(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Je vous
invite à prendre place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous allons commencer
nos travaux. Et je cède tout de suite la parole... je reconnais la députée de
Jean-Talon.
Souligner
le Mois du patrimoine irlandais
Mme Joëlle
Boutin
Mme Boutin :
Merci, M. le Président. Mars est dorénavant le Mois du patrimoine
irlandais.
À
titre de députée de Jean-Talon, j'aimerais rendre hommage à toutes celles et
ceux qui ont fui la grande famine, qui ont rêvé à de meilleures contrées
et qui se sont établis ici, à Québec, notamment dans les quartiers de Sillery
et de Sainte-Foy, pour y bâtir leur maison,
fonder leur famille et contribuer au développement du Québec. En ce mois de
mars, je veux saluer les bâtisseurs,
et leur descendance, de notre communauté irlandaise de Québec, les O'Gallagher,
Lonergan, Kerwin, Walling, Donovan, Dinan, Burke, O'Farrell, O'Connor,
Dawson, Edwards, Murphy, Brophy, Corrigan.
Mes
amis, je salue la richesse de votre patrimoine. Et je vous souhaite une joyeuse
fête de la Saint-Patrick, ce vendredi, et
que votre défilé soit à la hauteur de votre fierté à porter les couleurs de vos
ancêtres. Et soyez assurés qu'il me fera grand plaisir de venir célébrer
avec vous. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le député de Maskinongé.
Rendre
hommage à M. Jean-Pierre Gélinas, lauréat du prix Gaétan-Blais
M. Simon
Allaire
M. Allaire : Merci, M. le Président.
J'aimerais aujourd'hui mettre en lumière un bénévole de la belle
circonscription de Maskinongé qui
s'est vu remettre récemment le 20e prix Gaétan-Blais par la ville de
Louiseville, un hommage bien mérité pour M. Jean-Pierre Gélinas.
Cet
homme est ou a été impliqué dans différents organismes, et, tenez-vous bien, je
les nomme : Club Optimiste de
Louiseville, Noël du pauvre, Chevaliers de Colomb, Centre d'action bénévole de
la MRC de Maskinongé, baseball mineur, Festival
de la galette de sarrasin de Louiseville, Maison du commis-voyageur, Confrérie
des sarrasins. Et je ne les ai pas tous nommés, M. le Président.
C'est pour cette
raison qu'à mon tour je souhaitais lui rendre hommage ici, à l'Assemblée
nationale.
M. Gélinas,
vous contribuez grandement au rayonnement de notre belle collectivité. Alors,
je vous remercie du fond du coeur pour votre apport à notre belle
communauté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Au tour, maintenant, de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Appuyer
les revendications du Centre d'éducation
et d'action des femmes de Montréal inc.
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Au début des années 2000, les résidentes du quartier Sainte-Marie se
sentent impuissantes face à l'arrivée
de nombreux projets de condos qui défigurent leur milieu de vie. Le Centre
d'éducation et d'action des femmes décide de travailler avec elles pour
renforcer leur capacité à prendre part au développement de notre
communauté.
En
2006, elles rendent publique la Déclaration citoyenne des femmes de
Sainte-Marie. Au lendemain de la pandémie, le centre voulait prendre le pouls des femmes. Elles ont déposé un
rapport, qui vient tout juste d'être publié. Près de 20 ans plus tard, très peu de choses ont changé. Violence
à la maison, dans la rue, manque de logements, difficulté à se nourrir, à
nourrir la famille, bref, j'en passe.
Une
nouvelle revendication est cependant apparue. Les femmes du quartier veulent
que les élus adoptent l'approche féministe intersectionnelle pour lutter
efficacement contre la pauvreté et les violences.
Les résidentes de mon
quartier sont à boutte. Je pense qu'il est temps qu'on les écoute.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Et je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Vimont.
Souligner
le travail des organismes communautaires ayant pour mission
la promotion de l'activité sociale et récréative chez les aînés
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci,
M. le Président. Je prends la parole aujourd'hui pour mettre de l'avant le
travail exceptionnel qui se fait par
nos organismes communautaires pour le bénéfice de nos citoyens du troisième âge
afin de leur fournir une merveilleuse gamme d'activités stimulantes et
qui aident à briser l'isolement.
Je pense,
entre autres, au Club de l'âge d'or de Vimont, dirigé de main de maître par
Mme Florida Vaillancourt, et toute son équipe de bénévoles. Je pense
également au Club de l'âge d'or italien, avec leur présidente, Bruna Netto, et
toute son équipe. Et que dire de la
chevalerie de Colomb de Saint-Elzéar, avec le grand chevalier, M. Pierre Archambault,
et toute la confrérie?
Pour avoir
participé à plusieurs de leurs événements, je peux vous dire que Vimont est
plus actif que jamais. Et toute ma reconnaissance va aux centaines de
bénévoles qui font que Vimont soit si vivant.
Dans Vimont,
nous avons tout un milieu communautaire qui se mobilise pour le bien-être de
notre communauté du troisième âge. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Et
je reconnais maintenant Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner le travail du Centre
communautaire
des aînés de Vaudreuil-Soulanges
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci,
M. le Président. Je profite de l'occasion de la Semaine québécoise des popotes
roulantes, qui se tient du 19 au
25 mars, pour remercier et saluer un organisme indispensable du comté de
Vaudreuil, soit le Centre communautaire des aînés de Vaudreuil-Soulanges,
ainsi que leurs nombreux et dévoués bénévoles.
Cet organisme
et ses bénévoles, par la livraison de repas à domicile, font une réelle
différence dans la vie de nos citoyens
âgés en perte d'autonomie ou ayant des limitations temporaires ou permanentes
dans les comtés de Vaudreuil et de Soulanges.
Depuis le
lancement de ce service, en 2014, la popote roulante a servi plus de
130 500 repas. C'est tout un exploit! Récemment, j'ai participé aux livraisons de repas sur mon territoire, ce
qui m'a permis de témoigner de la bienveillance de tous les acteurs de
la popote roulante et aussi des merveilleux sourires et accueils affectueux de
nos citoyens.
Merci à tous
ceux et celles qui s'impliquent dans cette belle mission. Vous faites une
réelle différence dans la vie de nos citoyens.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Au tour, maintenant, du député de Mégantic.
Souligner la mise sur pied
d'un service de garde éducatif en
communauté dans la municipalité de Stratford
M. François Jacques
M. Jacques : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à
souligner la mise en oeuvre d'un projet pilote de services de garde éducatifs en communauté par la
municipalité de Stratford, dans la magnifique circonscription de Mégantic, que
je représente.
L'aménagement de deux espaces aux normes par la
municipalité, la collaboration du bureau coordonnateur Sous Les Étoiles et l'accompagnement de la MRC du Granit vont permettre
à 12 enfants de cette localité de ma circonscription d'avoir accès
dès le printemps à un service de garde au coeur de la communauté. Cette
initiative, en plus de permettre l'expérimentation
de nouvelles façons de faire pour répondre aux besoins des enfants et des
parents, va permettre d'accroître l'attractivité de la municipalité pour
des nouvelles familles qui souhaitent s'installer dans notre région.
L'initiative
est créée en exemple régionalement, et d'autres municipalités de la
circonscription vont bientôt se lancer dans l'aventure, pour le plus
grand bonheur des familles dans Mégantic. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Je reconnais maintenant le député de Chauveau.
Souligner la participation de
deux joueuses de hockey wendates
au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : «Kwe», M. le Président. Aujourd'hui, je désire
souligner une première dans l'histoire sportive
de Wendake, la participation de deux joueuses de hockey wendates au Tournoi
international de hockey pee-wee de Québec.
Membres de l'équipe féminine les As de
Québec, Ariane Duchesneau et Yarha Romain, âgées respectivement de 12 et 11 ans, sont devenues les premières
filles wendates à participer à cet événement sportif annuel prestigieux.
Excellant dans le hockey depuis l'âge
de cinq ans, Ariane et Yarha ont réalisé leur rêve de s'élancer sur la
patinoire du Centre Vidéotron et l'ont concrétisé en marquant chacune un
but lors de la partie opposant les As de Québec au Florida Alliance.
Je
les salue, d'ailleurs, dans les tribunes. Ariane est accompagnée de ses parents,
Émilie Gros-Louis et Jean Duchesneau. Yarha est également accompagnée de
ses parents, Marilyn Jacob et chef William Romain.
Ariane
et Yarha, «yändeia inenh»! Vous avez toutes les raisons d'être fières de vous.
«Tiawenhk», M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député. Au tour, maintenant, de la
députée de Bonaventure.
Souligner
le 60e anniversaire de la station de ski Le Petit Chamonix
Mme Catherine
Blouin
Mme Blouin : Merci, M. le Président.
Je tiens aujourd'hui à souligner un lieu important chez nous, la station de
ski Le Petit Chamonix, à Matapédia, qui a
tout récemment fêté son 60e anniversaire. Et j'ai d'ailleurs eu l'occasion
de participer aux célébrations avec grand plaisir.
Le
Petit Chamonix, c'est le premier centre de ski à s'être implanté dans le comté
de Bonaventure. Bien sûr, les centres de
ski permettent de créer de beaux souvenirs, mais c'est plus que ça, c'est un
lieu de rassemblement où on se sent comme à la maison. C'est pratiquement le coeur du village de Matapédia, et ça
contribue concrètement au dynamisme de la communauté. Le sentiment
d'appartenance de la communauté envers Le Petit Chamonix est tel que, même
lorsque la neige n'est pas au
rendez-vous, les gens sont présents pour les activités de lancement, pour les
soupers thématiques, pour des moments familiaux, symboliques ou tout simplement
pour soutenir le centre dans ses projets de modernisation. On ressent
vraiment toute la fierté qui en découle.
Toutes mes
félicitations pour ces 60 ans! Et je vous souhaite encore de nombreuses
années de succès. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner
la Journée internationale de la Francophonie
Mme Martine Biron
Mme Biron : Bonjour, M. le Président.
Le 20 mars, nous soulignerons la Journée internationale de la
Francophonie.
Depuis
plus de 50 ans, l'Organisation internationale de la Francophonie offre une
tribune exceptionnelle au Québec. Unique
instance internationale où il est membre de plein droit, l'OIF nous permet
d'affirmer haut et fort notre attachement à la langue française. Ce statut est extrêmement précieux pour le
Québec. Il nous donne l'occasion de discuter d'égal à égal avec les
87 autres États membres et de faire entendre notre voix à l'international.
La
langue française est la base de notre identité québécoise. Elle nous permet
d'exprimer qui nous sommes et en quoi
nous croyons. Nous sommes fiers d'être le vaisseau amiral de la langue
française en Amérique et nous voulons être un modèle de défense et de
valorisation de cette magnifique langue.
J'invite donc tous
les citoyens à célébrer cette journée et à prendre part aux activités qui ont
lieu. Pour ma part, je serai, entre autres, à un événement organisé par
différents groupes de mon comté des Chutes-de-la-Chaudière pour souligner
l'implication de certaines personnalités envers la défense et la promotion de
notre belle langue française. Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant le
député de Vachon.
Rendre
hommage à Mme Danielle Robert pour son engagement bénévole
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci beaucoup, M. le
Président. Je rends hommage à une femme dynamique pour qui l'engagement
est synonyme de passion.
Mme Danielle
Robert a été l'aidante naturelle de sa mère à la suite d'un grave arrêt
cardiorespiratoire qui l'a laissée méconnaissable.
Pendant cinq ans, elle partait de son domicile de Saint-Hubert pour aller au
chevet de sa mère dans un CHSLD de Montréal. Elle s'est investie
jusqu'au départ de sa maman, le 22 octobre 2015.
M.
le Président, plusieurs personnes font quotidiennement ce que Mme Robert a
fait pendant de nombreuses années, et
je salue cette force et ce courage qu'ils ont. Malgré la perte de sa mère, elle
continue de s'impliquer auprès des aînés du CHSLD Joseph-François-Perrault en écrivant dans le journal L'Écho
du comité des résidents. En plus de la conception du journal,
Mme Robert est secrétaire-trésorière pour le comité des résidents.
Mme Danielle
Robert, vous êtes un exemple de bénévolat dévoué, et je vous remercie de faire
la différence dans la vie des résidents du CHSLD. Merci d'être là,
Mme Robert.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Chapleau.
Souligner le
50e anniversaire du Cercle de fermières Touraine
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui,
j'aimerais souligner un moment important
d'une association féminine de ma circonscription, soit le 50e anniversaire
du Cercle des fermières de Touraine.
Il faut
savoir que, par les actions et les différentes oeuvres de bienfaisance qu'elles
soutiennent, les cercles de fermières contribuent
à l'amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille, ainsi qu'à
la préservation et la transmission du patrimoine culturel et artisanal.
Le Cercle de fermières de Touraine est composé
de 85 femmes et est l'un des plus actifs de la région. Elles se réunissent régulièrement pour faire de la couture,
de la broderie, du tissage, du tricot et du feutrage. Dans la dernière année,
c'est plus de 1 000 pièces
qu'elles ont produites, notamment des foulards, mitaines et pyjamas, qu'elles
ont ensuite distribués parmi les personnes et familles dans le besoin de
notre secteur.
M. le
Président, en terminant, j'aimerais prendre le temps de féliciter
Mme Marie-Andrée Gagnon, présidente du Cercle de fermières de Touraine, ainsi que tous les membres qui en font
partie pour leur engagement dans la communauté et leur beau travail.
Toutes mes félicitations et bon 50e anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Chapleau. Au tour, maintenant, de Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le
80e anniversaire du Conseil communautaire
Notre-Dame-de-Grâce inc.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je souligne le travail exceptionnel d'une table
de quartier de mon comté, le Conseil
communautaire de Notre-Dame-de-Grâce, qui a célébré son 80e anniversaire
au service des citoyens les plus démunis de Notre-Dame-de-Grâce.
Created by the community for
the community, the council seeks to support and strengthen the most vulnerable among us. NDG is a highly diverse community and
faces multiple overlapping crises, and the council is on the front lines,
contributing and coordinating our community response.
Oeuvrant en étroite
collaboration avec d'autres organismes communautaires, le secteur privé, les
fondations et les élus, le conseil mise sur
des actions prioritaires, notamment pour améliorer l'accès au logement social
et abordable, la sécurité alimentaire et l'intégration des nouveau-nés.
Merci à la
directrice exécutive, Halah Al Ubaidi, «and her amazing team» pour cet
organisme qui prouve à chaque jour d'être un pilier indispensable de la
communauté. Au nom de tous les habitants de NDG, merci et bonne continuation.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je
profite pour faire un petit rappel que les déclarations sont d'une durée d'une minute. Donc, merci à tous
les collègues de bien vouloir respecter cette durée-là pour nous tous,
pour le bon fonctionnement du Parlement.
Alors, j'ai
une 13e déclaration, donc, celle de la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, que j'accueillerai avec votre consentement.
Des voix : Consentement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement.
Mme la députée.
Souligner la présentation du
documentaire Les oies de Jean Paul Riopelle
au Festival international du film sur l'art
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci,
M. le Président. Parmi les artistes peintres qui ont marqué le Québec, un nom
nous vient tout de suite en tête,
celui de Jean Paul Riopelle. Son legs artistique est immense, et son oeuvre
transcende les styles et les générations. Je vous avoue d'ailleurs que
c'est l'un de mes favoris.
Dans le cadre
du 41e Festival international du film sur l'art, qui s'ouvre aujourd'hui
au Musée des beaux-arts du Québec, un
documentaire intitulé Les oies de Jean Paul Riopelle, réalisé par le
Charlevoisien Jean-Luc Dupuis, sera diffusé en avant-première
canadienne. Le film présente des échanges entre le réalisateur et des proches
de Riopelle. À travers ceux-ci,
on en apprend davantage sur la fascination de l'artiste pour la nature,
notamment pour les oies sauvages, qui ont inspiré de nombreuses oeuvres.
M. le Président,
j'invite tous les citoyens à voir ce film et à jeter un regard neuf sur
l'oeuvre de Riopelle. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci beaucoup, Mme la députée. Écoutez, voilà
qui met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Je suspends les
travaux durant quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
9 h 56)
(Reprise à 10 h 05)
La
Présidente : Bonjour à tous. Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation
de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 14
La Présidente :
Oui. À l'article a du feuilleton,
M. le ministre de la Sécurité publique présente le projet de loi n° 14, Loi modifiant
diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi
visant à aider à retrouver des personnes disparues.
M. le ministre.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel : Mme la Présidente, ce
projet de loi apporte diverses modifications relatives à la sécurité publique.
D'abord, le projet de
loi modifie la Loi sur la police afin de prévoir le versement par le
gouvernement à l'École nationale de police
du Québec d'une contribution annuelle basée sur la masse salariale des membres
des corps de police spécialisés.
Le
projet de loi consacre le principe de l'indépendance des corps de police et de
leurs membres dans la conduite des enquêtes
et des interventions policières et énonce leur devoir d'agir en concertation et
en partenariat avec les personnes et les différents intervenants des milieux concernés par leur mission. Il
précise également que tous les corps de police ont compétence pour
prévenir et réprimer les infractions aux lois sur l'ensemble du territoire du
Québec.
Le
projet de loi permet à certains membres du comité de sélection formé pour
procéder à l'évaluation de l'aptitude des
candidats à la fonction de directeur général de la Sûreté du Québec d'être
remplacés lorsque des circonstances particulières le justifient. Il
confie au directeur de la Sûreté du Québec la nomination de certains officiers.
Le
projet de loi permet au gouvernement de déterminer, par règlement, les domaines
dans lesquels une personne qui n'est
pas diplômée de l'École nationale de police du Québec peut être embauchée à
titre de policier pour exercer des fonctions
d'enquête dans un corps de police autre qu'un corps de police spécialisé ainsi
que les critères de sélection et les qualités
minimales pour être embauché à ce titre. Il permet également au gouvernement de
déterminer, par règlement, les obligations
de formation continue des policiers de même que la formation requise pour
exercer certaines fonctions dans un corps de police autre qu'un corps de
police spécialisé.
Le
projet de loi apporte différentes modifications en matière de déontologie
policière. Ainsi, il confie au Commissaire à la déontologie policière un rôle de prévention et d'éducation en cette
matière. Il prévoit qu'une plainte relative à la conduite d'un policier susceptible de constituer un acte
dérogatoire au Code de déontologie des policiers du Québec ne peut être
formulée que par une personne présente lors d'un événement ayant fait l'objet
d'une intervention policière ou par celle à
l'égard de qui la conduite d'un policier est susceptible de constituer un tel
acte dérogatoire. Il permet toutefois à toute autre personne de formuler au commissaire, anonymement
ou non, un signalement relatif à une telle conduite, dans un délai d'un an
à compter de la date de l'événement ou de la
connaissance de celui-ci, conformément à la procédure établie par le
commissaire. Il accorde au
commissaire le pouvoir de tenir une enquête de sa propre initiative dans
certaines circonstances et lui permet de tenir des travaux de
conciliation à distance par un moyen technologique. Il met fin à l'obligation
pour le commissaire d'aviser certaines
personnes du progrès d'une enquête et introduit celle de les aviser lorsque le
rapport d'enquête ne peut être remis
dans un délai de six mois. Il prévoit également qu'une plainte alléguant une
conduite discriminatoire peut, au choix
du plaignant, être soumise à la conciliation, auquel cas le conciliateur doit
avoir suivi la formation pertinente sur le racisme et la discrimination.
Le projet de loi remplace le nom du Comité de
déontologie policière par «Tribunal administratif de déontologie policière». Il
revoit les sanctions que peut imposer le tribunal lorsque la conduite d'un
policier est jugée dérogatoire et lui permet
d'imposer au policier, en plus des sanctions, des mesures additionnelles après
avoir permis aux parties de se faire entendre. Il donne au président du tribunal
des pouvoirs pour faciliter la saine gestion des instances, y compris celui
de prendre une directive à cette fin. Le
projet de loi permet aussi à un membre du tribunal, à tout moment, de prendre
les mesures qu'il estime nécessaires
à la gestion de l'instance. Il remplace l'appel de plein droit de toute
décision finale rendue par le tribunal par un appel sur permission et
prévoit la procédure applicable ainsi que les effets de cet appel.
De
plus, le projet de loi prévoit que le gouvernement détermine, par règlement, le
contenu minimal de tout règlement de
discipline interne des membres d'un corps de police et qu'un contrat de travail
ou une convention collective ne peut y déroger.
• (10 h 10) •
Le
projet de loi établit que les priorités d'action et les directives élaborées à
l'égard des corps de police sont écrites et rendues publiques et prévoit des restrictions quant à leur contenu.
Il précise également que le directeur ou un membre d'un corps de police doit refuser de communiquer un
renseignement ou d'en confirmer l'existence lorsque sa divulgation pourrait
avoir des incidences sur l'administration de la justice et de la sécurité
publique.
Le
projet de loi précise que l'enquête sur une intervention policière ou une
détention par un corps de police tenue par
le Bureau des enquêtes indépendantes a pour objet de faire la lumière sur
l'événement et les circonstances qui l'entourent avec impartialité et transparence. Il prévoit que le directeur du bureau
peut décider, dans certaines circonstances, de mettre fin à une enquête lorsqu'une personne, autre qu'un
policier en devoir, décède ou subit une blessure grave lors d'une intervention policière. Dans ce cas, le directeur
communique au public les motifs de sa décision. Il permet au bureau, une
fois l'enquête complétée, de transmettre son dossier d'enquête à certains organismes.
Le projet de loi
établit, en outre, des obligations supplémentaires en matière de reddition de
comptes pour le Commissaire à la déontologie
policière et les corps de police. Il étend le pouvoir du ministre de la
Sécurité publique d'établir des lignes
directrices à tout sujet relatif à l'activité policière et il l'oblige à en
établir une concernant les interpellations policières, y compris les interceptions routières, dans un délai de deux
mois suivant la sanction de la loi. Il précise à qui est confié le rôle
attribué par la Loi sur la police lorsque la personne devant l'exercer est
elle-même en cause.
Le
projet de loi modifie aussi la Loi sur le ministère de la Sécurité publique
afin de confier au ministre de la Sécurité publique le pouvoir d'élaborer et de
proposer au gouvernement des mesures et des programmes, notamment en matière de
déontologie policière, ainsi que celui de veiller à leur mise en oeuvre.
Le projet de loi
édicte la loi visant à aider à retrouver des personnes disparues, laquelle a
pour objet de faciliter l'obtention par les
membres d'un corps de police de renseignements concernant la personne disparue
et, si cette dernière est mineure ou en situation de vulnérabilité, la personne
qui l'accompagne. À cette fin, cette loi prévoit qu'un juge de la Cour du Québec ou un juge de paix magistrat peut,
sur demande d'un membre d'un corps de police, ordonner la communication de certains renseignements
concernant une personne disparue ou celle qui l'accompagne. Elle lui permet
également, sur demande d'un membre d'un
corps de police, d'accorder l'autorisation de pénétrer dans un lieu, y compris
une maison d'habitation. Elle énonce que nul
n'est dispensé de se conformer à une ordonnance rendue en vertu de cette loi
du fait que des renseignements ou des documents à communiquer sont protégés par
le secret professionnel ou qu'ils peuvent
tendre à l'incriminer ou à l'exposer à quelque procédure ou pénalité. Elle
permet au directeur d'un corps de police de communiquer certains renseignements au public si cela est nécessaire
pour aider à retrouver une personne disparue ou lorsque la personne
disparue est retrouvée.
Le
projet de loi modifie la Loi sur le système correctionnel du Québec, notamment
afin de prévoir que la révision de
toutes les décisions des comités de discipline institués dans les
établissements de détention s'effectue par une personne désignée par le ministre et que la permission de
sortir d'une personne contrevenante prend fin automatiquement dès que celle-ci fait l'objet d'une décision de refus de
sa libération conditionnelle. Il donne de plus un caractère public aux
décisions de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles concernant les personnes contrevenantes, à
l'exception de certains renseignements qu'elles contiennent.
Le projet de loi
apporte à la Loi sur la sécurité incendie différentes modifications relatives
au schéma de couverture de risques. Ainsi,
il modifie la période de révision du schéma. Il prévoit les cas où il doit être
modifié et précise la procédure applicable
à cette fin. Il permet au ministre d'ordonner à une autorité régionale de
procéder à la modification et à la révision de son schéma dans certains
cas. Le projet de loi donne compétence à la Commission municipale du Québec sur certains différends entre des
municipalités locales ou des régies intermunicipales qui empêchent l'une
d'elles de se conformer aux objectifs de protection optimale. Il modifie
les modalités de la reddition de comptes des autorités régionales et des
municipalités locales quant à la mise en oeuvre du schéma.
Enfin,
le projet de loi apporte certaines corrections de nature technique et comporte
diverses dispositions de concordance et transitoires. Merci.
La
Présidente : Je reconnais M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la Présidente, vu la note... la longue note de présentation, je
pense que la demande est tout à fait logique, de demander des
consultations particulières par rapport à ce projet de loi, Mme la Présidente.
La
Présidente : Je reconnais M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Avec plaisir, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La Présidente :
Voilà une séance qui débute bien.
Donc, est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer
la réponse du gouvernement à la question inscrite au feuilleton le
2 février 2023 par le député de Matane-Matapédia. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Mirabel, la parole est à vous.
Doter l'ensemble des écoles
préscolaires et primaires
d'auto-injecteurs d'épinéphrine
Mme D'Amours : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
68 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant
que la disponibilité et l'utilisation d'un injecteur d'épinéphrine en cas de
réaction allergique sauvent des vies;
«Considérant qu'environ 6 % à 8 % des
enfants sont aux prises avec une allergie alimentaire;
«Considérant que chaque année il y a des risques
de rupture d'inventaire d'injecteurs d'épinéphrine;
«Considérant que la durée de vie d'un injecteur
d'épinéphrine est d'environ 10 mois;
«Considérant
qu'actuellement, les écoles du Québec demandent à chaque enfant ayant une
allergie de laisser à l'école, pour la durée de l'année scolaire, un
injecteur d'épinéphrine qu'il faut jeter à la fin de l'année;
«Considérant
que 6 % à 8 % des élèves du préscolaire et du primaire représente
environ 50 000 injecteurs conservés dans les écoles;
«Considérant qu'il y a environ
1 900 écoles préscolaires et primaires au Québec;
«Considérant
que de fournir deux à trois injecteurs par école préscolaire et primaire au
Québec représente environ 5 000 injecteurs;
«Considérant qu'en grande majorité les
injecteurs des enfants sont payés par la RAMQ à 100 %;
«Considérant
qu'il en résulterait une diminution de pression sur l'inventaire et une
économie à l'échelle nationale annuelle d'environ
45 000 injecteurs, soit une économie d'environ
4 500 000 $;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de doter l'ensemble des écoles
préscolaires et primaires du Québec d'injecteurs d'épinéphrine,
communément appelés "EpiPen".»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole au chef de l'opposition officielle en question principale.
Responsabilité du ministre de
la Cybersécurité et du Numérique
dans le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Hier, on a essayé d'en savoir plus, à la période
de questions nous avons posé
13 questions, ma collègue et moi, et je peux vous dire qu'aujourd'hui on
n'est pas du tout rassurés sur ce qui s'est passé pour expliquer le
fiasco à la SAAQ.
Le ministre du Numérique nous dit, depuis une
semaine, qu'il n'est pas responsable. Il exige même des éloges, Mme la Présidente. Pourtant, la mission de son
ministère est claire : «...soutenir [les] organismes [publics] dans leur
prestation de services afin de
favoriser leur transformation numérique.» Pour ce faire, «le ministre concentre
et développe une expertise interne». La mission est très claire.
Le premier ministre a la même
compréhension que nous de cette mission. Il a affirmé hier, et je le
cite : «...ce que je comprends,
c'est que [le ministre du Numérique] a un rôle [...] de conseil dans la
transformation numérique, autant pour les ministères que pour les
sociétés d'État.» Fin de la citation.
Novembre dernier, le
ministre a rencontré les dirigeants de la SAAQ pour parler du projet, qui a été
un fiasco. Le résultat, on l'a vu. Même le
premier ministre a dit, et je le cite : «[Ça a été] une grave lacune de
planification...» Hier, le ministre
nous a donné une explication qui est un bijou, je le cite au texte, il a
dit : «...oui, on a demandé à la SAAQ s'ils étaient prêts. La SAAQ
nous a dit : [Oui] nous sommes prêts. Ça fait qu'on les a laissés aller.»
La question au
premier ministre : Considère-t-il ainsi que son ministre a rempli sa...
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je remarque qu'encore aujourd'hui le chef de l'opposition officielle ne semble
porter aucune responsabilité au conseil
d'administration de la SAAQ, aucune responsabilité à la direction de la SAAQ,
aucune responsabilité au département
d'informatique de la SAAQ, donc que son jugement va seulement sur le ministre
chargé de la Transformation numérique, qui a un rôle conseil.
Mme la
Présidente, le principal problème qu'on a vécu avec cette transformation
numérique, c'est que la SAAQ a décidé
de fermer ses bureaux, tous ses bureaux, pendant trois semaines et n'a pas
prévu, à la réouverture des bureaux, d'ajouter
du personnel. J'en ai parlé avec la ministre responsable de la SAAQ la semaine
dernière, on a convenu ensemble de
leur demander d'ajouter 150 employés, parce que c'est normal qu'après
avoir fermé des bureaux pendant trois semaines il y ait un plus grand
achalandage.
Oui, on aurait pu
faire plus de communications pour s'assurer que plus de personnes utilisent les
services en ligne plutôt que de se présenter physiquement, mais en même temps,
Mme la Présidente, je ne comprends pas que la direction de la SAAQ n'a pas vu
qu'en fermant ses bureaux trois semaines il y aurait un surplus d'achalandage à
la réouverture.
• (10 h 20) •
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
Encore une fois, très surpris que le Parti libéral...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le
premier ministre tape sur la tête, comme ses ministres, de la SAAQ. Il y a eu
des ratés à la SAAQ, c'est clair. Ils ont
exécuté un plan qui avait été planifié et discuté en novembre dernier avec le
ministre. C'est sa fonction de conseiller, de savoir l'ensemble de
l'oeuvre.
Ma
question au premier ministre : Sachant tout cela, qu'est-ce qu'il
changerait? Qu'est-ce qu'il ferait de différent quant à l'action ou
l'inaction de son ministre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, quand
j'écoute le chef de l'opposition officielle, ce qu'il nous dit, en fait, c'est
que le ministre de la Transformation
numérique devrait être celui qui décide si on ferme les bureaux une semaine, deux semaines, trois semaines, ça devrait être le
ministre qui est responsable d'ajouter des employés quand on rouvre les
bureaux de la SAAQ.
Mme
la Présidente, je pense que, sincèrement, le chef de l'opposition officielle ne
comprend pas comment fonctionne une société d'État et quel est le rôle
conseil du ministre responsable de la Transformation numérique.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Là est toute la question,
sur la compréhension de quel est le rôle de conseil du ministre de la Transformation numérique. Dans la transformation
numérique, il doit déceler, il doit discerner tout ce qui n'ira pas, il doit
poser toutes les questions. C'est pour ça qu'il y a eu une rencontre en
novembre dernier.
Quel
est... Je repose la question au premier ministre : Qu'est-ce qu'aujourd'hui
il ferait de différent, s'il savait ce qui s'en vient, sachant qu'en
santé on s'en va vers là, là? Qu'est-ce qu'il a appris de cela quant à son
ministre?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, le chef de
l'opposition officielle pose une bonne question en parlant du réseau de la
santé. Je peux assurer le chef de
l'opposition officielle que le ministre de la Santé va être très impliqué dans
la transformation numérique. Je sais
qu'il va écouter sagement les conseils du ministre de la Transformation
numérique, mais, en bout de ligne, celui qui va décider comment ça va se
faire en pratique, c'est le ministre de la Santé.
Ça
aurait dû être la direction de la SAAQ qui, en bout de ligne, prend les décisions.
Ils peuvent choisir ou non d'écouter les conseils...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...mais, en bout de ligne, c'est la SAAQ qui a décidé.
Des voix :
...
La
Présidente : Pas de commentaire après les réponses. M. le chef.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Au même titre que le
premier ministre dit que le ministre de la Santé est responsable de la Régie de l'assurance
maladie du Québec, il ne peut pas
arrêter là et ne pas dire que la ministre du Transport est responsable de la
Société d'assurance automobile du Québec. Ça relève de son ministère.
Question
quant au ministre, maintenant, notre expert québécois en transformation
numérique, on l'a vu. Il dit que ce
n'est pas de sa faute parce que son ministère existe seulement depuis un an.
Dans combien de temps ce sera sa responsabilité, là, dans combien de
temps?
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, j'ai
cru voir peut-être un espoir, une petite lumière, au début de la question du
chef de l'opposition officielle, qui nous
dit, effectivement : Le ministre de la Santé est responsable de la RAMQ,
la ministre des Transports est responsable de la SAAQ. Et c'est pour ça,
Mme la Présidente, qu'on va évaluer le travail du conseil d'administration de
la SAAQ et de la direction de la SAAQ, et on va prendre des décisions en
conséquence.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. La parole est à vous.
Respect du principe de responsabilité ministérielle
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la Présidente,
j'avoue avoir été déçue, hier, des explications du ministre du Numérique quant
au désastre à la SAAQ. Mes cours de droit
constitutionnel m'avaient appris un concept que je trouvais honorable, la
responsabilité ministérielle. Quand un premier ministre vous confie un
ministère, ça vient avec des responsabilités.
Du
bout des lèvres, Mme la Présidente, presque en chuchotant, hier, le ministre a
reconnu qu'il aurait pu avoir mieux communiqué.
Sa responsabilité, selon lui, s'arrêtait aux communications, comme s'il
s'agissait... comme s'il n'était qu'un simple
porte-parole, sans obligation de résultat. Mme la Présidente, pour les dizaines
de milliers de Québécois encore en attente,
ce n'est pas un message Instagram qu'ils veulent, c'est un permis de conduire.
Ce n'est pas un tweet qu'ils attendent, mais une immatriculation.
Le ministère du
Numérique est au centre d'une révolution informatique essentielle au sein de
l'État. Le ministre peut-il nous rassurer qu'il passera de passager à chauffeur,
avec un permis valide, dans l'autocar de la transformation numérique?
Des voix : ...
La Présidente :
Bon, pas de bravos après les
réponses et les questions. Vous perdez du temps. Alors, M. le ministre de la Cybersécurité et du
Numérique, la parole est à vous, juste à vous.
M.
Éric Caire
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Donc, ma collègue est avocate, je vais faire appel à la
membre du Barreau, je vais lui lire l'article 1, deuxième alinéa, de
la Loi sur le ministère de la cybersécurité et du numérique : «Il propose
au gouvernement les grandes orientations en ces
domaines, détermine les secteurs d'activité dans lesquels il entend agir [et
prioriser] et conseille le gouvernement et les organismes publics.» Eh bien!
Regarde donc ça, toi. Et, quand vous allez
au troisième alinéa, on définit ce qu'est un organisme public, c'est l'article
2 de la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes publics, dont fait partie la SAAQ.
Donc,
oui, selon la loi, mon rôle est un rôle de conseil. Et le plus drôle, c'est que
cette formation politique là, dont le
chef par intérim de l'opposition officielle, a voté en faveur de la loi. La
députée de Saint-Laurent l'a étudiée, cette loi-là, article par article. Puis aujourd'hui ils nous
font une démonstration de l'ignorance crasse de la loi qu'ils ont, aujourd'hui.
Première étape...
Des voix : ...
La
Présidente : Pardon, j'ai entendu des commentaires. C'est moi, ici,
qui fais le contrôle des droits de parole. M. le leader de l'opposition
officielle, je vous écoute.
M. Derraji : Mme la Présidente, je
l'invite à retirer ses propos, parce que, s'il veut qu'on réouvre la loi, il y
a pas mal de citations qui vont le mettre très gêné aujourd'hui, Mme la
Présidente.
La
Présidente : M. le leader... M. le leader du gouvernement, brièvement,
parce que...
M. Jolin-Barrette :
...ce n'est pas une question de règlement. Manifestement...
Des voix :
...
La Présidente :
Bon, je vous prie... J'ai accordé
la parole au leader du gouvernement, j'ai fait la même chose pour vous, je l'écoute, et par la suite je trancherai,
mais je peux vous dire que, d'emblée, il s'agit effectivement d'une question
de règlement, que ce n'est pas permis. Ce
sont des propos qui sont blessants, M. le député. Alors, vous êtes au courant
de nos règles. Je vous prierais de poursuivre mais de façon plus... de
poursuivre... — attention
aux commentaires — de
poursuivre de façon respectueuse. Attention aux propos blessants. Voilà.
M. Caire :
Oui, Mme la Présidente. Donc, je
vais poursuivre, comme vous le dites. Donc, dans ce rôle qui m'est
attribué... effectivement, le ministère a quand même un rôle qui est très
important, et c'est de s'assurer...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
...que les façons de faire qui vont être mises de l'avant respectent les
standards de l'industrie.
La
Présidente : Première complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André
Fortin
M. Fortin : Dans les deux derniers jours, le ministre de la Transformation numérique nous a sorti son livre d'excuses au complet. Il nous a dit : Ah!
on n'avait pas de ministère avant 2022. Ah! il y a eu une campagne électorale.
Ah! on nous avait assurés que tout
était correct. Ah! puis la SAAQ ne nous a jamais demandé de l'aide. Bref, il
nous a dit, ce n'est pas lui le
responsable de la transformation numérique à la SAAQ. Puis hier le premier
ministre nous a dit : Ce ne sera pas lui, le responsable de la
transformation numérique à la Santé.
Alors, est-ce qu'il peut
nous dire il est responsable de quoi? Parce que, là, il y a l'air du ministre
pas pantoute responsable de la transformation numérique.
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. M. le ministre, allez-y.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Oui, Mme la Présidente, avec
plaisir. Donc, oui, je serai responsable d'accompagner les ministères et
organismes dans leur transformation
numérique. Et j'ai eu cette explication-là hier, en commission parlementaire — je vous
invite à aller écouter les débats — avec la députée de Mont-Royal—Outremont, sur quel était le rôle du ministère, quel était le rôle d'accompagnateur, quel était le rôle
de s'assurer que les standards de l'industrie sont respectés, que les bonnes
façons de faire sont mises de l'avant. Mais
en aucun temps, en aucun temps c'est aux informaticiens à décider ce que les
lignes d'affaires, ce que les opérations ont
besoin pour donner les services. C'est à la Santé de décider ce que la Santé a
besoin pour fournir des services de santé aux Québécois. Puis on va les aider à
faire ça puis on va les aider à remettre...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire : ...le
réseau de la santé sur pied, Mme la Présidente. C'est ça qu'on va faire, au
ministère.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Bien, au moins, il ne change pas son histoire, Mme la Présidente. Des
gens qui font la file dehors à la SAAQ,
là, ce n'est pas de sa faute. Des opérations informatiques qui prenaient cinq
minutes avant puis qui en prennent 30, maintenant,
à la SAAQ, ce n'est pas de sa faute. Lui, c'est juste le SAG. Des jeunes qui ne
peuvent pas commencer leur premier
emploi parce qu'ils n'ont pas de permis de conduire, ce n'est pas de sa faute,
ce n'est même pas de la faute à personne au gouvernement. Des gens qui sont pris au Mexique parce que la SAAQ ne
les aide pas, ce n'est pas de sa faute. En fait, il veut des éloges. Bien oui. Le monde pris à la frontière, à Tijuana,
là, ils ont bien le goût de donner des tapes dans le dos à la CAQ ces
jours-ci.
• (10 h 30) •
La Présidente : Mme la ministre des
Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Il a été question des files
d'attente à la SAAQ, ça fait que j'en
profite pour dire qu'effectivement les files d'attente nous ont énormément
dérangés, raison pour laquelle j'ai pris en charge l'entièreté de cette
opération-là, parce qu'effectivement il y avait un grave problème de planification
à la SAAQ, qui ne semblait pas consciente du
surcroît d'achalandage qui les attendait après la fermeture des bureaux pendant
trois semaines.
Or, depuis
10 jours environ, les files d'attente ont énormément baissé. On suit en
temps réel à chaque jour le temps d'attente
moyen. Depuis hier, les temps d'attente moyens dans chaque point de service
sont disponibles sur le site Internet pour
que les Québécois sachent où aller. En parallèle, on ajoute graduellement
150 employés pour faire de la gestion dynamique. J'ai prolongé la
validité des permis de conduire des gens dont il vient à échéance...
La Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...ceux des
camionneurs qui venaient à échéance le 31 mars, et j'ai éliminé toutes les
contraventions pour ceux qui auraient eu un problème d'attente à la
SAAQ.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Pontiac.
Circonstances
entourant le décès de patients
à l'Hôpital général du Lakeshore
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, c'est bien le fun de s'y prendre après le problème,
Mme la Présidente. Mais là je veux parler au ministre de la Santé, là, parce qu'au cours des dernières semaines on
a entendu des révélations assez graves, assez troublantes à propos de
l'hôpital du Lakeshore, à Pointe-Claire. Six patients décédés dans des
conditions plus qu'inquiétantes. On a caché
de l'information aux victimes et au coroner. On a dit qu'on avait fait les
correctifs, alors que ce n'était pas vrai, Mme la Présidente.
Mme la
Présidente, il y a un patient qui s'est enlevé la vie avec la corde du bouton
d'appel, au Lakeshore, et on a
affirmé, au gouvernement, avoir retiré la corde en question, ce qui n'est
jamais arrivé, la corde était encore là quand la Gazette a publié
son article.
Enfin, Mme la
Présidente, on a demandé une enquête indépendante, ce à quoi le ministre a
accepté. Mais il y a une question
qu'il doit régler tout de suite. Il avait sur son bureau trois cas de décès
problématiques au Lakeshore et il n'a rien fait, il n'a pas agi, il n'a
pas répondu.
Je veux qu'il nous dise pourquoi.
La Présidente : M. le ministre de la
Santé.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Bon, écoutez, Mme la Présidente, là, le député de
Pontiac fait des points qui sont, à mon avis... Lorsqu'il dit que ce n'est pas vrai puis qu'on avait de
l'information, je lui demanderais, comme on le fait souvent... lui rappeler que,
pendant qu'il y a une enquête qui est en
cours... de garder une certaine réserve sur ses commentaires, parce que c'est
toujours gênant, lorsque, par
exemple, on fait des affirmations comme celles qu'il fait aujourd'hui,
d'arriver dans quelques semaines, quand on aura le rapport d'enquête, de
dire : Bien, je n'aurais peut-être pas dû dire ça.
Alors, je
fais juste lui dire, aujourd'hui, effectivement on a demandé une enquête
indépendante pour savoir vraiment qu'est-ce
qui s'est passé. Et, lorsqu'on aura les faits, est-ce que l'information était
connue, comment on a agi, autant au niveau du ministère que du CIUSSS concerné... Je
pense, Mme la Présidente, que je lui suggérerais d'attendre le rapport
de l'enquête avant de faire les commentaires qu'il vient de faire aujourd'hui.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : ...Mme
la Présidente, qu'ils ont voté contre, hier, une motion sur la liberté de la
presse, là, mais il peut quand même se fier aux journalistes chevronnés qu'on a
au Québec, qui nous ont dit que les infirmières et le personnel ont interpelé directement deux ministres caquistes.
Ils ont interpelé la ministre Danielle
McCann, sans réponse. Ils ont écrit
à On vous écoute, sans réponse. Ils ont
décrit trois, trois décès problématiques, et tout ce qu'ils ont eu du ministre
de la Santé, c'est un accusé réception.
Pourquoi il est
incapable de nous dire aujourd'hui pourquoi il n'a pas agi?
La
Présidente : M. le ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Premièrement, j'ai énormément d'empathie quand
arrivent des cas comme ça. Puis je pense qu'on est tous conscients, là, qu'il faut faire la
différence entre la tristesse de ce qui est arrivé à Lakeshore, comme dans
plusieurs autres urgences durant la
pandémie... Je pense qu'il n'y a personne qui débat ça, puis je veux le redire
aujourd'hui, Mme la Présidente, qu'on a beaucoup d'empathie avec ces cas
difficiles là qui sont arrivés.
Cependant,
je vais répéter ce que j'ai dit, Mme la Présidente, si ça n'a pas été clair. On
a demandé une enquête parce que les
faits sont importants. C'est triste, ce qui est arrivé. Et je veux être certain
qu'on a tous les faits avant de pouvoir faire des déclarations. Si le
député de Pontiac...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...continue à prendre cette approche-là, je vais
respecter son point de vue. Moi, j'attends les résultats de l'enquête.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : On
dirait, Mme la Présidente, que c'est l'ensemble du gouvernement qui a oublié le
concept de responsabilité
ministérielle. Que le ministre de la Transformation numérique, là, l'oublie,
c'est correct, ça fait deux semaines qu'il
nous dit la même affaire, mais là c'est le ministre de la Santé, puis pourtant,
lui, il est dans un mode de gestion «line», comme le dit le premier ministre, c'est lui le responsable. Il n'a pas
besoin d'une enquête indépendante pour aujourd'hui ici, en Chambre, nous
dire pourquoi il n'a pas agi quand il a trois décès problématiques sur son
bureau, quand il le sait.
Pourquoi il n'a rien
fait?
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. M. le ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Excusez-moi, je vais être encore plus clair.
J'aimerais que le député de Pontiac prenne note de la question qu'il me
pose aujourd'hui, qu'il la prenne en note, puis, quand on aura les résultats de
l'enquête... qu'il relise la même question.
D'accord? Je suis clair, là? Qu'il prenne le temps de dire : Voici ce que
j'ai demandé, voici ce que j'ai demandé, puis, quand on aura les... — Mme la Présidente, je veux juste terminer — quand on aura les résultats de l'enquête, je
répondrai à sa question.
La Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la députée de
Bourassa-Sauvé. La parole est à vous.
Rapport sur la maîtrise du français au collégial
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. J'ai en main le rapport
du comité d'expertes sur la maîtrise du français au collégial. Ce rapport a été rendu vendredi
dernier, rendu public vendredi dernier, alors qu'il a été déposé auprès de la
ministre caquiste de l'Enseignement supérieur en janvier 2022, et c'est
silence radio depuis.
Certains
constats frappent. On y apprend notamment que le manque de maîtrise du français
écrit entraîne des échecs académiques chez nos jeunes. Le taux d'obtention du
diplôme d'études collégiales est plus bas chez les élèves ayant obtenu moins de 75 % à l'épreuve de français de cinquième
secondaire, et plus de la moitié des nouveaux cégépiens estiment avoir
un moyen ou grand besoin d'aide en français écrit pour réussir leurs études.
Dans
la lettre de présentation du rapport, les trois expertes mentionnent : «Le
comité manifeste le souhait que les recommandations
qu'il vous soumet aient des suites dans les meilleurs délais. [...]il est
urgent d'agir [...] maintenant.» Cette lettre est datée du
31 janvier 2022.
Pourquoi le
gouvernement caquiste a-t-il attendu plus de 13 mois avant de publier ce
rapport?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Éducation supérieure.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, d'abord,
je veux remercier la députée de Bourassa-Sauvé pour cette question d'une
importance capitale. C'est ma première question aussi au salon bleu depuis le
début de mon mandat, alors je vous remercie,
c'est une question très importante. Et ce n'est pas une préoccupation, c'est
une priorité au gouvernement et c'est une priorité pour tout le monde.
L'enjeu du français devrait être une priorité collective.
Alors,
effectivement, on a un rapport qui a été commandé par ma prédécesseure, Mme McCann.
Ce rapport-là a été commandé il y a plus d'un an, mais ce rapport-là est
arrivé sur mon bureau en décembre, et en décembre j'en ai pris connaissance. Je suis revenue après les fêtes. Après
avoir pris connaissance de ça, le MES, donc le ministère de l'Enseignement
supérieur, avait déjà mis des mesures en
place, donc avait déjà, quand même, consulté le réseau pour mettre des mesures
en place.
Ceci
dit, après avoir pris connaissance de ce rapport-là, je me suis dit qu'il était
très important que mes collègues en
prennent connaissance, dont mes collègues du GAALF, le fameux Groupe d'action
sur l'avenir de la langue française qu'on
a mis sur pied. Pour moi, c'est extrêmement important que mes collègues de
l'Éducation, mes collègues au ministère de la Langue française en prennent connaissance, et les autres, pour
être capables d'avoir des actions concertées, parce que les pistes d'intervention et les pistes de
réflexion qu'on offre dans ce rapport sont extrêmement pertinentes. Mais, je le
répète, ça prend des actions concertées...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry :
...et on agit déjà sur ces mesures-là.
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet :
Mme la Présidente, il y a d'autres constats, à l'intérieur de ce rapport, qui
sont extrêmement consternants. Aux
pages 59 et 60, on découvre qu'il y a des cégeps qui embauchent des
enseignants qui ne satisfont pas pleinement
à leurs attentes en matière de français écrit. Imaginez l'absurdité. Nos profs
ont besoin d'aide en français afin de pouvoir aider les élèves qui,
eux-mêmes, éprouvent des lacunes.
Ça
fait 13 mois que le rapport est déposé. Mme la ministre nous dit qu'elle
vient d'en prendre connaissance, mais qu'il
y a des recommandations qui ont été mises en oeuvre. Est-ce que celles sur...
pour aider les enseignants à améliorer le français écrit ont été mises
en oeuvre?
La
Présidente : Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, effectivement, il y a des
recommandations qui sont prises en
compte, et j'ai eu l'occasion d'échanger longuement avec les trois expertes qui
ont émis ces recommandations-là. J'ai eu
l'occasion, évidemment, de dévoiler le rapport, vendredi dernier, j'ai fait
quand même une petite tournée médiatique pour être capable de dévoiler
un peu les recommandations qu'on a retenues.
Donc,
à ce stade-ci, le ministère de l'Enseignement supérieur et moi-même travaillons
avec le réseau à mettre en oeuvre des
cours de perfectionnement pour les enseignants. Donc, ce n'est pas seulement
les étudiants qu'on va essayer de mieux
cibler à leur sortie du secondaire pour être capable de leur donner les mesures
de soutien dont ils ont besoin. Et c'est déjà le cas. Il y a des
mesures, des mises à niveau, des cours de mise à niveau qui sont financés et
dont les cégeps ont justement...
La
Présidente : En terminant.
Mme Déry :
...la possibilité d'imposer ces cours-là de mise à niveau. Alors, on agit tant
au niveau des enseignants qu'au niveau des étudiants, madame...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : À la page 52 du rapport, Mme la Présidente,
on fait le constat suivant : «...les besoins d'apprentissage liés au fonctionnement de la langue sont encore
plus importants chez les garçons.» Nos jeunes filles et nos jeunes garçons
ne réussissent manifestement pas au même niveau, avec des écarts de 6 %,
7 % constants.
Qu'est-ce
que le gouvernement caquiste a fait depuis le dépôt du rapport pour réduire les
disparités de succès en français écrit entre les filles et les garçons?
• (10 h 40) •
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup. Effectivement, c'est un enjeu et ce sont des chiffres que l'on
connaît et dont on est conscients. Il
y a des mesures en ce sens-là également. Moi, je vous dirais qu'il faut revoir
un petit peu le continuum de français. Et
c'est ce que je fais avec mon collègue à l'Éducation, on est en train de voir
de quelle manière on peut améliorer le
continuum, parce que ce n'est pas seulement au collégial. Comme je vous le
disais tantôt, c'est un effort collectif. Ça prend vraiment un effort
collectif, et ça, les expertes l'ont très, très bien mentionné dans le rapport.
Donc,
je pense que le GAALF, le Groupe d'action sur l'avenir de la langue française,
va nous permettre d'avoir des actions
concertées et d'intervenir auprès des garçons, on le fait déjà. Et, je vous
dirais, si on réussit à améliorer le continuum au primaire, au secondaire, au collégial, à l'université, parce que
c'est l'affaire de toute une vie, le français... Et je peux vous dire que je
suis vraiment engagée dans ce mandat-là et cette mission-là. On
aura d'ailleurs un plan costaud qui sera dévoilé...
La Présidente :
En principale, je reconnais le
chef du deuxième groupe d'opposition. Pas de commentaire à la suite des
réponses. M. le chef.
Allègement du fardeau fiscal des contribuables
M.
Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente.
J'ai fait pas mal de porte-à-porte, dans les dernières semaines, j'ai rencontré
des centaines de gens. Et, si le premier ministre m'avait accompagné, il aurait
constaté deux choses. D'abord, à part sur
ses pancartes électorales, il n'y en a plus, des logements abordables, à Montréal.
De deux, il n'y a plus grand-chose, en
fait, d'abordable au Québec en général. On a rencontré une femme de 39 ans
qui travaille dans un dépanneur et qui nous a dit, je la cite : Je
n'arrive même plus à me payer un pot de mayonnaise.
Il
fut un temps, au Québec, Mme la Présidente, où travailler à temps plein, là,
fort, ça nous faisait entrer dans la classe moyenne. Aujourd'hui, ce
sont les banques alimentaires qui sont pleines de travailleurs.
Il fut un temps où
entrer dans la classe moyenne, au Québec, ça voulait dire pouvoir s'acheter une
maison. Aujourd'hui, la classe moyenne est écrasée par les loyers puis les
intérêts qui montent.
Là,
le budget s'en vient. Le premier ministre a l'intention de baisser les impôts
de la caissière dont je viens de parler de 128 $ par année, ça, c'est 0,35 $ par jour, et, en même
temps, il a l'intention de baisser les impôts du P.D.G. qui possède la chaîne de dépanneurs où la caissière travaille de
plus de 800 $ par année. Bref, il va en donner plus à ceux qui en ont plus
puis moins à ceux qui en ont moins.
J'aimerais ça qu'il
nous explique dans quel univers c'est juste, ça, pour le monde au Québec.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
le chef du deuxième groupe d'opposition nous dit qu'il a fait du porte-à-porte
dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Il y a des gens aussi de la CAQ qui ont fait du
porte-à-porte dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Savez-vous ce qu'ils m'ont dit qu'ils entendaient? C'est qu'il y avait
des représentants de Québec solidaire qui faisaient du porte-à-porte
pour parler contre la loi n° 96, contre la protection
du français. C'est ça que faisait Québec solidaire dans Saint-Henri—Sainte-Anne,
parler contre la loi n° 96 — pourtant ils ont
voté pour cette loi-là — puis
parler contre la protection du français. Il
faut le faire! Puis là-dessus, pour une fois, je suis assez d'accord avec le
chef du troisième groupe d'opposition.
Maintenant,
Mme la Présidente, concernant AccèsLogis, le programme AccèsLogis, en moyenne,
ça prend quatre ans pour construire
un logis. C'est beaucoup trop long. Donc, la ministre de l'Habitation travaille
très fort à mettre en place de nouveaux
programmes pour le faire à l'intérieur de deux ans. Donc, ce qui est important,
ce qui est important, c'est le délai de construction. Il y a de l'argent qui
est disponible actuellement, il y en aura peut-être d'autre dans le budget, mais
le défi, c'est de construire plus vite. Je
ne comprends pas pourquoi Québec solidaire continue de protéger la bureaucratie
et veut qu'on continue à passer par un programme qui prend en moyenne
quatre ans.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre m'a dit
qu'il y a eu des bénévoles qui ont fait la promotion du projet de la CAQ dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Tant mieux. Le résultat parle de lui-même. Son vote s'est effondré
dans l'élection lundi dernier.
Je
lui ai posé une question simple, je lui ai demandé pourquoi c'est juste de
baisser les impôts du P.D.G. de 800 $ et de baisser les impôts de la
caissière qui travaille pour le P.D.G. de 128 $. Il est-tu capable
d'expliquer à quelqu'un en quoi c'est juste, ça?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
C'est quand même spécial, Mme la Présidente. On vient d'entendre le chef de
Québec solidaire nous dire qu'il est fier de
ça, de s'être promené porte à porte dans Saint-Henri—Sainte-Anne pour dénoncer la loi n° 96,
pour dire qu'il faudrait offrir plus de
services aux anglophones, moins défendre le français. Il est fier de ça. Il
trouve ça drôle, Mme la Présidente.
Maintenant,
oui, la CAQ veut défendre la classe moyenne. Oui, la CAQ veut remettre de
l'argent dans le portefeuille de la classe moyenne. Oui, la CAQ est
contre les taxes orange de Québec solidaire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Il aime ça, le premier
ministre, utiliser la langue puis l'immigration pour faire diversion des
enjeux qui touchent les gens au jour le jour...
Des voix :
...
La
Présidente : Je reconnais le leader du gouvernement. Question de
règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, c'est tout
à fait factuel, Québec solidaire a envoyé des dépliants unilingues
anglophones au comté. Est-ce que Québec solidaire est fier de ça, de faire en
sorte...
La Présidente :
Bon, je suis debout.
Une voix :
...
La Présidente :
M. le leader du gouvernement, je suis debout.
Une voix : ...
La
Présidente : Non, je
vous entends bien. Alors, nous allons poursuivre dans le respect de tous et
chacun. J'aime entendre les réponses et j'aime entendre les questions.
M. le chef, poursuivez.
M. Nadeau-Dubois : Je ne laisserai pas le
premier ministre faire diversion. Je veux qu'il réponde à ma question.
Il a-tu le courage d'y répondre?
Il
dit qu'il aime ça, aller sur le terrain. S'il allait sur le terrain rencontrer
une caissière qui fait 30 000 $ par année, comment il justifierait qu'il baisse les impôts de
cette femme-là de 128 $, mais qu'il va baisser les impôts du P.D.G. de 800 $?
Comment il expliquerait ça, le premier ministre, à ces femmes-là qui
travaillent fort? Comment?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Je comprends que le chef de Québec solidaire est gêné, parce que, pour gagner un comté, il a fait une compétition avec le Parti libéral pour être le
parti qui défend le plus l'anglais, qui est le plus contre la protection du
français.
Maintenant,
je rappelle au chef de Québec
solidaire que, l'année dernière, le ministre des Finances a envoyé un chèque de 500 $, ensuite de 600 $, que les baisses d'impôt
commencent pour les plus bas salariés et que, oui, la classe moyenne
mérite aussi d'avoir plus d'argent dans son portefeuille.
Une voix :
...
La
Présidente : En
question principale, je reconnais la députée de Mercier. Je vous demande de
garder le silence. Il n'y a qu'une seule personne qui a la parole. Les
questions sont importantes, les réponses aussi. Mme la députée.
Stratégie du gouvernement en
matière de condition féminine
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Je suis tombée en bas de ma chaise quand j'ai entendu la ministre
responsable de la Condition féminine nous annoncer que perspective intersectionnelle
n'est pas la vision du féminisme de la CAQ.
Je
dépose ici la Stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et
les hommes, qui a été adoptée en juin dernier et signée même par la main du premier ministre. Là-dedans, là,
on ne retrouve pas le mot «intersectionnelle» une fois, deux fois, cinq fois, 10 fois, on la
retrouve 13 fois. J'ai même fait une recherche très simple, que n'importe
qui peut faire, et on retrouve
l'intersectionnalité, depuis 2018, donc depuis que la CAQ est au pouvoir, dans
45 documents officiels. C'est
tellement rendu normal qu'on la retrouve dans des documents du ministère de
l'Éducation, de la Santé, de l'Immigration et de l'Économie.
Moi,
je me demande pourquoi est-ce que la ministre n'est pas capable de reconnaître
que perspective intersectionnelle, bien,
c'est la vision officielle du féminisme de la CAQ. Est-ce qu'elle renie la
stratégie féministe signée par la main du premier ministre?
Document déposé
La
Présidente :
Consentement pour le dépôt? Consentement. Mme la ministre responsable de la Condition féminine, la parole est à
vous, juste à vous.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Bonjour, Mme la Présidente. Et merci à la députée
de me donner enfin la chance de donner ma position.
Le
mouvement féministe est assez vaste, et il y a une multitude de courants dans
ce mouvement-là, il y a une multitude d'idées
qui s'entrechoquent, qui diffèrent les unes des autres. Mais il y a un point
commun dans tous ces courants féministes, c'est la promotion de l'égalité entre
les hommes et les femmes. Moi, ma position féministe, c'est un féminisme
rassembleur, un féminisme qui est dans l'action, et c'est ce que
souhaite faire notre gouvernement.
De
toutes ces idées, de tous ces projets, de toutes ces façons de faire, je
retiens deux grandes priorités, qui m'animent. D'abord, la représentation des femmes dans la société. On est 50-50.
J'aimerais ça, qu'on puisse être 50-50 dans toutes les sphères de notre
société, comme ici, à l'Assemblée nationale, comme au Conseil des ministres.
La
deuxième chose, c'est contrer la violence à l'égard des femmes, et, à cet
égard, c'est énorme, c'est un gros contrat. Notre gouvernement a investi
près de 1 milliard de dollars depuis 2019. Et, en ce sens...
La
Présidente : En terminant.
Mme Biron : ...je
vous invite à écouter une... à lire l'excellente chronique de l'ancien chef du
parti...
La
Présidente : Première complémentaire, Mme la députée.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Je
n'ai pas entendu si elle reniait ou pas la stratégie, qui contient plusieurs
fois la perspective intersectionnelle.
J'ai
un autre document, le Plan québécois en entrepreneuriat, donc, qui a été
déposé par le ministre de l'Économie. Là-dedans,
là, à la page 21, le ministre de l'Économie investit 2,2 millions
pour valoriser les femmes entrepreneures dans une perspective intersectionnelle. Donc, j'en comprends que le ministre de l'Économie n'a pas la même vision du féminisme que la
ministre responsable de la Condition féminine.
Est-ce qu'elle renie aussi
le Plan québécois en...
• (10 h 50) •
La
Présidente : Mme la ministre responsable de la Condition féminine.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : J'ai lu la stratégie pour l'égalité entre les
hommes et les femmes 2022-2027 dès mon arrivée en fonction et je lui accorde beaucoup d'importance. Il y a,
dans cette stratégie, 52 actions. Certaines sont très concrètes, d'autres
un peu moins. Certaines sont exploratoires, d'autres consultatives. Et
très franchement j'apprécie.
Nous
sommes ouverts aux différents courants féministes de notre société québécoise.
Et je pense que ce qui est important,
c'est d'entendre tout ce qui se dit et d'avoir une mission, un débat qui nous
unit. Moi, mon souhait, c'est qu'on débatte de la condition des femmes
et des hommes...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Biron : ...à l'intérieur de toutes les maisons du Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : ...perdu une belle opportunité d'en débattre, puisque
la ministre a refusé de débattre de la motion du 8 mars. Écoutez, ce
mot-là, je comprends qu'elle veut le biffer, dans la stratégie, puis garder ce
qui fait son affaire. J'aimerais ça
qu'elle nous réponde à cette question : Si tous les ministères du
gouvernement rament dans le même sens, perspective
intersectionnelle... J'ai même sorti des communiqués du gouvernement
qui parlent de perspective intersectionnelle. Donc, c'est quoi, le
problème? Qu'est-ce que ça prend pour la convaincre?
La Présidente :
Mme la ministre.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Mme la Présidente, je suis très sensible aux
enjeux que toutes les femmes vivent, les femmes plus vulnérables peuvent
vivre dans notre société, et je pense que nos actions, dans la stratégie
gouvernementale, en tiennent compte. Un
gouvernement, je crois, doit agir, et sa responsabilité, c'est surtout
d'entendre toutes les voix. Et c'est ce que nous faisons. Et, moi, mon rôle, ma responsabilité, c'est d'être
l'ambassadrice de toutes les femmes, quelles qu'elles soient, et c'est exactement ce que nous faisons. Le
gouvernement collabore et soutient l'ensemble des groupes communautaires
qui ont des missions plus spécifiques.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais le chef du troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Principe de responsabilité ministérielle
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci, Mme la Présidente.
J'aimerais vous lire, ce matin, un petit extrait d'un livre qu'on
connaît tous bien, La procédure parlementaire du Québec, sur le sujet de
la responsabilité ministérielle — ouvrir les guillemets :
«Selon [ce] principe[...], un ministre est responsable devant [l'Assemblée] non
seulement de ses propres actions, mais
aussi de celle des fonctionnaires de son ministère.» Donc, ici, qu'importe ce
que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, que la ministre des Transports ou le premier ministre
lui-même ont fait ou n'ont pas fait, c'est à eux d'assumer l'entièreté de la responsabilité de ce qui s'est
passé à la SAAQ, comme partout ailleurs dans le gouvernement, d'ailleurs.
On
sait que c'est difficile pour le premier ministre d'assumer les échecs de son
gouvernement. Il faut le dire, que ce soit
pour la crise du logement, l'état lamentable de nos écoles, les urgences qui
débordent ou le déclin du français, ce n'est jamais la faute du gouvernement. En gros, le concept de responsabilité
ministérielle, à la CAQ, ça se résume à dire que c'est de la faute des
autres. On a un gouvernement, devant nous, qui se limite à faire du
commentariat au lieu de prendre ses responsabilités, qui se limite à être un
spectateur qui soigne sa propre image.
Est-ce
que le premier ministre, qui est le chef du gouvernement, peut au moins assumer
son échec, l'échec de son gouvernement dans le dossier de la SAAQ?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, la réponse, c'est oui. Je prends ma part de responsabilité dans
la mauvaise planification de la SAAQ. Et,
dans les prochaines semaines, je vais agir en conséquence, pour m'assurer que
plus jamais il n'y ait des files d'attente comme on a vu depuis une
semaine ou deux. Donc, ça, c'est très clair.
Maintenant,
il faut aussi s'assurer que cette imputabilité est transmise aussi à un conseil
d'administration puis à une direction.
Je ne pense pas que le chef du troisième groupe d'opposition est en train de me
suggérer que moi ou que la ministre des
Transports vienne gérer la SAAQ. Il ne veut pas non plus, je suppose, qu'on
passe par-dessus le conseil d'administration puis qu'on dise : Il
n'y a plus de conseil d'administration, on va directement avec la direction.
Donc,
Mme la Présidente, oui, je prends ma part de responsabilité puis je vais
prendre les mesures pour m'assurer que ça n'arrive plus dans l'avenir.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, je
suis agréablement surpris de la réponse du premier ministre. Et donc,
s'il croit à la responsabilité ministérielle, il devrait être d'accord avec
notre proposition de mandater la CAP pour entendre le ministre du Numérique, la
ministre des Transports, la haute direction de la SAAQ et les hauts
fonctionnaires impliqués pour faire la lumière, pour que ce genre de situation
ne se reproduise pas ailleurs.
Le
ministre de la Cybersécurité a dit qu'il était d'accord de s'expliquer en
commission parlementaire. Est-ce que le premier ministre peut alors nous
dire...
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
peut-être que le chef du troisième groupe d'opposition a écrit sa question complémentaire avant ma réponse à la question
principale, mais, à partir du moment où je reconnais ma responsabilité, je
reconnais qu'il y a eu des lacunes
importantes, que c'est inacceptable, bien, on n'est pas en train d'essayer de
convaincre qui que ce soit qu'il y a eu un problème, on reconnaît qu'il
y a un problème puis on va le corriger.
Maintenant, je remarque, depuis quelques
semaines, même plusieurs semaines, qu'à chaque semaine il y a une demande pour
une commission parlementaire.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Bien, à un moment
donné, peut-on laisser le gouvernement gouverner?
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. Il n'y a qu'une seule personne
qui a la parole ici. En ce moment, c'est moi. Et je vais donner la parole, céder la parole au chef du troisième groupe
d'opposition pour sa deuxième question complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, en fait, j'ai très bien compris le premier ministre. Il prend la
responsabilité des défaillances à la SAAQ mais ne veut pas faire la lumière sur
ce qui s'est passé.
Notre
intention à nous, c'est que ça ne se reproduise pas dans le système de santé ou
ailleurs dans le gouvernement, ce
genre de cafouillage total. Donc, je réitère ma question : Pourquoi ne pas
faire la lumière en mandatant la CAP d'écouter tout le monde pour qu'on
en tire des conclusions claires?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,
Mme la Présidente, peut-être que je me suis mal exprimé, mais je vais être très
clair. Je veux faire la lumière sur
les lacunes, sur les problèmes qu'on a connus à la SAAQ. Donc, je lui demande
de me laisser un petit peu de temps, de voir les actions qu'on va poser, puis
là, s'il n'est pas satisfait, bien, là il pourra demander une commission
parlementaire.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le
député de Maurice-Richard. La parole est à vous, juste à vous.
Responsabilités
du ministre de la Cybersécurité et du Numérique
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Implantation
chaotique, gestion de changement, communications catastrophiques, des jeunes
qui ne sont pas capables d'avoir leur permis, des voitures qui s'accumulent
chez les concessionnaires. J'ai questionné, Mme
la Présidente, le ministre du Numérique hier, et il dit qu'il n'est pas
responsable. Pire encore, le premier ministre nous dit qu'il n'était
qu'un simple conseiller.
Je croyais,
candidement peut-être, que le député de La Peltrie était ministre délégué de la
Transition numérique puis ministre du
Numérique, de la Cybersécurité, mais, en fait, tout ce temps-là, c'était un
simple conseiller, Mme la Présidente. Les Québécois, pourtant, veulent des ministres dans le bureau où se
prennent les décisions, dans le Conseil des ministres, qui sont imputables. Et l'imputabilité, c'est
d'être proactif — là,
c'est clairement raté — mais
c'est aussi de reconnaître quand on se trompe et d'apprendre pour faire
mieux.
Ma première question est simple, pour M. le
ministre : Est-il ministre ou simple conseiller?
La Présidente : M. le ministre de la
Cybersécurité.
M. Éric Caire
M.
Caire : Alors,Mme la Présidente, de deux choses l'une : ou mon collègue n'a pas
écouté la réponse que j'ai donnée
tout à l'heure ou alors il n'a pas eu le temps de corriger le libellé de sa
question. Mais je pense que j'ai été assez clair, j'ai lu le texte de loi. Or, un ministre
agit en fonction des pouvoirs que la loi lui donne. J'espère que, comme
législateur, il va être d'accord avec ça, parce que sinon, à la base, on
a un grave problème.
Maintenant,
qu'est-ce que, comme ministre de la Cybersécurité et du Numérique... qu'est-ce
qui est mon mandat? Je vais vous donner un exemple, Mme la Présidente,
puis vous allez comprendre un peu mieux, je pense. Revenons à l'époque de SAGIR, hein, on s'en souvient, tout le
monde appelait ça «ça shire», dans le temps. J'étais assis l'autre bord.
Quand je suis arrivé, j'ai compris pourquoi ça shirait. On avait pris un
programme d'Oracle et on était allé coder des sous-programmes
à l'intérieur du programme. Puis là le chef de l'opposition faisait comme ça,
là. Bien oui, c'était ça, le problème.
Ça a tout déstabilisé le système. C'est contre les bonnes pratiques. Il n'y a
personne en informatique qui va vous dire de faire ça. S'il y avait eu
un ministre de la Cybersécurité, on aurait évité ce fiasco-là libéral.
La Présidente : Première
complémentaire...
Une voix : ...
La Présidente : Gardez le silence.
Ça allait bien jusqu'à présent. M. le député, je veux vous entendre.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Donc, je comprends
que, quand le ministre essaie de régler le problème, il est ministre, et, quand
ça va mal, il est conseiller. Mais restons
sur le conseiller. Il y a quatre ans, il y a des gens qui ont dit un flag
rouge, là, en disant que les choses
vont bien aller. Quels conseils il a donnés, depuis quatre ans, depuis trois
ans, depuis deux ans? À quel moment il a pris action et quels conseils
n'ont pas été suivis?
Dans le fond, pour la CAQ, pour le gouvernement
de la CAQ, le seul qui n'est pas responsable de la transition numérique, c'est
le ministre de la Transition numérique.
• (11 heures) •
La Présidente : M. le ministre.
M. Éric Caire
M. Caire : Alors, Mme la
Présidente, hier, j'ai fait une courte nomenclature des choses qu'on avait
changées depuis 2018. On a appelé ça de
l'autocongratulation; moi, j'appelle ça de la reddition de compte. Et je vais
continuer. Voici ce qu'on va faire. On va s'assurer d'avoir des systèmes
qui sont interopérables. On va s'assurer que, quand on fait des développements, par rapport à l'exemple que j'ai
donné, on les fait dans le respect des règles de l'art. On va s'assurer que,
quand des ministères ont besoin d'un même
besoin, ils ne vont pas développer chacun leur solution, on va faire une
solution à portée gouvernementale,
comme on l'a fait avec le Service d'authentification gouvernementale. On va
s'assurer que, dans les procédures de développement, les tests sont
effectués correctement en fonction des standards.
La Présidente : En terminant.
M.
Caire : On va s'assurer du respect des normes
internationales et on va s'assurer d'accompagner les ministères dans
leurs projets.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M.
Bouazzi : Mme la Présidente, si je comprends bien, le
ministre du Numérique est assez ministre pour avoir une limousine, mais pas assez pour être plus qu'un
conseiller dans un projet qui a coûté un demi-milliard de dollars. Ma
question...
Une voix : ...
La Présidente : Je reconnais M. le
leader du gouvernement. Brièvement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, l'article 35. Les propos tenus par le collègue de
Maurice-Richard sont blessants. Le ministre est député ici, à l'Assemblée,
depuis près de 16 ans, il se consacre corps et âme au service public
depuis toutes ces années, et là il se fait donner la leçon par un député qui
vient ici, qui le critique, qui ignore l'ensemble, Mme la Présidente, des
efforts qui ont été faits durant toute la carrière du député...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Je suis debout. Merci, M. le
leader du gouvernement, je vous ai entendu. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition, la parole est à vous, s'il vous plaît.
M.
Leduc : ...pas un véritable appel au règlement, il veut
juste défendre son ministre, c'est bien correct, mais procédons.
La
Présidente : C'était une question de règlement. La question
était pertinente. Faisons attention à nos commentaires. Mais je vous invite à poursuivre dans le respect. Nous
nous devons un respect mutuel. Alors, poursuivez.
M.
Bouazzi : Absolument. Et je vais rester imputable des
critiques que je dois faire dans un cadre de fiasco comme celui-là.
Ma question
était simple : Quels conseils il a donnés, durant les quatre dernières
années, et lesquels n'ont pas été suivis?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Éric Caire
M.
Caire : Mme la Présidente, je veux dire, à lire sa
question comme un automate, c'est lui qui a l'air d'un mauvais programme
informatique, là.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition, je lis dans vos pensées. Ça se terminait, quelques secondes à
peine. Faites attention. Demeurez respectueux, je vous prie. C'est ce que vous
alliez me dire?
M.
Leduc : Je vois le sourire de mon collègue leader, il doit
être un peu gêné de ce qui vient de se passer après la défense qu'il a faite.
Je pense que c'était un propos qui était injurieux, qui n'était pas nécessaire,
et je demanderais qu'il...
La Présidente : À cet égard,
demeurez poli, M. le ministre. Et brièvement, je vous prie.
M. Caire : Toujours,Mme la
Présidente, toujours. Mais ce que j'ai dit à mon collègue...
Des voix : ...
La Présidente : Monsieur...
Une voix : ...
La
Présidente : Écoutez,
ça ne fait pas partie des mots non parlementaires. Alors, je vous demande de
faire attention, de demeurer poli et de conclure votre réponse. Et on va
terminer là-dessus.
M.
Caire : Mme la Présidente, en signe de bonne foi, je
retire. Voilà. Ceci étant dit, par exemple, ce que j'ai dit, et j'espère que, là, il m'écoute, le ministère, il
a un rôle transversal. Le ministère n'a pas pour mandat d'aller dire aux
ministères et aux organismes quels sont leurs besoins et comment les
solutionner. Notre ministère, son mandat, c'est de les accompagner, de s'assurer qu'on les fait selon les
règles de l'art, les normes, qu'on respecte les standards, et qu'il n'y a pas
différentes solutions...
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période des questions et des réponses orales.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis
Nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis. Et, pour ce faire, je vais céder la place, maintenant, au troisième
vice-président de l'Assemblée nationale. Merci à vous tous.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À la rubrique des motions sans préavis, en
fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
groupe formant l'opposition officielle. M. le député de l'Acadie.
Demander au gouvernement
de poursuivre et de bonifier ses efforts
dans la lutte contre les empoisonnements au GHB
M. Morin : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le chef du troisième groupe d'opposition et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que les empoisonnements au GHB, aussi connu
sous le nom de drogue du viol, sont un fléau qui menace la santé et la sécurité
des Québécoises et des Québécois;
«Qu'elle
rappelle qu'il est difficile d'en évaluer avec exactitude l'ampleur en raison
du faible laps de temps pendant lequel cette drogue peut être détectée;
«Qu'elle prenne acte des nombreux
témoignages de victimes de cette drogue qui font surface à répétition dans les
médias;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste de poursuivre et de bonifier les efforts
visant à mettre en échec ce fléau, notamment[...] :
«Poursuivant et
augmentant les efforts de sensibilisation;
«Documentant ce
phénomène de façon plus soutenue;
«Appuyant des
initiatives dans les bars visant à faciliter la protection des consommations
comme l'usage de couvre-verres;
«S'assurant
de la disponibilité des tests de détection et de dépistage du GHB dans
l'ensemble des hôpitaux et des CLSC du Québec et en évaluant la
possibilité d'élargir leur accessibilité en pharmacie, et ce gratuitement;
«En
appuyant [également] les efforts déployés par les forces policières pour lutter
contre le trafic et l'usage de cette drogue.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Consentement, sans débat.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
un vote par appel nominal a été demandé. Qu'on appelle les députés, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire adjoint :
M. Tanguay (LaFontaine), M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour
(Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin), Mme Rizqy
(Saint-Laurent),
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Prass (D'Arcy-McGee),
Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), M. Morin
(Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Bonnardel (Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge
(Chambly), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours (Les Plaines), Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière),
Mme Roy (Verchères), M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville
(Lévis), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne (Johnson), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François), M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina
(Rimouski), Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest
(Chicoutimi), M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny),
M. Lafrenière (Vachon), M. Skeete
(Sainte-Rose), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques
(Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Bélanger (Orford),
Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois),
Mme Jeannotte (Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron
(Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Rivest (Côte-du-Sud), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière (Gatineau), M. Lamothe
(Ungava), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Lemay (Masson),
Mme Abou-Khalil (Fabre), Mme Dorismond (Marie-Victorin),
M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette (Huntingdon),
Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin
(Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Bogemans (Iberville), M. Thouin
(Rousseau), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Tremblay (Hull),
Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette (Roberval),
Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière), M. St-Louis
(Joliette), Mme Gendron (Châteauguay).
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal
(Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), M. Zanetti (Jean-Lesage),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Zaga
Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice).
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Que les
députés contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions?
M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, la motion a été adoptée.
Alors, je
donne la parole tout de suite à un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme
la députée de Sherbrooke.
• (11 h 10) •
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement
avec la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que
l'aide juridique, tout comme les procureur-es de la couronne, constitue un
élément fondamental du système de justice québécois, et ce, depuis l'adoption
de la Loi sur l'aide juridique en 1972;
«Qu'elle
réitère le rôle essentiel des avocates et avocats de l'aide juridique en
matière d'accessibilité à la justice, notamment
en ce qui a trait à la protection et à la défense des droits des personnes les
plus vulnérables de la société québécoise;
«Que l'Assemblée nationale réaffirme, en
conséquence, le principe fondamental de la parité de la rémunération entre les avocates et avocats de l'aide juridique
et les procureur-es de la couronne, principe reconnu par tous les gouvernements
du Québec depuis 1986.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement. Et je cède
maintenant la parole à un membre du troisième groupe d'opposition.
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de Taschereau et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'assurer les fonds d'urgence
nécessaires pour donner les moyens aux sociétés de transports en commun
de garantir la qualité et l'offre de service, y compris la ligne
"10 minutes maximum" à Montréal;
«Qu'elle
exige l'adoption rapide d'une réforme du financement des sociétés de transport
afin d'assurer un financement prévisible, pérenne, dédié et suffisant du
transport en commun, permettant ainsi de reprendre la croissance de l'offre de
service.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement. Alors, je cède
maintenant la parole à un membre du groupe formant le gouvernement, et
c'est M. le ministre responsable de la Laïcité.
Dénoncer les
accusations de racisme portées contre la nation québécoise
M. Roberge : M.
le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia et
la députée de Laviolette-Saint-Maurice :
«Que
l'Assemblée nationale réaffirme que le Québec forme une nation parmi les plus
ouvertes et les plus accueillantes au monde;
«Qu'elle dénonce sans nuance toute accusation à
l'effet que le racisme y serait davantage enraciné;
«Qu'elle dénonce également les préjugés
entretenus envers le Québec, ainsi que tout lien fait entre le racisme et la
loi 21;
«Qu'elle réitère sa volonté ferme de continuer à
lutter contre le racisme sous toutes ses formes.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement,
sans débat.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote nominal a été demandé. Qu'on appelle les députés.
Alors, que ceux qui sont en...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Ceux qui sont en faveur de cette motion.
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Fréchette (Sanguinet),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Girard (Groulx), M. Bonnardel
(Granby), Mme LeBel (Champlain), M. Roberge (Chambly), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme D'Amours (Mirabel), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Proulx (Berthier),
M. Charette (Deux-Montagnes), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Lecours (Les Plaines),
Mme Biron (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Verchères),
M. Julien (Charlesbourg), M. Drainville (Lévis), M. Carmant
(Taillon), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Dubé (La Prairie), Mme Bélanger (Prévost), M. Lamontagne
(Johnson), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs), Mme Hébert (Saint-François),
M. Émond (Richelieu), Mme Blanchette Vézina (Rimouski),
Mme Champagne Jourdain (Duplessis), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Lévesque (Chapleau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
Mme Duranceau (Bertrand), Mme Déry (Repentigny), M. Lafrenière
(Vachon), M. Skeete (Sainte-Rose), M. Allaire (Maskinongé), Mme Grondin (Argenteuil), M. Provençal
(Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic), Mme Boutin (Jean-Talon),
M. Bélanger (Orford),
Mme Picard (Soulanges), M. Reid (Beauharnois), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Bachand (Richmond), M. Caron (Portneuf), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Rivest (Côte-du-Sud), M. Sainte-Croix (Gaspé), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Bussière
(Gatineau), M. Lamothe (Ungava), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Lemay (Masson), Mme Abou-Khalil (Fabre), Mme Dorismond
(Marie-Victorin), M. Montigny (René-Lévesque), Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Mallette
(Huntingdon), Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Blouin
(Bonaventure), Mme Haytayan (Laval-des-Rapides), M. Tremblay (Dubuc), Mme Bogemans
(Iberville), M. Thouin (Rousseau), M. Girard (Lac-Saint-Jean),
M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Tremblay (Hull), Mme Schmaltz (Vimont), Mme Guillemette
(Roberval), Mme Poulet (Laporte), M. Gagnon (Jonquière),
M. St-Louis (Joliette), Mme Gendron (Châteauguay).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Derraji (Nelligan), Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), M. Fortin (Pontiac), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), Mme Dufour (Mille-Îles), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Garceau (Robert-Baldwin),
Mme Rizqy (Saint-Laurent), Mme Prass (D'Arcy-McGee), Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey), M. Morin
(Acadie), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé), M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Marissal (Rosemont), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie
(Sherbrooke), Mme Zaga Mendez (Verdun), M. Grandmont (Taschereau).
M. St-Pierre
Plamondon (Camille-Laurin), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Mme Nichols
(Vaudreuil), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice).
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, cette motion a été adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
À la rubrique des
avis touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, M. le Président.
J'avise cette Assemblée que la Commission de la santé et des services sociaux poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel et à de
la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des
services sociaux, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des
commissions, pour une durée de 1 h 35 min, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des relations avec les citoyens poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 11,
la Loi modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d'autres
dispositions législatives, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions, pour une durée de
1 h 35 min, et de 15 heures à 18 h 15, à
la salle Pauline-Marois;
La Commission des finances publiques poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi
n° 3, Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président, je
vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 9 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet
de loi n° 8
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : L'article 9
du feuilleton, M. le ministre de la Justice propose... L'article 9, c'est
bien ça, l'article 9 du feuilleton? M.
le ministre de la Justice propose l'adoption du projet de loi n° 8, Loi visant à améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice,
notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant la
procédure civile à la Cour du Québec.
Y a-t-il des
interventions? Je reconnais tout de suite M. le ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, c'est
un réel plaisir de procéder avec vous aujourd'hui à l'adoption de la Loi visant à améliorer l'efficacité et
l'accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et
l'arbitrage et en simplifiant la procédure civile à la Cour du Québec.
Offrir
aux Québécoises et aux Québécois un système de justice qui fonctionne, qui est
accessible, peu coûteux et surtout
plus humain fait partie intégrante de mes priorités comme ministre de la
Justice et des priorités du gouvernement en matière de justice, et
l'adoption du projet de loi n° 8 y contribue de façon concrète.
Nous
sommes tous d'accord qu'un citoyen qui doit attendre en moyenne deux ans ou
plus de 1 000 jours dans certains districts pour simplement obtenir
une audience aux petites créances, ça ne fait aucun sens, M. le Président, et
pourtant ça arrive dans l'état actuel
des choses. Mais, avec l'adoption de ce projet de loi, avec l'adoption du projet de loi n° 8, nous nous donnons les moyens de réduire
substantiellement les délais à la division des petites créances au bénéfice des
citoyens.
En effet, avec la
nouvelle loi, nous aurons les outils pour mettre en place des services de
médiation obligatoire et d'arbitrage automatique aux petites créances. Cela
permettra de régler les litiges dans un délai estimé entre trois et neuf mois. C'est une différence majeure dans la
vie de quelqu'un qui vit avec le stress quotidien d'un conflit, comme c'est
le cas aux petites créances.
Soulignons
que la médiation aux petites créances a donné de bons résultats dans les
dernières années avec un taux de réussite de près de 60 %. C'est
pourquoi nous souhaitons miser davantage sur cette méthode de règlement.
Les
causes impliquant la présence de violence sexuelle ou conjugale seront bien sûr
exemptées de l'obligation du recours
à la médiation et l'arbitrage. Je remercie mes collègues, on a fait ensemble
cette modification-là, on est venus le préciser dans la loi. Je pense
que c'était une bonne modification à faire.
Nous
proposons également une procédure plus simple, plus rapide et moins coûteuse
pour les citoyens en matière civile.
Chaque étape a été revue et repensée afin de gagner en efficacité. En résumé,
moins de temps perdu à la cour, moins de
déplacements non essentiels pour les citoyens et plus de prévisibilité. Bien
qu'elle soit centrée sur les besoins des citoyens, la nouvelle procédure
sera aussi bénéfique pour les avocats et la magistrature.
Notez
que la Cour du Québec demeurera exclusivement compétente pour entendre les
dossiers de moins de 75 000 $ et qu'elle exercera une compétence concurrente avec la Cour supérieure,
au choix du demandeur, pour les dossiers entre 75 000 $ et
100 000 $.
• (11 h 20) •
Par ailleurs, pour
les personnes victimes, elles seront mieux représentées au sein du Conseil de
la magistrature. En effet, un nouveau
représentant sera nommé après consultation des organismes qui oeuvrent auprès des personnes
victimes. Cette proposition a été
saluée par l'ensemble des élus et par les groupes qui défendent au quotidien
les intérêts des personnes victimes
puisqu'elle s'inscrit en ligne droite avec notre volonté de remettre la
personne victime au coeur du processus judiciaire.
Nous
venons également mettre à jour et clarifier les responsabilités du Conseil de
la magistrature en matière de transparence et d'accès à l'information,
chose qui aurait dû être faite, M. le Président, depuis fort longtemps. Plus
les citoyens seront en mesure de comprendre
le fonctionnement et la façon dont les décisions sont prises, plus ils auront
confiance envers le système de justice.
Enfin,
grâce au projet de loi, les notaires ayant exercé depuis au moins 10 ans
pourront accéder à la fonction de juge. Les notaires se caractérisent par une approche axée davantage sur la
prévention, la conciliation et la résolution de conflits, des avenues que nous
souhaitons justement favoriser pour rendre le système de justice plus efficace
et surtout pour le moderniser. Le
champ de compétence des notaires est vaste et diversifié, tout en assurant à
notre système de justice une spécificité relativement à notre caractère
civiliste qui s'y retrouvera représenté. Les notaires exercent une justice de
proximité. De plus, il importe de le
souligner, ces juristes jouissent d'un taux de confiance de la population de
près de 85 %. Grâce au projet de loi n° 8, nous pourrons
bénéficier de leur expertise au sein de la magistrature.
En
terminant, M. le Président, nous souhaitons remercier l'ensemble des personnes,
des groupes qui ont collaboré de près
ou de loin à ce projet de loi et à l'adoption de ce projet de loi, remercier
l'ensemble de la députation gouvernementale qui nous a appuyés dans la conduite de ce projet de loi, particulièrement
mon adjointe parlementaire la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
remercier également les collègues des oppositions qui étaient présents, M. le
député de l'Acadie, porte-parole en
matière de justice, Mme la députée de Robert-Bladwin, Mme la députée de
Sherbrooke, également, qui était présente.
Alors, je pense qu'aujourd'hui, M. le Président,
on fait oeuvre utile, on permet aux citoyens de s'approprier davantage le
système de justice, de le rendre plus efficace, plus accessible, de le
moderniser. Alors, ça a été un plaisir, M. le Président, de faire ce projet de loi là. Je
pense qu'on fait oeuvre utile, aujourd'hui, au bénéfice de la justice. Merci. M.
le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre. Je reconnais maintenant la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie :
Merci, M. le Président. Je serai très brève parce
que c'est un projet de loi qui était très peu controversé, qui apporte des
améliorations intéressantes. D'ailleurs, ça a été très agréable de travailler
ce projet de loi avec les collègues de tous les partis. Et je vais ajouter à
cette liste la députée de Vaudreuil, qui participait également aux travaux
avec nous. Une omission involontaire du ministre, très certainement.
C'est
un projet de loi qui apporte un changement de culture en misant beaucoup sur la
médiation, et donc je pense que c'est
pour le mieux. On espère vivement que ça va réduire les délais dans le système
de justice, et, franchement, c'est absolument nécessaire.
Encore
ce matin, je répondais à une citoyenne qui déplorait que son dossier aux
Petites créances, elle n'en avait pas
de nouvelles depuis 36 mois déjà. Donc, vous pouvez vous imaginer, quand on
attend le règlement d'un dossier, à quel point trois ans, c'est énorme,
surtout quand, après trois ans, on n'en a même pas, de date pour la suite des
démarches.
Le
projet de loi apporte également une meilleure transparence au Conseil de la
magistrature, ce qui est extrêmement souhaitable, modernise la
composition du Conseil de la magistrature pour inclure un représentant des
organismes qui travaillent auprès des
victimes, et ça, je pense que ça va nous aider à donner suite au rapport
Rebâtir la confiance. Ça a le potentiel
de nous aider à améliorer le programme de perfectionnement des juges en ayant
une personne qui représente les victimes sur le Conseil de la
magistrature.
Plusieurs
ajouts vraiment intéressants ont été faits pendant l'étude détaillée, des
ajouts qui nous ont été recommandés par les groupes qui sont venus en audition,
notamment pour que les victimes de violences sexuelles ou conjugales ne
se voient pas imposer la médiation. La
publicité des débats lorsqu'il y a arbitrage également, c'étaient des
suggestions des groupes. Le ministre
les a accueillies positivement. Tout le monde a travaillé dans ce sens-là.
Donc, je remercie vraiment mes collègues.
Maintenant,
c'est sur le point d'être adopté. Je pense que c'est important de rappeler que
ça va prendre des outils de
vulgarisation pour nous assurer que toutes les nouvelles procédures sont bien
comprises, en particulier par les citoyens qui ne sont pas nécessairement
habitués au vocabulaire juridique. Ça reste compliqué, ça reste même un
labyrinthe, je vous dirais, pour
beaucoup de gens, donc ça va prendre des outils de communication simplifiés
pour toutes ces procédures-là, pour les gens qui doivent se représenter
eux-mêmes. Et j'espère, notamment, que les ressources financières seront au rendez-vous pour les organismes qui s'occupent
justement d'informer les gens que les ressources seront là également pour
recruter des médiateurs, parce que ça va en
prendre beaucoup, notamment si le travail est bien fait pour faire la
promotion, là, de la médiation.
Donc,
je veux remercier tous les groupes qui sont venus nous faire des
recommandations pertinentes en commission parlementaire. J'espère que le projet de loi aura les effets que nous
espérons tous au niveau de la réduction des délais. Puis je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions? M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin :
Merci. Merci, M. le Président.
J'étais, en fait, heureux de permettre à ma collègue la députée de Sherbrooke de parler immédiatement, puisque
les commissions parlementaires fonctionnent, donc le Parlement n'arrête
pas, alors... Mais j'aurais quelques commentaires.
On
est déjà rendus au stade de l'adoption, et ce projet de loi, évidemment, a
cheminé rondement. J'aimerais, d'emblée, remercier toutes les personnes qui ont participé aux travaux de la
commission. C'était, je vous le dis bien humblement, ma première
commission, le premier projet de loi, donc, auquel j'ai suivi toutes les
étapes, et on arrive à la dernière étape aujourd'hui.
Ça a été excessivement intéressant. Je remercie donc tous les membres, M. le
ministre, qui était là et qui a, d'ailleurs,
accueilli plusieurs des modifications que l'opposition officielle a proposées,
les fonctionnaires qui étaient là, tous les députés, incluant, bien sûr,
la députée de Vaudreuil, qui était avec nous et qui a suggéré plusieurs
modifications importantes.
Dans
les remarques que je voudrais faire ce matin, je vous dirai, d'emblée, qu'on
est pour l'accès à la justice, et on est
très, très conscients qu'il y a des délais, des délais trop longs, M. le
ministre le soulignait tout à l'heure dans son intervention, notamment à la division des petites créances, et
donc ce projet de loi va, nous l'espérons vivement, venir corriger, améliorer
la situation des tribunaux, le système
judiciaire constituant, évidemment, un pilier de la nation québécoise. Mais il
faut savoir que, malgré son titre, le
projet de loi contient d'autres dispositions, notamment, et le ministre en
faisait la mention, permettre aux
notaires, dorénavant, d'accéder à des concours pour la magistrature, modifier
la composition du Conseil de la magistrature, soumettre le Conseil de la magistrature à la loi sur l'accès à
l'information des organismes publics, le soumettre à des audits de la Vérificatrice générale pour des volets autres
que ceux de la déontologie judiciaire. On n'est pas contre la transparence,
au contraire, M. le Président, on n'est pas
contre l'imputabilité, bien sûr que non, sauf que ce projet de loi a cheminé
très rapidement, et je pense qu'à
certains égards il aurait été préférable que l'on puisse réfléchir davantage
sur ces dispositions-là.
Je comprends l'empressement de M. le ministre
pour l'adoption du projet de loi, parce que, quand le Code de procédure civile a été adopté, le législateur québécois a conféré une compétence
exclusive à la Cour du Québec jusqu'à un montant de 85 000 $, et il y a une
contestation judiciaire qui s'est rendue jusqu'à la Cour suprême du Canada, et la Cour suprême a décidé que le fait de conférer cette compétence exclusive à la
Cour du Québec faisait en sorte que cela dépassait la compétence et que cela, évidemment, avait un
impact sur la compétence de la Cour supérieure, qui lui est attribuée depuis,
évidemment, 1867. Donc, le dossier a été
retourné au gouvernement, qui avait, évidemment, un délai pour mettre en
vigueur, pour modifier ces nouvelles dispositions-là, et donc c'est la
raison pour laquelle il y avait une certaine urgence d'agir.
• (11 h 30) •
Cependant, il y a un nombre important de
dispositions qui méritaient, je pense, des améliorations, et c'est ce que nous
avons fait en commission parlementaire. Rappelons que le projet de loi,
maintenant, évidemment, pour se conformer à la décision de la Cour suprême,
donne une compétence exclusive à la Cour du Québec pour les litiges de 75 000 $ et moins. Il y aura dorénavant
une compétence concurrente avec la Cour supérieure pour les litiges de
75 000 $ à 100 000 $, et la division des petites
créances de la Cour du Québec, à la chambre civile, pourra entendre des causes
de 15 000 $ et moins, ce qui, je
pense, est une bonne chose, parce que, de cette façon-là... Évidemment, il y a
des délais dans plusieurs districts
judiciaires, en ce qui a trait à la division des petites créances, et nous
espérons que la procédure qui est suggérée au projet de loi permettra de
réduire ces délais-là. Rappelons que la division des petites créances, c'est
fort probablement le tribunal où la majorité
de Québécoises et de Québécois iront pour régler des litiges de moindre
importance. Et ils se représentent
seuls, évidemment, pour accélérer, bien sûr, le processus, et c'est la raison
pour laquelle il y a une procédure qui est aussi allégée.
Le projet de
loi va faire en sorte également qu'il y aura une médiation obligatoire et, par
la suite, un arbitrage, et j'en
reparlerai tout à l'heure, dans le but d'accélérer, d'accélérer évidemment le
processus. Le ministre l'a mentionné, les notaires pourront accéder
maintenant à la magistrature après 10 ans de pratique, et le Conseil de la
magistrature sera soumis à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics. Elle sera auditée par la
Vérificatrice générale et il y aura dorénavant un représentant des
victimes qui va faire partie du conseil. Et ça, je dois souligner qu'il s'agit
d'un ajout important, pour lequel nous
étions d'accord, parce que je pense que le conseil, dorénavant, va refléter
davantage les victimes, les enjeux de société que nous avons. Et donc ça
ne sera que bénéfique pour la société en général.
Cependant,
quand on parle du projet de loi, on voit que l'accent est mis sur la médiation
et l'arbitrage. C'est un rappel, je pense, parce que quand on regarde le
Code de procédure civile, quand il a été adopté, les articles, les premiers
articles soulignaient déjà clairement qu'on invitait les parties à travailler à
la prévention et au règlement des différends. Peut-être que l'appel n'a pas été
entendu suffisamment, et là le projet de loi le réitère davantage.
Cependant,
dans le projet de loi, on développe le concept de médiation obligatoire. Et ça,
on a eu des discussions en commission
parlementaire, on espère que ça va bien fonctionner, parce qu'habituellement...
et, quand, dans ma pratique, j'ai travaillé dans des dossiers de médiation,
c'est que les parties veulent, les parties souhaitent... c'était d'ailleurs
l'invitation qui est faite dans les premiers articles du Code de procédure
civile. Maintenant, on va les forcer. Alors, on nous dit que, dans d'autres juridictions, ça fonctionne.
Espérons-le parce qu'en bout de piste on veut que les justiciables aient accès
à la justice le plus rapidement possible.
Cependant, et là c'est une modification que j'ai
proposée, et qui a été acceptée, et qui, je pense, est importante, et qui mérite d'être soulignée, c'est la
modification, entre autres, de l'article 570 du Code de procédure civile
qui va faire en sorte que, dans les
cas de violences sexuelles ou de violences conjugales, évidemment, la médiation
ne peut être obligatoire. Ce sera
inclus au projet de loi, et on pensait sincèrement que le législateur devait le
dire clairement dans la loi pour être sûr qu'il n'y aura aucune
ambiguïté possible dans ces cas-là, évidemment.
Alors, voilà,
on met l'emphase sur la méditation et l'arbitrage, sur les modes de règlement
des différends et donc on espère que
ça va fonctionner. Sauf qu'il faut le souligner, et ma collègue la députée de
Sherbrooke le mentionnait tout à l'heure, et ça, en commission parlementaire,
et je tiens à le dire, tous les groupes qui conseillent les citoyens nous
l'ont dit, tous les groupes communautaires
et d'autres, incluant Éducaloi, le système va fonctionner si l'argent et les
ressources sont au rendez-vous. Et je prends la peine de le souligner.
Je vois, M.
le ministre est là, en cette Chambre. Donc, le gouvernement prépare un budget.
On ne peut pas être contre le projet
de loi, c'est ce que je disais au départ, mais, à mon avis, ça va fonctionner
si le gouvernement, d'une façon sérieuse, est capable de financer adéquatement tous ces organismes qui vont être
en mesure de conseiller des citoyens, et je vous dirais particulièrement
ceux qui vont vouloir éventuellement aller devant la division des petites
créances parce que, souvent, ils vont se
représenter seuls. Si l'argent n'est pas là, si les ressources ne sont pas là,
malheureusement, je crains que tout ce
qu'on va faire, c'est qu'on va déplacer le problème, c'est-à-dire qu'on va
enlever des dossiers devant la cour, mais, si les gens n'ont pas plus de conseils, s'ils ne sont pas
plus appuyés ou épaulés en médiation, en arbitrage, ça n'ira pas mieux. Et ça,
les groupes nous l'ont souligné, et, je tiens à le dire, je pense que c'est un
élément qui est très important.
Et évidemment,
rattaché à ça, immédiatement, vous avez aussi... Encore là, c'est une question
financière, mais là je vais plutôt traiter de la question du personnel
judiciaire. Si vous n'avez pas... parce qu'il y en a, des causes qui vont se rendre devant les tribunaux, si vous n'avez pas
plus d'huissiers, de greffiers, de juges... Je comprends que l'idée, c'est de prendre des dossiers, les envoyer en médiation et
que, normalement, ça devrait laisser plus de temps pour les juges pour
faire des vacations à la cour, mais, si quand même, dans l'ensemble du système
qui est présentement tellement engorgé, il
n'y a pas plus d'argent pour nommer des gens et avoir de la rétention de
personnel, à mon avis, on risque de se ramasser dans quelques années
avec encore le même problème, et c'est ce que nous ne voulons pas, M. le
Président.
Je voudrais
également... quand je disais au départ qu'il y avait des dispositions du projet
de loi qui, d'emblée, ne semblaient pas directement améliorer
l'efficacité et l'accessibilité de la justice, j'aimerais vous parler
brièvement des modifications qui vont
toucher le Conseil de la magistrature. Et je veux... je le redis, je veux être
clair, je ne suis pas contre l'imputabilité
et la transparence, mais il faut comprendre que, dans un état démocratique, il
y a trois piliers qui forment la nation :
l'exécutif, le législatif et le judiciaire, et que le judiciaire a un rôle
fondamental à jouer afin de protéger les citoyens et
d'entendre des causes, et souvent des causes de citoyens contre l'État, donc,
évidemment, d'où l'importance de l'indépendance.
Et c'est la
raison pour laquelle l'indépendance du Conseil de la magistrature, son
indépendance institutionnelle, doit être
protégée. Quand on voit les modifications qui sont apportées au projet de loi,
est-ce que directement, spécifiquement, le fait, par exemple, de soumettre le conseil à la loi sur l'accès à
l'information des organismes publics est une entrave? Est-ce que c'est une attaque directe? Je vous
dirais : probablement pas. Et ce n'est pas une mauvaise chose qu'on soit
capable de savoir ce qui se passe,
sauf que, quand vous regardez les différentes dispositions,
institutionnellement, il y a peut-être un danger à ce que l'indépendance
institutionnelle du conseil soit effritée.
Et permettez-moi, à ce sujet-là, de référer à un
mémoire, celui qui a été déposé par l'Association du Barreau canadien et qui traite spécifiquement de cette
question-là. On dit : «L'ABC-Québec est favorable à toute mesure visant à
favoriser la transparence à l'égard des
fonctions administratives du Conseil de la magistrature, pourvu que celle-ci ne
risque pas de porter atteinte à l'indépendance judiciaire de la magistrature
québécoise. À la lumière des préoccupations soulevées à cet égard par la Cour d'appel dans [...] Québec — Conseil de la magistrature — contre Québec — Commission d'accès à l'information — en
ce qui a trait à l'assujettissement du Conseil de la magistrature au régime général de
la loi sur l'accès, lesquelles vont
au-delà des activités déontologiques du conseil, l'ABC-Québec suggère qu'il
pourrait être opportun pour le législateur
de considérer l'opportunité de créer un régime d'accès à l'information qui
serait propre au conseil[...]. Il paraît essentiel qu'une telle
réflexion inclue une consultation de l'ensemble des parties prenantes...»
• (11 h 40) •
Je tenais à
lire ceci parce que, pour moi, l'indépendance du conseil est fondamentale, et
ce n'est pas une lubie, ce n'est pas
quelque chose que j'invente, ça a été dit en commission parlementaire, ça a été
écrit. Et donc j'avais effectivement une
crainte à ce qu'il y ait un accès ou, en fait, à ce qu'on puisse attaquer
l'indépendance du conseil. Il aurait été, je pense, préférable de créer un régime autre, mais ceci n'a
pas été retenu par le gouvernement. Donc, nous allons fonctionner avec ce qui
est dans le projet de loi.
Permettez-moi
aussi de vous dire, M. le Président, qu'on va soumettre le conseil, et pas en
déontologie judiciaire, pas en
enquête judiciaire, ça, c'est clair, là. Mais permettez-moi de vous dire qu'en
imposant cette obligation-là, bien, forcément il y a des gens qui vont faire
des demandes d'accès au conseil. C'est logique, on donne un droit à des gens,
ils vont les utiliser. Mais, si le
conseil n'a pas, encore là, plus de fonds, pas capable d'engager plus de
personnel, alors qu'on lui impose cette nouvelle obligation, je crains, et je tiens à le souligner, je crains
que le conseil ne sera pas capable de répondre à des demandes dans des délais
précis, ce qui ne va pas, à mon avis, améliorer ou accroître la transparence.
Donc, il ne faut pas placer le conseil dans
une position où il pourrait très difficilement se conformer à ses nouvelles
obligations, et ça, je tenais à le souligner. Je pense que c'est
effectivement important.
Il en va de
même pour la composition du Conseil de la magistrature. Et, je le disais
d'emblée, qu'on veuille y ajouter un
représentant des organismes de victimes, on est tous d'accord là-dessus, c'est
essentiel. Cependant, on nous a dit qu'on voulait, par ailleurs, pour avoir un équilibre... on ajoute déjà...
réduire des postes au conseil, enlever certains postes, le juge en chef adjoint. Et on nous a dit également que le
Conseil de la magistrature était un conseil qui comportait beaucoup de
membres, sauf que, compte tenu des fonctions du conseil, compte tenu de ce
qu'il a à faire, notamment en déontologie judiciaire
puis dans le domaine de la formation des juges — c'est fondamental pour la société québécoise — en
ce qui me concerne, avoir un ou deux
membres de plus, ça n'aurait pas changé grand-chose. Alors, j'étais d'avis et
je le suis toujours... mais
l'amendement que j'avais proposé n'a pas été retenu... mais qu'on aurait dû
laisser les quatre juges en chef adjoints demeurer membres du conseil
afin d'éclairer le conseil sur les enjeux de toutes les chambres de la Cour du
Québec.
Et là encore, je
ne l'invente pas, l'Association du Barreau canadien le soulignait également
dans son mémoire qui a été déposé, rien ne justifie que ces ajouts, donc ce que je
viens de vous mentionner, entraînent une réduction corollaire du nombre de juges. A fortiori, lorsqu'on considère le
volume important des activités du conseil, elle recommande, par conséquent, de ne pas réduire le nombre de juges
de la Cour du Québec siégeant au conseil, parce qu'il y a également des juges des cours municipales et autres. Alors, bon,
ça n'a pas été retenu, mais je tenais quand même... on est au stade de
l'adoption... je tenais quand même à le souligner, c'était une préoccupation
qui a été évoquée.
On a parlé
également du rôle de la Vérificatrice
générale. Encore là, évidemment,
c'est sûr qu'on n'est pas contre le fait qu'on puisse vérifier certains
comptes, encore là, pas dans le domaine de la déontologie judiciaire. Mais
voilà, la vérificatrice va faire son
travail, c'est une grande professionnelle, mais il faudra également, et
là je l'ai souligné auprès du gouvernement, que
le gouvernement s'assure de doter le conseil des ressources et des budgets pour
faire en sorte que le conseil puisse
répondre aux demandes de la Vérificatrice générale. J'avais proposé également
un autre mécanisme, mais qui n'a pas été retenu.
Autre élément que je veux souligner, et là ça
touche plus directement à la division des petites créances, je vous parlais de la médiation obligatoire. Ma
compréhension de la loi, c'est que, lorsque la médiation est terminée, l'état
qui va être suggéré aux parties, sauf
si les parties en font expressément la demande, ça va être l'arbitrage. Et,
encore là, je comprends que c'est la
même logique pour le gouvernement, c'est-à-dire d'essayer d'enlever les causes
devant le forum judiciaire, devant le
juge, pour les régler à l'avance. Sauf qu'il y a des parties... puis c'est
légitime, les gens doivent avoir accès à la justice, c'est ce que vise le projet de loi, il y a des
parties qui veulent aller devant le juge. Et ce que je crains, c'est que la
mécanique actuelle, et ça a été
soulevé en commission parlementaire, la mécanique actuelle va faire en sorte
qu'il y a des individus qui vont
rater le délai prévu par la loi pour dire qu'ils veulent aller devant la cour
puis qui vont se ramasser devant un arbitre. Et, quand un arbitre rend
sa décision, bien, par définition, c'est final.
Et là je
reviens à ce que je disais tantôt, quand vous avez des cliniques, des
associations communautaires qui font en sorte qu'on va conseiller les parties,
parce que, souvent, ils vont se représenter seuls, bien, si ces gens-là, si ces
organisations-là ne sont pas assez
financés, bien, ils ne pourront pas donner les conseils. Si le gouvernement
n'est pas capable de faire suffisamment d'information, et je tiens à le souligner,
d'information pour informer les citoyens sur cette mécanique, bien, on va se
ramasser avec des citoyens qui
risquent éventuellement de perdre confiance envers le système. Parce que ce
qu'ils souhaitaient avoir, c'est-à-dire aller devant un juge pour
expliquer leur cause, ça n'arrivera pas.
Et donc je
demande effectivement au gouvernement de s'assurer que des mécanismes, par
exemple, comme Éducaloi, qui font un travail magnifique qui vise à
informer les citoyens avec différents modules d'information populaires, soient financés adéquatement pour qu'on explique très
bien aux citoyens ce qui va arriver. Donc, ça, je pense qu'on doit garder
ça à l'esprit et je tiens encore une fois à le souligner.
Le projet de loi réintroduit également la
possibilité des appels, au Tribunal des professions, des décisions interlocutoires des conseils de discipline. Ça
avait été enlevé, c'est remis. Et mon souhait, c'est que cette modification-là
n'aura pas pour effet de promouvoir, ou d'accélérer, ou d'augmenter, bien sûr,
le nombre d'appels interlocutoires pour faire en sorte que les décisions
du conseil soient portées en appel et que ça retarde les procédures.
Le projet de
loi, toujours en favorisant l'accès à la justice, va modifier la Charte des
droits et libertés de la personne pour
faire en sorte que la procédure soit simplifiée pour le plaignant et le
défendeur. Et on espère que de cette façon les dossiers pourront fonctionner
d'une façon... plus rapidement, en accéléré.
Quand je vous
parlais de la médiation et de l'arbitrage, encore là, le même défi risque de se
poser si les arbitres ne sont pas
rémunérés adéquatement et s'il n'y a pas assez de personnes qui sont formées
pour être des médiateurs. Tout le monde l'a mentionné en commission parlementaire, M. le Président, il
manque de l'argent pour aider les citoyens à se représenter seuls. Et,
devant la division des petites créances, c'est exactement ce qui va arriver.
Donc, il faut s'assurer qu'il y aura suffisamment
de fonds pour que les citoyens reçoivent l'aide à laquelle ils ont droit et
suffisamment, évidemment, de personnes pour être capables de les
conseiller.
• (11 h 50) •
Quand on
regarde le chemin que le projet de loi a franchi et la durée, on peut dire
qu'on a franchi les étapes à grande vitesse.
Je le disais d'emblée, il y a une certaine urgence d'agir, pour le
gouvernement, compte tenu de la décision de la Cour suprême qui, si mon souvenir est bon, donnait jusqu'en juin 2023 au
gouvernement pour modifier le Code de procédure civile. Évidemment, le
gouvernement aurait pu corriger le tir en déposant un projet de loi qui aurait
modifié uniquement ces dispositions du code de procédure, mais on a
voulu en faire plus. Les modifications sont importantes. Je le redis, pour certaines de ces modifications-là et des articles,
il aurait été souhaitable qu'on ait plus de temps pour poser plus de questions.
On aurait pu entendre plus de groupes
d'experts, en commission parlementaire, pour bien cerner les enjeux. Et ça, je
le souligne, il y a des associations
et des groupes qui ont comparu en commission parlementaire et qui l'ont
également soulevé.
Donc, nous
aurons d'autres projets de loi qui vont être déposés, fondamentalement, en
matière de justice, ça va arriver,
dans d'autres domaines également, alors j'invite qu'on puisse prendre notre
temps, en tant que législateurs, pour s'assurer
que ce qui est adopté, que ce qu'on fait va véritablement répondre aux enjeux
des Québécoises et des Québécois.
Plusieurs
modifications sont apportées. C'est un changement important. On n'a pas vu,
dans un projet de loi — en
tout cas, moi, je ne l'ai pas vu — mettre
autant d'emphase sur des modes alternatifs de règlement, sur de la médiation, sur
de l'arbitrage. On espère que ça va
fonctionner. Mais moi, j'invite le gouvernement, compte tenu des délais, et
particulièrement à la division des
petites créances... donc j'invite le gouvernement à ce qu'il y ait une analyse
qui soit faite à chaque année, l'année
d'anniversaire de la mise en vigueur de ces dispositions-là, pour voir s'il y a
effectivement un résultat positif qui apparaît.
Le
gouvernement nous parle beaucoup de tableaux de bord. Eh bien, moi, j'en
propose un en matière de justice, qui touche
des gens qui ont besoin de la justice pour régler leurs différends. Donc, ce
que je souhaite, c'est qu'à chaque année on puisse avoir un tableau pour savoir si ça fonctionne ou pas, est-ce
que les délais sont en train d'être réduits à la division des petites créances ou pas, et faire en sorte
qu'on puisse, après ça, apporter des mesures, des mesures appropriées pour
voir si la situation s'améliore. Et ça, je
pense que c'est important... parce que M. le ministre parlait, tout à l'heure,
de la confiance des justiciables
envers le système judiciaire, et je vous dirais que c'est fondamental.
Évidemment, je suis d'accord avec lui là-dessus, il faut que les
citoyens aient confiance.
Et là, avec
ce projet de loi, avec ces modifications-là, il faudra, bien sûr, un plan de
communication, parce que les gens
vont devoir être informés du fait, notamment à la division des petites
créances, qu'ils vont avoir accès à de la médiation puis, après ça, à de
l'arbitrage. Donc, si on veut garder la confiance, c'est fondamental qu'il y
ait un plan de communication important. C'est important aussi qu'on
communique clairement ce qu'on va faire avec le Conseil de la magistrature, pour que les gens comprennent. Mais, après ça, je
vous dirais qu'il faudra mesurer si ce projet de loi a l'impact escompté,
parce que, dans certains districts
judiciaires, quand on parle de la division des petites créances, on a des
délais de deux ans, voire de trois
ans, pas partout, heureusement. Mais quand même, imaginez, vous avez un litige
que vous voulez régler, par exemple, avec votre voisin, et ça va prendre
deux ans avant que, finalement, le dossier soit tranché.
Alors, qu'on
veuille mettre l'emphase sur la médiation, sur l'arbitrage, j'en suis, mais il
faudra mesurer pour voir si, effectivement, les délais se réduisent, parce que,
si ça ne se réduit pas, bien, il faudra faire preuve, à mon avis, de créativité et faire en sorte qu'il y ait des
moyens qui soient mis de l'avant pour que ce soit corrigé le plus rapidement
possible.
Cependant, et
je le disais, et je termine là-dessus, on ne peut pas être contre l'efficacité
et l'accessibilité de la justice. Et, quand on regarde l'ensemble des
dispositions du projet de loi, quand on regarde tous les amendements qui ont
été proposés par l'opposition officielle,
par les membres de la commission, et qui ont été reçus et accueillis par le
ministre, ça, je dois le dire, entre
autres, l'équilibre de la procédure entre un demandeur et un défendeur devant
la Cour du Québec... et ça a été accueilli sans problème, et on a pu
bonifier ce projet de loi.
Pour toutes
ces raisons-là, évidemment, on est en faveur de ce projet de loi. Et je pense
que nous l'avons bonifié, mais là, je vous le dis, il faudra qu'il y ait une
analyse qui soit faite pour s'assurer que le projet de loi apporte les
effets escomptés. Et je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie.
Avant d'accueillir la prochaine intervenante ou le
prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin de séance se tiendra
demain, le jeudi 16 mars 2023, sur une question adressée par Mme la
députée de Bourassa-Sauvé à Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur concernant le rapport du comité d'expertes sur la
maîtrise du français au collégial.
Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci, M. le Président. Je ne
vais pas répéter, évidemment, mes interventions d'hier, mais je trouvais, évidemment... compte tenu qu'on est au stade de
l'adoption, que je fasse certains points au niveau du projet de loi n° 8.
Évidemment,
à titre de députée, de juriste, et tel que mon collègue de l'Acadie a
mentionné, nous ne pouvons pas être contre ce projet de loi, parce que
l'objectif fondamental et principal, c'est évidemment de rendre notre système
judiciaire plus efficace, plus
accessible, moins lourd et moins coûteux. Et c'est sûr que c'est dans l'intérêt
des justiciables que ce soit plus rapide, moins coûteux et que justice
soit rendue dans l'intérêt des justiciables.
Cependant,
nous avons une préoccupation et nous partageons cette préoccupation, nous
l'avons mentionnée en commission
parlementaire... parce qu'il y a certaines mesures dans ce projet de loi qui
sont très intéressantes. Cependant, la
réussite de l'application de ces mesures repose essentiellement sur une
augmentation de juges, de greffiers, de personnel en général dans tous
les palais de justice au Québec.
Nous savons fort bien
que nous avons une grande pénurie de main-d'oeuvre dans notre système
judiciaire, et, au bout du compte, c'est les
justiciables qui subissent les conséquences de cette pénurie. Ils subissent les
conséquences des délais indus pour obtenir une date de procès, des
remises d'audition puisqu'il n'y a pas assez de juges, des délais indus pour obtenir des jugements et même des accusés qui
se voient libérés en raison des délais indus. Et je maintiens cette réserve,
parce qu'une des mesures, une modification importante dans le projet de loi n°
8, c'est cette question de prioriser les dossiers, qu'ils soient à la Cour du Québec, à la Cour supérieure,
qu'ils soient priorisés en fonction du fait que les parties ont
participé à une médiation.
Maintenant,
il n'y a pas de distinction à faire, est-ce que les parties ont participé une
demi-heure en médiation ou est-ce qu'ils ont fait quatre ou cinq séances
de médiation, c'est la médiation, la participation tout court à une médiation. Et nous savons très bien, parce qu'il y a eu un
grand virage, en 2016, au niveau de la réforme sur le Code de procédure civile
où on a... Déjà, dans le code, on encourage
le législateur... c'était très clair, on encourage les parties de régler leurs
différends par des modes alternatifs tels que la médiation ou les
conférences de règlement.
• (12 heures) •
Donc, on a déjà des
dispositions dans le Code de procédure civile, depuis la réforme de 2016, qui
encouragent les parties à le faire. Et c'est
sûr et certain que, si on ne... si les ressources, comme nous l'avons dit, ne
sont pas au rendez-vous, surtout si on ne rectifie pas la pénurie de
main-d'oeuvre, on pourrait se retrouver dans la même situation que nous sommes aujourd'hui avec des dossiers où
ça prend un an, deux ans, même trois ans pour avoir des dates de procès,
parce que, là, on est en train de déplacer
le mal. Et ce que je veux dire par ça, c'est... il va y en avoir plusieurs.
Aussitôt que, les justiciables et les
avocats, on se le dit, on est clairs là-dessus, c'est évident, lorsqu'on va
voir cette mesure générale de... qu'un
dossier va être priorisé si les parties vont en médiation, j'ai bien
l'impression qu'en pratique tout le monde va se jeter sur cette mesure-là
pour dire : Ah! bien, il faut aller en médiation parce que notre dossier
va être priorisé.
Et
je ne parle pas ici de bonne volonté, mauvaise volonté. C'est une mesure qui,
maintenant, va être dans le Code de
procédure civile. Et donc les parties vont pouvoir se prévaloir de
cette mesure qui va faire en sorte qu'au bout du compte on pourrait voir
des milliers de dossiers priorisés. Et là c'est des dossiers contestés qui ont
besoin d'une date d'audition, qui fait en
sorte que, si on n'augmente pas le nombre de juges et greffières, et tout, on
va avoir un engorgement de notre système
judiciaire beaucoup plus tôt que plus tard. Et j'ose croire que ça, ce n'est
pas l'objectif du projet de loi. Et donc c'est la mise en garde que je fais aujourd'hui. Je crois qu'elle est
importante, parce que les ressources, et nous l'avons dit au ministre de
la Justice, doivent être au rendez-vous si nous voulons que ce projet de loi,
que ce soit une réussite.
Il
y a également toute une campagne de sensibilisation et d'information à faire au
niveau des justiciables, surtout en
ce qui a trait... Et là je vais aller directement aux nouvelles mesures
concernant les petites créances parce que je n'ai pas beaucoup de temps. Et la mise en garde à cet
effet-là, et on sait qu'il y a des délais indus concernant une date d'audition
en petites créances, et, dans certains
districts judiciaires, je crois qu'ils sont rendus à deux, trois ans, il faut
rectifier cette situation-là. Est-ce
qu'on le fait via une médiation obligatoire? Et, s'il y a échec à cette
médiation-là, on a un court délai, et là le fardeau, la responsabilité est sur
les parties de dire : Ah! bien là, je veux aller devant un juge, parce
que, si les parties ne dénoncent pas et disent : Je veux aller
devant un juge, ça va être un arbitrage obligatoire.
Ce
n'est pas clair, M. le Président, dans le texte de loi, dans le projet, que
l'arbitrage va devenir obligatoire, si les parties ne dénoncent pas leurs
intentions d'aller devant un tribunal. Cette disposition-là, et je l'avais
mentionné en commission parlementaire, me préoccupe beaucoup, parce que
n'importe quel juriste... Et là je parle de l'article 556 que nous allons modifier, et on parle de la médiation ou de
l'arbitrage. Et on mentionne même que, s'il y a échec à la médiation, on ne
dit pas que l'arbitrage est obligatoire, le texte de loi nous réfère à une
offre d'arbitrage. Il y a une grosse différence entre : On va offrir
l'arbitrage, versus l'arbitrage est obligatoire. Et j'espère qu'on pourrait
rectifier le tir et de le mettre précisément dans le... dans la loi, dans le Code de procédure civile versus un règlement. Le ministère
avait mentionné un règlement, mais il me semble pour... dans l'intérêt de la
justice, dans l'intérêt des justiciables, c'est fondamental qu'ils soient mis
au courant, à la lecture d'une disposition
dans notre Code de procédure civile, que l'arbitrage va devenir obligatoire. Et ça, ce
n'est pas clair pour moi et c'est la mise en garde que je voulais faire.
Et,
dernièrement, je voulais, sur la question que les victimes de violence
conjugale et d'agression sexuelle soient exemptées de la médiation obligatoire... Ça, c'est un principe
fondamental, et nous le savons. Et nous remercions, évidemment, le ministre pour avoir accepté cet amendement et aussi
d'avoir ajouté un membre d'un organisme, une personne, évidemment... un organisme qui a pour objet d'aider des
personnes victimes d'infractions criminelles. C'est important d'avoir quelqu'un
qui a une perspective, qui a passé à travers la violence conjugale, parce qu'il
y a un manque...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Malheureusement, Mme la députée, c'est tout le
temps que nous avons pour cette intervention. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise
aux voix
S'il
n'y a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 8, visant à améliorer
l'efficacité et l'accessibilité de la justice, notamment en favorisant la
médiation et l'arbitrage et en simplifiant la procédure civile à la Cour du
Québec, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, sur cette bonne note, je vous demanderais de bien vouloir
appeler l'article 8 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 6
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 8 du feuilleton, M. le ministre
des Finances propose l'adoption du projet
de loi n° 6, Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
22 mars 2022 et à certaines autres mesures.
Y a-t-il des
interventions? Je reconnais tout de suite le député d'Orford.
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger :
Merci, M. le Président. M. le Président, je soumets à l'Assemblée nationale le
projet de loi n° 6, intitulé Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
22 mars 2022 et à certaines autres mesures. Le projet de loi
n° 6 a été présenté le 9 décembre 2022, et le principe en a été
adopté le 31 janvier 2023. La Commission des finances publiques en a
fait l'étude détaillée le 22 février 2023 et en a adopté les 110 articles. Des amendements ont également
été adoptés. Le rapport de la commission a été déposé le 23 février et a
été pris en considération le 14 mars dernier.
Ce
projet de loi donne suite à des mesures fiscales annoncées dans le discours sur
le budget du 22 mars 2022 et dans des bulletins d'information
publiés en 2021 et en 2022. Étant donné, M. le Président, que ce projet de loi
contient des modifications diverses,
regroupées en sujets principaux, et que l'ensemble de ces sujets a fait l'objet
d'une étude détaillée, j'en discuterai sommairement.
Ce
projet de loi, M. le Président, prévoit les dispositions nécessaires pour le
versement du montant ponctuel pour pallier la hausse du coût de la vie
qui a été versée en décembre 2022. Il modifie également la Loi sur les
impôts, la Loi concernant les paramètres
sectoriels de certaines mesures fiscales et la Loi sur la taxe de vente du
Québec afin, notamment : d'assouplir le crédit d'impôt remboursable
favorisant le maintien en emploi des travailleurs d'expérience et le crédit d'impôt remboursable pour les PME à l'égard des
personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi; de pérenniser le crédit
d'impôt non remboursable pour un don
important en culture; de prolonger le crédit d'impôt remboursable pour la
réfection d'installations septiques; de faire en sorte que les frais
liés au pétrole, au gaz et au charbon ne donnent plus droit au crédit d'impôt relatif aux ressources; de
prolonger et de restructurer le crédit d'impôt remboursable pour la production
d'huile pyrolytique au Québec et
d'introduire le crédit d'impôt remboursable pour la production de biocarburants
au Québec; de prolonger la bonification temporaire du crédit d'impôt
relatif à l'investissement et à l'innovation; et de reconduire le mécanisme de
ristournes à l'impôt différé.
• (12 h 10) •
En
outre, le projet de loi prévoit qu'un programme de compensation financière
pourra être établi et mis en oeuvre pour subventionner, notamment, les
coûts de développement, d'installation et d'entretien d'un moyen technologique
permettant la gestion de l'exemption fiscale applicable aux membres des Premières
Nations en matière de taxe sur les carburants et de taxe sur les boissons
alcooliques.
De
plus, le projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de
vente du Québec afin d'y apporter des modifications semblables à celles
qui ont été apportées à la législation fédérale.
Ce
projet de loi prévoit aussi des dispositions pour remédier à l'insuffisance
anticipée de crédits découlant de la mise en oeuvre d'une nouvelle norme
comptable portant sur la comptabilisation des obligations liées à la mise hors
service d'immobilisations.
Enfin, ce projet de
loi apporte des modifications à caractère technique, de concordance et de
terminologie.
Je
tiens à remercier, M. le Président, mes collègues du gouvernement de même que
les députés des partis d'opposition membres
de la Commission des finances publiques et l'équipe chevronnée du ministère des
Finances pour leur collaboration lors de l'étude de ce projet de loi.
En conclusion, je demande donc à cette
Assemblée, M. le Président, de bien vouloir adopter le projet de loi n° 6. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député. Je reconnais... Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci, M. le Président.
Bien heureux d'avoir fait le tour de piste complet, là, du processus pour
ce projet de loi. Ça a été une expérience,
ça a été intéressant. Nous avons effectivement eu des conversations et des
discussions, des échanges intéressants sur le sujet, mais il reste quand
même à remarquer que plusieurs des mesures qui ont été offertes par le gouvernement n'ont pas été ciblées. Plusieurs des
mesures offertes par le gouvernement ont attisé l'inflation.
Malheureusement, c'est tout le temps les personnes les plus vulnérables qui
paient le plus grand prix face à des crises économiques
comme une récession et comme l'inflation. Et, dans ce cas-ci, ce qui est arrivé,
c'est que ça a simplement rendu la vie plus difficile à plusieurs
Québécois.
Une
des choses qu'on voulait absolument avoir, et qu'on a discutée, et qu'on a
mentionnée à plusieurs reprises : la proposition d'augmenter le crédit à la solidarité. Il y a plusieurs
Québécois qui, pour l'ensemble de toutes les mesures qui ont été expliquées, n'ont juste absolument eu
aucune conséquence directe dans leur quotidien parce qu'eux autres sont juste
vraiment sur le bord de ne plus avoir un sou. Donc, une augmentation du crédit
de la solidarité aurait été la chose plus humaine à faire.
Il
y a un autre facteur aussi, j'en ai parlé hier, aussi... il y a un autre
facteur aussi qui n'a pas été discuté, des mesures pour mettre en place
quelque chose qui ferait qu'on a un frein à notre économie, puis c'est la
pénurie de main-d'oeuvre. Je veux juste vous donner quelques statistiques pour
vous donner une idée comment grave la pénurie de main-d'oeuvre a comme conséquence sur notre économie au Québec.
De ne pas faire en sorte qu'on puisse avoir plus de bras pour faire la job qui est à faire au Québec, ça fait en sorte
qu'on a perdu du terrain par rapport à l'Ontario. Puis, je vais vous donner
une statistique.
Selon
l'article de M. Girard du Journal de Montréal, la création d'emplois
dans la... qui a été faite au Canada dans la dernière année, O.K., 52,7 % de tous les emplois créés au Canada
dans la dernière année ont été en Ontario. L'Ontario, je vous le rappelle, représente 39,4 % de la
Confédération canadienne. Au Québec, on a eu 12,5 % des emplois créés l'an
passé. Je vous rappelle que le Québec ne
représente maintenant que 22,2 % de la population canadienne. Donc, si je
peux juste utiliser une approche de
règle de trois, ici on a clairement sous-performé. On a clairement sous-performé
parce qu'on n'a mis aucune mesure en place qu'il aurait pu être possible de
faire dans ce projet de loi pour aider à résorber le problème de la
pénurie de main-d'oeuvre.
Nous
avions fait plusieurs propositions, quelques-unes ont été modifiées et
retirées, mais nous avions quand même parlé
des places en garderie pour permettre aux parents de revenir, nous avons parlé
d'exemption du premier 30 000 $ pour les travailleurs de 65 ans et plus, congé de la RRQ, innovation,
robotisation, investissements dans l'automatisation. Plusieurs facteurs
auraient pu aider à résorber ça, mais ça n'a pas été le cas.
On
a une responsabilité, en tant que législateurs, de s'assurer de la durabilité,
de la soutenabilité et, évidemment, de
l'avenir de nos prochaines générations. Pour nous, ce qui est ultra-important,
c'est qu'on se doit de s'assurer qu'on a une vision d'avenir pour les Québécois pour toutes les générations. Il est
important de comprendre que le choix qu'on fait en tant que société aujourd'hui
aura des conséquences à long terme. Et donc, pour nous, ce qui était important,
c'est de faire une pleine
capitalisation du Fonds des générations, comme nous avons proposé il y a
quelques semaines déjà et que nous allons continuer à faire la promotion. Pour
nous, c'est important pour la simple et unique raison... c'est que ça nous
donne un objectif visionnaire qui va
permettre, justement, à l'ensemble des Québécois des prochaines générations et
des Québécois actuels d'avoir un
outil qui va les aider à pouvoir financer les missions de l'État, financer la
santé, financer l'éducation. Nous, on
considère que ne nous devons absolument aucunement toucher les contributions au
Fonds des générations. Et ça, c'est quelque chose que nous avons
mentionné à plusieurs reprises.
Je vous remercie, M.
le Président. Et c'est tout.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix
Alors,
le projet de loi n° 8... pardon, le projet de loi n° 6, pardon, Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
22 mars 2022 et à certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Sur division. M. le leader.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, M.
le Président. Encore une fois, sur cette bonne note, je voudrais... de bien
vouloir appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 13
Adoption
du principe
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : À l'article 3 du feuilleton, M. le ministre de
l'Économie, de l'innovation et de l'Énergie propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne
d'interconnexion Hertel-New York.
Y a-t-il des interventions?
M. le député de Masson.
M.
Mathieu Lemay
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Donc, au nom de mon collègue ministre délégué à
l'Économie, je prends l'intervention,
aujourd'hui, sur le projet de loi n° 13, la Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York. Et il me
fait plaisir de soumettre l'adoption de principe du projet de loi, justement, n° 13.
Alors,
tout d'abord, avant de débuter, j'aimerais remercier mes collègues de
Jonquière, de Joliette et de Beauce-Sud, qui ont participé aux consultations pour la partie gouvernementale,
ainsi que mes collègues de Notre-Dame-de-Grâce et Maurice-Richard pour
les oppositions.
Donc,
les membres de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et
des ressources naturelles se sont
réunis le 14 mars dernier à l'occasion des consultations particulières sur
ce projet de loi qui permet de concrétiser un partenariat historique
entre Hydro-Québec et le Conseil des Mohawks de Kahnawake.
Alors,
M. le Président, un peu de statistiques et d'historique sur le projet de loi,
en fait, sur le partenariat, parce que c'est
un partenariat qui découle d'un contrat de vente d'électricité verte qui est
conclu entre Hydro-Québec afin de livrer 10,4 térawattheures d'électricité verte, principalement à la ville
de New York, à compter de mai 2026. Et, à cette fin, une nouvelle
ligne d'interconnexion sera requise. On parle d'environ 57 kilomètres, M.
le Président.
Et
ainsi une entente a été conclue entre le Conseil des Mohawks de Kahnawake et Hydro-Québec.
Cette entente prévoit justement qu'advenant l'obtention du contrat de
New York les résidents de Kahnawake soutiendraient la construction de la ligne de transport et en deviendraient
copropriétaires, leur assurant du coup diverses retombées économiques pour
une période de 40 années, M. le Président.
Alors,
selon les règles actuelles, toutefois, Hydro-Québec ne dispose pas des pouvoirs
nécessaires à la concrétisation de
son partenariat avec le Conseil des Mohawks de Kahnawake, et c'est pour cela
que le projet de loi, il a pour objet de conférer à Hydro-Québec un pouvoir de cession afin de faciliter son
projet, lequel inclut la construction, l'exploitation et l'installation destinée à transporter de
l'électricité entre le poste Hertel, à La Prairie, et un point d'interconnexion
dans la rivière Richelieu, à la frontière canado-américaine.
À
cette fin, le projet de loi permet d'Hydro-Québec de céder la propriété de ses
installations de transport d'électricité en faveur d'une personne morale ou
d'une société constituée par Hydro-Québec et par le Conseil mohawk de
Kahnawake. Alors, quant à cette personne
morale ou cette société, le projet de loi détermine son objet et lui octroie
les mêmes pouvoirs que détient Hydro-Québec dans l'exercice d'activités de
transport d'électricité.
• (12 h 20) •
Enfin,
le projet de loi prévoit aussi une procédure d'expropriation allégée applicable
aux acquisitions effectuées par Hydro-Québec et nécessaires à la
construction de ces installations.
Alors,
ce que vous devez savoir, M. le Président, c'est que la ligne Hertel-New York
sera entièrement souterraine, ce qui
minimisera les inconvénients permanents pour les propriétaires et facilitera
l'acceptation sociale. Les lots seront par ailleurs remis en état une fois les travaux réalisés, et les
propriétaires seront dûment indemnisés pour les inconvénients subis
durant les travaux.
En
terminant, M. le Président, nous croyons fermement que l'adoption du principe
du projet de loi n° 13 s'impose, le contexte que connaît actuellement
le monde de l'énergie l'impose, et de même que la volonté gouvernementale de rapprochement avec les Premières Nations. Pour toutes ces raisons, M. le Président, je propose l'adoption de
principe du projet de loi n° 13. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Masson. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, consentement?
Donc, alors, nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
12 h 21)
(Reprise à 12 h 24)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. Et nous étions à l'intervention de
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président. Alors, avant de partager
mes remarques, je tiens tout d'abord à saluer la présidence et le secrétariat,
qui a déjà travaillé si fort sur ce projet de loi. Je veux évidemment aussi
saluer les collègues.
À
titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière d'environnement et
de la lutte contre les changements climatiques, j'étais très heureuse de
pouvoir participer aux consultations particulières au nom de notre... de
mon collègue le porte-parole en matière
d'énergie, entre autres, alors, la participation à la Commission de
l'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles concernant les consultations particulières du projet de
loi n° 13, concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York.
Alors, je tiens aussi
à remercier les groupes et les organismes qui ont participé aux consultations
particulières. J'ai beaucoup apprécié leurs remarques, leurs commentaires et
leurs recommandations sur le projet de loi n° 13,
déposé par le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie le 22 février dernier. Alors, ces groupes, on
a entendu Hydro-Québec, la nation mohawk et aussi le groupe... pardon,
la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Je
voulais noter, par contre, qu'il manquait, pendant les consultations
particulières, le BAPE. D'ailleurs, le BAPE s'est désisté de se présenter aux consultations particulières. Et je
voudrais juste souligner que je trouve ça surprenant et décevant, parce qu'on aurait bien voulu entendre
la présidente intérimaire du BAPE, poser des questions pour en apprendre
davantage. Et d'ailleurs le rapport du BAPE
sur ce projet important, on a appris qu'on va seulement le recevoir... Ça va être rendu public demain, à 16 heures, et ça,
je trouve que ça nous... Ce n'est pas une situation idéale pour faire notre
travail de parlementaires et en législation.
Donc,
je voulais souligner qu'on aurait bien aimé faire une analyse complète du
projet de loi et de prendre des décisions éclairées, et, dans ce sens-là, le rapport du BAPE est essentiel. Il faut
que ce rapport-là soit accessible pas juste au gouvernement, mais bien, sans délai, aux élus. Ça fait qu'on demanderait
encore si on pourrait avoir accès... si ça pourrait être rendu public pour
qu'on puisse se préparer pour ces votes et aussi l'étude détaillée qui s'en
vient. Parce que comment peut-on vraiment effectuer notre travail de
parlementaires, de législateurs sans avoir en main toutes les informations
pertinentes, voire même cruciales, dans le cadre du projet de loi n° 13?
Alors,
sans, vraiment, le rapport du BAPE en main, nous n'avions pas pu demander
l'avis des groupes, des autres groupes sur l'analyse en environnement et
discuter notamment des points problématiques, s'il y en a. Alors, je souligne
encore qu'on demande au gouvernement de rendre public, dès que possible,
le rapport du BAPE sur ce projet. Et, comme parlementaire,
je dois avouer, M. le Président, que je trouve que cette situation est vraiment
déplorable et j'ai un profond malaise qu'on nous demande de voter sur un
principe du p.l. n° 13 sans cette importante documentation en main.
Comme j'ai dit, le BAPE s'est retiré des
consultations particulières. C'est autant surprenant que décevant, surtout
lorsqu'on considère les raisons invoquées pour le désistement. Alors, j'ai une
lettre datée du 9 mars au secrétaire de la commission par la présidente intérimaire. Elle écrit, et je cite :
«En tant que membre et présidente par intérim du bureau, je suis tenue de respecter en tout temps les
obligations du code de déontologie des membres du BAPE. J'attire votre
attention sur les articles 10, 18, 19 et 12 qui précisent que — et
la lettre cite — "le membre fait preuve de réserve dans la manifestation publique de son opinion concernant un projet
controversé lié à l'environnement et s'abstient de prendre position
[publique]".» Alors... Et ça continue.
Alors,
en tant que membre, donc, je concède qu'on peut accepter et même respecter la
lettre et le raisonnement, mais, quand
même, il y a quelques questions qui viennent à l'esprit lorsqu'on lit cette
lettre-là. Pourquoi le BAPE caractérise de controversé ce projet de loi n° 13 concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York? Ça fait penser à quoi dans le rapport? C'est quoi,
le contenu du rapport pour qu'on caractérise le projet controversé?
• (12 h 30) •
Deuxième question
qu'on se pose : Pourquoi on parle de prendre position publiquement lorsque
la commission cherche à comprendre et à analyser le projet? Ce n'est pas une
prise de position, c'est l'analyse, c'est l'expertise qu'on voudrait avoir du BAPE et du rapport. Et, même si
on accepte et, même, on respecte le raisonnement du BAPE, leur décision de se
désister des consultations souligne davantage la nécessité d'obtenir le rapport
sur l'interconnexion Hertel-New York. On n'a présentement pas
d'information, pas de participation du BAPE à la commission, aux consultations
particulières, ni on a... ni la présence, la
participation, ni le rapport. Par leur insistance de garder le rapport au
gouvernement sans analyse parlementaire avant ce vote aujourd'hui, le
gouvernement, il me semble, met à risque des éléments qui sont vraiment
prometteurs de l'initiative, notamment l'entente historique entre Hydro-Québec
et la nation mohawk.
Alors,
ceci étant dit, on a procédé à une analyse. Les questions qu'on se pose par
rapport à ce projet, on les pose dans l'esprit où c'est encadré par le principe
de développement durable. Notamment, comme on le sait, le développement durable, il y a vraiment trois volets, c'est le
volet économique, le volet environnemental et le volet social. Ce sont bel et
bien les trois piliers du
développement durable. Et nous avons justement adopté tout récemment la
Stratégie gouvernementale sur le
développement durable 2023‑2028, et je crois qu'il serait important d'analyser ce
projet selon cette approche intégrée et équilibrée.
Alors,
sur le volet économique, question importante : Est-ce que c'est vraiment
le meilleur projet pour le Québec? Est-ce qu'il s'agit de la meilleure
utilisation que nous pouvons faire de notre électricité, alors qu'Hydro-Québec
prévoit elle-même manquer d'électricité dans
les prochaines années, dans la planification d'atteindre nos objectifs de
carboneutralité d'ici 2050, et au
moment même où Hydro cherche 10 000 térawatts d'ici 2050, et que le
ministre Fitzgibbon lui-même invite les citoyens à la sobriété
énergétique? Alors...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Mme la députée, je veux vous rappeler qu'on...
Mme McGraw : Ah! pardon. Le ministre...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Voilà. On appelle les élus par leur
titre. Merci.
Mme McGraw : Le ministre
de l'Économie. Désolée, M. le
Président. Le ministre de l'Économie, qui parle de sobriété énergétique. Est-ce que c'est vraiment le
bon moment de regarder des exportations, si on n'est pas certains qu'on puisse combler nos besoins ici, au Québec? Et
d'ailleurs je souligne la proposition de notre formation de créer une
commission itinérante sur notre futur
énergétique, et, sans cette commission et sans une stratégie globale par
rapport à l'énergie au Québec et notre futur énergétique, on ne peut pas
prendre des décisions éclairées.
Ensuite...
Alors donc, là-dessus, en termes... on comprend très bien qu'un des atouts du
projet, ce serait la réduction des
GES. On parle même... Hydro-Québec, il cite... ce serait 3,9 millions de tonnes
de gaz à effet de serre chaque année, soit
l'équivalent du retrait de 44 % des voitures des rues de la ville de New
York. Donc, ça, c'est très intéressant, c'est sûr, et c'est super pour New York, et on comprend très
bien que, les changements climatiques, c'est un enjeu global, mais ça, ça ne nous aide pas ici, au Québec, à atteindre
nos objectifs, parce que la diminution des GES, ça va se faire à New York.
C'est sûr que ça a un impact global, bravo,
mais nous aussi, on a des enjeux ambitieux, il faut atteindre la
carboneutralité d'ici 2050. Alors, comment s'y prendre?
De
plus, une des questions que j'ai posées et je n'ai pas tout à fait eu la
réponse, on va étudier plus en profondeur : Est-ce que c'est une
diminution nette des GES? Parce qu'on sait aussi qu'avec la construction de...
la construction, il va y avoir un impact sur
les milieux naturels, et on sait très bien que les milieux naturels offrent des
services écologiques et nous aident à
contrer les changements climatiques parce que c'est des puits de carbone.
Alors, c'est quoi, l'impact net de ce projet-là? C'est à suivre.
J'ai
parlé de l'aspect environnemental, mais pas beaucoup, comme je dis, parce qu'il
nous manque encore le rapport du
BAPE, et on va pouvoir faire une analyse plus éclairée et se prononcer de façon
plus éclairée une fois qu'on a eu la chance de prendre connaissance de
ce rapport, qu'on espère recevoir le plus tôt possible.
Au niveau de... Sur
le volet social, alors, troisième volet du développement durable, l'entente
avec la nation mohawk est sans précédent.
C'est ça qu'il faut souligner. C'est exceptionnel, et ce serait une
vraie première, au Québec, qui pourrait
servir d'exemple ailleurs au Québec, au Canada et encore plus loin. Alors,
c'est une première. Maintenant, il faut réussir à bâtir sur cette
entente et s'assurer que la communauté autochtone aurait des retombées réelles
au niveau de l'économie, de la société, des emplois, etc. Alors, c'est à
suivre.
Une
de nos questions, c'est... Et je voudrais souligner que la grande cheffe
Sky-Deer, de la nation mohawk, qui s'est
présentée en personne, ça a été sa vision, son leadership. Première femme et
première personne qui s'identifie à la communauté
LGBTQ pour représenter sa nation. C'est vraiment une personne d'exception et
c'est sûr qu'on souligne sa vision et
son leadership. C'est remarquable et, vraiment, le volet social de ce projet,
c'est vraiment très intéressant et vraiment à suivre.
Par
contre, et je vais prendre le mémoire qu'ils ont soumis... Alors, pas «par
contre», je dirais, je vais souligner, le rapport qu'on a reçu, c'est seulement en anglais, alors je vais juste
lire une petite... quelques sections, les points principaux. Ce qu'ils nous disent par rapport au partenariat
entre la nation mohawk et Hydro-Québec, c'est qu'il fait en sorte que, et là je cite en anglais, «will provide the MCK — et MCK,
ici, c'est le Mohawk Council of Kahnawake — with a financial stake in the infrastructure located on its lands. The MCK will receive revenues from its
ownership stake. Aside from the purely monetary
benefits of the Hertel Line, Kahnawake will benefit from the following...»
Et là ils ont six points, et je
cite : «The MCK will be represented at the board level in the corporate
entity that will own the Hertel Line proportional to
its minority equity interests in the project.»
Two : «Hydro-Québec will look to
provide contract opportunities to Kahnawake workers during the construction phase.» Et on a compris que les
Mohawk, ils ont une citoyenneté double, Canada, États-Unis. Ça va leur
permettre de travailler des deux côtés de la frontière.
Troisième point : «The MCK has
already participated in a land use study, which details how we exploit our
traditional rights on the affected lands.»
Quatrième point : «The MCK will
have input in the environmental assessments.» Et ça, je m'attarde là-dessus parce qu'encore une fois on n'a pas le rapport du BAPE, mais l'approche que la
grande cheffe a présentée, leur approche, l'approche autochtone
vis-à-vis ces enjeux environnementaux... ils prennent une approche de sept
générations. Ils regardent sept générations à l'avance pour voir quels seront
les impacts dans sept générations. Donc, c'est vraiment une perspective à long terme. Et d'ailleurs, le concept de
développement durable, c'est basé en partie sur ces principes autochtones de
vraiment regarder vers le futur, et
c'est-à-dire que... comment on peut combler les besoins des générations présentes,
maintenant, sans pour autant nuire
aux besoins des futures générations. Donc, c'est vraiment ça, le développement
durable. Donc, j'ai trouvé ça très
intéressant, leur perspective des sept générations et aussi le fait que le MCK,
ils vont avoir un rôle à jouer vis-à-vis les rapports environnementaux.
Cinquième
point : «The MCK will have input in archaeological [studies, surveys] and
excavations.»
Et sixième et dernier point :
«The MCK will have an archaeologist or archaeological technician onsite to
ensure any archeological interests are flagged and
considered during the construction phase.»
Ils soulignent aussi que «Hydro-Québec has [...] agreed to pay fair and equitable
compensation for its continued use of our lands.» They
talk about... Ils parlent de «joint ownership of the Hertel Line».
• (12 h 40) •
Donc, c'est
vraiment... je cite ça, M. le Président, leur mémoire, parce que c'est vraiment
sans précédent ici, au Québec, et je
trouve qu'au niveau de la réconciliation... et même, moi, j'aime même parler de
réconcili-action. C'est vraiment la réconcili-action, c'est très
concret. Alors, on suit ça de très près.
Alors là, on
a parlé du volet économique. On n'a pas réussi à parler du volet
environnemental, parce qu'on attend toujours le rapport public du BAPE. Et on a
parlé, maintenant, du volet social. Alors, un projet très intéressant à suivre.
Alors,
peut-être, pour compléter, je voudrais souligner qu'il y avait un enjeu aussi
au niveau des pouvoirs d'expropriation
du gouvernement à Hydro-Québec. Alors, afin d'accélérer le processus
d'expropriation, il prévoit aussi de retirer le droit de contestation de
l'exproprié. Nous étudierons donc le projet de loi de manière attentive pour
nous assurer que les droits des
personnes expropriées soient respectés. On a compris qu'Hydro-Québec, ils ont
dit que, dans la plupart des cas, je
pense que c'est 95 % des cas, ça se fait à l'amitié, ça se fait à
l'amicale, mais, dans 5 % des cas, ça devient un peu plus
compliqué. Donc, on va suivre de très près, M. le Président.
En terminant,
il y aurait de nombreux éléments à surveiller. Et je suis contente de
participer... J'ai été contente de participer aux consultations particulières.
Je compte participer aussi aux prochaines étapes, dont l'étude détaillée, après
le vote. Et, bien que le contrat
d'exportation d'électricité avec New York rapporte potentiellement des
sommes importantes à Hydro-Québec, il
est nécessaire que le processus de la ligne de transmission soit rigoureux et
respectueux des enjeux sociaux et environnementaux.
Alors, comme
je l'ai dit, ça été un privilège d'entendre les groupes lors des consultations.
Je suis confiante qu'ils nous ont
éclairés, ils ont éclairé les membres de la commission, et afin de bonifier le
projet de loi. Et on suit de très près ce
projet-là et les prochaines étapes et on attend toujours le rapport du BAPE. On
va surveiller ça de très près, on va faire nos réflexions. Et on veut que les choses se déroulent en ordre, de façon
éclairée et pas trop précipitée non plus, parce que les enjeux et les
précédents, M. le Président, sont très importants pour le Québec. Merci
beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Prochain intervenant, M. le
député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci,
M. le Président. Je voudrais commencer par une mise en contexte. Ce projet de
loi est un des nombreux projets de loi, qu'on étudie ou qu'on va étudier, qui
touchent à la question énergétique, et, comme vous le savez, notre formation
politique s'inquiète depuis le début de la vue d'ensemble qui entoure tous ces
projets de loi. On a déjà eu le projet de loi concernant les tarifs
d'Hydro-Québec il n'y a pas longtemps. Quel est... Quel rôle jouent les tarifs
d'Hydro-Québec dans la transition énergétique, qui est vraiment importante? Il
n'est expliqué nulle part. Y a-t-il une stratégie
contre le gaspillage énergétique? Non plus. Y a-t-il une idée de faire autre
chose que de transformer Hydro-Québec comme
une taxe privée pour les citoyennes et les citoyens? Non plus. Par contre, il y
a une volonté de donner des superpouvoirs au ministre de l'Économie. Donc, qui il veut pluguer ou pas, basés sur
quels critères, qui définit les critères, tout ça est nébuleux, et pas
public, et, en fin de compte, dans les mains du ministre uniquement, qui ne
nous donne pas cette vue d'ensemble.
Aujourd'hui,
on parle de la connexion avec New York pour l'électricité. C'est, dans les
principes, peut-être une très bonne
idée étant donné qu'effectivement il se pourrait qu'envoyer de l'électricité
propre qu'on produit ici, au Québec, participe
à la baisse des gaz à effet de serre. Je dis «il se pourrait», parce que
le gouvernement nous a parlé de 44 % de diminution d'électricité... d'énergie sale à New York ou... non,
d'enlever, je ne sais plus, 1 million de voitures et puis... toutes sortes
de chiffres de ce qu'on enlèverait, mais, dans les faits, il n'y a rien qui
serait enlevé. On nous a parlé de 15 centrales, l'équivalent des 15... des 16 centrales à gaz
qui existent, qui créent l'électricité à New York. Il n'y a
absolument aucune garantie qu'on va
en faire même ne serait-ce qu'une, étant donné que, si on continue à penser que
consommer de l'énergie indéfiniment plus...
bien, il peut arriver tout simplement qu'on continue à créer autant de GES tout
en consommant effectivement l'électricité hydroélectrique que le Québec
leur fournit.
Donc, déjà,
effectivement, le problème est mondial. Et tout kilo, toute tonne de gaz à
effet de serre qu'on enlève quelque
part, bien, c'est important. Ceci étant dit, les garanties qu'on les enlève ne
sont pas là, et il n'y a rien, rien, rien qui prouve qu'il va se passer cette garantie. La seule garantie qu'on a,
c'est les objectifs de diminution de gaz à effet de serre de la ville de New York, et on espère
que, sur ce plan-là, la ville de New York va avoir des chiffres, des
métriques, des tableaux de bord et un plan beaucoup mieux structurés que
celui du Québec, évidemment, qu'on attend encore.
Encore une fois, cette législation vient dans un
spectre plus large. Et peut-être le seul plan qu'on a actuellement qui est public, c'est le plan stratégique
d'Hydro-Québec, qui a été déposé maintenant il y a à peu près un an, un peu
plus qu'un an. Et, encore une fois, on n'a pas les informations dont on
a besoin comme législateurs ou dont les Québécoises et les Québécois ont besoin pour pouvoir juger de la situation et
prendre les décisions éclairées que nous devons prendre en tant que
législateurs, étant donné que, vous le savez, M. le Président, le gouvernement,
jusqu'à ce jour, refuse que Mme Sophie
Brochu, P.D.G. actuelle d'Hydro-Québec jusqu'au 11 avril, vienne
s'exprimer en commission pour nous décrire le plan stratégique qu'elle a
produit.
Le
gouvernement nous parle aussi de créer des nouveaux barrages. On ne sait pas
sur quelle base, on ne sait pas comment il va négocier des plans avec
nos voisins au Canada. Encore une fois, quelle est la place de ces
infrastructures dans le spectre beaucoup
plus large qu'est la transition énergétique du Québec? On ne le sait pas et on
doute, à ce stade-ci, que le gouvernement lui-même, en fait, le sait.
Il y a
évidemment... Et là on est en train de parler d'exporter une énorme partie
d'énergie, de notre énergie qu'on produit,
à New York. Et, encore une fois, on ne le sait pas si c'est une bonne
idée. On ne le sait pas. Pour le savoir, nous, on écoute la société civile, on
écoute les experts. Et qu'est-ce qu'ils nous disent? Ils nous disent : On
manque d'information. Ils nous
disent : On veut un BAPE générique pour pouvoir rassembler, justement,
cette vue globale, comprendre est-ce qu'il est raisonnable de dire que nous
allons transformer tout notre parc automobile basé sur des voitures à essence
avec des voitures électriques, est-ce qu'il est raisonnable de créer
toutes ces batteries, est-ce qu'il est raisonnable d'importer de nouvelles
industries plutôt qu'électrifier toutes celles qu'on a déjà, est-ce qu'il est
raisonnable, basé sur des faits. Et actuellement, les faits qu'on a ne
suffisent pas à prendre des décisions. Tout ce qu'on a, c'est des déclarations
souvent contradictoires, d'ailleurs, d'un ministre de l'Énergie sur la question
de la transition.
Même
quand on a posé la question à Hydro-Québec, en leur disant : Vous savez,
il y a un plan stratégique que vous avez
fourni, il doit être basé sur des objectifs de diminution de gaz à effet de
serre, des objectifs, des politiques publiques pour optimiser la consommation énergétique, pour pouvoir être... pour
pouvoir en consommer moins, voire même, évidemment, aussi, des objectifs de sobriété énergétique, c'est-à-dire
non pas faire plus avec autant d'énergie, mais carrément faire moins ou consommer moins d'énergie,
Hydro-Québec a dû déduire ces chiffres. C'est des chiffres qui n'étaient pas...
ils n'ont pas été fournis par le
gouvernement, ils ont dû déduire les chiffres en disant : On pense qu'en
fonction de telle politique publique
ça devrait être ça. On pense que, s'ils veulent vraiment atteindre, en 2030,
leur 35 % de diminution de gaz à effet de serre, ça devrait être
ça. Ce n'est pas normal, M. le Président. Ce n'est juste pas normal.
• (12 h 50) •
Et donc on
pense qu'il serait temps d'avoir ce BAPE générique qui nous permettrait de
jouer sérieusement notre rôle de
législateurs et de savoir est-ce que c'est, oui ou non, une bonne idée
d'exporter autant d'énergie, sachant que tout le monde nous parle de pénurie d'électricité d'ici 10 ans. Tout le
monde nous en parle, mais on ne sait pas exactement pourquoi,
évidemment, parce qu'on n'a pas les informations.
Le ministre
de l'Énergie nous a dit : Un BAPE générique, c'est beaucoup trop long, ça
pourrait prendre deux ans. Alors,
évidemment, deux choses à dire. Premièrement, ce n'est pas le ministre de
l'Énergie qui est en charge du BAPE. C'est toujours étonnant de voir qu'il y a des porte-parole ministres d'autres
ministres. Mais deuxièmement, et c'est le plus important, c'est qu'il ne semble pas du tout savoir comment
fonctionne un BAPE étant donné que c'est au ministre, justement, en charge de décider du temps alloué à ce BAPE et
que, sur le dernier quart de siècle, aucun BAPE n'a dépassé... BAPE générique
n'a dépassé les 10 mois. À part le tout
premier BAPE, qu'on a fait en 1900, donc il y a 125 ans, qui a duré deux
ans, aucun n'a duré plus de 14 mois.
Donc, on est
toujours étonnés, donc, de cette volonté, en fait, de ne pas avoir de
transparence face aux Québécoises et
aux Québécois et évidemment face aux législateurs qui sont portés aujourd'hui à
prendre une décision. Il y a eu un BAPE pour ce projet, ma collègue le
rappelait il y a quelques instants, et, pour des raisons qui nous dépassent, le
rapport n'est pas public. Il n'est pas
public aujourd'hui, alors que nous allons décider si on vote le principe ou
pas. Il n'est pas public demain, alors
que nous avons compris qu'il y a une volonté de commencer l'étude article par
article avant même que nous ayons accès au rapport du BAPE.
Pourtant, il
y a certaines inquiétudes qui entourent ce rapport étant donné que la lettre de
désistement du BAPE pour la présence
en commission parlementaire signifiait qu'il y avait un certain nombre d'enjeux
que nous, comme législateurs, nous ne connaissons pas. Et on ne pense
pas qu'il est professionnel, démocratique, transparent, que c'est de la saine gouvernance de nous obliger à prendre une décision
basée sur des informations qu'on n'a pas et que le gouvernement a, lui,
depuis, en fait, plusieurs mois. Pourquoi? Pourtant, le projet, encore une
fois, a priori, on n'est pas contre. Pourquoi?
Ma collègue saluait la collaboration exceptionnelle
qu'il y a eu avec les Mohawks, les groupes des Premières Nations. Quand on connaît l'histoire douloureuse
qu'Hydro-Québec a eue, à travers les dernières décennies, dans les rapports
avec les Premières Nations, dans les
terrains, dans les expropriations, dans les terrains qui en... sous l'eau
maintenant, et qu'il a fallu des
luttes, il a fallu la «Paix des Braves», il a fallu des luttes importantes des
Premières Nations, il a fallu des commissions,
et on se retrouve aujourd'hui, pour la première fois, avec un accord
gagnant-gagnant, qui s'est fait dans le respect, nous, on ne peut que
saluer ce genre de situation.
On nous parle
de diminution de gaz à effet de serre à New York. On ne peut que saluer la
diminution de gaz à effet de serre à New York, même si, évidemment, on
n'a aucune garantie qu'il va y avoir des diminutions dans la production
actuelle d'électricité sale à New York.
Et donc, rendu là, mais pourquoi on n'a pas
toutes les informations dont on a besoin pour légiférer? Et je vous avouerais
que, de ma courte expérience de député, j'ai du mal à m'expliquer la situation.
Je n'aurais pas cru, d'ailleurs, que c'était
le genre de situation qu'on vit. Et, en fin de compte, ce qu'on comprend, c'est
que le manque de transparence est de
mise dans les pratiques du gouvernement actuel et, en fait, ça empire quand on
parle de transition énergétique, probablement pour manque de
planification et de plans.
Donc, sur le fond du projet, le contrat de New
York semble être un bon projet. Donc, considérant les éléments mentionnés précédemment, nous devons
respectueusement décliner, en fait, cette idée d'avoir un avis sur un projet de
loi où nous avons une information
aussi importante que ce document du BAPE. Le ministre doit nous divulguer les informations demain, le plus tôt possible, pour
qu'on puisse avoir un débat constructif lors de cette étude article par
article, qui probablement se passera
très, très vite, encore une fois, étant donné qu'a priori le contrat avec New
York est un bon contrat. Il avantage
Hydro-Québec, il va rapporter effectivement beaucoup d'argent. On parle de
30 milliards de revenus pour Hydro-Québec.
Évidemment,
on ne pense pas à la même chose de tous les contrats et on pense spécifiquement
au contrat avec le Massachusetts qui,
lui, demandera beaucoup plus de réflexion et, à nos yeux, est probablement un
bien, bien moins bon, voire un
terriblement mauvais contrat, encore une fois, étant donné les besoins
énergétiques du Québec qui s'en viennent.
On note que
le projet de loi comporte, comme je l'ai déjà dit, la collaboration avec le
Conseil mohawk de Kahnawake et semble
permettre un partage des revenus associés avec le passage de la ligne sur leur
territoire, ce qui semble une bonne nouvelle.
Le conseil mohawk est venu nous dire qu'il était entièrement satisfait de leur
entente. On souhaite que le même genre d'entente se répète avec d'autres
communautés.
Par contre, nous avons des questionnements, et
nous les relèverons dans l'étude détaillée, par rapport au projet de loi. Nous craignons que la création de la
filiale d'Hydro-Québec soustraira la gestion de cette ligne à la régie et
permettra à Hydro-Québec de
sous-traiter l'entretien de la ligne à d'autres travailleurs que ceux
d'Hydro-Québec, comme pourtant est leur obligation aujourd'hui. Nous avons
entendu Hydro-Québec nous rassurer sur ce point. Nous allons évidemment
rentrer dans les détails avec le ministre. Parce que, si on se fie aux autres
projets de ligne gérés de la même manière, comme l'interconnexion CRT, donc Cedar Rapids Transit,
l'utilisation d'une filiale permet à Hydro-Québec de faire toutes sortes
de tours de passe-passe juridiques avec des frais de transport chargés pour
camoufler une partie des profits.
Nous craignons aussi
que l'utilisation d'une filiale permette à Hydro-Québec de se soustraire aux
contraintes concernant le recours aux
entrepreneurs externes, comme c'est le cas pour la ligne d'interconnexion CRT,
semblable à ce que le projet de loi
n° 13... Évidemment, nous sommes conscients qu'il y a des différences,
parmi elles le fait que la ligne CRT sort, donc, du Québec, alors que la
ligne dont on parle aujourd'hui s'arrête à la frontière avec les États-Unis.
En
conclusion, nous espérons que l'étude détaillée du projet de loi permettra de
répondre à ces interrogations. Et, encore une fois, nous demandons au
gouvernement de ne pas attendre et de nous envoyer au plus vite le rapport du
BAPE, qui, pour une raison obscure, n'est toujours pas transféré aux
députés. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Maurice-Richard. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix
Alors, le
principe du projet de loi n° 13, Loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles
M. Lévesque (Chapleau) : Conformément à l'article 243 de notre règlement,
je fais motion afin que le projet de loi
n° 13, la Loi concernant la
ligne d'interconnexion Hertel-New York, soit déférée à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles pour son étude détaillée et que le ministre délégué à l'Économie
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : À ce point-ci de nos travaux, il reste quelques
secondes, je vous demanderais quand même de suspendre nos travaux
jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
compte tenu de l'heure, donc, nous suspendons les travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Bon après-midi, chers collègues. Je vous invite à vous
asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de
modifier la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance
afin de garantir le droit à une place en service de garde
Alors, nous en sommes
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Et, à l'article 19
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la
députée de Robert-Baldwin présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne qu'il y a deux ans, des parents à la recherche
de place en service de garde éducatif à
l'enfance créaient un mouvement sans précédent en s'unissant pour réclamer une
place en service de garde pour leur enfant et pour faire valoir leur
droit de retourner travailler;
«Que l'Assemblée nationale constate
que deux ans après la naissance du mouvement Ma place au travail, la liste
d'attente pour une place en service de garde a atteint un sommet historique;
«Que l'Assemblée nationale dénonce la
méthode de calcul caquiste qui écarte des enfants de la liste d'attente pour
une place en service de garde;
«Que l'Assemblée nationale rappelle
que tout parent devrait pouvoir décider de retourner au travail et que ce choix
commence par l'accès à une place en service de garde;
«Que
l'Assemblée nationale exprime sa profonde préoccupation quant à l'impact de la
pénurie de places sur les familles, surtout en période d'inflation;
«Qu'elle reconnaisse que l'accès à une
place en service de garde devrait être un droit, comme le droit à l'éducation;
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement caquiste de modifier la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin de garantir un droit, sans condition, à
une place en service de garde.»
Je
vous informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur
la motion inscrite par Mme la députée de
Robert-Baldwin s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à
l'auteure de la motion pour sa réplique, 53 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 30 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle,
17 min 25 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six
minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition et
1 min 30 s sont allouées à chaque députée indépendante.
Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députées indépendantes ou
par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députées
indépendantes que, si elles souhaitent intervenir au cours du débat, elles ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Robert-Baldwin. Mme la députée.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
Merci. Merci beaucoup, M. le
Président. En tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille, je suis très fière d'avoir
déposé hier à cette Assemblée mon premier projet de loi, projet de loi
n° 196, la Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin de garantir le droit de recevoir des services de
garde, un projet de loi visant à garantir le droit à une place en service de
garde éducatif, un projet de loi qui est d'une importance fondamentale, puisque l'objectif est d'assurer que chaque
enfant puisse avoir le droit à une place en service de garde au même titre que le droit à l'éducation.
Nous devons accorder la même importance au sain développement de nos
tout-petits au Québec.
Nous
avons atteint dans la dernière année un sommet historique du nombre d'enfants
inscrits sur la liste d'attente pour une place en service de garde de
zéro à cinq. Que ce soit 72 000 enfants inscrits sur la liste
d'attente du ministère de la Famille au
23 février 2023 ou 69 000 maintenant, au début du mois de
mars 2023 — et
je vais y revenir tantôt — qui
ont besoin... des enfants qui ont besoin
d'une place en service de garde d'ici, nous croyons, la fin de 2023, c'est un
nombre complètement inacceptable, et
nous devons agir. Cet enjeu doit être une priorité. Garantir l'accès à une
place en service de garde éducatif doit être la priorité de notre
société et de ce gouvernement.
Je suis fière de
reconnaître aujourd'hui, dans nos tribunes, trois membres du mouvement Ma place
au travail : Marylin Dion, la
porte-parole du mouvement, Oriane
Couchoux, et Julie Viel et son petit
bébé, Louis. Et je crois que vous êtes
à l'autre côté, je ne vous vois pas... Elles sont là? Ah! elles sont là. Merci beaucoup, mesdames, d'être ici. Parce qu'aujourd'hui
nous sommes très fiers de reconnaître tout le travail que vous avez fait pour
tous les parents, les familles qui attendent désespérément pour une
place en service de garde.
Je veux parler
quelques instants de Ma place au travail, parce que c'est un organisme très
particulier et très important au niveau de
notre société. Ma place au travail est un mouvement sans précédent qui a été
créé il y a deux ans, si on fête
aujourd'hui... je sais qu'on ne devrait pas vouloir fêter, mais on souligne
l'anniversaire, parce que je sais qu'on partage la même opinion, qu'il ne devrait plus y avoir d'enfants sur la
liste d'attente, mais, en mars 2022, le mouvement a été créé en réponse à
la pénurie de... manque de places en service de garde au Québec, un mouvement
né du cri du coeur d'une jeune mère
qui était inquiète de ne pas pouvoir terminer ses études universitaires et
entrer sur le marché du travail, faute de places en service de garde. Ses
préoccupations ont rapidement trouvé écho auprès de milliers de parents,
qui se sont regroupés virtuellement. Ma
place au travail compte maintenant au-delà de 29 000 abonnés, et vise
à faire connaître les difficultés
bien réelles que les familles rencontrent dans leur recherche d'un milieu de
service de garde, et expose les importantes
répercussions de cette pénurie de places en service de garde sur la vie
personnelle, professionnelle et financière des parents. Et aujourd'hui nous soulignons leur engagement, leur
travail acharné, leur dévouement et leur détermination à faire valoir l'importance de l'accès aux services
de garde pour les parents et pour les tout-petits. Ma place au travail est
devenue la voix de milliers de parents qui
sont désespérés de ne pas pouvoir retourner au travail en raison du manque de
places dans le réseau. Donc, nous vous remercions, madame, pour tout ce que
vous faites.
Nous
partageons leur grande préoccupation et leur frustration que, deux ans plus
tard, deux ans depuis la naissance de ce mouvement, rien n'a changé. Des
parents, souvent des femmes, doivent renoncer à retourner au travail par
manque de places en service de garde. Avec l'augmentation du coût du panier d'épicerie,
des taux d'intérêt, du prix des loyers, l'augmentation
du prix des maisons, les familles souffrent et sont prises à la gorge. Pour une
famille qui doit sacrifier un salaire
en pleine inflation parce qu'elle n'a pas de place en service de garde, c'est
tragique et c'est tout à fait inacceptable. L'anxiété, la détresse, la grande frustration et l'incertitude des
parents qui en résultent, qui résultent du manque de places, sont des
conséquences irréfutables.
• (15 h 10) •
Et parlons maintenant
de l'explosion, de la grande explosion d'inscriptions d'enfants sur la liste
d'attente en service de garde. En 2018, la
CAQ s'est fait élire en promettant des maternelles quatre ans pour tous. La CAQ
disait alors que la maternelle quatre ans allait faire disparaître la liste
d'attente pour une place en service de garde. Notre premier ministre, François Legault, avait même mis son
siège en jeu en promettant qu'il réaliserait sa promesse d'offrir la maternelle
quatre ans à tous les enfants du Québec.
Mais, cinq ans plus tard, quelle est la situation? La CAQ a renoncé à son
engagement d'offrir la maternelle
quatre ans et a fait défaut de rencontrer ses propres cibles. La liste
d'attente pour une place en service de garde n'est pas disparue, elle a
explosé, et maintenant c'est du jamais-vu.
En pleine campagne électorale, au mois
de septembre 2022, on apprenait par Radio-Canada que le gouvernement
avait changé discrètement sa méthode de
calcul sur la liste d'attente. La liste d'attente est passée, en
septembre 2022, de 52 000 enfants
à 34 000 enfants. 18 000 enfants sont complètement disparus
dans quelques semaines. Comment se fait-il? Parce que la CAQ a dit, à ce moment-là, qu'on était pour prendre en
considération la date que les parents souhaitaient obtenir une place
plutôt que d'inclure toutes les inscriptions de places 0-5.
On
arrive au début du mois de février et on questionne la ministre de la Famille
concernant, maintenant, le fameux chiffre de 34 000, d'enfants qui sont
inscrits sur la liste d'attente. On nous... Il a publié... le ministère de la
Famille publie, et on reçoit, au début du mois de février, le fameux
tableau de bord, février 2023, avec des données, et je lis ici, au 31 décembre 2022. Donc, ça, c'est le
programme, ici, du réseau, et on a toutes les données concernant le réseau du
service de garde, avec les données au
31 décembre 2022. Mais, cependant, lorsqu'on regarde les données
concernant la liste d'attente et le
nombre d'enfants inscrits sur la liste, les données ne sont pas au
31 décembre 2022. C'est au 31 décembre 2022 partout ailleurs, sauf la liste d'attente. Et, en petit,
on le voit, caractères gris très, très pâle, on voit le nombre d'enfants en
attente, 33 356, et on
dit : Nombre d'enfants prêts à intégrer un service de garde en date du
31 août 2022. Donc, ça, ça veut dire qu'en date du 31 août 2022 il y avait 33 356 enfants qui
attendaient d'être placés, qui devaient avoir une place en service de
garde, pas après, avant cette date.
On
n'a pas d'autre chiffre concernant les enfants inscrits. Et donc on questionne
la ministre à quelques reprises à ce sujet
lors de la période des questions, et la ministre continue à nous confirmer — et
même m'a dit de relire le tableau de bord — que le chiffre, il est
clair, c'est 33 000 enfants qui sont inscrits sur la liste d'attente.
C'est le chiffre, il est clair.
Donc,
le 23 février 2023, un article du journaliste Thomas Gerbet est publié, et
il prépare son propre tableau de bord, après ses recherches et son
questionnement concernant la liste d'attente, et ce que nous retrouvons au
niveau du tableau de bord, suite aux
recherches du journaliste, et je vous le montre ici, c'est que, pour les
inscriptions des enfants au niveau de... on l'a ici, on a un chiffre
total de 72 431 enfants, enfants inscrits sur la liste d'attente, pas
33 000, 72 431. Pourquoi? Parce
que nous avons 33 356, donc le chiffre du premier tableau de bord de la
ministre, les enfants qui auraient dû
avoir une place avant le 31 août 2022, mais on a un autre chiffre, qui
n'était pas inscrit sur le tableau de bord, au début du mois de février, de la ministre, et ça, c'est
le nombre de 39 075 enfants inscrits pour avoir une place entre le
31 août 2022 et jusqu'à la fin de 2023. Ce chiffre-là n'apparaît
nulle part.
Et
donc le mouvement Ma place au travail et de notre côté, on se dit :
Qu'est-ce qui se passe? On a 39 000 enfants, 39 000 familles qui sont complètement
disparues du système. Pensez à ces parents qui ont peut-être deux, trois
enfants, qu'un parent travaille parce
que la mère est au foyer et doit prendre soin de ses enfants, pensez à la
réaction de ces parents-là quand ils
ont vu qu'on ne compte pas 39 000 enfants, au Québec... Et c'est Ma
place au travail qui a pris l'initiative de lancer une campagne, la
campagne Nos enfants ne comptent pas ou Mon enfant ne compte pas. Et j'ai ici
ce qu'on m'a remis, et j'en remercie les
membres qui sont ici, de Ma place au travail, des témoignages non pas des
39 000 enfants qui ne sont
pas... qui ont disparu de la liste du ministre
de la Famille, mais plusieurs
enfants. Et nous avons les témoignages des parents qui se sentent
abandonnés, qui sont frustrés et qui ont perdu confiance, perdu confiance en ce
gouvernement.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...peut-être
rappeler à notre collègue députée que seuls les tableaux didactiques peuvent être
présentés lors de nos allocutions. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Oui. En effet, Mme la députée, vous ne pouvez pas
présenter ce type de document là. Les tableaux étaient acceptables, mais le...
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Absolument. Est-ce qu'il y a consentement pour dépôt
du document?
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Consentement. Mme la députée, veuillez poursuivre,
s'il vous plaît.
Mme Garceau :
Merci beaucoup. Donc, il a fallu
qu'un journaliste mette la lumière sur cet aspect de 39 000 enfants que la CAQ a mis sous le tapis, qui ont disparu de
la liste d'attente, et, un mois plus tard, nous avons le nouveau tableau de
bord.
Et
là on s'est dit : Bon, on doit avoir des données, une mise à jour des
données peut-être au début du mois de février. Et là j'ai regardé le tableau de bord du ministère de la Famille. Les données sont au 31 janvier 2023, donc je
me disais : Bon, on va avoir mis
la liste d'attente des enfants à jour. Cependant, quand on regarde concernant
les enfants en attente, au numéro 4, on
voit le nombre de 32 359, les enfants qui sont en attente d'une place
qui... une place souhaitée avant le 31 octobre 2022, pas au 31 janvier 2023. Donc, on a fait une
mise à jour de... On est allés du 31 août 2022 au 31 octobre 2022, on
a fait une mise à jour de deux mois. Et là qu'est-ce qui est arrivé avec
le 39 075 enfants qu'on n'avait pas comptabilisé dans le premier
tableau de bord? Bien là, il faut regarder comme il faut parce que, là, il faut
agrandir les caractères, parce que c'est
à... complètement au bas du tableau. Et là on voit 36 434 enfants
inscrits dont la date de fréquentation souhaitée est ultérieure au
31 octobre 2022.
• (15 h 20) •
Pensez-vous
que de publier un tableau de bord de cette façon pour les parents... Là, je
parle aux parents et je vais véhiculer,
exprimer leurs sentiments. Quand on voit une mise à jour... Ça fait peut-être
un an, un an et demi qu'on attend une place, et en regardant ce tableau de bord,
est-ce que vous pensez que ces parents savent quand est-ce qu'ils vont avoir
une place? On n'a même pas mis une date de
fin. Est-ce qu'on veut dire... «Ultérieurement», ça veut dire dans les
prochains six mois, d'ici la fin de
l'année? Je vais présumer que c'est d'ici la fin de l'année. Mais on ne le sait
pas. Et donc on est en train de garder
les parents... Est-ce que c'est 36 000 parents,
maintenant, au lieu de 39 000,
qui sont complètement dans le noir
parce qu'ils n'ont aucune idée quand est-ce qu'ils vont avoir une place en
service de garde? Et là je parle aux femmes, parce que ça, ça veut dire qu'il y a 36 000 femmes, peut-être
39 000 femmes, qui ne peuvent pas retourner sur le marché du travail, qui doivent mettre leur carrière de
côté, qui doivent mettre peut-être des avantages, des fonds de retraite de côté
parce qu'ils n'ont pas de place en service
de garde. J'aimerais prendre quelques instants pour lire deux témoignages, des
parents qui font partie, on va dire, du 36 000.
«C
est une mère monoparentale...» Et je peux vous donner une copie par la suite,
M. le Président. «C'est une mère monoparentale
d'un poupon de moins de 18 mois, préposée aux bénéficiaires en Montérégie,
qui est en attente d'une place depuis
la fin de ses prestations RQAP en septembre 2022. C reçoit 800 $ par
mois en allocation familiale pour des dépenses mensuelles de base de plus de 1 300 $. Contrainte à prendre un
congé sans solde faute de place, elle subvient à ses besoins et à ceux
de son bébé grâce à l'héritage reçu suite au décès d'un de ses proches.»
Et
elle dit : «Bonjour, je suis [...] monoparentale. J'ai ma fille
24 sur 7, aucune aide du papa. Financièrement, je n'y arrive
[pas]. Ma fille va avoir 15 mois. Je suis sur la liste d'attente 0-5
depuis le début de ma grossesse.»
«I
est une travailleuse de la santé et mère d'un poupon de moins de 18 mois dont
le père est souvent en déplacement pour de longues durées pour des
raisons professionnelles. I n'a pas pu retourner travailler à la fin de son
RQAP en octobre 2022. Le couple a
utilisé plus de 10 000 $ de leurs économies afin de subvenir aux
besoins de leur famille du fait de la perte de revenus de C, puisque le
salaire du père ne permet pas de couvrir l'ensemble des dépenses familiales. Ce
montant est amené à grossir au cours des prochains mois puisque le couple n'a
toujours pas de place pour leur poupon.»
Et
la maman dit : «Ma fille a 13 mois. Mon congé de maternité est terminé
depuis octobre. Je suis donc à la maison avec elle sans salaire depuis
trois mois, et mon conjoint travaille. Étant loin de notre famille, et du fait
des longues absences de mon conjoint pour
son travail, il n'est pas possible de faire des arrangements avec les
grands-parents. Et comme je suis seule il m'est impossible de me trouver un
travail à temps [plein] de soir, par exemple. Malgré les recherches et
les nombreux appels, nous sommes toujours
sans place en garderie. Et, comme mon conjoint risque de se faire muter cette
année, nous devrons déménager et recommencer à zéro nos recherches.»
Il
y a un manque de transparence de la ministre de la Famille concernant le vrai
chiffre des enfants inscrits qui ont besoin
d'une place en service de garde, et, en raison de ce manque de transparence,
tout ce que ça fait, c'est : on a de plus en plus de parents qui sont frustrés, angoissés, stressés, et c'est
devenu des parents qui sont vraiment égorgés par tout ce qui se passe.
Le
Québec traverse une crise sans précédent. Jamais la liste d'attente pour avoir
une place en service de garde n'a été aussi longue et jamais le Québec n'a
traversé une telle crise de pénurie de main-d'oeuvre. Les entreprises ont
besoin de leurs employés, mais un bon nombre d'entre eux ne peuvent pas
retourner au travail par manque de places en service de garde. Et les parents qui ne peuvent pas retourner au travail par
manque de places crient à l'aide. L'épicerie coûte plus cher, le logement coûte plus cher. Le taux
d'intérêt augmente. L'accès à la propriété se transforme tranquillement en un
rêve inaccessible. Ces familles ont besoin
de places en service de garde, mais elles sont très lucides, elles savent que
ça ne va pas arriver demain matin.
Mais, d'ici là, nous avons une responsabilité, ce gouvernement a une
responsabilité de les aider. Et nous
pouvons les aider en prolongeant, évidemment, le RQAP au moins de six mois pour
les familles qui n'ont pas accès à
une place en service de garde. Il faut vraiment aider les familles. C'est une
solution simple, j'espère que vous allez agir rapidement. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Documents déposés
Je
comprends que vous vouliez déposer les témoignages que vous avez lus tout à
l'heure. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt du document?
Il y a consentement.
Et
je voudrais rappeler amicalement à l'ensemble des collègues qu'il est très
important de nommer les collègues par
leur titre et non par leur nom ou prénom. Alors, je rappelle ça à l'ensemble
des parlementaires ici présents cet après-midi.
Alors,
je suis prêt à reconnaître la prochaine intervenante. Alors, ce sera Mme la
ministre de la Famille. La parole est à vous, Mme la ministre.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, avant de commencer, vous allez me permettre de saluer mon
adjointe gouvernementale, qui est là et qu'on va entendre tantôt, avec grand
bonheur, nous parler, justement, de
la liste d'attente et nous parler des projets pour encore mieux desservir les
parents, mais mon confrère, aussi, de Beauce-Sud, qui est... qui était là, qui va réapparaître dans
quelques minutes, j'imagine, ma collègue de Rivière-du-Loup-Témiscouata, qui
va aussi nous entretenir de ce qui se vit en
termes de services de garde au Québec et dans sa région, à tous les collègues
de cette Chambre.
Puis
je vais remercier particulièrement la députée de Robert-Baldwin pour cette
interpellation. Parce qu'on va d'abord commencer par expliquer pourquoi
on est ici aujourd'hui. Et ce n'est pas moi qui vais vous en parler, ça va être
par l'intermédiaire d'un éditorial de l'Association des cadres des CPE du
Québec, M. le Président, que je vais déposer.
Alors, Mme Élyse Lebeau, en date du
1er mars 2003, dans l'éditorial...
Une voix : ...
Mme Roy (Verchères) : ...2023, 2023, dans l'éditorial qui s'intitule Liste d'attente
versus développement... Parce qu'on
a tenté de faire une guérilla de chiffres plutôt que d'aller vers l'essentiel,
c'est-à-dire faire des places. Et Mme la directrice générale nous mentionne : «Si la
problématique du manque de places subsiste encore, en voici quelques
raisons : N'oublions jamais tout
le mal que nous ont fait les années libérales. Entre 2003 et 2018, avec une
très brève pause péquiste en 2012, les CPE
ont été victimes de coupes, de rationalisation et, surtout, se sont vu imposer
l'arrêt complet de leur développement.»
Alors,
c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui en interpellation, parce que les
places n'ont pas été faites, n'ont pas été mises à la disposition des
parents. C'est pour ça qu'on a des témoignages comme on entend aujourd'hui.
Mais
nous, face à ce constat, on est arrivés au gouvernement, on a constaté la
situation, M. le Président. On a lancé le
Grand chantier pour les familles en octobre 2021 avec le désir clair de
compléter le réseau des services de garde éducatifs. Non pas le couper,
non pas le rationaliser, non pas cesser son développement, mais, bien au
contraire, de le compléter.
• (15 h 30) •
C'est
quoi, les objectifs du grand chantier? Je pense qu'il faut le dire, c'est
important de le dire, parce que c'est créer suffisamment de places pour répondre aux besoins des familles
québécoises. Contribuer à une plus grande équité entre les familles. Oui, parce que tout le monde n'a pas les
mêmes moyens et qu'effectivement, quand on a une petite famille, on a de
jeunes enfants, ça coûte cher, on veut
contribuer à cette plus grande équité. Accroître l'efficacité du réseau pour
mieux le développer, et d'ailleurs,
vous allez le voir, je vais vous en présenter, on a fait des actions pour
s'assurer d'être plus efficaces, plus
agiles. De développer plus rapidement le réseau des services de garde au Québec.
Consolider la garde en milieu familial, qui avait commencé à décroître en 2014, sans arrêt, une pente
descendante, la pandémie a rendu le problème encore plus majeur; aujourd'hui, on est dans une autre situation. Assurer une
présence de main-d'oeuvre de qualité et en nombre suffisant, parce que, ça
aussi, quand on veut offrir des places, M. le Président, il faut qu'il y ait la
main-d'oeuvre. On veut mettre en place
les structures, les infrastructures, mais on a aussi besoin de ces éducatrices
si précieuses dans nos milieux de garde, au Québec. Remettre l'égalité des chances au coeur de notre action. Et
ça, ça veut dire aussi prendre soin des familles plus vulnérables, plus isolées, leur permettre d'avoir
accès à des services de garde de qualité, des services importants pour leurs
enfants.
Alors,
quand on dit que la CAQ, c'est le parti des familles, bien, c'est vrai, puis le
Grand chantier pour les familles, c'en est un exemple très clair. C'est
notre phare pour arriver à l'objectif de compléter le réseau.
En juin 2022, on a
adopté le projet de loi n° 1. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement?
L'obligation, pour le ministre, de prendre
les moyens pour que l'offre de service réponde à la demande. Alors, oui, on
fait des mises à jour à tous les
mois, on le suit dans les régions, et ça, c'est important, parce que c'est
comme ça, M. le Président, qu'on va pouvoir s'assurer que les places
sont disponibles aux bons endroits dans toutes nos régions du Québec.
Mais
l'offre ne répond pas toujours à la demande. On le voit, il y a de la
migration. On l'a vu, là, suite à la pandémie, on a vu des régions où la migration est rendue positive. Ils ont besoin
de services, ils ont besoin de services de garde parce que la population a décidé de rester dans sa
région, parce que la population a décidé d'aller vivre dans cette région-là,
parce qu'il y a des usines qui se
développent dans ces régions-là, au Québec, parce qu'on occupe notre
territoire. Alors, il faut justement être capables de s'adapter, et ça,
concrètement, dans la loi n° 1, bien, ça veut dire que, quand on voit que
ça ne répond pas à la demande, bien, on a
six mois pour faire un appel d'offres pour pouvoir, justement, mettre en place
ce qu'il faut pour répondre à ces besoins-là.
La
loi n° 1, aussi, c'était la possibilité de mettre
rapidement en place des places temporaires. Parce qu'on le sait, un centre de
la petite enfance, ça peut prendre jusqu'à deux ans et, malheureusement,
souvent, ça a été bien plus long que ça pour être mis en place, donc.
Mais nos parents, ils en ont besoin aujourd'hui, des places. Donc, on a ouvert
cette possibilité, pendant que le tout
chemine, que le dossier chemine, de, justement, pouvoir offrir à nos familles
des places temporaires. On a permis l'augmentation de la capacité à
100 enfants dans les installations, l'abolition de la limite de
300 places par CPE.
Un
beau projet aussi qu'on a mis en place, un beau projet pilote extraordinaire,
la possibilité de créer des milieux de garde en communauté et en entreprise, M.
le Président. Et là ma consoeur va vous en parler un peu plus tard, mais
on a vraiment aussi de beaux succès, et ça
répond vraiment à un besoin plus grand d'agilité, un besoin aussi de mieux
répondre à des besoins dans des milieux particuliers, particulièrement au
niveau des entreprises, hein? On est en pleine pénurie de main-d'oeuvre, alors de là l'importance de pouvoir
aussi offrir en entreprise, puis c'est une bonne façon d'avoir de la rétention
au niveau des employés quand on offre un service comme celui de milieu de garde
en entreprise.
Le
grand chantier prévoit aussi une refonte complète du guichet unique et des
politiques d'admission. Mon adjointe gouvernementale
va vous en parler tout à l'heure, elle y travaille très fort, et ça aussi, ça
va aider, M. le Président, à soutenir, soutenir nos familles, soutenir
nos enfants et avoir encore plus de transparence.
Notre
priorité, là, elle est claire, elle reste la même, c'est de compléter le réseau
et d'assurer l'équité entre les familles du Québec. Ce n'est pas de faire un débat de chiffres. Puis, oui, on a
rajouté des chiffres, au niveau du tableau de bord, pour justement ne pas perdre notre temps à faire des
débats de chiffres, mais mettre notre temps, notre énergie et l'argent du
Québec à développer des places. Je vais y revenir plus tard.
Notre
objectif : création de 37 000 places. Alors, c'est notre
objectif au moment du lancement du Grand chantier pour les familles,
37 000 places subventionnées de service de garde pour compléter ce
réseau-là. Dès mon arrivée en poste, j'ai
demandé aux équipes de travailler pour mettre en place le tableau de bord.
Alors, pour répondre à ma collègue de
Robert-Baldwin, j'ai grossi les chiffres, au deuxième tableau de bord, pour
être sûre qu'on les voit très bien, hein, j'en ai ajouté, on l'a bonifié. Notre objectif, c'est que ce soit... le débat
ne se fasse pas sur des chiffres, mais qu'on ait l'information. Et, en plus de ça, il est mis à jour
mensuellement. Alors, oui, on a des chiffres qui vont être mis à jour. Et, pour
les enfants en attente, on a gagné un mois, on a réussi, dans le dernier
mois, à récupérer un mois de retard sur les données.
Et
il y a des chiffres importants aussi sur le tableau de bord. Ce serait
intéressant, M. le Président, qu'on regarde les chiffres qui sont importants
sur le tableau de bord. Alors, ils sont écrits en gros, aussi gros que le
nombre d'enfants en attente :
1 322 places dans le mois de janvier, 1 322 places
subventionnées pour des familles du Québec, pour des parents, des mères, des pères qui attendent des places. Ce
sont des vraies places avec des vrais enfants, et c'est des vrais chiffres. Et,
oui, chaque mois, on va pouvoir le suivre et, si les chiffres ne sont pas
encore assez gros, je vous le dis, M. le Président, on va les grossir.
C'est
aussi... Je vous ai donné seulement le mois, mais je n'arrêterai pas là, parce
que le travail n'a pas commencé au 1er janvier 2023. Durant
l'année 2022, on a créé plus de 7 000 places. C'est un record.
Dans les 15 dernières années, il n'y en
a jamais eu autant, de places qui ont été ouvertes, offertes aux familles du
Québec. Non, ce n'était pas possible de rattraper 15 ans en six mois, parce qu'il faut les construire, il
faut former nos éducatrices, il faut mettre en place les choses.
Le taux de
réalisation du réseau est rendu à 90,9 %, presque 91 %. Notre
objectif... Et je les comprends, les parents qui ont de l'inquiétude puis qui
vivent du stress pour avoir des places, puis je le comprends comme maman, comme
grand-maman. Alors, on va continuer de
travailler là-dessus, là-dessus, augmenter l'offre pour les familles. Les
places subventionnées, depuis le grand
chantier, ont passé de 74 % à 77 % dans l'ensemble des régions du
Québec. Non, ce n'est pas suffisant. M. le Président, on va encore mettre de l'énergie pour augmenter encore ce
pourcentage-là, idéalement jusqu'à 100 %, parce que je pense que la
majorité des parents au Québec veulent une place subventionnée pour leurs
enfants.
On a
actuellement en réalisation 28 887 places, en chantier. Ça, c'est du
travail qu'on fait pour s'assurer, justement, qu'on va de plus en plus vite et
qu'on est capables d'offrir les places pour les enfants. Depuis le grand
chantier, c'est 8 300 places.
C'est des pères, c'est des mères. Mais on ne le fait pas tout seuls. Dans ce
réseau de services de garde à l'enfance, on travaille avec des partenaires. Puis d'ailleurs je veux souligner un
beau projet, parce qu'on travaille en dehors de la boîte quand il le faut, de
l'Association québécoise des CPE. Avec eux, on a travaillé un appel d'offres de
100 millions de dollars pour la construction de 43 CPE
modulaires pour aller plus vite, pour être plus efficaces. Et on va retrouver
ça dans les différentes régions du Québec. M. le Président, c'est du jamais vu
dans l'histoire du ministère de la Famille.
• (15 h 40) •
Je vais vous
parler de milieu familial parce que, oui, on a vécu une perte, je le
mentionnais, 2014, on a commencé à
diminuer, la pandémie, avec les restrictions, chacun dans les maisons, on a
vécu des pertes en milieu familial. Non seulement on a arrêté l'hémorragie, donc la descente du
nombre de places en milieu familial, mais on a créé 3 700 places
depuis le lancement du grand chantier. C'est donc dire que ce qu'on a
mis en place, les initiatives qu'on a mises en place pour la rétention et
l'attraction des services de garde en milieu familial ont eu de l'effet :
incitatifs financiers pouvant aller de
3 500 $ à 6 000 $, allègements réglementaires, augmentation
de la durée de la reconnaissance de trois à cinq ans et le projet pilote, M. le Président, dont j'ai
entretenu la Chambre tantôt, c'est-à-dire nos services de garde en communauté
et en entreprise.
J'y crois
beaucoup parce que c'est efficace et rapide, c'est agile. Ça ne répond pas à
tous les besoins, mais je pense que
la force de notre réseau, c'est sa diversité, c'est de pouvoir s'adapter aux
milieux, aux besoins des enfants. Et c'est un bel exemple, avec ce projet pilote
là, j'en fais la promotion. J'ai fait un webinaire avec la Fédération des
chambres de commerce du Québec. Je
multiplie les rencontres dans le milieu d'affaires, et l'intérêt est vraiment
très là. Je rencontre les municipalités, les grandes, les petites, les MRC, et
ça fonctionne, parce que, selon les chiffres les plus récents que j'ai en main,
on a 100 projets pilotes qui ont été déposés au ministère. Et ma collègue
pourra vous donner des exemples, tout à l'heure, de beaux succès à ce
niveau-là. Ça représente 825 000 nouvelles places, et ça, de façon
très rapide, très agile. Et c'est ça,
concrètement, M. le Président, que je veux mettre en oeuvre, travailler à
m'assurer qu'on développe et qu'on offre aux familles du Québec ce
qu'elles souhaitent.
Parlant de partenaires, parce que je vous
mentionnais...
(Interruption)
Je vais en profiter pour une petite gorgée d'eau. Parlant de partenaires, je
vous mentionnais à quel point la diversification de notre réseau, c'est une
richesse, mais on ne peut pas le faire tout seul. On travaille avec des
partenaires essentiels, puis je veux le souligner, leur travail, parce qu'ils
sont là au jour le jour et ils travaillent comme nous, au ministère de la Famille, comme moi, comme ministre de la
Famille, ils travaillent avec toute leur volonté, tout leur dynamisme pour créer des places, pour
s'assurer justement qu'on puisse répondre aux besoins des familles. Je pense
évidemment à l'Association québécoise des
centres de la petite enfance, je le mentionnais tantôt, entre autres, avec le
beau projet de modulaire, je pense au Conseil québécois des services de garde
éducatifs à l'enfance, je pense à l'Association des garderies privées du Québec, je pense au
Rassemblement des garderies privées du Québec. On a un réseau diversifié, on a
des partenaires volontaires.
Dès que je
suis arrivée, M. le Président, ils m'ont dit : Ce n'est pas toujours
facile de mettre en place un service de garde. Des fois, c'est compliqué. À un
moment donné, ça bloque. Il y a des allers-retours avec le ministère. On a
regardé ensemble comment on pouvait
faire mieux, plus vite, et j'ai mis en place, à ce moment-là, le Bureau
d'accélération des projets où,
justement, on se rencontre avec les gens du ministère, avec les partenaires,
avec les promoteurs pour regarder les difficultés, intervenir
rapidement, de façon exécutoire, pour s'assurer de débloquer les projets.
Ça, pour moi,
là, ça parle. Ça, c'est la volonté politique que l'on a comme gouvernement à la
CAQ, faire débloquer les choses, faire avancer les projets, pas faire une gigue
sur les chiffres, ce n'est pas ça qu'on veut, on veut avancer, M. le Président. Et ça, c'est un bel exemple de ce qu'on
a mis en place pour avancer. Moi, j'ai le même objectif que les parents. Je
veux que tous les parents du Québec puissent avoir leur place en service de
garde. Donc, on met ce qui est nécessaire pour que ça puisse se
réaliser.
J'en viens au
tableau de bord, la nécessité de pouvoir suivre, de pouvoir regarder
l'évolution. On va y revenir plus tard, avec ma collègue, sur la
politique nationale, sur la nouvelle liste d'attente pour encore mieux informer
les parents, qu'ils connaissent bien la
façon de faire. Mais je pense que les parents veulent savoir aussi est-ce qu'il
s'en crée, des places au Québec, combien il s'en crée, dans quel domaine, en CPE, en service
de garde, en garde subventionnée, non subventionnée, en communauté, en entreprise. Et c'est à ça que ça
sert, le tableau de bord. C'est un bulletin où on peut nous suivre. Oui,
les mois ne seront pas tous égaux.
Contrairement à l'école, on ne rentre pas tous en septembre, hein? Dans les
services de garde, il y en a qui
rentrent en septembre, il y en a qui rentrent en juin, il y en a qui rentrent
en janvier. Ce n'est pas le même système,
et on peut difficilement comparer ça aussi à l'école. Ce n'est pas une
obligation d'aller dans le service de garde. On sait qu'on a beaucoup de parents qui veulent avoir leur place, et
c'est à ça qu'on va mettre notre énergie. Et, le tableau de bord, bien, il nous permet, au-delà de
regarder, bien sûr, le nombre d'enfants qui sont en attente... Faites-vous-en
pas, les parents qui sont en attente,
ils le savent, qu'ils sont en attente. La maman qui attend d'avoir un bébé,
elle sait qu'elle va avoir besoin
éventuellement d'un service de garde. Mais, si je lui offre aujourd'hui, elle
ne la prendra pas, la place. C'est quand le bébé va en avoir besoin, quand son
régime parentalité va être arrivé où ça va être le moment de retourner au
travail. Alors, nos énergies, M. le Président, on les met là-dedans.
Un autre
élément, l'équité entre les parents. C'est un autre élément qui nous préoccupe
beaucoup. On a des parents qui paient
50 $, 60 $ par jour, et ce n'est pas facile. Et c'est un des
engagements du gouvernement de la CAQ de dire qu'on va travailler à la conversion des garderies non
subventionnées en garderies subventionnées. Bien sûr, en attendant, on n'a
pas laissé tomber les parents. Il y a un crédit d'impôt qui a d'ailleurs été
ajusté en début d'année pour compenser une partie.
Ça compense entre 43 $, 44 $, donc ça ne compense pas tout, mais on
va travailler à convertir des places pour que cette équité-là et que le pourcentage de places subventionnées dans
toutes les régions du Québec soit le plus grand possible. C'est ça qu'on
va faire. C'est ce qu'on va faire, M. le Président, et c'est dans ce sens-là
que je vais travailler.
Les
haltes-garderies. Je veux vous parler des haltes-garderies et non pas de
l'ensemble des haltes, quoiqu'ils font un travail extraordinaire et nécessaire,
mais d'un projet qu'on a mis en place pour neuf nouvelles haltes-garderies dans
les institutions collégiales et
universitaires en collaboration avec les associations étudiantes. Et ça,
c'était une belle façon de développer,
justement, une offre de garde atypique qui répond aux besoins particuliers des
parents étudiants, particulièrement
dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, pour permettre justement aux
enfants de ceux qui sont encore aux études ou qui devraient... on veut qu'ils
aient leur diplôme le plus rapidement possible, M. le Président, pour être sur le marché du travail... de pouvoir les
accommoder et les aider. Ça, c'est notre façon de voir, pas une vision unique,
une vision qui répond aux besoins des parents.
Je vous ai
parlé de familles isolées, de familles vulnérables, M. le Président. Ça fait
aussi partie des objectifs puis de mon rôle en tant que ministre de la Famille.
D'ailleurs, j'ai lancé un projet pilote dans 13 régions au Québec pour
la mise en place de travailleurs de
proximité pour qu'ils aillent rencontrer les familles qui sont plus isolées,
plus vulnérables, pour travailler avec elles à mieux répondre à leurs
besoins, aux services dont ils ont besoin.
Malheureusement,
tous ceux... toutes les études nous démontrent que nos familles isolées et
vulnérables sont celles où l'on retrouve le moins les enfants dans les centres
de la petite enfance. Alors, de là l'importance, pour moi, de mettre en place dans ces régions, au Québec, des gens qui
vont aller à leur rencontre, qui vont être la main tendue, en tout respect,
pour pouvoir offrir de meilleurs services, de leur dire où ils peuvent avoir
ces meilleurs services, comment le faire. Ça, pour moi, je pense que
c'est aussi important et ça fait partie de notre mission quand on parle des
services de garde à l'enfance.
Alors, en
conclusion, M. le Président, je voudrais souligner la richesse du réseau de
services de garde au Québec. Il est
formé d'hommes et de femmes volontaires qui veulent soutenir ce qu'on a de plus
précieux, nos petits, dans toutes les
régions du Québec. M. le Président, nous avons des partenaires extraordinaires
avec lesquels nous travaillons, qui ont le même objectif que le gouvernement,
c'est-à-dire un objectif fondamental qu'attendent nos parents, compléter le
réseau de garde à l'enfance au
Québec, qui, à mon sens, est un réseau extraordinaire, cité en exemple à
maintes reprises et partout dans le
monde parce qu'il est formé d'hommes et de femmes qui aiment nos enfants. Et
c'est dans ce sens, M. le Président, que je vais travailler.
• (15 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la ministre de la Famille.
Document déposé
Vous aviez
proposé de déposer un document, un éditorial, tout à l'heure. Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt du
document? Consentement. Alors, le document est déposé.
Je suis prêt
à reconnaître le prochain ou la prochaine intervenante. Ce sera Mme la députée
de Châteauguay. Mme la députée.
Mme Marie-Belle Gendron
Mme
Gendron : Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
j'aimerais remercier Mme la ministre de la Famille. C'est un réel plaisir aujourd'hui d'être ici. Mais
j'aimerais également saluer mes collègues de la banquette gouvernementale
ainsi que les députés des oppositions.
Dans un
premier temps, cet après-midi, je suis ici afin de discuter de quelque chose de
très important auprès de nos citoyens
puis de nos familles québécoises. M. le Président, notre gouvernement s'est
engagé suite à la loi n° 9, en 2022, à mettre en place d'ici 2024 un nouveau guichet unique d'accès qui
remplacerait la fameuse Place 0-5 ans et de mettre en place une
politique nationale pour les services de garde subventionnés.
En tant qu'adjointe gouvernementale au ministère
de la Famille, j'ai le privilège de travailler étroitement sur le projet, et le projet est important et il est
très attendu. Nous sommes au travail afin que La Place 0-5 soit la seule
porte d'entrée pour obtenir une place
en service de garde éducatif et que cette plateforme devienne une vraie liste
d'attente transparente et équitable pour tous les
parents du Québec. Ces dernières attentes... Ça a duré trop longtemps. Ça fait
trop longtemps que cette réforme est attendue. Les parents semblent avoir été
abandonnés dans le passé, et nous allons, nous, y remédier. Nous avons mis dans
l'ordre le réseau. Maintenant, c'est à nous d'y aller de la bonne façon.
À la suite du
constat du Vérificateur général du Québec, la loi n° 9
a aussi prévu une priorisation de certains enfants pour favoriser l'égalité des
chances. Cette priorisation pourra se faire à même la liste d'attente qui sera
créée dans le guichet unique.
Comme
adjointe gouvernementale, j'ai le privilège de participer étroitement aux
travaux menés en collaboration avec
les partenaires du ministère. En effet, comme Mme la ministre l'a fait,
j'aimerais remercier les associations et leurs représentants qui participent activement aux consultations et qui nous
partagent leur expertise. Donc, j'aimerais les nommer : premièrement, le CQSEP, le Conseil québécois des
services éducatifs à la petite enfance, l'AQCPE, l'Association québécoise
des centres de la petite enfance, le RGPQ,
le Rassemblement des garderies privées du Québec, l'AGPQ, l'Association des
garderies privées du Québec, l'AGNSI, l'Association des garderies non
subventionnées en installation, et, finalement, l'UGNSQ, l'Union des garderies
privées non subventionnées du Québec.
Donc, en
partenariat avec le ministère de la Famille, on travaille à identifier les
meilleures façons de traduire la priorisation
accordée à certains enfants dans la création de la liste d'attente pour les CPE
et les garderies dont les services de
garde sont subventionnés. J'aimerais prendre le temps encore une fois de les
remercier, ces associations-là, pour leur temps et leur collaboration avec nous. L'objectif est de trouver la
meilleure façon de s'assurer que tous les enfants aient un accès équitable à ces services de garde,
notamment ceux vivant dans des contextes de précarité socioéconomique ainsi
que ceux présentant des besoins
particuliers. L'objectif est de corriger certaines inéquités dans l'accès qui
ont été soulevées dans le rapport du Vérificateur général du Québec.
Donc, les
consultations supplémentaires auront lieu avec certains autres groupes dans les
prochaines semaines, entre autres avec les parents, encore avec les
associations et les travailleurs de la petite enfance. Le but est de ramener
l'équité entre les parents et
favoriser l'égalité des chances entre les enfants. C'est ça, notre priorité.
C'est une demande qui nous a été
formulée et qui a grandement été attendue par les parents du Québec. Dans tout
ce processus, dès le début, nous sommes en mode écoute, et collaboration, et transparence. À terme, le guichet
unique offrira une chance aux petits Québécois et aux petites
Québécoises d'avoir une place en garderie.
M. le
Président, je suis très sensible à la réalité des personnes en situation de
vulnérabilité et des besoins des gens en
milieu défavorisé. Pour réduire le taux d'enfants vulnérables et pour leur donner
une vraie chance de développer leur plein
potentiel, nous agissons sur plusieurs fronts, dont, premièrement, en encadrant
les politiques d'admission des services de garde éducatifs, et ça, ça se fait... un travail en collaboration
avec les associations, deux, en soutenant le développement de places subventionnées, notamment dans les
milieux défavorisés, afin d'améliorer l'offre de services de garde pour les
enfants vivant un contexte de précarité
socioéconomique, troisièmement, en améliorant l'accessibilité aux places
subventionnées par la conversion de places non subventionnées et,
finalement, en favorisant la détection précoce des enfants présentant certaines difficultés et les référer, au besoin,
vers les ressources possibles. Toutes ces actions prouvent que notre engagement
est clair, nous allons compléter le réseau
de services de garde éducatifs à l'enfance, M. le Président. C'est l'objectif,
et on va réussir.
J'aimerais
profiter de cette tribune afin de faire un peu d'histoire, donc, sur la création
du réseau de services de garde. Il est important de reconnaître
l'importance... l'importante influence que le mouvement féministe a eue dans
les années 70 ainsi que la recherche
d'équité financière par les gens les plus démunis. Donc, ça a su développer et
mettre inclusives les garderies à
coût modique. En effet, c'est l'évolution de la condition des femmes du Québec
et leur implication croissante sur le marché du travail qui a suscité un
besoin essentiel et collectif pour les garderies. Cependant, le peu de
garderies existantes étaient non
subventionnées et très peu réglementées. Il n'était donc pas rare de recourir à
la famille, aux amis et aux voisins pour assurer la garde de nos enfants.
C'est lors de
la Révolution tranquille que le besoin a grandement été à la base du mouvement
de revendication sur l'accès de garderies publiques et gratuites. À la
fin des années 60, les Québécoises n'avaient que 80 garderies privées
à leur disposition. Une décennie plus tard,
dans les années 70, quelques quinzaines de garderies à but non lucratif
ont vu le jour à Montréal. Ainsi, quelque 8 000 places étaient
disponibles au total entre les garderies privées et les garderies à but
non lucratif. C'était un chiffre amplement insuffisant pour les besoins du
moment.
Plusieurs
initiatives ont tenté de corriger les nécessités des communautés en matière de
service de garde, surtout parmi les
ménages les plus pauvres. On a vu naître le plan Bacon, dirigé par la ministre
d'État des Affaires sociales, une première
politique adressant cet enjeu collectif. Cependant, son manque d'inclusion de
tous les ménages, indépendamment de
la condition sociale, a été dénoncé. C'est en 1979, pour donner suite, que le
gouvernement instaure une politique pour offrir directement du financement aux garderies. Un an plus tard, la
profession d'éducatrice à l'enfance est partiellement reconnue. Donc,
c'est en 1980 que ça a été reconnu seulement. Malgré tous les efforts
précédents, le conservatisme économique n'a pas permis de revoir les
initiatives structurantes se développer.
Enfin, les centres de la petite enfance sont mis
en place en 1997, un projet mené par la ministre de l'Éducation, Mme Pauline Marois. Le programme promet des
services abordables et complets pour toutes les familles à 5 $ par jour,
on s'en souvient. Depuis, le programme des CPE a vu un grand succès et, malgré
les différentes modifications effectuées aux politiques au fil des
années, le programme a perduré dans son mandat d'offrir des services de qualité
à la population québécoise. Les CPE ont
permis aux femmes du Québec qui le souhaitaient d'intégrer le marché du travail
et de s'émanciper tel que souhaitait
le mouvement féministe de l'époque. Malheureusement, M. le Président, les
gouvernements libéraux des années 2000
ont laissé de côté le modèle des services de garde subventionnés et sont les
premiers responsables de la pénurie de places que nous connaissons
actuellement.
Ce
qui m'amène maintenant à vous parler du futur de ces établissements, les
services de garde éducatifs à l'enfance et le travail
qu'on effectue chaque jour pour l'améliorer. Laissez-moi souligner un fait
établi : le Québec tout entier le sait, nous disposons du meilleur système de service de garde éducatif à
l'enfance. Même le gouvernement du Canada s'est inspiré du programme québécois pour mettre sur pied son
système national de service éducatif à l'enfance. Il s'agit d'une fierté
d'être la référence au pays et même dans le
monde. Notre système fait l'envie de plusieurs par son faible coût pour les
familles du Québec.
Pour conclure, M. le
Président, je me permets de rappeler que nous mettons tout en oeuvre pour
rendre l'accès plus facile, plus équitable,
plus égalitaire et plus transparent. Nous avons tous dans notre entourage des
témoignages de parents qui ont vécu des stress intenses lors de
l'inscription de leur enfant à La Place 0-5. C'est une épreuve que nous voulons épargner à ces parents, pour lesquels
chaque parcelle d'énergie économisée profitera beaucoup mieux à leurs enfants
plutôt qu'à la recherche de place dans un service de garde.
Nous
continuons, moi, le ministère, Mme la ministre, à travailler en étroite
collaboration avec tous nos partenaires pour... sur l'encadrement des politiques d'admission afin de créer un
guichet qui fera preuve d'équité, d'efficacité et de transparence. Je
vous remercie beaucoup, M. le Président.
• (16 heures) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Châteauguay. Et
le prochain intervenant sera M. le député de Taschereau. Et je vous
informe que votre formation politique dispose de 19 min 5 s.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Parfait. Merci, M. le
Président. Je suis très content aujourd'hui d'avoir quelques minutes devant
moi pour pouvoir parler de l'enjeu des
services de garde. C'est un enjeu qui est important, à la fois qui touche des
gens dans ma circonscription, la
circonscription de Taschereau, mais également aussi qui a des liens avec mes
responsabilités comme membre, comme porte-parole,
en fait, des enjeux de transport et d'aménagement du territoire au sein du
groupe, du deuxième groupe d'opposition officielle.
J'étais
très content d'entendre tout à l'heure la ministre de la Famille, que je salue,
dire qu'elle aimait ça, faire débloquer des projets, faire avancer des choses.
Je la rejoins là-dedans. C'est clair que c'est un pouvoir qu'on a et qu'il faut
utiliser. Et je me permets de lui... de
lui... de me faire porteur, en fait, d'un certain rappel. Elle a reçu une
lettre de la part d'un CPE qui est
situé sur mon territoire, le CPE de l'Anse aux lièvres, qui souhaite obtenir
depuis un petit bout de temps six
places subventionnées supplémentaires pour des poupons 0-18 mois dans le cadre de
l'appel d'offres de projets en continu mis
en veille depuis le 22 juillet 2002. Malheureusement, ce CPE rencontre des
obstacles administratifs qui les empêchent de déposer leurs projets et qui pourtant répondraient à un besoin criant
pour des familles des quartiers centraux de la ville de Québec. Cet appel
d'offres là, donc, avait été lancé, là, à l'été 2022. Et la particularité
de ce CPE là, c'est qu'il se retrouve à
la frontière de deux circonscriptions, deux quartiers. Le CPE est localisé dans
le quartier Saint-Roch, dans la circonscription de Taschereau, et une bonne partie des poupons, en fait, des jeunes qui
fréquentent le CPE sont dans la circonscription voisine, dans le quartier du Vieux-Limoilou. Donc, j'invite
la ministre de la Famille à jeter un oeil là-dessus pour essayer de faire
débloquer ce dossier qui permettrait d'aider
des gens à la fois de ma circonscription mais aussi de la circonscription de
mon voisin, que je salue aussi, dans Jean-Lesage.
Autre
point aussi que je voulais aborder avec la ministre, c'est la question du critère
de proximité, qui, pour nous, en tout
cas pour moi, est un critère qui est extrêmement important. Je sais qu'il y a
des organisations, notamment Ma place au travail, qui parlent de cet enjeu-là.
C'est un enjeu qui m'apparaît extrêmement essentiel aussi. La proximité est un
enjeu important pour, notamment, faciliter l'accès à tous et à toutes, donc à
toutes les familles et à tous les parents, à ces places en CPE. C'est extrêmement important pour favoriser
les transports actifs. C'est extrêmement important, évidemment, pour des raisons environnementales. Plus le CPE sera
localisé à proximité du lieu de travail ou du lieu de résidence des familles,
bien, moins les gens auront à parcourir des grandes distances.
Et, pour vrai, là, on
me parle vraiment de cas où les gens font 45 minutes le matin et le soir.
Moi-même, quand j'étais... quand mes enfants
étaient plus jeunes, je me suis retrouvé dans cette situation-là où je devais
aller porter... j'habitais dans le
quartier Saint-Jean-Baptiste, en Haute-Ville de Québec, et je devais aller
porter ma plus vieille, qui était toute jeune, à Charlesbourg. Donc, j'utilisais une voiture aller-retour pour... je
partais de chez nous, du centre-ville, pour revenir au centre-ville travailler. Ça n'avait aucun sens. Et
ce n'est pas ce qu'on souhaite, en fait, augmenter le nombre de véhicules
sur les routes, ce n'est pas de la qualité
de vie qu'on donne aux gens puis ce n'est pas aider la collègue aux Transports
et à la Mobilité durable aussi.
C'est un enjeu très
important, mais c'est un enjeu important aussi parce que, souvent, pour les CPE
qu'on veut construire, il y a des enjeux d'acceptabilité sociale qui viennent
avec ça. Il y a des gens qui ne sont pas nécessairement favorables, il y a un phénomène de «pas dans ma cour» qu'on rencontre,
malheureusement, dans certains milieux. Et souvent le critère de proximité est
le dernier argument qui reste pour être capable de convaincre la communauté
qu'on doit faire un CPE à cet
endroit-là. Donc, c'est très important pour moi de rappeler cette... que
l'abandon du critère de proximité géographique a des conséquences
importantes à la fois sur la réalisation des nouvelles places en CPE, mais à la
fois aussi pour la qualité de vie des gens, mais aussi pour la collectivité,
pour les enjeux, là, d'augmentation de la circulation automobile que j'ai
nommés tantôt.
Donc,
j'aimerais proposer un amendement à la motion qui est présentée par la députée
de Robert-Baldwin. Ce serait l'ajout de l'amendement suivant, à la suite
du sixième alinéa :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'importance de maintenir un critère de proximité
dans l'attribution des places en CPE.»
Le document vous sera
envoyé, bien entendu.
Donc, je vous remercie. Et j'espère avoir une
écoute favorable de la part de la ministre. Et merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Taschereau. Évidemment, votre amendement est déposé sous réserve de la permission de
l'auteure elle-même. Donc, avant la fin de votre intervention, Mme la députée
de Robert-Baldwin, je vais vous demander si vous êtes d'accord ou non
avec l'amendement tel que déposé.
Alors, à
cette étape-ci, on est prêts à reconnaître le ou la prochaine intervenante.
Alors, ce sera Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Il reste
20 minutes à votre groupe parlementaire. Mme la députée.
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci,
M. le Président. Et salutations à ma collègue et ministre de la Famille ainsi
qu'à tous les députés ici présents. Il me fait plaisir de m'adresser à
vous aujourd'hui dans le cadre de cette motion.
Vous savez
que, récemment, le premier ministre était dans la belle circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata, incluant Les Basques, que je
représente fièrement ici, à l'Assemblée nationale. Nous avons, entre autres,
inauguré la toute nouvelle Maison des
aînés de Rivière-du-Loup. Ce beau projet, porté par toute la communauté, aidera
aussi à combler un deuxième besoin
essentiel dans la région dans les prochaines années. En effet, dans notre
nouvelle maison des aînés, un espace sera dédié à un CPE pouvant
accueillir 40 enfants. Une telle construction met ainsi en valeur une
collaboration intergénérationnelle, ce qui
est vraiment très important pour notre milieu. Ce sera bénéfique autant pour
les enfants que de pouvoir visiter
les personnes aînées, que des personnes aînées, de pouvoir cohabiter avec cette
jeune clientèle. Donc, avec un seul milieu de vie, on vient répondre à
deux besoins pour la communauté louperivoise.
Vous savez,
il existe plusieurs bienfaits à faire... à côtoyer les enfants et les
aînés : développer, par exemple, de l'empathie et de la compréhension des autres, stimuler le développement
social, améliorer la santé mentale des aînés, réduire l'isolement et aussi
favoriser la transmission des connaissances. Favoriser des projets
intergénérationnels comporte de nombreux avantages sociaux, émotionnels
et cognitifs pour les deux groupes.
Dans cette
même lignée, au moins cinq projets ont été confirmés : CPE Cachalot,
80 places dans la maison des aînés de Châteauguay; CPE Monde à moi,
80 places dans la maison des aînés de Carignan; CPE La Campinoise,
80 places également dans la maison des
aînés de Salaberry-de-Valleyfield; CPE L'arbre enchanté, 70 places dans la
maison des aînés de Trois-Rivières;
et, finalement, et non le moindre, le CPE des Cantons, 42 places dans la
maison des aînés de Rivière-du-Loup. Et d'autres projets pourraient voir
le jour, c'est très prometteur.
M. le
Président, on a travaillé très fort pour en arriver là. Depuis le lancement du Grand
chantier pour les familles, notre gouvernement est en action et sur le terrain.
En novembre dernier, ma collègue et ministre
de la Famille est venue passer une journée dans ma circonscription pour
prendre le pouls des enjeux et des réalités de chacune de nos trois MRC.
Elle a rapidement constaté toute la
mobilisation et la concertation de notre milieu face à des enjeux importants
comme les places en garderie.
Pouvoir
accueillir et servir convenablement nos familles est une priorité de tous les
instants pour notre développement économique
régional, mais aussi c'est une question d'occupation du territoire. Pour la MRC
de Rivière-du-Loup, où les besoins en
service de garde sont plus nombreux, un comité de travail a été mis sur pied
par les acteurs du milieu pour trouver des solutions. Ce comité a réussi à
mobiliser autant les élus, les responsables de CPE, les organismes
socioéconomiques et les entrepreneurs.
Suite à la visite de ma collègue, qui a
rencontré notre comité de travail, on a rapidement organisé une deuxième rencontre, qui s'est tenue avant les fêtes avec
la... avec le ministère, le cabinet de la ministre, mon bureau de
circonscription, notre comité de
travail, afin de bien identifier les besoins pour combler rapidement les places
manquantes. Des projets et des pistes de solutions ont été priorisés, et
nous sommes en action pour les réaliser.
Toujours dans
le but de compléter le réseau le plus rapidement possible, notre gouvernement
s'est grandement inspiré des initiatives de nos communautés pour mettre en
place des projets pilotes. Ces projets pilotes peuvent aider à développer
des programmes innovants qui répondent aux
besoins spécifiques des communautés locales. Ils permettent également
d'augmenter les places disponibles et de réduire la liste d'attente.
On est un
gouvernement d'action. Alors, déjà, en 2022, le Témiscouata devenait un
précurseur en matière de services de
garde éducatifs au Québec, et j'en suis très fière. Pour preuve, l'édifice
municipal de Saint-Michel-de-Squatec a accueilli le tout premier projet pilote de responsables en service de garde
éducatif en communauté, encadré par le bureau coordonnateur du CPE Les Calinours de Témiscouata-sur-le-Lac.
Aujourd'hui, seulement pour la MRC de Témiscouata, on compte 11 projets
communautaires de ce genre.
Chaque région
a sa particularité, on le sait. Au Témiscouata, ça nous prend un réseau de
services de garde fort parce que nous
avons un territoire trop grand pour y implanter plein de CPE. Ce ne serait pas
rentable de toute façon. Offrir un service aux enfants dans un local mis à leur
disposition par la communauté ou en entreprise est une autre formule gagnante
pour notre circonscription. La solution est
très simple : une ou deux entreprises se lient ensemble, on trouve un
local qui est adéquat, le tout en
partenariat avec un bureau coordonnateur de CPE. Ceci est un autre bel exemple
de notre agilité à trouver des
solutions à court terme. Les garderies d'entreprise offrent des avantages aux
employés tels que la tranquillité d'esprit, la flexibilité, la réduction
du stress lié à la garde d'enfants.
Pour ne citer
qu'un exemple, le CPE La relève des mousses, situé sur les terrains de Premier
Tech à Rivière-du-Loup, doublera sa capacité d'accueil d'ici la fin de
l'année 2023.
• (16 h 10) •
On se prépare
aussi à rencontrer le milieu des affaires afin de les encourager à nous
soumettre des projets. D'autres entreprises
de mon milieu m'ont également parlé de leur projet. C'est motivant de voir nos
entrepreneurs s'impliquer pour le
développement de notre réseau de services de garde. Ils vivent aussi la pénurie
de main-d'oeuvre. Alors, c'est une bonne façon pour eux de
recruter et aussi de retenir leurs employés.
Parlant
de main-d'oeuvre, notre gouvernement travaille aussi au recrutement pour les
CPE. On a offert des bourses pour
recruter des étudiants et des étudiantes en techniques d'éducation à l'enfance,
et des négociations salariales ont beaucoup amélioré les conditions de travail
de nos éducatrices. Ces actions s'ajoutent aux incitatifs financiers déployés
aussi par les MRC, dont la
MRC de Témiscouata, et aussi au nouveau modèle de services de garde en
communauté. Une autre bonne nouvelle qui vient alléger aussi la liste
d'attente : de nouvelles classes de maternelle ouvriront en septembre à
Rivière-du-Loup.
C'est clair,
M. le Président, depuis que la CAQ est au pouvoir, l'accessibilité à des
services de garde adaptés et répondant
aux spécificités de chacune de nos MRC, c'est une priorité pour notre
gouvernement. Nous sommes très sensibles à l'enjeu de l'accessibilité des places subventionnées. Notre but ultime
reste celui de compléter le réseau pour que chaque enfant puisse avoir
sa place.
On a annoncé,
au cours du dernier mandat, des mesures totalisant 200 millions de dollars
pour les cinq prochaines années, pour relancer la garde en milieu familial.
Cette bonification vient favoriser la création de places pour répondre aux besoins des familles. Un incitatif de 3 500 $
sera offert aux personnes qui veulent devenir responsables d'un service en milieu familial. Ce montant servira à l'achat
d'équipement et à soutenir les personnes ayant déposé une demande de
reconnaissance et qui s'engagent à offrir le service pendant au moins un an.
Un soutien financier aussi, pouvant atteindre
6 000 $, sera offert aux RSG, qui offriront neuf places pour, entre autres, engager une personne assistante. Un
montant forfaitaire annuel de 3 000 $ sera versé pendant les deux
prochaines années aux RSG ayant
maintenu leur reconnaissance pour au moins six places subventionnées durant une
année complète d'ouverture.
Pour
terminer, nous planifions des missions à l'étranger pour recruter du personnel
pour les services de garde. Ce sont 18 000 postes d'éducatrices et
d'éducateurs qui sont nécessaires au parachèvement du réseau. Donc, pour
répondre à court terme à cet enjeu,
certaines missions à l'étranger seront lancées cette année vers des pays
francophones qui détiennent des diplômes équivalents à ceux du Québec. On
investit dans la réduction des listes d'attente pour les services de garde, car on croit fermement que cela améliorera la
qualité de vie des familles québécoises. Nous avons créé un nombre record
de places en service de garde dans les derniers mois. Mme la ministre le
mentionnait tout à l'heure, juste le mois passé c'est plus de
1 300 nouvelles places qui ont été créées. Les familles ont besoin de
savoir que nous sommes là pour eux et que
nous nous engageons à offrir un service de qualité. On va continuer nos actions
pour nos tout-petits, pour nos familles et aussi pour aider nos entreprises à
recruter et, également, nos belles régions à continuer de se développer. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata. La prochaine intervenante sera Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Et je vous rappelle que votre formation politique dispose
de 9 min 40 s.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci,
M. le Président. Tout d'abord, j'aimerais remercier ma collègue députée de
Robert-Baldwin et porte-parole de l'opposition officielle en matière de
famille de me permettre de m'exprimer sur ce sujet, qui me tient à coeur et qui nous tient à coeur à nous, à l'opposition
officielle, au sein de l'aile parlementaire libérale, qui est le sujet de la
petite enfance, de nos familles, de nos bambins. Moi-même, à titre de
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de travail, je comprends tout l'impact
de ce dossier sur la main-d'oeuvre, sur les conditions de travail, mais
également... bon, idéalement, comme porte-parole en matière de jeunesse, c'est
un sujet qui me préoccupe, mais, plus particulièrement, comme maman,
comme jeune maman, comme maman d'un garçon de 13 mois, je trouve impératif
de pouvoir m'exprimer sur un sujet comme
celui-ci. Donc, merci à ma collègue de me permettre de contribuer au débat et merci
de déposer cette motion, aujourd'hui, sur laquelle on peut tous ensemble
s'exprimer en toute démocratie.
J'aimerais,
M. le Président, d'abord, aborder le sujet dans une perspective globale, dans
son ensemble, parce que je trouve que, pour en arriver où est-ce que nous en
sommes aujourd'hui, en 2023, il faut comprendre les sources, il faut remonter aux sources. Pourquoi nos services de
garde existent-ils, au Québec? Puis on peut... Je pose cette question parce
que, quand on revient à l'essentiel, on
réalise, oui, les progrès qui ont été menés jusqu'alors, mais on réalise à quel
point, malheureusement, on fait du
surplace. Évidemment, d'autres intervenants l'ont vraisemblablement mentionné avant moi, nous
avons ces services... nous offrons ces services de garde, d'abord, pour le
développement de nos tout-petits, évidemment, mais, également, et dans notre histoire québécoise, de façon
prédominante, pour permettre aux femmes de gagner le marché du travail. Chaque
fois que les femmes ont intégré le marché du travail dans l'histoire du Québec,
les services de garde ont été
essentiels pour leur développement, pour leur épanouissement, également pour
permettre à subvenir aux besoins de leur famille, même quand elles ne
souhaitaient pas intégrer le marché du travail. On peut penser aux garderies
que nous avions en période de guerre,
M. le Président, au début des années 1940, où nous avons envoyé les femmes
au front pour pouvoir soutenir l'effort de guerre, alors que les hommes, alors
que nos hommes étaient à l'extérieur. Alors, nous avons créé, donc, nos
premiers services de garde à cette époque.
Par la suite, dans les années 60, en 1965,
nous avons connu nos premières revendications pour des garderies publiques et gratuites. Et, à l'époque, on nous
disait, il faut le souligner, que les garderies ne faisaient que contribuer et
encourager la mère à tourner le dos à ses obligations familiales.
Imaginez-vous, M. le Président, il n'y avait que 80 garderies privées à Montréal à l'époque. En 1969, un projet
pilote de garderie de jour a pris naissance, et, en 1974, sous le gouvernement Bourassa, sous le premier
gouvernement Bourassa, le plan Bacon est devenu la première politique en
matière de services de garde au Québec.
En 1979, nous avons adopté la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance et nous avons créé l'Office des
services de garde à l'enfance. En 1988, le
second gouvernement Bourassa a publié son Énoncé de politique sur les services
de garde à l'enfance, qui a ouvert la voie à un système étatique de garderies,
celui que nous connaissons tous aujourd'hui, évidemment, donc, qui a été
implanté, donc, par Mme Marois en 1997, celui des centres de la petite
enfance.
Je
continue ce tracé historique. En 2006, le Régime québécois d'assurance parentale est entré en vigueur. Il a été lancé
officiellement le 1er janvier. Il a, dès lors, été considéré comme l'un
des meilleurs régimes d'assurance parentale en Amérique du Nord, plus généreux et accessible, notamment en raison de
son taux de remplacement de revenus plus élevé. Le RQAP a d'ailleurs permis aux parents de concilier plus facilement
leur vie professionnelle et leur vie familiale. C'est ce qui a fait du
Québec, à l'époque, sous le gouvernement libéral de Jean Charest, le paradis
des familles.
On
se le rappellera, l'année 2006, c'est l'année qui a marqué la plus forte
augmentation des naissances au Québec depuis 1909. Ce n'est pas rien, ça.
C'était une hausse record de 7 %, si on comparaît au nombre de naissances
de 2005, 76 341, si on veut être précis, à celui de 2006,
81 962.
Donc, M. le Président, aujourd'hui, on peut être
fiers de ce que l'on a bâti comme nation, on peut être fiers que l'on soit
passés d'un environnement où l'on tentait de dire aux femmes qu'elles
abdiquaient de leurs responsabilités familiales lorsqu'elles envoyaient leurs
enfants dans un service de garde, plutôt que de voir, à leur place sur le
marché du travail, une opportunité d'épanouissement, d'émancipation et
d'autonomie. On peut être fiers qu'aujourd'hui on puisse dire aux femmes
qu'elles ont tout à fait leur place au travail.
Ceci
dit, le paradis des familles est, malheureusement, devenu un enfer pour nombre
d'entre elles. Le nombre de places disponibles en CPE ou en garderie subventionnée
ne peut combler l'ensemble des familles québécoises, ne peut combler l'ensemble des besoins de la population.
Certaines doivent se tourner... et on le sait, on l'entend maintes et maintes
fois,
je veux dire, je le fais moi-même, et
plusieurs des jeunes parents qui m'entourent et que nous entendons
quotidiennement dans les médias, dans
nos milieux respectifs, dans nos circonscriptions nous indiquent devoir se
tourner vers toutes sortes de moyens pour pouvoir continuer à prendre
place au marché du travail. Et ce sont, bien souvent, les femmes qui, malheureusement, écopent, parce que, bon, en
raison du déficit d'équité salariale, que l'on ne connaît que trop bien,
c'est, bien souvent, maman qui doit rester à la maison plutôt que papa, pour
que la famille puisse continuer à subvenir aux besoins de l'ensemble de ceux qui la forme, afin d'y arriver dans un
contexte d'inflation, afin d'y arriver, de joindre les deux bouts, dans
un contexte où ce n'est pas toujours facile. C'est le contexte dans lequel on
se trouve en ce moment, M. le Président.
• (16 h 20) •
Et,
malheureusement, juste avant la relâche parlementaire, on apprenait que ce
n'étaient pas 33 000 enfants qui étaient en attente d'une place dans les services de garde subventionnés
au 31 août 2022, mais bien 72 000 bambins. Cette méthode de
calcul, elle fait peur à bon nombre de parents, qui se sont dit : Quand
est-ce que je vais pouvoir avoir véritablement ma place au travail? Quand
est-ce que moi, je vais pouvoir continuer à m'épanouir, à pouvoir subvenir aux
besoins de ma famille, à pouvoir contribuer à mettre du pain sur la
table, à pouvoir même quitter mon conjoint si c'est ce que je veux, à pouvoir être dans une situation où j'ai le
choix? M. le Président, il faut qu'on ait un système qui puisse offrir un
choix, un véritable choix aux familles. Et ces familles, elles attendent et
elles veulent avoir la vérité pour pouvoir attendre. Je parle de cette
contribution.
Et
je reviens à cette époque où nous formions le paradis des familles, M. le
Président. Une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances
publiques de l'Université de Sherbrooke à cette époque énonçait que les
garderies subventionnées avaient incité près de 70 000 mamans à
occuper un emploi en 2008, ce qui se traduisait par une hausse du taux
d'emploi global au Québec de 1,78 %, et dans une hausse du PIB, tenez-vous
bien, de 5,1 milliards de dollars. Ça, c'était en 2008. Imaginez, en
ce contexte, en contexte actuel de pénurie de main-d'oeuvre, ce que cette étude
dirait aujourd'hui.
En
pleine pénurie, il faut pouvoir puiser dans les bassins de main-d'oeuvre qui
sont sous-exploités. Et c'est inconcevable qu'en 2023... que l'on compte encore
les mamans, les femmes dans ces bassins. C'est inconcevable qu'on puisse se...
qu'on continue à se dire que nos mamans ne parviennent pas à arriver sur le marché
du travail pleinement. Ça fait plus d'un demi-siècle qu'au Québec nous, les
femmes, on se bat pour obtenir des places en service de garde. Ça fait plus
d'un demi-siècle qu'on se bat pour contribuer à notre société tout en assumant
notre rôle de parent.
Aujourd'hui, avec la
motion de ma collègue, d'abord, nous voulons nous assurer que les parents
puissent avoir la vérité sur les chiffres, mais, d'abord et avant tout, nous
disons : Assurons-nous de créer un droit. Le gouvernement caquiste doit modifier la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin de garantir un droit sans condition à une
place en service de garde.
M.
le Président, toute la planète nous regardait avec envie, nous a regardés avec
envie pendant de nombreuses années en
nous disant : Wow! Le Québec est un exemple. J'ai fait ma maîtrise aux
États-Unis, je le sais, je lisais des études sur le sujet qui disaient :
Wow! Félicitations pour tout ce que vous faites pour vos enfants mais également
pour vos mamans.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : En terminant.
Mme Cadet :
M. le Président, nous pouvons redevenir le paradis des familles.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Alors, selon le principe d'alternance,
je vais céder la parole à M. le député de Jean-Lesage. Et je vous rappelle
qu'il vous reste 14 min 30 s, à votre formation
politique. M. le député.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : Merci,
M. le Président. Alors, il y a un adage grec qui dit : Le commencement est
plus que la moitié du tout. Ça, ça
veut dire que le début, le commencement, c'est extrêmement important et ça
s'applique tout à fait à la vie humaine. En effet, les experts en
développement s'entendent pour dire que les premières années de la vie sont les
plus importantes. Il y en a qui disent : C'est les six premières années de
la vie. Ce qui est clair, c'est que la petite enfance y est incluse au complet. Avoir accès à un milieu éducatif de qualité et
abordable dès le plus jeune âge, ça devrait être un droit, comme c'est un droit
d'avoir accès à une place à l'école. Jamais on ne se demanderait : Est-ce
que je vais avoir une place pour mon enfant à l'école primaire ou à l'école
secondaire? Jamais on ne se demanderait ça au Québec aujourd'hui, en 2023. Il n'y a pas de raison qu'on se pose
cette question-là quand il s'agit d'avoir des services éducatifs pour la petite
enfance.
Les éducatrices et les éducateurs en milieu
éducatif font un travail absolument extraordinaire et crucial pour le développement
humain. Je vais utiliser le féminin, là, pour alléger la formule, mais elles
apprennent à nos enfants à se connaître,
elles leur apprennent à reconnaître les émotions qu'ils ont, à les exprimer, à
échanger avec les autres, à les respecter, à se respecter eux-mêmes, elles les guident dans leur chemin vers
l'autonomie, elles en font des humains fiers d'eux, capables, ambitieux, curieux, imaginatifs. Je ne vois pas
qu'est-ce qu'il y a de plus important que ça dans le développement d'un être
humain, surtout dans la période de la petite
enfance. C'est tellement important que moi, je ne m'explique pas,
rationnellement, pourquoi est-ce qu'au Québec, aujourd'hui, là, on
n'offre pas ce service-là à tout le monde.
Tous les
enfants devraient avoir droit à une place abordable en service de garde
éducatif à l'enfance, et, en ce moment, ce n'est pas le cas. Il y a des
conséquences très graves à ce manque de places. D'abord, la santé financière
des familles est affectée, ça, c'est
clair, parce que ça coûte extrêmement cher. Même quand on a une place qui n'est
pas abordable, une place non subventionnée, ça peut coûter à peu près
15 000 $ par année. Même après crédit d'impôt, qui est variable, ça
peut finir par coûter 10 000 $, quand même, par année.
10 000 $ dans le budget d'une famille, c'est énorme. Ce n'est pas
tout le monde qui est capable, même,
d'avancer ce montant-là et qui est capable de le payer. Ça a des impacts sur la
santé mentale des familles. Ça peut
avoir un impact très grave sur le développement de certains enfants qui sont en
situation de vulnérabilité puis qui ont besoin, justement, de pouvoir aller
dans un milieu bienveillant, sécuritaire et stimulant cinq jours par
semaine.
Et le manque
de places en service de garde a aussi un impact extrêmement important sur les
femmes. La Journée internationale des droits des femmes, qui a eu lieu
récemment, nous a rappelé qu'ici, au Québec, les femmes gagnent encore, en
moyenne, 9 % de moins en salaires que les hommes. Alors, quand une famille
décide de sacrifier un salaire parce
qu'ils n'ont pas de place en service de garde, devinez lequel tombe le plus
souvent? Devinez qui reste à la maison? Bien, il arrive très souvent que c'est la femme, pour cette raison-là et
pour d'autres raisons, et ça, ce n'est pas acceptable. Ça a un impact
qui est discriminatoire à quelque part.
Et ces femmes
qui restent à la maison, il y en a qui pourraient aller travailler dans des
domaines qui, en ce moment, sont
extrêmement en demande au Québec, qui souffrent d'une pénurie de main-d'oeuvre.
Ça pourrait être des infirmières, ça
pourrait être des gens qui travaillent en enseignement, ça pourrait être toutes
sortes de personnes, et, en ce moment, on est, au Québec, dans une
situation particulière, où on ne peut pas se passer de leur permettre d'aller
travailler.
Et je salue,
au passage, l'implication extraordinaire des militantes, citoyennes et, aussi,
citoyens de Ma place au travail, qui, depuis deux ans, vraiment, ont amené ce
sujet-là du manque de place dans la sphère médiatique. Ils ont amené une
pression sur le gouvernement pour que des pas soient faits. Je les salue, parce
que c'est une implication bénévole absolument extraordinaire, qui a été faite,
aussi, avec une grande efficacité, une grande adresse. Et je sais qu'elles sont
ici aujourd'hui, ou qu'il y a des
représentantes ici, dans les gradins, alors je les salue et je les remercie
pour le travail qu'elles ont fait
pour le Québec et ces familles.
Comment
est-ce qu'on en est arrivés là aujourd'hui, à avoir une situation dans laquelle
tous les enfants n'ont pas une place
abordable en milieu éducatif? Bien, on pourrait remonter à très loin. Je sais
que plusieurs des collègues ici ont déjà fait quelques ébauches de cours
d'histoire, alors moi, je vais aller dans une lecture un peu plus brève, mais,
quand même, qui va à l'essentiel. Au
moment... Il y a eu un grand moment, au Québec, où on a créé le réseau des CPE.
C'est le Parti québécois qui a fait ça, et c'était une grande chose. Et,
à un moment donné, il y a eu des gouvernements libéraux, pendant presque
15 ans non interrompus, qui ont gelé le développement du réseau des CPE
pour créer, à la place, des garderies
privées, et puis ce n'était pas toujours pour des bonnes raisons. On se
rappelle aussi de la façon dont ont été octroyés certains de ces
permis-là, entre autres, en faisant du financement illégal au parti. On souffre
encore de ça aujourd'hui, c'est clair. Mais,
en même temps que je dis ça, en même temps, je pense qu'on ne peut pas arrêter
là la responsabilité, parce qu'en ce
moment il y a un gouvernement qui est là depuis cinq ans, et on n'a toujours
pas comblé le nombre de places qui manquent.
• (16 h 30) •
Et, à peu
près, en 2014, là, on évaluait le manque de places entre 30 000 et
45 000 places. Vous voyez comme ça n'a pas tant bougé. En
fait, on ne sait pas vraiment si ça a bougé, parce qu'en ce moment le
gouvernement dit : Il y a à peu près 33 000 places qui manquent,
et donc on va en créer à peu près 33 000. Par contre, ce n'est pas clair
si les chiffres sont vraiment les bons. Il y a du monde qui ont demandé une
place après le 31 août, pour avant septembre prochain, qui n'auront pas de place, qui sont en attente d'une place,
qui n'en auront pas, et ces gens-là ne sont pas comptés comme étant en attente d'une place. C'est un enjeu
qu'on a soulevé ici et pour lequel, justement, on demande qu'il y ait une évaluation indépendante qui soit faite. Est-ce
que la Vérificatrice générale va faire ce travail-là? On l'espère. On ne va pas
lui donner ce mandat-là, c'est elle qui le choisit. Mais j'aimerais ça, moi,
que le gouvernement, par rapport à ça, soit
proactif et décide par lui-même de dire : Nous allons prendre les devants,
nous demanderons une évaluation indépendante pour que personne ne puisse
soupçonner que ce chiffre-là est sous-estimé.
Et j'entendais, récemment, la ministre
dire : Ah! là, ça suffit, les guerres de chiffres, hein, on ne peut pas
faire des guerres de chiffres, les
gens, ils ne veulent pas une guerre de chiffres, ils veulent des places en
service de garde. Je comprends, là, mais, au-delà du terme «guerre de
chiffres», là, il me semble que n'importe qui peut reconnaître qu'il est
absolument essentiel d'évaluer les objectifs
et les besoins de façon rigoureuse. Ce n'est pas une guerre de chiffres dont il
est question, c'est de savoir on a
besoin de combien de places pour répondre aux besoins d'ici la fin du mandat du
gouvernement. Si ce chiffre-là est
sous-estimé, bien, qu'est-ce qui va arriver? C'est qu'on va arriver en 2026,
puis il y a encore du monde qui n'auront
pas de place abordable pour leur enfant et qui en ont besoin. On va être au
même point. Alors, le point de départ, c'est
de s'assurer qu'on a le bon chiffre, pas d'ajuster le chiffre, peut-être, à ce
qu'on pense être capables de réaliser en quatre ans, parce qu'en ce moment c'est... on peut penser que ça
ressemble à ça, et il ne faut pas qu'on puisse penser que ça ressemble à ça. Il faut qu'on ait les chiffres,
qu'on puisse passer à autre chose et, vraiment, qu'on mette les bons objectifs,
parce que, si on ne prend pas les bons objectifs, on n'aura pas les bons
moyens.
Pour
remplir ses promesses, le gouvernement va devoir établir correctement le bon
nombre de places, évaluer les besoins
de façon correcte, avec une évaluation indépendante. Il devra aussi améliorer,
de façon significative, les conditions de
travail du personnel en milieu éducatif à l'enfance pour assurer la rétention
des gens. Je sais, il y a eu une augmentation importante qui a été faite pour le salaire des éducatrices dans les dernières
années, et ça, c'est tout à fait louable, mais ce qu'elles disent encore et ce que le terrain dit,
c'est qu'il ne s'agissait que d'un rattrapage et d'un rattrapage qui était
insuffisant. En ce moment, la rétention, elle n'est pas là.
Et
on parle des éducatrices, mais il faut aussi parler des autres corps d'emploi
qui sont aussi difficiles à combler, en ce moment, dans les centres de la petite enfance et autres milieux
éducatifs. On pense aux gens qui sont dans les cuisines, par exemple, aux gens qui font l'entretien. On pense
aussi aux directrices adjointes, par exemple, qui sont des postes difficiles
à combler. Ça, il faut qu'on le fasse. Si on
ne fait pas ça, on aura beau faire du recrutement, ça va être comme mettre de
l'eau dans un panier percé. On va perdre du monde à mesure qu'on en recrute, et
aussi, ça va limiter énormément l'attraction.
Alors, il faut qu'il
y ait un signal clair de la part du gouvernement, de dire : Regardez, on
va faire des gestes extrêmement concrets, extrêmement courageux et nouveaux qui
vont faire que, dorénavant, ce seront des bonnes conditions, et les gens vont se présenter là. Il y a des endroits au
Québec où il y a des bonnes conditions, et la pénurie est moins pire, ou même, des fois, il n'y a pas de
pénurie. Faisons ça avec les services de garde éducatifs. Et après ça il va
falloir, justement, former, recruter assez
de monde et créer des places. C'est beaucoup de travail, mais c'est quelque
chose qui est possible. Et j'espère qu'on va se donner l'ambition d'atteindre
cet objectif-là pour vrai. C'était dans le discours du premier ministre, le discours inaugural, une
place abordable en milieu éducatif à l'enfance par enfant qui en a besoin d'ici
la fin du mandat. Nous, on va talonner le
gouvernement pour s'assurer que ce soit fait et que ça se passe. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Jean-Lesage. Et la prochaine intervention sera celle de M. le député de Beauce-Sud. Et je
rappelle qu'il reste 11 minutes à votre groupe parlementaire. M. le
député.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est un plaisir de vous retrouver en ce mercredi après-midi pour
échanger sur la fameuse motion du mercredi des oppositions, toujours un moment
charnière de faire les bilans des dernières années, de parler de ce qui s'en
vient au cours des prochaines années. Vous me permettrez tout d'abord de
saluer la ministre de la Famille, qui est
avec nous tout l'après-midi, M. le Président, je trouve ça formidable, qui
prend le temps, évidemment, d'entendre,
oui, nos collègues du gouvernement, mais également les collègues des
oppositions. Ça a permis au député de Taschereau de parler de son CPE dans sa circonscription, chose qui nous
tient à coeur, bien évidemment, lorsqu'on défend des dossiers chez nous.
Alors,
très content de pouvoir constater la présence de la ministre de la Famille, une
femme, M. le Président, qui n'a pas attendu, hein, de se mettre au travail dès
son assermentation. Premièrement, toutes les formations politiques rêvent d'avoir la ministre de la Famille dans son équipe.
On savait tous, un jour, qu'elle allait faire de la politique provinciale. Je
pense qu'elle a été approchée par à peu près
toutes les formations politiques, mais c'est une grande nationaliste, M. le Président, une très grande
nationaliste, donc elle a fait le choix de se joindre à nous, avec un plan de
match très défini, pour pouvoir livrer des places en service de garde
aux familles du Québec au cours des prochaines années.
Vous me permettrez
également de saluer, évidemment, mes collègues de la banquette ministérielle.
On a pu entendre la députée de Châteauguay,
la députée de Rivière-du-Loup... Témiscouata — je
pense qu'on dit le «Témiscouata» également — et,
évidemment, saluer la députée de Robert-Baldwin, qui nous a réunis aujourd'hui
pour pouvoir parler de ce sujet.
Tout d'abord, il faut
le dire, M. le Président... et je pense que ce n'est pas faire de la
partisanerie à outrance de mentionner, quand
même, tout ce qui s'est passé au cours des dernières années dans le
développement du réseau des places en service de garde. Ma collègue de
Châteauguay l'a bien exprimé tout à l'heure, mais le paradis des familles de
Jean Charest... Juste avant, il faut se
rappeler le souhait de Lucien Bouchard et de Pauline Marois de créer un réseau
des services de garde. On était des pionniers, là, on était innovateurs, à
l'époque, de dire : On offre des places à contribution réduite aux
parents du Québec, et ça, il faut se le rappeler. Ma jeune génération, M. le
Président, mes parents n'ont pas eu accès à ces services-là. Et aujourd'hui,
tout de même, grâce aux efforts qui ont été faits par un gouvernement du Parti québécois, bien, ça permet aujourd'hui à des
centaines de parents de pouvoir avoir une place à contribution réduite.
Mais ça s'est fait en dents de scie, M. le Président, ça s'est fait de haut en
bas, ça s'est fait de façon, même, par moment, sans intérêt de la part de certains gouvernements, à quel point on n'a
pas compris la réalité des femmes et des familles du Québec.
On
pourrait parler du peu de places qui s'est développé sous les gouvernements
libéraux, on pourra y venir, mais je
me souviens de moments très, très précis et très, très récents dans l'histoire
du Québec, M. le Président, dont, entre autres, la
modulation des tarifs de garde selon le salaire des parents. Moi, je me
souviens de Philippe Couillard et de la ministre de la Famille de l'époque qui tenaient un point de presse, M. le
Président, dans les bureaux du premier ministre, au bas des escaliers, dans l'Honoré-Mercier, avec un
grand, grand tableau pour expliquer aux parents comment le Parti libéral du
Québec allait renier sa promesse, ils l'ont
fait avec le sourire, M. le Président, parce qu'ils nous disaient, à l'époque,
que non seulement ils reniaient leur
promesse d'un tarif unique en service de garde, mais qu'ils allaient créer un
nouvel impôt aux Québécois, selon le
salaire des parents. Et ce que Philippe Couillard nous disait, à l'époque, M.
le Président, ça, c'est après le
paradis des familles de Jean Charest, il nous disait : C'est pour assurer
la pérennité du réseau des services de garde. Et non seulement ça a été un choc tarifaire, ils ont, oui, évidemment,
assuré la pérennité, mais ils n'ont pas développé les places nécessaires.
Alors, moi, je m'adresse aux parents du Québec qui ont vécu ce choc tarifaire
là, ça n'a pas permis de donner plus de places aux enfants du Québec, M.
le Président, bien au contraire.
Puis
je lisais les chiffres, tout à l'heure, à titre de rappel, c'étaient des sommes
de quelques millions de dollars qu'on allait chercher de plus sur un
programme qui coûte des milliards de dollars. Parce qu'il faut se le rappeler
le ministère de la Famille, M. le Président,
c'est le troisième poste de dépenses de l'État québécois après la santé et
l'éducation. On l'oublie, ça, par
moments. Alors, c'est des sommes qui sont considérables, qui sont importantes,
mais pour lesquelles il faut batailler au ministère des Finances pour obtenir
des projets. Puis le bilan du dernier gouvernement libéral, M. le
Président, ça n'a pas été de batailler aux
Finances, c'est d'aller chercher l'argent dans le portefeuille des jeunes
familles du Québec, M. le Président, ça a été ça, et ça, le Parti
libéral n'en parle plus aujourd'hui.
Puis
je n'en veux pas à nos nouveaux collègues, M. le Président. Ils n'étaient pas
là, eux, à l'époque. Ils subissent un
peu nos foudres, mais ils subissent le bilan du précédent gouvernement libéral,
sous Philippe Couillard, qui est allé chercher de l'argent dans le portefeuille des familles, puis qui n'a pas créé de
nouvelles places, et qui n'a pas donné ces places-là à l'ensemble des Québécois, en plus d'aller en
chercher de façon considérable. Alors, cette modulation-là, c'est un mauvais
souvenir dans notre histoire, mais qui
démontre le manque de considération du Parti libéral de l'époque pour les
familles du Québec, pour assurer sa pérennité et pour développer des
places.
Et il faut se
souvenir, M. le Président, qu'heureusement il s'est passé des belles choses.
2018, l'élection de la Coalition avenir
Québec, bouffée d'air frais, on remet le tarif des services de garde unique, M.
le Président, c'est important ça, où on dit : On ne fera pas payer plus
aux familles selon le salaire des parents. Puis je me souviens, moi, des
comptables, là, avec les parents divorcés, là, c'était la ligne 34,
je me souviens plus du chiffre exact, là, mais c'était un casse-tête épouvantable. Alors, nous, on a tout réglé ça, on
remet un tarif unique de services de garde et en plus, M. le Président, on
développe des places records. La ministre en
a parlé tout à l'heure, du grand chantier que nous avons mis en place, qui nous
permet de développer des places à
contribution réduite. Et c'est ce que les parents veulent, M. le Président, ce
n'est pas payer 35 $, 45 $, 65 $ par jour, c'est de
pouvoir payer le tarif unique.
• (16 h 40) •
Puis on y viendra, à
la conversion, qui est un engagement électoral, n'est-ce pas, Mme la ministre
de la Famille? Mais pourquoi on fait de la
conversion? Parce que les libéraux ont développé des places dans le secteur
privé. C'est le résultat de ça. C'est
le résultat, clairement, de ça. On développe des places en garderie non
subventionnée. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui
le gouvernement du Québec ne prend pas dans les poches des parents, M. le
Président, prend, dans l'État québécois, des sommes pour remettre des
places à 8,70 $.
Tout
ça pour vous dire — parce
qu'on va donner quelques chiffres, c'est important — 8 378
places, oui, ont été mises en place,
sous permis, entre le 1er avril 2021 et le 31 janvier 2023, dont
1 322 places subventionnées créées seulement par la ministre de la Famille en janvier 2023.
Avez-vous déjà vu ça, M. le Président, en un mois? Ça, c'est le bilan de la
ministre de la Famille, M. le Président, un
mois, c'est incroyable. Il y a 28 000 places et plus qui sont
présentement en réalisation. Puis ce n'est pas qu'on ne veut pas mettre le pied
sur l'accélérateur, M. le Président, on sort d'une pandémie, avec des enjeux de
construction, des enjeux de main-d'oeuvre, des enjeux de dépassement de coûts.
Mais on plaide nos crédits aux Finances,
on va chercher l'argent nécessaire puis on a des CPE qui, présentement, lèvent
de terre. Au printemps, on ne finira
plus de couper des rubans — je
souhaite, des rubans bleus, M. le Président — qui vont porter notre signature, de
nouveaux CPE qui ouvrent à travers le Québec à contribution réduite, et ça,
dans toutes les régions du Québec, c'est important
de le dire, M. le Président. Oui, évidemment, sur l'île de Montréal, où, on le
sait, on a beaucoup de gens, au Québec, qui y vivent, mais partout, M. le Président, en Beauce, dans le
Bas-du-Fleuve. Partout on va pouvoir donner aux parents des places à
contribution réduite.
Donc,
au 31 janvier 2023, c'est tout récent, le réseau offrait 291 000
places, dont 103 000 en CPE, 53 000 en garderie subventionnée,
65 000 en garderie non subventionnée — on parle de la conversion, qui est importante — et
68 000 en milieu familial. Donc, le réseau est composé de
224 000 places subventionnées, ça équivaut à 77 %, quand même, du
réseau. Ce n'est pas ce qu'on souhaite, là,
M. le Président, on veut monter ce chiffre-là au cours des prochains mois,
c'est 641 projets de services de
garde qui sont en cours de réalisation. Quand je vous parlais des rubans bleus
qui s'en viennent... Donc, à ce jour, là, le réseau, on évalue qu'il est
complété à 90 %.
Maintenant, on n'est
pas insensibles à ce que nous disent les parents du Québec, M. le Président. On
n'est pas insensibles, évidemment, au
militantisme qui se fait pour avoir davantage de places en service de garde. Il
n'y a personne ici, M. le Président,
qui a le monopole de s'intéresser aux familles plus que d'autres, qui a le monopole
de dire : Moi, là, je crois plus
aux parents du Québec que d'autres, moi, je crois plus au réseau des services
de garde que d'autres. Ce n'est pas vrai.
Les 125 parlementaires, ici, M. le Président, là, souhaitent offrir le
maximum de places aux parents du Québec, ça, j'en suis convaincu, et de le faire, évidemment, au niveau des garderies
subventionnées. C'est ce qui nous amène aussi à convertir, M. le Président — il
me reste seulement deux minutes, ça passe si vite — 37 000 nouvelles places subventionnées
d'ici 2025, c'est notre objectif.
1,4 milliard de dollars pour convertir plus de 56 000 places,
c'est un objectif que nous avons.
Et je me permets de faire aussi une parenthèse,
M. le Président, parce que le réseau des services de garde est beaucoup composé de femmes d'affaires, M. le
Président, de femmes d'affaires qui sont propriétaires de services de garde,
qui ont mis leur
coeur, leur énergie, leur passion, leur argent, M. le Président, leur argent
dans ce qui est pour elles ce qu'il y a de plus important, évidemment, cet
endroit-là où on a des employés, des éducatrices et des enfants, et le
gouvernement du Québec, dans les
prochaines semaines, va venir donner une tape dans le dos à ces femmes
d'affaires là en disant : C'est important, ce que vous accomplissez depuis
plusieurs années, et on va maintenant subventionner vos places. M. le Président, c'est important. Ça démontre non
seulement l'intérêt que nous avons pour les parents, l'intérêt que nous avons
envers ces femmes d'affaires, qui travaillent
tellement fort, M. le Président, et notre volonté, évidemment, et vous le
savez, de pouvoir compléter le réseau le plus rapidement possible.
Alors, je conclurai, M. le Président, en vous
disant tout simplement que cette motion, elle est portée, on le sait, par de
bonnes intentions, mais elle ne prend pas en compte l'ensemble du travail qui
est présentement réalisé par notre gouvernement
et par la ministre de la Famille. On est en train de changer des vies, M. le
Président. C'est des parents qui, à tous les jours, ont des appels pour
dire : Oui, il y a une place en service de garde chez nous. Alors, ces
actions-là, évidemment, vont s'accélérer. Il
y a un budget très important la semaine prochaine. Puis je vous annonce
d'avance que les libéraux vont voter contre ce budget-là, à moins qu'ils me
disent qu'ils votent pour, mais ils vont voter contre ce budget-là, M. le Président. Pourtant, il y aura
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent pour les familles du Québec. Il y aura de
bonnes nouvelles pour les familles au cours des prochaines années. Et on
souhaite avoir la collaboration de tout le monde, parce que c'est les parents en haut, c'est les
parents à la télé qui nous écoutent, et ils savent que, dans notre
gouvernement, ils peuvent nous compter pour des alliés. Merci beaucoup,
M. le Président, et à bientôt.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Beauce-Sud. Et maintenant, la prochaine intervention, je reconnais M. le député de
Laurier-Dorion. Il vous reste quatre minutes, à votre formation politique. M.
le député.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. J'aimerais aborder aujourd'hui, ici, pour la motion du
mercredi, une notion, un aspect qui me semble être un angle ignoré, un angle
mort du débat qui nous concerne, c'est l'accès à des services de garde,
l'accès à des services de garde subventionnés des enfants des parents
demandeurs d'asile.
Très
rapidement, la situation actuelle, c'est que les enfants des parents demandeurs
d'asile n'ont pas accès à des services
de garde. Ça fait en sorte que les parents, souvent la mère, une femme ne peut
pas aller travailler. Et, en ce moment, il y a un recours collectif devant les... dans les tribunaux de justice
pour statuer sur le fin fond de cette question-là. Mais, au-delà du
débat juridique, là, allons au fondamental. J'aimerais citer un alinéa de la
motion présentée qui me semble fondamental :
«[Que l'Assemblée nationale] reconnaisse que l'accès à une place en service de
garde devrait être un droit, comme le droit à l'éducation.»
Donc, les
enfants des parents demandeurs d'asile n'ont pas le droit à des services de
garde éducatifs, là. Vous le savez, M. le Président, là, tous les enfants du
Québec ont accès à l'éducation, même les enfants des demandeurs d'asile,
même les enfants des parents sans papiers.
Ça a été obtenu il y a quelques années suite à une longue lutte. Les enfants...
pour les services de garde
subventionnés, les enfants des parents demandeurs d'asile n'y ont pas accès,
alors que les services de garde subventionnés au Québec sont... leur essence
même, c'est des services éducatifs. Donc, c'est important que ces
enfants-là puissent aller et fréquenter ces services de garde là. Parce que, on
ne va pas se le cacher, une proportion très importante
de ces enfants-là vont rester pendant toute leur vie ici, au Québec. Ils ont le
droit à des services de garde éducatifs pour, entre autres, assurer une
transition réussie au système scolaire québécois, là. Je vous rappelle qu'on a
fait d'autres avancées dans ce domaine-là.
Il y a... L'année passée, le gouvernement de la CAQ a présenté le projet de loi
n° 83, qui donne accès à des
services de santé aux enfants des parents demandeurs d'asile, là. Et donc il y
a une question, évidemment, de droit, d'accès à des droits fondamentaux
pour ces enfants-là, mais il y a aussi une question d'utilité.
Je lis encore
un passage de la motion présentée, là : «Que l'Assemblée nationale
rappelle que tout parent devrait pouvoir
décider de retourner au travail et que ce choix commence par l'accès à une
place en service de garde.» Faisons un peu d'histoire, M. le Président, et
rappelons-nous qu'un des principes fondamentaux qui ont guidé la création des
services de garde subventionnés au
Québec, là, c'est le retour au marché du travail des femmes, là, donc c'est
important d'assurer que ces femmes-là puissent retourner au travail.
Motion d'amendement
Et j'aimerais finir avec un amendement, M. le
Président :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'importance de maintenir un critère de proximité
dans l'attribution des places de services de garde subventionné;
«[...]Enfin,
qu'elle demande au gouvernement caquiste de modifier la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin de garantir un droit, sans condition, à une
place en service de garde, incluant les demandeurs d'asile», après le
sixième alinéa. Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Évidemment, votre
amendement est déposé sous réserve de
l'acceptation de l'auteure de la motion. Et d'ailleurs, à ce chapitre-là, tel
que stipulait l'article 98.1 du
règlement, une motion présentée aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition ne peut être amendée, sauf par la permission de son auteur.
Mme la
députée de Robert-Baldwin, est-ce que la permission est accordée pour
l'amendement déposé par le collègue de Taschereau — c'est
deux amendements différents — et celle du collègue de Laurier-Dorion?
Mme Garceau : Bon, j'aurais bien aimé avoir... parce que, là,
je comprends... je viens de recevoir, avec respect, le premier amendement par
écrit, mais non pas le deuxième. J'aurais apprécié avoir le deuxième par écrit.
Est-ce que ça, c'est possible?
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Pour le moment, on va continuer le débat sur le
fond, et, d'ici la fin... vous avez
encore une réplique de 10 minutes, vous pourriez me donner l'indication de
votre réponse d'ici la fin de votre réplique. Alors, Mme la députée,
pour votre droit de réplique de 10 minutes.
Mme Brigitte
B. Garceau (réplique)
Mme Garceau : Merci. Merci beaucoup, M.
le Président. Je remercie... Je vois que la ministre de la Famille a
quitté...
• (16 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Absolument. Merci beaucoup. Mme la députée,
merci de votre collaboration.
Mme Garceau :
Je voulais juste remercier... et son intervention également, c'est pour ça que
je faisais le commentaire, c'était de
remercier les interventions de tous les collègues, ici, parce que la motion
dont j'ai présenté... évidemment, avec le projet de loi, pour modifier
toute cette question de permettre d'avoir un droit que les enfants, les
tout-petits aient accès à un service de garde, c'est dans l'intérêt des
familles des Québécois, et je crois qu'en tant que parlementaires, ça devrait être notre priorité également. Et, compte
tenu du programme du Grand chantier de la famille qui confirme... qui
prévoit que, d'ici 2025, on va créer 37 000 nouvelles places en
service de garde qui vont nécessiter 18 000 nouvelles
éducatrices, je souhaite... je souhaite que ce programme se réalise parce que
c'est dans l'intérêt des familles québécoises que ce soit ainsi.
Mais
j'ai une préoccupation, nous avons de grandes préoccupations, et je partage les
préoccupations avec des milliers de
parents, au Québec, qui attendent désespérément pour une place en service de
garde. Et on ne parle pas de quelques mois d'attente, on parle maintenant 15, 18 mois, pas loin de deux ans
d'attente. Fondamentalement, il est... c'est un problème, et j'espère
que nous allons pouvoir le résoudre dans un futur très rapproché.
Mais
là il faut parler de toute cette question de chiffres. Ce n'est pas une guerre
de chiffres. Je comprends que la CAQ
le mentionne ainsi afin de dire : Non, non, non, ça, le tableau de bord...
non, c'est vrai, tous les tous les chiffres, tous les nombres, c'est vrai, c'est
exact, mais la préoccupation de Ma place au travail, des milliers de parents
qu'elle représente... et également le 36 000 ou 39 000 enfants
qui sont actuellement inscrits sur la liste d'attente, mais que le gouvernement
a décidé de ne pas comptabiliser, c'est
préoccupant parce que, si l'objectif, c'est de réaliser
37 000 nouvelles places d'ici 2025... en fonction de quoi? En
fonction de... combien de familles, à ce stade-ci, ont besoin d'une place? On
ne peut pas dire : C'est 37 000,
puis de créer des nombres dans l'air, il faut se baser sur quelque chose, il
faut se baser sur les besoins, il faut se
baser sur, actuellement, le 32 359 enfants qui sont inscrits et qui
avaient besoin d'une place avant le 31 octobre 2022. Et on va rajouter un autre 36 430 enfants
dont... ils ont besoin d'une place après... depuis le 1er novembre 2022.
En décembre, en janvier, en juin
2023, ce n'est pas si loin que ça. Puis, même décembre 2023, ce n'est pas si
loin que ça. Qu'est-ce qu'on... On ne va pas les compter, ces enfants-là? Il me
semble qu'on ne veut pas se retrouver... Et, le message, aujourd'hui, je
le fais dans l'intérêt de tous, dans
l'intérêt de notre société et des familles québécoises, parce qu'on ne veut pas
se retrouver dans la même situation
que les maternelles quatre ans, où on doit prolonger la réalisation des classes
manquantes parce que la CAQ n'a pas pu réaliser ses propres cibles, ses
propres cibles.
Donc là, en
maternelle quatre ans, on va être rendus en 2029‑2030. Moi, comme
parlementaire... les parents de Ma place au travail, les 36 000 et les
32 000 familles, les 69 000 familles, en ce moment, les
enfants qui sont inscrits, veulent avoir
leurs places, veulent s'assurer qu'ils vont avoir une place. C'est l'objectif
de faire cette vérification, on veut s'assurer que le programme va se
concrétiser. On ne veut pas qu'à un moment donné on entende du
gouvernement : Vous savez, on n'en a
pas assez créé, il nous en manque, on n'avait pas comptabilisé comme il faut
les besoins. Bien non, surtout si on
met carrément de côté 36 000 enfants. Et, en plus de ça, on n'a même
pas comptabilisé, dans les besoins de création de places... on a
28 036 femmes enceintes qui sont préinscrites au 31 octobre
2022. Là, je vais présumer qu'il y en a eu,
des femmes... c'est neuf mois, on se comprend, au niveau de la grossesse, il y
en a eu qui ont déjà eu leurs enfants, depuis le 31 octobre, et qui
n'ont pas, si je peux dire, la liberté de prendre un an de congé.
Et
donc c'est une question de transparence. Et ça, c'est fondamental, que, lorsque
nous regardons... Et la ministre de la Famille l'a mentionné, qu'on va
faire une mise à jour mensuelle, ça va être mensuel, mais ce n'est pas mensuel.
On est encore au 31 octobre 2022. On
est le 15, 16 mars, aujourd'hui, 2023, ce n'est pas mensuel. Et donc
l'objectif, c'est de s'assurer que
nous allons pouvoir rencontrer les besoins des familles du Québec et que le
gouvernement soit transparent avec
les familles qui attendent désespérément pour une place, parce qu'ils en ont
besoin, ils en ont besoin. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin. Mais je dois néanmoins vous demander si vous adoptez... si vous acceptez
les propositions d'amendement telles que déposées par le collègue de
Taschereau et le collègue de Laurier-Dorion.
Mme Garceau : Le premier
amendement est refusé. Le deuxième amendement est accepté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, merci beaucoup, Mme la députée.
Alors, je
vais suspendre nos travaux quelques instants afin de recevoir le libellé exact
de la motion tel qu'accepté par l'auteure de cette motion. Alors, je
suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 17 h 15)
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
Nous reprenons nos travaux sur la motion telle que déposée. Alors, le débat
est terminé.
Et,
conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le député de Laurier-Dorion, avant de
procéder au vote sur la motion principale. Je vous fais lecture de ces motions.
La motion principale de Mme la députée de Robert-Baldwin
se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale souligne qu'il y a deux ans, des parents à la recherche
de places en service de garde éducatif
à l'enfance créaient un mouvement sans précédent en s'unissant pour réclamer
une place en service de garde pour leur enfant et pour faire valoir leur
droit de retourner travailler;
«Que
l'Assemblée nationale constate que deux ans après la naissance du mouvement Ma
place au travail, la liste d'attente pour une place en service de garde
a atteint un sommet historique;
«Que
l'Assemblée nationale dénonce la méthode de calcul caquiste qui écarte des
enfants de la liste d'attente pour une place en service de garde;
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que tout parent devrait pouvoir décider de
retourner au travail et que ce choix commence par l'accès à une place en
service de garde;
«Que l'Assemblée
nationale exprime sa profonde préoccupation quant à l'impact de la pénurie de
places sur les familles, surtout en période d'inflation;
«Qu'elle
reconnaisse que l'accès à une place en service de garde devrait être un droit,
comme le droit à l'éducation;
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement caquiste de modifier la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin de garantir un droit, sans condition, à
une place en service de garde.»
La motion
d'amendement de M. le député de Laurier-Dorion se lit comme suit : La
motion est modifiée par l'ajout, après le sixième alinéa, du
suivant :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'importance de maintenir un critère de proximité
dans l'attribution des places de services de garde subventionné.»
Elle est également modifiée par l'ajout, à la
fin du dernier alinéa, des mots : «, incluant les demandeurs d'asile.»
Mise
aux voix de l'amendement
Je mets
d'abord aux voix la motion d'amendement de M. le député de Laurier-Dorion que
je viens tout juste de lire. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Rejeté.
Donc, la motion d'amendement est rejetée.
Mise
aux voix de la motion
Je mets
maintenant aux voix la motion de Mme la députée de Robert-Baldwin telle que je
viens de lire. J'imagine que je n'ai pas besoin de la relire. Alors,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Rejeté.
Alors, la motion est rejetée.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Ajournement
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je ferais
motion, à ce stade-ci, d'ajourner nos travaux au 16 mars, à
9 h 40, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le leader. Alors, conformément
à la demande du leader du gouvernement, le vote... Ce n'est pas ça
pantoute.
Alors, M. le
leader adjoint du gouvernement... La motion est-elle adoptée? Alors, j'ajourne
nos travaux à demain, 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 18)