(Dix heures une minute)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour à tous,
bonjour à toutes. Avant de commencer nos travaux, nous allons prendre
quelques instants de recueillement.
Merci. Prenez place.
Affaires du jour
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, bonjour, M. le Président. C'est un plaisir de
vous retrouver ce matin et de retrouver les collègues. J'espère que vous avez tous passé un bon deux semaines en
circonscription. Et, pour bien commencer les travaux, je vous
demanderais d'appeler l'article 9, s'il vous plaît, du feuilleton.
Projet de loi n° 8
Prise en considération du
rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. À l'article 9 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la Commission des institutions sur le
projet de loi n° 8, Loi visant à améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la
justice, notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant
la procédure civile à la Cour du
Québec. Y a-t-il des interventions?
Alors, je cède de la parole à la députée de Côte-de-Beaupré.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci, M. le
Président. Chers collègues, je suis heureuse de procéder avec vous aujourd'hui à la prise en considération du rapport de la
commission sur le projet de loi n° 8, soit la Loi visant à améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, notamment en
favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant la procédure civile à
la Cour du Québec.
Il faut savoir que les travaux entourant le
projet de loi n° 8 se sont déroulés avec efficacité. Nous remercions, d'ailleurs, toutes les personnes et groupes qui
ont participé aux consultations. Merci aussi aux collègues de l'opposition qui
ont contribué à ce que les travaux se déroulent rondement et de façon très
constructive.
Il y a des
enjeux sur lesquels nous sommes tous d'accord et qui n'ont pas de couleur
politique, le projet de loi n° 8 en est un bon exemple. C'est clair, nous voulons tous que les citoyennes
et les citoyens puissent tourner la page et obtenir justice rapidement lorsqu'ils vivent un problème
d'ordre juridique, et ça, on comprend, tout le monde est d'accord. C'est
pourquoi nous nous attaquons aux délais judiciaires, qui, malheureusement, ont
beaucoup augmenté à la division des petites créances.
Avec le
projet de loi, nous nous donnons les outils pour mettre en place des services
de médiation obligatoire et d'arbitrage automatique aux Petites
Créances, en plus de permettre une réduction importante des délais. On va
passer, M. le Président, de 664 jours,
en moyenne, pour obtenir une audience à un délai de trois à neuf mois pour
obtenir un règlement.
Nous donnons
aussi aux citoyens plus de contrôle dans leurs dossiers. En effet, les deux
parties participeront à la recherche
d'une solution commune. Chose importante à mentionner également, les causes
impliquant la présence de violence sexuelle et conjugale seront, bien
sûr, exemptées de l'obligation du recours à la médiation.
En gros, M.
le Président, ce qu'il faut retenir, c'est que les mesures que nous proposons
pour simplifier la procédure civile à
la Cour du Québec permettront, elles aussi, aux Québécoises et aux Québécois
d'obtenir des services plus rapides, moins coûteux et surtout plus
humains.
Soulignons aussi que le projet de loi prévoit
que la Cour du Québec demeurera exclusivement compétente pour entendre les dossiers dont la valeur en litige est
inférieure à 75 000 $. Elle exercera une compétence concurrente avec
la Cour supérieure, au choix du
demandeur, pour entendre les dossiers dont la valeur en litige se situe entre
75 000 $ et 100 000 $.
Soulignons
aussi qu'en raison notamment de leur expertise les notaires seront très bien
placés pour jouer un plus grand rôle dans l'administration de la justice au
Québec. C'est pourquoi le projet de loi prévoit que les notaires qui ont
cumulé un minimum de 10 ans dans la
profession auront accès maintenant à la magistrature. Cette initiative est
d'ailleurs saluée par plusieurs,
notamment par la Chambre des notaires du Québec, par l'Union des notaires du
Québec ainsi que par la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec.
Enfin, dans
un souci de transparence, mais aussi dans le but de rapprocher la justice de la
population, le projet de loi prévoit diverses modifications législatives qui
concernent le Conseil de la magistrature. Nous espérons ainsi accroître
la confiance du public envers le système de justice.
D'ailleurs,
le projet de loi prévoit notamment d'ajouter au conseil un membre représentant
les personnes victimes d'actes
criminels. Vous savez qu'une meilleure prise en compte des personnes victimes
par le système de justice est une priorité pour le gouvernement et c'est
une priorité, d'ailleurs, largement partagée par l'ensemble de la population.
Ce membre serait nommé après consultation
d'organismes oeuvrant auprès des victimes d'actes criminels. Cette proposition
est d'ailleurs accueillie avec enthousiasme
par plusieurs, notamment par la Fédération des maisons d'hébergement pour
femmes et le Regroupement des maisons pour
femmes victimes de violence conjugale. Il est en effet grand temps que les
personnes victimes aient une voix forte et que leur point de vue soit porté et
défendu par une personne chargée de les représenter au sein du conseil.
Notons que nous proposons également de clarifier
les responsabilités du Conseil de la magistrature en matière d'accès à
l'information.
En terminant,
nous remercions une fois de plus l'ensemble des professionnels, avocats et
notaires qui ont travaillé sur ce projet de loi, les groupes que nous avons
entendus en commission et les élus, dont la collaboration fut très appréciée.
Le projet de loi n° 8 contribuera
assurément à rendre la justice plus accessible, plus rapide, moins coûteuse,
plus humaine pour la population. Et je
le répète parce que c'est important : plus accessible, plus rapide, moins
coûteuse, plus humaine. C'est ça, notre objectif, M. le Président.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Je cède maintenant la parole au député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci.
Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord, d'entrée de jeu, de souligner
que mes pensées, ce matin,
accompagnent les victimes de la tragédie qui se déroule à Amqui, on a vu ça
hier. Alors, j'ai une pensée pour tous ces gens-là qui vivent des
moments très difficiles.
Et, pour
revenir, pour revenir au projet de loi n° 8, effectivement, je vais
prendre au mot ma collègue la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, ça a été très efficace et très
vite, très, très vite. Alors, le gouvernement avait un agenda, on a
essayé d'améliorer le projet autant qu'on a pu, mais, vraiment, on est allés à
une vitesse assez phénoménale.
Je peux
comprendre qu'on soit allés rapidement sur certains aspects du projet de loi
qui traitent, par ailleurs, de la compétence
de la Cour du Québec. Pourquoi? Parce que, vous vous souviendrez, c'est suite à
une décision de la Cour suprême du Canada que le législateur a dû modifier sa
loi. Rappelons-nous, quand le Code de procédure civile a été adopté, on avait, le législateur, augmenté d'une manière
exclusive la compétence de la Cour du Québec, et la Cour supérieure a contesté
ces dispositions-là. Le litige s'est rendu jusqu'en Cour suprême, et la Cour
suprême du Canada a reconnu que la
disposition, qui augmentait la compétence exclusive de la Cour du Québec à
85 000 $, contrevenait à la Loi constitutionnelle de 1867, et donc qu'il fallait que le législateur
québécois refasse ses devoirs, puisqu'il s'agissait d'un empiétement
significatif sur la compétence de la Cour supérieure.
Et,
évidemment, je me répète, mais le Code de procédure civile ne parlait non pas
d'une compétence concurrente, mais d'une compétence exclusive, ce sur
quoi s'est évidemment attardée la Cour suprême. La Cour suprême a fait une évaluation et aucune autre cour provinciale au
Canada ne possédait cette compétence. Alors, le dossier a donc été retourné au
législateur québécois avec un délai. Et donc, évidemment, il était important
que le législateur se conforme au délai qui lui a été imparti, imposé par la
Cour suprême du Canada. C'est la raison pour laquelle le ministre a déposé le
projet de loi n° 8, qui reprenait un projet de loi qui avait été déposé
précédemment à la fin de la dernière législature.
• (10 h 10) •
Quand on regarde le titre du projet de loi, «efficacité
et accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant la
procédure civile à la Cour du
Québec», on s'attend à retrouver dans le document, bien sûr, des modifications au Code de procédure
pour se conformer à la décision de la Cour suprême, on s'attend moins à
trouver, dans le projet de loi, des modifications, par exemple, au Conseil de
la magistrature ou au fait que les notaires puissent
accéder à la profession de juge. C'est la raison pour laquelle, en commission
parlementaire, nous avons écouté, posé des questions à un grand nombre
de groupes, d'associations, d'ordres professionnels qui sont venus déposer
devant les membres de la commission.
Donc, si on
regarde le projet de loi... et, ce matin, ce que j'aimerais faire avec vous et
les membres de cette Assemblée, c'est
de regarder, au fond, les différents articles du projet de loi et comment ils
ont été modifiés, ou pas, ou bonifiés dans le cadre des travaux de la commission parlementaire. Et on a étudié ça
attentivement pour s'assurer, évidemment, que cela allait répondre aux attentes des citoyens et des
citoyennes du Québec. Puis, quand on regarde, maintenant, ce que ça donne,
bien là, la Cour du Québec a une compétence
exclusive, mais pour les litiges de 75 000 $ et moins. Elle a, par
ailleurs, une compétence concurrente avec la Cour supérieure pour les
litiges de 75 000 $ à 100 000 $.
Il y a des
modifications importantes aussi qui touchent la division des petites créances,
qui va pouvoir entendre des causes de
15 000 $ et moins. C'est un montant quand même assez important, mais
c'est, je pense, souhaitable, puisque la division des petites créances,
rappelons-le, c'est un tribunal où... s'il y a des citoyens qui pourraient être
appelés à aller à la cour, dans la majorité des cas, c'est devant la division
des petites créances qu'ils vont se retrouver. C'est environ 20 000 dossiers par année, avec des
délais, nous le reconnaissons, qui sont beaucoup trop longs. Alors, là-dessus,
on salue l'initiative. On espère que
les délais vont, évidemment, être réduits. On nous disait, en commission
parlementaire, que, dans certains
districts, ça peut prendre même jusqu'à deux ans, 24 mois, pour qu'un
litige soit entendu. Alors, imaginez un litige entre, par exemple, deux voisins ou entre un commerçant puis,
évidemment, un consommateur, et donc prendre deux ans pour régler un
litige, c'est effectivement beaucoup trop long, et on espère que le projet de
loi va améliorer la situation.
Dans
ce projet de loi là, on retrouve également des dispositions qui touchent au
Conseil de la magistrature. L'intention du
législateur, du gouvernement, c'est de faire en sorte que, dorénavant, le
Conseil de la magistrature va être soumis à la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et qu'il pourra être audité par la Vérificatrice
générale. J'en reparlerai un peu plus
tard, parce que j'ai soulevé plusieurs questions en commission parlementaire à
ce sujet-là. On salue le fait que le conseil sera modifié pour permettre
à un représentant des victimes de faire partie du Conseil de la magistrature,
et ça, on pense que c'est un ajout qui est tout à fait louable et qui mérite
d'être souligné.
Et, si on regarde
maintenant les articles du projet de loi, on se rend compte que l'emphase est
véritablement mise sur la médiation et
l'arbitrage. Ça peut paraître un peu étonnant, dans un premier temps, qu'on
soit obligés de rappeler cela parce que, quand on regarde le Code de
procédure civile et sa nouvelle mouture, en fait, qui a été adoptée il y a près de 10 ans, le législateur avait pris la
peine de souligner que la médiation, le choix commun des parties, les modes
privés de règlement devaient être
fortement favorisés. Est-ce à dire que l'appel du législateur n'a pas été
entendu? Peut-être, mais il n'en demeure pas moins que c'était quand même dans
le code. Alors là, le gouvernement le réitère et s'assure que cette
fois-ci, on l'espère, sera la bonne. C'est très clair dans le projet de loi que
la médiation va être fortement... on va inviter
les gens fortement à aller en médiation, puis, à la cour... à la division des
petites créances, ça va même être obligatoire. C'est beau, c'est
louable. Si les parties peuvent s'entendre entre elles avant d'aller devant
l'instance judiciaire, ça peut permettre de résoudre des litiges plus
rapidement.
Cependant,
il ne faut pas oublier, et ça, je l'ai mentionné à M. le ministre à quelques
reprises, il ne faut pas oublier que ceci, ça va fonctionner si le gouvernement
met suffisamment d'argent au service des organismes communautaires ou des officiers qui sont chargés de faire de la
médiation ou des arbitres, parce que sinon, M. le Président, moi, ma crainte,
c'est que ça ne va pas fonctionner. Alors,
tout ce qu'on va faire, c'est qu'on va déplacer le problème. Il y a moins de
gens qui vont aller devant le juge,
mais, s'il n'y a pas plus de monde puis il n'y a pas plus d'argent pour régler
les dossiers en amont, quant à moi,
ça ne va pas régler le problème. Donc, là-dessus, je lance, évidemment, une
invitation, j'interpelle le gouvernement,
et on l'a fait en commission parlementaire, de s'assurer que la structure et
les fonds vont être au rendez-vous, parce
que sinon je crains que ce qu'on va faire, c'est qu'on va donner peut-être
l'impression à la population qu'on corrige la situation, mais au fond on
va déplacer le problème de place, et ça, je pense que ça doit être soulevé.
Donc,
si on regarde le projet de loi et ce qui a été fait en commission
parlementaire, devant la Cour du
Québec, le gouvernement a établi des délais pour que les
parties puissent, évidemment, échanger, se transmettre des documents. Et
les interventions que l'opposition officielle a faites, c'était, au fond, de
faire comprendre au gouvernement qu'il fallait peut-être un meilleur équilibre entre le demandeur et le défendeur. Et
ces modifications-là qui ont été déposées en commission parlementaire par l'opposition officielle ont été
acceptées par le gouvernement. Et pourquoi on trouvait que c'était important?
C'est qu'on est conscients qu'on veut,
évidemment, que les litiges avancent rapidement, avec célérité, mais il faut
quand même permettre au défendeur
d'être capable de se défendre et de présenter de la preuve devant, évidemment,
les instances civiles. Pourquoi c'est
important puis pourquoi c'était important de rééquilibrer les délais? C'est
parce que... ma compréhension, c'est que le demandeur, lui, quand il
envoie une mise en demeure ou qu'il prépare son action, sait très bien ce qu'il va faire. Évidemment, il y a une
stratégie avec son action, il va ramasser des preuves. Et puis là, bien, le
défendeur, lui, reçoit la mise en
demeure puis, après ça, l'action, mais évidemment, pour qu'il soit capable de
se préparer, bien, il fallait lui accorder plus de temps, et ces
modifications-là ont été acceptées par le gouvernement. Donc, il était
important de trouver un équilibre et
de donner plus de temps au défendeur pour que ce dernier puisse répondre
adéquatement à l'action qui est intentée contre lui.
• (10 h 20) •
Si, maintenant, on
s'attarde aux dispositions qui touchent la division des petites créances, il y
aura une nouvelle procédure qui va mettre de
l'avant la médiation et l'arbitrage. En fait, l'idée du gouvernement, c'est de
rendre la médiation obligatoire. Vous
me direz, comme concept, c'est peut-être un peu étonnant parce
qu'habituellement, traditionnellement — moi,
j'en ai fait plusieurs, dossiers en
médiation — il
n'y a pas un médiateur ou même un juge qui va vous dire : Je vous convoque
pour une médiation, habituellement, ça se
fait sur une base volontaire parce que, d'un commun accord, les parties
s'entendent pour essayer de trouver
une solution à leur litige. Là, avec ce projet de loi, le gouvernement va plus
loin en la rendant obligatoire.
On
a posé des questions, l'opposition officielle, en commission parlementaire, a
posé des questions au gouvernement là-dessus, et on nous a assurés que
ça existait dans d'autres provinces et que ça portait des fruits. Alors,
espérons-le, espérons que les parties,
évidemment de bonne foi, y verront une opportunité de régler leurs litiges,
mais, comme je vous le mentionnais d'entrée de jeu, M. le Président,
pour ça, il va falloir que les ressources soient au rendez-vous. Parce que je peux comprendre, par exemple, à la division
des petites créances, les parties se ramassent devant le juge, bon, là, il va y avoir une médiation obligatoire, mais, si
vous n'avez pas plus de médiateurs, le dossier ne va pas avancer plus vite.
Donc, ça, ça m'apparaît être un élément important, qui, d'ailleurs, a été
soulevé par plusieurs groupes en commission parlementaire.
Maintenant
se posait la question, parce qu'on parle de médiation obligatoire : Qu'en
est-il des parties qui s'adressent au tribunal et qui vivent une situation de
violence sexuelle ou de violence conjugale? Alors, à un moment donné, on
leur disait : Bien, écoutez,
l'intention du gouvernement, ce n'est pas de les envoyer en médiation
obligatoire. Il pourrait y avoir des
exceptions, le ministre pourrait agir puis décider, par règlement, de les
exclure, etc. Et en fait je vous dirais sincèrement que, pour ma part, je n'étais pas d'accord avec
cette façon de faire et j'ai donc proposé une modification pour que, dans
la loi, ce soit écrit clairement. Et donc l'article 570 du Code de
procédure civile va être modifié, et c'est à l'article 15 du projet de loi, pour faire en sorte que la
médiation ne peut être obligatoire dans les cas de violence sexuelle ou de
violence conjugale. Et ça, je pense
que c'est hyper, hyperimportant parce qu'il y a des groupes, en commission
parlementaire, qui nous ont dit qu'ils étaient inquiets et qu'ils voulaient que
le projet de loi reflète cette réalité. Donc, quand ma collègue la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
faisait référence à des ajouts ou modifications constructives de l'opposition,
je pense que ça, ça en est une, et ça va permettre de bonifier ce projet de
loi.
Le
projet de loi, également, modifie la Charte
des droits et libertés de la personne
pour simplifier la procédure. On nous
a dit, en commission parlementaire, que cet amendement-à avait été demandé par
le Tribunal des droits de la personne. Et ce
que c'est censé faire, c'est que, entre autres, ça va permettre de remplacer le
mémoire du défendeur et des autres parties et même aussi de modifier la
demande introductive d'instance alors qu'elle sera éventuellement signifiée au
défendeur et, le cas échéant, aux autres parties. Cette modification-là prévoit
que la demande introductive d'instance et l'avis comprennent les éléments
déterminés par règlement du tribunal, mais le demandeur n'aura plus
l'obligation de déposer une demande
introductive d'instance avec des éléments, avec un mémoire, etc. Donc, ça va
simplifier la procédure et ça va permettre au tribunal, éventuellement,
de trancher des litiges plus rapidement.
Il y a également une disposition du projet de
loi qui touche le défendeur, qui, lui aussi, aura un délai plus court pour
déposer ses observations au Tribunal des droits de la personne, et on pense
que, dans ces cas-là, ça va améliorer, effectivement, la procédure et
l'accessibilité au tribunal.
Il y a un
autre élément du projet de loi, et il s'agit, entre autres, de
l'article 19, qui traite du Code des professions, du Tribunal des professions et des décisions
interlocutoires des conseils de discipline. Cette possibilité de porter en
appel des décisions interlocutoires
des conseils de discipline avait été enlevée. Alors, ça n'existe pas dans le
code actuel, dans le Code de procédure, c'est réajouté dans la loi.
J'ai posé des
questions à M. le ministre de la Justice, parce qu'évidemment on ne veut pas
empêcher les gens de se défendre ou
de faire valoir leurs droits, mais mon souhait, c'est que j'espère qu'en
réintroduisant cette disposition-là on ne va pas allonger indûment les procédures avec une série d'appels
interlocutoires qui pourraient faire en sorte, au fond, que les
justiciables soient obligés d'attendre, et d'attendre longtemps, avant d'avoir
une décision dans leurs dossiers.
Le projet de loi, et je l'ai mentionné, permet
également aux notaires, maintenant, de se présenter à des concours pour des postes de juge à la Cour du Québec, et
des notaires pourront également se présenter à des concours de juge de
paix magistrat.
Autre élément
important du projet de loi, je le souligne, ce projet de loi là va désormais
permettre aux juges de paix
magistrats de pouvoir autoriser des mandats pour entrer dans un lieu de travail
où se déroule du télétravail. J'ai posé des questions au ministre là-dessus, je
voulais bien saisir, mais je comprends. Évidemment, les juges de paix
magistrats, présentement, n'ont pas
ce pouvoir-là. Et, compte tenu, bien sûr, de la façon, maintenant, dont les
gens travaillent, avec le
télétravail, quand on travaille ou qu'on télétravaille de la maison, on a
évidemment une attente raisonnable de vie privée chez nous, et donc il était normal, je pense, qu'un arbitre indépendant
et impartial puisse déterminer si des agents de l'État peuvent
éventuellement entrer dans un lieu où il y a une attente raisonnable de vie
privée.
On l'a
souligné, le projet de loi va aussi modifier le Conseil de la magistrature pour
permettre à un représentant de victime
d'y siéger. Et ça, je peux vous dire que les intervenants ont salué cet
ajout-là, et je pense que c'est important, puisque les victimes doivent avoir
une voix, et un représentant des victimes, à mon avis, ne peut qu'aider le
fonctionnement du Conseil de la magistrature.
• (10 h 30) •
Cependant quant à la composition du conseil,
l'objectif du législateur, c'est de réduire, entre autres, le nombre de juges qui y siègent, plus particulièrement les
juges en chef adjoints des différentes chambres de la Cour du Québec. Or,
j'ai présenté un amendement pour conserver le nombre de juges. Cet amendement a
été battu, mais je pense qu'il aurait permis
au conseil de continuer, à mon avis, à remplir son mandat et en ayant le
bénéfice de l'expertise et de l'expérience des différents juges en chef des différentes chambres de la Cour du Québec
pour être capable d'en arriver à une meilleure décision en ce qui a
trait à la déontologie judiciaire.
Autre élément
que j'ai souligné avec la division des petites créances, et je tiens à le
mentionner, ma compréhension du
projet de loi, c'est que la médiation est obligatoire, et que, par la suite,
les parties seront envoyées devant un arbitre qui va solutionner le
litige, et c'est uniquement si les parties demandent d'aller devant la cour,
donc devant un juge, qu'ils pourront avoir accès à un juge pour régler leur
litige.
J'aurais préféré que le projet de loi le
mentionne clairement, spécifiquement et d'emblée, parce que, et je le comprends, il y a des justiciables qui veulent
qu'un juge règle leur litige. C'est légitime. Alors là, s'ils ne prennent pas
une disposition et qu'ils ne manifestent pas leur intention, c'est un
arbitre qui va régler le litige. Quand on sait qu'à la cour, à la division des
petites créances, dans la majorité des cas, les gens se représentent seuls,
bien, il est possible... en fait, je le dis,
il est possible que des justiciables ratent l'ouverture de 30 jours et
qu'ils se disent : Bien, non, maintenant, vous allez en arbitrage
et que ce ne soit pas, finalement, la volonté des parties.
Pour les
informer correctement, et là on revient à ce que je disais au début, il
faudrait que les organismes communautaires
soient mieux financés, qu'il y ait plus de gens qui travaillent avec eux pour
être capables de mieux informer la population, pour que les gens comprennent,
évidemment, ces subtilités-là. Et ça, je pense qu'en fait, pour ma part,
le projet de loi aurait gagné à ce que ce soit beaucoup plus clair.
J'aimerais
également, pendant le temps qu'il me reste, je comprends que j'ai
30 minutes, M. le Président, vous parler un peu du Conseil de la
magistrature. J'ai soulevé différents éléments pendant les travaux en
commission parlementaire parce que,
non seulement le projet de loi parle de l'accès à la justice, mais, je le
disais d'entrée de jeu, on va aussi modifier le Conseil de la magistrature pour
deux... de deux façons. Premièrement, on va soumettre le conseil à la loi sur
l'accès à l'information des organismes
publics, sauf dans des dossiers de déontologie judiciaire, et on va permettre
aussi à la Vérificatrice générale de faire des audits, sauf évidemment,
encore là, dans les dossiers en déontologie judiciaire.
Alors, j'ai
deux observations à vous faire, M. le Président. D'abord, quand vous donnez un
droit à des citoyens, à des
citoyennes, forcément, ils vont les utiliser. Donc, il va y en avoir des
demandes d'accès. Je ne suis pas contre la transparence, comprenez-moi
bien, ni contre l'imputabilité, ça aussi, dans ma tête, c'est très clair, mais
il faut faire attention de bien s'assurer
que le conseil pourra fonctionner avec toute son indépendance pour que le
conseil soit capable de remplir son mandat.
Et
je reviens aux demandes d'accès. Bon, évidemment, il y a des exceptions dans la
loi. Parfois, on peut refuser, mais il
y a une chose qui est claire, c'est qu'à un moment donné il y a une zone grise
entre la gestion du conseil puis, parfois, certains travaux en déontologie judiciaire. Et, qui plus
est, si le gouvernement n'augmente pas le budget du conseil et n'augmente
pas le personnel du conseil, bien,
évidemment, comment le conseil, avec le peu d'employés qu'ils ont maintenant...
vont être capables de remplir aux
demandes qui vont être prévues par la loi? Donc, ça, c'est un élément que je
tenais à soulever.
Parce que
sinon, vous donnez un droit, puis là, bien, vous allez avoir des délais qui
vont s'allonger. Et croyez-moi, dans mon expérience des demandes d'accès
à l'information, parfois, ça peut être long pour trouver les documents puis y répondre. Merci. Donc, il faut absolument être
capable de s'assurer que le conseil pourra faire son travail à ce niveau-là.
Et c'est la même chose avec les audits et la Vérificatrice
générale. On n'est pas contre le fait que la Vérificatrice générale,
évidemment, puisse remplir son mandat, mais, encore là, il faut faire attention
de ne pas venir éroder l'indépendance institutionnelle du Conseil de la
magistrature, et ça, je tenais à le souligner devant vous aujourd'hui.
Donc, en
conclusion, on ne peut pas être contre l'accès à la justice. Je pense que ce
projet de loi, je le souhaite fortement, va améliorer les choses. On a
travaillé d'une façon constructive, mais ça a été très vite, et ce que je
tenais à souligner aujourd'hui, à mon avis, permettre de bonifier le projet de
loi. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Je reconnais
comme prochain intervenant... Est-ce qu'il y a un prochain intervenant ou une
prochaine intervenante? Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Je pense queça
va être moi.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Voilà.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme
Garceau : Je pensais qu'on
faisait une alternance, mais sinon, M. le Président, je vais juste... Je
comprends que j'ai 10 minutes, donc je vais être circonscrite dans
mes commentaires.
J'aimerais
évidemment remercier les membres de la commission. C'est évidemment, pour nous,
les nouveaux, notre première expérience, et je dois vous dire que nous avons
tous apprécié l'esprit de collaboration. Ça a été très constructif, et
j'ai beaucoup, beaucoup apprécié et j'ai hâte aux prochaines séances concernant
d'autres projets de loi.
Mais, en ce
qui a trait le projet de loi n° 8, j'ai décidé vraiment de porter mes
interventions sur un aspect important de
ce projet de loi, et ça, c'est le côté pratique de la mise en oeuvre de ces
nouvelles dispositions. Et pourquoi je regarde le côté pratique de notre système judiciaire? Parce que j'ai quand même
un bagage de 30 ans d'expérience en pratique en droit de la famille et aussi en tant que
médiatrice accréditée depuis 25 ans. J'ai une très bonne connaissance, je
crois, du système judiciaire au
Québec et aussi au niveau de l'application des règles de procédure civile et
les enjeux liés à l'accès à la justice.
Et moi, mon collègue et des milliers d'avocats à
travers le Québec, nous avons passé à travers la grande réforme du Code
de procédure civile en 2016. Et
pourquoi je parle de cette grande réforme? C'est parce qu'on visait, dans cette
réforme en 2016, les mêmes objectifs
qu'on vise avec le projet de loi n° 8, c'est-à-dire de rendre notre
système judiciaire plus efficace, plus
accessible, plus rapide, moins lourd, moins coûteux, et tout en faisant appel à
de nouvelles mesures, de nouvelles procédures.
• (10 h 40) •
Et c'est
évidemment louable d'avoir cet objectif-là, parce que, comme mon collègue a
mentionné, mon collègue de l'Acadie,
nous voulons tous améliorer le système. Nous voulons qu'il soit plus efficace
pour les justiciables. Nous voulons que,
lorsqu'il y a un différend entre des parties, qu'ils puissent obtenir une
conclusion à ce conflit le plus tôt possible, que ce soit en médiation,
en conférence de règlement ou devant un tribunal.
Mais nous
savons qu'en 2016 il y avait toutes sortes de belles mesures pour accélérer le
processus, pour permettre d'avoir des
barèmes, de circonscrire le débat. On a introduit le protocole de l'instance.
On a introduit la possibilité d'aller en
gestion d'instance devant un tribunal afin de s'assurer qu'on maintienne un bon
déroulement des procédures. On a même... Il y avait des exigences au niveau des délais de production, des
inscriptions pour l'audition. Et, plus particulièrement, on a encouragé, en 2016, aux parties d'aller en
médiation et d'aller en conférence de règlement. On a vraiment encouragé aux
justiciables de tenter de régler leurs différends dans le cadre de ces modes
alternatifs de résolution de conflits.
Mais, malgré
la bonne volonté, à ce moment-là, évidemment, du ministère, du législateur,
qu'est-ce qui s'est produit? Parce qu'on le vit encore, les conséquences
des procédures du virage procédural de 2016, on le vit encore aujourd'hui. On le vit parce que... on voit, il y a eu une
augmentation fulgurante de personnes, de justiciables qui se représentent seuls
parce qu'ils n'ont pas les moyens financiers pour procéder devant un tribunal
ou même faire partie de tout le processus judiciaire.
Il y a eu, évidemment, l'augmentation des frais légaux pour les justiciables
parce que, les avocats, on se retrouvait souvent devant un tribunal, devant un juge en gestion d'instance. Cette
mesure de gestion d'instance a été utilisée pour aller chercher toutes sortes de jugements pendant
instance. Et évidemment, il y a eu des augmentations dans les délais pour fixer
des auditions. Et, des fois, on avait des dates d'audition qui étaient prévues
pour deux, ou trois, ou quatre jours, et ça faisait un an qu'on attendait cette audition. Et on arrive
devant le juge et qu'est-ce qui se passe? On ne peut pas procéder parce
qu'il y a un manque de juges.
Donc,
pourquoi est-ce que je fais ce survol? Bien, c'est parce qu'on mise le même
objectif aujourd'hui et on veut que ça fonctionne. On veut que le projet de loi
n° 8, au niveau des nouvelles mesures, que ça rend le système judiciaire
plus accessible et plus rapide pour les
justiciables. Mais on ne change pas les choses simplement pour dire qu'on a changé
les choses. Il va falloir s'assurer
que les amendements proposés au Code
de procédure civile, et évidemment
dans les autres lois, vont réellement atteindre les
objectifs visés. Et donc, comme j'ai mentionné, nous appuyons, j'appuie
personnellement l'objectif principal du projet de loi n° 8, qui est de
simplifier les règles de procédure civile aux Petites Créances et à la Cour
du Québec, et d'améliorer, évidemment, l'efficacité et l'accessibilité à la
justice.
Mais
je reviens, parce que nous avons... nous continuons à vivre les conséquences de
la réforme de 2016 où nous avons encouragé la médiation et les
conférences de règlement. On fait la même chose dans le projet de loi n° 8.
Mais, comme mon collègue de l'Acadie a
mentionné, si on n'ajoute pas, on n'augmente pas le nombre de juges dans les
palais de justice à travers le
Québec, qu'on n'augmente pas les greffiers, le personnel, je crois que nous
allons nous retrouver dans la même situation que nous sommes
aujourd'hui, avec des engorgements de notre système judiciaire, des délais
indus et une grande frustration au niveau
des justiciables. La pénurie de main-d'oeuvre, elle est là, elle est présente,
et il faut la rectifier avant de mettre en oeuvre encore d'autres
nouvelles mesures dans notre système de justice.
Maintenant,
au niveau... quelques points concernant certaines réserves du projet de loi, et
ça vient en lien avec mes remarques préliminaires, et c'est la mesure,
dans le projet de loi, où nous allons prioriser les dossiers. Que ce soit à la
Cour du Québec, que ce soit en Cour supérieure, si les parties procèdent, font
une tentative de médiation, on va prioriser ces
dossiers-là. Donc, tout semble logique, on veut encourager la médiation, on
veut encourager les règlements, on veut désengorger le système.
Cependant, on ne peut pas penser, parce qu'on l'a vécu et on le vit encore,
que, parce qu'on encourage la médiation, que
la plupart des dossiers vont être réglés. C'est pour ça que c'est fondamental
d'ajouter les ressources financières au niveau du système judiciaire.
Également, compte
tenu des mesures particulières, et incluant cette dernière mesure concernant la
médiation obligatoire, je crois qu'il va
être important et fondamental que le gouvernement va devoir prévoir davantage
des campagnes de sensibilisation afin
d'informer le public de ces nouvelles mesures, et plus particulièrement la
médiation obligatoire et l'arbitrage. Le gouvernement devra également
financer adéquatement les...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je
reconnais maintenant Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, M. le Président. Écoutez, nous sommes
heureux que le gouvernement s'attaque enfin aux délais en matière de justice, là. Ce n'est pas rose, rose, là,
actuellement, la situation au niveau de la Cour des petites créances, là. On peut lire, là, que la plupart des dossiers,
actuellement, ont lieu entre... ça prend deux à trois ans avant d'obtenir
une audience, il faudrait environ 600 jours, en moyenne, avant d'obtenir
une audience devant la Cour des petites créances. Puis ça, je tiens à souligner que c'est un délai
qui a triplé depuis 2018. Donc, la situation a vraiment empiré en cinq ans.
Par contre, le projet de loi proposé ici,
nous sommes heureux, là, parce que ça pourrait effectivement aider à réduire
les délais de façon substantielle.
J'aimerais
souligner un apport que mon collègue le député de l'Acadie a fait au projet de
loi, et nous apprécions que le gouvernement l'ait accepté, ait accepté
l'amendement, c'est-à-dire que l'article 570 du Code de procédure civile,
modifié par le projet de loi, a été
amendé pour prévoir que la médiation ne peut pas être obligatoire dans les cas
de violence sexuelle ou de violence
conjugale. C'était évidemment, là, bon, on comprend, probablement un oubli,
mais une situation, là, qui aurait été vraiment préjudiciable à ceux et
celles qui vivent des cas de violence. Alors, je remercie mon collègue d'avoir souligné cet... proposé cet amendement et je
remercie le gouvernement de l'avoir accepté. Je pense que les groupes, là,
étaient favorables à cet amendement-là.
• (10 h 50) •
Par
contre, je dois dire qu'on est un peu, en tout cas, déçus que le gouvernement
n'ait pas accordé la même attention à la proposition de mon collègue,
toujours le député de l'Acadie, qui a aussi proposé de garder les quatre juges
adjoints comme membres du Conseil de la
magistrature. Dans le fond, le conseil, actuellement, là, si je regarde, il est
composé de deux juges de la Cour du
Québec, le président du Tribunal des
droits de la personne ou celui du
Tribunal des professions, un juge
président de la Cour municipale, un juge d'une cour municipale, un juge de paix
magistrat, deux avocats, deux membres du public. Et, dans les juges, on
a juge en chef de la Cour du Québec, juge en chef associé de la Cour du Québec
et les quatre juges en chef adjoints de la Cour du Québec.
Donc, ce que je
comprends, c'est qu'en ajoutant un nouveau membre au conseil on n'a pas modifié
le nombre, et donc là on réduit... Dans le
fond, les quatre juges en chef adjoints ne feraient pas partie du Conseil de la
magistrature, ce qui, dans le fond,
pourrait faire en sorte qu'on n'ait pas la représentativité de toutes les cours
du Québec parmi les membres du Conseil de la magistrature.
Donc,
c'est dommage que cet amendement là de mon collègue député de l'Acadie ait été
refusé par le gouvernement. Je m'excuse,
je vais prendre un verre d'eau. Donc, ça, c'est un amendement qui aurait vraiment
permis une meilleure représentation de
toutes les cours au sein du Conseil de la magistrature, un organisme qui, je
rappelle, est indépendant du gouvernement.
Aux
Petites Créances, on traite entre 18 000 et 20 000 dossiers par
année. On l'a dit, les délais sont rendus vraiment plus longs depuis 2018, dans
les cinq dernières années du gouvernement caquiste. Et là on va permettre la
médiation. En fait, on va l'obliger
pour les litiges de moins de 5 000 $, ce qui représenterait environ
la moitié des dossiers. Et là l'enjeu, ce sont les ressources, et là ma collègue... mes collègues l'ont souligné,
on doit absolument s'assurer que les ressources seront suffisantes. Le ministre a mentionné qu'il y avait
suffisamment de médiateurs, mais la réalité, c'est que, de plus en plus,
partout, partout, dans tous, tous, tous les
milieux, la pénurie de main-d'oeuvre fait son oeuvre, et actuellement on manque
de tout.
Je vais reprendre les propos, là, de ma collègue
députée de Robert Baldwin. Si on n'a pas... Si on n'augmente pas le nombre de juges, de greffiers, de personnel
de soutien, bien, on va se retrouver au même stade dans quelques années.
On l'a vu, ça a triplé
en cinq ans. Dans cinq ans, serons-nous au même stade qu'aujourd'hui? Donc, il
faut s'assurer qu'on ait les ressources.
Il
faut s'assurer qu'on ait aussi des conditions salariales pour attirer ces
gens-là. Les greffiers, notamment, soulignent la disparité, là, de leurs salaires, puis ça, mon collègue le député de
l'Acadie l'a mentionné à plusieurs reprises dans les dernières semaines. Et tout le personnel de
soutien, s'il n'est pas payé adéquatement et n'est pas, donc, présent en cour,
ne souhaite pas travailler à la cour, bien, la cour ne fonctionne pas. On a
besoin de ces gens-là, et donc il faut augmenter toutes les ressources.
On
a aussi besoin de plus d'argent pour la sensibilisation de la population sur la
médiation et l'arbitrage. Je ne sais pas, ce n'est peut-être pas une chance,
mais j'ai vécu la médiation lors d'une séparation, un divorce, et c'est très,
très, très efficace, la médiation,
mais les parents qui se séparent, qui se divorcent, c'est obligatoire.
Aujourd'hui, on passe par la médiation
avant de pouvoir aller en cour. Donc, c'est un processus qui fonctionne. Je
l'ai testé, ça fonctionne très très bien, mais c'est méconnu de la
plupart des citoyens, cette possibilité-là.
Il
y a même des villes qui ont offert des services de médiation. Il y a certaines
villes qui ont tenté d'amenuiser, par exemple,
les conflits entre... des enjeux de cour, par exemple, d'empiétement, etc., et
qui ont mis en place ces services de médiation
là, mais c'est très très peu utilisé encore, très très peu connu de la
population. Alors, il faut absolument que le gouvernement prévoie des
sommes pour la sensibilisation de la population à la médiation, sur la
médiation, les bienfaits de la médiation et de l'arbitrage, c'est essentiel.
Mais
aussi il faut absolument soutenir... mieux soutenir les organismes
communautaires. Tous les organismes qui accompagnent les citoyens dans
les conflits, tous les groupes qui font du support juridique, on doit mieux les
outiller. Ils doivent actuellement ramer
fort pour réaliser leur mission, et ça, on le voit. En fait, c'est dans toutes,
toutes, toutes les sphères de la
société. Actuellement, les organismes communautaires crient famine. Ils
manquent eux aussi de main-d'oeuvre. Ils
n'ont pas des salaires alléchants parce qu'ils n'ont pas d'argent. Donc, on
doit absolument mieux les soutenir et c'est... parce que tout ça, c'est un
ensemble. Si on a des organismes qui soutiennent les citoyens, si on a des
médiateurs qui font leur travail,
tout ça pourra fonctionner, mais faut-il encore qu'on ait les sous pour payer
les gens adéquatement pour que ce soit attractif comme travail.
Donc,
je vais revenir en mentionnant qu'il est clair, là, qu'on appuie le principe du
projet de loi n° 8, la Loi
visant à améliorer l'efficacité et
l'accessibilité de la justice, notamment en favorisant la médiation et
l'arbitrage et en simplifiant la procédure
civile à la Cour du Québec. On est
donc d'accord avec le principe du projet de loi, mais on croit que, définitivement, et je vais répéter les propos de
mes collègues, ça a été trop vite. On aurait bénéficié de plus de temps pour
entendre les groupes. Une plus grande
consultation d'organismes aurait été avantageuse. Bon. Et donc, comme je vous
dis, on est quand même heureux que le
gouvernement ait accepté les amendements... l'amendement principal proposé par
mon collègue le député de l'Acadie,
mais on trouve regrettable, là, qu'il ait aussi refusé l'amendement qui visait
à garder les quatre juges adjoints comme membres du Conseil de la
magistrature.
Et
donc je termine en rappelant que tout ça, si on ne veut pas se retrouver au
même stade dans cinq ans, retriple encore les délais, bien, il faudra absolument s'assurer que les budgets soient
là. C'est quoi, c'est dans une semaine, dépôt du budget? Il faudra absolument que les budgets pour les
organismes communautaires, pour la sensibilisation, mais aussi pour plus
de juges... Il faut absolument augmenter le
nombre de juges, de greffiers, leurs conditions salariales, si on souhaite
vraiment améliorer l'accessibilité à la justice. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée des Mille-Îles. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix du rapport
Le
rapport de la Commission des institutions portant sur le projet de loi
n° 8, Loi visant à améliorer
l'efficacité et l'accessibilité de la
justice, notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant
la procédure civile à la Cour du Québec, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais, à ce stade-ci, d'appeler l'article 8 du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet
de loi n° 6
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
À l'article 8 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission des finances publiques sur le projet de loi n° 6, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 22 mars 2022 et à
certaines autres mesures. Y a-t-il
des interventions? M. le député d'Orford.
M. Gilles
Bélanger
M.
Bélanger : Merci, M. le Président. M. le Président, je soumets
à cette Assemblée, en vue de sa prise en considération, le rapport de la Commission des finances publiques
concernant le projet de loi n° 6 intitulé Loi donnant suite à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
22 mars 2022 et à certaines autres mesures.
Le projet de
loi n° 6 a été présenté le 9 décembre 2022 et le
principe en a été adopté le 31 janvier 2023. La Commission des finances publiques en a fait l'étude détaillée
le 22 février 2023 et en a adopté les 110 articles. Des amendements
ont également été adoptés. Le rapport de la commission a été déposé le
23 février 2023.
M. le
Président, ce projet de loi modifie cinq lois dont la Loi sur les impôts et la
Loi sur la taxe de vente du Québec, ainsi
qu'un règlement. Il donne suite à des mesures fiscales annoncées dans le
discours sur le budget du 22 mars 2022 et dans des bulletins
d'information publiés en 2021 et en 2022. Ce projet de loi contient plusieurs
mesures. Dans ce contexte, M. le Président, et par souci de concision, je ne
traite que des mesures principales.
• (11 heures) •
Il prévoit
les dispositions nécessaires pour le versement d'un montant ponctuel pour
pallier à la hausse du coût de la vie
qui a été versé en décembre 2022. Il modifie également la Loi sur les impôts,
la Loi concernant les paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales et la Loi sur la taxe de vente du Québec,
afin notamment d'assouplir le crédit d'impôt remboursable favorisant le maintien en emploi des travailleurs
d'expérience et le crédit d'impôt remboursable pour les PME à l'égard des personnes ayant des contraintes
sévères à l'emploi, de pérenniser le crédit d'impôt non remboursable pour un don important en culture, de
prolonger le crédit d'impôt remboursable pour la réfection d'installations
septiques; de faire en sorte que les
frais liés au pétrole, au gaz et au charbon ne donnent plus droit au crédit
d'impôt relatif aux ressources; de
prolonger et de restructurer le crédit d'impôt remboursable pour la production
d'huile pyrolytique au Québec et d'introduire le crédit d'impôt remboursable pour la production de biocarburant au
Québec; de prolonger la bonification temporaire du crédit d'impôt
relatif à l'investissement et à l'innovation; de reconduire le mécanisme de
ristournes à impôt différé.
En outre, le
projet de loi prévoit qu'un programme de compensation financière pourra être
établi et mis en oeuvre pour
subventionner notamment les coûts de développement, d'installation et
d'entretien d'un moyen technologique permettant
la gestion de l'exemption fiscale applicable aux membres des Premières Nations
en matière de taxe sur les carburants et de taxe sur les boissons alcooliques.
De plus, ce
projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du
Québec afin d'y apporter des modifications semblables à celles qui ont
été apportées à la législation fédérale.
Enfin, ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance ou de terminologie.
J'invite
donc, M. le Président, les membres de cette Assemblée à adopter le rapport de
la Commission des finances publiques sur l'étude détaillée du projet de
loi n° 6. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député d'Orford. Je cède maintenant la parole... Je reconnais Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme
Déry : Merci beaucoup, M. le Président. L'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à l'Assemblée. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le leader adjoint. Je dois procéder... Ah! je
reconnais la députée de Mille-Îles.
Mme
Dufour : M. le Président, j'aimerais demander une
suspension, le temps que notre porte-parole arrive, là. Il est en train
de mettre sa cravate. Il devrait être ici sous peu.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement.
Donc, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 03)
(Reprise à 11 h 07)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, nous allons reprendre nos travaux. Donc,
merci, collègues, prenez place. Merci.
Alors, nous étions arrivés au moment de céder la
parole au porte-parole de l'opposition en matière de finances, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci, M. le Président. Écoutez, les dernières
années ont quand même été marquées par la hausse du coût de la vie pour l'ensemble des Québécois. Les personnes les plus
touchées, malheureusement, que ce soit une récession, que ce soit une crise d'inflation, que ce soit un
désastre, malheureusement, naturel ou fait par nos économies, malheureusement,
les mêmes gens sont toujours les plus
affectés, c'est les gens les moins nantis. C'est important de toujours
considérer ces gens-là dans l'équation pour s'assurer qu'on ne laisse
personne en arrière.
Malheureusement,
on n'a pas vu ça dans ce projet de loi là. Puis je vous dirais que nous, on
avait quand même des propositions qu'on avait mises sur la table, qu'on n'a pas
été capables d'avoir. Les coûts, de la part du gouvernement... Il y a 36 % de la population, 35 %, 36 %
de la population, au Québec, qui ne paie pas d'impôt, qui ne paie pas d'impôt
parce qu'ils ne font juste, tout
simplement, pas assez d'argent pour en payer. Et c'est ces gens-là qui en
arrachent le plus, M. le Président, c'est extrêmement important de les
considérer.
Et une des
mesures qu'on avait proposées durant la campagne, et que je réitère encore de
nos jours, lorsqu'on en parle, c'est
l'augmentation du crédit à la solidarité. Ça, ça rejoint les gens qui en ont
plus besoin, ça aurait été une mesure fiscale qui aurait été appropriée.
Nous, on proposait de l'augmenter de 25 %, ça aurait été efficace, ça
aurait été à point.
Il y avait d'autres mesures qu'on avait
proposées. Il y en avait une qui était... qui concernait la TVQ, la taxe de vente du Québec, sur un panier plus large de
biens essentiels. Donc, évidemment, ça, ça aurait été une mesure qui aurait été
capable de faire en sorte que... Je donne juste l'exemple du panier d'épicerie,
là, qui, tout récemment, a augmenté de façon
exponentielle, de 12 % par rapport à décembre. Puis ça, c'est un panier
qu'on a regardé avec plusieurs de mes collègues. On l'a vu, ce panier-là, peu
importe la chaîne d'alimentation que vous regardiez, le panier, incluant des
biens de pharmacie, a augmenté de
12 %. Bien, la TVQ, ça représente 9,95 %, à peu près, de taxes à la
consommation par la suite.
• (11 h 10) •
Donc, pour
les gens moins nantis, le crédit de solidarité, pour l'ensemble des Québécois,
élimination de la TVQ sur les biens
essentiels, un panier plus large de biens essentiels, bien, écoutez, ça donne
un coup de main. Ça donne un coup de
main, puis ça donne un coup de main spécifiquement, et c'est ciblé. C'est ça
qui est l'avantage de garder en tête l'optimisation
des ressources de l'État, l'optimisation des leviers fiscaux que l'État a, de
faire en sorte qu'on puisse se servir de
ces leviers-là pour, justement, aider les gens qui en ont le plus besoin. À
l'inverse, d'y aller de façon trop large, d'y aller de façon trop non
circonscrite, si on peut dire, les gens les plus affectés, ce qu'on se trouve à
faire, dans ce temps-là, c'est qu'on se trouve à simplement mettre de
l'huile sur le feu, alimenter encore plus, malheureusement, l'inflation.
On l'a vu
tout récemment, l'inflation était à 5,9 %, et le salaire moyen des
Québécois a augmenté de 6,8 %. Je veux juste expliquer, là,
rapidement ce que ça, ça veut dire. Ça veut dire que les salaires des Québécois
ont augmenté plus rapidement que l'inflation. Donc, à un moment donné, il
faudrait peut-être qu'on arrête de se dire : O.K., est-ce qu'on est rendus
à un point où est-ce que, maintenant, on se doit d'encore continuer à avoir des
mesures encore moins ciblées? Est-ce qu'on
se doit encore aujourd'hui de stimuler encore plus cette inflation qui nous
brûle, qui enlève notre pouvoir d'achat, qui affaiblit les gens qui ont moins de ressources? C'est une taxe à la
vie, l'inflation. Donc, on se doit d'être vraiment concis, on se doit
d'être vraiment ciblés, et puis... Et c'est pour ça que nous, on avait quand
même réalisé, durant la campagne... Mon
prédécesseur, M. Carlos Leitão, qui était député de Robert-Baldwin, avait,
avec l'équipe à l'époque, mis en place une plateforme électorale et avec un cadre financier qui est venu avec. Et
tout ça a été mis en place avec une vision précise d'aider les citoyens
qui en ont le plus besoin. Donc, c'était ça qui était, je dirais, le message.
Je vous dirais aussi que les propositions qui
ont été proposées par le gouvernement, ça n'a pas été vraiment, comment pourrais-je dire, donc... ça n'a pas été
vraiment optimal aussi, dans le sens que, pour certaines personnes, ils ont
reçu les fonds que le gouvernement parlait,
l'allocation de 500 $, 400 $ ou 600 $, les gens l'ont reçue,
mais, pour plusieurs personnes, ça ne leur a même pas permis de faire le
mois suivant, ça n'a même pas été capable de permettre d'attacher les bouts pour faire en sorte qu'ils puissent
passer au travers plus de quatre, cinq semaines de la situation économique, de
la crise d'inflation que le gouvernement a pilotée, malheureusement,
dans la dernière année.
Donc, je vous dirais que c'est ce manque-là et
aussi tous les autres aspects de ce projet de loi là qui n'adressent pas le fait qu'on a une grave pénurie de
main-d'oeuvre, et cette pénurie de main-d'oeuvre alimente l'inflation. Le fait
que, justement, il y ait plus de
postes vacants que de personnes disponibles pour les faire, ça crée cette
surenchère. Le premier ministre
mentionnait comme quoi c'était bon qu'il y ait moins de gens, qu'il y ait de
l'inflation, d'une certaine façon, pour les salaires, mais, au
contraire, je dirais qu'on est tous en train de payer le prix actuellement de
cette course à l'inflation. Donc, de ne pas
voir que la pénurie de main-d'oeuvre est un frein au développement économique
du Québec, de ne pas aider... de ne pas mettre aucune mesure ici, dans
ce projet de loi là, pour aider, justement, à résorber la pénurie de main-d'oeuvre, bien, malheureusement, c'est un
élément qui fait en sorte que c'est un manque de vision, et ce manque de
vision là va coûter à l'ensemble des Québécois pour l'ensemble de leur
portefeuille. C'est notre plus grand frein pour assurer les services de l'État, c'est le plus grand frein pour assurer
une croissance économique qui est équitable pour tous. Donc, reconnaître
la pénurie de main-d'oeuvre, c'est une chose, O.K.?
Puis
finalement le gouvernement semble de plus en plus acquiescer vers le fait
qu'effectivement il y a une pénurie de
main-d'oeuvre, et c'est tant mieux, mais maintenant il faut passer aux actes
et, donc, arriver avec des mesures qui sont... au niveau fiscal, qui
vont aider à résorber ce problème-là. Ce n'est pas parce qu'on est sous la
menace d'une récession, et que, là,
maintenant, l'économie va ralentir, et que, donc, le taux de chômage va
augmenter, et là, donc, le problème de pénurie
de main-d'oeuvre va s'estomper. C'est
faux, c'est faux de penser ça. La pénurie de main-d'oeuvre, c'est un problème
qui est structurant. C'est un problème qui
va faire en sorte que nos économies vont être testées de façon récurrente,
année après année. On en a pour un
minimum d'une douzaine d'années avant d'être capables de prévoir voir le dessus
de cette problématique-là, la courbe
démographique au Québec étant ce qu'elle est. Les jeunes, aujourd'hui, font
face à la pire courbe démographique de l'histoire du Québec. C'est dans
ces circonstances-là qu'on se doit d'être ouverts pour résorber les problèmes
de pénurie de main-d'oeuvre.
Et,
malheureusement, comme je disais, dans ce projet de loi là, il n'y a pas eu
grand-chose qui a amené, si on peut dire, l'eau au moulin pour résorber
ce problème-là. On avait proposé justement, pour ça, l'exemption d'impôt pour
le premier
30 000 $, pour les personnes expérimentées. On avait parlé de la
cotisation de RRQ à partir de 62 ans. Évidemment, tout ce qui est innovation, c'est certain que ça
va aider. Ça fait partie de l'ensemble du panier de solutions. L'innovation,
elle est importante, mais, encore une fois,
il faut être capable de stimuler les entreprises à innover, puis, pour stimuler
les entreprises à innover, il faut
leur donner des bras pour qu'ils puissent en arriver à être capables de,
justement, arriver avec des nouveaux brevets, arriver avec des nouvelles
solutions. Ça revient encore au même problème.
Donc,
dans ce projet de loi là, aucune mesure pour stimuler ou pour résorber, si on
peut dire, le problème de pénurie de main-d'oeuvre. Donc, il y aurait eu façon
d'aider dans ces deux aspects-là, comme je le mentionnais tout à l'heure.
On
a parlé aussi, durant la campagne, du service de garde, les parents qui,
malheureusement, n'ont pas accès à des garderies. On entend des chiffres qui
sortent du gouvernement, comme quoi des nouvelles places sont construites, mais
le projet de loi, en tant que tel, n'en avait aucunement mentionné.
Puis
j'aimerais juste simplement terminer sur le fait que, pour un développement
soutenable, pour une gestion durable de
l'État québécois, ce qu'il est important de considérer, c'est qu'on ne peut pas
faire une gestion au quotidien, aujourd'hui, régler le problème maintenant sans penser aux conséquences de l'avenir.
Puis qu'est-ce que je veux dire par là, c'est que ce qui est important, c'est
de s'assurer qu'on puisse considérer aussi les générations futures dans la
prise de décision actuelle. C'est le
concept même du développement durable. On se doit d'être, aujourd'hui, capables
de s'assurer qu'on les prend... on
peut prendre soin des missions de l'État, on peut envoyer les enfants aux
écoles, que les écoles sont bien financées, on peut aider le système de santé à ce qu'il soit optimal et puis qu'il
travaille fort pour soigner tous les Québécois, ça, c'est sûr et certain, et
c'est ce qu'on se doit de faire, mais en même temps on est capables de
planifier pour l'avenir, s'assurer que, pour nos enfants, leur avenir sera aussi bien, et sinon plus,
souhaitons-le, que pour nous. Donc, on se doit de ne pas leur
hypothéquer l'avenir. Et, pour ce faire, je considère que... Dans le projet de
loi, il n'y avait aucune mention, encore une
fois, du Fonds des générations et de la soutenabilité du Fonds des générations.
Donc, c'est ça. Alors, sur ce, M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix du rapport
S'il
n'y a pas d'autre intervention, le rapport de la Commission des finances portant
sur le projet de loi n° 6, Loi
donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 22 mars 2022 et à
certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Sur division. M. le leader.
M. Lévesque (Chapleau) : M. le Président, à ce
stade-ci des travaux, je vous demanderais de bien vouloir suspendre
jusqu'à la période des affaires courantes, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
afin de permettre la tenue des affaires courantes, cet après-midi, les
travaux sont suspendus jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à
11 h 20)
(Reprise à 13 h 40)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
mardi après-midi à toutes et tous. Les collègues, je vous invite à vous
asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous en sommes maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Duplessis.
Féliciter les athlètes de la délégation nord-côtière
ayant participé aux Jeux du Québec
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne
Jourdain : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à féliciter l'ensemble des
athlètes de la délégation nord-côtière qui ont participé aux Jeux du Québec
d'hiver 2023, tenus à Rivière-du-Loup la semaine dernière.
Je désire souligner leurs
performances, mais surtout saluer l'ardeur et les efforts qu'ils investissent
au quotidien dans la pratique de leur sport.
Les particularités géographiques de notre immense région amènent nos jeunes
athlètes à se déplacer fréquemment, à
faire de longues heures de route pour pratiquer leur sport et compétitionner.
Malgré ce défi, ils sont toujours au rendez-vous, ce qui témoigne de
leur volonté et de leur passion.
Je profite
également du moment pour souligner l'engagement des parents, des entraîneurs et
de toutes les personnes dévouées qui gravitent autour de nos jeunes
champions.
Je vous souhaite encore beaucoup de plaisir dans
la pratique de votre sport et je vous dis merci d'être de fiers ambassadrices
et ambassadeurs de la Côte-Nord.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : «Tshinashkumitin.» Merci
beaucoup, Mme la députée de Duplessis. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Chomedey.
Rendre
hommage à Mme Marlène Paradis, coordonnatrice
du Comité de développement local de Chomedey
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour,
M. le Président. Le Comité de développement local de Chomedey est la
concertation locale intersectorielle et multiréseaux du quartier de Chomedey, à
Laval. Ce comité vise à mobiliser les organisations
communautaires, municipales, scolaires, en petite enfance, en santé, ainsi que
nos citoyens du quartier qui oeuvrent sur le territoire afin d'agir
collectivement pour le développement local et social de Chomedey.
Je souligne
aujourd'hui le dévouement, l'engagement et le grand apport de Mme Marlène
Paradis. Félicitations, Mme Paradis,
pour ces années de leadership, pour ce travail collectif accompli et pour toute
cette collaboration auprès des nombreux
citoyens partenaires qui, avec coeur, avez su mener cette mission d'améliorer
la qualité de vie et l'égalité des chances
pour la population de Chomedey! Vous avez raison de dire que Chomedey est une
communauté dynamique, mobilisée et solidaire, riche de sa diversité.
Votre engagement et excellent travail a contribué à faire émerger, encore
soutenir de nombreux projets, services et organismes. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Chomedey. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Beauharnois.
Rendre
hommage à Mme Louise Clément, directrice générale
du Carrefour jeunesse-emploi Beauharnois-Salaberry
M. Claude
Reid
M. Reid : Merci,
M. le Président. Il y a maintenant 20 ans, le Carrefour jeunesse-emploi
Beauharnois-Salaberry démarrait ses
activités dans la circonscription de Beauharnois. Depuis le premier jour,
Louise Clément est à la tête du CJE, et,
par ses qualités humaines et son leadership, elle a su bâtir une organisation
crédible et dynamique pour les jeunes de notre communauté.
Outre ses
nombreuses réalisations, elle a mis en place le projet l'école au carrefour,
qui vise à aider par un enseignement
personnalisé les jeunes qui éprouvent des difficultés d'apprentissage en
français et en mathématiques afin qu'ils
puissent réussir leurs études, un succès en soi, qui a permis à de nombreux
jeunes de persévérer dans leurs études et ainsi obtenir un diplôme.
Je souhaite
donc rendre hommage à Louise Clément, qui se dévoue depuis plus de 20 ans
à la cause de nos jeunes. Cette femme rassembleuse, humaine, au grand coeur et
toujours souriante croit foncièrement au potentiel des jeunes de se réaliser pour devenir un citoyen de demain. Pour
elle, chaque jeune mérite sa place, peut se développer, peut grandir, peut
croire en son potentiel et, surtout, croire en ses rêves.
Longue vie au
Carrefour jeunesse-emploi Beauharnois-Salaberry, et toutes mes félicitations à
Louise Clément pour cette réussite! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci,
M. le député de Beauharnois. Je rappelle malgré tout à l'ensemble des membres de cette Assemblée que vous avez une
minute pour faire votre déclaration. Et la prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Taschereau.
Souligner
le 40e anniversaire de la Maison de Lauberivière
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : M.
le Président, l'enjeu de l'itinérance à Québec, particulièrement au
centre-ville, est un enjeu important
depuis longtemps. C'était déjà le cas dans le temps du mail Saint-Roch, mais ça
s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui, alors que la basse-ville vit des
transformations sociales et économiques importantes.
L'organisme
Lauberivière a traversé toutes ces périodes et est un acteur clé à Québec pour
le soutien des personnes en situation d'itinérance ou à risque de
l'être. Depuis 40 ans, Lauberivière agit comme un refuge mais aussi fait
de l'accompagnement auprès de personnes plus démunies qui
ont des problèmes de consommation ou qui vivent de l'exclusion sociale.
On
entend souvent parler, à Québec, des conséquences jugées négatives reliées à la
présence de personnes itinérantes, mais
ce dont on parle moins, c'est des 16 000 couchers offerts ou des
141 000 repas servis annuellement par Lauberivière. C'est un
soutien majeur pour les populations les plus vulnérables de notre communauté.
À
toute l'équipe de Lauberivière, dont plusieurs sont présents aujourd'hui avec
nous dans les gradins, merci pour le travail primordial que vous faites
au quotidien. Et bon 40e!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci,
M. le député de Taschereau. Et je salue les gens de Lauberivière qui
sont parmi nous aujourd'hui.
La prochaine
déclaration sera celle de Mme la députée de Chicoutimi.
Souligner le départ à la retraite de M. Mario Boily,
président
du comité organisateur de la course des Pichous
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Merci, M. le Président,
Alors, je profite de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour rendre
hommage à un homme qui a consacré une bonne
partie de sa vie, 25 années, pour faire du 15 kilomètres de la course
des Pichous un événement hors de l'ordinaire.
Je
parle ici de M. Mario Boily. Cet homme vient de passer le flambeau à la
présidence de cet événement sportif qu'il a dirigé au cours des 15 dernières années et depuis 25 ans
comme bénévole de cette épreuve de marche et de course à pied. Je tiens aussi à féliciter tout son groupe de
90 bénévoles de faire de ce rendez-vous annuel un rendez-vous à ne pas
manquer depuis 55 ans.
Ils
étaient 2 400 marcheurs et coureurs à prendre part à cet événement
hivernal dans les rues de Jonquière et de Chicoutimi, la plus ancienne course du Québec. Cette course a commencé
en raquettes il y a 25 ans... il y a 55 ans, ensuite en pichous, durant le fameux carnaval de
Chicoutimi. Ils viennent de partout, de la région, du Québec et même du Canada.
Les records masculins et féminins vieux de 36 ans ont été éclipsés en fin
de semaine.
Alors, M. Boily,
merci. Bonne retraite et reposez-vous. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Chicoutimi. La prochaine déclaration sera
celle de Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Journée nationale de la promotion
de la santé mentale positive
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le Président.
Le 13 mars a marqué la première édition de la Journée nationale de la
promotion de la santé mentale
positive, inspirée par le Mouvement Santé mentale Québec et présentée comme
projet de loi par mon prédécesseur, David Birnbaum.
Nous
savons tous que la santé mentale est une composante essentielle de la vie et
l'état de la santé en général. La santé
mentale positive englobe le mieux-être affectif, psychologique et social. Il
inclut toutes les personnes, qu'elles aient ou non reçu un diagnostic.
En
tant que membres de notre société, nous sommes tous interpelés par cette journée
et ce mouvement. On peut chacun y
contribuer par des petits gestes au quotidien et rappeler aux décideurs que
favoriser une santé mentale positive est possible lorsqu'on adopte une approche inclusive et intersectorielle qui
tient compte des différents facteurs comme l'éducation, la lutte à la pauvreté, l'environnement, les
conditions de travail, les politiques de logement, l'accompagnement social,
l'accueil des personnes immigrantes et plus encore.
Nous avons tous un
rôle à jouer pour promouvoir, accroître et maintenir le bien-être personnel
collectif des générations à venir. Il faut agir pour assurer la santé mentale
positive. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Et la prochaine déclaration
sera celle de Mme la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter les organisateurs de la finale des Jeux du
Québec
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci, M. le Président.
Du 3 au 11 mars, Rivière-du-Loup a vibré au rythme de la 56e finale
des Jeux du Québec.
Je
tiens à souligner le travail remarquable de Karine Malenfant et tout son comité
organisateur, ainsi que Julie Gosselin et
toute l'équipe de Sports Québec. Malgré un report de deux ans, elles ont livré
un événement de qualité exceptionnelle.
La
mobilisation de plus de 2 200 bénévoles, 50 partenaires,
3 300 jeunes athlètes de partout au Québec et la participation
de milliers de citoyens a fait de cette 56e finale une incroyable
réussite.
Merci aussi à Mario
Bastille, maire de Rivière-du-Loup, et toute son équipe, qui démontrent une
fois de plus l'esprit rassembleur et collaborateur de notre milieu.
Et, surtout, félicitations à nos jeunes athlètes
et merci de nous avoir fait vivre tant d'émotions.
Plus de
50 ans après la tenue des premiers jeux à Rivière-du-Loup, cette
56e finale des Jeux du Québec marquera à nouveau notre mémoire
collective. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Les
Plaines.
Souligner
le travail des organismes d'aide aux
personnes victimes d'agression sexuelle
Mme Lucie
Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Le 7 mars
dernier prenait fin la Semaine nationale de la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs. Sensible et
impliquée dans cette cause, je souhaite rendre hommage à tous les
organismes qui oeuvrent tout au long de l'année pour enrayer les violences
sexuelles sous toutes ses formes.
Des centres
d'aide, comme La Chrysalide, dans Lanaudière, et L'Ancrage, dans les
Laurentides, représentent nos yeux et
nos oreilles sur le terrain, et ils sont nombreux à travers le Québec. Bien
enracinés dans leurs communautés, ces organismes
travaillent fort à déployer des stratégies d'intervention efficaces pour
enrayer ce fléau en amont, avec la prévention, et en aval auprès des
victimes.
Je tiens donc
à exprimer mes sincères remerciements à tous les intervenants et intervenantes
ainsi qu'à toutes les ressources qui
agissent afin de protéger et aider nos jeunes filles et garçons. Pour y arriver
tous ensemble, il ne faut pas fermer les yeux. Merci, M. le Président.
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Les Plaines. Et nous cédons maintenant la parole à Mme la
députée d'Iberville.
Rendre
hommage à M. Alexandre Dupont, athlète paralympique
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, au salon bleu, on a la chance d'avoir
parmi nous M. Alexandre Dupont. Cet athlète paralympique de
Clarenceville, spécialiste du 1 500 mètres en fauteuil roulant, fait
vraiment la fierté du comté.
À cause d'un
accident de moto, sa réalité a changé drastiquement en 2003. Un visionnement
des Jeux olympiques d'Athènes en 2004
lui donne envie de découvrir... de partir à la découverte du sport. Il accède à
ses premiers jeux mondiaux en 2006, à l'âge de 21 ans, et parcourt
le monde. Il triomphe avec près d'une médaille par année sur le plan mondial,
de 2011 à 2022, dont souvent même l'or. Alexandre a également raflé plusieurs
honneurs comme athlète masculin par excellence, para-athlétisme et athlète
ambassadeur des sports paralympiques.
M. Dupont
est également père et entrepreneur. L'entreprise Révolution Sports est fondée
en 2009 par M. Dupont et son épouse, elle aussi para-athlète. Ils
conçoivent des produits de qualité destinés aux sports de pointe.
Nous avons de
quoi être fiers d'être représentés à l'international par vous, Alexandre. Et
vous êtes définitivement un des meilleurs coureurs en fauteuil de
l'ensemble du Canada et du monde. Félicitations!
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Bienvenue à l'Assemblée
nationale. Merci beaucoup, Mme la députée d'Iberville. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Bonaventure.
Rendre
hommage à M. Willam Roussy, parabadiste
Mme Catherine
Blouin
Mme Blouin : Merci,
M. le Président. Je voudrais aujourd'hui mettre en lumière le talent et la
détermination de William Roussy, un jeune parabadiste de 19 ans qui
est originaire de Maria, en Gaspésie.
William fait
présentement le tour du monde pour disputer des tournois de parabadminton
contre des adversaires de taille. Il
arrive tout juste de deux tournois internationaux en Espagne, quelques jours à
peine après avoir défendu son titre de champion canadien à Winnipeg.
Bien qu'il
soit né avec une hémiparésie, c'est-à-dire une paralysie partielle des membres
gauche, William, c'est vraiment un
sportif redoutable. Il a récemment participé aux championnats du monde du Japon
et aux Jeux panaméricains en Colombie, où il a été à nouveau couronné
grand champion.
Je tiens à souligner la générosité des
Gaspésiennes et des Gaspésiens qui soutiennent financièrement ce sportif dans l'accomplissement de son rêve. William
inspire sa génération et les suivantes, et il représente, avec raison, une très
grande fierté pour toute la communauté gaspésienne. Bravo, William, et bonne
continuité!
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bonaventure. Et
j'ai une demande pour qu'un député
puisse déposer une déclaration de député, une 13e déclaration. Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement.
Alors, je cède
maintenant la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Demander au gouvernement de venir en aide à l'industrie
de la pêche aux Îles-de-la-Madeleine
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, M. le Président.
Déjà, les préparatifs sont en branle, aux Îles-de-la-Madeleine, à l'approche
de la saison de pêche au crabe des neiges, qui commence début avril, puis au
homard, un mois plus tard.
Or,
cette année, une épée de Damoclès guette les travailleuses et les travailleurs
de la mer. Les actifs de deux des trois
usines de Grande-Entrée et de Gros-Cap sont en processus de liquidation en
raison de la faillite récente d'une entreprise de transformation des
produits de la mer. Plus d'une centaine de personnes risquent de se retrouver
sans gagne-pain.
Ces
précieux actifs de notre industrie des pêches, des Îles, pourraient être
démantelés ou vendus à des intérêts étrangers. Nous devons et nous pouvons agir pour éviter cela. L'État est
présentement sollicité par plusieurs acteurs. Il a un rôle financier et d'influence significatif à jouer, un rôle actif
pour préserver les emplois et s'assurer du bon déroulement de la saison de
pêche des Îles ce printemps et pour les années à venir.
Alors,
je demande à mes collègues ministres de l'Économie et de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation de tout
mettre en oeuvre afin que le principal moteur économique de ma communauté soit
préservé et que les actifs d'usines comme les emplois et le pouvoir
local décisionnel soient sauvegardés. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Et cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(Reprise à 14 h 04)
La
Présidente : Mmes, MM. les députés, bon retour, bon retour.
Tout
d'abord, c'est avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Michel
Côté, député de La Peltrie de 1994 à 2003.
Alors, nous allons nous recueillir quelques instants en ayant une pensée
particulière pour sa famille et ses proches, mais également en pensant
aux victimes de la terrible tragédie qui est survenue hier à Amqui.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Dépôt
de la lettre informant que la députée de Laviolette—Saint-Maurice,
Mme Marie-Louise Tardif, n'est plus membre du caucus du
groupe parlementaire formant le gouvernement
Avant
de poursuivre les affaires courantes, je dépose une lettre que m'a adressée le
whip en chef du gouvernement dans
laquelle il m'informe que la députée de Laviolette—Saint-Maurice, Mme Marie-Louise Tardif, n'est plus membre
du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement depuis le 7 mars
2023.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article b du
feuilleton.
Projet
de loi n° 196
La Présidente : À l'article b du
feuilleton, Mme la députée de Robert-Baldwin présente le projet de loi
n° 196, Loi modifiant la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance afin de garantir le droit de
recevoir des services de garde. Mme la députée.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. C'est avec une grande fierté que nous déposons ce projet de loi
afin de modifier la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance afin de
garantir le droit de recevoir des services de garde.
Mise aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté. Oui,
M. le leader.
M. Derraji : ...vous vous souvenez qu'avant qu'on se quitte il
y avait tout un débat sur l'accès pour les familles aux services de garde. Donc, encore une fois, on tend
la main au gouvernement pour appeler cet important projet de loi, et je
compte sur le leader du gouvernement d'agir et d'en prendre connaissance, de ce
projet de loi.
La Présidente : M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...prendre connaissance avec plaisir du projet de
loi, Mme la Présidente, et nous allons le traiter au mérite.
Dépôt de documents
La Présidente : À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer les états financiers de l'exercice clos le
31 mars 2021 du Fonds de protection de l'environnement et du domaine
hydrique de l'État.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer, au nom de mon collègue le ministre
de la Culture et des Communications,
les rapports annuels de gestion 2021‑2022 de la Société du Grand Théâtre
de Québec et du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. À nouveau, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer la réponse du gouvernement à la
question inscrite au feuilleton le
31 janvier 2023 par la députée de Sherbrooke ainsi que la réponse du
gouvernement à la pétition déposée en Chambre le 31 janvier 2023
par le député des Îles-de-la-Madeleine. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
Pour ma part,
je dépose le rapport du Directeur général des élections sur l'application des
dispositions particulières introduites par la Loi visant à favoriser
l'exercice du droit de vote lors des prochaines élections générales au Québec,
élections générales provinciales du 3 octobre 2022.
Je dépose le diagramme de l'Assemblée en date
d'aujourd'hui.
De plus, je
dépose une lettre que m'a adressée Me Éric Théroux dans laquelle il m'informe
de sa décision de prendre sa retraite
à compter du 1er juin 2023 et, par conséquent, de quitter ses fonctions à
titre de président de la Commission de la fonction publique à cette
date.
Le lundi 13 mars
était le jour du Commonwealth. Et, pour souligner cet événement, Sa Majesté le
roi Charles III, chef du Commonwealth, a fait parvenir un message
de circonstance, que je dépose également.
J'ai reçu
préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de
commissions
Maintenant à
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles et député de Marquette, la parole est à vous.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 13
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
qui, le 14 mars 2023, a tenu des auditions publiques dans le cadre de
consultations particulières sur le projet de loi n° 13,
Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York. Merci.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Modifications à la
composition de la Commission des relations avec les citoyens
Je dépose le
rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale qui s'est
tenu le 9 mars 2023 afin de statuer sur divers changements de
membres à la Commission des relations avec les citoyens.
M. le deuxième vice-président et député de
Chauveau.
Motion
proposant d'adopter les modifications
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : «Que les
modifications à la composition de la commission telles que prévues au
rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale soient
adoptées.»
La
Présidente : Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 129 du règlement et à
l'article 4.4 des règlements de fonctionnement? Est-ce qu'il y a
consentement? Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, maintenant,
Mme la députée de Mercier.
Mettre en place des mesures visant à lutter contre
les cyberviolences faites aux femmes
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 401 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que, selon The Economist Unit Institute, dans une étude réalisée entre 2019 et
2020, 85 % des utilisatrices des réseaux sociaux auraient subi une
forme de violence en ligne et 50 % des femmes ont déclaré que les plateformes Web n'étaient pas des lieux
sécuritaires pour partager leurs idées, ce qui résulte en une
sous-représentation de leurs voix;
«Considérant
que, selon la Commission Broadband — de l'ONU — pour le développement numérique, les femmes
sont 27 fois plus susceptibles que les hommes d'être harcelées en ligne;
«Considérant
que, selon Statistique Canada, les infractions liées aux comportements
harcelants et menaçants en ligne ont augmenté de 17 % entre 2019 et
2020;
«Considérant
que la formation initiale des recrues de l'ensemble des services de police du
Québec ne traite pas des cyberviolences et du cyberharcèlement et qu'il
n'existe pas de formation continue produite à l'interne sur ces sujets;
«Considérant
que le manque d'encadrement de nos gouvernements face aux géants du Web laisse
libre cours à la montée des cyberviolences faites aux femmes;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«De s'engager
à intégrer une formation obligatoire aux policiers et policières du Québec sur
les cyberviolences faites aux femmes;
«Qu'il fasse
pression sur le gouvernement fédéral au moyen d'une motion afin que celui-ci
adopte une loi, inspirée de la loi allemande sur les contenus haineux,
qui forcerait les réseaux sociaux à supprimer les contenus "haineux"
et "délictueux" sous peine d'une amende sévère allant jusqu'à
50 millions de dollars.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
• (14 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'à la rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée j'entendrai
les représentations concernant la demande d'intervention sur une
violation de droit ou de privilège soulevée le jeudi 23 février
dernier par M. le leader de l'opposition officielle.
Décision de la présidence
concernant la répartition des mesures et
des temps de parole lors des débats restreints à la suite d'un
changement survenu dans la composition de l'Assemblée
À la suite de la décision de la députée de Laviolette—Saint-Maurice
de siéger comme indépendante, je dois maintenant
apporter des modifications dans la répartition de certaines mesures et de temps
de parole lors des débats restreints. Et
ici je sollicite votre clémence et votre attention, ce sera une assez longue
lecture, et tout de suite après ce sera la période des questions.
Alors, pour
ce qui est de la période des questions, tout comme la députée indépendante de
Vaudreuil, la députée de Laviolette—Saint-Maurice aura droit à trois questions par deux cycles de 10 séances.
Puisqu'elle est issue du groupe parlementaire
formant le gouvernement, et comme la présidence l'a déjà fait par le passé en
pareille circonstance, ses questions remplaceront
des questions des groupes parlementaires d'opposition selon la même alternance
que pour les questions attribuées aux députés ministériels en début de
législature, soit, dans l'ordre, une question de l'opposition officielle au huitième rang, une question du deuxième groupe
d'opposition au septième ou huitième rang, une question de l'opposition officielle au huitième rang, une question du
deuxième groupe d'opposition au septième ou huitième rang et une question
de l'opposition officielle au huitième rang.
Pour plus de
prévisibilité, afin de faciliter la préparation et la gestion de la période des
questions, un mécanisme d'avis des questions
attribuées aux députées indépendantes, comme celui qui était employé au cours
de la 42e législature, sera mis
en place. Ainsi, avant le début d'une période de deux cycles de
10 séances, le groupe parlementaire formant l'opposition officielle et le deuxième groupe d'opposition
devront aviser la députée indépendante de Laviolette—Saint-Maurice de même que la présidence des moments où elle
pourra poser ses questions au cours de cette période. L'opposition officielle
devra aussi désormais transmettre de tels avis pour les questions attribuées à
la députée indépendante de Vaudreuil.
Concernant
les déclarations de députés, la députée de Laviolette—Saint-Maurice aura droit à une déclaration par cycle de
10 séances, au huitième rang, à la huitième séance du cycle. Dans la
mesure où elle n'a pas l'intention de s'en prévaloir,
elle devra en informer le groupe parlementaire duquel elle provient de même que
la présidence au plus tard à 12 h 30
la veille de la séance où elle pouvait faire sa déclaration. Il en sera
dorénavant de même pour la députée de Vaudreuil si elle ne désire pas se prévaloir d'une déclaration. Le groupe
parlementaire ainsi avisé pourra utiliser cette déclaration.
Enfin, pour ce qui
est de la répartition des temps de parole lors des débats restreints, la
députée de Laviolette—Saint-Maurice
aura droit au même temps de parole que la députée de Vaudreuil pour chacun des
débats restreints. À l'exception des débats
sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition, son temps de parole
sera pris à même l'enveloppe de temps
attribuée au groupe parlementaire formant le gouvernement, duquel elle provient,
comme il avait été convenu dans l'entente survenue entre les groupes
parlementaires au début de la présente législature.
Documents
déposés
Je dépose maintenant
les tableaux qui illustrent les nouvelles répartitions dont je viens de vous
faire part.
Questions
et réponses orales
Et nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales — je
vous remercie pour votre attention — et je cède la parole au chef
de l'opposition officielle.
Responsabilité
du ministre de la Cybersécurité et du Numérique
dans le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Le lancement de la nouvelle plateforme de la SAAQ est un fiasco,
un projet qui était sur le radar du gouvernement
depuis 2018. 2018, soit dit en passant, c'est la même année où le ministre
actuel avait été nommé délégué à la Transformation numérique. Je dis ça, je ne
dis rien.
Après
la fermeture des systèmes pendant plus de trois semaines, le lancement s'est effectué
le 20 février. Et depuis on voit l'ampleur de l'échec, de longues files
d'attente. La semaine passée, à Montréal, on en est même réduits à mettre
sur place des roulottes de chantier pour que
les gens puissent attendre, autant que possible, non pas au froid, mais un peu
à la chaleur. Le gouvernement, en réaction, dit : Ce n'est pas compliqué,
on va prolonger les délais. Et, là, à tous les jours on apprend des délais qui se prolongent et qui se
prolongent. C'est l'annonce que ça va prendre encore plusieurs mois avant
qu'une solution tangible soit mise en place.
Rappelons
que le ministre de la Cybersécurité
et du Numérique a pour mission, sur
son site Internet, et je la cite : «...soutenir [les] organismes [publics] dans leur prestation de services
afin de favoriser leur transformation numérique.» C'est assez clair. Pour ce faire, le ministre
«concentre et développe une expertise interne». Fin de la citation. On aura vu
l'ampleur de l'expertise interne.
Il
a rencontré la SAAQ en novembre dernier. Pourquoi les a-t-il rencontrés?
Pourquoi s'est-il déclaré satisfait? Tout était ouvert.
Le premier ministre
peut-il nous dire à quoi ça sert d'avoir un ministre du Numérique?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, merci, Mme la
Présidente. Bon, d'abord, je pense que c'est important, avec toute la
transformation numérique qui est à faire dans les ministères et les sociétés
d'État, d'avoir un ministère qui a une expertise puis qui vient aider les sociétés d'État et les ministères, mais il
reste qu'en bout de ligne, si on prend le cas de la SAAQ, bien, c'est à la
société d'État de s'assurer, entre autres, qu'il y ait un plan de
transition qui soit acceptable.
Mme la Présidente, je
l'ai dit tout de suite quand c'est arrivé, c'est inacceptable, ce qui est
arrivé à la SAAQ. On ne peut pas penser
qu'on ferme des bureaux pendant trois semaines puis que tout le monde qui
autrefois allait au bureau vont
maintenant passer par des services en ligne. On peut souhaiter puis on peut
inciter les gens à aller en ligne, mais c'est clair qu'il y aura
toujours des gens qui vont aller au bureau, en tout cas, du moins, pour un
certain temps.
Donc, Mme la Présidente, il y a eu un
problème de planification à la SAAQ. L'important, à court terme, puis mes deux
collègues s'en occupent, c'est de passer à travers la période difficile à court
terme. Mais éventuellement il faudra, en temps et lieu, faire une évaluation du travail du conseil
d'administration de la SAAQ et du président de la SAAQ et de prendre les
actions qui sont nécessaires.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Soit. Et à quand
l'évaluation du ministre responsable du Numérique? À quand son évaluation? Le
premier ministre vient de dire que c'était
évident que c'était impensable — il
a dit... il a utilisé le mot «impensable» — que tout
le monde allait, du jour au lendemain, ou presque, offrir les services ou se
servir des services en ligne. En novembre, pourquoi le ministre du
Numérique ne l'a-t-il pas soulevé? Quand fera-t-il son évaluation?
Des
sources internes nous disent, le 8 mars, Journal de Québec :
«...tout le monde [...] savait que ça allait planter.» Pourquoi le
ministre était le seul, en novembre, à ne pas savoir?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, en
gestion, là, il y a deux sortes de lignes hiérarchiques, il y a la ligne qu'on
appelle en anglais «line», ça, c'est
le président puis le conseil d'administration de la SAAQ, puis il y a la ligne
transversale qui s'appelle «staff» ou
conseiller. Et, dans ce sens-là, le ministre ne peut pas se substituer aux
responsables de chaque société d'État
puis de chaque ministère. Il peut les conseiller. Maintenant, en bout de ligne,
la responsabilité finale reste aux ministères ou à la société d'État.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : On ne demande pas au
ministre de se substituer au rôle de d'autres, on demande d'incarner le rôle que
le premier ministre lui a confié, c'est juste ça. Il dit : Il peut
conseiller. Certes, mais il n'a pas conseillé. Il a vu des tableaux, il a dit : Tout est au vert. Puis
le ministre n'a jamais dit : J'ai questionné, j'ai eu les réponses. Il n'a
pas fait son travail, il n'a pas rempli ses obligations. Il disait même,
le 8 mars dernier : «On aurait dû recevoir des éloges.»
Alors,
le premier ministre, je l'entends aujourd'hui. Va-t-il enfin, aujourd'hui, les
faire, les fameux éloges que son ministre réclamait la semaine passée?
• (14 h 20) •
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je
répète, il y a un ministère qui est responsable de la transformation numérique
qui conseille les ministères et les sociétés d'État. Maintenant, c'est à la
société d'État de prendre les décisions qui sont nécessaires.
Maintenant,
concernant ce qu'on appelle le SAG, pour l'authentification, je pense
que le processus se fait bien. C'est nécessaire
pour éventuellement avoir une authentification pour tous les services du
gouvernement, puis, de ce côté-là, je pense, les choses avancent bien.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Ce qu'on a vu à la SAAQ,
c'est clairement une erreur, entre autres, pour beaucoup, commise par le
ministre du Numérique, qui n'a pas fait son
travail. Ce même ministre, le 17 décembre 2018, alors qu'il entrait en
fonction comme ministre délégué, il
disait, et je le cite : «Si vous répétez deux fois la même erreur, vous
allez me trouver sur votre chemin,
parce que, là, vous devenez des incompétents.» On sait qu'il y a d'autres
grands projets numériques qui s'en viennent, notamment en matière de santé. Il a déjà commis une première erreur. Le
premier ministre va-t-il l'aider à ne pas commettre une deuxième erreur
et à tomber dans la catégorie, que lui-même disait, des incompétents?
La
Présidente : Attention à vos propos. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, je ne sais pas si le chef de l'opposition officielle a déjà
exercé des fonctions de gestionnaire,
mais il y a des gestionnaires qui ont des responsabilités directes avec des
employés en dessous d'eux, qui sont responsables, entre autres, de planifier une
transition. Ça, c'est le cas de la SAAQ. Maintenant, les conseillers
conseillent, les responsables des
sociétés d'État décident. Il faut être capable de la faire, la différence,
entre les conseillers puis les décideurs.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. La parole est à vous.
Déploiement
de la plateforme SAAQclic
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la Présidente, il
existe des moments dans la vie d'un gouvernement où il doit agir avec peu
de préavis. Pensons aux désastres naturels,
à la pandémie. Les Québécois comprennent alors que le gouvernement fait son
possible dans les circonstances. Mais un
gouvernement a aussi une obligation de résultat quand il peut planifier à
l'avance, des années à l'avance.
En
2018, le gouvernement de la CAQ s'est doté d'un ministre pour la transition
numérique. Le virage à la SAAQ était
en préparation depuis longtemps, ce n'est pas un dossier de dernière minute. On
peut facilement imaginer qu'il s'agissait d'un dossier prioritaire pour le ministre. Quand le ministre a vu le
fédéral cafouiller dans le dossier des passeports, il a dû se
dire : Il ne faudrait pas que ça m'arrive. Mais, tristement, pour des
milliers de Québécois, c'est ce qui est arrivé.
Comme
il existe d'autres projets informatiques sur la table du ministre du Numérique,
je lui demande : Quelles leçons tire-t-il du fiasco de la SAAQ?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Cybersécurité et du
Numérique.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Merci, Mme la Présidente. Bien,
je veux juste dire à la collègue, d'abord, qu'elle mélange deux choses. À
l'époque où j'étais ministre délégué, on comprendra que le mandat n'était pas
le même. La portée du mandat n'était pas la même, les pouvoirs n'étaient pas les mêmes. Et c'est la raison pour
laquelle, avec la collaboration des oppositions, le premier ministre a
décidé de créer un ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
Dans
le cas de la SAAQ, moi, je réfute totalement ce qui a été dit, là, qu'on le
savait d'avance. Je dis, je répète de mon
siège en cette Chambre que les indicateurs, les informations que nous recevions
de la société d'automobile du Québec... les indicateurs étaient au vert. Ils étaient confiants de livrer leur
projet en début janvier. Ils étaient confiants que les dépenses restent en deçà... les dépenses réelles étaient en
deçà des dépenses budgétées. Il n'y avait aucune raison pour le ministère
de déclencher une investigation et d'aller
voir plus profondément ce qui se passait à la SAAQ parce que, de leur propre
aveu, ils étaient en contrôle de la
situation et ils étaient confiants de respecter les budgets, les échéanciers et
la portée du projet.
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
Donc, Mme la Présidente, à part ne pas faire confiance à la SAAQ, je ne
vois pas ce que je pouvais...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la Présidente, on
m'explique des mandats différents, des chapeaux différents. Il n'en demeure
pas moins que le ministre est en charge du
numérique depuis cinq ans. Cinq ans, c'est long. On peut en faire, des choses,
en cinq ans. Le nouveau pont
Champlain, à Montréal, s'est construit en quatre ans. En cinq ans, on arrive à
tenir deux olympiades, d'hiver et d'été. En cinq ans, on peut avoir
trois enfants.
Pourquoi, en cinq
ans, le ministre du Numérique n'est pas arrivé à permettre aux Québécois de
renouveler leurs permis de conduire sans avoir à faire une file interminable
devant un centre d'achats?
La
Présidente : M. le ministre.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Oui, c'est vrai qu'en cinq ans on
peut faire beaucoup de choses. On peut adopter la première politique de cybersécurité qu'il y ait jamais eu au
gouvernement du Québec. On peut mettre en place le Réseau gouvernemental de
cyberdéfense. On peut créer le poste de chef gouvernemental de sécurité de
l'information. On peut mettre en place une stratégie
de transformation numérique. On peut mettre en place un ministère de la
Cybersécurité et du Numérique. On peut doter le gouvernement d'outils
pour faire cette transformation numérique. Transformation qui est nécessaire pourquoi?
Parce que, les gens qui me questionnent
aujourd'hui, c'est quoi, leur transformation numérique? C'est le fax, c'est la
honte, c'est le papier. Ce
gouvernement est commis dans une transformation numérique et ce gouvernement va
livrer une transformation numérique.
La Présidente : En terminant.
M. Caire :
Puis, en matière de fiasco, là, si j'étais le Parti libéral, il me semble
que je me tiendrais tranquille.
La Présidente :
S'il vous plaît! On fait
attention à nos commentaires. Mme la députée, deuxième complémentaire.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Je vais donc m'y prendre
autrement, Mme la Présidente, devant un ministre qui s'autocongratule.
On
a deux ministres qui ne se parlent pas et qui, même, pointent les autres du
doigt, des citoyens qui perdent une journée de travail pour un permis ou
une plaque d'immatriculation. C'est inacceptable. La SAG... ou le SAG,
l'identité numérique puis le reste de la
procédure de Clic Santé, c'est toute la même chose, pour les Québécois, et
tout ce qu'ils veulent, c'est d'avoir des services modernes et
efficaces. Je demande au ministre du Numérique...
La
Présidente : M. le ministre.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Mme la Présidente, il n'est pas
question d'autocongratulation, il est simplement question de faire le bilan. Ma
collègue dit : En cinq ans, on peut faire plein de choses. Je suis
d'accord avec elle. Je voulais juste lui démontrer qu'elle avait raison.
Ceci
étant dit, je suis d'accord avec elle, ce qui s'est passé à la SAAQ, c'est
inacceptable. Nous ne l'acceptons pas, et
c'est pour ça qu'avec la vice-première ministre, hier, on a annoncé une
nouvelle mesure. Mais je veux juste dire que, depuis le début de la crise, il y a eu... on a mis en place des services
d'accompagnement, avec Services Québec, pour aider les gens à créer leurs comptes. La vice-première
ministre a mis plusieurs mesures en place pour donner de l'oxygène aux
Québécois, pour permettre de résorber la situation. On est arrivés en renfort à
la SAAQ...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
...pour les aider à corriger les anomalies. Et hier on a mis en place un
guichet pour les aider dans...
La
Présidente : En question principale, je reconnais à nouveau la députée
de Mont-Royal—Outremont.
Projets de transformation numérique de l'État
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la Présidente, pour
réaliser la transition numérique, il faut une équipe solide. Malheureusement,
le ministre de la Cybersécurité et du Numérique dirige une équipe qui a des enjeux de main-d'oeuvre inquiétants. Quatre hauts dirigeants sur six ont quitté le
navire en moins d'un an. Beaucoup de sous-traitance à l'externe pour la gestion
de nos ouvrages informatiques, soit un ratio
de 33 % en ressources externes, une dépendance qui empire sous le
gouvernement de la CAQ. Plus de 1 100 postes en informatique à
combler dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental.
Il est maintenant
clair que le ministre n'a pas accordé l'attention nécessaire au projet
SAAQclic. Ce sont les Québécois qui font les frais de son incurie. Le ministre
peut-il reconnaître qu'avant de se lancer dans d'autres projets numériques il
serait prudent de prendre une pause, avant d'envoyer les Québécois dans un
autre mur?
La
Présidente : M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
M.
Éric Caire
M. Caire :
Bien, Mme la Présidente, c'est
vrai, c'est vrai qu'il y a des enjeux au niveau de la main-d'oeuvre, c'est vrai
qu'il y a des enjeux au niveau de l'attractivité, c'est vrai qu'il y a des
enjeux au niveau de la recherche d'expertise. Il n'y en a pas seulement au gouvernement, il y en a partout, dans les
entreprises privées, et au gouvernement, et dans les autres entreprises
publiques, c'est vrai.
Ceci
étant dit, je veux juste dire à la collègue qu'en 2022 le ministère de la
Cybersécurité a procédé à 337 embauches pour 197 départs, et pour la
première fois il y a plus de gens qui sont arrivés du privé vers le public
qu'il y a des gens qui sont partis du public vers le privé. Donc, au niveau de
l'attractivité, je pense qu'on se débrouille pas pire.
Au
niveau des grands projets, elle a raison, on a des grands projets sur la table
et on n'en entend pas parler. Alors, de mon expérience en technologies de
l'information, quand on n'en parle pas, c'est que ça va bien, et on ne parle
pas des nombreux projets que le gouvernement pilote présentement.
Au niveau de la SAAQ,
je réitère, Mme la Présidente, nous sommes totalement insatisfaits de ce qui
s'est passé sur le déploiement. Mais il y a une chose, c'est qu'hier encore les
gens nous disaient : Le nouveau système va beaucoup mieux...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
...et il va nous aider. Alors, c'est ça, le constat sur le terrain du
nouveau système.
La
Présidente : Première complémentaire, M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Dans
mon livre à moi, Mme la Présidente, déploiement, c'est synonyme d'implantation,
ça, déploiement, implantation. La
vice-première ministre disait, le 8 mars dernier, au 98,5 : «Je ne
suis pas la ministre responsable de cette implantation-là, du volet très
informatique de la chose, c'est mon collègue le ministre du Numérique.» Alors,
elle, au moins, elle reconnaît que
vous êtes responsable du déploiement. Vous venez de dire que le déploiement
s'est planté. Vous êtes donc responsable de l'échec.
• (14 h 30) •
Alors,
Mme la Présidente, je repose ma question : Le premier ministre peut-il
prendre l'engagement de suspendre tous les grands projets qui s'en
viennent? Parce qu'on ne veut pas d'autres échecs.
La
Présidente : M. le premier ministre. Je vous rappelle qu'on s'adresse
à la présidence. Pas de commentaire. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Je vais essayer de réexpliquer ce que j'ai essayé d'expliquer tantôt
au chef de l'opposition officielle. Le
ministère qui est responsable de la Transformation numérique conseille les
sociétés d'État, conseille les sociétés d'État. Les sociétés d'État peuvent ou non accepter les conseils. La SAAQ
a décidé de fermer les bureaux pendant trois
semaines, sans planifier de transition après ces trois semaines. Je pense qu'il
y a eu un problème de planification à la SAAQ.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
On vient de lire la mission du ministère. Le premier ministre dit : Sa
mission, c'est de conseiller. D'accord.
Quels conseils le ministre a-t-il fournis à la SAAQ après avoir fait les
constats qu'il avait la responsabilité de faire? Quels conseils
tangibles a-t-il faits, autre que de lire un PowerPoint sur papier glacé où
tout était au vert? Comment explique-t-il
que, le sous-ministériat qui est chargé, chez lui, de la transformation
numérique, sur 28 postes, il y en a huit qui sont vacants, dont
cinq qui sont occupés par la même personne?
Pourquoi ne pas
suspendre, le temps...
La
Présidente : M. le ministre de la Cybersécurité.
M. Éric Caire
M. Caire : Il y a une macédoine de questions à travers ça,
là, je vais essayer de répondre. Les conseils qu'on a donnés... Mme la
Présidente, je veux juste rappeler au chef de l'opposition officielle que le
ministère existe depuis le 1er janvier
2022. Il l'a dit lui-même, ce projet-là était en 2018. La vérité, c'est que
c'est 2017, ceci étant dit. Et, deuxièmement,
il y a eu la mise en place du ministère. Je ne sais pas s'il essaie de
l'oublier, mais il y a aussi eu une campagne électorale, hein? Ça fait
que c'est sûr que ça, ça...
Alors,
quand on est revenus au gouvernement, Mme la Présidente, oui, on a demandé à la
SAAQ s'ils étaient prêts. La SAAQ nous a dit : Nous sommes prêts.
Ça fait qu'on les a laissés aller.
La
Présidente : En terminant...
Des voix : ...
La
Présidente : C'est terminé. Alors...
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de commentaire. En question principale, je reconnais
le député...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Je reconnais le député de
Maurice-Richard. La parole est à vous, juste à vous. Question principale.
Déploiement
de la plateforme de services en ligne SAAQclic
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci,
Mme la Présidente. Dans la tragicomédie de la SAAQ, le gouvernement a mis des
services en ligne. Oui, il a mis en ligne une interminable ligne devant les
bureaux.
Mme
la Présidente, j'ai déjà livré des projets informatiques d'envergure, et ce
n'est jamais facile. Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il faut
toujours apprendre de ses erreurs et prendre ses responsabilités.
Il
y a quatre ans, on annonçait déjà un fiasco. Que nous dit le ministre? Je ne
suis pas responsable. Juste en mettant en
ligne son système d'identité, il y a des milliers, des centaines de milliers de
gens qui ne vont juste pas y arriver. Qu'est-ce
qu'a prévu le ministre? Rien. Il nous dit même qu'on devrait le féliciter pour
ce qu'il a fait. Des exemples d'erreurs, Mme la Présidente, il y en a à
la pelletée, des erreurs qu'on faisait il y a 10, 15 ans.
Moi,
je pose la question, là : Sur une échelle de 1 à 10, à combien évalue M.
le ministre l'importance de créer une commission pour faire la lumière
et éviter les erreurs futures?
La
Présidente : M. le ministre de la Cybersécurité.
M. Éric Caire
M. Caire : Bien, Mme la Présidente, puis là je vais réfuter
quelque chose immédiatement, là, qu'on me dise à moi ou à ma collègue la
vice-première ministre qu'on n'a pas pris nos responsabilités, là, c'est le contraire
de ce qui s'est passé. Alors, ce qui
s'est passé, c'est très simple, c'est que, quand ce projet-là a commencé à
déraper sur le déploiement, il y a des mesures qui ont été mises en place.
Mais, sur la livraison de système, puis là on parle des éloges, bien, oui, moi,
je vais envoyer des éloges à mes équipes, parce que, le Service
d'authentification gouvernementale, quelques chiffres, Mme la Présidente, à ce
jour c'est 122 493 comptes qui ont été créés. Et là on nous dit...
Une voix :
...
M.
Caire : Oui, wow!
Merci, M. le chef de l'opposition. Je vais transmettre vos félicitations. Mme
la Présidente...
Des voix : ...
La
Présidente : Un instant, M. le ministre. S'il vous plaît, pas de
commentaire avant les questions, après les questions, pendant les réponses non
plus. Ça allait bien jusqu'à présent. Poursuivez, M. le ministre.
M. Caire : Mme
la Présidente, combien de députés, à date, se sont levés pour déplorer des faux
comptes, de l'usurpation d'identité, des
transactions frauduleuses, le SAG? Zéro. Aucun. Donc, le service fonctionne
effectivement.
Mme
la Présidente, oui, je pense que l'équipe qui a conçu à partir de zéro ce
système-là mérite aujourd'hui qu'on leur dise que ça fonctionne bien. Ce
pour quoi il a été fait, il le fait bien. Dans la communication...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire : ...il y a eu des lacunes majeures, j'en suis tout
à fait conscient, mais, sur le fonctionnement du système...
La
Présidente : Première complémentaire, M. le député.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Dans l'opposition, Mme la Présidente, le député de
La Peltrie a passé des années à demander une commission d'enquête. Actuellement, on voit qu'il n'a pas compris
l'étendue du désastre, il continue à nous dire que tout est un succès,
qu'il a bien mis les choses, etc.
Nous,
on pense qu'il serait temps... et on pose la question : Pourquoi
aujourd'hui, maintenant que vous êtes au pouvoir, vous ne pensez pas que
cette commission d'enquête est importante?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Éric Caire
M. Caire : Bien, Mme la Présidente, ce que les gens nous
demandent par rapport à la situation à la SAAQ, c'est des solutions,
c'est de faire en sorte que ces problèmes-là se résorbent le plus rapidement
possible. La vice-première ministre et moi, on est en mode solution, on veut
que ça fonctionne, on veut que les gens aient les services auxquels ils ont droit, on veut qu'ils les aient dans des
délais raisonnables et on veut aussi que la transition vers la consommation des
services numériques se fasse harmonieusement. Et là-dessus il y a un travail de
communication à faire. Je l'ai dit, la vice-première ministre l'a dit, il faut
qu'on soit plus proactifs dans la communication, dans expliquer à nos
concitoyens comment utiliser le Service d'authentification gouvernementale...
La Présidente :
En terminant.
M.
Caire : ...comment utiliser les services de la SAAQ, faire
en sorte que ce transfert-là s'effectue et que les citoyens...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Haroun
Bouazzi
M.
Bouazzi : Mme la Présidente,
M. le ministre parle comme si c'était le dernier projet. C'est le premier
projet d'une longue liste de projets.
Et on parle, pour celui-là, d'un demi-milliard, ça fait 200 000 $ par
jour pendant sept ans pour arriver à ce résultat.
Mme la
Présidente, encore une fois, je demande à M. le ministre : Combien de
millions il faut gaspiller pour commencer à essayer de comprendre le
problème?
La Présidente : M. le ministre.
M.
Éric Caire
M.
Caire : Bien là, on va régler des choses, Mme la
Présidente, là. Le système, le système... Le déploiement, là, on le dit, c'est inacceptable, ça n'a pas bien
fonctionné, et il faut mettre en place des solutions. La vice-première ministre
et moi, on est là. Mais, le système, là, hier
encore, je parlais avec des gens qui travaillent, qui sont au comptoir, qui
sont avec des concitoyens et qui nous
disent : On fait maintenant, grâce au nouveau système, des transactions en
quelques secondes qu'on n'était même
pas capables de faire avec l'ancien système, ça prenait tout un processus qui
était extrêmement compliqué. Ils ont gagné en efficacité. On a un
service d'authentification gouvernementale qui est solide, qui est robuste.
Alors, c'est... la mise en place a été
difficile, mais, s'il vous plaît, admettez que les systèmes fonctionnent.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Laurier-Dorion. La parole est à vous.
Encadrement de l'hébergement
touristique collaboratif
M.
Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais aborder l'un des principaux facteurs de la crise du
logement en ce moment, là, Airbnb. La semaine dernière, Québec solidaire
était avec Jean-François et Sylvain, deux locataires d'Hochelaga-Maisonneuve évincés pour faire de la place à Airbnb. Voilà
ce qui se passe un peu partout au Québec, là. De Montréal à Gaspé, des gens sont jetés à la rue pour héberger des
touristes, en plein milieu de la pire crise du logement depuis les
20 dernières années. Et le pire, Mme la Présidente, c'est légal.
Tout le monde est d'accord pour dire que ça n'a
pas de bon sens, là. Imaginez-vous que même la ministre de l'Habitation semble
d'accord avec Québec solidaire. Maintenant, c'est le temps de livrer des
résultats.
Est-ce que la ministre s'engage à interdire les
évictions Airbnb partout sur le territoire du Québec?
La Présidente : Mme la ministre du
Tourisme.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Je pense qu'il y a quelques tirs à corriger ici. Encadrer
l'hébergement touristique...
Première des
choses, Mme la Présidente, je tiens à spécifier que, lors du dépôt du projet de
loi n° 100, qui vient encadrer l'hébergement touristique au Québec, entre
autres, de type collaboratif, de type Airbnb, Québec solidaire a voté contre la motion, contre le projet de loi et, au
final, a voté contre le projet de loi. Moi, je trouve ça un peu particulier que,
dès le départ, le député ne s'est pas assis avec nous, qu'on discute du
principe, qu'on puisse avoir, donc, une discussion exploratoire, lorsqu'on dépose un projet de loi, et qu'on puisse,
ensemble, travailler pour apporter des modifications au projet de loi,
ce que l'opposition de Québec solidaire a refusé de faire.
Maintenant, c'est important de dire que,
l'hébergement touristique commercial, dans le cas auquel vous faites référence, M. le député, l'arrondissement a tous
les pouvoirs pour l'interdire. Sur le territoire d'Hochelaga-Maisonneuve,
95 % du territoire, on interdit
l'hébergement touristique de façon générale. Il y a un 5 %, 5 % de
l'arrondissement qui le permet...
La Présidente :En terminant.
Mme
Proulx : ...et c'est dans ce
5 % là que les deux logements auxquels vous faites référence vont
peut-être faire de l'hébergement.
La Présidente : Première
complémentaire. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : La ministre, évidemment, est très éloignée de la réalité
du terrain, là. Les évictions Airbnb se multiplient
un peu partout. La législation qu'elle a mise de l'avant n'arrive pas à juguler
ces problèmes-là. Elle s'en lave les mains, elle met la faute sur les
municipalités, alors que c'est la responsabilité du gouvernement, parce que
c'est le Code civil du Québec qui permet les évictions pour faire de la place à
Airbnb.
Mais
ce qu'on veut savoir de la part de la ministre de l'Habitation : Quand
est-ce qu'elle va agir pour éviter les évictions pour faire de la place
à Airbnb?
• (14 h 40) •
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Mme la Présidente, je reviens, là, avec des précisions. Dans le cadre
du projet de loi n° 100, on a donné
tous les pouvoirs aux municipalités pour interdire, pour restreindre, pour
encadrer, pour carrément interdire l'hébergement
touristique collaboratif de courte durée. Les municipalités, l'UMQ, la FQM sont
venues nous rencontrer, vous étiez peut-être absent, durant le projet de
loi n° 100, M. le député, mais...
La
Présidente : M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
La ministre le sait très bien, on ne peut pas notifier l'absence d'un collègue.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, la ministre du Tourisme n'a pas indiqué l'absence,
elle a posé la question à savoir s'il était absent ou non, c'est
différent.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis
debout, nous perdons du temps. On ne peut pas signifier l'absence d'un
collègue. Poursuivons avec la suite de la réponse, Mme la ministre.
Mme Proulx (Berthier) : Merci, Mme la Présidente. Donc, on avait
l'occasion, en commission parlementaire, de pouvoir parler avec la FQM et l'UMQ, qui nous ont demandé
spécifiquement : Donnez-nous les pouvoirs pour restreindre,
encadrer, limiter l'hébergement de courte durée. On a répondu aux demandes des
municipalités.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Le gouvernement de la CAQ s'en lave les mains encore une
fois, là. Il revient à... C'est de la responsabilité du gouvernement du Québec, de
légiférer sur une situation qui se passe partout au Québec, là, des locataires
qui sont mis à la rue pour faire de la place à Airbnb et à des touristes. Je
vous rappelle, Mme la Présidente, qu'il y a 11 000 appartements affichés sur Airbnb, en ce moment,
seulement à Montréal. Ces appartements-là sont loués à 100 $, 200 $,
300 $ la nuit pour faire... pour héberger des touristes, là. Ça prend la
place des familles qui ont besoin...
La
Présidente : Mme la ministre, votre réponse.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx :
Bien, je me demande qui s'en lave les mains, Mme la Présidente. Le député qui
se présente en commission parlementaire pour débattre d'un projet de loi
important sur la révision de l'hébergement touristique au Québec, dont
l'hébergement de type collaboratif, de type Airbnb? Moi, je me pose la question
là-dessus.
Le document auquel fait référence le député, là,
qu'on fait la liste des Airbnb, je tiens à préciser en cette Chambre que ce n'est pas un mandataire du ministère du
Tourisme. Alors, Joe Bleau peut décider, lui, de monter cette liste des Airbnb,
mais d'aucune façon, Mme la Présidente,
d'aucune façon ces gens-là ne sont mandatés par le ministère du Tourisme pour,
donc, vérifier l'hébergement...
La
Présidente : En terminant.
Mme Proulx :
...collaboratif illégal au Québec.
La
Présidente : En question principale, je reconnais le chef de
l'opposition officielle.
Déploiement des projets de transformation
numérique de l'État
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Une autre citation, une autre perle du ministre du
Numérique en 2017, 30 mai 2017, et ça donnait le ton de son action
politique comme ministre à partir de 2018. Il disait, en 2017 : «Le
gouvernement a la responsabilité [d'offrir]
des systèmes informatiques qui sont nécessaires à la prestation de services de
ses employés. Il faut des réformes en
profondeur, se donner une expertise centralisée, une gouvernance à une seule
tête avec un pouvoir réel.» Et plus tard dans l'article : «Le député de La Peltrie croit que les ratés [au]
système sont attribuables au manque de leadership du gouvernement.» Fin
de la citation de l'article à TVA Nouvelles, 30 mai 2017.
Il
dit : Moi, je suis arrivé comme ministre délégué le... en 2018, mon
ministère en titre existe depuis seulement janvier 2022. Et on peut voir,
Mme la Présidente, qu'il a rencontré la SAAQ en novembre 2022. À cette
rencontre-là, il devait exécuter sa mission, il devait poser toutes les
questions et faire en sorte que, les voyants qu'il voyait, il les ait testés,
il les ait vérifiés.
Ce qui ressort dans
les derniers mois, c'est que, dans ce ministère-là, qui a devant lui d'énormes
chantiers, notamment la Régie de l'assurance
maladie, la santé, l'informatisation, c'est le champion des postes vacants,
1 200, près de 1 200, le
champion de la sous-traitance, un employé sur trois est à l'externe, et le
champion des portes tournantes pour les sous-ministres, quatre sur six.
Le premier ministre
peut-il suspendre les grands travaux du...
La Présidente :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, je me réessaie, Mme la Présidente. Au Québec,
il y a des sociétés d'État, puis il y a des sociétés d'État comme la SAAQ où il y a un conseil
d'administration, puis le conseil d'administration nomme un dirigeant. Le
dirigeant, de la SAAQ dans ce cas-ci, a un département d'informatique.
Bon, donc, jusque-là, ça va bien.
Maintenant,
il y a un ministère de la Transformation numérique qui s'assure de conseiller
les sociétés d'État, donc de faire
profiter de son expertise les sociétés d'État. Mais, Mme la Présidente, ce que
le chef de l'opposition officielle est en train de nous dire, là, c'est que
c'est le ministre responsable de la Transformation numérique qui aurait dû
décider combien de semaines on ferme
les bureaux de la SAAQ, combien d'employés on ajoute après la réouverture des
bureaux de la SAAQ. Ce n'est pas comme ça que ça marche, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : ...tour de la Santé, quand ce sera le tour d'un
transfert numérique avec la Santé, ce que j'entends, c'est que le premier ministre va se tourner vers son
ministre du Numérique, il va lui poser deux questions, il va dire : Les
as-tu rencontrés? Il va dire oui. Puis? Ah! les tableaux étaient tous au
vert. Et là va arrêter la conversation? Tout est au vert.
Le premier ministre
aussi, là, il commence à avoir une responsabilité de poser des questions à son
ministre qui n'a rien vu, il n'a rien vu
aller, et qui aujourd'hui n'était même pas capable de dire à ma collègue, à nos
questions, c'est quoi qu'il retient de cela. Lui, le premier ministre,
il retient quoi de cela? Qu'est-ce qu'il va faire différemment?
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je peux vous garantir que, dans
la transformation numérique, au ministère de la Santé, le ministre de la
Santé va avoir la responsabilité finale, le ministre de la Santé. Le ministre
de la Transformation numérique va conseiller le ministère de la Santé.
Donc,
il y a des ministères qui sont transversaux puis il y a des ministères qui sont
de haut en bas. Il y a des sociétés d'État qui sont de haut en bas. C'est là
que se prennent les décisions. Les conseils viennent du ministère de la
Transformation numérique.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : ...demande au premier ministre de m'aider, moi,
puis d'aider la vice-première ministre, parce qu'elle et moi, on a compris la même affaire,
l'implantation, dixit, 8 mars, 98,5 FM, c'était le ministre qui était
responsable de l'implantation. Qu'est-ce qu'elle et moi on n'a pas
compris?
Et
le premier ministre est en train de nous dire, pour rassurer la population qui
nous écoute : Faites-vous-en pas, ça
va se passer de la même façon, puis, faites-vous-en pas, le ministre du
Numérique, il n'aura pas grand-chose à dire. C'est ça, les assurances
qu'on a?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, le chef de l'opposition
officielle mélange le SAG, O.K., le service d'authentification numérique, qui va être utilisé dans tous les ministères
et toutes les sociétés d'État pour que les Québécois n'aient pas besoin à
chaque fois de remettre leur adresse, puis leur certificat de naissance, puis
leur permis de conduire, tout va être à une place... Ça, c'est sous la responsabilité du ministre de la
Transformation numérique. Maintenant, est-ce qu'on ferme les bureaux de
la SAAQ trois semaines? Ce n'est pas le ministre de la Transformation numérique
qui va décider ça.
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Maintenant, en question
principale, je reconnais la députée de Verdun. La parole est à vous,
juste à vous.
Protection
de ressources acéricoles en forêt publique
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Vous savez, le temps des sucres recommence à battre son plein, au Québec, mais,
pendant ce temps, les producteurs d'érable ont le sang qui bouille. Ça fait
deux ans que les producteurs attendent qu'on protège 200 000 hectares
de forêt en terre publique pour protéger notre potentiel acéricole. Ils
attendent une réponse de la part du
gouvernement. Ils attendent un plan pour encadrer ce qu'on appelle des
entailles d'érables en terre publique. Mais, pendant qu'ils attendent,
on continue de mettre la hache dans nos érables et on continue de donner des
passe-droits aux forestières.
Un érable, là, ça
prend 50 ans pour produire assez de sève puis ça prend quelques minutes à
abattre. C'est notre richesse nationale.
C'est urgent de la protéger pas seulement pour le futur de l'industrie, mais
aussi pour lutter contre les changements climatiques.
Qu'est-ce que le
gouvernement attend pour déposer le plan directeur qu'il a promis de livrer?
La
Présidente : Le ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des
Pêcheries, la parole est à vous.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Bien, merci, Mme la Présidente.
Puis merci à ma collègue pour cette question. D'ailleurs, c'est une question qui... Le temps des sucres est à nos
portes. Puis j'arrive d'une mission au Japon. Je peux vous dire que les
produits du Québec, ici, sont aimés et appréciés un petit peu partout dans le
monde.
Au
moment où on se parle, il y a 18 % de la production québécoise de sirop
d'érable qui est faite en terre publique. C'est des millions d'entailles qui sont dans nos forêts privées et
certains millions d'entailles qui sont dans les terres publiques.
Les
producteurs, les productrices acéricoles du Québec ont fait une planification
stratégique qui s'en va jusque dans les
années 2080 dans laquelle ils ont établi un nombre d'entailles qu'ils
prévoyaient avoir besoin, Mme la Présidente. Et puis, pour pouvoir avoir accès à toutes ces
entailles-là, il y a une partie des entailles qui vont venir de la forêt
publique. Et, au moment où ils ont
déposé, où ils ont présenté ce projet-là, je dois vous confesser, Mme la
Présidente, que sur le radar, si on veut,
du ministère de la Forêt à l'époque, bien, il n'y avait pas tellement de
considération qui était faite pour tout ce qui est de la question de
l'acériculture en terre publique.
La
Présidente : En terminant.
M. Lamontagne :
Alors, on a mis en place un
groupe de travail qui va apporter des résultats, Mme la Présidente.
• (14 h 50) •
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Juste pour aider peut-être le ministre à répondre à la question, le gouvernement, il a promis amener un plan directeur
pour encadrer. Ils ont même fait des consultations. Puis, pendant tout ce temps-là, les producteurs d'érable continuent à
attendre. C'est le temps de livrer des résultats, parce qu'on se demande
pourquoi le plan n'est pas encore dévoilé.
Qu'est-ce
que le gouvernement attend? Est-ce qu'il a toujours l'intention de protéger
200 000 hectares en forêt publique pour préserver notre
richesse au Québec?
La
Présidente : M. le ministre.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Ce qu'il faut comprendre, Mme la Présidente, là,
quand on parle de... d'ici 2080, on parle des besoins de notre industrie acéricole puis on parle d'arrimer, ultimement, la gestion de nos forêts, l'exploitation de nos forêts avec les impératifs qui peuvent être liés à la production
acéricole. Comme je l'expliquais à ma collègue, en 2021, pour la première fois, il y a un comité de travail qui a été
mis en place, dans lequel on a les producteurs et les productrices acéricoles,
on a le ministère de la Forêt, on a les
spécialistes autour des différentes tables de forestières des régions et on a
le ministère de l'Agriculture, et ce comité-là a fourni certaines
recommandations.
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : Le ministère de
la Forêt a pris ses recommandations en considération et est à déterminer, là,
une stratégie à plus long terme pour la question.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci. J'invite le
gouvernement d'arrêter de pelleter par en avant, parce qu'en ce moment, là,
c'est notre symbole national, c'est nos érables du Québec qui sont mis à mal,
en attendant un plan directeur.
Vous
savez, il y a près de 300 000 municipalités
qui appuient les demandes des producteurs. Le gouvernement doit sortir de son silence et déposer dans les plus
brefs délais ce plan-là, parce qu'il faut clarifier les règles qui encadrent
notre forêt publique. Qu'est-ce que le gouvernement attend?
La
Présidente : M. le ministre.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Comme je viens d'expliquer à ma
collègue, Mme la Présidente, il y a vraiment un comité qui a été mis en place, un comité stratégique qui
regroupe les producteurs, les productrices, le ministère de la Forêt, le
ministère de l'Agriculture, puis l'objectif, c'est de faire en sorte qu'on ait
une politique dans la forêt qui va venir arrimer, si on veut, les impératifs d'exploitation forestière au Québec
avec les projections de développement pour l'industrie acéricole. Ma collègue y travaille très fort. Ma collègue a reçu
une première version de ce qui pourrait être ce plan-là pour le futur, et, au moment où est-ce qu'elle le jugera opportun, quand
elle aura terminé ses consultations, bien, soyez assurée, Mme la Présidente,
soyez assurée, ma collègue députée, que la ministre va venir présenter...
La
Présidente : En terminant.
M.
Lamontagne : ...et déposer, là, les intentions du gouvernement à ce
niveau-là. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais Mme la députée de
Saint-Laurent. La principale allait à l'opposition officielle.
Mesures
pour lutter contre la violence en milieu scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme
la Présidente, le 23 février dernier, je me suis présentée avec ma
collègue la députée de Westmount—Saint-Louis à une commission de travail. Un peu
candidement, j'ai cru que, cette fois-ci, le gouvernement allait dire oui pour se pencher sur la violence
dans les écoles, parce qu'après tout, hein, ça défraie les manchettes
maintenant depuis plusieurs mois, presque à chaque semaine :
attaque au couteau, attaque au marteau, enfant poignardé. Eh non. L'affaire était entendue avant même que j'arrive.
Ils étaient prêts, avec une petite lettre, qu'ils m'ont lue froidement pour
me dire : Non, non, on est en action.
10 jours
plus tard, qu'est-ce qui se passe? Encore dans une école secondaire, première journée
en revenant de la semaine de
relâche : «Il a perdu deux litres de sang et a passé quatre heures
sur la table d'opération. Il y avait sept chirurgiens autour de lui. [...]Un centimètre plus profond et
ça touchait son aorte.» Un jeune adolescent a été poignardé sur l'heure du
midi.
Je
ne demanderai pas au gouvernement s'il est fier de dire non à une commission.
Je leur demande de reconsidérer à
nouveau et d'aller au fond des choses. Travaillons ensemble. La violence dans
les écoles, c'est sérieux, ce n'est pas banal.
La
Présidente : Jereconnais, pour la réponse, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, on est très
préoccupés, je dirais même inquiets des événements de violence qui se produisent dans les écoles du Québec, des
événements où des élèves s'en prennent à d'autres élèves. Dans d'autres cas, ce
sont des élèves qui s'en prennent au personnel scolaire. C'est pour ça qu'on a
décidé d'imposer à chacune des écoles l'obligation
d'adopter un plan de lutte contre la violence dans les écoles. Et donc ce plan
de lutte là, il doit être mis en place. Et non seulement le plan doit être mis en place,
Mme la Présidente, mais il faut s'assurer que le plan, une fois qu'il est mis
en place, soit respecté, que les personnes
qui travaillent dans l'école s'assurent qu'il n'y en ait pas, d'acte de
violence, qu'il n'y en ait pas,
d'acte d'intimidation. Et donc ça appartient à chacun des adultes qui
travaillent dans les écoles de s'en assurer, qu'il n'y en ait pas, de
violence.
Et donc je rappelle à
nouveau, Mme la Présidente, l'obligation que nous avons tous, quand on
travaille...
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
...dans une école du Québec, de
s'assurer que le plan de lutte soit respecté et qu'il n'y en ait pas...
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Je ne sais pas si on est dans une responsabilité
dite verticale ou horizontale, mais le premier adulte responsable, c'est
le ministre de l'Éducation.
Alors
là — là,
je parle même au premier ministre — dans
votre comté, ce n'est pas du simple au double, c'est du simple au triple, le nombre d'actes de violence
qui se passent dans nos écoles. Alors là, je comprends que vous avez un
nouveau podcast. Êtes-vous prêt, maintenant, à recevoir une des mamans qui,
elle, son fils a été poignardé et qui, elle, aujourd'hui, ne peut même pas le
tenir dans ses bras?
La Présidente :
Je vous rappelle qu'on s'adresse
à la présidence. Je reconnais, pour la réponse, M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Mme la Présidente, non seulement il y a des plans de
lutte qui doivent être mis en place et qui doivent être respectés, mais il y a
également des partenariats qui ont été mis en place dans les écoles où il y
avait davantage d'actes de violence,
davantage d'actes d'intimidation, avec, notamment, les corps policiers. On a
également mis à la disposition des
écoles des fonds, du financement pour que des agents de soutien soient engagés
dans les écoles pour prévenir
l'intimidation et pour prévenir la violence. Puis là je ne parle pas d'une
autre mesure, un plan d'action contre la violence et l'intimidation. Là
aussi, il y a des fonds qui ont été mis de côté. Alors, on met de l'argent...
La
Présidente : En terminant.
M. Drainville :
...dans les écoles, Mme la
Présidente, et, après ça, c'est aux gens qui travaillent dans les écoles de
s'assurer que ça...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Est-ce
que le ministre réalise qu'au Québec ça fait des années qu'il y a déjà des
plans de lutte à la violence dans les écoles,
qu'il y a déjà des plans contre l'intimidation? Est-ce que ça, il en est déjà,
premièrement, conscient?
Deuxièmement,
on a placardé toutes nos écoles, là, avec des affiches pour dire :
Violence, tolérance zéro. Ce n'est pas
une question uniquement d'argent, c'est d'abord de comprendre ce phénomène.
Depuis la pandémie, ça a plus que doublé, ça a même triplé un peu
partout au Québec.
Pourquoi que nous
n'allons pas au fond des choses?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, la députée a
tout à fait raison de dire que le phénomène s'est aggravé depuis la pandémie, et ça, ça pose la question,
effectivement, de la santé mentale, de toute la problématique de la santé
mentale pas juste dans la société, mais, en particulier, dans le réseau
scolaire. Parce que moi... et on en pourra discuter, Mme la Présidente, mais moi, je pense que l'augmentation
des cas de violence, c'est lié, du moins en partie, à la problématique de la
santé mentale. Et donc je pense qu'il faut
effectivement réfléchir aux mesures qu'on doit prendre pour s'assurer, Mme la
Présidente, pour s'assurer que les
questions de santé mentale soient abordées franchement, et, s'il y a des
mesures à apporter, s'il y a des solutions à apporter, on va les
apporter.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Lesage.
Qualité de l'air dans le secteur
Limoilou—Basse-Ville
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Alors, la Santé publique de la Capitale-Nationale a déposé
son rapport sur la qualité de l'air, et on y
apprend qu'il existe un risque de cancer disproportionné pour les résidents et
les résidentes de Limoilou, Vanier et
de la Basse-Ville de Québec. On sait aussi que les concentrations de particules
fines entraînent près de
270 décès prématurés par année, 731 épisodes de bronchite chez les
enfants, 543 000 journées de symptômes respiratoires aigus à
Québec. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui trouve ça acceptable ici, mais
pas moi.
Le
rapport est clair : pour améliorer la qualité de l'air, il faut réduire le
volume de véhicules dans la basse-ville et éviter tout nouveau projet qui pourrait augmenter la capacité routière.
C'est plus clair que jamais, il faut abandonner le projet de troisième
lien.
Le
choix qui est devant la ministre des Transports, il est simple. Qu'est-ce
qu'elle va choisir? Qu'est-ce qui est le plus important pour elle, la
santé des gens de Québec ou la promesse du troisième lien?
La Présidente :
En question principale, je
reconnais la ministre des Transports et de la Mobilité durable. La parole
est à vous.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. On a tous pris connaissance, du
moins sommairement, du rapport en
question, on l'a lu avec beaucoup d'attention et on le fera plus
exhaustivement, bien sûr, parce que c'est des rapports qui contiennent
beaucoup d'informations, mais déjà, effectivement, puis on est tous d'accord,
là, ce n'est pas acceptable que nos enfants
vivent dans des milieux qui pourraient être... disons, qui ont un fort
potentiel d'amélioration. C'est la raison pour laquelle on a mis en
place une foule de mesures.
Et là, comme le temps
n'est pas infini, je vais me concentrer, mais essentiellement, Mme la
Présidente, quand on dit : Il faut
moins de routes, il faut moins de véhicules, comme le disait sagement le
président de mobilité France, que j'ai rencontré dernièrement, le problème, ce
n'est pas tant les routes que ce qu'on met dessus. Or, qu'est-ce qu'on fait,
à la CAQ, depuis cinq ans? On met énormément
d'argent pour électrifier nos transports, parce que, moins de véhicules, c'est
surtout moins de GES qu'on veut. Et donc ça prend des véhicules électriques. Et
ce qui circule de plus en plus sur nos routes, Mme la Présidente, ce sont
des véhicules électriques. On a plus de 10 fois plus de véhicules
électriques immatriculés depuis que la CAQ est au pouvoir. C'est la même
chose pour nos autobus urbains. On veut avoir 55 % de nos autobus urbains électriques pour 2030, 65 % de nos autobus
scolaires. On a 3,6 milliards dans l'enveloppe de 7,6 milliards du
PEV qui est affecté aux Transports...
• (15 heures) •
La
Présidente : En terminant.
Mme
Guilbault : ...pour réduire nos GES et
avoir des flottes de véhicules qui nous permettent de lutter...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Mme
la Présidente, les autos électriques émettent aussi des particules fines. Je
cite un extrait du rapport : «[Il faut]
miser d'abord sur le transfert vers les modes actifs et collectifs plutôt que
sur l'électrification des véhicules individuels en milieu urbain.»
Est-ce que la
ministre reconnaît qu'il faut réduire le trafic et le débit routier à Québec?
Des voix : ...
La
Présidente : La réponse de la ministre. Pas de commentaire après les
questions. Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, donc, effectivement, l'électrification des transports, c'est
une chose. Est-ce que le député est en train de dire qu'avoir des
véhicules électriques n'est pas une bonne chose? J'imagine que ce n'est pas ça qu'il voulait dire. Peut-être revoir la façon de
le formuler, parce que, Mme la Présidente, on réduit énormément
nos GES en ayant une électrification des diverses flottes de véhicules.
L'autre chose,
l'autre évidence, c'est le transport collectif. Et le député n'est pas sans
savoir qu'on met aussi énormément d'argent
dans le projet de tramway de la ville de Québec, dans le Réseau express de la
Capitale, où on va avoir des voies
dédiées pour du transport collectif sur la Rive-Sud, sur la Rive-Nord, ce qui
fait que, globalement, Mme la Présidente, non seulement on aura des véhicules de plus en plus électriques sur nos
routes, mais on aura une vraie toile de mobilité durable qui va nous
permettre, globalement, de réduire plus que jamais nos GES dans la capitale
nationale.
La Présidente : Cela met fin à la
période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique des motions sans
préavis. Pour ce faire, je vais céder
la place au deuxième vice-président, et je reviendrai à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Merci à vous. M. le
vice-président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et, en fonction
de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
groupe formant le gouvernement, et je cède la parole à M. le premier
ministre.
Souligner
la Journée de commémoration nationale en
mémoire des victimes de la COVID-19
M.
Legault : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le chef de
l'opposition officielle, le député de Rosemont, le chef du troisième groupe
d'opposition, la députée de Vaudreuil et la députée de Laviolette—Saint-Maurice :
«Que l'Assemblée nationale souligne la Journée
de commémoration nationale en mémoire des victimes de la COVID-19 qui s'est
déroulée le 11 mars dernier;
«Qu'elle
rende hommage aux personnes décédées de la COVID-19 et qu'elle offre ses plus
sincères condoléances aux familles et aux proches des personnes
disparues;
«Qu'elle
exprime son entière solidarité envers toutes les personnes qui ont été
touchées, de près ou de loin, par cette maladie et dont les
répercussions se font encore sentir à ce jour;
«Qu'elle
remercie les femmes et les hommes du réseau de la santé qui, depuis 3 ans,
travaillent sans relâche afin d'offrir des soins de qualité à tous les
Québécois;
«Qu'enfin, elle observe une minute de silence à
la mémoire des victimes et de leurs familles.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Adopté.
Alors, Mmes et MM. les députés, je vous invite à vous lever et à observer une
minute de silence.
• (15 h 03
—
15 h 04)
•
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Je
vous remercie. Je vous invite à vous asseoir.
Je suis prêt,
maintenant, à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition officielle.
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de Mercier, le député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale déclare que la liberté de [...] presse est un fondement de
toute société démocratique;
«Qu'elle
rappelle l'importance pour tout membre de l'Assemblée nationale d'éviter de
remettre en cause ce principe en
s'attaquant personnellement à des journalistes, des médias ou aux membres de la
Tribune de la presse.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Pas
de consentement. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du deuxième
groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de Taschereau.
M.
Grandmont : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de D'Arcy-McGee, le député des
Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les services de transport adapté du
Québec traversent une crise sans précédent;
«Qu'elle
reconnaisse la dégradation des services un peu partout sur le territoire, dont
le manque de véhicules adaptés et des déplacements annulés;
«Qu'elle
rappelle que pour plusieurs personnes en situation de handicap, le transport
adapté est la seule façon de se rendre dans
une clinique médicale, d'aller travailler, d'aller faire son épicerie ou
simplement de se rendre chez de la famille ou des amis;
«Qu'elle
réitère que les services de transport adapté sont nécessaires pour assurer
l'égalité des chances ainsi que le respect des droits et de la dignité
des personnes en situation de handicap;
«Qu'elle
demande au gouvernement de revoir le modèle du transport adapté en créant un
groupe de travail intersectoriel rassemblant l'ensemble des
organisations de la société civile et des ministères concernés.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci, M. le député. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il n'y a pas de consentement. Nous passons maintenant
à un membre du troisième groupe d'opposition. Je reconnais M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Mont-Royal—Outremont, le député de Maurice-Richard et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère l'importance d'une transition numérique réussie
pour l'amélioration de l'efficacité des
services publics et la capacité de l'État du Québec pour accomplir pleinement
sa mission envers la population du Québec;
«Qu'elle
constate que les défaillances observées dans le déploiement du programme
SAAQclic par la Société de l'assurance
automobile démontrent qu'une planification, préparation, coordination,
communication, ainsi qu'un bon leadership sont nécessaires pour réussir avec succès cette transition numérique,
sans quoi, ce sont les citoyens et les citoyennes du Québec qui en
subissent les conséquences négatives;
«Qu'elle
rappelle qu'il revient au ministère de la Cybersécurité et du Numérique de
diriger et coordonner les actions de l'État dans les domaines de la
cybersécurité et du numérique;
«Qu'elle réitère le
principe de la responsabilité ministérielle et une reddition de compte
transparente [qui] sont essentiels à une saine gestion de l'administration
gouvernementale;
«Qu'en
ce sens, [elle] mandate la Commission de l'administration publique pour
entendre, dans les plus brefs délais, le ministre de la Cybersécurité et
du Numérique, la vice-première ministre et ministre des Transports et de la
Mobilité durable ainsi que la haute
direction de la SAAQ et du ministère de la Cybersécurité et du Numérique pour
qu'ils exposent les faits ayant mené à ce dysfonctionnement, et éclairer
les parlementaires sur les correctifs à apporter pour réussir la transition
numérique du gouvernement du Québec.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il n'y a pas de consentement.
Une
motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre
la lecture d'une autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader adjoint
du gouvernement.
Entériner le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 9
M.
Lévesque (Chapleau) :
...M. le Président, je demande le consentement
pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de consultations
particulières donnant suite à une entente entre les leaders et la
députée indépendante de Vaudreuil.
Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que
l'Assemblée nationale entérine le mandat donné à la Commission des finances
publiques, dans le cadre de l'étude
du projet de loi n° 9, [la] Loi
modifiant principalement certaines lois instituant des régimes de retraite du
secteur public, de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques le jeudi
16 mars 2023 après la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 jusqu'à 13 h 05 et de
14 heures à 14 h 45;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, Syndicat des
agents de la paix et des services correctionnels du Québec, Regroupement des
associations des cadres en matière d'assurance et de retraite;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 4 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle, une
minute trente au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la
commission soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 13 minutes
8 secondes pour l'opposition officielle, 4 minutes 23 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une
suspension de 5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque
personne et organisme;
«Que
la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Consentement.
Mise aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Une motion sans préavis ayant été présentée par le
groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement
pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis. M. le leader du
gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations particulières
sur les projets de loi nos 10,
11, 12 et 13
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président,
avec le consentement des collègues des oppositions, peut-être qu'on pourrait
accepter le dépôt du document plutôt que la lecture des quatre prochaines
motions qui s'en viennent relativement aux consultations.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
y a quatre autres motions, chers collègues. Est-ce qu'il y a consentement pour
procéder tel que le leader du gouvernement a
proposé? Y a-t-il consentement? Consentement. Donc, oui, il y a consentement.
Mise aux voix
Alors, est-ce que la
motion telle que proposée, avec les quatre documents tels que proposés, est
adoptée?
Des voix : Adopté.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors,
on va passer les différents avis. Et nous en sommes maintenant
à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, M. le Président.
Merci aux collègues aussi pour ce consentement qu'on a eu précédemment.
Et
donc j'avise cette Assemblée que la Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra les consultations particulières
et les auditions publiques sur le projet de loi n° 10,
la Loi limitant le recours aux
services d'une agence de placement de
personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et
des services sociaux, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions, pour une durée de
3 h 15 min, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des relations avec les citoyens poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 11, la Loi modifiant la Loi
concernant les soins de fin de vie et d'autres dispositions législatives, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions, pour une durée de 4 h 5 min, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 3, la Loi
sur les renseignements de santé et de
services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Il y a consentement.
À
la rubrique Avis de la présidence, pour ma part, je vous avise que la
Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance de
travail mercredi le 15 mars 2023, de 7 h 30 à 9 heures, à
la salle Pauline-Marois, afin de donner suite
au mandat d'initiative portant sur les révélations de violence lors des
initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation
dans d'autres sports.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vais céder la parole à Mme la
Présidente.
La
Présidente : Merci, M. le vice-président. Maintenant, je vous
laisse sortir en silence, puisque nous sommes à une étape importante
ici. Merci, MM. les députés, de bien vouloir sortir en silence.
Violation de droit ou de
privilège soulevée le 23 février 2023 concernant les
déclarations de la ministre de la Famille relativement au nombre
d'enfants en attente d'une place en service de garde
Alors,
je suis maintenant prête à entendre les représentations sur la demande
d'intervention de droit ou de privilège soulevée par M. le leader de l'opposition officielle le 23 février
dernier. M. le leader de l'opposition officielle, la parole est à vous.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la Présidente. Comme vous le savez, le
23 février dernier, j'ai porté à votre attention une violation des droits et privilèges des membres de
l'Assemblée nationale. Nous sommes d'avis que cette violation constitue un outrage commis par la ministre de la Famille,
qui a induit la Chambre en erreur en répétant à maintes reprises qu'il y avait
33 000 enfants inscrits au guichet de La Place 0-5.
Or,
un reportage du journaliste Thomas Gerbet, de Radio-Canada, publié le
23 février dernier, nous dévoile que ce n'est pas 33 000 enfants qui sont en attente d'une place en
service de garde, mais plus de 72 000 enfants. Permettez-moi de vous lire quelques extraits :
«Officiellement, 33 356 enfants sont sur la liste d'attente pour
obtenir une place dans un service de
garde au Québec. Cependant, la nouvelle méthode de calcul du gouvernement
n'inclut pas 39 075 autres enfants qui sont eux aussi inscrits
dans le but d'obtenir une place, a découvert Radio-Canada.»
Je
poursuis la citation, Mme la Présidente : «C'est ainsi que nous avons
appris que les parents de 72 431 enfants sont actuellement inscrits
au guichet de La Place 0-5 pour obtenir une place dans un service de
garde. Certains en ont besoin depuis des mois, d'autres l'attendent plus
tard [cette année].»
Or,
comme je vous le mentionnais précédemment, la ministre de la Famille a répété à
plusieurs reprises lors de la période
de questions qu'il y avait seulement et uniquement 33 000 enfants
inscrits au guichet de La Place 0-5. J'insiste sur ce point, Mme la Présidente. Et vous allez voir que,
par la suite, la situation devient beaucoup plus complexe pour nous en tant
que parlementaires.
Je
vais vous citer la réponse que la ministre de la Famille a donnée à ma collègue
la députée de Robert-Baldwin le 2 février
dernier : «Très heureuse, justement, qu'on nous parle du tableau de bord.
Je pense que ça va être important pour ma collègue de le consulter,
justement...»
J'ouvre la
parenthèse. Ma collègue consulte le bulletin et le tableau de bord, Mme la
Présidente, pour voir que la liste d'attente
est de 33 000. 33 000, c'est déjà beaucoup trop. Ce sont les propos
de la ministre à l'intérieur du salon bleu suite à une question soulevée par ma collègue la députée de
Robert-Baldwin. Donc, jusqu'à maintenant, le chiffre que nous avons tous
eu, à l'intérieur du salon bleu, est de l'ordre de 33 000. C'est
33 000, le chiffre.
Le
16 février dernier, la ministre... Donc, ça, c'était le 2 février.
C'est très important, les dates, Mme la Présidente. Ça, c'était le 2 février. Maintenant, le
16 février dernier, la ministre, à nouveau, répétait en Chambre, à
plusieurs occasions, que le chiffre
de 33 000... lors de la période de questions, et je la cite : «Pour
répondre à la question, c'est très clair, c'est 33 000. Le nombre de personnes qui sont inscrites sur la liste, il est
clair, il est là. Il va être mis à jour mensuellement pour, justement, bien informer la population. Et en plus
on a, à chaque mois, l'évolution du nombre de places qui sont offertes.
Et là c'est des vrais enfants.» C'est des vrais enfants.
Je
poursuis la citation : «Quand on veut, justement, répondre précisément, on
ne joue pas avec les chiffres. Actuellement,
les enfants qui ont besoin d'un service de garde et qui sont inscrits sur la
liste 0-5, c'est 33 000. [...]On a mis en place un guichet où les parents
inscrivent leurs besoins, et c'est ça, la liste d'attente, et c'est ça,
[...]33 000. Je veux bien qu'on tente de tricoter ça dans tous les sens pour
faire dire d'autres choses aux chiffres, mais la réalité, elle est celle-là.
La réalité, elle est que l'on travaille jour après jour.» Fin de la citation de
Mme la ministre.
Autre
élément, Mme la Présidente, le 23 février dernier, le premier ministre,
alors questionné à la période de questions par le chef de l'opposition officielle, a répété, encore une fois, le
chiffre de 33 000 places, en tenant de préciser que le chiffre
de 33 000 places était uniquement
jusqu'au 31 août 2022. Je vais le répéter à Mme la Présidente : en
tenant de préciser que le chiffre de
33 000 places était uniquement jusqu'au 31 août 2022. Et je
cite : «Ce que la ministre a dit, c'est que, selon le dernier
relevé, le 31 août 2022, il y avait un besoin de 33 000 places
au 31 août 2022.
«Maintenant,
Mme la Présidente, des parents demandent pour des places, par exemple, dans un
an. Dans un an, il va y avoir des
enfants qui vont quitter [le service] de garde. [...]Puis la ministre a dit
exactement le bon chiffre, 33 000, c'est le dernier chiffre qui est
disponible.» Fin de la citation.
On
constate ici que le premier ministre, dans sa réponse... de dire que la
ministre avait précisé que le chiffre de 33 000 places était jusqu'au 31 août 2022, 31 août
2022. Or, elle ne l'a jamais précisé en cette Chambre jusqu'à ce qu'elle
réponde à ma collègue la députée de
Robert-Baldwin, immédiatement après l'échange du premier ministre et de notre
chef, et je cite : «On a publié
un tableau de bord, je vais en faire la lecture, comme ça, ça va être plus
clair : Nombre d'enfants en attente
prêts à intégrer un service de garde en date du 31 août 2022 :
33 356. C'est clair, c'est écrit.» Fin de la citation. Il y a
33 356 enfants qui sont prêts à intégrer le service de garde en date
du 31 août.
Vous
conviendrez, Mme la Présidente, que les déclarations de la ministre de la Famille sur les chiffres de 33 000 enfants en attente d'une place au guichet 0-5 sont
contradictoires. Les faits rapportés par Radio-Canada viennent, mais viennent
contredire les propos tenus par la ministre de la Famille à l'intérieur de la Chambre, Mme la Présidente,
qui a osé les répéter à plusieurs reprises.
Mme
la Présidente, la ministre de la
Famille n'a aucune, mais aucune
excuse. Elle devrait non seulement connaître les vrais chiffres, mais elle devrait s'en assurer avant de communiquer
des informations à la population mais surtout, surtout à l'intérieur de
cette Assemblée.
• (15 h 20) •
Dois-je
rappeler, Mme la Présidente, que son ministère est constitué de nombreux
fonctionnaires et professionnels, en
plus de son cabinet, qui a le devoir, qui a le devoir de suivre de jour en jour
les données. Si un journaliste est en mesure de comptabiliser le nombre d'enfants en attente, il n'y a pas de raison
que la ministre et toutes ses équipes ne soient pas en mesure de le
faire.
Mme la
Présidente, notre règlement est très clair à l'effet qu'on doit accepter la
parole d'un député en cette Chambre, et
nous avons, de bonne foi, accepté la parole de la ministre lorsqu'elle s'est
levée toutes ces fois en Chambre pour répéter le même chiffre à ma
collègue. Elle a répété le chiffre de 33 000 enfants pas une fois,
pas deux fois. Et même le premier ministre, Mme la Présidente.
Nous sommes
extrêmement contrariés d'apprendre que nous n'avons pas eu, malheureusement,
l'information juste. C'était,
l'essence même de la députée de Robert-Baldwin, elle voulait savoir, au nom de
ces familles, combien d'enfants, le
chiffre est de combien. Je me rappelle de sa question : C'est combien? On
voulait savoir c'est combien. C'est ça, notre rôle. C'est ça, le rôle de
la porte-parole. Mme la Présidente, notre confiance en la ministre est plus
qu'ébranlée.
Vous allez me
permettre, maintenant, de porter un nouvel élément à votre attention, parce que
c'est très important. Au lendemain de
la publication du reportage de Radio-Canada, la ministre de la Famille... Bien,
si on était sûrs du chiffre, c'est
33 000, on ne va pas en rajouter. Elle l'a dit pas une fois, pas deux. Le
premier ministre, la même chose. Mais qu'est-ce
que la ministre a fait? Elle a publié sur son compte Facebook, le
27 février dernier, une lettre aux parents du Québec. Je l'ai. Je demande le consentement
pour la déposer, Mme la Présidente.
Dans cette
publication, la ministre admet, admet qu'il y a, et je cite, «une confusion
quant au nombre d'enfants en attente». Mme la Présidente, c'était ça, la
question. On voulait savoir de quoi s'agit-il, de quoi on parle. Heureusement, il y a Thomas Gerbet, de Radio-Canada, qui a fait
un excellent reportage. Soudain, on découvre une autre réalité. Donc, si les
chiffres étaient bons, pourquoi la ministre va publier un long message sur sa
page Facebook pour admettre finalement qu'il y a une confusion quant au
nombre d'enfants en attente?
Je poursuis la citation : «Par ailleurs — là,
on découvre un autre chiffre — 39 000 enfants sont aussi inscrits à
La Place 0-5 et auront besoin d'une
place dans le futur.» Reculons un peu. C'était quoi, la question de ma
collègue? Elle voulait savoir le
nombre d'enfants en attente. On lui a dit 33 000. Après le reportage, on
publie une publication sur Facebook pour
dire : Attention, j'admets, il y a une confusion, attention, il y a
39 000... C'est qui, ces 39 000? 0-5. Et qu'est-ce qu'on dit? Ils auront besoin d'une place dans le futur.
C'était quoi, la question de ma collègue? C'est savoir les besoins, Mme la
Présidente.
Mme la
Présidente, la ministre de la Famille, dans cette publication, vient confirmer
que le chiffre de 33 000 enfants en attente ne comptabilise pas les enfants nés qui auront besoin
prochainement d'une place. Jusqu'à maintenant, ce qu'il y avait sur la table,
c'est 33 000. Je ne sais pas c'est qui, la personne qui lui a écrit ça et
cette déclaration pour rajouter, aux
33 000, 39 000 0-5, Mme la Présidente. On est loin de la réponse
juste et fiable avec les chiffres à ma collègue députée de Robert-Baldwin.
Mme la
Présidente, vous devez prendre en considération, s'il vous plaît, cet élément
nouveau qui vient confirmer que le
chiffre de 33 000 enfants en attente n'est finalement que la poudre
aux yeux. Et je ne veux pas commencer à faire de l'interprétation, pourquoi
33 000, le contexte électoral, élection, pas élection. On veut donner une
signification aux chiffres. Je pense que, la
revue de presse qui a été publiée, vous avez de la matière en masse pour faire
votre propre conclusion. Moi, je vais
me limiter aux faits des chiffres prononcés par Mme la ministre à ma collègue
suite à sa question sur le nombre de personnes en attente... les enfants
qui sont en attente, qui était de 33 000,
et, par la suite, on rajoute 39 000.
Alors, Mme la
Présidente, nous sommes d'avis que la ministre a induit cette Chambre en erreur
à plusieurs reprises. Ce n'est pas une fois, là, elle a induit la
Chambre en erreur à plusieurs reprises.
La ministre
ose écrire dans sa publication, et je cite : «Faire une simple addition de
ces chiffres pour faire grossir artificiellement
la liste d'attente manque de rigueur et génère un sentiment d'angoisse...» Wo!
Quelle déclaration! C'est la ministre responsable pour s'occuper de ces
enfants.
Donc, qu'est-ce qu'on prend de son argumentaire?
La question légitime de ma collègue où elle a reçu 33 000, la ministre, d'une manière délibérée, elle a
choisi de ne pas faire l'addition parce que, selon elle, c'est un manque de
rigueur et génère un sentiment d'angoisse. Les parents sont déjà
angoissés parce que les bébés et les enfants sont à la maison. Ce qu'on lui a demandé, ce que ma collègue a
demandé, c'est une réponse juste, des chiffres fiables. C'est comme ça que... C'est comme ça et c'est pour cela qu'elle s'est
engagée, c'est pour porter la voix de ces parents qui sont en attente d'une
place.
Donc, Mme la Présidente, mettez-vous à la place
de ma collègue qui entend la déclaration de la ministre, «faire grossir
artificiellement la liste d'attente manque de rigueur et génère un sentiment
d'angoisse». Donc, c'est pour cela qu'elle n'a pas mis 39 000. Mais faites
l'addition : 39 000
sur 33 000, on est rendus à combien? On est loin du chiffre prononcé comme réponse à ma collègue. En fait, on
n'avait même pas besoin de faire trop de recherches. La ministre nous aide. En fait, suite aux questions, au reportage
de Radio-Canada, de la publication sur Facebook, la ministre nous donne raison parce que ce n'est plus 33 000. Là, on
doit commencer à chercher une calculatrice et prendre 33 000 et ajouter
39 000 pour avoir le chiffre
exact. Mais c'est sa responsabilité de dire le vrai chiffre à la population.
Pourquoi? Parce qu'on doit suivre le nombre de places, Mme la
Présidente.
Mme la
Présidente, je suis sans mots. Les parents qui sont inscrits, qui ont inscrit
leurs enfants sur la liste d'attente, que
ce soit pour obtenir une place maintenant ou pour les prochains mois,
l'angoisse, elle est là. L'angoisse, elle est là, Mme la Présidente. Et ils cherchent des places. Et
qu'est-ce que la ministre leur répond? Mais, écoutez, on ne peut pas mettre
tous les chiffres parce que ce n'est pas totalement vrai et que, la liste,
c'est 33 000.
Mme la
Présidente, que ce soit pour les prochains mois ou pour maintenant, les gens
sont outrés par les propos de la ministre.
Leurs enfants ne grossissent pas artificiellement une liste d'attente. Les
parents qui sont en attente d'une place, ce n'est pas eux, le problème. Ils veulent une place. Alors, j'invite Mme
la ministre à réviser ses chiffres, parce que ce n'est pas ces parents qui
cherchent une place qui sont la source du problème. Ils sont bien réels, ils
attendent de réelles places, et c'est un manque de considération
terrible pour toutes ces familles.
Et, afin que
vous puissiez prendre connaissance de cette publication, Mme la Présidente, de
la ministre, je vous ai dit que je souhaiterais vraiment la déposer.
Donc, je pense que ça a été fait.
• (15 h 30) •
Maintenant,
ce n'est pas uniquement ce fait, Mme la Présidente. Donc, suivant la
déclaration que je viens de vous citer,
sur le compte Facebook, un autre élément nouveau très important doit être porté
à votre attention, Mme la Présidente. La ministre de la Famille, suivant
le reportage de Radio-Canada, a publié un nouveau tableau de bord. Je vous ai
dit... Sérieux, ça a été l'affaire la plus
facile à rédiger. D'ailleurs, je remercie nos équipes, qui ont travaillé fort, parce que
la ministre nous... en fait, elle nous alimente. À part la publication sur
Facebook, elle a décidé de publier un tableau de bord. Mais je lis le tableau de bord, Mme la Présidente,
on retrouve la confirmation qu'il y a plus de 36 000 enfants inscrits
sur la liste d'attente pour une place
en service de garde de 0-5 ans, qui s'ajoutent en plus des
33 000 enfants également inscrits. En fait, ça, c'est le ministère de la Famille, c'est un tableau de bord
de son ministère. Ça sort de son ministère. On ne parle plus de 33 000, on parle de
36 000 enfants inscrits sur la liste d'attente pour une place en
service de garde 0-5 ans. 36 000
plus 33 000, faites le calcul.
Mais, sérieux, ce n'est pas le but aujourd'hui,
pour nous, de dire que le chiffre est rendu à 69 000, ou 70 000, ou 72 000. Ce qu'on doit retenir, que, quand
on lui a posé la question, le seul chiffre qui était sur la table :
33 000. Ne posez pas la question, Mme la Présidente, du pourquoi,
du comment, ça lui revient. C'est elle qui a choisi de répondre à ma collègue 33 000. Moi, je me base sur les
faits, je me base sur le reportage de Radio-Canada, je me base sur la
publication de Mme la ministre, je me base sur le tableau de bord pour vous
dire qu'elle nous a induits en erreur. Les faits sont là, ce n'est pas
33 000.
Ce tableau de
bord de la ministre de la Famille vient corroborer les faits énoncés dans
l'article de Radio-Canada. Donc, au début, l'équipe de Mme la ministre
et, même, le premier ministre, ils ont essayé de dire : Non, non, non,
c'est 33 000, même l'argument, les
arguments utilisés par le premier ministre : Non, non, non, mais c'est
33 000, ce n'est pas plus, c'est
33 000, ils ont besoin d'une place, là, 31 août, fin d'année. Ça, ce
sont les propos du premier ministre. Par contre, quelques jours plus tard, ce tableau de bord vient corroborer les faits
énoncés dans l'article de Radio-Canada, qui a mis en lumière que le nombre d'enfants en attente sur
la liste 0-5 ans était beaucoup plus élevé que ce que la ministre a répété
en cette Chambre. En fait, la ministre
aurait dû juste demander à son équipe de lui fournir un tableau de bord et à
faire la lecture, en lui posant la
question que ma collègue a posée, 36 434 enfants inscrits dont la
date de fréquentation souhaitée est ultérieure au 31 octobre 2022,
28 036 femmes enceintes préinscrites au 31 octobre 2022, et non
pas répondre avec le chiffre 33 000,
Mme la Présidente. Il a fallu que Radio-Canada publie un article pour que la
ministre de la Famille se sente dans l'obligation de publier un nouveau
tableau de bord avec des précisions sur le nombre d'enfants inscrits en attente
d'une place en service de garde, car on se
rappellera que, dans le dernier tableau de bord publié par Mme la ministre,
nulle part il n'était mention des 36 000 autres enfants en
attente et plus... en plus déjà des 33 000.
C'est très
important, Mme la Présidente, de suivre le fil des événements. S'il n'y avait
pas l'article de Radio-Canada, qui
est venu à un moment important suite aux questions de ma collègue... Nous avons
assisté à une succession des événements. La plupart des sorties de Mme
la ministre ne viennent pas corroborer son chiffre de 33 000 mais, au
contraire, mettent la lumière que son chiffre prononcé à l'intérieur de cette
Chambre nous a induits en erreur, et ce n'est pas le vrai chiffre d'enfants en attente. Sinon, je me pose la
question. Pourquoi Mme la ministre était obligée de faire une publication
Facebook, pourquoi Mme la ministre
était obligée de refaire une publication du tableau de bord si ce qu'elle
disait en Chambre était vrai, ça veut dire 33 000?
Vous me
permettez, Mme la Présidente, de déposer le tableau de bord aussi pour les
besoins de... si les collègues veulent en prendre connaissance.
Maintenant, madame... Je pense qu'il y a consentement pour le dépôt.
Documents déposés
La
Présidente : Oui, il
y a consentement. Bien, je vais en
profiter pour dire qu'il y avait consentement également pour le dépôt du premier document, qui était la
déclaration de la ministre, et consentement pour le dépôt du nouveau tableau
de bord. Vous pouvez poursuivre. Je ne voulais pas vous interrompre mais faire
ça à la fin, mais allez-y.
M.
Derraji : Je vous remercie, Mme la Présidente. Maintenant,
Mme la Présidente, vous me permettrez de vous soumettre des éléments de
notre jurisprudence qui guident la présidence dans ses décisions.
Je tiens,
premièrement, à rappeler ce qui est un outrage au Parlement selon notre
procédure parlementaire, page 102 : «Comme [il] peut prendre une
multitude de formes, il est difficile [de] donner une définition précise — de
l'outrage au Parlement — et,
partant, de dresser une liste exhaustive des [actes ou des omissions] qui peuvent
y correspondre. En [fait], l'Assemblée
décide quant au fond si un acte ou une omission constitue un outrage au
Parlement.» Je précise : «En [fait], l'Assemblée décide quant au
fond si un acte ou une omission constitue un outrage au Parlement.»
«C'est en
s'inspirant de la doctrine en la matière que le président — ou
la présidente — de
l'Assemblée a déjà défini un outrage
au Parlement...» On doit s'habituer de dire «présidente», Mme la Présidente, je
commence à l'adopter, que je vais dire : «...en matière que [la
présidente] de l'Assemblée a déjà défini un outrage au Parlement comme tout
acte ou toute omission ayant pour effet
d'entraver les travaux de l'Assemblée ou de porter atteinte à son autorité ou à
sa dignité.»
Mme la
Présidente, notre jurisprudence a grandement évolué au cours des dernières
années quant à la notion des versions contradictoires données par des membres
du gouvernement. La présidence a d'ailleurs reconnu que l'article 35
de notre règlement, selon lequel nous devons
accepter la parole d'un député, est assez contraignant. Un de vos
prédécesseurs, François
Gendron, l'a reconnu dans une décision le 27 septembre 2016, 67/71, et je
cite : «...à cet égard, la jurisprudence parlementaire a toujours rappelé le principe fondamental prévu à l'article 35
de notre règlement, selon lequel on doit toujours accepter la parole d'un
député. Cette règle voulant que l'on doive prendre la parole d'un député est
certes assez contraignante pour celui ou celle qui tente de démontrer
qu'un député [ait] délibérément induit la Chambre en erreur.»
Je poursuis ma citation : «Dans de récents
cas de questions de privilège où il devait traiter la notion d'induire [...] en erreur, l'actuel président de l'Assemblée
nationale s'est référé à deux décisions de la présidence de la Chambre des
communes du Canada.»
«À ces deux
occasions, la présidence de la Chambre des communes a donné ouverture, à
première vue, à un outrage au
Parlement pour le motif que des ministres avaient donné deux versions
contradictoires des mêmes faits à la Chambre.» Le motif que des ministres avaient donné deux versions contradictoires
des mêmes faits à la Chambre. «Ces déclarations avaient, selon la présidence, engendré de la confusion. Elle expliquait
cette approche en soulignant l'importance du besoin de clarté dans le déroulement des délibérations
ainsi que la nécessité d'assurer l'intégrité de l'information que le
gouvernement fournit à la Chambre.
«Au sujet de
ce qui constitue des versions contradictoires, l'actuel président de
l'Assemblée est venu confirmer que, pour
induire délibérément la Chambre en erreur, et là c'est majeur, il faut que le
député qui s'exprime sur un sujet en soit arrivé à donner deux versions
qui se contredisent.» Je pense que j'en avais pas mal, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
M. Gendron
poursuit, et je cite : «...lorsque la présidence est saisie d'une question
de privilège pour le motif qu'un député a délibérément induit la Chambre en
erreur, elle ne peut aller plus loin que de rechercher si nous sommes en
présence de deux éléments :
d'une part, d'une intention d'induire la Chambre en erreur et, d'autre part,
d'un aveu du concerné, [...]celui qu'on pense qu'il a induit la Chambre
en erreur.
«À défaut
d'avoir un tel aveu, la présidence doit, à tout le moins, être en présence de
deux déclarations contradictoires, mais d'un même député, [...]dans le cadre
des débats parlementaires. C'est ce à quoi se limite son rôle. Le rôle de
la présidence n'est pas d'apprécier la crédibilité des propos prononcés par les
députés, mais plutôt d'encadrer les échanges en faisant respecter les règles du
débat pour permettre que différentes idées puissent être exprimées. Ensuite,
c'est aux députés à assumer les paroles
qu'ils prononcent à l'Assemblée en vertu de leur privilège parlementaire de la
liberté de parole. Il est clair — Mme
la Présidente — qu'un
député qui déciderait de ne pas dire la vérité à l'Assemblée nationale
commettrait un geste très grave pour le fonctionnement de notre
institution démocratique.»
Mme la
Présidente, vous devez vous prononcer s'il y a, prima facie, outrage au
Parlement. Vous devez reconnaître que,
manifestement, les privilèges des parlementaires ont été bafoués. La ministre a
semé la confusion par ses déclarations contradictoires,
et je vous ai mentionné que je vous dépose officiellement les documents. Vous
devez rendre une importante décision.
Mme la Présidente, un message clair doit être transmis au gouvernement, pas
seulement à la ministre de la
Famille, mais à tous les ministres de ce gouvernement. Ils doivent être
imputables des propos tenus en cette Chambre. Ils ne peuvent utiliser
n'importe quel chiffre qui fait leur affaire, et qu'il n'y ait aucune sanction
par la suite.
Mme la Présidente, nous le savons, notre
jurisprudence est abondante sur le fait que la présidence n'a pas à rechercher
l'intention de l'individu et que la parole d'un député doit être acceptée.
Mais, plus, vous devez prendre en considération
les faits qui sont soumis devant vous aujourd'hui, et, les faits, vous en avez.
Votre prédécesseur, François Paradis, a rendu une décision le
11 février 2020, 67/84. Permettez-moi d'en citer un extrait : «...le
fait de donner deux versions contradictoires
[des] mêmes faits [dans le cadre des travaux parlementaires] peut — peut — aussi
avoir pour effet d'induire la Chambre
en erreur et donner ouverture à un outrage au Parlement.» Je pense, Mme la
Présidente, depuis tout à l'heure, les
documents, les déclarations, le reportage de Radio-Canada, mettez tout cela
dans le contexte... Et je veux vous lire la décision de votre
prédécesseur : «...le fait de donner deux versions contradictoires [des]
mêmes faits [dans le cadre des travaux parlementaires] peut aussi avoir
pour effet d'induire la Chambre en erreur et donner ouverture à un outrage au
Parlement.»
Dans une
autre décision... La première décision, c'était le 11 février. Maintenant,
une autre décision, rendue le 20 avril
2021 par François Paradis, rappelle à juste titre, et je le cite : «...il
importe que les députés, et encore plus spécialement les ministres, fournissent l'information la plus
claire possible dans le cadre des débats, notamment pour maintenir la confiance
et l'adhésion de la population...» Regardez,
deux éléments importants qui ont été bafoués, Mme la Présidente : «maintenir
la confiance», elle a été ébranlée; «l'adhésion
de la population», quand on dit que, la population, c'est grossir
artificiellement les listes. Rien que
lire ce paragraphe de cette décision du 20 avril 2021, clairement,
clairement, Mme la Présidente, c'est la
même situation qui vient de se reproduire entre ma collègue... lors de sa
question à Mme la ministre. «...il importe que les députés, et encore plus précisément les ministres, fournissent
l'information la plus claire possible dans le cadre des débats — est-ce
que l'information claire a été faite, selon les bonnes règles, par Mme la
ministre? — notamment
pour maintenir la confiance et l'adhésion de la population...»
Si sa
déclaration n'a rien fait, pourquoi elle était obligée de faire une déclaration
sur Facebook? C'est parce que, d'elle-même,
elle a constaté que la confiance et la décision de la... et l'adhésion de la
population étaient ébranlées. Sinon, tu
n'es pas obligé de faire une telle déclaration sur Facebook. Elle aurait dû
juste dire le bon chiffre à ma collègue, et le dossier, il est clos, on
passera à autre chose, voir pourquoi nous sommes rendus là, pourquoi c'est
72 000, pourquoi le gouvernement n'a rien fait pour créer des places de
garde.
En
conclusion, Mme la Présidente, vous avez aujourd'hui le fardeau de déterminer
si les privilèges parlementaires ont
été bafoués. Une décision importante doit être rendue. Les faits sont
troublants, et la ministre de la Famillle doit répondre de ses actes et assumer ses déclarations
contradictoires. Il importe que la ministre de la Famille comprenne pleinement
la gravité de son geste. Mme la
Présidente, on parle au nom de plusieurs milliers de familles, de jeunes
couples qui sont en attente d'une
place pour leurs enfants. C'est anormal qu'à l'intérieur de cette Chambre,
suite à une question, on ne nous réponde pas et on essaie de corriger l'erreur
prononcée à l'intérieur du salon bleu par une déclaration sur Facebook et par
un nouveau tableau de bord. Et heureusement
que Radio-Canada, il était là, et Thomas Gerbet, il était là pour rectifier que
le chiffre qui était prononcé par Mme la ministre n'était pas le bon chiffre.
Mme la
Présidente, vous êtes la gardienne, vous êtes la gardienne des droits et
privilèges de cette Assemblée, et c'est
ma première intervention en votre présence — j'en ai fait d'autres — il en va de la crédibilité de nos institutions,
et, pour toutes ces raisons, il nous apparaît clair que vous devez juger
cette demande recevable. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Merci, M. le leader de l'opposition officielle. Je
reconnais maintenant le leader du deuxième groupe d'opposition pour ses
remarques. La parole est à vous.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Donc, rapide mise en contexte.
En février dernier, on envoie une lettre du
Parti libéral pour soulever une violation de droits et privilèges des membres de l'Assemblée nationale en vertu des
articles 66 et suivants de notre règlement, une violation qui prend la
forme d'un outrage au Parlement, en
ayant induit l'Assemblée en erreur. La violation aurait été commise par la
ministre de la Famille et députée de
Verchères. La demande est donc à l'effet de savoir si cette question de
violation de droits et privilèges est
recevable. Si tel est le cas, le leader de l'opposition officielle se garde la
possibilité d'inscrire une motion pour mettre en question la conduite
d'un membre de cette Assemblée en vertu de l'article 315 et suivants du
règlement.
La ministre a
affirmé, donc, qu'il y aurait 33 000 personnes en attente sur la
liste de places en garderie au Québec. Or,
l'article de Thomas Gerbet, de Radio-Canada, du 23 février, a révélé que
le bon chiffre serait plutôt de 72 431 enfants en attente de
places.
Nous appuyons
la demande en lien avec la question de violation des droits et privilèges
soulevée par l'opposition officielle
dans sa lettre du 23 février. Nous partageons aussi les propos qui
viennent d'être énoncés par le leader de l'opposition officielle. Nous souhaitons rappeler l'importance
des mots qui sont prononcés en cette Chambre pour la confiance du public
envers leurs élus. Nous rappelons aussi
l'importance de la période des questions, puisque les parlementaires des
groupes d'opposition s'attendent à
des réponses basées sur des faits, et non des chiffres qui font l'affaire du
gouvernement, pour que cet exercice de contrôle qu'est la période des
questions demeure crédible.
Nous souhaitons mettre en évidence l'importance
de l'enjeu des places en garderie pour les Québécois et les Québécoises. Il y a des milliers de parents qui
attendent d'obtenir une place et qui se retrouvent dans une situation précaire
au moment où on se parle. La ministre est
parfaitement au courant de la sensibilité du sujet dans la population. Il y a
eu des dizaines de questions posées
en cette Chambre sur le sujet dans les dernières années. Plusieurs points de
presse, en ces murs, ont réuni des
représentants de la société civile à bout de la situation et à la recherche de
réponses dans l'enceinte du parlement. Des manifestations ont même eu
lieu devant l'Assemblée, et ce, plus d'une fois.
On peut donc
en déduire qu'il y a de vives inquiétudes en ce qui a trait à la gestion de ce
dossier. Ces inquiétudes émanent du terrain, des professionnels du réseau de la
petite enfance ainsi que des parents et de plusieurs experts du milieu. Elles ne sont que relayées par les députés des
groupes d'opposition. Bref, la population souhaite clairement être rassurée sur
la gestion de cette liste et sur la création de davantage de places.
Il y a
plusieurs changements dans les méthodes de calcul du gouvernement concernant la
fameuse liste. Toutefois, puisque
notre règlement nous interdit de refuser d'accepter la parole d'un député,
l'ensemble des parlementaires a considéré chaque fois que les affirmations de
la ministre et de son prédécesseur étaient véridiques. Or, nous nous attendons
donc à ce qu'on nous fournisse des informations factuelles et vérifiables.
• (15 h 50) •
On a donc été
très choqués par les révélations de l'article de Radio-Canada du
23 février. On ne parle pas de quelques dizaines, mais de plusieurs dizaines de milliers de places. Considérant
les éléments mentionnés précédemment, nous vous demandons donc de vous
prononcer, à savoir si la ministre de la Famille a bel et bien commis une
violation de droits et de privilèges de
l'Assemblée et de ses membres en induisant volontairement la Chambre en erreur.
Du moins, il serait préjudiciable pour les députés de l'opposition que
le geste de la ministre ne soit pas condamné très clairement par la présidence. Il y a également un enjeu primordial
de perte de confiance de la population envers notre institution, que nous
chérissons. Et, comme député, mais également comme citoyen, je ne peux pas
concevoir qu'on puisse permettre à des représentants
du peuple, des membres du Conseil des ministres, de construire une réalité en
jouant avec les chiffres. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Bien, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition. Maintenant, je reconnais, pour ses représentations, le
leader adjoint du gouvernement. La parole est à vous.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, le
23 février dernier, le leader parlementaire
de l'opposition officielle a soulevé une question de privilège qui visait la
ministre de la Famille, à l'égard que cette
dernière avait commis un outrage au Parlement en induisant la Chambre en erreur
concernant le nombre d'enfants en attente
d'une place en service de garde. Mme la Présidente, j'ai lu la lettre et la
correspondance que le leader parlementaire vous a fait parvenir, j'ai également écouté les représentations et les
arguments qu'il a présentés aujourd'hui, et, à ce que j'entends, à ce
que j'ai lu, on ne peut pas considérer qu'il s'agit d'un outrage au Parlement,
on ne peut pas qualifier un outrage au Parlement. Et donc
nous verrons ensemble, Mme la Présidente, en quoi la question soulevée ne
correspond pas à un outrage au Parlement, selon nos règlements et notre
jurisprudence parlementaire.
En
droit — vous
le savez, Mme la Présidente, vous êtes avocate comme moi — certains
tests et certains critères doivent être rencontrés et respectés devant les
tribunaux. Bien, c'est la même chose ici, au parlement. Et donc, selon
une jurisprudence bien établie, pour que le fait d'induire la Chambre en erreur
constitue un outrage, il y a certains critères à respecter. Et je vous réfère
ici à la page 189 de la procédure parlementaire du Québec. En effet, selon
l'article 35.6° du règlement sur
l'Assemblée nationale, il y a une présomption à l'effet que l'on doive accepter
la parole d'un député, et, pour
renverser cette présomption, il faut que, lors d'une déclaration, un député
trompe délibérément l'Assemblée et reconnaisse par la suite l'avoir délibérément trompée, commettant ainsi un outrage.
Ces critères sont notamment énumérés dans la décision du président
Jean-Pierre Charbonneau du 27 novembre 1997, répertoriée sous le
numéro 67/35.
Et
donc, dans une décision rendue le 27 septembre 2016, le président Gendron
reprenait ces critères en mentionnant, et
je vais citer : «...lorsque la présidence est saisie d'une question de
privilège pour le motif qu'un député a délibérément induit la Chambre en erreur, elle ne peut aller
plus loin que de rechercher si nous sommes en présence de deux éléments :
d'une part, d'une intention d'induire la
Chambre en erreur et, d'autre part, d'un aveu du concerné, de celui qu'on pense
qu'il a induit la Chambre en erreur.»
Il ajoutait également, dans la décision, qu'«une interprétation différente
d'une situation donnée par plusieurs personnes ne peut donner ouverture
à un outrage au Parlement».
Et donc, à ce
moment-ci, regardons les faits qui sont allégués.
Donc, le leader de
l'opposition officielle nous dit que la ministre de la Famille a affirmé à
trois reprises, lors de la période des
questions du 16 février 2023, qu'il y a 33 000 enfants en
attente d'une place en service de garde. Et donc, pour affirmer qu'il y a un outrage, il met la
ministre en contradiction avec un article d'un journaliste de Radio-Canada qui
affirme qu'il y a 72 431 enfants
qui sont inscrits à La Place 0-5 ans pour avoir une place. Ce qui, du
point de vue du leader de l'opposition officielle, constitue un outrage est,
dans les faits, une simple divergence d'opinions quant à la méthodologie
utilisée par le ministère de la Famille pour
calculer le nombre d'enfants en attente d'une place. D'ailleurs, à ce sujet, la
ministre n'a jamais changé sa version sur ce
qu'est un enfant en attente. De plus, Mme la Présidente, je n'ai pas entendu le
leader de l'opposition dire que la ministre
s'était contredite dans le cadre des travaux parlementaires. Il n'y a pas de
déclarations de contradiction... contradictoires, c'est-à-dire, de la
ministre.
Au
moment où l'outrage a été soulevé, les données disponibles étaient celles du
31 août. Maintenant, évidemment, les données sont mises à jour
mensuellement. Le ministère calcule le nombre d'enfants inscrits dans La Place
0-5 ans qui sont en attente d'une place
dans les services de garde. Ce chiffre était précisément de 33 356 en date
du 31 août. La divergence
d'opinions porte sur les 39 000 enfants qui étaient inscrits dans La
Place 0-5 ans au 31 août mais qui n'avaient pas besoin d'une place à cette date. Ce n'est donc
pas induire la Chambre en erreur de dire qu'il y a 33 356 enfants en
attente d'une place, c'est rigoureusement
exact. D'ailleurs, ce n'est pas seulement lors de la période de questions du
16 février que la ministre a
affirmé qu'il y a 33 000 enfants en attente pour une place en
garderie, c'est le chiffre que donne constamment la ministre, tant
devant les médias qu'en cette Chambre.
Maintenant que les
faits sont précisés, permettez-moi de vous soumettre que les allégations du
leader de l'opposition officielle ne
remplissent pas, prima facie, les critères pour qu'il y ait outrage au
Parlement. La ministre n'a jamais induit
la Chambre en erreur. En conséquence, aucun des critères établis par la
jurisprudence pour déterminer, de prime abord, qu'il y a outrage n'est respecté. Puisque la ministre n'a pas induit la
Chambre en erreur, elle ne peut pas l'avoir délibérément... ni avoir admis l'avoir fait. Ce que le leader
parlementaire de l'opposition officielle soulève comme outrage est, je le
réitère, une simple divergence
d'opinions quant à la méthodologie utilisée par le ministère de la Famille dans
le calcul... dans le nombre d'enfants en attente d'une place.
Le
20 avril 2021, votre prédécesseur, le président Paradis, a eu à se
prononcer sur une situation dont les faits étaient similaires. En effet, le leader parlementaire du
deuxième groupe d'opposition avait soulevé une question de privilège, alléguant
que le ministre de l'Éducation avait
induit la Chambre en erreur en se basant sur un article publié par
Radio-Canada. Dans cette décision, le
président Paradis mentionne notamment que, et je cite, «lorsqu'elle doit
déterminer si un député a, à première vue,
induit la Chambre en erreur, le rôle de la présidence ne constitue pas à
trancher un débat factuel ou à décider quelle version des faits doit l'emporter. Pour décider si la question d'un
privilège est recevable, la présidence doit uniquement — et
je répète, uniquement — examiner si les conditions établies par
la jurisprudence, dont j'ai parlé plus tôt, sont remplies.
«À
aucun moment il n'a été démontré que le ministre aurait avoué avoir induit la
Chambre en erreur ou qu'il aurait sciemment cherché à induire la Chambre
en erreur ou nuire aux travaux parlementaires. En fait, il n'a pas été allégué que le ministre de l'Éducation aurait fait des
déclarations contradictoires à ce sujet. Au contraire, il a été affirmé que le
ministre de l'Éducation a répété les mêmes
déclarations maintes et maintes fois. La preuve de déclarations contradictoires
faites par un député constitue pourtant un
élément crucial pour démontrer que la Chambre a été induite en erreur et ainsi
donner ouverture à la question d'outrage.
«Je rappelle ce que
mentionnait à ce sujet un de mes prédécesseurs dans une décision qu'il rendait
en 2015, et je le cite : "Lorsque
la présidence analyse la recevabilité d'une question d'outrage au Parlement,
les faits qui lui sont soumis doivent
être probants à leur face même. Lorsqu'il est question de versions
contradictoires, il faut que le même député qui s'exprime sur un sujet
en soit arrivé à donner deux versions qui se contredisent. En l'espèce, il s'agit
plutôt d'une interprétation différente d'une situation qui est donnée par deux
députés."
«[...]Rien ne
démontre que le ministre de l'Éducation a sciemment tenté d'induire la Chambre
en erreur. Nous sommes plutôt en présence
d'une interprétation différente de la part de plusieurs personnes au sujet
d'une même situation. La jurisprudence
est pourtant claire à ce sujet : "...une interprétation différente
d'une situation donnée par plusieurs personnes ne peut donner ouverture
à un outrage au Parlement."»
Et donc, Mme la Présidente, je vous
invite à tenir compte de la jurisprudence et de cette décision de votre
prédécesseur, M. Paradis, le
président Paradis, dans la décision que vous allez rendre. Tout comme dans la
situation décrite dans cette
décision, nous ne sommes pas ici en présence d'un outrage au Parlement mais
bien devant une simple divergence d'opinions sur les méthodes de calcul utilisées par le ministère de la Famille et
un journaliste. Cela ne constitue donc en aucun cas un outrage au
Parlement. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : Merci, M. le leader adjoint de la partie gouvernementale.
Vous avez tous été entendus. Voulez-vous répliquer? Donc, je prendrai le tout
en délibéré, puisque vous avez pris beaucoup de temps avec beaucoup
d'arguments. La décision sera rendue ultimement, ultérieurement. Merci à vous
tous.
Et, pour la suite de
nos travaux, je vais céder la place au deuxième vice-président de l'Assemblée
nationale. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous informe tout d'abord qu'un débat de
fin de séance se tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat portera sur
une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent à M. le ministre de
l'Éducation concernant la violence dans les écoles du Québec.
Nous
poursuivons donc à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous informe que demain, lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion
inscrite par Mme la députée de Robert-Baldwin. Cette motion se lit comme
suit :
«Que
l'Assemblée nationale souligne qu'il y a deux ans, des parents à la recherche
de places en service de garde éducatif à l'enfance créaient un mouvement sans
précédent en s'unissant pour réclamer une place en service de garde pour
leur enfant et pour faire valoir leur droit de retourner travailler;
«Que
l'Assemblée nationale constate que deux ans après la naissance du mouvement Ma place
au travail, la liste d'attente pour une place en service de garde a
atteint un sommet historique;
«Que
l'Assemblée nationale dénonce la méthode de calcul caquiste qui écarte des
enfants de la liste d'attente pour une place en service de garde;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que tout parent devrait pouvoir décider de retourner au
travail et que ce choix commence par l'accès à une place en service de garde;
• (16 heures) •
«Que
l'Assemblée nationale exprime sa profonde préoccupation quant à l'impact de la
pénurie de places sur les familles, surtout en période d'inflation;
«Qu'elle
reconnaisse que l'accès à une place en service de garde devrait être un droit,
comme le droit à l'éducation;
«Enfin,
qu'elle demande au gouvernement caquiste de modifier la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin de garantir un droit, sans condition, à une
place en service de garde.»
Affaires
du jour
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Lapériode des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci, M. le
Président. Je vous demanderais de bien vouloir suspendre jusqu'aux
débats de fin de séance, à 18 h 30, s'il vous plaît. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Cette
motion est-elle adoptée? Alors, en conséquence, nous ajournons nos
travaux au mercredi 15 mars...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Ah!
nous suspendons. Alors, nous suspendons nos travaux jusqu'aux
débats de fin de séance.
(Suspension de la séance à
16 h 01)
(Reprise à 18 h 30)
Débats
de fin de séance
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de
fin de séance, qui portera sur une question adressée par Mme la députée de
Saint-Laurent à M. le ministre de l'Éducation concernant la violence dans
les écoles du Québec.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes.
Mme la députée, je
vous cède la parole pour une durée de cinq minutes.
Mesures
pour lutter contre la violence en milieu scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président. Plusieurs fois je
me suis levée ici, dans cette Chambre, pour parler de la violence dans nos écoles et aux abords des
écoles. Pourquoi? Parce qu'elle frappe notre réalité chaque semaine et bientôt maintenant presque à chaque jour. J'ai
interpelé le ministre de l'Éducation, avec chiffres à l'appui. Entre la
pandémie et aujourd'hui, il y a une
démonstration qui est faite que, malheureusement, la situation au Québec s'est
empirée. Elle est passée du simple au double, et même, dans certains
endroits, au triple, notamment dans le comté du premier ministre, à
L'Assomption. La situation est vraiment grave.
J'ai demandé
que nous tenions une commission spéciale sur la violence dans les écoles.
Pourquoi? Pour comprendre qu'est-ce qui se passe. Pas pour pointer du
doigt, mais vraiment pour saisir l'ampleur, un, de la situation et essayer de trouver ensemble, avec des experts, avec les
parents, aussi les jeunes, il est temps qu'on leur donne la parole, les
enseignants, le personnel de soutien,
les professionnels de soutien, aussi les directions d'école... Ces gens-là sont
sur le terrain à tous les jours. Et savez-vous qu'est-ce que ces personnes me
disent? Il y a des enfants qui vont à l'école avec la peur au ventre et des enseignantes qui ne veulent pas retourner
dans leur classe après avoir été hospitalisées. Pas parce qu'elles ont été
frappées par un adolescent, non, M. le Président, pire, par un enfant du
primaire. C'est non seulement le nombre qui a augmenté, mais l'intensité.
Moi, dans mon époque, M. le Président, j'allais
à l'école Marguerite‑De Lajemmerais — d'ailleurs, je vous salue — j'apportais
mon ballon de basket, je n'apportais pas un couteau ni un marteau. Mais,
aujourd'hui, qu'est-ce qu'on apprend,
c'est qu'il y a des jeunes... «...demande à un ami de lui apporter une arme à
feu de ses parents, elle a une liste de personnes à éliminer.» C'est ça,
notre réalité, M. le Président.
Qu'on ne
m'accuse pas de faire peur aux parents, de faire peur aux élèves. Je ne pense
pas que TVA, Radio-Canada, Le
Devoir, La Presse, Noovo
font peur aux parents et aux élèves, au personnel de l'école. Dire la vérité,
c'est le premier pas pour commencer à bien comprendre l'ampleur de ce
phénomène. Et nous, comme élus, nous avons une responsabilité éminente d'agir
avant que ce soit beaucoup trop tard. Je vous rappelle que, malheureusement,
nous avons déjà perdu deux adolescents en moins d'un an, poignardés dans le
stationnement de leur école.
Le
23 février dernier, je ne pouvais pas croire que les élus caquistes
refusaient la demande de la commission sur la violence dans les écoles.
On m'a lu, là, froidement une petite lettre pour me dire : Non, non, on
prend ça au sérieux. Comment pouvez-vous me
répondre que vous prenez ça au sérieux, quand ce n'est même pas parmi les sept
priorités du gouvernement en
éducation, la violence dans les écoles? C'est votre angle mort, c'est
littéralement votre angle mort. Et savez-vous
quoi? 10 jours après avoir dit non à une commission sur la violence dans
les écoles, qu'est-ce qui est arrivé après la semaine de relâche? Première journée en revenant de commission... de
la semaine de relâche, un jeune est poignardé dans une école, poignardé, là, sur l'heure du midi. Et,
pour ceux qui pensent que, ah, c'est juste un couteau suisse, là, je vais vous
lire qu'est-ce qui est arrivé. Il a perdu
deux litres de sang, il a passé quatre heures sur la table d'opération, sept
chirurgiens, son intestin grêle a été
perforé. Un centimètre plus profond, et ça touchait son aorte. Il va devoir
garder des séquelles physiques, mais
aussi psychologiques. Cet enfant-là pleure beaucoup et fait de l'anxiété, son
corps tremble, il dit qu'il a peur de mourir.
Honnêtement,
là, je ne sais pas qu'est-ce que nous attendons, comme élus, pour se saisir de
cette question. Et de juste renvoyer
la balle dans les cours d'école puis dire : Est-ce aux directions d'école
de s'en occuper?, ce n'est pas suffisant. Au contraire, ces mêmes personnes, là, les enseignants et les directions
d'école, disent : On a besoin d'aide. C'est eux qui nous ont écrit pour dire : Tenez, justement,
une commission pour que nous puissions parler de la situation mais aussi
trouver ensemble des pistes de
solution. Parce qu'il y a aussi du beau qui se fait dans nos écoles.
Marguerite-Bourgeoys a créé un programme,
justement, pour aider en amont à atténuer les risques de violence. Ça, c'est,
par exemple, quelque chose de positif.
Sommes-nous capables d'avoir, justement, ces personnes-là pour venir nous
expliquer comment eux ont été capables d'implanter des nouvelles
mesures?
M. le
Président, le ministre, aujourd'hui, s'est hasardé de répondre en disant :
Il y a peut-être un lien, là, entre la santé mentale puis la violence. Moi, je
ne veux pas me hasarder à répondre, je veux comprendre le phénomène avec les
meilleures personnes, ceux qui connaissent les noms et prénoms des enfants.
Alors, je redemande encore une commission sur la
violence dans les écoles.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole au ministre de l'Éducation, tout en vous rappelant, M. le
ministre, que vous disposez d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Merci, M. le Président. Merci à la députée de
Saint-Laurent pour cette interpellation qui me donne l'occasion de
reprendre un peu là où je l'ai laissée tout à l'heure.
Elle a fait
référence à ma réponse en Chambre, pendant la période des questions, où j'ai fait
effectivement un lien entre santé mentale et violence. J'ai voulu documenter
cette équation notamment en citant Égide Royer, qui est quand même une
de nos grandes sommités en matière d'éducation, qui dit que «l'effet post-COVID
se ressent dans les classes. Égide Royer
affirme que toutes les études sur la question démontrent une augmentation des
difficultés de comportement, d'agressivité et d'opposition de la part
des élèves.»
Mélanie Paré,
professeure à la Faculté d'éducation de l'Université de Montréal : «La
pandémie a [...] exacerbé les problèmes d'anxiété et de santé mentale
chez les jeunes, ce qui a des répercussions à l'école[...].
«Tant
au primaire qu'au secondaire, plusieurs études ont aussi démontré une
augmentation des troubles de comportement en classe de la part des élèves, qui
sont plus nombreux à faire preuve d'agressivité ou d'opposition.
«Des données
provenant du réseau scolaire indiquent d'ailleurs que les gestes de violence
ont considérablement augmenté dans plusieurs centres de services scolaires...»
On l'avait déjà constaté, bien entendu.
Nafissa Ismail, qui
est une chercheuse : «Les adolescents ont été privés des contacts sociaux.
[...]Les jeunes ont [...] été particulièrement isolés [pendant la pandémie].
«Depuis la
réouverture des écoles [secondaires], il y a eu une croissance de la violence
dans les écoles comme l'intimidation et la
violence physique.» Elle fait un lien, elle, entre la pandémie, bien entendu,
les problématiques de santé mentale ou de détresse psychologique et les
cas de violence qui surviennent de plus en plus souvent dans les écoles.
Alors,
qu'est-ce que nous avons fait, M. le Président? Bien, on a mis en place un
certain nombre de moyens pour permettre,
justement, de lutter contre cette violence et de lutter contre cette
intimidation. Alors, les chiffres ne changent pas d'une intervention à
l'autre, les montants non plus, les programmes non plus.
Alors,
le plan de lutte contre l'intimidation, à la violence... et à la violence,
dis-je bien, il doit être mis en place dans chaque établissement. Il est financé pour que les écoles puissent, bien
entendu, s'en occuper convenablement. Il y a des ententes de collaboration entre les centres de services scolaires, les
établissements scolaires et les services de police, là où c'est
nécessaire. Il y a des sous, 6,5 millions, qui ont été mis de côté pour
engager des agents de soutien dans les centres de services, qui sont dédiés au dossier du climat scolaire et qui
accompagnent le réseau pour prévenir la violence et l'intimidation.
Ensuite
de ça, je pourrais vous parler du plan d'action pour contrer la violence et
l'intimidation. Le ministère de l'Éducation contribue à 17 des
26 mesures du plan, 11,4 millions qui ont été mis de côté également.
Alors,
M. le Président, quand j'entends la députée de Saint-Laurent, que j'estime
beaucoup, vous le savez bien, que je
respecte... J'ai même un peu d'affection pour elle parce que je sais que c'est
une bonne personne, puis on s'est connus autrement. Avant que je revienne en politique, j'ai fait des entrevues
avec la députée de Saint-Laurent, et elle sait l'estime que j'ai pour elle. Mais, quand je l'entends
dire : Qu'est-ce qu'il attend, qu'est-ce qu'on attend?, bien, on n'attend
pas. Je viens de vous donner des exemples très concrets de ce que nous
faisons.
Et
là je pourrais rajouter le protecteur de l'élève, le protecteur de l'élève qui
va être un gros plus et qui va permettre justement au processus de
plainte de se faire avec encore plus de célérité, avec encore plus d'efficacité
que ce n'est le cas présentement. Donc, ce
sera possible d'aller directement au protecteur de l'élève, au protecteur
régional de l'élève, et il y aura donc un processus beaucoup plus direct
que celui qui existe présentement, parce que les protecteurs de l'élève,
présentement, sont rattachés aux centres de service.
• (18 h 40) •
Alors là, il y aura
des protecteurs régionaux de l'élève qui ont des directives très claires, qui
auront, donc, une attitude très proactive pour
gérer ces cas de violence et d'intimidation, les violences sexuelles en
particulier, c'est vrai, mais toute
forme de violence et d'intimidation dans le réseau scolaire. Et ces protecteurs
régionaux de l'élève vont se mettre en action à partir de septembre
prochain.
Alors,
oui, c'est pressant. Oui, c'est une situation qui est extrêmement urgente, et
je le constate dans mes tournées d'école.
J'en parle dans toutes mes tournées. J'en parle avec les enseignants, le
personnel scolaire. Et je suis très conscient de cette réalité, très sensible à cette réalité, et nous mettons les
moyens pour lutter contre cette violence dans nos écoles.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée, je vous cède la parole pour votre droit de
réplique, deux minutes.
Mme
Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : Bien,
très franchement, moi, j'ai beaucoup d'affection pour le ministre, puis il le
sait, et jamais que je ne m'obstinerais pour
m'obstiner avec lui. Je lui dis tout simplement la chose suivante, et je l'ai dit
durant la période de questions, je ne
vous parle même pas d'argent, je vous parle d'aller au fond des choses. Moi, ce
que je demande ne coûte même pas un sou. Ce qu'il coûte, c'est du temps. Il y a
90 députés caquistes. M. le ministre, je vous demande d'en libérer
sept pour entendre différents groupes. On ne va rien perdre là-dedans, on va
entendre des gens sur le terrain.
Puis
moi aussi, je fais la tournée des écoles puis j'y vais, là, de façon régulière,
et malheureusement on ne peut pas tout saisir, dans une tournée, alors que,
lorsqu'on entend des experts, ils sont capables de nous aiguiller et aussi de
nous amener ailleurs, puis on peut
apprendre des bonnes pratiques. Ce que moi, je demande ne coûte pas d'argent.
Ce qu'il coûte, en revanche, c'est tout simplement de l'écoute.
Et
je suis convaincue que le ministre de l'Éducation, s'il prend la peine de
relire ma lettre ouverte, il loge au même endroit que moi. Je le sais que ce n'est pas un homme insensible, au
contraire, je pense même que c'est un homme... je ne dirais pas «bouillant», mais c'est un homme
d'action. Là, je lui demande tout simplement de se dire : À la face même
de tous les actes que nous entendons, on ne
peut pas entendre... on ne peut pas attendre en septembre 2023 pour agir. Parce
que, le protecteur national de l'élève, j'ai siégé sur ce projet de loi, on l'a
fait en accéléré pour donner, justement, un outil supplémentaire, mais malheureusement tous les
articles importants ne sont pas encore en vigueur. Il nous reste trois mois
à l'année scolaire. Est-ce que nous allons
attendre pendant ces trois mois-là, semaine après semaine, encore des mauvaises
nouvelles qui affectent nos plus précieux, nos jeunes?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Voilà qui met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Donc, ceci étant, nous allons tout simplement...
Compte tenu de l'heure, les travaux seront ajournés au mercredi 15 mars
2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 43)