(Neuf heures quarante minutes)
12 213
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Mmes et MM. les députés, bon matin. Je vous invite
à vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous en
sommes à la rubrique Déclarations de députés. Et la première déclaration, ce
matin, sera celle de M. le député de Chapleau. La parole est à vous,
monsieur.
Souligner le
65e anniversaire de l'Association pour
l'intégration communautaire de l'Outaouais
M. Mathieu Lévesque
17 851
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui,
j'aimerais souligner le 65e anniversaire d'un organisme important de Gatineau et de l'Outaouais, l'Association
pour l'intégration communautaire de l'Outaouais, que tous connaissent
sous le nom de l'APICO.
L'organisme a pour mission d'offrir des services
aux personnes présentant une déficience intellectuelle et leurs familles afin
de favoriser et de faciliter l'intégration communautaire, sociale et
socioprofessionnelle.
Fondée en 1957, l'APICO apporte une aide
concrète et adaptée aux besoins globaux des personnes ayant une déficience intellectuelle. Elle offre, entre
autres, des services de répit, que ce soient les activités ponctuelles et
structurées organisées par l'organisme ou de l'hébergement temporaire.
M. le
Président, en terminant, j'aimerais, en mon nom et au nom de mes collègues
députés de Papineau, de Gatineau et
de Hull, prendre le temps de remercier et de féliciter M. Stéphane Viau, directeur
général, et toute l'équipe de l'APICO pour leur excellent travail.
Toutes mes félicitations et bon 65e anniversaire!
12 213
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Chapleau. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de Pontiac.
Souligner la victoire de
L'Intrépide de Gatineau au Tournoi
international de hockey pee-wee de Québec
M. André Fortin
15 383
M. Fortin : Merci, M. le Président. Je ne vous apprends rien, tout le monde à Québec
le sait, la semaine dernière, c'était
le tournoi international pee-wee de hockey de Québec. Mais cette année, M. le
Président, c'est une édition, disons, encore meilleure qu'à l'habitude.
Pourquoi? Parce qu'une équipe de l'Outaouais a remporté les grands honneurs.
L'Intrépide
de l'Outaouais pee-wee AA élite a
quitté Québec invaincu, six victoires, aucune défaite, 26 buts pour,
quatre contre. 8 000 à
10 000 personnes dans les estrades par match, M. le Président. Pas
grave, ils sont restés concentrés du
début à la fin. Une équipe de New York? Pas de problème, victoire. Des équipes
venues d'aussi loin que de la Suisse, M.
le Président, victoire par-dessus victoire. Une finale contre le Collège
français de Longueuil, ils étaient préparés, ils s'étaient outillés, ils sont restés de glace, gardé leur sang-froid.
Résultat : 5 à 1 pour l'Outaouais. Ils sont champions du monde.
Bravo, M. le
Président, à nos jeunes de L'Intrépide de l'Outaouais et à leur coach, Éric
Dagenais. Toute la région est fière de vous.
12 213
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Pontiac. Et je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Saint-François, pour votre
déclaration.
Rendre hommage à
Mme Sandrine Hébert, nommée Personnalité
de l'année par le journal Le Progrès de Coaticook
Mme Geneviève Hébert
17 877
Mme Hébert : M.
le Président, Le Progrès de Coaticook a décerné le titre de Personnalité
de l'année 2022 à une vedette de
la chanson de ma circonscription, Sandrine Hébert. L'équipe du journal l'a
choisie pour sa créativité artistique, son séjour à Star Académie
et ses nombreuses participations à des événements de la région.
Dans
ses prestations avec son conjoint, M. Denis Bastien, Sandrine met à profit
son expérience acquise auprès des artistes
qu'elle a rencontrés à la téléréalité musicale, notamment Marie Carmen,
Laurence Jalbert, Kaïn et La Chicane. À Coaticook, deux de ses
performances ont été particulièrement remarquées à la soirée artistique de la
polyvalente La Frontalière
et au spectacle de la Saint-Jean. Cet hiver, Mme Sandrine Hébert se
concentre sur la composition de nouvelles chansons qui feront partie de
ses prochaines sorties.
En
plus de sa carrière musicale en duo avec son conjoint, elle s'implique à
l'érablière qu'elle possède avec celui-ci à Saint-Isidore-de-Clifton.
À
cette passionnée du country et aux produits de l'érable, je souhaite un super
45 tours en 2023. Merci, M. le Président.
12 213
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Saint-François. Et je cède maintenant la
parole à M. le député de Laurier-Dorion, pour votre déclaration.
Appuyer
le mouvement citoyen visant à assurer la
sécurité routière aux abords des écoles
M.
Andrés Fontecilla
17 953
M. Fontecilla : Merci, M. le Président. Le
13 décembre dernier, le Québec était endeuillé par le décès de la
petite Mariia, frappée par un automobiliste alors qu'elle se rendait à l'école
de quartier à pied.
Aujourd'hui,
j'aimerais rendre hommage à cette jeune fille et à l'ensemble des parents et
membres du personnel scolaire
mobilisés pour assurer la sécurité routière aux abords des écoles. Cette
mobilisation s'est produite aussi dans mon comté, à Laurier-Dorion,
traversé par d'importantes artères de circulation automobile.
Les
solutions ne manquent pas pour apaiser la circulation : des bollards, des
dos d'âne et des saillies de trottoir, un aménagement urbain qui favorise les déplacements à pied autour des
écoles ou encore des radars de contrôle routier. Comme élus et comme
parents, je nous invite à être à l'écoute des mesures proposées par celles et
ceux qui vivent l'insécurité routière. Bien
sûr, cette réflexion ne pourra se faire sans repenser fondamentalement
l'omniprésence de la voiture dans nos vies
et dans nos déplacements quotidiens. La mobilité durable peut sauver la planète
mais aussi des vies. Merci, M. le Président.
12 213
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Et la prochaine déclaration
sera celle de M. le député de Côte-du-Sud.
Souligner
le succès du Sommet du mycotourisme
M. Mathieu
Rivest
19 299
M. Rivest : Merci, M. le Président.
La région de Côte-du-Sud est une véritable fabrique d'innovations, et ça fait
notre fierté.
Au
Kamouraska, depuis une dizaine d'années, le secteur de la mycologie fait en
sorte de jouer, entre autres, un rôle
important et de développer des projets face au secteur des champignons
forestiers. On peut penser aux recherches de Biopterre, au festival du Camp musical de Saint-Alexandre, aux outils
d'autocueillette, aux restaurants qui utilisent les PFNL et le secteur des champignons forestiers et au
rayonnement que ça amène à tout le Kamouraska de faire goûter pleurotes,
chanterelles, lactaires à odeur d'érable.
La
semaine dernière, notre milieu était l'hôte du deuxième sommet mycotouristique
au Québec. Une centaine de personnes
de partout à travers le Québec étaient présentes pour partager leur passion
autour du secteur des champignons forestiers. Je tiens à féliciter le
comité organisateur et, à sa tête, Pascale Malenfant, qui font un succès de cet
événement mycotouristique. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Côte-du-Sud. Et la prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Marquette.
Rendre
hommage à Mme Karine Joly pour ses 15 ans de
service au sein du Centre multi-ressources de Lachine
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone : Merci, M. le Président. Un sourire bienveillant, une présence qui
illumine, voici quelques-uns des qualificatifs
utilisés par les usagers du Centre multi-ressources de Lachine pour décrire
Mme Karine Joly, qui est, depuis les 15 dernières années,
adjointe administrative de cet organisme au coeur de la vie des Lachinois.
Nous
le savons tous, une adjointe administrative est un membre incontournable de
toute organisation. Et, dans le cas de
cet organisme communautaire qui dessert les Lachinoises et les Lachinois de
tous âges depuis 1982, Mme Joly est le visage, le regard et le sourire qui reçoit le personnel, les
intervenants et les usagers du Centre multi-ressources de Lachine et qui
les accompagne dans leurs démarches pour leur participation et leurs projets.
En
ces temps de changement et de mouvements de personnel, je tiens à souligner
l'engagement et la loyauté de Mme Joly,
parce que sa présence et son travail, au cours de ces années, ont contribué à
cimenter la raison d'être du Centre multi-ressources de Lachine dans sa
mission de contribuer à l'autonomie et l'intégration des résidents. Un grand
merci, Mme Joly. Je vous souhaite une excellente continuité.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Marquette. Et la
prochaine déclaration sera celle de M. le député de Saint-Jean. La
parole est à vous.
Souligner
la création de la Maison des arts Le Renfort
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, les
travaux de rénovation sont en cours dans une vieille maison du vieux Saint-Jean
pour en faire la Maison des arts de la Fondation Le Renfort.
Bon,
commençons par Le Renfort. C'est un organisme de chez nous dont la mission est
d'améliorer la qualité de vie des
enfants et adultes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du
spectre de l'autisme. La fondation soutient plus spécifiquement les familles à faibles revenus de ces personnes en
leur offrant de l'aide financière directe pour des besoins et des
activités liées à leur diagnostic.
Et
la Maison des arts, c'est leur nouveau projet. Ce sera un centre d'activités à
vocation artistique ayant pour objectif le développement de leurs jeunes et
moins jeunes adultes, parce qu'au Québec il y a malheureusement peu de services
offerts à cette clientèle de plus de 21 ans.
Vous
dire combien je suis fier du Renfort et de cette initiative, c'est ce que je
voulais faire aujourd'hui en vantant leurs
mérites, et c'est tellement mérité. Bravo et merci au Renfort. Et vivement la
Maison des arts de Saint-Jean-sur-Richelieu!
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Jean. Et la prochaine déclaration sera
celle de M. le député de Vachon. La parole est à vous.
Rendre
hommage à M. Vincent Géracitano, fondateur
de la chaîne de télévision Avis de recherche inc.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci, M. le Président.
On utilise souvent l'expression un homme ou une femme de coeur, et aujourd'hui il n'y a aucun mot qui va être plus fort pour
décrire le fondateur et le président de la chaîne de télévision Avis de
recherche.
Il
y a près de 20 ans, j'ai rencontré Vincent Géracitano, alors qu'il m'a présenté
la mission de sa chaîne. Celle-ci était
consacrée à la prévention et à la sécurité publique 24 sur 24, sept sur sept.
Le fondateur voulait assurer la sécurité et la protection des citoyens. Je dois vous avouer, M. le Président, comme
policier j'ai eu un gros doute. Comment quelqu'un pouvait vouloir aider
des gens sans arrière-pensée? Et je dois vous dire, M. le Président, après mon
enquête, je vous confirme, c'est juste un
bon gars. La chaîne représentait un espoir pour les familles d'enfants portés disparus,
qui pouvaient voir leurs visages à l'écran.
En
novembre dernier, le CRTC en a décidé autrement et a fermé cette chaîne de
sécurité publique. Malgré cette issue,
je remercie Vincent, qui est une des personnes les plus sincères, dévouées et
honnêtes qu'il m'ait été possible de rencontrer dans ma carrière.
Vincent, tu es grand.
Au nom des familles, au nom des policiers, en mon nom, merci. Merci, M. le
Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Vachon. Et la prochaine déclaration sera celle
de Mme la députée de Prévost. Mme la députée.
Souligner
la visite à l'Assemblée nationale de membres
du regroupement Partenaires neuro
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : M. le Président,
aujourd'hui, je tiens à souligner la présence des membres de Partenaires neuro
à l'Assemblée nationale.
Partenaires
neuro, c'est un regroupement d'associations pour les maladies neurologiques
évolutives qui rassemble cinq membres, soit la Société canadienne de la
sclérose en plaques, division du Québec, la société de la sclérose latérale amyotrophique du Québec, Parkinson Québec, la
Société Huntington du Québec ainsi que Dystrophie musculaire Canada. Ces associations représentent près de 200 000
Québécoises et Québécois touchés par une maladie neurologique évolutive.
Ces personnes sont soit atteintes d'une maladie, soit proches aidantes d'une
personne atteinte.
Depuis
quelques années, les Partenaires neuro collaborent avec le gouvernement du
Québec pour échanger avec nous sur le soutien à domicile, l'hébergement,
la proche aidance et l'accès aux traitements novateurs.
J'aimerais saluer la
présence aujourd'hui dans nos tribunes de Mmes Lynda Archambault, Nicole
Destrempes, Éveline Gueppe, Marie-Claude
Lépine ainsi que M. Mario Hudon. Merci d'être avec nous, et je remercie
l'ensemble des partenaires. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Prévost. Et je
me permets de saluer l'ensemble des
personnes ici présentes ce matin. Et je rappelle à l'ensemble des collègues que
la prise de parole, la déclaration de député doit durer une minute.
Alors, la prochaine déclaration sera celle de
Mme la députée de Châteauguay.
Souhaiter
du succès aux athlètes de la circonscription de
Châteauguay lors de la finale des Jeux du Québec
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron : Merci,
M. le Président. La semaine dernière, en compagnie de mes collègues des
circonscriptions voisines, j'ai eu le
plaisir de rencontrer les athlètes du Sud-Ouest qui se rendront aux finales des
Jeux du Québec, à Rivière-du-Loup, dans les disciplines du hockey,
gymnastique, judo, patinage de vitesse.
Bon succès
aux jeunes athlètes de ma circonscription : Colin, Léo, Samuel, Julien,
Camden, James, Kayla, Élodie, Angelo, Caddy, Youssef, Jenna, ainsi que
Sera, Kaitlyn, Ève, Chloé, Jessie, Alyssia, Léa et Laurianne.
Par ailleurs,
les circonstances ont fait en sorte que les Jeux du Québec se passent en même
temps que les Jeux du Canada, cette année, donc plusieurs athlètes iront
également faire rayonner le Québec aux Jeux du Canada, dont Mathis Falcon-Korb,
un escrimeur que j'ai eu la chance de rencontrer.
Félicitations aux athlètes pour leur
persévérance et tous leurs efforts, et bon succès lors des jeux! Merci.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Châteauguay. La prochaine déclaration sera celle de M. le
député de Charlesbourg. M. le député.
Souligner le
10e anniversaire de la Corporation Bénévoles d'expertise
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais rendre hommage, aujourd'hui, à
l'organisme de Charlesbourg Bénévoles
d'expertise, que vous connaissez bien, M. le Président, afin de souligner leur
10e anniversaire. Et je tiens à les saluer, ils sont ici avec nous
aujourd'hui. Alors, félicitations!
Cet
organisme, M. le Président, a pour mission d'offrir des services de soutien en
gestion et en gouvernance par le bénévolat de compétences auprès,
justement, d'OBNL qui viennent au service de la communauté. Alors, depuis les 10 dernières années, l'équipe de
Mme Nancy St-Pierre, bénévole d'expertise, a soutenu 500 organismes.
Avec 420 bénévoles, ils ont fait
plus de 1 885 mandats qui, justement, visent à assurer la vitalité, la
pérennité d'organismes qui viennent en soutien à la communauté de
Québec, du grand Québec.
Félicitations! Bravo pour votre excellent
travail! Et on est très fier de vous.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
député de Charlesbourg. Et bienvenue aux gens de Bénévoles d'expertise à
l'Assemblée nationale.
Pour la dernière déclaration et non la moindre,
je cède la parole à M. le député d'Arthabaska.
Souligner la tenue de la
10e Grande Journée des petits entrepreneurs
M. Eric Lefebvre
M. Lefebvre : Merci,
M. le Président. Vous avez bien raison, parce que j'ai participé, cette
semaine, à une conférence de presse
soulignant la 10e Grande Journée des petits entrepreneurs, qui se tiendra
partout au Québec le 3 juin prochain, en regroupant des jeunes de 5
à 17 ans.
Pour
l'occasion, j'ai pu échanger avec Ozalie et Hubert, de l'entreprise Hubert & Compagnie,
de même qu'avec Laurianne, Emy-Rose
et Léanne, de la compagnie La Cuisine rose. En tant qu'entrepreneur, M. le Président,
ce fut tout simplement magique de
voir les étoiles dans les yeux de ces jeunes entrepreneurs. Et que dire de
l'engagement des parents!
Une telle
activité est loin d'être banale, car elle développe nos entrepreneurs de
demain. Je veux remercier la Chambre de
commerce et d'industrie Bois-Francs—Érable, qui va offrir un mini-marché d'une
vingtaine d'exposants pour nos jeunes entrepreneurs.
Alors, que ce
soit en avant de vos résidences, j'invite les jeunes entrepreneurs à participer
et j'invite les gens à aller les encourager, le 3 juin prochain.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député d'Arthabaska. Et cela met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Et je suspends nos travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La
Présidente : Mmes et MM. les députés, bonjour, tout le monde.
Nous allons nous recueillir quelques instants, je vous prie.
Merci à vous tous. Vous pouvez vous asseoir.
Présence
de M. François Paradis, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
J'ai le
plaisir de souligner aujourd'hui la présence, dans les tribunes, du 46e
président de l'Assemblée nationale, M. François Paradis, et des
membres de sa famille.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon,
bon, bon. Alors, M. Paradis est ici à l'occasion du dévoilement de sa
photographie officielle, qui aura lieu à 11 h 30, cet
avant-midi.
Nous allons poursuivre les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 13
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie présente le projet de loi
n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York. M. le
ministre.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Merci,
Mme la Présidente. Le projet de loi a pour objet de conférer à Hydro-Québec un
pouvoir de cession afin de faciliter son projet de fournir de
l'électricité principalement à la ville de New York, lequel inclut la construction et l'exploitation d'installations
destinées à transporter de l'électricité entre le poste Hertel, à
La Prairie, et un point d'interconnexion dans la rivière Richelieu,
à la frontière canado-américaine.
À cette fin,
le projet de loi permet à Hydro-Québec de céder la propriété de ces installations de
transport d'électricité en faveur d'une personne morale ou d'une société
constituée par Hydro-Québec et par le Conseil mohawk de Kahnawake. Quant à cette personne morale ou cette société, le
projet de loi détermine son objet et lui octroie les mêmes pouvoirs que
détient Hydro-Québec dans l'exercice des activités de transport d'électricité.
De plus, le
projet de loi prévoit une procédure d'expropriation allégée applicable aux
acquisitions effectuées par Hydro-Québec et nécessaires à la
construction de ces installations. Merci.
La Présidente : Est-ce que... Oui,
je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la Présidente, nous allons prendre, dans un
premier temps, connaissance de ce projet de loi, et, le cas échéant, on
va demander des consultations particulières. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Présidente : Parfait. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
M. Fitzgibbon : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le
rapport annuel 2022 d'Hydro-Québec. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, je dépose la réponse du gouvernement à la question inscrite au feuilleton le 31 janvier 2023 par la députée
de Mont-Royal—Outremont ainsi que la réponse du gouvernement à la
question déposée en Chambre le 2 décembre 2022 par le député de
Marquette.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mettre en place des mesures
visant à accroître la sécurité piétonnière
Mme Rizqy : Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 498 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant les collisions fréquentes entre
automobilistes et piétons et piétonnes;
«Considérant
que chaque personne blessée ou tuée par un ou une automobiliste représente une
tragédie qui aurait pu être évitée;
«Considérant l'augmentation de la circulation
automobile dans les secteurs résidentiels et scolaires;
«Considérant l'autorité du ministère des
Transports;
«Considérant
l'importance du leadership et de l'effet de levier du gouvernement du Québec
pour assurer que la sécurité piétonne soit une priorité à chaque palier
gouvernemental;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec de :
«Reconnaître le danger auquel font face les
piétons et les piétonnes à cause des automobilistes;
«Mettre
immédiatement à l'étude différentes solutions, y compris en infrastructure,
afin d'assurer la sécurité des piétons et des piétonnes;
«Veiller à augmenter les ressources affectées à
l'incitation et à la sécurisation de la mobilité active et d'autres
alternatives aux automobiles privées;
«Mettre en
place des pénalités dissuasives plus sévères au Code de la sécurité routière
pour les infractions en zone scolaire.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de pétition
est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et réponses orales, et je cède la parole, pour sa question
principale, au chef de l'opposition officielle.
Impact des priorités du
gouvernement sur les jeunes générations
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. On l'a dit, ça fait plusieurs fois qu'on le dit, le premier ministre manque de vision. Il fait souvent des
promesses qui n'ont pas suffisamment de réflexion et de fondement et qui
ont des conséquences négatives majeures pour les générations futures.
Un exemple
patent qu'on a vu hier, c'est la promesse de 2018 du premier ministre de lancer
le Québec, et c'est ce qu'il a fait,
dans les maternelles quatre ans. Et il disait, à l'époque, mettre son siège en
jeu et il disait qu'il allait éliminer la liste d'attente des 50 000 jeunes qui attendent une place en
service de garde, ça allait passer par les maternelles quatre ans. On a vu que ce qui était promis, c'étaient
5 000 classes à un coût de 122 000 $ dans leur cinquième
année. C'est un échec : 1 600,
pas 5 000, à un coût moyen de 1,2 million par classe. Pendant ce
temps-là, le résultat net, Mme la Présidente, toujours
50 000 enfants d'inscrits sur la liste d'attente pour un service de
garde.
Autre exemple
d'un manque de vision, c'est de couper les versements du Fonds des générations
pour payer les baisses d'impôt. Créé en 2006, le Fonds des générations a
essentiellement deux objectifs : diminuer, de un, le poids de la dette aujourd'hui et, de deux, de permettre aux
générations futures d'avoir les moyens d'avoir des services de qualité. Son
efficacité est démontrée notamment par la Chaire de recherche en
fiscalité de l'Université de Sherbrooke.
Le premier
ministre peut-il aujourd'hui dire qu'il renonce à financer ses baisses d'impôt
pour endetter les générations futures?
• (10 h 10) •
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, il y a comme deux grandes questions dans la question du chef
de l'opposition officielle.
D'abord,
les maternelles quatre ans. Je l'ai souvent dit, si j'avais à choisir une
priorité, pourquoi je suis en politique, c'est la réussite de nos enfants. Pour y arriver, ce qu'on a besoin,
c'est d'agir tôt. Ça veut dire quoi, ça? Puis je sais que le ministre délégué aux Services sociaux — pas
délégué, il n'est plus délégué pantoute, là — le sait très bien, comme spécialiste,
agir tôt, ça veut dire être capable de donner des services, entre autres, aux
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage.
Au Québec, on a évalué qu'il y a 25 % des enfants qui sont ce qu'on
appelle des EHDAA. Et de leur offrir la
maternelle quatre ans, ça veut dire quoi? Ça veut dire être capable, dans une
école primaire, d'avoir accès à des orthophonistes,
des orthopédagogues, de multiplier les chances pour ces enfants de réussir,
parce que la majorité ont le potentiel
de réussir si on agit tôt. Donc, Mme la Présidente, pour moi, ça reste un
objectif important, d'offrir à tous les enfants la maternelle quatre
ans.
Maintenant, on est
pragmatiques, on voit très bien, actuellement, qu'il y a une pénurie
d'enseignants. Ça prend quatre ans, former
un enseignant. Donc, au fur et à mesure qu'on aura des enseignants disponibles,
on va compléter le réseau des
maternelles quatre ans. Mais ce qu'il est important de dire, c'est que, dans
beaucoup de régions, on a assez d'enseignants puis on continue d'ouvrir
des maternelles quatre ans. Donc, on va y aller le plus vite possible.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Bien, sur les maternelles quatre ans, Mme la Présidente, il dit qu'il est
pragmatique. Il était pragmatique, j'espère,
en 2018, quand il faisait la promesse d'en créer 5 000 puis de libérer
50 000 places. On lui disait, à l'époque : Les coûts vont exploser. Et c'est ce qui est arrivé,
dans les faits, et en plus on a pris des éducatrices du service de garde
pour les envoyer aux maternelles quatre ans.
Ce
que je constate... Le premier ministre dit, puis je suis d'accord avec lui :
Il faut agir tôt. Mais la liste d'attente est toujours de 50 000 noms, puis il y a des enfants
de 18 mois, deux ans, trois ans également qui n'ont pas de place en
service de garde.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, je trouve ça
incroyable, là, d'entendre du Parti libéral, qui a déjà été un grand parti, de dire :
Les coûts sont trop élevés pour la
maternelle quatre ans, les coûts sont trop élevés pour bien s'occuper de nos
enfants de quatre ans, pour leur donner tous les outils pour réussir. Je
comprends qu'il y a un débat. Et ce qu'on veut, c'est d'offrir le choix entre des CPE, des garderies et des
maternelles quatre ans, il y a des avantages des deux côtés. Mais moi, je pense
que c'est important d'être capable d'offrir
le choix, aux parents qui ont des enfants en difficulté, de la maternelle
quatre ans, puis, pour moi, contrairement au Parti libéral, ça ne coûte
pas trop cher.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, M. et Mme Tout-le-monde vont comprendre très
bien, là. Il dit : Il faut être pragmatique,
puis il dit : Parti libéral, ça coûte trop cher. Pour un 12 places de
maternelle quatre ans, ça vous coûte 1,2 million; pour un CPE, 80 places, ça vous coûte
2 millions. Une fois que vous avez dit ça, tout le monde a compris, Mme la
Présidente, là. 1,2 million pour
12 places, 2 millions pour 80 places. Oui, agir tôt, mais pour
tous nos enfants, ceux qui ont 18 mois jusqu'à cinq ans également.
C'est un échec. La liste est toujours de 50 000 noms sur la liste
d'attente.
La
Présidente : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, une chance qu'on n'écoute pas le Parti libéral,
parce qu'on est rendus... Actuellement, il y
a 19 000 enfants, au Québec, qui ont accès à une maternelle quatre
ans. Oui, il y a des services aussi qu'on doit compléter du côté des garderies. Je pense que c'est important
d'offrir le choix aux deux. Puis, bon, j'ai réentendu le chef par intérim du Parti libéral dire que c'est
trop cher, les maternelles quatre ans. Moi, je pense que ce n'est pas trop cher
pour ce qu'on a de plus important, c'est-à-dire nos enfants.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : J'aimerais entendre le
premier ministre sur une autre décision, donc, qu'il s'apprête à prendre dans
le prochain budget, à savoir de couper les
versements au Fonds des générations. Lui, il veut couper de 40 %. Vous
allez me dire qu'il est moins pire
que Québec solidaire, qui veulent, eux, couper de 100 %, imaginez-vous donc, les versements
dans le Fonds des générations puis hypothéquer davantage l'avenir de nos
jeunes.
Le
premier ministre peut-il s'engager, à la veille du budget, à ne pas couper dans
les versements du Fonds des générations et faire en sorte, comme le dit le président de Force Jeunesse, qu'on ne
met pas ça sur la carte de crédit de nos jeunes?
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
je pense que c'est possible de faire les deux, c'est-à-dire de réduire les
impôts... pour deux raisons :
pour l'économie, pour mettre un incitatif au travail, et, deuxièmement, pour
aider le portefeuille des Québécois.
Là,
je note bien, là, puis je pense que les Québécois ont tous entendu, le Parti
libéral est contre les baisses d'impôt. Mais ce qui est important, c'est de dire qu'on va bien financer les
services. On ne fera pas, comme l'a dit Carlos Leitão, des
coupures en éducation comme l'a fait le Parti libéral.
La
Présidente : En question principale, je reconnais Mme la députée de
Saint-Laurent.
Accès à la maternelle quatre ans
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, je
suis quand même assez étonnée d'entendre le ministre de dire qu'il donne le
choix aux parents. En ce moment, les parents
n'ont pas le choix parce que la liste d'attente pour les CPE, elle a explosé,
et, pour les maternelles quatre ans, bien, il n'y a juste pas de
classes.
Et
ce n'est pas parce que nous, on n'a pas essayé de prévenir ce gouvernement. À
plusieurs reprises, je me suis levée pour
leur dire : On n'a pas d'enseignants, et on n'a pas assez de classes, et
on devrait prioriser, justement, des enfants en milieu défavorisé et qui n'ont pas eu accès à un service de garde. À
chaque fois qu'on a fait cette proposition, ils l'ont refusée. On la
réitère à nouveau, cette proposition.
Mais
moi, j'ai eu la chance d'avoir un autre ministre qui m'a répondu : Il
suffit de voir un peu plus grand, puis tout devient possible. Tel un
coach de vie sur YouTube : Fermez vos yeux puis avancez.
Moi, aujourd'hui, je
demande au premier ministre... je ne lui demande pas de se lever, je sais que
son siège est en jeu, là, alors ça peut être
risqué, si jamais il se lève, mais est-ce qu'il veut entendre raison puis,
cette fois-ci, de prioriser ceux qui en ont le plus besoin :
milieux défavorisés et ceux qui n'ont pas eu accès à un service de garde régi?
La
Présidente : M. le...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Pas de commentaire. M. le ministre de
l'Éducation, la parole est à vous.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : D'abord, Mme la
Présidente, le ton général de la question et des interventions, jusqu'à
maintenant, c'est d'essayer de
dépeindre les maternelles quatre ans comme si c'était quelque chose qui n'était
pas bon puis comme si le fait d'avoir créé 926 classes de maternelle
quatre ans, depuis quatre ans... comme si ça, ce n'était pas une bonne affaire.
C'est une excellente
chose, Mme la Présidente, qu'on ait créé 926 classes de maternelle quatre
ans, depuis quatre ans. Quand on est
arrivés, il y en avait 660; aujourd'hui, on est tout près de 1 600. Et
savez-vous quoi? On va continuer à en
créer, des classes de maternelles quatre ans. Juste cette année, il y en aura
une centaine de plus. Et on continue, pas parce qu'on est obnubilés,
non, parce qu'on pense que c'est bon pour les enfants. D'amener des enfants,
d'intégrer des enfants dans le réseau scolaire, c'est démontré, c'est bon pour
la réussite éducative et c'est bon pour lutter contre le décrochage.
Alors,
on est très fiers des maternelles quatre ans, on va continuer à en créer. On va
se rendre à 2 600. Ça va juste prendre un petit peu plus de temps
pour y arriver.
Des voix : ...
La Présidente :
Oh! S'il vous plaît, pas de
commentaire après les réponses ni après les questions. Mme la députée,
première complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Ça va juste prendre un
peu plus de temps pour y arriver. Aux parents qui ont voté, en 2018, pour la
maternelle quatre ans, pour la CAQ, votre
enfant a le temps de se rendre à son bal des finissants avant d'avoir une place
en maternelle quatre ans.
Alors,
moi, je veux juste réitérer, là : Est-ce que vous entendez notre
proposition, qui date depuis 2018, prioriser les enfants en milieu défavorisé
et les enfants qui n'ont pas eu accès à un service de garde régi? Vous dites
que vous n'êtes pas dogmatiques. Est-ce que, cette fois-ci, vous pouvez
faire preuve réellement de pragmatisme, s'il vous plaît?
La
Présidente : M. le ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme
la Présidente, la députée de Saint-Laurent devrait lire la loi, la loi dit que
ce sont les milieux défavorisés qui
doivent être priorisés. Ce n'est pas pour rien, Mme la Présidente, que le deux
tiers des maternelles quatre ans sont
en milieu défavorisé. Visiblement, la députée n'était pas au courant de ces
chiffres. Je l'en informe, ça me fait plaisir.
Par ailleurs, par ailleurs, Mme la Présidente,
pendant la dernière campagne électorale : Les libéraux s'engagent à conserver les classes de maternelle quatre ans. Ça ne doit pas être si mauvais que ça, les
classes de maternelle quatre ans, s'ils s'engageaient à les conserver.
Des voix : ...
La Présidente : Bon, s'il vous
plaît! Mme la députée, deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Je
réitère, nous avons toujours dit que nous sommes pour les maternelles quatre
ans, mais pas pour du mur-à-mur, pas pour du mur-à-mur, pour du
sur-mesure...
Des voix : ...
La Présidente : Mme la députée, Mme
la députée...
Des voix : ...
La
Présidente : Retrouvez votre calme. C'était bien parti. M. le
leader de l'opposition officielle, je vous écoute.
• (10 h 20) •
M. Derraji : Mme
la Présidente, clairement, on assiste à la majorité des voix. C'est vrai, ils
sont 90. Mais est-ce qu'on peut laisser la députée de Saint-Laurent poser sa
question avec un peu de silence, s'il vous plaît, Mme la Présidente?
La
Présidente : Et, M. le leader du gouvernement, c'est la raison
pour laquelle je suis debout, on retrouve le silence et on laisse la
députée terminer sa question. Merci.
Mme Rizqy : Je
le sais, que vous êtes bon dans les tableaux de bord, je vous en ai préparé un
parce qu'on veut vous aider à
atteindre vos objectifs. Alors, pour 2030, on veut juste s'assurer que la
réponse ne sera pas, dans quelques semaines, «on verra». Alors, je vous
dépose le tableau de bord, Mme la Présidente, si possible.
Et je vous
réitère aussi une chose. Quand vous dites que ce n'est pas dans les milieux
défavorisés que vous l'avez fait, je m'excuse, vous avez ralenti des
projets pour imposer vos maternelles quatre ans.
La Présidente : M. le ministre de
l'Éducation, la réponse est à vous.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme
la Présidente, tableau pour tableau : L'ex-ministre des Finances Carlos Leitão admet des regrets. Bien
oui.
Des voix : ...
La Présidente : Bon,
je suis debout. Vous perdez des précieuses secondes de période de questions. Et
vous savez que les tableaux sont permis; les articles de journaux, c'est
autre chose. M. le leader, c'est ce que vous voulez me dire?
M. Derraji : ...ce
n'est pas la première fois que le ministre de l'Éducation vit dans le passé. Je
tiens à lui rappeler que, quand il était avec Nicolas Marceau, il
disait : On s'est trompés. Vous savez de combien? 2,5 milliards.
La Présidente : Nous pourrions revenir
sur la question. M. le leader du gouvernement, oui.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, écoutez, je croyais que le collègue allait faire une
question de règlement. Et je tiens à
l'assurer que c'est un tableau didactique, lorsque l'ex-ministre des Finances Carlos Leitão admet ses regrets par rapport
à avoir coupé. Alors, écoutez, c'est très didactique et c'est écrit noir sur
blanc, c'est un tableau, c'est en carton.
La
Présidente : Bon, nous sommes maintenant rendus à la réponse. Votre
question était claire, nous attendons une réponse du ministre de
l'Éducation. Et je vous demande le respect. On écoute les questions, on écoute
les réponses.
M. Drainville : Mme la
Présidente, la raison pour laquelle on est obligés de ralentir, c'est parce
qu'il nous manque d'enseignants. Ils
les ont foutus à la retraite avec leur austérité. C'est l'ancien ministre des
Finances qui le dit lui-même et qui s'excuse. Et on
attend toujours les excuses de l'aile parlementaire actuelle sur cette question.
Le chef intérimaire s'est avancé
là-dessus, mais la porte-parole en éducation, de Saint-Laurent, elle a déjà
voulu s'excuser au nom de son parti pour le tort qu'elle a causé aux
écoles et aux enfants. On attend toujours ses excuses en la matière.
Pendant ce temps, il
y avait 4 700 élèves en maternelle quatre ans en 2018‑2019. Il y en a
aujourd'hui...
Des voix :
...
La
Présidente : Oui, M. le leader de l'opposition officielle. M. le
leader.
M. Derraji : Moi, je l'invite à
déposer le document qu'il vient de lire, Mme la Présidente, en Chambre, s'il
vous plaît. S'il vous plaît, qu'il dépose le...
La
Présidente : Si vous voulez le déposer. M. le leader.
M. Jolin-Barrette : On va envoyer une copie
du tableau sans les notes personnelles du ministre, Mme la Présidente.
Document
déposé
La Présidente :
Parfait. Alors, en question
principale, M. le député de Pontiac, la parole est à vous. On écoute la
question.
Rapport de la médiatrice sur
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
M. André
Fortin
M. Fortin : Bel exemple du «on verra», Mme la Présidente. Mais, quand
on parle de manque de vision du gouvernement
de la CAQ, difficile de trouver mieux que l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont et les
conditions de travail des infirmières.
Après
la crise du mois dernier à l'hôpital, où, on se le rappelle tous, là, les
infirmières ont refusé de travailler dans des conditions de travail toxiques et insécuritaires pour les patients,
le ministre a mis le couvercle sur la marmite temporairement en nommant une médiatrice. Bien, voilà, son
rapport est sorti. Et qu'est-ce qu'elle nous dit? Entre autres que
l'achalandage est trop élevé pour la capacité des installations. En d'autres
mots, là, ce qu'elle nous dit, c'est qu'il y a nettement trop de demande pour la capacité des installations. Pire,
elle dit qu'à moins de régler la chose il va y avoir crise après crise, après
crise. Ça, c'est clair.
Là
où ça se gâte, Mme la Présidente, c'est que le ministre semble tenir mordicus à
son plan et procéder en deux phases pour
les travaux de Maisonneuve-Rosemont. Est-ce qu'il peut entendre l'appel de la
médiatrice, abandonner son plan broche à foin et peser sur
l'accélérateur?
La
Présidente : M. le ministre de la Santé, la réponse est à vous.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Je pense qu'on n'a pas lu le même
rapport, Mme la Présidente. Le rapport qui a été publié il y a quelques jours et qui été mis public, premièrement, moi, je
suis très content de ce rapport-là, parce qu'on avait, justement, demandé
deux choses. On avait demandé de fouiller qu'est-ce qu'il en était exactement
avec le climat de travail qui se passait à Maisonneuve-Rosemont.
Puis une des raisons... Puis on savait qu'il y avait un problème de climat de
travail. Puis là je ne suis pas en
train de dire est-ce que c'est du côté du syndicat, des gestionnaires, je dis
juste qu'on savait qu'il y avait un problème
important de climat de travail. On a demandé une médiatrice, grâce à mes
collègues qui m'ont fait des suggestions, et cette dame-là, elle a fait un
travail puis elle a réalisé non seulement qu'il y avait un problème de climat
de travail, mais elle nous a
dit : Il devrait y avoir une autre étape pour essayer, avec un expert, de
trouver des solutions à ce climat de travail là, parce que, justement, on n'est pas capables de mettre en place les mêmes
pratiques qu'on a mises ailleurs. Rappelez-vous, Mme la Présidente, que je disais : Y a-tu une raison pourquoi qu'à
Maisonneuve-Rosemont ils ne sont pas capables de faire des meilleures
pratiques comme on fait ailleurs, entre autres les gestions de travail... la
gestion des horaires?
Alors,
moi, je me dis, pas sûr que le député de Pontiac a lu le même rapport que moi,
parce que moi, je suis très content des conclusions qu'on a eues.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Moi, je pense que le ministre a lu la page qu'il voulait dans le
rapport, parce que la médiatrice, là, nommée par le gouvernement, ce
qu'elle dit, c'est : Augmentez la capacité, sinon il va y avoir d'autres
crises. Puis le ministre, lui, il ne change
absolument rien dans son plan de match. Pire, il accepte encore de faire une
partie des travaux à Maisonneuve-Rosemont, quitte à repousser aux
calendes grecques la deuxième partie. Pourquoi? Pour prioriser son mini-hôpital
privé.
Ça, là, c'est une promesse
de faire passer son idéologie dogmatique avant les besoins du personnel. C'est
un manque complet de vision.
La Présidente : M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...Mme la Présidente,
mais je pense qu'encore une fois le député de Pontiac mêle deux choses. La deuxième étape dont on parle, ça n'a rien à voir
avec la construction de l'hôpital, c'est que la médiatrice dit : Il doit y
avoir une deuxième étape pour travailler le climat de travail, de
trouver des solutions ensemble. Ça n'a rien à voir avec la construction de
l'hôpital elle-même.
Alors, moi,
je l'inviterais à relire le rapport, Mme la Présidente, parce que je ne pense
pas du tout qu'on a la même interprétation
d'un excellent travail de médiation qui a été fait, qu'ils doivent continuer.
Puis moi, je crois qu'il va y avoir des
solutions, parce que les employés, les gestionnaires se sont entendus pour
continuer à travailler ensemble, ce qui était un peu plus difficile
avant l'arrivée de la médiatrice.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : S'il veut parler des conditions de travail, on peut le
faire. Le CIUSSS de la Mauricie a lancé, cette semaine, un nouveau pitch de recrutement en promettant le café gratuit à
tous ses employés. Problème, Mme la Présidente : le café, comme les toasts, d'ailleurs, n'a jamais
été gratuit pour tous les employés du réseau de la santé. Citation
d'infirmière : «Ça fait sept ans
que je travaille ici, je n'ai jamais eu ça, des cafés gratuits. Il faut encore
que j'apporte mes propres capsules de café.»
Alors, est-ce
que la promesse tient? Est-ce qu'il va y avoir café gratuit pour tous les
employés du réseau? Si oui, bravo! Si non, on a apporté une capsule pour
le ministre, ça va aller très bien avec ses petits caramels.
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, s'il vous plaît! Les commentaires, vous
gardez vos commentaires pour vous. Et vous perdez du temps. M. le
ministre, votre réponse.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je suis en train de
me chercher un petit caramel puis je n'en trouve pas.
Écoutez, Mme
la Présidente, on vient de passer d'un rapport de médiation à
Maisonneuve-Rosemont à du café gratuit. Est-ce que ça veut dire que le député s'est trompé dans sa question, Mme
la Présidente? Je veux juste être sûr, là, parce que, moi, ça ne me fait rien de creuser ce qui va se
passer avec le café. Mais je veux juste être certain, madame... je veux juste
savoir, Mme la Présidente : Est-ce qu'il a terminé sa question sur
Maisonneuve-Rosemont? C'est moi qui lui en pose une, question, là.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le
chef du deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Hausse du coût du logement
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. Sous la gouverne du premier ministre, le Québec est devenu
la société des logements disparus. Il
y a une nouvelle étude de l'Université McMaster, qui a paru hier, qui révèle
des chiffres catastrophiques — tenez-vous bien, ça fesse : depuis cinq ans,
le Québec a perdu, perdu 116 000 logements abordables. 90 000 logements abordables ont été balayés
de la carte juste à Montréal. Ça, c'est 10 fois le nombre de logements
construits ou financés bientôt,
peut-être, si on est chanceux, dont parlait le premier ministre dans sa réponse
confuse d'hier. Le vrai bilan, en logement, du premier ministre, là,
c'est les pires hausses de loyer en 30 ans au Québec. C'est ça, son bilan.
Mme la
Présidente, le temps passe vite. En 2021, là, le seul endroit au Québec où on
trouvait des logements à 500 $, c'est
dans l'imagination du premier ministre. Aujourd'hui, la seule place où on
trouve ça, un logement abordable, c'est sur ses pancartes électorales
dans Saint-Henri—Sainte-Anne.
Il y a
10 jours, la ministre de l'Habitation a été incapable de répondre à une
question simple : 1 600 $, 1 700 $, comme
loyer, là, est-ce que c'est trop cher? Elle n'a pas été capable de répondre.
Ça fait que
je me tourne vers le premier ministre. Lui, là, 1 600 $,
1 700 $ comme loyer, en ce moment, à Montréal, est-ce qu'il
trouve ça trop cher, oui ou non?
• (10 h 30) •
La Présidente : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, durant la campagne
électorale, Québec solidaire disait qu'il manquait 50 000 logements.
Là, ils sont rendus à 116 000 logements. Bon, selon les spécialistes
du ministère de l'Habitation, une fois qu'on va avoir terminé les
15 000 logements, il va manquer 11 700 logements au Québec.
Donc, grand total, 26 700.
Ce
qu'il est important de dire, Mme la Présidente, c'est que, sur les
15 000 logements qu'on a annoncés durant le dernier mandat, il y en a 9 000 qui sont soit
construits ou en chantier. Je sais qu'il voulait avoir le détail :
5 400 finis, 5 400 finis; 3 600, planches, clous.
Donc, au total, 9 000 qui vont être construits bientôt.
Mme
la Présidente, il y a plusieurs façons d'aider les gens avec le logement. On se
souvient que Québec solidaire était
contre le 500 $ qu'on a donné aux gens, était contre le 600 $ qu'on a
donné au mois de décembre. On se souvient ce que proposait Québec solidaire : des taxes orange. Je ne le sais
pas, là. Je sais qu'ils ont eu un grand conseil national, puis il s'est excusé d'avoir proposé des taxes orange.
Donc, j'aimerais qu'il nous tienne au courant, là. Est-il toujours d'accord
pour proposer des taxes orange pour aider les Québécois avec leur logement?
12 187
La Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
16 827
M. Nadeau-Dubois : Je pourrais commenter la confusion du premier
ministre, je ne le ferai pas. Mais je l'invite à faire sa revue de presse. 100 000 logements abordables disparus,
au Québec. 100 000 logements abordables disparus, au Québec, en cinq ans. Ça, c'est sous sa gouverne.
Mais il vient de nous donner une nouvelle intéressante, il vient de nous
confirmer 5 400 logements de construits. Il en avait promis 15 000,
il en a livré 5 000.
En logements, là, la
CAQ, ils ne font pas les choses à moitié, ils les font au tiers.
12 187
La Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, là, ce que j'ai compris, c'est que, le chef de Québec
solidaire, son département de recherche,
c'est d'ouvrir le journal puis dire : Aïe! il manque
116 000 logements. Donc, lui-même, il s'est trompé, Mme la Présidente, parce que, pendant
toute la campagne électorale, il disait qu'il manquait 50 000. Donc, il
s'est trompé, hein? C'est le double, là, aujourd'hui, selon son nouveau
département de recherche.
Mme
la Présidente, c'est important de dire que la ministre de l'Habitation
travaille. Entre autres, on a fait des annonces avec Desjardins, avec le
Fonds de solidarité pour accélérer la construction parce que c'est trop long
avec les OMH. Donc, je voudrais concrètement
qu'il nous dise, là, parce que l'argent est là, il faut maintenant les bâtir,
qu'est-ce qu'il propose concrètement.
12 187
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
16 827
M. Nadeau-Dubois : C'est fascinant, Mme la Présidente. Le premier
ministre saisit chaque occasion que je lui fournis pour étaler publiquement son incompréhension de la crise du
logement au Québec. Il vient de démontrer qu'il ne sait même pas c'est quoi, la
différence entre du logement social puis du logement abordable. Moi, je ne
ferai pas de joke, parce que la crise
du logement, ce n'est pas une joke. Il y a du monde à la rue, il y a du monde
qui se font expulser, il y a du monde qui vivent dans la misère parce
que leur loyer explose, puis le premier ministre, il ne fait rien.
Mais il doit être
content. Il vient de dépasser l'Ontario. C'est lui, le champion canadien de la
perte de logements abordables.
12 187
La Présidente : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, c'est rendu Québec solidaire qui se compare
avec l'Ontario. Donc, il y a peut-être
des choses, là, qui avancent. Mais ce qu'il est important de savoir, c'est que
l'Ontario a essayé de geler le prix des loyers. Ça a été un échec, un
échec total.
Donc, Mme la
Présidente, oui, il manque de logement social, de logements abordables. On est
en train de les construire le plus vite
possible. On a du rattrapage à faire avec ce qui avait été fait dans les années
qui nous précédaient. Mais ce n'est
pas sérieux, Mme la Présidente, un parti qui prétend vouloir gouverner, de dire
qu'il manque 116 000 logements au Québec. Ça n'a juste pas
d'allure. C'est une joke.
12 187
La Présidente : En question... je reconnais
la députée de Verdun. À vous seule la parole, madame.
Protection des droits des
locataires aînés
Mme Alejandra Zaga Mendez
19 263
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la Présidente.
Le 16 décembre dernier, 12 locataires d'un immeuble à Verdun,
ils ont reçu un cadeau de Noël digne de l'Halloween, ils ont reçu un avis
d'éviction. Quatre personnes ont échappé à l'éviction.
Pourquoi? Parce que ces personnes-là sont protégées par la loi Françoise David.
L'une de ces personnes m'a même dit avoir pleuré quand elle a su qu'elle
allait être protégée puis qu'elle allait pouvoir rester dans son logement.
Maintenant,
qu'est-ce qu'on fait avec les autres personnes? Ce sont des personnes aînées,
ce sont aussi des personnes vulnérables,
souvent malades, mais ils ne rentrent pas dans les critères de la loi. M.
Roger, il a 69 ans, il n'est pas protégé. Il vit avec
1 200 $ par mois. Il va s'en aller où?
On
est dus pour une loi Françoise David 2.0. Ma collègue la députée de Sherbrooke
a déposé un projet de loi hier.
Est-ce que le
gouvernement va appeler le projet de loi?
La
Présidente : Mme la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, comme je l'ai mentionné
hier, on va prendre... on a pris connaissance du projet de loi, on regarde ça.
Québec solidaire propose beaucoup de mesures, là, la clause F à revoir, la
reprise du logement dans un cas de changement d'usage, puis là il y a des
Airbnb, ça ne fonctionne pas, écoutez, éviction
pour reprise du logement, pour agrandissement ou subdivision. J'ai tout entendu
ça. Je lis les mêmes journaux que vous,
j'entends les mêmes... comme vous, O.K.? Je l'ai dit, les situations que vous
décrivez, chaque jour, ce sont des situations difficiles pour les gens qui les vivent. Je ne suis pas insensible à ça,
je l'ai répété à de multiples reprises, à chaque semaine j'en parle. Et on agit là-dessus. Ma collègue
députée de Labelle, au risque de me répéter, travaille sur toutes les règles
qui régissent relations locataires-propriétaires.
Alors, tout ce dont
vous avez parlé, on le regarde puis on va voir là où on peut agir. Et je tiens
à mentionner qu'il y a le côté locataire,
puis il y a le côté propriétaire, puis il faut un équilibre entre les deux. Et
il y a le TAL qui est là en ce moment pour gérer cet équilibre-là.
La
Présidente : Je vous rappelle que vous vous adressez à la présidence.
Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : ...beaucoup de solutions pour régler cette crise du logement.
Puis je vous partage que cet été, quand je
me promenais sur la rue Wellington, les gens nous arrêtaient pour nous
remercier pour la loi Françoise David, parce
que c'est grâce à cette loi-là que des aînés peuvent rester dans leur
appartement, dans leur maison. Puis c'est le cas dans Verdun, c'est le
cas dans tout le Sud-Ouest puis même partout au Québec.
Le
premier ministre nous a promis de travailler avec les oppositions. La CAQ, vous
l'avez dit, vous voulez protéger les... Ils veulent protéger les
locataires. Alors, est-ce que les bottines vont suivre...
La
Présidente : Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme
Duranceau : ...répète, là on a besoin de quelques semaines, là, pour
travailler avec vous. Ça fait que laissez-nous
le temps, ça avance, O.K.? Et, l'autre chose, il ne faut pas oublier qu'il faut
créer un environnement qui est propice
aussi à l'investissement, là, puis que les gens aient des immeubles qui sont
salubres, qui sont propres puis qui sont de bonne qualité.
Alors,
l'équilibre, il faut le maintenir. Puis c'est l'objectif du travail de la
députée de Labelle, c'est de maintenir cet équilibre-là tout en protégeant les personnes vulnérables, parce que
c'est notre rôle, comme gouvernement, de s'assurer que ces gens-là, ils
sont bien protégés par la loi. Et voilà, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire. Je reconnais la députée de
Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Dans
chacune de nos 125 circonscriptions, en ce moment, il y a des aînés qui
sont en panique parce qu'ils en ont reçu un,
avis d'éviction, puis ils savent très bien qu'avec les loyers sur le marché en
ce moment ils ne sont pas capables de
se reloger à ce prix-là. Les promesses de logements sociaux, la CAQ n'est pas
capable de les livrer. Ils ne sont pas capables d'abolir la clause F. Le
minimum, ce serait de protéger les aînés contre les évictions.
Qu'est-ce que les
députés de la CAQ qui sont ici attendent pour mieux protéger les aînés?
Pourquoi ils refusent d'agir rapidement pour mieux protéger les aînés de
partout, dans toutes leurs circonscriptions?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, on a agi de différentes façons, là. On a agi avec le
bouclier anti-inflation. Il y a de l'argent qui a été remis aux contribuables.
Le crédit pour maintien à domicile a été haussé
à 2 000 $ par personne pour les contribuables de 70 ans et plus.
Alors, on a agi financièrement. Et là, au risque de me répéter encore, on va agir en matière de
relations locataires-propriétaires puis intervenir là où il y a des cas qui
n'ont pas de bon sens. Puis, s'il y a des propriétaires qui sont non...
qui sont, quoi, non scrupuleux puis qui agissent...
Une voix : ...
Mme Duranceau : ...qui abusent,
c'est ça, je m'excuse, on va intervenir. Alors...
• (10 h 40) •
La Présidente : ...je reconnais le
député de — silence,
je vous prie — Marguerite-Bourgeoys.
Utilisation
du Fonds des générations pour financer des baisses d'impôt
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, utiliser 40 % des
versements au Fonds des générations pour financer des baisses d'impôt,
c'est ignoble, injuste et inéquitable.
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader.
M.
Jolin-Barrette : On peut dire les choses doucement comme le député
de Margueite-Bourgeoys, mais ce n'est pas
parce qu'on les dit doucement qu'elles sont plus acceptables. Ce sont des
propos blessants. Et on demande au député de Marguerite-Bourgeoys d'agir et d'utiliser des paroles... retirer ses
paroles. Mais, surtout, le ton de sa question, on l'aime beaucoup. On
voudrait juste que, les mots aussi, on apprécie.
La Présidente : Bon, nous allons
poursuivre. Faites attention au choix des mots, je vous prie. Poursuivez.
M. Beauchemin : Il n'y a pas de
problème.
Ça, c'est
comme payer son épicerie à même le compte d'épargne des enfants. Pire, ce que
la CAQ fait, c'est se payer un party dans un bar, partir avant que la
facture arrive, la laisser aux jeunes. C'est tout à fait incroyable.
Historiquement,
le rendement au Fonds des générations est de 6,3 %. Historiquement, le taux
d'emprunt moyen du gouvernement est
de 3,1 %. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que c'est
rentable de continuer à placer cet argent pour nos jeunes.
La Présidente : M. le leader, une
question de règlement? Je vous prie.
M.
Jolin-Barrette : ...l'article 35, on nous prête des
intentions, les propos sont blessants. Je comprends que c'est le service de recherche du Parti libéral qui a écrit
la question, mais le député a une responsabilité quand il la pose, sa question.
Donc, un peu...
La Présidente : Bon. M. le leader de
l'opposition officielle, brièvement.
M.
Derraji : Bien, brièvement, je l'invite à consulter son
service de la recherche. C'est une image, Mme la Présidente, c'est une
image.
Une voix : ...
La
Présidente : Bon. O.K. Je
suis debout, M. le leader. Nous allons poursuivre, parce que le temps est
précieux...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous
prie, silence! Je vous regarde et je vous vois, là, faire des signes. On va
poursuivre. Faisons attention aux
termes choisis. Et j'aimerais que la députée de Vaudreuil puisse poser sa
question aussi, il y a une huitième. Alors, poursuivez.
M.
Beauchemin : Bon, bien, je vais y aller directement, à la
question. Comment le ministre des Finances peut-il regarder les jeunes
et leur dire que prendre leur cash pour payer des baisses d'impôt, c'est bon
pour eux?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, bien, Mme la Présidente, tout est question
d'équilibre. Et je pense qu'on a montré, dans le premier mandat — puis on va continuer — que nous faisions une gestion responsable et prudente
des finances publiques.
Alors,
première responsabilité : financer les principales missions de l'État
adéquatement. Deuxième responsabilité : revenir à l'équilibre budgétaire. On a fait face à une pandémie, il y a
eu une pandémie, il y a eu une récession, la pire récession depuis la Deuxième
Guerre mondiale, ça a eu un impact
sur les finances publiques. Troisième responsabilité : réduire le
poids de la dette au Québec. Et nous avons ajouté le désir de réduire le
fardeau fiscal des Québécois. C'est extrêmement important pour stimuler l'offre
de travail, créer de la richesse, encourager l'innovation.
Alors, c'est
un équilibre. On veut tout faire ça, Mme la Présidente, de la bonne façon. Ce
que nous avons proposé, qui est extrêmement raisonnable, c'est de réduire le
poids de la dette moins rapidement pour permettre une réduction du fardeau fiscal. C'est une proposition qui est
équilibrée, responsable, prudente. Et il y a des consultations publiques, on
écoute les avis de tout le monde.
La Présidente : Première
complémentaire, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Mme la Présidente, hier, dans le Journal de
Montréal, on pouvait lire : «En diminuant les versements au
Fonds des générations, le gouvernement souhaite hypothéquer l'avenir des
prochaines générations pour remplir une promesse
électorale à court terme.» Le ministre vient de nous parler de responsabilité,
mais, plutôt, piger dans le Fonds des générations est une décision
irresponsable.
Force
jeunesse et plusieurs groupes sont ici présents et vous écoutent. Est-ce que le
ministre des Finances est fier de sa baisse d'impôt au détriment de la
jeunesse?
La Présidente : M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, je vais donner un peu d'information sur le
Fonds des générations et notre loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations. L'unique objectif du
Fonds des générations est de réduire le poids de la dette. Il a été créé en 2006, avec des versements
de 600 millions de dollars la première année. Cette année, les
versements avoisineront
3,2 milliards de dollars, Mme la Présidente. Et, si rien n'est fait,
dans cinq ans ce sera plus de 5 milliards de dollars.
Ce que nous
avons proposé, en campagne électorale, c'est de maintenir les versements autour
de 3 milliards de dollars pour
financer une réduction du fardeau fiscal. Ça, c'est au bénéfice de tous les
Québécois. Puis c'est un équilibre : réduire le poids de la dette
moins vite pour réduire le fardeau fiscal, tout en finançant les principales
missions de l'État.
La Présidente : En deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme
Cadet : Mme la Présidente, j'ai rencontré des jeunes
mobilisés par Force jeunesse, qui nous regardent en ce moment, et je peux vous garantir qu'ils
s'attendent à ce que leurs élus défendent l'équité intergénérationnelle avec
vigueur. Cette semaine, plusieurs d'entre eux se sont prononcés
formellement contre la baisse d'impôt caquiste.
J'ai entendu
le ministre des Finances, j'ai entendu à quel point le gouvernement manque de
vision, veut piger dans leur fonds,
le fonds de nos jeunes, puis leur léguer un État endetté. Est-ce que le
ministre de la Jeunesse peut les regarder dans les yeux, se lever et
leur dire qu'il est d'accord avec ça?
La Présidente : M. le...
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire,
je vous prie. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, je veux revenir sur le Fonds des
générations. C'est une proposition qui a été faite en campagne électorale, qui a été discutée. Et puis
nous sommes très heureux que Force Jeunesse participe au débat public.
Il y a des consultations prébudgétaires.
Je rappelle
qu'en campagne électorale l'opposition officielle préconisait des baisses
d'impôt plus importantes que nous. Je rappelle qu'ils avaient des dépenses plus
importantes que nous et que, malheureusement, les calculs n'étaient pas
bons, ça ne balançait pas, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La Présidente : S'il
vous plaît! On se calme. S'il vous plaît! Je suis debout, je vous entends tous.
Il n'y a qu'une personne qui aura la parole ici, c'est M. le député de
Maurice-Richard, pour sa question principale.
Modifications au Régime de rentes du Québec
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Le principal débat
entourant la réforme du RRQ a porté sur le rehaussement de l'âge d'admissibilité. Le ministre a dû être
déçu de voir que la quasi-totalité des intervenants s'opposait à cette idée,
Conseil du patronat et syndicats
inclus. Plusieurs ont souligné que, pour certains, une rente retardée de deux
ans ne permet pas de manger, entre 60
et 62 ans. L'Observatoire de la retraite a même contredit le principal
argument du ministre en soulignant que,
dans bien des cas, et je cite, «en prenant en compte la fiscalité ainsi que la
mortalité différenciée [des] personnes seules, à faibles revenus ou à
moyens revenus», il est financièrement bénéfique de prendre la retraite du RRQ
dès 60 ans.
Le
ministre a entendu tous ces arguments en commission, mais les a-t-il écoutés?
Malgré son isolement, le ministre va-t-il vraiment aller de l'avant et
hausser l'âge d'admissibilité à la retraite au-delà de 60 ans?
La
Présidente : M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Merci, Mme la Présidente. En fait, les consultations publiques sur le
RRQ, ça a été un grand succès. On est capables, au Québec, de poser des
questions difficiles et d'en discuter. Et il y avait des propositions. On a une marge de manoeuvre qui avoisine
25 points de base, c'est-à-dire que les taux de cotisation sont plus
élevés que le taux d'équilibre. Il y
a des propositions qui ont été faites, c'est-à-dire que les cotisations soient
facultatives à partir de 65 ans, augmenter
l'âge d'admissibilité de la retraite, puis ça, ce serait transférer
200 millions du fonds vers les retraités. Mais on nous a avertis,
en commission, qu'il faudrait avoir une attention particulière à ceux qui
pourraient être des perdants, approximativement 10 %. Et, oui, on a
entendu ça. Il y a eu des propositions sur la prestation de décès. Ça aussi,
c'est extrêmement dispendieux. Alors, il faut prendre tout ça, Mme la
Présidente, y réfléchir, agir de manière prudente et continuer le débat.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Mme la Présidente, les Québécoises sont plus
souvent celles qui sacrifient leur carrière pour prendre soin de leurs
proches. Arrivées à la retraite, elles ont moins de revenus accumulés. Elles
sont plus nombreuses que les hommes à devoir
se prévaloir de leur RRQ à 60 ans, et 80 % d'entre elles survivent à
leur époux et se retrouvent avec une prestation de décès insuffisante.
Le ministre
s'engage-t-il à s'attaquer aux inégalités de genre du RRQ plutôt que de
s'entêter sur l'admissibilité à 62 ans?
La
Présidente : M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, Mme la Présidente, je ne comprends pas le ton de la question. On
a une consultation publique avec des propositions
puis on réfléchit collectivement à des décisions difficiles, des questions qui
sont difficiles. Je ne sais pas qui parle de s'entêter.
Ce
qui a été dit en commission parlementaire, c'est qu'on veut... Ce qui a été
proposé, là, c'est de prendre 200 millions du régime collectif par année et de le donner aux retraités qui... Il y
aurait... Si cette proposition-là était acceptée, il y aurait 90 % de gagnants et à peu près 10 % de
perdants. Et ce qu'on nous a dit, en commission parlementaire, c'est :
Faites très attention aux 10 %
de perdants, parce que ce sont des gens qui sont défavorisés, et donc il
faudrait, si nous acceptons cette proposition, porter...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Les
centrales syndicales, le Conseil du statut de la femme, la Fédération de l'âge
d'or du Québec, Force Jeunesse,
l'Observatoire de la retraite, les experts du comité D'Amours, le Conseil du
patronat, tous s'opposent au rehaussement de l'âge d'admissibilité du
RRQ à 62 ans.
C'est
vrai, M. le ministre, qu'il y a bien des questions difficiles qui entourent le
RRQ, mais celle-là, elle est plutôt facile. Le ministre... M. le
ministre, est-ce que tout ce beau monde a tort?
• (10 h 50) •
La Présidente : M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : C'est sûr que, si
vous nommez seulement ceux qui sont contre, ça a l'air d'une unanimité, O.K., mais il y a plusieurs actuaires, les anciens
actuaires en chef... Bien, je veux juste être clair, on parle du risque de
longévité, qui est associé à
l'accroissement de l'espérance de vie. Et, oui, l'actuariat, c'est une science,
une branche des maths pures. Et puis
ce qui est calculé, c'est que 90 % des gens seraient gagnants, mais qu'il
y a 10 % de perdants, et donc qu'il faudrait porter une attention
particulière à ces 10 % de perdants si nous faisions ce changement.
On a écouté, on a entendu, on poursuit la
réflexion. Félicitations aux Québécois pour cet excellent débat!
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Vaudreuil.
Réfection
du pont de l'Île-aux-Tourtes
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Depuis l'incident du mois de mai 2021 où le pont
de l'Île-aux-Tourtes a été complètement fermé à la circulation pendant deux semaines, les citoyens de Vaudreuil-Soulanges vivent l'horreur en raison des problèmes du pont. Sa structure, classée en fin de vie, devait
être reconstruite en 2018, mais, à son arrivée au pouvoir, la CAQ a retardé
les travaux : 2024, puis 2029.
Depuis
décembre dernier, seulement deux voies sont ouvertes dans chaque direction,
sans accotement, pour les 87 000 usagers
quotidiens, comme le pont Jacques-Cartier. Il y a des congestions monstres aux
heures de pointe, débordant sur les autoroutes 20, 40, dans les
rues de la ville, même à proximité des écoles et des garderies.
Les élus de
la région ont présenté des pistes de solution à la ministre, en commençant par
retirer les voies fièrement installées par le MTQ pour les autobus, alors
que nous n'avons aucun autobus qui traverse le pont.
Est-ce que la
ministre peut s'engager à mettre en place les mesures suggérées par les élus de
Vaudreuil-Soulanges et même venir en personne constater l'ampleur des
dégâts?
La Présidente : Mme la ministre des
Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureuse
d'avoir la question de la députée de
Vaudreuil, parce que j'avoue que je suis un peu étonnée, des fois, de ses
réactions dans la mesure où depuis que je suis ministre, depuis trois, quatre mois, avec ma collègue députée de
Soulanges, on met énormément d'énergie, énormément d'énergie, elle en particulier, sur ce dossier-là
pour informer les gens, pour les garder au courant des différentes étapes qui
sont en train d'être franchies, pour
répondre aux questions de tous les élus. Et la députée de Vaudreuil sait très
bien que je l'ai invitée à un Teams avec ma collègue de Soulanges, avec
tous les élus concernés, Saint-Lazare et compagnie, pour, justement, pouvoir recevoir les commentaires, les
suggestions, les questions, et répondre du mieux qu'on pouvait, et, par
la suite, organiser une autre rencontre avec mes équipes du ministère des
Transports et de la Mobilité durable.
Donc,
d'entrée de jeu, Mme la Présidente, sachez que ce dossier-là n'est pas un
dossier partisan. C'est un dossier important,
sur lequel, d'ailleurs, on met non seulement du temps, de l'énergie et des
efforts de communication, mais aussi des investissements majeurs, parce que,
quand on est arrivés, on est arrivés dans un contexte où ce pont-là, comme
bien d'autres structures, infrastructures,
chaussées et compagnie, était en déficit de maintien parce qu'il y a trop peu
d'efforts qui ont été mis dans le
maintien et l'entretien de nos structures et de nos infrastructures en général
par le passé, Mme la Présidente. Donc, on est en train de mettre énormément
d'argent pour reconstruire le pont de...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Mme la Présidente, je veux rappeler à la ministre
que Vaudreuil-Soulanges sont enclavés. 2029, c'est encore six ans d'horreur pour la population.
Pourtant, le projet de reconstruction faisait partie de la loi sur
l'accélération des projets d'infrastructure adoptée d'urgence par le
gouvernement de la CAQ pendant la pandémie.
Tommy
Chouinard, de La Presse, ce matin, nous rappelle que le maintien, juste
le maintien du pont, qui est en fin de vie,
c'est 376 millions de dollars. Les plans, le tracé, le BAPE sont
complétés. Pourquoi les travaux sont encore repoussés?
La Présidente : Mme la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Bon, bien, Mme la Présidente, plus concrètement,
je vois que la députée condamne en quelque sorte le fait qu'on a, oui, aménagé
des voies spéciales pour que les services d'urgence puissent passer, s'ils ont
besoin, qu'ils ne soient pas pris
dans la congestion, et, oui, du transport en commun. En général, en 2023, les
gens sont en faveur, mais, bon, si la députée de Vaudreuil s'y oppose,
soit.
De toute façon, Mme la Présidente, dès
la fonte des neiges, dès la fonte des neiges, on va être capable d'entreprendre
des travaux pour aménager la voie
supplémentaire qui, en ce moment, est momentanément hors d'usage à cause des
conditions hivernales. Donc, d'ici le mois de mai, normalement, là, mai,
maximum début juin, les gens vont pouvoir à nouveau emprunter ces voies-là pour
circuler. Alors, ça va régler le problème auquel elle fait référence. Par
ailleurs, on s'apprête à signer le contrat pour la reconstruction du pont.
Aors,
les choses vont se faire dans l'ordre, Mme la Présidente, moyennant d'énormes
investissements. Je reviens là-dessus, là, si le Parti libéral avait
voulu...
La
Présidente : ...terminé, Mme la ministre, c'est terminé.
Je vais faire ici une
petite remarque importante. Il y a eu beaucoup d'échanges qui n'étaient pas
toujours pertinents, ce qui fait que Mme la
députée de Vaudreuil a perdu sa troisième question. Il faudra faire attention,
à l'avenir, quand il y aura une huitième question.
Ceci dit, ça met fin
à la période des questions orales.
Motions sans préavis
Et,
comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions
sans préavis. Et, pour ce faire, je vais céder la place au troisième
vice-président. Merci à vous.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à la rubrique des motions sans préavis, en
fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Je vais présenter une motion. Il y a des gens qui
étaient pour, qui étaient contre, je ne sais pas ce que ça va donner. Je
vais la lire, ça va comme suit.
Je demande le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale affirme que tout ajustement de la rémunération des
député-es, notamment l'indemnité de base, doit être déterminé par un
processus indépendant exécutoire, sans ingérence des élu-es.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
maintenant passer aux membres du troisième groupe d'opposition. M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président.
J'aimerais d'abord saluer les jeunes qui sont ici présents, ceux de Génération
Climat notamment.
Et
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la députée de
Verdun et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de créer un comité-conseil
jeunesse permanent sur le climat;
«Qu'elle
affirme la nécessité que ce comité soit indépendant et représentatif de la
jeunesse québécoise, des jeunes de toutes les régions du Québec et des
membres des Premières Nations et des Inuits du Québec;
«Qu'elle souligne
l'importance de financer adéquatement ce comité et ses activités;
«Qu'elle
affirme que la création de ce comité permettra un dialogue et une collaboration
intergénérationnels sur les enjeux
climatiques, de sorte que les points de vue des jeunes soient communiqués et
entendus ainsi que les intérêts des prochaines générations pris en
compte.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Donc, nous allons maintenant passer à un membre
du groupe formant le gouvernement, et je cède la parole à M. le premier
ministre.
Rendre hommage à Mme Nadine Girault, ex-parlementaire
de l'Assemblée
nationale, et offrir des condoléances à sa famille et à ses proches
M. Legault : Oui,
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
débattre de la motion suivante conjointement
avec le chef de l'opposition officielle, le chef du deuxième groupe
d'opposition et le chef du troisième groupe d'opposition :
«Que
l'Assemblée nationale offre ses sincères condoléances à la famille et aux
proches de Madame Nadine Girault, décédée le 12 février dernier;
«Qu'elle
lui rende hommage et [qu'elle] reconnaisse sa contribution à la société
québécoise, notamment à titre de députée et de ministre;
«Qu'elle
salue son engagement envers la population de la circonscription de Bertrand,
des Laurentides et de tout le Québec; et
«Que l'Assemblée nationale observe une minute de
silence en sa mémoire.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : ...par intervenant dans l'ordre suivant : le
premier ministre, le chef du troisième groupe d'opposition, le chef du
deuxième groupe d'opposition et le député des Îles-de-la-Madeleine.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je comprends qu'il y a consentement pour
qu'il y ait quatre intervenants et
que pour... la durée des interventions soit limitée à un maximum de deux
minutes... trois minutes chacune. Alors, la parole est à, maintenant, M.
le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,
merci, M. le Président. Le 12 février dernier, notre collègue, notre amie,
Nadine Girault, est décédée d'un
cancer du poumon. C'est une nouvelle, je pense, qui a ému tous les membres de
l'Assemblée nationale, en particulier ceux
qui étaient là dans la dernière législature, qui l'ont connue. Tous ceux qui
l'ont connue savent quelle femme exceptionnelle c'était, Nadine.
Je me rappellerai toujours la première fois que
je l'ai rencontrée, elle était venue chez moi, avec mon épouse Isabelle, puis on avait jasé un peu de sa
carrière. Puis, je me souviens, entre autres, elle m'avait raconté qu'elle
avait passé quelques années au service des ressources humaines du
service de police de Montréal. Vous pouvez vous imaginer. Elle était jeune. Elle n'était pas tout le temps
prise au sérieux, au début. Elle a fait preuve de beaucoup de guts, elle a
remis pas mal de policiers à leur place. Et puis les policiers de
Montréal l'ont adoptée, ont demandé ses conseils.
• (11 heures) •
Ensuite, elle
a eu une carrière dans le monde des affaires. Bon, Nadine avait un bac puis une
maîtrise en administration. Elle a travaillé...
(Interruption)
M.
Legault : C'est beau? Elle a
travaillé au Fonds de solidarité de la FTQ, à la Banque de Montréal, chez
Desjardins, à la Banque Royale, chez
Jacob. Et elle a aussi siégé sur plusieurs conseils d'administration,
entre autres Sports Montréal, c'était une grande sportive — des
fois c'est un peu injuste quand on voit quelqu'un qui est aussi en forme
recevoir un tel diagnostic — qui
a été aussi sur le conseil d'administration de L'École supérieure de ballet de
Québec. Elle a été sur le conseil
d'administration d'Investissement
Québec, sur le conseil
d'administration de la Fondation de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Donc, on le voit, là, c'était une femme qui était
impliquée, qui était un modèle pour beaucoup de femmes, autant en
affaires qu'ensuite en politique.
Bien sûr,
elle a été par la suite ministre des Relations internationales. Et, bon, compte
tenu de son passé économique, j'avais
convenu avec elle de faire un virage dans les délégations du Québec à
l'étranger. Vous auriez dû voir ça, là, les délégués du Québec à
l'étranger avaient tous ou toutes un objectif d'augmentation des exportations
des entreprises québécoises vers le pays où
ils étaient situés. C'est un virage qui existe, qui est encore là, qui est
permanent et... Mais ce qui était, je pense,
le plus sa fierté, c'est que Nadine, elle s'était donné comme objectif
d'atteindre la parité dans les délégués du Québec à l'étranger, et elle a réussi, elle a réussi.
Puis, je pense, c'est un beau legs qu'elle laisse, que, quand on regarde toutes
nos délégations du Québec à l'étranger, maintenant, il y a autant de
femmes que d'hommes.
Je me
rappelle, l'année passée, elle a demandé à me voir chez moi, et on a passé
quelques heures tous les deux ensemble.
Puis là elle m'a appris pour sa
santé, puis on a pleuré, tous les deux. Puis elle aurait tellement voulu
continuer avec nous autres, avec notre famille.
Donc, Nadine,
c'était une femme passionnée, qui était passionnée, déterminée, travaillante,
autant pour son comté que comme ministre. C'était une femme, aussi — je
regarde ceux qui étaient ici — attachante, hein, toujours de bonne humeur, malgré les difficultés. Je me rappelle
encore, même, les dernières semaines avant qu'elle décède, elle nous écrivait,
je vois la ministre du Tourisme, mais moi
aussi, pour m'encourager, tu sais, comme si c'était nous autres qui avions
besoin d'encouragements.
Donc, le
12 février, j'ai perdu une amie, on a perdu une amie. Puis je veux offrir
mes plus sincères condoléances, bien, d'abord à Alain, son conjoint,
puis à tous ses proches, toute sa famille. Nadine, on ne va jamais t'oublier.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole au chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, M. le Président. C'est effectivement avec beaucoup de tristesse qu'on
a appris le départ d'une collègue, Nadine Girault, qui était aimée, qui
était respectée de ses collègues.
Et, en préparant mon intervention,
j'ai appris des choses sur Nadine. J'ai appris qu'elle était née à Saint-Louis,
dans le Missouri. Je ne le savais
pas. Elle a fréquenté, après ça, l'école des Ursulines à Gaspé et elle s'est
dirigée vers Montréal, au Collège
Marie-de-France à Montréal. Après ça, elle a eu un bac des HEC à Montréal,
maîtrise en administration des affaires
à l'UQAM et une certification d'administratrice des sociétés de l'Université Laval. Alors, on peut voir qu'à travers son parcours elle avait
réellement vu beaucoup du pays.
Avant
de se lancer en politique, le premier ministre l'a mentionné, elle a occupé des
postes de haute direction, entre autres
dans le domaine bancaire, pour notamment avoir été vice-présidente du
développement des affaires pour le Fonds de solidarité FTQ. Et
évidemment le premier ministre a souligné son passage avec le corps policier du
SPVM.
Elle
a été élue, donc, députée de Bertrand en 2018, et c'est là où on a appris à la
connaître, nous, comme collègue, parce
que c'est ça, la vie politique, on ne se connaît pas, mais la politique a ceci,
je dirais, de grand, de fabuleux : faire de la politique, c'est
rencontrer des gens qu'en temps normal on n'aurait pas rencontrés. Et ça, je
pense qu'on peut souligner l'importance qu'elle aura eue comme ministre des
Relations internationales et de la Francophonie et aussi ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
J'aimerais
qu'on se rappelle d'une de ses réalisations, c'est l'Institut de la diplomatie,
qui vise à faire en sorte de monter à un niveau supérieur, je
dirais, la qualité de nos femmes et de nos hommes qui s'inscrivent dans la
diplomatie québécoise, parce que ça existe,
et je pense que ce sera un de ses legs qui, pour moi, sera porteur de fruits
tangibles pour la diplomatie québécoise.
Donc, on le disait,
on a eu l'occasion de siéger avec elle. Moi, quand je pense à Nadine, je pense
à une femme posée et respectueuse. On était
capables d'avoir des débats, des divergences d'opinions, et ça faisait avancer
le débat, ça élevait le débat de travailler avec Nadine. Elle aura été une élue
déterminée à servir tous les Québécoises et Québécois et elle aura eu un
engagement authentique à servir la population puis à améliorer le sort de nos
concitoyennes et de nos concitoyens.
Et,
bien évidemment, au nom de ma formation politique, je tiens à offrir nos plus
sincères condoléances à la famille et aux proches de Nadine.
Puis
vous allez me permettre, M. le Président, aussi, de façon particulière, à
offrir mes condoléances à mes collègues du caucus de la Coalition avenir Québec,
parce que je sais c'est quoi, perdre un collègue. Quand on est dans un caucus,
on est dans une famille politique, on mène
des combats ensemble, on fait face à l'adversité. On passe à travers des
moments de très grande joie, puis parfois de tristesse, mais on passe à
travers l'adversité, puis c'est ce qui donne tout son sens à l'expression «faire partie d'une famille
politique». Alors, à votre famille politique aussi, j'aimerais vous offrir mes
plus sincères condoléances. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le chef de l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole au chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. C'est toujours triste, bien
sûr, lorsqu'un ou une collègue nous quitte,
peu importe l'allégeance politique, peu importe le parti, mais c'est d'autant
plus triste lorsqu'une collègue nous quitte dans la fleur de l'âge,
emportée par la malédiction terrible du cancer.
Je
veux joindre ma voix, bien sûr, à mes collègues des autres partis pour offrir
nos condoléances solidaires à la famille de Mme Girault et, moi aussi, aux collègues parlementaires qui ont
côtoyé sur les banquettes ministérielles Nadine Girault et qui ont, bien sûr, minimalement perdu une
collègue de travail, mais sans doute, dans plusieurs cas, également une amie.
Bien
sûr, pour le reste d'entre nous, pour les Québécois, les Québécoises, Nadine Girault,
c'était surtout Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie. La fonction qu'elle occupait
est une fonction importante qui consiste
ni plus ni moins qu'à incarner nos ambitions de nous représenter nous-mêmes à
l'étranger. C'est une fonction qui mérite
notre respect, et le service public qu'elle a rendu justifie amplement les
honneurs qu'elle reçoit de toutes parts depuis qu'elle nous a quittés.
En
tant que ministre, elle a notamment piloté la création de l'Institut de la
diplomatie du Québec, je voulais également le souligner, dont la première cohorte, d'ailleurs, a été diplômée en
juin dernier. C'est un institut qui offre une formation à nos diplomates pour leur donner tous les outils
dignes d'une diplomatie d'envergure nationale. Et je pense que cet élément-là est déjà en voie de devenir une très belle partie
de l'héritage politique de Nadine Girault. C'est toute une génération de futurs
diplomates québécois qui vont lui devoir une fière chandelle.
Nadine Girault avait
encore beaucoup à donner au Québec. Elle s'est battue jusqu'au bout contre une
maladie profondément injuste qui emporte encore trop de Québécois, trop de
Québécoises beaucoup trop tôt.
Je
joins donc ma voix à celles de mes collègues pour offrir à nouveau mes
condoléances les plus sincères et pour souligner
le souvenir d'une Québécoise d'exception, d'une Québécoise engagée, et
l'héritage d'une grande amoureuse du Québec. Merci.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le chef du deuxième groupe d'opposition. Je cède maintenant la parole
au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Alors, au
nom de ma formation politique, je tiens à souligner à mon tour la contribution pour le Québec d'une femme
courageuse, intelligente et élégante, Mme Nadine Girault, malheureusement
décédée à l'âge de 63 ans le 12 février dernier.
Nadine
Girault a choisi le service public auprès des citoyens de la circonscription de
Bertrand, en tant que députée, de
2018 à 2022, en plus de s'impliquer de nombreuses années dans le domaine des
affaires, M. le premier ministre en faisait mention, tant pour le Fonds
de solidarité FTQ qu'à la Banque de Montréal, notamment.
Elle est née
à Saint-Louis, au Missouri, comme l'a révélé tout à l'heure le chef de
l'opposition, mais elle a aussi grandi
à Gaspé. D'ailleurs, dans l'une de ses dernières entrevues, je me souviens que
Mme Girault parlait de l'enfance heureuse qu'elle a eue à Gaspé, la Gaspésie était une région qu'elle
affectionnait tout particulièrement. Elle avait aussi des racines
haïtiennes dont elle était particulièrement fière.
Nadine Girault avait une fine connaissance des
enjeux du Québec et de ses défis. On a eu l'occasion de discuter à l'occasion, en commission parlementaire, de
relations internationales, et elle parlait souvent de la diplomatie d'influence
que le Québec devait jouer. Elle aura eu sa
propre influence sur le ministère des Relations internationales. Nous lui
devons notamment la création de l'Institut de la diplomatie du Québec.
Ceux et celles qui l'ont côtoyée sont unanimes,
Nadine Girault était passionnée par son travail. Malgré son diagnostic de cancer du poumon, en 2019, elle a
poursuivi son engagement pour le Québec avec constance et avec détermination.
La maladie s'est amenée dans sa vie de
manière insidieuse, ce qui a bouleversé, évidemment, son quotidien et celui de
ses proches. Toutefois, on se
souviendra d'une femme courageuse, forte et qui est demeurée présente et
attentive pour servir la population du Québec.
Au nom du
Parti québécois, j'adresse mes plus sincères condoléances à ses proches, à tous
ceux ici présents et ailleurs qui ont eu le privilège de travailler avec
elle ou de la côtoyer. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader adjoint, oui?
M. Lévesque (Chapleau) : ...Vaudreuil
est également conjointe sur cette motion.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté. Nous allons maintenant observer une minute
de silence à la mémoire de notre collègue, Mme Nadine Girault.
• (11 h 13 — 11 h 14)
•
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Je vous remercie. Nous allons poursuivre, toujours à la rubrique des motions
sans préavis. Et je cède maintenant la parole à un membre du groupe formant
l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Beauchemin : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le chef du troisième groupe d'opposition et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que la prestation de décès du Régime [des] rentes du
Québec n'a pas connu d'indexation depuis 1998;
«Qu'elle
déclare qu'il est souhaitable que cette prestation soit bonifiée et indexée
afin de refléter l'augmentation des coûts des services funéraires;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement caquiste de retirer le caractère imposable de
cette prestation afin d'en bonifier les sommes octroyées sans affecter
la santé financière du Régime [des] rentes du Québec.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Donc, nous allons poursuivre.
Avis touchant les travaux des commissions
À la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader.
M. Lévesque (Chapleau) : ...à la
salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 8, Loi visant à améliorer
l'efficacité et l'accessibilité de la
justice, notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant
la procédure civile à la Cour du
Québec, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle
Pauline-Marois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
pour ma part, je vous avise que la Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance publique aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions, vers 11 h 15, jusqu'à 13 heures, et de 15 heures à
17 h 25, à la salle
Marie-Claire-Kirkland, afin de
procéder aux auditions publiques et consultations
particulières concernant le mandat d'initiative portant sur les révélations de
violence lors des initiations dans le
milieu du hockey junior et la possible situation dans d'autres sports, et en
séance de travail le jeudi 23 février 2023, de 7 h 30 à 9 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de donner suite au mandat d'initiative portant
sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du
hockey junior et la possible situation dans d'autres sports.
De plus, la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
jeudi 23 février 2023, de
8 heures à 8 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat
d'initiative portant sur la santé mentale des jeunes.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader.
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, M. le Président. Donc, nous sommes maintenant
aux affaires du jour, et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 10
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, à l'article 2, M. le ministre de la
Santé propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 10, Loi
limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel et à de
la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des
services sociaux. Y a-t-il des interventions? M. le ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, oui, M. le Président, merci beaucoup pour
cette opportunité. Alors, le projet de loi sur la main-d'oeuvre
indépendante ou ce qu'on appelle aussi les agences, le projet de loi n° 10.
On le sait,
M. le Président, qu'il y a vraiment urgence d'agir pour améliorer notre réseau
de santé, et particulièrement pour
changer la culture dans notre réseau. Tout le monde sait que les conditions de
travail dans notre réseau ne sont pas faciles
présentement, notamment avec la pandémie que l'on a connue dans les trois
dernières années. C'est un projet de loi excessivement important qu'on a donné la semaine dernière et qui n'a
rien à voir avec le nombre d'articles qu'il y a dans le projet de loi.
En fait, ce
que ça vient faire, M. le Président, puis, pour moi, c'est très important,
c'est que ça vient de concrétiser un
de nos engagements majeurs qu'on a pris lorsqu'on a déposé notre plan de santé
il y a environ un an, c'est d'avoir, justement,
un meilleur encadrement sur les agences de placement ou ce qu'on appelle le
recours à la MOI, la main-d'oeuvre indépendante.
En fait, la main-d'oeuvre indépendante, comme on l'appelle, est devenue, avec
les années, malheureusement, beaucoup
plus un mode de gestion qu'un mode d'exception, et particulièrement durant la
pandémie. Les chiffres qui ont été
expliqués au cours des dernières semaines sont vraiment révélateurs. Donc, avec
le projet de loi qu'on dépose aujourd'hui, M. le Président, on vise, justement, à effectuer un changement de
culture dans le réseau pour se libérer de la dépendance aux agences
privées.
Maintenant,
j'aimerais expliquer et souligner que ce projet de loi donne suite, en fait, à
des présentations que nous avons faites, des commentaires que nous avons eus de
l'opposition, qui souscrivent à ce principe-là. Et on a même eu des fédérations syndicales qui nous l'ont demandé.
Donc, je crois, M. le Président, sans prendre pour acquis comment va se
dérouler l'étude plus détaillée du projet de loi, mais je pense qu'on devrait
avoir plusieurs partenaires, autant des partis de l'opposition que des parties
prenantes qui viendront s'exprimer, qui sont favorables à la position que l'on
prend.
• (11 h 20) •
Je
rappellerais aussi que... Puis j'ai expliqué que c'est un projet de loi qui est
assez simple, très, très peu d'articles, mais, en même temps, qui va nous permettre d'agir par règlement. Puis
une des raisons pour lesquelles, M. le Président, on va travailler par
règlement, c'est qu'il faudra avoir une certaine flexibilité. Puis je vais
donner quelques exemples de ce qu'on veut
faire par règlement pour que mes collègues, autant qui seront avec moi sur la Commission
de la santé que de l'opposition,
comprennent bien pourquoi c'est important de faire certains ajustements par
règlement. Et je m'explique. Par exemple,
sur l'approche en trois phases qu'on veut faire, sur l'approche en trois
phases, ce que ça veut dire, c'est que notre intention d'arrêter le
recours aux agences privées, on doit le faire, tout d'abord, dans nos milieux
urbains. Première phase serait dans les
milieux urbains. Ce que ça veut dire : nos grands centres, Montréal,
Québec, etc., parce que c'est là qu'on
en est le plus capables, plus en mesure de se libérer des agences, ensuite, on
irait dans les secteurs mitoyens, pour 2025, et dans nos régions ou nos
secteurs plus éloignés, en 2026.
Et je le
rappelle, pourquoi c'est important d'aller par règlement, parce que, si on
voyait que le retour des infirmières pouvait se faire plus rapidement,
bien, par règlement, on n'a pas besoin de revenir ici, au salon bleu, pour
voter des modifications à la loi, on peut ajuster les dates d'application de ces
étapes-là. C'en est un, exemple. Ce qui est important pour nous, c'est de
s'assurer qu'il n'y aura pas de bris de service. Alors, si on est capables
d'ajuster nos dates dans les règlements, on le fera.
Il y a aussi, dans les règlements, quelque
chose, pour moi, qui sera très important, c'est la question des tarifs maximums. On le sait, durant la crise de la
pandémie, on avait des décrets pour travailler avec les agences parce qu'on
était dans
l'urgence d'agir. On a mis des tarifs maximums. Mais, malheureusement, M. le
Président, ces tarifs-là n'ont pas toujours été suivis. C'est malheureux. Je ne dis pas que toutes les agences ne
les ont pas suivis, mais il y en a plusieurs qui ont exagéré. Alors, dans les règlements, on va être très clair,
on va mettre... un peu sur le principe qu'on avait dans les décrets, nous
allons mettre des tarifs maximums
mais qui vont aussi varier par région. Alors, vous comprendrez que, de la même
façon, aller mettre ça dans un projet
de loi... on peut dire qu'il va y avoir des pénalités, mais on pourra avoir une
certaine flexibilité par région pour les tarifs maximums.
Et,
puisque je parle de pénalités, je veux être très clair aujourd'hui, M. le
Président, qu'il y a un des éléments du projet de loi qui aura des pénalités. On n'avait pas ces pénalités-là
lors du décret, durant la pandémie, et, pour moi, s'il y a des agences qui ne respectent pas les règles de
tarifs maximums qu'on va mettre dans le projet de loi, il y aura des amendes
et des amendes très salées. Et j'aurai l'occasion d'en discuter avec les
députés qui seront en commission avec nous.
En
fait, M. le Président, je l'ai dit, c'est un petit projet de loi, mais c'est un
projet de loi qui est excessivement important. Et le geste qu'on pose aujourd'hui, il est encore plus important, parce
qu'on a dit qu'on voulait être un employeur de choix, puis, pour être un
employeur de choix, c'est une question d'honnêteté avec nos employés qui ont
gardé le fort pendant tant d'années,
d'être capable d'être protégés pour les horaires favorables qu'ils ont et de
donner, par exemple, aux agences... dans la période de transition dont je viens
de parler, que les horaires défavorables soient aux agences qui viennent nous
aider de façon temporaire, et pas le contraire. Et c'est là, je pense,
qu'il y a eu beaucoup d'insatisfaction de la part de nos employés du public qui voyaient, des fois, des
horaires de travail favorables être alloués aux agences et eux être pris avec
des horaires défavorables, ce qui est
complètement injuste. Alors, moi, je pense que c'est important de remettre le
compteur à zéro, de faire ce projet de loi là. C'est une question
d'honnêteté.
J'aimerais, pour les personnes qui nous écoutent
aujourd'hui, aussi mettre les chiffres en perspective, juste quelques
statistiques. Vous savez que j'aime les statistiques, alors je vais vous en
donner quelques-unes.
J'ai
beaucoup entendu le fait que, oui, mais ce n'est pas de mettre un projet de loi
sur la MOI qui va ramener les 2 500 infirmières qui sont en ce
moment dans les agences. Je suis tout à fait d'accord avec ça. Si les
infirmières, environ 2 500, qui nous ont quittés au cours des
dernières années, et je l'ai dit souvent, à raison, les infirmières qui nous
ont quittés pour des agences, c'est souvent que les conditions de travail
qu'elles avaient au gouvernement, qu'elles avaient dans notre réseau, ne les satisfaisaient pas, ne leur
permettaient pas d'avoir un équilibre travail-famille, il y a
plusieurs raisons, être capables d'avoir des vacances au
moment où ils voulaient en profiter, jamais je n'irai reprocher à ces
infirmières-là de nous avoir quittés, ils l'ont fait pour des bonnes raisons,
la plupart du temps des raisons personnelles.
Ce qu'il faut
s'assurer, pour être capable d'avoir une chance de récupérer ces gens-là puis
qu'ils aient le goût de revenir... Est-ce
que ce sera... quel nombre ce sera, en ce moment, il est difficile pour moi de
le dire, mais ce qui est important, c'est
de mettre en place les conditions pour qu'elles aient eu le goût de revenir,
d'accord? Et là, à ce moment-là, M. le Président, je pense que ce sera une question pour elles et
pour eux de décider de revenir avec nous, mais on doit le faire en parallèle.
Deuxième
statistique, M. le Président. Je vous ai parlé des 2 500 qui sont dans une
agence, mais j'aimerais vous dire que
nos besoins de personnel en santé, ils sont titanesques. Et, on prévoit, parce
que, maintenant, on planifie beaucoup mieux
ce qu'on a besoin en termes de ressources, ressources humaines, c'est environ
125 000 personnes qu'on a besoin pour les cinq prochaines années. C'est énorme, ça, M. le Président. Ce n'est
pas toutes des infirmières, mais c'est des préposées aux bénéficiaires,
c'est des inhalothérapeutes, c'est les gens qui travaillent ensemble, souvent,
dans un hôpital.
Parlons
de besoins d'à peu près 125 000 personnes. Sur les
125 000 personnes, il y a peut-être, à peu près, 50 000 infirmières. Alors, vous allez me
dire : Oh! ce n'est pas juste de récupérer les
2 500 infirmières, c'est d'attirer les 50 000 infirmières,
50 000, 60 000 infirmières qu'on a besoin dans les cinq
prochaines années. Donc, ce n'est pas uniquement d'aller chercher celles qui sont dans les agences, mais d'être attractif
pour ceux qu'on a besoin pour les prochaines années. Mais il y a un truc. On a
un truc, puis je vais vous le dire, M. le Président. J'espère que ça ne restera
pas entre nous. Sur les personnes
qu'on a besoin, je vous ai dit à peu près de 25 000 à 30 000 par
année, savez-vous que, bon an mal an, il y a à peu près 10 000 personnes sur nos 350 000 employés
qui quittent pour la retraite, O.K.? Donc, à peu près
10 000 personnes. Puis ça, c'est un taux de rétention qui est
normal dans l'industrie.
Prenez
un employeur qui a 10 000 employés : 3 %, il va y avoir à
peu près 300 personnes qui vont prendre leur retraite. Nous, on a 300 000... 350 000 employés.
Donc, à 3 %, c'est 10 000. Mais je vous ai dit, tout à l'heure, qu'on
en cherchait 25 000. C'est quoi, la différence entre le
10 000 que je viens de vous dire, qui est la prise de retraite, et le
15 000 de plus qu'on a besoin? C'est
parce que les gens ne restent pas quand ils viennent chez nous. Ils viennent,
ils regardent les conditions puis ils
s'en vont, ils s'en vont ailleurs, pas nécessairement dans des cliniques
privées, ils s'en vont ailleurs. Et là est notre problème : c'est qu'on a bien plus un problème de ce qu'on
appelle de rétention qu'un problème d'attraction, parce qu'on les attire à
venir dans notre réseau, on les forme, on leur donne des bourses, mais
malheureusement... Et c'est notre responsabilité, M. le Président, c'est de les retenir. Et qu'est-ce qu'on doit faire
pour les retenir, M. le Président? On doit leur donner des bonnes
conditions.
Alors,
qu'est-ce qu'on fait en ce moment? Ma collègue la présidente du Conseil du
trésor fait un travail titanesque pour
aller, justement, leur donner... au cours des prochaines semaines, de discuter
avec eux quelles sont les conditions qui vont faire qu'autant les infirmières qui sont en agence mais surtout
celles qui sont rentrées dans le réseau aient le goût de rester avec nous. Et les syndicats nous l'ont dit,
ce n'est pas juste une question de salaire, c'est une question de conditions
de travail.
Alors,
M. le Président, ce que j'aimerais vous dire aujourd'hui, en conclusion, on
sait c'est quoi, le problème, on la connaît,
la recette. On sait qu'il y a des infirmières qui ont le goût de venir
travailler avec nous, des inhalothérapeutes, des PAB, des préposés aux bénéficiaires, parce qu'on l'a vu,
lorsqu'on les interroge... Il y a souvent un besoin d'ajustement salarial,
ça, je peux le comprendre, mais ce n'est pas ça, le gros enjeu, c'est les
conditions de travail.
Alors, moi,
j'inviterais, et je l'ai fait plusieurs fois dans les dernières semaines,
j'inviterais les différents représentants syndicaux à venir à nos forums de discussion, qui ont été demandés par
la présidente du Conseil du trésor. Je crois que c'est votre rôle pour vos employés de venir écouter les
propositions que l'on a pour justement donner des bonnes conditions, non seulement pour récupérer des gens qui sont
partis, mais pour encourager ceux qui sont restés. Il n'y a aucune raison,
lorsqu'on a un potentiel de 350 000 emplois, qu'on ne soit pas
capables de retenir nos gens.
• (11 h 30) •
Alors, je pense qu'il était important, M. le
Président, puis je vais terminer là-dessus, de mettre en contexte le projet de loi qu'on a aujourd'hui, petit projet
qui s'affaire à mettre, je dirais, de l'équité dans notre réseau pour ceux qui
sont restés, s'assurer que les agences,
pendant la période de transition, c'est-à-dire les trois prochaines années...
On a été raisonnables, là, on a
dit : On ne fera pas un sevrage du
jour au lendemain, on n'est pas
capables de le faire. Mais on dit très
bien aux gens : C'est fini, les agences. Donnons-nous une période de
transition qui va s'échelonner sur quelques années, dans les régions où c'est plus facile au début,
etc., et, pendant ce temps-là, travaillons sur nos conditions de travail pour
être capables non seulement d'attirer, retenir plus de personnes. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au leader de l'opposition
officielle.
M. Monsef Derraji
M.
Derraji : Merci, M. le
Président. Très heureux de prendre la parole aujourd'hui dans ce projet de loi.
Ça me rappelle un beau souvenir,
quand j'étais porte-parole de notre formation politique en matière de santé et
services sociaux. Mon collègue, il
est dans une autre commission, qu'il préside, sur ce qui se passe au niveau du
hockey. Et très heureux de prendre la parole aujourd'hui, parce que j'ai eu
l'occasion quand même, la dernière année, à avoir des discussions avec
le ministre sur plusieurs enjeux. Notamment,
à l'époque, je me rappelle, il y avait la fameuse... en fait, l'état d'urgence
sanitaire, avec beaucoup de projets
de loi, notamment le projet de loi n° 10, n° 19, qu'on n'a pas fait, mais, mais, mais, je dis bien, il a mentionné les décrets. Moi, je pense que c'est
un mode de gestion que le ministre apprécie. Je peux le dire, parce que
ça a été pas mal utilisé lors des deux dernières années, et il y en a pas mal
d'écrits, et je sais que le ministre lit beaucoup. Il y a des médecins qui ont
dit que ce mode de gestion, par décret, ce n'est pas la réalité du réseau.
Pourquoi je commence par ça, M. le Président?
Parce que je vais essayer, dans le temps que j'ai, de dresser un portrait, le contexte, l'état de situation avant
de dire pourquoi le ministre de la Santé arrive aujourd'hui avec le projet de
loi n° 10. C'est très important. On va reculer un peu, refaire un peu
l'histoire, M. le Président.
Le ministre,
depuis qu'il était... qu'il a été nommé pour remplacer l'ancienne ministre de
la Santé, on était en pleine crise sanitaire. En pleine crise sanitaire, le
mode de gestion de ce gouvernement caquiste était basé sur les décrets. C'est très important, M. le Président, le
contexte, et il y a des écrits qui ont analysé ce mode de gestion, et après je
vais vous dire le danger de ce virage.
Parce qu'il
l'a très bien dit, c'est un petit projet de loi. Moi, de toute façon, je ne
qualifierai jamais un projet de loi de
petit, ou grand, ou moyen, je ne sais pas pourquoi on dit : C'est petit.
Il n'y a pas de degré de petit, moyen, grand dans un projet de loi. Quand on
dépose un projet de loi, en tant que législateur, c'est pour régler un
problème, un problème de fond. Et ce
problème est un problème de fond. J'en suis sûr et certain, M. le Président,
dans votre circonscription, il y a beaucoup d'infirmières qui vous
parlent de leurs conditions de travail. Ce n'est pas petit, ce n'est pas rien.
Alors, je
vais revenir à l'état d'urgence sanitaire. Pendant presque deux ans, le
gouvernement caquiste a utilisé la loi de l'état d'urgence sanitaire en
utilisant un article qui leur donnait le pouvoir de renouveler l'état d'urgence
d'une manière hebdomadaire. Le Conseil des ministres se réunissait chaque
mercredi et il renouvelait, hein... souvenez-vous, M. le Président — je
ne sais pas si... j'en suis sûr, vous avez une bonne mémoire — on
a fait même une motion du mercredi pour
souligner et fêter le 100e décret utilisé par ce gouvernement pour
renouveler l'état d'urgence sanitaire. Mais, les gens, ce qu'ils ont oublié, c'est que le renouvellement
de l'état d'urgence venait avec quelque chose que le ministre vient de dire,
il vient de le dire : les décrets,
d-é-c-r-e-t-s, les décrets. Mais ces décrets édictaient les conditions de
travail de nos infirmières.
Et, je me
rappelle, M. le Président, lors de nos échanges sur le fameux projet de loi sur
l'état d'urgence, que disait le
gouvernement? On va arrêter l'état d'urgence, parce que l'élection s'en venait.
On ne peut pas aller en élection avec l'état d'urgence, serrer les mains et dire aux Québécois qu'on était en état
d'urgence. C'est très important, ce débat, M. le Président, avant
d'aller au projet de loi n° 10. Le contexte, il est très important.
Là, j'en suis
sûr et certain, les infirmières qui nous écoutent, elles vont comprendre, parce
que c'est elles-mêmes qui sont venues
en commission parlementaire nous dire la chose suivante : Nos droits
sont bafoués. Pourquoi? Parce que le ministre gérait avec un mode de gestion
qui n'est pas habituel. Ce n'est pas l'entreprise privée. Le secteur public est
géré par des conventions collectives, avec
des règles. C'est une négociation. C'est une négociation où il y a la partie
gouvernementale, l'employeur, et
l'autre partie, c'est les travailleurs et les représentantes et représentants
des travailleuses et des travailleurs du
Québec. C'est ça, un État de droit, M. le Président. Et, ça a été mentionné,
l'État de droit, on respecte l'interlocuteur. On ne l'invite pas uniquement à assister à des forums
pour voir comment les choses évoluent en termes de ressources humaines.
C'est ce que la conseillère... la présidente du Conseil du trésor leur
propose : Venez à nos forums.
Et, M. le
Président, tout cela m'amène à la conclusion suivante. La conclusion est la
suivante : vous savez, quand on
s'habitue à un mode de gestion, ça devient la norme. Bien là, je ne veux pas
faire une thèse de doctorat sur la norme, mais ce gouvernement s'est habitué à
une norme, et la norme est la suivante, c'est gérer par décret.
Malheureusement, vu la pression populaire,
vu l'élection, il n'y a plus de renouvellement de l'état d'urgence. On ne peut
plus continuer à travailler avec les anciennes
méthodes suite à l'état d'urgence avec la pandémie. On revient à la normalité.
Et ce retour à la normalité exige, du
ministre, du travail dans un nouveau contexte où il doit dealer avec les
conventions collectives, le renouvellement des conventions collectives,
la gestion d'horaires, le temps supplémentaire obligatoire, etc., M. le
Président.
Donc,
maintenant on revient à l'état normal. Il y a des enjeux. Et, avant d'aller...
Je veux juste rappeler un fait très important,
parce que, pour moi, ce n'est pas un petit projet de loi, c'est très
important : la main-d'oeuvre indépendante, en chiffres, c'est 11 278 travailleurs,
dans le réseau, équivalents à temps plein, dont 2 894 infirmières,
14,8 millions d'heures travaillées.
14,8 millions d'heures travaillées en 2021 et 2022. Ça, c'est le
gouvernement caquiste. Là, on vient nous dire aujourd'hui : On va régler un problème. Mais pourquoi vous avez
ramené le réseau à une explosion d'utilisation au recours à la
main-d'oeuvre? Pourquoi nous sommes rendus là, M. le Président? C'est une
augmentation, retenez très bien le chiffre,
de 208 % depuis 2016, une augmentation de 208 % depuis 2016. Mais
maintenant je vais partager un chiffre, c'est presque 1 milliard de
dépenses de l'État en 2021-2022. Vous savez combien ça nous coûte, le réseau de
la santé? 54, 55 milliards.
52 semaines, c'est 1 milliard par semaine. Dans une semaine, c'est
presque le coût de la main-d'oeuvre indépendante, pour être précis,
960 millions, en dépenses pour l'État québécois.
Donc, M. le Président, devant ce contexte, il
n'y a plus de décret. Le ministre ne peut pas imposer une gestion d'horaires. Une fuite... Écoutez, rappelez-vous
les primes qu'on donnait, qu'on offrait aux infirmières pour qu'elles
reviennent au réseau. Donc, quand je vous dis qu'il y a une suite logique, on
ne peut pas venir aujourd'hui et dire : Écoute, moi, j'ai déposé un plan il y a trois, quatre mois
avant l'élection, maintenant ça, ça s'inscrit dans le plan en attendant
l'agence. Non, non, non, il faut
revoir le contexte, les conditions de travail. Et, j'en suis sûr et certain, la
plupart des collègues, vous êtes tous interpelés par rapport aux
conditions de travail des infirmières, et pas uniquement des infirmières, les
autres professionnels de la santé.
• (11 h 40) •
Et les
écrits, ils sont là. Et, M. le Président, quand je vois que le projet de loi
manque de mordant, ce n'est pas moi... ce sont les propos de plusieurs
groupes, c'est vrai, parce que ce projet de loi, avant même qu'on rencontre les
groupes... Vous avez vu presque... C'est
très beau, le concept, je tiens à le donner... j'ai donné le crédit au
gouvernement, parce que je vais juste
vous lire le titre, je vais vous lire le titre, et vous allez comprendre ce que
je vais mentionner par la suite : Loi limitant le recours aux services d'une agence de placement de personnel — c'est
très beau, on veut tous que nos infirmières travaillent à l'intérieur du réseau, pourquoi on doit aller chercher des
agences de placement, sachant que ce gouvernement gouverne depuis cinq
ans, les frais sont explosés, le recours aux agences a explosé aussi? — et à
la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la santé et des services
sociaux. Si je prends uniquement le titre, je peux lui donner le prix du... je ne sais pas si on a un classement de
titres au niveau des projets de loi, mais ça mérite un prix. Parce que c'est
très beau, le concept, il n'y a personne,
personne qui peut être contre. Mais le ministre lui-même, il dit : Écoute,
c'est un petit projet de loi, quelques articles avec un échéancier.
J'avais l'impression d'être en face de quelqu'un qui parle d'un tableau de
bord. Bon, vous savez, le ministre aime ça, les tableaux de bord.
Mais, le fond du problème, M. le Président,
qu'est-ce qu'il veut réaliser avec ce projet de loi? Ramener les infirmières dans le réseau, hein, sommes-nous
d'accord? Qu'est-ce qu'il vient de leur dire? Je vous invite à écouter ma
collègue ministre du Conseil du trésor, et
venez à ses forums. M. le Président, depuis quand on crée une relation
«win-win» avec les partenaires? C'est nos infirmières qui vont nous
aider à ne pas avoir recours à la main-d'oeuvre indépendante. Si on dépose un projet de loi, et les mêmes
personnes, les représentantes de la FIQ... Écoute, elles l'ont dit à plusieurs
reprises : Abolir le recours aux agences privées en santé, on s'entend,
d'ici 2026, ça veut dire d'ici la prochaine élection, c'est un beau concept, mais comment? Et c'est là,
le comment, et c'est là, le comment, que nous, au Parti libéral du Québec, on
va le suivre tout au long des échanges, que ce soit en consultations avec les
groupes qui vont venir mais aussi à l'étude détaillée, article par
article.
Mais, M. le
Président, quand on dit que les dépenses d'établissements de santé pour les
travailleurs d'agences de placement
privées, en 2016-2017... retenez très bien ce chiffre,
170 millions de dollars, 170 millions de dollars, 2016-2017,
la dernière année budgétaire, 1 milliard, ça ne prend pas un doctorat en
mathématiques pour dire qu'il y a un problème quelque part. Et le problème, il
est beaucoup plus profond que le qualificatif que le ministre de la Santé vient
de donner à son projet de loi, qu'il est petit.
1 milliard de dollars en dépenses pour les agences de placement privées,
ça, c'est le syndrome d'un problème profond où les gestionnaires dans le
réseau de la santé sont démunis.
Je peux vous
donner plusieurs exemples. La région de l'Outaouais, on a la concurrence avec
l'Ontario. Il a parlé de la rétention. Sans projet de loi, il n'y a aucun moyen
pour la rétention. Donc, je reviens au titre, Loi limitant le recours aux services
d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante
dans le secteur de la santé et des services sociaux. Mais pourquoi on ne parle pas de la rétention?
Il l'a dit, on arrive à les ramener, mais, une fois qu'ils sont dedans, à l'intérieur de la machine, ils quittent.
Grand point d'interrogation. Donc, le problème aujourd'hui, est-ce que c'est
un problème d'attraction, de rétention, ou un petit projet de loi avec un nom?
En six ans, en six ans, M. le Président, en six
ans, le ministère a dépensé 3 milliards de dollars dans les agences privées, 3 milliards. Vous savez, c'est un
poste budgétaire qui est très important, donc. Vous savez, je peux utiliser le
langage business du ministre où il
était, l'environnement où il était et où j'étais. Quand j'ai une dépense énorme
dans mon budget, avant de commencer à mettre des mesures, je dois comprendre la
problématique. Et c'est là où je m'inquiète. Et je rejoins ma voix à mon
collègue porte-parole en santé, mais à l'ensemble des groupes : Est-ce que
nous ne sommes pas en train de faire fausse
route, que le problème, il est là, et la solution, elle est là? Parce que je le
dis très bien, et la plupart des groupes l'ont très bien mentionné,
c'est un très beau titre pour un projet de loi, mais il ne règle pas le
problème, le problème de fond, qui est la
rétention, qui est comprendre les réalités au niveau régional, Sept-Îles,
la Côte-Nord. Quand je vois les dépenses, M. le
Président, c'est énorme.
Maintenant,
parce que le ministre veut parler des solutions et l'attractivité, la rétention,
pourquoi il ne règle pas le problème
du temps supplémentaire obligatoire? Où en sommes-nous par rapport à
l'utilisation des ratios? Souvenez-vous, notre collègue porte-parole de la
santé et député de Pontiac, c'est la deuxième fois qu'il dépose notre projet de
loi par rapport aux ratios.
Donc, aujourd'hui, on s'adresse aux
gestionnaires du réseau. Moi, je me mets dans la peau des gestionnaires. Vous
savez, quand j'étais porte-parole en santé,
j'ai reçu des e-mails où des gestionnaires demandaient de l'aide, au secours,
aux agences de placement
privées : Si je n'ai pas une infirmière qui rentre ce soir, j'ai un
problème sur mon étage, j'ai zéro infirmière disponible pour faire ces
horaires. Et on les payait au gros prix, prix très élevé.
Là,
maintenant, quel message on envoie? Je le dis encore une fois, le concept,
quand on l'analyse de loin, il n'y a personne qui va dire aujourd'hui
qu'il est contre, mais ces agences existent, fournissent de la main-d'oeuvre.
Et ces infirmières qui travaillent à
l'intérieur des agences, il n'y a personne qui les a obligées de travailler
avec les agences. Par contre, on les a
poussées, vu les conditions de travail à l'intérieur du réseau public, à aller
travailler au niveau des agences.
Donc,
encore une fois, c'est ça qui m'inquiète. Ça nous inquiète, M. le Président.
Parce qu'au bout de la ligne on va prendre notre temps, on va écouter
les groupes, on va analyser le projet de loi, on va amender ce qu'on peut, le gouvernement a la majorité, le projet de loi
risque de passer et devenir loi, mais est-ce qu'on a amélioré l'état de notre
réseau de la santé? C'est ça, la question, maintenant.
Pour
bientôt, ça va être huit ans de ce gouvernement caquiste à la tête de cette
mission de l'État, à savoir fournir des soins de qualité à la population. Après huit ans au pouvoir, dans
quelques années, est-ce qu'ils vont avoir le courage de dire : Nous avons réussi à retenir nos infirmières? On
voit la fuite des infirmières vers le privé, vers les agences, parce qu'elles
veulent d'autres conditions de travail.
Maintenant, M. le
Président, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires, quand on leur
parle, ils sont très mécontents de leurs
conditions de travail, et c'est pour cela qu'ils quittent le réseau public vers
le réseau privé. Et je l'ai mentionné,
j'en suis sûr et certain, que, dans votre comté, il y a des infirmières qui
vous partagent conciliation travail-famille, l'absence de ratios sécuritaires.
Vous savez, l'absence de ratios sécuritaires, là, c'est un fardeau et c'est ça
qui nuit à notre réseau. Parce
qu'encore une fois la pénurie de personnel, surtout les soignants, les préposés
aux bénéficiaires, les infirmières, ça frappe le réseau de la santé.
Donc, quand tu
analyses la situation, ce projet de loi ne répond pas aux ratios, n'améliore
pas la conciliation travail-famille, ne
règle pas le temps supplémentaire obligatoire, mais attention, attention, on
veut qu'ils reviennent au public. Je veux juste comprendre. On veut
qu'ils reviennent au public en empêchant les agences privées de diminuer sur un
échéancier, mais j'aurais aimé voir un échéancier que, la première année, du
moment qu'on diminue, on améliore les conditions
de travail. «Non, non, non, je vous invite à aller voir les forums de ma
collègue présidente du Conseil du trésor.» Mais c'est lui, le ministre de la Santé, c'est quel message il envoie à
ces infirmières pour leur donner le goût, pour leur donner le goût pour
revenir travailler à l'intérieur du réseau?
• (11 h 50) •
Et, M. le Président,
je vais... je vous ai promis que je vais vous partager des chiffres. Là, je
vais prendre quelques secondes pour bien vous partager les chiffres et je vais
baser mon intervention au niveau de la région de la Côte-Nord, que j'aime beaucoup — j'ai
eu l'occasion d'aller au moins six ou sept fois, très belle région, très, très
belle région : 102 millions de dollars aux agences privées,
dernier budget, 2021-2022. Est-ce que vous savez combien ça représente, cette dépense, dans le budget global? 102 millions de dollars, c'est 17 % du budget global des dépenses dans la région. Il est utilisé par qui? Les agences
privées de placement des infirmières. Mais là vous allez me dire que, oui, le
budget, c'est ça, mais combien de
personnes? Vous êtes à la tête de ce réseau. 90 %, 90 % proviennent
des agences. Ça veut dire quoi? Votre
hôpital, demain l'agence n'existe pas, fermé. Votre CLSC, fermé. Donc, la
plupart des infirmières viennent de... 90 %, le personnel vient des agences. Maintenant, on
comprend très bien la région. Il y a le phénomène de «fly-in/fly-out». C'est
un phénomène dans la région.
Donc,
j'ai un ministre de la Santé qui envoie un message que... Écoutez, conciliation
famille-travail, TSO, absence de
ratios sécuritaires professionnels en soins-patients, aucun message, aucun
message. Souvenez-vous que le ministre voulait, l'année dernière, avant l'élection, être l'employeur de quoi? De choix,
le choix... l'employeur numéro un, hein, expérience client, expérience patient.
Mais, M. le Président, je vous ai partagé un exemple, la Côte-Nord, où
90 % de la main-d'oeuvre provient des agences privées. Demain, vous
voulez qu'ils reviennent. Si on suit l'échéancier de ce projet de loi, si on suit l'échéancier de ce projet de loi, on veut que
ces infirmières reviennent au réseau. Comment? Je suis une infirmière, je vais
vous poser la question : Est-ce que
vous avez amélioré la conciliation famille-travail? Est-ce que vous avez
amélioré les ratios? Est-ce que je vais me ramasser avec 30,
40 patients par étage? Est-ce que le temps supplémentaire obligatoire est la norme? J'ai huit heures, mais je me ramasse
à faire 16 heures parce qu'il y a quelqu'un qui est absent. J'aurais aimé,
j'aurais aimé, M. le Président,
qu'aujourd'hui, au lieu de parler d'un tableau de bord avec un échéancier, parler
des êtres humains qui se lèvent chaque jour pour prendre soin de nos
patients. Je pense que c'est ça, l'urgence.
Et
on n'a pas arrêté de le dire et de le mentionner, M. le Président, que les
travailleurs et les travailleuses de la santé... Souvenez-vous aussi des
anges gardiens, que je tiens à saluer, ces hommes... ces femmes et ces hommes
qui ont donné de leur temps pendant la pandémie, pendant les pires moments de
notre nation, où beaucoup de gens, soit ils ont payé cher... Nous avons eu des décès. Les professionnels de la santé ont
travaillé très fort pendant la pandémie, ils ont donné de leur temps. C'est quoi, le premier message que ce
gouvernement envoie après la fin de l'état d'urgence? C'est qu'on vous invite à
la table de négociation avec la présidente du Conseil du trésor, mais on ne va
pas parler des conditions de travail.
Un
récent sondage, M. le Président... Le ministre aime ça, les sondages, il aime
ça, les tableaux de bord. Je pense que ce chiffre, c'est à prendre en
considération. Un récent sondage, auprès de 2 000 travailleurs,
démontre, très important, que les travailleurs
d'agence sont peu tentés par un retour dans le réseau public.
2 000 travailleurs démontrent que les travailleurs d'agence sont peu tentés par un retour dans le
réseau public. Dans la logique du ministre, M. le Président, pourquoi il a
déposé ce petit projet de loi? C'est parce qu'il veut baisser le recours aux
agences pour permettre le retour de ces infirmières, qui travaillent dans les agences, dans le public
et mettre des pénalités aux agences, qui paient un prix exorbitant. Bien, déjà,
2 000 ne veulent presque rien savoir.
Pour huit travailleurs de la santé, à peu près 10 %... huit travailleurs
sur 10, 81 %, il est peu probable de retourner au public d'ici la
retraite.
Mais,
maintenant, on parle beaucoup des infirmières, parlons un peu maintenant des
infirmières auxiliaires. 84 % des
infirmières et 90 % des infirmières auxiliaires, c'est peu probable
retourner dans le réseau public. Bon, je dépose un projet de loi, je le
qualifie de petit. Je ne règle pas le problème de la rétention, et il l'a très
bien dit, il veut régler le problème de la rétention. Parce qu'il a dit qu'on
les ramène. C'est vrai. Souvenez-vous les campagnes que nous avons lancées pour recruter nos infirmières, même
demander aux anges gardiens. Et après, vous savez, hein, vous avez vécu ça,
après, les anges gardiens, on les laisse, hein, se débrouiller avec leurs
permis, avec leur résidence permanente, avec leurs CSQ. Mais, quand on avait
besoin, la porte, elle était grande ouverte. Mais, quand eux, ils avaient
besoin du gouvernement, la porte, elle est fermée. Je ne veux pas
revenir sur ce débat, ça fait mal, M. le Président.
Mais ça
envoie des messages. Ça envoie des messages, M. le Président. Ça envoie des
messages. Parce que je suis allé travailler au CHSLD, alors j'ai vu c'est qui,
ces préposés aux bénéficiaires, j'ai vu c'est qui, ces préposés à l'entretien
ménager. La plupart, c'est des nouveaux arrivants. Et il y avait des réfugiés,
il y avait des demandeurs d'asile, aussi, qui ont levé la main pour nous aider et travailler à l'intérieur de nos
établissements de soins. Mais, quand c'est le moment d'agir sur leurs
conditions de travail, non, on dépose un petit projet de loi pour se donner un
échéancier qui ne parle pas de leurs conditions
de travail. Mais je ne parle pas de vos conditions de travail, mais je veux que
vous reveniez à l'intérieur du réseau. Quelle recette magique.
Donc, M. le
Président, notre temps, il est précieux. Ce gouvernement, il est à sa cinquième
année. Un budget s'en vient. Quel
message on envoie à nos professionnels de la santé pour les retenir? Parce
qu'on est capables de les ramener, mais on ne les retient pas, le
ministre vient de l'avouer. Mais comment on va les retenir?
Alors, M. le Président, j'invite la CAQ,
j'invite vraiment les caquistes, parce que je sais qu'à l'intérieur il y a des gens professionnels qui ont travaillé dans le
réseau de la santé, à se poser des questions. Et, quand on dit «se poser des
questions», c'est qu'au courant... Au cours
des cinq dernières années, pourquoi la CAQ a permis que le recours aux agences
privées explose? C'est devenu presque un mode de gestion. Et là on veut changer
une culture organisationnelle où... encore une fois mettez-vous dans la peau
d'un gestionnaire qui a des lits, qui a des patients lourds et que, vu les
conditions de travail qui ne sont pas à la
hauteur, il y a des gens qui, pour x raisons, maladie, ou autres, ne viennent
pas travailler. Mais ce gestionnaire...
Et, je vous le dis, M. le Président, j'ai
cherché l'e-mail, malheureusement je ne l'ai pas trouvé. Je l'ai lu... J'ai lu l'échange entre la direction d'un établissement
de soins en santé adressé à une agence. Vous savez, ce genre d'appel ou de message, ça me rappelait l'appel du Titanic, en
plein naufrage, qui demandait de l'aide. J'essaie de donner une image parce que, parfois, l'appel au secours et à l'aide
dépasse les limites. Mais c'est exactement ce qui est arrivé lors d'un échange
entre un établissement de soins et l'agence. Et je me suis entretenu avec des
propriétaires d'agence qui voulaient travailler la main dans la main avec le gouvernement. Ils me disent : Écoute,
est-ce qu'on répond aux besoins de la population dans telle région? On
ne répond pas. Je vous dis, il existe des échanges entre les gestionnaires qui
sont sous la responsabilité du ministre de
la Santé, ils sont sous la responsabilité du ministre de la Santé, qui lancent
des appels à l'aide, et l'image que j'avais en tête, c'est comme l'appel
au secours du Titanic en plein naufrage. Et ce n'est pas uniquement une région.
• (12 heures) •
Je vous ai
dit, j'ai parlé avec des infirmières qui ont choisi, qui ont choisi, c'est un
choix, d'aller travailler avec ces agences
privées. Ils disent : Écoute, moi, de toute façon, je ne vais pas revenir
au public. J'en ai... Hein, vous pouvez choisir le mot que vous voulez, M. le
Président. Je respecte l'institution, mais je vous partage ce qu'ils m'ont
partagé. Elles me disent :
Écoute, vu les conditions de travail, je me tape Montréal—Rivière-du-Loup, je suis payé à temps énorme, mais
je suis la responsable de mon temps
et de mes conditions. Et là ça crée des frustrations. Eh bien, comprenez maintenant
un peu, sur le même étage, des infirmières qui proviennent des agences privées,
des infirmières du public, une qui peut avoir ses week-ends, l'autre ne
peut pas avoir ses week-ends. C'est une vraie problématique.
Mais ce
gouvernement veut corriger son erreur. Je vous ai partagé les chiffres :
1 milliard, la dernière année. Donc, quand ton système est malade ou il y a un cancer, une tumeur à
l'intérieur de ton système, tu ne vas pas faire des mesures palliatives
pour uniquement toucher. Il faut s'attaquer au problème. Et, quand je dis que
c'est cosmétique, ce que ce gouvernement est en train de faire... parce qu'on
ne s'attaque pas aux conditions de travail des infirmières, et c'est ce que les infirmières reprochent à ce gouvernement
aujourd'hui. Ce que ces infirmières et le personnel soignant reprochent,
c'est que c'était un beau slogan, c'est un
beau titre de projet de loi, mais... et là où je suis d'accord avec le
ministre, il est petit, il n'y a pas grand-chose, à part un échéancier,
encore une fois, et un tableau de bord.
Le noeud du problème, qu'on doit tous garder en
tête, ce sont les conditions de travail des infirmières, qui sont déplorables. Je vous ai partagé les chiffres, M.
le Président. Quand tu gères une business, et 90 % de ta main-d'oeuvre
dépend d'une autre agence, bien, en
quelque sorte, ça ne prend pas une énorme analyse, tu es dépendant de cette
main-d'oeuvre. C'est ce qui se passe dans plusieurs régions.
En Outaouais,
par exemple, à plusieurs reprises, nous avons demandé un statut particulier.
J'ai moi-même fait des interventions
par rapport à la Côte-Nord. Faire abstraction, aujourd'hui, au phénomène — les
collègues qui sont sur la Côte-Nord
vont le comprendre — du
«fly-in/fly-out», ça fait mal à la région. Je ne vais même pas parler du
vieillissement de la population. Et, vous le savez très bien, le pic, c'est
entre 2030 et 2035, ça va nécessiter des ratios sécuritaires. On ne peut
pas dire à une infirmière de s'occuper de
10, 15, 20 personnes sur un étage, ça prend des ratios sécuritaires. C'est
une demande primordiale.
Pourquoi on
n'a pas mis ça en place? J'aurais aimé, avant d'attaquer à 100 % les
agences, bien, de travailler, en parallèle,
les conditions de travail de ces infirmières. Mais je vous ai dit, nous avons
déposé un projet de loi sur les ratios, nous avons redéposé le projet de loi au
mois de décembre dernier. Pourquoi le gouvernement n'appelle pas ce projet
de loi? Pourquoi, aujourd'hui, on ne veut
pas envoyer un message très clair à nos infirmières que les ratios, ça n'a
aucun bon sens, les ratios patients-soins qu'on a au niveau de notre
structure? Ça, c'est un beau message.
Donc,
quand je dis, M. le Président, un projet de loi trop vague pour redonner
confiance aux infirmières... Ce n'est pas
uniquement de nous redonner confiance, nous, en tant que législateurs. Au bout de
la ligne, qu'est-ce qu'on veut tous, en
tant que représentants du peuple? Ce qu'on veut, c'est améliorer la qualité des
soins, offrir des soins, des soins sécuritaires. Mais on ne peut pas les faire, nous, on joue notre rôle de législateur.
Mais les infirmières et les infirmières auxiliaires, le personnel
soignant, eux, ils nous demandent des actions.
Alors, je
vous ai dit que je vais faire un aperçu, l'état de situation : un ministre
qui s'est habitué à un mode de gestion à la semaine, avec les décrets.
Je vous dis, les décrets, c'est fabuleux. Je me rappelle un échange avec mon
collègue Gaétan Barrette, que je tiens à
saluer. Je vais faire une blague, M. le Président, je vais me permettre, il est
au courant, parce que ça a été notre
discussion, au dernier mandat. Mettez-vous à la place, une seule fois, dans la
peau de mon collègue Gaétan, où il avait la possibilité de gérer le
système de santé avec décrets. Salutations, Gaétan.
Quand je vous dis que, le décret, on peut mettre
tout... Et on utilise la Loi sur la santé publique. Vous savez, M. le Président, ils ont tout mis dedans. Ce mode
de gestion, c'est fabuleux. Parce que les mots que les infirmières, elles
ont utilisés, quand elles sont venues en
commission parlementaire, je n'ai jamais entendu ces mots, en commission parlementaire, «autoritaire», «bafoue nos droits».
C'est fort. Vous avez participé à plusieurs commissions, M. le Président.
Quand des interlocuteurs du terrain viennent
te dire que ça bafoue les droits des travailleurs et travailleuses... Ça, ce
sont les représentants de ces travailleurs.
Donc, c'est
là, je ne vais pas revenir aux propos de la collègue, que j'apprécie beaucoup,
mais ils sont publics, ses propos, et elle sait très bien que je les apprécie,
parce que c'est vrai, vous avez raison, vous étiez sur le terrain, vous avez vu
le mode de gestion caquiste de la pandémie,
vous avez soulevé des problématiques, et vous êtes venue en politique pour
aider... et être la porte-voix de ces infirmières...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le député...
M. Derraji : Oui, oui. Oui, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...présidence.
M.
Derraji : ...être la porte-voix des infirmières, 20 ans
d'expérience, et les écrits sont toujours là. Quand je vous ai dit, M. le Président, que la situation est très
difficile, ça sort de la bouche d'une ex-infirmière qui est maintenant collègue
à l'intérieur de cette Assemblée. Et
j'espère que le ministre va l'écouter et mettre en application ce qu'il disait quand
il était sur le terrain, parce que ce
qu'il disait, c'est la réalité que j'ai entendue quand j'étais porte-parole,
partagée par plusieurs de ses
collègues.
Alors, M. le
Président, au-delà des slogans, vous savez, les Québécois s'attendent à des
résultats et ils sont en train de
watcher, de surveiller ce gouvernement. Parce que, je tiens à le dire, ce
gouvernement, il est fort dans la communication. Ils sont très forts. Le
ministre a déposé un plan l'année dernière. Est-ce que le temps d'attente au niveau
des urgences a été amélioré? Non. Le nombre
de chirurgies en attente a explosé. Le pire, et du jamais-vu au Québec, le
nombre de chirurgies oncologiques est arrivé à un niveau record. Je ne
parle même pas de la première ligne, M. le Président.
• (12 h 10) •
Donc, je tiens à rappeler que le noeud du
problème demeure les conditions de travail des infirmières, qui sont déplorables. Et vous savez pourquoi elles sont
déplorables? Parce que ce gouvernement, il peut se cacher derrière la pandémie.
Il peut... Aujourd'hui, il n'y a plus de
pandémie, ils n'ont plus de décret, ils ne peuvent plus imposer quoi que ce
soit. Ça prend une négociation, et je
vois le ministre aller. Est-ce qu'on a réglé le problème de la première ligne?
Pas encore. Est-ce qu'on a amélioré les indicateurs du moment qu'il aime
les tableaux de bord? Non. Malheureusement, non.
Mais ce qui m'inquiète, ce qui m'inquiète, M. le
Président, c'est qu'on ne peut pas voir l'amélioration de l'état de notre réseau de santé sans l'appui de nos
infirmières et de notre personnel soignant, nos infirmières auxiliaires et nos
préposés aux bénéficiaires. Et je ne sais
pas... Est-ce que vraiment ce bras de fer va nous aider à quelque chose? Moi,
j'ai vu les déclarations. Il y a des
gens qui vont me dire que je cite un syndicat, mais, écoutez, comme je le dis
encore une fois, la collègue députée
de Marie-Victorin, elle était impliquée à l'intérieur de la FIQ. Et, si on cite
aujourd'hui la FIQ, je vous le dis, écoute, il y a tellement... La revue de
presse, il y a tellement d'articles, M. le Président, que je me perds dans
les chiffres, dans les feuilles, mais ils ne
voient pas de solution par rapport à ce projet de loi en lien avec les
conditions de travail. Alors, quand
on dit : Les conditions de travail, c'est le noeud du problème... Et le
noeud du problème, au lieu de le régler... Au lieu de régler le noeud du
problème, on s'attaque à un autre problème.
Donc,
aujourd'hui, le ministre arrive avec un échéancier. Il dit qu'il a pris en
considération les doléances des régions, mais je me dis, en bon gestionnaire, quand tu dépends à 90 %... que
ta main-d'oeuvre dépend, dans ton mode de gestion, de la main-d'oeuvre indépendante, je me pose la
question : Comment on va faire pour continuer à offrir des soins? Souvenez-vous
de ce qui s'est passé à Senneterre, la
fermeture du CLSC. Souvenez-vous, M. le Président, qu'il y a des
ambulanciers... où parfois il y a
l'appel qui est lancé, mais il n'y a pas d'ambulance. Souvenez-vous que, pour
les cinq prochaines années, c'est de
la bouche des intervenantes, au ministère de la Santé, on a besoin de
25 000 professionnels pour régler le TSO, le temps supplémentaire obligatoire. J'ai moi-même posé la
question à la responsable des ressources humaines au niveau du ministère.
Elle m'a dit, c'est 5 000. 5 000.
Donc, le
projet de loi risque de passer parce que c'est un gouvernement majoritaire.
Mais, M. le Président, est-ce que le
but, c'est envoyer des slogans, faire des campagnes marketing que nous sommes
en train de régler un problème ou de
régler le problème? Ce gouvernement, il est à son deuxième mandat, les indicateurs de
santé n'étaient jamais aussi rouges que sous leur gouverne. Et là je vais vous étonner. C'est le tableau de
bord du ministre qui le dit, ce n'est pas le député de Nelligan qui le dit aujourd'hui, et j'utilise son tableau de
bord parce qu'à chaque fois, quand on nous mentionne des chiffres, bien, c'est... c'est grâce à nous qu'on
vous a donné... Non, non, mais c'est des données qui existent. On doit être
transparent avec les Québécois. C'est le tableau de bord du ministre qui dit
qu'il est dans le rouge partout. Ça ne s'améliore nulle part.
Et, quand tu
as une lumière rouge pendant longtemps, tu te poses des vraies questions :
Est-ce que je suis en train d'agir
sur le fond du problème ou d'une manière cosmétique sur un problème? Donc, à
part, M. le Président, la complexité, à part la complexité de
régler la situation dans certaines régions... Et, quand je vous ai mentionné la
Côte-Nord, quand je vous ai mentionné Rouyn-Noranda,
quand je vous ai mentionné l'Outaouais, M. le Président, c'est des régions où
la situation est très problématique.
Soit le phénomène de «fly-in/fly-out», soit la concurrence avec l'Ontario, soit
vraiment la région... on n'arrive pas
à trouver la main-d'oeuvre parce qu'il y a d'autres secteurs où même, avec les
programmes de requalification de ce gouvernement, les gens cherchent
autre chose, vont aller faire autre chose, M. le Président.
Et donc je
m'inquiète, je m'inquiète vraiment. Est-ce que nous ne sommes pas en train de
rater le temps précieux qu'on a entre
nous, en commission parlementaire, de dire comment on peut travailler ensemble
avec les infirmières, et nos infirmières,
et le personnel soignant? Est-ce qu'au lieu d'appeler ou de déposer le projet
de loi n° 10, on aurait dû plutôt appeler le projet de loi de mon collègue député de
Pontiac et de s'attaquer aux ratios? Qu'est-ce que je vous ai mentionné
tout à l'heure? Les infirmières nous demandent d'agir sur le temps
supplémentaire obligatoire, sur le ratio.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le député de Nelligan, je sais que c'est un débat qui peut être
passionnant. Cependant, je vous demanderais, en intervenant, de ne pas
cogner sur le pupitre. Poursuivez.
M. Derraji : M.
le Président, vous m'avez donné le temps de prendre un petit souffle. Et, s'il
vous plaît, est-ce que je peux avoir un verre d'eau? Merci beaucoup.
Vous m'avez compris.
Une voix : ...
M. Derraji : Ah
oui! Merci, M. le leader adjoint. Mais, vous savez, M. le Président, c'est un
débat que j'aime, qui m'anime. J'ai à
coeur, M. le Président, l'état de notre réseau de la santé. J'ai passé moi-même
plusieurs années et je vous dis... C'est pour cela que je vous dis que j'aime
les propos de ma collègue la députée de Marie-Victorin, parce que c'est vrai, on doit tous être préoccupés par la
situation de notre personnel soignant. Vous êtes tous des élus ou vous avez des
infirmières dans votre comté. Et j'en suis sûr et certain, vous serez
interpelés sous peu parce que la fédération et les infirmières font un bon travail. Ils veulent sensibiliser les élus. Ils
font partie de notre société. Merci beaucoup. Ils font partie de notre société.
(Interruption) Ce n'est pas moi, c'est le verre, M. le Président. Ils font
partie de notre société. Ils veulent aussi agir avec nous. J'en suis sûr et
certain que vous avez des proches qui travaillent dans le réseau. Vous voyez
l'autre passion, hein, avec laquelle elles
travaillent dans le réseau, et c'est ça que je veux. C'est ça que je veux
aujourd'hui.
Je m'adresse
aux élus caquistes parce que... Écoutez, ils ont toute la majorité dans ce
Parlement. Je leur dis : Écoutez, pouvez-vous
parler avec le ministre au lieu d'appeler le projet n° 10?
Est-ce qu'on peut faire un travail de collaboration? Agissons sur les ratios, hein? N'est-ce pas, chers
collègues? Agissons sur les ratios. Agissons ensemble sur les ratios. Là,
on va envoyer un premier message positif du
gouvernement de la CAQ. Écoutez, ils peuvent prendre le crédit. Ils peuvent
prendre le crédit, M. le Président. Même si
c'est un projet de loi de mon collègue député de Pontiac, on leur donne ce
crédit. Après ce projet de loi, régler les problèmes de problèmes de
ratios, car on envoie un message. Là, les infirmières qui travaillent dans les agences vont voir notre
message. Ah! il y a quelque chose qui se passe, le gouvernement est en train
de régler les projets ratios. En réglant les
projets ratios, on commence sur la bonne voie de dire aux infirmières que nous
sommes préoccupés en tant que législateurs de vos conditions de travail.
• (12 h 20) •
C'est une
bonne chose, M. le Président. Je ne vais pas demander si vous êtes d'accord. Je
respecte votre neutralité, mais vous savez que j'ai le droit juste à
vous interpeler. Si vous me laissez, j'aurais pu faire l'échange avec ma
collègue députée de Marie-Victorin. Je vous le dis, malheureux que cette
Assemblée ne nous permette pas d'avoir cet échange... ou avec mon collègue que j'apprécie beaucoup, le député de Saint-Jérôme,
qui travaille sur deux mini-hôpitaux privés. Je brûle, M. le Président, d'avoir cet échange avec lui. Il le sait très
bien, parce que je sais que lui aussi cherche des solutions.
Ou bien, la collègue députée de Labelle, qui travaille par rapport à la
condition des aînés. J'aurais aimé, dans une future réforme, d'avoir ce genre d'échange, parce que, probablement, on va
faire changer le point de vue du ministre de la Santé. C'est comme ça qu'on va améliorer les conditions
de nos travailleurs et travailleuses dans le réseau de la santé. Ce sont des
vrais enjeux, et vous ne pouvez pas dire le contraire, quand une infirmière... (Interruption) C'est la dernière fois, je vous promets. C'est une tendance à taper sur la table, c'est une très
mauvaise tendance. Je vais arrêter, M. le Président. Mais c'est une chose
formidable que, tous ensemble, quand on va recevoir des infirmières dans le
bureau de comté, on va leur dire : Écoutez, on travaille avec l'opposition. Le député de Pontiac a déposé
un bon projet de loi qui s'attaque aux projets ratios, et, pourquoi pas,
ma collègue députée de Marie-Victorin dépose un projet de loi pour s'attaquer
au TSO d'une manière concrète. C'est ça, la
collaboration entre l'opposition et le gouvernement. Et le ministre peut avoir
son agenda, mais les collègues aussi
peuvent avoir leur agenda. Et le collègue avait son agenda dans un autre
domaine, au niveau de l'innovation. C'est comme ça qu'on travaille
ensemble. C'est ça, le fruit d'un travail parlementaire du législateur.
Donc, M. le
Président, j'aimerais bien que, tous ensemble, on prenne un moment et dire
qu'est-ce qu'on a appris de la
pandémie. On a été tous interpelés, dans nos bureaux de comté, par les effets
néfastes de la pandémie sur le personnel soignant. On était tous touchés parce que ça a été terrible, ça a été
des moments difficiles pour l'ensemble des Québécois. Ils ont suivi.
Mais, s'il vous plaît, prenons un
moment, prenez un moment pour se poser les vraies questions. Est-ce qu'avec ce
projet de loi le ministre est en train
d'agir sur les conditions de travail des infirmières? La réponse est non. Et ce
qui est déplorable, c'est que ceux et celles avec qui on veut collaborer,
ils le disent. Ils seront là, en commission parlementaire, ils vont le dire. Vous savez qu'on peut vouloir
changer les choses, et avoir des échéanciers, et dire que c'est un petit projet
de loi, mais ça ne sert à rien, en tant que législateur, si mon projet de loi
ou la pièce, la pièce que j'utilise pour changer la loi n'a pas d'impact. J'ai perdu mon temps en tant que législateur.
Et donc le législateur, par la définition, à part contrôler l'action du gouvernement, à part avoir de
l'impact, mais avoir aussi des solutions et ramener des solutions, c'est un
temps précieux.
Et
là le gouvernement a le choix. Ils ont choisi le projet de loi n° 10, qui
est un beau titre, versus un projet de loi qui s'attaque aux vrais
problèmes. Quand on dit «projet ratio», j'en suis sûr et certain, prochaines
discussions que vous allez avoir avec une
infirmière, dans votre propre comté, dites : Est-ce que... J'aimerais bien
avoir votre avis par rapport au projet
ratio. Qu'est-ce que vous en pensez? Ah! vous allez avoir un doctorat de projet
ratio, et il va vous expliquer que les projets
ratios nuisent à la qualité des soins, nuisent à la qualité de vie de notre
personnel soignant. Et c'est pour cela qu'ils quittent le réseau, c'est
parce que c'est insoutenable.
Moi,
j'ai un exemple, M. le Président, pour vous. J'ai un exemple, mais un
exemple... un camionneur. Est-ce qu'on accepte qu'un camionneur dépasse un
nombre d'heures précis en faisant la livraison de marchandises d'un point a à
un point b? La réponse est non. Donc,
on accepte qu'un camionneur ne dépasse pas le nombre d'heures prescrites dans
la loi pour respecter, hein, conditions de route et son état, mais on
accepte qu'une infirmière qui nous soigne le dépasse. Et c'est là le noeud du problème. C'est le noeud du
problème qui n'est pas réglé par ce projet de loi. C'est pour cela que vous
avez vu que les infirmières, malgré ce qu'on
peut dire sur le syndicat... mais les infirmières, d'une manière générale,
étaient unanimes : c'est bien
beau, dire que c'est l'employeur de choix, bienvenue, on arrive à vous ramener
dans le réseau, parfois on met un coup de 5 000, un coup de
4 000, mais pourquoi ils ne restent pas dans le réseau?
Donc,
je vous ai dit, M. le Président, que le problème qu'on a, c'est un problème de
ratio. Vous allez me permettre de
prendre un peu d'eau, s'il vous plaît. Le problème de ratio, il n'est pas
réglé. L'autre problème, M. le Président, c'est la conciliation famille-travail. Et, bien entendu, le fléau
dans le réseau, c'est le temps supplémentaire obligatoire. Et, M. le Président, quand on dit le temps supplémentaire
obligatoire, c'est devenu presque un mode de gestion, parce que mettez-vous
dans la peau d'un gestionnaire, et ce
gestionnaire, il est devant une situation très délicate... Il a des patients
qui ont besoin de soins, qui ont besoin d'accompagnement, qui ont
besoin, je dirais, d'une attention particulière, et malheureusement il n'y a
pas de monde. Il n'y a pas de monde, M. le Président, parce qu'on n'arrive pas
à retenir les gens.
Quand
je vois des missions de recrutement à l'international, on demande
200 infirmières et on revient au Québec avec cinq infirmières, c'est très désolant, très désolant parce qu'on
n'arrive pas à combler les besoins même à l'international, parce qu'on
n'est pas les seuls et on pense qu'on est les seuls à avoir à lancer des appels
pour des infirmières.
Je
tiens encore une fois à le mentionner que, pendant la pandémie, ceux et celles,
les premières personnes qui ont levé
la main, ce sont nos anges gardiens. Ce sont nos anges gardiens à qui...
Écoute, ça a été tellement difficile, convaincre le gouvernement de leur
donner des CSQ. Pourtant, ils ont levé la main. Ils ne travaillent pas dans des
agences privées. Ils voulaient aider le
Québec avec leur coeur, quitte à laisser leur peau, et il y en a. Il y en a, M.
le Président, qu'on a perdus, malheureusement. Une pensée pour eux et à
leurs familles aujourd'hui.
Quand
je vois le personnel d'entretien ménager, quand je vois le personnel soignant,
préposés aux bénéficiaires, dans une
majorité de CHSLD, quand je vois la pénurie de personnel dans les maisons des
aînés, moi, je pense, M. le Président, le
temps est venu de lancer une vraie alerte ou un vrai... Je n'aime pas le mot
«plan», parce que, parfois, le plan... tellement il y a de plans,
tellement il y a de tableaux de bord que c'est devenu non significatif, avoir
ce genre d'appellation.
Mais
ce qui est inquiétant, c'est que, quand je vois les besoins dans le réseau...
Et vous avez vu ma collègue de D'Arcy-McGee, la semaine dernière, se lever pour
parler des services en orthopédago. Vous avez vu les demandes pour des populations vulnérables. Et, quand je vois
que, maintenant, on est en train de faire du patchage en changeant le personnel
soignant d'un établissement à un autre et essayer de trouver des solutions, je
me dis : Où on s'en va?
Quand
je vois des collègues qui viennent me parler qu'ils prennent leur billet
d'avion pour aller en Turquie, ou en Afrique du Nord, ou dans leur pays
d'origine pour rencontrer leur médecin spécialiste en moins de 24 heures,
c'est des contribuables québécois. Les
exemples ne manquent pas, M. le Président. C'est plus facile, maintenant, avoir
un rendez-vous avec un spécialiste à l'extérieur du Québec qu'au Québec.
Je peux vous donner plusieurs cas que j'ai reçus. Ça coûte 60 $ à 100 $ la consultation, un billet
d'avion de 800 $. C'est la réalité de notre réseau de santé qui nous coûte
1 milliard de dollars par semaine, un réseau de santé qu'on
paie tous, presque la moitié du budget, de notre budget.
Les
belles promesses de la CAQ, quatre, cinq ans plus tard, rien ne s'améliore.
Mais mettez-vous à la place de ces citoyens québécois qui voient
aujourd'hui le projet de loi n° 10 et se
demandent vraiment comment ce projet de loi va aider leur état de santé. Ils n'ont pas toujours accès à un médecin de
famille parce qu'ils doivent toujours refaire la même chose : s'inscrire dans une liste pour un
bobo et revenir s'inscrire. S'ils ont une chirurgie, ça dépend...
170 000 chirurgies en attente, du jamais-vu, un record au mois
de janvier. Et, pour les personnes qui souffrent d'un cancer, je pense à eux
fortement, parce que le gouvernement a changé les règles, une liste qui
s'allonge. C'est presque le double en un an.
Vous
savez, vous conduisez, vous avez les lumières rouges partout. Et vous avez
besoin de ce personnel soignant, vous
avez besoin de ces personnes. Mais qu'est-ce qu'on fait? Malheureusement, rien.
Et je vous le dis, ce n'est pas la première
fois qu'on va se lever par rapport à ce dossier, parce que la santé, c'est un
enjeu important. La santé de nos jeunes, c'est important. La santé des plus vulnérables, c'est important. La
santé des aînés, c'est important, et on va toujours le dire. Vous savez, M. le Président, si on recule, même
10 ans en arrière, on n'a jamais eu, jamais eu des lumières très rouges
par rapport à l'état de santé actuel.
Mais ce qui
m'inquiète aujourd'hui, au-delà des paramètres du ministre... parce qu'il aime
ça, son tableau de bord. Je lui laisse. De temps en temps, ça
m'intéresse, par curiosité, je cherche un indicateur ou deux. Mais depuis
longtemps, ils sont
rouges, je ne les consulte plus, M. le Président. Mais ce qui m'inquiète
aujourd'hui... Vous savez, vous ne pouvez plus bâtir ni construire quelque
chose de solide sans les bras de ceux et celles qui tiennent notre réseau de
santé. Et c'est à eux que je
m'adresse aujourd'hui. Au Parti libéral, on croit... c'est grâce à vous, grâce
à l'amélioration de vos conditions de
travail, grâce à la... Vous savez, M. le Président, j'ai tellement mal que je
me dis : Est-ce qu'on ne rate pas la cible? Je me demande :
Est-ce qu'on ne rate pas la cible encore une fois?
• (12 h 30) •
Vous savez, j'étais porte-parole en santé. J'ai
vu les projets de loi défiler devant moi. Et j'ai mal parce que je me dis, mon temps qui est précieux aussi... en
tant que législateur à l'intérieur de ce Parlement, j'aurais aimé améliorer les
conditions de travail de ces infirmières qui
nous écoutent, à qui on dit aujourd'hui qu'il n'y aura pas de solution pour les
projets ratios, il n'y aura pas de solution
pour le TSO, il n'y aura pas de solution pour la conciliation travail-famille.
Mais qu'est-ce qu'on leur propose? Ce
que le gouvernement leur propose : venez à des forums. Venez à des forums,
on va jaser. Jaser de quoi? Que leurs
conditions sont pitoyables? Ils le savent déjà, que leurs conditions ne sont
pas bonnes, et qu'ils nous demandent de l'aide, et qu'ils nous demandent
des actions.
Mais je tiens
à leur dire : Notre porte-parole en santé, nous-mêmes, l'équipe libérale,
on va se battre. On va se battre jusqu'au
bout, parce que, oui, c'est vrai, nous avons déposé un projet de loi pour
régler le problème des ratios, mais on va continuer à se battre à l'intérieur
de ce projet de loi pour avoir des réponses qui comptent par rapport à vos
conditions de travail. Parce qu'on
veut tous, à l'intérieur de ce Parlement, des meilleures conditions de travail
pour les infirmières et les infirmiers, mais on veut qu'ils reviennent.
On veut que le public, le réseau public devienne un réseau de choix, hein? C'est ça, notre volonté, et, j'en suis sûr et
certain, votre volonté aussi, M. le Président. Et malheureusement, le projet de
loi, je tiens à lui décerner le prix du meilleur titre, mais malheureusement,
le mauvais contenu.
Et d'ailleurs le ministre l'a dit : un
petit projet de loi. Je ne savais pas qu'à l'intérieur de ce Parlement on peut qualifier les projets de loi de petits, moyens ou
grands. Le ministre lui-même a utilisé ce qualificatif à son projet de loi.
C'est son choix. J'utilise juste ses propos,
c'est un petit projet de loi, c'est vrai. C'est un petit projet de loi, qui ne
règle pas les vrais problèmes, les vrais problèmes que je tiens à
répéter. Je les ai répétés depuis presque une heure.
Alors, M. le
Président, je vais saisir les deux prochaines minutes pour dire qu'au Parti
libéral du Québec les conditions de
travail de nos infirmières est une condition sine qua non, si on veut régler
les maux de ce réseau. Les conditions de travail de notre personnel soignant, infirmières, préposés aux bénéficiaires,
infirmières auxiliaires, c'est un enjeu majeur, c'est un enjeu de société, si on ne veut plus avoir
recours aux agences privées. Au-delà des slogans prononcés par ce gouvernement,
il n'y a pas d'action. Et, au Parti libéral
du Québec, on va veiller à ce que les actions suivent, parce que c'est très
important pour l'avenir de notre
nation, pour l'avenir des soins qu'on doit offrir à la population. Ils méritent
des soins de qualité, mais aussi un
personnel soignant qu'on respecte. Qu'on respecte ce personnel soignant qui
nous écoute, nous demande du respect, nous demande des conditions de
travail optimales, M. le Président.
Alors, M. le
Président, merci pour votre patience. Désolé si j'ai utilisé pas mal de fois...
ou je me suis emporté en tapant sur la table, mais vous savez la passion
que j'ai pour notre réseau de la santé. C'est quelque chose que j'aime, que je vais toujours partager, parce que j'ai
travaillé avec du personnel soignant. Et je tiens à vous dire qu'on a le
meilleur personnel soignant au monde.
Ils sont fiers, ils sont fiers de donner des soins de qualité, mais ils
veulent, M. le Président, un peu de
considération. Malheureusement, ce projet de loi rate la cible, n'améliore pas
les conditions de travail de nos infirmières, et, pour moi, c'est un
échec de ce gouvernement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Nelligan. Maintenant, je cède donc la parole
au député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Donc, je suis très heureux
de participer à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi
n° 10, donc, Loi limitant le recours aux services d'une agence de placement
de personnel et à de la main-d'oeuvre
indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux, un problème lancinant et récurrent dans
le système de santé du Québec, là, depuis quelques années. Ça a déjà été dit
par plusieurs intervenants et même par le ministre
de la Santé. Et c'est un projet de loi qui vise à atténuer, et
j'utilise le verbe «atténuer» parce qu'il ne réglera pas le fond du problème, là, une problématique grave au
sein du système de santé, qui coûte extrêmement cher, soit dit en passant
aussi.
Mais c'est un
problème que je pourrais qualifier d'épiphénomène. Épiphénomène pourquoi? Parce
que c'est un problème qui découle
d'un autre problème, là. Et ça a été affirmé et confirmé à plusieurs reprises
et par le ministre et par un ensemble des intervenants ici, au salon
bleu, et à l'extérieur.
C'est quoi,
le problème principal? C'est les conditions de travail du personnel infirmier
et plus largement de l'ensemble du
personnel dans notre système de santé, conditions de travail qui sont, on va se
le dire, déplorables. Déplorables, oui, dans la partie très importante, la partie de la rémunération, mais aussi, et
ça a été dit à plusieurs reprises par les représentants et représentantes du monde syndical, aussi
déplorables sur le thème général des conditions de travail. C'est un fait, les
infirmières quittent le système de santé parce qu'elles trouvent que, d'une
part, oui, l'aspect salarial est insatisfaisant, mais surtout, surtout, parce que les conditions de
travail, là, ne leur permettent pas d'avoir un niveau de vie, d'avoir des
conditions et une qualité de vie acceptables.
Premier
problème, et ça a été amplement documenté, là, la question de la capacité de
prévoir ses horaires est très limitée
dans les services de santé publics, là. Et le travail supplémentaire
obligatoire, tristement célèbre au Québec, là, le TSO, est un véritable fléau qui éloigne le
personnel infirmier du système public, là. L'incapacité de pouvoir prendre,
comme on dit, là, des chiffres, des
horaires pendant la journée, pendant la semaine ou encore pendant la fin de
semaine pour passer du temps avec sa famille, là, font en sorte que l'ensemble de ces facteurs
font carrément fuir les infirmières et les infirmiers du système public, là, et
pas uniquement cette catégorie de personnel, mais aussi l'ensemble des salariés
du système de santé.
Donc,
il y a un problème de fond qui doit être réglé, et ce n'est pas par le projet
de loi n° 10, présenté par le ministre de la Santé, qu'il va être réglé.
Il va être réglé ailleurs. Ça va être réglé dans les négociations, dans les
négociations... dans la table de
négociation avec le monde... avec les représentants syndicaux des infirmiers,
des infirmières et de l'ensemble du personnel qui travaille dans le
système de santé. C'est là que le gouvernement doit mettre tous ses efforts,
là, pour discuter et négocier de bonne foi
afin de régler sur le fond ces problèmes-là qui affectent de façon récurrente
le système de santé au Québec.
On le sait, les
agences de santé sont un fléau qui affecte le système de santé depuis des
années. Le recours à la main-d'oeuvre
indépendante, et ça passe principalement par l'utilisation des agences de
placement, a coûté 960 millions au réseau public en 2022.
960 millions, presque 1 milliard de dollars, là. Et cela constitue
une augmentation de 380 % depuis 2016, selon les données du ministère de
la Santé. Donc, ça nous coûte non seulement... ça coûte non seulement extrêmement cher, mais le coût de cette facture-là
va... s'accroît à travers le temps, et rien ne nous empêche de croire qu'elle
va continuer à s'accroître. Donc, c'est
urgent de s'attaquer non seulement à la conséquence... l'utilisation des
agences de placement, mais aussi au fond du problème.
Le
phénomène du recours à la main-d'oeuvre indépendante représente
14,8 millions d'heures travaillées, alors qu'il en représentait
4,8 millions il y a six ans. Ça, c'est un signe clair, là, que le
personnel infirmier en particulier, là, éprouve un malaise grandissant à travailler dans le système
public. Elles préfèrent — parce
que, pour la plupart, il s'agit de femmes, là — aller travailler pour les agences de placement,
qui leur assurent au moins une meilleure qualité de vie. Selon les données de
la Fédération des travailleurs du Québec, de 2016 à 2022, le recours aux
agences a coûté plus de 3 milliards de dollars aux contribuables québécois, là. C'est un problème grave. Ça
coûte extrêmement cher. Je vous donne un exemple tiré de la région du Bas-Saint-Laurent : avec 44,6 millions,
en 2021‑2022, les coûts engendrés par l'embauche du personnel
issu des agences privées ont été près de
30 fois plus élevés qu'il y a cinq ans, toujours dans le
Bas-Saint-Laurent. Donc, ça fait
longtemps... Excusez-moi de donner des coups sur — je m'entends moi-même, là — le
pupitre. Ça fait longtemps que le
monde sur le terrain réclame un combo idéal dont l'un ne va pas sans
l'autre : tout d'abord, un plan respect du personnel, de leur dignité et de leurs conditions de travail,
et suivi... et, de façon concomitante, accompagné de la décision de finalement
abolir les agences, à tout le moins les encadrer très sévèrement.
Donc,
dans l'ensemble du réseau de la santé et de la société québécoise, qui est très
préoccupée par cette situation-là, les
attentes étaient très élevées par rapport au projet de loi présenté par le
ministre de la Santé, mais, voilà, il nous présente un projet de loi
relatif... très restreint, qui suscite beaucoup de déception.
Grosso modo, on va
dire que ce n'est pas un projet de loi qui vise à encadrer et mieux encadrer
les agences de placement et l'utilisation de
la main-d'oeuvre indépendante, mais c'est un chèque en blanc qu'on est en train
de signer au ministre de la Santé, un ministre que je n'ai pas de misère à
croire à sa compétence, mais c'est quand même un chèque en blanc. On donne le pouvoir de décider beaucoup de
choses concernant le recours à la main-d'oeuvre indépendante au ministre
de la Santé. On va... Avec ce projet de loi
là, on donne la capacité au ministre de la Santé, tenez-vous bien, M. le
Président, de naviguer à vue,
c'est-à-dire on lui donne les clés de la maison et on lui dit : Mais
faites-en ce que vous voulez. On ne sait
pas ce que vous allez faire, mais faites-en ce que vous voulez, là. Parce que
le projet de loi est très clair là-dessus, là, la grande majorité des décisions fondamentales
concernant le recours à la main-d'oeuvre indépendante va être décidée par
règlement qui va être décidé ultérieurement.
Et, si... En quelque sorte, on nous demande à nous, partis d'opposition, de
voter sur des décisions qu'on ne connaît pas
à l'avance, là, et c'est relativement... c'est préoccupant comme situation
parce qu'il en va de la démocratie,
de la capacité de débattre ici ensemble, au salon bleu, de la teneur des
différents projets de loi, de l'efficacité du parlementarisme, de la
saine gouvernance du système de santé.
• (12 h 40) •
Ce
projet de loi, M. le Président, est aussi insuffisant, et je vais vous donner
un exemple, parce que les agences de placement qui gèrent l'utilisation de la
main-d'oeuvre indépendante s'en réjouissent, et qui ne voient dans ce projet de
loi qu'un coup d'épée dans l'eau. Je vous
cite des déclarations d'un propriétaire de l'Agence Nomade, une agence de
placement, là, et son propriétaire,
Aymeric Côté-Gadoua, se réjouit du projet de loi n° 10
parce qu'il pense que c'est une très bonne nouvelle : «"On ne change pas notre mission. Quand le
gouvernement avait plafonné le tarif horaire à près de 72 $ — jusqu'au
31 décembre 2022 — ça
n'avait pas influencé notre offre qui était très semblable aux limites
imposées. Si le gouvernement cherche
à revenir à ces limites, ça ne va rien changer pour nous", précise-t-il.»
Aymeric Côté-Gadoua est le propriétaire de l'agence de placement Nomade.
Donc,
voilà, les agences de placement, on le voit, là, sont très préoccupées, et je
le dis de façon ironique, là, par ce projet de loi, parce que, de toute
évidence, ils pourront continuer à faire affaire avec le système public sans
que pas grand-chose change.
Il
est très important, et on va travailler avec mes collègues, avec le député de
Rosemont, là, dans ce sens-là, il est très important de définir, dans ce
projet de loi, ce qu'on entend par «agence de placement» et ce qu'on entend par
«main-d'oeuvre indépendante», ce qu'on
entend par utilisation de cette main-d'oeuvre indépendante, parce que, vous le
savez, M. le Président, les termes sont... il est nécessaire de les définir.
Ce
projet de loi aurait pu s'appeler projet de loi qui permet l'utilisation des
agences dans certaines conditions, au loisir du ministre et aussi longtemps
qu'on sera dans le trou. C'est ça, véritablement, l'objet de ce projet de loi.
En effet, le projet de loi dit que
les CISSS, ou les CIUSSS, ou les résidences pour personnes aînées, ou les
ressources intermédiaires — merci
beaucoup — ou les ressources de type familial ne peuvent
recourir aux agences, sauf dans la mesure prévue par le règlement, qu'on
va connaître plus tard, après l'adoption du projet de loi, là.
Il y a
d'autres mots clés dans ce projet de loi là : «le ministre peut recourir»,
«le ministre peut établir toute autre condition
ou modalité», «le ministre peut accorder une autorisation», «le ministre peut
continuer à recourir aux agences», «le ministre peut octroyer des autorisations», «le
ministre peut octroyer des renouvellements». Tout revient dans les mains
du ministre sans autres limitations.
Cela nous amène à dire que ce projet de loi est
trop vague. On ne peut fonctionner avec un projet de loi aussi général, parce qu'on ne sait pas si on va
atteindre l'objectif visé, qui est celui de diminuer de façon draconienne
l'utilisation de la main-d'oeuvre
indépendante par le biais des agences de placement. Il est impératif que le
ministre définisse mieux c'est quoi, le plafond auquel il pense. C'est
un plafond de la rémunération, c'est la rémunération à l'heure, que peuvent facturer les agences de placement. Cela est
essentiel, comme données, pour pouvoir savoir de quoi l'on parle. Et, même si
l'on plafonne, l'intervenante qui utilise
les agences de placement peut encore gagner pas mal plus d'argent que si elle
était rémunérée directement par le système public.
La question
des dépôts des contrats est essentielle pour pouvoir avoir une idée claire et
avoir toute l'information, là, pour
pouvoir débattre de ce sujet-là. Il est impératif que le ministre de la Santé
dépose les contrats conclus entre les CISSS et CIUSSS et les agences de
placement. Cela doit inclure les taux horaires et les marges bénéficiaires, que
je soupçonne juteuses, et ça va
aider, ces informations-là vont aider tout le monde. Ça va nous permettre de
voir clairement à quel point, là, on se fait abuser par les agences de
placement et surtout démontrer que tout cet argent-là qu'on met dans les poches
des patrons des agences de placement, là, pourrait servir à autre chose.
Par exemple, par exemple, suggestion comme ça, M. le Président, améliorer les
conditions de travail des infirmières et des infirmiers du Québec.
Ce projet de loi, d'autre part, est centralisateur. Le ministre dit fuir la
microgestion et qu'il ne veut pas passer son temps à éteindre des feux. Éteindre des feux, ça ne l'intéresse pas,
mais pourtant il se donne tous les pouvoirs pour décider tout seul c'est quoi, une agence de placement, et
pour décider tout seul comment il va... quand, à quel moment, dans quelles
régions, pendant quelle durée il va faire
affaire avec les agences de placement. Donc, il va passer son temps à faire de
la microgestion et à éteindre des feux.
Donc, d'un
côté, il dit qu'il ne veut pas faire quelque chose, mais il se donne les
moyens, justement, pour pouvoir le faire, par exemple, de fixer tout
seul la période de temps durant laquelle un CISSS, un CIUSSS, une résidence
pour personnes aînées, ou une ressource
intermédiaire, ou une ressource de type familial peut utiliser une agence et
accorder tout seul une autorisation exceptionnelle à un organisme de continuer
à utiliser une agence. Il se donne même un échéancier pour chaque région administrative, sans tenir
compte, par exemple, du fait que, dans Chaudière-Appalaches, par exemple,
la situation peut être très différente à une autre région, comme Thetford
versus Lévis.
D'autre part, le ministre se donne une feuille
de route très longue pour arriver à ses objectifs. Ça va lui prendre, selon le projet de loi, jusqu'en 2026. Et même, il
se donne le pouvoir de faire perdurer cette situation-là partout où il y a...
où il ressent qu'il y a un besoin, là.
Par contre,
il y a beaucoup d'endroits où il va être très difficile de se débarrasser de
l'utilisation de la main-d'oeuvre indépendante
de façon durable. Comment il va faire? On se pose la question. Est-ce que ça va
dépasser 2026, là? Ça va être quoi,
son arme secrète? Il nous en parlait tantôt, là, au début de l'adoption du
principe du projet de loi, là. Ça va être quoi, son arme secrète, là, pour faire en sorte qu'il va se débarrasser
de façon définitive de l'utilisation de la main-d'oeuvre indépendante?
D'autre part,
ce projet de loi ne contient que des mesures contraignantes, sans mesure de
soutien pour le monde sur le terrain — je
le rappelle au public, là, le projet de loi n° 10 — et comporte des amendes pour des infractions, des
amendes, jusqu'à 25 000 $
pour une personne et jusqu'à 75 000 $ pour une organisation, et elles
seront portées au double s'il y a récidive.
Je vous rappelle ici qu'il n'y a pas nécessairement un crime, hein? Il y a
l'utilisation de la main-d'oeuvre indépendante. Donc, une personne, un gestionnaire peut être puni de 25 000 $
ou, une organisation, de 75 000 $ si elle utilise un peu, un
peu trop au goût du ministre, la main-d'oeuvre indépendante, alors qu'on en a
besoin.
Et, vous
savez, il y a une petite ressource intermédiaire, une RI qu'on appelle, dont
les employés ont des salaires de misère
parce que les dernières ententes ne prévoient pas assez de financement pour les
salaires du personnel, et qui se retrouve en pénurie, et qui n'a pas le choix
d'utiliser des agences, doit... Cet organisme-là, qui n'est pas nécessairement
un très gros organisme, doit
travailler, en plus, avec le stress d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de
leur tête en attendant d'avoir une
autorisation spéciale du ministre pour utiliser les agences, sinon, il peut y
avoir une amende de 25 000 $ pour le directeur, la directrice,
ou de 75 000 $ pour l'organisation.
• (12 h 50) •
Ce n'est pas une façon de travailler, ça, M. le
Président, là. Les organisations ne peuvent pas travailler sous la menace, là. En fait, il faut prendre le problème à
l'envers. Et on voit très mal comment le ministre peut infliger d'aussi lourdes
amendes à des organisations qui ne
font que travailler avec ce dont elles ont sous la main. C'est vraiment une
mesure qui nous paraît hautement questionnable, sinon inutile.
Quant à nous, à ma formation politique, Québec
solidaire, nous proposons une autre voie, pour dire le moins, qui doit être
fondée sur quelque chose de fondamental et que l'on oublie trop souvent, là,
lorsqu'on est en situation de direction, de
pouvoir en haut de la hiérarchie, là, tout simplement la capacité d'écoute,
écouter ce que les autres... écouter ce
que les employés ont à dire, écouter les éducatrices, écouter les infirmiers et
les infirmières, écouter du personnel dont on n'entend pas beaucoup souvent parler, là, les agents de sécurité, les
travailleuses sociales, les préposés aux bénéficiaires. Et tous ces
gens-là ont des solutions à proposer, parce qu'évidemment c'est eux, les
premiers, comme on dit, à voter avec leurs
pieds. Ils disent : Mes conditions de travail sont déplorables, en plus je
ne suis pas très bien payé, bien, je vote avec mes pieds. Je m'en vais à une agence de placement et, demain matin,
je vais revenir au même poste, mais mieux payé et à l'horaire qui me
convient, là.
Il faudrait peut-être s'inspirer de l'exemple du
CIUSSS—Estrie.
Un employé qui quitte le réseau de la santé public
estrien ne peut pas y revenir tant que la main-d'oeuvre indépendante... en tant
que main-d'oeuvre indépendante pendant une
période d'une année. Il s'agirait du délai le plus long du Québec. Pour votre
information, M. le Président, la part de la main-d'oeuvre indépendante par rapport à la masse
salariale totale du CIUSSS—Estrie était de 1,1 % lors de la dernière année financière,
l'un des taux les plus bas au Québec.
On pourrait
aussi penser à une loi sur les ratios. On pourrait... Et il faut absolument
songer à mettre fin au temps supplémentaire obligatoire, le TSO, qui suscite
tant de problèmes dans nos établissements de la santé, là. Et, par exemple,
on pourrait aussi... oui, à un moment donné,
il faut mettre la main dans la poche, là, augmenter les primes pour le travail
en région éloignée, là où il y a une pénurie assez grave d'infirmières.
On va être bon joueur. On veut se débarrasser
des agences de placement. On veut limiter la voracité de ces agences-là. On est tous et toutes d'accord. On
veut limiter les factures gargantuesques et on veut tenir compte des réalités
régionales. Mais il y a deux façons
d'arracher un pansement : tirer d'un coup, et ça fait mal moins longtemps,
ou y aller très lentement, et ça fait mal longtemps. C'est la voie
choisie par le ministre.
J'aimerais
rappeler ce qui se passe en ce moment pour rappeler l'urgence. Une infirmière
de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
s'est fait demander de former une infirmière d'agence qui arrive sur le quart
du jour, et celle qui gagne trois
fois son salaire, tout en ayant un quart de travail de jour à la place des
infirmières du public. Ça n'a pas de sens. Et viser... Le projet de loi devrait viser à ce qu'on atteigne
l'abolition des agences, et nous allons travailler dans ce sens-là. Et il faut rendre les conditions de travail humaines,
il faut humaniser, il faut respecter les travailleuses et les travailleurs de
notre système de santé, même si la partie ne sera pas facile.
Mais M.
Dubé... le ministre de la Santé, excusez-moi, M. le Président, devrait
travailler à ce qui est vraiment le nerf
de la guerre, là, c'est de convaincre les travailleurs et travailleuses qui ont
quitté le système public d'y revenir et de retenir les gens qui sont tentés de partir avec des bonnes conditions de
travail, là. Et, encore une fois, cela se fait, oui, par un projet de loi comme celui-là, mais cela se fait
surtout à l'extérieur, en négociant de bonne foi avec les travailleuses et les
travailleurs du système de santé pour améliorer les conditions de travail.
Nous, à Québec solidaire, nous sommes prêts à collaborer, à avancer dans cette voie-là, et, dans
ce sens-là, nous sommes prêts à faire le débat avec le ministre de la Santé, là, sur le projet de loi n° 10, là, et nous allons voter en
faveur de l'adoption de principe du projet de loi n° 10. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député. Donc, je cède maintenant la
parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M. le
Président. Mise en contexte. Évidemment, on a une grande pénurie de main-d'oeuvre dans différents secteurs de la
société au Québec, et dans, évidemment, le système public, et dans le système
public de santé. Pour avoir le moyen, les
moyens de soigner les gens, on fait appel à des agences privées qui offrent des
services payés au double et au triple de ce qu'on paierait normalement si ces
employés étaient tout simplement des employés
de l'État. Ce qui est absolument extraordinaire, c'est que, dans la majorité des
cas, sinon la presque totalité, en fait, ce sont en fait des anciennes
employées de l'État qui, n'en pouvant plus devant les conditions de travail
inhumaines, ont quitté le navire pour
sauver leur santé, sauver leur couple, leur famille, leur peau,
essentiellement, et se sont retrouvées dans
des agences où elles peuvent choisir quand elles travaillent, de jour, nuit,
exclure les fins de semaine, dans quelle région elles travaillent et
avec un salaire largement supérieur à ce que l'on offre dans le secteur public.
Alors,
d'entrée de jeu, je veux dire que le choix qu'elles ont fait, ces infirmières,
ou les préposés aux bénéficiaires, ou
autre personnel soignant, il est absolument et totalement logique. En fait, sur
le plan personnel, c'est la façon qu'elles ont trouvé de pouvoir continuer à contribuer à soigner les gens, à
exercer leur profession qu'elles avaient choisie. C'est l'avenue qui est
pour elles la façon de s'en sortir.
Pour les
gestionnaires du service public, pour l'État, et pour les patients, et surtout
pour les contribuables, en fait, c'est la catastrophe. Et cette
catastrophe-là, on l'a dénoncée depuis nombre d'années, et nous désespérions de
voir le gouvernement enfin agir pour cesser
l'hémorragie, l'exode des travailleuses et des travailleurs, et corriger le
tir, changer le cap, finalement, cesser d'être dépendant d'une machine, donc
d'une entreprise que l'on fait vivre, au surplus, et qui nous
cannibalise sur le plan à la fois des ressources financières et des ressources
humaines.
Alors, nous
attendions donc le projet de loi avec beaucoup d'enthousiasme. Et nul besoin de
vous dire qu'on est déçus dans la mesure où le projet de loi ne comporte que
six articles. Il est mince et ne révèle absolument rien sur les façons
et les moyens que mettra en place le
ministre pour arriver à ses objectifs. Nous, ce qu'on veut, c'est que le
gouvernement obtienne des résultats. On veut collaborer, on veut sauver,
essentiellement, le système de santé. Alors, évidemment, on est d'accord
sur le principe. Le principe du projet de loi, c'est de cesser de recourir aux
agences.
Le problème,
c'est le «sauf que». Et alors les «sauf que» se multiplient d'article en
article. On n'aura plus recours aux agences de placement de personnel ou à la
main-d'oeuvre indépendante, sauf dans la mesure prévue par règlement. Donc, le secret, c'est dans les règlements. C'est
là qu'on apprendra véritablement là où le gouvernement veut aller. Donc, il est
difficile pour nous de se prononcer sur les chances de réussite du gouvernement
à l'heure actuelle, compte tenu qu'on ne connaît pas la teneur des
règlements.
Mais le
projet de loi, il dit aussi que le gouvernement a le pouvoir de déterminer la
période, là, où on pourrait accorder des
sauf-conduits, des passe-droits aux gestionnaires et aux différents organismes
du domaine de la santé. Donc, encore une fois, on ne sait pas, ce sera
déterminé par règlement.
Le ministre
s'accorde aussi un pouvoir discrétionnaire de ne pas respecter les objectifs
qu'il fixe lui-même dans les règlements. Alors, évidemment, c'est
absolument contradictoire avec le voeu exprimé maintes fois par le même ministre de la Santé sur cette idée de
décentralisation, de responsabiliser les gens sur le terrain et de leur donner
le pouvoir sur
leur façon de livrer des services à la population, l'autre élément étant
évidemment qu'on se donne toute la marge de manoeuvre pour étendre dans le temps ce processus-là, là, de se sevrer
des agences, si on voit que les objectifs ne sont pas atteints. Alors,
évidemment qu'on aura à débattre des règlements, de la teneur des règlements.
Et j'y reviendrai, M.
le Président, puisque mon temps, à l'heure actuelle, est limité.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce que vous avez complété votre intervention?
M. Arseneau :
Non, j'allais compléter mon introduction.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Vous
aurez, à ce moment-là, le loisir de pouvoir le compléter lors de la reprise
du débat sur l'adoption du principe de ce projet de loi.
Alors,
compte tenu de l'heure et afin de permettre le débat sur les affaires inscrites
par les députés de l'opposition cet après-midi, le présent débat sur
l'adoption de principe du projet de loi n° 10 est ajourné.
Les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir. Alors, nous poursuivons nos travaux aux affaires du jour.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de
maintenir l'intégralité des versements au Fonds des générations
ainsi que l'intégralité de son capital
À l'article 16
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement caquiste a
proposé de financer une baisse d'impôts à même les sommes versées au
Fonds des générations;
«Qu'elle déclare qu'une telle
proposition aurait un impact négatif sur l'équité entre les générations et
aurait un impact important en perte de revenus potentiels dans le Fonds
des générations sur un horizon à long terme;
«Qu'elle rappelle la nécessité de
poursuivre les efforts à long terme afin de réduire le ratio d'endettement du
Québec;
«Qu'elle déclare que toute
modification aux versements et au fonctionnement du fonds doit [être] l'objet
préalable d'une vaste consultation nationale auprès de la jeunesse du
Québec;
«Qu'en
conséquence, elle demande au gouvernement caquiste de maintenir l'intégralité
du capital et des versements au Fonds des générations.»
Je
vous informe que la répartition du temps de parole pour les débats restreints
sur la motion inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, 54 min 15 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 30 min 34 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
17 min 34 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, et 17 min 42 s sont allouées au
deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition, et 1 min 30 s sont
allouées à la députée indépendante. Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par la députée indépendante
ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon la proportion établie
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne sont soumises à
aucune limite de temps. Enfin, je
rappelle à la députée indépendante que, si elle souhaite intervenir au cours du
débat, elle a 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin :
Merci, Mme la Présidente. Le
Fonds des générations est un véhicule qui permet à l'ensemble du Québec de prendre soin des prochaines générations.
Le Fonds des générations nous permet de mettre de côté des sommes accumulées qui, année après année, font grossir le
Fonds des générations pour en venir à un niveau où est-ce que maintenant
on peut quand même envisager que, d'ici à
peu près 13 à 14, 15 ans, on pourra avoir un Fonds des générations qui
sera dans les alentours de 100 milliards de dollars.
Pour
nous, pour moi personnellement, le Fonds des générations, et donc le concept
qui va avec le Fonds des générations, c'est-à-dire
d'aider les prochaines générations, va dans ce que j'appelle le développement
durable. Notre rôle en tant que parlementaires,
c'est de prendre soin des citoyens dans leur ensemble, mais aussi on doit être
visionnaires et prendre soin des
prochaines générations. Les prochaines générations, ça sous-entend évidemment
les jeunes qui ne sont aujourd'hui pas encore présents parmi nous.
Je veux juste donner l'exemple que d'ici... en
2041, un jeune qui naît aujourd'hui aura donc seulement 18 ans. Pour nous,
c'est important de prendre soin de l'ensemble des citoyens et des citoyens à
venir pour leur assurer dans la pérennité des services publics, les services offerts par l'État et de
nous assurer que ces services-là sont donc équitables pour tous de
génération en génération.
La
raison initiale de la mise en place, au début des années 2000... en fait, 2006‑2007,
mais ça a été discuté quelques années
au préalable, de la mise en place du Fonds des générations était pour faire
face à ce qui commençait à être un déficit structurel et une dette qui
commençait à être définitivement enflammée pour la province du Québec. Et cette
dette était tellement inquiétante que les
agences de crédit regardaient ce qui se passait au Québec d'un mauvais oeil. La
conséquence de ça, c'est qu'il y a eu
effectivement des pourparlers, des échanges entre les agences de crédit de
l'époque et le ministre des Finances
de l'époque, et, lorsque le ministre de 2006... des Finances du Parti libéral
de 2006‑2007 a mis en place le Fonds des générations, la première réaction des agences de crédit était
un soupir de soulagement, parce qu'il fallait définitivement
mettre en place quelque chose qui
allait faire en sorte qu'on puisse équilibrer, si vous voulez, le déséquilibre
qui se créait avec l'endettement que la
province avait de façon annuelle, et donc ça a permis de pouvoir faire en sorte
que les assises allaient être mises
en place et qu'on allait mettre par la suite tous les efforts pour s'assurer
une bonne croissance du Fonds des
générations. Donc, ça, c'était la prémisse de base, à l'époque. À l'époque, on
ne regardait pas non plus d'autres facteurs
plus importants que ce que les agences de crédit avaient mis comme pression sur
le gouvernement pour en arriver à faire de cette initiative-là un
succès.
Cependant,
avec le temps, on a tous réalisé, avec une consternation qu'on peut remarquer
un petit peu tout partout à travers
les pays développés — des
pays qui est un petit peu moins développé, il y des pays qui ont des politiques
encore plus restreintes — que
la nature de la progression de notre population a été faite de façon naturelle.
Je vais m'expliquer. C'est un peu compliqué, ce que j'essaie de dire là.
On
n'a pas eu une croissance de la population permettant d'avoir un équilibre
entre les gens qui vieillissaient et puis les vagues de jeunes qui suivaient.
En d'autres mots, on a eu un problème qui s'est traduit en une inversion de
notre courbe démographique. Et donc
plus ça avançait dans le temps, plus ces conversations-là ont eu lieu dans le
temps, plus, dans les récentes années, c'est devenu une question
frontispice, à savoir comment allons-nous permettre aux prochaines générations d'avoir le même service d'État que
nous, on a maintenant. Et donc c'est devenu de plus en plus important de
mettre en place une réflexion, à savoir
qu'allons-nous faire pour justement faire... se battre contre cette courbe, qui
permet maintenant de me dire... de
dire, en fait, que la génération actuelle a la pire courbe démographique de
l'histoire récente du Québec. Et, en
fait, par rapport au reste du Canada, la courbe démographique de la génération
actuelle au Québec est la pire courbe.
Donc, on a un profil
de la population ici qui peut nous amener à considérer que, dans une dizaine
d'années, la distribution, si on peut dire, de retraités, dans notre
population, va être de plus en plus significative, ce qui ressemble bizarrement
aujourd'hui à la distribution de la population de la Colombie-Britannique, qui
est une province, on le sait tous, un peu
plus de retraités. Bizarrement, la Colombie-Britannique est aussi la province
dont le ratio dette nette, PIB est le plus bas au Canada. Donc, la
Colombie-Britannique a, dans ses cartons, la capacité de pouvoir faire face à
des éventuels chocs financiers, mais
aussi l'inversion de leur courbe démographique aussi, qui est un peu moindre
que la nôtre. Mais leur courbe
démographique va faire en sorte qu'ils vont pouvoir, ils vont faire face au
même problème, mais leur endettement leur permet de pouvoir en faire
face.
• (15 h 10) •
Donc,
ça, c'est vraiment la grande motivation aujourd'hui pour pouvoir se dire que
notre objectif qu'on devrait se fixer
comme province, c'est d'obtenir un Fonds des générations capitalisé jusqu'à la
hauteur de 100 milliards de dollars. Pour ce faire, on propose de continuer les pleines contributions au
Fonds des générations. Puis là, pour cet aspect-là, je veux juste simplement
vous dire que, lorsqu'on parle de couper, comme le gouvernement le propose, de
40 % les fonds qui vont au Fonds
des générations, il y a dans l'ensemble des versements des redevances
hydroélectriques d'Hydro-Québec, des
redevances hydroélectriques provenant de producteurs privés, de l'indexation du
prix de l'électricité sur le patrimoine, le bloc patrimonial, la contribution
additionnelle d'Hydro-Québec, les revenus miniers, les taxes spécifiques sur
les boissons alcooliques et des biens non réclamés. Ça, c'est, ce qu'on
peut dire, ce qui a été initialement conceptualisé pour pouvoir faire partie
des versements au Fonds des générations. À ça, s'ajoutent les revenus de
placement, parce que les fonds s'accumulent,
les fonds qui sont placés sont gérés par la Caisse de dépôt. La Caisse de dépôt
dégage un rendement sur ces fonds-là.
Donc, l'année suivante, la première année, après le premier anniversaire, il y
a eu des revenus de placement qui ont commencé à s'ajouter à tout ça.
Bien, c'est simplement pour vous dire qu'à part la taxe spécifique sur les
boissons alcooliques tout le reste sont
des... Ils ont un concept de l'intergénérationnel. Les redevances
hydroélectriques, les redevances sur
l'indexation du prix de l'électricité, contributions additionnelles
d'Hydro-Québec, les revenus miniers, tout ça, c'est dans le concept de
l'équité intergénérationnelle pour permettre justement à la génération qui va
nous suivre de pouvoir profiter d'avoir au moins, au minimum, les mêmes
services de l'État.
Nous,
on est chanceux... Bien, peut-être que je suis un petit peu plus âgé que vous,
Mme la Présidente, mais nous, on est chanceux, que la majorité des jeunes qui
vont nous suivre, pour la simple et unique raison, chers collègues...
Nous vivons aujourd'hui... Nous avons été chanceux de vivre dans la période du
dividende de la paix. Nous avons été aussi chanceux
de vivre dans la période de l'insouciance climatique. Au début des
années 80, lorsque les chansons étaient tout à fait différentes sur les
radios qu'elles le sont aujourd'hui, les enjeux climatiques, ce n'était pas du
tout sur notre radar. Et puis le mur
de Berlin allait tomber. Et, lorsque le mur de Berlin est tombé, on a vécu le
dividende de la paix, c'est-à-dire cette explosion de la globalisation
qui a, donc, changé totalement les paradigmes de l'économie. Et donc il y a eu
une croissance exceptionnelle et des revenus qui ont rempli les coffres de
l'État par la suite.
Ces
deux éléments-là, O.K., font en sorte que, quand on regarde ça aujourd'hui avec
les lentilles qu'on porte sur la
situation mondiale actuelle, on n'a pas le même dividende de la paix, on
s'entend tous. On va célébrer malheureusement le premier anniversaire de la guerre, une invasion de la Russie en
Ukraine, ce vendredi, et puis, évidemment, bien, la crise environnementale
qui est tout partout, et il faut qu'on agisse là-dessus.
Donc,
en tant que financiers, on peut penser à certains mécanismes pour aider les
jeunes. En tant que spécialistes des
climats, on peut avoir aussi certaines idées, comme comment les aider,
évidemment. Mais la chose que nous, on peut faire, puis que moi, je peux apporter, c'est mon expérience de marché
des capitaux, de 30 ans travaillés en finance, pour pouvoir
apporter support à l'idée que le Fonds des générations est la meilleure idée,
le meilleur véhicule pour aider les prochaines
générations à avoir le moyen de leurs ambitions. Par la suite, on pourrait
discuter pour faire en sorte d'optimiser la structure financière des
coûts qui sont associés au Fonds des générations.
J'ai jusqu'à...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...34 secondes qui sont allouées à votre
groupe. Ça fait que vous pouvez prendre tout le temps que vous voulez,
jusqu'à 30 minutes.
M. Beauchemin : O.K. D'accord. Le
10 minutes, c'est après, hein, c'est ça?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
c'est pour votre réplique.
M.
Beauchemin : D'accord. Donc, alors, quand on regarde, donc, ce
que je mentionnais au niveau du dividende de la paix puis qu'on regarde le niveau du changement climatique, ce
n'est pas les mêmes variables que la génération actuelle et les générations futures auront à faire face. On
se doit donc, en tant que personnes responsables, en tant que bons pères
de famille, en tant que personnes
d'expérience en finance, d'aider les prochaines générations, et c'est la raison
principale de mon action politique, d'aider les prochaines générations.
Donc, nous avons modélisé et nous avons discuté
avec certains experts pour regarder ce que l'avenir... Puis je pourrais peut-être partager ce document au besoin,
mais nous avons regardé les prévisions que le gouvernement faisait à même la révision budgétaire du mois de décembre et
le budget de mars 2022 et nous avons adapté nos prévisions aussi pour
notre modèle.
Quand on
regarde tout ça, on a pris l'hypothèse suivante. Historiquement, le Fonds des
générations a eu un rendement de 6,3 %
et le coût moyen de la dette du Québec, le coût d'emprunt moyen de la dette du
Québec, historiquement, a été de
3,1 %. Et juste pour qu'on soit clairs, là, ce n'est pas une ligne droite.
Il y a des moments où est-ce que ça va aller plus vite. Il y a des
moments où ça va aller moins vite. Il y a des moments où est-ce qu'il va y
avoir du recul. C'est normal. C'est deux classes d'actifs totalement
différents.
Le marché
obligataire, c'est un marché à un risque beaucoup moindre que le marché des
placements, où est-ce qu'il y a
justement des véhicules dans lesquels la Caisse de dépôt investit les sommes du
Fonds des générations, deux classes d'actifs
avec des profils différents, ce qui permet, donc, d'avoir justement cette
valeur ajoutée, ce 3,2 % que je mentionnais indirectement quand je
parlais de ce qui se passait dans le Fonds des générations. Et donc ce
3,2 % là va faire des petits année
après année. Dans l'énoncé gouvernemental, l'hypothèse sur la croissance du
Fonds des générations est à 4,89 %. Pour la suite des choses, donc,
à partir de 2024, 2024, dans le tableau que nous avons utilisé, nous avons
amélioré la performance de la proposition gouvernementale de 4,89 % à
6 %. Nous nous sommes servis du même 6 % pour nos chiffres à nous.
Nous avons
aussi fait la supposition suivante : tous les items que je vous ai
mentionnés tantôt pour ce qui est des contributions au Fonds des générations,
c'est-à-dire les redevances hydroélectriques, les producteurs privés,
l'indexation du prix de l'électricité
et la contribution annuelle en plus additionnelle d'Hydro-Québec, les revenus
miniers, la taxe sur les boissons
alcooliques, les biens non réclamés, nous avons pris la supposition suivante
qu'à partir de 2024 ces chiffres-là restaient
stables, dans l'avenir, et donc il n'y avait aucune augmentation naturelle des
revenus miniers, aucune augmentation naturelle
des redevances hydroélectriques. On prenait l'année 2024 comme étant la
dernière année où est-ce qu'il allait y avoir une potentielle augmentation,
pour notre estimé. La même chose a été faite pour l'estimé que nous avons pris
pour le gouvernement, mais c'est évidemment
avec le concept que le gouvernement voulait retrancher 40 % des
contributions au Fonds des générations pour se payer des baisses
d'impôt.
Et donc,
quand on met ces deux facteurs-là... J'avoue que, quand je peux parler juste de
chiffres comme ça, je vais endormir tout le monde, là. Mais quand on
parle de juste ces deux facteurs là, à la fin, là, O.K., quand on regarde ce que ça donne en 2040, bien, le gouvernement
sous-performe la proposition du Parti libéral par 47,2 milliards de
dollars. Ça, Mme la Présidente, là,
ce n'est pas de la petite monnaie. 47,2 milliards de dollars, là,
O.K., c'est probablement assez d'argent pour régler les problèmes dans le système de santé, c'est probablement
assez d'argent pour éduquer les Québécois pour plusieurs décennies.
C'est, en tout cas, assez d'argent, tellement assez d'argent que c'est à se
demander pourquoi cette décision-là est prise.
Comme j'expliquais au préalable, le Fonds des
générations génère un rendement supérieur au coût de la dette du Québec. Dans ce cas-là, comment ça se fait
qu'on peut prendre la décision de ne pas mettre de l'argent dans le Fonds
des générations, quand on peut simplement
financer tous les projets qu'on veut avec la dette? Pourquoi payer 6,3 %
pour emprunter de l'argent, quand on
peut emprunter de l'argent à 3,1 %? La question m'apparaît ultrasimple. La
réponse est évidente, c'est clairement emprunter de l'argent à
3,1 %, que le gouvernement devrait faire, jour après jour.
Évidemment,
ici, je parle de projets d'infrastructure. On est pour des projets
d'infrastructure. Ça peut être des projets pour protéger
l'environnement. On est pour des projets pour protéger l'environnement, il n'y
a aucun souci. Nous, au Parti libéral, on
veut un développement durable, donc ça va en ligne droite avec ce qu'on pense.
On pense que financer des baisses
d'impôt à même le Fonds des générations, c'est la pire idée du siècle. Mais, si
on veut faire des baisses d'impôt, parce que les Québécois, somme toute, sont très taxés, nous, on avait la
vision de dire : Bon, correct, après l'élection, on a corrigé notre
tir, on a dit : On va aller faire seulement le premier palier. Mais, si
vous voulez faire les baisses d'impôt proposées par le gouvernement, la question est de
savoir : Pourquoi financer ces baisses d'impôts là à 6,3 %, quand
vous pouvez les financer à
3,1 %? Ça, c'est de l'argent jeté, ça, c'est de l'argent aux poubelles.
C'est inconcevable, ça ne s'explique pas. Aucun étudiant, premier trimestre universitaire aux HEC, va regarder
cette décision-là et va dire : Bien, bravo! c'est une très bonne décision. Au contraire, ils vont tous
se poser la même question : Pourquoi faire ça? Ce n'est que pour des fins
politiques, ce n'est que pour une campagne... des promesses électorales, les
remplir, d'une certaine façon.
• (15 h 20) •
Quand
on fait une erreur, on peut reculer. Moi, je crois qu'actuellement on est face
à cette situation-là où est-ce que
c'est inexplicable d'aller utiliser le Fonds des générations pour... d'autant
plus qu'en bout de piste, selon nos estimés, d'ici 2036, l'objectif de 100 milliards va être atteint. Bien, si
l'objectif de 100 milliards va être atteint en 2036, par rapport au jour 1, en 2007, quand on a mis les
premiers sous dans le Fonds des
générations, bien, entre aujourd'hui
puis le jour 1, il y a 55 %
du temps qui a été écoulé, puis, entre aujourd'hui puis le jour où est-ce qu'on
va être rendu à 100 milliards, il va rester 45 % du temps à être écoulé. On a fait plus que la moitié du
chemin, chers collègues. Pourquoi nous ne voulons pas juste continuer,
avec un peu moins que la moitié du chemin pour arriver à l'objectif de
100 milliards?
Je
vais vous dire la bonne nouvelle. À 100 milliards de dollars, Mme la
Présidente, c'est plusieurs milliards de dollars qui vont aller au fonds consolidé de l'État pour les services de l'État.
En 2036 — j'ai
besoin de mes lunettes parce que ce n'est pas écrit gros — en
2036, c'est 8,7 milliards de dollars qui vont, à partir de ce moment-là,
retourner dans les coffres de l'État.
Parce qu'à partir du moment où on a atteint notre objectif de
100 milliards de dollars, la réalité, là, O.K., c'est que le Fonds
des générations ne devient plus un
endroit où le gouvernement se doit de mettre des sous. Le Fonds des générations
va devenir, à partir de ce moment-là, un endroit où le gouvernement pourra en
retirer, des sous.
Les
bénéfices du Fonds des générations pourront rentrer dans les poches du gouvernement,
année après année, et ce sera à la prochaine génération à prendre la décision
de l'utilisation de ces fonds-là, est-ce qu'on veut mettre des sous en
éducation, on veut les mettre en santé, on veut les mettre en n'importe quoi
que le gouvernement va être impliqué. Les prochaines générations auront les
moyens de leurs ambitions, auront un véhicule qui va générer cet argent-là.
Puis je suis sérieux quand je vous dis ça,
O.K.? C'est probablement la plus belle machine et le plus beau legs qu'on peut
leur laisser, parce que ça va leur
permettre, au minimum, de maintenir les services actuels que nous, on prend
pour acquis, mais, à cause de l'arbre démographique actuel, tout indique que
les enfants qu'on va avoir, qui vont avoir 18 ans en 2041, là, ne pourront
pas avoir les mêmes services à l'État, si on n'agit pas maintenant, si on
n'agit pas maintenant avec un objectif grand d'être à 100 milliards
de dollars sur le Fonds des générations.
Donc,
moi, je vous le dis en toute sincérité, c'est un objectif de société, c'est un
objectif qui est noble, c'est un objectif de parent qui regarde ses enfants, c'est un objectif de grand-parent qui
regarde ses petits-enfants. C'est quelque chose qu'on pourrait laisser à nos enfants pour le reste de
l'existence. C'est un 100 milliards de dollars. Plus de la moitié de
l'exercice pour s'y rendre est déjà
fait. Tout ce qu'on a à faire, c'est tout simplement continuer dans la
direction actuelle. Et, sur ce, Mme la Présidente, je vais passer la
parole à ma collègue. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
je suis prête à céder la parole à un membre du gouvernement. Et ce sera
M. le député d'Orford.
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Je suis
très heureux de remplacer mon collègue ministre des Finances, député de Groulx. Je vous confirme par contre que
je vais le remplacer uniquement au cours des prochaines minutes, pas
pour le reste de la session.
Mme
la Présidente, le collègue de Marguerite-Bourgeoys
nous a conviés pour discuter d'un
sujet important, mais qui fait partie d'un ensemble beaucoup plus large et
maintes fois présenté aux membres de cette Chambre comme aux Québécois
et aux Québécoises.
Avant
d'aller dans le vif du sujet, vous me permettrez d'abord de revenir sur le
contexte économique de l'année en cours, afin que les Québécois comprennent
mieux les gestes que notre gouvernement a posés récemment. Dans les derniers
mois, Mme la Présidente, la reprise
économique postpandémique, combinée à la guerre en Ukraine et aux perturbations
dans les chaînes d'approvisionnement,
a entraîné une flambée de l'inflation. Au Québec, la hausse de l'inflation a eu
des conséquences principalement sur deux fronts simultanément. D'abord,
la hausse de l'inflation a augmenté les revenus de l'État. C'est une bonne chose. Ensuite, la conséquence qui a le plus
d'impact sur la vie des Québécois est l'importante hausse du coût de la vie. Puis cette inflation a
mis une pression significative sur les finances de nombreux ménages. Même
si le pic de l'inflation est déjà derrière
nous, la hausse du coût de la vie a encore un impact palpable dans la vie des
Québécois, en particulier à ceux à faibles revenus et surtout les aînés.
Cet
automne, notre gouvernement a fait le choix de redonner aux Québécois une
partie de ces revenus additionnels générés
par l'inflation. Cet argent, c'est l'argent des Québécois, c'est leur argent.
On l'a fait de façon responsable et organisée par la mise en place d'un bouclier anti-inflation qui totalise, Mme la
Présidente, plus de 13 milliards de dollars sur cinq ans afin de
protéger le pouvoir d'achat des Québécois. Devant l'impact du coût de la vie,
le gouvernement s'est engagé à agir rapidement
pour venir en aide aux Québécois, et c'est ce que nous avons déjà fait depuis
le début de notre deuxième mandat.
La première mesure de
notre Bouclier anti-inflation concerne le versement d'un montant ponctuel
atteignant 600 $ pour les personnes qui gagnent 50 000 $ ou
moins, ou 400 $ pour celles qui gagnent 50 000 $ à 100 000 $.
Et ce versement... avec ce versement, on est
venus alléger la pression financière des ménages, qui peuvent utiliser cette
somme à leur discrétion, que ce soit pour l'alimentation, les vêtements,
le loyer ou les sports. Je rappelle que plus de 70 % des bénéficiaires de
cette aide recevront le montant maximal de 600 $. Ça montre bien que notre
soutien était nécessaire, Mme la Présidente.
Je
rappelle aussi que tous les Québécois admissibles ont pu recevoir l'un de ces
montants même s'ils ont une dette envers
l'État. Le montant a été versé automatiquement, si vous avez plus de
18 ans et que vous avez produit une déclaration de revenus pour
2020-2021.
Vous me
permettrez, Mme la Présidente, de faire une parenthèse ici au sujet des risques
de fraude. On doit rappeler aux gens
d'être extrêmement vigilants face aux tentatives d'hameçonnage qui ont
d'ailleurs été nombreuses au cours des derniers
mois. Revenu Québec, ou le gouvernement, ne vous enverra jamais de
communications vous invitant à cliquer sur un lien ou vous demandant vos
renseignements personnels.
La deuxième
mesure du Bouclier anti-inflation concerne le plafonnement de plusieurs tarifs
gouvernementaux à un maximum de
3 % pour les quatre prochaines années. De façon générale, les tarifs, tels
que les immatriculations ou la facture d'Hydro-Québec, augmentent annuellement au rythme de
l'inflation. Or, sans l'intervention du gouvernement, la forte inflation
aurait fait en sorte que les tarifs
augmenteraient à près de 6,5 %. Mais le gouvernement a décidé d'intervenir
dans l'indexation des tarifs pour nous assurer que les citoyens ne
subissent pas de choc tarifaire en payant leurs factures.
Pour cela,
Mme la Présidente, mon collègue le ministre
des Finances a fait adopter cet
automne le premier projet de loi de
la nouvelle législature du Parlement du Québec pour limiter l'indexation de
plusieurs tarifs gouvernementaux à un maximum de 3 % pour les
quatre prochaines années. La loi n° 1 a permis
d'appliquer ce plafonnement de l'indexation jusqu'en
2026 et de l'étendre à plusieurs autres tarifs gouvernementaux touchant les
citoyens, dont la contribution réduite des
services de garde éducatifs à l'enfance, les droits de scolarité
universitaires, les droits exigibles en lien avec la présentation d'une demande de sélection pour ceux et celles qui
souhaitent immigrer au Québec. Le gouvernement s'est également engagé à plafonner l'indexation des tarifs d'Hydro-Québec. Un projet de loi distinct a été déposé par mon collègue cette semaine,
le ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie, et j'en passe, dès la reprise parlementaire, cet hiver, et
adopté récemment. Cette initiative très globale a permis de préserver le
pouvoir d'achat des Québécois.
• (15 h 30) •
Par ailleurs,
je rappelle rapidement aussi que nous avons déjà franchi une première étape le
16 novembre dernier en modifiant certains règlements pour limiter à
un maximum de 3 % l'augmentation de plusieurs tarifs qui sont indexés au 1er janvier 2023. On parle ici des
relatifs au permis de conduire et à l'immatriculation, à la contribution payée
dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée, les CHSLD, et à la contribution pour une chambre
privée ou semi-privée dans un centre
hospitalier de soins de courte durée. Avec cette deuxième mesure du bouclier,
on en est venus s'assurer que les Québécois ne subissent pas de choc
tarifaire pour l'année 2023, et ce, jusqu'en 2026.
Par ailleurs,
je rappelle un autre geste qui aidera les Québécois à plus faibles revenus. Les
principaux paramètres du régime
fiscal des particuliers et des programmes d'assistance sociale ont été indexés
à 6,44 % le 1er janvier 2023. Ça représente, Mme la Présidente, à titre d'exemple,
une bonification de l'ordre de 500 $ de l'allocation familiale pour un
ménage avec deux enfants et dont le revenu familial n'excède pas
100 000 $.
La troisième
mesure-phare du bouclier anti-inflation, qui va toucher particulièrement les
aînés de 70 ans et plus, il s'agit de la bonification de
8 milliards de dollars du montant pour le soutien des aînés sur un horizon
de cinq ans. Le montant maximal de ce crédit
d'impôt passera ainsi de 411 $ à 2 000 $, et ce, dès la
production de la déclaration de revenus de 2022. Ça signifie donc, Mme la Présidente, que près de
400 000 aînés supplémentaires bénéficieront de cette bonification,
pour un total de 1,1 million d'aînés de 70 ans et plus. Et 65 %
de l'aide ira aux aînés ayant un revenu annuel de moins de 25 000 $.
En somme, les
mesures prises, mises en place, du bouclier anti-inflation, en 2022, pour aider
les Québécois à faire face à la hausse du coût de la vie représentent une aide
fiscale qui peut atteindre 2 200 $ pour un couple et
3 100 $ pour un aîné seul de 70 ans et plus. C'est
significatif.
Ces trois mesures du bouclier auront un impact très
positif dans le portefeuille des Québécois et les aideront à mieux protéger
leur pouvoir d'achat. Je rappelle aussi que nous avions confirmé plus tôt, en
2022, des investissements de
445 millions de dollars qui ont aussi aidé les citoyens à faibles revenus
à se loger, dont 395 millions de dollars pour réaliser 3 000 nouveaux logements sociaux et
abordables et 50 millions de dollars pour bonifier le programme
Allocation-logement.
Enfin, Mme la
Présidente, comme nous l'avons évoqué en campagne électorale, nous investissons
253 millions de dollars pour renforcer la sécurité à Montréal en
ajoutant 225 policiers et des intervenants psychosociaux. Toutes ces mesures aident à protéger les Québécois
financièrement et dans leur quotidien. On le sait, Mme la Présidente, la
croissance économique du Québec ralentit.
Je veux
maintenant vous parler des perspectives économiques du Québec et de notre cadre
financier qui est prudent et rigoureux, sans rigueur budgétaire ni
austérité. La première bonne nouvelle, Mme la Présidente, c'est que le sommet de l'inflation semble derrière nous. L'autre
excellente nouvelle, c'est le rattrapage de l'écart de richesse avec l'Ontario.
Mais le contexte économique plus
difficile, l'écart s'est encore rétréci... malgré ce contexte économique
difficile en 2022. En quatre ans, il
est donc passé de 16,4 % à 12,8 %. Nous sommes déterminés de
poursuivre nos efforts pour continuer à rétrécir notre écart avec
l'Ontario.
Cela dit, on
sait que la croissance économique a déjà commencé à ralentir, et c'est
exactement ce qu'on observe aussi dans
d'autres économies. Lorsqu'on regarde les indicateurs économiques, on constate
qu'ils sont déjà à la baisse. Au Québec, la progression de l'activité économique devrait passer de 3,1 %, en
2022, à 0,7 % en 2023. Dans le budget de mars dernier, nous avions plutôt prévu une croissance de
2 %. Nous anticipons également que la création d'emplois connaîtra un
léger ralentissement l'an prochain, avec un creux annuel historique en
2022. Le taux de chômage remontera pour se situer à une moyenne de 5 % en 2023. Nous anticipons une croissance de
3,7 % de l'indice des prix à la consommation pour 2023.
Malgré ces
indicateurs à la baisse, notre cadre financier prévoit de continuer à financer
adéquatement les missions de l'État, comme l'éducation et la santé. Vous savez,
Mme la Présidente, notre ministre des Finances est un homme très responsable, et rigoureux et, je rajouterais,
courageux. D'ailleurs, devant la plus grande incertitude économique qui guette le
Québec et l'économie mondiale, le
ministre des Finances avait prévu, à la mise à jour économique de décembre dernier,
une provision de 8 milliards sur cinq ans pour faire face aux risques
économiques. Cette provision montre bien que le Québec bénéficie de la marge de manoeuvre nécessaire pour faire face à
tout type de conjoncture économique qui nous attend dans les prochains
mois.
Un
déficit moins important prévu de 2022 à 2023. Le dernier aspect de la situation
financière que je veux aborder aujourd'hui,
c'est le déficit budgétaire. D'abord, le ministre des Finances a déjà confirmé
que nous prévoyons toujours un retour à l'équilibre budgétaire d'ici
2027-2028. Depuis le budget de mars 2022, le déficit a diminué par rapport
à la prévision du budget de mars 2022, passant de près de
6,5 milliards de dollars à 5,2 milliards de dollars. Aussi, le
cadre financier, le cadre financier prévoit
un déficit de 2,9 milliards de dollars en 2026-2027, après versement des
revenus consacrés au Fonds des générations.
Maintenant,
en ce qui a trait au Fonds des générations, vous savez tous que la réduction du
poids de la dette demeure une priorité
pour notre gouvernement et pour notre ministre des Finances. Ça favorise une
meilleure équité intergénérationnelle,
en plus de contribuer positivement à la croissance économique. Au Québec, on
s'est d'ailleurs doté d'une loi sur la réduction de la dette en instituant le
Fonds des générations. En date du 31 mars 2023, le poids de la dette
s'établira à 40,4 % du produit
intérieur brut, ce qui est sous l'objectif de 40,5 % prévu par la loi. Au
prochain budget, le ministre des Finances présentera aux Québécois de
nouvelles cibles de réduction du poids de la dette afin de poursuivre cette tendance à la baisse. Pour nous, c'est non
seulement une question d'équité envers les générations qui nous suivront,
mais c'est aussi une responsabilité du gouvernement envers les futures
générations.
Dans
les prochaines semaines, le ministre des Finances va vous présenter le
budget 2023-2024 du Québec. Je lui laisserai le soin d'expliquer à tous, à ce moment, comment nous
entendons poursuivre notre soutien auprès des Québécois. J'ai confiance que ce sera un budget rigoureux et
responsable, mais aussi un budget qui va nous permettre de continuer de
soutenir l'ensemble des Québécois.
J'aimerais
maintenant, M. le Président, revenir... Mme la Présidente, revenir sur les
grandes réalisations de mon gouvernement au cours du dernier mandat, car on
doit juger de ce que nous promettons pour l'avenir à ce que nous avons livré dans le passé. Ça fait peut-être drôle de
dire, Mme la Présidente, mais nous, contrairement à plusieurs gouvernements
précédents, on tient nos promesses. En remportant les élections de 2018, la CAQ
a marqué l'histoire en mettant fin à 50 années
d'alternance, au gouvernement, entre le Parti libéral et le Parti québécois.
Les électeurs ont alors fait le choix de tourner le dos aux affrontements qui
ont marqué toute une génération. Notre gouvernement est parvenu à réaliser
presque tous ses engagements
électoraux, alors même qu'une pandémie a mis le Québec à rude épreuve. Nous
avons réussi à concrétiser une proportion plus élevée d'engagements que
les gouvernements précédents.
• (15 h 40) •
Nous
avons, par exemple, grâce à notre bonne gestion du trésor public et de
l'économie, déjà redonné aux Québécoises et aux Québécois plus de 3 milliards de dollars par année. Cet
argent a augmenté la qualité de vie et le pouvoir d'achat. Je vous ai parlé, Mme la Présidente, précédemment, du
bouclier anti-inflation et des chèques que nous avons transmis aux
Québécois et aux Québécoises. Mais il ne faut surtout pas oublier ce qu'on a
fait pour alléger leur portefeuille de façon pérenne.
On a baissé les taxes scolaires, Mme la Présidente, qui, après avoir augmenté
de 112 % sur 15 ans, ont été ramenées à un niveau plus acceptable. Notre gouvernement a
aussi éliminé la taxe famille instaurée par le gouvernement libéral, qui
privait les gens de la classe moyenne de milliers de dollars en raison des
tarifs en garderie exorbitants. Pour simplifier la vie des patients et de leurs proches, le
gouvernement de la CAQ leur a offert, dès 2019, le stationnement sans frais
pour les deux premières heures dans tous les hôpitaux et les institutions de santé gouvernementales du Québec. Il a
également grandement diminué le coût
de stationnement pour une journée complète. Ces frais varient désormais de 7 $ à 10 $ selon les régions du
Québec. Le gouvernement de la CAQ a aussi aidé les familles à financer l'achat
de lunettes et de lentilles cornéennes
pour leurs enfants de moins de 18 ans. À notre arrivée au pouvoir, nous
avons mis en place le programme Mieux voir
pour réussir, qui permet de rembourser 250 $ par période de 24 mois
pour l'achat de lunettes ou de lentilles, donnant ainsi un coup de pouce
important aux familles.
Mme la Présidente, la
baisse des impôts que paient les Québécois et Québécoises est un engagement
important de mon gouvernement, mais je tiens
à rappeler qu'il fait partie d'une série de 16 autres promesses à saveur
économique que nous avons réalisées au cours de ce mandat. On veut
bonifier l'aide aux aînés dès la première année du mandat. On a promis de plafonner la hausse des tarifs
d'Hydro-Québec et autres tarifs gouvernementaux, et on l'a fait. On veut
continuer à favoriser le Fabriqué au
Québec et l'achat local à travers des politiques gouvernementales. La
diplomation professionnelle dans les
secteurs stratégiques sera favorisée par nos interventions. On va continuer à
créer des zones d'innovation partout au
Québec. Nous allons assurer le dynamisme des économies locales, des villes et
villages. On va réduire le fardeau bureaucratique
pour les Québécois. L'accès aux services gouvernementaux sera complètement
numérisé. On va développer le potentiel économique des régions éloignées. On va
bonifier les investissements pour l'aménagement durable de nos forêts, poursuivre les investissements records dédiés à
l'autonomie alimentaire, bonifier l'aide pour la pratique agroenvironnementale,
soutenir la relève agricole. Et enfin, Mme la Présidente, je vais
personnellement m'assurer de compléter la connectivité du Québec.
Il me reste du temps,
Mme la Présidente, donc je vais parler de connectivité au Québec. Connectivité,
c'est la quatrième révolution industrielle qui s'en vient. C'est 4 milliards
par année d'impact sur le produit intérieur brut. C'est significatif, c'est plus de 1 % d'augmentation du produit intérieur
brut. Je voudrais rappeler, Mme la Présidente, qu'en 24 mois nous sommes passés de derniers de classe au Canada
à premiers de classe au Canada. L'ISDEC définit le Québec ayant une couverture à 100 % au niveau d'Internet haute
vitesse. Rappelez-vous, Mme la Présidente, que les télécommunications sont
de juridiction et de compétence fédérales. C'est une belle démonstration de
leadership du Québec.
Mme la Présidente, je veux vous
rappeler le budget que nous avions à ce moment-là, 1,3 milliard, pour
mettre en place Internet haute vitesse partout au Québec, avec des solutions
filaires, satellitaires et sans fil. Le coût net du projet, Mme la
Présidente, sur 1,3 milliard? 700 millions. C'est le coût net du
Québec.
(Applaudissements)
M. Bélanger :
Donc, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste un instant, M. le député. Mme la leader de
l'opposition officielle, oui, vous avez une question de règlement?
Mme Dufour :
Oui, j'aimerais rappeler... Les applaudissements, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Les applaudissements sont permis pendant les
motions. C'est seulement pendant la période de questions qu'ils ne sont
pas permis, Mme la leader.
Mme Dufour :
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : ...
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Je vous invite tous à applaudir lorsque c'est
intéressant.
Donc,
Mme la Présidente, je reviens à l'impact de la connectivité au niveau du
produit intérieur brut. Pour des régions comme l'Abitibi et Lanaudière,
c'est plus de 3 % d'augmentation au niveau du produit intérieur brut.
Nos
engagements pour les prochaines années, en termes de connectivité : faire
passer la fibre optique. Actuellement, il
y a 4,3 millions de foyers au Québec, 45 % des foyers au Québec ont
la fibre optique. On veut faire passer ça à 90 %. Donc, actuellement, il y a 55 % des foyers qui sont
soit par cuivre, une ancienne technologie, ou sans-fil. La fibre optique, c'est
la technologie que nous avons choisie. C'est la technologie qui va être la plus
pérenne et qui va nous permettre d'être capables de faire de la télémédecine, de la formation à distance. La couverture
mobilité, Mme la Présidente, sera complétée d'ici 2026. Nos tarifs, par exemple, Mme la Présidente, les tarifs au Québec, si on les compare par rapport à l'Australie,
pour un gigaoctet de données, on est
sept fois plus cher que l'Australie, 25 fois plus cher que la Finlande et
1 000 fois plus cher que l'Irlande.
Pour
nos régions, pour nos régions, Mme la Présidente, l'impact au niveau économique
sera significatif. Je reviens au
niveau de la télémédecine, formation à distance, agriculture et télétravail. La
connectivité, Mme la Présidente, va être le plus grand levier de développement économique au Québec sur les
prochaines années. Et, en plus, l'impact au niveau de la réduction des
gaz à effet de serre sera près de 20 % d'ici 2030. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre, oui, un membre du deuxième groupe d'opposition. Ce sera M. le député
de Marguerite-Bourgeoys... excusez-moi, de Maurice-Richard. Excusez-moi.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la Présidente. Je suis très content
d'être ici. On va donc parler de dette et de Fonds des générations. Et je vais commencer... Et d'ailleurs
je suis très content de le faire avec et le gouvernement, donc les
représentants de la CAQ, et le Parti
libéral, car, malgré les désaccords qu'on peut retrouver dans la motion qui
nous a été présentée, en fin de compte, je vais probablement vous
démontrer que c'est deux facettes de la même médaille.
Je
vais commencer par casser un mythe qui, probablement, rendrait d'accord les
deux formations politiques, qui consiste
à dire que, si nous nous endettons, c'est parce que nos services coûtent trop
cher. Dans les faits, si la dette augmente au Québec, c'est bien parce qu'il y a des baisses d'impôt qui
s'accumulent et que les baisses d'impôt, d'ailleurs, sont une... et les
dettes, pardon, sont une magnifique manière de transférer de la richesse, mais
du bas de l'échelle vers le haut, et j'y reviendrai.
Donc, un petit rappel
historique : en 2008, donc, une baisse d'impôt, du temps des libéraux, de
950 millions, 1,3 milliard de
dollars; en 2017, baisse de 270 millions de dollars, donc
313 millions de dollars en dollars d'aujourd'hui; en novembre 2017, baisse des taux minimaux
d'imposition de 16 % à 15 %, 970 millions de dollars,
1,1 milliard en dollars d'aujourd'hui; la taxe scolaire, en 2017,
sous les libéraux, nivellement au plus bas taux régional de la taxe scolaire, 600 millions de dollars, 700 millions de
dollars d'aujourd'hui; en 2018, c'est au tour du gouvernement Legault
d'uniformiser à la grandeur du Québec, 900 millions de dollars,
1 milliard en dollars d'aujourd'hui.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : ...M. le député. M. le leader, vous avez une question de
règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : Merci. Simplement
rappeler le règlement qu'on doit évidemment, là, s'adresser aux
différents collègues par leur titre et non pas par leur nom propre, dans cette
Chambre. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : C'est un petit rappel au règlement, M. le député. Merci.
M.
Bouazzi : Très bon rappel. Donc, M. le premier ministre du
Québec, du gouvernement de la CAQ, uniformisation, en 2018, à la
grandeur du Québec, de 900 millions de dollars à l'époque, 1 milliard
de dollars en dollars d'aujourd'hui.
Du
côté des sociétés, ce n'est évidemment pas mieux. Au début des années 2000,
elles représentaient environ 11 % des revenus autonomes de l'État, tandis
qu'en moyenne, dans les cinq dernières années, elles n'en représentaient que
9 %. Cette différence de
2 % représente 2,8 milliards de dollars de revenus annuels dans la
fiscalité des sociétés en 2022-2023.
• (15 h 50) •
Depuis 2016,
l'impôt des entreprises a diminué de 1/10 de point par année, pour passer de
11,9 % à 11,5 %. En 2011,
le gouvernement de Jean Charest, du premier ministre de l'époque, a
complètement éliminé la taxe sur le capital des entreprises, un des
trois piliers du système de taxation des entreprises, 370 millions de
dollars en dollars d'aujourd'hui. Évidemment,
les entreprises, comme les particuliers, voient seulement 50 % de leurs
gains en capitaux être imposés. Ça fait beaucoup, beaucoup de milliards
de dollars qu'on enlève aux revenus de l'État.
De l'autre
côté, il y a aussi tout l'argent qu'on ne va pas chercher là où il est. Je
rappellerai que, sur les questions du capital
et sur les questions de l'héritage, on est une des rares juridictions des pays
de l'OCDE qui ne taxent pas l'héritage. Pour vous donner un ordre de grandeur, les deux premiers quintiles,
c'est-à-dire 40 % des Québécois, 3 millions de personnes accumulent, en tout, un peu plus que 50 milliards,
ce qui représente 2,5 % de la somme de tout ce qui est propriété au Québec,
40 %, 2,5 %. Le 20 % du haut accumule 88 % de ce qui est
achetable au Québec.
Et ça pourrait donner une mauvaise idée de la
réalité, en se limitant à dire que le 20 % le mieux nantis a 26 fois plus de choses qui lui appartiennent que le
40 % le moins nanti, car il y a 12 milliardaires, pour les nommer, au
Québec, qui accumulent 30 milliards de dollars, en 2022,
30 000 millions, 300 000 fois 100 000 $.
C'est-à-dire que, pour pouvoir accumuler cet
argent-là, il faudrait gagner 100 000 $ par an pendant
300 000 ans, pour pouvoir avoir ce que ces 12 personnes ont. C'est-à-dire que l'homme de Neandertal...
J'ai fait des recherches pour voir c'est lequel qui pouvait travailler pendant
aussi longtemps, pendant... et gagner
100 000 $ par an pour accumuler ce que ces 12 personnes ont.
Combien paient ces personnes sur le
capital? Zéro. Combien nous allons ponctuer sur l'héritage? Zéro. On entend
souvent et le Parti libéral et la CAQ
parler du mérite du travail, mais le parti du travail, c'est nous, et on ne
pense pas qu'être né de la bonne ovule et du bon spermatozoïde consiste à être un mérite, consiste à avoir ce que
l'homme de Neandertal doit accumuler pendant 150 000 ans pour
avoir la même quantité d'argent.
Ceci étant dit, il y a, d'ailleurs j'en profite
pour le dire, une taxe sur le capital, au Québec, et elle s'appelle taxe municipale. C'est une taxe spécialement injuste
qui touche seulement la classe moyenne, car c'est le principal avoir de la
classe moyenne, c'est leur maison. C'est une taxe qui ne s'applique pas sur
l'avoir net, mais bien sûr... qui prend en compte, donc... qui ne prend pas en compte les dettes. Et
donc on pense que les personnes qui ont des dettes sur les maisons paient
quand même une taxe sur la valeur de la
maison au complet. Et, bien sûr, les personnes qui sont vraiment riches n'ont
pas comme principal avoir une maison
mais ont, bien sûr, des actions et des options en bourse, qui, elles, n'ont
aucune taxe sur le capital.
Donc, on voit, d'un côté, on s'appauvrit à
travers des baisses d'impôt, les unes après les autres, très aimées par le Parti libéral et par la CAQ, et, de l'autre
côté, il y a une accumulation de richesse qui permet, entre autres, d'ailleurs,
dans une économie financiarisée, de
prêter à l'État et donc, à travers ces dettes, à se faire de l'argent. On
remplace concrètement des impôts des
riches par des dettes qui rapportent, donc une dette de l'État qui rapporte de
l'argent aux gens qui investissent.
Qu'est-ce que
ça fait, ces baisses d'impôt? Elles nous rentrent dans un cycle, le cycle
infernal de l'austérité, des baisses d'impôt, un déficit public, des
compressions, un sous-financement, un rééquilibrage budgétaire. Et, une fois
qu'on est rendu là, on recommence le cycle,
qui est un cycle vraiment idéologique. Rappelons aussi que, dans les moments de
compressions, il y a aussi le fait qu'on se départit, l'État se départit d'un
certain nombre de ses fonctions, et c'est des bons moments, pour les affairistes, pour acheter les démembrements des
différentes sociétés d'État. Évidemment, il y a plein d'exemples dans le monde. Il y a aussi le fait qu'il y a de plus
en plus de privé dans la santé, dans la production d'énergie au Québec,
dans le transport en commun, etc.
Donc, de
quelles baisses d'impôt on parle aujourd'hui? On parle de celles au goût du
jour, celles de la CAQ, qui représentent 2 milliards de dollars, par
année, de pertes. C'est une taxe spécialement injuste, étant donné que, pour
donner un exemple, d'abord, il y a... 100 % du 1 % le plus
riche va y avoir droit, alors que le 30 % le moins nanti n'aura rien. Pour vous donner un exemple, une caissière, par
exemple, qui gagne 30 000 $ par an aura 138 $ de retour d'impôt
par cette baisse, quand le P.D.G. millionnaire en aura 810 $.
Ce serait aussi injuste de se limiter à dire
qu'il n'y a pas des taxes qui ont été rajoutées par la CAQ. Je rappelle qu'il y a seulement quelques jours ici, à
l'Assemblée nationale, dans le salon bleu, nous avons adopté le projet de loi sur les tarifs d'Hydro-Québec. Et je rappelle que les tarifs d'Hydro-Québec, aujourd'hui, pour les particuliers, sont vendus
plus cher que ce que ça coûte à Hydro-Québec de produire de l'électricité. Et donc, en fait, Hydro-Québec se transforme en taxe cachée. À chaque fois qu'on paie de
l'électricité, il y a de l'argent qui part des poches des Québécois pour aller
vers l'État. Mais c'est qui qui paie
le plus, le plus cher, son électricité? C'est les moins nantis, c'est eux qui
vivent dans des maisons qui sont
moins bien isolées, c'est eux qui paient une plus grosse proportion de leurs
revenus en électricité. Donc, c'est une taxe spécialement régressive qu'on a
mise là et qui rapporte, bon an, mal an... cette année, probablement même plus
que le 1,3 milliard de l'année
dernière. Et, de l'autre côté, il y a donc cette baisse d'impôt qui est
spécialement régressive. Donc, il y a
un transfert d'argent, encore une fois, des moins nantis vers les mieux nantis
à travers cette combinaison assez
intéressante des choses.
Il y a pourtant d'autres mécanismes pour
redistribuer de l'argent. Il y a le crédit d'impôt pour solidarité qui est un mécanisme intéressant. Je rappelle qu'une
partie de ce crédit est en fait un retour de TVQ mais qui touche avant tout,
évidemment, les moins nantis et, en fait,
une bonne partie de la classe moyenne, étant donné qu'on parle de
3 millions de foyers au Québec.
Pourquoi le
gouvernement de la CAQ préfère des baisses d'impôt qui, encore une fois, ne
vont servir à rien pour le 30 %,
les moins nantis, et vont... Et le 1 % le plus riche au Québec va
absolument, au complet, y avoir droit. Pourquoi préférer des mécanismes comme
ceux-là plutôt que le crédit d'impôt pour solidarité? C'est une très bonne
question, et, dans les prochains
jours, j'espère qu'on va nous expliquer pourquoi un système aussi injuste est
si important pour notre économie.
Rappelons que les voix qui s'opposent à cette
baisse d'impôt sont quand même nombreuses. Il y a eu une lettre, la semaine dernière, signée par 53 économistes,
qui rappelait tous les besoins que nous avons dans nos services publics. Le
gouvernement dit qu'il ne baissera pas le financement des services, mais les
services craquent de partout : les urgences ferment, les écoles sont moisies, les jeunes ont besoin d'avoir accès à
un psychologue gratuitement. Ça coûte de l'argent. Est-ce qu'il y a de l'argent neuf pour ça? Non, il n'y en
aura pas. Et ça, c'est la réalité. C'est : il y a un saccage de nos
services publics et aucune volonté de corriger la situation.
On a vu une
association de jeunes comme Force Jeunesse sortir, la semaine dernière ou en
début de cette semaine, expliquer,
pareil, qu'eux, la question la plus importante pour eux, c'est avoir accès à
des services de l'État et de lutter contre la crise climatique.
J'en viens d'ailleurs au Fonds des générations,
qui est un des points les plus importants qui est dans la motion du PLQ aujourd'hui. Je reprendrai peut-être les...
Je rappellerai les propos du premier ministre Legault en 2006, quand il était avec le Parti québécois et qu'il
traitait ce fonds de fonds des illusions à l'époque. C'est un fonds assez
intéressant. Il permet d'abord de
maquiller des questions comptables, c'est-à-dire de maquiller des périodes de
surplus en dette. Il est même calculé
comme une dépense. Il faut le faire, là! Contrairement à toute règle minimale
de comptabilité, il est calculé comme une dépense. Et l'argent qu'on y
met, évidemment, ne cesse d'augmenter.
• (16 heures) •
Aujourd'hui,
le Parti libéral nous dit : Oui, mais, pour nos jeunes, c'est
vraiment important, il faut absolument, la dette, etc. Et, du parti... du côté du gouvernement de la CAQ, on a
décidé d'utiliser l'argent qui va là pour le distribuer en baisses d'impôt. Je ne sais pas, vous, Mme la
Présidente, mais moi, je n'ai pas vu un seul jeune avec une pancarte nous
dire : Attention, mon Fonds des générations, je veux absolument, la dette, qu'elle soit
repayée. Il faudrait, à un moment, les écouter, ces jeunes. Et ils nous
disent : Investissez dans l'avenir de la lutte à la crise climatique. La
plus grosse dette que nous avons ici, au
Québec, est une dette climatique, et c'est là où l'argent, où l'effort de
l'État doit aller, pas dans des baisses d'impôt qui nous appauvrissent ensemble et pas dans une approche dogmatique et
comptable que nous avons vue trop longtemps, du temps des libéraux, et qui nous ont d'ailleurs fait vivre une
austérité terriblement douloureuse, car nous avons besoin d'investir dans notre avenir, nous avons besoin
d'investir dans le transport en commun, dans un système de santé public de
qualité, nous avons besoin de prendre soin de nos aînés, nous avons besoin
d'avoir accès à des psychologues pour nos jeunes.
Il y a deux
visions, Mme la Présidente, qui s'affrontent, ici. Il y a la vision qui croit
aux droits communs d'une pleine citoyenneté, du droit à la dignité, et
ça, ça passe par l'éducation, ça passe par la santé, ça passe par le droit des
futures générations à vivre dans un monde
qui est vivable. Et il y a un autre côté qui s'accommode des inégalités qui
augmentent, qui n'a aucune volonté de corriger un système public qui
craque de partout et qui, en plus, à travers des explications comptables plus ou moins sophistiquées, en fin de
compte, fait des transferts de richesse des classes les plus défavorisées,
de la classe moyenne vers les classes les plus riches. Nous, dans cette
approche, entre le droit collectif à la vie digne, à la pleine citoyenneté ou à la croissance des inégalités et au saccage
de nos services publics, nous avons choisi notre camp, et nous laisserons et le
gouvernement et le Parti libéral se débattre dans leurs dogmes. Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député. Maintenant, je suis prête à céder la parole à
M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, un débat
sur une motion qui touche à des sujets fondamentaux pour notre avenir,
parce qu'il s'agit essentiellement des services publics. En effet, nos services
publics sont financés par nos impôts, et,
lorsqu'on prend la décision de diminuer l'assiette fiscale, on fait un peu la
sourde oreille vis-à-vis de réels problèmes dans la majorité de nos systèmes publics.
On voit des systèmes qui craquent de partout et, simultanément, on
voudrait nous faire croire que la bonne décision, c'est de limiter le
financement de ces services.
Et pourquoi
c'est important, au Parti québécois? C'est qu'on considère que, sur le plan
humain, tout le monde au Québec a droit à un système d'éducation de
qualité, que quelqu'un de malade, peu importe dans quelle région ou dans quel
âge, a le droit d'être servi et de trouver des soins de qualité et rapidement,
et le constat, c'est qu'en ce moment on n'y
arrive pas. Et non seulement, sur le plan humain, ce n'est pas acceptable, sur
le plan économique, si on coupe dans nos services publics, bien, on
coupe dans le capital humain des Québécois, on coupe dans notre économie en
termes de compétitivité, de capacité de rivaliser avec d'autres sociétés qui
feront de meilleurs choix que de s'octroyer des baisses d'impôts en sachant
qu'il y aura un impact important sur la population.
On nous propose — et on l'a dit combien
de fois en campagne — essentiellement
un aller simple vers plus d'austérité alors
qu'on vient tout juste de sortir d'un cycle, un cycle libéral, rappelons-le,
d'austérité. Et, pire, l'approche du gouvernement, elle est encore moins
défendable dans la mesure où on s'apprête à prendre les sommes de cette baisse
d'impôt dans le Fonds des générations, ce
qui est un symbole extrêmement fort de la place ou plutôt de l'absence d'espace
pour la notion d'avenir dans les
décisions actuelles du gouvernement, un gouvernement qui est vraisemblablement
très préoccupé par ses sondages et qui fait des calculs politiques basés
sur ces sondages-là en ne se préoccupant pas des prochaines générations, en se
contentant d'un calcul politique à court terme.
Je m'en
voudrais de parler seulement du gouvernement, parce qu'il s'agit d'une motion
du Parti libéral du Québec, et je
suis obligé de rappeler que c'est ce parti-là qui est responsable de la
réingénierie de l'État, qui ensuite a donné l'austérité, et qui, en
campagne, voulait des baisses d'impôts plus importantes que ce que le
gouvernement de la CAQ s'est engagé à faire. Donc, il y a des limites, le tout
respectueusement soumis, à renverser ce qu'on a dit il y à peine quelques mois
et à aujourd'hui se plaindre d'une politique qu'on voulait encore plus
aggravante il y a quelques mois à peine.
Lorsqu'on parle de
dette, on parle souvent de dette financière, mais on vous soumet, Mme la
Présidente, que la dette climatique est
aussi, sinon plus importante pour les prochaines générations que la dette
financière. Et ça, ça veut dire qu'on peut difficilement accepter, dans
la motion initiée par le Parti libéral, une notion uniquement financière de la dette. Nous croyons qu'une partie du Fonds des générations pourrait et devrait être utilisée pour la
transition climatique parce que,
lorsqu'on calcule les sommes que devront payer les prochaines générations en
raison de notre inaction sur le plan climatique, bien, c'est un fardeau
financier plus important que le service de la dette.
Donc,
oui, on doit considérer la dette, mais on doit surtout considérer la dette
climatique, et c'est pourquoi on s'est engagés à rendre disponible
1 milliard du Fonds des
générations en versements pour un
fonds de transition juste, un fonds, donc,
qui permet la transition vers une nouvelle économie, notamment en
accompagnement... en accompagnant, pardon, les travailleurs. Et pour arriver à cette conclusion-là, bien, on a fait
ce que le gouvernement se refuse à faire, c'est-à-dire consulter les jeunes. On
les a consultés, on est allés chercher, notamment, l'appui de Force Jeunesse,
qui est d'accord avec notre idée de
prendre une portion du Fonds des
générations et de régler la dette
climatique, tout en étant responsables au niveau des fonds publics, et
donc en étant en désaccord avec une baisse d'impôt.
On
s'est engagés à doubler l'offre de transport collectif, à mettre en place une
place une passe climat, à encourager les entreprises québécoises qui ont
une dimension environnementale. Et nous, au Parti québécois, on pense que c'est
ça, avoir de l'ambition pour le Québec.
Avoir de l'ambition pour le Québec, ce n'est pas de regarder le sondage du jour
et de se dire : Ça, ce serait
peut-être un avantage politique à court terme, mais c'est de penser à nos
enfants et à nos petits-enfants pour que le Québec soit le plus prospère
possible.
Et
c'est pourquoi je dépose deux amendements à la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, donc, en ajoutant, d'abord, après le troisième
alinéa, l'extrait suivant :
«Qu'elle réitère que
les efforts actuels consacrés à la lutte aux changements climatiques
contribuent à l'équité intergénérationnelle en réduisant le fardeau de la dette
environnementale que les générations futures devront assumer.»
Et, deuxièmement, en
remplaçant le dernier alinéa de la motion par l'extrait suivant :
«Qu'en
conséquence, elle demande au gouvernement caquiste de renoncer à [sa] baisse
d'impôts annoncée et de maintenir l'intégralité du capital et des
versements du Fonds des générations, sauf pour [la question de] la lutte aux
changements climatiques.» Merci.
• (16 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Votre amendement est déposé, sous réserve de la permission
de l'auteur de la motion.
Alors, je suis prête
à entendre un autre intervenant. Mme la députée de Jean-Talon, la parole est à
vous.
Mme Joëlle
Boutin
Mme Boutin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Écoutez, beaucoup de choses se sont dites, dans les dernières
interventions, et c'était très intéressant, mais j'aimerais ça rectifier le tir
quand même, là. Le député de Maurice-Richard, quand il dit qu'on a pris... que notre gouvernement prend tout l'argent
du Fonds des générations pour financer une baisse d'impôt, ce n'est pas vrai, parce que, ce matin,
lors de la période de questions, le ministre des Finances l'a bien mentionné,
on continue de contribuer à hauteur de 3 milliards de dollars par année.
Ce sont des montants quand même substantiels.
On
est tous d'accord que le Fonds des
générations, c'est quelque chose
d'important, mais, comme l'a si bien dit mon collègue député d'Orford, nous sommes un gouvernement qui tient ses
promesses, et, en campagne électorale, nous avons pris la promesse et l'engagement de faire une diminution des
impôts, donc nous allons tenir notre promesse. Et c'est surprenant, parce que le Parti libéral, lui, a
décidé qu'il changeait de cap soudainement, alors qu'en campagne électorale
il promettait des baisses d'impôt supérieures aux nôtres. Donc, je tenais à le
préciser.
Puis
c'est quand même surprenant que... bien, surprenant... ce n'est pas si
surprenant que ça que le Parti libéral change de cap comme ça, parce que ce n'est pas la première fois qu'il l'a fait.
Je me souviens, en 2015, il y avait beaucoup de promesses sur la table, et, lorsqu'ils ont été élus,
première chose qui s'est passée : rupture des promesses. Un exemple qui
m'a touchée personnellement, moi, comme mère, à ce moment-là, qui avait des
enfants en garderie, c'était le fait de revenir sur leur promesse de garder un
taux fixe pour les frais de garde. Alors, non seulement ils sont revenus sur
leur promesse, mais ils ont fait une
hausse rétroactive, donc, sur toute l'année, qui était payable au moment même.
Je me souviens, on était, là, au
printemps 2015, et on était plusieurs parents à avoir... recevoir une
facture de 3 000 $ et 5 000 $, remboursable immédiatement, juste avant les vacances d'été. Je
vais m'en souvenir toute ma vie, Mme la Présidente, parce que, pour moi,
c'était une promesse qui a été complètement bafouée, alors je voulais
mentionner cela.
Mais
le Parti libéral ne s'était pas arrêté là. Le collègue, le chef de troisième
opposition l'a mentionné, l'austérité libérale
a fait très, très mal au Québec. Quand je les entends dire qu'on doit continuer
à subventionner, à financer les jeunes, que c'est important, il ne faut pas
couper dans les services pour la jeunesse, c'est surprenant de voir qu'ils ont
fait tout à fait l'inverse avec leurs
mesures d'austérité. Et je dois vous avouer, Mme la Présidente, que j'ai eu un
petit baume sur le coeur quand j'ai entendu les mea culpa des anciens ministres
libéraux, l'ancien ministre des Finances du gouvernement libéral Carlos
Leitão et l'ancien ministre de la Santé, quand ils ont fait leur mea culpa
public très récemment à la radio. Et je vais
citer Gaétan Barrette, l'ancien ministre des Finances, qui a dit à la radio, en
entrevue : «"Je suis content qu'il l'ait dit, Carlos, parce qu'il a raison. On est allés trop
vite, on aurait dû aller lentement, réajuster le tir", a-t-il
ajouté. "Nous, les ministres, jamais
[...] on n'a eu une seule indication pendant le mandat qu'on avait des surplus.
Comment tu penses qu'on s'est sentis quand
on réclamait des budgets et qu'on a appris, une semaine après l'élection de
2018, qu'il y avait [soudainement] des surplus de 7,6 milliards de
dollars?"»
Mais, en petit aparté, on n'est pas si
surpris quand on a vu... quand, dans la dernière campagne électorale, il y
avait des erreurs de
12 milliards de dollars dans leur cadre budgétaire. Et je continue de
citer Gaétan Barrette, ancien ministre de la Santé : «Le moment de la
politique qui est gravé le plus fermement dans ma mémoire[...], c'est quand je
me suis présenté, après le budget,
devant le secrétaire du Conseil du trésor et Martin Coiteux — qui
était président du Conseil du trésor à ce moment-là — et
[...] je leur ai dit : "Je ne peux pas, avec ce budget, reconduire
l'année prochaine les services qu'on a donnés l'année dernière, ce n'est juste pas possible." La réponse que j'ai
eue de Martin Coiteux, c'est : "C'est un autre débat, ça coûte
trop cher, c'est ça, ton budget", a raconté l'ancien ministre.»
Ça
fesse quand même, là, c'est assez puissant, parce que, là, on parle ici des
services aux plus vulnérables, là, aux enfants,
aux personnes aînées, aux gens qui sont malades, des services en santé, en
éducation, Mme la Présidente, et c'est eux
qui en ont... Bien, tu sais, c'est eux qui ont vécu ça. Et, aujourd'hui encore,
quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre en éducation, pénurie de main-d'oeuvre en santé, c'est quelque chose
qu'on aurait pu prévoir il y a 15 ans, Mme la Présidente. Et le gouvernement qui nous a précédés en avait
conscience. En tout cas, j'ose croire qu'ils en avaient conscience, parce qu'il
y a également la fonction publique qui était là, et ils ont quand même décidé
de faire des ponctions budgétaires à la hauteur de 2 % à 3 %
par ministère et organisme, sans égard à la mission et aux priorités. Ça, ça a
fait mal.
Si
on regarde, en gros, là, les coupures qui ont été faites — moi,
j'aime les chiffres, là, le monde le sait, donc on me donne souvent des chiffres — le
précédent gouvernement, lors de l'austérité... au nom de l'austérité
budgétaire, a coupé, dans les
commissions scolaires, 130 millions de dollars, dont 90 millions dans
l'aide à la réussite scolaire, 10 millions pour l'adaptation scolaire, 30 millions dans les
allocations dites supplémentaires. C'est des coupures en éducation qui font
mal. Et, je me souviens, quand on est arrivés au pouvoir, on avait des... moi,
j'étais directrice de cabinet, la première année, puis on se présentait un peu toutes nos priorités, et
je me souviens qu'en santé et en éducation les chefs de cabinet ont dit :
On a une pénurie de main-d'oeuvre
hallucinante, on n'a plus d'orthopédagogues, il manque de... il va manquer
d'enseignants, il nous manque 30 000 préposés aux
bénéficiaires sur cinq ans. Et ça, c'était dû aux coupures budgétaires qu'on
avait subies au nom... pour revenir vers l'équilibre budgétaire, qui aurait été
fait... qui aurait pu être fait plus doucement sur plusieurs années. Et je me
souviens que je me suis dit : Mon Dieu! Où est-ce qu'on va trouver ces
gens-là?
Et, aujourd'hui
encore, malgré qu'on mette toutes les mesures en place pour encourager un
retour vers l'emploi du personnel soignant...
Je vous le dis, il n'y a rien qu'on ne fait pas, Mme la Présidente, là. Il y a
des bourses de 1 500 $ par session pour le cégep, des bourses
de 2 500 $ par session pour ceux qui vont à l'université dans
plusieurs secteurs où il y a une pénurie de
main-d'oeuvre. En éducation, notamment, là, c'est sans précédent, ça ne s'est
jamais fait à date, on est en
rattrapage, un rattrapage monumental, et tout ça, c'est pour offrir des
services à nos jeunes, à nos jeunes enfants, qui sont le futur de notre société. Mais le précédent gouvernement a
décidé de couper et, aujourd'hui, il nous critique de ne rien... ils nous
disent qu'on ne fait rien pour l'avenir de nos jeunes. Alors, je m'excuse, moi,
je me permets d'être un peu insultée,
parce que je suis mère de deux enfants de 10 et 14 ans, je sais que c'est
important, ils sont... Puis je vois... il y a plusieurs parents aussi
ici, là.
Je
continue dans les compressions. Il y a eu également plusieurs compressions,
mais le tarif des services de garde, je l'ai dit tout à l'heure, on s'est
dit : Bon, bien, finalement, ça coûte trop cher, on l'a promis, mais ils
vont oublier. Mais on n'a toujours
pas oublié après toutes ces années. Alors, quand on est arrivés au pouvoir, on
a ramené ça à 8 $ et quelques de l'heure
puis on a décidé qu'on allait compléter le réseau. Oui, c'est beaucoup
d'argent, convertir les garderies, oui, c'est que ça coûte de l'argent, créer des places, mais on est en pénurie de
main-d'oeuvre, on n'a pas le choix de le faire. On s'est engagés à le faire, et c'est ce qu'on est en train
de faire. C'est fondamental pour la société, surtout que c'est souvent des
femmes, là, qui paient puis qui restent à la
maison quand ils n'ont pas de place à la garderie. Donc, on ne peut pas se
permettre, on est en rattrapage.
Encore là, les bourses de tout à l'heure, que je mentionnais, les personnes qui
veulent devenir éducatrices en services de garde y ont également droit, puis ça
a son effet. C'est sûr qu'on ne règle pas tout en quelques semaines, ça
prend quelques années pour régler cette situation-là, mais on est en marche, et
c'est ce qu'on fait.
Ils
ont également compressé dans les... Encore en éducation, là, on parle souvent
de réussite scolaire, puis une partie de
la réussite scolaire, c'est d'avoir des ratios équilibrés dans les classes.
Mais les libéraux ont également fait des compressions à ce niveau-là puis ils ont décidé d'augmenter les
ratios et d'avoir plusieurs élèves, là, justement, les années... les quatre,
cinq, sixième année, et les professeurs trouvent ça très difficile, ils en ont
déjà beaucoup sur les épaules. Donc, déjà qu'ils n'avaient plus
d'orthopédagogues, qu'on est en train d'en rembaucher 200, 300 dans le système
parce qu'ils sont partis, ils se sont
trouvés... ils se sont reconvertis, on est en pénurie de main-d'oeuvre — reformer
des orthopédagogues, ça prend plusieurs années — mais là les classes sont encore plus lourdes, c'est
plus difficile à gérer. C'est ça qu'ils ont fait, les libéraux.
Sans compter toutes
les coupures qu'il y a eu en santé. Si on s'entend qu'il y a un endroit où il
ne faut pas couper en ce moment, bien, c'est
en santé. La population est vieillissante, on va avoir beaucoup de pression sur
notre système de santé pendant les
20 prochaines années, probablement. Donc, tout le monde le sait, on est au
rendez-vous. Il y a un plan santé qui veut restructurer, moderniser le système
de santé, redonner une meilleure flexibilité, justement, aux infirmières
pour les garder au travail. C'est
fondamental pour nous, c'est les plus vulnérables. L'éducation, c'est... on
travaille sur notre futur, futur de la société, les jeunes, mais, quand on
investit sur le système de santé, on aide les plus vulnérables. On ne
peut pas se permettre, au Québec, surtout
que c'est un contrat social qu'on a avec la population, de couper en santé, et
nous, on ne le fera pas.
Mais
on est capables, quand même, d'accorder des baisses d'impôt parce que nos
finances publiques sont saines. On a
un très bon ministre des Finances qui a toujours une approche équilibrée. Il ne
nous dit pas toujours oui, là, Mme la Présidente, là. J'ai des collègues qui sont ici, on veut... nous autres,
on veut toujours plus, c'est certain, mais on a une approche équilibrée.
Alors, c'est
ce qu'on a fait à notre arrivée, on s'est dit qu'on allait redresser la
situation. On a réinvesti massivement en santé, en éducation, on continue à le
faire, c'est des montants, là, phénoménaux. On parle, ici, de près de
8,9 milliards de dollars supplémentaires d'ici 2026-2027 en santé, soit
5,2 milliards de dollars pour rétablir le système de santé et
services sociaux, 3,7 milliards de dollars pour rehausser les soins
et les services à la population. En éducation, c'est près de 2,8 milliards supplémentaires additionnels
sur cinq ans pour réinvestir en éducation et en enseignement supérieur,
1,6 milliard pour la réussite et la persévérance scolaire. On le
sait, c'est un défi. Ce n'est pas parfait, mais c'est possible de le faire.
Alors, en
conclusion, je comprends, là, qu'il y a des préoccupations, puis on entend
toutes sortes de choses dans les
journaux, on se dit : Ah! ils vont couper dans le Fonds des générations, il n'y aura plus rien pour les jeunes dans le
futur. Mais il y a plusieurs manières de gérer, justement, les finances
de l'État. Le Fonds des générations, il est là pour rester, on continue d'y contribuer de manière
significative, mais il faut investir et... Nous, c'est ce qu'on a fait, on a
réinvesti en santé, en éducation. On
a conscience des défis pour la persévérance scolaire, pour s'assurer d'avoir un
système de santé qui va tenir la route, là, qui va avoir les reins
solides dans les prochaines années, puis c'est difficile, on investit, puis ça prend du temps avant que les choses se placent,
on a conscience de ça, parce que les jeunes, c'est le futur du Québec. Et
moi, personnellement, j'ai confiance en
notre ministre des Finances et j'ai confiance qu'on va respecter tous nos
engagements électoraux et qu'on va continuer de prendre soin de notre
Québec. Alors, merci, Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Alors, je suis prête à reconnaître un membre de l'opposition
officielle. Et j'en profite, en même temps, pour vous rappeler qu'il reste à
votre parti 9 min 10 s.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Et merci de me permettre de m'exprimer aujourd'hui dans
cette Chambre afin d'aborder un sujet extrêmement sérieux pour la jeunesse
québécoise, soit celui de l'avenir du Fonds
des générations.
Dans le contexte où le ministre des Finances,
avec le soutien de l'ensemble du gouvernement caquiste, souhaite diminuer de 40 % les versements au Fonds des
générations. Nous ne pouvons garder le silence, nous ne devons pas garder
le silence, et c'est pour cette raison que nous avons déposé cette motion
aujourd'hui.
Il faut le
rappeler, Mme la Présidente, la Loi sur la réduction de la dette et instituant
le Fonds des générations a été adoptée le 15 juin 2006 sous un
gouvernement libéral, fièrement, avec l'objectif de réduire le fardeau de la
dette du Québec. Le Fonds des générations
est un fonds affecté exclusivement au remboursement de la dette du Québec pour
réduire le fardeau des générations futures.
Pour financer le fonds, et c'est important de
revenir à la genèse, Mme la Présidente, pour financer le Fonds des générations, notre ressource collective
renouvelable la plus importante est mise à contribution : l'eau, l'or bleu
du Québec. Le Fonds des générations
est donc alimenté par des revenus dédiés, des sources de revenus consacrées au
remboursement de la dette, est constitué notamment de redevances
hydrauliques provenant d'Hydro-Québec et de producteurs privés d'hydroélectricité. Le fonds bénéficie aussi de
sommes relatives à l'indexation du prix de l'électricité patrimoniale, à une
contribution additionnelle d'Hydro-Québec,
aux revenus miniers, à la taxe spécifique sur les boissons alcooliques et à la
liquidation des biens non réclamés administrés par Revenu Québec.
C'est un
fonds qui a été bien monté, comme vous venez de l'entendre, Mme la Présidente,
qui a été pensé précisément pour
l'avenir de notre jeunesse québécoise. Les sommes consacrées au Fonds des
générations sont aussi gérées par... sont aussi, bon, déposés à la Caisse de dépôt et placement du Québec et sont
administrés, donc, suivant la politique de placement du ministre, en collaboration avec les
responsables de la caisse. Donc, vous le voyez, tout a été fait, tout a été
monté pour que le Fonds des générations soit géré de façon responsable pour
qu'on puisse s'acquitter de cette dette, pour qu'on puisse répondre à
cet objectif d'équité intergénérationnelle de la façon la plus encadrée
possible, de la manière la plus efficace possible pour que la génération future
n'ait pas à porter le fardeau des décisions du passé, Mme la Présidente.
Aujourd'hui,
compte tenu des versements effectués depuis la création du fonds et de ceux qui
sont prévus, la valeur comptable du Fonds des générations est établie à environ
19 milliards de dollars. C'est un trésor, un trésor national.
C'est pour cette raison... et le site même du ministère des Finances l'indique,
c'est pourquoi le gouvernement maintient ses versements,
parce que les versements au Fonds des générations contribuent à la réduction de
la dette et, par le fait même, à
l'amélioration de l'équité intergénérationnelle. Ce n'est pas moi qui le dis,
c'est le ministère des Finances qui l'indique. C'est pour cette raison
que le gouvernement maintient ses versements.
Dans cette
perspective, Mme la Présidente, sur 15 ans, le Fonds des générations a
généré en moyenne un rendement de
6,3 % et un taux de dette de 3,1 % sur les sommes empruntées, pour un
rendement net de 3,2 %. Je le répète, sur 15 ans, le Fonds des
générations a généré un rendement de 6,3 %, alors que le taux d'emprunt
était de 3,1 %. On le voit donc, le
Fonds des générations, ce n'est pas seulement un outil utile pour maintenir une
bonne cote de crédit ou un outil qui ne sert qu'à maintenir une
crédibilité... oui, intergénérationnelle... — pardonnez-moi le lapsus,
parce que c'est tellement important — une
crédibilité internationale en accumulant des versements, c'est aussi un outil
qui génère des rendements pour la
prochaine génération. C'est un outil qui est extrêmement utile dans cette
perspective, parce que ce n'est pas juste le Trésor qui nous... le capital qui est important pour la prochaine
génération, ce sont aussi ses rendements. Et tous les experts le disent, le Fonds des générations continuera de
générer des rendements intéressants pour s'attaquer au poids des déficits.
J'ajouterais
donc ceci, donc, on l'a vu, donc le site du ministère des Finances nous
indique : Pour maintenir l'équité intergénérationnelle,
maintenir les versements est primordial. Donc, c'est pour cette raison qu'on
les maintient. J'ajouterai qu'en raison de ses rendements, c'est exactement
pourquoi, à notre sens, le gouvernement doit maintenir les versements.
Se priver de plusieurs milliards de dollars en rendement au bénéfice des
prochaines générations, c'est faire preuve d'irresponsabilité. D'ailleurs, le
gouvernement le sait tellement, que c'est irresponsable, que la députée de
Jean-Talon qui vient de s'exprimer avant moi
n'a pas été en mesure de justifier la décision et a digressé pendant neuf
minutes sur le passé. Elle s'est mis
d'accord avec nous que la pénurie de main-d'oeuvre, ce n'est pas une bonne
nouvelle, et elle a passé son temps à énumérer les
programmes caquistes de requalification qui sont montés à l'aveugle, qui ne
fonctionnent pas parce que la CAQ ne veut pas écouter le milieu.
Donc, disais-je, Mme la Présidente, c'est encore
pertinent, de maintenir les versements intégraux au Fonds des générations aujourd'hui,
et nous, libéraux, nous n'adoptons pas une position qui est dogmatique à ce
sujet. Les jeunes générations, ma génération
et celles qui suivent, nous sommes confrontés au vieillissement de la
population. Donc, l'objectif de
maintenir les versements dans leur intégralité, ce n'est pas de dire :
Nous ne touchons pas au Fonds des générations parce que c'est une religion, parce que c'est un dogme,
nous disons : Nous ne touchons pas au Fonds des générations aujourd'hui,
en 2023, parce que c'est encore rentable
pour les prochaines générations de maintenir l'intégralité des versements.
C'est rentable pour ma génération, pour celles qui suivent, de nous assurer que
nous ayons ce trésor, ce trésor national, pour nous donner une liberté.
Nous sommes
confrontés à un vieillissement de la population qui s'accélère. Je n'apprends
rien à qui que ce soit, la pyramide
des âges s'inverse. Et, dans ce contexte, notre génération sera confrontée à un
défi démographique immense, dans le
contexte où notre fardeau financier sera déjà plus élevé que celui des
générations précédentes. On ne peut pas se permettre d'alourdir ce
fardeau.
Mme la Présidente, au 31 mars 2023, la
dette nette du Québec s'établira à 200 milliards de dollars, soit
36 % du PIB. Le Fonds des générations
ne doit donc en aucun temps être considéré comme une enveloppe où on peut piger
ici et là pour financer des promesses électorales. Le faire, Mme la Présidente,
c'est manquer de vision, c'est faire preuve de cynisme, c'est dire à la
prochaine génération...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...laissé passer quelques-unes, là, mais
j'aimerais que vous puissiez rappeler à la collègue que ce sont des propos blessants, d'être prudente
dans ses propos. Et certains propos prêtaient des intentions, également,
au gouvernement et à la collègue. Donc, simplement rappeler à l'ordre, s'il
vous plaît, la collègue.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Vous pouvez
poursuivre votre intervention, Mme la députée, avec prudence.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. J'essaierai de mesurer mes propos.
Donc, dans
cette perspective, étant donné le fardeau auquel notre génération est
confrontée, étant donné tout ce qui sera mis sur les épaules des générations
futures, non seulement ces versements, en ce moment, aujourd'hui, pour des
motifs qui sont raisonnables, pour des
motifs qui sont responsables, devront demeurer dans leur intégralité, nous
sommes aussi visionnaires, Mme la Présidente, nous disons : Le ministre,
le gouvernement, en ce moment, nous donne, nous octroie la possibilité
de réfléchir, de réfléchir à l'avenir, de voir exactement comment nous
souhaitons orienter le Fonds des générations pour l'avenir.
Donc,
aujourd'hui, Mme la Présidente, avec cette motion, nous nous opposons à ces
baisses d'impôt financées à même le Fonds des générations, mais d'autant plus
nous disons : Faisons preuve de proactivité. 100 milliards, 100 milliards
de dollars, c'est l'objectif que nous nous
donnons pour atteindre cette liberté. C'est l'objectif que nous nous donnons
pour nous assurer que la prochaine
génération, comme elle le souhaite, puisse disposer de toute la latitude
nécessaire pour faire ses choix. Nous leur disons : Investissez dans les
choix de société qui vous conviennent, propres à votre conjoncture, en
vous consultant. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Alors, je suis prête à reconnaître un membre du gouvernement. M. le
député de René-Lévesque, la parole est à vous.
M. Yves Montigny
M. Montigny : Bonjour, Mme la
Présidente. Ça fait plaisir de prendre la parole, aujourd'hui, sur un sujet
aussi important que celui-ci, le Fonds des
générations, ainsi que... en fait, je dirais aussi, toutes nos décisions qu'on
prend, comme gouvernement, qui sont alignées sur les bonnes places, sur
les besoins des Québécois.
Alors, j'aimerais
simplement commencer par un élément que je vais vous lire, Mme la Présidente.
En mars 2018, le budget 2018‑2019, le gouvernement de Philippe
Couillard annonçait puiser 2 milliards de dollars par année, pendant cinq ans, dans le Fonds des générations pour
ramener la dette publique du Québec à 45 %. Alors, si on regarde
maintenant, au 31 mars 2022, Mme
la Présidente, on voyait qu'on tombait sous la barre des 43 %. Mais,
sérieusement, ça me surprend tout le
temps, d'entendre l'opposition officielle se mêler dans ses paroles, de dire, à
quelque part, que, ces idées qui étaient défendues à
l'époque, ça se peut de dire aujourd'hui le contraire. Alors, c'est tout le
temps un peu surprenant, Mme la Présidente.
À sortir de
plus de deux ans de pandémie, où tous et chacun ont traversé la tempête
ensemble, notre gouvernement a aidé les Québécois et Québécoises, par
plusieurs mesures, pour pallier à une hausse rapide de l'inflation et aider
avec la hausse du coût de la vie. Nous
étions engagés, dès 2018, à alléger le portefeuille des contribuables. Chose
promise, chose due. Nous avons pris
l'engagement, en campagne électorale, de réduire les impôts des Québécois et,
oui, on respecte nos engagements. Eh
oui! peut-être que d'autres partis politiques, pour eux, ne pas respecter leurs
engagements, ça fait partie d'une vision, mais ce n'est pas la nôtre.
Les engagements pris par notre formation politique, Mme la Présidente, sont
défendus ici, à l'Assemblée nationale, et seront respectés, et on va les faire.
On fait ce qu'on a dit.
Alors,
comparé aux autres provinces du Canada, la pression fiscale, au Québec, est au
premier rang, tout comme l'importance en pourcentage du PIB du poids des
impôts sur le revenu des particuliers, des cotisations sociales, des impôts sur les bénéfices des sociétés et des
impôts sur les salaires, Mme la Présidente. En 2022, la comparaison du barème
d'imposition combinée fédéral-provincial sur les revenus des particuliers du
Québec et de l'Ontario montre des taux marginaux plus élevés au Québec, sauf
pour les revenus imposables très bas, ceux qui gagnent moins de
16 000 $ par année, ou ceux qui
sont élevés, à 222 000 $ par année. Les écarts atteignent
7,5 points de pourcentage lorsque les revenus imposables se situent
entre 20 000 $ et 80 000 $, Mme la Présidente. Alors, bien
évidemment, dans ce contexte-là, le Québec
se positionne en queue de peloton en ce qui a trait aux impôts sur le revenu
des particuliers, sur les salaires, sur les bénéfices des sociétés parmi
les 30 pays membres de l'OCDE.
Alors, évidemment, quand on entend d'autres
partis politiques nous dire que c'est une mauvaise idée d'avoir en regard la question des impôts, quand on regarde
les autres formations politiques nous dire qu'on ne doit pas tenir compte
de cette vision de laisser tomber de la
pression sur les épaules des contribuables, ça me surprend tout le temps. C'est
ça, notre réalité. Les Québécois ont
besoin de ces baisses d'impôt, et il faut aller dans cette voie-là. On l'a dit
en campagne puis on va continuer à le faire.
Maintenant,
c'est une mesure contrôlée et responsable qu'on met en place comme
gouvernement, à l'image de notre gestion
des quatre dernières années, Mme la Présidente. Les Québécois travaillent très,
très fort. On se doit de leur donner vraiment un peu de valorisation et
surtout on doit valoriser le travail, Mme la Présidente. Alors, ce n'est pas la
seule mesure que nous avons proposée depuis
l'élection du gouvernement, en 2018. On a mis en place un plafonnement de la
hausse de plusieurs tarifs gouvernementaux, 3 %, Mme la Présidente,
diminution des frais de stationnement dans les hôpitaux, l'harmonisation des taxes scolaires au plus bas taux du
Québec, bonification des allocations... en fait, c'est la bonification
des allocations pour les familles, le soutien aux aînés aussi, Mme la
Présidente, l'augmentation du salaire minimum
de 27 % en quatre ans, Mme la Présidente. On est là pour les gens qui en
ont besoin puis on va continuer à le faire. Nous sommes passés de
12 $ de l'heure en 2018 à 15,25 $ en 2023. Cette hausse a été plus
importante que l'inflation malgré la
pandémie, Mme la Présidente. Elle a permis d'augmenter le pouvoir d'achat des
Québécois et, bien sûr, leurs salaires.
Je veux aller
tout de suite pour vous parler maintenant de... Lors de sa création, en 2006,
les contributions au Fonds des générations étaient de quelques centaines de
millions. Cette année, nous ajoutons 3 milliards de dollars, Mme la
Présidente. En continuant dans cette lignée,
l'augmentation serait de plus de 5 milliards en 2026 et 2027, Mme la
Présidente. Alors, quand j'entends,
des fois, d'autres formations politiques dire qu'on veut couper dans le Fonds des générations, bien, vous
pouvez tirer vos conclusions, Mme la Présidente. Je veux vous dire que la
valeur comptable du Fonds des générations, en 2022, a atteint
15,7 milliards. Ce n'est pas rien.
Contrairement à certaines formations politiques,
Mme la Présidente, il y en a pour souhaiter... c'est surprenant, mais il y a des formations politiques qui
souhaitent la suspension complète des versements au Fonds des générations. Je
me questionne, moi, si c'est sérieux comme
proposition, Mme la Présidente. Nous, nous avons les yeux bien alignés sur
le tableau de bord de l'évolution de la
dette brute au Québec. Je l'ai juste ici, devant moi, l'évolution de la dette
brute au Québec. On regarde le PIB en
fonction du pourcentage du PIB au 31 mars 2022. Elle est estimée en bas de
43 %, Mme la Présidente.
Alors, je trouve que, quand on regarde tout ça
en fonction de la dette, puis quand on regarde que le Fonds des générations... la valeur comptable qu'a atteint le
Fonds des générations, en 2022, à 15,7 milliards, puis quand on regardait
les prévisions qui sont toujours au-dessus de 3 milliards, bien, on fait
bien. On est exactement dans la bonne direction, Mme la Présidente. Je vous le dis, les citoyens du Québec ont besoin d'un
peu moins de pression par rapport à leurs impôts, puis les conditions sont bien placées pour être
capables de mettre en place ce qu'on veut faire, Mme la Présidente. Je vous
le répète, les versements du Fonds des
générations ont toujours été maintenus au-delà de 3 milliards, et on a
actuellement 15,7 milliards en
2022 pour le Fonds des générations. Puis on a un tableau aussi qui nous
démontre très bien qu'on est en bas de 43 % en pourcentage du PIB.
Alors, c'est des chiffres qui parlent, Mme la Présidente.
Nous faisons
une gestion responsable et prudente des finances publiques, comme le disait
aujourd'hui le ministre des Finances.
La première
responsabilité : financer les principales missions de l'État adéquatement.
Nous avons une équipe forte au gouvernement et très compétente. Nous
travaillons extrêmement fort pour réussir à trouver l'équilibre nécessaire.
Deuxième responsabilité, Mme la
Présidente : revenir à l'équilibre budgétaire. On a fait face à une
pandémie, et il y a eu une pandémie, il y a eu une récession, la pire
récession, comme le disait le ministre aujourd'hui, depuis la Deuxième Guerre
mondiale. Ça a eu un impact sur les finances publiques, c'est certain.
La troisième
responsabilité qu'on a, c'est de réduire le poids de la dette au Québec, le
Fonds des générations. Je vous ai
parlé tantôt, en fonction du graphique, que, là, on le voit très, très bien
qu'on a descendu puis qu'on se situe autour de 43 %.
Maintenant,
nous avons ajouté le désir de réduire le fardeau fiscal des Québécois. C'est
extrêmement important pour stimuler l'offre de travail, créer de la
richesse puis encourager l'innovation, Mme la Présidente.
Maintenant,
nous maintenons toujours l'objectif de retourner à l'équilibre budgétaire d'ici
2027‑2028. Rappelons que ce retour à
l'équilibre sera bénéfique non seulement pour les Québécois actuels, mais pour
ceux des générations futures, Mme la Présidente. De saines finances publiques
bénéficient à l'ensemble de la population, aujourd'hui et demain.
À ce
stade-ci, Mme la Présidente, j'aimerais ça rappeler respectueusement à mes
collègues de l'opposition officielle, qui semblaient très fiers, en campagne
électorale, de repousser le retour au déficit zéro de sept ans, ce qui
augmenterait la dette de quelque chose comme 15 milliards de
dollars. Pour l'opposition officielle, à ce moment-ci, est-ce que, selon leur
logique d'aujourd'hui... est-ce que c'est la dette à long terme qui va payer pour
des baisses d'impôt à court terme, Mme la
Présidente? De plus, j'aimerais vous rappeler que leurs calculs n'étaient même
pas bons, ça ne balançait même pas, Mme la Présidente, leurs calculs
pendant la période électorale.
En
conclusion, j'aimerais... laissez-moi juste conclure de cette façon-là.
Laissez-moi nous remettre à l'esprit que nous avons promis, comme gouvernement, de remettre de l'argent dans le
portefeuille des Québécois. C'est ça qu'on va faire, parce que nous
autres, on tient nos promesses, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Masson. Et je vous informe qu'il reste huit
minutes de temps de parole pour votre groupe parlementaire.
M.
Mathieu Lemay
M.
Lemay : Alors, merci, Mme la
Présidente. À mon tour d'intervenir aujourd'hui en Chambre sur ce sujet de
la motion du mercredi du député de
Marguerite-Bourgeoys. Et je tiens à saluer mes collègues qui sont ici présents
pour cette intervention.
Alors, vous
savez, premièrement, Mme la Présidente, vous devez savoir que je vais exprimer
une intervention en désaccord avec la motion du député de Marguerite-Bourgeoys,
parce que je suis contre, là, sa motion. Vous savez, lorsqu'on parle du Fonds des générations, puis mes collègues
l'ont mentionné précédemment, il a quand même été constitué en 2006 par
le gouvernement du Québec afin de garantir une pérennité des finances publiques
à long terme et il a donc pour objectif de
réduire le fardeau de la dette publique en capitalisant une partie des surplus
budgétaires de l'État et en les investissant dans des projets
productifs.
Alors, Mme la
Présidente, chaque année, une partie des excédents budgétaires sont transférés
au Fonds des générations. Et
d'ailleurs, si on se réfère à l'année 2020‑2021, le gouvernement du Québec
a effectué un versement de 2,5 milliards au Fonds des générations.
Mais, si on se compare au tout début, mon collègue l'a dit tout à l'heure, quelques centaines de millions... c'était
600 millions, en 2006, qui étaient versés. Cette année, Mme la Présidente,
est-ce que vous savez ce serait quoi,
le versement au Fonds des générations? Ce sera 3,2 milliards de
dollars qui seront versés. C'est quand
même énorme, Mme la Présidente. Ça fait qu'avant de dire qu'il y a des coupures
ou que les fonds ne sont pas versés, je
pense qu'on devrait prendre ça en considération, qu'il y a eu une progression
linéaire vers une augmentation du versement au Fonds des générations.
Alors, ce que
vous devez savoir aussi, Mme la Présidente, c'est que le Fonds des générations
est géré de manière indépendante par la Caisse de dépôt et des
placements du Québec, qui a pour mandat de maximiser le rendement des investissements tout en respectant les critères
d'investissement éthiques et responsables. Le Fonds des générations a aussi
pour mission, Mme la Présidente, de
contribuer à la réduction de la dette publique, de soutenir le financement des
dépenses en santé et en éducation et de maintenir un niveau de service
public adéquat.
Donc, les bénéfices du Fonds des générations
sont réinvestis dans les services publics plutôt que d'être utilisés au
remboursement de la dette publique. Donc, lorsqu'on comprend ça, Mme la
Présidente, là, on sait que le Fonds des générations,
c'est une mesure importante pour la gestion à long terme des finances publiques
du Québec. Ça vise à garantir une pérennité de l'économie et à assurer
une qualité de vie élevée pour les générations futures. Alors, par conséquent, Mme la Présidente, là, il est indéniable que ce
fonds constitue une mesure importante pour la gestion à long terme des finances
publiques de notre province.
Cependant, il
est également important de considérer les enjeux actuels qui nécessitent une
action urgente. Je ne sais pas si vous le savez, Mme la Présidente, là, mais on
est confrontés à une situation économique préoccupante, là. Premièrement,
on a été exacerbés par la pandémie de COVID-19. Il y a des milliers de
Québécois qui ont perdu leur emploi. Il y a
des entreprises qui ont subi des pertes importantes. Puis, dans ce contexte, on
doit agir rapidement pour stimuler l'économie et soutenir les
travailleurs et les entreprises.
Vous savez, moi, je suis conscient que le Fonds
des générations, c'est quand même d'une importance capitale pour la gestion à long terme de nos finances, mais
je suis aussi d'avis, comme je viens de le dire, qu'il y a urgence d'agir.
Puis pourquoi? Parce qu'en plus des défis
économiques auxquels on est confrontés, Mme la Présidente, bien, il me semble
que toute modification au fonctionnement du fonds, ça n'a pas nécessairement
besoin de faire l'objet d'une vaste consultation nationale auprès de la
jeunesse du Québec. C'est ce que demande le député de Marguerite-Bourgeoys. Bien sûr, c'est important de prendre en compte
l'opinion de la population, puis des jeunes en particulier, mais il ne
faut pas pour autant freiner l'action gouvernementale.
Donc, c'est
important, je veux le rappeler ici, Mme
la Présidente, que, quand on a fondé,
quand on a créé le Fonds des générations pour garantir la pérennité de nos
finances publiques, bien, ça impliquait des choix difficiles puis des choix
qui sont parfois impopulaires. Mais, dans le contexte actuel de la crise
économique puis de la pandémie, on doit prendre des mesures pour stimuler l'économie, on doit s'assurer de créer des
emplois, on doit s'assurer d'avoir un niveau de service public adéquat.
Puis pour
compléter, au sujet de la consultation que le député demande, là, bien, vous
savez que... on sait tous que l'opinion
des jeunes, comme d'autres classes de citoyens, est prise en compte à chacun
des stages, des actions et des décisions gouvernementales. Donc, je le répète,
Mme la Présidente, dans le contexte actuel, il est urgent d'agir pour stimuler l'économie,
créer des emplois, maintenir des services
publics adéquats. Alors, je crois qu'une consultation retarderait cette prise
de décision, ça ralentirait nos
efforts pour relancer notre économie. Et c'est pourquoi que je crois que cette
consultation n'est pas nécessaire.
Mme la Présidente, le député de
Marguerite-Bourgeoys, il mentionne aussi l'importance de réduire le ratio d'endettement du Québec. Mais, pour votre
information, le ratio d'endettement du Québec, il mesure quoi? Il mesure la
dette totale du gouvernement québécois en proportion de son produit
intérieur brut. Ceux qui ne le savent pas, là, le PIB, ça représente la valeur
totale des biens et services produits dans l'économie québécoise. Mais, plus
précisément, le ratio d'endettement du Québec correspond
au montant de la dette brute, qui inclut notamment la dette publique, les
déficits accumulés, les engagements de
retraite du gouvernement, divisé par le PIB. Puis ça, ça permet d'assurer une
mesure, là, de soutenabilité de la dette du Québec, d'évaluer la
capacité du Québec de rembourser sa dette.
Et
ce que vous devez savoir, c'est qu'en 2020 ce ratio, il était d'environ
46 %. Ça, ça représentait une augmentation par rapport à 2019, en raison des impacts économiques liés à la pandémie
de la COVID-19. Mais sachez qu'au 31 mars 2023 ce ratio-là retombe à 40,4 % du PIB, qui est
un résultat inférieur à l'objectif de 45 % qu'on s'est fixé, qui est un
résultat qui demeure en deçà de la moyenne canadienne et de la moyenne
internationale. Donc, je crois qu'en ce terme-là le Québec, on fait une
excellente figure.
De plus, ce que vous
devez savoir aussi, c'est que le gouvernement du Québec a mis en place diverses
mesures pour réduire le ratio d'endettement, notamment en réduisant les
dépenses publiques, en augmentant les revenus fiscaux et en améliorant l'efficacité des programmes gouvernementaux. Donc, le
maintien du Fonds des générations, ça constitue également une mesure
importante pour la gestion à long terme des finances publiques.
Là,
j'aurais quelques statistiques que je pourrais vous donner, Mme la Présidente.
Je ne sais pas si le député de Marguerite-Bourgeoys... Vous dites qu'il restait
huit minutes, non?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, il vous reste...
M. Lemay : C'est bon. Bien, vous savez, on a fait face à une
inflation. Je ne sais pas s'il y en a qui ne le savent pas. Mais bref, quand on additionne les hausses des
coûts de la vie, là, notamment dans les transports, 10,6 %, dans les
aliments, plus 8,9 %, dans le logement, plus 6,9 %, c'est
toutes des hausses fortes qu'on a eues, Mme la Présidente. Quand on ajoute à ça, nous autres, on a fait des mesures...
en sorte de supporter les Québécois et les Québécoises. On constate, comme
tout le monde, que l'inflation est élevée. On est particulièrement sensible à
la hausse des prix qui affecte les ménages à
faibles revenus ainsi que nos aînés. C'est pour ça que nous avons déployé le
bouclier anti-inflation, afin de redonner les sommes supplémentaires dans les coffres de l'État, en raison, notamment,
de l'inflation. Puis ça, on veut le faire pour nos Québécois.
Alors, en conclusion,
Mme la Présidente, je crois qu'il est temps de faire preuve de pragmatisme et
de penser de cette façon pour répondre aux
enjeux économiques actuels. Le gouvernement doit être en mesure de prendre des
décisions éclairées tout en tenant
compte des préoccupations à plus long terme. Nous devons aussi travailler
ensemble pour sortir de cette crise et bâtir un avenir meilleur pour tous les
Québécois. Et, par conséquent, Mme la Présidente, je serai contre la
motion proposée par le député de Marguerite-Bourgeoys. Merci, chers collègues.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député de Masson. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, avant
de vous céder la parole pour votre réplique,
je vous invite à nous indiquer votre intention quant à l'amendement que le
chef du troisième groupe d'opposition a déposé. Merci.
M. Frédéric Beauchemin (réplique)
M. Beauchemin :
Merci, Mme la Présidente. Bien,
en ce qui a trait... Il y a deux paragraphes. Le premier paragraphe, on serait en accord, mais, le deuxième paragraphe,
on n'est pas en accord. Donc, par conséquent, on va refuser l'amendement,
qui inclut les deux paragraphes de façon combinée.
Écoutez,
on en a entendu pas mal, pas tout, évidemment, à propos, là, du Fonds des générations. C'est correct, je comprends la joute
parlementaire, ça fait partie du jeu. Si je peux résumer, j'ai entendu Québec
solidaire dire : Taxer, taxer, taxer
tout et aussi prendre le Fonds des
générations pour des projets. J'ai
entendu le Parti québécois dire aussi la même chose, de décaisser le Fonds des
générations. Puis évidemment la CAQ reste sur sa position de réduire les
contributions au Fonds des générations.
• (16 h 50) •
Si
je peux me permettre, juste peut-être pour expliquer, là, finances 101,
là, décaisser le Fonds des générations est l'équivalent d'emprunter de l'argent. La question, ce n'est pas si on
veut faire des projets d'infrastructure, si on veut faire des projets pour sauver l'environnement. Ce n'est
pas ça, la question. La question, c'est : Comment financer ces projets-là
de façon optimale? Prendre l'argent
du Fonds des générations, quand on a une dette totale, comme le député l'a
mentionné, d'approximativement
200 millions de dollars et que le Fonds des générations, somme toute,
disons un chiffre, est à, disons, 20 millions de dollars...
20 milliards de dollars et puis qu'on prend le 20 milliards de
dollars pour faire des projets, bien, la dette nette remonte à 200 milliards. Elle était à 180 milliards, là, elle va
remonter à 200 milliards. Donc, l'équivalent, O.K., prendre
l'argent dans le Fonds des générations, c'est emprunter.
Maintenant, si on
comprend ça, qui est finances 101... maintenant qu'on comprend ça, emprunter au
Fonds des générations, dont le rendement est
à 6,3 % ou emprunter sur le marché obligataire, historiquement, pour la
province du Québec, qui était à 3,1 %, la réponse est simple, Mme
la Présidente, on ne va pas emprunter l'argent dans le Fonds des générations.
Donc, ça, c'est juste simplement, là, pour l'argumentaire «décaissons les
pantalons de nos enfants», là.
En
passant, juste avant de poursuivre là-dessus, j'ai bel et bien entendu la
députée de Jean-Talon, je crois, nous dire que la pénurie de main-d'oeuvre
était atroce lors de l'arrivée de la CAQ au gouvernement, que les services de
l'État étaient menacés, mais le gouvernement n'en parlait pas
publiquement à l'époque. Au contraire, ce qu'on entendait, c'est que... de la part du premier ministre, que
c'était une mosus de bonne nouvelle. On ne reconnaissait pas, justement, le
problème de pénurie de main-d'oeuvre. Donc,
si je comprends bien, on se disait une chose à l'intérieur du caucus, mais
l'inverse dans le salon bleu et l'inverse
quand on parle aux citoyens. Juste pour qu'on soit clairs là-dessus, là, nous,
depuis plusieurs années, même avant le début du mandat de la CAQ, on
était en train de parler de la pénurie de main-d'oeuvre. On a amplifié le message parce qu'évidemment la
pénurie de main-d'oeuvre s'amplifiait et on avait silence radio de la part
du gouvernement. Maintenant, on entend qu'à
l'intérieur, dans les coulisses du pouvoir, c'était effectivement un sujet qui
faisait trembler les murs. Intéressant. Fin de la parenthèse.
Donc,
si je peux revenir sur le sujet de l'approche qu'on veut avoir sur le Fonds des
générations, on est tous pleins de bonnes intentions pour ce qui est de
nos enfants. Puis ça, je vous le donne à tous, là. On est tous pareils, on les
aime puis on veut le meilleur pour eux
autres, c'est certain. Mais ici, on est en train de discuter d'un développement
durable. Ici, on est en train de parler de comment s'assurer qu'on puisse
prendre soin de nos citoyens actuellement sans hypothéquer l'avenir de nos enfants. C'est la raison
principale pour laquelle nous sommes en Chambre aujourd'hui, pour discuter du
Fonds de générations, discuter de notre
proposition, de notre objectif de 100 milliards de dollars, parce
qu'on est capables de marcher et
mâcher de la gomme en même temps. On est capables de faire en sorte qu'on
puisse contribuer les pleines contributions
au Fonds des générations et prendre soin de nos services, prendre soin de
l'ensemble des services de l'État.
Je crois que la
politique déficit zéro mentionnée à plusieurs reprises par notre député là-bas,
je ne me souviens plus des circonscriptions,
l'ancien maire de Baie-Comeau, d'accord, de René-Lévesque, l'ancien maire de...
D'accord. Alors, la politique de
déficit zéro, malheureusement, je dois juste combiner ce commentaire-là avec le
commentaire que le ratio dette-PIB continue à descendre. Donc,
évidemment que si le PIB ou la variance de PIB pour une année est supérieur à un déficit quelconque, il y aura réduction du
ratio dette nette-PIB. Et donc on peut continuer à avoir des petits déficits,
si la croissance du PIB annuelle en
est supérieure année après année. Et, si on continue comme ça, on va avoir une
réduction du ratio dette-PIB et donc on va continuer à devenir de plus
en plus riche en tant que société.
Et donc d'absolument
vouloir se rendre à un déficit zéro, ça se traduit dans une seule chose, Mme la
Présidente, ça se traduit de la façon
suivante... pour deux raisons. Il y a deux ministères, dans l'ensemble de toute
la patente, là, que ça s'appelle le gouvernement, là, il y a deux
ministères qui, à chaque année, doivent avoir une augmentation pour des raisons fonctionnelles, pour des raisons
historiques, des raisons que... je ne suis pas l'expert pour vous l'expliquer,
mais que c'est un statut qu'on
remarque : Santé et Éducation ont des besoins d'augmentation de budget
annuel de 2 % à 4 %, de
3 %. Annuellement, ça a besoin d'être augmenté, ces enveloppes-là. Donc,
de forcer le déficit zéro, comme le suggère la CAQ, avoir un objectif
absolument essentiel d'avoir zéro à la fin de l'année, ça veut dire qu'on coupe
ailleurs.
Donc
là, il faudrait avoir quand même une certaine transparence puis dire c'est où
qu'on va aller couper. Parce que moi, ce que j'entends ici, là, O.K.,
c'est : des coupures non déterminées s'en viennent. Et c'est pour ça que
je parle du développement durable et que je parle, justement, de prendre soin
des générations présentes et futures. Mais, si ça, ça sous-entend un déficit et, je vais réexpliquer, qu'il se trouve être
moins élevé que la croissance de notre produit intérieur brut année après année, et que ce phénomène simple
continue de façon relativement stable, dans le futur, Mme la Présidente, le
ratio dette nette-PIB va se réduire.
Et
donc, dans le contexte actuel, nous sommes capables, nous avons les moyens de
nos ambitions, nous pouvons considérer
qu'on peut augmenter les dépenses en éducation, augmenter les dépenses en
santé, être au service des citoyens, se servir de toutes les connaissances de
tous les intervenants pour s'assurer qu'il n'y ait pas aucun Québécois qu'on
laisse en arrière et, en même temps,
investir les pleines contributions dans le Fonds des générations pour s'assurer
que, de façon durable, les jeunes, plus tard, auront les mêmes services.
Donc,
la dogmatique d'être à zéro déficit absolument, ça date d'une autre époque, ça
date d'une époque moyenâgeuse, quasiment, parce que ne pas réaliser... C'est
l'exemple d'une maison qu'on achète à 200 000 $, qu'on met une
hypothèque de 100 000 $ dessus.
Cinq ans plus tard, la maison en vaut 300 000 $. Puis, maintenant que
vous avez décidé d'à chaque année emprunter 4 000 $ de plus
sur votre maison, un déficit de 4 000 $ par année, vous êtes rendu avec
une hypothèque de 120 000 $, et là
votre ratio dette nette est de 40 %. Il y a cinq ans, vous étiez à
50 %. Vous êtes plus riches. O.K.? Donc, c'est ça qu'il faut qu'on regarde, quand on regarde l'ensemble des
finances publiques, parce que le faire autrement, c'est étouffer
l'éducation, c'est étouffer la santé puis c'est surtout faire mal aux
prochaines générations.
Je considère, Mme la
Présidente, que notre proposition de prendre soin des prochaines générations, à
l'instar d'un objectif du Fonds des générations
de 100 milliards de dollars, est ce qu'il y a de plus merveilleux
pour l'ensemble des provinces et la province du Québec.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Alors, ceci met fin au
débat.
Je vais maintenant mettre
aux voix la motion de M. le député de Marguerite-Bourgeoys, qui se lit comme
suit... Oui, Mme la députée.
Mme Cadet : ...je
vais demander le vote par appel...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui, mais laissez-moi le temps d'être rendue à cette étape-là, et vous pourrez
le demander. Alors, je vais... bon, qui se lit comme suit, en fait :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte
que le gouvernement caquiste a proposé de financer une baisse d'impôts à
même les sommes versées au Fonds des générations;
«Qu'elle
déclare qu'une telle proposition aurait un impact négatif sur l'équité entre
les générations et aurait un impact important en perte de revenus potentiels
dans le Fonds des générations sur un horizon à long terme;
«Qu'elle rappelle la nécessité de
poursuivre les efforts à long terme afin de réduire le ratio d'endettement du
Québec;
«Qu'elle déclare que toute
modification aux versements et au fonctionnement du fonds doit faire l'objet
préalable d'une vaste consultation nationale auprès de la jeunesse du
Québec;
«Qu'en
conséquence, elle demande au gouvernement caquiste de maintenir l'intégralité
du capital et des versements au Fonds des générations.»
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...
Mme Cadet : Je demande le vote par
appel nominal, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : ...Mme la Présidente, je vais vous demander de bien
vouloir reporter le vote à la prochaine période des affaires courantes,
s'il vous plaît.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, conformément à la demande du leader du
gouvernement, le vote de la motion de M. le député de Marguerite-Bourgeoys
sera tenu à la prochaine période des affaires courantes, demain.
M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous
indiquer la suite des travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente. Pour la suite des travaux, je vous demanderais d'appeler
l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, je vais faire ça. Je vais vous faire
patienter quelques instants et je vais céder ma place au troisième
vice-président.
Projet de loi n° 10
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, pour la suite des affaires du jour, nous
sommes à l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 10, Loi limitant le recours aux
services d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre
indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux.
Lors de ce débat, nous étions arrivés à
l'intervention de M. le député des Îles-de-la-Madeleine, qui avait utilisé 4 min 55 s de son temps de parole.
Alors, je comprends, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, que vous voulez
poursuivre.
M. Joël Arseneau (suite)
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Oui, avec
plaisir, je vais poursuivre mon intervention sur le projet de loi n° 10, donc la Loi limitant le recours
aux services d'une agence de placement, une loi qu'on accueillait avec plaisir,
en fait, qu'on attendait avec, je dirais,
beaucoup d'enthousiasme, parce qu'on la réclamait quand même depuis plusieurs
années. On souhaitait que le gouvernement
agisse parce qu'effectivement, à l'heure actuelle, ce qu'on voit, c'est un
exode de plus en plus grand et massif
vers des conditions de travail qui sont meilleures par le personnel de la
santé, et ils le font essentiellement,
ces gens du secteur public, le saut, pas de gaieté de coeur, mais parce qu'ils
veulent améliorer leur sort.
Et ce qu'on
voit dans le projet de loi, c'est une intention qui apparaît louable, donc, un
objectif à atteindre, mais avec des moyens qui sont, à l'heure actuelle,
absents parce qu'on réfère à des règlements qui ne font pas partie actuellement
de la documentation qui est livrée avec le projet de loi et qui seront adoptés
par la suite par le gouvernement. On voit déjà
que le ministre s'arroge des pouvoirs discrétionnaires exorbitants, et ça,
évidemment, ça nous inquiète. On voit que le ministre et le gouvernement
de la CAQ ont pris la mauvaise habitude de gouverner par décret. Alors,
évidemment, l'urgence sanitaire étant
derrière nous maintenant, la façon de gouverner sans avoir un débat public sur
les moyens qui sont mis en place ou les ressources qui sont déployées, c'est de
le faire par décret... non, pas par décret, mais par règlement.
Donc, la loi est une coquille vide à laquelle on
va greffer une série de règlements qui seront publiés dans la Gazette officielle, qu'on pourra constater, qu'on pourra lire. On
pourra en prendre connaissance, mais, essentiellement, la décision aura été prise. Le gouvernement aura
30 jours de consultations, mais il n'a aucun compte à rendre. Il n'a pas
à répondre aux commentaires qui peuvent être
fournis suite au dépôt de ce règlement-là. On n'est pas les seuls, évidemment,
à avoir eu la même réaction de déception face à ce projet de loi et on souhaite
pouvoir en discuter avec le ministre en commission
parlementaire pour qu'il nous dise essentiellement quelle sera l'orientation du
ministre pour arriver à ses fins.
Lorsqu'il
dit, par exemple, qu'il souhaite, au bout d'un an, pouvoir cesser le recours
aux agences dans les milieux urbains, par exemple Montréal, Québec, et ainsi de
suite, là où on est beaucoup moins dépendants aux agences de placement et à la main-d'oeuvre indépendante
qu'ailleurs, comment on pourra agir pour la deuxième étape, donc, dans une
deuxième année, pour les milieux intermédiaires, les régions du Québec
périphériques aux grands centres, pour ensuite s'attaquer, pour la troisième année d'opération ou d'application de ce
projet de loi, aux régions les plus éloignées? On pense à la Basse-Côte-Nord.
On pense également à l'Abitibi-Témiscamingue ou à la Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine.
Et les chiffres,
à l'heure actuelle, sont absolument ahurissants. Dans une séance de breffage
qu'on a pu obtenir avec des
représentants du ministère pour montrer à quel point la situation est devenue
hors de contrôle, on voit que les chiffres de l'augmentation de la main-d'oeuvre indépendante ont été multipliés,
dans certains cas, là, de façon exponentielle sur six ans. On parle d'une augmentation de l'ordre de
450 %, dans certaines régions, jusqu'à 1 270 % d'augmentation du
recours à la main-d'oeuvre
indépendante. Alors, c'est dire à quel point il est important et urgent que le
gouvernement agisse, que le ministre se saisisse de cet enjeu-là et
qu'il agisse de façon résolue et rapide. Mais, sur les trois ans, nous, on n'a
rien à redire dans la mesure où on sait très
bien qu'il n'y a pas de baguette magique dans le système de santé et qu'on ne
peut pas régler les problèmes, là, en un claquement de doigts. Mais on
doit quand même avoir un plan, une feuille de route, un certain nombre de moyens, des ressources. Et, à l'heure actuelle,
bien, on n'a absolument aucune indication sur les moyens qui vont être
mis en place. Ce qu'on peut lire dans le projet de loi, par contre, c'est que
le gouvernement, le ministre, s'il juge
qu'il doit prolonger ce délai d'un an, de deux ans ou de trois ans, mais il
peut le faire à sa convenance. Donc, il met déjà, dans le projet de loi, les conditions pour que les objectifs ne
soient pas respectés. C'est comme s'il devinait déjà qu'il n'aura pas
les moyens de ses ambitions.
Alors, ça, ça nous inquiète. On posera les
questions lors des travaux en commission parlementaire là-dessus. Et on espère que le gouvernement, que le ministre,
en l'occurrence, aura des réponses pour nous, mais surtout et avant tout
pour les personnes qui sont actuellement sur le terrain, qui portent le système
de santé à bout de bras et qui, elles, ont décidé
de continuer de croire que le système de santé public, universel et gratuit
doit être maintenu, et elles y travaillent malgré des conditions de
travail qui sont exceptionnellement difficiles.
La crise dans
les urgences, elle est maintenant perpétuelle. Il y a des gens qui vont nous
dire : Bien oui, mais ça, ça
date d'il y a 20, 30 ans. Bien entendu qu'on avait des crises ponctuelles,
qu'il y avait des manchettes, dans les journaux et dans les bulletins télévisés, sur des situations de crise dans les
urgences. Par exemple, l'hiver, lorsqu'on avait des périodes d'influenza qui
étaient particulièrement sévères, eh bien, les urgences débordaient. On avait
des taux d'occupation de 100 %, de
125 %, de 150 %. Ça se résorbait au bout de quelques semaines. Et là,
évidemment, il y avait eu un très grand débat, puis on disait : Ça n'a pas de bon sens, et
il faudra agir, il faut corriger le système, et ainsi de suite. Là, maintenant,
on est rendus dans une phase où il est tout simplement banal et
normalisé de voir que toutes les urgences ont des taux de 125 %, de 150 % ou 200 % à tous les jours de la
semaine, à toutes les semaines du mois et à tous les mois de l'année. Et ça, ce
n'est pas, là, la pandémie qui peut
être invoquée là-dessus, c'est l'absence de moyens déployés par le gouvernement
pendant et dans les derniers mois suivants la période de pandémie. Donc, on a
repoussé les moyens et les solutions à plus tard, avec la situation
qu'on voit aujourd'hui.
Mais je veux
revenir à la question des conditions de travail, parce qu'il faut voir le
problème dans son ensemble. Si, aujourd'hui, la main-d'oeuvre indépendante ou
les agences de placement sont vues comme un problème, c'est parce qu'elles
coûtent, d'une part, extrêmement cher et que
sa main-d'oeuvre provient essentiellement du secteur public. Donc, on a déjà
décrit la situation. Je me souviens très
bien de l'expression qu'on utilisait, du serpent qui mange sa queue. Essentiellement,
c'est que le gouvernement investit dans la
main-d'oeuvre indépendante pour aller requérir ses services à coups de
milliards de dollars. Les chiffres qui
sont sortis récemment parlent de 3 milliards de dollars les six
dernières années. Donc, le gouvernement
nourrit la bête qui vient ensuite lui manger ses ressources sous son nez en lui
offrant de meilleures conditions.
• (17 h 10) •
Donc, bien
évidemment, si on dit qu'on veut cesser le recours... Puis là je veux faire une
différence entre abolir le recours aux agences et abolir les agences.
Évidemment que le gouvernement ne va pas empêcher une entreprise privée d'opérer, mais il peut éviter de la payer pour
aller chercher ses propres ressources et lui offrir des services. Donc, on ne
parle pas, évidemment, d'abolir les
agences. On veut abolir le recours aux agences. Et la meilleure façon de le
faire, c'est de rapatrier dans le
secteur public les ressources qui nous ont quittés et c'est d'offrir des
meilleures conditions de travail. Et, de ce point de vue là actuellement, mais
on ne voit pas encore les solutions qui peuvent être mises en place par le
gouvernement dans le plan qui nous a été déposé jusqu'à présent. On sait
quels sont les moyens qui doivent être déployés, mais on ne voit pas la volonté actuelle du gouvernement
d'agir de façon résolue, avec une stratégie, disons, claire, précise, des
moyens financiers, notamment, pour
pouvoir s'assurer, par exemple, en même temps qu'on dit : Les agences, on
n'aura plus recours à leurs services, mais qu'on n'ait pas à imposer du temps
supplémentaire obligatoire aux ressources qui sont présentes sur le
terrain, sur le plancher. Et donc une solution globale doit être envisagée.
Quel est,
donc, le moyen de se sevrer des agences si on n'a pas nos ressources? Bien,
c'est de pouvoir les rapatrier dans
un cadre de travail qui soit adéquat, et qui soit attrayant, et qui permette
aussi la rétention, évidemment, des ressources. Donc, il est clair que, tant qu'on n'agira pas à la fois sur le temps
supplémentaire obligatoire et sur les autres conditions de travail, notamment
la question des ratios sécuritaires qu'on offre ou qu'on n'offre pas, à l'heure
actuelle, aux employés de la santé,
bien, on va toujours offrir des conditions qui sont sous le standard par rapport
à ce que les agences offrent. Donc, on ne pourra pas résoudre le problème
d'attraction, d'attractivité de la profession et de rétention. Et il est clair
que le ministre va devoir utiliser
son pouvoir discrétionnaire et prolonger les délais, parce que les infirmières
ne reviendront pas au bercail.
Et ce qui est
un peu désespérant, M. le Président, c'est de voir qu'on a une occasion
historique de pouvoir corriger la situation dans le domaine de la santé
et d'intervenir de façon importante pour améliorer les conditions de travail alors que des négociations sont présentement
entamées avec le secteur public. Et il est difficile de comprendre l'attitude
du gouvernement, du ministre et de son premier ministre lorsque, plutôt
que de tendre la main à ces anges gardiens, dont on a tant vanté les mérites pendant les années de pandémie, qu'on voit
aujourd'hui une attitude, au contraire, qui est celle de faire porter le fardeau de la négociation et de
la réussite éventuelle des pourparlers pour une entente négociée, une entente
qui va dicter, évidemment, une entente qui va dicter les conditions de travail,
donc, de faire porter ce fardeau-là sur les épaules
des employés de l'État. On les voit être convoqués à des forums de discussion
sur des enjeux dont on a déjà, évidemment, fait le tour et pour lesquels, à l'heure actuelle, les employés jugent que
c'est superflu. Parce que ce qu'on veut, c'est avoir des séances de
négociation. Puis on ne veut pas, ici, se mêler de négociations dans le secteur
public de façon directe. Moi, ce que
je veux simplement dire, c'est qu'il y a des procédures qui sont en place
depuis déjà longtemps, qui permettent au gouvernement de donner des
conditions de travail adéquates, qui permettent d'augmenter la mise, qui permet
un rattrapage par rapport
à d'autres provinces canadiennes. Le premier ministre aime bien se comparer à
l'Ontario sur tous les plans, mais,
sur le plan des conditions de travail des employés de la santé et en
particulier des infirmières, lorsqu'on commence en première année de travail
pour le secteur public puis qu'on a une différence de traitement salarial de
l'ordre de 20 %, évidemment,
inférieure à ce qui est donné en Ontario ou au Nouveau-Brunswick, et Dieu sait
que le Nouveau-Brunswick, ce n'est pas une province qui a des moyens plus
importants que le Québec, alors on peut se poser la question à savoir si
nos salaires sont compétitifs et s'ils
représentent justement le juste traitement pour ces employés dont on a
tellement besoin.
L'autre élément, c'est de voir, par exemple,
qu'il y a certaines conditions qui sont offertes actuellement à des infirmières
bachelières qui peuvent commencer leur carrière avec justement une compensation
ou une augmentation, si on veut, de leurs
échelons salariaux en prenant en compte leur formation et que le gouvernement,
justement, au moment où on entreprend
les négociations, dit : Bien, cet article-là, cette provision-là, on va
l'abolir, on va l'éliminer, on va la retirer. Comment motiver le
personnel à rester ou à revenir ou encore comment, dans ce cas-là bien précis,
pour celles qu'on veut attirer dans la
profession, comment les convaincre de poursuivre leur parcours scolaire, leur
parcours académique, soit au cégep ou
à l'université, lorsqu'on annonce déjà que les conditions de travail et les
conditions salariales ne s'amélioreront pas ou, dans certains cas, les
avantages qu'elles ont déjà vont être éliminés?
Alors, cette espèce de contradiction, ce double
discours nous inquiète parce qu'on ne voit pas comment on va s'en sortir si on veut véritablement avoir cet...
atteindre cet objectif-là d'être l'employeur de choix, le meilleur employeur.
Donc, le gouvernement, le système public,
c'est ce vers quoi il doit tendre, c'est ce vers quoi on aspire et c'est
l'engagement qu'a pris le ministre de
la Santé. Bien, évidemment, au premier chef, les conditions de travail, les
conditions salariales doivent être à la hauteur de ce qu'on demande à ce
personnel-là qu'on veut convaincre de continuer ou de se joindre à l'équipe.
L'autre élément qui nous paraît particulièrement
problématique dans la démarche gouvernementale actuelle, c'est toute la question de la cohérence sur la
question de la décentralisation. J'en ai parlé tout à l'heure dans ma mise en
contexte, il y a un axe qui nous semble
fondamental dans la façon d'améliorer les soins de santé au Québec, qui est
celui de la décentralisation, de la
gestion de proximité et de la valorisation du travail des employés, qui se
dévouent corps et âme au quotidien
pour soigner les Québécoises et les Québécois. Alors, le gouvernement, le
ministre de la Santé semblent adhérer,
en principe, à cette nouvelle vision des choses, que ce ne soit pas de Québec,
que ce soit du bureau du ministère, ou
du bureau des fonctionnaires, ou dans quelque partie de l'organigramme monstre
du ministère, que l'on prenne toutes les
décisions puis qu'on réclame des redditions de comptes, là, à des gens qui
devraient plutôt être au service des patients et de leur communauté. Alors, on semble dire que ça fait partie des axes
privilégiés du gouvernement en ce qui concerne la refonte du système de
santé.
Je ne me souviens plus très bien, là, quel est
le dernier mot de vocabulaire qu'on utilise comme euphémisme pour ne pas dire que ça prend une réforme, mais,
dans le plan santé du gouvernement de la Coalition avenir Québec, il est
question d'un plan de décentralisation. Or,
comment se fait-il que le projet de loi n° 10 soit déposé en ayant comme
principal axe celui du rapatriement
de tous les pouvoirs entre les mains du ministre de la Santé au point où,
plutôt que de dire : Mes gestionnaires locaux doivent collaborer
avec moi et être imputables de leurs décisions et respecter l'orientation qui
est maintenant donnée de ne plus avoir recours aux services de la main-d'oeuvre
indépendante et des agences privées de placement, que le ministre, dans son
projet de loi, dise : Je serai maintenant maître du jeu et je vais non
seulement vous demander des comptes, mais je
vais même inclure des pénalités ou des mesures administratives et des mesures
pénales, même, à certains des membres de l'administration de la santé à travers
le Québec, dans les CIUSSS et dans les CISSS, qui n'obéiront pas aux règles que je fixerai dans mes
règlements? Alors, il me semble que c'est aussi un très mauvais message à lancer à tout le personnel administratif et
notamment aux P.D.G. des agences... plutôt des CISSS et des CIUSSS, qui ont
été nommés par le ministre lui-même.
• (17 h 20) •
Alors, quel
genre de culture institutionnelle veut-on mettre en oeuvre si on ne peut pas
miser sur la collaboration et sur
cette espèce d'effort collectif que l'on doit mettre pour non seulement se
débarrasser des agences, mais créer un climat de travail et des conditions de travail qui deviennent attrayantes pour
le personnel de la santé? Alors, ça, c'est, pour nous, c'est une orientation qui nous semble
contradictoire et contre-productive aussi, sur laquelle on reviendra sans aucun
doute avec le ministre. C'est
l'espèce d'absence de confiance en la gestion locale et la gestion de proximité
pour s'assurer que les orientations soient implantées, soient
respectées.
Ce qui
m'amène à dire que, ces dernières années, sans sanction aucune, sans mesure
administrative aucune, bien, on a vu
non seulement les administrations locales ou les directeurs d'établissement y
aller à fond la caisse pour aller chercher des employés et signer des contrats avec les agences de placement, mais
des employés de la main-d'oeuvre indépendante, mais, en bout de ligne, qui a assumé les frais exorbitants, les
3 milliards de dollars dont on parlait tout à l'heure? Bien, c'est
l'État du Québec.
Dans les
régions comme l'Abitibi-Témiscamingue, ou encore la Basse-Côte-Nord, ou la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, il y en a d'autres, qui sont
devenues extrêmement dépendantes de la main-d'oeuvre indépendante, la
main-d'oeuvre est indépendante mais les CISSS ne le sont plus, nos régions ne
le sont plus, indépendantes, sur le plan du personnel, mais elles ne le sont
pas sur le plan financier non plus. Alors, on a cautionné le recours abusif à
la main-d'oeuvre indépendante parce que les conditions de travail
étaient insoutenables pour le personnel et on les a non seulement cautionnées,
ces décisions-là, mais on a financé, à
travers, évidemment, la résorption des déficits des établissements un peu
partout à travers la province, et
aujourd'hui, bien, on dit : Maintenant, changement de cap, et, si vous ne
respectez pas la nouvelle orientation et la nouvelle loi, bien, vous
serez sanctionnés sur le plan pénal, même, s'il le faut.
Alors,
évidemment, ça, c'est un élément qui nous trouble un peu, j'allais dire qui
nous perturbe, mais, du moins, qui
nous préoccupe, à savoir si c'est la façon d'agir correctement. Et, étant donné
qu'on n'a pas actuellement d'indication bien précise sur ce que le gouvernement et ce que le ministre veut
véritablement faire, on connaît le pourquoi, on pourrait encore s'étendre là-dessus, pourquoi il faut agir, on le
plaide depuis trois ans, on sait le quoi, ne plus avoir recours aux agences de placement, mais on ne connaît pas le
comment, et ça, c'est fondamental, alors évidemment qu'on va collaborer à la discussion. Évidemment qu'on va appuyer le
principe du projet de loi à ce stade-ci, M. le Président. Et on va vouloir
que le ministre collabore aussi en nous
disant véritablement ce qu'il a en tête pour atteindre les objectifs, que l'on
partage avec lui, de redonner un
nouveau souffle au système de santé public, de redorer le blason du système
public et peut-être même le
convaincre que c'est à travers le système de santé public qu'on va pouvoir
mieux servir les Québécois et d'abandonner non seulement le recours à la
main-d'oeuvre indépendante et aux agences privées de placement, mais également
ce projet qui vient encore miner le moral
des troupes au secteur public, ce projet de développer des mini-hôpitaux privés
qui agissent encore aujourd'hui, là, comme une espèce de bouée, en fait, qu'on
présente comme une espèce de bouée de sauvetage
pour le secteur public, alors qu'au contraire ce qu'on va créer, c'est ce qu'on
essaie d'éradiquer avec l'élimination du
recours aux agences privées de placement. Imaginez combien de personnel on va
avoir besoin pour doter de nouveaux hôpitaux,
mini-hôpitaux, de quelle ampleur, ça reste à déterminer, mais, peu importe, ces
structures-là devront être dotées de personnel compétent. Où
pensez-vous, M. le Président, qu'on va aller les chercher, les membres de ce
personnel de nouveaux hôpitaux privés? Mais on recommence à aller piger dans
les ressources du public.
Alors,
est-ce qu'on va essayer de créer un nouvel exode, une nouvelle façon
d'améliorer le sort du personnel de la santé
au Québec en créant des établissements où les conditions sont différentes,
vraisemblablement meilleures, avec des locaux
qui seront tout juste construits par l'entreprise privée avec la collaboration
du gouvernement, et puis, essentiellement, recréer un problème, alors
qu'on souhaitait, à travers le projet de loi n° 10, plutôt le régler?
C'est
là-dessus, M. le Président, que je terminerai mon allocution, en ayant...
évidemment, encore une fois, réitérant notre appui au principe, en
attendant de savoir quels seront les moyens qui seront déployés. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant la
députée de La Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci, M. le Président. Alors, j'ai deux très
grandes préoccupations vis-à-vis du projet de loi n° 10.
Premièrement, j'ai sursauté devant les chiffres
qui ont été rendus publics, les chiffres de la région de la Côte-Nord. 2021‑2022,
on a versé 102 millions de dollars aux agences privées, soit plus de
17 % du budget annuel, bien entendu, et 90 % des ressources dans
cette région-là proviennent du privé, pas 25 %, pas 50 %, 90 %.
Alors là, on n'est plus dans le rattrapage ou dans le dépannage pour
venir aider le secteur public, on est dans le courant. C'est chaque jour.
90 % du personnel dans la région de la
Côte-Nord provient des agences privées. C'est une véritable explosion du
recours au personnel d'agences privées depuis que la CAQ est au pouvoir. De
170 millions de dollars en 2016‑2017, on est passé à près de 1 milliard en
2021‑2022.
Et
la question que je me pose, c'est : Où s'en va notre régime d'assurance
maladie public et universel? Comment le
gouvernement va-t-il en assurer la pérennité? Ce n'est sûrement pas avec le
projet de loi n° 10. Pourquoi je me permets de dire ça? Parce qu'un sondage réalisé auprès de
2 000 travailleurs de la santé a révélé que huit sur 10 n'étaient pas
prêts à retourner dans le réseau.
C'est 81 % plus exactement, et le taux atteint 84 % quand il s'agit
des infirmières et 90 % pour les infirmières auxiliaires.
Je pense qu'on peut
reconnaître que les infirmières, les infirmières auxiliaires, les préposés aux
bénéficiaires et bien d'autres
professionnels de la santé ont tout donné ce qu'ils avaient au plus fort de la
pandémie et dans les années de pandémie
qui ont suivi. Elles n'en peuvent plus. Ce n'est pas une question d'argent.
Elles n'en peuvent plus de faire du travail...
du temps supplémentaire obligatoire. Elles n'en peuvent plus de travailler dans
des conditions où les ratios ne sont
pas toujours respectés, on s'entend, de ratio de personnel soignant à nombre de
patients. Elles veulent juste travailler et avoir une vie familiale normale, comme la majorité des citoyens et
citoyennes du Québec. Le noeud du problème, ce sont les conditions de
travail, ce n'est pas l'argent.
• (17 h 30) •
Ma
deuxième grande préoccupation, vous l'aurez peut-être devinée, ce sont les
soins et l'hébergement pour les aînés.
Alors, on assiste, depuis peu, au début du déploiement des maisons des aînés.
5 726 travailleurs qu'il faudra recruter d'ici 2025 juste pour les
maisons des aînés. La ministre des Aînés a confirmé que la majorité des
personnes recrutées pour combler ces
5 726 postes, la majorité, proviennent du réseau. Alors, bien
entendu, on assiste à des ouvertures graduelles des maisons des aînés parce
qu'on ne peut pas offrir toutes les places qu'on prévoit dans chacune des
maisons au fur et à mesure qu'elles
sont prêtes parce qu'on n'a pas suffisamment de personnel. Et le personnel
qu'on réussit à recruter vient du réseau.
Par
exemple, les maisons des aînés Sainte-Foy et Lebourgneuf dans la capitale
nationale, 95 % des 160 postes comblés par des personnes qui viennent du réseau. Dans la maison des aînés de
Rimouski, c'est 90 % des postes qui sont comblés par des personnes
qui viennent du réseau. Au CISSS de Laval, 60 % des postes comblés pour
les maisons des aînés proviennent de
personnes... sont remplis par des personnes qui proviennent du réseau. Ces
personnes-là travaillaient dans le
réseau, offraient des services et des soins à la population avant. Alors, on va
chercher du personnel dans les CHSLD, dans les hôpitaux, ailleurs dans
le réseau pour pourvoir les maisons des aînés. Et là on ne parle pas non plus
de certains CHSLD vétustes, qui... lorsque
la maison des aînés de leur région sera prête, va recevoir à la fois les aînés
et le personnel du CHSLD. Alors, combien de nouvelles places aurons-nous
créées dans ces cas-là? Zéro.
On ajoute à cela les
conversions de RPA, résidences privées pour aînés, les fermetures, plus de
300 fermetures depuis 2021, de petites,
et moyennes, et, même, grandes résidences pour aînés, et puis la pénurie de
logements, qui fait que les personnes qui vivent dans les RPA et qui
seraient encore... qui auraient encore, toujours leur autonomie auraient bien
du mal à retourner dans un appartement ordinaire.
La Maison des aînés de Sherbrooke, 48
des 120 places sont ouvertes pour les raisons que je viens de vous
énumérer, c'est-à-dire manque de personnel pour combler tous les postes. La
moitié des effectifs ont été embauchés à la Maison des aînés de Sherbrooke, puis déjà il y en a 13 qui
sont partis, notamment parce que les ratios personnel soignant et résidents
n'étaient pas toujours et même très peu souvent respectés.
Et la philosophie des
maisons des aînés, le concept a-t-il bien été expliqué aux personnes qui vont y
travailler? Par exemple, vous avez peut-être
vu comme moi de belles images de cuisines modernes avec des tabourets. Bien
entendu que ce ne sont pas les
résidents de ces maisons qui vont pouvoir s'en servir puisqu'ils ont souvent
besoin de soins au même niveau que
dans un CHSLD. Alors, ce sera pour peut-être les proches aidants qui vont venir
les visiter, je pense que c'était ça, l'objectif, au départ. Mais les
infirmières qui vont y travailler, savaient-elles qu'elles n'auraient pas de
bureau dans les maisons des aînés?
Leurs ordinateurs se trouvent dans une garde-robe : ouvre la garde-robe,
travaille un peu debout, toujours debout,
referme la garde-robe. Est-ce que c'est aussi une belle condition de travail
pour une infirmière? La question que se pose.
Je pense que je viens
de faire la démonstration que, les maisons des aînés, pour l'instant, on
souhaite que ça s'améliore, bien entendu,
mais c'est un véritable cas de déshabiller Pierre pour habiller Paul. On va
chercher le personnel dans le réseau
pour l'amener dans les maisons des aînés. En marketing, il y a un terme pour
ça, ça s'appelle la cannibalisation. Alors,
ma grande préoccupation, ma deuxième grande préoccupation, vous l'aurez deviné,
c'est vraiment que je crains le pire pour
les CHSLD et les autres établissements ou ressources du réseau. Quels soins
pourront être prodigués à nos aînés, dans quelles conditions, si les postes disparaissent, en fait, si les postes
sont... les membres du personnel soignant partent et vont dans les
maisons des aînés plutôt que de rester dans le réseau?
Le
ministre de la Santé nous dit vouloir être un employeur de choix, et je
souscris complètement à cet objectif, le gouvernement devrait être un employeur de choix dans toutes ses sphères
d'activité. Mais j'ai l'impression qu'il regarde un peu le problème à l'envers avec le projet de loi n° 10. Être un employeur de choix, ça passe par les conditions de travail.
Pourquoi les infirmières, les infirmières auxiliaires et d'autres
personnels soignants vont-ils travailler pour les agences? Pas pour l'argent. Pour les conditions de travail,
parce qu'elles peuvent avoir une vie normale, travailler à temps plein mais
avoir une vie de famille, une vie de couple, être capables de concilier le
travail avec leur vie personnelle et puis ne pas tomber non plus dans la dépression. Alors, pourquoi ne pas commencer par
regarder cela sérieusement, cela, les conditions de travail?
J'invite le ministre
à bien cerner les causes de l'exode des infirmières et autres membres du
personnel soignant vers les agences et à
travailler sur ces causes, plutôt que d'interdire d'aller vers les agences.
Bien entendu, on veut réduire ça,
mais travaillons sur les causes dans le réseau pour que les travailleurs aient
le goût de rester dans le réseau, aient le goût de continuer dans le réseau et
qu'ils soient capables... avec toutes les autres mesures qui sont déjà en place
ou prévues pour attirer les jeunes
dans le milieu, par la formation, les bourses, et tout ça, eh bien qu'ils
puissent avoir le goût de travailler, de continuer leurs études et de
travailler dans le réseau de la santé. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, en ce qui
a trait au projet de loi n° 10, j'aimerais exprimer que notre formation politique est en faveur de
l'adoption du principe de ce projet de loi. En effet, il convient de le
rappeler, donc, le projet de loi vise
à réduire et, à terme, éliminer pratiquement tout recours aux services des
agences privées en santé, et des agences de placement de personnel, et à la
main-d'oeuvre indépendante d'ici 2026 pour les régions éloignées, 2025
pour les villes d'envergure moyenne et 2024 pour les secteurs urbains, et nous
sommes favorables à cet objectif.
Comme ma collègue
vient de l'exprimer, j'ai été consternée par les chiffres du recours à la
main-d'oeuvre indépendante sur tout le
territoire québécois, parce qu'au cours des dernières années les chiffres qui
nous sont parvenus nous indiquent que les dépenses des établissements de santé
pour les travailleurs d'agences de placement privées sont passées de 170 millions de dollars, en 2016-2017,
à près de 1 milliard de dollars en 2021-2022. Il s'agit d'une
explosion, littéralement, des coûts qui nous semble exorbitante, M. le
Président. Dans les derniers six ans, et le gouvernement caquiste est
dans sa cinquième année, je le rappelle, le
ministère de la Santé et des Services sociaux a dépensé 3 milliards de
dollars dans les agences privées de santé.
Il
y a certainement une situation qui demande à ce qu'on agisse, qui demande à ce
qu'on encadre le recours à ces agences
de placement de personnel. Parce que, bon, les agences en tant que telles
peuvent bien exister quand elles viennent répondre de façon ponctuelle à des
besoins dans nos communautés, dans nos collectivités, quand elles peuvent
servir à répondre à la demande pour
mieux servir des patients, mais, quand on voit ces chiffres, quand on voit
cette explosion, on voit un système que le gouvernement actuel n'est pas en
mesure de contrôler, on voit une situation qui, malheureusement, n'est pas sous contrôle. Et donc nous saluons cet
objectif du ministre de la Santé de vouloir agir, de vouloir encadrer ce
recours aux agences indépendantes... à la
main-d'oeuvre indépendante, plutôt, pour nous assurer, d'une part, de limiter
les coûts exorbitants, et de valoriser la profession.
• (17 h 40) •
Je
donne d'autres chiffres. La part de la main-d'oeuvre indépendante, par rapport
à la masse salariale totale, a augmenté dans plusieurs des
établissements du Québec pour ces périodes, 2016-2017 à 2021-2022. À la Baie-James,
on parle de 3,9 % à 18,5 % pour ces périodes. Au CISSS de
l'Abitibi-Témiscamingue, on parle d'un taux de 2,3 % de recours à la main-d'oeuvre indépendante, il y a cinq, six ans, à
16,2 % aujourd'hui. En Côte-Nord — et
ma collègue vient également de
mentionner ces chiffres — pour
l'année qui vient de se terminer, la région a versé 102 millions de
dollars aux agences privées. Ça représente plus de 17 % du budget
annuel.
Donc,
quand je parle de coûts exorbitants, quand je parle de montants qui explosent,
quand je parle de manque de contrôle face à
cette situation, ce sont de ces chiffres-là que je parle. Quand près de
90 % des ressources en Côte-Nord
proviennent des agences, il y a certainement une problématique qu'il faut
adresser. Et c'est pour ces motifs que nous appuyons
l'adoption de principe puis nous appuyons le principe du projet de loi
n° 10. La situation n'est absolument pas soutenable.
Ceci
dit, le projet de loi, dans sa mouture, ne vient pas résoudre la problématique
en tant que telle. Nous appuyons le
principe, certes, et je le répète, mais nous aurons besoin de viande autour de
l'os, M. le Président. C'est difficile de voir comment le projet de loi permet de répondre à l'objectif parce que,
plusieurs l'ont exprimé dans cette Chambre, le phénomène d'attrition des infirmières québécoises vers les
agences est un phénomène qui existe, c'est un phénomène qui est hors de contrôle parce que les agences privées offrent des
conditions de travail qui répondent aux attentes des travailleurs et des
travailleuses. Et c'est important de le
mentionner, M. le Président, parce que, tant qu'on n'aura pas compris cet
élément fort là, tant qu'on n'aura
pas agi sur les conditions de travail de toutes les travailleuses, de tous les
travailleurs du secteur de santé de notre réseau public, nous ne serons
pas en mesure de véritablement atteindre l'objectif visé par le projet de loi
n° 10.
La
proposition du ministre, en ce moment, ne convaincra pas les infirmières de
revenir dans le réseau public. 84 % des infirmières et 90 % des infirmières auxiliaires ne souhaitent
pas revenir dans le secteur public. Il s'agit de chiffres énormes. Il s'agit de chiffres importants, qui démontrent à
quel point les infirmières, les infirmières auxiliaires, toutes les
travailleuses du secteur de la santé,
celles qui sont en première ligne pour soigner nos patients, pour soigner nos
parents, nos enfants, ne se sentent
pas valorisées. Ces chiffres démontrent qu'elles veulent plus de liberté et
qu'elles veulent plus de flexibilité, qu'elles veulent des conditions de travail qui répondent à leurs attentes, qui
démontrent à quel point nous soutenons le travail qu'elles font au quotidien et que nous souhaitons qu'elles
puissent le faire dans une perspective qui soit valorisante, dans une
perspective qui soit représentative de la dignité qu'elles méritent.
On a beaucoup parlé,
évidemment... Donc, quand on parle de ces conditions-là, oui, bon, il y a
l'aspect salarial, évidemment, M. le
Président, où est-ce que les chiffres en agence sont bien plus... les
opportunités salariales en agence sont bien plus élevées que celles
qu'on peut voir dans le réseau public, mais on parle également du temps
supplémentaire obligatoire. Qui voudrait
rentrer au travail le matin sans savoir à quelle heure il rentrerait le soir à
la maison? Personne, pas même nous
qui sommes ici, dans cette pièce, avec des horaires extrêmement chargés. Ce
contrôle sur l'horaire et le fait de se sentir un peu forcées... Au
travail, il y a des infirmières, des infirmières auxiliaires... Les préposées
sont dévouées, M. le Président. Elles ont le
coeur à l'ouvrage. Elles sont heureuses de pouvoir exercer leur profession.
Elles sont heureuses de pouvoir
rendre un service essentiel à la population, mais elles se sentent prises en
otages, M. le Président, avec ce temps supplémentaire obligatoire.
On
parle également de l'absence de ratios sécuritaires professionnelles en soins-patients,
qui doit être déroutant pour des
professionnelles qui souhaitent offrir des services, qui souhaitent pouvoir le
faire dans un contexte qui soit sécuritaire pour les patients, pour leurs patients qu'elles ont à coeur, mais qui ne
sont pas capables de pouvoir livrer ces services-là dans ce contexte-là.
On
parle aussi d'une autogestion des horaires. J'ai notamment pu rencontrer des
infirmières, donc, qui se sont mises dans
une association pour pouvoir parler aux politiques et qui nous disent :
Nous voulons cette flexibilité-là. Nous voulons pouvoir prendre un rendez-vous au CLSC pour notre enfant quand il est
malade et ne pas avoir un... ne pas se dire : O.K., si moi, je ne
travaille pas à Noël, bien, mon congé, ça va être le 3 avril puis... ne
pas être capable de pouvoir décider ça. Et
c'est insoutenable que, dans certains de nos établissements, des infirmières
soient en mesure de le faire de façon arbitraire, qu'elles soient capables de s'arranger entre
elles, mais qu'on n'ait pas un système, un système informatisé, un système qui
soit à la grandeur du Québec, qui permette
cette autogestion des horaires. Les infirmières, les infirmières auxiliaires,
les préposées, ce ne sont pas des
enfants, ce sont des femmes, des hommes, aussi, ce sont des adultes, ce sont
des personnes qui sont dévouées, qui
veulent rendre ces services, mais on leur dit : Non, non, nous, à la
discrétion du gestionnaire, on va vous gérer,
on va faire ça pour vous. À notre, sens, ça n'a pas de bon sens, ça, M. le
Président. Et il va falloir qu'on revoie certaines de ces pratiques-là
parmi les conditions de travail des professionnels de la santé.
Les
infirmières nous disent aussi que, quand elles veulent continuer leur parcours,
quand elles veulent se perfectionner dans leur domaine d'études, oui, les
conventions collectives leur permettent, par exemple, donc, si elles entrent,
ce sont des infirmières auxiliaires, de
pouvoir continuer des études universitaires, mais que c'est à la discrétion de
leur gestionnaire de, littéralement,
pouvoir le faire. Donc, à tout moment, un gestionnaire, en fait, peut dire...
et c'est ce qui, en fait, arrive sur le
terrain, les gestionnaires disent à ces professionnels : Non, vous voulez
devenir de meilleurs professionnels, démissionnez, démissionnez, allez
en agence, puis ensuite revenez.
Il
y a un aspect de cette culture-là qu'il va falloir revoir, M. le Président.
Parce que ces femmes, ces hommes, ces personnes
qui nous soignent méritent une meilleure conciliation travail-famille, méritent
d'être traités en adultes, méritent
de pouvoir avancer, s'épanouir, se perfectionner, tout en restant dans le
réseau, tout en octroyant ces soins aux patients. Pendant ce temps-là,
on demande aux infirmières de faire preuve de plus de flexibilité dans la
négociation de ces conventions.
Donc, en conclusion,
M. le Président, c'est incongru que les agences, en ce moment, offrent des
meilleures conditions de travail, qui
répondent aux attentes des infirmières. C'est incongru que, dans l'organisation
du réseau actuel, on ne permette pas
aux infirmières de s'épanouir, au point où elles décident d'aller ailleurs pour
être en mesure de continuer à faire leur travail avec professionnalisme.
Il va falloir que le projet de loi n° 10 nous donne
des réponses, que le projet de loi, de façon
granulaire, puisse apporter ces différents points sur la table pour que nous
puissions véritablement atteindre cet
objectif de réduire l'utilisation, le recours aux agences privées de placement.
Le flou artistique actuel nous laisse sur notre faim, mais nous voterons
pour l'adoption du principe du projet de loi n° 10.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Donc, je
reconnais maintenant le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Je
vous remercie, M. le Président. D'entrée de jeu, je veux remercier mes
collègues qui ont pris la parole sur
le projet de loi n° 10 alors que j'étais en commission, notamment les
collègues qui sont ici aujourd'hui, la députée de La Pinière et la
députée de...
Une voix : ...
M. Fortin : ...Bourassa-Sauvé,
merci, également le député de Nelligan, qui a pris le temps qui m'était alloué
comme porte-parole et qui l'a utilisé, bien, quasiment au complet, dans une
envolée passionnée et qui va très certainement faire les annales de
l'Assemblée nationale.
M.
le Président, je veux vous parler... je vais vous parler du projet de loi n° 10, là. Je vais y aller en trois morceaux, là, mais en commençant par le projet de loi
lui-même. Parce que le fait que le gouvernement arrive avec un projet de loi
sur les agences aujourd'hui, là, vous avez
entendu la députée de Bourassa-Sauvé le dire, c'est une bonne chose. Le
principe de la chose, là, si on
regarde le titre du projet de loi, là, qui, essentiellement, dit qu'on veut
limiter le recours aux agences, c'est une bonne affaire. Tout le monde,
ici, va être d'accord là-dessus, limiter le recours aux agences, là.
• (17 h 50) •
Quand
on regarde des chiffres comme ceux que mes collègues viennent de présenter,
c'est-à-dire que, par exemple, dans une région comme la Côte-Nord, où il
y a, je vous le rappelle, M. le Président, 92 000 résidents, on
dépense 100 millions de dollars,
cette année, en agence... 100 millions de dollars en main-d'oeuvre
indépendante, en santé, pour 92 000 résidents,
s'il fallait que ça se produise partout au Québec, M. le Président, on n'aurait
pas assez d'argent dans les fonds
publics pour couvrir tout ça. Ça coûte une beurrée, ça coûte une fortune, ça ne
fait aucun sens, ce qui se passe sur la Côte-Nord.
Et, quand ma collègue dit que ça a explosé, elle a
raison. Au cours des quatre dernières années, là, ça a augmenté de
1 664 % sur la Côte-Nord, 1 664 %. Ça n'a pas augmenté de
20 %, 30 %, 40 %, ça a augmenté, sous la gouverne de la Coalition avenir Québec, de 1 664 %.
Ce qui devait être un recours exceptionnel aux urgences... aux agences est
devenu la norme dans certaines
régions, la norme. C'est-à-dire que la très, très, très grande majorité des
infirmières, des préposés, des agents
de sécurité et d'autres corps de métier proviennent des agences et qu'il n'y a
presque plus personne qui travaille directement à l'emploi de notre
réseau public. C'est un grave problème.
Alors,
sur le titre, sur l'intention, sur le principe, on est d'accord, tout le monde,
ici, est d'accord. Pas mal sûr que ça va être voté, sur le principe, de façon
unanime. Sur le projet de loi comme tel, j'espère que les députés, ici, ont
pris le temps de lire le projet de
loi, ont pris le temps de le regarder, puis, s'ils ne l'ont pas fait, vont prendre
le temps de le lire puis de le regarder avant de procéder au premier
vote, sur le principe du projet de loi, et très certainement avant le deuxième vote, sur le fond du projet de loi. Parce
qu'outre nous dire publiquement que, d'ici quelques années, nous aimerions
ne plus avoir recours aux agences, il n'y a absolument rien dans ce projet de
loi là.
Est-ce
qu'on nous dit, dans le projet de loi, que, d'ici à ce moment-là, qui n'est pas
inscrit dans le projet de loi, d'ici à ce moment-là, il va y avoir un
tarif maximal qu'on est prêts à payer? Non, M. le Président. Aujourd'hui, là,
il y a des infirmières qui, elles, ne sont pas payées 450 $ de l'heure,
mais il y a des contrats avec des agences pour lesquels le gouvernement du
Québec paie 450 $ de l'heure pour avoir une infirmière.
Est-ce
que, dans son projet de loi, le ministre nous dit : Wo! je vais mettre un
montant maximal? Il ne fait pas ça. Est-ce que, dans son projet de loi,
il met des dates pour nous dire : À partir de telle date, c'est fini? Non,
M. le Président. Est-ce qu'il nous dit, dans
son projet de loi, comment il va y arriver, comment il va faire en sorte qu'on
puisse collectivement se priver de la
main-d'oeuvre indépendante à la santé? Parce que, vous le savez comme moi, M.
le Président, c'est pareil dans votre
région, c'est pareil dans la région de la ministre qui est devant moi, c'est
pareil dans la région de l'ensemble des députés ici, on ne peut pas se priver d'un seul travailleur de la santé
ces jours-ci. Lorsqu'un travailleur de la santé ne se présente pas au travail, lorsqu'un travailleur de
la santé prend sa retraite et n'est pas remplacé, lorsqu'un travailleur de la
santé démissionne, bien, c'est toutes sortes
de services qui ne se donnent pas pour les citoyens. Nous ne pouvons pas nous
permettre de perdre un seul travailleur.
Alors,
dans son projet de loi, est-ce que le ministre nous détaille un plan de match,
à savoir comment on va faire cette
transition-là? Non, M. le Président. Est-ce qu'il nous dit : Pour une
telle région, voici mon plan? Pour la région, par exemple, de la Côte-Nord, parce que c'est
celle que tout le monde utilise, avec raison, comme exemple ces jours-ci, voici
comment je vais opérer cette transition?
Non, M. le Président, il ne le fait pas. Est-ce qu'il regarde une région comme,
je ne sais pas, l'Estrie, et ce qu'il
nous dit, bien, est-ce qu'il a fait une analyse? Parce que... Même si je sors
du cadre direct du projet de loi,
est-ce que le ministre nous a présenté une analyse jusqu'à maintenant d'où
viennent les infirmières d'agences en
Estrie? Est-ce qu'elles viennent de l'Estrie? Est-ce qu'elles viennent de
Montréal? Est-ce qu'elles viennent de Laval? Est-ce que, si elles ne
peuvent plus travailler en agence en Estrie, elles vont retourner à Montréal, à
Laval?
Je
vous le dis, M. le Président, moi, dans ma région, dans la région du Pontiac,
ça arrive souvent, quand il y a de l'hébergement disponible, qu'on fait affaire
avec des agences de placement de Montréal, et ces infirmières-là, elles
viennent pour une semaine, deux
semaines, quelques semaines à la fois. Mais, si, demain matin, là, elles ne
peuvent plus travailler en agence,
elles ne peuvent plus avoir les conditions de travail meilleures, on va se le
dire, là, meilleures, dont bénéficient les travailleuses d'agences,
bien, qu'est-ce qu'elles vont faire? Pourquoi elles viendraient en Outaouais,
pourquoi elles viendraient dans le Pontiac?
Elles vont rester à Montréal. Tant qu'à avoir les mêmes conditions de travail,
je suis aussi bien de le faire avec
ma famille, je suis aussi bien de coucher chez nous le soir, je suis aussi bien
de ne pas m'exiler de ma région.
Alors, est-ce
qu'on a mesuré... est-ce que quelqu'un au gouvernement a mesuré l'impact,
région par région, de dire : «That's it», ça suffit, il n'y en a
plus? M. le Président, moi, je n'ai pas entendu ça.
Est-ce qu'il y a un risque à ce que
propose le ministre de la Santé? Il y a un très grand risque. Est-ce qu'il y a
une récompense possible? Il y a une
très grande récompense possible. Mais il me semble que la moindre des choses
quand on dépose un projet de loi
comme celui-là, c'est de nous dire : Parlementaires, on a fait l'analyse
nécessaire avant d'en arriver là. Parce
que, sinon, M. le Président, ça a l'air bric-à-brac, ça a l'air broche à foin,
ça a l'air d'avoir été fait sur un coin de table.
Puis
je vais vous dire l'autre chose, M. le Président, qui fait en sorte que ça a
l'air bric-à-brac, broche à foin puis d'avoir
été fait sur un coin de table : C'est le fait que ce n'est même pas le
premier plan du ministre de la Santé. Savez-vous ce qu'il disait par rapport aux agences le 21 octobre 2021? Ça ne
fait pas si longtemps que ça, M. le Président, là. Le ministre, ça faisait à peu près un an qu'il a été nommé. Il
a eu le temps de regarder ce qui se passait dans le réseau, il a eu le temps de
voir, il a eu le temps d'analyser, il a eu
le temps de dire : O.K., je suis en train de me faire un plan de match,
là, puis voici ce que moi, je pense
qu'il faut faire avec les agences. Le ministre de la Santé révèle sa
stratégie pour affranchir le Québec des agences privées. Ça, ça
vient du Soleil. Citation : «On ne veut plus dépendre des
agences de placement privées. On doit avoir
notre propre réseau d'agences de placement.» Il ne voulait pas que les gens
nécessairement reviennent dans le réseau public uniquement, il voulait se faire sa propre agence, il voulait
avoir quelque chose de complètement différent. Qu'est-ce qu'il a fait quelques
mois plus tard? Il est arrivé avec une proposition pour dire : Ah! moi, je
vais m'assurer... les agences vont
rester, mais je vais m'assurer que, dans le réseau public, ce sont elles qui
ont priorité pour avoir des meilleurs quarts de travail, ce qui est un
peu l'inverse de ce qui se passe en ce moment. Donc là, en trois ans, M. le
Président, il nous a présenté trois
stratégies différentes. Qu'est-ce qui nous dit que celle-là, celle qu'il a
présentée, c'est celle qui va fonctionner le mieux?
La
seule chose qu'il y a dans son projet de loi, c'est qu'il se donne le pouvoir,
à lui et uniquement à lui, hein, pour un
gouvernement qui se dit décentralisateur, là... il prend tous les pouvoirs que
tous les P.D.G. de CISSS et de CIUSSS ont en ce moment, de donner un contrat à une agence parce qu'ils ont un tel
besoin à un tel moment dans tel secteur, et il se les donne à lui. Alors là, il dit : C'est moi qui
vais décider de ça. Je ne fais plus confiance aux P.D.G. de CISSS et de CIUSSS,
c'est moi qui vais le décider, c'est moi qui
vais signer les contrats, c'est moi qui vais donner les approbations. Puis, si
jamais il y a un P.D.G. de CISSS et de CIUSSS qui signe un contrat avec
une agence, hé! je peux lui donner une amende.
C'est
la seule, la seule précision concrète dans le projet de loi, c'est de dire que
le ministre peut donner une amende aux
P.D.G. d'établissement. Le contribuable, là, il est bien plus avancé là-dedans.
Le gouvernement veut voter un projet de
loi pour que le gouvernement donne une amende au gouvernement quand le
gouvernement contrevient aux règles du gouvernement,
M. le Président. Ça ne fait aucun bon sens expliqué comme c'est là. Est-ce que
le ministre a pris le temps d'expliquer
pourquoi lui et seulement lui devait avoir ce pouvoir-là? Est-ce que le
ministre, lors de sa présentation, a pris le temps d'expliquer pourquoi il enlevait ce pouvoir-là aux P.D.G. des
CISSS et des CIUSSS pour se les approprier directement? Moi, je n'ai pas
entendu ça, M. le Président. Moi, je n'ai absolument rien entendu là-dessus.
Mais
le pire, là, M. le Président, c'est que, comme le disait ma collègue tantôt, il
y a 80 % des travailleurs d'agences, en ce moment — ça, ce sont des hommes et des femmes, surtout des
femmes, qui ont quitté le réseau public au cours des dernières années — qui travaillaient pour le réseau public, et, dans
les quatre dernières années, elles ont dit : Oui, sais-tu, je regarde les conditions de travail de ma collègue
en agence, je regarde les miennes, son horaire est pas mal meilleur que le mien, sa paie est pas mal meilleure que la
mienne, sa conciliation travail-famille est pas mal meilleure que la mienne, je
vais faire le saut, je vais aller en agence.
Ce n'est pas ce que je veux faire. Moi, j'aime ça, travailler dans le réseau
public. Quand je me suis imaginé,
petite fille, petit gars, travailler comme infirmier, infirmière, comme
préposé, je me suis dit : Ça va
être dans le réseau public, parce que c'était ça, le modèle. Mais là,
aujourd'hui, ça ne fonctionne pas, les conditions ne sont pas au
rendez-vous, alors elles ont fait le saut.
Le
ministre pense que, demain matin, là, elles vont toutes dire : Ah! ça me
tente bien gros d'aller travailler dans le réseau public. Mais pourquoi, M. le Président, quelqu'un qui vient de
faire ce choix-là reviendrait nécessairement vers le réseau public? Poser la question, c'est y répondre.
Il y a 80 %, 80 % des travailleuses d'agence qui disent : Moi je
n'y retournerais pas parce que les conditions ne sont pas au
rendez-vous. Les conditions de travail ne sont pas là.
• (18 heures) •
Puis,
quand je regarde aujourd'hui, là, l'accueil que réservent les différents
syndicats aux offres gouvernementales qui
sont supposées bonifier les conditions de travail des infirmières, quand je
lis, comme titre... je n'ai même pas eu le temps de regarder l'article, M. le Président, encore, je
n'ai même pas eu le temps d'entendre leurs réactions, juste à lire le
titre : Accueil glacial des
dernières offres de Québec. Ça,
là, vous, vous êtes infirmière en agence, vous voyez ça dans le journal demain matin, «accueil glacial», vous vous
dites : Eh boy! On est loin des conditions de travail qui vont me ramener
dans le réseau public. Là, vous avez ça dans le journal demain matin.
En Mauricie, vous
avez 500 infirmières qui pensent à soumettre... à donner au gouvernement
leurs lettres de démission parce qu'elles
vont être obligées de travailler la fin de semaine. C'est la seule région au
Québec, là, nulle part ailleurs c'est
comme ça, mais, en Mauricie, toutes les infirmières vont être obligées de
travailler la fin de semaine. Tous les
autres réseaux de la santé sont capables de s'organiser autrement. En
Mauricie : pas de même que ça marche. Ici : tout le monde la fin de
semaine. Puis le ministre est d'accord avec ça. Alors là, elles vont voir un
article qui dit : Accueil glacial des
nouvelles conditions de travail proposées par le gouvernement. Ça ne donne pas
le goût de retourner. En Mauricie, ils sont
en train de dire : Ouf! Je pense démissionner tellement on m'impose des
conditions de travail ridicules. Il y a des articles absolument
ridicules de CISSS et de CIUSSS qui disent... qui vont dans les foires d'emploi
puis qui disent : Aïe! Venez travailler
pour nous autres, vous allez avoir du café gratuit. Café gratuit. Puis après
ils sont obligés de reculer, ils sont obligés de reculer parce qu'ils ne peuvent pas faire ça, M. le Président. On en
est là, là. Ça, ça vous donne-tu le goût d'aller travailler dans le
réseau public si vous venez de le quitter?
La
base de tout, c'est de dire : On va donner des meilleures conditions de
travail. Est-ce qu'on peut le dire tout le monde ensemble? On va donner des meilleures conditions de travail. Si
vous voulez que les infirmières puis les préposées soient intéressées
par le réseau de la santé, qu'elles reviennent, on ne peut pas juste
dire : On va prendre vos bonnes conditions de travail, on va les couper, puis vous
allez rentrer dans le rang comme tout le monde. Ça, ça ne donne pas le
goût à personne.
Mais,
si le gouvernement est sérieux dans sa démarche, qu'il arrive avec des
meilleures conditions de travail. Parce que... Je vais prendre un exemple bien simple. Puis là je pourrais faire
le tour des régions, mais je vois le député de Chapleau en avant de moi, je le sais, qu'il va comprendre
ce que je veux dire. Si, demain matin, on adopte le projet de loi tel quel
du ministre de la Santé et qu'il n'y a pas
une bonification évidente des conditions de travail, qu'est-ce qu'il pense que
les infirmières dans notre région
vont faire, celles qui travaillent en agence en ce moment? Il y en a qui
viennent de Montréal, il y en a qui
sont de la région. Elles ont quitté, travaillent en agence, continuent de
travailler dans nos hôpitaux, dans nos cliniques,
dans nos CHSLD. Qu'est-ce qu'elles vont faire? Vous avez des conditions x, on
vous dit : Vous pouvez revenir dans
le réseau public à condition y ou... disons, appelons ça x moins cinq, ou je
peux aller travailler en Ontario à des conditions x. M. le Président, on ne peut pas se permettre, dans
ma région, en Outaouais, de perdre davantage d'infirmières. On ne peut pas se permettre de perdre davantage de préposées.
On ne peut pas se permettre de perdre davantage de professionnels de la santé, point, qui que ce soit. Parce que, je vous
le dis, là, le réseau, chez nous, là, il est à la veille de briser. On est à la
veille de perdre service, après service, après service, s'il n'y a rien
qui est fait.
Alors,
dans un contexte comme celui-là... Puis on n'est pas la seule région. On est
peut-être pire qu'ailleurs, mais on
n'est pas la seule région où il y a une immense précarité dans le réseau de la
santé en ce moment. S'il y a 500 infirmières qui quittent en Mauricie demain matin, bien, je
vous le dis tout de suite, M. le Président, il va y avoir bien du monde qui
n'auront pas de service.
Dans
ce contexte-là, plutôt que de simplement dire : On coupe les agences, on
ne sait pas comment, on ne sait pas quand,
on ne sait pas ça va être quoi, la période de transition, on ne sait pas
comment on va gérer la période de transition, on ne sait pas les conditions de travail qui vont être offertes au monde
dans le réseau public, mais on coupe les agences, pourquoi on n'a pas de stratégie claire à
présenter à tous ces gens-là, ces 2 500 travailleurs là, pour
dire : Voici ce qu'on va faire
pour vous intéresser davantage au réseau public, voici ce qu'on va changer à
l'interne? Ce n'est pas à elles de changer, M. le Président. Ce n'est pas aux infirmières de changer. C'est à
l'employeur de modifier son climat de travail, ses conditions de
travail. C'est à l'employeur à s'adapter aux besoins de ses employés.
C'est
exactement ce qu'au fil du temps les agences ont fait. Pourquoi elles sont si
intéressantes que ça, les agences? Parce
qu'il y a des meilleurs horaires, parce qu'il y a des meilleures conditions
salariales, meilleure conciliation travail-famille. Mais, même ça, ce
n'était pas assez. Savez-vous ce que les agences font en ce moment? Ils
donnent... certaines agences, certaines
agences, pas toutes, elles ne sont pas toutes rendues là, offrent des régimes
de retraite à leurs employés. Ça, c'était le gros avantage du régime public, le
gros avantage. Mais, maintenant, les agences se sont adaptées parce qu'ils ont
bien vu que ce qui gardait certaines
infirmières dans le réseau public, c'était, justement, cette opportunité-là
d'avoir un régime de retraite. Mais, M. le Président, elles se sont
adaptées, les agences.
Pourquoi,
nous, comme réseau public, on n'est pas capable de s'adapter, on n'est pas
capable de voir que ça ne fonctionne
pas? Pourquoi nous... Pourquoi, en fait... Pourquoi le gouvernement de la CAQ,
en ce moment, dit aux infirmières : Il faut que vous soyez plus flexibles? Pourquoi lui n'est pas plus
flexible? Les autres provinces le sont. L'Ontario vient dans notre région, M. le Président, offre des
salaires... des bonis à la signature de 10 000 $ pour une infirmière.
Ça, c'est flexible. Est-ce que nous,
on répond? Pantoute. Impossible, il n'y a pas de réponse à ça. Le
Nouveau-Brunswick ouvre un bureau à Montréal pour recruter nos
professionnels de la santé. Ils ne l'ont pas ouvert à Dégelis, là, ils ne se
sont pas concentrés sur la Baie-des-Chaleurs.
Ils ont dit : On va aller direct à Montréal, puis on va convaincre le
monde de venir au Nouveau-Brunswick, puis on va leur dire que nos
conditions de travail sont bien meilleures. Ça, c'est de la flexibilité. Est-ce que nous, on fait ça? On a-tu ouvert un
bureau, nous autres, à Toronto, à Moncton, ou ailleurs, pour leur dire :
Aïe! Venez au Québec? Non, M. le Président. Ce n'est pas notre approche.
Mais c'est celle dont on a besoin.
Alors,
au lieu de demander tout le temps aux infirmières de s'adapter, est-ce qu'on
peut, nous, s'adapter, nous, se rendre
compte que le réseau public, en ce moment, ne répond pas à leurs besoins? Je
vous le dis, M. le Président, le projet de loi, parce qu'il vise à encadrer et, éventuellement, à abolir les
agences, sur le principe, on va être d'accord, mais, si le ministre veut
s'assurer qu'on travaille tous ensemble dans la même direction, il va falloir
qu'il arrive avec des données probantes, il
va falloir qu'il arrive en nous dévoilant une stratégie claire, il va falloir
qu'il nous dise où il s'en va avec ça, dans quelles régions il y a des risques
pas mal plus grands que d'autres, dans quelles régions il pense que tout va
aller comme sur des roulettes,
comment il va opérer cette transition-là. Parce que, M. le Président, quand on
regarde son projet de loi lui-même,
là, il a beau y avoir du bon dans son projet de loi, O.K., par exemple,
l'intention, mais il manque de substance, puis c'est pour ça que les réactions qu'il s'attendait à voir ne sont
pas au rendez-vous. Parce qu'il a raison quand il dit : Les syndicats voulaient ça, un projet de loi comme ça,
mais ils ne voulaient pas un projet de loi où, selon la FTQ, ça et rien,
c'est du pareil au même. Ils ne voulaient
pas un projet de loi où, selon la FTQ, c'est de la pensée magique. Ils
voulaient un projet de loi clair, qui
met des balises, qui explique comment on va se rendre à destination, puis qui
laisse entrevoir qu'il va y avoir une amélioration des conditions de
travail. Là, on n'a rien de tout ça.
Tant
qu'on n'aura pas des conditions de travail au rendez-vous, M. le Président, ça
va être incroyablement difficile de
ramener ces 2 500 infirmières là dans notre réseau, infirmières et
préposés dans notre réseau public, puis ça va être encore plus compliqué d'aller chercher les
122 000 employés du réseau de la santé dont on a besoin dans les cinq
prochaines années, M. le Président.
122 000 employés, cinq prochaines années, sans indication claire qu'il va
y avoir amélioration des conditions de travail, c'est impensable. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Pontiac. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors...
Oui, M. le leader?
Une voix : ...
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Le principe du projet de
loi n° 10, la Loi limitant le
recours aux services d'une agence de
placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de
la santé et des services sociaux,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader.
Renvoi à la Commission de la
santé et des services sociaux
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, M.
le Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le projet de loi
n° 10, la Loi limitant le
recours aux services d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur de la
santé et des services sociaux, soit
déféré à la Commission de la santé et des services sociaux pour son étude
détaillée et que le ministre de la Santé soit membre de ladite commission pour
la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : ...stade-ci de la journée, je ferais motion afin
d'ajourner nos travaux au 23 février, 9 h 40, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
en conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi le
23 février 2023, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 10)