(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
matin, chers collègues. Je vous invite à vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous en sommes à la rubrique Déclarations
de députés. Et, pour cette première déclaration aujourd'hui, je reconnais Mme la députée de
Charlevoix-Côte-de-Beaupré. Et j'informe l'ensemble des membres que vous avez
droit à une minute pour votre déclaration. Mme la députée.
Souligner la Semaine
québécoise des popotes roulantes
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci beaucoup,
M. le Président. M. le Président, aujourd'hui, je serai un peu nostalgique. Et je me souviens, il y a plus de 20 ans
déjà, que ma grand-mère utilisait les services de la popote roulante. Et je me
souviens de sa joie lorsque les
livraisons arrivaient. Enfin, il s'agit de repas sains servis aux aînés en
perte d'autonomie, aux proches aidants, aux personnes, également, vivant
avec des limitations.
Et, si je vous parle de ça, aujourd'hui, c'est
que c'est la Semaine québécoise des popotes roulantes.
M. le Président, le comté de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
est extrêmement grand, mais on peut quand même compter sur plusieurs organismes
qui offrent ce service presque partout sur notre territoire. Je pense au CAB,
au Centre communautaire Pro-Santé, à L'Ancrage, à La Tablée 138. Et je
pourrais en énumérer encore très longtemps.
À tous ces
organismes, j'aimerais dire merci, parce qu'en fait ce n'est pas simplement un
service de livraison de repas, c'est aussi une façon de nourrir le coeur
de nos aînés les plus vulnérables. Alors, encore une fois, merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. La prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Viau. M. le député.
Souligner le travail de
l'Association québécoise de défense des droits
des personnes retraitées et préretraitées, section Saint-Michel
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, M. le Président, je veux rendre hommage
à l'association québécoise des droits
des retraités, un organisme de défense, de protection et de promotion des
droits et de la dignité des aînés, un organisme qui soutient et
accompagne les aînés du Québec depuis de nombreuses années.
Je souhaite particulièrement souligner le
travail de l'AQDR de Saint-Michel, que je côtoie régulièrement, dans la circonscription de Viau. Que ce soit lors des
activités d'entraide communautaire, de dépannage alimentaire, l'AQDR de Saint-Michel est présent. À travers les services
d'éducation populaire, des ateliers-conférences, des services-conseils aux
membres en difficulté, l'AQDR de
Saint-Michel joue un rôle précieux dans la vie des aînés de la circonscription
de Viau.
Merci à Deborah Bernadette, à Valérie, à
Gabriella pour leur implication et leur générosité pour une meilleure qualité
de vie des aînés de la circonscription de Viau et du quartier Saint-Michel.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Viau. La prochaine déclaration sera celle de M. le député de
Beauce-Sud. M. le député.
Saluer le travail du diffuseur
de spectacles Les Amants de la scène
et inviter les citoyens au Festival d'été de Saint-Georges
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Ce matin,
je vous entretiens sur la culture en Beauce et je veux rendre hommage à
notre diffuseur, Les Amants de la scène.
M. le Président, grâce à l'implication de
nombreux bénévoles du conseil d'administration et de leur excellent directeur
général, Jean-François Bernatchez, membre du groupe Noir Silence, je veux les
remercier pour tout le travail qu'ils
accomplissent, évidemment, pour la promotion de la culture en Beauce. C'est des
centaines de spectacles par année qui
y sont présentés, à la fois à la salle qui se trouve au cégep
Beauce-Appalaches, mais également du côté du nouvel Espace Carpe Diem.
D'ailleurs,
M. le Président, j'invite la population à venir visiter la Beauce cet été,
parce que nous aurons pour la première fois le Festival d'été de
Saint-Georges. Simple Plan, Elliot Maginot, Roxane Bruneau, c'est assez
incroyable en termes
de culture non seulement francophone que nous allons présenter à notre
population. D'ailleurs, j'annonce une contribution de 5 000 $,
une première contribution du député, pour la tenue de ce festival d'été.
Bravo aux Amants de la scène et vive la culture
en Beauce, M. le Président!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Beauce-Sud. La prochaine déclaration sera celle de M. le
député de Rosemont.
Souligner la Semaine
québécoise de la déficience intellectuelle
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Cette semaine, c'est la semaine nationale de la déficience
intellectuelle. Je profite de l'occasion pour saluer le travail de deux
organismes de ma circonscription.
D'abord, la Société québécoise de la déficience
intellectuelle, qui est l'organisatrice de cette 35e édition de la semaine
de la déficience intellectuelle.
Le deuxième organisme, la Fédération des
mouvements Personne d'abord du Québec, qui est l'organisatrice de la 21e édition de la Journée provinciale
des mouvements Personne d'abord, des gens, d'ailleurs, qui ont produit une
série de cartes postales soulignant
les enjeux auxquels font face les gens qui sont aux prises avec des déficiences
intellectuelles. J'invite les
collègues députés à se procurer cette carte postale auprès de moi pour
souligner le travail extraordinaire de ces gens qui défendent les plus
démunis, les plus vulnérables et qui ont bien besoin de notre soutien.
J'en profite enfin pour saluer le travail de
Danielle Gratton et d'Amélie Duranleau, coordonnatrice et directrice générale
de ces deux organismes. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Rosemont. La prochaine déclaration, M. le député de Saint-Jean.
Souligner l'arrivée d'une
nouvelle cohorte d'infirmiers et
d'infirmières dans la circonscription de Saint-Jean
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci, M. le
Président. Je suis heureux, soulagé et fier de vous annoncer que les renforts arrivent
dans le comté de Saint-Jean. Une vingtaine
d'infirmiers et d'infirmières de l'étranger viennent de s'installer, et une
autre cohorte est attendue cet été.
Il faut
savoir que ces travailleurs de la santé, recrutés par le CISSS de la
Montérégie-Centre, vont devoir passer la prochaine année au cégep
Saint-Jean-sur-Richelieu pour mettre leurs connaissances à niveau avant de
subir l'examen de l'ordre des infirmières. Et
en même temps ils vont travailler comme préposés aux bénéficiaires à mi-temps.
C'est une formule véritablement innovante, adaptée à la nouvelle réalité
de la rareté de main-d'oeuvre, et une très bonne nouvelle pour le réseau de la santé chez nous, et une bonne
nouvelle aussi pour toute la région, puisqu'ils arrivent avec femmes, maris
et enfants, ce qui va nous permettre de
compenser d'autant la rareté de main-d'oeuvre pour des travailleurs en demande
dans tous les secteurs.
D'ailleurs,
comme promis, je vous présenterai bientôt le bilan de notre chantier
main-d'oeuvre Haut-Richelieu, au terme d'une année de mobilisation
collective et collaborative. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jean. Et la prochaine déclaration sera celle de Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger.
Féliciter les membres de
l'équipe de patinage Les Suprêmes, médaillée d'or
aux Championnats nationaux novices de patinage synchronisé
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Je suis fière de souligner aujourd'hui la médaille d'or remportée
par Les Suprêmes novices du club de patinage
artistique de Saint-Léonard, qui ont battu un record canadien lors des
championnats nationaux qui se sont
déroulés à Calgary en février dernier. Au total, c'est 12 équipes de tout
le pays, âgés de 12 à 16 ans, qui étaient en compétition dans la
catégorie novice.
Mes sincères
félicitations aux jeunes patineuses dynamiques : Siena, Megan, Lilirose,
Sophie, Keira, Linda, Noura, Daliyah,
Noélie, Yifan, Kiera, Léa, Emma, Zoé, Keira, Ashlynn, Alice et Maïka. Je
profite de l'occasion pour saluer et souligner
le travail exemplaire des entraîneuses, Claudia Sforzin et Geneviève Rougeau,
des femmes qui inspirent nos jeunes au plaisir de ce sport.
Je vous souhaite à toutes une belle continuité.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger.
La prochaine déclaration sera celle de Mme la députée de
Saint-Hyacinthe. Mme la députée.
Féliciter Mme Éloïse Caron, médaillée d'or au
Championnat
mondial de hockey féminin des moins de 18 ans
Mme Chantal
Soucy
Mme Soucy :
Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je tiens à souligner la présence dans nos tribunes d'une Maskoutaine,
ainsi... en compagnie de ses parents.
Éloïse Caron, l'attaquante
des Titans du cégep Limoilou, a été un rouage important de l'équipe canadienne
de hockey féminin, qui a décroché la
médaille d'or au plus récent championnat mondial des moins de 18 ans. Éloïse
est un bel exemple de discipline, de
détermination et de persévérance pour toutes les jeunes filles athlètes, autant
sur la glace que dans la communauté.
Vous
savez, M. le Président, les parents jouent un rôle important dans la réussite
sportive de leurs enfants. Alors, je ne peux passer sous silence le soutien
de ses parents, Ann et Nicolas. Alors, bravo, chers parents.
Je
peux vous assurer que c'est avec fierté, M. le Président, que moi et tous les
Maskoutains, nous suivrons de près la carrière prometteuse d'Éloïse
Caron. Félicitations encore une fois, Éloïse! Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Et je souhaite la bienvenue
à Mme Caron et sa famille dans nos tribunes.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Matane-Matapédia, pour votre déclaration.
Saluer
le travail des premiers répondants lors de l'événement
tragique survenu à Amqui le 13 mars 2023
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : M. le Président, le
13 mars dernier s'est produit l'impensable, à Amqui. Un acte délibéré d'un
individu a causé la mort de trois personnes, et huit autres ont été
blessées gravement.
La
communauté matapédienne s'est rapidement mobilisée pour faire face à ce drame
innommable. La Matapédia, c'est une
communauté tissée serré, qui s'entraide, qui veille les uns sur les autres,
dans les moments de joie comme dans les
épreuves. Mes pensées sont toujours aux victimes et aux membres de leurs
familles qui ont perdu un proche ou qui doivent maintenant veiller au
rétablissement d'un des leurs.
Je
veux également exprimer toute ma reconnaissance envers le travail des premiers
répondants de ce drame, les citoyens
qui ont rapidement intervenu sur les lieux, les paramédics, les policiers, les
pompiers et le personnel de l'Hôpital d'Amqui, qui se sont tous mobilisés
pour répondre à l'urgence.
Je
tiens également à souligner le travail et le leadership de la mairesse d'Amqui,
Mme Sylvie Blanchette, et de la préfète
de La Matapédia, Mme Chantale Lavoie, qui, avec leurs équipes, ont mis à
la disposition des intervenants toutes les ressources nécessaires et ont
été présentes pour leur communauté.
Je
veux remercier également l'ensemble de mes collègues de l'Assemblée nationale
pour les témoignages exprimés, qui nous ont fait chaud au coeur. Merci,
M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Matane-Matapédia.
Nous sommes tous solidaires avec vous.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
Rendre
hommage à M. Raymond Maltais pour son
engagement bénévole et communautaire
M. Éric
Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : M.
le Président, dernièrement mon comté a perdu l'un de ses plus grands bénévoles,
M. Raymond Maltais, qui a donné de son temps et de son expertise à son
club de motoneige pendant 58 ans.
Vous
savez, l'industrie de la motoneige est importante chez nous, mais ça ne peut
pas fonctionner sans des bénévoles comme
M. Maltais. Et, pour l'avoir connu, laissez-moi vous dire qu'il savait
tout faire. Entretien et balisage des sentiers, réparation de la machinerie, construction de ponceaux ou négociation des
droits de passage, Raymond répondait toujours présent. À 81 ans, malgré la maladie, M. Maltais a tout de
même continué d'aller donner un coup de main. Ça s'appelle la passion.
Il
a joué aussi un grand rôle auprès de notre jeunesse. C'était mon chauffeur
d'autobus et celui de mes filles. Ça a été le chauffeur d'autobus de
trois générations d'élèves, qui l'ont apprécié pour sa bienveillance.
M. Maltais,
merci pour tout ce que vous avez fait. Vous êtes un modèle de citoyen engagé et
vous avez laissé votre marque dans
notre communauté. Votre femme, Lisette, et vos enfants ont toutes les raisons
d'être fiers de vous. Bon repos, M. Maltais, vous l'avez mérité.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Lac-Saint-Jean. La prochaine
déclaration sera celle de M. le député de Blainville.
Rendre hommage à l'artiste Micheline Brodeur
M. Mario
Laframboise
M. Laframboise :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux rendre hommage à une femme
émérite, artiste créatrice en arts visuels, résidente du Boréa Blainville,
Mme Micheline Brodeur.
Mme Brodeur
cumule plus de 50 ans de carrière en tant qu'artiste engagée et
enseignante. Née à Saint-Hyacinthe en
1935, graduée de l'École des beaux-arts de Montréal en 1963, elle se consacre
durant 40 ans à la sculpture, plus particulièrement sur pierre, et
effectue plusieurs stages en Italie durant cette période.
Dans les
années 80, alors que ce milieu est peu ouvert aux femmes, elle s'implique
avec passion sur le conseil d'administration du Conseil de la sculpture du
Québec afin d'en faire la promotion et d'ouvrir des portes aux nouvelles
générations.
Parallèlement
à ses recherches, elle obtient, en 1991, une maîtrise en arts visuels et
entreprend des études au doctorat.
Tout
récemment, nous avons eu le bonheur de découvrir ses oeuvres au centre d'exposition
de Blainville. En tant que député de Blainville, c'est donc avec une immense
fierté que j'adresse mes plus sincères félicitations à Mme Micheline Brodeur pour l'ensemble de sa
carrière. Merci pour votre talent, votre travail exceptionnel au fil des ans.
Merci pour tout.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Blainville. La prochaine déclaration
sera celle de M. le député de Côte-du-Sud. M. le député.
Souligner
la tenue des célébrations de la
Mi-Carême à L'Isle-aux-Grues
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest :
Merci, M. le Président. Tout un week-end que je viens de passer à
L'Isle-aux-Grues!
Des pas qui
traversent des chemins enneigés, les ombres colorées qui frappent aux portes,
cachés sous les masques ou les costumes flamboyants, les amoureux de cette
tradition font la joie des citoyens, jeunes ou moins jeunes. C'est Mi-Carême à
L'Isle-aux-Grues, un bel exemple de transmission en lien avec la valorisation
de notre patrimoine. C'est à ce moment où
Manon, Édith, Pierre, Marie-Odette, Huguette, Denis, Martin, Marie-Michèle ou
Louis se préparent à la fête.
Aujourd'hui, je tiens
à remercier les citoyens de L'Isle-aux-Grues pour leur accueil unique qu'ils
nous offrent à chaque visite.
D'ailleurs, je vous
fais deux invitations. Venez découvrir Riopelle et son île qu'il a adoptée de
1976 à 2002, lors de sa mort. Il y aura,
entre autres, l'exposition Mon cher Jean Paul tout l'été à la
bibliothèque de Montmagny. Je vous invite également à visiter la page du
député de Côte-du-Sud pour en savoir davantage.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Côte-du-Sud. Et nous concluons cette
rubrique avec la déclaration de M. le député de Vachon.
Féliciter
les participants du concours Expo-Sciences Hydro-Québec
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M. le
Président. Samedi dernier, je me suis rendu à l'École nationale d'aérotechnique
de Saint-Hubert pour découvrir plus de 80 projets à Expo-Sciences. Sur
place, les sept élèves, âgés de 12 à 17 ans, y étaient pour
présenter leurs projets.
On
cesse de le répéter, M. le Président, science, technologie et innovation sont
les clés de l'avenir. Croyez-moi, ces jeunes veulent et vont améliorer notre
monde, M. le Président. J'ai pu découvrir des élèves passionnés qui ont espoir
en notre avenir et qui ont des idées les plus originales, les plus innovantes.
Je
tiens aussi à remercier tous les enseignants, le personnel, les parents qui
soutiennent, qui encouragent leurs jeunes.
Finalement,
je félicite Marguerite Métivier, qui fréquente l'école secondaire
Fernand-Lefebvre de Saint-Hubert, à qui
j'ai remis une bourse. Marguerite, merci d'avoir été capable de vulgariser ta
recherche scientifique avec aisance, avec intelligence.
Voir
autant de filles qui s'intéressent à la science me donne foi en l'avenir, M. le
Président. Félicitations aux participants, et longue vie à la science!
Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Vachon. Et cela met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 05)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents.
Alors, à la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles et député de Marquette, la parole est à vous. Vous n'avez pas
encore...
Une voix : ...
La Présidente : Nous y viendrons.
Parfait. Nous viendrons à ce rapport ultérieurement.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, maintenant, M.
le député de Camille-Laurin, la parole est à vous.
Ajouter une annexe à l'école
secondaire Louise-Trichet
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale et signée par
599 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la planification de
l'occupation des immeubles du centre de services scolaire de Montréal prévoit l'augmentation du nombre d'élèves du
secondaire dans Tétreaultville, passant de 1 894 en 2022 à 2 138 en
2025;
«Considérant
l'augmentation importante des élèves à l'école secondaire Louise-Trichet depuis
cinq ans, passant de 398 en 2018 à 616 en 2022;
«Considérant
l'importance d'offrir aux 44 000 résidents des écoles publiques de
proximité accessibles à tous, sans obstacles socioéconomiques et prônant
des valeurs de diversité et d'inclusion;
«Considérant que les prévisions ne prévoient pas
avec justesse l'augmentation du nombre d'élèves issus de l'immigration, et que
l'école possède un classement de 10 sur 10 concernant la défavorisation des
élèves;
«Considérant que la situation actuelle ne
favorise pas la persévérance, puisque certains élèves doivent changer d'école faute d'espace durant leur parcours
scolaire tout en sachant que plusieurs études démontrent qu'un changement aura
des impacts négatifs sur la réussite;
«Considérant que la situation restreint les
possibilités pédagogiques et a des effets sur les matières enseignées,
notamment en éducation physique, en art culinaire, en sciences et en arts,
ainsi que sur les activités parascolaires;
«Considérant
la présence de deux bâtiments : l'un au 8300, rue de Teck accueillant
temporairement du primaire, et l'autre au 2205, rue Mousseau qui sera vacant
lorsque la nouvelle école Irénée‑Lussier sera disponible, et qui pourraient
accueillir des élèves de Louise-Trichet;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de prévoir l'ajout d'une
annexe à l'école secondaire Louise-Trichet dans les plus brefs délais.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Améliorer les services offerts
aux personnes atteintes
du syndrome de Gilles de la Tourette
Mme Prass : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais saluer les membres de l'Association québécoise du
syndrome de la Tourette qui sont avec nous, dans les tribunes,
aujourd'hui.
Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
2 504 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que l'article 10 de la Charte des droits et libertés protège les droits
des personnes ayant un handicap;
«Considérant qu'environ 1 % de la
population est atteinte du syndrome Gilles de la Tourette — SGT — un
handicap identifié dans le DSM-5;
«Considérant
que 90 % des personnes atteintes du SGT ont au moins un autre trouble
associé, conséquence du SGT;
«Considérant
que le niveau d'intelligence des personnes atteintes du SGT est comparable à la
population générale;
«Considérant
que des centaines d'enfants atteints [de] SGT subissent les conséquences
d'interventions inadaptées pouvant aller jusqu'au renvoi de l'école;
«Considérant que 23 % des enfants et
48 % des adultes atteints du SGT pensent au suicide;
«Considérant que 82 % des adultes atteints
du SGT ont des difficultés sociales;
«Considérant
que plusieurs personnes atteintes du SGT n'ont ni un médecin de famille, ni
accès à un médecin spécialisé;
«Considérant
que la majorité des intervenants scolaires, sociaux et de la santé ne
connaissent pas le SGT, ce qui entraîne un gaspillage de ressources
causant de graves problèmes de détresse et de santé mentale;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«De déterminer
de façon claire de quel service relève le SGT et ainsi uniformiser l'aide et
les services offerts dans l'ensemble des programmes;
«D'imposer
une formation obligatoire sur le SGT dans les CISSS, CIUSSS, CSS, écoles,
programmes collégiaux et universitaires — éducation, santé et
services sociaux;
«D'ajuster
les règles budgétaires scolaires et les codes EHDAA pour assurer [des]
ressources d'adaptation adéquates.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Dépôt de rapports de
commissions
Nous revenons
à la rubrique Dépôt de rapports de commissions, et je reconnais à nouveau M. le
président de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles et député de Marquette.
Étude détaillée du projet de
loi n° 13
M. Ciccone : Merci de votre patience, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles qui, les 16 et 21 mars 2023, a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York. La commission a adopté le texte du projet de loi
sans amendement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Merci. Ce rapport
est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période des
questions et réponses orales, et je cède la parole, pour sa question
principale, au chef de l'opposition officielle.
Bilan du gouvernement
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Hier, nous avons eu lecture du cinquième budget du
gouvernement de la CAQ. Ils en sont dans leur cinquième année, et je dirais que
ce budget-là s'inscrit dans la durée, s'inscrit dans la suite, où l'on
constate, dans la cinquième année, que les crises ne font que s'amplifier.
Puis, ce
matin, je préparais ma question, Mme la Présidente, puis je me disais : Il
faudrait que je trouve un moyen d'aller au niveau de la confidence avec le
premier ministre. Alors, j'aimerais ça que vous vous mettiez dans un état
d'esprit, un peu comme si j'avais un
podcast puis que je vous disais : Bonjour, M. le premier ministre — puis
je m'adresse à vous, Mme la
Présidente — pour
essayer de jaser avec vous puis de savoir. Puis la première question que
j'aimerais vous poser, Mme la Présidente, via votre entremise,
c'est : Qu'est-ce qui ne marche pas? Pourquoi ça ne marche pas?
C'est la
cinquième année. On voit les délais en justice, on voit les listes d'attente en
santé, on voit les listes d'attente en
services de garde. Cinquième budget. Les ambitions, lorsque vous avez été
portés au pouvoir, Mme la Présidente, le gouvernement caquiste, étaient au plafond. Vous aviez la capacité, puis
ça, on doit vous le dire, de situer, de nommer les enjeux, mais on peut voir
aujourd'hui que les résultats ne sont clairement pas là. Et rajoutons à ça le
fait qu'il y aura une baisse d'impôt,
mais sur le dos des générations futures. C'est rendu qu'on endette nos enfants,
Mme la Présidente, pour payer les baisses d'impôt aujourd'hui.
Alors, question au premier ministre :
Qu'est-ce qui ne marche pas depuis cinq ans?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, d'abord, j'invite le chef de l'opposition officielle à dire
«balado», au lieu de «podcast». Je dis ça comme ça, en passant.
Maintenant, concernant le réseau de la santé,
j'écoutais les réactions des analystes et puis j'entendais un certain Gaétan Barrette dire : J'aurais rêvé d'avoir
une augmentation de budget de 7,7 % comme le ministre de la Santé actuel.
Mais c'était plutôt avec un moins, les budgets qu'a eu à gérer le
ministre libéral de la Santé.
Donc, Mme la
Présidente, première raison pourquoi on a des difficultés, actuellement, dans
le réseau de la santé : à cause du réseau, l'état du réseau, quand
on l'a reçu, en 2018, il y avait déjà des problèmes.
Ensuite,
je rappelle au chef de l'opposition officielle, qui a peut-être oublié, qu'il y
a eu une pandémie mondiale qui a affecté
tous les réseaux de la santé dans le monde. Malgré ça, Mme la Présidente, le
ministre de la Santé a réussi, dans les derniers mois, à augmenter de
500 000 personnes le nombre de Québécois qui sont maintenant pris en
charge par un groupe de médecine familiale. Quand même exceptionnel.
Donc,
on a un plan qui a été déposé, on a des gestes qui commencent à être posés, on
a une augmentation de budget importante. Donc, on va y arriver.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Puis le premier ministre
a raison, alors poursuivons dans l'esprit du balado. À matin, Mme la
Présidente, il nous ressert le
15 ans libéral, il nous ressert Gaétan Barrette. Soit dit en passant, le
budget est à plus de 7 % cette année, mais que se passera-t-il, l'an prochain, quand il va tomber à
2,1 %? J'aimerais vous entendre là-dessus. Mais... Et là c'est la
pandémie, puis là j'entends le premier ministre — c'est déconcertant — nous
dire qu'on commence, on commence.
Pourquoi, après cinq
ans, il commence? Pourquoi on n'a pas de résultat? C'est la question.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, bien, d'abord, je
veux dire au chef de l'opposition officielle que, de la façon que ça fonctionne,
c'est que, cette année, on augmente le
budget de la santé de 7,7 %; l'année suivante, c'est ce 7,7 % plus
une autre augmentation. Donc, on ne
vient pas reculer, il n'y aura pas de baisse, de coupure dans le réseau de la
santé comme on l'a vécu avec le gouvernement libéral.
Maintenant,
Mme la Présidente, je pense que c'est important qu'on regarde les gestes puis
le plan qui sont en train d'être
posés, mis en place. Évidemment, on va avoir une négociation de convention
collective qui va être très, très, très importante.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Oui, puis, l'an prochain,
ce n'est pas avec votre 2,1 % que vous allez être capables d'y faire face.
Juste les coûts de réseau, juste les coûts de réseau, c'est plus de 5 %.
Alors, j'ai bien beau... on peut bien additionner, additionner puis le
voir pour la première année, mais ce sera nettement insuffisant. Et là le
premier ministre, qui est tout à fait
déconcertant, nous confirme, donc, qu'il n'y a pas rien d'autre de prévu que
2,1 %, qui va être en dessous de l'augmentation
naturelle des coûts de réseau. Encore une fois, Mme la Présidente, c'est la
même chose pour ce qui est de la pénurie de main-d'oeuvre, on reconnaît
qu'ils n'ont pas attaqué...
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, d'abord, je corrige
le chef de l'opposition officielle. Quand on regarde le budget, là, puis je
pense que le ministre des Finances le connaît bien, c'est 3,6 %
d'augmentation l'année prochaine, plus le 7,7 % cette année, ça
fait 11,3 % sur deux ans. C'est déjà pas mal.
Ce que j'allais dire,
c'est qu'on a un défi d'aller chercher plus de flexibilité dans l'organisation
du travail. Donc, ma collègue la présidente
du Conseil du trésor va négocier, entre autres, avec le syndicat, la FIQ, le
syndicat des infirmières, pour être capable d'avoir plus de flexibilité.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, on vérifiera les chiffres, là, mais on me confirme que
c'est 2,1 %, santé, 2024‑2025. Alors,
2,1 %, Mme la Présidente. Et, en ce sens-là... Et c'est la réponse que m'a
servie le premier ministre aussi à la principale. Alors, en ce sens-là,
nettement insuffisant.
Les crises, c'est la
cinquième année, c'est le cinquième budget, les crises, notamment en services
de garde, autre élément, vous aviez dit, en 2018, que vous alliez abolir la
liste d'attente, elle est rendue à 69 000. Pourquoi ça ne fonctionne pas?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, bien, ça mériterait peut-être un débat de fin de séance. Le ministre
des Finances m'a dit — je
m'excuse auprès du ministre des
Finances : L'augmentation, l'année prochaine, du budget de la santé est de
3,6 %. Allez voir dans la note de bas de page.
Maintenant,
la liste d'attente, Mme la Présidente, c'est comme ça en Ontario, c'est comme
ça en Alberta, c'est comme ça en Colombie-Britannique, c'est comme ça aux
États-Unis, c'est comme ça en Europe, il y a eu, pendant la pandémie, un
report des chirurgies. Donc, c'est normal qu'il y ait un rattrapage à faire. On
va y arriver.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys.
Mesures
d'aide pour les petites et moyennes entreprises
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, les
PME du Québec sont fortement touchées par différentes crises : inflation,
pénurie de main-d'oeuvre, augmentation
exagérée de leurs tarifs d'hydroélectricité imposée par la CAQ. Malheureusement
pour elles, le budget d'hier n'a pas répondu à leurs attentes.
Ça
fait des années que la fédération canadienne des entreprises indépendantes
demande de revoir le calcul de la déduction pour petites entreprises,
pour donner un peu d'air aux plus petites d'entre elles. Ce n'est pas normal
qu'une entreprise à cinq employés à temps
plein puisse bénéficier d'un taux d'imposition de 3,2 %, mais qu'une plus petite
entreprise ayant un ou deux employés doive payer un taux de 11,5 %.
Mme
la Présidente, est-ce que le ministre de l'Économie est fier de voir son
gouvernement laisser tomber les plus petites PME?
• (10 h 20) •
La
Présidente : En réponse, le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente.
Bien, je comprends que le critique de l'opposition veut renverser la mesure
d'un ancien ministre des Finances, qui était député de Robert-Baldwin, là,
parce que c'est suite à la commission sur
la fiscalité Godbout qu'il y a eu un ajustement au taux des PME, qui a
maintenant requis un nombre d'heures minimum pour avoir accès à la
déduction pour petite entreprise.
Alors,
il y a eu une réflexion dans le cadre de la commission Godbout. Votre
gouvernement, à ce moment-là, avec l'ancien ministre des Finances, a pris cette
décision-là. Et nous croyons que c'était la bonne, et c'est pour ça qu'on
la maintient.
Des voix :
...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, il y a
probablement place pour s'adapter. Nos PME sont frappées de toutes parts : la hausse des prix des intrants,
combiné à la décision du ministre d'augmenter les tarifs d'électricité de plus
de 6 %, et maintenant qu'on voit
plusieurs d'entre elles vivre ces hausses faramineuses de loyer, jusqu'à trois
fois plus cher pour leur loyer.
Mme la Présidente, le
ministre a échoué avec Volkswagen. Il ne peut pas échouer avec les 200 000
PME du Québec.
La
Présidente : En réponse, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Mme la Présidente, clairement, les PME et les
régions sont centrales à nos politiques gouvernementales. Et il faut regarder
que le budget s'appuie sur des programmes déjà existants, des programmes qu'on
a en place, présentement, avec soit l'OTN, transformation numérique,
Productivité innovation, avec le programme d'Investissement Québec, Investissement Québec et le capital, nos cinq
stratégies industrielles qu'on a mises en place, qui se terminent en 2025, 2026,
2027. Nous avons tous les outils, au
ministère de l'Économie, pour continuer à supporter nos PME. Et hier, dans le
budget, on a vu un rajout de programmes à ce
qui existe déjà. Alors, je suis très confortable. Puis on va s'occuper des PME
comme nous l'avons fait depuis quatre ans.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, un budget qui propose
trop peu pour les PME manufacturières. Véronique Proulx, P.D.G. des
Manufacturiers et exportateurs du Québec, qualifie de timide l'approche de la
CAQ en matière de main-d'oeuvre et d'amélioration de la productivité des
entreprises, et je la cite : «...il faut appuyer davantage les PME
manufacturières dans leur transformation numérique, et les mesures proposées à
cet effet aujourd'hui sont timides, considérant le travail à faire.»
Est-ce que le ministre de l'Économie va enfin
mettre les bouchées doubles pour aider nos entreprises?
La Présidente : Je reconnais le
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, au niveau de la main-d'oeuvre, c'est une
problématique qui est complexe, et c'est pour ça qu'on l'attaque de plusieurs
fronts. Premièrement, c'est certain qu'une baisse d'impôt pour
4,6 millions de Québécois, ça va
amener le potentiel économique plus haut. Ça va aussi encourager le travail. On
estime que l'offre de travail va augmenter de 0,4 %. Il y a aussi, Mme la Présidente, ce qu'on fait au niveau
du Régime des rentes en encourageant les gens de plus de 65 ans à travailler à
temps partiel et à pouvoir garder plus d'argent en ne cotisant pas au RRQ. Et
puis, bien sûr, il y a le travail que ma collègue fait au niveau de la
régionalisation de l'immigration. Ça, c'est très important pour les petites
entreprises...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...dans
l'ensemble des régions du Québec.
La
Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Henri-Bourassa... de Bourassa-Sauvé,
pardonnez-moi.
Mesures pour contrer la pénurie
de main-d'oeuvre
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Parlant de
main-d'oeuvre, je vais vous surprendre, je vais nommer une bonne chose qu'on peut retrouver dans le plan
budgétaire du gouvernement. Dans la section faisant un portrait de la
situation économique au Québec en 2023 et 2024 rédigée par le ministère, on
retrouve, aux pages G-16 à G-18, un portrait
juste de la situation de l'emploi au Québec. On peut y lire : «...le
nombre de personnes en mesure de répondre à la demande de travail est limité
par le vieillissement de la population. [...]le nombre de postes vacants [au
Québec reste élevé]. Il est en hausse
de 61,8 % par rapport au premier trimestre de 2020. [Et] bien que la
pénurie de main-d'oeuvre touche de nombreuses régions, elle est plus
prononcée au Québec.»
Ces constats
ne sont pas nouveaux. Ça fait cinq ans que le Québec est l'une des provinces
affichant les taux de postes vacants les plus importants. Ça fait cinq
ans que la CAQ minimise l'enjeu.
Est-ce que la
ministre de l'Emploi est fière que dans ce budget caquiste, encore une fois,
aucune mesure-phare ne soit mise de l'avant pour contrer la pénurie de
travailleurs généralisée qui sévit au Québec?
La Présidente : En réponse, le
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, merci
beaucoup pour la question. Et, encore une fois, au niveau de l'emploi, il faut
regarder le continuum de tout ce qu'on fait : à l'automne 2021, 3,9
milliards pour la pénurie de main-d'oeuvre avec des mesures en qualification, en formation de
main-d'oeuvre, avec les bourses Perspectives, parce que, bien sûr, il y a
l'éducation, il y a l'enseignement
supérieur. Et là, dans le budget, on rajoute des gestes, la baisse de l'impôt
sur le revenu qui va stimuler l'offre
de travail, le Régime des rentes et la régionalisation de l'immigration. Bref,
la pénurie de main-d'oeuvre, c'est un problème
complexe, on l'attaque de plusieurs façons. Et, de tous les gains de croissance
futurs du Québec, 80 % vont venir de
la productivité, 20 % de l'emploi. C'est pour ça qu'on travaille
énormément, aussi, au niveau de l'investissement et de l'innovation des
entreprises.
La Présidente : Première complémentaire,
la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Et
pourtant, Mme la Présidente, la P.D.G. de Manufacturiers et exportateurs du
Québec, mon collègue en parlait, écrivait dans une lettre ouverte à l'attention
du ministre qu'elle s'attendait à ce que le budget comprenne des mesures
spécifiques pour augmenter le bassin de travailleurs au Québec. Hier,
l'organisation a publié un document qui décrit le budget comme étant timide, contenant des mesures
insuffisantes en termes de portée pour relever les enjeux de
main-d'oeuvre des manufacturiers.
Pourquoi la ministre de l'Emploi a-t-elle laissé
tomber nos entreprises manufacturières en omettant d'aller chercher des
travailleurs névralgiques à leur développement dans ce budget?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Emploi.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à souligner que je suis en contact avec les manufacturiers. J'ai eu des rencontres, j'en aurai
d'autres aussi, pour parler de solutions. Dans le budget qui a été présenté
hier, on apporte d'autres initiatives. On
injecte des sommes, comme 100 millions de dollars pour la formation
en alternance travail-études, et on ajoute un 4,5 millions pour
mieux accompagner nos entreprises qui ont besoin de main-d'oeuvre.
Je veux me
faire rassurante, Mme la Présidente, notre gouvernement va continuer
d'accompagner nos entreprises à travers ce défi-là, c'est extrêmement
important. Et mon collègue l'a bien exprimé tout à l'heure, on est dans
la continuité de notre Opération main-d'oeuvre. Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Il
n'y a pas juste les manufacturières, Mme la Présidente. La Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante indiquait, elle aussi, hier, que le budget
caquiste offre des mesures insuffisantes pour renverser le manque d'employés, qui ne fait qu'empirer. Donc, nos
manufacturières sont insatisfaites, nos entrepreneurs sont insatisfaits, nos
commerçants sont insatisfaits, et ce, dans toutes les régions du Québec.
Je sais que la ministre ne pourra pas dire
publiquement qu'elle, elle est insatisfaite. Est-ce qu'elle peut, dans ce cas, nous expliquer comment elle a pu accepter
si peu de mesures concrètes dans le budget pour contrer le manque de
travailleurs au Québec?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Mme la Présidente, je pense que c'est important de
le réitérer, mon collègue l'a dit tout à l'heure, à la mise à jour 2020‑2021
on a déployé une immense opération main-d'oeuvre, qui est une opération
de 3,9 milliards de dollars, qu'on
injecte afin d'aider nos entreprises à faire face à la pénurie de
main-d'oeuvre. Je pense que ça exprime tout le sérieux que notre
gouvernement consacre à la pénurie de main-d'oeuvre.
Maintenant,
dans le budget dont on a fait la présentation hier, il y a d'autres sommes,
d'autres solutions qui sont apportées, on investit encore pour soutenir nos
entreprises. Et on va être là. Moi, je fais aussi une tournée des régions pour
m'assurer de bien comprendre et d'être toujours en mode solution pour
s'ajuster. Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
Mesures budgétaires pour
atténuer l'impact de l'inflation
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. Je demandais, l'autre fois, au premier ministre s'il était
intéressé à aller voir le monde qui
en arrache, au Québec, le monde qui ont de la misère à payer l'épicerie, le
monde qui paie des loyers qui n'ont pas d'allure, du monde qui travaille fort,
mais qui finit le mois les poches vides. Bien, visiblement, la réponse,
c'est non, parce que, dans la vision du
premier ministre, là, c'est les gens qui font plus de 100 000 $ par
année qui ont le plus besoin de son
aide. C'est ça, son budget d'hier. 100 $ de plus de baisses d'impôt pour
la caissière et 800 $ de plus de baisses d'impôt pour son patron.
300 $ dans le portefeuille d'un jeune prof, 800 $ dans les poches du
D.G.
Aux dernières nouvelles, Mme la Présidente, là,
la majorité des Québécois et des Québécoises, ils font moins que 50 000 $ par année. Mais, le premier
ministre, il ne les voit pas, il ne les écoute pas. Ce qu'il leur dit, en gros,
c'est : «Let's go», la gang,
travaillez plus fort. En fait, il reprend le travail exactement là où Philippe
Couillard l'avait laissé. Pour les plus riches, là, le gouvernement est
toujours au rendez-vous...
Des voix : ...
La Présidente : Bon, un moment, je
vous prie. M. le leader du gouvernement, brièvement.
M. Jolin-Barrette : ...on
laisse aller le chef du deuxième groupe d'opposition, mais il y a des limites
aussi. Ce sont des propos qui sont blessants. Il n'y a aucune
comparaison à faire entre le gouvernement libéral...
Des
voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Je suis debout.
On écoute attentivement la question. M. le chef du deuxième groupe
d'opposition, poursuivez, il vous reste 21 secondes.
M. Nadeau-Dubois : Ce que le premier
ministre dit, c'est : Pour les plus riches, le gouvernement est toujours
au rendez-vous, puis, pour les autres, bien, débrouillez-vous avec votre
épicerie.
Est-ce que le premier
ministre pourrait se lever, là, aujourd'hui, puis expliquer à tout le monde qui
nous écoute pourquoi la caissière qui travaille dans l'épicerie mérite huit
fois moins d'aide en baisses d'impôt que le P.D.G.?
• (10 h 30) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, je pense, depuis quatre ans, on a montré qu'on est
prêts à aider les plus démunis de notre
société. Je rappelle que, quand on est arrivés, l'aide sociale, le montant qui est
donné aux gens qui ont des
contraintes à l'emploi était de 1 000 $. Il est maintenant de
1 548 $, on a augmenté l'aide de 50 %. Québec solidaire dit... on n'a rien fait.
On
a aussi augmenté le crédit d'impôt pour les personnes de 70 ans et plus
qui n'ont pas la chance de profiter des grosses augmentations de salaire. On leur a donné un crédit d'impôt
remboursable de 2 000 $ par année à partir de l'année 2022.
Maintenant,
qu'est-ce que dit le chef de Québec
solidaire à une enseignante, à une
infirmière, à une famille de la classe moyenne qui a de la difficulté à
arriver? Est-ce qu'il dit à ces gens-là de la classe moyenne : Vous ne
méritez pas d'aide, vous n'avez pas besoin d'aide? Qu'est-ce qu'il dit
aux infirmières? Qu'est-ce qu'il dit aux enseignantes?
12
187
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
16
827
M.
Nadeau-Dubois : Ce que je
dis aux enseignantes, aux infirmières, aux caissières, aux travailleurs
ordinaires qui se lèvent tôt, qui travaillent fort, c'est qu'ils méritent qu'on
les aide plus que les gens en haut de l'échelle, qui, en ce moment, là,
n'ont pas besoin d'aide quand ils voient leur facture d'épicerie.
Le
premier ministre a décidé d'aider plus les gens qui en ont plus puis moins les
gens qui en ont moins, c'est son choix. Comment il peut justifier ça?
12
187
La Présidente : M.
le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, ce que vient de dire le
chef de la deuxième opposition n'est pas exact. Quelqu'un qui gagne
80 000 $, 90 000 $, 100 000 $ va avoir 800 $
de réduction d'impôt. Quelqu'un qui gagne 250 000 $, 500 000 $
va avoir 800 $ de réduction d'impôt.
Je
le sais, que Québec solidaire voudrait augmenter les impôts. C'est probablement
ça qu'ils vont proposer en 2026, en
plus des taxes orange, là, qu'ils vont continuer à mettre de l'avant. Mais moi,
j'aimerais ça, là, qu'il nous dise, le chef de Québec solidaire, c'est
quoi, pour lui, un riche Québécois? Combien ça gagne, pour lui? À partir de
combien...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...on s'appelle un riche?
12
187
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
16
827
M.
Nadeau-Dubois : Ce que je
sais, Mme la Présidente, c'est que, quand on fait 300 000 $ par
année, là, en ce moment, on n'a pas
de misère quand on sort du IGA, ça va, c'est correct, puis le monde en bas de
l'échelle, eux autres, ils paniquent quand ils voient la facture.
On
parlait du balado du premier ministre. Moi aussi, j'ai une suggestion pour son
balado. Il devrait inviter un travailleur ordinaire, quelqu'un qui travaille
fort, qui fait 30 000 $ par année, puis essayer de lui expliquer,
yeux dans les yeux, en restant
sérieux, pourquoi ce travailleur-là mérite huit fois moins d'aide, huit fois
moins d'aide que son patron. Ça ferait un super bel épisode, ça.
12
187
La Présidente : M.
le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
c'est le bout que je n'aime pas de Québec solidaire, de laisser entendre que
c'est le seul parti qui est prêt à aider les plus démunis.
Une voix : ...
12
187
La Présidente : M.
le leader du deuxième groupe d'opposition, je vous reconnais.
Une voix : ...
12
187
La Présidente : Poursuivons.
M. le premier ministre.
M. Legault : Mme la Présidente, je
suis fier que ce soit notre gouvernement qui ait augmenté l'aide sociale de
50 %. Pas 5 %, 50 %.
Durant la campagne électorale, j'ai entendu le
chef dire qu'il n'était pas d'accord avec notre 2 000 $ pour les personnes de 70 ans et plus, il aimait mieux
ses taxes orange. Puis il ne respecte pas la classe moyenne. Il pense que la
classe moyenne, au Québec, n'a pas besoin d'aide. Bien, c'est son problème.
12
187
La Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Maurice-Richard. La parole est à vous, juste à vous.
Priorités du gouvernement
M. Haroun Bouazzi
19
305
M. Bouazzi : Mme la Présidente, hier, le ministre des Finances
a donc déposé cette fameuse baisse d'impôt, qui est, comme plusieurs analystes ont dit, spécialement injuste. Mais elle
n'est pas seulement injuste, elle est aussi irresponsable, Mme la Présidente. Nos services craquent de
partout. Et je donnerai juste un exemple. En 2019, quand ce gouvernement
est arrivé au pouvoir, 50 % des écoles
secondaires étaient en mauvais ou en très mauvais état. C'est 65 %,
aujourd'hui. Des urgences ferment, des soignantes claquent la porte,
21 000 Québécoises et Québécois attendent pour des services de santé
mentale, et on vient amputer notre richesse
collective de 2 milliards de dollars annuellement. C'est un choix
idéologique, et le ministre doit le justifier.
Et ma
question, c'est : S'il avait 2 milliards de plus dans son budget,
quels services, il pense, à qui il devrait le donner?
12
187
La Présidente : La
réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
17
929
M. Girard (Groulx) : Bien, il y avait deux questions, là. Quelle est
ma mesure favorite du budget? C'est celle que j'ai annoncée avec la
ministre de la Famille pour les centres de pédiatrie sociale.
Je vais
revenir sur la baisse d'impôt. Elle va bénéficier à 4,6 millions de Québécois,
dont 90 % de ceux-ci gagnent moins
de 100 000 $. Elle va stimuler l'économie à long terme, stimuler
l'offre de travail, et ça, ça donne des moyens, des revenus qui nous
permettent d'investir dans les principales missions de l'État.
Notre gouvernement a toujours répondu présent.
On va continuer de supporter ces missions de l'État là. C'est extrêmement
important.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : C'est à croire, Mme la Présidente, qu'il n'y a
nulle part où mettre les 2 milliards de plus dans les services que
nous avons.
J'ai des
idées pour M. le ministre. Il y a deux jours, nous avons reçu, donc, le nouveau
rapport du GIEC qui parle de la
catastrophe climatique. Les conclusions du rapport sont sans appel. Je vais
d'ailleurs déposer ce document. Quelles politiques du GIEC aimerait mettre le ministre s'il avait
9 milliards de plus pour dépenser dans les cinq prochaines années?
Document déposé
La Présidente : Consentement pour le
dépôt du document? Consentement. La réponse du ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien là, il y avait
2 milliards, il y avait 9 milliards... Je pense que la raison qu'on a
évoquée le 9 milliards, c'est
que le prochain plan de mise en oeuvre sera doté de 9 milliards, qui est
une augmentation de 18 % sur un an, et, sur deux ans, c'est une augmentation de
35 %. Et ça, c'est pour la lutte aux changements climatiques. Mais l'environnement,
c'est plus que ça, Mme la Présidente. Il y a aussi 1 milliard pour la
biodiversité avec le Fonds bleu puis le Plan
Nature. Et puis on a reçu la COP15, et puis le premier ministre est allé, je
suis allé, le ministre de l'Environnement,
d'autres ministres. C'est extrêmement important. On ajoute la biodiversité à la
lutte aux changements climatiques.
Une voix : ...
La Présidente :
Pas de commentaire après les
réponses. Je vous ai entendu dire un «très bon», M. le leader. Pas
permis.
Deuxième
complémentaire. Allez-y, on vous écoute.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Il
n'y a même pas assez d'argent pour les sociétés de transport en commun, pour
garder le même service, Mme la Présidente.
Pour chaque dollar investi en transport, il y en a 0,71 $
pour la voiture et seulement 0,29 $
pour le transport en commun. Il n'y a pas de
programme pour isoler les centaines de milliers de logements qui sont mal
isolés aujourd'hui, alors que nous
allons manquer d'électricité. Et sans compter le troisième lien, qui, à terme,
va coûter 6 ou voire même 10 milliards de dollars.
Ça fait qu'est-ce que
le ministre des Finances pense aujourd'hui que son budget répond...
La
Présidente : En réponse, M. le ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, le budget, il poursuit nos actions, Mme la Présidente,
économie, éducation, santé, environnement,
dans un cadre financier prudent et responsable. Oui, il y a une baisse d'impôt
qui va stimuler l'économie et l'offre
de travail. Elle est financée par une réduction du poids de la dette. On va
continuer à réduire le poids de la dette mais progressivement, c'est-à-dire qu'au lieu de la réduire 7,5 %
sur 10 ans on va le faire sur 15 ans, ce qui va permettre de financer la baisse d'impôt, stimuler l'économie,
stimuler l'offre de travail, qui permet d'investir dans les principales
missions de l'État : santé, éducation, économie, environnement.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Mille-Îles. La parole est à vous.
Mesures budgétaires en matière d'habitation
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente. Le gouvernement de la
CAQ a présenté, hier, son budget, qu'il a appelé Un Québec engagé,
mais, en matière de logement, la CAQ s'est plutôt complètement désengagée. Je
dirais même qu'elle est déconnectée des
besoins en logement et qu'elle vit dans le déni. Seulement
1 500 nouvelles unités de logement abordable en six ans. On parle de 250 unités par année pour tout le
Québec. Le mot «ridicule» n'est même pas assez fort pour décrire le
sentiment que je ressens.
Visiblement,
le ministre des Finances n'a pas entendu le cri du coeur des milliers de
Québécois, hein, qui peinent à joindre les deux bouts devant l'explosion
des loyers, mais on ne semble pas non plus réaliser à quel point le manque de
logement fait mal à notre économie. Inflation, emplois non comblés, détresse,
hausse de l'itinérance, les effets sont vastes et multiples.
Mme
la Présidente, la ministre de l'Habitation est-elle fière du budget de son
gouvernement en matière de logement?
• (10 h 40) •
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que j'ai entendu que 1 milliard était ridicule,
Mme la Présidente? Parce qu'on met
1 milliard pour les soins à domicile, puis ça va faire toute une
différence. On met 1 milliard en l'environnement, puis ça va
compter. Puis on met 1 milliard pour le logement parce que ça va aider.
Alors, il y a un
inventaire de logements sociaux qui ne se complètent pas. On met les sommes pour
que les 6 000 unités en inventaire
puissent se réaliser. On a déjà annoncé 3 000 logements abordables, à la
mise à jour, 1 700 avant, et là
on rajoute un autre 1 500 pour qu'il y en ait plus de 6 000 qui se
réalisent. Pour ceux qui doivent se loger maintenant mais n'en ont pas
les moyens, Revenu Québec va au-devant des citoyens, fait des annonces pour
bonifier le Programme d'allocation-logement. Dans le budget, 2 000, Programme
de supplément au loyer, supplémentaires.
Nous
répondons présent pour les Québécois. Le logement, c'est extrêmement important.
Nous sommes en action, Mme la Présidente.
Des
voix : ...
La
Présidente : Pas de bravo. Première complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : 1 milliard en six
ans. En habitation, la CAQ fait du recyclage, on réannonce les mêmes unités année
après année comme si c'étaient des
nouvelles, mais la vérité, c'est qu'il y a juste 1 500 nouvelles
unités, dans ce budget, alors qu'il y a plus de
37 000 familles en attente pour des logements sociaux. Elles vont
aller où, les 1 500 unités? À Québec? À Montréal? Dans le comté de la
ministre?
La crise, elle est
partout, même jusqu'en Gaspésie. Il faut que la CAQ cesse de vivre dans le
déni.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, attention, ici. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, écoutez,
c'est de prêter des intentions. Écoutez, là, ça fait deux fois aujourd'hui.
Ils essaient de nous qualifier de libéraux. On n'a rien à voir avec les
libéraux, Mme la Présidente.
La
Présidente : On va poursuivre. Mme la députée, il vous reste...
Des voix : ...
La Présidente :
Je vous prie! Je suis debout, je
m'exprime. Mme la députée, il vous reste six secondes, allez-y.
Mme Dufour : Je répète ma question : La ministre de
l'Habitation est-elle fière du budget de son gouvernement en habitation?
La
Présidente : Mme la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez,
je suis très contente des mesures qui ont été annoncées en habitation. Et c'est dans cet état d'esprit là que
je continue d'attaquer l'arrérage, comme vous savez, là, qui nous a été laissé
par les libéraux. On s'y attaque, parce qu'on a remis des sommes à travers le
programme, le fameux programme AccèsLogis,
là, alors, 236 millions qui vont être dédiés à ça pour
3 750 unités. Et les 1 500 unités additionnelles, Mme la
Présidente, qui ont été annoncées, ce n'est pas sur six ans. Peut-être que le
déploiement des sommes se fait sur six ans, mais c'est 1 500, année 1.
Premier budget. Le
mandat, c'est quatre ans. Et ça va très bien, Mme la Présidente.
La Présidente :
Vous y allez en deuxième
complémentaire, M. le leader du deuxième groupe... premier groupe?
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : ...le
premier ministre, lui, s'il considère que ça va extrêmement bien et que c'est
extrêmement important, le logement social.
Il y a une crise du logement. Ça fait cinq ans qu'on leur dit qu'il y a une
crise du logement, notamment la crise
du logement social. Mairesse de Gatineau est sortie. Mairesse de Montréal est
sortie. La présidente du comité exécutif de Montréal a dit : «Clairement,
le gouvernement a choisi d'ignorer la crise du logement qui sévit partout
au Québec, mais qu'on vit de façon plus dure, plus tangible à Montréal.»
La
promesse était de faire 11 700 logements. Dans le budget, c'est
1 500 logements. Est-ce qu'il est fier, le premier ministre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, bien, Mme la Présidente, je rappelle au chef
de l'opposition officielle que nos engagements sont sur le mandat. Donc, je sais que l'opposition
officielle aurait voulu que tout soit dans le premier budget, mais il va en
rester trois autres, budgets.
Ce qu'il est
important aussi de dire, concernant le logement, il y a beaucoup d'argent qui
était disponible avant le budget, on en ajoute dans le budget. Mais
actuellement il faut travailler avec les municipalités, parce que ça prend quatre ans, construire. Donc, on peut bien mettre
plus d'argent cette année, ça prend quatre ans. On veut réduire ça à deux ans,
puis on a une excellente ministre qui travaille là-dessus.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de
Taschereau.
Accès
au logement
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. Hier, le maire de Gaspé s'est fait la voix des municipalités des régions sur le logement. Je vais le citer :
«On se serait attendus à ce que ce soit une priorité. Ce n'est
pas avec ça qu'on va résorber la pénurie de logements qui sévit partout
dans les régions du Québec.»
Les maires sont vraiment très au courant de la
situation du logement que les... des gens qu'ils représentent. Ils espéraient
qu'on sauve le logement social. Au contraire, la CAQ a signé l'arrêt de mort du
logement social. Même les logements AccèsLogis qui ont été promis par le
premier ministre vont être habités seulement en 2030. Le président de l'UMQ a
dit vouloir rencontrer rapidement la ministre des Affaires municipales.
Qu'est-ce que la ministre va dire aux
représentants des villes du Québec? Est-ce qu'on va revenir à l'époque où on disait : La crise du logement, ça
n'existe pas, ou on va dire : Pour la CAQ, désolé, mais, le logement, on
s'en lave les mains?
La Présidente : En réponse, le
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, j'aimerais dire, d'abord, qu'on fait
plusieurs choses pour les municipalités. Il y a de l'argent en sécurité publique. Il y a de l'argent
au niveau des transports en commun. Il y a de l'argent au niveau du logement
social, bien sûr. On peut parler des barrages municipaux, de la trame verte et
bleue, des organismes communautaires. Il y a plusieurs choses dans le budget,
là. Puis, en passant, les gens, les citoyens des municipalités paient des
impôts.
Pour ce qui
est du logement, dans AccèsLogis, il y a 6 000 logements qui sont en
planification, qui ne se réalisent pas,
dont plus de 3 000 manquent de financement. Le financement est dans le
budget, donc possibilité de réaliser 6 000 unités de plus. Au
niveau du Programme de logement abordable, on a annoncé 3 000 unités
à l'automne, 1 700 six mois avant.
Là, on ajoute 1 500 unités. Tout ça donne plus de
6 000 unités qui vont se réaliser. L'argent du PQI est là pour
réaliser ces unités-là.
Alors, on
travaille avec les municipalités, Mme la Présidente. Ça nous fait plaisir de
collaborer avec eux. On veut résoudre ce problème de logement. C'est un
problème difficile...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...on l'attaque
de plusieurs angles.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. Très honoré que le ministre des Finances prenne le temps de me répondre à cette question, pour cette question
importante, mais ma question s'adresse à la ministre des Affaires municipales.
C'est elle qui va rencontrer les
représentants des différentes municipalités. La mairesse de Gatineau
disait : Les mesures en logement
sont timides ou insuffisantes. Pour le maire de Québec, il demandait aussi
davantage de logement social dans le
budget de la CAQ. Le budget n'a même pas la note de passage, c'est 5 sur 10.
Les maires puis les mairesses du Québec sont déçus.
Comment elle va expliquer que la CAQ manque
encore le bateau du logement?
La Présidente : Mme la ministre
responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, depuis mon
entrée en poste, je les rencontre tous, là, les maires des municipalités, l'UMQ, tout ça, et l'idée, c'est de travailler
avec tout le monde puis d'accélérer... Tout le monde a sa part à faire dans
l'accélération de la livraison du logement. Moi, j'ai de l'argent, puis je
visite, je revisite chacun des projets pour m'assurer qu'ils sont prêts
à partir puis qu'ils vont partir rapidement. S'il y a des éléments qui sont à
gérer par les municipalités, comme
l'émission des permis, par exemple, bien là je les invite aussi à faire leur
bout de chemin à cet égard-là. Mais
je suis là dans un esprit de collaboration. Puis, les maires, là, j'en ai eu,
des discussions avec eux, puis, ceux qui ont des projets qui sont bien
alignés...
La Présidente : En terminant.
Mme Duranceau : ...l'argent va être
là.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M.
Grandmont : Très heureux d'entendre que la ministre du Logement ait
rencontré les maires et mairesses. Malheureusement, elle aurait dû les écouter
puis faire son lobby auprès du ministre des Finances.
Je
repose ma question, c'est la dernière chance que pourra avoir la ministre
responsable des Affaires municipales. La CAQ refuse de s'attaquer aux besoins
réels des familles, qui sont étranglées par l'augmentation des coûts des
loyers, qui consacrent, des fois, souvent plus que 50 % de leur budget
pour se loger. Avec les baisses d'impôt de la CAQ, on aurait pu financer
10 000 nouveaux logements sociaux. Comment la ministre des
Affaires municipales va justifier ça à ses vis-à-vis, au prochain...
La
Présidente : En réponse, le ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bon, bien sûr, on veut
construire des logements, puis le secteur privé a un rôle là-dedans, les logements sociaux, les logements abordables.
Les nouvelles constructions, ça, ça va aider. Mais, pour ceux qui ne peuvent
pas avoir un nouveau... pour ce qui ne peut
pas être construit, parce que ça prend du temps, faire ça, c'est là que les
programmes de supplément au loyer,
les subventions sont importantes. Le Programme d'allocation-logement, qui était
d'un maximum de 100 $ par mois,
est maintenant à 170 $ par mois, mais, plus important, Revenu Québec va
au-devant, va chercher les citoyens pour doubler le nombre de personnes
qui vont le recevoir. Dans le budget, on a aussi ajouté 2 000 unités
de Programme de supplément au loyer.
La
Présidente : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : Ça nous amène à 46 000 unités, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de
Vaudreuil.
Réfection du pont de l'Île-aux-Tourtes
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci. En janvier dernier, le ministère des Transports a retranché des
voies de circulation sur l'autoroute 40,
aux abords du pont de l'Île-aux-Tourtes, justifiant une voie pour les autobus.
Or, le 22 février dernier, j'ai questionné la ministre sur le
pourquoi de ce retrait des voies de circulation, puisqu'aucun autobus n'utilise
ce tronçon pour le moment, et c'est une
congestion, c'est un désastre total sept jours-semaine, matin, midi, soir. La
ministre m'avait alors répondu, de
son ton fort sympathique, et je la cite : «...et, oui, du transport en
commun. En général, en 2023, les gens sont en faveur, mais, bon, si la députée
de Vaudreuil s'y oppose...» Son problème. Pourtant, le surlendemain, son
ministère annonçait que ces voies allaient dorénavant être accessibles
aux taxis et au covoiturage. Quel hasard!
En
2023, un gouvernement qui se dit préoccupé par l'environnement et qui souhaite
réduire les GES doit favoriser le transport en commun, mais pour vrai.
Pourquoi la CAQ va autoriser la construction d'une nouvelle...
• (10 h 50) •
La
Présidente : Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, Mme la Présidente, avec mon ton toujours aussi sympathique,
ça me fait plaisir de répondre à ma collègue de Vaudreuil. Et, sans
vouloir rien enlever à la portée de sa dernière question, le fait est, et elle
le sait, qu'on avait déjà eu un certain
nombre de rencontres avec les élus de sa circonscription, les élus municipaux,
les préfets, avec ma collègue de Soulanges, d'ailleurs, aussi, et il y a
des équipes de mon ministère qui ont généré plusieurs discussions extrêmement constructives, elle était de ce premier Teams
qu'on a eu avec vraiment beaucoup d'élus. Il y a des propositions qui avaient été faites, il y a des commentaires qui
avaient été faits, il y a des critiques qui avaient été faites aussi. Je pense
qu'il faut tous être lucides, là-dedans. C'est pour ça qu'on est en processus
d'amélioration continue.
Mme la Présidente, on
a un pont à reconstruire, le pont de l'Île-aux-Tourtes, le contrat sera signé
sous peu. D'ailleurs, on met énormément
d'argent pour reconstruire le pont de l'Île-aux-Tourtes. C'est une
infrastructure importante pour
l'ouest de la grande région de Montréal. Alors, en attendant, il faut qu'on
mette des mesures, parce qu'on ne peut pas faire de miracle, Mme la Présidente.
Il faut que les gens continuent de circuler, dans un contexte où il y a un
chantier majeur.
Alors, on s'est améliorés, on a effectivement
ouvert la voie qui était dédiée au transport collectif pour l'autopartage, les
taxis, dans une optique de transport collectif...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...général qui déborde les
autobus. Et on travaille avec Exo, avec tout le monde. Si on peut s'améliorer
encore...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : C'est 87 000 véhicules qui circulent chaque jour sur le pont de
l'Île-aux-Tourtes. Bien sûr, pour l'environnement, mais aussi pour la qualité
de vie de nos citoyens, il faut prévoir du transport collectif efficace et
rapide. D'ailleurs, nos élus
municipaux travaillent déjà à mettre en place un service d'autobus express pour
rejoindre le REM juste de l'autre côté du pont.
Est-ce que la
ministre des Transports peut nous expliquer les raisons du retrait complet des
voies dédiées au transport en commun sur le plus récent tracé publié par
la CAQ?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, il y aura du
transport collectif sur le futur pont de l'Île-aux-Tourtes, là. Je ne
sais pas quel est l'enjeu exactement.
Maintenant,
ce n'est pas le gouvernement du Québec qui opère le transport collectif sur le
territoire en question. Donc, il y a des rencontres avec Exo, il y a des
rencontres avec l'exploitant. Si on veut mettre plus de lignes d'autobus, encore
une fois, ce n'est pas le ministre des
Transports qui va déterminer quel autobus passe à quelle heure dans les rues de
la ville, là. Alors, il faut juste bien comprendre les rôles et
responsabilités de chacun.
Par contre, par contre, c'est le rôle du ministère
des Transports et de la Mobilité durable et du gouvernement, je dirais, de catalyser, de coordonner et de
soutenir des mesures d'atténuation, quand on a des chantiers majeurs qui
relèvent de notre responsabilité. On le fait dans le cas de l'Île-aux-Tourtes...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...comme on l'a fait avec le tunnel
Louis-Hippolyte-La Fontaine, d'ailleurs.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Mme la Présidente, l'enjeu, là, c'est la
construction du nouveau pont de l'Île-aux-Tourtes, 2 milliards de dollars, et la CAQ a
retiré du tracé les voies de transport en commun. C'est ça, l'enjeu. Il n'y
aura pas de transport en commun pour les citoyens, pour les
87 000 usagers par jour du pont de l'Île-aux-Tourtes.
On constate,
là, qu'il y a une bonne foi, là, on en veut, du transport en commun, c'est dans
le budget, c'est partout. Mais pourquoi les retirer dudit tracé? On en a
besoin dans le comté de Vaudreuil.
La Présidente : Et la réponse de la
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Oui. Bien, Mme la Présidente, les autobus pourront
circuler sur le futur pont. Les autobus vont pouvoir circuler sur le
pont, là. Avez-vous déjà vu une nation, en 2023, qui construit un pont en
interdisant du transport collectif? Tu sais, je veux dire, les autobus pourront
circuler.
Maintenant,
quels autobus circuleront, à quelle heure, quel trajet feront-ils, bien là
c'est aux sociétés de transport de gérer cet aspect-là et dans une
optique, bien sûr, je me permets de l'ajouter, d'électrification graduelle de
nos flottes d'autobus urbains. 55 % de
nos autobus urbains seront électriques d'ici 2030, peut-être même plus, qui
sait? Mais donc Exo est un partenaire, comme tous les autres OPTC, et
qui nous aide...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...à plusieurs égards.
Une voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. En question principale, je
reconnais la députée de D'Arcy-McGee. La parole est à vous.
Accès aux services en santé mentale
Mme Elisabeth Prass
Mme
Prass : Merci, Mme la Présidente. Quelle déception! On
s'attendait à une réelle augmentation de financement, dans le budget, de la santé mentale, et pas un
piètre 27 millions par année pour cinq ans. Le premier ministre disait, la
semaine dernière,
qu'on devait en faire plus en santé mentale et que... d'attendre le dépôt du
budget, compte tenu de l'importance de
l'enjeu. Vraiment? Parce que force est de constater que ce gouvernement ne fait
pas une priorité de la santé mentale ni d'abaisser les listes d'attente.
Son ministre des
Services sociaux est responsable du dossier de la santé mentale depuis cinq
ans, et ça fait deux ans que la liste
d'attente stagne à 20 000 personnes en détresse. Concrètement, ce que
nous dit ce budget, c'est que le
gouvernement caquiste n'est pas prêt à investir pour réduire les temps
d'attente en santé mentale et qu'il se contente de les maintenir à leur
niveau.
Peut-il
franchement, ce matin, nous dire que ça, c'est tout mettre en oeuvre pour voir
un réel impact pour la diminution de la liste d'attente en santé
mentale?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
Mme la Présidente. Je remercie la députée de D'Arcy-McGee pour sa question.
Tout le monde me parle de la liste d'attente. Alors, ce qu'on a réussi à faire,
avec notre plan d'interdisciplinarité, notre nouvelle approche en santé
mentale : avant l'épidémie de 2019-2020, il se voyait 150 000,
160 000 patients en santé mentale; aujourd'hui,
il s'en voit 250 000. Je m'excuse, mais la pandémie a augmenté les
besoins, et on est là pour répondre aux services, puis on va continuer à
le faire.
Quant
à l'ajustement du budget, c'est quoi, le principal enjeu, aujourd'hui? Le
principal enjeu, c'est la gestion de l'urgence
puis la gestion de la crise. Bien, ça, c'est dans notre Plan d'action
interministériel en santé mentale, axe 6 de ce plan d'action. Il y a
déjà... Le budget inclus est déjà de 40 millions. S'ajoute par-dessus un
27 millions pour qu'on construise des
centres de crise, qu'on investisse dans des guichets d'accès en santé mentale
dans nos urgences et qu'on donne un suivi approprié en communauté pour
ceux qui passent dans nos urgences, Mme la Présidente.
La santé mentale,
c'est primordial depuis le début et ça continue de l'être, incluant dans ce
budget. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire... En principale. Allez-y, en
principale.
Mesures
budgétaires pour améliorer l'accès aux services en santé mentale
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Voici les faits :
il y a une disparité salariale de 44 % entre les psychologues dans le
réseau public et le réseau privé. 27 % de ceux qui sont diplômés intègrent
le réseau de la santé public.
Tout
le monde s'attendait à des montants significatifs pour voir des salaires compétitifs
pour que les psychologues intègrent le réseau de la santé public. Il
manquera 860 psychologues d'ici l'année prochaine.
Dans
le contexte actuel de la pénurie de main-d'oeuvre, nous partageons les craintes
de l'APTS. Ces maigres sommes ne sont
qu'un coup d'épée dans l'eau si une amélioration des conditions de travail ne
les accompagne pas. Le ministre doit s'engager
à accroître le nombre d'intervenants en santé mentale dans le réseau public,
pas seulement tenter de retenir ceux qui sont là.
Comment
le ministre croit-il qu'il pourra améliorer les conditions de travail pour
amener à attirer les psychologues dans le secteur public?
La
Présidente : La réponse de Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Oui. Bien, merci, Mme la Présidente. Ça tombe-tu
bien, c'est exactement une des priorités gouvernementales qui a été annoncée dans les trois forums que j'ai tenté
de mettre en place. Priorité demeure, d'ailleurs. Puis j'avais invité
l'APTS en particulier à venir me rencontrer, ce qu'ils ont décliné de faire.
Donc,
maintenant, il y a, au coeur de nos priorités gouvernementales, trois grandes
priorités : l'équipe soins, quand on
parle... en santé, pour soutenir le plan santé de mon collègue, l'équipe classe,
pour aider mon collègue en éducation, et, en question de santé mentale,
justement, la question du salaire des psychologues.
Donc, j'invite les
syndicats concernés à venir s'asseoir avec moi, puis on va pouvoir en discuter.
La
Présidente : Merci à vous. Cela met fin à la période des questions et
réponses orales.
Motions
sans préavis
Et,
comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions
sans préavis. Pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président
de l'Assemblée nationale, qui est juste ici. Je vous souhaite une bonne fin de
journée. Merci à vous.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un
membre formant le gouvernement et je cède la parole... je crois que
c'est M. le ministre de la Langue française. M. le ministre.
Souligner la Journée québécoise de la francophonie
canadienne
et la Journée internationale de la Francophonie
M. Roberge : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Mont-Royal—Outremont, le député de Jean-Lesage, le député les Îles-de-la-Madeleine,
la députée de Vaudreuil et la députée de Laviolette—Saint-Maurice :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée québécoise de la francophonie canadienne, mais
également la journée de la francophonie internationale;
«Qu'elle rappelle le
rôle de premier plan que le Québec joue au sein de la francophonie, dans le
respect de la diversité des communautés francophones et acadiennes et des
autres gouvernements;
«Qu'elle
réaffirme son soutien aux communautés francophones et acadiennes, en raison de
la longue histoire qui les unit à la nation québécoise et du fait que le
Québec est le seul État de langue française en Amérique du Nord;
«Qu'elle réitère que
la défense du français au Québec est la responsabilité de chaque génération de
Québécois;
«Qu'enfin, elle
souligne l'engagement de toutes les composantes de l'Administration québécoise
en faveur du rayonnement du français et de l'essor des communautés francophones
et acadiennes.» Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Consentement, sans débat. Alors, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté. Je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre de l'opposition officielle pour la motion, et je pense que c'est Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, Mme la députée.
• (11 heures) •
Mme McGraw : M. le Président, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le chef du deuxième groupe d'opposition, le député
des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que l'essentiel des sommes prévues au budget 2023‑2024
en matière de réduction des gaz à effet de serre provient de sources
dédiées comme le marché du carbone;
«Qu'elle
prenne acte que le gouvernement ne fait qu'investir des sommes déjà prévues et
qu'il ne s'agit pas d'un effort
gouvernemental réel à la hauteur de la crise climatique telle qu'illustrée par
les rapports successifs du Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat — GIEC.»
Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Pas de consentement.
Alors, je suis prêt, maintenant, à
reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à
Mme la députée de Sherbrooke.
Demander
au gouvernement fédéral de créer un groupe de travail chargé de faire
des recommandations sur le libellé d'une mesure législative visant à créer une
infraction de comportement coercitif et contrôlant dans le Code criminel
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de
la motion suivante conjointement avec le ministre de la Justice, la députée de
Robert-Baldwin, le chef du troisième groupe d'opposition,
la députée de Laviolette—Saint-Maurice et la députée de Vaudreuil — je
vous remercie tous pour votre appui :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que la violence conjugale comprend les
agressions psychologiques, verbales, physiques, sexuelles ou
économiques;
«Qu'elle
souligne que la violence conjugale a des conséquences importantes sur les
personnes qui en sont victimes;
«Qu'elle
souligne que le Code criminel ne permet pas de tenir compte de certaines
manifestations de la violence conjugale et des préjudices importants causés par ceux-ci, puisqu'aucune
infraction n'englobe le contrôle coercitif dans son intégralité;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de créer un groupe de
travail fédéral-provincial-territorial
d'experts chargés de faire des recommandations sur le libellé d'une mesure
législative visant à créer une infraction de comportement coercitif et contrôlant dans le Code criminel, tel que
le recommande le rapport du Comité permanent de la justice et des droits
de la personne de la Chambre des communes.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il y a consentement, sans débat. Est-ce que la motion
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : Merci, M. le Président. Est-ce qu'on pourrait
envoyer une copie à M. David Lametti, le ministre de la Justice et Procureur général du Canada, s'il vous
plaît?
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Absolument. Ce sera fait, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
Et
je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition pour la
motion, et je reconnais M. le chef du troisième groupe.
M. St-Pierre Plamondon : Merci, M. le Président.
Une motion un peu particulière, ce matin, parce qu'en fait c'est une motion qui
a déjà été adoptée en 2018, mais qu'on désire réitérer parce que les choses
n'avancent pas, à nos yeux. Donc, ça
se lit comme suit. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Jean-Lesage, la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec et au gouvernement
fédéral la mise en place d'un rapport
d'impôt unique et préremplis, transmis à Revenu Québec, pour tous les
contribuables québécois et ce, tout en préservant l'autonomie fiscale du
Québec.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Simple rappel
aux collègues, on ne peut pas faire des commentaires au départ, avant le dépôt
de la motion.
Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement pour débattre de cette motion.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous
en sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : M. le Président, j'avise
cette Assemblée que la Commission des institutions entreprendra les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 12, la Loi
portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et
visant la protection des enfants nés à la suite d'une agression sexuelle et des
personnes victimes de cette agression ainsi
que les droits des mères porteuses et des enfants issus d'un projet de
grossesse pour autrui, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions, pour une durée de
1 h 50 min, et de 15 heures à 18 h 15, à
la salle Pauline-Marois;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 10, la Loi
limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel
et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des
services sociaux, aujourd'hui, cinq minutes après la fin des échanges avec le
ministre de la Santé dans le cadre de la commission plénière sur l'étude des
crédits provisoires pour l'année financière 2023‑2024 jusqu'à la mise aux voix en commission plénière du quart
des crédits pour l'année financière 2023‑2024, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Avis
de la présidence. Pour ma part, je vous avise que la Commission de la culture
et de l'éducation se réunira en séance publique aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions, de 11 h 15 jusqu'à
13 heures et de 16 h 05 à
18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland, afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques concernant le
mandat d'initiative portant sur les révélations de violences lors des
initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation
dans d'autres sports.
De
plus, la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles se réunira en séance de travail le jeudi 23 mars 2023, à la salle Pauline-Marois, à 8 heures, pour une durée de
30 minutes, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse d'un mandat d'initiative visant à entendre la prochaine personne qui
occupera le poste de président-directeur
général d'Hydro-Québec, et à 8 h 30, pour une durée de
30 minutes, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un autre... d'un mandat
d'initiative, pardonnez-moi, concernant la hausse des coûts des aliments
au Québec.
Enfin, la Commission
de l'économie et du travail se réunira en séance de travail le
jeudi 23 mars 2023, de 8 heures
à 8 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur les
logiciels de télésurveillance.
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour. Et nous en sommes aux affaires prioritaires. Et, conformément à
l'ordre adopté le 21 mars 2023, l'Assemblée se constitue en commission
plénière afin d'entreprendre l'étude des crédits provisoires pour l'année
financière 2023‑2024.
Je suspends donc les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 07)
(Reprise à 11 h 15)
Commission plénière
Étude des crédits provisoires 2023‑2024
M. Lévesque
(Chauveau) (président de la commission plénière) : Alors, conformément
à l'ordre adopté le 21 mars 2023, la
commission plénière se réunit afin d'étudier les crédits provisoires pour
l'année financière 2023‑2024.
Éducation
Au
cours de la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le ministre de l'Éducation et les députés de l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je
vous rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 3 min 7 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 2 s
au deuxième groupe d'opposition, 1 min 2 s au troisième groupe
d'opposition et 48 secondes à l'ensemble des députés indépendants.
Débuteront
ensuite les échanges entre le ministre et les députés de l'opposition. Dans ce
cadre, l'ensemble des députées indépendantes auront droit à
1 min 30 s par heure d'échange. Le temps non utilisé par les
députées indépendantes sera redistribué
proportionnellement entre les groupes parlementaires formant l'opposition
officielle, et le deuxième groupe, et le troisième groupe d'opposition.
Enfin,
je rappelle aux députées indépendantes que, si elles souhaitent intervenir au
cours de l'ensemble de l'étude des crédits provisoires, elles ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Remarques préliminaires
J'accorde
immédiatement la parole à M. le ministre pour ses remarques préliminaires. Vous
avez droit à six minutes, M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Merci, M. le Président.
Alors, je suis très bien entouré, comme vous pouvez le constater. J'ai autour
de moi l'équipe du cabinet, qui est menée,
évidemment, par le directeur de cabinet, M. Dupras, à ma gauche, et tout
autour il y a la formidable équipe du
ministère, également, ministère de l'Éducation, avec la sous-ministre,
Mme Arav — qui est où,
Mme Arav? — Mme Arav
est juste à côté, et plusieurs sous-ministres adjoints, adjointes et également
d'autres membres du ministère qui m'accompagnent dans cet exercice qui
est fort important.
Je
veux saluer, bien entendu, mes porte-parole de l'opposition. Je vois également
que la troisième opposition est représentée par le député de Matane.
Très
bien, très bien, alors, on va faire ça dans le respect, bien entendu, on est
tous ici pour une seule et même raison, pour les enfants, pour nos élèves. Donc, on n'aura pas nécessairement le
même point de vue sur tout, cela va de soi, mais je pense que cet exercice de reddition sera très, très
salutaire, et on va le faire dans un esprit de grande démocratie, une
démocratie qui nous permet d'échanger, qui nous permet de donner de
l'information, de prioriser, aussi, d'énoncer nos priorités respectives.
Alors,
budget, donc, déposé hier, très bon budget pour l'éducation, très, très bon
budget, une augmentation de 1,5 milliard sur cinq ans. C'est le meilleur
budget de l'éducation, en termes de montants, là, depuis le tout premier du gouvernement de M. le premier ministre. Alors,
lors du premier budget, c'était une augmentation de 2 milliards, mais il y
avait la moitié de cette somme qui était dédiée, à ce moment-là, à la création
des maternelles quatre ans. Et nous, avec 1,5 milliard cette année,
donc, c'est le deuxième... la deuxième meilleure croissance de cette mission
éducation.
Avec
cet argent-là, M. le Président, qu'est-ce qu'on va faire? Bien, on va, comment
dire, répondre aux sept orientations que
j'ai rendues publiques après les fêtes. Je le rappelle. Le français. La voie
rapide pour les personnes qui sont détentrices d'un bac et qui souhaitent
devenir enseignant ou enseignante, donc une voie rapide de 30 crédits. Les
aides à la classe, c'est un projet
auquel on tient beaucoup, donc le projet pilote se poursuit, et on élargit la
portée du projet-pilote en attendant, bien
entendu, la signature d'une convention collective qui va nous permettre de déployer
les aides à la classe à travers le Québec.
Plus de projets particuliers, aussi : dans mes orientations, après les
Fêtes, j'ai dit que je souhaitais que chaque école secondaire publique ait au moins un projet
particulier. Il y a à peu près un petit peu plus que la moitié des écoles
secondaires publiques qui en ont un présentement. Moderniser la formation
professionnelle. Un réseau scolaire plus performant. Et aussi, septième orientation — pas
nécessairement dans l'ordre d'importance, elles sont toutes importantes — la
rénovation de nos écoles.
Et
donc, avec ce 1,5 milliard d'augmentation qui a été annoncé hier, on va
annoncer, dans les prochaines semaines, des sommes qui vont aller dans une orientation, dans une autre de ces
orientations. Si vous regardez le budget, à la page C.5 du plan budgétaire, là, le ministre des Finances a structuré le
budget éducation en quatre grandes sections, donc : accroître la
persévérance et la réussite, améliorer la performance du réseau, rendre la
formation professionnelle plus attrayante et
accélérer l'entretien du parc immobilier. Alors, à travers ces quatre
sections-là, il y a quatre grands montants, et ces montants là, donc, vont servir éventuellement à nous permettre
d'atteindre les objectifs qu'on s'est donnés avec les sept orientations
que je viens d'énoncer.
• (11 h 20) •
Par
exemple, dans le premier bloc, Accroître la persévérance et la réussite
scolaire, il y a une grosse somme d'argent qui est réservée pour le français, améliorer l'enseignement du français,
améliorer l'apprentissage du français. Alors, dans les documents
budgétaires, on parle notamment d'une plateforme de tutorat, on parle également
de l'achat de livres québécois par les
enseignants, on parle également d'améliorer le soutien pour les projets particuliers,
on fait passer la gratuité des projets particuliers de 200 $ à
300 $. Ça, ça se retrouve dans le premier bloc de 789 millions.
Si
vous regardez le deuxième bloc, Améliorer la performance du réseau scolaire, on
met beaucoup de sous pour améliorer, notamment, les systèmes d'information
entre le ministère, les centres de services et les écoles, mais aussi à
l'intérieur du ministère, pour nous permettre d'avoir un meilleur accès aux
données pour qu'on puisse prendre des meilleures décisions. C'est dans l'intérêt de tous et chacun ici qu'on sache encore
mieux ce qui se passe sur le terrain, dans notre réseau. On met
240 millions pour la performance du réseau scolaire.
Troisième grand bloc,
la formation professionnelle, on annonce 267 millions. Alors, avec cet
argent-là, on va, bien entendu, acheter du
nouvel équipement, on va assurer la gratuité de la formation professionnelle à
temps partiel — vous
êtes sans doute très, très heureux et heureuses de l'apprendre — formation
professionnelle qui sera élargie avec de nouveaux programmes, des petites cohortes, programme de
bourses également pour la formation professionnelle. Mon Dieu que c'est
bon, tout ça!
Et,
quatrième bloc, 208 millions, Accélérer l'entretien du parc immobilier
scolaire. Alors, ça vise à faire de l'entretien, des petits travaux pour éviter la détérioration des écoles. Et je vous
rappelle le PQI scolaire qui passe de 9 à... enfin, qui était à 9, qui
passe de 21 à 22 milliards. 22 milliards, M. le Président.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, M. le ministre. Nous en sommes
maintenant aux remarques préliminaires de
l'opposition officielle, et je cède la parole, pour 3 min 7 s, à
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
bonjour, et bonjour à l'équipe qui vous accompagne, des visages que nous
reconnaissons mais aussi des nouveaux visages. Alors, vous êtes effectivement
bien entouré. Mes collègues la députée de
Mercier et le député de Matane-Matapédia, bonjour, et évidemment aussi aux
députés devant moi, bonjour, merci d'être avec nous en éducation.
J'ai
en mémoire, et je vais commencer là-dessus... J'ai eu l'occasion, dans une
autre vie, avec le ministre de l'Éducation,
de faire avec lui, un jour, une entrevue, alors qu'il était animateur à la
radio, sur l'éducation, et il avait dit la chose suivante, il y avait moi, Véronique Hivon et Christine Labrie en
entrevue, puis il a dit : C'est beau de vous voir travailler ensemble. Ça devrait être ça, l'éducation. Puis,
depuis qu'il est arrivé en titre comme ministre, je le dis publiquement, j'ai
eu une bonne écoute, très
franchement, et je ne doute pas ni de la bonne foi ni de la sincérité du
ministre de l'Éducation. Et je lui avais dit... C'est sûr, c'est entre nous,
mais là on est dans la confidence, hein, de toute évidence, mais c'est un
ministère tellement important, moi,
je crois sincèrement que c'est le plus important des ministères. Je ne veux pas
enlever rien aux autres, mais c'est
vraiment ça, notre société, tous les Québécois passent par notre système
d'éducation, tous. C'est incroyable, l'ampleur du défi, et je lui ai dit
qu'il aura ma pleine collaboration, il l'aura toujours.
Et
hier un geste important a été posé par le ministre de l'Éducation. Chaque
semaine, et malheureusement ça défraie les manchettes, des arrestations, des
dénonciations en matière de violence à caractère sexuel. Puis j'ai écrit des
lettres pour qu'il y ait des
enquêtes, et elles ont été accueillies par le ministre, mais hier je crois que
c'est un geste important. Et, pour ceux qui sont peut-être inquiets, sachez que
tous les élus prennent ça très au sérieux, vraiment. Et cette enquête, elle
est nécessaire. Et je vous invite, M. le ministre, pas à me répondre là-dessus,
prenez-le en délibéré, d'adjoindre une firme indépendante au ministère de
l'Éducation. Il y a des firmes qui sont spécialisées en matière d'enquêtes en
matière de harcèlement au travail, de
harcèlement sexuel en milieu de travail. Pas parce qu'on doute de la bonne foi
de ceux qui travaillent au ministère
de l'Éducation, c'est qu'il y a aussi la question d'apparence de conflit
d'intérêts, et c'est là qu'on doit, nous, nous assurer que nous avons
répondu à des inquiétudes qui sont légitimes.
Alors,
ça, moi, je vous le laisse en délibérer. Et évidemment vous aurez notre entière
collaboration, et j'ose espérer que
nous serons capables de mettre fin à l'omerta dans les écoles pour le bien de
tous les enfants qui nous sont confiés. Merci, M. le Président. Et hâte
d'échanger avec mon collègue, mon vis-à-vis.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-Laurent.
Discussion générale
Alors, nous sommes
maintenant prêts à procéder au premier bloc d'échange entre les députés de
l'opposition et le ministre. Et nous
débutons évidemment par l'opposition officielle. Le bloc sera d'une durée de
20 minutes. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, maintenant, on recommence dans un bloc, parlons de la vétusté
des écoles. J'ai préparé, évidemment, un tableau. Vous me connaissez, là, moi
puis les tableaux, j'aime ça, hein? Donc,
en 2018, c'était à 50 %, les écoles vétustes. Puis par la suite, on devait
améliorer. Puis je... oui, il y a eu de l'argent supplémentaire qui a été ajouté, mais le niveau de détérioration ne
s'est pas amélioré, au contraire, ça s'est amplifié. On est passés de
50 % à 54 %, puis, en 2021, à 56 %, en 2022 59 %, puis
aujourd'hui on passe à 61 %.
Moi,
ma question, elle est beaucoup plus simple. J'aimerais comprendre, là, puis
c'est vraiment... je veux comprendre : On met de l'argent, mais comment
qu'on s'assure, justement, qu'on améliore l'état, concrètement, dans nos écoles?
Parce qu'il y a quelque chose qui m'échappe.
On n'est pas supposés d'avoir un taux de vétusté qui augmente comme ça, de
passer, en 2018, avant le... que le gouvernement de la CAQ soit au pouvoir,
arriver aujourd'hui à 61 %. Je ne pense pas que c'est une tendance qu'on
veut garder. Au contraire, on veut s'améliorer. Alors, est-ce que vous, vous
avez réfléchi, de votre côté, comment ça se fait que, l'argent, même
s'il est annoncé, on n'arrive pas à réduire, présentement, ce taux de vétusté?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée. Toujours en
rappelant de vous adresser à la présidence, s'il vous plaît. M. le
ministre.
M. Drainville : Bien, la réponse courte, M. le Président, c'est qu'on part de très,
très loin. Et je vais résister tant bien que mal à la tentation d'accabler ma
collègue de Saint-Laurent d'un retour en arrière qui nous ramènerait aux années
de l'austérité qui ont fait extrêmement mal aux parcs scolaires, extrêmement
mal.
Et
donc, M. le Président, je l'ai mentionné très rapidement à la fin de mon
intervention de départ, là, écoutez, là, il faut prendre le moment, un moment pour prendre acte des chiffres. On
part à 9 milliards, 9 milliards de PQI pour l'éducation, il y a quatre ans de ça, et on est aujourd'hui, en
vertu du budget d'hier, à 22 milliards. Vous vous rendez compte? Et,
malgré l'ampleur des sommes
investies, vous avez raison de dire que les chiffres démontrent que le taux de
vétusté continue de s'accroître.
Alors,
ce que je veux dire là-dessus, c'est qu'on va continuer à investir dans les
infrastructures pour renverser cette tendance-là,
puis on va finir par y arriver. Ça, c'est clair, notamment parce que c'est la
priorité du premier ministre, qui me l'a réitéré à de nombreuses
reprises.
Par
ailleurs, je veux dire, M. le Président, que dans les 22 milliards que
nous avons annoncés hier, puis c'est une information qui est très importante, sur les 22 milliards, les deux
tiers des sommes, dont 14,5 milliards, vont être consacrés au maintien du parc immobilier, et le tiers, en
bonification. Alors, ça, c'est les termes utilisés par le ministère, mais, ce
que ça veut dire, c'est le deux tiers vont
être consacrés essentiellement à de la rénovation et le tiers à des
agrandissements ou à des nouvelles écoles.
Donc,
au début, dans les deux premières années du mandat, du premier mandat, M. le
Président, c'était l'enveloppe bonification
qui était la plus importante. Pourquoi? Parce que, dans de nombreux endroits du
Québec, il y a des banlieues qui avaient poussé un peu partout, on avait besoin
d'écoles. On a lancé plusieurs projets de nouvelles écoles. À partir de
la troisième année, c'est l'enveloppe maintien d'actifs, donc l'enveloppe
rénovation qui a pris le dessus sur l'enveloppe bonification et l'enveloppe construction et agrandissement, et c'est ce
que nous poursuivons avec le budget d'hier. On met deux fois plus d'argent en rénovation qu'on en met
en nouvelles constructions, justement, parce qu'on veut que... le taux
de vétusté, M. le Président, on veut l'inverser.
Je
pourrais aussi, mais je ne veux pas prendre trop de temps, je pourrais répéter
aussi, Mme la députée de Saint-Laurent, ce que j'ai dit aux journalistes
ce matin...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : En terminant.
M. Drainville : ...par rapport à la méthode de calcul de la vétusté. Moi, je pense
qu'il y a un questionnement là-dessus, j'ai un questionnement là-dessus. Et je
ne suis pas le seul, le ministre responsable des Infrastructures, député de
Charlesbourg...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Rapidement.
M.
Drainville : ...est aussi en questionnement là-dessus.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup. Mme la députée de Saint-Laurent.
• (11 h 30) •
Mme Rizqy : Je vous invite juste... Je vais répondre
brièvement sur une affaire, parce que je sais que, souvent, la cassette, je l'entends très souvent, là, le Parti
libéral, et tout ça, là, mais, dans le PQI, c'est marqué, noir sur blanc, puis
ce n'est pas moi qui l'ai écrit, le PQI, là, c'est vous, là, vous et votre
équipe. Cette situation s'explique principalement par une période de sous-investissement dans les années 90
et au début des années 2000, pour le 61 %. Ce n'est pas moi qui le dis,
c'est votre PQI. Alors, c'est votre PQI qui
le mentionne, alors, mais, pour revenir... Moi, je veux comprendre. Tantôt, le
premier ministre... puis il y a un article, que je ne montre pas, là, mais... Legault...
Le premier ministre doute du portrait sur la vétusté des écoles, et il veut
revoir la méthode de calcul. Quels seront les nouveaux critères?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : ...
Mme Rizqy : Non, juste le temps...
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Oui, évidemment, une
question courte, une réponse courte. M. le ministre, s'il vous plaît, la
parole est à vous.
M.
Drainville : L'autre raison pour laquelle on observe cette
augmentation du taux de vétusté, c'est que, depuis qu'on est là, on a procédé à une inspection extrêmement
rigoureuse de tous les bâtiments ou, en tout cas, si ce n'est pas tous les
bâtiments, on se dirige vers la totalité. Et ça, ce que ça a fait, cette
méthode d'inspection... Et là je ne parle pas de la méthode de calcul pour déterminer si cette école-là est un A, un B, un
C, un D ou un E. Je parle carrément d'aller dans les écoles et d'aller voir ce qui se passe. Cette
inspection rigoureuse, M. le Président, n'avait pas eu lieu auparavant. En tout
cas, certainement pas au même niveau. Et
donc ça, ça a contribué, M. le Président, ça a contribué, oui, à faire
augmenter le taux de vétusté, parce qu'on est allés au fond des choses. On n'a
pas essayé de maquiller, justement, la réalité. On est allés au fond des choses, et, oui, ça a contribué à une
détérioration, dans le fond, des chiffres. Qu'est-ce que vous voulez? C'est
ça, la réalité.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mme
Rizqy : Bien, vous vous avancez en terrain qui n'est pas
écrit dans le PQI avec ce que vous dites, parce qu'au fond vous faites
référence... comme si les équipes qui étaient auparavant présentes, là, qui
sont d'ailleurs encore, pour la plupart, présentes au ministère... Avez-vous une grille de calcul ou
d'évaluation pour affirmer une telle chose, pour dire qu'au fond, avant,
ce n'était pas rigoureux?
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la députée. Je
vais maintenant céder la parole à M. le ministre de l'Éducation.
M.
Drainville : Alors, on me donne des chiffres ici, là, puis
c'est très, très, très factuel. En 2022, M. le Président, on avait
90 % du parc scolaire qui avait été inspecté. On était à 41 %
d'écoles en bon état. En 2023, on est maintenant à 92 % du parc scolaire qui a été inspecté. Et ce qui reste, là,
c'est les édifices, effectivement, qui sont le plus détériorés ou, en tout cas,
c'est les édifices où c'est le plus difficile d'aller inspecter. Et donc, ça
aussi, il faut le prendre en considération.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Oui,
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Ma question à M. le ministre, là, c'était :
Est-ce que vous avez une grille de calcul ou d'évaluation qui vous permet, là,
d'affirmer en cette Chambre, là, que maintenant, ceux qui sont payés par
l'argent public pour faire des inspections étaient moins rigoureux?
D'autre part,
votre réponse n'est pas juste en matière de statistiques. Je m'explique. Dans
le PQI, on voit clairement, là, que les écoles qui ne sont pas
inspectées sont indiquées. Par exemple, c'est marqué 111 écoles qui n'ont
pas été... 111 établissements qui n'ont
pas été inspectés. Quand on fait le pourcentage, on exclut évidemment les
écoles qui ne sont pas inspectées.
Donc là,
je... Donc, ma question, elle est double. Avez-vous une grille d'évaluation
avec... qu'on peut comparer pour dire :
Ah! O.K., effectivement, avant, on comparait des pommes avec des oranges, pour
affirmer une telle chose? Si oui, déposez-la. Deuxièmement, ma première
question, elle demeure pleine et entière. Le premier ministre a dit qu'il veut
revoir les critères d'évaluation pour
les écoles vétustes. Quels sont les nouveaux critères que vous voulez mettre en
application?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Drainville : J'ai dit, M. le Président, que j'étais en
questionnement sur la manière avec laquelle on décide de la vétusté d'un établissement ou pas. Et j'ai eu une
discussion tout à l'heure avec mon collègue le ministre des Infrastructures,
qui m'a confirmé qu'effectivement à la SQI,
à la Société québécoise des
infrastructures, il y a ce
questionnement présentement. Il y a des normes qui existent, M. le
Président. On ne remet pas en question les normes. La question qui se pose,
c'est comment est-ce que ces normes-là,
comment est-ce que cette méthode est appliquée. C'est là-dessus qu'on se
questionne.
Par ailleurs,
pour revenir sur ma réponse précédente, oui, on est actuellement dans les
écoles les plus compliquées. On est
dans les écoles les plus compliquées. Ça prend notamment des ingénieurs pour
les inspecter, ces écoles-là. Et ce que l'on a fait, on s'est donné une méthode
et on a engagé une firme d'ingénierie pour assurer, donc, le déploiement de
cette méthode-là, et cette méthode-là, M. le
Président, elle est appliquée de la même manière à l'ensemble du parc scolaire.
Alors, on s'est assuré qu'il y ait, dans le fond, un processus d'inspection qui
soit uniforme.
Donc, non
seulement on a beaucoup, beaucoup augmenté le nombre d'écoles qui étaient
inspectées, non seulement on est actuellement dans les écoles qui sont les plus
difficiles à inspecter, ça prend du personnel extrêmement spécialisé pour le faire, mais on s'est donné en plus une
méthode d'inspection qui fait en sorte qu'elle est la même d'un centre de
services scolaire à l'autre. Ce n'est pas
banal, ça contribue évidemment à nous donner un meilleur portrait.
Malheureusement, ce portrait-là, ce
qu'il nous dit, c'est qu'on n'a pas assez investi dans les infrastructures, et
c'est ce rattrapage qu'on est en train de faire.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : O.K., mais... parce
que c'est quand même important, ce qui a été affirmé par le premier ministre
tantôt. Il accuse, au fond, les
centres de services scolaires et commissions scolaires de faire gonfler les
chiffres au niveau de la vétusté.
J'aimerais vraiment comprendre, est-ce que vous avez un élément ou un
commencement de preuve pour faire une telle affirmation?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
M. le ministre, la réponse de vous.
M.
Drainville : M. le
Président, je ne sais pas combien d'écoles la députée de Saint-Laurent a
visitées ces derniers mois ou ces
dernières années. C'est une femme de terrain, je ne doute pas qu'elle en a vu
un bon nombre. Moi, j'en ai vu beaucoup,
au cours des derniers mois, et je me rendais, dans certains cas, là, dans des
écoles qui étaient, mettons, classées C, ou classées D, ou classées E. Bien, je m'attends, là, moi, à rentrer
dans une école, comprenez-vous? Là, les plafonds tombent, les murs sont fissurés, il y a des chaudières
partout, puis tu te dis : Voyons, tu sais, c'est vétuste, là, c'est E, là,
c'est l'enfer, cette école-là. Tu
rentres dans cette école-là, là, puis ce n'est pas l'enfer du tout, là, c'est
des écoles qui, de façon générale... puis, j'oserais dire, dans toutes les
écoles où je suis allé, même celles qui étaient C, D ou E, c'est des écoles qui
ont de la tenue, qui ont bonne mine.
Puis je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème, parce que c'est vrai que,
parfois, le problème est à l'intérieur des murs, alors il y a des...
bon, c'est pour ça qu'on les inspecte, etc., mais ce que je vous dis, c'est
qu'il faut se garder, M. le Président...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : En
terminant.
M.
Drainville : ...de prendre ces chiffres-là et puis de
dire : Ma foi du bon Dieu, 60 % des écoles du Québec sont vétustes.
Il faut faire attention, parce que ça peut finir, à un moment donné, par créer
une impression qui n'est pas conforme à la réalité. Voilà.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Bien, respectueusement, M. le ministre, c'est
parce que c'est vraiment inspecté... vous l'avez même dit, qu'il y avait même une firme qui a bâti les
critères d'évaluation puis que, par la suite, ce sont des professionnels, dont
notamment des ingénieurs. Les ingénieurs
sont régis par un code de déontologie et un code des professions, et, par
conséquent, lorsqu'ils signent, c'est très sérieux.
Donc, quand vous avancez que votre gouvernement,
que peut-être qu'il y a des gens qui pèsent plus fort sur le crayon pour avoir du financement, moi, à moins
qu'il y a un début de commencement de preuve pour faire une telle affirmation,
au contraire, je vous inviterais à la plus grande prudence, parce que ce sont
des gens qui font le portrait de la situation pour que, par la suite,
l'argent effectivement suive.
Et je vous
amène sur un autre... Toujours dans les infrastructures, puisque le
gouvernement, le premier ministre dit qu'il veut revoir les critères, est-ce
que les nouveaux critères... Êtes-vous d'accord avec moi qu'on doit absolument
s'assurer de la qualité de l'air dans les écoles?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la députée. M. le ministre de l'Éducation.
• (11 h 40) •
M.
Drainville : M. le
Président, je réitère ce que j'ai dit puis j'espère que la députée de
Saint-Laurent, M. le Président, ne va
pas nous reprocher, d'abord, de rapporter ce qu'on voit sur le terrain. Ça, je
ne m'en gênerai jamais, premièrement. Et
deuxièmement, ce n'est pas vrai, M. le Président, que je vais m'empêcher de
tirer les conclusions de ce que j'observe. Et parfois je vais le faire d'une manière très publique, comme je le
fais présentement. Elle peut m'en faire le reproche, elle peut essayer de marquer des points politiques, si
elle le souhaite, avec ça, moi, ce n'est pas mon enjeu. Mon enjeu, c'est
la qualité des écoles dans lesquelles nos enfants apprennent.
Ce que j'ai
observé, c'est qu'il y a des écoles qui sont classées D et qui sont classées E
et qui, en tout cas, quand je les observe, quand je les parcours, quand je
les... puis je ne me contente pas juste, là, de me promener, là, j'ouvre
les portes, je vais voir. Ce que j'ai
observé, c'est que, de façon générale, les écoles sont de très bonne tenue. Et
donc ça ne veut pas dire qu'il n'y a
pas des travaux à faire, là. On met 22 milliards, là, dans le parc
scolaire, mais ce que je dis, c'est qu'on
ne doit pas s'empêcher, M. le Président, de se poser la question : La
méthode par laquelle on détermine qu'une école est vétuste, est-ce que cette méthode-là nous donne le réel portrait de
la situation? Et ce que je dis, c'est que moi, je suis en questionnement là-dessus et je dis que le ministre
responsable des Infrastructures l'est également, notamment par l'entremise
de la Société québécoise des infrastructures. Et donc, s'il y a du travail à faire pour être plus précis et être
plus justes dans l'évaluation de la vétusté, on ne va pas se priver de
le faire.
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Je rappelle à l'ensemble des collègues, peut-être, de raccourcir un
peu les interventions pour permettre un échange plus actif. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Ma question portait sur le critère de la qualité
de l'air. Êtes-vous d'accord avec moi qu'on doit l'ajouter?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : M.
le ministre.
M. Drainville : Sur
la qualité de l'air, M. le Président, là aussi, on a annoncé des
investissements extrêmement importants. D'abord, on a procédé à des
investissements extrêmement importants. Il y a d'autres investissements très importants qui sont disponibles, des enveloppes
qui sont disponibles. Les derniers chiffres qui sont sortis, M. le Président,
ce qu'ils démontrent, c'est que...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : ...oui,
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Précision, ma question porte sur les critères,
parce que le premier ministre vient de dire qu'il veut revoir les critères d'évaluation pour le portrait
des écoles. Je veux savoir : Êtes-vous d'accord qu'on doit ajouter le
critère sur la qualité de l'air? Je
ne vous parle pas d'argent. Je veux savoir si, oui ou non, on ajoute le critère
de qualité de l'air. Ça se répond par oui ou par non.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci.
M. le ministre, à vous la parole.
M.
Drainville : M. le Président, les systèmes de ventilation font,
bien évidemment, partie de l'infrastructure, alors, bien entendu qu'ils
sont inspectés et bien entendu qu'ils font partie de l'évaluation générale de
la qualité d'un bâtiment.
Mais ce que
j'étais en train de dire, c'est que, sur la qualité de l'air, M. le Président,
on a procédé à des investissements extrêmement importants. Des
enveloppes sont disponibles pour chaque centre de services scolaire qui le
souhaite. L'argent est là. Et, si vous
regardez les derniers chiffres qui sont sortis, là, on a 72 classes qui
dépassent le 2 000 ppm. Ils sont concentrés dans 30 écoles, et
49 classes de ces 72 là sont concentrées dans neuf écoles. Alors, vous
pouvez être certains d'une chose,
c'est qu'on suit très attentivement ce qui se passe et on s'assure que ce soit
pris en charge. Et on dit aux centres de services scolaires...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Rapidement.
M.
Drainville : ...qui sont concernés : Vous avez de l'argent
pour vous occuper de la question de la qualité de l'air dans vos écoles,
dans vos classes.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Vous dites que vous
suivez ça de façon très attentive. Alors, comment se fait-il que les dernières
données disponibles remontent au 22 décembre 2022?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : M.
le ministre, la parole est à vous.
M.
Drainville : Bien, M. le Président, il faut d'abord recevoir
les données, puis les colliger, puis, dès qu'on les a, on les organise puis on
les rend publiques. Alors là, les dernières données que nous avons, elles ont
été rendues publiques. Elles ont
fait, d'ailleurs, l'objet d'un reportage, si je ne m'abuse, la fin de semaine
dernière. C'est les données qui sont les plus à jour.
Et puis, M.
le Président, on ne va pas sacrifier la rigueur, nous autres, là, au nom de,
comment dire... de l'empressement, hein?
On va faire les choses de manière rigoureuse. On a quand même, M. le Président,
pas loin de 70 000 classes et locaux au Québec, et la vaste
majorité ont maintenant un système pour mesurer la qualité de l'air. Ça, c'est
une avancée très importante. Maintenant, il
faut colliger ces données-là, et, quand on les rend publiques, on s'assure que
ces données-là soient, évidemment, le juste reflet de la réalité.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : La
parole est à Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : On a eu le temps de fêter Noël, faire le jour de
l'An, enlever nos décorations de Noël, janvier, février, mars, on est rendus à
la fin mars, vous avez eu le temps de déposer un budget, puis on n'a toujours
pas les données qui nous ont été
promises. D'ailleurs, on nous a même dit : Vous allez voir la
transparence, pratiquement en temps réel qu'on va les avoir.
Et ma
question va être la suivante. Nous, on a déposé le projet de loi n° 192
pour la qualité de l'air. Ça a été fait par un ingénieur, Louis Grenier, puis
une physicienne, Nancy Delagrave, et ainsi qu'une stagiaire Bonenfant, Mme Victoria
Thân, avec beaucoup de rigueur. Nous avons utilisé, notamment, la norme
de 1 000 ppm. Vous utilisez encore la norme de 1 500 ppm. Tant qu'à revoir les critères pour les écoles vétustes,
je vous invite sincèrement à étudier notre projet de loi n° 192 sur la qualité de l'air, de l'ajouter dans les
critères pour les écoles vétustes et de vous dire que la norme, quand on n'est
pas en période de pandémie, c'est 1 000 ppm, et, lorsqu'on est en
période de pandémie, c'est 800 ppm.
Là, je sais que vous allez nous parler d'argent.
Avant de parler d'argent, est-ce qu'on peut d'abord, ensemble, s'entendre sur des critères scientifiques établis
par des ingénieurs, par des physiciens, par l'école de santé publique de
Harvard, par notamment aussi des universités francophones, en France, mais
aussi des universités britanniques?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : En
terminant.
Mme Rizqy : En terminant, la qualité
de l'air, ça cause des problèmes d'apprentissage.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : C'est ce qui termine le bloc, Mme la députée, M.
le ministre, ça termine le bloc.
M.
Drainville : ...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Malheureusement,
M. le ministre... Il y aura d'autres blocs d'intervention, M. le
ministre.
Alors,
on poursuit maintenant avec le bloc du deuxième groupe d'opposition. Et, Mme la
députée de Mercier, vous avez droit à 17 min 36 s d'échange
avec le ministre. La parole est à vous, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Parfait.
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à
toute votre équipe. Je sais que vous avez
travaillé très, très, très fort pour le budget puis pour la préparation.
Salutations aussi à mes collègues des oppositions.
Évidemment,
comme tout le monde, moi aussi, je veux travailler dans le bien-être des élèves
et de leur réussite scolaire. Et
j'aurais plein, plein de questions, mais, comme j'ai très peu de temps, il va
falloir que j'en choisisse. Je voudrais revenir sur la question des
infrastructures. Je comprends qu'on ne peut pas comparer le 61 % de 2023
avec le 40 % de 2018?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre.
Mme Ghazal : Je
pose des questions ultrarapides parce que j'ai peu de temps. Je comprends qu'on
ne peut pas comparer le 61 % de
vétusté, de taux de vétusté des écoles, par rapport au 40 % de 2018. C'est
ce que je comprends de l'échange.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mercier. Des
réponses courtes, évidemment, mais on va permettre quand même la réponse. M. le
ministre.
M. Drainville :
Bien, je ne suis pas sûr de bien
saisir la question, là, mais moi, tout ce que je dis, c'est que la manière avec
laquelle on applique le guide, par exemple, qui est utilisé pour déterminer le
taux de désuétude, le taux de vétusté, ce guide-là, il est bien fait. Il est
bien fait, on ne le remet pas en question. Mais comment est-ce qu'il est
appliqué? Là-dessus, on est en
questionnement. Je le suis. Mon collègue responsable des Infrastructures et de
la Société québécoise des
infrastructures est également en questionnement là-dessus.
Mme Ghazal : ...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la députée de Mercier, je vous invite également à vous adresser à la
présidence.
Mme Ghazal : Bien,
des fois, ça rend plus faciles des échanges.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Je comprends.
Mme
Ghazal : Donc, si je dis...
Ça veut dire qu'on ne peut pas dire qu'il y a eu une détérioration ou une augmentation
de la vétusté. Moi, ce que j'aimerais savoir, je voulais demander au ministre,
c'est : Étant donné qu'il y a eu une détérioration de la vétusté des écoles, avec les chiffres que
j'ai, 40 %, 61 %... Il y a eu une détérioration, est-ce que le ministre
est d'accord avec moi, de la vétusté,
ou, à cause de ce que le premier ministre dit... il remet en question, il
dit : Ça se peut que non, puisque c'est
peut-être appliqué différemment? Est-ce qu'il y a eu une détérioration de... et
une augmentation du taux de vétusté?
Est-ce qu'il peut confirmer ou infirmer cela ou pas du tout? Il faut qu'il
fasse des recherches pour pouvoir nous arriver avec une réponse? C'est
ça que je veux savoir.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, votre
réponse.
M.
Drainville : M. le Président, l'état actuel de nos infrastructures
scolaires, de notre parc scolaire, c'est un héritage
des 50 sinon des 60 dernières années. Je vais répondre à la question de la
députée de Mercier. Donc, on ne va pas corriger, M. le Président, en quatre ans
un héritage de détérioration qui remonte aux années 60 ou 70. Alors, de dire...
d'essayer de faire valoir, parce que c'est
ce que je comprends du sens de la question, d'essayer de faire valoir que,
depuis que la CAQ est là, ça s'est
détérioré, alors qu'on a commencé à 9 milliards de PQI puis on est rendus
à 22, honnêtement, ça défie toute logique.
Ce
que l'on fait et la raison pour laquelle les taux de vétusté... la première
raison pour laquelle les taux de vétusté ont augmenté, c'est parce qu'on a
inspecté davantage de bâtiments. Je l'ai dit, on est rendus à plus de
90 %. On a appliqué une méthode d'inspection beaucoup plus rigoureuse que
celle qui existait auparavant, beaucoup plus exhaustive que celle qui
existait avant. Et on a même engagé des ressources hyperspécialisées pour
s'assurer d'aller au fond des choses.
Alors,
ça, parce qu'on est allés voir puis on ne s'est pas... On n'a pas fait
semblant, là. On n'a pas fermé les yeux puis on ne s'est pas dit : Ça n'existe pas, on n'ira pas voir. Non,
non. On a décidé d'aller voir puis d'aller voir pour vrai cette fois-ci.
Et, oui, on a découvert qu'effectivement il y avait beaucoup de travail à
faire.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
M.
Drainville : Et donc on met l'argent en conséquence.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
• (11 h 50) •
Mme Ghazal : Je
ne me rappelle plus c'est quoi, l'article, mais le ministre me prête des
mauvaises intentions. Il n'y avait aucune
intention de remettre en question ce que la CAQ a fait, et tout ça. Quand j'ai
pris 2018, c'est parce que c'est le chiffre devant moi. Ça fait que je
lisais, tout simplement. Puis normalement on a l'impression qu'il y a une augmentation de la vétusté, parce que nos écoles,
à cause de l'héritage... Ça, on va être d'accord avec le ministre qu'il y a eu
un désinvestissement dans le passé. Je veux dire, c'est un fait. C'est un fait,
et on a un rattrapage à faire.
Maintenant,
est-ce que le rattrapage est suffisant? Peu importe que ce soit 40 % ou
61 %, on comprend que c'est comme
un trou sans fond, parce que plus le temps passe, plus les écoles vieillissent.
On a eu une rencontre du centre de services scolaire de Montréal à
l'automne dernier, tous les élus, et c'est vraiment un trou sans fond.
Donc,
les investissements pour faire le rattrapage devraient être immenses. Est-ce que
22 millions, c'est suffisant? 22,2 milliards, pardon, est-ce que
c'est suffisant? Et ce n'est pas uniquement pour faire de la rénovation, et
tout ça. Il faut que l'environnement où se trouvent les élèves soit
propice à leur apprentissage. Il faut qu'il y ait des fenêtres, assez de locaux, etc. Donc, c'est immense, immense, les
investissements. 22,2 milliards, même si c'est une augmentation par
rapport à avant, ce n'est sûrement pas suffisant.
Moi,
ce que j'aimerais avoir comme réponse, ce n'est, pour pouvoir faire ce
rattrapage-là, pas combien le gouvernement
a investi, mais combien est-ce qu'on devrait investir pour que ce taux de
vétusté baisse un jour, peu importe la méthode d'évaluation. Ça, ce serait une
information... c'est peut-être trop général, là, mais c'est une question que
j'ai.
Et la deuxième... En
plus de la qualité de l'air, je comprends que le ministre dit qu'il y a eu des
investissements dans les ventilations même
si on ne veut pas changer la norme. Il y a aussi autre chose qu'il faut regarder.
Quand le ministre est allé dans les
écoles... Moi aussi, je suis allée dans des écoles. C'est sûr que, quand le
ministre va dans des écoles, on s'assure que ce soit «spick and span», pour
parler comme la publicité du faucon, et on s'assure que tout est beau. Mais
est-ce que le ministre... Est-ce qu'il a bu l'eau? Moi, j'ai été dans une école
récemment, à Shawinigan, et c'était écrit... on ne pouvait pas boire l'eau parce qu'il y a du plomb. Ou des fois, dans
d'autres écoles, à Montréal, il faut faire couler l'eau. Ça, est-ce que ça aussi, ça fait partie des
critères qui sont considérés, la qualité de l'eau, le plomb dans l'eau? Et on
est rendus où, aussi, par rapport aux investissements là-dedans?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Mercier. M. le ministre de l'Éducation.
M. Drainville :
Oui. Alors, je veux juste dire...
Je vais répondre à la question sur le plomb, mais je veux juste dire, parce que
ce sont des très bonnes questions, M. le Président, en plus de l'argent qu'on
met dans le PQI... C'est très important, ce que je vais dire, M. le Président. En plus de l'argent qu'on met dans
le PQI... Donc, je l'ai dit tout à l'heure, rénovation, agrandissement,
construction neuve, grosso modo, le PQI sert à ça. Depuis l'an passé, il y a
une enveloppe dans le budget... L'année
passée, on a mis 200 millions. Si vous allez, là, à Accélérer l'entretien
du parc immobilier scolaire, là, si vous regardez la ventilation, là, vous
allez voir, il y a 200 millions sur cinq ans qui visent à faire de la
prévention, à faire de l'entretien. Ça, là, par exemple, là, M. le Président, là, il y a une fenêtre qui coule,
on prend l'argent là-dedans. Dans le fond, ce qu'on fait, c'est qu'on
donne aux centres de services scolaires une enveloppe d'argent pour qu'ils
puissent parer au plus pressant puis, je
vais dire, aux petits travaux que, si on... les petits travaux qui, si on ne
s'en occupe pas, deviendront éventuellement de gros problèmes, puis il
va falloir aller dans le PQI.
Bon, alors, on met...
L'année passée, on a mis 200 millions. C'était la première fois dans
l'histoire du Québec, M. le Président, qu'on
mettait 200 millions pour l'entretien, je dirais, au quotidien. Et cette
année, heureuse nouvelle, on rajoute
un 200. Ça fait qu'on est à 400 sur cinq ans pour... il y a une fenêtre
qui coule, il faut mettre du calfeutrage, bon, tu sais, des
petits travaux comme ça, là, qui vont faire en sorte qu'on va maintenir notre
parc scolaire. Alors, ça, c'est une très bonne nouvelle, et la députée
de Mercier me donne l'occasion de la souligner.
Par
ailleurs, sur le plomb... Alors, sur le plomb, je rappelle, qualité de l'eau
analysée dans toutes les écoles du Québec, de l'automne 2019 au
printemps 2021. Après analyse, les deux tiers des points d'eau
respectaient la nouvelle norme. Il en restait le tiers. C'est beaucoup
trop. C'est beaucoup trop. Et donc il nous reste du travail à faire sur les 33.
On a émis une directive, M. le
Président, qui demande aux centres de services scolaires d'exécuter tous les
travaux sur les points d'eau non
conformes pour la rentrée 2022. Ça n'a pas été fait à notre goût. Il y a
une partie des travaux qui ont été faits. Il y a une partie qui n'a pas été
faite. Et donc on a retransmis à l'ensemble du réseau une nouvelle directive
pour s'assurer que les travaux qui n'ont pas été faits pour la dernière
rentrée le soient pour la prochaine.
Je veux juste dire
aussi... M. le Président, c'est 25 % des points d'eau du réseau scolaire
public qui sont toujours non conformes,
mais, attention, ils sont sécurisés. Qu'est-ce
que ça veut dire? Ça veut dire que,
si vous allez près d'un de ces points d'eau, il y aura soit un écriteau
qui dit... ou encore, on a carrément fermé l'eau, pour protéger les élèves.
Je
souligne que la Fédération des centres de services scolaires du Québec a émis
un communiqué en novembre dernier pour dire : attention, on s'en occupe,
on fait des travaux et on a l'argent pour les faire. Donc, on est très
conscients de la situation par rapport au plomb et on a bien l'intention
que ça se règle, M. le Président.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, M. le ministre. Mme la députée
de Mercier.
Mme Ghazal : ...laisser couler
l'eau. Si, par exemple, on met un écriteau puis un... pour que les enfants
laissent couler l'eau, ça, c'est considéré comme c'est réglé?
M.
Drainville : Non.
Mme Ghazal :
O.K. Je voulais juste être sûre.
208 millions
sur cinq ans, moi, j'avais une question là-dessus, pour dire que c'est quand
même peu. Ça fait combien par école, pour faire les petits travaux avant
qu'ils deviennent gros?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre.
M. Drainville :
C'est une bonne question. Il
faudrait faire la règle mathématique, M. le Président. Mais je veux juste dire, c'est quand même le double de ce qui a
été annoncé l'année passée. Et puis moi, j'ai bien l'intention, M. le
Président, de... Je ne sais pas ce
que le budget de l'an prochain me réserve, mais moi, je suis partisan d'une
approche par laquelle on ne pellette pas par en avant les problèmes. On
essaie de les régler avant qu'ils ne deviennent des problèmes.
Et donc, M. le
Président, si j'ai un mot à dire sur l'enjeu en question l'an prochain, je vais
demander à nouveau à mon collègue des
Finances : Est-ce qu'on peut continuer à investir dans cet entretien
préventif? Parce que c'est la meilleure manière d'arrêter la détérioration pendant qu'on s'occupe de
l'arrérage... de l'arriégage, dis-je bien, pendant qu'on s'occupe du
rattrapage. Il faut arrêter de creuser le trou. Ça fait que, pour arrêter de
creuser le trou, il faut mettre de l'argent dans l'entretien. Puis, quand on stabilise le patient, après ça, on peut
aller s'occuper des problèmes qu'on a traînés depuis les dernières
décennies, puis ça, c'est pour ça qu'on met de l'argent dans le PQI.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, M. le ministre. Mme la députée
de Mercier.
Mme
Ghazal : J'ai plein de
questions, mais peu de temps, et moi, je ne parle pas beaucoup, là, ça fait
qu'il faut que ce soit la même chose.
Donc,
j'ai une autre... je vais vous amener sur un autre... je vais amener le
ministre sur un autre point, qui est sur les programmes particuliers. Donc, ça,
c'est C.10. J'ai eu l'occasion d'échanger avec le ministre par rapport à ma
vision de l'école, le fait qu'il ne
faut pas reproduire les inégalités qui existent dans notre société, dans nos
écoles, comme c'est le cas en ce
moment. En ce moment, l'école à trois vitesses est vraiment un fléau qui fait
qu'on a le système d'éducation le plus inégalitaire
au Canada et par rapport à d'autres pays de l'OCDE. Mais, au-delà de ce qui est
général et de la vision à long terme
qui m'habite — je
sais qu'elle n'est pas partagée avec le ministre — pour que les enfants, peu importe le milieu dont
ils viennent, ils puissent s'épanouir grâce
à notre système d'éducation... de la même façon qu'il y a plein de monde ici, à
l'Assemblée nationale, qui venaient
peut-être de milieux modestes, et l'école publique gratuite leur a permis
d'être ce qu'on appelle des transfuges de classe, en ce moment, c'est de
moins en moins possible avec notre système d'éducation.
Donc,
je vais aller sur une question plus précise, à la page C.10 du plan
budgétaire, où on parle... le ministre dit qu'il va augmenter le soutien financier de 200 $, qui avait été
annoncé par son prédécesseur, à 300 $ pour que les parents puissent payer moins. Même si les programmes,
aujourd'hui, coûtent... Il y a certains programmes, par exemple de basketball
pour les filles, qui coûtent 600 $;
hockey, 4 500 $. Est-ce que ça, ça peut aider, là, le 200 $? Peu
importe, de toute façon, nous, notre
vision, ce n'est pas uniquement que les parents paient, puis de les aider un
petit peu, en leur donnant des petits cadeaux, pour qu'ils puissent
payer, ceux qui sont capables de payer la différence.
Mais ma question plus
précise, c'est... Et ce que je veux ajouter aussi, le ministre veut qu'il y ait
des projets particuliers dans 100 % des
écoles. Moi, ce que je veux, c'est qu'il y ait des projets particuliers pour
100 % des élèves, peu importe
leurs résultats scolaires. Mais ma question précise : Est-ce que le
300 $ s'applique aussi pour aider les parents qui envoient leurs
enfants dans des programmes particuliers dans les écoles privées?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Mercier. M. le ministre, la parole est à
vous.
M.
Drainville : La réponse, c'est non.
Mme Ghazal :
...
M.
Drainville : Non. Ça s'applique aux écoles publiques.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la députée de Mercier, oui.
• (12 heures) •
Mme Ghazal :
Donc, est-ce que c'est un changement? Parce que, si je regarde l'année passée,
dans les règles budgétaires, pour
l'année 2022‑2023, pour les établissements d'enseignement privés, à
la page 19, le 200 $ du prédécesseur du ministre pouvait... «L'allocation correspond à la somme, pour chaque
élève considéré, du coût réel de participation au programme, jusqu'à concurrence de 200 $.»
Donc, l'année passée, le 200 $ qui avait été annoncé en grande pompe par
le gouvernement pour dire : On
va pouvoir permettre à des élèves d'avoir accès à des programmes particuliers.
Ça n'a pas été dit, mais c'est dans
les règles budgétaires, ça s'appliquait aussi aux écoles privées. Est-ce que,
cette année, le 300 $ ne s'applique qu'aux écoles publiques?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Alors,
ça s'applique... Correction, correction. Ça s'applique également aux écoles
privées mais seulement pour le sport-études.
Tout ce qui n'est pas sport-études, donc, par exemple, arts-études, musique,
danse, technologie, robotique,
entrepreneurship, tous ces autres programmes, les écoles privées, les élèves
des écoles privées n'ont pas droit aux 200 $, maintenant
300 $.
Maintenant,
M. le Président, je tiens quand même à revenir sur la prémisse de la députée,
là, qui dit : Le ministre ne
partage pas ma philosophie que tous les élèves devraient avoir une chance de...
Je ne sais pas comment est-ce qu'elle a formulé ça, là, puis elle a fait référence aux origines modestes, là. Moi,
là, je vais dire ça comme ça, là, mais je ne viens pas de l'argent, là. Moi, j'ai été élevé sur une
terre, M. le Président, là. On était six enfants, j'étais l'aînée des six, puis
mon père a travaillé fort, et ma mère
a travaillé fort pour qu'on ait une bonne éducation à l'école, puis éducation
morale de façon générale, bref une
bonne éducation, qui est la première responsabilité des parents quand on a des
enfants. Je tiens à dire ça.
Deuxièmement, projets particuliers, moi, ce que
je souhaite, M. le Président... Puis là ça vient des conseils d'établissement, j'insiste là-dessus. Je souhaite
plus de projets particuliers, mais ça doit venir des écoles, ça doit venir des
conseils d'établissement. Et, dans le
budget, il y a des sous pour aider les écoles qui voudront se doter d'un projet
particulier, il y a des sous.
Alors, mon objectif, c'est que toutes les écoles
secondaires publiques aient au moins un projet particulier. Actuellement, c'est autour de 55 % des écoles
secondaires publiques qui ont un projet particulier, au moins un. C'est autour
de 44 % des élèves du secondaire public qui sont en projet particulier. Et
moi, effectivement, je souhaite que tous les élèves
du secondaire public qui souhaiteraient avoir accès à un projet particulier...
je souhaite qu'ils puissent y avoir accès, y compris, M. le Président, les élèves à besoins particuliers, qui
comptent pour le tiers de la clientèle du secondaire public. Et j'ai déjà...
dans des discussions que j'ai eues avec des porte-parole ou représentants des
centres de services scolaires, je leur
ai déjà dit : Je souhaite que les projets particuliers qui soient
développés soient accessibles aussi pour les élèves à besoins
particuliers.
Et ma
préférence, je termine là-dessus, Mme la députée de Mercier, ma préférence,
c'est qu'il n'y ait pas de sélection. Je répète, ça dépend des conseils
d'établissement.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : En
terminant.
M.
Drainville : C'est à eux de déterminer la nature du projet
particulier, mais je souhaite qu'il n'y ait pas de sélection. C'est ma
préférence.
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Le bloc se termine, M. le ministre. Le bloc vient de se terminer, alors
nous passons maintenant au prochain bloc
d'échange. Et ce sera celui du troisième groupe d'opposition. Et vous avez...
Je donne la parole au député de Matane-Matapédia pour
6 min 8 s. M. le député.
M. Bérubé : Merci, M. le Président.
Des retrouvailles avec le ministre, que j'ai bien connu dans ma formation politique. Il faudra que je m'habitue à sa
nouvelle position. Il y a quand même des changements importants, mais j'y
reviendrai.
M. le
Président, pour nous, la priorité, c'est la réussite scolaire. Le ministre a
évoqué un certain nombre de priorités. La réussite scolaire. Le reste,
c'est des moyens.
Nous croyons,
au Parti québécois, qu'il y a de l'école à trois vitesses, nous y croyons. Et
nous croyons que les enfants ne sont
pas tous égaux face à la réussite scolaire. On a parlé de la vétusté des
écoles. Je me permets de parler de l'indice de défavorisation des écoles
cotées 10. Je ne sais pas si le ministre en a visité beaucoup. Si c'est le
cas, j'aimerais connaître ces écoles. J'en
connais plusieurs. J'ai même remplacé l'an dernier dans une de ces écoles.
J'invite le ministre, si d'aventure il
souhaite en faire autant dans une semaine de relâche, de faire aussi
l'exercice. C'est très instructif pour comprendre ce que les enseignants
vivent.
Dans ces écoles avec un indice de défavorisation
de 10, avant même de commencer à étudier, il y a des enjeux importants, notamment celui de la faim. Il y a des
jeunes qui ne mangent pas à leur faim, pour toutes sortes de raisons, et qui ne
sont pas capables d'apprendre. Le ministre est probablement au courant que,
dans les derniers jours, le gouverneur du
Minnesota a adopté une loi qui fait en sorte que, de façon universelle, les
enfants ont accès à des repas dans les écoles. Ma question toute
simple : Est-ce qu'il est ouvert à une telle initiative?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le député. La réponse, M. le ministre.
M. Drainville : D'abord, M. le
Président, la majorité des écoles que j'ai visitées étaient des écoles qui
étaient sept, huit, neuf ou 10. Je n'essaie
pas d'aller dans les écoles, comment dire, qui sont les plus favorisées sur le
plan de l'indice socioéconomique de favorisation ou de défavorisation,
là, au contraire, au contraire, je veux avoir le portrait de la situation, M.
le Président, on n'est pas complaisants.
Bon, par
ailleurs, par rapport à l'aide alimentaire, M. le Président, c'est plate de
même, là, mais, en 2019-2020... Bon,
on va commencer avec 2018-2019, il y avait moins de 10 millions dans
l'enveloppe pour l'aide alimentaire. Ça a augmenté à presque 11 millions l'année suivante, 2019-2020,
et puis, l'année suivante, 2020-2021, c'est passé de 11 millions à 30 millions, l'enveloppe d'aide
alimentaire. Pourquoi? Parce qu'on a décidé de l'offrir à toutes les écoles du
Québec. Bon, ça fait que ça, c'est
quand même un plus. Puis là je ne vous parle pas des sous qui sont versés au
Club des petits déjeuners. Là, pour la dernière année, là...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Rapidement,
M. le ministre, rapidement.
M.
Drainville : ...c'est 13 millions qui ont été versés au Club des
petits déjeuners puis un autre 2 millions pour La Cantine pour tous. Total : 54,6 millions pour l'aide
alimentaire. M. le Président, il faut prendre la peine de le noter, de
le souligner, parce que c'est une bonne chose, ça, pour nos élèves.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Je lui laisse le soin de l'appréciation de sa
propre action de façon objective. Combien d'enfants ne sont pas pris en
charge? Il y a eu une série d'articles dans le Le Journal de Québec dans
les derniers jours. C'est le cas de
plusieurs enfants au Québec. Je parle d'un programme universel pour l'ensemble
des enfants, sans égard à leur condition sociale. Je lui demande juste s'il est ouvert, oui ou non, à un tel
programme. C'est le cas dans plusieurs écoles du Québec. Et je profite,
pour fermer ce bloc de ma question, de lui demander de nous donner la liste
complète des écoles qu'il a visitées depuis qu'il est en mandat, avant de poser
ma prochaine question.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député. M. le ministre, en
réponse.
M.
Drainville : Bien, ça me fera plaisir de fournir la liste, M. le
Président, je ne suis pas gêné pantoute. Puis d'ailleurs
il y en a d'autres qui vont s'ajouter, parce que moi, je vais continuer à
visiter les écoles, M. le Président, tant et aussi longtemps que le
premier ministre me donnera...
M. Bérubé : Oui,
oui, oui. C'est correct.
M.
Drainville : Ça va?
M. Bérubé : Parfois,
en radio, il faut faire du temps...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Oui, pour avoir votre temps. M. le député, la
parole est à vous.
M. Bérubé : Merci, M. le Président. Vétusté des écoles. Le
ministre a indiqué qu'il y a des écoles qui ne sont pas accessibles pour des raisons probablement
techniques. Je veux la liste de ces écoles, je veux l'échéancier et les
montants qui sont engagés. Est-ce qu'il s'engage à nous remettre ces trois
listes-là ou la même liste où il y a ces trois éléments dessus?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre, la réponse est à vous.
M.
Drainville : Bien, je n'ai pas compris, là, des écoles qui ne sont
pas...
M. Bérubé : ...indique que 95 % des écoles sont
accessibles, elles sont vérifiées. Il y en a qui ne sont pas accessibles.
Alors, celles qui ne sont pas accessibles, la liste est moins longue. Je veux
la liste des écoles qui n'ont pas été inspectées, la nature des travaux, les
coûts et l'échéancier dans un même document d'ici la fin de cette semaine.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci. M. le ministre.
M. Bérubé : ...engagement,
oui ou non.
M.
Drainville : M. le Président, je n'ai pas dit qu'elles n'étaient pas
accessibles, j'ai dit que c'est des cas qui sont plus complexes, c'est des cas
d'écoles qui sont plus complexes.
M. Bérubé : ...
M.
Drainville : Bien...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : ...le ministre répondre. Je vais céder la
parole. M. le ministre.
M.
Drainville : Alors, quelle liste, vous dites?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Pour la troisième fois, la liste des écoles qui
n'ont pas été inspectées, aux mots mêmes du ministre, là, je veux l'échéancier
des travaux, la nature des travaux et les coûts. Je veux connaître les écoles.
C'est la troisième fois.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre.
M. Bérubé : Oui
ou non.
M.
Drainville : M. le Président, cette liste-là n'existe pas. Maintenant,
on peut la préparer et la faire suivre à la commission, M. le Président. Ça
nous fera plaisir. Maintenant, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'écoles,
alors on va faire le travail puis, encore une fois, on va le faire da'une
manière qui est rigoureuse.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, M. le ministre. En 40 secondes, M.
le député.
M. Bérubé : Oui
ou non. Vétusté des écoles. Donc, le ministre fait sa propre appréciation de ce
qu'il voit, les plafonds, et tout ça, un peu
un conseiller en construction, là, un peu comme son collègue. Ça pose la
question de la relation avec les centres de services scolaires. C'est quand
même une création du gouvernement. Il n'y a plus de commissaires scolaires. Ils ont créé ça, et là, maintenant, ils
contestent les analyses de ça. Je les mets en garde, il existe des ingénieurs,
il existe des spécialistes qui sont
capables d'évaluer les structures de bâtiments, la qualité de l'air, et tout
ça. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je termine en disant que...
• (12 h 10) •
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Ceci
conclut le bloc, malheureusement, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Vous
voyez.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Nous
passons donc au prochain bloc d'échange, et je vais maintenant céder la
parole à Mme la députée de Saint-Laurent. Vous avez droit à
7 min 15 s, Mme la députée.
Mme Rizqy : M. le Président, j'aimerais que brièvement le
ministre de l'Éducation explique à ceux qui nous écoutent comment sont
établis les critères de défavorisation pour coter une école.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Drainville : Critères de défavorisation. Il y a le revenu qui est un
critère, il y a la diplomation de la maman et
il y a aussi, dans une moindre mesure, la diplomation du papa. Mais les deux
premiers, les deux plus importants, c'est le revenu et la diplomation de
la maman, le nombre d'années de scolarité de la maman, pour être plus précis.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le ministre, vous avez raison, c'est le revenu
moyen, donc on regarde le revenu moyen de l'école et la diplomation de
la maman...
Une voix : ...
Mme Rizqy : Oui, je viens de le dire, vous avez raison.
Voulez-vous une petite étoile? Mais c'est très important, ce sujet...
Une voix : ...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Rizqy : Mais
permettez-moi, parce que c'est vraiment le coeur du problème. Je vous explique.
Le revenu moyen, on peut être dans une
école, par exemple, où il y a des parents qui sont fortunés. Prenons, par
exemple, Saint-Laurent. Moi, là, j'ai
deux extrêmes : multimillionnaires et des nouveaux arrivants qui arrivent
et, comme plusieurs, commencent avec
des emplois plus petits, mais que la maman, dans son pays, a une maîtrise mais
qu'ici travaille, avec un horaire coupé, au service de garde de l'école,
à peine 15 heures par semaine. Bien, elle, vu que, dans son pays, elle a
une maîtrise, ça augmente la... ça fait que
ça cote de défavorisation, au lieu d'être, par exemple, neuf sur 10 ou 10 sur
10, elle va être plus basse.
Moi, là, je nous
invite, pas besoin de me répondre, prenez, là encore... deuxième affaire à
prendre en délibéré : on doit le
changer. Ces critères-là ne fonctionnent pas, ça ne nous donne pas l'heure
juste. Le meilleur critère, là, je vais prendre mon chapeau de
fiscaliste, c'est le revenu du ménage de chaque enfant. C'est ça qu'on doit
regarder. Mais la diplomation de la maman,
là, ce n'est pas le reflet réel de la situation économique du ménage. Ça,
prenez-le en délibéré, pas besoin de me répondre aujourd'hui, on peut
s'en reparler.
Maintenant, je veux
aller sur un enjeu qui est tout aussi important puis... au niveau de la
réussite éducative, tout ce qui est les
programmes pédagogiques. Vous savez, on a déposé, nous, un projet de loi, là, n° 391, où est-ce que nous, on veut aller plus loin. Puis je vous
explique pourquoi.
Je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion de lire Le coût des programmes sport-études, un
fardeau trop lourd pour certaines familles. Il y a un professeur ici, à l'Université Laval,
son nom, c'est Alexandro Allison-Abaunza, il a fait une étude là-dessus. Et permettez-moi juste de
faire un petit tableau. Évidemment, ce ne sont pas mes chiffres, j'ai repris
le tableau de Radio-Canada mais qui se base sur l'étude du professeur de
l'Université Laval. Suivez-moi bien.
Pour
faire du ski alpin, on parle de 12 211 $. Ça, c'est dans les écoles
publiques, là, chez nous, au Québec. Le golf, 8 520$. Moi, je n'ai jamais été bonne là-dedans. Le hockey, ça,
c'est quand même pratiqué par plusieurs, 5 000 $, ça, c'est la moyenne. Le soccer, 3 000 $. Ça,
c'est tous des chiffres dans nos écoles publiques. Le 300 $, sur une
facture de 5 000 $, pour une famille à plus faibles revenus,
ça ne changera rien, ils ne seront pas capables de payer 4 500 $.
Alors, dans nos écoles publiques, pourquoi que vous n'appelez pas notre
projet de loi pour vraiment nous assurer que tout ce qui est programme pédagogique particulier... puis
moi, je n'exclus pas l'art, là, au contraire, l'art, c'est important, puis le
programme international aussi, c'est
important, mais tous ces programmes-là pour, dans notre réseau public... Là, je
ne parle pas de financer l'école privée,
là. Moi, je trouve ça assez aberrant, là, donner de l'argent pour les projets
pédagogiques même aux écoles privées. Nous, notre projet de loi, là, ne vise que nos écoles publiques pour nous
assurer que ce soit réellement accessible à tout le monde.
Puis
regardez Leylah Fernandez, elle vient aussi d'un milieu, là, son père l'a
raconté en entrevue, modeste. Mais on ne
sait pas elle est où, notre prochaine Leylah, au Québec. Mais, si elle est dans
son école puis qu'elle n'est pas capable de payer le 5 000 $ pour du tennis... non, pardon,
13 199 $, 13 199 $ dans une... Ça, là, c'est à l'école
publique. Moi, je pense qu'on doit faire beaucoup mieux et nous assurer
que ce soit gratuit pour nos élèves dans toutes nos écoles publiques.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-Laurent. La question est posée.
Maintenant, la réponse. M. le ministre de l'Éducation.
M.
Drainville : M. le Président, à 200 $... D'abord, il y a beaucoup
de confusion sur la question des projets particuliers,
là. Souvent, dans leurs interventions, là, puis ce n'est pas un reproche, là,
mais c'est un point d'information, on va dire, là, on confond
sport-études accrédité par des fédérations sportives, qui sont essentiellement
des programmes réservés à l'élite, qui, de
façon générale, coûtent effectivement beaucoup plus cher, et des concentrations
ou des profils de projet particulier qui peuvent être profil sports,
profil arts, concentration musique, danse, etc. Dans la majorité de ces programmes de concentration ou de profils, les
projets particuliers coûtent quelques centaines de dollars. Par exemple, en
mettant la gratuité à 300 $, là, on va
payer 60 % des inscriptions dans les projets particuliers des écoles
québécoises. Pour 60 % des élèves, ça va devenir gratuit à
300 $.
Alors,
il faut faire attention, là, avant de parler des programmes à 3 000 $, puis à 4 000 $, puis à 5 000 $.
Ça, c'est des programmes sport-études
qui sont des programmes réservés à l'élite, ce ne sont pas des projets
particuliers comme ceux dont on parle ici.
Par ailleurs, la
députée de Saint-Laurent a déposé un projet de loi, M. le Président, je l'ai lu
avec attention, et ce projet de loi là
dit : Le projet de loi interdit aux centres de services scolaires de
mettre à la disposition d'une école à projet
particulier plus d'un immeuble, «sauf si ces immeubles sont situés à une
distance d'au plus 250 mètres l'un de l'autre». M. le Président, mettons qu'on a une école
secondaire publique qui décide de se créer un profil ou une concentration
hockey ou un profil ou une concentration
natation, puis il faut se rendre à l'aréna, et que l'aréna se situe à
250 mètres, à plus de 250 mètres
de l'école, à ce moment-là, avec le projet de loi de la députée de
Saint-Laurent, M. le Président, le projet particulier serait interdit. C'est la même chose pour l'aréna, même
chose pour le complexe sportif où il y a une piscine, etc.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : M. le ministre...
M.
Drainville : Je ne sais pas où elle a pris ça, cette idée-là, M. le
Président, mais c'est éminemment discutable.
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : Il reste moins d'une minute. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
À 4 ans, une fillette est refusée après un test d'admission en
maternelle publique, à son école de quartier.
C'est un article qui date du 22 avril 2022, et ça se passe ici, dans notre
belle région de la Capitale-Nationale. Si vous
m'aviez appelée — en
plus, vous avez mon cellulaire, M. le ministre, là, je suis un petit peu déçue — je
vous aurais expliqué que, si vous
lisez le projet de loi avec la Loi
sur l'instruction publique, vous
auriez vu que cet amendement-là précis
vient corriger une anomalie, qui a été, même, admise par votre prédécesseur,
qui faisait en sorte qu'un centre de services
scolaire pouvait faire une école complète de projets pédagogiques particuliers
mais exclure les enfants du quartier puis
leur dire : Vous, vous prenez l'autobus, puis, dans 1,5 kilomètre
plus loin... C'est comme ça que c'est écrit. Parce que vous devez lire
un amendement avec la loi à côté, puis, quand vous allez faire l'exercice, je
sais que c'est, des fois...
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : En terminant.
Mme Rizqy : Quand vous ferez
l'exercice, vous comprendrez, mais ça va me faire plaisir de m'asseoir avec
vous et de prendre la Loi sur l'instruction publique...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Et, bien, chers collègues, malheureusement,
malheureusement, malheureusement,
c'est tout le temps que nous avions pour ce débat. Alors, la commission
plénière ayant terminé cet échange, je
remercie les personnes qui y ont participé. Et, pour permettre à la commission
de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent se
retirer de le faire immédiatement.
Je vais suspendre,
donc, les travaux quelques instants. Merci à tous.
(Suspension de la séance à
12 h 18)
(Reprise à 12 h 24)
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Lacommission plénière poursuit ses travaux sur l'étude des crédits
provisoires pour l'année financière 2023-2024.
Habitation
Au cours de
la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre Mme la ministre
responsable de l'Habitation et
les députés d'opposition. Nous commençons par les remarques préliminaires. Je
vous rappelle qu'un maximum de six minutes
est alloué au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 min 7 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 min 2 s au deuxième
groupe d'opposition, 1 min 2 s au troisième groupe d'opposition
et 48 secondes à l'ensemble des députées indépendantes.
Remarques préliminaires
Alors, j'accorde maintenant la parole à Mme la
ministre responsable de l'Habitation. Mme la ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, M. le Président. Chers collègues députés du
gouvernement, merci d'être présents, mes collègues des oppositions, de
l'opposition officielle, merci d'être là.
Alors,
écoutez, c'est un plaisir puis un honneur pour moi, là, de me présenter devant
cette commission à titre de ministre responsable de l'Habitation afin de
défendre les crédits de la Société d'habitation du Québec et du Tribunal administratif du logement. Je suis accompagnée, à cet égard, d'ailleurs,
par des membres de l'équipe de la Société
d'habitation du Québec et du Tribunal administratif du logement.
En octobre
dernier, j'ai accepté le poste que m'a confié le premier ministre avec beaucoup
d'humilité, un grand sens du devoir et vraiment une détermination à ajouter de
l'efficience dans l'écosystème du logement social et abordable. Je ne suis pas sans savoir qu'il y a une crise du
logement au Québec, bien sûr, mais à plein d'autres endroits dans le monde,
et tout le monde se pose les mêmes questions
sur les façons de bien loger, mieux loger les populations. Alors, je peux vous
assurer que notre gouvernement est en mode
solution pour répondre à une problématique qui touche un élément très sensible
de la qualité de vie de chacune et chacun, c'est-à-dire d'avoir un lieu pour y
vivre, parce que c'est un besoin vital.
Bien se
loger, trouver le logement qui convient à ses besoins et qui correspond surtout
à sa capacité de payer est un facteur
d'épanouissement majeur pour un ménage. Depuis 2018, notre gouvernement l'a
bien compris, car nous avons investi 3,8 milliards de
dollars en habitation pour combler les besoins. Donc, l'argent est au
rendez-vous. Là, il faut faire quelque chose avec.
Le budget
présenté hier par mon collègue ministre des Finances constitue un geste fort en
ce sens. Plus de 1 milliard additionnel
de dollars est alloué à des mesures en habitation. Cette somme servira, dès les
prochains jours, à accélérer la création
de logements dans toutes les régions du Québec, car, s'il est une chose que je
répète à qui veut l'entendre depuis ma nomination comme ministre, c'est
que je tiens à ce que les projets lèvent de terre.
Le budget annoncé hier nous permettra
d'accroître et d'entretenir le parc de logements sociaux et abordables
notamment en réalisant plus de 5 250 unités. Et là on parle de
l'année 1. C'est l'argent dédié à ça pour l'année 1, donc, subventions à la brique, qui se déclinent de la
manière suivante : 303,6 millions pour 1 500 nouvelles
unités de logement abordable, dont
500 unités en collaboration avec le secteur privé; 45 millions pour
appuyer la création de 450 logements qui sont, par ailleurs, financés par l'initiative pour la création de
logements rapide du fédéral; ensuite, accélérer la réalisation de 3 300 logements qui figuraient parmi
l'arrérage, là, d'AccèsLogis. Donc, il y a une somme de 191,5 millions qui
est dédiée à ça.
Bien heureuse d'annoncer qu'il y a une somme de
5 millions qui vise la mise en place d'un projet pilote pour l'acquisition
et l'installation de 20 unités modulaires pour les besoins du milieu de la
santé.
Et finalement
on va rénover le parc d'habitations à loyer modique en y injectant
105 millions de dollars, c'est-à-dire la part du Québec selon l'entente prévue avec le gouvernement fédéral.
Donc, à cette somme s'ajoute le même montant du côté fédéral. Donc,
210 millions cette année pour la rénovation des HLM.
Par ailleurs, le budget nous permet aussi de
soutenir les ménages qui peinent à payer leur loyer en raison de l'augmentation
des coûts.
On ne peut
pas construire tout ça en six mois. Alors, il y a une aide à la personne qui
est prévue. Et donc cette aide comprend une bonification de la
composante logement du crédit d'impôt remboursable pour solidarité et
l'attribution de 2 000 unités
additionnelles du Programme de supplément au loyer. Ça, c'est
2 000 logements sociaux de plus. Le budget réserve aussi une somme de
5,8 millions de dollars pour aider les municipalités et les offices
d'habitation à répondre aux besoins
pressants des ménages sans logis, et particulièrement pour pouvoir intervenir
dans le contexte, là, du 1er juillet, si des gens se retrouvent à la rue.
Alors, ces trois mesures représentent un investissement combiné de
350 millions de dollars sur cinq ans.
Enfin,
j'aimerais souligner aussi les sommes qui sont réservées pour les communautés
nordiques, soit 24,5 millions pour la reconstruction ou la
rénovation de 15 unités sinistrées au Nunavik; un 15 millions pour
appuyer l'accès à la propriété au Nunavik;
et finalement 3,2 millions pour compléter la réalisation d'un entrepôt au
Nunavik, lequel entrepôt sert à
entreposer, là, tout ce qui est requis pour construire du logement; et
finalement 300 000 $ pour bonifier l'aide financière accordée
à la rénovation de maisons de la communauté Anicinape de Kitcisakik.
Ce budget,
chers collègues de l'Assemblée nationale, c'est l'illustration responsable et
engagée de la volonté du gouvernement de mieux loger les Québécoises et
les Québécois.
Maintenant,
la crise du logement n'est pas qu'une question de chiffres. Elle s'est bâtie
avec en toile de fond une inflation
galopante qui a fait grimper les coûts d'à peu près tous les produits, y
compris, bien sûr, les matériaux de construction. Elle s'est aussi installée sous fond de pénurie de
main-d'oeuvre et elle se nourrit de nos vieux réflexes, de nos craintes d'envisager des solutions innovantes et des lois,
des règlements et des programmes mieux adaptés, ou encore de progresser
dans nos façons de faire. Étrangement, pour mieux construire M. le Président...
• (12 h 30) •
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
En terminant.
Mme Duranceau : ...il ne faut pas
avoir peur d'abattre certains murs qui nous empêchent de voir plus grand.
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Et maintenant, pour ses déclarations
préliminaires, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Écoutez, dans ma vie antérieure, j'ai été huit ans conseillère municipale à la ville de Laval, et, toutes ces années-là,
j'étais au comité exécutif responsable des dossiers notamment de l'urbanisme,
et j'ai vu à quel point le parc immobilier,
malheureusement, s'est dégradé. Et je sais qu'il y a eu du laxisme dans le
passé, mais on le sait maintenant,
qu'il faut absolument reprendre tous les retards. Et le budget qu'on a vu hier
n'en fait pas assez, loin de là. On
parle de 105 millions, 210 millions pour la rénovation des HLM, mais
le besoin est de plus de 1,2 milliard.
J'aimerais
rappeler au gouvernement l'engagement... dans le fond, la planification
stratégique qu'il s'était donnée en
2019, c'était la planification stratégique 2019-2024, et
l'orientation 3 disait qu'il fallait accroître le rôle de l'habitation...
pardon, le rôle de l'État en habitation.
C'était très louable parce que les besoins sont immenses, et, Mme la ministre
l'a mentionné, on est dans une crise
du logement sans précédent. Et avec l'inflation ça s'empire de jour en jour.
Par contre, quand on lit dans le cahier 2, là, du budget, et je
vais vous lire le passage : «Le budget de ce programme — et là
je parle de programme Habitation — s'établit à [877] millions en
2023-2024, soit une baisse de [355] millions par rapport à la dépense
probable [de] 2022-2023.» Ce n'est pas ce que j'appellerais accroître le rôle
de l'État en habitation.
Et là, je
sais, j'ai entendu des chiffres et des chiffres, et on aura l'occasion d'y
revenir, mais moi, j'aimerais rappeler que
la... Et Valérie Plante l'a bien dit tout à l'heure en point de presse, elle a
dit : La crise du logement, c'est du vrai monde, il y a des gens. Et Mme la ministre a dit :
Si des gens se retrouvent à la rue le 1er juillet. Bien, malheureusement,
je dois lui dire : Il y aura des
gens qui se retrouveront à la rue le 1er juillet. Alors, il faut agir
vite, et actuellement, malheureusement, ce n'est pas assez, ce qu'on
voit.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Mille-Îles.
Discussion générale
Et maintenant nous allons procéder au premier
bloc d'échange avec les membres de l'opposition. Et ce premier bloc là serait Mme la députée de Mille-Îles, pour
une durée de 20 minutes, avec Mme la ministre de l'Habitation. Mme la
députée.
Mme
Dufour : Parfait. Alors, écoutez, j'aimerais qu'on nous
précise l'état de réalisation des 1 700 unités de logement du premier
appel de projets du PHAQ, qui ont été annoncées, là, en juin 2022 par
votre prédécesseur. Donc, où on en est rendu avec ces
1 700 unités là?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Mme la ministre de l'Habitation.
Mme
Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, 1 700 unités qui ont été annoncées, qui ont été
octroyées en septembre 2022,
alors là on est en diverses phases de planification. Et je tiens à rappeler que
c'est un programme, là, qui oblige
les promoteurs de ces projets-là à avoir signé un contrat avec le contracteur à
l'intérieur de 12 mois suivant l'octroi des unités. Donc, on va avoir... On est à différents stades. Et, d'ici
le mois de septembre, on va avoir 1 700 unités qui devraient
être en voie de se réaliser.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc, je comprends que
la ministre nous dit que les 1 700 seront construites en 2023?
Mme Dufour : ...comment ça
fonctionne, le domaine de la construction, là. Je veux dire, tu commences par
là te voir octroyer une subvention. Là, ils
font leur plan, ils font les appels d'offres. Alors, déjà, on oblige, à
l'intérieur de 12 mois, de signer un contrat. Alors, ça ne traînera
pas pendant trois ans, ça va être à l'intérieur de 2023-2024.
Une voix : ...
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Un instant, s'il vous plaît. Je veux juste rappeler... Je vais vous
donner la parole pour éviter qu'on devienne un peu trop...
Une voix : ...
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Oui, mais n'évitez pas... Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...répéter ma question. Donc, les
1 700 unités vont avoir un contrat et être engagées officiellement en
2023?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la ministre.
Mme Dufour :
M. le Président, ce sont les règles du programme, et, peut-être, à cet
égard-là, je peux demander à mon président de la Société d'habitation du Québec
de préciser où on en est, là, sur...
Le
Président (M. Lévesque, Chauveau) : Tout d'abord, je dois demander : Est-ce qu'il y a consentement
pour qu'il y ait une intervention? Oui.
Alors,
monsieur, j'aimerais que vous vous nommiez, vous dites votre titre, et ensuite
vous pouvez répondre à la question.
M.
Foster (Claude) : Merci, M. le Président.
Claude Foster. Je suis président-directeur général de la Société d'habitation
du Québec.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, M. Foster. La parole est à vous.
M. Foster (Claude) : Oui. Alors, en ajout à ce qu'a dit la ministre, évidemment, là, une fois
qu'ils ont l'autorisation, c'est qu'il doit y avoir la conception des plans
d'une façon très... bien, en fait, là, d'une façon réelle et non uniquement
une présentation d'un projet, et par la
suite il doit avoir toutes les autorisations municipales et tout ce qui
s'ensuit. Donc, dans la prochaine
année... En fait, ils ont 18 mois pour être capables, là, de partir le chantier,
donc avoir une pelletée de terre. Donc,
on peut penser qu'il y a des projets qui vont être amorcés en 2023 et d'autres
en 2024, parce que le 18 mois tombe sur 2024 aussi.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, M. Foster. Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, bien, écoutez, je voudrais juste vous lire
une citation de Mme Évelyne Beaudin, la mairesse de Sherbrooke, qui est un article d'aujourd'hui,
où elle dit : «Le nouveau programme d'habitation abordable du Québec,
PHAQ, est problématique, compliqué, trop
bureaucratique.» Elle cite un exemple de 500 logements abordables en
coopérative. Elle dit : «On n'est pas capable de faire aboutir ça
avec le PHAQ.»
Alors, est-ce que le
programme est adapté actuellement? Puis est-ce que vraiment on va être capables
d'aboutir à 100 % des 1 700 unités avec ce programme-là?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
Duranceau : M. le Président, on a écouté les gens, là, puis, on le
sait, la première itération du Programme d'habitation
abordable du Québec n'était pas parfaite. Elle est sortie rapidement, puis il y
a des choses à modifier, et c'est ce que les équipes de la SHQ sont en
train de travailler actuellement.
Donc,
ce que Mme Beaudin soulève, ça va être corrigé, là, dans les prochaines
semaines avec une version 2 du Programme
d'habitation abordable du Québec pour bien répondre aux besoins tant des
promoteurs communautaires que des promoteurs privés.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui.
Donc, on est déjà rendus à une version 2 du PHAQ. Peut-être qu'on aurait
pu juste mettre à jour le programme AccèsLogis avec les petits enjeux qu'il
avait.
Mais
je vais parler maintenant d'AccèsLogis. Combien y a-t-il actuellement de
logements bloqués dans le programme AccèsLogis?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre, en
réponse à la question.
Mme
Duranceau : En réponse, je suis contente que vous m'ameniez sur
AccèsLogis, là, parce que l'arrérage... L'arrérage,
vous le connaissez. Alors, il y a actuellement 6 570 unités qui sont
à diverses étapes de planification en lien avec AccèsLogis, et le budget
de mon collègue Eric Girard, hier, a permis d'injecter...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : ...mentionner vos collègues...
Mme
Duranceau : ...ministre des Finances...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Oui, c'est ça.
Mme
Duranceau : ...va permettre la réalisation de 3 300 de
ces unités-là qui sont dans le «backlog», entre guillemets, AccèsLogis.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Dufour : Donc,
3 300 logements qui sont bloqués actuellement. Là, il faut trouver un
mot français pour «backlog». Je le cherche dans ma tête, je ne le trouve pas.
Une voix : ...
Mme
Dufour : Arrérage, mais dans le... c'est ça, dans la liste
d'arrérage. Donc là, il y a comme un différentiel, là, de, quoi,
2 200 logements. Est-ce qu'ils ont été abandonnés? Est-ce qu'on va
les réaliser? Est-ce qu'il y a... C'est ça.
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Je vous en prie.
Mme
Duranceau : Alors, j'ai parlé de 6 570 qui sont à
diverses étapes de planification, que le budget, hier, va permettre
3 300... la réalisation de 3 300 unités. Par ailleurs, il y a
des sommes qu'on attend du fédéral qui vont venir permettre de combler, là, l'écart. Il y a des discussions qu'on a avec
les promoteurs des projets. Il y a des projets qui sont déjà morts, on le sait, là, ce n'est pas nous, les
projets traînaient depuis tellement longtemps que, je veux dire, il y en a qui
se sont retirés, et c'est fini. Et on regarde,
là, dans certains cas, c'est qu'il manque des documents. Alors, chacun des
projets est analysé un par un, et puis on va s'assurer, là, de régler
l'arrérage dont on a hérité, M. le Président.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Dufour : Oui. Il y a eu des engagements ambitieux dans le
passé, alors c'est normal qu'il y avait peut-être plus d'arrérage. Mais je veux juste savoir :
La ministre peut-elle me dire combien des 6 570 ont été abandonnés et ne
se feront pas?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci.
En réponse, Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui, M. le Président. Je ne vais pas dire combien,
il n'y a rien qui a été abandonné. Alors, on regarde chacun des projets, on regarde sa pertinence, on regarde si le
projet tient la route. La problématique, là, du fameux programme
AccèsLogis, M. le Président, puis je comprends que les libéraux ont été bien
ambitieux, mais ils ont dumpé de l'argent dans ce programme-là sans se soucier
de l'efficience, là. Et ce qui arrive, c'est que les gens ont déposé des projets, O.K., pas de délai, pas de délai, on met
de l'argent là, il est gelé, il n'y a rien qui sort. Ensuite de ça, les
municipalités ne sont pas au courant,
M. le Président. Les municipalités ne veulent pas nécessairement soutenir le
projet x, ils préféreraient le
projet y. Ils mettent de l'argent là-dedans, donc ils ont le droit d'être
consultés. Les projets ne sont pas attachés avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Alors, on veut des RPA, on veut des logements pour clientèles particulières,
les services ne sont pas prévus.
Alors, tu
sais, il y a une inefficience, là, dans la façon d'aborder le déploiement de
projets. Puis c'est ce sur quoi on travaille
en ce moment, pour s'assurer que toutes les ficelles sont attachées puis que
les projets vont pouvoir voir le jour. Et, si certains projets ne voyaient pas
le jour à travers AccèsLogis, bien, ils verront le jour à travers le Programme
d'habitation abordable du Québec. On
manque de logements puis on est là pour accompagner tout le monde qui a des
projets qui tiennent la route à les réaliser.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Dufour : Donc, parlons d'efficience. Dans le passé, il y
avait un programme qui s'appelait AccèsLogis, qui générait énormément...
des milliers et des milliers de logements sociaux. Et, ce programme-là, les
organismes ont tous, tous, tous unanimement
souligné... et même les municipalités, unanimement souligné qu'il devait être
maintenu mais que le principal enjeu,
c'était le manque de financement. Alors que, quand on regarde les critiques du
programme le PHAQ, on n'est pas là, on est... ça ne marche pas, c'est
compliqué, ça ne se réalise pas.
Alors là,
maintenant, juste revenir, Mme la ministre, tout à l'heure, a dit : Il y a
des projets qui sont morts. Moi, j'ai posé
la question à savoir combien étaient abandonnés. Elle m'a dit : Non, il
n'y en a pas d'abandonnés. Bien, O.K., combien il y en a qui sont morts? Dans les 6 570, elle a dit, tout à
l'heure, qu'il y en a que ça faisait tellement longtemps qu'ils sont
morts. Combien des 6 570 ne se réaliseront pas?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Mme la ministre, en réponse.
Mme
Duranceau : La réponse à ça, M. le Président : quand
l'analyse va être terminée, on confirmera combien sont abandonnés. Pour
le moment, il n'y a pas d'abandon, là, de notre part, on analyse chacun des
projets.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la députée.
Mme
Dufour : Parfait. Donc, la ministre n'a pas la réponse, on
va passer à la prochaine. Le budget... oui, c'est ça, le budget prévoit
un investissement de 191 millions supplémentaires pour finaliser, là,
justement, les 3 300 unités de logement qu'on parlait tout à l'heure,
AccèsLogis. Là, il semble justement qu'il y a des unités qui n'ont pas reçu
d'aide financière. C'est quoi, le délai pour
que celles-ci, les suivantes, reçoivent du financement? Quand est-ce qu'elles
vont être financées? Est-ce qu'on va avoir une annonce incessamment?
Parce que les demandes sont très, très grandes.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
Duranceau : Oui, merci, M. le Président. Bien, il va y avoir
plusieurs annonces, justement, parce qu'il y a de nombreux projets qui,
avec l'argent qu'on débloque, vont pouvoir voir le jour. Par ailleurs, je l'ai
mentionné, là, la balance des projets, dans
le cas d'un très grand nombre d'entre eux, on attend le règlement de nos
ententes avec le fédéral. Alors, on attend les sommes du fédéral sur ça.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Dufour : Oui. J'étais sous impression qu'on avait déjà une
entente Canada-Québec qui allouait des sommes quand même assez importantes.
Mais ma question était concernant les unités restantes, pas les 3 300, les
autres. Et j'aimerais souligner que les délais dans la réalisation de
ces unités-là, ils ne sont pas dus aux organismes, ils ne sont pas dus aux
municipalités, ils sont dus au manque de financement, et c'est ce que tout le
monde dit.
Alors, je
préférais le préciser, parce qu'encore ce matin le premier ministre a voulu
mettre le fardeau sur les municipalités. J'ai entendu la ministre dire
qu'il y a des organismes qui ne menaient pas à bout les projets, mais l'enjeu, il est financier. Et d'ailleurs on peut le
reconnaître par des sommes qui sont allouées, d'environ 58 000 $ par
unité, qui sont ajoutées. Pourquoi?
Parce que les maximums... les dépenses maximales admissibles, bien, elles
étaient trop basses. Alors, à un
moment donné, il y a comme un maximum que les... autant les gouvernements de
proximité que les organismes sont capables
de mettre dans les projets, et il était attendu que le gouvernement mette
50 % de la valeur des projets, mais l'inflation fait en sorte que les
unités ne sortent plus de terre à 200 000 $, pas du tout. Elles
sortent à 300 000 $, 400 000 $, et ça, c'est sans terrain. Ça, c'est le prix réel
de construction, puis on ne parle pas d'unités de luxe, là. Donc, c'est le
manque de financement.
Alors, je
reviens avec ma question. Quand est-ce qu'on saura ce qu'il va advenir des
autres unités, pas les 3 300, les autres unités AccèsLogis
restantes?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Mme la ministre, en réponse.
Mme
Duranceau : Oui, M. le Président. Je pense qu'il faut
comprendre c'est quoi, les ententes fédérales, là. Il y a une entente Canada-Québec pour les HLM. C'est une
entente de 2,2 milliards pour rénover les HLM entre 2018, 2028.
Et il y a par ailleurs une initiative fédérale en matière de logement,
là, qui couvre l'ensemble du pays, et le Québec négocie sa part de cette initiative fédérale là, de plusieurs milliards, et il y
a plusieurs... il y a ICRL 1, 2, 3. Là, on est en train de négocier le troisième volet, M. le Président, de
cette initiative-là, et c'est ce volet-là qui va venir financer une grande
partie, là, des projets qui sont encore dans l'arrérage.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Écoutez,
j'aimerais simplement savoir si la ministre croit que les municipalités sont
des gouvernements de proximité. Est-ce que
ce sont des acteurs, des intervenants de qualité sur le terrain? Quelle est sa
perception des municipalités?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je n'ai pas entendu.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : ...mal
entendu la question. Pourriez-vous répéter, Mme la députée?
Mme
Dufour : Mme la ministre, comment considère-t-elle les
municipalités comme gouvernements de proximité? Est-ce que ce sont des
acteurs et des intervenants de qualité sur le terrain par rapport à la crise du
logement?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Mme
la ministre.
Mme
Duranceau : M. le Président, tout à fait. Moi, les
municipalités, je les rencontre, là, depuis que je suis en poste, et il
y a beaucoup de gens très, très innovants, des gens qui veulent changer les
choses, qui veulent accélérer les choses. Puis, tu sais, on parle... Il manque d'argent, là, dans le
programme, je veux dire, il y a 3,8 milliards, là. C'est la poule
ou l'oeuf à un moment donné. S'il manque d'efficience dans le programme, bien
oui, ça coûte plus cher.
Alors
là, on a beaucoup d'argent à déployer. On va s'assurer de le déployer de
manière très efficiente parce qu'on est responsables de l'argent que les
contribuables nous confient. Puis il faut que ce soit investi de manière juste,
là, et efficace, M. le Président. Et les municipalités... d'où
l'importance, là, du Programme d'habitation abordable du Québec et sa nouvelle itération. Les municipalités ont un
rôle important à jouer, là, puis on veut qu'ils soient autour de la table avec
nous. Puis ils m'ont demandé d'être autour
de la table pour le choix des projets pour éviter de se retrouver, comme dans
AccèsLogis, avec des projets qu'ils
n'avaient pas vu venir, qu'ils ne voulaient pas soutenir puis qu'ils auraient
plutôt préféré quelque chose d'autre. Donc, moi, c'est des partenaires hyperimportants
pour moi.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Maintenant,
la perception de la ministre concernant les organismes sur le terrain, les OMH,
les coopératives, les organismes de
protection des locataires, quelle est son opinion sur ceux-ci pour la création
de logements?
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui, merci, M. le Président.
Alors, comme dans n'importe quoi, il y a des gens qui sont hyperperformants puis il y a des gens qui sont
moins performants. Puis moi, là, les offices d'habitation, les groupes de
ressources techniques, je sais qu'il y en a qui font de l'excellent travail
puis qui ont livré de superbes projets. Puis moi, je veux qu'on continue
à travailler avec les gens qui sont performants puis qui sont innovants, M. le
Président. Et c'est ça, ma vision, c'est de
travailler avec les gens qui livrent, puis qui travaillent comme il faut, puis
qui sont innovants. Et d'ailleurs j'aimerais permettre... Si vous me le
permettez...
Mme Dufour : ...des échanges de temps commun, là, madame...
elle répond beaucoup plus longuement que mes questions.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : J'essaie
sincèrement de balancer les interventions. Ça prend un petit peu plus de
temps pour répondre, mais j'essaie. Rapidement, Mme la ministre, pour permettre
l'échange après.
• (12 h 50) •
Mme
Duranceau : Non, non, ça va aller, je vous remercie.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Parfait. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui,
bien, écoutez, la réponse de la ministre, malheureusement, semble laisser
sous-entendre qu'il y a des organismes du
terrain, qui ont fait... qui ont participé probablement à des centaines de
logements sur le terrain, qui ne
seraient peut-être pas efficaces, quand, dans le fond, l'enjeu, c'est un
problème de financement. Je trouve ça un peu décevant. Mais je voudrais
souligner...
Une voix :
...
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Oui, M. le leader?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...ici, à la ministre. Ce n'est pas du tout ce que la
ministre a dit, là. Je demanderais peut-être à la collègue d'être prudente dans
ses propos.
Mme Dufour : Bien,
je ne voudrais pas qu'on prête d'intentions aux organismes.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Le
débat va bien. Je vais demander à tout le monde, s'il vous plaît, de
garder un bon ton. Ça va très bien à date. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Parfait. Écoutez, le RQOH : Un budget... Un
gouvernement désengagé. Le FRAPRU : Un Québec qui se désengage de ses responsabilités en matière
de logement social. Le FOHM, même
chose : Des milliards qui auraient pu être mieux investis. Aucune réponse à la crise du logement. Là,
ici, c'est les groupes techniques. On a les municipalités qui sont extrêmement
déçues : Le logement qui aurait été au sommet des priorités. Le
maire de Québec, la mairesse de Montréal,
la mairesse de Sherbrooke... Choc frontal entre Legault et Valérie Plante,
«insatisfaite du budget en logement», la crise du logement.
Visiblement,
tous ces gens-là à qui on fait vraiment confiance pour développer des logements
sociaux sont terriblement déçus de la
situation actuelle et des sommes qui ont été annoncées. Il faut absolument en
faire plus. Et là j'aimerais que la ministre réponde à tous ces gens-là,
à tous ces organismes-là, à tous ces maires et mairesses là.
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : Merci, Mme la députée. Il reste environ
deux minutes au bloc. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, M. le Président, j'ai des discussions avec tous ces gens-là, là. Je
comprends. Je comprends ce qui sort
dans le journal le lendemain du budget. Puis j'ai, par ailleurs, des
discussions avec eux, puis on a plusieurs projets en cours avec ces
gens-là, puis on va continuer d'en avoir.
Moi, je répète, là,
qu'il y a 650 millions du budget qui est dédié à la brique, à construire
du logement. Il y a trois... il y a un total
de 5 250 unités pour cette année, là, pour sortir de terre puis pour
lancer des nouveaux projets. Et, sur les 1 500, là, il va y en avoir
partout au Québec, O.K.? Puis, sur les 3 300 qu'on vient financer
dans l'arrérage d'AccèsLogis, il y en a aussi partout au Québec.
Alors,
on veut aider tout le monde. Puis les maires et les mairesses savent que je
suis disponible en tout temps pour discuter
avec eux, de même que les organismes communautaires, qui sont très bien
représentés avec la Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci,
Mme la ministre. Il reste une minute. Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien, écoutez, non, ce
n'est pas 1 500 logements cette année. Bien, la ministre, le premier
ministre l'ont dit, eux aussi, ça prend quatre ans, réaliser, c'est ce qu'ils
ont dit. Donc, ils supposent que c'est 1 500 qui commencent cette année, mais qui vont se réaliser sur quatre
ans. Donc, il n'y a pas... C'est 1 400... 1 500 unités. Puis, pire
que ça, dans le budget, c'est indiqué pour six ans. Alors, c'est
vraiment trop peu, trop peu pour les besoins réels.
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : Merci. Donc, en réponse, il reste
30 secondes. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, écoutez, c'est
1 500, année 1, là. Puis effectivement ça se réalise sur plusieurs
années, le déploiement de l'argent,
je ne pense pas que c'est grave, là. C'est de savoir que le gouvernement s'est
engagé à financer, an 1,
1 500 nouvelles unités, en plus de tout ce qu'on a annoncé, les
3 000 unités avec les fonds fiscalisés, le 1 700 avec le
Programme d'habitation abordable. Alors, je pense qu'on est sur la bonne voie,
M. le Président.
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : Cinq secondes.
Mme Dufour :
Bien, écoutez, non, je ne sens pas du tout qu'on est sur la bonne voie.
Puis je vais revenir tout à l'heure plus à ce sujet-là.
Le Président
(M. Lévesque, Chauveau) : Merci beaucoup. Ceci conclut ce bloc
d'échange. Et nous allons maintenant passer
à la deuxième opposition. Je vais céder la parole à M. le député de
Laurier-Dorion. Vous avez droit, pour votre bloc, de
17 min 36 s. M. le député.
M. Fontecilla : Merci, M. le Président.
Je profite pour saluer la ministre de l'Habitation de se prêter à cet
exercice-là. Je salue aussi l'ensemble des fonctionnaires qui
l'accompagnent. Ça me fait plaisir d'être ici avec vous.
Écoutez, M. le
Président, la ministre de l'Habitation a déclaré que le budget annoncé hier, en
termes... pour l'habitation, pour le
logement, là, c'était un geste fort de la part de la CAQ. Malheureusement,
cette déclaration-là ne semble pas
convaincre grand monde au Québec, là, qui s'attendait véritablement à ce que le
gouvernement de la CAQ réponde de façon substantielle à la crise du
logement qui traîne depuis quelques années et qui affecte l'ensemble du Québec,
là.
J'aimerais vous lire
quelques citations, quelques réactions, là, provenant principalement du monde
municipal, qui sont les premiers concernés par cette crise de logement, là.
Bien,
pour Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l'Union des municipalités du
Québec, il dit, et je cite : «On se serait attendu à ce que ce soit
une priorité.» Ce n'est pas avec ça qu'on va résorber la pénurie de logements
qui sévit partout dans toutes les régions du
Québec, là. Pour le maire de Québec, le budget de la CAQ ne passe même pas la
note de passage : un cinq sur
10 pour lui, là. Et, pour Mme Valérie Plante, qui affirme que la CAQ
a choisi d'ignorer la crise du logement,
là, elle nous dit que «je suis obligée de dire — Mme Plante — que
le gouvernement du Québec [a] fait le choix
d'ignorer la crise du logement». Et elle ajoute : «Ne pas investir de
nouvel argent dans le logement social et communautaire, ça force les villes, les organismes communautaires
et tous les partenaires à trouver des solutions d'urgence. Des solutions
d'urgence dans la rue, dans le métro, dans
les refuges, dans les organismes communautaires... Ça ne tient pas la route.»
C'est ça, la véritable conséquence du
manque d'investissement, du manque de volonté politique, là, du dernier budget
de la CAQ.
Par
contre, la CAQ a décidé d'octroyer des baisses d'impôt très, très
substantielles, de 2 milliards de dollars par année, là, aux mieux nantis de la société
québécoise, là, pour la plupart des gens, des gens qui n'ont pas véritablement
besoin de cet argent-là. Et, pour une seule année,
2 milliards de dollars, là, la ministre aurait pu financer un grand
chantier de construction de logements sociaux, de 50 000 logements
sociaux.
La
question que... Je vais commencer par cette question-là : Pourquoi la
ministre a choisi de baisser les impôts des plus riches au lieu de
répondre aux besoins de logement des gens qui en arrachent en ce moment au
Québec?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Mme la
ministre, en réponse.
Mme Duranceau : Oui, M. le Président. Bien, écoutez, moi, je suis très satisfaite, là,
du budget de mon collègue, du
ministre des Finances en matière d'habitation. C'est 1 milliard de
dollars qui est remis dans l'habitation. Et on parle de 3,8 milliards depuis 2018. C'est un acte de
foi, là, d'avoir remis un autre milliard. C'est de s'attendre à ce que la
ministre de l'Habitation livre malgré ce qui n'a pas été fait avant
notre gouvernement, là, puis du manque d'efficience dans ce système-là. Donc,
je pense qu'il y a une belle confiance dans la ministre de l'Habitation de la
part de mes collègues.
Et je réitère, 1 milliard, ce n'est pas rien.
Là-dessus, il y a 350 millions qui est de l'aide à la personne, O.K.?
294 millions, c'est le crédit
d'impôt pour solidarité, qui est un crédit d'impôt remboursable et qui va aider
1,8 million de personnes. Il y a
2 000 unités de PSL
additionnel, c'est 2 000 logements sociaux additionnels. Et par
ailleurs je vais raccourcir ma réponse, 650 millions qui va à la construction ou à la rénovation, c'est la
brique, ça, là, des nouvelles unités, 5 250 cette année. Alors,
très contente.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la ministre. M. le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le Président. J'aimerais ça que la ministre revienne sur sa
décision annoncée dans une entrevue,
là, de la fermeture, la mise à mort du programme AccèsLogis, là, qui a fait ses
preuves depuis plus des 30 ans, qui
a construit quand même plus de 30 000 logements. Elle ne s'est pas
véritablement expliqué, là, sur la mort d'AccèsLogis, là. J'aimerais ça
qu'elle nous dise pourquoi elle a décidé de fermer ce programme qui a fait ses
preuves, quand même.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : M. le Président, avec plaisir, avec grand plaisir. Puis, tu sais, je
comprends, là, que la nouveauté, ce
soit insécurisant, puis là, ah! nouveau programme, puis tout ça, mais,
savez-vous, M. le Président, les Québécois, là, que ça s'appelle AccèsLogis, que ça s'appelle le PHAQ, ça s'appelle
AccèsLogis 2.0, là, ils n'en ont rien à foutre. Ce qu'ils veulent,
là, c'est que les logements sortent puis qu'on soit efficients dans notre façon
de livrer de l'habitation pour les Québécois, M. le Président.
Alors,
AccèsLogis a livré des belles choses. On garde les points forts d'AccèsLogis,
puis on bâtit là-dessus, puis on ajoute de la souplesse dans le programme, de
l'efficience. Et puis ça me fera plaisir d'énumérer tous les éléments,
M. le Président, mais c'est ça, la logique.
C'est que, là, à un moment donné, il y a une crise, ça ne peut plus continuer
comme ça allait, il faut faire autrement puis être plus efficient.
Le Président (M.
Lévesque, Chauveau) : Merci. M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : Allons-y donc sur le concret et la réalisation des
logements. Déjà, il y a quatre ans, en 2018, la CAQ avait promis de réaliser
l'arrérage non réalisé par l'ancien gouvernement libéral, qui, à l'époque,
s'établissait à 15 000. En quatre ans,
ils ont, de peine et de misère, réussi à livrer, selon les chiffres, autour de
6 000 logements. Il en reste 9 000. Aujourd'hui, la
ministre nous dit qu'il y a autour de...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) : Je m'excuse, M. le député, je suis désolé. Il est
13 heures, alors je vais devoir
interrompre la discussion. Les travaux et les discussions sur ce bloc pourront
se poursuivre à 15 heures, cet après-midi.
Compte
tenu de ce fait et compte tenu de l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à
15 h 02)
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
avant de reprendre les travaux de la commission, je vous informe que trois
débats de fin de séance se tiendront demain le jeudi 23 mars 2023, à
13 heures. Le premier débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de l'Emploi concernant
l'absence de mesures structurantes pour
lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre dans le budget 2023-2024. Le
deuxième débat portera sur une question
adressée par M. le député de Maurice-Richard à M. le ministre des Finances concernant
l'appauvrissement de nos services
publics. Et le troisième débat portera sur une question adressée par M. le
député de Taschereau à Mme la ministre des Affaires municipales
concernant la déception des villes face au budget.
La
commission plénière poursuit ses travaux sur l'étude des crédits provisoires
pour l'année financière 2023‑2024. Nous poursuivons l'échange entre
Mme la ministre responsable de l'Habitation et les députés de l'opposition.
Je
cède maintenant la parole à M. le député de Laurier-Dorion, en vous indiquant
qu'il vous reste 11 min 35 s à votre bloc. M. le député.
M. Fontecilla : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, on continue l'étude des crédits sur les annonces faites en
habitation dans le dernier budget, là, un
budget qui a été... dont la principale nouvelle, c'est une baisse d'impôt de
2 milliards de dollars,
permanente, alors qu'il y a de grands besoins en termes d'habitation, qu'on
aurait pu très bien financer un grand chantier de construction de
logements sociaux.
Mais j'en étais plus
précisément, là, au décompte, le fameux décompte de la dette historique du
gouvernement de la CAQ, là, en termes de
construction de 9 000 logements... 15 000 logements sociaux. On
va se rappeler, là, il y avait, en
2018, il y avait la promesse de réaliser 15 000 logements sociaux. Le
premier ministre nous a informés qu'il y en avait 9 000 qui étaient
soit construits ou en cours de construction. Là, c'est... il y a une ambiguïté
et détails, là, je reviendrai plus précisément, là.
Faisons
un peu d'arithmétique : 15 000 moins 9 000, il en reste
6 000. Là, la ministre nous dit qu'elle va financer, qu'elle met de
l'argent là — insuffisant,
largement insuffisant, selon la ville de Montréal — pour en construire
3 300, si je ne me trompe pas. Donc, 9 000 plus 3 300, ça fait
12 300, si je ne me trompe pas. Elle est où, la balance?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui,
merci, M. le Président. Bien, comme j'ai répondu tantôt, la balance, il y a une
portion, on attend le financement du
fédéral dans le cadre de ICRL-3. On est en discussion, là, puis ça devrait se
régler prochainement. Donc, il y aura
du financement additionnel là. Et on attend aussi des sommes additionnelles du
fédéral, là, on va attendre leur
budget la semaine prochaine, dans le cadre du FNCIL, qui est le Fonds national
de co-investissement en logement. Donc, là aussi, il y a des sommes qui
vont venir compléter les montages financiers.
Puis ce n'est
pas tous des projets où il manque de l'argent. Il y a des projets où il n'y a
pas de terrain, il y a des projets où
il y a... tu sais, il manque un paquet d'affaires, où il n'y a pas de... il n'y
a pas d'assentiment, là, des... voyons, pas des enjeux locaux, mais il
n'y a pas d'assentiment de la communauté locale pour que le projet aille de
l'avant. Donc, la balance de ces projets-là,
3 000... 3 240, on les regarde un par un pour voir ce qui va arriver
avec ça. Le but, c'est d'en sortir... c'est de les sortir, là. Merci, M.
le Président.
M. Fontecilla : J'aimerais
préciser, le but, c'est d'en sortir la balance, les 15 000 logements
sociaux, tel que vous l'avez... tel que c'était la promesse?
Une voix : ...
M. Fontecilla : Très bien. Et je constate, dans le document
budgétaire, là, que, bien, évidemment, il y a 191 millions de dollars qu'on... pour accélérer la réalisation
de 3 000 logements sociaux, alors que la ville de Montréal considère
qu'il en faudrait presque le double
pour ne sortir que les logements qui sont situés sur le territoire de Montréal.
Donc, on se demande comment la ministre va faire avec si peu d'argent,
là, pour sortir les 3 300 logements, là.
Mais je vois, dans le document, là, budgétaire,
là, qu'il n'y a pas de budgétisation pour les autres, on attend l'argent du fédéral. Très bien. J'espère que vous
allez obtenir un paquet d'argent, et que cet argent-là va être destiné à la
construction de ces... de la balance dont on
parle, là. Mais pourquoi vous n'avez pas budgété au moins la partie du Québec,
là, pour qu'on... Parce que, pour
l'instant, ces logements-là sont perdus dans la nature, et il est très probable
qu'à cause de toutes sortes de problèmes, dont des problèmes
budgétaires, ou autres, ils ne soient jamais réalisés.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci, M.
le Président. Écoutez, comme je vous dis, ils ne sont pas perdus, là, je veux dire, ils étaient perdus parce que le gouvernement
précédent ne s'en est pas occupé. Là, on a fait l'inventaire de tout cet
arrérage-là, et on sait de manière bien précise, projet par projet, ce qu'il
manque. Et, s'il manque de l'argent du fédéral, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'argent du Québec déjà gelé dans
ces projets-là. C'est la beauté d'AccèsLogis, on gelait de l'argent là-dedans
puis on attendait que ça sorte. Alors là, il y a un travail très minutieux qui
est fait pour décortiquer ce qu'il manque dans chacun des projets, puis
dans les prochaines semaines on va avoir un portrait très clair de la
situation.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député.
M. Fontecilla : Merci.
Donc, dans les prochaines semaines, est-ce que Mme la ministre s'engage à
rendre publiques ces informations-là dans les prochaines semaines?
Mme Duranceau : M. le
Président, je l'ai mentionné il y a déjà plusieurs semaines de ça, là, il va y
avoir des tableaux de bord qui vont être disponibles puis qui pourront être
visités, là, par tout le monde, puis vous allez voir la progression à l'égard de tous les projets puis que... où ils sont
rendus, dans quelle région administrative, qui est derrière le projet.
Alors, ça va être accessible à tous, vous pourrez suivre ça live.
M. Fontecilla : J'ai
hâte de voir ces tableaux de bord dans quelques semaines. Écoutez, j'aimerais
aller vers la grande innovation,
supposément, de la CAQ en matière d'habitation. Donc, on abandonne le logement
social, du logement social construit
par les communautés... qui demeure sur la propriété de la communauté à très
long terme et qui assure à très long terme des logements à faible prix, on s'en
va vers le logement abordable sous une formule privatisée où ça n'appartient
pas aux communautés, où les loyers ne sont pas assurés à des bas loyers à long
terme, donc une formule très, très, très fragile, en attendant que,
peut-être, il va y avoir une construction plus rapide, là.
Mais
j'aimerais aborder avec Mme la ministre, là, la notion d'abordable. Qu'est-ce
que c'est, un logement abordable, pour
elle? Pour un quatre et demie, là, qu'elle nous dise, dans une zone spécifique
particulière, par exemple à Québec ou à Montréal, elle peut choisir,
qu'est-ce que c'est, un loyer abordable.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, d'abord,
M. le Président, je voudrais rectifier, là, il n'y a absolument pas d'abandon du logement social, là. Quand on a promis
11 700 nouvelles unités de logement, bien, là-dessus, il y a
7 200 unités qui vont bénéficier
du PSL, du programme de subvention au loyer. Ça, c'est une subvention à la
personne, qui vient se juxtaposer à la subvention à la brique et qui a pour
effet de créer du logement social. Alors, je pense qu'hier, dans le budget,
on a annoncé un 2 000 unités de PSL,
justement, pour permettre plus rapidement de créer du logement social pour les
gens qui en ont besoin.
Alors, je pense qu'il faut faire
attention, il n'y a absolument pas d'abandon de logement social, il y a une
façon de faire qui est comme celle
qui existait dans AccèsLogis, hein? Ceci dit, le PSL, ça existait, dans
AccèsLogis, et ça continue d'exister,
et ça peut s'appliquer à des logements existants, M. le Président. Donc, on
vient tout de suite aider les gens qui en ont besoin.
M. Fontecilla : Si Mme la ministre
pouvait répondre à ma question... Qu'est-ce que c'est, un logement abordable?
Un quatre et demie à Québec, là, ça coûte combien? Qu'est-ce que c'est, un
loyer abordable?
Mme Duranceau : Écoutez, la notion
d'abordabilité, là, ça dépend de la taille du logement, ça dépend de la ville,
ça dépend de l'âge de l'immeuble. Ça fait que je ne vais pas donner un chiffre
spécifique, là, il y a une grille, là, de loyers abordables que vous
pouvez consulter sur le site de la SHQ, là, et...
M. Fontecilla :
...j'aimerais ça qu'elle nous...
• (15 h 10) •
Le Président
(M. Benjamin) : Si vous permettez, M. le député de Laurier-Dorion,
donc, on... Mme la ministre termine sa réponse. Allez-y, Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui. Non, c'est bon, c'est bon. Merci, j'ai terminé.
Le Président
(M. Benjamin) : Parfait. M. le député.
M. Fontecilla : J'aimerais ça qu'elle
nous dise quelle est son opinion lorsque... Par exemple, un loyer de
1 700 $ par mois pour un quatre et demie, à Québec, est-ce que
c'est un loyer abordable?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : M. le Président, il faut
connaître le milieu de l'immobilier, là. Ça dépend de l'âge de l'immeuble,
ça dépend des services offerts dans la
bâtisse, ça dépend où cet immeuble-là est situé. Alors là, moi, je ne vais pas
me faire coincer dans le coin, là, à
dire que 1 700 $, c'est bon ou ce n'est pas bon. Ça dépend d'un
ensemble de facteurs. Puis nous, M.
le Président, on est là pour aider les contribuables qui en ont besoin puis les
locataires qui en ont besoin. Puis le PSL est, d'ailleurs, une... et le programme d'allocation... d'aide au logement
sont deux mesures qui sont là pour aider directement les citoyens.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. J'aimerais aborder maintenant les budgets qui sont
disponibles pour la rénovation des
habitations à loyer modique, là. Je vois ici, dans les tableaux du budget, là,
qu'il y a une somme de 105 millions de
dollars, qui correspond à la partie du Québec, là, et on nous explique qu'il y
aurait une somme équivalente qui
s'ajoute, des fonds provenant du gouvernement fédéral. Et il y a un déboursé,
là, de 105 millions juste, seulement pour l'année 2023-2024. Il n'y a plus rien jusqu'à
l'année 2027-2028. Et j'aimerais ça qu'elle nous explique... Tout en
disant que, selon l'Office municipal
d'habitation de Montréal, il faudrait, au minimum, un montant de
150 millions de dollars par année, pendant 10 ans, pour
arriver à rénover le parc de logements sociaux délabrés seulement de la ville
de Montréal. Ça n'inclut pas les besoins
dans le reste du Québec. Est-ce qu'elle pense que ces 105 millions de
dollars, ce qui est la part du Québec, vont suffire à rénover les parcs
de HLM du Québec?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci, M. le Président. Alors, deux choses.
105 millions, qui est la part du Québec cette année, et qui sera... puis
il y aura le même montant du fédéral, ça, ça vient de l'Entente Canada-Québec
sur le logement, et c'est une entente
qui prévoit 2,2 milliards de dollars, O.K., 1,1 du Québec, 1,1 du
fédéral, entre 2018 puis 2028. Vous n'êtes
pas sans savoir que le fédéral ne fait pas son chèque de 1,1, puis il ne nous
laisse pas aller avec ça comme ça, là, alors ça doit être négocié. Ça va
se déployer à travers un programme, là, puis on est en train de finaliser
l'entente avec le fédéral là-dessus. Et puis
les sommes, cette année, c'est 105 millions, l'année prochaine, ça va être
une somme similaire, là, et ce,
jusqu'en... puis ça va être une somme probablement plus haute, là, pour se
rendre jusqu'en 2028, où il y aura eu une rénovation complète de tous
les HLM, M. le Président.
Le Président
(M. Benjamin) : 30 secondes.
M. Fontecilla : ...je dois comprendre, M.
le Président, qu'on ne peut pas établir les sommes qui viendront les années
subséquentes parce que le Québec ne connaît pas les montants qui seront alloués
par le gouvernement fédéral. Il me semblait que ces sommes étaient connues, là,
parce que l'entente a été signée, n'est-ce pas?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui. M. le Président, je... d'abord, le fédéral... Effectivement, la somme
c'est 2,2, total, ça fait que le
montant total est connu. Le déploiement annuel, je vous demanderais la
permission de laisser le président de la Société d'habitation du Québec
donner ce détail-là au niveau du déploiement. C'est une question très
opérationnelle.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qui nous est imparti, donc voilà. Alors, nous allons
maintenant poursuivre l'échange avec Mme la ministre de l'Habitation, cette
fois-ci, avec le troisième groupe d'opposition. Vous disposez, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, de six minutes.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, Mme la ministre, d'être présente
pour répondre à nos questions sur le
logement. C'est la question du jour, je pense. La crise du logement sévit dans
toutes les régions du Québec. Le taux
d'inoccupation est à son plus bas, et dans toutes les régions, la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, partout, puis je me demande ce que le budget apporte
réellement, là, pour résoudre la crise.
Mais
je voudrais d'abord, avant de vous poser ma première question sur le budget,
permettre la réponse à la question de
mon collègue, parce que je voulais aussi aborder la question des HLM. Parce
que, selon notre compréhension des choses, là, la dégradation de la qualité des HLM continue. On nous parle de
500 portes barricadées. On dit que le déficit, là, d'entretien est
passé de 393 millions à 592 millions, et là on va mettre
105 millions. Et plus on va attendre — on dit qu'on attend l'argent du fédéral — plus la dégradation va s'accentuer, plus le nombre
de barricades, de portes barricadées va augmenter. Pourquoi on n'agit
pas maintenant, quitte à avoir l'argent du fédéral plus tard?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Je vais demander la permission pour que mon collègue de la SHQ vous réponde
pour qu'on puisse aller de manière technique, là, sur ça.
Le Président
(M. Benjamin) : Consentement? Allez-y.
M. Foster
(Claude) : Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Benjamin) : Peut-être nous indiquer votre nom, votre titre.
M. Foster
(Claude) : Claude Foster. Je suis
président-directeur général de la Société d'habitation du Québec. Donc, ce qu'il est important de dire, c'est qu'il
y a une base qui est l'entente Canada-Québec. Alors, cette année, on parle
de 105 millions multipliés par deux, ce
qui fait 210 millions, part provinciale, part fédérale. Par la suite, vous
rajoutez à ça 300 millions pour
cette année, qui viennent du RAM régulier, qui vient du RAM partageable ou
unilatéral, donc qui vient de
différents financements, là, qui sont gérés, soit parce que vous êtes encore
sous convention, donc vous avez des bâtiments qui ont encore des ententes fédérales-provinciales, ou soit parce que,
bon, la convention est terminée, donc, à ce moment-là, on va l'utiliser
sous un autre fonds. Alors, cette année, on parle de plus de 500 millions.
Donc,
lorsqu'on regarde d'ici 2028, vous allez avoir une entente à
2,2 milliards, et on rajoute à ça des montants qui vont faire qu'au
total on va arriver à 3,9 milliards. Donc, pour ce qui est du
décaissement, le décaissement est amorcé. Encore la semaine dernière, on
faisait un décaissement de 25 millions envers différents projets pour
effectivement être capable d'avancer les
travaux à l'intérieur de bâtiments qui... malheureusement, on a été obligés de
barricader parce que l'état de
vétusté était trop important et on avait une problématique par rapport à la
sécurité des occupants. Dans d'autres cas, on est capable, même s'il est coté E, de bien l'habiter, parce qu'on a
des investissements à faire sur cet immeuble-là qui correspond à plus de 30 % de la valeur
immobilière de l'immeuble, mais il reste qu'il est tout à fait habitable. C'est
qu'on a une toiture à faire dans cinq ans, on a des fenêtres à faire aussi
prochainement ou un drain agricole qui fait qu'on l'a coté E, mais il
est tout à fait correct pour habiter. Mais c'est un indice qui nous permet,
nous, à prioriser les bâtiments.
Et
vous avez raison, là, ce qu'on doit s'assurer, là, c'est que les
investissements qu'on va faire, même si on parle de 510 millions,
qu'on soit capable de les orienter vers les priorités et non par rapport à des
budgets qui sont répartis par nombre de logements.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le député.
M. Arseneau : Merci. Compte tenu du peu
de temps que j'ai, je vais changer de sujet, puis revenir au portrait global,
et m'adresser à Mme la ministre, qui, le 9 février, avec l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale, a adopté une motion, une motion, donc, qui
disait essentiellement que l'Assemblée nationale «exige du gouvernement du
Québec d'assumer [la] mission de
l'État — là,
eu égard au logement — par
la mise sur pied d'un plan d'action en matière d'habitation». Moi, c'est
ce que j'aurais voulu voir hier, là, à travers les priorités budgétaires du
gouvernement, un plan d'action.
C'est
pour quand, ce plan d'action, pour qu'on comprenne où s'en va la ministre?
Parce que, là, j'ai l'impression qu'on
est plus mêlés que jamais dans les explications à gauche et à droite, ça s'en
vient, ça ne s'en vient pas, c'est là, c'est le passé, c'est l'arrérage,
ça... On peut-tu savoir c'est quand, le plan? Rassurez-nous.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Merci, M. le
Président. Je ne vous blâme pas. Je ne vous blâme pas. Il faut comprendre les chiffres, effectivement. Alors, hier, c'était le
budget. Donc là, c'est de l'argent pour des unités. Puis on ne rentrera
peut-être pas
dans tous les chiffres. Et un plan d'action, il y en a effectivement un qui est
en cours, un plan d'action qui va sommariser, si vous voulez, les actions bien concrètes, là, qui seront posées dans
la prochaine année pour faire avancer les choses. Alors, ça aussi, ça va être des grosses semaines. Ça va
être disponible prochainement aussi. Ça va me faire plaisir de le partager
avec vous.
M. Arseneau : En tout respect, M. le
Président, un plan pour tenter de s'attaquer à la crise du logement sur une
période d'un an, ça ne fait pas très
sérieux. On vient de le dire tout à l'heure, là, que d'élaborer un financement
puis peut-être les plans et devis, ça
peut prendre d'un à deux ans. Et là on vient d'entendre la ministre nous
dire que le plan d'action pour régler
la crise du logement, c'est sur un an. Pouvez-vous nous expliquer comment on va
pouvoir comprendre vers où s'en va le
gouvernement sur la période du prochain mandat pour atteindre ses objectifs,
qui sont très faibles et peu audacieux, de 11 700 logements?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
• (15 h 20) •
Mme Duranceau : Merci. Bien là, je ne
vais pas tout dévoiler aujourd'hui, là, en Chambre, alors que tout ça est
en train de se peaufiner, mais il y a
effectivement des actions très court terme et il y aura des actions qui seront
posées pour le moyen terme et le long terme. Et puis ça, ça exige d'être
innovant, puis de faire appel à d'autres stratégies de financement, puis d'avoir d'autres joueurs autour de la table
pour que les choses fonctionnent. Puis c'est une question qui est,
effectivement, comme vous le disiez,
sur toutes les lèvres. Ça fait que je pense qu'il faut sortir de la boîte aussi
dans les stratégies, puis elles vous seront partagées dès que
je le pourrai.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement, c'est tout le temps qui était
réservé pour vous, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Nous allons maintenant passer au bloc de l'opposition officielle pour cet
échange de huit minutes. Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le Président. Nous avons pu lire que la ministre souhaitait
désormais réserver le tiers des unités
au privé. Et, dans un article que j'ai lu, elle soulignait qu'ils assument les
dépassements de coûts au privé, ce qui n'est pas le cas avec les organismes
sans but lucratif. Donc, ma question pour la ministre, c'est : comment
vont-ils maintenir les loyers bas,
abordables en cas de dépassements de coûts? Parce qu'au privé personne ne
construit à perte. Alors, est-ce que ça
va faire en sorte que les ententes devront être écourtées et que, finalement,
les logements seront abordables moins longtemps? J'aimerais la réponse
de la ministre.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Oui. Merci, M. le Président. Effectivement, le 500, le 500 unités avec le
privé, c'est pour innover, c'est pour faire
différemment, puis c'est surtout pour limiter les risques du gouvernement du
Québec. Le projet AccèsLogis fait en... faisait en sorte que... et puis
c'est la même chose, là, au niveau de certaines des unités du PHAQ, mais que le
gouvernement demeure responsable sur toute la durée du prêt, des dépassements
de coûts puis des déficits d'entretien des immeubles, alors... puis aussi au
niveau de la construction, là. Puis on le voit, là, avec l'arrérage.
Donc,
c'est pour se coller sur ce qu'on a fait avec les fonds fiscalisés. On donne
une subvention, il y a des conditions rattachées à ça, il y a des
conditions d'abordabilité qui doivent être maintenues dans le temps. Et,
au-delà de ça, c'est le partenaire avec qui
on fait affaire qui doit livrer à l'intérieur des coûts qu'il voudra. Mais,
nous, notre contribution, elle est celle qu'on détermine au début. Puis
je pense que ça, ça va ajouter de l'efficience dans le processus.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, M. le Président. Bon, j'ai, j'ai mes bémols, là, sur cette
affirmation-là. Et on verra les résultats du PHAQ, parce que, jusqu'à
maintenant, on n'a pas eu d'assurance que les 1 700 unités de l'année
passée vont vraiment sortir de terre. J'ai posé la question plus tôt et
je n'ai pas eu cette réponse-là.
Je vais revenir sur
une affirmation que la ministre a faite plus tôt aujourd'hui en disant que les
2 000 PSL, bien, c'étaient
2 000 logements sociaux, comme si on venait d'ajouter
2 000 logements sociaux. Mais, dans les faits, il n'y a pas de
nouveau logement disponible. Et donc la pénurie est telle, les niveaux de...
Actuellement, là, la... Les taux d'inoccupation sont extrêmement faméliques. Dans certaines régions, notamment en...
Dans les... Aux Îles-de-la-Madeleine, en Gaspésie, on est à moins de 1 %. Alors, c'est bien beau,
vouloir offrir des PSL, mais, s'il n'y a pas de logement de disponible, ça
ne donne pas un toit.
Et
là je vais poser des questions assez simples. En 2021, 2022, il y a eu des PSL
qui ont été annoncés : Est-ce qu'on peut connaître les nombres des PSL annoncés et combien ont trouvé
preneur? Est-ce qu'ils ont été utilisés à 100 %, les PSL annoncés
en 2019, en 2020, en 2021, en 2022?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Alors, comme je
disais, les PSL, ils viennent se juxtaposer à des nouvelles constructions.
Donc, s'il y a des nouvelles unités et puis qu'il y a une demande qui est faite
d'avoir une subvention au logement, bien, selon le nombre d'unités en construction, le même nombre de PSL peut
venir se greffer. Alors, c'est vrai dans AccèsLogis, c'est vrai dans le
PHAQ.
Puis,
si vous regardez, hier, là, il y a 2 000 PSL qui ont été annoncés,
1 500 nouvelles unités. Ça fait que j'ai théoriquement un 500 unités de PSL qui pourraient aller sur des
logements existants, parce qu'on en voit, des organismes qui achètent des bâtisses, ils les sortent de la
logique du privé et ils veulent maintenir les loyers bas pour ces logements-là.
Donc, le PSL peut devenir un très bon outil
pour créer du logement social à même un immeuble existant, M. le Président.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, M. le Président. Effectivement, au lieu d'investir dans la
brique, le PSL permet d'investir dans les personnes. C'est plus facile, ça
permet d'avoir des résultats peut-être plus rapides pour le gouvernement.
Mais, en réalité, c'est qu'il n'y a pas de
logement disponible, je le répète. D'ailleurs, très préoccupant, les mises en
chantier, on voit, dans les
perspectives économiques du budget, elles déclinent, elles s'en vont en
descendant, elles chutent, alors que la population augmente, donc, un écart qui
se creuse selon les perspectives mêmes du gouvernement, alors que la SCHL
nous disait qu'il fallait au moins
100 000 unités de logement supplémentaires en surplus de ce qu'on
construit déjà pour arriver à atteindre un équilibre.
Et la ministre
elle-même disait, il y a quelques semaines, qu'il fallait construire beaucoup,
beaucoup, beaucoup de logements pour qu'on
ramène l'abordabilité, mais là il n'y a rien ici, là, dans ce budget, qui aide
à construire plus. Puis, même, les perspectives
du gouvernement vont que l'écart va se creuser encore plus. Alors, j'aimerais
comprendre la ministre. Ça s'en va où, tout ça?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Duranceau :
Merci. Bien, écoutez, 5 250 nouvelles unités, là... Je comprends
qu'il y en a qui avaient été annoncées
avant-hier puis il y en a qui sont annoncées hier, là, mais il demeure que, sur
l'ensemble du Québec, dans ce que le
gouvernement finance, il y a 5 250 nouvelles unités qui vont être en
branle, sans compter ce qui est déjà en chantier. Donc, comme je vous l'ai dit à plusieurs reprises,
il y a de l'argent. Il y a un manque d'efficience. Il faut faire débloquer tout
ça, et c'est ce sur quoi je travaille.
Quant au secteur
privé, je suis évidemment en discussion avec eux. On regarde c'est quoi, les
façons de faire. Un autre exemple du budget,
là, on a annoncé 5 millions. Vous allez me dire : Ce n'est pas un
énorme montant. C'est pour un projet pilote pour construire des unités
modulaires dans des régions où on veut accueillir des infirmières.
Ça
fait que c'est ça, sortir de la boîte, là, c'est penser à plein de nouvelles
façons de construire. Puis ça, c'est un premier projet qui va faire des petits, puis il y aura d'autres choses.
Alors, moi, c'est un premier budget, c'est une première année. Déjà 5 250 unités, là, dans le
collimateur... et je travaille avec de nombreux groupes pour arriver avec
d'autres solutions pour accélérer les choses.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée.
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Écoutez, 5 250 unités... Bon, on l'a démontré, là, les vraies
nouvelles unités, c'est 1 500,
mais ça reste que c'est insuffisant. Il y a 37 000 familles, ménages
sur la liste d'attente pour les logements sociaux, mais juste le déficit de logements construits,
là... Actuellement, là, les loyers, là, ils explosent. Pourquoi? Parce qu'il y
a une demande plus grande que l'offre.
Alors,
d'offrir des PSL en dehors des projets, là, de logements sociaux, c'est une
excellente idée, mais la réalité, c'est
qu'il y a des propriétaires qui choisissent les locateurs qui vont recevoir...
les locataires, plutôt, les locateurs choisissent les locataires, et, malheureusement, quand ils ont
le choix entre quelqu'un qui va être avec le PSL ou quelqu'un qui sera sans PSL, ils choisissent la personne sans PSL. Ça
arrive souvent. On l'a entendu, il y a des cas de discrimination. Alors, c'est
important d'investir dans le logement social. C'est déplorable que la ministre
ait choisi de se retirer complètement... que le gouvernement ait choisi
de se retirer complètement du logement social.
On
s'est lancés tête première dans seulement le logement abordable, mais même la
ministre n'a pas pu nous expliquer c'est
quoi, du logement abordable, parce qu'à 1 700 $ par mois, je peux
répondre à la ministre, ce n'est plus abordable pour personne. Alors, ce n'est pas du logement
abordable, à 1 700 $, et malheureusement c'est ça qui se qualifie
actuellement comme du logement abordable dans plusieurs régions.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
Mme la députée, c'est tout le temps qui était réservé pour cet échange. La commission plénière ayant donc terminé
cet échange, je remercie toutes les personnes qui y ont participé pour permettre à la commission de poursuivre sa séance.
Je prie toutes les personnes qui doivent se retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 29)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Benjamin)
: Alors, la commission
plénière poursuit ses travaux sur l'étude des crédits provisoires pour
l'année financière 2023‑2024.
Santé
Au
cours de la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le
ministre de la Santé et les députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 min 7 s au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 1 min 2 s au deuxième groupe d'opposition et
1 min 2 s au troisième groupe d'opposition.
Remarques
préliminaires
J'accorde
immédiatement la parole à M. le ministre pour ses remarques préliminaires.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Alors,
merci beaucoup, M. le Président, et je salue mes collègues du gouvernement mais
aussi de l'opposition dans un processus
aussi rigoureux que les budgets et les crédits. Alors, merci beaucoup d'être là
aujourd'hui.
En fait, je vous dirais puis je dirais aux
Québécois en même temps que, pour nous, en santé, je pense qu'on a eu une
marque de confiance assez importante de notre gouvernement d'avoir les
ressources et les moyens de nos ambitions, parce que, dans un budget qui a été très rigoureux, on l'a vu ce matin
en discussion au salon bleu, que l'augmentation des dépenses sur une base, là, qu'on appelle
ministérielle, elle est de 7,7 % par rapport à l'an dernier, alors c'est
quand même une augmentation importante qui fait passer les dépenses en santé à
une augmentation, et 3,6 % pour la deuxième année, alors plus de 11 % pour les deux années à
venir, c'est vraiment une marque de confiance de la part de notre gouvernement,
mais aussi envers les Québécois, qui
méritent la transformation du réseau de santé que l'on veut faire. Alors, je pense
que c'est important de le
reconnaître, puis je remercie les membres de notre gouvernement de nous faire
cette confiance-là.
J'aimerais
aussi saluer le travail de mes collègues, la ministre qui m'accompagne dans ça,
Mme Bélanger, mais aussi le
ministre responsable des Services sociaux. Et j'aimerais prendre quelques
minutes, M. le Président, si vous permettez, de parler un petit peu de nos engagements électoraux, parce que nos
engagements électoraux, c'est toujours important pour nous, au
gouvernement, de les respecter. Puis je vous en nomme quelques-uns.
Et,
quand je disais tout à l'heure qu'on a les moyens de nos ambitions, on a parlé
beaucoup, depuis ce matin, de Santé
Québec, mais on a parlé aussi de la plateforme Votre Santé. Les gens ont
beaucoup aimé, là, Clic Santé, mais on veut aller beaucoup plus loin, parce qu'un jour il y aura la télémédecine
dans la prise de rendez-vous qu'on va faire, et c'est le genre de moyen
qu'on va avoir avec ce qui nous a été donné.
On
a pris un engagement, en campagne électorale, d'améliorer ce qu'on appelle le
transport héliporté. On le sait que, souvent, dans certaines de nos régions, il
est difficile d'avoir le bon temps de réponse lorsque le kilométrage est
entre 75 et 300 kilomètres. Et je vous
dirais que d'avoir maintenant les ressources... On a un montant assez important
qui a été mis pour qu'on puisse, en région, avoir des hôpitaux émetteurs vers
les grands centres, les hôpitaux récepteurs, comme les Sainte-Justine de
ce monde, etc. Ça, c'est important aussi.
Un
renforcement de nos effectifs. Je n'irai pas dans le détail, mais on a parlé
beaucoup de ce qu'on a déjà commencé à faire avec des cliniques IPS, qui nous
permettent justement d'avoir un meilleur accès à la première ligne, et on
a annoncé qu'on en aurait une vingtaine de
plus. Des offres de répit pour les parents handicapés. Et, pour ma collègue,
justement, qui est la ministre déléguée à la Santé, le soutien à
domicile, encore plus important, pour les aînés.
Maintenant,
j'aimerais dire aussi que ce qui fait qu'on a eu, puis je pense que les
Québécois commencent à le réaliser... ce qui
fait qu'on a eu peut-être cette confiance-là du gouvernement à travers tout ce
qu'il nous reste à faire, c'est parce qu'on a eu, puis je le dis souvent...
on a eu des succès, des succès, depuis le dépôt du plan santé.
• (15 h 40) •
Et, M. le Président,
même s'il nous reste beaucoup à faire, on le reconnaît, je pense que c'est
important de regarder ce qui a été fait. On
peut penser au guichet d'accès, les fameux GAP, qui fonctionnent. J'ai parlé
d'un début de télémédecine, mais on n'est pas encore où on veut être
avec Votre Santé, mais la télémédecine, on l'a autorisée aux médecins, là, suite au succès qu'il y a eu durant
la pandémie. J'ai parlé des cliniques de première ligne, j'ai parlé aussi de
la cellule de crise. Et, lorsqu'on a des
enjeux spécifiques, je pense qu'on a été capables, comme on l'a fait durant la
pandémie, de mettre des petits groupes ensemble qui refusent de travailler,
maintenant, en silo et qui s'occupent, comme on l'a fait pour la cellule de crise pour les urgences, pour
regarder des mesures de fluidité, pour offrir des alternatives aux urgences,
comme on a fait à Maisonneuve-Rosemont, pour
répartir le volume sur d'autres joueurs, donc, d'être capables de travailler
beaucoup plus en équipe, comme on l'a fait durant la pandémie, puis, ça, je
pense que c'est un changement de paradigme qu'on va continuer.
Et,
ce matin... Puis là j'allais dire : Je me trompe souvent. Je fais
référence au député de Maisonneuve-Rosemont, alors que je devrais dire que
c'est le député de Rosemont, mais je voyais la belle nouvelle, ce matin, d'une
initiative qui a été commencée à l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, justement, qui permet à des gens qui ont été hospitalisés
de retourner plus rapidement à la maison et d'être surveillés dans les
conditions de sécurité. Puis, encore une fois, c'est justement des situations
difficiles où on manque de places qui ont permis à des professionnels... Puis,
je pense, les Québécois ont peut-être vu cet article-là ce matin. C'est très
encourageant d'avoir cette innovation-là, puis on va continuer à le faire.
On a des grands
enjeux de ressources humaines, on a fait des choses assez importantes, là, qui
vont faire... engager des infirmières, mais
je répète... puis on aura la chance d'en reparler beaucoup dans les prochains
jours, parce qu'on travaille sur le
projet de loi n° 10 pour encadrer les agences, mais je dirais que
les négociations, M. le Président, que ma collègue au Trésor fait en ce moment pour améliorer les conditions de
travail, notamment, des infirmières sont excessivement importantes dans
nos succès des prochaines semaines.
Le
Président (M. Benjamin) : Malheureusement, c'est tout le temps
réservé.
M. Dubé : Parfait,
c'est tout. Merci.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre. Est-ce que le représentant de l'opposition officielle, M. le
député de Pontiac... Est-ce que vous souhaitez faire des remarques
préliminaires?
M.
Fortin : Juste rapidement, M. le
Président.
Le Président (M.
Benjamin) : Allez-y, M. le député.
M.
André Fortin
M.
Fortin : Juste pour saluer tout le monde
et les remercier d'être ici, bien évidemment, mais pour dire au ministre qu'on
n'est pas insensibles aux sujets qu'il a amenés. Les sujets qu'il a évoqués
sont ceux qu'on va discuter aujourd'hui, là.
Il nous a parlé de technologies. Il nous a parlé du préhospitalier. Il nous a
parlé de l'accès à la première ligne. C'est
là-dessus qu'on va tabler, et on aura des questions directement en lien avec ce
qui a été présenté hier, mais aussi avec ce qui se passe en ce moment dans le réseau. Le ministre fait référence
à certaines initiatives positives, qu'il voit comme positives et qui le
semblent, mais il y a des gens, encore, et il n'est pas sans le savoir, qui ne
sont pas satisfaits du réseau et qui
ont encore beaucoup de questions quant à l'impact des mesures gouvernementales
sur leur accès au réseau. Alors, c'est là-dessus qu'on voudra passer la
prochaine heure, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Est-ce que je comprends que le représentant du premier... deuxième groupe
d'opposition, M. le député de Rosemont, vous souhaitez intervenir en remarques
préliminaires?
M. Marissal :
Non, je vais garder mon temps pour les échanges. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Benjamin) : Non? Parfait.
Discussion générale
Alors,
nous irons, à ce moment-là, avec un premier bloc d'échange entre le député de
Pontiac et M. le ministre de la Santé. M. le député de Pontiac.
M.
Fortin : Pour 20 minutes?
Le Président (M.
Benjamin) : Pour 20 minutes, voilà.
M.
Fortin : Très bien. Merci, M. le
Président.
Bon,
on va commencer par la base, là. On est là pour des crédits. Alors, on va
regarder les chiffres. J'entendais le ministre,
tantôt, nous parler de son 11 %. Est-ce qu'il peut me dire les dépenses
par portefeuille, qui sont bien écrites, bien élaborées, là, dans le
budget? Est-ce qu'il peut nous dire, pour son ministère, quelles sont les
dépenses prévues pour l'année 2023‑2024?
M. Dubé : Est-ce
que vous les faites sur une base de portefeuille ou vous les faites sur une
base de programme?
M.
Fortin : ...ministérielles, Santé et
Services sociaux.
M. Dubé : Tel
que présenté dans le...
M.
Fortin : Tel que présenté. J'aimerais
juste avoir le chiffre que le ministre a comme budget.
M. Dubé : Bien,
on est à... Bien, écoutez, je vais prendre le document, si vous me permettez,
là, parce que... Donnez-moi juste une petite
minute, parce que, souvent, vous avez les questions sur des bases de
programmes, et là vous me les donnez
ici sur une base consolidée, qu'on appelle consolidée. Donc, c'est de l'ordre
de 59 milliards, mais peut-être que je demanderais à monsieur...
M.
Fortin : À la page H.42. Ça se trouve
à la page H.42.
M. Dubé : Oui,
c'est ça. Oui, ce n'est pas le document devant moi, là.
M. Fortin : Ah!
bien sûr, mais, M. le ministre, vous voyez ma déception. On est aux crédits
provisoires du budget, puis vous n'avez pas votre budget.
M. Dubé : Bien, c'est parce que je l'ai
donné à quelqu'un tout à l'heure. Je pourrais bien...
M.
Fortin : ...
M. Dubé : Pardon?
M. Fortin : Non, ça va. Je vous laisse le temps de trouver vos
documents.
M. Dubé : Vous êtes bien gentil. Il
y a quelqu'un qui va me le donner.
Une voix : ...
M.
Dubé : O.K., mais c'est parce que, sur cette feuille-là,
il n'y a pas le total. Donnez-moi le document. O.K., la page...
Pouvez-vous me l'amener, s'il vous plaît? Merci beaucoup. Ce ne sera pas long,
M. le député.
M. Fortin : Ça va. C'est à la page H.42.
M. Dubé : Ça m'apprendra à donner
mon livre. Oui, oui, c'est bon, ça.
M. Fortin : ...questions sur le budget, au budget.
M.
Dubé : Ce n'est pas le bon document, ça. Non, non, donnez-moi
le budget du ministre des Finances d'hier. C'est ça. C'est ça que j'ai
besoin.
Des voix : ...
M.
Dubé : C'est parce que ce matin, quand il y a eu une
question au premier ministre, j'ai donné les chiffres, pour avoir les
bons chiffres.
Merci, M. le député. Alors, je disais, Santé et
Services sociaux, pour... Vous voulez savoir l'année 2023‑2024?
M. Fortin : Oui.
M. Dubé : 59 015 000 000 $.
On s'entend?
M. Fortin : Parfait.
M. Dubé : Et, 2024,
60 275 000 000 $.
M. Fortin : Alors là, vous allez m'expliquer, M. le ministre, là. C'est
une augmentation, entre 2023-2024, 2024-2025,
de 1 260 000 000 $. C'est ça? Vous êtes bon en chiffres, je
sais que vous êtes bon en chiffres, je sais que vous aimez ça. Alors,
comment est-ce que vous êtes arrivé à 3,6 %? C'est le débat que le premier
ministre a eu ce matin, là. Expliquez-moi ça.
M.
Dubé : Bien, premièrement, je vous dirais que c'est
sûrement les bons chiffres, parce que c'est de mon collègue le ministre
des Finances.
M.
Fortin : Oui, parce que moi, si je divise
60 275 000 000 $ par 59 millions, donc par le chiffre
de base, là, on va avoir 2,1 %.
M. Dubé : Bon. Le chiffre dont vous
parlez, puis, écoutez, là, je vais sortir ma calculatrice parce que vous me demandez d'aller dans ce détail-là, est-ce que
vous êtes en train de me dire que ce chiffre-là est soit pas bon ou c'est le
pourcentage qui n'est pas bon? Est-ce que c'est ça que vous dites?
M. Fortin :
Non. Ce que je vous dis, là, M.
le ministre, c'est que ce n'est pas vrai que vous avez 3,6 %
d'augmentation l'an prochain. Si vous regardez à la page d'à côté, là,
vous allez voir, ça le dit, là : «Sans [un certain redressement], la croissance observée pour 2024‑2025
est de 2,1 %.» 2,1 %, c'est ça que vous avez pour 2024-2025. Parce
que, dans l'année 2023-2024, ça,
c'est les notes du ministre des Finances, là, il l'a dit lui-même, votre
chiffre de 2023-2024 est basé sur des
montants forfaitaires prévus dans l'offre salariale gouvernementale. Donc,
forfaitaires, des montants qui sont un «one-shot
deal», pour utiliser vos anglicismes, là. Je ne veux pas me faire rabrouer
comme le premier ministre, mais, parce que vous vous permettez de dire «top gun»,
«shaker», je vais me permettre la même chose.
M. Dubé : Moi, je dis ça?
M. Fortin : Ah! juste une fois ou deux.
M. Dubé : Moi, j'ai dit ça, moi?
M. Fortin : Mais il y
a quand même...
M. Dubé : Bien,
écoutez, monsieur...
M.
Fortin : Est-ce que vous êtes d'accord
avec moi, là, que, si vous regardez la note n° 2 dans
le tableau H.18, c'est 2,1 %, l'augmentation, l'an prochain?
M. Dubé : M.
le député, ce que j'aimerais vous dire... Là, vous me demandez de parler du
budget. Puis là je vais reprendre vos
mots : On est ici pour les crédits. O.K. C'est deux choses complètement
différentes. Et ça, vous savez ça aussi, là. Est-ce que vous voulez...
M. Fortin :
...du budget,
je ne peux pas croire que vous n'êtes pas prêt à parler du budget le lendemain
du budget.
M. Dubé : Bien, écoutez, vous m'avez dit : On va
commencer par la raison pour laquelle on est ici, on va parler des crédits,
puis vous me demandez de sortir le livre des budgets. On peut jouer sur les
mots longtemps, M. le député, là.
M.
Fortin : ...de m'expliquer le 2,1 %.
M. Dubé : Alors là, j'ai des gens qui vont me sortir la
différence. Mais, moi, ce que je vous dis, c'est que la façon dont on négocie
nos budgets et nos crédits avec le ministère des Finances et le Conseil du trésor, c'est lorsqu'on y va par programme. Et ça, vous savez ça très
bien aussi. Et nos programmes sont passés de 49 milliards à
52 milliards. Et ça, M. le député,
c'est une augmentation de 10 %, de 10 %. Alors, dans les prochaines
minutes, je vais me faire expliquer la différence
au niveau du portefeuille ministériel, qui est la base du ministère des
Finances, mais, comme vous savez très bien
que la base des crédits se fait sur les programmes... Alors, on peut... Si vous
voulez passer du temps là-dedans, ça va me faire plaisir, j'adore les
chiffres.
M. Fortin : ...que
le premier ministre a utilisé, que vous avez utilisé dans votre exposé,
d'entrée de jeu, vous avez dit 11 %, 7,7 % plus 3,6 %.
M. Dubé : ...dans
la même phrase, je vous ai dit dans la même phrase que, sur une base des
crédits, c'est 10 % avant COVID puis
sans COVID. Alors, quand j'aurai l'explication, M. le député, pour vous sauver
du temps, parce que vous avez sûrement d'autres questions...
M.
Fortin : O.K. Parfait.
M. Dubé : On va mettre ça en différé. Puis, quand j'aurai la
bonne réponse là-dessus, on reviendra sur le budget, et non sur les
crédits.
• (15 h 50) •
M. Fortin : Ça
marche. O.K. Là, M. le Président, j'ai fait un petit tour des... on a parlé de
la première ligne tantôt, là, j'ai
fait un petit tour des urgences ce matin : Papineau, 192 %
d'occupation; Hull, 148 %. Ça, c'est dans ma région. À Montréal, quasiment tous les hôpitaux sont dans le
rouge : Douglas, Royal Victoria, 167 %; LaSalle, Lakeshore,
160 %; le Général, 155 %; l'hôpital pour enfants
St. Mary's, Notre-Dame, le Jewish, 150 %; le CHUM, Fleury, en haut de
130 %; Montérégie, Sorel, Suroît, 180 %;
Anna-Laberge, 166 %. Dans les Laurentides, Mont-Laurier est à 180 %; à
Saint-Eustache, à 175 %. Puis là je pourrais continuer. Il y en a
qui sont en haut de 200 %.
Là,
je veux savoir, là : Est-ce qu'il considère que ses interventions, jusqu'à
maintenant, là, sont un franc succès pour réduire le temps d'attente et le
pourcentage de gens sur les civières aux urgences? Est-ce qu'il considère que
c'est un succès?
M. Dubé :
Il y a deux choses que j'aimerais préciser. Nous, ce qu'on a regardé, à la
cellule de crise, ce n'est pas uniquement le taux d'occupation dont vous parlez
sur les civières. Parce que, là, ce que vous me dites, là, il y a combien
de civières, en théorie, dans une urgence X,
30 civières? Puis, une journée, y a-tu 45 personnes? Puis vous prenez
ça, puis c'est le ratio du pourcentage dont vous parlez. Ça, c'est un
des facteurs.
Comme
vous le savez très bien, M. le député, parce que vous suivez très bien nos tableaux
de bord, la cellule de crise
travaille beaucoup plus sur la fluidité, c'est-à-dire à quelle vitesse on est
traités à l'urgence, soit du côté ambulatoire et soit du côté civières.
Ambulatoire, c'est quand on marche à l'urgence où il y a à peu près les deux
tiers de nos patients qui arrivent à pied.
Mais... Non, mais... Parce que vous me posez une question, vous me dites
d'expliquer les pourcentages. Je
continue. Le tiers des patients arrive en ambulance. Ce tiers des patients là,
ça, c'est le taux d'occupation dont vous parlez parce qu'on parle des
occupations des civières. Mais je répète, les deux tiers des patients arrivent
à pied, ambulatoires, et là les temps
d'attente sont d'environ 4 heures, on a réussi à les baisser d'une heure
depuis... on va appeler la fin de la pandémie,
et on a réussi à baisser... puis dans l'ensemble de toutes les urgences, de
baisser le temps, ce qu'on appelle le DMS,
la durée moyenne de séjour, qui a atteint jusqu'à 20 heures, on l'a baissé
maintenant à 17 heures en moyenne. Ce que vous me dites, par
exemple...
M.
Fortin : ...
M. Dubé : Oui.
M. Fortin : ...équivalent,
à peu près, là.
M. Dubé : Très
bien.
M. Fortin : Parfait.
Le ministre veut qu'on regarde le temps. Il trouve que c'est un facteur
important. Je n'ai pas de problème
avec ça. En ce moment, sur civière, le temps d'attente à l'hôpital du
Lakeshore, c'est 51 heures. Pouvez-vous me l'expliquer?
M. Dubé : Parce
que... et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a des discussions avec nos médecins
spécialistes, entre autres, c'est que, là,
je vous ai dit que le temps moyen sur civière pour l'ensemble du réseau, c'est
18 heures, O.K.? Alors, il y a
des gens qui ont des très bonnes pratiques dans plusieurs de nos hôpitaux puis
qui ont des temps d'attente sur civière qui est à peu près notre cible,
entre 12 et 14 heures, sur civière, je parle, là, je ne parle pas de
l'ambulatoire dont je parlais tantôt. Vous
me suivez. Là, vous me prenez probablement ceux qui sont les moins performants
pour un ensemble de raisons.
M.
Fortin : À deux jours et quelques, là, je
vous dirais qu'ils ne sont pas performants.
M. Dubé : Oui,
oui, mais je le dis souvent, M. le député, je ne défendrai pas l'indéfendable.
Quand on prend les deux extrêmes de gens qui
sont très performants à 12 heures puis d'autres qui ne le sont pas à
50 heures, je vous redis quand même que la moyenne est à
18 heures. Maintenant...
M.
Fortin : Le patient, il ne vit pas la
moyenne, là.
M. Dubé : Non,
mais attendez...
Le Président (M.
Benjamin) : M. le ministre, M. le ministre, allez-y avec votre
réponse.
M. Dubé :
Merci, je l'apprécie. Ce que je veux vous dire, c'est qu'on a discuté avec la
FMSQ. On a dit : On a fait une
analyse très détaillée avec les gens qui sont en urgence, avec la cellule de
crise. On leur a dit une chose : Expliquez-nous pourquoi les différences sont si grandes. Puis,
vous savez, une des raisons pour laquelle... Je ne dis pas que c'est la seule,
une des raisons, c'est que, lorsque vous
êtes pris en charge par un urgentologue à l'urgence, O.K., ça, c'est la
première personne que vous voyez, le
temps de prise en charge est à peu près de deux heures. La grande différence du
temps d'attente, c'est combien ça prend de temps voir un spécialiste,
hein? Vous le savez, là, ça, c'est... et là c'est là-dessus qu'on travaille. Parce qu'on dit, entre autres, aux spécialistes...
je ne dis pas que c'est juste eux autres, mais il y a des urgences — je
termine, M. le député — il
y a des urgences, comme le Lakeshore, où il n'y a même pas de spécialiste la
nuit. Alors, s'il n'y a pas un
spécialiste la nuit sur place, alors quelqu'un qui va arriver à 4 heures,
l'après-midi, et que le spécialiste est parti, bien, ce n'est que le
lendemain matin, peut-être, qu'il va être capable de voir un spécialiste, et
ça...
Le Président (M.
Benjamin) : Si vous permettez, M. le ministre, on va permettre de
poser une question.
M.
Fortin : Le patient qui se présente au Lakeshore, là, ou à
n'importe quel autre hôpital, là, lui, il n'a aucune idée s'il y a un spécialiste de nuit, s'il n'y en a pas. Lui, là, il se
présente à une urgence sous la responsabilité du CIUSSS, du ministère de la Santé, du ministre de la Santé,
puis là, en ce moment, là, celui qui s'est présenté à Pointe-Claire, il y a
51 heures d'attente. Alors, sachant ça,
parce que vous les connaissez comme le fond de votre poche, vos tableaux de
bord, vous le saviez avant que je
vous pose la question que c'était 51 heures. Qu'est-ce que vous faites
spécifiquement pour le Lakeshore, sachant qu'il y a du monde qui
attendent 51 heures, aujourd'hui, là?
M.
Dubé : Vous, vous suivez ça
très bien, M. le député, vous savez très bien que ma réponse est la suivante.
Je me suis assis avec les
spécialistes puis j'ai dit : Comment on va régler ça, parce qu'en ce
moment vous me dites que vous êtes capable de le régler et ça ne se
règle pas? Il y a des... Si on a été capable... Non, non, mais, si on a été
capable de passer de 20 h à 17 heures,
c'est parce qu'il y en a qui se sont améliorés, mais ceux qui ne sont pas
améliorés, on est rendus à la deuxième phase, puis de dire : Quel
est le rôle du gestionnaire local, pour dire : M. le médecin, est-ce que
vous pourriez rentrer des gens de votre
équipe de nuit? Parce qu'on ne peut pas accepter de laisser quelqu'un
50 heures... Alors, on est en discussion,
entre autres, avec les spécialistes pour être capable de voir comment on peut
diminuer et suivre les meilleures pratiques qu'on a dans plusieurs de
nos urgences à ceux qui ne l'ont pas fait encore.
M. Fortin : Vous
n'avez jamais eu de discussion avec la FMSQ ou avec d'autres sur
spécifiquement, là, comment on améliore le temps à cet hôpital-là?
M. Dubé :
...
M.
Fortin : O.K. Alors, qu'est-ce que vous
faites, à cet hôpital-là?
M. Dubé : Bon, alors... Puis j'essaie de faire ça rapidement
parce que vous n'avez pas beaucoup de temps, mais c'est des bonnes questions
que vous posez. Quand on a fait la cellule de crise, on a regardé... — ce
qu'on appelle une cellule stat, là — il y
a 15 urgences à Montréal sur lesquelles on s'est concentrés, dont le
Lakeshore. Et, dans le Lakeshore, on a
dit : Maintenant, est-ce que le problème est à l'entrée, pendant le
traitement du patient, ou est-ce qu'on ne le laisse pas sortir assez rapidement de l'hôpital? Le
Lakeshore, en ce moment, je vous le dis, un des grands problèmes qu'on est en
train de régler, c'est le temps de consultation du spécialiste. Est-ce qu'il
est disponible de nuit? Est-ce qu'il est disponible pour un... Est-ce qu'un médecin qui est de garde, c'est
suffisant au Lakeshore avec les volumes qu'ils ont? Et c'est tout ça que
ce groupe de travail là est en train de faire. Mais, comme je vous ai dit bien
d'autres fois, M. le député, moi, je ne peux pas
les soigner. Alors, j'ai dit au docteur Oliva puis à son équipe : Là, là,
on s'est amélioré de trois heures en moyenne, ce n'est pas suffisant. Les urgences qui sont en ce
moment dans le rouge, notamment pour leur DMS, on va avoir, avec la
cellule de crise, je dirais, des actions très précises. Et c'est ça que Dr Oliva
doit me revenir dans les prochains jours.
M.
Fortin : Mais ça, cet exercice-là, là,
vous le savez qu'il a déjà été fait là. En 2021, sous votre gouvernement, je
pense même que vous étiez ministre à ce moment-là, il y avait Dre Berger
Pelletier, là, qui a fait le tour des 25 pires urgences du Québec, puis là pas juste celles du Grand Montréal, là, les
25 pires, puis je pense qu'il y avait l'Hôtel-Dieu ici, à Québec, il y avait Hull et Gatineau, en
Outaouais, puis il y en avait plusieurs dans le Grand Montréal, je pense,
Granby et quelques autres, mais
jamais, à partir de ce moment-là... Et ce que je comprends, c'est que la
docteure, quand elle s'est penchée là-dessus,
elle a fait une analyse de chaque hôpital puis une série de recommandations
pour chaque hôpital. Je me trompe?
M. Dubé : C'était
avant la pandémie. Mais continuez, continuez.
M.
Fortin : Oui, bien, ce n'était pas...
C'était avant la pandémie?
M. Dubé : Ah!
oui, oui.
M. Fortin : Mais,
n'empêche, c'est les mêmes hôpitaux qui ont les mêmes enjeux aujourd'hui, là.
Je vous sors les 25 pires urgences, ça va se ressembler, O.K.?
M. Dubé : Tout à fait, mais je vous dirais, puis je pense
que vous allez être d'accord, il ne manquait pas les infirmières dans le réseau
qui manquent aujourd'hui, là. Quand Dre Elyse Berger... qui est
excellente, qui vient de l'Hôtel-Dieu, elle est maintenant au CHUL,
cette dame-là a fait une excellente analyse, mais, quand elle a fait son
analyse puis, dans chacune des 25 dont vous
parlez, elle a fait des recommandations, mais le principal problème, à part,
tantôt, je vous ai dit, il y a le temps de consultation, mais c'est le nombre
d'infirmières disponibles qui font du 24/7. Parce que lorsque que vous me
parlez des urgences, ce n'est pas juste un groupe de médecine familiale qui
fait du 8 à 4, on le sait, c'est des gens qui travaillent
de soir, de nuit, les fins de semaine. Alors, en ce moment, l'autre enjeu,
tantôt j'ai parlé des temps de consultation, bien, c'est le nombre d'infirmières qui est sur le plancher. Alors,
c'est sûr que Mme Berger, qui a fait un excellent boulot, elle
n'avait pas le facteur trois ans de pandémie que l'on a maintenant.
M. Fortin : O.K.
Alors, je vous soumets, dans ce cas-là... Puisque vous dites : Il y avait
une analyse, ça a changé avec la pandémie. Là, ce que vous me dites, c'est que
le comité que vous avez en place, là, il est en train de regarder les
15 plus grandes urgences, là...
M. Dubé : Ça,
c'est le Grand Montréal. 15, c'est le Grand Montréal.
M. Fortin : ...dans
le Grand Montréal. Est-ce qu'à ce jour vous avez le même travail que
Mme Pelletier avait fait, c'est-à-dire une analyse et des
recommandations pour chacune de ces urgences-là?
M. Dubé : Oui,
puis, je vous dirais, encore plus détaillée que dans le temps de
Mme Berger.
M. Fortin : Pour
la bonne gouverne de tout le monde ici, est-ce que c'est possible d'avoir
l'analyse et les recommandations pour chacune de ces 15 salles
d'urgence là?
• (16 heures ) •
M. Dubé : Je
pourrais regarder ce qui est disponible, là, parce que moi, je le regarde avec
M. Daniel Desharnais sur une base régulière,
là, ce qu'on appelle notre statutaire sur les urgences. Je pourrais regarder qu'est-ce
qui est disponible qui pourrait être montré, mais vous allez voir qu'un
des... Mais je vais regarder pour voir ce qui pourrait vous être disponible. Vous savez, je suis transparent avec
les données, ça fait que je n'ai pas de problème. Mais ce que je veux vous
montrer, c'est que c'est vraiment un enjeu
de personnel. Alors, moi, quand... J'ai le rapport de M. Bergeron, qui a
remplacé Dre Opatrny, maintenant. M.
Bergeron fait un excellent boulot, mais lui, il regarde puis il dit : Bon,
maintenant, est-ce que j'ai toutes
les conditions gagnantes à Lakeshore? Est-ce que j'ai le bon personnel? Est-ce
que j'ai le nombre de médecins spécialistes?
Est-ce que mes tests rentrent en temps avec Optilab? Il y a plusieurs choses.
Je vais regarder qu'est-ce que je pourrais partager avec vous.
M.
Fortin : Oui. Mais parce que ce... je
vous...
M. Dubé : Mais
c'est une analyse qui est assez détaillée, en tout cas.
M. Fortin : Mais je
vous avoue que ce serait utile dans un enjeu de transparence, que vous semblez
vouloir améliorer, parce que, oui, il y a
des enjeux de ressources humaines, mais l'enjeu de ressources humaines du
Lakeshore, ce n'est pas le même enjeu de ressources humaines à Sainte-Justine,
par exemple.
M. Dubé : Pas
du tout, pas du tout, pas du tout.
M.
Fortin : Ils ont des enjeux, ils ont des
tests, ils ont des examens différents, ils ont des besoins différents.
M. Dubé : Vous
avez raison.
M. Fortin : Alors,
d'être capable de savoir pourquoi ça n'avance pas beaucoup au Lakeshore puis
que ça avance peut-être ailleurs, je
pense qu'il y a... envers la population qui se présente à ces urgences-là, il y
a une analyse qui pourrait nous être profitable, comme parlementaires,
mais leur être profitable également.
M. Dubé : Regardez,
ce que je pourrais... M. le Président, là, je comprends très bien la question,
puis, comme il y a un groupe de travail
là-dessus, il y a énormément de documentation. Je vais voir si... ce qu'on
pourrait trouver qui serait, disons, comestible. Je peux-tu dire ça, là?
M.
Fortin : Avec les, quoi, dernières deux
minutes, M. le Président, est-ce qu'on...
M. Dubé : Avec
quoi?
M.
Fortin : Avec les deux dernières minutes,
est-ce qu'on peut avoir réponse à la première question sur le...
M. Dubé : Mais là je veux savoir où on en est rendus dans
l'analyse, là. Est-ce que vous pouvez partager ça avec moi? Vous allez
me dire ça? S'il vous plaît.
Des voix :
...
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce que c'est quelqu'un d'autre que vous qui prend la
parole, M. le ministre?
M. Dubé : Je
ne sais pas encore. Je vais regarder c'est quoi, la réponse.
Le Président (M.
Benjamin) : Sinon...
M. Dubé : Peut-être
M. Coubat peut répondre. Allez-y, M. Coubat, si...
M. Coubat
(Pierre-Albert) : Oui. Bonjour, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
avec le consentement? Vous permettez? Vous indiquez votre nom et votre
titre.
M. Coubat
(Pierre-Albert) : Oui. Bonjour, M. le Président. Bonjour à tous et
toutes. Pierre-Albert Coubat, sous-ministre adjoint, financement, allocation
des ressources et budget au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Donc,
dans le fond, on parle vraiment d'une croissance consolidée, donc, au niveau
des dépenses de portefeuille, de 7,7 %, là, en Santé et Services
sociaux, en 2023‑2024 par rapport à la dépense consolidée de portefeuille 2022‑2023,
excluant les dépenses... le volet COVID-19,
puisqu'on n'a plus de volet COVID-19 en 2023‑2024. Puis le 2,1 %
auquel on faisait référence tout à
l'heure, là, c'est ce qui est prévu pour 2024‑2025 par rapport à 2023‑2024,
puis c'est là qu'on disait que, dans le fond, si on exclut les éléments non
récurrents liés au post-COVID en 2023‑2024, on est à 3,6 %. Mais là on se projette dans longtemps, là, parce qu'il va y avoir
un budget, là, avant 2024‑2025. Donc, avant de parler du taux de croissance 2024‑2025
versus 2023‑2024, on aura un budget entre-temps.
Le Président (M.
Benjamin) : ...
M.
Fortin : Sauf que... Pardon?
10 secondes?
Le Président (M.
Benjamin) : 10 secondes.
M. Fortin : Oui.
Dans vos notes explicatives, là, vous le dites clairement, que c'est 2,1 %
si vous enlevez les facteurs non récurrents, comme des primes temporaires.
Alors, le ministre ne peut pas ajouter le 7,7 % au 3,6 %, nous dire
que 11 %, ça...
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
malheureusement, c'est tout le temps qui nous est imparti pour ce bloc
d'échange. Nous allons maintenant passer au deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Rosemont, vous disposez de 17 min 36 s.
M.
Marissal : Merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues, et
bonjour aux gens qui nous accompagnent pour
faire notre boulot ici aujourd'hui. M. le ministre, c'est le député de
Maisonneuve-Rosemont qui a une question. Ça ne vous surprendra pas, c'est un marronnier, ça revient année après année.
Je vous pose la même question. J'ai bien hâte de ne plus la poser. Puis, Maisonneuve-Rosemont, ça s'en
vient-u? Parce que, dans le budget, encore une fois, dans le PQI, planification,
il n'y a pas de nouveaux... de nouveaux
montants, il n'y a pas d'échéancier. Je comprends que vous avez dû faire des
choix. Rapidement, là, vous en êtes où, là?
M. Dubé : Bien, écoutez, moi, je pense que c'est un dossier
qui avance bien. Est-ce qu'il avance aussi vite que je voudrais, M. le
député? La réponse est non. Mais il y a une chose, j'ai rencontré un groupe de
médecins à Maisonneuve-Rosemont il y a deux
semaines, vous êtes au courant. Je leur ai dit : C'est une décision, on ne
calcule plus en années, on calcule en semaines.
Moi,
ce que j'ai dit, j'ai voulu expliquer que... Puis je pense que vous comprenez
très bien le processus, puis je sais qu'il y a de ces gens-là qui écoutent
aujourd'hui. Je leur ai dit : Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de
développement dans le PQI, qui est au
31 mars 2023, là, ce qui est dans quelques jours, que le dossier de HMR ne
progresse pas bien. Au contraire, il
progresse très bien. Je continue de dire qu'il y aura 720 chambres dans un
hôpital qui... dont la confirmation du montant va se faire dans les
prochaines semaines. Et j'espère que c'est à l'intérieur d'un mois ou deux
maximum.
Pour
être capable de faire ça, vous savez qu'on est en ce qu'on appelle dossier
d'affaires, mais le dossier d'affaires commence à être assez avancé, puis je...
pour être capable de prendre cet engagement-là que j'ai pris il y a quelques
semaines. J'ai eu des discussions avec nos
gens aux approvisionnements il y a encore quelques jours. Il y a ce qu'on
appelle un CT qui est en préparation,
et on va être capable de confirmer qu'il y aura un montant x qui va être...
Et le montant et la confirmation
apparaîtront dans le PQI soit de l'année prochaine ou de l'autre année, mais
l'engagement de faire un hôpital de 720 lits va se faire dans les
deux prochains mois.
Le Président (M.
Benjamin) : M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
On progresse.
M. Dubé : On
progresse très bien, très bien.
M. Marissal :
On progresse, puis ça semble cohérent avec ce que j'entends.
M. Dubé : Et c'est ce que j'ai dit, là, je pense, la dernière
visite que j'ai faite, il y a quelques semaines, avec les médecins.
M. Marissal :
Je suis heureux que vous soyez
«on the record», là, je vais me faire taper sur les doigts par quelqu'un
parce que j'ai parlé en anglais, là, mais
que vous soyez enregistré ici et que ce sera sur les galées de l'Assemblée
nationale, mais c'est la même chose que j'entends sur le terrain. Très
bien. Alors, la balle est dans votre camp, vous savez ça.
M. Dubé : Et de tous ceux qui travaillent sur le dossier,
parce que vous connaissez notre gestion rigoureuse des fonds publics,
c'est un montant... ça va être un des hôpitaux...
M. Marissal :
Parlant de gestion rigoureuse des fonds publics, ça va nous coûter pas mal
plus cher si on attend encore, notamment en
main-d'oeuvre, parce qu'on n'a pas les moyens de se payer une cascade de
démissions de médecins à Maisonneuve-Rosemont en plus de tout le reste.
Alors, je vous prends au mot puis j'apprécie la réponse.
Dites-moi qu'on a
abandonné le projet de rénovation du cruciforme, s'il vous plaît.
M. Dubé : Bien, écoutez, jusqu'à tant... Parce que ce qu'on
faisait, c'est que, pour ceux, qui étaient tenants d'une rénovation, il faut
prendre une décision éclairée en comparant avec quelque chose, on se comprend?
Moi, quand vous me dites : Je
vais choisir entre le député de Rosemont puis le député de Pontiac, au moins
j'ai les deux. Là, on n'avait pas ce choix-là.
On disait : On va faire une rénovation, mais on ne savait pas ce que
l'autre allait coûter au complet. Alors, j'ai dit : Avant d'abandonner la rénovation, montrez-moi ce que ça coûte
de le faire tout d'un coup avec ça, puis on comparera les deux. Alors, on abandonnera quand on aura une
décision finale qui va être faite. Je pense, c'est la bonne façon de comparer.
M. Marissal :
O.K. Bien, moi, j'ai vu des plans
d'un hôpital, d'un bloc, là, de 720 lits, là, au coin de l'Assomption puis
Rosemont, ça m'avait l'air assez clair comme plan. Je pense qu'on a du monde
capable de calculer combien ça coûte.
M. Dubé : Oui,
mais, vous savez... Puis d'ailleurs le député de Pontiac le sait, ce n'est
pas...
M. Marissal :
J'espère que personne n'a perdu
trop de temps à savoir combien ça coûterait pour rénover le cruciforme.
J'espère que personne n'a perdu trop de temps avec ça, là.
M. Dubé : Mais, il y a encore quelques mois, il y avait des
élus municipaux qui disaient qu'on ne pouvait pas détruire un
cruciforme.
M.
Marissal : Ce n'est pas le même débat. Il y a un débat sur l'aspect
patrimonial de la chose. Si des amateurs d'architecture
patrimoniale veulent prendre le cruciforme, qu'ils le prennent, mais, quant à
moi, ça n'a plus d'avenir hospitalier, cette affaire-là. Alors, pour le
reste, je ne suis pas historien en histoire de l'art ni architecte, mais
j'aimerais juste qu'on s'entende.
M. Dubé : ...députés de d'autres formations qui en auraient
fait un grand plat si on n'avait pas écouté les gens qui défendaient le
patrimoine.
M. Marissal :
Bien, alors, je me satisfais de
votre réponse pour le moment. J'attends la suite au mois de mai, quelque
part par là.
M. Dubé : ...plus
heureux, M. le député, de confirmer ça.
M. Marissal :
Jamais autant que moi. On fera un concours pour savoir qui qui est le plus
heureux ici.
M. Dubé : On
sera les deux heureux, c'est ça que vous me dites? O.K.
M. Marissal :
Alors, 700 millions sur quatre ans afin de réduire la liste d'attente
pour les chirurgies. Je crois comprendre 350
avec l'institut de pertinence dans les actes médicaux. On y reviendra, je ne
suis pas trop sûr de comprendre ce bout-là. Mais est-ce que je dois comprendre,
donc, qu'il y a une bonne partie des 750 qui sont destinés aux cliniques
privées?
• (16 h 10) •
M. Dubé : Sûrement,
oui, oui.
M. Marissal :
Combien?
M. Dubé : Exactement, je ne le sais pas parce qu'on est en
appel d'offres en ce moment, comme vous savez. Parce que, lorsqu'on était en
mesures d'urgence, on avait fait des décrets avec plusieurs des cliniques, les
10-30, les Rockland de ce monde. Et
là on ne peut plus utiliser... On a une période de transition, là, qui vient à
terme, là, dans les prochains mois. On
est allés en appel d'offres ou on est sur le point d'aller en appel d'offres.
Alors, il y aura combien de cliniques qu'on appelle des CMS, des cliniques privées, qui vont répondre à l'appel
d'offres? Mais on sait qu'on a un bloc de 750 millions qui va être
disponible.
M. Marissal :
...
M. Dubé : Bien,
c'est le total des deux, là, de l'IPAM et... C'est quoi, le total des deux?
M. Marissal :
Bien, moi, j'ai 700 millions ici, mais...
M. Dubé : C'est
plus de 700, là. Je ne me souviens pas du chiffre exact.
M. Marissal :
Est-ce qu'on peut imaginer que la moitié ira vers des cliniques privées?
M. Dubé : Bien...
Une voix :
...
M. Dubé : Non?
M. Marissal :
Allez-y, allez-y.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce qu'on a le consentement?
M. Marissal :
Bien sûr, bien sûr.
M. Coubat (Pierre-Albert) : Bonjour.
Pierre-Albert Coubat. Donc, non, parce que la majeure... la grande majorité
des volumes va se faire dans le système
public. Donc, c'est sûr que... Vous savez qu'on a travaillé avec des bordereaux
de prix qui sont axés sur le
financement axé sur les patients. Donc, on part des prix du public, là, pour le
privé, et donc, la majeure partie des
opérations se faisant dans le système public, les hospitalisations se faisant
en grande majorité dans le système public, la grande majorité des
investissements vont se faire dans le système public.
M. Marissal :
O.K. Donc, la partie non majoritaire, c'est combien, en millions, pour les
cliniques privées?
M. Coubat (Pierre-Albert) : Bien,
on va s'en aller, dans le fond, en processus d'approvisionnement, donc on va
avoir un approvisionnement dans lequel les
soumissionnaires vont être amenés à répondre puis on pourra vous l'indiquer
par la suite.
M. Marissal : O.K.
M. Dubé : Ce que j'aimerais vous
dire aussi, c'est qu'il y a beaucoup d'opérations à haut volume, comme les
cataractes, puis tout ça, qui sont faites dans les cliniques privées. Alors, le
montant des chirurgies est beaucoup moindre que
des grandes chirurgies cardiaques qui se font dans le système public. Alors,
c'est pour ça que c'est un peu difficile de vous dire quelle sera la combinaison qui sera faite dans le public. Mais
on en a fait, quoi, 150 000 sur deux ans de pandémie, à peu près, dans le public, 150 000 chirurgies. Mais, dans une année normale,
on fait plus de 450 000 chirurgies annuellement. Ça fait que,
juste en volume, là, ça vous dit que c'est peut-être 75 000 par année sur
450 000. C'est peut-être 15 %.
M. Marissal : 75 000 au privé.
M. Dubé : Au privé. Tu sais, on a...
rappelez-vous, dans notre tableau de bord, on montre que le privé vient augmenter en moyenne la performance du public
d'un 10 % à 15 % depuis... pendant la pandémie, à peu près 10 %
à 15 %.
M.
Marissal : O.K. J'y vais rapidement, là. J'aurai d'autres
occasions de parler de ça, dont de la marge bénéficiaire des cliniques
privées.
On remarque
un phénomène de plus en plus fréquent, là, dans le système de santé,
c'est-à-dire des gens qui sont inscrits
sur une liste ou une autre, là, au public et qui reçoivent, sans ne l'avoir
jamais demandé, un appel du privé. Moi, ça m'est arrivé deux fois.
Je ne vais
pas vous raconter toute ma vie, là, mais mes problèmes de hanche sont
généralement connus, là. Moi, je suis suivi par un orthopédiste au public. Un
jour, sa secrétaire m'appelle pour m'offrir de me faire, la semaine suivante,
les deux hanches au privé, bon, pour la modique somme de 35 000 $,
c'est un détail, là, mais moi, je n'ai jamais donné l'autorisation à personne, là, de partir avec mon dossier. Qu'est-ce
qu'on fait avec ça? Parce que ça m'apparaît être assez limite conflit d'intérêts, avantages... un genre
de délit d'initié en médecine. Parce que le médecin, il le sait, il connaît ma
condition, c'est mon médecin. Là, il voulait
me faire une fleur en m'amenant au privé. Je ne lui ai jamais demandé ça puis
je n'ai pas autorisé personne à prendre mon
dossier. Je prends mon cas personnel, là, ce n'est pas pour... c'est parce que
je le connais bien puis je ne mettrai personne dans l'embarras, c'est moi-même.
Alors, on fait quoi avec ça?
Le Président (M. Benjamin) : M. le
ministre.
M.
Dubé : Bien, écoutez, je ne sais pas ce que vous me
demandez de commenter, mais, si vous me demandez si c'est correct de prendre
une information qui est de nature publique privée et de vous appeler, je ne
suis pas sûr que je peux souscrire à ce principe-là, là.
M.
Marissal : Bien, vous êtes ministre de la Santé. Vous avez
une belle occasion d'envoyer un message ou de revoir les règlements. On vote
des lois, ici en ce moment, là, sur les renseignements personnels en santé. En
plus, il y a un aspect pécuniaire
là-dedans, là. L'ortho, il a beau me faire un prix à 35 000 $ pour
les deux hanches, c'est quand même...
M. Dubé : Bien, moi, l'engagement
que je pourrais prendre, là, puis là vous me donnez un cas bien précis qui est
le vôtre, là, puis je vous connais assez pour savoir que ce que vous me dites,
c'est vrai, alors, moi, je vais en discuter carrément avec la FMSQ pour voir
est-ce que c'est une exception ou si c'est un cas qui se produit souvent.
M. Marissal : Je vous confirme que
ce n'est pas une exception.
M. Dubé : Non, non, mais je...
M. Marissal : Je prends mon cas
parce que, comme je vous dis, je le connais, puis on fait court, là, mais les médecins, là, les portes tournantes entre la RAMQ
puis pas RAMQ, affilié, désaffilié, ils font ça régulièrement. Peut-être
aussi, à leur décharge, c'est qu'ils n'ont
pas les plateaux au public pour opérer, parce qu'on sait que nos blocs
opératoires sont sous-utilisés au public. C'est peut-être ça aussi.
M. Dubé : ...si vous me permettez,
puis on travaille sur un beau projet de loi en ce moment, qui s'appelle le p.l. n° 10, pour les agences privées.
J'ai très hâte qu'on donne à nos infirmières, entre autres, les mêmes
conditions de travail qu'elles ont
dans le privé, dans ces cliniques-là. La journée qu'elles auront les mêmes
conditions, ces gens-là vont pouvoir reprendre
l'occupation de nos blocs opératoires. Ça fait que je pense qu'on travaille sur
les bons projets, on travaille et sur la convention collective et sur le
projet de loi n° 10 pour restreindre les agences privées, puis vous êtes...
M. Marissal : Oui, par contre,
parallèlement à ça, M. le ministre, vous êtes en train de vouloir ouvrir des
mini-hôpitaux privés, plus les cliniques
privées. Vous allez le prendre où, le personnel? Ils vont les... En fait, même
pas vous, parce que vous n'avez plus
vraiment le contrôle là-dessus, à moins de faire des ententes comme la clinique
Angus, là, pour les yeux. D'après vous, là, les mini-hôpitaux privés,
ils vont le prendre où, le personnel?
M.
Dubé : Ce qu'on a vu, M. le... Ce qu'on a vu avec les
cliniques IPS, je vais prendre un exemple très concret, là, pourquoi
qu'on a dit qu'on était ouverts à rouvrir... pardon, à ouvrir des cliniques
privées, dont les cliniques IPS, c'est parce que, dans certaines régions, comme l'est de
Montréal, il y a un enjeu de volume. On sait qu'on n'a pas la capacité de servir le volume. Alors, depuis qu'on a ouvert
deux cliniques IPS dans l'est de Montréal, on a vu les volumes à l'urgence
aussi baisser. Ce n'est pas la seule raison.
Alors, aujourd'hui,
en termes de la période de transition pendant qu'on va être capable de
construire un hôpital qui va prendre six,
huit, neuf ans à construire... on a besoin d'une période de transition. Moi, ce
que j'ai en tête, puis je pense qu'on
a tous le même... c'est le patient. Puis le patient, lui, il ne veut pas
attendre huit ans avant d'avoir le service. Alors, en ce moment, que ce soit un mini-hôpital qui va
prendre peut-être deux ans à construire avec un mini bloc opératoire, avec
une clinique qui va faire un minimum
d'opérations, bien, je pense que, s'il y a des infirmières qui veulent
travailler là parce que les conditions n'ont pas encore été améliorées
dans le public, bien, au moins, on va avoir des gens pour servir nos Québécois dans l'est de Montréal. Mais je vous
dirais que j'espère qu'on va être capable, avec le travail que Mme LeBel
fait et la collaboration des syndicats, d'être capable d'améliorer rapidement
les conditions de nos infirmières.
Le Président (M.
Benjamin) : M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Les 23 nouvelles cliniques
dont on parle hier dans le budget, là, s'ajouteraient aux six, c'est bien
ça que je comprends? Ou il y en a 23 au total, donc 17 plus six, 23?
M. Dubé : ...six
qu'on a fait à date est inclus dans le 23, là, à moins qu'on me dise le contraire,
mais ce que...
M. Marissal :
Donc, c'est sept nouvelles.
M. Dubé : Oui.
M. Marissal :
Ça, ce sont des cliniques qui sont dans le réseau public?
M. Dubé : Oui, oui. En fait... En fait, ce qui est la beauté
d'une IPS, quand elle prend charge, là... Puis j'ai eu un bel exemple, je parle
du CLSC Olivier-Guimond. Vous connaissez sûrement. Je pense même que c'est dans
votre comté. Bien, ce sont deux IPS
qui font le temps eux-mêmes. Donc, ils n'ont pas eu à engager d'autres
personnes, et eux sont payés, en ce
moment, comme vous savez, à salaire par le CIUSSS de l'Est-de-Montréal. Alors,
c'est la meilleure chose qu'on ne peut pas avoir, là. C'est très public,
ça.
M. Marissal :
Donc, ce sont des cliniques purement publiques.
M. Dubé : Oui. Je ne vous dirai pas que... il y a peut-être
des IPS qui vont vouloir peut-être le faire sur une base privée, mais, en ce moment, l'essentiel des
cliniques IPS qu'on a... Je pense que la meilleure qu'on a, c'est ici, à Québec,
là, sur la rue Saint-Vallier, mais
c'est un... elle, c'est un mix de cliniques d'IPS et de médecins, ce qui est
souvent une belle formule aussi.
M. Marissal :
Il me reste deux minutes et des poussières, là, presque trois. Réglons
l'histoire public-privé, là. Votre système de transport par hélicoptère, vous
le voyez public ou privé?
M. Dubé : Écoutez, ce qu'on veut faire, on veut optimiser
les dollars. C'est sûr que l'héliport lui-même, il va être public, il est sur
un terrain de l'hôpital. Je vais vous donner un exemple, là. Il y a deux cas,
là, qui sont probablement dans nos priorités, là, qu'on est en train de
regarder : Roberval et Joliette. Ça, c'est, pour moi, deux hôpitaux
émetteurs, c'est-à-dire des hôpitaux qui
n'ont peut-être pas la capacité chirurgicale d'un Hôpital de L'Enfant-Jésus, à
Québec, ou, par exemple, du
Sacré-Coeur à Montréal. Des traumas, là, compliqués. Ça va? Alors, ce qu'on
veut, c'est des petits hôpitaux... des
petits héliports qui ne coûtent pas cher à faire, parce que, j'exagère, là,
c'est presque un H sur l'asphalte, à l'émetteur. Ce qui coûte cher, c'est faire l'hôpital à Sacré-Coeur, ou à L'Enfant-Jésus,
ou sur le toit de Sainte-Justine puis d'atterrir en ville.
Ça fait que ce qu'on
va faire, on va faire nos deux premiers émetteurs, qui sont probablement ces
deux-là, O.K., les deux hôpitaux émetteurs,
et là... exemple, L'Enfant-Jésus, on est en train de regarder qu'est-ce que ça
coûte. Mais là l'héliport, c'est plus complexe. La chance qu'on a à
Sacré-Coeur, que vous connaissez bien, il y a déjà un héliport parce qu'il était pour le Grand Prix de Montréal.
Et, je termine là-dessus, ce que je ne sais pas encore, c'est que je ne pense
pas qu'on va acheter deux hélicoptères pour commencer. On va probablement
prendre une firme privée, un peu comme on peut faire avec un avion, faire la même chose avec les hélicoptères,
puis là on va faire un test pendant un an pour voir quel taux de
fréquence, quelle disponibilité qu'il doit y avoir, mais ce sera probablement
une combinaison d'hélicoptères privés à qui
on va demander une disponibilité de, je ne sais pas, 99 % du temps ou
quelque chose... Vous me suivez? Mais on voudrait faire ces deux
premiers-là, émetteurs, avec quelques récepteurs.
• (16 h 20) •
Le Président (M.
Benjamin) : 50 secondes.
M. Marissal :
O.K. Bien, je vous suggérerais, puisque vous aimez parfois les comparaisons
avec l'Ontario, de vérifier quand même le
fiasco qu'il y a eu en Ontario avec la compagnie privée qui faisait du transport
hospitalier héliporté, qui a été une véritable catastrophe.
M.
Dubé : Mais c'est pour ça qu'on veut louer le temps,
parce que, qu'on ait du temps loué avec... Comme vous savez, il y a
beaucoup d'hélicoptères qui doivent... parce que s'équiper médical, ce n'est
pas juste un hélicoptère pour Hydro-Québec qui fait des lignes de montage, là.
L'équipement n'est pas du tout le même. Il y a des gens qui sont déjà équipés pour ça. Alors, j'aime peut-être mieux
qu'on paie un petit peu plus cher de l'heure que d'aller débourser un 7, 8 millions de dollars pour un
hélicoptère, avoir les pilotes à former, etc. Ça fait que je pense qu'on va y
aller sur une base de location pour commencer, mais quand nos héliports
auront été faits.
M. Marissal : Je pense que je n'ai
plus de temps.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
non. Merci, M. le député de Rosemont. Donc, nous allons maintenant passer au prochain bloc avec le député du troisième groupe
d'opposition, le député des Îles-de-la-Madeleine, pour six minutes
d'intervention.
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie le
ministre de sa présence, de répondre à nos questions avec ses collaborateurs. Il va sûrement trouver que
j'ai de la suite dans les idées, parce que je pense que c'est la troisième année en ligne que je vais poser la même
question et j'espère obtenir une réponse plus favorable cette fois-ci. Ça
concerne la résolution, la motion du
22 octobre 2019, où, à l'unanimité, les députés de l'Assemblée nationale
ont voté pour l'élargissement de la couverture publique par la RAMQ des
appareils CPAP pour les gens qui vivent avec un problème d'apnée du sommeil.
L'an dernier, M. le ministre m'avait dit qu'il
s'attendait à ce qu'une décision soit prise dans les prochains mois. Un an plus
tard, est-ce qu'il peut me confirmer que les gens qui souffrent de cette
condition vont pouvoir obtenir un remboursement pour l'achat des appareils et
pour les fournitures?
M.
Dubé : Ça, ça rentre dans le département des dossiers qui
n'avancent pas assez vite, M. le député. Le dossier... ce qu'on me dit, c'est que le dossier suit son
cours, mais on n'a pas eu de recommandation que j'ai pu accepter dans les
dernières semaines.
M.
Arseneau : M. le Président, on a eu une étude qui a été
réalisée, avec un rapport déposé au printemps 2021. On arrive au
printemps 2023. L'an dernier, on nous disait que c'étaient les équipes,
là, du ministère qui étaient déployées ailleurs,
sur d'autres dossiers, pour la pandémie. Est-ce qu'on peut avoir l'engagement
aujourd'hui de la part du ministre qu'il brasse la cage un petit peu, là, puis qu'il nous permette de répondre à
ces gens-là qui continuent de nous écrire, là, puis de nous dire qu'ils n'ont
pas les moyens, là, de s'acheter les appareils ou ils n'ont pas les moyens de
se payer les fournitures? Le patron du ministre de la Santé aime se
comparer à l'Ontario sur toutes les questions, le PIB, les taxes, des impôts. Est-ce qu'on pourrait se comparer sur cet
élément-là, là, pour les gens qui souffrent d'apnée du sommeil, avantageusement
et offrir ce service-là le plus tôt possible?
M. Dubé : Ce que je pourrais vous
dire... Regardez, là, quand je ne le sais pas ou quand je n'ai pas la bonne réponse, je vous le dis. Vous me connaissez, là. Je
vous dis : Ça, ça n'avance pas assez vite. Par contre, je dois vous dire
qu'il y a eu des dossiers qui ont été, en raison de la pandémie, priorisés. Je
vous donne un exemple. Je vous donne un exemple.
On a pris une décision excessivement importante, il y a quelques semaines, en
discutant avec le ministre des Finances, de faire la vaccination du zona. Puis
là vous allez me dire : C'est quoi le rapport avec... Mais il y a une
décision clinique qui a été
recommandée qu'en ce moment il est peut-être plus prioritaire, en raison des
stress, en raison d'une foule de raisons, de mettre de l'avant... puis
c'est combien qu'on met dans la vaccination du zona?
M. Coubat (Pierre-Albert) : C'est
plus de 30 millions qu'on va mettre, annuel. Annuel, donc, oui, oui.
M.
Dubé : Annuel, annuel. Alors, je veux juste vous dire que
ce n'est pas parce que les appareils pour l'apnée du sommeil ne sont pas
importants, mais c'est qu'en ce moment il faut faire des choix. Puis, même avec
une augmentation aussi importante du budget et les effets de la pandémie, il y
a des dossiers qui ont été retardés et qui ont été priorisés.
Moi, ce que
vous me dites aujourd'hui, je le sais parce que je savais que vous alliez me
poser la question. Ça fait trois années de suite que vous me posez la
question, vous avez raison. Mais je vous dis juste que, durant la pandémie, il y a eu des dossiers... Et moi, je suis très
content qu'on ait pris une décision pour le zona, parce que ça, c'est un
problème qui est important pour les
Québécois. Je ne dis pas qu'il est plus important que ceux qui ont le problème
d'apnée du sommeil, mais je peux vous
dire que c'est autrement douloureux. Pour ceux qui ont vécu des zonas, je pense
que les Québécois, on en connaît, des gens qui en ont eu. Alors, je vous
dirais qu'il y a des choix pandémiques qui ont été faits.
M. Arseneau : Oui,
mais,M. le Président, il y a des choix pandémiques et il y a des choix
politiques. Il y a une volonté politique qui doit s'exprimer pour que le
travail se fasse. Est-ce que le ministre a la volonté politique de respecter
la motion de l'Assemblée nationale, de
respecter l'engagement du ministre lui-même, l'an dernier, de régler ça dans
quelques mois, là?
M. Dubé : La
réponse est oui. Je peux vous dire que la réponse est oui, mais, de vous donner
une date en ce moment, là, étant donné tout ce qui est arrivé depuis... dans la
dernière année, j'aimerais mieux être capable de vous dire : Oui,
c'est prioritaire, mais on a fait des choix
dans le dernier budget. On va regarder qu'est-ce qu'on peut faire dans la
prochaine année.
M. Arseneau :
Vous savez très bien qu'on aura l'étude des crédits un peu plus tard.
M. Dubé :
Bien oui, je le sais, M. le député.
M. Arseneau : J'y reviendrai pour avoir
un échéancier, mais, en attendant, un autre dossier, et vous le voyez venir
aussi. Moi, j'estime que, malheureusement, on a un système de santé à deux
vitesses, puis pas seulement avec le public et le privé, mais les gens des centres urbains et les gens des régions. Et,
depuis des années, on demande au gouvernement un rattrapage sur les
indemnités de déplacement pour les gens qui doivent se faire soigner dans les
grands centres. On avait fait un pas de
l'avant, il y a deux ans, avec un certain rattrapage. Et, l'an dernier, ce
qu'on avait demandé, c'est si on pouvait aller un peu plus loin et surtout
indexer justement ces indemnités-là à chaque année. Et on nous avait dit que ça
se ferait. Et, vérification faite, à
ce que je sache, ça n'a pas été fait. Est-ce que ce sera fait à partir du mois
d'avril, l'indexation des indemnités annuelles et l'amélioration des
corrections à certains égards de la grille?
M. Dubé :
Merci de reconnaître qu'on l'a
fait une fois, parce que, je pense, quand on l'a fait, ça faisait une dizaine
d'années que ça n'avait pas été fait. O.K. On l'a fait une première fois. Là,
vous me dites : Est-ce que ça va être refait cette année?
Pierre-Albert, si vous ne le savez pas, on le prendra en différé pour...
M. Coubat (Pierre-Albert) : On
pourra le regarder avec l'équipe de Dr Bergeron, mais, effectivement, ça a
été fait, puis ce n'est pas banal.
L'hébergement, on était passé de 75 $ à 108 $, là, dans ce qui a été
fait dernièrement, le kilométrage, de 0,13 $ à 0,20 $ du... à
20 centimes du kilomètre. Donc, il y a déjà un gros bout.
Une voix : ...
M. Coubat
(Pierre-Albert) : Oui, hein?
M. Arseneau : Vous nous rappelez ce qui
a été fait il y a deux ans, mais, l'an dernier, l'engagement, c'était
l'indexation puis c'était la
correction d'un certain nombre de paramètres. Ni l'un ni l'autre n'a été fait,
à ce que je sache. Est-ce que ce sera fait?
M. Dubé :
On va se revoir dans les crédits,
là. Je pourrai vous donner une réponse plus complète. En ce moment, je ne pense pas que ça a été fait pour cette
année. On pourra revenir puis vous donner une réponse. Mais je les connais, vos
deux prochaines questions, là.
M. Arseneau :
Merci.
Le Président
(M. Benjamin) : ...pour ce bloc. Nous allons maintenant au
prochain bloc avec l'opposition officielle pour 9 min 34 s. M.
le député de Pontiac.
M. Fortin : Merci,
M. le Président. J'ai trois sujets que j'aimerais aborder en neuf minutes.
Alors, je vais demander au ministre d'être clair. Le premier, je veux juste
appuyer la demande de mon collègue des Îles-de-la-Madeleine
par rapport aux appareils CPAP, là, parce que les explications du ministre
n'étaient pas particulièrement claires. Il a commencé en nous disant : Bien, on me dit que je n'ai pas eu de
recommandation que j'ai pu signer, et après ça il a dit : Bien, il y a
un choix qui a été fait entre le zona, qui
est une très bonne chose, et les appareils CPAP. Alors, juste qu'il nous dise
clairement, là : Est-ce qu'il a fait un choix entre l'un et
l'autre, quitte à reporter?
M. Dubé :
Moi, je n'ai pas fait de choix.
Moi, ce que je vous dis, c'est qu'on en a fait une décision sur le zona. Ça
ne veut pas dire qu'on a dit non à l'appareil pour...
Une voix : ...
M. Dubé :
Pardon? La pression positive, je
cherchais le nom. On n'a pas dit non à l'autre, mais on a fait un choix
quand même, cette année, de faire le zona en raison des montants. C'est ça que
j'ai répondu.
M. Fortin : Le député des Îles-de-la-Madeleine, là, le député de
Rosemont puis moi, là, on ne peut pas aller brasser
la cage de la machine, là. Il y a juste vous qui pouvez faire ça, là. Alors, je
pense que ce qu'on vous demande, ce qu'il vous demande, ce que je vous demande
aujourd'hui, puis je ne veux pas lui mettre des mots dans la bouche, c'est
justement d'aller brasser la cage pour
l'avoir, cette recommandation-là que vous vous étiez, par le passé, engagé à
signer.
• (16 h 30) •
M. Dubé :
Écoutez, comprenez-moi, on n'a
pas toujours besoin de brasser la cage, là. Je pense que, quand on discute avec
nos fonctionnaires, qui font un excellent boulot, on peut s'entendre... Je vous
dis juste qu'il y a eu des limitations budgétaires.
Malgré toute la bonne volonté qu'on a eue du ministre des Finances et du
Trésor, il y a des choix qui ont été faits, et j'espère qu'on pourra répondre à
d'autres demandes de la population. Et ça, ça en est un qui est important, mais
je pense qu'il faut reconnaître qu'on a fait aussi des choix importants.
M. Fortin : O.K. Je vous amène sur...
je vous ramène, si vous le permettez, sur le dossier des urgences deux secondes
parce qu'il y a quelque chose que je veux
comprendre dans votre cheminement, là. En 2019, vous m'avez dit : On avait
analysé les 25 pires urgences du Québec
avec des urgences à l'extérieur du Grand Montréal. Là, on a un comité qui vous
fait des recommandations, corrigez-moi si je me trompe, sur les
15 urgences problématiques dans le Grand Montréal. Mais les autres
urgences, là, celle de L'Enfant-Jésus, celle de l'Hôpital de Hull, où
aujourd'hui, là, il y a 36 heures d'attente sur civière à l'Hôpital de Hull, qui vous fait des recommandations
là-dessus? Parce que vous en aviez, vous l'aviez identifiée comme étant
problématique, vous avez demandé des recommandations, mais là, il n'est pas
dans votre comité choc, pantoute, là. Donc,
alors, qu'est-ce que vous êtes en train d'améliorer dans ces autres urgences
qui étaient catégorisées parmi les pires du Québec?
M. Dubé : Avec
l'arrivée du Dr Bergeron, qui est venu remplacer Dre Opatrny, dont je
vous parlais tantôt, dans un rôle très critique, là, on s'est assuré que toutes
les régions du Québec étaient incluses, maintenant, dans la cellule de crise,
tout le monde, donc les... non seulement les 15 du Grand Montréal, mais celles
du Québec. L'enjeu, puis je ne vous le
cacherai pas, puis d'ailleurs vous devez avoir hâte, aussi hâte que moi, que je
dépose le projet de loi sur Santé Québec dans...
M. Fortin : Oui.
M. Dubé : Oh
que oui, hein? Bon, alors, dans ça, je l'ai dit, puis je vais... j'ai hâte de
vous faire un briefing technique sur le projet de loi, mais on a mis de
l'argent dans ce qu'on appelle la gestion de proximité l'an dernier. Gestion
de proximité, pour les urgences, c'est très
important, vous le savez, mais je veux juste l'expliquer rapidement, c'est une
personne à l'hôpital qui s'occupe de
regarder l'avant l'urgence, pendant l'urgence et la sortie. Ce n'est pas encore
toutes les urgences au Québec qui ont eu le personnel de gestion de fluidité
parce que c'est la... c'est le coordonnateur de l'urgence, O.K., c'est
lui qui doit dire au médecin, des fois : Bien, peut-être que tu ne sors
pas ton patient assez vite, et c'est délicat, ça, parce que nos... Mais alors je vous dis qu'en ce moment ce n'est pas
toutes les urgences au Québec qui ont mis en place leur gestionnaire de
fluidité.
M.
Fortin : Est-ce les urgences
les plus problématiques, comme celle de Hull, où il y a 36 heures
d'attente sur civière, là... Est-ce que, celle-là, vous avez demandé à ce
qu'elle soit priorisée dans l'embauche de cette personne-là ou la mise
en place?
M. Dubé : La réponse, c'est
oui.
M. Fortin : Et est-ce que ça a été fait?
M. Dubé : Pardon?
M. Fortin :
Et est-ce que ça a été fait?
M. Dubé : Bien, à la mesure où ils peuvent engager les
gens, moi, je vous dis : Engagez quelqu'un. On a donné les budgets,
mais ce n'est pas tout le monde qui est, en ce moment... il y a des gens...
puis vous allez le voir dans un tableau, que
je pourrais vous montrer, qu'il y a des urgences qui sont à 50 % de toutes
les demandes, de toutes les offres qu'on
leur a faites, des gens à 75 %, parce qu'ils n'ont pas le personnel pour
faire, justement, les meilleures pratiques que l'on rencontre dans nos
meilleures urgences au Québec.
M. Fortin : O.K. Dernier enjeu pour aujourd'hui, Votre Santé.
Là, vous avez eu, hier, dans le budget, là, 146 millions pour le développement, la mise en place de Votre
Santé, qui est la plateforme, en théorie, là, où un jour, vous et moi, on va
pouvoir aller prendre un rendez-vous avec le professionnel de la santé
approprié. C'est ça, c'est une plateforme de rendez-vous, essentiellement,
c'est ça?
M. Dubé : Oui.
M. Fortin : O.K. Mais là votre 146 millions, il est
étalé sur cinq ans, dans le budget. Alors, êtes-vous en train de nous dire, là, qu'en 2028, quand vous allez
dépenser 30 millions pour le déploiement de ça, Votre Santé ne sera pas
encore en place?
M. Dubé : Bien, c'est parce que vous avez... Non, c'est une
bonne question. Merci, M. le député. Il y a deux choses. Quand on commence
avec... Il y a déjà une prise de rendez-vous qui se fait, mais elle se fait...
téléphonique, en ce moment.
M. Fortin :
Ça dépend des endroits où on prend rendez-vous, mais oui.
M. Dubé : Non, mais je dirais qu'essentiellement, quand
vous appelez au 8-1-1 ou que vous appelez à votre clinique, vous passez par le téléphone. Il va y avoir une
étape où on va être capable de faire de la télémédecine, il y a des entreprises
privées qui sont bien connues, qui
s'appellent Olive, qui s'appellent Dialogue, ils sont déjà rendus là, eux
autres. Alors, nous, les premières années, on va mettre l'amélioration... on va dire: Ce
n'est pas juste par téléphone, vous pouvez non seulement prendre
rendez-vous, mais, une fois que vous avez votre rendez-vous, le médecin va
avoir un appareil puis, un peu comme on le
fait déjà à certains endroits, vous donner votre diagnostic. Par exemple, si
c'est un problème dermatologique, il
prend une photo puis il dit : Vous n'avez pas besoin de venir, je vous
reviens avec telle crème. Vous me suivez? Alors, sur les premières années, on va augmenter la portée, ça veut dire plus
de services pour la prise de rendez-vous, incluant la télémédecine, mais, après ça, ça va coûter de
l'argent, avoir le personnel qui répond au téléphone, donc c'est pour ça qu'on
a une année, je pense, où on est à, je ne
sais pas, 50 millions au lieu de 30 millions, je ne me
souviens pas des chiffres exacts.
M. Fortin : C'est tout le temps 30 millions, mais c'est correct.
M. Dubé :
Mais il me semble qu'il y a une
année qui était plus élevée, mais, en tout cas, ce n'est pas grave. Mais
ce que je veux dire, c'est qu'il faut
augmenter la portée, le rendre plus... qu'il donne plus de services, mais, en
même temps, être capable de le faire fonctionner, après ça...
M. Fortin : Ça, ça va-tu être développé à l'interne, ça, ou à
l'externe?
M. Dubé :
On est en train de regarder, il y a... Les deux.
M. Fortin : Les deux?
M. Dubé :
Les deux, parce qu'il y a des
choses qu'on fait très bien, mais, quand on regarde certaines applications
qui ont été faites dans le privé, je peux vous dire qu'on ne voudrait pas
réinventer la roue.
M. Fortin : Mais parce que c'est ça, l'enjeu, c'est que Clic Santé, là, ça n'a pas
pris cinq ans à le mettre en place, là, ça a pris quelques mois, disons,
puis ça fonctionne relativement bien pour la plupart du monde, alors...
M. Dubé : Mais c'est uniquement...
où vous avez raison, mais je veux juste faire un ajout à votre point, puis je
pense que c'est ça que vous voulez dire, Clic Santé ne faisait que le
rendez-vous. Le défi, c'est que vous voulez rester en ligne puis avoir
le médecin qui fait la consultation. Ça, c'est un petit peu plus complexe, parce
que vous voulez rendre... comme vous avez
chez Dialogue, vous voulez rendre, en plus, le dossier de santé numérique
disponible aux médecins quand ils vous parlent. Alors là, on n'est plus
juste dans la prise de rendez-vous, on est... d'avoir intégré toute
l'information.
M. Fortin : Il me reste 30 secondes. Je sais que c'est vous, le responsable de
ce dossier-là, le premier ministre l'a dit très clairement. Est-ce que vous
allez consulter le ministre qui est supposé vous donner conseil là-dedans, le
ministre de la Transformation numérique? Allez-vous prendre son conseil?
M. Dubé :
On va travailler ça ensemble. On va travailler ça ensemble, oui.
M. Fortin : Ah oui? O.K. Bien, j'espère que les conseils vont être meilleurs que
certains conseils qu'il a peut-être pu
déjà donner, mais surtout j'espère que ça ne prendra pas cinq ans avant que le
service soit mis en place, parce que je suis convaincu que vous êtes
capable faire ça bien plus vite que ça.
M. Dubé :
Tout à fait, mais on va faire les choses comme on l'a fait... Vous l'avez
bien dit — merci
de votre commentaire — on
a eu un excellent service de Clic Santé. Ce qu'on va faire avec Votre Santé va
être à la même hauteur.
Le Président
(M. Benjamin) : Il vous reste une minute.
M. Dubé :
Une minute? Mon Dieu!
M. Fortin :
Ah! il me reste une minute, M. le Président? Oh mon Dieu! Je vous sens
généreux. O.K., dernière affaire, dernière
affaire. Le député de Rosemont vous a posé une question sur les mini-hôpitaux,
vous avez dit... mini-hôpitaux avec
miniblocs opératoires. Est-ce que vous avez une estimation du nombre de
personnel? C'est combien d'infirmières que vous avez besoin pour ça?
M. Dubé :
Bien, en ce moment, on parle de
deux mini-hôpitaux. Comme vous savez, on est allés en appel... ce qu'on
appelle un appel d'intérêt...
M. Fortin : Oui, mais ma question est précise, sur le nombre
d'infirmières que vous voulez.
M. Dubé :
En ce moment, ce n'est pas... parce qu'on n'a pas défini encore l'intérêt
des joueurs, de quel genre de services...
Est-ce qu'on se limiterait à un bloc opératoire? Est-ce qu'on ferait un GMF? Ça
va être des propositions qu'on va voir, on ne le sait pas encore.
M. Fortin : Un bloc opératoire, un GMF, ça ressemble pas mal plus à la
taille d'une superclinique que d'un mini-hôpital, cette affaire-là, là.
M. Dubé :
Pour le moment, oui, mais là il y a des gens qui nous ont parlé d'avoir une
consultation gériatrique qui serait plus
appropriée dans l'est. Et c'est pour ça qu'en ce moment, avant de vous donner
un nombre, on est en train de regarder ce qu'on va faire.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'il nous restait pour ce bloc. La commission plénière ayant terminé cet échange, je remercie
les personnes qui y ont participé. Et, pour permettre à la commission de
poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent se retirer de le
faire immédiatement.
Je suspends donc les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 38)
(Reprise à 16 h 43)
La Présidente (Mme Soucy) : Bonjour. La commission plénière poursuit ses travaux à l'étude de
crédits provisoires pour l'année financière 2023‑2024.
Cybersécurité
et Numérique
Au
cours de la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre M. le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique
et les députés des oppositions. Pour commencer, nous commencerons par, en fait,
les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 3 min 7 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 2 s au deuxième groupe
d'opposition et 1 min 2 s au troisième groupe
d'opposition.
Remarques
préliminaires
Donc,
nous allons procéder immédiatement, et je vous cède la parole, M. le
ministre, pour vos remarques préliminaires.
M.
Éric Caire
M. Caire : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
D'abord, vous me permettrez de saluer les collègues, mes collègues des
oppositions, mes collègues de la partie ministérielle, vous présenter les gens
qui m'accompagnent. D'abord, à tout seigneur
tout honneur, le sous-ministre du ministère de la Cybersécurité et du Numérique
et toujours DPI, donc un record de longévité,
je pense, M. Rodrigue — oui,
je pense que oui — une
conseillère à mon cabinet, Mme Dufour, vous avez, derrière, ma cheffe de cabinet, Mme St-Pierre, et les
membres de la haute direction du ministère qui m'accompagnent, sous-ministres
adjoints, que je remercie de leur présence, bien qu'elle soit obligatoire, dans
les faits.
Alors,
Mme la Présidente, comme vous le savez et comme nous avons eu l'occasion de le
dire récemment, j'ai le privilège de
diriger le ministère de la Cybersécurité et du Numérique depuis un an, le
premier ministre m'ayant renommé dans
ces fonctions-là au mois d'octobre dernier. C'est donc notre deuxième étude de
crédits, mais c'est une première pour moi au niveau des crédits
provisoires.
Mme
la Présidente, tout d'abord, d'entrée de jeu, je tiens à dire que nous avons
quand même consacré des sommes assez importantes... Donc, on aura l'occasion
d'en discuter avec les collègues, mais ça fait suite à des commentaires que
j'ai entendus pour dire : Est-ce que
nous avons les budgets nécessaires pour la transformation numérique du
gouvernement du Québec? Vous verrez,
dans ces études de crédits provisoires et celles qui vont suivre subséquemment,
que c'est le cas, Mme la Présidente,
puisque nous parlons d'un plan d'investissement 2023‑2024
qui va atteindre, pour les ministères et organismes, 5,2 milliards de dollars. C'est quand même des
sommes assez colossales, vous en conviendrez. Et, au niveau du PQI, donc les
investissements plus spécifiques, on passe de 7,6... j'arrondis, là, on passe
de 7,6 milliards à 7,7, parce que,
dans les faits, c'est une augmentation de 142 millions, donc un PQI qui
est aussi en augmentation. Mme la Présidente, je pense qu'à la
question : Est-ce que les sommes sont au rendez-vous?, la réponse à ça,
c'est oui.
Maintenant,
Mme la Présidente, il faut comprendre que le gouvernement du Québec, en termes
de parc informatique, c'est, et de
loin, la plus grosse organisation au Québec non seulement en termes de taille,
mais c'est aussi celle qui a les missions
les plus diversifiées, je dirais, les plus complexes et qui doit donner des
services à tous les citoyens sans exception. Donc, ça amène, évidemment,
au niveau de la mission du ministère, une certaine complexité.
Pour vous donner, peut-être, quelques exemples, et
j'aurai certainement l'occasion d'en discuter avec les collègues après, en... depuis... non, c'est-à-dire qu'en
date de février 2023 on a dénombré 2 538 projets
actifs au sein du gouvernement du Québec, 2 538 projets actifs. Un autre chiffre qui est
extrêmement important, parce que, récemment, on a questionné la capacité du
gouvernement du Québec à livrer des projets, en 2022, Mme la Présidente,
258 projets ont été terminés, 258 projets. Évidemment, on n'en parle
pas, parce que tout s'est bien passé, les systèmes ont été livrés tel que
prévu, mais, quand même, 258 projets
terminés. On a, évidemment, l'obligation, au ministère, de faire l'inventaire.
Donc, quand on parle des systèmes qui
sont ceux du gouvernement, les systèmes informatiques, systèmes de soutien,
systèmes de mission, on parle de 11 705
en date du 31 décembre 2022. Donc, c'est pour donner une idée de l'ampleur
de ce qu'est le parc informatique du
gouvernement du Québec et de la mission de mon ministère, une mission qui est
stimulante, une mission qui est exigeante, une mission que je vais
décliner en quatre grands axes.
Premièrement, le ministère
établit les programmes et les politiques. Par exemple, nous avons déposé et
nous redéposerons la Stratégie de transformation numérique du gouvernement, qui
sera la stratégie de cybersécurité et de transformation numérique, compte tenu
que le mandat du ministère a évolué.
Stratégie
d'intégration de l'intelligence artificielle, pourquoi? Parce que, Mme la
Présidente, dans leur enthousiasme, les
ministères et organismes, souvent, développaient... se lançaient dans des
projets, et tout ça n'était pas toujours très coordonné, tout ça n'était pas toujours arrimé dans une vision globale.
Donc, le ministère amène cette vision globale là, en plus, avec une
politique gouvernementale de cybersécurité. Donc, c'est important que,
maintenant, il y a une vision, il y a une
orientation claire dans le développement et dans la transformation numérique du
gouvernement. C'est une mission du ministère de la Cybersécurité.
Soutien et contrôle, on en a parlé, oui,
effectivement, les règles relatives aux projets, les règles relatives à la
planification, le cadre de gestion des bénéfices. J'aurai peut-être l'occasion,
j'espère, d'en reparler.
Une mission
cybersécurité sur le territoire québécois. Donc, il y a 30 millions
l'année passée, 70 millions cette année, et le ministère des Finances nous accorde, à partir de 2024‑2025
et sur trois ans, un 70 millions supplémentaire, toutes les
infrastructures communes, télécommunications, soutien, les centres de
traitement de l'information, la bureautique, la téléphonie, etc.
Donc, Mme la Présidente, vous le voyez, c'est un
ministère aux multiples missions.
• (16 h 50) •
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Votre temps est écoulé. Maintenant, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, est-ce que vous souhaitez faire vos remarques
préliminaires?
Mme Setlakwe : Oui, j'aimerais
bien en faire.
La Présidente
(Mme Soucy) : Alors, la parole est à
vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi, à mon tour, là, de commencer par saluer
toutes les personnes présentes, M. le
ministre, tous les membres de votre équipe, tous les collègues présents, les
gens à la régie, tout le monde qui est ici et surtout ma collègue,
Mme Gagné, avec qui j'ai le bonheur de faire équipe.
On entame une
première étape, aujourd'hui, dans l'étude des crédits. C'est une toute première
expérience pour moi, d'ailleurs. Il
est important et pertinent, je crois, d'ajouter le volet cybersécurité et
numérique aux échanges d'aujourd'hui. La
transition numérique est une des priorités de votre gouvernement, donc
l'exercice d'aujourd'hui est important. On aura l'occasion, bien entendu, de se
revoir et de poursuivre nos échanges lors de l'étape subséquente de l'étude des
crédits.
Le ministère de la Cybersécurité et du Numérique
est tout jeune, il a un peu plus d'un an seulement, mais il a un mandat
extrêmement important. Vous êtes au centre, M. le ministre, d'une révolution
informatique essentielle au sein de l'État. Les projets sont grands, ils sont
nombreux, vous en avez parlé. Les enjeux sont extrêmement sensibles, et les
sommes allouées, considérables. Donc, il y a beaucoup d'argent en jeu, ça vaut
la peine qu'on ait ces échanges aujourd'hui et dans les semaines qui suivent.
Ne voyez pas notre échange d'aujourd'hui comme
une attaque. On a très bien collaboré ensemble dans le cadre de l'étude du p.l.
n° 3 sur les renseignements de santé et de services sociaux, donc on va
continuer dans cet esprit-là aujourd'hui.
Nos questions, cet après-midi, vont être posées dans l'intérêt du bien commun,
pour nos concitoyens, dans l'objectif de faire progresser les choses
dans le meilleur intérêt de tous les Québécoises et Québécois.
Puis, restez assuré, on ne passera pas tout
notre temps, aujourd'hui, à reparler du fiasco à la SAAQ. Il faut maintenant que le gouvernement en tire les leçons
qui s'imposent pour la suite des choses, pour les prochaines étapes du
virage numérique. Mais, à la fin de la journée, ce sont les citoyens qui ont
écopé de ce cafouillage. Il vous faut vraiment regarder en avant et mieux communiquer avec les Québécois afin de leur
redonner confiance dans le système SAAQclic et les composantes d'authentification qui y sont associées. Je dirais
même, Mme la Présidente, que c'est une tâche humaine qui vous revient, M. le ministre, ce n'est pas
seulement une tâche technologique, puis je cite ici M. Alain McKenna, du
Devoir, qui a parlé de la tâche humaine : Il vous faut convaincre
les Québécois et Québécoises de passer par Internet pour toutes leurs transactions avec la SAAQ en leur démontrant que c'est
le meilleur moyen d'avoir des services rapides, modernes et efficaces. C'est ça qu'on veut, en bout de ligne. Ce sera la
même chose pour les étapes subséquentes d'utilisation de l'identité numérique. Pour la suite du virage
numérique, il faut faire mieux. Tu sais, l'arc-en-ciel, puis le slogan Ça va
bien aller, qu'on a utilisé abondamment durant la pandémie,
c'est fini, là, ça. Les Québécois méritent mieux pour leurs données
personnelles. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
allons poursuivre avec M. le député de Maurice-Richard. Est-ce que vous
souhaitez faire vos remarques préliminaires ou conserver votre temps?
M. Bouazzi : Je vais conserver
mon temps, Mme la Présidente.
Discussion générale
La Présidente
(Mme Soucy) : Parfait. Donc, nous allons tout de suite
procéder au premier bloc de l'opposition officielle, donc, vous détenez un
temps de 20 minutes pour votre bloc. Alors, la parole est à vous.
Mme Setlakwe : Merci,
Mme la Présidente. Commençons par les effectifs. On en a déjà parlé, et ça a
été... ça a fait l'objet des médias.
Il y a eu des départs et des mouvements, au sein de votre ministère, au niveau
des hauts dirigeants. Le ministère est chargé des grands projets informatiques
et de protéger les données numériques des Québécois, a connu beaucoup de mouvements, avec quatre hauts
dirigeants sur six remplacés au cours de la dernière année. Le 3 février
dernier, on apprenait que M. Steve Waterhouse quittait votre cabinet,
a refusé de commenter ce départ-là, d'ailleurs. Et ce n'est pas seulement, là, M. Waterhouse; lui, ce que
je comprends, il était le quatrième sous-ministre adjoint ou associé à quitter
votre ministère. Un autre sous-ministre, en
février 2022, M. Rochette, sous-ministre associé, qui a quitté, il était
responsable, sauf erreur, de la
création de l'identité numérique, du RENIR; M. Blondeau, sous-ministre
adjoint, quitté en mars 2022, responsable
des infrastructures et de la télécommunication; M. Jean-Denis Martin, en
avril 2022. Donc, ça fait quatre sur six. On sait aussi que votre ministère a recours à des ressources externes,
beaucoup de sous-traitance à l'externe pour la gestion de nos ouvrages informatiques, un ratio de
33 % en ressources externes. C'est une dépendance qui empire sous le
gouvernement de la CAQ. Plus de 1 100 postes en informatique sont à combler
dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental. Écoutez, ceci étant dit, M. le ministre, comment ça va, au quotidien?
Comment se portent les troupes au sein de votre ministère?
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
M.
Caire : Bien, en fait, je
vous dirais que... Écoutez, on a des enjeux, comme tout le monde, au niveau des
ressources humaines, là, je pense
que... Puis le domaine des TI est peut-être encore plus en demande, parce qu'il
y a une explosion des besoins en domaine TI.
Pour ce qui est de la haute direction, d'abord,
moi, je tiens à dire que je suis extrêmement fier de l'équipe qui m'accompagne aujourd'hui, là. C'est des gens qui
sont dédiés, qualifiés, qui ont envie de relever avec moi le défi de la
transformation numérique et qui le font très bien.
Pour ce qui
est des départs, écoutez, il y a des gens qui étaient en processus de départ à
la retraite, qui sont partis à la retraite, il y a des gens, là-dedans, qui
sont allés vers le privé et qui ont fait le choix du privé. Ça fait partie, je
vous dirais, de notre réalité. Mais je
suis extrêmement fier de vous dire que, d'abord, déjà, à la haute direction,
j'ai des gens qui m'accompagnent qui
ont accepté de relever le défi et qui ont toute ma confiance et toute la
compétence pour relever ces défis-là. On a aussi... au sein du
ministère, je le disais, c'est 337 personnes qui sont arrivées pour 150
qui sont parties. Mais, si je fais un ratio,
là, de ceux qui sont arrivés du privé, ceux qui sont partis au privé, on a 152
qui sont arrivés du privé, 61 qui sont partis, ça fait qu'on a un ratio
positif.
Pour ce qui
est de la sous-traitance, bien, Mme la députée, je suis d'accord avec vous. Je
l'ai dit, je veux, je souhaite internaliser le plus possible l'expertise
et les ressources. Mais on est placés dans un choix où est-ce qu'on ne fait pas
les projets, faute de ressources, ou est-ce
qu'on fait les projets, on... dans la réalisation des projets, on internalise
l'expertise? Et ça, ça nécessite d'avoir recours à la consultation. Le
choix qu'on fait, c'est dire : Bien oui, on souhaite avancer les projets. Je vous dirais qu'on n'aura jamais
100 % de ressources internes, il y aura toujours un besoin d'aller en
consultation, mais on souhaite effectivement augmenter le ratio interne et
diminuer le ratio consultation.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci.
Donc, vous n'êtes pas inquiet, là? Parce qu'il y a tellement de grands
chantiers numériques en cours. Ça ne
vous préoccupe pas, vous ne sentez pas que vous êtes ralentis dans votre
mission? Je me rapporte à
l'actualité, encore une fois, début février, Patrick Bellerose, Journal de
Québec : «Selon les informations de [leur] bureau parlementaire, un audit interne faisait état de
problèmes de sécurité, de risques de défoncer les budgets et de retard dans
les projets.»
M. Caire : Bien, écoutez, je
vais vous donner un exemple très concret, très récent, le Service
d'authentification gouvernementale. Il y a eu un moment donné où,
effectivement, là, ça devenait périlleux, et les équipes se sont mises au travail, on a mobilisé les ressources, on s'est
concentrés sur ce projet-là parce qu'il était névralgique, on l'a récupéré, on l'a... Et d'ailleurs je félicite le sous-ministre
adjoint, M. Kelly, là, qui était à la tête de ce projet-là. On a rattrapé
ces retards-là, et là je pense qu'on peut dire, au vu des chiffres que je
reçois, qu'il est solide, il est sécuritaire. On a livré à temps, on a
respecté les budgets.
Donc, ça arrive, dans une gestion de projet,
qu'il y ait des moments où ça devient plus compliqué, mais, à ce moment-là, ce
qu'il faut faire, c'est s'assurer que les ressources sont mobilisées pour
ramener le projet dans le droit chemin. C'est ce qu'on fait.
Puis je vous dirais qu'actuellement... Est-ce
que tous nos projets, là, sont une petite balade dans le parc? Non, absolument pas. Mais on va faire avec ces
projets-là comme on a fait avec les autres, c'est-à-dire s'assurer de mettre
les énergies qu'il faut pour livrer
dans les délais, selon les budgets et en respectant la portée des projets. Et,
comme je vous disais, bien, il arrive que, pour réaliser ça, oui, on
doive avoir recours à la consultation.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Mme la députée, la parole est à vous.
• (17 heures) •
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, parlons-en, des projets, parce qu'il y en a plusieurs à
venir. Malheureusement, là, je vais citer un
titre percutant du Devoir, 13 mars dernier : Virage
numérique 0, population québécoise 1, M. McKenna qui nous dit : «Vu par la
population québécoise, le site SAAQclic est le premier d'une série de gestes
qui visent à harmoniser les activités numériques gouvernementales. Là,
on parle de permis de conduire et d'immatriculation
de véhicules, mais ensuite, ce sera Revenu Québec, puis
ce sera l'accès au réseau de la santé, aux services du ministère de
l'Éducation et à celui de la Famille, et ainsi de suite.»
Bien, parlons-en, de
la Famille, parce que vous vous souviendrez, là, qu'il y a deux ans, en 2021,
il y avait eu une fuite, une fuite massive
de données personnelles au niveau de la plateforme La Place 0-5, là, le
guichet unique. Il y avait eu des données très sensibles qui s'étaient
ramassées entre les mains de malveillants, là, incluant des informations très sensibles en lien avec la naissance des enfants.
Suite à cet épisode, le ministre de la Famille de l'époque avait dit vouloir
rapatrier le guichet. Puis nous, on avait
questionné, d'ailleurs, l'an dernier, votre ministère à ce sujet-là et on nous
avait répondu que cette demande semble non pertinente à l'étude des crédits
pour le ministère de la Cybersécurité et du Numérique. D'ailleurs, le ministre avait aussi... il avait dit qu'il voulait, en
rapatriant ce guichet-là, ajouter le volet du rang des enfants. On donnerait un rang aux enfants, ce qui n'existe
pas actuellement, par exemple, Maxime est 32e sur la liste d'attente. Ça
ajoute des données importantes. Ça va être important de gérer ça. Ça va être
compliqué.
Et là on revient à la
charge cette année. On voit dans le volet Famille, là, à la page 208,
qu'il y a un programme cette année où on
constate des intentions d'aller de l'avant. «Le budget de dépenses pour ce
programme s'établit à 83,5 millions [...] une hausse de 10 millions[...]. Cette variation s'explique
principalement par le transfert du guichet unique d'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance sous la
responsabilité du ministère de la Famille, dans le cadre du Plan d'action pour
compléter le réseau des services de garde éducatifs à l'enfance.»
Bon,
là, il y a eu une fuite de données, on veut ajouter l'aspect rang, tout ça.
Est-ce que votre ministère, M. le ministre, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, va être mis à
contribution pour ce nouveau guichet là? Allez-vous le diriger?
Allez-vous le coordonner? Ça va vraiment être important qu'on s'y retrouve.
M. Caire : Oui,
tout à fait, puis c'est une excellente question, puis elle couvre deux volets,
Mme la Présidente. Et, avec la permission de
la collègue, je vais peut-être élaborer, peut-être un peu plus, mais je
ne veux pas prendre trop de temps. Donc, si vous avez votre réponse,
vous m'arrêtez.
Mme
Setlakwe : C'est important, on devrait...
M. Caire : Il y a le volet cybersécurité. Donc, ça, c'est le
volet fuite de données. Ce que le ministère fait... parce que, comme vous le savez, avec l'avènement du
ministère, on a maintenant une mission cybersécurité sur le territoire
québécois. Donc, ça, c'est entièrement la responsabilité du ministère de
la Cybersécurité et du Numérique.
Ce
qu'on fait au niveau des organismes publics, c'est le Réseau
gouvernemental de cyberdéfense. Donc, le ministère de la Famille, comme le ministère de la Santé, le
ministère de l'Éducation, a ce qu'on appelle un centre opérationnel de cyberdéfense, c'est-à-dire une organisation qui a
comme seul objectif d'assurer la sécurité des systèmes, notamment ma Place 0-5 ans, aurait... si le COCD avait été
en place à ce moment-là, aurait eu le mandat de faire ça. Il faut comprendre
ici qu'il y a une composante
entreprise privée et sous-traitance, là, mais généralement, le mandat du COCD,
c'est d'assurer la sécurité des systèmes.
Pourquoi je parle de
réseau? C'est que, préalablement à ça, anciennement, les ministères étaient
responsables de la cybersécurité de leurs
systèmes. Ça se travaillait en silo, donc c'était l'organisation versus la
haute direction du ministère, et il
n'y avait aucune notion transversale, et il n'y avait aucune autorité centrale.
Maintenant, chaque ministère a un COCD, ils travaillent en réseau, et il y a l'organisation centrale, le Centre
gouvernemental de cyberdéfense, qui a plusieurs mandats, notamment celui
de faire des balayages, de faire des tests d'intrusion.
Donc, maintenant, au
sein du gouvernement, on va tester ces systèmes-là. Est-ce que je suis capable
de détecter une vulnérabilité? Est-ce que je suis capable de l'exploiter, cette
vulnérabilité-là? De quelle façon je peux tester cette vulnérabilité-là? Donc, maintenant, on a une organisation qui fait ça
pour le gouvernement et qui assure, de cette façon-là, la sécurité des
systèmes.
On
a aussi mis en place la plateforme de signalement des vulnérabilités. Donc,
vous l'avez peut-être entendu, là, la SAAQ, le hackeur éthique qui a
testé, puis il a trouvé des vulnérabilités. Il y a une plateforme, maintenant,
au sein du gouvernement, où ces hackeurs-là
peuvent, de façon anonyme ou non, c'est leur choix, mais signaler la
vulnérabilité, dire comment ils ont
fait pour la trouver, comment ils ont fait pour l'exploiter. Et là, à partir de
là, nous, on prend ça en charge, on
le soumet au COCD pertinent, et ils ont, selon certains protocoles,
l'obligation de corriger la vulnérabilité. Ça, c'est le volet
cybersécurité de votre question.
Maintenant,
sur le volet réalisation, oui, le ministère est impliqué. Bien sûr, comme je
vous l'expliquais, Mme la députée, ce
n'est pas au ministère de la Cybersécurité à dire aux ministères et aux
opérations de quoi ils ont besoin et comment combler leurs besoins. Ça, c'est
leur démarche à eux. Mais, par contre, on va les accompagner au niveau de
l'analyse, on va les accompagner au niveau
du... comment monter les dossiers d'opportunité, comment monter le dossier
d'affaires. Le Centre québécois d'excellence numérique est là en
accompagnement. Une fois que le projet nous est soumis, on va l'analyser. C'est Mme Munger et son équipe... Puis
là je la regarde pour la stresser un petit peu, puis là j'arrête ça là. Et
donc c'est Mme Munger et son équipe qui vont
faire les analyses de projets. On va recommander ou non le projet au Conseil du
trésor pour financement. S'il est financé, ensuite on va faire un suivi à
travers le SIGRI, le système intégré de gestion en ressources
informationnelles, qui est notre tableau de bord des projets. On va faire un
suivi.
Mes
fameux voyants qui sont au vert, donc, tant que le budget, la portée du projet
et l'échéancier est respecté, ça nous dit : O.K., le projet va bien. Si on
a des indicateurs que le projet ne va pas bien, oui, on peut envoyer des gens
en soutien, les aider au niveau de la gouvernance, peut-être en termes de
ressources, comme je vous le disais, pour redresser le projet. Écoutez, ça peut
même aller jusqu'à la suspension du projet, mais là vous comprendrez que c'est
dans le cas où un projet est
totalement catastrophique. Et tout ça doit se faire en collaboration avec le
ministre, le portefeuille. Je n'ai pas l'autorité de faire ça seul,
mais, en collaboration, on pourrait le faire.
Donc, oui, on les accompagne. On les
aide à livrer les projets dans les délais, selon les budgets et selon la
portée. Dans ce cas-là, on le fera certainement aussi.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci, M. le ministre. Juste en sous-question... Donc,
vous allez être présent, vous allez accompagner,
je n'ai pas... j'ai bien compris votre réponse. Mais, au niveau de
l'échéancier, tout ça, est-ce que vous avez une idée de l'échéancier du
déploiement de cette nouvelle plateforme?
M. Caire : Sur ce dossier-là, actuellement, il est en
planification. Et donc c'est vraiment les équipes du ministère de la Famille qui vont monter leur dossier. Et, je
vous dirais, l'échéancier précis devrait arriver avec le dossier d'affaires,
normalement, où là ils vont soumettre un échéancier. Donc, nous ne le
définissons pas, mais, dans le travail d'analyse qui est fait par les équipes de Mme Munger, ça fait partie de l'analyse.
Est-ce que l'échéancier est réaliste compte tenu des ressources, compte tenu de l'expertise, compte
tenu de la complexité du projet? On peut évaluer si l'échéancier est réaliste
ou non, mais ça demeure la prérogative du ministère de l'organisme porteur du
projet de définir ses besoins, de définir les orientations en termes de quels choix technologiques il fait et, en
fonction de ses équipes et de ses budgets, de définir un échéancier.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe :
À quel moment est-ce que... À
quelle étape vous diriez que vous intervenez ou vous allez intervenir?
M. Caire : Ça
dépend du besoin. Ça dépend du besoin et ça dépend de la maturité et de
l'organisation. Au gouvernement du Québec,
je ne vous le cacherai pas, je veux dire, tous les ministères et tous les
organismes n'ont pas la même maturité au niveau des projets
technologiques. Donc, il y a des ministères qui vont nous demander de les
accompagner dès l'élaboration du dossier
d'affaires. Il y a d'autres ministères qui ont une plus grande maturité
technologique, qui vont tout
simplement soumettre les dossiers pour analyse, parce qu'ils ont tout à fait la
capacité d'être entièrement autonomes là-dessus.
C'est le cas, par exemple, du ministère de la Santé et des Services sociaux,
qui a une solide expertise et qui n'a pas nécessairement besoin de
l'accompagnement du ministère. Donc là, à ce moment-là, on fait la portion
analyse des projets et, après ça, on fait la portion monitorer le projet, mais,
si le ministère ou l'organisme sont autonomes et ont cette maturité
technologique là, bien, on les laisse gérer leur projet.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la députée, la parole est à vous. Il vous
reste un peu moins de quatre minutes à votre bloc.
Mme
Setlakwe : Merci. Je ne peux pas m'empêcher, M. le ministre, de
souhaiter élaborer, là, sur la notion de maturité de certains ministères,
juste...
M. Caire : En fait, ce n'est pas compliqué, il y a des
ministères et organismes qui ont déjà réalisé des projets, donc, qui ont des
équipes qui sont aguerries en matière d'élaboration d'analyse, de gestion de
projets, de livraison, de déploiement. Bien, je vous donnais un exemple.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux est un ministère qui a quand
même déjà quelques succès à son actif. Donc,
ça fait partie des équipes. On en a aussi beaucoup, dans nos sociétés d'État,
SAQ, CNESST, qui ont des équipes,
Agence du revenu, qui ont des équipes qui sont aguerries, qui ont livré des
projets, qui ont une maturité dans la gestion des projets.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe :
Bien, je continue. Donc, vous
nommez spécifiquement le ministère de la Santé et des Services sociaux,
l'Agence du revenu comme étant peut-être des entités plus sophistiquées, plus
expérimentées. Alors, lesquelles seraient... tu sais, lesquelles
auraient besoin de plus de soutien, plus d'aide de la part de votre ministère?
• (17 h 10) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée.
M. Caire : Non, mais c'est une bonne question, Mme la Présidente.
Bien, je vous dirais... Par exemple, récemment, on va aider nos collègues à la Sécurité publique. Mais, en même temps,
je ne voudrais pas laisser entendre qu'ils n'ont pas la capacité de livrer le projet. Quand on parle de
maturité, là, on ne part pas de 100 ou à zéro, là. Je veux dire, il y a des éléments pour lesquels on va les accompagner.
Je vous... Donc, ce n'est pas... Ils ont besoin d'une expertise peut-être un peu plus de pointe à ce niveau-là, puis les
équipes de Mme Munger les aident, là, justement dans la gestion du projet.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe :
Une dernière. Vous m'ouvrez la
porte, là. Le degré de maturité de la SAAQ, ça aurait été quoi?
M. Caire : Bien, ça va vous surprendre, mais je vous dirais
qu'au regard du projet CASA il y a quand même un secret qui est bien gardé.
C'est que ce qu'on a connu récemment, c'est le deuxième volet du déploiement.
Le premier volet, que c'est tous les systèmes administratifs de la SAAQ, c'était le
premier volet. Ça s'est fait en février 2019? 2019, et on n'en a pas entendu parler parce que ça s'est très
bien passé. Et je pense que notre collègue de Maurice-Richard va être d'accord
avec moi pour dire que l'intégration de
l'ensemble des systèmes administratifs d'une organisation de cette ampleur-là, c'est quand même tout un défi de déploiement puis
d'intégration. Et les problèmes, en fait, qu'ils ont connus sont plus des
problèmes d'arrimage parce que, comme... compte tenu qu'ils travaillent avec
des systèmes qui étaient complètement différents
puis qui ne se parlaient pas, d'avoir un seul système intégré, en fait, c'est
au niveau de la mobilité que ça a posé certaines difficultés.
Donc,
il y a eu un premier volet où le déploiement s'est très bien fait. C'est un
déploiement qui est très complexe et
qui s'est bien fait, avec le système qui fonctionne bien, qui donne des bons
résultats. Le deuxième a été... disons, nous a ébranlés un peu, collectivement, là, on s'entend, mais ce n'était quand
même pas... Le premier volet a été quand même positif.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée, il vous reste 17 secondes.
Mme Setlakwe :
Oui, c'est ça. On achève, donc.
Là, cette semaine, là, est-ce que les chiffres augmentent à votre satisfaction,
au niveau de SAAQclic? Est-ce que ça évolue bien? On voyait des rapports
presque quotidiens la semaine dernière.
M. Caire : Bien, en fait, oui. Je vous dirais, là, que ce que
je comprends, c'est qu'on est rendu à au-dessus de...
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre.
M. Caire : ...2,3 millions
de transactions sur SAAQclic.
La
Présidente (Mme Soucy) : Il ne vous reste
plus de temps de parole. Alors, merci, M. le ministre. Alors, votre premier
bloc est terminé.
Nous allons
maintenant poursuivre avec le deuxième groupe d'opposition. Pour votre
information, nous avons ajusté le temps de parole, donc votre temps de parole
va être de 19 min 48 s. Alors, je vous cède immédiatement la
parole, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci,
Mme la Présidente. Bien heureux d'être ici. On n'a pas souvent l'occasion
d'échanger sur des projets aussi importants pour l'avenir du Québec. Vous en
avez parlé... Le ministre, pardon, en a parlé, on parle de plus de, pratiquement, 8 milliards de dollars sur les
10 prochaines années dans ce qui est des nouveaux projets, donc, de
transformation digitale.
Je
comprends que la tradition veut qu'il y a une proportion dans le temps de
parole des intervenants ici, et donc je vais être le plus court, le plus précis
possible dans mes questions et puis j'espère, évidemment, avoir le plus de
réponses.
Je vais d'abord
revenir sur le projet SAAQclic rapidement parce que je pense qu'on en a déjà
beaucoup parlé, mais je vous avouerai qu'il
y a un bruit qui court que c'est le gouvernement qui a pressé la SAAQ de
procéder tout de suite au déploiement de SAAQclic, avec les résultats qu'on
connaît. Ça fait que ma première question pour le ministre : Est-ce que le
ministre a fait pression sur la SAAQ pour déployer un système en sachant qu'il
n'était pas tout à fait prêt?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Caire : Non,
pas du tout. Je veux rassurer les Québécois, je veux rassurer le député de
Maurice-Richard, c'était la planification de la SAAQ, et nous avons respecté
cette planification-là. Si la SAAQ avait décidé de retarder le déploiement,
nous aurions été tout à fait confortables avec cette situation-là. De notre
côté, il n'y avait pas d'urgence de déployer le système. Ce qui était
important, c'est que ça se fasse le mieux possible.
La
Présidente (Mme Soucy) : ...M. le
ministre. M. le député.
M. Bouazzi : Donc,
c'est clair. Est-ce qu'il y a un autre ministre du ministère qui aurait fait
pression sur la SAAQ pour que le déploiement se passe à ce moment-là?
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Caire : Là,
non, non, Mme la Présidente, je peux rassurer le député, absolument pas.
M. Bouazzi : Excellent. Durant ce fiasco, tel qu'il a été, en
fait, décrit par M. le ministre... le premier ministre et, d'ailleurs,
le ministre lui-même nous ont dit que le ministre du Numérique jouait le rôle
de conseiller. Ça fait que ma question pour
le ministre : Durant les quatre dernières années, quel conseil a été donné
par le ministre et lequel n'a pas été suivi dans le projet SAAQclic?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M.
Caire : Bien, en fait, c'est une excellente question, puis
je remercie mon collègue de la poser, parce que j'ai eu l'occasion, dans un contexte plus ou moins
favorable, de faire la chronologie des événements. Et, comme je le disais
d'entrée de
jeu, le ministère a un... Il faut comprendre que le projet CASA est un projet
qui est dans les cartons de la SAAQ depuis beaucoup plus longtemps que
ça. En fait, la première autorisation est en 2017, si ma mémoire est exacte.
Et ça, c'est très important aussi, M. le député,
je tiens à le préciser, parce que les projets des sociétés d'État ne sont pas
autorisés par le Conseil du trésor, ces projets-là sont autorisés par les
conseils d'administration. Donc, comme le ministère est arrivé en poste en
janvier 2022, là, vous comprendrez qu'on fusionne des équipes, on doit
faire une réorganisation administrative complète. Et, avant qu'on soit
opérationnels et qu'on puisse suivre ces projets-là, là, vous comprendrez que
le projet était déjà bien avancé.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le
député.
M.
Bouazzi : Donc, je n'ai pas entendu aucun conseil qui a été
proféré par le ministre sur un projet d'un demi-milliard de dollars, je le rappelle,
200 000 $ par jour pendant sept ans. Je n'ai pas entendu aucun conseil qui
a été donné pour ce projet. Ce qu'on
sait, par contre, de ce que nous a dit le ministre dans les dernières semaines,
c'est que la partie identité numérique faisait partie de sa
responsabilité.
Ma première
question, peut-être, sur la question de l'identité numérique, c'est :
Est-ce que M. le ministre sait quel est le pourcentage de Québécoises et de
Québécois qui ont du mal ou qui sont carrément incapables d'utiliser des outils
informatiques, dans ce qu'on appelle la littératie numérique?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Caire : Bien, écoutez, selon les
dernières études, 76 % des Québécois possèdent un téléphone intelligent et 96 %, si on combine différents appareils,
tablettes, portables, téléphones intelligents, 96 % des Québécois ont un
appareil numérique. Maintenant, puis la question du collègue, elle est
bonne, puis on avait eu l'occasion, avec la députée de Saint-Laurent, d'en
discuter, on est très conscients qu'il y a une fracture numérique et que le
ministère a un rôle à jouer pour aider ceux
qui ont cette moindre aisance à utiliser les services en ligne, de les
accompagner, mais je vous dirais que les chiffres les plus révélateurs qu'on
a sont ceux que je viens de vous donner.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très étonné que le chiffre de 96 % est mis de l'avant,
sachant qu'il y a à peu près 17 % de la population de moins de 65 ans
qui a énormément de mal avec les outils informatiques. Et probablement qu'ils ont un téléphone intelligent, mais qu'ils ont du
mal à l'utiliser, et donc à cela s'ajoute un 19 % qui, lui, est
capable, mais très faible, quand même, dans les outils informatiques.
Gouverner,
c'est prévoir, Mme la Présidente, et nous aurions pu prévoir facilement que,
quand on a un tiers de la population qui a du mal avec les outils
informatiques, une bonne partie va se retrouver devant les files d'attente, car
ils ne sont pas capables de passer à
travers un processus qui, d'ailleurs, fonctionne plutôt bien, je l'accorde à M.
le ministre. Or, malheureusement, nous avons vu les processus pour
pouvoir contourner les problèmes qui sont faits, d'un point de vue numérique, où les gens ont eu du mal, se mettre en
place après la mise en production du système. Est-ce qu'il aurait fallu
mettre en place ces processus avant?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci.M. le ministre.
M.
Caire : Certains d'entre eux, oui. Oui, M. le député, vous
avez raison, mais je veux juste revenir, M. le député, sur les chiffres que
vous avancez, que je ne conteste pas, ceci étant. Je vous entends, mais deux
choses là-dessus rapidement.
Je reconnais, et le ministère, nous
reconnaissons que nous avons une responsabilité aussi d'accompagner les citoyens dans l'utilisation des services
numériques. J'ai eu l'occasion de le dire, sur ce volet-là, donc,
d'information, de formation dans
l'utilisation du système d'authentification gouvernementale, on n'a pas bien
fait ça, là. Il faut être meilleurs la prochaine fois. Là-dessus, je
vous le donne.
Maintenant,
il y a aussi cet aspect que vous amenez, qui est... Ce n'est pas parce qu'un
service est un service en ligne qu'il faut penser que tout le monde va
l'utiliser, même ceux qui ont une certaine dextérité avec les services
numériques. Donc, je dirais, avis aux
ministères et organismes qui mettent des services en ligne, il ne faut pas
délaisser le service au comptoir ou le service aux citoyens directement.
Là-dessus, je vous rejoins tout à fait. Et je pense que, notamment à la SAAQ... mais les autres ministères et organismes
qui ont vu ce qui s'est passé tireront les leçons nécessaires de cette
situation-là.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. M. le député.
M.
Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Je comprends que le
ministre donne un avis à son propre ministère aussi au passage, étant
donné qu'il était, lui, en charge de cette partie-là du projet.
Peut-être une
dernière question sur l'identité numérique. Le ministre parlait, en 2019,
d'utiliser les «blockchains», donc les chaînes de blocs, pour l'identité
numérique. Est-ce que cette idée a été abandonnée par le ministère?
M.
Caire : Non, non, M. le député. En fait, dans nos... On va
avoir éventuellement le volet communication sécurisée et on est à expertiser,
justement, là, l'utilisation des chaînes de blocs. Mais évidemment, pour le
premier volet, ce n'est pas une
absolue nécessité, là. Mais éventuellement, dans le déploiement, la réponse,
c'est que, oui, nous comptons les utiliser.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Bouazzi : C'est clair. Donc, je comprends qu'on continue à
être probablement les seuls. Je ne sais pas s'il y en a eu depuis 2019, mais, à l'époque, nous aurions été
les seuls à mettre en place ce genre de technologie pour ce genre de
problème à résoudre.
Je vais passer
maintenant à la question de l'infonuagique, qui est un problème vraiment
important. En 2019, M. le ministre disait qu'il y avait 550 centres de
données qu'il fallait consolider et qu'à terme nous ferions 100 millions
d'économies de manière annuelle. Ma question est simple. Nous sommes quatre ans
plus tard. Combien de millions d'économies nous faisons annuellement grâce à ce
qui a déjà été fait dans le transfert dans l'infonuagique?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Caire : Bien,
c'est une bonne question, Mme la Présidente. Ici, en fait, le plan qui a été
déposé est un plan sur 10 ans, et, dans
les premières années, la transition amenait une augmentation des dépenses.
C'est normal. On garde des systèmes, on s'en va vers de nouveaux
systèmes. Donc, les économies étaient sur un horizon de 10 ans.
Le
projet a été lancé initialement en 2019, revu en 2020, et, si M. le député a
des questions, ça me fera plaisir de lui
expliquer pourquoi, donc, complété en 2025. Donc, vous comprendrez qu'on est
assez loin d'avoir rempli l'horizon de 10 ans. Donc, on est encore
dans la phase où ça nous coûte un peu plus cher avant d'avoir les économies de
ça.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
député.
M. Bouazzi : C'est
clair. Donc, je comprends qu'il n'y a, pour l'instant, aucun gain associé à ce
qui a été fait. Sur les 550 sites qu'il fallait consolider, combien ont été
faits, quatre ans plus tard?
M. Caire : Les chiffres qu'on a, c'est que le réseau de
l'éducation est à 44 % d'avancement, donc, de ces centres.
L'administration publique est à 57 %. Mais on attend toujours les
chiffres, là, au niveau du ministère de la Santé et des Services sociaux. En nombres absolus, honnêtement,
je n'ai pas le chiffre. Je ne sais pas si on l'a, mais, dans les pourcentages
d'avancement, là, on est dans ces eaux-là. Donc, pour nous, on est encore,
là... on est bien sur la cible de 2025.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Bouazzi : Je
comprends. Les chiffres que j'ai de votre ministère, M. le ministre, c'est cinq
sites qui ont été complétés quatre ans plus
tard. Donc, pour l'instant, moins que 1 % de migration qui a été faite. Et
on s'entend qu'à ce rythme-là nous
n'aurons pas fini d'ici six ans et encore moins eu les 100 millions de
gains. D'ailleurs, peut-être, ma question c'est : Est-ce que les
100 millions d'économies sont encore d'actualité par rapport à ce projet?
M. Caire : Je n'ai pas d'indication que ces chiffres-là ont
changé depuis. Mais je voulais dire, par rapport à ce que vient de dire le député, quand on parle de l'état
d'avancement, il peut y avoir différents processus. Donc, vous comprendrez
qu'il y a des systèmes qui sont vieux, pour lesquels il y a quand même un
protocole à suivre. On ne peut pas les prendre du système où est-ce
qu'ils sont, les amener directement à l'infonuagique.
Donc,
quand je parle de l'avancement, c'est, de façon globale, sur les étapes qui
nous manquent pour avoir l'ensemble de nos serveurs qui sont
décommissionnés ou de nos données qui sont en infonuagique. Mais, pour
l'instant, par rapport à la cible de 2025 et
au pourcentage d'avancement, moi, je n'ai pas d'indication, au moment où on se
parle, qu'on n'est pas sur nos cibles dans nos échéanciers et dans nos
cibles financières.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Je continue à me référer
à un document du ministère lui-même, où il y a cinq sur 550 de ces sites qui
ont été migrés quatre ans plus tard, et, à la place de M. le ministre, je
serais plutôt inquiet.
Une autre question,
peut-être. En 2019, M. le ministre nous disait que les données qui allaient
être mises dans l'infonuagique allaient rester au Canada. Est-ce que c'est
encore vrai aujourd'hui?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Caire : Oui. En fait, Mme la Présidente, ce que j'ai dit
et ce que je continue à dire, c'est que les données sensibles... donc, on fait une catégorisation des données, de
la donnée qui est non sensible à la donnée qui est extrêmement sensible,
catégorisation auquel on a rajouté un paramètre qui est la donnée stratégique.
Donc, pas nécessairement qu'elle soit sensible, mais elle est stratégique pour
les opérations du gouvernement, et j'ai dit, à ce moment-là : On est à peu
près à 20 %. Nous sommes, selon ce
critère-là qui a été ajouté, à 40 % des données qui sont sur le nuage
gouvernemental. Donc, la réponse à la question du député, pour ce
40 % là, c'est absolument oui.
Maintenant, pour les
autres données qui peuvent aller en infonuagique publique, ce qu'on appelle
infonuagique publique, paradoxalement,
c'est des entreprises de services, je vous dirais que, pour la très grande
majorité, pour ne pas dire la totalité, elles ont des centres de
traitement ici, au Canada.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le
député.
M.
Bouazzi : Donc, je comprends que, le 14 mars 2023, lors des
analyses sur les données médicales hébergées sur
les serveurs, la question, de dire : Est-ce que ces données-là pouvaient
se retrouver à l'étranger?, on comprend qu'à ce moment-là M. le ministre avait ouvert la porte pour que ces données-là
soient aussi hébergées à l'étranger, possiblement dans le privé. Est-ce que,
trois semaines plus tard, cette porte-là est fermée ou est-ce que c'est des
données qui sont moins stratégiques, quand on parle de données médicales
des Québécoises et des Québécois?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Caire : En
fait, Mme la Présidente... Puis je comprends tout à fait la question du
collègue. J'ai eu cette discussion-là avec
le député de Rosemont, et ce que je disais, c'est que... parce que, là, on
parlait, dans le cadre du p.l. n° 3, de données, données de recherche qui pouvaient transiter et qui
pourraient être l'objet d'échanges entre deux groupes de recherche, dont un n'est pas nécessairement au
Québec ou au Canada. Et, dans ce contexte-là, je disais que contractuellement,
effectivement, il pouvait y avoir ces échanges-là.
Maintenant, ça, c'est
quelque chose de différent par rapport au stockage de la donnée. La donnée de
santé, par définition, est une donnée
sensible, donc la donnée de santé, par définition, va être stockée sur le nuage
gouvernemental. Donc, non, elle ne peut pas se retrouver à l'étranger.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Lors d'un échange qu'on
a eu, M. le ministre et moi, dernièrement en Chambre, M. le ministre a donné le système SAGIR
comme étant un des succès qu'il s'est attribué. Et donc je suis allé voir
un peu où en était la situation et je dois
avouer qu'il y a un certain nombre de questionnements qui se sont posés à moi.
Je vous donnerai peut-être plusieurs
exemples. Les fonctionnaires du SFPQ ont signé une convention collective en
septembre dernier. La majorité des
primes des montants rétroactifs forfaitaires devaient être payées avant la fin
de l'année 2022. D'après M. le ministre, combien de temps ça a pris pour
que toutes ces primes soient livrées à travers le système SAGIR?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Caire : Alors, il faut comprendre que, là, on parle de
SAGIP, qui est un système de paie qui a été élaboré en 1978, 1980...
Une voix :
...
M.
Caire :
1978? Merci. 1978. Donc, SAGIP, M. le Président, est à la veille d'être
bénéficiaire de la Régie des rentes du
Québec, tellement il est vieux. Nous
sommes donc à penser... bien, pas penser, mais planifier son remplacement.
Le
problème qu'on a, M. le député... Puis je comprends tout à fait votre question
puis je comprends aussi l'exaspération des
syndicats, mais il faut comprendre que ça, ça a été fait en cobol. Moi, le
dernier programmeur cobol que j'ai rencontré, il mange les pissenlits
par la racine, donc vous comprendrez que l'embaucher pour venir modifier un
système, c'est plus délicat. Alors, on a ce
problème-là, ce qui est un problème assez complexe. Maintenant, il faut le
remplacer, mais on ne peut pas remplacer que ce système-là. C'est
l'ensemble du progiciel de gestion intégré du gouvernement qu'on est à
réfléchir au remplacement.
Sur
SAGIR, Mme la Présidente, parce
que le député a soulevé la
question, ce que je disais, c'est que le problème qu'on a vécu avec SAGIR,
c'est que, quand on a déployé les quelques modules qu'on a acquis, M. le
député, puis je pense que vous allez
comprendre parce que vous avez travaillé dans des projets informatiques, on est
allé jouer dans le code, on est allé faire... développer des programmes mais
intégrés au code. Ce faisant, on déstabilise la solution et on en rend la mise
à jour impossible, parce que ça veut dire qu'on écrase les codes qu'on a mis à
l'intérieur de... c'est ça, qu'on a
mis à l'interne. Donc, ce que j'ai dit et, avec les équipes du sous-ministre,
on a dit : Vous enlevez ces personnalisations-là. Et, à partir de
maintenant, toute application qui sera acquise par le gouvernement devra rester,
ce qu'on appelle, vanille. Donc, vous ne
touchez plus aux solutions. Si la solution ne fait pas entièrement... ne répond
pas entièrement aux besoins, bien, vous utilisez des API puis vous mettez
des solutions en périphérie.
• (17 h 30) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Bouazzi : Une longue réponse, Mme la Présidente, pour dire
qu'effectivement ils n'ont toujours pas eu la totalité de ce qui les
attend. Et je comprends que ce que M. le ministre qualifiait comme un des
succès est un système qu'il faut en fin de
compte remplacer assez vite car il est évidemment passé date. Et je suis
d'accord avec le ministre que le cobol, c'est compliqué en 2023.
Donc,
peut-être pour conclure, je reviendrai sur ce qu'on a entendu aujourd'hui. Sur
la question de la SAAQ, c'était un ministre conseiller qui, d'après ce que j'ai
entendu, n'a donné aucun conseil pendant quatre ans. Sur la question du
numérique, de l'identité numérique, il fallait prévoir qu'un tiers de la
population allait avoir du mal avec le système, et il n'a pas prévu. Sur la question des données en 2019, on avait prévu
550 sites qui allaient aller vers l'infonuagique, et il y en a
juste cinq qui ont été complétés quatre ans plus tard.
Je vais
paraphraser M. le ministre. Si un ministre n'atteint pas ses objectifs, qu'il
ne respecte pas ses échéanciers, quelles
sont les conséquences actuellement? Je fais partie de ceux, Mme la Présidente,
qui ont livré des gros projets et qui croient
pertinemment à l'importance de la réussite de cette transition numérique. Et,
malheureusement, à la lumière de tout ce qu'on a entendu dans l'échange actuel, on a du
mal à voir comment nous allons atteindre cette transformation, qui est
pourtant cruciale pour le Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député de Maurice-Richard. Il reste neuf secondes, si vous
voulez ajouter quelque chose.
M. Caire : Bien, en fait, ce n'est pas cinq. CTI, c'est cinq
organismes qui ont complété le transfert, là. Alors, c'est...
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Alors, c'est ce qui complète votre bloc, M. le député de Maurice-Richard. Maintenant, nous allons poursuivre
avec Mme la députée de Mont-Royal Outremont. Pour votre information,
vous détenez... vous disposez de 11 min 5 s pour votre bloc,
incluant les réponses, évidemment.
Mme Setlakwe :
Merci, Mme la Présidente. Je
reviens un peu sur la SAAQ, parce que c'est l'organisme désigné, là, dans le document Plan annuel des
investissements et dépenses en ressources informationnelles.
Tableau 5, quand on parle des
projets désignés d'intérêt gouvernemental : «Lorsque le gouvernement le
juge requis, certains projets de grande envergure et qui concernent
plusieurs organismes publics peuvent être désignés d'intérêt gouvernemental.
Les projets désignés comme étant d'intérêt
gouvernemental [se trouvent] dans le tableau», à la fin on a la question de la
reconnaissance faciale. Puis, juste pour revenir à mon point du début,
qui concerne l'organisme SAAQ : «Le projet de reconnaissance faciale vise à introduire une solution de
reconnaissance faciale aux fins de l'optimisation de la banque photo de la
Société de l'assurance automobile du
Québec.» Date de désignation : novembre 2021. J'aimerais vous entendre sur
ce projet désigné, M. le ministre. Là, on sait que la reconnaissance
faciale, les données biométriques, c'est d'une importance cruciale.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Caire : Tout à fait. Bien, en fait, ce que la SAAQ fait,
c'est de mettre ce programme-là en place pour faire un ménage dans leur banque de photos parce qu'elles
se sont accumulées au fil du temps, et, bien, maintenant, il serait pertinent
de ne garder que celles qui sont utiles,
d'autant plus que, si vous regardez la Loi concernant le cadre juridique des
technologies de l'information, bien,
effectivement, lorsqu'une donnée biométrique n'a plus d'utilité, on doit la
détruire. Mais ce travail-là, à la main, là, vous comprendrez que ce
serait impensable, là. Donc, le programme vise à faire ça exactement.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe :
Puis autrement, là, plus
généralement, au niveau du biométrique, vous êtes... vous avez déjà dit
dans le passé que c'était ce vers quoi vous souhaitiez aller. Vous en êtes
rendu où dans votre réflexion?
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Caire : Si je peux me permettre, dans le projet du Service
québécois d'identité numérique, il y a un volet sur la reconnaissance
faciale. Ceci étant dit, ce que j'ai dit, c'est qu'avant d'aller de l'avant
avec ce projet-là il y aura des consultations.
On va tester l'appétit des Québécois, de un. De deux, le service biométrique
pourrait être offert, mais il ne sera
jamais obligatoire. Mais il faut comprendre que, quand on veut aller vers des
niveaux de sécurité supérieurs... Comme là, ce que nous offrons avec le Service d'authentification gouvernementale,
c'est un niveau de sécurité de niveau 2, mais, si on veut aller à des niveaux supérieurs, niveau 3
notamment, il nous faut... bien, en fait, il nous faut... là on utilise la
biométrie, pour arriver à ces niveaux-là. Mais, encore une fois, Mme la
députée, ce ne sera jamais une obligation, au niveau du gouvernement du Québec,
d'utiliser l'authentification biométrique. Ça, c'est très clair pour moi.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci pour votre réponse,
M. le ministre. Donc, je comprends, bon, pas d'obligation. Si on décide
d'aller dans ce sens-là, il n'y aura jamais d'obligation. Mais là vous
dites : On va tester l'appétit des Québécois, on va prendre le temps de bien faire les choses, on va
consulter. Consulter qui, quand, et ce serait quand, ce serait sous quelle
forme, quelle structure? Puis ce serait quoi, l'échéancier de tout ça?
M. Caire :
Je vous...
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre, vous...
M. Caire : Je
vous dirais que je ne peux pas...
La Présidente (Mme Soucy) : Juste laisser terminer la question, parce que, lors de la transcription,
on va avoir de la misère si vous embarquez par-dessus la voix de madame.
Alors, allez-y.
M. Caire : Je
vous... Toutes mes excuses, Mme la députée, Mme la Présidente.
Donc, ce que
je veux dire, c'est qu'au moment où on se parle ce n'est pas planifié parce que
les prochains blocs que nous allons
livrer vont être le portefeuille numérique et l'authentification corporative,
là, pour les entreprises. Donc, on n'est pas à l'étape de la biométrie encore,
mais, lorsque nous y serons, Mme la députée, soyez assurée qu'il y aura cette
planification-là et qu'il est prévu, ça nous
est suggéré fortement, notamment par la Commission d'accès à l'information, puis on a l'intention d'y donner suite... il y aura une consultation. Je
pourrai vous en dire plus à ce moment-là, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Merci.
Juste, bon, précision. Donc, on est... on y va étape par étape. Le prochain
bloc, donc, on parle de portefeuilles corporatifs. Et vous en êtes où à
ce niveau-là?
M. Caire : Bien,
compte tenu... Alors, c'est un petit peu ce que j'expliquais quand on dit que
les grands projets doivent être découpés en plus petits projets. Donc, le Service
d'authentification gouvernementale citoyen est en place, il fonctionne bien. À partir de là, on peut monter le dossier
pour le citoyen corporatif. Parce qu'il faut comprendre qu'il y a des parties
de l'identification gouvernementale
citoyenne qui pourront être réutilisées, parce que, bon, une corporation, il y
a une existence juridique, mais il
n'y a pas d'existence physique. Donc, il va falloir relier ça à un individu.
Donc là, on va monter le dossier d'affaires,
on va réaliser le projet. Mais c'est... L'important, c'est ce que je disais,
c'est qu'il faut partir de bases solides. Et là on sait que le Service
d'authentification gouvernementale citoyen, c'est une base solide.
Même chose
pour le portefeuille numérique. Le portefeuille numérique, on est en élaboration.
Je pense qu'on livre en 2024, décembre 2024.
Des voix : ...
M. Caire : On est en décembre
2024 pour la livraison du portefeuille numérique.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Mme la députée.
• (17 h 40) •
Mme Setlakwe : Merci, M. le
ministre. On sait que la cybersécurité, c'est important, puis on comprend que
le gouvernement procède par étapes et
s'occupe de ses propres ministères en tout premier lieu. On sait toutefois que,
tu sais, ça ne s'arrête pas là, là,
que les Québécois sont exposés à différents niveaux, tu sais. Puis on l'a vu
aussi avec les récentes mésaventures à Investissement Québec et Rio
Tinto. Ça touche tout le monde. Ça touche les entreprises, ça touche les
municipalités.
Je me réfère
à une entrevue. Bien, il y a une de vos entrevues dans le magazine tout récent,
là, mars 2023, de l'URBA. Juste
avant votre entrevue, le maire de Shawinigan, Michel Angers, commentait ses...
il faisait part de ses préoccupations pour les municipalités. Et on lui
demandait : Pensez-vous que le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique devrait s'impliquer davantage en ce qui a trait à la cybersécurité
dans le domaine municipal? Et sa réponse était, bien : «Il doit [d'abord] le [faire] pour ses propres ministères — comme
je mentionnais — employées
et employés — féminin
et masculin — mais
il doit aussi accompagner les villes et les municipalités qui se [trouvent]
avec les mêmes réalités face à cette
adversaire invisible. Il est tout à l'avantage du gouvernement d'être un
partenaire à part entière des municipalités dans cette perspective qui
prendra de l'ampleur au cours des prochaines années.»
J'aimerais vous entendre, là, sur votre plan
d'action au niveau de l'aide aux municipalités.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre.
M.
Caire : Oui. Bien, en fait, on est encore à l'étape des
discussions. Évidemment, compte tenu qu'on parle des municipalités, nos
collègues du ministère des Affaires municipales sont impliqués dans cette
discussion-là. Puis je ne veux pas réfléchir
à voix haute ici, là, on est dans une démarche de voir de quelle façon... En
fait, la réponse à votre question, c'est :
Oui, bien sûr, on veut les aider, on veut les accompagner. Maintenant, ce qu'il
faut faire, c'est... De quelle façon? On veut respecter, évidemment, l'autonomie des administrations municipales,
des gouvernements qui sont des gouvernements locaux, mais on veut aussi
assumer notre mandat de cybersécurité sur le territoire québécois. Donc, on est
en discussion avec eux pour voir quels sont leurs besoins, de quelle façon on
peut les aider.
Puis là vous
comprendrez qu'au Québec, là, tu sais, Montréal n'a pas les mêmes besoins ou
les mêmes problèmes ou réalités
qu'une municipalité de 200, ou 300, ou 400 habitants, bien évidemment.
Donc, avec les MRC, avec les associations et fédérations municipales,
FQM, UMQ, et les... Québec, Montréal, on a des discussions, comment on peut les
aider, qu'est-ce qu'on peut mettre en place,
comment on pourrait les joindre au réseau gouvernemental de cyberdéfense, si
tant est que ça les intéresse de se joindre à ce réseau-là. C'est toutes
des solutions qui sont sur la table.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme
Setlakwe : Merci, M. le ministre. Donc là, si on revient au
plan budgétaire, qu'on a évidemment commencé à étudier, page B.36, prolonger le Programme de rehaussement de la
cybersécurité, on parle d'investissements de 100 millions sur deux ans. Pour contrer la hausse constante des
cyberattaques, vous souhaitez mettre en place des mesures de protection
obligatoires additionnelles. Donc, le gouvernement prévoit 70 millions sur
trois ans à compter de 2024‑2025 afin de prolonger
le fameux Programme de rehaussement de la cybersécurité et déployer des projets
de cybersécurité au sein des organismes publics. Comment ça va se
déployer, là, tout cet argent-là? Et quelles sont les premières étapes? Et on
peut s'attendre à quoi, là, dans les prochains mois?
M.
Caire : O.K. Alors, il y a une première année où on avait
30 millions. Donc là, comme je vous disais, on était à déployer le réseau gouvernemental de
cyberdéfense. Il fallait, bon, équiper le réseau, il fallait acquérir certaines
solutions technologiques, etc. Pour
cette année, on est dans la continuité de ça, 70 millions. Il y avait un
plan de rehaussement qui avait été
déployé autour de 15 mesures à déployer. On est à compléter ce plan-là.
Parallèlement à ça, le ministère est en train de rééditer le plan de rehaussement, donc, justement pour les
années subséquentes. Et c'est dans cette perspective-là qu'on a demandé au ministère des Finances, qui
nous l'a accordée, une prolongation du plan de rehaussement de cybersécurité
à partir de 2024‑2025 pour trois ans. Et donc c'est une somme de
70 millions qui nous est attribuée pour ça.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Setlakwe : Merci.
Est-ce que vous pourriez élaborer un peu plus au niveau, là, de l'exécution du
déploiement de tout ça, là, comment ça se passe au niveau des appels
d'offres?
M. Caire : Bien, en fait, c'est
parce qu'il y a différents éléments. Donc, comme je vous le disais, il y avait,
par exemple, la mise en place d'une unité
qui va faire de la veille dans le «dark Web». Vous excuserez l'anglicisme, là.
Donc, on a maintenant une unité qui fait de la veille sur le «dark Web».
La
Présidente (Mme Soucy) :
M. le ministre, votre temps de
parole est terminé. Alors, la commission plénière ayant terminé ses échanges, je remercie les personnes
qui y ont participé. Donc, merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, M. le député de Maurice-Richard, M. le ministre ainsi que vos équipes
respectives. Pour permettre à la commission de poursuivre sa séance, je prie
toutes les personnes qui doivent se retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les travaux quelques instants,
le temps de réorganiser la salle. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 17 h 52)
La
Présidente (Mme Soucy) :
Donc, la commission plénière
poursuit ses travaux sur l'étude des crédits provisoires pour
l'année 2023‑2024.
Administration
gouvernementale et Conseil du trésor
Au cours
de la prochaine heure, nous allons procéder à un échange entre Mme la
ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor et des députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous rappelle qu'un maximum de
six minutes est alloué au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 min 7 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 2 s au deuxième groupe
d'opposition et 1 min 2 s au troisième groupe
d'opposition.
Remarques
préliminaires
Et, sans plus
tarder, je cède la parole à Mme la ministre pour ses remarques préliminaires.
Et considérez-vous tous et toutes salués.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Bien, merci beaucoup,
Mme la Présidente. D'ailleurs, je vais en profiter malgré tout pour saluer mes deux collègues, mes collègues de l'opposition,
qui vont faire cette étude de crédits là avec moi. Alors, c'est toujours un
plaisir. C'est des gens que j'ai eu l'occasion de côtoyer dans l'autre
législature. On a eu l'occasion de faire d'autres types de projets de loi ou d'études de crédits
ensemble. Je vois mon autre collègue également. Mais vous allez me permettre
malgré tout de prendre, je vous dirais, une grande part de mon temps pour
prendre la peine de saluer les équipes.
On a présenté
le budget hier. Avec le budget, le rôle du Conseil du trésor, de la présidente
du Conseil du trésor, il est complémentaire à celui du rôle du ministre
des Finances. Et les équipes du Conseil du trésor qui ont préparé, avec Finances, le budget, mais surtout ce qui découle
du budget, c'est-à-dire la stratégie de gestion des dépenses, tout ce qui est
aussi la gestion des effectifs, la gestion des marchés publics... est fort
important. Ce travail est fort important. Il a commencé... Il commence très tôt dans l'année. Notre travail se poursuit
aussi après que le début... le budget est commencé. Je ne dirais pas que le travail commence, mais une
grosse partie du travail du Conseil du trésor commence au jour un du
dépôt du budget.
Alors, j'ai avec moi, naturellement... bon, à ma
gauche, j'ai M. Éric Ducharme, qui est le secrétaire du Conseil du trésor, j'ai... ici, dans la salle, il y a
Mme Danièle Cantin, qui est la secrétaire associée aux politiques
budgétaires aux programmes, ça va me
permettre de... ah! elle est juste derrière moi, ça me permet de les repére, très
important, comme section, quand on parle du budgétaire, naturellement, qui est
accompagnée de Marie-Claude Fontaine, la secrétaire adjointe aux programmes économique, éducatif et culturel,
Marie-Claude. Serge Caron, qui est directeur général des programmes
administratifs, sociaux et de santé. On a également Nathalie Noël, qui est la
secrétaire associée aux marchés publics. Nathalie, je viens de la voir, bonjour. Alexandre
Hubert, qui est secrétaire associé aux ressources humaines gouvernementales.
Carole Blouin, qui est la secrétaire
associée à la performance et l'application de la Loi sur l'administration
publique, qui est ici également. Il y
a... On a avec nous Reda Diouri, qui est du bureau, là, de la négociatrice en
chef, qui est le négociateur en chef
adjoint et secrétaire adjoint des régimes particuliers de négociation, de la
rémunération globale et du bureau, naturellement,
de la négociation gouvernementale, Reda qui est juste là. Et Cinthia Nadeau,
qui est la directrice générale d'administration.
J'ai, naturellement, les gens de mon cabinet, Fanny Cantin, qui est ma
directrice de cabinet, et Émilie Vallée, qui est ma conseillère
politique dans ces dossiers particulièrement.
Je prends la
peine de le faire, Mme la Présidente, parce qu'on ignore très souvent le
travail colossal qu'il y a derrière la préparation d'un document si bien ficelé
et le travail colossal qu'il y a tout au long de l'année. C'est ma... J'ai le
privilège pour la troisième année
consécutive de déposer, là, la stratégie de dépenses gouvernementale, d'être
associée au budget avec mon collègue
aux Finances, et on est souvent mis de l'avant, nous, les ministres, nous, les
porte-parole, dans ces différents dossiers, mais le travail colossal qui
est fait par les équipes des gens présents ici, mais des gens aussi qui sont
avec ces équipes-là, il n'y avait pas assez
de place ici, dans la salle, pour loger tout le monde, je pense qu'il faut
prendre la peine de le souligner et
de le mettre de l'avant. Puis, je dis souvent, si on est bons, c'est parce
qu'on est entourés de gens qui sont forts, qui sont solides, puis ça
nous permet de se sentir bien ancrés.
Donc, ceci étant dit, pour moi, je pense... De
toute façon, on aura l'occasion, mais, pour moi, c'était l'essentiel. Puis il y a peu de moments où c'est pertinent de
le faire. Et, si c'est un moment où c'est pertinent, c'est bien aux crédits,
quand on vient faire cet exercice colossal et ce qui se passera pour la suite
de l'année.
Donc, c'est
important de dire qu'il y a le budget consolidé de mon collègue, les dépenses
de portefeuille, mais ce qui est sous la responsabilité immédiate du Conseil du
trésor, avec des nuances, naturellement, mais on fait... on va dans les
grands traits, c'est ce qu'on appelle les dépenses de programmes. On a
115,5 milliards de dollars de disponibles pour l'ensemble de mes collègues gouvernementaux pour
ce qu'on appelle les dépenses de programmes. Mon rôle, c'est donc de gérer les dépenses pour maintenir le niveau des
services à la population, et l'objectif que l'on poursuit tous ensemble, les
équipes ici, c'est de faire en sorte de maximiser chaque dollar pour s'assurer
qu'il y ait des retombées qui sont significatives, visibles et concrètes
pour la population.
Donc, la
qualité des services publics... Les enjeux, naturellement, qui sont dans ces
115,5 milliards de dollars là, c'est de rendre le système de santé
plus humain, plus performant, d'encourager la persévérance scolaire et la
réussite éducative, accroître l'offre de
logements sociaux et abordables, fournir des services de garde éducatifs à
l'ensemble, adaptés aux familles,
favoriser la culture québécoise, la langue française, protéger l'environnement,
accélérer la reconnaissance des compétences des personnes immigrantes et
favoriser leur intégration. Ce sont les priorités gouvernementales.
Naturellement,
ce sont mes collègues dans chacun des secteurs qui sont... qui ont le loisir
d'appliquer les sommes qui vont
être... qui leur sont dévolues, mais ce sont les priorités qui ont guidé cette
année, comme beaucoup dans les années précédentes, la mise en place du
budget et ce sont les 115,5 milliards de dollars que nous aurons à
administrer.
Il y a beaucoup de choses, hein? Il y a
l'efficacité de l'État qui est au coeur de notre mission, la performance de
l'État, la saine gestion des effectifs de l'État. Naturellement, les
négociations. Le Conseil du trésor, je vous dirais, Mme la Présidente, gagne à être connu. Et, si c'est une façon,
aujourd'hui, de faire valoir toutes les réalisations ou, à tout le moins, les responsabilités que nous avons, bien,
je pense que c'est une belle occasion de le faire. Et je voulais m'assurer,
d'entrée de jeu... on pourra répondre de
façon plus pointue à vos questions, naturellement, c'est le but de l'exercice,
mais je voulais m'assurer, d'entrée de jeu, de bien le faire.
• (18 heures) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, nous
poursuivons avec les remarques préliminaires de Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Tout d'abord, bonjour, Mme la présidente du
Conseil du trésor. Et vous avez très
bien fait de souligner la présence de tous vos collaborateurs et
collaboratrices. Salutations bien particulières à celui qui est aux tables de
négociations, un travail très important qui est en cours présentement et qui
demande énormément d'efforts pour qu'on puisse finalement conclure une entente
qui va être satisfaisante pour l'ensemble, évidemment, des travailleurs présentement en négociations. Bonjour
aussi à ma collègue la députée de Sherbrooke, qui est présente avec nous.
Évidemment,
j'ai déjà eu le plaisir de travailler avec la présidente du Conseil du trésor
dans l'ancienne législature, et c'est
un plaisir qui est renouvelé. Et on aura l'occasion, dès la semaine prochaine,
de reprendre nos travaux sur le projet de loi n° 9, fort attendu.
Donc, moi, Mme la Présidente, je suis déjà prête
pour poser des questions, alors je vais faire court.
La Présidente (Mme
Soucy) : Alors, merci, Mme la députée.
Vous ne souhaitez pas prendre... Parfait.
Discussion
générale
Alors, bien,
allons-y immédiatement pour votre premier bloc. Mme la députée de
Saint-Laurent, je vous laisse la parole. Vous avez un bloc de
20 minutes.
Mme
Rizqy : Merci beaucoup. Alors, j'inviterais la présidente
du Conseil du trésor à aller au volume 3 des crédits, à la
page 8-2, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Le
temps de trouver le volume.
Mme Rizqy : Oui, on en a plusieurs,
hein?
Mme LeBel : Oui.
Mme
Rizqy : Pour ceux qui nous regardent à la maison, c'est
qu'on arrive avec des valises, hein, avec les volumes.
Mme LeBel : ...les chiffres sont
importants, donc...
Mme Rizqy : Oui.
Mme LeBel : Vous avez dit
volume 3, page 8-2?
Mme Rizqy : Oui. 2, s'il vous plaît.
Mme
LeBel : Parfait. Donc, juste pour être certains, Budget et
crédits du ministère et organismes budgétaires, on est dans la section
Éducation. C'est ça?
Mme Rizqy : Bien oui. Vous
comprendrez, j'ai commencé, ce matin...
Mme LeBel : Je suis fort étonnée.
Mme
Rizqy : ...en éducation, je termine avec vous au Conseil
du trésor, mais je dois commencer avec éducation, hein? Vous savez où
mon coeur loge.
Alors, à cette page-là, est-ce que vous voyez
bien Taxe scolaire — Subvention
d'équilibre fiscal?
Mme LeBel : Oui.
Mme Rizqy : Donc, ça a coûté
1,5 milliard, ce qu'on appelle la subvention d'équilibre. Donc, ça,
c'était pour pallier à la baisse de taxe foncière pour s'assurer que les écoles
continuent d'obtenir le montant qui était dédié à partir de la taxe foncière. Donc, ça a coûté, à l'État
québécois, 1,5 milliard, la subvention d'équilibre fiscal en 2023‑2024,
c'est bien ça?
Mme
LeBel : Bien, en 2022‑2023, c'est 1 519 000 000 $, et,
en 2023‑2024, le budget de dépenses qui est prévu pour
ça, c'est 1 525 000 000 $. Là, j'ai omis certaines
décimales, vous comprendrez.
Mme Rizqy : Oui, bien, ça, pour les
fins de notre discussion...
La Présidente (Mme
Soucy) : ...
Mme LeBel : Donc, on est, grosso
modo... Excusez-moi, Mme la Présidente, je ne voulais pas faire...
La Présidente (Mme
Soucy) : Allez-y, allez-y.
Mme LeBel : Parce qu'il y a comme...
Mais on est, grosso modo, dans le même montant, là.
Mme
Rizqy : Oui, on a une légère augmentation. Par contre,
j'aimerais avoir une information plus précise. Moi, j'aimerais savoir,
dans ce 1,5 milliard, quelle est la proportion pour les taxes fiscales des
non-résidents?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre.
Mme LeBel : Écoutez, honnêtement, je
n'ai pas ce détail particulier de ce chiffre-là. On va prendre ça en note, si vous le permettez, puis, si on est à même de
vous le fournir d'ici la fin de l'heure, on va le faire, et, sinon, ça va me
faire plaisir, si je suis capable de
vous acheminer le chiffre, de le faire, et, si je ne peux pas le faire, comme
d'habitude, de vous fournir l'explication pourquoi.
Mme Rizqy : Parfait. Puis moi...
Juste pour ceux qui nous écoutent, parce que c'est vraiment une information très technique, la question là-dessus, c'est parce
que, lorsqu'on a fait le projet de loi n° 3, dans l'ancienne législature,
j'avais vraiment demandé que cette
baisse de taxes ne soit que pour les Québécois et non pas pour les
non-résidents. Et, malheureusement, c'est que même des étrangers peuvent
bénéficier de ce report... bien, cette baisse de taxes, et je ne pense pas que c'est ça, l'objectif recherché quand
on veut remettre de l'argent dans les poches des contribuables. Donc, si on est capables d'isoler la barrière, ce serait
grandement apprécié. Il n'y a pas de souci, je vais attendre. De toute façon,
on va se revoir, nous deux, il n'y a pas de problème.
Maintenant,
un sujet qui est important, j'en ai parlé avec ma collègue la députée de Westmount—Saint-Louis,
vous le connaissez bien, ce sujet, mais je
veux l'asseoir correctement parce que je ne veux pas faire paniquer personne,
là, personne. La caméra, je ne sais
pas où est-ce qu'elle est, la caméra, là, mais personne ne doit paniquer. Il
faut distinguer... Puis, si vous
permettez, Mme la Présidente, ici, je vais faire que... avec la présidente du
Conseil du trésor... C'est que c'est un
sujet qui est très sérieux puis important. Au niveau de ce qu'on appelle les
appels 9-1-1, c'est une chose, et ce qu'on appelle... je ne veux pas dire... on appelle ça le centre de
gestion des appels à la Sûreté du Québec, ça, il faut distinguer... vous, vous
comprenez, Mme la Présidente, ce qu'on appelle les répartiteurs, hein? Donc, il
y a un appel 9-1-1 qui peut être logé. Une
fois que l'appel 9-1-1 est logé, au niveau des répartiteurs, au niveau de
la Sûreté du Québec, eux, à ce moment-là, ils vont continuer l'appel.
C'est ce qu'on appelle souvent, dans le jargon des policiers, les policiers
invisibles. Donc, eux, pendant qu'on envoie,
justement, la patrouille de la Sûreté du Québec, ils vont continuer à faire des
recherches, par exemple, dans cette
maison-là, est-ce qu'il y a des armes à feu, ou quoi que ce soit. Ils vous ont
déjà interpellée et ils ont mentionné, dans
une lettre, là, que vous avez déjà obtenu copie, puis c'est une lettre
confidentielle, donc je ne vais pas la déposer, je ne pense pas que ce soit nécessaire, parce que je
sais que... je connais ma collègue, elle connaît le dossier. Ils ont dit la
chose suivante. Un, c'est une bonne
nouvelle. Ce n'est pas une question d'argent, on en a, ça fait que... mais ils
doivent reclassifier les répartiteurs
pour être en mesure de leur donner correctement le montant d'argent qui est
alloué pour leur rémunération. Donc,
ils ont l'enveloppe d'argent, mais, vu qu'on n'a pas refait la
reclassification, ils ne peuvent pas leur attribuer les sommes nécessaires. Et là l'enjeu que nous avons
présentement, c'est un petit peu partout pareil, vous savez, avec la pénurie de
main-d'oeuvre, on s'arrache tous les
travailleurs, alors, lorsque les montants... un employeur nous offre un
meilleur montant, malheureusement, on quitte.
Là, je vois qu'il y a
des points d'interrogation. Alors, ce que je vais faire, avec la permission de
la table — un
page... — je
veux juste vous l'envoyer, parce que je ne veux pas le déposer, je pense que
c'est pertinent, mais ça va...
Mme LeBel : ...parce
que ce sont des questions qui sont absolument très pointues et techniques, et,
pour être à même d'y répondre correctement, il faut qu'on parle de la même
chose, naturellement, là.
Mme Rizqy : Oui, absolument. J'allais juste vous lire... Ils
vous avaient envoyé, à l'époque, une demande de révision de
classification du poste de préposé aux télécommunications. Ça a été envoyé au
25 avril 2022 au Conseil du trésor. Puis
ça, ce n'est pas du tout une question d'argent. C'est vraiment juste technique,
au niveau de la reclassification. Puis, au mois de décembre 2022,
ils ont reçu comme réponse que c'est encore à l'ébauche.
Alors,
je pense que qu'est-ce que je vais faire là-dessus, parce que je ne veux pas
qu'on réponde n'importe comment, je vais vous laisser le temps de le
lire... Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme LeBel : O.K., je vais être très prudente pour... à deux
niveaux. Et, je le dis de façon très publique, je ne suis pas impliquée dans les négociations de la Sûreté
du Québec, pour des raisons personnelles, suite à des discussions avec la
Commissaire à l'éthique. Ceci étant dit, ce
n'est pas nécessairement des policiers, mais je peux vous dire que, quand on
parle de reclassification... et on va
tenter, par d'autres biais, de vous acheminer la réponse, mais, quand on parle
de reclassification, c'est sûr que c'est en analyse, on l'a fait pour les
greffiers-audienciers, à titre d'exemple, en justice. Et il y a un processus où on a des consultations, de
l'évaluation, et il faut aussi être... il faut aussi impliquer les syndicats
dans ce processus-là.
Puis c'est bien que
vous ayez fait la part des choses pour ne pas que les gens pensent, là, qu'il y
a un problème, naturellement, j'ai eu l'occasion de le dire en Chambre, au
niveau de la négociation. C'est autre chose. Puis il y a des mécanismes qui
font qu'il n'y a personne qui va être mis en plan, quand on téléphone au 9-1-1,
il n'y a personne qui va avoir une ligne
vide. Mais vous avez raison, c'est autre chose. Et, si vous le permettez, là,
j'espère que vous allez trouver une
question où je n'aurai pas à vous dire : Je vais vous acheminer la réponse
plus tard, mais c'est plus délicat pour moi parce que je suis plus éloignée un peu du dossier compte tenu de la
situation. Et là je le dis, là, je ne suis pas impliquée dans la
négociation de la Sûreté du Québec.
Mme Rizqy : Ce
n'est pas...
Mme LeBel : Je
sais.
Mme Rizqy : C'est
ça. Bien, il n'y a pas de négociation, en ce moment, puis ce n'est pas...
Mme LeBel : Je
le sais, mais il y a comme quelque chose qui fait que... on va regarder,
mais...
La Présidente (Mme Soucy) : Mme la ministre va vous revenir, en fait, là. Quelqu'un va vous revenir
avec la réponse.
Mme LeBel : Oui,
parce qu'elle est en analyse, la classification, je peux vous dire qu'elle est
en analyse, O.K.?
Mme Rizqy : O.K.
Mme LeBel : Mais
je n'ai pas de résultat à fournir.
Mme Rizqy : O.K.
Là, il faut que... je veux formuler ma question pour ne pas vous mettre en
situation de conflit, là, donc c'est
pour ça que mon cerveau réfléchit à comment formuler. Donc, est-ce que ça va
être vous ou ça va être un autre collègue, pour éviter la situation de
conflit d'intérêts?
Mme LeBel : Après vérification, je pourrai vous reguider, pour
être certaine qu'on est dans un giron où je peux être capable. Mais,
présentement, je peux vous dire qu'elle est en analyse, ça, c'est clair, ça,
mais on n'a pas d'indication. Ça peut
être aussi... Puis la vérification que je dois faire, c'est que souvent, dans
certains de ces sujets-là, c'est le ministère aussi, porteur, qui fait cette analyse-là, le MSP. Donc, je veux juste
m'assurer qui le fait, comment, puis de vous revenir avec la réponse.
Mme Rizqy : O.K. Juste pour clarification, Mme la Présidente,
au niveau du ministère de la Sécurité publique, eux, c'est correct, de leur côté, l'argent a déjà été,
permettez-moi l'expression, décaissé, donc les sommes sont là, ce qui est
déjà...
Mme LeBel : Vous
n'êtes pas en train de me dire que c'est au Trésor que ça bloque?
Mme Rizqy : Oui.
Mme LeBel : Mais voyons donc! C'est un mythe, ça. Je vais
prendre deux secondes pour le déboulonner. Le Trésor ne bloque rien. Le Trésor accompagne, le Trésor
évalue, le Trésor analyse mais ne bloque pas. Ça va me faire du bien de le
dire au moins une fois.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme Rizqy : Mais
vous ne devriez pas le dire à moi, vous devriez le dire à vos collègues, parce
qu'ils ne nous écoutent pas quand on est
ici. C'est un mythe, qu'il y a plein de monde qui nous écoute, on les salue,
mais il n'y a pas grand monde, à part les initiés, qui nous écoutent.
Mme LeBel :
...
Mme
Rizqy : Bien là, écoutez,
vous pouvez toujours vous vider le coeur avec nous, même après, tu sais, mais
je ne dirai pas comment, mais, en
tout cas... De façon plus sérieuse... Il faut que je retrouve mon sérieux,
donnez-moi une seconde.
Mme LeBel : ...très
important, alors on va s'assurer de vous acheminer la bonne réponse dans tout
ça.
Mme Rizqy : Parfait.
Puis juste peut-être avec... Parce qu'au mois de janvier on me disait encore
que c'était encore à l'ébauche puis que
c'était marqué «brouillon», le stade. Alors, je voudrais juste... Si on est
capables de l'avoir dans les
prochains jours, prochaines semaines, c'est correct. Parce que ça fait
maintenant plus qu'un an que la demande a été envoyée pour l'analyse. Alors, moi, ça me convient, Mme la Présidente.
Donc, il y a un engagement, ça va être transmis à... Ça se transmet à
la... ici?
Mme LeBel : Compte tenu... Je m'engage à vous donner le
renseignement, puis je vais l'acheminer naturellement aux collègues pour que
tout le monde ait la même information. Mais, comme je ne suis pas trop sûre du
chemin, je ne vais peut-être pas le
faire par le biais de la commission, si vous le permettez, mais je vais
transmettre la même information à tout le monde, le cas échéant. Ça vous
va?
Mme Rizqy : Parfait.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. Vous pouvez poursuivre, Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Là, on arrive... Là, on va parler
de négociation, hein? Moi, j'aime ça. Je ne vous demanderai pas comment ça va,
vos forums, tout le monde en parle, mais il n'y a pas grand monde au forum.
Mais, de façon plus sérieuse,
savez-vous que... Quel est le temps que ça prend pour avoir un poste à temps
complet, par exemple, comme éducatrice de service de garde dans une
école publique au Québec?
Mme LeBel : Bien, ce n'est pas de la
négociation, ça, c'est l'application des règles et de la convention collective.
Je ne connais pas, non, particulièrement dans ce poste-là, la moyenne que ça
prend. Absolument pas, non.
• (18 h 10) •
Mme Rizqy : Bien,
la semaine passée, il y a eu des gens de la FTQ qui sont venus ici, notamment,
et on a eu différents groupes. Mais moi, je
vais vous dire... je vais l'appeler, pour les fins de la discussion, là, je
modifie son nom... on va l'appeler
Sophie. Sophie, sur les 14 années qu'elle a travaillé comme service de
garde dans son école, les 10 premières années elle était à temps
partiel, 15 heures-semaine, et finalement, les quatre dernières, elle est
rentrée à temps complet. Elle, elle a été
capable de continuer malgré que c'était un emploi carrément à temps partiel.
Puis, vous savez, on a un grand problème
pour la rétention. Je veux jaser avec vous de façon plus large. Puis là, vous
voyez, je ne vous ai pas dit volume 3 ou 2, là, c'est vraiment... il me semble
que... Puis, juste pour donner un chiffre, pour ceux qui nous écoutent — allo! — c'est
environ... 80 % sont des femmes, et c'est, 80 %, des emplois
en précarité.
Comment
qu'on fait, tu sais, pour régler cette situation, pour avoir le plus de monde
qui sont capables d'avoir un emploi,
qui peuvent vivre de cet emploi-là, au Québec, dans le réseau, notamment, de
l'éducation? Puis, vous comprendrez, je peux vous parler de la santé,
mais mon coeur bat en éducation.
La Présidente (Mme
Soucy) : Mme la ministre.
Mme LeBel : Bien, c'est une
excellente question. Puis, dans la dernière négociation, on a réussi quand même
à faire quelque chose qui est assez
extraordinaire, c'est-à-dire... Puis je vais le dire moi-même, là, même si
je... je me donne moi-même, mais aux
équipes, naturellement, quand je dis «je», comprenez Conseil du trésor et ses
équipes, naturellement, parce que, je
l'ai dit d'entrée de jeu, je ne suis pas toute seule là-dedans, au contraire,
c'est d'avoir eu l'opportunité et l'occasion de faire des salaires
différenciés, qu'on a fait dans trois grands secteurs qui touchent
majoritairement des femmes : les éducatrices en milieu de garde, services
de garde, pas éducatifs nécessairement, mais aussi services de garde en milieu familial... pas «familial», mais je parle des CPE
de façon générale, là, parce qu'il y avait quand même les milieux familiaux
là-dedans, et en éducation, les enseignants, surtout du primaire, du
secondaire, qui sont en grande majorité des femmes également, et les infirmières, donc, la catégorie 1. C'est plus
large que les infirmières, naturellement, il y a les PAB, mais je fais
des... je brosse à grands traits.
Je pense
sincèrement qu'on a atteint... ce qui ne veut pas dire qu'on ne va pas offrir
des salaires décents, là, puis qu'il n'y a pas de l'argent pour les
salaires, mais je pense que, quand moi, j'entends ce que j'entends, et les
messages que je reçois, c'est beaucoup dans
l'organisation du travail aussi puis dans la conciliation travail-famille. Et,
quand je dis ça, ce n'est pas de
mettre de côté la composante salariale ou de rémunération, mais, la
rémunération, elle est globale pour eux : les vacances, les temps
pour prendre de l'espace avec la famille, l'aménagement du temps de travail.
Et vous avez
parlé des forums tantôt, puis je vais y revenir très brièvement, c'est ça qui
est un peu... c'est ça qui est le coeur de la priorité de l'actuelle
négociation, comment on peut faire pour être capables de rendre ces postes-là attractifs mais aussi de faire en sorte que ces
gens-là soient capables d'avoir une belle conciliation. Souvent, elles
choisissent ces métiers-là parce qu'elles ont de l'intérêt, parce
qu'elles aiment les gens, elles aiment le métier qu'elles font, mais elles ont aussi des familles. Ce sont souvent des
jeunes femmes en... j'allais dire «en progression familiale», on ne dit pas ça
de même, mais vous comprenez ce que je veux
dire. Et c'est là, le coeur de cette négociation-là, tout ça pris dans un étau
où on doit rendre des services à la
population, comme gouvernement, et qu'on ne peut pas cloner les gens de façon
très rapide.
Donc, c'est
un enjeu qui est... qui fait l'objet de la négociation actuelle. Puis vous
comprenez que je ne rentre pas dans les détails parce que c'est une négo.
Mais est-ce que ça fait partie de nos préoccupations? La réponse est oui.
Mme Rizqy : Et est-ce que ça
pourrait être une priorité pour vous, justement, tu sais, de trouver une façon,
là, de rétrécir le temps pour, un, avoir une
charge à temps complet mais aussi un poste qui mène à la permanence? Parce que
le nombre d'enseignants qui nous écrivent que ça leur a pris sept ans,
10 ans à obtenir un poste permanent... Il faut savoir qu'au Québec, on perd 20 %
à 25 % de nos enseignants dans les cinq premières années. Mais c'est sûr
que, quand on a un poste qui est
précaire, malheureusement, ça peut aussi faire en sorte que des gens quittent
la profession. Et, au niveau du personnel
de soutien, le chiffre, c'est assez incroyable, un pourcentage très élevé,
au-dessus de 70 %, qui sont à temps partiel. On ne peut pas vivre
d'un salaire à temps partiel au Québec, c'est impossible.
Alors, je ne
sais pas si on a... si, admettons, vous étiez... vous et moi, parce que, moi,
je ne suis pas invitée aux forums, là, mais, si, admettons, j'allais à
votre forum, c'est quoi...
Mme LeBel : ...
Mme Rizqy : Mais vous me diriez
quoi, comme solution, pour ça?
Mme
LeBel : Bien, écoutez, c'est une préoccupation. Moi, je
l'ai même moi-même vécu dans la fonction publique dans les années 1990, j'ai été ce qu'on
appelle occasionnel neuf ans. Donc, c'est des choses qu'il faut régler. Puis je
le sais, que, dans plusieurs
secteurs, je vais y aller de façon très large, on a permanentisé — ceci
n'est pas un verbe, je le sais, mais on
va se comprendre — on
a permanentisé beaucoup, ça faisait partie des négociations, beaucoup de gens
qui étaient dans 0-5 ans, je pense,
dans des secteurs... demandez-moi pas de vous les nommer, là, parce que je ne
voudrais pas me tromper, puis, entre
autres, dans ce secteur-là, quand on parle des services de garde en milieu
scolaire, on a mis sur la table, justement, dans le cadre de la priorité équipe-classe, 4 000 ETC,
4 000 emplois à temps complet pour être capable aussi de... j'allais
dire de déprécariser, ça ne se dit pas, ça,
mais de solidifier ou de permanentiser ces gens-là tout en leur offrant un
horaire moins brisé. Parce que,
souvent, dans les services de garde en milieu scolaire, l'enjeu, c'est qu'elles
travaillent le matin, sur l'heure du lunch et après l'école, parce qu'elles
sont, naturellement, dans les services de garde. Donc, c'est ça. Et,
avec cette mesure-là, elles vont avoir aussi des horaires beaucoup plus
complets.
Et il y a
déjà, dans 100 écoles du Québec... Je fais attention pour ne pas faire la
liaison, je suis portée à dire «zécoles», alors... Je me suis fait déjà dire : Il n'y a pas de s à «cent». Je
le sais, ça aussi. Dans 100 écoles du Québec, on a un projet pilote où on le fait présentement, et ça
fonctionne très bien. Donc, ça fonctionne très bien parce que ces
éducatifs-là... ces éducatrices-là, pardon, en service de garde éducatif
scolaire, ont des horaires brisés, ça leur permet d'avoir un horaire à temps complet pour celles qui le désirent, et,
en même temps, ça va nous permettre, probablement, de plus facilement les
rendre permanentes. Et il y en a déjà
4 000 sur la table. Ces 4 000 là vont avoir l'occasion de nous donner
l'occasion de donner de l'aide à la
classe. Je pense que c'est 15 000 classes. C'est-tu 15 000?
Juste... m'assurer, parce que, des fois, les chiffres sont importants, surtout que les... probablement que, parmi le
peu de gens qui nous écoutent, les syndicats en font partie, donc je veux faire attention à ce que je
dis, mais c'est 15 000 classes. Donc, ça, c'est une des solutions,
mais il faut regarder aussi avec le ministère de l'Éducation comment on
peut faire faire tout ça, là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. Mme la députée.
Mme Rizqy : Oui. C'est environ 15 000 classes sur
environ 90 000 classes au Québec. Est-ce que vous avez fait le
calcul à savoir combien ça nous coûterait si on rendait l'ensemble de cette
classe d'éducatrices en service de garde à
temps complet? Parce qu'on en prend 4 000, de mémoire, ils sont autour de
35 000. Et, si on les mettait tous à temps complet, ça coûterait
combien au Trésor?
Mme LeBel : Je
n'ai pas le calcul ici. Il existe probablement quelque part, mais je ne l'ai
pas ici, ça fait qu'on...
Mme Rizqy : Mais,
si on est capable. Juste pour faire l'exercice.
Mme LeBel : Mais
il faut faire... Je vais voir si c'est disponible aussi, surtout, là, mais, je
veux juste préciser, la mesure,
présentement, cible les classes au primaire parce que c'est dans ces
classes-là. Donc, le 15 000 classes, c'est sur un nombre de
classes au primaire, là, donc le ratio est beaucoup moins grand que ce que vous
avez nommé, même si ce n'est pas inexact,
votre chiffre, au contraire, mais je voulais juste le resituer. Parce que,
présentement, ce qui est important d'avoir...
de cibler, c'est vraiment pour... Il y a deux types de classes qui est ciblé
présentement aussi, c'est les classes où... avec des enseignants, souvent, qui ont besoin plus d'accompagnement pour
leur donner un peu plus d'aide, et avec des classes où il y a des élèves avec des besoins particuliers, donc ce
soutien-là. Donc, c'est 15 000 classes, mais dans le bassin des classes au primaire, l'offre qui est sur la
table. J'avais le ratio à moment donné, quelque part, mais je ne l'ai plus par
coeur, là.
Une voix :
...
Mme LeBel : 60 %.
Ça correspond à peu près à 60 % des classes, quand je vous parle de
15 000 au primaire.
Mme Rizqy :
...combien?
Mme LeBel :
Le 15 000 classes, c'est à peu près 60 % des classes, donc c'est,
quoi...
Mme Rizqy : O.K. Parce qu'il y a environ 60 % des
établissements qui sont primaires, 40 % secondaires. Donc,
90 000, si, mettons, je fais une proportion, on serait à
56 000 classes primaires. Et, de ça, si j'en ai 15 000 sur...
Mme LeBel : Ça
dépend combien de classes par établissement, là, mais disons que mon... Grosso
modo, le 15 000 classes que je
vise, là, sur l'offre initiale dans... pour l'équipe-classe, ça correspond à
peu près à 60 % des classes qui pourraient avoir cet accès-là, mais
4 000 ETC.
Mme Rizqy : O.K., mais, concrètement, c'est deux aides à
l'école pour l'ensemble de l'école, là, donc ils vont se promener.
Mme LeBel : Bien, on va voir comment ça va se déployer. C'est
à négocier avec les syndicats. Mais, concrètement, c'est sûr qu'une
personne en service de garde pourrait aider plus qu'une classe.
Mme Rizqy : Parce
que, présentement, le projet pilote...
La Présidente (Mme Soucy) : ...bloc est terminé. Alors, nous allons poursuivre nos crédits avec Mme
la députée de Sherbrooke. Vous disposez d'un bloc de
19 min 48 s. La parole est à vous.
Mme Labrie : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Très heureuse de retrouver mes collègues, de
travailler à nouveau avec Mme la Présidente
du Conseil du trésor. Vous êtes responsable des négociations du secteur public.
On va en parler un petit peu. Dans le
budget, il est mentionné que c'est l'offre gouvernementale qui a été intégrée
dans le budget. Donc, le budget
repose sur ça. Or, la ministre est bien au courant que les syndicats ont refusé
le dépôt patronal assez rapidement. Est-ce que vous avez évalué ce que
ça coûterait d'accepter les revendications syndicales actuelles?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Mme la ministre.
• (18 h 20) •
Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Oui, mais on ne
discutera pas de chiffres et de cadre financier, parce que vous
comprendrez que, quand on parle de négociations, de conventions collectives,
bien, on ne dévoile pas notre cadre financier.
C'est pour ça que ce qui apparaît de façon officielle dans le budget du
gouvernement, ce sont les offres qui sont actuellement déposées, parce que ce sont... C'est le minimum, disons-le,
dans le sens, tu sais, je n'irai jamais en bas de ce que j'ai déjà
déposé, donc, absolument.
Disons que,
de façon tout à fait globale et générale, parce qu'on pourrait rentrer dans les
détails, 1 % sur l'ensemble du
secteur pour lequel j'ai ma responsabilité, équivaut à environ... à
600 millions de dollars. C'est ça. J'allais dire 600 000, mais 600 000, ça ne
fonctionnait pas. 600 millions de dollars. Mais il y a...
Naturellement, le diable étant dans les détails, c'est difficile de
faire des règles de trois à chaque fois qu'on a des dépôts, parce que, des
fois, il y a des secteurs qui sont plus
visés, d'autres, non, des fois, c'est plus ciblé dans certaines enveloppes
sectorielles. Mais, prenez cet ordre de grandeur là, qu'on peut vous donner, 1 % a souvent un impact de
600 millions de dollars pour l'ensemble du budget du gouvernement du Québec. Mais, ce qui apparaît,
c'est naturellement les... ce qui est dévoilé, donc ce qui a fait l'objet
d'offres jusqu'à présent. Et le
700 millions qui est... qui a été décliné pour les priorités que l'on a
déposées dans le cadre de nos forums, qui sont des priorités... Dans le
fonds, les forums, c'est l'évaluation des priorités plutôt que des lieux
physiques, géographiques, là. Ça vaut 700 millions de dollars.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme
Labrie : Donc, si j'ai bien capté, dans la réponse de la
ministre, elle me dit que ça a été évalué, la valeur des demandes
syndicales. Bon, elle n'a pas mentionné ce que ça représentait, mais j'entends
que son équipe l'a fait.
Mme
LeBel : ...ça a été fait... Bien, c'est possible de
l'évaluer. On n'est pas... on n'est pas à l'aveugle, là, quand il y a
des demandes de ce type-là, là.
Mme Labrie : Donc, vous n'êtes pas
certaines si vous l'avez évaluée?
Mme LeBel : Bien, moi, je n'ai pas
eu l'information, mais, ce que je veux dire, c'est qu'on ne fonctionne pas à
l'aveugle. On le sait, ce que ça vaut, là. On a une bonne idée.
Mme
Labrie : O.K. En fait, moi, ce que je cherche à savoir,
c'est si vous avez prévu un coussin quelque part, parce que force est de constater qu'il y aura des
négociations et que ce n'est pas l'offre patronale qui risque de se retrouver
dans les conventions collectives, là,
à la lumière de ce qui se discute actuellement. Donc, je veux savoir s'il y a
un coussin qui a été prévu pour ce
budget-là ou si ça impliquerait de revoir les autres dépenses prévues dans le
budget advenant que les ententes dépassent l'offre actuelle.
Mme LeBel : Avec beaucoup de
respect, puis ce n'est pas parce que... Je ne répondrai pas à cette
question-là. On a... J'ai, avec le ministre
des Finances, des discussions. On a... on travaille ensemble et on va arriver à
un résultat, mais je ne peux pas discuter du cadre financier, ni de près
ni de loin, donc, ni... Ce n'est ni oui ni non, ma réponse.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme Labrie : Donc, ce n'est pas
possible de savoir aujourd'hui, si, advenant qu'il y ait des négociations qui
débouchent sur autre chose, ça déséquilibrerait le budget ou ça viendrait
entraver des dépenses prévues?
Mme
LeBel : Disons que je travaille en étroite collaboration
avec mon collègue, donc ça va toujours se faire en étroite collaboration
avec mon collègue.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme
Labrie : Actuellement, l'offre qui a été utilisée pour élaborer
le budget qui est sur la table, qui a été déposée en décembre, prévoit une augmentation salariale
qui est inférieure à l'inflation prévue dans le budget lui-même. Votre offre
représente 3 %. Le budget lui-même,
c'est 3.5 % en 2023, pour les autres années, on voit le même type d'écart.
L'inflation devrait être d'au moins
2 %. Vous offrez 1,5 %. Comment est-ce que vous justifiez d'avoir
intégré au budget une proposition qui va appauvrir les travailleurs?
Mme LeBel : Bien, ça va me
permettre...
La Présidente (Mme
Soucy) : ...
Mme LeBel : Pardon, Mme la
Présidente. Je suis vraiment désolée.
La Présidente (Mme
Soucy) : Allez-y, allez-y, Mme la
ministre. On vous écoute.
Mme
LeBel : Oui, oui. Bien, ça va me permettre de clarifier
quelque chose puis peut-être de déboulonner certaines notions, des a priori qu'on a. Il faut faire très
attention. Puis d'ailleurs, on le voit, hein, les syndicats, quand on parle des
congés de maladie, des vacances, de la
retraite, c'est important pour eux, à juste titre. Alors, quand on parle de la
rémunération dans le secteur public, il faut parler de la rémunération
globale. C'est très important. Il ne faut pas lire les paramètres salariaux désincarnés de l'enveloppe de
2,5 %. Dans l'enveloppe de 2,5 %, là, je vais vous donner un exemple,
quand on élimine des échelons d'une
structure salariale, comme on a fait en éducation dans la chose précédente,
c'est dans l'enveloppe de 2.5 %,
dans une enveloppe similaire à celle de 2.5 %. Ce n'est pas dans les
paramètres salariaux. La version précédente, je peux en parler plus librement parce qu'elle est conclue, c'était
deux, deux, deux, hein, on a terminé à deux, deux, deux, pour 6 %, mais ce n'est
pas 6 % qu'ils ont eu, il faut compter ce qu'ils ont eu avec l'enveloppe
de 2,5 %. C'est du salaire. Dans le
langage populaire, parce qu'il faut faire attention quand on parle de
négociation, de finances, «salaire», «rémunération» ont des significations différentes. Pour le commun
des mortels, «salaire», c'est ce que tu reçois sur ton chèque de paie à chaque semaine. Bien, ce qu'ils vont recevoir sur
leur chèque de paie à chaque semaine, c'est 11,5 % qu'on leur offre sur
cinq ans, pas 9 %.
Puis il faut faire attention quand on compare
avec le secteur privé. Le secteur privé n'a pas toujours un plan de retraite où le secteur privé contribue, comme le
gouvernement, n'a pas toujours des assurances, n'a pas toujours des maladies,
des vacances de la même façon. Moi, j'ai eu
un bout de temps où j'ai travaillé dans le secteur privé, puis j'ai racheté,
quand je suis redevenue dans la
fonction publique, une partie de mes années, où j'ai vu ce que ça coûtait, pour
le gouvernement et pour l'employé, le fonds de retraite. Donc, il faut
faire attention.
La rémunération
globale, et ce qu'on entend, pour les gens au quotidien, le salaire, c'est
11,5 %, et les prévisions de
l'inflation, sur les cinq prochaines années, c'est 11,9 %, et, même le
ministre des Finances le dit, ça s'en va... ça a été à la baisse, même pour l'année 2023, donc on
risque d'être, à terme, au-dessus de l'inflation dans les cinq prochaines
années. Mais, à tout le moins, on est
à la hauteur de l'inflation. Il faut bien le comprendre, parce que nous, on
veut être très transparents quand on
dépose le cadre financier, quand on dépose les offres. Mais le 2,5 %, là,
pour les gens comme vous et moi, ça fait partie du chèque de paie. Donc,
c'est de l'argent, c'est de l'argent, et c'est 11,5 % qu'on offre.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme
Labrie : Est-ce que la ministre peut prendre l'engagement
qu'au terme des négociations le chèque de paie, là, ce qui va se retrouver concrètement sur le chèque
de paie va assurément dépasser l'inflation prévue? Est-ce qu'elle en prend
l'engagement aujourd'hui?
Mme
LeBel : Je ne prendrai pas d'engagements qui font partie
de discussions que je dois avoir dans le cadre des négociations.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Labrie : On va parler d'équité salariale un petit peu.
C'est une responsabilité de la présidente du Conseil du trésor également. On a eu l'occasion, il y a
quelques mois déjà, d'en parler ensemble, et la ministre me disait que, pour les
plaintes en équité qui ne sont pas réglées depuis aussi loin que 2010, le
processus devra suivre son cours à la CNESST. C'était sa réponse à l'époque, et elle me corrigera si ça a changé. Je
veux savoir est-ce qu'elle a prévu, quelque part, des sommes, advenant
un règlement pour ces plaintes en équité salariale qui datent depuis 2010,
depuis 2015.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre.
Mme
LeBel : Bien, ça aussi, ça fait partie des choses... Parce
que ce sont des plaintes qui devront se régler devant la commission...
la commission... Voyons!
Une voix : CNESST.
Mme
LeBel : Oui. Aïe! j'avais juste CNESST dans la tête, mais
je n'étais pas capable de la décliner, là, puis j'essayais de la décliner correctement.
Donc, la CNESST, on va se comprendre. Non, je ne pourrais pas parler de ce
genre de ce genre d'information là,
qu'on ne peut pas dévoiler. Mais, effectivement, j'ai bien pris la peine de
vous expliquer, à l'époque, puis vous
le comprenez très bien, que l'équité salariale découle d'une loi, donc on
applique la loi. Naturellement, il peut y avoir, dans l'application d'une loi, des opinions contraires sur le résultat du
calcul qui découle de la loi, ce qui fait qu'il y a des plaintes à régler, effectivement, et elles suivent
son cours. Et on est en appui, également, avec la CNESST, pas pour... pour
leur donner les moyens de pouvoir passer à
travers, malheureusement, ce noeud-là, qui fait en sorte qu'effectivement ça a
un impact, là. Même si on est très dédiés à
trouver des solutions puis même si on comprend exactement bien l'enjeu, bien,
avant de régler 2015, il faut régler 2010,
parce que c'est comme des choses qui s'empilent les unes sur les autres. Mais,
oui, effectivement, on peut... on y
travaille, et, si les résultats de la CNESST sont dans un sens ou dans l'autre,
bien, on va se gouverner en conséquence et suivre la décision. Disons
que c'est ça qu'on peut vous dire.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme Labrie : Donc,est-ce que
des sommes sont réservées en prévision d'une éventuelle décision qui pourrait
arriver, on le souhaite, le plus tôt possible, mais, assurément, dans les
prochaines années?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme
LeBel : Je suis vraiment désolée, puis je vais plaider
coupable, j'étais en train de repréciser quelque chose sur la question précédente. Naturellement, vous
comprendrez que, oui, on a une provision, quand je vous dis qu'on va se conformer au jugement, mais on ne parlera pas des
montants, naturellement. Et je vais vous demander, malheureusement, de
répéter votre question, et c'est très, très malheureux de ma part, je suis
désolée.
Mme Labrie : Vous
y avez répondu.
Mme LeBel : Ah! Bon. O.K. C'était
ça?
Mme Labrie : C'était ça.
Mme
LeBel : Bon, finalement, je l'ai anticipée sans... Bien,
voilà. On était sur la même longueur d'onde sans le savoir.
Mme Labrie : On s'est bien
comprises.
La Présidente (Mme
Soucy) : Vous pouvez poursuivre, Mme la
députée.
• (18 h 30) •
Mme
Labrie : Je vais poursuivre avec l'ADS+, que vous
connaissez probablement, peut-être sous le nom d'analyse intersectionnelle, une pratique qui commence à
remonter à plusieurs années, au niveau du gouvernement fédéral. Ils font
une analyse intersectionnelle de leur
budget, qui vise à évaluer l'impact des différentes politiques budgétaires sur
différents groupes qui peuvent être
plus susceptibles de discrimination, notamment les femmes, les personnes
racisées. Mais essentiellement ça
sert à voir l'impact des politiques adoptées. Dans la dernière législature, on
avait déposé un projet de loi dans ce
sens-là. Ma collègue députée de Mercier vient de le refaire, hier. J'aimerais
savoir ce que la ministre pense de cette idée-là, d'évaluer les
politiques budgétaires du gouvernement en fonction de leur impact sur
différents groupes sociaux.
La Présidente (Mme
Soucy) : ...Mme la ministre.
Mme LeBel : Bien, cette responsabilité-là,
naturellement, je suis convaincue que ma collègue à la Condition féminine, qui est responsable de ce dossier-là,
va... ça va lui faire un plaisir de vous en parler. Quand on parle de la
politique budgétaire, naturellement
c'est le ministère des Finances qui devrait avoir une opinion là-dessus, parce
que c'est le ministère des Finances,
avec les ministères sectoriels, dans l'élaboration de leurs programmes, qui
devront avoir une opinion là-dessus. Donc, je vais laisser mes collègues
faire cette réflexion-là.
Au Conseil du
trésor, bien, je veux dire, dans la décision si les crédits sont disponibles ou
non, il n'y a pas de type de... ce
type d'analyse là n'est pas à faire, mais c'est plutôt dans l'élaboration des
programmes gouvernementaux, qui se font dans les différents ministères sectoriels. Donc, je vais laisser mes
différents collègues se prononcer, parce que c'est eux qui auront à
évaluer la faisabilité, la pertinence ou l'impact dans leur secteur respectif.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Labrie : Je ne suis pas convaincue, moi, que ça fait
plaisir tant que ça à la ministre de la Condition féminine qu'on lui
pose des questions à ce sujet-là. Dans les derniers jours, elle ne semblait pas
trouver ça très amusant.
Donc, si je
comprends bien la présidente du Conseil du trésor, à son avis, ça ne relève pas
de sa responsabilité, dans le cadre de ses fonctions, de procéder à des
analyses comme celles-là?
Mme
LeBel : ...peut-être, dans le... Dans l'équité salariale,
c'est un type de fois où on a fait l'analyse. Mais rapidement comme ça, là, les négociations, c'est très
difficile d'avoir ce type d'analyse là, c'est des négociations avec les
syndicats. Donc, c'est sûr que les
préoccupations des femmes, comme on en a... je l'ai mentionné avec notre
collègue précédente, fait partie de
la façon dont le gouvernement veut établir ses priorités, mais, dans le
quotidien du Conseil du trésor, et peut-être qu'on va me dire autre
chose, je vois difficilement où ce type de...
Et là je ne
suis pas en train de... c'est ma... Mon opinion n'est pas qualitative, elle
est... Est-ce qu'il y a des occasions où
c'est pertinent de le faire dans mon quotidien? Quand c'est de dire au
ministère X, pour un projet Y : Tes crédits sont disponibles, on n'est pas dans... On n'est pas
dans l'analyse, nous, de la pertinence des projets. On n'est pas dans l'analyse
de, bien, c'est une bonne idée, ton
projet, ou ce n'est pas une bonne idée. Nous, on a des demandes budgétaires et
on a le contrôle du budget du
gouvernement en vertu des crédits qui vont être votés, donc 25 %
maintenant et le reste par la suite, comme on le connaît. Et mon travail — et c'est très simplement résumer, parce que c'est
beaucoup plus complexe que ça — est de
dire : Bien oui, les sommes sont disponibles, ou non, et elles respectent
les engagements... pas les engagements, mais les décisions budgétaires et les crédits qu'on a votés. Donc, de faire
une analyse à ce niveau-là, honnêtement, je ne suis jamais arrivée dans
mon quotidien à un moment où je me suis dit : Ici, il y a de l'espace ou
non.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée, vous pouvez poursuivre.
Mme
Labrie : J'entends la réponse de la ministre. En même
temps, comme présidente du Conseil du trésor, elle est quand même
responsable d'une saine gestion des fonds publics. Je pense qu'elle sera
d'accord avec moi là-dessus. Même si ça ne
relèverait pas nécessairement, selon ce qu'elle me dit, de son ministère à
elle, est-ce qu'elle verrait d'un bon oeil
que ses collègues fassent ce type d'analyse pour s'assurer que les politiques
qu'ils mettent en place, que les fonds publics qui sont dépensés dans
leurs ministères servent à réduire les inégalités?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre.
Mme LeBel : Oui.
Bien, écoutez, je vais laisser... Si j'étais dans la peau de mes collègues, je
n'aimerais pas qu'on se prononce pour
eux, donc je vais les laisser se prononcer. Je peux vous dire que,
présentement, on est quand même, nous, au Trésor, dans les équipes, en
accompagnement, parce qu'on aide les ministères dans l'élaboration des
programmes gouvernementaux, même si on n'est
pas dans... On ne décide pas, mais on aide. Et on a des gens qui ont de la
formation pour accompagner, si
certains ministères décidaient qu'une telle analyse était pertinente. Mais
est-ce que c'est du cas par cas? Est-ce
que ça peut se faire partout? Là, je vais laisser mes collègues se prononcer
là-dessus. Je ne m'embarquerai pas pour eux, là. À chacun son secteur.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. Mme la députée.
Mme Labrie : Récemment, il y a des données qui ont été
publiées, tableaux de bord de performance, l'administration publique, qui ont permis de voir que les ministères
ne sont pas tous au même endroit, en termes de performance, notamment l'Enseignement supérieur, l'Éducation étaient en
queue de peloton. Jusqu'à récemment, le premier ministre disait encore que l'éducation était sa priorité, je ne sais pas
si c'est toujours le cas. Ce n'est pas à la ministre de répondre à ça nécessairement,
mais j'aimerais savoir ce qu'elle entend faire, elle, pour remédier à la
situation. Comment vous allez faire en sorte que ces ministères-là aient
une meilleure performance?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la
ministre.
Mme LeBel : Bien, je peux vous garantir que c'est toujours une
priorité. D'ailleurs, ça faisait partie des priorités énoncées dans le discours du budget hier. Ça fait
partie des priorités que l'on a mises sur la table en matière de négociation,
quand on parle de l'accompagnement, l'équipe
classe, pour le résumer très simplement. Et mon rôle, moi, dans la performance,
c'est d'accompagner les ministères. Il y a plusieurs raisons, chacun des ministères
pourra vous répondre sur ses indicateurs.
En
matière d'éducation en particulier, c'est plus difficile, quand on est en
pénurie de main-d'oeuvre, d'atteindre ses objectifs, de la même façon qu'en santé, quand on est en pénurie de
main-d'oeuvre, c'est plus difficile d'atteindre ses objectifs. Alors, c'est fait en fonction d'indicateurs de
performance. Et nous, au Trésor, bien, on n'établit pas les indicateurs, on ne
fait pas les plans stratégiques. Par
contre, on les encadre et on les accompagne. Et, tous les collègues qui ont
besoin d'accompagnement, bien, les
services du Conseil du trésor leur sont dévolus. Mais c'est ça. Et donc chacun
des ministères est à même de répondre, par contre, à la raison pour
laquelle sa performance, c'est x ou y, par rapport à la performance.
Je
vais juste faire un bémol. Il va falloir faire attention parce que les façons
de calculer la note, cette année, diffèrent de l'année passée, c'est-à-dire ce n'est pas les mêmes composantes, mais
on a bien pris la peine de le détailler dans le plan... Le RALAP?
Une voix : ...
Mme LeBel : Le RALAP, le rapport annuel de la... de la
présidence — c'est
moi, finalement — le
RALAP. Donc, c'est détaillé qu'on a
fait une nouvelle façon de faire les calculs. Et on a les cotes, qu'est-ce qui
apparaît dans la note globale qui est
au tableau de performance. Mais chacun de mes collègues est très bien équipé
pour vous répondre sur les raisons de leur performance individuelle.
Mme Labrie : ...dernière question, je pense, compte tenu du
temps qu'il me reste. Bien, en tout cas, avec un peu de chance, j'en
aurai d'autres. Il y a énormément de difficultés, dans le système de justice,
en ce moment. Ma collègue connaît très bien
ce milieu-là. Le Barreau, récemment, demandait rien de moins que de doubler le
financement du ministère de la Justice. Or, dans ce qui est prévu dans
le budget, c'est une réduction des dépenses en justice. Comment la ministre
explique ça? Est-ce qu'elle pense qu'on va pouvoir répondre aux enjeux du
système de la justice avec ce qui est prévu?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Mme la ministre.
Mme LeBel : Absolument, absolument. Je veux juste corriger,
c'est difficile, des fois, de le voir à travers les chiffres, mais il faut faire attention parce qu'en 2022 il y
a des des sommes que je dirais forfaitaires, ce n'est pas forfaitaire, là, mais
des... en bon français, des «one-shot» qui
ont été attribués au ministère de la Justice, entre autres pour mettre à niveau
des systèmes informatiques, entre autres pour toute la réforme qui a été
faite du programme de l'IVAC. Il y a des sommes supplémentaires — je
les ai — qui
ont été attribuées ici. Quand je parle de justice, à titre d'exemple, il y a
50 millions qui étaient pour
l'IVAC mais qui n'en ont plus de besoins, ça a été fait, donc le
50 millions a été mis, ça a été ajusté; 31 millions qui étaient pour les systèmes informatiques,
qu'ils n'ont plus besoin parce que la situation, elle est faite. Donc, quand on
extrait... Et c'était dans le budget de 2022.
Donc,
c'est comme une pointe temporaire, et là on est revenus. Quand on regarde la
courbe, ils sont... le maintien des services est là, et ils ont même, je
pense... C'est-tu autour de 100 millions? Je ne veux pas me tromper. Ils
ont même du budget pour des nouvelles
initiatives. Mais c'est sûr que, quand on compare le budget de 2022 de façon
très brute avec le budget de 2023, on
constate une baisse, mais il faut prendre en compte qu'il y a des sommes,
là-dedans, qui ne sont pas... qui
n'étaient pas récurrentes et qui n'avaient pas la vocation d'être récurrentes.
Donc, la mission du ministère de la Justice est bien couverte, je peux
vous l'assurer.
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Et le temps de parole de votre bloc est écoulé, Mme la députée. Donc, nous allons immédiatement
poursuivre avec l'opposition officielle. Vous disposez, pour votre dernier
bloc, Mme la députée de Saint-Laurent, pour 13 min 20 s.
Je vous cède immédiatement la parole.
Mme Rizqy : Désolée, je veux juste
trouver la page H.48 dans le budget, là. C'est les paramètres salariaux.
Une voix : ...
Mme Rizqy : H.48.
Mme LeBel : Dans le budget de mon
collègue?
Mme Rizqy : Oui. Très grande collaboration.
Mme LeBel : On l'a amené.
Mme
Rizqy : Ah oui, je le sais, que vous l'avez amené.
D'ailleurs, je vous félicite, parce que c'est déjà arrivé que d'autres
collègues se pointent en crédits sans les crédits ou, pire, sans budget.
Mme LeBel : Alors, ici est le volume
de mon collègue.
Mme Rizqy : À la page H.48,
c'est les paramètres salariaux dans le cadre...
Mme LeBel : Est-ce que vous pouvez
juste approcher votre micro?
Mme Rizqy : Ah oui, hein? On ne
m'entend pas très bien?
Mme LeBel : Je suis désolée, je ne
vous entends pas bien.
Mme Rizqy : Non, c'est correct,
c'est moi. Désolée de... Ma voix ne porte pas assez.
Alors, dans le
cadre financier de négociation, la page H.48, il est question des paramètres salariaux, puis on voit 2023-2024, 3 %, 2024-2025,
1,5 %, ainsi de suite, jusqu'en 2028, 1,5 %, pour un total de
9 % sur neuf ans.
Mme LeBel : Oui.
Mme Rizqy : Vous êtes d'accord, vous
dites oui.
Mme LeBel : Paramètres salariaux,
oui.
Mme Rizqy : Oui.
Mme LeBel : Cinq ans.
Mme
Rizqy : Sur une période de cinq ans, le total serait de
9 %. À moins que vous ayez une annonce à nous faire maintenant, à brûle-pourpoint, de nous dire :
Bien non, ce n'est qu'une illusion optique, puis vous le doublez. Vous souriez.
Mme LeBel : Coup de théâtre!
Mme
Rizqy : Ce serait... Là, vous feriez la manchette.
Écoutez... Mais ce que je veux vous entendre... Parce que, dernièrement, il y a à peu près quelques... le
18 janvier, vous avez affirmé la chose suivante : «Les salaires des
hauts fonctionnaires ont suivi ceux des éducatrices et des infirmières.»
Mme LeBel : O.K., O.K. Bien, ça,
c'est deux choses différentes, O.K.?
Mme Rizqy : Oui?
Mme LeBel : C'est deux choses
différentes, parce que ça, ce que vous me présentez là, c'est le cadre déposé pour 2023-2028, O.K.? Là, on parle du passé. Il
faut faire attention, la tendance a suivi, à peu près, et je m'explique, parce
qu'on a... Et je vais essayer de le dire
correctement, parce que, naturellement, les mots sont importants, là, quand on
parle de salaires, de rémunération,
puis il y a le langage populaire et il y a le langage très technique, qui a,
des fois, une signification différente,
là. On a souvent comparé le salaire d'une personne qui avait bougé dans la
fonction publique et qui était passée d'une chose à l'autre.
Dans
la rémunération des hauts fonctionnaires... je n'ai pas tous les détails des
pourcentages par coeur, là, mais, dans
la rémunération de plusieurs hauts fonctionnaires, il y a eu plusieurs choses
qui ont été faites. Il y a eu du différencié. Certains postes — je ne me trompe pas en disant éducation, à titre
d'exemple, hein? — ont
eu une augmentation de salaire supérieure
à l'ensemble des hauts fonctionnaires. On a fait du différencié également pour
les hauts fonctionnaires, mais il y a
aussi des individus qui sont hauts fonctionnaires qui ont eu de la progression
dans l'échelle, qui ont changé de poste et qui se retrouvent entre leur salaire d'avant et leur salaire d'après,
avec des pourcentages très élevés quand on compare le salaire de l'individu, mais souvent il y a
une progression dans l'échelle, dans leur échelle salariale, et puis il y a eu
aussi un changement, des fois, de
fonction. Mais, quand on regarde une fonction donnée, et pas un individu qui
l'occupe, une fonction donnée, oui,
il y a certains postes de hauts fonctionnaires... Naturellement, c'est le
Conseil exécutif qui a fait ça, là, ce
n'est pas moi, mais c'est le gouvernement «at large», mais je veux juste...
comprendre que je n'ai pas négocié ça, mais il y a eu du différencié
aussi.
Donc,
certains postes de hauts fonctionnaires ont été réajustés à une proportion plus
grande, d'autres n'ont eu que 6 %, d'autres ont eu plus, mais on a
fait du différencié. Mais la tendance, c'était plutôt ça, la tendance a suivi
la même. C'est-à-dire que... N'oubliez pas
que, pour certaines éducatrices... je vais faire une grande fourchette, entre
les éducatrices, les infirmières et
les enseignants, on a eu des augmentations entre 15 % et 20 %, là,
pour certains individus, là, étant ces catégories... C'est pour ça que
je voulais dire que ça a suivi cette tendance-là. Et c'est très simplement
simplifié, là.
Mme Rizqy : Oh
mon Dieu! Il faut que je termine, là? O.K.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. Mme la députée.
Mme Rizqy : J'ai
combien de temps, juste pour...
La
Présidente (Mme Soucy) : Écoutez, il vous
reste 8 min 50 s.
Mme Rizqy : O.K. Parfait. O.K. Là, juste pour que les gens
nous suivent, donc vous, vous dites que les cadres, les hauts cadres, les hauts fonctionnaires ont eu
quelque chose d'équivalent, dans le passé, que, par exemple, une éducatrice
puis une enseignante. Vous parlez... Parlons
de la moyenne, ça a été 20 % pour les cadres. Puis ça, ça a été rapporté
par Olivier Bossé dans Le Soleil. Puis, juste être certaine...
parce que je comprends que, si vous prenez le chiffre 20 %... Est-ce que
c'est ça ou ce n'est pas ça, ce que...
Mme LeBel : Bien non, c'est 6 % plus 4 %
pour certains, on n'a pas atteint 20 %. En tout cas, peut-être qu'il y a
certains cadres qui ont eu...
Mme Rizqy : Bien, des sous-ministres ont augmenté... Écoutez,
l'article est très clair, et c'est par sous-ministre, sous-ministre adjoint. Puis, à ce moment-là... c'était
Olivier Bossé qui l'avait sorti, c'était au mois de janvier dernier, là,
il y a à peine deux mois, puis des hausses, là, c'était de 10 %, 20 %,
30 %.
Mme LeBel : 30 %?
Mme Rizqy : Oui.
Je peux même vous dire quel portefeuille.
Une voix : ...
Mme Rizqy : Mais,
si on prend la moyenne, c'était 20 %.
Mme LeBel : Il
y a peut-être des promotions, il y a peut-être eu des promotions, mais...
Mme Rizqy : Non,
c'était une personne qui passait d'un sous-ministère à un autre sous-ministère.
Mme LeBel :
Bien, c'est ça, cette personne-là
a changé d'emploi, mais l'emploi sur lequel elle était assise... Tu sais, je
veux dire, moi, si je suis... je fais un travail x dans la fonction publique,
puis je change d'emploi, puis cet emploi-là est plus élevé dans la fonction
publique, ou un autre salaire, ça se peut que Sonia LeBel ait... — 30 %, je trouve ça beaucoup, mais je ne mets pas ça en compte — que j'aie plus. Mais, si je reste assis dans la
même chaise, ils n'ont pas eu ce type d'augmentation là.
Mme Rizqy : Disons
que vous êtes sous-ministre en Travail, puis je vous envoie sous-ministre
Tourisme, qui à l'époque était à
200 000 $, 200 000 $, mais là, tout à coup, vous changez,
mais là... Le poste qui était déjà là auparavant, votre prédécesseur
faisait 200 000 $, mais là vous allez faire 260 000 $.
Mme LeBel : Bien là, il faut voir qu'est-ce que le
prédécesseur faisait. Parce que, là, il faut faire attention. Souvent, on a comparé la personne... on ne la nommera pas,
disons Sophie, pour ne pas la nommer, qui est un poste de sous-ministre x avec un salaire x, si elle s'en va dans un
autre poste de sous-ministre, bien, ça se peut que... Ce n'est pas tous les
sous-ministres qui ont le même salaire dans tous les... ce n'est pas...
ils n'ont pas tous le même salaire, là.
Mme Rizqy : Mais
qu'est-ce qui justifie qu'une sous-ministre puisse avoir de 20 % à
30 % d'augmentation puis dire que c'est — ma
question est la suivante — similaire,
pour reprendre vos propos, à ce que les éducatrices ont eu? Comment
qu'on peut faire ça, là, ce lien-là?
Mme
LeBel : Mais il peut y avoir une progression, il y a cinq niveaux de
sous-ministres. Et, en plus, si cette personne-là
change de ministère, ça se peut que le ministère pour lequel elle change avait
un salaire déjà, à la base, plus élevé à qui on a donné... Je vous l'ai
dit, il y a des salaires...
Mme Rizqy : Le
salaire de son prédécesseur était moindre.
Mme LeBel : Mais
c'est du cas par cas, là, il faut...
Mme Rizqy : O.K., alors. Mais comment que vous faites le lien,
là, vous, de dire que, par exemple, en moyenne, les hauts cadres, là, ce qu'on appelle gentiment — repris
dans les propos du Soleil — les
mandarins de l'État, en moyenne, ont augmentés de 20 %, puis vous,
vous avez répondu...
Mme LeBel : Oui,
mais ils ont fait des... ils ont fait, avec respect, des amalgames.
Mme Rizqy : Attendez,
laissez-moi poser la question.
La Présidente (Mme Soucy) : Attendez, là, juste un instant, parce que vous êtes... Je vous laisse
faire parce que vous avez une belle
collaboration, mais là vous êtes un peu trop indisciplinées. Alors là, Mme la
députée, terminez votre question.
Mme Rizqy : Moi, ma question, c'est la suivante. En réaction
de l'article d'Olivier Bossé, vous avez affirmé la chose suivante. Les salaires des hauts
fonctionnaires ont suivi ceux des éducatrices et des infirmières, explique Mme
la présidente du Conseil du trésor.
Moi, j'essaie de comprendre, parce que, si, vous, votre logique, c'est en
matière de pourcentage, la chose est la suivante... L'enjeu que j'ai
avec votre prémisse, là, de travail, c'est de dire que, si un haut fonctionnaire a augmenté de 20 % puis que
l'éducatrice a augmenté de 20 %, ce n'est pas du tout le même comparable,
parce que passer de
35 000 $ à 42 000 $, c'est vrai que c'est une augmentation
de 20 %, mais ma hausse est de 7 000 $ en définitive, c'est
7 000 $, alors que quelqu'un qui était à 260 000 $ et qu'on
lui donne 20 % de plus, bien là, lui ou elle, sa hausse est de 52 000 $. C'est ça, le barème. Alors, je
n'arrive pas à comprendre comment que vous, vous avez pu dire que ça a suivi la
même hausse. C'est impossible.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la
ministre.
Mme LeBel : Ça me permet de préciser mes propos. Ils n'ont pas
exactement la même hausse, mais il y a plusieurs
amalgames qui étaient faits dans l'article où, à un moment donné, on calculait
aussi ce que j'appelle les promotions,
la progression dans l'échelle. Il faut faire attention, il faut comparer des
oranges avec des oranges, donc le même niveau.
Il
est vrai qu'il y a certains postes, entre autres éducation, où, compte tenu des
priorités du gouvernement, de la mission
de l'État, ils ont eu une... le siège, la personne en bénéficie, mais le siège,
le poste a eu une augmentation supérieure à l'augmentation de l'ensemble
des autres hauts fonctionnaires. Et c'est pour ça que je disais : À
l'instar de ce qu'on a fait en éducation, on
a suivi la même tendance, c'est-à-dire qu'on a priorisé, on a eu des priorités.
Et, éducation, ce n'est pas étonnant,
on a mis priorité en éducation, on en a fait aussi des... il y a eu des
répercussions sur le plancher pour les gens qui sont en éducation, et on
l'a fait également là. Mais c'est difficile pour moi de détailler tous les
pourcentages parce qu'il y avait des amalgames dans l'article qui... ce serait
difficile de le faire ici, là.
Mme Rizqy : ...capables de s'entendre toutes les deux qu'on
a... que la hausse pour les hauts cadres ne reflète pas la hausse pour
les éducatrices, là, ça... on ne peut pas...
Mme LeBel : ...mêmes paramètres salariaux, le deux, deux,
deux, et sur la fameuse enveloppe sectorielle... Mais c'est possible qu'en équivalence ce ne soit pas la
même chose, mais on a suivi le même principe de la même tendance. Puis,
en pourcentage, pour certains, ça peut se ressembler, oui.
• (18 h 50) •
Mme Rizqy : Parce que, dans l'article, il y avait aussi des
cas que la personne occupe le même poste mais, l'année suivante, avait
un montant beaucoup plus important, là, d'augmentation, là, en une seule année.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, on va... Mais c'est sûr qu'un pourcentage a
plus d'impact sur un salaire plus élevé. Ça, on ne se dira pas le contraire, là. Mais on fonctionne...
même avec les négociations, les négociations syndicales, on fonctionne en
pourcentage, là.
Mme Rizqy : ...on parle le même langage, parce que, pour moi,
quand j'ai lu l'article, ça m'avait vraiment étonné de vous, parce que, pour moi, il y a une grosse
différence entre quelqu'un qui gagne déjà dans les six chiffres, en haut de
200 000 $ et qui a une augmentation, puis de dire que ça été la même
chose, qu'ils ont eu la même...
Mme
LeBel : Bien, c'est la même chose.
Mme Rizqy : Non,
ce n'est pas la même chose. Puis là je pense qu'on s'est comprises.
Mme LeBel : Oui.
Mme Rizqy : Donc, parfait. Maintenant, on compare beaucoup
avec l'Ontario, le... en tout cas, le premier ministre aime beaucoup se
comparer avec Ontario. Vous savez que le salaire d'entrée, il y a eu quelque
chose qui a été fait, puis moi...
tous les partis l'avaient promis en élection en 2018, puis vous l'avez fait,
puis ça, j'en suis très contente, là, ce n'est pas du tout un reproche ce que je vais dire, au contraire, il y a eu le
rattrapage qui a déjà été fait pour les premiers échelons. Mais le salaire d'entrée, de départ pour les enseignants
n'est toujours pas au même niveau que celui de l'Ontario. Est-ce que ça,
c'est de votre intention, là, de l'égaler?
Mme LeBel : Ce n'est pas de mon
intention de discuter de ça ici. Maintenant, ça fera partie des négociations
avec les syndicats, et c'est très certainement quelque chose qu'ils mettent de
l'avant, mais on va en discuter.Mais je n'annoncerai pas des
intentions. On verra le résultat.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la ministre. Mme la députée.
Mme Rizqy :
Est-ce qu'il me reste du temps toujours?
La Présidente (Mme Soucy) : Il vous reste 2 min 15 s. Et je vais vous arrêter,
inquiétez-vous pas, lorsqu'il ne restera plus de temps.
Mme Rizqy :
Bon. Là, maintenant, je sors des sentiers battus. Attention, Mme la
Présidente. On a un enjeu vraiment important en... plus avec... au niveau de
l'éducation des Premières Nations. Vous savez, il y a un petit montant qui est
donné pour ceux qui vont aller enseigner plus au nord. Est-ce que vous êtes
ouverte à avoir une discussion plus sérieuse de comment qu'on peut s'assurer
d'attirer les enseignants, tout ça? Non, parce que ça, ce sera... ça va être
vous. Je vais vous expliquer pourquoi ça va être vous : parce que,
lorsqu'on va arriver dans une approche qui peut être dite différenciée, si on veut attirer des gens en haut, ça prend
peut-être des mesures fiscales qui sortent des sentiers battus puis qui sont
même des mesures, des fois, qu'on va dire parfaites, puisque c'est des
territoires vraiment éloignés, que les logements coûtent plus cher, que
les fruits puis les légumes, quand on en reçoit, ne sont déjà pas très beaux.
Moi, je ne vous
demande pas de me répondre aujourd'hui. Prenez-le en délibéré, parce que c'est
une question qui est vraiment très
importante. Le taux de réussite, la diplomation des jeunes des Premières
Nations n'est même pas à la barre de 50 %. Pendant des mois,
plusieurs élèves n'ont même pas eu un enseignant. Tu sais, quand ça fait cinq mois
que tu n'as pas d'enseignant, c'est énorme.
Et je ne veux pas jeter le blâme sur ceux qui vont travailler là-bas. Au
contraire, je vous lève mon chapeau,
mais il y en a plusieurs qui ne sont pas capables de continuer. Alors, je crois
qu'on doit avoir une réflexion
collective. Puis je lance la balle aujourd'hui, pas pour un argumentaire, mais
pour une réflexion collective, de voir
comment qu'on peut améliorer au niveau, là, de la fiscalité des travailleurs,
d'avoir une approche différenciée pour ceux qui s'occupent d'une
population excessivement vulnérable. Et, tu sais, on a tous fait la formation
sur les Premières Nations, on l'a faite, la
formation, mais, au-delà de la formation, il va falloir qu'un jour, là, on
dise : On est capables de faire tellement mieux, au Québec.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Avez-vous un petit mot de la fin, Mme la
ministre, pour le 13 secondes qu'il vous reste?
Mme LeBel :
Bien, à part merci, merci pour l'exercice. Puis je vous ai écoutés. Donc,
merci, pour l'exercice à tout le monde. C'est toujours, toujours très agréable
avec mes collègues.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la députée. Votre temps de parole
est terminé. Alors, cela met fin à l'étude de crédits budgétaires pour
l'année 2023-2024.
Ces crédits
provisoires sont-ils adoptés? Oui, juste un instant.
Une voix : ...par
appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, très bien. Donc, merci. Bien, avant de procéder par appel nominal,
conformément au deuxième alinéa de
l'article 114.2 de notre règlement, j'invite les personnes présentes
autres que les députés de se retirer de la salle, s'il vous plaît, et
puis, bien, pour également permettre aux autres députés de se joindre à nous
pour le vote. Merci à tous ceux et celles qui ont participé à l'étude des
crédits.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre aux députés de se joindre à nous.
(Suspension de la séance à
18 h 55)
(Reprise à 19 h 04)
Adoption des crédits
La Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous procédons au vote par appel
nominal. Voici la motion qui est mise aux voix :
«Que les crédits provisoires pour l'année
financière 2023-2024 soient adoptés.»
Que les députés en faveur de cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault (L'Assomption),
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Girard (Groulx), M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly),
M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Charette
(Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien
(Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Bélanger
(Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François),
M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski), M. Lacombe (Papineau), M. Lévesque (Chapleau),
Mme Charest (Brome-Missisquoi), Mme Duranceau (Bertrand),
Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete
(Sainte-Rose), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Jacques (Mégantic), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Sainte-Croix (Gaspé), M. Rivest (Côte-du-Sud), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière
(Gatineau), M. Lamothe (Ungava), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson), M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Mallette (Huntingdon), Mme Dionne
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin (Bonaventure),
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay
(Dubuc), Mme Bogemans (Iberville), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
Mme Schmaltz (Vimont),
Mme Guillemette (Roberval), Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon
(Jonquière), M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron
(Châteauguay).
La Présidente (Mme Soucy) : Maintenant,
que les députés...
Le Secrétaire adjoint : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice).
La Présidente (Mme Soucy) : Que
les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Tanguay
(LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme Rizqy
(Saint-Laurent),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey),
Mme Caron (La Pinière), M. Morin (Acadie),
Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
Mme Labrie
(Sherbrooke).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia).
Mme Nichols (Vaudreuil).
La Présidente (Mme Soucy) : Y
a-t-il des abstentions? M. le greffier... Oui?
M. Jolin-Barrette :
...permission, je crois que le député de Beauce-Sud... Beauce-Nord,
Beauce-Nord, pardon, excusez-moi, Beauce-Nord, souhaiterait enregistrer son
vote.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) : O.K.
Juste... On n'a pas entendu, il y a trop de gens qui parlent en même temps. M.
le leader du gouvernement, qu'est-ce que vous dites?
M. Jolin-Barrette : Alors,
Mme la Présidente, le député de Beauce-Nord, je crois, voudrait enregistrer son
vote et venir à... Je crois qu'il est derrière la porte.
La Présidente (Mme Soucy) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, M. le député de Beauce-Nord, nous
comprenons que vous êtes en faveur de cette motion?
Le Secrétaire adjoint : M. Provençal
(Beauce-Nord).
La
Présidente (Mme Soucy) : Donc, pour le résultat du vote.
Pour :
73
Contre :
19
Abstentions :
0
La motion est donc adoptée. En conséquence, les
crédits provisoires pour l'année financière 2023-2024 sont adoptés.
La commission
plénière ayant accompli son mandat, je remercie les personnes qui y ont
participé.
Et je suspends la
séance quelques instants.
(Suspension de la séance à
19 h 10)
(Reprise à 19 h 11)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous allons maintenant procéder à l'adoption du rapport de la commission
plénière. M. le député de Beauce-Nord.
M. Provençal (président de la commission
plénière) : Merci, Mme la Présidente. J'ai l'honneur de vous
faire rapport que la commission
plénière a étudié les crédits provisoires pour l'année 2023-2024 et
qu'elle les a adoptés. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Mise aux voix du rapport de la commission
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Ce rapport est-il adopté? Rapport adopté... Oui, M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
...un vote par appel nominal, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, vote par appel nominal. Est-ce que c'est... il
y a... Oui, M. le leader.
M. Jolin-Barrette :
Je crois que mes collègues sont d'accord avec moi pour qu'on enregistre le
même vote.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'était
la question que j'allais poser. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
que nous enregistrions le même vote? M. le leader de l'opposition.
M. Derraji :
Avec la gentillesse avec laquelle la demande a été faite, on accepte, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Alors, pour le résultat du vote, M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 73
Contre :
19
Abstention :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
ce rapport est adopté. Donc... Il me manque une page, désolée. Merci.
Projet
de loi n° 18
Présentation,
adoption du principe et adoption
En
conséquence, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et
présidente du Conseil du trésor
propose que l'Assemblée soit saisie du projet de loi n° 18,
Loi n° 1 sur les crédits 2023-2024, qu'elle en
adopte le principe et qu'elle adopte le projet de loi proprement dit.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En conséquence... M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Derraji :
Si le leader du gouvernement est ouvert, on peut faire la même chose que le
dernier vote.
M. Jolin-Barrette :
Avec grand plaisir, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Que d'harmonie dans ce salon bleu!
Alors, M. le secrétaire général, pouvez-vous
nous confirmer le résultat du vote?
Le Secrétaire : Pour : 73
Contre :
19
Abstention :
0
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En conséquence, le projet de loi n° 18, Loi n° 1 sur les crédits 2023-2024, est
adopté. M. le leader du gouvernement, je vous cède la parole.
Renvoi de l'étude des crédits
aux commissions parlementaires
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, je fais motion afin que l'étude de l'ensemble des crédits budgétaires 2023-2024,
sauf ceux de l'Assemblée, soit renvoyée en commission permanente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion
adoptée. M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M. Jolin-Barrette : Je vous
suggère de suspendre nos travaux, Mme la Présidente, jusqu'à demain, pour les
déclarations de députés.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, compte tenu de cette... Premièrement,
cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Alors, nous allons ajourner les travaux jusqu'à
demain, 23 mars, 9 h 30.
(Fin de la séance à 19 h 16)