(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour
à tous. Nous allons prendre place pour commencer nos travaux.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Alors,
à la rubrique Déclarations de députés, je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner
la distribution de nouveaux défibrillateurs dans la
région de Charlevoix par la Coopérative des
techniciens ambulanciers du Québec
Mme Kariane
Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup, M. le Président. On le sait, les DEA, les
défibrillateurs externes automatisés, peuvent sauver des vies. En fait, cet
appareil permet de faire battre à nouveau un coeur qui s'est arrêté.
En 2016, le Syndicat des paramédics de
Charlevoix a eu l'idée de créer un concours auprès de la population pour remettre un défibrillateur. Leur souhait :
que Charlevoix devienne la région au Québec où on compte le plus de
défibrillateurs par citoyens.
Grâce aussi à un tournoi de golf, la
Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec va amasser des sous pour l'achat de
nouveaux DEA. Résultat : cette année, on comptera au total 34 DEA
distribués dans des endroits stratégiques de la région.
Comme vous le savez, dans les
circonscriptions rurales, les communautés peuvent parfois se trouver loin des
casernes
de nos ambulanciers. Et, dans ces circonstances, chaque minute compte et peut
faire la différence.
Alors,
à tous ces paramédics qui se mobilisent pour que nos milieux soient plus
sécuritaires, merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Robert-Baldwin.
Souligner
l'anniversaire du mouvement Valorisons ma profession
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci,
M. le Président. Il y a des anniversaires qu'il faut prendre le temps de
souligner.
Il
y a deux ans, un mouvement d'éducatrices en petite enfance se formait afin de
donner une voix au travail exceptionnel de
ces femmes et de ces hommes qui oeuvrent quotidiennement auprès des tout-petits
en service de garde éducatif à l'enfance. C'est ainsi qu'a été fondé
Valorisons ma profession, un mouvement né de l'initiative de trois femmes
remarquables, Élizabeth, Mariève et Émilie, trois éducatrices passionnées par
leur travail, passionnées par la petite enfance.
L'importance de leur mission ne peut être
passée sous silence. L'éducation de nos enfants, c'est l'avenir de notre
société.
Aujourd'hui, mesdames, nous saluons votre
travail et nous vous remercions de mettre votre coeur pour valoriser votre
profession.
Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et je
reconnais maintenant Mme la députée de Saint-François.
Rendre
hommage à M. Serge Audet, ex-directeur général de
la Fondation pour les élèves du centre de services
scolaire de la Région-de-Sherbrooke
Mme
Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président, je tiens à saluer un grand Sherbrookois, M. Serge
Audet, apôtre de la persévérance scolaire.
M. Audet a quitté, le 1er mars, la
direction de la Fondation des élèves du centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke, qu'il occupait depuis 2010.
Sous sa gouverne, la fondation a atteint une notoriété enviable auprès des donateurs dans le milieu de l'éducation. Au coeur de la
réussite des élèves, elle s'est démarquée par plusieurs projets
favorisant un parcours scolaire complet tels qu'Accès 5, FIRST Robotic,
Reste à l'école, Sors de ta bulle et Ta boîte!.
Auparavant, M. Audet avait consacré la
majeure partie de sa carrière au développement des affaires en hôtellerie, en restauration, à la Chambre de commerce et
d'industrie de Sherbrooke, à la Fédération des chambres de commerce du
Québec ainsi que chez Bell Canada pour l'Estrie, le Centre-du-Québec et la
Mauricie.
Parmi ses engagements dans la communauté, je
signale ses nombreuses vice-présidences et présidences d'activités de collecte de
fonds.
Bravo,
M. Audet! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci, Mme la députée. Et la parole revient maintenant à la
députée
de Sherbrooke.
Demander
au gouvernement d'améliorer le soutien aux proches aidants
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : M. le Président, parfois ce sont les autres qui trouvent les meilleurs
mots. Alors, je vais vous lire une version abrégée d'une lettre de Kellie Leroux,
21 ans, qui nous parle de son père devenu proche aidant.
«Le travail à temps plein de mon père, c'est
de veiller sur moi. Qu'il soit mon préposé aux bénéficiaires, mon infirmier, mon psychologue, mon ergothérapeute, mon
physiothérapeute, il ne reçoit pas le salaire qu'il mérite, car, malgré
l'existence de subventions, les montants sont loin de compenser les
heures travaillées.
«Je n'ai pas choisi d'être atteinte d'une
maladie rare, et cela me rend triste que mon père se retrouve dans une
situation
financière précaire. J'aimerais que mon père
soit fier d'être mon proche aidant en recevant une compensation qui lui
permettrait de retrouver une reconnaissance auprès de la société.
«Je carbure à l'espoir qu'un gouvernement
offre aux proches aidants la rémunération qui leur revient, car, contrairement à un employé salarié, les proches aidants n'ont pas accès
à un fonds de pension, des assurances, des vacances, et encore moins des congés. Je n'ai pas envie de
me retrouver dans une maison d'hébergement car mon père n'aura plus
assez de ressources pour s'occuper de moi.»
J'espère
que les volontés de Kellie seront entendues, pour elle et pour tous les proches
aidants du Québec.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Au tour, maintenant, du député de René-Lévesque.
Rendre
hommage à M. Serge Lepage pour ses 25 ans d'engagement
bénévole au profit d'Opération Enfant Soleil
M. Yves
Montigny
M. Montigny :
M.
le Président, je salue aujourd'hui M. Serge Lepage, citoyen de ma
circonscription qui fêtera bientôt 25 ans d'implication bénévole auprès
d'Opération Enfant Soleil.
Sur cette période, il a récolté
700 000 $ à lui seul, M. le Président. Ce financement a permis de
payer des initiatives
importantes en pédiatrie dans la région,
notamment l'acquisition d'équipement de transport néonatal. Cet équipement
sauve des vies, M. le Président.
Aujourd'hui, il y a des jeunes Nord-Côtiers
qui doivent leur vie à Serge. C'est pourquoi je remettrai à M. Lepage la médaille du
député, pour la générosité, la bienveillance et le grand engagement dont il
fait preuve.
En terminant, je tiens à m'adresser
directement à M. Lepage. Serge, je me joins à tous les citoyens de
Baie-Comeau
pour te dire : Merci infiniment, Serge.
Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de La Pinière.
Féliciter
les joueurs de handball de l'école internationale Lucille-Teasdale
pour leurs performances au championnat régional
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci, M. le Président. Alors, c'est avec grand plaisir, aujourd'hui,
que je félicite deux équipes de handball de l'école internationale Lucille-Teasdale,
de Brossard.
Tout d'abord, félicitations à Alexandre,
Antoine, Bernardo, Bhuuvanesh, David, Isaac, Jérémy, Julien, Koussay, Léo,
Massil, Matthew, Neil, Nishan, Samuel et Timofey, de l'équipe benjamin
masculin, qui a décroché la médaille d'or, le 12 mars dernier, au
Championnat régional de handball du Réseau du sport étudiant du
Québec-Montérégie.
Félicitations également à Marc, Adam, Mateo,
Elias, Étienne, Thierry, Eric, Rayan, Rafael, Timofey et William, de l'équipe
cadet masculin, qui a remporté la médaille d'argent lors du même championnat.
Bravo! Vous êtes une fierté
pour vos parents, pour votre école et pour le comté de La Pinière.
Chapeau
aussi aux entraîneurs, MM. Sheu, Groulx, Paquet et Kevorkov, qui ont mené
leurs troupes au succès!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée
de
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Rendre
hommage au hockeyeur Mario Rouillard
Mme Amélie
Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le Président. Je suis très heureuse, aujourd'hui, de vous
parler d'une légende du hockey pour Rivière-du-Loup.
Décrit
comme un joueur intelligent, rusé et capable de renverser un match à lui seul,
Mario Rouillard est né à Saint-Jean-sur-Richelieu et a fait sa marque au sein
de l'équipe des 3L de Rivière-du-Loup.
Lors de la saison de 1984-1985, il a récolté
25 buts, 38 passes en 32 parties. Lors de la série menant l'équipe au championnat, il avait terminé au premier rang des
pointeurs avec 20 points, dont 10 buts, en huit matchs, décrochant
ainsi le titre de joueur le plus utile des éliminatoires.
Mario est doté d'un rare talent lorsqu'il
pose ses patins sur la glace. Son talent a été honoré parmi Nos légendes du hockey, le 25 février dernier, par
l'organisation des 3L et la ville de Rivière-du-Loup. Une bannière portant son
nom et son numéro 19 a été hissée au plafond du Centre Premier
Tech.
Mario, on a eu l'occasion de collaborer
ensemble dans le passé pour le hockey. C'est un honneur de te faire hommage aujourd'hui.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Au tour, maintenant, du député de Camille-Laurin.
Souligner
le 25e anniversaire de La Maison des familles de Mercier-Est
et le 60e anniversaire du Service des loisirs Sainte-Claire
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M. le Président, j'aimerais souligner aujourd'hui l'anniversaire de deux
organismes
dans ma circonscription dont les missions
sont essentielles auprès des jeunes de l'est de Montréal, et j'ai nommé La
Maison des familles de Mercier-Est et les loisirs Sainte-Claire.
En
effet, cette année nous fêtons le 25e anniversaire de La Maison des
familles de Mercier-Est, un organisme qui a
une multitude de services destinés aux familles : activités, soutien,
accompagnement, service de référence. Donc, depuis 1998, La Maison des familles de Mercier-Est
contribue à la formation d'un véritable réseau d'entraide dans le quartier.
Et il en va de même pour les loisirs
Sainte-Claire, qui fête ses 60 ans, 60 ans avec une vaste gamme
d'activités culturelles, sportives destinées aux jeunes de six à 17 ans.
Et donc, évidemment, ça aussi, ça constitue un véritable pilier pour la vie
communautaire dans ma circonscription.
Donc, je voulais dire bravo aux employés,
bravo aux bénévoles ainsi qu'aux familles, aux jeunes qui gravitent autour de ces
organismes. Et tous ensemble, bien, je vous dis, vous faites un travail
extraordinaire, et c'est toute la communauté qui y gagne. Donc, merci infiniment.
Merci,
M. le Président.
•
(9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député. Et je
reconnais maintenant Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Rendre
hommage à Mme Océane Laflamme,
finaliste du concours Miss Québec
Mme Chantal
Soucy
Mme Soucy : M. le Président, aujourd'hui, je veux souligner la détermination et la résilience
d'une jeune femme
de ma circonscription, Océane Laflamme, 18 ans.
Cette résidente de Saint-Pie doit composer
avec l'algodystrophie, ce qui lui cause des douleurs vives et intenses.
La
maladie aurait pu être un frein à ses aspirations, mais pas pour Océane, loin
de là. Elle a récemment accédé à la finale du concours Miss Québec 2023.
La candidature d'Océane a été retenue parmi plus de
12 000 participantes.
Pourquoi je vous parle d'elle, M. le
Président? Parce qu'Océane désire aider et inspirer les jeunes à surmonter les
épreuves de la vie. Cela se transpose également à la résidence pour aînés où
elle travaille ainsi que dans son choix de carrière, puisqu'Océane veut devenir
infirmière.
M. le Président, vous conviendrez donc,
lorsqu'on parle de détermination et de don de soi, Océane Laflamme est un bel exemple.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et je cède maintenant la parole au député de
Granby.
Rendre hommage à M. Robert Desmarais,
directeur
général de la MRC de Brome-Missisquoi
M.
François Bonnardel
M. Bonnardel :
Merci,
M. le Président. Je souhaite rendre hommage, pour sa carrière, à M. Robert
Desmarais, qui prendra sa retraite le 1er mai prochain après 39 ans
de carrière à la MRC de Brome-Missisquoi.
M. Desmarais
s'est joint à l'équipe de la MRC en 1984 à titre de géographe-cartographe. En
1988, il a été promu à la direction
générale, puis, en 2015, il accepte d'y ajouter la responsabilité de la
direction générale du CLD de Brome-Missisquoi.
Il a su établir un travail de collaboration
avec les différents acteurs de la région. Il a utilisé ses talents de diplomate pour rassembler les élus, les gens des secteurs
économiques, communautaires, environnementaux et culturels autour d'une vision
commune pour l'avenir de Brome-Missisquoi. Il a relevé avec sagesse les défis
posés par la recherche d'un juste équilibre entre le développement
économique, démographique et la protection des espaces naturels.
Hormis ces réalisations, on retient de lui sa
gentillesse, son dévouement, son amour pour la région et sa volonté de la faire
évoluer.
Je souligne la présence de M. Desmarais
dans nos tribunes. Robert, félicitations pour ton travail! Tu laisses une MRC dynamique,
audacieuse et innovatrice. Bonne retraite avec ta douce moitié! Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Je reconnais
maintenant la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre
hommage à Mme Marie-Josée Gervais, fondatrice
et directrice générale des Défis du parc
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif : Je rends hommage à Marie-Josée Gervais, une athlète entrepreneure qui a
fait profiter à des milliers de personnes sa passion du vélo et du sport.
Elle
obtient un baccalauréat en relations industrielles en 1993 et elle devient
rapidement entrepreneure, au début des
années 2000. Marie-Josée est déterminée, convaincue, convaincante,
rassembleuse et ne s'avoue jamais vaincue.
Fondatrice et directrice générale de
Cyclo-Mauricie depuis 2004 et cofondatrice de l'équipe féminine d'entraînement Les Roses depuis 2005, elle a réussi à convaincre
la direction du parc national de la Mauricie d'y organiser l'événement les
Défis du parc, une compétition à laquelle
plus d'un millier de cyclistes participent annuellement. Elle a aussi créé le Défi
nordique, une journée d'activités extérieures pour des centaines de jeunes.
Elle cédera bientôt son poste de D.G., et je
veux la remercier pour les milliers de personnes qu'elle a encouragées à faire du sport
et pour être une merveilleuse ambassadrice de la région de Shawinigan.
Marie-Josée, merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. La parole revient maintenant au député de
Joliette.
Souligner
le travail de la Fondation Richelieu de Joliette inc.
M. François
St-Louis
M. St-Louis : Merci, M. le Président. C'est un grand honneur pour moi aujourd'hui de
rendre hommage à la Fondation Richelieu de Joliette.
Créée en 1990 par les membres du club du même
nom, cette fondation au fonds permanent, insaisissable et inaliénable est rapidement
devenue un outil philanthropique fort et unique pour notre circonscription.
Administrée
bénévolement par ses membres, la fondation vient supporter le Club Richelieu de
Joliette dans la poursuite et la réalisation
de ses objectifs caritatifs. Ces objectifs, M. le Président, sont fort
simples : soutenir les organismes locaux
afin de promouvoir la langue française, afin de favoriser l'épanouissement de
nos jeunes, et aussi mais surtout en appuyant les organismes qui
viennent en aide aux personnes les plus démunies de notre société.
L'an dernier seulement, ce sont
17 organismes qui, grâce à la fondation, ont bénéficié d'une aide
financière totalisant
un peu plus de 300 000 $. Après 33 ans d'existence, les actifs
de la fondation dépassent les 8 millions.
Longue vie à la Fondation Richelieu de Joliette
et félicitations à tous les membres du Club Richelieu de Joliette! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Et
je suspends les travaux durant quelques instants.
(Suspension
de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente : Bonjour, tout le monde. Alors, messieurs dames les députés, nous allons
nous recueillir quelques
instants.
Je
vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence
d'ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
J'ai le plaisir de souligner la présence,
dans nos tribunes, de M. Martin Ouellet, ancien député de René-Lévesque, et également la
présence de M. Marc Carrière, ex-député de Chapleau.
Je
vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, je vous
avise que, conformément à l'article 285 du règlement, une réunion entre la présidence et les leaders des groupes
parlementaires a été tenue afin de préciser les modalités de l'étude des
crédits. J'informe l'Assemblée que
l'étude des crédits débutera le mardi 25 avril 2023 et se poursuivra
jusqu'au jeudi 4 mai 2023 selon le calendrier convenu, que je dépose à
l'instant de façon virtuelle.
Et je demande par ailleurs le consentement
pour déroger à l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions. Consentement? Consentement. Merci.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission des finances publiques et député de Montmorency,
la parole est à vous.
Poursuite
du débat sur le discours sur le budget
M. Simard : Mme la Présidente, c'est avec plaisir que je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques qui
hier, le 4 avril, en cette belle journée printanière, a procédé à la poursuite
du débat sur le discours du budget. Je vous remercie.
La Présidente : Ce rapport est déposé. M. le président de la Commission de la santé et
des services sociaux et député de Beauce-Nord.
Étude
détaillée du projet de loi n° 10
M. Provençal : Mme la
Présidente, je dépose le rapport de la Commission de la santé et des services
sociaux qui, les 16, 22 et 23 mars et le 4
avril 2023, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 10, Loi
limitant le recours aux services
d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante
dans le secteur de la santé et des services sociaux. La commission a
adopté le texte du projet de loi avec des amendements. Merci beaucoup.
La
Présidente :
Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu
une demande de M. le député de Gatineau pour la présentation d'une pétition non conforme. Y
a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le
député de Gatineau.
Construire
une école secondaire à Val-des-Monts
M. Bussière : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par
2 453 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que plus de 700 élèves de
Val-des-Monts doivent se déplacer jusqu'à Gatineau pour faire leurs études secondaires;
«Considérant que la distance effectuée en
autobus correspond à un trajet de deux à trois heures par jour selon le secteur de
résidence et l'école fréquentée;
«Considérant que le temps de déplacement
jusqu'à la ville voisine influence négativement les élèves de Val-des-Monts en
ce qui a trait au sentiment d'appartenance, à la qualité du sommeil, au temps
consacré à la famille et aux activités sportives, ainsi qu'à l'accès aux activités
parascolaires;
«Considérant que tous ces
facteurs sont des éléments clés jouant un rôle crucial dans la réussite
scolaire;
«Considérant que les élèves de Val-des-Monts
souffrent des inégalités créées par la situation, ce qui se traduit par un taux de diplomation représentant l'un des pires de l'Outaouais, lequel
est constant et stable contrairement au taux de diplomation à la hausse pour
l'ensemble du Québec;
«Considérant que Val-des-Monts connaît la
croissance démographique la plus importante de la région, notamment une augmentation soutenue et significative de
jeunes familles depuis les 20 dernières années, et que la municipalité est en
plein essor;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement
du Québec de construire une école secondaire sur le territoire de Val-des-Monts.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition, Mme la
Présidente. Merci à vous.
La
Présidente :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et réponses orale, et je cède la parole au chef de l'opposition officielle, en
question principale.
Mesures
d'aide aux producteurs agricoles
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. La CAQ en est à sa cinquième année
et nous dit : Vous nous jugerez sur les
résultats. Puis ils trouvent ça bien drôle, les résultats, Mme la Présidente.
Quand on voit que, sous la CAQ, ça
fait cinq ans que les problèmes empirent en santé, en éducation, en services de
garde, en justice... Puis ils trouvent ça bien drôle quand on leur dit que ça fait cinq ans qu'ils sont au
pouvoir, qu'ils déposent leur cinquième budget, Mme la Présidente. Et on
voit que, sous la CAQ, le cinq ans caquiste, les problèmes empirent.
Je vais vous parler de développement
économique régional, je vais vous parler d'agriculture, Mme la Présidente. Les producteurs ont été.. les membres de l'UPA ont
été extrêmement déçus du budget. Les coûts ont explosé. Plus de 7 %
de l'économie du Québec vient de notre
agriculture. Plus de 11 % de nos emplois viennent de l'agriculture. C'est
482 000 emplois, et ça représente plus de 10 milliards en
exportations.
On va lire la citation du président général
de l'UPA, voir s'ils trouvent ça bien drôle encore, et je le cite,
21 mars :
«Lorsque des fermes bien établies se remettent en question et que les
prochaines générations s'interrogent sur leur avenir, il importe d'intervenir à
très brève échéance et de façon beaucoup plus musclée. [...]Le statu quo budgétaire en agriculture ne répond pas [...] aux préoccupations pressantes
de centaines d'entreprises agricoles pour lesquelles la rentabilité est
compromise...»
Que
le premier ministre a-t-il... a offert ce matin à nos entrepreneurs agricoles,
plutôt que de rire? Pourquoi le budget est...
•
(10 h 10) •
La
Présidente : M.
le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, on est effectivement dans notre cinquième année,
donc on a quatre ans et
demi de faits. Et, en quatre ans et demi, je
pense que tous les analystes sont d'accord pour dire qu'on en a plus fait que
les libéraux pendant 15 ans. Eux,
ils ont été là pendant 15 ans, et on a hérité, entre autres, d'un secteur
agricole où les investissements étaient en diminution. Depuis qu'on a
notre ministre de l'Agriculture, depuis quatre ans et demi, les investissements des producteurs agricoles ont
augmenté de façon très importante. On a travaillé très fort sur l'autonomie
alimentaire. On est en train de doubler la
superficie en serre grâce à un excellent programme de notre excellent ministre
de l'Agriculture pour offrir des tarifs spéciaux.
Mme la Présidente, c'est certain qu'il y a
des enjeux, entre autres dans le secteur du porc. Le ministre de l'Agriculture est en train de
regarder ce qu'il est possible de faire pour corriger ces problèmes-là.
Donc,
Mme la Présidente, je pense que, si on est juste, l'UPA n'a jamais été aussi
satisfaite de son ministre de l'Agriculture.
La
Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : «Les choix budgétaires de cette année sont donc mal avisés.» Les choix budgétaires de cette année sont donc mal
avisés. Ça, c'est le président général de l'UPA, dont le premier ministre vient
de dire qu'ils n'ont jamais été aussi heureux que ça, à la lecture du budget. «Contraire à la
vérité», c'est acceptable en vertu de notre règlement, cette affirmation
se qualifie.
Pourquoi
les budgets ne répondent pas aux agriculteurs, à leurs besoins? Puis, non, ils
ne sont pas satisfaits.
La
Présidente : M.
le premier ministre... Ah! M. le...
Des
voix : ...
La
Présidente : S'il
vous plaît! Pas de commentaire après les questions.
Une
voix : ...
La Présidente : Oui, M. le leader du gouvernement, je suis déjà debout et j'ai entendu
les remarques du chef de
l'opposition officielle. Pas de commentaire
après ni les questions ni les réponses. On écoute le ministre de l'Agriculture.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : ...témoins à quel point on travaille en équipe puis qu'on est tissés
serré, au sein de la Coalition avenir Québec.
Écoutez, ce qu'il faut comprendre, c'est un
petit peu plus complexe que ce que le chef de l'opposition officielle nous explique. On a une variété de filières, on a une
variété de régions puis on a une variété d'enjeux. Alors, il est possible, par
les temps qu'on traverse depuis des mois et
des mois dans l'après-COVID, que certains secteurs, certaines filières ou
certaines régions puissent être
affectés ou influencés différemment de d'autres régions par rapport à ce qui se
passe présentement au point de vue économique.
Alors, pas plus tard qu'hier encore, au
ministère, j'étais avec le président de l'UPA, avec son équipe, puis on est toujours en mode solution puis en train de
regarder la meilleure façon de les accompagner pour faire face aux défis
auxquels ils sont confrontés.
La
Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
La
meilleure façon de les accompagner, Mme la Présidente, ça aurait été bien avisé
de le mettre dans le budget, qui était le cinquième... la cinquième année
caquiste, cinquième budget, ça aurait été bien avisé de les accompagner en mettant quelque chose qui les
satisfasse et qui les aide à faire face aux défis très particuliers. C'est
30 %, la hausse des coûts, beaucoup plus que l'inflation, qu'on le
voit.
Mme la Présidente, une proposition est à
faire notamment sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires. Le premier
ministre a-t-il quelque chose à dire là-dessus, pour appuyer cette demande-là
face à Ottawa?
La
Présidente : La
réponse du ministre.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : Là, ce qu'il est important de comprendre, on a, au Québec, par rapport à
l'ensemble canadien,
les programmes les plus appropriés et, je vais dire, généreux en termes de
soutien puis d'accompagnement pour nos producteurs,
nos productrices agricoles. Alors, par les temps qui nous concernent,
l'important, c'est de faire en sorte que ces programmes-là déploient le maximum de flexibilité pour être en
mesure d'accompagner les différentes filières en fonction de leurs
défis.
Puis
je dois rappeler à mon collègue qu'on a reconduit toutes les sommes de la
Politique bioalimentaire, on a annoncé
175 millions additionnels pour l'autonomie alimentaire, accompagné de nos
programmes de soutien, qui viennent répondre, dans ces temps difficiles
là, auprès des producteurs et des productrices.
La
Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Je vais laisser la dernière chance au premier ministre de
s'intéresser à l'agriculture puis de répondre à une de mes questions, Mme la
Présidente. Est-il d'accord avec le fait de créer des incitatifs fiscaux lors
de la vente d'une
terre à la relève pour donner un coup de
pouce aux jeunes producteurs? Un. Deux, est-il d'accord pour soutenir les
producteurs dans la transformation vers une agriculture plus verte? Et,
trois, est-il d'accord pour soutenir notre demande qu'on fait depuis trois ans, qu'on demande de rapatrier les
pleins pouvoirs en matière de gestion du Programme des travailleurs étrangers
temporaires? Le premier ministre a-t-il une opinion là-dessus?
La
Présidente : La
réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, pour ce qui est, d'abord, de la dernière
suggestion, rapatrier des pouvoirs en matière
d'immigration, on est d'accord. On espère, d'ailleurs, que le député de
Pontiac, qui prépare Justin Trudeau pour ses débats, va nous aider.
Mais,
Mme la Présidente, le ministre des Finances nous faisait remarquer, à la
page B.42 du budget, on ajoute 615 millions pour le financement de la
Politique bioalimentaire, 175 millions pour l'autonomie alimentaire. Donc,
Mme la Présidente, je pense, c'est un peu exagéré de dire qu'on ne fait rien
pour l'agriculture.
La
Présidente : En
question principale, je reconnais le député de Pontiac.
Aide aux producteurs de porc
M. André
Fortin
M. Fortin :
Je rappelle au premier ministre
que la Politique bioalimentaire, c'est une politique du gouvernement libéral qui l'a
précédé. Mais, dans la variété de secteurs auxquels faisait référence le
ministre de l'Agriculture tantôt, il y en a
un qui est en hémorragie sérieuse en ce moment. Le secteur du porc, là, ça ne
va pas bien. Partout au Québec, il y a des
producteurs de porc qui mettent la clé dans la porte, ces jours-ci. Partout au
Québec, il y a des producteurs de la relève, dans ce secteur-là, qui avaient signifié leur intention de reprendre la
ferme familiale, qui baissent les bras. Les producteurs les plus résilients, les plus performants mettent
tout sur la marge de crédit parce qu'ils fonctionnent à perte ces jours-ci.
À chaque fois qu'ils vendent un porc, à
chaque fois qu'ils se lèvent le matin, à chaque fois qu'ils vont travailler,
ils perdent de l'argent. Iriez-vous
travailler, Mme la Présidente, si vous saviez que vous allez perdre de l'argent
à la fin de la journée?
Pendant
ce temps-là, le ministre de l'Agriculture, lui, continue de nous dire qu'il est
encouragé parce que les producteurs puis les
transformateurs, ils se parlent. Mais le gouvernement de la CAQ ne bouge pas
d'un iota pour les aider.
Il
y a une détresse chez nos producteurs de porc. Pourquoi ils refusent d'agir?
La
Présidente : M.
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, la parole est
à vous.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : Bien, je suis heureux d'entendre mon collègue, qui mentionnait que la
Politique bioalimentaire
avait été adoptée, là, au mois de mai 2018,
sous l'ancien gouvernement. Ce qu'il ne nous dit pas, par contre, c'est qu'il y
avait une politique, mais il n'y avait aucun plan d'action par rapport à
la politique, il n'y avait aucun plan de mise en oeuvre de la politique. Ça fait que ce que je me suis assuré de faire, quand je
suis arrivé, c'est de fédérer tous les milieux pour faire en sorte que, cette politique-là, bien, il y ait
un plan d'action, qu'on puisse, année après année, mesurer l'effort,
l'intensité de l'effort puis les résultats. Puis, je dois vous dire, Mme
la Présidente, si on regarde les résultats en agriculture, en transformation
alimentaire des quatre dernières années et demie, les résultats sont au
rendez-vous.
Le secteur du porc, j'ai répondu à mon
collègue, la semaine passée, à sa question. J'ai vu qu'il s'y intéresse, il
était dans Charlevoix, dans les derniers jours, pour rencontrer les gens. C'est
un dossier qui est très complexe. Mais ce qu'il est important de comprendre,
c'est qu'au départ on a un programme ici, au Québec, qui assure de venir en
soutien du
revenu auprès des gens qui ne rencontrent
pas leurs coûts de production. Et ce programme-là, aujourd'hui, fonctionne très
bien.
Ce qui est important, c'est qu'on puisse
faire en sorte d'assurer les liquidités avec nos entrepreneurs. Et on est à... justement, La Financière est à mettre en place des
mécanismes pour faire des devancements de déboursés pour appuyer les
producteurs, les productrices.
La
Présidente : Première
complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin :
Mme la Présidente, il ne peut
pas nous dire que ça fonctionne très bien. Les producteurs, eux, ils
disent :
On va mettre la clé dans la porte, on va
abandonner la ferme familiale. Puis, après chacune des rencontres, là, que le
ministre soulève, ils sortent de là
encore plus découragés parce qu'il n'y en a pas, de solution. Ils ont beau se
rencontrer, là, aujourd'hui les producteurs fonctionnent à perte, les
transformateurs fonctionnent à perte, puis le gouvernement ne met pas d'argent
supplémentaire.
Des crises, dans le secteur du porc, il y en
a eu une puis une autre, mais il n'y en a jamais eu une où le ministre de l'Agriculture
n'a pas levé le petit doigt pour eux.
La
Présidente : M.
le ministre.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : Je connais mon collègue de Pontiac, ça fait des années que je siège avec
lui au Parlement, je
sais comment c'est quelqu'un qui est
intéressé, qui est intelligent. Il comprend très bien que ce qui se passe, dans
l'industrie du
porc, c'est beaucoup plus large, ça a un rayonnement beaucoup plus large que ce
qui se passe au Québec. Il y a toute une
question structurelle, parce que, on le sait, on exporte à peu près huit porcs
sur 10 qu'on produit au Québec. On est dans
un marché mondial, on est dans une géopolitique qui est mondiale. On a des
transformateurs, des producteurs. Il y a tout un enjeu, naturellement, de compétitivité. Puis au Québec, aussi, on a
une loi sur la mise en marché qui vient régir les relations entre ceux
qui produisent et ceux qui transforment.
Ça fait qu'au moment... ce qui se passe,
c'est des grands vents pour l'industrie porcine, mais soyez assurée, Mme la Présidente,
qu'on est en accompagnement, qu'on est en soutien, puis les bonnes solutions
vont être trouvées.
•
(10 h 20) •
La
Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin :
Aïe! c'est un enjeu mondial,
donc on ne fera rien. Est-ce que le ministre a modifié l'assurance? Non. Est-ce que le ministre a réinvesti dans La
Financière cette année? Non. Est-ce que le ministre injecte des sommes
d'urgence pour aider les producteurs en ce moment? Non. Est-ce que le
ministre travaille à développer d'autres marchés pour ces producteurs-là? Non. Il reste les bras croisés. On
dirait, là, qu'il se satisfait qu'il va y avoir une réduction du nombre de
fermes, surtout du nombre de producteurs indépendants, puis qu'il va rester
quelques producteurs affiliés.
Bien,
l'agriculture, là, ce n'est pas juste le long de la 20. Il faut aider le
secteur porcin aujourd'hui.
La
Présidente : M.
le ministre.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : Bien, je suis tellement content d'entendre mon collègue dire que
l'agriculture, ce n'est pas juste le
long de la 20. Quand on est arrivés au gouvernement, on a hérité d'un ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, honnêtement, là, qui avait été mis à mal, qui avait été malmené
pendant des années. Puis c'est plate à dire, mais les 15 ans avant nous autres,
c'étaient eux autres, puis c'est de ça qu'on a hérité, Mme la Présidente.
Alors, je répète, première des choses, là, le
programme de soutien de revenu agricole, c'est le soutien le plus généreux au Canada. En 2020... En 2022, pour l'industrie porcine, c'est
220 millions pour lesquels on est venus en accompagnement. Puis dites-vous une chose, c'est que La Financière agricole est tout à fait
habilitée pour financer ces interventions, avoir de la flexibilité pour venir
accompagner nos producteurs, nos productrices.
La Présidente : En question principale, je reconnais le député de l'Acadie. La parole
est à vous, juste à vous. Attention aussi avec les signaux, là. On écoute.
Traverse Québec-Lévis
M. André
Albert Morin
M. Morin : Mme la Présidente, le triste spectacle de la traverse entre Québec et
Lévis se poursuit. Récemment, la Société des
traversiers du Québec a dû une fois de plus suspendre son service de transport
à cause d'une panne électrique sur le navire le
Lomer-Gouin. Normalement, les usagers peuvent compter sur l'autre traversier,
mais là, malheureusement, ce n'était
pas possible parce qu'il a été envoyé à L'Isle-aux-Coudres pour remplacer le
traversier qui, malheureusement, s'était échoué. Donc, un seul
traversier.
À
l'automne dernier, un article de Radio-Canada rapportait qu'entre 2020 et 2022
c'est près de 6 000 traverses, 6 000 traverses
qui ont été annulées. Les usagers arrivent à la traverse pour se rendre au
travail, il n'y a pas de traverse, ils sont en retard au boulot.
Sérieusement, comment voulez-vous que les usagers planifient leurs
déplacements?
Mme
la Présidente, que répond la ministre aux usagers?
La
Présidente : La
réponse de la ministre des
Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Oui, merci beaucoup, Mme la
Présidente. Et merci au collègue pour la question. C'est une question qui est
extrêmement pertinente, parce que, quand on parle de sociétés d'État qui
doivent délivrer des services de qualité à
nos citoyens... on a connu l'épisode de la SAAQ dernièrement, et,
effectivement, la STQ a sa part d'enjeux aussi. Et, si on prend
spécifiquement la question de la traverse Québec-Lévis, c'est vrai,
l'Alphonse-Desjardins et le Lomer-Gouin, normalement, qui doivent desservir
Québec et Lévis... Et régulièrement, malheureusement, on doit prendre un des deux pour aller desservir L'Isle-aux-Coudres. J'ai
des échanges réguliers avec la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
D'ailleurs, dans les heures suivant ma
nomination aux Transports et à la Mobilité durable, le traversier, qui à
l'époque était le Svanoy, qui remplace l'habituel, bref, le traversier a lâché
à L'Isle-aux-Coudres, et il a fallu envoyer une des traverses de
Québec-Lévis. Et depuis ce temps-là, malheureusement, ça s'est produit à
quelques reprises.
Donc,
vous voyez, Mme la Présidente, que je suis tout à fait lucide par rapport à
cette situation-là. Et je l'ai abordée de front avec l'actuelle P.D.G. par
intérim de la STQ. Je lui ai dit que la ville de Lévis tout comme la ville de Québec sont tannées, sont
tannées d'avoir juste une traverse sur deux et qu'ils s'attendent à ce que ce
problème-là se règle. Elle m'a assuré qu'elle a un plan, et je pourrai
revenir en complémentaire sur la suite.
La
Présidente : Première
complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Oui. Mme la Présidente, ici, là, on parle également des usagers, des
gens qui arrivent à la traverse le matin,
qui ont une journée de travail à faire, et, voilà, ils apprennent le matin même
que la traverse est interrompue à cause d'un bris de service. Et ce
n'est pas banal, et, comme je le mentionnais, ça arrive souvent.
Quel
est le plan de la ministre pour assurer une efficacité dans le service de la
traverse fluviale Québec-Lévis?
La
Présidente : Mme
la ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Oui. Alors donc, on y revient.
Et effectivement, là, je pense que j'ai été claire en début de ma première
réponse, la qualité et l'efficacité des services qu'on doit rendre à nos
citoyens et que doivent rendre nos sociétés d'État
à nos citoyens est primordiale pour nous, en particulier quand il s'agit
d'organisations qui livrent des services qui ont une incidence aussi
directe sur le quotidien et la qualité de vie des gens. La STQ en fait partie.
Donc, vendredi dernier, justement, j'ai
rencontré la P.D.G. par intérim, Mme Bédard, j'ai rencontré aussi le
président
du C.A. de la STQ, et je leur ai dit plus
globalement que, de façon générale, je trouve que la desserte par traversier,
parce qu'il n'y a pas juste Lévis,
malheureusement, mais spécifiquement pour Québec-Lévis... et on m'a assuré que,
pour l'été et à court terme, on avait un plan pour éviter qu'il y ait
toujours une des deux traverses qui doive se rendre ailleurs.
La
Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Mme la Présidente, on apprenait également hier par la voie des journaux
que la Société des traversiers du Québec
augmentait ses tarifs, notamment pour la traverse Québec-Lévis, malgré les
nombreuses interruptions de service. Le gouvernement voudrait s'attaquer
et fermer la traverse, il ne s'y prendrait pas autrement. Un mauvais service et
une augmentation des tarifs minent la confiance des utilisateurs.
Est-ce
que la ministre peut garantir à la population un service de qualité à un prix
raisonnable?
La
Présidente : Mme
la ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Oui. Alors, Mme
la Présidente, je suis obligée aussi de faire une précision, c'est qu'à la STQ comme ailleurs... On a 22 navires, à la STQ,
c'est une société qui détient des actifs importants, les traversiers, en
l'occurrence. Et, là aussi, il y a eu
un déficit de maintien des actifs important, comme dans l'ensemble de notre
réseau, dans l'ensemble de nos
structures. On est arrivés en 2018, ces bateaux-là ne sont pas arrivés avec la
CAQ, là, il y avait déjà eu un déficit de maintien d'actifs important,
qu'on doit résorber là comme ailleurs.
Mais néanmoins c'est important de livrer des
services de qualité à nos citoyens. J'ai rencontré la P.D.G., je lui ai dit que
c'est à elle de s'assurer d'avoir un plan, notamment pour les relèves,
notamment pour la consolidation de la flotte. On s'apprête à acquérir nos
trois premiers navires électriques, à la STQ, ce sera une bonne nouvelle. Au
net, on aura un traversier de plus, ce qui va aider à consolider la flotte,
assurer des relèves. Je m'attends à ce qu'elle ait un plan et qu'elle livre des
services de qualité à nos citoyens.
La Présidente : Question principale. Je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
La parole est à vous.
Coût
du troisième lien entre Québec et Lévis
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. J'écoutais le premier ministre parler du
troisième lien, dans les
derniers jours, puis savez-vous ce qui m'est venu en tête? Il est grand, le
mystère de la foi, parce que sérieusement, sérieusement, il n'y a rien de plus
mystérieux pour moi que la foi inébranlable du premier ministre dans le projet
de troisième lien. On est rendus à la
septième version du projet en huit ans. En fait, le seul chantier qui avance
plus lentement que le troisième lien, à la CAQ, c'est le logement
social.
Tout le monde sait pourquoi le troisième lien
est bloqué, c'est un projet qui ne se fonde sur rien, pas une étude, pas un expert, et surtout ce projet-là est un immense
recul dans notre lutte contre les changements climatiques. Le premier ministre
essaie de faire rentrer un carré dans un rond. Ça ne marche pas, puis on va
tous en payer le prix.
Parlant
de prix, j'ai demandé trois fois, la semaine dernière, au premier ministre si
ce nouveau projet allait respecter le prix maximum qu'il a annoncé aux
Québécois et aux Québécoises en campagne électorale, c'est-à-dire
6,5 milliards,
mon collègue a questionné la ministre des Transports hier, et, dans les deux
cas, aucune réponse.
Le premier ministre, il connaît la nouvelle
mouture du projet, j'en suis convaincu. J'ai donc une question toute simple
pour lui, je pense que c'est une question de simple transparence : Cette
septième version du troisième lien, est-ce que son prix maximum, c'est encore
6,5 milliards, oui ou non?
La
Présidente : M.
le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme
la Présidente, donc, cette semaine, on est rendus avec : Il est grand, le
mystère de la foi. La semaine passée, on était dans les rêves érotiques. Cette
semaine, on est rendus dans la religion, avec Québec solidaire. Mme la Présidente, je sais que Pâques s'en vient,
puis ce que je demande au chef du deuxième groupe d'opposition, c'est
d'être patient, d'être patient.
La vice-première ministre, ministre des
Transports, a demandé, avec raison, une mise à jour de l'achalandage entre Québec et Lévis. On le sait, Mme la Présidente,
avec la pandémie, le télétravail s'est accéléré. Et, contrairement à ce que
certains pensaient, même après la pandémie, même actuellement, il y a encore
des impacts importants.
Donc, je pense, c'est important de revoir ces
études-là. On vient de les recevoir. Moi, je ne les ai pas reçues, mais je vais
rencontrer bientôt la vice-première ministre, on va en discuter. Puis, d'ici
quelques semaines, bien, on va faire une mise
à jour. Donc, je demande au chef du deuxième groupe d'opposition d'être un
petit peu patient... et peut-être de prier.
La
Présidente : Première...
Des
voix : ...
•
(10 h 30) •
La
Présidente : Pas
de commentaire après les réponses. Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Mon rêve, aujourd'hui, ce serait que le premier ministre soit capable de
répondre à la question,
parce qu'en campagne électorale il ne les avait pas plus, les études, et il
s'est avancé. Il a promis aux Québécois et aux Québécoises que son projet de
troisième lien entrerait dans une enveloppe de 6,5 milliards.
Le
nouveau projet va-t-il entrer dans l'enveloppe de 6,5 milliards, oui ou
non?
La
Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je ne sais pas si le chef du deuxième groupe
d'opposition a des études entre ses mains, à
jour, qui tiennent compte du télétravail. Puis j'avoue, Mme la Présidente,
qu'en début d'année la vice-première ministre a reçu des études, mais
qui ne reflétaient pas suffisamment les impacts du télétravail après la
pandémie, parce qu'il y a encore des impacts importants.
Donc, on vient... elle vient de recevoir ces
études. On est en train de les examiner, les analyser. Puis je demande au chef de la
deuxième opposition d'être un peu patient. D'ici quelques semaines, tout ça va
être dévoilé.
La
Présidente :
Alors, deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Je suis forcée de répéter, Mme la Présidente. En campagne électorale,
le premier ministre, s'il n'avait pas les informations ou les études
suffisantes, il n'était pas obligé de faire une promesse sur le coût du troisième lien, personne ne l'a forcé. Pourtant,
il l'a fait. Il s'est présenté devant les Québécois, Québécoises, il a
dit : Ça va être 6,5 milliards maximum. Aujourd'hui, il refuse
systématiquement de confirmer que c'est encore ça, son prix maximum.
Je
vais poser une question différente : Est-ce qu'il peut nous confirmer
qu'en fait ça va être plus?
La
Présidente :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, il y a beaucoup d'analystes qui pensaient
encore, il y a un an, que le volume des
personnes qui travaillent au bureau reviendrait comme avant la pandémie, mais on
est en train de se rendre compte que ce
n'est pas le cas. Et, je pense, c'est important d'analyser la situation
actuelle, d'avoir des experts qui nous font des prévisions les
prochaines années. Je pense que c'est comme ça, gérer correctement les fonds
publics.
Donc,
c'est ce qu'on est en train de faire. Puis je demande encore une fois au chef
du deuxième groupe d'opposition d'être patient,
il y a une semaine qui s'en vient où ça va être plus tranquille, là, donc lire,
s'occuper, sa famille, et puis, d'ici quelques semaines, on va avoir des
réponses.
La
Présidente :
En question principale, je reconnais le député de Rosemont. La parole est à
vous.
Intentions du gouvernement concernant
les CLSC
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la Présidente. Le ministre de la Santé nous dit souvent
qu'il veut les bons soins au bon moment,
au bon endroit, avec les bons professionnels. Il va être content, on s'entend.
On s'entend parfaitement là-dessus, je suis
tout à fait d'accord avec ça. Mais, qu'il veuille ou non ça, ça s'appelle un
CLSC, ça existe déjà. Probablement que ça
ne fait pas partie de son modèle. Pas assez de «top guns» du privé, j'imagine,
pas assez d'entrepreneurs dans les conseils d'administration. Pourtant,
les CLSC, c'est le modèle ultime de la décentralisation.
La réforme Barrette, dont on ne peut dire le
nom ici, apparemment, a été affaiblie... a affaibli les CLSC. La réforme Barrette, je répète, a affaibli les CLSC
gravement. Voilà maintenant qu'on apprend que le p.l. n° 15 veut abolir leur mission, il y a un
article qui dit ça, abolir la mission, donc leur raison d'être.
Est-ce
que le ministre s'engage au moins à maintenir ce qui reste des CLSC pour le
bien-être et les services de populations qui en ont bien besoin?
La
Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, premièrement, Mme la Présidente, je suis content de voir qu'on
s'entend sur plusieurs choses, entre Québec
solidaire et nous, sur le projet de loi n° 15. Alors, ça, c'est une très
bonne nouvelle, parce qu'on va commencer bientôt les commissions
parlementaires puis ce serait intéressant d'avoir une discussion organisée et
constructive comme on a pu l'avoir dans le p.l. n° 10 sur la
main-d'oeuvre. Puis je tiens à remercier ici tous les collègues de l'opposition, parce que c'était un projet qui
était important, dont on a terminé l'étude article par article hier, et je
tiens à les remercier.
Maintenant, j'aimerais bien rassurer tout le
monde ici qu'il n'y a personne qui a l'intention de canceller les CLSC. Les CLSC font partie du grand réseau de la santé.
Ils sont clés sur plusieurs choses. Ils sont clés, par exemple, pour les soins
à domicile, où ma collègue ici, la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés,
met beaucoup d'emphase sur les soins à domicile en complicité avec les
CLSC. Et, deuxièmement, on l'a vu, dans les derniers mois on a ouvert des
cliniques IPS, des cliniques d'infirmières spécialisées, dans des CLSC. Alors,
je pense que... Et je sais qu'on aura une motion du mercredi ensemble, cet
après-midi, où je pourrai vous donner d'autres exemples.
La
Présidente :
Première complémentaire.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Je présume que je viens de trouver mon premier amendement au projet de
loi n° 15, là. Pourquoi biffer la mission des CLSC si on veut les
maintenir? Il y a comme un non-sens. Je comprends que 1 200 articles
là-dedans, le ministre en a peut-être échappé deux, trois, là, mais on biffe la
mission des CLSC là-dedans, c'est écrit textuellement.
Le président du conseil des... du Collège des
médecins, Dr Gaudreault, disait récemment que les CLSC pourraient être bénéfiques, et je le cite : «Ça a été
comme abandonné, [...]c'était une belle solution[...], [ça faisait] du travail
en équipe de professionnels.»
Qu'est-ce
qu'en pense le ministre aujourd'hui?
La
Présidente : M.
le ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, je suis content qu'on fasse référence au Dr Mauril
Gaudreault, qui est le président du Collège
des médecins, avec qui... Il a eu des mots assez positifs, même très
constructifs sur le projet de loi dans les... dans la dernière semaine. Puis,
le Dr Gaudreault, je pense qu'il y a une chose qu'il a en tête, c'est de
protéger l'intérêt des patients et
c'est ça que le Collège des médecins a dit. Et Dr Gaudreault, il était une
des personnes qui a salué l'intérêt qu'on avait pour les CLSC, notamment
avec la place qu'on a donnée aux infirmières spécialisées, Mme la Présidente.
Alors, j'ai un petit peu de misère à faire le
lien entre le Dr Gaudreault et la question, parce qu'en ce moment le
Dr Gaudreault est un de ceux qui supportent vraiment le projet de loi
n° 15.
La
Présidente : ...
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : ...CLSC.
C'est textuel.
À plusieurs reprises, durant l'étude du
projet de loi n° 11, le ministre a vanté Pointe-Saint-Charles. Il cite Verdun
dans son fameux plan déposé l'an dernier. Je
pourrais lui parler de Fort-Coulonge, de Mont-Tremblant, des CLSC, parfois
même des GMF CLSC qui font un extraordinaire travail et un travail essentiel
sur le terrain.
Est-ce que le ministre, là, encore une fois,
peut s'engager, là, à discuter, là, garder la mission des CLSC plutôt que d'en faire des
placards à balais de son agence?
La
Présidente : M.
le ministre.
M. Christian
Dubé
M.
Dubé : Bien,
je pense que les Québécois, là, qui entendent ces commentaires-là aujourd'hui
ont donné une réaction très claire à ce
qu'ils pensent de ces commentaires-là dans la dernière semaine. Si Québec
solidaire veut continuer de cette façon-là, je pense, Mme la Présidente,
que c'est leur choix.
Les Québécois nous ont demandé de trouver des
solutions pour réorganiser notre réseau de santé. Les CLSC font partie de notre
ligne d'accès pour les patients. Je l'ai dit, j'ai donné deux exemples de ce
qui va se passer. On veut être capables que
chaque participant donne le maximum d'intérêt pour nos patients en première
ligne, et on va continuer de le faire. Et j'espère que Québec solidaire
pourra trouver des mots plus intelligents...
La
Présidente : En
question principale, je...
Une
voix : ...
La
Présidente : Nous
allons poursuivre. J'étais debout lorsque les mots ont été dits. Demeurons
respectueux. Je reconnais, en question principale, la députée de Sherbrooke. La
parole est à vous, juste à vous. On l'écoute.
Financement des organismes
communautaires
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : La CAQ dit qu'il y a assez d'argent en santé mentale dans leur budget,
mais, si eux ne savent pas ce qu'ils pourraient faire de plus avec plus
d'argent, il y a des organismes communautaires qui le savent très bien.
Chez
Mon Shack, il y a une liste d'attente de plus de six mois pour leurs logements
supervisés en santé mentale. Avec 300 000 $ par année, ils pourraient
offrir 22 logements de plus. Chez JEVI Centre de prévention du suicide, il
faudrait qu'ils doublent leur équipe pour
répondre à la demande, mais il manque 639 000 $ par année pour
consacrer leur temps aux services
plutôt qu'aux collectes de fonds. À L'autre Rive, il manque 176 000 $
par année pour des intervenantes. Ils
sont obligés de demander des fonds à Bell pour désengorger leur liste
d'attente. Chez Secours-Amitié Estrie, il y a des milliers d'appels par année auxquels ils ne
peuvent pas répondre parce qu'il leur manque 195 000 $ par année. Ils
sont obligés de demander de l'argent à la Croix-Rouge en ce moment.
Ça, c'est juste des exemples de Sherbrooke. Partout
au Québec, il y a des organismes communautaires qui peuvent nous aider à répondre
aux besoins en santé mentale.
Est-ce
que le ministre peut nous dire pourquoi il refuse de les aider plus?
La
Présidente : Je
reconnais le ministre responsable des Services sociaux. La parole est à vous.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Oui, merci, Mme la Présidente. Je vais rappeler à la députée de
Sherbrooke que, quand on a déposé notre plan d'action en santé mentale,
pour la première fois, au gouvernement, on a donné une somme directement aux organismes en santé mentale, un 15 millions
additionnel, qui faisait partie de notre Plan d'action interministériel en
santé mentale, une première que le
COSME a appréciée et a applaudie. Donc, on... Et en plus les organismes
communautaires font partie intégrale de notre plan pour la santé mentale,
au Québec, pour offrir plus de services.
•
(10 h 40) •
Maintenant, il faut penser à tous les organismes
communautaires, Mme la Présidente. Cette année, c'est 39 millions de
dollars qu'on va ajouter dans les organismes
communautaires. Si j'avais donné spécifiquement aux organismes en santé mentale, j'aurais dû en enlever à d'autres
organismes communautaires. Et on l'a dit l'autre fois, la mission des
organismes communautaires, globalement, a un impact positif sur la santé
mentale de la population, Mme la Présidente.
Donc, cette année, on a fait le choix d'aider
tous les organismes communautaires, ceux qui aident les jeunes, ceux qui aident
les soins à domicile, ceux qui aident tous les services, parce que c'est un
investissement intelligent qui va aider tout le monde à améliorer leur santé
mentale. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première
complémentaire.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Un exemple de plus. Chez Relax-Action, à Montréal, la demande est
tellement forte qu'il leur manque deux
intervenantes, mais, pour ça, ça prendrait 150 000 $ de plus par
année. Savez-vous pourquoi leur liste d'attente est aussi engorgée?
Parce que le CIUSSS passe son temps à leur référer du monde.
Partout
au Québec, le réseau de la santé a besoin des organismes communautaires pour
les aider à offrir des services, le ministre
le sait. Ces organismes-là savent ce qu'ils pourraient faire de plus en ce
moment pour répondre à la crise en
santé mentale. Ils perdent du temps à quêter des fonds, en ce moment. Pourquoi
la CAQ refuse de les aider plus tout de suite?
La
Présidente : M.
le ministre.
M. Lionel
Carmant
M.
Carmant : Mme
la Présidente, ce qui est important, comme je vous dis, c'est d'aider tous les
organismes communautaires à offrir des
services appropriés à la population. Les tables régionales vont décider si des
besoins additionnels sont plus importants pour les organismes de santé mentale
de leur territoire. Mais encore une fois je rappelle que, l'an dernier, on a donné 15 millions spécifiquement,
uniquement pour les organismes en santé mentale. Donc, je pense que chaque
table pourra gérer ce qui se passe sur son territoire et décider où sont
les besoins.
Moi, je pense qu'il y a un besoin général en
santé mentale, et actuellement ce qu'on veut, c'est travailler l'accès. On l'a
fait par l'accès téléphonique. Maintenant, on veut faire l'accès en personne
dans nos urgences, dans nos CLSC. On parlait tantôt des CLSC. On veut que le
CLSC devienne un point de service en santé mentale et on va s'en occuper dès cette
année, Mme la Présidente.
La
Présidente : ...complémentaire.
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : ...vous donner, ça, c'est les besoins en ce moment, après
tous les fameux investissements dont le ministre parle tout le temps. Donc, de
toute évidence, il en manque encore, puis, oui, dans tout le communautaire, pas juste en santé mentale. Ces organismes-là peuvent aider
du monde tout de suite si on les finance mieux. Ça déchargerait le réseau.
Je ne trouve pas ça normal que des
organismes communautaires doivent aller quêter de l'argent à Bell ou à la
Croix-Rouge pour pouvoir faire leur travail.
Après tout ce que je viens de dire, est-ce
que le ministre peut répéter ici, devant tout le monde, que le financement est suffisant,
en santé mentale?
La
Présidente : La
réponse du ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la Présidente, encore une fois, je pense que, le financement
des organismes communautaires, on le rattrape,
depuis les cinq dernières années. C'est 127 millions plus un
39 millions cette année, c'est 166 millions de dollars
qu'on a ajoutés à la mission globale de tous les organismes communautaires.
Encore
une fois, il faut donner à d'autres services sociaux également, on ne peut pas
donner seulement aux organismes communautaires. Il faut penser à la santé
mentale, il faut penser à la jeunesse, il faut penser à tout le monde, quand on
rehausse les services, Mme la Présidente.
Donc, on a donné de l'argent aux organismes
communautaires, cette année, en général. On va améliorer les services en santé
mentale pour améliorer l'accès en santé mentale. Et, comme on l'a dit l'autre
fois, si jamais il y a d'autres besoins, le premier ministre est ouvert à nous
aider. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Question
principale. Je reconnais la députée de Verdun. La parole est à vous.
Publication de l'attestation
d'assainissement de la Fonderie Horne
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente. En février dernier, je me suis levée en
Chambre pour demander que l'attestation d'assainissement de la Fonderie Horne
soit rendue publique, puis le ministre m'a répondu : Soyez patiente, on allait avoir l'attestation au mois de mars. Il
s'est même engagé par la suite à dévoiler l'entièreté du document le
17 mars. Nous sommes trois
semaines plus tard, et on n'a rien. Qu'est-ce qui ne va pas? Est-ce que
Glencore est en train de faire du caviardage?
Mme la Présidente, là, la patience a des limites.
Glencore a eu deux mois pour se pencher sur tous les détails de l'attestation. Les gens de Rouyn-Noranda, ils ont
appris le contenu de l'entente par les médias. Là, là, ils demandent de la transparence, ils
demandent du respect. C'est la santé de notre monde qui est en jeu, c'est
l'argent public qui est en jeu. Le Québec a le droit de savoir c'est
quoi, le deal que le ministre de l'Environnement a fait avec Glencore.
Est-ce
que le ministre va dévoiler le document public aujourd'hui?
La
Présidente : La
réponse du ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci, Mme la Présidente. J'ose espérer que Québec solidaire ne nous
demande pas de ne pas respecter les lois. On est tenus à des délais
légaux.
Un
petit retour dans le temps. Je me suis, avec mes collègues, présenté sur le
côté de Rouyn-Noranda le 16 mars dernier.
On a précisé l'entièreté des conditions qui étaient posées dorénavant à la
Fonderie Horne. Dès le lendemain, un document
reprenant l'intégralité de ces conditions-là a été mis en ligne. Donc, en
termes de transparence, on peut difficilement demander plus.
Pour
ce qui est de l'attestation elle-même, il y a des délais légaux auxquels on est
liés, et c'est une question de quelques
jours, je ne suis pas en mesure de vous dire est-ce que c'est d'ici la fin de
la semaine, une question de quelques jours, dans tous les cas, avant que
l'intégralité de l'attestation soit dévoilée.
Donc, je sais que Québec solidaire aime bien
évoquer de grands complots. Il n'y a pas de complot, il y a uniquement des délais
légaux à respecter, dans le cas présent.
Une
voix : ...
La
Présidente :
...M.
le leader du deuxième groupe d'opposition. Je vous écoute. Brièvement.
M.
Leduc : ...complot,
Mme la Présidente, ce n'est pas possible.
La
Présidente : D'accord.
M. le
ministre, retirez ce mot mais poursuivez dans votre réponse, il reste quelques
secondes.
M. Charette : Peut-être le dire autrement : Il n'y a pas de manigances pour
tenter de camoufler quoi que ce soit. L'intégralité
de l'attestation sera dévoilée une fois les délais légaux passés. Donc, on se
fie aux lois, et j'espère que Québec solidaire veut en faire autant.
La
Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : ...Mme la Présidente, puis, si je me fie aux lois, le ministre a le
pouvoir de rendre l'attestation publique. C'est
dans la Loi sur la qualité de l'environnement, je cite : «La décision
[...] est exécutoire...» Alors, c'est quoi, la raison pour garder l'entente secrète? Est-ce que Glencore est en
train de mettre de la pression? Je vous pose la question aujourd'hui. Les
gens de Rouyn-Noranda n'ont pas les mêmes avocats qu'une multinationale.
Est-ce
que le ministre va utiliser ses pouvoirs et rendre l'attestation publique?
La
Présidente :
M. le ministre.
M. Benoit
Charette
M. Charette : ...le mot «complot», mais, dans le choix des mots de la collègue, on
s'en rapproche. On ne camoufle rien. Il y a des délais légaux, il y a des délais
légaux à respecter...
La Présidente : Bon, s'il vous plaît, je suis debout! Brièvement. Une question de
règlement, j'imagine, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Rapidement.
M. Leduc : On ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire
directement. Donc, ce n'est pas parce qu'on dit : Je n'utiliserai pas le mot
«complot»... Il est en train de faire... d'utiliser le mot «complot».
La
Présidente :
Je suis debout. M. le leader du gouvernement, brièvement.
M.
Jolin-Barrette : ...mon collègue de l'Environnement, il a fait une
analyse descriptive des faits issus de la question. Moi, je pense que ses
propos étaient tout à fait appropriés. Ce n'est pas...
La Présidente : Alors, je vais trancher. On ne peut pas imputer de motifs indignes à
qui que ce soit. La bonne foi se présume. Continuons dans la bonne foi et
l'harmonie, je vous prie.
M.
Benoit Charette
M.
Charette :
Un petit retour dans le temps. Québec solidaire était exactement à la même
position, à l'étape précédente. On a envoyé
l'attestation, on se souvient, en février, et là aussi l'entreprise avait droit
à des délais légaux pour répondre à l'attestation qui lui avait été
communiquée.
Donc, ce sont des étapes qui sont prévues
dans le processus réglementaire et législatif. C'est une question de quelques jours avant que l'attestation soit rendue
publique. Et Québec solidaire ne sera pas surpris, tout ce qui a été évoqué
lors de notre présence, mes collègues et moi, sur le côté de
Rouyn-Noranda y figure. Et d'ailleurs c'est déjà sur le site...
La
Présidente :
...complémentaire, Mme la députée.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme
Zaga Mendez :
Merci, Mme la Présidente. Les délais légaux, on les connaît, mais là le
ministre me dit «quelques jours». Est-ce qu'il est capable de nous dire
aujourd'hui une date? Parce qu'en ce moment les gens se posent des questions sur le fait. Est-ce que c'est le
secret des entreprises qui prime sur le droit du public de s'informer? Est-ce
qu'il y a des choses que les gens... qu'on est en train de cacher ou pas?
On
pose la question aujourd'hui. Le ministre est-u en train de nous dire chose que
Glencore a encore...
Une
voix :
...
La Présidente : M. le leader, on ne peut pas dire le mot «cacher», mais dans la phrase,
ici, on dit : Les gens sont en train de cacher, on n'impute pas de
motifs au ministre ou au gouvernement.
Alors,
il vous reste une seconde, Mme la députée, à peine le temps de vous lever.
Mme
Zaga Mendez :
C'est quoi, la date?
La
Présidente :
Monsieur... Bonne utilisation de la seconde restante. M. le ministre,
votre réponse. On écoute.
M. Benoit
Charette
M. Charette : On ne cache rien, c'est une question de quelques jours. En fait, je ne
veux pas donner une réponse qui serait... Il
faut que Québec solidaire travaille un petit peu. C'est des délais qui sont
légaux. Vous êtes capables de faire les calculs vous-mêmes. Moi, je vous
dis essentiellement : C'est une question de quelques jours.
Et tout ce qui a été annoncé le 16 mars
dernier aux côtés de la population de Rouyn-Noranda sera confirmé dans l'attestation. Et je rappellerai qu'aucun gouvernement,
par le passé, n'a osé prendre ce dossier-là au sérieux comme nous l'avons pris au niveau des conditions qui sont
imposées à l'entreprise, au niveau des garanties de protection de la santé des
gens de Rouyn-Noranda. Donc, aucun
gouvernement avant n'a pris ce dossier au sérieux comme on le fait
présentement.
La
Présidente :
En question principale, je reconnais Mme la députée de Saint-Laurent. La parole
est à vous.
Mesures pour lutter contre les violences
sexuelles en milieu scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, rappelez-vous, nous avons tous été adolescents.
Imaginez quand vous êtes une adolescente ou un
adolescent, vous allez à l'école et vous faites confiance à un adulte en
situation d'autorité, et que, finalement,
vous vous rendez compte que cette personne a abusé de cette confiance et que
votre intégrité a été compromise.
Durant les semaines qui viennent de passer,
on a entendu plusieurs allégations d'inconduite sexuelle par des personnes en situation d'autorité dans les écoles. Le
ministre de l'Éducation, je l'ai salué, a déclenché une enquête générale sur
ces allégations qui touchent des violences à caractère sexuel dans le
réseau scolaire.
Il y a maintenant deux semaines, on a
échangé, et j'ai fait des suivis. Il devait y avoir une ligne téléphonique. On
l'attend. Je lui ai aussi demandé d'assurer qu'il n'y a pas une apparence de
conflit d'intérêts et de nommer aussi une firme indépendante à cette enquête.
•
(10 h 50) •
La
Présidente :
Je reconnais pour sa réponse le ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Bien, Mme la Présidente, j'ai effectivement dit, lors de
l'interpellation, que nous allions mettre en place une ligne de dénonciation,
et puis c'est en train de se mettre en place, on y travaille. On veut s'assurer
que la procédure
se fasse correctement. On veut s'assurer
notamment que, quand une personne nous appelle, elle soit rappelée rapidement.
Donc, on va faire les choses dans l'ordre,
mais ça progresse très, très bien, puis je suis confiant, Mme la Présidente,
d'être en mesure de faire une annonce là-dessus d'ici la fin de la
semaine, je crois bien.
Pour ce
qui est du mandat général d'enquête, la députée a salué ce mandat général
d'enquête. Il y a d'autres cas qui ont
malheureusement fait surface depuis, qui vont, selon toute vraisemblance, être intégrés
au mandat général d'enquête. Mais
j'aimerais, Mme la Présidente, j'aimerais que la députée de Saint-Laurent fasse
un peu confiance aux enquêteurs du ministère
de l'Éducation, qu'elle les laisse faire leur travail, qu'elle ne présume pas
que ces gens-là ne sont pas capables de s'acquitter de leur mandat. Et,
s'il vous plaît...
Une
voix : ...
M.
Drainville :
Bien là!
La
Présidente : Je
reconnais le leader de l'opposition officielle brièvement.
M. Derraji : ...très clair, il ne faut pas prétendre des intentions autres que ce que
la collègue vient de mentionner. Elle pose un
fait, lui demande de clarifier la situation. Donc, je pense que le député a
l'expérience de bien peser ses mots, Mme la Présidente.
La
Présidente : On
poursuit. M. le ministre de l'Éducation, poursuivez, je vous prie.
M. Drainville : Bien, j'ai dit ce que j'avais à dire. Laissons les enquêteurs du
ministère de l'Éducation faire leur travail. Voilà.
La
Présidente : ...complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Vous
connaissez ma pleine collaboration, et, lorsque je fais des suggestions, c'est
vraiment pour bonifier, là. Alors, quand je
vous demande d'ajouter une ligne téléphonique... Parce qu'envoyer son histoire
à signalement@education.gouv.qc.ca, moi personnellement, je trouve que
c'est un petit peu froid pour recevoir quelque chose d'aussi intime. Le numéro de téléphone, je comprends que, donc,
d'ici vendredi vous allez faire une annonce, et j'espère que vous allez
tenir cet engagement, parce qu'il y a une urgence d'agir.
D'autre
part, je répète, l'apparence de conflit d'intérêts, c'est la personne qui a été
victime qui doit sentir qu'il n'y a aucun conflit...
La
Présidente : La
réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente, j'apprécie la collaboration critique de notre députée
de Saint-Laurent. C'est
très bien. Elle fait des suggestions. Elle
m'a demandé de créer une ligne. Je lui ai dit : Oui, on va le faire. Je
n'ai pas pris 24 heures, 48 heures. Elle m'a posé la question,
j'étais assis là, j'ai dit : Oui, on va le faire. Alors, on va le faire.
Faisons-le, maintenant, correctement. Si je
le faisais trop vite, puis c'était tout croche, elle serait debout pour
dire :
C'est tout croche. Là, je dis : Je vais
le faire correctement. Elle me l'a demandé il y a quelques jours de ça. On va
prendre encore quelques jours puis on va s'assurer que ça se fasse comme
du monde. Voilà.
La
Présidente : Je
vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Je vous rappelle que c'est quand même vous qui a dit : Ce n'est pas
compliqué, mettre une ligne de téléphone. Ça fait maintenant... ça va faire deux
semaines.
Maintenant,
toujours en suivi des dossiers en éducation, je suis surprise d'entendre
aujourd'hui le député de Gatineau déposer à nouveau une pétition pour l'école
de Val-des-Monts, parce que moi, ce matin, j'étais en séance de travail pour défendre la pétition qu'il a déposée
il y a maintenant deux semaines ici, en cette Chambre, pour défendre les
gens de Val-des-Monts, puis qui sont d'ailleurs présents dans cette tribune.
Alors, moi, je veux savoir. Ce matin, on m'a
dit que ce n'était pas le bon moyen, les pétitions. Alors, pouvez-vous expliquer au
député de Gatineau c'est quoi, le bon moyen pour avoir...
La
Présidente : M.
le ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Sur la ligne de dénonciation, Mme la Présidente, ça prend des personnes
qui reçoivent l'appel ou
qui traitent l'appel et qui sont formées
pour le faire correctement. Ce sont, dans certains cas, des victimes qui ont
besoin d'être
écoutées. Alors, s'il vous plaît, on va-tu nous laisser le temps de prendre les
précautions nécessaires pour s'assurer que les personnes qui vont
recevoir ces plaintes-là puissent les traiter correctement?
Pour ce qui est de l'école de Val-des-Monts,
mon intention, c'est de les rencontrer cet après-midi, Mme la Présidente, et donc de discuter avec leur député de l'état de leur école. Et je suis
sensible à l'état de l'école de Val-des-Monts comme je le suis pour toutes les
écoles. Après ça, Mme la Présidente, ça devient une question de ressources et
de priorisation.
La Présidente : En question principale, je reconnais le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. La parole est à vous.
Impact de la réforme du Programme de
l'expérience québécoise
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. Dimanche dernier, dans La Presse, on
nous présentait le cas de
Lucile Charrier, infirmière à l'Hôpital de Verdun, et de Thomas Bonnier,
gestionnaire de projets, des citoyens français menacés d'expulsion suivant le refus du renouvellement de leur permis de
travail. Lucile et Thomas vivent à Montréal depuis plus de deux ans, ce sont des francophones qui
rêvaient de s'établir au Québec, mais, le 25 mars dernier, leurs rêves se
sont effondrés.
Dans La Presse, Maxime Lapointe fait
le lien direct entre le refus du permis de travail et la réforme caquiste du Programme de l'expérience québécoise.
Malheureusement, des cas comme ceux-là font légion dans les manchettes... sont
légion dans les manchettes.
Pendant près de trois ans... Près de trois ans
après cette réforme et devant les multiples ratés, la ministre de l'Immigration peut-elle enfin admettre que la réforme du PEQ prive les
immigrants francophones de leur résidence permanente au Québec? Et peut-elle s'engager devant cette
Chambre, aujourd'hui, à décrocher le téléphone et demander à son homologue
fédéral d'émettre un permis de travail sans délai pour cette infirmière de
Verdun?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Immigration, de
l'Intégration et de la Francisation. Allez-y.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci à mon homologue pour cette question. En fait,
nous avons effectivement pris connaissance
de cette situation. On ne commente pas de cas particuliers, incluant celui-ci.
Néanmoins, on a demandé au
gouvernement canadien de poursuivre les analyses en lien avec une telle
situation, de telle sorte qu'on puisse s'assurer que cette personne
puisse cheminer dans la perspective de ce qu'elle souhaitait comme projet de vie.
En ce qui a trait au PEQ, il y a une
réflexion qui est en cours, à l'heure actuelle, au sens où vous savez que nous sommes à planifier la planification pluriannuelle
de l'immigration pour les années 2024 à 2027, et ça génère un
questionnement pour l'ensemble des dimensions qui sont concernées par la
planification pluriannuelle. Le PEQ, bien sûr, en fait partie.
Donc, nous sommes à analyser les bienfaits,
les choses qui pourraient faire l'objet d'une amélioration, en lien avec le Programme de l'expérience québécoise, qui est
un programme qui est intéressant puisqu'il s'adresse à des personnes qui
cadrent avec le profil d'immigration que l'on souhaite. Merci.
La
Présidente : Cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans
préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
parole et la place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Bonne
fin de journée à tous et à toutes.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À la rubrique Motions sans préavis, en fonction de nos règles et de
l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
deuxième groupe d'opposition.
M. Bouazzi : Merci, M. le Président. M. le Président, je demande le consentement de
cette Assemblée pour débattre de la motion
suivante conjointement avec le député de Marguerite-Bourgeoys, le député des
Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le
29 mars dernier, plus de 1 125 acteurs du milieu technologique,
dont
le Montréalais Yoshua Bengio, signaient une
lettre ouverte pour alerter les gouvernements et demander un moratoire de
six mois dans le développement des systèmes
d'intelligence artificielle dotés d'une intelligence compétitive humaine,
allant jusqu'à dire que ces systèmes pouvaient "poser de graves
risques pour la société et l'humanité";
«Qu'elle affirme que les bouleversements dus
à l'intelligence artificielle soulèvent plusieurs craintes notamment concernant la démocratie, les pertes d'emplois, la
protection des données personnelles, la fiscalité, la propriété intellectuelle
et artistique, le plagiat académique, la fracture numérique ou la fraude
massive;
«Qu'elle affirme qu'il faut d'un côté faire
profiter le bien commun du progrès en cours tout en protégeant la société québécoise des
effets néfastes potentiels;
«Qu'elle affirme qu'il est de notre devoir de
réfléchir collectivement aux moyens que nous avons pour comprendre, prévoir et
encadrer les changements extrêmement rapides associés à l'intelligence
artificielle;
«Qu'elle
s'engage à tenir une commission parlementaire sur l'intelligence artificielle
d'ici la fin de la période des travaux en juin.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement. Je reconnais maintenant un membre du
troisième
groupe d'opposition, et c'est M. le député de Matane-Matapédia.
Affirmer le caractère incompatible de la
mise en place de
lieux de prière dans les locaux d'une école publique
avec le principe de laïcité de l'État
M.
Bérubé : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le ministre de l'Éducation, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère que l'État du Québec est laïque;
«Qu'elle
rappelle que les écoles publiques ne sont pas des lieux de cultes;
«Qu'elle
affirme que la mise en place de lieux de prière, peu importe la confession,
dans les locaux d'une école publique va à l'encontre du principe de laïcité.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, il y a consentement, sans
débat.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. Cette motion est-elle adoptée? Adopté?
Oui,
M. le député.
M.
Bérubé : J'aimerais
qu'on puisse faire un vote par appel nominal.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, un vote par appel nominal a été
demandé.
Une
voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Vous êtes appuyé par, donc, le leader adjoint. Donc, parfait. Alors,
qu'on appelle les
députés.
Mise aux voix
Que
les députés qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
•
(11 heures) •
Le
Secrétaire adjoint : M. St-Pierre Plamondon
(Camille-Laurin), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby),
Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Proulx (Berthier), M. Charette
(Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Drainville (Lévis), M. Carmant
(Taillon), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond
(Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), Mme Champagne Jourdain
(Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau),
M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard
(Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic),
Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Sainte-Croix (Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel),
M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe (Ungava), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque),
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay
(Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte),
M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay).
M. Tanguay
(LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin
(Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière),
M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone
(Marquette).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla
(Laurier-Dorion), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke),
M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez
(Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Que les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever. Y
a-t-il
des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 104
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, cette motion est donc adoptée. Je
reconnais maintenant un membre formant le gouvernement, et c'est M. le ministre
de l'Éducation.
Dénoncer toute forme de censure dans le
milieu de l'éducation
M.
Drainville : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Mont-Royal—Outremont, la députée de Mercier, le
député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce toutes formes de censure dans le milieu de
l'éducation;
«Qu'elle
affirme qu'aucun motif ni aucun contexte ne justifient la censure culturelle,
en tout ou en partie, d'oeuvres marquantes de grands auteurs québécois;
«Qu'elle réitère que nos oeuvres célèbres,
tel que Speak White de Michèle Lalonde, font partie de notre histoire et qu'elles
doivent continuer d'être partagées;
«Qu'enfin,
elle affirme que la culture du Québec n'est pas matière à censure.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, il y a consentement, sans débat, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement, sans débat. Cette motion
est-elle adoptée?
Une
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote par appel nominal a été demandé.
Qu'on appelle les députés.
Mise aux voix
Alors,
que les députés qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert),
M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette
(Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx),
M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge
(Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel),
Mme Proulx (Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Verchères), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert
(Saint-François), M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina
(Rimouski),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete
(Sainte-Rose), M. Simard (Montmorency), M. Allaire (Maskinongé),
Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse), M. Chassin
(Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid
(Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond),
M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix
(Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin (Vanier-Les Rivières),
Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel), M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe (Ungava), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond (Marie-Victorin),
M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay
(Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte),
M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay).
M. Tanguay (LaFontaine), M. Derraji
(Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin
(Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière),
M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone
(Marquette).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Marissal (Rosemont),
M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez
(Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Que les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever. Y
a-t-il
des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, cette motion est adoptée. Et je cède maintenant la parole à un
membre
formant l'opposition officielle. C'est Mme la députée de Saint-Laurent.
Demander au gouvernement de mettre en
oeuvre des mesures
visant à bonifier et soutenir l'enseignement du
français dans le réseau scolaire
Mme Rizqy : M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé, le
ministre
de l'Éducation,
la députée de Mercier, le député de Matane-Matapédia et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale s'inquiète de la
baisse marquée du taux de réussite des élèves à l'épreuve de français écrit de
5e secondaire en 2022, comparativement aux résultats de 2019;
«Qu'elle
prenne acte que dans le réseau public, en 2022, un élève sur trois échoue à
cette épreuve et que cette proportion monte tristement à 40 % chez les
garçons;
«Qu'elle déclare que la maîtrise du français
et les compétences en littératie sont des vecteurs essentiels [à la] réussite scolaire;
«Qu'elle déclare que le français, notre
langue officielle et commune, doit être pleinement maîtrisé au moment de l'obtention du
diplôme d'études secondaires;
«Qu'elle
rappelle que rien n'est plus beau et puissant que la force des mots et que le
français :
«"C'est
une langue belle à qui sait la défendre
Elle
offre des trésors de richesse infinie
Les
mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et
la force qu'il faut pour vivre en harmonie";
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement
caquiste la mise en oeuvre de mesures additionnelles visant à bonifier et soutenir
l'enseignement du français dans le réseau scolaire, en s'inspirant des
meilleures pratiques développées sur le terrain.»
Merci,
M. le Président.
•
(11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Une
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. Oui,
M. le leader.
Une
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote par appel nominal a été demandé.
Qu'on appelle les députés.
Mise aux voix
Que
les députés qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Tanguay (LaFontaine), M. Derraji (Nelligan),
Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys),
Mme Dufour
(Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme Rizqy (Saint-Laurent), Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Lakhoyan
Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby),
Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Verchères), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond (Richelieu),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis)... pardon, Mme Blanchette Vézina
(Rimouski), Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau),
M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard
(Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic),
Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix
(Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel), M. Bussière
(Gatineau), M. Lamothe (Ungava), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Dorismond (Marie-Victorin),
M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette
(Roberval), Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), M. Marissal (Rosemont),
M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi
(Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont
(Taschereau).
M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Que les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever. Y
a-t-il des
abstentions? M. le secrétaire général... M. le député.
M.
Lévesque (Chapleau) : M. le Président, avec le consentement des collègues,
je demanderais la possibilité pour la collègue de Duplessis d'inscrire son
vote.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement?
Des
voix : Consentement.
Le Secrétaire adjoint :
Mme Champagne Jourdain (Duplessis).
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Donc, cette motion est adoptée.
Toujours
à la rubrique des motions sans préavis, une motion sans préavis ayant déjà été
présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, y a-t-il consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis? Il y a consentement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Procéder à des
consultations particulières sur le projet de loi n° 19
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, M. le Président. Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission de
l'économie et du travail, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 19,
la Loi sur l'encadrement du travail des enfants, procède à des
consultations particulières et tienne des auditions publiques le mardi 18 avril de 9 h 45 à
12 h 25 et après la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions vers 15 h 15 à 19 h 20, le
mercredi 19 avril après la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 à 12 h 50 et de 15 heures à
18 h 15, et le jeudi 20 avril après la rubrique des avis
touchant les travaux des commissions vers 11 h 15 à
12 h 50;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et organismes suivants : le Conseil du patronat
du Québec, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, la Fédération des chambres de
commerce du Québec, les Manufacturiers et exportateurs du Québec, la Confédération
des syndicats nationaux,
la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec, la Centrale des syndicats du Québec, la Centrale des syndicats démocratiques, le Réseau québécois pour la réussite éducative, l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail, l'Association des restaurateurs du Québec, Coalition Interjeunes,
L'Union des producteurs agricoles,
Fédération autonome de l'enseignement, Force Jeunesse;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes 30 secondes pour
l'opposition officielle, 1 minute 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque
organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de
35 minutes partagées ainsi : 17 minutes 30 secondes pour le
groupe parlementaire formant le
gouvernement, 13 minutes 8 secondes pour l'opposition officielle,
4 minutes 23 secondes pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une
suspension de 5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque
personne et organisme;
«Que
le ministre du Travail soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Des
voix : ...
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors,
pour la suite des travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...la Commission des institutions poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la
sécurité publique et édictant la Loi visant
à aider à retrouver des personnes disparues, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des
commissions, pour
une durée de 1 h 35 min, et de 15 heures à 17 h 25, à
la salle
Marie-Claire-Kirkland.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. J'invite les personnes qui
doivent quitter de le faire de manière silencieuse, s'il vous plaît, parce que
nous poursuivons nos travaux.
Affaires du jour
Nous sommes maintenant... La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du
jour.
Affaires
prioritaires
Reprise du débat
sur la motion du ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur les motions formulant un grief
Aux
affaires du jour, aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné à l'Assemblée le 29 mars 2023 sur la
motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la
politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un
grief présentées par M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
M. le député de Maurice-Richard, M. le chef de l'opposition officielle, M. le
député de Jean-Lesage, Mme la députée des Mille-Îles, Mme la députée de La
Pinière, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
Mme la députée de Verdun, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, Mme la députée
de Robert-Baldwin, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, M. le député de
Taschereau, Mme la députée de D'Arcy-McGee, Mme la députée de Mercier, M. le
député de Pontiac, Mme la députée de Sherbrooke et M. le député de
Laurier-Dorion.
Conformément aux dispositions de l'article 276
du règlement, je vous rappelle qu'une intervention de 30 minutes est réservée aux représentants de l'opposition
officielle et que ce débat se terminera par la réplique d'une heure accordée
au ministre des Finances.
Je
comprends qu'il y aurait toutefois consentement pour permettre aux porte-parole
du deuxième et troisième groupe d'opposition de faire une intervention d'une
durée maximale de 10 minutes.
Alors,
ainsi, je vais céder maintenant la parole à M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. J'ai déjà, évidemment, eu l'occasion de m'exprimer sur le budget et
eu l'occasion d'expliquer pourquoi on pensait que c'était un budget qui
manquait d'ambition pour les institutions du Québec, qui était
injuste et qui était irresponsable sur la question climatique, mais les
échanges que j'ai eus avec le ministre ont été très
intéressants. Et je rappellerai peut-être que ma collègue Ruba Ghazal... non,
ma collègue la députée de Mercier a déposé
un projet de loi concernant les analyses de lois sur... avec l'approche ADS+.
Donc, l'approche ADS+ consiste à dire quels sont les impacts des
politiques publiques, des lois sur les questions d'égalité des genres, par
exemple, mais aussi sur d'autres types
d'inégalités, par exemple sur les questions raciales. Et mon échange avec M. le
ministre m'a porté à comprendre qu'en
fait il n'y avait eu aucune analyse sur les impacts sur les inégalités des
genres de la baisse d'impôt qui a été proposée.
D'abord, rappelons que 30 % de la
population, les gens les moins nantis dans notre société, vont avoir 0 $
de gain
face à cette baisse d'impôt étant donné
qu'ils sont trop pauvres pour en payer. Mais, en fait, cette proportion monte à
37 % quand on parle des Québécoises, 37 % des Québécoises car
elles sont plus nombreuses à être dans le bas de l'échelle. M. le ministre nous a dit : Mais attention,
quand même, c'est presque égal parce qu'il y a 52 % des personnes qui vont
avoir ces retours-là qui seront des
hommes et 48 % qui seront des femmes. Mais, encore une fois, si ce
gouvernement avait eu l'occasion
d'analyser ses politiques publiques sur la question d'égalité des genres, il se
serait rendu compte qu'évidemment les
femmes sont beaucoup plus nombreuses à être dans le bas de l'échelle, même
quand elles paient de l'impôt, et, de l'autre côté, les hommes sont plus nombreux dans le haut de l'échelle. Et donc,
sur le 1,7 milliard de retour, il y a plus de 1 milliard qui va aller vers les hommes, M. le Président, et
le reste pour les Québécoises, sur le 1,7 milliard. Je rappelle qu'on vit
dans une société où l'égalité des genres est un véritable problème, où
une Québécoise qui naît, aujourd'hui, femme plutôt qu'homme va se retrouver à être pénalisée dans ses revenus, dans ses
retraites, dans son accès à des postes de pouvoir, etc. Et nous sommes devant un gouvernement qui, en fin
de compte, par ces baisses d'impôt, vient appuyer ces inégalités de genre.
Je vais peut-être vous surprendre, M. le
Président, mais je ne suis pas de ceux qui pensent que les inégalités sur les
revenus sont une obsession, qu'il faut absolument les attaquer en continu, car
la plus grande inégalité dans notre société,
M. le Président, c'est les questions de patrimoine. Pour vous donner une idée,
le 1/10 000 le plus riche au Québec, le 1/10 000 le plus riche
au Québec a 18 000 fois plus qu'une personne du 40 % le moins
nanti, 18 000 fois plus qu'une personne
du 40 % le moins nanti. Les 12 milliardaires au Québec ont accumulé
30 milliards de dollars. Pour accumuler cet argent-là, je rappelle que 30 milliards,
c'est 300 000 fois 100 000 $, il faut 300 000 ans
d'économies, de 100 000 $ par an, pour pouvoir atteindre cette
quantité d'argent là.
•
(11 h 20) •
Y a-t-il une fiscalité juste sur le
patrimoine au Québec? Non, M. le Président, et elle n'a surtout pas été
introduite
par ce gouvernement. Y a-t-il une fiscalité
juste sur l'héritage, M. le Président? Non, elle n'a surtout pas été introduite
par ce gouvernement. Notre seul
véritable ascenseur social dans cette société, c'est l'éducation. Et on l'a vu,
l'état des écoles ne fait que se détériorer depuis que ce gouvernement
est arrivé au pouvoir.
De l'autre côté, évidemment, quand on hérite
de 1 milliard de dollars, on reste riche, au Québec, et, les chances de mourir riche et de passer cet argent-là à la
prochaine génération, évidemment très, très élevées. Et nous, on ne pense pas
que naître du bon spermatozoïde et le bon
ovule est une compétence. On pense que c'est peut-être une chance et que cette
chance-là, il faut la partager. Et donc une fiscalité juste sur la question du
patrimoine est importante.
Soulignons
qu'il existe une fiscalité sur le patrimoine. Il existe une taxe sur le
patrimoine des Québécoises et Québécois,
elles s'appellent taxes municipales et scolaires. Et c'est une taxe
spécialement injuste qui ne vient s'attaquer qu'à la classe moyenne, car leur principal, voire seul avoir est leur
maison. Elle est d'autant plus injuste qu'elle s'attaque directement à
la valeur nette... à la valeur, pardon, de la maison et non pas à la valeur
nette des dettes. Et donc, si on a juste
10 % de la valeur de la maison qui nous appartient et 90 % à la
banque, bien, la classe moyenne, elle va payer des taxes sur 100 %
de la valeur de la maison. Il va sans dire, M. le Président, que les personnes
les mieux nanties n'ont pas comme principal
avoir à la maison une... leur maison, mais bien évidemment des actions et des
options en bourse qui, elles, sont
tout simplement zéro taxées, je dis bien zéro taxées. On a d'ailleurs beaucoup
de mal à voir quelle est la valeur de tout cet argent-là qui s'est
accumulé en haut de la pyramide, car il n'y a aucune volonté, malheureusement,
de ce gouvernement d'évaluer la quantité
d'inégalités de patrimoine. Et, comme il n'y a aucune imposition sur le
patrimoine, il est à peu près impossible de savoir quels sont les
véritables montants dont on parle.
Il
y a aussi la question de la lutte au réchauffement climatique. Et, parlant
d'une inégalité, il est difficile d'avoir des
chiffres, mais on peut d'ores et déjà quand même, d'après les recherches que
nous avons, savoir que grosso modo, le 1 % le mieux nanti produit
100 tonnes de CO2 par année, quand le 50 % le moins nanti
en produit cinq au Québec. C'est-à-dire que
si nous, nous produisions autant que le 50 % le moins nanti, donc quand
même la moitié de la population, nous
aurions déjà atteint nos objectifs. Y a-t-il un engagement du gouvernement pour
pouvoir dire : Bien, pour les gens qui polluent le plus, ils vont
payer plus cher leur tonne de CO2? Non, M. le Président, il n'y en a
aucune. C'est comme si on s'accommodait des
injustices. Pourtant, l'air, c'est un bien commun, comme l'eau, comme d'autres
biens, et notre capital de pollution ne devrait pas coûter la même chose
pour les personnes qui polluent le plus.
Évidemment, nous avons aussi parlé du manque
d'investissements dans le transport en commun, mais laissez-moi d'abord parler d'une... peut-être un des gains,
parce que nous avions pris la parole sur cette question-là, qui est le fait de
changer un certain nombre de règles sur le
RRQ et de garder la règle qui permet aux personnes de prendre leur RRQ en
avance, malgré les pénalités, à l'âge de 60 ans. Il a été démontré par des
chercheurs et des chercheuses que la catégorie de la population la moins nantie est celle qui serait pénalisée si on
l'enlevait, ce droit de prendre le RRQ à 60 ans. Et donc on applaudit la position du gouvernement qui est de
décider de ne pas toucher à cet âge minimal qu'il avait voulu précédemment monter à 62 ans. On applaudit
aussi la possibilité pour les personnes de plus de 65 ans de rester au
travail et d'être exemptées des cotisations du RRQ. On a du mal, ceci étant
dit, à s'expliquer pourquoi exempter les employeurs, alors que c'est à leur
bénéfice que ces personnes-là vont rester étant donné la pénurie de
main-d'oeuvre.
Peut-être en conclusion, M. le Président, il
serait temps que les prochains budgets mettent de l'avant un certain nombre de justices
fiscales, arrêtent de nous appauvrir collectivement en nous privant de revenus
importants, laissent tomber l'obsession de diminuer la dette du Québec, qui est en contrôle
actuellement, et commence à avoir comme obsession la lutte contre la crise
climatique, car pour l'instant, malheureusement, les enjeux qui nous attendent
ne sont pas adressés. On peut parler
de la justice, on peut parler de la santé, on peut parler de l'éducation.
Évidemment, on peut parler du transport en commun.
Sur ce, je vais m'arrêter là. Je tiens, ceci
étant dit, peut-être pour conclure, de remercier M. le ministre des échanges que nous avons eus, car je pense qu'ils étaient
très instructifs sur les différences claires que notre formation politique peut
avoir avec le gouvernement actuel, ce qui,
peut-être, peut être moins le cas avec d'autres formations. Et je pense que ce
choix qui s'offre aux Québécois, d'un point
de vue idéologique, est fort important pour notre démocratie, en attendant
qu'on échange de côté dans quatre ans, on l'espère. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Donc, je reconnais maintenant, pour le prochain
intervenant,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. J'ai vraiment apprécié ce processus. On
a eu des conversations
intéressantes et beaucoup de
questionnements, beaucoup d'idées qui ont été brassées, mais je suis quand même
resté sur ma faim.
Puis,
en fait, je vous dirais que, ce week-end, j'ai été surpris. J'ai porté plus
attention à ce message publicitaire qui
faisait la promotion de la beauté du budget de la CAQ, mais c'était la première
fois de ma vie que j'entendais ça. J'ai cru comprendre que ça semble être une tradition, mais il y a quand même
eu, depuis les cinq dernières années, approximativement
2 millions de dollars qui ont été dépensés par ce gouvernement pour
faire la promotion de son budget année après année. Et puis j'aurais pu vous la
résumer comme ça, moi, celle-là, ça, c'est un budget qui est sans surprise,
sans couleur, sauf peut-être les lunettes roses du ministre, et je m'explique.
Lors
du dépôt du budget ici, dans cette Chambre, j'avais mentionné au ministre comme
quoi je trouvais que ses assises sur
lesquelles l'ensemble de son calcul était basé étaient un peu optimistes. Nous
avons appris, la semaine dernière, que le gouvernement canadien s'attend à une
croissance économique de 0,3 % du produit intérieur brut du Canada.
La semaine précédente, le ministre des Finances du Québec a déposé son budget,
se servant d'un paquet d'indicateurs ici et
là dans l'économie, que ce soit le privé ou tout... mais avait aussi mentionné
que, dans ses prémisses, dans ses assises pour son budget, il estimait que la croissance économique du Canada
allait être de 0,8 %. Donc, en une semaine, la croissance du Canada
a perdu un demi-point. Quand je parlais de lunettes roses, c'était ça.
J'ai
compris la raison. La raison du pourquoi le ministre semble avoir gardé ses
lunettes roses, c'est que la mécanique pour
pouvoir déposer les budgets doit être faite jusqu'à deux semaines avant la date
de budget, et ça, c'est la date de
tombée pour que l'imprimeur puisse imprimer le papier qui nous donne les documents,
les piles de documents qu'on reçoit, là, à tous les jours, quand on vient pour
le budget. Et j'ai été quand même assez surpris de voir qu'une méthode d'imprimerie fasse en sorte que ce qui s'est passé
dans les deux semaines avant le dépôt du budget ne puisse être considéré pour
faire justement de la lumière et éclairer les Québécois dans leur ensemble, à
savoir les prémisses du budget sont-elles solides ou pas.
Ce qui s'est passé pendant ces deux
semaines-là, il y a eu ce qu'on peut appeler un genre de tremblement de terre
dans le monde bancaire américain avec la déroute de Silicon Valley Bank. Les
conséquences d'une crise dans le monde bancaire sont directement infligées par
la suite sur l'ensemble des citoyens par un resserrement des conditions de
crédit.
Donc, le resserrement des conditions de crédit existe. Plusieurs estimés
varient entre... c'est l'équivalent de 50 points de base à 1,75 %
d'augmentation du coût d'emprunt pour les gens qui financent leurs entreprises
et/ou financent leurs hypothèques, alors un
resserrement drastique des mesures monétaires équivalent, si on peut dire,
d'une banque centrale. Et donc la conséquence est définitivement un
ralentissement encore plus sévère de notre économie.
•
(11 h 30) •
Et donc ça, ça s'est passé quelques jours
avant le dépôt du budget. Une semaine après, il y a eu la confirmation comme
quoi que l'attente du gouvernement à Ottawa sur la croissance économique du
Canada n'allait pas être de 0,8 %, mais plutôt de 0,3 %. Donc, quand
je disais que le ministre avait des lunettes roses, on les a vues. Durant le
débat,
durant la Commission des finances publiques,
sur, justement, le dépôt du budget, le ministre m'a même confirmé, selon lui, probablement plus proche de 0,3 %, 0,2 % serait plus une meilleure expectative de la
croissance économique au Québec. Donc, en quelques semaines à peine, il y a
eu cette modification-là de l'assise fondamentale, l'assise principale, ce sur
quoi un budget est construit, il y a eu cette modification-là de moitié, coupe
de moitié du taux de croissance, au minimum. Alors,
ça, ça m'a fait réaliser une chose, c'est que l'exercice budgétaire, c'est un
exercice politique, c'est un exercice où est-ce que, finalement, le gouvernement peut dire : Certains
projets sont plus intéressants que d'autres, certaines avenues sont plus intéressantes que d'autres. Le
gouvernement peut même choisir... certains citoyens sont plus importants que
d'autres.
Puis
la réalité, c'est qu'on a eu ce détournement des fonds, dans le Fonds des
générations, des contributions au Fonds des
générations. «Détournement», si on utilise le Larousse, là, O.K.,
«détournement», c'est de prendre d'autrui pour se servir à soi-même. Il y a des synonymes qui peuvent même inclure le
mot «vol». La réalité, M. le Président, c'est que la jeunesse, au Québec, a été écartée, complètement
discartée de l'approche ministérielle, aux Finances, lorsque la décision
de financer les baisses d'impôt a été faite, en prenant des contributions au
Fonds des générations.
J'ai écouté le ministre sur ce point pour
comprendre les risques qui sont associés avec l'approche pour cette décision,
et M. le ministre mentionnait que c'est un risque financier, parce qu'on peut
avoir une année où est-ce que le marché ne va pas
bien aller et que, donc, à ce moment-là, le Fonds des générations n'aura pas
une bonne performance. Bien, c'est arrivé à
quelques reprises, effectivement, dans le passé, que la performance du Fonds
des générations n'a pas été supérieure à ce
qu'on aurait pu s'attendre. Ça arrive, c'est normal. Le risque, il est géré par
la Caisse de dépôt. La Caisse de dépôt et placement du Québec gère le Fonds des générations, gère un paquet
d'autres argents, gère nos rentes, gère beaucoup d'argent, pour tous les Québécois, et on se rend compte que,
la performance de la Caisse de dépôt, l'indice est relativement positif.
Donc, la Caisse de dépôt est capable de
prendre les risques, de les gérer et de s'assurer que cette classe d'actifs là,
qui se trouve à être un portefeuille
diversifié d'actifs, incluant certaines immobilisations, incluant certaines
obligations, incluant certaines
actions dans des entreprises, tout ça, de façon bien diversifiée et bien gérée,
va surperformer le coût d'emprunt du Québec.
Et
donc revenons à l'argumentaire que j'ai dit le jour même du budget, j'ai
beaucoup de misère à m'expliquer pourquoi, dans un environnement... dans une
perspective de temps extrêmement long terme... Parce qu'on s'entend, le gouvernement du Québec, c'est un gouvernement qui
va être là pour longtemps, ça dure plus longtemps que la vie d'un individu, ça dure plus longtemps qu'un mandat de
ministre, ça dure plus longtemps qu'un mandat d'opposition. Le gouvernement a une échéance vraiment plus loin et
donc se doit de prendre une vue de gestion vraiment beaucoup plus loin
et non une vue à courte vue, comme ce qu'on a vu avec la CAQ lors de ce
choix-là.
Alors,
en bout de piste, la gestion du Fonds des générations va être un élément
positif. Le rendement sur le Fonds des générations va être supérieur au coût
d'emprunt du Québec. Alors, financièrement, O.K., le risque financier que le ministre m'a donné, ça ne tient pas la
route. On peut prendre une photo aujourd'hui. Oui, effectivement, ce n'est pas
une bonne journée dans les marchés
aujourd'hui. Ça arrive, c'est normal. Sur un horizon de temps long terme, cet
actif-là qui est le Fonds des
générations va toujours surperformer le coût d'emprunt du Québec. De façon
historique, on l'a vu, même avec
2008, ça a été le cas. Il va avoir d'autres années qui vont être difficiles,
c'est sûr et certain, mais le coût d'emprunt du Québec va toujours être
inférieur au Fonds des générations. Donc, je ne m'explique pas pourquoi on a
pris le plus dispendieux moyen financier pour financer ces baisses d'impôt là.
Quand
on regarde aussi les risques qui ont été considérés, qui semblent simplement
avoir été le risque financier, ce qui justifie de continuer à faire les pleines
contributions dans le Fonds des générations, M. le Président, c'est qu'il y en a d'autres, risques. On parle de gestion de
risque, là, on est à... une aversion avec le risque financier ici, semble-t-il,
mais il y a d'autres risques qui sont dans
notre face, on les voit de façon quotidienne. La courbe démographique du Québec,
elle est atroce pour la génération qui s'en
vient. Ils sont de moins en moins à avoir à prendre soin de plus en plus de
monde. Donc, on peut avoir une vision
obtuse de ce qu'est le rôle du Fonds des générations, c'est-à-dire simplement
être là pour réduire la dette, mais il faut avoir une vision d'avenir
pour nos jeunes. La courbe démographique étant ce qu'elle est, ces jeunes-là vont avoir de la misère à être
capables de maintenir les mêmes services d'État que nous, on prend pour acquis.
Donc, le Fonds des générations est aussi là pour mitiger le risque de la courbe
démographique.
Un autre risque qu'on a discuté hier, en
fait, et que plusieurs personnes sont tout à fait au courant de cette réalité,
le
risque environnemental, le changement climatique. Il va y avoir à être
impératif qu'on se mette de l'avant, qu'on atteigne
nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre. On ne peut plus vivre dans
l'insouciance climatique, comme c'était le cas dans les années 80. En 2023, on doit penser à l'avenir de
nos proches et à l'avenir des prochains, et ça, ça sous-entend aussi, évidemment, des dépenses qui vont avoir à
être faites pour faire ces investissements-là. Faire croître le Fonds des
générations pour que le Fonds des générations devienne une source de revenus
pour l'État va dans ce sens, M. le Président. Quand on pense à un fonds des générations qui pourrait être beaucoup
plus significatif... bien, évidemment, ce Fonds des générations là fera des
petits et fera en sorte que les générations, plus tard, prochaines, pourront
avoir les moyens de leurs ambitions.
Donc, notre rôle n'est pas un rôle à courte vue. Notre rôle est un rôle à long
terme. On se doit d'être des bons gestionnaires
avec une vision d'avenir, pas simplement pour être réélus, là, à la prochaine
élection, là. Ce n'est vraiment pas ça
qui compte. Ce qui compte, c'est qu'on s'assure qu'on est là pour les
prochains, pour les petits-enfants et les petits-petits-enfants.
Je veux parler de la soutenabilité financière
des dépenses qu'on a utilisée dans le budget, il y a plusieurs pages, là, qui en mentionnent, différents tableaux. On
regarde les moyennes pour trois ans, on regarde les moyennes pour les deux
années et on regarde les années pour
cinq ans, il y a plein de jouer avec les chiffres. Je peux vous dire que c'est
un exercice que je trouve qui est transparent, mais ça prend quand même une
certaine habileté pour être capable de bien distinguer qu'est-ce que la petite note, en haut, veut dire par rapport
à la page précédente, où est-ce qu'il n'y avait pas la petite note. On parle de
la même variabilité, puis c'est deux chiffres différents, dépendamment de la
page sur laquelle tu te trouves. Mais, si je prends la page A.20, quand on parle des dépenses de portefeuilles,
quand on regarde les dépenses de portefeuilles à partir de 2023-2024 jusqu'en
2027-2028, la moyenne est de 2,2 % d'augmentation, dépenses de
portefeuilles. On sait qu'en santé il
va dépenser beaucoup plus d'argent, on sait qu'en éducation ça va coûter
beaucoup plus cher puis ça va être des pourcentages beaucoup plus élevés. Donc,
si la moyenne est de 2,2 % puis qu'en santé on va être dans du 4 %,
bien, il faut donc comprendre... Étant donné que santé, éducation et
enseignement supérieur, c'est les trois plus gros postes du gouvernement, bien,
il va falloir qu'on comprenne que tous les autres postes, toutes les autres
missions de l'État vont peut-être être
vraiment en dessous du 2 %, peut-être proches du 0 %, peut-être,
même, certaines vont perdre des sous. Alors, on va vraiment porter attention à ça, dans l'étude des crédits, pour
voir quel ministère, et quels services d'État, va être coupé aux
citoyens.
•
(11 h 40) •
Puis je vais vous dire quelque chose, je
regarde juste la page... l'autre page que j'ai essayé de vous mentionner, pour l'année 2023-2024, quand on regarde l'évolution
des dépenses par portefeuille, incluant tout, O.K., la variation, pour
2023-2024, est de 1,2 % puis,
2024-2025, de 2,2 %. Bon, là, je ne veux pas perdre tout le monde dans les
chiffres, là, mais ça, c'est ce qu'on
appelle, en finance, une croissance nominale. Une croissance nominale, là,
c'est une croissance des prix que tout le monde subit au quotidien. Si on enlève la
composante inflation de la croissance nominale, on a donc la croissance nette,
nette de l'inflation, le vrai pouvoir d'achat. En d'autres mots, aujourd'hui,
on a eu, disons, dans la dernière année, une inflation de 4 % puis on a augmenté de 4 % le budget pour un
département de santé, par exemple, bon, bien, enlevons l'inflation, en
pouvoir d'achat, aujourd'hui, on est exactement à la même place qu'on était
l'an dernier, parce que plus 4 % d'augmentation moins 4 %
d'inflation, c'est zéro.
Et, on le sait, plusieurs ministères ont de
besoin d'une croissance, d'augmentation régulière simplement pour maintenir à
flot les services de l'État. Je n'ai qu'à penser à la Santé. Pourquoi? C'est
simple, la Santé... plusieurs intervenants, des
gens comme vous et moi, qui travaillent à tous les jours, ces gens-là ont des
augmentations de salaire ici et là. Le matériel pour soigner les gens... Les matériaux pour soigner les gens, ça coûte
un petit peu plus cher à chaque année. À chaque année, il y a une
inflation normale qui se doit d'exister, dans certains ministères, juste pour
maintenir à flot.
Donc, lorsqu'on est à 0 % de croissance
nette dans un ministère, bien, comme la Santé, par exemple, ce que ça, ça veut
dire, M. le Président, c'est que ce département-là, ce ministère-là, O.K., va
avoir des coupures à faire, ne pourra pas
rendre les mêmes services de l'État, ne pourra pas avoir autant de capacité
d'achat de matériaux, de paie à ses employés, il ne pourra pas payer
pour les augmentations de tous parce qu'il n'aura pas l'argent. Il va y avoir
un trou quelque part, qui ne semble pas
avoir été budgété. Quand je vous disais que c'est un exercice budgétaire qui
est un exercice politique, bien, c'est un peu ça, c'est une photo, puis ce
n'est pas bien grave si ça ne balance pas vraiment à la fin de l'année, on
dirait. Donc, la croissance des dépenses des portefeuilles versus les
grandes missions, c'est relativement... je dirais même, absolument très
inquiétant.
Puis
j'aimerais parler d'un... de deux... d'un point qui était vraiment, vraiment
important lorsque nous avons étudié le
budget la première fois, c'est le transport. Quand on regarde le transport, on
voit bien qu'il n'y a pas eu de vraie augmentation significative, étant
donné les coûts. Donc, transport en commun, la demande de l'ensemble des
municipalités au Québec était de l'ordre de 800 millions juste pour
maintenir à flot l'ensemble des sociétés de transport. On a compris, avec nos
conversations avec le ministre, qu'il y avait une division entre... de ce 800
là en deux, le 800. Et donc
400 millions, c'est à cause de réductions des tarifs pour attirer plus de
citoyens, qui fait en sorte que les sociétés de transport, donc, perdent
ce 400 millions là. Et l'augmentation de l'opération, en tant que tel, de
l'ensemble des sociétés de transport, ça, ça
a augmenté de 400 millions. Ça fait que, donc, on a eu, de la part du
gouvernement, cette analyse-là que
c'est 400 plus 400. Donc, les municipalités, les ensembles de sociétés de
transport voulaient avoir un 800 $ de plus, le gouvernement a
décidé de donner 400 millions, ça fait que... la moitié.
Alors, ma question a été de savoir :
Bon, bien, écoutez, ça se peut peut-être qu'il va y avoir des coupes de
services?
Je comprends qu'on peut être dynamiques, il y a des gens qui font du
télétravail, ce n'est pas tout le temps, maintenant, la même demande de transport, les lundis matin, que c'était avant la
pandémie, il y a peut-être des ajustements, etc., mais, quand les
municipalités puis que les sociétés de transport font un cumul de leurs besoins
puis qu'ils en arrivent à dire : Aujourd'hui,
2023, après la COVID, c'est 800 qu'on a de besoin, vous nous en donnez
400, bien, c'est comme envoyer le message : Coupez dans vos services, là,
O.K., ou optimisez-vous, là, d'une certaine façon, parce que, nous autres, là,
ce n'est pas une priorité, le transport. Bien, ça retouche un peu à ce qu'on
disait tantôt, l'environnement. Le transport collectif va nous aider à combattre le changement
climatique. On se doit donc d'investir plus dans le transport collectif,
attirer les gens à utiliser, dans les
zones denses et urbaines, le transport collectif. C'est normal qu'on doit agir
comme ça. La réponse du ministre a été non.
Alors,
écoutez, disons qu'on se base juste sur le 400 en plus, quand on regarde le
budget, il y a donc cette dépense-là de
400 millions pour 2023-2024 puis il n'y a rien pour les cinq années
suivantes. Comme... Quoi, le problème va
se régler par magie? Il va y avoir un rééquilibre quelconque? Les dépenses qui
augmentent de 400 millions, qui n'ont pas été satisfaites cette
année, ne vont soudainement plus être un problème?
Donc, est-ce qu'on peut simplement s'attendre
à ce que, les quatre prochaines années ou les cinq prochaines années, ce
400 millions là que le gouvernement ne donne pas va être à trouver une
nouvelle façon de financer des sociétés de transport? Est-ce que ça va être
donc, peut-être, juste un trou opérationnel de 400 millions de
dollars qu'on va simplement avoir à analyser
12 mois après le dépôt du budget? Donc, quand je vous dis que c'était un
exercice politique, là, ça, c'en est
une, preuve, parce que c'était un trou de 1,6 à 2 milliards de
dollars, juste là, qu'on ne peut pas vraiment comptabiliser. Il n'y a
pas... une gang de comptables, mais ça ne tient pas.
Je veux approcher le point suivant. On a été
quand même assez intéressés de comprendre que le gouvernement mettait tous ses paniers... tous ses oeufs dans le même
panier pour régler un peu le problème qu'on appelle de la création de valeur,
au Québec, dans la productivité : en productivité, 2022, une baisse de
0,2 %, en 2023, une baisse de 0,9 %. Et, pour les prochaines
années, on ne prévoit pas plus d'une augmentation de 1 %. Écoutez, je vais
faire quelques lectures parce que la
productivité, évidemment, ça affecte les manufacturiers, ça affecte les PME
exportatrices. Donc, je vais vous lire quelques-uns des commentaires que
nous avons ramassés pour faire suite.
Donc, ça, ça vient, ici, de la fédération
canadienne des entreprises indépendantes : «Devant les vents de face
majeurs
qui plombent la confiance des PME, l'augmentation des coûts de la pénurie de
main-d'oeuvre, il aurait fallu en faire davantage
dans ce budget pour [nos entreprises petites et moyennes]. Celles-ci
représentent la majorité des entreprises de la province et la majorité des emplois du secteur privé. Une des meilleures
solutions pour aider à l'investissement privé des PME reste d'alléger
leur fiscalité», ce qui n'a pas été fait dans ce budget. «Baisser la fiscalité
des PME leur permettrait d'investir dans
leurs employés, en innovation [...] en productivité. Il est [de plus en plus]
temps d'ouvrir un chantier pour améliorer l'environnement fiscal et aider les
petites entreprises à croître et dynamiser notre économie, surtout dans
un contexte de ralentissement économique. Malheureusement, le ministre des
Finances ne répond pas à cet appel fort [de l'ensemble] des PME.»
Les
Manufacturiers et exportateurs du Québec soulignent que «le retard de
productivité est l'un des plus grands défis à relever. Le gouvernement du
Québec mise beaucoup sur la productivité pour pallier la pénurie de
main-d'oeuvre et combler l'écart de richesse avec l'Ontario. Toutefois,
les Manufacturiers et exportateurs du Québec constatent que les mesures proposées feront
[à peine] bouger l'aiguille.»
La Fédération des chambres de commerce du
Québec, à propos du Fonds des générations : «En matière de baisse d'impôt, nous sommes d'accord avec la destination — plusieurs Québécois sont
d'accord avec la destination du ministre — mais pas avec le véhicule choisi par le gouvernement. Ce
type d'annonce ouvre malheureusement la porte à financer d'autres missions que
celle d'assurer aux prochaines générations des finances publiques saines...»
Écoutez,
je peux vous en donner plein d'autres exemples sur les commentaires qui ont été
émis à propos des mesures que le
gouvernement a annoncées lors de son budget, mais malheureusement je veux être
optimal, il ne me reste que six minutes.
•
(11 h 50) •
La justice est un point extrêmement
important, et j'en ai jasé avec mon collègue de l'Acadie, les piliers de notre société sont
identifiables et très simples : le législatif, l'exécutif et le
judiciaire. S'il y en a un qui ne marche pas, la société ne marche pas. Le judiciaire est en crise, en ce moment, ça pète
de partout, il y a des retards. Les gens, on veut les attirer vers les
ministères... le ministère de la Justice pour qu'ils travaillent pour aider
notre ministère, notre justice à nous. Il
n'y a pas de sous. Pire, quand on parlait avec le ministre, cette semaine, on a
eu la preuve comme quoi que, net de l'inflation, c'est des baisses du pouvoir d'achat du ministère de la Justice de
l'ordre de 1,5 % pour l'année en cours, 1,5 %. Pendant que ça pète
partout, aucun sou au-dessus de l'inflation ne va aller au ministère de la
Justice. Ça ne tient pas la route. C'est notre société qui est en jeu.
Le ministère de la Justice a clairement perdu ses négociations avec le ministre
des Finances là-dessus. C'est inconcevable de ne pas vouloir répondre au besoin
criant qui est demandé par le ministère de la Justice.
Écoutez,
moi, je trouve que c'est un budget qui manque de vision, c'est un budget de
courte vue, en résumé, ça hypothèque
l'avenir de nos jeunes, qui met de l'inflation, aussi, sous-finance les
missions essentielles de l'État puis qui n'attaque aucunement les enjeux auxquels fait face le Québec, le Québec
d'aujourd'hui et le Québec de demain, c'est-à-dire la symbiose entre
notre économie et l'environnement, aucune vision d'avenir dans ce sens, et
évidemment la courbe démographique qui, malheureusement, menace les prochaines
générations.
Vous
m'avez entendu plusieurs fois, dans les dernières semaines, parler d'un avenir
plus structurant pour nos jeunes, pour les
prochaines générations. Il y avait une opportunité extrêmement importante qui
s'est présentée. Le choix a été extrêmement mauvais. Je dirais qu'en
guise de conclusion le risque que le ministre nous a démontré qui existait, O.K., avec le Fonds des générations, c'est un
risque politique. On peut décider, en tant que gouvernement, d'aller piger dans
le compte d'épargne des jeunes puis on peut
faire ça sans vraiment être... sans vraiment se faire chicaner, sans vraiment
avoir des critiques, à part,
évidemment, nos voix ici, à l'opposition, qui essaient de s'élever sur le
sujet. Mais aucune révision d'une mauvaise décision pour les générations
futures. On repousse encore plus loin l'atteinte d'une soutenabilité
budgétaire.
Donc, je voulais juste finir sur un petit
commentaire positif pour tout de même féliciter le ministre pour le choix de ne pas
acheter des nouvelles chaussures et donner l'argent à une oeuvre charitable
dans sa circonscription. Je voulais souligner le côté humain que le ministre a
démontré en agissant de la sorte. Alors, merci à vous, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Maintenant, la parole revient au ministre des
Finances.
M. le ministre des Finances, je vous rappelle que vous disposez d'une heure
pour votre droit de réplique.
M. Eric Girard (réplique)
M. Girard (Groulx) : C'est long, une heure, là, M. le Président. Merci beaucoup, M. le
Président. Tout d'abord, j'aimerais souligner le travail exceptionnel des
professionnels du ministère des Finances, de tout le ministère des Finances, le cabinet du ministère, du ministre des Finances,
mon cabinet, qui a fait un travail remarquable, l'équipe gouvernementale,
tous les ministères. On avait des décisions difficiles pour ce budget.
Et, bien sûr, j'aimerais remercier tous ceux
qui ont travaillé au débat sur le budget, à la Commission des finances publiques, les collègues de l'opposition, le personnel, la présidence de
la commission. Je pense qu'on a eu des très bons débats.
Puis je remercie aussi les médias, qui se
sont vraiment intéressés au budget. On avait un budget qui était important, le premier budget d'un deuxième mandat, c'est
extrêmement important. Et, pour ma part, c'est mon cinquième budget, et
j'en suis très, très fier.
Quelques mots, je n'avais pas l'intention de
commenter les discours des oppositions, mais j'ai quand même entendu quelques
inexactitudes que je vais souligner.
Premièrement,
pour les budgets de publicité, c'est vraiment particulier, cette critique,
parce qu'on est à peu près à quatre fois
moins que le gouvernement qui nous a précédés. Alors, soyons honnêtes, les
dépenses de publicité qui visent à
faire connaître le budget sont raisonnables et bien inférieures à ce qui a été
déjà fait. Je pense que c'est important de le dire.
Au
niveau de la prévision économique, bien, M. le Président, on fait un budget, la
base, c'est une prévision économique, vient
ensuite un cadre financier, tout un processus de consultation, des décisions,
une publication, une impression. Alors,
c'est écrit clairement que les hypothèses ont été arrêtées le 8 mars pour
pouvoir publier le budget, et les événements auxquels le député de l'opposition
faisait référence se sont passés après. Alors, on ne peut pas utiliser les
données de la veille du budget, et
c'est pour ça qu'on a un scénario alternatif, haussier et baissier, puis ça
permet d'avoir un intervalle de confiance
qui couvre l'ensemble des possibilités. Et puis c'est certain que les
développements qui ont eu lieu dans le système bancaire américain et au niveau d'une institution
financière d'importance systémique suisse, bien, ça a amené des risques additionnels dans l'économie mondiale, mais ces
risques-là sont bien couverts par l'intervalle de confiance qu'on a, avec
le scénario haussier et baissier.
Pour
le Fonds des générations, bien, je rappelle que sa seule vocation est de
réduire le poids de la dette et que l'opposition
officielle proposait plus de dépenses que nous et plus de baisses d'impôt que
nous en campagne électorale, et donc
plus de dette, M. le Président. Alors, nous avons proposé un cadre financier
extrêmement prudent et responsable, puis je vais avoir l'occasion d'expliquer en détail les choix que nous avons
faits, mais c'est certain que le Fonds des générations est là pour rester et que nous allons continuer à
réduire le poids de la dette à long terme, parce que c'est ça qu'il faut faire,
c'est important, et qu'on le fait d'une manière modérée et responsable.
Une
autre critique que j'ai entendue, c'est une critique que nous avions fait un
choix, une baisse d'impôt, qui ne tenait pas
compte des inégalités de la société, et puis là le débat a beaucoup tourné, en
commission parlementaire, et ça a été
répété aujourd'hui, sur l'insensibilité du gouvernement pour les personnes qui
ont... l'inégalité en général. Bien, j'aimerais
souligner que les oppositions n'ont pas le monopole de la justice sociale, et
que nous avons cette considération à coeur dans chacune de nos décisions, et
que, lorsqu'on veut amener le Québec à un autre niveau, stimuler sa croissance
économique, bien, M. le Président, ça donne des moyens à long terme pour
soutenir nos missions telles que l'éducation, la
santé, et ça permet d'avoir des taux d'emploi records au Québec, qui permettent
de sortir un nombre important de personnes de la pauvreté et qui favorisent la
réduction des inégalités. Et donc ce n'est pas : d'un côté de la Chambre,
on est contre les inégalités et, de
l'autre côté, on a une insouciance démesurée. Je pense que la situation est
beaucoup plus nuancée que cela, et nous avons toujours à coeur le sort
des personnes les plus vulnérables.
•
(12 heures) •
Alors,
j'y vais avec le budget. Et le budget a à peu près 500 pages mais... Et je
tiens à dire, M. le Président, qu'il y a vraiment un effort de transparence qui
est fait. Et le gouvernement fédéral a produit un bon budget, mais les documents budgétaires du gouvernement fédéral
n'ont pas la transparence des documents du gouvernement du Québec. On a un sommaire exécutif, d'une trentaine de
pages, qui peut être lu par l'ensemble des citoyens, pour comprendre les
défis économiques, le cadre financier du
Québec. On a des taux de croissance, on a des notes de bas de page, tout est
expliqué. On a vraiment un effort de transparence.
Et il y a même un effort de résumer le budget
de 500 pages en un paragraphe ou une phrase. Alors, je vous la lis, M. le
Président, et c'est quand même bien fait, parce que c'est la première phrase du
budget : «Le gouvernement poursuit les
efforts des quatre dernières années...» En fait, c'est un paragraphe, il y a
plus qu'une phrase : «Le gouvernement poursuit les efforts des quatre dernières années. Le
budget 2023‑2024 priorise l'économie, l'éducation, la santé et
l'environnement, tout en maintenant
un cadre financier prudent et responsable.» Alors, c'est ça que nous nous
étions engagés, en campagne électorale,
M. le Président, des priorités claires, économie, santé, éducation,
environnement, et tout ça est fait dans un cadre financier qui ramène
l'équilibre budgétaire sur cinq ans et qui permet de réduire le poids de la
dette de façon constante sur 15 ans.
Et
là le budget, il a un titre, vous avez remarqué, une nouvelle... un nouveau
mandat, une nouvelle image et un titre qui
dit Un Québec engagé. Et j'imagine, M. le Président, que vous vous êtes
dit : Engagé en quoi? Alors, je vous dirige vers la page A.5,
le tableau A.1 : engagé à accroître la richesse du Québec,
12,1 milliards sur cinq ans; engagé à développer
le potentiel des jeunes, 2,3 milliards sur cinq ans; engagé à rendre le
réseau de la santé plus performant et plus humain, 5,6 milliards; engagé à soutenir les Québécois,
3,6 milliards sur cinq ans; engagé à diversifier et consolider les actions pour l'environnement, 953 millions
sur cinq ans. Un total de 25 milliards, 24,5 milliards, sur cinq ans.
Alors, engagé à livrer les priorités qui sont connues et énoncées pour
les Québécois.
Bon,
on ne peut pas passer sous silence la baisse d'impôt, qui était la
mesure-phare, peut-être avec les sommes qui
sont disponibles pour le plan santé qui a été déposé. Alors, je parlais de
24,5 milliards, mais normalement, un budget du Québec ou, en tout cas, pour ceux que moi, j'ai
faits dans les cinq dernières années, c'est à peu près 15 milliards de
dollars sur cinq ans. Mais là
s'ajoutait cette année une baisse d'impôt de 1,7 milliard par année. Au
total, 9,2 milliards sur cinq ans, d'où le 24.
Alors, ce que nous avons proposé aux
Québécois en campagne électorale, et nous sommes un gouvernement qui livre ses engagements, qui réalise
ses affirmations, qui veut faire une différence et amener le Québec à un autre
niveau,
nous
nous étions engagés à réduire d'un point de pourcentage les deux premiers
paliers d'imposition, dès 2023. Et ça, M. le
Président, c'est au bénéfice de 4,6 millions de Québécois, dont 90 %
gagnent moins de 100 000 $. Le coût : 1,7 milliard par
année.
Et
là je vous connais, M. le Président, vous vous dites sûrement : Mais
pourquoi? Pour stimuler l'économie et encourager
l'offre de travail. C'est ça, l'objectif de la baisse d'impôt, stimuler
l'économie à long terme. La baisse d'impôt, elle est bonne pour cette année,
l'an prochain, dans cinq ans, dans 10 ans, dans 20 ans, c'est une
baisse d'impôt permanente. Elle est
dynamique. Si vous payez... si vous avez un revenu, par exemple, cette année,
de 40 000 $, rien ne vous empêche d'avoir un revenu plus élevé
dans trois ans, dans cinq ans. La baisse d'impôt est dynamique, encourage...
permanente, encourage l'offre de travail.
Et je veux être très clair, M. le Président,
la baisse d'impôt n'aura aucun impact sur le niveau de services aux citoyens. Pourquoi? Parce que nous l'avons financée avec une
croissance plus modérée des versements au Fonds des générations, qui auraient atteint 5 milliards, en 2027‑2028,
si nous ne l'avions pas faite, cette baisse d'impôt. Or, le Fonds des
générations a été créé en 2006, avec
des versements de 600 millions de dollars, M. le Président. Alors, notre
baisse d'impôt financée par des
versements plus modérés au Fonds des générations, qui vont atteindre
2,4 milliards cette année, près de 3 milliards en 2027‑2028 et près de 5 milliards en 2037‑2038,
elle est parfaitement cohérente avec nos nouveaux objectifs de réduction de
dette, la nouvelle
cible de dette — je vais prendre celui-ci — la nouvelle cible de dette à 30 % de dette nette par
rapport au
PIB en 2037‑2038, un niveau inférieur à la moyenne des provinces canadiennes
actuelles.
Cet
objectif, nous étions à... Cet objectif correspond... nous étions à 38 au
31 mars 2022 et à peu près 36 au 31 mars
2023, correspond approximativement à une réduction de 8 % de la dette
nette par rapport au PIB en 15 ans. S'il n'y avait pas eu de baisse d'impôt, nous aurions pu le faire
en 10 ans. Nous avons donc choisi de donner de l'oxygène aux contribuables,
d'encourager le travail, de donner une
baisse d'impôt permanente à toutes les générations, notamment la génération
courante, en échange d'une réduction du poids de la dette, toujours extrêmement
importante, mais légèrement moins rapide, plus modérée, c'est-à-dire en
15 ans plutôt qu'en 10 ans.
Alors,
qu'est-ce qu'il y avait dans le budget, M. le Président, à part cette
excellente mesure, la baisse d'impôt? Et
j'ai dit, M. le Président, que lorsque je vais à l'épicerie ou au marché, que
les gens me félicitent pour la baisse d'impôt, mais je tiens à dire
aussi que, depuis la campagne électorale, lorsque j'allais au marché, il n'y a
personne qui me disait de ne pas baisser les
impôts. Non seulement les gens l'apprécient, mais les citoyens connaissent leur
affaire, là. Les finances publiques,
ça intéresse les citoyens. Les citoyens savent ce qui se passe. Les citoyens
sont conscients que nous avons le fardeau fiscal le plus élevé en Amérique du
Nord, au Canada, et qu'à part les pays scandinaves, lorsqu'on regarde
l'ensemble des pays de l'OCDE, bien,
on a un fardeau fiscal extrêmement élevé et que, notamment, ce fardeau fiscal
est 36 % plus élevé au Québec
qu'en Ontario lorsque vous gagnez 70 000 $, M. le Président. Je ne
parle pas de 700 000 $, là, je ne parle pas de quelqu'un qui gagne 300 000 $, je
parle de quelqu'un qui gagne entre 40 000 $ et 90 000 $. À
70 000 $, M. le Président, vous payez... un Québécois payait
36 % plus d'impôt qu'un Ontarien.
Alors, il y avait d'autres mesures pour
accroître la richesse du Québec, pour un total de 3 milliards, dont
plusieurs
mesures pour encourager la productivité,
l'investissement privé, l'innovation. Notamment, le congé fiscal pour grands
projets d'investissement, qui devait
expirer le 31 mars 2024... Et puis ça, c'est pour les projets de plus de
100 millions de dollars, et on bonifie le congé fiscal jusqu'à
25 % de l'investissement lorsqu'il est dans une MRC défavorisée, et c'est
15 % à Montréal et Québec. Alors, ça, ça va coûter
373 millions sur cinq ans, ça va encourager plus de 100 projets de
plus de 100 millions d'ici 2029, et on
estime que ça va donner des investissements de plus de
24 milliards de dollars, M. le Président.
Je
continue. Les zones d'innovation. Les zones d'innovation, nous en avons créé
deux dans le premier mandat. Bien, on va
continuer, M. le Président. Il y aura de nouvelles zones d'innovation. Il y a
100 millions pour ça. Il y a aussi, bien sûr, 217 millions pour le développement régional. Il y a
aussi... Bon, ça, c'est pour l'investissement et l'innovation. Là, les
oppositions nous parlent souvent : Vous ne faites rien pour la rareté de
main-d'oeuvre. Mais j'écoute toutes les critiques,
M. le Président, mais un budget, c'est une photo. On ne peut pas dire :
Vous ne faites rien, sans être conscient de ce qui a été fait avant,
surtout que c'est notre cinquième année au pouvoir.
Alors, au mois... à l'automne 2021, on a
mis plus de 3 milliards de dollars pour une opération main-d'oeuvre
qui est toujours en cours et dont on va mesurer les impacts.
Mais, dans ce budget, il y avait 510 millions pour l'intégration, la
francisation et la régionalisation des personnes immigrantes, parce que,
notamment, la pénurie, la rareté de main-d'oeuvre, c'est dans les régions du Québec et qu'à date le
Québec n'a pas réussi à encourager... on a des succès, là, bien sûr, mais on
n'a pas réussi, de façon générale, à encourager les immigrants à s'installer en
dehors de la région de Montréal. Alors, il y a donc des sommes
importantes pour l'intégration, la francisation, la régionalisation.
Il y avait aussi, bien sûr... On a eu une
consultation publique sur le Régime des rentes du Québec. Alors, on a décidé...
Aux six ans, nous sommes obligés d'avoir cette cotisation. On a écouté les
experts qui sont venus, la société civile, et on a décidé de
faire quoi, M. le Président? On a décidé de faire exactement ce qu'on avait dit
qu'on allait faire en
campagne électorale : de permettre les
cotisations facultatives pour ceux qui ont enclenché le Régime des rentes du
Québec après 65 ans, une mesure
qui va permettre de donner de 2 000 $ à 4 000 $ de
liquidité à ceux qui choisissent cette option. On a aussi choisi de
protéger la rente pour ceux qui travaillent après 65 ans, notamment ceux
qui travaillent à temps partiel, parce que
le Régime des rentes du Québec, c'est une moyenne de vos revenus en carrière,
mais, si vous réduisez votre effort
de travail, vous faites baisser votre moyenne. Alors, on va protéger votre moyenne
pour ne pas réduire votre rente pour le travail, par exemple, à temps
partiel après 65 ans.
En
éducation, 2,3 milliards, M. le Président, 1,5 milliard au niveau du
ministère de l'Éducation du Québec, c'est-à-dire
1,5 milliard au niveau primaire et secondaire. Pourquoi? Bien, pour
encourager la motivation, l'autonomie, le plaisir d'apprendre. Il y a 789 millions pour la persévérance et la
réussite scolaire, notamment 449 millions pour la littératie, la
numératie, les compétences de base, M. le Président. Il y a aussi
200 millions pour la modernisation de la formation professionnelle, pour permettre la formation professionnelle à temps
partiel gratuitement. Et ça, c'est parce qu'on veut stimuler nos taux de diplomation. On vise avoir 90 %
de diplômés au Québec après sept ans d'études secondaires. On est à 84 %
présentement. Et, notamment pour certains
garçons, le diplôme secondaire régulier ne convient pas. Et là, en bonifiant la
formation professionnelle, bien, on pourra
encourager à revenir se former à temps partiel des jeunes qui ont quitté pour
le marché du travail.
• (12 h 10) •
Au niveau de l'enseignement supérieur, c'est
717 millions. Et là, pour résumer, ce qu'on fait, c'est favoriser
l'accès, la persévérance et la diplomation. Et puis il y a notamment
351 millions pour l'accès, c'est-à-dire pour rendre permanent la
bonification des frais de subsistance dans le calcul des prêts et bourses. Ça,
c'est le montant que vous recevez à chaque mois,
puis le montant est modulé dépendamment que vous restez chez vous ou non...
chez vous, je veux dire, chez vos parents ou non. Et bref, on rend
permanent la bonification qui avait été introduite durant la pandémie.
Une
voix : ...
M. Girard (Groulx) :
La modification, on la rend permanente. Je veux avoir le bon accord. Merci.
Au
niveau de la santé, bien, la santé, M. le Président, c'est 5,6 milliards
pour donner les moyens à notre équipe exceptionnelle en santé de déployer le
plan pour avoir un système de santé plus performant et plus humain. Là-dedans, il y a 2,2 milliards pour adapter le réseau
aux réalités postpandémiques. Qu'est-ce que ça veut dire, M. le Président?
Bien, ça veut dire que plus jamais on
ne va se faire prendre sans équipements de protection, sans masques, sans
inventaire pour faire face à une épidémie. Alors, on va avoir un niveau de
coûts permanent dans le système de santé, c'est-à-dire que des dépenses qui étaient extraordinaires, en pandémie,
vont maintenant faire partie de la base budgétaire. Les cliniques qui ont
servi à la vaccination ou au dépistage vont
rester ouvertes pour faire des tests diagnostic, pour vacciner, pour
désengorger le système actuel.
710 millions pour améliorer les soins et
les services par des changements structurels et durables. Ça, c'est notamment les cliniques
d'infirmières praticiennes spécialisées, qui vont passer de six à 12, qui vont
permettre de désengorger la première ligne,
M. le Président. 2 milliards pour prendre soin des aînés et des proches aidants.
Là-dedans, il y a 964 millions pour
les soins à domicile, 405 millions pour les résidences pour aînés, les
résidences pour aînés qui font face à des difficultés financières. On les aide
au niveau des gicleurs, au niveau des salaires, au niveau des assurances, au
niveau des rénovations. On va
continuer. Il y a aussi 565 millions pour les personnes les plus
vulnérables, dont 211 millions en santé mentale. J'inclus ici,
évidemment, la lutte à l'itinérance et aux dépendances.
Au niveau du soutien pour les Québécois, M.
le Président, 3,6 milliards sur cinq ans. D'abord, il y a
649 millions pour la culture et la langue française, notre langue, qui est
vive et dynamique. On donne les moyens au ministère de la Langue française et à l'Office québécois de la langue
française pour faire la promotion de la langue française. La culture, on l'aide à se transformer. La culture est de plus
en plus numérique, on l'aide. On investit aussi dans Télé-Québec pour la
production de contenus.
Au niveau des logements, un sujet qui a amené
beaucoup de discussions, il y a 1 milliard pour le logement dans le budget, M.
le Président, pour créer 5 250 unités. Il y a aussi... Là-dedans, il y a
des logements sociaux, il y a des logements
abordables, il y a aussi la bonification du crédit d'impôt solidarité, la
composante logement. Il y a des programmes de supplément au loyer.
Et
je tiens à dire, M. le Président, qu'encore une fois le budget, c'est une photo,
parce que, lorsque... Une des critiques qui
a été faite sur le budget, on dit : Vous avez seulement
1 500 unités de nouveaux logements abordables. Bien, je tiens
à rappeler à tout le monde qu'en décembre 2022 on a annoncé plus de
3 000 unités de logement abordable. Décembre 2022,
M. le Président, ça ne fait pas longtemps de ça, là. Il y a eu une élection en
octobre 2022, on a livré en décembre
2022, je pense que c'était le 8 décembre, puis on a confirmé le
financement pour 3 000 unités, puis là il y en a 1 500 de
plus. En fait, il y en a 5 000, avec les logements sociaux.
Alors, lorsqu'on regarde l'ensemble de ce
qu'on fait au niveau des logements sociaux, des logements abordables, bien, on prend
cette situation extrêmement au sérieux. Et puis on va continuer de supporter
les logements sociaux, les logements
abordables. Le privé va continuer à construire des logements. Et, pour ceux qui
ont un logement qui est au-delà de leurs moyens, bien, on a le programme
d'allocation au logement puis on a le Programme de supplément au loyer. Et Revenu Québec fait des efforts pour rejoindre plus
de personnes pour le programme d'allocation au logement qui, lui, a été
augmenté de 100 $ à 170 $ par mois, maximum, dans le budget 2022‑2023.
Au niveau de la famille, 440 millions
pour... parce que vous savez qu'il y a un chantier pour créer 37 000 places
de garde, doté de 6 milliards de dollars, mais là on vient convertir
des places de garde non subventionnées en places de garde subventionnées, puis il
y a 440 millions pour faire ça, 5 000 unités.
La relance du transport en commun, M. le Président,
plus de 2,2 milliards de dollars ont été accordés au transport depuis la
pandémie, de l'aide d'urgence. Encore une fois, pour 2023, le gouvernement du
Québec répond présent avec 400 millions de dollars pour supporter le
transport en commun en 2023.
120 millions pour les Premières Nations
et les Inuits, ça, c'est le logement et les services. Et on travaille en
équipe.
Je me suis assuré, avec le ministre responsable, que toutes les initiatives que
nous allions faire au niveau des logements et des services étaient bien
priorisées. C'est important, M. le Président, parce qu'on veut le faire pour,
mais avec les Premières Nations. C'est eux qui nous disent ce qui est important
pour eux.
La sécurité publique. Comme vous le savez, M.
le Président, la violence armée est un enjeu d'actualité, et il y a
220 millions qui est accordé à la sécurité publique pour poursuivre les
efforts qui ont été faits, notamment avec l'opération Centaure.
L'accès
à la justice, 100 millions, M. le Président, l'aide juridique, les juges.
Et
là j'arrive à l'environnement. Et vous savez c'est quoi, le compliment ultime
d'un ministre des Finances, M. le Président?
C'est lorsqu'on ne parle pas de son budget, c'est qu'on n'a pas de critique.
Et, en environnement, 1 milliard pour diversifier et consolider nos
actions environnementales, 1 milliard pour la biodiversité, M. le
Président, parce que nous avons eu la COP15,
et puis la planète s'est engagée à préserver 30 % du territoire. Et puis
nous, on a pris des engagements, et là les sommes suivent les
engagements parce que nous sommes un gouvernement qui réalise ses engagements.
Alors, il y a 1 milliard pour la biodiversité.
• (12 h 20) •
Et, bien sûr, la lutte aux changements
climatiques. Ça, c'est le plan de mise en oeuvre qui s'en vient, de mon
collègue,
qui, lui, sera doté de 9 milliards, une
hausse de 1,4 milliard, 18 % par rapport au plan précédent. Et, en
deux ans, c'est une augmentation de 36 %, mais je ne sais pas si
vous avez entendu, mais il n'y a pas eu de critique. C'est presque un compliment, M. le Président. On n'a pas dit que le
gouvernement ne se préoccupait pas d'environnement puis, pourtant, on ne
se gêne pas.
Alors,
c'était un budget qui donne les moyens pour réaliser nos ambitions dans la
lutte aux changements climatiques et la préservation de la biodiversité.
Un mot sur l'économie. 2022, croissance très
forte, synchronisée, mondiale, hausse de l'inflation. Ça a amené des hausses de taux d'intérêt, une réponse des banques
centrales, qui ont augmenté les taux d'intérêt partout dans le monde pour
tempérer l'inflation, modérer la demande. Et donc c'est indéniable que 2023
sera une année de ralentissement économique. Nous avons une prévision
économique à 0,6 % de croissance et 3,5 % d'inflation.
Donc, chute importante de l'inflation, chute
importante de la croissance. On passe de 3 % de croissance à 0,6 %.
Et ce sera une année difficile, M. le Président, c'est indéniable. On vient
d'augmenter les taux d'intérêt de plus de 4 %. Les consommateurs, les
individus, les ménages, les entreprises vont payer plus cher pour leurs cartes
de crédit, leur fonds de roulement, leur
prêt automobile, leur prêt hypothécaire. C'est indéniable que l'économie va
ralentir, et, oui, il y a des risques de récession, mais le Québec a des
avantages indéniables.
D'abord,
nous avons une économie diversifiée, un taux d'épargne élevé, plus de
10 %, un faible endettement, un niveau endettement-revenu disponible bien
inférieur à celui des autres provinces. Nous sommes au plein emploi, M. le Président. Les taux d'emploi du Québec, en
février 2023, sont supérieurs aux taux d'emploi de février 2020, d'avant
la pandémie, M. le Président. Nous avons
aussi des finances publiques qui sont solides. On a fait une émission
aujourd'hui sur le marché américain,
M. le Président. La demande pour nos titres est très solide. Les marchés
financiers apprécient ce budget.
Et
il y aura un stimuli fiscal pour le long terme, pour amener le Québec à un
autre niveau économiquement, mais il va arriver drôlement à un bon moment
cycliquement, il va arriver en juillet 2023. Or, le coeur du ralentissement
économique, c'est le deuxième et le troisième trimestre de 2023, M. le
Président.
Alors, vous m'entendez souvent dire que le
cadre financier est prudent et responsable. Et il y a une députée, hier, qui m'a... du gouvernement qui m'a demandé ça à la
Commission des finances publiques. Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a derrière ça? Bien, d'abord, il y a
6,5 milliards de provisions pour éventualités, et on estime que, s'il y
avait une récession, ça coûterait approximativement 5 milliards. Ensuite,
on a un appariement entre la croissance des dépenses et des revenus à
3 %. Et ma collègue présidente du Conseil du trésor a corrigé la base
budgétaire des ministères, ce qui fait qu'on a une croissance de 3 % des dépenses qui est prévue sur cinq ans, les
dépenses de portefeuille, qui est arrimée avec les revenus à 3 %, ce qui nous permet de converger vers
l'équilibre budgétaire en 2027‑2028, mais l'équilibre budgétaire, selon la
définition la plus stricte en
finances publiques au Canada. Parce que, selon la définition que le Canada et
l'Ontario utilisent, on serait à
l'équilibre budgétaire en 2024‑2025 et, si j'éliminais mes provisions qui sont
prudentes, dont le budget fédéral n'a aucune provision, bien, on serait
à l'équilibre budgétaire, M. le Président, en 2023‑2024.
Alors,
on va revenir à l'équilibre budgétaire après contribution au Fonds des
générations de près de 3 milliards en 2027‑2028,
avec cet appariement entre la croissance des revenus et des dépenses. Et le
déficit budgétaire pour cette année est
estimé à 4 milliards de dollars, 1,5 milliard de provisions et
2,6 milliards... 2,4 milliards de contributions au Fonds des
générations. L'an prochain, ce sera 3 milliards. Ensuite, ce sera
2 milliards. Ensuite, ce sera 1 milliard. Ensuite, ce sera l'équilibre, un plan simple, transparent. Et on a,
bien sûr, nos cibles de dette à long terme à 30 % de dette nette en 2037‑2038.
Et ça pourrait être même mieux, M. le
Président, ça pourrait être 2028, mais on s'est gardé une marge de prudence de
2 % pour éventualités. Mais bref, la dette nette va diminuer de
10 % sur un horizon de 15 ans.
Alors
là, vous regardez le temps et vous vous dites : Va-t-il résumer son
budget? Mais je vais revenir au premier paragraphe du budget, M. le
Président, je vais vous le relire en guise de conclusion, ce budget 2023‑2024,
qui est très important parce que c'est le
premier budget d'un deuxième mandat, et on veut faire une différence, on veut
amener le Québec à un autre niveau qui... ça nous donne des moyens pour la
santé et l'éducation, pour les missions de l'État : «Le gouvernement poursuit les efforts des quatre
dernières années. Le budget 2023‑2024 priorise l'économie, l'éducation, la
santé et l'environnement, tout en maintenant un cadre financier prudent et
responsable.» C'est ça, le budget, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre des Finances. Cette réplique met fin au débat sur
le
discours sur le budget.
Je
vous informe que les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce
débat sont toutes recevables.
Conformément à l'article 277 du
règlement, nous allons maintenant procéder au vote sur les motions formulant un
grief
présentées à l'occasion du débat sur le discours sur le budget et sur la motion
du ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement.
Je mets d'abord aux voix la motion formulant
un grief présentée par M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cette motion se
lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme
sévèrement le gouvernement caquiste pour mettre à risque la capacité des
générations futures
à financer leurs services auxquels ils ont droit en diminuant les versements
prévus au Fonds des générations.»
Cette
motion est-elle adoptée?
Une
voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un vote par appel nominal a été demandé. M. le leader, je vous vois
debout.
Un vote par appel nominal a été demandé.
Une
voix : ...
Votes reportés
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, les votes
sur
les motions formulant un grief et sur la motion du ministre des Finances seront
tenus à la période des affaires courantes de demain.
Nous
allons... M. le leader adjoint du gouvernement.
• (12 h 30) •
M. Lévesque (Chapleau) : ...la suite de nos travaux, M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 10, s'il vous plaît, du feuilleton.
Projet de loi
n° 9
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader. À l'article 10 du feuilleton, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi n° 9, Loi modifiant
principalement certaines lois instituant des régimes de retraite du secteur
public.
Première intervention. J'en vois une, celle
de la présidente du Conseil du trésor. Mme la ministre, vous disposez d'un maximum de
60 minutes.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Merci, M. le Président. Compte tenu que l'étude détaillée n'a pas pris
60 minutes, je pense que mes remarques vont être beaucoup plus
courtes que ça.
On
est à l'étape, effectivement, de l'adoption finale du projet de loi n° 9, qui est la Loi modifiant
principalement certaines lois instituant des
régimes de retraite du secteur public, un projet de loi
qui est très court, un projet de loi qui est très ciblé, mais qui est au moins
important pour les gens qui l'attendent avec impatience, attendent son adoption
avec impatience. C'est un projet qui est très important pour les gens qui sont
concernés par les mesures qui s'y trouvent.
D'ailleurs, je vais en profiter pour
remercier tous mes collègues de l'opposition de m'avoir aidée à faire cheminer ce projet de loi avec diligence, rapidement,
professionnalisme, mais quand même rapidement, pour être capables, justement,
de faire en sorte que l'impact de ces mesures-là prenne effet le plus
rapidement possible.
Je vais aussi en profiter, M. le Président,
pour remercier toutes les équipes qui sont derrière un projet de loi de la
sorte, un projet de loi qui est extrêmement technique. On parle de
modifications à des régimes de retraite, sur des lois par rapport au RREGOP,
au RRPE, à titre d'exemple. C'est un projet de loi qui est très technique, et
il y a une équipe extraordinaire derrière tout ça. Et, quand... des fois, pour
que ça ait l'air facile ou que ça se déroule rondement, c'est parce qu'il y a des gens qui travaillent très fort
à la préparation d'un tel projet de loi. Je ne vais pas les nommer, j'ai eu
l'occasion de le faire à quelques reprises,
ils se reconnaissent, mais, entre autres, ce sont les gens qui font partie du
secrétariat associé aux ressources humaines gouvernementales, ce sont les gens
qui font partie de la Direction des analyses actuarielles, des
assurances et des régimes collectifs du gouvernement et tous les gens,
naturellement, des affaires juridiques, entre autres
du Secrétariat du Conseil du trésor. Donc, je les remercie. C'est grâce à eux qu'on a l'air bons et qu'on
peut être bons,
parce que ces gens-là travaillent avec
beaucoup, beaucoup d'acharnement pour nous présenter des projets de loi, des
mesures qui sont pertinentes.
Donc,
je vais y aller très rapidement. Je le disais tantôt, ce n'est pas la somme de
mes commentaires qui vont pouvoir faire en sorte qu'on peut évaluer
l'importance de ce projet de loi là. Il est très court, 26 articles. On a
réussi à faire l'étude détaillée de ces articles-là
avec mes collègues en presque une heure, en moins d'une heure, je pense, mais
ça ne... On ne peut pas juger de l'importance d'un projet de loi sur le
temps qu'il prend nécessairement à... Ce n'est pas... Pour moi, ce n'est pas une ligne directe. Et ce sont des mesures
extrêmement importantes, des mesures, par contre, je dois le préciser,
qui découlent presque entièrement d'ententes qui sont convenues entre les
syndicats des associations de cadres... des
syndicats, des associations de cadres, des gens qui sont touchés directement
par les régimes concernés, les comités
de régimes de retraite qui sont concernés par ça. Ce sont des discussions qui
ont eu lieu, et certaines modifications découlent de ces discussions-là.
Donc, il s'agit de la mise en oeuvre de ces ententes-là.
Six grands thèmes. Je me permets de les
résumer quand même brièvement. On parle tout d'abord de modifications qui vont permettre, entre autres, une bonification
des prestations qui sont liées à certains crédits de rente du régime de
retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics,
qu'on appelle le RREGOP.
On a ensuite... On propose ensuite de ne plus
limiter la retenue annuelle qui est faite sur le traitement admissible qui est
versé à un employé participant au Régime de retraite des agents de la paix en
services correctionnels. C'est important pour la pérennité
du régime. Quand Retraite Québec fait, de façon pluriannuelle, je pense que
c'est sur une base de cinq ans, la révision de la... je dirais de l'état de
santé d'un régime de retraite, de voir si on peut... Bon, quelquefois, on a des congés de cotisation, quelquefois, on doit augmenter les
apports pour s'assurer, justement, de la pérennité de ces régimes, et c'est une
mesure qui traite de ce sujet-là.
On a aussi, à l'égard des sommes qui sont
considérées comme un bien non réclamé et qui sont liées à un régime de retraite
du secteur public... Le projet de loi a proposé de prévoir que seul un ancien
participant pourrait établir ses droits dans
son régime de retraite en remettant les sommes qu'il aurait récupérées. Donc,
on comprend, rapidement, des sommes qui ne seront pas
réclamées, donc, en vertu de la Loi sur les biens non réclamés, dans les
régimes de retraite, sont transférées à Revenu Québec pour aller au
fonds consolidé.
Par contre, je rassure les gens, ces
sommes-là ne sont pas perdues. Si, pour une raison quelconque, la personne
refait
surface ou ses ayants droit refont surface,
les sommes qui ont été transférées vont pouvoir être redonnées à ces gens-là.
La nuance, c'est que, si ce n'est pas la personne elle-même et qu'elle est
malheureusement décédée, on ne pourra pas rétablir nos droits dans un régime de retraite, parce que,
naturellement, seules les personnes... seuls les bénéficiaires eux-mêmes
peuvent cotiser à un régime de retraite. Mais les sommes, par contre, ne sont
pas perdues.
Le
projet de loi propose d'arrimer le processus qui vise la participation au
Régime de retraite du personnel d'encadrement,
qu'on appelle le RRPE, des membres du personnel du cabinet du
lieutenant-gouverneur, d'un ministre ou d'un député avec celui
applicable au RREGOP. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a arrimé les deux
régimes de retraite. Dans un cas, un des
régimes donnait 12 mois pour pouvoir décider d'y cotiser, alors que, dans
l'autre cas, le RREGOP, ce régime-là
ne donnait pas une telle contrainte. Ce qu'on a fait, c'est donc enlevé la
contrainte de 12 mois. Maintenant, les deux... si on veut cotiser à un de ces deux régimes-là, bien, on a le
temps nécessaire pour prendre la décision, et il n'y a pas de
prescription qui éteint ce droit-là.
Donc,
le projet de loi propose d'abroger la disposition applicable à certains
participants du RRPE qui occupent un autre
emploi de façon temporaire durant leur période de qualification. Extrêmement
technique, mais, encore une fois, discutée, et découle aussi de modifications
antérieures dans d'autres règlements, dans d'autres lois. Donc, on pourrait
parler, au sens large du terme,
naturellement, d'une modification qui est en concordance avec ce qui s'est fait
antérieurement à d'autres niveaux.
Et également la composition du comité de
retraite du RRPE a dû être ajustée, justement, découlant de modifications qui ont été faites dans d'autres lois. Entre
autres, on avait un représentant des directeurs généraux du réseau de la santé
et des services sociaux, un représentant qui, techniquement, n'existe plus
comme tel. Donc, on se propose de le remplacer par une autre fonction,
c'est-à-dire un représentant du réseau de la fonction publique qui va venir
occuper la même chaise. Donc, le siège n'est pas perdu.
Donc,
vous voyez, M. le Président, c'est un projet de loi qui est extrêmement
technique, extrêmement précis, extrêmement ciblé, mais qui est extrêmement,
également, important pour les gens qui attendent, entre autres, d'avoir des bénéfices de certains partages qu'on a faits
de certains régimes, des retombées qui vont être significatives pour eux.
C'est important pour assurer la pérennité de certains régimes de retraite.
Donc,
je vais réitérer mes remerciements envers mes collègues de l'opposition, qui
nous ont permis, oui, de faire une étude
détaillée, une consultation qui était pertinente et qui était nécessaire, qui
nous a permis de discuter de ces enjeux-là, mais on a su le faire d'une
façon diligente pour s'assurer que ces mesures-là puissent prendre effet le
plus rapidement possible. Alors, merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Oui, bonjour, M. le Président. Merci beaucoup. Je voulais simplement
dire que c'était un processus, pour moi... que
je suis arrivé un petit peu à la dernière minute dans l'exercice, mais j'ai
trouvé que le cadre était vraiment approprié, les discussions étaient
franches.
•
(12 h 40) •
Il
y avait un point qu'on avait soulevé, puis je voulais le mentionner dans le
salon bleu parce qu'effectivement il y avait
un montant de 44,5 millions de dollars qui était à discuter, à
savoir combien ça allait retourner au gouvernement ou pas suite à une entente par rapport au fait
qu'il y avait eu de la part... dans l'entente qui date, là, de 2021, il y avait
eu une entente, à savoir est-ce que le gouvernement peut protéger la baisse du
fonds contre... Est-ce que le gouvernement peut protéger le syndicat contre la baisse du fonds, la valeur du fonds,
comme une assurance, contre quoi? Si la valeur du fonds allait s'apprécier, cette appréciation-là allait
être redonnée en partie, 20 %, au gouvernement. Et j'avais dit, à ce
moment-là, à la présidente du Conseil
du trésor que mon expérience des marchés me disait comme quoi que la structure
pour répartition du risque-revenus,
si on peut dire, par rapport au comportement boursier du fonds était
extrêmement dispendieuse pour les syndicats
et que, donc, ça aurait été valeur ajoutée de permettre à une personne tierce,
un conseiller externe au gouvernement, quelqu'un
qui est indépendant de simplement faire une évaluation de marché au niveau de
la tarification de cette protection-là que
le gouvernement a vendue, si on peut dire, d'une certaine façon, aux membres.
Et donc j'espère que ça a été entendu, je souhaite que ça ait été entendu. Je
pense que ce serait un mécanisme qui serait extrêmement transparent pour les
prochaines négociations pour permettre ainsi d'avoir une vision
totalement neutre par rapport à qui va perdre, qui va gagner dans des fluctuations de marché et répartition du risque. Donc,
c'était le seul commentaire que je voulais ajouter. Et je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mise aux voix
S'il n'y a pas d'autre intervention, à ce
moment-là, le projet de loi n° 9, Loi modifiant principalement certaines
lois
instituant des régimes de retraite du secteur public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté. Alors, pour la suite de nos travaux, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...M. le Président. Les choses vont bon train, et je vous demanderais
peut-être de bien
vouloir suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, afin de permettre le débat sur
l'affaire inscrite par les députés de l'opposition, cet après-midi, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension
de la séance à 12 h 42)
(Reprise
à 15 heures)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande
au gouvernement de maintenir
l'intégralité de la mission actuelle des CLSC dans le projet de loi visant
à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace
Donc, nous poursuivons nos travaux aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. À l'article 25 du
feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Rosemont
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que la
mission fondamentale des centres locaux de services communautaires (CLSC)
inclut la prestation de services à la population locale en fonction de leurs
besoins dans leur milieu de vie, à l'école, au travail ou à domicile;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de maintenir l'intégralité de la mission actuelle des CLSC dans le projet
de loi n° 15, notamment la responsabilité populationnelle.»
Je vous informe que la répartition de temps
de parole pour le débat restreint sur la motion écrite par M. le député de Rosemont s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique,
49 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant
le gouvernement, 24 min 34 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition
officielle, 28 min 41 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, six minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition,
1 min 30 s sont allouées à la députée indépendante.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par le député... la députée, pardon, indépendante ou par l'un des
groupes
parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon la proportion établie précédemment. Mis à part ces
consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je rappelle à la députée indépendante
que, si elle souhaite intervenir au cours de ce débat, elle a 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
Je
cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont.
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Collègues, un grand plaisir de nous retrouver ici encore une
fois. On va débattre beaucoup de santé. On
le fait toujours beaucoup ici, à l'Assemblée nationale. J'ai traîné ici pendant
quelques années quand j'étais journaliste. En fait, pour la petite histoire, je
suis arrivé ici pour le journal Le Soleil quelque part en février
1995. Ça ne me rajeunit pas. Déjà, à l'époque, on parlait énormément de santé.
On en parle toujours beaucoup. Mais le
ministre de la Santé nous a déposé une brique, la semaine dernière, de
1 200 articles, qui, évidemment, va nous occuper pendant un
moment, j'ai l'impression, au-delà du mois de juin, à moins que le gouvernement
utilise d'autres moyens pour clore les
débats plus rapidement, ce que je ne souhaite pas. Évidemment, ce n'est pas un
souhait. Ce n'est pas un souhait du tout. Et, contrairement à
l'acrimonie de certains échanges qu'il peut y avoir parfois ici, dans le feu
des débats du salon bleu, j'assure de
nouveau le ministre de ma collaboration. On a démontré, dans le passé... Ça
fait deux ans environ que j'ai le
privilège d'être son critique pour mon parti politique. Je l'assure de ma
collaboration pour ce qui sera collaborable. Pour le reste, ils ont leur
majorité.
Alors, on va quand même débattre d'un certain
nombre de choses, et il y a une chose dont je veux débattre aujourd'hui. Je profite, là,
d'une rare motion du mercredi qu'on a pour en débattre, parce qu'il y a
beaucoup de choses dans le projet de loi
n° 15. C'est 1 200 articles. Bon, je comprends qu'il y a des
articles de concordance là-dedans, là. Mettons qu'on fait le ménage, il en
reste quand même probablement 25 % à 30 % d'articles costauds, là, de
chair sur l'os, pas que les autres ne sont pas importants, mais ces
articles sont fondamentaux, puis on va en débattre.
Alors, évidemment, dans les 28 minutes
qui me sont imparties en deux séquences ici, je ne pourrai pas faire le tour des 1 200 articles du projet de loi
n° 15, là, ça va de soi. Alors, je vais y aller... Il paraît qu'il y a
juste une façon de manger un éléphant, c'est
morceau par morceau, bouchée par bouchée. Je pense à la même théorie pour un
mammouth. Alors, je vais y aller bouchée par bouchée, et je commence par une
bouchée, ici, de CLSC.
Je vais d'abord vous raconter rapidement, là,
une petite histoire. Je pense que tout le monde sait ici que j'ai fait une tournée du Québec pour rencontrer des gens dans le
réseau de la santé. Ça me fait rire, parce que je n'arrête pas de le dire, là,
mais c'est un fait que j'ai fait une tournée. Le ministre aussi, d'ailleurs, a
fait une tournée. C'est bien, parce que ça nous permet de parler aux
gens.
Et
permettez-moi, ne serait-ce que pour attirer l'attention de tout le monde, de
vous raconter une histoire que j'intitulerais
Un accident de motoneige, un bras arraché et un pickup. Là, vous vous
demandez où est-ce qu'il s'en va, le député de Rosemont. Je vous
l'explique, Mme la Présidente.
Fort-Coulonge, dans le Pontiac, un endroit
qui est assez peu connu. En tout cas, à ma courte honte, c'est la première fois que j'y allais. J'y suis allé récemment en
pleine tempête de neige, comme aujourd'hui, d'ailleurs, et c'est assez loin.
Je ne connaissais pas ce coin-là. Et ce
coin-là, évidemment, bien, est assez pauvrement desservi en matière de soins de
santé parce que c'est loin, parce qu'il y a la concurrence, je dirais, déloyale
de l'Ontario, juste l'autre bord de la rivière. C'est compliqué d'avoir des soins. Et il y a des gens
qui ont pris les soins de santé et communautaires à bras-le-corps depuis des années
dans cette région-là de l'Outaouais — notamment Dre Ruth Vander Stelt,
que je salue au passage si elle nous écoute, une pionnière, une vraie, vraie
médecin de famille qui a à coeur la santé communautaire et qui a à coeur sa
communauté — se sont battus.
Ça remonte, là, au gouvernement Bourassa,
qu'ils ont fini par se battre puis créer un CLSC dans ce coin-là. Ça nous ramène encore plus loin que mon arrivée ici, puis
il faut dire que ça date quand même d'un bon moment. Ce CLSC, que le ministre
connaît, je pense bien qu'il le connaît, parce que c'est un... Fort-Coulonge,
donc, c'est un CLSC qui a un statut assez particulier. En fait, c'est un
CLSC, oui, qui a tous les attributs d'un CLSC, c'est-à-dire le service de santé
de première ligne, psychosocial, santé mentale, aide aux enfants, et tout ça,
mais il y a aussi une forme d'urgence, de salle d'urgence, au CLSC de Fort-Coulonge. Tout ça a été créé avec la
communauté au fil des années, avec une fondation, parce que les gens
investissent aussi beaucoup dans leur fondation pour avoir leur CLSC de
Fort-Coulonge.
Alors, arrive l'an dernier un accident de
motoneige dans le bois, un accident que je présume assez grave parce que, malheureusement, un des conducteurs de motoneige
se blesse gravement et se fait même arracher un bras, Mme la Présidente.
Suivez-moi, là, vous allez comprendre
pourquoi je vous dis ça. Ce n'est pas juste pour être macabre. Vous allez
comprendre où ce que je m'en vais
avec cette mission du CLSC et l'importance d'avoir des soins de proximité puis
des gens qui sont dévoués sur le terrain.
Évidemment,
les coéquipiers de cet infortuné motoneigiste le ramassent, appellent à
Fort-Coulonge en disant : Est-ce que les
deux ambulances de toute la région sont dans le coin? On leur dit non. Alors,
très bien, on n'aura pas d'ambulance.
On met donc le motoneigiste dans le pickup, le motoneigiste dans un pickup, le
bras du motoneigiste dans l'autre pickup, et on s'en va rapidement vers cette
urgence, le dispensaire, l'urgence du CLSC de Fort-Coulonge, où on avait
été évidemment avertis de l'accident, où on
avait été prévenus. On avait déjà prévu de recevoir le traumatisé qui,
effectivement, avait perdu un bras, et c'est malheureux comme histoire.
Les gens qui ont eu l'accident connaissaient
les numéros de téléphone. Ils savaient qu'il y avait deux ambulances. Ils
savaient qu'ils auraient du service s'ils appelaient d'avance. Ils ont pris la
décision eux-mêmes d'amener le blessé parce qu'ils savaient que, sinon, ce serait
trop long. Ils ont été reçus au CLSC, où on a stabilisé le patient, évidemment,
avant de trouver une autre ambulance et de
l'envoyer vers Gatineau, évidemment, où il avait besoin de soins plus poussés
que ce qu'on pouvait lui donner dans le dispensaire du CLSC.
On
peut difficilement être ici plus près de soins de proximité. On peut
difficilement ici être plus loin du service communautaire,
qui est dans la mission même des CLSC, sans oublier qu'il n'y a pas des
accidents de ce genre tous les jours.
Heureusement, ce CLSC reçoit tous les jours. Moi, quand je suis allé, j'ai vu
des mamans qui étaient là avec leur bébé, la maman qui avait d'ailleurs été suivie quand elle était elle-même bébé
par la même Dre Vander Stelt. Il y a une communauté qui s'est formée
autour de ce CLSC qui est absolument essentiel et qu'il faut préserver.
Là, évidemment, pour les soins de l'histoire,
j'ai voulu vous raconter, évidemment, l'anecdote de l'accident, et je prends à
dessein l'exemple de Fort-Coulonge parce que c'est un exemple parlant, là. Je
comprends que le CLSC de Rosemont, de un, il n'y a pas d'accident de
motoneige de ce genre, et ce n'est pas exactement le même type de services. Mais mon CLSC de Rosemont, là, qui a été
déshabillé par les gouvernements successifs, là, comme les autres CLSC au
Québec, qui a perdu une partie de son âme et de sa colonne vertébrale,
là, maintenant, mon CLSC de Rosemont rend néanmoins
des services inestimables, notamment en santé mentale, notamment en santé
mentale et notamment en service social.
•
(15 h 10) •
On oublie toujours de parler des TS, des
travailleuses sociales, dans le réseau de la santé, mais elles et ils font un travail extraordinaire. En ce moment, là, avec le
CIUSSS de l'Est-de-Montréal et le CLSC de Rosemont, vous permettez que je sois un peu chauvin, là, ils ont lancé un
programme qui s'appelle Homme de parole. C'est des séances de discussion
entre hommes qui lèvent la main, qui
appellent au CLSC, qui sont pris en charge par des TS, des hommes qui ont le
courage de dire : Ça ne va pas,
je ne vais pas bien et j'ai beaucoup de violence en moi, je me sens comme un
volcan — c'est des témoignages que j'ai entendus — je me sens comme un volcan prêt à
exploser, j'ai besoin d'aide, je lève la main, pouvez-vous me prendre? Ils ont lancé ça il y a quelques mois. Toutes
les séances sont pleines, et les trois prochaines séances sont pleines.
Voici un travail de proximité qui est directement dans la mission du CLSC.
Et, je le redis, pourtant, le CLSC de
Rosemont, comme beaucoup d'autres CLSC, malheureusement, a été déplumé, au fil des années, notamment parce que ce système
fonctionnait très bien, mais, par corporatisme, la profession médicale s'en est détournée, et on a préféré mettre sur
pied des cliniques privées. Parce que les gens oublient souvent, là, mais
l'immense majorité
des GMF, au Québec, ce sont des entreprises privées, purement privées. Il y a
des GMF CLSC, c'est une rareté; le reste, ce sont des GMF privés avec
des chartes privées, pour profits.
Alors, j'ai sursauté un peu, Mme la
Présidente, quand j'ai vu, notamment dans les notes, la fiche technique qui
nous a
été préparée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, j'ai
sursauté un petit peu, en lisant, et c'est écrit textuellement ici, là, c'est écrit textuellement ici : «Le
projet de loi ne fait plus mention de mission.» Et effectivement, je ne vous lirai pas les deux articles comparés,
l'article actuel et l'article proposé par le projet de loi n° 15, parce
que c'est trop long, puis je vais manger tout mon temps, mais il est
écrit textuellement que le projet de loi ne fait plus mention de mission. Dans notre système, un organisme ou un
établissement qui n'a plus une mission n'a plus de raison d'être, n'a plus de raison d'être. Est-ce que ça va devenir
des dispensaires exsangues, englobés dans l'immense agence de Santé Québec,
que caresse le projet de loi n° 15? Je
ne le sais pas. C'est pour ça que j'ai posé une question ce matin au ministre,
pendant la période des questions.
C'est pour ça que je veux qu'on débatte de ceci ici, aujourd'hui, dans la
motion du mercredi, parce que je ne le sais pas quel est l'avenir
réservé aux CLSC.
Je
vous ai parlé de Fort-Coulonge, je vous ai parlé de Rosemont. Je pourrais
parler de Pointe-Saint-Charles, Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de
Montréal, qui est un exemple, un exemple de communautarisme, de services directs donnés par une équipe interdisciplinaire,
décidés par et pour la population locale. Ça date de 1967, un groupe de jeunes étudiants anglophones qui sortaient de
l'école, qui ont mis ça sur pied parce qu'il y avait des besoins très
particuliers. Pointe-Saint-Charles, ça ressemble un peu à Limoilou, là,
c'est un endroit assez particulier qui avait notamment des problèmes de maladies industrielles et une poche
de pauvreté lancinante. Ça existe, ça aussi. Verdun. Verdun, d'ailleurs,
qui avait été vanté, dans le plan déposé par
le ministre, l'an dernier, et à juste titre et à raison, parce qu'ils font
notamment un travail communautaire, par exemple, dans le soin à
domicile, extraordinaire. J'ai visité, moi, des infirmières, aussi, à Châteauguay, à Châteauguay, qui font du travail
à domicile, aussi, et qui se verront confier bientôt, aussi, les tâches de
faire l'aide médicale à mourir à domicile. C'est des gens de CLSC qui font ça,
c'est dans la mission du CLSC.
Alors,
comprenez mon inquiétude. Je vous le dis, j'ai sursauté en lisant ça dans le
projet de loi, en lisant ce paragraphe qui
dit textuellement qu'il n'y aura plus de mission. Et j'ai sursauté pas tant de
surprise, mais de crainte de voir la mission et ce qu'il reste de nos
CLSC, au Québec, disparaître. Je dis «pas par surprise» parce que, malheureusement,
ça doit faire trois décennies qu'on
s'emploie, au Québec, à détricoter le modèle de CLSC, pour la petite histoire,
là. Moi, je ne vante pas les CLSC par
nostalgie, là. Ce n'est pas parce qu'il y avait un CLSC à côté de chez nous
quand j'étais petit, là, ce n'est pas ça. C'est parce que les CLSC, ça
fonctionnait bien. C'était un modèle assez unique, d'ailleurs, qui était
étudié à travers le monde, parce que c'était un modèle, justement, qui alliait
la première ligne, donc les soins-soins, là, vous vous coupez, vous vous cassez quelque chose, vous avez besoin d'un soin
assez direct, mais aussi toute l'approche populationnelle. Et cette
approche populationnelle semble vouloir disparaître. J'en suis très inquiet. Je
demande au gouvernement de ne pas aller dans
cette direction, si tant est que c'est sa décision ou son inclinaison. Je
demande au ministre de nous rassurer
là-dessus, de nous dire qu'on ne va pas mettre le dernier clou dans le modèle
des CLSC, qui rendent des services extraordinaires. C'est un centre
local. C'est ça que ça dit, là, le «CL», c'est ça.
Quand je me fie... malheureusement, si le
passé est garant de l'avenir, malheureusement, les CLSC, leur mission, leur possibilité de rendre des soins a fondu comme
neige au soleil, ça, c'est une mauvaise expression aujourd'hui, là, mais
comme peau de chagrin, malheureusement, parce qu'on a décidé qu'on allait s'en
aller davantage vers le privé.
Je répète, là, je ne suis pas nostalgique, je
ne défends pas le statu quo. Je défends des choses qui fonctionnent bien dans le système
de santé et qui rendent des services localement à des populations, notamment,
vieillissantes. Quand on parle, par exemple,
et c'est une bonne idée d'en parler, je sais que c'est
dans le projet de loi, puis on aura l'occasion d'en débattre... quand
on parle, par exemple, des soins à domicile, jusqu'aux soins ultimes, qu'on est
en train de débattre ici... Là, ma collègue
de Sherbrooke, derrière, a un débat avec les collègues de l'Assemblée nationale
sur les soins de fin de vie, qu'on
appelle parfois, là, l'aide médicale à mourir. Ça, c'est le soin ultime. Mais
effectivement, quand on débat de ça, on doit aussi débattre des moyens
qu'on se donne pour rejoindre les gens chez eux.
Et c'est ça, c'est ça, la vocation
populationnelle, la mission populationnelle, ce n'est pas juste d'être une
clinique
ouverte de telle heure à telle heure, et les
GMF, de moins d'heures à moins d'heures, d'attendre que les gens prennent des
rendez-vous, d'attendre les patients, de les
passer les uns après les autres, de leur donner une prescription ou un
traitement. Tout cela doit se faire, j'en conviens. Nous consommons tous
des soins de santé à un moment ou un autre de notre vie. Mais la mission populationnelle est d'aller
au-devant de la population. La mission populationnelle, c'est d'épauler la
Santé publique, notamment, pour un
problème de qualité de l'air. C'est s'intéresser aux problèmes de surpoids dans
une population. C'est s'intéresser à la santé mentale d'une population.
Je vous ai parlé du programme Homme de parole
dans Rosemont puis dans l'est de Montréal, qui est en train de faire oeuvre utile en attirant des gens qui sentent qu'ils ont besoin de
discuter. Avant d'exploser comme un presto, on veut baisser la température un peu. Et ça, ça se fait
dans tous les CLSC. Ça ne flashe pas. Il n'y a pas de... ruban à couper. Ce
n'est pas des gros, gros budgets. C'est populationnel. Ce sont le plus souvent
des travailleuses sociales, qui sont probablement les enfants pauvres des enfants pauvres de la profession...
des professions en santé, mais ça rend des services extraordinaires.
Je n'ai même pas parlé des interventions des
CLSC auprès des écoles, auprès des enfants, auprès des familles, des familles
qui ont des problèmes de violence, des problèmes... des familles qui ont des
problèmes de toxicomanie, des familles qui ne mangent, pas, des familles qui
crient à l'aide, des amis qui crient à l'aide pour des familles parce qu'il y a des problèmes. Les CLSC sont les phares dans une
communauté pour donner des services. Bon, là, vous allez me trouver ésotérique, là. Je ne suis pas si naïf que ça. Les
CLSC qui restent, je parle des CLSC qui restent, ceux qui ont un budget, ceux
qui sont capables de fonctionner, parce qu'il y en a un sacré paquet qui ont
été complètement déplumés, qui n'ont plus les moyens de faire ça.
Alors,
ce pour quoi j'interviens aujourd'hui... On commence à peine à discuter du
projet de loi n° 15. On n'a même pas commencé à entendre des témoins. On
n'a certainement pas commencé à faire l'étude article par article. Il y aura assurément d'autres pépites du projet de loi
n° 15 que nous trouverons au fil de l'étude et sur lesquelles nous
voudrons avoir des discussions et des débats avec le gouvernement aussi. Alors,
je mets la balle au jeu, aujourd'hui. Je pense qu'on peut partir l'étude
du projet de loi n° 15 correctement en se disant : C'est vrai que ça
ne va pas superbien dans le réseau de la
santé au Québec, c'est vrai qu'on a des choses à faire, il est faux de dire que
les gens qui critiquent le projet de loi n° 15 sont des apôtres du statu quo, il est faux de dire
qu'on n'est pas gentil quand on ose critiquer. C'est ma job, ici, de critiquer,
c'est ma job, de poser des questions. Alors, malgré qu'il y a bien des choses
qui ne vont pas bien, est-ce qu'on pourrait s'assurer de garder ce qui
va pour les gens de Fort-Coulonge, pour les gens de Pointe-Saint-Charles, pour
les gens de Mont-Tremblant, pour les gens de
Verdun, pour les gens de Beauharnois et pour tous les gens au Québec qui
bénéficient de services de communauté dans une mission populationnelle?
Merci.
•
(15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à laisser... céder la
parole à
M. le ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Puis je tiens à saluer aussi mes
collègues qui sont ici en ce beau jour de
tempête d'avril aujourd'hui à Québec, dans la neige. C'est bien le 4 avril,
aujourd'hui, ce n'est pas le 1er avril,
hein? C'est le 5 avril? On est rendus au 5? Bon, ce n'est pas un poisson
d'avril, alors. Mais nos fenêtres sont fermées, alors on peut prendre
abstraction de ce qui se passe dehors encore pour quelques minutes.
Mme la Présidente, j'apprécie énormément
cette question-là du député de Rosemont. Il faut que je fasse toujours attention de ne pas l'appeler le député de
Maisonneuve-Rosemont. Mais je sais qu'il a beaucoup d'intérêt avec l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, alors c'est pour ça,
des fois, un peu à la blague, que je l'appelle comme ça, mais c'est... Je
respecte beaucoup le travail qu'il fait dans son comté, notamment, et
dans l'est de Montréal.
Je profite de l'occasion... parce que c'est
vrai que ça va être un défi dans les prochaines semaines, puis on pourrait dire prochains mois, de passer à travers ce petit
projet de loi là. Je l'ai mis en version un peu plus petite, il reste tout
aussi volumineux, mais c'est quand
même un projet de loi qui est costaud. Et la question que... J'aime beaucoup la
façon dont le député de Rosemont l'approche aujourd'hui, c'est dire : Je
vais me focusser sur un point spécifique, c'est-à-dire les CLSC, pour dire : Est-ce que le gouvernement oublie
un élément clé de notre, je vais l'appeler... de notre accès à la première
ligne? Puis je pense que c'est de
poser la question de façon constructive. Puis je l'ai dit souvent au député de
Rosemont, comme je l'ai dit au député
de Pontiac, entre autres, avec qui on a beaucoup de projets en ce moment, on
vient d'en compléter un, justement
cette semaine, sur la main-d'oeuvre indépendante, mais, quand on pose les
bonnes questions... je pense que c'est effectivement
le rôle de l'opposition de le faire, puis j'apprécie beaucoup comment cette
question-là est amenée aujourd'hui.
Bon, je voudrais juste le rassurer, puis je
vais commencer... J'aime ça commencer par la conclusion, j'aime toujours ça commencer par... parce qu'au moins, on dit, si
on ne comprend pas tout ce qu'il dit, au moins on sait où est-ce qu'il s'en va.
Alors, je ferais tout de suite une proposition d'amendement à votre
proposition, puis ce sera à vous de décider si vous l'approuvez ou pas, mais au
moins vous allez voir que je ne suis pas très loin de ce que vous demandez.
Alors, Mme la Présidente, la proposition
d'amendement que je ferais à la motion qui est présentée par le député de Rosemont, c'est
d'ajouter un deuxième alinéa qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que
l'accès aux services de première ligne passe par une offre de services
complémentaires, notamment les soins à domicile, les CLSC, les cliniques
d'infirmières praticiennes spécialisées, les groupes
de médecine familiale — ce qu'on appelle les GMF, le député y a fait référence — et les organismes
communautaires.»
Et, deuxièmement, au dernier alinéa, je
retirerais les mots «l'intégralité de». Et je l'expliquerai un petit peu plus tard dans ma
présentation.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Tel que stipulé dans l'article 98.1 du règlement, une motion inscrite
par les
députés de l'opposition ne peut pas être
amendée, sauf sous l'approbation de... la permission de son auteur. Donc, M. le
député de Rosemont, est-ce que vous accordez la permission de l'amendement?
Sinon, après, vous nous donnerez votre... l'indication dans votre
réplique. Merci. Vous pouvez poursuivre, M. le ministre.
M. Dubé : Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et je veux vous dire
que j'ai beaucoup de flexibilité dans mon amendement. Je voulais juste
vous dire ça aussi.
Bon,
maintenant, ce que j'aimerais faire, peut-être juste pour vous dire à quel
point je pense que les CHSLD sont
importants. Puis, souvent, c'est des questions de perception. Puis je vous
ferai référence à quelques articles qui étaient dans la LSSSS, là, qui vont être modifiés par le projet de loi n° 15. Mais deux choses. Moi,
j'aime ça donner des exemples pratiques, M. le député, que, quand je dis
que je crois beaucoup aux CLSC qu'on a dans notre réseau, là, ce n'est pas d'en enlever, au contraire, c'est de les solidifier.
Puis le plus bel exemple que je pourrais vous donner, c'est... en tout cas,
dans l'est de Montréal, récemment, on a commencé à mettre, entre autres, des
cliniques d'IPS pour renforcer l'accès qui est donné dans certains CLSC.
Puis vous savez probablement de celui que je parle, qui est le CLSC
Olivier-Guimond, en l'honneur de ce grand
comédien, là, qui avait le pouce en l'air comme ça. Et on a ouvert une clinique
IPS, là, il y a peut-être... juste un
petit peu avant les fêtes, au mois de novembre, décembre dernier. C'est un
succès fantastique. Et malheureusement, comme vous l'avez dit, souvent, ces installations-là étaient... avaient
périclité en termes d'achalandage. Puis la journée qu'on a dit : Où est-ce
qu'on pourrait mettre une nouvelle clinique IPS pour subvenir aux besoins en...
dans l'est de Montréal, qui sont énormes en termes de volume et de capacité,
vous savez de quoi je parle, ça a été un succès. Alors donc, je veux
juste vous dire qu'on n'a non seulement rien contre les CLSC, mais vous avez
raison de dire qu'ils ont peut-être été négligés au détriment de d'autres services. Alors, je vous donne cet exemple-là.
Puis un autre qui est un petit peu plus loin mais que le député de Chapleau me faisait remarquer, notre
gouvernement, dans le dernier mandat, a ouvert trois CLSC en Outaouais, où,
justement, on sait, on sait que les services là-bas ont peut-être été
déficients au niveau de la première ligne, puis je pense, entre autres... puis
je suis certain que le député de Pontiac peut reconnaître les noms, là, le CLSC
de Val-des-Bois, celui de Chelsea et celui de Low. Est-ce que je le
prononce comme il faut? Est-ce qu'on dit «Low» ou «Law», là? Je...
Une
voix : ...
M.
Dubé : Low.
Merci beaucoup, M. le député. Alors, je voulais juste mettre ça en perspective.
Bon, maintenant, ce que je pense qui est
peut-être important de vous dire... Puis là, encore une fois, je ne pense pas qu'on est ici pour regarder le détail du projet de
loi, parce qu'on aura amplement le temps, comme vous avez dit, de le regarder.
Mais peut-être que la raison pour laquelle vous n'avez pas pu reconnaître le...
où était la mission... Parce que j'ai fait une petite recherche, là, suite à
votre question ce matin, parce que, je vous dis, c'est une très bonne question.
Dans la LSSSS actuelle, donc avant la
modification qu'on fera par p.l. n° 15, il y avait effectivement le mot «mission» à l'article 80 de la
LSSSS.
Et, quand on fait des ajustements... Puis je
vous les mentionne parce que je sais que vous ou peut-être vos gens de votre
groupe feront la recherche suivante, je vous inviterais, là... Il y a deux
articles que je vais citer, puis je ne vous les lirai pas non plus, je ne vous ferai pas ce plaisir-là aujourd'hui... mais
l'article 3, qui parle des services communautaires locaux, et l'article 40, qui parle, entre autres, des
services communautaires locaux et des centres locaux de services
communautaires, qui sont les CLSC. On redéfinit un peu ce qu'on s'attend
de nos P.D.G. dans ça. Puis, au lieu de vous lire les articles, j'aimerais ça vous donner la vision qu'on a, puis
on pourra amplement en discuter en commission, mais, au moins, aujourd'hui,
je vous donne certaines lignes qui seraient
peut-être importantes qu'on discute, là, lorsqu'on sera en commission
parlementaire.
Puis
je m'explique. Étant donné qu'on veut maintenant bonifier ceux qui sont là, ce
qu'on veut donner, entre autres, à notre
personnel... Puis tantôt je vais faire quelques mots sur la décentralisation
puis l'imputabilité de nos gestionnaires, qui a peut-être été déficiente jusqu'à maintenant. Moi, je veux donner à
nos gestionnaires... puis ça, je pense que vous allez le reconnaître, lorsqu'on
aura ces discussions-là lors du projet de loi, c'est de s'assurer que le grand
principe de la prise en charge de l'accès doit être là, par exemple,
dans un CLSC. Puis c'est pour ça que je vous... Vous regarderez
l'article 40, je pense que ça va vous rassurer. Par contre, de la façon
dont l'article 80 est écrit, puis après avoir parlé aux légistes, puis
etc., on s'est rendu compte que c'était très, très carré et très rigide. Je le
dis comme ça.
Alors, je vous donne un exemple. On a pris la
décision, après la pandémie... Puis, je pense, vous l'avez entendue, on a été très clairs là-dessus... Je m'excuse, je
suis supposé m'adresser à vous. Je m'excuse, je... On a pris la décision que
certains centres de vaccination au Québec ne seraient pas fermés parce qu'il
était préférable de s'assurer que, si on était mal pris, et même qu'on voulait
garder du personnel de Je contribue, pour une foule de raisons... on a décidé
qu'il y a peut-être plus d'actes de
dépistage, d'actes de vaccination qui pourraient se faire dans un certain
nombre de centres... je vais les appeler de vaccination, on va les
appeler les centres de services, là, peu importe le nom, pour que les Québécois
disent : Bien, en fait, à cet endroit-là, on sait que c'est efficace, on
veut aller se faire vacciner ou on veut aller se faire dépister. Ces
endroits-là vont être là, un peu comme les gens se sont habitués durant le
temps de la COVID. Vous me suivez?
•
(15 h 30) •
Alors,
ce que j'aimerais qu'on puisse donner comme outil à nos P.D.G., à nos
gestionnaires, c'est de leur dire, bien,
peut-être qu'au lieu de faire la vaccination ou le dépistage dans le CLSC, ce
qu'il fait dans certains endroits, on va dire : Bien, peut-être que ce service-là en particulier, il
pourrait être ailleurs. Et c'est là qu'on veut avoir une certaine flexibilité.
Mais en même temps... Puis je vous donne cet exemple-là parce que, pour moi, il
y a... puis je pense que je vous l'ai répondu
ce matin au salon bleu, il y a d'autres services qui sont, à mon avis... qu'on
ne veut pas changer. Je pense juste... Ce
matin, je vous ai répondu, entre autres, les soins à domicile. Alors, je
voudrais juste vous dire qu'il n'y avait pas de mauvaise intention dans la façon dont les deux articles que je viens de
vous citer ont été écrits. Mais, si jamais, après ces explications qu'on aura eu la chance de discuter,
vous pensiez qu'il devrait y avoir des précisions, bien, vous pouvez être
certain que je vais les faire.
Et c'est ça, mon message, aujourd'hui,
spécifiquement sur les CLSC, Mme la Présidente, parce que j'ai donné aux députés puis à
la Chambre, ici, des exemples très concrets qu'on y croit, mais on veut aussi
être capables d'avoir le bon personnel au bon endroit, parce que c'est un des
enjeux qu'on a avec nos centres de services en ce moment. Vous l'avez vu, là, il n'y a plus vraiment beaucoup
d'intérêt pour la population d'aller se faire vacciner ou d'aller se faire
dépister. C'est comme si on avait oublié ce qui est arrivé, et c'est
correct, là, on en a assez eu. Mais en même temps on ne peut pas fermer ces
centres-là ou quelques centres, parce qu'ils sont très efficaces quand ils en
ont besoin. Alors, comment nos P.D.G. vont
pouvoir trouver... de dire : Est-ce que c'est le meilleur endroit pour
faire de la vaccination dans un CLSC qui
n'est pas ouvert toute la journée? C'est ça qu'il va falloir regarder. Alors,
je voulais juste, peut-être, faire cette précision-là.
Mais j'en profite pour vous mentionner aussi
que vous avez fait de bons commentaires sur la question de comment s'assurer du
L dans le CLSC, qui veut dire «local», O.K.? Et j'ai entendu, là... puis pas
nécessairement de votre parti, là, je ne ferai
pas de commentaires sur la dernière semaine, parce que j'ai l'impression que,
depuis quelques jours, il y a un vent de... Puis, la critique, vous avez
raison, il doit y avoir une critique, mais je trouve qu'elle se fait beaucoup
plus positivement, dans les derniers
jours, alors, Mme la Présidente, je veux le reconnaître. Mais je reviens à
l'aspect... J'ai entendu beaucoup de critiques, de parler de... on lit, à travers ce
grand projet de loi, que c'est de la centralisation. Et là je vais me permettre
de dire que je suis en désaccord, mais en choisissant mes mots, en trouvant les
mots très polis pour ne pas me faire dire que je n'ai pas le droit, Mme
la Présidente, de dire ce mot-là.
Alors,
pourquoi je dis que ce n'est pas de la centralisation? Et je vais revenir à
votre point, parce qu'il est très important de s'assurer qu'on va trouver le L
dans le projet de loi qui veut... qui était pour CLSC, pour un centre local de
services communautaires. Moi, j'ai demandé, pour m'assurer que... Il y a trois
éléments que je veux expliquer la décentralisation dans ce projet de loi. Le
premier, c'est qu'on s'est fait demander par une foule d'experts, depuis de
nombreuses années, de nombreuses années, de séparer du ministère les opérations
des orientations. Et ça, pour moi, c'est
majeur. Mais il va falloir que je l'explique mieux. Et c'est peut-être moi qui
l'explique mal, mais le fait de créer cette entité-là, Santé Québec, pour séparer les opérations puis que des gens,
comme vous dites, soient concentrés à bien servir la population, pour
moi, c'est le premier acte de décentralisation. Pourquoi je dis ça? Parce qu'on
aurait pu décider, par exemple, de
décentraliser, de séparer les opérations des orientations mais d'enlever
35 P.D.G. et 35 équipes, et de dire : Il y aura un P.D.G., et on enlève toute la
structure qui est là actuellement. Ce n'est pas ça qu'on a fait, Mme la
Présidente. On a dit : La gestion locale, qui est en ce moment dans
16 établissements, plus tous nos hôpitaux qui sont indépendants, comme le CHUM, le CUSM, Sainte-Justine, à Québec,
ici, le CHU, on peut penser à l'Enfant-Jésus, etc., on les laisse tout ça en
place, parce qu'on dit : On veut respecter le L de «local», de régional.
Et ça, pour moi, j'ai beaucoup de misère quand j'entends que c'est de la
centralisation. Au contraire, la petite équipe de gestion qu'on met là, elle
est là pour appuyer nos 35 P.D.G.,
hommes et femmes, qui ont un mandat local de... Et vous avez dit le bon mot...
Excusez-moi. Le député a dit le bon mot : la responsabilité
populationnelle. C'est un mot que vous allez entendre, effectivement, et je
pense qu'il est très bien choisi par le député de Rosemont.
Premier L.
Deuxième L, quand on parle de gestion de
proximité, et là c'est important, il y a beaucoup... Puis là je ne critiquerai pas la dernière réforme, ce n'est pas ça. Moi, je
regarde aujourd'hui où on est, comme vous avez dit, il en reste combien, de
CLSC, puis qu'est-ce qu'on fait avec pour
optimiser. Malheureusement, dans la dernière réforme, il y a eu, puis après
l'avoir discuté avec ceux qui étaient
peut-être plus responsables ou proches de cette réforme-là, beaucoup de mesures
qui malheureusement n'étaient pas guidées par l'aspect patient mais
étaient guidées par l'aspect austérité, de couper des coûts. Puis malheureusement on a coupé beaucoup de gestionnaires L, locaux,
locaux. Et on l'a vu, qu'est-ce que ça a fait durant la pandémie, entre
autres, avec les CHSLD, mais c'est arrivé aussi avec des CLSC. Et donc, nous,
l'engagement qu'on prend, à travers ce
projet de loi là, en gestion de proximité, qui est le plus bel exemple de
décentralisation, c'est de ramener
les gestionnaires locaux dans les principaux centres de services, dont les
CLSC, pour être certains qu'un gestionnaire local soit capable de prendre des décisions et de dire : Oui, chez
nous, voici le service que je pourrais avoir, puis, je dirais, il y a
comme un service minimum, mais comment, dans ma région...
Puis j'aimais beaucoup l'exemple que le
député donnait. Si, par exemple, des services... Parce qu'on va continuer
d'avoir des services intégrés. Ce n'est pas juste des services de santé, mais
c'est des services de santé et services sociaux. Alors, l'exemple que donnait
le député, si, dans sa région, le CLSC, selon les dires de ceux qui ont la
responsabilité populationnelle, devrait
donner un meilleur ou un plus grand service dans certains services sociaux,
bien, ce sera son choix de le faire. Alors, lui, il s'est dit :
Moi, j'ai un centre de vaccination à côté de chez moi puis je n'ai pas besoin
de faire de la vaccination dans le CLSC,
bien, pourquoi je ne pourrais pas prendre les mêmes budgets qui me sont alloués
et le donner pour donner un meilleur service populationnel à ceux dont
je suis responsable? Vous voyez?
Alors,
c'est là qu'on veut... mais c'est un changement de culture, Mme la Présidente,
de dire, maintenant, à nos P.D.G. : Vous avez une responsabilité
populationnelle. J'en ai parlé beaucoup, de la responsabilité populationnelle, pour nos médecins. On n'aura pas le temps d'en
parler aujourd'hui, mais on pourra en parler. Mais c'est la même chose. Et c'est pour ça que je trouve que le député,
aujourd'hui, amenait de très bons commentaires pour dire comment on peut
faire cette responsabilisation-là.
•
(15 h 40) •
Alors, je reviens... J'ai donné mon deuxième
exemple de décentralisation, et le troisième, pour moi, il est très important.
Puis on aura la chance d'en discuter, parce que vous m'avez amené ça par
l'exemple des CLSC, puis je trouve ça important. Je ne sais pas si c'est la
bonne expression, vous m'aiderez là, mais je vous ai présenté, lorsqu'on a fait
le breffage technique des... on a essayé
d'expliquer en quatre points ce que le projet de loi faisait au niveau de
séparer des opérations, j'en ai parlé beaucoup, qu'est-ce qu'on faisait en
termes d'accès, qu'est-ce qu'on faisait en termes de proximité, mais aussi en termes de ce qu'on faisait avec les
médecins pour une meilleure prise en charge. Mais, à l'envers du napperon,
j'ai parlé des... pardon, j'ai parlé des
responsabilités que le ministre gardait, puis il y en a encore beaucoup que le
ministre garde, malgré la
décentralisation qu'on fait au réseau, que je viens d'expliquer, là, de la
façon dont je l'ai expliqué. Puis pourquoi
je le mentionne? C'est que, troisième argument que ce n'est pas de la
centralisation, c'est que... Il y a un principe de gestion auquel je crois
beaucoup, M. le député, puis je pense qu'on se connaît depuis assez longtemps,
c'est que, quand on délègue, quand
une personne délègue un acte à un gestionnaire, c'est de la délégation, mais il
reste responsable, il reste imputable.
Et ça, ça va... j'ai très hâte qu'on puisse le discuter en commission. Parce
que vous allez voir que, même si, des
fois, ce n'est pas toujours facile de lire 1 180 articles écrits par
des avocats... Puis là j'espère qu'il n'y pas trop d'avocats ici, dans la... Il y en a. Des fois, c'est un peu
compliqué de lire ça, c'est un peu compliqué. Mais en même temps ce que je veux qu'on retrouve... Le fil conducteur ici,
c'est que, même quand on délègue un geste, une action, exemple, dans une
région, ou dans un édifice, ou peu importe, le ministre, il reste responsable.
Et ça, quand les gens me disent : Bien non, il ne sera plus responsable, il a centralisé puis il
n'est plus responsable, bien là, je veux dire, choisissez. Ou bien c'est de la
décentralisation... Puis assurons-nous qu'on a une bonne délégation pour être
capables de rester imputables.
Je finis là-dessus, parce que, Mme la
Présidente, on pourrait avoir, le député l'a dit tout à l'heure, des heures de discussion sur
ce sujet fascinant qu'est le projet de loi n° 15. Mais
aujourd'hui je pense que le député a amené un excellent exemple, que je pense qu'il faut prendre
le temps, là... On aura les prochaines semaines, nos leaders n'ont pas encore déterminé quand seraient les premières
consultations, mais ça va être dans les prochaines semaines, et on pourra,
les semaines qui vont suivre, faire l'article
par article quelque part au début mai, j'ai compris, ou à la mi-mai. Ça fait
qu'on va avoir... les gens vont avoir amplement le temps de prendre
connaissance du document, comme vous êtes en train de le faire, et de
poser les bonnes questions.
Alors, je terminerais, Mme la Présidente, en
disant merci pour cette motion-là aujourd'hui. On aura amplement le temps de continuer cette discussion-là, mais je
pense qu'on est partis sur des bons principes de discussion. Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je suis prête à céder la parole. M.
le député
de Pontiac.
M.
André Fortin
M. Fortin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Bon après-midi.
D'abord,
je veux dire que je suis content de la dynamique ici. Il me semble, ça fait
quelques mois que je parle de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, comme beaucoup d'autres collègues, je suis content que le
député de Rosemont parle des infrastructures dans ma circonscription. Si ça
peut contribuer à bonifier l'un et l'autre, tant mieux. Mais, à écouter
les différents discours... J'entendais le
ministre également parler de certaines ressources en Outaouais. À défaut,
disons, d'avoir des budgets, des budgets subséquents, si au moins on se
met à parler des enjeux de l'Outaouais ici, ce sera déjà positif.
Deux petites corrections, d'entrée de jeu,
justement. Le ministre, tantôt, a fait la prétention, là... à l'entendre, c'est presque comme s'il avait inauguré de nouveaux
CLSC. Il a ajouté des ressources à des CLSC. Ce n'est pas tout à fait la
même chose. Donc, juste pour que tout le monde soit sur la même longueur
d'onde.
Et une petite correction gentille, amicale,
pour le député de Rosemont, parce que les gens de la place... — merci — parce que les gens de la place l'ont à coeur, le CLSC de
Fort-Coulonge, il est techniquement dans la municipalité de Mansfield,
alors... pas qu'il y a une petite rivalité entre les deux, mais il y a une
petite rivalité entre les deux à l'occasion.
Alors, ils y sont très attachés. Mais, ceci étant, je suis content que la Dre
Vander Stelt ait pu présenter, disons,
l'état de situation, disons, dans ce CLSC là et ceux de la région au député.
J'espère que d'autres auront également une initiative comme celle-là.
Moi, quand j'ai choisi de me lancer en
politique, Mme la Présidente, la première mobilisation à laquelle j'ai pris part, et, ça, c'était alors que le gouvernement du
Parti québécois était au pouvoir, c'était une mobilisation pour sauver le
CLSC de Mansfield, qui, à l'époque, en 2013,
moi, je me présentais à l'investiture du Parti libéral dans la circonscription...
il sentait qu'il y avait un mouvement pour,
disons, retirer certaines ressources du CLSC. Alors, quand le député dit :
Ça fait longtemps, là, qu'il y a des pressions sur les CLSC, sur les
services qui y sont offerts, il n'a pas tort.
Et, je vous dirais, comme député rural, Mme
la Présidente, et il y en a plusieurs qui siègent ici, là, les CLSC ont une
importance... je ne veux pas dire «démesurée», mais particulièrement grande par
rapport à ce qui se passe en ville, non pour enlever quoi que ce soit aux CLSC
en ville, mais une municipalité comme celle de Mansfield, c'est... il n'y a pas d'autres services de santé à 20, 25,
30 kilomètres, il n'y en a pas d'autres. Il n'y a pas de GMF à côté. Il
n'y a pas de clinique d'infirmières praticiennes spécialisées. Le CLSC,
c'est l'endroit où on va, peu importe ce qui se passe.
Et
nous, on a la chance... et, je pense, de mémoire, là, c'est ou c'était, à une
certaine époque, le seul au Québec, un CLSC 24/7, avec une salle
d'urgence. Si vous vous présentez au CLSC de Mansfield aujourd'hui, là... et je
n'ai pas été voir les temps d'attente pour
l'urgence du CLSC, mais les chances sont que vous allez passer plus rapidement
là que n'importe où ailleurs en
Outaouais. Et, si vous attendez, disons, 1 heure au CLSC de Mansfield,
c'est parce qu'à l'hôpital de
Shawville vous attendez probablement quatre, cinq, six heures puis qu'à
l'Hôpital de Hull vous attendez probablement 17, 18, 19 heures.
Alors, ce sont des services qui sont immensément appréciés de la population.
Et c'est vrai tout ce que le député a dit,
là, par rapport aux soins de santé mentale, aux travailleurs sociaux qui sont
sur place, aux nutritionnistes qui sont régulièrement sur place, là, c'est un
exemple ou un modèle, pour une communauté rurale, de tous les services au même
endroit. Alors, en ce sens, Mme la Présidente... Et je vais arriver à d'autres
modèles de CLSC dans quelques instants, là, mais, en ce sens, et si ce n'est
que pour ça, on va appuyer la motion du député. On verra ce qu'il fera avec l'amendement proposé par le ministre, mais,
en ce sens-là, on va appuyer la motion du député.
Et maintenant autant un service comme
celui-là est important pour une communauté qui... À mes yeux, à mes yeux de
député rural, là, ce CLSC là se situe dans une grande communauté, pour moi,
parce que c'est la plus populeuse de la partie rurale de ma circonscription, mais,
les CLSC, il y en a à Quyon. Et moi, j'ai grandi à Quyon, là, mes premières
consultations ont été effectuées dans ce CLSC là, où pratique la
Dre Vander Stelt maintenant. Il y en a à Otter Lake, il y en a à l'Isle-aux-Allumettes. Il y en a même un
à Rapides-des-Joachims, Mme la Présidente. Mais ça, ce n'est pas des
services en continu, 24/7. Il n'y a pas des nutritionnistes sur place, il n'y a
pas tous les autres services en permanence. Mais
les résidents de Rapides-des-Joachims qui... Et ça, je vous suggère de le
visiter, ça vaut la peine, même s'il faut passer par l'Ontario pour s'y rendre. Pour eux, là, c'est leur seul accès à un
professionnel de la santé. C'est ouvert, si je ne m'abuse, une journée par semaine en ce moment, ça varie
avec les saisons, avec les besoins, avec le nombre de résidents, mais c'est
leur seul accès au réseau de la santé québécois. Ça passe par les CLSC.
Dans
des villages comme ceux-là, là, il n'y en aura jamais, de clinique d'IPS, il
n'y en aura jamais, de GMF, il n'y en aura
pas, d'autres modèles. Le modèle qu'ils ont, qu'ils apprécient, qu'ils veulent
garder, c'est celui du CLSC local, avec
tous les défis que, parfois, ça peut comporter, mais avec une attention qui
vient non pas uniquement du privé, comme un GMF, mais du ministère de la Santé, du CIUSSS
et du futur Santé Québec Outaouais, là, qui existent. Alors, ce sont des
endroits vers lesquels les gens se tournent et qui leur permettent d'avoir des
services directement dans leurs communautés.
Maintenant,
Mme la Présidente, sur l'importance des CLSC de façon générale. Ils ont leur
place. Est-ce que... Et je le sais, que le
député qui présente la motion aujourd'hui, là, n'est pas contre... et sa
formation politique, n'est pas contre le
modèle d'interdisciplinarité non plus. Parce qu'il y a certains modèles que le
ministre a présentés tantôt, dans sa liste, là, dans son amendement, les cliniques d'IPS... Je le sais, que sa
formation politique milite depuis des années, avec raison, pour la mise en
place davantage de cliniques d'infirmières. Alors, il y en a, d'autres modèles,
qui peuvent être louables. Il y a des
modèles, dans certains milieux, qui peuvent être, à nos yeux, utiles,
acceptables. Le modèle de superclinique en Outaouais, là, il a fonctionné très bien, pendant longtemps, dans un
milieu urbain. Maintenant, ça change, on va voir ce que ça va donner, mais
c'est un modèle qui, pour nous, même s'il y avait un accès... ou, disons, s'il
y avait une propriété privée d'une
clinique comme celle-là, peut très bien donner des services aux citoyens. Là où
ça peut devenir problématique, c'est si un gouvernement encourage la
pratique ailleurs de ce CLSC là, si la rémunération n'est pas adéquate, si les
services d'autres professionnels et du CLSC, ensemble, n'arrivent pas à
répondre à la demande.
•
(15 h 50) •
Là,
je vous donne l'exemple du CLSC tout près de chez moi, à Aylmer. À tous les
matins, à tous les matins, qu'il fasse froid, qu'il pleuve, il y a des
personnes âgées qui font la file à l'extérieur du CLSC, à tous les jours, pour
avoir de simples prélèvements sanguins, à tous les jours, à tel point que le
CISSS... — j'allais dire le
CIUSSS, pas encore — le CISSS de
l'Outaouais a dû demander à ce que les portes soient ouvertes plus tôt pour que
les gens cessent d'attendre dehors.
C'est-à-dire que, pour des personnes qui ne sont pas capables de se payer les
services du privé pour des prélèvements...
quelque chose d'aussi simple que les prélèvements sanguins, là, des gens qui se
tournent nécessairement vers le
réseau public, des gens qui veulent quelque chose à proximité de chez eux,
l'avenue qu'ils voient, ce n'est pas un GMF, ce n'est pas une clinique
d'IPS, ce n'est pas une superclinique. Pour eux, c'est le CLSC.
Alors, de savoir... de demander, aujourd'hui,
de maintenir l'intégralité de la mission actuelle des CLSC dans le projet de
loi n° 15, c'est la moindre des choses, c'est la moindre des choses. Et je
comprends la motion du député de Québec solidaire. Et le ministre a raison sur une chose : il va falloir le
prendre morceau par morceau, son projet de loi, parce qu'on en a fait... Nous
aussi, là, on l'a épluché comme il faut au cours de la fin de semaine. On a
regardé à peu près... Je n'ai pas la prétention d'avoir lu tous les articles un
par un, mais on n'est pas loin. Et, si on ne le prend pas morceau par morceau,
il va nous en manquer des grands bouts. On a tous des angles morts. Il y a,
tous, des choses qu'on n'aura pas vues là-dedans.
Alors, qu'on commence par parler des CLSC,
tant mieux, parce que, je l'avoue bien honnêtement, là, moi, je ne l'avais pas
vu, ce bout-là, dans les 1 180 articles qu'on a tenté d'éplucher en
fin de semaine. Alors, s'il y a un enjeu par rapport à la mission des CLSC,
s'il faut les protéger par rapport à des changements annoncés dans le projet de
loi, je pense qu'on
a le devoir de le faire.
Et, quand j'entendais, du coin de l'oeil, le
ministre, tantôt, nous dire : Ah! bien, on va commencer l'étude sous peu,
probablement après les consultations, au début mai, mi-mai, je lui rappelle
qu'il a lui-même suggéré que ce projet de loi là soit adopté au mois de juin,
1 180 articles, des articles qu'on n'a pas tous lus de la même façon,
vus de la même
façon, interprétés de la même façon, qui vont nécessiter des clarifications,
pour lesquels certains groupes se sont déjà prononcés,
d'autres qui, disons, se font encore attendre. Mais il va falloir prendre le
temps de faire les choses correctement. La dernière chose, Mme la Présidente, qu'on devrait vouloir, c'est de se
rendre à l'article 160 au mois de juin et qu'on arrête là. Qu'on le fasse en accéléré ici, en
Chambre, pendant une nuitée, ce serait un grand manque de respect, disons,
envers les missions fondamentales de plusieurs parties de notre réseau
de la santé.
Mais
moi non plus, à l'instar du député de Québec solidaire, là, je ne me gênerai
pas, pendant ce débat-là, d'amener les
points qui, selon nous, méritent considération, parce que, le projet de loi,
qu'on l'aime, qu'on ne l'aime pas, va apporter des changements majeurs dans le
réseau de la santé. Est-ce qu'il va apporter des changements majeurs positifs
pour les patients? Ça reste à voir. Et, à
première vue, je vous dis, Mme la Présidente, ce n'est pas simple à trouver,
les items qui vont avoir un impact
direct, du moins à court terme, là, sur des soins offerts aux patients. Le
ministre le dit lui-même, ça va prendre des années avant que ça se voit
dans les soins offerts.
Mais il y a une chose qui nous apparaît
claire tout de suite, et ça, ça ne peut pas être une bonne nouvelle pour de petits centres de santé, dont les CLSC à Rapides-des-Joachims, à Otter
Lake, à L'Isle-aux-Allumettes, à Couillons et ailleurs, c'est que c'est un projet de loi qui est
immensément centralisateur. Quand le ministre nous dit : C'est de la
décentralisation parce qu'il va y
avoir un gestionnaire, il va y avoir un gestionnaire, d'accord, pas une
mauvaise chose, mais, si on ajoute un
gestionnaire pour enlever un comité des usagers local, ce que le projet de loi
fait, ça, ce n'est pas une bonne chose puis ce n'est pas de la
décentralisation.
Si on prend nos comités des usagers à
l'hôpital de Shawville, à l'Hôpital de Hull, à l'Hôpital de Gatineau, à l'Hôpital de Maniwaki, à l'hôpital de La Pêche, à l'hôpital
de Buckingham et qu'on fait un comité des usagers régional, je m'excuse, ça, c'est de la centralisation. Si on enlève des
conseils d'administration... Parce que c'est ça qu'on fait, là. On peut appeler
ça des conseils d'établissement maintenant,
on peut se dire, comme le ministre le dit, qu'ils ont un pouvoir, ou une
obligation, ou une responsabilité de
mesure de performance et de reddition de comptes, les gens qui s'impliquent aux
conseils d'administration régionaux ne sont pas là pour faire de la
reddition de comptes, ils sont là pour aider à prendre des décisions par rapport aux soins qui sont offerts,
par rapport à l'administration du centre de santé. S'il n'y a plus ce conseil
d'administration régional là, si les décisions sont prises à Québec, c'est de
la centralisation. S'il n'y a plus l'opportunité d'avoir un comité de plaintes local ou régional, quitte à avoir un
comité de plaintes national, c'est de la centralisation, et la personne, le citoyen qui se tournera vers ces
instances-là ou qui se tourne aujourd'hui vers ces instances-là locales pour
voir des améliorations à son centre de santé local, à son établissement local,
bien, il va trouver que Québec, c'est bien, bien, bien loin de ce qui se passe
à l'hôpital de Shawville pour faire une telle plainte.
Alors,
on ne se gênera pas pour dire qu'il y a des améliorations nécessaires dans ce
projet de loi là, qu'il y a des choses qui nous apparaissent bonnes mais qu'il y a
des choses qui nous apparaissent contre-productives aussi. Alors, si le député a trouvé un élément dans le projet de
loi n° 15 qui met à mal l'intégralité de la mission des CLSC, on va voter
avec lui aujourd'hui et on votera avec lui
au moment de l'étude article par l'article du projet de loi sur ce point-là. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un intervenant
ou
une intervenante du gouvernement. Mme la députée de Marie-Victorin, la parole
est à vous.
Mme Shirley
Dorismond
Mme
Dorismond : Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, je vais vous présenter un peu
l'historique qui m'amène à expliquer pourquoi
que les CLSC sont très importants pour notre gouvernement. Première des choses,
le premier ministre m'a nommée adjointe parlementaire aux Services
sociaux et dans l'équipe santé, et, dans la dernière législature, j'ai fait un travail de terrain colossal. Et aussi je suis
sur le terrain afin de bonifier l'accès et les services en CLSC. On m'a
honorée de me donner ce mandat-là, car... par mes 20 ans d'expérience et
d'expertise en première ligne. Donc, s'il y
a quelqu'un qui peut vous dire que les CLSC, c'est très important pour la
prévention et les services qui sont offerts en CLSC, c'est bien moi.
Donc, j'y travaille, Mme la Présidente, à consolider les CLSC. Je fais une
tournée.
En
négociation, lors de la dernière négociation avec notre gouvernement, notre
gouvernement a été le seul, pas le PQ, pas
le PLQ, le seul à reconnaître la santé communautaire, soit les CLSC, à sa juste
valeur. Ça fait que, pour moi, ça, c'est important.
Dans la dernière campagne électorale, Québec
solidaire voulait imposer des conditions de travail aux gens des CLSC en nommant qu'on soit au travail 24 heures
sur sept. Ce n'est pas la bonne solution, parce qu'on doit travailler pour
chaque territoire les besoins et les
enjeux. Est-ce que le soutien à domicile dans un territoire x pourrait
faire en sorte qu'après une évaluation on évalue que, dans ce
territoire-là, on a besoin d'un soutien à domicile 24/7, on a besoin d'un
soutien à domicile soins palliatifs 24/7? Est-ce qu'on pourrait voir
aussi, dans l'organisation du travail, comment faire des visites à domicile en région, télémédecine, par exemple?
Avec Santé Québec, tout ça, ça va être possible. Pourquoi? Le mur-à-mur,
ce n'est plus possible. Le statu quo,
ce n'est plus possible. Il faut arrêter d'avoir une formule d'imposition. Il
faut regarder les besoins de chaque territoire et les enjeux de chaque
citoyen.
Notre
gouvernement, dans le budget 2023-2024 : 964 millions pour
augmenter l'offre de services du soutien à domicile.
Et je vous rappelle que les oppositions ont voté contre ce budget. Si ça, ce
n'est pas de l'investissement en CLSC, je ne sais pas c'est quoi.
•
(16 heures) •
Les CLSC travaillent en amont avec d'autres
services offerts à la population. Il faut se rappeler aussi que le GMF fait
partie du CLSC, les pharmacies communautaires, les CHSLD, les hôpitaux. Le
réseau de la santé, ce n'est pas juste les CLSC,
c'est un tout, et tout le monde doit travailler ensemble. Le réseau de la
santé, c'est la première ligne, la deuxième ligne et la troisième ligne.
Le CLSC, il a un rôle à jouer, tout un rôle à jouer en première ligne.
Notre plan de santé, c'est quoi? C'est une
meilleure première ligne, un meilleur accès aux soins pour tous les Québécois.
C'est vrai qu'il reste beaucoup à faire. Vraiment, il y en a beaucoup à faire.
Je fais mes tournées, je vois tout qu'est-ce qu'il y a
à faire, j'y travaille depuis 20 ans, je continue ma mission, mais on se
donne tous les moyens pour réussir, avec le budget de santé qu'on a
adopté.
Mais,
depuis la réforme de 2015, effectivement, c'était une problématique. L'ancien
ministre de la Santé, il l'a dit
publiquement, il aurait rêvé d'avoir les moyens budgétaires pour faire son
projet de loi, mais il ne l'a pas eu. Conséquence,
c'est vrai, c'est la première ligne qui a plus été touchée. Mais, Mme la
Présidente, j'y travaille, à consolider les CLSC, on m'a donné ce
mandat-là.
Notre
gouvernement est le premier à reconnaître les professionnels de la santé pour
la prise en charge pour tous les Québécois.
Ça veut dire qu'on vient renforcer la première ligne et déployer
23 cliniques d'IPS. Et ces cliniques d'IPS vont être où? En CLSC, à l'intérieur des CLSC. Et en plus on donne une
directive : les cliniques d'IPS doivent être en CLSC et elles vont
toucher la première ligne, les maladies courantes et la santé mentale pour une
bonne prise en charge.
Pour améliorer l'accès, là, de la première
ligne, on doit s'assurer d'une meilleure prise en charge pour les patients. C'est ce qu'on fait avec les ouvertures de
cliniques d'IPS. L'important, tout d'abord, c'est d'avoir accès au bon
professionnel au bon moment et pour
le bon service. Une des meilleures solutions pour y arriver, c'est le
décloisonnement des professionnels et des actes médicaux. On l'a fait.
Depuis le 25 janvier 2021, les IPS peuvent réaliser plusieurs soins
médicaux comme diagnostiquer les maladies,
prescrire des examens diagnostiques, déterminer et prescrire des traitements
médicaux, prescrire et administrer ou
ajuster des médicaments et d'autres substances, effectuer des suivis de grossesse.
Et tout ça, ça se fait où? En CLSC.
Les pharmaciens. Les pharmaciens, maintenant,
travaillent en GMF : prolonger une ordonnance pour les mêmes durées que
celles que prévues pour l'ordonnance initiale, ajuster des ordonnances faites
par un médecin, une infirmière, un dentiste
ou tout autre professionnel de la santé, prescrire, administrer des vaccins à
toute personne âgée ou de six ans et plus.
On
a également mis en place un grand chantier de décloisonnement de professions.
Mais pourquoi? Parce qu'il faut en faire
plus. Tout le monde s'entend pour dire, incluant les ordres professionnels,
qu'une meilleure prise en charge pour
des patients passe par des meilleurs accès à la première ligne, aux
professionnels de la santé. Les Québécois n'ont pas toujours besoin de voir un médecin de famille, et
c'est pour ça qu'on développe des actes médicaux pour les professionnels
de la santé. Pour
atteindre l'objectif, le ministère a entamé un grand chantier de collaboration
avec tous les ordres professionnels et
le Conseil du trésor, et c'est pour ça qu'on travaille avec les GMF, les CLSC,
les pharmacies communautaires pour renforcer la première ligne, M. le
Président.
On maximise la mission des centres de
vaccination avec 1,3 milliard sur cinq ans. Et je rappelle, encore une
fois, les oppositions ont voté contre le budget. On va faire des prélèvements
et certains tests de désengorgement dans les urgences et assurer l'accès de
toutes les régions. Et, savez-vous quoi, cela se retrouve, M. le Président, en
première ligne.
Santé mentale, je vais le répéter parce que
ça me fait du grand bien, aucun, aucun, aucun gouvernement n'a autant investi
en santé mentale. Pour 2023‑2024, on a investi 1,9 milliard de
dollars en santé mentale, et ça, ça donne plus d'un demi-milliard de dollars de plus que l'ancien gouvernement libéral.
Est-ce qu'on a à coeur le bien-être de la population, M. le Président?
La réponse, c'est oui.
On
continue avec plusieurs investissements en santé mentale :
76,3 millions sur cinq ans pour développer des initiatives innovantes pour favoriser l'accès en santé mentale, 25
millions sur cinq ans pour continuer d'appuyer nos centres de crise,
25 millions sur cinq ans pour offrir des services psychosociaux taillés
sur mesure pour aider les nouveaux patients
à faire face aux difficultés de ces... qu'est-ce qui est présent devant eux,
13 millions sur cinq ans pour sensibiliser encore davantage les Québécois aux questions entourant la santé mentale,
à leur faire connaître les ressources existantes, comme le 8-1-1 Info-Social.
Ça se trouve où, ça, M. le Président? En CLSC. Les investissements effectués
nous ont permis de passer de
168 923 patients évalués en 2019 et 2020 à 250 000 en 2021 et
2022. Et c'est quoi, ça? C'est le Guichet d'accès, M. le Président. Et ça se retrouve où, le Guichet d'accès? En
CLSC. Pour ce qui est de la liste d'attente pour les jeunes de moins de 18 ans en santé mentale...
celles-ci ont diminué de 15 % en février 2022 et février 2023. Mme la
Présidente, ça se retrouve où? En CLSC.
Donc, je rappelle que les oppositions ont
voté contre ce budget. Mme la Présidente, si ce n'est pas de l'investissement en première ligne, en prévention, je ne sais pas
quoi dire à Québec solidaire pour qu'ils comprennent qu'on travaille pour
améliorer l'accès à la première ligne et les services de santé pour le
bien-être de la population.
La prévention, c'est un mandat principal des
CLSC. Si on veut désengorger les hôpitaux, il faut travailler en amont des
hôpitaux. Pour moi, la promotion de la santé, prévention primaire, secondaire
et tertiaire, c'est là-dessus qu'on travaille. En prévention, on a dévoilé,
l'an passé, la Politique gouvernementale de prévention en santé. Ça s'avère des
moyens d'action clés du plan de santé
ministériel : intensifier les efforts, exercer le leadership fort en
matière de prévention, enfance,
famille, jeunesse, DI, TSA, Agir tôt, cliniques jeunesse, Aire ouverte,
planification des naissances, jeunesse et adultes, UDI, UPS-Justice, GMF, services courants, ITSS, infections
transmises sexuellement ou par le sang, santé mentale première ligne, soins à domicile, accueil
psychosocial, cliniques IPS, prise en charge de maladies courantes et santé
mentale. Toutes les campagnes de promotion de la santé passent par qui?
Par les CLSC.
Donc, pour moi, c'est superimportant que...
la décentralisation est vraiment essentielle. C'est ainsi que les réalités régionales des citoyens sont prises en compte. On
a un plan de décentralisation concret dans Santé Québec. L'important, c'est
d'abord d'avoir les bons professionnels au bon moment pour le bon service.
Dans le p.l. n° 15, on ramène également les DSI, la direction médicale,
la Direction des services sociaux pour s'assurer de la trajectoire du patient.
Que ce soit de la première ligne à la troisième ligne, personne ne sera oublié,
comme ça,
on va s'assurer d'avoir une bonne coordination dans le réseau, de la première
ligne à la troisième ligne.
Santé
Québec nous permet de revoir certaines mesures, d'évoluer avec le temps,
d'arrêter de vouloir toujours s'attacher les
mains, d'arrêter d'être dans le statu quo, dans le mur-à-mur. Ce n'est pas
possible, les besoins sont différents dans
chaque territoire. Ce n'est pas une question de mission, c'est une question de
besoins. Le patient doit être au coeur des décisions.
Et, Mme la Présidente, je terminerais sur un
moment important, c'est de dire qu'il faut travailler ensemble, il faut travailler en commission, il faut avoir des
échanges constructifs, mais surtout de penser aux soins et au bien-être des
Québécois pour avoir des soins plus humains et plus efficaces. Merci,
Mme la Présidente.
•
(16 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
La Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci, Mme la Présidente. Alors, le député de Rosemont nous a parlé d'un
CLSC en milieu urbain.
Le député de Pontiac nous a parlé d'un CLSC
en milieu rural. Je vais me permettre de saluer le CLSC
Samuel-De Champlain, qui est en milieu, je dirais, quasi urbain,
sur la Rive-Sud de Montréal, à Brossard, avec un point de service, également, à
Saint-Hubert. Je salue le travail qu'ils font. C'est un travail exceptionnel de
prévention, comme Mme la députée de Marie-Victorin
l'a si bien mentionné. Je pense qu'on ne peut pas se passer des CLSC. Et
effectivement il y a la mission... il
ne faut pas que tout soit du mur-à-mur et que ce soit... que les services qui
sont offerts, que ce soit en CLSC ou ailleurs, soient offerts en
fonction des besoins de la population. C'est absolument important et
nécessaire.
Cela dit, j'aimerais parler du soutien à
domicile, des soins à domicile. Alors, ça passe par les CLSC, et il y a
d'énormes sommes qui y ont été consacrées, qui sont encore consacrées dans le
budget, et ça, je le reconnais. Par contre, ce qu'on me dit, c'est que les sommes
importantes qui sont consacrées pour les soins à domicile ne se rendent pas
toujours sur le terrain et retournent vers
le milieu hospitalier par manque de ressources pour offrir les services de
soins à domicile. Alors, peut-être
que notre collègue de Marie-Victorin va se pencher là-dessus, également, ou
peut-être le ministre de la Santé.
Alors,
comme porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés et les proches
aidants, bien entendu que je veux insister là-dessus, parce que, les
besoins, pour les aînés, si on veut les maintenir à domicile le plus longtemps,
il faut leur offrir des soins ou du soutien,
sinon ils ne pourront pas rester chez eux. Et, comme on le sait, avec les
fermetures et conversions qui se multiplient de semaine en semaine dans les
RPA, les aînés, à un moment donné, vont frapper un mur. Nous, comme société, on va frapper un mur, parce
que ces personnes doivent pouvoir se loger quelque part et doivent pouvoir bénéficier
d'une aide, donc important que les sommes puissent se rendre sur le terrain
pour que les aînés qui en ont besoin puissent vraiment en profiter et
recevoir les services.
Je
me permets de faire une proposition qui se veut constructive. Étant donné que
les CLSC travaillent aussi, collaborent
aussi avec le milieu communautaire... Par exemple, dans La Pinière, le CLSC
Samuel-De Champlain est en collaboration avec les popotes roulantes, qui
vont apporter des repas chez des personnes aînées qui en ont besoin et qui
agissent aussi comme vigie, peuvent voir, chaque fois qu'il y a une livraison,
deux fois par semaine, si la personne se porte
bien, s'il semble y avoir des changements dans son état de santé, dans son état
cognitif, si elle semble peut-être malade, un petit peu mal en point. Il y a un retour qui se fait au CLSC et puis
il y a une prise en charge. Alors, c'est une excellente collaboration au
niveau communautaire.
Et la proposition que j'aimerais faire, c'est
que, dans certaines régions du Québec, depuis trois ans, il y a des projets pilotes de gériatrie sociale. On connaît beaucoup
la pédiatrie sociale et on l'accueille, mais il y a aussi de la gériatrie
sociale qui se fait, qui mise sur les forces vives du milieu, c'est-à-dire des
personnes qui peuvent travailler dans un commerce fréquenté par une personne aînée qui habite seule
chez elle, et ces personnes-là sont formées et ont une... sont formées comme
des sentinelles, finalement, et ont point de chute pour... ce n'est peut-être
pas le meilleur mot, mais pour se référer à une autre personne qui est formée en soins pour les aînés et qui
peut... Donc, les sentinelles peuvent avertir cette personne-là s'ils
voient qu'il y a quelque chose qui ne semble pas aller avec les personnes
aînées qu'ils côtoient au jour le jour. Alors,
c'est un projet pilote qui fonctionne bien dans certaines régions du Québec. Ça
pourrait être intéressant de donner un financement pérenne à ces projets
pour qu'il y en ait dans toutes les régions du Québec, et ça pourrait se faire,
fort probablement, en lien avec le CLSC, puisque c'est vraiment de l'action
communautaire, locale, de proximité. Et ça pourrait...
c'est quelque chose qui se fait de manière efficiente. La Fondation AGES
déterminait que, selon ses calculs, si deux intervenants... chaque
intervenant, plutôt, dans la gériatrie sociale, réussissait à éviter deux
chutes, c'est-à-dire deux hospitalisations
de personnes âgées causées par des chutes dans leur domicile ou à l'extérieur
de leur domicile, déjà ça amènerait le financement de la gériatrie
sociale à coût nul. Alors, c'est une proposition que je fais, dans les travaux,
peut-être, de notre collègue la députée de
Marie-Victorin, ou du ministre de la Santé, ou de la ministre des Aînés, de
regarder cette avenue-là pour qu'on
soit en mesure de prendre soin des aînés dans les années qui viennent, parce
qu'il va y avoir de plus en plus d'aînés, étant donné le vieillissement
de la population.
Aussi, le ministre a parlé des centres de
vaccination ou centres de services. Personnellement, j'ai trouvé que, pendant la pandémie, ces centres de vaccination étaient
très efficaces, très efficients. Et ce que je me disais, chaque fois que
j'allais me faire vacciner :
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'organiser certains soins, parce qu'on
s'entend que ça ne peut pas être fait pour tout, mais sur le modèle de ces
centres de vaccination, où ça roule, c'est... il y avait un grand nombre de
personnes qui étaient reçues, ça se passait
bien, il n'y avait pas une longue attente. Évidemment, on comprend, tout le
monde recevait la même chose, mais est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de
voir comment ce modèle-là pourrait être peut-être un peu modulé, mais servir pour d'autres types de soins rapides, pour
s'occuper d'une personne qui a une foulure ou bien une personne qui se
fait — bon, je vais
utiliser le terme entre guillemets, là, qui va vous faire rire peut-être — un petit bobo qui pourrait être... que quelqu'un pourrait
soigner ou simplement rassurer la personne pour dire : C'est beau, il n'y
a pas d'infection là, vous pouvez... ou peut-être qu'il y a une
infection, puis on peut vous donner une ordonnance? Alors, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'utiliser ces
centres de services ou de vaccination, s'inspirer de ce modèle-là pour certains
types de soins, qui dégageraient la première
ligne et qui feraient en sorte que les gens ne se tourneraient pas vers
l'hôpital parce que le CLSC est
fermé, parce qu'ils n'ont pas de médecin de famille, parce que la clinique ou
le bureau du médecin de famille est fermé? Alors, c'est une... ça se
veut une proposition constructive aussi.
Et, les prélèvements, il y a beaucoup de
prélèvements qui se font en CLSC. Encore une fois, pour ce qui est des
personnes aînées, c'est parfois difficile de se déplacer. Est-ce qu'on pourrait
peut-être penser avoir une équipe volante de
prélèvements pour certaines, peut-être, grandes... des grandes résidences pour
aînés, ou des plus petites, pour pouvoir aller faire les prélèvements
sur place?
Bref, CLSC, c'est important, mais, je pense,
aussi les autres services qu'on peut rendre à l'échelle locale, le plus possible, il
faut les encourager. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître un autre
intervenant. Peut-être M. le député des Îles-de-la-Madeleine, étant donné que
votre groupe n'a pas encore eu la parole. Je vous la cède immédiatement.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis content de pouvoir apporter ma
contribution à ce débat important sur
l'avenir des CLSC dans le cadre de la réforme, le projet de loi n° 15
déposé par le ministre de la Santé, parce que les CLSC, il faut le dire, c'est
un modèle qui est absolument remarquable mais, malheureusement, qu'on n'a pas su faire cheminer, là, jusqu'au bout de
son potentiel pour rendre des services dans toutes les communautés du Québec,
rendre ces services accessibles tant sur le
plan de la santé physique, que de la santé mentale, que des services, par
exemple, offerts et des soins à domicile.
Les
CLSC doivent nécessairement continuer, et être, justement, davantage financés,
et être dotés des ressources qui nous
permettraient de faire de cette structure-là, proche des gens et des milieux
desservis, véritablement la porte d'entrée du système de santé. C'est essentiellement ce que nous proposions,
d'ailleurs, dans notre propre plan pour améliorer le système de santé lors des dernières semaines, des
derniers mois, là, à l'occasion de la campagne électorale, faire des CLSC
une véritable porte d'entrée ou de vraies cliniques de proximité, mais ça passe
par une autonomie plus grande.
•
(16 h 20) •
Et là, aujourd'hui, bien, ce dont on discute,
c'est de la mission, la mission des CLSC qui disparaîtrait, pour chaque CLSC, pour chaque entité locale, au profit d'une
mission plus générale, plus globale au sein de Santé Québec. Du moins, c'est la perception qu'on en a, à l'heure
actuelle. C'est l'intention du ministre, de gérer le système de santé de façon
à ce que ça couvre l'ensemble des
territoires et des régions du Québec, avec des paramètres et des orientations
qui soient globales. Nous allons, évidemment, collaborer et travailler
pour s'assurer que ces intentions-là du ministre et du gouvernement n'aillent
pas à l'encontre d'un service qui soit, lui, offert selon les besoins propres
de chacune des communautés du Québec. Donc,
il faudra s'assurer... Si on veut véritablement parler de décentralisation,
c'est qu'il faut mettre de la chair autour
de l'os. Et, s'il y a une mission globale pour l'ensemble du système de santé à
travers Santé Québec, il faut qu'on puisse
retrouver des particularités, et des spécificités, et une modulation de l'offre
de services et des soins de santé pour chacune des communautés
desservies par nos professionnels, notamment à travers les CLSC.
Donc,
l'autonomie de gestion doit être complète. On ne peut pas juste dire qu'on va
nommer des gestionnaires localement, il faut
que les gestionnaires aient une pleine et entière autonomie pour ajuster
l'offre de services aux besoins de la
communauté. Il faut, évidemment, que le financement suive et que les ressources
humaines soient à la disposition de ces CLSC dans toutes les gammes des
services qu'on... dans toute la gamme de services qu'on veut offrir. Si on veut
éviter d'avoir une accumulation de gens qui
cognent à la porte des urgences, mais il faut avoir une alternative, et le CLSC
est l'alternative tout indiquée pour... quelque chose comme 60 %, là, des
problèmes de santé que peuvent éprouver les Québécois, nous pourrions... si on était équipés convenablement et que
les CLSC soient dotés des ressources adéquates, on pourrait gérer, comme clinique de proximité de
première ligne, quelque 60 % des cas au CLSC, mais il faut que les
ressources soient disponibles, il faut qu'elles soient aussi autonomes
dans leurs pratiques.
Quand on parlait, par exemple, du
décloisonnement des professions, c'est au coeur, évidemment, de la mission
qu'on
poursuit avec les CLSC pour pouvoir les rendre véritablement efficaces et qu'on
puisse optimiser les services qui sont livrés dans les CLSC, dans toute la
gamme des services qu'ils peuvent offrir.
Le ministre s'enorgueillissait, tout à
l'heure, d'avoir créé des postes d'infirmières praticiennes spécialisées dans
certains CLSC, dans certaines cliniques qui ont maintenant pignon sur rue
depuis quelques mois. C'était une demande que nous faisions depuis des années, alors,
évidemment, on ne boudera pas notre plaisir, on est contents que le ministre
ait enfin agi, mais pourquoi ne pas
continuer dans cette voie-là et de s'assurer que ces infirmières praticiennes
spécialisées ou cliniciennes soient
disponibles dans les CLSC et qu'elles puissent véritablement, là, offrir des
services selon l'ampleur de leurs compétences et à leur plein potentiel?
Le
dernier élément que je voudrais aborder, parce que le temps me manque, et c'est
peut-être là ce qu'il faudra vérifier avec
le projet de loi, c'est que les CLSC étaient, au moment de leur formation, au
moment de la mise en place, des structures démocratiques qui permettaient à la
population, aux gens desservis, aux citoyens d'avoir un mot à dire sur
les services auxquels ils sont en droit de
s'attendre, une rétroaction, également, sur les services qui sont offerts, et
ils pouvaient également demander que des services soient améliorés ou
que tel équipement soit maintenant rendu disponible pour la communauté. Cet élément-là va être évacué de la
réforme qui est présentement devant nos yeux, et c'est la raison pour laquelle
nous voudrons discuter de ce pouvoir-là des usagers et des citoyens. Merci, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède
la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie :
Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Mon collègue le député de Rosemont a expliqué,
tout à l'heure, toutes ses craintes par
rapport à la perte de responsabilité populationnelle des CLSC, et je joins ma
voix à la sienne, parce que je suis assez inquiète de ce que je vois
dans le projet de loi.
Le
ministre a dit beaucoup de choses, tout à l'heure, il a pris le temps de
répondre, mais regardons ce qui est réellement écrit dans son projet de loi.
Lui-même nous a parlé de l'article 3. Il ne l'a pas lu, dans son
intervention, il a exposé sa vision. Je
pense qu'on... Je comprends pourquoi il ne l'a pas lu ici, devant tout le
monde, mais j'espère qu'il a pris le
temps d'analyser le contenu de l'article 3. Puis moi, je vais vous le lire
parce que ce qui compte, au final, ce n'est pas sa vision, c'est ce qui est
écrit dans la loi, là. Ça m'intéresse, sa vision, ça devrait tous nous
intéresser, mais, une fois la loi adoptée, les gens vont appliquer la
loi, ils ne vont pas appliquer la vision du ministre.
Donc,
à l'article 3, voici ce qu'on lit : «La mission d'un CLSC est
d'offrir en première ligne des services de santé
et des services sociaux courants et, à la population du territoire qu'il
dessert, des services de santé et des services sociaux de nature
préventive ou curative, de réadaptation ou de réinsertion.» Jusqu'ici, tout va
bien.
Voici ce qui est biffé : «À cette fin,
l'établissement qui exploite un tel centre s'assure que les personnes qui
requièrent de tels services pour elles-mêmes ou pour leurs familles soient rejointes,
que leurs besoins soient évalués et que les services requis leur soient offerts à l'intérieur de ses installations ou dans
leur milieu de vie, à l'école, au travail ou à domicile ou, si
nécessaire, s'assure que ces personnes soient dirigées vers les centres, les
organismes ou les personnes les plus aptes à leur venir en aide.» Tout ça est
biffé, c'est quelque chose qu'on enlève dans le projet de loi.
Puis, ça continue : «La
mission d'un tel centre est également de réaliser des activités de santé
publique sur son territoire, conformément aux dispositions prévues dans la Loi
sur la santé publique.»
Au moins, on garde le bout sur la santé publique,
hein, c'est encore heureux, c'est un soulagement. Mais ce qui est biffé est
extrêmement important, on enlève la responsabilité de rejoindre les personnes
qui ont besoin de services. Qu'est-ce que ça
veut dire? Ça veut dire que les gens vont devoir eux-mêmes aller chercher des
services. Il y a énormément de gens
qui le font, évidemment, mais c'est certain qu'on va échapper du monde, parce
qu'actuellement il y a une proactivité des
CLSC pour aller dans la communauté, faire connaître les services auprès des
gens qui ne les demandent pas. On peut penser aux populations plus
vulnérables, aux populations immigrantes, qui ne connaissent pas
nécessairement, là, les services existants.
Donc, arrêter de faire ça, d'agir en amont pour aller proposer des services au
sein de la population, c'est prendre
le risque que des personnes qui ont besoin de services ne les reçoivent pas
parce qu'ils n'iront pas les chercher et que personne ne va aller vers
eux.
Est-ce
qu'ils vont continuer, par exemple, d'offrir la vaccination dans les écoles ou
bien il va falloir seulement appeler dans un
CLSC et prendre rendez-vous pour y avoir accès? Puis je le demande parce que,
dans le projet de loi, c'est très
clair, là, ce que je viens de vous lire à l'article 3, on enlève la
responsabilité d'évaluer les besoins et d'offrir les services requis dans le milieu de vie, au travail ou à
domicile. Ce ne sera plus une responsabilité, ils ne seront plus obligés de
faire ça, évaluer les besoins et offrir les services dans le milieu de
vie, à l'école ou à domicile.
Ça, ça veut dire qu'il n'y a plus
d'obligation d'aller sur le terrain à la rencontre des gens, plus d'obligation
d'avoir des infirmières dans les écoles, par exemple, plus d'obligation
d'envoyer des orthophonistes dans les CPE pour faire du dépistage, alors que ça tient à coeur à ce
gouvernement-là, avec leur projet Agir tôt, plus d'obligation de faire ça. Ce
sont des services qui sont très précieux, en ce moment, pour la vaccination, la
prévention des ITSS, le dépistage dans le développement des enfants. On a besoin de maintenir ces services-là.
C'est préoccupant, qu'on n'en maintienne pas l'obligation.
Moi, je ne veux pas qu'on perde ça puis je le
sais, que tout ça tient avec de la broche, en ce moment. Puis ce qui
m'inquiète, c'est que, s'il n'y a plus une obligation de faire ça comme il y en
a une en ce moment, où pensez-vous que les gestionnaires sur le terrain vont
couper quand ils vont être à court de personnel? Et ça promet d'être assez
souvent
le cas, là, on ne fera pas... on ne s'attend
pas à des miracles ici, là, la pénurie de personnel, on en a quand même pour
des années avant de la résorber au
complet. Donc, s'il manque une infirmière en milieu hospitalier, tout ça est
fusionné ensemble, les CLSC ne sont plus obligés, là, de fournir des
infirmières pour les écoles, pensez-vous que les gestionnaires vont se gêner
pour aller chercher cette infirmière-là? Pensez-vous qu'ils vont se gêner?
Bien, ils vont le faire, comme ça a été fait pendant la pandémie,
d'ailleurs, là, il y a eu du délestage à ce moment-là. Il y avait des
circonstances particulières, évidemment, ça a été approprié de le faire
temporairement, mais, si on enlève la responsabilité populationnelle, à ce
moment-là, il va y avoir une passe gratuite
pour aller le faire parce qu'on n'aura plus la responsabilité d'avoir ces
services-là. Ils pourraient même être coupés, ces postes-là. Ça pourrait
même être des gestes qu'on pose à long terme, pas seulement dans des
circonstances ponctuelles.
Même chose avec tous les autres travailleurs
des CLSC qui vont dans la communauté pour agir en amont auprès des citoyens.
Moi, j'en ai vu, des infirmières, dans la rue, dans des organismes
communautaires en itinérance, être là pour répondre aux besoins des personnes
en situation d'itinérance. On a plusieurs qui ont des problèmes de santé,
plusieurs qui ont des enjeux de toxicomanie. C'est des gens qui ne
vont pas mettre les pieds dans un CLSC, là, ça prend des infirmières qui sont
sur le terrain pour les rejoindre. Et, si on n'a plus d'infirmière qui fait ça,
moi, je suis très inquiète qu'on ne réussisse plus à rejoindre ces
citoyens-là. Ce serait vraiment dommage de le perdre.
Donc, c'est ça que ça veut dire, là, la
responsabilité populationnelle, si on l'enlève, c'est le fait d'aller au-devant
des
demandes en étant présent dans la
communauté, c'est d'adapter les services aux réalités locales, et ça, c'est
extrêmement précieux. Si ce n'est
plus une responsabilité des CLSC, qui va prendre en charge de développer des
stratégies pour répondre aux besoins
des plus vulnérables dans leurs milieux de vie, dans leurs milieux de travail,
dans les organismes, dans les écoles, si ce n'est plus le CLSC qui est
responsable de ça?
Le ministre le sait très bien, là, puis je
pense que tout le monde ici est capable de le voir, quand quelque chose n'est la
responsabilité de personne, le risque est assez élevé que personne ne s'en
occupe parce que personne n'est imputable. Les
gens, là, sont tous bien occupés, là, dans un système de santé et services
sociaux. Si ce n'est pas leur responsabilité de faire quelque chose, bien, ils vont s'occuper de ce dont ils sont
responsables, puis le reste, bien, ça se peut que ça tombe dans une
craque. Ça, c'est extrêmement inquiétant.
Le ministre, il a déposé un amendement. Il
conserve notre demande de réitérer la responsabilité populationnelle des CLSC,
ça, c'est... bon, on va voir si ça se manifeste dans le projet de loi, parce
que je viens de vous lire l'article 3, mais il refuse quand même de
maintenir l'intégralité de la mission actuelle des CLSC dans le projet de loi
n° 15, c'est quelque
chose qu'il refuse. Dans son amendement, il
ne veut pas qu'on parle de l'intégralité de la mission actuelle des CLSC. Moi, j'aimerais
ça comprendre pourquoi. Je ne le sais pas, ce qui le dérange dans la mission
actuelle des CLSC.
•
(16 h 30) •
Il y a toute sorte de monde, dans les CLSC,
là, il y a des physiothérapeutes, des ergothérapeutes qui vont faire de la
réadaptation après une chirurgie, il y a des infirmières qui font des suivis
après un accouchement, il y a des travailleuses sociales qui
s'occupent des soins à domicile, il y a des professionnels qui évaluent les
retards de développement des enfants, il y
a des nutritionnistes qui font des suivis pour les personnes qui ont des
maladies chroniques, il y a des inhalothérapeutes qui vont ajuster
l'oxygène à la maison, là, des gens qui sont en... des personnes en fin de vie,
des psychologues, des travailleuses sociales qui rencontrent des personnes, des
jeunes qui ont des problèmes de santé mentale, des éducatrices spécialisées qui
font du suivi intensif en santé mentale, tout ça et bien plus encore. C'est
juste un aperçu. Tout ça est extrêmement important, puis ça fait partie de la mission actuelle des
CLSC. Donc, quand le ministre nous dit qu'il refuse, aujourd'hui, là, de
confirmer qu'il veut maintenir l'intégralité de la mission actuelle des CLSC,
ça crée une inquiétude importante. Moi, je suis inquiète. Il y a énormément de
gens qui sont inquiets de ça.
Et je veux bien qu'on se pose des questions
sur les meilleures manières d'améliorer notre système de santé. C'est évident qu'il faut poser des gestes, en ce moment,
en particulier pour améliorer l'accès aux soins, pour réduire les délais.
On est d'accord qu'il faut faire ça. Mais je
ne comprends pas pourquoi on s'attaque à la mission des CLSC. C'est qui, les
acteurs qui ont dit qu'il y avait un problème avec la mission des CLSC? Qui
demande de s'attaquer à l'intégralité de la mission des CLSC? Moi, je ne le
vois pas, là. Le seul problème que je vois avec les CLSC, en ce moment, je vous
dirais, c'est qu'actuellement ça arrive, des
citoyens qui se font refuser des consultations dans un CLSC en se faisant dire
qu'ils ne sont pas inscrits là, ils n'ont
pas de médecin là. Ça, ça ne devrait pas arriver, mais ça n'a rien à voir avec
ce que le ministre essaie de faire en ce moment.
On devrait même essayer d'élargir la mission
des CLSC, pas l'amputer. On devrait leur permettre d'agir plus souvent comme des
urgences mineures, par exemple, élargir leurs heures d'ouverture pour soulager
nos urgences. Il y a toutes sortes de petits problèmes de santé mineurs pour
lesquels, si on avait des CLSC ouverts 24/7, on n'engorgerait pas les
urgences avec ça, là. En ce moment, bien, ce n'est pas ce que le ministre est
en train de faire. Donc, le besoin, ce n'est certainement pas de réduire la
mission des CLSC comme le ministre le propose. Il y a bien trop de problèmes à
régler, en ce moment, dans le système de
santé et services sociaux pour risquer d'en créer davantage en amputant la
mission des CLSC.
Donc, j'invite le ministre à reconsidérer son
projet, à relire comme il faut l'article 3, à se demander pour quelle
raison il veut biffer cette phrase-là qui impose actuellement la mission aux
CLSC d'aller sur le terrain, d'agir en amont, d'aller dans les milieux de vie,
de travail, d'étude de la population, de leur territoire. Ce sont ces
gestes-là, actuellement, qui nous permettent d'agir en prévention. Il y a
énormément de gens qui nous le disent, qu'il faut agir davantage en prévention. Ce sont les
gestes qu'il faut poser, ce n'est pas ce qu'on devrait être en train de couper
en ce moment.
Donc,
je conclus ici, Mme la Présidente. J'espère que le ministre va prendre nos
inquiétudes au sérieux.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître un membre du
gouvernement. Mme la députée de Laporte, la parole est à vous.
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Merci, Mme la Présidente. Je suis choyée d'avoir l'opportunité
d'intervenir, parce que le sujet dont on
discute aujourd'hui me tient énormément à coeur non seulement parce que je fais
partie de la Commission de la santé et
des services sociaux, mais aussi parce que ça vient m'interpeler dans mon
expérience en tant qu'ancienne gestionnaire d'organisme communautaire.
Je
vous le rappelle, Mme la Présidente, les services communautaires dont le
ministre de la Santé a fait mention tantôt
font effectivement partie de la première ligne de soins qui travaille de près
avec les soignants et les intervenants des CLSC. Durant mes 12 années en tant que directrice d'organisme
communautaire, j'ai été témoin du travail important que ce milieu fait pour
soutenir des individus et familles faisant appel à leurs services. Quand on
parle de services de proximité, Mme la Présidente, on parle ici non
seulement de soins de santé, mais également de soins de soutien émotionnel. Le
communautaire répond à ce besoin. En fait, le milieu communautaire répond à
tellement de besoins.
Si
vous me le permettez, Mme la Présidente, je profite de cette tribune pour
souligner l'important travail de tous les
employés oeuvrant dans ce domaine. Les diverses missions répondent aux divers
besoins de la population. Ils sont extraordinaires.
Leur approche humaine, qui prend en considération les défis auxquels les
usagers sont confrontés, se fait en grande empathie, bienveillance et écoute
active. Ils rendent l'accès aux soins moins intimidant mais aussi plus
accessible à toutes les clientèles. Ils sont là pour accompagner la
population et les gens les plus vulnérables avec l'objectif de les guider dans leurs recherches et démarches de
services adaptés à eux et à leurs besoins. Situés dans les milieux de vie des
familles, ils se retrouvent souvent au coin de la rue. Les gens leur font
confiance. Le service offert par les travailleurs sociaux, les travailleurs de rue, les psychoéducateurs, les éducateurs
spécialisés, entre autres, sont essentiels parce qu'une première ligne
efficace préviendra l'engorgement des urgences, celui des CHSLD ou de la
Direction de la protection de la jeunesse.
Le ministre de la Santé parle souvent
d'interdisciplinarité. C'est tellement important, parce que le réseau est solide et joue un rôle de filet social, seulement, Mme la
Présidente, si tous les maillons de cette chaîne sont articulés autour du
même objectif, le bien-être du patient et
des bénéficiaires. Bref, la première ligne est tout un écosystème qui regroupe
plusieurs joueurs.
Plusieurs
changements ont déjà été faits, comme le décloisonnement des professions et la
délégation des soins aux infirmières praticiennes spécialisées. Vous savez,
quand on parle de mammouth, en parlant du réseau de la santé, nous ne sommes pas d'accord avec cette
affirmation. Sachez que c'est un réseau rempli de bonnes personnes avec de
bonnes intentions qui sont là par vocation, Mme la Présidente. Mais
effectivement, changer une culture organisationnelle pour plusieurs milliers de travailleurs du domaine de
la santé ne se fait pas du jour au lendemain. Cela prend du temps et de la
volonté. Tous doivent ramer dans la même direction. Et, oui, nous sommes tous
dans la même direction.
En
effet, Mme la Présidente, depuis août dernier, avec l'instauration du guichet
d'accès à la première ligne, c'est plus de
500 000 demandes au 8-1-1 qui ont été traitées, dont 55 % ont
été référés à un médecin ou à un pharmacien. Un grand nombre d'entre eux
se sont fait également conseiller des autosoins, c'est-à-dire des outils,
dirigés ou non, qui
font partie des interventions disponibles pour soigner le plus souvent les
jeunes, pour traiter leurs troubles dépressifs et anxieux. Cette trousse permet d'alléger le réseau de la santé,
notamment les tâches quotidiennes de nos infirmières. Ces alternatives sont des solutions concrètes pour
diminuer la pression sur nos urgences. Ce sont des services de première ligne,
organisés et efficaces.
Aussi,
afin d'aider les organismes à faire face à une demande accrue des besoins, le
gouvernement a investi 395,4 millions de
dollars sur cinq ans, dans le cadre du budget 2022‑2023, pour bonifier le
soutien à la mission globale des organismes financés par le Programme de
soutien aux organismes communautaires, communément appelé le PSOC. Mme la Présidente, l'injection de ce montant n'est
pas pour des projets dédiés, je rappelle que c'est pour la mission globale
des organismes. Notre gouvernement leur laisse donc toute la latitude dans la
gestion de leurs besoins.
À cela s'additionnent
565,4 millions de dollars sur cinq ans, dans le cadre du
budget 2023‑2024, prévus pour soutenir les
personnes les plus vulnérables, soit 194 millions de dollars
pour bonifier l'appui aux organismes communautaires oeuvrant dans le domaine de
la santé et des services sociaux; 211,2 millions de dollars pour
accroître les services en santé mentale, en itinérance, en dépendance;
50 millions de dollars pour créer de nouvelles places de répit pour
les parents d'enfants handicapés;
110,2 millions de dollars pour renforcer les soins et services pour
les jeunes en difficulté, notamment en cohérence avec les recommandations de la
Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la
jeunesse. Également,
25 millions de dollars seront investis pour la mise en oeuvre de
nouveaux projets qui permettront de diminuer l'engorgement dans les centres de
réadaptation pour les jeunes en difficulté, par exemple pour les jeunes en
difficulté d'adaptation ou ceux ayant une déficience physique ou
intellectuelle.
Mme
la Présidente, je tiens à préciser que 1 338 000 000 $
seront injectés pour les programmes et services pour les personnes atteintes d'une déficience intellectuelle ou un
trouble du spectre de l'autisme. Ces bonifications vont soutenir, offrir
plus d'accès et de meilleurs services pour les clientèles dans le besoin.
Vous
l'aurez compris, Mme la Présidente, le plan du ministre de la Santé est
cohérent et multifacettes. Il aborde de
front l'ensemble des défis que le Québec relève en santé. Donc, comment ne pas
aborder le travail communautaire comme s'inscrivant dans notre vision du
décloisonnement des professions? On conçoit le travail communautaire comme un complément à celui de nos infirmières, des
infirmières praticiennes spécialisées, des travailleurs sociaux, de nos
médecins et tous les employés dans le réseau. On ne peut pas passer sous
silence le travail exceptionnel qu'ils font pour la prévention et
l'éducation dans tous les milieux de vie. Je tiens à mentionner leur
collaboration essentielle avec les CLSC, les GMF et autres services de première ligne pour offrir les meilleurs soins
possibles. Mme la Présidente, Santé Québec s'assure de répondre aux
besoins et enjeux de chaque territoire. Merci.
•
(16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Peut-être un
autre intervenant du gouvernement pour les quelques minutes qu'il reste? M. le
député de Jonquière, vous voulez... Allez-y.
M.
Gagnon : ...est-ce
possible de mentionner peut-être le temps qu'il me reste, alloué?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui. Il vous reste
6 min 20 s, je crois.
M. Yannick
Gagnon
M. Gagnon : Parfait. C'est un plaisir, Mme la Présidente. J'en profite pour
remercier le député de Rosemont par rapport
à sa question qu'il soulève aujourd'hui en lien avec les inquiétudes sur
l'organisme de première ligne, qui est présent, d'ailleurs, il faut le souligner, qui est présent depuis 50 ans. Le
gouvernement du Québec a intégré les CLSC à même l'offre de services en
santé et services sociaux.
J'ai entendu beaucoup de collègues parlementaires
discuter, Mme la Présidente, échanger, et, je peux comprendre, on parle
beaucoup du maintien des acquis, de s'assurer du maintien des services.
J'espère... Et j'ai peu entendu, quand même, l'innovation, l'innovation,
Mme la Présidente.
Vous savez, les collègues de la coalition, souvent
on pourrait avoir une perception, on a une perception... et on a des belles
compétences, des comptables, des avocats, des gens avec de fortes études, et
j'en suis fier, de travailler avec ces gens-là,
mais il y a aussi des gens, à l'intérieur de la coalition... quand on dit
coalition, Mme la Présidente, c'est des gens qui viennent de partout,
qui se rassemblent, avec des compétences, et puis il y a aussi des gens qui ont
été sur le terrain. Il y a des gens qui ont
vu c'est quoi, le mot «proximité». Il y a des gens qui ont réfléchi à des
services. Et moi, je fais partie de ceux-là, Mme la Présidente. Quand je
me suis joint à la coalition...
Je viens du milieu communautaire. L'année
dernière, Mme la Présidente, à pareille date, l'organisme que je dirigeais a amassé et
distribué 19 000 seringues stériles à des UDI, qu'on appelle, des
utilisateurs de drogues injectables. Ça, Mme la Présidente, pas être
sensationnaliste, mais, pour amasser ou distribuer 19 000 seringues
stériles à des gens qui s'injectent,
malheureusement, ça prend un lien de confiance. Et ça, c'est de l'innovation,
et ça se fait par le service de travail de rue. Et ça, il faut le
souligner.
Et,
quand on parle d'innovation, eh bien, dans mon coin de pays, on a réfléchi
aussi... Quand les travailleuses de rue vont
dans certains endroits, exemple le skatepark, il y a des gens qui ont froid
puis ils disent : On ne peut pas aller dans certains endroits parce qu'on est en état de consommation. Eh bien,
on est allés encore plus loin en innovation. On a inventé l'Alternative
Café jeunesse. Qu'est-ce qu'Alternative Café jeunesse, Mme la Présidente? C'est
une alternative à la rue. La travailleuse de
rue va dans un endroit, dit à un jeune qui est en état de toxicomanie : Tu
peux aller dans un endroit. Des
bacheliers en travail social, éducation spécialisée sont présents, accueillent
le jeune, ne le refusent pas, même s'il est en consommation, Mme la Présidente. On va
travailler avec lui la réduction des méfaits, l'amener à réfléchir à ses gestes
pour espérer, oui, espérons, l'amener à
consommer de moins en moins, de semaine en semaine, et ça, c'est avec le lien
qu'on va créer. Le service de
proximité première ligne, c'est un lien, et on se doit d'innover. Les jeunes
changent, la population change. Les services doivent innover.
Et, quand on parle d'innovation, j'ai eu la chance,
dans mon dernier mandat professionnel, de voir l'innovation de la CAQ. La CAQ
nous a permis de réfléchir et d'asseoir les jeunes de ma circonscription avec
un organisateur communautaire. Un organisateur
communautaire, c'est un travailleur social du système de la santé qui est venu
sur le terrain demander aux jeunes :
Qu'est-ce qu'on veut pour vous? Et savez-vous qu'est-ce qui est né de ça, Mme
la Présidente? Est né de ça les Aire ouverte. Et l'Aire ouverte, c'est
une idée des jeunes, et ça a été réfléchi dans un environnement des jeunes.
Dans ma circonscription, l'Aire ouverte est à
200 mètres du skatepark, à 300 mètres du transport en commun et en
plein coeur de la rue principale. Les jeunes peuvent venir consulter. C'est
quoi, le service d'Aire ouverte qui est innovant? C'est un service pour les
12-25 : santé physique, santé mentale, santé sexuelle, dépendance. Qui est
là? Un travailleur social, une éducatrice
spécialisée, une infirmière, une psychoéducatrice, une sexologue. Les services
sont là. 12-25 ans, tu as une
problématique, on a innové. Puis on est allés encore plus loin, grâce au
gouvernement, et on n'arrêtera pas
là, Mme la Présidente. On est allés plus loin. Avec l'étendue de certains
territoires, on a créé une Aire ouverte mobile. On s'est procuré un véhicule, on a rentré les services professionnels et
on va dans les petites municipalités, à la rencontre des jeunes, à la rencontre des jeunes pour les
consulter, pour leur parler, pour voir qu'est-ce qu'il en est. Et ça, c'est de
l'innovation.
Quand le ministre de la Santé mentionne qu'il
va maintenir puis... qu'il est en collaboration, puis qu'il a une ouverture pour le maintien des CLSC, il faut également
parler d'innovation. Puis, l'innovation, on va parler un petit peu de chiffres,
bien, c'est 40 millions, c'est
26 points de service, c'est 26 Aire ouverte qui prennent naissance
sur le territoire, de plus en plus,
et c'est 15 espaces comme celui-ci dans ma circonscription. Et je donne
mon exemple, Mme la Présidente, en terminant, je donne mon exemple parce que, quand on parle d'innovation, quand on
parle des Aire ouverte, dans le fond, le gouvernement a demandé au milieu de se concerter, a demandé aux
jeunes : Qu'est-ce que vous voulez?, est née une Aire ouverte. Et le
gouvernement, par la suite, est venu financer, mais ça provient du milieu.
En
terminant, Mme la Présidente, je l'entends, j'ai de l'écoute, on le sait,
certains membres de l'opposition critiquent
le projet de loi, mais nous, nous allons tenter de répondre aux critiques avec
deux mots, deux mots qu'on va tenter de faire tomber en amour, Mme la
Présidente, et ces deux mots-là, en terminant, Mme la Présidente : santé,
efficacité.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous allons poursuivre avec la réplique
de M. le député de Rosemont. M. le député de
Rosemont, je vous demanderais de nous indiquer dans votre réplique si vous
acceptez l'amendement proposé par M. le ministre de la Santé. Alors, la parole
est à vous pour 10 minutes.
M.
Vincent Marissal (réplique)
M.
Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Bien, d'abord, merci aux collègues d'avoir participé assez
nombreux à ce débat sur les CLSC. Merci au ministre de sa main tendue, tout à
l'heure. J'y reviens dans quelques minutes... dans quelques secondes. À tout
prendre, on aura compris qu'il y a quand même de l'intérêt et un soutien pour
les CLSC. Je l'ai retenu. Puis j'ai pris
beaucoup de notes de la déclaration assez longue, d'ailleurs, du ministre de la
Santé, tout à l'heure. Ce sera utile
pour la suite du projet de loi n° 15, ce sera utile pour l'étude article par article du
projet de loi n° 15, parce qu'il
s'est dit beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses, aujourd'hui.
Je note aussi, en particulier, les
déclarations de mes collègues du gouvernement, qui semblent tous unanimes et
toutes unanimes à dire que les CLSC ont leur place, qu'il faut les maintenir,
que nous en avons besoin, qu'ils font un travail extraordinaire. De tout ça, je
n'avais pas besoin d'être convaincu, mais apparemment eux non plus et elles non plus. Alors,
j'en prends note aussi pour la suite des choses.
Par
contre, si c'est si important, les CLSC, s'ils rendent des services aussi
extraordinaires, et, de fait, ils le font, je
m'explique mal pourquoi, dans sa première intervention et son amendement,
amendement généreux, j'en conviens, mais que je ne pourrai recevoir, malheureusement, je m'explique mal pourquoi
le ministre biffe d'emblée notre demande de garder l'intégralité des
services en CLSC. Je me l'explique mal.
•
(16 h 50) •
Puis je vous dirais qu'en ce moment, Mme la
Présidente... Puis évidemment la bonne foi se présume, et la parole donnée, ici, vaut plus que tout, mais vous
comprendrez que, devant la brique qu'est le projet de loi n° 15, qui nous a été présenté il y a quelques jours à peine, et devant
la multitude de questions que cette brique soulève, à chaque fois qu'il y a
une rature... Je vous rappelle : 1 180 articles, ça touche
37 lois. On n'a pas fini d'extraire des morceaux choisis de ce projet de loi. On a commencé par les CLSC parce
que ça nous apparaît assez important, surtout ces temps-ci, surtout en ce
moment, au Québec, avec les problèmes qu'on a en santé, qu'on a en première
ligne. Ma collègue de Sherbrooke en a parlé,
mes collègues aussi du gouvernement, mon collègue des Îles-de-la-Madeleine en a
parlé aussi, tous les problèmes de santé mentale, d'itinérance, de
malnutrition, de violence familiale, tous ces problèmes qui affligent des
familles qui n'ont pas de ressources et qui n'ont
pas les moyens soit d'aller au privé, qui n'ont pas de médecin de famille.
C'est certain que, dans le contexte
actuel, on n'en fait pas un caprice, on en fait une nécessité, de garder
l'intégralité des services qui sont donnés par les CLSC.
Je
vous ai raconté, tout à l'heure... vous me pardonnerez si c'est un peu glauque,
mais je vous ai raconté, tout à l'heure, l'histoire de l'accident de motoneige
à Mansfield. J'en prends note, le collègue de Pontiac m'a corrigé tout à l'heure, c'est le CLSC
de Fort-Coulonge qui est à Mansfield, dans le Pontiac. Merci pour la précision
géographique. Je vous ai raconté cette histoire, tout à l'heure, qui est réelle
d'ailleurs, hein, pour qu'on prenne bien soin de jusqu'où peut aller un
CLSC dans ses services à la population.
Bien, je vais vous en raconter une autre
rapidement. Un petit vendredi matin, il n'y a pas si longtemps, c'était l'automne, je pars pour ma course quotidienne avec ma femme. Et, sur le
boulevard Saint-Michel, qui n'est pas le boulevard le plus paisible de
Montréal, croyez-moi, une dame âgée, confuse, très peu vêtue, traverse la rue
tout juste devant un
autobus de la STM, sauvée in extremis par un
conducteur qui a la présence d'esprit de mettre son auto devant, sort de
l'auto, prends la dame, l'amène sur le trottoir. Je suis là avec ma
femme. Qu'est-ce que je fais? J'arrive, j'interviens, on discute. La dame est confuse au dernier degré. On finit par
comprendre qu'elle habite un peu plus haut, nous la raccompagnons donc
chez elle. On finit par comprendre quel est son nom, quel est son lien.
J'appelle mon bureau, on appelle le CLSC.
Et, je rappelle, je l'ai dit tout à l'heure,
là, ça ne fait pas plaisir de dire ça, mais je le redis, là, le CLSC de
Rosemont, il a été déplumé au fil des années, mais il donne encore des
services. Alors, imaginez si on le déplume encore plus. Dans les minutes qui ont suivi notre appel au CLSC, une
équipe de 12 personnes de six corps de métier différents a été déployée
pour venir en aide à la dame, dont je tairai le nom, évidemment, ici. Ça a pris
quelques minutes, quelques minutes. Si on
biffe, dans ma motion, le mot «intégralité des services», lequel des services
cette dame a reçu doit-on biffer, dans la rue, quand il arrive une affaire comme ça, alors que le CLSC intervient tous
les jours, partout au Québec, dans des cas comme ceux-ci? Quel service
on va biffer parmi ceux qu'a lus ma collègue de Sherbrooke tout à l'heure?
Moi, je ne peux pas lancer les dés,
aujourd'hui, puis dire : Bien, advienne que pourra, on va aller étudier la
brique du ministre, le projet de loi n° 15, puis on verra. Coudon, la CAQ
a dit qu'il aime ça, les CLSC, ça fait qu'on va se fier à ça puis on va y aller comme ça. Je trouve que l'enjeu
est beaucoup trop grand, alors je vais donc rejeter... en tout respect pour
le ministre, je vais donc rejeter
l'amendement qu'il nous a proposé. Je vais mettre au jeu, nous mettrons au jeu
la motion telle qu'elle a été déposée, telle qu'elle a été débattue.
Cela dit, tout n'est pas perdu. Tout n'est
pas perdu. Nous avons eu des discussions fort intéressantes, et je remercie les collègues, sur les CLSC, sur leur rôle et leur mission. Leur
mission, ça, c'est le mot, le mot clé qui a disparu, là, qui nous a amenés
ici aujourd'hui, cet après-midi, là. On a eu des discussions fort
intéressantes, enrichissantes sur la mission et la nécessité de maintenir les missions des CLSC. Et on a eu aussi des
échanges constructifs. L'amendement, bien que je le rejette,
l'amendement du ministre est une main tendue, j'en conviens. Pour le moment, ce
n'est pas possible d'aller dans cette
direction en ce qui nous concerne, mais on a eu des discussions positives et
constructives. On a mis la table, en quelque
sorte. On a mis la table, en quelque sorte, pour la poursuite des débats autour
du projet de loi n° 15. Mais, qu'on se comprenne bien, le fardeau de la preuve de démontrer que cette
brique, là, a des vertus, a les vertus qu'on nous présente, les vertus qu'on nous vante ici, ce fardeau de la
preuve, il est sur les épaules du gouvernement, sur les épaules du ministre.
Nous, évidemment, continuerons de faire notre travail, de poser des questions
sur certains éléments de ce projet de loi. Et, en ce moment, il y a trop
de flou autour de la finalité de ce projet de loi, y compris sur un aspect très
particulier que sont les CLSC, il y a trop
de flou pour qu'on accepte d'amender une motion qui veut absolument maintenir,
je le redis, là, je le redis, l'intégralité des services des CLSC et de
leurs missions. Et leurs missions, là, elles passent d'abord et avant tout, on l'a dit puis on l'a expliqué, le ministre
était d'accord avec nous tout à l'heure, par une action populationnelle, par
des gestes à caractère populationnel. Ma collègue de Sherbrooke en a parlé
aussi tout à l'heure de façon éloquente, par exemple,
en prévention, par exemple, en recherche de solutions auprès des populations.
C'est de la santé publique autant que du
curatif. Et déjà qu'on n'est pas très forts, au Québec, en prévention, si, en
plus, il faut qu'on déshabille encore un peu plus les CLSC, bien là on
recule, Mme la Présidente, on n'avance pas.
Alors,
j'ai donc mis cette motion au jeu. J'en profite pour dire qu'il y aura d'autres
éléments du projet de loi qui feront
nécessairement l'objet de débats ici. J'ai apprécié la teneur des débats et des
échanges qu'on a eus. C'est là-dessus qu'il
va falloir qu'on construise. Mais, je vais terminer sur un point, puisque le
ministre a terminé là-dessus et plusieurs de ses collègues ont terminé
là-dessus, il y a un autre fardeau de la preuve qui est sur les épaules du
gouvernement, c'est de nous faire la
démonstration, et, croyez-moi, ce n'est pas fait, il y a du travail à faire, de
nous faire la démonstration que le
projet de loi n° 15 n'est pas un immense exercice de centralisation, parce que, pour
nous, c'est précisément ce que ça fait. Puis
déplumer encore un peu davantage les CLSC comme le fait le fameux
article 3, que nous a suggéré de lire le ministre... Bien, on l'a lu, bien oui,
évidemment, on l'avait lu, on l'avait analysé. Alors, déshabiller encore davantage un peu les CLSC comme le fait
l'article 3, pour nous, c'est inacceptable. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Le débat est
maintenant terminé.
Alors,
je vais mettre aux voix la motion de M. le député de Rosemont, qui se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que la
mission fondamentale des centres locaux de services communautaires inclut la prestation de services à la population
locale en fonction de leurs besoins dans leur milieu de vie, à l'école, au
travail ou à domicile;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de maintenir l'intégralité de la mission actuelle des CLSC dans le projet
de loi n° 15, notamment la
responsabilité populationnelle.»
Cette
motion est-elle adoptée? M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Leduc : ...procéder
à un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : ...à la prochaine période des affaires courantes,
s'il vous plaît.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote de la motion de M.
le député de Rosemont sera tenu à la prochaine période des affaires courantes,
donc demain.
M.
le leader du gouvernement, voulez-vous nous indiquer la suite des travaux?
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, à ce stade-ci, je ferais
motion d'ajourner
nos travaux au 6 avril 2023, à 9 h 40, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des
voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, j'ajourne les travaux jusqu'à
demain, jeudi 6 avril 2023, à 9 h 40.
(Fin
de la séance à 16 h 59)