisation de travailleuses et de travailleurs
depuis que la CAQ est au pouvoir.
C'est des infirmières, des électriciens, des profs, des concierges, des
préposés, des ouvriers, du monde qui
se lève tôt et qui se couche tard pour prendre soin des Québécois et des
Québécoises dans les écoles puis dans les hôpitaux.
Qu'est-ce
qu'ils demandent, ces gens-là? Du respect. Ils demandent de ne pas s'appauvrir
en travaillant pour le gouvernement quand tout coûte cher, quand les loyers,
quand l'épicerie battent des records dans toutes les régions du Québec. En pleine crise du coût de la vie, là, ce
qu'ils demandent, c'est juste le gros bon sens, mais qu'est-ce que leur patron leur offre? 9 % sur cinq ans. Ce n'est même
pas l'inflation. Et maintenant il sort de son chapeau une grosse épée de
Damoclès. Il leur dit : Si les travailleuses ne rentrent pas dans
le rang, bien, les primes, c'est fini.
Quand le premier ministre avait besoin
de ces travailleuses-là durant la pandémie, il les appelait ses anges gardiens.
Deux ans plus tard, il négocie avec des menaces.
Qu'est-ce
que ça va prendre? Combien de mandats de grève ça va prendre pour que le
premier ministre fasse une offre aux
hommes puis aux femmes de nos services publics, une offre raisonnable, une
offre respectueuse pour qu'on évite l'effondrement de nos services
publics au Québec?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, je suis content de voir
que Québec solidaire s'intéresse enfin au coût de la vie, s'intéresse à aider les Québécois. On était tout
seuls à offrir des chèques, oui, des chèques. Lui, il proposait des taxes
orange. Nous, on proposait des
chèques, des baisses d'impôt, des crédits d'impôt pour les personnes de
70 ans et plus, un rehaussement de
50 % de l'aide sociale pour les personnes qui ont des contraintes à
l'emploi. Là, maintenant, il vient de découvrir qu'effectivement, au lieu de taxes orange, bien, il faudrait remettre de
l'argent dans le portefeuille. Il y a une mise à jour qui s'en vient en
novembre. On va continuer. On n'a pas découvert ça dernièrement, Mme la
Présidente.
Maintenant, revenons
aux employés de l'État. On prévoit, pour les cinq prochaines années, qu'il y
aura une inflation de 11,5 %. L'offre
qui est faite, là, au total, c'est 13 %. Oui, il y a 9 % qui est
l'offre générale, mais il y a aussi une offre qui est sectorielle. Je sais que Québec solidaire est contre ça,
de dire : On va donner, par exemple, plus d'argent aux psychologues. L'APTS, le syndicat, dit : Il
n'est pas question d'augmenter plus les psychologues que les autres personnes.
Mme la Présidente, on
offre 13 %. 11,5 % d'inflation. Québec solidaire nous dit qu'il
faudrait offrir plus. Où prendraient-ils l'argent?
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre a la
capacité de payer à géométrie variable, hein? Quand c'est les femmes puis les
hommes qui travaillent fort pour nous autres, pour les Québécois, dans les
services publics, ah, là, c'est bien compliqué
de trouver l'argent, mais, pour les P.D.G. des sociétés d'État, pour les
projets du ministre de l'Économie, là, la caisse est toujours pleine, il
n'en manque jamais, d'argent.
Savez-vous
c'est quoi, le salaire du monde, le salaire moyen du monde qui manifestait
samedi? 43 000 $ par année. Qu'est-ce qu'il répond, le premier
ministre, aux gens qui font ça puis qui se font dire qu'ils n'auront pas plus
que...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, lors de la dernière négociation
de convention collective, pour la première fois dans l'histoire du Québec on a donné une augmentation qui était le
double, aux enseignantes, parce que les enseignants, au primaire puis
au secondaire, ce sont surtout des femmes; aux éducatrices en services de
garde, «éducatrices» parce qu'il y a
beaucoup plus de femmes que d'hommes; aux préposées aux bénéficiaires, je
devrais mettre é et e, parce que... s, c'est-à-dire,
parce que c'est surtout des femmes, les préposées. Cette fois-ci, on veut
augmenter les psychologues, c'est surtout des femmes. Le syndicat de
l'APTS ne veut pas. Qu'en pense Québec solidaire?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : On le proposait, nous
aussi, en campagne électorale, Mme la Présidente. Donc, le premier
ministre est juste mal informé sur les positions de Québec solidaire.
Le
premier ministre, là, il avait promis du changement quand il s'est fait élire,
en 2018. Bien, 25 ans après son entrée en politique, aujourd'hui, ce que le monde voit dans nos services
publics, ce n'est pas du changement, c'est le même vieux discours.
Le
premier ministre avait promis du changement. Aujourd'hui, en négociant avec les
femmes de nos services publics, il parle comme Jean Charest.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon! La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, oui. D'abord, c'est important, là, Québec
solidaire devrait avoir le vrai chiffre. La moyenne de salaire qui est payé aux employés de l'État, c'est
61 000 $ par année. La moyenne qui est offerte à ces mêmes employés,
c'est une augmentation
de 13 % par année pour les cinq prochaines... 13 % au total, pardon,
pour les cinq prochaines années, alors que l'inflation est évaluée à
11,5 %. Un point de plus que le 13 %, c'est 600 millions par
année. Combien de taxes orange propose Québec solidaire?
• (14 h 40) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Jean-Lesage. La parole est à vous.
Dépassement de la norme sur le nickel
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Le 29 août dernier, le P.D.G. du port de Québec s'est
pété les bretelles en disant qu'il n'y avait
pas eu de dépassement de la norme de nickel depuis un an. Le ministre de
l'Environnement était à côté de lui,
il n'a rien dit. Depuis, on a appris qu'il était au courant de trois
infractions à la norme de nickel dans la dernière année. Le maire n'était pas au courant, les
journalistes n'étaient pas au courant, les gens de Québec n'étaient pas au
courant. Le ministre n'a rien dit. Moi, je n'appelle pas ça de la
transparence, j'appelle ça de la dissimulation.
Le
rôle du ministre, c'est de nous donner des informations complètes et
compréhensibles, c'est de nous avertir quand on respire du nickel, c'est
de sévir contre les pollueurs et non de les protéger. Il n'a rien fait tout ça.
Va-t-il laisser sa
place à quelqu'un qui a envie de protéger les gens de Québec?
La
Présidente : D'abord, je vous ferai remarquer que le mot que vous...
Une voix :
...
La
Présidente : Oui, M.
le leader du gouvernement, c'est beau. Le mot que vous avez employé, lorsqu'il
est un verbe, il est non parlementaire. Là, vous êtes sur le bord, faites
attention, demeurez respectueux. Maintenant... M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, il y a
le mot et il y a aussi la fin de la question. Il laisse présager que le
ministre de l'Environnement ne se soucie pas de la population. C'est
inacceptable de la part d'un député dans cette Chambre.
La Présidente :
Nous allons poursuivre en
demeurant respectueux, en faisant attention aux propos, je vous en prie. En
réponse, le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Le
dossier de la qualité de l'air est une priorité pour le gouvernement du
Québec. Au cours des dernières années, on a multiplié les actions pour
s'assurer de cette qualité de l'air. On a renforcé passablement les mesures de contrôle, on a multiplié les stations
d'échantillonnage et surtout on a augmenté la transparence. Depuis le printemps dernier, l'ensemble des
données de l'ensemble des stations d'échantillonnage sont disponibles à travers
un site internet, donc accessibles à l'ensemble de la population.
Je
comprends que des gens puissent être inquiets. Moi, ce qui me désole encore
davantage, c'est qu'il y a des personnes qui alimentent cette inquiétude en les poussant vers des informations
qui sont inexactes. Lorsque l'on dit qu'on a dissimulé des informations, lorsque l'on dit qu'on veut
tromper la population, c'est tout ce qu'il y a de plus faux, et c'est
déplorable de miser et de capitaliser sur l'inquiétude des gens.
En
avril dernier, le ministère de l'Environnement a rencontré le comité de
surveillance du port du Québec, il a transmis l'ensemble des données. Et qui siège sur ce comité-là? Les représentants
de la ville de Québec, la Santé publique y siège, l'ensemble des conseils de quartier. Donc, les
citoyens de la ville de Québec ont reçu des données, qui, par la suite, ont
été intégralement mises en ligne...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : C'est drôle d'entendre le ministre, dans le fond,
m'accuser de vouloir ne pas rassurer les gens, là. Moi, ce que je ne trouve pas rassurant, c'est
quand un gouvernement, pour servir une multinationale, augmente la norme
de nickel de cinq fois et qu'après ça ce
qu'il fait, pour parler de transparence, c'est de mettre des données brutes sur
son site, des données qui, pour le
commun des mortels, là, ne sont pas compréhensibles, ce n'est pas clair, ce qui
est là-dedans, puis dire : Ah! j'ai mis ça sur Internet, c'est de
la transparence, les gens sont au courant. Ça ne marche pas.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Le collègue a soudainement dévié la question qui
était posée à l'origine. J'ai mentionné, le comité de surveillance a été
rencontré par le ministère de l'Environnement, en avril dernier, et l'ensemble
des données ont été expliquées. L'ensemble des conseils de quartier y siègent,
y sont représentés.
Je
pense que le collègue doit connaître les gens du conseil de quartier du
Vieux-Limoilou. S'il est en contact et en phase avec sa population, il doit les connaître. Le conseil de quartier
du... Vieux-Limoilou, pardon, était de cette rencontre-là, et l'ensemble des données leur ont été présentées.
Et, par la suite, les données sont mises en ligne dans un fichier Excel...
La Présidente : En terminant.
M. Charette : ...excessivement
facile à consulter lorsqu'on cherche les bonnes...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Sol Zanetti
M.
Zanetti : Je rêve. Excessivement facile à consulter. Qui
peut croire à ça ici? C'est fou, parce qu'un ministre, ça prend ses
responsabilités. C'est ça que ça fait d'habitude.
La Présidente : Oui, je reconnais
le...
Des voix : ...
La
Présidente : Attention! Je reconnais le leader du gouvernement.
Allez-y, je vous écoute. Brièvement. Je crois comprendre ce que vous
allez dire.
M.
Jolin-Barrette : ...on doit prendre la parole d'un collègue ici, on
ne peut pas lui imputer des motifs, on doit lui faire confiance, tout ce
que le député de Jean-Lesage n'est pas en train de faire ici, en cette Assemblée.
La
Présidente : Parfait. Je suis debout. Article 35.6°, on ne
peut, justement, imputer des motifs indignes. Poursuivez, je vous prie,
en tout respect. Il vous reste 18 secondes.
M.
Zanetti : À entendre le ministre de l'Environnement, là, si
le monde n'était pas au courant, là, ce n'est pas de sa faute, c'est de la faute des conseils de
quartier, c'est de la faute des citoyens qui, bénévolement, s'impliquent dans
des comités de vigilance pour qu'on
sache qu'est-ce qui se passe à Québec puis qu'il y ait quelqu'un, dans ce
gouvernement-là, qui nous défende. Et ça, ça n'arrive pas, ce n'est pas
ça qui se passe. Il a démissionné de son poste de ministre...
La Présidente : La réponse du ministre
de l'Environnement.
Des voix : ...
La Présidente : Silence, je vous
prie! On écoute la réponse.
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Les données sont effectivement très faciles à
consulter. Je suis quelqu'un de patient, de nature, je suis prêt à lui
consacrer quelques minutes de mes journées à lui montrer comment ça fonctionne.
Encore faut-il qu'il souhaite chercher les
bonnes informations. Pour le collègue, une seule donnée est pertinente, c'est
le nickel, alors qu'il y a plusieurs autres contaminants.
La base de
données, elle est complète, elle couvre l'ensemble des contaminants. Imaginez
le scénario suivant : si on ne
les mettait pas tous en ligne, il serait le premier à nous reprocher de vouloir
camoufler de l'information. Donc, s'il a quelques secondes, je vais lui consacrer ce temps-là volontiers. Un
petit mot-clic, «nickel», il va y avoir toutes les informations. S'il
s'intéresse à d'autres contaminants...
La Présidente : En terminant.
M. Charette : ...il aura
l'information tout aussi facilement.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le
chef du troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Orientations gouvernementales
en matière d'éducation
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, en 25 ans de vie
politique, le premier ministre a toujours dit que sa plus grande
priorité, c'est l'éducation. Or, regardons les gestes qui sont posés. Regardons
le projet de loi n° 23, qui, essentiellement,
donne plus de pouvoirs au ministre et défait en partie les centres de services
scolaires que le gouvernement avait lui-même mis en place. C'est ça, la priorité
de la CAQ en éducation, faire des réformes de structure et donner plus de pouvoirs
au ministre. Je suis dans l'obligation de lui rappeler qu'il y a
200 spécialistes de l'éducation, des professeurs, des gens qui sont sur le terrain et qui
connaissent ça, qui nous disent qu'il faut laisser tomber le projet de loi n° 23, que c'est loin d'être une priorité.
Le premier
ministre peut-il nous expliquer comment ils en sont arrivés à ce que sa
priorité pour l'éducation, ce soit de donner plus de pouvoirs au
ministre et brasser des structures?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M.
François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, la
réalité, c'est que, depuis cinq ans, on n'a jamais vu les budgets en éducation
augmenter autant qu'actuellement. La réalité, c'est que, depuis cinq ans, on a
ajouté 2 000 spécialistes, orthophonistes et autres, pour les enfants qui ont des difficultés. La réalité, c'est
que, dans la dernière négociation, ce que le PQ n'a jamais accepté, on a donné une augmentation de salaire
aux enseignants qui est le double de ce qui a été donné à l'ensemble des
employés de l'État.
Mme la
Présidente, on a effectivement aboli les commissions scolaires. Il n'y a
presque personne qui allait voter. Je
ne sais pas si le PQ est pour ramener les commissions scolaires, mais nous, on
pense qu'il n'y a pas assez de monde qui vont voter.
Maintenant, dans le projet de loi de mon
collègue, on demande d'avoir les informations des centres de services. Est-ce que ce ne serait pas normal que le ministre
de l'Éducation ait les données sur les enfants qui sont dans nos écoles?
C'est quoi, le problème du PQ avec ça?
La Présidente : Première
complémentaire. Je reconnais le député de Matane-Matapédia. La parole est à
vous.
M. Pascal
Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, le premier geste législatif
fort du gouvernement, c'est de donner plus de pouvoirs au ministre de
l'Éducation. Le ministre a fait une tournée des écoles, il a rencontré des
enseignants, des professionnels de
l'éducation. Je suis assez convaincu que ce n'est pas ce qu'il leur a dit. Puis
il y a 230 grands spécialistes qui, eux, disent la même affaire.
Alors, c'est
qui qui conseille le ministre? Qui qui lui a dit que la priorité, pour son
retour en politique, c'était de lui donner plus de pouvoirs comme
ministre?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente,
d'abord, on ne défait pas les centres de services scolaires. On donne plus d'efficacité au réseau en faisant en sorte,
justement, que les centres de services scolaires travaillent tous dans la même
direction. Ça fait qu'on veut donner
de la cohérence, puis de la cohésion, puis de l'efficacité. Puis on n'est pas
gênés d'utiliser ce mot-là. Le projet
de loi n° 23 va nous permettre d'utiliser les données pour prendre des
meilleures décisions et donner des meilleurs services. On va pouvoir
également avoir plus de formation continue. On va pouvoir également, avec
l'institut d'excellence en éducation,
prendre les meilleures pratiques pédagogiques et les propager à travers les
écoles. C'est quoi, le problème avec ça?
La Présidente : Deuxième
complémentaire, M. le député.
M. Pascal
Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, le problème, c'est que les
centres de services scolaires, c'est eux qui les ont créés. Alors là, ils font une loi pour les améliorer. Ils
ont créé le problème, ils essaient de le corriger. Ça, ce n'est pas très
cohérent.
Alors, qui lui a demandé de lui donner plus de
pouvoirs? C'est-tu pour ça qu'il est revenu en politique?
Des voix : ...
La
Présidente : Silence, je vous prie! Une seule personne a le
droit de parole. On ne s'interpelle pas des deux côtés. M. le ministre
de l'Éducation, on vous écoute.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente,
on ne va pas s'excuser de faire de l'amélioration continue, tout de même.
Maintenant,
s'il veut parler de mes priorités, je n'ai aucun problème avec ça. On veut
améliorer l'enseignement du français,
oui. On veut plus de projets particuliers dans les écoles, oui. On veut plus de
formation professionnelle, oui. On veut des aides à la
classe dans le plus grand nombre d'écoles primaires publiques du Québec, oui.
On veut continuer à bâtir des belles écoles. On a 150 nouvelles écoles,
actuellement, qui sont en construction ou en planification, 325 projets en
cours à travers le Québec. On ne
s'excusera pas de ça. Puis, avec 23, on va avoir plus d'efficacité. Ça fait
qu'on a un beau programme, on a une belle vision...
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : ...puis on va continuer à investir dans l'éducation.
• (14 h 50) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Verdun. La parole est à vous.
Protection
du caribou forestier
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Vous savez, mon collègue de Jean-Lesage a raison de demander la démission du ministre de l'Environnement pour
sa gestion catastrophique du dossier du nickel, parce que, vous savez,
le bilan du ministre n'est pas reluisant.
Puis
je veux qu'on prenne, aujourd'hui, le cas du caribou forestier. À Val-d'Or, on
est passés d'une cinquantaine de
caribous à moins de 10. Dans Charlevoix, on est passés de 120 caribous à
une vingtaine. En Gaspésie, ils étaient 200, il y a 10 ans, et maintenant ils sont une trentaine. Ça fait cinq
ans qu'il y a un consensus scientifique sur le fait qu'il faut agir. Ça fait cinq ans que les communautés
autochtones se battent. Ça fait cinq ans que le ministre repousse l'adoption de
sa stratégie aux calendes grecques.
On l'attendait en 2019, en 2021, en 2022, en 2023, et maintenant on se demande
si la stratégie va arriver avant l'extinction du caribou.
Donc,
ma question, aujourd'hui, la question qu'on se pose : Est-ce que la
ministre a tout simplement abandonné le caribou forestier?
La Présidente :
La réponse du ministre de
l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques et de la
Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. La
question est importante, et je suis content qu'elle soit posée par Québec
solidaire. Je lisais des entrevues du
co-porte-parole, cet été, de Québec solidaire, qui disait ouvertement craindre
un plafonnement de sa formation politique et que c'est un risque qui le
guettait de façon sérieuse.
La
question du caribou, la question de l'environnement, la question
de l'environnement sont susceptibles de créer un plafonnement
pour Québec solidaire dans la population s'ils retiennent des positions qui
sont déconnectées de la population. Dans le cas du caribou, c'est un dossier
qui est extrêmement, extrêmement complexe, et on ne peut pas l'aborder de façon légère. Avec ma collègue aux
Ressources naturelles et à la Forêt, depuis plusieurs mois, on y travaille
de façon sérieuse. Il n'y a pas une semaine
où il n'y a pas des rencontres sur cet enjeu-là avec les élus municipaux, parce
qu'on ne peut pas régler ou solutionner une question si on n'implique pas les
communautés.
Donc,
c'est une stratégie qui avance, mais on ne peut pas perdre de vue différents
éléments, dont le fait qu'il y a 60 000 personnes au Québec
qui travaillent dans l'industrie forestière. Donc, ne pas considérer
l'importance de cette industrie-là, ne pas considérer l'importance...
La
Présidente : En terminant.
M. Charette :
...qu'elle a pour l'occupation du
territoire, ça génère des risques de plafonnement pour Québec solidaire.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Mme la Présidente, j'ai
cru comprendre que le ministre nous disait que c'est déconnecté, de parler du caribou. Les caribous sont en train de
disparaître. Les Québécois sont écoeurés de les voir mourir. Les communautés
autochtones sont tannées d'attendre. La CAQ
s'est engagée, puis je le répète, 2021... pardon, 2019, 2021, 2022, 2023. Rien.
On n'a pas encore de plan sur la table.
Quand
est-ce que la CAQ va déposer son plan? Avant la fin de la session parlementaire
ou après l'extinction du caribou?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Il n'est pas déconnecté de parler du caribou, c'est déconnecté de parler du
caribou sans mesurer l'ensemble des impacts
d'une stratégie qui est en développement. Donc, avec ma collègue, avec d'autres
ministères aussi qui
sont impliqués, on travaille activement. L'échéancier qu'on s'est donné le plus
vraisemblable, ce serait avant la fin de la présente année. Et on aura considéré, à ce moment-là, l'impact sur
l'industrie, qui est excessivement importante pour le développement économique de nos régions, mais qui
est également très importante pour l'occupation du territoire, mais aussi s'assurer qu'on mette en place des mesures
et des politiques qui puissent assurer un certain équilibre au niveau faunique
mais également au niveau de l'occupation du territoire.
La
Présidente : En terminant.
M. Charette :
Ce que la collègue oublie de
considérer, c'est l'impact des feux de forêt, et ça aussi, ça fait partie
de notre calcul présentement.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Les feux de forêt nous rappellent l'urgence, en fait, d'agir et de
protéger le caribou. Et je veux avoir un engagement qui est clair.
Est-ce
que la stratégie va être déposée avant la fin de cette année, avant Noël? Puis
est-ce qu'on peut nous répéter... Est-ce
que le gouvernement va s'engager à atteindre 65 % de l'habitat non
perturbé par les caribous dans les aires de répartition, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Sincèrement, la déposer avant
l'extinction de Québec solidaire, ça, c'est l'objectif ultime qu'on s'est
donné. Et vraisemblablement,
vraisemblablement, cette stratégie sera déposée, comme je le mentionnais... Je
fais un petit peu d'ironie parce que
j'ai répondu à la question, Mme la Présidente. J'ai clairement répondu à la
précédente intervention comme quoi,
normalement, ce sera fait avant la fin de la présente année. Donc, on est en
2003, on est en septembre. Donc, d'ici quelques mois...
Une voix : ...
M. Charette :
2023. Merci du rappel. Mais sinon on ne peut pas prendre à la légère
l'impact des feux de forêt historiques qui sont survenus au cours des derniers
mois, qui ont durement éprouvé déjà...
La
Présidente : En terminant.
M.
Charette : ...les
communautés forestières. Donc, on essaie de trouver le bel équilibre et on
continue de travailler en ce sens.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Pontiac. La parole est à vous.
Des voix :
...
La Présidente :
On l'écoute. Silence.
Accès
aux services publics
M. André Fortin
M. Fortin : Mme
la Présidente, dossier après dossier, mes collègues et le Protecteur du
citoyen, que ce soit à la DPJ, que ce
soit en services carcéraux, que ce soit en soins à domicile ou en CHSLD, ont
démontré que le gouvernement de la
CAQ n'offre simplement pas les services de base auxquels ont droit les
citoyens. Le nombre de monde, le nombre de citoyens en attente de soutien à domicile, Mme la Présidente, il a
doublé depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec. La liste d'attente pour une place en CHSLD,
bien, elle augmente à vue d'oeil. Le temps d'attente pour l'évaluation en DPJ, le gouvernement rate toutes ses cibles, c'est
deux fois et demie plus que ça devrait l'être. Le nombre de gens qui attendent une chirurgie, Mme la Présidente, encore
aujourd'hui, vous n'avez qu'à regarder La Presse, on apprend que ça a continué d'augmenter,
malgré toutes les belles promesses du ministre de la Santé.
Mme
la Présidente, oui, il est à l'aube de sa sixième année, le premier ministre,
dans son poste. Oui, il est à l'aube de
sa 26e année comme élu ici, à l'Assemblée nationale. Et, encore
aujourd'hui, il échoue à donner des services de base à la population.
Est-ce qu'il peut
travailler pour ça, Mme la Présidente, pour les citoyens du Québec...
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Très bien, Mme la Présidente. Puis je pense qu'on
a encore un exemple, aujourd'hui, de l'opposition qui regarde le verre à
moitié vide, alors que je pense qu'il faut le regarder à moitié plein.
Je vous donne
un exemple. Effectivement, cette semaine, on a annoncé qu'on avait une
augmentation de certaines de nos chirurgies, mais il faut se mettre...
Si on a été dans les opérations puis on gère un réseau de
350 000 personnes, savez-vous, dans le mois d'août et le mois de
septembre, qu'on avait le «peak» du nombre de personnel absent, soit 80 000 personnes qui étaient absentes de
notre réseau pour vacances? Est-ce qu'il est normal que, pendant un mois de
vacances, le plus grand mois de
vacances de tous nos employés, on soit... on ait un impact sur nos chirurgies?
Ça, c'est la première chose à dire.
Deuxièmement,
Mme la Présidente, verre à moitié plein, il y a deux éléments que j'ai demandés
aux chirurgiens de suivre
spécifiquement, les chirurgies en retard de plus qu'un an... Savez-vous
qu'est-ce qu'ils ont fait ce mois-ci, malgré les absences, malgré des
vacances? Ils ont encore baissé. Ça, le député de Pontiac oublie de le dire.
La semaine passée, il me faisait remarquer que
les chirurgies de plus que 57 jours étaient en augmentation. Savez-vous ce qu'on a annoncé aujourd'hui? C'est
qu'elles sont en baisse. Merci, les chirurgiens, de faire votre possible
dans un environnement difficile.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons maintenant passer à la rubrique Motions
sans préavis. Pour ce faire, je cède
la place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Et je vous
remercie pour votre attention. Bonne fin de journée, tout le monde.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition.
M.
Zanetti : Merci, M. le Président. Alors, je demande le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine :
«Que
l'Assemblée nationale demande au port de Québec de rendre publiques la totalité
des données depuis 2012 de l'ensemble
de ses stations d'échantillonnage de la qualité de l'air, sur son territoire et
dans la communauté, ainsi que de l'ensemble
des stations d'échantillonnage des entreprises qui ont des activités au port de
Québec, et ce, dans les plus brefs délais;
«Qu'elle
demande au ministère de l'Environnement de mandater une personne qualifiée pour
en faire l'analyse et rendre publics les résultats de celle-ci.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?Il n'y a pas de consentement.
Alors, je reconnais maintenant un membre du
troisième groupe d'opposition.
Exprimer la dissidence
de l'Assemblée face à l'ovation d'un ancien
combattant nazi par le Parlement du Canada
M.
St-Pierre Plamondon : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le ministre responsable des
Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, le chef de
l'opposition officielle, le député de Jean-Lesage et la députée de Vaudreuil,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale se dissocie du Parlement du Canada, qui a récemment
ovationné un ancien combattant nazi de la [...] SS;
«Qu'elle réaffirme sa solidarité envers le
peuple juif et envers les victimes de l'Holocauste.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? Consentement, sans débat. M. le leader.
M. Bérubé : M. le Président, avec
l'assentiment de l'Assemblée, on aimerait avoir un vote.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
que vous avez... Alors, un vote a été demandé. Donc...
Des voix : ...
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, nous allons procéder au vote. Que ceux qui
souhaitent appuyer cette motion puissent le faire. Que celles et ceux qui
souhaitent ne pas appuyer cette motion puissent le faire aussi. M. le leader...
Alors, M. le secrétaire général.
Le Secrétaire : Pour : 93
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, cette motion a été adoptée à l'unanimité. M. le
leader.
• (15 heures) •
M. Bérubé : Leader, on s'en reparlera, là. Aucun des partis
n'a voulu me reconnaître, alors... Je le dis comme ça. J'aimerais
qu'on...
Des voix : ...
M. Bérubé : C'est
totalement vrai.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Allez-y, monsieur...
M. Bérubé : Trois
endroits où on aimerait envoyer le résultat de la motion : à la Chambre
des communes...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Allez-y, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : À la Chambre des communes, à l'ambassade
ukrainienne à Ottawa et à l'organisme CIJA, centre des affaires
israéliennes et juives.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait. Alors, la prochaine motion, un membre formant le gouvernement.
Oui, M. le ministre de l'Éducation.
M.
Drainville : Bonjour. M. le Président...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Excusez, attendez un moment, excusez. Écoutez,
s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît... Je souhaite que les
débats puissent se dérouler de manière sereine.
Alors, la parole est
au ministre de l'Éducation, s'il vous plaît. Merci.
M. Drainville : Merci. Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale réitère l'importance d'investir dans nos infrastructures scolaires;
«Qu'elle constate que
d'avril 2014 à juin 2018, 49 nouveaux projets ont été annoncés;
«Qu'elle constate que
d'octobre 2018 à aujourd'hui, 155 projets ont été annoncés;
«Qu'elle
prenne acte du fait que les sommes allouées au PQI éducation de 2018 étaient de
9 G$ pour les infrastructures scolaires;
«Qu'enfin, elle
souligne que ce même budget est passé à [22] G$ en 2023.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Pas de consentement. Et je
reconnais maintenant un membre formant l'opposition officielle. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Demander
au gouvernement fédéral de repousser l'échéance du 31 décembre 2023
pour le remboursement des prêts accordés par l'entremise du compte
d'urgence pour les entreprises canadiennes
M. Beauchemin :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Maurice-Richard, le chef du
troisième groupe d'opposition et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que selon l'Association Restauration Québec, 80 %
des restaurateurs québécois ont reçu un prêt du gouvernement fédéral lors de la
pandémie de la COVID-19;
«Qu'elle
rappelle qu'une portion de ces prêts constituait une subvention si le prêt
était remboursé à l'échéance prévue;
«Qu'elle souligne
qu'un nombre important de petites et moyennes entreprises en restauration n'ont
pas encore commencé à rembourser ces prêts,
notamment en raison du contexte économique actuel marqué par une hausse
importante de l'inflation et par la pénurie de main-d'oeuvre;
«Qu'elle
prenne acte que si rien n'est fait, les faillites se multiplieront dans les
prochains mois;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de repousser
substantiellement l'échéance du 31 décembre
2023 pour le remboursement des prêts accordés par l'entremise du compte
d'urgence pour les entreprises canadiennes.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Consentement, sans débat.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote électronique a été demandé. Donc, alors, nous allons procéder. Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion
puissent le faire. Que celles et ceux qui sont contre cette motion puissent
le faire aussi.
M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 90
Contre :
0
Abstention :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, cette motion a été adoptée à l'unanimité.
M. le leader.
M. Derraji :
M. le Président, vous allez me permettre de vous demander d'envoyer une
copie de cette motion à l'Association Restauration Québec, à la ministre
fédérale des Finances et à la ministre fédérale de la Petite entreprise.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait, M. le leader de l'opposition
officielle.
Alors,
toujours à la rubrique des motions sans préavis, une motion sans préavis ayant
déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je
demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion
sans préavis.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 34
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour déroger à l'article 84.1
de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de consultations
particulières donnant suite à une entente entre les leaders et la
députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission des
institutions, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 34, [la] Loi
visant à moderniser la profession notariale et à favoriser l'accès à la justice de procéder à des consultations particulières et de tenir des auditions publiques le
mardi 3 octobre 2023 de 10 h 40 à 12 h 30 et
après les avis touchant les travaux des commissions vers
15 h 15 jusqu'à 19 h 20;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
l'Association professionnelle des notaires
du Québec, l'Union des notaires du Québec, François Brochu, directeur du
programme de maîtrise en droit notarial de l'Université Laval, l'Association du Barreau canadien, division du
Québec, Barreau du Québec, Chambre
des notaires du Québec, Chambre des huissiers de justice du Québec;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 36 secondes pour l'opposition officielle,
1 minute 12 [...] au deuxième groupe d'opposition et 1 minute 12
[...] pour la députée indépendante;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes
30 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes 30 secondes pour
le deuxième groupe d'opposition et 3 minutes 30 secondes pour
la députée indépendante;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que le ministre de
la Justice soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Avis
touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. La
Commission de la santé... Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de
la santé et des services sociaux
poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 15, la Loi visant à rendre le système de santé et de
services sociaux plus efficace,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 14, la Loi
modifiant diverses dispositions
relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver
des personnes disparues, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission des relations avec les citoyens poursuivra la consultation générale et auditions
publiques sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2024‑2027 aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
18 h 30 et de 19 h 15 à 21 h 40, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 29, la Loi
protégeant les consommateurs contre l'obsolescence programmée et
favorisant la durabilité, la réparabilité et l'entretien des biens,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
du Conseil législatif.
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail aujourd'hui,
de 19 h 15 à 19 h 45, à la salle Marie-Claire-Kirkland,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la
pétition concernant le maintien des suivis médicaux pour les résidents des
Jardins de la Côte.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Je vous
informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée de Saint-Laurent.
Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale déplore le fait que les Québécois
font les frais de l'improvisation et de l'incapacité du gouvernement caquiste à réaliser des projets
d'infrastructures de grande envergure, notamment dans les domaines de la
santé, des services de garde et des transports, dans des délais opportuns;
«Qu'enfin,
elle invite le gouvernement caquiste à faire preuve d'une plus grande rigueur
dans la planification des projets
d'infrastructures afin de bénéficier d'une plus grande célérité dans leur
réalisation, dans le respect de la capacité de payer des Québécois.»
Affaires
du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. C'est un plaisir de vous retrouver en cet après-midi. Nous avions eu le bonheur de
travailler ensemble ce matin. Et nous allons poursuivre nos travaux en appelant
à l'article 4 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 31
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 4 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation.
Y a-t-il des interventions? M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Donc, nous continuons
l'adoption du principe du projet de
loi n° 31, Loi modifiant
diverses dispositions législatives en matière d'habitation. C'est un projet de loi très attendu, depuis
plusieurs mois, dans le contexte de
crise de logement que l'on connaît, là, mais, d'emblée, M. le Président, là, il
faudrait se poser la... poser la principale
question, là : En quoi ce projet de loi aide à résoudre la crise du
logement? On peut dire qu'il n'y a pas grand-chose, dans ce projet de loi, là,
qui va contribuer à résoudre la crise du logement, là. Faisons un rapide
survol, M. le Président, là, sur les principales manifestations de cette crise
du logement, là.
La
principale, la plus visible, celle qui affecte directement la poche de
1,3 million des locataires, des ménages locataires au Québec, là,
c'est les augmentations de loyer. Ensuite, une augmentation vertigineuse des
procédures de reprise et d'éviction des
locataires de leurs logis, souvent ce qui vient contredire un principe fondamental
du droit québécois en matière de
louage, le droit au maintien dans les lieux, là. Un autre signe de cette
crise : l'augmentation fulgurante de l'itinérance. Le nombre de
personnes en situation d'itinérance augmente partout au Québec, là, même dans
les plus petites villes.
Autre conséquence de cette crise du logement,
là, les difficultés grandissantes pour avoir accès à la propriété et
l'augmentation généralisée du prix de l'immobilier résidentiel. Et dernier
phénomène dont on parle très peu souvent, malheureusement,
là, c'est l'accroissement de ce qu'on appelle la financiarisation du secteur
locatif, donc l'arrivée des grands groupes
financiers qui achètent énormément d'unités locatives pour les rentabiliser le
plus possible dans le plus court terme.
À quoi on
assiste, au fond, là, M. le Président, là, à travers cette crise du logement,
là? C'est relativement simple. On
constate que cette crise du logement induit directement un appauvrissement d'un
secteur de la société moins nanti, les locataires,
au profit d'un secteur mieux nanti, les locateurs. Et donc c'est la principale
conséquence de cette crise du logement, en plus de toute la détresse que
cela peut induire, cette crise du logement, là.
Donc, ce
projet de loi a été présenté après plusieurs mois d'attente, autour de six
mois. Ce projet de loi nous a été annoncé
au début de l'année 2023. Comme je le disais, c'était un projet de loi
très attendu parce qu'il allait supposément régler un certain nombre de problématiques très importantes dans le secteur
locatif. Mais, malgré que ce projet de loi était très attendu et
qu'il... finalement, une fois qu'il a été annoncé et rendu public, là, on se
rend compte qu'il n'y avait pas grand-chose
pour résoudre la crise du logement, mais il comportait une mesure, une mesure
très importante qui était l'effet de
retirer le recours à un moyen fondamental, le droit de céder son bail. Oui,
effectivement, la possibilité existe. On va clarifier ça tout de suite,
M. le Président.
La
possibilité, dans le nouveau... Dans le projet de loi n° 31,
la possibilité de céder son bail existe encore, mais, à toutes fins pratiques,
là, ce droit-là devient inopérant. Il y a eu une réaction immédiate de la
société civile à la présentation de ce
projet de loi, là. Quelques jours après seulement la présentation, à toute fin,
à la dernière journée de la session parlementaire,
il y a eu peut-être la plus grande manifestation pour le logement, là, qu'on a
connue au Québec, là, d'ailleurs dans
ma circonscription, dans le quartier Parc-Extension, là, et ces
manifestations-là se multiplient à travers l'État et dans plusieurs
villes du Québec. Bref, il y a eu une levée généralisée de boucliers pour
dénoncer le projet de loi n° 31, et en particulier,
en particulier, la question de retirer, à toutes fins pratiques, le droit de
céder son bail.
Donc, tout le
monde, ou à peu près, exige le retrait, en tout cas, de cet article-là, très
controversé, là. Et même le premier
ministre du Québec, là, il n'y a pas plus d'une semaine, a évoqué la
possibilité, oui, peut-être de retirer l'article 7 du projet de loi n° 31,
là, qui abolit, à toutes fins pratiques, la cession de bail, là. Et d'emblée,
d'emblée, il faudrait poser la
question à la ministre de l'Habitation si elle a l'intention, dans le court
terme, de retirer cette disposition, donc de retirer du projet de loi n° 31,
là, la possibilité d'abolir son bail, là. Ça va grandement aider des centaines,
voire des milliers de locataires à travers le Québec.
M. le Président,
vous savez, là, depuis que j'ai été élu ici, une de mes grandes préoccupations,
ça a été la crise du logement, le sort des locataires qui se voient
constamment exposés à des augmentations, à des évictions, à des reprises, donc
à des situations qui les affectent très profondément non seulement dans leur
santé financière, mais aussi dans leur équilibre psychologique. Déjà, en 2019, en 2020, 2021 et
2022, je me suis levé à plusieurs reprises dans cette Chambre pour alerter les députés et le gouvernement sur la
crise du logement, que j'ai toujours qualifiée de crise majeure, profonde et
durable.
D'ailleurs,
on n'est pas la seule juridiction où il y a une crise du logement. C'est une
crise qui affecte l'ensemble du
Canada, de l'Amérique du Nord et dans d'autres pays aussi d'Europe. À l'époque,
on me traitait d'alarmiste, de toujours insister sur la gravité de cette
crise du logement, là, mais ce qu'on se rendait compte de l'autre côté de la
Chambre, du côté du parti ministériel, la
crise du logement n'existait pas sur le radar de la Coalition avenir Québec.
Même le 7 juin 2019, il y a
quatre ans déjà, là, l'actuel ministre des Finances nous disait, et je le
cite : «Nous avons un marché en équilibre, qui va bien», alors que
tout allait mal. Déjà, en 2019, il y avait énormément de gens qui le
constataient.
Je peux vous
dire, M. le Président, là, que, vendredi dernier, au sommet sur l'itinérance
organisé par l'Union des municipalités
du Québec, là, aucun député de la CAQ ne pouvait nier que la crise du logement
est une urgence nationale. Je vous
rappelle que l'itinérance est une conséquence directe de cette crise du
logement. Et, pire encore, lors de ce même sommet, on a lourdement noté l'absence de la ministre de l'Habitation,
ce qui nous a laissés très dubitatifs, là. C'était comme si l'itinérance n'appartenait pas... ne concernait
pas le domaine de la crise de l'habitation. Ça concernait surtout la Santé et
Services sociaux, alors que c'est deux aspects qui sont étroitement reliés.
• (15 h 20) •
Aucune raison
ne peut justifier que la ministre responsable d'un dossier aussi important ne
soit pas aux côtés des municipalités, des organismes communautaires, des
maires et des mairesses du Québec, qui sont au front, eux et elles, à la lutte à l'itinérance. Et, bien, d'autre part,
ce n'est pas si étonnant, là, de la part d'une ministre qui a suggéré, au
printemps dernier, aux locataires qui
tirent le diable par la queue d'investir en immobilier s'ils ne sont pas
contents avec la situation actuelle.
Il est évident
que, pour moi, dès 2018, alors que Québec solidaire et de nombreux comités de
locataires à travers le Québec sonnaient l'alarme sur la crise du logement qui
était en expansion, il était primordial d'agir déjà à cette époque-là. En niant la crise pendant quatre ans, la CAQ a non
seulement aggravé le problème, mais elle n'a pas posé les gestes nécessaires
qui auraient été payants six ans plus tard, aujourd'hui.
Québec
solidaire le dit depuis plusieurs années, la prévention et les investissements
dans l'action communautaire, lorsqu'il s'agit de lutte à l'itinérance,
feraient économiser des millions de dollars aux contribuables, tout en
augmentant la qualité
et les conditions de vie des personnes les plus vulnérables du Québec. Que dire
de l'action du gouvernement depuis six
ans, là, dans le domaine du logement social, où, à toutes fins pratiques, ce
programme a été aboli au profit du logement abordable, qui n'est plus du logement social? Donc, on a préféré laisser
tomber le logement social pour investir dans la production des logements
privés.
Mais revenons
à l'itinérance. Le récent dénombrement, il y a, quoi, une dizaine de jours, là,
qui a été publié il y a une dizaine
de jours, là, des quelque 10 000 personnes en situation d'itinérance
au Québec, dont une quantité record de femmes,
est vraiment préoccupant. Il y a maintenant de l'itinérance visible — ce
mot est important, «visible» — à
Granby, Gatineau, Lévis,
Saint-Jean-sur-Richelieu, Victoriaville. C'est du jamais-vu, ça, en plus de
l'itinérance qu'on connaît et qui a connu une augmentation spectaculaire
dans les grands centres comme Montréal et Québec.
On entend des
histoires à chaque semaine, M. le Président, de mères qui doivent se loger avec
leurs enfants dans des garages, des gens qui dorment dans des voitures,
un phénomène qu'on connaissait beaucoup aux États-Unis, qu'on connaît maintenant ici, au Québec, là, des femmes qui doivent se
résigner à rester avec un conjoint violent parce que, si elles ne trouvent pas de logement, elles
pourraient perdre la garde de leurs enfants, etc. Les histoires terribles se
multiplient, M. le Président.
Or,
l'explosion de l'itinérance et la crise du logement sont liées de façon
directe. Lors des consultations particulières de la semaine dernière, plusieurs organismes nous ont fait cette
remarque. Notamment, on a appris que presque une personne sur quatre qui vit en situation d'itinérance au
Québec a perdu son toit dans le cadre d'une éviction ou d'une reprise de
logement. Cela vient contredire de
façon claire et nette les données dont on dispose, là, la pensée, les préjugés,
en fait, là, couramment répandus
comme quoi les personnes itinérantes, c'est plutôt le fruit d'une dépendance
envers des drogues ou de l'alcool. Non, ce n'est pas le cas. Quatre personnes
sur 10 se retrouvent à la rue parce qu'elles ont perdu leur logement suite
à une augmentation faramineuse de leur
loyer, elles ne peuvent plus se trouver un nouveau loyer qui correspond à leurs
ressources financières, ou soit suite
à une reprise, ou à une éviction. Moi, j'en connais même une, M. le Président,
là, l'été il y a... pas celui-là,
l'été... il y a deux étés, là, une personne âgée qui a perdu son logement. Oui,
elle aurait pu avoir accès à la protection donnée par la loi Françoise David, mais cette personne-là ignorait
complètement ces dispositions-là. Elle s'est retrouvée à la rue et elle a passé tout l'été, tout l'été, à
dormir au parc Jarry, dans ma circonscription de Laurier-Dorion. Et il était
atteint d'un cancer et finalement il est
mort. Il est mort dans le parc, carrément, là, ce qui est une situation
inacceptable, qui fait offense à notre conception de ce qui est la
dignité humaine.
Et des
enquêtes, d'ailleurs, ont démontré que les évictions et les reprises de
logement sont majoritairement frauduleuses
et en augmentation constante partout au Québec. On est en droit de dire que le
non-encadrement du marché locatif est l'une des causes majeures de la
crise de l'itinérance qui frappe le Québec.
Pourtant, il
n'y a rien, dans le projet de loi n° 31, pour encadrer ce marché, ce qui
est déplorable. Consultation après consultation,
alors que le comité logement documentait depuis des années les augmentations
des évictions et des reprises de
logement frauduleuses, le gouvernement de la CAQ en est pourtant arrivé avec un
projet de loi qui ne propose que des améliorations
mineures et surtout, et surtout, des absences qui brillent, des absences qui
signifient que ce gouvernement-là ne
s'attaque pas aux principales manifestations de la crise du logement. Rien pour
mieux contrôler l'ensemble des loyers et les augmentations abusives des
loyers. Rien pour interdire des évictions pour faire du Airbnb, entre autres.
Rien pour protéger les aînés des évictions,
les aînés qui sont un secteur particulièrement vulnérable de notre société et
qui sont une cible de choix de certains spéculateurs, de certaines
spéculatrices parce qu'ils connaissent moins leurs droits, sont moins
disposés à se défendre et ils... et surtout, surtout, que, de façon générale,
les aînés ont la fâcheuse tendance de demeurer longtemps dans le même logis. Donc, ça produit comme conséquence qu'ils
paient des loyers moins chers, et ça, c'est une cible de choix pour les spéculateurs qui veulent maximiser leur
investissement, et ils utilisent toutes sortes de moyens pour évincer
des personnes âgées de leur logement et ainsi procéder à augmenter de façon
spectaculaire les loyers pour les nouveaux locataires.
Pire encore,
le projet de loi n° 31 propose de retirer aux locataires le plein droit à
la cession du bail... de bail, le seul
moyen à leur disposition pour contrôler le prix des loyers au Québec, le seul
moyen concret pour certaines personnes d'avoir accès à un logement tout
court.
M. le
Président, vous ne serez pas surpris d'apprendre que Québec solidaire va voter contre l'adoption du principe
du projet de loi n° 31. Comme il a été suggéré par différents
organismes en commission, il aurait été beaucoup plus juste que la
ministre de l'Habitation propose... dépose d'abord un plan et une stratégie,
une vision, ne serait-ce qu'une vision assortie
d'un plan, et d'une politique, et d'une stratégie, ça aurait été encore mieux,
là, d'une stratégie en habitation avant de faire un changement
législatif de cette importance.
Selon moi, M.
le Président, le projet de loi n° 31 rate complètement la cible, parce
que, vous savez, on nous apprend ça à
l'école, là, avant de faire quelque chose, c'est bien, disons que c'est bien
d'avoir une idée de ce qu'on va faire, là, afin d'éviter d'agir à la pièce, par morceau, et ne pas arriver au résultat
que l'on veut. Donc, la ministre aurait dû se doter d'une vision de la crise du logement assortie d'une
politique générale qui incarne cette vision-là d'où découle une stratégie, des
moyens d'action, etc. C'est de la bonne
méthodologie, là. Et le projet de loi n° 31 aurait dû découler de cette
vision-là, de ce que la CAQ avait
l'intention de faire pour régler la crise du logement. On aurait pu, on aurait
pu argumenter et débattre longtemps sur le bien-fondé de cette
stratégie, de cette vision, mais force est de constater qu'on ne peut même pas débattre puisqu'il n'y a pas de vision sur ce qui
est la crise du logement et les moyens qu'on pourrait mettre de l'avant, là,
pour y mettre fin, là. Donc, il y a, en
quelque part... on agit de façon insuffisante avant même d'avoir une idée
générale de ce qu'il faut faire pour régler la crise du logement.
• (15 h 30) •
Mais revenons
plus précisément à la cession de bail. La cession de bail existe dans notre Code civil
depuis 1866. Faites le calcul, M. le
Président, là, ça fait... en tout cas, ça fait quelques décennies, plus d'un
siècle, en fait. Et ça concerne toutes sortes de
domaines commerciaux. On peut céder le bail de notre voiture, d'un bien, etc.,
là, ça fait partie. Mais, concernant les
logements, là, ça prend une tournure particulière, parce qu'encore une fois le
logement n'est pas une propriété comme n'importe quelle autre. Le
logement, c'est aussi un droit fondamental, donc on doit faire très attention.
L'obligation
pour les propriétaires d'avoir un motif raisonnable, et j'insiste sur le mot
«raisonnable», pour refuser la
cession de bail, ça remonte à 1973. En 1991, le Code civil a clarifié certains
articles, notamment pour mieux distinguer la sous-location de la cession de bail, là. Avant, c'était tout comme
amalgamé. À ce moment-là, en 1973, le Code civil a introduit la notion de motif sérieux pour refuser
la cession de bail, là. On va y revenir, sur les motifs sérieux, là, pour
refuser la cession de bail, là. Un motif sérieux, c'est, par exemple,
qu'un bail ne peut pas être cédé si le logement répond à un mandat social particulier. Par exemple, si c'est
un loyer à loyer modique, là, un HLM, par exemple, et qu'il y a une liste
d'attente pour y accéder, le Code civil prévoit
qu'on ne peut pas céder le bail, là, ou encore, si c'est un logement étudiant,
donc, ça doit être absolument utilisé par un
étudiant. Et, en plus, il y a souvent des listes d'attente dans ce type de
logement.
Il est
évident que nous, à Québec solidaire, nous sommes d'accord que la cession de
bail, dans certaines circonstances ou
conditions qui sont déjà, par ailleurs, balisées par le Code civil, ne devrait
pas être autorisée. Un propriétaire, dans le Code civil actuel, peut aussi
s'opposer à une cession de bail si l'avis transmis par le locataire est
incomplet ou erroné ou en raison de la négligence du cessionnaire de lui
transmettre des renseignements indispensables pour mieux le connaître et évaluer ses références. La notion de motif
sérieux est bien définie dans le Code civil et offre déjà une certaine latitude
aux propriétaires pour refuser une cession de bail, là. Une simple appréhension
du propriétaire ne suffit pas pour refuser une
candidature. Sa décision doit s'appuyer sur des faits fondés et légitimes. Je
vous lis l'article n° 7 du projet de loi n° 31,
là, la formulation telle qu'on va
l'étudier à l'étude détaillée : «Le locateur qui est avisé de l'intention
du locataire de céder le bail peut
refuser d'y consentir pour un motif autre qu'un motif sérieux visé au premier
alinéa de l'article 1871.» «Pour un
motif autre qu'un motif sérieux», une drôle de formulation, M. le ministre,
hein? Donc, ça peut être un motif qui n'est pas sérieux, un motif... Donc, on peut refuser la cession de bail, là,
un droit consacré dans le Code civil depuis 1973, par un motif autre
qu'un motif sérieux, donc, peut-être un motif futile.
Ça me paraît
très, très mince comme justification, là. Cela veut dire que le refus du
propriétaire ne doit pas être fondé sur un motif discriminatoire, par
exemple. Ce n'est pas un motif sérieux, par exemple, si le locataire est
prestataire de l'aide sociale ou en raison
de la présence d'un ou des enfants. Enfin, la cession de bail ne contrevient
pas à l'article 6 de la Charte
des droits et libertés de la personne
même si elle pose certaines limites au droit de propriété, parce qu'on le sait,
le droit de propriété n'est pas
absolu, M. le Président, tout simplement encore une fois parce que le logement
n'est pas un bien comme un autre. Le logement, c'est aussi un droit
fondamental.
L'un des
principes fondamentaux à la base des relations entre propriétaires et
locataires est le droit au maintien dans les lieux, dans son logement. En 1973, le législateur a légiféré afin de
répondre aux besoins des locataires de pouvoir déménager avant
l'échéance prévue du bail. À l'époque, et on vivait une situation complètement
différente à l'époque, le droit à la
sous-location et à la cession de bail n'était pas consacré par la loi et
demeurait soumis au bon vouloir des locateurs. En cas de changement de vie imprévu, ça peut arriver,
le locataire pouvait se retrouver à assumer deux loyers, donc le loyer qu'il venait de quitter et le nouveau loyer où il
partait s'installer, puisque la résiliation du bail n'était admise que dans
certains cas seulement.
Certains
diraient que l'objectif premier de la cession de bail, soit le droit à la
mobilité, est conservé dans le projet de loi n° 31
puisqu'il prévoit une résiliation effective du bail aussitôt que le
propriétaire refuse le prochain occupant. Ainsi, les locataires sont libérés de leur bail, ce qui était leur intention
première. Or, que devient ce droit à la mobilité dans un contexte de
crise de logement, où les locataires peinent, ont toutes les misères du monde à
se trouver un logement à un prix abordable
ou lorsque le taux d'inoccupation ne leur permet pas de trouver un logement
tout court? Ce droit à la mobilité est
pratiquement disparu dans le contexte actuel, M. le Président, là. Quel espace
de négociation peuvent avoir les locataires lorsque le taux
d'inoccupation est si bas, voire zéro, dans certaines régions du Québec?
Des études
ont démontré qu'un changement de locataire entraîne automatiquement des hausses
de loyer quatre fois plus importantes que lorsqu'il n'y a pas de roulement de
locataire, quatre fois plus importante. C'est là qu'on voit surtout les augmentations abusives de loyer. Voilà
pourquoi, dans le contexte actuel du marché locatif, la cession de bail est un
rempart important pour contenir, ne
serait-ce que contenir, les augmentations faramineuses des loyers, un rempart
qu'il faut absolument conserver.
Or, revenons,
faisons un peu d'histoire, là, parce que c'est très intéressant, cette
histoire-là, là, de l'adoption du principe de la cession de bail. En
1973, le taux d'inoccupation à Montréal était beaucoup plus élevé
comparativement à aujourd'hui, autour de
8 %. Juste pour vous informer, à Montréal, c'est autour de 2 %,
quelque chose comme ça, et dans plusieurs
villes du Québec, ça s'approche de 0 %. 8 %, là, c'est un chiffre
très important, à l'époque, là, parce qu'il y avait beaucoup, beaucoup
de logements qui étaient libres. C'est ça que ça veut dire. Ça permettait aux
locataires d'avoir une mobilité plus grande,
ça leur permettait de payer des loyers moins chers, parce qu'ils avaient un
grand nombre de logements avec des loyers qui pouvaient leur convenir.
Ce
contexte-là faisait craindre aux propriétaires de ne pas trouver de locataires
et se retrouver avec des logements vides,
ce qui, évidemment, a une implication financière importante pour les
propriétaires. La Chambre de commerce de la province du Québec, à
l'époque, avait même fait un plaidoyer contre les locataires qui résiliaient
leur bail parce qu'ils avaient la possibilité
de trouver un autre logement à loyer modique. Donc, la chambre de commerce, à
l'époque, disait : Les gens qui partez en HLM, vous manquez de
responsabilité.
La cession de
bail, dans ce contexte, était bénéfique pour les associations des
propriétaires. Ils la demandaient, même. C'est les propriétaires, à l'époque,
là, qui voulaient la cession de bail. La Ligue des propriétaires de Montréal,
par exemple, proposait même que les
locataires trouvent eux-mêmes les prochains occupants, ce qui est le cas actuellement,
là. Et le législateur, à l'époque, les a entendus. C'est exactement les
modifications qui ont été introduites au code du logement. L'Association provinciale des constructeurs
d'habitations avait même évoqué en commission parlementaire le fait que de
s'opposer à une sous-location ou à une cession de bail, c'était comparable à
une attitude, entre guillemets, rétrograde, M.
le Président. Je me demande si nous avons évolué, comme société, lorsque l'on
constate qu'il y a 50 ans on considérait que d'abolir la cession de bail était rétrograde et qu'en 2023 le
gouvernement de la CAQ souhaite l'abolir. Ça fait... C'est ironique,
quand même.
Cette petite histoire de la cession de bail nous
montre que, lorsque le taux d'inoccupation est élevé, les locateurs militent
généralement pour que ce soient les locataires qui trouvent les prochains
occupants, voire qu'il leur soit interdit de
résilier leur bail s'ils obtiennent un logement social. Par contre, lorsque le
taux d'inoccupation est bas, l'histoire change, les propriétaires
réclament plutôt que les futurs occupants soient trouvés par eux-mêmes et
qu'ils puissent par la même occasion
augmenter les loyers, si tel est leur désir. On est loin ici, là, du droit à la
propriété, de jouir de sa propre propriété. C'est des positions
politiques qui changent selon les contextes économiques de chaque époque.
En résumé,
l'utilisation actuelle de la cession de bail comme outil de contrôle des loyers
s'inscrit dans l'esprit de la réforme
de 1973, et son objectif était de favoriser la mobilité des locataires, tout en
trouvant... en donnant satisfaction à la réalité des propriétaires de
l'époque. Donc, c'était tout à fait justifié comme mesure.
La cession de
bail... Mais on peut se poser la question. À un moment donné, la cession de
bail, cette possibilité-là, avantageait les propriétaires, dans un contexte
économique x. Aujourd'hui, ça les avantage moins, ça leur permet... et ça
désavantage nettement les locataires. Et
voilà, on change la loi comme si... rapidement, pour satisfaire, encore une
fois, les intérêts économiques du secteur des locateurs.
• (15 h 40) •
Allons-y pour l'étendue de cette pratique de la
cession de bail, là. On a entendu plusieurs intervenants, lors des auditions
particulières, nous dire que c'était extrêmement répandu. Même, on en est plus
loin, là, on monnaie la cession de bail, et
ça se répand comme une épidémie telle que la COVID-19. Tout d'abord, il faut
l'affirmer, la cession de bail n'est pas
un mécanisme très populaire : seulement une infime minorité, environ
2 %, des baux transigés passent par une cession de bail, là. Contrairement à ce qui est véhiculé
par certains, seulement 16 causes impliquant une cession de bail ont été
entendues au Tribunal administratif du logement en 1922.
Par ailleurs,
bien que la cession de bail soit peu utilisée, elle est nécessaire pour les
personnes qui n'ont pas d'autre moyen
d'avoir accès à un logement abordable. L'article 7 du projet de loi
n° 31 doit être retiré et le motif sérieux doit être maintenu pour
éviter d'aggraver encore plus la crise du logement au Québec. Cela pour une
raison fort simple, M. le Président, là, qui
continue malheureusement à exister, même dans notre société, là, la
discrimination dans l'accès au logement. Cette discrimination, dans le
contexte actuel de rareté de logements, est en hausse depuis quelques années,
et, or, un propriétaire, peu importe lequel,
ne possède pas le droit à la discrimination. Et ils ont, de plus, une
obligation légale de maintien dans les lieux pour les locataires. Je l'ai dit
plus tôt : Le logement n'est pas un bien comme les autres, est aussi
un droit fondamental.
La Commission
des droits de la personne et de la jeunesse a enregistré une hausse de
10 %, par rapport à 2021‑2022, des
cas de discrimination au logement, la Commission des droits de la personne. Un
dossier d'enquête sur 10, à la Commission des droits de la personne, en 2023,
concerne la discrimination au logement. Les handicaps, l'origine ethnique ou la
condition sociale sont les principaux motifs
évoqués par les plaignants à la Commission des droits de la personne. Selon le
FRAPRU, ces données ne constituent
que la pointe de l'iceberg, car il y a tous ceux et celles qui sont victimes de
discrimination avant même d'avoir pu
visiter un logement, que ce soient des personnes avec un enfant, des personnes
assistées sociales ou des personnes appartenant à une minorité racisée.
Dans un marché où les locataires sont en compétition directe entre eux, les uns avec les autres pour avoir accès à un
logement, il est évident que les propriétaires, comme on dit, au Québec, ont le
gros bout du bâton. Il y a même, et c'est
encore plus malheureux, des petites annonces qui sont ouvertement
discriminatoires et où on va explicitement, dans ces annonces-là,
refuser, par exemple, les familles avec des enfants.
La
discrimination, ce sont aussi des demandes de plus en plus intrusives des
propriétaires. Une enseignante de niveau collégial a raconté, dans un
média, qu'après sa séparation elle cumulait trois emplois pour être en mesure
de payer son loyer. À la recherche d'un
nouveau logement, elle s'est vite butée à des demandes intrusives de la part
des propriétaires : dépôt de
garantie, pièces d'identité multiples, relevés de salaire, date de naissance,
numéro d'assurance sociale, etc. Selon cette
enseignante, un seul des 65 propriétaires qu'elle a contactés n'exigeait
pas un dépôt de garantie. Il est pourtant illégal, M. le Président, d'exiger un tel dépôt au Québec.
C'est expressément interdit. Devant tant de défis, plusieurs locataires se
retrouvent à accepter un logement trop cher,
ou trop petit, ou encore en mauvais état, et, dans plusieurs cas, à devoir — ça
pourrait paraître un détail mineur, mais, pour beaucoup de gens, ça compte — à
devoir abandonner leur animal de compagnie
qui... vous allez demander à tous les ménages qui possèdent un animal de
compagnie, un animal de compagnie finit
par faire partie de la famille, non? S'en départir cause une souffrance assez
importante. Et cela, c'est autre angle mort de ce projet de loi qui ne
propose rien pour permettre aux locataires de garder leur animal de compagnie
lorsqu'il y a un changement de logement.
Québec solidaire, moi-même, nous avons, à plusieurs reprises, proposé des
arguments, même, on a déposé un
projet de loi ici, en Chambre, pour appuyer une telle mesure, qui va, entre
autres, éliminer une discrimination flagrante
qui fait en sorte que les propriétaires ont le droit d'avoir un animal de
compagnie, mais pas le locataire. Et je vous annonce, M. le Président, que nous allons... lors de l'étude article par
article, de l'étude détaillée, nous allons déposer un amendement dans ce
sens.
Bref, lorsque
le marché est favorable aux locateurs, ceux-ci ont le beau jeu de refuser de
louer à quelqu'un qui refuserait de fournir toutes sortes d'informations
non nécessaires et de demander en plus un dépôt des garanties.
Donc, en
matière de discrimination, le seul recours pour les locataires est de porter
plainte à la Commission des droits de la personne, ce qui est une procédure
assez longue, très juridique, et dont l'issue peut prendre plusieurs années,
et elle est complètement... est très
incertaine. Et tout cela ne vous rapproche pas de l'objectif qui est d'avoir un
toit sur la tête dans
l'immédiat. Ce qu'il faut alors, c'est de lutter contre la discrimination avant
qu'elle ne puisse affecter le droit au logement, et c'est, entre autres,
ce que permet le recours à la cession de bail.
J'aimerais aussi aborder un sujet peu populaire
dans notre société, mais qu'il le faut, parce que ça concerne beaucoup de gens, c'est les demandeurs d'asile
touchés par la crise du logement. Certains demandeurs d'asile se retrouvent
dans des situations encore plus pénibles et
fragiles, alors, que le locataire moyen. Ces personnes-là fuient souvent la
violence et la persécution dans leur
pays d'origine. Ils cherchent souvent, en arrivant au Québec, à préserver leur
anonymat. Souvent diplômés et ayant
renoncé au métier qu'ils pratiquaient avant d'arriver, ils cumulent parfois
plusieurs emplois pour arriver à la
fin du mois et s'occuper décemment de leur famille. Les propriétaires qui
exigent une quantité exagérée de renseignements personnels devraient
être sensibles à leur réalité.
Les
demandeurs d'asile, en plus, doivent se soumettre à plusieurs enquêtes de
crédit et n'ont pas toujours les papiers en règle leur permettant de passer à travers toute cette bureaucratie,
en plus de ne pas avoir un historique de crédit ici au pays. Résultat, leur
dossier, après l'enquête de crédit, est souvent rejeté, et ils sont à risque de
basculer dans la précarité, voire
dans l'itinérance. De nombreux intervenants du communautaire nous rapportent
que le nombre d'enfants, la nationalité et le statut d'immigrant sont les plus souvent rapportés par les
personnes s'étant vu refuser l'accès à un logement, et la cession de bail, là, permet à ces personnes-là,
pour les gens qui l'utilisent, permet de contrecarrer cette... de se prémunir
contre cette situation-là.
Pour terminer
mon point sur la discrimination, M. le Président, là, des données mettent en
évidence que les locataires immigrants
ou réfugiés, les mères monoparentales, les personnes issues de la diversité
sexuelle et de genre et les membres des Premières Nations sont parmi les plus
touchés par la discrimination dans l'accès au logement. Ce sont aussi les mêmes
groupes sociaux qui sont plus à risque de
tomber en situation d'itinérance. Non seulement le projet de loi n° 31 ne propose rien de concret
pour lutter contre la discrimination au logement, il s'attaque en plus à un des
seuls remparts contre celle-ci, la cession de bail.
Un autre
secteur qui peut être durement affecté par cette impossibilité de céder son
bail, là, les femmes victimes de violence
conjugale. L'actualité nous le rappelle régulièrement et très malheureusement
que la violence conjugale est une problématique
sociale encore très présente dans notre société. En 2021‑2022,
les 43 maisons membres du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale indiquent qu'elles
ont hébergé quelque 2 700 femmes et plus de 1 900 enfants, et c'est sans compter les
femmes et les enfants qui ont reçu plus de 25 000 services autres que
l'hébergement.
• (15 h 50) •
La décision
de quitter un conjoint violent est le fruit d'une longue et difficile réflexion
pour les femmes concernées. Les
considérations émotionnelles laissent rapidement place à une logique très
pragmatique lorsque ces femmes prennent leur décision de quitter un foyer violent, et le logement devient alors
une préoccupation centrale des victimes. Sera-t-elle en mesure de retrouver un logement assez grand
pour ses enfants, assez abordable pour son petit budget, assez proche de
l'école pour ses enfants, assez loin de son
ex? Sera-t-elle en mesure de trouver un logement tout court, de rassurer
suffisamment le propriétaire sur sa capacité de payer, d'échapper à des
préjugés qui la concernent.
Le manque de
places d'hébergement d'urgence combiné à la rareté de logements abordables peut
avoir des effets dramatiques. Le
nombre effarant de féminicides, au Québec, seulement l'année dernière, en 2022‑2023,
est un triste, très triste rappel.
Selon le regroupement des femmes, d'hébergement, trois femmes sur quatre qui
utilisent leurs services ont de la
difficulté à se trouver un logement. De plus, les femmes victimes de violence
conjugale vivent souvent une forme — une
autre — de violence financière, et cela peut constituer un
frein dans la recherche de logement. Dans la compétition entre
locataires pour avoir accès au logement, elles sont nettement désavantagées en
plus de subir plus de discriminations à différents égards.
Devant cette
situation, il est clair que toute mesure qui encourage la hausse des loyers, et
ce, même si c'est de manière indirecte, contribue à rendre encore plus
difficile la recherche de logement des femmes victimes de violence conjugale.
Les femmes autochtones, les femmes issues de
l'immigration, les femmes racisées vivent encore plus de discriminations en
raison de leur identité. Alors, quand cela
est possible, la cession de bail devient un moyen, un moyen important pour les
femmes victimes de violence conjugale de céder leur bail à d'autres femmes dans
la même situation qu'elles.
Allons voir
un autre aspect du projet de loi n° 31, là, la question des reprises et
des évictions. Le projet de loi apporte quelques améliorations, il faut donner à César ce qui appartient à
César, somme toute minimes, selon moi, sur la question des évictions et des reprises de logement, minimes
mais importantes. Il était temps, ça fait des années que Québec solidaire
le réclame. Dans le projet de loi
n° 31, en cas d'éviction, le locataire qui n'aura pas répondu à un avis
d'éviction sera considéré comme
l'ayant refusé, ce qui n'était pas le cas avant. Bien que ça puisse donner une
certaine flexibilité aux locataires, cela n'empêchera pas... qu'on soit clair,
cela n'empêchera pas les évictions. Les propriétaires pourront continuer à
contester ce refus devant le Tribunal administratif du logement.
Nous
rappelons que ce que les gens veulent, c'est garder leur logement ou obtenir un
logement qui correspond à leur capacité de payer et qui correspond au
prix du marché. Donc, le fait de mettre certaines balises autour des évictions sans s'attaquer à l'encadrement du marché locatif
et aux hausses des loyers est comparable à un coup d'épée dans l'eau.
Mais il fallait passer par... il fallait amender le Code civil pour corriger
cette anomalie qui faisait en sorte qu'il y avait deux procédures différentes,
l'une lors des reprises et l'autre lors des évictions. Et j'avais déjà signalé
cette anomalie à l'actuelle... dans
l'ancienne législature, à l'actuelle ministre des Affaires municipales pour
corriger le plus rapidement cette anomalie-là.
Ensuite, le projet
de loi n° 31 propose de modifier les indemnités en cas d'éviction avec un
minimum de trois mois d'indemnité
jusqu'à concurrence de 24 mois. C'est une avancée, mais, là encore,
certains groupes ont souligné un certain flou par rapport à l'application de cette mesure. Il n'est pas clair si
des locataires évincés pourront, par exemple, réclamer plus de dommages punitifs dans le cas d'une
reprise ou d'une éviction de mauvaise foi, là. Et, s'ils souhaitent de le
faire, ils devront
prouver que le propriétaire a agi de mauvaise foi, un autre parcours du
combattant qui risque de désavantager les locataires.
Perdre
un logement, ce n'est pas qu'une question d'argent, ça peut avoir des impacts
importants sur la santé mentale et
physique, ça peut avoir un impact important sur la vie des enfants qui se
voient déracinés d'un milieu dans lequel ils sont habitués, là,
particulièrement pour les personnes vulnérables ou, par exemple, les personnes
aînées. C'est pourquoi différents groupes
ont proposé différentes modifications au projet de loi n° 31 sur
la question des indemnités, c'est quelque chose que
nous allons regarder lors de l'étude détaillée.
Ensuite,
plusieurs groupes ont soulevé, en commission, que les nouvelles indemnités
proposées ne concernent pas la reprise de logement, alors que celles-ci,
les reprises, sont beaucoup plus nombreuses. Les données du Regroupement des comités logement et associations de locataires
du Québec ont dénombré 217 décisions pour l'éviction, en 2021, au Tribunal administratif
du logement, et 185 en 2022 pour
l'ensemble du Québec. En comparaison, le nombre des demandes de reprise de
logement déposées au Tribunal administratif du logement était 10 fois,
10 fois plus élevé, soit 1 970 en 2020‑2021 et 2 540 en 2021‑2022.
Par
ailleurs — merci
beaucoup — par
ailleurs, un des problèmes autour des évictions et des reprises de logement,
c'est que les données ne sont pas publiques. C'est pourquoi nous appuyons la
recommandation de l'Association des juristes progressistes à l'effet que le
gouvernement du Québec devrait publier les données relatives aux expulsions de
logement effectivement réalisées pour non-paiement, aux demandes d'opposition
aux évictions pour agrandissement, subdivision
et changement d'affectation dans le cadre du rapport annuel de gestion du
Tribunal administratif du logement. Enfin, plusieurs groupes se
demandent, avec raison, si un nouveau régime d'indemnités va simplement
normaliser les évictions, alors que ce qui est demandé, c'est l'encadrement de
celles-ci.
Il
faut absolument que... — merci
beaucoup — ...que
je fasse mention de la protection des aînés à travers la loi Françoise David — Françoise David, ex-députée ici, à
l'Assemblée nationale, pour la circonscription de Gouin — modifiant
le Code civil afin de protéger les
locataires aînés contre l'expulsion de leur logement. Cette disposition offrait
une protection légale pour les aînés
à faibles revenus, ayant plus de 70 ans et demeurant 10 ans ou plus
dans leur logement, dans le but d'éviter l'expulsion de leur logement
par leur propriétaire.
Avec
la crise du logement actuel, on se rend compte que, malgré l'avancée de la loi
Françoise David, cette loi-là est insuffisante. L'âge minimum pour
bénéficier de la protection est trop élevé. Il faudrait l'abaisser de 70 à
65 ans. Le temps minimum de résidence
dans le logement est trop élevé, actuellement de 10 ans, ils devraient
l'abaisser à cinq ans. Le revenu admissible est trop bas, il faut être
extrêmement pauvre pour pouvoir se qualifier à cette loi, et il s'applique seulement à des aînés recevant, comme principale
source de revenus, la rente de sécurité de la vieillesse, les plus pauvres
des plus pauvres. Selon nous, ce plafond
devrait être recalculé à la hausse, une mise à jour de la loi Françoise David
s'impose alors. Nous allons proposer des amendements dans ce sens.
La
clause F, les modifications à la clause F ne sont pas mauvaises, mais nettement
insuffisantes. Québec solidaire demandait
quand même l'abolition de la section F. Dans un contexte de rareté de
logements, le fait de connaître à l'avance les hausses de loyer pour cinq ans
ne règle pas le problème de l'abordabilité de logement. Ce n'est pas parce que
vous savez que, d'ici cinq ans, vous allez
payer 50 % ou 75 % de plus en loyer, là, que ça va régler votre
capacité à payer cet argent-là. Pire, cette clause peut ouvrir la porte
à des abus et à des hausses de loyer exagérées.
• (16 heures) •
Nous
en profitons donc pour souligner que rien dans le projet de loi n° 31 ne
vient encadrer la question des RPA, résidences pour personnes aînées,
qui sont, dans certains cas, des immeubles neufs. La FADOQ a fait une
proposition intéressante en ce sens, celle
de soustraire les résidences pour personnes aînées, les RPA de grande taille, à
la clause F pour éviter à des
entreprises très bien garnies, dont l'objectif premier est la rentabilité,
qu'elles ne profitent de cette clause pour augmenter le maximum de loyers. Très bien. On pourrait très bien dire...
bien, ce que fait la disposition dans le projet de loi n° 31 sur la clause F, c'est qu'on
maintienne le... (panne de son) ...mais que le propriétaire doit informer d'une
hausse maximale. On met un plafond,
et le propriétaire peut s'y rendre ou pas, selon... à l'intérieur d'une période
de cinq ans, là. Mais qu'est-ce qui va... Il n'y a pas de limite à cette
hausse-là. Cette hausse-là peut être... le loyer maximal peut être complètement
déconnecté de la réalité, et le propriétaire, puisqu'il l'a dit, il peut quand
même aller jusque-là.
Pourquoi
ne pas permettre au Tribunal
administratif du logement de vérifier
la pertinence de ces augmentations-là? Tout
ce qu'on demande, c'est que le propriétaire, comme pour la procédure de
fixation des loyers, que le propriétaire d'un immeuble neuf dépose devant le Tribunal administratif du logement des
pièces justificatives de cette hausse-là. Sinon, c'est l'ignorance la
plus totale pour le locataire.
Il
y a quand même, sur un autre sujet, dans le projet de loi n° 31,
là, des dispositions concernant la Société
d'habitation du Québec. Cette loi permettrait, par exemple, à la SHQ
d'offrir des services monnayables à des intervenants du secteur de l'habitation. Le projet de loi propose aussi
que les parties puissent être représentées par un mandataire de leur choix au
Tribunal administratif du logement.
Sur
la question des services offerts par la SHQ, la ministre a répondu que c'était
pour permettre à cette institution-là de
l'agilité financière. Ça demeure un peu vague, ce n'est pas très clair, et on
dit : On va faire notre travail de députés de l'opposition, on va poser des questions pour
clarifier cette question-là parce que, en quelque sorte, c'est comme du langage
néolibéral auquel on est déjà trop habitué, et on connaît les conséquences.
Pourquoi, par exemple, des promoteurs du logement social devraient payer
la SHQ, qui est une institution publique, pour avoir des services? Ça demeure
flou.
Concernant
la question des mandataires, il a été soulevé que le fait de pouvoir choisir un
mandataire est une bonne chose, mais que ces services, ce que les groupes
proposent, devraient être gratuits pour éviter un déséquilibre entre les
locataires et les propriétaires. Je l'ai
dit, les locataires sont souvent plus pauvres que les propriétaires, et, parmi
les locataires, il y en a qui sont très pauvres. En effet, les
locataires ont peu de possibilités ou de moyens financiers pour embaucher des spécialistes pour les défendre, alors que de
grands propriétaires ont beaucoup plus de moyens financiers à cet égard.
Aussi,
il y a certains qui ont dit : Ça pourrait être... le locataire pourrait
être accompagné par des employés des comités logement. Mais ces comités
logement n'ont pas la capacité, en pleine crise du logement, de prendre en
charge, en plus, la représentation de
locataires au Tribunal administratif du logement, et en plus ça les mettrait,
en quelque sorte, dans une apparence de conflit d'intérêts. Est-ce que la
ministre a consulté les comités logement avant de proposer cette mesure?
Un autre absent : aucune interdiction des
évictions pour faire du tourisme comme, par exemple, Airbnb. Les évictions sont permises par la loi. On le sait,
l'article 1959 du Code civil le dit, et je cite : «Le locateur d'un
logement peut en évincer le locataire pour subdiviser le logement,
l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation.» Résultat : des spéculateurs, et on les voit, en ce moment,
dans les principales villes touristiques du Québec, là, peuvent continuer de
retirer des logements locatifs de nos quartiers pour faire de la piastre avec
Airbnb.
Qu'on se le
dise, M. le Président, nous, à Québec solidaire, on n'a rien contre le
tourisme, on veut des touristes, mais jamais,
jamais au détriment de l'intérêt des populations locales. Afin de protéger les
droits des locataires et le parc de logements locatifs du Québec, Québec solidaire demande au gouvernement d'interdire
les évictions de locataires pour faire de l'hébergement touristique à
court terme de type Airbnb. Il y a d'autres plateformes aussi.
Voilà, je
vous informe, M. le Président, que la ville de Vancouver a récemment augmenté
les prix des permis pour la location
touristique à court terme à 1 000 $ par année afin de décourager les
gens de convertir des logements en Airbnb. Au Québec, le prix du permis est de
50 $, une somme dérisoire. C'est une somme assez ridicule quand on connaît
les profits qui peuvent être réalisés avec de la location à court terme.
Donc, on est
devant un projet de loi qui nous laisse un peu perplexes, parce qu'on avait des
grandes attentes par rapport à ce projet de loi là. On pensait qu'il
allait s'attaquer aux principales causes de la crise du logement, là. Il y a deux causes ici, là, enjeux, là, d'une part,
l'insuffisance dans l'offre de logements, il ne s'en construit pas assez, et,
d'autre part, une carence, une
insuffisance dans le contrôle d'augmentation des loyers. Et on produit ce qui
est... ce que j'ai nommé, depuis le
début, là, augmentation des loyers, appauvrissement des locataires,
augmentation de l'itinérance, etc., là, donc.
Et la
ministre s'attaque à cette crise-là avec une mesure très controversée, qui est
de retirer au locataire, à toutes fins pratiques, le droit de céder son bail,
là. On... Les locataires du Québec ont besoin encore de conserver le bail, là,
et ils ont besoin de plus. Ils ont
besoin de davantage de protection. Ils ont besoin d'une meilleure clause F,
voire l'abolition de la clause F. Ils
ont besoin que le propriétaire remplisse la clause G. Ils ont besoin d'un
registre des loyers, pour qu'ils puissent connaître combien l'ancien
locataire payait, là. On dit qu'un marché en bon état est fondé sur
l'information, et combien payait l'ancien
locataire est une information fondamentale pour établir une transaction
commerciale qui est signer un bail, là. Les locataires du Québec ont besoin d'un registre des loyers. Il y a
même un organisme, Vivre en ville, qui a travaillé pendant des mois et qui a monté un registre des loyers clé
en main, qui l'offre au gouvernement, là, pour qu'il en fasse une... qu'il
l'instaure partout au Québec. La solution ne passe pas par un registre des
loyers qui serait implanté par différentes municipalités. Ça doit être à la
grandeur, à l'échelle du Québec, pour que ça puisse fonctionner.
Donc, on est
devant un choix crucial, aujourd'hui, là. Est-ce que la ministre va écouter la
société civile, tous les groupes, les comités logement et associations de
locataires, pleins de groupes, pleins de syndicats, et va retirer la
disposition, l'article n° 7, qui prévoit l'abolition, à toutes fins
pratiques, de la cession de bail, ou elle va continuer à s'entêter sur cette
voie-là? Elle doit passer à l'action et elle
doit retirer pour qu'on puisse véritablement procéder à une étude détaillée et
faire avancer la cause pour régler la crise du logement. Mais ça commence par
le retrait de l'article n° 7 concernant la cession de bail. Merci, M.
le Président.
• (16 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, M. le député de Laurier-Dorion.
Je vous
informe qu'un débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui, à
18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Robert-Baldwin à M.
le ministre responsable des Services sociaux concernant l'exode des
intervenants en DPJ qui compromet la livraison des services.
Est-ce que nous avons des intervenants? Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Oui,
merci, M. le Président. Je suis vraiment contente de pouvoir venir intervenir
sur le principe du projet de loi n° 31, fondamentalement, pour une
raison. C'est que, pour moi, le droit au logement, le droit d'avoir un toit sur la tête, c'est un droit fondamental. Il y
a plein de gens à travers la planète qui ne voient pas ce droit-là, de base,
respecté. Il y a plein de gens ici, au Québec, qui ne voient pas leur droit au
logement, avoir un toit sur la tête, respecté. Et là on a une opportunité de pouvoir faire en sorte que nos
concitoyens qui voient ce droit-là bafoué... de pouvoir inscrire, dans notre
cadre législatif québécois, des règles, des articles de loi, des règles de
fonctionnement qui vont permettre, qui vont faciliter, pour les gens, pour le monde, la possibilité
d'avoir un toit sur la tête à un prix acceptable. Parce que, moi, quand
j'entends : Bien oui, mais il y
en a, du logement, de disponible... Oui, mais, quand une famille doit mettre
60 %, 70 % de son revenu juste pour avoir un toit sur la tête,
pour moi, ma société est malade.
Alors, c'est pour ça que je tenais absolument à
venir intervenir sur ce principe-là, parce que ça fait neuf ans, maintenant,
que je suis députée à l'Assemblée nationale du Québec et ça fait neuf ans, peu
importe le gouvernement qui est en face, où
ma formation politique réitère qu'il est urgent d'agir pour s'assurer... il y a
neuf ans, nous disions d'éviter une
crise du logement et, je dirais, depuis au moins cinq ans, six ans, pour se
donner les moyens collectifs d'agir sur la crise du logement.
Alors, je
pense que mon collègue de Laurier-Dorion, responsable de ce dossier-là, vous a bien
expliqué tous les tenants et les
aboutissants, les pièges qu'on voit dans le projet de loi n° 31, tel qu'il
est formulé actuellement. Mais moi, j'avais
envie de venir vous démontrer comment le... ce projet de loi là fait en sorte
que, finalement, on n'atteindra pas l'objectif d'agir sur la crise du logement, de se donner les
moyens de soutenir les gens qui, et on va se le redire, ont besoin d'un toit
sur la tête.
Puis ce
pourquoi je dis ça, c'est parce que, moi, comme députée, ça m'ébranle quand je
vois que, collectivement, on...
collectivement, ici, à l'Assemblée nationale, on trouve ça triste, on veut
prendre soin des personnes itinérantes, parce que, dans le fond, ça n'a pas de bon sens de vivre dans la rue, mais
que, lorsqu'on a l'opportunité de pouvoir agir sur un des déterminants
fondamental de pourquoi les gens se retrouvent dans la rue, c'est-à-dire leur
incapacité d'avoir un toit sur la tête, pour
toutes sortes de raisons dont notamment des raisons financières, bien, je me
dis : Il faut qu'on prenne cette opportunité-là.
Si on
pleurniche ensemble pour dire : Ça n'a pas de bon sens, c'est inhumain que
des gens vivent dans la rue, surtout à
l'arrivée de l'hiver, bien, comment qu'on peut ne pas se donner tous les moyens
pour s'assurer que les gens ne vivront pas
d'éviction, que les bails... les baux, pardon, vont demeurer à un niveau
abordable, pas pour quelqu'un qui gagne 200 000 $, parce que ce n'est pas ça, la réalité, au Québec,
mais pour des gens qui, après avoir fait leur journée de travail, par exemple,
dans la fonction publique, les gens qui
travaillent dans nos services publics... Quand tu gagnes 40 000 $,
50 000 $, 60 000 $ après avoir servi l'État québécois, le peuple
québécois, tu devrais pouvoir rentrer chez vous et signer le chèque pour payer
ton logement sans que ça représente 50 % de ton revenu.
Et moi, dans ma circonscription... Puis,
d'ailleurs, j'ai eu plusieurs échanges dans... Depuis que la CAQ a pris la gouverne, j'ai eu plusieurs échanges avec les
différentes ministres de l'Habitation sur des situations très concrètes dans
ma circonscription. Et je veux vous donner
deux exemples. On verra si le temps qui m'est imparti pourra m'en ajouter plus,
mais je veux parler de deux exemples. Parce que la ministre de l'Habitation, la
ministre responsable des Aînés va très bien savoir de quelle situation
je leur parle, parce que je les ai questionnées ici, en Chambre. Depuis déjà
des années, je les questionne en Chambre, et
elles me disent : Sois patiente, ça s'en vient. Sois patiente, au niveau
de l'habitation pour les aînés, ça s'en vient. Sois patiente, au niveau
de toute la question des évictions, sois patiente, ça s'en vient.
Bien, c'est
sûr que vous comprendrez que, quand j'ai vu ce qu'il est arrivé, au mois de
juin, comme projet de loi, le projet de loi n° 32, je me suis dit tout de
suite : Non, ce n'est pas de ça qu'elles me parlaient, là. Quand moi, je
leur parle de rénovicteurs en série, je lis le projet de loi n° 32
puis je me dis : Bon, bien, ils sont morts de rire ce monde-là, là, elle est en train de leur rendre service. C'est-tu
extraordinaire? Quand je pense aux aînés du Mont-Carmel qui ont été aussi
évincés, je me dis : Bien, on
regarde le projet de loi n° 32, il n'y a rien, là, il n'y a rien pour protéger
les aînés. Alors, encore là, on se
retrouve devant un spéculateur qui, dans le fond, oui, ah! il fait de l'argent,
c'est bon pour lui, mais pour les 200 aînés qui vivaient là, le
projet de loi, il ne vient rien faire.
D'ailleurs, laissez-moi commencer par la situation
du Mont-Carmel, hein, une résidence pour aînés que... J'ai questionné la ministre actuelle, la ministre de
l'Habitation, la ministre des Aînés pour dire : Comment on va... Et
d'ailleurs la ministre des Aînés et
la ministre de l'Habitation, les deux, sont allées rencontrer les aînés du
Mont-Carmel et, conclusion, les deux
se sont engagées à régler la situation. La situation, je la résume
simplement : tu as des aînés qui vivaient dans une résidence privée
pour aînés, qui ont vu leur résidence rachetée par un promoteur qui, quelques
semaines plus tard, leur disait qu'il allait
changer la vocation et que donc, par conséquent, ils devaient soit choisir de
payer beaucoup plus cher, ils n'auraient plus de service pour les
maintenir à domicile, et sinon, bien, qu'ils se trouvent une autre place.
Bien, les
aînés du Mont-Carmel, la ministre les a rencontrés, s'attendaient carrément à
voir autre chose, dans le projet de loi, s'attendaient à voir des choses très
précises et très concrètes pour assurer à nos aînés, qui, après avoir servi le
Québec pendant des décennies, qui, après avoir mis leur contribution de force
de travail au service des entreprises, des services publics, peu importe, au Québec, bien, choisissent d'aller
vivre dans une résidence privée. Pourquoi? Bien, parce qu'ils vendent la maison, puis ça, c'est très
bien, ça permet à des plus jeunes couples d'avoir accès à une première
propriété. Je veux dire, c'est la logique des choses.
Malheureusement,
ces aînées-là de Mont-Carmel, plusieurs d'entre elles ont choisi d'aller vivre
là pour finir leurs jours. Ils sont
conscients de ça, tu sais, ils atteignent le 80, 90, 70, puis ils disent :
O.K., je vais déménager... Parce que c'est dur, pour un aîné, de... c'est dur
pour tout le monde, mais c'est dur, pour une personne aînée, de déménager.
Imaginez, faire des boîtes à
85 ans, là, ce n'est pas... Puis ce n'est pas vrai que tout le monde a une
famille qui arrive, ils débarquent, tout le monde, pour... Non, non. Des fois, c'est les aînés qui s'entraident entre
eux autres. J'ai vu ça, à Mont-Carmel, des aînés qui vont aider d'autres
aînés à faire leurs boîtes.
• (16 h 20) •
Alors,
imaginez ces aînés, qui avaient énormément d'espoir, lorsque la ministre
responsable des Aînés et ensuite la
ministre responsable de l'Habitation les ont rencontrés, avaient énormément
d'espoir de voir, dans ce projet de loi là qu'on nous a annoncé depuis des mois, qui allait régler la situation,
bien, ils avaient espoir de s'assurer qu'ils allaient régler la
situation.
Bien, quand
j'ai lu leur mémoire... Parce qu'imaginez, là, encore là, des aînés qui ont
servi pendant plusieurs années le
Québec, bien, ils ont trouvé important d'intervenir dans le cadre du projet de
loi n° 31 pour dire, dans les faits, leur grande
déception. Et je vais les citer, parce qu'il n'y a rien comme les mots qui
appartiennent aux gens : «Nous sommes non seulement déçus, mais aussi choqués, car rien dans le projet de loi n° 31 n'est prévu pour protéger les locataires du changement d'affectation des résidences privées pour aînés.
Le gouvernement n'entend donc pas intervenir pour contrer les pratiques
de prédation immobilière auxquelles se livrent plusieurs investisseurs
actuellement.»
Moi, ce n'est
pas mon projet de société, ce qui est développé comme projet de loi
actuellement, parce que, moi, ces
gens-là, là, j'aimerais ça que collectivement on se dise : Entre
l'investisseur qui, lui, veut faire du cash puis les gens qui veulent
finir leurs jours dans un milieu de vie qu'ils ont choisi, mon choix de société
est clair, c'est le milieu de vie pour les
gens, les investisseurs, ils investiront ailleurs, ils trouveront d'autres
moyens pour faire du cash, mais, moi, d'avoir des aînés qui, dans les faits, tant mieux, sont... restent à domicile
plus longtemps... puisqu'une résidence pour aînés, c'est, justement, d'avoir des
services pour... des services directement donnés à l'endroit pour nous
permettre de vivre plus longtemps dans
notre maison, dans notre logement, dans notre lieu, notre milieu de vie. Alors,
moi, mon choix est fait. Mon choix est fait.
Alors, c'est
sûr qu'on va... à travers la bouche de mon collègue, on va tenter d'améliorer,
à ce niveau-là, le projet de loi,
parce qu'écoutez ça fait des mois qu'on me dit d'attendre, que je vais avoir ma
solution. Bien, moi, je pense que, si ce
n'est pas dans ce projet de loi là qu'on réussit à atteindre ces
objectifs-là... On ne va pas voir réapparaître des choses dans les
prochains mois, là.
Alors donc,
au niveau de la protection de nos aînés, on l'a dit, les aînés, avec la loi
Françoise David, on va vouloir améliorer la situation et, au niveau des
résidences pour aînés... privées pour aînés, on va aussi proposer des éléments.
Mais il y a
une autre situation extrêmement préoccupante, M. le Président, et, dans ma
circonscription, bien, elle a un nom,
cette situation-là, hein, elle s'appelle... c'est tellement symbolique, on
l'appelle la situation Zavriyev. Et vous avez entendu ce nom-là combien de fois ici? Plusieurs fois, parce que
j'en ai parlé ici même, dans cette Chambre, de ce spéculateur
immobilier, d'ailleurs, qui a acheté le Mont-Carmel pour le vider, pour le
remplir, pour faire plus d'argent. Bien,
c'est parce qu'il ne fait pas rien que ça, il fait aussi... Une autre de ses
stratégies de spéculateur, de gars qui veut faire du cash avec le toit sur la tête des gens, bien,
son autre stratégie... pas compliqué, hein, il achète des blocs-appartements
qui ont peut-être un peu besoin
d'amour parce que les autres propriétaires précédents les ont un peu laissés
abandonnés, ces logements... ces
appartements-là sont occupés par des gens qui sont capables de payer un montant
acceptable pour leurs propres revenus... pour leurs portefeuilles, je
veux dire, et donc de dire à ces gens-là : Écoutez, ce n'est pas
compliqué, je vais vous évincer, vous allez
pouvoir revenir, il n'y a pas de trouble — bien non, il n'y a pas de trouble — inquiétez-vous
pas, mais c'est sûr que vous devez vous
trouver un logement, maintenant, parce que, moi, c'est maintenant que je fais
les travaux. Et là, bien, pour tout ça... Puis là je ne donne que cet
exemple-là, parce qu'il y en a des milliers.
Ce
spéculateur-là, bien, écoutez, il possède autour d'un millier... lui, il dirait
un millier de portes au Québec, un millier
de portes, un millier de portes. Aïe! Il y a du monde derrière ces portes-là.
Il y a du monde derrière ces portes-là où ces gens-là voient leurs vies
brisées parce qu'il y a quelqu'un, et le projet de loi ne les protège pas... il
y a quelques éléments qui sont apportés mais pas assez pour protéger ces
gens-là, qui viennent... des spéculateurs qui viennent dire : Tassez-vous, des fois qui font de la rénovation,
des fois, et parfois qu'un seul coup de pinceau, et la rénovation est faite.
Mais, pendant ce temps-là, ces gens-là, les
gens qui ont dû quitter, où c'est qu'on... où c'est que vous pensez qu'on les
retrouve, M. le Président? Bien, il y
en a une bonne gang là-dedans qui, malheureusement... on les retrouve dans la
rue. Pourquoi? Bien, il y a une crise
du logement. Le taux d'inoccupation est un peu trompeur, parce que, bon, qu'il
soit de 1 %, 2 %... c'est que
c'est les logements qui ne sont pas abordables financièrement qui sont
disponibles, les logements qui sont abordables pour le monde ordinaire.
Puis le monde ordinaire, ça peut être du monde qui travaille à temps plein,
hein? On peut facilement penser à une image
de gens qui sont sur l'aide sociale. Non, attendez, là. Sur l'aide sociale, M.
le Président, je ne sais même pas
comment les gens font pour vivre. Je ne sais pas, je ne sais pas comment ils
font pour vivre parce que le coût de la vie est tellement élevé, le coût
des logements est tellement élevé, mais, bref, le monde ordinaire, là, qui
travaille 40 heures semaine aussi, là, bien,
eux autres non plus, ils n'arrivent pas, parce que le taux d'inoccupation, il
est trompeur.
Qu'est-ce que
les spéculateurs en série, comme M. Zavriyev, donc, les gens, les
rénovicteurs en série, qu'est-ce que ces gens-là gagnent dans le projet de loi?
Bien, je peux vous dire une chose, et je pense que la ministre va avoir de
l'ouverture, c'est que, là... Parce que je
l'ai entendue souvent dire ça : Il faut faire l'équilibre, il faut faire
l'équilibre. Bien, moi, ce n'est pas compliqué. Faire l'équilibre entre
quoi puis quoi? Le rapport de force, entre un propriétaire qui dit : Tu t'en vas, puis un locataire qui fait : Oh
mon Dieu! où c'est que je vais aller loger... On est en crise du logement. Bien,
moi, je m'attends à ce que la ministre fasse
effectivement un rééquilibrage sur le rapport de force, mais de s'assurer que
les gens les plus vulnérables, moins pesants dans la balance, c'est ça, hein,
équilibrer, bien, aient les moyens de le faire.
Et un des
moyens... Et, d'ailleurs, il y a eu des études qui ont démontré que, si, à
Montréal, on n'est pas pris comme à Vancouver ou à Toronto, bien, c'est
notamment parce qu'à Montréal, dans notre loi sur le logement, on avait, et on
a encore, et nous devrons encore avoir une
loi qui protège la cession de bail. C'est ça qui a protégé, jusqu'à date, le
Québec, qui a aidé les plus pauvres, les plus jeunes à pouvoir garder
les prix de logement. Parce les gouvernements, peu importe qui était là, n'a jamais voulu imposer des
contrôles de logements. Bien, les cessions de bail, là, c'est l'intelligence du
peuple, M. le Président, c'est le
peuple qui a compris que, dans le rapport de force, ce n'est pas lui qui a le
poids, c'est le propriétaire. Alors, on a un outil, un seul, puis on
veut nous l'enlever.
Je pense que
ça n'a aucun bon sens. En tout cas, moi, je trouve ça inacceptable. Et c'est
pourquoi, vous le devinez bien, tel qu'il est là, le projet de loi, pour nous,
il n'a pas de bon sens, il n'est pas acceptable. Parce que la grande question,
c'est : C'est qui qu'on veut protéger avec ce projet de loi là? Et, moi,
tant que la réponse ne sera pas le monde, les aînés, les gens plus vulnérables,
les gens des communautés LGBT, qui sont tous des gens, actuellement... les
familles monoparentales, les femmes violentées, mon collègue vous a fait toute
la nomenclature, tant que ce n'est pas ces gens-là qu'on va vouloir protéger
par cette loi-là, je vais être contre le principe. Mais on va travailler fort,
parce que ce n'est pas parce qu'on est contre le principe qu'on ne fera
pas notre travail d'opposition, M. le Président. Merci.
• (16 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le député de
Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. J'ai écouté avec attention mes collègues, encore été
une fois très touché par les propos
de ma collègue... Sainte-Marie—Saint-Jacques. Merci. Ça fait longtemps que je ne l'avais pas vue.
Écoutez, M.
le Président, moi, je voulais vous parler de... Je pourrais vous parler de
chiffres, d'abord, quelques chiffres qui
m'interpellent. Vous savez, le taux moyen d'inoccupation, actuellement, ici, à
Québec, dans la grande ville de Québec, là, on ne parle
pas juste des quartiers centraux, il est très bas, il est de 1,7 %. C'est
son plus bas taux depuis 2010. À titre de comparatif, il était de 4,9 % en 2016. Il est particulièrement bas
dans certains secteurs, notamment dans ma circonscription, dans les quartiers
centraux, le quartier Saint-Sauveur, par exemple, on frôle le zéro absolu, là,
on frôle le zéro absolu. Pour les logements dont le loyer est de moins
de 1 000 $ par mois, cherchez-en pas, ça n'existe presque plus.
En fait, les loyers ont tellement augmenté dans
les dernières années, je vais vous donner quelques statistiques là-dessus. Le
loyer moyen, pour une chambre, pour un logement avec une chambre, actuellement,
dans la région de la Capitale-Nationale, il
est de 1 174 $, pour un trois et demi, on peut dire, une chambre à
coucher. C'est une augmentation de
22,2 % en 2022, c'est énorme. L'inflation était bien en deçà
de cela et l'augmentation des revenus des gens aussi était bien en deçà de cela. Et il faut se rappeler que
le logement, je suis persuadé que la ministre le sait très bien, le logement,
c'est la principale dépense de tous les ménages québécois, bien avant le
transport, bien avant l'alimentation, bien avant les médicaments.
Alors, quand
le loyer augmente, quand on sait qu'on ne peut pas vraiment s'en aller parce
qu'il n'y a plus de logement disponible ailleurs sur le marché, qu'est-ce que
les gens coupent? Ils ne peuvent pas couper sur le logement, ils ont une
entente, ils ont un contrat, un bail avec un
propriétaire, ils ne peuvent pas couper là-dessus. Est-ce qu'ils peuvent couper
sur le transport? Un petit peu si on
est capable de laisser la voiture pour utiliser le transport en commun, si on
est capable d'utiliser un petit peu plus le vélo, mais ça reste quand
même difficile. Puis pour beaucoup de gens, bien, ils sont dépendants de leurs automobiles parce qu'on a construit des villes
beaucoup dépendantes, très dépendantes de l'automobile. Donc, difficilement
compressible, ce poste de dépenses là.
C'est où que
c'est le plus facile de couper dans les dépenses? C'est dans l'alimentation.
Puis, même là, ça augmente, donc on mange moins bonne qualité, on mange
moins bien, on mange moins. On mange moins aussi, M. le Président, il y a beaucoup d'enfants, aujourd'hui, qui se
présentent à l'école le ventre vide. C'est documenté, on en a parlé beaucoup.
Même chose aussi pour les médicaments. Et puis moins consommer, moins prendre
ses médicaments, ça vient aussi avec des
conséquences sociétales de problématiques de santé mentale, par exemple, de
problématiques de santé, de coûts de santé qui sont importants pour l'ensemble de la société. Bref, le logement,
c'est, vous savez, un des principaux déterminants de la santé. Et, en agissant sur le logement, on
est capable d'avoir un impact positif sur un paquet de monde, sur beaucoup
de ménages québécois mais aussi sur toute la société québécoise.
Je tenais à dire ces chiffres-là parce qu'ils
sont importants, parce qu'ils sont parlants, mais je voulais aussi rappeler que, derrière ces chiffres-là, comme
derrière ces portes-là, comme le disait ma collègue, tantôt, il y a des
personnes. Puis moi, M. le Président,
hier, j'ai pris une bonne heure pour parler avec une locataire qui est venue
dans mon bureau de circonscription. Je
tiens à la saluer, je regarde la caméra parce que je sais qu'elle me regarde,
en ce moment, ou elle va le regarder
en différé, mais elle m'a dit qu'elle m'écouterait. Je lui avais dit que je
parlerais d'elle pour essayer de faire changer les choses, pour essayer de sensibiliser ce gouvernement à l'importance
d'agir sur la crise du logement à travers le projet de loi n° 31.
C'est
important parce que, comme on l'a dit précédemment, on a une chance en or de
changer la vie d'un paquet de monde en intégrant des amendements qu'on va
proposer, que peut-être la ministre elle-même va proposer, on peut le souhaiter, mais, pour l'instant, les indications
qu'elle a données par rapport à son projet de loi ne nous donnent pas à croire
qu'elle va aller dans la direction qu'on
souhaite pour aider les ménages québécois. L'article 7 du projet de loi
n° 31, notamment, s'il n'est pas
retiré, bien, je veux dire, on ne va clairement pas dans la bonne direction. Si
on ne met pas en place différents articles... des amendements, pardon,
qui vont venir rééquilibrer un déséquilibre historique, parce que c'est ça, la
réalité, actuellement, bien, on n'ira pas
dans la bonne direction puis on va devoir attendre un prochain projet de loi
dans on ne sait combien d'années avant de pouvoir avoir cet impact
positif.
Bref, je
reviens avec cette locataire que j'ai rencontrée hier. On est loin des
stéréotypes, là, on est loin des stéréotypes dont on a parlé tantôt. Ce
n'est pas une personne à l'aide sociale que j'ai rencontrée hier. C'est une personne
organisée. Elle est arrivée avec sa pile de
documentation, une petite valise à roulettes à l'intérieur de laquelle il y
avait beaucoup de documents. C'est
une personne structurée, une personne... une dame qui est sur la fin
soixantaine, qui a travaillé dans le milieu
juridique. Je vous le dis, elle est structurée, elle est capable de se
défendre. Elle a voulu venir me voir parce que, malgré ses habiletés,
ses compétences, c'est très difficile, ce qu'elle a vécu.
Et je vous
explique ça. D'abord, elle m'a expliqué sa deuxième tentative de reprise de
logement. On n'a pas été sur la première qu'elle a vécue, il y a plusieurs
années, ça avait déjà été un événement malheureux. On s'est concentrés
sur celle qui se passe en ce moment dans la
circonscription de laquelle je suis représentant. Ça a commencé en 2022. Elle
arrivait à Québec. Elle a fait inscrire sur son bail, avec l'accord de son
propriétaire, qu'elle aurait droit d'avoir une laveuse-sécheuse dans son logement. C'est parti de ça. Tout bénin,
une laveuse-sécheuse, elle va pouvoir avoir ça dans son logement. Ça me semble quelque chose d'assez normal et assez
correct. Malheureusement, le propriétaire ne l'a jamais installée, cette
laveuse-sécheuse.
Elle s'est
rendue... elle a fait une demande au TAL pour faire respecter ce qui était
inscrit dans son bail. Une première audience... En fait, elle a dû
envoyer déjà un avis par huissier au propriétaire, quelque chose qui lui a déjà
coûté 500 $, n'est-ce pas? Ensuite, une
première audition, le juge a interprété d'une certaine façon la notion de
propriétariat. J'épargne les détails,
mais elle a dû retourner chez elle pour demander une seconde audience. Bref,
les choses étaient très compliquées, elle
a dû faire deux audiences pour avoir finalement gain de cause, elle a dû se
battre à travers une machine qui, sur papier, est supposée aider les locataires, mais, dans les faits, est rendue
extrêmement compliquée à utiliser, même pour une personne qui est
solide, là, qui est bien organisée, là.
Ça me fait
penser — je
fais une petite parenthèse — j'ai
une autre locataire qui était venue me voir, il n'y a pas longtemps, qui m'avait dit qu'elle avait essayé
d'avoir des renseignements au TAL, au Tribunal
administratif du logement. Cette personne-là voulait pouvoir rencontrer une
personne au tribunal pour avoir de l'information. Elle a appelé, puis ce n'est pas : À votre service, votre appel est important,
restez en ligne, nous répondons rapidement, là, c'est un répondeur, qui, après un certain temps, vous éjecte du système
téléphonique. Elle a dû rappeler, et rappeler, et rappeler, pas pendant une heure, pas pendant deux heures,
pendant huit heures, avant d'avoir quelqu'un au téléphone. Elle a appelé
huit heures en ligne pour avoir quelqu'un au bout de la ligne. Ce n'est
pas de la grande accessibilité, pour moi, ça.
Donc, voilà,
je reviens avec mon cas principal, le TAL, c'est compliqué. Donc, déjà on a un
mécanisme qui est dysfonctionnel. Je n'ose même pas imaginer quelqu'un qui est
moins bien structuré que cette dame-là, comment il peut arriver à se débrouiller avec les outils qu'on
développe au Québec. Puis ça, les comités logement, les organisations, les
associations de locataires nous le disent,
aussi, le TAL, là, ça ne fonctionne pas vraiment très, très bien. L'accessibilité
aux services n'est pas très bonne.
Ensuite de
ça, bien, la dame a vécu plusieurs épisodes d'intimidation, de la part de son
propriétaire. Elle se fait suivre dans
la rue, musique très fort, parce que le propriétaire est là, à l'occasion, à l'étage
supérieur, des travaux qui apparaissent dans le logement, du bruit, marche au-dessus de sa tête avec des bottes
pendant toute la nuit, au-dessus de son lit, des affaires de fou, M. le Président. Ça n'a juste pas de bon
sens, ça n'a juste pas de bon sens. Donc, de l'intimidation. Et là, le
problème, c'est que, pour cette locataire-là, le propriétaire commence à
lui faire peur, il lui joue dans la tête.
Et là arrive
l'avis de rénovictions. La dame reçoit un avis de son propriétaire, qui
dit : Je vais reprendre votre logement pour un agrandissement.
Mais, quand on regarde la disposition du bâtiment, ce n'est pas clair, comment
il va faire pour justifier un
agrandissement. À moins que ce soit par l'intérieur, mais ce n'est pas très,
très clair. Pendant ce temps-là, la laveuse-sécheuse
n'est toujours pas posée, elle n'a toujours pas sa laveuse-sécheuse, qui était
pourtant sur le bail, il y a des bruits dans la nuit, encore
une fois de l'intimidation. Le processus de rénovictions... alors, c'est un
premier avis de reprise de possession
pour rénovations, puis un deuxième. Elle se demande si c'est légal, si c'est
normal. Mais, en tout cas, elle a de plus en plus peur dans son
logement, elle ne comprend pas ce qui se passe.
Elle a
contesté tout ça, évidemment, puis elle est au courant de ses droits, là, ça,
il n'y a pas de doute là-dessus, elle sait
bien lire la documentation, comme je vous l'ai dit, elle est arrivée avec
beaucoup, beaucoup de documents, mais elle a déjà passé par un processus similaire, puis là elle se trouve devant,
visiblement, un propriétaire qui essaie de lui mettre de la pression,
puis elle ne sait plus quoi faire. Elle ne sait plus quoi faire. Elle s'est
adressée à moi en espérant qu'on puisse essayer
de faire changer les choses, puis c'est pour ça que je vous en parle
aujourd'hui. Mais on a vraiment un cas où un propriétaire se sent tout à fait légitime d'employer toutes sortes de
stratagèmes pour essayer de reprendre le logement que la dame occupe.
Il me
semble que, si on veut rétablir un équilibre, on devrait s'assurer, en quelque
part, que ce genre de comportement là, un
propriétaire ne pense même pas l'exercer, faire ce genre de choses là, ce genre
de comportement là. Il me semble qu'on ne
devrait même pas avoir assez de place, dans l'appareil qui gère, en fait, les
droits des locataires, au Québec, puis les droits des propriétaires, on ne devrait même pas avoir assez de place
pour qu'un propriétaire envisage commettre ce genre de choses là, intimider ses locataires, utiliser
toutes sortes de stratagèmes pour essayer de lui faire peur, pour rentrer dans
sa tête, pour essayer de lui faire peur, finalement.
• (16 h 40) •
Moi, c'est ce
qui m'énerve un petit peu, dans le système qu'on a actuellement, c'est les
propriétaires — tantôt
ma collègue a parlé d'un rénovicteur célèbre à Montréal, là, Henry Zavriyev — qui
agissent en toute impunité. Il y a cette espèce de côté far west, actuellement, sur le marché de l'immobilier, où
les propriétaires se sentent légitimés de faire un peu ce qu'ils veulent,
finalement, parce qu'ils ne se font jamais taper sur les doigts. Ou, en tout
cas, s'ils se font taper sur les doigts, ce n'est pas assez fort parce
que, visiblement, il y en a qui en font une business. Et ça, c'est tout à fait
déplorable. Ça ne se peut pas qu'aujourd'hui, en 2023, des gens se sentent
intimidés comme ça par leur propriétaire. On parle d'un milieu de vie, là. Quand on rentre chez nous, là, M. le Président, vous
êtes d'accord avec moi, quand on rentre chez nous, c'est notre havre de paix, c'est notre cocon,
c'est l'endroit où on se sent en sécurité contre le monde qui est dur. Hé! que
le monde est dur. Et, quand on rentre chez
nous, on est supposé trouver cette espèce de paix, de tranquillité, de calme.
Quand cet espace-là est attaqué, on
se sent attaqué jusque dans notre intimité. Et ça, c'est grave aujourd'hui, M.
le Président. Ça, ce genre de chose-là ne devrait pas arriver.
Qu'est-ce que
va faire la dame qui m'a rencontré? Je ne sais pas. Je lui souhaite d'avoir le
courage de poursuivre. Je lui
souhaite aussi d'avoir un projet de loi qui va venir contraindre les
propriétaires à être plus sévères... contraindre les propriétaires,
pardon, à respecter des lois qui sont plus sévères. J'espère qu'on aura un
projet de loi qui va être à l'avantage des
locataires pour rétablir cet équilibre dont on parlait tout à l'heure. Mais
c'est clair qu'il y a un déséquilibre sur lequel travailler. Donc, cette dame-là,
j'espère qu'on aura... son histoire aura pu toucher un peu Mme la ministre,
parce qu'il y en a des tonnes comme ça.
Je veux parler d'un autre cas aussi dont on m'a
parlé pas plus tard que ce matin. Ça se passe aussi dans ma circonscription. Ça, des cas, il y en a partout,
hein, dans ma circonscription. Il y en a sûrement dans la circonscription où a
été élue Mme la ministre aussi, puis tous les députés qui siègent ici.
On parle d'un cas d'éviction des trois logements sur une rue de ma circonscription pour y faire des agrandissements.
C'est une société immobilière qui a acheté récemment le bâtiment à un couple âgé qui était occupant.
Donc, trois logements. Il y avait un couple âgé qui occupait le
rez-de-chaussée, j'imagine, là, du
bâtiment et il y avait trois locataires, donc c'était un quadruplex. Il y avait
trois locataires qui louaient à un prix très abordable, ce qui n'est pas
une mauvaise chose, même sur le marché privé, d'avoir des logements qui sont relativement bas. On peut le souhaiter. La
locataire du rez-de-chaussée a décidé d'accepter de quitter son appartement
pour une compensation financière de
675 $ sans avoir trouvé d'autre logement. Cette personne-là avait des
enjeux de santé mentale. Est-ce que
le propriétaire a abusé de sa confiance, a abusé de sa situation? Je ne sais
pas, mais le contexte me semble montrer, en tout cas, qu'il a réussi à reprendre le logement pour une bouchée de
pain. 675 $, ça doit représenter à peu près un mois de loyer, peut-être deux mois, je ne sais pas, là,
mais on est dans cet ordre-là. Elle a quitté, elle n'a pas trouvé encore de logement, mais j'imagine
qu'on... on lui souhaite bonne chance, en tout cas, avec les taux
d'inoccupation qu'on a nommés tantôt.
Le
locataire du premier étage, lui, il a accepté de quitter avec dédommagement,
parce qu'il a, par miracle... c'est ses mots : J'ai réussi à trouver une
place en HLM. Et les attentes pour les HLM sont longues, M. le Président, on
peut attendre jusqu'à deux ans, deux
ans et demi avant d'avoir une place en HLM si on est dans le top de la liste.
Il va déménager avant la fin de la
semaine. Le propriétaire a laissé entendre qu'il pourrait ne pas aller de
l'avant avec l'agrandissement de son logement, finalement. C'est drôle,
pareil, hein? C'est quand même drôle. L'agrandissement était le prétexte pour reprendre le logement, puis, finalement, on
apprend de la bouche même du propriétaire que : Bien, peut-être pas...
Peut-être que l'agrandissement,
finalement, je ne le ferai pas vu que tu quittes puis tu t'es trouvé une belle
place en HLM. C'est quand même ironique.
Le locataire du deuxième étage, lui, c'est un
étudiant qui s'est rendu au Tribunal
administratif du logement pour
contester l'éviction. Il a perdu. Le jugement a renversé sa demande parce que
le propriétaire a démontré son intention d'agrandir son logement. Dans les faits, il m'a envoyé une photo d'une
pancarte qu'ils ont eux-mêmes installée sur la clôture de leur appartement. Ça dit : Rénoviction en
cours, une société immobilière que je ne nommerai pas, là, nous met à la rue en
utilisant le stratagème d'un pseudoagrandissement. Ils disent : En défaisant
la cage d'escalier, cela leur permet de nous évincer. Nos loyers étaient trop
abordables pour leur cupidité. Donc, la notion d'agrandissement semble avoir le
dos large aussi du côté du Tribunal administratif du logement.
Des
situations comme ça, là, il y en a plein au Québec. Il y en a plein. Je suis
sûr qu'en fouillant dans chacune des 125 circonscriptions,
on peut en trouver. C'est sûr que, dans ma circonscription, il y en a aussi. Je
trouve ça déplorable. J'espère vraiment qu'à travers le projet de loi n° 31, on aura des améliorations notables. Je suis persuadé
que mon collègue va trouver des moyens de
proposer des amendements que j'espère... proposer des amendements qui seront
acceptés par la ministre. Je l'ai dit
tantôt, un projet de loi sur l'habitation, de un, ça fait longtemps qu'on
l'attend, ça fait longtemps qu'on le
demandait, ça fait longtemps que la société civile le demande, ça fait
longtemps que les locataires du Québec souffrent et veulent avoir des changements à ce régime-là, qui est tout à fait
déséquilibré. Et j'espère que la ministre sera à l'écoute à la fois de la
société civile mais aussi des amendements que notre groupe parlementaire pourra
amener. On a des propositions qui
sont bonnes, qui sont saines, qui vont permettre de garder les gens chez eux,
de leur garder cet espace de tranquillité, leur cocon, leur maison, leur appartement. Parce que tout le monde a le droit
d'avoir un toit sur la tête, tout le monde a le droit d'avoir la
tranquillité, tout le monde a le droit de jouir paisiblement des lieux qu'il
occupe.
Puis
il faut se rappeler aussi, parce que c'est un débat important, qu'il y a un
lien très fort à faire avec l'itinérance, hein? On a eu un sommet sur
l'itinérance, il n'y a pas longtemps, et le dénombrement montrait qu'il y avait
au moins 10 000 personnes qui étaient en situation d'itinérance au
Québec. Ça, c'est juste les personnes qui sont en itinérance visible. Évidemment, je me permets de rappeler
aussi que, souvent, les femmes sont plus sujettes à vivre dans une espèce
d'itinérance plus cachée. Donc, il faut
faire attention de ne pas sous-estimer les besoins pour les mesures ou les
ressources adaptées spécifiquement aux femmes. Mais ce qu'on se rendait
compte, à travers le 10 000 personnes en situation d'itinérance que nommait le dénombrement, c'est
que les expulsions étaient le principal motif ou la principale cause de
l'itinérance maintenant au Québec, en 2022. Donc, on doit s'attaquer à cet
enjeu-là. On doit s'attaquer à la crise du logement
de la meilleure façon qui soit. On doit le faire parce que le logement, c'est
un droit, le logement, c'est un droit, pour
moi, c'est un droit, tout le monde a le droit d'avoir un toit sur la tête, et
parce qu'on doit absolument profiter de cette occasion-là pour renverser
la vapeur.
En
l'état actuel, moi, c'est sûr que je vais voter contre ce projet de loi là,
mais je suis persuadé que, si la ministre écoute bien la société civile,
écoute bien les recommandations, les propositions qu'on lui fera, on arrivera à
quelque chose d'équilibré. Je le souhaite,
en tout cas. Je pense qu'on a la possibilité de le faire. À tout le moins, il
faudra retirer l'article 7 du
p.l. n° 31. Il faudra aussi s'assurer d'avoir un meilleur
contrôle des loyers au Québec. Puis il faudra s'assurer aussi que les
propriétaires, les grands propriétaires, ceux qui font mal les choses... ce
n'est pas tous les propriétaires qui sont tous croches, là, j'ai des amis qui sont propriétaires puis ils font bien les
choses, là, mais que, cette capacité à agir en toute impunité qui favorise, malheureusement, des propriétaires
qui en font une business, là, eux puissent, doivent... soient en mesure...
soient obligés d'arrêter ce business qui profite de la crise du logement.
Donc, voilà. Je vous
remercie pour votre attention, M. le Président. Et puis je vous souhaite un bon
travail sur le p.l. n° 31.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Taschereau. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Mercier.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
aussi d'intervenir sur le principe du projet de loi n° 31. Et
j'écoutais, tout à l'heure, mes collègues parler... bien, j'ai écouté aussi un
petit peu la ministre parler d'un système
qu'elle essaie de mettre en place qui soit équilibré. Je veux dire, entre David
et Goliath, il n'y a point d'équilibre. On ne pourra pas dire : On va traiter les deux de la même façon,
les propriétaires, les gros propriétaires surtout, puis les locataires,
puis dire que ça va être quelque chose d'équilibré.
Puis je vais répéter
un peu ce que mon collègue a dit, là, il n'y a pas de question
idéologique : il y a les mauvais propriétaires
puis les bons locataires. Il peut y avoir aussi des mauvais locataires, comme
il y a des bons propriétaires. Moi, dans
ma famille, il y a beaucoup de gens qui sont propriétaires. Ici, beaucoup
d'entre nous, dans cette Chambre, nous sommes propriétaires. Des fois, on a aussi des locataires, et, des fois, ça se
passe très, très, très bien. Quand tout va bien, il n'y a pas de
problème.
La
question ici, quand nous, à Québec solidaire, on en fait... on fait de cet
enjeu-là une priorité, ce n'est pas d'aller pointer puis de dire : Ah! c'est une question d'idéologie, eux
autres sont méchants puis eux autres sont gentils. C'est de parler au nom des gens qui ne sont pas ici, à
l'Assemblée nationale, puis qui sont de plus en plus nombreux, avec la crise
du logement... la crise que ce gouvernement
a décidé de nier pendant très longtemps, pendant des années, avant que la crise
n'éclate dans leur visage.
C'est un
petit peu la même chose qui se passe dans d'autres problèmes, par exemple
l'école à trois vitesses que le
gouvernement nie. C'est comme une façon de procéder du gouvernement de la
CAQ : on nie le problème, on met la tête dans le sable, on espère que ça va passer, puis après ça, quand ça ne
passe pas, bien là on est obligé d'agir puis on reproche à tout le monde
de trouver qu'on n'agit pas assez vite et pas assez.
• (16 h 50) •
La crise du logement, souvent, je l'entends puis
je le sais qu'il y a ça, souvent, dans l'esprit des collègues du gouvernement,
de dire : Ah! bien, oui, mais il y a les propriétaires aussi qui
souffrent, etc. Bien, ils ont, les propriétaires aussi, des associations qui peuvent les défendre, mais, quand on est
quelqu'un qui vit sur le salaire minimum, quelqu'un sur le bien-être social, quelqu'un qui a une famille avec un salaire acceptable,
proche de la moyenne au Québec, puis qu'on n'arrive pas à trouver un logement à prix normal, c'est une vraie
angoisse, et c'est important, puis c'est le rôle du gouvernement d'en tenir compte. Puis ce n'est pas une question
d'idéologie, dire qu'il y a les mauvais propriétaires, ils sont tous mauvais,
puis les locataires, eux autres, sont
gentils, puis c'est ça, notre perception, ce n'est pas ça du tout, c'est de
parler de la réalité. Et je trouve
dommage l'entêtement de la ministre de ne pas vouloir changer... de ne pas
vouloir laisser la seule mesure que les locataires ont en leur
possession, qui est la cession de bail.
À un moment
donné, j'ai entendu une ouverture de la part du premier ministre, mais, après
ça, il n'y a eu aucune action de la
part de la ministre. Moi, j'espère et je suis très, très confiante que mon
collègue le député de Laurier-Dorion va
faire tout en son pouvoir pour faire entendre raison à la ministre. Puis c'est
très difficile, des fois, dans cette Chambre, quand on parle de ces enjeux-là. Moi, je sens une grande insensibilité.
Je ne veux pas prêter de mauvaises intentions à personne...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Écoutez, je vais vous demander de poursuivre les
travaux tout en faisant preuve de prudence dans les propos qui sont
tenus. Poursuivez, madame.
Mme Ghazal : C'est tellement difficile,
M. le Président, parce qu'ici on parle, puis on joue sur des mots, puis, ce
mot-là, on ne peut pas le dire, puis il est blessant, puis tout ça. Quand on
a... Quand on voit des gens qui souffrent à
cause de la crise du logement, moi, je suis extrêmement, extrêmement fâchée.
Puis il y a une incompréhension de ce que vivent certaines personnes ici, dans cette Chambre. C'est sûr, quand on
a été propriétaire puis qu'on a fait beaucoup d'argent en rénovinçant
des gens...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Je vais vous demander, Mme la députée de Mercier,
donc, dans vos interventions, de faire preuve de... d'éviter d'interpeler une
seule personne, donc, d'éviter d'interpeler les personnes, de faire
preuve de respect et de prudence dans vos interventions. Allez-y, poursuivez.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Allez-y.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, donc, ça fait à trois reprises que la députée
de Mercier a utilisé des propos blessants envers le gouvernement, envers la
ministre, qui sont inacceptables en cette Chambre. Vous le savez, on se doit
respect entre les collègues. Et actuellement, bon, je comprends qu'elle
soit fâchée, et ainsi de suite, mais je pense qu'il y a une façon d'exprimer, d'exprimer notre propos, en cette
Chambre, d'une façon claire et respectable, et, vous l'avez dit, là, j'aimerais
qu'on continue sur... dans cette direction-là. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Tout en reconnaissant que Mme la députée de
Mercier a droit à son opinion. Mais
je vais demander qu'elle poursuive, mais tout en faisant preuve de respect les
uns envers les autres collègues. Poursuivez, Mme la députée.
Mme
Ghazal : Merci, M. le Président. Je vais essayer de
contrôler les émotions, parce que je ressens ici les émotions des gens qui n'ont pas... qui ne sont pas capables
d'avoir des logements en ce moment. Et je ne vais viser personne, je vais
parler des spéculateurs immobiliers, tiens.
Les sujets...
Je veux parler de trois sujets dans mon intervention. Le premier, c'est sur le
fédéral, le deuxième, c'est l'impact
de la crise du logement sur les femmes, et le troisième, si j'ai le temps... j'en
avais déjà parlé à d'autres moments lors
de... quand on a voté la loi sur l'augmentation de notre salaire, de cas
de personnes qui n'avaient pas... qui étaient en train d'être évincées
de leurs logements, mais je vais pouvoir en glisser un mot.
Donc, par rapport au fédéral, comme à chaque
dossier — c'est
le cas aussi en matière de logement — on assiste souvent à un bras de fer entre le Québec et le
fédéral, puis c'est toujours la même rengaine. Et la CAQ, qui se dit
nationaliste, malheureusement
ne fait pas grand-chose pour tasser le fédéral du logement. C'est le cas aussi
dans d'autres dossiers, je pense, par exemple, à la culture. Ça, on
pourra en parler à un autre moment.
Et je vais faire un petit peu d'histoire. Le
fédéral s'est retiré du financement à long terme des programmes de construction de logements sociaux, principalement
des HLM, ça fait extrêmement longtemps, j'étais très jeune à l'époque, en 1994. Puis, même s'il avait mis fin au
financement, le fédéral était quand même obligé d'honorer le fait de financer
des logements qui étaient inscrits dans des ententes qui étaient
signées, puis ces ententes prennent fin maintenant. C'est ce qui fait qu'en ce moment on assiste à
l'aboutissement du retrait du financement du fédéral. Et c'était d'ailleurs la
réponse du gouvernement, à l'époque, de créer AccèsLogis, c'est en
réponse au retrait du fédéral, puis c'était une bonne chose. Puis le Québec a même reçu des sommes ponctuelles
du fédéral qu'il a choisi de dédier à ce programme, puis c'est une bonne
chose, avant de décider maintenant, avec AccèsLogis, de mettre la hache puis
d'avoir un autre programme qui fonctionne plus ou moins bien.
Depuis
l'élection du gouvernement, donc, libéral de Justin Trudeau, le gouvernement
fédéral, lui, il a décidé de réinvestir dans le domaine du logement, parce que,
dans la Constitution, la Constitution, elle ne dit pas, le logement, c'est qui, ça fait que c'est les deux, ça fait que... ce
qui fait que les deux, c'est-à-dire les provinces ou le fédéral, qui se
chicanent sur cette question-là...
Donc, il a dit : Bien, moi, je vais créer plein, plein, plein de
programmes pour créer... pour construire des logements. Il se sert du retrait du financement des ententes HLM,
donc, pour créer de nouveaux transferts vers les provinces, mais force
est de constater que ces programmes ne fonctionnent pas, ne fonctionnent pas du
tout.
Il y a eu, il
y a un peu plus qu'un an, le rapport du Conseil national du logement, qui a
rendu public un rapport, donc, qui
dit qu'il y a des milliers de ménages qui pourraient être laissés pour compte
par la stratégie libérale avec la multiplication de ces programmes. Puis
les laissés-pour-compte, c'est qui? C'est toujours les mêmes : les gens
qui vivent en situation d'itinérance, des
femmes et des enfants qui fuient la violence conjugale - je vais en parler
tantôt... les nouveaux arrivants, les autochtones. Donc, ces
programmes-là, les critères qui sont dedans ne fonctionnent pas.
Il y a aussi... Grâce à ces programmes qui n'ont
pas d'allure, du fédéral, on trouve du logement abordable. Devinez à combien, M. le Président? Abordable, là
je mets ça entre guillemets : 2 000 $ par mois. Et ça, c'est
financé par l'argent des Québécois,
parce qu'on paie l'impôt au fédéral. Et ils disent : Bien, nous, on va
faire des programmes, puis après ça ils mettent ça en location pour
2 000 $, ce qui est totalement inacceptable, puis ça montre à quel
point ça ne fonctionne pas.
Il y a un cas
à Gatineau, ici, 1 500 $ par mois pour un logement d'une chambre à
coucher; un quatre et demi, 1 922 $. Et ça, c'est beaucoup d'argent qui a été donné à des entreprises privées
pour qu'elles puissent réserver une partie pour du logement abordable.
Mais, abordable à 2 000 $, ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas.
Il y a eu le sommet de l'itinérance, je vais
essayer, ici, de ne viser personne, mais il y a eu le sommet de l'itinérance récemment, où l'UMQ, l'Union des municipalités du Québec, donc, a lancé un cri du coeur. C'est dommage
parce que la ministre, même si elle avait
été invitée... elle dit qu'elle n'a pas été invitée, c'est dommage qu'elle n'y
ait pas assisté, parce qu'elle aurait pu apprendre des choses vraiment
importantes...
Une voix : ...
Mme Ghazal : Non, mais vraiment?
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Allez-y, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup. On prête encore des
intentions à la ministre et aux collègues, de nouveau. Puis je rappelle
au président qu'on ne peut pas dénoter l'absence d'un collègue.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je comprends votre intervention, M. le
leader adjoint du gouvernement, mais
je dois conclure que ce n'est pas un appel au règlement, dans le cas qui nous
concerne. Donc, je vais demander à la collègue de poursuivre.
Mme
Ghazal : Merci, M. le Président. Merci beaucoup de me
laisser continuer de parler de la crise du logement, qui devrait
insurger tout le monde ici, en cette Chambre.
Donc, moi, je
vais parler du sommet, donc, de l'itinérance, et ce qu'on a appris, c'est qu'il
y avait 900 millions de dollars
de fonds fédéraux qui sont en attente. Donc, c'est notre argent public,
l'argent de tout le monde qui attend pour que des logements réellement
sociaux, pas juste abordables à 2 000 $, des logements sociaux
puissent sortir de terre pour pouvoir loger des gens, et tout ça à cause du
bras de fer entre Ottawa et le Québec, et ça a vraiment assez duré. En ce moment, le fédéral, ce qu'il veut, c'est décider
sur quels rubans, sur quels chèques il veut mettre son logo, puis cette
dynamique de financement entraîne des éternelles négociations, des chicanes qui
sont stériles. Puis c'est vraiment toute l'histoire de la Confédération du Canada qui est résumée par le
dossier du logement, où est-ce qu'on ne s'entend pas. Puis, pendant ce temps-là, qui sont les perdants? Bien, ce sont les
gens qui ont de la difficulté à trouver des logements qui répondent à leurs
besoins, pour des familles, pas des petits
logements, pour des familles nombreuses, qui soient aussi sains et qui soient
surtout, surtout abordables, et ça, il n'y a rien de mieux que du vrai
logement social.
• (17 heures) •
Donc, si le
gouvernement fédéral, lui, ça ne fonctionne pas, bien, il va falloir le tasser,
tasser un joueur. Là, ce serait le fun d'entendre le gouvernement, qui se dit
nationaliste, de la CAQ dire : Bien, nous, on va s'en occuper, puis après
ça, nous, ici, à Québec solidaire, on va être présents pour nous assurer qu'il s'en occupe de la bonne
façon. Donc, ce serait plus simple que ce soit au Québec,
et non pas le fédéral, qui gère cet enjeu-là. C'est assez compliqué comme ça,
avec la crise qu'on est en train de
vivre pour le logement, pour avoir le fédéral dans les pattes. Ça devrait être
une revendication forte du
gouvernement de la CAQ de dire : Tassez-vous, le fédéral, donnez-nous
l'argent, puis nous, on va s'en occuper, comme on l'a fait ailleurs. Ce serait intéressant que le premier ministre
montre les dents au fédéral sur la question de la crise du logement pour
pouvoir la résorber puis qu'on puisse y travailler de façon plus efficace.
Le deuxième
point que je voulais aborder, qui est extrêmement important, c'est la question
de la crise du logement, comment est-ce qu'elle a un impact encore plus
fort sur les femmes. On le sait, les femmes, même en 2023, même aujourd'hui, gagnent moins que les hommes. Elles
gagnent 89 % du salaire des hommes. Donc, déjà là, juste avec cette
donnée, la crise du logement, les prix des
logements qui montent font en sorte que ça les affecte plus que les hommes. Un
tiers des mères monoparentales vivent sous
le seuil de la pauvreté, et les cessions de bail, c'était vraiment un des
derniers remparts pour ces femmes-là pour pouvoir se protéger contre
cette crise.
Et il y a un
autre élément important, là, c'est les femmes victimes de violence conjugale.
Quand il n'y a pas d'accès à des
logements à prix abordable, réellement abordable, bien, c'est une question de
sécurité pour ces femmes-là, je dirais même
de survie pour elles et leurs enfants. Quand les femmes prennent la courageuse
décision de quitter un lieu toxique puis
qu'elles ne peuvent pas le faire parce que, finalement, elles ne trouvent pas
de logement, c'est vraiment une histoire d'horreur. Qu'est-ce qu'elles vont faire? Elles risquent, beaucoup
d'entre elles, peut-être, de rester avec leur conjoint violent, puis on
peut là assister à des drames familiaux. Il y en a d'autres qui vont quitter
puis elles vont aller dans des maisons d'hébergement.
Puis je vais
citer ici une intervenante en maisons pour femmes. Elle dit : «Ces
femmes-là vont se ramasser dans la
rue[...]. Elles vont se ramasser dans une place où elles ne veulent pas être,
genre se prostituer...» Il y a des choses aussi, des histoires d'horreur qu'on a vues à pleine page dans les journaux,
«ou accepter de donner leur chèque de paie au complet pour avoir un logement». Et celles qui vont aller,
par exemple, dans des maisons d'hébergement, bien, c'est un cercle vicieux.
Elles vont y aller, elles vont devoir rester
plus longtemps parce qu'elles n'arrivent pas à quitter ce lieu-là qui était
sécuritaire pour elles, mais qui est
là d'appoint. Elles ne veulent pas rester là pendant des mois, mais comme il
n'y a pas de lieu où elles peuvent aller, bien, elles ne peuvent pas quitter
les maisons d'hébergement, ce qui fait que les listes d'attente augmentent,
augmentent.
Donc, le fait
de ne pas investir puis avoir des logements abordables, bien, ça a un impact.
On va devoir payer ailleurs, notamment,
par exemple, dans les maisons d'hébergement, parce que les femmes restent plus
longtemps puis elles ne sont pas capables de se trouver un logement où
est-ce qu'elles pourraient vivre en sécurité avec leurs enfants.
Et on a
entendu parler aussi, par exemple, de la prostitution. Quand on est une femme
seule, on est souvent... on va être à la merci, par exemple, de notre
propriétaire qui ne nous... qui, par exemple, va nous demander un montant
beaucoup plus élevé, ou des fois il y a des propriétaires, puis on l'a
vu aussi, des histoires comme celles-là, qui vont harceler, harceler sexuellement ces femmes-là, qui vont même
demander des faveurs sexuelles. Et certaines vont s'y plier parce qu'elles
n'ont rien d'autre, elles n'ont personne, elles n'ont pas de réseau, et ça, on
ne peut pas accepter ça en 2023. On est content
ici, à l'Assemblée nationale, d'être plus de femmes, bien, c'est important que
ça veuille dire quelque chose quand on
vote des projets de loi, quand elles sont écrites notamment, par exemple, par des
ministres femmes, par des... puis nous, on est ici, autour de la table,
dans cette Assemblée. Ce serait important que ça veuille dire quelque chose.
Et moi, j'ai
une question, par exemple. Est-ce que le gouvernement a fait une analyse
différenciée selon les sexes, une
ADS+, sur ce projet de loi? Je suis certaine que la réponse, c'est non, parce
qu'elle aurait été rendue publique, et on l'aurait lue, puis on aurait pu voir : Est-ce que le projet de loi n° 31, est-ce qu'il a un impact ou pas différencié pour les femmes, pour certaines femmes, certaines
catégories de femmes qui vivent des situations de vulnérabilité? On aurait pu
le savoir, mais là on ne le sait pas.
On y va par notre intuition. On devine avec les chiffres, les données qu'on a,
par exemple, entre les différences de
salaire entre les hommes et les femmes, mais il n'y a pas eu d'analyse
différenciée selon les sexes.
Et ça, c'est
une occasion manquée de ne pas avoir fait ça parce qu'on laisse des gens de
côté. On laisse notamment les femmes,
les femmes les plus vulnérables de côté, et, pour un gouvernement qui se dit
féministe, je trouve ça incohérent de faire ça. Peut-être que... En faisant une
analyse différenciée selon les sexes, peut-être qu'on prendrait une autre
décision, par exemple, par rapport à
la cession de bail, en disant : On ne veut pas que des femmes se trouvent
dans une situation de vulnérabilité, puis qu'on soit obligé, après ça, de vivre
des drames. Et peut-être qu'on l'aurait laissée pour que ces femmes-là puissent en bénéficier. Ce n'est pas une mesure
parfaite, mais c'est un exemple parmi d'autres qu'aurait pu nous donner,
par exemple, d'avoir fait une analyse différenciée selon les sexes.
Donc, par rapport à la question féministe, je
parlais qu'on est heureuses d'être plus nombreuses à l'Assemblée nationale, mais c'est important aussi que ça ait
un impact sur les projets de loi qu'on adopte ici réellement. Ce n'est pas juste... le féminisme, ce n'est pas juste une
question de nombre, c'est aussi une question de changer la société pour le
mieux, pour qu'il y ait une réelle égalité.
Je vais
parler d'un cas qui a eu lieu dans mon comté, et il y a une petite histoire à
la fin qui se termine bien, parce que ça fait du bien d'avoir quand même des
histoires qui se terminent bien. C'est un immeuble de 15 logements qui
a été acheté par une entreprise qui a fait
croire qu'elle voulait, parce que c'était dans un secteur, une rue où on peut
avoir du mixte, ça veut dire du commercial et du résidentiel, et il a
fait croire, ce gros propriétaire là, un promoteur immobilier, que, lui, il voulait transformer ça en bureaux, ce
qui est totalement faux. On le sait maintenant parce qu'il n'a demandé aucun
permis pour faire des travaux. Et ce qui est arrivé, c'est qu'il y avait des
logements qui étaient déjà vides dans ces endroits-là,
et ce propriétaire-là les louait, louait, par exemple, un quatre et demie à
1 750 $. Il loue d'autres appartements, par exemple, un mois à
la fois.
Mais il y
avait trois locataires qui étaient présents, dont une qui habitait là depuis
très longtemps, une autre depuis quelques
années, et les deux ont été obligées de quitter. Elles sont allées au TAL,
elles ont reçu une compensation. Il y avait un locataire, et il était chanceux parce qu'il
avait 75 ans à ce moment-là, puis il y habite depuis 30 ans, ça,
c'était il y a à peu près un an, il
habite depuis 30 ans dans ce logement-là, puis il était prêt à accepter le
25 000 $ et de quitter, puis de se trouver on ne sait pas où, parce que dans le quartier,
c'était impossible de trouver un logement à prix abordable pour quelqu'un comme
lui.
Finalement,
comme il a fait appel à moi et à mon bureau, on a pu lui dire qu'il peut
rester, puis, finalement, il y a eu une décision. Ça a été extrêmement
long. Il a vécu dans une insécurité incroyable, mais, finalement, il a pu
rester. Pourquoi? Grâce à la loi Françoise
David, parce que ça faisait plus de 10 ans qu'il habitait là puis ça
faisait plus de 75 ans. Imaginez
s'il avait 70 ans, puis que ça faisait cinq ans qu'il habitait là, imaginez,
il aurait été obligé de quitter à cause de la décision de ce propriétaire-là, un propriétaire véreux, il faut le dire,
qui se foutait totalement des gens puis qui voulait juste faire de
l'argent.
Et c'est
notre responsabilité ici de protéger ces gens-là et de protéger les personnes
aînées, les femmes, les mères monoparentales,
les femmes victimes de violence conjugale. Si ce n'est pas nous qui le faisons,
qui va le faire? Donc, moi, je suis très, très confiante que le député de
Laurier-Dorion va pouvoir peut-être, peut-être faire évoluer au moins la réflexion du ministre. Je le souhaite ardemment.
Pas pour nous, pas pour Québec solidaire, mais pour les citoyens et citoyennes
qui vivent tous les jours avec cette crise du logement qui est très, très angoissante.
Merci beaucoup, M. le Président.
• (17 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mercier. Pour la
prochaine intervention, je reconnais Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le Président.
On est en pleine crise du logement partout au Québec. Je n'apprendrai rien avec ça aux gens qui sont ici. Il y a une
chose qui est très claire, puis moi, je ne m'attends pas que la ministre
réussisse à faire apparaître des milliers de logements à travers le
Québec pour régler cette crise-là, mais ce qu'on devrait tous être en train de faire ici, à l'Assemblée
nationale, c'est de mieux protéger les locataires partout à travers le Québec,
de s'assurer que leurs droits sont
connus, qu'ils sont respectés et qu'on améliore leurs droits face à la crise du
logement. En ce moment, les
locataires, ils sont extrêmement vulnérables. Et, si on faisait ça, si on se
concentrait ici au minimum, à l'Assemblée nationale, à mieux protéger leurs
droits, premièrement, ça ne nous coûterait rien et ça permettrait aux
locataires d'abord de pouvoir rester
dans leur logement, de pouvoir économiser parfois des milliers de dollars par
année. Ce serait vraiment le minimum, c'est ce à quoi je m'attendrais de
ce gouvernement-là.
Et
malheureusement, au lieu de consacrer ce projet de loi à mieux protéger les
locataires, qu'est-ce que le gouvernement de la CAQ fait? Ils utilisent
ce projet de loi là pour enlever un des derniers remparts qui existe pour les locataires actuellement, qui est la cession de
bail, un des derniers remparts pour limiter les hausses abusives de loyer. Ils
veulent le faire sauter en leur enlevant la cession de bail.
Alors, évidemment qu'on leur demande de reculer
là-dessus, parce que c'est un des derniers remparts, puis il n'y a pas d'autres mesures qui sont mises en place
par le gouvernement pour mieux protéger les locataires, à la base, face
aux hausses abusives de loyer. Évidemment que, si on faisait en sorte que, par
exemple, la recommandation annuelle du Tribunal administratif du logement
devienne la norme et que ce soit ça, la règle des hausses mises en place par
les propriétaires, que pour déroger à ça il faille le prouver, qu'on a fait des
dépenses qui excèdent la recommandation du TAL,
bien, déjà, ce serait un minimum, ce serait quelque chose qui permettrait de
vraiment bien protéger les locataires. Mais là on n'a pas ça.
Ça fait
plusieurs années qu'on le demande. Jusqu'à maintenant la CAQ a toujours refusé
d'écouter cette proposition-là, qui
ne leur coûterait pourtant strictement rien, qui protégerait des millions de
personnes à travers le Québec. Ils ne veulent pas le faire puis ils
veulent enlever en plus les derniers remparts. Moi, je trouve que c'est un
manque de gros bon sens de leur part, au
gouvernement. Ils nous parlent souvent du gros bon sens. À les entendre, c'est
ce qui gouverne toutes leurs décisions.
Bien, moi, j'aimerais voir de leur part une approche du gros bon sens puis de
se dire : Écoutez, là, on ne peut pas
faire apparaître des milliers de logements pour aider les gens, mais on peut au
moins les protéger dans les logements où est-ce qu'ils se trouvent actuellement puis s'assurer d'éviter les
hausses abusives. J'aimerais les voir intégrer des mécanismes comme ça
dans le projet de loi. Mes espoirs sont faibles, quand même, je ne me fais pas
trop d'illusions.
Là où il me
reste un peu d'espoir, quand même, c'est pour mieux protéger les locataires
aînés des évictions. Et, de l'espoir, j'en ai là-dessus, parce qu'en
2016, quand l'Assemblée nationale avait décidé de légiférer là-dessus, ça avait été fait à l'unanimité, il y avait eu un
consensus ici, à l'Assemblée nationale, qu'il fallait protéger les locataires
aînés des évictions, parce que tout
le monde sait très bien à quel point c'est grave pour la santé, pour
l'autonomie, pour la vie sociale d'un
aîné d'être déraciné de son milieu de vie. C'est extrêmement grave, ça les
précarise énormément, ça peut avoir un impact durable sur leur santé,
sur leur mobilité.
Et, quand ça
avait été adopté, en 2016, il y avait des balises très restreintes qui avaient
été mises en place. Pour être protégé
des évictions, actuellement, il faut avoir plus de 70 ans, il faut vivre
dans le même logement depuis plus de 10 ans puis il faut aussi avoir un revenu qui est extrêmement bas, de sorte
qu'il y a de moins en moins de gens qui réussissent à être protégés par cette loi-là. Et pourtant, il y a de
plus en plus d'aînés qui sont victimes d'éviction, compte tenu de l'ampleur
de la crise du logement. Et on sait même,
maintenant, que les évictions sont une des principales causes de la crise
d'itinérance qu'on vit à travers le Québec,
actuellement, pour montrer à quel point c'est un phénomène qui prend de
l'ampleur et qui est problématique.
Moi, j'avais déposé un projet de loi, l'hiver
passé, pour moderniser les règles, pour qu'un aîné soit protégé à partir de 65 ans, à partir de... parce que
c'est à cet âge-là qu'on est considéré comme un aîné, au Québec, hein, en temps
normal, 65 ans. Pourquoi ne pas faire
preuve de cohérence, utiliser ce même âge là pour les protéger contre ces
évictions? Je
proposais aussi qu'ils soient protégés après cinq ans dans le même logement, au
lieu de 10, et pour ajuster aussi le seuil de revenu admissible. C'est
un projet de loi, encore une fois, qui ne coûterait rien au gouvernement, qui
permettrait de protéger les locataires aînés qui sont les plus vulnérables. On
parle de locataires à faibles revenus, bien entendu.
Et, si j'ai
proposé ça, c'est parce que je le sais, qu'il y en a, des aînés qui sont
extrêmement mal pris parce qu'ils ne
sont pas protégés actuellement. On en reçoit, des témoignages comme ça. Ce
n'est pas des cas fictifs, là. Récemment, au bureau de circonscription, on a vu le cas d'un aîné, 69 ans, il
habite au même endroit depuis de 14 ans, il va être évincé parce que le
propriétaire veut loger sa fille. Bien, cet homme-là, il n'est pas protégé. Il
n'est pas protégé parce qu'il a 69 ans, ça lui en prendrait 70 pour être protégé. Là, il va se retrouver dans un
marché locatif qui est complètement déréglé. C'est un stress immense, déjà, de savoir qu'il doit se
trouver un autre endroit pour vivre. Puis il n'a même pas commencé encore
à vivre le stress financier de payer un nouveau loyer, alors imaginez qu'est-ce
que ça va être pour lui, les prochaines années
de sa vie, se déraciner, trouver un autre endroit pour aller s'installer et,
pour une personne qui est à faibles revenus comme ça, compromettre carrément sa santé en consacrant une part
beaucoup trop grande de son loyer pour se loger. C'est un problème.
Ses proches
m'ont écrit pour nous supplier qu'on adopte le projet de loi, que j'avais
déposé l'hiver passé, le plus rapidement possible pour pouvoir protéger
cet homme-là de l'éviction qu'il subit actuellement. Alors, je vous fais le
message en son nom, au nom aussi de tous les autres locataires aînés
vulnérables, à travers le Québec, qui en vivent, des évictions comme celle-là.
Je vous lance un appel, j'aimerais ça que le projet de loi n° 31 qui va
être à l'étude soit utilisé pour moderniser
ces dispositions-là de la loi, pour qu'on protège mieux les locataires aînés
des évictions. C'est une marque
d'humanité que je vous demande, en fait, qu'on puisse se consacrer, au minimum,
à protéger davantage les droits de ces locataires aînés là, des aînés à faibles
revenus qui sont vulnérables face aux évictions. À défaut de mieux protéger
tous les locataires, au minimum, est-ce
qu'on peut au moins mieux protéger, face aux évictions, les locataires aînés à
faibles revenus?
C'est ce que
je demande au gouvernement de la CAQ, quelques petits articles qui pourraient
être ajoutés au projet de loi à
l'étude, qui feraient toute une différence dans la vie de ces gens-là, qui les
protégeraient considérablement face à la crise du logement. Donc, je
lance cet appel à la ministre. Je sais qu'elle m'entend. J'espère qu'elle fera
preuve d'écoute puis de sensibilité à l'égard
de ces personnes-là, parce que ce n'est pas des cas fictifs. On en reçoit
régulièrement dans nos bureaux, des
gens qui sont juste sur le bord d'être protégés, actuellement, puis qui ne le
sont pas et qui se retrouvent dans une situation d'extrême précarité. Je
vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke. Et
je reconnais maintenant M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, M. le Président. À mon tour également
d'intervenir sur le projet de loi n° 31 sur le logement, en vous racontant également des réalités de ma
circonscription, Hochelaga-Maisonneuve, un quartier qui vit des défis alentour
de la gentrification, on le sait bien. Rares
sont les semaines, dans mon bureau de circonscription, où on n'a pas un dossier
de rénoviction, des gens ne sont pas
approchés par un propriétaire pour, bien, les mettre, en bon français, dehors,
et espérer faire deux, trois rénos, puis charger trois à quatre fois le
prix de ce qu'était le loyer avant.
Depuis cet
été seulement, trois immeubles de ma circonscription d'une trentaine de
logements chaque, c'est quand même
beaucoup de locataires, ont été achetés par un propriétaire qui possède
vraiment un empire immobilier à Montréal. C'est bien connu, c'est bien médiatisé, on parle ici de M. Henry
Zavriyev. On dit même qu'il est à la tête d'un empire de rénovictions.
Ça va devenir un modèle d'affaires et ça fait des... ça brise des vies.
Bien, son modèle d'affaires, justement,
parlons-en, c'est de faire des énormes pressions sur les locataires, et il se fait une spécialité des locataires vulnérables.
On parle ici des aînés, on parle ici de gens qui parfois ont des problèmes de
santé mentale, des gens malades, des gens
qui n'ont pas la force de se battre. Parce que, bien sûr, le droit du logement
est là, bien sûr, il y a des
organismes. Dans ma circonscription, il y a même une personne à temps plein qui
fait juste des cas de rénovictions, puis je vous dis qu'elle n'a pas le
temps de s'ennuyer, puis on est chanceux qu'elle soit là. Et on travaille bien, au bureau, avec cette ressource, mais il
reste que ce n'est pas suffisant, puis, des fois, on en échappe parce qu'il y
en a tellement.
Puis, quand
je vous dis, là, la force de se battre, on n'est pas tous égaux face à la loi.
Sur papier, bien sûr, la loi s'applique pour tout le monde, mais, dans
les faits, qui peut mobiliser le droit, qui peut avoir les ressources
financières, intellectuelles, conceptuelles
de mobiliser le droit du logement pour se défendre? Peu de personnes le font.
Peu le font déjà dans la classe moyenne et éduquée, donc on imagine,
quand on n'a pas nécessairement eu des études, qu'on n'a pas nécessairement un revenu, quand on n'a pas eu de
l'éducation citoyenne, quand on n'a pas eu de l'éducation à la défense
de droit, quelles sont nos capacités réelles de faire entendre nos droits. Ils
sont limités, et c'est un problème.
Puis la
situation est tellement grave que mon équipe, à chaque fois qu'on entend parler
d'un cas comme ça, qui est en cours ou qui s'en vient, on se dépêche, là, on
installe une affiche pour dire : Vous avez des droits, ne signez rien.
Puis, même si on fait ça, même si on fait ça rapidement, peu de temps
après l'achat de la bâtisse puis le passage du premier fier-à-bras, je dirais, du nouveau propriétaire, il est déjà souvent
trop tard, il y a déjà beaucoup de personnes qui ont signé. Et c'est
difficile, une fois que les personnes ont signé, de faire reculer et de le
faire appliquer, le droit de ne pas se faire rénovincer, comme on dit.
C'est
des histoires à briser le coeur. C'est des gens qui ont des problèmes de coeur,
notamment. Je pense à une dame en
particulier, elle a des problèmes de coeur puis elle nous a tout simplement
dit... elle a dit : Moi, M. le député, je n'ai juste pas l'énergie de me
battre, je l'ai signé, son papier. Puis, pour une bouchée de pain, bien, elle
perd son logement où il y avait un
loyer qui était somme toute intéressant dans le marché actuel. Vous connaissez
le marché actuel de l'immobilier qui est
très difficile. Elle n'a pas la santé. Alors, parce qu'elle a un historique
personnel de maladie, de pauvreté, elle, elle est pénalisée doublement. Elle a déjà à vivre avec son
historique puis ses défis puis, en plus, elle n'a pas la capacité de défendre
ses droits, contrairement à une personne, par exemple, qui aurait des études,
ou qui aurait les moyens financiers de se payer
un avocat, ou qui saurait où aller chercher de l'aide dans des groupes
communautaires et saurait à quel numéro appeler.
• (17 h 20) •
Donc,
c'est ça, la réalité, M. le Président, et ce n'est pas rare que j'en rencontre.
Je pense à une autre dame âgée qui s'est fait dire le plus sérieusement du
monde par le fier-à-bras du nouveau propriétaire que, si elle ne signait pas,
puis si elle ne signait pas tout de suite,
un montant dérisoire, bien entendu, pour accepter de s'en aller, bien, on la
traînerait devant les tribunaux, puis que ça ne servirait à rien qu'elle
résiste parce que, de toute façon, elle allait perdre puis que la
conclusion était déjà écrite. Bien, pour une
personne qui n'a pas de connaissance juridique, qui n'a pas de littératie
juridique, imaginez se faire dire ça par quelqu'un qui débarque avec son
complet-cravate, son papier, puis dit : Non, non, voici ma lettre
officielle, puis vous signez, puis c'est tout, puis, sinon, je vous amène au
tribunal. Imaginez comment votre monde
s'effondre. Imaginez comment votre petit quotidien, où vous essayez de vous en
sortir, jour le jour, vient de prendre une complète tournure.
Alors,
c'est ça, la réalité. Je ne sais pas à quel point la CAQ en est consciente,
mais son projet de loi ne fait rien pour changer cette réalité-là. Et ma
collègue le disait précédemment, on parle beaucoup d'itinérance dans les
derniers jours. Il y a eu un gros sommet avec les municipalités. Elles font
bien, les municipalités, de mettre de la pression sur le gouvernement, parce que le gouvernement n'en fait
pas assez sur le dossier d'itinérance. Et plus il ignore la crise du logement,
plus il génère indirectement de
l'itinérance. Alors, il y a comme un chien qui se mord la queue ici. Si le
gouvernement veut être efficace sur
le dossier de l'itinérance, il devrait être efficace sur le dossier du
logement, et ce n'est pas ce qu'on observe, et ce n'est certainement pas
ce que le projet de loi n° 31 fait.
Réduire les
évictions, ça devrait être ça, l'objectif de la ministre. Ça devrait être ça,
l'objectif du gouvernement, tout mettre en
oeuvre, à travers son projet de loi, mais à travers d'autres formes
d'interventions gouvernementales, pour réduire les évictions, les
rénovictions. Il y en a tellement, c'est un fléau.
Moi,
je suis... j'ai été élu, M. le Président, en 2018. C'était assez rare, là, les
phénomènes des rénovations à l'époque, on en avait très rarement. Puis
là, comme je vous ai dit tantôt, on en a presque un par semaine. Puis ce n'est
pas des petits, là, c'est des gros blocs.
Alors, il y a vraiment une opération hostile en ce moment, en tout cas dans mon
quartier, puis c'est ce que j'entends
d'autres collègues. Mais visiblement, ils se sont passé le mot, puis ils se
disent qu'il y a une piastre à faire dans Hochelaga-Maisonneuve, puis
ils la font, là.
Mais
je déplore que le projet de loi de la CAQ ne va pas assez loin sur ce
dossier-là. Il y aurait moyen d'être pas mal plus sévère, il y aurait le moyen
de serrer la vis beaucoup plus auprès de ces propriétaires-là pour casser le
modèle d'affaires qui est en cours et
qui brise des vies, des vies de gens réels, des gens qui souffrent, des gens
qu'on est bien démunis d'aider dans nos bureaux de circonscription. On
leur donne de l'information juridique, on les accompagne.
L'autre
jour, M. le Président, il y avait eu une rénovation en même temps qu'un
incendie dans un bloc. Méchante journée,
vous imaginez. Et c'était la folie. Il y avait... Des gens étaient dans la rue,
c'était sur Sainte-Catherine, c'était un soleil de plomb. Ils n'avaient pas de nourriture, ils ne savaient pas où
s'en aller. On est allés chercher le chapiteau. On a un chapiteau, un petit chapiteau, on a une petite
tente pour les ventes trottoir, là, sur Ontario. On est allés chercher ça au
bureau, on a installé ça au moins pour ne pas qu'ils cuisent au soleil.
On est allés chercher des sandwichs. Je veux dire, on était comme dans les besoins de base parce qu'on n'est
pas capables de répondre à la situation. Avec les outils actuels que nous
offre le gouvernement, ça ne fonctionne pas.
Le régime actuel va générer plus d'itinérance, plus de pauvreté, plus de
souffrance, plus de détresse psychologique.
Alors, il est encore
temps, je pense, pour la ministre, pour le gouvernement, d'entendre cet
appel-là, de reculer notamment sur l'abolition de la cession de bail, d'être
pas mal plus sévère sur le dossier des rénovictions. Ma collègue de Sherbrooke parlait, il y a quelques instants,
de rajouter des amendements pour mettre en place l'actualisation, la mise
à niveau de la loi Françoise David pour les
aînés. Je pense que c'est un incontournable de ce débat-là. Je suis déçu qu'on
n'en parle pas davantage, d'ailleurs.
Alors,
il y a plein de choses qui sont disponibles dans le coffre à outils de la
ministre pour sortir de cet exercice-là avec la volonté et la réalité d'avoir fait un changement positif dans la
société pour le droit au logement, et ce n'est pas ce que j'observe à ce moment-ci. Mais, en politique,
on est toujours le verre à moitié plein, M. le Président, alors on espère que
ce sera la même chose de leur côté, qu'ils feront des amendements ou qu'ils
accepteront certains de nos amendements pour aller dans le sens de moins de précarité, moins de violence
psychologique auprès de nos concitoyens. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Y a-t-il d'autres
interventions? Alors, je n'en vois pas.
Mise
aux voix
Alors,
le principe du projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, est-il adopté? Adopté? Adopté, oui?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. Alors, M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
Renvoi
à la Commission de l'aménagement du territoire
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demande donc... Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le projet de loi n° 31, la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, soit déféré à la Commission de l'aménagement du
territoire pour son étude détaillée et que la ministre responsable de
l'Habitation soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Pour
la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais de bien vouloir suspendre nos travaux jusqu'à la tenue des
débats de fin de séance, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, les travaux sont suspendus jusqu'à
18 h 30 pour permettre la tenue du débat de fin de séance
annoncé précédemment.
(Suspension de la séance à 17 h 27)
(Reprise à 18 h 28)
Débats de fin de séance
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de séance. Ce débat portera sur
une question adressée par Mme la députée de Robert-Baldwin à M. le ministre
responsable des Services sociaux concernant l'exode des intervenants en DPJ qui
compromet la livraison des services.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et le député ou la députée a ensuite droit à une
réplique de deux minutes.
Mme la députée de Robert Baldwin, je vous cède
donc la parole pour une durée de cinq minutes.
Pénurie de main-d'oeuvre dans
le réseau de la protection de la jeunesse
Mme Brigitte B. Garceau
Mme
Garceau : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous, M.
le ministre, d'être ici en mode écoute concernant notre... la question,
le débat de fin de séance.
Le constat du
Protecteur du citoyen, M. le ministre, concernant l'exode important au
niveau du personnel de la DPJ, c'est
très hautement préoccupant, et je voulais commencer à citer dans le rapport
annuel du Protecteur du citoyen l'aspect concernant la DPJ : «L'exode du personnel a été particulièrement
marqué dans le secteur de la protection de la jeunesse, où des intervenants étaient soumis à un environnement
professionnel hautement exigeant, à une charge de travail trop lourde, à une supervision insuffisante ainsi qu'à une
pression sociale et médiatique parfois difficile à supporter. C'est ainsi que
plusieurs intervenants d'expérience ont
quitté les rangs de la direction de la protection de la jeunesse pour des
postes moins contraignants. Ces départs ont eu comme conséquence de
priver les équipes de leur précieuse expertise.»
• (18 h 30) •
Et ces
départs, M. le ministre, sont aussi... ont aussi eu des conséquences, des
répercussions partout dans le système de
la protection de la jeunesse, incluant le système judiciaire, et à un tel point
que, comme vous le savez, la bâtonnière du Barreau du Québec, le 21 juillet, vous a transmis une lettre, et
avec l'objet «Urgence d'agir en protection de la jeunesse». Me Claveau constate que «le manque criant de
services sociaux offerts aux enfants faisait l'objet d'une intervention de
la DPJ qui empêche une intervention sociale
complète et cohérente qui permet de faire une évaluation juste de leur
situation et de leurs besoins. Un
nombre suffisant de ressources de première ligne éviterait que certains enfants
se retrouvent en besoin de la
protection de la jeunesse et pourrait évidemment éviter que ces dossiers se
retrouvent devant les tribunaux.» Me Claveau constate que «l'enjeu du manque de services et de ressources en
protection de la jeunesse est systémique et répandu au Québec. Le manque de ressources a pour effet même
de créer des situations de lésion de droits pour les enfants.» C'est assez,
quand même, important, significatif comme remarque.
Combien
d'articles, M. le Président, dans les dernières semaines ont révélé que la DPJ
vit une crise sans précédent, 136 000 signalements,
43 000 signalements retenus?
Vous n'avez
pas répondu, M. le ministre, à l'appel de la bâtonnière du Québec, à son cri du
coeur, une bâtonnière qui souhaite
collaborer avec vous pour trouver des solutions à cette crise sans précédent.
Et il faut reconnaître qu'au coeur de cette crise c'est
la pénurie de main-d'oeuvre, une pénurie de main-d'oeuvre dans le sens de
recrutement de personnel, mais aussi au niveau de la rétention de
personnel, et ce sont des problèmes... Ce n'est pas des problèmes récents, ça remonte même avant la pandémie, commission
Laurent, on avait fait état de cette situation des conditions de travail, des
conditions de travail des intervenantes, la surcharge, surtout, des
intervenants et des intervenantes qui doivent faire des évaluations, et le manque d'équilibre dans leurs dossiers, que ce soient
certains intervenants ou intervenantes qui ont des dossiers plus lourds, plus
complexes que d'autres, et, à un moment donné, ils sont à bout de souffle, ils
travaillent des heures innombrables,
et ça fait en sorte que le personnel qui a de l'expérience... Et ça, c'est très
important à retenir, parce que, là, les gens qui quittent le réseau, c'est nos
mentors, c'est les hommes et les femmes qui vont pouvoir superviser les jeunes
intervenants, les intervenantes, pour ne pas qu'on se retrouve dans une
situation qui a aussi fait partie d'une plainte au Protecteur du citoyen concernant
une situation de violence conjugale, quand l'intervenante n'avait même pas été
formée en violence conjugale.
Et donc...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
Mme Garceau : En terminant. Et donc,
en terminant, on avait Mme Lemay qui avait parlé d'un plan d'action il y a
deux ans, et j'aimerais savoir, au niveau du recrutement...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci.
Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Avant de
céder la parole à M. le ministre responsable des Services sociaux, petit
rappel, il faut toujours s'adresser à la présidence. Mais, pour le
reste, j'ai laissé le débat, ça se déroulait bien.
Alors, je
cède maintenant la parole à M. le ministre responsable des Services sociaux
pour une durée de cinq minutes.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Puis je tiens à remercier la députée de Robert-Baldwin pour sa
question puis pour le ton, aussi, de la question et de son discours. Puis je
suis d'accord avec elle qu'il y a un enjeu d'exode à la DPJ, surtout de nos plus anciens intervenants, mais, tu
sais, il faut dire, là, sans vouloir chercher d'excuses, que l'exode est dû
au fait qu'en 2015, quand on a réorganisé le
réseau, la mobilité est devenue quelque chose de disponible pour tout le monde,
et plusieurs ont décidé d'aller... de quitter les centres jeunesse auxquels ils
étaient affiliés pour aller vers le réseau de première ligne.
Bon,
maintenant, nous, notre stratégie, face à cette problématique de la DPJ et de
la surcharge de travail, comme elle
l'a bien nommé, c'est vraiment de diminuer l'influx de patients en amont, M. le
Président. Tu sais, ce qu'il faut voir, là, c'est qu'il y a
136 000 signalements qui ont été faits à la DPJ, seulement
40 000, à peu près, ou 43 000 ont été retenus. Ça, ça veut dire qu'il y a plus de
90 000 signalements qui auraient pu être redirigés vers d'autres
ressources, M. le Président. Puis,
parmi ces 40 000 signalements là, bon, il y en a un certain nombre
qui sont placés, et surtout, parmi ces 40 000 là, il y en a seulement 10 000 qui sont de
priorité 1 ou 2, abus sexuel, abus physique, négligence extrême. Donc, il
y en a encore un 30 000, parmi
les signalements qui sont retenus, qui sont des situations chroniques ou des
situations non urgentes, et, là encore, la première ligne peut agir.
Donc, moi,
quand je suis arrivé en 2018, là, avant même le drame de 2019, nous, notre but,
c'était de rehausser la première
ligne jeunesse. Et on a réussi à rehausser la première ligne jeunesse, parce
que, quand on regarde les courbes de recrutement année après année, on
augmente notre personnel année après année. Puis, en tout, on avait augmenté de
plus de 2 000 intervenants en
services sociaux, incluant 500 seulement à la DPJ, mais, comme madame... comme
la députée... Mme la députée de
Robert-Baldwin l'a dit, une intervenante d'expérience fait plus de dossiers
qu'une jeune intervenante, et ça, il faut le considérer.
Mais, encore une fois, revenons sur la stratégie
de prévention et d'agir en amont. Agir tôt, M. le Président, ça, ça prévient
les retards de développement, les troubles d'apprentissage. Moi, j'ai visité je
ne sais pas combien de centres jeunesse, M.
le Président, ces centres jeunesse, là, qui sont remplis de jeunes qui sont là
pour des troubles de comportement, mais,
quand je leur parle, c'est clairement des jeunes qui ont des problématiques de
langage qui n'ont pas été prises en charge à temps. Des troubles de
langage qui deviennent des troubles de comportement, qui deviennent du
décrochage scolaire, c'est l'histoire
classique. Puis ça, avec Agir tôt, M. le Président, on va casser ce cycle-là,
ce cycle... ce qu'on appelle de la défavorisation générationnelle, M. le
Président. Ça, ça se transmet de parents à enfants, à petits-enfants, les
troubles d'apprentissage. Donc, nous, ce qu'on veut avec l'intervention
précoce, c'est briser ce cycle-là.
Ensuite, on a
rehaussé tous les programmes en amont, le programme SIPPE pour le soutien des
femmes enceintes. On a mis sur pied
l'avis de grossesse informatisé, qui permet de détecter 40 000 femmes
à risque de problématiques et d'intervenir avant. On a ajouté un
programme pour soutenir la parentalité, qui s'appelle Alliance dans certains
endroits, ailleurs d'une autre... dans
d'autres endroits. On a rehaussé un programme de crise pour les jeunes
adolescents qui ont des problèmes de comportement, qui, lorsqu'on se présente à
l'urgence, ne peuvent pas être gardés en psychiatrie, s'en vont en centre
jeunesse, M. le Président. Donc, on agit beaucoup sur les programmes, en amont,
puis nous, on pense que, sincèrement, c'est la solution.
Puis, même
dans la façon d'agir de la DPJ, on a changé les choses. Maintenant, la
rétention, traitement des signalements,
quand on pense que le signalement peut être pris en charge par la première
ligne, bien, il y a des interventions en
duo qui se font. Comme ça, si le parent est prêt à collaborer, eh bien, il
pourrait être pris en charge par la première ligne, M. le Président.
Puis, oui, on a fait des
changements importants également, au niveau législatif, pour mettre l'enfant au
centre de la Loi de la protection de la
jeunesse. Et ces changements ont été si importants qu'on a mis une formation en
ligne pour tous les intervenants du réseau, et tous ont eu cette formation,
avec, quand même, des délais relativement restreints, mais tous ont
participé à cette formation, puis on en est très, très fiers.
Puis, pour
venir consolider cette formation, bien, ce vendredi, on organise une... le
retour de ce qu'on appelait avant la
journée des centres jeunesse, où ça va être vraiment la journée de formation
gérée par la directrice nationale de la protection de la jeunesse, où il va y
avoir des formations sur tous les plans de la protection de la jeunesse,
incluant la violence conjugale. Et, encore une fois, j'invite avec
plaisir...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
M. Carmant : ...la députée de Robert-Baldwin.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre responsable des
Services sociaux. Et je cède maintenant la parole, pour son droit de
réplique de deux minutes, à Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
(réplique)
Mme
Garceau : Merci. Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. Et je remercie M. le ministre pour
son invitation à assister à la formation ce vendredi.
J'ai deux
points à soulever. Parce que, oui, M. le ministre a parlé de programmes, c'est
important, évidemment, compte tenu des besoins des familles et des enfants,
d'avoir, de mettre en place des programmes qui sont concrets, qui vont pouvoir
répondre aux besoins. Mais, je reviens, ça ne répond pas à la question de
l'exode au niveau de la pénurie de main-d'oeuvre dont le système fait face
aujourd'hui.
• (18 h 40) •
Et je reviens
à la nomination de Mme Lemay, au mois de mars 2021, et surtout à une
entrevue qu'elle a donnée au mois d'avril 2021, suite à sa nomination,
concernant une de ses priorités à titre de directrice nationale. Et je la cite,
et là c'est en 2021, donc il y a deux ans :
«Les équipes
devront aussi être renflouées, ajoute-t-elle. "On a une pénurie. On a des
défis importants à répondre, mais la quantité de personnel est
insuffisante."
«Catherine
Lemay s'engage à mettre sur pied sa propre stratégie nationale pour répondre
aux enjeux de main-d'oeuvre.»
Et j'aimerais
un engagement de M. le ministre concernant ce fameux plan national d'action de
recrutement, quelles mesures concrètes ont été mises en place pour le
recrutement de personnel. Et j'aimerais savoir également, à titre d'engagement,
on en a recruté, il y a eu un exode, mais, en ce moment, on a besoin de
combien...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : En
terminant.
Mme
Garceau : ...de personnes pour répondre aux besoins et à toutes
les demandes de notre population en matière de protection...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 27 septembre 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 42)