(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Donc, très content de vous retrouver
pour reprendre nos travaux. Donc, je vous invite à prendre place, chers
collègues.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Et,
sans plus tarder, nous allons à la rubrique Déclarations de députés. Et je cède
tout de suite la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Féliciter
l'entreprise Cassis Monna et Filles, triple médaillée
à l'International Wine & Spirit Competition
Mme Kariane
Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup. À l'aube
de la saison estivale, j'aimerais, M. le Président, féliciter une entreprise
de chez nous et, du même coup, suggérer un endroit incontournable à visiter
lors de votre prochain séjour du côté de l'île d'Orléans.
Aujourd'hui,
je vous parle de l'entreprise Cassis Monna et Filles, dont l'excellence et l'innovation
dans l'industrie des spiritueux les a rapidement propulsés sur la scène
internationale.
En
effet, Cassis Monna et Filles a récemment été récompensée lors de
l'International Wine & Spirit Competition de Londres. Leurs produits exceptionnels ont remporté une médaille
d'argent pour la crème de cassis ainsi que deux médailles de bronze pour
le gin et la vodka. Ces distinctions prestigieuses témoignent de leur expertise
inégalée.
Imaginez, tout a
commencé en 1872. Il s'agit donc de la cinquième génération de producteurs de
spiritueux. Maintenant, Catherine et Anne
Monna sont des sources d'inspiration pour nous tous, et nous attendons avec
impatience les futures créations qui émergeront de leur esprit innovant.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Je reconnais maintenant M. le député de Borduas.
Rendre
hommage à M. Shawn Burnett, athlète de parahockey
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président.
J'aimerais profiter du temps de parole qui m'est offert aujourd'hui pour
souligner le courage, la force de caractère et la résilience de M. Shawn
Burnett.
Le
6 juin 2021, à l'âge de 18 ans, la vie de M. Burnett a changé. Lors
d'une bourrasque qui a bousculé son atterrissage en parachute, il a perdu l'usage de ses jambes. Grand sportif, il
pratiquait le hockey, motocross, ski, «wakeboard», et plus encore.
Rapidement, sa détermination et sa force de
caractère allaient l'aider à s'accrocher et à reprendre le contrôle de
sa vie. Initié rapidement au parahockey, il a adapté son jeu et a retrouvé dans
ce sport une véritable passion.
Moins de deux ans
après son accident, M. Burnett a intégré l'équipe de parahockey Québec
ainsi que l'équipe nationale de parahockey du Canada. En mai 2022, il a même
remporté la médaille d'or au Championnat canadien de parahockey, exploit que le Québec n'avait pas encore réussi à faire. Et
soulignons qu'il y a quelques jours Shawn et son équipe ont répété leur exploit en remportant, une deuxième année
consécutive, la médaille d'or au Championnat canadien.
Véritable
exemple de résilience, de discipline, M. Burnett, Shawn, au nom des citoyens de
la circonscription de Borduas, je
tiens à te remercier pour ton implication dans la communauté, mais aussi d'être
une source d'inspiration pour tous. Ton courage, ta force et tes
accomplissements donnent espoir à beaucoup de gens. Merci et félicitations!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Borduas. Et la parole revient maintenant au député de
l'Acadie.
Rendre
hommage à Mme Natalie Cadotte pour sa
carrière dans l'enseignement de la musique
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à remercier Mme Natalie Cadotte pour son apport à la
musique québécoise et internationale.
Mme Cadotte
détient un baccalauréat et une maîtrise en violon de l'Université de Montréal
et elle s'est perfectionnée auprès de
maîtres aux États-Unis. En 1983, elle commence sa carrière dans l'Orchestre des
jeunes du Québec, puis devient violon solo à l'Orchestre symphonique de
Longueuil, et ce, de 1986 à 2003. Pendant cette période, elle est aussi membre
de l'Orchestre métropolitain, enregistre
fréquemment à Radio-Canada et participe à plusieurs productions de l'Opéra de
Montréal.
Mme Cadotte se produit fréquemment dans des
festivals de musique ancienne, comme le Festival Bach et le Festival de Bologne, en Italie. Excellente
pédagogue, elle a dirigé l'orchestre de chambre du cégep Saint-Laurent pendant
de nombreuses années, en plus d'être enseignante en violon et en formation
auditive.
Félicitations pour votre carrière remarquable et
bonne retraite!
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Et je reconnais
maintenant Mme la députée de Saint-François.
Féliciter l'entreprise
Produits Kruger inc.,
lauréate et finaliste des Mercuriades
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
je souligne avec fierté le doublé de Produits Kruger à titre de grande
entreprise au prestigieux concours d'affaires Les Mercuriades de la Fédération
des chambres de commerce du Québec.
En effet,
Produits Kruger est lauréat du Mercure pour sa contribution au développement
économique et régional et finaliste dans la catégorie du manufacturier
innovant.
S'il y a un
acteur industriel de premier plan pour l'Estrie, c'est bien Kruger, dans le
district de Brompton, qui fait de Sherbrooke
un pôle majeur de la production de papier tissu. Le Québec tire sa force de sa
présence d'entreprises performantes comme Kruger pour se distinguer sur
les marchés internationaux.
Je félicite
en particulier toute l'équipe de Brompton, sur laquelle rejaillit la
reconnaissance des Mercuriades. Quel témoignage
de savoir-faire et de la qualité de votre travail! Vous contribuez à la fierté
des gens de l'Estrie et au dynamisme de l'économie de tout le Québec et
vous êtes un joyau de ma circonscription. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Saint-François. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Mercier.
Souligner le travail de
l'organisme Plein Milieu dans
le cadre de la Semaine du travail de rue
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. La semaine passée, c'était la Semaine du travail de rue, sous le
thème On est là. J'en profite pour souligner le travail
remarquable de Plein milieu, un organisme du Plateau—Mont-Royal qui oeuvre auprès de personnes en situation d'itinérance ou à
risque de l'être.
Les
travailleurs et travailleuses de Plein Milieu font un travail extraordinaire.
Ils et elles tendent la main et l'oreille aux gens que notre société oublie souvent, que notre société invisibilise.
Leur approche humaniste est celle de la réduction des méfaits, une
approche qui a prouvé son efficacité et son importance.
Malheureusement,
Plein Milieu fait face à des coupures, et ça fait mal, ça fait très, très mal.
Le gouvernement de la CAQ a la responsabilité de soutenir des organismes
comme Plein milieu, sans lesquels des gens en situation de grande vulnérabilité se retrouveraient devant rien. Une
société riche et moderne comme la nôtre ne peut pas accepter ça. Je m'engage
personnellement à m'assurer auprès du
gouvernement de la CAQ que Plein Milieu puisse avoir les ressources nécessaires
pour aider les gens qui en ont le plus besoin dans notre société. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Mercier. Et la parole revient maintenant à M. le député de Saint-Jean.
Rendre hommage à M. Alain
Durivage, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M.
le Président, permettez-moi de commencer par saluer, dans nos tribunes, M.
Alain Durivage, à qui j'ai décerné, le jour même de la fête des Patriotes, la
médaille du député, en disant de lui que c'était un patriote des temps
modernes.
Comme à
chaque année, je me suis donc rendu au monument aux Patriotes de l'Acadie, sur
le chemin des Patriotes, au bout du
terrain d'Alain et de son épouse, Pierrette, parce que c'est à leur initiative
et sur leur terrain qu'a été érigé ce monument,
au début des années 80, à la mémoire des Patriotes de 1837 et de huit
patriotes en particulier de chez nous qui ont été enterrés dans les
parages après la dernière bataille de 1838.
Pierrette
Hébert et Alain Durivage avaient déjà reçu conjointement, il y a presque
20 ans, le prix de Patriote de l'année de la SNQ Richelieu—Saint-Laurent,
mais je tenais à lui remettre une autre médaille, celle du député, pour enregistrer la petite
histoire de ce monument dans la grande postérité de notre Assemblée nationale,
d'autant plus que Alain est vraiment un patriote des temps modernes.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Et maintenant la parole revient à Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Féliciter
les récipiendaires de la Bourse de la
députée de Westmount—Saint-Louis
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le Président.
J'ai aujourd'hui le plaisir d'annoncer les quatre lauréats de la troisième
édition de la Bourse de la députée de
Westmount-Saint-Louis, qui vise à souligner et récompenser les étudiantes et
les étudiants ayant fait preuve de détermination et de persévérance dans
leurs études et qui s'impliquent activement au sein de notre communauté.
Congratulations to Jenna Brender, from
Dawson College, Nikoo Pajoom, from Concordia University, et François Ferland et Amel Melanson, from McGill
University. Your commitment to your studies and dedication to our community is
truly remarkable.
Vous êtes sans doute une source d'inspiration pour tous les jeunes de Westmount—Saint-Louis, et je vous en félicite.
J'aimerais
également remercier tous ceux et celles qui se sont portés candidats cette
année et souligner la contribution des enseignants et de l'ensemble du
personnel des établissements scolaires participants, qui jouent un rôle
essentiel dans la réussite et l'atteinte du plein potentiel de nos
jeunes.
Jenna,
Nikoo, François et Amel, je vous souhaite beaucoup de succès dans vos études et
j'ai très hâte de voir ce que vous allez accomplir pour le Québec.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Et la parole revient maintenant à Mme la députée d'Iberville.
Souligner
le 50e anniversaire de la FADOQ Henryville
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans : Merci beaucoup. Je tiens
à remercier tous les bénévoles au grand coeur qui assurent le succès et
la continuité de la FADOQ Henryville.
Dernièrement, j'ai eu
le plaisir d'assister à la soirée qui célèbre le 50e anniversaire de la
FADOQ d'Henryville. D'ailleurs, je désire souligner la présence, dans les
tribunes, de M. Veilleux, président de la FADOQ, et de sa femme,
Christiane, avec qui nous avons eu beaucoup de plaisir lors de cette soirée.
La
FADOQ a vraiment remercié l'ensemble de ses bénévoles qui, au cours des
50 dernières années, ont donné leur temps et leur énergie. Ce sont des gens d'exception, qui organisent des
activités pour les citoyens de 50 ans et plus de leur communauté afin d'y mettre de la vie et des rires
dans leur quotidien. Le sentiment d'appartenance qui est tissé par ces activités contribue vraiment au bien-être des gens
de ce beau village, et ce, même en dehors de la salle du Sabot d'or de la
FADOQ. Félicitations!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Iberville. Au tour, maintenant, du député de Gaspé de
prendre la parole.
Souligner
la Journée de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
M. Stéphane
Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : Merci, M. le Président.
C'est avec grande fierté que je prends la parole ici, en cette Chambre,
aujourd'hui, pour souligner la Journée de la Gaspésie, qui se tiendra demain,
1er juin.
Événement rassembleur
à l'image de la région qu'elle commémore, cette journée est l'occasion pour
tous les Gaspésiens et Gaspésiennes
d'origine comme d'adoption de célébrer leur attachement à la péninsule, ce coin
de pays vaste et généreux traversé de montagnes et bordé tout à la fois
par les eaux du fleuve, du golfe et de la baie des Chaleurs.
C'est
également l'occasion pour moi de souligner mon affection particulière pour cet
endroit unique, sculpté par les
forces conjuguées du vent et de la mer, qui charrient sur la côte cet air salin
si particulier qui parfume notre quotidien et nourrit nos rêves.
C'est
un endroit en mouvement, certes fier de ses légendes mais résolument tourné
vers l'avenir. En cette journée de la Gaspésie, soyons fiers de ce que
nous sommes mais également de ce que nous devenons. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Gaspé. Et la parole
revient maintenant à Mme la députée de Laporte.
Souligner le 20e anniversaire du Conservatoire de musique de
la Montérégie
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de souligner les 20 ans du
Conservatoire de musique de la Montérégie,
un organisme qui a pour mission non seulement de former la relève musicale, mais
également de la diffuser via plusieurs événements.
Fondé
par Mme Marie-Anne Rozankovic, actuelle directrice générale artistique
fondatrice, le Conservatoire de musique de la Montérégie a su faire preuve de
résilience et de créativité, lui permettant d'accompagner plus de
2 000 jeunes dans leur parcours musical. Offrant des cours
pour tous les instruments et plusieurs ensembles, il aura permis de rendre
accessible la musique et d'agir en matière de médiation culturelle. Avec un
répertoire alliant jazz, pop rock et musique classique,
l'Orchestre symphonique du Conservatoire de musique de la Montérégie a présenté
plus de 200 spectacles, une démonstration sans équivoque du talent
musical de notre région et de la relève.
Mme Rozankovic, à
votre équipe ainsi qu'à vos étudiants, félicitations et joyeux
20e anniversaire!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laporte. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Lotbinière-Frontenac.
Féliciter
la polyvalente de Thetford Mines pour sa
désignation à titre d'école Chaîne de vie
Mme Isabelle
Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, M. le Président. Des étudiants du PEI
de secondaire III de la polyvalente de
Thetford ont récemment lancé une campagne de sensibilisation pour faire
connaître le don d'organes et de tissus
ainsi que l'organisme Chaîne de vie. Ils voulaient également rendre hommage à
leurs amis Catherine, Jérémy, victimes d'un accident de la route en 2020,
puisque le don d'organes et de tissus a permis d'aider et de sauver une
vingtaine de personnes. C'est un
petit baume dans cette tragédie qui a touché la famille de ces deux jeunes mais
aussi les amis et toute la communauté.
Je
salue les personnes impliquées dans cette campagne. Ils sont d'ailleurs dans
les tribunes ce matin. Ils ont mis plusieurs
heures et tout leur coeur dans cette campagne, et je les félicite. La
polyvalente de Thetford Mines est désormais une école Chaîne de vie.
Je termine en
rappelant à tous les Québécois l'importance d'avoir une discussion avec leurs
proches et de faire connaître leurs
volontés. Pour donner votre consentement au don, vous devez signer votre carte
d'assurance maladie. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Lotbinière-Frontenac. Au tour, maintenant, du député
de Portneuf.
Rendre
un hommage posthume à M. Jules Savoie
M. Vincent
Caron
M. Caron :
Merci, M. le Président. Je veux aujourd'hui rendre hommage à feu
M. Jules Savoie, qui nous a malheureusement quittés tout récemment.
M. Savoie était
le directeur général de l'Association des plus beaux villages du Québec, et ce,
pendant 15 ans. Il s'est énormément
investi dans cet organisme, qui compte aujourd'hui 40 villages et se donne
pour objectif de mettre en valeur la beauté d'un patrimoine bâti
authentique, niché dans des paysages d'exception.
Jules
Savoie croyait profondément en sa mission. Il lui a consacré tout son coeur,
toute son énergie. Il a fièrement représenté
nos joyaux villageois, tant au Québec qu'à l'étranger. Par sa vision et ses
actions, Jules a été un acteur clé de la valorisation de notre
patrimoine, comme celui de Neuville, Cap-Santé et de Deschambault-Grondines.
Je
tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de cet
homme généreux, ambassadeur des beautés du Québec. Sa contribution
restera gravée dans nos mémoires.
Bon repos, mon cher
Jules!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Portneuf. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Nous allons suspendre
les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Bonjour, distingués
invités. Bienvenue chez vous, au parlement du Québec.
Mmes et MM. les députés,
nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique
Dépôt de documents, en application de l'article 98 du Code d'éthique et de
déontologie des membres de
l'Assemblée nationale, je dépose un rapport intitulé Rapport d'enquête de la
Commission à l'éthique et à la déontologie à la présidente de l'Assemblée nationale au sujet
de M. Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et député
de Terrebonne.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission des
institutions et député de Richmond. M. le député.
Étude détaillée du projet de loi n° 24
M.
Bachand : Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le
rapport de la Commission des institutions qui, les 25 et 30 mai 2023, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 24, Loi
donnant suite aux recommandations du rapport du Comité consultatif
indépendant sur la révision de l'indemnité annuelle des membres de l'Assemblée
nationale. La commission a adopté le texte du projet de loi sans amendement.
Merci.
La
Présidente : Ce rapport est déposé. Mme la présidente de la
Commission des relations avec les citoyens et députée de Les Plaines.
Étude détaillée du projet de loi n° 11
Mme
Lecours (Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je
dépose le rapport de la Commission des
relations avec les citoyens qui, les 18 et 20 avril ainsi que les 9, 10,
24, 25 et 30 mai 2023, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 11,
Loi modifiant la Loi concernant les
soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives. La commission a adopté le texte du projet
de loi avec des amendements. Merci.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôts de pétitions, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
Mettre
en place des mesures visant à encadrer la vente et la pose d'implants mammaires
M.
Arseneau : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
104 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
l'augmentation de cas de cancer et l'apparition de nouvelles formes de cancer
reliés aux implants mammaires;
«Considérant que toute personne subissant des
problèmes graves sur la santé pourraient être évités;
«Considérant
le manque d'information nécessaire à la prise d'une décision libre et éclairée
en regard des risques liés aux chirurgies esthétiques incluant les
implants mammaires;
«Considérant que le registre sur les instruments
médicaux est demandé depuis près de 20 ans;
«Considérant que la vie, la santé et la sécurité
de toutes les femmes sont importantes;
«Considérant
que la surveillance a été inadéquate durant la période et suite à
l'interdiction des implants mammaires de silicone entre 1992 [jusqu'au]
20 octobre 2006;
«Considérant que les déclarations de plaintes
concernant les implants mammaires sont inexactes, manquantes [et]
sous-déclarées;
«Considérant que l'importance des compétences
d'un gouvernement responsable est d'assurer la sécurité;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec de :
«Collaborer
et de s'impliquer auprès du gouvernement fédéral afin de prioriser l'obtention
du registre sur les instruments médicaux — implants mammaires — afin de
mieux surveiller ces dispositifs;
«Suspendre
immédiatement la vente de tous les implants mammaires du marché québécois,
jusqu'à l'obtention de ce registre, afin d'assurer la sécurité pour
toutes les femmes québécoises;
«Reconnaître
l'importance de divulguer tous les risques, même les plus rares, en regard
d'intervention esthétique incluant les implants mammaires;
«Mettre en place des
pénalités dissuasives et punitives auprès des chirurgiens-plasticiens du Québec
qui ne se conforment pas à la divulgation de tous les risques d'une chirurgie
esthétique.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mettre
en place un plan de lutte national contre les drogues du viol
Mme
Maccarone : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
425 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les drogues communément appelées drogue du viol, tel [que]
gamma-hydroxybutyrate, constituent une
menace à la santé et à la sécurité des Québécois et des Québécoises,
l'intoxication pouvant notamment provoquer un état de grande
vulnérabilité, le coma ou la mort;
«Considérant
que les jeunes adultes et les étudiants et étudiantes universitaires sont parmi
les plus affectés par les intoxications involontaires aux drogues du
viol;
«Considérant
que les organismes, les médias et les jeunes rapportent des difficultés d'accès
aux tests de dépistage dans plusieurs cas de suspicion d'intoxication
involontaire aux drogues du viol;
«Considérant
que la fenêtre de détection des drogues du viol n'est que de quelques heures,
nécessitant une intervention immédiate;
«Considérant que le gouvernement du Québec a la
responsabilité de protéger les Québécois et Québécoises;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de mettre en place un plan de
lutte national visant à :
«Sensibiliser
les jeunes Québécois et Québécoises aux risques liés aux drogues du viol en
instaurant des activités éducatives dans les établissements secondaires
et postsecondaires;
«Distribuer gratuitement des tests de dépistage
des drogues du viol dans les cégeps, les universités et les lieux présentant un
risque accru d'intoxication involontaire, incluant les bars, les boîtes de nuit
et les festivals extérieurs;
«Garantir la
disponibilité des tests de dépistage des drogues du viol dans le sang et dans
l'urine dans les établissements de santé;
«Réduire
le fardeau des victimes en soulignant les répercussions juridiques liées à
l'administration des drogues du viol.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. M. le député de Jean-Lesage.
Offrir
un congé de deuil en cas de décès périnatal
M.
Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
5 031 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que 20 % à 25 % des
grossesses se terminent par un décès périnatal;
«Considérant
que les effets d'un deuil périnatal affectent la santé mentale des deux parents
et peuvent perdurer dans le temps;
«Considérant
que les couples vivant un décès périnatal doivent bénéficier d'une période de
répit commune pour vivre le deuil de leur enfant;
«Considérant que la détresse engendrée par le
deuil périnatal est trop peu reconnue par les différents réseaux, notamment
celui du travail;
«Considérant
que, lorsqu'une grossesse prend fin après la 20e semaine, le parent
n'ayant pas porté l'enfant ne bénéficie d'aucun congé couvert par le Régime québécois d'assurance parentale — RQAP — et de seulement cinq jours, dont deux
pouvant être rémunérés, selon la Loi sur les normes du travail;
«Considérant
qu'une pétition de l'Assemblée nationale portant sur ce sujet et ayant
recueilli plus de 12 000 signatures a été déposée le
17 avril 2012;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec que soit amendé le RQAP et la
LNT pour qu'en cas de décès d'un
enfant survenant entre la 20e semaine de grossesse et le premier
anniversaire de vie de l'enfant un congé de deuil d'une durée de cinq
semaines soit aussi offert au parent n'ayant pas porté l'enfant.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Ajouter
le programme de maîtrise professionnelle en orthophonie à la
liste des programmes admissibles aux bourses Perspective Québec
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 849 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant
que le ministère de l'Enseignement supérieur a exclu le programme de maîtrise
professionnelle en orthophonie de la liste des programmes admissibles
aux bourses Perspective Québec;
«Considérant
que le seul parcours pour obtenir un diplôme d'orthophoniste nécessite
l'obtention d'un diplôme de maîtrise professionnelle;
«Considérant
que la maîtrise professionnelle en orthophonie exige d'assister à des cours à
temps plein de la fin août à la fin
juillet, du lundi au vendredi, ce qui empêche la plupart des étudiantes et des
étudiants d'occuper un emploi pendant leurs études;
«Considérant
que les stages en orthophonie ne sont pas rémunérés et que le soutien financier
du gouvernement est souvent insuffisant pour plusieurs étudiantes et
étudiants;
«Considérant que le milieu de l'orthophonie vit
présentement une pénurie de main‑d'oeuvre importante et que plusieurs milliers
de [Québécois] et [Québécoises] sont actuellement en attente de services en
orthophonie;
«Considérant que l'octroi de ces bourses
constitue un pas de plus vers une meilleure reconnaissance du métier d'orthophoniste au Québec, ce qui permettra
d'offrir de meilleurs services aux systèmes de santé et d'éducation
québécois;
«Considérant
que le programme de maîtrise en orthophonie correspond à tous les critères pour
bénéficier des bourses Perspective Québec;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec que le programme de maîtrise
professionnelle en orthophonie soit ajouté à la liste des programmes
admissibles aux bourses Perspective Québec avant la fin de la date limite pour
la complétion d'une demande de bourse pour la session d'hiver 2023, soit
le 31 juillet 2023.»
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de Roberval.
Modifier les
subventions accordées par la Régie de l'assurance
maladie du Québec pour l'achat d'appareils auditifs
Mme
Guillemette : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 40
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que l'AQDR Alma se joint à l'AQDR Roberval pour demander à la Régie de l'assurance maladie du Québec de
bonifier le programme d'aide accordé pour les appareils auditifs;
«Considérant que les personnes aînées ont droit
à une aide sur seulement un appareil de base à la RAMQ;
«Considérant que, si les personnes aînées
prennent un appareil de meilleure qualité, l'aide financière n'est pas
accordée;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'ajouter les appareils
auditifs de meilleure qualité et un montant pour un deuxième appareil
auditif au programme d'aide.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
J'ai reçu une
demande de Mme la députée de Roberval pour la présentation d'une pétition non
conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition?
Des voix : Consentement.
La Présidente : Consentement.
Mme la députée de Roberval.
Mme
Guillemette : Merci. Donc, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale et signée par 568 pétitionnaires.
Désignation : citoyens, citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant la demande de l'AQDR Roberval à la Régie
de l'assurance maladie du Québec;
«Considérant
que les personnes aînées ont le droit à une subvention sur seulement un
appareil de base à la RAMQ;
«Considérant que, si les personnes aînées
prennent un appareil de meilleure qualité, la subvention n'est pas accordée;
«Considérant que nous demandons que l'appareil
de qualité supérieure soit éligible aussi à la subvention;
«Considérant
que, puisque nous avons deux oreilles, il serait normal que, pour deux
appareils, un montant soit aussi accordé;
«Et intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de faire changer les
subventions accordées pour les appareils auditifs.»
Donc, je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu un
vote reporté sur l'adoption du principe du projet de loi n° 15.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Mesures favorisant le repreneuriat
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans cette
cinquième année caquiste, promesses brisées,
gouvernement brouillon, pas fiable. Ça le caractérise, ce gouvernement, par un
laisser-aller de beaucoup de dossiers.
Pour la première
fois, également... Ce n'est pas la première fois, Mme la Présidente, qu'on
parle ici des PME, du lourd fardeau auquel
elles doivent faire face, envers lequel elles doivent faire face, Mme la
Présidente, en ce qui a trait à
l'inflation. La FCEI le dit : «...le gouvernement du Québec contribue à
accentuer la pression sur les PME au lieu de les aider à affronter ce défi.» La conjoncture présente est tout à fait
unique et très préoccupante. 10 000 entrepreneurs prévoient vendre dans les prochaines années. Les trois
quarts seront des départs à la retraite. C'est donc un défi énorme de
repreneuriat. La CAQ,
malheureusement, n'a pas de programme, a abandonné nos entrepreneurs, qui
devront vendre à perte et vont même hypothéquer leur retraite.
Les
PME sont au coeur de notre économie et au coeur de nos régions. Le PM aime
beaucoup, Mme la Présidente, se
comparer à l'Ontario. Bien, en Ontario, eux, ils ont un programme de transfert
d'entreprise aux personnes liées. Ça, c'est des avantages fiscaux qui favorisent
le repreneuriat. La CAQ n'a rien en ce sens-là.
Le PM utilise toujours l'excuse de la pandémie pour
ne pas rien faire. Bien là, il ne l'a pas, l'excuse de la pandémie, il
doit agir.
Pour
une fois, peut-il écouter nos entrepreneurs, qui font rouler l'économie de nos
régions? Pour une fois, peut-il ne pas être brouillon?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
Et je vous rappelle que nous nous interpelons par notre titre. M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, belle journée, pour le
Parti libéral, de parler d'être brouillon. On se rappelle que c'est le Parti libéral qui avait déposé une
plainte contre le ministre de l'Économie pour... à la Commissaire à l'éthique.
Le ministre de l'Économie a été complètement
blanchi, il aura le droit de continuer à aller à la chasse au faisan. Par
contre, on aimerait avoir des photos de lui avec son habit.
Mme
la Présidente, concernant l'écart avec l'Ontario, je suis tellement fier de
dire qu'au cours des quatre dernières années l'écart de richesse entre
le Québec puis l'Ontario s'est rétréci de trois points, ce qui est beaucoup.
Maintenant,
concernant le repreneuriat, écoutez, quand je parle à Doug Ford, il est jaloux
de ce qu'on fait à Investissement
Québec. Investissement Québec, c'est
plus de 1 000 employés qui travaillent justement à aider les PME.
C'est au Québec qu'on fait le plus de
capital de risque. C'est au Québec qu'on a le plus aidé les PME pendant la
pandémie. La preuve, il y a eu moins
de faillites ici qu'en Ontario. Et je le répète, Mme la Présidente, on a réduit
notre écart de richesse face à l'Ontario.
Donc,
j'essaie de voir l'angle, là, je comprends que les libéraux passent de la
chasse au faisan aux PME, mais je ne vois pas bien l'angle du Parti
libéral.
• (10 h 20) •
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, nous, on veut que ce soit le
ministre qui passe de la chasse au faisan aux PME, on veut qu'il s'occupe du repreneuriat.
Il ne le fait pas, il est à la chasse au faisan, puis le premier ministre
l'applaudit puis il dit :
Envoyez-nous donc des belles photos. Bien, la photo de nos PME, ça lui tente-tu
d'en parler ce matin, Mme la Présidente?
Qu'il écoute donc Gérard Bérubé, chroniqueur économique du Devoir, qui
dit que «pour ce qui est du taux d'échec du processus de repreneuriat,
plus d'une personne sur cinq a déjà échoué». Fin de la citation.
Alors, la question se
pose : Qu'est-ce qui intéresse plus le premier ministre, les PME ou le
faisan?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente, il y en a qui aiment mieux
le karaoké, hein, il y en a qui aiment ça aller le soir dans les bars de
karaoké. Mais je dois avouer que le chef de l'opposition officielle a une bonne
voix, on l'a entendu quelques fois, a une
bonne voix, mais, bon, il y en a qui aiment mieux... Moi, en fin de semaine, je
devrais jouer au tennis, là. Il y en
a qui aiment mieux la chasse au faisan, il y en a qui aiment mieux le karaoké.
Mais, Mme la Présidente, ce qui est important,
ce qu'il est important de dire, c'est que jamais il n'y a un gouvernement qui a
fait autant pour réduire notre écart de
richesse avec nos voisins. Mme la Présidente, on est actifs, les résultats sont
là. L'écart de salaire aussi avec l'Ontario...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...n'arrête pas de se
réduire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Si
le premier ministre était réellement aussi fier que ça puis il y avait des
mesures concrètes avec des bons
résultats, il ne nous aurait pas parlé de la chasse au faisan, il ne nous
aurait pas parlé du karaoké, il ne nous aurait pas parlé du tennis, il nous aurait parlé de ce qu'il fait de bien. Mais
il ne nous a pas parlé de ça, Mme la Présidente, parce qu'il n'y a pas
de plan de la CAQ.
Dans La
Terre de chez nous, Marie-Claude Bourgault dit : «Ça ne marche pas — pour
nos agriculteurs de façon particulière. Ceux qui vont produire notre
nourriture de demain ne peuvent plus acheter de terre.»
Alors, nos
terres agricoles, la production chez nous, Mme la Présidente, ça intéresse-tu
le premier ministre, ça?
La Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, ce
n'est pas moi qui ai commencé à parler de la chasse au faisan, c'est le...
Des voix : ...
M. Legault : Non, c'est le leader de
l'opposition officielle qui a fait une plainte au Commissaire à
l'éthique. Il n'avait rien de mieux à
faire, le leader de l'opposition officielle, que de faire une plainte parce
que, sur ses moments libres, le ministre de l'Économie va à la chasse au
faisan.
Mme la
Présidente, ce qu'il est important de dire, on pourrait parler longtemps
d'agriculture, mais, depuis que la CAQ
est là, on a doublé les investissements annuels en agriculture. Non, mais je
vois le leader de l'opposition, qui semble regretter d'avoir fait cette
plainte au Commissaire à l'éthique parce qu'on a été encore blanchis...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...puis le Parti
libéral a l'air de plus en plus ridicule...
La Présidente : Troisième...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis... M. le leader, vous pouvez y aller, je
vous écoute. M. le leader de l'opposition officielle, brièvement,
j'interviendrai tout de suite après.
M.
Derraji : Brièvement, il doit retirer le mot qu'il vient de
prononcer en Chambre, ce n'est pas digne d'un premier ministre.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, cette fois-ci, je
donne raison à M. le leader de l'opposition officielle, il faut retirer
ce dernier terme qui a été employé.
Des voix : ...
La Présidente : Alors, je suis toujours
debout. Monsieur...
Des voix : ...
La Présidente : Bon. Un
retrait officiel. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends, Mme la Présidente, que vous avez
rendu votre décision avant même que je puisse intervenir. Cela étant, Mme la Présidente, cela étant, on constate qu'il
y a une tendance, de la part du leader de l'opposition officielle...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon. Alors, je suis debout. J'avais tranché. Vous
retirez votre dernier mot, M. le premier ministre.
M. Legault : ...
La Présidente : M. le chef de
l'opposition officielle, troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
c'est bizarre, hein, le premier ministre se targue de suivre les rapports de la
Commissaire à l'éthique, puis, quand ils le
blâment, bien, il vote contre, comme on l'a vu. Plutôt que de donner de
l'ouvrage à la Commissaire à
l'éthique, peut-il mettre son énergie à donner de l'ouvrage, à mettre notre
monde dans toutes nos régions à l'ouvrage, plutôt que donner de
l'ouvrage par une sixième enquête à la Commissaire à l'éthique?
Alors,
l'élevage du faisan ne fait pas partie de l'angle, ce matin, Mme la Présidente.
Antonine Rodrigue, conseillère
agricole, dans La Terre de chez nous,
dit : «...30 % des
entreprises agricoles [...] n'ont pas de relève identifiée.» Ça l'intéresse-tu,
ça, le premier ministre?
La Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Bien, Mme la Présidente, je pense que les faits
sont têtus. Quand le chef de l'opposition officielle dit : Mettre notre monde à l'ouvrage, on est à des
niveaux records de taux de chômage très bas, on a une meilleure croissance
économique que nos voisins, on a une
meilleure croissance du salaire moyen que nos voisins. On n'avait pas ça avec
le gouvernement libéral.
La Présidente : ...je reconnais le
député de Pontiac. La parole est à vous.
Temps d'attente au Guichet d'accès à la première ligne
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci, Mme la Présidente. D'habitude, je me lève
ici pour vous parler de l'augmentation incessante des temps d'attente à l'urgence. Aujourd'hui, je
vais vous parler des temps d'attente qui augmentent pour éviter l'urgence,
parce que, ce matin, le journaliste Patrick
Bellerose nous relate son expérience. 2 h 30 min,
2 h 30 min au Guichet d'accès en première ligne : 1 h 20 min, Mme la Présidente,
sur ce qu'il appelle une musique doucereuse pour parler à une gentille et
efficace préposée qui met à jour ses informations du Guichet d'accès à un
médecin de famille — qu'il
n'aura pas quand même — un autre 45 minutes pour mettre à jour le
formulaire santé, ce qui n'était pas l'objet de l'appel de M. Bellerose,
il voulait un rendez-vous avec un médecin. 2 h 30 min au
téléphone pour avoir un rendez-vous.
Là, vous allez me dire : Oui, mais,
comparativement à des gens qui attendent deux ans pour une consultation avec un spécialiste, ce n'est pas grand-chose,
2 h 30 min. Vous allez me dire : Comparativement à
70 jours d'attente après une
dénonciation à la DPJ, ce n'est pas grand-chose, 2 h 30 min.
Mais 2 h 30 min au téléphone, là, quand on est malade,
quand on est occupé, Mme la Présidente, ça ne se fait pas.
Est-ce que le ministre trouve ça acceptable,
2 h 30 min d'attente?
La Présidente : La réponse du ministre
de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, premièrement, Mme la
Présidente, je suis content d'entendre le député de Pontiac qui dit qu'il ne
peut plus parler des temps d'attente aux urgences parce qu'ils s'améliorent.
C'est incroyable! C'est ça qu'il a dit, Mme
la Présidente. Il ne peut plus en parler maintenant parce que lui aussi, lui
aussi, Mme la Présidente, il a noté que les temps d'attente aux urgences s'améliorent. Puis c'est prouvé dans le
tableau de bord de ce matin, qui a été mis à jour. Je suis content de
dire qu'il ne peut plus en parler. Je lui rappellerai dans les prochaines
questions qu'il posera.
Maintenant,
sur la question du GAP, et malheureusement, effectivement, un journaliste que
je respecte beaucoup a attendu, malheureusement,
2 h 30 min. Mais je voudrais le mettre en contexte, Mme la
Présidente, si j'ai le temps, puis j'y
reviendrai au besoin. Il se fait 30 000 appels par semaine au guichet
d'accès. Ça, c'est comparé à zéro il y a un an, les gens n'avaient pas
d'endroit pour appeler quand ils n'avaient pas un médecin. Ces temps-ci, il se
fait 30 000 appels. Savez-vous c'est quoi, la moyenne de temps
d'attente? 30 minutes. Ça, ça veut dire qu'en ce moment la moyenne des Québécois attend
30 minutes pour être capable de prendre un rendez-vous, puis ils sont
capables de rencontrer un médecin ou un professionnel.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : Je reviendrai, Mme la
Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Bon, vu que le ministre aime ça, les chiffres, on
va en parler, de chiffres. Voici ce qui se passe, là, dans ma région, en Outaouais. Puis j'en ai une pile,
une pile de dossiers de citoyens à vous faire... à vous partager là-dessus. En
voici une : «J'ai appelé le 8-1-1. On
m'a dit que ça prendrait 45 minutes, alors j'ai pris l'option qu'on
rappelle — dans
vos stats, c'est à 45 minutes. On a rappelé trois heures plus tard,
par une adjointe administrative, pour me faire dire qu'une infirmière me
rappellerait dans quelques jours.»
Quelques
jours pour parler à une infirmière, pas pour avoir un rendez-vous, pas pour
voir un médecin, pour parler à une infirmière. Ça ne tient pas la route,
ça.
La Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, on va rester
calmes, je vais prendre un petit caramel. Je vous dirais, Mme la Présidente... Mme la Présidente, on a un système qui s'améliore
tous les jours. On a mis en place un guichet d'accès que les Québécois apprécient. Moi, j'en rencontre, des gens qui
disent : Écoutez, je n'étais pas capable de voir un médecin, avant, je
n'étais pas capable de parler à personne.
Là, on me
dit : Les temps d'attente sont longs dans certaines régions. On a engagé
plus de 150 infirmières dans les deux
derniers mois, on est passé à 400 personnes qui répondent au téléphone à
tous les jours, 400 personnes. Est-ce qu'on pourrait en avoir plus? Est-ce que l'opposition est au courant qu'il
nous manque de personnel en ce moment? J'aimerais ça...
La Présidente : En terminant.
• (10 h 30) •
M. Dubé : ...en engager 200 de plus,
Mme la Présidente, mais on y travaille. Les Québécois sont contents des efforts
qu'on fait.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Bien, oui, il manque de personnel, mais le
ministre n'a aucune solution pour ça, le manque de personnel. Je vais vous dire quelque chose de pire : En
Outaouais, puis là il n'y a personne, j'espère, au gouvernement qui va se lever
pour dire qu'il trouve que c'est bien
correct, là, si vous appelez le 9-1-1,
le 9-1-1, et que
votre appel n'est pas jugé prioritaire, vous savez ce qu'on fait? On vous transfère au 8-1-1, puis, encore là,
vous n'êtes pas garanti d'avoir un rappel la journée même par une
infirmière. Vous appelez le 9-1-1, puis ça peut prendre des jours avant qu'on
vous rappelle.
Vous êtes
fiers de ça? Vous allez vraiment vous lever pour dire que c'est correct, que c'est
suffisant, que c'est approprié, ça?
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Mme la Présidente, il y a un grand principe, dans
toute organisation qui veut s'améliorer, ça s'appelle un principe
d'amélioration continue, on part d'un endroit qui ne fonctionne pas et on
améliore. À chaque fois, il peut y avoir des exceptions. C'est ça,
l'amélioration continue. C'est exactement ce qu'on est en train de faire
partout.
Le député de Pontiac peut me citer les endroits,
les exceptions qui ne fonctionnent pas à tous les jours, il pourra le faire...
Des voix : ...
M. Dubé : Mme la Présidente, Mme le
Présidente, ce que je dis, c'est qu'on s'améliore à tous les jours. Les Québécois sont conscients que le système était mal
fait, il était cassé, il y a quelques années. On est en train de l'améliorer.
Et j'espère que toutes les régions vont être capables...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...d'être
améliorées au même niveau qu'on a un peu partout au Québec.
Une voix : ...
La
Présidente : Bon, M. le député de Pontiac, je vous entends. M.
le leader du gouvernement, très brièvement. Un rappel au règlement?
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, écoutez, le député de Pontiac
interpelle d'un bord à l'autre de la Chambre pendant que le ministre de la Santé répond. Je crois que le ministre de
la Santé peut répondre. Et je crois qu'il faut aussi éviter de...
La
Présidente : Bon, je suis debout. Merci, M. le leader du
gouvernement. Effectivement, il n'y a qu'une personne qui a le droit de
parole. Et vous ne vous interpelez pas, vous le savez.
En question
principale, je reconnais la députée de Bourassa-Sauvé. La parole est à vous,
juste à vous. On l'écoute.
Indemnisation des familles de victimes d'amiantose
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Imaginez être un
travailleur ayant été exposé toute votre carrière à la fibre d'amiante. Imaginez, des années après avoir
pris votre retraite, commencer à présenter des problèmes respiratoires
qui ne pardonnent pas. Avant même de
recevoir un diagnostic, votre décès est constaté. L'autopsie confirme un
mésothéliome, une condition pour laquelle la présomption de maladie
professionnelle s'applique dans votre cas.
Votre
succession, déjà affligée, transmet à la CNESST une demande d'indemnisation. Elle
est refusée. Pourtant, le comité des
maladies professionnelles pulmonaires et le comité spécial des présidents sont
sans équivoque : vous étiez bel et bien atteint d'une maladie professionnelle pulmonaire, et cette lésion a
directement causé votre décès. La CNESST refuse d'indemniser votre succession parce que la réclamation pour lésion
professionnelle n'a pas été produite avant votre décès, en vertu d'une
politique interne de la CNESST.
Mme la Présidente, le ministre peut-il nous dire
s'il trouve cette condition d'indemnisation raisonnable?
La Présidente : La réponse du
ministre du Travail.
M. Jean
Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que c'est important de rappeler qu'on a procédé à une
vaste modernisation du régime de santé et sécurité du travail, au Québec. Le
coeur de cette réforme-là s'articulait autour de la prévention, et alors que, pendant 40 ans, les maladies
professionnelles présumées étaient dans un règlement qui a été coulé dans le béton, qui n'a jamais fait l'objet
d'un amendement, on a bonifié substantiellement cette liste-là, et les
travailleurs, travailleuses peuvent
bénéficier d'une présomption de maladie professionnelle présumée pour bien
d'autres maladies qui ont été
ajoutées et, maintenant, dans un règlement qui pourra suivre l'évolution des
connaissances scientifiques internationales, avec la mise en place d'un
comité scientifique.
Le cas qui
nous est rapporté par la collègue de Bourassa-Sauvé, évidemment, moi,
j'aimerais en discuter. Je ne connais pas le cas, je ne connais pas la
décision. On pourra se rencontrer, vous le savez, on a beaucoup d'opportunités d'échanger sur des cas particuliers, et on verra
comment la loi a été appliquée. S'il y a une décision qui a été rendue, elle
peut faire l'objet...
La Présidente : En terminant.
M. Boulet : ...d'une contestation au
Tribunal administratif du travail. Merci, madame.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Justement, parlons du Tribunal administratif du travail. Quand un proche décède, la dernière chose qui nous tente, en plus de vivre son deuil,
c'est d'avoir à faire des démarches interminables devant le TAT, qui leur donne raison. J'ai en main cinq
décisions récentes du Tribunal
administratif du travail que je
dépose en Chambre. L'une d'elles trouve que c'est faire preuve d'un
formalisme inacceptable.
Est-ce que le
ministre trouve ça humain d'imposer à des familles qui viennent de perdre un
proche de devoir se battre au TAT pour obtenir leur dû?
Document
déposé
La Présidente : Consentement pour le
dépôt? Consentement. M. le ministre.
M. Jean Boulet
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Évidemment, je ne suis
pas en mesure de faire des commentaires, n'ayant pas eu à prendre connaissance de ce dossier-là. Il y a des formalités à
remplir. Évidemment, les indemnisations pour des événements qui
surviennent au travail, que ce soit un accident ou une maladie, doivent faire
l'objet d'un examen qui est attentif par les
personnes qui sont spécialisées dans ces cas-là à la CNESST. Encore une fois,
est-ce que c'est un cas qui est
inhumain? Est-ce que c'est une décision du Tribunal administratif du travail
qui n'a pas de bon sens, qui est déraisonnable? Il y a des procédures
judiciaires. Et je suis un partisan de tout...
La Présidente : En terminant.
M. Boulet : ...ce qui est le moins
formel possible, et on va regarder ce cas-là à son mérite. Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme
Cadet : Ce n'est pas la décision du Tribunal administratif
du travail qui est déraisonnable, c'est la politique interne de la CNESST, que le ministre a le pouvoir
de faire changer. En ce moment, moi, je ne trouve pas ça normal que la CNESST exige qu'une réclamation soit produite
avant le décès pour accorder à la succession le paiement de l'indemnité
pour préjudice corporel.
La Cour
d'appel donne raison aux familles, le TAT donne raison aux familles. Est-ce que
le ministre s'engage à faire modifier la politique interne de la CNESST
aujourd'hui?
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire
après la question. La réponse du ministre.
M. Jean
Boulet
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Je m'engage à rencontrer
ma collègue, à analyser la situation à son mérite, et, s'il y a des interventions à faire, nous les
ferons. Ce qui est important, ce n'est pas tant la politique interne que ce qui
est prévu dans la Loi sur les
accidents de travail et maladies professionnelles, et je vais m'assurer que ce
soit respecté. Puis, s'il y a des procédures à prendre, nous les
prendrons. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
Projet de loi visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Rien pour les patients,
rien pour le temps d'attente aux urgences, rien pour l'accès aux soins,
rien pour ramener les soignantes qui par milliers ont claqué la porte du
système public. Tout le monde l'a dit au ministre de la Santé, sa réforme
mammouth contourne les vrais problèmes en santé. Ce matin, il y a un chercheur réputé qui ajoute sa voix, je
le cite : «Le projet de loi n° 15, ce n'est pas une solution
sérieuse.» Fin de la citation.
Mais le
premier ministre n'écoute pas. Il se lance tête baissée dans une énième réforme
de structure qui va centraliser encore
plus notre système de santé, comme si notre système, actuellement, là, il
n'était pas assez centralisé. Pendant ce temps-là sur le terrain, il y a des
patients qui attendent des heures au téléphone pour finalement se faire dire d'aller
aux urgences. Pendant ce temps-là, il y a du monde à faibles revenus qui gratte
les fonds de tiroir pour payer des prix exorbitants au privé parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir
des soins gratuits au public. Moi, je n'en reviens pas que ça se passe au
Québec. Il n'y a pas de quoi être fier. Ce n'est pas ça, le projet de société
qu'on a choisi. Le premier ministre ne devrait pas être fier de ça.
J'ai une
question très simple pour lui ce matin : Est-ce qu'il peut nous dire
combien d'infirmières sa réforme de la santé va rapatrier dans notre système
public?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui, Mme la Présidente, d'abord, je voudrais
souhaiter une bonne fête au chef du deuxième groupe d'opposition. J'ai
l'impression que ça va être sa fête, au caucus, aujourd'hui. Quand on est rendu
qu'il y a des députés qui disent
qu'il faut qu'ils parlent de l'augmentation de salaire avec leurs femmes, je
pense qu'il va avoir un caucus excitant.
Maintenant,
Mme la Présidente, concernant la réforme en santé, bien, on en parlait tantôt,
30 000 appels par semaine au GAP plus 500 000 Québécois de plus
qui ont accès à un GMF. On a, Mme la Présidente, ajouté
10 000 préposés aux bénéficiaires
durant la pandémie, il en reste 8 000. On est en train, actuellement...
belle réponse, 3 000 préposés aux bénéficiaires qui acceptent
de suivre une formation rapide.
Maintenant,
la présidente du Conseil du trésor est en train de s'assurer que, dans la
nouvelle convention collective, il va y avoir une meilleure organisation du
travail, qu'on va inciter plus d'infirmières à travailler la nuit, la fin de semaine,
à temps plein. Il y a des incitatifs dans
les cégeps et des universités pour les étudiants qui étudient en sciences
infirmières.
Donc, Mme la Présidente, on agit. Pendant que
Québec solidaire fait des beaux discours, nous, on agit.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre a complètement contourné ma
question. Il n'y a rien de ce qu'il vient de me nommer qui est dans sa
mégaréforme de structure. Je lui ai demandé, dans sa réforme, là, dans son
projet de loi, qu'est-ce qu'il y a qui va
ramener du monde travailler au public. C'est pour ça que le monde n'ont pas de
soins, au Québec, c'est parce qu'il n'y a pas assez de monde pour donner
des soins gratuits au public.
Qu'il réponde à ma question : Combien
d'infirmières sa réforme va ramener dans le secteur public?
• (10 h 40) •
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, j'ai essayé de l'expliquer, je
vais le réexpliquer. Actuellement, on forme rapidement des préposés qui vont prendre des responsabilités
qui sont actuellement assumées par des infirmières. On met des incitatifs
pour que plus de personnes étudient pour devenir infirmières.
Maintenant,
dans le projet de loi n° 15, on va vers une gestion de proximité. On remet
en place un D.G. dans chaque établissement.
On donne plus de pouvoirs localement pour avoir des meilleurs horaires avec les
infirmières, pour être capables de mieux répondre aux besoins des
patients. C'est ça qui devrait être notre objectif, d'ailleurs.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Culture, organigramme, gestionnaires, ça ne ramène
personne dans le système public, ça. Les femmes qui ont quitté, là, ce
n'est pas juste parce qu'elles n'avaient pas le bon patron qu'elles ont quitté
le système public, c'est parce que les
conditions de travail sont devenues invivables. C'est ça que ces femmes-là nous
disent. Je dis «femmes» parce qu'en grande majorité ce sont des femmes.
Le premier
ministre n'est pas capable de répondre à ma question parce qu'il sait très bien
que sa réforme en santé, ça va améliorer les conditions de travail du ministre
de la Santé, mais ça n'améliorera pas les conditions des femmes sur le
terrain.
Des voix : ...
La Présidente : M. le premier...
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui. Mme la Présidente, actuellement, ce qu'on
voit, dans le réseau de la santé, c'est que le fardeau est assumé par un petit
pourcentage des infirmières qui se retrouvent souvent à faire du temps
supplémentaire obligatoire. Ce qu'on
veut, c'est qu'il y ait plus d'infirmières qui acceptent de faire du temps
plein, que les infirmières qui ont, par exemple, moins d'obligations familiales
acceptent des primes pour travailler la nuit, la fin de semaine, ce qui est
plus difficile pour certaines infirmières, donc, bref, une meilleure
organisation du travail. Pour qui? Pour le patient.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Sherbrooke.
Gouvernance du Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux de l'Estrie
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Dans les dernières
semaines, au CIUSSS de l'Estrie, il y a six gestionnaires qui ont quitté leurs fonctions : la directrice des services
professionnels, le chef de la médecine générale, la chef de la médecine
d'urgence, la directrice adjointe des
services professionnels, la chef de la psychiatrie, la directrice du soutien à
domicile, des services en gériatrie, en déficience
et en trouble du spectre de l'autisme. Ces gestionnaires-là sont partis en
dénonçant la lourdeur administrative, l'inertie, l'absence de gestion de
proximité.
Les
mots qu'ils ont utilisés, je les ai entendus très, très souvent de la part des
employés, qui quittent pour les mêmes raisons
depuis des années. En 2022, en Estrie, il y a un employé du CIUSSS sur cinq qui
a quitté son emploi. C'est impossible de croire l'administration qui
nous dit que tout est sous contrôle, avec autant de départs.
Les
citoyens paient très cher, en ce moment, le prix de la gouvernance
ultracentralisée. Et pourtant le ministre a réitéré sa confiance envers
la direction du CIUSSS de l'Estrie.
Est-ce que le
ministre a rencontré les gestionnaires qui ont démissionné avant de réitérer sa
confiance?
La Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je trouve intéressant, Mme la Présidente, que des
gens qui critiquent le projet de loi n° 15 en disant que c'est centralisateur voudraient que le ministre se
mêle de la gestion d'un CISSS ou d'un CIUSSS. Je trouve ça intéressant, c'est tout à fait contradictoire. Et, je pense,
Mme la Présidente, qu'au contraire j'ai parlé plusieurs fois au P.D.G. pour lui
demander de m'expliquer la situation. Il me
l'a expliquée. Puis j'ai dit : Comment vous jugez les raisons des gens qui
sont... qui ont quitté?
Premièrement,
on est dans un changement de culture très important, au CIUSSS de l'Estrie.
Quand on parle de... quand le premier
ministre parlait de gestion de proximité puis de s'assurer que nos
gestionnaires cliniques... Puis d'ailleurs la gestion clinique est un
élément excessivement important du projet de loi n° 15. On dit qu'on veut
un changement de culture. Ce n'est pas
uniquement le médecin qui doit travailler seul dans son petit coin, il doit
travailler en cogestion. C'est un
concept qu'on a beaucoup discuté dans nos commissions parlementaires. Ce que le
médecin applique en ce moment, qui est notre P.D.G., c'est ce changement
de culture là.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
Puis je pourrai continuer, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Moi, j'ai deux médecins-chefs qui m'ont dit qu'il
y a des employés du ministère qui sont venus visiter leur département, qui ont fait des recommandations, des
recommandations qui répondaient aux besoins sur le terrain. Dans les deux cas,
la direction du CIUSSS a refusé d'écouter les médecins-chefs qui voulaient
appliquer les recommandations du ministère.
Comment
ça se fait que, même quand le ministère et les gens sur le terrain s'entendent,
ce n'est pas possible de mettre en
oeuvre les recommandations? Est-ce que le ministre trouve ça normal que ni son
ministère ni les gens sur le terrain ne sont en mesure de se faire
écouter par la direction du CIUSSS?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, je le répète, là, si on veut faire de la
microgestion entre le ministère et le réseau, c'est exactement le contraire de
ce que p.l. n° 15 veut faire. On veut décentraliser le réseau, on
veut un changement de culture où on va avoir de la gestion de proximité.
Mais,
si, par exemple, les médecins qui font cette gestion-là en ce moment ne sont
pas d'accord avec ce principe-là, il est
tout à fait normal qu'ils veuillent partir. Mais, par exemple, la question
qu'il faut se poser : Est-ce qu'on est capable de les remplacer? La
réponse est oui. On a des gens qui souscrivent à cette façon de travailler là
et qui ont accepté de remplacer les personnes qui ne voulaient pas...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...cette
gestion de changement là. Je pense, c'est plutôt ça qu'il faut regarder, Mme la
Présidente.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Le ministre dit souvent qu'il écoute les gens sur
le terrain. Là, il m'a dit qu'il avait écouté le P.D.G. Moi, ce que je voudrais, c'est qu'il écoute les
gens qui ont démissionné, des gens qui en ont très long à dire sur la cogestion
dont le ministre nous parle, qui veulent
faire de la cogestion, mais qui n'ont pas l'impression d'en faire, actuellement,
et qui s'inquiètent parce que les impacts des décisions, actuellement,
c'est les patients qui les vivent.
Moi,
j'ai une proposition à faire au ministre. Si je réunis les gestionnaires qui
ont démissionné, est-ce qu'il est prêt à venir s'asseoir avec nous pour
les écouter?
La Présidente : M. le ministre.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : On va faire de la microgestion avec la députée, si
elle veut, mais ce n'est pas le message qu'on veut passer. J'ai dit qu'on allait suivre la situation de près.
Il y a les entrevues, qu'on appelle des entrevues de sortie, qui vont se faire
avec le ministère, comme ça se fait dans les
bons processus de ressources humaines. Mais j'aimerais ça dire à la députée
que, si c'est l'approche de microgestion qu'un député veut faire, moi, je pense
que c'est le contraire. Il faut laisser aux gens en place le choix d'avoir les leviers qu'ils ont besoin, faire de la
gestion de proximité, un changement de culture pour être capables de
prendre les décisions au bon endroit. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Mercier.
Test d'évaluation du
français pour les candidats à l'immigration
Mme
Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Merci, Mme la Présidente. La CAQ veut une
immigration 100 % francophone. Encore faut-il que le test de
français pour les immigrants soit fiable.
En ce moment,
le test de français pour les immigrants n'est pas fiable, il est contesté par
tout le monde. Tenez-vous bien, Mme la Présidente, ce test-là, au Québec, il
est «made in France». Le test est si peu adapté à notre réalité que même la
journaliste du Devoir a eu de la misère à le réussir. Les choix de
réponses sont bizarres, ambigus, loufoques.
Prenons
l'exemple des tests oraux. On n'entend même pas notre accent québécois.
Pourtant, on a toute l'expertise, au Québec, pour que les tests soient
faits ici, avec notre parler québécois, dont on doit être fiers.
On n'est plus
dans les années 50, où on était gênés de notre parlure. Je pensais que,
depuis Michel Tremblay, on était sortis de l'esprit colonisé qui nous
complexait face à la mère patrie.
Si le français
est aussi important pour la CAQ, qui se dit nationaliste, pourquoi le test
n'est pas fait ici? À quand un test de français fait au Québec, chez
nous?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Immigration, de la Francophonie et de l'Intégration.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Oui, Mme la Présidente. Bien, en fait, notre
position est claire, là. À ce sujet là, il faudrait à tout le moins que les
tests soient mieux adaptés au contexte québécois. Il y a des références au
Québec qui ont déjà été introduites, là, dans plusieurs des tests standardisés.
On veut que ça se poursuive, comme travail. Et j'ai demandé à mes équipes au
ministère de l'Immigration, donc, de travailler à ce que les tests soient mieux
adaptés au contexte québécois. Donc,
il y a des analyses, il y a des travaux qui sont en cours à ce sujet là en ce
moment, et je pourrai faire état des décisions, des résultats de ces
analyses ultérieurement.
Mais j'aimerais quand même rappeler, là, que la
CAQ a hérité, là, du fiasco libéral, en lien avec la francisation, tel que c'était stipulé par la Vérificatrice
générale. Alors, il y a un gros travail, des gros chantiers qui doivent être
mis en place pour rétablir tout ce qui se doit, en matière de francisation, et
c'est ce qu'on a fait ces dernières années, c'est ce qu'on continue à faire. D'ailleurs, lundi, cette
semaine, avec mon collègue ministre de la Langue française, on a annoncé
la création de Francisation Québec, qui sera
mis en place à partir de demain. Alors, vraiment, on fait des avancées
importantes...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...et on va
continuer à le faire.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Je suis contente
d'entendre la ministre dire qu'il faudrait qu'il soit mieux adapté. Au moins, elle reconnaît le problème. Mais nous, on veut
aller plus loin. Québec solidaire, on a déposé une motion pour que le test
soit fait ici.
J'ai une
proposition à faire au ministre de la Langue française. L'OQLF, là, c'est un
organisme québécois. Il est respecté
au Québec, mais aussi partout dans le monde. Est-ce que le ministre de la
Langue française peut s'engager à ce que les tests soient conçus et
gérés par l'OQLF au Québec, pas à Paris?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, je
vais réitérer le fait qu'il y a des analyses qui sont en cours pour faire en sorte que les tests standardisés incluent
davantage de dimensions propres au Québec. Donc, on va continuer à procéder
à ces analyses-là, jusqu'à ce qu'elles
soient complètes, et on verra quelles sont les pistes d'action. Mais notre
volonté, c'est que ces tests doivent
intégrer une dimension relative au Québec, et c'est donc ce sur quoi on a
travaillé. Et je dirais que ça s'inscrit
en complémentarité avec l'ensemble des actions qu'on a mises de l'avant pour
rehausser la connaissance du fait français,
et je fais référence notamment aux annonces de la semaine passée, pour faire en
sorte qu'on ait une immigration économique francophone, à la mise sur
pied de Francisation Québec à partir de demain...
• (10 h 50) •
La Présidente :
En terminant.
Mme
Fréchette : ...et également au doublement de nos budgets en matière de
francisation.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Bonne chance de demander à des Français d'adapter
le test à notre réalité québécoise avec notre accent québécois. J'ai
hâte de voir ça.
Moi,
là, j'ai appris le français ici, au Québec, puis j'ai l'accent québécois parce
que je l'ai appris ici, par des gens ici, au Québec. On doit être fiers
de notre expertise en francisation. On a des professionnels aussi en
francisation.
J'aimerais
entendre le ministre de la Langue française, c'est à lui que j'adresse ma
question. Je ne comprends pas pourquoi
la CAQ résiste. Est-ce que c'est parce que le ministre ou la CAQ ne fait pas
assez confiance à nos fonctionnaires, à notre expertise ici, à nos
professionnels?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Bien, je
voudrais réitérer le fait qu'on ne va pas dédoubler les démarches. Les travaux en lien avec les tests standardisés
pour la connaissance du français se font au ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Et donc on poursuit nos analyses, on regarde ce qui est envisageable, et on va
conclure ces travaux avant de terminer notre...
(Interruption)
Mme
Fréchette : ...et de définir, plutôt, la voie à suivre pour la suite.
La
Présidente : Je vous rappelle de fermer la sonnerie de vos appareils.
Question principale,
le député de Taschereau. Vous avez la parole.
Évictions au profit de
l'hébergement touristique collaboratif
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. René, Jean-François, Sylvain. Je
ne sais pas si c'est des mots qui résonnent
dans l'esprit de la ministre responsable du Tourisme. C'est trois locataires
qui vivent dans leur logement depuis plusieurs
années, trois locataires qui vont se faire évincer le 1er juillet parce
que leur nouveau propriétaire a décidé de les évincer pour faire du
Airbnb.
Jeter
les gens à la rue pour faire du Airbnb, ce n'est pas quelque chose qu'on
devrait accepter. Pourtant, on vit ça partout
au Québec. On vit ça dans les villes, on vit ça dans les régions, mais ce n'est
pas ce que j'appellerais prendre soin de
notre monde. On ne peut pas tolérer qu'une loi, actuellement, permette encore
de faire ça, au Québec, de mettre des gens à la rue pour faire la piastre.
Ça devrait être interdit.
Aujourd'hui,
on commence l'étude du projet de loi n° 25. La ministre du Tourisme a eu l'occasion en or de revoir la loi qui encadre ce genre de pratique là. Je lui ai dit que j'étais
ouvert à collaborer avec elle. J'aimerais entendre la même chose d'elle.
Est-ce
qu'on peut travailler ensemble à empêcher les évictions pour un changement
d'affectation en lien avec Airbnb?
La
Présidente : La réponse de la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme
Proulx : Merci, Mme la Présidente. On parle du Code civil, ici, on ne parle pas de la Loi
sur l'hébergement touristique. Ça fait qu'il faut être clair, là. On
parle de deux choses complètement différentes.
Maintenant,
pour ce qui est de s'attaquer à Airbnb, je ne pense pas que les groupes
d'opposition, aujourd'hui, peuvent lever le nez sur les actions que le
gouvernement du Québec a menées contre le géant du Web. Même si le député dit
que la ministre n'avait pas mis ses culottes à l'époque, je pense qu'on a pris
le taureau par les cornes, pour utiliser une expression qui est plus
appropriée.
On commence à
débattre, aujourd'hui, du projet de loi n° 25. Vous avez fait des demandes
auxquelles, d'ailleurs, on a déjà accepté de consentir. Je trouve ça ordinaire,
comme dirait l'autre, aujourd'hui, que vous veniez mélanger deux choses, donc le Code civil, les évictions,
qui, vous savez très bien, ne relèvent pas de la Loi sur l'hébergement touristique.
Maintenant,
en ce qui me concerne, la loi sera revue à partir d'aujourd'hui, et j'espère
l'entière, pleine collaboration des oppositions à cet égard-là.
La
Présidente : Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidente.
M. le député, première complémentaire. On vous écoute.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Merci,
Mme la Présidente. Le 1er juillet, c'est dans 31 jours. La crise du
logement, c'est maintenant. On a une possibilité d'agir maintenant. On va
proposer un amendement qui viendra proposer des modifications à l'intérieur du projet de loi. On pourra en
discuter avec la ministre. Moi, ce que je dis, c'est qu'il y a un projet de loi
sur la table.
Est-ce qu'on va attendre plusieurs semaines,
plusieurs mois, alors que le 1er juillet s'en vient? Est-ce qu'on va attendre que d'autres ménages se retrouvent à la
rue, alors qu'on a une occasion en or de travailler, dans la collaboration,
bien entendu, à régler ce problème-là dès maintenant?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme
Proulx : Mme la Présidente, je me pose des sérieuses
questions, à la lumière de la question du député, parce que, là, il me dit
qu'il va me déposer des amendements d'une loi qui ne relève pas du ministère du Tourisme. Ça fait que, là, on est-u en train de m'annoncer publiquement, ce matin, qu'on va
faire du «filibusting» sur le projet de loi n° 25, qu'on
souhaite adopter le plus rapidement...
La Présidente : ...le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Bon, en plus du ton
infantilisant, on prête des intentions. Donc, j'aimerais qu'on redresse...
La Présidente : M. le leader du
gouvernement, brièvement, votre rappel au règlement. Lequel?
M. Jolin-Barrette : 35, Mme la
Présidente. Je pense que la ministre est soucieuse qu'il n'y ait pas de
piraterie procédurière comme le fait le député de...
La
Présidente : O.K. C'est beau, M. le leader du gouvernement, je
sais où vous allez. On va poursuivre dans le respect. Et je vous rappelle qu'on
n'impute pas des motifs aux collègues. Mme la ministre, poursuivez.
Mme Proulx : Je vais prendre un
caramel du ministre de la Santé, je pense.
J'espère
qu'on va travailler ensemble. Il s'agit du projet de loi n° 25, ici, on
n'est pas dans le Code civil pour revoir les évictions. Le premier
ministre s'est engagé à adopter la loi à la fin de la session...
La Présidente : En terminant.
Mme Proulx : ...pour que la nouvelle
saison touristique puisse prendre effet maintenant avec la nouvelle...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Etienne
Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. Je rassure toute de
suite la ministre, on est là pour travailler en collaboration. La
ministre sait aussi, par ailleurs, très, très bien qu'en travaillant avec
consentement, en consentement, on est capables de faire des grandes choses. Et on a une occasion en or, avec le projet
de loi n° 25, actuellement, de revoir plus large que ce qui est
actuellement sur la table, avec le consentement, bien entendu.
Je le
rappelle, on est 31 jours avant le 1er juillet. La crise du logement,
elle s'en vient, malgré que le premier ministre n'a pas voulu le
reconnaître. On a une possibilité d'agir rapidement là-dessus.
Est-ce que la ministre va montrer de l'ouverture
à ce qu'on travaille sur cette législation?
Des voix : ...
La
Présidente : Mme la ministre. C'est bruyant tout le tour de
vous, là. On écoute la réponse de la ministre comme on écoute les questions.
Mme Caroline Proulx
Mme
Proulx : Bien, est-ce que vous voulez qu'on traite du
projet de loi n° 15 du ministre de la Santé, tant qu'à faire? Je veux
dire, on peut ouvrir ça, là, on peut faire le n° 15.
On peut faire le vôtre, le numéro 14, M. le ministre. Bien, écoutez, on peut tout
ramener ça à Tourisme. Visiblement, on est assez bons pour produire des projets
de loi rapidement, efficients.
Je rappelle
que ce n'est pas l'objectif du projet de loi n° 25, c'est de venir
moderniser la loi puis de serrer la vis aux plateformes internationales comme
Airbnb. C'est ce à quoi je me suis engagée. Le Code civil, ce n'est pas ma job,
c'est celle des autres. Je ne pige pas dans la table des autres, je vais
jouer dans la mienne. J'espère votre collaboration.
La
Présidente : En question principale, je reconnais Mme la
députée de Saint-Laurent. On l'écoute. La parole est à vous, juste à
vous.
Climat et relations de
travail à l'école Bedford
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : L'une des missions de
l'État, c'est l'instruction publique, la transmission des connaissances, le
savoir, le savoir-faire, et le savoir-être, et j'insiste aussi là-dessus.
La semaine dernière, j'ai été profondément
troublée par un reportage de Valérie Lebeuf, de Cogeco Nouvelles. Il est allégué, et c'est très grave, là, que, dans
une école primaire, les missions de l'État ne sont pas respectées, qu'il y a
des lacunes graves de pédagogie, que
des coups de règle sont donnés sur les bureaux; pire, Mme la Présidente, que
des services professionnels ont été refusés. Pourquoi? Parce que des
hommes trouvent confrontant qu'une femme orthophoniste, orthopédagogue ou
ergothérapeute rentre dans une classe.
Moi, je veux
savoir, il y a eu un rapport accablant, de 27 pages, qui a été préparé par
une firme de relations de travail : Est-ce que le prédécesseur en
Éducation a eu ce rapport? Est-ce que l'actuel ministre a eu ce rapport? Est-ce
qu'un enquêteur ou enquêtrice a été dépêché à l'école?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Oui,
Mme la Présidente, j'ai pris connaissance, bien entendu, de ce reportage. On a
demandé des vérifications, Mme la Présidente. Le centre de services
scolaire est intervenu. La direction, également, de l'école est intervenue, si on parle bien de l'école Bedford,
là. C'est bien ça, là? Très bien. Parce qu'il y a beaucoup de reportages sur
beaucoup d'écoles. Alors, sur Bedford, Mme
la Présidente, il y a effectivement des actions qui ont été prises. Je prends
très au sérieux les faits qui ont été rapportés.
Maintenant, du côté du centre de services
scolaire, ils ont dépêché, effectivement, des équipes. Il y a eu des professionnels qui sont intervenus auprès de
l'équipe-école. Il y a eu des discussions au sein de l'équipe-école pour
s'assurer notamment qu'il y ait un bon contexte d'apprentissage et
d'enseignement dans cette école-là.
Il y a eu
effectivement des enjeux par le passé, on me dit... le centre de services
scolaire me dit que la situation s'est résorbée,
mais, je le répète, des vérifications sont en cours, et je vais attendre, donc,
le résultat de ces vérifications-là avant de statuer, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, il
est excessivement rare de dépêcher une équipe de psychologues pendant deux mois dans une école, il est excessivement
rare d'avoir un rapport assez accablant. On prétend, dans ce rapport, qu'il
faut démanteler le noyau dur de leaders négatifs, qu'il y a des lacunes
au niveau de la pédagogie et de l'enseignement, qu'il faudrait avoir une formation tant au niveau pédagogique qu'au niveau
comportemental pour les enseignants, à savoir le savoir-vivre.
Mme la Présidente, est-ce que, oui ou non, il a
le rapport?
• (11 heures) •
La Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Non, je n'ai pas le rapport, Mme la Présidente.
Maintenant, je réitère que des informations ont été diffusées dans les médias,
que des informations nous ont été transmises par le centre de services
scolaire, et on est en train de faire nos propres vérifications, Mme la
Présidente. Je pense que c'est la bonne chose à faire. On va y aller de façon responsable, parce que
les faits qui ont été rapportés sont quand même très graves, Mme la Présidente.
On dit notamment que c'est parce que l'école est constituée d'une
équipe-école majoritairement d'origine maghrébine que les problèmes
s'ensuivent...
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
...que c'est ça qui produit la
situation problématique. Vous comprendrez, Mme la Présidente, qu'avant
de conclure on va aller s'informer.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Moi,
je ne suis pas allée là, là. Moi, là, ce que je veux savoir, aujourd'hui... On
a un ministre de l'Éducation qui doit
s'assurer que la mission de l'État soit respectée, à savoir que le cursus
pédagogique est respecté, mais aussi
que... Je vous rappelle qu'un gouvernement libéral a fait inscrire dans la
charte des droits et libertés du Québec l'égalité homme-femme, c'est non négociable, et qu'aucune
femme professionnelle ne devrait se faire refuser l'accès, qu'aucune
classe au Québec ne devrait être verrouillée à une professionnelle femme,
jamais.
Alors, oui ou non?
Pourquoi il n'a pas encore commandé ce rapport-là?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, j'ai dit que
les faits allégués sont graves., et, avant de conclure, on va s'assurer que ce qui a été rapporté est confirmé. Ce qui
arrive, puis j'ai déjà été dans l'opposition, Mme la Présidente, tu prends des
faits puis tu tires toi-même tes propres
conclusions. Nous, au gouvernement... nous, au gouvernement, Mme la Présidente,
on a une responsabilité supplémentaire,
c'est de s'assurer que les faits qui sont allégués sont bel et bien confirmés.
La députée me reprocherait de tirer des conclusions sans avoir fait des
vérifications.
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
Je lui dis qu'on va vérifier, et
après on conclura. Il me semble que c'est la bonne marche à suivre.
La
Présidente : En question principale, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis...
Des voix :
...
La Présidente :
La parole est à vous, juste à vous.
Formation
des policiers
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. S'il y
a bien un point qui fait l'unanimité, dans le projet de loi sur la
police, c'est la formation. C'est pour ça que le ministre veut encadrer par
règlement une obligation de formation.
C'est une recommandation du comité sur la réalité
policière, d'obliger 30 heures de formation par année par policier, mais
le ministre ne veut pas écrire «30 heures» dans la loi parce que ça coûte
trop cher. Dans un document reçu du cabinet du ministre, il est écrit, et je cite : «Cette mesure pourrait entraîner des dépenses additionnelles pour les autorités.
Certaines municipalités pourraient
émettre des préoccupations.» Crainte confirmée dans le mémoire de l'UMQ, qui
disent que cette mesure pourrait avoir, et je cite, «des impacts
catastrophiques [sur] les finances municipales».
Combien le ministre a
prévu d'argent dans son budget pour la formation? Zéro.
Les
municipalités demandent au ministre d'analyser les impacts financiers de cette
mesure. Va-t-il le faire? Non.
Est-ce
que le ministre de la Sécurité publique peut dire aux municipalités comment ils
vont éviter la catastrophe?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : ...Mme la Présidente, que la députée me prête des
intentions, parce que je n'ai jamais dit ça verbalement.
Mais je lui ai déjà répondu à cette question plusieurs fois, les lignes
directrices que nous allons établir seront discutées avec nos différents partenaires, et ce sont... avec eux qu'on
va définir, dans ces lignes directrices, le nombre d'heures de formation
continue que les policiers, policières pourront recevoir.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Demeurez en
place, je vous prie, pour le vote reporté. Et, pour ce faire, je cède la place
au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Bonne journée à
tous.
Adoption
du principe du projet de loi n° 15
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre de
la Santé proposant que le principe du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et
de services sociaux plus efficace, soit adopté.
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault (L'Assomption),
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel
(Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Fitzgibbon (Terrebonne),
Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien
(Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson),
Mme Hébert (Saint-François), M. Émond (Richelieu),
Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard (Montmorency),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal
(Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme),
M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron
(Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé),
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel), M. Bussière (Gatineau),
M. Lamothe (Ungava), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson),
Mme Abou-Khalil (Fabre), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny
(René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette
(Huntingdon), Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
Mme Blouin (Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin (Rousseau), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont),
Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte),
M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Que
les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Tanguay
(LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour
(Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme Rizqy (Saint-Laurent), Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier
(Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), M. Zanetti (Jean-Lesage),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
y a consentement... On va terminer les contre, d'abord.
Le Secrétaire adjoint : Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
y a-t-il des abstentions?
Donc, alors,
est-ce qu'il y a consentement pour enregistrer le vote des collègues du Parti
québécois, donc, qui sont en faveur? Allez-y.
Le
Secrétaire adjoint : M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
M. le secrétaire général.
Le Secrétaire : Pour : 88
Contre : 29
Abstentions : 0
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, cette motion est donc adoptée. En
conséquence, le principe du projet de loi n° 15, visant à rendre le
système de santé et de services sociaux plus efficace, est adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de la santé et des services sociaux
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 15, la Loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, soit
déféré à la Commission de la santé et
des services sociaux pour son étude détaillée et que le ministre de la Santé
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée? Adopté.
Motions
sans préavis
À la
rubrique, maintenant, Motions sans préavis, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans
préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe formant le gouvernement,
et c'est le ministre de l'Éducation.
Souligner
la Journée de valorisation du personnel scolaire
M.
Drainville : Mme la... M. — oui — le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de
Mercier, le député de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que cette
Assemblée souligne la Journée de la valorisation du personnel scolaire qui se
déroulait [...] le 30 mai;
«Qu'elle
réitère l'importance de l'ensemble du personnel scolaire dans le développement
et le bien-être des élèves du préscolaire, primaire et du secondaire ainsi que
ceux en formation professionnelle ou en formation générale des adultes;
«Qu'elle
réaffirme et reconnaisse que l'ensemble du personnel scolaire joue un rôle
central pour la réussite éducative des élèves, mais aussi pour l'avenir
de toute la société québécoise.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement,
sans débat. Cette motion est-elle adoptée? Adopté. Oui?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait. Alors, nous poursuivons avec un membre du groupe formant
l'opposition officielle, et c'est Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme
Prass : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Sherbrooke, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée
de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la hausse importante des délais pour
obtenir une intervention en orthophonie par le biais du programme
"Agir tôt";
«Qu'elle constate que ces délais compromettent
les objectifs du programme "Agir tôt";
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement d'augmenter les ressources nécessaires à la
réduction des délais d'intervention en
orthophonie en plus d'assurer une uniformité de l'offre de services dans
l'ensemble des régions du Québec, et ce, dans les meilleurs délais.»
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Alors, nous
poursuivons avec un membre du deuxième groupe d'opposition, et j'invite
maintenant le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le Président.
Je demande le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec le chef du troisième groupe d'opposition :
«Que
l'Assemblée nationale exprime son inquiétude face à la situation des clients
d'Énergir qui ont payé un surplus pour
des forfaits de gaz naturel renouvelable alors que le gaz qu'ils reçoivent est
constitué à 99 % de gaz d'origine fossile;
«Qu'elle
rappelle que la consommation de gaz fossile est responsable de 15 % des
gaz à effet de serre au Québec en 2020;
«Qu'elle
rappelle également que la Caisse de dépôt et [de] placement, qui est
actionnaire à [80] % d'Énergir, doit favoriser
la transition énergétique selon les plus hauts standards d'éthique et de
responsabilité sociale des entreprises;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale demande à Énergir de respecter la Loi [de] protection du
consommateur et de faire preuve de transparence quant à l'origine du gaz
naturel livrée à ses clients.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Nous
poursuivons avec un membre, maintenant, du troisième groupe d'opposition, et
c'est le député de Matane-Matapédia.
Dénoncer la discrimination que subissent les étudiants
étrangers francophones
de la part d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
M. Bérubé : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre
de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, le leader de l'opposition officielle, le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne
et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale dénonce vigoureusement la discrimination que subissent les étudiants
étrangers francophones, plus
particulièrement ceux de l'Afrique, de la part d'Immigration, Réfugiés et
Citoyenneté Canada et qu'elle enjoigne le gouvernement fédéral à s'y
attaquer sans délai et de façon sérieuse.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader.
M. Bérubé : ...au
ministre concerné du gouvernement fédéral.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait. Merci. Alors, toujours à la rubrique des motions sans préavis, une
motion sans préavis ayant déjà été présentée
par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder à des consultations particulières sur le projet
de loi n° 26
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président,
merci. Je fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de
l'Assemblée nationale, afin :
«Que
la Commission des Institutions, dans le cadre de l'étude du projet de loi
n° 26, la Loi modifiant la Loi
sur les tribunaux judiciaires afin notamment de donner suite à l'Entente entre
la juge en chef de la Cour du Québec et le ministre de la Justice,
procède à des consultations particulières et tienne des auditions publiques le
jeudi 1er juin 2023 de 15 h 20 à 18 heures et de
19 h 30 à 21 h 55;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
Patrick Taillon, professeur titulaire à l'Université Laval,
Association de défense des droits individuels et collectifs du Québec, Pierre
Noreau, professeur de droit, Université
de Montréal, Association québécoise
des avocats et avocates de la défense, Barreau
du Québec, Martine Valois,
professeure à la Faculté de droit de l'Université de Montréal;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 36 secondes pour l'opposition officielle,
une minute 12 [...] au deuxième groupe d'opposition et une minute 12 [...]
pour la députée indépendante;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes
30 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes 30 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition et 3 minutes 30 secondes
pour la députée indépendante;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que le ministre de
la Justice soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Alors, je vous
rappelle que, conformément à l'article 146, ce débat est limité à une
heure et qu'en conséquence je dois réunir les leaders afin de répartir le temps
de parole...
Une
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Non? Parfait.
Avis touchant les travaux des commissions
M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président,
j'aimerais vous entretenir, d'abord, sur les travaux que nous aurons
aujourd'hui en cette Assemblée.
Donc,
j'avise l'Assemblée que la Commission des finances publiques entreprendra les
consultations particulières et
auditions publiques sur le rapport sur la mise en oeuvre de la Loi facilitant
la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics aujourd'hui, après les avis touchant les travaux
des commissions, pour une durée d'une heure, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 14,
la Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et
édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues,
aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à
22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux entreprendra l'étude détaillée
du projet de loi n° 15, la Loi
visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que de 19 h 30 à
22 h 30, à la salle de
l'Assemblée nationale;
La
Commission de l'économie et du travail entreprendra l'étude détaillée du projet
de loi n° 25, la Loi
visant à lutter contre l'hébergement touristique illégal,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de
15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30, à
la salle Pauline-Marois;
La
Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 20, Loi
instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, ainsi que de 16 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'aménagement du territoire entendra les intéressés et procédera
à l'étude détaillée des projets de loi d'intérêt privé suivants, et ce, dans
l'ordre ci-après indiqué : d'abord, le projet de loi d'intérêt privé n° 200, Loi concernant
l'annulation d'une servitude grevant certains lots situés en la Ville de
Carignan, puis le projet de loi
d'intérêt privé n° 202,
Loi concernant la Ville de
Saint-Jérôme, aujourd'hui, de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais
de bien vouloir appeler l'article 16 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 12
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'article 16 du feuilleton, M. le ministre de la Justice propose
l'adoption du projet de loi
n° 12, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant la protection
des enfants nés à la suite d'une
agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression ainsi que les
droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse
pour autrui.
Y a-t-il des
interventions? Et je reconnais tout de suite M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. La
famille, nous avons toutes et tous l'image de nos proches en tête en
entendant ces mots. La famille constitue notre premier milieu social, notre
premier milieu de vie. C'est auprès d'elle et
à travers elle que nous avons grandi, que nous avons appris et que nous nous
sommes épanouis, jusqu'à devenir les adultes que nous sommes aujourd'hui, et, à
notre tour, nous voulons offrir ce qu'il y a de mieux à nos enfants. Nos
enfants sont ce que nous avons de
plus précieux, et c'est en les ayant constamment à l'esprit que nous avons
travaillé sur la réforme du droit de la famille, M. le Président.
Tout
au long de nos travaux, chacun d'entre nous était habité par cette volonté de
mieux protéger et de mettre en place tous les mécanismes nécessaires pour
qu'aucun enfant ne se retrouve en position de vulnérabilité, peu importe la
façon dont il est conçu et dont il vient au monde. Après tout, aucun enfant ne
demande à venir au monde. C'est notre responsabilité
et même notre devoir de nous assurer qu'ils pourront grandir, se développer et
s'accomplir dans les meilleures conditions possibles.
Nous sommes donc fiers et heureux de
procéder aujourd'hui à l'adoption du projet de loi portant sur la réforme du
droit de la famille en matière de filiation
et visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et
des personnes victimes de cette
agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un
projet de grossesse pour autrui.
Jalon important de la réforme du droit de la famille, le projet de loi
n° 12 traite de sujets délicats mais essentiels à aborder. Ce projet de loi marque des changements
importants pour les parents, les enfants et la société québécoise en général.
Tout
d'abord, dans ce projet de loi, nous avons colmaté une faille importante du
droit de la famille en ce qui concerne la
filiation. En effet, l'été dernier, nous avons tous été choqués par l'histoire
d'Océane, cette jeune mère victime de viol qui subissait de la pression de son agresseur et qui souhaitait établir
sa paternité auprès de l'enfant issu de l'agression. Grâce à Océane et à son courage, dont elle a fait preuve
en racontant son histoire, désormais, un agresseur sexuel ne pourra plus
forcer l'établissement de sa paternité auprès de l'enfant issu du viol. La mère
pourra s'opposer à la filiation.
Par ailleurs, c'était
important également pour nous de nous assurer que ni elle ni l'enfant ne soient
pénalisés financièrement par cette décision.
Ainsi, l'agresseur pourra être tenu, même en l'absence d'un lien de filiation,
de verser une indemnité financière à la mère afin de l'aider à subvenir
aux besoins de l'enfant.
Plus
récemment, une seconde brèche du droit de la famille a été mise en lumière par
une autre mère courageuse dont les enfants avaient été agressés sexuellement
par leur père. Vous l'aurez sans doute compris, je parle du cas de celle
que nous connaissons sous le pseudonyme
d'Isabelle. Grâce à elle, grâce à sa voix, nous prévoyons un renversement du
fardeau de preuve en matière de déchéance parentale ou de l'autorité parentale
dans les cas où un parent serait reconnu coupable
de violences sexuelles sur son enfant. Nous voulons faire en sorte que le
fardeau de la preuve soit sur les épaules du parent agresseur et non plus
sur le parent qui n'a rien à se reprocher. Ce sera au parent agresseur de
convaincre le tribunal qu'il ne mérite pas d'être déchu de son autorité
parentale.
Précisons
également que cela s'appliquera aussi dans le cas où l'infraction de nature
sexuelle est commise sur un enfant,
que cet enfant soit le sien ou non. De plus, la violence sexuelle, tout comme
la violence familiale, y compris conjugale, sera dorénavant expressément reconnue comme un élément à considérer par le
tribunal pour toutes les décisions concernant l'enfant.
• (11 h 20) •
Dans
ce projet de loi, nous abordons aussi la question de la grossesse pour autrui.
Contrairement à la majorité des autres
États fédérés du Canada, la grossesse pour autrui n'était pas encadrée par la
loi au Québec. Pourtant, chaque année, des
enfants naissent d'une grossesse pour autrui et peuvent ainsi se retrouver dans
une position de vulnérabilité. Nous devions agir. Nous proposons donc d'instaurer un encadrement strict, prévisible
et surtout qui sera sécuritaire à la fois pour les enfants à naître et pour les mères porteuses. Nous avons
été très clairs dès le départ et nous demeurons catégoriques, d'aucune façon
nous ne tolérons la marchandisation du corps
de la femme. Le processus que nous instituons inclut une séance d'information
et une convention auprès d'un notaire. Ces
conditions permettront d'assurer que les parties prennent une décision libre et
éclairée. Les règles que nous mettons en
place sont notamment basées sur les principes fondamentaux suivants : la
mère porteuse, qui doit être âgé d'au
moins 21 ans, conserve l'entière autonomie de disposer de son corps comme
elle l'entend et peut résilier
l'entente unilatéralement en tout temps, la rémunération est interdite, mais le
remboursement de certaines dépenses
est admissible, les parents d'intention, quant à eux, ne peuvent pas abandonner
l'enfant même s'ils changent d'idée en
cours de processus, ils auront une responsabilité à l'égard de l'enfant. De
cette façon, nous nous assurons que les droits de l'enfant à naître et
de la mère porteuse soient protégés quoiqu'il arrive.
Et
enfin les experts sont sans équivoque, la connaissance des origines est un
besoin fondamental chez les enfants. Il est tout à fait normal pour un
enfant de vouloir savoir d'où il vient, comment il a été conçu, de vouloir
connaître les spécificités de sa génétique.
Ce sont des questions qui peuvent s'avérer cruciales pour l'aider à construire
son identité et s'approprier son
histoire. Lors du dernier mandat, nous avons adopté un premier volet de la
réforme du droit de la famille. Nous avons consacré le droit à la connaissance
des origines dans la Charte des droits et libertés de la personne. Nous avons
élargi les règles quant à la connaissance
des origines pour les enfants adoptés. Il était donc logique et nécessaire
d'harmoniser la loi pour aussi
permettre l'accès aux enfants issus d'une procréation assistée. Les enfants
seront ainsi sur un même pied d'égalité.
Les questions relatives au droit de la famille sont souvent émotives de par
leur nature humaine, et je tiens à remercier l'ensemble des collègues, tant de la partie gouvernementale que des
oppositions, notamment le député de l'Acadie, la députée de Robert-Baldwin, le député, également, de Saint-Henri—Sainte-Anne, qui nous ont accompagnés dans le cadre de nos travaux, la députée de Vaudreuil et l'ensemble des
collègues de la partie gouvernementale. Les collègues ont su traiter de
ces questions avec la sensibilité et la délicatesse nécessaires. M. le
Président.
Le cadre légal qui
régit les relations familiales est sans doute l'un des sinon... s'il n'est pas
le plus important de tout le corpus
québécois. La famille est au fondement même de la société. La famille constitue
notre tout premier foyer, et c'est là
que nous forgeons notre caractère, nos valeurs, nos aspirations. Tout part de
là, tout se construit là. Nous l'avons souvent mentionné au cours des
dernières semaines, nos enfants sont ce que nous avons de plus cher, ils sont
la prunelle de nos yeux, et c'est leur
intérêt qui guide chacune de nos décisions, chacune de nos actions. Les gains
que nous faisons avec le projet de
loi n° 12 contribueront à faciliter le parcours de nos
enfants, nous assurerons qu'ils puissent évoluer et se réaliser dans une
société qui les protège et qui favorise leur épanouissement.
M.
le Président, je dois vous dire que je suis extrêmement fier de ce deuxième
volet de la réforme du droit de la famille,
ça faisait des années dont on en discutait. Et on peut dire, avec l'adoption du
projet de loi n° 2, avec l'adoption du projet de loi n° 12,
qu'on fait des pas de géant en matière de réforme du droit de la famille, qui
n'avait pas été substantiellement retouché
depuis la dernière réforme de Marc-André Bédard, en 1981. Alors, je pense que
c'est une oeuvre collective qui va faire avancer grandement la société et
toujours en gardant à l'esprit que tous les enfants sont égaux devant la loi.
Et on vient rétablir ce fait-là avec le projet de loi n° 12.
Alors, encore
une fois, M. le Président, je remercie les équipes au ministère de la Justice,
au ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, au ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que
celle du Directeur de l'état civil qui ont collaboré à
cette réforme majeure. Vous me permettrez également de remercier avec un
intérêt soutenu Me Jennifer Pelletier, qui
est ma conseillère politique, qui a travaillé des heures et des heures sur ce
projet de loi là, alors, il y a une grande partie d'elle dans le cadre de ce projet de loi, ainsi
que Mme Élizabeth Gosselin aux communications avec nous pour tout le
volet, M. le Président, de la coordination communicationnelle en lien
avec ce projet de loi.
Alors, très
heureux de faire l'adoption finale, M. le Président, et je pense que nous
faisons oeuvre utile aujourd'hui. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de la Justice. Y a-t-il
d'autres intervenants? Donc, je reconnais M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M.
Morin : Merci, M. le Président. Je suis heureux
aujourd'hui de pouvoir intervenir à cette nouvelle étape que va franchir
le... projet, pardon, de loi n° 12, soit celui de
l'adoption, projet de loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant la
protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des personnes
victimes de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et
des enfants issus d'un projet de grossesse pour autrui.
Or, M. le
Président, j'ai écouté attentivement les remarques de M. le Ministre. Le projet de loi n° 12 est un projet
de loi complexe qui va encadrer des pratiques, évidemment, qui soulèvent
souvent des questions sensibles, mais qui est quand même essentiel puisqu'on parle d'une réforme du droit de la
famille et que la famille est, évidemment, la base de notre société. Donc, projet de loi important,
projet de loi complexe qui a suscité, évidemment, bon nombre d'intervenants
et aussi un grand nombre d'interventions
lors de l'étude article par article. En fait, le travail du législateur a été
fait, je vous dirais, avec rigueur.
Et, lors de l'étude article par article, le gouvernement avait proposé de
diviser l'étude par différents blocs, ce que nous avons accepté.
Je dois vous
dire qu'au fur et à mesure que ce projet de loi avançait il y a eu également
plusieurs journées qui ont été
consacrées à entendre plusieurs intervenants qui sont venus nous exposer leurs
positions, différentes positions sur des enjeux excessivement importants, dont notamment la grossesse pour autrui.
Permettez-moi de remercier ces groupes qui sont venus en commission parlementaire, notamment le Conseil du statut
de la femme du Québec, qui nous a, évidemment, éclairés, le regroupement des centres d'aide aux victimes d'actes
criminels — et
évidemment le rapport est important, j'en parlerai un peu plus tard dans
mon exposé — la
Chambre des notaires du Québec, le Barreau du Québec, l'Association nationale Femme et Droit, plusieurs intervenants à
titre privé, Me Langevin, Mme Zaccour, Me Giroux, Me Tétrault, et
évidemment plusieurs autres.
Je tiens également à souligner l'apport des
employés du gouvernement qui ont planché sur cette révision, les légistes, en particulier, qui, évidemment, ont
tous travaillé très fort, mes collègues députés, particulièrement la députée de
Robert-Baldwyn. Je souligne également la
présence du professeur Alain Roy, qui est un expert réputé dans le domaine du
droit de la famille au Québec, et, bien sûr, bon, l'ensemble des intervenants.
Comme le
soulignait M. le ministre, le projet de loi comporte plusieurs avancées pour le
droit de la famille québécoise, et
mon exposé va être divisé en lien avec les différents blocs qui avaient été
retenus pour faire l'étude article par article. Et le premier bloc
traite de la grossesse pour autrui.
Il faut savoir que, jusqu'à maintenant, dans le
droit québécois, dans le Code civil, il n'y a pas d'encadrement législatif des projets de grossesse ou des
conventions de grossesse pour autrui. La société évolue. Et, quand on comparait
la situation au Québec, en lien avec la situation dans d'autres provinces, il y
a déjà plusieurs provinces au Canada qui avaient
légiféré sur la question. Ce n'est pas le cas au Québec. Et évidemment ça ne
veut pas dire que cette pratique, donc la grossesse pour autrui,
n'existait pas au Québec. Au contraire, elle existait.
Donc, vous
comprendrez, et ça, j'en suis, l'importance pour le législateur de s'attaquer à
ces questions pour s'assurer, évidemment,
que les femmes porteuses auront des droits qui seront protégés, que les parents
d'intention aussi auront des droits
qui seront protégés, encadrés par la loi, s'assurer qu'il n'y aura pas de
commercialisation du corps des femmes, évidemment, et que tout le monde
pourra fonctionner dans ces projets-là en toute connaissance de cause.
• (11 h 30) •
Donc, ce que
le projet de loi prévoit, c'est qu'il y aura désormais la possibilité d'avoir
une convention de grossesse pour
autrui, et le projet de loi prévoit que cette convention sera notariée. À ce
niveau-là, j'y vois un avantage puisqu'évidemment la convention notariée
fait preuve de son contenu, et ça éviterait éventuellement des contestations
judiciaires.
Cependant,
dans l'opposition officielle, on a travaillé très fort pour essayer de bonifier
ce projet de loi, parfois avec certains
succès, parfois avec des échecs, tout dépendant de la position du gouvernement,
mais, en ce qui a trait particulièrement à la convention de grossesse pour autrui, nous avions demandé à ce qu'en
plus de cette convention de grossesse, les parties, donc la femme porteuse ou les parents d'intention,
puissent avoir évidemment... qu'on leur demande qu'il y ait un avis juridique
autre qui soit obtenu en plus de la convention de grossesse.
C'était
également une recommandation qui avait été mise de l'avant par le Barreau du
Québec. Et permettez-moi de citer le
mémoire du Barreau qui disait : «Le Barreau du Québec considère qu'un avis
juridique indépendant d'un juriste devrait
être obtenu par chacune des parties à la convention avant sa signature.»
Personnellement, je trouvais que c'était une idée sage. Évidemment, le notaire qui va avoir, évidemment, le devoir ou
la responsabilité professionnelle de rédiger la convention de grossesse va pouvoir l'expliquer aux parties, mais il faut
savoir que, dans le projet de loi particulièrement, la femme porteuse, une fois
l'enfant né, il y a un délai de 30 jours où elle peut décider de garder
l'enfant.
Ça, c'est
prévu au projet de loi. Et donc on estimait qu'il était important qu'en plus de
la convention de grossesse notariée les parents d'intention et la femme
porteuse puissent, de leur côté, obtenir un avis juridique pour bien leur expliquer ce dans quoi
elles... ce dans quoi les parties s'engageaient et quel pouvait être,
évidemment, l'impact à la fin du processus,
si jamais la mère porteuse ou la femme porteuse décidait de garder l'enfant. Ça
n'a pas été retenu. C'était suggéré par
le Barreau. Donc, ce n'est pas là. Évidemment, bien sûr, M. le Président, ce
n'est pas interdit, mais nous, on aurait souhaité que le législateur
l'identifie d'une façon plus spécifique.
Je vous
souligne également qu'il y a, dans le mémoire du Barreau, d'autres principes
qui ont été énoncés et sur lesquels, évidemment, nous avons veillé
particulièrement, notamment l'autonomie de la femme qui portera l'enfant, évidemment, s'assurer que son consentement est
bien libre et éclairé et, évidemment, que sa grossesse sera à titre gratuit
pour éviter qu'il y ait une
commercialisation du corps de la femme. À ce niveau-là, la partie
gouvernementale, évidemment, était
tout à fait réceptive. Je vous souligne également que c'était une
recommandation et un avis qui avait été donné par le Conseil du statut
de la femme du Québec pour s'assurer que la convention de grossesse soit faite
à titre gratuit.
C'est l'état dans le projet de loi présentement.
Ça ne veut pas dire cependant que la femme porteuse ne pourra pas avoir le remboursement de certaines dépenses.
Et ça aussi, c'est prévu et ça devrait être prévu à la convention de grossesse
également qui sera notariée, mais on aurait
également souhaité qu'il y ait plus d'encadrement des agences pour éviter toute
forme d'abus. Et ça, bien, évidemment, ça
n'a pas été retenu en tant que tel. Cependant, il était important de légiférer
sur toute la question de la convention de grossesse pour autrui.
Il,
évidemment, est important, et je le rappelle, et ça, évidemment,
là, présentement, on se ramasse avec une convention de grossesse notariée, et donc il va être
hyperimportant, pour le notaire instrumentant, de bien expliquer aux parties
que la femme ou la mère porteuse a un
délai de 30 jours après la naissance de l'enfant pour consentir à ce que
l'enfant soit remis aux parents
d'intention, ce qui veut dire, évidemment, qu'elle pourrait décider de garder
l'enfant. Et donc, ça, il faudra que l'ensemble des parties soient,
évidemment, bien informées à ce sujet là.
Autre élément qui est dans le projet de loi, et
ma collègue et moi, ma collègue la députée de Baldwin-Cartier et moi-même, avons questionné le ministre, il faut
savoir également que, dans le projet de loi, il est permis à ce qu'une
convention de grossesse permette à une femme porteuse de porter l'enfant alors
qu'elle est à l'extérieur du pays. Et ça, on a questionné beaucoup les groupes et, évidemment, on aurait
probablement souhaité que la convention puis la présence de la femme
porteuse demeurent à l'intérieur du Canada, puis je vais vous expliquer
pourquoi.
Évidemment,
on ne veut pas qu'il y ait de commercialisation du corps des femmes. C'est
excessivement important, d'une part,
mais, d'autre part, le projet de loi met en place une mécanique que je
qualifierais de particulièrement complexe pour s'assurer, évidemment, qu'une femme porteuse qui est à l'extérieur
du Canada pourra, évidemment, recevoir, avoir accès aux mêmes avantages que si
elle était au Canada. Quand on compare le régime et ce qu'une femme peut avoir,
au Québec, avec les autres provinces
canadiennes, c'est relativement... il est plus facile, disons-le comme ça, il
est plus facile d'avoir des
équivalences. Mais évidemment, dans d'autres pays, ça devient beaucoup plus
complexe, et ça, la partie gouvernementale le reconnaissait.
Évidemment,
le ministre nous dit, il va agir par règlement. On verra ce qui va arriver avec
les règlements. Évidemment, on ne les a pas vus, d'une part, et, d'autre part,
il y aura également une évaluation qui va être faite par le ministère de
la Santé quant aux conditions qui vont être
applicables à une femme porteuse à l'extérieur du Canada. Mais vous comprendrez,
et ça, c'est un atout, et je pense qu'on peut être fiers de ça, au Québec, nous
avons au Québec un filet social particulièrement important pour aider les gens, évidemment, à fonder une famille, pour
que les femmes aient plusieurs avantages sociaux qui vont leur permettre, évidemment, au cours de la grossesse et après
la naissance de l'enfant, de recevoir, évidemment, une aide de l'État, même chose pour les couples.
C'est beaucoup moins évident, beaucoup moins évident quand on commence à
se comparer avec, évidemment, d'autres pays qui n'ont souvent pas le même
filet.
Alors, ce que
ce projet de loi va créer, finalement, c'est une structure étatique. Et je
comprends que le ministre nous a dit : Écoutez, on va prendre un
peu ce qui se fait dans le cadre de l'adoption internationale, et puis on va
l'appliquer, et donc on va faire des
évaluations, il y aura une reconnaissance, etc. C'est vrai, mais ça va quand
même mettre en place une structure étatique importante, des suivis qui
vont devoir être faits. Et évidemment, si jamais certaines conditions n'étaient pas respectées, bien, ça pourrait faire
en sorte qu'éventuellement l'enfant pourrait difficilement voir sa filiation...
ou, en fait, enregistrer son acte de naissance au Québec.
• (11 h 40) •
Écoutez, personnellement,
j'aurais préféré qu'on reste à l'intérieur des balises du Québec et du Canada.
Ce n'est pas le régime qui a été retenu par le gouvernement. Alors donc, on
verra comment ça va évoluer. Je vous parlerai un peu plus tard,
cependant, d'une disposition que l'opposition officielle a proposée, que j'ai
proposée, puis qui a été acceptée, qui va
quand même assurer certaines balises. J'y reviendrai un peu plus tard, parce
qu'évidemment, quand on part de l'étranger, on ne veut pas, et je vous le disais tout à l'heure, on ne veut pas
qu'il y ait une exploitation des femmes porteuses. On ne veut pas qu'il
y ait une commercialisation du corps des femmes. Donc, ce volet-là, ce sera à
voir éventuellement.
Donc, je vous
dirais qu'en ce qui a trait aux mesures concernant la grossesse pour autrui il
y a évidemment un grand nombre
d'autres lois qui ont été modifiées par le projet de loi pour s'assurer et pour
tenir compte de cette réalité qui est maintenant
légiférée et puis pour faire en sorte qu'on va adapter certains avantages qui
sont donnés dans différentes lois pour venir couvrir la situation qui
est visée par la nouvelle loi.
Quand on regarde le deuxième bloc, les mesures
concernant la filiation, évidemment, il fallait adapter cette nouvelle réalité à la convention et à la grossesse
pour autrui, ce qui a été fait, et, évidemment, le projet de loi... là-dessus,
il y a une concordance avec le travail qui a été fait par le législateur.
Je vous
souligne également, quand on regarde le projet de loi, en ce qui a trait à la
filiation, que, relativement à la possession d'état, le législateur est venu
encadrer et préciser les balises qui avaient déjà été établies par la
jurisprudence, mais le législateur a
pris la fourchette la plus longue, donc un minimum de 24 mois, sauf des
circonstances exceptionnelles dans le
cas de la possession d'état. On aurait préféré que le délai puisse être un peu
plus court parce que la jurisprudence parle d'un délai de 16 à 24 mois. Le législateur a
choisi 24 mois. Cependant, avec l'ajout de circonstances exceptionnelles,
ça laisse quand même une marge de manoeuvre aux tribunaux. Donc, ça, je
tenais à le souligner.
Il y aura
également la création d'un registre qui va contenir des informations pour
faciliter le retraçage des personnes ayant
pris part à un projet parental et au projet de convention de grossesse pour
autrui. Donc, ça, c'est très important. Et également la personne qui a contribué en fournissant son matériel
génétique, évidemment, c'est prévu au projet de loi, mais qui n'a pas
donné naissance à l'enfant n'a pas de lien de filiation automatique avec
l'enfant.
On a eu
aussi, également, beaucoup de discussions, et ma collègue la députée de
Robert-Baldwin et moi-même avons fait
plusieurs interventions en ce sens pour que l'article 33 du Code civil
soit modifié. L'article 33 parle de la notion de l'intérêt de l'enfant, et on parlait, dans cet
article, évidemment, de violence conjugale, et c'est en lien avec l'autorité
parentale, mais les mots «violence
sexuelle» n'étaient pas inscrit. Et on croyait qu'il n'était pas important,
quand un tribunal aura à se pencher
sur l'intérêt de l'enfant, qu'il puisse tenir compte également, également
de la présence de violence sexuelle pour s'assurer qu'il prendra... le tribunal prendra une décision dans le
meilleur intérêt de l'enfant et, s'il y a, évidemment, la présence de violence sexuelle, que le tribunal
puisse rendre une décision en conséquence pour que l'enfant n'ait pas à subir,
évidemment, cette situation-là.
La Loi sur
l'assurance parentale, la Loi sur les normes du travail ont été modifiées pour
une couverture équitable des parents d'intention et de la mère porteuse.
Et finalement les actions en matière de filiation ne font plus... n'ont plus à composer avec une prescription. Donc, il y a une
imprescriptibilité. Donc, certaines avancées dans le domaine de la filiation...
On y a travaillé. On y a travaillé fort.
Si je
m'attarde maintenant au prochain bloc, qui est le bloc concernant la
connaissance des origines et les renseignements
médicaux, ce bloc était important parce que nous avons entendu des groupes ou des
personnes en commission parlementaire,
notamment une personne, Andréane Letendre, qui est venue nous expliquer comment
et pourquoi il était aussi important
d'avoir des renseignements en ce qui a trait à sa filiation. Son témoignage, je
vous dirais bien humblement, était particulièrement touchant, parce qu'Andréane
Letendre, née en 1983, dans une famille... et sa famille, en fait, a fait
appel à un don de gamètes pour la concevoir,
donc c'est une dame qui a été issue, finalement, d'une grossesse pour autrui.
Elle nous a expliqué qu'elle n'a été
informée de ce fait-là qu'à l'âge de 12 ans et qu'à ce jour elle ne
connaît toujours pas ses origines biologiques. Elle souligne également...
être conçue par don de gamètes a eu un impact considérable sur sa manière de
voir la vie, et ça fait partie de son identité.
Et je vous
dirais que c'est aussi la raison pour laquelle, quand j'ai commencé mon exposé,
M. le Président, je vous disais qu'au fur et à mesure qu'on a travaillé
dans ce projet de loi, au fur et à mesure qu'on a regardé, article par article,
pour essayer de trouver une mécanique pour
encadrer, notamment, la convention de grossesse pour autrui, nous avons eu...
écouté plusieurs personnes et nous avons abordé des sujets qui sont évidemment
éminemment touchants, sensibles et profondément
humains. Et ça, je peux vous dire que nous avons eu cette préoccupation-là au
fur et à mesure que le travail a été fait et que l'étude a été faite,
article par article.
Si je reviens
au témoignage de Mme Letendre, elle disait que, lorsqu'elle a appris
qu'elle avait été conçue avec l'aide
d'un donneur, elle a voulu savoir qui était cette personne avec qui elle
partage la moitié de son ADN. Et, dans la situation actuelle, on a
toujours refusé de lui transmettre la moindre information, elle
mentionnait même parfois avec une attitude
condescendante. Donc, comprenez le désarroi, l'inquiétude de cette personne qui
prend la peine de venir témoigner, qui
prend la peine de venir raconter son histoire, mais qui, en voulant rechercher
ses origines, a été confrontée, parfois, à des situations qui étaient
loin, loin d'être optimales, croyez-moi.
Elle nous a dit également qu'elle a été en
contact avec d'autres personnes qui vivaient une expérience similaire et donc elle s'est intéressée à la recherche de
ses origines. Et elle nous a expliqué que le projet de loi, donc, a suscité
chez elle, mais chez d'autres
personnes, beaucoup d'intérêt. Et donc son intervention visait à apporter un
éclairage sur le vécu concret des personnes issues de la procréation
assistée, de même qu'apporter des commentaires.
Et elle disait évidemment qu'à l'heure actuelle,
bon, bien sûr, tout ça n'était pas réglementé, n'était pas légiféré et qu'évidemment il était important pour le
législateur d'y voir. Et elle soulignait également que le législateur voulait
placer l'intérêt de l'enfant comme
point central devant guider les choix et les décisions avec le projet de loi
n° 12. Donc, elle souhaitait, évidemment,
que le législateur puisse permettre certaines connaissances. Et je vous dirais
que, dans le projet de loi, le législateur répond à ça, parce que ma compréhension, c'est que la convention de
grossesse sera maintenant accessible et donc les gens pourront... aux enfants, bien sûr, et donc les
gens pourront y obtenir des renseignements, ce qui est une avancée. Donc, volet
quand même important, volet particulièrement touchant.
• (11 h 50) •
Et, bien sûr,
permettez-moi maintenant d'aborder un autre bloc, donc le bloc d, qui
touche les mesures concernant l'enfant issu d'une agression sexuelle. Le
ministre l'a évoqué dans son exposé, M. le Président, quand nous avons lu l'histoire d'Océane, non seulement, en fait, je
peux vous dire que le Québec a été choqué, mais, quand j'ai lu cette histoire,
je me disais : Écoutez, ça n'a quand
même pas de bon sens, ça ne se peut pas, mais c'est une réalité. Et donc on a
suggéré, quand on a fait l'étude article par article, qu'il y ait une
présomption de déchéance de l'autorité parentale. La partie gouvernementale
était réceptive à ça.
Le ministre
est revenu avec une proposition que les légistes ont rédigée, mais... Mais je
dois vous le souligner parce que, dans l'opposition officielle, nous avons travaillé
très fort pour qu'il y ait une avancée dans ce domaine-là. Et souvent le
gouvernement nous dit : Ah! écoutez, si vous avez des propositions
constructives, nous allons les écouter. On croyait sincèrement, ma collègue et moi, donc la députée de Robert-Baldwin et
moi, que c'était une chose qui devait absolument être analysée, étudiée et qu'il fallait mettre, si vous me permettez,
sur l'écran radar du gouvernement. Donc, ça a été fait, et on voulait absolument éviter que des cas comme
celui d'Isabelle, qui ont été rapportés notamment par Patrick Lagacé,
soit reviennent, ou qu'on ait à vivre, ou que des personnes aient à vivre ces
éléments-là.
Autre
élément, puis ça, je vais vous le dire sincèrement, c'est avec une certaine
fierté qu'on a travaillé très fort pour modifier l'article 542.33.
L'article 542.33 se retrouve à l'article 19 du projet de loi, et
c'est toute la situation de la responsabilité
financière visant les besoins d'un enfant issu d'une agression sexuelle.
L'article 542.33, avant sa modification, se lisait comme suit : «Celui qui commet une agression sexuelle est
responsable, en l'absence d'un lien de filiation avec l'enfant qui en est issu, de contribuer à
satisfaire aux besoins de l'enfant, par le paiement d'une indemnité à la
personne victime de l'agression
sexuelle qui a donné naissance à l'enfant. Cette responsabilité s'étend aux
besoins de l'enfant de sa naissance jusqu'à
l'atteinte de son autonomie.» Et le projet de loi rajoutait : «L'agression
sexuelle peut notamment être prouvée par la production d'un jugement qui
en reconnaît l'existence.»
Or, je
comprends l'intention du législateur, initialement, d'avoir voulu permettre...
donc de permettre un recours pour qu'il y ait une indemnité qui puisse
éventuellement être imposée suite à une action en justice à la personne, à
l'agresseur, dans les scénarios, bien
sûr, où la femme qui a été victime d'une agression sexuelle décide de garder
l'enfant, de le mettre au monde et donc de s'en occuper. Cependant... Et
ma préoccupation première, et c'est ce que j'ai évoqué notamment en commission parlementaire, était la suivante :
je comprends l'intention, mais évidemment, dans le cas qui était prévu au tout
départ, on parle d'abord d'une indemnité, et, bon, ce n'est pas défini. Donc,
la personne qui va intenter l'action, dans ce cas-ci, normalement, dans la majorité des cas, ça devrait être la femme
qui a été aussi victime. Elle doit le demander à la personne, bon, qui est
l'agresseur. Et la période visée, au départ, était de la naissance jusqu'à l'atteinte
de l'autonomie de l'enfant, ce qui,
évidemment, pose aussi un problème parce que... Bon, la naissance, c'est une
date très fixe, ça, ça va très bien. Si
le législateur, au départ, avait dit jusqu'à 18 ans, bien, c'est aussi
très clair, mais ce n'est pas de ça dont on parlait. On parlait jusqu'à
son autonomie.
Et donc, tout
dépendant des cas, tout dépendant des personnes, on peut penser, par exemple, à
quelqu'un qui voudrait poursuivre des
études universitaires ou qui veut se lancer, par exemple, à l'école dans une
technique qui s'échelonne sur plusieurs
années, et donc ça peut finalement dépasser 18, 19, 20 ou 21 ans. Donc,
évidemment, il faut être capable, à un moment
donné, de mettre des balises, puis, par la suite, bien sûr, faire en sorte qu'il
y ait un montant, donc une indemnité, qui
soit versé et qu'on soit capables de la quantifier. Et là le problème, c'est
que, dans ce cas-ci, ma compréhension, c'était qu'on faisait reposer sur les épaules, donc, de la mère qui allait faire
la demande l'ensemble de la preuve. Le seul élément qui pouvait aider la mère,
c'était, si jamais elle avait dénoncé l'agression et qu'une décision judiciaire
l'avait évidemment reconnue, elle pouvait utiliser ce jugement-là pour
reconnaître l'existence de l'agression. Mais, par la suite, comment déterminer l'indemnité, comment déterminer le
montant, comment déterminer la période, bien, évidemment, là, c'est, dans
ce cas-ci, la demanderesse qui allait devoir en faire la preuve, probablement
aidée d'experts.
Donc, vous comprenez
rapidement, M. le Président, que c'est un processus, au départ, qui est
louable, mais qui est excessivement long, complexe et onéreux. Et évidemment,
si la femme a des fonds, a de l'argent, ça va, mais, s'il n'y en a pas, ça devient plus compliqué. Et puis vous le
savez parce qu'on en a souvent discuté dans cette Chambre, malheureusement,
l'accès à la justice au Québec, ce n'est pas
toujours facile et ce n'est pas toujours rapide. Donc, imaginez le scénario. Et
là on est obligés de revivre cet état-là pendant des années avant
d'arriver à une indemnité, avant d'arriver à un jugement.
Donc, ma recommandation, c'était de dire :
Écoutez, il faut absolument que l'État, si on est sérieux avec cette disposition-là, il faut que l'État prenne ça en
charge et qu'il y ait une indemnité qui soit versée à la mère pour ne pas qu'on
ait à revivre... pour ne pas que la mère ait
à revivre ce scénario encore et encore et qu'on soit capables de trancher
rapidement.
Or, le
ministre nous disait : Écoutez, avec l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, la mère, qui a été aussi victime
d'une agression, peut recevoir un montant, on peut l'étendre à l'enfant. Mais
là qu'en est-il de l'indemnité? Est-ce qu'il
y aura, finalement, diminution des prestations visées par l'État, si la mère
obtient une indemnité? Donc, en fait, on voulait et on plaidait très
fort pour que l'État ait un rôle plus actif et que l'État puisse, évidemment,
compenser.
Et après en
avoir parlé, parlé et parlé, finalement, l'équipe gouvernementale, le ministre
nous sont revenus avec une
disposition qui, je pense, va améliorer sensiblement, d'une façon très
importante, cette situation-là pour s'assurer que les personnes visées,
les victimes, auront accès à une indemnité.
Et donc la
modification se lit comme suit à 542.33 : «Celui qui commet une agression
sexuelle doit, en l'absence d'un lien
de filiation avec l'enfant qui en est issu, payer à la personne qui en a été
victime une contribution financière à titre d'aliments, sous forme d'une somme forfaitaire, pour satisfaire aux
besoins de l'enfant de sa naissance jusqu'à l'atteinte d'une autonomie
suffisante.
«L'agression
sexuelle peut notamment être prouvée par la production d'un jugement qui en
reconnaît l'existence.» Donc, ça, ça,
n'a pas changé et ça va faciliter la preuve, si jamais il y a un juge qui a
reconnu que la mère avait été victime d'agression sexuelle.
La
modification ajoute également : «Le ministre de la Justice peut, par
règlement, déterminer des normes suivant lesquelles la contribution est
fixée, y compris le montant minimal de celle-ci.»
Donc, le
commentaire est le suivant : «Cet amendement vise à remplacer la notion
d'indemnité par celle de contribution financière à titre d'aliments afin de
mieux marquer la distinction du régime particulier introduit par l'article 542.33 du Code civil,
qui s'inspire à la fois des règles générales de la responsabilité civile et de
celles particulières à l'obligation alimentaire.»
• (12 heures) •
Donc, ce que
ça fait, maintenant, et ça répond en très bonne partie à l'amendement qui a été
proposé par l'opposition officielle,
c'est donc de dire : L'État va venir compenser... le ministre va avoir le
pouvoir, par règlement, de déterminer les normes et le montant minimal. Donc, dans un cas où une femme est victime
d'une agression sexuelle, où elle est enceinte, décide de garder l'enfant, l'État va être capable de compenser et la
mère et l'enfant, ils pourront conserver toutes ces sommes d'argent. Mais, si
jamais, par ailleurs, la mère décidait d'intenter un recours, un recours de
droit commun, qui lui est permis, toujours permis par 542.33 tel que
modifié, ce sera possible, mais on lui assure qu'elle pourra quand même
conserver toutes les
sommes qui lui seront versées par l'État, en tant... notamment en tant que
victime d'acte criminel. Et ça, je pense que c'est une avancée très importante qui a été faite, j'en suis très
fier, et ça va permettre de régler une fois pour toutes cette situation-là tellement dramatique que nous avons
lue dans les journaux. Donc, ça, je pense... je tenais à le souligner, c'est
un volet qui, pour moi, est effectivement très important.
Autre
élément important que nous avons apporté, un amendement qui a reçu l'accord de
l'équipe gouvernementale et du
ministre de la Justice, c'est de faire en sorte qu'il y ait un article d'ajouté
pour qu'il y ait une évaluation qui soit faite de ces différentes mesures. Je vous le disais précédemment, M. le
Président, c'est du droit nouveau, ce sont des dispositions excessivement importantes, et donc il nous
apparaissait tout à fait de mise de mettre en place une procédure qui ferait en
sorte qu'après un certain nombre
d'années il puisse y avoir une évaluation qui soit faite des dispositions,
notamment en ce qui a trait à la grossesse pour autrui. On n'était pas
les seuls à le demander. Le Conseil du statut de la femme, dans ses recommandations en ce qui a trait à la protection
des mères porteuses et des enfants, demandait également à ce que «toute réforme entreprise — et je les cite — par le gouvernement en matière de maternité pour
autrui soit évaluée après cinq ans».
Donc,
au tout départ, dans l'amendement, on visait une période de cinq ans. On nous a
expliqué que certaines dispositions
du projet de loi allaient prendre deux ans avant d'être toutes en vigueur. Et
donc, compte tenu de ça, et puis, là, compte tenu qu'on trouvait qu'un délai de
trois ans, c'était probablement trop court, on s'est donc entendus avec la
partie gouvernementale pour qu'il y ait une
période de sept ans plutôt que cinq. Mais, pour vous dire, il y a un article,
donc, qui a été ajouté à la demande
de l'opposition officielle et qui va se lire de la façon suivante : «Le
ministre doit, au plus tard[...] — et
puis évidemment il y aura la date de la sanction, et cette date-là doit suivre
de sept ans celle de la sanction de la présente loi — faire
rapport au gouvernement sur la mise en oeuvre des dispositions concernant le
projet parental impliquant une grossesse pour autrui.
«Ce
rapport sera déposé par le ministre dans les 30 jours suivants à
l'Assemblée nationale ou, si elle ne siège pas, dans les 30 jours
de la reprise des travaux.»
Et cet amendement-là est particulièrement
important parce qu'on nous dit : D'abord, comme législateurs, on doit travailler
à ce que les projets de loi qui sortent de cette Chambre soient les plus
adaptés à la réalité québécoise, d'une part, régler des enjeux dans notre société, mais on nous dit également que les
parlementaires ont cette fonction, évidemment, de reddition, donc de
s'assurer que l'ensemble de l'appareil gouvernemental rende des comptes. Et je
trouvais qu'il était particulièrement
important de faire en sorte que le ministre puisse déposer un rapport pour que
les parlementaires soient à même de constater, d'évaluer ce qui a été fait pour
savoir si ça fonctionne bien ou pas. Et je vous dirais que c'était
particulièrement important parce que, comme je vous le mentionnais d'entrée de
jeu, quand on regarde tous les articles qui traitent du projet parental et de la
grossesse pour autrui, et c'est l'article 18 du projet de loi qui en fait
état... mais, quand vous regardez
l'article 18 et que vous regardez les dispositions, ça va faire en sorte
qu'il y aura désormais un article 541, mais 541.1 jusqu'à 541.37, donc c'est un ensemble d'articles qui seront
désormais éventuellement en vigueur et qui vont régir, régler toute la
question de la grossesse pour autrui.
Et
rappelons-nous ce que je disais, il est possible, il est possible, pour une
femme porteuse d'être à l'extérieur du Canada,
donc je pensais qu'il était particulièrement important de s'assurer que les
mécanismes en place allaient garantir, évidemment,
à cette femme qu'il n'y aurait pas... qu'elle pourrait bénéficier des mêmes
avantages, de voir si la mécanique fonctionne,
de voir quelle sera faite l'évaluation par Santé Québec, comment va
fonctionner, évidemment, les registres, à ce niveau-là, du Directeur de l'état civil, du ministère de la Justice du
Québec. Alors, vous voyez, ce sont excessivement plusieurs dispositions
qui vont être en vigueur et qui devront, à mon avis, être évaluées.
Je
vous parlais aussi, précédemment, de l'importance que cette convention de
grossesse soit à titre gratuit et je vous disais également qu'il y a des agences qui tentent d'encadrer, d'offrir
les services. Alors, ce rapport permettra éventuellement aux députés, aux législateurs de voir si,
effectivement, la gratuité est respectée, qu'est-ce qui est offert, comment
fonctionnent les agences, est-ce que le consentement est bien libre et éclairé,
autant d'éléments importants dans le cadre du projet parental et de la
convention de grossesse. Donc, évidemment, s'assurer... s'assurer que ce
régime, qui est nouveau, qui est complet... on va s'assurer que, évidemment, ça fonctionne tout à fait correctement
et que, si jamais, si jamais il y avait des enjeux, à ce moment-là, le
législateur pourrait y apporter des corrections. Donc, ça, ça apparaît
excessivement important.
L'autre chose, aussi,
que je tiens à souligner, et ça aussi, c'est fondamental, la personne seule ou
les conjoints ayant formé le projet parental — et
là, je réfère à l'article 541.28 — doivent
être domiciliés au Québec depuis au moins un an avant de demander l'autorisation préalable. Donc, évidemment, il faut
que les gens qui vont entrer dans le projet parental soient eux-mêmes domiciliés au Québec. C'est le
domicile, évidemment, après, qui va permettre d'enregistrer l'acte de naissance au Directeur de l'état civil. Mais,
comme je vous le soulignais, dans un cas de figure comme ça, rien n'empêchera
la femme qui a accepté de donner naissance à
l'enfant d'être domiciliée hors Canada. Donc, il faut s'assurer, évidemment,
que cette personne-là sera, évidemment, traitée d'une façon tout à fait
respectueuse. Ça nous apparaissait excessivement important.
• (12 h 10) •
Et,
comme je vous le soulignais, c'est l'article 541.31 qui... dans le cas où
la femme qui a accepté de donner naissance à l'enfant est domiciliée dans un État étranger, que ce dernier soit
désigné par le gouvernement. Et la loi dit : «Le gouvernement peut seulement désigner un État étranger où les
règles et les pratiques en matière de grossesse pour autrui ne contreviennent
pas à l'ordre public et assurent l'intérêt
de l'enfant une fois qu'il sera né, incluant sa sécurité et son intégrité [...]
la sécurité et l'intégrité des autres
personnes impliquées dans un projet de grossesse pour autrui. Il peut [...]
tenir compte de tout autre critère qu'il estime approprié.
«Cette
désignation est faite sur recommandation conjointe du ministre de la Justice et
du ministre de la Santé et des Services sociaux ainsi que, selon le cas, du
ministre des Relations internationales ou du ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes.»
Donc, comme
vous pouvez le constater, M. le Président, le régime qui va être en place,
particulièrement quand la femme porteuse va être à l'étranger, va être
particulièrement complexe. Et je comprends que le ministre nous rassurait en nous disant : Écoutez, bon, ces ministères-là sont déjà
impliqués dans le cas d'adoptions internationales, je le comprends très bien, mais ici on parle véritablement d'autre
chose, évidemment, on parle d'une femme, finalement, qui va accepter de porter un enfant pour d'autres personnes, et donc très
important, je vous le soumets, à ce qu'il y ait une analyse qui soit faite à la fin d'une période de sept ans pour
s'assurer que l'ensemble de ces ministères vont être capables de nous
renseigner, vont être capables de renseigner le législateur sur la façon dont
le projet de loi fonctionne, et ça, ça m'apparaissait tout à fait important.
Donc, et je
vais conclure dans quelques minutes, M. le Président, projet de loi
excessivement complexe, calqué en partie
sur l'adoption ou l'adoption internationale, mais avec plusieurs adaptations
pour tenir compte de cette nouvelle... bien, en fait, ce n'est pas, comme tel,
une nouvelle réalité, puisqu'elle existe, mais ce nouvel encadrement juridique
qui va venir encadrer la réalité qui
existe au Québec. Et je peux vous dire que nous sommes fiers d'avoir travaillé
très fort et puis d'avoir permis que
des amendements soient adoptés pour bonifier ce projet de loi, projet de loi,
par ailleurs, qui, je vous dirais,
devait être étudié parce que la réalité existe. On ne veut pas d'abus, on ne
veut pas que le corps de la femme soit commercialisé, et, depuis déjà quelque
temps, le Conseil du statut de la
femme du Québec recommandait au
gouvernement d'agir pour encadrer
cette réalité au Québec. Alors, dans ce sens-là, je pense que c'est une bonne
chose parce qu'il y avait un vide
juridique. Maintenant, il y aura un encadrement, et c'est quand même un plan
important dans le domaine du droit de
la famille qui va éventuellement être adopté, une avancée particulière pour les
femmes qui ont été victimes d'agression sexuelle et qui ont décidé de garder
l'enfant, même chose pour l'enfant, évidemment, qui verra l'État l'aider et
faire en sorte qu'il puisse être indemnisé.
Alors, sur
ce, M. le Président, merci. Merci à mes collègues qui ont travaillé avec moi et
qui ont fait en sorte que ce
projet-là soit bonifié. Et évidemment nous serons d'accord, bien sûr, avec
l'adoption du projet de loi, compte tenu des amendements qu'on a
présentés. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Et je reconnais
maintenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Le projet de loi n° 12 constitue une avancée en matière
de droit de la famille, notamment en ce qui a trait à l'intérêt de l'enfant et
à la protection des victimes d'agression sexuelle. Il se penche sur des situations plus particulières comme
l'encadrement des grossesses pour autrui et le droit à la connaissance
des origines pour les enfants qui en sont issus, de même que les recours légaux
prévus pour un enfant et sa mère lorsque la naissance résulte d'une agression
sexuelle. Il permet ainsi le recours en bris de filiation avec le père
agresseur.
Nous avions demandé et salué la décision de
scinder le projet de loi n° 2 de la précédente législature afin de pouvoir prendre le temps de bien faire les choses
pour notamment encadrer la grossesse pour autrui. Il était donc temps de
le faire afin de protéger non seulement les enfants à naître, mais aussi les
femmes porteuses et les parents d'intention.
Mais les
avancées les plus importantes de ce projet de loi ont été faites dans le cadre
de deux cas médiatisés, dont celui
d'Océane, cette jeune femme, mère, traînée devant les tribunaux par son
agresseur, qui a réussi à faire reconnaître sa paternité. À l'été 2022, le tribunal avait bien expliqué qu'il
n'existait aucune avenue en droit québécois pour refuser de reconnaître la paternité d'un géniteur qui avait
mis enceinte une femme en l'agressant sexuellement. C'est donc une bonne
nouvelle que ce sera bientôt chose du passé.
L'autre cas
est celui de cette mère de famille qui a eu toutes les difficultés du monde à
obtenir la déchéance parentale envers
son ex-conjoint, qui avait pourtant été reconnu coupable d'agressions sexuelles
sur leurs deux enfants. À cause des délais judiciaires et du fardeau de la
preuve qui était sur cette mère, on a vu toute l'absurdité de la situation où
l'agresseur est sorti de prison avant
même d'avoir perdu ses droits parentaux, sans compter les milliers de dollars
de frais juridiques que cette mère a dû débourser durant le processus.
Nous voulons
donc souligner l'importance des changements qui sont apportés aujourd'hui au
Code civil. Bien que nous aurions
souhaité que le projet de loi précise l'importance pour les tribunaux d'éviter
de faire des inférences négatives lorsqu'une
mère demande le bris de filiation ou la déchéance parentale, nous sommes
heureux, tout de même, que le ministre ait précisé sa pensée en commission à ce
sujet et nous espérons que le mot d'ordre sera bien compris. En effet,
considérant que l'objectif du législateur est de protéger les femmes
victimes de violences sexuelles et leurs enfants, il nous apparaît fondamental que les nouveaux recours judiciaires
les facilitant ne puissent pas se retourner contre les parents qui peuvent être
jugés aliénants lorsqu'ils dénoncent la violence domestique et sexuelle.
La société
québécoise a évolué, certes, mais la jurisprudence en matière de droit de la
famille, comme nous l'ont expliqué plusieurs groupes de femmes,
particulièrement sur la question de l'aliénation parentale, nous invite
justement à la prudence. Ce sont aussi des
avocats et avocates en droit de la famille, des personnes d'expérience qui ont
apporté devant nous ces
préoccupations, ainsi que plusieurs autres groupes entendus en consultations.
C'est donc pour cette raison que nous avons posé plusieurs questions sur
ce genre de cas afin d'être très clairs sur l'interprétation à y accorder.
D'ailleurs, notre approche, lors de l'étude
détaillée du projet de loi, a été de poser les meilleures questions possible et de faire préciser les intentions du
ministre concernant certains articles qui n'étaient pas toujours clairs. Nous
pensons que notre contribution a été pertinente à ce niveau. C'est
effectivement un très bon projet de loi, mais, puisqu'il s'agit de droit
nouveau, il était important pour nous d'en comprendre toutes les nuances et de
permettre au public, et éventuellement aux
tribunaux, de pouvoir tirer les meilleures interprétations possible et
adéquates de ces nouvelles dispositions, comme je le disais, de droit
nouveau.
Alors,
concernant les mesures encadrant la grossesse pour autrui et la connaissance
des origines, voici les principes qui
ont guidé nos réflexions et nos interventions. Premièrement, le bien-être de
l'enfant à naître, notamment son droit à la connaissance des origines, était central. Notre
nouvelle... une nouvelle disposition calquée sur les règles en matière
d'adoption, que nous saluons, sera bientôt en vigueur.
Par ailleurs,
il serait souhaitable que le gouvernement évalue la possibilité que les
cliniques de fertilité aient recours en priorité à des banques de donneurs à
identité ouverte afin de favoriser l'exercice de ce droit pour les enfants
issus d'une grossesse pour autrui. Il
a été souligné que ceci pourrait poser un certain nombre de défis en matière
d'approvisionnement, mais en même
temps ce genre de critère pourrait aussi permettre aux enfants issus de tels
projets d'en apprendre davantage sur
leur bagage génétique pour des raisons médicales. Il est clair qu'il faut
balancer, ici, le droit à la confidentialité des donneurs et le droit à
la connaissance des origines des enfants nés à la suite d'une grossesse pour
autrui.
• (12 h 20) •
Deuxièmement,
nous avons été guidés par le respect de l'autonomie de la femme porteuse,
notamment au niveau du contrôle de sa
vie privée. Nous savons que des clauses interdisant certains comportements
avant ou pendant la grossesse de la
femme porteuse seraient actuellement incluses dans certains contrats de
grossesse pour autrui — l'obligation
de manger bio, par exemple,
l'interdiction de prendre l'avion ou des traitements médicaux à accepter ou à
refuser, etc. — plusieurs
dispositions s'y retrouvent. Évidemment, le
ministre nous a rassurés sur ces dispositions, à l'effet qu'elles ne seraient
pas permises. Nous suggérons quand
même que le gouvernement précise ultérieurement dans son règlement, parce que
plusieurs règlements d'application...
il y aura d'autres conditions minimales devant être incluses dans les
conventions de grossesse, outre que
celles prévues actuellement, comme l'interdiction de clauses spécifiques et
l'importance, aussi, d'un programme complet
d'assurance pour les femmes porteuses, considérant les risques qu'elles
prennent. Nous sommes impatients de lire les règlements du gouvernement.
Le
législateur a mis en évidence, durant l'étude détaillée, que le projet de
loi n° 12 visait avant tout à protéger les femmes porteuses et les enfants issus de tels
projets. Il serait donc cohérent qu'il précise, dans le futur règlement,
quelles conditions minimales
permettront d'assurer adéquatement ces protections. Il faut penser, peut-être,
qu'un futur gouvernement pourrait, en
interprétant le règlement quant aux États tiers autorisés, ouvrir la porte à
des grossesses pour autrui avec des femmes porteuses résidant dans des
pays qui n'offrent pas tout à fait les mêmes conditions légales et
socioéconomiques qu'au Québec. Le
consentement libre et éclairé des femmes porteuses est au coeur de ce projet de
loi. Il faudra vérifier aussi la
pleine autonomie de la mère porteuse... la femme porteuse d'être capable de
mettre fin à la grossesse, si tel est son choix pendant ladite grossesse, et il faut être certains et il faudra rester
certains que les mêmes conditions légales et socioéconomiques au Québec s'appliquent en ce qui a trait aux
conventions qui pourraient avoir lieu à l'étranger. Nous serons donc très
attentifs sur les divers règlements
qui suivront et sur la désignation par le ministre d'États qui ne
respecteraient pas ces principes de base.
Enfin, nous
soulignons ici quelque chose qui a été mentionné à plusieurs reprises par les
groupes, c'est-à-dire le devoir du
gouvernement de rendre accessibles et claires toutes les informations possibles
issues du projet de loi, donc que l'information soit la plus connue
possible afin que tous et toutes se conforment à la nouvelle législation, donc
avocats, notaires, intervenants qui
dirigeront les rencontres d'information, les médecins, les professionnels, les
femmes porteuses, les parents
d'intention, afin, bien évidemment, de nous assurer que cette nouvelle voie de
passage soit celle qui soit le plus utilisée, probablement bientôt la
seule utilisée.
Nous
souscrivons aussi à la proposition du Conseil
du statut de la femme, qui demande
que le gouvernement confie au comité
central d'éthique clinique en matière de procréation assistée le mandat de
rédiger les futures lignes directrices suivant l'adoption de ce projet
de loi. Ce sera très important.
Une dernière
chose à propos de l'encadrement des grossesses pour autrui, mais, cette
fois-ci, en référence au contexte de
pluriparenté. Le projet de loi n° 12 amène une nouvelle
disposition en matière de filiation seulement pour les femmes porteuses, c'est-à-dire que le fait de devoir
déclarer sa filiation envers l'enfant lors de la naissance pour ensuite renoncer
à ladite naissance entre le jour 7 et le
jour 30 sera nouveau, et il y a une nouvelle disposition, donc,
d'obligation de déclaration de naissance qui n'était pas alors au Code
civil. Il a aussi été porté à l'attention du législateur que, dans le cas où une femme porteuse souhaitait conserver
l'enfant issu du projet parental, la mère d'intention, qui, elle, aurait
pourtant fourni son matériel
génétique, n'aurait aucun droit envers cet enfant. Juridiquement, elle
n'existerait pas malgré l'existence d'un
lien génétique direct avec son enfant. Or, le père d'intention, qui, lui, avait
fait don de son matériel juridique, lui, aurait des droits parentaux,
même si le projet de parents d'intention ne se matérialise pas jusqu'au bout.
Ce sont des situations hypothétiques pour l'instant, certes, mais qui n'ont pas
manqué de faire sourciller plusieurs juristes et plusieurs groupes quant à la distinction quant à la différence de
traitement. Cette situation a mis en relief la problématique liée au régime
actuel et l'importance évidente de permettre un troisième parent, le cas
échéant, et de lui conférer des droits.
Et ceci ouvre
donc la porte aux besoins de pluriparenté. Nous avons souligné à quelques
reprises l'importance d'avoir, tôt ou
tard, cette réflexion en société sur la pluriparenté au Québec. Ce sont des
familles qui existent, et on voit que, dans les autres provinces où des législations les encadrant ont été adoptées,
notamment en Ontario et en Colombie-Britannique, aucun problème majeur n'a été rapporté. Pourquoi ne pas d'abord
réfléchir au fait que de donner certains droits, peut-être pas tous les droits, à une troisième personne,
pourrait comporter des problèmes? Dans le cas d'une grossesse pour autrui,
par exemple, où, en ce moment, les mères d'intention ont potentiellement moins de droits que leurs
homologues masculins, c'est évident
que cette situation ne pourra pas perdurer. Par ailleurs, nous avons été
sensibles aux arguments apportés par les
avocats et avocates en droit de la famille concernant les litiges en cas de
divorce ou de séparation. L'intérêt des enfants doit être notre priorité, comme société. Cela dit, le ministre lui-même
a réitéré l'importance d'avoir ce débat éventuellement, et nous pensons qu'il pourrait y avoir, donc,
certaines dispositions législatives en faveur des familles pluriparentales dans
un éventuel projet de loi.
Concernant les mesures visant l'enfant issu
d'une agression sexuelle ainsi que certaines mesures concernant la filiation, ce projet de loi modifie le Code civil
afin de permettre à un enfant, lorsqu'il est issu d'une agression sexuelle, de
contester, de rejeter sa filiation avec
l'agresseur. Il permet aussi divers recours légaux pour la mère qui a été
victime de cette
agression, dont celui de réclamer une contribution alimentaire, en vertu des
besoins de l'enfant, jusqu'à l'atteinte de son autonomie. C'est une solution créative qui permet de ne pas reconnaître
la filiation à l'agresseur sans pour autant faire perdre à l'enfant les
avantages de la filiation, notamment sur ses droits alimentaires et ses droits
de succession. Nous saluons aussi le
fait que le projet de loi permet de donner plusieurs options à la victime
d'agression sexuelle, et ce, dans le
but de respecter son désir de poursuivre ou non des recours devant les
tribunaux en matière criminelle, en matière civile.
Par ailleurs,
certains groupes ont souligné que, dans les cas d'une nouvelle procédure
judiciaire ou alors d'un acquittement en
matière d'agression sexuelle, le fardeau de la preuve sera sur la victime, qui
devra prouver à un juge, afin d'obtenir
la non-reconnaissance de la filiation envers l'agresseur, qu'une relation
sexuelle non consentante en particulier a mené à la conception de l'enfant. Ça, ça nous a été rappelé par
plusieurs groupes, c'est que la violence sexuelle en contexte de
violence domestique n'est pas simple à démontrer, étant donné que celle-ci est
vécue dans un continuum de violence impliquant
notamment des violences sexuelles et un contrôle coercitif. Dans une majorité
des cas, la victime connaît son agresseur, et celle-ci a probablement
vécu plusieurs agressions au travers des relations sexuelles qui ont pu être
non consentantes, évidemment, et la preuve de celle qui a mené à la grossesse,
à l'enfant demeurera difficile à faire.
Concernant la
question de la contribution financière versée par l'agresseur pour combler les
besoins de l'enfant, nous saluons le fait que l'étude détaillée a permis, à
notre avis, d'améliorer substantiellement... en fait, de changer complètement le type de contribution financière
applicable de même que les recours légaux applicables désormais, comme
quoi tout projet de loi peut être parfait.
En conclusion, je me
dois de saluer l'importance de ce projet de loi, qui apporte de belles avancées
en droit de la famille pour plusieurs familles, et je suis certain que
l'intérêt des Québécois et Québécoises s'y retrouve. Je salue et remercie l'ensemble des groupes, des témoignages,
qui sont venus en commission. Je salue le travail du ministre et de ses collègues, de mes collègues de l'opposition
également, qui ont fait un très bon travail, qui nous permet aujourd'hui, je le
pense, d'une voix unie, d'aller de l'avant
avec ce projet de loi, qui ira certainement dans l'intérêt supérieur des
enfants et dans celui des Québécois et Québécoises. Merci.
• (12 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, M. le Président. C'est un grand privilège pour moi d'être
ici, au salon bleu, aujourd'hui, afin de
vous faire part de mon intervention en lien avec l'adoption du projet de loi
n° 12, un projet de loi bien attendu,
puisqu'il découle en partie des discussions liées au projet de loi n° 2 et
du rapport du Comité consultatif sur le droit de la famille, sous la
présidence de Me Alain Roy, déposé en 2015.
En tant qu'avocate en
droit de la famille depuis 30 ans, je reconnais que le projet de loi n° 12
représente non seulement une réforme substantielle en droit de la famille, mais
représente également du droit nouveau en matière de filiation, axé sur deux
principaux enjeux : les femmes porteuses et les enfants issus de projets
de grossesse pour autrui, notamment les GPA, et la protection des enfants nés à
la suite d'une agression sexuelle et les victimes d'une agression sexuelle.
En tant que
parlementaires et législateurs, nous avons la responsabilité de voir à ce que
nos lois s'adaptent à l'évolution et aux
nouvelles réalités de notre société. Il existe aujourd'hui de multiples façons
de fonder une famille, et nous devons
apporter des modifications législatives lorsqu'il y a des lacunes ou des
injustices qui découlent de nos lois actuelles. Le projet de loi
n° 12 s'inscrit en partie dans cette évolution.
Nous avons eu le
privilège de recevoir plusieurs mémoires et d'entendre les représentations
d'organismes et d'individus interpellés par les différents volets de cette
grande réforme lors de nos consultations particulières. Je tiens à remercier
infiniment tous les intervenants pour le temps dévoué à la préparation de leurs
mémoires étoffés et de leur participation aux consultations de la commission
parlementaire, soit en présentiel ou en virtuel. Les enjeux des femmes porteuses, des GPA et les droits et recours qui
découlent d'un enfant issu d'une agression sexuelle et la protection des
victimes d'agressions sexuelles ont suscité beaucoup d'émotion et de
réflexion sérieuse sur le plan éthique, moral et juridique.
Je suis très
reconnaissante du travail accompli en commission parlementaire avec mes
collègues lors de l'étude détaillée de
chaque disposition de ce projet de loi. C'est grâce à nos échanges parfois sur
des sujets délicats et sensibles, comme le ministre de la Justice l'a
mentionné, que certaines dispositions ont fait l'objet d'amendements, et ce,
afin de bonifier et/ou clarifier
l'intention du législateur, le tout dans l'intérêt des enfants, des victimes
d'agressions sexuelles, des femmes porteuses et des parents d'intention.
Tout
le Québec a été ébranlé et choqué par l'histoire d'Océane, qui a été rapportée
l'été dernier. Et c'est grâce à elle, à
son témoignage et à sa voix que le projet de loi n° 12 prévoit de
nouvelles dispositions qui permettront à l'enfant ou à la tutrice de l'enfant de contester ou de mettre fin
à la filiation entre l'enfant issu d'une agression sexuelle et l'agresseur,
dans l'intérêt de l'enfant et des victimes d'agressions sexuelles.
Je
suis fière de souligner qu'à la suite des amendements que nous avons proposés
et les discussions qui s'en sont suivies, des amendements importants
font maintenant partie du projet de loi n° 12, incluant en particulier,
comme mon collègue, notre porte-parole en justice, le député de l'Acadie a
mentionné, la modification à l'article 606 du Code civil du Québec pour
inclure l'agression sexuelle à titre de motif grave à l'appui d'une demande de
déchéance de l'autorité parentale. Et, de
plus, qu'est-ce qui est aussi important, c'est le fait que le fardeau de preuve
sera inversé. Ainsi, devant un tribunal,
ce sera à l'agresseur de prouver qu'il ne devrait pas y avoir de déchéance
d'autorité parentale. Il y aura également une possibilité d'un cumul de recours alimentaire afin d'assurer que les
besoins alimentaires d'un enfant issu d'une agression sexuelle soient
comblés.
Et les recours, on avait fait une
révision, comme mon collègue le député de l'Acadie avait mentionné, des
articles qui découlent de la responsabilité financière liée à l'agression
sexuelle, et c'est les articles 542.33 et suivants. Et c'est grâce à nos
échanges et à nos interventions en termes de parlementaires que, je crois, nous
avons vraiment bonifié et amélioré le projet
de loi sur cet enjeu tellement important concernant de s'assurer que les
besoins alimentaires d'un enfant issu d'une agression sexuelle soient
satisfaits du moment qu'il ou elle est né jusqu'à l'autonomie.
Et
les recours, qu'est-ce qui est aussi très important, c'est qu'il peut y avoir
un cumul de recours, et ça aussi, c'est de droit nouveau, cumul du
recours dans le fait que la victime d'agression sexuelle, la mère, va pouvoir
obtenir une indemnité qui va être payée par
le régime de l'IVAC, mais elle pourra également recevoir une contribution
financière de l'agresseur, et
l'envergure de cette contribution sera déterminée ultérieurement par la voie de
règlement du gouvernement.
Un élément
significatif également à souligner est le fait que la victime d'agression
sexuelle pourra s'opposer à l'établissement de la filiation de l'agresseur, lui
permettant ainsi de couper tout lien, tout contact entre l'agresseur et
elle-même, mais aussi entre l'agresseur et l'enfant. Et les recours en
filiation seront dorénavant imprescriptibles.
De
plus, tel que mon collègue a mentionné, un amendement important a été ajouté à
l'article 33 du Code civil du Québec,
qui sera amendé afin d'ajouter la violence sexuelle à la liste des facteurs
dont un tribunal devra considérer dans l'évaluation de l'intérêt de
l'enfant.
Et
donc c'est ainsi, en tant que porte-parole de l'opposition officielle en
matière de la condition féminine et à titre d'ancienne présidente du Refuge
pour les femmes de l'Ouest-de-l'Île... Je constate que plusieurs dispositions
prévues en matière de filiation
visant les enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et les femmes
victimes de ces agressions vont apaiser l'angoisse et les sentiments
inimaginables de peur et de crainte des victimes d'agression sexuelle qui se
sentent souvent impuissantes et démunies face au système judiciaire
lorsqu'elles doivent confronter leur agresseur afin de faire valoir leurs
droits et recours et ceux de leurs enfants, et ce, afin de protéger leur
sécurité financière, physique et psychologique,
de celles... et de leurs enfants. La protection du bien-être des enfants et des
victimes d'agression sexuelle est au coeur de cette réforme législative.
Le
projet de loi n° 12 prévoit également une série de nouvelles dispositions
législatives afin d'encadrer les projets parentaux impliquant une
grossesse pour autrui, les GPA, dans le but de protéger les droits des femmes
porteuses et les intérêts des enfants. Il
est important de souligner que ce projet de loi protège les droits des femmes
porteuses de prendre des décisions en
lien avec leur autonomie, l'autonomie de son corps, incluant les prises de
décision... de mettre terme à la grossesse ou de garder l'enfant.
Malgré nos
interventions, entre autres, liées à une diminution du consentement — oui — à
la diminution du consentement de la période de
temps liée que... à la femme porteuse, il y avait d'autres interventions que
nous voulions ajouter, telle que
l'obtention d'un conseil juridique indépendant préalablement à la signature de
la GPA afin d'assurer que le consentement
de la femme soit libre et éclairé, mon collègue l'avait, tout à l'heure,
mentionné, et évidemment la disposition très importante, l'amendement à
l'article 81.1 afin de voir l'évolution de la situation concernant
l'application de toutes ces nouvelles dispositions dans notre société.
C'est fort important.
Donc, en terminant,
j'aimerais juste remercier mon collègue de l'Acadie pour son travail assidu et
vigilant.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Mise aux voix
Alors, le projet de loi
n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de
filiation et visant la protection des
enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de
cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants
issus d'un projet de grossesse pour autrui, est-il adopté?
• (12 h 40) •
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, M. le Président.
Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 14 du
feuilleton, à ce stade-ci.
Projet
de loi n° 19
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
à l'article 14 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission de l'économie et du travail sur le projet de loi
n° 19, Loi sur l'encadrement du
travail des enfants.
Je reconnais comme
première intervention M. le ministre du Travail.
M. Jean
Boulet
M.
Boulet : Merci, M. le Président. Nous voici maintenant à la prise en considération du rapport
de la Commission de l'économie et du travail sur le projet de loi n° 19
sur l'encadrement du travail des enfants.
Ce projet de
loi attendu a reçu une attention considérable. On pouvait s'y attendre vu
l'importance des questions en jeu pour l'avenir de nos enfants.
D'ailleurs, je tiens à remercier tous les groupes qui ont pris part aux travaux
de la commission pour le sérieux et la pertinence des
présentations et des mémoires qui ont été soumis à la commission. Merci également à tous les membres de cette
Assemblée, des deux côtés de la Chambre, qui ont participé à l'étude du projet
de loi depuis sa présentation, à la fin du
mois de mars. Mes collègues, d'ailleurs, d'Hochelaga-Maisonneuve,
Bourassa-Sauvé et Mercier ont contribué de façon intensive à la fin de
l'étude détaillée de ce projet de loi.
Si les
échanges ont été constructifs et productifs, c'est certainement parce que nous
partageons tous le même objectif. Le
consensus est clair sur la nécessité de prioriser la santé, la sécurité au
travail, l'intégrité physique et psychologique ainsi que la persévérance scolaire et la réussite
éducative de nos enfants. Quand les plus jeunes occupent un emploi, celui-ci
doit constituer la prolongation de la vie familiale ou scolaire de l'enfant. Il
doit aussi être sécuritaire.
Je crois
qu'il vaut la peine de rappeler encore une fois qu'entre 2017 et 2022 le nombre
de réclamations acceptées par la
Commission des normes, équité, santé et sécurité a augmenté de 80 % chez
les jeunes de 16 ans et moins et de 640 % chez les enfants de
14 ans et moins. Des chiffres comme ceux-là nous obligeaient à agir pour
la santé et sécurité. Et le pourcentage de
jeunes du secondaire qui occupent un emploi a aussi beaucoup augmenté, en
tenant compte, bien sûr, de la pénurie de main-d'oeuvre et de l'impact que le
nombre d'heures de travail pouvait avoir sur l'anxiété, la fatigue, la détresse
et toutes les répercussions humaines et sociales que nous pouvons imaginer.
M. le
Président, je rappelle très rapidement les principales mesures proposées dans
le projet de loi. Dès la sanction de
la loi, interdiction pour un employé de faire travailler un enfant de moins de
14 ans, sauf certains cas d'exception qui sont énumérés dans le projet de loi; renforcement de la santé et la
sécurité au travail des travailleurs âgés de 16 ans et moins avec une
meilleure prise en compte des risques pouvant les toucher de façon
particulière; amende doublée en cas d'infraction aux dispositions
concernant le travail des enfants dans la Loi sur les normes du travail;
possibilité pour la CNESST d'accorder une
aide financière afin de soutenir des initiatives de prévention, information,
formation en matière de normes concernant particulièrement les jeunes
travailleurs; à compter du 1er septembre 2023, interdiction pour un
employeur de faire travailler un enfant
assujetti à l'obligation de fréquentation scolaire plus de 17 heures par semaine
en période scolaire, dont 10 heures du lundi au vendredi.
Le monde du
travail, le marché de l'emploi va y trouver son compte, dans cet encadrement,
parce que ça va favoriser la réussite, encore une fois, la persévérance
et assurer la formation de la main-d'oeuvre de demain.
M. le Président, je précise que les
consultations particulières et l'étude détaillée du projet de loi ont mené à un
amendement pour ajouter une exception à
l'interdiction pour un employeur de faire travailler un enfant en deçà de
14 ans, et ça concerne l'enfant
de 12 ou 13 ans, sous la supervision d'un adulte, qui travaille dans une
entreprise agricole qui compte moins
de 10 salariés lorsqu'il exécute des travaux manuels légers pour récolter
des fruits ou des légumes, prendre soin des animaux ou préparer ou entretenir le sol. Cet amendement répond à une
préoccupation légitime du monde agricole, et je crois, M. le Président,
qu'il le fait avec mesure et avec une certaine prudence.
Le travail en
milieu agricole, on le sait tous, n'est pas sans risque. C'est pourquoi
l'exception ne vise que les enfants de 12 et 13 ans qui effectuent
des travaux légers, des tâches qui sont globalement sécuritaires. Et de plus,
je le réitère, l'exception prévoit la supervision d'un adulte, mais les exceptions
à l'âge minimal pour travailler, de même que les plafonds d'heures travaillées, selon nous, créent un cadre qui est
supplémentaire, qui est complémentaire et qui va assurer d'atteindre les
deux objectifs qui sont visés par la loi, c'est-à-dire la sécurité et la
réussite éducative de nos enfants.
M. le
Président, dès le départ, dans le processus d'élaboration du projet de loi,
nous avons voulu nous assurer d'un consensus
dans la société en donnant notamment un mandat au Comité consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, qui nous a
soumis des recommandations unanimes. Et le projet de loi répond à ces
recommandations-là et permet, encore une fois, de tenir compte de la réalité des jeunes, des familles, des
secteurs d'activité, des milieux d'emploi et, bien sûr, des écoles au
sein desquelles nos enfants sont.
Je continue à
le croire et à le répéter, engager des enfants très jeunes, ce n'est pas la
solution au défi de main-d'oeuvre actuel.
Vous le savez, l'augmentation de la productivité, notamment par
l'automatisation et l'intelligence artificielle, l'intégration des
clientèles humaines plus éloignées du marché de l'emploi, les personnes en
situation de handicap, les prestataires
d'aide sociale issus des Premières Nations, les clientèles qui sont en mesure
de répondre à des besoins, même en
contexte de robotisation ou d'automatisation, c'est des pistes de solution qui,
selon nous, doivent précéder l'emploi de très jeunes travailleurs. Notre gouvernement est d'ailleurs très actif
pour soutenir les entreprises dans l'intégration de ces potentiels humains là. Et le projet de loi, encore
une fois, j'en suis convaincu, permettra de soutenir la réussite éducative et
le développement du plein potentiel des enfants, et ce sera bénéfique
pour tous les acteurs de la société québécoise.
M. le Président, je tiens encore une fois à
remercier tous les députés qui ont pris part au processus. Un grand merci à
toutes les personnes qui nous ont offert un soutien technique à nous, aux élus,
pendant les travaux en commission parlementaire.
À la lumière du consensus très large qui entoure
les mesures proposées, je crois et j'espère que nous pourrons passer rapidement à la prochaine étape, soit
l'adoption du projet de loi, pour que nos enfants, au Québec, bénéficient d'une
protection et d'un encadrement accrus dans le monde du travail. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant Mme
la députée de Bourassa-Sauvé, tout en vous rappelant que vous disposez
d'un maximum de 30 minutes pour votre intervention.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre,
pour votre allocution, donc, à l'occasion de la prise en considération du rapport de la commission.
Donc, c'est donc l'étape à laquelle nous sommes rendus dans l'étude du projet de loi n° 19 portant sur l'encadrement
du travail des enfants. J'ai eu beaucoup de plaisir, donc, à prendre part à
cette étude détaillée et à, donc, ces
consultations particulières puis cette étude détaillée. Donc, il s'agissait,
pour moi, donc, d'un premier projet de loi, et je pense que j'ai été en très agréable
compagnie pour pouvoir traiter d'un sujet sérieux, d'un sujet important
sur le plan social et sur le plan économique, soit celui de l'encadrement du
travail des enfants.
M.
le Président, j'ai eu l'occasion à de multiples reprises depuis l'automne, et y
compris, donc, lors de l'adoption du
principe en Chambre, d'étayer les motifs qui sous-tendent mon adhésion au
principe du projet de loi, un pas que mon groupe parlementaire recommandait fortement depuis plusieurs mois. Je
tiens à remercier d'ailleurs mes collègues libéraux de la précédente législature, particulièrement la
députée de Saint-Laurent, qui ont mené ce sujet... donc, qui ont continué,
donc, de faire... de porter ce sujet dans l'actualité, parce qu'il s'agissait
d'un enjeu préoccupant.
• (12 h 50) •
Donc,
mes collègues de la dernière législature ont eu l'occasion, donc, de
questionner le gouvernement en Chambre, de rencontrer le ministre en tête à
tête pour le sensibiliser à la situation du travail des très, très jeunes
enfants. Et moi-même, donc, j'ai eu l'occasion de souligner qu'avant
même mon entrée en Chambre à titre de parlementaire, donc, quand j'ai commencé mon mandat à titre de parlementaire,
donc, j'ai rapidement été... trouvé qu'il s'agissait d'une priorité, mais même avant que j'entre ici, dans cette enceinte, c'est
avec beaucoup de stupéfaction que je remarquais que de très jeunes
adolescents, ils se retrouvaient sur le marché du travail. Certains autres
intervenants aussi ont eu l'occasion de le souligner. Pas plus tard qu'il y a
deux semaines, un intervenant dans un autre dossier, alors que je discutais du
projet de loi n° 19,
me disait qu'avec l'âge il lui semblait que les jeunes avaient l'air de plus en
plus jeunes. Et je lui disais non, qu'il n'avait pas besoin de... enfin, que,
oui, il avait besoin de s'inquiéter, mais pas pour son âge, parce que, non, ce
n'était pas une illusion. Ils sont 90 000 jeunes de 12 et
13 ans en ce moment sur le marché du travail, du jamais-vu.
Nous avons parlé, M.
le Président, de la hausse fulgurante du taux d'accidents de travail, en 2021
comme 2022, dans le cadre du processus
d'adoption de ce projet de loi. Je réitère les chiffres parce qu'ils sont
préoccupants. En 2021, la CNESST rapportait une hausse annuelle de 36 %
des accidents de travail chez les personnes de moins de 16 ans au
Québec. Sur la période 2012‑2021,
on rapportait une hausse de 392 % des accidents de travail chez les jeunes
de 14 ans et moins et, selon les dernières données de 2022, qui
sont devenues publiques un peu plus récemment, on dénombrait sept fois plus
d'accidents de travail chez les 14 ans et moins, soit une augmentation de
640 % depuis 2017.
Évidemment,
donc, il y a beaucoup de chiffres, beaucoup de statistiques ici, M. le
Président. Bien, je pense, ici, que je fais miens les propos du ministre, qui
dit que chaque accident de travail est un accident de trop. Et c'est exactement
dans cette lignée-là que nous nous sommes penchés sur ce dossier. Et c'est
exactement, donc, l'un des deux objectifs qui sous-tendaient le fait que ma formation politique, notre formation
politique tenait à ce que nous fassions ce pas, le pas que nous
franchissons aujourd'hui pour mieux encadrer le travail des jeunes, des jeunes
enfants et des adolescents.
Nous
avons aussi parlé, M. le Président, du risque pour la réussite académique des
jeunes que posait un trop grand nombre
d'heures travaillées pendant l'année scolaire, particulièrement dans un
contexte de rareté de main-d'oeuvre, ce qui rend ce bassin de travailleurs
vulnérable et surtout plus attirant pour nos employeurs, de façon très
soudaine. Donc, ici, M. le Président,
je pense qu'on est à l'étape de convenir que, tout en admettant que le travail
bien encadré et balisé peut être
bénéfique pour nos jeunes, est une forme d'apprentissage et d'intégration
sociale, nous faisons face à un choix de société.
Maintenant
qu'on établit le fait que bien sûr que, bon, le travail peut être, bon,
valorisant, donc, pour les jeunes, une fois que c'est bien fait, bien encadré,
à la lumière des risques immédiats pour la santé et sécurité des jeunes que je
viens d'exposer, à la lumière des risques à long terme pour la réussite académique
de ceux-ci et de la productivité à long terme de la main-d'oeuvre québécoise, donc des risques à court terme et à long
terme, tant, donc, sur le plan social, sur le plan humain et sur le plan du parcours de vie d'un
jeune, d'une très jeune personne que pour notre compétitivité comme société
à plus long terme, nous avons poussé pour ce projet de loi, parce que l'objectif
ici, c'est de convier les parlementaires à
faire un choix de société. Et moi, M. le Président, je nous convie à faire le
choix de société suivant : nos enfants ne doivent pas être la solution à la pénurie de
main-d'oeuvre. Les solutions à cet enjeu crucial, par ailleurs, pour nos PME
comme pour la réalisation des missions de l'État, ces solutions-là
existent, mais elles se trouvent ailleurs. Notre formation politique, moi-même, qui porte aussi le chapeau de
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi, en plus de celui
du travail, a eu l'occasion de réitérer à quel point, donc, il existe,
donc, d'autres solutions à la pénurie de main-d'oeuvre, mais que nos enfants, donc, ne peuvent pas être cette
solution-là. Donc, quand on regarde, donc, ces chiffres qui nous sont soumis
et que l'on réalise, comme on a pu le voir de façon anecdotique au cours de la
dernière année, au cours des très récentes dernières années, mais que ce
chiffre-là, donc, a été quantifié et confirmé par les rapports et les études,
qu'il existe 90 000 enfants de 12 et 13 ans sur le marché du
travail, il y a quelque chose qui est un peu inconcevable pour la société québécoise, et il était temps de rattraper ce
retard, de rattraper un grand retard en matière de protection de nos enfants et
d'encadrement de leur présence sur le marché du travail.
Maintenant
que ce principe est étayé, maintenant qu'il a été dit de façon limpide, donc,
je nous invite donc à nous rendre, donc, à l'étape, là, de la considération,
mais donc de revenir, donc, aux consultations particulières que nous
avons tenues, M. le Président, qui nous ont permis de progresser dans notre
réflexion.
Donc,
on parlait donc des chiffres qui nous étaient soumis publiquement dans la
dernière année, donc des reportages qui
ont été... qui ont mis en lumière cette problématique préoccupante, et du fait
que, de façon anecdotique, donc, nous avons tous pu voir ici, donc à l'échelle
de la province, donc, tous les parlementaires ici présents, nous avons pu voir
la présence de ces jeunes sur le
marché du travail. Les groupes, les experts sont venus confirmer certaines
impressions mais sont venus... sont aussi venus témoigner maintenant de la
manière dont cet encadrement pouvait se faire. Donc, je tiens à remercier
tous les groupes, tous les experts qui sont venus à l'occasion de la tenue des
consultations particulières, donc en commission parlementaire, et ainsi que tous ceux qui ont déposé des mémoires au fil
du processus, donc qui n'ont pas eu la chance de se présenter mais qui nous ont également soumis des
idées, donc qui nous ont permis, donc, de bonifier notre étude et de nous
permettre de mieux réaliser notre travail de parlementaires.
Je vous dirais, M. le
Président, qu'à la lumière de ce qui a permis d'alimenter notre réflexion de
législateurs, de cette documentation, des
mémoires présentés, des témoignages entendus, deux constats principaux ont
émergé. Le premier, d'une part, c'est que les éléments du projet de loi issus de l'avis du Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre faisaient largement consensus. Donc, c'est le premier...
l'élément, donc, qui ressort un peu, donc, de tout ce que nous avons entendu.
Et donc les éléments, donc, qui faisaient
l'objet, donc, du rapport du comité consultatif, donc, il s'agissait desquels?
Je les nomme. D'une part, donc, l'âge
général d'admission à l'emploi fixé à 14 ans, qui venait rattraper ce qui
est établi dans des juridictions comparables ainsi que ce qui a déjà
existé au Québec, donc, auparavant, avant 1981, venait... n'était pas,
généralement, remis en question. Donc, il existe un certain consensus dans la
société civile, tant du côté des employeurs que
du côté des organisations qui représentent autant, donc, bon, les travailleurs
et qui protègent... qui s'attellent aussi, donc, à la protection des enfants, des droits des enfants, des droits de la
jeunesse... venait donc mettre de l'avant que ce chiffre de 14 ans était
une base sur laquelle nous pouvions tous nous asseoir pour établir, donc, ces
nouvelles balises. De même, le nombre maximal d'heures par semaine que
peut travailler un jeune âgé entre 14 et 16 ans pendant l'année scolaire, soit au plus 17 heures par semaine, incluant
une enveloppe maximale de 10 heures durant les jours d'école, n'a pas été
remis en question par une majorité d'acteurs.
On
a aussi dénoté, M. le Président, de la part des intervenants qui sont venus
témoigner en commission parlementaire, une
intention de miser sur la formation et la prévention. En matière de prévention,
la mouture initiale du projet de loi, donc, répondait partiellement à
cette préoccupation en exigeant que chaque milieu de travail qui s'y prête
procède à une identification, une analyse
des risques pouvant affecter la santé et la sécurité des travailleurs âgés de
16 ans et moins. Et, en matière de formation, donc, on disait,
donc, on est venus nous dénoter, donc, une intention de miser sur la formation
et la prévention. Donc, en matière de formation, sachant que les accidents de
travail, donc, surviennent surtout lorsque le jeune arrive sur le lieu de
travail parce qu'il s'agit d'un nouveau travailleur, donc qui est peu habitué
au milieu du travail, qu'il connaît peu,
donc, les us et coutumes du milieu de travail, et donc les éléments de santé et
de sécurité, donc, essentiellement, donc, se blesse en tout début de
parcours, donc, en ce sens...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
que vous souhaitez poursuivre, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, à la
reprise des travaux?
Mme Cadet : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, merci.
Compte tenu de
l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
après-midi, chers collègues. Je vous invite à vous asseoir, s'il vous plaît.
Alors,
nous reprenons... l'Assemblée reprend le débat sur la prise en considération du
rapport de la Commission de
l'économie et du travail sur le projet de loi n° 19, Loi sur
l'encadrement du travail des enfants.
Je vais recéder la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Vous aviez utilisé 11 min 9 s. Donc, je vous cède la parole, Mme la députée.
Mme Cadet : Oui.
Merci, M. le Président. Donc, je ne serai pas très longue, là, pour poursuivre
mon allocution cet après-midi. Donc, avant la... avant, donc, la période de
pause, ce sont, donc, les affaires courantes, donc j'en étais donc à parler, donc, de l'importance du projet de
loi n° 19, donc de l'encadrement du travail des enfants dans le contexte
actuel. Vous m'avez déjà entendue sur cette question, M. le Président. Donc, au
niveau de la prise en considération, je conclurais tout simplement au niveau
des gains effectués à l'occasion de l'étude du projet de loi.
Vous
le savez, j'ai eu l'occasion de m'exprimer sur cette question auparavant au
sein de cette enceinte ainsi que publiquement, sur l'importance de ne pas
utiliser, donc, les enfants comme solution à la pénurie de main-d'oeuvre mais
que le... mais qu'en fait, le travail,
lorsqu'il est bien encadré, donc, il peut être une bonne chose, surtout
lorsqu'il est dans une perspective de prolongation de la vie familiale
et que, lorsqu'on se pose les questions suivantes, donc : Est-ce qu'il
s'agissait d'une main-d'oeuvre qui était recherchée avant la pénurie de
main-d'oeuvre par le secteur en question?, à ce
moment-là, donc, là, la situation était tout à fait différente. Et c'est ce que
nous avons eu l'occasion de constater lors de la présence en commission parlementaire de L'Union des producteurs
agricoles, de l'UPA, qui est venue parler de la situation du travail
manuel léger qui peut être effectué par des enfants de moins de 14 ans.
Donc,
j'ai eu l'occasion, M. le Président, de présenter un amendement en commission
sur cette question, j'ai eu le temps de m'exprimer publiquement à cet effet, où
il semblait très clair, lors de la présence de M. Caron en Chambre...
en commission, plutôt, à l'occasion des consultations particulières, que la
demande qui nous était formulée par l'UPA répondait... s'inscrivait dans les
critères que nous développions. J'aurais aimé, lors de l'étude détaillée, que
ces critères puissent s'inscrire directement
dans la loi, mais je pense qu'à la lumière des conversations que nous avons
eues et de ce qui tiendra lieu de
registre de nos échanges en commission parlementaire, l'intention du
législateur sera quand même claire à cet égard, que toute demande d'exception,
autant dans le cadre de ce que nous avons eu l'occasion d'adopter à l'occasion
de l'étude détaillée que par la suite,
devra, devra absolument s'inscrire dans ce cadre-là afin que la loi soit la
plus complète possible, qu'elle ne
soit pas parsemée de certains trous législatifs ni réglementaires et qu'une
fois percée, donc, on en perde, en
fait, donc, toute l'essence. Donc, je pense que cette essence-là, elle est
maintenue avec cette demande, donc, que j'ai formulée, à l'effet, donc,
de demander une exception pour l'UPA.
Donc,
c'est avec enthousiasme, donc, que nous avons reçu, donc, la demande favorable
du ministre, qui a eu l'occasion de
déposer, donc, un amendement qui reprenait essentiellement ce que je demandais,
donc ma demande, mais surtout ce que
les producteurs agricoles demandaient, non pas pour combler, encore une fois,
la pénurie de main-d'oeuvre, mais en fait
pour permettre à cet environnement de pouvoir suivre, donc, différents usages
qui sont... qui se retrouvent, donc, à l'intérieur du milieu.
Donc, je
conclurais tout simplement sur cette question, M. le Président. Donc, nous
aurons encore l'occasion de reprendre
le débat à l'occasion de l'adoption du principe plus tard cette semaine. Et
bien sûr, donc, je remercie le ministre, je remercie le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve ainsi que toute
l'équipe, qui nous aura permis d'avoir, donc, des échanges fructueux à
l'occasion de l'étude détaillée du projet de loi n° 19. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Alors, je suis prêt à reconnaître
le prochain intervenant, et ce sera M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, M. le Président. J'applaudissais ma
collègue peut-être parce que je voudrais moi-même susciter des applaudissements quand je vais avoir fini.
C'est toujours agréable, évidemment, de terminer dans quelques claps, comme on dit.
Alors, le projet de loi n° 19 sur le
travail des enfants, c'est un projet de loi que nous souhaitions de nos voeux depuis longtemps. Ça fait quand même presque deux
ans environ que des statistiques sont publiées, notamment à la CNESST, sur le travail des enfants et une hausse importante
de lésions. C'est un peu ça qui nous a mis la puce à l'oreille à l'origine,
là, il y a, comme je vous disais, à peu près
deux ans où on a commencé à voir les statistiques exploser, là. Je pense que
c'était fois sept, si je me rappelle
bien du chiffre, le nombre de lésions pour les 12, 13 ans. Après ça, il y
a eu différentes études, différents
rapports. Je me rappellerai toujours de l'étude, là, du CIUSSS de l'Estrie qui
nous montrait l'explosion, à partir d'un
immense sondage et étude de terrain, des jeunes de cette région-là, explosion
complètement incontrôlée, j'avais même brandi
le graphique ici, là, au salon bleu, auprès du ministre, explosion incontrôlée
des 12, 13 qui se mettaient à travailler.
C'est un
débat intéressant parce que, pendant longtemps, le ministre a annoncé ses
intentions. Au début, il disait : Non,
non, les lois, il faut regarder les lois, les lois s'appliquent, les lois
s'appliquent. Mais force est de constater, là, qu'il y avait quelque chose de plus gros qui nécessitait une
intervention législative. Je me réjouis que le ministre ait entendu l'appel
à ce niveau-là, de légiférer, mais, tout le long, là, des semaines qui ont
précédé avant le dépôt du projet de loi, on avait une crainte très forte, en
tout cas j'avais une crainte très forte, qu'il y ait un principe de base...
parce qu'on avait vu, évidemment, tout le monde, passer le rapport du CCTM, le
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, là, qui proposait un cadre général, on avait très peur que
le ministre subisse d'énormes pressions et cède à ces pressions-là en matière
d'exceptions.
Et, dans les
exceptions, évidemment, la plus grosse était réclamée par le milieu de la
restauration, c'était même écrit noir sur blanc dans le mandat de l'Association
des restaurateurs du Québec, l'ARQ, le mandat au registre des lobbyistes,
j'entends, qui disait ne pas avoir d'âge minimal d'entrée au travail. Ça,
c'était comme d'une clarté, d'une honnêteté, là, sans aucune anicroche, sans
aucun doute. Et on avait travaillé en ce sens que ça n'arrive pas, cette
exception-là, parce qu'il y aurait eu
une absurdité totale : on dit qu'on a un âge minimal de travail à
14 ans, mais la plus grosse industrie où travaillent les jeunes de 12,
13 ans, à savoir la restauration, commerce de détail aussi, eux, serait
exemptés. Ça aurait été un chien qui se
mord la queue. Ça aurait été ouvrir une porte et la refermer aussitôt, donc...
ou, plutôt, l'inverse, fermer une porte et la rouvrir aussitôt.
Et je me suis
réjoui parce qu'on a travaillé très fort en coulisse, par des sorties
publiques, par des questions qu'on a
posées ici au ministre avant le dépôt de son projet de loi, pour que ça ne soit
pas le cas, pour qu'il n'y ait pas d'exception pour des pans entiers
comme ça de la restauration et du commerce de détail. Et, lorsque j'ai vu le
projet, lorsqu'il a été déposé, j'étais
content parce que, grosso modo, il respectait le consensus qui avait été établi
au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, il n'allait pas
plus loin et...
Par contre,
j'ai cru comprendre, puis c'est des rumeurs qui ont circulé, qu'il y avait en
effet beaucoup de pression au Conseil
des ministres, on n'a jamais su par quel ministre ça passait, ces pressions-là,
mais qu'il y aurait eu beaucoup de pression pour qu'il y ait ouverture
pour d'autres secteurs économiques, la pénurie de main-d'oeuvre, etc. Et
là-dessus j'étais entièrement d'accord avec le ministre, qui disait : Si
on est rendu à avoir besoin des 12, 13 ans pour la pénurie de main-d'oeuvre, on est dans un sérieux pétrin,
là, on est en train de perdre la boussole... une boussole morale, j'oserais
dire. Les jeunes de 12, 13 ans
ne sont pas les solutions de la pénurie de main-d'oeuvre, il y en a d'autres,
des solutions, explorons-les, travaillons-les
ensemble. Mais ça ne pourra jamais être la référence aux jeunes de 12,
13 ans, l'utilisation massive des jeunes de 12, 13 ans pour
pallier à la pénurie de main-d'oeuvre, ce n'est juste pas possible. Ça fait que
là-dessus on s'entendait.
Alors, on a
négocié la liste des groupes. Une bonne participation. J'ai été assez surpris
de voir... pas la totalité, j'insiste vraiment là-dessus, pas la totalité mais
quand même plusieurs associations patronales venir briser le consensus du CCTM
en audience, tirer sur leur bord de la
couverture. Parce que, pour vous faire la petite histoire, M. le Président,
comment ça marche, le CCTM, c'est qu'il y a plusieurs syndicats, plusieurs
associations patronales. Ils reçoivent un mandat du ministre : Travaillez sur tel dossier et faites-moi une
recommandation consensuelle, et ils vont... Ils font beaucoup d'efforts, ils
font beaucoup de compromis, c'est un
processus qui dure sur plusieurs semaines, plusieurs mois, et finalement ils
produisent un rapport. Et le rapport
du CCTM sur le travail des enfants était très, très clair, il disait :
14 ans, il se fait un nombre d'heures par semaine, etc. Bien, arrivées en audience, il y a plusieurs
associations patronales... puis la pire toutes catégories, c'était certainement la FCEI, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, qui s'est mise à tirer sur la couverte. Puis là c'était quasiment rendu... à la fin, là, il ne fallait
peut-être pas mettre d'âge limite, finalement, à 14 ans, alors que c'était
clairement le point le plus consensuel de
tout le monde, il fallait faire sauter le nombre d'heures par... Bref, c'était
hallucinant, à quel point ils avaient fait des compromis pour avoir un rapport
consensuel, le projet de loi était, à une ou deux virgules près, le
rapport consensuel, puis finalement, dans les audiences, les groupes patronaux
venaient dire : Non, non, mais nous, finalement,
on n'est pas d'accord puis on veut tirer... on veut que ça aille plus loin ou
moins loin, en fait, sur x ou y aspect. Un peu étonnant. Les centrales syndicales s'en sont tenu, elles,
devrais-je dire, à leur posture qu'elles avaient tenue pendant les audiences du CCTM. Alors, là-dessus, il y a eu
peut-être un défi de cohérence de la part de certaines associations patronales.
J'insiste, ce n'était pas l'ensemble, certaines.
• (15 h 10) •
Cela étant
dit, moi, j'ai été marqué par la présentation de l'UPA, L'Union des producteurs
agricoles. J'ai de la famille, mon
père a été élevé sur une ferme dans la Montérégie‑Ouest. Moi, je suis un
urbain, Hochelaga-Maisonneuve, en trottinette, sur les pistes cyclables, ça fait qu'il n'y a pas de... je n'ai pas de
poules chez nous, il n'y a pas de souci là-dessus, mais j'ai un héritage rural,
un héritage fermier. Mon grand-père, donc, était fermier, du côté de mon père.
J'y allais souvent quand j'étais jeune, les fins de semaine, faire des tours
là-bas. Tout ça pour vous dire que mon cousin a hérité de la ferme
familiale, la gère. C'est un producteur
maraîcher dans la région de la Montérégie-Ouest. Et la présentation de l'UPA m'a
touché parce qu'ils disaient que, la région rurale, la région agricole, le
milieu agricole, la notion de famille n'était pas la même. Parce que vous avez peut-être remarqué dans l'intervention
précédente qu'on faisait référence à la notion de famille, hein, on disait
qu'une entreprise familiale, une petite entreprise familiale de
10 employés et moins, on peut embaucher les enfants du père ou de la mère qui y travaillent et qui la
possèdent. Bon, c'était une exception qu'on n'avait pas nécessairement vue
venir, dans le cadre du rapport du CCTM,
mais qui... moi, je trouvais qu'elle était dans la limite de la raisonnabilité
parce qu'elle n'ouvrait pas la porte à de trop grandes exceptions. Un
bout de temps, il y avait des rumeurs que peut-être que le 10 personnes monterait à 15 ou à 20. Moi, j'avais beaucoup
insisté en privé auprès du ministre, en public aussi, pour dire : Ne va pas là, là... ou plutôt : N'allez pas là.
Il faut quand même respecter le titre dans cette enceinte. Je disais :
N'allez pas là parce que ça va défaire ce que vous êtes en train de
faire avec la nouvelle norme, à 14. Et là-dessus il a tenu parole.
Alors, dans le milieu agricole toujours, est-ce
que la notion de 10 et moins était... posait problème? Non. De mémoire, c'est 93 % ou 94 % des fermes
qui sont 10 employés et moins, alors, là-dessus, il n'y avait pas de
souci. Par contre, l'enjeu d'enfants, il nous plaidait, le président de l'UPA,
que la notion de famille était peut-être un peu plus large. On fait énormément confiance à son voisin de rang,
peut-être beaucoup plus qu'à mon voisin de la ruelle, dans Hochelaga-Maisonneuve, que je peux finir
par connaître, et tout. Mais le voisin de rang, il vit la même réalité, il ne déménagera pas aux quatre, cinq ans comme un
voisin dans une grande ville. Bref, tout ça pour vous dire que ses enfants
à lui lui font une confiance aveugle, à son
voisin, puis il peut peut-être très bien venir travailler sur la ferme, même si
ce n'est pas l'enfant de la
propriétaire ou du propriétaire de la ferme. Bref, à ce niveau-là, il nous
invitait à réfléchir à une adaptation pour le milieu agricole.
Puis, vous le
savez, M. le Président, à Québec solidaire, on essaie de vraiment toujours
approcher les dossiers avec ouverture,
avec pragmatisme. On entend l'appel du milieu rural. Certains nous ont
critiqués, par exemple, aux dernières élections, de ne pas être assez sensibles à la réalité rurale. On entend cette
critique-là, on essaie d'adapter notre façon de travailler, et c'est ce que j'ai voulu faire dans le cadre du
projet de loi. Alors, j'ai pris l'initiative d'appeler l'UPA, j'ai pris
l'initiative d'appeler mon cousin, pour connaître sa réalité, pour mieux
comprendre ce qui se passait dans son quotidien de fermier et d'agriculteur. Et on a fait une proposition
publique, à travers une entrevue qui a été diffusée, là, peu de temps après les
études détaillées, qui réclamait, donc, un
amendement pour un peu adapter les exceptions au milieu agricole, amendement
qui a été salué par l'UPA. Alors, j'étais
bien content, de ce côté-là, qu'il y ait une reconnaissance, là, qu'on ait
entendu ce groupe-là et qu'on était prêts à bouger. Le ministre nous
avait signalé que ça pouvait l'intéresser, ce compromis-là et, rendus à l'étude détaillée, il l'a accepté...
bien, il l'a déposé lui-même. On l'aurait écrit nous-mêmes aussi, sinon, mais,
une fois qu'on a lu ce que lui
déposait, ça nous a semblé particulièrement approprié, alors on a sauté dans le
train. On était bien contents que ça
se réalise. Moi, j'en tire une fierté et je le vois comme un gain aussi, un
certain gain solidaire qu'on est allés chercher au nom du milieu
agricole. Alors, bien fier de ce travail-là.
Et, vous le
savez, M. le Président, ce n'est pas la seule chose qu'on a traitée dans ce
projet de loi là. On a traité de plein d'autres choses. Il y a eu très peu
d'amendements, au final, là, parce que, comme je vous le disais, c'était très
proche du rapport du CCTM, le 14 ans, le nombre d'heures par semaine, les
exceptions limitées. On a quand même voulu pousser un peu la ligne sur un rapport de mise en
application qui serait déposé ici, au parlement. Vous savez, c'est quelque
chose qui est quand même assez fréquent dans des projets de loi, où on
rajoute une clause à la fin, là, dans les dispositions transitoires, qu'un rapport sera déposé au salon bleu, un nombre
d'années x après l'adoption de la loi, souvent c'est deux, trois, quatre, cinq ans, maximum. Alors, on a
essayé d'aller dans ce sens-là. Malheureusement, ça n'a pas été retenu, comme
proposition, par le ministre. En toute honnêteté, il nous a quand même dit
qu'il allait y avoir des études qui allaient être faites, parce que c'était un consensus très clair.
Et c'était même mentionné dans le rapport du CCTM qu'il manque de données
sur le sujet. Vu que c'est un phénomène,
somme toute, assez récent, là, la massification du travail des 12, 13 ans,
il manquait de données. Là,
maintenant, avec la nouvelle loi qui va entrer en vigueur 30 jours après
la sanction de la loi, donc on assume, là,
quelque part en juillet, au moment où on se parle, bien, il y aura une mise à
pied massive... bien, «massive»...
une mise à pied de tous les
12, 13 ans, là, qui ne cadrent pas dans lesdites exceptions.
Ça
fait qu'il va quand même rester des exceptions et c'est pour ça qu'on souhaitait
qu'il y ait un rapport de mise en application de la loi. Le ministre nous a
dit : Ah! pas nécessaire, c'est un processus qui est peut-être trop
complexe, par rapport à des données
qu'on pourrait avoir différemment, à travers la CNESST et à travers d'autres
instituts de recherche. Bon, on n'a
pas fait la fine bouche là-dessus, on a pris le ministre au mot. Alors, c'est
certain que nous, on va vouloir faire des suivis dans ce dossier-là.
Est-ce que ce sera durant les études de crédits des prochaines années? Est-ce
que ce sera directement
auprès de la CNESST? Est-ce que ce sera auprès des centrales syndicales ou des
mouvements patronaux qui ont,
eux-mêmes, voulu creuser la question, qui auront peut-être des choses à nous
dire dans le futur? Une chose est certaine, c'est qu'il y avait
consensus autour de la table de la commission pour dire : Ce sujet-là, on
en règle une bonne partie aujourd'hui. Mais
c'est un phénomène évolutif, c'est un phénomène vivant, qui ne cessera pas
d'être un enjeu du jour au lendemain
à cause du projet de loi n° 19, et ça, tout le monde était d'accord.
Alors, nous, c'était très clair que, ce sujet-là, on va continuer à le suivre. On va continuer à
générer ou, du moins... pas générer, mais espérer d'avoir des études sur le
sujet, d'avoir des données sur le sujet. On va demander des suivis à la CNESST.
On avait espéré qu'il y ait des inspecteurs qui fassent des tournées,
etc.
Donc, peut-être un
dernier truc, M. le Président, parce qu'il y avait une autre affaire qu'on
aurait aimé ça qui soit traitée puis qui n'a pas été le cas, c'est les
rapports... pas les rapports, mais les formulaires centralisés. Vous savez, quand vous voulez avoir un jeune qui travaille,
vous devez avoir un formulaire. Ça, c'est la loi actuelle. Et on a gardé cet
esprit-là du formulaire pour les exceptions.
Les formulaires, là, au moins, ils ont été standardisés. Avant, sur le site de
la CNESST, il y avait un formulaire
type, là, pas de logo, rien, qui disait : Ça pourrait ressembler à ça, un
formulaire, mais le formulaire, il
n'était pas envoyé nulle part. Il était juste supposé être dans les registres
internes de l'entreprise qui embauche un 12, 13 ans, avec la
permission des parents, évidemment.
Donc,
nous, on a dit : Il faudrait centraliser ces formulaires-là à la CNESST,
d'une part, pour être... pour s'assurer qu'ils sont... que cet aspect-là de la loi est appliqué — autrement, comment on fait pour le savoir, si un
jeune qui travaille à 12, 13 ans
dans une entreprise a, en effet, un formulaire d'autorisation? — et, d'autre part, et surtout, pour avoir accès
à des statistiques et se faire nous-mêmes des statistiques.
Malheureusement,
ce n'est pas une solution qui a été retenue. On a plaidé que ça coûterait de
l'argent, etc. Bon, des fois, il
faut, en effet, investir un certain montant pour obtenir les chiffres qui vont
nous aider à prendre les bonnes décisions pour le futur. Comme je vous disais tantôt, nous, à notre avis, c'est un
débat qui est évolutif. Ce n'est pas quelque chose qui est tranché et arrêté du jour au lendemain. Et
on aurait bien pu profiter de ces statistiques-là pour continuer à travailler
sur le dossier dans la suite des choses.
Malheureusement, ce ne sera pas possible parce que ce n'est pas un amendement
qui a été retenu.
Mais,
encore une fois, M. le Président, ça ne nous empêche pas d'être satisfaits
amplement du projet de loi. On peut
toujours aller chercher des trucs supplémentaires, là. Je viens de vous en
donner un exemple. Mais, grosso modo, qu'on se soit basés sur les grands consensus du CCTM, le 14 ans,
limitation du nombre d'heures par semaine, la fin de semaine, le soir, etc., des exceptions très limitées, bien,
ça nous met dans une bonne posture et ça nous donne des bons outils pour
travailler sur ça.
Alors,
moi, c'est avec enthousiasme et avec satisfaction du travail accompli que, vous
l'aurez deviné, je vous annonce que ma formation politique va voter en faveur
du projet de loi. J'ai bien hâte qu'on adopte le vote final. J'imagine que ce sera peut-être demain ou vendredi. Dans tous
les cas, il faut se dépêcher parce que, comme je le disais tantôt, c'est
la sanction de la loi qui démarre le chronomètre ou l'horloge, plutôt, le
sablier pour dire quand est-ce que doivent être mis à pied les 12, 13 ans,
quand est-ce qu'on doit appliquer le 14 ans d'âge pour les personnes.
Alors
là, je comprends qu'avec un peu de délai qui a eu lieu dans les commissions
parlementaires, il y a quelques semaines
qui ont été perdues à ce niveau-là, mais, si on peut s'assurer, là, qu'en
juillet ce soit terminé, les 12, 13 ans au travail, à part les exceptions,
je pense qu'on se sera donné les outils pour réellement faire baisser le nombre
de lésions professionnelles, les
maladies professionnelles auprès des 12, 13 ans. C'était devenu un enjeu
énorme, un enjeu fondamental. Et
là-dessus, M. le Président, je suis, encore une fois, honoré d'avoir pu
travailler à réduire... à se donner les outils pour réduire ces lésions-là, à se donner les outils
pour adapter la loi du Québec, qui était bien en retard par rapport aux autres
législatures nord-américaines.
• (15 h 20) •
Alors, encore une
fois, bravo à tous les collègues qui ont travaillé sur le dossier. Un grand
merci à mon collègue Guillaume, à la
recherche. Je n'étais pas présent aux remarques finales, mais j'aurais aimé
saluer les gens du cabinet du ministre,
notamment, que je connais bien parce qu'on joue parfois à la petite ligue de
hockey Cosom le mercredi soir ici, des
gens fort sympathiques, ils sont toujours bien ouverts d'esprit, très
disponibles; saluer la disponibilité du ministre, qui répond toujours à
mes appels quand je tente de le rejoindre; saluer tous les gens qui ont
travaillé du côté de la banquette parlementaire,
ma collègue de l'opposition officielle; saluer les gens qui nous aident aussi,
les gens qui sont à la régie, les gens
qui sont à la table, les gens qui sont à la transcription, hein,
on ne les voit jamais, mais ils ont une part importante dans notre
travail parce qu'ils nous permettent d'aller fouiner sur les bêtises qu'on a
dites dans les précédentes semaines où on
siège ici; saluer les gens — je
l'ai dit tantôt, je pense — à
la régie, qui nous permettent d'être télédiffusés auprès de tout un
chacun; saluer la présidence de la table, la présidence que vous faites
vous-même, M. le Président.
Je
m'arrête là-dessus parce que, là, il n'y aura pas de limite aux salutations.
Alors, merci beaucoup, et on se retrouve plus tard cette semaine pour
l'adoption finale. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Y a-t-il d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix du rapport
Alors,
le rapport de la Commission de l'économie et du travail portant sur le projet
de loi n° 19, Loi sur
l'encadrement du travail des enfants, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M.
le Président. Je demanderais de bien vouloir appeler l'article 15
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 7
Adoption
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 15 du feuilleton, M. le ministre
des Finances propose l'adoption du projet de loi n° 7, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 22 mars 2022 et modifiant
d'autres dispositions législatives.
Alors, y a-t-il des
interventions? Je reconnais M. le ministre des Finances. M. le ministre.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, merci, M. le
Président. Et on me demande de signaler ceci avant de commencer mon discours : l'honorable lieutenant-gouverneur
a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée. Alors, voilà, c'est fait.
Et
là j'y vais avec ce fameux discours préparé par le ministère des Finances. Ils sont toujours enflammés, suscitent les
passions. Et la Commission des finances publiques n'a pas une succursale de
hockey Cosom, mais on fait de l'excellent travail, M. le Président. Et je salue le député de l'opposition avec qui
je travaille en collaboration pour faire des bonnes lois. Et je salue aussi ceux qui pourraient être ici,
puisque je ne peux pas dire qu'ils ne sont pas là. Alors, voilà. Alors, je les
salue.
Alors, nous en sommes
rendus à l'adoption du projet de loi n° 7, Loi concernant la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 22 mars 2022 — permettez-moi
de souligner que c'était le budget avant l'élection — et
modifiant d'autres dispositions législatives. J'ai présenté ce projet de loi le
1er février dernier, et depuis il a cheminé à travers les
différentes étapes du processus parlementaire pour en arriver à la version
finale que je soumets aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
Je tiens à remercier
tous mes collègues qui ont pris part à l'étude détaillée en commission
parlementaire ainsi que tous les collaborateurs qui nous ont accompagnés et qui
ont grandement facilité notre travail. À un certain moment, M. le Président, on aurait cru une réunion du
Barreau. Je pense qu'il y avait 25 juristes dans la salle, parce qu'il y
avait des juristes du ministère du Travail, de Retraite Québec, de Revenu Québec, du ministère des Finances.
Le
projet de loi n° 7 permettra notamment de mettre en oeuvre des mesures du
budget 2022-2023. Il comprend également des initiatives qui n'ont pas été
annoncées dans le cadre du budget mais qui sont incluses dans le projet de loi afin de répondre à des préoccupations
administratives. Ces mesures touchent une multitude de sujets, dont la
restauration et les bars, les
pensions alimentaires, les produits financiers, biens non réclamés, les
infractions en matière de boissons alcooliques, la Caisse de dépôt et
placement du Québec, le remboursement
des dettes d'études, les régimes complémentaires de retraite, l'hébergement touristique, les sociétés par
actions, la transparence corporative et la Loi sur les autochtones cris, inuit
et naskapis.
Sans
entrer dans tous les détails, je peux vous dire que ce projet de loi permettra
notamment au gouvernement de prévoir les règles permettant de remplacer le
module d'enregistrement des ventes, les MEV, par un MEV Web dans les secteurs
de la restauration et des bars; de prévoir qu'une personne qui a présenté un
avis d'opposition à une cotisation puisse, lors d'une nouvelle cotisation ou d'une cotisation supplémentaire qui
concerne un montant visé dans cet avis d'opposition, déposer une contestation auprès de la Cour du Québec sans avoir à présenter un nouvel avis d'opposition; de prévoir qu'une
demande péremptoire de produire un renseignement ou un document requis en vertu
de la Loi facilitant le paiement des
pensions alimentaires puisse être notifiée par un moyen technologique
lorsqu'elle s'adresse à une banque ou à une caisse d'épargne et de crédit et qu'une telle banque ou
une telle caisse puisse, elle aussi, produire le renseignement ou le document
exigé par un tel moyen; de prévoir que le
délai de trois ans pour qu'un produit financier soit considéré non réclamé
puisse commencer à courir dans les
trois ans qui suivent la date à laquelle le bien a été accordé ou émis pour la
période commençant le 24 février 2022 et se terminant le jour de la
sanction des modifications proposées; d'augmenter les seuils applicables
en matière d'administration des biens non réclamés pour agir sans
l'autorisation du tribunal et de prévoir une indexation automatique du seuil
applicable à l'aliénation d'un bien à titre onéreux; de modifier la Loi sur les
infractions en matière de boissons
alcooliques afin de permettre à la Société
des alcools du Québec de détruire ou d'éliminer sans autorisation judiciaire, mais sous certaines
conditions, les boissons alcooliques et les récipients, les contenants qui
auront été saisis, dans la mesure où cette saisie aura entraîné
l'imposition d'une sanction administrative pécuniaire; de modifier certains
articles de la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec afin qu'elle devienne plus agile et se démarque
davantage dans le secteur des
investissements en infrastructure; de permettre certains assouplissements...
certains assouplissements pour le remboursement des dettes d'études pour
la période du 1er avril 2022 au 31 mars 2023; de modifier certains
aspects de la Loi sur les régimes complémentaires
de retraite pour offrir plus de flexibilité aux Québécois qui doivent gérer de
façon individuelle le risque à la
retraite et faciliter les stratégies de décaissement de l'épargne retraite; et
de renforcer la transparence corporative et de faciliter l'échange des
données du registre des entreprises.
Je
vous signale également que nous avons ajouté par amendement, lors de l'étude
détaillée, une mesure afin d'assurer la
qualité de la desserte en transport rémunéré de personnes par automobile et d'augmenter
le sentiment de sécurité des clients et des clients potentiels du
transport rémunéré de personnes par automobile.
Alors,
voilà, M. le Président, pour le résumé du projet de loi n° 7.
Je demande donc à mes collègues de nous appuyer afin qu'il soit adopté et que
l'ensemble des mesures qu'il contient puissent être mises en oeuvre. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le ministre des Finances. Et je
reconnais maintenant le prochain intervenant. Ce sera M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, vous ne
serez pas surpris, nous allons voter contre ce projet de loi, pour plusieurs raisons, mais je voulais juste,
simplement, de façon plus pédagogique, essayer de rentrer dans le
contexte.
En mars...
excusez, en février 2022, on avait une inflation qui commençait vraiment à
montrer ses dents. Ce n'était pas
encore le sommet, mais ça s'en venait. Il y avait plusieurs mesures qui
auraient été... qui auraient pu être mises en place. On avait déjà suggéré, nous, l'aide aux gens les
plus démunis avec une augmentation du crédit à la solidarité. On avait déjà
suggéré que les aînés qui ont un revenu fixe
étaient en train de perdre, de façon quotidienne, leur pouvoir d'achat, donc
une aide aux aînés était déjà, essentiellement, demandée par les groupes
représentant les aînés, et ce que nous, on proposait à l'époque, c'était,
effectivement, donc, de les aider. Mais il n'y a pas eu ça, il n'y a pas eu
cette écoute-là.
Il y a eu
quand même une mesure préélectorale, qu'on pourrait dire, parce
que, clairement, c'était un exercice de l'année de l'élection, 2022, et donc c'était évident qu'on allait avoir
ce genre de budget là, malheureusement,
il y a eu ce chèque de 500 $ qui a été reçu par plusieurs
Québécois. Et donc cette mesure-là était vraiment une mesure de communication
pour envoyer le message comme quoi que le
gouvernement était en mode électoral. Et je pense que tous les Québécois l'ont
bien compris.
Donc, il y
avait cet aspect-là du projet de loi, l'historique, le contexte et, donc, la
mesure qui a été mise en place, qui, pour nous, représente des raisons
sérieuses pour lesquelles on ne pourra pas voter en faveur de ce projet de loi
là, mais il y avait aussi quelque
chose vraiment plus spécifique en ce qui a trait aux étudiants. Relativement
constant dans l'histoire récente, le
Québec a chargé le même taux d'intérêt que les autres provinces alentour du
Québec, dont l'Ontario, évidemment, pour
ce qui est des prêts et bourses, pour ce qui est des prêts que le gouvernement
octroyait aux étudiants pour finir... faire leur bac, faire leur maîtrise, etc. Avant la pandémie, le taux, au
Québec, était dans les environs de 2,25 %, ce qui était très
similaire à ce qu'il y avait dans le reste du Canada. Et, durant la pandémie,
il y a eu le réflexe, qui est un bon réflexe pour
la situation que la pandémie représentait, de mettre ce taux d'intérêt là à
0 % pour permettre à tous cette... C'est un peu d'air pour essayer de respirer, étant donné les manques de
liquidités que la pandémie créait dans la situation particulière de
l'ensemble des gens qui venaient juste de terminer leurs études, un monde
relativement précaire, difficile d'avoir accès au marché du travail à
cause, évidemment, de la dislocation qui a été créée par la pandémie. Et donc
c'était une mesure qui semblait être en concordance avec ce qui semblait
arriver alentour du Québec.
• (15 h 30) •
Mais, dès que
la loi... dès que le projet de loi n° 7 est arrivé, on a vu
les vraies couleurs du gouvernement. Le choix a été de, comme on me l'a expliqué, stimuler, plutôt qu'on ait plus
d'étudiants qui aillent à l'école, ce qui est correct... On peut faire deux choses en même temps, mais
malheureusement le gouvernement a décidé de juste faire ça, et donc d'augmenter
le taux d'intérêt sur les prêts étudiants à
7,2 %, ce qui diffère de l'ensemble des autres provinces, qui, eux, est à
0 %, donc... Puis, en fait, je vais corriger, je veux dire l'Ontario,
qui est à 0 %.
Donc, je
voulais juste être très spécifique là-dessus, les autres provinces aident aussi
les étudiants à aller à l'école, aident,
stimulent, en fait, le premier cycle, deuxième cycle universitaire pour
l'ensemble de sa population, et c'est normal. Et au Québec on fait la même chose, et c'est parfait qu'on le fasse
ainsi, mais on peut aussi aider, lorsqu'il y a trait à... les étudiants qui ont passé à travers le programme
d'études, et qui sont maintenant sur le marché du travail, et qui commencent à... premier appartement, première voiture, les
vêtements, etc., tout ce qui vient avec le nouveau monde qui est le monde
du travail, pour les étudiants. Et donc,
nous, on a choisi de leur charger un taux d'intérêt de 7,2 % sur leurs
prêts étudiants, pendant qu'en Ontario, par exemple, c'est resté à 0 %.
Alors, c'est une des raisons pour laquelle nous, on trouvait ça malheureux, et on va continuer à penser de même.
Et donc, pour cette raison additionnelle, on ne sera pas très supporteurs,
évidemment, du projet de loi n° 7.
Il y avait un
point que j'ai mentionné hier et que je vais répéter encore aujourd'hui à
propos de la Caisse de dépôt, faire une modification sur l'actionnariat
potentiel que la Caisse de dépôt peut détenir dans des projets
d'infrastructures. Écoutez, M. le Président,
c'est correct, je peux concevoir qu'évidemment, dans certains projets au niveau
énergétique, il est approprié, pour un grand gestionnaire de
portefeuille comme la Caisse de dépôt, de vouloir détenir plus que son
51 %, qui était le chiffre détenu par la Caisse de dépôt, et d'y aller
jusqu'à, même... jusqu'à l'ordre de 100 %. Et ça, je peux comprendre, dans un monde compétitif, où,
justement, l'accessibilité à des projets structurants est relativement limitée,
mais l'argument de me dire que c'est
pour maintenir le contrôle, lorsque la Caisse pouvait détenir jusqu'à
51 %, l'argument ne tient pas vraiment la route.
Et moi,
j'amène aussi un autre facteur que... sur lequel je m'entends beaucoup, en
fait, avec le ministre, c'est la perspective
de risque. Et puis je vais vous donner un exemple simple, que j'ai mentionné
déjà. Si vous détenez 100 % d'un projet de 6 milliards de
dollars, est-ce que ça, c'est plus risqué que détenir 10 % d'un projet de
60 milliards de dollars? Et la
réponse à ça : c'est évident que 10 % d'un projet de
60 milliards de dollars est moins risqué, pour la simple et unique
raison, c'est qu'il y a une
diversification dans l'actionnariat. Alors, une des limites qui a été mise en
place dans la procédure, ici, c'est de garder le maximum que la Caisse
de dépôt peut détenir à 3,5 %, lorsque, justement, peut-être qu'il y aura
des opportunités dans le marché, que ce soit
des infrastructures en général, mais je parle spécifiquement au niveau de
l'énergie, il y aura peut-être des opportunités où est-ce
que, justement, ce plafond-là de 3,5 % pourrait être revisité. Et donc,
dans le contexte, je me pose la question si, justement, il faut faire le
focus, en termes de placement, sur des plus petits projets d'infrastructures et
peut-être pas un risque additionnel à porter sur le portefeuille de la caisse.
Donc,
c'est pour ces deux grands éléments-là, plus, évidemment, le contexte
historique de l'année passée, où on a
été à un plafond, on l'espère, un sommet, sur l'inflation, qui n'a pas été
visité depuis les années 70... Alors, on est donc, évidemment, surpris des propositions qui ont été
faites à l'époque, on l'a été, même si on avait fait des propositions qui
étaient plus constructives pour essayer d'aider les gens qui, malheureusement,
ont été les plus frappés durement par la crise d'inflation, c'est-à-dire les plus aînés et aussi, évidemment, les gens
les moins nantis. Et évidemment on a vu, durant le cours de l'année 2022, que toutes les
propositions que nous avions mises de l'avant ont été, en fait, suivies par ce
gouvernement, en ayant une plateforme électorale qui faisait, évidemment, place
aux aînés dans l'aide pour faire en sorte que les gens puissent passer à
travers la période d'inflation. Donc... Et c'est pour cette raison, M. le
Président, que nous n'allons pas voter pour. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Y a-t-il d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Alors,
le projet de loi n° 7, Loi
concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le
budget du 22 mars 2022 et modifiant d'autres dispositions
législatives, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement, pour la suite de
nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : M. le Président, je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 13 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 16
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée et de l'amendement de la députée de Mille-Îles
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Donc, à l'article 13 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la
Commission de l'aménagement du territoire sur le projet de loi n° 16, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions, ainsi que l'amendement transmis en vertu
de l'article 252 du règlement par Mme la députée des Mille-Îles. Cet
amendement est déclaré recevable.
Y a-t-il des
interventions sur ce rapport ainsi que sur cet amendement? Il n'y a pas
d'intervention.
Alors,
j'ai été informé qu'il y aurait consentement afin de faire la lecture de
l'amendement proposé par Mme la députée des Mille-Îles avant sa mise aux
voix. Donc... Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : ...certaine de la procédure qu'on suit. Vous
comprendrez que c'est la première fois, là, que j'ai ce genre
d'amendement là en vertu de l'article 252 du règlement. Donc, est-ce que
je dois le présenter? Est-ce que je dois l'expliquer?
Est-ce que je dois l'expliquer, l'amendement, ou vous allez le lire... (Panne
de son) ...intervenant de la partie ministérielle, je m'excuse, pour ce projet
de loi important.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : M. le
leader adjoint du gouvernement, ce ne sera pas long, je vais vous reconnaître.
M. le leader adjoint du gouvernement, allez-y.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
M. le Président. Excusez-moi. J'inviterais peut-être la collègue à lire son
amendement, le présenter, faire son
intervention. Et ensuite, effectivement, il y aura sûrement des gens de la
partie gouvernementale.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
merci, M. le leader adjoint du gouvernement. Remarquez que je vous fais une proposition, là. J'ai entre les mains
l'amendement, je peux en faire la lecture également. Donc, si ça convient à
tout le monde, ça va favoriser peut-être l'avancement des travaux.
Donc, voici
l'amendement tel que reçu. Puis, comme on disait, il a été accepté.
Je
mets donc aux voix l'amendement introduisant l'article 125.1 et qui se lit
comme suit : Insérer, après l'article 125, le suivant :
125.1.
L'article 113 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est modifié par
l'insertion, après le paragraphe 5.1°, du suivant :
«5.2° spécifier, pour
chaque zone ou secteur de zone prévoyant des bâtiments résidentiels, un nombre
d'étages ou de hauteurs différencié selon le type de logement prévu, permettant
jusqu'à 33 % supplémentaire pour des bâtiments prévoyant uniquement des
logements sociaux ou abordables par rapport à la limite prévue pour du logement
régulier.»
Donc, voici la lecture du présent document. Mme
la députée.
Mme
Dufour : ...juste une précision, là. Tout à l'heure, on
était aux interventions. J'ai posé la question si je devais faire mon intervention de 30 minutes au
préalable. Là, j'ai l'impression qu'on a sauté tout de suite à l'amendement,
alors que ce n'est pas l'ordre que,
moi, on m'avait précisé qu'on était supposé de faire les choses. Mais j'entends
le leader du gouvernement qui dit qu'après
on fera les interventions. Là, je veux juste comprendre si c'est bien l'ordre
des choses qu'on va suivre aujourd'hui. Ou sinon je vais faire mon
intervention, puis ensuite on fera l'amendement, là.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, bien, en fait, M. le Président, on en a fait
lecture, comme vous venez de le faire. C'était
pour la présentation de l'amendement. Ensuite, la collègue peut faire son intervention.
Pour notre part, on fera notre intervention par la suite. Et on pourra
voter et sur l'amendement et ensuite sur la prise en considération du rapport.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
mise aux voix avait été commencée, mais ce que j'entends... Par consentement, on peut toujours agir ici,
évidemment. Donc, je comprends qu'il y a consentement pour permettre à la
collègue des Mille-Îles de procéder. Alors, Mme la députée des
Mille-Îles, la parole est à vous pour votre intervention.
Mme Virginie Dufour
Mme
Dufour : Là, c'est mon intervention sur la prise en
considération, et c'est ce que... on aurait dû commencer par ça en
premier, c'est ce que je comprends.
Donc,
écoutez, moi, c'est un grand plaisir d'avoir travaillé sur le projet de loi
n° 16. Ce projet de loi là révise la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, une loi qui n'avait pas été
révisée de façon substantielle depuis bien nombre d'années. Si je ne me trompe pas, c'était 1979. Et là je
cherche mes documents. Donc, voilà, je suis en train de m'étaler, donc, depuis
au moins, voilà, 1979, c'est confirmé. Donc,
il y avait eu des amendements, évidemment, à cette loi, mais rien de majeur
depuis 1979.
• (15 h 40) •
Pourtant, là,
il y avait des grands besoins. On a une société qui a évolué. On est rendus
avec beaucoup d'enjeux de changements climatiques. Les municipalités ont
aujourd'hui des responsabilités bien plus grandes qu'elles avaient à l'époque. Il y a notamment les enjeux de logement
pour lesquels elles doivent intervenir directement pour faire en sorte qu'on stimule l'offre en logement. Donc, tout ça
pour dire que la loi qu'on avait entre les mains ne permettait pas certains
éléments, et il fallait déroger souvent. Ça prenait, en tout cas, toutes sortes
de... Les municipalités, disons, devaient travailler fort pour arriver à jouer avec cette... pas à
jouer avec la loi, mais à faire avec la loi et ses limites. Alors, cette
réforme était nécessaire, était
demandée par les groupes, par les villes, évidemment par plusieurs ministères
aussi, donc c'est une bonne chose
qu'on ait fait ça. On a eu des consultations particulières très intéressantes,
et là, par la suite, on est arrivés à l'étude détaillée. C'était quand même 182 articles, cette loi, donc ça a
pris quand même un certain temps. C'était assez technique aussi, je veux
le souligner.
J'ai l'avantage d'avoir été, huit ans,
responsable de l'urbanisme d'une grande ville-MRC, donc je connaissais bien ce que c'était, un schéma d'aménagement,
j'avais le vécu d'une MRC, et j'ai passé à travers ce processus-là parce que,
là où j'étais, à Laval, ça n'avait pas été
mis à jour depuis fort longtemps, fort longtemps. Donc, on était en défaut, le
schéma de la ville était en défaut.
Et donc j'ai passé à travers ce processus-là qui, après ça, a demandé une
concordance, et donc j'ai passé à
travers tous ces processus-là en huit ans, et ça m'a permis de pouvoir bien
comprendre la loi qui nous était présentée.
Un des bien-fondés de la loi — et je
vous disais que Laval était en défaut de concordance de son schéma d'aménagement — bien, c'est justement... aujourd'hui, avec cette
nouvelle mouture de la loi, bien, la concordance sera inévitable. On ne pourra pas... Une ville ne
pourra pas... une ville, une MRC, plutôt, ne pourra pas éternellement reporter
ce moment de concordance aux orientations du
gouvernement. Donc, là-dessus, c'était nécessaire. Il y a tout un bilan aussi
qui est requis.
Et là je vais
vraiment m'attarder, dans cette allocution, sur l'étude détaillée, dans le
fond, et demain je parlerai plus en détail de l'ensemble du processus d'étude
du projet de loi avec les consultations particulières. Je vais souligner, dans
le fond, les principaux amendements qui ont
été apportés, les déceptions qu'on a eues, les éléments que j'ai soulevés aussi,
les inquiétudes.
Donc, comme
je vous le disais, il y a eu... il y a un bilan qui est prévu dorénavant,
national, qui va nous permettre d'avoir
une idée où l'aménagement du territoire s'en va au niveau de la province, et,
pour ce faire, on a besoin des données des municipalités, les données des MRC, et donc un des éléments dans le
projet de loi, c'était justement de faire en sorte que les données soient transmises aux cinq ans. Et
un élément que j'ai soulevé, c'est que, dans la grande région de Montréal,
il y a déjà un bilan qui se fait, mais
celui-ci est aux deux ans, puis c'est au niveau de la Communauté métropolitaine de Montréal, la
CMM. Donc, les villes qui sont membres de la CMM doivent déjà faire et
transmettre des données aux deux ans. Et
d'ailleurs, cette semaine, c'était l'Agora métropolitaine de la CMM. C'est le
moment où ils font le bilan, justement, ils présentent ces données-là,
et c'est toujours... c'est utile, là, pour savoir si on s'en va dans la bonne
direction.
Un exemple de
données qu'ils ont, c'est l'indice de canopée. Canopée, c'est ce que les arbres
produisent comme ombre,
entre guillemets, ou comme l'espace qui permet justement d'avoir des îlots de
fraîcheur l'été. On parlait des changements
climatiques, donc c'est un indice qui est utile. Donc là, l'enjeu que j'ai
soulevé, c'était... en étude détaillée, c'est le fait que les municipalités de cette région-là, de la région
métropolitaine, auraient à transmettre des bilans aux deux ans, donc à l'année 2, l'année 4, et là
l'année 5, avec ce... le bilan de la... avec la loi, le bilan national.
Alors, pour éviter d'avoir à transmettre, finalement, à peu près presque
à tous les ans, des données, bien, j'ai suggéré que peut-être on s'aligne avec les bilans métropolitains et une... Ça a été
une suggestion qui a été accueillie positivement par la ministre, son équipe,
et je les remercie, parce que ça va
faciliter, dans le fond, je pense, pour les villes, là, la préparation des
données. Donc, au lieu d'émettre, là,
de transmettre les données à l'année 2, 4 et 5, bien là ça va être
l'année 2 et 4. Et 4, ça va être à la communauté métropolitaine et au
national en même temps, donc ça va leur permettre de faire une tâche pour deux
usages. Donc, ça, je pense que c'est un plus qui a été accepté.
Un autre
élément que j'ai soulevé, puis ça, ça venait d'une... du mémoire qu'on a reçu
du Regroupement des organismes de bassin versant du Québec, c'était
d'intégrer toute la notion de l'eau, la gestion intégrée de l'eau dans les planifications territoriales. Il y avait
beaucoup d'éléments, je dois dire, là, c'était très positif, ce qui a été
présenté dans le projet de loi, il y avait beaucoup d'éléments très intéressants qui concernent
notamment les changements climatiques, mais, spécifiquement, la gestion
de l'eau n'y était pas. Et ils nous avaient donc fait la recommandation de
modifier, là, puis je peux lire, là, ce qui a été rajouté, là, de s'assurer que
la planification de l'aménagement soit faite «d'une manière compatible avec la
protection, la disponibilité et la gestion intégrée de la ressource en eau». Et
on sait qu'avec les sécheresses qu'on vit
plus... plus fréquentes, il y a aussi certains endroits que la nappe
phréatique, elle se régénère un peu moins
aisément maintenant avec les changements climatiques. Des fois aussi, c'est
qu'il y a eu beaucoup de développement dans
certains secteurs, et on n'avait pas pris, à l'époque, la ressource en eau en
considération. Et là aujourd'hui, bien, on se retrouve avec, des fois, des enjeux. Donc, c'est un ajout qui a été
accueilli chaleureusement par la ministre, qui m'a même dit qu'elle était déçue de ne pas y avoir pensé
elle-même. Alors, je trouvais que c'était un beau compliment, puis c'est...
je remercie les gens des organismes des bassins versants du Québec qui ont fait
cette suggestion-là.
Un élément
qui a été... puis je vais souligner un élément que la partie gouvernementale a
changé aussi, c'est d'intégrer dans
ces objectifs-là de planification de limiter l'étalement urbain. Donc, ça,
c'est quelque chose qui n'était pas dans le projet de loi. Et c'était
d'ailleurs une critique, là, principale, là, de plusieurs groupes qui
disaient : C'est un beau projet de loi,
mais il manque ça, puis sans... avec... tant qu'on ne contraindra pas l'étalement
urbain, bien, il y a des enjeux, on va amplifier
des problèmes qu'on a déjà. Donc, c'était nécessaire de venir mettre comme
objectif de limiter l'étalement urbain. Donc, un gros plus, et ça, ça
vient du gouvernement.
On a... puis
ça, c'est quelque chose qui m'était cher, parce qu'on a vécu, dans mon patelin,
je pourrais dire, un enjeu, c'est le nombre de personnes habiles à voter
lorsqu'il y a un processus référendaire. C'est un peu technique, alors je vais
prendre quelques instants pour l'expliquer, mais, lorsqu'il y a un changement
de zonage qui est fait sur un terrain, il y
a une possibilité pour les citoyens de contester, hein, c'est dans la loi. Et
d'ailleurs, dans le projet de loi, là, il y a plusieurs exemptions à
cette possibilité-là, notamment pour les équipements municipaux, puis je vais y
revenir. Dans le passé, on l'avait... le
gouvernement avait mis des exemptions pour tout ce qui était établissement de
santé, les écoles, etc. Donc, ce qui
reste, c'est vraiment les projets de changement de zonage qui peuvent vraiment
avoir un impact sur les citoyens, les projets industriels, commerciaux, etc.,
ou, par exemple, un changement de hauteur important. Donc, il existe, ce
processus référendaire là actuellement, mais il y avait une ambiguïté
sur le nombre de personnes habiles à voter lorsqu'il est... lorsqu'il y a une demande de référendum de la part
des citoyens. Et, dans la loi, et c'est une loi, comme j'ai dit, qui n'avait
pas été révisée depuis 1979, alors ça
datait, et donc, dans la loi, il y avait un élément qui disait que le nombre de
personnes habiles à voter, normalement, c'est le nombre de personnes
éligibles à voter, donc qui sont sur la liste électorale, mais il y avait l'exemption qui disait : Dans le
cas où la municipalité n'aurait pas accès à cette liste électorale, alors le
nombre de personnes habiles à voter
est équivalent au nombre d'unités d'habitation dans la zone visée. Alors, vous
comprendrez que des fois, dans une unité d'habitation, il y a deux,
trois, quatre personnes habiles à voter, alors ça faisait en sorte qu'il y
avait des distorsions entre le nombre de personnes habiles à voter réel et le
nombre de personnes habiles à voter que la
municipalité pouvait utiliser comme chiffre de base pour son calcul. Et ça a
fait en sorte, et c'est un cas réel, que, chez moi, ça s'est passé, où il y a, finalement... il pouvait y avoir
200 % de taux de vote dans un référendum, c'est hallucinant, ou un autre cas qui s'est passé, c'est que
33 % des gens ont pu empêcher le droit de vote à 100 % du monde.
Alors, considérant qu'aujourd'hui, en
2023, les listes électorales sont facilement accessibles, on est rendus en
format électronique, on n'est plus dans des papiers comme en 1979, bien,
la ministre a accepté qu'on retire cette variable-là qui était basée sur le nombre d'unités d'habitation. Donc, aujourd'hui,
ça va être simplement le nombre de personnes à voter, réelles, qui sont sur
la liste électorale. Donc, je remercie la ministre pour son ouverture.
• (15 h 50) •
Par contre,
je vais reparler du processus de consultation
publique de façon générale. Il y a
eu... Il y avait beaucoup de changements, là, dans le projet de loi qui avait
rapport avec les consultations publiques. Un des éléments, c'était
notamment que la consultation publique en personne, lorsqu'il y a un changement
de zonage, n'était plus obligatoire, et
seulement une consultation publique écrite serait désormais requise. Donc, ça,
c'est... Je comprends qu'il y avait des villes... beaucoup de villes
demandent un assouplissement du processus de consultation de zonage parce que
ça a une certaine lourdeur, c'est vrai, mais
le grand écueil, c'est plutôt les zones qui sont visées dans un processus de
changement de zonage. Et là c'est
très technique, mais ça, on ne s'y attardait pas. Donc, l'ordre... D'ailleurs,
l'Ordre des urbanistes du Québec est venu
dire : On aurait dû s'y attarder, il nous faut une réforme majeure
là-dessus. Ils ont fait une proposition, mais visiblement le projet de loi n'était pas... il ne touchait pas
à cette portion-là, et ça, c'est un... c'est quelque chose qu'il faudra
revenir. Et d'ailleurs j'avais...
j'ai souligné à la ministre qu'il me ferait grand plaisir de participer à un
comité, un chantier de travail là-dessus,
parce qu'il faudra le faire, revoir comment se fait un processus de
consultation de zonage. Mais, ceci dit, il y avait certains
éléments dans le projet de loi qui touchaient à ça, et ça touchait
principalement les consultations publiques. Et,
moi, ce que j'ai soulevé à maintes reprises, c'est une grande inquiétude que
j'ai, c'est le fait d'exclure, dans le fond, les gens qui sont analphabètes fonctionnels, ceux qui ne comprennent pas des
écrits. Et ils sont beaucoup plus nombreux dans notre société qu'on peut le croire, et, ça, c'est inquiétant. Alors,
pour moi, je ne voudrais pas qu'on exclue des gens qui ont de la difficulté à lire. Et l'urbanisme, ce sont
des textes extrêmement complexes. C'est très technique, c'est très difficile.
Et, pendant huit ans, j'animais, j'assistais aux
assemblées de consultation de zonage chez nous, lorsque j'étais conseillère
municipale, j'avais le dossier de l'urbanisme, et donc j'ai vu à quel point ça
faisait une différence quand c'était
expliqué en personne et que les gens pouvaient avoir un échange avec le
spécialiste de l'urbanisme ou avec les élus. Donc, pour moi, ça, c'était quelque chose que je trouvais qu'on...
c'était un recul important pour toutes ces personnes-là. Et on parle de plus de 40 % de la population,
là, qui est analphabète fonctionnelle, donc c'est quand même beaucoup plus
important qu'on pense.
Et donc
c'était un recul pour moi, et, en tout cas, j'imagine que mes commentaires ont
eu écho parce que tous les articles qui faisaient référence aux consultations
publiques ont été retirés. Donc, on parle de 45 articles sur les
182 articles du projet de loi qui ont été retirés. Beaucoup,
là-dedans, c'était de la concordance, là, des articles de concordance, mais il
reste que c'est quand même 45 articles qui ont été retirés. Et là, bien,
ça fait en sorte qu'on est revenus, dans le fond, sur tout ce qui est consultation publique, on est retournés au statu
quo. Et ce n'est pas une mauvaise chose parce que ça nous permet... je pense qu'on prend un petit pas
de recul pour revenir en force et retravailler cet élément-là. Comme je dis,
ça prendra probablement un chantier de
travail plus complet pour regarder ça et s'assurer, là, que ce soit plus
moderne, mais qu'en même temps on ne mette pas personne de côté, là,
dans les processus de consultation publique.
Je vais peut-être
mentionner un élément qui a été ajouté, et, ça aussi, c'est un... c'était un
bel ajout qu'il y avait déjà au
départ, là. Je vais peut-être mieux l'expliquer. Au départ, dans le projet de
loi, une nouveauté, c'est qu'on permettait aux municipalités de donner
des subventions aux agriculteurs. Et, en temps normal, une municipalité n'a pas
le droit de donner une subvention directe à un privé, à une personne privée — elle
ne peut pas le faire — ou
une entreprise privée. Sinon, c'est très,
très, très balisé, là, il y a certaines exceptions, mais très balisées. Bref,
les agriculteurs n'en faisaient pas partie.
Mais, par contre, il y avait beaucoup de contestations, parce qu'il y a une loi
sur les milieux humides et hydriques qui a été adoptée. On demande aux... à
ceux qui possèdent des terrains avec des milieux humides et hydriques de les
préserver, mais, lorsque c'étaient
des agriculteurs, ils disaient : On aimerait bien être compensés pour
cette préservation-là. Donc, on est bien d'accord, on veut participer à
l'effort collectif de préservation de la biodiversité, mais c'est quand même
une terre cultivable qu'on ne peut pas
opérer, on ne peut pas travailler. Donc, en échange, est-ce qu'on peut nous
compenser? Puis ce n'était pas
possible, les municipalités ne pouvaient pas le faire. Donc, le projet de loi
intégrait ça, il amenait la notion de subvention pour le maintien de
milieux humides et hydriques. Par contre, moi, j'ai parlé avec la ministre de
mon expérience personnelle où j'étais, à la
ville de Laval, et où on est... on a mis en place un règlement
où on venait protéger des boisés, et plusieurs de ces boisés-là étaient
en terre agricole. D'ailleurs, ils étaient dans mon comté actuel, Mille-Îles. C'est là qu'il y a la plus grande superficie de
boisés en terre agricole à Laval. Et là les agriculteurs nous disaient :
On veut bien, là, aider Laval à protéger les boisés, mais on aimerait être
compensés. Même chose que pour les milieux humides et hydriques, mais ça, c'était il y a plusieurs
années qu'on nous disait ça. Je retourne en arrière, là. Mon Dieu! Ça devait
être en 2015, probablement. Donc,
voyant cet article de loi là ici qu'on nous proposait pour pouvoir donner des
subventions pour les milieux humides et hydriques, bien, j'ai proposé
qu'on l'élargisse aux boisés, et, d'un commun accord avec le gouvernement, on a convenu d'un libellé qui dit
«ou tout autre milieu naturel». Donc, ainsi, les municipalités qui voudront
préserver un boisé, une friche, quelque... une tourbière, par exemple, et qui
voudraient compenser un agriculteur pour préserver
ces milieux-là, pourraient le faire. Évidemment, il n'y a pas d'obligation aux
villes, là, pour les villes, de donner des subventions, mais elles ont
aujourd'hui l'outil pour le faire. Donc, je pense que le président de l'UPA
Laval-Laurentides — je
lui dis bonjour — je
pense qu'il est bien content, parce que ça faisait longtemps qu'il me le
demandait, mais il me l'a demandé à Laval,
alors, nous, à Laval, on ne pouvait pas le faire à l'époque. Aujourd'hui,
toutes les villes vont pouvoir le faire.
Un autre
élément qui est un gain, que je considère qui est un gain : Plusieurs
groupes sont venus nous parler, en fait, c'est des groupes de promoteurs qui
sont venus nous parler de l'enjeu qu'ils vivaient avec les différents comités
consultatifs en urbanisme. Donc, pour
précision, toutes les villes, bien, les villes qui utilisent des outils
discrétionnaires en urbanisme doivent
avoir un comité consultatif en urbanisme, et, généralement, ce sont des gens
issus de la communauté et de toutes sortes de milieux, pas nécessairement des
experts en urbanisme, et parfois, bien, il y a évidemment des élus, mais c'est
généralement plus des gens du civil, et il
n'y a pas de balise quant à la formation que ces gens-là doivent avoir, et
c'est bien correct, parce qu'ils doivent représenter la partie... le
public.
Donc, l'enjeu
qui a été soulevé, c'est que c'était inégal à travers les municipalités du
Québec, le niveau de connaissance des membres de comités consultatifs en
urbanisme. Et donc, là, il y avait, des fois, certains membres qui confondaient
leur rôle avec le rôle des élus et qui pouvaient faire... puis ça, je l'ai vu,
là, pouvaient faire... disons, retarder des projets indûment sur des bases qui n'étaient pas, disons, les leurs, qui ne
relevaient pas des responsabilités des membres de CCU. Et moi, dans un
passé, j'ai été bien impliquée à l'Association québécoise d'urbanisme. On a
donné des formations aux membres de CCU, et
j'ai pu constater aussi que ces connaissances-là étaient très inégales. Et donc
on a tous convenu que c'était
nécessaire qu'il y ait un minimum de formation, que les membres devaient
comprendre leurs rôles et responsabilités, et ça, ça a été ajouté dans
la loi.
Dans le fond,
on va, aujourd'hui, demander que, dans les trois mois de la nomination d'un
membre de CCU, qu'il ait cette... qu'il reçoive une formation. Il n'y a
pas de précision sur qui doit offrir cette formation, où elle doit se donner. Elle peut être virtuelle, peu importe, mais
l'idée, c'est qu'un minimum... et ça peut être la municipalité qui va la
donner, mais qu'il y ait un minimum
d'information qui soit donnée aux membres, parce que, croyez-le ou non, mais il
y a des endroits où est-ce que les gens n'ont pas eu ces formations-là
et ils naviguent à l'aveugle complètement.
Il
y a un élément dans le projet de loi qui, moi, m'amène certaines craintes, et
je l'ai soulevé, c'est le zonage incitatif.
Le zonage incitatif est un outil très intéressant qui a été présenté avec ce
projet de loi, le projet de loi n° 16, et qui permet, dans le fond, de négocier une densité
ou... une densité supplémentaire. Quand il y a un certain zonage sur un terrain x,
un promoteur voudrait faire un peu plus, il
pourrait... il va pouvoir désormais négocier avec une municipalité, dire :
En échange — il
peut aller jusqu'à 33 % de plus — je
vais offrir à la ville telle chose, telle chose, telle chose. Donc, c'est à la
ville de négocier. C'est à la ville de faire l'entente.
• (16 heures) •
Là,
pourquoi j'ai émis certaines réserves, c'est que, malheureusement, à Laval, on
a une mauvaise histoire. On a eu un maire qui a abusé de ses pouvoirs. Et on a
vu qu'en commission Charbonneau la conclusion, c'était : Il faut
éloigner les élus des promoteurs. Et
là on les rapproche. Alors, ça, il y a une certaine inquiétude. Il faudra que ce
soit bien balisé, évidemment.
Et
l'autre élément, c'est qu'on dit qu'il est possible, dans les échanges, de
faire du logement abordable, faire... par exemple, donner à la ville un
parc ou aménager un parc. Ça fait que ça, c'est des biens collectifs. Mais on
dit aussi que ça peut être un élément environnemental, donner plus de... une
meilleure, comment je pourrais dire ça... un plus haut standard environnemental
à l'immeuble qui sera construit. Et là c'est là que j'ai mis des balises aussi,
parce que c'est très flou. J'aurais aimé
qu'on précise une norme ou qu'on dise qu'on passe de tel type de bâtiment à tel
type de bâtiment, qu'on atteigne une
certaine norme, Nette Zéro, Passive House. Il existe des normes. Mais là c'est
laissé, dans le fond, au bon jugement de la municipalité. Et là est-ce
qu'on va se ramasser avec, finalement, un élément puis de dire : Bien, on a mis du bois, c'est plus environnemental, mais...
Vous voyez, ça peut devenir... Tu sais, comment ça va être interprété? Et
je pense qu'il faudra peut-être y revenir
éventuellement. On verra à l'usage comment ce sera utilisé, mais ça, c'est un
élément qui, moi, me soulève des doutes.
Un élément qui, pour
moi, je veux dire, était important, puis je suis déçue, là, ça n'a pas été
retenu et c'est exactement l'amendement que
vous avez lu, là, tout à l'heure, ça concerne cet élément-là. Donc, c'est un
amendement que j'ai déposé et c'est suite à plusieurs groupes qui sont
venus en consultation particulière ou, aussi, qui ont envoyé des mémoires, là.
Il y en a qui n'ont pas été conviés aux consultations particulières mais qui
ont envoyé des mémoires. Notamment, le
Chantier d'économie sociale a envoyé un mémoire à ce sujet-là, et le titre, le
titre du mémoire, c'est exactement Le
zonage différencié. Alors, moi,
c'était l'amendement que je proposais. Donc, il y a aussi des groupes comme...
des groupes qui font du logement étudiant
qui nous en ont parlé, le groupe UTILE. Bref, je vais... c'est encore technique
un peu, alors je vais l'expliquer, et là le zonage différencié, c'est
bien distinct que du zonage incitatif.
Alors,
le zonage incitatif, je l'expliquais tout à l'heure, si on est sur un lot
donné, un terrain x, et qu'on peut faire, je vais dire, par exemple, quatre étages sur ce terrain-là, bien, de
facto, la ville pourra octroyer du six étages, un peu supplémentaire, en échange, comme je vous disais,
d'une meilleure performance environnementale, ou un banc de parc, quelque
chose, ou du logement social ou abordable supplémentaire. Ça, c'est la
négociation qui est possible. Mais, de facto, tout le monde qui achète ce
terrain-là sait qu'ils peuvent faire faire entre quatre et six étages, tout le
monde est sur le même pied d'égalité
par rapport à la valeur du terrain. Et donc un promoteur, lui, qui veut... un
promoteur privé qui veut faire du logement
régulier peut aller chercher des gains, tu sais, dans le fond, une meilleure
densité, mais en échange pas nécessairement
de logement abordable, social.
Le zonage
différencié, en quoi il est différent, c'est que, lui, on vient dire :
Pour le même lot, le même terrain, il y a
deux limites de hauteur automatique, il y a du quatre étages pour du logement
régulier puis il y a du six étages pour du logement abordable ou social. Alors, vous me direz : Bien, c'est
à peu près la même chose. Non, pas du tout. Là, on sait, de facto... le groupe qui fait du logement
social sait, de facto, qu'il peut faire six étages, et le groupe qui fait du
logement régulier sait, de facto, qu'il ne peut pas faire plus que
quatre étages. Alors, la valeur du terrain n'est pas la même, hein? Parce que la valeur d'un terrain est toujours
basée sur qu'est-ce qu'on peut faire en termes de densité sur ce terrain-là. Et
donc, à ce moment-là, bien, le groupe qui
fait du logement social va avoir un avantage concurrentiel, entre guillemets,
parce qu'il va savoir qu'il peut
faire plus de logements, mais du logement social ou abordable, alors que le
logement privé ne pourra pas, il va être limité à quatre étages.
Et
ça, ça ramène un peu sur un pied d'égalité les deux types de promoteurs, qui,
actuellement, ne sont pas sur le même pied d'égalité. Pourquoi? Parce
qu'actuellement ce n'est pas rentable de faire du logement social, quand on
compare avec du logement régulier.
Alors, si un promoteur a le choix entre les deux, il va automatiquement faire
du logement régulier parce que c'est
beaucoup plus rentable par unité, tandis que, là, si, sur le même terrain, il
peut faire... L'organisme, lui qui fait du logement social puis qui sait qu'il
peut en faire plus, bien là ça vient faire baisser le coût à l'unité, et donc
ça devient un peu plus rentable. Ça va rester un défi, mais ça va
ramener un peu plus sur le même pied d'égalité. Et ça, c'est un outil qui ne
coûterait rien aux villes, qui ne coûterait rien au gouvernement, donc un outil
qui pourrait vraiment permettre d'augmenter la quantité de logements sociaux et
abordables à faible coût. Évidemment, il n'y aurait pas d'obligation pour les municipalités. Elles devraient... Elles auraient
le choix de le faire ou pas, de déterminer dans quelle zone elles le font. Mais, c'est des... D'ailleurs,
la ville de Montréal en a fait la demande, et on sait qu'à quel point la ville
de Montréal est en... a besoin de logements sociaux et abordables. Donc, c'est
un plus. C'était un plus, je crois.
Puis
je vais vous lire peut-être un petit extrait du mémoire, là, de Chantier
d'économie sociale, qui parlait spécifiquement
du zonage différencié, qui dit : «...le zonage différencié permet la
création d'un plus grand nombre d'unités à coût nul pour le gouvernement et les
municipalités : en augmentant la valeur des terrains par un bonus de
densification, les projets deviennent
[ainsi] plus alléchants aux promoteurs qui sont 100 % sans but lucratif.»
Donc, c'est ce que je vous expliquais. Et ça permet le logement social
et abordable.
Je rappelle que c'est
toujours un plus et que ça laisse un bien collectif pour la société. Alors, en
plus, on a cet avantage-là. Puis, en faisant
du bonus... Ce n'est pas du «bonus zoning», parce que «bonus zoning», pardon,
c'est l'autre, c'est le zonage incitatif.
Mais, en faisant un bonus de densification, mais automatique, de facto, bien là
on donne un plus pour la collectivité.
Je vais peut-être mentionner un autre
élément qui m'inquiétait un petit peu dans le projet de loi, puis je l'ai
mentionné, c'est l'article 106, qui venait exclure, dans le fond, les
équipements collectifs. Ça, de base, c'est un plus, là. Tout ce qui est
équipement collectif, qui est un équipement qui appartient à la municipalité,
qu'il soit exclu du processus de consultation
de zonage, comme je le disais tout à l'heure, pour les écoles ou les
établissements de santé, ça, c'est un plus. Mais, l'enjeu que j'y voyais, c'était la possibilité qu'une municipalité
utilise cet élément-là pour, finalement, contourner le processus de zonage
pour un projet commercial.
Et
là je vais expliquer, je vais donner un exemple. Admettons qu'il y aurait un
projet de cinéma, par exemple, qui ne serait
pas... puis d'ailleurs, il y a des musées qui ont été faits comme ça, donc
projet de cinéma, processus de consultation. Les gens s'y opposent, et la municipalité se retourne et dit :
Bien, c'est correct, ça va être un cinéma municipal. Et donc, là, ça devient municipal, et là ça devient exclu du
processus de consultation de zonage. Alors, il faudra s'assurer qu'il n'y ait
pas d'enjeux de ce côté-là. Et également les
équipements collectifs qui créent des odeurs, des grandes nuisances, bien là
les citoyens ne pourront plus du tout
intervenir. Donc, par exemple, je parle d'odeurs, je pensais à des usines de
boues usées. Ça, c'est un élément que moi, j'ai mentionné que c'était
une crainte.
Mais,
dans son ensemble, je dois dire, le projet de loi est un grand plus. Il y a eu
beaucoup de travail, beaucoup de travail
d'amélioration du projet de loi en cours de processus. Moi, je suis très, très,
très satisfaite, là, du travail qui a été fait. J'aurais aimé avoir le zonage
différencié, et c'est pour ça que je présente l'amendement aujourd'hui, mais,
pour le reste, là, je pense que j'ai
fait des... on a fait des bons gains, et la ministre a proposé de bons
amendements également en cours de route. Alors, je remercie tout le
monde qui a participé sur le projet de loi.
• (16 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée des Mille-Îles. Donc, je reconnais maintenant
Mme la ministre des Affaires municipales pour son intervention.
Mme
Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui. Merci, M. le Président.
Alors, tout de suite, en commençant, je vais remercier mes collègues d'avoir travaillé avec moi en commission
parlementaire pour ce projet de loi n° 16, projet tellement
important, M. le Président, même
vous, vous êtes au courant, parce que, pendant trois ans et demi, on a parlé
d'aménagement du territoire, on a parlé de la politique d'aménagement et d'architecture du territoire. Alors,
c'est un travail colossal qu'on a fait depuis trois ans et demi.
Maintenant on a eu la chance de déposer le projet de loi LAU.
Cette
loi-là, M. le Président, a 43 ans, donc ce n'est pas rien, moderniser une
loi de 43 ans. On a travaillé très, très fort. Il y a eu beaucoup d'ouverture, il y a eu beaucoup de
modifications, parce qu'on ne voulait pas faire du mur-à-mur dans les
régions. Donc, il fallait respecter les demandes régionales, évidemment.
Donc,
moi, ce que je peux dire, c'est qu'on a fait d'abord une consultation de la
politique nationale d'aménagement du territoire, consultation, M. le Président,
qui a duré deux ans et demi, avec 4 000 citoyens et organismes.
Donc, on a pris plusieurs recommandations
et plusieurs suggestions. Donc, aujourd'hui, je suis très heureuse d'être à l'étape de la prise en considération du rapport de la Commission de l'aménagement du territoire, du projet de loi n° 16,
M. le Président, qui modifie
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, et il y a aussi d'autres dispositions.
Alors,
on a présenté ce projet de loi le 21 mars dernier. Alors, ce qu'on
voulait, c'est moderniser le cadre
d'aménagement. C'est vraiment un pilier important pour la politique nationale
d'architecture et d'aménagement du territoire, M. le Président, parce qu'on a même commencé ce travail-là dans l'ancien
mandat avec l'ancienne ministre de la Culture, et aujourd'hui je le poursuis avec le ministre de la Culture
actuellement. Donc, c'est vraiment un projet à long terme très important
pour la population, c'est un legs pour les citoyens du Québec.
Donc,
le projet de loi, pour certaines... pour vous donner certaines informations
importantes, ce projet de loi là aura
vraiment un impact considérable sur les orientations gouvernementales en
aménagement du territoire. Donc, il y aura un système de monitorage, par exemple, dans chacune des régions pour
suivre l'évolution de l'aménagement du territoire, une nouvelle façon de
faire qui est introduite présentement, parce qu'on va demander aux MRC, aux
municipalités de mieux planifier leur développement, de mieux planifier leur
aménagement pour justement bâtir un meilleur territoire.
Écoutez,
moi, je remercie encore une fois mes collègues parce qu'il y a eu des notes et
des informations pour chacune des régions. Donc, tout était... tout a
été pris en considération. Donc, on voulait vraiment avoir un vent de
changement, M. le Président, en aménagement
du territoire, et vraiment c'est une transformation majeure du cadre législatif
qu'on a présentée dernièrement.
Donc,
comme je le mentionne, je vais rappeler quelques... quelques notions
importantes principales du projet de loi. Puis je vais vous noter aussi certains ajustements qu'on a apportés au
projet de loi. Au niveau de la planification territoriale, M. le
Président, il y a plusieurs mesures qu'on a prises en considération. Donc, au
niveau de la planification territoriale, il
y aura... on mettra en oeuvre des orientations gouvernementales en matière
d'aménagement sur le terrain. Il y a même une consultation qu'on démarre le 8 juin, tout de suite. On
attendait que le projet de loi soit adopté. Alors, le 8 juin, j'espère
qu'il sera bien adopté, évidemment, mais, le 8 juin, nous allons partir en
tournée pour consulter encore une fois les élus, les citoyens pour les
orientations, les fameuses OGAT, les orientations gouvernementales en
aménagement du territoire.
Donc, on veut faire en sorte que les municipalités
et les MRC puissent effectuer les changements qui sont requis à leur
planification du territoire dans les meilleurs délais. Parce que, oui, on l'a
avoué, on a dit : Mon Dieu! il y a des changements... il y a des schémas
d'aménagement qui sont très, très longs à être adoptés, parfois sept ans, huit
ans. Il faut travailler mieux dans chacune des régions, dans chacune des
MRC. Donc, il y a des notions de délais pour les schémas d'aménagement.
Donc, ensuite, on pense qu'il est vraiment
nécessaire que, si, parfois, les schémas d'aménagement sont trop longs à être déposés, il y a une modification qui
va faire que, oui, comme ministre, nous allons pouvoir exiger d'accélérer
le processus au niveau de l'aménagement et du développement avec les plans
métropolitains également.
Quand
je parle du système de monitorage, M. le Président, il y a d'autres
dispositions qui vont nous permettre d'instaurer
le système d'aménagement avec un système de monitorage. Donc, il n'y a pas
d'outils présentement. Imaginez, là, on
est arrivés... et, pour les MRC et les municipalités, il n'y a pas vraiment
d'outils pour les aider au niveau du système de monitorage. Donc, on va mesurer maintenant l'efficacité des politiques
d'aménagement à l'aide de ces données. Il y aura des indicateurs, des cibles, M. le Président, qui vont aider les MRC et
les municipalités à prévoir une planification sur leur territoire.
Alors,
pour s'assurer que le système génère des résultats concrets, on a même annoncé
qu'on allait travailler avec cinq
universités, M. le Président, parce que, oui, les universités, les cinq qui ont
été sélectionnées, ont déjà l'expérience de monitorage pour les indicateurs et les cibles pour l'aménagement du
territoire. Donc, au niveau régional métropolitain, chaque MRC et chaque communauté métropolitaine devra
définir dans son document de planification les cibles du développement
de son aménagement.
Pour
la consolidation des milieux, M. le Président, c'est important, ça touche tout
le Québec. Donc, la consolidation des
milieux, c'est important, voire essentiel de consolider nos milieux de vie. On
le répète assez souvent, on veut développer des quartiers chaleureux, des quartiers existants, des quartiers vivants.
Nos centres-villes, il faut repenser nos centres-villes, les milieux
urbains, les noyaux villageois, notamment quand on parle de l'offre de
logements.
Évidemment, pour
l'habitation, j'ai quand même une très, très grande sensibilité, parce qu'il y
a eu la loi n° 122 qui
a donné, avec l'ancien gouvernement, la loi sur les gouvernements de proximité,
l'autonomie municipale, mais, en même temps,
il fallait donner les outils aux municipalités, il fallait donner les outils
aux MRC pour pouvoir mieux planifier, pour pouvoir se développer. Donc, au
niveau de l'habitation, on va pouvoir vraiment voir, présentement, plusieurs
mesures. Puis, à ce moment-ci, c'est les...
ce sont les maires, mairesses, préfets, préfètes qui vont accélérer les
processus au niveau de l'habitation.
Donc, maintenant, elles ont tous les outils. Dans l'ancien mandat, on avait
donné les outils aussi aux maires et mairesses parce qu'avec le projet
de loi n° 67 on avait permis un don de terrain, un crédit de taxes ou des
subventions pour des projets en habitation, mais, maintenant, il manquait
certaines mesures, comme le droit de préemption que le premier ministre a accepté avant les élections. Puis, en plus, ma
collègue a déposé le projet de loi sur l'expropriation. Donc, on donne
vraiment toutes les mesures.
C'est
sûr que le projet de loi sur l'expropriation sera étudié prochainement. Il a
été étudié, il a été travaillé avec le ministère des Affaires
municipales et le ministère des Transports également. Donc, c'était vraiment
une demande pour la Fédération québécoise des municipalités et l'Union des municipalités, les grandes villes,
Montréal, Québec également. Donc,
c'est important, M. le Président, pour accélérer nos processus, nos projets
dans nos municipalités. Comme ma collègue l'a mentionné, on a même travaillé le
nombre de personnes habiles à voter parce que c'est important. On voit parfois
que ce sont 40, 45, 50 citoyens qui
bloquent un projet pour toute une municipalité. Donc, on a corrigé cette
situation, puis je remercie vraiment ma collègue, parce qu'il y a eu
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ouverture.
Donc,
évidemment, au niveau de l'habitation, on touche les projets qui ont pour but
d'augmenter la superficie des immeubles, de densifier plus rapidement
dans les centres-villes ou même dans les milieux ruraux, parce qu'il y a des mesures pour les maisons accessoires, il y a des
mesures pour les maisons intergénérationnelles. Donc, on a adopté, vraiment,
des amendements pour permettre une plus
grande densification, et sans approbation référendaire dans certains secteurs à
proximité des réseaux de transport, par exemple, structurants.
Donc, le projet de
loi prévoit également d'exempter du processus référendaire les règlements
d'urbanisme qui autorisent les logements
accessoires. C'est une grande avancée, c'est très positif. On encourage
également plus de développement dans
certains types de logements. Donc, les municipalités pourraient adopter un
programme destiné aux propriétaires
pour, par exemple, une résidence familiale, dans un logement accessoire, une
maison bigénérationnelle. Donc, les mesures, maintenant, seront
facilitantes.
Donc,
toujours dans le but de favoriser la consolidation des milieux, M. le Président,
on va accorder aux municipalités un
nouveau pouvoir, comme ma collègue le mentionnait, de zonage incitatif. Donc,
par exemple, une municipalité pourrait demander
à un promoteur d'intégrer des logements sociaux, des logements abordables
avec... des projets qui ont un intérêt vraiment collectif avec un projet
d'habitation. C'est pour ça que nous, on s'est dit : Maintenant, le zonage
incitatif, on l'accorde. On va voir
comment ça va fonctionner, mais, maintenant, on a quand même un délai très,
très court, parce que le projet de loi, j'espère, sera adopté très
prochainement. Donc, je crois, là, que toutes les mesures qu'on accorde
présentement seront très, très
positives pour toutes les municipalités du Québec. Alors, il y a même un
programme de revitalisation qui est également prévu pour le prolonger de
cinq ans à 10 ans, M. le Président.
Une mesure bien
importante : la protection des milieux naturels, milieux agricoles, avec
mon collègue qui est ici, ministre de
l'Agriculture, évidemment, et la protection de l'eau. Donc, aujourd'hui, je
peux vous dire, M. le Président, il y
a des projets... dans certaines régions, dans certaines municipalités, on fait
des projets, on construit des nouvelles résidences sans savoir s'il y a assez
d'eau potable, si la nappe phréatique est considérable et peut fournir au
nouveau quartier qui est construit.
Donc, quand on est arrivés en poste, c'est sûr, on a vu des nouveaux quartiers
qui manquaient d'eau potable. On s'est dit : Ça n'a aucun sens, il faut
pouvoir soit retarder ou interdire ces nouveaux quartiers qui existaient un peu
partout. Donc, maintenant, on va pouvoir exiger de vérifier s'il y a assez
d'eau potable, M. le Président, avec la nappe phréatique, avec les réseaux, évidemment, d'infrastructures en
eau potable. Donc, c'est une mesure vraiment importante. Les municipalités
pourraient suspendre, maintenant,
temporairement, je le mentionne bien, l'émission des permis lorsque les
municipalités constateraient qu'il y a une problématique au niveau de
l'approvisionnement et le traitement des eaux potables.
• (16 h 20) •
Donc, il y a d'autres
mesures, M. le Président, parce que je peux vous dire que ce projet de loi là
est vraiment important. Quand on dit que la
loi a 43 ans, il fallait avoir beaucoup d'audace pour revoir la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Donc, oui, on a eu assez d'audace. Je
suis très heureuse, parce que j'avais des collègues avec moi, puis je le
mentionne, qui avaient une belle expérience
au niveau de l'urbanisme dans les municipalités. Donc, avec mes collègues, le
projet de loi s'est bien étudié et, oui, le projet de loi
s'est très, très bien déroulé. J'étais également avec le député de Taschereau.
On a parlé également, avec le député de
Taschereau, d'inclure dans la loi la politique d'aménagement et d'architecture,
parce que, oui, on veut un ancrage vraiment important.
Donc,
moi, ce que je peux dire, M. le Président, je suis sensible quand même parce
qu'on se disait il y a trois ans et demi :
Est-ce qu'on va réussir à moderniser la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme? Écoutez, c'est quand même le septième projet de
loi qu'on fait à mon ministère, que je fais avec les Affaires municipales, et
je peux vous dire une chose, c'est un des projets que je suis persuadée, et même mes collègues, dans 25, 30,
35 ans, on va voir que, oui, nos régions, nos municipalités, nos
MRC seront mieux réfléchies.
Donc, mieux habiter
notre territoire, mieux construire, bien, évidemment, on sauve énormément de
coûts pour les citoyens, parce que, quand on
est arrivés en poste, M. le Président, on avait pour 40 milliards de
déficit au niveau des infrastructures
en eau au Québec. Imaginez, 40 milliards. Donc, nous, on s'est dit :
Qu'est-ce qui s'est passé? C'est là qu'on s'est dit : Si on avait mieux planifié, si on avait mieux
construit, si on avait eu une meilleure vision, tous les élus, toutes les
administrations municipales qui
travaillaient ensemble avec les citoyens, bien, c'est certain, peut-être qu'on
aurait mieux optimisé le
développement dans... sur tous les territoires du Québec. Donc, maintenant, on
le fait, c'est le moment d'accélérer les projets dans toutes les
municipalités.
Maintenant,
moi, je le dis, c'est quand même important, les municipalités, avec la FQM,
l'UMQ, Montréal, Québec, voulaient avoir le droit de préemption. M. le
premier ministre l'a accordé. Donc, la Loi sur l'expropriation, ma collègue a déposé son projet de loi. Donc, moi, ce que je
peux dire aujourd'hui : On a besoin d'augmenter l'offre de logements. Dans
l'ancien mandat, on a investi 2,4 milliards
en habitation. Ma collègue en Habitation fait de même, investit de gros
montants, a de bonnes solutions également.
Maintenant,
j'ai vraiment hâte de voir si nos adorables mairesses et maires, préfets,
préfètes vont utiliser tous ces outils,
comme le zonage incitatif, M. le Président, pour construire rapidement du
logement. Maintenant, comme gouvernement, on est très responsable, on leur donne des outils, mais moi, j'ai
vraiment hâte d'avoir les résultats plus tard pour nos futures générations. Alors, ce qu'on fait aujourd'hui, M.
le Président, c'est vraiment un legs pour nos jeunes, pour nos moins jeunes
aussi, parce que, vous savez, dans le passé,
on fermait nos églises puis on les laissait comme ça, sans vocation.
Aujourd'hui, on veut vraiment mieux réfléchir pour aussi avoir un grand
respect pour nos bâtiments patrimoniaux.
Et,
voilà, on l'a fait ensemble. Puis, je le répète, merci à mon collègue adjoint
parlementaire, qui était avec moi, parce
que, oui, il y avait un bon souci également pour les milieux agricoles. Et je
crois qu'on a quand même essayé de toucher à toutes les sphères qui étaient demandées, mais en même temps, il faut
mieux construire, mieux habiter notre territoire, puis c'est nos enfants
qui s'en porteront mieux. Alors, voilà. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la ministre des Affaires municipales. Alors, est-ce qu'il
y a d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Alors,
je vais donc mettre aux voix l'amendement introduisant l'article 125.1 et
qui se lit comme suit : Insérer, après l'article 125, le
suivant :
125.1.
L'article 113 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est modifié par
l'insertion, après le paragraphe 5.1°, du suivant :
«5.2°
spécifier, pour chaque zone ou secteur de zone prévoyant des bâtiments
résidentiels, un nombre d'étages ou de hauteurs différencié selon le
type de logement prévu, permettant jusqu'à 33 % supplémentaire pour des
bâtiments prévoyant uniquement des logements sociaux ou abordables par rapport
à la limite prévue pour du logement régulier.»
Cet amendement est-il
adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
oui, Mme la députée de Mille-Îles, vous demandez un vote par appel nominal. M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...reporter ce vote à la prochaine période des affaires
courantes, s'il vous plaît.
Votes
reportés
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote sera reporté lors d'une prochaine période des affaires courantes.
Pour la suite de nos
travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : M. le Président, je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 1 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Débats
sur les rapports de commissions
Prise
en considération du rapport de la commission qui a procédé à des consultations
particulières sur les révélations de violence lors des initiations dans le
milieu
du hockey junior et la possible situation dans d'autres sports
Le Vice-Président (M. Lévesque) : À
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de la culture et de l'éducation,
qui, le 22 février et les 21, 22 et 23 mars 2023, a procédé à des
auditions publiques
dans le cadre de consultations particulières à l'égard du mandat d'initiative
sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du hockey
junior et la possible situation dans d'autres sports. Ce rapport, qui a été
déposé le 30 mai 2023, contient 23 recommandations.
Je vous
rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du règlement,
la prise en considération du rapport donne
lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et qu'aucun amendement n'est
recevable. Je vous rappelle également qu'en vertu du deuxième alinéa de
l'article 95 ce débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée.
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour ce débat restreint
s'effectuera comme suit : 60 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 36 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle,
20 min 54 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six
minutes sont allouées au troisième groupe
d'opposition, 1 min 30 s sont allouées à la députée
indépendante. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par la députée
indépendante ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires, selon les proportions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin,
je rappelle à la députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours
du débat, elle a 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître le
premier intervenant, et ce sera Mme la députée de Hull.
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : Oui.
Bonjour, M. le Président. Donc, j'ai ici, en main, le rapport sur lequel
on a travaillé très fort puis, je tiens à le dire, là, en collaboration
transpartisane avec mes collègues. Ça a été incroyable, le travail qu'on a fait
ensemble, les beaux échanges, les belles discussions qu'on a eues, puis qui a
mené, finalement, aux 23 recommandations. Puis je vais en reparler,
là, quand même pas mal lors de mon intervention aujourd'hui.
Tout ça,
hier, s'est terminé, là, par une conférence de presse importante qu'on a faite
également ensemble, dans laquelle on
est venus dire, finalement, là, que les histoires d'horreur qu'on a vues dans
les dernières semaines, dans les dernières
années, c'est inadmissible puis qu'il doit y avoir un changement, un changement
de culture important, oui, dans la
ligue junior majeure de hockey, mais dans l'ensemble des sports. On a traité...
Nous, on a les 23 recommandations qui touchent, oui, la Ligue de
hockey junior majeure, mais elles touchent également l'ensemble des sports.
Pour nous,
quand on discutait ensemble, tous les membres de la commission, puis tout au
cours de l'élaboration de ce rapport-là,
c'était important que les fédérations, qu'elles soient privées, scolaires,
prennent en compte ce rapport-là. On
en a parlé abondamment dans les médias. Maintenant, ils ont des
responsabilités, puis je vais y revenir tout au long des discussions, du
discours puis des interventions d'aujourd'hui.
Tout ça, ça
part du 3 février dernier. Il faut se rappeler, là, les faits, là. La Cour
supérieure de l'Ontario a rendu son jugement sur le recours collectif intenté
contre la Ligue canadienne de hockey par trois joueurs affirmant avoir subi
des sévices importants lors des initiations.
Les allégations touchaient 38 des 60 équipes de hockey junior canadien. Ça
s'étendait sur quand même une longue période. On parlait de 1979 à 2014. On
connaît, là, le résultat de tout ça, la cour a refusé la demande de recours collectif, affirmant que les
trois ligues régionales qui faisaient partie de la Ligue canadienne de hockey,
bien, c'étaient des entités juridiques distinctes. Donc, c'est pour cette
raison-là que la cour a refusé le recours collectif.
Ça nous a
amenés, nous, membres de la commission... on a donc décidé de se saisir de
l'opportunité, puis je pense que
c'était important de le faire à ce moment-là, de faire la lumière sur les
allégations de violence au hockey. L'initiative vient d'ailleurs de mon
collègue de Québec solidaire, le député de Rosemont, qui a déposé le mandat
d'initiative. Puis je tiens à le
remercier, parce que le travail qu'on a fait aujourd'hui, il est important.
Puis ça... Et puis je rappelle l'excellente collaboration qu'on a eue
tous ensemble puis également avec le député de Marquette aussi.
• (16 h 30) •
Donc, on a
écouté plus de 15 intervenants du milieu sportif qui nous ont proposé des
pistes de solution constructives. Il
y a eu plusieurs intervenants. Il y a Sport'Aide qui est venu nous parler, le
réseau des sports du Québec, le RSEQ, l'INSPQ, l'Université McGill. Puis
je vais revenir sur l'Université McGill parce que ça a été un intervenant qui a
été important puis qui nous a grandement
aidés dans nos réflexions. Il y en a eu d'autres aussi, Dany Bertrand, docteur
en psychologie du sport, un avocat,
Me Michaud, Michel Dorais. Michel Dorais, c'est un professeur titulaire à
la retraite, puis il a passé une grande partie de sa carrière à prévenir
les violences dans le monde du sport.
Donc, ces
témoins-là ont vraiment enrichi nos réflexions. Il faut les remercier d'être
venus, d'avoir pris du temps pour
venir nous rencontrer. Ils nous ont entretenu sur plusieurs sujets liés aux
violences puis aux initiations dans le sport, notamment la culture du
vestiaire, la fameuse culture du silence, hein, cette culture-là qui brise des
vies. On l'a trop entendu, malheureusement, ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. Mais, non,
non, justement, là, c'est ça que ce
rapport-là vient, aujourd'hui, avec les 23 recommandations... c'est
terminé. On va... on doit, en 2023, là, hein, on doit, M. le Président, éviter que ce qui s'est produit, les gestes
malheureux qu'on a entendus, les histoires d'horreur ne se reproduisent
plus.
Ils nous ont
parlé également des gouvernances des organisations sportives, des mesures de
prévention. Puis je vais revenir parler de la prévention, parce que
c'est important, la prévention, c'est quand on travaille en amont qu'on évite,
justement, d'en arriver à des tristes situations.
On a
également parlé des sanctions avec les différents intervenants, des procédures
judiciaires puis des mécanismes de
traitement des plaintes, puis ça, c'est important. Je vais le dire, là, ce qui
est important, dans les mécanismes de traitement des plaintes, c'est qu'ils soient indépendants. Ça, c'est... il y a
plusieurs qui sont venus nous parler, nous ont dit l'importance d'avoir un
mécanisme de traitement des plaintes indépendant, ce que n'avait pas la ligue
junior... la ligue junior de hockey majeur du Québec.
Donc,
vous avez compris, c'est 23 recommandations qui sont axées sur la
prévention puis le changement de culture, je
l'ai dit, dans le milieu du sport. Puis il faut le savoir, là, il y a des faits
marquants, là. Ils sont venus nous parler, là, un des intervenants, d'une étude, une étude qui a été faite en 2017
auprès des jeunes sportifs québécois de 14 à 17 ans. Donc, principalement, on traitait, dans cette étude-là,
de la violence psychologique, parce que c'est la violence qui était la plus
répandue dans le sport, c'est 52 %, là, des jeunes qui ont été
interrogés qui ont déclaré avoir subi, vécu de la violence psychologique en
pratiquant leur sport. Je ne sais pas pour vous, là, monsieur... Mme la
Présidente — on
a changé, désolée — je
ne sais pas pour vous, mais c'est inquiétant, puis c'est pour ça, je pense, que
les travaux qu'on a faits prennent tout
son sens, à ce stade-ci. Puis ces travaux-là se sont concentrés, oui, sur la...
non seulement sur la violence psychologique, mais on a aussi abordé la
violence physique, sexuelle, les abus, la négligence puis la discrimination.
Puis
là je vais revenir sur la prévention parce qu'une grande, une forte majorité
des intervenants sont venus nous parler de prévention, la véritable
prévention qui est importante puis qui est requise, l'importance de travailler
en amont sur les facteurs de risques. Il ne
faut pas que ça se résume... Puis c'est un peu... Au début, dans les
organisations sportives, bon, au début d'une année, bon, on signe des
documents, il y a des codes d'éthique, il y a des politiques, on signe ces documents-là, il y a, des fois, des formations.
C'est plus que ça. C'est ça que les interventions sont venues nous dire. Ce
n'est pas juste de signer en début, puis
c'est fini, on n'en parle plus, c'est des gestes qu'il faut qu'ils deviennent
des efforts qui doivent devenir
continus. Les valeurs promues par les organisations sportives doivent être
incarnées dans les outils de prévention,
puis ça doit sensibiliser puis interpeler les jeunes. C'est vraiment ça qui est
important, travailler en amont sur tous les facteurs de risques, donc la
prévention.
Et
évidemment on a parlé du bizutage lors de nombreuses discussions également. On
s'est aperçu que le bizutage n'était
pas clairement défini dans la forte majorité des organisations sportives, mais
McGill — puis
j'avais dit je reviendrais à
l'Université McGill — elle,
elle l'a fait, puis on a pris... on a cru bon, on l'a intégré même dans le
rapport. C'est quoi, la définition du
bizutage de l'université? Bien, c'est : «...toute activité exigée d'une
personne comme condition implicite ou
explicite d'initiation ou d'entrée, d'affiliation ou de continuité
d'association ou d'appartenance à un groupe ou à une organisation, qui humilie, dénigre, opprime,
menace ou amène une personne raisonnable à se sentir menacée ou en danger,
indépendamment de sa volonté [d'y] prendre
part.» Je pense que la définition, ici, là, que je viens de vous lire, là, elle
est extrêmement complète. Puis ce qu'on souhaitait, lors des discussions
puis dans le rapport — c'est
un rapport qui est public, là — c'est
que, finalement, les organisations sportives le définissent, ça fait partie des
recommandations. Puis on a même cru bon, là... Parce que l'Université McGill,
elle, a fait une liste, là, assez complète de tous les gestes qu'on ne
devrait pas voir quand les... quand il y a des activités d'initiation. Parce
qu'on n'est pas venu dire que les activités d'initiation
étaient interdites, même que les intervenants sont venus nous dire que les
bonnes activités d'initiation, c'est important pour l'esprit d'équipe,
on apprend à se connaître, donc c'est bon. Ce qu'on ne veut plus voir, ce qu'on
ne veut plus voir, c'est les actes.. le
bizutage, parce que ça, ce que ça fait, c'est que ça brise des vies
entières, des vies de jeunes. Ça,
c'est inadmissible, Mme la Présidente, et c'est pour ça que ce rapport-là en
fait vraiment un état de situation quand même important.
L'objectif,
c'est de protéger, c'est ce qu'on souhaite, là, c'est protéger nos jeunes, de
s'assurer qu'ils évoluent dans des
milieux sportifs stimulants, mais sécuritaires, exempts de toute forme de
violence. Quand on est des parents — parce
que je suis moi-même parent de deux jeunes
sportives — quand
ils arrivent dans le milieu sportif, que ce soit dans un aréna, que ce soit sur le bord d'une piscine, que ce
soit... peu importe, quand on dépose nos enfants, on veut s'assurer qu'ils
soient bien puis qu'ils ne vivent pas
les histoires d'horreur telles qu'on a entendu. C'est vraiment ça qui est
important, la sécurité de nos jeunes,
et c'est important pour l'ensemble des parents, parce que, quand il se passe
des gestes comme on a entendu, mais ça a des impacts tellement énormes
qu'on ne veut plus que ça, ça se produise.
Donc,
il ne faut pas hésiter... je pense que, si ce rapport-là a permis d'en parler,
a amené des recommandations, bien, il
ne faut pas que les jeunes hésitent à dénoncer, puis le fait qu'on en a abondamment
parlé, dans les derniers jours, dans les
médias... Puis il y a une responsabilité, aussi, des associations sportives de
les prendre, les recommandations, puis de travailler sur la prévention, comme je l'ai dit, mais aussi de dire aux
jeunes à quel point c'est important de dénoncer — je le répète, là, ils n'ont pas à garder ça en
dedans, parce que ça n'aidera pas personne — dénoncer pour qu'il y ait des sanctions
quand il y a des gestes qui sont posés puis qui sont inadmissibles, qui sont
des gestes de violence.
Des
histoires comme on a entendu dans les derniers mois, bien, comme je l'ai dit,
on ne veut plus jamais, jamais, jamais
que ça se produise au Québec. Puis je pense que, les organisations, puis c'est
la dernière recommandation, là, du rapport,
là, puis ça le dit clairement, là, ils ont une obligation de résultat. Puis
pourquoi ils ont une obligation de résultat? Parce qu'on veut qu'ils protègent nos jeunes. Le sport, il n'y a rien de
plus beau que le sport, là, écoute, on crée des liens, ça a un impact
important sur notre santé. Donc, on est tous favorables au sport. Mais le sport
doit être exempt de tout geste de violence. Et c'est important, puis je vais
terminer là-dessus, il y a une obligation de l'ensemble des fédérations sportives, qu'elles soient privées, scolaires, peu
importe, une obligation de résultat, de s'assurer de travailler en prévention,
s'assurer que nos jeunes vivent une expérience positive. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole. M. le député de Marquette.
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est toujours un plaisir de prendre
la parole ici, dans le salon bleu,
mais je vous dirai sincèrement, j'aurais pas mal aimé mieux ne pas prendre la
parole sur ce sujet-là. Pourquoi? Parce que j'aurais aimé mieux que ce
genre de choses là ne soit pas arrivé.
D'entrée
de jeu, j'aimerais remercier... remercier certaines personnes, si vous me le
permettez. J'aimerais remercier le député de Rosemont. Comme ma collègue de
Hull l'a dit, c'est lui qui a déposé le mandat d'initiative, et, par le fait
même, par ricochet... Mais j'aimerais remercier
également le gouvernement d'avoir accepté d'entendre ce mandat d'initiative, parce
que vous savez que ça n'arrive pas nécessairement souvent, que la partie
gouvernementale accepte un mandat d'initiative,
et c'était comme ça également en 2014 et entre 2018, avant que mes collègues me
le disent. Vous voyez, je suis une personne très, très transparent.
J'aimerais également remercier la commission, qui, justement, a fait un travail
remarquable, également les rédacteurs du rapport, parce que je suis persuadé
que ma collègue de Hull va être d'accord avec
moi en disant que le rapport reflète exactement, exactement notre pensée, notre
vision et nos recommandations. Aussi, je
ne veux pas oublier de mentionner, de remercier le député de Vanier-Les Rivières, le député de Richelieu, le député de
Beauce-Sud, le député de Côte-du-Sud et Mme la députée de Hull, qui vous a
entretenus il y a quelques minutes.
• (16 h 40) •
Vous savez, le
rapport qui a été déposé a été fait vraiment de façon concertée, de la façon
que j'aime travailler, Mme la Présidente,
vous le savez. Combien de fois je
l'ai dit, à l'effet que ce genre de situation là, quand on parle pour le
citoyen, l'être humain, pour améliorer ses
conditions, pour les protéger, ça devrait toujours, toujours, toujours être
fait de façon transpartisane?
Cependant, la politique est autre, ce n'est pas toujours cette façon-là. Mais,
moi, vraiment, j'étais dans mon élément, et je crois encore
qu'aujourd'hui, d'ici la prochaine... la fin de la prochaine législature,
j'aurai peut-être un peu plus d'influence ou on pourra peut-être avoir un peu
plus de projets transpartisans. J'ai le sentiment du devoir accompli. On a travaillé très, très, très fort sur
ce rapport-là. Ce qui est intéressant, c'est qu'on avait des gens de plusieurs
milieux qui débattaient, qui amenaient des propositions. On avait la
députée de Hull, qui a deux jeunes filles dans le sport compétitif, une jeune fille qui doit parfois voyager avec son
entraîneur, ça crée des inquiétudes, on veut la protéger.
Hier,
on avait un ancien directeur d'école, également, qui était là, qui nous a amené
également son expérience. Et, moi,
bien sûr, Mme la Présidente, une personne qui a été interpelée de façon
directe, là, directe, parce que, là, on parle d'une chose qui s'est produite dans mon milieu, dans mon
milieu, où j'ai été... où j'ai fait partie de cette culture-là, Mme la
Présidente, et je vous dirai bien...
de façon bien personnelle, que ça a été des moments difficiles pour moi à
certains moments, parce qu'on est venus ouvrir une petite partie, une
boîte dans mon cerveau qui était cachée à jamais. Et, quand on ouvre cette
boîte-là à l'âge de 52 ans, qui dit : Woups! tu n'as pas la même
vision de la chose, tu n'as pas la même perception et... ça secoue, ça secoue une personne, parce que tu
dis : Est-ce que j'aurais pu faire les choses différemment? Est-ce que moi,
j'aurais pu être plus mature que les autres? Est-ce que moi, j'aurais pu être
le gars qui défend...
Vous
savez, Mme la Présidente, j'ai une tendance et j'ai un profil de protecteur.
J'ai un profil protecteur. Je veux défendre
tout le monde. Je veux sauver tout le monde. C'est lourd, parfois, mais en même
temps ça vient aussi avec une lourdeur,
ça vient avec quelque chose de pesant qui fait en sorte qu'on est toujours
engagé, on se sent toujours responsable, à savoir : Est-ce que
j'aurais pu, moi, faire quelque chose de plus?
Alors,
ça, on est venus... Alors, moi, je veux vous dire, là-dessus, en terminant, que
j'ai vraiment travaillé avec mon coeur,
vraiment avec mon coeur, pour m'assurer qu'il n'y ait pas un autre Enrico, à
l'âge de 16, 17 ans... revive ces choses-là ou qui vive ces
choses-là et qui vive peut-être même, peut-être, dans le futur, de la
culpabilité.
On
a... Je vais faire... Je vais vous lire des passages du... un peu comme ma
collègue de Hull, je vais vous lire des passages du rapport puis je vais les commenter. Ma collègue en a parlé,
c'est la troisième... Non, je vais commencer avec celle-ci, Mme la Présidente : «[Des] gestes
violents peuvent être commis par des personnes en situation d'autorité, comme
le personnel entraîneur, par les pairs athlètes, les parents, le personnel
médical ou les spectateurs. La violence interpersonnelle peut avoir lieu durant un entraînement, une
compétition, au vestiaire, sur le jeu, après un match ou lors d'une activité
d'initiation.»
Je vous lis ça, Mme
la Présidente, parce que, dans le contexte actuel, quand on parle du hockey,
par exemple, ou même dans le sport en
général... Et je veux juste ouvrir une parenthèse, là, quand le mandat
d'initiative avait été déposé par le
collègue de Rosemont, ce qu'il avait demandé, c'était justement une
consultation particulière et audition publique dans le cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de
violence des initiations dans le milieu du hockey junior. C'était ça, initialement, qu'il avait demandé.
Mais moi, j'ai proposé... puis je suis fier de... puis je remercie également
les collègues de l'avoir accepté, là, parce que moi, je me... avec
toutes les histoires qu'on entendait, avec tout l'historique également, on sait que ce phénomène de bizutage et
d'initiation n'appartient pas seulement au hockey junior. Je sais que
c'est le hockey junior qui a fait sauter la marmite, mais en même temps ce
n'est pas nécessairement juste eux. On sait que
le hockey... il y a plus de cas dans le hockey. Pourquoi? Parce que c'est le
sport fédéré qui a le plus de membres, alors, forcément, c'est sûr et certain qu'il va y avoir plus d'histoires.
Alors, on s'est étalés vraiment juste... jusqu'aux autres sports, et
c'était bien ainsi.
Alors, ce que je vous
ai lu sur... un passage du rapport : «La violence interpersonnelle peut
avoir lieu durant un entraînement,
[...]compétition, au vestiaire, sur le jeu, après un match ou lors d'une
activité d'initiation», moi, ce que je
veux vous expliquer, Mme la Présidente, et je suis persuadé que je n'ai pas
besoin de le faire, là, c'est que, quand on confie... la chose la plus importante dans notre vie, ce sont nos
enfants, et, quand on confie ces enfants-là à une organisation, à une équipe, à un entraîneur, bien, c'est sa
responsabilité, c'est sa responsabilité, c'est le principe, également,
d'imputabilité s'il arrive quelque
chose, que ce soit au vestiaire... Moi, je n'embarque pas dans le discours «je
ne le savais pas» quant à la responsabilité
de quelqu'un, surtout d'un enfant qui est mineur, parce que, dans le junior, je
rappelle, il peut y avoir des joueurs
de 15 ans, 16 ans, 17 ans, ce sont des joueurs mineurs. Alors,
je n'embarque pas dans : Je ne le savais pas, je ne l'ai pas su. Bien, c'est ta responsabilité de savoir.
Je comprends que ce genre de choses là n'arrivent pas seulement à l'aréna,
dans un vestiaire, ça, je comprends ça, mais
en même temps, quand tu demandes aux parents de te confier son enfant, bien,
tu as la responsabilité à l'aréna, en
pension, à l'école, partout où le jeune doit aller. Je ne dis pas de le suivre
à pas, mais en même temps c'est ta
responsabilité. Si tu veux faire de la sensibilisation, si tu veux faire des
formations pour t'assurer que les jeunes ont une bonne conduite... mais
c'est ta responsabilité.
Je vais continuer, Mme la Présidente :
«Tous les sports sont touchés par des cas de violence ou d'abus. Le phénomène
des initiations violentes n'est pas exclusif au hockey...» Je viens de vous le
dire.
«Les violences physiques
et psychologiques sont notamment perpétrées dans les initiations puisqu'elles
sont considérées comme des épreuves.»
Bon, je vais
expliquer un élément qui... moi, je l'ai entendu à plusieurs reprises, ma
collègue l'a dit tantôt, mais je n'adhère
pas à... je n'adhère pas à cette philosophie-là, puis je vais vous dire
pourquoi : «Les rites initiatiques se perpétuent grâce à la culture du silence...» C'est vrai,
c'est vrai, on n'en parle pas. On attribue ça à la culture du silence, au
fameux omerta, on va l'attribuer à
ça. Moi, je vais vous dire, Mme la Présidente, c'est encore pire que la culture
du silence, c'est pire que l'omerta,
c'est normal. Pour une personne qui passe à travers le sport, le sport d'équipe
notamment, en l'occurrence, ici, le
hockey junior, bien, pour lui, c'est normal de se faire enfermer dans une
toilette, c'est normal de courir avec un raisin, Mme la Présidente. Je sais que ça vous fait sourire, là, mais nous
autres aussi, on trouvait ça drôle, à l'époque. Pourquoi? Parce qu'on l'a fait puis on l'a fait faire après.
Pourquoi? Parce que c'était normal. Puis je vous dirais même plus, Mme la
Présidente, il y a des entraîneurs qui
passaient, qui voyaient ça puis qui trouvaient ça drôle, ça fait qu'on avait
l'adhésion des entraîneurs aussi. Pas
partout, je ne veux pas généraliser, mais c'est arrivé. On a même vu des entraîneurs,
en Ontario, qui ont participé, qui
ont participé, eux aussi, à ce genre de bizutage là, à cette violence-là. Ça
fait que comment voulez-vous que des
jeunes de 16, 17, 18, 19 ans voient qu'il y a un problème? On ne le voit
pas, on trouve ça normal. Elle est là, la problématique.
• (16 h 50) •
Une autre chose : «Ce qui se dit dans le
vestiaire demeure dans le vestiaire.» Si vous saviez, Mme la Présidente, combien de fois je l'ai utilisée, cette phrase-là,
parce que, pour moi, c'est comme ça que j'ai été élevé, ce qui se dit dans le
vestiaire, ça reste dans le vestiaire. On
est une équipe, ça reste dans le vestiaire. C'est quand même drôle, ça n'a pas
été mon cas, là, mais qu'il y a eu
des crimes qui ont été commis puis que personne n'a parlé. Pourquoi? Parce que
qu'est-ce qui est dans le vestiaire,
ça reste dans le vestiaire. Puis c'est quand même bizarre, c'est quand même
fort, Mme la Présidente, parce que... puis je persuadé qu'il y a des...
Bien, je regarde le leader adjoint, qui est avocat, qui est tenu par le secret
professionnel, là, avec ses clients, bien, si un client lui dit qu'il va sortir
de son bureau puis qu'il va aller faire mal à quelqu'un,
ou qu'il va aller commettre l'irréparable, ou il va aller se suicider, bien, il
a un devoir, là, lui, il a un devoir de dénoncer, qui va aller au-delà du secret professionnel, mais des jeunes
de 16, 17, 18 ans, non. Ce qui est dans le vestiaire reste dans le vestiaire. Oui, on a besoin, à un
certain niveau... ce qui est dans le vestiaire reste dans le vestiaire. On le
vit tous, on a des caucus, ce qui est
au caucus, ça reste au caucus. Mais, quand il y a des crimes, à un moment
donné, c'est là qu'il faut avoir de
la formation et bien partager... et bien partager le message que, quand on va
trop loin, bien là, ce n'est plus une question de ce qui est dans le
vestiaire reste dans le vestiaire, ça va trop loin, il faut dénoncer.
Mme la Présidente, il y a quelques
recommandations que je veux parler avec vous et avec les collègues. Une recommandation qui m'est très chère, là, qui m'est
très chère, qui est très, très, très importante, aussi, la collègue de Hull
en a parlé un peu... Pendant la première
séance qu'on a eue avec la ligue junior majeur du Québec, il y a eu... si je ne
me trompe pas, Mme la Présidente, il
y a eu hockey... la Ligue canadienne de hockey qui est venue nous voir, il y a
Hockey Québec qui est venu nous voir,
et j'avais proposé d'inviter l'Université McGill. C'est sûr que l'Université
McGill était réticente, là, parce
qu'on sait, si on regarde l'histoire, là, l'Université McGill a passé des
moments quand même assez difficiles, justement, avec le bizutage, un mot qu'on n'utilisait pas ici, au Québec, là...
bien, qu'on utilise, parce qu'on fait la différenciation entre le bizutage et l'initiation. Initiation, ce n'est
pas nécessairement à connotation négative, la députée de Hull en a parlé,
c'est... on l'encourage, là, ça crée
des liens, puis ça crée un esprit d'équipe, puis c'est correct, mais le
bizutage, c'est à connotation négative,
et il y a même une loi contre le bizutage, en France, Mme la Présidente. Alors,
quand on a fait venir... j'ai demandé... j'ai plaidé pour qu'on fasse venir McGill, le groupe, je les en
remercie, la commission a accepté d'entendre McGill, mais McGill était réticente parce qu'ils pensaient
qu'on était pour les... faire leur procès. Ce n'est pas ça du tout. C'est parce
que McGill, en 2005, ont connu une
situation regrettable, avec son programme de football, avec du bizutage. Le
programme a été suspendu, il y a eu
des sanctions, on a mis une politique en place. Et par la suite, en 2017, Mme
la Présidente, là, il y a eu un
problème également, encore une fois, de bizutage, mais cette fois-ci avec le
programme de basketball masculin et féminin. Alors, ça n'appartient pas
seulement qu'au sport masculin également, c'est généralisé.
On a vu ce
qui s'est passé également, aussi, avec l'équipe de hockey de Harvard. Je veux
dire, il y a des histoires, là, d'horreur.
Puis je suis persuadé qu'ici les collègues, quand le tout a sorti, au mois
février, on a commencé à se parler. Moi, j'ai parlé avec des collègues,
ici, là, puis les collègues sont venus témoigner ce qu'ils avaient vécu, eux,
dans le hockey mineur, là, ce n'était même
pas du hockey de haut niveau, là, puis même des gens de l'Assemblée nationale,
qui étaient des femmes aussi, là, au
waterpolo, au volleyball, du sport scolaire, puis tu te dis : Voyons, ça
n'a pas de bon sens, puis c'est là que tu t'aperçois que c'est
généralisé.
Alors, le Pr
Labeau est venu nous entretenir et le professeur nous a dit une chose qui m'a
littéralement choqué, puis c'est
peut-être la chose qui m'a le plus bouleversé pendant cette commission-là, qui
m'est restée, c'est que le Pr Labeau nous a dit : La définition de l'abus n'est pas la même pour tout le
monde. Ça, ça veut dire que, le bizutage, ce qui est acceptable ou qui n'est pas acceptable, n'est pas la même
pour tout le monde. Alors, on demande aux fédérations d'avoir des politiques
anti-initiation, anti-violence, mais tout le
monde va écrire sa politique comme elle veut. Il y en a qui vont penser que
certains gestes, c'est de l'abus, il y en a qui vont penser que d'autres
gestes, non, ce n'est pas de l'abus, non, ce n'est pas acceptable, mais ce n'est pas de l'abus. Bien, ça
ne fonctionne pas. Alors, nous, ce qu'on a proposé, c'est d'uniformiser et de
le nommer, qu'est-ce qui est acceptable et qu'est-ce qui n'est pas acceptable.
Mais, dans ce cas-ci, la politique de McGill met noir sur blanc
qu'est-ce qu'ils n'ont pas le droit de faire, par exemple proférer des insultes
ou utiliser un langage blasphématoire ou
obscène, faire un tatouage, raser la tête, procéder au perçage ou au marquage
corporel, inclure ou exclure une
personne en fonction du caractère particulier, offrir des services personnels à
des membres plus anciens, faire des farces au téléphone ou harceler, procéder à un interrogatoire, servir de
l'alcool à une personne mineure, consommer de l'alcool ou des drogues
illégales, consommer des aliments ou des boissons au goût désagréable ou toute
substance non désirée. Ça,
c'est... Puis ça, là, il y en a une panoplie, là. Alors, maintenant, on ne
pourra plus dire : Bien, voyons donc, ce n'était pas grave, là, je ne pensais pas, je ne savais
pas, c'est écrit noir sur blanc, et c'est notre troisième recommandation, et
ça, j'en suis très fier, Mme la Présidente.
Protection de
l'intégrité des athlètes. Notre recommandation n° 10 : «Que soient
systématiquement publicisés et affichés dans les vestiaires et les lieux
de pratique des sports les outils, les règles d'éthique, les ressources et les
services disponibles en matière de
protection de l'intégrité, notamment les coordonnées de l'officier des plaintes
de la protection [et] de l'intégrité dans le sport.»
Ce qu'on a
entendu quand Sport'Aide est venu nous parler, et l'officier aux plaintes,
c'est que... et même à travers la
population, c'est qu'on a de la difficulté à trouver le numéro de téléphone. Il
y en a qui n'en ont pas entendu parler, ils ne le savent pas. Ils ne savent pas c'est quoi, l'officier aux plaintes.
Sport'Aide, ils n'en ont jamais entendu parler. Alors, nous, ce qu'on suggère, pour faciliter la dénonciation,
pour, également... non seulement faciliter, mais également passer un message
aussi à tous ceux qui sont dans le milieu sportif qui seraient peut-être tentés
de faire des conneries, Mme la Présidente, qu'il
y a un officier aux plaintes, il y a Je porte plainte, puis il y a un numéro de
téléphone qu'on peut appeler facilement, là, que tu sois dans un vestiaire, dans un gymnase, à l'école ou sur tous
les plateaux sportifs du Québec, ce qu'on suggère, c'est qu'on recommande, c'est que ce soit écrit noir sur
blanc, affiché à la vue de tout le monde : Voici les coordonnées de
l'officier aux plaintes, Je porte plainte, le numéro de téléphone.
Facile comme ça. Alors, ça va peut-être plus... plus favoriser la dénonciation et peut-être mettre aussi les freins
à ceux qui voudraient aller trop loin ou faire les clowns, Mme la Présidente.
Également, au
niveau de la prévention : «Qu'afin de poursuivre et d'améliorer le travail
de prévention et d'éducation, que des
formations, des guides et des ressources pour les joueurs et joueuses, pour le
personnel entraîneur, les parents, les bénévoles
et les arbitres soient mis en place et rendus accessibles à tous par la Ligue
de hockey junior majeur du Québec et
les organisations sportives fédérées, privées et scolaires — ça,
il faut que ce soit en continu, Mme la Présidente. [...]ces outils devront être
créés par un organisme reconnu par le gouvernement et mis à jour
régulièrement.» Pourquoi? Parce que, là,
il semble y avoir une certaine accalmie, là, parce que, là, tout le monde a été
secoué, là. Moi, je suis persuadé, là... je ne peux pas être sûr à
100 %, Mme la Présidente, mais, depuis le mois de février, là, je suis
persuadé qu'on s'est tenu tranquille dans les vestiaires, au Québec, dans tous
les sports confondus, là, dans tous les sports confondus. Cependant, avec le temps, on a tendance, peut-être, à
oublier. On va mettre les recommandations en place, il va y avoir des
formations, il va y avoir de la sensibilisation, et là, à un moment
donné, on rentre dans la facilité, encore une fois, et là on met moins l'emphase, et là il y a une recrudescence, une
recrudescence, à un moment donné, là on va entendre une autre histoire, puis là
on va dire : Bien, voyons donc, il y a
de la formation, on le dit, on rencontre les gens, on rencontre des jeunes, les
parents, les entraîneurs, les
organisations, mais comment ça se fait que ça se passe encore? Pourquoi? Parce
qu'on voit peut-être des choses différemment. La société a changé, il y
a des nouveaux produits sur le marché, on fait les choses différemment.
• (17 heures) •
Alors, pourquoi on veut cette formation-là,
qu'elle soit améliorée au niveau de la prévention puis l'éducation? Parce que, justement, ça change. Les temps vont
changer. Alors, il faut que ce soit en continu, en continu, qu'il n'y ait pas
de limite, qu'il n'y ait pas de date de péremption là-dessus. On commence ça
aujourd'hui. J'ose espérer que, la journée que je vais fermer les yeux la dernière fois, là, ça va continuer après moi
aussi et que ça va continuer de génération en génération.
La
recommandation n° 13 : «Que la Ligue de hockey junior majeur du
Québec mette en place un fonds de prévoyance pour s'assurer du financement adéquat des programmes de sensibilisation,
de prévention et de formation à venir.» Ça, ça vient du fait que le Pr
Dorais, ma collègue en a parlé, est venu sur place et nous a parlé... nous a
dit qu'il avait travaillé justement avec
Natacha Llorens, qui travaille avec la ligue junior majeur du Québec sur un
programme, là, un programme pour mettre en place...
Le programme
est prêt. Ça fait deux ans et demi qu'ils l'ont dans un tiroir. Pourquoi? Parce
que ça coûte 50 000 $ à
mettre en place, 50 000 $ pour protéger nos enfants, pour
sensibiliser les gens qui les entourent, les jeunes, pour faire de la prévention, sensibiliser, 50 000 $, Mme
la Présidente. La ligue junior majeur du Québec ne l'a pas donné. Puis, je
m'excuse, je sais que c'est
transpartisan, là, mais ils ont demandé à plusieurs ministères
50 000 $ puis ils n'ont pas été capables de l'avoir, Mme la
Présidente.
Moi, ce que
je demande, ce qu'on a demandé, c'est d'avoir un fonds de prévoyance. O.K.? On
l'a gardé à la ligue junior majeur du Québec, mais j'insiste encore pour
dire, Mme la Présidente, il faudrait... Ça n'a pas été accepté, ma proposition, mais il faudrait, Mme la Présidente,
qu'également... qu'il y ait un fonds de prévoyance à quelque part, là, dans
n'importe quel ministère, pour ça, pour
s'assurer qu'on est capables de toujours rester à l'affût, avec les meilleures,
les nouvelles pratiques, à la fine pointe de la technologie.
«Que la confidentialité des plaintes dans le
milieu soit assurée afin d'éviter que les noms des plaignants et des
plaignantes ou des personnes visées se retrouvent sur la place publique.» Ça,
c'est important, si on pense que, surtout, dénoncer,
là, des choses comme ça, des abus, ce n'est pas facile. On l'a vu dans d'autres
sphères, puis, dans le sport, c'est pareil,
là. Tu es gêné, tu ne vas pas le dire, tu ne vas pas en parler. Mais peut-être
que tu vas en parler puis tu vas être encouragé de parler si tu es
assuré que ton nom ne sortira pas.
On a vu, là,
un exemple, justement, avec une plainte à la commission aux plaintes... à
l'Officier des plaintes. Le nom de
l'entraîneur est sorti, puis on a vu ce que ça a donné, là. On a vu ce que ça a
donné, là. Je ne dis pas que l'entraîneur a fait... c'était correct, ce qu'il a fait, non, c'était inacceptable.
Cependant, il avait payé le prix. Il avait fait les formations nécessaires, mais il a été détruit sur la place
publique, ce jeune homme là. Ça fait qu'on veut-tu ça aussi? Bien non, on ne veut
pas ça. On ne veut pas ça. On veut protéger la confidentialité le plus
possible.
«Que l'Officier des plaintes de la protection de
l'intégrité dans le sport soit officialisé dans un poste et incarné dans une personne.» Ça, ça veut dire quoi, ça, Mme
la Présidente? Ça veut dire que l'Officier des plaintes, présentement, on ne sait pas c'est qui. On sait que c'est trois,
quatre, cinq, six personnes qui prennent le téléphone, qui vont recevoir les plaintes, vont faire les
suivis, qui vont émettre des sanctions. Là, on veut que ce soit une personne.
On connaît Mme Leclerc, la VG. On
connaît également Mme Mignolet, qui est la Commissaire à l'éthique.
Personne ne veut rencontrer la Commissaire à l'éthique. Mais on aimerait ça peut-être avoir un visage pour l'Officier
des plaintes, qu'il soit nommé ici aux deux tiers. Vraiment, là, ça démontrerait le sérieux de la
position de l'Officier des plaintes puis ça créerait également une proximité,
parce qu'on sait à qui on va parler. On sait qui va nous aider.
La recommandation 22 : «Que les
organisations sportives fédérées, privées et scolaires aient l'obligation de transmettre les informations et les données
pertinentes sur les actes de violence dans leur rapport annuel ou à la demande
d'un ministère ou d'un organisme
gouvernemental.» Ça, c'était dans le but, Mme la Présidente, de créer de la
transparence, créer de la
transparence. Non seulement créer de la transparence, mais, quand tu es obligé
de mettre ça dans ton rapport annuel ou
à la demande d'un ministère ou d'un organisme gouvernemental, bien là, tu
vas-tu t'assurer que tu as les pattes blanches, que tu vas montrer patte blanche? Ça, ça veut-tu dire que tu vas prendre
soin de ton milieu, ceux qui sont en position d'autorité qui vont y
voir?
Puis je ne
dis pas que les gens dans le milieu du sport ont fermé les yeux, ils n'ont pas
fait le travail. Ce n'est pas ce que
je dis, Mme la Présidente, mais il faut aller plus loin. Il faut aller plus
loin parce qu'il y a peut-être des choses qui nous sont passées sous le nez. Ah! j'ai eu un fils, moi. Il a
24 ans aujourd'hui, là. Puis, des fois, il vient souper à la maison
puis il me dit : Papa, quand j'avais
17 ans, tu sais, cette fois-là, là... maudit que je me trouve niaiseux, Mme la Présidente, il m'avait
fait tourner comme une toupie. Bien oui, mais ce n'est pas parce que je ne suis
pas intelligent, c'est parce que, tu sais, je veux dire, je ne l'ai pas
vu, qu'est-ce que tu veux je te dise, mais, en même temps, c'était ma
responsabilité.
Alors, quand
on va demander aux organisations sportives fédérées, privées et scolaires de
donner l'information, non seulement
ça sert à vérifier, voir si tout est correct, au niveau des plaintes, au niveau
des actes répréhensibles, au niveau de tout
ce qui s'est passé, au niveau des gestes inacceptables, mais au moins ce que ça
sert aussi, Mme la Présidente, c'est de colliger l'information, d'aller chercher du matériel pour être capables
d'ajuster nos programmes par la suite. Parce que, vous savez, il y a des
projets de loi qui sont déposés, qui sont adoptés ici, à l'Assemblée nationale,
qui vont servir en même temps à
colliger l'information à des fins statistiques pour aller chercher
vraiment : O.K., parfait, telle chose, telle chose, telle chose,
voici la courbe, voici ce que ça a donné.
Alors, on est
capables de le faire dans des projets de loi. Moi, je pense qu'on est capables
de le faire ici aussi pour, justement,
être capables de s'ajuster, parce que c'est beau de dire : De la formation
en continu, faire de la... être sensible, la sensibilité envers les jeunes, envers les groupes, les fédérations,
les organisations, mais, si on n'est pas capables de leur donner les bons outils puis on n'est pas capables
de s'ajuster parce qu'on n'a pas de données, bien là, à un moment donné,
on va pédaler puis on va continuellement rentrer dans le mur, Mme la
Présidente.
La
23e recommandation, j'en suis particulièrement fier. Il y a eu des débats,
il y a eu des débats là-dessus. Moi, je ne vous... Je ne cacherai pas, Mme la Présidente, que, moi, ce que j'ai
demandé, c'est qu'il y ait un suivi à chaque année. Là, on sait... on est tous
ici aujourd'hui, mais on ne sait pas si on va être là dans la
44e législature. On est là dans la 43e. Moi, j'ai dit : Là, là, il faut absolument faire
revenir la ligue junior majeur du Québec à chaque année, Hockey Québec, à
chaque année, la ligue canadienne, à chaque année, parce qu'il faut
s'assurer qu'ils vont faire le travail puis ils vont mettre les recommandations
en place et vont... et ça va s'améliorer. Parce que, quand l'industrie, Mme la
Présidente, n'est pas capable de faire sa
job, de bien prendre soin de nos enfants, bien, c'est qui qui... tout faire la
job, c'est vous, c'est moi, c'est les
collègues ici, le législateur qui met le pied dans la porte puis il dit :
Wo! ça va faire, ça va faire! Parce qu'habituellement, là, on ne devrait pas être obligés de faire ça, mais,
quand l'industrie ne fait pas sa job, bien, c'est notre job à nous autres, en
tant que législateurs, de faire le suivi
puis de donner un coup de barre. C'est ce qu'on a fait. Moi, je le sais, je
suis un peu plus direct, je le sais,
je suis un peu plus dur. Je suis peut-être plus sensible. Puis je ne dis pas
que mes collègues ne sont pas
sensibles, mais peut-être de l'avoir vécu, Mme la Présidente, je suis à fleur
de peau. Je suis à fleur de peau. Alors, c'est pour ça que j'étais un
peu plus incisif dans mes demandes.
Et la 23e :
«Que la Commission de la culture et de l'éducation rappelle l'obligation de
résultat par les différentes organisations sportives fédérées, privées
et scolaires et qu'elle n'écarte pas la possibilité de faire un suivi si elle
le juge nécessaire.» Et ça, ce que ça veut
dire, Mme la Présidente, c'est que, si vous ne faites pas votre job, si ça
recommence, on se réserve le droit de
déposer un autre mandat d'initiative. Et je vous le dis tout de suite, là, je
vais déposer un mandat d'initiative pour les trois prochaines années, ce
ne sera pas une surprise, là, parce que moi, je veux les revoir à chaque année
pour m'assurer d'un suivi. Peut-être que ça
va être accepté, peut-être que non, mais c'est correct, c'est mon droit de le
faire, c'est mon pouvoir de le faire.
Pourquoi? Pas pour faire plaisir à Enrico, pas pour accuser quelqu'un, pas pour
mettre Mario Cecchini, le nouveau
commissaire, dans l'embarras. Pour protéger ce qui est le plus important dans
nos vies, Mme la Présidente, nos enfants. Merci beaucoup.
• (17 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. Alors, je suis prête à donner la
parole à Mme la députée de Lotbinière-Frontenac. Allez-y.
Mme Isabelle Lecours
Mme
Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Merci. Merci, Mme la Présidente.
Je suis très heureuse aujourd'hui de prendre
la parole sur le débat de dépôt du rapport dans le cadre du mandat d'initiative
en lien avec les révélations de violence lors des initiations dans le
milieu du hockey junior et la possible situation dans les autres sports.
Tout d'abord,
j'aimerais dire que, comme tout le monde au Québec, je présume, les révélations
en question m'ont beaucoup choquée.
Pour ma part, bien, courir avec un raisin ou un biscuit dans les fesses, bien,
je ne trouve pas ça du tout drôle.
Donc,
je suis vraiment très fière d'avoir participé aux consultations et je suis
vraiment fière du rapport qui a été déposé également. Je remercie d'ailleurs
les collègues du gouvernement et des oppositions ainsi que l'équipe de
recherche, qui a fait un travail très
important. Je remercie également les groupes qui ont déposé un mémoire ou qui
sont venus nous rencontrer pour répondre à nos questions.
Je reviens
sur les révélations choquantes qui ont été relayées par les médias. J'ai été
très surprise d'apprendre, en commission, que beaucoup de monde était au
courant qu'il se passait des choses et que tout ça a duré autant d'années. On a découvert une culture vraiment toxique, en
tant que parents, en tant que société poussant nos jeunes à faire du sport.
Et apprendre l'existence de sévices vécus,
des actes de violence physique, verbale et sexuelle, bien, je trouve ça
vraiment inacceptable. Ça laisse des
traces indélébiles pour les victimes mais aussi pour la société. En tant que
parents, on veut que nos jeunes pratiquent leur sport dans un
environnement sain, et c'était pour ça que c'était important d'agir.
Donc, nous
avons rencontré des groupes pour comprendre ce qui se passe et nous avons émis
23 recommandations. Je vais me limiter aux recommandations 4 à
8.
Donc, la
recommandation n° 4, c'était : «Que les activités d'initiation et
d'intégration à caractère positif au sein des équipes sportives soient acceptées.» On ne voulait pas interdire les
initiations, puisque nous pensons que les activités d'initiation et d'intégration positives peuvent
être bénéfiques pour les membres d'une équipe, et ça peut souder des liens,
créer un lien d'appartenance.
La
recommandation n° 5 : «Que les bonnes pratiques à adopter en matière
d'activités d'initiation ou d'intégration dans le milieu du sport fassent l'objet d'une sensibilisation accrue, et
ce, dès le plus jeune âge.» C'est important de communiquer d'adopter de bonnes pratiques en matière d'activités
d'initiation et d'intégration. Il faut informer les jeunes et toutes les personnes qui gravitent dans les
différents sports sur ce qui est acceptable ou non, qu'ils puissent avoir assez
confiance pour dénoncer une situation, advenant le cas.
La recommandation n° 6 : «Que la LHJMQ
se dote d'une politique qui définit ce qui constitue une activité d'intégration ou d'initiation acceptable et ce qui
constitue du bizutage, en précisant les comportements de violence proscrits
pour en contrer la banalisation.» Ma
collègue a défini ce qui était le bizutage. Ce sont des activités exigées d'une
personne, qui humilient, dénigrent,
oppriment, menacent ou amènent une personne à se sentir en danger pour faire
partie d'un groupe ou une
organisation. C'est important de définir les comportements acceptables ou non.
Donc, nous demandons à la Ligue de hockey junior majeur du Québec de se
doter d'une politique concernant les activités d'intégration ou d'initiation.
La
recommandation n° 7 : «Que la LHJMQ encadre mieux les pratiques
d'initiation et d'intégration en sensibilisant et en responsabilisant les
joueurs, le personnel entraîneur et les propriétaires d'équipe, entre autres
par l'application plus rigide du code
d'éthique des joueurs et en faisant la promotion des valeurs préconisées par la
ligue durant toute la saison auprès
des recrues.» Je pense que c'est très clair comme recommandations. Donc,
encadrer, former, éduquer, sensibiliser tout le monde pour que des
situations d'horreur que nous avons entendues ne se reproduisent plus.
La
recommandation n° 8 : «Que soit précisé dans le code d'éthique
des joueurs de la LHJMQ que le bizutage est interdit et non les
activités d'intégration positives au sens large.»
En terminant,
Mme la Présidente, j'espère qu'avec tous les reportages dans les médias nos
recommandations et les mesures mises en place au cours des derniers mois
par ma collègue ministre du Sport vont faire cesser les actes violents dans le
monde du sport. Le sport devrait être bénéfique et plaisant, pas traumatisant.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, nous poursuivons avec
M. le député de Côte-du-Sud.
M. Mathieu Rivest
M.
Rivest : Alors, bonjour. Merci, Mme la Présidente. Je suis
heureux d'intervenir suite au député de Marquette, qui a joué un rôle impressionnant, je dirais, à
l'intérieur de la commission — d'ailleurs,
j'ai eu l'opportunité de jouer au hockey
avec le député de Marquette, ça a été un grand plaisir — je
vois le collègue député de Rosemont, également, qui ont joué un rôle prépondérant à l'intérieur de ce
mandat d'initiative. Puis, pour moi, c'était mon premier mandat d'initiative,
et je suis d'autant plus fier de voir le
travail, je dirais, transpartisan qui se réalise à l'intérieur d'une commission
pareille et du travail collectif qui a été réalisé avec mes nombreux
collègues mais aussi les gens de l'opposition.
Puis je crois
qu'on en arrive à un constat qui a été réalisé pour les jeunes, hein, parce
qu'il ne faut pas oublier pour qui on
réalise ce travail-là. Bien, c'est effectivement pour nos jeunes qui... qu'on
souhaite qu'ils puissent vivre dans un environnement sécuritaire puis
qu'ils puissent évoluer à l'intérieur de leur sport, mais aussi de l'ensemble
des activités qui sont proposées au Québec
d'une façon, le plus possible, protégée, avec des acteurs qui sont compétents,
et qu'ils puissent participer à leur
plein épanouissement. Évidemment, on le fait pour cette sécurité-là dans la
pratique sportive, mais on le fait aussi pour que nos parents puissent
avoir confiance aux institutions qui travaillent auprès des jeunes.
Et, pour
nous, ce travail-là était essentiel parce que nous avons été, comme tout le
monde, touchés, marqués par ce qui a été partagé dans les médias et dans
ce qui a été véhiculé dans les activités sportives auprès des jeunes.
Je l'ai
mentionné à toute l'équipe de cette commission, de ce mandat d'initiative qui a
été réalisé, je remercie les collègues
députés mais également l'ensemble de l'équipe, hein? Je pense, le travail de
recherche qui est effectué, les gens qui
travaillent en coulisse à l'intérieur de nos commissions parlementaires, je
pense qu'il faut souligner, Mme la Présidente, ce travail-là qui est réalisé puis qui nous permet aujourd'hui d'arriver
à un rapport qui relate, effectivement, le travail qui a été réalisé par l'ensemble des collègues et qui,
pour moi, reflète le travail qui a été réalisé et qui reflète aussi les
témoignages reçus par les nombreuses
personnes qui sont venues, qui ont été invitées, par le mandat d'initiative, à
venir faire le témoignage de leur...
de comment ils vivaient de l'intérieur les activités sportives auprès des
jeunes. Et je peux vous dire qu'on a rencontré de nombreux acteurs de différentes disciplines, en
passant de l'Université McGill au réseau sportif étudiant, etc., la ligue
de... junior majeur, etc.
• (17 h 20) •
Donc,
ces rencontres-là qui ont été efficaces nous ont permis de réaliser le rapport
qu'on présente, qui traite, entre autres,
des violences dans le sport, de la culture des initiations dans le milieu du
hockey junior et des autres sports. Le député de Marquette en parlait tout à
l'heure, hein, de ce qui se passe dans le vestiaire, etc., de toute cette
culture-là qu'on entend parler, qu'on
ne connaît pas bien, mais qui, je pense, aujourd'hui, est révélée et nous
permet de pouvoir réaliser le travail
qu'on a fait, la gouvernance également des organisations sportives, les mesures
de prévention qu'on va souhaiter... qu'on
souhaite mettre de l'avant et que notre ministre va pouvoir, grâce à ce
rapport, pouvoir aller encore plus loin que le travail qui a été effectué jusqu'à maintenant, les mesures, également,
de prévention qu'on met, que je viens de souligner, les sanctions et les procédures judiciaires,
également le mécanisme de traitement des plaintes, ce qui est quand même très
important, et de pouvoir le faire connaître.
C'est beau d'avoir un mécanisme, mais il faut savoir où trouver le numéro de
téléphone, comment cliquer sur Je porte
plainte et pouvoir, aujourd'hui, mentionner, les gens qui réalisent des sports
partout au Québec, qu'ils ont accès à un mécanisme indépendant qui leur
permet de pouvoir porter plainte et de pouvoir être accompagnés par la suite.
Puis ça, pour nous, c'était très, très important.
Alors,
à l'intérieur de ce rapport-là, on retrouve 23 recommandations. Je vous en
relate quelques-unes au niveau, entre autres, de la gouvernance des
organisations sportives. On a mentionné, comme recommandation n° 1,
Mme la Présidente : «Que le conseil
d'administration de la Ligue de hockey junior majeur du Québec soit
complètement indépendant et ne
comprenne pas une majorité de propriétaires, ni de membres du personnel des
équipes et qu'il comprenne un meilleur ratio de femmes et de minorités
culturelles.»
Pourquoi
inclure l'ensemble de ces recommandations-là? C'est pour vraiment refléter la
société québécoise. Il est important
que les gens qui sont les premiers acteurs et qui prennent soin de nos jeunes
puissent refléter qui nous sommes au Québec. Donc, je pense, c'était
pour nous très important de pouvoir débuter la première recommandation avec
cette information.
La
recommandation 2, Mme la Présidente, mentionne : «Que les athlètes
soient — également — représentés dans la direction et la haute gestion de la Ligue de hockey junior majeur du
Québec par le biais, par exemple, d'un comité indépendant incluant des joueurs [avec] qui [on] peut faire des
revendications.» Donc, qu'on parle de hockey ou d'autres sports, il est primordial pour nous d'avoir des
gens qui sont impliqués dans le sport et qui puissent représenter dans la haute
direction et dans les personnes qui prennent
les décisions, de pouvoir être représentés et de pouvoir faire des
revendications aussi pour améliorer, finalement, la structure de
l'organisation en tant que telle.
Vous
savez, on a également parlé de la culture des initiations dans le milieu du hockey
junior et des autres sports. J'ai
évolué, Mme la Présidente, dans un autre milieu, qui est celui des camps de
vacances, dans celui de la formation, entre autres, musicale des jeunes durant l'été. C'est aussi un autre milieu où
la gouvernance devient quelque chose de primordial, mais c'est aussi un milieu où le volet de rites de
passage ou d'initiations peut devenir quelque chose d'extraordinairement
positif. Je pense à un jeune qui peut aller, l'été, séjourner dans un lieu de
vacances estivales, revenir avec la plume d'or de l'ours parce qu'il a réussi tel mandat. C'en est,
Mme la Présidente, des rites de passage et des volets d'initiation qui sont
positifs et qui permettent aux jeunes d'évoluer à l'intérieur de l'équipe ou du
groupe où il fait partie.
Donc,
le mandat, pour nous, ça a été de dire : Bien, cette culture-là
d'initiation, comment la changer, comment la faire évoluer, idéalement, dans un volet positif, mais aussi comment
venir mettre des balises et comment on peut intervenir pour, finalement, que cessent le volet négatif et
les volets qui ne sont pas appréciables à l'intérieur du sport? On a
longuement, d'ailleurs, parlé dans ce
sens-là de la culture au sein des organisations sportives : ce qui se fait
dans le vestiaire reste dans le
vestiaire. C'est dommage parce que ces rites de passage là peuvent être
effectivement des éléments positifs, et nous en avons d'ailleurs parlé
lors de nos rencontres sur le mandat d'initiative.
Vous
savez que... dans ces recommandations-là, je vais vous relater l'information
sur la troisième recommandation qui
est faite par le rapport : «Que les fédérations sportives élaborent une
politique sur le bizutage et les pratiques d'initiations inappropriées qui interdit notamment d'exiger
qu'une ou plusieurs personnes posent les gestes suivants ou les fassent subir
à d'autres...»
Tout
à l'heure, le député de Marquette nous en parlait, et ça a été un moment, je
dirais, un moment fort à l'intérieur de
la rencontre, lorsqu'effectivement McGill, le Pr Labeau, hein, je crois,
Pr Labeau est venu nous rencontrer, est venu nous mentionner comment il a été important pour eux,
essentiel, de pouvoir venir baliser et de pouvoir aussi venir donner la définition de ce qu'était le bizutage. Il nous a
relaté, on le met spécifiquement dans le rapport, de dire que la définition du
bizutage, selon l'Université McGill, mais qui est utilisée dans le rapport,
«est défini comme toute activité exigée d'une personne comme condition
implicite ou explicite d'initiation ou d'entrée, d'affiliation ou de continuité
d'association ou d'appartenance à un groupe ou à une organisation, qui humilie,
dénigre, opprime, menace ou amène une personne raisonnable à se sentir menacée
ou en danger, indépendamment de sa volonté [d'y] prendre part».
Puis
je pense que cet élément-là était unanime, au sein du comité, de se dire :
Nous avons là un exemple d'une prise en
charge de l'Université McGill, de se dire : Nous avons besoin d'avoir une
balise solide, de connaître la définition de ce qu'on ne souhaite pas
avoir à l'intérieur de nos équipes sportives.
Puis
Dieu sait que McGill a vécu des moments où est-ce que ça a été complexe et
malheureux pour des jeunes qui participaient aux activités sportives de McGill.
C'était essentiel, pour eux, de venir définir, venir baliser. Et je pense
que c'est un élément qui, pour moi, est
important, de se dire : Comment aller prendre le travail, de partager,
finalement, le travail, entre autres, ici, de l'Université McGill, et de rendre
quelque chose plus conforme, plus unanime, pour le bien-être,
finalement, de tout le Québec, on va dire ça comme ça, donc de poser les gestes
que je vais nommer?
Donc, on est
venus dire, dans le rapport, que la politique sur le bizutage et que les
pratiques d'initiation inappropriées qui
sont interdites... notamment, d'exiger une personne de poser les gestes
suivants. Voici : proférer des insultes ou utiliser un langage blasphématoire
ou obscène; porter des vêtements causant l'embarras; faire un tatouage, raser
la tête, procéder au perçage ou au
marquage corporels; ridiculiser ou dévaloriser une personne ou un groupe
social; se dévêtir ou se présenter sans
vêtements dans un endroit public ou privé; participer à un acte sexuel ou
simuler un acte sexuel; inclure ou exclure une personne en fonction de
caractéristiques particulières; offrir des services personnels à des membres
plus anciens; faire des farces au téléphone ou harceler; procéder à un
interrogatoire; faire des exercices physiques non liés à un sport; priver une personne de sommeil, de nourriture ou
d'hygiène; donner une fessée, un coup de fouet, un coup ou un coup de pied;
servir de l'alcool à une personne mineure; consommer de l'alcool ou des drogues
illégales; participer à un jeu ou à un concours
de calage d'alcool; consommer des aliments ou des boissons au goût désagréable
ou toute substance non désirée; détruire, abîmer ou voler des biens;
participer à toute activité sans le consentement.
Je pense que
le dernier point résume bien l'essence de ce qui est souhaité dans cette
recommandation-là : le consentement.
Cette liste non exhaustive permet de donner quelques balises et de se dire,
tout comme McGill a fait, qu'on doit respecter certaines règles
lorsqu'on participe à des activités sportives au Québec.
Maintenant,
dans ce traitement-là, vous savez, lorsqu'il arrive une problématique et qu'on
a à faire une plainte ou prendre un chemin... D'ailleurs, aujourd'hui,
je prends la peine, devant vous, d'encourager les jeunes qui ont pu vivre, même si ça fait trois ans, cinq ans,
10 ans... d'encourager les gens d'utiliser Je porte plainte pour pouvoir
se libérer de ce fardeau-là et de pouvoir avoir l'assistance nécessaire.
Mais qui fait
quoi? Dans le fond, à l'intérieur de ce travail-là, des gens ont été ciblés en
se disant : Bien, l'Officier des
plaintes, son rôle, quel est-il? Son rôle, bien, il est de recevoir les
plaintes d'abus, de harcèlement, de négligence ou de violence, en vertu de la
politique d'intégrité. Aussi, il voit à offrir son soutien au plaignant et à
juger de la recevabilité de la plainte.
Ensuite, il y a le Comité de protection de l'intégrité. C'est composé de trois
personnes indépendantes. Son rôle est de procéder au traitement de la plainte via une procédure d'audition
indépendante, impartiale, et d'offrir ses conclusions et ses recommandations
sur la situation. Et vous avez également... Et je terminerai avec Sport'Aide.
Donc, son rôle est de soutenir une personne vivant des difficultés dans
son environnement sportif, selon ses besoins et selon une situation qui se présente. Donc, Sport'Aide peut aussi accompagner,
vous accompagner pour déposer votre plainte auprès de l'Officier des
plaintes. Donc, vous avez toutes ces ressources-là, entre autres, sur
Sport'Aide.
Et puis je
tiens, en mon nom mais au nom aussi de l'ensemble des gens qui ont travaillé
sur le mandat d'initiative, à vous remercier pour le travail qui a été effectué
et vous dire combien il est agréable, pour un nouveau député, de se rendre compte que ce travail collectif là arrive
relativement rapidement à ses fins et qu'on peut, aujourd'hui, déposer ce
rapport-là et être fiers du travail qui a été accompli. Merci, Mme la
Présidente.
• (17 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec l'intervention
de M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Je suis vraiment content d'être ici, d'abord parce qu'on arrive à
la conclusion d'un exercice qui a été
vraiment agréable et utile, efficace et nécessaire, puis, accessoirement, c'est
parce que ça me donne une pause du
projet de loi n° 15, dont vous n'avez ici que le premier tome. Il y
en aura un autre, apparemment. Donc,
si je suis un peu confus, c'est la fatigue et parce que j'étais dans le projet
de loi n° 15, je n'étais pas du tout, du tout dans
les affaires de hockey, il y a quelques minutes à peine, avant que je remonte
ici.
Mais, blague
à part, je suis vraiment content d'être ici pour clore ce chapitre, mais pas
l'histoire, clore ce chapitre du
travail qu'on a fait et du travail qu'on a pris en relais de la société civile
et surtout des victimes, surtout des victimes. Ça a été dit, ça ne sera
jamais assez dit, de toute façon, le courage des victimes d'aller de l'avant.
Je ne le sais pas parce que je n'ai pas été
victime de ce genre d'abus. J'ai cette chance-là. Mais toute la littérature dit
qu'il faut d'abord que la victime reconnaisse qu'elle a été victime.
Déjà ça, ça doit être extraordinairement difficile, confrontant. Une victime, c'est faible, une victime, c'est vulnérable. Une
victime peut se sentir coupable. Et certaines victimes traînent ça pendant des
années et des années. La littérature,
notamment sur la violence faite aux femmes et les agressions sexuelles, nous
démontre ça.
On est dans
un autre registre ici avec le hockey, mais je crois que la psyché se compare et
reste la même. Donc, des victimes
qui, en plus, étaient des dieux du temple. C'étaient des sportifs, en plus, des
sportifs d'élite. Ils étaient supposés être
forts, étaient supposés être costauds, ils comptaient des buts, ils se
battaient, portaient le sport national à bout de bras. Ils avaient des rêves de
la Ligue nationale, certains y sont allés, d'ailleurs, avec leur petit baluchon
puis leur petite misère. Puis, un jour,
ces gens-là, probablement... je ne sais pas qu'est-ce qui fait le déclic, mais,
un jour, se disent : Je ne peux plus vivre avec ça. Je ne peux plus porter et ma poche de hockey et cet
immense bagage encore quatre fois plus lourd que je traîne sur mes épaules depuis des années, puis
c'est le déclic. C'est la première chose. C'est ce qui permet après de se
libérer. Mais, que de souffrance pour ces victimes!
On l'a lu, on l'a entendu, les plus connus sont
les Sheldon Kennedy de ce monde, qui ont fait la Ligue nationale, qui avaient... qui ont eu des belles carrières.
Est-ce qu'ils ont eu la carrière qu'ils auraient pu, n'eût été des agressions
et des traumatismes? Je ne le sais
pas. On ne le saura jamais. On ne le saura jamais. Theoren Fleury, précurseur en
la matière, abusé à répétition par
son coach aux mineures et puis même après ça dans les majeures. Un gars dont la
vie a probablement été bousillée en
partie. Puis je leur souhaite toute la quiétude, si une telle chose est
possible, mais je veux surtout, d'abord et avant tout, les remercier d'avoir attaché le grelot, d'avoir dit :
S'il s'est passé quelque chose de pas correct, ce n'est pas de ma faute, ce n'était pas parce que c'était le
système qui était comme ça. Je n'ai pas cherché ça. J'ai été agressé. On m'a
humilié, on a détruit une partie de ma vie
et certainement beaucoup de mes rêves aussi. Pourquoi? Pour jouer au hockey
dans le cas du hockey, mais c'est arrivé dans d'autres sports. Le député
de Marquette a raison de le mentionner souvent. Et, croyez-moi, ce n'est pas parce qu'il est
complaisant envers son sport, là, au contraire, au contraire. Et je le
remercie, d'ailleurs, de s'être levé
avec une crédibilité d'un gars qui a joué jusque dans les plus hautes ligues,
ce qui ne sera assurément jamais mon
cas, Mme la Présidente. Je ne vire pas des deux bords en patins à glace, puis
ne me demandez-moi pas surtout de reculer, à moins que ce soit sur le postérieur. Je... Ce n'est pas... Le hockey,
ce n'est pas mon truc. Le député de Marquette, il a joué, il nous a raconté des
choses, mais il a surtout profité de sa nouvelle carrière pour faire oeuvre
utile dans ce cas-ci.
Puis permettez que je passe aussi les
remerciements aux membres du gouvernement, aux collègues aussi de la troisième opposition qui ont participé aussi. On
se rappelle notamment le député de Matane-Matapédia, qui est un sacré parlementaire, qui est quand même un parlementaire assez efficace en
questions, on l'a vu, notamment avec le très peu de temps dont il avait. Je lui
lève mon chapeau. Il a fait un très, très bon boulot. Alors, merci aux
collègues qui ont permis qu'on fasse ça.
C'est drôle
parce qu'un collègue disait tout à l'heure : C'est mon premier mandat
d'initiative, disait-il, un collègue du
gouvernement. Moi aussi. Ce n'est pas le premier que je demande, mais c'est le
premier qu'on m'accorde. Puis qu'on m'accorde.
Ce n'est pas tant moi que : On se l'est accordé entre nous, on se l'est
accordé, tout ça. Puis, pour la petite histoire, souvenez-vous que la première personne, le premier élu de l'Assemblée
nationale qui a dit : Oui, il faut aller de l'avant avec un mandat d'initiative, c'est le premier ministre.
Et je le note parce que c'est lui qui a dit le premier, après que j'aie eu
déposé cette demande, devant les
journalistes, qui a dit : Oui, il faut absolument que l'Assemblée
nationale se saisisse de ça. Et je sais qu'il ne l'a pas fait seulement
parce qu'il est amateur de hockey. Il est amateur de hockey, ça, tout le monde
le sait, là, je veux dire, ce n'est pas un
secret pour personne, grand amateur de hockey, comme beaucoup de monde,
d'ailleurs, au Québec. Mais je sais
qu'il l'a fait pour les bonnes raisons, parce qu'il voyait, comme parlementaire
d'expérience aussi, ça fait quelques
années qu'il est là, le premier ministre, que nous avions un rôle à jouer
là-dedans, nous avions quelque chose à faire là-dedans, presque un
devoir. En tout cas, moi, je l'ai vu comme ça.
Quand j'ai lu
ça, je me souviens, là, c'était quelque part en février, un petit lundi matin,
on était en circonscription. Je lis
les nouvelles, comme tous les matins, je passe à travers la revue de presse, je
tombe sur cet article de Martin Leclerc avec un titre assez tapageur et ravageur, mais qui, à la fin, n'était
même pas si sensationnaliste que ça, eu regard à ce qu'on lisait dans son article, et il détaillait dans le
menu détail ce que ces jeunes joueurs de hockey étaient allés raconter devant
la Cour supérieure de l'Ontario. Je dois
vous dire que l'espresso puis la toast passent de travers le matin, quand on
lit des affaires de même. Puis,
honnêtement, la première fois, je ne l'ai même pas fini, l'article de Martin
Leclerc. J'étais trop... j'étais trop dégoûté, j'étais trop fâché. Je ne vais
pas le dire, le mot, il est antiparlementaire, là, comment j'étais vraiment,
mais j'étais comme ça, j'étais tellement en colère.
La colère
passée, tu te demandes : Mais qu'est-ce que je fais? Qu'est-ce que je peux
faire? Bien, comme parlementaires, je
me suis dit : On peut faire quelque chose. On doit faire quelque chose. On
peut et on doit faire quelque chose.
Le mandat d'initiative me paraissait effectivement le meilleur moyen. Puis je
suis vraiment heureux qu'on ait réussi à faire le travail qu'on a fait
en peu de temps, quand même, peu de temps, quand même, avec
23 recommandations qui sont toutes réalistes, applicables, qui feraient
une différence. J'y reviens dans deux, trois minutes.
Après le
dégoût matinal à la lecture d'un article comme celui-là... Puis il faut dire
que ce n'était pas le premier, hein, ce
n'était pas le premier. Il y a aussi toute cette histoire, là, qui continue
d'ailleurs d'alimenter la chronique, là, d'un viol collectif par une équipe Canada junior qui est
encore dans l'air, dont on sait peu de choses, qui finira par aboutir, tout
finit toujours par se savoir. Alors,
on aurait pu... j'aurais pu, j'aurais pu me dire : Bon, bien, encore une
autre histoire. Ça touche le hockey. J'aurais pu me dire : C'est de
même dans le hockey. Ça fait peut-être des années, des décennies qu'on nous dit que c'est de même. C'est la culture du hockey.
Ça a toujours marché de même. Puis qu'est-ce qu'on peut vraiment faire,
de toute façon? Tu sais, ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le
vestiaire. On ne le saura jamais. Bon, puis, après, c'est-tu si grave que ça? Tu sais, ça se passe dans tous les sports.
Bien oui, c'est si grave que ça. C'est si grave que ça et ce n'est pas parce
qu'un milieu fonctionne selon des codes culturels établis ou par atavisme que
c'est nécessairement acceptable.
• (17 h 40) •
Je donne
souvent... Ce n'est pas une comparaison, vous comprendrez, mais je donne
souvent l'exemple, là, moi, quand je
suis arrivé ici, là, comme très jeune journaliste, il y a 30 ans à
l'Assemblée nationale, les moeurs des élus n'étaient pas exactement les mêmes que ceux d'aujourd'hui.
C'est un fait. Je ne vous raconterai pas tout, mais j'ai vu des affaires que
je ne vois plus ici, là. J'entendais des
affaires, à l'époque, que je n'entends plus ici. C'est-tu parfait? Bien non,
bien sûr, il y a toujours place à amélioration. Mais je peux vous dire
qu'il y a 30 ans, je ne remonte pas, là, à Duplessis puis à Adélard Godbout, là, je remonte seulement il y a
30 ans, les moeurs politiques ici n'étaient pas les mêmes.
Il y a eu des changements dans la
façon de fonctionner, des trucs assez simples, là. Rappelez-vous, avant ici,
tout le monde applaudissait chaque
question. On a mis fin à ça il y a quelques années. On ne pensait jamais être
capable, ça s'est fait. Mais il y a des trucs beaucoup plus profonds,
beaucoup plus profonds : la présence des femmes, qui est venue civiliser
puis calmer le jeu beaucoup, beaucoup,
beaucoup ici, et c'est tant mieux, mais il n'y en avait pas tant à l'époque. Il
n'y en avait pas tant. Des habitudes
qui n'étaient pas ni saines pour la vie ni saines pour le travail, notamment de
consommation d'alcool à toute heure du jour, j'ai vu ça, moi, il y a
30 ans ici, à l'Assemblée nationale.
Ce n'étaient
pas du tout les mêmes moeurs, c'était une question d'époque. On ne s'est pas
dit : Bien, ça a toujours été de
même, ça va toujours rester de même. Dire ça, c'est accepter ce qui n'est pas
acceptable, accepter les tabous. C'est ce
qu'on aurait pu faire avec le hockey en se disant : Ah! ça a toujours
marché de même puis, à la fin, ce n'est pas si grave que ça. Le député de Marquette, là, qui a joué
jusqu'à dans la Ligue nationale, est... il aurait pu nous dire, comme certains
de ses coéquipiers nous ont déjà dit ou
certains commentateurs sportifs : Ça a toujours marché de même. C'est un
sport viril, le hockey, ça... «Viril»
ne veut pas dire de dépasser les bornes, ne veut certainement pas dire non plus
de violer les lois ou ses
coéquipiers, à plus forte raison. Après ça, le hockey se joue sur une patinoire
avec un bâton puis une puck, mais ça ne
veut pas dire que, parce que ça a toujours été comme ça, il fallait que ça
reste comme ça. Mais la résistance est forte, la résistance est forte. Plus le «boys' club» est
fermé, plus la résistance est forte. Alors, elle était forte dans le milieu du
hockey. On l'a vu, on l'a senti.
On a senti aussi
qu'il y avait des dirigeants de la Ligue de hockey junior majeur qui n'étaient
pas tellement intéressés à changer.
D'ailleurs, ils n'ont pas changé tant que ça avant, là. Je pense que ce qu'on a
fait là, au-delà du rapport, là, qu'on dépose puis qui, je pense, est un
excellent rapport, là, avec les 23 recommandations, je pense que ce qu'on
a fait surtout, c'est un électrochoc.
On a réussi à faire un électrochoc, puis ça a fait beaucoup de bruit dans la
population, puis on doit travailler dans un dossier comme ça main dans
la main avec la population, avec la force populaire, avec l'opinion publique. L'opinion publique, c'est fort, c'est
très fort. Quand ça passe, c'est un peu comme une vague, c'est difficile à
arrêter et c'est fort. Et ils nous
ont poussé dans le dos. On les a reçus, on a fait le relais de ça.
L'indignation, là, elle était partagée, elle était lourdement partagée. Alors,
c'était le temps aussi de le faire. Il fallait faire quelque chose comme ça.
Puis,
pour l'anecdote, moi, je peux vous dire qu'il y a des jours, avec cette
commission, là... je suis pas mal occupé, comme critique en santé, je suis pas mal occupé, je peux vous le dire,
là, ça occupe, ça occupe son gars d'opposition, là, mais jamais autant que le hockey, avec les médias,
jamais autant que le hockey. Il y a des jours où il n'y avait pas assez
d'heures le matin pour faire toutes les entrevues, là. Ça touche le monde, ça
touche les gens.
Alors, moi, quand
j'ai lu, par exemple, des chroniques dans certains journaux, au Québec, qui
disaient que les parlementaires se mêlaient
de ce qui ne les regardait pas puis de ce qu'ils ne connaissaient pas, bien, je
suis désolé, mais, si protéger les
jeunes d'abus et d'une culture toxique... si ça, ce n'est pas notre job puis si
on ne se mêle pas de nos affaires, bien, coupable, Mme la Présidente, je vais
continuer de ne pas me mêler de mes affaires, parce que je pense qu'on a
fait ce qu'il fallait qu'on fasse puis on a fait un très bon travail en la
matière.
Je veux aller
rapidement sur... Je pourrais les passer, les 23 recommandations, je ne le
ferai pas. Je vais y aller sur trois que
j'ai notées en particulier. Évidemment, la plus retenue, probablement, parce
que c'est la plus spectaculaire, c'est l'indépendance du conseil
d'administration de la Ligue de hockey junior majeur. Ça va de soi. Ça va de
soi. Un groupe fermé qui a les mêmes
intérêts commerciaux particulièrement, mais aussi d'image de marque, a tendance
à se refermer, a tendance à se
refermer. Puis on nous demandait hier en point de presse : Oui, mais
qu'est-ce ça va changer qu'il y ait des gens de l'extérieur, que ce soit
un conseil d'administration indépendant?
Bien,
ce que ça va changer, de un, c'est que ça va amener des regards extérieurs, pas
quelqu'un du sérail pour qui ça a
toujours marché de même puis il faut toujours que ça continue de marcher de
même. De deux, des gens qui n'ont pas d'intérêt
pécuniaire avec la Ligue de hockey junior majeur, donc ça ne touche pas
directement dans les poches, et qui se soucie davantage de la protection
des jeunes que de l'image de marque de la ligue. Les gens qu'on coopte, là,
pour les conseils d'administration, on va
les chercher, généralement, là, quand c'est bien fait, on va les chercher pour
leur réputation. Alors, ces gens-là
n'ont pas intérêt à scraper leur réputation pour protéger des affaires qui sont
innommables et absolument inqualifiables comme ce qu'on a lu dans les
journaux à propos de la Ligue de hockey junior majeur.
Je
vais vous dire, je pense que la numéro 2, des
recommandations, c'est ma préférée, que les athlètes soient représentés dans la direction et la haute gestion de la Ligue
de hockey junior majeur par le biais, par exemple, d'un comité indépendant
incluant des joueurs qui peut faire des
recommandations, le comité. Pourquoi c'est ma préférée? Bien, moi, je suis même
d'avis que ça leur prendrait un syndicat ou
une association des joueurs formelle, comme ça se fait dans toutes les grandes
ligues professionnelles, une association
formelle qui est capable de se défendre, d'avoir des moyens, capable d'avoir
une voix forte, un contrepoids,
justement, aux propriétaires. Dans le milieu du travail, on appelle ça un
syndicat. Dans le milieu professionnel
sportif, on appelle ça une association des joueurs. À la fin, c'est la même
chose. Moi, j'irais jusque-là pour s'assurer
que ces jeunes-là... Puis le cas de la Ligue de hockey junior majeur est
particulier, particulier parce que, souvent, ce sont des mineurs, en
plus. Ils n'ont pas de représentation, ils sont loin de la maison.
Alors,
je sais que cette idée-là a été mise de l'avant il y a quelques années déjà. Je
me souviens qu'un des premiers qui en avait parlé, c'est le député de Gouin,
mon chef parlementaire, qui avait émis cette idée-là de syndiquer les joueurs
de la Ligue de hockey junior majeur. En
termes de hockey, il avait pris un méchant «cross-check» en arrière de la tête
quand il avait osé émettre cette
hypothèse. Mais ça chemine, ça chemine. Moi, je suis de l'école qui dit que les
fleurs ne poussent pas plus vite quand on pousse dessus. On va y aller
étape par étape. Déjà que, dans ce rapport, nous suggérions que les joueurs soient représentés à la table des
décisions, c'est un premier pas modeste, modeste, mais c'est un premier pas. Je
souhaite qu'un jour nous soyons capables
d'aller plus loin pour qu'il y ait une réelle représentativité de ces jeunes au
sein d'une ligue comme celle de la LHJMQ.
Ensuite,
je suis content que nous n'ayons... nous ne soyons pas tombés dans l'excès de
bannir tout simplement les initiations.
Ça aurait été une erreur. Ça aurait été une erreur parce que les initiations,
là, de tout temps, les rites initiatiques, ont une valeur, ont une valeur d'esprit de corps, ont une valeur d'acclimatation,
d'accueil aussi. Et c'est là qu'on a fait la différence entre initiation puis bizutage. Dans certains milieux, là,
moi, j'ai déjà vu ça dans certaines activités, là, on fait parfois ce qu'on appelle des brise-glace. C'est
pour mettre tout le monde un peu à l'aise ou pour faire un esprit de corps,
pour dégêner tout le monde avant une réunion de travail, avant une journée de
travail, tout ça. Bien, je n'ai jamais vu personne
se faire violer dans un brise-glace, hein? Je ne pense pas que, dans les
initiations qui se tiennent bien, il y ait des abus ou des gens qui se font abuser physiquement ou qui se font harceler
psychologiquement. Ça peut se faire, puis on a bien fait de dire que
c'est une chose, même saine, quand c'est bien entouré.
Mais on a fait la
distinction avec un terme que certains ne connaissaient pas ou ont appris dans
le cours de nos travaux. Je cherche mon
truc, là, je... Suivez-moi. Le terme «bizutage». Moi, j'avais appris ça, ce
terme-là, là, il y a longtemps, là,
une... 35 ans, je pense. J'avais été en stage à l'université en France,
puis, en France, c'est un fléau, le bizutage, dans les universités, dans les facultés. Puis il y avait
des articles à la une de tous les journaux, là, encore des bizutages qui
dégénèrent. Puis le gouvernement
français avait été obligé de légiférer contre les bizutages. C'était une
horreur, là, c'était... Et il y a encore beaucoup d'abus, tout ça.
• (17 h 50) •
Le terme «bizutage», là, pour fin
d'étymologie, il vient de «bizut», qui apparaît dans les années 1840 à
l'école militaire de Saint-Cyr et qui définit le nouvel arrivant. Je ne
sais pas comment on initiait les cadets dans ce régiment en 1840 à Saint-Cyr, en France, mais je présume que ça ne
devait pas être beau. En tout cas, «bizutage» vient de là. Alors, raison de
plus pour s'éloigner le plus possible de ce
genre de pratique. C'est ce qu'on a fait, et je suis heureux qu'on ait quand
même gardé l'idée générale d'une
initiation qui est, en fait, l'accueil d'un nouveau membre dans un groupe, dans
une famille, dans une fratrie, dans une équipe, peu importe, appelez ça
comme vous voudrez.
Alors, je m'arrête
là-dessus, parce que j'ai fait à peu près le temps qui m'était imparti puis je
pourrais en parler longtemps. Je vais
m'arrêter là-dessus en disant deux choses. D'abord, merci aux collègues,
chapeau au gouvernement d'avoir accepté
ce mandat d'initiative, il sera utile. Mais je vais terminer néanmoins en
disant que la balle est dans le camp, notamment, de la LHJMQ, c'est vrai, et des autres fédérations sportives, mais la
balle est un petit peu aussi dans le camp de ma collègue en face, la ministre des Sports. Je sais qu'elle
travaille sur différents aspects, notamment la nouvelle politique d'intégrité
dans les sports. Je sais, financement de
Sport'Aide, c'est important aussi. On a parlé, et je crois qu'elle est
d'accord, d'un officier aux plaintes
qui serait une personne en chair et en os nommée par l'Assemblée nationale.
Enfin, je ne veux pas écrire ses
prochains projets de loi ou lui mettre des paroles dans la bouche, mais je le
sais, qu'elle s'en va vraisemblablement dans la bonne direction. Elle me trouvera sur son chemin pour qu'on
puisse collaborer, parce que je pense que, comme je l'ai dit, ça, c'est
juste un chapitre, ce n'est pas la fin de l'histoire. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le député de l'Acadie, la parole est à vous.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je trouvais ça
important de pouvoir prendre la parole, cet après-midi, dans le cadre de
ce mandat d'initiative. Et, brièvement, je veux remercier le gouvernement
d'avoir permis que ce soit possible, le
député de Rosemont, mais particulièrement mon collègue le député de Marquette,
qui en a parlé et qui a contribué à
faire en sorte que ce mandat d'initiative ne traite pas uniquement du hockey,
mais bien de l'ensemble des sports. Et pourquoi c'est important? Le député de Rosemont y faisait référence, quand nous
avons tous lu les articles de journaux qui décrivaient les pratiques qui se
passent dans le sport, bien, évidemment, c'est totalement inacceptable, et il
fallait qu'une institution comme l'Assemblée nationale puisse agir pour
non seulement mettre ça en lumière, mais prendre des mesures pour faire tout ce
qu'on peut pour faire cesser ces activités.
Et,
quand on regarde le rapport de la commission et qu'on dit qu'il y a 92 %
des gens qui ont subi des activités de bizutage,
et le député de Rosemont vient de nous dire, vient de nous décrire ce que
c'est, bien, je peux vous dire d'abord que
le pourcentage est effrayant, mais je peux vous dire que, plus jeune, j'ai été
chanceux, parce qu'évidemment je n'ai pas joué dans des ligues majeures
comme mon collègue le député de Marquette, mais j'ai joué souvent au hockey et
je n'ai jamais eu à subir de telles activités. Et la mémoire que je garde, les
souvenirs que je garde des clubs de hockey, ce sont d'excellents souvenirs, et j'en suis heureux. Mais j'essaie de m'imaginer
une seconde ce que des gens ont pu vivre et l'impact que ça a eu sur
eux, et l'impact doit être totalement, totalement dévastateur.
Et
je regardais, dans les recommandations, la liste, à l'article 3, des
activités qui sont inappropriées et je me dis : Si on a écrit ces activités-là, bien, c'est parce que
ça a dû exister, et c'est terrible. J'attire votre attention sur quelques-unes :
participer à un acte sexuel; priver une
personne de sommeil; détruire, abîmer, voler des biens. Écoutez, ces activités-là,
les agressions sexuelles, voler des biens,
c'est des actes criminels. Ça n'a aucun sens. Donc, il faut absolument que ça
cesse, et le plus rapidement possible.
Et
j'imagine les gens qui ont eu à vivre ça. Moi, dans ma carrière, avant d'être
politicien, j'étais procureur de la couronne.
Et, au début de ma carrière, je travaillais pour la couronne provinciale. Donc,
des procès d'agressions sexuelles, j'en ai fait. Des victimes d'agressions
sexuelles, j'en ai accompagné. J'ai fait des procès d'agressions sexuelles
alors qu'on avait agressé des enfants. J'ai
accompagné des enfants à la cour. C'est terrible. Alors, imaginez-vous, vous
avez des gens, là, qui veulent performer dans un sport et qui subissent de tels
sévices. Donc, ça mérite d'être dénoncé. Le travail de la commission mérite d'être soutenu, d'être appuyé et surtout de
continuer. Et je sais que mon collègue le député de Marquette a travaillé
très fort à cet effet-là.
Je
vais simplement vous mentionner quelques aspects qui, particulièrement, ont
attiré mon attention et que je voulais soulever.
Un des éléments, et on en a parlé, c'est d'abord et avant tout briser la
culture du silence. Il n'y a rien de pire, l'omerta. Donc, il faut, il faut que les gens soient
capables de divulguer, soient capables de se lever, de le dire. Et, pour ça,
parmi les recommandations, je pense
qu'un officier des plaintes pourrait évidemment aider, travailler à faire en
sorte que les gens puissent divulguer, à condition qu'il soit évidemment
totalement indépendant et qu'il ait les coudées franches pour agir. Bien sûr, si ça prend vie, il faudra publiciser
son rôle, le faire connaître pour que les gens aient confiance et qu'ils
n'aient pas d'hésitation à pouvoir divulguer, à pouvoir en parler.
J'attire également
votre attention sur l'importance d'un fonds de prévoyance. Il faudra, si les
recommandations vont de l'avant, que le
gouvernement mette de l'argent pour que les fédérations puissent évidemment
avoir de l'argent pour mettre en
place des politiques, pour faire de la publicité, pour rappeler aux gens que ce
comportement-là, ces comportements-là sont totalement inacceptables et
qu'ils doivent être dénoncés.
Et
je vous dirais, en terminant, qu'à ce stade-ci c'est une obligation de
résultat. Donc, les gens ne peuvent pas rater leur coup, ils doivent en arriver avec des résultats et faire en sorte
que la culture dans le sport change. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Mario
Asselin
M.
Asselin : Bonjour, Mme la Présidente. Merci beaucoup. Alors,
dans le peu de temps qu'il reste, je vais ajouter, disons, à ce que mes collègues ont répété, mais je
vais m'attacher aux recommandations 9 à 12. Évidemment, c'est un travail
d'équipe, puis le député de Marquette en a parlé tantôt, tout le monde en a
parlé à son tour, ça a été un bel exercice de collaboration entre nous.
Évidemment,
au fil des années, ce sujet-là est passé un peu inaperçu parfois, mais, à un
certain moment donné, comme de ce temps-ci, ça a été plus, disons,
médiatisé. On a tous été choqués par ce qu'on a entendu.
En même
temps, moi, je suis directeur d'école. J'ai passé ma vie en famille avec trois
garçons qui ont vécu différentes choses,
et puis ça a été l'objet de discussions dans la famille, ce qui s'est passé. Je
ne pensais pas nécessairement revenir là-dessus,
mais le fait qu'on vive... En commission, j'ai été voir le député de Marquette
dès le début puis je lui ai dit : Écoute, si jamais il y a quelqu'un, dans le parti, qui n'est pas au courant puis
qu'il ne faut pas aller là, moi, dis-moi-le, parce que moi, personnellement, je veux qu'on traite de ce
sujet-là. Puis il m'avait offert sa collaboration, et puis je suis content
qu'on ait, disons, pris le temps de regarder ça.
Dans mon
comté, j'ai Sport'Aide. Alors, on comprend que cet organisme-là va jouer un
rôle très particulier dans la suite des choses, et je suis bien content qu'il
puisse le jouer. On a recommandé que, disons, la collaboration avec la
LHJMQ se poursuive, et puis c'est une bonne affaire que ça se continue.
On souhaite
aussi qu'il y ait des outils et des ressources comme tels, les règles
d'éthique, les services disponibles en
matière de protection, d'intégrité. On souhaite qu'il y ait de la publicité, on
souhaite que, dans les vestiaires, on parle de ce sujet-là et puis qu'on
veuille contrer, justement, l'idée que, dans les vestiaires, ce qui se dit, ça
reste là. Au contraire, je pense
qu'il faut que ça devienne un peu plus ouvert. La culture du silence, c'est une
chose qu'on veut arrêter, entre guillemets.
La publicité systématique des outils et des
règles d'éthique...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le député, je m'excuse, je dois vous arrêter
parce que le temps nous presse. Est-ce que vous souhaitez poursuivre
votre intervention lors de la reprise de ce débat?
M. Asselin : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Alors, ce sera noté.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés à demain, jeudi le 1er juin 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)