(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Bon mercredi matin, chers
collègues. Je vous invite à vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors, nous
en sommes à la rubrique Déclarations de députés, et cette première déclaration,
aujourd'hui, sera celle de M. le député de Beauce-Sud.
Rendre
hommage à M. Clément Bédard, fondateur
du marché Les Pères Nature
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Je tiens à rendre hommage, aujourd'hui, à un
entrepreneur important de la Beauce
qui nous a quittés l'été dernier, M. Clément Bédard, un entrepreneur,
évidemment, bien connu et fondateur des Pères Nature, que l'on retrouve
du côté de Saint-Georges et de Sainte-Marie de Beauce.
M. Bédard,
on va le dire, était un précurseur, un homme extraordinaire, visionnaire, qui a
démarré ces grands marchés en Beauce
avec l'optique d'offrir des produits frais aux Beaucerons à tous les jours.
Avec les années, Les Pères Nature, avec ses différents restaurants, est
devenu une véritable institution. À chaque fois qu'un visiteur vient en Beauce,
je l'amène, évidemment, aux Pères Nature.
M. Bédard
était un homme de caractère, libre d'esprit, oui, je l'ai dit, visionnaire,
mais également rassembleur pour amener,
évidemment, Les Pères Nature le plus loin possible. Je sais qu'il transmet à
ses enfants, qui sont les gestionnaires, présentement, du Pères Nature,
ses valeurs.
Alors, mes
sympathies, évidemment, à la famille Bédard, à l'équipe des Pères Nature. Et,
je sais, d'où il est, il va continuer à nous enseigner de bien manger.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Beauce-Sud. La prochaine déclaration sera celle de Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner
le succès de la Fête interculturelle NDG
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je suis fière de souligner le grand succès de la Fête
interculturelle de Notre-Dame-de-Grâce 2023,
qui fait de NDG un quartier qui est si extraordinaire, une communauté forte où
les nouveaux arrivants du monde entier sont accueillis à bras ouverts.
The NDG Intercultural Festival is an
event where we celebrate diversity and inclusion, two of my most closely held
values. We are made stronger, not weaker, because of our diversity, something I
believe could be true for every community across
Québec.
En terminant, j'ai été heureuse de participer et
d'admirer sur place les différentes représentations de danse et de chant. Et je tiens à remercier surtout Bienvenue à
NDG, la Table interculturelle NDG et le Conseil communautaire NDG pour
l'organisation d'un événement si rassembleur et extraordinaire. Merci. Et
bravo!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et nous poursuivons avec M. le député de
Joliette.
Souligner
le 30e anniversaire de l'organisme Moisson Lanaudière
M. François
St-Louis
M. St-Louis : Merci,
M. le Président. Par les temps qui courent, le mot «inflation» est sur toutes
les lèvres, une réalité économique
qui frappe durement l'ensemble de notre société et, du même coup, des milliers
de citoyennes et citoyens de la circonscription de Joliette.
M. le
Président, 2023 marque le 30e anniversaire de Moisson Lanaudière, et je
tiens à souligner en cette Chambre la contribution d'un organisme des
plus importants pour la région et pour notre circonscription.
Installé à
Joliette depuis sa fondation, Moisson Lanaudière répond à 111 000 demandes
mensuellement, distribue plus de 2
millions de kilos de denrées par année, ce qui représente une valeur de 18
millions de dollars année après année. Tout cela est possible grâce
au travail indispensable de dizaines de bénévoles dévoués.
J'aimerais
féliciter et surtout remercier tous les membres du conseil d'administration
ainsi que toute l'équipe qui entoure
Mme Céline Gauthier, directrice générale de l'organisme. Un immense merci
à tous ceux qui se sont impliqués de près ou de loin depuis maintenant
30 ans.
Longue vie à
Moisson Lanaudière! Merci d'être un acteur important dans notre circonscription
et de faire la différence. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Joliette. La prochaine déclaration sera celle de M. le député
de Gouin.
Saluer
le courage et la détermination de Mme Maureen Vachon
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. J'aimerais saluer aujourd'hui le courage et la détermination
d'une citoyenne de ma circonscription, Maureen Vachon.
Le 19 mars
2019, à 48 ans, Maureen a appris qu'elle était atteinte d'un cancer
métastatique de stade 4. Après une cinquantaine
de traitements qui n'ont pas fonctionné ou, en tout cas, fonctionné
partiellement, elle a décidé de les arrêter et de se trouver, et je la cite, un beau projet de fin de vie. C'est un
projet fou : marcher 1 250 kilomètres du Chemin du Québec, qui va de
Montréal à Cap-Gaspé, aller-retour. Elle a tout vendu ce qu'elle possède, elle
a quitté son domicile le 24 avril dernier,
et vendredi la semaine passée, 2 500 kilomètres plus tard, elle a
finalement accompli cette impressionnante aventure. C'est une marche qu'elle a fait pour elle, bien
sûr, pour se sentir, je la cite, libre et en santé, mais surtout elle l'a fait
pour recueillir des dons pour la Maison de soins palliatifs
Saint-Raphaël, où elle a décidé de terminer ses jours.
Maureen, votre énergie et votre détermination
sont une inspiration pour moi, pour tout le Québec. Toutes mes félicitations,
toutes nos félicitations pour cet accomplissement exceptionnel!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Gouin. La prochaine déclaration sera celle de Mme la députée
de Saint-François.
Rendre
hommage à Mme Lisette Lahaie pour son
engagement social et communautaire
Mme Geneviève
Hébert
Mme Hébert : M. le
Président, née à Coaticook en 1933, Mme Lisette Lahaie fait rayonner
Brompton depuis qu'elle s'y est installée, en 1956.
Ses engagements sont innombrables. À son arrivée
à Brompton, elle épouse son mari, chef de police chargé de restructurer certains services, dont celui des pompiers. À
45 ans, mère de trois enfants, elle entame des études en rédaction et en communication à l'Université de Sherbrooke.
À partir de 48 ans, elle visite une cinquantaine de pays. À 60 ans,
elle devient directrice du HLM, poste
qu'elle occupera jusqu'à l'âge de 72 ans. À 90 ans, elle est encore
chroniqueuse dans le journal local,
coordonnatrice et responsable des communications de la nanobrasserie,
présidente du comité du patrimoine et animatrice de l'assemblée générale
de La Maison des jeunes.
Ses
nombreuses occupations la gardent vibrante. Ce qui est certain, c'est que, si
vous entendez parler de quelque chose
qui se déroule à Brompton, c'est presque impossible que Mme Lahaie n'y ait
pas contribué d'une manière ou d'une autre.
Félicitations! Bravo pour votre engagement,
Mme Lahaie! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Saint-François. Et je reconnais maintenant M. le député de
Jean-Lesage pour sa déclaration.
Inviter les parlementaires à constater l'état d'urgence
climatique
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : On
est en septembre 2023, les trois mois que nous venons de vivre ont été les plus
chauds depuis le début de l'histoire
de l'humanité. Cet été, le Québec a vu partir en fumée plus d'arbres qu'il n'en
faut pour recouvrir la superficie du
Costa Rica. Nous avons vécu notre mois de juin le plus sec des
100 dernières années. Des quantités de pluie records se sont
abattues au Québec en juillet. Certains cultivateurs ont perdu jusqu'à
75 % de leurs récoltes.
La semaine
dernière, l'ONU a déclaré que l'effondrement climatique a commencé. Pendant ce
temps, le Canada devient un des leaders
mondiaux de l'expansion du secteur pétrolier et gazier. Le gouvernement
québécois s'y soumet et consent à ce que notre argent serve à
subventionner l'industrie pétrolière et la destruction de notre planète.
Chers
collègues députés, si ce que je viens de vous lire ne vous donne pas froid dans
le dos et que ça vous engourdit, je vous invite à plonger en vous-même
et à laisser fleurir le sentiment d'urgence que la situation impose.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Jean-Lesage. Nous poursuivons, pour la prochaine déclaration,
avec M. le député de Jonquière.
Rendre hommage au groupe de musique Voïvod
M. Yannick
Gagnon
M. Gagnon : Merci, M. le
Président. Vous savez, M. le Président, l'ensemble des collègues sont fiers de
leur circonscription. On a tous des fiertés et des richesses, et, quand on les
accumule, c'est ce qui fait la beauté du Québec.
Mais
aujourd'hui je veux prendre parole ici, M. le Président, pour sensibiliser mes
collègues à une fierté de Jonquière, oui,
mais une fierté qui nous fait rayonner à l'international. Attention, M. le
Président, ce n'est rien de moins, cette fierté, que la Céline Dion du métal à l'international. Je parle ici d'un groupe
international qui a pris naissance à Jonquière en 1983.
Malgré leur
popularité, comme je le mentionne, internationale, ils n'oublient pas leur
Jonquière. Merci à ce groupe, malgré
la popularité, de continuer à jouer à Jonquière en musique, malgré... à ce
groupe de demeurer présent cet été à Kénogami en fête. Ce groupe-là, merci
à ce groupe de demeurer accessible.
Le 19 août dernier, j'ai remis la médaille
du député à un groupe international mais de Jonquière, Voïvod.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Et nous poursuivons avec Mme la députée de Hull.
Souligner
le 45e anniversaire de la Ligue de fers Molson de Gatineau
Mme Suzanne
Tremblay
Mme Tremblay : Bonjour,
M. le Président. J'aimerais aujourd'hui souligner le 45e anniversaire de
la Ligue de fers de Gatineau.
En 1977, Michel Massie et Pierre Dupéré ont
fondé la Ligue de fers, qui ne comptait au départ que huit joueurs. 45 ans plus tard, ce sont des amateurs de
partout en Outaouais qui se réunissent pendant la période estivale au parc
Saint-Jean dans une atmosphère
amicale, chaleureuse et de franche camaraderie. J'ai d'ailleurs eu le bonheur
de partager quelques parties avec eux et j'ai pu constater le grand
plaisir qui y règne.
La longévité
de leur organisation témoigne du véritable sentiment d'appartenance qu'ils ont
su créer au fil des ans. Vous avez
non seulement créé un espace pour s'amuser et socialiser, mais vous contribuez
à briser l'isolement et à construire des amitiés.
En terminant,
j'aimerais saluer le président actuel, Jean Marcil, et tous les membres de la
Ligue de fers de Gatineau. Bon 45e anniversaire! Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Hull. Et nous poursuivons avec M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner
le 35e anniversaire de l'organisme Alphabeille Vanier
M. Mario
Asselin
M. Asselin : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, aujourd'hui, c'est avec un grand plaisir que
je tiens à souligner le 35e anniversaire d'un organisme de
Vanier-Les Rivières qui se nomme Alphabeille Vanier.
Alphabeille — c'est
un beau nom, quand même, avouez-le — a
pour mission d'offrir une démarche d'alphabétisation populaire aux
résidents du secteur, le tout en misant sur l'entraide des participants. Pour y
arriver, l'organisme organise souvent des
ateliers en lecture, écriture, en calcul et aussi en informatique. Alors, de
nos jours, ces éléments sont essentiels, et la contribution de chacun
reste déterminante pour les utilisateurs.
Je tiens à
saluer toute l'équipe d'Alphabeille Vanier et les remercier pour l'important
travail qu'ils font depuis 35 ans, soit d'aider à l'alphabétisation
de notre communauté.
Bon anniversaire, Alphabeille Vanier!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Vanier-Les Rivières. Et nous poursuivons avec M. le
député de Saint-Jean.
Rendre
hommage à Mme Danielle Francoeur, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M.
le Président, Saint-Jean-sur-Richelieu a vécu, à la mi-août, la
40e édition de ce grand festival qu'est L'International de montgolfières. On pourrait, comme pas mal tout le
monde cet été, se plaindre des aléas de dame Nature, mais le fait est que ce fut l'occasion pour les
gens de chez nous de se réapproprier ce symbole universel qui est devenu notre
marque de commerce.
J'ai profité
de cette édition anniversaire pour souligner l'importance de la grande famille
des aérostiers de chez nous et
d'ailleurs en remettant une médaille du député de l'Assemblée nationale à une
des premières femmes pilotes, qui est d'ailleurs
citée dans La féerie des montgolfières au Québec, un très beau livre
paru en 2000 et signé par Hélène Viens. Cette
pilote de nos débuts, qui vole toujours, disait à l'époque, et je cite :
«Une montgolfière, c'est doux, calme, gracieux, plein de belles
couleurs, on dirait que c'est fait pour les femmes.» Fin de la citation. Que
dire? Wow!
Merci,
Danielle Francoeur, d'avoir été une vraie pionnière du ciel. Et longue vie à
L'International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, la
capitale de la montgolfière!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Jean. La prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Saint-Jérôme.
Souligner la tenue du Salon des aînés de Saint-Jérôme
M. Youri Chassin
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, ce samedi, le 16 septembre, aura
lieu un événement dont on est très fiers, un événement annuel qui se
tient à Saint-Jérôme, le Salon des aînés, qui se tient au Quartier 50+.
C'est
le moment, évidemment, où les aînés sont mis à l'honneur, où on découvre toutes
sortes de services qui sont offerts
et aussi où on reçoit, à travers des conférences, à travers toutes sortes
d'événements, plusieurs invités, plusieurs artistes chouchous des
Québécois. Il y a Geneviève Schmidt, qui est porte-parole, et Marie-Claude
Barrette, qui a pris part aussi au
lancement, la grande Béatrice Picard, qui a la cause des aînés à coeur depuis
très longtemps et qui est, évidemment, la marraine de cette édition.
Alors,
M. le Président, je tiens à féliciter tous les partenaires sans qui l'événement
n'aurait pas été possible, Guillaume Nadon, toute l'équipe du Salon des
aînés, et je nous souhaite aussi de prendre soin de nos aînés.
Bon Salon des aînés à
tous!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Jérôme. Et la dernière déclaration de
cette rubrique sera celle de Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner
l'importance des médias locaux
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci, M. le Président.
Étant moi-même une ancienne journaliste, je prends la parole, ce matin,
en solidarité avec nos médias locaux.
On
a tous entendu parler de la décision de Meta, qui bloque maintenant la
diffusion d'articles journalistiques sur les réseaux sociaux comme Facebook.
Nos médias ont donc accès à beaucoup moins de visibilité. Il est urgent que les
citoyens et les citoyennes revoient leur
manière de s'informer et s'habituent à consulter directement les sites de nos
médias traditionnels.
Nos
médias sont tellement importants, surtout dans les plus petites communautés
comme la nôtre. On l'a vu lors des inondations de Baie-Saint-Paul, devant une
tragédie sans nom, des milliers de Charlevoisiens solidaires étaient collés
à leurs radios pour avoir les dernières
informations et dévoraient les journaux. On ne s'en rend pas toujours compte,
mais, lorsqu'il y a des tempêtes de
neige, lorsque les routes sont bloquées, que les écoles sont fermées, quand une
députée comme moi fait des annonces,
ce sont nos médias locaux qui relaient l'information. Ils sont professionnels,
rigoureux, passionnés, et leur travail mérite d'être souligné. Je prends
donc ce temps pour leur dire merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06
)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence
des boursiers de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant
Alors, j'ai le
plaisir de souligner la présence des nouvelles boursières et nouveaux boursiers
de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, qui sont ici. Ils auront l'occasion de
travailler en alternance auprès des députés du groupe ministériel et des groupes d'opposition dans le cadre de leur stage de
10 mois à l'Assemblée nationale. Alors, ce stage, ce programme s'inscrit
dans la mission éducative de l'Assemblée nationale du Québec en offrant à ces
jeunes une occasion de plonger au
coeur de l'activité parlementaire, et ce, sur une base quotidienne, pour
10 mois. Alors, je vous souhaite de profiter pleinement de cette
expérience.
Nous allons
poursuivre les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet
de loi n° 33
La Présidente :
À l'article a du feuilleton,
Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente
du Conseil du trésor présente le projet de loi n° 33, Loi concernant les conventions collectives des
constables spéciaux et des gardes du corps du gouvernement du Québec.
Mme la ministre.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme
la Présidente. Effectivement, je
présente aujourd'hui le projet de loi n° 33, qui est la Loi concernant les conventions collectives
des constables spéciaux et des gardes du corps du gouvernement du Québec.
Ce
projet de loi permet que la convention collective des constables spéciaux et
celle des gardes du corps du gouvernement du Québec soit d'une durée excédant
celle de trois ans qui est prévue à l'article 111.1 du Code du travail,
à la condition que la première convention
expire au plus tard le 31 mars 2028 et que la seconde expire au plus
tard le 31 mars 2032.
Merci, Mme la
Présidente.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique
Dépôt de documents, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je dépose la réponse à la question
inscrite au feuilleton le 23 mai 2023 par le député d'Hochelaga-Maisonneuve et la réponse à la question inscrite au
feuilleton le 23 mai 2023 par la députée de Chomedey.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Saint-Laurent.
Modifier le Code municipal
du Québec afin de rendre obligatoire la
diffusion des informations relatives aux séances extraordinaires
Mme Rizqy : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 60 pétitionnaires, au nom de la
députée de Vaudreuil. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant la
volonté du gouvernement à intéresser les citoyens du Québec envers la politique
municipale;
«Considérant que le
gouvernement provincial incite les citoyens à se présenter lors des élections
générales municipales;
«Considérant
que certaines municipalités ont des administrations qui s'offrent les pleins
pouvoirs dans le but de ne pas publiciser les informations concernant
les séances publiques extraordinaires des conseils municipaux;
«Considérant
que le Code municipal du Québec ne contient aucune disposition prévoyant que
les administrations municipales
soient dans l'obligation d'informer les citoyens lors [...] d'une tenue d'une
séance extraordinaire de leur conseil municipal;
«Considérant que les
taux de participation lors des élections municipales sont de plus en plus bas;
«Considérant
que les citoyens sont en droit de s'attendre à un minimum de transparence de la
part de leur conseil municipal;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec d'instaurer une disposition dans le Code municipal
afin que les administrations municipales soient dans l'obligation de diffuser
dans les meilleurs délais les informations concernant les séances
extraordinaires demandées par le conseil municipal.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de
Jean-Lesage.
Accorder un soutien financier
temporaire aux familles en
attente d'une place en service de garde éducatif
M. Zanetti : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 7 067 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant
que le Québec connaît une pénurie de places en services de garde éducatifs à
l'enfance sans précédent depuis plusieurs années;
«Considérant
que des milliers de places en milieu familial ont été perdues entre 2018 et
2022, exacerbant la pénurie de places en services de garde éducatifs à
l'enfance dans les régions;
«Considérant que
plusieurs dizaines de milliers d'enfants — 33 356 selon les
derniers chiffres du ministère de la Famille — sont en attente d'une place
en service de garde sur La Place 0-5 partout au Québec;
«Considérant
que des dizaines de milliers de parents d'enfants en attente d'une place, et
principalement des mères, sont
contraints de renoncer à leur activité professionnelle et sont ainsi privés de
revenus au terme de leurs prestations du Régime québécois d'assurance
parentale — RQAP;
«Considérant
que le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance ne sera pas complété
avant plusieurs années et que des
milliers de parents devront renoncer à leur activité professionnelle et donc à
leurs revenus et [leur] indépendance financière dans le futur;
«Considérant
que le Québec connaît une crise inflationniste importante depuis plusieurs mois
exerçant une pression supplémentaire
sur la situation financière déjà fragilisée des parents en attente d'une place
en services de garde éducatifs à l'enfance;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de fournir un soutien
financier temporaire aux parents ayant dû renoncer à leur activité
professionnelle et laissés sans revenus faute de place en services de garde
éducatifs à l'enfance pour leurs enfants.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Retirer l'exception visant les chauffeurs d'autobus
scolaires de la Loi sur les normes du travail
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 047 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que
l'article 58 de la Loi sur les normes du travail stipule qu'un salarié qui
entre au travail a minimalement droit à une indemnité égale à trois heures
de son salaire horaire habituel;
«Considérant
que le même article fait une exception qui exclut et discrimine les
11 000 chauffeurs d'autobus scolaires du Québec, les privant
de ce droit fondamental;
«Considérant
que les chauffeurs d'autobus scolaires font normalement deux sorties par jour
et dépassent régulièrement les trois heures de travail à chaque
sortie;
«Considérant
que ces salariés sont assujettis à leur employeur 12 heures par jour afin
de répondre à toute urgence pendant les heures de classe;
«Considérant
que ce travail exige d'énormes responsabilités et des compétences reconnues qui
consistent à conduire, prendre soin et protéger la vie de jusqu'à
72 [élèves] dans des conditions souvent dangereuses;
«Considérant
que cette loi est la source première de très faibles salaires dans le métier et
qu'elle contribue largement à l'augmentation de la pénurie de
main-d'oeuvre;
«Considérant
que, le métier étant maintenant exercé par une majorité de femmes qui
travaillent pour des salaires très
modestes afin de faire vivre leurs familles, cette loi archaïque et sexiste
frappe directement les femmes parmi les plus démunies du Québec;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de modifier l'article 58
de la Loi sur les normes du travail pour éliminer l'exception qui vise
et discrimine les chauffeurs d'autobus scolaires.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de
Camille-Laurin.
Abandonner le projet de
prolongement du boulevard de
l'Assomption et de l'avenue Souligny, à Montréal
M. St-Pierre Plamondon : Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale signée par
3 771 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
l'urgence d'agir contre les changements climatiques et la nécessité de réduire
l'émission des gaz à effet de serre pour assurer un avenir viable;
«Considérant
qu'au Québec les véhicules routiers émettent plus du tiers des GES et que les
émissions provenant des transports routiers ont augmenté de plus de
59 % depuis 1990;
«Considérant
que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
recommande d'éviter d'élargir les routes existantes ou d'en construire des
nouvelles afin de ne pas ajouter de nouvelles sources d'émission de GES;
«Considérant
que ces prolongements routiers menacent les rares boisés et milieux humides
d'un secteur comptant parmi les plus
grands îlots de chaleur de l'île de Montréal, où le taux de canopée est de
4,7 % — comparativement
à 24 % dans l'ensemble de la
ville — et
allant à l'encontre des objectifs de protection de la biodiversité, essentielle
à la résilience des milieux urbains;
«Considérant
que l'ajout de nouvelles routes n'améliore pas les problèmes de congestion
routière, mais entraîne plutôt une hausse de la circulation;
«Considérant que ces
routes serviront principalement au port de Montréal et à Ray-Mont Logistiques,
situé à 100 mètres des résidences — contrairement
à la norme de 300 mètres — et
dont les nuisances affectent déjà la santé et la qualité de vie des
résidentes et [...] résidents;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'abandonner le projet de
prolongement du boulevard [l'Assomption] et de l'avenue Souligny dans la
circonscription [de] Camille-Laurin, à Montréal.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de
Taschereau.
Construire une piste multifonctionnelle sur le pont de Québec
M. Grandmont :
Mme la Présidente, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 197 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que,
selon la Communauté métropolitaine de Québec, les travaux de réaménagement du
pont de Québec représentent une fenêtre d'opportunité incontournable qui doit
être saisie afin de développer l'offre de mobilité active dans la région;
«Considérant
que le pont de Québec est un lien interrives stratégique pour les cyclistes et
les piétons et que le réseau cyclable est actuellement déficient;
«Considérant
qu'il faut miser sur des infrastructures modernes, sécuritaires et efficaces
pour favoriser l'utilisation du transport actif;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de prévoir un espace suffisant
pour accueillir une piste multifonctionnelle efficace assurant la
sécurité des piétons, des cyclistes et des autres usagers sur le pont de
Québec.»
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. Mme la députée de
D'Arcy-McGee.
Modifier les règles en matière d'adoption
internationale
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
145 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que le Québec est la seule province canadienne qui ne permet pas l'adoption
internationale aux États-Unis;
«Attendu que le
Secrétariat à l'adoption internationale a imposé des règlements contraignants
en matière d'adoption internationale;
«Attendu que des
interprétations des lois internationales ont été faites sans contrôle
gouvernemental;
«Attendu
que c'est le ministre responsable des Services sociaux qui établit les
règlements et la surveillance en matière d'adoption internationale;
«Attendu que les
personnes adoptées à l'étranger ne bénéficient pas des services de l'assurance
maladie ou des CLSC à leur arrivée au Canada en raison de l'ambiguïté de leur
statut;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au ministre responsable des Services sociaux :
«De modifier les
règles de l'adoption internationale afin de la rendre plus accessible aux
familles québécoises;
«Que
les familles qui réussissent à adopter à l'étranger puissent avoir accès aux
mêmes soins de santé que les parents naturels dès l'arrivée de l'enfant
au Québec.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orale, et je cède la
parole, pour sa question principale, au chef de l'opposition officielle.
Bilan des réalisations du gouvernement
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. La dernière
session parlementaire, nous avons pu démontrer, lors de cette session parlementaire, que le gouvernement est un
gouvernement brouillon, pas fiable. À l'aube de sa sixième année, le constat est implacable : ils sont
incapables de livrer. Avec la CAQ, ça craque de partout. Avec la CAQ, les
problèmes empirent. Avec la CAQ, Mme la Présidente, c'est le temps qui passe,
c'est le temps qu'on perd. Voilà ce qui définit bien la CAQ, qui, sur tous les enjeux quotidiens, il n'y a
aucune amélioration tangible dans la vie de nos concitoyens et de nos
concitoyennes.
L'enjeu
numéro un, le coût de la vie, assomme les Québécoises et Québécois, et le
gouvernement est incapable de mettre
en place des solutions qui fonctionnent. Pire, ils prennent les mauvaises
décisions, Mme la Présidente. Rappelez-vous le débat sur les tarifs d'Hydro-Québec. La CAQ avait l'idée de génie,
puis le premier ministre défendait ça, de lier les tarifs d'Hydro-Québec
avec le taux d'inflation. Le premier ministre, grand visionnaire, disait à
l'époque... à notre collègue Carlos Leitão, qui avait
dit : Faites attention, il y a un concept qui existe qui s'appelle
l'inflation, le premier ministre lui répond : «Je ne sais pas sur
quelle planète il vit.»
«...nous, on pense
[...] qu'on ne verra plus ça, des années d'inflation de 5 %, 6 %...» Bien,
l'inflation, en 2022, c'était 6,7 %.
Encore une fois,
incapable de livrer. Le temps qui passe, le temps qu'on perd.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Je ne sais pas si demain ça va être en
chantant qu'on va avoir la question du chef de l'opposition officielle.
Je sais qu'il aime les karaokés.
Écoutez, 15 ans
libéral, je pense que c'est important de le rappeler, 15 ans libéral, qu'est-ce
qu'on a eu pendant ces 15 années
libérales? Bien, des taxes scolaires, là, qui pouvaient varier du simple au
double d'une région à l'autre. On a réglé le problème libéral.
Rappelez-vous aussi
la taxe libérale sur les garderies, hein? On a demandé à la classe moyenne de
payer plus. Qu'est-ce qu'a fait le gouvernement de la CAQ? Bien, on a aboli
cette taxe libérale sur les garderies.
• (10 h 20) •
Maintenant,
Hydro-Québec. Mme la Présidente, à plusieurs reprises, pendant les
15 années libérales, les augmentations
de tarifs chez Hydro-Québec ont été supérieures à l'inflation, ce qui est
inacceptable, Mme la Présidente, parce
que, on le sait, l'inflation, ça ressemble un peu à l'augmentation des moyens
des Québécois. Or, le gouvernement libéral a augmenté de plus que l'inflation
les tarifs d'Hydro-Québec. Qu'est-ce qu'on a fait, le gouvernement de la CAQ?
On a limité les augmentations. D'abord, il y
a eu une année où on a remis 500 millions, puis on a gelé les tarifs.
Donc, ça, ça a eu un impact sur toutes les années suivantes. Après, Mme
la Présidente, on a dit : Plus jamais ce ne sera plus que l'inflation.
Puis, étant donné qu'il y a une inflation exceptionnelle, on a dit : Pas
plus que 3 %.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Donc,
Mme la Présidente, moi, je suis prêt à comparer notre bilan avec celui des
libéraux...
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, on s'en rappelle tous, j'étais
là, ils étaient là, ils déchiraient leurs chemises sur les trop-perçus d'Hydro-Québec. Ils
disaient : C'est épouvantable. Il y a une pétition qui avait été signée.
Puis notre collègue ici, à ma droite, le disait, défendait... puis lui, au
pouvoir, il allait rembourser. Ils n'ont pas remboursé l'entièreté de ce
qu'ils promettaient, les trop-perçus d'Hydro-Québec.
Le temps qui passe,
le temps qu'on perd. Vous avez nié pendant trois ans la crise du logement. On a
perdu trois ans, au Québec. Aujourd'hui, la
crise frappe de plein fouet. La CAQ, ce n'est pas fiable. C'est le temps qui
passe puis le temps qu'on perd.
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. La
réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. C'est le même chef de l'opposition officielle
qui disait : Nous, on est contre ça, de donner des chèques aux
Québécois.
Maintenant, revenons
sur Hydro-Québec, parce que c'est important de bien préciser ce qui est arrivé.
D'abord, on a remis des chèques, pour
500 millions de dollars, aux Québécois. Ensuite, on a gelé les tarifs
d'Hydro-Québec. Ça représente, si on
avait donné le 2 % d'inflation, 200 millions. Sauf que ce qu'il faut
comprendre, Mme la Présidente, c'est qu'ensuite,
l'augmentation de l'inflation, on perd toujours le 200 millions, donc, au
bout de cinq ans, ça fait 1 milliard, plus le 500 millions.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : CQFD.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors, Mme la Présidente, je ne sais pas si on
peut avoir la traduction de ce qu'a dit le premier ministre, parce que, là, il a perdu tout le monde, il a
perdu tout le monde. Là, il est en train de nous dire : Ça va venir, ça va
venir dans cinq ans, parce que leur
fameux coup de génie, là, du projet de loi n° 34, c'est de dire : Ça
va être l'inflation, puis, dans cinq
ans, on va vous repayer. Bien oui, c'est ça, les Québécois, financez
l'inflation. Là, ils ont corrigé leur erreur historique mais à moitié,
ils ont capé ça à 3 %.
La
crise, encore, pénurie de main-d'oeuvre niée pendant trois ans, un autre
dossier où on a perdu trois ans. Le temps qui passe puis le temps qu'on
perd.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, je corrige le chef de
l'opposition officielle. On a donné 500 millions puis on a gelé les tarifs, on arrive aux cinq ans.
Donc, on ne parle pas des cinq prochaines, on parle des cinq dernières. Donc,
on a remis 1,5 milliard, comme promis,
aux Québécois, ce qu'il fallait démontrer. On me dit que peut-être qu'il y en a
qui ne savaient pas ce que ça voulait dire, CQFD.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : ...Mme la Présidente, que le premier ministre, il
a tout dit ce qu'il avait à dire. Il restait encore du temps sur le cadran, mais il a tout dit ce qu'il
avait à dire, circulez, il n'y a rien à voir. Bien, on ne va pas circuler,
parce que ça ne va pas bien, Mme la
Présidente. Le Québec craque de partout. Les belles promesses caquistes, on en
a soupé. En santé, c'est pire que
pire. En services de garde, c'est pire que pire. En éducation, il manque de
profs, puis ils ne savent pas où donner de la tête, Mme la Présidente.
Il
n'y a pas de direction, il n'y a pas de vision. La CAQ, c'est brouillon. C'est
autant de temps qu'on perd, autant de temps qui passe, dans la sixième
année caquiste.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, bien, Mme la Présidente, on a vu qu'étant
donné que le chef de l'opposition officielle n'avait plus d'arguments
concernant le coût de la vie, parce qu'on a augmenté l'aide sociale de
50 %, on a remis des chèques, on a baissé les impôts, etc., il est
maintenant rendu sur la santé. Mme la Présidente, quand on est arrivés, les
libéraux nous avaient laissé une situation
où on avait 6,4 millions des Québécois qui avaient un médecin de famille.
On est maintenant à 6,9 millions.
Il y a 500 000 Québécois de plus qui ont accès à un médecin de
famille ou un GMF. Ça, c'est des résultats.
Des voix :
...
La Présidente :
On a bien écouté la question, on
entend la réponse. On garde le silence pendant que les collègues
s'expriment.
Mme la députée de
Saint-Laurent, en question principale. On vous écoute.
Pénurie
de personnel enseignant
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Offre d'emploi : le ministre de l'Éducation
cherche 1 000 enseignants. Entrée en poste : hier. Environnement
de travail unique : chaud et humide en été, quelques canicules; glacial en
hiver, ici on ouvre les fenêtres pour avoir une bonne qualité d'air. Nous vous
garantissons que le ciel ne vous tombera pas sur la tête, mais peut-être le plafond. Milieu de travail stimulant, des
collègues qui vont arriver et partir chaque semaine. Pour une ministre, on
peinture une fresque sur la rue,
mais, une fois quittée, elle est disparue, ce n'était que pour les vues.
Conditions de travail. Vous rêvez du salaire des enseignants en Ontario?
Continuez à rêver, vous n'êtes quand même pas député. Vous trouvez la tâche trop difficile? Pas de problème, vous irez jouer
et faire des dodos dans une classe de maternelle quatre ans. Vous espérez
être permanent? Non, minute, vous serez
d'abord contractuel. N'ayez crainte, ce sera perpétuel. Exigence : être un
adulte. Un diplôme un atout.
La
Présidente : Alors, la...
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de commentaire après les
questions. La réponse du ministre de
l'Éducation. On l'écoute comme
nous avons écouté avec attention la question.
M. Bernard
Drainville
M.
Drainville : D'abord, Mme la Présidente, je salue la députée de
Saint-Laurent pour cette première question. Je
lui souhaite par ailleurs bonne réflexion pour ce qui est de sa course au
leadership. On verra la décision qu'elle prendra. Ce sera intéressant.
Ce sera intéressant de voir cette réflexion-là.
Maintenant,
pour ce qui est de la rentrée scolaire, pour ce qui est de la rentrée scolaire,
Mme la Présidente, je tiens quand même
à souligner l'extraordinaire travail des centres de services scolaires et des
équipes-écoles. En date du 14 août, on avait 8 558 postes à combler, et, en date de lundi, on
avait 1 032 postes à combler. Il y a eu du travail extraordinaire qui
a été fait pour donner à nos enfants un enseignant, une enseignante devant la
classe.
Maintenant, Mme la
Présidente, il faut valoriser la profession d'enseignant, d'enseignante, et on
a pris plusieurs mesures pour le faire au cours des dernières années. On a
monté les salaires d'une manière substantielle. On a créé un programme de tutorat, 130 000 élèves qui
s'en sont prévalus. Ça, ça vient en aide aux enseignants, parce qu'on prend des
élèves qui ont des difficultés dans une
matière ou dans une autre, et la tutrice, le tuteur va les aider dans cette
matière-là. Programme...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Le
premier ministre est revenu en politique pour l'éducation. Quelle était sa
première priorité? L'éducation. Il nous a
promis un redressement. Voici ce que nous avons eu : explosion
d'enseignants non qualifiés, près de
30 000; explosion d'élèves en échec en français, en orthographe, 52 %
qui échouent. Maintenant, on a même des plafonds qui tombent sur les
élèves.
Alors,
moi, je veux savoir, le grand redressement, cette grande priorité, ça commence
quand, faire plus, faire mieux?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
Bien, je vais vous dire une
chose, Mme la Présidente, nous, on ne coupera pas dans les budgets de l'Éducation, ça, c'est sûr. Parce que c'est ça qui
s'est passé dans le dernier mandat du Parti
libéral. Et, comme on le sait, Mme la Présidente, la majorité des budgets, en éducation,
ça va en salaires. Quand ils ont coupé dans le budget de l'éducation, ils ont envoyé des gens à la
retraite, ils ont précarisé des enseignants, des professionnels, des
éducatrices, des TES. Nous, on a augmenté le budget de l'éducation de
1 milliard par année, en moyenne, depuis cinq ans.
Parlant
de plafond, on a augmenté les budgets pour les rénovations, les agrandissements
et les constructions de nouvelles écoles de 9 à 22 milliards, une
augmentation de 150 %. On est fiers de ça.
La Présidente :
En terminant.
M.
Drainville : Depuis plusieurs semaines, j'inaugure des nouvelles
écoles, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît! On
garde le silence. Deuxième complémentaire.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
l'offre d'emploi, c'est basé sur des faits. Moi, j'aimerais savoir : Le
premier ministre, il va faire quoi pour
bonifier cette offre d'emploi? Parce que moi, je serais un petit peu gênée, on
le voit, en éducation, ça craque de partout.
Et pourtant le premier ministre n'arrête pas de dire : Ça a été ma
priorité, ma raison de revenir en politique.
Alors,
aujourd'hui, qu'est-ce qu'il compte faire réellement en éducation? Parce que,
pendant ce temps-là, on cherche encore des enseignants, puis ça ne se
bouscule pas aux portes.
La Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la Présidente, les défis sont là, on ne les
nie pas. On n'est pas jovialistes. On les voit, les défis, et on les
prend un par un et on apporte des solutions.
Sur le
français, on a décidé de lancer la refonte du programme. Sur le français,
300 $ de livres, de nouveaux livres par année, par classe, dans les écoles du primaire au public. Sur les
non légalement qualifiés, des 30 crédits qui permettent aux personnes qui
ont déjà un bac dans une matière enseignée ou connexe d'aller chercher leur
brevet d'enseignant. On veut continuer à valoriser avec les aides à la classe.
C'est sur la table, présentement, plusieurs centaines de millions de
dollars pour avoir des aides à la classe dans les écoles primaires du public.
• (10 h 30) •
La Présidente : En terminant.
M. Drainville : On va continuer à
investir dans l'éducation. C'est notre priorité, Mme la Présidente.
La Présidente : En question...
Des voix : ...
La Présidente : Pas de bravo. En
question principale, le député... Ça en prenait un pour commencer la session.
En question principale, M. le député de Pontiac.
On vous écoute.
Délais
d'attente en chirurgie
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Le premier ministre veut parler
de résultats en matière de santé. Parlons de
résultats. Je vais vous parler des patients en attente d'une chirurgie
oncologique qui excèdent les délais prescrits par le gouvernement. Ça,
c'est des gens qui se sont rendu compte que quelque chose n'allait pas, qui
sont allés consulter, qui se sont fait
référer à un spécialiste, qui ont réussi à le voir, qui ont fait des tests, qui
ont eu un diagnostic de cancer, qui se sont fait dire : Vous avez
besoin d'une chirurgie, et qui attendent, depuis ce temps-là, à côté du
téléphone. Personne, Mme la Présidente, de l'aveu même du ministre, ne devrait
attendre plus de deux mois pour sa chirurgie de cancer. Le problème, c'est que, quand le ministre de la Santé
a annoncé son premier plan de rattrapage en chirurgie, il y avait 353 personnes qui excédaient les délais, en
oncologie, pour le cancer, pour leur opération. Dans le dernier plan du
ministre, il y en avait 591. Aujourd'hui, il y en a 898, Mme la
Présidente.
À chaque fois que le ministre de la Santé
présente un plan, à chaque fois, la situation s'empire. C'est le symbole même,
Mme la Présidente, de l'échec caquiste. Comment le PM tolère ça?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Mme la Présidente, je suis très, très content
d'avoir cette question-là du député pour mettre les choses en
perspective.
Premièrement,
on peut regarder le verre à moitié vide ou on peut regarder le verre à moitié
plein. Ce que j'aimerais dire, le
plan santé qu'on a déposé l'an dernier, ce n'est pas un sprint, c'est un
marathon. Et, quand on regarde la tendance depuis qu'on a déposé le
plan, l'essentiel, c'est des tendances à l'amélioration, puis je vais vous
donner des exemples.
Malgré l'été
qu'on a eu, on a eu une amélioration du côté de nos chirurgies dans l'ensemble.
On est passés d'un pic de 22 000 à 14 000, une amélioration de
25 %. On a eu plus de 180 000 chirurgies qui ont été faites par le
privé pour nous aider. Nos délais de DMS, ce qu'on appelle les durées
moyennes sur civière, sont passés, Mme la Présidente, de 22 heures à 16 heures. On est loin de
notre cible de 14, mais il y a eu une grande amélioration. Et, en plus, il y a
eu une prise en charge, comme vient de le dire le premier ministre, qui
fait qu'on s'est améliorés de 500 000 personnes qui peuvent voir un
médecin. On peut regarder le verre à moitié vide.
Maintenant, sur les chirurgies, Mme la
Présidente, puis je pourrai y revenir, sur l'oncologie...
La Présidente : En
terminant.
M. Dubé : En terminant, je
reviendrai, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : ...je rappelle au ministre de la Santé que le ministre de
l'Éducation vient de lui dire de ne pas être jovialiste.
Bien, s'il veut regarder la tendance puis parler de chirurgies de façon
générale, voici ce qui s'est passé. À son premier plan, Mme la Présidente,
il y avait 145 000 Québécois qui attendaient une chirurgie. À son dernier
plan, son troisième plan qu'il a présenté au
printemps, 155 000. Aujourd'hui, 158 000 patients attendent la
chirurgie. Le système de santé, là, il craque de partout.
Je répète ma question au premier ministre :
Comment il tolère une telle situation?
La Présidente : M. le ministre de la
Santé, on vous écoute.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Je vais continuer parce que je veux finir sur les
chirurgies oncologiques, Mme la Présidente, c'est très important, puis
je répondrai à l'autre question après.
Ce qui est
important, j'ai beaucoup d'empathie pour ces gens-là, beaucoup d'empathie, mais
il y a une chose, le député oublie de regarder l'autre partie du tableau
de bord qui dit qu'on fait 40 000 chirurgies oncologiques par année. Alors, si, en ce moment, nos chirurgies en retard
de plus que 57 jours varient entre 400 et 800, c'est 1 % à 2 %
des chirurgies qu'on fait dans
l'ensemble de l'année. Alors, oui, on peut s'améliorer. Puis même 1 %,
c'est beaucoup. Et c'est pour ça qu'on a demandé aux chirurgiens, qui
font un très bon travail, de prioriser celles qui sont en retard d'un an...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...pour, après ça, être
capables de passer à travers tout le reste des chirurgies.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : En début de semaine, j'ai entendu le gouvernement
se péter les bretelles comme quoi il y avait une région au Québec où on avait fait le rattrapage en chirurgie, c'est le Bas-Saint-Laurent. Mais, pendant ce temps là, Mme
la Présidente, en Estrie, il y a 22 % de plus de patients qui attendent
depuis deux mois leurs chirurgies oncologiques, à Montréal c'est
67 %, à Québec c'est 238 %, depuis le fameux plan. Le plan du
gouvernement, là, ça ne peut pas être de dire aux gens de Fleurimont, de
Pointe-aux-Trembles ou de Québec de déménager à Pohénégamook pour avoir des
services. Ça ne peut pas marcher de même.
La Présidente : M. le ministre de la
Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Je terminerais... parce que j'aimerais ça avoir
beaucoup plus de temps, Mme la Présidente, beaucoup plus de temps, mais
je terminerais sur deux choses.
Je suis en
train de discuter, avec l'opposition, de p.l. n° 15,
puis qu'est-ce que la Commissaire à la santé nous a demandé, c'est d'avoir des leviers pour être
capables que nos gestionnaires puissent améliorer les choses. Je lui
rappellerai ce point-là et l'exemple qu'il me donne sur les chirurgies
quand on parlera de p.l. n° 15.
Et je termine
en disant, Mme la Présidente : On avance puis on publiera, pour être sûrs
que tout le monde le voit... Les
tendances sont à l'amélioration. Les endroits où ça va moins bien, on met plus
de pression, et c'est pour ça qu'on a besoin de p.l. n° 15,
pour être capables d'avoir des leviers pour nos gestionnaires. Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
Conditions
salariales du personnel infirmier
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Hier, le premier ministre nous a demandé nos
propositions concrètes pour aider les Québécois face au coût de la vie. Il sait
très bien qu'on n'arrête pas d'en faire. Le problème, c'est qu'il n'écoute pas.
Mais je suis un gars persistant, ça fait que, ce matin, je vais lui en
faire une autre.
Le premier ministre peut,
cet automne, améliorer, il a le pouvoir de le faire, améliorer le pouvoir
d'achat d'un demi-million de personnes. Ces
gens-là font rouler nos hôpitaux et nos écoles. Et comment il les remercie? En
proposant de les appauvrir.
Le premier
ministre vient de donner 21 % d'augmentation aux policiers de la SQ, c'est
très bien, ils le méritent. Le premier ministre a donné 30 %
d'augmentation aux députés. Mais, pour les femmes qui travaillent fort pour
nous autres dans les services publics, il offre quoi? 9 % sur cinq ans. Ce
n'est même pas l'inflation. Le premier ministre sort le champagne pour les
députés, mais, pour les femmes qui travaillent fort pour nous autres dans les
services publics, là, il n'y a même pas une Labatt Bleue. Je les comprends
d'être fâchées.
Le premier
ministre est censé être pragmatique. Ça va prendre combien de démissions de
plus, combien de milliers de
démissions de plus dans nos écoles, dans nos hôpitaux pour qu'il les respecte
puis qu'il leur offre... donne une offre qui les respecte?
C'est quoi,
la priorité du premier ministre, cet automne : régler ses comptes avec les
syndicats ou avoir une bonne entente pour les Québécois puis les
Québécoises?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, pour la première fois dans
l'histoire du Québec, lors de la dernière négociation de conventions collectives, on a fait des offres
qui étaient différenciées. On se rappellera qu'à plusieurs reprises j'ai
demandé à Québec solidaire s'ils étaient d'accord, puis on n'a pas eu de
réponse.
Donc, rappelons qu'on a augmenté de façon
importante, là, on parle en moyenne de 18 %, les enseignants, les
éducatrices, les préposés aux bénéficiaires. Cette année, on veut le faire pour
les psychologues.
Maintenant,
Mme la Présidente, là, ça fait deux fois qu'il utilise l'expression que j'ai
utilisée. Ce que je disais, c'est que,
quand on négocie, par exemple, avec les infirmières, les syndicats nous
demandent, en bon québécois, là, de la Labatt Bleue pour tout le monde,
donc les mêmes augmentations pour tout le monde. Nous, ce qu'on dit, c'est
qu'une infirmière qui travaille à temps
plein devrait avoir une meilleure augmentation qu'une infirmière à temps
partiel, une infirmière qui travaille
de nuit devrait avoir une meilleure augmentation qu'une infirmière qui
travaille de jour, une infirmière qui travaille dans une région éloignée
devrait avoir une meilleure augmentation qu'une infirmière qui travaille dans
les grands centres. Ça, là, c'est ce qu'on propose. Mais évidemment les
syndicats s'y opposent, avec l'appui de Québec solidaire.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Je suis d'accord avec le premier ministre, il est
l'expert des offres différenciées. Quand il a négocié avec le patron de la SAQ, là, il lui a donné 13 %
d'augmentation en une année. Quand il a négocié avec le bon «chummy» au ministre de l'Économie, là, le P.D.G.
d'Investissement Québec, il lui a donné 19 % en une année. Pour les
infirmières, pour tout le monde, c'est 9 %...
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout. Ça
avait bien commencé. Je vais vous écouter brièvement, M. le leader du
gouvernement, très brièvement.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le chef du deuxième groupe
d'opposition fait en sorte d'utiliser, dans ses questions, des propos qui sont notamment blessants. Et je pense qu'on
doit s'attendre à un certain niveau, Mme la Présidente, à la hauteur de
nos fonctions.
La Présidente : Je vous rappelle...
Une voix : ...
La
Présidente : Je vous
rappelle — merci,
M. le leader — de
faire attention, attention aux motifs indignes, attention aux termes, aussi, employés. Je vous demande de
poursuivre. Vous avez... Ah! M. le leader du deuxième groupe, je vous écoute
également.
M.
Leduc : ...question de
règlement... (panne de son) ...ne veut qu'interrompre mon collègue. Passons aux
choses sérieuses.
La Présidente : Non, j'avais
tranché. Je vous écoute, mais j'avais tranché. Faites attention aux propos et
motifs indignes quand on... Je ne vais pas répéter les termes que vous avez
employés, mais on comprend qu'il s'agit de motifs indignes.
Donc, vous avez quand même du temps de parole,
10 secondes, on vous écoute. On poursuit.
M. Nadeau-Dubois : C'est
vrai que c'est différencié. Pour les gens qui sont déjà en haut de l'échelle,
il y a toujours de l'argent, puis,
pour les gens qui sont au milieu puis en bas de l'échelle, il n'y a pas
d'argent. C'est ça, la CAQ. C'est très, très différencié.
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je le répète, on a augmenté de
façon plus importante le salaire des enseignantes, parce qu'il y a plus
de femmes; éducatrices, plus de femmes; préposées aux bénéficiaires, plus de
femmes.
Maintenant,
il s'amuse à parler de l'augmentation des députés. Est-ce que son député de
Rosemont va la prendre, oui ou non, l'augmentation des députés? Est-ce
que tous ses députés de Québec solidaire vont la prendre, ou non,
l'augmentation de salaire?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Des voix : ...
• (10 h 40) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Une chose est sûre, Mme
la Présidente : de l'autre côté de la Chambre, tout le monde va la
prendre au complet. Ils se sont levés en cette Chambre pour se mettre 30 %
dans les poches, tout le Québec l'a vu.
Pendant
ce temps-là, ce qui est vraiment important, c'est ce que vivent les femmes,
surtout, et les hommes dans nos services publics. Ce monde-là nous ont sauvés
pendant la pandémie, ils travaillent fort puis ils ont vu leur pouvoir
d'achat diminuer. Le minimum du respect,
c'est de leur mettre, sur la table de négo, une offre qui fait en sorte qu'ils
ne perdent pas de pouvoir d'achat. Ça, c'est un geste concret pour
protéger les Québécois...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M.
le Président...
La Présidente :
Pardon? Madame!
M. Legault : Mme la Présidente — excusez-moi — le chef de Québec solidaire est en train de nous
dire : Moi, je ne prendrai pas
l'augmentation de salaire, mais certains de mes collègues de Québec solidaire
vont prendre l'augmentation de salaire. Je ne trouve pas ça gentil pour
ses collègues.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le...
Des voix : ...
La
Présidente : Silence, je vous prie, je suis debout et je parle. En...
Une voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vous entends.
En
question principale, je reconnais le député d'Hochelaga-Maisonneuve. On
vous écoute, il n'y a que vous qui avez la parole.
Rémunération des stages étudiants
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci. En mars dernier, on a adopté une motion
unanime ici pour reconnaître le statut de salarié aux étudiants et étudiantes stagiaires du secteur
public. On parle des stages en éducation, en travail social, en soins
infirmiers, en éducation à la petite enfance. On parle d'une majorité de
femmes, puis, on le sait, les femmes qui font un stage ont deux fois moins de
chances d'être rémunérées que leurs vis-à-vis masculins.
Témoignage
d'une étudiante en soins infirmiers : «Je n'arrête jamais. [...]Les jours
de semaine, je vais à l'école, j'ai mes
stages. Le soir, j'étudie, je fais mes travaux, mes préparations de cours et de
stages. La fin de semaine, je travaille de nuit, de jour, de soir, en rotation et toujours en fonction des besoins
de l'hôpital.» Moi, je pense que ce genre de dévouement là, Mme la
Présidente, ça mérite un salaire décent, pas juste des mercis et des bravos.
Quand est-ce que le gouvernement va
enfin poser un geste concret, un geste féministe pour assurer la rémunération
des stages dans le secteur public? Combien de sessions on va attendre encore?
Combien d'autres rentrées gâchées par l'inaction de la ministre?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et merci pour cette question très pertinente. Je
sais que les associations étudiantes sont avec nous aujourd'hui. Je les ai
rencontrées il y a quelques semaines aussi. Je les rencontre régulièrement. Et
la rémunération des stages fait partie des enjeux sur lesquels on travaille,
des dossiers sur lesquels on travaille, qui
avancent rondement. Alors, je demande aux gens d'être patients, mais j'ai eu
ces discussions-là, au cours des dernières semaines, et je suis très,
très consciente des revendications à ce niveau-là. Et c'est vrai, et
M. Legault... en fait, le premier
ministre l'a déjà... M. le premier ministre l'a déjà mentionné à quelques
reprises, c'est une priorité, aussi, de rémunérer certains stages dans
le secteur public.
Alors,
on travaille de manière concertée avec plusieurs ministères, dont le ministère
de l'Éducation, dont le ministère de
la Santé, parce que ça relève, évidemment, de certains autres de mes collègues,
donc ça prend une action concertée, mais je peux vous dire que les travaux avancent. J'attends que le ministère
de l'Enseignement supérieur nous monte, au cabinet, les différents
scénarios sur lesquels on travaille depuis déjà quelques mois, mais, bien avant
que la motion soit adoptée, on avait déjà mis
comme priorité la rémunération des stages. Alors, je peux vous dire qu'on
travaille là-dessus. Je vais voir ce
qu'on va me présenter, on va analyser la meilleure façon de compenser ces
stages-là, mais on travaille là-dessus puis on avance. Merci.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Il y a trois ans, la CAQ sortait de son chapeau
les bourses Perspective. C'était la réponse un peu maladroite, un peu
incomplète à la rémunération des stages. Or, la rumeur circule à l'effet que
vous allez financer la rémunération éventuelle des stages en coupant dans des
bourses Perspective, on déshabillerait Paul pour habiller Pierre.
Est-ce
que la ministre peut s'engager à ne retirer aucune bourse Perspective à aucun
programme qui bénéficiera d'une éventuelle rémunération des stages?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et je suis extrêmement surprise par cette rumeur
qui circule, parce que, honnêtement, il n'y
a pas de rumeur, puis on va clore ça tout de suite. Les bourses Perspective,
c'est un programme extrêmement généreux, qui fonctionne très bien. On ne
coupera pas le budget dans les bourses Perspective pour payer la rémunération des stages. Ça n'a jamais été
évoqué, ça n'a jamais été le cas. Les associations étudiantes sont ici. Alors,
écoutez, je sais très bien qu'on est en
campagne électorale dans Jean-Talon, mais il y a bien une limite à faire de la
politique sur le dos des étudiants et des jeunes, là.
Des voix :
...
La
Présidente : M. le leader du deuxième groupe, je vous écoute
brièvement.
M. Leduc : ...on
ne peut pas dire qu'on fait de la politique sur le dos des gens.
La Présidente :
Moi, je vous dirai seulement :
Attention dans vos propos. Jusqu'à présent, tout était quand même dans
les normes. Petit rappel. M. le leader, brièvement.
M. Jolin-Barrette : La ministre de
l'Enseignement supérieur peut très bien énoncer une vérité. Et, de ce côté-ci,
on a des principes, contrairement à Québec solidaire... ont des principes à
géométrie variable.
Des voix : ...
La Présidente : Non. Alors, Mme la
ministre, vous aviez complété votre réponse. La question, deuxième
complémentaire. On vous écoute, vous avez 30 secondes. Silence, je
vous prie.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Tant mieux pour les
bourses Perspective, bonne nouvelle. Mais j'étais en point de presse, tantôt, avec les étudiants, étudiantes, puis ça fait des
années qu'ils demandent la rémunération des stages. Mon collègue ici avait commencé le débat dès 2017. Les étudiants nous écoutent en
ce moment, ils sont dans les gradins. Ils veulent plus que des
intentions, ils veulent payer leurs loyers, ils veulent payer leur épicerie.
Pourquoi
la ministre n'est pas capable de s'engager? Et j'aimerais paraphraser ma collègue
de Verdun : C'est quoi, la date?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Alors, j'aimerais bien rassurer tout le
monde : on est engagés dans ce processus-là. Je me suis déjà
engagée, il y a plusieurs mois déjà, et les associations étudiantes le savent,
je leur ai parlé. Je suis très transparente à ce niveau-là avec tout le monde.
Il y a plusieurs enjeux sur lesquels on travaille, et, au cours de l'automne,
il y aura éventuellement, sur certains dossiers, certaines annonces.
Je
vous dis que, dans la rémunération des stages, on avance rondement. C'est un
processus complexe, c'est quand même un chantier complexe. Il va falloir
savoir de quelle manière on va compenser certains stages, quels stages, dans certains domaines publics, vont être compensés.
C'est pour ça qu'on a un effort concerté actuellement. Il y a plusieurs mesures
qu'on a mises de l'avant. La rémunération
des stages est un enjeu, mais il y a plusieurs mesures, en parallèle, qu'on a
mises de l'avant...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...pour soutenir les étudiants, au cours des
derniers mois. Vous les connaissez, ces mesures-là, on a l'occasion d'en
parler souvent...
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
l'Acadie.
Effets
de la pénurie de main-d'oeuvre sur le système de justice
M. André Albert Morin
M. Morin : Mme la Présidente, la justice, au Québec, est au
bord du gouffre. Les délais augmentent dans les causes criminelles, civiles, familiales et à cause,
notamment, de l'exode du personnel judiciaire. Ça craque de partout. Il y a un
manque de greffières, greffiers,
huissiers-audienciers. Ces employés essentiels se sentent abandonnés, leurs
salaires sont non concurrentiels.
Le
député de Borduas disait en 2017 : Les délais dans le système de justice,
c'est inacceptable. C'était après l'arrêt Jordan. La CAQ est à l'aube de
sa sixième année, et le député de Borduas est ministre de la Justice depuis
trois ans.
Qu'est-ce que le
ministre de la Justice répond au député de Borduas sur l'état du système?
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de bravo. La réponse du ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le système de justice, là, ça a
toujours été un défi constant de tous les gouvernements,
mais on est en train de faire les choses différemment. On est en train, Mme la
Présidente, de transformer le système
de justice, de l'amener vers la modernisation, ce que les libéraux n'ont pas
réussi à faire. En collaboration avec ma
collègue la présidente du Conseil du trésor, on est présentement en processus
de reclassification, Mme la Présidente, justement, pour faire en sorte que les greffiers audienciers, les
adjointes à la magistrature, les huissiers-audienciers puissent, Mme la
Présidente, avoir un classement d'emploi qui correspond à leurs tâches, à leurs
tâches qui sont fort importantes dans le
système de justice. Puis il faut comprendre que, sans eux, le système de
justice ne pourrait pas fonctionner, mais c'est un travail conjoint, Mme
la Présidente, l'efficacité du système de justice et les ressources qui y sont
présentes.
Présentement,
il y a des postes d'affichés en chambre criminelle et pénale, suite à l'entente
avec la direction de la Cour du
Québec. Mais il ne faut jamais
oublier qu'en matière criminelle et pénale l'impact d'une décision unilatérale
de la direction de la cour, de changer unilatéralement le ratio, a eu
des impacts dans le système de justice. Je l'avais dit, le DPCP l'avait dit, la
Commission des services juridiques l'avait dit, pour dire...
La
Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...il ne faut pas changer
ça unilatéralement, il va y avoir des conséquences. Et on vit, présentement,
les conséquences.
• (10 h 50) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Maintenant,
Mme la Présidente, j'aimerais vous parler des arrêts de procédures. J'ai été
procureur de la couronne pendant plus de
30 ans. Des arrêts de procédures, j'en ai déposé à la cour, puis ce n'est
pas de gaieté de coeur, croyez-moi. Ça a un impact sur la société, sur
les victimes.
J'aimerais
savoir, aujourd'hui : Est-ce que le ministre de la Justice en a déjà
déposés, des arrêts de procédures, à la cour? Est-ce qu'il sait ce que
ça fait aux victimes, particulièrement dans les dossiers d'agression sexuelle?
La
Présidente : M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Je me demande si le
député de l'Acadie a questionné ses collègues du Parti libéral pour savoir
pourquoi ils n'avaient pas modernisé le
régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels durant toutes ces
années-là. Je l'avais proposé à sa prédécesseure à de nombreuses
reprises. À chaque mois, à chaque jour, on avait des personnes victimes qui n'étaient pas couvertes par le régime
d'indemnisation. Pourquoi est-ce que le Parti libéral ne voulait pas le faire? Parce que ça coûtait trop cher. Vous étiez
trop cheaps avec les victimes pour faire en sorte de leur octroyer les sommes
nécessaires.
Des voix :
...
La Présidente :
Oui, je vais vous écouter, M. le
leader de l'opposition officielle. Brièvement. Je vous écoute, mais...
M. Derraji : Premièrement,
ce n'est pas un mot en français, Mme la Présidente. Il faut qu'il le retire et
qu'il réponde à la question du collègue, qui est très pertinente.
La Présidente :
Moi, je vous... (panne de son)
...il n'est pas dans le lexique. Faites attention à vos propos. Faites attention
à vos propos et... Il est dans le lexique? Il est dans le lexique. Alors, je
vous demanderai de le retirer, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...le Parti libéral était
trop pingre. Prenez l'abolition du délai de prescription en matière d'agression
sexuelle, Mme la Présidente. Le Parti libéral refusait d'abolir la prescription
pour faire en sorte que les victimes d'agressions sexuelles puissent
obtenir réparation. Puis vous me dites, aujourd'hui, que je suis insensible à
la réalité...
La
Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...des victimes de violence sexuelle au Québec?
On a mis en place un
tribunal spécialisé. Vous devriez...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Albert Morin
M. Morin : Mme la Présidente, ça craque de partout, en
justice. La situation est tellement grave que les procureurs doivent
négocier des peines à rabais.
J'aimerais
rappeler au ministre que sa mission est de maintenir, au Québec, un système de
justice accessible et de favoriser la
confiance des citoyens. À l'aube de la sixième année du gouvernement caquiste,
le gouvernement est incapable de remplir sa mission de l'État de donner
confiance au public en matière de justice.
Qu'est-ce que le
ministre a à nous répondre?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, on
travaille avec tous les acteurs du système de justice. C'est pour ça que
j'ai relancé la Table Justice, qui va faire
en sorte d'avoir des propositions conjointes. Le gouvernement du Québec a fait
en sorte de déployer des ressources pour le système de justice.
Mais moi, je vais
avoir... j'ai une question pour la députée de l'Acadie. Lui, quand il était
procureur et qu'il se présentait devant la
cour, avec son dossier prêt, devant la cour, et se faire dire : On n'a pas
de date à vous offrir, il y a des victimes,
il y a des accusés, mais la cour refuse de siéger, comment aurait-il réagi
comme procureur? Moi, à titre de Procureur
général, ça me fâche, et c'est pour ça que j'en appelle à la collaboration de
tous les acteurs, et surtout de penser aux personnes victimes...
La
Présidente : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...et de faire en sorte d'avoir des délais qui sont
raisonnables.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Mercier.
Abolition des frais de garde en milieu scolaire
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Le gouvernement de la
CAQ nous dit qu'il en fait assez pour aider les familles avec la crise du coût de la vie. Pourtant, ceux qui ont perdu
le plus de pouvoir d'achat, bien, c'est la classe moyenne. Et en ce moment on vit la rentrée scolaire la plus
coûteuse de l'histoire du Québec. C'est un fardeau immense pour les parents
qui envoient leurs enfants à l'école
publique gratuite. Tout coûte extrêmement cher. Il faut faire quelque chose. Si
la CAQ manque d'idées, nous, à Québec solidaire, on est très généreux
pour leur en proposer.
Il y a quelque temps,
j'ai proposé de doubler le supplément pour les fournitures scolaires. J'ai reçu
beaucoup de témoignages de parents qui me
disaient qu'ils étaient contents de cette proposition-là, mais qu'il y a une autre
facture extrêmement élevée, c'est
celle des services de garde dans les écoles. Ça peut représenter jusqu'à
1 600 $ par enfant par année. Imaginez, pour les familles
nombreuses, comment le fardeau est immense.
Est-ce
que le gouvernement de la CAQ est prêt à étudier la proposition de Québec solidaire d'abolir les frais de garde pour donner un peu d'oxygène aux
familles du Québec qui n'y arrivent plus?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, d'abord, je
pense que la première chose qu'on doit dire, c'est qu'on est très conscients que la hausse du coût de la vie impose
un fardeau supplémentaire aux familles, aux parents. On en est conscients.
Et c'est pour ça, Mme la Présidente, qu'on a offert de l'aide aux familles
depuis qu'on est là. Il y a eu plusieurs mesures qui ont été prises pour réduire le fardeau financier des familles. Quand
on a décidé, par exemple, d'abolir la taxe famille du Parti libéral, on a donné une chance aux familles. Quand on a augmenté les
allocations familiales, on a donné une chance aux familles. Quand on a baissé
les taxes scolaires, on a aidé des familles. Quand on a augmenté le montant
pour l'achat des effets scolaires, on
a aidé les familles. Quand on a augmenté la gratuité des projets particuliers
de 200 $ à 300 $, on a aidé les familles. Et
je pourrais donner d'autres exemples.
Maintenant,
Mme la Présidente, dans le cas des frais de garde, bon, il faut savoir que les
frais de garde, d'abord, ils ont été plafonnés, et c'est mon
prédécesseur qui l'a introduite, cette mesure-là. Dorénavant, c'est plafonné à
3 $.
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : Avant, les tarifs pouvaient s'élever jusqu'à 22 $.
Je continuerai.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : ...ça peut aller jusqu'à 9,20 $ par jour. On
n'est plus dans les années 60, là, ça n'a plus sa raison d'être, d'avoir des frais de service de garde parce que
les deux parents travaillent. Il n'y a pas de mère qui est à la maison, qui
attend que l'enfant vienne dîner. Une facture de 1 600 $, là, pour
beaucoup de familles, ce n'est pas un choix, ce n'est pas une option,
ils sont obligés de le payer. Donc, comment est-ce que la CAQ peut justifier
que des familles paient ce montant-là, qui est
énorme, alors qu'on envoie nos enfants à l'école publique gratuite? C'est ça
qu'elle est supposée être, gratuite. Donc, j'aimerais l'entendre.
Est-ce qu'il est prêt
quand même à envisager la possibilité de les abolir?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Alors, ce que j'allais dire, Mme la Présidente, c'est
qu'auparavant les tarifs variaient de 4 $, presque 5 $, à
22,50 $. Et, en 2022, on a adopté, donc, un cadre qui limite la hausse, en
fait, qui limite le montant maximal qui peut être facturé. Et, après ça, c'est
au conseil d'établissement de décider du tarif. C'est 3 $ maximum, mais
c'est le conseil d'établissement qui décide, et sur lequel conseil siègent des
parents, Mme la Présidente. Alors, les
parents peuvent jouer un rôle dans la détermination des tarifs. Et il n'y a
rien dans la loi qui interdit l'adoption d'un tarif famille.
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : On pourrait très bien décider d'avoir un tarif famille
pour les services de garde. Ça, on devrait le regarder dans les conseils...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Bien, moi, je m'adresse au ministre de
l'Éducation. Lui, il a le pouvoir d'abolir les frais de service de garde. Les familles, là, elles n'y arrivent
plus, c'est beaucoup trop cher. Même les efforts que le gouvernement a faits
ne sont pas suffisants. Si le ministre
entend les parents comme moi, je les entends... Ils nous le disent, ils
m'envoient leurs factures, ils
disent : Ça n'a pas de bon sens, j'ai une famille nombreuse, je n'y arrive
pas, avec la crise du coût de la vie, le coût de l'épicerie, du logement,
etc. Ça coûte extrêmement cher.
Donc,
j'aimerais quand même entendre le ministre, s'il est prêt à envisager la
possibilité de les abolir, tout simplement, pas uniquement de remettre
la décision entre les mains...
La
Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la Présidente, on aide les familles depuis cinq ans.
Je vais vous donner un exemple très concret :
l'allocation famille. Alors, avant 2018, 4 818 $, mettons
5 000 $ pour une famille biparentale de trois enfants. Avec la
bonification, l'allocation familiale est maintenant de 7 842 $. C'est
une augmentation de 2 614 $, une augmentation de 63 %. C'est un exemple parmi d'autres, mais ce que je vous dis,
c'est qu'on est très sensibles au sort des familles et on investit pour
les aider.
Bon, maintenant,
est-ce qu'on peut en faire plus? Est-ce qu'on devrait en faire plus?
La
Présidente : En terminant.
M.
Drainville : La réponse, c'est oui. Il y aura un budget,
éventuellement, et on verra, à ce moment-là, l'aide supplémentaire qu'on pourra
apporter.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Demande d'enquête sur les disparités régionales touchant
le prix de l'essence
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, hier,
le premier ministre qualifiait les propositions du Parti québécois de théoriques, notamment sur le fait d'enquêter
sur le cartel du pétrole. Au lieu de se moquer de nous, j'invite le premier
ministre à s'intéresser à ce qui se passe dans son propre caucus.
Cet
été, le député de Beauce-Sud a fait une excellente sortie. Constatant une
inexplicable et inexcusable disparité des
prix à la pompe dans sa région, il a écrit une lettre au Bureau de la
concurrence fédéral afin de demander une enquête sur le prix de l'essence. Je l'ai félicité, c'était en juin dernier, et
je tiens à le féliciter à nouveau en cette Chambre. Ce n'est pas rien,
ce n'est pas rien...
Des voix : ...
M. St-Pierre
Plamondon : Je vous entends rire. Ce n'est pas rien, avoir un député
qui en fait davantage que l'ensemble du
Conseil des ministres afin d'obtenir justice vis-à-vis les pétrolières. Je veux
rappeler que le ministre de la Capitale-Nationale, lui, n'était
carrément pas au courant du gonflement des prix dans la région de Québec.
En juillet, ce sont
encore des députés de la CAQ qui ont mené la charge, et non des ministres. Je
veux saluer les députés de Gaspé et de
Bonaventure, qui ont fait parvenir une lettre similaire au Bureau de la
concurrence fédéral pour exprimer
leur frustration. Évidemment, malgré ces demandes, le bureau fédéral continue
de dormir au gaz. C'est comme ça depuis des décennies.
Et
donc, malgré le fait que tous les signaux pointent vers un cartel, est-ce que
le premier ministre est d'accord avec ses propres députés? Et, si oui,
constatant l'inaction du fédéral, est-ce qu'il peut s'engager à mandater notre
Office de protection du consommateur pour mener une enquête sur la disparité
des prix...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la Présidente, on va marquer la date, le
13 septembre. On est d'accord, le chef du troisième groupe d'opposition et moi, on a d'excellents
députés, à la CAQ. Je suis d'accord, on a d'excellents députés, à la CAQ. Et le
ministre de...
Des voix : ...
La Présidente : Ça allait tellement
bien!
Des voix : ...
La Présidente : Je suis
debout. Je suis debout.
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader!
Ne vous interpelez pas d'un côté ou l'autre de la Chambre. Et, M. le député de Matane-Matapédia, je vous ai entendu. Ne vous
interpelez pas. On a bien écouté la question du chef du troisième groupe d'opposition.
Maintenant, on écoute la réponse du premier ministre. Merci, M. le leader.
M. Legault : Bon, il y en a qui ne
vieillissent plus lentement que d'autres.
Mme la
Présidente, suite aux propositions qui ont été faites par des députés de la
CAQ, le ministre de l'Économie a demandé à la Régie de l'énergie de
regarder toute la question, effectivement, du prix du carburant.
Mme la Présidente, ce que je disais hier, c'est
que, pendant que la CAQ donnait des chèques, augmentait l'aide sociale, baissait les impôts, on avait un chef du
Parti québécois qui a dit, tenez-vous bien : On ne baissera jamais les
impôts, «not on my dead body». Ça, ça va bien, de quelqu'un qui
dit : C'est important, le français.
Maintenant,
Mme la Présidente, on a baissé les impôts. Puis hier, sur Twitter, X, le chef
du Parti québécois a dit : Finalement,
on a changé d'idée, on n'augmenterait pas les impôts, on ne ramènerait pas les
impôts où ils étaient avant que le gouvernement de la CAQ les baisse.
Donc, changement, autre virage au Parti québécois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, il y avait une excellente
chronique, récemment, dans La Presse, qui s'intitulait L'art de
faire semblant. On appuie ici un mandat à la Régie de l'énergie, mais ce
n'est pas ça, la question. La
question, c'est la concurrence. Donc, comme le dit le député de Beauce-Sud, la
régie va traiter de la question des marges de profit, mais on ne sera
pas plus avancés sur le fait qu'on a un cartel qui fixe les prix et vole les
gens à la pompe.
Est-ce que le
premier ministre va appuyer notre demande d'enquête par l'Office de la protection du consommateur ou
est-ce qu'il va se croiser les bras et encore attendre après le fédéral?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Je me garderais
une petite gêne, à la place du chef du troisième groupe d'opposition, quand il parle de l'art de faire semblant, faire
semblant de vouloir mettre à jour les finances d'un Québec souverain puis de
remettre ça après les élections partielles dans Jean-Talon pour ne pas
parler de référendum puis de souveraineté.
Mme la
Présidente, effectivement, ce qu'il faut voir, c'est si les marges de profit
ont été exagérées chez les pétrolières. C'est ça que la Régie de
l'énergie va faire puis c'est ça qui doit être fait.
• (11 heures) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, pour septembre 2023, à Québec c'est 1,82 $; Saguenay,
1,65 $; Chaudière-Appalaches, 1,77 $; Outaouais, 1,67 $. Ça fait
des mois que ça dure.
Je ne peux
pas croire que le premier ministre trouve ça normal. Il expliquera ça aux gens
de Jean-Talon, s'il ose faire du
porte-à-porte, mais la réalité, c'est qu'il choisit de rester les bras croisés,
alors qu'on a les leviers ici, à Québec, pour enquêter et briser la
fixation des prix par les pétrolières.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Mme la
Présidente, pendant que le Parti québécois demande une commission parlementaire
par semaine, nous, on a augmenté l'aide sociale de 50 %. On a donné
2 000 $ par année aux 70 ans et plus qui sont à bas revenus. On a donné un chèque de 600 $ pour
les personnes qui gagnent moins de 50 000 $. On a baissé les impôts,
entre autres, pour la classe moyenne.
On a baissé les taxes scolaires. On a baissé les stationnements dans les
hôpitaux. On a enlevé la taxe libérale sur les services de garde.
Mme
la Présidente, pendant que le Parti québécois demande des comités, des
commissions, des tables, des sommets...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...nous, on agit.
La Présidente : Alors, cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis.
Pour ce faire, je cède la place maintenant au deuxième vice-président.
Bonne journée, tout le monde.
Présence de M. Alexis
Wawanoloath, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, bonjour à tous. On m'informe, et je pense
que c'est vrai, là, en tout cas je
vais vérifier, on aurait le plaisir d'accueillir et de souligner la présence
dans les tribunes de l'ex-député d'Abitibi-Est, M. Alexis Wawanoloath.
Motions sans préavis
Alors, Mmes
et MM. les députés, nous allons maintenant passer à la rubrique Motions sans
préavis. Et, en fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais un
membre formant l'opposition officielle, et je suis maintenant prêt à
reconnaître Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Maurice-Richard, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil. Alors :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le taux de propriété au Québec a connu un
recul lors du recensement de 2021, pour la première fois en près de 50
ans;
«Qu'elle
prenne acte que les mises en chantier domiciliaires ont chuté dramatiquement de
36 % au Québec et plus particulièrement de 54 % à Montréal,
alors que les villes de Toronto et Vancouver connaissent de véritables
embellies;
«Qu'elle rappelle que selon l'Association
professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, le prix médian d'une
maison unifamiliale au Québec a augmenté de 70,1 %, soit 178 000 $,
depuis l'automne 2018;
«[...]Qu'elle constate que l'accès à la
propriété est un rêve qui échappe à une part grandissante de la population
québécoise, notamment les jeunes familles;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement du
Québec de mettre en place des mesures visant à favoriser l'accès à la
propriété, et ce d'ici la fin de la présente année.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition,
et je reconnais M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Demander
au gouvernement de viser l'élimination de
l'insécurité alimentaire dans les écoles
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, le député de Matane-Matapédia
et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale déplore
l'augmentation de l'insécurité alimentaire dans les écoles québécoises;
«Qu'elle
rappelle que l'accès des enfants à une alimentation saine est un facteur
déterminant de l'égalité des chances et de la réussite éducative;
«Qu'elle
salue la mobilisation grandissante d'organismes communautaires et de la société
civile en faveur d'une plus grande sécurité alimentaire des enfants;
«Qu'elle reconnaisse l'expertise de ces
organismes;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande au
gouvernement [du Québec] de viser l'élimination de l'insécurité alimentaire
dans les écoles du Québec.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le
Président. Il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il y a consentement. Alors, est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, je suis... Oui, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Très rapidement, est-ce qu'on pourrait envoyer
copie de cette motion au Chantier pour un programme d'alimentation
scolaire universel au Québec, s'il vous plaît?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ce sera fait avec plaisir, M. le leader.
Je
suis maintenant prêt à reconnaître un membre du troisième groupe d'opposition,
et je cède la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
Demander au gouvernement de mandater un organisme afin
de faire
enquête sur l'absence de concurrence dans le milieu de l'essence
M. Bérubé : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec la députée
de Saint-Laurent, le député de Maurice-Richard et la députée de Vaudreuil, la
motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale constate les disparités du prix de l'essence entre la Capitale-Nationale,
Chaudière-Appalaches et les autres régions du Québec;
«Qu'elle reconnaisse
que ces disparités touchent particulièrement les citoyens de la Capitale-Nationale;
«Qu'elle demande au gouvernement de mandater l'Office de la protection du consommateur ou tout autre organisme compétent afin de
lancer une enquête sur l'absence de concurrence dans le milieu de
l'essence.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président. Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, il y a consentement. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre formant le gouvernement,
et je cède la parole à M. le ministre de la Culture et des Communications.
Rendre hommage à Mme Denise Bombardier, journaliste,
essayiste, auteure et animatrice, et offrir des
condoléances à sa famille et à ses proches
M. Lacombe : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de l'Assemblée afin de débattre
de la motion suivante conjointement avec la
députée de Mont-Royal—Outremont, la députée de Mercier, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale rende hommage à Mme Denise Bombardier, qui s'est éteinte le 4 juillet
dernier;
«Qu'elle salue sa
carrière remarquable à titre de journaliste, essayiste, auteure et animatrice;
«Qu'elle
reconnaisse son apport à la vie culturelle québécoise et, en particulier, à la
production littéraire de langue française;
«Qu'elle offre ses
plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale observe une minute de silence en sa mémoire.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président, vous avez compris qu'il y a
consentement pour un débat de deux minutes
par intervenant dans l'ordre suivant : le ministre de la Culture et des Communications, la députée de Mont-Royal—Outremont, la députée de Mercier et le député de
Matane-Matapédia.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion, un débat de deux
minutes par intervenant et quatre intervenants. Et je cède donc la parole,
comme premier intervenant, à M. le ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci,
M. le Président. Le 4 juillet dernier, une figure incontournable du
paysage médiatique québécois nous a quittés.
Polémiste, essayiste, journaliste, animatrice et romancière, notamment,
Mme Denise Bombardier a
fait rayonner le Québec bien au-delà de ses frontières. Donc, j'aimerais
aujourd'hui saluer la mémoire de cette grande dame qui laisse une marque
indélébile sur notre société.
• (11 h 10) •
À
la fois forte, sensible et déterminée, Denise Bombardier a non seulement marqué
le Québec, mais aussi toute la francophonie.
Son amour profond pour la langue française, je dirais même un amour ardent et
très combatif, en a fait une remarquable
ambassadrice de la culture québécoise. Pour elle, protéger sa langue
constituait un geste d'ouverture vers les autres francophones de partout
dans le monde, et non une position de repli.
On
se souviendra évidemment de son franc-parler. Elle ne craignait pas de dire ce
qu'elle pensait. Elle était capable de défendre ses idées jusqu'au bout.
Une femme très audacieuse, qui n'avait pas froid aux yeux.
Grâce à ses qualités
de fonceuse, à sa passion pour la politique, pour les sujets de société, pour
l'actualité, Denise Bombardier a su mener
une riche carrière de plus de 30 ans à Radio-Canada puis dans
d'autres médias par la suite, notamment comme chroniqueuse au Devoir
puis au Journal de Montréal.
Sa
prise de position sur l'affaire Matzneff, on s'en rappelle, à une époque bien
différente de la nôtre, a aussi contribué à faire briller la force de
ses convictions ici comme partout dans le monde, un sens des convictions qui a
été porté, évidemment, par son immense talent de communicatrice.
Denise Bombardier ne
faisait pas toujours l'unanimité, c'est vrai, et je dirais même que c'est tout
à son honneur, mais tous et toutes lui reconnaissent de grandes qualités
intellectuelles, une redoutable habileté à analyser notre société et une
enviable combativité.
Donc, à tous les
proches et à tous les amis de cette amoureuse indéfectible de notre belle
langue et de notre culture, qui a marqué le Québec et dont on va se souvenir
longtemps, j'offre, au nom de tous les collègues et en moi-même, nos plus
sincères condoléances. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Et je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme
Setlakwe : Merci, M. le Président. Deux petites minutes sont nettement
insuffisantes pour adéquatement souligner
l'apport de Mme Denise Bombardier à la société québécoise. Je mettrai en
valeur son amour du français et son apport incommensurable à la place
des femmes au Québec.
Son
discours insistant non seulement sur la place du français au Québec, mais sur
sa qualité a contribué à la réflexion collective
sur ces enjeux. Ses vues sur le français et tant d'autres sujets ne vacillaient
pas selon la tendance du moment, elle est
restée cohérente et insistante. Les Québécois devaient non seulement protéger
leur langue, mais bien la parler et l'écrire.
À
une époque où les femmes commençaient à peine à prendre leur envol dans
l'espace public, Denise Bombardier perce le milieu télévisuel et prend les commandes de plusieurs émissions
d'affaires publiques. Sa rigueur, son professionnalisme et sa curiosité
intellectuelle lui donnent des lettres de noblesse que peu de ses pairs
masculins détiennent.
Pour
une génération de femmes, Denise Bombardier constitue un tremplin vers la
liberté d'opinion. Elle leur donne confiance de s'exprimer en tant que
femme et d'exiger le respect des hommes. Elle leur dit que leurs opinions sont
aussi importantes que celles de leurs pères, leurs frères ou leurs maris. Elle
leur dit qu'elles ont le droit de penser et de s'exprimer. Le Québec perd une
pionnière, une femme forte et courageuse.
Mme Bombardier
était aussi une mère, une épouse, une amie. Mes collègues et moi offrons nos
plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. Elle est partie
beaucoup trop vite et laissera un grand vide.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup, M. le Président. Mme Denise
Bombardier, chroniqueuse, romancière, essayiste, productrice, animatrice
de télévision et polémiste, nous a quittés le 4 juillet dernier des suites
d'un cancer fulgurant, entourée de ses proches.
Fière
Montréalaise, elle a été élevée sur Le Plateau—Mont-Royal. Elle est recrutée à 12 ans pour
faire des entrevues dans une émission
pour enfants à Radio-Canada. Détentrice d'un baccalauréat en arts en 1964,
d'une maîtrise en science politique
de l'Université de Montréal en 1971 et d'un doctorat en sociologie de la
Sorbonne en 1974, Mme Bombardier aura atteint les sommets académiques. Elle aura même été membre active du
Rassemblement pour l'indépendance nationale.
Une
animatrice de télévision coriace, elle aura animé plusieurs émissions, dont Présent
International, Hebdo dimanche, Le Point, Entre les
lignes, Noir sur blanc, Raison Passion. Elle est une figure
incontournable de notre petit écran depuis de très nombreuses années. Mme Bombardier
aura marqué le Québec. Tout le monde, aujourd'hui, se rappelle de son
intervention en 1990 sur le plateau de l'émission de Bernard Pivot, Apostrophes,
face à Gabriel Matzneff.
Au nom de ma
formation politique, je joins ma voix pour offrir à nouveau mes plus sincères
condoléances à sa famille, ses proches et ses amis. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée. Et je cède
maintenant la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, le 4 juillet dernier,
nous avons appris le départ de Denise Bombardier, que certains
appelaient «Madame B». Journaliste, essayiste, auteure, animatrice, Denise
Bombardier disait tout haut ce que d'autres pensaient
tout bas, et heureusement. Denise était à son aise dans les controverses. Elle
connaissait l'art de la satire, elle savait
décocher des pointes. Elle avait, en un mot, le don, j'ai envie de dire,
voltairien du trait d'esprit. Elle conjuguait à son talent rare pour la
polémique une fidélité sans faille à ses convictions, progressistes, certes,
féministes, assurément, et indépendantistes, faut-il le rappeler.
J'ose une
comparaison qui l'aurait peut-être fait sourire. Malgré qu'elle ait été de tous
ces combats, Denise n'a jamais donné
le bon Dieu sans confession à quiconque, et c'est sans doute pourquoi Denise
manque tant au Québec d'aujourd'hui. Elle
en était cette conscience, elle avait ce bon sens qui, avec répartie, savait
nous remettre à notre place parfois. N'a-t-elle pas disparu au moment même où partout dans la francophonie retentissait
son vibrant plaidoyer pour le droit des enfants, des jeunes filles en particulier? Il en fallait, du front et de la
conscience parfaitement claire pour dénoncer comme elle l'a fait la conduite scandaleuse et criminelle d'un
auteur sur le plateau de Bernard Pivot, dans un pays où les vedettes
littéraires semblaient au-dessus de
tout soupçon. Denise a eu ce front, elle avait cette conscience claire, sûre de
ce qui est juste et qui ne recule devant rien.
Il faut dire
que Denise s'était fait la main. Elle a été la première femme au Québec à
animer une émission télévisée d'affaires publiques, ce qui n'était pas
une mince affaire. Donc, elle a reçu sur son plateau aussi bien René Lévesque,
Pierre-Elliott Trudeau, l'écrivaine
française Benoîte Groult, Georges Simenon, la première ministre d'Israël Golda
Meir, le président français Valéry Giscard d'Estaing et son successeur,
François Mitterrand.
Nous retenons donc de Denise Bombardier le
courage intellectuel, l'intégrité, l'éloquence, l'amour de la langue française, beaucoup, et le sens des convictions.
Je nous souhaite collectivement, au Québec, que nous maintenions cet héritage,
que nous suivions son exemple et débattions respectueusement, comme elle a su
le faire, n'hésitant pas à être en désaccord, mais dans le plus profond respect des opinions. Denise nous a légué
l'exemple. Je souhaite qu'elle nous ait également légué la force de le
suivre.
Merci, M. le
Président, de nous permettre de rendre hommage à une femme qui a livré ses
opinions, mené plusieurs combats en étant profondément Québécoise et
profondément éprise de son peuple, qu'elle aimait tant. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Lévesque (Chapleau) : ...vote
électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, on demande... le vote électronique est
demandé. Alors, j'invite l'ensemble des collègues à utiliser le petit
boîtier et à utiliser son droit de vote.
• (11 h 20) •
Alors, le vote est maintenant terminé. Mme la
secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 111
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : La motion est adoptée. Alors, les collègues, je
vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir vous lever et d'observer
une minute de silence en la mémoire de Mme Denise Bombardier.
• (11 h 21 — 11 h 22)
•
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Je
vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, nous
poursuivons à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Alors, à
la rubrique... Tout d'abord, oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée
que la Commission des institutions poursuivra
les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi
n° 32, la Loi instaurant
l'approche de sécurisation culturelle
au sein du réseau de la santé et des services sociaux, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux
des commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 h à 18 h 15,
à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 15, la Loi visant
à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des finances publiques entreprendra l'étude détaillée du projet de
loi n° 27, la Loi modifiant la
Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de
vente du Québec et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des relations avec les citoyens poursuivra les consultations générales et
auditions publiques sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2024-2027 aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 12 h 50
et de 15 heures à 18 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La
Fontaine;
La Commission
de l'économie et du travail poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de
loi n° 29, la Loi
protégeant les consommateurs contre l'obsolescence programmée et favorisant la
durabilité, la réparabilité et l'entretien des biens, aujourd'hui, de
15 heures à 17 h 25, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le leader adjoint du gouvernement.
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. Donc, il n'y en a pas.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et je cède à
nouveau la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 23
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 12 septembre 2023 sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 23, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la
Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation.
Et je suis prêt à reconnaître la prochaine
intervenante, et ce sera Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le
Président. Donnez-moi un moment pour me dégager un peu d'espace.
Alors, projet
de loi n° 23, pour ceux qui se joignent à nous, c'est un projet de loi qui
vise quoi, en fait? Corriger l'autre réforme,
qui était le projet de loi n° 40, qui a été adopté sous bâillon, sous
pression, alors que ça ne fait même pas... à peine trois ans que la loi n° 40 est présentement en contestation juridique après un revers assez
important en Cour supérieure. Récemment,
le gouvernement a choisi d'aller en appel, à notre grande surprise, car la
décision du tribunal était quand même assez
éloquente, très précise, un peu plus de 100 pages, pour nous dire à quel point
que le gouvernement avait écourté les débats et qu'il fallait respecter
les droits, les droits constitutionnels de notre propre charte, hein, la charte
québécoise.
Donc, j'étais
surprise de voir que le gouvernement, in extremis, dépose son appel au lieu de
se dire : Bien, cette fois-ci, on va collaborer, on va travailler,
on va écouter. On va écouter les gens, particulièrement dans la communauté anglophone, qui ont des droits de dire que ce
n'est pas des citoyens de seconde classe, d'essayer de comprendre comment on peut vraiment s'assurer de remettre la réussite
éducative l'enjeu numéro un au Québec. Pas des chicanes : réussite
éducative.
Alors qu'on n'a
même pas fait le bilan de la dernière réforme du gouvernement caquiste, on
plonge dans une nouvelle réforme avec un ministre en Éducation qui est nouveau,
pas nouveau en politique, c'est son retour, mais je trouve assez
surprenant qu'un ministre qui n'a même pas encore un an de métier en poste en
Éducation pense déjà avoir compris le réseau
de l'éducation pour déposer une autre réforme de gouvernance scolaire.
Généralement, lorsqu'on arrive en poste et qu'on est nouveau, on prend
le temps de bien saisir toutes les particularités du réseau, tous les vrais
besoins du réseau.
Je vous avoue
candidement, M. le Président, je suis à l'aube, moi aussi, de ma sixième année
en politique et, en éducation, même si ça fait bientôt six ans que je
suis porte-parole, j'apprends encore. Il y en a énormément à apprendre. Alors, ma grande surprise, c'est de voir quelqu'un
arriver en poste et se dire : Ma priorité en éducation, c'est une
gouvernance scolaire.
Or,
permettez-moi de revenir sur nos priorités pour nous, le Parti libéral du
Québec, la réussite éducative. Comment qu'on apprend à l'école, M. le
Président? Première des choses, un enseignant qualifié, pas un adulte, un
enseignant. Ça s'apprend, être
enseignant. Moi, je suis allée, hein, faire de la suppléance. J'ai beau avoir
déjà été professeure à l'université, ça
n'a rien à voir lorsqu'on arrive dans une classe de cinquième année et que,
devant nous, se dressent des élèves, certains qui n'ont pas grand besoin d'aide, ils sont vraiment très, très, très
rapides, plus rapides, même, que l'enseignante, et d'autres que, non, ont
besoin d'une attention plus soutenue. Est-ce qu'on compare la composition de la
classe? Mais il faut le vivre pour le
comprendre. Si je vous dis que, sur 22 élèves, vous en avez 17 avec des
plans d'intervention, ce n'est pas exagéré. Je l'ai vécu puis je l'ai vu. Quand on vous dit que l'orthophoniste va
arriver, elle va arriver éventuellement parce qu'elle doit aussi se promener dans d'autres écoles, parce
qu'elle aussi son poste est précaire, c'est un emploi à temps partiel. Quand
on est chanceux, on a un emploi à temps plein, mais divisé sur différentes
écoles.
Puis cet
enjeu d'avoir un enseignant, je me rappelle comme si c'était hier, 2018, ma
première année ici, au salon bleu,
j'étais assise juste là, je me suis levée puis j'ai dit : Un instant!
Pourquoi vous foncez tête baissée avec les maternelles quatre ans mur à mur quand nous, on
croit, au Parti libéral, à faire du sur-mesure, alors que l'enjeu... on voulait
ajouter des élèves dans une nouvelle classe
pour du préscolaire non obligatoire, mais qu'on n'arrive même pas à avoir des
enseignants dans des classes obligatoires au primaire et au secondaire. On
m'avait dit à l'époque : Ah! vous sortez des épouvantails, Mme la députée
de Saint-Laurent.
Aujourd'hui,
résultat des courses, un record jamais vu dans l'histoire du Québec. On nous
dit, dans le rapport de la Vérificatrice
générale du Québec : Il manque beaucoup d'enseignants et qu'il y a,
présentement dans le réseau, près de 30 000 enseignants non
qualifiés.
Ici, je veux
vraiment faire une distinction. Il y a ce que nous appelons les légalement
qualifiés, ceux qui ont un bac en
mathématiques, en français, en littérature, pouvaient avoir un baccalauréat en
histoire, en chimie, en physique et décider de faire le grand saut pour
devenir enseignant, et vous allez faire ce qu'on appelle une maîtrise
qualifiante. Eux, on les appelle les
enseignants non légalement qualifiés, mais ils sont qualifiés, mais ils doivent
faire leur brevet, mais c'est ce brevet-là qui prend du temps et c'est
ça qu'on doit accélérer pour s'assurer qu'il soit disponible beaucoup plus rapidement sous différentes formules, pour pouvoir
accélérer le temps que ça prend à former en matière... plus en pédagogie,
un enseignant qui est non légalement qualifié.
Mais il y a
ceux qui ne sont pas qualifiés, et c'est là que je veux vraiment attirer votre
attention parce que, via une demande d'accès à l'information, on a découvert
quoi? Mais que, dans les enseignants non qualifiés... dans les enseignants non
légalement... pardon, dans les enseignants qui ne sont pas qualifiés, via une
demande d'accès à l'information, on note qu'il y en a qui ont tout simplement un D.E.C., d'autres une attestation
d'études collégiales, d'autres un diplôme d'études secondaires, mais ils
sont dans une classe.
• (11 h 30) •
Et,
quand on dit qu'on ne doit pas niveler vers le bas, bien, j'appelle au sens du
devoir le ministre de l'Éducation, de dire : Bien, écoutez, on est
rendus là. On est rendus là. Je ne peux pas vous garantir qu'il va y avoir un
enseignant. Je ne peux pas vous garantir qu'il va y avoir un enseignant non
légalement qualifié, mais on va avoir un adulte. On est rendus là. Je l'ai écouté dans son entrevue à Paul Arcand et j'ai senti
quelqu'un qui a jeté l'éponge. M. le ministre, vous n'avez pas le droit de jeter l'éponge. À titre de
ministre de l'Éducation, vous avez une obligation de résultat. La mission de
l'État, l'éducation, c'est un droit au
Québec, et ce droit doit être rempli convenablement avec un enseignant, pas une
personne qui a 18 ans. Aller à
l'école, ce n'est pas aller s'asseoir et surfer sur le Net, c'est apprendre. Il
y a des apprentissages, le savoir qui doit être transmis, savoir, savoir
faire, savoir être aussi. Et malheureusement, ce ne sera certainement pas une personne de 18 ans qui vient à peine de
compléter son secondaire cinq qui va aller transmettre ces connaissances-là
alors que cette personne est encore en apprentissage.
Dans le
rapport de la Vérificatrice générale du Québec, qu'est-ce qu'elle indique?
Parce qu'il faut prendre le temps de lire. Elle dit la chose
suivante : Quand j'ai demandé au ministère de l'Éducation ses données, ils
m'ont répondu que je ne les avais pas. Ils
n'ont pas les données. Or, ils les avaient. Donc, c'est l'équipe de la VG qui
est allée dans les banques de données
du ministère de l'Éducation pour fouiller à leur place. En gros, M. le
Président, ce que les centres de services scolaires, les directions d'école remplissent ce qu'on appelle des
infolettres, des infocollectes. Donc, les infocollectes sont complétées,
sont transmises au ministère de l'Éducation, mais, après ça, là, elles sont
tablettées. Personne ne regarde ce qu'on
leur envoie. C'est l'équipe de la Vérificatrice générale qui a fait le ménage
là-dedans pour découvrir que nous avions 30 000 enseignants non qualifiés au Québec et non légalement
qualifiés, alors que ça devrait être fait par le ministère de
l'Éducation.
Alors, c'est
pour ça que je... Permettez-moi de prendre un petit peu de recul. On fait un
projet de loi parce que le ministre dit : Ça me prend plus de
données. Vraiment? Parce que les infocollectes sont remplies par le monde du
réseau de l'éducation. Nous, on a des enseignants qui prennent le temps de
remplir les demandes du ministère de l'Éducation. Nous avons des directions d'école qui remplissent les infocollectes. On
a des D.G. au Québec qui envoient les infocollectes. Dans le ministère de l'Éducation, on n'a personne
pour traiter l'information parmi les 1 000 fonctionnaires. On n'a pas
besoin d'un projet de loi pour ça, M. le
Président. Ce qu'on a besoin, c'est du leadership, puis de dire à la machine,
quand on demande aux gens du réseau
d'éducation qui ont déjà de la broue dans le toupet de remplir des infocollectes,
bien, de s'assurer que cette information-là soit, par la suite, traitée.
Et, oui,
nous, au Parti libéral du Québec, on est pour les tableaux de bord, on adore
les tableaux. Vous comprendrez que moi, je travaille avec beaucoup de
tableaux. On y croit, mais on croit aussi au sens de la responsabilité
ministérielle. Ça suffit, de toujours dire
que c'est la faute des autres. Non. Il y a un ministre en poste, et c'est à lui
de s'assurer que son ministère roule rondement. On ne peut pas toujours
pointer du doigt par le bas.
Et, dans le
rapport de la V.G. vous comprendrez que je l'ai lu, puis il est très important,
ce rapport-là, il a été déposé au
mois de mai, hein, toujours très, très frais, pourquoi qu'on a des enseignants
qui sont qualifiés, donc ceux qui ont fait un baccalauréat de quatre ans
pour être enseignants, qui quittent la profession? Entre 20 % à 25 %
d'entre eux vont quitter la profession dans les cinq premières années. Imaginez
une jeune fille pleine d'espoir, commence son bac, quatre ans avec des stages, pas tous rémunérés
malheureusement, puis on le demande qu'ils soient rémunérés, arrive à l'école,
première journée, soit elle ou une de
ses trois autres collègues quitteront la profession dans les cinq premières
années. Ça, là, c'est des ressources que nous perdons, qui sont formées, mais
c'est aussi des rêves que nous perdons. Parce qu'il y a des gens qui
nous disaient : Moi, j'ai rêvé d'être enseignante, mais, quand je suis
arrivée à l'école, j'ai désenchanté.
Pourquoi on
les perd, M. le Président? Je n'ai pas la réponse, moi, mais la Vérificatrice
générale, elle l'a, la réponse. Elle l'a écrit aussi. Il faut lire les
notes de bas de page. Elles sont importantes dans un rapport. C'est indiqué
qu'en moyenne ça peut prendre jusqu'à sept
ans, obtenir une permanence. Donc, on a besoin d'eux. On n'arrête pas de crier
sur toutes les tribunes : On a besoin de vous, embarquez avec nous,
mais on ne vous offrira pas un emploi qui mène à la permanence. Or, dans la convention nationale, là, les conventions
collectives, là, c'est écrit noir sur blanc : après deux ans, vous êtes supposé être
permanent. Mais, quand on vous offre un emploi de suppléance, quand on nous
offre d'avoir un emploi à temps partiel, quand on vous offre un contrat,
donc être contractuel, ça ne mène pas à la permanence. Donc on vient contourner cette règle de permanence là.
Donc quelqu'un qui, imaginez, là, commence en septembre dans une école, cette personne adore son école, adore sa classe,
rendue au mois de juin, lors de la fin des classes, son emploi est terminé.
Et elle apprend, la semaine de la rentrée, pas la semaine d'avant, là, la
semaine de la rentrée scolaire, elle reçoit un appel, si elle reçoit un appel, parce que, sinon, c'est elle qui doit
appeler : Ah! finalement, on a besoin de toi au centre de services scolaire, mais tu n'iras pas dans la même école,
tu vas changer d'école, puis ça se peut que tu fasses deux écoles différentes,
parce qu'on n'est pas sûrs si on est
capables de te donner une tâche à temps complet à telle école, ou, si tu es
chanceuse, tu peux avoir la même école, mais tu vas avoir différentes tâches.
Ça se peut que tu enseignes l'histoire, la géographie, ah! chimie,
peut-être. Ah! es-tu bonne en anglais? Parce qu'on a aussi besoin de toi en
anglais.
Bien, c'est
pour ça que les gens sont un petit peu découragés. Non seulement votre emploi
est précaire, ne mène pas à la
permanence, mais, au mois de juin, on vous dit bye-bye, et, au mois d'août, à
la rentrée des classes, vous n'avez pas
le temps de préparer vos cours, là, à la rentrée des classes, la semaine de la
rentrée, on vous appelle puis on vous dit : Bien, voici votre nouvelle tâche ou plutôt vos nouvelles tâches, au
pluriel. Nonobstant vos capacités, vous allez apprendre sur le tas, comme on dit. Ça, c'est un petit peu
décourageant, mais c'est surtout énergivore. Après ça, on se demande pourquoi
nos jeunes enseignants ont la langue à terre.
Et, quand j'entends un ministre de l'Éducation
qui, je le rappelle, a été journaliste... Ça, M. le Président, vous le savez, un journaliste rapporte des faits. Puis
habituellement, là, je dis «habituellement», là, on s'assure que, lorsqu'on se
présente à un point de presse, que nos
données sont bonnes. Rentrée scolaire, le 23 août, qu'avons-nous? Le
ministre de l'Éducation fait un point
de presse, tous les journalistes sont conviés, tout le monde arrive. Coup de
tonnerre au Québec, le ministre de l'Éducation annonce à tous les parents, à
tous les élèves, à tout le Québec : Nous avons un trou, il nous manque
près de 9 000 enseignants. La panique est pognée solide. Ça, c'était
le 23 août. Quelques heures après son point de presse, pas quelques
journées après, la même journée, quelques heures après, les D.G. des centres de
services scolaires disent : Minute, ce
n'est pas tout à fait ça, le portrait, là, il ne nous en manque pas de
9 000. Les données que le ministre avait en sa possession pour
faire son point de presse dataient du 14 août.
Je n'ai
jamais vu ça, moi, un ministre qui se pointe à un point de presse avec des données
qui sont déjà expirées, qui datent du 14 août, puis fait un point de
presse avec quelque chose d'aussi explosif, sans valider que l'information
qu'il va dire aux Québécois soit
bonne. Alors, vous comprendrez que ça a été toute une commotion, au Québec. Je
ne l'ai pas entendu s'excuser
là-dessus pour sa méprise. Et je suis un petit peu étonnée de lui, parce
qu'habituellement il est supposé être un petit peu plus rigoureux.
Mais revenons sur son annonce. Il dit : Les
enseignants, là, on a aussi de la misère parce qu'ils ne veulent pas travailler
à temps plein. Ah bon! Première fois que je l'entends, celle-là : des
enseignants qui ne veulent pas travailler à temps plein. En pleine crise
d'inflation, les gens veulent avoir un emploi à temps plein. Or, dans les
offres d'emploi, M. le Président, en date du 14 août... La situation s'est
résorbée, mais pas tant, il nous en manque actuellement 1 000,
enseignants. Mais permettez-moi de revenir sur les offres d'emploi affichées en
date du 14 août : sur les 8 555 postes d'affichés, 6 700 postes à temps
partiel. Venez-vous-en dans nos écoles, on a besoin de vous, mais pas en tout
temps. Quand même!
Alors, moi,
je suis vraiment surprise aussi de ça. Le ministre de l'Éducation fait la
promotion des emplois à temps partiel,
au lieu de se poser la question — puis
il aurait dû se poser la question depuis le rapport de la VG, du mois de mai,
là : Pourquoi on n'est pas capables de recruter puis de retenir nos
enseignants? Bien, évidemment, c'est sûr que ça n'aide pas lorsqu'on dit que
les maternelles quatre ans, c'est moins exigeant, on peut faire une sieste puis
apprendre par le jeu, là. C'est plus
que ça, les maternelles quatre ans. D'ailleurs, je suis un petit peu étonnée,
parce que le premier ministre avait déjà dit que les maternelles quatre ans
allaient révolutionner le réseau d'éducation, puis aujourd'hui, avec le
ministre de l'Éducation, on pense que
la maternelle quatre ans, c'est pratiquement des classes de yoga. Il y a comme
une disparité dans le discours. Alors, comment on fait pour attirer du
monde avec des emplois précaires? C'est impossible.
• (11 h 40) •
M. le Président, savez-vous aussi que le
personnel de soutien, c'est plus de 80 % des postes occupés par des femmes, aussi à temps partiel? Des 12 heures,
des 15 heures. Comment on nourrit une famille à coup de 15 heures par
semaine? Moi, je n'arriverais pas, eux autres non plus. C'est pour ça qu'ils
quittent, on leur offre en ce moment des emplois à temps plein beaucoup
mieux rémunérés. Les techniciens en éducation spécialisée, ceux qui doivent
intervenir, là, avec des enfants qui, eux,
peuvent avoir un trouble de comportement, par exemple, pourquoi on leur offre
du temps partiel quand on a besoin d'eux à temps plein?
Quand j'ai fait le bulletin du ministre, bon, il
était un petit peu choqué, j'avais donné un E pour «échec», puis il ne comprenait pas pourquoi. On apprend par les
demandes de l'accès à l'information — donc,
l'information existe, là, pas besoin du p.l. n° 23,
là, on avait l'information — au
niveau des violences dans les écoles, ça a explosé depuis la pandémie.
Avez-vous entendu le plan d'action du ministre de l'Éducation depuis? Non. Nos
enseignants doivent faire des demandes à la CNESST pour intervenir, pour que
l'employeur s'assure de la sécurité des enseignants. Il y a même une décision
du tribunal, qui est venu écrire noir sur blanc que, non, manger des coups à
l'école ne fait pas partie des descriptions
de tâches. Il faut le faire, se battre jusqu'au tribunal pour avoir ça. Est-ce
que ça, c'est valoriser les enseignants? Est-ce que ça, ça permet de
retenir les enseignants? La réponse, c'est non.
Tout ce que je vous dis, est-ce que vous l'avez
vu dans le p.l. n° 23 ou bien dans les écoles?
Non. Rétention du personnel? Non. Vétusté
des écoles, ce n'est pas des farces, là, quand le journal titre Le plafond
tombe dans sept écoles au
Québec. Dans une autre école, on
doit fermer parce que c'est tellement chaud que le plancher est glissant. Les
gens tombent. Mais le premier ministre dit : Moi, je doute du
portrait de vétusté des écoles parce que je pense que les D.G. ont pesé sur le crayon. Avez-vous
une preuve ou un commencement de preuve là-dessus? Non, c'est mon pif. Alors,
comment on fait pour améliorer nos écoles lorsque le premier ministre doute du
portrait? En ce moment, il disait : Faire plus, faire mieux. Bien, entre l'arrivée de la CAQ puis le
gouvernement libéral, ça s'est détérioré. On est passés de 48 % de vétusté
à 61 %. C'est pire. Ça, est-ce que c'est dans le projet de loi
n° 23? Non, M. le Président.
Qu'est-ce qu'il y a
dans le projet de loi n° 23? La grande priorité de la CAQ, le Conseil
supérieur de l'éducation, bien, dans sa forme actuelle, on n'en a plus besoin.
Je n'ai jamais entendu qui que ce soit... Et d'ailleurs tous ceux qui sont
venus en commission ont tous dit que c'était une mauvaise idée. Le Conseil
supérieur de l'éducation doit rester intact.
On peut avoir un institut, mais cet institut national pourra avoir des données.
Il n'y a personne qui est contre la
vertu, là. On aime ça. C'est une bonne idée. Mais pourquoi on doit aller
affaiblir le Conseil supérieur de l'éducation? Pourquoi avons-nous
besoin d'un projet de loi pour avoir des données? Est-ce que le ministre est en
train de dire qu'il n'est pas capable de
parler avec sa fonction publique, avec son équipe de fonction publique, pour
avoir des données qui existent? Parce
que, quand il était en point de presse, là, le 23 août, ces données-là, il
les avait. Le projet de loi n° 23 n'était pas adopté.
Le fameux comité pour
l'INEE. Certains professeurs universitaires sont venus en commission à la
demande du gouvernement. Ils ont insisté
fort, hein, au bureau du leader, pour les avoir. Ils ne nous ont jamais dit
pourquoi. Or, on a appris le pourquoi
dans Le Devoir. Ils étaient dans un comité confidentiel, opaque et
rémunéré, certains ont accepté la rémunération, d'autres n'ont pas
accepté la rémunération, je tiens à le dire, qui pousse l'idée de l'INEE,
l'institut national. Aucun d'entre eux n'a jugé bon, lorsqu'ils sont venus en
commission, de divulguer cette apparence de conflit d'intérêts ou ce biais, non. Or, moi, ma question est : Pourquoi
vous n'avez pas divulgué ça? Il me semble que l'honnêteté
intellectuelle, c'est de dire : Si j'ai siégé dans un comité sur la
création de l'INEE et qu'on me demande mon avis en commission parlementaire à
des élus à l'Assemblée nationale du Québec, sur cette idée, bien, c'est sûr
qu'on devrait juste dire : Bien oui, je
suis pour, c'est ma propre idée. On aurait juste dit : Bien, O.K.,
parfait. Ça aurait été juste une question d'honnêteté intellectuelle. Ni le ministre n'a divulgué cette
information-là... Aucun membre de son cabinet ne l'a divulgué et aucun
des intervenants qui a siégé dans ce comité opaque et confidentiel ne l'a
divulgué.
Ma
question, c'est : À la demande de qui c'est resté secret? Avez-vous signé
une entente de confidentialité? Si oui, pourquoi vous avez accepté ça? Il me
semble qu'au Québec ce n'est quand même pas huit personnes qui vont réfléchir à
l'éducation de 1,3 million d'enfants. Il me semble qu'on est capables de
faire preuve de transparence au Québec. Il me semble.
En
terminant, M. le Président, quelle a été ma surprise d'entendre le ministre de
l'Éducation mettre la table pour les violences à caractère sexuel un mois après
avoir reçu le rapport. Je vous rappelle les faits. Nous avons appris dans les
journaux qu'un enseignant aurait mis enceintes non pas une, mais deux élèves.
Je me suis levée en cette Chambre, le ministre
de l'Éducation, je lui ai demandé la question suivante : Pourquoi vous ne
déclenchez pas l'article 26? Il me semble que c'est un acte dérogatoire. Il dit : Ah! je ne peux pas, ça me
prend une plainte. J'ai dit : Bien non, quand on lit l'article, vous êtes capable, vous avez même des pouvoirs
d'enquête qui sont conférés à l'article 478.1 et suivants. Ces
pouvoirs-là, d'enquête, vous les avez, comme ministre de l'Éducation, pourquoi
vous ne faites rien? Alors là, j'ai envoyé la plainte écrite. Donc, c'est moi qui ai écrit une plainte pour
activer le processus. Finalement, le ministre de l'Éducation décide de
déclencher une enquête. On apprend par la suite que, dans une autre
école, même affaire, il n'a pas mise enceinte, mais il a eu une relation inadéquate avec une mineure, une autre
élève. On apprend que, dans une autre école, un enseignant avait commis des gestes inappropriés. Donc, ça se multiplie,
là. Alors, finalement, le ministre fait la bonne chose, dit : Je vais
faire une enquête générale. Il y a un
rapport qui tombe, et, grosso modo, bien, nos écoles sont mal outillées, on
doit en faire plus pour mieux protéger les élèves du Québec.
Ça, on est d'accord,
au Parti libéral du Québec. Je vous rappelle, M. le Président, que la loi-cadre
qui encadre les caractères sexuels au niveau
de l'enseignement supérieur, c'est-à-dire collégial et universitaire, a été
déposée par notre ancienne collègue,
Mme Hélène David, dans la foulée du scandale #metoo. On l'a adoptée
rapidement, vous vous rappelez, hein?
Ça a été adopté rapidement. Personne n'était contre ça parce qu'on savait qu'il
y avait une urgence d'agir. C'était la première
étape. Mme David a toujours dit : Il faut aller plus loin, puis on
était d'accord, au Parti libéral, il faut aller plus loin. Alors, nous, on a toujours dit au ministre
de l'Éducation : Déposez un projet de loi pour les violences à caractère
sexuel, pour les encadrer au niveau des écoles, c'est-à-dire le monde de
l'éducation, primaire et secondaire.
Quand j'ai entendu,
en point presse, le ministre de l'Éducation dire : Ah! je vais utiliser le
projet de loi n° 23, qui est hautement contesté, je
vais mettre des amendements pour les violences à caractère sexuel dans le
projet de loi n° 23... M. le Président, là, ça
ne fonctionne pas. On ne peut pas prendre un projet de loi hautement contesté
puis mettre des amendements sur un dossier
aussi sensible, aussi important mais aussi, surtout, consensuel, et l'imbriquer
dans un projet de loi n° 23. Non, puis je vais
vous dire le pourquoi.
Le
projet de loi n° 23, là, il n'y a personne au Québec qui retient
son souffle pour son adoption, personne. Je vous dis, ce n'est pas du tout une
priorité dans le réseau de l'éducation. Par contre, encadrer les violences à
caractère sexuel, il y a du monde qui, oui, retiennent leur souffle. Oui, ça,
c'est attendu dans le réseau de l'éducation. Alors, moi, je demande au
ministre de l'Éducation de s'élever
au-dessus de toute la mêlée, faire preuve de leadership, de dire : J'ai
entendu, cette fois-ci, le message, je suis d'accord, c'est tellement
important, les violences à caractère sexuel dans nos écoles, que ça mérite d'avoir un projet de loi distinct. C'est tellement
important et urgent, on va être capables de siéger tous ensemble puis de
faire adopter ce projet de loi distinct. Non, je ne ferai pas de la politique
partisane sur les violences à caractère sexuel, parce que c'est bien trop
important, parce que nos enfants méritent mieux tout de suite.
Or,
ça, M. le Président, c'est une de nos attentes, au Parti libéral du Québec,
parce qu'il est hors de question, hors de question qu'on s'enfarge dans les
fleurs du tapis avec le projet de loi n° 23 puis, pendant ce
temps-là, des élèves attendent, le
réseau scolaire attend que les violences à caractère sexuel soient encadrées.
Et je trouve ça assez dommage, parce que ça fait quand même des années
que nous en parlons. On est capables de le faire.
• (11 h 50) •
Permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire aussi sur un autre enjeu qui
est important. Rappelez-vous, lorsqu'on devait encadrer les manifestations aux
abords des écoles. Moi, je m'en rappelle, c'est moi qui ai donné le projet de
loi au gouvernement, le gouvernement
l'a ajouté, avec aussi les centres de vaccination. Savez-vous quoi? Ça a été un
des plus beaux moments, ici, que j'ai vécus à l'Assemblée nationale, on
l'a adopté, ce projet de loi, en 48 heures, à l'unanimité. Pourquoi? Parce qu'on s'est dit : Protéger
les enfants, c'est ce qu'il y a de plus important, puis on est capables de le
faire. Je nous connais, je vous
connais, on est capables d'adopter un projet de loi distinct pour les violences
à caractère sexuel. Alors, ne faisons pas de politique là-dessus. Le
projet de loi n° 23, si le ministre de l'Éducation est sage, bien, il
devrait le mettre sur pause, attendre de
voir ce qui va se passer en Cour d'appel. Mon petit doigt me dit que, si la
décision de la Cour supérieure que
j'ai lue, qui est aussi étoffée, ça risque d'être maintenu en Cour d'appel,
alors, mettez sur pause le projet de
loi n° 23, laissez la Cour d'appel et les procureurs du gouvernement du
Québec aller plaider leur cause. Parce que, si la loi 40 est
inconstitutionnelle, imaginez la loi 23, elle va juste être plus
inconstitutionnelle. Et imaginez le scénario, on
va repartir au tribunal avec une loi 23 plus constitutionnelle que la
loi 40, qui va arriver au même résultat des courses, mais avec beaucoup d'argent des contribuables qui
se seront mis dans la poche des avocats pour, finalement, se dire : Bien,
effectivement, ce n'est pas constitutionnel.
Alors, des
fois, il est sage de dire : Refaisons les devoirs, revoyons nos priorités.
Si le ministre de l'Éducation se cherche des priorités, les violences dans les
écoles, c'est important. Il devrait avoir un plan d'action pour lutter contre
les violences dans les écoles. On
l'attend encore. Les violences à caractère sexuel, les encadrer, on est
capables de légiférer, le projet de loi existe déjà, on est capables
d'immédiatement l'adopter.
Trouver des
enseignants qualifiés, on peut le faire. On peut bonifier leurs conditions de
travail, revoir la composition des classes. L'aide à la classe, c'était une
bonne idée, ça émane de nous autres. Le gouvernement nous dit toujours :
Faites des propositions. Bizarrement, quand ça a été notre proposition, les
aides à la classe, ils n'ont jamais dit merci au Parti libéral, là. Puis nous, on a toujours dit : L'aide à la classe, ça
peut aider, mais c'est une mesure parmi d'autres que nous devons établir.
L'aide à la classe, ce n'est pas cette personne-là qui va venir vous aider avec
un enfant qui est autiste. L'aide à la
classe, ce n'est pas cette personne-là qui vous aider avec un enfant qui a un
trouble de comportement. C'est pour ça qu'on a besoin d'orthophonistes,
d'orthopédagogues. Nous avons aussi besoin de TES à temps complet.
Alors, donnons à ces employés, à ces
professionnels et ces personnels de soutien, des permanences, des emplois à
temps complet. Mettons fin à la précarité d'emploi. Il n'y a personne au Québec
qui est capable de nourrir une famille à
15 heures par semaine, M. le Président, tout le monde le sait. Respectons
nos enseignants. Nos enseignants, ils ne demandent pas la lune, ils demandent juste de rattraper le
salaire moyen canadien. Ce n'est pas trop demander. C'est drôle, le premier
ministre n'arrête pas de dire : Il faut rattraper l'Ontario, il faut
rattraper l'Ontario, sauf pour le salaire des enseignants. Bizarre, hein? Mais le projet de loi n° 23,
M. le Président, ne répond à aucune une affaire qui est prioritaire pour le
vrai monde dans notre réseau de l'éducation.
Vous allez me demander comment qu'on va voter
pour ce projet de loi? Contre. Ce n'est pas une priorité dans le réseau de l'éducation, et il serait très mal
venu, et je vais regarder la caméra, très mal venu de politiser le dossier des
violences à caractère sexuel et l'imbriquer
dans le projet de loi n° 23, alors que le ministre de l'Éducation sait
pertinemment que c'est hautement
contesté, le projet de loi n° 23. Faisons les choses correctement au nom
des victimes, au nom des témoins qui ont osé dénoncer, au nom de ceux
qui se sont battus pour libérer la parole. Assurez-vous, cette fois-ci, d'avoir
un projet de loi qui est à la hauteur de
votre fonction, un projet de loi distinct qui répond à un besoin urgent et
immédiat. Si vous le faites, je ne pourrai que vous féliciter, M. le
ministre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-Laurent.
Avant de
poursuivre, je vous informe que deux débats de fin de séance se tiendront
demain, le jeudi 14 septembre 2023. Le premier débat portera sur une
question adressée par M. le député de l'Acadie à M. le ministre de la
Justice concernant les délais et les arrêts
de procédures inacceptables dans le système de justice. Le deuxième débat
portera sur une question adressée par
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve à Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur concernant la rémunération des stages.
Alors, revenons à l'article actuel du débat.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, je n'en vois pas.
Mise aux voix
Alors, je
suis maintenant prêt à passer aux voix. Le principe du projet de loi
n° 23, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur
l'Institut national d'excellence en éducation, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté
sur division. Alors, M. le leader adjoint du gouvernent.
Renvoi à la Commission de la
culture et de l'éducation
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Et donc, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 23, la Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national d'excellence en
éducation, soit déféré à la Commission de la culture et de l'éducation pour son étude détaillée et que le ministre de l'Éducation soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le leader adjoint du gouvernement. Cette motion est-elle
adoptée?Adopté. Alors, pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M.
le Président. Je vous demanderais de bien vouloir suspendre nos travaux
à 15 heures, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par les députés de
l'opposition cet après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
11 h 56)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi à tous, donc, et à toutes. Je vous invite à prendre place.
Nous allons commencer nos travaux.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée déclare que l'absence de
vision du gouvernement
et de mesures suffisantes pour pallier les effets de la hausse du coût de la vie
nuit à l'économie du Québec et à la prospérité des familles québécoises
À l'article 37
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale déclare que l'absence de vision et de mesures
suffisantes proposées par le gouvernement caquiste en matière de logement, d'aide financière aux études, de soutien aux PME, de
lutte à la pénurie de main-d'oeuvre et visant
à pallier les effets de la hausse du coût de la vie nuit à l'économie du Québec
et à la prospérité des familles québécoises.»
Je
vous informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sous
la motion inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys s'effectuera
comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour
sa réplique, 54 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 29 min 34 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
18 min 41 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six
minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à la députée indépendante. Dans le
cadre de ce débat, le temps non utilisé par la députée indépendante ou par l'un
des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle
à la députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours du débat,
elle a 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, M. le
Président. Le manque de vision avec des... sur des mesures suffisantes
proposées par ce gouvernement-là, elles sont relativement... elle est
relativement facile à voir, en fait, effectivement. Le manque de vision, c'est d'être capable de comprendre aussi les signes
précurseurs, c'est de comprendre qu'est-ce qui a été indiqué dans les facteurs économiques, qu'est-ce qui a été indiqué
et rapporté par les électeurs puis, de par la suite, prendre une décision avec une vue d'ensemble, avec une
vision à long terme, l'objectif ici étant de faire en sorte que ce qu'on essaie
de faire ici, à l'Assemblée nationale, c'est de mettre en place les processus
pour faire que le Québec dans son ensemble puisse être mieux protégé, mieux
soutenu, plus prospère, et ce, à long terme, pas simplement pour un mandat ou
un cycle électoral.
Le manque de vision,
il est vraiment sur plusieurs fronts. Si je peux juste prendre l'exemple de
quelqu'un qui serait peut-être un peu moins bien voyant, quand on est un petit
peu moins bien voyant, comme moi quand j'ai besoin de mes lunettes puis je me cherche, des fois, le matin, avant de venir
ici, on ne voit pas très bien ce qui peut arriver. On voit, des fois, un petit peu embrouillé. On ne
voit pas, des fois, un peu, clair. Donc, on a besoin de faire attention, parce
que, si on ne le fait pas, on peut se blesser. Bien, c'est un peu l'image que
je veux donner, dans le sens que, si on n'est pas capable d'être prévoyant, si on n'est pas capable d'avoir
une vision, on peut faire mal à long terme à l'ensemble du Québec. Je ne
veux pas faire... Je ne veux pas parler de la fondation Mira ici, là, ce n'est
pas... besoin de quelqu'un pour nous guider tout
le temps, mais on est capable de voir, avec l'ensemble des données qu'on a, la
direction que le cycle économique va avoir, et donc les... les
conséquences sur l'ensemble du Québec.
Les dernières années, on a été témoins, tous, de
ce qui a été et ce qui est devenu les conditions gagnantes, si on peut dire, pour faire en sorte que l'inflation
revienne après tant d'années, après les années 70, là, l'inflation
revienne nous hanter
de façon significative. Plusieurs facteurs ont effectivement été au
rendez-vous : l'économie qui a été arrêtée à cause du COVID, la reprise du cycle économique par la
suite, les goulots d'étranglement à la grandeur de l'économie mondiale.
Mais on est aussi tombés un peu pas mal dans l'électoralisme. Et je m'explique.
Les chèques à
500 $, 400 $ et 600 $, là, ça, c'était vraiment inutile pour le
concept d'aider les gens à long terme. À court terme, ça allait
peut-être aider, mais ça a fait... ça a déplacé des dépenses qui étaient
probablement plus comme farfelues, d'une
certaine façon, pour certains, pour d'autres, c'était utile, puis pour
certaines personnes, c'était totalement non utile.
La CAQ nous a
fait trébucher encore plus significativement dans le monde inflationniste dans
lequel nous sommes, et on en subit effectivement, donc, les
conséquences. Mais la CAQ a oublié les gens les moins nantis de notre société. On a déjà eu des conversations avec le ministère,
le ministre des Finances, lorsqu'on était dans le débat sur les régimes des
rentes. Il y a 90 % des gens qui sont
des gagnants, il y a 10 % des gens qui sont des perdants. J'ai trouvé ça un
peu dur comme commentaire, j'ai trouvé ça un petit peu dur comme approche.
Mais, si c'est les lentilles qui ont été utilisées pour définir l'aide à l'ensemble des Québécois, bien, il est clair
qu'on a oublié, donc, des gens qui étaient extrêmement vulnérables dans notre
société. Et les conséquences pour ces gens-là... eux ont non seulement perdu
leur pouvoir d'achat, mais ils ont été oubliés,
et maintenant ils sont encore plus susceptibles de tomber encore plus profond
dans le cycle vicieux qu'est la pauvreté.
Parlons un peu du logement. La CAQ a nié l'enjeu
du logement et d'accès à la propriété pendant des années. Aujourd'hui, on se retrouve accotés contre le mur
avec ce manque de maisons. Les prix montent. Les logements, les loyers
montent en flèche. L'absentéisme de la CAQ dans ce dossier a généré à lui seul
de l'inflation.
On va
s'entendre sur une chose : lorsque les gens ont besoin d'un chez-soi, ils
vont tout faire pour y arriver. Et, à un moment donné, si on leur
dit : Bien, ça va coûter juste un petit 10 % de plus, un petit
15 % de plus, un petit 20 % de
plus, les gens vont arriver, en bout de piste, qu'ils n'auront pas le choix et
ils vont le faire, et ça, ça va créer le cercle vicieux de l'inflation. Pour rétablir la situation, là, ça
ne prend pas la tête à Papineau, ce n'est pas compliqué, il faut en construire
plus. Le problème, c'est qu'il y a eu une baisse de 36 % des mises en
chantier de juillet 2022 à juillet 2023, selon l'APCHQ. Ma
collègue de Mille-Îles pourra en discuter davantage.
Concernant l'aide financière aux études, un
autre secteur où est-ce que, justement, il y a eu ce problème, ce manque de vision là et d'arrogance de la part du
gouvernement, on a vu le gouvernement du Québec prendre le 940 millions
du gouvernement fédéral qui était destiné,
initialement, pour les étudiants afin de s'en servir à d'autres fins. Et,
d'ailleurs, c'est dans LeJournal de Montréal que Michel
Girard a exposé le ministre, et, si je peux prendre deux petites secondes pour lire un passage, en fait la conclusion :
«Pour [les] deux [dernières] années de [la] pandémie, le fédéral a ainsi
octroyé au gouvernement caquiste des
montants supplémentaires pour un total de
940 millions de dollars, lesquels devaient être destinés
à la bonification de l'aide financière aux études postsecondaires.
«À la lumière
des documents financiers portant sur les deux années de la pandémie de [la] COVID-19,
dont les comptes publics fédéraux et [le rapport annuel] de gestion du
ministère de l'Enseignement supérieur, le gouvernement Legault a manifestement dépensé ces 940 millions de
dollars supplémentaires fédéraux à d'autres fins que l'aide aux études
des étudiants québécois.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...qu'il est important de nommer les gens par leur
titre, en cette Chambre, et... (panne de son) ...non parlementaires... (panne
de son) ...simplement rappeler le collègue à l'ordre, s'il vous plaît. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je tiens à rappeler, effectivement, qu'en cette enceinte nous
nommons les collègues par leur nom...
non pas par leur nom, plutôt, mais par leur titre. Et aussi, évidemment, on va
se cantonner aux propos en tout respect des règles et des normes parlementaires.
Poursuivez, M. le député.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, ça, c'est deux facteurs, deux éléments qui sont un peu plus
d'actualité, évidemment, l'habitation et cette prise de 940 millions à
d'autres fins que pour les raisons principales pour lesquelles elles étaient enlignées, mais c'est ce qui détermine un peu
ce manque de vision qui fait en sorte qu'en bout de piste c'est
l'ensemble des Québécois qui paient. On stimule, on jette de l'huile sur le feu
en donnant des chèques de 500 $ à
600 $ à tous les Québécois. On oublie les gens qui sont les moins nantis
dans la société. On oublie d'augmenter le crédit à la solidarité, qui
était une des recommandations les plus importantes de notre plateforme
électorale, nous, les libéraux. On oublie
d'aider ces gens-là. On oublie de... On ne veut pas discuter du panier de
produits essentiels exempts de la TVQ,
ce qui aurait été encore, évidemment, beaucoup plus utile pour les gens les
moins nantis de la société, mais on fait plutôt de l'électoralisme en
alimentant le feu, en envoyant de l'argent à des gens qui n'en ont pas besoin.
Comme je
disais dans le texte de la motion, et du point de vue économique, la CAQ, là,
elle a manqué le bateau, et ce sont maintenant tous les Québécois qui doivent
en payer le prix.
• (15 h 10) •
Le logement,
la CAQ, le premier ministre a vu la... En plus du logement, la CAQ, le premier
ministre a vu la pénurie de main-d'oeuvre comme une bonne nouvelle. Il manque
d'employés au point où des entreprises ferment ou déménagent à l'étranger. Le manque de main-d'oeuvre, et ma
collègue pourra en parler un peu plus tantôt, mais le manque de main-d'oeuvre
est tellement criant, a tellement été criant que, ça aussi, ça a été un facteur
qui a fait gonfler l'inflation. Et puis c'est simple à comprendre, on n'a pas été capable de voir, même
s'il y avait eu plusieurs rapports à ce sujet, que la pénurie de main-d'oeuvre
était structurante. Elle était inévitable.
C'était quelque chose qui allait s'en venir, qu'il fallait agir, qu'il fallait
tout de suite mettre en place, et ça,
je parle d'il y a deux, trois quatre ans... mettre en place des éléments pour
que, justement, on puisse pallier à la pénurie de main-d'oeuvre.
Mais,
en plus de ça, on n'a juste tout simplement pas voulu l'accepter. On l'a
ignorée. Le premier ministre lui-même a
même mentionné le fait que ça, c'était une mosus de bonne nouvelle parce que ça
allait augmenter les salaires. Bien, et je vous montrerai l'article tout à l'heure, le Québec a eu la plus grande
inflation des provinces canadiennes, et ça a été causé surtout par
plusieurs facteurs, dont, justement, la pénurie de main-d'oeuvre.
La pénurie de
main-d'oeuvre, juste pour qu'on retourne un peu en arrière... Évidemment, la
guerre en Ukraine a été un signal pour tous les chefs d'entreprise que ce ne
sera pas quelque chose d'envisageable, de refaire une chaîne de montage
à l'extérieur du G20, peut-être même seulement le G7. On va s'entendre sur une
chose que ça, ça va faire comme pression,
c'est que ça va ramener, donc, sur nos propres terres ou des terres amies, nos
chaînes de production, donc, un
déplacement de la demande d'emploi. Et donc ceci va créer cette pression à la
hausse pour la pénurie de main-d'oeuvre. Mais, en plus de ça, on a eu plusieurs années où est-ce que, justement,
on n'avait pas un taux de naissances qui représentait les besoins à long
terme de l'économie. Et donc on en est rendu à la situation où est-ce qu'on
doit compenser avec de l'innovation et on doit compenser avec des nouveaux
arrivants.
Donc, la
réalité, c'est qu'au Québec on n'a été pas aussi au rendez-vous pour le nombre
de nouveaux arrivants que l'économie
et que les PME avaient de besoin et on n'était pas autant au rendez-vous au
niveau de l'innovation. Alors, ce que ça a créé, c'est que ça a créé
cette pénurie de main-d'oeuvre un peu plus intense au Québec qu'ailleurs, ce
qui a évidemment stimulé encore plus
l'inflation. Donc, à long terme, ce manque de vision sur la pénurie de main-d'oeuvre
explique en grande partie l'inflation.
Ça a créé
deux enjeux particuliers. Oui, il y a des bons salaires, mais, quand les prix
des biens augmentent, il faut que ce soit l'ensemble des Québécois qui puissent
continuer à avoir une vie normale. Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est qu'il y a un écart grandissant entre les
personnes qui ont des moyens et les Québécois qui ont des moins bons revenus.
La mesure mise de l'avant par la CAQ, les chèques électoralistes, n'aura
qu'empiré le problème et généré encore plus d'inflation.
Le ministre des Finances, hier, a voulu nous faire la lecture d'une liste
d'éléments politiques qui n'ont pas aidé les Québécois à sortir la tête
de l'eau. Il aurait fallu des mesures encore plus ciblées.
Ça, ça a été
vraiment le point que nous avons discuté dans les dernières journées, à propos
de savoir... une mesure ciblée comme
les deux que j'avais prononcées tout à l'heure, c'est-à-dire l'augmentation du
crédit à la solidarité ou, par exemple, l'élargissement du panier des
biens essentiels exempts de TVQ. Lorsqu'on vise spécifiquement les gens
qui sont les plus affectés par le cycle économique, bien, c'est là qu'on va
être le plus optimal. Si on a à faire un calcul de rendement sur l'investissement, si on peut dire, c'est là où est-ce
qu'on aurait le meilleur rendement pour l'aide apportée aux Québécois.
Et, vous le
savez, ce qui arrive, malheureusement, dans toute variabilité du cycle
économique, c'est... Lorsque ça ne va
pas bien, que ce soit en récession ou en période d'inflation, c'est
malheureusement tout le temps les gens en bas de l'échelle qui souffrent le plus. Donc, on a eu l'année électorale,
l'année où est-ce qu'il y avait des chèques qui étaient un peu envoyés
ici et là pour acheter des votes puis on a eu...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Écoutez, je vous entends
très bien, M. le leader adjoint, mais je vais demander au député de
Marguerite-Bourgeoys de poursuivre.
M. Beauchemin : Et
on a eu, donc, par la suite, l'année qui a suivi, où est-ce que, finalement,
bien, dans les derniers jours, on a eu une légère contradiction, je
crois, entre le ministre des Finances et le premier ministre, à savoir, selon
le ministre des Finances, plus d'aide
ponctuelle, selon le premier ministre, peut-être qu'il va y en avoir encore,
des aides ponctuelles. Alors, il faudrait... Éventuellement, on va voir
la vraie nature... on va savoir qui dit vrai dans ce débat.
Mais c'est
important de se rendre compte que ça, ça va avoir des conséquences importantes,
à savoir si on va continuer à y aller
de façon généraliste au lieu d'être très ciblés, au lieu d'être très, très,
très précis sur les aides pour faire en sorte que les mesures soient au
rendez-vous pour les gens qui en ont le plus besoin. Sans ça, c'est l'ensemble
du Québec qui va payer le prix, sans ça, c'est l'ensemble des Québécois qui
vont encore avoir de la misère à prendre... à se rendre à la fin du mois puis d'être capables de pouvoir payer
leur épicerie, les fournitures scolaires. J'ai donné l'exemple de dame Valérie,
mère monoparentale de Rouyn-Noranda que j'ai
rencontrée cet été, qui, pour elle, cet enjeu-là était extrêmement important,
il fallait couper dans les fournitures scolaires pour nourrir la famille.
Alors, on en est rendus là, M. le Président. C'est important de voir que ce
n'est pas la chose à faire.
Évidemment, pour les entreprises, c'est aussi
effectivement un facteur très déterminant. Le manque de vision a coûté extrêmement cher. L'augmentation des coûts
pour les entreprises, on a donc perdu un avantage compétitif par rapport à
d'autres juridictions où, par exemple, la pénurie de main-d'oeuvre n'a pas
affecté la productivité des entreprises. J'entends souvent le ministre
de l'Économie vanter le secteur des batteries, et c'est bien pour Bécancour. On
ne peut pas dire qu'on est contre ce qui se
passe à Bécancour, c'est une bonne chose pour la diversification de l'économie
et pour les gens de la région. Mais on peut quand même se rendre compte d'une
chose, c'est que ce n'est pas l'ensemble de la production économique
québécoise qui semble être écoutée par le ministre de l'Économie. Et donc ce
que ça a comme conséquence, c'est que des grands pans de l'économie québécoise
ont été totalement oubliés au niveau économique.
Les
252 000 PME au Québec, elles sont réparties dans les 17 régions
économiques du Québec, elles ont toutes des avantages, elles ont toutes une géographie différente, mais elles ont
besoin d'aide et elles ont besoin d'être entendues. Et évidemment ça a
un effet sur leur profitabilité.
Je vais juste
vous lire une phrase qui a été écrite par Véronique Proulx, la P.D.G. des... la
présidente des Manufacturiers et exportateurs du Québec : «[La]
cohérence gouvernementale.
«Derrière ces grands
débats persiste un enjeu de tous les jours, à savoir la recherche de cohérence
au sein des différentes branches gouvernementales.
«Par exemple, en ce moment, le secteur
manufacturier ne fait pas partie des priorités du Plan d'action sur la main-d'oeuvre. Pourtant, ce même secteur
manufacturier est au coeur des priorités d'Investissement Québec. [C'est]
inexplicable.
«Qui
travaillera [donc] dans [des] usines qui sont pourtant soutenues par des aides
gouvernementales importantes?
«Pourquoi les métiers manufacturiers les plus
demandés ne [sont] pas priorisés? Pourquoi plusieurs entreprises se [font-elles]
refuser des aides en matière de formation de [...] main-d'oeuvre en lien avec
la modernisation des activités et du virage technologiques essentiels à notre
productivité? Le Québec accuse un retard de plus en plus visible en la matière,
comme l'a démontré un sondage effectué [avec la] collaboration avec Desjardins
au début de l'été.»
Écoutez, ce
n'est pas extrêmement compliqué, mais la résultante de tout ça, c'est qu'on n'a
pas cette vision-là de la diversification économique et qu'une plus grande part
de notre PIB est produite par des plus petites entreprises. Et c'est bien correct de vouloir aider les grandes,
je n'ai aucun problème à aider les grandes entreprises quand c'est approprié,
quand ça aide, quand ça va être une diversification de notre économie, quand on
va avoir une valeur ajoutée. Mais les multinationales
étrangères ont toutes l'oreille du gouvernement, presque tout l'argent des
subventions du gouvernement, pendant
que les PME en arrachent, pendant que nos PME ont de la misère à en arriver à
faire des virages technologiques, à se moderniser, à augmenter leurs
chaînes de production.
Et pour ça, on parle, ici : Bien, c'est une
sélection naturelle. C'est quelques qualificatifs qui ont été mentionnés par le ministre de l'Économie, qui fait en sorte
que, nous, quand on regarde ça, on se dit : Bien, c'est parce qu'il y a
quand même beaucoup d'emplois, il y en a 252 000, propriétaires de PME, il
y en a 250 000 qui ont plusieurs employés chacun, on les a
abandonnés. Et c'est le sentiment, malheureusement, sur le terrain.
• (15 h 20) •
Si je peux juste en arriver à conclure pour
l'ensemble de tout le monde ici, le coût de la vie et le pouvoir d'achat, ça se
résume à notre capacité de pouvoir être capable de se payer ce qu'on a toujours
été capable de se payer puis de ne pas avoir
à emprunter de l'argent pour le faire. Le gouvernement a décidé de financer son
programme électoral, en partie en ayant utilisé les contributions au Fonds
des générations. C'est un argument que le ministre des Finances et moi on a à plusieurs reprises sur ce sujet-là.
Ça n'a pas été la façon la plus optimale, financièrement, d'en arriver à
financer des programmes électoraux, mais ça a été la décision du
gouvernement.
Mais, en bout de piste, quand je regarde
l'article de M. Francis Vailles, de La Presse, où
est-ce qu'il qualifie le Québec de champion
de l'inflation, bien, écoutez, c'est dur de voir que le taux annuel d'inflation,
en juillet 2023... c'est vraiment dur de voir qu'au Québec on se trouve à être
la plus grosse barre ici, 3,9 %. En Ontario, qui est le «benchmark»,
le comparable que le premier ministre aime souvent utiliser : 3,2 %.
Donc, on en est rendu à cette situation-là où
est-ce qu'on a eu une approche gouvernementale du gouvernement de la CAQ qui a
eu des conséquences sur le coût de la vie au Québec. On ne peut pas juste
dire : C'est des facteurs externes. On ne peut pas juste dire : C'est
la faute des autres. On ne peut pas pointer du doigt les voisins puis
dire : C'est de leur faute. La réalité,
c'est que c'est fondamentalement fait au Québec, en grande partie, cette
inflation-là, puis elle est faite, évidemment, par des mesures que le
gouvernement de la CAQ a apportées en ayant cette approche plutôt électoraliste
durant, évidemment, la campagne électorale, suivi d'une exécution de ce
plan-là, électoraliste, dans l'année qui a suivi. Alors, sur ce, M. le
Président, je retourne la parole. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Et la parole... je cède maintenant la parole au ministre
des Finances. M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui.
Merci, M. le Président. Puis c'est un honneur d'être ici, dans le cadre de la
motion du mercredi. Et puis, hier, on a eu
un débat de fin de séance et puis on a eu quelques questions en Chambre. Et,
bien sûr, notre premier ministre a eu plusieurs questions parce que
c'est extrêmement important, on parle de la hausse du coût de la vie, et tous
les citoyens sont impactés.
Et, d'emblée de jeu, j'aimerais dire que je suis
en total désaccord avec la motion, ce qui sous-tend cette motion. On parle...
absence de vision, manque de mesures, et, bref, ce n'est pas très élogieux pour
le travail du gouvernement.
Mais j'aimerais donner un peu de contexte,
d'abord, sur ce qui s'est passé. Nous avons eu une pandémie qui a provoqué la
pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, avec des impacts sur les
finances publiques. Et, après l'arrêt de
l'économie en 2020, nous avons eu un rebond synchronisé de l'économie mondiale.
Et, lorsqu'on a eu ce rebond de
l'économie synchronisée, la demande, qui était très forte parce qu'on avait
arrêté l'économie pour des raisons sanitaires, s'est concentrée sur les biens, parce que les services nécessitaient une
proximité physique qui n'était pas possible dans le cadre de la
pandémie, alors une demande synchronisée mondiale extrêmement forte sur
60 % de l'économie. Les biens, puisque
les services n'étaient pas disponibles, ont provoqué de l'inflation et
ensuite... Ça fait que, ça, c'était le début de l'inflation.
Ensuite, il
est arrivé deux autres choses, M. le Président. Il y a eu l'invasion de
l'Ukraine par la Russie, qui a fait exploser les prix de l'énergie et des
aliments, et à ça s'est ajoutée la politique de zéro COVID de la Chine, qui a
nui aux chaînes d'approvisionnement,
qui étaient déjà déstabilisées par la pandémie. Alors, c'est pour ça qu'on a eu
une économie très faible en 2020, très forte en 2021, très forte en
2022, une inflation très basse en 2020-2021, qui a été extrêmement élevée en
2022.
Et là les banques
centrales, qui avaient supporté l'économie mondiale et les déficits des
gouvernements pour faire face à cette
pandémie et la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, se
sont mis à augmenter les taux d'intérêt, qui sont passés d'approximativement
0 % à 5 %. Et, en plus, ce qu'on appelle la détente quantitative, ils
étaient acheteurs d'obligations
gouvernementales et maintenant ils sont vendeurs. Alors, les conditions
monétaires pour combattre l'inflation se sont extrêmement resserrées.
Alors là, on a une inflation qui est passée de 8 % en 2022 à 4 % en
2023, mais on a aussi des taux qui sont
passés de 0 % à 5 %. Et là on a donc une économie qui ralentit, une
inflation qui est toujours plus élevée que ce à quoi nous sommes habitués, des
taux d'intérêt qui sont beaucoup plus élevés que ce à quoi nous sommes habitués. Et ça fait quoi, M. le Président? Ça
fait des... une situation extrêmement difficile pour les citoyens, tous les
citoyens, les entreprises, les gouvernements. C'est une période
difficile, M. le Président.
Et nous, on a une vision à long terme, M. le
Président. On a une vision, je vous la résumerais ainsi : on veut amener
le Québec à un autre niveau. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, le
gouvernement précédent disait que la croissance à long terme du Québec, ça
allait être 1,3 %. Et nous, on n'a pas accepté ça. On a dit : il y a
un écart de richesse mesuré par le PIB par
habitant. Ce n'est qu'une mesure, bien sûr que le bonheur, la richesse, c'est
beaucoup plus que le PIB par habitant. Il était de 16 % avec l'Ontario.
Nous avons dit : Nous voulons l'éliminer sur 15 ans, le réduire
à moins de 10 % sur 10 ans. Il est... Sur cinq ans. Il est passé de
16 % à 13 % dans le premier mandat.
Et la
deuxième chose, c'est que, pour atteindre ça, ce potentiel économique... Parce
que, croître à 1,3 % à long terme, comme le gouvernement précédent disait, nous, on vise 2 % par
année, mais prenez votre téléphone, puis ça, je ne pense pas qu'on peut faire
des calculs avec ça encore, mais ça viendra, prenez la différence entre
2 % puis 1,3 %, mettez ça sur 25 ans, M. le Président, 1,007 exposant 25, bien, ça fait
toute une différence dans nos moyens pour l'émancipation de la société
québécoise, rencontrer nos missions en santé, en éducation, la lutte aux
changements climatiques. Alors, c'est extrêmement important de réaliser
le plein potentiel de l'économie québécoise à long terme.
Puis, pour
faire ça, bien là, c'est tous les déterminants de l'économie. Ça prend du
capital humain, éducation, formation de la main-d'oeuvre, requalification. Oui,
ça prend de l'immigration. L'apport de l'immigration à la société québécoise
est exceptionnel. Ça prend plus de
travailleurs, ça prend une croissance de la population, ça prend des
entreprises qui investissent, qui
innovent. Et puis là on a de l'aide directe, on a de l'aide fiscale, on crée un
climat d'affaires favorable à l'investissement. Ça prend des infrastructures
publiques. On a augmenté les infrastructures publiques de 100 milliards à 150 milliards.
Vous aurez compris, même si ceci n'est pas
une calculatrice, que c'est une augmentation de 50 %, bien sûr, mais je
suis convaincu qu'on va y venir.
Et il y a un
autre élément là-dedans, c'est que les Québécois sont les plus taxés en
Amérique du Nord. Si le secret pour avoir des meilleurs services en éducation,
puis en santé, puis lutter aux changements climatiques, c'était d'avoir les impôts
les plus élevés, bien, on le saurait, M. le Président. On aurait gagné. On
serait numéro un au Canada, mais ce n'est
pas le cas. Il faut réduire le fardeau fiscal des Québécois, ça fait partie...
Il faut réduire le fardeau fiscal des entreprises, bien sûr, mais, avant tout,
des Québécois, des travailleurs qui consomment, innovent, qui sont... on de
l'entrepreneuriat. Il faut réduire le fardeau fiscal. Bon.
• (15 h 30) •
Alors, dans
le premier mandat, on a fait quoi? Bien, il y a eu la bonification des
allocations famille. Puis j'entends souvent
le mot «progressiste», des mesures progressistes, bien, bonifier les
allocations famille, c'est une excellente mesure, M. le Président.
Il y a eu aussi la baisse des taxes scolaires,
parce qu'il y avait une iniquité entre les régions. Alors, on a baissé la taxe scolaire, et, oui, ça libère de l'espace
fiscal pour les municipalités. On n'en a pas parlé, de ça. Ce sera pour une
autre interpellation du mercredi, peut-être. Ce n'est pas une
interpellation, hein, c'est une motion.
Bon, je continue. Le tarif unique en service de
garde, une excellente mesure, tout le monde paie le même tarif. Au Québec, c'est l'impôt qui est progressif, M. le
Président, pas les tarifs. Les tarifs sont uniques, tout le monde paie les
mêmes tarifs.
La mesure dont on me parle le plus à chaque fois
que quelqu'un a un membre de sa famille qui est malade, je les croise, ils me
disent : Merci d'avoir plafonné les tarifs de stationnement dans les
hôpitaux, quelle excellente mesure.
Le crédit
d'impôt maintien à domicile, le crédit d'impôt pour proches aidants, toutes des
mesures que nous avons faites dans le
premier mandat. Et ça, ça fait quoi, M. le Président? Bien, ça augmente le
revenu disponible des Québécois parce que ce sont des mesures
permanentes, O.K., et ça aide à faire face à la hausse du coût de la vie.
Mais là on a eu une campagne électorale, un
événement, dans une démocratie, important, et puis là il y avait des partis qui
proposaient beaucoup de dépenses, beaucoup de dépenses, beaucoup de dépenses,
puis il y avait un autre parti, plus de
dépenses, puis plus de dépenses, puis déconstruction de l'État québécois, puis
les Québécois ont jugé de ça. Mais ce que je veux vous dire, c'est que,
parmi les promesses électorales, nous étions le parti le plus raisonnable, qui promettait des nouvelles dépenses dans le respect
de la capacité de payer des Québécois. Ça, c'est important, parce que, là,
j'entends toutes sortes de choses depuis qu'on est revenus en Chambre, et puis
on me demande de faire ci, puis on me demande
de faire ça, puis on me dit : Pourquoi tu ne doubles pas ça? Puis pourquoi
tu ne bonifies pas ça? Puis pourquoi tu ne triples pas l'indexation de cela? Bien, parce qu'on a un rôle de
fiduciaire. Il faut respecter la capacité de payer des Québécois.
Et, en
campagne électorale, les trois partis d'opposition qui sont représentés à
l'Assemblée nationale promettaient beaucoup
plus de dépenses que nous. Au niveau de l'impôt, il y avait trois partis qui
proposaient des baisses d'impôt, un, qui
n'est pas représenté à l'Assemblée nationale, qui finançait ces baisses d'impôt
par la déconstruction de l'État québécois — les Québécois ont jugé — puis il y avait un autre parti qui promettait plus
de baisses d'impôt que nous, l'opposition officielle.
Et puis nous,
on a promis des baisses d'impôt raisonnables, qu'on a livrées, parce que, là,
la première année du deuxième mandat, elle est commencée, et puis on a
livré quoi, M. le Président? Bien, à la mise à jour, on a dit aux Québécois, en toute
franchise : Les revenus supplémentaires que nous avons associés à
l'inflation correspondent à 13 milliards de dollars sur cinq ans,
et nous les redonnons aux Québécois.
Alors,
qu'est-ce qui a coûté 13 milliards? Le plafonnement des tarifs, M. le
Président, le crédit d'impôt aux aînés remboursable de
2 000 $, le 600 $, 400 $ ponctuels pour compenser pour le
fait que le régime fiscal, en 2022, était indexé
de seulement 2,7 % et que l'inflation était autour de 6,5 %,
6,7 %. Donc, on a pris un panier de consommation de biens essentiels estimé à 25 000 $, et
on a compensé le 4 % avec le 500 $, le 600 $, 400 $, et
puis, ça, M. le Président, on a remis
ça aux Québécois. On a honoré notre parole. Puis on avait appelé ça le bouclier
anti-inflation. Puis ensuite est venu le budget, et, au budget, il y a eu la baisse d'impôt, qui était
raisonnable, qui s'appliquait... parce qu'il y avait une baisse du premier palier, 1 %, et du deuxième palier de
2 %. Et quelle est la particularité du premier palier, M. le Président?
Bien, tout le monde le paie. Tous
ceux qui paient de l'impôt, 4,6 millions de Québécois, ont bénéficié d'une
baisse d'impôt du premier palier.
Alors, on est un
gouvernement qui a de la vision, qui veut amener le Québec à un autre niveau,
qui a toute une panoplie de stratégies pour
accomplir ça au niveau du capital humain, des investissements des entreprises
d'innovation, de la réduction du fardeau fiscal des Québécois, puis on
fait ce qu'on dit. On avait dit, en campagne électorale, que nous allions être raisonnables, que nous allions
présenter un bouclier anti-inflation, on l'a fait à la mise à jour. Et on avait
dit qu'on allait baisser les impôts
de façon raisonnable, de façon modérée, de façon moindre que le parti qui n'est
pas représenté à l'Assemblée nationale ou l'opposition officielle, on
l'a fait.
Et
là il faut respecter... On a un rôle de fiduciaire. C'est un honneur de servir
les Québécois. C'est ça qu'on fait, là,
vous, moi, tous les gens ici. Puis d'ailleurs je vous félicite tous, tous ceux
qui sont élus, vous êtes élus ici, vous êtes au service des Québécois, c'est du service public. Le ministre des
Finances, son rôle, c'est le fiduciaire des finances publiques des
Québécois, c'est un rôle d'intendance. Alors, on a un cadre financier qui est
solide, M. le Président.
La pandémie nous a
donné un déficit de 10 milliards de dollars en 2020, et, en 2022‑2023,
il était de 5 milliards. Et puis là on
a proposé un retour à l'équilibre budgétaire, parce que c'est ça qu'on doit
faire. Bien, d'abord, on a une loi, la Loi
sur l'équilibre budgétaire, mais on a dit : On va le faire de façon
progressive, 5, 4, 3, 2, 1. Alors, le déficit prévu pour cette année,
4 milliards, 3 milliards, 2 milliards... Puis je rappelle à tous
que nous avons la définition de l'équilibre budgétaire la plus conservatrice au Canada, c'est-à-dire que,
nous, c'est après contribution au Fonds des générations, mais qu'on a bien
besoin de ces contributions au Fonds génération parce qu'on investit de façon
importante en infrastructures puis qu'on a un niveau de dette élevé qui est la somme des décisions passées. Alors, un
retour à l'équilibre budgétaire de façon progressive, 5, 4, 3, 2, 1,
équilibre budgétaire en 2027-2028, une croissance des dépenses arrimée avec
celle des revenus.
Alors,
les revenus vont croître à 3 % par année. On veut doucement revenir à
l'équilibre budgétaire, donc il faudra que la croissance des dépenses
soit légèrement inférieure à celle des revenus. Donc, on a une croissance des
dépenses de 2,9 %. Et puis là vous dites : Bien, 3 % de
croissance de dépenses, ce n'est pas beaucoup. Oui, mais, un instant, parce qu'il n'y a pas juste le niveau de... il n'y
a pas juste la croissance des dépenses, il y a le niveau des dépenses aussi.
Qu'est-ce qui s'est passé durant la pandémie? Les dépenses ont augmenté,
notamment en santé mais aussi en éducation, aussi pour les municipalités, pour
le transport en commun, parce que l'achalandage du transport en commun n'est
pas revenu. Alors, on a un niveau de
dépenses qui est beaucoup plus élevé, c'est normal qu'on ait un taux de
croissance qui est raisonnable, dans le respect de la capacité de payer des
Québécois, puisque notre rôle, c'est de gérer les finances publiques, de servir au nom des Québécois. Alors, 3 % de
croissance de revenus et de dépenses, une croissance des revenus légèrement
supérieure aux dépenses pour revenir à l'équilibre budgétaire.
Le
Fonds des générations, mon collègue Marguerite-Bourgeoys en a parlé. Alors,
lorsqu'il a été créé, le Fonds des générations,
initialement, par le ministre des Finances de l'époque — bon,
je n'ai pas le droit de dire son nom — M. Audet...
J'ai le droit?
Une voix : ...
• (15 h 40) •
M. Girard
(Groulx) : D'accord. M. Audet, ministre des Finances, 2006,
contribution, Fonds des générations : 450 millions.
Si on ne faisait rien, on s'en allait à 5 milliards de contribution dans
le Fonds des générations en 2027‑2028, ça veut dire que, lorsqu'on aurait été en équilibre
budgétaire, on aurait été vraiment en surplus, au sens comptable, de 5 milliards. Alors, nous, on a dit : Si
on veut que la baisse d'impôt se fasse sans aucun impact sur les missions de
l'État, on va réduire la vitesse à laquelle on a prévu réduire la dette de
38 % de dette nette au PIB à 28 %, on va le faire en 15 ans
au lieu de 10 ans en amenant les contributions au Fonds des générations à
5 milliards en 2037‑2038 au lieu de 2027‑2028.
Là,
vous me regardez, là, je le sais, vous dites : C'est modéré, c'est
raisonnable. C'est ça, le chemin qu'on a suivi, faisons-le sur
15 ans au lieu de 10 ans, ça va nous permettre de baisser les impôts
tout de suite et puis à associer à ça de
nouvelles cibles de dette, parce qu'on a des obligations. Parce que ça sert à
quoi, réduire la dette, M. le Président? Bien, ça sert à faire face à nos
missions de l'État, ça sert à faire face aux intempéries — il
y a des récessions, il y a des catastrophes climatiques — ça
permet aussi d'avoir un plan de lutte aux changements climatiques, ça permet de
faire face au vieillissement de la population.
Alors,
on a un cadre financier avec un retour à l'équilibre budgétaire graduel, une
dette qui diminue doucement sur 15 ans,
des contributions au Fonds des générations qui augmentent doucement, des
dépenses qui sont arrimées avec les revenus. On a un cadre financier
raisonnable, responsable et prudent.
Alors
là, j'arrive au coût de la vie, parce que tout ça, ce cadre financier
responsable et prudent, c'est en ayant eu des mesures généreuses dans le
premier mandat, j'ai parlé : stationnement, crédit d'impôt maintien à
domicile, crédit d'impôt proches aidants, tarif unique services de
garde, taxe scolaire, allocations famille.
Je cherche
mon énoncé. Je le trouve. Alors, c'est certain que, là, nous sommes... nous
sommes... aujourd'hui, là, on est le
13 septembre. Pratique, cette date. Gardons certaines traditions, la date
en face, comme ça, c'est utile. Aujourd'hui, on est le 13 septembre, O.K.? Nous sommes
conscients que la situation économique actuelle est extrêmement difficile pour
les Québécois. Les taux d'intérêt sont
élevés, l'inflation est toujours autour de 4 %, la composante alimentation
et logement est plus élevée que le
4 %, l'économie ralentit, les taux d'intérêt sont élevés. La situation
économique actuelle est extrêmement difficile.
Au deuxième
trimestre de 2023, au Canada et potentiellement au Québec — on
n'a pas eu le chiffre encore — la
croissance va être légèrement négative.
Croissance légèrement négative, ça, c'est de la décroissance. Alors, c'est
extrêmement difficile, présentement.
On n'est pas en récession, par contre, on n'est pas en récession. Il y a des
gens qui disaient qu'on aurait été en
récession en 2022, ce n'est pas le cas. Il y en a qui ont dit : Vous allez
être en récession en 2023. Le deuxième trimestre va probablement être
négatif, mais le troisième trimestre, probablement pas. Mais on est dans une
situation extrêmement difficile : économie faible, inflation trop élevée,
taux d'intérêt très élevés.
Alors, quelle est la situation des Québécois, en
moyenne? Dans l'ensemble, les salaires et le revenu disponible des Québécois ont augmenté plus rapidement que
l'inflation depuis le début de 2020, mais ça demeure extrêmement difficile.
Puis, les moyennes, il y a une distribution autour de ça, là, il y a un écart
type, puis il y a un biais, puis il y a une asymétrie. Puis c'est certain que,
même si, en moyenne — je
les ai, les chiffres — en
moyenne, depuis le quatrième trimestre de
2019, et on a des données jusqu'au premier trimestre de 2023... le revenu
disponible réel — «réel»,
ça veut dire ajusté après inflation — étant en hausse de 8 %,
M. le Président, en moyenne, les gens, leur situation s'est améliorée de 8 %. Mais ce n'est pas le cas pour tout le
monde, bien sûr, on est conscients de ça, et une bonne partie de ce 8 %,
c'est la hausse des salaires. Parce que le gouvernement, là, on n'est
pas désincarnés de l'économie, là, c'est d'abord les consommateurs puis les entreprises privées. La première raison que le
revenu disponible des Québécois est supérieur à la hausse de l'inflation depuis la pandémie, c'est que l'économie du Québec
a bien performé, que le marché du travail est serré, que les salaires
ont augmenté.
Ensuite, la
deuxième raison... Puis là, mettons que vous diriez : Bon, lui, il a les
chiffres... il prend les chiffres... Vous pourriez dire ça, vous
pourriez dire : Il prend les chiffres qui font son affaire. Ça fait que,
là, on va prendre quelqu'un d'indépendant,
Pierre Fortin, économiste émérite de l'Université
du Québec à Montréal, reconnu par ses
pairs, qui fait de la vulgarisation. Il écrit, dans L'Actualité :
Au Québec, les salaires ont augmenté plus que les prix à la consommation depuis le début de la pandémie, et, toutes proportions
gardées, plus qu'au Canada. Les Québécois font mieux que les Canadiens
par rapport à l'inflation depuis le début de la pandémie.
Autre
énoncé : «La fiscalité a mieux soutenu le pouvoir d'achat au Québec
qu'ailleurs.» C'est qui, ça, la fiscalité, M. le Président? C'est nous,
c'est le gouvernement des Québécois, qui a fait des choix, qui, dans le premier
mandat, a décidé qu'il fallait bonifier le
crédit d'impôt au maintien à domicile, les proches aidants, les stationnements,
puis, dans le deuxième mandat, a plafonné les tarifs.
Le plafonnement des tarifs, c'est toujours en
vigueur. L'indexation du régime fiscal à 6,4 %, c'est une décision gouvernementale pour 2023. Dans le passé, M. le
Président, il y a des gouvernements qui ont décidé de ne pas indexer le régime fiscal. Si on ne l'avait pas indexé, on
aurait eu 2 milliards de dollars de revenus de plus par année, là.
C'est extrêmement important, ça.
Il y a aussi le crédit d'impôt solidarité, la
composante logement, on a doublé l'indexation à 12,88 %. Il y a eu le fameux crédit d'impôt pour les aînés, qui est
passé de 411 $ à 2 000 $ pour les aînés de plus de 70 ans à
faibles revenus. Si vous gagnez moins de 24 000 $, vous êtes une
personne seule, vous avez 2 000 $, à 44 000 $, vous avez
1 000 $, à 64 000 $, vous n'avez pas besoin d'un crédit
d'impôt pour aînés en situation précaire, et vous avez au-delà de 64 000 $,
vous ne recevez plus le crédit d'impôt. Il
est modulé en fonction du revenu. Pourquoi, M. le Président? Parce que c'est
une mesure qui coûte 1,6 milliard par année puis il faut respecter
la capacité de payer des contribuables.
Alors, mon
message général — parce
que, là, je suis dans mon introduction, M. le Président, je tiens à vous le
dire, je suis dans l'introduction de mon message principal — c'est
que nous sommes conscients que la situation est extrêmement difficile,
dans l'ensemble, les Québécois font mieux que l'inflation et mieux que leurs
concitoyens canadiens, mais que nous sommes
conscients qu'une moyenne, ça ne dit pas tout, d'où la nécessité de...
peut-être des gestes ciblés à la mise à
jour pour aider les personnes qui, pour diverses circonstances, n'auraient pas
bénéficié des hausses de salaire, n'auraient pas pu augmenter leur
effort de travail et sont en difficulté
Mais c'est difficile pour tout le monde, je
tiens à le répéter. Vous savez, on est ici, on est en Chambre, on est privilégiés, mais on va à l'épicerie quand même.
Je le vois bien, dans la file à l'épicerie, que les gens regardent leur facture
un peu plus longtemps qu'avant. Les gens regardent leur facture d'épicerie
ligne par ligne. C'est évident, c'est difficile pour tout le monde et
puis tout est cher. C'est ça qui se passe, une hausse générale des prix, tout
est plus cher : le café est plus cher, la viande est plus chère, les
légumes sont plus chers. Ce qui est importé, qu'est-ce qui s'est passé durant
la pandémie? Bien, encore une fois, c'est
l'économie américaine qui performe le mieux. Donc, le dollar américain est
fort, et puis on importe beaucoup de fruits et légumes, M. le
Président, et puis, quand vous importez des fruits et légumes puis votre devise est faible, bien, qu'est-ce qui se
passe? Bien, tout coûte plus cher. Alors, ça, là, tous les Québécois font face
à ça.
• (15 h 50) •
Alors, j'en
termine avec l'introduction. En fait, c'est un petit peu plus que
l'introduction, je veux vous rassurer, là, parce que je ne veux pas vous
inquiéter non plus. Je veux aller dans le spécifique maintenant, parce que,
dans la motion, on dit : Bien, vous
n'êtes pas... vous ne faites pas bien en logement, puis l'aide financière aux
études, c'est difficile, puis, les PME,
vous ne vous en occupez pas, puis, la main-d'oeuvre, vous ne connaissez pas ça,
puis le coût de la vie, ce n'est pas important.
Bon, alors je vais rejeter ces arguments-là un par un, M. le Président, puis ça
prendra le temps que ça prendra.
Le logement,
le logement. Bien, d'abord, il y a deux façons d'aider les gens. La
meilleure : construire des logements. C'est la meilleure façon. Il y a
trop de demande, l'offre n'est pas assez importante. Il faut augmenter l'offre.
Le problème, c'est que, pour
construire des logements sociaux et abordables, il y a plusieurs parties
prenantes d'impliquées : le fédéral, le gouvernement du Québec, les municipalités, les
organismes sans but lucratif, le privé, les offices municipaux d'habitation,
la SCHL, la SHQ. Plus vous avez de parties
prenantes dans un dossier, M. le Président... Je vais vous donner une règle
d'or : plus vous avez de parties prenantes dans un dossier, plus
c'est lent.
C'est pour ça
qu'AccèsLogis c'est un excellent programme. AccèsLogis, il fait des logements
sociaux. Qui est contre les logements sociaux? Mais c'est parce que,
quand vous avez promis des logements sociaux en 2012-2014, puis ils ne sont pas
encore construits en 2023, là, il y a peut-être un problème. Ça ne prend pas
10 ans, construire des logements sociaux,
là. C'est pour ça qu'on a amené un nouveau programme. On veut bien financer
l'inventaire d'AccèsLogis qui n'est pas
construit, on veut bien, mais on a amené un nouveau programme, le programme de
logement abordable québécois, qui, lui
aussi, a ses défis puis qui doit être amélioré, mais en tout, là, M. le
Président — puis
là je vais sortir mes chiffres — on
a financé... on a mis 3,8 milliards de dollars dans le
logement depuis que nous sommes au pouvoir.
Puis là je veux dire quelque chose d'important
aux Québécois puis à tous les gens qui sont ici, au Québec, là, 1 milliard de dollars, c'est encore
beaucoup d'argent. Parce que je sais qu'au fédéral les milliards... les
milliards volent. Je sais qu'on
entend des chiffres, puis là, bien, écoutez, là, la capitalisation boursière de
compagnies... mais, au Québec, là, quand
vous mettez 1 milliard dans une priorité, là, vous mettez 1 milliard
dans les soins à domicile, vous mettez 1 milliard dans la lutte aux changements climatiques, vous
mettez 1 milliard dans le logement, c'est encore un geste qui témoigne de
l'importance du sujet, là.
Nous, on a mis 3,8 milliards dans le
logement depuis qu'on est au pouvoir. 22 500 logements sont financés avec
ça. Le problème, c'est que les 22 500 logements ne sont pas livrés.
Il y en a 6 500 qui sont réalisés, puis 7 000 en réalisation, et 9 000 en élaboration. C'est
ça, les chiffres, M. le Président. Puis on va continuer, on va continuer de
construire des logements sociaux et abordables puis encourager le privé à faire
sa part. Puis tout ce qu'on va faire ne fera pas autant que lorsqu'on aura vaincu l'inflation, puis qu'il
y aura des baisses de taux, puis ça va stimuler le privé. Mais, en attendant,
on peut aussi aider les gens à payer leur
loyer avec des programmes de supplément au loyer — ça, c'est des subventions aux propriétaires pour qu'ils chargent moins cher aux
locataires — ou
des programmes d'allocation au logement — ça,
c'est Revenu Québec qui encourage, via la déclaration de revenus, des
locataires à se prévaloir de leurs subventions — et ces subventions-là, en tout, ont augmenté
de plus de 35 %.
Alors, M. le
Président, le logement, là, c'est extrêmement important, puis on va continuer.
Ce n'était pas Continuons, notre...
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : ...Continuons, le thème de la campagne électorale. Bien, on va
continuer, en logement. On a mis 3,8 milliards, 1 milliard au dernier
budget, puis on va continuer. Puis il faut aller plus vite, puis il faut aller
plus vite. Puis là j'appelle la vice-première ministre du Canada,
ministre des Finances, puis ça travaille mieux, 2 $ que 1 $, alors à chaque fois que le Québec met 1 $, je suggère au
fédéral de mettre 1 $, puis voilà, on travaille ensemble. Ça, c'est le
logement.
L'aide
financière aux étudiants. Bon, là, je vais faire... Vous savez, moi, je ne suis
pas un politicien très partisan, j'ai
énormément de respect pour tout le monde, mais là je vais faire un peu de
politique. Je ne comprends pas ce qu'on nous reproche, je ne comprends
pas, M. le Président. Puis je ne comprends pas le journaliste qui a été cité
parce que... Il faut que je le remercie, ce
journaliste-là, il s'intéresse aux finances publiques. C'est bien, continuez,
continuez à vous intéresser aux
finances publiques, mais, votre article, là, je ne suis pas d'accord avec, puis
je ne suis pas d'accord avec l'interprétation, puis je ne suis pas
d'accord avec les questions qu'on me pose.
L'éducation, M. le Président, c'est une
compétence du Québec. L'enseignement supérieur, M. le Président, c'est une
compétence du Québec. Et, lorsqu'il y a des transferts fédéraux dans un champ
de compétence du Québec, le Québec a le
loisir de choisir ses priorités, tel que dicté dans la Constitution canadienne.
Alors, quand l'opposition et ce journaliste me disent : Vous n'avez pas
pris l'argent du fédéral et exécuté les priorités du fédéral dans un champ de compétence du Québec, je vous dis, M. le
Président : Non, merci, pour la soumission. Ce n'est pas ça, notre
travail. Ce n'est pas ça, notre travail. Notre travail, c'est
d'identifier des priorités en éducation, et on va continuer de faire ça.
Et, quant aux transferts fédéraux en éducation
du fédéral, bien, ils ont monté durant la pandémie, puis là, après la pandémie, il y a un paquet de problèmes, puis
ils ne sont puis là, ils ne nous aident plus. De 2022-2023 à 2024-2025, la
croissance des transferts fédéraux en
éducation postsecondaire : moins 3,3 %. Qu'est-ce que je suis en
train de vous dire, M. le
Président? Que les transferts, ils ont monté durant la pandémie, puis après ça
c'était tout du non-récurrent, hein, puis là on a des problèmes, on a des enjeux, puis ils ne sont pas là. Puis nous,
on fait quoi en éducation? Bien, nous... Bien, notre taux de croissance,
c'est 8 %... 7,9 %, excusez-moi l'enflure verbale, 7,9 %. Ça
fait qu'on va continuer. Puis, je le dis, il n'est pas question de se faire
dicter des priorités par le fédéral dans des champs de compétence du Québec.
Terminé pour l'introduction. Non, c'est une
blague, je suis dans le noeud, là, parce que je suis dans la motion.
Les PME, les
PME. Bon, je résume l'opposition : Les PME, pas de vision, vous ne faites
rien, pas bon. Bon, O.K. Alors, on a
un plan : réduire l'écart de richesse. On travaille sur la main-d'oeuvre,
on travaille sur l'innovation, l'investissement. C'est certain que,
lorsqu'on regarde quelles sont les entreprises les plus productives, qui
investissent le plus puis qui innovent le
plus, c'est lesquelles, M. le Président? C'est les grandes entreprises. Alors,
on doit aider nos PME à croître. Dans notre bassin de PME, là, c'est là qu'est
le... nos futures grandes entreprises. Alors, il faut les aider dans leur
transformation numérique, on a des sommes pour ça. Il faut les aider
pour l'exportation, on a des sommes pour ça. Il faut les aider à développer des marchés, on a des sommes pour ça.
L'innovation... Juste dans le dernier budget, il y avait 413 millions pour
stimuler l'investissement privé,
273 millions pour intensifier les efforts d'innovation, 202 millions
pour la croissance des entreprises... Ça, c'est tout sur cinq ans, là,
O.K.?
• (16 heures) •
Puis,
pour les régions, là... Parce que vous allez dire : Il y a des PME en
région, puis... Bien, c'est sûr, Montréal, c'est le poumon de l'économie québécoise, mais il se passe des choses en
région, là. Il y a aussi 813 millions, sur cinq ans, pour l'essor du secteur
bioalimentaire, 217 millions pour stimuler la vitalité économique et
régionale, 153 millions pour assurer le développement et la mise en
valeur de nos attraits touristiques, 128 millions pour favoriser le
développement du secteur forestier — ça, c'est avant les feux de
forêt, M. le Président, il y en aura d'autres, sommes, c'est certain, on a des responsabilités — 109 millions
pour poursuivre les actions pour une meilleure connectivité. Puis je vous
rappelle que, dans le
budget 2021-2022, on a fait quoi, M. le Président? Bien, vous avez le taux
général d'imposition que les entreprises paient, là, 11,5 %, les PME payaient 4 %, c'est 3,2 %
maintenant. Ça, bien, c'est nous qui ont fait ça, là, au budget 2021-2022.
On va continuer de soutenir nos PME, M. le Président, à Montréal, à Québec,
dans les régions, partout.
Pénurie de
main-d'oeuvre. Pénurie de main-d'oeuvre, là, je reprends le thème de la
motion : pas de vision, vous ne faites rien. Bon. On a fait un plan
main-d'oeuvre à l'automne 2021, on sortait de la pandémie,
3 milliards de dollars, M. le Président, sur cinq ans. Comment je peux
vous résumer ça? Formation, éducation, requalification. Éducation, bien,
c'est certain, on a du travail à faire, le taux de graduation de tous. Le taux
de graduation, il faut être honnête entre nous autres aussi, là, le taux de graduation des garçons francophones, on a
des efforts à faire là-dedans. On a des efforts à faire pour tout le monde,
mais on sait aussi que les garçons font moins bien que les filles et que les
garçons francophones font moins bien.
On a du travail à faire dans notre système d'éducation, notre école publique,
on va continuer. C'est extrêmement important.
L'éducation, c'est la clé. Vous savez, si on ne faisait rien, au gouvernement,
il faudrait faire l'éducation. C'est la clé.
Formation.
Formation, on a eu... La pandémie a modifié la structure de l'économie. On a
des gens qui travaillaient dans des restaurants, par exemple, qui ont décidé de
devenir préposés aux bénéficiaires. Il a fallu leur offrir une
formation, puis, pour ça, on leur a
dit : Voici des cours de formation, on va acheter le cours de formation
puis on va vous payer pour vous asseoir et suivre la formation. On a aidé les
gens à transitionner des secteurs moins performants vers les secteurs
les plus performants. On va continuer à faire ça. Requalification, même chose.
Alors, il y a eu toutes sortes de mesures.
Et puis il y
a toute la question des secteurs où on est en pénurie de main-d'oeuvre. Parce
que c'est un peu ça, là, le libellé
de la motion, là, c'est : il y a une pénurie de main-d'oeuvre, vous ne le
reconnaissez pas, vous ne faites rien, bon. Bien, on a mis des bourses
Perspective pour les secteurs essentiels où il y a des pénuries de
main-d'oeuvre : éducation, services de
garde, sciences infirmières. 2 500 $ par session à l'université, ce
n'est pas rien. Les étudiants en éducation sont contents. Après ça, tout
le monde dit : L'avenir, c'est sciences, technologies, ingénierie,
mathématiques. On a mis des bourses
Perspective là aussi, encourager la persévérance. Parce que l'éducation, c'est
souvent l'accès, l'aide financière aux études, notamment, ou la
gratuité; la persévérance, parce que ça prend de l'aide, ce n'est pas facile,
faire un bac, puis on a besoin d'aide avec
le numérique, les professeurs; puis la diplomation, la graduation. Ça fait
qu'on travaille sur ces trois vecteurs-là,
puis on travaille aussi sur la motivation au niveau du primaire, du secondaire,
la motivation, on travaille sur l'autonomie.
Et là j'ai
une liste de ce qu'on a fait en éducation, j'y arrive. J'ai une heure par jour
de parascolaire, une excellente mesure — en 2018, je disais à tout le
monde que c'était notre meilleure mesure, je le dis encore — une
heure de plus par jour pour le tutorat, les sports, les arts, l'engagement
communautaire; augmentation substantielle des professeurs; mise en place des aides à la classe; construction
de nouvelles écoles. Les infrastructures publiques, j'en ai parlé. J'arrive.
J'arrive. J'ai combien de temps, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : 52 min 40 s.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Ça me rassure parce que j'ai des choses à
vous dire. J'arrive sur l'inflation. Qu'est-ce qu'on a fait au niveau de
l'inflation? Bon, pourquoi on a fait quoi, O.K.? Pourquoi on a fait des aides
ponctuelles? Je le répète, c'est
quoi, l'origine du 500 $. D'abord, ça a commencé par un 250 $,
200 $ si vous étiez en couple, 275 $ si vous étiez seul, si vous étiez éligible
au crédit d'impôt solidarité. Ça, c'était pour 2021.
Est arrivé
2022. L'indexation du régime fiscal, en 2022, avait été faite avant l'invasion.
Parce que, lorsqu'on indexe au
1er janvier, c'est basé sur les données jusqu'au 30 septembre, avant
l'invasion de l'Ukraine par la Russie, avant la flambée des prix de pétrole et des aliments. 2,7 %
d'indexation du régime fiscal. Inflation réalisée : 6,7 % au Québec
en 2022. Alors, on a pris un panier de
biens essentiels : vêtements, logement, transport, alimentation, on a
calculé que ça coûtait approximativement 25 000 $ pour une
personne seule. Puis, si votre régime fiscal est sous-indexé de 4 % puis
que vous appliquez 4 % à
25 000 $, ça ressemble à 1 000 $. Ça ressemble à deux fois
500 $. Une fois 500 $, une fois plein de critiques parce qu'on donne
500 $ à tout le monde, à 6,4 millions de personnes, puis on ne s'en
excusera pas, M. le Président. Alors, la deuxième fois, on écoute. On écoute
tout ce qui se dit. Les gens ont des critiques légitimes. Les gens ont
dit : Vous ne devriez pas donner 500 $ à tout le monde. Alors, on a
dit : Très bien, on va donner 50 % de plus, 600 $ à ceux qui gagnent moins de 54 000 $ et 400 $
aux autres, jusqu'à 100 000 $, puis ça va toujours donner
6,4 millions de personnes. Ça,
c'est le 500 $ et le 600 $-400 $, la version améliorée, modulée
en fonction du revenu suite aux critiques constructives de la société
civile. Le 500 $ est devenu un 600 $-400 $. Bon. Puis là les
gens ont dit : Pourquoi vous n'avez pas fait 700 $, 300 $? Bien, peut-être la prochaine fois, M. le
Président, mais on a pris une décision. Gouverner, il faut prendre des
décisions. On a fait 600 $, 400 $, 50 % de plus.
Bon, ensuite,
les tarifs. Bien, si le régime fiscal est indexé de 6,44 %, qu'est-ce qui
va arriver aux tarifs, M. le Président? Bien, ils vont être indexés de 6,4 %. Qui veut payer ses tarifs de
garde de 6,4 % de plus? Personne. Qui veut payer sa chambre en
CHSLD 6,4 % de plus? Personne, surtout pas dans les conditions actuelles.
On a plafonné les tarifs à 3 %, M. le Président.
Nous avons fait le choix de plafonner les tarifs à 3 %. Et puis c'est sûr
que les oppositions vous ont dit : Mais pourquoi vous ne plafonnez pas ça à 2 %? Pourquoi vous ne plafonnez
pas ça à 1 %? Pourquoi vous ne laissez pas les prix fixes à
0 %? Parce qu'il y a une capacité de payer limitée des contribuables
québécois puis qu'on a une responsabilité, on a un rôle de fiduciaire et d'intendance. Alors,
on a choisi 3 %, qui est raisonnable. Parce que, je vous l'ai dit, nous
sommes prudents, raisonnables, responsables. 3 %.
Ensuite,
il y avait le fameux crédit d'impôt aux aînés, de 2 000 $, puis
c'était... Revenons à la genèse de ce crédit
d'impôt. En 2018, le premier ministre... non, le futur premier ministre se
promène en campagne électorale, et les aînés
lui disent : C'est difficile, nos pensions, nos revenus ne suivent pas nos
coûts, surtout les gens qui ne travaillent pas. Et puis c'est là qu'on... puis
c'est pour ça qu'on a choisi 70 ans, M. le Président. Parce qu'on me
demande souvent : Pourquoi pas
65, 66, 67, 68? Parce qu'au-delà du fait que ça coûterait plus cher s'il y
avait plus de monde, là, il y a aussi le fait que c'est... Il y a beaucoup de gens qui travaillent
toujours à 66, à 67, à 68, mais on a présumé qu'à 70 ans la plupart des
gens ne travaillaient plus et donc n'avaient pas de hausse salariale qui
leur permettait de faire face à l'inflation.
• (16 h 10) •
J'aurais
espéré qu'il reste jusqu'aux 53 minutes, M. le Président, mais je n'ai pas
réussi à maintenir... Je continue quand même, O.K.?
Nous avons choisi
70 % parce que ces gens-là n'ont pas la capacité de travailler et de
bénéficier de hausse de salaire qui, elle,
leur permet de faire face à la hausse du coût de la vie. Et donc nous avons
choisi que les aînés de plus de 70 ans à faibles revenus, moins de
24 000 $, recevraient 2 000 $. Si vous avez
44 000 $ de revenus, ce sera 1 000 $ et, plus de 64 000 $, ce sera tout, il n'y
en aura pas. Et puis ça, ça coûte 1,6 milliard par année, là. Alors, quand
les oppositions me disent :
Nous, là, ça aurait été 65 ans, puis 2 000 $, puis tout le
monde, puis ça aurait été beaucoup mieux, M. le Président, bien, je vous dis : Bien, ça aurait été
beaucoup plus cher. Puis qui paie pour ça? Les Québécois. Alors, il faut
respecter la capacité de payer des Québécois.
La baisse d'impôt,
mais quelle excellente mesure, M. le Président! J'ai rarement vu une aussi
bonne mesure déplaire autant aux
éditorialistes de journaux de Montréal, c'est incroyable. On a le fardeau
fiscal le plus élevé en Amérique du Nord.
On baisse les impôts pourquoi, M. le Président? Pour augmenter le potentiel de
l'économie québécoise de façon permanente, de 0,3 %, stimuler la
croissance. C'est une mesure, là... là, je vais dire le mot que j'essaie de ne
jamais dire parce que ça ne veut rien
dire, c'est une mesure structurelle, O.K.? C'est une mesure qui augmente la croissance de
l'économie de 0,3 % pour toujours, la baisse d'impôt.
Et,
savez-vous quoi, ça stimule l'offre de travail de façon permanente, parce que
le prix donne un signal. Si vous travaillez, puis il vous en reste plus,
ça vous encourage à travailler plus. Parce qu'à la fin les gens travaillent
pour le bien-être public, ils travaillent
pour leurs entreprises, ils travaillent aussi pour eux, là. S'il leur en reste
plus, ils travaillent plus. La baisse d'impôt augmente l'économie,
stimule l'offre de travail. Une excellente mesure.
Puis
on a été chanceux, M. le Président, parce que c'est une mesure de long terme,
mais mesure structurelle. Mais, conjoncturellement, là, elle arrive au meilleur
moment. On n'aurait pas pu choisir un meilleur moment. Les déductions à
la source ont commencé à être réduites le
1er juillet. Puis qu'est-ce que je vous ai dit en introduction... merci, 1er juillet
2023, qu'est-ce que je vous ai dit en introduction, M. le Président? Je
vous ai dit que c'est maintenant que c'est extrêmement difficile pour les Québécois. Et donc la baisse d'impôt arrive à un
moment opportun, elle aide les Québécois maintenant à faire face à une
économie qui ralentit, une inflation qui est trop élevée et des taux d'intérêt
qui sont très élevés.
Alors,
nous sommes le gouvernement qui en a fait le plus pour ses citoyens, en termes
de lutte à la hausse du coût de la vie, c'est documenté par des économistes
indépendants émérites comme Pierre Fortin. En moyenne... J'ai 53 ou
52 minutes?
Le Président (M.
Benjamin) : 52 min 40 s.
M. Girard (Groulx) : Ah! O.K. C'est comme
53 minutes, O.K. En moyenne, le revenu disponible réel des Québécois est
en hausse de 8 %, mais on est conscients que derrière la moyenne se
cachent des situations difficiles, et c'est pour ça qu'à la mise à jour on veut faire des gestes ciblés. Et
quelles pourraient être ces cibles? Bien, on a toujours besoin de construire
des logements. On le sait, qu'il y a un déficit de logements. Alors, on
travaille avec le gouvernement fédéral pour pouvoir dire des choses
positives sur le logement, la mise à jour. On est conscients que l'itinérance,
c'est extrêmement difficile présentement au
Québec. L'itinérance, ça a... On a toujours eu des enjeux de santé mentale,
mais maintenant on a les opioïdes qui composent les défis de santé mentale.
L'adaptation aux changements climatiques, il y aura des gestes ciblés à
la...
Le Président (M. Benjamin) : Merci. Merci,
M. le ministre des Finances. La parole revient maintenant à la députée de
Verdun.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci beaucoup, M. le
Président. Je veux d'abord souligner que, de la part de ma formation politique, nous allons appuyer la motion qui est
présentée. Puis moi, je veux débuter, cette fois-ci... je ne veux pas parler
d'environnement. Je veux vous parler des PME. Le ministre disait tantôt à quel
point la CAQ se préoccupe des PME, mais pourtant,
cet été, mon collègue de Maurice-Richard et moi avons dénoncé une situation
injuste, une situation... un fardeau économique qui augmente sur nos
PME, et puis je vous parle de la situation concernant les baux commerciaux.
Cet été, dans les
rues commerciales dans ma circonscription, sur la rue Wellington, on a connu
des fermetures de commerce, des petits commerces de quartier. Je parle des
commerces familiaux, des cafés, des pâtisseries qui sont au coeur du développement économique, qui sont au
coeur de notre développement régional, parce que ça ne se passe pas
seulement à Montréal, ça se passe partout au Québec.
Et nos petits commerces, quand on regarde les
conditions de renouvellement de bail, et voire d'augmentation des frais de location, ils sont devant un vide
réglementaire, un far west total, parce qu'il n'y a rien, dans nos lois
québécoises, qui
encadre et qui protège nos petits commerçants indépendants en ce qui concerne
la hausse et le renouvellement des baux commerciaux, une situation que nous
avons dénoncée et nous allons continuer à dénoncer. Mais, jusqu'à maintenant, malheureusement, c'est le silence radio de la part
de la CAQ et, malheureusement, aussi d'autres collègues des autres partis
politiques ici, à l'Assemblée nationale.
Puis,
vous savez, en temps d'inflation, en temps de pénurie de main-d'oeuvre, après
une pandémie, là, nos commerces familiaux,
nos commerces indépendants traînent tous ce fardeau. Et, en plus, ils regardent
le marché. Ils voient les hausses de loyer abusives augmenter à chaque
année et ils n'arrivent pas. Puis, pour répondre à cette situation, depuis le
temps d'Amir Khadir, à Québec solidaire, on met des propositions concrètes sur
la table, des propositions qui vont permettre à ces commerçants, à nos PME de
respirer, d'être capables de négocier quand vient le temps de renouveler des
baux.
Je
vous donne deux exemples de choses superconcrètes qu'on peut faire déjà dès
aujourd'hui. La première, c'est de
créer un bail commercial type, c'est-à-dire de faire en sorte que tous les baux
commerciaux sont standardisés, puis ça va donner plus de pouvoirs et des chances à nos PME pour négocier à chaque
année soit des hausses ou des renouvellements de loyer. Puis la deuxième chose qu'on dépose et qu'on demande, c'est la
création d'un registre des baux commerciaux, qui, encore une fois, va
protéger nos commerçants face aux hausses abusives.
Puis, je vous le
répète, ce n'est pas une idée qu'on a eue pendant l'été. C'est quelque chose
qui a été proposé à maintes reprises par
d'autres collègues. Je salue ici le travail de ma collègue
députée de Mercier quand elle a vu fermer des commerces il y a quelques
années au Mile End, dans son quartier, ces choses qu'on va continuer à vivre.
Puis, on le sait très bien, la situation économique fait en sorte que nos commerçants
n'arrivent pas à tirer leur épingle du jeu, et il faut les protéger.
Donc,
on attend que la CAQ prenne ceci au sérieux, parce que ce n'est pas vrai
qu'ils font tout pour nos commerçants. Ce n'est pas vrai que nos entrepreneurs,
en ce moment, se sentent rassurés. Donc, je répète, il faut qu'on réglemente. Il faut qu'on soit capables d'encadrer les baux
commerciaux pour le futur de nos entreprises québécoises. Merci, M. le
Président.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Verdun. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants? Sinon... Attendez,
j'ai monsieur... On va respecter le principe d'alternance de prise de parole.
Donc, alors, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme
Cadet : Merci, M. le
Président. D'abord, j'aimerais remercier M. le député de Marguerite-Bourgeoys
pour la motion extrêmement pertinente
qui a été déposée par notre formation politique. Pertinente pourquoi? Parce qu'elle
est au diapason avec les priorités des Québécois.
Chers
collègues parlementaires... Et j'entendais, donc, le ministre féliciter
l'ensemble des personnes ici présentes pour
le service public dont nous faisons preuve. Je pense que tous les collègues
de... Je pense que les collègues de toutes les formations politiques,
cet été, lors de la pause parlementaire, donc, ont eu l'occasion d'aller à la
rencontre de leurs citoyens, d'aller à la
rencontre de leurs commettants. Et je me doute que, si on m'a parlé de hausse
du coût de la vie, si on m'a parlé
d'inflation et de pénurie de main-d'oeuvre, l'ensemble des collègues ici
présents, qui font leur travail avec rigueur, ont également entendu parler de cet enjeu. Donc, c'est la raison pour
laquelle nous le soulevons aujourd'hui, cet après-midi, en Chambre.
La
hausse du coût de la vie, on l'a dit, donc, a un impact sur les familles, les
dépenses qui augmentent à l'épicerie, les
dépenses en matière d'habitation, mais également elle a une incidence sur la
capacité de nos entrepreneurs, de nos PME, de nos travailleurs autonomes, des gens qui travaillent fièrement, des
gens qui travaillent durement, à y arriver. On nous dit et on m'a dit : La hausse du coût de la
vie est anxiogène. Ceux que vous avez rencontrés et ceux que j'ai rencontrés
non seulement dans ma circonscription de Bourassa-Sauvé, mais également à la
grandeur du Québec, lors de la dernière saison, m'ont essentiellement dit que, pour eux, c'est extrêmement difficile d'y
parvenir en ce moment, aujourd'hui, alors que le gouvernement de la CAQ
en est à l'aube de sa sixième année.
Quand
un entrepreneur voit sa facture énergétique presque doubler, donc, à
l'intérieur des cinq dernières années, alors que ses revenus sont
demeurés stables pendant ce temps-là, quand un restaurateur, donc, dans
différentes régions du Québec... Quand des
restaurateurs, dans différentes régions du Québec, opèrent dans une économie
touristique et ont peine à y arriver,
voient leurs factures d'approvisionnement augmenter... voir que s'approvisionner
leur coûte les yeux de la tête alors
qu'ils bouclent leur fin de saison ces jours-ci, comment ils se sentent, M. le
Président? Ils se sentent pris à la gorge.
Je vous dirais
également que, dans ce contexte d'augmentation des coûts, ceux qui font vivre
l'économie du Québec sont essoufflés. Ce
n'est pas nécessairement moi qui le dis, tout simplement on l'entend de la part
de ceux qui font vivre, qui font battre le coeur de l'écosystème
entrepreneurial québécois, qui nous disent : J'ai l'impression que
personne ne voit l'urgence.
C'est
le paysage entrepreneurial québécois qui est en jeu en ce moment. Les PME nous
en font part, mais évidemment, donc,
ils nous parlent... ils nous parlent donc non seulement de l'augmentation de la
hausse du coût de la vie, mais ils nous parlent également de la pénurie
de main-d'oeuvre, de la pénurie de main-d'oeuvre qui leur permet... qui permet
à leurs entreprises de se développer... en
fait, qui empêche leurs entreprises de se développer, de la pénurie de main-d'oeuvre
qui empêche à des collectivités de
pouvoir déployer leurs ailes et de pouvoir faire vivre des économies
régionales, de faire vivre des économies locales.
Mon
collègue a cité Véronique Proulx, j'abonderais dans le même sens, en nous
disant, donc, que... Mme Proulx, donc, P.D.G. de Manufacturiers et
exportateurs du Québec, qui nous dit : «Il faut avoir l'ambition d'un
grand chantier économique.» Je vous la
cite : «Nos services publics reposent sur notre capacité à créer de la
richesse pour les soutenir.»
«Nos entreprises doivent
aujourd'hui refuser des contrats faute de main-d'oeuvre, et des projets
industriels ne verront jamais le jour en raison de la rareté des mégawatts
disponibles. Une approche à la pièce ne pourra pas résoudre l'ensemble des problèmes. C'est un énorme chantier
que celui de l'économie. Il demande une action concertée, cohérente et
structurante. Et, surtout, une vision globale.»
Une vision
globale, M. le Président, c'est exactement ce que nous... ce que notre
formation politique, le Parti libéral du Québec, demande au gouvernement
caquiste d'entreprendre. Une vision globale, c'est ce qui empêche le
gouvernement d'agir avec myopie, à la
pièce, à la pièce donc, comme l'indique la présidente-directrice générale de
Manufacturiers et exportateurs du
Québec, afin de faire véritablement avancer l'économie québécoise et de
soutenir nos PME, de soutenir nos travailleurs, de soutenir ceux qui
font vivre notre économie.
Je
terminerais, M. le Président, en réitérant, parce que le ministre, donc, a
également, donc, pris la peine, donc, de parler dans... de répondre à nos critiques en matière d'enseignement
supérieur, ce matin, donc, quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre, donc, dans le secteur public...
Ah! je vois qu'il me reste moins de cinq secondes afin de déterminer mon
propos, mais, M. le Président, donc, tout simplement...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Vous
avez jusqu'à 12 minutes, vous avez une douzaine de minutes.
Mme
Cadet : Oui, mais ma collègue de Mille-Îles, donc,
complétera par la suite, M. le Président. Je terminerais tout simplement, donc, en vous disant que, lorsque nous affirmons que le gouvernement
manque de vision, ce n'est pas tout simplement, donc, une affirmation
libérale, c'est une affirmation de l'ensemble des collectivités québécoises,
qui demandent plus de soutien. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Merci, M. le Président. Nous sommes ici, donc,
pour parler de coût de la vie, d'inflation, de l'impact sur les
citoyennes, les citoyens, sur les PME et sur le manque d'action du
gouvernement.
Évidemment,
le ministre a pris le temps de bien mettre la table sur la situation. Il y a
des facteurs d'inflation qui n'ont pas été mis de l'avant, à part, évidemment,
l'accumulation d'argent qui s'est faite pendant la période de la pandémie
ou la guerre en Ukraine. Il y a aussi la
crise climatique qui a joué un rôle et qui continue de jouer un rôle, que ce
soit cet été, quand on voit la
situation des maraîchers, le manque de légumes au... de manque de légumes... de
production de légumes, de fruits et
légumes au Québec, mais aussi mondialement, quand on voit, par exemple, que
l'Inde cesse d'exporter son riz parce qu'elle a eu des catastrophes
climatiques de son côté et elle pense ne pas en avoir assez pour sa population.
J'ai écouté attentivement M. le ministre sur la
question des revenus des Québécoises et des Québécois, et donc laissez-moi donner quelques chiffres. Et je vais
revenir, d'ailleurs, à ses affirmations sur l'amélioration de la situation, car
il y a quelques nuances à apporter.
D'abord, le
taux d'endettement a atteint un sommet au premier trimestre de 2023. Le taux
est en hausse de 12 % par rapport au trimestre précédent. Le ratio
du service de la dette des ménages au Canada a augmenté de 11 % sur une période d'un an, c'est-à-dire la hausse des taux
d'intérêt grève de 11 % de plus le budget des ménages. Le pouvoir d'achat
d'un couple avec ou sans enfants, au revenu
médian, a diminué de 1 % au Québec depuis 2019, M. le Président, et ici on
parle, donc, de plus que deux ans. Le pouvoir d'achat de toutes les catégories
de ménages au revenu médian et au salaire minimum a diminué depuis 2021, sauf pour les personnes âgées de
70 ans et plus. En particulier, le pouvoir d'achat des familles des classes moyennes, couples avec
enfants au revenu médian, a diminué de 2 % depuis 2021. Les faillites ont
augmenté de 23,5 % par rapport à l'année dernière.
J'ai entendu
M. le ministre dire que nous souffrons tous, que toutes les Québécoises et tous
les Québécois souffrent de l'inflation et de la hausse de coût de la
vie. Eh bien non, ce n'est pas vrai. Il y a bien sûr ceux en bas de l'échelle
qui souffrent bien plus que les autres, quand on sait qu'il y a une
augmentation du coût de l'épicerie, par exemple, et que le pourcentage de l'épicerie dans leurs dépenses est bien supérieur
qu'à d'autres parties de la population. Mais il y a aussi ceux qui ne
souffrent pas du tout, M. le Président.
Je rappelle
qu'ici, au Québec, on a... les 11 personnes les plus riches au Québec
accumulent 30 milliards de dollars de patrimoine, 30. On a du
mal à imaginer, hein? Pour qu'une personne accumule 30 milliards de
dollars, il faut qu'elle gagne... il faut
qu'elle mette de côté 100 000 $ par an pendant 300 000 ans.
300 000 ans, on change d'ère, là. On n'est même plus dans l'homo sapiens sapiens, M. le Président.
Ces personnes-là, ces 11 familles là qui ont accumulé ces
30 milliards là, évidemment, ne
souffrent pas, actuellement, comme les autres de l'augmentation des coûts de la
vie, et ils ont eu droit aussi à une baisse d'impôt, à une baisse de
leurs taxes scolaires, etc.
• (16 h 30) •
Il y a aussi
les épiceries, si on parle des grandes surfaces, qui ont augmenté leurs marges
et leurs revenus depuis les deux
dernières années. Il y a aujourd'hui des compagnies qui se gavent sur le dos
des Québécoises et des Québécois. Et, non, M. le Président, ces compagnies-là et les P.D.G. des grandes épiceries
ne souffrent pas comme les autres, au contraire, ils ont profité
d'augmentations et de gros bonus cette année et l'année précédente. Et donc il
est faux de dire que nous sommes égaux.
Et nous, à
Québec solidaire, on pense qu'il faut absolument viser les injections d'argent
dans l'économie pour que ce soient
les plus... les moins nantis qui en profitent, évidemment. Il faut aussi... Il
y a deux manières, donc, de lutter contre l'inflation. Une manière, c'est de gérer les prix,
et de l'autre manière... donc, les coûts et, de l'autre manière, c'est
d'augmenter les revenus pour les gens qui en souffrent. Ce gouvernement
est capable de le faire, et j'ai déjà eu l'occasion de féliciter M. le ministre sur le crédit d'impôt pour
solidarité qui a été bonifié pour les personnes de... les aînés, et les aînés,
pour la CAQ, c'est à 70 ans et
plus. Et je rappelle que, si on prend les chiffres des quatre dernières années,
ce sont les aînés de 65 à 69 ans
qui ont vu leur pouvoir d'achat diminuer, et c'est malheureux qu'ils aient été
exclus de cette proposition qui est progressiste, parce qu'elle... si on
veut, elle diminue en fonction de l'augmentation des revenus.
M. le
ministre a parlé d'une baisse structurelle, d'une action structurelle, qui est
la baisse d'impôt, M. le Président. Imaginez-vous donc, proposer la
baisse d'impôt dans une question de pouvoir d'achat. Le 30 % le moins
nanti au Québec ne paie pas d'impôt parce
qu'il est trop pauvre, M. le Président. Il n'a pas reçu 20 $ ou 30 $
ou 800 $ comme les gens qui
gagnent plus de 100 000 $. Non, il a reçu... 30 %, là, de
8 millions de personnes, c'est du monde. Le 30 % suivant a gagné deux
fois rien. Si eux, ils n'ont gagné rien, les autres ont gagné deux fois rien,
car c'est juste en haut de l'échelle qu'on
a fait le plein et qu'on a récupéré les 800 $ par personne. Parlez-moi
d'une proposition qui est exactement inverse de ce qu'il faudrait qu'on
fasse. Il y a pourtant des mécanismes au Québec, et nous en avons proposé
plusieurs.
Donc, si je reviens à l'IPC, donc à l'indice du
prix de consommation, la plus grosse composante est le logement. M. le ministre nous a dit : Attention, nous,
on doit équilibrer. Il y a ce que nous rapportent les impôts, ce que nous
rapportent... ce que les compagnies
nous paient, mais il y a aussi, évidemment, ce qu'on dépense, et il faut que ce
soit équilibré. Mais j'ai une
proposition, pour M. le ministre, qui ne coûte rien, qui ne coûte rien, qui est
l'obligation de limiter les augmentations du loyer et, en fait, inverser
le fardeau de la preuve sur les augmentations de loyer.
Aujourd'hui,
les propositions du TAL ne sont que... ne sont pas obligatoires, elles sont
conseillées. Et, si un locataire reçoit
une augmentation supérieure, il doit rentrer dans un dédale de plaintes qui
peuvent durer d'ailleurs longtemps pour pouvoir limiter les augmentations. Il suffirait d'une décision politique
qui ne coûte rien et qui limiterait les augmentations. Or, on voit, depuis quelques années, et cette
année n'a pas fait exception avec des augmentations de 10 % en moyenne,
quand les gens changent d'appartement
alors qu'ils sont à la merci d'une reprise de leur appartement par le
propriétaire, quand ce n'est pas des
rénovictions carrément, ils se retrouvent à augmenter énormément leur loyer.
Pourquoi le gouvernement ne prend pas
cette décision? Parce qu'il a un parti pris. Parce qu'on a une ministre qui a
choisi son camp, et ce n'est pas celui des locataires, ce n'est même pas
celui des petits propriétaires étant donné qu'on a vu dans les médias avec quel
genre d'affairistes elle a affaire.
Pour les PME,
c'est la même chose, et je donnerai quelques exemples. Il y a la question de
l'immigration. Aujourd'hui, on parie
sur une immigration temporaire, M. le Président. Les grandes compagnies ont des
départements au complet qui gèrent ce genre de papiers. Est-ce que
vraiment les petites entreprises, les commerces de quartier sont capables de
trouver les ressources dont elles ont besoin actuellement? Il faut absolument
tabler sur une immigration permanente francisée
et arrêter de faire semblant que l'immigration temporaire est une solution,
surtout qu'elle nuit particulièrement aux
PME, sans compter le fait, évidemment, qu'on sort le chéquier pas à peu près
pour les multinationales, surtout en ce moment, quand il a trait à la question des batteries. Et Dieu sait qu'on
est d'accord avec l'idée d'avoir des productions de batterie et de
valoriser nos produits, surtout que ça fait partie, évidemment, de la solution
dans la transition énergétique, mais il faudrait que ce soit fait proprement.
Il faudrait qu'il y ait des objectifs de baisses de GES associés.
Aujourd'hui, on sort le chéquier pour que des
multinationales fassent des millions sur des bons coups de cash sur la question
des batteries sans avoir aucun objectif de baisses de gaz à effet de serre ici,
au Québec. Pire encore, M. le
Président, on leur permet de se chauffer au gaz fossile, et donc de créer des
GES. Pire encore, on permet d'avoir moins de normes environnementales et
on a vu aujourd'hui qu'il y a des grosses compagnies qui vont ouvrir sans même
avoir des BAPE.
Ça fait qu'on voit bien qu'il y a un parti pris
de ce gouvernement, qui n'est pas celui des personnes qui souffrent le plus,
ceux qui n'arrivent pas à trouver de loyer, ceux qui n'arrivent plus à payer
l'épicerie.
Depuis
l'arrivée... Juste dans ma circonscription, pour vous donner une idée, en cinq
ans, là, il y avait 1 100 personnes, 1 100 familles qui faisaient appel aux banques alimentaires.
90 % étaient prestataires d'aide sociale. Aujourd'hui, elles sont
2 400. 60 % sont prestataires de l'aide sociale. Ça veut dire qu'ils
ont augmenté en nombre brut. Mais il y a des nouvelles
personnes qui sont là. Il y a des étudiants, il y a des aînés, il y a des gens
qui travaillent et qui font la file. C'est des personnes à qui on a
arraché leur dignité, M. le Président, et c'est vraiment dommage.
Et je n'ai
pas parlé ici de l'itinérance. On a parlé effectivement de l'accès aux services
de santé, mais plus seulement, M. le
Président. Il y a des gens qui travaillent et qui n'ont pas de problèmes de
santé mentale qui se retrouvent dans des tentes, et pas juste à
Montréal, à Rimouski ou à Gatineau. C'est ça, le bilan, M. le Président.
Et, oui, il
va falloir absolument investir. Il va falloir mettre de l'argent là pour les
personnes qui ont le plus besoin. Et puis il va falloir aussi un peu
d'équité, parce que les gens qui se gavent, M. le Président, ils doivent payer
leur part du gâteau. Et je comprends que, parmi ces gens-là, il y a toutes
sortes de multinationales. Il y a des gens qui connaissent personnellement les gens en face, que nous, on ne
connaît pas, M. le Président. Et puis il serait temps qu'on mette un peu
de justice dans cette société et qu'on s'attaque aux vrais problèmes.
J'ai parlé du logement. Je n'ai pas parlé du
transport. C'est le deuxième coût... le deuxième coût dans l'IPC, M. le Président. C'est 18 % de l'indice du
prix de consommation. Il y a des choses faciles qui vont jouer aussi dans la
lutte contre l'écologie. Pourquoi ne
pas baisser le prix du transport en commun, M. le Président? À la place, les
villes ne sont même pas capables de garder les mêmes services parce que,
dans le budget du gouvernement de la CAQ, on n'a même pas été capable de leur
fournir la différence qui leur permettrait de garder les services actuels en
place, M. le Président.
Bref, M. le
Président, le temps qui m'est imparti n'est pas assez long pour passer à
travers toutes les propositions que nous avons faites. On aurait pu parler du
salaire minimum, de l'augmentation de différentes aides. On a parlé
aussi des étudiants, des bourses d'étudiants,
qui voient leurs coûts exploser avec l'augmentation des taux d'intérêt. Il y a
beaucoup à faire, et nous allons passer la
prochaine session à apporter de la raison, et je sais que le ministre aime
parler de raison, pour apporter plus de justice dans notre société. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Maurice-Richard. Il reste
5 min 30 s. Mme la députée des Mille-Îles, la parole est
à vous.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Merci, M. le Président. Mais, juste pour bien
valider, j'étais sous l'impression que mon collègue de... de quelle...
Une voix : ...
Mme
Dufour : ...Maurice-Richard, merci, avait 16 minutes
et qu'il en a fait 11. Donc, je voulais juste être certaine que, de mon
côté, je n'ai pas plus de temps. Il ne reste pas du temps à l'opposition, là, il
reste simplement six minutes?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
ce serait à valider, à ce moment-là, ce serait à valider.
Une voix : ...
Mme
Dufour : Non. On m'avait spécifié qu'il restait
16 minutes à monsieur. Donc, c'est pour ça. Est-ce qu'on peut
valider le temps exact qu'il reste?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Oui.
Pour le moment, vous avez 5 min 30 s. Allez-y.
Mme Dufour : Parfait. Excellent.
Merci, M. le Président.
Alors,
écoutez, la CAQ a nié pendant trois ans la crise du logement. Je l'ai dit, on
l'a dit, on l'a redit. Il y a plusieurs extraits qu'on peut retrouver,
de jusqu'à, en fait, 2022, que les différents ministres disaient que, non, ça
n'existait pas, qu'elle n'existait pas,
cette crise du logement. Et c'est seulement en mai 2022 que le gouvernement de
la CAQ a enfin reconnu ce que tout le
monde disait. C'était une évidence même qu'il y avait une crise majeure du
logement. Et ça a, on s'entend, beaucoup, beaucoup empiré depuis. Et,
malheureusement, bien, on a perdu beaucoup, beaucoup de temps.
En fait, la
CAQ est au pouvoir depuis plus que cinq ans, et ils n'ont pas toujours de plan
en habitation. C'est beaucoup d'années
perdues. Et, avec tous les effets de la pandémie, etc., sans plan, négation de
la crise, bien, on voit aujourd'hui une situation qui est vraiment
catastrophique.
Les taux d'inoccupation... Oui, M. le Président?
• (16 h 40) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...avoir
la confirmation. Donc, je vous confirme que vous disposez d'un maximum de
10 min 8 s. Voilà.
Mme
Dufour : C'est ce que je croyais. Merci beaucoup. Donc, je
vais pouvoir continuer. Merci, M. le Président.
Donc, comme
je disais, la situation n'a jamais été aussi catastrophique, et les taux
d'inoccupation sont historiques. Et ce qui est particulier... dans le
passé, il y en a eu, des crises du logement, d'autres époques, mais ce qui est
particulier, c'est que, là, ça touche tout
le Québec. Et là où c'est pire, c'est en région. Ce n'est pas à Montréal, ce
n'est pas à Québec, c'est dans les
localités les plus éloignées, même. Il y avait d'ailleurs un article fort
préoccupant, ce matin, concernant la situation
à Rimouski, Matane. On l'a vu aussi aux Îles-de-la-Madeleine, où des gens se
retrouvent itinérants parce... faute de
logement. Et donc ici on ne parle pas de gens qui sont nécessairement sans
moyens. Ce sont des gens qui ont des emplois mais qui ne trouvent aucun logement. Et donc c'est vraiment... c'est
vraiment catastrophique, la situation dans ces régions-là.
Et, pendant ce temps-là, bien, on a des milliers
de logements qui sont disponibles mais qui sont barricadés, des logements barricadés. Il y a
3 000 logements sociaux qui sont vacants pour différentes raisons. On
a aussi des Airbnb qui accaparent une
partie du marché locatif. Certes, il y a eu un projet de loi qui a été... qui
est rentré en vigueur récemment, mais, malheureusement,
il manque d'inspecteurs, et donc la loi n'est pas tout à fait encore bien
appliquée, et donc il y a toujours des logements qui ne sont pas... qui
seraient disponibles, qui pourraient aider.
Mais ça reste
qu'on a vraiment, vraiment besoin de plus de mises en chantier. On a besoin de
centaines de milliers de logements
d'ici... bien, en fait, on estime d'ici 2030, mais déjà, aujourd'hui, si on
voulait être en équilibre, c'est vraiment, vraiment beaucoup, beaucoup de logements qu'il faudrait construire. Mais
la situation, à quel point elle est préoccupante, c'est qu'aujourd'hui on constate qu'on a dans les
pires chutes de mises en chantier qu'on a vues. En fait, on est actuellement
dans un creux historique depuis 1998. On
parle que, cette année, on a des baisses de chantiers de 38 % pour
l'ensemble du Québec. À Montréal, ça monte plus que ça, c'est à
54 %. C'est énorme.
Et là, je
sais, il y en a qui pourraient vouloir mettre ça sur le dos de la pandémie. La
pandémie a beaucoup le dos très, très
large, mais j'aimerais rappeler deux choses. D'abord, 2020, 2021 ont été des
années quand même de forte croissance en
construction. Et, deuxièmement, on a des villes canadiennes, Vancouver et
Toronto, qui, elles aussi, ont vécu la pandémie, hein, comme nous, sont aussi dans le marché canadien, et là, eux autres,
c'est le contraire, les mises en chantier vivent des records actuellement, et c'est des records depuis
1990. Donc, ils ont beaucoup stimulé, mais ce n'est pas pour rien, c'est
qu'on peut voir... Si on regarde la littérature, bien, le gouvernement de Doug
Ford, en Ontario, a mis des mesures très fortes pour stimuler la construction. Les maires,
le maire... les maires de Toronto, maire de Vancouver aussi, ont vraiment
poussé beaucoup. Et donc tous ces gens-là
ont travaillé dans le bien commun pour stimuler la croissance. Pourquoi? Parce
qu'ils reconnaissaient la crise du logement, ce que notre gouvernement de la
CAQ, malheureusement, ne faisait pas. Et il
n'y a toujours pas de plan, puis on ne sait toujours pas c'est comment qu'on va
stimuler cette croissance-là, alors que, là-bas, bien, ils construisent,
ils construisent, ils construisent.
Alors, on a
un enjeu majeur. On a une pénurie qui va s'accentuer, parce que, déjà, on a des
taux d'équilibre, dans certaines
régions, qui sont faméliques. Et ça, ça a une pression inflationniste sur les
loyers, évidemment, parce que c'est une question d'offre et de demande. Et là
il y a tellement peu d'offre, en fait, pour dire qu'il n'y en a plus du tout
dans certaines régions, plus aucun
logement disponible, bien, lorsqu'un logement se met sur le marché locatif, les
prix explosent, les prix explosent.
C'est la même chose pour les maisons, parce
qu'évidemment il y a comme un certain jeu, là, que des gens tentent de sortir du marché locatif vu qu'il n'y a
pas d'option. Ils s'en vont vers des maisons, mais... et tentent de devenir
propriétaires. Mais là les prix ont augmenté
de façon aussi importante. Et, avec les coûts d'intérêt qui ont aussi augmenté,
bien là ça devient très, très difficile de
devenir propriétaire pour... particulièrement pour des jeunes familles, les
premiers acheteurs.
Pour vous
donner une idée, un chiffre qui frappe, depuis l'automne 2018, donc depuis
que la CAQ est au pouvoir, le prix
moyen des maisons au Québec a augmenté de 178 000 $. C'est toute une
hypothèque, ça, 178 000 $, c'est énorme. Et ça, c'est juste le prix que ça a augmenté. Donc,
évidemment, ça s'ajoute au prix des maisons qu'on avait à l'époque. C'est
énorme. C'est énorme et, avec les coûts des hypothèques, bien, ça devient très,
très, très dispendieux, les mensualités deviennent inaccessibles pour une très,
très grande majorité de la population. Et c'est pour ça qu'on voit, comme je le
disais aussi, une hausse de
l'itinérance. Le logement, c'est évidemment la plus grosse dépense pour les familles,
et là, actuellement, elles sont prises à la gorge. Et ça, ça nuit...
évidemment, ça nuit à l'économie du Québec.
Et là, bien, je sais qu'à chaque fois qu'on
parle d'économie on entend le gouvernement caquiste nous parler de ses grandes visions pour l'économie. Là-dessus,
ils ont une vision. Là-dessus, ils ont une vision. Pas en logement, ça,
il n'y en a pas, mais, en économie, il y a une vision de : On va amener la
filière batterie, on va amener des usines, on va
amener des usines de la filière batterie. On va construire... Il faut faire des
batteries au Québec. C'est intéressant. C'est intéressant. Ça... Ils
mettent des centaines de millions là-dedans, mais l'enjeu, c'est : Où vont
se loger ces travailleurs? Parce que ça
va... C'est des nouveaux emplois qu'on crée. Il y a déjà une pénurie de
main-d'oeuvre. Alors, c'est des travailleurs qui vont venir, j'imagine, d'ailleurs. S'ils viennent d'ailleurs, ils
vont se loger où? Parce qu'actuellement il n'y a pas de logement. Où
vont-ils aller?
Et j'étais... j'ai parlé avec le maire de
Trois-Rivières il n'y a pas très longtemps, qui a une énorme crainte par rapport à l'arrivée d'usines à Bécancour, parce
que 70 % des travailleurs qui s'installent... qui vont à Bécancour...
70 % des travailleurs s'en vont à Trois-Rivières. Mais, à
Trois-Rivières, le taux d'inoccupation est à moins de 1 %. Alors, il n'y a pas de logement. Il n'y en a pas, de
logement à Trois-Rivières. Il n'y en aura pas plus à Bécancour. On ne construit
pas actuellement. C'est la même situation à
Shawinigan. J'ai rencontré le maire de Shawinigan, il m'a fait part de la même,
même, même situation. J'étais à Rivière-du-Loup il y a quelques mois, même
situation.
Et donc le manque de logement nuit à l'économie
parce que les entreprises qui veulent créer des emplois, qui veulent étendre, dans le fond, leur... leur champ,
là... Tu sais, s'ils veulent, par exemple, exporter, bien, ça prend plus de
capacité de production. Pour ça, ça prend des employés, mais ces employés-là
n'ont pas d'endroit où se loger.
Alors,
écoutez, c'est clair pour moi qu'il y a actuellement un enjeu majeur avec la
vision de la CAQ, et ça, ça nuit à
l'économie, ça nuit à nos familles, qui n'ont pas la capacité, actuellement, de
se loger à un coût acceptable. Puis évidemment on peut s'entendre que,
lorsqu'on met à peu près tout ce qu'on a comme argent dans notre logement,
bien, c'est d'autres sphères de l'économie
qui vont en pâtir, notamment la culture. On peut... On voit des hausses un peu
partout, et c'est sûr que ça a un
impact majeur. Donc, pour cette raison, bien, j'appuie la motion de mon
collègue le député de Marguerite-Bourgeoys. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Et là la
parole revient à M. le député de Marguerite-Bourgeoys pour votre droit
de réplique. Vous avez un maximum de 10 minutes.
M. Frédéric Beauchemin
(réplique)
M. Beauchemin : Merci beaucoup, M.
le Président. Écoutez, manque de vision de la CAQ de par son propre choix. Il faut comprendre, là, que la CAQ, elle
est quand même toute... en partie responsable de l'inflation ici. J'ai entendu
le ministre parler du fait que les salaires nets ont augmenté de 8 %,
selon l'économiste M. Fortin. Oui, effectivement, on a eu la plus belle augmentation de salaire net du Canada. On a aussi
été le gouvernement qui a dépensé le plus durant la même période. On a donc alimenté le feu de l'inflation. Quand on
regarde, justement, le taux d'inflation annuel en 2023, pour le mois de
juillet, on est à 3,9 % pendant qu'en Ontario ils sont à 3,2 %.
Je comprends
que, pour la CAQ, on veut juste se comparer quand c'est une bonne façon de
faire, que, nous, notre image
s'améliore, mais la réalité, c'est qu'actuellement ce n'est pas le cas au
niveau de l'inflation. Ce n'est pas le cas parce que la CAQ a décidé de
mettre l'huile sur le feu.
• (16 h 50) •
J'entendais
le ministre faire la liste des raisons pour lesquelles on a de l'inflation. La
pandémie, bien, tout le monde l'a eue, l'Ontario aussi. Le rebond synchronisé,
surtout sur les biens et non sur les services, bien, l'Ontario aussi.
L'invasion de l'Ukraine, on a tous été
affectés, l'Ontario aussi. La politique zéro COVID de la Chine, ça a affecté
tout le Canada, tous les États-Unis, l'Europe, nous aussi. La banque... les banques mondiales
qui ont décidé d'augmenter leurs taux de 0 % à 5 %, on a été victimes
de ça ici aussi, au Canada, qui ont décidé de vendre leurs portefeuilles
obligataires pour encore plus restreindre l'accès à l'argent, on a tous vu ce
resserrement, on a tous eu à travers... tout le monde, toute la planète, au
Québec aussi.
Les taux sont
élevés, l'inflation est encore élevée. C'est une période difficile. Et,
là-dessus, je suis content de voir que
le ministre des Finances le comprend, le voit et l'accepte, mais, pendant ce
temps-là, l'inflation augmente plus au Québec, et le gouvernement du
Québec fait plus d'argent avec une plus forte inflation que tous les autres
gouvernements du Canada. On a fait
l'exemple, tantôt, de parler du produit intérieur brut, on voulait rattraper le
différentiel avec l'Ontario. On est passé de 16 % sous l'Ontario à
seulement 13 % sous l'Ontario. C'est bien, mais, tout économiste va vous
dire, ce n'est qu'une mesure pour
voir la performance économique d'une juridiction. Le Québec doit aussi regarder
sa balance commerciale. Ça ne sert
absolument à rien si on s'échange 10 $ avec l'Ontario, puis il nous remet
10 $. On ne gagne rien au net. La balance commerciale est aussi un
facteur de comparaison. On se doit de regarder la balance commerciale. On ne
peut pas juste regarder un élément. Encore une fois, vision en tube. On ne peut
pas juste regarder une chose, il faut regarder plusieurs éléments. Le tableau de bord doit être large.
Manque de vision, manque de choix. C'est un choix, en fait, très... très
bizarre.
Donc, la CAQ a choisi de mettre de l'huile sur
le feu. J'entends le ministre le dire souvent et je suis content de l'entendre parce que c'est effectivement le cas,
il est responsable, il est le fiduciaire des finances publiques de l'État. Mais
le gouvernement est aussi fiduciaire de
notre économie, et donc il y a des responsabilités qui viennent avec ça. On ne
peut pas simplement dire qu'on va
juste s'assurer, là, qu'on gère le compte de banque, là. Il faut qu'on s'assure
aussi que, quand on dépense de l'argent, on le fait de façon
intelligente.
Je reviens
sur le graphique de tantôt qu'on a vu dans La Presse; 3,9 %, la
plus grosse barre, c'est le Québec. Ça, c'est l'inflation. La plus élevée au Canada, elle est au Québec. On ne
peut pas ignorer ce facteur-là. Les plus belles hausses des salaires nets, et on est tous contents... je
parlais du PIB, puis c'est bien qu'on l'ait rattrapé, mais c'est plusieurs
éléments qu'on doit regarder.
On doit aussi
s'assurer qu'on fait les bons choix. Puis, comme je disais tout à l'heure,
lorsqu'on parle de l'ensemble des
mesures que le ministre a mentionnées tout à l'heure, c'est-à-dire taxe
scolaire, baisse d'impôts, tarif unique, le bouclier de l'inflation, le stationnement, c'est des choix,
c'est des choix. Et c'est correct. Ils sont au pouvoir. Ils peuvent faire le
choix de sélectionner ces options-là. La
réalité, c'est des choix qui sont purement électoralistes, parce qu'en bout de
piste ceux qui sont en bas de l'échelle, le stationnement gratuit, quand
tu n'as pas les moyens de te payer un char, ça ne sert absolument à rien.
Donc, ce qui
est important, c'est de s'assurer qu'on regarde les gens qui sont les plus
affectés par les mouvements d'économie, que ce soit crise d'inflation ou une
récession, c'est les gens qui sont les plus démunis, en bas de l'échelle, c'est
eux qui souffrent, c'est eux qu'on doit aider. C'est pour ça que moi, je trouve
que les choix, ils sont bien, de la part du gouvernement, mais ce n'est pas des
mesures ciblées. On doit avoir une approche ciblée.
Heureux
d'entendre des paroles du ministre des Finances de dire comme quoi que, bon,
bien, finalement on va faire des
mesures ciblées maintenant. Peut-être qu'ils nous ont entendus. Donc, l'augmentation
du crédit à la solidarité, l'augmentation du nombre de biens qui vont
tomber dans le panier essentiel qui vont être exempts de la TVQ, tant mieux, c'est ça qu'on a de besoin. On a de besoin
d'avoir des mesures ciblées pour aider les Québécois maintenant parce que ce manque de vision là alimente l'inflation,
ce manque de vision là fait en sorte que la période d'inflation et la période
difficile dans laquelle les Québécois sont
en train de vivre actuellement va simplement s'étirer encore plus longtemps. Ce
n'est pas ça que je souhaite, mais, quand on
prend des mauvaises décisions, il faut malheureusement vivre avec les
conséquences. Et, malheureusement, c'est la réalité à laquelle on va
avoir à faire face.
Je veux revenir sur un point : les transferts
fédéraux que le ministre des Finances a mentionnés tout à l'heure. Écoutez, il n'y a pas de soumission nulle part,
dans toute l'allocution qui a été mentionnée, là, que nous autres, on souhaite,
pour personne. On va respecter les champs de
compétence, et c'est normal. Mais, encore une fois, ici, on parle d'un choix.
Le fédéral a décidé de transférer de l'argent, le 940 millions, pour aider
les étudiants au Québec. La réalité, c'est qu'on est... les étudiants au Québec sont ceux qui paient le
plus haut taux d'intérêt, 7,7 %, 7,75 %. En Ontario, c'est zéro. Si
on veut parler de soumissions ici,
là, ce gouvernement-là a décidé de faire... Ce gouvernement-là a décidé de
faire souffrir les jeunes qui sortent
de l'école à leur charger un taux d'intérêt beaucoup plus élevé que la moyenne
canadienne. Ce gouvernement fait le
choix, O.K., d'hypothéquer la prochaine génération en pigeant dans les
contributions du Fonds des générations. Ce gouvernement-là a décidé,
O.K., que cet argent-là allait aller ailleurs que ce qui avait été suggéré.
Parce que le fédéral est très au courant, là, que le Québec a pleine compétence
dans ces champs, et donc pourra prendre l'argent comme il le veut. Le gouvernement a choisi de prendre... Le
gouvernement de la CAQ a choisi de prendre cet argent-là et de ne pas la mettre à aider, justement, la facture
d'intérêts des jeunes étudiants. C'est un choix. Le message que ça envoie,
c'est : Vous autres, vous allez
payer pour, puis nous autres, on se paie une baisse d'impôt. C'est ça, la CAQ.
C'est ça, le problème avec la CAQ.
Donc, si je
peux juste vous dire une affaire, c'est que, quand on a un manque de vision, on
est capable, normalement, de
dire : Bon, bien, O.K., il faudrait peut-être que je corrige mon tir.
J'espère que ce qu'on va voir dans les prochaines années, c'est un gouvernement qui va devenir beaucoup plus
responsable envers les gens que... Le rôle essentiel du gouvernement, c'est d'aider les gens les plus démunis. J'espère
que ce gouvernement-là va tout de même aider les gens qui en arrachent
le plus au Québec, des gens qui sont en bas
de l'échelle, des gens qui en ont de besoin. Il va non seulement faire ça, mais
aussi il ne mettra pas les prochaines générations à dos, n'hypothéquera
pas les prochaines générations. C'est la chose la plus importante. C'est le
souhait le plus important que notre formation politique souhaite faire.
En bout de
piste, ce qu'on veut, c'est que ce gouvernement-là écoute les propositions des
oppositions pour qu'on puisse avancer
tous vers un Québec qui va être plus prospère et équitable, inclusif, vert et
tolérant pour tous les Québécois. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale déclare que l'absence de vision et de mesures suffisantes
proposées par le gouvernement
caquiste en matière de logement, d'aide financière aux études, de soutien aux
PME, de lutte à la pénurie de main-d'oeuvre et visant à pallier les effets de
la hausse du coût de la vie nuit à l'économie du Québec et à la prospérité des
familles québécoises.»
Une voix : ...
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, conformément à la demande du leader du
gouvernement, le vote sur la motion de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys sera tenu à la période des affaires courantes de demain.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, à ce stade-ci, je vous
demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à demain, s'il vous
plaît.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, conformément à la demande faite par M. le
leader adjoint du gouvernement, nos travaux sont ajournés à demain
matin, 9 heures. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
(Fin de la séance à 17 heures)