(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Bon matin, chers collègues. Je vous invite à prendre
place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
en sommes à la rubrique Déclarations de députés. Et je rappelle à l'ensemble
des collègues que la déclaration doit durer une minute. Et je vais céder
la parole à mon collègue député de Saint-Jean.
Souligner
le succès du Festival Brassoeurs organisé
par la microbrasserie Overhop
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, les deux propriétaires de la
microbrasserie OverHop Bières artisanales de Saint-Jean-sur-Richelieu, Patricia Rios et Tatiana Fulton,
qui sont parties du Brésil pour venir s'installer chez nous, il y a trois ans, pour brasser leur bière, ont eu la belle et bonne
idée d'inviter la trentaine de microbrasseries québécoises à prédominance
féminine à une sorte de salon de la bière,
samedi, en baptisant l'événement Brassoeurs, B-r-a-s-s-o-e-u-r-s. Bon, j'ai
profité, avec plus de 800 personnes, de bières de toutes les
couleurs et de toutes les sortes et saveurs, sans parler de la bouffe
d'accompagnement à l'avenant.
Au-delà
de l'atmosphère de fête, j'ai surtout pu constater un bel exemple d'une
immigration et d'une intégration réussie et d'une réussite entrepreneuriale
pour OverHop. Patricia et Tatiana, qui étaient très fières de leur initiative,
et que je salue, m'ont confié que le monde
des microbrasseries est tissé serré, comme ce qu'on aime penser et dire en
parlant du monde de chez nous, dont elles font maintenant partie.
Bravo et merci,
Patricia et Tatiana! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jean. La prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Pontiac.
Souligner
le Mois de la jonquille
M.
André Fortin
M. Fortin : Merci,
M. le Président. Samedi, c'est le 1er avril, et avec le mois d'avril vient
le lancement de la campagne de la jonquille en appui à la Société
canadienne du cancer.
M.
le Président, on est tous touchés par le cancer. On a tous un proche, que ce
soit notre mère, notre père, notre frère, notre soeur, notre enfant, notre ami,
notre voisin, notre collègue, qui est, en ce moment, en train de mener le
combat de sa vie. Et aujourd'hui il y
a des Québécois qui entendent pour la première fois de la bouche de leur
médecin le mot qu'on ne veut jamais entendre, «cancer»; d'autres qui entendent
des mots qui frappent tout autant, «il est revenu». Mais, grâce aux efforts des gens dévoués comme la Société
canadienne du cancer, la recherche progresse, de nouvelles thérapies sont
développées.
Alors, à la mémoire
de tous ceux qui nous ont quittés — et je sais qu'on pense tous à
quelqu'un en particulier quand je dis ça, M.
le Président — et
pour appuyer tous ceux qui se battent, appuyons ensemble la campagne de la
jonquille et les efforts de la Société canadienne du cancer. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Pontiac. La prochaine déclaration, Mme la
députée de Roberval.
Féliciter
Mme Bibiane Courtois, lauréate
du prix Égalité Thérèse-Casgrain
Mme
Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tenais à féliciter Mme Bibiane Courtois, récipiendaire du
prix Égalité Thérèse-Casgrain dans la catégorie Hommage.
Mme
Courtois s'est distinguée tout au long de sa carrière pour l'humanisation des
soins en développant plusieurs formations.
Comme présidente de Femmes autochtones du Québec, elle a fait modifier la Loi
sur les Indiens, qui discriminait les femmes autochtones lorsqu'elles mariaient
un non-autochtone. Elle a aussi été la première femme autochtone à être nommée à la Commission des droits de la personne
et au Conseil du statut de la femme. Dernièrement, l'Université Laval
lui a remis un doctorat honoris causa.
Félicitations! Et merci, Mme Courtois, de faire avancer
notre société.
Le Vice-Président (M.
Lévesque) : Merci beaucoup,
Mme la députée de Roberval. La prochaine déclaration sera celle de Mme
la députée de Verdun.
Saluer
l'engagement citoyen de la Coalition pour
des écoles publiques à L'Île-des-Soeurs
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président.
J'aimerais saluer l'implication citoyenne de la Coalition pour des
écoles publiques à L'Île-des-Soeurs.
Depuis
l'annonce du gouvernement de mettre sur pause la construction d'une troisième
école sur l'île, ce collectif, qui
est composé de groupes communautaires, de citoyens et des acteurs de Verdun, se
mobilise pour défendre ce projet et démontrer sa pertinence. Je souhaite
saluer leur capacité d'organisation et leur ténacité.
La construction d'une
troisième école, en plus d'améliorer l'expérience scolaire des familles sur
l'île, permettra d'augmenter les services à la population et d'ouvrir plus de
classes d'accueil pour les nouveaux arrivants.
Ce
soir, la coalition organise une assemblée pour informer les voisins et
recueillir les témoignages des familles dont la construction d'une école
publique améliorera grandement leur qualité de vie et celle de leurs enfants.
Nous espérons que les
demandes de la Coalition pour les écoles publiques de L'Île-des-Soeurs seront
entendues par le gouvernement afin d'améliorer la situation des écoles dans la
circonscription de Verdun.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée de Verdun. La prochaine déclaration
sera celle de M. le député de René-Lévesque.
Souligner
le 50e anniversaire du programme de techniques d'aménagement
cynégétique et halieutique du cégep de Baie-Comeau
M. Yves
Montigny
M. Montigny :
Merci, M. le Président. Le 25 mars dernier, le cégep de Baie-Comeau
célébrait les 50 ans du programme Techniques
d'aménagement cynégétique et halieutique, ou TACH, comme on l'appelle chez
nous. Cette formation développe les
connaissances d'aménagement et de gestion des ressources fauniques dans une
perspective d'exploitation durable et de gestion intégrée des
ressources.
C'est
grâce à la contribution d'un enseignant visionnaire, M. Jean-Louis Frenette,
que le programme a vu le jour en 1972 au campus Manicouagan. Cette formation
unique au Québec attire des personnes des quatre coins de la province et
connaît un grand engouement auprès du marché
européen depuis les 10 dernières années. On compte de nombreux étudiants
internationaux dans la cohorte du programme, qui s'élève à plus d'une centaine
d'inscrits.
Je
tiens d'ailleurs à saluer Mme Manon Couturier, qui est avec nous aujourd'hui,
directrice générale du cégep de Baie-Comeau, que vous pouvez apercevoir
dans les tribunes.
Je vous remercie
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de René-Lévesque. Et, Mme Couturier, bienvenue
à l'Assemblée nationale.
La prochaine
déclaration, M. le député de Marquette.
Rendre
hommage à M. Francis Millien pour sa contribution
au développement du soccer au Québec
M.
Enrico Ciccone
M.
Ciccone : J'aimerais souligner la
contribution énergétique, fidèle, disponible et innovante d'un Québécois qui a
cimenté le soccer au Québec, Francis Millien.
M.
Millien a joué dans quatre équipes de la Ligue nationale de soccer du Québec au
cours des années 70, mais, constatant
le besoin et le potentiel, il a invité en renfort son père, le regretté Robert
Millien, à s'établir dans la Belle Province.
Soccer Québec le
relate bien, pour Millien père le choc sportif était drastique. Pas un ballon
rond dans les rues ni dans les écoles, il en
est malade. C'était en 1979. 44 ans plus tard, grâce aux générations de jeunes,
d'entraîneurs, joueurs d'élite et
d'amateurs, aux multiples programmes techniques et compétitions qu'il a créés,
à sa présence bienveillante aux événements
sportifs dans les médias et au sein des organisations, le soccer n'est plus une
anecdote, au Québec, mais un sport qui fédère, unit et remplit de joie
le coeur des joueurs et joueuses et des partisans.
M.
Millien, sans votre générosité, le soccer ne serait pas ce qu'il est devenu, un
sport inclusif et compétitif, un plaisir, une spécialité, des emplois,
un présent et un avenir. Merci, M. Millien.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Marquette. La prochaine déclaration sera celle
de M. le député de Beauharnois.
Rendre
hommage à M. Réal Guay pour son engagement
bénévole dans le milieu du hockey à Beauharnois
M. Claude Reid
M.
Reid : Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à M. Réal
Guay, qui nous a quittés en août dernier, laissant ainsi un vide comme
bénévole au sein du hockey mineur à Beauharnois, un homme qui ne comptait pas
ses heures à l'Aréna André-Richard pour entraîner les jeunes joueurs de hockey.
M. Guay a
commencé son implication en 1973, au moment de l'ouverture de l'aréna. Il était
toujours présent pour encourager les
jeunes afin qu'ils puissent, justement, s'amuser tout en jouant au hockey. Que
de bons souvenirs pour plusieurs qui ont eu la chance de le côtoyer!
Après de
nombreuses années à titre d'entraîneur, il a dû changer ses plans, en raison
d'ennuis de santé, et délaisser le
banc des joueurs. Encouragé par son garçon, Bob, il a par la suite pris la
direction du «pro shop» de l'aréna. M. Guay est devenu un spécialiste de l'affûtage des patins, et sa renommée était
reconnue partout en région. En guise d'hommage à Réal Guay et pour honorer sa mémoire, la ville de Beauharnois a nommé
officiellement le «pro shop» de l'aréna la Boutique du pro Réal-Guay.
Un homme de
coeur, un homme généreux, un homme attentionné pour les jeunes et pour sa
communauté, M. Réal Guay laisse un héritage riche et exemplaire pour la
cause des jeunes de Beauharnois. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Beauharnois. La
prochaine déclaration sera celle de M. le député de Masson.
Souligner le 30e anniversaire
de la Popote roulante Les Moulins
et le 40e anniversaire de l'organisme ABC des Manoirs
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : M. le Président, je suis
ravi de souligner aujourd'hui deux importants anniversaires.
Tout d'abord, je félicite la Popote roulante des
Moulins, qui a tout récemment fêté son 30e anniversaire. Depuis sa création, la popote roulante a travaillé avec
acharnement pour répondre aux besoins de notre communauté locale, offrant
un service essentiel en livrant près de
40 000 repas par année à plus de 1 000 aînés de la MRC des Moulins,
un travail rendu possible grâce aux nombreux bénévoles.
Ensuite, je
tiens également à applaudir le travail de l'organisme ABC des Manoirs, qui
oeuvre au coeur de notre communauté depuis maintenant 40 ans. Cet incontournable
organisme aide les Moulinois en situation d'analphabétisme à développer des compétences pour leur permettre
d'intégrer le marché du travail. 40 ans, ce n'est pas rien, M. le Président.
Alors, M. le
Président, je prends un instant pour remercier officiellement M. Dany Mercier
et Mme Madeleine Jean, ainsi que tous
les bénévoles et les partenaires qui ont travaillé si dur pour permettre à ces
organismes de grandir et de prospérer. Félicitations! Et j'espère
célébrer de nombreux autres anniversaires avec vous tous.
Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Masson. La
prochaine déclaration, je cède la parole à M. le député de Joliette.
Souligner le 25e anniversaire
de l'organisme
Les Maisons d'à côté Lanaudière
M. François St-Louis
M.
St-Louis : Merci, M. le Président. Je souhaite aujourd'hui
souligner le 25e anniversaire des Maisons d'à côté, organisme
d'hébergement pour personnes handicapées et polyhandicapées, situé à Joliette.
Les Maisons d'à côté offre un milieu de vie
adapté et favorise le maintien à domicile des personnes aux prises avec un
handicap physique. Elles offrent également des services liés aux activités de
la vie quotidienne et domestique.
Permettez-moi,
M. le Président, de saluer M. Michel Coutu, président de cet organisme, ainsi
que Mme Gaétane Lefebvre, directrice générale. Aussi, des salutations
toutes spéciales à Mme Marguerite Latour, résidente des Maisons d'à
côté depuis l'ouverture de la première maison, située sur la rue Henri-Châlin,
à Joliette. J'ai eu le plaisir de rencontrer Mme Latour le 18 mars
dernier, lors d'une soirée soulignant le 25e anniversaire de l'organisme.
Je souhaite
offrir mes plus sincères félicitations aux membres du conseil d'administration
ainsi qu'à tous les membres du personnel. Merci à vous d'être un acteur aussi
important dans notre circonscription. Et, surtout, merci de faire la
différence.
Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Joliette. La
prochaine déclaration, celle de Mme la députée de Bellechasse.
Féliciter la Microbrasserie de Bellechasse,
lauréate des PAC Global Awards
Mme
Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, M. le Président.
Joyau de ma région, la Microbrasserie de Bellechasse continue de nous rendre
fiers non seulement par la qualité de ses produits et son savoir-faire
brassicole, mais aussi par son rayonnement à l'international.
Le
17 février dernier, la Microbrasserie de Bellechasse nous annonçait
qu'elle avait remporté le prix Best in Class au prestigieux PAC Global Awards
qui se tenait à New York. Ses emballages de café mettant en vedette la
beauté des paysages de Bellechasse ont séduit. Elle a ainsi devancé des
géants bien connus du marketing de commerce au détail.
Menée d'une main de
maître par Gabriel Paquet et Anabelle Goupil, l'entreprise n'en est pas à ses
premières récompenses. Elle s'est mérité, en
2022, le prix Réussite pour la région Chaudière-Appalaches au Défi
OSEntreprendre.
Avec
ses noms de bières, tels que Beaumont, Honfleur, St-Anselme, St-Charles,
St-Michel, St-Philémon, St-Vallier, Ste-Justine,
la Microbrasserie de Bellechasse est sûrement une des plus belles ambassadrices
du dynamisme de notre région.
Félicitations,
Gabriel, Anabelle et toute l'équipe! Continuez de nous épater.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bellechasse. Et je vous souhaite, les gens
de la Microbrasserie de Bellechasse, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Nous enchaînons
maintenant avec la prochaine déclaration. Ce sera celle de M. le député de
Chambly.
Souligner
la distribution de repas de cabane à sucre par des organismes
d'aide alimentaire de la circonscription de Chambly
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, M. le Président. On parle beaucoup de
l'importance de l'aide alimentaire, l'importance de donner aux gens qui en ont
besoin des aliments de première nécessité. Je peux vous dire que, pour ma part,
quand je contribue à des paniers, je prends toujours une attention
spéciale pour mettre aussi des choses qui font plaisir, des petits plaisirs gourmands. Et je l'ai fait, cette année,
en plus de le faire personnellement, à l'aide de mon budget de soutien à
l'action bénévole, en travaillant avec la
Maison d'hébergement Simonne-Monet-Chartrand, le Centre d'action bénévole
La Seigneurie de Monnoir, le Centre de
bénévolat de Saint-Basile-le-Grand, Aux Sources du bassin de Chambly et POSA,
Maison Stéphane-Fallu.
Ensemble,
on a acquis plus de 357 repas de cabane à sucre, qui ont été distribués
aux familles dans le besoin, parce que, oui, bien sûr, on veut leur donner des
pâtes alimentaires, de la farine, du sucre, des conserves, tout ce qu'il faut,
mais c'est important qu'ils puissent participer à la tradition québécoise de la
cabane à sucre. Merci à mes partenaires.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Chambly. Et nous terminons cette rubrique avec
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre
hommage aux abbés André Martel et Yves Marcil pour leurs 50 ans
d'engagement envers la communauté de Laviolette—Saint-Maurice
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif : Je veux mettre en lumière l'énorme travail qu'ont
fait les abbés André Martel et Yves Marcil au cours des
50 dernières années. Ils avaient demandé à travailler où les besoins
étaient les plus grands. Ils ont rapidement quitté le presbytère pour devenir
des prêtres de la rue.
Dès
1972, ils ont commencé à mettre sur pied différents services pour pallier à la
pauvreté de toutes sortes dans la communauté. Ils ont ainsi fondé des
dizaines d'organismes, dont plusieurs existent encore.
Depuis
12 ans, l'abbé Marcil travaille seul pour poursuivre le travail commencé à
deux. L'an dernier, la fondation a
décidé de se consacrer entièrement à son projet de persévérance scolaire.
Actuellement, la fondation soutient une quinzaine d'élèves vulnérables
d'une école secondaire à Shawinigan et défraie le salaire d'un professeur pour
les aider à réussir.
L'abbé Marcil trouve
l'argent et les spécialistes pour diminuer les irritants. Ses valeurs sont la
dignité humaine, l'écoute et le respect de l'autre. Sa porte a toujours été et
est encore ouverte 24 heures sur 24.
M. Marcil, vous êtes
merveilleux. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h
55)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente :
Bonjour. Bonjour à vous toutes et
vous tous. Et jj jj'entends des petits
gazouillis. Bienvenue chez vous. Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Une voix :
...
La
Présidente : C'est le signal. Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la
Présidente. Permettez-moi, au nom de mon collègue le ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie, de déposer
les plans stratégiques 2022‑2025 du Fonds de recherche du Québec
Société et culture, Nature et
technologies, et Santé. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour
ma part, je dépose le rapport spécial du Protecteur du citoyen intitulé Sous
tutelle, mais toujours vulnérables — Protéger
les avoirs des majeurs inaptes sous régime de protection privé.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
des institutions et député de Richmond.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 12
M. Bachand :
Mme la Présidente, je dépose le rapport de la Commission des institutions
qui, les 22, 28 et 29 mars 2023, a tenu
des auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le
projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en
matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d'une
agression sexuelle et des personnes victimes
de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants
issus d'un projet de grossesse pour autrui. Merci.
La Présidente :
Ce rapport est déposé. Mme la
présidente de la Commission des relations avec les citoyens et députée
de Les Plaines.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 11
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci,
Mme la Présidente. J'ai le bonheur de déposer, ce matin, le rapport de la
Commission des relations avec les citoyens qui, les 14, 15, 16, 21, 23, 28 et
29 mars 2023, a tenu des auditions publiques
dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 11, Loi modifiant la Loi concernant les soins
de fin de vie et d'autres dispositions législatives. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Alors, nous en sommes
maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède la parole
au chef de l'opposition officielle en question principale.
Réforme du système de santé
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. La CAQ en est à sa cinquième année de
gouvernement, ils ont déposé leur cinquième
budget. Ce que l'on voit, depuis cinq ans, Mme la Présidente, c'est que, tous
les dossiers, dans tous les dossiers la situation, au Québec, s'empire.
Et ce gouvernement — un
trait de caractère — n'assume
pas ses responsabilités. Quand ça ne marche pas, ils cherchent un coupable, et
ce n'est jamais de leur faute.
Hier, le
ministre de la Santé a déposé sa réforme. L'idée? Il crée une société d'État,
Santé Québec, afin de se fabriquer un bouc émissaire. Il se décharge de
toutes ses décisions importantes, Mme la Présidente.
Des
voix : ...
La
Présidente : Bon, M. le leader du gouvernement, je vous reconnais très
brièvement.
M. Jolin-Barrette :
...au règlement. Le chef de l'opposition officielle prête des intentions
qui sont erronées.
La Présidente :
Bon, nous allons poursuivre. Je
vous en prie, faisons attention, ne prêtons pas d'intentions. Mais
poursuivez, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Mme la Présidente, il se
décharge de toutes les décisions importantes qui touchent les soins de santé.
Ce qui reste au ministre, ce sera la
capacité de blâmer et de congédier. Hier, le ministre le confirme et il le dit,
je le cite : «...c'est le P.D.G. qui s'occupe de donner la qualité
de services qu'on veut.» Fin de la citation.
Alors,
après le superministre de l'Économie, le conseiller numérique, on a le
miniministre de la Santé, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout, M. le leader du gouvernement, je vais
gérer cette période de questions. Je vous rappelle à tous et à toutes...
Des voix :
...
La
Présidente : Silence,
je vous prie. Et en particulier... Vous pouvez demeurer assis, M. le leader, je
suis en train de...
Une voix : ...
• (10 h 10) •
La Présidente :
Je suis debout. On ne vous entend
pas quand je suis debout. Je tiens à vous dire et vous rappeler, à vous toutes
et vous tous... Et là il y a beaucoup de monde dans nos estrades. Il y a des
jeunes, il y a des parents, il y a des enfants qui vous regardent. Ici, nous avons des
règles, vous les connaissez, et je vais vous les rappeler, pour ceux qui les
ignorent, mais, M. le chef de l'opposition
officielle, vous les connaissez. Nous devons interpeler nos collègues par leur
titre et non déformer leur titre. Faites attention, je vous en prie. Je
n'ai pas le goût de vous mettre à l'ordre.
M. Tanguay : Mme la Présidente, notre travail, à l'Assemblée nationale, c'est de
questionner le ministre de la Santé sur sa gestion, sur ses décisions.
Pourquoi
le premier ministre accepte-t-il cette forme de déresponsabilisation? Pourquoi
accepte-t-il cette mauvaise réforme Dubé?
La
Présidente : M. le...
Des voix :
...
La Présidente :
Je suis debout, M. le leader. On
appelle, ici, les gens par leur nom... Il s'agit du ministre de la Santé.
On ne mentionne pas les noms des personnes, des élus, des députés, ni leurs
prénoms.
Alors, maintenant, en
réponse, M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, ce qu'on voit, depuis hier, c'est que les
oppositions et les syndicats défendent le
statu quo, défendent le passé. Et pourtant, avec ce qui est proposé par le
ministre de la Santé, ce qu'on vise, c'est une meilleure organisation du travail. Donc, entre autres, je donne un
exemple, si les infirmières partagent mieux les quarts de travail plus difficiles, comme la nuit, la fin de
semaine, ce qu'on va avoir, en bout de ligne, c'est des meilleurs services aux
Québécois et une meilleure qualité de vie pour l'ensemble des infirmières.
Maintenant,
Mme la Présidente, il y a un principe, en gestion, là, qu'on soit dans le
public ou dans le privé, qui a fait ses preuves : la haute direction donne
des objectifs, suit les résultats avec les indicateurs mis en place, et c'est
localement que chaque D.G. d'établissement doit choisir les moyens, puis il va
être évalué sur les résultats. C'est ça, la bonne gestion, puis c'est
ça, essentiellement, qui est dans le projet de loi déposé par le ministre de
Santé.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Le privé, Mme la Présidente, contrairement au public, n'a pas à rendre
de comptes à la population. Ce matin,
on défend les patients. On dit que cette réforme-là va prendre trois, quatre
ans avant d'avoir des résultats tangibles. Qu'est-ce qu'on dit, ce matin, du côté du gouvernement, à celles et ceux
qui vont attendre 17 heures à l'urgence sans avoir de services? On se
dit : On se revoit dans trois ans, attendez avant d'être malades?
Alors, pourquoi se décharger de ses
responsabilités quand il y a un problème? Pourquoi juste se donner la capacité
de blâmer quelqu'un d'autre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, on est rendus qu'on a un Parti libéral, là, qui est
de plus en plus proche de Québec solidaire, hein, où le mot «privé»
devient un mot démon.
Je rappelle que, dans
Santé Québec... C'est un organisme sans but lucratif, là. Ça, c'est la première
chose. La deuxième chose, Mme la Présidente,
je veux rassurer le chef de l'opposition officielle, il va pouvoir continuer de
me poser des questions, puis son
porte-parole va pouvoir continuer de poser des questions au ministre de la
Santé, donc pas d'inquiétude de ce côté-là.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Aïe! là, Mme la Présidente, on est tous très rassurés, à matin. Le premier
ministre vient de nous confirmer une
chose : Santé Québec n'est pas là pour faire de l'argent. Wow! On parle
aux patients, là. Ce qu'il nous confirme, ce matin, il nous confirme qu'il va pouvoir poser des questions. Ce qu'il
nous confirme, c'est qu'ils vont déléguer, sous-traiter leurs responsabilités, et le conseil d'administration, qui
va tout décider des budgets, des institutions, qui rouvre, qui ferme,
comment les décisions sont prises, conseil d'administration des 13, ne répondra
pas à nos questions.
Pourquoi, encore une
fois, se déresponsabiliser?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, effectivement,
Santé Québec n'est pas là pour faire des profits. Essentiellement, Santé Québec va avoir deux objectifs : donner
des meilleurs services aux Québécois puis donner une meilleure qualité de
vie au personnel du réseau de la santé. Y a-tu quelqu'un ici qui est contre ça?
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. Troisième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, en fin de compte, là, en créant une société d'État, qui est
Société Québec, à laquelle, le ministre, là,
sa seule activité va être, une fois par année, de lui donner tout l'argent, et,
de façon distincte de sa responsabilité ministérielle, va tout décider
au jour le jour, dans le fond, le ministre, là, il suit le bon exemple de ses collègues au Numérique et aux Transports, il
dit : Moi aussi, je veux être capable de m'en laver les mains. Moi aussi,
je ne veux pas répondre de mes propres décisions.
Une voix :
...
La Présidente : M. le leader du gouvernement, j'ai entendu la même chose que vous.
Alors, je vous demanderais de faire
attention, M. le chef de l'opposition officielle, et de ne pas prêter des
intentions. M. le premier ministre, votre réponse.
Une voix :
...
La
Présidente : Oh oui! Vous avez cinq secondes, allez-y.
M. Tanguay : Mme la Présidente, après
la question : À quoi sert le ministre du Numérique?, à quoi sert le
ministre de la Santé?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, la vérité,
là, c'est qu'il n'y a jamais eu autant d'information disponible à tout le monde
sur les résultats de chaque établissement au Québec. Il n'y a jamais eu autant
d'indicateurs qu'actuellement. Puis, je répète au chef de l'opposition officielle, le mardi, le mercredi puis le
jeudi de chaque semaine, il va pouvoir poser des questions au ministre
de la Santé.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de D'Arcy-McGee. La parole est à vous.
Ressources allouées aux services en santé mentale
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Il faudrait m'éclaircir sur une différence
d'opinions entre le premier ministre et le
ministre des Services sociaux. La semaine dernière, après le dépôt du budget, le
ministre des Services sociaux a dit
que le 27 millions de dollars investi en santé mentale était suffisant. La
CAQ dit prioriser la santé mentale, mais, dans ce même budget, le
montant alloué en santé mentale ne représente que 6,4 % du montant global
en santé.
De
plus, comment expliquer que les organismes communautaires en santé et services
sociaux ne reçoivent qu'en moyenne
12 000 $ par organisme dans ce dernier budget? Ça ne permet même pas
l'embauche d'une personne pour une journée
par semaine. Et pourtant, la semaine précédant le dépôt du budget, le premier
ministre a dit qu'on doit en faire plus en santé mentale.
Donc,
ma question est simple : Entre le ministre des Services sociaux, qui dit
qu'on investit suffisamment, et le premier ministre, qui dit qu'on en
fait plus, qui a raison et qui a tort?
La
Présidente : Pour sa réponse, le ministre responsable des Services
sociaux. La parole est à vous.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Oui, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bien, on va commencer par les organismes communautaires. Moi, j'aimerais juste rappeler à la députée de
D'Arcy-McGee... peut-être qu'elle ne le sait pas, mais, au cours des quatre
dernières années, on a investi
127 millions de dollars en mission globale aux organismes communautaires,
les six années précédentes ils
avaient reçu 27 millions, ce qui est vraiment beaucoup plus. Cette année
seulement, on a ajouté un 36 millions aux 3 millions de l'an dernier, donc ça fait
39 millions de dollars d'investissement cette année. En quatre ans,
vous aviez investi 27 millions. Donc, ça, on s'entend, on s'occupe
de nos organismes communautaires.
En
plus, je l'ai dit plusieurs fois ici, la chose dont je suis le plus fier, de
notre gouvernement, c'est qu'on a changé la façon dont on travaille avec les organismes communautaires. On
travaille avec les organismes communautaires en santé mentale pour
développer nos projets. On travaille avec les organismes communautaires en
violence conjugale pour développer nos
projets. On travaille avec les organismes communautaires pour les soins aux
hommes pour développer des projets.
Donc, on a un partenariat avec tous ces organismes-là pour s'assurer que le
financement est là, pour s'assurer qu'ils fassent partie globale de la
solution qu'on met de l'avant avec eux. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass :
36 millions divisé par 3 000, c'est 12 000 $ par
organisme.
Mme
la Présidente, il y a deux jours, après le tragique décès de la sergente Breau,
à Louiseville, le premier ministre a
dit, et je le cite : «Je m'assure, avec [le ministre responsable de la
Santé mentale], que, tous les cas qui sont urgents, entre autres les cas où il y aurait un risque d'actes
violents, que ce soit envers la personne elle-même ou envers quelqu'un d'autre,
ces cas-là soient traités très rapidement.»
Faut-il
comprendre que le gouvernement attend que des drames surviennent avant de
s'occuper des cas urgents sur les listes d'attente en santé mentale?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente, les
urgences, là, ce que le premier ministre a appelé les P1 ou les consultations
classées A sont vues, dans les urgences
partout au Québec, dans tous... dans le délai adéquat. Comme je vous dis, on a
augmenté le nombre de patients qui sont vus, en santé mentale. En 2019‑2020,
on est passés de 160 000... maintenant, on en a vu 250 000 en 2021‑2022, et on continue à ajouter des ressources pour
s'assurer que les patients soient vus le plus rapidement possible.
Cette
année, ce qu'on vise, c'est vraiment d'améliorer les services dans les salles
d'urgence, dans le suivi à domicile, dans l'hospitalisation à domicile, également
dans les CLSC, amener des services de... retourner des services de santé
mentale dans les CLSC. Pour ça, le budget est dédié, et on va travailler
là-dessus.
La
Présidente : Deuxième complémentaire... Ah! M. le député de l'Acadie,
c'est à vous.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Mme
la Présidente, rien ne ramènera la sergente Breau à sa famille. La Commission
d'examen des troubles mentaux savait
que l'accusé représentait un risque important. Selon la commission, qui l'a
remis en liberté, le risque allait être contrôlé grâce à un encadrement approprié. Le drame,
c'est qu'il n'y a pas eu d'encadrement par manque de ressources, manque
de ressources, Mme la Présidente.
Le ministre de la Justice n'a plus le luxe de ne
pas agir. Quel est son plan pour nous éviter d'autres drames?
• (10 h 20) •
La Présidente : M. le ministre de la
Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, dans un premier temps, je souhaite offrir mes condoléances à
la famille de la sergente Breau. Je
pense que, tout officier qui décède en fonction, c'est une situation
dramatique. Les policiers sont là pour
protéger la population. Ce sont les premiers appelés sur les lieux
d'événements, ils font un travail difficile, un travail risqué. Et je pense que l'ensemble du gouvernement
et l'ensemble des collègues en cette Chambre joignent leurs voix à la
mienne pour soutenir la famille et soutenir l'ensemble du corps policier
québécois.
Pour ce qui
est de la question du député de l'Acadie, Mme la Présidente, on travaille en
collaboration avec mon collègue, on
travaille également avec le fédéral. J'ai d'ailleurs communiqué avec le
ministre Lametti, hier, pour lui offrir ma collaboration pour les modifications que nous requérons au Code
criminel, effectivement, pour encadrer mieux le tout.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de La Pinière.
Ratio
personnel-résidents dans les maisons des aînés
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci,
Mme la Présidente. Hier, j'ai parlé du projet mal ficelé de maisons des aînés.
J'ai évoqué la sous-estimation des
coûts et des besoins. J'ai rappelé que la ministre précédente s'était engagée,
au nom du gouvernement caquiste, à
offrir un ratio préposés-patients de un pour un. La ministre des Aînés m'a
répondu, hier, qu'un tel ratio était complètement
irréaliste et se demandait d'où ça sortait. Eh bien, je vais vous le dire, d'où
ça sort. Le 26 novembre 2019, l'ex-ministre
des Aînés caquiste a donné une entrevue à Julie Marcoux, à LCN. Interrogée sur
le ratio, Marguerite Blais a répondu,
et je cite : «Écoutez, pour ce type de maison là, des aînés, c'est une
personne par patient. Ça veut dire 2 600 personnes de plus, mais on va les embaucher, on va les
trouver.» Fin de la citation. Et je dépose l'extrait pour le bénéfice de la
ministre.
La ministre
trouve-t-elle que le projet de maisons des aînés de son gouvernement a été
ficelé de manière complètement irréaliste?
Document déposé
La Présidente : Consentement pour le
dépôt? Consentement.
En réponse, la ministre déléguée à la Santé et
aux Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Bien,
écoutez, je m'excuse, Mme la Présidente, j'ai eu un petit moment d'hésitation,
parce que, dans le fond, de toute
évidence ma collègue députée de La Pinière a regardé une revue de presse
de 2019. Là, on est rendus en 2023. Puis des fois, dans des conférences de
presse ou dans des moments télévisés, il peut arriver des réponses, et
je ne suis pas en mesure de revenir là-dessus.
Moi, je peux
vous dire une chose, c'est que ce n'est pas ça qui est prévu dans les maisons
des aînés. Si vous regardez les
cartes de référence, ça va être très clair... Je vois qu'il y a bien des gens
qui rient là, mais... Monsieur est très spécialisé aussi, le député, l'autre côté, en santé. Du un
pour un, dans le réseau de la santé, c'est dans des cas de soins intensifs, et
puis c'est vraiment de façon très, très, très rare qu'on va mettre du un
pour un auprès des personnes. Ce n'est pas logique, Mme la Présidente, je suis
désolée.
Mais je veux
quand même vous dire qu'il y a des ratios qui ont été établis, en maison des
aînés, qui sont très bien. Et je suis tout à fait contente des projets de
maison des aînés et de l'organisation du travail qui est offerte à nos aînés,
qui méritent le mieux, au Québec.
La Présidente : Première
complémentaire.
Des voix : ...
La Présidente : Silence, s'il
vous plaît!
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on a réglé la question du ratio irréaliste et non logique,
pour réutiliser les mots de Mme la ministre,
donc, qui était annoncé par l'ex-ministre caquiste non lors d'un scrum, d'une
mêlée de presse, mais bien lors d'une entrevue pour annoncer les maisons
des aînés.
Alors, des ratios, si ce n'est pas
réaliste, un pour un, dans un milieu de soins de vie, dans un milieu de vie,
comme Mme la ministre nous a dit hier et nous a répété, peut-elle nous dire
c'est quoi, le ratio personnel-patients réaliste pour les maisons des
aînés?
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Oui. Mme la Présidente, j'en ai
parlé tantôt, on a refait des projets d'organisation du travail en fonction de maisonnées de 12 places avec des infirmières,
des infirmières auxiliaires, des préposés aux bénéficiaires et des
professionnels de la santé. Puis un ratio, c'est un ratio. C'est un ratio de
base. Après ça, il faut regarder les besoins des personnes, et on ajuste en
fonction des besoins des personnes. Ça fait que je ne vous donnerai pas de
chiffres ce matin.
Mais
je vais quand même revenir sur la première question qu'on m'a posée, Mme la
Présidente. Le ratio un pour un en maison des aînés, et je le réitère,
ce n'est pas un ratio... ce n'est même pas un ratio qu'on retrouve...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je comprends très bien que le ratio de un pour un
annoncé en grande pompe n'était pas
réaliste, n'était pas logique. Alors, je comprends que ça a été revu. La
ministre nous a dit que le ratio était très bien.
S'engage-t-elle,
au nom de son gouvernement, à ce que les personnes aînées du Québec, qu'elles
soient hébergées en CHSLD ou en maison des aînés, aient toutes le même
ratio personnel-patients? Et quel est-il, ce ratio?
La
Présidente : Mme la ministre, votre réponse. On l'écoute.
Mme Sonia
Bélanger
Mme
Bélanger : Mme la Présidente, depuis mon arrivée en fonction, je l'ai
mentionné, je veux harmoniser l'ensemble des
centres d'hébergement pour les aînés au Québec, que ce soient les CHSLD
publics, les CHSLD privés, que, d'ailleurs, on va conventionner, ainsi
que les maisons des aînés. Et, oui, il faut tenir compte des besoins des
personnes. Et je ne veux pas qu'on parle de
ratios. Le ratio, pour moi, c'est un minimum. Je veux qu'on parle d'ajuster les
besoins en fonction des aînés, en
fonction des personnes, et il devrait y avoir une évaluation individuelle,
au-delà du ratio, Mme la Présidente.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Réorganisation du système de santé
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
Ça fait 25 ans que le premier ministre est en politique. Ça fait 25 ans que les gouvernements annoncent
tambours et trompettes qu'ils ont enfin trouvé le saint Graal des réformes en
santé. Ça fait 25 ans qu'en
grattant un peu on découvre la même vieille recette : des réformes de
structure, du brassage d'organigramme. Philippe Couillard, Gaétan
Barrette, toujours la même vieille recette : on centralise, on centralise,
on centralise.
Pour
les patients, il n'y a rien qui change. En fait, ça s'est même empiré. Et là le
premier ministre nous dit, depuis deux
jours : En fait, ce n'est pas assez centralisé, on va centraliser ça
encore plus, on va créer une bureaucratie encore plus grosse, puis là, là, là ça va marcher, la même
recette avec les mêmes ingrédients, puis cette fois-ci, là, cette fois-ci c'est
la bonne.
Y
a-tu quelqu'un au Québec... y a-tu quelqu'un au Québec qui trouve que ça a
marché, la centralisation, en santé? Y a-tu un patient qui est mieux
soigné? Ça a-tu convaincu une infirmière de revenir, ça? Non.
Est-ce
que le premier ministre peut reconnaître que Continuons, là, ça voulait
dire : Continuons la vieille recette de Gaétan Barrette puis
Philippe Couillard en santé?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, c'est décevant, voir un jeune
politicien défendre le passé, hein? Là, je comprends que parfois la
meilleure défensive, c'est l'attaque, parce qu'il savait très bien que... puis
on l'a vu, à peu près tous les commentateurs
le disent, Québec solidaire et les syndicats, même combat, on défend le statu
quo. On défend le statu quo, on
défend le passé. On se dit progressistes, mais on ne veut rien changer. Y a-tu
quelqu'un qui pense que, si on ne change rien, ça va marcher?
Puis, quand on parle de décentraliser, parce
que c'est ça qui est visé, le ministre
de la Santé est en train de s'assurer
que chaque D.G. d'établissement, pas de
CISSS ou de CIUSSS, là, chaque D.G. d'établissement ait plus de pouvoir pour
s'adapter à la réalité terrain, pour que les
décisions soient locales, soient locales. Le rôle du ministre de la Santé puis de Santé Québec, ça va être de suivre les résultats, mais
le choix des moyens, là, ça doit se faire localement.
Mais,
évidemment, le grand défi, ça va être de s'opposer, puis de débattre, puis de
convaincre les syndicats puis Québec
solidaire de changer, parce que Québec solidaire est contre ça, le changement. Ce que Québec solidaire veut,
c'est les vieilles façons de faire, les vieilles organisations du travail. Il
est temps que ça change, au Québec.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire, pas de bravo après les réponses.
Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre parle
de changement. Si c'était du changement, là, pourquoi Gaétan Barrette applaudit à en avoir les mains rouges la réforme
de son ministre de la Santé? Oui, il faut changer le système de santé, il
faut enlever de la bureaucratie. Puis le premier ministre, lui, il veut en
rajouter une autre couche, de bureaucratie. À cette heure, dans notre
système, là, il va y avoir des bureaucrates en Mercedes qui vont gérer les
bureaucrates en Lexus.
Ça va ramener combien
d'infirmières, ça, dans notre système?
Des voix : ...
• (10 h 30) •
La
Présidente : S'il vous plaît, silence! J'ai entendu votre remarque,
M. le leader du gouvernement.
M. le premier
ministre, votre réponse. On écoute.
M. François
Legault
M.
Legault : Mme la Présidente, on a entendu, au cours des derniers jours, Michel Clair, ancien
ministre péquiste, dire : Il
faut aller vers Santé Québec. On a entendu Gaétan Barrette dire : J'aurais
aimé ça, j'aurais aimé ça aller plus loin, mais Philippe Couillard a «choké». C'est les mots qu'il a utilisés. On
n'aime pas ça, les mots en anglais, Jean-François n'aime pas ça, mais,
bon...
Hier...
Mme la Présidente, on a enfin un gouvernement qui a du courage, qui a le
courage de changer les choses, qui a
eu le courage de décentraliser, de s'assurer qu'on demande aux infirmières que
tout le monde participe. C'est ça qu'on est en train de faire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Il vient de se passer
quelque chose d'incroyable, Mme la Présidente. Le premier ministre vient de se
féliciter d'accomplir — moi
aussi, je vais dire un mot en anglais — le
«wet dream» de Gaétan Barrette. Il vient de nous dire : Moi, je
vais aller jusqu'où Gaétan Barrette n'est jamais allé...
Des voix : ...
La
Présidente : Youhou! Bon, on perd du temps ici. Brièvement, M. le
leader. Question de règlement? Très brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je
comprends l'image du collègue de Gouin. Je pense qu'on devrait avoir un
niveau de langage un petit peu plus élevé.
Des voix :
...
La
Présidente : Bon, je suis debout. On laissera les gens en juger.
Poursuivez.
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre vient de le reconnaître, lui, il
va accomplir, enfin, le fantasme de centralisation
ultime qui était celui de Gaétan Barrette. Il vient de s'en vanter. Pas sûr que
les Québécois vont aimer ça.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la Présidente, d'abord, le co-chef
de Québec solidaire, là, devrait se rappeler qu'il n'est plus un chef
étudiant, là, mais qu'il est à l'Assemblée nationale, ici, dans les mots qu'il
choisit, là. Qu'il vieillisse un petit peu, qu'il prenne un peu de maturité.
Maintenant, Mme la Présidente, ce
qu'on demande, finalement, avec la proposition du ministre de la Santé, c'est
que toutes les infirmières acceptent de partager les quarts de travail qui sont
plus difficiles, la nuit puis la fin de semaine. Ça va donner quoi, Mme la Présidente? Des meilleurs services aux
Québécois et une meilleure qualité de vie à l'ensemble des infirmières.
Mais Québec solidaire préfère défendre le statu quo.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Rosemont. La parole est à vous.
Création de Santé Québec
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
On va essayer avec un vieux,
peut-être que ça va marcher mieux. Depuis son élection, la CAQ trouve toutes sortes de responsables. Ce n'est jamais sa
faute, toujours les autres. Là, le ministre de la Santé vient de trouver le
nec plus ultra de la
déresponsabilisation : une agence. Ça, c'est le ministre qui nous disait
il y a quelques semaines : C'est le fun d'éteindre les feux, régler les
problèmes aux urgences, mais je ne suis pas là pour ça. Je ne sais même pas
pourquoi il est là, mais...
Il
y a un mythe autoconstruit, il y a un mythe autoconstruit, à la CAQ, qui veut
que tout ce que le ministre de la Santé touche, ça marche. Mais la réalité,
c'est qu'en ce moment il n'y a rien qui marche. À part la campagne de
vaccination, on va lui donner, ça, ça a marché. Mais le reste, ça ne fonctionne
pas. On le voit tous les jours, il est obligé d'aller éteindre des feux,
justement, notamment dans mon comté.
Est-ce que le
ministre, avec son agence, ne vient pas de s'offrir l'outil ultime de
déresponsabilisation pour que, justement, quand ça ne marche pas, ce n'est pas
de sa faute?
La
Présidente : En réponse, M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, moi, les commentaires que j'ai
reçus, Mme la Présidente, depuis le dépôt d'hier, sont beaucoup plus positifs de ce que j'entends ce
matin. Et j'aimerais dire que, premièrement, soyons très clairs, notre
objectif, c'est justement de décentraliser le réseau pour être capables
de se rapprocher le plus possible du terrain.
Maintenant,
j'aimerais rajouter peut-être des petits succès à ceux de la vaccination, Mme
la Présidente, notamment le fait qu'il y a exactement un an on négociait avec
les omnipraticiens, à qui on disait : Un de nos gros enjeux, c'est
l'accès au réseau, l'accès à des rendez-vous avec un médecin de famille ou avec
un professionnel de la santé. On a ajusté notre projet de loi, puis savez-vous ce qui est arrivé? Trois semaines plus
tard, on a eu une entente avec la FMOQ, qui a pris plus de 500 000 patients dans une année
record. On l'a fait même avant les objectifs. Alors, si on me dit, ce matin,
que le seul succès que nous avons eu, c'est la vaccination, j'aimerais
qu'on continue.
Deuxièmement, le
guichet d'accès... J'y reviendrai. Mme la Présidente, pas de problème.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Ma question portait sur la création de l'agence. Juste pour rappeler les faits,
ici, là.
En campagne
électorale, le ministre disait : «Je veux rassurer les travailleurs de la
santé et les gestionnaires, il n'y aura pas
de brassage de structure sur le terrain qui va venir tout chambouler.» C'est
raté. Le ministre dit maintenant que ça fait trois ans qu'il travaille
sur le plus gros brassage d'organigrammes de l'histoire québécoise.
Hier,
en briefing, le ministre lui-même a dit qu'il a été surpris quand il a reçu la
brique des mains de ses fonctionnaires. Comment nous, nous ne sommes pas
surpris?
La
Présidente : M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, là, tout à l'heure j'ai commencé à
répondre sur l'introduction, qui était tellement longue, Mme la
Présidente, que je n'ai même pas eu le temps de répondre à la question.
Alors,
premièrement, sur le document qui a été déposé, moi, ça fait un an que je travaille
sur le projet de loi, puis, savez-vous quoi, je travaillais en mode digital. Ça
a été la première fois, quand je suis allé au comité législatif, que
j'ai vu l'épaisseur du document. C'est ça, la différence entre le digital puis
le papier, juste pour lui rappeler.
Puis
ce que je lui dis aussi... parce qu'hier, hier, Mme la Présidente, j'ai fait
une présentation à l'opposition pour être capable d'avoir ce qu'on appelle le
breffage technique, et je pense que les gens voient... et j'espère que
l'opposition pourra nous aider de façon constructive à faire avancer ce projet
de loi là. C'est très important pour les Québécois.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : On dit «numérique», en
français.
Le ministre a fait une tournée des hôpitaux; moi
aussi. Avoir su, on l'aurait faite en même temps. On aurait pu comparer nos
notes après, parce que le ministre dit qu'il écoute le terrain. Moi aussi, j'ai
écouté le terrain. Le terrain, il a plein de
solutions. Le ministre ne les a pas écoutés, c'est ce qu'ils nous disent
aujourd'hui, et ça vaut pour tout l'ensemble du réseau.
S'il a écouté
le terrain, là, pourquoi, dans son projet de loi, il les exclut? Il exclut le
monde du terrain, le personnel soignant, de ses nouveaux conseils
d'administration. Pourquoi?
La Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Écoutez, premièrement, on parle de deux choses. Il
y a les conseils d'établissement puis il va y avoir le conseil
d'administration. On parle de deux choses complètement différentes.
Quant à
écouter le terrain, je vais vous donner un exemple. Lorsqu'on a rencontré les
infirmières... Puis j'ai eu la chance souvent de parler avec la députée
de Marie-Victorin, puis j'aimerais dire qu'on les a écoutées, les infirmières, contrairement, des fois, même, à certaines
personnes qui ont la responsabilité de s'occuper des employés, pour ne pas
nommer les syndicats. Savez-vous que
ça fait plus de 20 ans, plus de 20 ans que les infirmières demandent
d'avoir de l'ancienneté réseau? Ce
que ça veut dire, c'est, à leur choix, de pouvoir se déplacer. Ça fait
20 ans qu'elles demandent ça. Et savez-vous qui s'obstine? C'est le
syndicat qui le refuse, l'ancienneté réseau. Bien, nous, on va le mettre dans
les...
La
Présidente : En question
principale, je reconnais la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Pas de commentaire après les réponses. Madame, c'est à vous.
Mesures pour lutter
contre les empoisonnements au GHB
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Le 15 mars, on adoptait une motion visant à mettre fin au
fléau d'empoisonnements au GHB. J'ai échangé
plusieurs fois avec Sandrine, une jeune femme victime du GHB, comme plusieurs
de ses amies. Elle a eu le courage d'aller
prendre la parole à Tout le monde en parle. Mme la Présidente, ces
jeunes femmes là comptent sur nous ici pour lutter contre ce fléau.
On sait que
ce crime est répandu largement, une mer de témoignages en fait foi. Ce qui
m'attriste, c'est que c'est encore sur les épaules des femmes qu'on
remet le fardeau de la sécurité.
Droguer
quelqu'un à son insu, c'est un crime. Rares sont les actes criminels, au
Québec, qui sont perpétrés avec autant d'impunité.
J'aimerais ça que le ministre de la Sécurité
publique nous explique son plan pour protéger les jeunes femmes. La formation des policiers, les autotests, les bars,
c'est quoi, son plan? Et à quand une campagne qui vise les agresseurs plutôt
que les victimes?
La Présidente : M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, j'ai lu différents articles et
je suis troublé par ce que j'ai lu. Puis je m'adresse aux hommes qui utilisent
cette drogue pour agresser ces femmes, je leur dis : Vous êtes des lâches.
Au-delà
de ça, on ne peut pas rester les bras croisés. Et, dans ces conditions, Mme la
députée, votre question est excellente.
On travaille
avec les différents corps de police, on travaille avec des organismes
spécifiques. Et, dans les prochaines semaines,
nous allons dévoiler un plan de match pour mieux protéger ces femmes, pour
mieux accompagner ces femmes et s'assurer de baisser ces utilisateurs de
GHB, de cette drogue, dans les principaux bars du Québec.
• (10 h 40) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. En fait, Sandrine et toutes
les jeunes femmes qui ont été droguées ne peuvent plus attendre, et pas trop longtemps. Il y a une chose qui peut
être faite facilement, c'est cette campagne de publicité et de promotion, de
responsabilisation qu'elles nous demandent. Elles nous demandent à nous de dire
exactement ce que vous venez de dire, M. le ministre.
Responsabiliser les agresseurs, est-ce que vous
vous engagez à le faire rapidement?
La Présidente : M. le ministre.
M.
François Bonnardel
M. Bonnardel : ...Mme la Présidente, Mme la députée, poser ce geste et d'introduire
une drogue dans un verre, c'est un acte criminel. Je trouve que ces
hommes qui agissent de cette façon sont des lâches, au Québec, et je vais tout faire, tout faire, Mme la députée, pour mettre en
place des campagnes pour supporter les femmes, aviser de ce qui peut arriver,
leur donner des outils pour contrer ce
fléau, ce fléau qui est trop important. J'ai vu un pourcentage énorme, énorme
de femmes qui ont été agressées à cause de cette drogue, et cela doit
cesser.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Je vous entends, M. le ministre, mais vous ne me dites pas quand. Ces jeunes
femmes là nous demandent : Quand? Ça presse, ça urge.
Et,
dans ce sens-là, je vous invite aussi... Vous savez que les scientifiques nous
disent que les autotests, ce n'est peut-être
pas une bonne idée.On en a, des scientifiques qui travaillent au
gouvernement du Québec. Pourquoi ne pas les interpeler et leur demander de développer les outils qui vont permettre
aux femmes, à leurs amies de pouvoir se protéger pendant que vous faites
une campagne générale?
La
Présidente : Je vous rappelle que vous parlez toujours à la
présidence. M. le ministre, la réponse.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Mme la Présidente. Mme la
députée, votre question est excellente. On n'y travaille pas depuis hier,
je vous l'ai répété, on travaille avec
différents corps de police, on travaille avec des organismes, on va mettre en place
une campagne très rapidement, pas
dans trois mois, là. Donnez-nous encore quelques semaines, vous allez voir la
campagne qui va être annoncée. On va
mettre des outils en place pour contrer ce fléau, ce fléau, dans les bars du
Québec, et protéger toutes les femmes contre cette drogue. Merci.
La Présidente : En question principale, je reconnais le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La parole est à vous.
Conditions de travail chez Amazon
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Ça fait un bail déjà que l'on sait qu'Amazon n'est
pas un bon modèle de relations de
travail. En plus d'appliquer des pratiques antisyndicales importées des
États-Unis, Amazon méprise nos lois du travail, en particulier la Loi de
la santé et de la sécurité du travail.
Amazon,
c'est une véritable usine à blessures. Le taux de roulement est hallucinant, en
bonne partie en raison du travail
éreintant et dangereux dans ces immenses entrepôts, mais ça ne les dérange pas
tant que ça parce qu'il y a toujours de nouvelles vagues de personnes
récemment arrivées au Québec qui cherchent du travail.
Dans un article de
Radio-Canada, un travailleur d'Amazon à Montréal dit : «En un an de
travail, je pense que tout le monde a une
blessure. Est-ce qu'ils l'ont déclarée à la CNESST, ça, c'est une autre
question.» Pour éviter à tout prix la CNESST, Amazon a mis sur pied un système
bidon avec une infirmière maison qui va te donner deux Tylenol, une tape
dans le dos, puis, chop-chop! de retour sur le plancher.
Comment
se sent le ministre quand il voit une entreprise étrangère multimilliardaire
mépriser autant la CNESST et nos lois québécoises de santé et sécurité
au travail?
La
Présidente : La réponse du ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Mme la Présidente, ce qui est rapporté dans les médias concernant Amazon, ça
m'apparaît totalement inadmissible. Toutes les entreprises doivent
respecter nos lois en matière de normes et de santé et sécurité au travail. Il y a effectivement des stratégies abusives qui
sont rapportées, des pratiques antisyndicales, des congédiements illégaux,
sans cause juste et suffisante. Il y a eu
beaucoup d'interventions de la CNESST, et, je peux confirmer au collègue,
au-delà de la réponse écrite que je
lui ai donnée à sa lettre du 1er février, ce vendredi il va avoir une
rencontre entre des représentants de
la CNESST, le comité des travailleurs et travailleuses d'Amazon et le Centre
des travailleurs et travailleuses immigrants, qui sont impliqués dans ce
dossier-là, et on ne tolérera absolument rien qui est incompatible avec nos
lois.
Ceci
dit, je veux compléter en disant que la majorité des entreprises respectent les
normes et les règles en matière de santé et sécurité au travail. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente :
Première complémentaire.
M.
Alexandre Leduc
M. Leduc :
Amazon offre peu ou pas de francisation sur ses lieux de travail, préfère des
employés qui ne parlent pas la langue
commune et qui peuvent difficilement se renseigner sur leurs droits. Les seuls
employés qui ont accès à des cours de français, c'est ceux qu'Amazon a
identifiés comme futurs cadres. Dans les usines de nos grands-parents, les
cadres se parlaient en anglais pour ne pas
que les travailleurs comprennent. Bien, aujourd'hui dans les entrepôts
d'Amazon, les cadres apprennent le français pour ne pas que les
travailleurs les comprennent.
Comment
se sent le ministre quand il voit une entreprise étrangère multimilliardaire
faire de la francisation sélective?
La Présidente :
La réponse du ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
M. le Président... Mme la Présidente, je ne peux pas préjuger avant l'enquête,
il y a des documents qui ont été
demandés, mais je rappellerai au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve qu'il
y a des outils en français, en anglais, en espagnol, il y a de
l'accompagnement. La francisation, vous le savez, c'est une priorité pour nous.
Francisation Québec va devenir
effectif bientôt. Et je veux m'assurer que la rencontre de ce vendredi, c'est-à-dire
demain, permette à la CNESST d'aller
au fond des choses et d'émettre les constats d'infraction, encore une fois, en
considérant que les faits rapportés sont inacceptables pour nous.
La
Présidente : En terminant.
M. Boulet :
Merci.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
La grosse réforme de santé et sécurité du ministre précisait que toute
entreprise de 20 salariés et plus doit se doter d'un représentant
en santé et sécurité du travail par vote démocratique des travailleurs. C'était
une belle innovation. Il allait y avoir enfin de la prévention pour les
non-syndiqués. Moi, je suis en contact avec des travailleurs d'Amazon qui tentent depuis des mois d'avoir accès
à ces élections. C'est silence radio. Pas d'élection, pas de prise en
charge, pas de prévention sur le plancher. Pendant ce temps, l'usine à
blessures roule à plein régime.
Quand est-ce que le
ministre va livrer une réprimande sévère à Amazon?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Mme la Présidente, il y aura des conclusions qui seront tirées des documents
obtenus, des témoignages recueillis. Ce qui a été rapporté par Radio-Canada
provenait de deux travailleurs qui avaient peu d'ancienneté au sein de l'entreprise. Donc, je ne veux pas, encore une
fois, porter de jugement avant qu'une enquête en bonne et due forme ait été
tenue, que tout le monde ait eu l'opportunité d'expliquer sa version des faits.
Je le répète. S'il y
a eu des violations de nos lois en matière de normes, s'il y a un manque de
respect à l'égard des travailleurs, s'il n'y
a pas d'environnement de travail sain, respectueux et compatible avec la Charte
des droits et libertés de la personne, au Québec, nous allons
intervenir. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Vaudreuil.
Congestion routière dans le secteur de Vaudreuil-Soulanges
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Quotidiennement, les chroniques de circulation
routière parlent des problèmes de congestion
qui sont devenus la norme dans la région de Vaudreuil-Soulanges. Pour ceux qui
ne le savent pas, il y a deux axes
routiers qui permettent d'entrer ou de sortir de la région, soit
l'autoroute 20 et l'autoroute 40, qui sont parallèles.
Étant donné la
fermeture partielle du pont de l'Île-aux-Tourtes sur l'autoroute 40, les
véhicules se dirigent vers l'autoroute 20.
Le problème, dans tout ça, c'est que l'autoroute 20 est un boulevard
urbain sur sept kilomètres qui traverse quatre municipalités avec plusieurs feux de circulation. C'est
d'ailleurs le seul endroit au Canada où ça se transforme en boulevard
urbain. On ne sait même plus comment l'appeler. Autoroute, boulevard, autoboul
20? On ne le sait plus.
Mais
vous savez quoi? Au lieu de nous aider, le gouvernement de la CAQ va ajouter,
ce printemps, un autre feu de circulation. Encore un manque de vision.
Est-ce
que la ministre peut nous dire quelles mesures elle va mettre en place pour
améliorer la circulation sur l'autoroute 20?
La
Présidente : Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à
ma collègue pour ses questions sur la circonscription de Vaudreuil.
Oui, il y a effectivement des enjeux de
circulation. Elle a parlé de la reconstruction du pont de l'Île-aux-Tourtes,
et d'habitude c'est le sujet qu'elle aborde.
J'en profite pour réitérer, Mme la Présidente, qu'on va mettre énormément
d'argent pour reconstruire le pont de
l'Île-aux-Tourtes, une infrastructure névralgique pour l'ouest de la grande
région de Montréal. Et d'ailleurs le
dossier est en train de cheminer. Dès que j'aurai terminé son cheminement
officiel au sein du gouvernement, je
serai prête à faire l'annonce de la signature du contrat, et on va aller de
l'avant, et on aura, Mme la Présidente, certaines bonnes nouvelles, je pense, sans présumer de rien,
en ce qui concerne la livraison de l'éventuel nouveau pont de
l'Île-aux-Tourtes.
Effectivement,
l'autoroute 40, l'autoroute 20 sont aussi des artères essentielles
pour pouvoir se rendre notamment dans
la circonscription de Vaudreuil. Le boulevard urbain auquel elle fait référence
existe depuis longtemps. J'ai eu des discussions,
d'ailleurs, dans le cadre des mêmes Teams que j'évoque pour parler de
l'Île-aux-Tourtes, l'autoroute 20 fait partie des discussions. On est en train de l'évaluer. Et
donc ça fait partie des discussions générales sur la mobilité dans l'ouest
de l'île, l'extrême ouest.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Bien, des solutions à l'engorgement, l'autoroute 20, il y en a.
Les maires lui en ont parlé, les maires de mon comté ont proposé des options à l'ancien ministre des Transports
et à la nouvelle ministre des Transports, comme par exemple une voie de contournement, il y a des terrains qui sont déjà
expropriés, puis qui permettrait aux automobilistes de passer à
l'extérieur du centre-ville de Dorion, et ça peut désengorger aussi
L'Île-Perrot.
Est-ce
que la ministre peut nous dire si, oui ou non, le projet de voie de
contournement est toujours dans les cartons de son gouvernement?
• (10 h 50) •
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, comme je l'ai dit,
là, on a plusieurs discussions. Il y a toujours des projets en analyse dans
toutes les régions du Québec, Mme la Présidente. On ne peut pas tout faire en
même temps, je pense que c'est une
évidence. On vient d'augmenter le PQI à 150 milliards. Alors, des projets
de développement, on en a partout.
Maintenant,
la députée de Vaudreuil a fait partie du gouvernement libéral pendant quatre
ans, et, à ce que je sache, le projet en question n'a pas du tout avancé dans
les quatre années du dernier gouvernement
libéral. Alors donc, c'est en
discussion, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. Deuxième complémentaire.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Bien, comme le superprojet de
troisième lien va visiblement être relégué aux oubliettes, on se disait que Vaudreuil pourrait être une priorité, entre
autres l'autoroute 20. La voie de contournement, c'est un projet qui est
ficelé, qui a été ficelé dans les dernières années, pendant votre mandat. Donc,
on demande encore à la ministre des
Transports la possibilité ou, en
fait, prendre l'engagement, dans les circonstances, d'ajouter les travaux de
l'autoroute 20 dans son échéancier.
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Bien, Mme la Présidente, je l'ai dit, on a toutes sortes de discussions
en ce qui concerne les artères autour de la circonscription de Vaudreuil. Mais
la députée a fait partie du dernier gouvernement libéral, 2014 à 2018, le
projet de l'autoroute 20 dans son coin n'a absolument pas avancé. Elle
aurait pu en parler à l'actuel député de Pontiac, qui a été ministre des
Transports, et qui, lui aussi,
d'ailleurs, n'a jamais fait avancer l'élargissement de l'autoroute 50 dans
sa région, et ça aussi, on est en train de le faire, Mme la Présidente. Donc,
on est en action partout au Québec.
La Présidente : En question
principale...
Des
voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. Il reste une question importante. On
écoute la députée de Westmount—Saint-Louis.
La parole est à vous, juste à vous.
Intervention policière en situation de crise
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Chaque
jour, des policiers interviennent auprès de citoyens avec un état mental perturbé, une clientèle qui peut
représenter un risque important pour la population. Chaque jour, c'est la
même histoire : un appel est logé au
9-1-1, la police se déplace, on amène la personne à l'hôpital, et souvent,
avant même que le rapport de police
ne soit complété, la personne est déjà sortie de l'hôpital. Et ça recommence
jour après jour. C'est ça qu'on appelle les portes tournantes.
C'est
à cause de ça que la vie de Maureen Breau a été tragiquement perdue. Les
policiers connaissent bien cette réalité. Ce sont des interventions longues,
complexes, auxquelles les policiers n'ont pas toujours le temps, l'équipement
ou même la formation nécessaire pour intervenir.
Mardi,
le président de l'Association des policiers provinciaux a dit : «On est en
train de faire une gestion du risque qu'on ne peut pas assumer.»
Est-ce que le
ministre est d'accord ou est-ce qu'il trouve que c'est un risque acceptable?
La
Présidente : M. le ministre responsable des Services sociaux, la
parole est à vous.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui, merci, Mme la Présidente. Je remercie la
députée de Westmount—Saint-Louis pour sa question. Je vais la
prendre, parce qu'en tant que ministre responsable de la santé mentale je
m'occupe de ce comité interministériel qui
travaille ensemble, avec la Sécurité publique, la Justice et la Santé, c'est
l'axe 7 de notre plan d'action interministériel en santé mentale,
pour réviser la fameuse P-38 et ainsi que la délégation des risques en santé
mentale.
Maintenant,
ce qu'on a fait, par exemple, pour le moment, et qui est encore sous-utilisé,
c'est qu'on a pérennisé tous les projets de patrouilles mixtes qui existaient
partout au Québec auparavant. Nous, ce qu'on veut, quand il y a un appel
santé mentale, c'est que la Sécurité publique se présente sur les lieux avec un
intervenant psychosocial. Et partout où il y
avait des projets ils ont été pérennisés. On a également investi pour en créer
14 autres dans différentes régions et on veut continuer à déployer ces projets-là, qui sont vraiment très
efficaces. La personne intervenante psychosociale apaise la situation, est
capable de la désamorcer, et, au besoin, l'intervention policière peut se
faire. Et même, la plupart du temps, je dirais, cette intervention
policière n'est même plus nécessaire.
Donc,
nous, pour le 9-1-1, pour le 8-1-1, quand il y a besoin d'y avoir une
intervention psychosociale et policière...
La
Présidente : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Pour ce faire, je cède la parole et la place au deuxième
vice-président. Merci pour votre collaboration. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
formant le gouvernement, et je reconnais M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Merci, M. le Président.
Je serai bref. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que les Québécois sont les contribuables les plus taxés
au Canada;
«Qu'elle
souligne les gestes significatifs qui ont été posés par le gouvernement dans le
budget 2023-2024 afin de réduire les impôts des particuliers, tout
en maintenant un financement adéquat des principales missions de l'État.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Il n'y a pas de consentement. Alors, je suis maintenant
prêt à reconnaître un membre de l'opposition officielle et je reconnais
Mme la députée de Mont-Royal Outremont.
Prendre
acte du plus récent rapport du Bureau intégré des Nations unies en
Haïti et exprimer la solidarité de l'Assemblée envers le peuple haïtien
et les membres de la communauté haïtienne du Québec
Mme
Setlakwe : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte du plus récent rapport du Bureau intégré des
Nations unies en Haïti qui fait état
de préoccupations majeures et de constats accablants sur la violation des
droits de la personne, le climat politique du pays, la violence armée des bandes criminelles, l'absence de sécurité
et l'atteinte au maintien de l'État de droit, la crise socioéconomique
des habitants, l'absence de services sociaux fonctionnels et l'exploitation
sexuelle;
«Qu'elle prenne acte de la situation critique
qui sévit en Haïti, caractérisée notamment par :
«Une
insécurité alimentaire qui affecte maintenant 4,7 millions de personnes
sur une population de 11 500 000 personnes;
«Un accès
déficient à l'eau potable et à des services d'assainissement pourtant essentiel
pour le traitement et la prévention du choléra;
«Une épidémie
de choléra qui a touché plus de 820 000 personnes depuis 2010,
causant la mort de 10 000 d'entre eux, dont 40 % des
victimes étaient des enfants de 15 ans ou moins;
«Une hausse marquée du nombre d'homicides au
pays perpétrés par les bandes criminelles de 35,2 % en un an seulement,
faisant 2 183 victimes en 2022;
«Qu'elle
condamne avec vigueur les viols collectifs et autres actes de violence sexuelle
perpétrés par les bandes armées contre
les femmes, les filles, et dans une moindre mesure, les hommes et les garçons,
pour infliger la terreur et punir et humilier les populations locales;
«Qu'elle
rappelle les liens d'amitié qui unissent le Québec et Haïti et que ces liens
sont renforcés par la présence au sein de notre société de plus de
150 000 Québécois d'origine haïtienne;
«Qu'elle réaffirme sa solidarité indéfectible
envers la diaspora haïtienne du Québec;
«Qu'elle
affirme que la solution à la crise en Haïti doit être haïtienne et qu'elle
rappelle que la collaboration avec des acteurs locaux pour mettre en
place un processus démocratique menant à l'élection de représentants légitimes
est nécessaire pour sortir Haïti de la situation dramatique dans laquelle elle
est plongée;
«Qu'elle témoigne de notre solidarité sans
réserve envers le peuple haïtien et son désir de retrouver une société stable
et sécuritaire;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement du Québec de continuer à soutenir Haïti dans le
respect de ses champs de compétences,
en plus de sensibiliser les partenaires à la réalité haïtienne actuelle afin de
permettre aux Haïtiens de sortir de cette crise humanitaire, sanitaire et
sécuritaire de façon pacifique.»
Voilà. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M. le Président, il y a consentement pour un
débat de deux minutes par intervenant dans
l'ordre suivant : la députée de Bourassa-Sauvé, la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le député de Maurice-Richard
et le député des Îles-de-la-Madeleine.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Alors, il y a consentement pour débattre de cette
motion, et je comprends qu'il y a... c'est une intervention de quatre
intervenants et pour deux minutes chacune. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Merci, M. le Président. Le défunt Michael Benjamin
chantait : (S'exprime en créole). Haïti est une belle mer, de belles
montagnes et de belles rivières, c'est une belle plage avec des cocotiers, de
beaux paysages et de belles couleurs.
Or, alors
qu'un tel éden s'esquisse en filigrane, Port-au-Prince est le théâtre
d'ignominies absconses perpétrées par des
protagonistes illégitimes et outrecuidants sous le regard atterré de la
population, impuissante spectatrice. Quelle dichotomie!
• (11 heures) •
Nous,
Québécois, sommes aussi témoins en différé et sensibles face à l'horreur qui
frappe, une horreur qui interpelle bon nombre de nos concitoyens issus de la
diaspora haïtienne, dont certains sont présents dans ces tribunes aujourd'hui,
et que je salue, qui doivent composer au
quotidien avec les sentiments d'angoisse et de désarroi quant à ce qui attend
leurs proches au loin. Ces Québécois d'origine haïtienne vivent dans ma
circonscription ainsi que dans les vôtres.
Le Québec a
tissé un lien fraternel avec Haïti à travers l'histoire. Nous ne pouvons donc
pas demeurer impassibles. Les bandes
criminelles sévissent impunément, et au nombre des victimes de leur violence
armée se trouvent des femmes et des enfants. Face à une telle crise
humanitaire, la coutumière solidarité québécoise est de mise. Le Québec dispose
de toute la légitimité nécessaire pour prêter main-forte à Haïti à l'intérieur
de ses champs de compétence, et nos zones
d'expertise nous permettraient notamment d'agir en matière de violence faite
aux femmes, d'éducation, de sécurité publique ou en matière de lutte
contre les changements climatiques.
M. le
Président, comme nous savons si bien le faire, aujourd'hui nous demandons à
cette Chambre de clamer encore une fois aux Haïtiens : Je me
souviens que l'union fait la force. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
La prochaine intervention sera celle de Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie. Mme la ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, M. le Président.
En fait, je suis ravie que l'on puisse parler d'Haïti en cette enceinte.
Je veux
d'abord saluer les personnes qui sont avec nous dans les tribunes aujourd'hui,
qui ont sûrement des proches en
Haïti. Et je peux comprendre, du fond du coeur, l'inquiétude qui peut les
ronger. Nous avons des collègues, de part et d'autre de cette Chambre, d'origine haïtienne, et je les sais préoccupés
beaucoup par la situation. Sachez que notre gouvernement partage vos
sentiments.
Le Québec et
Haïti entretiennent des liens étroits, très étroits depuis longtemps, au niveau
culturel, linguistique et humain. La
communauté haïtienne du Québec est bien établie depuis longtemps, depuis des
décennies, au Québec, et contribue à son essor culturel et économique.
Haïti, la
perle des Antilles, c'est aussi l'autre nation francophone d'Amérique. Cet
attachement à la langue de Molière a créé des liens naturels entre les
Québécois et les Haïtiens.
Il y a
actuellement cinq crises en Haïti : la crise politique, humanitaire,
sécuritaire, sanitaire et alimentaire. C'est une situation hautement complexe.
Chaque jour, le monde entier assiste au déploiement, simultanément, de ces
crises, et c'est très préoccupant. Les gangs de rue sont armés jusqu'aux dents,
montent en puissance, tout comme la violence armée. Le choléra se propage. Les
femmes subissent des violences sexuelles. La faim se fait sentir,
particulièrement chez les enfants. Les Haïtiens peinent à se procurer
des produits alimentaires de base comme le riz et le lait. C'est dur.
Le quotidien
de la population se dégrade rapidement, et les professionnels de mon ministère
mais moi aussi observons la situation
de près et faisons des représentations dans nos champs de compétence. Les
organismes de coopération internationale québécois, que j'ai rencontrés il y a
quelques semaines, sont bien informés et sont toujours actifs sur le terrain pour
aider.
En terminant, j'aimerais simplement dire à nos
amis haïtiens que le Québec est avec vous.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre. La prochaine
intervention sera celle de M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Merci, M. le Président. Depuis leur lutte pour
l'indépendance, obtenue en 1804, les Haïtiens ont dû se montrer résilients et courageux, car ils ont dû
faire face à d'innombrables obstacles. Nous connaissons les nombreuses
catastrophes politiques et naturelles dévastatrices qui ont frappé ce pays ces
dernières années, mais j'aimerais profiter de
l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour évoquer un obstacle moins connu et
beaucoup moins naturel auquel ont dû faire face les Haïtiens : l'extorsion
d'indemnisation que la France a imposée à Haïti pour compenser les anciens
colons propriétaires d'esclaves.
En effet, en
1825, en contrepartie de la reconnaissance de l'indépendance haïtienne, une
indépendance arrachée avec bravoure et courage, la France exigeait qu'Haïti
paie une indemnité de 150 millions de francs-or pour compenser les anciens colons français pour la perte de leur
propriété, demande, évidemment, appuyée par les canons. Imaginez, M. le Président, des êtres humains s'étant affranchis de
haute lutte de l'esclavage obligés de payer leurs ex-propriétaires esclavagistes
pour pouvoir avoir le droit d'être libres et de vivre en paix. Une somme qui
correspond à 21 milliards de dollars, en dollars
d'aujourd'hui.
Haïti a été
contrainte de payer l'indemnité, mais évidemment chaque franc payé aux anciens
maîtres représentait autant d'argent qui
ne pouvait être investi pour garantir la prospérité de la nation. Il a fallu
plus d'un demi-siècle pour le payer. Inutile de dire que cela a eu un impact
négatif sur le développement économique et social d'Haïti jusqu'à aujourd'hui.
Nous pourrions poursuivre longtemps en parlant
de l'impérialisme américain qui a pris le relais ou des impacts désastreux des décisions du FMI, auquel on doit la
décision d'arrêter les subventions du carburant. Mais cela sera pour un
autre jour.
En
conclusion, M. le Président, il y a aujourd'hui des problèmes humanitaires et
sécuritaires terribles — choléra,
gangs armés ou pauvreté extrême — mais cela ne peut évacuer la question politique.
Nous rappelons que la solution à la crise en Haïti doit être haïtienne et que la collaboration avec les acteurs
locaux est obligatoire pour mettre en place un processus démocratique menant à l'élection de représentants
légitimes, est nécessaire pour sortir Haïti de la situation dramatique dans
laquelle elle est plongée.
En ces temps
difficiles, nous rendons donc hommage à un peuple haïtien pour son courage, et
sa force, et son esprit indomptable. Nous sommes solidaires de sa lutte pour la
justice, la paix et la prospérité, et nous sommes fiers de les appeler
nos frères et nos soeurs, qu'ils soient là-bas ou ici, au Québec.
Enfin, M. le
Président, alors qu'il y a des élus qui instrumentalisent les craintes et les
peurs face à l'arrivée de réfugiés, qui arrivent ici, au Québec, à la recherche
de sécurité et de protection, je citerai le grand Gilles Vigneault pour
m'adresser à ceux qui ont fui l'insécurité et la misère et qui ont
traversé vents et marées pour chercher refuge :
«De ce grand pays solitaire
Je crie avant de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c'est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je
mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la
place
Pour les humains de
l'horizon
Et les humains sont
de ma race.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Maurice-Richard. La prochaine intervention
sera celle de M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Je prends
la parole aujourd'hui pour joindre ma voix et celle du Parti Québécois à celles
de mes collègues ici présents. La situation humanitaire en Haïti est
inquiétante, évidemment, et c'est notre devoir, comme parlementaires québécois, de prendre la parole et d'inviter notre
gouvernement à agir pour aider les Haïtiens dans cette crise qu'ils
traversent.
Haïti
a été grandement éprouvée dans les dernières années. On n'a qu'à penser au
séisme du 12 janvier 2010, aux assassinats
politiques ou encore à la violence des gangs de rue, des gangs armés. Mais,
surtout, le récent rapport du Bureau intégré
des Nations unies en Haïti a fait état de violations importantes des droits de
la personne, d'une insécurité alimentaire qui touche la moitié de la population, de violences et de viols
perpétrés par des gangs armés, et même d'une augmentation importante des
assassinats au quotidien. Aucun peuple ne devrait se retrouver dans une telle
situation humanitaire et sécuritaire, et
c'est le devoir de la communauté internationale d'agir et d'épauler les
Haïtiens pour les aider à relever leur pays.
Finalement,
nous désirons aussi exprimer notre solidarité envers la diaspora haïtienne,
très présente et enracinée au Québec — et j'en profite pour souligner les représentants
qui sont ici présents — une
diaspora qui est aussi ébranlée, comme les autres Québécois, par la
situation dans leur pays d'origine et celle de leurs proches.
Les
liens qui unissent les nations québécoise et haïtienne sont profonds, et Haïti
peut compter sur le Québec pour rester
à ses côtés au cours des prochaines années. Au nom du Parti québécois, je
l'assure de notre solidarité indéfectible. Merci, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix :
...
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, le vote par appel nominal est demandé.
Alors, les députés
qui sont en faveur veuillent bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint :
M. Tanguay (LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), M. Benjamin (Viau), Mme Dufour
(Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass
(D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron
(La Pinière), M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé),
M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel
(Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Proulx (Berthier), M. Charette
(Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), Mme Lecours
(Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville
(Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne
(Johnson), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François),
M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski),
M. Lacombe (Papineau), Mme Champagne Jourdain (Duplessis),
Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry
(Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard (Montmorency),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger
(Orford), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé),
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin (Vanier-Les Rivières),
M. Bussière (Gatineau), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond (Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque),
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Blouin
(Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin (Rousseau), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval),
Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis
(Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest
(Côte-du-Sud).
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Que les députés qui sont contre veuillent bien se
lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée.
Je suis maintenant prêt à... Oui, pardonnez-moi.
M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Derraji : M. le Président, je vous demanderais de
transmettre une copie de cette motion à l'ambassade d'Haïti au Canada et
à la ministre des Affaires étrangères du Canada.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le leader de l'opposition
officielle. Ce sera fait, évidemment.
Alors,
maintenant, je suis prêt à reconnaître un membre du deuxième groupe
d'opposition, et je reconnais M. le député de Rosemont.
Appuyer la demande de
compensation financière au gouvernement fédéral face
au retrait du Québec du régime canadien de soins dentaires et demander
que les transferts en découlant soient utilisés pour bonifier
la couverture des soins dentaires des Québécois
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Alors, je demande le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Pontiac et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des sommes annoncées pour
un programme de soins dentaires dans
le dernier budget du gouvernement fédéral;
«Qu'elle rappelle que la santé est une
compétence exclusive du Québec;
«Que l'Assemblée nationale appuie le
gouvernement du Québec dans sa demande auprès du gouvernement fédéral à l'effet d'obtenir une compensation
financière sans condition équivalente à sa juste part des fonds du programme
fédéral de soins dentaires;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement du Québec de s'engager à utiliser des transferts
découlant du programme fédéral pour bonifier la couverture des soins
dentaires des Québécoises et des Québécois.» Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, il y a
consentement, sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Oui,
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Je vais vous demander un
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour reprendre le même vote?
Le consentement est accordé?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : On me dit qu'il n'y a... Donc, il n'y a pas de
consentement?Il y a consentement?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, ce qu'on m'informe, c'est qu'il faudrait retirer un député et... — comment,
vous m'avez mentionné? — retirer
un député et reprendre le même vote. C'est ça?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Donc, je comprends qu'il n'y a pas de consentement? Il n'y a pas de
consentement.
Mise aux voix
Alors, que les députés qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois
(Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bouazzi (Maurice-Richard),
Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel
(Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Proulx (Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères),
M. Julien (Charlesbourg), M. Carmant (Taillon), M. Caire (La
Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), Mme Bélanger (Prévost),
M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond
(Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Duranceau
(Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose),
M. Simard (Montmorency), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic),
Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix
(Gaspé), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Mallette (Huntingdon), Mme Blouin (Bonaventure),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin
(Rousseau), M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette
(Roberval), Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest
(Côte-du-Sud).
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), Mme Caron (La Pinière),
M. Morin (Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone
(Marquette).
M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Que les députés qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Leduc : Merci, M. le Président. Est-ce qu'une copie de
cette motion pourrait être envoyée à M. Justin Trudeau, le
premier ministre du Canada?
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Ce sera fait selon votre demande, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
Je reconnais maintenant un membre du troisième
groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
Demander
au gouvernement de reconnaître le statut de salarié
aux étudiants stagiaires du secteur public
M.
Bérubé : Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le leader parlementaire
du deuxième groupe d'opposition et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des revendications des étudiants
universitaires et collégiaux du Québec, et notamment de l'UQAR,
dénonçant la non-rémunération de plusieurs stages du secteur public;
«Qu'elle
partage leur constat que ces stages non rémunérés touchent majoritairement des
métiers à prédominance féminine;
«Qu'elle
salue l'engagement courageux des étudiants à faire entendre leur opinion et
rappelle que la voix des jeunes est importante pour les élus;
«Qu'elle rappelle qu'afin de faire de la
fonction publique un employeur de choix face au secteur privé, il est
nécessaire de valoriser ces emplois.
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement de reconnaître le statut de salarié aux
étudiants stagiaires du secteur public.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le
Président, il y a consentement, sans débat.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Consentement, sans débat. M. le député
de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Avec la collaboration de mon collègue leader, on
aimerait un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, le vote par appel nominal est demandé.
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Pardon?
Une voix :
...
• (11 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Ah oui! Effectivement, ça prend cinq députés. Donc,
est-ce qu'il y a une formation politique ou
des députés qui appuient? Oui, nous avons l'appui. Alors, maintenant... Oui, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Puis-je suggérer le même
vote, en soustrayant le vote du chef du deuxième groupe d'opposition?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour avoir le même... Il n'y a
pas consentement.
Mise aux voix
Alors, que les
députés en faveur veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel
(Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Proulx (Berthier), M. Charette (Deux-Montagnes),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), Mme Lecours (Les Plaines),
Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), Mme Bélanger
(Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), Mme Blanchette Vézina
(Rimouski), M. Lacombe (Papineau), Mme Champagne Jourdain
(Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry
(Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Simard (Montmorency),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal
(Beauce-Nord), Mme Lachance (Bellechasse), M. Jacques (Mégantic),
Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Sainte-Croix (Gaspé),
Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Blouin
(Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin (Rousseau), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval),
Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis
(Joliette), Mme Gendron (Châteauguay), M. Rivest (Côte-du-Sud).
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier
(Chomedey), Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal
(Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Ghazal (Mercier),
Mme Labrie (Sherbrooke), M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Bouazzi (Maurice-Richard), Mme Zaga Mendez (Verdun),
M. Grandmont (Taschereau).
Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 99
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : La motion est adoptée.
Une
motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il
y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Consentement. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder
à des consultations particulières sur le projet de loi n° 16
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, je fais motion, conformément à l'article 146 du
règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission de l'aménagement du territoire,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 16, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions,
procède à des consultations particulières et tienne des auditions publiques le
jeudi 6 avril 2023 après les avis touchant les travaux des commissions
vers 11 h 15 jusqu'à 13 h 05 et de 14 heures à 16 h 25, le mardi 18 avril 2023 de
10 heures à 12 h 25 et après les avis touchant les travaux des
commissions vers 15 h 15
jusqu'à 19 h 20 et le mercredi 19 avril 2023 après les avis
touchant les commissions vers 11 h 15 jusqu'à 12 h 50
et de 15 heures à 18 h 15;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : Union des municipalités du Québec, Fédération
québécoise des municipalités du Québec, Ordre des urbanistes du Québec,
Association des aménagistes régionaux du
Québec, Vivre en ville, Association
des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec,
Association des directeurs généraux des municipalités du Québec, Regroupement
des organismes de bassins versants du Québec, SNAP-Québec, Me Charles
Breton-Demeule, ville de Montréal,
ville de Québec, l'Institut de développement urbain du Québec, L'Union des producteurs agricoles, la Communauté
métropolitaine de Montréal, Alliance Ariane, Catherine Morency, collectif G15+;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour
le groupe parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes
30 secondes pour l'opposition officielle et 1 minute 30
secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 13 minutes
8 secondes pour l'opposition officielle et 4 minutes 23 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que la ministre des
Affaires municipales soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le leader adjoint. Est-ce que cette
motion est adoptée? Adopté.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, à la rubrique
Avis touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, M. le Président. Donc, j'avise cette Assemblée que, conformément à
l'article 275 du règlement, la Commission des finances publiques
poursuivra le débat sur le budget aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures à
16 h 30, ainsi que le mardi 4 avril 2022, de
9 h 45 à 12 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des institutions entreprendra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de
loi n° 14, la Loi modifiant
diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi
visant à aider à retrouver des personnes disparues, le
mardi 4 avril, de 9 h 45 à 12 h 25, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 10, la Loi
limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel et à de
la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des
services sociaux, le mardi 4 avril, de 9 h 45 à
12 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Pour
ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se réunira en séance de travail virtuelle le
vendredi 31 mars 2023, de 8 heures à 10 heures, afin de
procéder à l'examen de rapports annuels de gestion.
De
plus, je vous avise que la Commission de la culture et de l'éducation se
réunira en séance de travail aujourd'hui, de 11 h 30 à
13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, afin de déterminer les
observations, conclusions ou recommandations de la commission à la suite des consultations particulières et auditions
publiques sur le mandat d'initiative portant sur les révélations de
violence lors des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible
situation dans d'autres sports.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous rappelle
que, lors de l'interpellation prévue pour
demain, le vendredi 31 mars, Mme la députée de Mille-Îles s'adressera
à Mme la ministre responsable de l'Habitation sur le sujet
suivant : L'habitation au Québec : un secteur négligé par un
gouvernement caquiste désengagé.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint.
M. Caire : Merci, M. le Président.
Pourriez-vous appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 12
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre
de la Justice propose l'adoption du principe
du projet de loi n° 12, Loi
portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et visant
la protection des enfants nés à la
suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression
ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un
projet de grossesse pour autrui.
Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 236 du règlement prévoyant que le
débat sur l'adoption du principe du projet de loi est inscrit aux
affaires du jour de la séance suivant soit sa présentation, soit le rapport de
la commission? Y a-t-il consentement?Consentement.
Alors, pour la première intervention, je
reconnais M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Nous procéderons
aujourd'hui à l'adoption du principe du projet de loi n° 12, qui
vise à poursuivre l'importante réforme du droit de la famille.
Au cours des
derniers jours, nous avons eu l'occasion d'entendre une vingtaine de groupes et
intervenants dans le cadre des consultations particulières. Nous tenons à
remercier tous ceux et celles qui ont participé à cet exercice fort important.
Un mot particulier pour mes collègues, tant de la partie gouvernementale que
des différentes oppositions, grâce à qui les travaux de consultation se sont
déroulés rondement et de manière constructive. Les points de vue et les
suggestions partagés permettront assurément de bonifier notre réflexion sur le
projet de loi n° 12.
Ce projet de
loi se décline en trois grands axes : la procréation... la protection des
mères dont l'enfant est issu d'un viol
et la fin de la possibilité, pour un agresseur sexuel, de forcer
l'établissement de sa paternité, l'encadrement des grossesses pour autrui en vue d'assurer la
protection des droits de l'enfant à naître et ceux de la mère porteuse, et puis
un meilleur accès à la connaissance des origines pour les enfants nés
d'une procréation assistée, que l'on parle de don de gamètes ou d'une grossesse
pour autrui.
Nous le
répétons souvent, M. le Président, les enfants sont ce que nous avons de plus
cher. C'est notre devoir de nous
assurer que les lois qui sont en place leur permettent de s'épanouir et de se
développer dans un environnement sain et
sécuritaire. Le projet de loi n° 12 accorde une place centrale à l'intérêt
et à la protection de l'enfant, peu importe la façon dont il vient au
monde.
En effet, il
existe plusieurs façons de fonder une famille. Le droit doit être adapté à
celles-ci. Nous le réitérons, le droit de la famille ne doit plus être à la
remorque de la société. Au fil des 40 dernières années, aucun gouvernement
ne s'est attaqué aux lacunes du droit
de la famille. Avec l'adoption du projet de loi n° 2, lors du précédent
mandat, nous avons fait des avancées majeures. Le projet de loi
n° 12 s'inscrit dans la continuité.
• (11 h 30) •
Pensons, d'abord, à celle que nous connaissons
sous le pseudonyme d'Océane, cette jeune femme qui a donné naissance à un enfant... — pardon,
M. le Président — cette
jeune femme qui a donné naissance à un enfant à la suite d'une agression
sexuelle. Nous avons tous et toutes été outrés et profondément choqués
d'apprendre, à travers cette histoire, qu'un agresseur peut, dans l'état actuel
de la loi, établir sa paternité à l'égard d'un enfant issu d'une agression
sexuelle. Ce sera bientôt chose du passé. Le
projet de loi n° 12 va ainsi permettre à une mère de s'opposer à
l'établissement de la paternité dans
une telle situation. La mère pourra également demander le retrait d'une
filiation déjà établie envers l'agresseur. Nous nous assurons aussi de ne pas
pénaliser financièrement la mère et l'enfant, c'est pourquoi un agresseur
pourrait être tenu, même en l'absence
de l'établissement d'un lien de filiation, de verser à la mère une indemnité
pour l'aider à subvenir aux besoins
de l'enfant. Il est également prévu de permettre à l'enfant d'hériter. Il ne
perd donc pas ce qu'on appelle ses droits successoraux.
Dans ce
projet de loi, nous venons par ailleurs encadrer la grossesse pour autrui.
Chaque année au Québec, des enfants naissent d'une grossesse pour autrui et
peuvent ainsi se retrouver dans une position de vulnérabilité. En effet,
contrairement à la majorité des
autres États fédérés du Canada, la grossesse pour autrui n'est ni reconnue ni
encadrée par une loi au Québec. Nous proposons d'instaurer un
encadrement clair, prévisible et qui permettrait à tous de prendre une décision
éclairée. Celui-ci est basé sur certains
principes fondamentaux, notamment la mère porteuse doit être âgé d'au moins
21 ans et doit... et peut disposer de son corps comme elle l'entend et
résilier l'entente unilatéralement en tout temps. Les parents d'intention,
quant à eux, ne peuvent pas abandonner l'enfant même s'ils changent d'idée en
cours de processus. Ils auront une
responsabilité à l'égard de l'enfant. Toutes les personnes impliquées dans le
projet devront avoir participé préalablement à une séance d'information et devront avoir conclu une convention auprès
d'un notaire. En résumé, nous proposons un cadre sécuritaire et surtout
sécurisant pour tous. Nous assurons que les droits de l'enfant à naître et de
la mère porteuse soient protégés quoiqu'il arrive.
Enfin, comme
les experts s'entendent sur le besoin fondamental pour une personne d'avoir
accès à la connaissance de ses
origines, nous voulons garantir cet accès à tous les enfants, qu'ils soient
issus d'une procréation assistée ou adoptés. Rappelons que les règles relatives à la connaissance des origines pour
les enfants adoptés ont été élargies dans le cadre du projet de loi n° 2. Nous
avons également enchâssé le droit à la connaissance d'origine dans la Charte
des droits et libertés de la
personne. La connaissance des origines permet à tout individu de construire son
identité et de s'approprier son histoire. Il s'agit d'un besoin intrinsèque et crucial. Il est donc important de
permettre aux enfants issus d'une procréation assistée d'accéder, eux aussi, à leurs origines. Nous
harmonisons par ailleurs les règles de communication de renseignements médicaux en matière de
procréation assistée pour l'harmoniser à celles applicables en matière
d'adoption. Dorénavant, avec cette réforme du droit de la famille, tous
les enfants seront sur un pied d'égalité en cette matière.
La famille
est au fondement même de notre société, c'est elle qui en est la base. Le droit
qui l'encadre doit suivre son
évolution et mieux répondre aux besoins des familles d'aujourd'hui. En tant que
gouvernement, nous ne devons rien laisser au hasard quand vient le temps
de protéger l'intérêt de nos enfants. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le ministre de la Justice.
Avant de céder la parole au prochain
intervenant, je vous informe que deux débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui, à 13 heures. Le premier débat
portera sur une question adressée par M. le député de l'Acadie à M. le ministre
de la Justice concernant le manque de
ressources à la Commission d'examen des troubles mentaux du Québec. Le deuxième
débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de La Pinière à Mme la ministre déléguée à la Santé et aux
Aînés concernant les ressources humaines dans le projet des maisons des aînés.
Alors, la prochaine intervention sera celle de
M. le député de l'Acadie. M. le député.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Merci. Merci, M. le Président. Donc, nous sommes à
l'étape de l'adoption du principe de ce projet de loi fort important, comme le
soulignait M. le ministre de la Justice. Je peux vous dire que j'ai été très
heureux de participer aux
différentes... en fait, à la période en matière d'interventions en commission
parlementaire avec les différents groupes et personnes qui sont venus témoigner, parce que vous comprendrez... et
M. le ministre a fait un résumé quand même assez rapide de ce projet de
loi, mais c'est un projet de loi qui va modifier d'une façon importante
plusieurs dispositions du Code civil du
Québec et qui touche, je dois le dire, des domaines, des sujets qui sont quand
même sensibles pour la population. On
parle, bien sûr, de filiation, mais on parle aussi de convention de grossesse,
de mères ou de femmes porteuses, de projet de parents. Et on parle également,
comme le ministre a souligné, d'assurer, si vous voulez, la possibilité pour
une femme victime d'un viol qui
décide de donner naissance à l'enfant de faire une demande pour avoir une
indemnité. Présentement, dans le Code
civil du Québec, tout ce qui touche aux conventions de grossesse, évidemment,
il y a des contrats qui se font présentement, mais ils ne sont pas exécutables,
donc ça ne veut pas dire que cette réalité n'existe pas, mais il n'en demeure
pas moins qu'il n'y a pas, comme tel, de véritable encadrement juridique, et
c'est la raison pour laquelle, je pense, ce projet de loi est important. Cependant, ça ne veut pas
dire qu'il est parfait, compte tenu, évidemment, de l'ensemble des groupes
que nous avons entendu en commission parlementaire.
Le projet de
loi permet donc à un enfant, lorsqu'il est issu d'une agression sexuelle, de
contester sa filiation avec l'agresseur ou de s'opposer à ce qu'une
telle filiation soit établie. Il rend de plus cet agresseur responsable de
contribuer à satisfaire aux besoins de l'enfant par le paiement d'une indemnité
à la personne victime de l'agression sexuelle. Il prévoit également la possibilité pour l'enfant d'être considéré comme un
descendant au premier degré de l'agresseur aux fins de l'application des
règles de la dévolution légale ou de dispositions testamentaires.
Le projet de
loi codifie par ailleurs certains principes qui sont déjà reconnus et des
règles jurisprudentielles qui vont clarifier et uniformiser ces mesures. De
plus, il rend imprescriptibles les actions relatives à la filiation. Il
reconnaît la grossesse pour autrui et l'encadre afin de protéger les intérêts
de l'enfant et de protéger les femmes porteuses dans le cadre d'une telle
grossesse. Et évidemment, c'est important de regarder le projet de loi,
plusieurs groupes nous en ont parlé, il s'agit ici d'avoir une interrelation entre les droits de l'enfant et,
bien sûr, les droits des femmes d'être capables de disposer librement de
leur corps et de protéger les femmes porteuses qui entreront éventuellement
dans une convention.
Il permet
aussi, dans le cadre d'un projet parental, de recourir à la grossesse pour
autrui afin d'avoir un enfant et il prévoit
les modalités qui doivent être respectées. À cette fin, il prévoit notamment
l'obligation de conclure une convention de grossesse pour autrui avant le début de la grossesse ainsi que
l'obligation d'obtenir, après la naissance de l'enfant, le consentement de la personne qui lui a donné
naissance à ce que le lien de filiation avec l'enfant soit établi exclusivement
à l'égard des parents d'intention.
Le projet de
loi permet l'établissement légal de la filiation d'un enfant issu d'un tel
projet parental lorsque toutes les parties à la convention sont domiciliées au
Québec, à la condition notamment que la convention soit conclue par acte
notarié en minutes après la tenue d'une
séance d'information. Et ça, c'est particulièrement intéressant, et j'aurai
l'occasion d'y revenir, M. le
Président, parce que, vous vous rappellerez peut-être, lors de l'adoption et
des différentes phases du projet de loi n° 8 sur l'accès à la justice, le
ministre de la Justice, dans le cadre de sa loi, a permis aux notaires d'avoir
accès à des concours pour devenir juges. Alors, en commission parlementaire, on
avait eu des avocats qui nous ont parlé d'une réalité, puis des notaires qui nous ont parlé également
d'une réalité. Eh bien, croyez-le ou non, avec ce projet de loi qui est
totalement différent, évidemment, qui est dans un autre domaine, mais cette
notion de vouloir obtenir la convention par acte notarié a fait en sorte que
nous nous sommes ramassés encore une fois avec des avocats qui avaient une
position et des notaires qui en
avaient une autre. Alors, je pourrai vous en reparler un peu plus tard, tout à
l'heure, mais je pense que ça mérite à tout le moins d'être souligné
dans cette Chambre pour que les gens, évidemment, soient au courant de ce qui
s'est passé.
• (11 h 40) •
Donc, il y
aura également une séance d'information sur les implications psychosociales et
sur les questions éthiques que le projet parental implique.
Le
projet de loi prévoit aussi les règles applicables lorsque la personne qui a
accepté de donner naissance à l'enfant est domiciliée dans un autre État
désigné par le gouvernement. Donc, dans le projet de loi, actuellement, tel
qu'il est, il est possible, donc,
pour des parents qui veulent entrer, évidemment, dans ce projet, d'avoir
recours à une personne qui a accepté de
donner naissance à l'enfant qui est domicilié dans un État étranger.
Évidemment, le projet de loi souligne que cet État étranger
doit être désigné par le gouvernement. Et on voit dans le projet de loi que
différents ministères auront à évaluer, établir une liste de pays. Sauf que
vous comprendrez qu'ici, au niveau du principe, on a voulu s'assurer, lorsqu'on
a entendu les différents groupes et
associations, que tous les droits de la femme porteuse allaient être respectés
et qu'évidemment, si le projet de loi est adopté, éventuellement, tel
qu'il est, cette femme porteuse dans un État étranger aura évidemment la même protection. Et on sait qu'au Québec, justement,
une nation très avancée dans ce niveau-là, il y a beaucoup de droits qui sont accordés aux femmes, c'est tout à fait...
c'est fantastique, c'est parfait. Mais il faut s'assurer que, si jamais le
projet de loi a lieu dans un autre
État, la femme sera aussi protégée, comme si elle l'était au Québec. Mais le
projet de loi le permet.
«Le
projet de loi modifie la Loi sur l'assurance parentale ainsi que la Loi sur les
normes du travail pour tenir compte, entre
autres, de la grossesse pour autrui dans l'octroi des prestations et des congés
qu'elle prévoit», pour que la femme porteuse ne soit pas pénalisée.
«Le projet de loi
reconnaît le droit à la connaissance des origines pour une personne issue d'une
procréation», et ça, c'est un élément qui
est très important, M. le Président. D'ailleurs, on a entendu en commission le
témoignage d'une personne issue d'une gamète, donc issue de la
procréation assistée, et je vous en reparlerai un peu plus tard. Donc,
reconnaissance des origines «impliquant la contribution d'un tiers afin de lui
permettre de connaître, dans certaines circonstances,
le nom et le profil de ce tiers ainsi que les renseignements lui permettant de
prendre contact avec lui, à moins [de]
refus de contact de ce dernier. Il donne aussi [droit] à cette personne [...]
d'obtenir, à certaines conditions, les documents qu'il prévoit. Pour permettre
l'exercice de ces droits, il donne au ministre de l'Emploi la responsabilité de
tenir un registre contenant les renseignements et les documents
pertinents et prévoit la communication de renseignements à ce ministre par plusieurs personnes ou organismes, dont les
parents, le directeur de l'état civil et les centres de procréation assistée.
Le projet de loi propose de faciliter
la communication des renseignements médicaux en matière de procréation assistée
impliquant la contribution d'un tiers lorsque la santé d'une personne le
requiert.
«Enfin, le projet de
loi prévoit des modifications de concordance et [différentes] mesures
transitoires», comme c'est le cas dans un grand nombre de projets de loi.
Maintenant,
si on regarde un peu plus en détail, au niveau, toujours, du principe, certains
éléments que je vous dirais phares de ce projet de loi et qui, lors de l'écoute
des groupes ou des personnes qui sont venus nous parler en commission parlementaire, ont été mentionnés... Donc, je vous
disais d'entrée de jeu que, quand on regarde le projet de loi et qu'on étudie
l'article qui permet la convention de grossesse, on parle d'une convention de
grossesse qui serait établie par acte notarié.
Évidemment, la Chambre des notaires et l'association des notaires nous ont
signalé, je dirais, avec un bon argumentaire,
que l'acte notarié représente un avantage certain au Québec, puisqu'il s'agit
d'un acte authentique. C'est vrai, et ceci en facilite la preuve. Les
notaires nous ont également dit qu'il y a un réseau de notaires, dans
différents pays de droit civil à travers le
monde. Rappelez-vous que je mentionnais il y a quelques minutes que le projet
de loi permet à ce qu'il y ait une
convention avec une femme porteuse, donc, à l'extérieur du Québec et du Canada.
Donc, il y a un réseau de notaires, dans différents pays de droit civil,
et donc ça peut faciliter les communications. C'est tout à fait exact.
Cependant, le Barreau
et plusieurs avocats nous soulignaient que, dans la pratique, actuellement, au
Québec, il y en a, des conventions de
grossesse pour autrui, même si, par la suite, le Code civil ne reconnaît pas
que ces contrats, ces conventions puissent avoir une force légale ou qu'on ne
peut pas poursuivre si les paramètres de la convention ne sont pas respectés. Cependant, il y a des avocats... et
dont une avocate en particulier qui nous a dit qu'elle, dans sa pratique, elle
en avait rédigé des centaines et des centaines, voire des milliers, alors, puis
que ça ne posait pas de problème.
Donc,
au niveau du principe en général, est-ce que le législateur doit agir? Je vous
dirais oui, parce que, de toute façon,
c'est une réalité. Donc, de deux choses l'une : ou bien on se met la tête
dans le sable, on ne fait rien, puis ça continue à exister, ou on essaie
justement de travailler à l'intérêt de l'enfant puis de respecter les droits de
la femme porteuse.
Alors,
ça, je pense qu'au niveau du principe on est à cette étape-là, c'est important
de le souligner, sauf que... et puis, ça, on y reviendra éventuellement, sauf
que, personnellement, quand on me dit, dans le projet de loi : Il faut
absolument que ce soit fait par acte
notarié... Bien sûr, ça va faciliter la preuve s'il y a un débat, mais il ne
faut pas oublier que, présentement, il
y a des milliers de conventions qui sont rédigées par les avocats, et ça va
très bien, et ça ne donne pas le lieu... ça ne donne pas lieu, à ce qu'on nous
a dit, à nécessairement des débats devant les tribunaux. Donc, ça, je tenais, à
le souligner parce que je pense que
c'est important que la population soit au courant de ça. Donc, ça, ça va être à
suivre pendant les autres étapes que va franchir le projet de loi, mais,
une chose est claire, cela ne fait pas l'unanimité.
Il y a un autre
élément que j'aimerais souligner en lien avec le projet de loi. On parle ici
d'une modification au Code civil. Le Code civil, c'est un outil juridique.
C'est une caractéristique juridique, je vous dirais, M. le Président, de la nation québécoise. Ça fait partie de notre
corpus législatif, mais c'est, au Canada, ce qui nous distingue de toutes les
autres provinces. Et il y a un type de
rédaction particulier pour le Code civil. Ce n'est pas un document. Ce n'est pas
une loi rédigée comme on le fait en common law.
Et le Barreau du
Québec soulignait... et je vous dirais que c'est une remarque très, très
pertinente que j'ai constatée, parce que,
quand vous regardez la façon dont le législateur a décidé de modifier le Code
civil, vous avez un article 18 du projet de loi, mais cet article 18
fait référence à un seul article qui en contient 37. Donc, on va avoir un 541.1
à 541.37 qui va traiter notamment de
la filiation, puis après ça 542 du projet de loi est rédigé de la même façon,
et là ça va de 542.1 à 542.37, encore une fois. Je tiens à le souligner
parce qu'on est à une étape, évidemment, préliminaire. Les travaux vont continuer, mais... Et je le dis, évidemment, avec
respect pour les légistes qui ont préparé le projet de loi, mais ça,
habituellement, là, pour moi, c'est de la rédaction de common law. Donc,
peut-être que ça, c'est une chose qu'il faudra revoir.
Et
c'est d'ailleurs ce que dit le Barreau du Québec dans son mémoire. Et
permettez-moi de prendre quelques minutes pour vous en faire la lecture. Je
pense que ça mérite... d'où l'importance des caractéristiques du Code civil et
des principes qu'il gouverne.
«...le Code civil du Québec — et
je cite le Barreau — est,
selon sa disposition préliminaire, un "ensemble de règles qui, en toutes matières auxquelles se rapportent
la lettre, l'esprit ou l'objet de ses dispositions, établit, en termes exprès
ou de façon implicite, le droit commun".
«Il
est normalement formulé en termes généraux et offre des orientations quant aux
règles applicables en matière de
droit civil. Le projet de loi, [...]lui, est complexe et peut porter à
confusion — alors,
aussi bien en parler tout de suite, parce
qu'on est à une étape, évidemment, préliminaire. À titre d'exemple, en matière
de filiation, on y retrouve à deux reprises la même définition de la
possession d'état.
«De
plus, en matière de protection des enfants nés à la suite d'une
agression sexuelle, quatre articles distincts du Code civil du Québec prévoient que l'agression en question peut être
prouvée par la production d'un jugement en faisant état. On retrouve aussi le même nombre d'articles
prévoyant la possibilité pour le tribunal d'ordonner des analyses génétiques
aux fins d'établir la filiation d'un enfant.
«Au-delà
des simples enjeux de rédaction ou d'harmonisation avec le reste du Code civil
du Québec, de telles règles sont de
nature à confondre les justiciables et éventuellement générer des litiges
d'interprétation.» Et croyez-moi, M. le Président, dans cette matière, s'il y a vraiment quelque chose qu'on ne
veut pas, c'est de générer, évidemment, des conflits d'interprétation
qui, à mon avis, ne serviront pas les justiciables.
• (11 h 5f0) •
Donc, je tenais à le
souligner parce que je pense que c'est un volet, un volet hyperimportant puis
qui mériterait éventuellement d'être corrigé.
Mais ce n'est pas
tout. Il y a une foule d'autres dispositions, dans le projet de loi, qui
touchent évidemment la convention de
grossesse, à part le fait que le législateur veut que ce soit par acte notarié.
Un autre élément important que j'aimerais porter à votre attention,
c'est le fait que, dans l'esprit du législateur, les conventions de grossesse,
la femme porteuse ne peut pas recevoir un salaire, donc c'est à titre gratuit,
sauf qu'on peut rembourser certains de ses frais. Et il y a évidemment plusieurs femmes porteuses ou plusieurs personnes qui
veulent entrer dans ce projet, qui ont ou qui font appel à des agences pour les aider dans ce projet
de procréation. Or, il n'y a pas, dans le projet de loi, véritablement d'encadrement des agences, et ce qu'on dit, c'est
qu'au fond certains frais engendrés par la femme porteuse pendant la
grossesse pourront être remboursés, mais sans plus. Et on a entendu plusieurs
associations ou personnes en commission parlementaire qui ont soulevé la difficulté
ou les défis qui peuvent être engendrés par ce manque d'encadrement là. C'était d'ailleurs, je vous dirais, M. le
Président, une très bonne initiative de notre leader, qui demandait à ce qu'on
puisse entendre des groupes, des
associations, des personnes avant de passer aux autres étapes, parce
qu'effectivement ça nous a permis de mieux comprendre et d'être éclairés
sur un grand nombre de sujets et d'aspects.
Mais permettez-moi...
permettez-moi de citer les Prs Côté et Lavoie, notamment de la Chaire de
recherche du Canada sur la procréation puis
du Centre de recherche Jeunes, familles et réponse sociale, qui nous
invitent... qui invitent le
législateur à circonscrire le rôle des intermédiaires privés. Et permettez-moi
de citer : «Étant donné cette zone grise dans l'écosystème de la procréation assistée, il
conviendrait de circonscrire le rôle des intermédiaires privés oeuvrant dans le
domaine de la GPA. Le laisser-faire qu'on observe ailleurs au pays, notamment
en Ontario, ouvre la porte à différentes pratiques
et manières de faire ne faisant pas l'objet d'une quelconque évaluation.
D'ailleurs, depuis le dépôt du p. l. n° 2[...] — et
là c'est le projet de loi qui a précédé celui-ci, on réfère en 2020-2021 — [les
chercheurs constatent] le développement
de sites Internet et d'offres de services privés, lesquels sont souvent
proposés par des personnes dotées d'un savoir
expérientiel — donc
des personnes qui ont vécu le processus et qui maintenant, en voulant en aider
d'autres, vont fonder une agence et
vont offrir leurs services — mais
dont les qualifications professionnelles demeurent très variables.» Et donc c'est hyperimportant pour toutes les
personnes qui veulent participer à ce projet pour éventuellement donner naissance à un enfant,
d'être, je vous dirais, bien encadrées, bien informées, et éviter que des
agences puissent agir et, évidemment, abuser de certaines dispositions. Et ça, ça m'apparaît... ça m'apparaît très
important, et c'est un élément que je voulais soulever.
On
a parlé aussi beaucoup des conventions de grossesse et ce qu'elles devraient
contenir, parce que, quand vous regardez le projet de loi, au niveau
même du principe, il n'y a pas beaucoup d'informations à ce sujet-là. Donc,
nous, on pense qu'il faudrait qu'il y ait
des précisions pour qu'on soit capables de mieux encadrer et de protéger la
femme porteuse quand elle est,
notamment, au Québec et qu'elle décide de participer à ce projet. On nous l'a
dit lors des interventions en commission,
il serait important, par exemple, de prévoir certains types d'assurances dans
la convention et probablement, aussi,
de prévoir, pour éviter tout abus, l'absence d'un lien, par exemple,
employeur-employé pour que la femme porteuse soit capable de décider en
tout état de cause et de donner un consentement véritablement éclairé. Et ça,
ça nous paraît fondamental, parce qu'il
s'agit quand même d'un projet important puis, dans certains cas, qui peut
emporter certains risques. Donc, il faut que les gens sachent,
effectivement, ce qui va en résulter. Donc, ça, c'est un élément que je voulais
porter à votre attention. Et évidemment
encadrer les agences pour que, s'il y a des frais, évidemment, qui sont
remboursés, ce soit véritablement en lien avec le projet.
J'aimerais
aussi vous parler... parce que, dans le projet de loi, et, là aussi, c'est un
peu vague et flou, on parle d'une rencontre avant avec un professionnel qui
aurait des compétences, mais on ne le définit pas comme tel dans la loi,
et on pense qu'à 541.11 le législateur
bénéficierait d'être plus précis. On dit : «Avant le début de sa
grossesse, la femme ou la personne qui a accepté de donner naissance à l'enfant
doit, sans la présence de la personne seule ou des conjoints ayant formé le projet parental, rencontrer un
professionnel habilité à l'informer sur les implications psychosociales du
projet de grossesse pour autrui et
sur les questions éthiques qu'il implique. Il en est de même pour la personne
seule ou les conjoints ayant formé le projet parental.» Et on dit :
«Le professionnel doit être membre d'un ordre professionnel désigné par le ministre de la Justice.» Donc, le projet de loi
permet au ministre de désigner, par règlement, quels sont les professionnels
qui pourraient, éventuellement, conseiller la personne.
Et,
je tiens à le souligner, nous avons reçu, lors des consultations, de l'Ordre
des psychologues du Québec un document très
intéressant où on met, évidemment, l'emphase sur l'importance de rencontrer un
professionnel qui a toute l'expertise pour être capable de conseiller adéquatement tous
les intervenants qui vont se lancer dans ce projet. Et évidemment c'est intéressant, c'est important parce que, dans le
projet de loi, on n'a rien là-dessus. Est-ce qu'il y aura quelque chose par
règlement après? Probablement, mais
c'est très, très, très vague. Puis, la façon dont le projet de loi est rédigé,
on parle d'information, mais c'est
tout. Alors, l'Ordre des psychologues nous invite à aller plus loin, et on nous
dit, et je cite : «Le p.l. n° 12 ne donne pas d'indications quant à la teneur de cette rencontre, et, en
l'absence, il est fort probable que le cadre et les informations données par différents professionnels, dans
différents milieux, soient à géométrie variable — évidemment — ce qui n'est pas souhaitable.» Et ça, ça
m'apparaît évident.
• (12 heures) •
Tous
les professionnels... Et on parle ici d'ordres professionnels. Donc,
évidemment, un ordre professionnel, c'est là pour encadrer une profession et pour protéger le public. Ce n'est pas un
lobby, et ça, on le comprend très bien, sauf que ce n'est pas tous les professionnels dans leur ordre respectif qui ont
un ensemble de connaissances qui leur permettraient peut-être de bien
cerner tous les paramètres d'un tel projet.
Et
je pense que le commentaire de la corporation des psychologues est très
important. Alors, on dit : «Par conséquent, nous croyons qu'il faut
baliser cette rencontre, cibler les enjeux importants et déterminer ce que
seront les thématiques à aborder avec
chaque personne rencontrée.» Et là, évidemment, il y a une liste exhaustive
dont, éventuellement, le législateur pourrait
s'inspirer : les transformations physiques et psychologiques qu'implique
une grossesse, le développement du lien d'attachement entre la personne qui portera l'enfant pour autrui et le
foetus qu'elle porte. Il y a un suivi médical, qu'est-ce qui va survenir après l'accouchement, le suivi
post-grossesse, les implications et l'impact d'une éventuelle décision de la
personne qui portera l'enfant de garder celui-ci. Parce que dans le projet de
loi, ceci n'est pas exclu.
Et
il y a même une période qui est prévue où la femme porteuse... Évidemment, de
zéro à sept jours, elle ne peut pas décider, mais il y a une
période, de sept à 30 jours, où elle pourrait décider de garder l'enfant
ou de le remettre aux personnes qui forment ce projet parental. Donc, il y a
quand même des implications très importantes au niveau éthique et au niveau de
l'impact sur la femme porteuse, et ça, je pense que ça mérite d'être souligné.
Alors
donc, on nous dit ici, 541.11... stipulant que cette rencontre d'information
doit être faite par un membre d'un ordre
professionnel que le ministre aura à désigner. Les psychologues considèrent à
cet effet que la liste de thématiques ici relevées témoigne de la pertinence,
notamment, de désigner les psychologues à titre de professionnels habilités à
offrir cette rencontre. Et ça, je
pense que c'est... c'est très important parce que, dans le cadre de cette
rencontre, il faudra que toutes les personnes
qui veulent participer au projet connaissent tous les tenants et aboutissants
ainsi que l'impact pour qu'ils soient capables, tout le monde, de donner
un consentement, un véritable consentement éclairé.
Et
d'ailleurs, là-dessus, je pense qu'il est important également d'informer la
population des paramètres de ce projet et
du cheminement du projet de loi n° 12. C'est notamment ce que reconnaît et ce
que recommande la Pre Langevin, de la Faculté
de droit de l'Université Laval. Évidemment, n'importe qui pouvait assister au
témoignage des groupes en commission. Et
aujourd'hui, en cette Chambre... Bien, en fait, on est enregistrés, c'est
diffusé, il est possible, et je le dis avec respect, mais il est possible que les cotes d'écoute sur le
canal de l'Assemblée nationale ne soient pas les plus élevées au Québec. En
fait, c'est une hypothèse que
j'émets. Donc, compte tenu des dispositions de ce projet de loi et de l'impact
de ce qui va arriver, je pense que la
recommandation de la Pre Langevin est importante pour que tout le monde,
évidemment, ait toute l'information nécessaire
et que tous les gens soient bien conscients, quand ils s'engagent dans un tel
processus, comme je le soulignais précédemment, qu'il y a quand même des
risques. Alors, ça, ça m'apparaît effectivement fort important de le souligner.
Une voix :
...
M. Morin :
Ah! Merci. Ça, c'est supergentil. Merci beaucoup. Donc, consentement éclairé,
c'est effectivement très important et c'est aussi ce que souligne le
Conseil du statut de la femme dans son mémoire sur le projet de loi n° 12. Et, ça aussi,
l'apport du Conseil du statut de la
femme lors des consultations a été
effectivement très apprécié parce que le conseil souligne que «porter un
enfant pour autrui n'est pas sans risque pour la santé des femmes — et je
cite leur rapport — d'autant
plus lorsque l'enfant est conçu par fécondation in vitro et au moyen d'un don
d'ovules».
Donc, il y a certains
risques qui peuvent générer... dans ce projet-là. Alors, c'est important que
les gens soient bien, bien au courant de
tous les enjeux. Et donc le conseil recommandait à la Commission des
institutions et au gouvernement de
s'assurer qu'il y aura suffisamment non seulement d'information, mais de
personnel présent pour soutenir, conseiller la femme qui envisage de porter un enfant pour autrui ainsi que les
parents d'intention. Et ça, ça m'apparaît effectivement très important.
Et
le Conseil du statut de la femme suggérait également au ministre d'édicter par
règlement les modalités à introduire dans
les conventions de GPA, j'en parlais précédemment, de manière à assurer le
respect des droits des femmes. Et ça, c'est aussi un élément clé, hein, je vous
le disais tout à l'heure, l'intérêt de l'enfant et le respect des droits des
femmes, parce qu'évidemment on ne veut pas que la femme porteuse soit en danger
ou qu'elle n'ait pas tous les soins nécessaires.
Et
d'ailleurs je vous dirais qu'à ce sujet-là on a aussi écouté différentes
associations qui ont mis en relief l'élément suivant. Pour certains groupes, certaines personnes, le fait, pour une femme
porteuse, de ne pas avoir eu de grossesse avant n'était pas un problème, donc, une personne qui n'a jamais eu d'enfant,
mais qui est âgée de 21 ans et plus. C'est ce que prévoit le projet de loi. Alors, pour certains
groupes, pas de grossesse avant, aucun souci, ça va bien. Pour d'autres, au
contraire, c'était totalement
l'opposé. Alors, plusieurs suggéraient qu'il fallait que la femme porteuse ait
eu une grossesse avant de s'engager dans une telle convention.
Alors, on
continuera évidemment de réfléchir à ça, mais je voulais vous le souligner. Et
d'ailleurs, dans le mémoire de la Fédération des médecins spécialistes du
Québec, que nous avons reçu, mais qui n'ont pas comparu en commission,
c'est arrivé hier pendant la journée, c'est une de leurs recommandations.
Alors, c'est aussi un élément important dont il faudra évidemment... regarder
pendant les autres étapes, évidemment, de ce projet de loi.
Autre
phénomène, et ça, j'en ai parlé, on dit, dans le projet de loi, que les
personnes qui veulent se lancer dans un projet parental doivent être domiciliées au Québec depuis un an avant de
demander l'autorisation. Ça, je pense, c'est un bon paramètre. Mais, comme je le disais, la femme qui donne naissance à
l'enfant, si elle est domiciliée hors Canada, la personne qui forme le
projet doit être citoyen canadien, et il faut absolument s'assurer que la femme
hors Canada sera évidemment protégée comme
si elle était au Québec. Donc, ça, c'est aussi important. Et ça, on a entendu
plusieurs groupes qui nous ont parlé de ça et qui nous ont évidemment
sensibilisés aux dangers qu'une femme pourrait avoir hors Québec alors
qu'elle s'engage dans un tel processus.
D'ailleurs,
on nous a dit, et je cite : «Des articles du projet de loi cherchent à encadrer le recours
aux mères porteuses domiciliées hors
Québec. On peut douter de l'efficacité de ces articles, d'une part, parce
qu'aucune sanction n'est prévue pour les contrevenants, et, d'autre part, parce
que l'application de l'article 541.36 pourra faire en sorte, dans certains
cas, que des demandeurs pourraient obtenir
la reconnaissance de filiation sans avoir respecté certaines conditions prévues
à la loi.»
• (12 h 10) •
Et évidemment
on sait la mécanique qui est prévue, là, au niveau du principe, c'est qu'il y
aura une évaluation de faite. On va sûrement, au gouvernement, lister des pays
qui ont des normes, que ce soient médicales ou sociales, comparables à celles du Québec, mais on sait aussi que les
lois québécoises s'appliquent sur le territoire du Québec. Donc, il y a un
flou, puis je pense que ça mérite d'être souligné.
Le projet de
loi laisse pourtant entendre qu'ils le seraient, puisque c'est des États
admissibles qui seraient désignés par
le gouvernement. Quels seront-ils? On ne le sait pas. Et, l'autre élément, ça
va être probablement... enfin, on verra, mais c'est une liste qui ne sera probablement pas très longue, parce que même
plusieurs pays démocratiques qui nous ressemblent n'autorisent
généralement pas le recours aux mères porteuses. Évidemment, dans un cas comme
ça, ça ne pourrait pas fonctionner. Et il va
falloir s'assurer... il va falloir s'assurer que, dans le pays, la convention
sera également respectée. Et c'est la raison pour laquelle certains
groupes ou associations nous ont dit que finalement, la méthode la plus
sécuritaire, c'était de s'assurer qu'au fond les femmes porteuses seraient au
Québec ou au Canada, mais peut-être pas à l'étranger.
Toujours au
niveau du principe, il y a un autre élément qui a été discuté en commission mais
qui n'est pas du tout dans le projet de loi, et ça, je... c'est une décision
consciente du gouvernement et c'est toute la question de la pluriparenté
et de la pluriparentalité. C'est exclu.
C'est une situation qui existe. On a entendu plusieurs groupes ou personnes qui
sont venus nous parler de cette
réalité. Et, là encore, écoutez, ce n'était pas... c'était excessivement
intéressant d'entendre les groupes,
mais il reste beaucoup de travail à faire parce qu'encore là on avait des gens
qui étaient totalement contre puis d'autres qui étaient totalement pour.
Alors, éventuellement, on continuera nos travaux là-dessus.
Mais j'aimerais, j'aimerais vous souligner un
document qui a été rédigé par Mme Mona Greenbaum, de la Coalition des familles LGBT+, et qui, évidemment,
soulignait qu'ils sont très déçus, et puis je pense que c'est important de le souligner, ils sont très déçus, à la lecture
du projet de loi n° 12, d'apprendre, de constater que, même si le
ministre constate que les familles québécoises ont évolué à travers les années,
qu'il existe de nouvelles réalités, des nouveaux modèles de famille et... les enfants au centre des considérations
menant à ce projet de loi, qu'il n'y a aucune mention des familles
pluriparentales.
La communauté
LGBTQ2+, comme parmi les familles hétéroparentales, les familles avec plus de
deux parents sont présentes, ça
existe au Québec présentement, et certaines personnes de la communauté LGBTQ2+
décident a priori de vivre leur
parentalité suite à un projet parental commun en trio ou en quatuor. Et là
certaines personnes sont venues nous dire : Écoutez, imaginez, si vous avez trois, quatre parents reconnus et que,
là, vous êtes en train d'essayer de prévoir un rendez-vous chez le médecin, un rendez-vous chez le dentiste,
la garde des enfants, etc., donc, ça soulève toutes sortes de problèmes, alors
que d'autres nous ont dit : Non, non, non, ça fonctionne très bien, on le
vit, et il n'y en a pas de souci.
Donc là, le
projet de loi n'en fait absolument pas état. Et on est venus, évidemment, nous
rappeler ceci et que, bien que
certaines personnes soulignaient que, lors d'un litige, cela pouvait poser des
problèmes, il n'y a pas de cas de jurisprudence qu'on nous a mentionné
qui exposait un litige acrimonieux. On nous a rappelé également qu'en
Colombie-Britannique ils ont fêté le
10e anniversaire du Family Law Act, qui reconnaît et encadre les familles
pluriparentales, et ce, sans difficulté. Donc, c'est un autre élément
que je tenais à souligner.
Maintenant,
il y a un article qui est particulièrement important, et j'aimerais en parler pendant
quelques instants, M. le Président, et c'est la disposition qui permet à
un enfant... et c'est la section V du projet de loi et qui traite de la
responsabilité financière visant les besoins d'un enfant issu d'une agression
sexuelle. M. le ministre en a parlé. Je suis convaincu que nous avons tous été
touchés par le récit d'Océane.
Le projet de
loi, au niveau du principe, apporte une piste de solution que je qualifierais
intéressante, sauf qu'il y a, à mon avis, encore beaucoup trop
d'incertitudes dans le document actuel, à l'étape où on est rendus. Le projet
de loi prévoit que la personne qui commet
une agression sexuelle est responsable, en l'absence d'un lien de filiation
avec l'enfant qui en est issu, de
contribuer à satisfaire aux besoins de l'enfant par le paiement d'une indemnité
à la personne victime de l'agression
sexuelle qui a donné naissance à l'enfant. Cette responsabilité s'étend aux
besoins de l'enfant de sa naissance jusqu'à
l'atteinte de son autonomie. L'agression sexuelle peut notamment être prouvée
par la production d'un jugement qui en reconnaît l'existence.
Donc,
évidemment, si l'agresseur a été dénoncé, qu'il a été poursuivi pour agression
sexuelle et qu'il a été condamné, ce que le projet de loi nous dit, c'est
que... évidemment, ça a été prouvé, donc la production d'un jugement
permettrait, bien sûr, d'en faire la
preuve. Et ça, c'est un élément, je pense, qui est important. Sauf qu'où il y a
un problème, à mon avis, c'est qu'il y a malheureusement peu, encore, de
dénonciations, et évidemment ce ne sont pas tous les cas qui sont poursuivis. Alors, s'il n'y a pas eu d'accusation d'agression
sexuelle, dans le cadre de cet article, la personne victime d'un viol qui
décide de garder l'enfant et qui s'en
occupe, bien, va être obligée de prouver d'abord qu'il y a eu une agression
sexuelle et, par la suite... Et
évidemment, là, vous comprendrez qu'il y a aussi un élément, ici, qui est très,
très, très sensible parce que ce
n'est peut-être pas certain que l'enfant sait qu'il est, évidemment, un enfant
d'un viol. Donc, il y a tout cet élément-là à considérer. Mais, dans un cas comme ça, il faudra
en faire la preuve et, par la suite, il faudra démontrer qu'il y a une
indemnité qui doit être versée à la
victime et que cette responsabilité s'étend aux besoins de l'enfant de sa
naissance jusqu'à l'atteinte de son
autonomie. Et j'attire votre attention là-dessus, M. le Président, parce que,
là, à mon avis, bien que le principe soit bon, il manque de précision.
• (12 h 20) •
D'abord, une
indemnité, on nous a dit, en commission parlementaire, que c'était une somme
globale, donc ce ne serait pas un peu
comme une pension alimentaire versée à chaque mois et que ça s'étend aux
besoins de l'enfant, de sa naissance
jusqu'à l'atteinte de son autonomie. Donc, son autonomie, ce n'est pas
nécessairement 18 ans, et, tout dépendant du cadre familial, ça peut être 20, 21, 22 ans. Donc, au fond, dans
un cas comme ça, la mère, et je présume que ça va être avec des experts, va
être obligée de faire la preuve, de démontrer le montant puis, après ça,
d'essayer d'évaluer quand son enfant
va atteindre son autonomie. Donc, ce n'est quand même pas... ce n'est quand
même pas simple, et, bien sûr, la partie adverse pourra contester. Et
l'autre élément que ça suscite, et ça, on en a aussi parlé pendant la
commission : Qu'arrive-t-il si
l'agresseur, même s'il a été reconnu coupable, n'a pas de capacité de payer?
Alors là, à ce moment-là, on se
ramasse avec un jugement qui va être exécutoire, mais qui ne donnera pas de
résultat concret. Donc, plusieurs groupes nous ont interpelés là-dessus et même plusieurs groupes nous ont suggéré
différentes options pour essayer d'aider, dans un cas comme ça, la mère
et l'enfant.
Alors, on
dit, par exemple, au niveau des coûts, ce qu'on nous rapporte, et c'est, entre
autres, un document qui nous a été envoyé, un mémoire, par M. Michaël Lessard,
qui est avocat et enseignant en droit de la famille à l'Université
McGill et qui dit, au fond : «Le calcul
de l'indemnité exige donc, selon toute vraisemblance, le développement d'une
preuve de la part de la victime. [Et évidemment]
ceci implique temps et argent pour la victime.» Parce que ça, c'est l'autre
élément que je n'ai pas mentionné, mais évidemment la victime qui voudra
intenter une poursuite, présentement, devra défrayer tous les montants. Et évidemment, quand on parle d'une cause en
responsabilité civile avec des experts, bien là, on peut penser... Et ça, on l'a vu, on en a parlé, puis
j'en ai assez parlé comme porte-parole de l'opposition en matière de justice,
les tribunaux sont engorgés, il y a des délais. Donc imaginez, d'abord, les
délais puis après ça les coûts.
Alors, on
nous dit et on nous rappelle : «Le calcul de l'indemnité exige donc, selon
toute vraisemblance, le développement d'une preuve de la part de la victime.
Ceci implique temps et argent pour la victime. Peut-être doit-elle acquérir
des expertises sur les besoins probables de
l'enfant, ce qui est coûteux. Peut-être doit-elle débourser des frais
additionnels pour la préparation [de son dossier]. [...]Si elle n'engage
pas [de] coûts additionnels pour préparer sa preuve, peut-être court-elle le risque de recevoir une indemnité en
deçà de ce qu'elle aurait droit. De plus, la préparation d'un tel dossier, et
la possibilité de contre-expertise de la part de l'agresseur, implique une
extension du délai avant d'obtenir un jugement final. [Donc] les
ressources des victimes seront ainsi absorbées par ce litige.»
Et c'est la
raison pour laquelle plusieurs personnes et associations nous ont suggéré ceci
pour «éviter d'imposer ces coûts et
délais à une victime d'agression sexuelle en habilitant le ministre de la
Justice à établir des barèmes pour le calcul de l'indemnité. Par règlement, le ministre pourrait alors déterminer la
valeur de base de l'indemnité. Il pourrait également permettre à une victime intéressée d'offrir une
preuve démontrant qu'elle devrait obtenir un montant supérieur à celui qui est
prévu par règlement.» Et ça, je pense que c'est un élément qu'il faut
considérer. Donc, ce qu'on suggère, éventuellement, ce serait, pour le
ministre, de regarder à déterminer par règlement les barèmes du calcul de
l'indemnité.
Et évidemment, comme je vous le mentionnais,
s'il y a un jugement d'une cour criminelle qui indique ou qui condamne l'agresseur, la preuve en sera faite plus
facilement, sinon, bien, évidemment, là, c'est à la mère de faire toute cette
preuve-là et donc la preuve de l'agression devant les tribunaux. Et là on a
aussi plusieurs groupes qui sont venus nous parler, parfois, du climat de violence conjugale, du climat de violence
coercitive au sein de la famille. Et donc, là, évidemment, les règles...
les éléments de preuve vont être encore plus difficiles. Parce que, si la femme
vit une situation de violence conjugale ou
de violence qui est coercitive, pendant une longue période de temps, est-ce
qu'elle donnera son consentement valable, si elle a des relations
sexuelles avec le conjoint qui est violent? Peut-être pas. Et donc, là, la difficulté de la preuve va être encore plus grande
à faire pour être capable de convaincre le tribunal, et évidemment le fardeau
de la preuve va reposer sur les épaules de
la victime qui, en plus, a été victime d'une agression sexuelle. Donc, ça, ça
va être à regarder d'une façon tout à fait particulière.
Et d'ailleurs
on nous indique ici que, sur le plan moral, il est difficile de comprendre
pourquoi l'agresseur ne serait pas
responsable de l'entièreté de sa charge financière de l'enfant, bien sûr, si
l'agression sexuelle est prouvée, et ça, je pense que c'est un élément qu'il
faudra regarder. Et évidemment, en ce qui a trait au paiement de l'indemnité,
comme je vous le mentionnais,
l'indemnité serait donc un montant global, et, à ce moment-là, bien, il y a
toute la question, évidemment, de la capacité de payer de la personne.
Et c'est, en
fait, tous les défis auxquels, je vous dirais... les différentes associations
sont venues nous parler puis auxquels
on fait face quand on regarde le projet de loi. Est-ce qu'il est important
d'encadrer les conventions de grossesse? Oui, ça, ça m'apparaît simple... ça m'apparaît évident, simple à
déterminer. Mais, quand, après, on regarde, avec le projet de loi
actuel, comment ça se traduit dans les différents articles de loi, là, c'est
plus compliqué.
C'est la même
chose au niveau de la responsabilité financière en lien avec les besoins d'un
enfant issu d'une agression sexuelle.
On ne peut pas être contre ça, ça n'a pas de bon sens, hein? Ça, on s'entend,
on est toujours au niveau du principe, mais,
après ça... Puis c'est pour ça que je voulais l'évoquer, M. le Président, pour
que les gens, évidemment, aient une idée après de la complexité de
transformer tout ça dans un langage juridique qui va évidemment aider la mère
et qui ne fera pas en sorte qu'elle aura un
fardeau encore plus important ou trop lourd à porter. Et évidemment ça pose la
question : Est-ce que l'État
devrait contribuer davantage? On n'en est pas là. On est à l'étape du principe,
mais je pense que la question se pose.
Et il y a aussi toute la question, je vous
dirais, de la filiation, et, ça aussi, c'est important, et je vais conclure là-dessus. Il me reste, M. le Président, à peu près cinq
minutes? À peu près cinq minutes... élément, je vous
dirais, moi, qui m'a beaucoup touché dans le cadre
des travaux de la commission, parce qu'il y a une personne qui est venue
témoigner, Mme Andréane Letendre. Elle est
née en 1983 dans une famille avec des parents hétérosexuels qui ont fait appel
à un don de gamètes pour la
concevoir. Donc, c'est une personne qui a été issue, évidemment, d'une
convention et d'un projet parental avec de la procréation assistée.
Et ça donne
aussi, au niveau du principe, je vous dirais, l'importance de s'assurer de la
filiation puis comment on va
pouvoir... comment le législateur va être capable de l'articuler. Elle nous
disait, dans son témoignage, parce qu'elle a... Il y a d'autres membres, d'autres enfants dans sa famille. Elle, elle se
disait : C'est curieux, j'avais le sentiment qu'on avait une très belle famille, on était unis, mais que
moi, j'étais comme un peu différente, mais je n'arrivais pas à trouver pourquoi.
Jusqu'à tant qu'à un moment donné on lui explique comment elle était,
finalement, née, et elle nous disait comment, finalement,
c'était important, pour un enfant issu d'un don de gamètes, d'être capable de
le savoir et de reconnaître sa filiation.
Mais là,
évidemment, la question se pose, et puis ça, le projet de loi comme tel n'est
pas précis là-dessus. Mais on le dit à quel âge, qui le dit, comment?
Évidemment, on peut penser, hein, sincèrement, qu'on n'attendra pas un conflit ou une séparation, qui implique déjà énormément de
stress au sein d'une famille, pour faire une telle annonce, mais il n'en
demeure pas moins que la question se pose,
parce qu'elle nous disait qu'elle, elle recherchait, d'une façon importante, de
connaître sa filiation.
• (12 h 30) •
Et, quand je
vous parlais, un peu plus tôt, de l'importance d'encadrer, par exemple, les
agences et tout le... tout ce qui tourne autour de ces conventions-là.
Elle nous disait, dans son témoignage, qu'elle... parce qu'elle s'est adressée
à différentes organisations : «On a toujours refusé de me transmettre la
moindre information, souvent avec une attitude condescendante.» C'est... Ce sont ses mots. On peut penser que ça n'aide
pas quelqu'un qui se cherche puis qui, en plus, ne reçoit pas un véritable... un véritable appui de
la part d'organismes ou de personnes, qui le voudrait. Donc, je pense que c'est
important.
Et elle nous
rappelait l'importance de la divulgation, elle nous disait : «À l'heure
actuelle, il est impossible de savoir combien il y a de personnes conçues avec
l'apport d'une tierce partie au Québec.» C'est vrai qu'il n'y a pas,
effectivement, de statistiques
là-dessus. Puis ça, je pense qu'au niveau du principe c'est important que le
législateur s'adresse à ça parce qu'évidemment
il n'y a rien, présentement. Donc, le principe... le principe est bon, mais
elle nous disait aussi que ça posait des problèmes parce que, souvent, dans
bien des cas, les gamètes vont venir de l'extérieur du Québec. Il n'y aurait
pas assez de sperme, de donneurs, au Québec,
pour être capable de répondre à la demande, donc on fait venir de l'extérieur,
comme c'est le cas dans d'autres
pays. Puis là, bien, se pose la question : Est-ce qu'on doit connaître
l'identité du donneur ou pas? Est-ce qu'il est obligé de la révéler ou
pas? Donc, pour la filiation, ça pose un problème supplémentaire.
Et donc,
elle, elle soulignait qu'il était important «de placer les intérêts de l'enfant
comme point central devant guider [les]
choix et [les] décisions» du législateur — pour elle, ça paraissait très important — et
qu'«on devrait [aussi] donner l'information
complète aux donneurs lorsqu'ils [choisiront] d'émettre ou non» ou de prendre
ou non un contrat pour qu'on ait toute l'information.
Donc, c'est
important, puis je tenais à vous le souligner, parce que, là, non seulement on
a entendu une foule d'experts, mais on l'a entendu d'une personne qui a vécu la
situation, à la recherche de sa filiation, et donc qui souhaitait que le
législateur, évidemment, puisse l'aider. Alors, ça, c'est... c'était vraiment
un témoignage très, très touchant.
Donc, en
conclusion, la majorité des groupes, au fond, qu'on a vus nous ont tous dit que
c'était un effort de la part du législateur
et que c'était important que ce projet de loi là soit déposé. Cependant, on
nous soulignait qu'il reste beaucoup de zones d'ombre. Mais, par ailleurs, parce qu'on est au niveau du
principe, comme porte-parole de l'opposition officielle, moi, je suis en
faveur du principe du projet de loi. Et je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de l'Acadie. Alors, je suis prêt à reconnaître le prochain intervenant. Et je vais céder la parole à
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et je me permets de vous souhaiter la bienvenue à notre
Assemblée nationale et vous féliciter, M. le député.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Il me fait plaisir de prendre la parole ce matin — ce
midi, maintenant — concernant
le projet de loi n° 12, un projet de loi qui vise à modifier les
éléments importants en matière de droit de la famille, évidemment.
Avec ce
projet de loi, on tente notamment d'assurer la protection des enfants nés à la
suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette
agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un
projet de grossesse pour autrui.
Le projet de
loi est la suite de la réforme en matière de droit de la famille initiée par le
projet de loi n° 2, la loi n° 2
de la précédente législature. Ce projet de
loi devait initialement traiter des questions de GPA, de gestation pour autrui,
mais les dispositions à ce sujet en
avaient été retirées en raison d'un manque de temps pour étudier... pour les
étudier de manière correcte. Le nouveau projet de loi vise donc à
finalement légiférer ce dossier.
Nous avions,
par ailleurs, demandé et salué la décision de scinder le p.l. n° 12 de la présente législature afin de pouvoir prendre le temps et bien faire les choses pour encadrer la
grossesse pour autrui. Le temps est maintenant venu de le faire.
Je pense, et je suis convaincu que mes collègues
des autres formations politiques diront la même chose, les questions traitées dans ce projet de loi sont
importantes. Les discussions que nous aurons au cours des prochaines semaines
toucheront des sujets sensibles, mèneront à certains questionnements éthiques,
mais il s'agit de discussions nécessaires. Il est temps que le législateur se penche sur des
sujets qui viendront, on le souhaite, offrir plus de protection et de droits
aux femmes et aux enfants. Il me fera
plaisir de prendre le temps de réfléchir à ces questions, mais je vous le dis
d'emblée, nous allons voter en faveur du principe du projet de loi
n° 12.
Nous pensons, d'ailleurs, que ce projet de loi
aurait le potentiel de s'inscrire dans la modernité en venant notamment reconnaître la pluriparenté dans notre
cadre légal québécois, comme le font déjà d'autres provinces et d'autres
législations sans problématique soulevée.
C'est une demande de plusieurs groupes et de plusieurs familles au Québec, et
nous pensons que ce projet de loi aurait le
potentiel énorme de venir reconnaître cette réalité de plusieurs familles
québécoises.
M. le
Président, comme mes collègues, je ne peux passer sous silence le cas d'Océane
aujourd'hui, dont l'histoire a fait les manchettes pour des raisons
absolument terribles en août dernier. C'est surtout grâce à son histoire que
nous sommes ici, en Chambre, pour parler
d'une réforme du droit de la famille qui a la protection des enfants à coeur,
la protection, malheureusement, des enfants nés à la suite d'une
agression sexuelle et la protection des victimes de cette agression. Aujourd'hui, j'ai une pensée pour Océane. J'espère
qu'au terme de ce travail législatif nous aurons réussi à offrir plus de
protection à tous les enfants nés à la suite d'une agression sexuelle ainsi que
les mères victimes d'agression.
Je vous l'ai
déjà dit, je ne vous surprends pas, nous allons voter en faveur de l'adoption
de principe, mais nous croyons tout
de même que des améliorations s'imposent et que certaines dispositions méritent
d'être mieux encadrées. Permettez-moi, M.
le Président, de soulever ici quelques éléments qui mériteraient d'être
traités, discutés et parfois même, probablement, amendés dans l'étude
détaillée.
Au niveau de la GPA, de la gestation pour
autrui, les principes au coeur de nos réflexions sont les suivants : évidemment, le bien-être de l'enfant, le respect
de l'autonomie de la femme porteuse, le consentement libre et éclairé de la
femme porteuse, la non-marchandisation du
corps de la femme. Ceci est au coeur de ce qu'on va tenter de bonifier avec
le projet de loi.
D'abord, plus
de précisions entourant ce qui devra et surtout ce qui ne devra pas être dans
la convention de GPA mérite d'être précisé. Des travaux confirment que des
clauses interdisant certains comportements avant ou pendant la grossesse de la femme seraient actuellement
incluses dans des contrats de GPA rédigés un peu partout ailleurs au Canada.
On a entendu toutes sortes d'exemples :
l'interdiction de boire des boissons gazeuses, l'obligation de manger bio ou même
des indications sur les activités physiques, les traitements médicaux à
accepter ou refuser. Il faut être très clairs sur ce qui va être permis et non permis dans la convention de GPA. Avec le
projet de loi, on souhaitera encadrer les conventions de GPA afin de s'assurer que les femmes porteuses
impliquées dans le projet parental conservent le contrôle total sur leur
vie privée et sur leurs choix. Plusieurs
groupes nous ont mentionné cette volonté de s'assurer du principe fondamental
de l'autonomie de la femme porteuse
au sein même des conventions. Et il faut que ce soit encore plus clair. On a
des inquiétudes quand on voit les
dérives, ou quand on voit des problématiques, ou avec ce qui nous est soulevé
dans le reste du Canada. Alors, pour
nous, c'est très important qu'on exprime très clairement ce principe directeur
de l'autonomie totale de la femme et qu'on explique qu'est-ce qui peut
et ne peut pas faire partie de la convention. Donc, le législateur doit nommer
avec plus de précision ce qui doit et ce qui
ne doit pas se retrouver à l'intérieur même de ces conventions. Ça fera partie
de nos propositions d'amendement.
Plusieurs
groupes nous ont aussi mentionné qu'il sera nécessaire d'établir rapidement,
probablement par règlement, la gestion des sommes en indemnité et leurs
versements. Donc, qu'est-ce qui va être couvert? À quelle fréquence?
Comment vont être gérés les conflits
d'interprétation sur les versements? Des groupes nous ont aussi demandé de
préciser le rôle du notaire dans
cette administration. Jouera-t-il le rôle de celui qui exécute le versement
d'indemnité? Est-ce que le dépôt en garantie sera seulement un dépôt en
garantie qui demeure statique? Tout ça devra être clairement précisé.
Des groupes
nous ont également demandé d'ouvrir les mandats de GPA aux avocats et non
seulement aux notaires. C'est une
question qui va devoir être étudiée et tranchée, notamment considérant que ça
se fait déjà par centaines, voire par
milliers sans problématique... nous apparaît peu claire, à savoir pourquoi les
avocats seraient prohibés de faire une telle procédure.
• (12 h 40) •
Des groupes nous ont aussi suggéré de ne pas
avoir à déposer l'ensemble de la convention de GPA auprès du Directeur de l'état civil, mais seulement un
extrait afin de limiter le partage d'informations
non nécessaires et sensibles. Nous allons
devoir étudier également cette proposition. Nous aurons le devoir, en tant que
législateurs, de permettre un cadre de convention suffisamment souple pour
qu'il puisse être modulable en fonction des différentes situations, mais
suffisamment encadré pour que la vie
privée et l'autonomie des femmes porteuses n'en soient pas atteintes. Nous
allons travailler en ce sens.
Au niveau de
la sensibilisation et l'accès à toute l'information possible pour les parties
prenantes de GPA, on a aussi du travail à faire. Le projet de loi
prévoit une rencontre de chacune des parties prenantes au projet avec un
professionnel habilité à fournir l'information sur les implications
psychosociales du projet et des conséquences éthiques qui peuvent ressortir
d'un tel projet. On est du même avis et on reconnaît l'importance de cette
rencontre. Des groupes nous ont mentionné aussi l'importance de rencontres
communes, et non pas seulement individuelles, pour s'assurer aussi d'un développement d'un consensus commun. Des groupes
nous ont aussi dit qu'une seule rencontre n'était pas suffisante, qu'on devrait avoir plusieurs rencontres, et que ces
rencontres psychosociales soient disponibles également après la réalisation
du projet. On souhaite aller en ce sens et
on aura des propositions concrètes. Certains ont proposé qu'il n'y ait pas de
limite, après la signature de la
convention, au nombre de rencontres nécessaires pour assurer le consensus. On
pense que c'est un élément important.
Dans le projet de loi, il y a des choses qui
sont absentes ou incomplètes eu égard à la GPA et les voici. Nous pensons qu'il est le rôle du législateur de
prévoir toutes les avenues dans la loi afin de ne pas reproduire ce que nous
essayons de combler, soit l'absence
d'encadrement, soit un vide législatif. Il faut être certains d'encadrer toutes
les situations. Le projet de loi, en
ce moment, est très important parce qu'il répond à une absence législative. Et
on veut l'encadrer, on veut aider les gens, on veut aider les familles, et
l'objectif, c'est de proposer un cadre qui va répondre à tous les projets
parentaux possibles dans toute prévisibilité.
Dans le
projet de loi, actuellement, malheureusement, il y a peu d'information dans le
cas où des conditions menant à
l'existence de la convention ne seraient pas respectées, surtout dans un
contexte de GPA transnationale. Il nous apparaît important de fixer des balises claires concernant les critères de
sélection des États qui seraient admissibles à un projet parental au moyen d'une GPA. Il est aussi primordial
d'avoir des mécanismes rigoureux pour s'assurer du maintien des critères des
États concernés une fois sont-ils choisis.
Le principe de précaution devrait s'appliquer. Pensons notamment à nos voisins
du Sud, qui ont modifié... certains États
ont modifié certaines dispositions législatives sur les droits reproductifs des
femmes. Faudra-t-il sélectionner certains États qui permettent
l'avortement, éliminer les États américains où ceci n'est pas possible? Tout ceci nous apparaît comme un immense
défi dans lequel il faudra toujours s'assurer du principe de précaution
au coeur de nos sensibilités.
Certains
groupes ont également levé un drapeau rouge concernant la faiblesse de
l'encadrement proposé envers les agences en situation de GPA. On a également
des craintes concernant la capacité du législateur à assurer les mêmes niveaux
d'encadrement, de sécurité et de respect des
droits pour les projets GPA concernant les femmes porteuses hors du Québec.
Ce sont des préoccupations que nous estimons être légitimes.
Quant au
droit aux origines, bien que le fait de permettre aux enfants issus d'une GPA
d'avoir accès aux informations sur leurs origines est la bonne mesure,
des précisions pourraient être apportées quant aux responsabilités des parents d'intention à cet égard. Pour le moment, le projet
de loi ne prévoit pas d'obligation pour les parents en ce sens, mais la discussion demeure pertinente sur ce sujet. La
demande venait aussi avec le fait d'interdire d'avoir des donneurs à identité
fermée compte tenu des besoins pour
certaines personnes d'obtenir des informations sur leur bagage médical et
génétique, mais aussi de connaître la taille de leur fratrie. Et des
groupes sont venus nous en parler, de l'importance de savoir qui, combien de gens avaient bénéficié du même donneur
qu'eux. De plus, qu'est-ce qui se passe si les parents décèdent, si l'enfant est placé en famille d'accueil, s'il ne
connaît pas ou ne peut pas savoir qu'il est issu d'un tel projet? Des
dispositions à cet effet au niveau du Directeur de l'état civil devront
être explorées.
Je l'ai cité
tout à l'heure, on a eu une occasion ratée, dans ce projet de loi, que de
légiférer en matière de pluriparentalité. Évidemment, ce sont des familles qui existent déjà sous ce modèle-là, et
cette reconnaissance légale aurait pu mener à une reconnaissance sociale. Cela permettrait de ne pas
nier la présence ou l'implication d'un parent dans l'unité familiale. C'est
d'ailleurs dans l'intérêt de l'enfant de voir sa cellule familiale réelle
reconnue par la loi, avec tous les droits que ça lui apporterait, d'avoir un parent désigné par la loi. Plusieurs groupes ont
suggéré de reconnaître cette réalité, et on pense que le contexte du
p.l. n° 12 s'y prête parfaitement. Le ministre a même
reconnu, en commission, que c'est une discussion qui mérite d'être faite, puisque des centaines de familles québécoises,
voire des milliers ont évolué à travers les années sous ce modèle. L'Ontario, la Saskatchewan, la
Colombie-Britannique encadrent la pluriparenté sans problème. Aucun problème
majeur, aucune jurisprudence, aucun dossier,
aucune bisbille et problème possible n'ont été soulevés, alors je pense que
le Québec devrait aller dans ce sens. On
pense qu'il serait tout à fait possible, au Québec, de mettre un cadre légal
reconnaissant cette réalité familiale, modulé, bien sûr, envers nos
spécificités.
En matière de
filiation en matière d'agression sexuelle, effectivement, aussi le projet de loi n° 12 propose une solution créative qui permet de ne pas reconnaître la
filiation à l'agresseur sexuel sans pour autant faire perdre à l'enfant les
avantages de la filiation. Nous
sommes sensibles aux arguments amenés par plusieurs groupes sur le fait que le
projet de loi pourrait aussi
permettre d'encadrer la filiation des enfants dans un contexte où la violence
conjugale est vécue dans un continuum impliquant notamment des violences
sexuelles et un contrôle coercitif. Plusieurs exemples ont été amenés qui nous
poussent à souhaiter que le projet de loi prenne en compte la complexité des
réalités vécues par les victimes d'agression sexuelle.
Dans une forte majorité de cas, la victime connaît son agresseur, et celle-ci a
probablement vécu plusieurs agressions, dont une ayant mené à la grossesse. Il faut être très sensibles à ce
genre de situation. Plusieurs ont souligné qu'en cas de non-condamnation
ou en cas d'acquittement en matière d'agression sexuelle au niveau criminel le
fardeau de la preuve sur la victime en
matière civile d'arriver à prouver à un juge l'agression pour obtenir la
non-reconnaissance sera quand même extrêmement difficile. Plusieurs
pistes de solution ont été amenées pour éviter le plus possible les contacts
entre les victimes... la victime et son
agresseur de même que les recours légaux qui pourraient être intentés en
retour. La question des inférences
négatives qui pourraient être faites par les juges concernant les mères qui
voudraient déclarer une agression sexuelle ayant mené à une grossesse
nous apparaît fondamentale. En effet, la possibilité qu'un agresseur accuse sa
victime de tentative d'aliénation parentale
n'est pas à prendre à la légère, considérant les nombreux exemples qui ont été
portés à notre attention lors de la commission.
Enfin, le
projet de loi n° 12 prévoit qu'en cas de condamnation pour des agressions
sexuelles au criminel le retrait de
la filiation parentale sera facilité. Nous avons été sensibles à l'argument
selon lequel il faudrait aussi considérer les condamnations pour ce même crime
en matière civile également. Il n'est pas rare qu'en matière d'agression
sexuelle on puisse avoir un
acquittement au criminel suivi d'une condamnation au civil, et il faudrait que
ces états de fait ou ces constats de fait là soient aussi reconnus.
En matière
d'indemnité, à la suite du passage en commission de Mme Zaccour, il n'est
pas clair, à nos yeux, quel intérêt
la nouvelle indemnité aurait par rapport au recours normal en droit civil.
Selon elle, il semble que l'indemnité prévue par le projet de loi n° 12 pourrait être inférieure à ce qu'on pourrait
obtenir avec un recours en droit commun. En ce sens, il est difficile de
comprendre en quoi la nouvelle indemnité serait préférable à une demande à
l'IVAC. Nous demandons aussi de préciser
dans le projet de loi les barèmes et les modes de versement entourant
l'indemnité qui sera payée par celui qui
commet l'agression. De plus, afin d'éviter un maintien d'un lien entre
l'agresseur et la victime, il a été proposé d'instaurer ou de déléguer
une structure de gestion financière gérée par l'État qui aurait le rôle de
faire le pont entre les versements et l'indemnité. Cette proposition mérite
d'être étudiée.
En
terminant, il pourrait être intéressant de considérer la proposition des CAVAC
de permettre que l'enfant issu d'une agression soit aussi considéré
comme une victime au même titre que la mère, ce qui permettrait une meilleure
indemnisation et donnerait plusieurs options aux mères et aux enfants.
Bref, il
reste beaucoup de travail à faire pour améliorer le projet de loi n° 12.
Nous sommes favorables à l'adoption de son principe. Nous avons l'intention de
travailler en collaboration avec les autres collègues députés sur ces questions
importantes. Et nous remercions d'ailleurs
tous les groupes qui sont venus partager leur expertise en commission. Merci,
M. le Président.
• (12 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Je cède maintenant la parole au prochain intervenant, et ce
sera M. le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. J'en profite
pour vous saluer, également saluer les collègues de l'opposition, également
tous les collègues de la banquette gouvernementale.
Vous dire, M.
le Président, que je ressens une très grande joie et une immense fierté de
pouvoir m'exprimer à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 12,
qui traite du droit de la famille, mais particulièrement en matière de
filiation puis de droit des mères porteuses puis des enfants qui vont être
issus des projets de grossesse pour autrui.
C'est un
dossier, M. le Président, qui me tient à coeur, je vous en avais déjà parlé. Et
c'est important pour moi de pouvoir
m'exprimer aujourd'hui sur ce sujet-là particulièrement, parce que, lors de la
dernière législature, j'ai eu le bonheur d'y travailler. J'étais, comme vous le savez, adjoint parlementaire au
ministre de la Justice, et c'est un des dossiers que j'ai eu à piloter durant les quatre dernières années,
notamment avec l'ancienne ministre de la Justice, qui est actuellement
présidente du Conseil du trésor, et
l'actuel ministre de la Justice. Et j'avais eu l'occasion, à l'époque, de faire
une tournée des régions du Québec et
j'étais allé dans chacune des régions écouter les gens nous parler des réalités
familiales qu'ils et elles vivaient et
leurs besoins. Et, vraiment, dans le projet de loi qui a été déposé par le
ministre de la Justice, celui-ci mais également le projet de loi n° 2 de la dernière
législature, eh bien, c'était le reflet de ces consultations-là et des besoins
que la population québécoise avait en
matière familiale. Et donc c'était très, très positif et aussi... Donc, en ayant
travaillé à l'élaboration de ce projet de loi là, bien, ça a permis, justement,
de faire entendre la voix de ces gens-là puis de montrer que le gouvernement
était à l'écoute à ce niveau-là.
Puis, comme
vous le savez, il y a plusieurs volets à la réforme du droit de la famille. On
a commencé avec le projet de loi
n° 2, il y a également le projet de loi n° 12, et il y en aura
sûrement d'autres, évidemment, là, sans vouloir présumer des intentions du ministre. Et, justement, au
projet de loi n° 2, on avait eu l'occasion de faire toute l'étape...
toutes les étapes du projet de loi,
autant les consultations particulières avec les différents groupes qu'avec
l'étude détaillée du projet de loi, et, là aussi, il y avait eu de grandes
avancées en matière de droit de la famille, donc ça avait été très positif, là,
pour le Québec. Puis je souligne
également la volonté du ministre de la Justice de poursuivre dans cette
voie-là. On parle souvent de courage, mais
je pense que ça prend du courage, de vouloir changer et d'ébranler les colonnes
du temple, particulièrement en matière de
famille, ce qui n'avait pas été fait depuis longtemps. Donc, c'est un... je
lève mon chapeau, là, au ministre de la Justice à ce niveau-là.
Et donc,
comme il l'a souligné, justement, le ministre de la Justice, puis comme je l'ai
mentionné, bien, ça s'inscrit, ce
projet de loi là, dans la continuité de la volonté gouvernementale de la
réforme du droit de la famille. Et, on le sait, là, ce n'est pas un
travail qui est... ça demande du doigté, de la sensibilité, puis c'est un
travail de longue haleine.
Et,
justement, comme je le disais, lors de la dernière législature, on a pris part,
là, aux travaux du projet de loi n° 2, qui posait les premiers jalons, M. le Président, d'une réforme du droit
de la famille. Et ça, c'est la plus importante réforme depuis les 40 dernières années. Et donc
plusieurs, avant, se sont complu dans l'immobilisme, mais ils n'ont pas eu le
courage. Je parlais justement de
courage du ministre de la Justice qu'il a eu d'aborder de front les lacunes du
droit de la famille, et ça, c'est tout à son honneur. Et, de notre côté, nous
avons décidé de mettre les enfants en priorité et d'agir. Et donc le mantra
Les enfants d'abord, c'est ça qui a guidé notre action dans toutes
les décisions qu'on a prises en matière de droit de la famille.
Peut-être un
petit retour, là, sur le projet de loi n° 2, là, M. le Président, qui a
été adopté en partie, donc, en juin dernier, qui a permis, justement d'importantes avancées au bénéfice des enfants,
des parents et des familles, notamment. Puis là j'ai quelques points intéressants, là, à vous faire part, notamment
l'obligation de considérer la violence familiale, incluant la violence
conjugale, dans toutes les décisions qui vont concerner l'enfant,
l'admissibilité, aussi, universelle à l'aide juridique pour tous les enfants
lorsque la DPJ intervient, la reconnaissance du droit à la connaissance des
origines pour les enfants, inscrit
dans la Charte des droits et libertés de la personne, la présomption de
paternité pour les conjoints de fait. Auparavant,
ce n'était pas possible, c'étaient seulement les conjoints mariés, et, si un
conjoint décédait durant la grossesse de
la conjointe, bien, il n'était pas nécessairement reconnu en tant que tel, en
tant que parent, et donc, là, c'est le cas, on est venus corriger cette situation-là. On le sait, ça
avait fait grand bruit dans les médias, et on a décidé... le ministre de la
Justice a décidé d'agir en ce sens, ce qui était très, très positif.
L'intérêt de
l'enfant comme critère cardinal de toutes les décisions qui le concernent, pour
permettre à un parent d'obtenir des
soins de santé pour son enfant sans l'accord nécessaire d'un autre parent
lorsque celui-ci est violent, par exemple, donc, ça aussi, c'est à
l'avantage de l'enfant.
La loi, aussi,
est venue mettre en place un mécanisme pour éviter qu'une personne victime de
violence conjugale, familiale ou sexuelle ne puisse être
contre-interrogée par son ex-conjoint violent.
Il y a aussi la modernisation d'une trentaine de
lois afin que les familles LGBTQ+ puissent s'y reconnaître et s'y retrouver.
Puis il y a eu la fin du gel des
comptes bancaires conjoints en cas de décès pour que l'autre conjoint puisse
avoir accès facilement à sa part du
compte et ainsi éviter que des familles en deuil se retrouvent en position de
vulnérabilité et ne puissent pas
avoir accès à leurs propres fonds. Donc, ça aussi, ça a été changé. On avait eu
des rencontres très importantes avec
de nombreuses familles à qui c'était arrivé, puis la situation de précarité, ça
les avait placés... certaines personnes nous disaient, bon : J'ai
dû emprunter à mon fils, j'ai dû emprunter à ma fille, j'ai dû emprunter à ma
grand-mère, à mon grand-père pour pouvoir gérer une situation qui n'était déjà
pas facile avec le deuil qu'ils avaient à vivre.
Donc,
nous sommes tous d'accord que ces mesures semblent aller de soi, et pourtant il
aura fallu des années et des années
avant qu'un gouvernement ne priorise leur mise en oeuvre. Et donc l'adoption du
projet de loi n° 2 va avoir permis d'améliorer concrètement la vie des familles au Québec, et je suis
personnellement très fier des avancées qui ont été réalisées.
Puis
aujourd'hui, justement, le ministre de la Justice puise une fois de plus dans
sa réserve de courage pour aborder des
sujets sensibles et délicats, comme la grossesse pour autrui, la protection des
mères dont l'enfant est issu d'un viol et la connaissance des origines
en cas de don de gamètes.
Le
travail se poursuit, M. le Président, afin de mieux répondre aux besoins et aux
réalités des familles québécoises et
de mieux protéger nos enfants. Ce sont de formidables avancées, et j'en
remercie et félicite encore une fois le ministre de la Justice. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Chapleau. Prochaine intervention, Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, M. le
Président. Je sais que... je vais commencer, oui, deux minutes, donc ça
va être très court, et je vais revenir.
Je
vais commencer avec ceci, parce que je suis... ce projet de loi vient me
toucher également, parce que c'est vraiment un grand privilège de pouvoir, en tant que députée, d'être membre de la
Commission des institutions, d'avoir cette opportunité de non seulement étudier
ce projet de loi n° 12, qui est, évidemment, une grande réforme au niveau
du droit de la famille, c'est un
privilège d'avoir étudié cette réforme. Et évidemment le droit... on est dans
le droit nouveau ici, en droit de la famille, un droit nouveau dans le domaine de la filiation, et c'est avec un état
d'esprit... Et évidemment, puisque je suis avocate, où j'ai pratiqué en droit de la famille depuis
30 ans, j'ai aussi été présidente du Refuge pour les femmes de
l'Ouest-de-l'Île, et donc c'est avec
une certaine expérience, si je peux dire, personnelle et professionnelle dont
je vais, évidemment, vous faire certaines remarques concernant la
signification de ce projet de loi.
Il
n'y a aucun doute, au niveau de l'adoption de principe, que nous sommes tous
d'accord avec l'adoption du principe au
niveau du projet de loi n° 12, compte tenu, évidemment, des enjeux, des
deux enjeux principaux qui sont dans ce projet de loi, évidemment, les femmes porteuses et les enfants issus d'un
projet de grossesse pour autrui. Souvent, on le libelle comme étant le
GPA...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Malheureusement, Mme la députée de
Robert-Baldwin, il est 13 heures. Je dois vous demander, à cette
étape-ci : Est-ce que vous avez complété votre intervention?
Une voix :
...
• (13 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Donc,
à ce moment-là, nous allons... vous allez pouvoir intervenir à nouveau lorsqu'on
reprendra le débat sur l'actuelle adoption de principe.
Débats
de fin de séance
Alors, nous en sommes
maintenant, chers collègues, à la rubrique des débats de fin de séance.
Alors, tel qu'annoncé
précédemment, nous allons maintenant procéder à ce premier débat de fin de
séance. Le premier débat portera sur une
question adressée par M. le député de l'Acadie à M. le ministre responsable des
Services sociaux, en remplacement de M. le ministre de la Justice, concernant le manque de ressources à la Commission d'examen
des troubles mentaux du Québec.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
M. le député de
l'Acadie, je vous cède la parole pour cinq minutes.
Ressources allouées à la Commission d'examen des troubles
mentaux
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Un peu plus tôt aujourd'hui en cette Chambre, j'ai posé
une question à M. le ministre de la Justice
en lien avec le drame et la mort de la sergente Breau. Permettez-moi d'abord,
M. le Président, d'offrir mes sincères condoléances à ses enfants, son
conjoint et à toute sa famille.
J'ai
été avocat plaideur, procureur de la couronne pendant plus de 30 ans, donc
j'ai travaillé toute ma carrière avec des
policiers, et je peux très bien comprendre ce qu'ils ressentent présentement.
Et, croyez-moi, c'est un véritable drame, drame. Et c'est pourquoi je posais une question à M. le ministre. Et, je
dois vous dire, M. le Président, j'ai énormément de respect pour le ministre qui est là aujourd'hui,
mais ma question, ce matin, s'adressait à M. le ministre de la Justice, parce
que le problème que nous vivons... Bien sûr,
il y a excessivement de problèmes avec des questions de santé mentale, ma
collègue, ce matin, a posé une question,
mais le problème, à mon avis, auquel on fait face... Il y a le problème de la
santé mentale, mais il y a le problème de la justice. Puis le problème
de la justice, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'argent puis il n'y a pas assez de personnel. Et, encore
une fois, j'ai beaucoup de respect pour mon collègue, mais moi, j'aurais bien
apprécié que M. le ministre de la Justice
vienne m'entendre et il soit capable de répondre, n'est-ce pas, à ce débat de
fin de séance. Parce que, quand vous
regardez les journaux, quand vous écoutez les témoignages, ce qu'on nous dit,
c'est qu'on l'a complètement échappé,
celui-là. Et, quand on regarde l'ensemble de la problématique, qui est quand
même très, très, très sérieuse, puis
là, ici, on parle de la mort d'une personne d'une façon très tragique, on nous
dit, évidemment... Et je reconnais
l'importance de l'indépendance des tribunaux puis de l'indépendance judiciaire.
Mais, quand même, on nous dit, dans certains articles, entre autres la Pre
Bernheim, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et
accès à la justice... le tribunal administratif, selon elle, tient des
audiences expéditives. On parle d'un certain manque de connaissances. On nous dit également que tout va trop vite. On nous
souligne également que, parfois, les audiences sont problématiques. Et donc on nous dit également
qu'après ça c'est sur le terrain qu'on n'est pas capable de faire respecter les
conditions de remise en liberté des accusés.
Dans
le cas de cette personne-là qui a tué la policière, il y a un drapeau rouge qui
avait déjà été monté, M. le Président. Et
donc la commission, quand elle a à prendre des décisions, elle doit se
dire : Est-ce qu'après ça mes conditions que je vais imposer, même
si l'individu peut être dangereux... est-ce que mes conditions vont être
respectées? Est-ce qu'il va y avoir un
encadrement? Alors, visiblement, il n'y en avait pas, et visiblement il y a un
manque de personnel, et il y a un manque
de personnel au niveau de l'encadrement puis un manque de personnel et de
budget au niveau de la justice. Donc, c'est
ce que je veux... c'est ce que je veux faire ressortir. Et l'inévitable était
arrivé. Et cet individu-là, qui est décédé maintenant, Brouillard
Lessard, devait comparaître à nouveau devant la commission, mais il n'y a pas
de suivi qui a été fait.
Alors,
on a véritablement un problème. Et ça, je l'ai dit à plusieurs reprises, M. le
Président, que ce soit dans le domaine
de la commission d'examen, que ce soit dans le domaine des tribunaux, on voit
que les délais ne cessent d'augmenter, et
on manque de personnel, il y a un roulement de personnel, il y a des salles de
cours qui sont fermées, et ça pose un problème pour l'ensemble de la population du Québec. Et ce qu'on vit, c'est un
gouvernement qui n'est pas capable de remplir sa mission. Puis la
justice, c'est un des phares, c'est un des piliers de notre société. Donc, il y
a urgence d'agir, et il faut absolument éviter des drames comme celui-là. Et
c'est la raison pour laquelle il est plus qu'important de s'assurer qu'il y aura des fonds suffisamment pour faire
fonctionner non seulement le tribunal, mais l'ensemble des intervenants qui
gravitent autour pour que la population soit en sécurité. Donc, ce n'est
pas banal. Et je le dis et je le redis, je suis convaincu que M. le ministre en fera part au ministre de la
Justice, qui n'est pas là, mais ma préoccupation, elle est à ce niveau-là, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Et je
cède maintenant la parole à M. le
ministre responsable des Services sociaux. Et je vous rappelle, M. le ministre,
que vous avez droit à cinq minutes. La parole est à vous.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie le député de l'Acadie pour
son intervention, puis qui est très,
très importante et très à point. Moi aussi, également, je tiens à envoyer mes
plus sincères condoléances à la famille de la policière ainsi qu'à tous ses collègues et à tous les policiers du
Québec, là. C'est une grande famille, et on sait que c'est important, leur travail. Comme disait mon
collègue de la Sécurité publique, on se doit de rappeler à quel point les
policières et les policiers du Québec ont un travail dangereux et important
pour assurer notre sécurité.
Je
vais dire au député de l'Acadie que, depuis un an, en fait, on est... on
travaille sur l'enjeu de la commission des évaluations des troubles mentaux, qui, à ma compréhension, relève
vraiment du Code criminel et du gouvernement fédéral. Et à plusieurs reprises... Mon collègue de la
Justice est en contact avec son collègue au niveau fédéral pour resserrer les
règles au niveau des libérations dans... au
niveau du Code criminel. Même que je vous dirais qu'en janvier le premier
ministre, notre premier ministre, a
envoyé une correspondance au gouvernement fédéral leur demandant d'essayer
d'améliorer la situation, parce que, oui, au niveau de la commission de
l'évaluation des troubles mentaux, mais, en général, on a une inquiétude face à
l'élargissement des... ou l'assouplissement des règles de libération
conditionnelle.
Maintenant,
qu'est-ce qu'on fait une fois qu'on a cette situation? Je pense qu'on fait
beaucoup de choses au niveau du terrain pour améliorer la prise en
charge des problèmes de santé mentale associés à une certaine délinquance, M.
le Président. Comme je l'ai mentionné déjà,
on fait... on a travaillé sur le concept de patrouilles mixtes, c'est-à-dire
d'un policier accompagné d'un
intervenant psychosocial lors des interventions. On le fait pour le 9-1-1, on
le fait également pour le 8-1-1. Et
on pense que, quand on a une description d'un individu agité en crise ou avec
un problème de santé mentale, la collaboration de ces deux intervenants vient renforcer, vient renforcer celle-ci, et
permet de désamorcer la crise. Et, au besoin, l'intervention policière se fait de façon secondaire, mais
souvent, je le répète, souvent on arrive tout simplement à ne pas avoir
d'intervention policière, et l'intervenant psychosocial peut se diriger
avec l'individu vers les services en santé mentale.
Aussi,
ce qu'on est en train de développer, puis je n'ai pas eu le temps de le
mentionner ce matin, c'est pour ça que je reviens cet après-midi, on a un
projet pilote qui s'appelle l'équipe ECHINOPS, qui vient un peu de ces
patrouilles mixtes mais de façon
rehaussée. Parce qu'il faut dire que, des fois, aussi, nos intervenants sont un
peu inquiets, quand ils arrivent devant
des délinquants connus, mais ce qu'on fait, c'est que le psychiatre peut
également accompagner ces équipes-là. Donc,
on a le psychiatre, l'intervenant psychosocial, l'infirmière et les services de
police, et ils se présentent ensemble au site où l'appel a été placé ou
encore pour faire le suivi de ces patients qui sont suivis par ces équipes-là.
• (13 h 10) •
Finalement, ce qu'on est en train de développer
avec l'institut Pinel au niveau de notre plan d'action, c'est le volet qui
s'appelle psychiatrie légale. On est en train de développer des équipes, ce
qu'on appelle, SIM, suivi intensif en milieu, «forensic», pour les besoins particuliers de ces clientèles plus sévères
là. Donc, ce sont des équipes qui vont être particulièrement formées au niveau du risque homicidaire, au niveau
du risque suicidaire et qui vont pouvoir faire un suivi beaucoup plus
intense, intensif, parfois même quotidien de ces patients qui sont évalués au
CETM.
Donc,
M. le Président, on est conscients qu'il y a des choses à améliorer. On prend
notre part de responsabilité, mais on
pense qu'également une partie de ces responsabilités-là doivent aussi être
remises au niveau du gouvernement fédéral et des règles, qui, dans plusieurs domaines, nous inquiètent, au niveau des
libérations conditionnelles, et on espère que l'appel de notre premier ministre va être entendu pour
resserrer ces règles. Et nous, on va être très heureux si ceci survient. Et on
va s'assurer, dans le futur, de continuer d'améliorer les services, qui
ont été longtemps négligés, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je vais maintenant céder la parole, pour son
droit de réplique de deux minutes, à M. le député de l'Acadie. M. le député.
M. André Albert Morin (réplique)
M. Morin : Merci. Merci, M. le Président. Je remercie M. le
ministre pour les informations, les renseignements qu'il nous donne. C'est vrai que la section qui
traite des troubles mentaux est dans le Code criminel, c'est tout à
fait vrai. Ça, c'est une loi
fédérale. Sauf que, dans la loi fédérale, on dit, par exemple, que, par la
suite, bien, les commissions, c'est les
provinces qui les gèrent. Alors, écoutez, le droit criminel, au Canada, oui,
effectivement, c'est fédéral, mais l'administration de la justice, incluant l'administration de la
justice criminelle, au Canada, c'est provincial. Donc, c'est entièrement de la
responsabilité du gouvernement du Québec de
s'assurer qu'il y aura tous les effectifs et les fonds nécessaires pour que ces
tribunaux-là fonctionnent. Et ça, ça relève de la responsabilité du ministre de
la Justice. Donc, il ne faut pas l'oublier.
Et
le problème, ici, ce n'est pas la mécanique du droit criminel, c'est : sur
le terrain, il n'y a pas de ressource, comme il n'y a pas de ressource dans les
autres cours qui sont sous la responsabilité du ministre de la Justice. Et ça,
je pense qu'il faut le mentionner, M.
le Président. Donc, il n'y a pas suffisamment de personnel, il n'y a pas
suffisamment d'employés.
M.
le ministre évoquait Pinel. J'ai rencontré des gens de Pinel. Écoutez, j'ai
plaidé toute ma vie en droit criminel. Des
gens qui souffraient de troubles mentaux, il y en a qui ont été envoyés à
Pinel. Alors, depuis que je suis député, j'ai rencontré ces gens-là. Ils sont débordés, ils n'ont pas d'argent, ils ne
sont pas capables d'arriver. Il est là, le problème. Et ça, ce n'est pas
un problème en lien avec le gouvernement fédéral, M. le Président.
Donc,
c'est la raison pour laquelle je pense qu'il est important de soulever et de
traiter de ces questions-là ici. Il est temps que le gouvernement du
Québec prenne ses responsabilités au sérieux et qu'il finance la justice et ses
tribunaux adéquatement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie.
Alors,
nous passons maintenant au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée de La
Pinière à Mme la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés concernant les
ressources humaines dans le projet des maisons des aînés. Mme la
députée, je vous cède la parole pour cinq minutes.
Ratio personnel-résidents dans les maisons des aînés
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
évidemment, le sujet sur lequel je veux revenir, c'est le sujet de ratio
de soins dans les maisons des aînés, dont on a parlé hier et aujourd'hui,
durant les périodes de questions.
En
2018, la CAQ a été élue sur un projet d'une génération. C'est ainsi qu'elle
appelait le projet des maisons des aînés, le projet d'une génération.
Elle faisait rêver les Québécois en leur disant qu'ils auraient accès à des
maisons, des maisonnettes, des soins individualisés, etc. C'était un de leurs
projets-phares. Et le gouvernement n'a pas pris... Le gouvernement, une fois élu, n'a pas pris la chose légèrement puisqu'il a
pris un an, de 2018 à 2019, pour élaborer le concept des maisons des
aînés. C'était donc un projet bien réfléchi par le gouvernement.
Et donc, un an après
l'élection, en novembre 2019, Mme Marguerite Blais, qui était
ministre des Aînés et des Proches aidants à
l'époque du premier mandat du gouvernement caquiste, a annoncé en grande pompe
la construction des maisons des aînés
de son gouvernement. Et les tableaux publiés montraient, à cette époque, des
investissements de 1 milliard de
dollars pour construire 30 résidences, afin de créer
2 600 places à un coût de 384 615 $ par place. Parenthèse
que j'ai faite hier, les coûts ont
grimpé à 2,8 milliards. On sait qu'il y aura plus de résidences, mais le
projet initial était toujours de 30 résidences pour le même nombre de
places, et que le coût, dans certains cas, a grimpé à près de 1 million
par place. Je ferme la parenthèse.
Mais,
dans la foulée de cette annonce officielle, la ministre de l'époque avait
accordé une entrevue sur les ondes de
LCN dans laquelle elle a répondu qu'il y aurait un ratio de un pour un :
«...une personne par patient. Ça veut dire 2 600 personnes de plus, mais on va les embaucher, on va les
trouver.» Je viens de citer ses mots. Elle a parlé deux fois plutôt qu'une d'un ratio de un pour un dans la
même entrevue. Elle n'a pas rectifié le tir par la suite. À l'étude des
crédits, le 21 août 2020,
l'ancienne porte-parole des aînés avait évoqué le ratio de un pour un avancé
par la ministre de l'époque, et la ministre n'a pas corrigé le tir.
Alors, on parlait véritablement de ratio de un pour un.
En 2022, quand les
Québécois sont retournés aux urnes, aucune maison des aînés n'avait encore été
construite, mais la CAQ continuait d'entretenir le rêve. Alors, notons, ici,
qu'aujourd'hui, en 2023, on a toujours le même premier ministre, la table du Conseil des ministres n'a pas beaucoup changé depuis cette entrevue, et
hier la nouvelle ministre des Aînés
nous a appris qu'un ratio de un pour un en milieu de vie, c'est complètement
irréaliste, qu'un pour un on voit ça dans
des situations de soins intensifs, de soins intensifs spécialisés et non pas
dans ces milieux de vie. Et j'ai tendance à la croire puisqu'elle a une longue expérience dans le milieu de la santé.
Mais c'était pourtant ça que le gouvernement avait annoncé en 2019, après avoir
réfléchi pendant un an à son projet. Puis, quand des ministres parlent, ce
qu'ils disent reflète normalement la
philosophie de leur gouvernement. Alors, quand l'ex-ministre des Aînés
entretenait le rêve avec du un pour un, c'était le même gouvernement
qu'en 2023.
Mais,
ce matin, la ministre nous a dit qu'elle ne veut même pas qu'on parle de ratio,
que ce n'était même pas logique. La
question que je me pose, M. le Président : Est-ce que le premier ministre,
est-ce que son gouvernement sont au courant que leur projet de maisons
des aînés était basé sur une prémisse complètement irréaliste et qui n'est même
pas logique? Pourquoi la ministre ne
veut-elle pas se commettre ou, en fait, ce matin, n'a pas voulu se commettre
sur un ratio pour les milieux de vie
des aînés, que ce soit dans une maison des aînés ou bien dans un CHSLD?
Pourquoi c'était correct de dire que,
pour des soins intensifs, des soins intensifs spécialisés, on pouvait parler
d'un ratio de un pour un, mais pourquoi on ne peut pas parler de ratio pour les milieux de vie pour les aînés? Est-ce
que quelque chose d'autre a changé dans ce projet, à part le fait des ouvertures incomplètes des
maisons des aînés faute de personnel ou à cause de problèmes de construction
que j'ai mentionnés hier? Et je vous assure
que je n'ai pas fait le tour des chantiers, la tournée des chantiers, comme la
ministre le disait hier. J'ai simplement lu les journaux et j'ai simplement vu
ce qui se passait.
Alors,
les aînés, ils ont besoin de services et de soins. Pourquoi on ne peut pas
s'engager à un ratio aujourd'hui alors qu'on le faisait allègrement en
2018? Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés.
Vous avez également droit à cinq minutes, Mme la ministre. La parole est
à vous.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger :
Oui. M. le Président, Mme la
députée de La Pinière, chers collègues, j'ai le goût de vous dire que ça fait deux jours, là, que la députée de La
Pinière fait la tournée des faits divers sur les maisons des aînés. On va
chercher des articles, M. le
Président, de 2018, de 2019 pour les citer en 2023, quatre ans plus tard. On
essaie de dire qu'il y a des imprévus
dans la construction d'une bâtisse, puis, quand il y a des imprévus ou quand il
y a des problématiques de construction — ça
arrive quand on construit — bien,
c'est parce que le concept de maison des aînés, finalement, n'est pas
bon. On essaie de nous faire dire ça.
Moi, M. le Président, ce que ça me prouve, cette
attitude, c'est que le Parti libéral n'ont rien à nous proposer comme solution.
On critique, mais on ne propose rien. Les maisons des aînés, c'est un bon
projet. C'est 46 maisons des aînés. J'ai eu l'occasion d'en inaugurer quelques-unes dans un contexte de pénurie
de ressources. Puis la pénurie de ressources, elle va continuer, on essaie de
travailler pour l'améliorer, mais on va quand même continuer de faire nos
maisons des aînés puis on va les ouvrir graduellement. C'est important.
• (13 h 20) •
Les
maisons des aînés, je le répète, là, c'est vraiment un modèle qui a été
vraiment planifié par notre gouvernement puis qui répond aux besoins des
aînés.
On
travaille à changer le modèle d'hébergement au Québec. J'ai eu l'occasion de le
mentionner, on a tout un défi devant nous, collectivement, pour créer
des milieux de vie qui se rapprochent le plus possible du domicile. Bien sûr, il y a les services de soutien à domicile, il y a
les aînés en CHSLD publics, les aînés en CHSLD privés. On est en train de
corriger toutes ces situations-là qui étaient présentes depuis de
nombreuses années. On veut harmoniser pour nos aînés. Les maisons des aînés font partie de ça. C'est un changement d'approche
dans nos soins. Et la philosophie des maisons des aînés, bien, c'est de créer des milieux de vie à
échelle humaine, adaptés aux besoins des personnes. Les services organisés
autour de ces personnes sont très, très
importants, puis, dans le fond, c'est d'organiser les services en fonction des
besoins, avec les bonnes personnes,
avec les bonnes personnes de jour, de soir, de nuit. Et, surtout, le concept
des maisons des aînés, c'est d'ajuster en fonction de l'évolution de la
vie des personnes qui vivent dans les maisons des aînés.
Je
comprends que le Parti libéral, eux n'étaient pas prêts à investir, lorsqu'ils
étaient là, pour les besoins des aînés, mais, dans notre dernier budget, on a, en plus des projets de
construction de maison des aînés, investi 200 millions de dollars
pour s'assurer d'avoir les ressources suffisantes.
M.
le Président, je l'ai mentionné, on met beaucoup l'emphase sur les maisons des
aînés puis on va aller au bout de ce
projet-là. C'est extrêmement important. Puis, les maisons des aînés, on les
veut au coeur des communautés, et, ça aussi, c'est vraiment un élément extrêmement important. On ne veut pas avoir
des CHSLD qui soient complètement en périphérie. On essaie donc de repenser le concept. Ce n'est pas juste un concept de
combien de personnes de jour, de soir, de nuit, ce n'est pas du tout ça,
les maisons des aînés. C'est un milieu de vie.
Alors,
je veux quand même le mentionner, tantôt j'ai dit que 200 millions avaient
été investis, de notre gouvernement, pour
les soins, en plus des sommes en PQI, mais, M. le Président, je voudrais quand
même compléter puis terminer en disant que,
pendant que la députée de La Pinière écoute des vieilles entrevues de 2019,
bien, pendant ce temps-là, on ne travaille pas ensemble à bâtir un réseau d'hébergement de qualité et de soins pour
nos aînés au Québec, qui ont construit le Québec et qui méritent ce
qu'il y a de mieux. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Et maintenant je
cède la parole à Mme la députée de La Pinière. Vous avez droit à deux
minutes comme droit de réplique. Mme la députée.
Mme Linda Caron (réplique)
Mme
Caron : Merci, M. le Président. Alors, j'ai entendu des
mots qui m'ont fait un petit peu frémir : les faits divers. Il ne s'agit
pas de faits divers, là. Il s'agit des soins aux aînés. Je pense qu'avec les
investissements qui sont faits dans les maisons des aînés, avec tout ce qu'on
nous promet avec les maisons des aînés, on pourrait avoir une réponse.
La ministre
refuse de s'engager sur le ratio dans les maisons des aînés parce que ce sont
des milieux de vie, mais pourtant on
sait que les personnes qui vont vivre dans les maisons des aînés sont des
personnes qui ont besoin de soins. Dans certains cas, on n'a pas... Même si on
croyait... on voulait, à l'origine, créer de nouvelles places... Et bien sûr
qu'il y a des nouvelles places qui
sont créées, mais on transfère des gens qui sont en CHSLD pour aller dans
certaines maisons des aînés parce que les CHSLD deviennent trop
vétustes. Alors, ce sont des personnes qui étaient en CHSLD, qui ont besoin de soins. Il me semble qu'on
pourrait avoir un ratio sur les soins, puisqu'on en parlait, d'ailleurs, par le
passé.
Et la
ministre, j'ai bien pris note, n'aime pas que je lise ma revue de presse, que j'aille
voir dans la revue de presse historique. Pourtant, pourtant, son premier
ministre, au premier chef, et ses collègues du cabinet du... ses collègues du Conseil des ministres passent leur temps à parler
des anciens ministres libéraux ou des anciens ministres péquistes. Alors,
qu'est-ce qu'il y a de mal à aller voir,
historiquement, ce qui s'est fait, ce qui a été promis? C'est le rôle d'une
opposition officielle, de vérifier
que le gouvernement remplisse ses promesses. Et les promesses, elles ont été faites,
elles n'ont pas encore été livrées. Elles sont en voie d'être livrées.
Alors, on voit qu'il n'y a pas d'engagement pour les ratios.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de La Pinière. Ceci
met fin aux débats de fin de séance.
Et je suspends nos travaux jusqu'à
14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 25)
(Reprise à 14 h 31)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir.
Projet de loi n° 12
Poursuite du débat sur
l'adoption du principe
L'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et
visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des
personnes victimes de cette agression ainsi
que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui.
Je cède immédiatement la parole à Mme la députée
de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
(suite)
Mme
Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, lorsque... je mentionnais, un peu plus tôt, c'est un
grand privilège pour moi de porter quelques commentaires, aujourd'hui, suite au
dépôt du projet de loi n° 12 portant sur la réforme du droit de la famille
et, évidemment, les consultations particulières qui ont eu lieu depuis la
dernière semaine.
Nous savons qu'il y a de grandes... il y a une
grande signification et importance concernant les deux principaux enjeux au niveau de cette réforme, les femmes
porteuses et les enfants issus d'un projet de grossesse pour autrui, et les
droits, recours, et la protection des
enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et la protection des victimes,
les femmes qui sont victimes d'une
agression sexuelle. Et cette réforme, comme le leader l'a expliqué, s'inscrit à
la suite de l'adoption du projet de
loi n° 2, la Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière
de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la
personnalité et d'état civil.
En tant que
parlementaires et législateurs, nous avons la responsabilité de voir à ce que
nos lois s'adaptent à l'évolution et
aux nouvelles réalités de notre société. Il existe, aujourd'hui, de multiples
façons de fonder une famille, et nous devons apporter les modifications législatives lorsqu'il y a des lacunes, ou
certaines injustices, ou, même, préjudices qui découlent de
l'application et même de l'interprétation de nos lois actuelles. Nous avons eu
le grand privilège de recevoir plusieurs mémoires,
d'entendre des représentations, lors de nos consultations particulières, de
plusieurs experts dans le domaine du droit de la famille et divers groupes
d'intervenants interpelés par les sujets importants de ce projet de loi, et je
tiens à les remercier infiniment, toutes
les intervenantes et tous les intervenants, pour leur temps dévoué, la
préparation de mémoires détaillés,
étoffés, avec de grandes réflexions, et leur participation aux consultations de
la commission parlementaire, soit en présentiel ou virtuelle.
Nous avons
clairement constaté, par nos échanges concernant les différents enjeux des
femmes porteuses — et
là, au lieu de dire les «grossesses
pour autrui», je vais le mentionner, je vais le limiter à «GPA» — et
les victimes d'agressions sexuelles,
et les droits et recours qui découlent d'un enfant issu d'une agression
sexuelle, que tous les sujets suscitent beaucoup d'émotion et une
réflexion sérieuse sur le plan éthique, moral et juridique. Comme le ministre
de la Justice a mentionné aujourd'hui, tout
le Québec a été ébranlé et choqué par l'histoire d'Océane, qui a été rapportée
l'été dernier, et c'est grâce à elle, à son témoignage et
à sa voix que le projet de loi n° 12 prévoit de nouvelles dispositions qui
permettront à l'enfant ou à la
tutrice de l'enfant de contester ou de mettre fin à la filiation entre l'enfant
issu d'une agression sexuelle et l'agresseur. Il n'y a aucun doute que nous devons adapter les principes directeurs,
lesquels sont au coeur de ce projet de loi, la reconnaissance légale des conventions de grossesse pour autrui au Québec
et la possibilité de contester ou de mettre fin à la filiation visant
les enfants issus d'une agression sexuelle.
En résumé, le projet de loi codifie... ou
modifie le Code civil en matière de filiation. Il permet à un enfant, lorsqu'il est issu d'une agression sexuelle, de
contester sa filiation avec l'agresseur ou de l'opposer à ce qu'une telle
filiation soit établie. Il rend de
plus cet agresseur responsable de contribuer à satisfaire aux besoins de
l'enfant par le paiement d'une indemnité à la personne victime de
l'agression sexuelle. De plus, il prévoit la possibilité pour l'enfant d'être
considéré comme un descendant au premier
degré de l'agresseur aux fins de l'application des règles de la dévolution légale
ou de dispositions testamentaires.
Le projet de
loi codifie par ailleurs certains principes reconnus ainsi que certaines règles
jurisprudentielles. De plus, il rend
imprescriptibles les actions relatives à la filiation. Il reconnaît la
grossesse pour autrui et l'encadre afin de protéger les intérêts de l'enfant mais également la femme
ou les femmes porteuses dans le cadre d'une telle grossesse. Il permet ainsi,
dans le cadre d'un projet parental, de
recourir à la grossesse pour autrui afin d'avoir un enfant et prévoir des
modalités qui doivent être respectées. À cette fin, il prévoit notamment
l'obligation de conclure une convention de grossesse pour autrui avant le début de la grossesse ainsi que
l'obligation d'obtenir, après la naissance de l'enfant, le consentement de la
personne qui lui a donné naissance à
ce que le lien de filiation avec l'enfant soit établi exclusivement à l'égard
des parents d'intention.
Le projet de
loi permet l'établissement légal de la filiation d'un enfant issu d'un tel projet
parental lorsque toutes les parties à
la convention sont domiciliées au Québec, à la condition notamment que la
convention soit conclue par acte notarié
en minutes après la tenue d'une séance d'information sur les explications...
les implications psychosociales et sur les questions d'éthique que le
projet parental implique.
Le projet de
loi prévoit aussi des règles applicables lorsque la personne qui a accepté de
donner naissance à l'enfant est
domiciliée dans un autre État désigné par le gouvernement, comme l'obligation
que le projet parental soit préalablement autorisé par le ministre qui
est responsable des services sociaux.
Le projet de
loi modifie également la Loi sur l'assurance parentale et d'autres lois, ainsi
prévoit la reconnaissance des... la
connaissance des origines pour une personne issue d'une procréation impliquant
la contribution d'un tiers afin de lui permettre de connaître, dans certaines
circonstances, le nom et le profil de ce tiers ainsi que les renseignements lui
permettant de prendre contact avec
lui, à moins d'un refus de contact de ce dernier. Il donne aussi à cette
personne le droit d'obtenir à certaines conditions les documents qu'il
prévoit.
Suite à la
lecture du projet de loi n° 12, les mémoires déposés et les représentants...
les représentations de tous les intervenants et les intervenantes lors des
consultations particulières, il est évident qu'il y a certaines dispositions
qui ne font pas l'unanimité, d'autres
qui nécessitent une plus grande réflexion en ce qui a trait à leur mise en
oeuvre ou un retrait complet du
projet de loi et d'autres qui exigent des précisions et des clarifications.
J'aimerais, avec le temps qui m'est alloué, réviser certaines de ces
dispositions que nous devrons, évidemment, en étude détaillée, regarder de
près.
Premièrement,
la question de la convention notariée. Nous avons eu plusieurs interventions du
secteur notariat, et également du Barreau
du Québec et certains avocats,
concernant l'exigence que les GPA soient par convention notariée. Et
c'est évident qu'il y a plusieurs avocats et certaines associations qui ont
soulevé la problématique du fait qu'il y en a plusieurs,
et même une en particulier, Me Brown, qui fait ce genre de convention
depuis des années, elle en a fait des milliers. Et pourquoi est-ce qu'on va mettre carrément de côté les avocats qui
pourraient très, très bien faire le travail en tant que conseiller
juridique et, évidemment, la rédaction de ces conventions?
• (14 h 40) •
Il y a aussi
tout l'aspect lié au contenu de la convention. Est-ce qu'il y a des clauses
spécifiques nécessaires, des clauses qu'on pourrait dire, même,
standards qu'on aimerait prévoir dans une convention afin de protéger les
femmes porteuses et aussi dans l'intérêt de
l'enfant à naître? Et donc il y a eu des échanges avec plusieurs des
intervenants concernant, à titre
d'exemple, une clause d'assurance vie, une clause d'assurance invalidité pour
la mère, la femme porteuse, et il y avait même eu des questions concernant... pour comment est-ce qu'on va
déterminer la durée de temps pour ce genre d'assurance.
Il y avait
aussi, encore, les frais de remboursement. Nous savons qu'il y a certains
détails dans la loi, mais c'est en termes
généraux, et nous savons qu'il y a la loi fédérale, également, qui prévoit le
genre de frais qui doivent être remboursés, mais il y a eu des échanges
concernant le fait que peut-être qu'on devrait préciser dans le projet de loi
les frais à être remboursés à la femme
porteuse pour que ce soit clair et précis pour tout le monde. Nous voulons que ce
soit, oui, gratuit, on ne veut pas
que ce soit commercialisé, mais nous devons quand même, dans l'intérêt de la
femme porteuse, que ce genre de... que les remboursements de frais
soient clairs et précis.
Il y a aussi
d'autres éléments concernant qu'est-ce qu'on devrait prévoir dans une
convention de GPA et est-ce qu'on
devrait avoir un dépôt de garantie de sûreté dans un compte en fidéicommis, que
ce soit dans le compte en fidéicommis d'un
avocat ou d'un notaire, pour garantir le paiement de frais de la femme
porteuse? Donc, il y a eu ce genre d'échanges, et quand même très, très importants, afin de vraiment encadrer les
dispositions pertinentes et nécessaires qui devraient être dans la
convention pour assurer la meilleure protection.
Suite aux
enjeux liés à la convention, il y a eu beaucoup de discussions et d'échanges
entre tous les intervenants, fort intéressants, dont nous devons
particulièrement réviser, et ça, c'est lié au consentement libre et éclairé que
la femme porteuse et également les
parents d'intention doivent donner préalablement à la signature de la
convention, et, suite à toutes ces
discussions, on a eu, même, des propositions de prévoir dans le texte de loi de
s'assurer que la femme porteuse n'ait aucun
lien de dépendance, aucun lien d'emploi ou autre avec les parents d'intention,
pour vraiment la protéger et qu'elle soit vraiment indépendante des
parents d'intention.
Il
y a eu également beaucoup d'échanges concernant, dans le consentement libre et
éclairé de toutes les parties à cette
convention, est-ce qu'on doit prévoir une consultation juridique indépendante.
On prévoit une disposition concernant une
séance d'information liée à tout l'aspect psychologique et éthique de la
convention GPA, mais, concernant les droits et recours et... lorsqu'il y
aurait potentiellement des conflits entre les intérêts de la femme porteuse et
aussi des parents d'intention, est-ce qu'il
ne devrait pas y avoir une consultation indépendante avec des avocats? Et ça,
je crois, nous allons devoir le
regarder de façon... plus près, compte tenu des commentaires de certains
intervenants. Il y a eu également, et ça a été fort intéressant, des échanges
concernant même la suggestion que la femme porteuse puisse aller en médiation
avec les parents d'intention si
jamais il y aurait un conflit. Est-ce qu'on pourrait regarder l'aspect d'une
médiation gratuite dans ce genre de
convention? Il me semblait que ça aussi, ce serait quelque chose d'intéressant
à regarder, compte tenu que, maintenant, dans le contexte familial, on encourage beaucoup la médiation pour
régler les conflits entre les parties, et un suivi psychologique pour la femme porteuse et également les parents
d'intention, est-ce qu'il devrait y avoir un suivi psychologique tout au long
du processus, ça aussi, ça a été discuté, et
au niveau du consentement de la femme porteuse, parce que, comme on a
mentionné, il y a ce délai entre sept
jours et 30 jours, où la femme porteuse doit donner son consentement au
niveau de l'enfant. Et on a... et c'est Mme Greenbaum, en particulier, de
la Coalition des familles LGBT+, qui nous a questionnés à savoir si nous
avions entendu des... une femme porteuse
concernant ce consentement-là, parce que peut-être qu'on devrait inverser le
fardeau et que ce soit autrement que tel précisé dans le projet de loi.
Et donc — je le sais, que je n'ai pas
beaucoup de temps — je
veux juste dire quelques éléments concernant les enfants issus d'une agression
sexuelle. Et ce que nous avons... les intervenants, les intervenantes à ce
sujet, c'est sûr et certain que l'aspect
d'agression sexuelle, oui, ça, c'est une forme de violence conjugale, mais il y
a d'autres formes de violence
conjugale que nous devrions considérer, et incluant le contrôle coercitif, qui
pourrait affecter le consentement de la femme dans les questions d'intimité. Et donc Mme Monastesse, de la
Fédération des maisons d'hébergement, est venue nous faire des représentations concernant différentes
dispositions qu'on pourrait ajouter au projet de loi, telle qu'une présomption
au niveau d'agression sexuelle, surtout
lorsque le viol est dans le contexte d'un mariage, parce que, souvent,
lorsqu'il y a un contrôle coercitif dans une relation maritale, la femme
n'a pas de choix, il n'y a pas de... elle ne peut pas donner un consentement libre et éclairé.
Donc, je vous remercie infiniment, mais il va y
avoir beaucoup de choses...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à
céder la parole à un autre intervenant. Ce sera Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Kariane Bourassa
Mme
Bourassa : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Si je me tiens
devant vous aujourd'hui, comme vous avez vu mes collègues le faire un peu plus tôt, c'est pour parler d'un sujet
très sensible, très délicat, la réforme du droit de la famille, où on aborde des questions comme la
protection des enfants nés à la suite d'agressions sexuelles ou le droit des
mères porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse pour autrui.
Aujourd'hui, nous en sommes à l'adoption du
principe du projet de loi n° 12, et j'ai eu l'occasion, comme mes collègues au cours des dernières semaines, de
prendre part aux consultations particulières lors de ce projet de loi. J'avais
beaucoup de questions, et, honnêtement, les
discussions ont été enrichissantes, ont été respectueuses, aussi, et c'était
très souhaité compte tenu la nature sensible des sujets.
Nous avons
entendu de nombreux experts, des groupes, des intervenants, et les opinions
étaient souvent divergentes, diverses. À certains moments, on a dû
effectivement se mettre dans la peau des personnes qui étaient concernées
par ces projets de loi. Mais une chose nous
a unis, tout au long de ces consultations, c'est l'intérêt de l'enfant. Le
bien-être des enfants, la sécurité et
leur épanouissement doit être au centre de toutes nos décisions. Ça, il n'y a
aucun doute là-dessus.
• (14 h 50) •
C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit que le
projet de loi n° 12 a été pensé et a été constitué. Les mesures que nous y proposons visent, en premier lieu, à
assurer une meilleure protection des enfants, et ce, peu importe la façon dont
ils viennent au monde. Aucun enfant ne
demande à venir au monde, ça, c'est sûr, on le comprend. C'est donc notre
devoir, en tant que société, en tant
que gouvernement, de mettre en place tous les filets de sécurité nécessaires
pour s'assurer que ces enfants-là
puissent grandir, se développer dans un environnement sain, dans un
environnement qui correspond à ses besoins.
Je le rappelle, le projet de loi n° 12 nous
offre un aperçu de la protection de l'enfant issu au sein d'une agression sexuelle ainsi qu'à sa mère. Nous encadrons la
grossesse pour autrui pour s'assurer que les enfants qui en naissent ne soient
pas dans une position de vulnérabilité et
nous nous assurons que les enfants soient traités de manière égale en matière
d'accès à la connaissance de leur
origine. Effectivement, mes collègues en ont parlé, on a pu entendre une femme
qui est elle-même issue à la suite d'une conception d'un donneur de
gamètes, de sperme, et elle a parlé à quel point ça avait chamboulé sa vie, le fait que cette information lui avait
été révélée assez tard, et elle a tenté de nous expliquer son point de vue
quant à l'obligation des parents de
fournir ces informations-là aux enfants. Donc, vous comprenez toute la nature
assez sensible des discussions.
Le droit de
la famille nous concerne tous. Il nous touche de près ou de loin, soit en tant
que père, en tant que mère, en tant
que grands-parents ou, comme moi, en tant que belle-maman. Tout ce que nous
voulons, c'est le mieux-être et le bien-être,
surtout, de nos enfants. Le droit de la famille est au fondement même de notre
société, et, en ce sens, il doit être adapté aux besoins des familles
québécoises, et c'est ce que nous faisons. Le projet de loi n° 12 permet
de corriger des lacunes importantes et
apporte des améliorations tangibles dans la vie des gens pour justement que ces
sujets si sensibles soient mieux traités. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à entendre un autre
intervenant. Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est un plaisir
pour moi d'intervenir aujourd'hui pour le... sur le projet de loi
n° 12, et je vais le nommer juste une fois en son entièreté, là, la Loi
portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite
d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression
ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui.
Je
n'ai malheureusement pas eu la chance de participer aux consultations
particulières pour ce projet de loi là. Ceci dit, j'ai quand même pris
connaissance de plusieurs éléments, notamment des recommandations faites par
des groupes. Et c'est un projet, là,
qui m'interpelle particulièrement. J'ai déjà, bien, en tout cas,
malheureusement ou heureusement, en tout
cas, dans un passé... eu besoin d'aide à la procréation, donc c'est quelque
chose que... Je n'ai pas fait appel à une mère porteuse. Heureusement, ça a fini par réussir, de mon côté, et j'ai eu
des enfants de façon naturelle. Mais je sais toute la détresse, toute l'anxiété qu'on peut ressentir quand on
souhaite devenir parent et qu'on n'est pas capables de le faire, pour toutes
sortes de raisons.
Et
donc je comprends que ça a besoin d'être mieux encadré également, parce
qu'actuellement, là, ça ne l'est pas, encadré,
toute la question des mères porteuses, et là il y a comme un flou, là,
actuellement, juridique à ce sujet-là, alors c'était important de venir encadrer ça. Et, là-dessus, je
remercie, là... dans le fond, je souligne, là, que c'est un bon coup, là, ce
projet de loi là, qu'on avance là-dedans, qu'on encadre quelque chose qui
aurait dû être encadré déjà dans le passé.
Et,
toute la notion de filiation, le cas qui a été mentionné dans les médias,
d'Océane, la jeune femme qui avait eu un
enfant à la suite d'un viol mais qui a été incapable de refuser à son agresseur
l'établissement de sa paternité auprès de son enfant, ça, ça nous a tous beaucoup touchés. Et on comprend, là, que
c'est aussi extrêmement angoissant que d'avoir une personne, l'agresseur de... son agresseur, son violeur qui insiste
pour rester dans la vie de la personne qui est agressée. C'est absolument troublant. Et donc, ça aussi, il
était... il fallait intervenir, et je remercie, là, le ministre d'avoir agi
assez promptement, là, quand il a eu vent de cette situation-là. Il a
agi.
Par contre,
on a découvert, au fil des articles sur le sujet, qu'il y avait quand même
170 enfants qui naissaient, par année, du viol. Ça m'a vraiment étonnée.
C'est un chiffre extrêmement élevé. On comprend que ce ne sont pas tous des cas
qui finissent en demande de filiation, mais
c'est clair que ça demandait un encadrement pour protéger les femmes ou, en
tout cas, les personnes qui vivent ces agressions-là mais aussi les enfants,
évidemment.
Puis
ça, c'est une chose que je souligne, là, le fait que l'enfant est mis en
premier dans la plupart, là, des articles de loi, puis ça, je pense, c'est
quelque chose qu'on a, chez nous, au Québec, on protège, quand même, nos
enfants en priorité. On pense...
C'est sûr qu'il y a eu des cas à la DPJ qui sont déplorables, mais, de façon
générale, on est... la loi, la jurisprudence s'en va de plus en plus
dans le sens de protéger les enfants d'abord et avant tout. Donc, ça, c'est une
belle avancée.
Mon
collègue le député de l'Acadie, qui est aussi porte-parole en matière de
justice et qui est porte-parole aussi en matière de transport, l'a mentionné déjà, donc ce n'est pas une
surprise, mais notre parti, le Parti libéral, sera en faveur du principe
du projet de loi. Donc, on va aller... on va appuyer le principe du projet de
loi.
Et
d'ailleurs je remercie mes collègues, le député de l'Acadie mais également la
députée de Robert-Baldwin, qui est porte-parole en matière de condition
féminine, de famille, et donc c'est pour ça qu'elle est ici, et du suivi du
rapport Rebâtir la confiance, un autre de ses dossiers qui est vraiment en
lien avec ce qu'on touche aujourd'hui, toute la question, malheureusement, du viol. Donc, je les remercie
tous les deux, qui nous ont très, très bien représentés, on a eu des échos,
qui nous ont fait aussi des recommandations
chez nous, à ceux qui n'ont pu, malheureusement, assister aux consultations
particulières. Alors, merci pour votre implication.
Et
aussi je remercie tous les groupes qui ont participé, et ils ont été quand même
nombreux, qui sont venus témoigner, faire
des recommandations, qui ont analysé le projet de loi, Conseil du statut de la
femme, le Réseau des centres d'aide aux victimes d'actes criminels, il y
a eu des avocats, plusieurs, qui sont venus, la Chambre des notaires, le
Regroupement québécois des centres d'aide et
de lutte contre les agressions à caractère sexuel, le Barreau du Québec qui est
venu — donc
on a eu les notaires et les avocats, et j'ai
vu, par les échanges, qu'il y a eu peut-être des petites divergences d'opinions
sur certains articles de loi — l'Association des avocats et
avocates en droit familial du Québec, l'Association des juristes progressistes. Alors, vous voyez, il y a eu quand
même un vaste échantillon de gens qui sont venus... Ah! La Fédération du
Québec pour le planning des naissances. Bref,
je pense qu'il y a eu des bons échos, et d'ailleurs je vais en parler un petit
peu plus en détail.
Je le mentionnais,
c'est positif qu'on encadre des choses qui ne l'étaient pas, donc les
conventions de grossesse, notamment, qui se
faisaient, mais qui n'étaient pas nécessairement... je dois dire, qui n'étaient
pas légales, mais que ce n'était pas reconnu, là, une convention de
grossesse n'était pas reconnue, au sens du droit québécois, même à un point qu'il y a un chroniqueur qui a écrit, en mars, que
le Québec faisait «jusqu'à tout récemment partie des nations qui, comme la
France et le Maroc, s'enorgueillissaient
d'interdire la gestation pour autrui». Il a écrit ça. Alors, c'est une
perception, parce qu'en fait ça se faisait, mais ce n'était pas encadré.
Donc, ça donne une idée comment c'était important d'y venir.
Et,
pour le cas de... des cas de viol, de filiation, bien là on est... non seulement
c'est le cas de filiation qu'on est venus
encadrer, mais aussi l'indemnité financière, parce qu'il va sans dire que,
quand on a un enfant, bien, il y a des coûts qui viennent avec ça. Et donc, quand on a un enfant non...
malheureusement, d'une relation non désirée, c'est pire que non désiré,
bien, dans le fond, qu'on contraigne l'agresseur, c'est une bonne avancée.
• (15 heures) •
Je voudrais
souligner des enjeux qui, moi, personnellement, m'ont interpelée, là, que,
quand j'ai commencé à réfléchir à ce projet
de loi là, j'ai vu... premier réflexe, là, quand j'ai entendu parler des mères
porteuses, puis que mes collègues nous ont
présenté un peu, là, l'essence du projet de loi, mon premier, premier réflexe,
ça a été de penser à Céline Dion et René
Angélil. Tu sais, ils ont eu de la difficulté à concevoir pour toutes sortes de
raisons. Heureusement pour eux, Céline Dion a pu porter les enfants, mais il aurait été fort possible de voir... que
ce ne soit pas possible et qu'ils fassent appel à une mère porteuse. Ils ont quand même les moyens d'aller,
on pourrait dire, à peu près n'importe où dans le monde. À l'époque, quand
M. Angélil était vivant, ils auraient pu le faire.
Mais là,
nous, ici, dans le projet de loi, ce qui est présenté, on voit que la mère porteuse
peut, entre le septième et le 30e jour de la naissance de l'enfant,
disons, décider de garder l'enfant. Alors, mon questionnement, à ce moment-là,
a été de me dire : Mais, O.K.,
admettons que c'est Céline Dion et René Angélil qui ont un enfant avec une mère
porteuse, ce sont les gènes de Céline Dion, les gènes de René Angélil
que cette mère porteuse là porte, et que cette personne aurait... serait, par exemple, interpelée par une... disons,
imaginons, une émission de téléréalité américaine qui dirait : Aïe! on va
suivre l'enfant de René Angélil et de Céline
Dion à travers ses années de vie, et que cette dame-là dirait : Bien, je
vais garder l'enfant, parce que j'ai
le droit de le faire, et je vais monétiser tout ça et faire de l'argent avec
l'enfant. Alors, ça, c'est venu me
dire : Est-ce que c'est quelque chose qu'on doit encadrer? Je n'ai pas la
réponse, mais c'est inquiétant, quand on pense à des cas comme ça, parce que c'est une réalité. Si le père est le père
biologique, la mère est la mère biologique, mais les deux ne sont pas ceux qui portent l'enfant, il y a
une question à savoir quel est le lien de la personne qui a porté l'enfant,
avec cet enfant-là, et jusqu'où ça
peut mener. En tout cas, je pose la question. Moi, ça m'a interpelée. Et
d'ailleurs l'Association des avocats
et avocates en droit familial du Québec ont dit... ont posé des questions, ils
ont demandé : Est-ce qu'il y aurait une possibilité d'otage, de prise en... prendre en otage l'enfant, par
la mère porteuse, pour avoir plus d'argent, dans les cas où elle n'est pas la
mère biologique? Donc, c'est une inquiétude qu'il faudra... Bien, en tout cas,
je pense qu'il faut regarder, il faut vraiment s'y pencher. C'est peut-être un
cas différent, dans un cas où... si, les gènes, la mère est une partie des
gènes, mais, dans le cas où il y a zéro gène... C'est une question vraiment
éthique, là, que je pose, je n'ai pas la réponse.
Il y a eu un
cas qui a été soulevé, aux États-Unis, qui est absolument aussi très inquiétant,
que je vais vous faire part, c'est un
couple d'Américains qui ont fait appel à une mère porteuse — puis
ça, c'est aux États-Unis, hein, ce n'est pas encadré de la même façon, chaque État a ses règles, et tout ça,
donc, disons qu'il y a un petit peu plus de, je cherche le terme, là... c'est beaucoup moins organisé et
encadré, là-bas — et
là on apprend que les gamètes du couple ont été utilisés pour la réalisation de la procréation in vitro, donc
c'était vraiment le père biologique, la mère biologique dans une mère porteuse, là, l'enfant porté dans une mère
porteuse et... par une mère porteuse, plutôt, et là, à la naissance, quand ils
sont venus chercher le bébé, ils ont
regardé le bébé, ils ont dit : Mais non, mais ça ne peut pas être notre
bébé. Les deux étaient blonds aux
yeux bleus, et le bébé avait des cheveux noirs, des yeux marron, un peu de traits
asiatiques. Ils ont dit : Bien non, c'est impossible, c'est impossible.
Alors, il y a eu un test d'ADN qui a été fait. Ça s'est avéré que, l'enfant, il
y avait eu une erreur au niveau de la
banque. Lorsque le... oui, le bébé a été conçu in vitro, là, bien, le sperme
n'a pas été le bon, ils n'ont pas
utilisé celui du papa biologique, ils ont utilisé celui d'un donneur quelconque
de sperme, un donneur asiatique. Alors, vous voyez où ça peut aller? Les gens ont décidé de ne pas garder
l'enfant. Et c'est là que ça devient très, très dangereux. Parce que je vous parlais que c'était important de
mettre l'enfant au coeur de nos décisions, et là on a un cas où le couple a
décidé de ne pas garder l'enfant. Et la maman, la mère porteuse, avait déjà eu
cinq enfants, elle a dit : Je ne peux pas en prendre un autre, je
ne peux pas, mais, le coeur brisé, a dû refuser, alors l'enfant s'est retrouvé
en adoption.
Je ne sais
pas comment encadrer ça, je l'ignore, je n'ai pas la réponse, mais c'est des
cas qu'il faut vraiment se poser la question, parce que, s'il y a un abandon,
ça... l'enfant tombe à la charge de l'État, il y a des coûts, il y a des coûts
à notre société, puis d'ailleurs je vais en
parler, là, des frais de santé aussi, mais il y a des coûts. Est-ce que le
couple qui a fait appel doit être
responsable de ces coûts-là? Je ne le sais pas, je lance des questions. Mais il
y a quelque chose qui est absolument aberrant dans cette situation-là,
on ne voudrait pas voir ça ici.
Il y a aussi un autre cas qui, ce matin... et
j'ai vu passer ça, LCN, la petite bande en bas, une dame, une célébrité espagnole de 68 ans qui a eu un enfant par
gestation par autrui, parce que vous comprendrez qu'à 68 ans la personne
en question n'était plus en mesure de
concevoir par elle-même, et là le cas qui est particulier, c'est que c'est une
vedette, une vedette espagnole, je crois que c'est une actrice qui a
beaucoup, beaucoup d'argent, et donc...
Une voix : ...
Mme Dufour : ...Ana Obregón, exactement, et cette
dame-là, elle a perdu, en 2020, son fils, son fils qui avait 27 ans, des
suites d'un cancer. Et, à partir de ce moment-là, elle a commencé à penser à
avoir un autre enfant pour ne plus... pour compenser la perte de son garçon. Madame a 68 ans. Et donc cette
semaine, là, je crois que c'était... en tout cas, c'était hier, là, que c'est sorti, elle a été chercher l'enfant
qu'une personne... parce que c'est une personne qui a porté pour elle,
évidemment. Là-bas, en Espagne, bien, les autorités sont scandalisées parce que
la... ce que je comprends, c'est que, là-bas, ce n'est pas permis. Et
là, c'est ça, il y a comme une certaine, c'est ça, inquiétude, à savoir :
Bon, une personne, dans le fond, qui a
beaucoup de sous va... Et ils ont appelé ça un «ventre à louer», c'est comme ça
que les médias et les critiques, les gens des autorités ont décrit ça.
Et je vous dis, là, je vais vous lire ce qu'elle a écrit elle-même, là, sur les
réseaux sociaux, l'actrice en... la vedette
en question, elle a écrit : «Une lumière pleine d'amour est arrivée dans
mon obscurité. Je ne serai plus jamais seule.» Donc, elle est allée
chercher un enfant pour ne plus être seule.
Et là je
reviens à l'intérêt de l'enfant. Je ne sais pas jusqu'à quel âge on peut avoir
un enfant, il y a des hommes qui en
ont très, très vieux, de certains âges,
malheureusement — on
pense à un chanteur québécois connu, notamment — mais il
est possible que cet enfant-là, lui, se retrouvera peut-être
plus seul plus jeune que ça aurait été souhaitable. Comme je dis, je ne sais pas l'âge, mais c'est quand même
inquiétant. Est-ce qu'une personne, à 80 ans, va dire : Je veux un
enfant, j'ai envie, je n'ai jamais eu
d'enfant, finalement, je pense, j'aurais aimé ça, je n'ai pas eu de
petits-enfants, j'aimerais ça avoir un enfant? Je lance la question, je
n'ai pas la réponse, mais ce sont des cas inquiétants.
Je
vais aussi venir au coût sur les services de santé, puis ça, ça a été souligné
par différents... j'ai vu dans différents articles, aussi, qui ont... Il y a un
danger de rendre le Québec trop attractif, parce qu'on ne souhaite pas que les
femmes soient rémunérées, c'est ce
qui est dans le projet de loi, mais qu'il y ait une certaine compensation
financière pour les pertes ou, tu
sais, les désagréments, parce que, on va se le dire, ceux qui ont eu des
enfants, il y en a, des désagréments, avec une grossesse, mais... mais, ceci dit, c'est beaucoup moins cher au Québec,
entre guillemets, là, dans des circonstances comme ça, qu'ailleurs. Et ça
adonne qu'au Québec, bien, notre système de santé, il est gratuit, hein, on va
avec notre petite carte d'assurance
maladie et puis on peut aller à l'hôpital. Alors, si les Québécoises portent
des enfants pour des parents étrangers, ces coûts-là, est-ce qu'ils devraient être... les coûts des frais de
suivi, des frais d'accouchement, est-ce qu'ils devraient être aux frais, tu sais, entre guillemets, par la mère
porteuse, et donc aux frais de l'État ou bien aux frais des parents étrangers?
C'est une question que je pose. Il y a... je
crois que c'était le Conseil du
statut de la femme qui a parlé qu'il
y avait... j'étais assez surprise du
chiffre, 40 % des grossesses pour autrui au Canada sont réalisées pour des
personnes étrangères. Donc, ça, c'est une inquiétude. Est-ce que notre système
de santé, finalement, subventionne des gens à l'étranger pour qu'eux ça leur coûte moins cher? Je pose la question. C'est
inquiétant. Puis là la question, c'est : Est-ce que ça deviendrait un peu
l'eldorado, tu sais, des grossesses? Puis c'est déjà, tu sais, le cas au
Canada, dans le reste du Canada. Mais il faut se poser la question, parce qu'actuellement il y avait un
flou ici, donc, et il y avait peut-être moins d'attraction à venir au Québec.
Je pense que, ce que j'ai compris, la
plupart des couples préféraient aller dans les autres provinces parce que
c'était mieux... c'était encadré. Mais là, en l'encadrant, soudainement,
le Québec va devenir attractif beaucoup plus.
• (15 h 10) •
Il y a toute la question, dans le fond, des
absences, aussi... Excusez, je vais recontinuer sur les mères porteuses. Il y a l'inquiétude du contrôle des femmes, le
style alimentaire, est-ce que c'est... C'est l'Association des juristes
progressistes, là, qui soulignait ça, l'inquiétude que le... dans le
fond, d'imposer aux femmes — oui,
merci — une
certaine façon de fonctionner pour porter le bébé. Ça, c'est inquiétant.
Les agences,
il faut absolument que je parle des agences dans ma dernière minute et demie.
Il y a beaucoup d'agences qui travaillent dans ce milieu-là à
l'international, et il y a quand même beaucoup d'abus qu'on a vus à divers
égards, et donc... Et ça, le projet de loi,
il est absolument muet sur les agences. Alors, il faudra absolument venir
encadrer ça, je crois. En tout cas, plusieurs groupes l'ont dit, mon collègue
l'a mentionné aussi, parce qu'il faut... ce qu'on ne veut pas, c'est que, dans le fond, il y ait des couples qui soient
pris en otage par les agences avec des frais abusifs, mais aussi des
mères porteuses, puis que, finalement, ça devienne vraiment une industrie.
Puis, tu sais, je vous ai dit, j'ai déjà eu des enjeux de fertilité, puis j'ai fini par regarder du côté de l'adoption,
puis l'adoption internationale, c'est le cas, ça coûte, des fois, des dizaines de milliers de dollars, là,
pour avoir fait certaines démarches. Alors, il ne faudrait pas que ça devienne
ce cas-là aussi pour les agences de gestation pour autrui.
Et là il y a des groupes, aussi, qui ont parlé
d'assurance vie, que ce serait important de... qu'elle soit obligatoire, que les femmes, dans le fond, aient un bon
support, qu'elles soient protégées. Puis là il y a des groupes qui ont parlé de
deux ans, assurance vie, invalidité, si je ne me trompe.
Donc, ça fait
le tour de mon intervention. Je crois qu'on est dans une bonne direction, mais
je pense qu'il y a encore beaucoup de
choses à préciser. Je vous ai donné des cas hypothétiques qui sont très, très,
très difficiles à, même, réfléchir comment on va les appliquer. Alors,
là-dessus, je vous souhaite une bonne journée. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant,
je suis prête à reconnaître un autre intervenant. Mme la députée
D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci,
Mme la Vice-Présidente. Nous sommes là aujourd'hui pour l'adoption de principe
du projet de loi n° 12, que nous accueillons. La situation des mères et
personnes porteuses a longtemps été un flou juridique, au Québec, et nous sommes heureux que le ministre se
penche sur cette problématique, surtout que c'est une loi qui se retrouve...
qui est présente dans toutes les autres provinces canadiennes, donc il est
temps que le Québec soit à la même hauteur.
Nous saluons
aussi le gouvernement, qui agit pour être sûr que, dans des cas comme celle
d'Océane, cette jeune femme qui avait eu un enfant à la suite d'un viol et qui
avait été incapable de refuser à son agresseur l'établissement de sa paternité auprès de son enfant, ne se reproduisent
plus au Québec. Encore une fois, c'est le cas dans plusieurs autres
territoires, y compris plusieurs provinces canadiennes.
Il va falloir
qu'on se penche davantage sur les articles de ce projet de loi, considérant les
enjeux très délicats et la nouveauté
de ce droit. Il est dommage que le ministre n'ait pas pu... n'ait pas invité
plus de groupes à s'exprimer là-dessus. C'est un enjeu qui est extrêmement important pour notre société et que
tout le monde devrait avoir la chance de s'exprimer là-dessus.
Le dépôt de
ce projet de loi est un pas dans la bonne direction pour amener un encadrement
à une situation qui n'est pas
reconnue légalement au Québec, mais qui l'est au Canada. Il reconnaît la
grossesse pour autrui et l'encadre afin de protéger les intérêts de
l'enfant et protéger les mères porteuses dans le cadre d'une telle grossesse.
Il permet ainsi, dans le cadre d'un projet
parental, de recourir à la grossesse pour autrui afin d'avoir un enfant et il
prévoit les modalités qui doivent être
respectées. La situation des mères porteuses a longtemps été floue, et on est
contents de pouvoir légiférer et d'encadrer.
Et justement
c'est un élément qu'on veut voir... qu'on veut pousser davantage dans le projet
de loi, c'est les détails, les
modalités qui manquent à certains égards. Par exemple, les parents peuvent-ils
exiger ou demander qu'un médecin ait accès aux antécédents médicaux de
la mère porteuse afin de s'assurer qu'elle est en assez bonne santé pour porter
un enfant? Ceci serait pour protéger la santé de la mère porteuse et de
l'enfant, car il y a des maladies dormantes qui se manifestent chez une femme lors d'une grossesse.
Par exemple, est-ce que la mère porteuse a une maladie qui peut être
transmise au foetus lors de la grossesse? Toutes ces situations entraînent de
différentes réalités. Par exemple, si la mère porteuse
n'a pas de lien génétique avec l'enfant, est-ce qu'elle devrait avoir le droit
de renoncer à remettre l'enfant aux parents
d'intention? L'important est de s'assurer que l'intérêt de l'enfant, des
personnes porteuses et les parents d'intention sont protégés. Il faut réussir à équilibrer les droits de chacun en
matière de grossesse pour autrui. Il faut équilibrer le droit de
l'enfant et celui de sa mère. Il faut prévoir des informations obligatoires à
mentionner.
Le projet de
loi propose que certains pays ou États de droit et qui sont similaires aux
nôtres soient ouverts aux parents du Québec pour y chercher une mère porteuse,
alors que nous n'avons aucune juridiction sur ces autres territoires et que nous ne pouvons pas imposer les lois et les
règles entourant la maternité de substitution que le Québec prévoit. Quelles
garanties avons-nous, ou les futurs parents
d'intention, si le pays d'accueil a des lois et des règles différentes des
nôtres? Et parce que ces parents sont
peut-être désespérés, ils se conformeront plutôt que de se plaindre, par
crainte que la mère porteuse ne le fasse pas et change d'avis.
Là, je vais
vous lire un passage du mémoire du Conseil
du statut de la femme qui, justement,
fait le point qu'entre autres, si on
permet aux parents d'intention qui viennent de... qui sont... qui viennent de
l'étranger d'avoir une mère porteuse au Québec, bien, c'est notre système de
santé qui va assumer les frais pour ces parents-là et également l'enfant qui
aura une citoyenneté canadienne, pour des parents qui ne l'ont pas et
qui sont étrangers.
Donc là, je vous cite le passage du Conseil du
statut de la femme, qui «estime que cette disposition relative au domicile des parents d'intention a pour but de
dissuader des personnes étrangères à se tourner vers le Québec pour trouver
une femme porteuse. Un tel risque est réel, comme il en ressort de la récente
étude du Conseil du statut de la femme. De
fait, des enquêtes empiriques témoignent de l'attractivité du Canada pour les
parents d'intention étrangers[...], en raison notamment de la citoyenneté canadienne accordée aux enfants et des coûts
moindres pour l'accès aux soins de santé. Bon nombre rendent aussi
compte de cas où les parties résidaient dans des provinces distinctes.
«Selon un sondage mené en ligne en 2016‑2017
auprès de 184 femmes canadiennes ayant complété 287 GPA, près de
40 % de ces GPA ont été réalisées pour des parents d'intention ne résidant
pas au Canada[...].
«Par
ailleurs, sur les 26 avocates et avocats du Canada qui ont participé à
l'étude de Carsley [en] 2020, neuf ont indiqué
avoir conseillé exclusivement des parents d'intention ou des femmes porteuses
du Canada, les 17 autres ayant aussi été consultés par des
personnes résidant à l'étranger.
«Or, le
Conseil du statut de la femme s'inquiète de ce qu'il adviendrait si une femme
du Québec acceptait de porter un enfant en vue de le remettre à des parents
d'intention domiciliés hors Québec. Le projet de loi n° 12 passe
effectivement sous silence pareille
éventualité. Il propose d'ajouter au Code civil une section sur les règles en
matière de filiation dans les cas où "les parties à la convention
sont domiciliées au Québec" et une autre dans les cas où "la femme ou
la personne qui a donné naissance à l'enfant
est domiciliée hors [...] Québec". Cependant, il ne prévoit aucune section
portant sur les cas où une femme
domiciliée au Québec porte un enfant en vue de le remettre à des parents
d'intention étrangers, ni en matière de filiation, ni en matière de
procréation assistée.
«À l'analyse
du projet de loi n° 12, le Conseil du statut de la femme en conclut que,
si une telle situation survenait, la
filiation de l'enfant serait établie envers la femme porteuse, et ce, même si
ce n'est pas de sa volonté. Il en arrive à cette interprétation du fait
que :
«1° le
domicile des parents d'intention figure dans les dispositions générales
relatives à tout projet parental impliquant une GPA, de sorte qu'un tel
projet qui impliquerait des parents domiciliés hors Québec ne serait pas
reconnu; et
«2° le projet de loi prévoit que l'adoption par
consentement spécial n'est plus autorisée dans les cas des GPA.
«Il est donc
possible d'en déduire que la seule voie possible pour la femme porteuse qui ne
veut pas être reconnue comme la mère
légale de l'enfant serait alors de confier l'enfant à l'adoption régulière, une
option à laquelle pourrait toutefois s'opposer un parent d'intention,
s'il figure à l'acte de naissance.»
• (15 h 20) •
Le projet de
loi est muet sur l'encadrement nécessaire, également, pour les agences privées
et des tiers qui représentent... qui, présentement, offrent des services
tout compris et agissent à titre d'intermédiaire entre les parents d'intention
et les mères porteuses. Or, le projet de loi ne prévoit aucune balise pour que
celles-ci... que celles-ci devront respecter,
tout cela pour protéger que ces agences privées ne deviennent pas une
destination pour le tourisme de fécondation. Nous devons protéger tout en donnant à ceux qui ne peuvent pas concevoir
la possibilité de le faire. Quels sont les services pour lesquels ces agences peuvent réclamer des
sommes? On veut que ces agences privées soient encadrées pour qu'elles
jouent leur rôle de facilitateur et non comme une entreprise à profit. Est-ce
qu'il y a un montant maximal qu'ils peuvent recueillir?
L'enjeu, ce n'est pas de faire un marché de mères porteuses. Dans ce même sens,
est-ce que le gouvernement ne devrait pas garder un registre des mères
porteuses pour s'assurer qu'elles suivent toutes les balises à leur égard?
Pour les
parents d'intention étrangers... ou, plutôt, pour les mères porteuses qui iront
à l'étranger à la rencontre de parents
d'intention, il faut faire attention, parce que, même si on encadre la
situation ici, on ne peut pas s'assurer que ça va être respecté à l'étranger,
donc. Et, encore une fois, pour les parents d'intention étrangers qui viennent
au Québec pour rencontrer une mère
porteuse, encore une fois, c'est les contribuables du Québec qui vont assumer
les coûts médicaux associés aux
naissances, et, encore une fois, les enfants qui vont recevoir une citoyenneté
canadienne, qui ne reflète pas la réalité de leurs parents étrangers. On veut
aussi, de toute justesse, éviter qu'il y ait un marché noir des mères
porteuses. Il faut surtout protéger la santé et les droits des mères
porteuses et des parents d'intention.
Il y a tellement de questions qui ne sont pas
comprises dans le projet de loi. Par exemple, on pose la question s'il devrait y avoir un âge minimum pour la mère
porteuse, mais on ne pose pas la question s'il ne devrait pas y avoir un
âge maximal pour la mère porteuse, en raison
d'enjeux de santé. Est-ce que... On n'adresse pas non plus le nombre d'enfants
qu'une mère porteuse pourrait... auquel elle
pourrait s'offrir. Et est-ce qu'une partie peut venir... Excusez-moi. Il permet
aussi, dans le cas
d'un projet parental, de recourir à la grossesse pour autrui afin d'avoir un
enfant et il prévoit des modalités qui
doivent être respectées, mais il y a de nombreuses précisions et clarifications
à apporter sur le processus d'information et l'évaluation en amont de la convention sur les composantes de
celles-ci. À titre d'exemple, rien n'empêche, présentement, des parents
d'intention de mettre des contraintes à la personne porteuse afin de contrôler
son style de vie pendant la grossesse. Il
n'y a... rien ne vient empêcher les relations de pouvoir entre les parents
d'intention et la mère porteuse, ce qui peut causer des enjeux éthiques
de consentement.
Je vais
maintenant vous lire... Bien, justement, là, on parle de l'évaluation qui doit
se faire, mais, encore une fois, il
n'y a rien, dans le projet de loi, qui précise quels sont les éléments qui
doivent se retrouver dans cette évaluation. Donc là, je me réfère au mémoire
de... excusez-moi, de l'Ordre des psychologues du Québec. Alors, je cite :
«Nous prenons acte du fait que cette
rencontre soit de nature strictement informative, le but étant de s'assurer que
la personne qui portera l'enfant et
la personne ou les conjoints ayant formé le projet parental aient de
l'information "sur les implications psychosociales du projet de gestation pour autrui et sur les
questions éthiques qu'il implique". L'on présume que cela leur permettra
d'identifier les enjeux pouvant être liés à leur projet, d'envisager ce
que pourrait signifier l'engagement des uns et des autres et de porter un regard réaliste sur les difficultés et
les risques inhérents audit projet. Bref, on s'attend du professionnel qu'il
fournisse aux personnes concernées l'éclairage nécessaire. Nous prenons
acte également du fait que cette rencontre ne [doit] pas servir à évaluer les personnes qui y sont
conviées. La rencontre ne devrait pas non plus servir à obtenir des personnes
conviées un consentement libre et
éclairé, ce qui reviendrait plutôt au notaire, comme permet de le déduire
l'article 541.12. Or, bien que le
professionnel, dans le cadre de ces rencontres, puisse faire des observations
soulevant certaines interrogations[...], son mandat le limite à délivrer une attestation de présence, nulle
mention n'étant faite sur la possibilité qu'il puisse communiquer
autrement une quelconque opinion professionnelle.
«Le projet de
loi n° 12 ne donne pas d'indications quant à la teneur de cette rencontre
et, en l'absence, il est fort probable que le cadre et les informations données
par différents professionnels, dans différents milieux, soient à géométrie
variable, ce qui n'est pas souhaitable. Par conséquent, nous croyons qu'il faut
baliser cette rencontre, cibler les enjeux importants
et déterminer ce que seront les thématiques à aborder avec chaque personne
rencontrée. Voici, à titre d'exemples, les
questions ou thématiques qui pourraient faire l'objet de la rencontre
d'information : les transformations physiques et psychologiques qu'implique une grossesse; le
développement du lien d'attachement entre la personne qui portera l'enfant
pour autrui et le foetus qu'elle porte; ce que comporte le suivi médical requis
en raison de la grossesse et les restrictions qu'implique
le fait d'être enceinte; ce qui survient après l'accouchement, le suivi post-grossesse,
les risques de réactions post-partum — dépression
ou autres — pouvant
être associés au lien d'attachement et à son éventuelle rupture — à
ces égards, s'il s'agit d'un premier
accouchement, la personne qui portera l'enfant peut ne pas aussi bien saisir ce
que signifie le renoncement à la
filiation, la perte liée à la rupture du lien d'attachement; la question du
délai prévu après l'accouchement avant
que la personne qui portera l'enfant ait à renoncer à sa filiation; les
implications et l'impact d'une éventuelle décision de la personne qui portera l'enfant de garder
celui-ci; les implications si le bébé a des problèmes de santé; l'éventuel ou
le nécessaire investissement de
l'environnement/entourage; [et] les droits de l'enfant de connaître ses origines
et ce que cela signifie pour les personnes concernées et qui risquent
d'en être affectées.»
Et moi, je
pose la question si, justement, il ne devrait pas y avoir une obligation
d'avoir une évaluation psychosociale et médicale pour la mère porteuse
pour protéger autant la mère porteuse que l'enfant. Il y a des situations où
une mère porteuse, comme je l'ai mentionné,
peut avoir une maladie qui peut être transmise à l'enfant lors de la grossesse.
Et également il peut y avoir des
effets négatifs sur... possibilité d'effets négatifs sur la santé de... l'état
de santé de la mère, en raison de grossesse.
Donc, on
continue avec des questions auxquelles on ne trouve pas les réponses dans le
projet de loi. Que se passe-t-il si
l'enfant meurt pendant la grossesse ou l'accouchement? Existe-t-il une
obligation de fournir un soutien psychologique à la mère porteuse lors
de la naissance de son premier enfant ou en cas de décès de l'enfant, protéger
pour que cela ne devienne pas une
entreprise, sans oublier les parents d'ici à qui cela donne l'occasion de
fonder une famille? Je pense qu'il est
nécessaire d'encadrer et de baliser l'enjeu de mère porteuse, ce qui est déjà
le cas, et ce... et qu'on voudrait voir... qu'on voudrait voir davantage
des détails dans ce projet de loi.
Le projet de
loi devrait limiter les parents à des citoyens canadiens. Le gouvernement du
Québec ne peut pas assurer que les droits accordés dans ce projet de loi
pour les mères porteuses seront respectés dans cet autre territoire. Comment éviter que les parents choisissent cette voie pour
des raisons esthétiques, par exemple? Est-ce qu'on devrait demander est-ce
que le couple hétérosexuel devrait fournir
une preuve qui démontre que le couple, pour des raisons biologiques, ne peuvent
pas concevoir un enfant? Est-ce qu'il y
devrait avoir un âge maximal pour les parents d'intention? Tant les parents
d'intention que la mère porteuse, que
la femme qui prévoit porter l'enfant devront participer à une séance
d'information? Et, encore une fois, on s'attend... Comme je l'ai mentionné du
Conseil du statut de la femme, il y a encore beaucoup de questions, et il faut une cohérence, il faut que... une
uniformité pour que tous les cas soient... bien, qu'il y ait une uniformité
pour que toutes les informations qui sont partagées, les questions
soient pareilles.
Est-ce qu'il
ne devrait pas avoir une obligation que la mère porteuse passe une évaluation
psychosociale, comme j'ai mentionné? Le délai de 30 jours pour le
retrait du consentement de la mère porteuse, est-il prévu qu'elle devra... Excusez-moi. Le délai de 30 jours pour le
retrait du consentement de la mère porteuse dépendrait aussi de la forme de la
grossesse. Par exemple, est-ce que l'ovule
provient de la mère porteuse? En quel cas, il y a un lien génétique. Est-ce que
l'ovule vient de la part de la mère, du
parent d'intention, et le sperme également du père d'intention? Est-ce que
l'ovule et le sperme d'intention viennent de tierces parties? Il faudrait
vraiment qu'on précise, selon toutes ces formes et toutes ces situations, quel est le droit de la mère porteuse
d'affiliation. Est-ce qu'il est prévu qu'elle devra rembourser les parents dans
le cas où elle décide de ne pas remettre
l'enfant aux parents? Tout dépend de la nature génétique de l'enfant : dans
les cas où l'ovule ou le sperme
provient des parents d'intention, lorsque l'ovule est celui de la mère porteuse
mais que le sperme est celui du père d'intention, lorsque l'ovule est celui de la mère
porteuse et que le sperme provient d'un donneur non connu, ou encore si
l'ovule et le sperme proviennent de tierces parties.
• (15 h 30) •
Est-ce qu'il
y aurait un accompagnement psychosocial pour la mère porteuse suite à la
naissance du bébé? Le projet de loi prévoit une possibilité de compensation
monétaire pour les pertes causées par la grossesse. Ceci devrait, encore
une fois, être encadré et suivi de très
près, sinon on risque des dérapages et que cela devienne une industrie, ce qui
pourrait pousser certaines mères
porteuses à offrir leurs services de façon répétée, car ça devient leur emploi
et source de revenus. Il faudrait que
le gouvernement impose un montant maximal pour les mêmes
raisons, une formule basée sur les revenus de la mère porteuse,
possiblement.
Autres questions à se poser : Est-ce qu'il
devrait y avoir une limite au nombre de fois qu'une femme peut agir comme mère porteuse? Est-ce qu'elle aurait déjà dû
avoir donné naissance avant de pouvoir devenir une mère porteuse? Devrait-il y avoir une modification de l'âge
minimum de la mère porteuse? Est-ce qu'il devrait y avoir un âge maximum
pour une mère porteuse? Combien de fois est-ce qu'on peut être une mère
porteuse? Est-ce qu'il devrait y avoir une
évaluation médicale ou psychosociale? Est-ce qu'on prévoit un accompagnement
psychosocial pour la mère porteuse suite à la naissance?
Alors là, je
vais passer sur l'autre enjeu du projet de loi, avec très peu de temps qu'il me
reste. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'une personne perd
son droit à la filiation après avoir commis un crime violent qui entraîne la naissance non planifiée d'un enfant.
Une femme ne devrait pas être victime à plusieurs reprises d'une personne
qui a commis un crime odieux à son encontre.
Il permettra donc à une mère victime de viol de... Le projet de loi permettrait
donc à une mère victime de viol de refuser
l'établissement de la paternité de son enfant à l'agresseur et de le faire
retirer. Il rendrait, de plus, cet
agresseur responsable de contribuer à satisfaire aux besoins financiers de
l'enfant par le paiement d'une indemnité à la personne victime de
l'agression sexuelle.
Les
dispositions prévues sur la filiation à la suite d'un viol viennent mettre un
fardeau très important sur la mère victime. Le projet de loi vient permettre
aux femmes ayant eu un jugement d'agression sexuelle d'utiliser ce dernier
devant le juge civil afin de
démontrer la pertinence du retrait de la filiation envers ce père. Ce projet de
loi propose que la femme victime d'agression sexuelle peut intenter une action
pour obtenir une indemnité, mais, lors des consultations, il y avait un questionnement sur si ça devrait être une
indemnité ou si ça devrait être une pension alimentaire. Il reste à préciser et
à mettre de l'avant.
Plusieurs groupes ont demandé que le
gouvernement établisse un barème ou une fourchette de montants afin d'aider le juge et d'assurer qu'il n'y a pas une
disparité entre les cas. Rien dans ce projet de loi ne vient prévoir ce qui
arrive si l'agresseur ne peut pas payer le montant demandé. Comme le Réseau des
centres d'aide aux victimes d'actes criminels le suggère, est-ce qu'un tiers ne devrait pas être nommé pour que le
transfert d'une pension alimentaire au montant fixe soit transféré de
l'agresseur à la mère porteuse? Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Il n'y a pas d'autre intervenant? Vous voulez intervenir,
Mme la députée? Alors, je vous cède la parole. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout d'abord à saluer la présidence ici,
aussi la présidence et le secrétariat à la Commission des institutions, qui se
penche sur cette question importante. Je
veux, évidemment, saluer le ministre de la Justice et les équipes qui
accompagnent le ministre dans cette
initiative. Je salue aussi les députés de la banquette ministérielle. Enfin,
j'aimerais saluer les collègues des
groupes d'opposition. Et je veux surtout saluer mes collègues, entre autres, et
surtout le député de l'Acadie, qui est notre
porte-parole de l'opposition officielle en matière de justice et qui nous
représente vraiment, notre formation, dans ces discussions, mais aussi la députée de Robert-Baldwin, qui est notre
porte-parole responsable de la condition féminine et aussi la protection
de l'enfant, donc deux enjeux très, très importants dans ces discussions.
Alors, je
suis heureuse aujourd'hui de prendre la parole à mon tour dans le cadre du
débat de la prise en considération du
projet de loi n° 12, une loi portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et
des personnes victimes de cette agression ainsi que les droits des mères
ou personnes porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse pour
autrui, déposé par le ministre de la Justice le 23 février dernier.
Alors, le
contexte. Ma prédécesseure à Notre-Dame-de-Grâce, c'est une ancienne ministre
de la Justice, entre autres, d'autres
rôles aussi. Alors, elle me rappelle que le contexte dans lequel ce projet
s'inscrit... Comme vous le savez, Mme
la Présidente, il y a 40 ans, bien avant votre temps, mais une réforme
majeure du droit de la famille a été réalisée. Depuis cette réforme, le modèle familial a beaucoup
évolué, au Québec, et le droit de la famille n'était alors plus adapté aux
besoins, aux réalités des familles et des enfants d'aujourd'hui ici, au
Québec.
Et, lors du dernier mandat, la ministre de la
Justice... le ministre de la Justice, je devrais dire, a déposé et adopté la loi n° 2, Loi portant sur la
réforme du droit de la famille en matière de filiation et modifiant le Code
civil en matière des droits de la personnalité...
de la personne, pardon, et d'état civil. Toutefois, à l'approche de la fin de
la dernière législature, le ministre
s'est rendu à l'évidence qu'il fallait scinder en deux le projet de loi, et il
a donc retiré deux pans importants de son
projet de loi, si je comprends bien, soit le volet sur la filiation et celui
sur la procréation pour autrui. C'est environ 80 articles qui ont
été retirés, Mme la Présidente. Le ministre revient donc cette fois-ci avec ce
projet de loi n° 12 pour continuer cette réforme du droit de la famille. La situation
des femmes et des personnes porteuses a longtemps, longtemps été un flou juridique au Québec, et nous sommes heureux
que le ministre se penche sur cette problématique. Alors, nous saluons aussi que le gouvernement agisse pour être sûr que
des cas comme la situation d'Océane, cette jeune femme qui avait eu un enfant à
la suite d'un viol et qui avait été incapable de refuser à son agresseur
l'établissement de sa paternité auprès de son enfant ne se reproduisent plus
ici, au Québec.
Alors, nous,
dans notre formation, on s'est penchés sur les grands principes de ce projet de
loi. Alors, il y a plusieurs questions
qui nous préoccupent. Alors, je vais commencer par souligner deux choses, du
début. Alors, on comprend, pour des raisons... de très bonnes raisons légales,
juridiques, ces deux enjeux, ces deux sujets liés à la filiation ont été...
sont ensemble, ils font l'objet du
même projet de loi, mais je veux juste souligner, donc, pour de très bonnes
raisons juridiques, mais il faut
quand même rester sensible au fait qu'une grossesse qui est le résultat d'un
viol et une grossesse pour autrui, c'est
vraiment deux choses très différentes et même opposées. Il y a une grossesse
qui n'a pas été prévue ou même souhaitée, il y a une autre grossesse qui
a été très désirée. Alors, il faut juste rester sensibles à ce fait. Il y a des
enjeux différents, il y a des parties prenantes différentes.
Alors, dans
les discussions en étude détaillée et tout au long de ce projet de loi, je
pense qu'il faut rester sensibles à ce
fait, que c'est vraiment des situations très différentes, même si le projet de
loi essaie de résoudre la situation de la filiation, et donc c'est pour
cette raison là que ça demeure quand même le même sujet de la même loi.
Il y a un deuxième point. On parle de mères
porteuses, et je sais que la commission s'attarde au langage : très important de ne pas parler de mères porteuses. Ces
femmes exceptionnelles ne cherchent pas à être mères de ces enfants. Ce sont des personnes porteuses, ce sont des
femmes porteuses; ce ne sont pas des mères porteuses. Les femmes qui rentrent
dans ces situations-là, c'est pour faire en
sorte qu'autrui seront parents. Ce n'est pas des mères porteuses. Et ça,
j'espère que la commission va se
pencher là-dessus, parce que, justement, ces personnes qui se portent,
bénévoles pour porter les enfants d'autrui,
ce sont des actes d'empathie et de générosité extraordinaires, et je pense
qu'il faut le reconnaître du début dans le titre et les expressions
qu'on utilise.
• (15 h 40) •
C'est sûr que les grands principes, c'est
l'intérêt de l'enfant. Tout est... Avant tout, c'est l'intérêt de l'enfant. Il y a aussi le grand principe des droits des
femmes à la libre disposition de leur corps et aussi de pouvoir consentir de
façon libre et éclairée dans tous
leurs choix, mais aussi on parle aussi, je pense que c'est important de le
souligner... les parents d'intention,
parce que, souvent, ces parents-là sont au bout de la ligne. C'est après avoir
vécu des expériences très difficiles qu'ils
se rendent dans une situation qu'ils cherchent... qu'ils ont à chercher
ailleurs pour, justement, leur projet parental. Alors, même si ça ne
fait pas partie des deux grands principes qui vont guider les discussions, je
pense que c'est quand même important de
souligner le respect des parents d'intention, eux aussi, qui ont beaucoup vécu
des moments de vulnérabilité et
peut-être aussi de discrimination. Je pense, par exemple, à la communauté
LGBTQ+. Alors, il faut aussi penser aux parents d'intention. Alors, tout ça, c'est une approche équilibrée, donc c'est
tout un défi. Alors, c'est vraiment ça, le défi, c'est de trouver un
équilibre.
Alors, c'est
très important, maintenant, Mme la Présidente, que le projet de loi encadre la
convention de grossesse, ce qui n'était pas permis, ce qui n'est pas
présentement permis. Alors, déjà, ça va dans la bonne direction, d'avoir une
convention pour vraiment encadrer un projet comme tel.
Alors, moi,
mes commentaires, je vais m'attarder surtout aux enjeux liés à la grossesse
d'autrui et, si j'ai le temps, à la fin, je vais expliquer pourquoi, des enjeux
dans ma vie personnelle et des gens que je connais très bien. Alors, je
me base un peu sur cette expérience-là, si j'ai le temps de raconter. On verra
à la fin.
Alors,
certaines questions. Une des questions : Est-ce que la convention de
grossesse doit être notariée? Moi, la réponse à ça, c'est que c'est
important de bien faire les choses, il faut avoir de la rigueur, c'est un
engagement très important. Donc, je ne sais
pas c'est quoi, la solution exacte, mais il faut avoir de la rigueur. Et il
faut aussi savoir qu'il n'y a pas à
avoir de rapport de force, hein? On veut éviter, justement, les rapports de
force entre la personne porteuse et les parents d'intention. On va revenir sur les agences qui, à date, ne sont pas
encadrées du tout. Et ça porte, ça porte à l'exploitation des personnes
porteuses et des parents d'intention, les deux parties.
Est-ce qu'on
prévoit une possibilité de compensation monétaire pour les pertes causées par
la grossesse? Bien, selon moi, eh
oui, il faut l'encadrer, absolument. On sait très bien qu'une personne porteuse
ne peut pas être rémunérée. Et ça, c'est
bien, parce que c'est vraiment un geste d'empathie, de générosité à l'extrême,
mais c'est sûr qu'il faut compenser la personne
porteuse : assurance santé, assurance vie, tous les coûts, pas jusqu'à la
naissance, mais même après la naissance, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'enfant devienne l'enfant aux parents d'intention
qui deviennent parents. Donc, ça, je pense que les coûts, c'est très important, éventuellement, avoir accès aux
prestations parentales, congé maternel, etc. Donc, je vois que ça va
dans la bonne direction.
Une autre chose, ma collègue en a parlé,
lorsqu'on parle des moyens de procréation puis on parle... certains articles qui... je sais, qui vont regarder le
vocabulaire du législateur. Alors, je pense qu'il faut aussi être clair sur des
liens génétiques et des liens
biologiques, et ce n'est pas la même chose. C'est sûr qu'une personne porteuse
a un lien biologique avec l'enfant,
c'est clair. Est-ce qu'il y a un lien génétique? Ça dépend de comment le bébé a
été créé. Donc, il faut toujours, je pense, faire cette distinction
entre le lien biologique et génétique. Ça, j'imagine, ça va entrer dans l'étude
détaillée.
Une autre question, on a parlé de termes, alors,
le terme de «mère porteuse», comme je dis, je trouve qu'il faut éviter «mère porteuse», pour les femmes qui
s'engagent à entreprendre ce geste extraordinaire, qui n'envisagent pas à être
mère mais bien pour... c'est vraiment des
grossesses pour autrui. Donc, je trouve que c'est important. Donc, oui, il faut
porter attention au vocabulaire.
En ce qui a... les
critères pour être une personne porteuse, ça, je sais que la commission va se
pencher sur cette question. Il va y avoir
des enjeux très importants. Âge minimum, c'est sûr. Est-ce qu'il y a un âge
maximum? Est-ce qu'il y a un certain nombre de grossesses à l'avance? Selon moi, ça devrait
être basé dans les faits. C'est-à-dire que, si le but, c'est de s'assurer un choix éclairé et libre de la
part de la personne porteuse, mais aussi pour les parents d'intention, savoir
que les risques sont minimisés, que la
personne va être en bonne santé. On a beaucoup de... ces jours-ci, Mme la
Présidente, pour savoir si la candidate, si la personne porteuse serait une
bonne candidate. Alors, pour moi, ce n'est pas l'âge, à part du... âge minimum, ça, c'est important, l'âge
maximum ou le nombre de grossesses. On a beaucoup de tests médicaux qui vont pouvoir nous dire si c'est une bonne
candidate ou non. Donc, ça, c'est... Il faut que ce soit basé sur les faits et
la science, donc éviter de l'improvisation là-dessus, parce que l'âge, et etc.,
ce n'est pas nécessairement les... Ce sont des données. C'est ça que c'est. Ça fait partie des données,
mais les tests médicaux sont encore plus... on peut se fier plus là-dessus.
Alors, c'est à regarder de très près.
Au
niveau d'être domicilié au Québec, je trouve que... j'applaudis la commission
et l'Assemblée, parce que ce n'est pas le cas ailleurs, je crois, au Canada ou
ailleurs dans le monde. Donc, je pense que c'est important de ne pas
subventionner nécessairement des
parents d'intention ailleurs. Donc, je pense que c'est important de prioriser
les Québécois. Alors, je pense que ça, ça va dans la bonne direction.
Donc, voilà.
Alors,
il y a un autre élément que je voulais souligner, et c'est... et je pense que ma
collègue va en parler davantage... Ah!
pardon, je vais revenir sur la pluriparentalité. Mais, avant de... ma collègue
va se pencher là-dessus. Je veux juste parler de l'encadrement, qui est
absent, des agences et des tiers.
Alors,
Mme la Présidente, le projet de loi ne prévoit rien, à date, sur l'encadrement
nécessaire des agences et des tiers qui, présentement, offrent des services
tout compris et qui agissent à titre d'intermédiaire entre les parents
d'intention et les personnes
porteuses. Or, le projet de loi ne prévoit aucune balise. Et, du moment où, au
Québec, cette loi va rentrer en
vigueur, la demande va monter. Parce que, maintenant, c'est connu au Canada que
le Québec, c'est le dernier endroit où tu voudrais aller pour avoir une
personne porteuse, parce que, présentement, il faut adopter l'enfant. Même si
c'est l'enfant génétique des parents
d'intention, il faut adopter cet enfant-là. Mais, ailleurs au Canada, c'est les
parents d'intention qui sont les
parents de facto, et alors... Mais, une fois que cette loi rentre en vigueur,
la demande pour des personnes porteuses au Québec va monter, et les
agences... Alors, il faut vraiment encadrer le tout non seulement avec une
convention de grossesse, très important,
mais il faut encadrer ces agences pour ne pas que ça mène à l'exploitation des
personnes porteuses et des parents d'intention.
• (15 h 50) •
Alors,
je pense que je vais peut-être revenir... Comme j'ai dit au début, Mme la
Présidente, j'ai dit que j'allais
m'attarder surtout à la question des projets de grossesse pour autrui
déposés... pardon, le projet de grossesse déposé pour autrui, et non à la question très sérieuse de l'agression,
des personnes victimes d'agressions, qui font en sorte qu'il y a une... pardon,
les enfants nés à la suite d'une agression
sexuelle et de personnes victimes de cette agression, situation, évidemment,
très sérieuse. Mais je me suis attardée, à date, aux projets de
grossesse.
Je vois qu'il me reste un peu de temps, donc je
vais prendre le temps de juste vous parler des personnes qui m'ont... qui sont très près de nous. Il y a Céline et
Denise, et ce sont des soeurs. Et Denise, elle a perdu son... elle avait deux
enfants, mais elle a perdu son bébé, une petite fille. Elle avait deux
garçons, elle a perdu son bébé. Ça a été traumatique. Et sa soeur Céline était avec elle à l'hôpital
lorsqu'elle a dû... lorsque son bébé est décédé, un bébé tout beau, de six livres,
et toute belle, toute en santé, mais
il y a eu des problèmes, effectivement, avec Denise. Et finalement, par la
suite, elle n'a pas, ni psychologiquement ni physiquement, pu porter un
bébé. Alors, à la suite de tout ça, Denise, elle a décidé de regarder l'adoption, elle a regardé des agences, elle a été
ailleurs au Canada, elle a été en Colombie-Britannique, elle a eu affaire avec
une agence en Ontario... de l'exploitation.
L'adoption internationale, ailleurs, ça a été compliqué, ça coûtait cher, il y
avait des longues listes.
Et,
après avoir fait beaucoup de recherches, et ça a duré plusieurs années, Céline,
qui a été touchée par son expérience avec
sa soeur, est venue pour dire : Écoutez, écoutez, Denise, j'ai fait plein
de tests, les meilleurs médecins... Céline habitait à New York, Denise était au Québec. Et elle a
dit : Denise, ce que je t'offre, c'est que j'aimerais être la personne — pas la mère — la personne porteuse pour que vous puissiez avoir
votre enfant. Et le tout a été fait, ça a été un peu compliqué, entre New York et le Québec, mais finalement le bébé est
né après cette discussion-là, ça a été un cadeau de Noël en 2019, je crois.
Le projet a eu lieu, le bébé, effectivement,
est né un an plus tard, en décembre 2020, et le bébé est rentré à la maison de
Denise le jour de l'An. Et puis le bébé a
maintenant deux ans et quelques mois et est en santé. Denise a dû adopter le
bébé, pas son conjoint mais juste Denise, parce qu'il y avait la mère
porteuse, même si c'était le bébé génétique.
Alors,
c'est une superbelle histoire de soeurs. Et, comme je le dis, la personne
porteuse, elle a fait ça, c'est un acte de grande générosité, mais il n'y avait pas de convention de grossesse,
il n'y avait pas de... Alors, selon cette situation-là, il faut que ce soit dans la rigueur. C'est parce que
c'étaient des soeurs, elles s'étaient très bien entendues, mais, sans
convention, ça peut porter à
l'exploitation. Et, Mme la Présidente, Céline, c'est ma soeur, et c'est moi,
Denise. Et notre troisième fils, Kevin,
est ici dans ce monde grâce à ma soeur, qui a porté notre Kevin, et c'est grâce
à ma soeur que je suis ici aujourd'hui, parce qu'elle nous aide. On est trois parents, effectivement. Mais il
faut être rigoureux dans les choses, parce que ce n'est pas tout le monde qui s'entend, ce n'est pas tout
le monde qui sont des soeurs. Il faut avoir de la rigueur et il faut avoir de
l'empathie, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prête à entendre un autre intervenant.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
la parole est à vous.
Mme
Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Vous me permettez, Mme la Présidente, de
reconnaître le courage de ma collègue de partager son histoire très personnelle. Ce n'est pas
facile, souvent, comme députés, quand on partage nos propres histoires, on se
met à nu devant les collègues mais devant les caméras,
devant le public. Mais je pense que c'est une belle démonstration de la raison d'être de qui nous sommes comme élus. On
souhaite être une réflexion de la société québécoise, on souhaite porter
la voix de non seulement nos concitoyens, mais tous les citoyens et citoyennes
du Québec.
Alors, merci, merci, c'était touchant. Puis ça
démontre aussi la qualité de nos interventions puis notre désir de vouloir aider le gouvernement, quand il dépose des
lois, à les bonifier, que ce soit basé sur des expériences personnelles,
de la recherche, une expertise. Mais je suis
très, très, très reconnaissante parce que c'est ces échanges-là qui vont nous
aider à faire avancer notre province.
Alors, je suis fière, mais vraiment fière de faire équipe avec la collègue de Notre-Dame-de-Grâce.
Puis
évidemment je suis aussi fière d'être en mesure de porter ma voix aussi en ce
qui concerne le projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de
filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression
sexuelle et des personnes victimes de cette agression ainsi que les droits des
mères porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse pour
autrui.
Ma collègue,
elle l'a dit à maintes reprises, la terminologie, c'est très important, puis je
sais que les autres collègues qui ont
passé avant moi l'ont aussi mentionné. Alors, j'espère qu'il va y avoir un
amendement en ce qui concerne le titre de ce projet de loi, d'emblée, pour
remplacer le mot «mères» pour «personnes», parce que c'est 2023, Mme la
Présidente, puis c'est très possible
qu'il y ait une personne transmasculine pour porter un enfant. Alors, il va
falloir que la terminologie, dans toutes nos lois québécoises, reflète
notre société.
Alors, aussi,
d'emblée, Mme la Présidente, je souhaite remercier le collègue d'Acadie pour sa
qualité de porte-parole en matière de justice, les... la façon qu'il
contribue aux échanges en ce qui concerne cette loi. Il travaille très fort.
Son intervention était percutante et très intéressante. Et il est épaulé par ma
collègue de Robert-Baldwin, qu'elle aussi, elle travaille très, très fort. C'est un travail très important, quand on est
porte-parole de l'opposition officielle, en ce qui concerne notre
contribution aux échanges lors d'un débat sur un projet de loi. Et, au moment
qu'un projet de loi est déposé, Mme la
Présidente, je le dis souvent, je sais, je le dis au début de chaque projet de
loi dont j'interviens, puis je l'ai appris de l'ancienne députée de... mon
Dieu! c'est Lise Thériault, Acadie... pas Acadie, excusez-moi...
Une voix : ...
Mme Maccarone : ...Anjou—Louis-Riel,
voilà, qui m'a élevée quand j'étais un bébé député, puis maintenant je suis une adulte députée, puis elle m'a dit
qu'au moment qu'un projet de loi est débuté, bien, c'est maintenant la loi qui
appartient à la population. Alors, ça n'appartient plus au gouvernement, mais
ça appartient aux populations.
Alors, je
dois remercier profondément tous les groupes qui sont venus témoigner en
commission parlementaire pour nous
édifier et partager leurs points de vue en ce qui concerne cette loi, ainsi que
toutes les histoires que nous avons entendues qu'aussi, comme ma collègue, les gens ont eu le courage de partager avec
nous pour nous aider lors de l'étude détaillée qui va bientôt commencer pour le projet de loi
n° 12, pour être en mesure de bonifier cette loi, parce que, je vous dis,
Mme la Présidente, c'est sûr, c'est une loi qui mérite d'être bonifiée.
Il y a des lacunes.
Il y a des
grands principes, entre autres l'intérêt de l'enfant. Je suis contente de le
voir. J'ai fait partie de la dernière mouture
de la réforme du droit de la famille lors de la dernière législation, le projet
de loi n° 2 à cette époque-là, qui a été divisé, scindé parce qu'il y
avait trop, puis c'était la fin de l'année, puis on n'était pas en mesure de
toute travailler cette loi. Mais l'intérêt
de l'enfant, qui est principal de cette loi, est important. Alors, je salue la
volonté du gouvernement de mettre ça
à l'oeuvre. C'est le centre de tout. Nous allons faire... Puis aussi le droit
des femmes à la libération et disposition de leur corps. Alors, ça
aussi, c'est un enjeu très important.
Puis, en
20 minutes, Mme la Présidente, vous savez que je ne pourrai pas traiter
tout ce qui est important dans cette loi, tous les enjeux qui seront traités,
mais je vais quand même souligner qu'il y a quand même... on doit trouver une
façon d'avoir un équilibre entre le droit des enfants, le respect de leurs
droits, puis ainsi les personnes qui font partie de la loi, que ce soient les femmes, que ce soient les parents
d'intention, que ce soit la reconnaissance des droits à l'extérieur de ceci.
Alors, je pense que c'est important de parler
des enjeux. C'est un projet de loi qui manque de précision. Alors, j'espère que, lors de prochaines étapes de cette
loi, on va pouvoir les adresser. Pourquoi? Parce que ça concerne le processus
de l'information et d'évaluation en amont de la convention sur les composantes
de celles-ci.
À titre
d'exemple, Mme la Présidente, présentement, il n'y a rien qui empêche les
parents d'intention de mettre des contraintes
à la personne porteuse afin de contrôler, mettons, son style de vie pendant la
grossesse. Comment souhaitons-nous
traiter ceci? Puis là on peut parler de plein de choses, Mme la Présidente.
Est-ce qu'on souhaite avoir des contraintes de la façon que cette personne va se nourrir, les photos
que la personne prendra d'elle-même, le style de vie? Que devons-nous réglementer? Ça va être très important, surtout
quand on parle de l'enfant, mais les droits de toutes les personnes en ce qui
concerne cette convention.
• (16 heures) •
Rien ne vient
empêcher les relations de pouvoir entre les parents d'intention et la personne
porteuse, ce qui peut causer des
enjeux éthiques et de consentement. Rien ne vient prévoir, dans la convention,
des assurances vie et de maladie pour les personnes porteuses, alors
que, dans la pratique actuellement, c'est inclus.
Le projet de
loi prévoit une possibilité de compensation monétaire pour les pertes causées
par la grossesse. Est-ce que nous devrions l'encadrer? Qu'est-ce... Parce que
ce qu'on souhaite éviter à tout prix, Mme la Présidente, c'est la
marchandisation du corps de la femme ou la personne qui va porter l'enfant. Ça,
c'est primordial. C'est important. Mais on peut imaginer, dans un tel contrat,
on va engendrer des coûts. Si, mettons, la personne doit avoir un arrêt de
travail, ça fait que cette personne serait
pénalisée à cause de la grossesse. Comment voyez-vous... voyons-nous cette
façon d'encadrer le processus, d'encadrer puis d'aider les gens qui font partie
de ce contrat? Ça va être très important, parce que ça se peut qu'ils
vont avoir des frais encourus, puis on ne souhaite pas qu'une partie soit
désavantagée à l'intérieur de ce contrat, qui est très humain, entre autres, parce qu'on
parle de la création de vie, des enfants, alors il faut voir ça avec une
certaine humanité, mais aussi une
certaine logique, puis avoir des mesures de protection, dans la loi, pour
assurer que les droits de tout le monde sont pris en considération.
Qui m'amène à des débats éthiques, des pensées
puis des questions que j'avais posées lors des débats que nous avons eus,
l'année passée, sur la réforme du droit de la famille, des questions éthiques,
que j'espère que mes collègues vont pouvoir
poser, puis qu'on va pouvoir creuser. Parce que, quand on parle d'un contrat
entre parents... Par exemple, si, pendant la grossesse, on fait une échographie
puis on détermine que l'enfant a un handicap, les parents d'intention disent :
Moi, là, c'est en bas de... les trois mois,
je ne souhaite pas poursuivre la grossesse, mais la personne qui porte
l'enfant, c'est son droit, c'est son
corps, c'est elle qui décide, mais elle, elle dit : Non, non, moi, je ne
crois pas à ça. Là, on fait quoi? D'où l'importance
d'avoir un contrat qui est clair, qu'on a du consentement entre toutes les
parties prenantes puis qu'on vide les questions comme celle-ci.
Ou bien
qu'est-ce qui arrive... On n'a pas vu, lors d'une échographie, la personne
porteuse donne naissance à un enfant qui est en situation de handicap, puis là
les parents d'intention, ils disent : Non, moi, là, ça ne fait pas partie
de mon contrat, je ne souhaite pas
prendre cet enfant dans ma vie. Selon la loi, la personne qui donne naissance à
l'enfant, bien, c'est elle, la mère, c'est elle qui est la responsable, c'est
elle qui doit prendre en considération cet enfant, puis sa vie vient de changer fondamentalement. Comment allons-nous
protéger cet enfant et toutes les personnes qui font partie de ce projet? C'est
une question éthique, mais c'est une question de droit, parce que, la réalité,
c'est que la mère, parce qu'elle est devenue mère sans vouloir devenir mère, elle, elle peut donner son enfant, puis
là, là, l'enfant va devenir une responsabilité de la DPJ, on cherche une autre source d'adoption. Que
faisons-nous dans une telle situation? Il faut vider la question, c'est des
enjeux très importants, fondamentaux.
Mais ce n'est
pas les seuls débats qui sont importants, il y a d'autres débats importants
dans le projet de loi n° 12. Les articles 541.14, 541.15
donnent à la personne porteuse la possibilité de devenir le parent légal de
l'enfant dans les sept à 30 jours
suivant la naissance de l'enfant. Il y a beaucoup de groupes qui ont soulevé
des préoccupations puis des craintes à cet égard, puis avec raison. Alors,
j'espère que le gouvernement va faire preuve d'écoute et flexibilité en ce qui
concerne cette notion.
Pourquoi la
possibilité de refuser de consentir, après 30 jours, à renoncer son lien
avec l'enfant qu'elle aura porté pour un ou des parents d'intention? Pourquoi?
Parce que le scénario de garder l'enfant pour elle, est-ce que c'est basé
sur des mythes? Parce que, à ce que je
sache, Mme la Présidente, il n'y a aucun cas où c'est arrivé. Alors, pourquoi
on a besoin d'avoir ce critère? Parce
qu'on comprend que ça peut être interprété comme une invitation à changer
d'idée. Je le vois de cette façon.
Puis ce que ça va créer, malheureusement, ces articles dans la loi, c'est du
malaise, de l'angoisse, des malentendus, des tensions inévitables, voire possible, même, de la manipulation, et
ce, tout au long d'un projet qui devrait être un projet dont on embarque avec
de l'amour, parce qu'on a un désir d'avoir plus d'amour dans notre vie, et pas
avec des craintes. Ça, ce n'est pas une façon d'embarquer dans ce
projet.
Alors, ça va
être important de l'adresser, parce qu'on ne devrait pas avoir le pouvoir
unilatéral de décider de garder un
bébé pour elle, premièrement, dans la mesure où l'enfant ne s'inscrit pas dans
son propre projet parental, parce qu'on peut imaginer que, si c'est les gamètes
de deux parents d'intention, puis la personne porteuse, elle n'a pas un lien
génétique, bien là, on est en train
de dire que cette personne va pouvoir garder l'enfant, parce que la loi dit :
La personne qui donne naissance à
l'enfant, bien, c'est elle, la mère. Je pense, il va falloir vider la question
en ce qui concerne ce lien de filiation, parce qu'il va falloir qu'on protège
les droits de toutes les personnes, incluant la gestatrice. Ça va être
important. Mais comment penser que
ça, c'est dans l'intérêt de l'enfant? C'est ça qui me préoccupe, parce que, si
c'est une loi où on pense qu'on
devrait... C'est l'enfant qui est au centre du projet de loi n° 12, bravo,
mais comment cet article est en train de protéger l'intérêt de l'enfant? Je
vois mal... Je ne vois pas le lien. Alors, j'espère que ce sera clarifié, parce
qu'on a des gens qui... Comme j'ai
dit, ça mérite de clarifier, parce qu'on va avoir des personnes... On veut
avoir de l'attention puis on est en train de créer un problème où il n'y
en a pas.
Il y a autres
questions, Mme la Présidente. Est-ce qu'il devrait y avoir une limite au nombre
de fois qu'une femme peut agir à
titre de personne porteuse? Est-ce qu'on devrait avoir un âge minimal? Est-ce
que ça devrait être 18 ans, 21 ans? Est-ce que ça devrait être
plus âgé que ça? Est-ce qu'il devrait y avoir un âge maximal? Est-ce qu'une
femme ou une personne de 45 ans peut
être une personne qui va porter un bébé pour une autre personne? Est-ce que,
50 ans, c'est trop vieux, 55 ans, 52 ans? Est-ce qu'il y a un
âge maximal ou non? Encore une fois, on pose la question. Ça mérite d'être
clarifié dans la loi.
Est-ce qu'on
dit qu'on est d'accord qu'une personne porteuse peut faire ça pour la première
grossesse de sa vie? Parce qu'on se comprend, ceux, ici, qui ont donné
naissance à des enfants, qui ont porté des enfants, on sait que c'est un
projet émotionnel, on a des attachements envers nos corps, de ce bébé. Parce
que c'est rare qu'on va faire ça dans notre vie.
On ne fait pas ça... Bien, peut-être il y a quelques gens qui font ça plusieurs
fois, mais c'est une, deux fois, en général, dans toute notre vie. C'est spécial, puis ça prend un niveau
psychologique très fort pour être en mesure d'être une femme porteuse,
une mère porteuse, une personne porteuse. Ça va être très important d'avoir ça
clarifié. Alors, est-ce qu'on dit oui? Parce
qu'il y a eu des recommandations que ça ne devrait pas être une première grossesse.
Alors, il faut vider la question en ce qui concerne ceci.
Ma collègue a
parlé avec justesse en ce qui concerne l'absence de l'encadrement pour les
agences. Puis ce qu'on ne souhaite surtout pas aussi, Mme la Présidente, c'est
une agence qui va profiter sur le dos des Québécois et Québécoises qui
souhaitent poursuivre avec ce projet familial pour agrandir leur famille. Qu'on
a besoin d'avoir un encadrement... Est-ce que ça devrait être notarié? Est-ce
qu'on devrait faire ça devant... et avec l'aide d'un avocat? Ça, je comprends, il y a des notions dans la loi. Je n'ai pas fait
une tête là-dessus, Mme la Présidente, mais, encore une fois, ça mérite d'être
clarifié. Mais, si nous avons des agences,
comment eux, ils vont agir non seulement pour protéger la personne qui va
porter l'enfant,
mais aussi les parents ou le parent d'intention, pour s'assurer que tout le
monde... les droits de tout le monde sont couverts?
Il me reste très peu de temps, Mme la
Présidente, puis je ne veux pas manquer une opportunité de parler de ce qui ne fait pas partie de cette loi, la
pluriparentalité. C'est un oubli dans le projet de loi n° 12, puis un
oubli qui est très important. Puis je
dois remercier la Coalition des familles LGBT, qui ont passé en commission
parlementaire, qui lèvent leur voix en ce qui concerne le droit des droits de
la communauté 2SLGBTQIA+ depuis des années, avec tous les autres groupes
qui sont là pour l'appuyer, surtout Mona Greenbaum. Les droits des familles
pluriparentales ne sont pas reconnus, puis, ça, Mme la Présidente, c'est
crève-coeur. Encore une fois, on est 2023. La réalité de nos familles ont
évolué. On peut voir plein de
modèles. Puis, si c'est vrai que les enfants sont au centre de toutes les
considérations de cette loi, c'est un grand oubli de n'y avoir aucune
mention des familles... — excusez-moi — pluriparentales.
Merci. Voilà.
• (16 h 10) •
Puis on est en retard. On est en retard, ici, au
Québec. En Colombie-Britannique, depuis 2011, avec leur Family Law Act, ils reconnaissent la possibilité pour un
enfant d'avoir plus que deux parents, Saskatchewan, depuis 2021. En Ontario,
on reconnaît la pluriparentalité. On est en retard. Puis, encore une fois, Mme
la Présidente, on peut imaginer un cas de deux
femmes lesbiennes qui fondent une famille avec leur meilleur ami. L'enfant est
élevé par ses deux mères et son père, mais
seules les mères possèdent la filiation légale. S'il y a une rupture dans le
couple ou s'il y a quelqu'un qui décide de quitter, qu'est-ce qu'il
arrive avec l'enfant qui a droit à une prestation, qui a droit d'avoir une
alimentation? C'est le droit de l'enfant,
pas les parents. L'enfant. Mais il n'y a pas de lien, il n'y a pas de
filiation. Ça fait que ça, ce n'est pas une façon d'assurer que les droits des enfants sont au centre
de cette loi. Puis comment couper les ponts entre tous les parents, dans ce
cas, est dans l'intérêt de l'enfant? Un
enfant, là, peut être aimé par plusieurs parents dans une grande famille. Ça,
c'est très important. Mais, pour
s'assurer que les droits de l'enfant sont protégés, c'est pour ça que nous
avons besoin d'avoir un encadrement.
Puis ils ont
dit très clairement, dans leur mémoire, Mme la Présidente, dans la
communauté LGBTQ2+ ainsi que dans les familles hétéroparentales,
parce que ce n'est pas un enjeu uniquement pour la communauté LGBT, Mme la
Présidente, les familles... bien, entre autres, ma collègue en a parlé, d'un
très bel exemple, les familles avec plus de deux
parents sont présentes. Puis, dans le fond, je ne pourrais pas tout le lire,
mais, si on ne procède pas avec la protection de tous ces enfants, c'est une lacune, ça veut dire qu'on laisse tomber
quelques enfants. Puis on a une opportunité en or de poursuivre.
Ça fait que
je veux remercier, encore une fois, la coalition d'avoir déposé ce mémoire, que
je recommande à tous les collègues de lire, parce qu'ils vont continuer
à militer pour la pluriparentalité.
Mais j'ai
reçu, quand même, un témoignage d'une famille qui disent qu'ils ont un petit
garçon, Eliott, qui a deux mamans et
un papa, et malheureusement ils ont dû avoir une promesse, mais c'est quand
même une promesse vide, entre les
trois parents, parce qu'il y a seulement deux qui ont pu être reconnus, puis,
si, mettons, il y a quelqu'un qui souhaite voyager, par exemple, bien, il y a
seulement deux parents qui peuvent dire oui, c'est d'une grande tristesse,
ainsi que pour l'enfant, Mme la
Présidente, parce que l'enfant reconnaît aussi qu'il ne peut pas marquer, dans
tous ses documents légaux, parce
qu'il est presque rendu majeur, qu'il a trois parents, ça fait qu'il faut
toujours faire un choix entre les trois. Puis ça, c'est aussi d'une
grande tristesse, parce que ce n'est pas juste au niveau juridique, c'est aussi
au niveau humanitaire.
Alors, Mme la
Présidente, sur ce, je vous remercie beaucoup pour votre précieuse attention
puis celui de tous mes collègues. Merci beaucoup. Et j'ai hâte de
procéder aux prochaines étapes. Merci.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, alors le principe du projet de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille
en matière de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite
d'une agression sexuelle et des personnes victimes de cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et
des enfants issus d'un projet de grossesse pour autrui, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader, je vous cède la parole.
Renvoi
à la Commission des institutions
M.
Caire : Mme la Présidente, conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet
de loi n° 12, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière
de filiation et visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des personnes victimes de
cette agression ainsi que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de grossesse pour
autrui, soit déféré à la Commission
des institutions pour son étude détaillée et que le ministre de la
Justice soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion adoptée. M. le leader, je
vous cède la parole.
M. Caire :
Oui. Mme la Présidente, pourriez-vous appeler l'article 11 du
feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 13
Reprise du débat sur la prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bien sûr. Alors, à l'article 11 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le
29 mars 2023 sur la prise en considération du rapport de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
sur le projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York.
Est-ce
qu'il y a des interventions sur ce projet de loi? Il n'y a pas d'intervention?
Alors, écoutez... Oh! Voulez-vous intervenir, Mme la députée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bien,
est-ce qu'il y a des interventions? Parce que... Oui, allez-y, je vais vous
céder la parole.
Mme Désirée McGraw (suite)
Mme McGraw : Désolée, Mme la Présidente.
Alors, je crois qu'il me restait un peu de temps hier, dans mes remarques...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Tout à fait.
Mme McGraw : ...et je veux juste, simplement conclure pour dire qu'il y a, selon les
trois volets du développement durable,
surtout au niveau de l'acceptabilité sociale, évidemment, des retombées
économiques importantes, on avait des préoccupations environnementales,
on va les suivre de très près, au niveau des changements climatiques, et
surtout la capacité du Québec de combler nos
besoins et aussi d'atteindre la carboneutralité. On trouve qu'il y a des très
bons éléments, de ce projet. On va suivre ça de très près. On va souligner,
encore une fois, qu'on aurait bien aimé voir ce projet ou entrevoir ce
projet d'interconnexion au sein d'une stratégie, d'une vision, même, globale
sur notre avenir énergétique au Québec. Et
présentement il n'y en a pas, de vision globale, il n'y en a pas, de stratégie.
Il y a de la contradiction entre le ministre de l'Économie et
Hydro-Québec.
Alors, on ne peut
plus continuer à improviser sur cet enjeu primordial du XXIe siècle,
c'est-à-dire notre avenir énergétique,
comment on va lutter contre les changements climatiques, comment est-ce qu'on
va décarboniser notre économie et notre société. On ne peut plus
continuer à l'improvisation. Et on s'attend à ce que le gouvernement suive les
conseils extraordinaires du BAPE, qui est sorti
hors mandat, lorsqu'ils ont regardé le projet d'interconnexion Hertel-New York,
et ils ont dit : il faut avoir des consultations publiques, des
consultations avec la société civile partout au Québec, justement, pour
regarder notre avenir énergétique, pour regarder la production, la
consommation, les besoins ici, au Québec, comment est-ce qu'on va gérer
ça avec l'exportation. Alors, on encourage le gouvernement de suivre les
recommandations du BAPE là-dessus.
Et
c'est vraiment en lien avec les discussions que notre chef a eues avec le
premier ministre en janvier cette année, c'est-à-dire de proposer une commission itinérante qui irait partout
dans les régions au Québec, parce que c'est vraiment un projet de
société, justement pour se pencher sur cette question fondamentale.
Alors,
ce projet, ça aurait été encore mieux si ça s'inscrivait dans une stratégie
globale. Et on attend avec impatience non
seulement la stratégie, mais un processus qui implique le public, qui implique
les régions du Québec, les parties prenantes partout au Québec pour développer et, éventuellement, mettre en oeuvre cette
stratégie sur notre avenir énergétique. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Y a-t-il d'autres interventions?
Mise
aux voix du rapport
Comme
il n'y a pas d'autre intervention, le rapport de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
portant sur le projet de loi n° 13, Loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M. Caire : Mme la Présidente, je fais motion afin que nous
ajournions nos travaux au mardi 4 avril, à 10 heures.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader.
Donc, compte
tenu de l'heure, les travaux sont ajournés au mardi 4 avril 2023, à
10 heures. La motion est-elle adoptée? Adopté. Alors, les travaux
sont ajournés.
(Fin de la séance à 16 h 20)