(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
bon jeudi, à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés. Et la
première déclaration sera celle de Mme la députée de Jean-Talon.
Rendre hommage à l'historienne Marianna O'Gallagher
Mme Joëlle Boutin
Mme
Boutin : Merci, Mme la Présidente. C'est avec fierté que je
souligne la récente désignation d'une nouvelle rue dans ma
circonscription de Jean-Talon, la rue Marianna-O'Gallagher, tout près de mon
bureau de comté.
En ce tout
premier mois officiel du patrimoine irlandais au Canada, il me fait plaisir de reconnaître
l'apport inestimable de Mme O'Gallagher à notre compréhension de la
contribution des Irlandais à la société québécoise.
Ses livres et
conférences sur l'histoire de la Grosse-Île et de l'arrivée à Québec de
milliers de réfugiés fuyant la Grande Famine ont touché les Québécois de
toutes les origines.
Décédée en 2010, Mme O'Gallagher avait été
récompensée avec des nominations comme membre de l'Ordre national du Québec et
de l'Ordre du Canada.
En 1973, Marianna O'Gallagher a fondé la société
d'histoire Irish Heritage Québec, qui est encore active après presque
50 ans.
Aujourd'hui, quelques jours après la
traditionnelle fête de la Saint-Patrick, il me fait grand plaisir d'honorer la contribution importante à la société québécoise de
Marianna O'Gallagher et de tous nos concitoyens d'origine irlandaise. Un
merci tout spécial à son neveu Bryan, qui continue de perpétuer sa mémoire et
ses écrits. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Mme O'Gallagher m'a enseigné, alors je suis tout à fait d'accord
avec votre déclaration.
Maintenant, je vais céder la parole à Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys.
Souligner le cinquième anniversaire de l'organisme
Bienvenue à l'immigrant
Mme Hélène David
Mme David : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je suis heureuse de souligner le cinquième anniversaire de
fondation de l'organisme BAI, Bienvenue à l'immigrant, dans ma circonscription.
En effet,
c'est le 17 mars 2017, sous le leadership et la vision de
Mme Henriette Mvondo, que Bienvenue à l'immigrant a vu le jour.
Depuis cinq
ans, BAI, grâce à l'implication de ses bénévoles, d'un dévouement
extraordinaire, a aidé et soutenu un nombre
incalculable de familles lors de leur arrivée au Québec. Le support de BAI
s'est traduit autant dans l'obtention de meubles ou vêtements ou par le biais d'activités comme le pique-nique
annuel, où les nouveaux arrivants peuvent y socialiser et tisser des
liens avec d'autres familles.
BAI a aussi implanté, comme plusieurs autres
organismes laSallois, une banque alimentaire pour les citoyennes et citoyens
touchés par les effets de la pandémie de COVID-19.
C'est pour
ces multiples raisons que je désire remercier les membres de Bienvenue à
l'immigrant pour leur rôle essentiel dans la circonscription de
Marguerite-Bourgeoys. Merci infiniment à toutes et à tous.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée
de Marguerite-Bourgeoys. Et maintenant je reconnais M. le député de
Beauce-Sud.
Féliciter les entreprises Boa-Franc inc. et Garaga inc.,
lauréates du Gala Reconnaissance AQMAT
M. Samuel Poulin
M.
Poulin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux prendre
le temps, ce matin, de souligner l'apport inestimable de deux leaders de
chez nous.
La semaine
dernière, l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de
construction tenait son gala et a
remis le prix Société à Boa-Franc pour souligner son engagement sur le plan
écologique, social et humanitaire, son aide particulièrement importante pour Centraide.
Je veux saluer et remercier la famille Thabet, son comité de direction et
l'ensemble des employés, tous des gens que je connais très bien et qui
excellent dans leur domaine.
Le
gala a aussi souligné l'apport de la famille Gendreau, propriétaire de Garaga,
à Saint-Georges, avec le prix
Patrimoine, remis à des familles en affaires depuis au moins deux générations
et où la relève joue un grand rôle. La famille se dirige vers
40 ans d'affaires, pendant lesquels ils ont fabriqué plus de
3,6 millions de portes de garage. C'est impressionnant.
Trois usines : au Québec, en Ontario et Oklahoma. C'est 245 employés,
que je salue. C'est impressionnant.
Et,
grâce à tous les gens qui forment ces entreprises, notre région rayonne, gagne
et se propulse toujours plus loin. En mon nom personnel et celui de nos
concitoyens, bravo et merci!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Beauce-Sud. Et
maintenant je cède la parole à Mme la députée de Westmount-Saint-Louis.
Souligner la Semaine québécoise
de la déficience intellectuelle
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner la
34e édition de la Semaine québécoise de
la déficience intellectuelle, qui se tient cette semaine, du 20 au 26 mars
2022, avec comme thème Non, les préjugés, c'est dépassé.
Ayant
pour objectif de sensibiliser la population québécoise, cette semaine contribue
depuis plus de trois décennies à
favoriser les rapprochements entre la population et les personnes vivant avec
une déficience intellectuelle par l'entremise de plusieurs initiatives
et campagnes déployées partout à travers la province.
Le
thème de cette année est plus important que jamais. L'inclusion et la
cohabitation passent par la compréhension de l'autre et la déconstruction des préjugés que l'on peut avoir envers
l'autre. La neurodiversité est une richesse. Elle mérite d'être célébrée
et incluse dans toutes les sphères de la société.
J'en
profite également pour souligner le 70e anniversaire de la Société
québécoise de la déficience intellectuelle.
La
Semaine québécoise de la déficience intellectuelle est l'occasion pour nous
tous de rappeler que nos différences font de nous une société meilleure.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Westmount-Saint-Louis. Et je reconnais maintenant Mme la députée
d'Abitibi-Ouest.
Rendre hommage à Mme Ghislaine
Vandal pour ses années
de service auprès de la Sûreté du Québec
Mme Suzanne Blais
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux
rendre hommage à Mme Ghislaine Vandal, qui a fait une très belle
carrière de 45 ans au sein de la fonction publique à Amos.
Pendant
près de 40 ans, Mme Vandal a travaillé auprès des corps policiers
d'Amos, de la Sûreté du Québec. Elle occupait
le poste de technicienne en administration et elle desservait les postes
d'Amos, La Sarre, Matagami et Radisson.
Tous ses collègues le
reconnaissent, Mme Vandal est une personne attentionnée et dévouée, qui a
à coeur son organisation et le personnel
avec qui elle travaille. Tous la considèrent un peu comme une maman, avenante
et pleine de ressources. Toutes ces
années d'expérience font en sorte qu'elle détient beaucoup d'informations. Elle
est toujours prête à aider tant ses supérieurs que les patrouilleurs, et
les membres de l'équipe d'Amos l'apprécient grandement.
Mme Vandal,
sachez que votre expérience et vos connaissances vont manquer aux membres du
centre de services de la Sûreté du Québec d'Amos. Je vous souhaite une
excellente retraite, bien méritée. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée
d'Abitibi-Ouest. Et je reconnais maintenant M. le député de Jonquière.
Demander au gouvernement
d'octroyer le statut
d'aire protégée à la forêt Cyriac
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, Mme la Présidente.
Je veux souligner l'existence d'une forêt contenant des arbres plusieurs
fois centenaires, juste au sud du lac Kénogami, dont une partie est située dans
la circonscription de Jonquière.
La
forêt Cyriac constitue un écosystème d'exception, situé à quelques dizaines de
kilomètres de la ville de Saguenay. Elle
contient des arbres gigantesques âgés de 350 à 450 ans. Accessible à une
grande majorité de la population, elle a un potentiel récréotouristique extraordinaire, traversée d'est en ouest par
un sentier pédestre jalonné de refuges. La forêt Cyriac assure aussi au
lac Kénogami une qualité d'eau potable nécessaire à la majorité de la
population de la ville de Saguenay.
Depuis
plusieurs années, des dizaines de bénévoles de l'Association pour la protection
du lac Kénogami s'activent pour
protéger la forêt Cyriac, qui serait la preuve d'une biodiversité
exceptionnelle et qui ferait la fierté de tout le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Le
Québec a adhéré aux conventions internationales pour atteindre 30 % de la
superficie du Québec sous forme d'aires protégées en 2030. La forêt Cyriac
pourrait certainement en faire partie, et je demande au ministre de décréter ce
statut d'aire protégée pour la forêt Cyriac dans les plus brefs délais. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Jonquière. Et
maintenant je me tourne vers Mme la députée de Bertrand pour sa déclaration
d'aujourd'hui.
Souligner la réouverture du
Théâtre Le Patriote
Mme Nadine Girault
Mme Girault :
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite aujourd'hui vous partager ma joie suite à
la réouverture de la mythique salle de spectacle Le Patriote, de
Sainte-Agathe-des-Monts, après une pause rénovation pour se refaire une beauté
et moderniser leurs installations quasi centenaires.
Le Patriote est un
joyau de notre comté et il a une place toute particulière au coeur des citoyens
et des artistes. On y a accueilli les plus
grands noms de la chanson québécoise d'hier à aujourd'hui. Le premier artiste à
s'y produire fut un certain Gilles
Vigneault, et il fut suivi par les plus grands, Robert Charlebois, Ginette
Reno, Félix Leclerc, Beau Dommage, mais
aussi Les Cowboys fringants, Coeur de pirate, et sans oublier plusieurs
humoristes et grands artistes européens. Tous s'entendent pour dire que cette salle possède un cachet unique. J'étais
vraiment fière d'assister à la soirée de réouverture du Patriote ce
lundi.
J'invite
tous les Québécois aimant la musique et les arts à encourager la culture d'ici
et à s'arrêter à Sainte-Agathe-des-Monts le temps d'un spectacle. Merci,
Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Bertrand. Et
je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont.
Exprimer de la solidarité et du
soutien envers les Ukrainiens
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Je vais essayer quelque chose : (S'exprime en ukrainien). C'est de
l'ukrainien, Mme la Présidente, ça
veut dire : Ensemble, nous sommes nombreux. Effectivement, nous sommes
nombreux avec les Ukrainiens. En fait, je pense qu'on peut dire :
Nous sommes tous Ukrainiens.
Je
veux saluer le courage et la résilience du peuple ukrainien, mais aussi le
dévouement de centaines de bénévoles qui amassent des dons ici qui partiront
vers les corridors humanitaires ou qui serviront aux gens qui arriveront ici,
les familles de déplacés.
Nous
avons la chance de compter environ 17 000 personnes d'origine
ukrainienne dans Rosemont. Nous sommes honorés
de les compter parmi nous et nous leur devons toute notre solidarité. Les dons
qui s'accumulent dans les églises de Sainte-Sophie
et de Sainte-Marie-la-Protectrice, notamment dans Rosemont, en sont un bel
exemple. Et je sais, Mme la Présidente, que nous serons à la hauteur
quand viendra le temps d'accueillir les familles de déplacés.
Courage, mes amis
ukrainiens, nous sommes avec vous. Cette folie finira par finir.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Rosemont. Et je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Saint-François.
Souligner le
125e anniversaire du journal The Record
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci, Mme la Présidente. Depuis 1897, le journal The Record est
la voix, le reflet et la mémoire de la communauté anglophone de
Sherbrooke et des Cantons-de-l'Est.
The
Record doit sa survie à son lectorat fidèle et participatif, au constant
renouvellement de ses employés et à ses propriétaires qui se sont succédé avec la volonté ferme de le maintenir.
Son 125e anniversaire marque un jalon dans son étonnante longévité qui
fait de lui le plus vieux journal encore en activité dans la région.
Au
cours des cinq dernières années, grâce à l'aide financière du ministère de la
Culture et des Communications du Québec, The Record a réussi sa
transition vers une plateforme numérique tout en conservant sa version papier.
Ainsi, le journal continue de jouer
un rôle d'information important dans la vie des lectrices et des lecteurs, qui
lui donnent la force de poursuivre sa
mission.
Je
souhaite un joyeux anniversaire, 125e, à l'éditrice, Mme Sharon McCully,
et sa petite équipe, qui perpétuent la liaison au sein de la population
anglophone. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Saint-François.
Et je reconnais maintenant M. le député de Vachon.
Rendre
hommage à M. Michel Dagenais pour
son engagement bénévole et communautaire
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. En ajout à la déclaration de mon
collègue de Rosemont, je dirais : «Slava Ukraini!» Gloire à
l'Ukraine!
Mme
la Présidente, je suis très fier de vous parler d'un merveilleux bénévole de
Saint-Hubert, aujourd'hui. Il s'agit de
M. Michel Dagenais, un ex-militaire qui a fait carrière pendant plus de
30 ans au sein des Forces armées canadiennes et qui aujourd'hui
s'implique comme bénévole dans plusieurs causes chez nous.
Depuis sept ans,
il est bénévole aux écoles Mille-Fleurs et Charles-Le Moyne. Que ce soit à
la bibliothèque ou comme responsable de la formation des nouveaux parents
bénévoles, il n'hésite jamais à s'impliquer au-delà de son mandat. Il est présent, connu et apprécié des
élèves et de la direction. C'est un homme à tout faire. Il a aussi aidé à la
prise de photos, la vaccination, aux activités parascolaires.
Michel
s'implique également au sein du Centre d'action bénévole de Saint-Hubert lors
de la période des impôts, à la garderie aux Petits Génies, où il faisait
la lecture chaque semaine aux enfants, comme directeur de la chorale de Noël, comme concierge, comme livreur. Bref, Mme la
Présidente, c'est un homme extrêmement impliqué, il en fait beaucoup.
Alors, Michel, il est
un bénévole de rêve pour chaque organisme. Merci beaucoup de faire de
Saint-Hubert un endroit meilleur. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, M. le député de Vachon. Et maintenant j'aurais besoin de votre consentement afin de permettre à Mme la
députée d'Iberville de faire une 11e déclaration. Nous avons le consentement.
Alors, Mme la députée d'Iberville, la parole est à vous.
Remercier la députée de
Notre-Dame-de-Grâce pour l'aide apportée
à une famille immigrante kurde réfugiée à Rougemont
Mme Claire Samson
Mme Samson : Merci,
Mme la Présidente. Merci aux collègues de me permettre de prendre la parole.
Ce
matin, j'aimerais saluer et remercier très chaleureusement une députée membre
de l'opposition officielle. Et il s'agit
de la députée de Notre-Dame-de-Grâce, qui, en 2014, alors qu'elle venait d'être
nommée ministre de l'Immigration et
que j'arrivais ici avec mon premier cas citoyen, une famille kurde qui s'était
réfugiée dans une église de Rougemont par peur d'être déportée en Turquie par le gouvernement canadien... La
ministre, à l'époque, a porté le dossier à Ottawa, et l'a réglé, et a
permis, aujourd'hui, à cette famille qui, je lui dis, s'est agrandie, il y a un
nouveau garçon qui s'est joint aux deux filles... vivent encore à Rougemont,
leur francisation est complétée.
Et,
en leur nom, j'aimerais la remercier pour son implication et son dévouement,
pour avoir permis à cette famille de
s'établir paisiblement au Québec. Les filles continuent leur éducation en français.
Elles ne m'ont pas encore battue au Scrabble, mais tous les espoirs sont
permis.
Et
j'aimerais, en mon nom personnel, la remercier pour avoir fait de cet événement
certainement mon plus beau souvenir de députée. Merci, Kathleen!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée d'Iberville. Alors, ceci met fin à la
rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 5)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, je vous souhaite un bon jeudi. Prenons quelques
instants pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire :
Oui. M. le Président, pourriez-vous appeler l'article a du feuilleton,
s'il vous plaît?
Projet
de loi n° 27
Le Président : Tout à fait. À l'article a
du feuilleton, Mme la ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor présente le projet de loi n° 27,
Loi modifiant principalement
certaines lois instituant des régimes de retraite du secteur public. Mme
la ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Alors, oui, j'ai le plaisir de déposer le projet de
loi n° 27, Loi modifiant principalement certaines
lois instituant des régimes de retraite du secteur public.
Ce projet de loi
permet une bonification des prestations liées à des crédits de rente du Régime
de retraite des employés du gouvernement et
des organismes publics, selon les conditions et modalités déterminées par le
comité de retraite de ce régime.
Le projet de loi
limite aux employés ayant participé à un régime de retraite du secteur public
administré par Retraite Québec le droit de demander à cette dernière de
remettre dans le régime de retraite des sommes détenues par Revenu Québec en
application de la Loi sur le curateur public ou de la Loi sur les biens non
réclamés.
Le projet de loi
modifie la Loi sur le régime de retraite du personnel d'encadrement, notamment
au sujet de la composition du comité de retraite de ce régime.
Le
projet de loi permet que la retenue annuelle faite sur le traitement admissible
versé à un employé participant au Régime de retraite des agents de la
paix en services correctionnels ne soit plus limitée à 9 % de ce
traitement.
Enfin, le projet de
loi inclut des dispositions diverses, transitoires et finales. Merci, M. le
Président.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Nous souhaitons, bien évidemment, la tenue
de consultations particulières sur le
projet de loi, et ce, avant le débat sur le principe, comme il est de coutume.
Je demande au leader du gouvernement de s'engager en ce sens-là.
Le
Président : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président, pour les
consultations particulières, c'est oui, et nous attendons les groupes des
oppositions. Pour le reste, on verra.
Dépôt de documents
Le Président : Nous sommes à la rubrique
Dépôt de documents. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles.
Plan stratégique 2022-2026
d'Hydro-Québec
M. Julien :
Oui, merci, M. le Président. Je dépose le plan stratégique 2022-2026
d'Hydro-Québec. Merci.
Le
Président : Merci. Ce document est déposé. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la Commission de
l'agriculture, de l'énergie
et des ressources naturelles pour examen
M. Caire :
Oui, M. le Président. Tel que
nous avons avisé les oppositions, je sollicite le consentement de l'Assemblée pour
déroger à l'article 53 et 188 et présenter, conformément à
l'article 146 du règlement, la motion suivante :
«Que
le plan stratégique d'Hydro-Québec 2022-2026 soit déféré à la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles en vue de son étude;
«Que le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger aux articles 53 et 188 du
règlement? Consentement. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Réponses
à une question inscrite au feuilleton et à une pétition
M. Caire :
Oui, M. le Président. Je dépose la réponse du gouvernement à la question
inscrite au feuilleton le 8 février
2022 par le député de Rimouski et la réponse du gouvernement à la pétition
présentée en Chambre le 10 février 2022 par le député de Pontiac.
Le
Président : Merci. Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
Nous
en sommes à la rubrique Dépôt de rapports de commissions. Mme la
présidente de la Commission des relations avec les citoyens et députée
de Mirabel.
Étude détaillée du projet de loi
n° 1
Mme D'Amours : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission des
relations avec les citoyens qui, les
1er 2, 3, 8, 9, 10, 15, 16, 22 et 23 février et les 15, 16, 22 et
23 mars 2022, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des services de garde éducatifs à
l'enfance et de compléter son développement. La commission a adopté le texte du projet de
loi avec amendements. Merci, M. le Président.
• (10 h 10) •
Le
Président : Merci. Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Maskinongé.
Imposer un moratoire sur les
coupes forestières sur les
terres publiques de Saint-Mathieu-du-Parc
M. Allaire : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 4 021 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
territoire des terres publiques de Saint-Mathieu-du-Parc fut développé à partir
de 1996 sur 127 kilomètres carrés comme
étant un projet de forêt habitée au bénéfice de la communauté et que les coupes
forestières auront un impact sur sa biodiversité et son potentiel de
développement récréotouristique;
«Considérant que ce
territoire est fréquenté par 40 000 visiteurs annuels, contribuant au
maintien de leur santé physique et psychologique;
«Considérant que ce
territoire possède un réseau de sentiers — vélo et pédestre — des
parois d'escalade, des belvédères et un amphithéâtre ayant nécessité
d'importants investissements humains et financiers;
«Considérant
que la protection de ce territoire permet le maintien d'importants services
écologiques, qu'il comprend, par ses
milieux humides et sa forêt mature, des habitats fauniques de qualité pour
l'espèce menacée de la tortue des bois ainsi
que plusieurs autres espèces à statut précaire — comme la tortue serpentine, le loup de l'Est et
une dizaine d'oiseaux menacés;
«Considérant que le
secteur visé représente une zone tampon entre le parc national de la Mauricie
et les zones habitées;
«Considérant
que plusieurs autres territoires pourraient être identifiés pour permettre aux
compagnies forestières d'exercer leurs droits de coupes;
«Considérant
que le gouvernement du Québec s'est engagé à protéger 30 % de son
territoire d'ici 2030 et que la Mauricie n'en est présentement qu'à
3,84 %;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'appliquer immédiatement un
moratoire concernant les coupes
forestières sur les terres publiques de Saint-Mathieu-du-Parc et d'appuyer la
mise en place d'une aire protégée de catégorie 4 sur ce
territoire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le
Président : Et cet extrait de pétition est maintenant déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Bilan du gouvernement en matière de santé
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci, M. le Président. Depuis le début de son mandat, le premier
ministre nous a répété ad nauseam qu'il
allait rencontrer toutes les promesses qu'il avait faites en 2018. Force est de
constater qu'il y en a plusieurs d'entre elles qui ne seront pas
rencontrées et dans différents domaines.
Mais,
si on parle précisément de l'enjeu de la santé, en santé il avait promis qu'il
y aurait un médecin de famille pour chaque Québécois. Sous la gouverne du
gouvernement actuel, on est passés de 400 000 Québécois qui n'avaient
pas de médecin de famille à plus de
1 million de Québécois qui n'ont pas de médecin de famille. Les
chirurgies, tous les voyants sont au rouge, 160 000 personnes
attendent aujourd'hui pour avoir une chirurgie. Les attentes aux urgences, au
lieu de descendre, elles ont augmenté, sous la gouverne de ce gouvernement.
Encore une fois, tous les voyants sont au rouge.
Aujourd'hui,
on a vu qu'il y avait 50 mesures qui allaient être annoncées par le
gouvernement. De ces 50 mesures là, M. le Président, plusieurs étaient déjà présentées dans la campagne
électorale de 2018. Puis les nouvelles choses qui sont annoncées, bien,
elles sont sans objectif, sans résultat, sans chiffre.
Est-ce que ce n'est
pas là, M. le Président, clairement l'aveu de l'échec de la CAQ?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, d'abord, quand on parle des médecins de famille, la cheffe de l'opposition officielle sait très bien qu'on est pris avec une entente jusqu'en 2023, une
entente qui a été signée par le gouvernement libéral, une entente qui ne
prévoit pas de modification à la rémunération pour encourager la prise en
charge des patients.
Le
gouvernement libéral avait choisi de mettre en place un projet de loi n° 20. Essentiellement, M. le Président, le projet de loi n° 20, c'était de dire au syndicat des médecins de
famille : Je vous donne les clés de l'auto pour deux ans et j'allume des lampions, j'espère que vous allez
prendre en charge des patients, sinon... Je vois l'ancien ministre des Finances
qui dit : Sinon, on va vous cogner sur
la tête et on va vous pénaliser. M. le Président, même la cheffe de l'opposition
officielle dit qu'elle n'est plus d'accord avec son propre projet de loi
n° 20, pour lequel elle avait voté.
Donc,
M. le Président, ce que le ministre de la Santé fait, actuellement, c'est
d'essayer de négocier pour que les médecins
de famille ouvrent cette entente signée jusqu'en 2023. Même si, à un moment
donné, comme on l'a déjà dit, on n'est
pas une république de bananes, là, même si ça a été signé puis ça a été mal
fait par le gouvernement libéral, on est pris avec cette entente-là.
Maintenant,
M. le Président, on a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 11, pour faire un premier pas, au moins, pour qu'on sache combien
de patients sont pris en charge...
Le
Président : En terminant.
M. Legault :
...par chaque médecin de famille.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le premier ministre parle d'une loi qui a été adoptée en 2015. En 2018,
il a fait sa promesse électorale. Il l'a
faite en toute connaissance de cause, en toute connaissance de cause. Est-ce
qu'il est en train de me dire qu'il a fait une promesse électorale sans
savoir de quoi il parlait? Parce qu'en 2018 il l'a faite.
On
est passés de 400 000 Québécois qui n'ont pas de médecin de famille à
1 million de Québécois qui n'ont pas de médecin de famille. Ça,
c'est ce qu'on appelle une promesse brisée.
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, M. le Président, d'abord, aujourd'hui, il y a plus de Québécois qui
ont un médecin de famille qu'en 2018. Bon,
je suis d'accord que, là, étant donné que les gens ont repris de l'espoir, il y
en a plus qui se sont inscrits, mais la réalité, c'est qu'il y en a plus,
aujourd'hui, qui ont un médecin de famille que lorsque le gouvernement libéral
a quitté.
Maintenant, M. le
Président, on a eu une pandémie. Imaginez-vous aller négocier avec la FMOQ une
nouvelle entente, déchirer l'entente libérale jusqu'en 2023 pendant que les
médecins de famille...
Le
Président : En terminant.
M. Legault :
...comme on dit en québécois, sont dans le gros jus. Donc, M. le Président,
soyons sérieux.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : M. le Président, c'est
toujours la faute des autres. La réalité, c'est le bilan de la CAQ. Ils
savaient très bien l'engagement
qu'ils prenaient. Et, au début du mandat, on était là; on est rendus à plus de
1 million de personnes qui
attendent. Quand le premier ministre nous dit, là, que, dans le fond, il y a
plus de personnes qui ont des services puis qu'ils vont mieux
aujourd'hui, bien, c'est parce qu'il est déconnecté de ce qui se passe sur le
terrain.
Il
y a tellement de personnes qui ont besoin d'un médecin de famille aujourd'hui,
M. le Président! La réalité, encore une fois, c'est que c'est une
promesse brisée de la part de ce gouvernement.
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, j'ai,
moi aussi, un petit tableau avec des couleurs, et le rouge, ce sont les
chirurgies qui sont en attente depuis
plus d'un an. 2017‑2018, il y en avait 3 075. En 2018‑2019,
il y en avait 2 122. En 2019‑2020, 1 500. Donc, M. le Président, ce qu'on voit, c'est que le nombre de chirurgies
qui attendent depuis plus d'un an a diminué. Mais, M. le Président, on a eu une pandémie, puis
partout dans le monde, partout dans le monde, pour être capable de soigner les
patients COVID, il a fallu délester des activités qui étaient moins urgentes.
Le
Président : Troisième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, je n'en
reviens pas. Je n'en reviens pas, de parler de chirurgies qui sont en attente.
Parce que, s'il veut un graphe, voici le
graphe que les Québécois comprennent. Voici où est-ce qu'on était au début du
mandat du gouvernement actuel. Aujourd'hui, il y a juste une croissance.
160 000 personnes qui attendent pour une chirurgie.
Encore
une fois, vous voulez une autre promesse brisée? En voici une, les attentes en
chirurgie, une promesse brisée de la CAQ.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le premier ministre, pour la réponse.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, ce qui
est important, ce sont les chirurgies qui sont hors délai, donc ce qui est en
rouge. M. le Président, le tableau
que présente la cheffe de l'opposition officielle, c'est l'ensemble des
chirurgies, même ceux qui sont en attente depuis une semaine.
Donc,
M. le Président, ce qui est important, c'est de réaliser toutes les chirurgies
qui sont urgentes. Puis, malgré la pandémie, on a réussi à le faire,
depuis deux ans, puis, pour ça, je dis merci à tout le personnel de la santé.
Le
Président : Question...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! J'aimerais, encore une fois, qu'on respecte la règle. Pas
de commentaire, de bravo, de sons, au terme des réponses, au terme des
questions.
M. le leader de
l'opposition officielle.
Projet de réseau structurant de
transport en commun à Québec
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, le premier ministre vient de nous dire : Le
Québec, ce n'est pas une république de bananes,
on doit respecter nos engagements. Il y a un engagement envers les gens de
Québec, envers le tramway de Québec également,
puis en ce moment son gouvernement fait tout pour bloquer ce projet-là, pour
retarder le projet, pour faire grimper les coûts, pour diviser, pour
cliver la population là-dessus.
Déjà,
en 2020, le projet était prêt, et la CAQ avait décidé d'aller jouer dans le
tracé, d'aller jouer dans les stations. M. le Président, hier, sortis de nulle part, ils arrivent avec une
nouvelle condition : pas de rue partagée. Ils s'inventent des
raisons pour bloquer le projet.
Je
veux rappeler au ministre des Transports ce qu'il a dit vendredi, vendredi de
la semaine dernière, je le cite : «Le projet ne changera pas.» Ne
changera pas. Ça, c'était il y a six jours, vendredi passé. Qu'est-ce qui a
changé?
La
rue partagée, là, était déjà connue, c'était public depuis juin. Le maire en a
parlé en campagne électorale, M. le Président.
Est-ce qu'ils peuvent nous dire la vérité? Ce
qui prime encore, à la CAQ, c'est «no way, tramway».
Le Président : ...attention
dans les termes. Vous savez, il y a des termes, «vérité», «fausseté», dire...
etc. Je vous appellerais à la prudence. Et je sais que vous comprenez
très bien ce dont je parle.
M. le ministre des
Transports, en réponse.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : M. le Président, je vais
répéter ce que je dis depuis deux ans, sinon trois : Ce projet va se
réaliser, va se réaliser. Si on avait voulu faire mourir ce projet, il
serait déjà mort.
Avec
l'ancienne administration, on a amélioré le projet. Le premier ministre a
octroyé une somme additionnelle de près
de 700 millions pour un projet évalué aujourd'hui à 4 milliards. Lors
de la dernière élection municipale, le bureau de projet m'a avisé qu'il y aurait une augmentation possible de coût d'un
demi-milliard. Le premier ministre l'a dit encore, nous serons présents.
Maintenant,
est-ce qu'il est normal, comme principal bailleur de fonds, qu'on se questionne
sur le concept de rue partagée, qu'il
y ait étude des circulations, étude d'impact, comme on le fait pour Montréal,
sur René-Lévesque? Est-ce qu'il est
normal qu'on se questionne sur la vision régionale du maire, qui, pour moi, est
extrêmement importante, avec le REC?
Et,
le dernier point, le financement du fédéral, au-delà des bons mots du ministre
Duclos, je m'attends à un engagement écrit pour les surcoûts du tramway,
pour que le fédéral s'engage à la hauteur de 40 %, et le projet va se
réaliser.
• (10 h 20) •
Le
Président : Première complémentaire, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, ils connaissaient déjà l'enjeu de la rue partagée,
c'est public depuis un an. Puis là on parle
de 500 mètres dans le coeur de la ville, puis l'argument de la CAQ,
c'est : Ça va ralentir les gens de Portneuf. Ce n'est pas sérieux,
M. le Président. Portneuf, c'est à 60 kilomètres de Québec.
Le
maire de Québec disait, hier : Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il
a la rage. Alors, s'ils veulent tuer le projet, qu'ils le disent. S'ils veulent
faire le projet, qu'ils s'enlèvent du chemin, qu'ils laissent le maire de
Québec travailler.
Le
Président : Mme la ministre responsable de la région de la
Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, M. le Président. Je vais vous dire, là, quand j'entends le
Parti libéral faire des critiques sur les projets de mobilité durable
dans la Capitale-Nationale et dans Chaudière-Appalaches, je trouve ça
hallucinant, M. le Président, hallucinant.
On
a présenté, il y a un an, le Réseau express de la Capitale, dans lequel il y a
un projet de réseau structurant qu'on soutient depuis le début. On a mis
1,8 milliard de dollars dans notre tout premier budget. On aurait pu
niaiser les projets comme le Parti
libéral faisait, on aurait pu se résigner à ne pas quêter d'argent au fédéral — parce
qu'eux autres on connaît leurs liens
privilégiés — on
aurait pu retarder des décrets, retarder le projet de loi n° 26
pour les expropriations, retarder tout ce qu'on aurait pu. On le fait
avancer depuis trois ans et demi, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président : On a été très attentifs à la
question, je pense, c'est la norme pour tous, je souhaiterais qu'on le soit
pour les réponses également, sur un sujet
qui vous tient à coeur, bien sûr. Complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, là, la
réalité, là, c'est que l'attitude du gouvernement, là, elle a été indécente,
elle a été arrogante...
Le Président :
Oui, je m'excuse, «indécent»,
«indécente» fait partie de nos lexiques. Ça fait partie, c'est là, c'est
écrit noir sur blanc. Je vous demande le retrait pur et simple de ce terme-là.
Vous pouvez en utiliser un autre.
Mme Anglade : ...mais le mot «arrogant», le mot «paternaliste», ils
ne sont pas dans le lexique, M. le Président, et c'est l'approche que le
gouvernement a eue.
La
seule chose que le premier ministre devrait faire, aujourd'hui, c'est de
s'excuser auprès du maire de Québec et auprès des résidents de Québec
pour l'attitude que ce gouvernement a eue hier...
Le Président : Je vous rappellerai... Je vais vous faire le rappel, simplement :
«Arrogant», il est là aussi. Alors, je vais vous demander, dans ce
contexte-là...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît!
Je vais vous demander, dans ce contexte-là, d'être prudents dans les termes à
être utilisés dans la suite de la période de questions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui, M. le Président, vous venez de le dire, le
terme est au lexique. La seule chose à faire, c'est de le retirer, M. le
Président.
Le Président : M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin : M. le Président, juste avant la leader de
l'opposition, là, la vice-première ministre a parlé de niaisage. À ce que je sache, ça aussi, c'est au lexique, M.
le Président. Alors, si on veut retirer tous les mots, là, parfait, qu'on le
fasse des deux bords de la Chambre.
Le
Président : Là, je vais être
très clair. Non, mais le retrait a été fait sur un mot. Je vous signale que,
celui-là, je ne veux plus le
réentendre. Il est au lexique également, donc on ne l'utilise pas. Donc, c'est
un propos non parlementaire. Je souhaite que la période de questions se
poursuive de belle façon. Réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, je pense que ce qui est
important, en tout cas, c'est ce qu'on a essayé de faire depuis qu'on
est au gouvernement, c'est d'écouter les citoyens, c'est d'écouter les citoyens.
Oui, puis je pense que la cheffe de
l'opposition officielle devrait s'inspirer de cette phrase-là, écouter les
citoyens, écouter les citoyens de Québec. Il y a des citoyens, à Québec, qui sont inquiets, qui voudraient qu'on bonifie
le projet. M. le Président, on va le faire, le tramway de Québec. On va le
faire en répondant aux besoins des gens de Québec. Puis on va s'entendre avec
le maire de Québec.
Le
Président : Question
principale. La parole n'appartient qu'à la députée de Saint-Laurent. Encore une
fois, je vous demande votre attention à tous.
Évolution du projet de
réseau structurant
de transport en commun à Québec
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Moi, je suis excessivement surprise des paroles
du premier ministre, qui dit qu'il faut écouter les gens. D'ailleurs, c'est précisément ce qu'il avait
dit dans son discours inaugural, le voici : «[Il faut] être à l'écoute des
besoins des gens et, en tout temps, [...]agir avec humanité.»
Trouvez-vous
qu'hier vos ministres, M. le premier ministre, ont agi avec humanité, avec une
attaque aussi frontale et aussi
cinglante envers le maire, dûment élu, de Québec? Est-ce que
ça, c'est agir avec humanité? Quand vous dites qu'il faut avoir plus de
services pour les gens, est-ce que couper Charlesbourg, ça, c'est agir en
écoutant davantage les gens?
Quand
j'entends la vice-première ministre dire, avec le plus sérieux du monde :
Aïe! on aurait pu retarder le projet, on n'aurait juste pas signé le
décret, bien, vous ne l'avez toujours pas signé, le décret, depuis maintenant
plus d'un an.
Alors,
sincèrement, vous n'êtes tellement pas bons comédiens que même une pièce de
théâtre de série B ne voudrait même pas de vous autres comme
figurants.
Des voix : ...
Le
Président : Je vais vous demander, encore une fois, d'être
attentifs, tant pour les questions que pour les réponses. J'entends que
vous êtes prêts à entendre. Mme la ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, M. le Président, je ne doute pas de, comment dire, la
connaissance très expérientielle de
la députée de Saint-Laurent de la réalité de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, et donc elle doit savoir comme
moi qu'on a deux défis, dans nos deux régions, en matière de mobilité : du
transport collectif, mais aussi de réduire la congestion routière, parce qu'il va continuer d'y avoir des gens qui
utilisent leurs automobiles, il faut comprendre ça aussi. Donc, on a besoin
d'un réseau express de la Capitale qui va répondre à ces deux défis-là.
Une des
composantes importantes de ce réseau-là, oui, express de la Capitale, c'est le
projet de transport structurant. Et,
depuis le début, bien que les gens l'appellent communément le tramway, on
l'appelle le réseau de transport structurant. Il doit être structurant, il doit
avoir une portée régionale et il doit tenir compte de l'ensemble de la grande
ville de Québec, le centre-ville et aussi les banlieues, et aussi des
villes en périphérie, M. le Président.
Et c'est
important de réaliser que, ce projet-là, on met beaucoup d'argent dedans, donc
c'est normal qu'on fasse en sorte de
travailler avec la ville de Québec pour s'assurer de la portée régionale, qui a
toujours été un objectif avoué et partagé avec la ville de Québec. Le
maire lui-même travaille sur un défi d'acceptabilité sociale...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...et ce qu'on dit, c'est qu'on va travailler avec lui sur cet objectif commun.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Vous travaillez
tellement bien avec lui que vous êtes en train de tuer le projet. Je ne connais
pas l'expérience de la ministre, pour reprendre ses propos, mais, généralement,
lorsqu'on exige de nos homologues un écrit,
un engagement écrit, bien, nous-mêmes, on le fait par écrit. À ce que je sache,
à ce jour, Jean-Yves Duclos n'a pas reçu de demande écrite.
Je sais que
ça peut être étourdissant, toujours se chicaner avec les gens autour de nous,
alors j'ai préparé la lettre pour la
vice-première ministre, pour demander un engagement écrit, et même la lettre
timbrée pour recevoir. Est-elle prête à signer?
Le Président : Mme la ministre
responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, M. le Président, je suis ouverte à lire le projet de lettre
de la députée. Moi, je travaille en collégialité. Mais j'ai déjà,
hier...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Deux secondes. Merci, ça fait du bien, le silence revient.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Mme la ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale,
poursuivez.
Mme Guilbault : Oui, mais j'ai déjà, hier, moi, d'ailleurs, sollicité l'aide du Parti
libéral. Je les ai invités à nous aider
via leur extension fédérale, le Parti libéral du Canada, qui forme actuellement
le gouvernement, à utiliser leurs liens privilégiés avec les élus
fédéraux libéraux pour les convaincre de se commettre, parce qu'on a besoin
qu'ils financent non pas 40 % d'un montant précis, mais 40 % du
projet au complet. Or, on saura le coût du projet à l'ouverture des enveloppes, après les appels d'offres, qui seront
rendus possibles par les décrets qu'on va justement proposer au Conseil
des ministres le 6 avril prochain.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : ...présente,
hier, quand j'ai entendu la vice-première ministre narguer encore le projet
puis mon parti, alors c'est pour ça
que j'ai écrit la lettre et j'ai même timbré l'enveloppe pour elle. Mais ça, ça
s'appelle faire sa job de vice-première ministre et aussi de
porte-parole de la Capitale-Nationale et défendre le plus grand projet-phare de
la Capitale-Nationale, un projet de 4 milliards de dollars qu'ils sont en
train de saboter pour 500 mètres, pour les gens de Saint-Agapit. Hou!
Attention. C'est loin en titi, Saint-Agapit.
Mais, ceci
étant dit, hier le maire de Québec a dit : Moi, je ne vendrai pas mon âme
au diable. Moi, je veux savoir, dans cette histoire, d'après vous, c'est
qui, le diable.
• (10 h 30) •
Le Président : M. le ministre des
Transports.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît! M.
le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : M.
le Président, la députée peut déchirer sa lettre, je rencontre, la semaine
prochaine, le ministre des Infrastructures, M. LeBlanc, justement pour
discuter du projet du tramway. Je le dis depuis des semaines, ma
collègue le dit depuis des semaines, sinon depuis des mois, ce projet, on le
veut, on veut qu'il se réalise.
Maintenant, je m'attends qu'au-delà des beaux
mots de certains ministres le fédéral s'engage pour de futurs dépassements de coûts. Donc, rencontre la semaine
prochaine. On pourra par la suite évaluer la situation avec nos homologues
fédéraux, pour la suite.
Le Président : Question principale,
M. le député de Jonquière.
Respect des compétences municipales en
matière d'aménagement du territoire
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. M. le Président,
nous avons assisté, hier, à un pitoyable spectacle de la part du gouvernement. Plusieurs ministres, dont le premier ministre
lui-même, ont fait un tir groupé contre la ville de Québec et son maire concernant
le projet de tramway.
D'une
part, il s'agit d'une ingérence inacceptable dans les compétences des
municipalités. D'autre part, cette attitude fait la preuve que ce gouvernement vit au XXe siècle en refusant de
reconnaître que la lutte contre la crise climatique nous force à revoir l'aménagement du territoire et la
mobilité. Enfin, il veut faire des gains partisans en opposant bêtement les
autos au transport collectif. Bref, c'est un cafouillage monumental, indigne
d'un gouvernement qui doit travailler en équipe, dans le respect des
compétences des municipalités.
Est-ce
que le premier ministre va faire enfin la seule chose digne de sa fonction et
s'excuser pour les dérapages de plusieurs de ses ministres et députés de
la région de la Capitale-Nationale?
Le
Président : Mme la ministre responsable... ministre régionale de la
Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, M. le Président. Je suis surprise un peu de la
tournure de la question, parce que, s'il y a
un parti politique, ici, qui essaie d'alimenter la rivalité entre les
utilisateurs de transport collectif et les automobilistes, ce n'est
certainement pas la CAQ. Je pense qu'il faudrait peut-être plus regarder de ce
côté-là de la Chambre.
Nous,
M. le Président, je l'ai dit tout à l'heure, je vais le réitérer, on travaille
pour deux objectifs : augmenter l'adhésion et l'utilisation du transport collectif dans notre capitale nationale et
dans Chaudière-Appalaches et aussi augmenter le confort et la fluidité de la
circulation pour les utilisateurs de l'automobile. Il continuera d'y avoir des
gens qui vont utiliser leurs automobiles,
M. le Président. De moins en moins, on le souhaite. C'est pour ça que, depuis
trois ans et demi, on fait avancer, on finance, on se commet sur ce projet de
réseau de transport structurant, qui va être bon, oui, pour la ville de Québec,
mais qui doit être bon aussi pour la périphérie
de la ville de Québec, pour l'ensemble de nos deux régions, pour la Rive-Sud.
Nous,
M. le Président, pour la première fois, on a enfin une vision intégrée de
développement inclusive, interrives. On
finit les chicanes entre Québec, la Rive-Sud, la Rive-Nord. On fait des projets
pour nos deux régions. Je pense que le député de Lévis a longtemps
attendu d'avoir un gouvernement qui allait inclure Lévis...
Le
Président : En terminant.
Mme Guilbault : ...dans sa vision de développement régional, et c'est ce
qu'on fait, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, M. le Président, je
n'ai pas entendu l'ombre d'une excuse ou même d'un regret. Le député de La Peltrie a fait amende honorable, hier, mais
les autres? La vice-première ministre elle-même, le premier ministre, hier,
le ministre des Transports, une attitude inacceptable envers un maire et une
municipalité qui est dénoncée par l'UMQ. L'UMQ elle-même a dénoncé ce matin.
Alors,
est-ce qu'enfin le premier ministre, la vice-première ministre, les ministres
concernés, les députés de la région vont se lever pour s'excuser pour ce
gouvernement et enfin travailler en personnes responsables?
Le
Président : Mme la ministre responsable de la Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Donc, M. le Président, moi, au-delà de ce qui est dans les médias,
je parle beaucoup avec le maire de
Québec. J'ai échangé encore ce matin, on a parlé régulièrement hier. On a des
conversations privées qui, évidemment, vont
rester privées, mais la philosophie générale de notre collaboration, depuis qu'il
a été élu, c'est de dire : Il faut faire de notre Capitale-Nationale, incluant la Rive-Sud, un pôle de création
de richesse métropolitain avec une belle vision de développement,
incluant la mobilité. Et on est tout à fait d'accord là-dessus.
Le maire lui-même a
déjà dit à son arrivée qu'il y a un défi d'adhésion et d'acceptabilité sociale
dans son projet. Il veut faire monter
l'appui au projet, et on va travailler avec lui là-dessus. C'est ça, l'objectif
commun, c'est de cette façon-là qu'on travaille. On va s'entendre avec lui sur
les conditions générales de succès de ce projet-là et on va réussir, M.
le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : La ministre parle de
philosophie. Ce que les gens de Québec, ce que le maire de Québec, ce que
nous voulons, c'est de l'action.
L'UMQ
dénonce aussi l'attitude du gouvernement à l'égard des villes. Est-ce que le
premier ministre, est-ce que la
vice-première ministre, est-ce que la ministre responsable de la région vont
enfin agir selon leurs fonctions, c'est-à-dire, un, s'excuser, puis
enfin donner le signal que ce projet va se réaliser sans délai?
Le Président :
Mme la ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Bien, je ne sais pas, M. le Président, pour le député de Jonquière,
c'est quoi, la fonction d'une vice-première ministre, d'une ministre régionale,
mais moi, je pense que c'est, entre autres, s'assurer, avec ses collègues,
le collègue des Transports, entre autres avec l'aval du premier ministre, de
faire avancer des projets, d'avoir un leadership régional, des projets qui vont
être structurants et qui vont avoir une portée régionale.
La mobilité, M. le
Président, ça ne se décide pas juste dans un centre-ville. Ça doit avoir une
portée régionale. Ça doit être bon pour le
centre-ville, pour les banlieues de Québec, ça doit être bon pour les
périphéries. Je l'ai dit hier, moi, j'habite
à Saint-Aug village. Il faut que les gens de Saint-Augustin et de l'agglo de
L'Ancienne-Lorette, de Portneuf, de la Rive-Sud
trouvent aussi leur compte dans les projets de transport, que ce soit
directement ou indirectement. Et c'est ce dont on va s'assurer avec le
maire de Québec.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : Il est tout à fait d'accord que c'est important
d'avoir une vision de développement régional et intégrée, M. le
Président.
M. Gaudreault :
Question principale, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Développement
du transport collectif dans
la région de la Capitale-Nationale
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Parlons-en. Hier, on a vu encore le meilleur et le pire de la
politique. On a vu un maire se tenir debout pour son monde, pour le transport
collectif, pour l'avenir vert de sa ville, puis on a vu des ministres de la CAQ en ligne, un après l'autre,
varger sur le projet de tramway puis de dire, dans le fond, qu'eux autres, ils
savaient ce qui était bon.
Comme
dirait l'autre, le chat est sorti du sac. Le transport collectif, ils n'aiment
pas ça. Le virage climatique, le virage
nécessaire, climatique, ils ne le feront pas. Il faut lier ça à un troisième
lien, ça vient d'être dit. Le tramway? Bien, honnêtement, là, depuis le début, le tramway, ils n'en ont pas voulu.
Alors, on se retrouve encore, quelques années plus tard, à payer encore
de l'argent pour un projet qui n'arrive pas, alors qu'il est prêt.
Je
ne dirais pas ça souvent, mais la voix de la raison, en fait, elle est venue du
ministre de l'Économie, hier, qui dit,
je le cite : «...à Montréal, 28 % des gens prennent [le transport
collectif]. À Québec, c'est [...] 8 %. Il faut que ça monte.» Eh
bien, pour ça, pour que ça monte, il faut que la CAQ arrête de mettre le pied
sur le brake du tramway.
Est-ce
que le premier ministre va s'excuser, bien sûr, au ministre de piler dans les
compétences du maire de Québec, mais, qui plus est, va faire en sorte
que le décret soit adopté à des conditions qui vont au maire de Québec?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je pense que, si on avait besoin d'une preuve que le
gouvernement de la CAQ a une approche
équilibrée entre le transport collectif et le transport routier, bien, il faut
voir le PQI, le Plan québécois des infrastructures,
pour les 10 prochaines années. Ce qu'on voit, dans ce plan-là, c'est qu'il
y a 56 milliards, 56 milliards de projets en transport collectif puis 48 milliards dans le réseau
routier. Je le sais, Québec solidaire est contre ce 48 milliards, mais ils sont incapables de nous nommer une route,
un projet, dans le réseau routier, qu'ils ne toucheraient pas, parce qu'ils
ont quand même quelques députés dans certaines régions du Québec.
M.
le Président, je reviens à Québec. C'est un projet important qui va coûter plus
de 4 milliards de dollars. Ça devait être 3, 3,3, on est rendus à
plus 4 milliards de dollars. On a dit oui au projet, mais, M. le
Président, il faut un équilibre. Il y a des
citoyens, à Québec, qui sont préoccupés des impacts, par exemple, sur le
boulevard Laurier, sur la Grande-Allée, pour la circulation automobile,
il faut trouver un équilibre. C'est ça, la différence entre la CAQ puis Québec
solidaire. Québec solidaire pense qu'on peut juste mettre du transport
collectif partout au Québec. Ça ne marche pas comme ça.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Il faut croire que le premier ministre n'a pas lu le même rapport du
GIEC que moi, vraiment pas. J'ai une
citation ici : «C'est un très beau projet. C'est un projet futuriste,
moderne, qui dessert, comme on l'avait demandé, les banlieues [à] Québec.» Vous pourriez penser que c'est moi qui ai dit
ça. Bien non. C'est le premier ministre, en 2018.
Puis,
pour des points supplémentaires, pouvez-vous me dire qui a amputé le projet
pour qu'il desserve moins bien les banlieues? Je vous le donne au gage.
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
56 milliards de projets dans le transport collectif. Le Plan pour une
économie verte, on est passés de
6,6 milliards à 7,6 milliards dans le dernier budget, 1 milliard
de plus. Mais Québec solidaire pense que l'argent pousse dans les arbres. Tout le monde sait ça, là. Québec
solidaire, eux autres, on dépense, on dépense, mais on ne dit surtout
pas où on va prendre l'argent.
M. le Président, on
va le faire, le tramway de Québec.
• (10 h 40) •
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Je me doute que le premier ministre, il stresse un petit peu quand il
regarde les sondages, et tout ça, notamment
au niveau des banlieues de Québec, mais il y a une crise climatique. Il faut
agir maintenant et de façon importante. Chaque année de retard que vous avez amenée, c'est des millions de
dollars en plus que ça coûte. Vous êtes victimes de votre propre action.
Est-ce
que le premier ministre pourrait pour une fois mettre les intérêts de Québec,
et du Québec, et du changement... contre le changement climatique en
allant de l'avant rapidement, sans condition?
Le
Président : Et on s'adresse toujours à la présidence. M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, quand je regarde les sondages, comme le dit la cheffe
du deuxième groupe d'opposition, je ne prends rien pour acquis, mais je ne
stresse pas non plus. Je ne sais pas, il y en a peut-être d'autres qui
stressent, mais je ne stresse pas, parce qu'on écoute les citoyens, puis
il n'y a pas une meilleure approche que celle-là.
Puis,
à Québec, notre gouvernement, on est un gouvernement pragmatique. Oui, on va
faire le tramway, mais on va aussi
laisser de la place éventuellement pour des autos électriques. C'est grand,
Québec. Il n'y a pas juste Montréal, comme le pense Québec solidaire.
Le
Président : Question principale, M. le député de Nelligan.
Accès
à un médecin de famille
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le Président, Thomas
Gerbet, aujourd'hui, vient de publier les 50 mesures du gouvernement
caquiste pour redresser le système qu'eux-mêmes, ils ont brisé, les quatre
dernières années. On va expliquer une chose très simple. L'ancienne ministre de la Santé, le nouveau
ministre de la Santé, ils ont ramené la liste d'attente de 400 000 à 1 million
de Québécois. Le premier ministre, qu'est-ce qu'il disait aux Québécois
en 2018? Je vais négocier avec le syndicat des omnipraticiens, je vais permettre à tous les Québécois un médecin de
famille. Force est de constater, M. le premier ministre... M. le Président, que c'est une promesse brisée,
aujourd'hui. Aujourd'hui, les 50 mesures qu'on retrouve dans les médias
est un constat d'échec. Vous n'avez pas
livré la marchandise, et, pendant ce temps, il y a des patients qui souffrent
en silence.
Ma
question est très simple, au ministre de la Santé : Quand il va permettre
à tous les Québécois d'avoir un médecin de famille?
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je vais laisser
les oppositions commenter un plan qui n'est pas la version finale, c'est
leur choix, je vais les laisser faire ça. Mais,
moi, mon père me disait une chose, M. le Président, il me disait : Tu
sais, un bon sucrier, là, ça ne prend
pas la première coulée d'eau d'érable pour faire le sirop. C'est ça qu'il
disait. Puis, il dit, c'est malheureux, mais, quand les érables coulent — puis là je ne parle pas, ici, de l'opposition, je
ne parle pas du Parti libéral — au printemps les érables coulent, il faut
que tu sois patient, il faut que tu sois patient.
Alors, moi,
ce que je dis ici, M. le Président : Attendons donc à mardi. Je sais que
les gens ont hâte, les journalistes ont hâte, tout le monde a hâte qu'on
présente notre plan, mais, je vous dirais, comme un bon sucrier, prenons
notre temps. La première coulée est passée,
la deuxième coulée s'en vient. Puis, je vais vous dire, mardi, M. le Président,
on va avoir du très bon sirop d'érable. Merci beaucoup.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît! Première
complémentaire, monsieur...
Des voix : ...
Le Président : Votre attention, tous
et toutes! Parole au député de Nelligan.
M.
Monsef Derraji
M. Derraji : Monsieur, je n'ai pas le goût de rire. Si ça fait
rire, le sirop d'érable, le sucre, au ministre de la Santé et sa gang,
c'est leur choix. Moi, aujourd'hui, je vous ramène la parole des patients qui
souffrent en silence.
Des voix : ...
M. Derraji : Oui, ça vous
énerve, Mme la ministre, mais il y a des patients qui souffrent.
Le Président : ...à la
présidence, M. le député.
M. Derraji : Il y a des patients qui souffrent même dans votre
comté. Il y a des patients qui attendent même dans votre comté. Il y a
des patients qui souffrent...
Le
Président : M. le député de Nelligan, deux secondes. Vous vous
adressez à la présidence. Pas d'interpellation, vous vous adressez à la
présidence, c'est la règle. M. le député, continuez.
M. Derraji : M.
le Président, il y a des patients qui souffrent maintenant. Ils sont de l'ordre
de 1 million. Le premier ministre n'a pas respecté sa promesse.
Quand ils vont permettre à tous les Québécois
d'avoir un médecin de famille?
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien,
écoutez, je vais être en complémentaire avec la réponse du premier ministre, ce
matin, pour la question des omnis. Je
pense qu'il a très bien répondu. On sait les engagements que le Parti libéral
avait faits, un gouvernement de médecins, dans le dernier gouvernement.
Maintenant,
M. le Président, on a bien dit... Puis, le député de Nelligan, il est très au
courant, on a montré énormément de flexibilité dans le projet de loi n° 11. J'ai très hâte qu'on revienne en commission
parlementaire pour finir de passer le projet
de loi n° 11, M. le Président, parce que le député de
Nelligan le sait, que ce n'est pas uniquement une prise en charge des médecins. On a dit que ça se ferait par
une prise en charge de professionnels de la santé. On est capables d'évoluer,
on est capables de prendre...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...ce qu'on a appris
de la pandémie, M. le Président. On le fera en temps et lieu.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député Nelligan.
M.
Monsef Derraji
M. Derraji : M.
le Président, ça fait quatre ans, le premier ministre a mis sur la table une
promesse, il a dit aux Québécois :
Je veux vous permettre d'avoir un médecin de famille. Est-ce qu'il est fier,
aujourd'hui, de se lever et de regarder dans les yeux les Québécois et leur dire : J'ai échoué, j'ai échoué
avec deux ministres de la Santé, une qui a ramené la liste d'attente de 400 000 à 650 000 et un
autre qui l'a complètement échoué? Et aujourd'hui vous essayez de réparer les
pots cassés. S'il vous plaît, répondez aux patients québécois qui
souffrent en silence.
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, si on veut utiliser les
mots, M. le Président, on sait c'est qui qui a cassé les pots. Nous, on va
essayer de les réparer. Et, M. le Président, ce qui est très clair pour moi, on
a écouté les gens en commission parlementaire, sur le projet de loi n° 11, ils nous ont fait des suggestions, incluant
les omnis, incluant toutes les professions qui sont venues. On a dit
qu'on était prêts à modifier certains aspects, parce qu'on y croit, à
l'interdisciplinarité, pour la prise en charge.
M. le Président, j'ai
très hâte de revenir en commission parlementaire pour être capable de régler le
projet de loi n° 11
et enfin que les Québécois puissent être servis dans un délai raisonnable, M.
le Président. J'espère que l'opposition nous aidera à faciliter cette
transition-là. Merci.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Gaspé.
Accès
au logement
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, le Québec vit une crise du logement sans
précédent. Malgré tous les signaux lancés,
la CAQ a choisi de ne rien faire et de ne même pas reconnaître qu'il y avait
une réelle crise. Dans toutes les
régions du Québec, les gens peinent à se trouver un logement, les coûts des
loyers explosent, et la spéculation immobilière est rendue hors de contrôle, privant les jeunes de ma génération, entre
autres, de pouvoir s'acheter une première maison.
Le
problème est aussi sur les épaules des employeurs, qui font des pieds et des
mains pour trouver de la main-d'oeuvre, mais les travailleurs doivent refuser leurs offres, car ils ne trouvent
pas de place où se loger. Tout le monde se prend en main pour contrer la crise,
sauf la CAQ.
M. le Président, pour
nos populations vulnérables, pour nos aînés qui veulent demeurer dans leurs
résidences, pour les jeunes qui veulent se
bâtir une vie, pour nos régions qui veulent se développer, est-ce que le
gouvernement peut nous dire où il
s'en va, en habitation? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a à coeur de gérer le
problème dans toutes ses facettes? Qui aura le courage d'agir?
Le
Président : Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, on le sait
très, très bien, les besoins en habitation, les besoins en logement sont
grands, sauf qu'on est présents. Depuis le début, depuis 2018, c'est
8 000 logements qu'on a livrés, M. le Président. Suite à ça, on a lancé le Programme d'habitation
abordable pour ouvrir des projets abordables mais aussi continué les projets en
logements sociaux. Et là, les projets en logement, au Québec, autant abordable
que social, on y va très, très rapidement,
M. le Président, le financement est là. Au budget, cette semaine, plus d'un
demi-milliard en habitation, encore une fois.
On
est rendus... On avait promis 15 000... l'ancien gouvernement avait promis
15 000, ça n'a pas été livré, ça a été annoncé. Nous, présentement, ça donne 8 000 qui sont en voie d'être
livrés. Il y en a 2 200 avec le Programme d'habitation abordable. On a signé les ententes ICRL-1, ICRL-2.
Tous les projets pour les femmes violentées, pour les autochtones ont été
choisis également. On est aujourd'hui rendus à 14 700 logements, M.
le Président.
Alors,
tous les offices d'habitation travaillent, et maintenant les municipalités,
grâce à la réglementation qu'on a changée, dans les projets de loi...
Le Président :
En terminant.
Mme Laforest :
...sont très actifs en habitation.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry Mélançon : C'est agir rapidement, M.
le Président, de seulement livrer les anciennes annonces du gouvernement
libéral puis que les chiffres qu'on nous donne là, ce n'est même pas toutes des
unités livrées, c'est encore un chantier?
J'étais, ce matin, avec un membre de la fédération des OSBL d'habitation de la
Montérégie-Estrie, une locataire de la Villa Belle Rivière et la représentante
du groupe citoyen de Richelieu dont l'OBNL habitation sera vendu à des intérêts privés. C'est des aides
gouvernementales de tous les paliers qui ont financé la construction de ces
logements. Comment le gouvernement du Québec peut-il à ce point se
déresponsabiliser...
Le
Président : Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : M. le Président, je suis
quand même très, très sensible, parce que, même pour la Villa Belle Rivière
à Richelieu... Je travaille avec le député
de Chambly. Oui, c'est chez lui. La Villa Belle Rivière, M. le Président, ce
n'est pas un immeuble gouvernemental. Par contre,
j'ai demandé tout de suite au Centre d'assistance et d'accompagnement aux plaintes... que nous, on a donné la
possibilité de rencontrer les locataires, les résidents de 60 ans et plus.
Je veux que le centre d'assistance
pour accompagnement aux plaintes rencontre les locataires. Le maire Gauthier a
été rencontré également. Le maire Gauthier prend la villa Richelieu à
coeur, il ne veut pas qu'il y ait de changement d'affectation à court terme.
Donc, évidemment, l'OBNL n'est pas un immeuble gouvernemental, mais on va
accompagner également...
• (10 h 50) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry Mélançon : ...pas de prendre les
plaintes des résidents, à l'heure actuelle, qu'il faut, c'est un moratoire
sur la vente des immeubles de logements sociaux
vers le privé. Visiblement, le gouvernement n'a pas le courage d'agir en
habitation. Non seulement ils n'ont rien
annoncé dans AccèsLogis, pour les prochaines années, mais il n'est même pas
capable de préserver le parc de logement que les communautés se sont
elles-mêmes doté collectivement.
La situation
s'aggrave. Les réponses de la ministre sont désolantes. Ayez donc le courage
d'agir.
Le
Président : Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Ma collègue voudrait que
les OBNL qui sont sous convention fédérale soient gérés par nous, le gouvernement. Les OBNL que vous mentionnez sont
sous convention fédérale. Mieux que ça, M. le Président, j'ai demandé
tout de suite, ce matin, de parler avec mon homologue fédéral, parce que ce
n'est même pas notre gouvernement, c'est des immeubles gouvernementaux
fédéraux. Mais je vais parler à mon homologue fédéral, M. le Président, je vais
lui demander qu'est-ce qu'il va faire avec
des situations comme ça. Les OBNL sous convention fédérale, je vais lui en
parler, de la problématique. Mais,
nous, AccèsLogis, tous les projets AccèsLogis sous convention sont là pour
35 ans, alors c'est certain qu'ils sont encore protégés...
Le
Président : En terminant.
Mme Laforest :
...pendant plusieurs années.
Le Président :
Question principale, M. le député de Rosemont.
Recours
aux agences de placement privées dans le réseau de la santé
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M. le Président.
Alors, allons-y d'un autre lexique : petite révolution, changement de
culture, grande séduction, refondation, rétablissement. Ce n'est pas les
slogans qui manquent, mais ce n'est pas avec des slogans qu'on va
réparer notre réseau de santé public. M. le Président.
En
juin dernier, le ministre de la Santé a dénoncé les pratiques inacceptables des
agences de placement. Le premier ministre
a lui-même évoqué l'élimination possible des mêmes agences de placement.
Pourtant, on apprend aujourd'hui que le ministre veut simplement
encadrer les mêmes agences de placement qui vampirisent nos ressources au
public.
Alors,
ma question est très simple : Si on veut donner une chance à rétablir le
système, comment voulez-vous refonder ce système si on garde les mêmes
pilotis viciés et bancals?
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, j'apprécie
beaucoup la question, ici, du député de Rosemont, parce qu'on a eu jusqu'à
maintenant, avec son parti notamment, une excellente collaboration dans tous
les travaux qu'on a faits ensemble. Et je l'apprécie
beaucoup parce que, même encore hier, on discutait pour les crédits, je suis
très, très sensible aux questions qu'il soulève, hier on a parlé beaucoup de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, un
grand projet dans lequel on investit 2,5 milliards. Je pense que
c'est important d'avoir cette collaboration-là avec l'opposition.
Pour ce qui est des
agences de placement, je vais refaire ce que j'ai dit tout à l'heure pour le
député de Nelligan : Attendons de voir
la version finale du plan qui sera déposé mardi, M. le Président. Parce qu'il y
a un ensemble de mesures, malheureusement,
avec les gouvernements précédents et les rapports sur la santé précédents qui
ont été faits, M. le Président, qui n'avaient pas été mises en place. Je pense
qu'on va avoir le courage, puis on l'a démontré durant la pandémie, de
poser des gestes forts, notamment envers les
agences de placement, pour améliorer notre réseau. Alors, soyons patients. Je
sais que tout le monde a hâte à
mardi, nous les premiers. Alors, on prendra l'ensemble du projet, qu'on pourra
discuter avec les partis.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Très rapidement, ce que j'ai dit au ministre à propos de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, c'est qu'on n'est plus
à 2,5, on est à 4 milliards. J'aurais aimé ça avoir un engagement qu'on
allait revoir le coût du projet, sinon on ne le fera pas, puis ça, ce
serait une catastrophe.
Voilà
ce que disait le ministre aussi à propos des agences de placement : «On ne
veut plus dépendre des agences de placement
privées. On doit avoir notre propre réseau d'agences de placement.» Bien oui,
ça tombe bien, ça, ça s'appelle notre réseau public.
Pourquoi ne pas avoir
le courage d'abolir ces agences? Qui protège les agences de placement?
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, c'est un débat très intéressant, les agences, parce que,
si on connaît bien les régions, on sait que
l'absence, le manque de personnel dans les régions est un élément beaucoup plus
critique. On pense, entre autres, à l'Abitibi. On pense, entre autres, à
la Côte-Nord. L'enjeu de Montréal et des agences de placement est complètement différent. Alors, c'est sûr que, dans le plan
qu'on a... D'ailleurs, on a commencé à agir. On a déjà encadré énormément les agences, comparant de... si on compare avec le
laxisme libéral de l'utilisation des agences dans le passé. On a déjà encadré énormément les agences, depuis que nous sommes au
gouvernement. On l'a fait dans la pandémie. Alors, je veux rassurer...
Le
Président : En terminant.
M. Dubé :
...le député de Rosemont qu'on va continuer à travailler dans ce sens-là.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Les dépenses pour les
agences sont passées de 443 millions, en 2019‑2020, à 1 milliard
en 2020‑2021. Est-ce
que la CAQ pense que l'argent pousse dans les arbres pour en dilapider autant
dans un système qui ne marche pas?
Les
agences, là... M. le Président, ma question est bien, bien simple, pour le
ministre Dubé... pour le ministre de la Santé. Est-ce que les agences sont un mal nécessaire, temporaire,
temporaire, ou alors une solution de rechange permanente? C'est quoi, sa
vision pour les agences de placement de personnel?
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Encore une fois, je suis content de la préoccupation de Québec solidaire
pour les coûts mis dans les agences. C'est
une bonne nouvelle. Mais je voudrais préciser une chose. De passer de
400 millions à 1 milliard durant la dernière année, l'essentiel de l'augmentation vient des agents de
sécurité et non des infirmières. Alors, il faudrait juste préciser les
choses, M. le Président. Et le détail de ça, il est très connu.
Alors, ce que
j'aimerais dire au député de Rosemont : On va commencer à encadrer les
agences de placement. Il faut tenir compte
de la régionalisation pour être sûrs qu'on ne laisse pas de patients sur le
carreau, particulièrement dans nos régions. On va faire ce qu'il y a à
faire. On a un plan, on va l'exécuter, M. le Président. Merci beaucoup.
Le
Président : Question principale, M. le député de Jacques-Cartier.
État
de situation en matière de cybersécurité
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Nous sommes tous avec le peuple ukrainien dans la guerre contre un despote.
Je suis fier de l'aide que le Québec et le
Canada ont rendue disponible. Mais Vladimir Poutine a été clair : s'en
mêler, de la guerre en Ukraine, les ennemis des Russes vont faire face à
des conséquences jamais vues.
Depuis
plusieurs années, les experts disent qu'une cyberguerre contre la Russie peut
avoir des conséquences graves pour notre société. On a déjà vu des
attaques par la Russie contre les élections libres des pays de l'Ouest.
Alors, j'ai une
question pour le ministre : Est-ce que le Québec est prêt pour une
cyberguerre contre la Russie? Et qu'est-ce qu'il va faire pour protéger notre
démocratie et nos élections qui s'en viennent?
Le Président :
M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
M. Éric Caire
M. Caire :
Oui, merci, M. le Président. Écoutez, pour faire peut-être l'historique qui
va répondre adéquatement à la question de
mon collègue, on a été le premier gouvernement à mettre en place la première
politique de cybersécurité. Au
gouvernement du Québec, dès le début du mandat, on a mis en place le réseau
gouvernemental de cyberdéfense, qui a été renforcé avec la loi n° 95. J'en profite encore une fois pour saluer la collaboration
des collègues dans l'adoption rapide de ce
projet de loi là qui a donné un pouvoir et une autorité au réseau
gouvernemental de cyberdéfense, qui nous a permis et qui nous permet de réagir beaucoup plus efficacement,
beaucoup plus rapidement. Le premier ministre a mis en place le
ministère de la Cybersécurité, qui donne une liberté d'action qui est encore
plus grande.
Maintenant, pour la
question spécifique du collègue, on a identifié des cibles stratégiques, les
cibles qui étaient potentiellement les plus à risque, au niveau des
infrastructures du gouvernement. On pense à nos réseaux de distribution alimentaire, réseaux de distribution en énergie,
très évidemment, et d'autres cibles qui sont plus potentiellement à risque,
pour lesquelles on prend des mesures... et
vous me permettrez une certaine discrétion sur les mesures en question, mais
pour lesquelles on prend des mesures supplémentaires...
Le
Président : En terminant.
M. Caire :
...des budgets supplémentaires,
des ressources supplémentaires pour faire face à cette menace-là, qui est
bien réelle.
Le
Président : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Motions sans préavis
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
nous allons passer à la rubrique des motions
sans préavis. Et, selon
l'ordre et nos règles de présentation, je vais céder la parole à M. le député
de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la Présidente. Alors je sollicite d'abord l'attention de
l'Assemblée et le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'en 2021, le gouvernement du Québec a reçu
près de 4,3 milliards de dollars en taxes et impôts supplémentaires
de la part des contribuables québécois;
«Qu'elle rappelle que
l'annonce dans le budget d'une compensation de 500 $ ne couvre pas
l'ensemble des dépenses de taxes et impôts supplémentaires supportés par les
contribuables québécois;
«Qu'elle
rappelle également que ces charges supplémentaires n'incluent notamment pas la
hausse du coût du panier d'épicerie, de l'énergie et des logements;
«Qu'elle
déclare que d'offrir un chèque de 500 $ ne représente pas une solution
efficace pour aider l'ensemble des Québécois, contrairement aux
propositions faites par le Parti libéral[...] — qui sont
celles-ci :
«[D'abord] une
exemption de TVQ sur les biens essentiels et médicaments en vente libre;
«Un gel des tarifs
d'hydroélectricité jusqu'au retour à la méthode de tarification par la Régie de
l'énergie;
«Une exemption de la
TVQ sur les tarifs d'hydroélectricité pendant ce gel temporaire des tarifs;
«Un soutien de
2 000 $ aux aînés de 70 ans et plus;
«Et finalement [des]
places en services de garde à 8,70 $ pour tous;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement caquiste pour son manque de vision
et sa mesure électoraliste qui ne profitera pas durablement aux Québécois.»
Merci, Mme la Présidente.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Robert-Baldwin. Alors y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors il n'y a pas de consentement. La prochaine
motion sans préavis sera présentée par Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Je demande le
consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Jonquière :
«Que
l'Assemblée nationale réaffirme l'importance de mettre en place dès que
possible des mesures fortes afin de lutter contre les changements
climatiques;
«Qu'elle
reconnaisse que le transport routier représente à lui seul environ 35 %
des émissions totales de gaz à effet de serre au Québec;
«Qu'elle
prenne acte de l'augmentation ininterrompue de la vente des véhicules
utilitaires sport et des camionnettes depuis plusieurs années, et que ces
véhicules forment présentement plus de 40 % du parc automobile québécois;
«Qu'elle
constate que la croissance des ventes de VUS et de camionnettes contrecarre la
réduction de GES due à la vente de véhicules électriques;
«Qu'elle
prenne acte que selon un rapport de la Chaire de gestion du secteur de
l'énergie de HEC Montréal, les camions légers sont, depuis 2014, la
première cause de la hausse des émissions de gaz à effet de serre au Québec;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement d'interdire progressivement d'ici 2025 les publicités sur
les carburants fossiles et les camions légers à essence, tels que les VUS.»
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Alors, y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement. Je suis
maintenant prête à reconnaître Mme la députée de Gaspé pour sa motion sans
préavis.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi à nouveau
de souligner officiellement, en fait, la
présence de nos trois invités dans les tribunes, Martin Bécotte, Sylvie Adam et
Diane Côté, qui luttent pour la sauvegarde de la Villa Belle Rivière.
Je
sollicite, Mme la Présidente, le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec
la députée de Vaudreuil, le député de Laurier-Dorion, le député de Bonaventure
et la députée de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale réitère l'importance du logement social;
«Qu'elle
rappelle que plusieurs unités de logement social sont situées dans des
immeubles dont sont expirées les conventions exigeant leur maintien dans
des OBNL d'habitation;
«Qu'elle
rappelle que la plupart des OBNL d'habitation ont été construits à même des
subventions gouvernementales;
«Qu'elle souligne son
inquiétude de voir, par conséquent, ces immeubles être cédés à des entreprises
privées;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
d'instaurer un moratoire sur la vente d'immeubles appartenant à des OBNL d'habitation pour permettre
l'adoption d'un mécanisme permettant d'assurer la pérennité de ces unités de logement hors marché.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Gaspé. Alors,
y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger : Pas de consentement.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il
n'y a pas de consentement. Et maintenant je vais céder la parole à M. le
ministre responsable de la Lutte contre le racisme.
Souligner la Journée
internationale pour l'élimination
de la discrimination raciale
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de Laurier-Dorion, la députée de Gaspé, le député de
Bonaventure, le député de Rimouski et la députée de Maurice-Richard :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la journée internationale contre la discrimination raciale
qui a eu lieu le 21 mars dernier;
«Qu'elle reconnaisse
que le Québec est une nation démocratique et ouverte qui rejette
fondamentalement toute forme de racisme, de discrimination et d'intolérance;
«Qu'elle réaffirme
l'importance de condamner les actes de violence à caractère haineux;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance d'appliquer une tolérance zéro du racisme et de toutes
les formes de discriminations;
«Qu'elle
rappelle que toutes les personnes au Québec doivent jouir des droits et
libertés fondamentaux garantis par la charte québécoise des droits et
libertés de la personne;
«[Enfin, qu'elle]
demande au gouvernement de continuer la mise en oeuvre des 25 mesures
contenues dans le rapport du Groupe d'action contre le racisme et qu'elle
rappelle que ces actions permettent de renforcer le sentiment d'appartenance,
d'assurer l'intégrité de la personne, sa dignité et l'exercice de ses droits
sans égards à ses origines.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
je vous remercie. Y a-t-il consentement pour débattre de cette notion?
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Alors, cette motion est
adoptée.
Une motion sans préavis ayant déjà été présentée
par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a
consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Consentement. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 28
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Je fais motion, conformément à l'article 146 du
règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la
Commission de la santé et des services sociaux, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 28, Loi visant à mettre fin à l'état d'urgence
sanitaire, procède à des consultations particulières et tienne des auditions
publiques le jeudi 31 mars 2022 après les affaires courantes vers
11 h 15 jusqu'à 13 h 10 et de 14 heures à 16 h 35
et le mercredi 6 avril 2022 après les
affaires courantes vers 11 h 15 jusqu'à 12 h 55 et de
15 heures à 18 h 30 et le jeudi 7 avril après les
affaires courantes vers 11 h 15 jusqu'à 12 h 55;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants : Daniel
Paré, sous-ministre associé au MSSS,
le Conseil interprofessionnel du Québec, la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec, l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des services sociaux, Barreau du
Québec, le Dr Luc Boileau, sous-ministre adjoint et directeur national de [la] santé publique par intérim, Michel
Delamarre PDG du CIUSSS de la Capitale-Nationale conjointement avec
Sonia Bélanger, PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et Julie Labbé,
PDG du CIUSSS du Saguenay—Lac-Saint-Jean, Patrick Taillon, professeur de
droit à l'Université Laval, Louis-Philippe Lampron, professeur de droit à l'Université Laval,
[...]Martine Valois, professeure de droit à l'Université de Montréal, la Ligue
des droits et libertés, la Confédération des syndicats nationaux, la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 5 minutes 34 secondes [au] groupe
parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes 43 secondes pour
l'opposition officielle, 56 secondes
au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième groupe
d'opposition et finalement 51 secondes au député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 11 minutes
40 secondes pour l'opposition officielle, 2 minutes 55 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition
et 2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
2 minutes 30 secondes pour [les députés indépendants];
«Qu'une suspension de 10 minutes soit
prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Que le
ministre de la Santé et des Services sociaux soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie.
Mise aux voix
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions,
et je vous recède la parole, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de la
culture et de l'éducation poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national de l'élève, aujourd'hui, à compter de 14 heures ou
immédiatement après les discours prévus au quatrième paragraphe de
l'article 87 du règlement de l'Assemblée nationale jusqu'à
16 h 30, ainsi que le mardi 29 mars 2022, de
9 h 45 à 12 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
législatives, aujourd'hui, à compter de 14 heures ou immédiatement après les discours prévus au
quatrième paragraphe de l'article 87 du règlement de l'Assemblée nationale
jusqu'à 16 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des transports et de
l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 22,
Loi modifiant la Loi sur l'assurance
automobile, le Code de la sécurité routière et d'autres dispositions, aujourd'hui, à compter de 14 heures ou immédiatement après les
discours prévus au quatrième paragraphe de l'article 87 du règlement de
l'Assemblée nationale jusqu'à
16 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
ainsi que le mardi 29 mars 2022, de 9 h 45 à
12 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des finances publiques
entreprendra l'étude du projet de loi n° 12, Loi visant principalement à promouvoir l'achat québécois et responsable par
les organismes publics, à renforcer le régime d'intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de
l'Autorité des marchés publics, le
mardi 29 mars 2022, de 9 h 45 à 12 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 21, Loi visant principalement à
mettre fin à la recherche et à la production d'hydrocarbures ainsi
qu'au financement public de ces activités, le mardi 29 mars 2022, de
9 h 45 à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Et nous en
sommes maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, et je vais céder la parole à M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Fortin : Oui, merci, Mme la Présidente. En fait, suite à la motion qui a été lue
il y a quelques instants par le député
de La Peltrie, le leader adjoint du gouvernement, à propos du
projet de loi n° 28, c'est-à-dire la fin du décret d'urgence,
celui-là qui permet au gouvernement de
prolonger tout le décret d'urgence, en fait, jusqu'au 31 décembre 2022,
j'ai une question bien simple pour le
leader adjoint du gouvernement : Est-ce qu'il entend appeler son projet de
loi bientôt? Parce que la Commission de la santé et des services sociaux, en ce moment, est particulièrement occupée. Il y
a plusieurs projets de loi qui sont devant cette commission-là ou qui
doivent être étudiés par cette commission-là.
Vous avez senti, Mme la Présidente, l'intérêt
marqué de la part de plusieurs parlementaires pour la fin de l'état d'urgence
sanitaire. Bien que le projet de loi, disons, ne réponde pas aux attentes
exprimées de la part de plusieurs Québécois,
nous souhaitons tout de même avoir l'opportunité de débattre de cet enjeu avec
le gouvernement. Alors, je lui demande
de nous préciser sa pensée quant au moment à partir duquel ce projet de loi
pourra être étudié et ces groupes pourront être entendus. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader de l'opposition officielle. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Caire : Oui, merci, Mme la
Présidente. Écoutez, sur le fond du projet de loi, je laisserai les
parlementaires membres de la commission
débattre de leurs opinions, c'est leur rôle, mais, sur le calendrier, comme l'a
dit le leader de l'opposition
officielle, la Commission de la santé
et des services sociaux, elle est
extrêmement sollicitée. Je veux rappeler à mon collègue, là, qu'il y a le projet de loi sur la DPJ, là, qui n'est
quand même pas un projet de loi mineur. Il y a le projet de loi sur les
données. Il y a le projet de loi sur les médecins. Dans le contexte où on veut
une refonte du système de santé et on
veut un système de santé extrêmement performant... Je conviens avec le collègue
qu'il peut y avoir un intérêt sur celui sur la levée des mesures d'urgence. On ne dit pas le contraire. Ceci
étant dit, tous ces projets de loi là sont névralgiques. Le ministre de la Santé, le leader du gouvernement
auront des discussions avec les oppositions pour l'ordonnancement des travaux.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Je vous avoue, Mme la Présidente, que je suis un peu préoccupé par ce
que vient de souligner le leader adjoint du gouvernement par rapport à
la priorité qu'il donne à son propre projet de loi, le projet de loi n° 28 sur la fin de
l'état du décret d'urgence sanitaire. Je veux juste bien comprendre, là. Est-ce
que le leader du gouvernement est en train de dire qu'on va étudier le projet de loi n° 15,
on va étudier le projet de loi n° 11, on va étudier le projet de loi n° 18, puis après ça va venir le
projet de loi n° 28? Est-ce que c'est ce que le leader du
gouvernement vient de nous dire, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Ce que je dis au collègue, c'est qu'on souhaite
procéder rapidement, et on souhaite que tous ces projets de loi là soient adoptés rapidement. On souhaite
avoir la collaboration des oppositions. On partage cette vision-là que ces
projets de loi là sont importants. Ça doit,
maintenant, se traduire dans le rythme qu'on donne à nos travaux. Et, pour
info, les consultations sur le projet de loi n° 28
devraient commencer le 31 mars.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, en conclusion, s'il
vous plaît, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : En conclusion, sachez que nous sommes particulièrement préoccupés du
fait que le gouvernement n'a pas compris, après quatre ans, comment s'assurer
que ses projets de loi soient adoptés, qu'il se retrouve, à quelques mois
de la fin de son mandat, avec cinq projets
de loi étudiés à la Commission de la santé et des services sociaux, six avec le
projet de loi C-498 du député de
D'Arcy-McGee, qu'il a accepté hier d'étudier à la Commission de la santé et des
services sociaux. Mme la Présidente, l'échéancier de la fin du mandat de
la CAQ arrive rapidement. Des projets de loi qui nous avaient été promis, même s'ils ne répondent pas aux attentes, doivent
être étudiés. Le gouvernement devra nous trouver une façon de procéder
pour tous ces projets de loi là qu'il qualifie lui-même d'importants, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous laisse répondre, M. le leader
adjoint, et ensuite nous allons poursuivre.
M. Caire : ...rapidement,
Mme la Présidente. D'abord, je pense que le bilan législatif du gouvernement
parle pour lui-même sur sa capacité à faire avancer des projets de loi.
Et, sur l'adoption d'un projet de loi, je pense que l'opposition ne peut pas se dédouaner
aussi de sa responsabilité quant à la rapidité avec laquelle on peut faire
avancer les travaux en commission parlementaire.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous inviter à
poursuivre ces échanges à l'extérieur du salon bleu, s'il vous plaît. Et
évitez de vous interpeler, d'un côté et de l'autre de la Chambre, s'il vous
plaît.
Alors, moi,
je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi 25 mars
2022, M. le député de Robert-Baldwin
s'adressera à M. le ministre des Finances sur le sujet suivant :
L'incertitude économique à laquelle est confronté le Québec.
Ensuite, je
vous avise, de plus, que l'interpellation prévue pour le vendredi
1er avril 2022 portera sur le sujet suivant : La place centrale du
projet de tramway pour assurer une offre de transport collectif efficace dans
la ville de Québec et ses banlieues
et pour lutter contre les changements climatiques. Alors, M. le député de
Jean-Lesage s'adressera à M. le ministre des Transports à cette
occasion.
Affaires du jour
Maintenant, la période des affaires courantes
étant terminée, nous allons passer aux affaires du jour.
Affaires prioritaires
Débat sur la motion du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement
Et, aux
affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée entreprend
le débat sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
Conformément
à l'article 273 du règlement, je cède la parole au représentant de
l'opposition officielle, en lui rappelant que son temps de parole est d'une durée maximale de deux heures. Et,
sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci. Donc, un
temps maximal de deux heures, «alright», je vais prendre un peu moins que ça,
Mme la Présidente, parce que mes collègues aussi veulent se prononcer sur le
discours... sur le budget.
Alors, mardi
dernier, jour du budget, nous avions fait une réplique assez rapide, à peine
10 minutes. Ça va être un peu plus que ça aujourd'hui, mais, même
aujourd'hui, on ne pourra pas couvrir tous les enjeux qu'il y a avec ce budget.
Mais après ça on a aussi une commission parlementaire, qui va durer un certain
nombre d'heures, où on poursuivra la discussion.
Mais je répète
ce qu'on avait dit mardi dernier. En résumé, c'est que nous avions devant nous
un budget qui était purement électoraliste et sans vision et que ce budget ne
répondait pas aux attentes, aux besoins des familles québécoises qui
font face à une situation difficile étant donné la hausse du coût de la vie, la
hausse rapide du coût de la vie.
Quelques jours plus tard, Mme la Présidente,
bien sûr, je maintiens la même conclusion, mais j'ajouterais ceci : Après avoir pris le temps de regarder un peu plus
en détail ce budget, vraiment, vraiment, je ne peux pas lui donner une note de passage. Vraiment, c'est étonnant pour un
budget à la fin du mandat du gouvernement. C'est son quatrième budget,
mais, à mon avis, il ne répond pas vraiment aux attentes.
Alors, je vais essayer de couvrir cinq ou six
points. Le temps... Je vais gérer mon temps. C'est toujours un peu hasardeux, de gérer mon temps, mais je vais le
faire. Donc, on va parler d'inflation, parce que c'était ça, le grand objectif
de ce gouvernement-là. On va aussi parler de ce qui n'était pas dans le budget,
c'est-à-dire les défis à moyen et long terme auxquels nous faisons face et que le gouvernement n'a pas vraiment...
n'a pas dit grand-chose à cet égard-là. On va aussi parler des prévisions. Moi,
j'aime parler de prévisions, parler de chiffres. On va en parler un peu, mais
je vous promets, Mme la Présidente, que je n'irai pas dans trop de
détails. Mais moi, je trouve ça intéressant, les prévisions. On va aussi parler
de finances publiques. C'est un budget. On parle de finances publiques, on
parle de dette, on parle d'équilibre budgétaire,
on parle d'investissement, de PQI. On va essayer de faire ça aussi. Et
finalement on va aller se parler un petit peu de climat, de changements climatiques et d'absence de plan de la
part du gouvernement. On va essayer de couvrir tout ça. On verra bien si on aura le temps. Mais, comme je
vous ai dit, il y a plein d'autres opportunités en commission parlementaire.
• (11 h 20) •
Alors,
parlons d'inflation. Une chose très simple, je vais commencer par ça, c'est que
l'effet de l'inflation, c'est cumulatif.
Ce n'est pas parce que l'inflation est à, je ne sais pas, moi, 5 %
aujourd'hui et puis, disons, que, l'année prochaine, par magie, il n'y aura plus d'inflation... Les
prix ne vont pas baisser, là. Même si l'inflation baissait à 1 %, bon, ça
s'ajoute au 5 % de cette année. Donc,
c'est cumulatif, et l'effet de cela, dans le temps, sur les budgets des
familles, est très, très, très grave, très sérieux, parce que c'est
beaucoup plus vite... ça avance beaucoup plus vite que les budgets des
familles. Et c'est en train de devenir un
véritable enjeu social parce que... pour deux raisons, essentiellement.
D'abord, parce c'est arrivé très vite. Mme la Présidente, cet été, juillet,
août, septembre, on commençait à parler : Oh! peut-être que l'inflation
pourrait être un problème, mais il y avait
encore une grande division parmi les économistes. Bon, c'est transitoire, qu'on
disait à l'époque, ça ne va pas durer longtemps, mais ça
augmentait à chaque mois. Puis, à partir du mois d'octobre, ça a vraiment augmenté vite. Ici, au Québec, on est
rapidement arrivé à des taux annuels d'inflation de 5 %. On a dépassé
5 %. En à peine six mois, on a été frappés par une hausse très
rapide des prix. On disait encore que, bon, c'est peut-être transitoire, il y a des phénomènes très
particuliers et ça ne va pas durer dans le temps. Mais on commençait déjà à
voir beaucoup d'autres analystes
dire : Wo! un instant, c'est en train de se généraliser, ça ne va pas être
si simple que ça, ça ne va pas diminuer comme par magie, rapidement, ça
va perdurer dans le temps.
Et c'est là
où ça commence à devenir un enjeu social important, parce que, pour les
citoyens, ce n'est pas seulement le fait que les prix augmentent maintenant et
que ça affecte leur portefeuille quand ils vont faire l'épicerie ou quand ils
mettent de l'essence dans la voiture, mais
c'est ce qu'ils appréhendent. Donc, les expectatives, les attentes
inflationnistes commencent, elles
aussi, à grimper, et tout le monde commence à penser : Ah! mon Dieu, le
mois prochain, ça va coûter encore
plus cher, le mois prochain, ça va coûter encore plus cher. Et ça change les
comportements et ça cause énormément d'appréhensions
et, disons-le, de craintes de la part d'un grand nombre de citoyens. Pourquoi?
Parce qu'on parle ici de besoins essentiels. On parle ici de besoin de
se loger. Ce n'est pas un caprice, là, il faut se loger. On parle ici de besoin
de se nourrir, il faut manger. On n'a pas
encore découvert les pilules qu'on peut prendre une fois par jour, et, voilà,
tout est réglé. Il faut manger. Il faut se déplacer, quand même. Il faut
prendre un autobus. Il faut prendre une voiture. Il faut prendre un moyen de
transport quelconque. Il faut se déplacer. Et il faut se chauffer. Et ce n'est
pas à moi à dire à cette Assemblée, Mme la
Présidente, qu'il fait froid en hiver au Québec. Ce n'est vraiment pas un
caprice de chauffer sa maison, c'est
même... Je dirais même que c'est une question existentielle. La vie ne peut
pas... On ne peut pas vivre au Québec en hiver si on ne se chauffe pas. Donc,
c'est des besoins essentiels, des besoins de base dont les prix augmentent
rapidement.
Maintenant,
est-ce qu'un gouvernement doit faire quelque chose ou est-ce que le marché va
s'occuper de tout ça? Donc, les
autorités publiques, les gouvernements, au pluriel, il y a toutes sortes de
mécanismes qui contribuent à minimiser l'impact de ces choses-là, mais le
gouvernement, l'État, l'État du Québec... l'État du Canada mais l'État du
Québec doivent intervenir directement. Il y a des choses que les
gouvernements peuvent faire, à travers leurs politiques fiscales, pour soulager cette pression sur les épaules des
contribuables, des consommateurs, pression qui ne va pas diminuer rapidement.
Moi, je pense, et c'était là... C'est là une
de mes plus grandes critiques à ce budget-là, c'est de penser que, l'année
prochaine, le taux d'inflation va
déjà revenir à 2 et quelques pour cent. Je sais bien que c'est dans la
fourchette des prévisions du secteur privé, mais il y a énormément de
risques associés à ça. Moi, je ne suis pas convaincu, là, qu'en 2023 on va déjà
arriver à un taux d'inflation de
2, virgule, quelque chose pour cent... Attendez-moi. C'est quoi, le taux
prévu? C'est 2,3 % en 2023. Pas sûr qu'on va y arriver.
Et là vous me
permettrez de parler un petit peu de prévisions, puisqu'apparemment je suis un
grand prévisionniste, c'est ce qu'on
dit. Mais c'est quoi, la valeur d'une prévision, Mme la Présidente? Je ne suis
pas en train de dire que ce que je faisais, ce n'était pas bon, mais c'est de
préparer des scénarios. Donc, une bonne prévision, c'est un ensemble d'éléments
qui construit un scénario qui est cohérent et qui est plausible, pour que, dans
le cas d'un budget... pour qu'un gouvernement puisse planifier la suite des choses. C'est un scénario, ça ne veut pas
dire que ça va arriver exactement tel quel. Mais, en tant que politiques, en
tant que gouvernement, nous avons besoin d'avoir quelque chose pour nous
guider. Et ce quelque chose, c'est un scénario bâti sur des prévisions.
Ce
scénario-là doit être conservateur. Qu'est-ce que je veux dire par ça? Ça va
être un scénario qui nous permet de nous
adapter à une possibilité qui n'est peut-être pas la plus plausible, peut-être
que les choses pourraient se passer mieux que ça, mais, au moins, qu'on soit capables de prévoir, qu'on soit
capables d'anticiper ce qui pourrait mal aller ou ce qui pourrait aller moins bien, pour qu'on se prépare à
ça. Et, dans l'ensemble de prévisions de ce budget, je les trouve qu'elles
ne sont pas assez prudentes, dans le sens où
le scénario qui nous est construit est un scénario qui est plausible, ça peut
arriver, mais il y a tellement de risques qu'il y a de très fortes chances
aussi que les choses soient pires que ce qui est prévu dans ce
scénario-là, surtout en ce qui concerne, et je reviens encore à ça, les
éléments de base, donc les prix, le prix de se loger, le prix de manger, le
prix de se déplacer. Ça se peut que ce soit bien pire que ça. Pourquoi? Parce
que, là, maintenant, il y a un élément
nouveau dans toute cette équation. Puis je ne vais pas dire que moi, j'avais
prévu ça. Bien sûr que non. Mais
l'élément nouveau, c'est la guerre en Europe, clairement. Et ça, je n'ai pas la
moindre idée comment ça va terminer ni quand ça va terminer.
Ce que je
sais, par contre, c'est que, déjà, maintenant, aujourd'hui, le 24 mars
2022, le monde a changé. Le monde, le
contexte socio-économique mondial, le 24 mars 2022, est bien différent de
celui du 24 mars 2021. En 2021, on pouvait faire des... préparer des scénarios, préparer des politiques publiques
pour une certaine évolution de la situation géopolitique, géoéconomique. C'est différent, maintenant. Ça a
changé, Mme la Présidente. Le fait que la Russie ne fait plus partie du concert des nations... Et moi, j'espère vraiment
qu'on ne les laisse pas revenir, parce que ce qu'ils font là... En tout cas.
Ça, c'est tout un autre débat. Mais les
relations géoéconomiques, géopolitiques sont déjà différentes. Les pays de l'Ouest,
l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord, se sont beaucoup plus liés maintenant
qu'ils l'étaient avant. Ça change les relations commerciales internationales,
ça change beaucoup de choses. Il faut qu'on soit, en tant qu'État, au Québec, capable de s'adapter à cette nouvelle réalité, une
nouvelle réalité où on va forcément être beaucoup plus intégré avec nos voisins proches, c'est-à-dire les autres provinces
canadiennes, notamment l'Ontario, mais aussi nos voisins américains. Les
chaînes d'approvisionnement courtes, on parlait de ça déjà... On parlait déjà
de ça avant, mais on va en parler encore plus,
de ça. Ça va être ça qui va guider l'action économique dans les années à venir.
Donc, c'est une géoéconomie différente de
celle à quoi on pensait. Ça veut dire qu'on a besoin de politiques
industrielles différentes de celles qu'on avait imaginées en 2018‑2019, qui étaient déjà très différentes de
celles à quoi le gouvernement actuel nous a habitués, qui étaient des affaires
du XXe siècle.
Donc là, il faut
vraiment... pas seulement arriver au XXe siècle, mais arriver au
XXIe siècle postpandémie et postguerre
en Europe. Et c'est là, à mon avis, Mme la Présidente, le plus grand échec de
ce budget, c'est qu'il n'y a absolument rien, absolument
rien pour faire face à ces questions-là. Ce sont des questions qui demandent
des mesures structurantes. Envoyer
500 $ aux citoyens, bon, il y a très peu de personnes
qui vont dire : Non, merci. Puis certaines vont le dire, mais chacun décidera. Mais ce n'est pas ça. Ce n'est
pas ça qui va vraiment régler de façon durable ou soutenir de façon durable
les citoyens, les Québécois.
• (11 h 30) •
Donc,
on a besoin d'une nouvelle politique industrielle. Et, à cet égard-là, Mme la
Présidente, je trouve que, vraiment, le gouvernement n'a pas agi comme il
aurait dû agir. Je ne suis pas en train de dire qu'on avait besoin de voir dans
le budget tout de suite, là, toutes sortes
de mesures qui vont tout changer demain matin, mais on a besoin d'une vision. Un
budget, ça sert à ça. Un budget, ce
n'est pas seulement un document technique de graphiques, et de tableaux, et de
taux de croissance, et des trucs
comme ça, mais c'est aussi un instrument politique de vision. Quelle est la
vision de l'avenir? Où est-ce qu'on s'en va? Comment est-ce qu'on va
accompagner la société québécoise à naviguer ces eaux très troubles,
présentement, auxquelles nous faisons face?
Comment l'économie, par exemple, va réagir, va s'adapter à des taux d'intérêt
plus élevés, des taux d'intérêt plus
élevés plus rapidement? Comment est-ce qu'on va faire ça? Le gouvernement doit
être capable de nous indiquer comment qu'on va régler ça.
Comment est-ce qu'on
va faire pour accélérer la production des biens? Il y a beaucoup de pénuries,
de toutes sortes de pénuries. Comment on va
faire pour faire ça? Bien sûr qu'il nous faut investir plus, être plus
modernes, plus efficaces, plus productifs. Mais il nous faut aussi de la
main-d'oeuvre pour pouvoir faire fonctionner nos usines. Pas grand-chose là-dessus. On a des programmes de formation. Bien,
voyons donc! Oui, il faut de la formation, mais il faut des bras d'abord.
Il faut former... Des programmes de
formation, il faut avoir quelqu'un à former. Et ça, Mme la Présidente, ça fait des
années qu'on parle de ça, et je ne
comprends toujours pas. Comment est-ce qu'on va s'adapter, peut-être, à une
situation de stagflation, c'est un gros mot, là, une «stagflation», mais
une situation où on pourrait avoir... Encore là, on fait des scénarios, on pourrait avoir une croissance économique beaucoup
plus lente, accompagnée d'un taux d'inflation beaucoup plus élevé que ce à quoi
on était habitués. Ça demande des réponses, différentes réponses plus agiles de
la part de ce gouvernement.
Et
un budget, c'est vraiment l'endroit idéal pour nous dire, pour nous faire part
de quelle est notre vision à moyen et
à long terme. Il n'y a pas grand-chose dans ce... Il n'y a pas grand-chose, il
n'y a rien. Il n'y a rien, dans ce budget, pour cela.
Parlons
des prévisions, très spécifiquement des prévisions. Alors, croissance du PIB...
Bien, ça devient sérieux, je prends un petit verre d'eau. Croissance du PIB, en
2021, l'année passée, 6,3 %. Ce n'est pas une prévision, c'était la
réalité. C'était l'année passée,
6,3 %. Le premier ministre a répondu plusieurs fois, d'ailleurs, à notre
cheffe en disant : Mais, voyons,
regardons le Québec, on est les
meilleurs, les meilleurs sur la planète «and beyond», probablement. 6,3 %,
c'est tellement... c'est grâce à l'effet CAQ.
Bon, je vous soumets,
Mme la Présidente, qu'on a eu un taux de croissance de 6,3 %, oui, l'année
passée, parce qu'en 2020 c'était une croissance extrêmement... une décroissance
très forte, parce que le Québec avait été une des sociétés, en Amérique du Nord, où on avait le plus fermé notre économie, donc le PIB avait reculé
massivement en 2020. Je ne suis pas
en train de rouvrir le débat est-ce qu'on a été trop loin ou pas trop loin, on
parlera de ça une autre fois, là, mais ce qu'on a fait, dans les faits,
c'est qu'on a fermé l'économie beaucoup plus que nos voisins. Donc, le PIB,
boum, a tombé très fort. Et puis, en 2021,
bien, on a réouvert, donc il y a un rebond. Il n'y a rien de magique, là. Il
n'y a pas d'effet magique là-dedans, c'est un rebond, 10,3 %. Bon,
très bien.
Cette
année, 2022, la prévision du gouvernement : 2,7 %. O.K. On pourrait
dire : Bon, là, on revient à un rythme de croisière un peu plus normal, 2,7 %. Bon, c'est encore un taux
de croissance alimenté beaucoup par les dépenses des ménages, donc on se fie beaucoup encore aux
dépenses des consommateurs, et moi, je dis : Faisons attention à ça, parce
que l'inflation frappe fort. Mais admettons que c'est 2,7 %, prenons ça
comme ça, puis, au Canada, c'est 3,8 %, donc on a une croissance
moins forte au Québec qu'au Canada. Mais c'est surtout les années
suivantes, 2023, 2024, 2025...
Le
gouvernement lui-même nous présente des prévisions, donc un scénario. Le
scénario qui est construit par le gouvernement
lui-même, c'est un scénario où le gouvernement lui-même anticipe une croissance
économique, en 2023, 2024, 2025, où
on revient à 1,5 % comme taux de croissance économique. C'est le taux...
disons, le taux de la vitesse de croisière de l'économie québécoise.
Mais on va fermer l'écart avec l'Ontario. Mais, l'Ontario, cette vitesse de
croisière pour les années subséquentes, ils
sont aux alentours de 2 %. Donc, le gouvernement lui-même, dans ses
propres projections à moyen terme, et
je ne critique pas du tout les économistes du ministère des Finances, parce
qu'ils ont fait un bon travail, mais on est déjà dans une croissance beaucoup plus modeste que nos voisins.
On ne nous dit pas pourquoi. On ne nous dit pas comment est-ce qu'on
ferait pour l'accélérer. C'est comme ça.
Étonnamment, Mme la
Présidente, les revenus de l'État, eux, ils vont continuer d'augmenter à un
rythme important. Bravo! Bravo, la magie! Si
l'économie a un taux de croissance qui est beaucoup plus modeste, et on verra
bien pourquoi, bien, comment ça se fait qu'on anticipe toujours que les
revenus augmentent aux alentours de 3 %, 3,5 %? Est-ce qu'il y a des hausses de taxes et impôts à
quelque part dans l'avenir? Je ne sais pas, je le dis juste comme ça. Donc,
ça, c'est quelque chose d'important. Mais
alors, pourquoi est-ce qu'on revient à ce taux de croissance, vitesse de
croisière, de 1,5 %, qui est
plus bas que ceux de nos voisins? Alors, comment est-ce qu'on va converger vers
la moyenne de l'Ontario? Je ne sais pas trop comment ça va se faire.
Mais pourquoi...
Mais là on tourne ça
de tous les côtés, mais on ne peut pas échapper au fait que la plus grande
raison, le plus grand facteur qui fait en sorte que la croissance économique,
au Québec, à moyen et à long terme, se situe dans ces enjeux-là de croissance beaucoup plus lente que chez nos voisins, c'est
la main-d'oeuvre. Il n'y a pas assez de bras. Il n'y a pas assez de
personnes. Pendant que la population augmente rapidement dans les autres
provinces canadiennes et aux États-Unis, au Québec, l'augmentation de la
population est presque marginale. Ce n'est pas comme ça qu'on va être capable de régler notre écart avec nos voisins,
mais surtout, plus que régler l'écart, plus qu'une question de régler l'écart,
là, que moi, je suis plus fort que le
voisin, ce n'est pas ça la question, c'est d'être capable de générer les
revenus suffisants pour faire face aux enjeux de long terme, qui sont
très sérieux, qui sont très importants.
Le
système de santé a besoin de beaucoup de ressources financières. Toute notre
politique sociale, on a besoin de beaucoup
de ressources financières. Nous avons une population vieillissante, justement.
Donc, population vieillissante, ça veut dire une population qui va
naturellement faire appel à des services de santé beaucoup plus qu'une population
qui est plus jeune. Donc, il faut prévoir
ces coûts-là. Alors, il faut être capable d'accélérer la croissance. Comment
est-ce qu'on le fait si on n'a pas assez de bras? Bon, on va chercher
ces bras-là, mais surtout aussi, il ne faut jamais oublier ça aussi, s'assurer que les bras qui travaillent puissent
avoir l'équipement nécessaire pour qu'ils soient productifs, donc des
politiques d'investissement en
machinerie, en équipement, en innovation. Il y a toutes sortes de crédits
d'impôt à gauche et à droite du gouvernement. Le ministre de l'Économie
a toutes sortes de plans et tout ça, mais on voit bien l'effet de tout ça.
Le tout
dernier grand projet d'investissement dans ce qui devrait être la grande
filière d'avenir au Québec, ça veut dire les batteries, bien là, ce grand
investissement s'en va en Ontario, 5 milliards. Boum! Alors, ça ne marche pas,
là. Il y a quelque chose dans notre approche à attirer des
investissements étrangers, à essayer de se moderniser et de faire partie intégrante de cette nouvelle économie, de cette
nouvelle société postpandémique, postguerre... ça ne marche pas. Ça ne marche pas. Il faut revoir nos façons de faire, il
faut revoir nos politiques, parce que ça ne marche pas. Et l'endroit où on doit
le faire, ça commence par un budget, et, dans le budget, il n'y avait pas ça.
Donc, ça, Mme la Présidente, c'est... Encore une fois, je ne peux pas lui
donner une note de passage parce que c'est un oubli, un oubli majeur, Mme la
Présidente. Bon.
Alors, dans les prévisions, on a parlé du PIB,
on a parlé d'inflation, faire attention à ça. Finances publiques. O.K. Finances publiques, on commence. Le point de
départ, Mme la Présidente, le point de départ, c'est que les finances publiques au Québec étaient en très bon état en
2018. Donc, ce gouvernement a hérité des coffres pleins. Donc, le gouvernement précédent... C'est de la faute au
gouvernement précédent? Là, je dis oui, c'est ma faute. C'est ma faute. J'ai
laissé les coffres pleins au gouvernement.
• (11 h 40) •
Alors, quel a
été le résultat de ça, Mme la Présidente? Deux choses. D'abord, ça nous a
permis collectivement de faire face à
la pandémie avec beaucoup plus de confiance. On avait les moyens de faire face
à la pandémie. Quelques-uns de nos
voisins, quand la pandémie a frappé et a frappé fort, on ne savait pas trop
comment faire ça. En plus de faire face à l'urgence sanitaire, mais est-ce qu'on a l'argent pour faire ça?
Est-ce qu'on... Nous, on avait les moyens nécessaires de faire face à ce
grave problème avec confiance qu'on avait les ressources pour le faire. Ça,
c'est très important.
Et, deuxièmement, parce que les finances
publiques étaient en ordre, qu'est-ce que ça veut dire, elles étaient soutenables à long terme, donc, c'était très
solide comme cadre financier, en termes de revenus et de dépenses, donc un cadre financier solide, qui peut résister aux
chocs. Et la preuve de ça, c'est qu'on a eu un choc énorme, en 2020, et on a réussi à passer à travers ce choc. Donc,
les finances publiques étaient très, très, très solides.
Maintenant,
deux ans, trois ans plus tard, est-ce qu'on peut dire que les finances
publiques du Québec sont encore très solides? Est-ce qu'on peut regarder ce
budget et dire qu'il y a encore de la solidité, on peut faire encore face à
un autre choc, si jamais un autre choc
viendrait, de même ampleur? Malheureusement, Mme la Présidente, je ne suis pas
sûr qu'on puisse dire ça. Je le dis comme ça, là, pas sûr qu'on puisse
dire ça. Et pourquoi je vous dis ça, Mme la Présidente? Parce que, justement, on n'a pas été capable d'améliorer notre taux de
croissance économique. On n'a pas été capable de mettre notre taux de
croissance normal... À 1,5 %, c'est beaucoup trop bas. Donc, ça fragilise nos
finances publiques. Parce que le taux de
croissance, ça peut exciter les économistes, et tout ça, mais, M. et Mme
Tout-le-Monde, dans la vraie vie, là,
ce que ça veut dire, c'est les revenus de l'État. Si la croissance est forte,
les revenus d'État vont être au rendez-vous, l'État peut faire des
choses. Si la croissance n'est pas forte, l'État va avoir beaucoup de
difficulté à financer les services publics.
C'est aussi simple que ça. Donc, il faut s'assurer qu'on est capable d'avoir
une base de revenus récurrente qui est solide.
Et, dans le contexte actuel, parce qu'il nous manque des bras, on ne peut pas
dire, là, qu'on a une base de revenus qui est solide et durable à long
terme.
En plus, le
gouvernement a beaucoup dépensé, mais est-ce que ces dépenses sont pertinentes?
Est-ce que... parce qu'il y a des milliards partout, là, des milliards, des
milliards, à un moment donné, les milliards, on perd le... il y a beaucoup
de zéros après le 1, mais est-ce que c'était toujours pertinent? Mais est-ce
que c'est toujours la meilleure façon d'utiliser ces revenus de taxes et impôts qui proviennent de nous tous, des
citoyens? Et là, encore une fois, je dois vous dire, je ne suis pas sûr
que c'est la meilleure façon.
Et
l'exemple... Bon, on pourrait donner mille exemples, là, mais je vous donne
deux exemples. Est-ce que les maisons des
aînés, c'est la meilleure façon d'utiliser les fonds publics? Est-ce que c'est
vraiment de ça que les personnes âgées ont besoin ou est-ce que les personnes âgées ont besoin de soutien pour
pouvoir rester chez elles, dans leur maison? Donc, ça, c'est un exemple. Il y en a plein d'autres,
exemples, et je pourrais les répéter ici, et mes collègues feraient encore
plus... des applaudissements encore plus débordants, mais puisque notre
leader parlementaire m'a bien dit : Écoute, tu n'as pas deux heures, tu ne
prends pas deux heures, O.K., donc je ne vais pas prendre les deux heures. Mais
j'y reviendrai en commission parlementaire,
ne vous en faites pas. Donc, avant les applaudissements débordants, la question
était : Est-ce que les dépenses
publiques, maintenant, là, est-ce que c'est vraiment... je ne vais pas citer
l'autre, mais est-ce qu'on en a vraiment besoin, de ça?
Et là je pense qu'on doit analyser ça de façon
beaucoup plus rigoureuse. C'est surtout ça, ce que je veux dire, il faut être beaucoup plus rigoureux dans la façon
dont on annonce des trucs, fait des dépenses. Donc, on a parlé des maisons
des aînés, Mme la Présidente. On a parlé
aussi beaucoup de troisième lien. Moi, je l'appelle le tunnel. On ne sait pas
trop comment ça va coûter, là, mais,
10 milliards, on dirait que 10 milliards... On verra bien. Donc, on
s'engage comme ça dans des projets
dont on ne connaît pas encore tout à fait le coût final, mais en même temps on
a de la difficulté à avancer avec le tramway du Québec, où le coût est
déjà bien détaillé. En tout cas.
Dans le
budget de mardi dernier, une autre dépense qui était inscrite, d'ailleurs la
principale dépense de ce budget, c'est
les fameux 500 $ envoyés à tout le monde, envoyés à 6,4 millions de
Québécois, 500 $. 3,2 milliards, ce que ça coûte. Est-ce
que c'est vraiment une bonne façon d'utiliser les fonds publics,
3,2 milliards comme ça? Moi, je vous soumets que, non, ce n'est pas la meilleure façon d'utiliser
les fonds publics, parce que cette aide-là aurait dû être ciblée aux personnes
qui en ont vraiment besoin, les personnes
beaucoup plus vulnérables, les personnes à revenus fixes, et qu'envoyer un
chèque comme ça, une fois, ça aide...
Vraiment, écoutez, pour la famille monoparentale qui a de la difficulté à rejoindre
les deux bouts, à payer le loyer à la
fin du mois de mars, 500 $, c'est une aide. C'est important, là, et je ne
suis pas en train de dire qu'on ne devrait pas faire ça. C'est très
important. Mais je vous dis justement que ça devait être plus que ça. Toutes
les personnes qui en ont vraiment besoin
devraient avoir plus que ça. Et, encore plus que ça, Mme la Présidente, on
devrait penser à des mesures qui ne
sont pas ponctuelles, que ce n'est pas une affaire qu'on le fait maintenant, et
puis l'année prochaine on verra.
On revient à
ce que je disais au début. L'effet de l'inflation, il est cumulatif. Ça coûte
cher cette année. Ça va coûter aussi
cher, même plus, l'année prochaine. Alors, qu'est-ce qu'on fait l'année
prochaine? Un autre chèque? Un autre chèque ponctuel? Non, non, on doit
penser aussi à des mesures qui sont structurantes et qui se répètent année
après année, qui peuvent aider les personnes qui sont au bas de l'échelle,
parce que l'inflation est en train de devenir un enjeu social important. Et une des choses que le premier
ministre mentionne continuellement, c'est le besoin de la paix sociale, le
besoin qu'on soit tous unis, et tout ça. C'est ce qu'il dit, là. Bon, est-ce
que c'est vraiment ça qui se passe? Mais, en tout cas. Mais justement, l'inflation, ceux d'entre nous qui ont
un petit peu de cheveux gris, là, on a passé par d'autres cycles, on a vu
que l'inflation peut faire comme désordre
social. Ça arrive, là, c'est arrivé. Et donc on doit être très, très attentifs
à ces enjeux-là.
Et l'État a un rôle à jouer. L'État doit jouer...
L'État a les moyens de le faire. Mais, puisque les moyens ne sont pas illimités, ne sont pas infinis, il faut
utiliser ces moyens-là de façon très, très prudente mais surtout de façon
éclairée et de façon récurrente, eh
oui, de façon récurrente, parce que la personne de la famille monoparentale qui
a besoin d'aide cette année va encore
avoir besoin d'aide l'année prochaine, parce que les prix... l'épicerie ne va
probablement pas baisser tellement. On
espère qu'il ne continue pas d'augmenter, mais elle ne va pas baisser. Le prix
de l'essence, je ne pense pas qu'il va beaucoup baisser non plus.
Donc, toutes ces choses-là, il faut que le
gouvernement soit beaucoup plus proactif, dans ces choses-là. Et c'est peut-être une des choses qui manquent cruellement
à ce gouvernement, c'est d'être proactif, dans beaucoup, beaucoup de
situations. Et, pour ça, ça prend une vision. Et, encore une fois, vision
absente.
O.K.,
parlons de mon sujet favori, Mme la Présidente, vous le savez très bien, c'est
la dette. Ah! la dette publique, Mme
la Présidente, c'est un sujet favori parce qu'on peut dire tout ce qu'on
voudra, mais la dette, elle est là. Il y a 200 et quelques milliards de dollars, et elle est là, il
faut la payer. À chaque année, on paie 8 milliards, et plus, même, en paiement
d'intérêts. Et, si on met 8 milliards sur la dette, c'est 8 milliards qu'on ne
peut pas mettre sur l'éducation ou en santé. Bon, donc, il faut être
capable de prévoir tout ça.
• (11 h 50) •
Les
gouvernements précédents, Mme la Présidente, ont quand même servi à quelque
chose, hein? Malgré le fait qu'ils nous disent tout le temps : Ah!
le gouvernement précédent, 15 ans, bla, bla, bla, on avait passé plusieurs
lois qui forçaient l'équilibre budgétaire et qui forçaient et encadraient le
contrôle de la dette publique.
Ça ne vient pas d'aujourd'hui et ça ne vient pas
entièrement du Parti libéral. Un premier ministre qui s'appelle Lucien Bouchard
l'avait commencé dans les années 90, Mme la Présidente. Ce travail s'est
poursuivi par la suite avec M. Bernard
Landry, il a continué dans cette direction-là. Mme Monique Jérôme-Forget a
continué cela aussi. M. Raymond Bachand a aussi continué ça. Nous avons
continué ce processus d'encadrer, de régler, de se donner des cibles, des
objectifs pour la dette publique pour qu'on puisse s'assurer que nos services
publics sont bien financés.
Là,
maintenant, le gouvernement nous dit : Bon, très bien, on devrait revoir
nos cibles. On devrait voir qu'est-ce qu'on
fait maintenant, parce qu'on a suspendu la Loi sur l'équilibre budgétaire puis
on remet ça à 2027, et donc il faudrait se donner de nouvelles cibles. Qu'est-ce qu'on fait? Comment on discute
ça? Et le gouvernement nous dit : Bien, on verra ça après 2023. Pourquoi
après 2023? Présentement, c'est le moment, maintenant, de discuter de telles
choses. Moi, ça me ferait un énorme plaisir de discuter de ça. Pas seulement
moi, mais le ministre des Finances avait demandé, l'automne dernier, des mémoires, des opinions de la part des
experts de la société civile, et le ministère des Finances a reçu beaucoup
de mémoires. Beaucoup de personnes ont fait
un bon travail de présenter les enjeux, de suggérer des choses. La prochaine
étape aurait été une commission parlementaire maintenant, au mois d'avril, pour
qu'on arrive à un consensus. Moi, je ne vais pas vous donner quelle est ma cible exacte, est-ce que ce serait x
% du PIB, dette PIB. Ce n'est pas à moi à décider ça. Mais ce serait de
collectivement, en commission parlementaire, trouver un consensus pour arriver
à ces résolutions-là maintenant, pas en
2023. Ça peut se faire en 2023, mais pourquoi attendre en 2023? Faisons-le
maintenant. Ah! il y a une élection. Mais
oui. Mais oui, il y a une élection. Donc, justement, réglons ça maintenant,
collectivement. Je suis très déçu que ce débat-là, Mme la Présidente, va se
faire seulement plus tard. Je ne comprends toujours pas pourquoi cela va se
faire plus tard. Quel est le rationnel pour qu'on arrive à ces conclusions-là plus
tard?
O.K.,
j'arrête de parler de la dette, parce que sinon... Ah! juste une petite chose,
juste une petite chose. On voit que la
dette augmente, dans les années à venir, en grande partie parce qu'on a
amélioré le PQI, on parle maintenant de 146 milliards sur 10 ans. Donc, la dette brute augmente. Et,
encore là, je ne suis pas en train de vous dire qu'elle ne devrait pas
augmenter. Ces investissements
publics là sont nécessaires. Peut-être pas tous, peut-être pas dans une maison
des aînés, mais, enfin. Mais comment
se fait-il que, si la dette augmente, le niveau, là, le stock de dette
augmente, bien, comment se fait-il que, pour les années suivantes, le paiement d'intérêts sur la dette demeure
«flat»? Moi, il me semble que, si le niveau d'endettement, les dollars
absolus augmentent, les taux d'intérêt augmentent. Mais le paiement de dette
demeure à peu près... change très peu. On
aura de bonnes discussions en commission parlementaire pour... J'aimerais bien
qu'on m'explique comment ça se fait.
Bon, O.K.,
dernier élément, parce que le temps passe, et je vois que mon leader
parlementaire n'est pas... Donc, mes collègues veulent que je finisse
vite. C'est ça, hein? On ne peut pas passer sous silence, Mme la Présidente, la
politique climatique
du gouvernement. Maintenant, la politique climatique du gouvernement, tout
d'abord, il faut la trouver. Ça, là, oui, il y a quelque chose dans le
budget, il y a la section... je pense, c'est la section F, là, où on parle...
Une voix : ...
M.
Leitão : Elle est bonne,
celle-là, cher collègue, oui. F pour faillite, oui. Poursuivre l'action en
matière d'environnement. Bon, c'est
le même plan, le même PEV, M. le Président, qui nous avait été présenté en
2019. Et alors là le gouvernement
nous dit avec grand enthousiasme que, regardez, on a ajouté 1 milliard de
dollars, on a ajouté, là, maintenant, donc,
les dépenses prévues dans ce qu'on appelait... dans la politique climatique du
gouvernement, maintenant on est rendu à 7,6 milliards de dollars,
du jamais-vu, le gouvernement, votre gouvernement : 7 milliards de
dollars. Yé!
Hier, j'ai demandé au
ministre de l'Environnement, quand on était en crédits, là, en commission
parlementaire, des 7,6 milliards, là,
combien provient du Fonds vert? Combien provient de ce que nous, notre
gouvernement avait mis en place, le Fonds vert, avec ses propres sources
de revenus, et ses revenus qui sont dédiés à la lutte aux changements climatiques, donc le gouvernement ne pouvait pas
faire autrement? De ces 7,6 milliards, c'est quoi, le montant qui vient
du Fonds vert? Eh bien, c'est 6 milliards, c'est au-delà de 6 milliards. Donc,
la grande trouvaille de ce gouvernement, c'est
à peu près 1,6 milliard sur six ou sept ans. Voilà. Ce n'est pas sérieux,
M. le Président, ce n'est vraiment pas sérieux, et surtout que les mesures... C'est très bien, d'avoir 7 milliards
dans le Fonds vert, mais qu'est-ce qu'il y a... quelles sont les mesures? Comment est-ce qu'on va atteindre nos
cibles? On veut réduire les GES de 37,5 %. Comment on va y arriver?
On sait très bien que 45 %, ça vient du
transport, 45 % des émissions, ça vient du transport. Comment on va faire? Quel
est le plan? Quelle est la vision? Bien, on ne sait pas, ça va être annoncé
plus tard. On verra. Tout est plus tard. Le ministre sectoriel va
l'annoncer plus tard. La même chose en santé, ça va être plus tard qu'on va
connaître les détails.
Bon,
M. le Président, le temps passe. Je pourrais encore parler longuement, mais je
vais conclure. Je vais conclure en
disant... Mais la conclusion, oui, elle peut prendre un peu de temps aussi, ce
n'est pas une conclusion rapide, bon, quand même. Alors, en conclusion,
M. le Président, je répète ce que j'avais dit au début, parce que je trouve que
c'est le plus important, un budget, un
budget, ce n'est pas seulement un document technique. Il y a beaucoup de
graphiques, il y a beaucoup de
tableaux, il y a beaucoup de projections, il y a toutes sortes d'indicateurs.
Et il faut faire ce travail, et le ministère des Finances le fait très
bien. Je connais les personnes qui travaillent au ministère des Finances, ils
font un très bon travail. D'ailleurs, le ministère des Finances du Québec a une
très bonne réputation...
Une
petite anecdote. C'est pour ça que la conclusion prend du temps. Une petite anecdote :
quand on allait dans des rencontres
fédéral-provincial des ministres des Finances, les autres provinces
s'attendaient toujours à ce que ce soit le Québec qui fait le contrepoids au gouvernement fédéral, parce que c'est
le Québec qui a l'expertise pour pouvoir challenger, pour pouvoir s'assurer que, ce que les
fonctionnaires fédéraux nous présentent, on puisse bien le vérifier. Donc,
voilà. Donc, je salue, je salue les professionnels du ministère des
Finances.
Donc,
un document technique, très bien, mais c'est aussi et surtout un document
politique. Et ici je parle «politique» dans
le sens noble du terme, politique en termes de politique publique, politique
dans le terme de nous donner une vision, où est-ce qu'on s'en va, quelle est la feuille de route, comment est-ce
qu'on va y arriver? On sait très bien qu'on ne peut pas changer tout d'un coup
et que, dans six mois, on règle l'inflation, ce n'est pas comme ça que ça
marche, là, et que, dans huit mois,
on règle les émissions de gaz à effet de serre. Ça ne marche pas comme ça, on
le sait très bien. Mais il nous faut une
vision, il nous faut une feuille de route. Il faut préparer l'avenir. Il faut
prévoir, M. le Président. Prévoir pas dans le sens de dire : Bien, il
y a une prévision de PIB de 1,75 %. Ce n'est pas ça. Prévoir quelles sont les
grandes tendances, prévoir comment est-ce
qu'on peut s'adapter à un environnement qui change continuellement. Comment
est-ce qu'on va faire? Comment est-ce qu'on va faire, dans
l'environnement actuel, où il nous manque des bras?
Mais
je reviens sur ça, M. le Président. Le choc démographique du Québec, c'est
quelque chose qui est dans les cartons depuis longtemps. Ça fait
longtemps que les techniciens du ministère des Finances et d'autres nous
disent : La population augmente très
lentement, on a un vieillissement de la population, ça va avoir un effet sur
notre économie. Il n'y a encore absolument rien, à part les programmes
de formation, pour nous aider à faire face à ces enjeux-là.
• (12 heures) •
Comment
on se prépare? Comment on prépare l'avenir? Et c'était important en 2018,
c'était important en 2019, c'est encore
plus important en 2022, parce que le monde a changé. Il faut s'adapter à ce
nouveau monde, M. le Président. Le choc climatique, il est toujours là, ce n'est pas disparu. La nécessité
de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de proposer des choses différentes pour atteindre ces
objectifs-là et pour préparer l'économie du Québec à cette nouvelle réalité,
ça n'a pas changé.
Nous, on avait proposé
quelque chose de très concret, M. le Président, ce que nous, on appelle le
projet ÉCO, qui lie écologie et puis l'économie. Et ce qu'on veut dire par ça,
M. le Président, c'est qu'il faut vraiment penser à des nouvelles sources d'énergie, à des nouvelles façons de faire. C'est
clair, M. le Président, c'est clair que l'électrification ne peut pas s'appliquer à tous les domaines. On ne va
jamais électrifier le transport... Les camions de longue distance ne seront
jamais électriques, voyons donc. Les grands bateaux, ce ne sera pas électrique
non plus, M. le Président. Il y a une autre source d'énergie qui est très adaptée à cela, et c'est l'hydrogène,
l'hydrogène vert, parce qu'au Québec nous avons beaucoup d'hydroélectricité qui peut servir à produire cet hydrogène-là.
Dans notre projet ÉCO, nous parlons de 100 milliards de dollars, au cours des prochaines décennies, pour
nous préparer à l'avenir, et c'est, en même temps, un nouveau projet de
société.
Dans
ce document, M. le Président, le gouvernement parle d'hydrogène aussi,
100 millions sur quatre ans, voyons donc, 13 millions cette année. Je
ne pense pas que le gouvernement croit beaucoup à l'hydrogène, il ne pense pas
que c'est très important. On va ajouter un petit 13 millions puis
on verra qu'est-ce que ça donne. Non, non, non. Il faut changer complètement de paradigme, chose que ce
gouvernement ne semble pas être capable de faire, M. le Président. Donc, pas de
note de passage pour ce budget. C'est dommage parce qu'on était vraiment à une
occasion de faire ça.
Motion formulant un grief
Et là,
vraiment, avant de terminer, M. le Président, je dois vous déposer, M. le
Président, une motion de grief. On m'a bien dit qu'il faudrait que je le
fasse avant de terminer, donc je suis les règles.
Alors, M. le Président, ma motion de grief se
lit comme ceci :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour le dépôt
d'un budget électoraliste qui ne
propose aucune solution à long terme pour pallier les effets de la hausse du
coût de la vie qui affecte l'ensemble des citoyens du Québec.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Votre motion
est déposée sous réserve de sa recevabilité. Je cède maintenant la parole à la représentante du deuxième groupe d'opposition,
Mme la députée de Mercier, en lui rappelant que son temps de parole est
d'une durée maximale d'une heure.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Je ne prendrai pas une heure, si je veux en laisser pour mes
collègues.
Motion formulant un grief
Je vais
commencer un peu à l'envers, parce que j'oublie à chaque fois la motion de
grief, donc je vais commencer par la déposer, pour ne pas prendre de
chance. Alors, je la lis :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son budget 2022‑2023,
qui a priorisé les besoins
électoralistes du gouvernement au détriment des besoins des Québécois et [des]
Québécoises pour faire face aux crises qu'ils doivent affronter :
crise du coût de la vie, crise du logement, crise des services publics et crise
climatique.»
Donc, voilà, elle est déposée. Voilà qui est
dit.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Je vous indique seulement qu'elle
est déposée sous réserve de sa recevabilité. Vous pouvez y aller.
Mme Ghazal : Oui, très bien, je
continue.
Alors, beaucoup de choses ont été dites par
rapport à ce budget du gouvernement de la CAQ, le dernier de son mandat. Ce qui est ressorti beaucoup dans les
discours, et pas uniquement des oppositions, mais aussi les commentateurs,
les experts, etc., les observateurs, c'est que c'était un budget électoraliste.
Puis ce ne sera pas le premier ni le dernier gouvernement qui, à la fin de son
mandat, va faire un budget électoraliste, c'est presque la normalité.
Vous savez, il y a déjà eu une époque où on
disait qu'un budget du gouvernement, bien, ça doit être comme un budget qui doit être fait comme par un bon père
de famille. L'expression, aujourd'hui, est désuète, et c'est très paternaliste
de dire ça. Donc, ce n'est plus utilisé, mais
il y a encore des gens qui pensent ça, qu'un budget de gouvernement doit être
soumis... il doit ressembler à un budget d'un bon père de famille. Mais ils
utilisent d'autres mots, comme par exemple «budget responsable». On a entendu
le ministre le répéter à plusieurs reprises.
M. le
Président, la gestion d'un budget d'État, ce n'est pas comme gérer un budget
familial. Un budget responsable pour
une famille, ce n'est pas du tout la même chose que gérer un budget pour tous
les Québécois et toutes les Québécoises. On ne répond pas aux mêmes besoins. On ne répond pas aux mêmes
impératifs. Donc, on ne peut pas comparer. Un budget d'État, c'est autre chose. En tout cas, ce que ce
n'est pas, un budget d'État, ce n'est pas d'empiler de l'argent, alors que les
gens ont de la misère à payer leurs loyers,
leurs épiceries, leurs factures d'Hydro-Québec, et en saupoudrant à tout le
monde, même ceux qui n'en ont pas besoin, un 500 $.
Un budget d'État, après deux ans de pandémie, ce
n'est pas instaurer des demi-mesures face aux crises qui se multiplient : crise sanitaire, crise du
logement, crise dans nos services publics, comme à la santé, crise dans les
places en garderie et dans les CPE,
crise climatique. Faire le contraire, faire un budget d'État qui ne répond pas à
ces crises-là, qui n'aide pas les
Québécois à répondre à ces crises, ça, c'est un budget irresponsable, et le
budget du gouvernement est irresponsable, en plus de manquer d'ambition.
En lisant le
budget, il y a un autre qualificatif aussi qui vient à l'esprit, c'est celui de
conservateur, et je vais vous expliquer pourquoi. Le ministre, vous savez, a
beaucoup... En fait, on pourrait dire... les mauvaises langues pourraient
dire que c'est un budget conservateur parce
qu'il a été soumis par un ministre qui a déjà été candidat pour le Parti
conservateur, donc c'est tout à fait normal.
Vous savez,
la ministre a plusieurs qualités, mais certainement pas celle d'être un bon
prévisionniste. Je ne sais pas si le
député de Robert-Baldwin a déjà eu une meilleure boule de cristal que celle du
ministre, qui, visiblement, est brisée, parce qu'il y a à peine un an il prévoyait un déficit de 9 milliards de
dollars, et avec... en mettant de l'argent dans le Fonds des générations, bien,
le déficit montait à 12 milliards de dollars. Et là, maintenant,
aujourd'hui, on est presque à l'équilibre budgétaire sans le 2,5 milliards
de dollars de provisions pour risques, sans l'argent qui a été mis pour parer à
la COVID, parce que, malheureusement, le
virus n'a pas encore dit son dernier mot, sans le 3 milliards de dollars
que le gouvernement va mettre dans le Fonds des générations, le déficit
fond à 0,5 milliard de dollars.
La dette. La
dette représente aujourd'hui 43,1 % du PIB, c'est en bas du 45 %, et
elle va poursuivre sa diminution dans
les prochaines années. Le gouvernement avait donc toute la marge de manoeuvre
pour que son budget soit à la hauteur des crises auxquelles on fait
face, mais il a fait un autre choix, celui du conservatisme.
Le
budget, aussi, je disais qu'il manquait d'ambition. Les revenus de l'État, les
revenus autonomes ont monté de façon
exceptionnelle, mais il s'est gardé une gêne pour les dépenses, tout ça pour ne
pas nuire à l'équilibre budgétaire, tout ça pour ne pas augmenter la
dette, parce que son objectif, par rapport à la dette, c'est d'arriver à la
moyenne canadienne, alors que nos besoins,
par rapport aux autres provinces, ne sont pas les mêmes. Les choix qu'on peut
faire ici ne sont pas les mêmes. C'est un objectif totalement
arbitraire.
• (12 h 10) •
À quoi ça
sert d'avoir une dette basse si nos services publics vont mal? À quoi ça sert
d'atteindre l'équilibre budgétaire si
les gens partout au Québec ont de la difficulté à se loger avec un loyer à coût
raisonnable, ont de la difficulté, les premiers acheteurs, à acheter une maison pour y élever leur famille? À quoi ça
sert d'avoir un fonds des générations plein à craquer si on ne fait pas les efforts nécessaires, et qui
vont être drastiques, parce que, si on ne les fait pas aujourd'hui, on va les
faire plus tard, de toute façon, c'est écrit
dans le ciel, et ça va nous coûter plus cher? Donc, à quoi ça sert d'avoir un
fonds des générations plein à craquer si on ne fait pas les efforts
nécessaires pour les générations futures qui vont hériter de catastrophes
écologiques?
Il y a eu
quand même une hausse dans les dépenses, dans les services publics, la santé et
les services publics, l'éducation,
notamment l'éducation supérieure. Il y a eu une montée cette année. Les autres
années, la hausse de ces dépenses est plus basse. Mais, si je prends le
vocabulaire et les slogans que le gouvernement nous dit, refondation du système
de santé, rehausser les soins et les
services à la population, soutenir la réussite et la persévérance scolaire,
etc., bien, on aurait cru que le
gouvernement aurait fait des dépenses à la hauteur de tous ces beaux slogans,
de ces crises, mais il ne l'a pas fait.
En éducation,
par exemple, ma collègue la députée de Sherbrooke va en parler, il y a eu
quelques mesures qui ont été mises un
peu à gauche et à droite, principalement en infrastructures, alors que c'est la
priorité du gouvernement. Le premier
ministre nous a dit que c'est le sens de son engagement politique, l'éducation,
et on ne le voit pas dans le budget. On ne perçoit pas, en regardant le
budget, que l'éducation, c'est une priorité pour ce gouvernement.
Soins à
domicile, aussi, très peu. Le logement, le gouvernement a décidé d'abandonner
les locataires. Ce budget-là ne reconnaît pas qu'il y a une crise du logement.
Et il a aussi abandonné les premiers acheteurs et il met ça dans les mains
du privé. C'est la mort d'AccèsLogis, avec ce budget-là.
En
environnement, il y a 1 milliard de dollars supplémentaires pas parce que
le gouvernement a ouvert les coffres pour
les dépenser. Si la bourse du carbone, le SPEDE, n'avait pas permis de générer
ce 1 milliard de dollars là, bien, on ne l'aurait pas vu, il n'aurait pas
été ajouté. Comment est-ce que le gouvernement va le dépenser? On ne le sait
pas encore, on verra. Il va avoir un
plan. Je ne sais pas s'il va être coulé, le plan, avant qu'il soit déposé,
comme ça l'a été pour le système... pour la refondation.
Je vais dire
un mot aussi, important, par rapport au transport collectif. Je parle de la
crise climatique, les gaz à effet de serre pour les transports, c'est
extrêmement important. Et, si on n'agit pas là, bien, je ne vois pas où est-ce
que le gouvernement pourrait agir ailleurs. C'est rendu maintenant son
habitude, la CAQ est rendue experte à maquiller les chiffres par rapport au transport en commun. Le premier ministre, tout à
l'heure, nous a parlé d'un 56 milliards de dollars. On nous dit que c'est 50-50. C'est l'objectif du
gouvernement, d'atteindre 50 % dans les routes, 50 % dans les
transports en commun. C'est faux, M.
le Président. On nous dit que ça va être le cas à terme. À terme, c'est quelle
date? Ce n'est pas 2030, ce n'est pas 2040, on ne le sait pas. C'est
écrit «à terme». C'est ça qui est écrit.
La vérité, et
ça, on peut le voir aussi dans le PQI, c'est qu'ils investissent
14,7 milliards de dollars en transport en commun,
26,9 milliards dans le réseau routier. Si je fais un calcul simple, c'est
28 % en transport en commun pour les 10 prochaines
années. Ça, c'est ce qui est mis dans le PQI. Même si le souhait, c'est de dire
que c'est 50 %, ce n'est pas le
cas. Ce n'est même pas 30 %. Puis ça a toujours été l'attitude du
gouvernement. C'est plus de routes, plus d'autoroutes. On élargit les
autoroutes pour laisser passer des autobus et pour laisser passer, par exemple,
des autos solos électriques.
Quand il
s'agit de transport en commun, c'est toujours deux poids, deux mesures. On fait
beaucoup, beaucoup de chichis,
beaucoup de conditions. On le voit, avec le projet du tramway et la réaction
honteuse des ministres et du premier ministre face à la volonté du
maire, que ce projet-là voit le jour pour répondre aux besoins des gens.
Pourquoi,
aussi, le gouvernement est irresponsable en matière de transport en commun?
Parce qu'il divise. Il divise les villes et les banlieues. Il divise les
automobilistes et il divise les cyclistes, les piétons. Ça, c'est
irresponsable.
On a un
retard en matière de transport en commun, M. le Président. Et, si on veut être
à la hauteur et être modernes, dans nos grandes villes, ce qu'il faut, c'est du
transport collectif pour que les gens laissent vraiment leur voiture,
pour que ce soit beaucoup, beaucoup plus
efficace, et abordable, et confortable, et bénéfique pour eux et elles de
prendre le transport en commun. Et ce n'est pas le cas.
Clairement, ce gouvernement n'a pas entendu le
cri d'alarme des scientifiques du climat, qui nous disent qu'il est urgent d'agir. Et ce n'est pas uniquement
parce qu'on aime la planète et ce n'est pas uniquement parce qu'on veut plus
d'espaces verts. Tout ça est important. Mais supposons que ce n'est pas
important, par exemple, pour le gouvernement, que
ce n'est pas ça, la priorité. Si on prend l'argent et le budget, ça va nous
coûter plus cher. Les banques nous le disent, même les compagnies d'assurance. Ça, ce n'est pas des groupes
écologistes. Ils nous disent : ça va coûter plus cher, les crises
climatiques auxquelles on va avoir à faire face. Donc, rien que pour une
gestion saine des finances publiques, il faut qu'on investisse aujourd'hui, au
lieu de s'en mordre les doigts plus tard, comme c'est arrivé avec la Santé
publique.
Il y a eu des
coupures dans le gouvernement précédent, 30 % de la Santé publique. La
Santé publique est arrivée, avec la
pandémie, pas préparée; pas dans le sens qu'elle ne savait pas qu'il y avait un
virus, pas préparée pour y faire face. Il a fallu qu'on embauche. Il a
fallu qu'on mette les bouchées doubles, parce que notre Santé publique était
délaissée.
Donc, il faut
apprendre de nos erreurs, parce que, sinon, on s'en va vers l'échec climatique.
Et ce que ça prend, si on est
vraiment sérieux, c'est de gérer, par exemple, les émissions de gaz à effet de
serre exactement comme on gère les deniers publics.
Comment est-ce qu'on gère l'argent? On ne dit pas : On va faire des
mesures, puis voici notre plan d'ici 10 ans, puis on n'a pas d'objectif,
par exemple, à chaque année ou à une période de façon périodique. Ce n'est pas
comme ça qu'on gère l'argent public. Pourquoi est-ce qu'on ne gérerait
pas les émissions de gaz à effet de la même façon?
Il existe des
solutions, il y a des États dans le monde qui les ont utilisées. C'est, par
exemple, un budget carbone. Le
gouvernement a toujours refusé. Il préfère gérer comme ça, comme il le sent.
Puis, après ça, des années plus tard, on arrive puis on dit : C'est
encore l'échec, on n'a pas réussi à réduire nos émissions de gaz à effet de
serre. Ce n'est pas sérieux. Il faut...
C'est un gouvernement... Moi-même, j'ai été gestionnaire dans une entreprise,
et la façon qu'on gère, c'est avec
des indicateurs, avec des budgets, avec des tableaux de bord. Le gouvernement,
le premier ministre, il est comptable, il
est gestionnaire, les banquiers qui sont là aiment aussi gérer de cette
façon-là. Pourquoi ils ne le font pas pour l'environnement? Pourquoi ils
ne le font pas pour les émissions de gaz à effet de serre? Moi, je pense qu'ils
n'y croient pas.
Par rapport
au budget, je veux aussi mentionner que j'ai déposé un projet de loi, le projet
de loi n° 499, il y a quelques semaines, Loi
favorisant la prise en compte de l'égalité des sexes et de la diversité dans le
processus budgétaire. Vous savez, M. le
Président, un budget n'est jamais neutre. Même avec la meilleure volonté du
gouvernement, de dire que c'est un
budget qui va permettre l'égalité entre les hommes et les femmes parce qu'on a
mis de l'argent, par exemple, dans les maisons
d'hébergement pour femmes, etc., ce que ça prend, c'est une analyse rigoureuse.
Et ça, ça s'appelle une ADS, une analyse
différenciée selon les sexes. Et, dans mon projet de loi, c'est une ADS+,
une analyse différenciée selon les sexes et la diversité, donc les minorités, voir est-ce que les mesures que le
gouvernement met en place ont un impact, oui, qui va être différent sur les hommes et les femmes mais
aussi, par exemple, sur les gens issus des minorités, sur les gens qui vivent
avec un handicap, sur les gens... les LGBTQ+, etc.
J'espère que le gouvernement va prendre en
compte ce projet de loi. À la ville de Montréal, il existe aussi des analyses
différenciées selon les sexes. Au fédéral, c'est la même chose. Je l'ai lu. Le
ministre pourrait s'en inspirer. Quand il y
a des mesures qui sont mises, le gouvernement dit : Voici l'impact. Des
fois, l'impact est neutre. Des fois, l'impact est positif. Des fois, il
peut être négatif, par exemple, pour les hommes et les femmes.
Plus
d'infrastructures, le gouvernement met beaucoup d'argent, par exemple, dans les
infrastructures. Bien, sur les
routes, les autoroutes, c'est sûr que ce sont des emplois qui vont bénéficier
plus aux hommes. Ça, c'est ce que je dis de façon intuitive.
Et, par
rapport à l'ADS, là, on a l'expertise, le Secrétariat à la condition féminine
aussi a l'expertise, mais c'est un outil
très, très peu utilisé parce qu'il n'est pas obligatoire. On avait déjà proposé
à la CAQ de l'étendre à toutes les politiques, toutes les mesures, toutes les
décisions qui sont prises par le gouvernement, et ça a été refusé. Un bon
premier pas, ce serait de mettre une ADS sur le budget du gouvernement.
Donc, j'espère que ça va être utilisé.
Donc, voilà,
comme je le dis et comme je le disais, le budget, il est électoraliste, il est
irresponsable et aussi il est conservateur, pour toutes les raisons que
je viens de nommer. On aura l'occasion aussi d'en discuter plus tard. Merci
beaucoup, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée.
Avant de
poursuivre le débat, je vous rappelle que le discours sur le budget et le débat
qui s'ensuit durent au plus 25 heures et se déroule en trois étapes :
une première étape de 13 h 30 min à l'Assemblée, une
deuxième étape de 10 heures à
la Commission des finances publiques et une troisième étape de
1 h 30 min à l'Assemblée. Cette dernière étape comprend une intervention de 30 minutes du
représentant de l'opposition officielle et une réplique d'une heure du ministre
des Finances.
Je vous avise
de la répartition du temps de parole pour la durée de cette première
étape : 6 h 26 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
incluant le discours sur le budget, 3 h 57 min 1 s
sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, incluant les commentaires de son porte-parole
qui ont eu lieu le mardi 22 mars dernier et le discours de son représentant aujourd'hui,
1 h 27 min 47 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, incluant les commentaires de sa porte-parole qui ont eu
lieu le 22 mars dernier et le discours de sa représentante d'aujourd'hui, 1 h 1 min 27 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition, incluant les commentaires de son
porte-parole qui ont eu lieu le
mardi 22 mars dernier. Une enveloppe de 37 min 30 s est
allouée aux députés indépendants, sous réserve d'un maximum de
7 min 30 s chacun.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants
qui souhaitent intervenir au cours du débat qu'ils ont 10 minutes à partir
de maintenant pour en aviser la présidence.
Et je suis maintenant prêt à céder la parole à
Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M.
le Président, le gouvernement a fait son choix et il a choisi son intérêt
immédiat. Il a choisi de réinvestir dans son élection plutôt que de
réinvestir dans les Québécois.
Et,
honnêtement, il n'y a rien de crédible dans le budget pour protéger les
Québécois contre une hausse du coût de la vie, hausse du logement,
hausse du panier d'épicerie, rien pour les parents qui sont toujours en attente
d'avoir accès à un service de garde et qui
perdent de l'argent, rien pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre, rien
pour aider le monde à s'acheter une
première maison, rien de crédible pour lutter contre les changements
climatiques, rien pour nous permettre de faire face à l'incertitude.
On ne
trouve, d'ailleurs, dans ce budget, aucune réelle vision ni grandeur ni
leadership. La protection de l'environnement, la lutte aux changements climatiques est d'ailleurs complètement
écartée. Ce budget, c'est celui de l'arrogance et de la courte vue, M. le
Président. On va se rappeler, M. le Président, qu'on a eu un débat qui était
lié à l'électricité et à l'inflation. On
avait tous dit que c'était une mauvaise idée que de procéder et d'aller de
l'avant en liant les hausses de tarifs d'hydroélectricité à l'inflation.
On avait
dit : Attention, arrimer les tarifs à l'inflation, c'est simple, mais
c'est faire courir aux Québécois le risque d'un choc tarifaire. Il faut
se méfier d'une hausse subite de l'inflation. Qu'est-ce que le premier ministre
a fait? Il a ri, M. le Président. Il a ri.
Il a pensé que, quelque part, on vivait sur une autre planète. Tout le monde
était contre. Il était le seul à être pour. Il a été de l'avant, et
aujourd'hui ce sont les Québécois qui paient le pot cassé.
Mais ce n'est pas la première fois, dans ce
gouvernement, qu'on ignore les crises. On a ignoré la crise de la main-d'oeuvre, la pénurie de main-d'oeuvre. 2016,
2018, 2020, le gouvernement, le premier ministre a ignoré la crise de la
pénurie de main-d'oeuvre. Il a ignoré la
crise du logement, jusqu'à présent, d'ailleurs, M. le Président, et les
résultats sont clairs, dans la
présentation du budget. Il a ignoré aussi les signes par rapport à la cinquième
vague. On se rappellera qu'en novembre
on nous avait promis des partys avec 20 convives à la maison. On se
rappellera également du 30 décembre dernier, et pendant longtemps,
et de cette alerte le 31 décembre dernier.
Vous voyez, il y a
une méthode qui apparaît clairement, de la part de ce gouvernement : un
gouvernement qui est arrogant, qui
travaille dans l'à-peu-près, qui n'écoute pas et qui brise ses promesses. On a
un peu un mélange d'improvisation et, quelque part, d'incompétence.
Alors, qu'est-ce qu'on propose pour réparer, par exemple, l'erreur sur les tarifs
d'électricité? Bien, on puise dans le vieux livre de la vieille politique, M.
le Président, on dit : On va envoyer des chèques, envoyer des chèques par
la poste pour que les gens l'aient
juste à l'approche des prochaines élections. Je vais utiliser un terme que le
premier ministre aime utiliser : C'est gênant, M. le Président.
Un peu comme
la décentralisation également, il y avait cette promesse de la part du
gouvernement de décentraliser des
postes en région, 5 000. Ça,
c'était en 2018. Aujourd'hui, où est-ce qu'on en est? Nulle part. Que fait le
gouvernement? Il ramène sa promesse
puis dit : Je vous promets 5 000. La
même promesse, M. le Président, ça n'a pas changé, quatre ans plus tard : Mais, cette fois-ci, croyez-moi.
C'est ça qu'il demande aux Québécois : Je ne l'ai pas livré, mais je vais
vous le repromettre pour ne pas le livrer à nouveau. C'est ça qu'on
appelle une promesse brisée, M. le Président.
C'est de la poudre aux yeux que cette
décentralisation. Ce n'est pas véritablement une autonomie des régions. Ce n'est pas l'influence des régions, comme on a
pu le voir dans plusieurs dossiers, comme on a pu le voir cette semaine,
d'ailleurs, sur ce qu'il pense des gouvernements de proximité avec le tramway,
comme on a parlé un peu plus tôt avec l'Outaouais
cette semaine. Ce qu'il propose, en fait, avec la question de la
décentralisation, c'est du télétravail gouvernemental, sans plus. C'est
toujours ça, des patentes puis des impressions de solutions.
Bien, M. le
Président, le budget, c'est un peu la même nature qu'il nous a présentée, un
peu dans la même lignée, quand je
disais sans vision, sans avenir, sans souffle. Il nous dit qu'économiquement ça
a bien été l'année dernière, comme l'expliquait
très bien mon collègue l'éminent économiste. Il nous a très bien expliqué que,
si, en 2021, il y a eu une telle croissance, c'est parce qu'en 2020 on a
fermé l'économie. Tu fermes l'économie en 2021, tu devrais t'attendre à ce qu'il y ait un regain, à ce moment-là, en 2021.
Mais ce qui est particulièrement inquiétant dans le budget qui nous a été
présenté, c'est que, même à l'intérieur du budget, on nous dit qu'en 2022 la
croissance va être de 2,7 %. Mais à l'échelle canadienne elle est de
combien? 3,8 %. En 2023, on nous dit que la croissance, au Québec, va être
de 2 %. À l'échelle canadienne, elle va être de 2,6 %.
Donc, on reconnaît qu'on ne sera pas à la
hauteur. Et qu'est-ce qu'on fait? On ne présente pas de vision ou, s'il y a vision, M. le Président, on nous dit la
chose suivante, on nous dit : Bien, écoutez, comme le dit le premier
ministre, moi, ce que je veux, là, dans le fond, là, c'est qu'au Québec,
là, on soit aussi riche qu'en Ontario.
Vous savez,
M. le Président, j'élève trois enfants, puis j'ai plein de discussions avec mes
enfants, puis je leur dis toujours : Qu'est-ce que vous aimeriez
faire dans la vie? Qu'est-ce qui vous anime? Puis ce que je leur souhaite, M.
le Président, je vais vous le dire, c'est
qu'ils soient heureux, c'est qu'ils soient créatifs, c'est qu'ils savent se
soulever quand ils voient une
injustice, c'est qu'ils savent se battre pour des valeurs et les convictions
qu'ils ont, qu'ils savent aller au front, qu'ils savent être solidaires.
C'est ça que je leur souhaite dans la vie. Mais jamais je n'ai dit à un de mes
enfants : Je souhaite que tu sois plus
riche que le voisin. Ce n'est pas ça, une vision porteuse, emballante, qui fait
en sorte qu'on a envie d'aller dans une direction, d'amener le Québec
quelque part. Ça ne peut pas être ça. Et, chaque fois que j'entends le premier ministre nous dire ça, je pense à mes
trois enfants et à la génération qui nous suit, parce que, s'il y a une chose
qui manque dans ce budget, c'est une vision pour les générations qui vous
suivent, c'est un élan pour leur dire qu'on a compris ce qui se passait
puis qu'il fallait qu'il y ait des changements importants qui se passent à
l'intérieur de notre société.
Nous avons
fait plusieurs propositions, que ce soit au niveau de la TVQ, que ce soit au
niveau des tarifs d'électricité, que
ce soit au niveau de la TVQ sur les tarifs d'hydroélectricité. On a dit :
Les aînés, ce sont une catégorie de Québécois qui s'appauvrissent davantage, on devrait donner
2 000 $ par aîné au-dessus de 70 ans par année, parce que ça, ça
va véritablement les aider.
• (12 h 30) •
On devrait
s'assurer d'avoir des services de garde pour tous à 8,70 $. Et si on n'est
pas capable de le faire, et s'il y a
une maman qui est obligée de rester à la maison après 12 mois parce qu'elle est
désespérée, elle n'est pas capable de se trouver un service de garde, la responsabilité de l'État, c'est de
dire : Écoutez, on va vous compenser minimalement pour six mois pour vous permettre de passer à travers
ça, parce qu'on a failli à la tâche de vous permettre de retourner travailler.
C'est ça, la responsabilité de l'État.
Dans la catégorie de logement, je ne peux pas
vous dire par où commencer. Pas de vision en termes de logement social. Logement abordable, peu de choses. Accès à
la propriété : rien, rien. Quand on parle de générations qui veulent
acheter une première maison, combien
de personnes m'ont dit : Moi, je ne vois pas le jour, je ne vois pas le
jour où je vais pouvoir m'acheter une maison, je ne vois pas le jour où je vais pouvoir
m'acheter un condo, je ne vois pas le jour où je vais être capable de poser ce geste-là comme mes parents
l'ont fait? C'est pour ça qu'on avait des mesures très spécifiques, que ce
soit au niveau du RAP, que ce soit au niveau
des flips. Le gouvernement a la capacité d'agir, il doit agir pour aider cette
génération.
M. le
Président, on pourra parler très longtemps de toutes les réformes qu'on vit, au
Québec, toutes les réformes, mais, la réalité, là, si on ne règle pas
l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, on ne règle rien. Il y a des
déplacements d'emplois partout : des
gens quittent le milieu communautaire, s'en vont dans le réseau de la santé;
ceux qui quittent le réseau de la
santé, qui s'en vont dans le secteur privé; ceux qui partent du réseau... du
secteur privé, qui vont dans d'autres entreprises
du secteur privé. Partout, c'est la même affaire, c'est la même, même chose. On
ne règle pas le problème de pénurie de main-d'oeuvre, on n'a rien réglé.
Quand ce
gouvernement est rentré au pouvoir, il y avait 120 000 postes qui
n'étaient pas comblés. Aujourd'hui, on parle
de 300 000. Quand est-ce qu'on va se le dire, qu'il y a une véritable
crise et qu'il faut agir? Et ce n'est pas seulement en faisant des programmes, mais c'est en
réfléchissant collectivement aux solutions qui peuvent être apportées pour
répondre à ces besoins-là, et, évidemment, la qualification, la formation, mais
également l'immigration, puis qu'on soit capable d'en parler, qu'on soit capable de se le dire aussi, parce qu'il
y a un réel impact aussi pour notre société. Puis je pense que ce sont
des discussions que l'on peut avoir, au Québec, qu'on doit avoir, au Québec.
M. le
Président, à travers tout ce qui a été présenté dans le budget, l'absence de
vision en matière environnementale, elle
est sidérante. L'enjeu numéro un, au XXIe siècle, c'est la lutte aux
changements climatiques, l'enjeu numéro un. Et jamais on ne va pouvoir réellement appréhender cet enjeu si on le voit
toujours avec un ministre responsable de la Lutte aux changements climatiques.
C'est totalement transversal. L'enjeu des changements climatiques touche la
santé. Pas plus tard qu'hier,
d'ailleurs, je parlais avec une dame qui me disait : Mais les pesticides
puis la santé, c'est lié, oui, parce que l'environnement touche à tout,
même à la santé. La santé, l'éducation, les ressources naturelles, l'économie,
même l'immigration avec des réfugiés climatiques, tout est transversal là-dedans.
Alors, tant et aussi longtemps qu'on a une vision
obtuse puis qu'on pense que l'environnement, là, c'est un ministre qui a voix
au chapitre au Conseil des ministres, quand
il a voix au chapitre, parce que, visiblement, dans ce gouvernement, je ne
pense pas qu'il ait grand impact par rapport à l'environnement, bien, on voit bien qu'on ne s'en ira nulle part. Et
ce n'est pas pour rien que les objectifs ne sont pas rencontrés.
C'est pour ça
qu'il faut qu'on se dise : Si c'est la priorité, bien, alignons l'ensemble
de l'économie. Et on a une opportunité extraordinaire en termes de
développement économique. Elle est extraordinaire. On a une force incroyable
avec notre eau, avec notre hydroélectricité
et, oui, avec l'hydrogène vert, avec l'éolien, avec le solaire, avec les
économies d'énergie qu'on peut faire, on a une force extraordinaire avec des
entreprises qui peuvent vraiment rentrer là-dedans. Et c'est pour ça, c'est pour ça que nous avons proposé
100 milliards de dollars d'investissements d'ici 2050 pour atteindre la
carboneutralité.
ÉCO, M. le
Président, ce n'est pas juste un mot, c'est une vision, c'est un projet de
société. ÉCO pour «écologie», ÉCO
pour «économie», parce que c'est indissociable. Et, oui, on peut créer de la
richesse en faisant en sorte qu'on lutte contre les changements climatiques. Et, oui, on peut devenir un phare,
au Québec, dans cet enjeu-là, parce que tout le monde cherche une solution. Et tout le monde... Quand je
dis «tout le monde», quelques chiffres pour vous. Juste en matière d'hydrogène, la production va être multipliée par
800 d'ici 2050. C'est un chantier planétaire de plus de
11 000 milliards de
dollars. Ce sont des ventes annuelles de 700 milliards de dollars. Alors,
vous conviendrez avec moi, M. le Président, que, quand j'ai posé la question au premier ministre, cette semaine, puis je
lui ai demandé : Bien, l'hydrogène vert, 13 millions, et qu'il m'a répondu : Bien, écoutez, on n'a
même pas la preuve que ce sera rentable... Vous savez, M. le Président, on
va toujours trop loin pour quelqu'un qui ne
va nulle part. Alors, nous allons poursuivre ce projet de manière déterminée,
de manière assumée, parce qu'on a
besoin d'un véritable virage, au Québec, et de cette vision qui inclut tout le
monde, même les députés en face, M. le Président, même vous, M. le
Président.
En matière de
santé, M. le Président, priorité des priorités des Québécois, on le sait, tous
les voyants sont au rouge, tous les
voyants sont au rouge. 160 000 personnes qui attendent des chirurgies,
19 000 personnes qui sont en attente d'une opération depuis plus d'un an, n'en déplaise au
premier ministre. La liste d'attente pour voir un médecin de famille ne fait
qu'augmenter, et en fait, aujourd'hui, c'est 1 million de Québécois qui
n'ont pas de médecin de famille, contrairement à l'engagement du premier ministre, qui était de n'avoir aucun Québécois
sans médecin de famille. Depuis que la CAQ a pris le pouvoir, c'est
17 supercliniques qui vont devoir fermer leurs services. L'attente moyenne
aux urgences, M. le Président, ce n'est
pas qu'elle a diminué, elle a augmenté d'une heure et demie, M. le Président.
On a un nombre sans précédent de bris dans nos urgences. On a
20 000 personnes qui attendent pour avoir des services en matière de
santé mentale.
Alors,
entendre le gouvernement nous parler de refondation puis de nous dire qu'ils
allaient rencontrer tous leurs objectifs,
mais de revenir à ce qu'ils proposaient en 2018, entendre le premier ministre
nous dire : Écoutez, on est en 2022, mais en 2018 j'ai fait cette
promesse-là, mais, dans le fond... Dans le fond, ce qu'il dit, c'est qu'il ne
savait pas qu'il y avait une loi qui
avait été passée. Je ne sais pas si... En fait, j'ai beaucoup de difficultés à
le suivre. J'ai beaucoup de difficultés à le suivre parce qu'il a pris des engagements en ayant toutes les cartes
dans ses mains. Dans le fond, ce qu'il dit, c'est qu'il a pris des engagements
sur le coin d'une table puis que ce n'était pas sérieux. C'est ça qu'il dit,
c'est ça qu'il est en train d'avouer.
Quand on
regarde tous ces signaux-là qui sont dans le rouge, on a de la misère à faire
l'équation entre ce qui est présenté
dans le budget et la véritable volonté du gouvernement d'avoir un impact en
matière de santé. Quand je vois les sommes
d'argent qu'on investit dans les maisons pour les aînés... Il y a une chose que
j'ai retenue, de toutes les conversations que j'ai eues avec tous les aînés que
j'ai rencontrés, c'est que la meilleure maison des aînés, c'est la vôtre,
c'est celle dans laquelle vous habitez,
c'est là où vous voulez demeurer. Puis, chaque année, on vieillit, un petit peu
plus de stress, stress par rapport à
notre santé, stress par rapport à celle de notre conjoint ou de notre
conjointe, la pression du panier d'épicerie qui augmente, le loyer qui
augmente. Le stress augmente sans arrêt, à mesure que tu vieillis, pour toute
une catégorie de notre
population. Et on peut avoir les plus belles maisons du monde, M. le Président,
mais, s'il n'y a personne pour s'occuper de notre monde, puis ils ne sont pas capables de
rester chez eux, avec l'amour, l'attention et le souci de l'avenir, on va tout
échapper, M. le Président. C'est ça qui va
se passer. Alors, la santé, il y a un énorme travail à faire, mais encore
faut-il reconnaître où sont les
véritables enjeux et ne pas s'entêter avec des promesses qui n'ont pas de sens,
parce que ça a des conséquences directes sur ce qu'on est capables de
faire.
• (12 h 40) •
M. le
Président, lorsque je regarde ce budget, encore une fois, j'arrive à la
conclusion qu'il n'y a aucune vision qui transcende. On a l'impression qu'on a un gouvernement qui est arrivé la
première année, on lui a dit : Ah! bien, l'environnement, vous devriez y penser, il a dit : Parfait, on
va mettre plein, plein... on va essayer de mettre plein de choses dans
l'environnement. Puis, après ça, on lui aura dit : Bien, la
main-d'oeuvre, vous devriez y penser, on va mettre plein de choses pour la main-d'oeuvre. Puis, après ça, on leur a
dit : Ah! c'est l'inflation, on va essayer de faire ça... Mais on se rend
compte que c'est juste de la communication. Chaque fois, c'est juste de
la communication, parce que, dans les faits, de manière tangible, il n'y a rien qui change. Il n'y a rien qui change. Puis le
500 $, là, une fois qu'il sera passé, là, l'inflation va continuer,
les loyers vont augmenter, les gens vont
continuer à vieillir plus vite, le problème de la main-d'oeuvre va rester, et,
vous savez quoi, notre environnement
ne va pas s'améliorer, il va se détériorer. C'est ça, la réalité, M. le
Président. Et on a besoin d'avoir un
gouvernement qui a une véritable vision, pas des gouvernements qui s'entêtent à
nous dire quoi faire, quoi penser ou pour qui voter. Cette approche
paternaliste, elle doit se terminer.
M. le
Président, le budget qui a été présenté, c'est un rendez-vous manqué. C'est un
rendez-vous manqué avec les priorités
des Québécoises et des Québécois. C'est un rendez-vous manqué avec l'histoire
qui s'écrit au rythme des besoins et des opportunités. C'est un
rendez-vous manqué dans l'esprit des Québécois, qui sait très bien qu'on doit
conjuguer solidarité, compassion et
entraide. L'heure, vraiment, est à une révélation du gouvernement. Mais ce
qu'on a besoin de voir surtout, c'est
l'émergence d'un leadership qui va être à la fois rassembleur, protecteur et
ambitieux. On a besoin de voir l'affirmation
d'une vision qui répond réellement et qui imagine un avenir qui soit durable,
M. le Président. Or, il n'y a absolument
rien de tel dans le budget. M. le Président, de notre côté, au Parti libéral du
Québec, on fera le choix d'oser l'avenir. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Motion formulant un grief
Mme Anglade : Il me restait
neuf secondes pour vous dire :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son
absence de vision en matière de lutte
aux changements climatiques et de développement économique, notamment pour le
développement de la filière de l'hydrogène vert.»
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Donc, votre motion est déposée,
sous réserve de sa recevabilité, tout simplement. Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. C'est un réel plaisir d'intervenir ce midi, en fait,
sur le budget qui a été déposé par notre collègue le ministre des
Finances au cours des derniers jours, effectivement un budget qui marque notre
mandat, qui a été fort occupé, fort chargé, mais qui, en même temps, nous a
permis de respecter nos engagements électoraux.
Et ça, c'est important, parce que les Québécois souhaitent d'abord et avant
tout que le gouvernement, qui est élu démocratiquement,
pour lequel ils se sont prononcés en octobre 2018, respecte ses engagements.
Et, malgré la pandémie qui a affecté
tous les gouvernements dans le monde, il y a un élément qui est fort
intéressant, parce que nous sommes restés, oui, sur nos priorités, mais
sur les priorités des Québécois et sur les préoccupations des Québécois.
Je viendrai,
dans quelques secondes, à tous les investissements à l'intérieur du budget et,
entre autres, aux sommes financières qui ont été remises pour faire face au
coût de la vie, mais je suis particulièrement fier de l'ensemble des
sommes financières qu'on a remises aux Québécois depuis notre arrivée, où on a
protégé le portefeuille des familles.
Vous savez,
le Parti libéral du Québec, lorsqu'il était en fonction, s'il y a quelque chose
qui les a démarqués, c'est de ne pas
avoir protégé le portefeuille des familles. Ce n'est certainement pas d'avoir
fait en sorte de diminuer le fardeau fiscal
des familles. Au contraire, on l'a augmenté. Je me souviens, entre autres, de
la taxe famille. Je me souviens des tarifs d'Hydro-Québec, également,
qui étaient au-delà de l'inflation.
Alors, c'est
pour vous dire à quel point, nous, quand nous sommes arrivés, on s'est
dit : Non, non, on va arrêter ça, là. Les familles du Québec, c'est fini, les chocs tarifaires. C'est fini,
les promesses reniées. Et, s'il y a quelque chose qui est la marque de commerce de la Coalition avenir Québec et de notre premier ministre, c'est bien la
protection du portefeuille des familles. Alors, pour montrer...
Des voix : ...
17
831
M. Poulin : Oui. Et,
pour vous montrer, M. le Président, que ça n'a pas commencé mardi, ça, la
protection du portefeuille des familles, j'ai une liste : la baisse des
taxes scolaires partout au Québec, l'allocation familiale qui a été bonifiée, les tarifs uniques en service de garde — on est revenus au tarif de 8,50 $, maintenant
à 8,70 $ — le
crédit d'impôt, également, pour les services de garde,
qui a été bonifié, le versement ciblé pour les 70 ans et plus, l'aide
qu'on a, également, faite en janvier
dernier, et j'aurai la chance d'y revenir, parce que les gens qui ont des revenus
de moins de 50 000 $ ont reçu de l'aide au cours des dernières semaines. On
a baissé, également, le coût du permis de conduire. Ce n'était même pas une promesse, ça, M. le Président, puis on l'a
fait quand même, c'est pour vous dire. On a baissé les tarifs de stationnement
des hôpitaux. On a également lancé un
programme Mieux voir pour réussir pour aider les parents à défrayer le coût des
lunettes de leurs enfants.
C'est
pour vous dire à quel point on est allé loin, dans les dernières années, pour
protéger le portefeuille des familles. Et
c'est important de se le rappeler parce que ne comptez pas sur les oppositions
pour vous le rappeler aujourd'hui, M. le Président. Ne comptez pas sur eux, dans leurs vidéos sur Facebook, pour
rappeler que la Coalition avenir
Québec a protégé le
portefeuille des familles. Alors, si ce n'est pas nous autres, il n'y a
personne qui va le dire, M. le Président. Ça, c'est important de pouvoir le
rappeler.
Mais
on est allés plus loin. On est allés plus loin que ça parce qu'on sait qu'on
fait face au coût de la vie, qui est important.
On a parlé de l'essence, on a parlé du logement, on peut parler de l'épicerie.
On a annoncé 500 $, M. le Président, pour tous les Québécois qui ont un revenu de moins de 100 000 $, c'est 1 000 $ par couple. Et, pour ceux qui bénéficiaient de l'aide de janvier dernier, bien, c'est des
couples qui ont jusqu'à 1 400 $ d'aide. Puis ne sous-estimez pas, M.
le Président, 1 000 $
dans le budget familial, la différence que ça peut faire pour faire face à
l'augmentation du coût de la vie. C'est important
pour plusieurs citoyens. Je me souviens du 400 $ et du 275 $ qu'on a
donnés, des gens qui téléphonaient à mon bureau de comté pour nous dire merci, parce qu'on n'avait jamais eu ça
sous le Parti libéral du Québec. On n'avait jamais eu ça dans les
15 dernières années, et enfin il y a un gouvernement qui reconnaît nos
besoins.
Alors,
soyons clairs, M. le Président : la seule formation politique qui pose des
gestes concrets et qui a à coeur de protéger le portefeuille des
contribuables, c'est nous. Et ça, c'est important de le dire. Mais...
Des voix : ...
17
831
M.
Poulin : Oui. Et je me souviens, et mes collègues vont s'en
rappeler, de Québec solidaire, entre autres, du Parti québécois et du Parti
libéral qui diraient : Vous ne
réussirez jamais à diminuer le portefeuille des familles sans couper dans
les missions de l'État. Vous vous souvenez de ça, hein? Ils nous
disaient : Aïe! ne pensez pas réinvestir en éducation si vous coupez les taxes scolaires. Ne pensez pas
réduire les tarifs de stationnements d'hôpitaux si vous n'êtes pas pour couper
dans le domaine de la santé par la suite.
Mais, au contraire, M. le Président, on a tellement une bonne équipe
gouvernementale aux Finances, au
Trésor, guidée par notre premier ministre, qui nous permet non seulement
d'alléger le portefeuille des familles,
mais de réinvestir massivement dans les missions de l'État. Ah! Encore une
fois, on respecte nos engagements électoraux.
Juste
dans le dernier budget, c'est important, en santé, 3,8 milliards de
dollars qui a été investi... Non, ça, c'est pour faire face au coût de la vie. 8,9 milliards de dollars pour le
système de santé. En éducation, 2,8 milliards qui a été ajouté, et
ce qui nous permet également de bonifier le programme québécois des
infrastructures.
J'entendais
les oppositions, il y a quelques secondes, diaboliser les maisons des aînés,
hein? C'est grave, vouloir aider nos aînés qui ont bâti le Québec. C'est
grave, vouloir offrir des places avec des soins dans toutes les régions du
Québec pour ceux qui en ont besoin. Il y a des listes d'attente, au moment où
on se parle, de gens, d'êtres humains, de concitoyens dans tous les comtés qui
attendent pour entrer dans les maisons des aînés. Que ce soit sur la Rive-Sud
de Québec ou que ce soit en Beauce, il y en
a, M. le Président. Puis, à les entendre parler, je suis en train de me
demander s'ils ne vont pas les
fermer, les maisons des aînés, tellement qu'ils ne les aiment pas, tellement
qu'ils diabolisent ça. Est-ce qu'il y
aura un moratoire sur l'ouverture des maisons des aînés dans leur programme
électoral? Je me pose la question, parce que ce n'est pas un projet banal. Ça aurait dû être fait il y a
plusieurs années. Parce que, il faut le dire, pendant des années, au Québec, on n'a pas suffisamment développé de
places pour nos aînés qui en ont besoin et qui le souhaitent. Ça se fait en
parallèle à des investissements dans le
soutien à domicile. Il n'y a pas de contradiction entre investir dans le
soutien à domicile comme on le fait,
avec des investissements records, et bâtir des maisons des aînés, parce que
chaque aîné a le droit de décider où il souhaite demeurer, et ça, c'est
important. On a investi également dans nos écoles, qui ont manqué d'amour un
peu partout à travers le Québec, on a
également une nouvelle vision, parce que, nos jeunes, on souhaite qu'ils
puissent réussir, à l'école, et se
trouver dans des lieux qui sont agréables. On investit aussi des sommes importantes.
Alors, ces investissements-là qui
sont dans le programme québécois des infrastructures, qui étaient demandés par
les Québécois dans toutes les régions du Québec, on réussit à les
réaliser en même temps que d'alléger le fardeau fiscal des familles.
• (12 h 50) •
M.
le Président, vous me permettrez, comme député de Beauce-Sud, d'être également
très fier de nos actions pour les régions du Québec. Il y a quelque chose où,
encore une fois, puis je pense qu'on peut le dire, on a réussi là où tout
le monde avait échoué : le branchement
d'Internet haute vitesse dans toutes les régions du Québec. C'est encore nous,
ça, M. le Président, c'est encore
nous. Sous le leadership du premier ministre, sous le leadership du député
d'Orford, on a réussi à faire en sorte que des lieux, au Québec, qui
attendaient depuis des années puissent avoir Internet haute vitesse. Ce n'est pas les précédents gouvernements qui ont
permis ça. Chez nous, à Saint-Évariste, à La Guadeloupe, des députés
fédéraux, j'en ai eu, moi, en Beauce, qui
promettaient ça, en 2004, en 2006. Ils ne l'ont jamais livré. Nous, on vient de
le livrer avec une entente historique pour Sogetel, M. le Président. Ça,
c'est s'occuper des régions du Québec.
Mais
là on a une autre bonne nouvelle, dans le budget de mardi, je ne sais pas si
vous avez vu ça : 50 millions pour cartographier la couverture
cellulaire au Québec. C'est important, M. le Président, parce qu'il y a des
routes, dans ma circonscription, où vous ne ferez pas de Zoom là, là, tu sais?
Il y a une barre, deux barres, peut-être trois barres. Et c'est même le cas
dans certaines municipalités, où on a des maisons qui sont là depuis
20 ans, 30 ans, et ils n'ont pas la couverture cellulaire. Mais la première étape, comme on l'a
fait pour Internet haute vitesse, c'est de cartographier exactement sur quelles
routes, dans quelles municipalités au Québec la couverture cellulaire
n'est pas efficace.
Et
ce sera un petit côté nationaliste, mais moi, je me souviens encore d'anciens
députés fédéraux, dans nos comtés, qui
nous promettaient de pouvoir avoir une couverture cellulaire à 100 %.
Parce que c'est fédéral en partie, il faut le rappeler, avec les tours de télécommunications. Mais, malgré
tout, notre gouvernement n'attend pas, comme on l'a fait avec Internet haute vitesse. Oui, on a une entente, mais on a
sorti beaucoup d'argent des coffres de l'État québécois, mais on avance aussi
à l'intérieur de la couverture cellulaire.
Et je pense que les Québécois qui ont à coeur de pouvoir capter se
disent : Bien, s'ils ont réussi,
la CAQ, avec Internet haute vitesse, je pense qu'ils ont toutes les raisons du
monde de pouvoir réussir, dans les prochaines années, avec la couverture
cellulaire.
Alors, amener
le Québec au XXIe siècle, avoir une vision de développement pour les
régions du Québec, ça passe par nos
réalisations pour Internet haute vitesse et ça passe également avec nos
réalisations pour la couverture cellulaire, avec ce 50 millions de
dollars là qu'on vient de mettre à l'intérieur du budget.
Tout à
l'heure, on parlait des infrastructures dans le PQI. Un autre élément qui
concerne les régions, qui est très important,
c'est aussi l'entretien des routes à travers le Québec. Et, encore une fois, on
tente, avec les oppositions, de mettre en
compétition le développement du transport collectif avec les Québécois qui sont
propriétaires d'un véhicule automobile. Moi, vous savez, pour venir au parlement, M. le Président, j'ai besoin
de prendre mon véhicule automobile. Je ne suis pas le seul. Plein de gens dans ma circonscription ont
besoin de faire une heure de véhicule pour se rendre travailler, une heure
pour revenir. Et ce qu'ils souhaitent, ce sont des routes de qualité.
Suite au fait
qu'on n'a pas suffisamment investi, puis on le vit, présentement, avec la
période du gel et dégel, là, on le vit, plusieurs routes, au Québec, ont manqué
d'amour pendant des années, ce qui fait en sorte qu'elles ne sont pas de qualité présentement. Ça ne nous empêche pas
d'intervenir. En Chaudière-Appalaches, c'est 435 millions qu'on a annoncés en début de semaine : c'est la
route 108, à Saint-Évariste, c'est la route 204, à Saint-Martin,
c'est le rang 6, à Saint-Honoré, c'est
la 173, à Notre-Dame-des-Pins, toutes des routes que les gens connaissent, qui,
depuis des années, manquaient d'amour. Ça prenait le leadership d'un
gouvernement pour dire : On investit les sommes qui sont importantes.
Alors, avant
de dire qu'il faut mettre, encore une fois, un moratoire... Et j'ai hâte de
lire les prochaines plateformes électorales,
j'ai hâte de voir si on va lire : Moratoire pour la mise à jour de notre
réseau routier, à quoi on va répondre à nos citoyens qui ont besoin de ces
routes-là? À quoi qu'on va répondre aux compagnies de camionnage, qui sont si
importantes pour transporter tout ce qu'on a besoin, qui ont besoin de
routes et de mises à jour du réseau routier. Ce n'est pas d'être d'une autre époque d'investir sur nos routes,
c'est, encore une fois, d'écouter les besoins des Québécois, d'écouter ce
qu'ils ont besoin, d'écouter ce dont nos entreprises ont besoin dans nos
régions du Québec.
Alors, quand on est un gouvernement des régions,
oui, on investit sur nos routes, M. le Président, comme on le fait avec le prolongement de
l'autoroute 73 en Beauce, une voie de contournement de 7,5 kilomètres,
parce qu'on a un trafic qui arrête au
plein milieu de la ville. Et les gens qui doivent se diriger vers les
États-Unis, vers Mégantic, ont besoin d'un
lien pour contourner la ville. C'est notre gouvernement qui l'a inscrit au
Programme québécois des infrastructures. Vous vous souvenez des
nombreuses batailles que j'ai faites à ce niveau-là. Les plans et devis sont en
cours. On est dans les dernières autorisations
avec les citoyens pour avoir l'autorisation de pouvoir passer sur les terrains.
Ça se fait. Ça avance. Pendant trop d'années, on a mis ça de côté, et là
on réussit à avancer.
En fait, en Beauce, M. le Président, avant notre
élection, on avait zéro projet dans le programme québécois des infrastructures, zéro comme dans Ouellette, zéro.
Maintenant, on en a ajouté, on en a ajouté : prolongement de
l'autoroute 73, la maison des
aînés du côté de Saint-Martin, le complexe multisport du côté de Saint-Georges.
C'est 36 millions qui est investi
par notre gouvernement, du jamais-vu, encore une fois, qui va permettre, dans
les prochains mois, à l'ensemble de la population
de la Beauce d'avoir accès à un lieu moderne avec une piscine semi-olympique,
qui était tellement souhaitée par la population.
Mais ça prenait du leadership d'un gouvernement qui décide, oui, de prioriser
notre région, mais de prioriser des projets qui sont importants. Alors,
ce sont des réalisations extrêmement concrètes.
Et là je vous
parle du PQI, mais il y en a d'autres, réalisations, en dehors du PQI, qui sont
fort importantes. J'ai annoncé une Aire ouverte dans ma circonscription.
Et, «breaking news», le local où se tiendra cette clinique pour les 12-25 ans est choisi, à Saint-Georges, et
j'aurai la chance d'en faire l'annonce dans les prochaines semaines. C'est un
projet fondamental où on retrouvera des professionnels en santé mentale,
en santé physique, pour que nos jeunes n'aient plus besoin toujours d'aller à l'hôpital mais se dirigent vers là, dans ce
projet-là qui sera financé par notre gouvernement pour que ce lieu-là leur appartienne, avec des
professionnels du CISSS. J'annoncerai donc l'emplacement dans les prochaines
semaines. Une autre bonne nouvelle.
Grâce au
leadership de la ministre des Aînés
et des Proches aidants, on a ouvert
une Maison Gilles-Carle, en Beauce, M.
le Président. C'est des sommes importantes sur 10 ans. On a ouvert, pas
un, pas deux, pas trois, pas quatre, cinq nouveaux CPE dans la circonscription de Beauce-Sud, M. le
Président, à Notre-Dame-des-Pins, à Saint-Prosper, à Saint-Honoré, à La Guadeloupe et à Saint-Georges, qui permettent à
nos familles de pouvoir avoir des places en service de garde. Il n'y a jamais un gouvernement, sous le leadership du
ministre de la Famille et du premier ministre, qui a autant mis d'argent pour les
places en service de garde à contribution réduite.
Quand je vois
les oppositions aller devant le parlement, marcher avec eux, c'est à cause de
vous autres, si ces gens-là n'ont pas
de place, parce que, si vous en aviez créé, au cours des dernières années, les
gens, devant le parlement, ils en auraient,
des places en service de garde, M. le Président. Alors, c'est nous autres qui
faisons en sorte que les familles, dans les prochaines années, que nos enfants, nos petits-enfants, pour
certains, vont avoir des places en service de garde, parce qu'on aura mis les sommes financières au
rendez-vous, qu'on aura donné des incitatifs pour avoir davantage d'éducatrices
en service de garde. C'est ça, la réalité,
M. le Président. Parce qu'à les écouter, là, c'est comme si on n'en développait
pas. Ce n'est pas vrai. À chaque
semaine, le ministre de la Famille annonce des places à la grandeur du Québec.
Puis, oui, c'est des sommes
importantes. Vous le savez, le ministère de la Famille, c'est le troisième
poste de dépenses. Mais dire qu'on ne
s'occupe pas des familles, M. le Président, qu'on ne les aide pas pour faire
face au coût de la vie, une place à contribution réduite à 8,70 $, là, c'est important aussi
dans le budget familial. Alors, quand on en développe, quand on met les sommes
financières, quand on met en place la
structure pour que les projets soient autorisés rapidement, c'est formidable,
M. le Président. Et ça, il n'y a pas
un citoyen, encore une fois, qui n'est pas content de ces belles annonces là,
pour lesquelles notre population profite et profitera au cours des
prochaines années.
Vous
savez, M. le Président, à l'intérieur de notre structure et à l'intérieur de la
façon dont on développe un budget, au
niveau de la protection du portefeuille, au niveau des investissements dans les
infrastructures, il y a aussi ce qui concerne l'environnement, et ça, on en a bien parlé. Puis
l'environnement aussi, M. le Président, c'est la protection de nos lacs, la
protection de nos rivières. Encore une fois,
en région, on nous en parle beaucoup, des gens qui ont investi, des résidences
autour de lacs, par exemple, pendant
plusieurs années, qui ont des chalets, qui se demandent comment on peut davantage
protéger ces espaces-là. On le fait en investissant des sommes importantes, au
niveau de l'accès à la nature, avec des programmes
pour les sentiers pédestres, avec l'aide que nous accordons aux municipalités
lorsqu'ils ont des projets pour rendre
davantage accessible leur territoire. C'est nous qui faisons ça, M. le
Président, et je pense qu'il va falloir continuer aussi dans les prochaines
années. La COVID nous aura appris ça, à redonner le territoire aux Québécois.
C'est une façon également de se développer
en termes de qualité de vie. Quand on parle de qualité de vie, c'est nos
infrastructures en sport et loisirs.
Encore une fois, dans le budget, il y avait des programmes fort importants pour
appuyer, oui, les infrastructures scolaires,
mais aussi appuyer les infrastructures municipales. C'est s'occuper des
régions, c'est s'occuper du développement de nos municipalités à la
grandeur du Québec.
Je
conclurai, M. le Président, en vous disant que ce budget-là, c'est un des plus
ambitieux qui n'a jamais été vu. C'est
faux de dire qu'il est électoraliste, parce que le mandat qu'on a eu, ce n'est
pas trois ans et demi, c'est quatre ans. Alors, on va se rendre jusqu'au bout pour pouvoir aider les Québécois à
faire face au coût de la vie. On va se rendre jusqu'au bout pour développer nos régions du Québec. On va
se rendre jusqu'au bout pour développer la Beauce, M. le Président, parce que moi, je n'ai pas commencé à m'intéresser
à la Beauce pendant la pandémie. Non. Ça fait 30 ans que j'aime la Beauce. Ça fait 30 ans que je m'en occupe. Et
je vais tout faire pour continuer, que, dans ce budget-là, non seulement la
circonscription de Beauce-Sud,
Chaudière-Appalaches, mais l'ensemble du Québec puissent bénéficier de nos
investissements. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Compte tenu de l'heure, les travaux...
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Excusez! Compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont suspendus jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 14 h 31)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous pouvez vous asseoir. Donc, nous poursuivons nos
travaux.
Aux
affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée poursuit
le débat sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions
formulant un grief présenté par M. le député
de Robert-Baldwin, Mme la députée de Mercier et Mme la cheffe de l'opposition
officielle.
Avant
de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
2 h 58 min 58 s d'écoulées à la première étape du débat. Il reste donc, après
redistribution du temps, un total de 12 h 1 min 2 s
réparties comme suit : 5 h 21 min 13 s au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 2 h 45 min 16 s
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 h 6 min 3 s au deuxième
groupe d'opposition, 56 minutes au troisième groupe d'opposition,
7 min 30 s au député de Bonaventure,
7 min 30 s à la députée d'Iberville, 7 min 30 s
au député de Rimouski.
Je suis maintenant
prête à céder la parole au prochain intervenant, mais je suis présentement...
M. le député de Rosemont, la parole est à vous.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. De combien de temps dispose-je?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
disposez de... Le temps que vous voulez, en fait, pourvu que vous ne
dépassiez pas le temps de votre groupe.
M. Marissal :
Vous avez raison, ça s'est réglé entre nous, ici.
Bon.
Alors, je vais mettre ma motion de grief ici, devant moi, Mme la Présidente.
J'ai un aveu à vous faire. J'ai été
trois ans critique en finances puis, pendant trois ans de suite, j'ai oublié de
faire le grief... la motion de grief à la fin. Alors, je vais la mettre là, parce que je ne suis pas sûr que je peux
compter sur mes amis d'en face pour me rappeler de le faire. Vous me ferez des signes, vous me ferez des
signes. Bon. En fait, je viens de me souvenir que j'ai autour des six minutes,
là, sept minutes, là, sinon mes collègues
vont me chicaner. C'est un exercice de concision, de résumer le budget santé en
six minutes, surtout que je viens de brûler une avec mes niaiseries,
mais je vais continuer.
Comment
résumer l'aspect santé de ce budget? D'abord, vous dire, Mme la Présidente,
qu'à chaque fois qu'on dépose un
budget je suis à chaque fois soufflé de constater à quelle rapidité l'actualité
avale les nouvelles, les digère et en dispose. Ce budget a été déposé il y a moins de 48 heures, et c'est à peu
près comme si ça faisait deux semaines. Alors, je vais me remettre dans le bain, parce que, la santé, on en
parle beaucoup, et, même si on a tendance à oublier rapidement et que
l'actualité est une bête qui se
nourrit trois fois par jour de nouvelles, ce budget, il existe, et, en santé,
on va devoir suivre attentivement ce qui a été décidé ou ce qui a été
prévu.
Grosso modo,
le budget en santé, tel que présenté par le ministre des Finances et repris par
le ministre de la Santé, notamment,
ce matin, c'est 3,4 milliards de dollars pour améliorer la gestion et la
prestation du travail du personnel de la santé, 1 milliard de dollars pour fournir, au sein des établissements de
santé, des services plus intégrés et orientés vers les besoins du
patient et près de 789 millions de dollars pour moderniser le système de
santé.
Bon, ces
chiffres-là sont impressionnants, en soi. Il faudrait quand même les mettre en
perspective et rappeler que le budget
de la santé au Québec vient de passer la barre des 50 milliards de
dollars, autour de 52 milliards de dollars. Donc, si on fait le calcul,
1 milliard, c'est beaucoup d'argent, mais c'est environ 2 % du budget
de la santé. Ça reste significatif. Il faut
juste remettre les budgets en perspective. Et, souvent, ces chiffres que je
viens de vous donner, ces montants que je viens de vous donner sont
divisés par cinq, donc sur une période de cinq ans. Alors, il faut juste
remettre ça en perspective.
De toute
façon, s'il y a une chose qu'on a comprise au cours des derniers mois de cette
pandémie, c'est qu'il n'y a pas que
l'argent pour le réseau de la santé. Souvent, les journalistes vont nous
demander : Oui, mais, vous autres, c'est quoi, vos solutions, allez-vous mettre plus d'argent?
Bien, je ne serai jamais contre le fait de financer le réseau de santé publique
à la hauteur des besoins de la population. Ça, c'est une chose. Mais on l'a vu,
par exemple, quand le gouvernement a décidé,
en novembre dernier, de mettre 1 milliard de dollars sur la table pour
attirer ou retenir du personnel soignant, on a entendu... vous les avez entendues comme moi, Mme la Présidente, on a
entendu notamment des infirmières dire : On m'offre 12 000 $, on pourrait m'en offrir
20 000 $ que je ne reviendrais pas dans ce réseau tant et
aussi longtemps qu'on ne l'aura pas réparé. Alors, non, ce n'est pas
qu'une question d'argent.
Et c'est là où
j'arrive avec le noeud de l'affaire dans la santé. Bien sûr, si on veut un
nouveau système informatique, ça prendra de l'argent. Bien sûr qu'on a
des hôpitaux à reconstruire. Est-ce que je vous ai déjà parlé de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont? Oui, je pense,
j'ai déjà fait ça. On a des CHSLD aussi à rebâtir, à rénover. Il y a des
maisons des aînés. Bien sûr, ça prend de l'argent, et de l'argent neuf. Et puis
ensuite il y a les coûts de système et puis l'augmentation des médicaments, des
traitements. On est au courant de tout ça, bien sûr.
Mais, au
fond, là, le principal problème du réseau de la santé en ce moment, c'est un
problème d'attraction de la main-d'oeuvre
et de rétention de la main-d'oeuvre. Pourquoi? Parce que ce réseau est brisé,
parce que ce réseau est inadéquat, parce
que ce réseau, sans vilain jeu de mots, est totalement inhospitalier. Alors,
des gens qui entrent avec toute la motivation du monde, après des études, par exemple, en soins infirmiers, toffent
trois, quatre, cinq ans et puis quittent pratiquement en courant, en se disant : Plus jamais. Si
j'aurais su, j'aurais pas venu. Je ne veux plus travailler dans ce réseau-là.
Alors, il est là, le problème fondamental.
Et puis moi,
je suis d'accord avec le ministre qu'il faut réparer tout ça. Appelons ça le
rétablissement. Peu importent les
termes, ça m'importe peu en autant que les résultats soient là. Il faut réparer
rapidement, rétablir ce système très, très rapidement, parce que ça ne tourne pas rond, puis on ne se rend pas
service, puis on s'achète du trouble, d'ailleurs, pour les années à venir. On
l'a vu en pandémie, on s'est fait pogner les culottes à terre avec un réseau
qui était complètement déglingué, et
on en a lourdement payé le prix, et ce sont surtout les personnes âgées qui
sont décédées dans des conditions épouvantables qui en ont lourdement
payé le prix.
Alors, je
vais terminer mon allocution sur le budget par un appel politique au ministre
de la Santé. Il le sait, mais je vais
le redire ici, il le sait parce que je lui ai déjà dit, il connaît ma position.
Il a déposé beaucoup d'éléments du casse-tête, mais tout ça est épars, tout ça est diffus : le projet de loi n° 11, le projet de loi n° 19, le projet de loi n° 28
qui est arrivé cette semaine. Là, il nous promet, pour mardi prochain,
une grande refondation, un rétablissement du réseau de la santé. Tout ça, je le dis, est assez diffus, et il ne
semble pas y avoir de priorité sur ce qu'on va adopter d'abord, et pourquoi, et
maintenant. Et puis je rajouterais aussi là-dedans qu'il y a la fin de
l'urgence sanitaire par le projet de loi n° 28.
Alors, très
honnêtement, en ce moment, Mme la Présidente, on ne sait pas par quel bout le
prendre. C'est confus. Une chatte n'y
retrouverait pas ses petits. Je pense qu'avoir trop de priorités, c'est ne pas
en avoir. Je l'ai dit puis je le redis sans
aucune méchanceté. On a entendu beaucoup de slogans. Là, ça prendrait le plan,
parce que ce n'est pas avec des slogans qu'on va réparer le réseau de la
santé publique au Québec.
Motion formulant un grief
Et je vais terminer avec ma motion de grief, Mme
la Présidente :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement pour ses choix budgétaires qui
favorisent le secteur privé et minent notre système de santé public.»
Je vous remercie, Mme la Présidente.
• (14 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. M. le député de Masson, la parole est à vous.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Merci, Mme la Présidente.
À mon tour d'intervenir suite au discours sur le budget. Et, vous savez, Mme la
Présidente, après deux ans de pandémie, nos citoyens, bien, ils font maintenant
face à une inflation importante, et puis on comprend tous la hausse du coût de la vie, là, et c'est
pourquoi on a décidé de les soutenir avec une mesure rapide, une mesure
concrète, une mesure efficace.
Puis il n'est
pas question ici de faire du clientélisme, là. C'est pour ça qu'on a fait le
choix de faire une mesure unique, soit
un versement ponctuel de 500 $ pour toutes les personnes, les adultes qui
ont un revenu de moins de 100 000 $. Puis ça, là, quand on parle de tous les adultes, là, on
parle, tu sais, qu'ils soient étudiants, travailleurs, retraités, même ceux qui
sont bénéficiaires du programme
d'aide financière de dernier recours. Dans le fond, un couple, là, dans cette
situation-là pourrait recevoir jusqu'à 1 000 $. Ça, comme
mesure, là, ça représente 3,2 milliards de dollars. Ça va impacter
6,4 millions de Québécois, qui vont ainsi pouvoir mieux se prémunir contre
les conséquences de l'inflation. Puis ça, ça va être appliqué rapidement. On parle, là... Pour ceux qui ont
produit leurs déclarations de revenus 2021, ça va être produit directement
par Revenu Québec. Ça va être versé
dès le mois de mai, Mme la Présidente, c'est automatique. Donc, on peut dire
merci au ministre des Finances pour cette mesure.
Maintenant, j'aimerais vous dire qu'en plus de
ça, nous autres, c'est quand même dans notre ADN de remettre l'argent dans la poche des Québécois, là, puis,
depuis le début du mandat, là, c'est quand même près de 3 milliards qui
ont été remis, par année, dans le
portefeuille des Québécois. Puis ça, là, on commence par l'abolition de la taxe
famille. Ça a permis à plusieurs
familles d'économiser. On parle aussi de la réduction de la taxe scolaire. Ça,
c'est déjà fait. On parle aussi de
l'augmentation des versements de l'allocation famille. Ça, c'est des milliers
de dollars qui sont retournés dans les poches
de nos familles. On parle aussi des baisses de tarifs de stationnement dans les
hôpitaux, une mesure qui était attendue. On parle aussi d'une prestation
de 400 $ pour les personnes de 70 ans et plus.
Donc, tout ça
ensemble, là, c'est déjà 3 milliards par année. À cela s'ajoute le
500 $ que je vous ai parlé. Et ça, là, en plus de ça, on l'a fait en
maintenant la saine gestion de nos finances publiques, parce que ça, ça a fait
en sorte qu'on a pu réduire notre
bénéfice... notre déficit structurel de 50 % par rapport à la dernière
année. On va même être en mesure de retourner
à l'équilibre budgétaire dans les six prochaines années, comme on l'avait
prévu, sans austérité, sans couper dans les programmes sociaux. On peut
être fiers du travail accompli.
Un point qui m'intéresse particulièrement, Mme
la Présidente, c'est le PQI. Vous savez, lorsqu'on est entrés au pouvoir, on parlait de 100 milliards de
dollars dans le PQI. Là, on est rendus à 142,5 milliards de dollars. Ça,
c'est dû... à cause de la bonne
gestion de nos finances publiques. Ça nous permet d'allouer ces sommes
importantes. On peut faire des choix pour faire face à l'avenir avec confiance.
Ça va nous permettre de poursuivre nos nombreux projets d'infrastructure
dans les secteurs de santé, d'éducation et de transport.
Donc, juste
dans ma circonscription, Mme la Présidente, puis ça, c'est historique, quand
même, là, au PQI, présentement, quand
on parcourt, là... c'est 756 millions de dollars juste dans Masson. Ça,
là, c'est un agrandissement d'une école secondaire, O.K., l'école
secondaire du Coteau, de Mascouche, là, c'est 30 millions, c'est
600 nouveaux élèves; construction d'un centre professionnel, encore à
Mascouche, 25 millions, deux nouveaux programmes de formation professionnelle, la première cohorte va déjà
débuter en septembre, Mme la Présidente; une école primaire dans Les Jardins du
Coteau, à Mascouche, encore un autre investissement de 31 millions, ça va
permettre d'accueillir 728 nouveaux élèves.
On parle
aussi, là, puis ça, c'est un travail que... ça fait plusieurs années que j'ai
effectué des représentations, mais c'est rendu inscrit à l'étude au PQI,
l'agrandissement du cégep de Terrebonne. On parle d'un projet potentiel de 100 millions de dollars. Ça va
nous permettre d'avoir de nouveaux programmes, bien entendu. L'Hôpital
Pierre-Le Gardeur, qu'on parle depuis longtemps, 246 lits,
500 millions d'investissement, la pelletée de terre est attendue
incessamment. À suivre, Mme la Présidente,
pour savoir exactement la date de la pelletée de terre, mais nous y sommes
rendus déjà. Et à ça s'ajoute aussi
la maison des aînés, 40 millions pour avoir 48 places dès
l'automne 2022. Ça, c'est comme un coup de circuit, là. La prochaine chose sur les projets à réaliser, Mme la
Présidente, on le travaillera, là, mais ce sera avoir un pôle
universitaire, donc, comptez sur moi.
Puis, au
niveau du transport, bien, on a aussi la réfection des piliers du pont
Charles-De Gaulle, entre Terrebonne et Montréal, ainsi que la
réfection de l'échangeur de l'autoroute 640 de la montée des Pionniers,
qui représentent à eux deux, là, des
investissements de 30 millions. On s'ajoute aussi l'aménagement d'une voie
réservée sur l'autoroute 25, en direction
nord, pour permettre aux citoyens qui font le choix d'utiliser le transport en
commun de pouvoir avoir un retour à la maison plus efficace.
Alors, moi,
je suis heureux, Mme la Présidente, là, de tout le travail qu'on a accompli au
cours des quatre dernières années par notre gouvernement. Enfin, les
citoyens de ma circonscription et de l'ensemble du Québec, ils vont pouvoir
bénéficier des infrastructures qu'ils méritent, qui sont nécessaires au bien-être
de nos communautés.
Alors,
parlons d'éducation. Ça a toujours été, aussi, une priorité pour notre
gouvernement. Puis, dans ce budget-là, on
a inscrit, là, l'amélioration pour les dépassements de nos objectifs, là, on
parle plus précisément de 2,8 milliards sur cinq ans pour notre éducation puis l'enseignement supérieur. Dans quoi?
1 550 000 000 $ pour soutenir la réussite et la
persévérance scolaires et 1 250 000 000 $ pour améliorer
l'accès à la diplomation aux études supérieures.
Donc là, en
plus de ça, là, après deux années difficiles, on sait que ça a été difficile
pour la santé mentale et la santé physique
de nos jeunes pendant la pandémie, ils ont compromis leur réussite éducative.
Mais là ce qu'on vient faire avec ce
budget-là, c'est qu'on vient bonifier le programme des sport-études avec
104 millions de dollars d'investissement. On vient aussi s'assurer que tous les équipements
sportifs, ils demeurent accessibles pour tous nos jeunes, avec une mesure de
40 millions. Puis d'ailleurs ma
collègue, là, responsable de ce dossier va présenter prochainement un plan
d'action en sport et en activité physique, et j'attends de le voir avec
impatience, parce que c'est important pour nos jeunes.
En éducation
aussi, ce qu'on doit souligner, c'est que non seulement notre gouvernement, il
respecte ses engagements en faisant de
l'éducation une priorité puis en investissant de façon historique dans nos
écoles, mais ces nouveaux établissements
là, ils sont conçus de façon exemplaire, là. Qu'est-ce que ça veut dire
concrètement, là? Ce n'est pas juste un bâtiment, là, ce n'est pas juste
une simple école qui offre un milieu de vie, là. C'est quelque chose qui offre
une qualité pour les
élèves, pour le membre du personnel, ça offre des espaces d'apprentissage
innovants, adaptés aux besoins des
élèves, mais qui respectent également le professionnalisme et l'autonomie des
éducateurs. Puis moi, je peux vous dire que je suis quand même fier de ça, là. Justement, les écoles que je vous
parlais, qui sont en construction, bien, elles sont faites sur ce modèle-là, ça fait que ça va être
pour la qualité de tout le monde qui vont pouvoir en bénéficier. Donc, on peut
juste être fiers de ça, Mme la Présidente.
Au niveau de
la santé, ce que j'ai retenu du budget, moi, c'est 9 milliards qui vont
être investis pour rétablir le système de
santé et des services sociaux sous quatre fondements, O.K.? Ça fait que, là,
moi, je trouve ça intéressant, là. Premièrement, on parle, là, des ressources humaines, parce que c'est là-dedans qu'on
doit investir, parce que c'est eux qui offrent le service à la population. Deuxièmement, on parle de l'accès
aux données pour améliorer notre performance de nos organisations de services; troisièmement, les technologies de
l'information pour donner des outils pour les professionnels de la santé et les
gestionnaires; et, en quatrièmement,
moderniser nos infrastructures grâce à des rénovations puis des nouvelles
constructions. On en avait grandement besoin.
Alors, en
plus de ça, plus précisément, si vous voulez avoir des détails, là, moi, ce que
j'ai retenu, c'est 785 millions de dollars sur cinq ans pour l'aide
à domicile — j'en
suis très heureux — 3,4 milliards
pour l'amélioration de la gestion et la
prestation du travail du personnel de la santé et 1 milliard pour fournir
dans les établissements de santé des services plus intégrés. Et ça,
pourquoi? Pour la priorité, ça va être auprès du patient, Mme la Présidente.
Un autre
point que je trouvais intéressant puis qui est très, quand même, important,
dans notre MRC puis partout au Québec,
c'est concernant le logement abordable. Vous savez, la statistique pour
Mascouche-Terrebonne, le taux d'inoccupation, là, se situe à 0,1 %. C'est difficile de faire...
Ça veut dire qu'à 99,9 %, là, les logements sont occupés dans notre région. Ça fait que, là, ça, ça a un impact
direct, là : les loyers sont dispendieux. Les taux d'inoccupation sont à
leur plus bas. C'est une situation
qui rend des familles dans des positions difficiles. Ceux qui recherchent, là,
les jeunes familles, justement, c'est
eux qui sont les plus impactés. Mais, moi, qu'est-ce qui me rend le plus
heureux, quand même, là, malgré cette
situation-là, c'est qu'il y a des annonces, il y a des solutions, O.K.? On
parle d'investissements de 634 millions de dollars, qui ont été
annoncés par ma collègue, pour permettre la livraison de 3 500 unités
de logement AccèsLogis. On parle aussi de
construire 1 000 nouvelles unités au programme d'habitation abordable
du Québec. On parle d'améliorer, de rénover le parc d'habitations à
loyer modique, soutenir l'ensemble des Québécois via des programmes de la SSQ, adaptation domicile, Rénovation Québec, réno
région. Et puis, là, depuis 2018, là, on parle de 8 000 nouveaux
logements sociaux et abordables qui
ont été construits ou qui sont en chantier. Puis, avec la mise à jour
économique qu'il y a eu en novembre
dernier, avec le budget qui a eu lieu mardi, bien, on va travailler en
collaboration avec nos municipalités et les organismes, puis on va être capables de livrer
15 000 logements abordables. Ça, j'en suis convaincu, Mme la
Présidente.
Puis on le
voit, là, les résultats, ils sont directs. Pas plus tard que ce matin, mon
collègue ministre de l'Économie, député
de Terrebonne, pour un projet commun qui a été un consensus dans notre MRC...
on partage les deux mêmes villes, mais
le projet se situe plus spécifiquement dans sa circonscription, mais il a
annoncé 3 millions supplémentaires pour permettre le projet Havre du
Coteau de se réaliser, pour des logements sociaux. Ça fait que ça, ça a été
quelque chose qu'on avait travaillé puis qu'on est très contents que ça
se réalise.
• (14 h 50) •
Parlant de ça, ça m'amène au sujet du
communautaire. Moi, ce que j'ai trouvé impressionnant, là, après ces deux ans de pandémie, nos organismes
communautaires, ils ont tenu à bout plusieurs personnes en situation notamment
de santé mentale, mais on pourrait
parler de plein d'autres choses que nos organismes communautaires font, mais
c'est pour ça que je me réjouis qu'on
a prévu 2,2 milliards spécifiquement pour eux, pour renforcer l'action
communautaire, mettre en place des
mesures pour nos collectivités. Puis ce qui m'a le plus impressionné de voir,
là, c'est le 888 millions de dollars pour soutenir à la mission nos
organismes communautaires, quelque chose qui était demandé depuis longtemps.
C'est historique. Voilà.
Ça fait que,
parmi ça, là, il y a plein d'autres affaires, là. On a aussi pour soutenir
l'égalité entre les femmes puis les hommes, les violences conjugales,
sexuelles, tu sais, et les aides aux familles, mais, bref, plusieurs points
là-dedans. Mais, bref, moi, c'est vraiment
ça, le 888 millions, là, ça m'a frappé. L'année dernière, on avait bonifié
des organismes, notamment les organismes familles. Donc, à Mascouche,
nous, c'est la maison de la famille Parenfants qui en avait bénéficié, du
rehaussement à la mission. Cette année, c'est d'autres organismes comme le
Carrefour familial des Moulins, Uniatox, Le
Chez-nous du communautaire ou la maison des jeunes qui vont en profiter. Puis
ça, c'est tant mieux, Mme la Présidente.
En environnement, vous savez, je ne pouvais pas
faire un discours sur le budget sans parler de l'environnement, parce que les changements climatiques, c'est quand
même une priorité pour tout le monde. On habite tous sur la même planète,
là. Mais, vous savez, là, on a rehaussé de
1 milliard de dollars les investissements qu'on a avec le plan vert. Donc,
moi, ce que je dis, là, c'est que ça
tombe... On avait 6,7 milliards, là c'est rendu 7,6 milliards,
notamment pour la réduction des gaz à
effet de serre. Ça va nous permettre aussi de prolonger le programme Roulez vert jusqu'en 2027. Et à ça s'ajoutent d'autres sommes, là, un 350 millions, là, mais
notamment un 143 millions pour soutenir les pratiques durables en
agriculture et pour réduire la
pollution atmosphérique et sonore, améliorer la gestion des eaux usées et
réduire les matières résiduelles. Ça fait que c'est beaucoup d'argent,
là, juste en environnement, ça fait qu'il fallait que je le spécifie, là.
Puis, mon
côté ingénieur, là, ce que j'ai trouvé intéressant, puis mon collègue de Nicolet-Bécancour va sûrement être intéressé par ça aussi, parce qu'il y a un gros
parc, là, industriel dans son secteur, mais c'est de stimuler la transition énergétique en posant un premier jalon pour
développer l'hydrogène vert puis les bioénergies, 152 millions. C'était
important que je le souligne, Mme la Présidente.
Une autre
chose que j'ai trouvé intéressante dans le budget, c'est de voir la transition,
qu'on continue, vers le virage numérique. Puis une des promesses qu'on
avait faites, c'était l'Internet haute vitesse pour l'ensemble des Québécois. Puis ça, merci au premier ministre, merci au
député d'Orford, à toute son équipe. Ça, là, on est persuadés, ça va être
réalisé. Si ce
n'est pas déjà fini, ça va être fini dans les prochaines semaines. Bref, il a
jusqu'au 2 octobre pour finir le branchement à haute vitesse, mais
ça va être fait, Mme la Présidente.
Et ce que
j'ai vu dans le budget, là, c'est la nouveauté, c'est le 50 millions qui
s'en vient pour justement avoir la mobilité
cellulaire sur le réseau. Le député de Beauce-Sud en parlait tout à l'heure,
mais, bref, c'est un 50 millions qui va permettre la cartographie puis de s'assurer que, justement, on a un
accès cellulaire. Donc, il y a plusieurs entreprises qui vont pouvoir en
bénéficier, j'en suis certain. Ça va être pour le bénéfice de nos citoyens.
Je ne pouvais
pas non plus parler du budget sans parler de culture, là, parce que, vous
savez, ça a été difficile dans ce domaine-là très durement touché par la COVID-19,
avec les fermetures, en plus de... Là, ce qu'on prévoit, c'est une aide de 28 millions de dollars pour assurer la
préservation et la mise en valeur de notre patrimoine culturel. Mais on ne veut
pas juste aider le milieu culturel à revenir à la normale, on veut aller plus
loin. C'est pour ça qu'on prévoit, là, investir 257 millions, qui viennent s'ajouter aux 825 millions qui
sont déjà investis depuis le début de la pandémie, pour soutenir le milieu
culturel, puis notamment, je vous ai dit, 28 millions pour préserver et
valoriser notre patrimoine, 72 pour prolonger les mesures de soutien, 157 millions
pour soutenir la SODEC puis le CALQ, puis ça va leur permettre, justement, de
jouer pleinement leur rôle, d'inciter le public à choisir la culture.
Bref, moi, ce
que j'aimerais dire à tous les Québécois et les Québécoises, là, c'est de les
inviter, là... peu importe, là,
qu'ils habitent dans Les Moulins ou pas, mais qu'ils viennent encourager notre
milieu culturel, qu'ils profitent de nos joyaux culturels qu'on a dans le Vieux-Terrebonne, notamment, puis
qu'ils fassent en sorte qu'on va pouvoir participer tous ensemble à la
relance du milieu culturel.
Et ce qui
m'amène à la conclusion. J'aimerais féliciter encore une fois mon ministre et
collègue ministre des Finances
pour son excellent travail avec le budget.
Pour une quatrième année consécutive, il a fait preuve d'une gestion
responsable des fonds publics dans un
contexte difficile, compte tenu des effets de la COVID-19. On s'engage une fois
de plus à réinvestir pour améliorer
dans les services publics, dans les secteurs prioritaires qui sont la santé,
l'éducation, l'enseignement supérieur. On
parle ici d'investissement record pour Masson, au niveau du PQI, avec nos
hôpitaux, écoles, infrastructures routières, tout ce que vous voulez, Mme
la Présidente, en plus d'une maison
des aînés. Et l'objectif ultime, c'est de s'assurer d'avoir des ressources nécessaires pour donner au Québec
un niveau de vie en constante progression, et on est sur la bonne voie. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député de Masson. Maintenant, je suis
prête à céder la parole au prochain intervenant. M. le député de Mont-Royal—Outremont, la parole est à
vous.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour
de prendre la parole à propos de ce budget qui est devant nous, qui est un budget, en fait, qui a été
télécommandé par une seule personne, c'est-à-dire le premier ministre du
Québec, qui, évidemment, veut régner en roi et maître ici, au Québec.
Mme la Présidente, quand on parle du premier
ministre du Québec, je voudrais quand même rappeler un certain nombre de faits importants. Premièrement, de tout
temps, il a eu cette conviction que les Québécois ne payaient pas assez pour leur électricité. Il a toujours pensé ça.
Moi, j'étais là en 2007, quand il était au Parti québécois, il l'avait
exprimé à plusieurs reprises.
C'est
quelqu'un, également, Mme la
Présidente, qui a une vision très
traditionnelle du secteur économique. C'est quelqu'un qui se dit qu'il doit
avoir certaines mesures en matière d'environnement parce que les sondages le
disent, démontrent qu'il y a
probablement un certain nombre de personnes pour qui c'est fondamental et sur
lequel il faut travailler, mais il le fait sans beaucoup de conviction.
C'est
quelqu'un qui a l'incapacité de régler les enjeux de pénurie de main-d'oeuvre
parce que la philosophie même qu'il
a, c'est de garder le Québec replié sur soi. Pour employer l'expression, M.
Parizeau, à l'époque, parlait d'«entre nous», on est bien quand on est
entre nous et qu'on ne s'ouvre pas sur le monde.
Le premier
ministre, c'est quelqu'un qui n'aime pas consulter. C'est quelqu'un qui n'aime
pas non plus le régime fédéral. C'est
quelqu'un qui n'aime pas le débat parlementaire. C'est quelqu'un qui n'aime pas
les institutions, comme par exemple la Régie de l'énergie, comme on le
sait, la Régie de l'énergie qui est essentielle pour lutter contre un monopole
comme Hydro-Québec, parce qu'il faut que les Québécois paient le juste prix. Et
c'est quelqu'un qui a fait disparaître Transition énergétique Québec. Transition
énergétique Québec, c'était le regroupement, si on veut, d'experts dans le domaine. On ne peut pas avoir un plan
environnemental au Québec si on n'a pas, Mme la Présidente,
véritablement des experts qui vont
guider le gouvernement vers un plan qui sera précis. On a, ici, des mesures
environnementales qui sont finalement
une suite de dépenses qui sont occasionnées par les revenus, entre autres, de
la bourse du carbone. Quand je regarde même le budget du
ministère en soi, on s'en va vers une diminution des dépenses.
Le premier ministre, c'est quelqu'un qui a
également la volonté, n'est-ce pas, de pouvoir dominer, et je pense en
particulier au maire de Québec et au maire de Montréal... ou la mairesse de
Montréal, parce qu'il veut évidemment pouvoir
dicter les termes, que ce soit du tramway, que ce soit de ce futur tunnel, qui,
soit dit en passant... c'est un tunnel qui est en mode encore... qui
n'est pas en mode réalisation, hein, il est encore en mode, tout à fait, en
train d'examiner, planification. On est
encore dans ce domaine-là. Alors, je pense que c'est un problème majeur. Donc,
c'est quelqu'un qui n'aime pas tellement qu'on puisse le contredire.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui,
M. le leader du gouvernement.
• (15 heures) •
M. Caire : Je
ne compte plus le nombre de fois où le député a prêté des intentions au premier
ministre. S'il n'a rien à dire sur le
budget, il peut passer son tour, parce que, là, il est en train d'écrire la
biographie... sa biographie du premier ministre. Ça fait qu'en plus je
pourrais évoquer la pertinence, parce qu'on est très loin d'être pertinent ici.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. M. le député, vous pouvez poursuivre votre intervention.
Puis vous connaissez les règlements. Faites attention pour ne pas imputer... au
premier ministre. Et on utilise les termes appropriés. Alors, vous pouvez
poursuivre.
M. Arcand :
Et, Mme la Présidente, pour terminer... parce que c'est important de
comprendre exactement qu'est-ce qui se passe
et quelles sont les intentions à l'intérieur de la préparation de ce budget, et
évidemment il n'y a pas grand-chose,
dans ce budget, sur les Premières
Nations. Il n'y a pas grand-chose,
évidemment, pour les minorités. Pourquoi? Parce que c'est, d'abord et
avant tout, quelqu'un qui parle à sa clientèle, d'abord et avant tout.
Et
évidemment, on le sait, Mme la Présidente, on prépare un embouteillage
législatif pour dire encore une fois qu'à cause des oppositions les lois
ne passeront pas. On voit la façon dont on s'en vient, actuellement.
Mme
la Présidente, je n'en reviens pas de voir, avec les tentatives qui ont été
faites par le gouvernement, qu'on se retrouve aujourd'hui avec 1 million
de personnes qui n'ont pas de médecin de famille et 160 000 personnes
qui sont en attente de chirurgie. Et,
quand on parle, justement, d'un budget qui est électoraliste, qu'est-ce que ça
veut dire, essentiellement? C'est très clairement défini, c'est la
tendance d'un parti, évidemment, à se déterminer uniquement par rapport à des
considérations ou encore des échéances électorales. Et c'est ce qu'on voit
aujourd'hui dans la préparation de ce budget.
Et,
dans ce budget, je vais vous donner simplement un exemple de cette façon qu'on
a de jouer souvent, aussi, avec les chiffres. On prétend, évidemment,
qu'on a un juste équilibre entre la construction de routes et on a un juste
équilibre également entre les investissements de transport collectif. Quand on
regarde le Plan québécois des infrastructures, Mme la Présidente, on s'aperçoit que, dans ce Plan québécois des infrastructures, on parle de 13 millions...
13 milliards de dollars qui sont
investis pour le transport collectif et une trentaine de milliards pour nos
routes. Pourtant, le gouvernement nous
dit : Écoutez, il y a un équilibre tout à fait extraordinaire en matière
de transport collectif. Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on prend le montant d'argent qu'on a dans le Plan québécois des infrastructures, à 13 milliards, on ajoute les
investissements de la Caisse de dépôt
dans le REM de Montréal, dans le REM futur de l'Est, etc., on met tous ces
montants-là, et on pousse même
l'audace, à l'intérieur de ce budget, de dire que plusieurs routes qui ont des
voies réservées, bien, c'est considéré comme étant un investissement
dans l'environnement.
Alors, vous voyez
jusqu'à quel point nous sommes dans une situation qui est tout à fait
particulière, Mme la Présidente. La Coalition avenir Québec nous a démontré dans ce budget, encore une fois,
qu'il n'y avait pas de vision. On pourrait d'ailleurs renommer ce budget
comme étant le budget horizon élections. Aujourd'hui, les Québécois financent eux-mêmes les chèques qui sont donnés, et même
davantage. Seulement cette année, les Québécois auront payé 4,3 milliards
de dollars supplémentaires en taxes et en
impôt, et tout ça va dans les coffres de l'État. Et ils ont retourné
3,2 milliards aux Québécois.
La
CAQ manque d'anticipation, ne propose aucune mesure à long terme pour aider les
Québécois. Et la situation, elle est totalement incertaine actuellement,
et ces mesures, qui sont à courte vue, ne seront pas suffisantes pour aider l'économie dans les prochains mois et les
prochaines années. Le niveau des prix ne va pas diminuer l'an prochain ni
l'autre d'après, au contraire. Et
quand j'ai vu le ministre de l'Énergie, cette semaine, à la télévision,
expliquer que, là, on s'en vient avec
un projet de loi après qu'on ait dénoncé à chaque fois la façon de gérer les
tarifs d'Hydro-Québec... On l'a dénoncée. On a été obligé de vivre avec un bâillon, en 2019, pour ces soi-disant
tarifs à l'inflation. Bien, le ministre nous dit qu'il va éventuellement
présenter un projet de loi pour essayer de plafonner à 3 % les
augmentations de tarifs d'Hydro-Québec. Les
Québécois ne paient pas le juste prix, jamais. Ce sont des décisions qui sont
carrément politiques et qui n'ont rien à voir avec la réalité.
Alors,
on le sait très bien que le niveau des prix, de façon générale, ne va pas
diminuer l'an prochain, et cela va continuer
d'augmenter. Et les chèques seront, à ce moment-là, bien loin de l'esprit des
gens. Donc, avec ce budget, ce qui est très clair, c'est que la mission
essentielle de l'État dans ce budget, c'est de préparer la prochaine élection.
Quand
je regarde actuellement le plan en santé, Mme la Présidente, ce n'est rien
d'autre qu'une opération cosmétique pour
cacher l'échec des dernières années. Il n'y a aucun chiffre, aucune cible,
aucun objectif. Plusieurs éléments ont été même des vieilles mesures du programme électoral de 2018 qui n'ont pas
été réalisées. Il n'y a aucune garantie, dans ce budget, pour les patients qui attendent depuis l'arrivée au pouvoir de
ce gouvernement. Il aurait pu y avoir des mesures qui ont été proposées,
mais on a choisi, évidemment, de ne pas agir dans ce domaine-là.
Et,
en particulier, il y a une vision qu'il faut donner toujours à ce budget qui
est devant nous. Si on veut se donner un
budget qui reflète un juste équilibre pour tout le monde, je rappelle les
propositions que nous avons faites, nous, dans ce budget, qui étaient
des propositions que je considérais extrêmement importantes.
Premièrement,
nous voulions retirer de manière permanente la TVQ pour les biens de première
nécessité. Ça, c'était une mesure
directe pour l'ensemble des citoyens. Nous voulions geler les tarifs
d'Hydro-Québec le temps de réparer cette erreur historique en liant l'évolution des tarifs à l'inflation et
évidemment à revenir à un système où la Régie de l'énergie va
véritablement analyser les vrais coûts d'Hydro-Québec. Nous voulions évidemment
suspendre la TVQ de la facture d'Hydro-Québec pour les premiers
4 000 $ payés par les ménages québécois.
Ces
propositions, également, s'ajoutent à d'autres que nous avons faites : des
services de garde à 8,70 $ pour tous, une allocation pour les aînés de 2 000 $ pour les Québécois de
70 ans et plus et un plan en habitation qui va favoriser l'accès à
la propriété, à un logement abordable et social et je dirais, d'ailleurs, dans
les nouveaux logements environnementaux, parce
que, même dans le cas des anciens logements, nous avions un programme qui
s'appelait RénoVert, et évidemment ce programme n'existe pas dans le
budget actuel.
Si
je regarde uniquement, actuellement, la situation au niveau de ce budget, il
est clair qu'il y a un élément, moi, qui
me préoccupe de façon toute particulière, et c'est l'élément qui a été
légèrement abordé ce matin par notre critique en matière de finances, le député de Robert-Baldwin. Mais ce budget, il
faut regarder l'avenir également. Et ce qui est très clair, très, très clair à la lecture de ce budget,
et je vais tenter de vous donner quelques indications, c'est que, pour après
l'élection, il est clair qu'on s'en va
directement avec un gouvernement de rigueur. Et je vais vous dire
essentiellement qu'à la
page A.17 du budget on prévoit une croissance économique au Québec de
2,7 % pour 2022‑2023, de 2 % en 2023‑2024, de 1,5 %, 2024‑2025, et de 1,5 % en
2025‑2026. Ça, ce sont les estimés qui sont faits par le
ministère des Finances. Et on s'aperçoit donc, Mme la Présidente, que
cette croissance, elle est de plus en plus, au fil des années, anémique.
• (15 h 10) •
Autre chose
que j'ai notée, c'est que, par le fait même, les investissements résidentiels
sont en diminution pour les prochaines
années : moins 4,7 % entre 2021 et 2022, moins 2,2 % entre 2022
et 2023, etc. Et on continue comme ça. Et, qui plus est, quand je regarde les dépenses des ministères, Mme la Présidente,
pour les prochaines années, puis j'espère que les députés de la Coalition avenir Québec ont bien vu ça aussi, oui, le
gouvernement a mis de l'argent en santé. Il n'a pas le choix, il faut qu'il mette de l'argent dans la
santé pour les prochaines années. Il en a mis aussi en éducation. Mais, à part
la santé et l'éducation, les autres
portefeuilles sont non seulement gelés, mais il y a des légères diminutions de
budget dans les portefeuilles de tous
les autres ministères. L'ensemble des dépenses de ces portefeuilles autres que
la Santé et l'Éducation, c'est des
baisses de 0,8... 0,6 %, c'est à dire, en 2022 et 2023, et de 0,2 %
en 2023‑2024. Qu'est-ce que ça veut dire? C'est que le gouvernement, Mme la Présidente, a
clairement l'intention, évidemment, de se serrer la ceinture. Et ça, ça
m'apparaît très clair.
J'irai
rapidement aussi sur le Plan
québécois des infrastructures, Mme la
Présidente. On avait dit... C'est drôle, je sortais d'une commission
parlementaire avec la présidente du Conseil du trésor, et il était très clair,
après avoir entendu certains témoignages que nous avons eus en commission
parlementaire, qu'il était impératif de ne pas augmenter le Plan québécois des infrastructures pour la simple
et bonne raison qu'actuellement on a des enjeux très majeurs au niveau du Plan québécois des infrastructures. Parce
qu'évidemment l'élément-phare de ce Plan québécois des infrastructures, c'est
qu'ils veulent absolument construire les fameuses maisons des aînés. Les
maisons des aînés qui coûtent, par exemple, à Mascouche, qui... chaque chambre
coûte 792 811 $. À Val-d'Or, c'est 830 000 $, à
Rouyn-Noranda, 870 000 $, à Rivière-au-Renard,
on est rendu à 900 000 $, quand on va à Baie-Comeau, 968 000 $, et, aux îles de la Madeleine, là, c'est, comme on dit, la cerise
sur le sundae, c'est 1 259 000 $ par chambre.
Alors c'est
clair, Mme la Présidente, que, les gens le disent, au niveau des appels
d'offres qui sont faits pour ces projets-là,
pour l'ensemble des travaux au Québec, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'appels d'offres qu'on a été obligés de
refaire et de reprendre, soit parce qu'on n'avait pas de soumissionnaire ou
encore parce qu'on avait un seul soumissionnaire. Et quelle drôle d'idée, actuellement, de commencer
à construire un paquet de choses au moment où tout le monde reconnaît qu'actuellement la construction, elle est
totalement hors contrôle! C'est des chiffres... N'importe quelles personnes à
qui on parle nous disent
essentiellement : Bien, on a fait un projet en construction, on a signé le
contrat il y a six mois, et, aujourd'hui, bien, ça nous coûte 20 %
puis 25 % de plus avec la situation qui prévaut actuellement en
construction.
Alors, Mme la
Présidente, il est clair que, pour les prochaines années, il va y avoir des soumissions
qui seront encore plus élevées. Et tout le monde reconnaît que ces maisons des
aînés vont coûter une véritable fortune, Mme la Présidente.
Alors, Mme la
Présidente, je terminerai là-dessus en vous disant la chose suivante : Le
Québec doit absolument faire des gestes audacieux et une réflexion profonde
pour ce qui est prioritaire pour le Québec en matière d'environnement, et en matière de santé, et en matière d'économie
particulièrement. L'avenir du Québec est beaucoup mieux assuré, Mme la
Présidente, par des dirigeants empathiques, qui comprennent les besoins et qui
vont y apporter les solutions nécessaires.
Enfin, Mme la Présidente, l'avenir du Québec ne
peut se faire avec 240 000 postes vacants non comblés dans tous les domaines et dans lesquels il n'y a pas
d'espoir qu'on règle ça très rapidement. Alors, clairement, Mme la Présidente,
ce que nous avons ici, c'est du court terme qui n'augure rien de bon pour le
long terme. Merci, Mme la Présidente.
Motion formulant un grief
Je voudrais, en terminant, présenter ma motion
de grief, qui est la suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour
l'élaboration d'un Plan québécois d'infrastructures
au-delà de la capacité de livraison du gouvernement, sans pour autant essayer
d'augmenter significativement cette capacité, alors que de nombreux appels
d'offres sont annulés ou repris et que le gouvernement accuse un
important retard dans les paiements aux entreprises en construction.» Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je suis
prête à céder la parole à la prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. M. le député, vous avez votre
motion déposée sous réserve de sa recevabilité, comme à l'habitude. Mme
la députée, à vous la parole.
Mme Émilie Foster
Mme Foster : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Salutations à tous les collègues ici présents aujourd'hui. Ça fait plaisir de vous voir. Ça fait plaisir
d'intervenir sur notre budget, notre budget 2022‑2023, qui est notre
dernier budget, notre dernière année
de mandat déjà. Ça a passé très vite. Ça a passé très vite, mais en même temps,
quand je regarde le budget et je
regarde les budgets précédents, je suis tellement fière, parce qu'on en a
tellement fait pour le Québec. Malgré une pandémie, on en a tellement
fait pour le Québec.
Je
suis tellement contente, parce que, vous savez, le budget qu'on a déposé, il
est proche des gens. C'est un budget qui
aide la classe moyenne. C'est un budget qui en a également pour la solidarité
et pour les gens qui ont des revenus plus faibles. Bref, c'est un budget
qui est là, qui est proche des gens. Et ça, c'est notre premier ministre. Notre
marque de commerce, il l'a toujours dit,
c'est important, il faut être proche des gens. Et le budget qu'on a déposé, là,
tant en termes des infrastructures,
des investissements, un chèque de 500 $ à tous les gens et à toutes les
personnes qui font 100 000 $ et moins, je pense qu'on couvre
tout, puis je peux vous dire que je suis extrêmement fière de ce budget-là.
Vraiment.
Maintenant,
je veux vous parler un petit peu plus particulièrement de ma circonscription.
Bien sûr, je suis extrêmement fière
du travail réalisé. Dans ce budget-ci, il y a encore des nouveautés, en
particulier au Plan québécois des infrastructures. Je suis extrêmement
fière de pouvoir dire, là, que la rénovation du Joseph-Savard, le bateau qui
relie l'île aux Coudres à
Saint-Joseph-de-la-Rive... est en train de subir une cure majeure de rajeunissement.
Il est à la mi-vie, ce qu'on appelle à la... au milieu de sa vie après 50 ans de service, et on le revampe pour
35 millions de dollars. Donc, c'est quand même beaucoup de sous. Bien sûr, il y a l'école
Félix-Antoine-Savard, à La Malbaie, qui est en construction présentement,
50 millions de dollars, là, un
grand chantier dans notre circonscription. Un espace bleu qui est en
planification. Bien sûr, les gens de mon comté, les journalistes l'ont déjà remarqué, ils l'ont déjà sorti dans
les médias, mais on aura l'occasion de faire une annonce, là, avec les
montants, avec les investissements très bientôt. Mais je suis très, très fière
de pouvoir dire qu'on aura un espace bleu. Il est dans le budget en
planification.
Également, bien, je vous référerais, bien sûr, à
autre chose qui était déjà annoncé, qui était déjà entamé, mais on a une maison des aînés, hein? Maisons des
aînés, là, moi, ce n'est pas vrai, là, à écouter les oppositions, il faudrait
passer ça à la trappe. Non. Moi, je suis fière. On ne va pas passer à la
trappe ce qui est le meilleur pour nos aînés. On ne va pas passer ça à la trappe. Donc, les maisons des aînés, c'est une
réalisation qu'on avait faite en... une promesse qu'on avait faite en
campagne électorale et une réalisation extrêmement phare de notre gouvernement,
dont je suis très, très fière, vraiment. Et on en a une à Saint-Hilarion, donc,
qui sera bientôt construite, là. Alors, j'en suis extrêmement fière.
• (15 h 20) •
Et, vous
savez, quand je suis arrivée, en 2018, je regarde ce budget-ci, mais je regarde
les budgets antérieurs également, donc
je suis à l'heure de me dire, après trois ans et demi de mandat, presque
quatre, hein, à l'automne, dire qu'est-ce qui a été budgété, qu'est-ce qui a
été mis au Plan québécois des infrastructures, qu'est-ce qu'on a eu dans le
budget pour notre circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Je peux vous dire une chose, je suis très fière. D'est en ouest, c'est
un immense comté, il fait presque 300 kilomètres, là, linéaires. Je
ne vous parle pas de la profondeur, je vous parle juste de ce qu'il y a sur le bord du fleuve. Donc, c'est un immense
territoire. On a le fleuve en avant, on a des ponts, on a de grands
projets de ponts, on a des quais, on a des traversiers. À moi seule, j'ai trois
traversiers de la STQ, bien, deux de la STQ
et un qui est opéré par la STQ et par le privé. Donc, j'en ai trois. Et, si je
pars, là, de l'est de ma circonscription, donc Baie-Sainte-Catherine, et que je remonte jusqu'à l'île d'Orléans, là, je
peux vous dire une chose, dans tout ce que je vais vous nommer, il n'y
avait rien qui était dans les cartons.
Bon, le pont
Tadoussac‑Baie Sainte-Catherine, c'est notre gouvernement
qui a décidé de lancer officiellement enfin l'étude d'opportunité pour
ce dossier là. C'est historique. Saint-Siméon, il y a un traversier là aussi.
Il y a une possibilité de l'avoir à l'année
avec l'arrivée du Saaremaa et le bateau actuel, le Trans-St-Laurent, qui
vieillit beaucoup. Donc, on est là
aussi en étude d'opportunité pour pouvoir mettre la traverse à l'année. Et ça,
je vous dis, à Saint-Siméon, c'est attendu depuis des dizaines d'années.
Donc, je suis extrêmement fière aussi de ça.
Si on se
déplace vers La Malbaie, là, je vais d'est en ouest, je vous conte une
histoire, si on se déplace vers La Malbaie, l'Hôpital de La Malbaie, ça, ça a été toute une histoire et tout un
combat, je peux vous le dire. Ça faisait des années et des années, ça faisait 10 ans, je vais résumer,
là, ça faisait 10 ans, personne ne le faisait, personne ne le réalisait.
Là, maintenant, ça a été mis au PQI, on est en planification, on est sur la fin
de la phase de planification, on avance concrètement. L'école Félix-Antoine Savard, ce sont deux chantiers qui
sont liés ensemble parce qu'il fallait changer une école de place. Les gens
de l'endroit, vous me comprenez, ça a été
toute une épopée, mais c'est en train de se réaliser. L'Hôpital de La Malbaie,
là, qui est un investissement de plus de 250 millions de dollars, là,
qui est en réalisation.
Si je me déplace, bon, j'ai parlé de la maison
des aînés à Saint-Hilarion, à Clermont, ça faisait longtemps qu'on attendait un
investissement majeur pour revamper et remettre à neuf l'aréna. Ça faisait
presque 10 ans qu'on en parlait. Maintenant, c'est chose faite. Les
travaux sont lancés.
Si on se
dirige vers Baie-Saint-Paul, là, il y a plusieurs choses. Je vous ai parlé de
l'Espace bleu, donc, ça, on va avoir une vraie annonce, mais, bon,
c'était dans le budget, c'était dans le budget.
Également, le
TACO, vous savez, le scan, hein, ça faisait longtemps que l'Hôpital de
Baie-Saint-Paul... encore là, je vous
le dis, c'est une affaire qui datait de 10 ans et plus, même. Et là on l'a
annoncé, il est actuellement en construction, 5 millions,
5 millions.
Je continue
mon histoire, je me dirige encore un peu plus vers l'ouest,
Saint-Joseph-de-la-Rive. Là, on a le quai pour le traversier de l'île
aux Coudres. Donc, je vous ai parlé du traversier en tant que tel, qui était
remis à neuf pour 35 millions, mais les deux quais, les travaux sont
commencés pour revamper et refaire complètement ce qui va être un investissement de plus de 120 millions dans
la région. Et ça, c'est dans les plans, c'est en planification. Donc, on est
commencé.
Si je me
déplace... non, en fait, si je reste à Saint-Joseph-de-la-Rive, un autre
dossier, les goélettes. Vous savez, on a
un musée extraordinaire, à Saint-Joseph-de-la-Rive, qui abrite quatre
goélettes, des anciennes goélettes qui naviguaient ce magnifique fleuve Saint-Laurent qui est le
nôtre, qui sont remplies d'histoire et de fierté pour Charlevoix, parce que,
vous savez, à l'époque, ça servait à aller
chercher, à transporter des biens. Il y a un musée maintenant, Musée maritime
de Charlevoix, et les quatre
goélettes sont là, sur le bord du fleuve. Si vous n'y êtes jamais allé, c'est
magnifique. Ça faisait longtemps que
le musée voulait les mettre à l'abri, les protéger. Ça a été long. Et, encore
là, c'est notre gouvernement qui a livré 5 millions, et c'est en
train de se réaliser. Alors, voilà.
Si
on se dirige sur la Côte-de-Beaupré, bien là il y a autre chose, le quai, quai
de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ça faisait très
longtemps là aussi, puis, je vous jure, encore une fois, c'est un dossier qui
datait d'il y a 10 ans. Moi, c'était le chiffre magique dans ma
circonscription. Donc, depuis 2010‑2011, le quai de Sainte-Anne-de-Beaupré,
tout revitaliser cette zone-là, refaire le
quai, qui était en fin de vie, là, de toute façon. Il appartenait à la municipalité.
Mais là on en fait un gros site
touristique, on refait le quai, un investissement de 10 millions de
dollars, et il est sur le point d'être terminé, là. Donc, c'est
pratiquement fait.
Bon, là, je pourrais vous citer plein d'autres
choses. Il y a des centaines de places en garderie aussi qui ont été annoncées,
dont plusieurs sont en construction sur la Côte-de-Beaupré parce qu'on en avait
besoin. En particulier dans cette zone-là de la circonscription, là, il y avait
un manque de places, mais notre gouvernement a été extrêmement proactif. Des
places annoncées, mais beaucoup, là, sont en construction. Je suis sur le point
d'aller en inaugurer bientôt également. Donc, là-dessus, ça avance rondement et
c'était dû de longue date, je peux vous le dire.
Si on se dirige vers l'île d'Orléans, le pont de
l'Île-d'Orléans. Ah! là, là, le pont de l'Île-d'Orléans! En début de mandat,
nous avons appris que l'administration précédente avait lancé des appels
d'offres mais, malheureusement, les avait annulés, ce qui fait qu'on était un
peu au statu quo. Ça n'avançait pas très vite. On a repris le dossier en main.
Notre ministre des Transports a fait un boulot extraordinaire. Donc, on peut
dire que, maintenant, vous avez vu les croquis, c'est passé dans les nouvelles
l'an dernier, on est en planification, ça va bien. On commence les travaux
préparatoires, là, dans la côte qui arrive à l'île d'Orléans, là, la côte sur
l'île. On les commence en avril, là. Donc, les appels d'offres ont été lancés,
acceptés. Donc, déjà, les travaux préparatoires commencent dans la côte cette
année, et on a été capables de le passer dans le projet de loi d'accélération
des infrastructures, le p.l. n° 66, et on a gagné,
là, presque, là, le trois quarts d'une année. Donc, en début 2027, le pont
de l'Île-d'Orléans sera livré.
Alors, vous savez, je pourrais également vous
citer, à l'île d'Orléans, le Parc maritime, la maison des aïeux, c'est des
investissements encore de plus d'un million. Le plan patrimonial de l'île
d'Orléans, il y a des citoyens, là, qui étaient littéralement pris en otage par
ça. On a créé un comité avec les citoyens, avec un médiateur. Ça fonctionne
bien. Il y a beaucoup d'assouplissements qui ont été faits, et on continue le
travail.
Donc, vous savez, Mme la Présidente, je suis
extrêmement fière du boulot, de tout ce qui a été budgété, depuis
quatre ans, et on continue le travail. On est toujours là, on ne s'arrête
pas. Il y aura encore des beaux projets, des belles annonces. Mais je peux vous
dire que la CAQ, dans Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
n'a pas chômé, dans les quatre dernières années. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Je suis prête à un autre intervenant. Alors, ce sera M. le
député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Bonjour, Mme la Présidente. Bon après-midi.
Mme la Présidente, moi, je me suis présenté ici
en 2014. Je suis arrivé ici le 7 avril 2014, donc il y a environ huit ans,
Mme la Présidente. Et je suis venu ici pourquoi? Je suis venu ici pour les gens
de l'Outaouais. Je suis venu ici pour les gens de ma région, les gens qui
habitent près de chez moi. Je me suis présenté pour eux. Chaque mot que je
prononce ici, à l'Assemblée, Mme la Présidente, je le fais en sachant qu'au bas
de l'écran, quand je les prononce, c'est indiqué «député de Pontiac». Et je
sais qu'il y a des gens de Pontiac qui regardent ce qu'on dit. Si on dit un mot
de travers, ils vont le savoir. Si on dit un mot duquel ils sont fiers, ils
vont le savoir. Et ça, c'est vrai pour tous les collègues ici.
Alors là, aujourd'hui, Mme la Présidente, je
vais faire un exercice de décortiquer le budget avec un oeil particulier pour
les gens de ma région, parce qu'ils le méritent. Les gens de ma région, c'est
les gens qui m'ont élevé, c'est des gens qui, en ce moment, élèvent mes filles
pendant que moi, je suis ici, au salon bleu. Alors, au minimum, on leur doit
ça. Moi, je leur dois ça, Mme la Présidente. Mais je dois vous dire que... et
je vais le faire d'entrée de jeu, parce que la lecture du budget que je fais,
qui a été présenté par le gouvernement de la Coalition avenir Québec cette
semaine, ne répond pas aux attentes des gens de l'Outaouais. Vous pouvez voir
dans les médias, vous pouvez voir ce que les différents élus de la ville de Gatineau,
entre autres, ont dit à propos du budget, mais je vais vous faire la
démonstration le plus simplement possible du manque de considération pour les
gens de ma région.
Motion formulant un grief
Et c'est pour ça, Mme la Présidente, que,
d'entrée de jeu, je vais déposer une motion de grief :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
gouvernement caquiste pour son manque de leadership à l'égard des projets de
l'Outaouais, alors que le budget alloué dans le Plan québécois des
infrastructures pour les projets en santé, en éducation, en enseignement
supérieur, pour le réseau routier, en transport collectif et pour l'ensemble
des sujets, est en deçà de la proportion de la population de l'Outaouais.»
• (15 h 30) •
Jour de budget, Mme la Présidente. La première
chose que je fais, habituellement, je vais voir le Plan québécois des
infrastructures. Est-ce que le gouvernement en place a réussi à faire avancer
les projets dans ma région, les projets qui nous sont chers, les projets
auxquels on tient?
Alors, je suis allé voir, je suis allé voir le
Plan québécois des infrastructures. Et là je veux que vous gardiez en tête, Mme
la Présidente, l'Outaouais. L'Outaouais, c'est 4,68 % de la population
totale du Québec. Et j'ai regardé les projets qui sont en réalisation en ce moment. Ça
fait quatre ans que le gouvernement de la Coalition avenir Québec est en
place. Ça fait quatre ans qu'il peut faire
avancer les projets. Ça fait quatre ans qu'il a pu dire aux gens de
l'Outaouais : On est ici pour
vous, on a fait avancer les projets, ou peut-être, Mme la Présidente, qu'ils ne
l'ont pas fait. Alors, je vous fais l'exercice en question.
J'ai regardé
les projets en réalisations en santé. Et ces projets-là, ils ont des budgets
d'associés. L'investissement, en
Outaouais, en santé pour les grands projets et les projets en réalisation en ce
moment dans ma région, là : les maisons des aînés, il y en a deux, et le CHSLD à Maniwaki. Cependant, j'ai vérifié
avec les gens de La-Vallée-de-la-Gatineau, ils me disent qu'il n'est pas encore en réalisation,
qu'il n'y a aucune construction qui est commencée pour ce projet-là, mais, ce
n'est pas grave, je vais quand même
l'inclure dans le calcul ici. Alors, pour les projets en santé,
l'investissement total en Outaouais
pour des projets en réalisation : 2,34 % du budget total du Québec.
L'Outaouais, c'est 4,68 % de la population québécoise.
Je continue,
Mme la Présidente. En éducation, ça, c'est les projets d'écoles primaires,
d'écoles secondaires, il y a quatre
projets en réalisation en ce moment dans la région de l'Outaouais. On en aurait
besoin de plus. L'Outaouais, c'est une
région en pleine croissance. Mon secteur, Aylmer, c'est un district en pleine
croissance. L'an dernier, aucun projet de nouvelle école annoncé en Outaouais, aucun. Moi, je n'ai jamais vu ça.
C'était la première fois, je vous le dis, ça fait huit ans que je suis ici, c'est la première fois que je ne
voyais aucun projet de nouvelle école annoncé en Outaouais. Ce n'est pas
parce qu'il n'y avait pas de demande, Mme la
Présidente. Les demandes, les commissions scolaires, là, elles en ont fait une
puis une autre.
La population
grandit à vue d'oeil. Juste cette année, 16 000 ménages ontariens,
juste des Ontariens, sont déménagés en Outaouais. C'est du monde,
16 000 ménages. Investissements dans les écoles : 3,56 % du
budget total du Québec. Population, 4,68 %, Mme la Présidente.
En
enseignement supérieur, dans les projets autorisés au PQI, les projets en
réalisation : aucun en Outaouais, 0 %, 0 % en Outaouais. C'est
le bilan de la Coalition avenir Québec. Pourtant, il y en a, des projets qui
devraient être en réalisation. L'Université
du Québec en Outaouais, elle a un projet d'agrandissement. Ça devrait être...
C'est un projet qui est inscrit au
PQI. Il est à l'étude encore. Il était à l'étude en 2018, quand ils sont
arrivés au pouvoir. Le projet n'a pas bougé d'un iota, Mme la
Présidente.
Pour le
réseau routier, le réseau routier de l'Outaouais en ce moment, deux
projets : autoroute 5 et l'autoroute 50 entre Gatineau et L'Ange-Gardien, projet annoncé
par le gouvernement libéral en 2018. Mme la Présidente, investissement
total en Outaouais pour le réseau routier, 2,09 %. Population de
l'Outaouais, 4,68 %.
Je veux juste
vous dire, la semaine dernière ou il y a deux semaines, quand le ministre des
Transports est venu en Outaouais, le
ministre responsable de la région nous a dit : Ça va être une annonce
historique. Ah oui? De tous les investissements faits par le ministère des Transports cette année, de toute la tournée
du ministre des Transports, c'est la deuxième plus petite annonce, l'Outaouais, le deuxième plus petit montant
de toutes les régions, ça, c'était historique. On va en prendre moins,
des journées historiques, savez-vous.
Pour ce qui
est, Mme la Présidente, des transports collectifs, transports collectifs au
Plan québécois des infrastructures, il
y en a un, projet, il représente 0,6 % du budget total du Québec,
population : 4,68 %. Là, je pourrais continuer, je peux tous les
faire, Mme la Présidente, parce que, dans chacun des secteurs identifiés dans
le Plan québécois des infrastructures, le
budget, le budget pour lequel ils se pètent les bretelles depuis tantôt, depuis
le début du débat, ils nous disent : C'est donc bien fantastique,
notre Plan québécois des infrastructures, c'est donc bien fantastique, notre
budget, dans chacun des éléments, chacun des
dossiers, la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur, le réseau routier,
les transports en commun... Je
continue, Mme la Présidente, tous les autres projets. La culture, on parlait
des espaces bleus tantôt, aucun en Outaouais. L'infrastructure gouvernementale, les palais de justice, aucun en
Outaouais. Je pourrais continuer. Projets de recherche, aucun en Outaouais dans le PQI. Mme la Présidente,
il n'y a pas de quoi fêter, pour les gens de ma région, dans ce budget-là.
Oui, les
députés de l'opposition, malgré ce que le premier ministre dit, peuvent faire
avancer les dossiers de chez eux,
mais l'Outaouais, c'est une région partagée, disons. On a besoin d'un
leadership gouvernemental. Et il y a beaucoup de projets qui n'avancent pas en ce moment sous le leadership de la
Coalition avenir Québec. Alors, la vague que faisait le député de La Peltrie tantôt, il n'y a pas grand
monde en Outaouais qui font la vague quand ils lisent les documents puis
quand ils entendent ça, Mme la Présidente.
I have got to say, for the
people in my region, for the people in West Québec, this budget does not meet
the standards. It is not normal that in
every single sector, health care, education, roads, infrastructure, public
transit, higher education or any
other sector, Madam Speaker, that the Outaouais budget is far bellow the 4.68%
of the Québec population that we are, far
bellow, not even close, in everything single budget. You would think that, just
the luck of the draw or average probability, one or two of them would be
above the percentage of the population. Not one of them.
Puis le
dossier qu'on demande depuis des années, le dossier qui avait été promis par la
Coalition avenir Québec en campagne
électorale, c'est les primes pour les infirmières en Outaouais. Vous savez ce
qui se passe, Mme la Présidente? C'est
la raison pour laquelle l'obstétrique dans ma région, elle est encore fermée.
Encore aujourd'hui, deux ans après que la Coalition avenir Québec a fermé l'obstétrique pour six mois,
supposément, elle est encore fermée parce que les infirmières, elles sont attirées par le réseau ontarien, qui
les paie davantage et qui leur offre des meilleures conditions de travail. Le
gouvernement de la Coalition avenir Québec nous a dit : On va faire deux
choses en Outaouais, on va bâtir un hôpital en
cinq ans — ça
fait quatre ans, on ne sait même pas ça va être où, le terrain, encore — puis
on va donner des primes aux infirmières.
Ça, c'était leur promesse électorale. Après trois ans et demi de gouvernement,
le ministre de la Santé est venu au
mois de décembre dans notre région et nous a dit : Faites-vous-en pas, ça
s'en vient, les primes pour les infirmières, je ne veux pas mettre de
pression sur mon collègue le ministre responsable de la région, mais ça s'en
vient. Bien, la dernière opportunité de le faire, c'était le budget. C'était
votre dernière opportunité, et vous êtes passés à côté.
Alors,
qu'est-ce qui va se passer? Bien, c'est bien triste à dire, mais, l'obstétrique
à Shawville, là, ça va être très, très,
très difficile de l'ouvrir, parce qu'à chaque fois qu'ils réussissent à attirer
des infirmières on dirait que le réseau ontarien les attend dans le
stationnement à la fin de leur chiffre, en disant : Venez donc chez vous,
vous n'aurez pas de temps supplémentaire
obligatoire, venez donc chez nous, en Ontario, on va vous payer un petit peu
plus, venez donc chez nous, les
conditions de travail sont meilleures. C'est ça qui est en train de se passer.
On attire des infirmières, elles travaillent pendant quelques mois,
elles quittent. Ce n'est pas comme à Trois-Rivières. Une infirmière qui quitte
Trois-Rivières pour aller à Nicolet, là, ce
n'est pas une perte pour le Québec. Chez nous, c'est une perte pour le Québec.
C'est une perte pour les services à notre population.
Je
m'attendais, dans le budget... ce n'est pas vrai, je m'attendais dans le budget
il y a deux ans, je m'attendais dans la
mise à jour il y a deux ans, je m'attendais dans le budget l'an dernier, dans
la mise à jour de l'an dernier, dans le budget cette année... je m'attendais à avoir quelque chose pour des primes pour
les infirmières en Outaouais, chose qui avait été promise par le premier ministre du Québec à l'aube
de sa campagne électorale de 2018. Si on ne règle pas l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre en santé en Outaouais, on
ne peut pas régler, on ne peut pas espérer avancer pour offrir des meilleurs
soins de santé au monde de chez nous. Je comprends que ce n'est pas votre
réalité, dans votre région, mais c'est comme ça chez nous.
À part ça,
Mme la Présidente, le budget, il y a une chose que je m'attendais et que... je
pense qu'on est rendus là, hein, quand même, là. Tous les gouvernements, que ce
soit celui du Québec, celui des provinces du reste du Canada, celui des gouvernements à l'étranger, il y a une chose
qu'on réalise tous, on a tous réalisé, on doit tous réaliser en 2022, c'est
que, si on veut léguer quelque chose à nos
enfants, on doit s'occuper de la crise climatique, on doit s'en occuper. Pour
nos enfants, ce n'est même pas un enjeu, là. Moi, ma fille de
neuf ans, là, elle est après moi, elle a hâte qu'on achète une auto
électrique, elle a hâte. Ça va venir. Mais, en enlevant des incitatifs à
l'achat des autos électriques, ça va décourager certaines personnes qui pensaient le faire, hein? On donne des
incitatifs pour aider les gens à le faire, mais, quand on les enlève, on
décourage du monde de le faire. Et c'est ça qui s'est passé dans le budget, là,
on a réduit l'incitatif à l'achat d'autos électriques.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
La seule personne qui a la parole
ici, c'est M. le député de Pontiac. Le reste, silence, s'il vous
plaît.
• (15 h 40) •
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Je trouve ça malheureux que le
seul investissement qui est fait ici, dans le
budget du gouvernement du Québec, en lien avec la lutte aux changements
climatiques, c'est celui qu'il était obligé de faire, c'est celui que le marché du carbone l'oblige à faire. Pour ce
qui est des incitatifs à avoir des émissions plus faibles, pour des Québécois, bien, il y en a beaucoup qui
voient l'achat d'une auto électrique comme étant le moyen de le faire. Le
réseau est meilleur, le réseau de bornes est
meilleur qu'il était. Bien, malheureusement, on vient enlever une partie de cet
incitatif-là, puis ça, c'est dur à accepter.
L'autre
chose, Mme la Présidente, moi, je regarde le coût des maisons dans ma région,
puis ça augmente de façon fulgurante.
La maison que j'ai achetée il y a 10 ans, là, elle vaut le double
aujourd'hui. Je suis bien content d'avoir acheté ça il y a 10 ans
puis que ça vaille le double aujourd'hui, mais quelqu'un qui achète pour la
première fois ne peut pas s'acheter la maison dans laquelle je réside en ce
moment. Il ne peut pas, c'est impossible, et ce que disait le député de Robert-Baldwin que, pour toute une génération, la
génération de sa fille, là, ça devient de plus en plus un rêve inatteignable.
Il y avait des moyens d'aider des jeunes familles, des gens qui veulent fonder
une jeune famille, qui veulent s'acheter une maison pour la première
fois. Il y avait une façon de les aider : de limiter les flips,
d'augmenter le régime d'accès à la propriété. Il y a des choses qu'on aurait pu
mettre dans le budget. Le ministre des Finances nous l'a dit très clairement, il n'y croit pas, il ne veut pas le faire. C'est
correct, mais sachons ce qu'on est en train de faire, on n'aide pas ces gens-là
qui se demandent comment ils vont
acheter une première maison, ce qui est probablement un rêve qu'ils ont depuis
qu'ils sont hauts de même.
La chose
qu'on a faite, par exemple, dans le budget, c'est qu'on a offert un chèque de
500 $ à bien du monde. Le problème avec ça, Mme la Présidente, le problème
avec ça... et là je vais référer les gens qui suivent avec moi ici, là,
dans la salle, là, à la page A.19,
500 $, c'est 3,2 milliards que ça coûte au gouvernement. Un chèque
une fois cette année. L'année prochaine,
oubliez ça. Le ministre des Finances l'a dit, oubliez ça, là. Ça, c'est juste
pour cette année. 500 $, 3,2 milliards. Le problème, c'est
quand je regarde ce que le gouvernement va chercher chez les gens :
augmentation des impôts des particuliers,
3,2 milliards, augmentation des taxes à la consommation, la TVQ,
1,2 milliard, donc là on est rendus à 4,4 milliards. Le gouvernement nous dit... Ils se font des beaux
graphiques, là, ils mettent ça sur TikTok, la face du premier ministre, 500 $.
Ce qu'ils ne nous disent pas, par exemple,
c'est qu'ils viennent chercher 700 $ des poches du monde. Je t'en donne
500 $, je vous en prends
700 $, très généreux. Je comprends, Mme la Présidente, il faut faire
quelque chose, l'inflation augmente, le
coût de la vie augmente, le coût des biens augmente, le coût du loyer augmente,
le coût de l'électricité — résultat
direct des politiques du gouvernement — augmente, mais, de prendre
d'une main en donnant de l'autre, les gens ne sont pas plus avancés, les gens n'ont pas plus de moyens de faire face à l'augmentation
de l'inflation. Ça, ce n'est pas mes chiffres, Mme la Présidente, ce sont les leurs. L'impôt des particuliers augmente,
les taxes à la consommation, la TVQ, augmentent. Donc, tout ce qu'ils
ont fait, Mme la Présidente, c'est prendre 700 $ d'une main et donner
500 $ de l'autre.
Dernière
chose, ou presque la dernière chose, le premier ministre fait un combat depuis
plusieurs années... et c'est bien, c'est bien, Mme la Présidente, de vouloir
augmenter la richesse des Québécois. Il nous le dit ouvertement, il en
parle sur toutes les tribunes, il faut rattraper l'écart de richesse avec
l'Ontario, il en fait son dada. Il nous dit qu'il est ici pour l'éducation, là, mais ce
dont il parle le plus souvent, c'est ça, améliorer l'écart de richesse avec
l'Ontario. Il nous a dit qu'il voulait rattraper, qu'on soit au même
niveau en 2036. Ça, c'était dans le discours du ministre des Finances.
Problème, Mme la Présidente, problème :
croissance économique, PIB réel au Québec cette année, 2,7 %; dans le
Canada, 3,8 %. Je ne sais pas
comment il pense qu'on va rattraper l'écart si le PIB augmente de 3,8 % au
Canada puis de 2,7 % au Québec. Puis
l'année d'après, c'est la même chose. Le Canada, selon les données du
gouvernement du Québec, va augmenter son PIB plus vite que le Québec. L'objectif du premier ministre, là, on s'en
éloigne, l'écart va grandir. Le Canada va s'enrichir plus vite que le
Québec après quatre ans de gouvernance caquiste. Ce qui devait être leur grand
chantier est en train de s'écrouler, Mme la Présidente.
Mais
je vais leur donner crédit pour une chose, par exemple : crédit d'impôt à
l'investissement en région. Ma région, la
région du Pontiac, a été ajoutée aux crédits d'investissement, comme d'autres
régions, a été ajoutée. Alors là, je lance des fleurs au ministre des Finances, il a ajouté ma région. C'est juste de
valeur qu'il avait enlevée il y a deux ans. C'est juste de valeur qu'il a fallu
débattre avec lui pendant deux ans de ça. Il a fallu argumenter en commission
avec le ministre des Finances, mais il a compris le message et il l'a
remise. Ça, c'est une bonne chose. Alors, on est au même niveau qu'on était avant, mais je suis content quand même qu'il
l'ait fait, parce que les gens de ma région trouvaient que c'était de plus en
plus difficile. Les gens qui, à chaque jour, se battent pour attirer des
investissements dans ma région, les gens de la MRC, les gens de la SADC qui se battent pour attirer les
investissements, ils retrouvent un moyen que le gouvernement de la CAQ
leur avait enlevé, au bénéfice des gens de la région.
Alors,
vous aurez compris, Mme la Présidente, à travers ma motion de grief, à travers
ce que j'ai tenté d'expliquer aux
collègues qui sont ici aujourd'hui, là, que, pour ma région, il reste du chemin
à faire. On peut faire
mieux. On doit faire mieux.
People in my region are expecting better than
this. They are expecting, at the very least, to be on par with the rest of the province. They are expecting the
Government to find ways to keep nurses. Not even to find ways, to implement
ways that they know are good. Give them the
bonus they deserve.
Mais
ils ne l'ont pas fait, Mme la Présidente, ils ont choisi de ne pas le faire.
Malheureusement, c'est les gens de l'Outaouais qui vont en faire les
frais. Moi, je veux qu'on fasse mieux pour ma région, je sais qu'on peut faire
mieux, Mme la Présidente, et je vais tout
faire pour qu'un gouvernement libéral travaille mieux pour la région que ce que
je vois dans le budget, en ce moment, du gouvernement de la CAQ. Je vous
remercie Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Votre motion est déposée, sous réserve de sa
recevabilité. Merci, M. le député. Je suis
prête à entendre un autre intervenant, intervenante. Mme la ministre déléguée
aux Transports, la parole est à vous.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Bien, merci beaucoup, Mme
la Présidente. C'est vraiment un énorme plaisir d'être ici, aujourd'hui,
en cette salle, en compagnie de mes
collègues, tout le monde en personne. Ça fait du bien de se retrouver et
d'avoir cette discussion sur le budget qui a été présenté par mon
collègue, le ministre des Finances.
Un
excellent budget a été déposé cette semaine et qui est la preuve indéniable,
indéniable, Mme la Présidente, que notre gouvernement est profondément
déterminé à ce que la métropole... parce que je suis aussi ministre responsable
de la Métropole, donc que notre métropole
retrouve toute la vigueur économique qu'on lui connaît, qu'elle la retrouve et
qu'elle la conserve, cette vigueur économique, parce que vous l'avez peut-être
constaté, mais il n'y a jamais eu autant d'investissements à Montréal que
depuis que nous sommes en poste.
Et
nous avons fait le choix que la relance, cette relance économique dans laquelle
nous sommes engagés, passe par le
transport collectif en créant des milieux de vie attrayants qui sont à la
hauteur des grandes villes du monde, mais surtout qui sont à la hauteur des attentes des citoyens de
la métropole. Et vous le savez, Mme la Présidente, depuis le tout début de mon mandat, je travaille très fort pour
améliorer la mobilité à Montréal. Et cette mobilité, bien, elle passe
nécessairement par une meilleure offre des transports collectifs. C'est une
façon, je dirais, naturelle de décongestionner cette région, qui est vraiment... on parle de... on veut de la mobilité,
mais on peut parler d'immobilité dans la région métropolitaine. Alors, c'est
une façon de décongestionner, c'est aussi une façon d'être très
pragmatiques pour réduire notre empreinte écologique et réduire nos GES. Et, Mme la Présidente, on l'a inscrit noir sur blanc
dans le PQI, pour les 10 prochaines années, c'est 56,5 milliards de dollars que nous allons
investir en transport collectif. C'est énorme. C'est un budget qui n'a jamais
été vu. On compare avec le
48,2 milliards de dollars dans le réseau routier, mais, Mme la Présidente,
il faut bien le maintenir, ce réseau
routier, si on veut que nos voitures électriques, que nos autobus urbains
électriques, nos autobus scolaires électriques, nos camions de marchandises électriques, que nos véhicules de service
électriques circulent sur des voies qui soient dignes de ce nom, et on
doit investir dans le maintien de ces infrastructures.
• (15 h 50) •
Vous vous rappellerez
sûrement que, dans le cadre de cette pandémie qu'on vient de vivre, notre
gouvernement a été le tout premier au pays à
offrir du soutien financier aux sociétés de transport. Notre gouvernement a su
négocier avec les homologues du fédéral pour aider les sociétés de
transport dans cette période de crise où l'achalandage est tombé à 10 % environ. Et on a aidé... avec ce qui
vient d'être annoncé dans le budget, jusqu'à 1,8 milliard de dollars
dédiés aux sociétés de transport. Notre gouvernement consacre des sommes
records pour le transport collectif, et nous répondons, encore une fois, présent, parce que ces sommes vont permettre de
retrouver les niveaux d'achalandage d'avant la pandémie mais vont permettre aussi d'offrir un niveau
d'offre de services qui est adéquat pour les usagers et maintenir, surtout, les
tarifs actuels, donc il n'y a pas de facture
qui retourne auprès des usagers. Le niveau de services va demeurer, et notre
objectif, c'est que le transport collectif soit un sérieux compétiteur à
l'auto solo.
Ces
investissements, Mme la Présidente, ils sont salués par la Communauté
métropolitaine de Montréal, par la Chambre
de commerce du Montréal métropolitain et par l'Autorité régionale du transport
métropolitain, l'ARTM, qui dit : «Ce
financement nous permet de confirmer que le niveau de service sera au
rendez-vous en 2022 dans la région métropolitaine de Montréal. C'est une excellente nouvelle pour
les usagers qui s'apprêtent à revenir dans les transports collectifs.» Mais
ces investissements records ne comptent pas
le REM de l'Est, un investissement majeur de 10 milliards de dollars qui
va transformer la mobilité dans la
région métropolitaine, un mode de transport qui va agir comme catalyseur dans
l'est de Montréal et qui va
transformer ce territoire. Et on continue à travailler, on continue à
travailler avec confiance et détermination avec la Caisse de dépôt et la
ville de Montréal pour assurer le succès du REM de l'Est.
Et, parmi les
grands projets de transport collectif, il y a bien sûr le SRB Pie-IX, qui
se rend jusqu'à la rue Notre-Dame pour être en lien avec le REM de
l'Est, mais ne mettons pas de côté cette annonce que j'ai eu le plaisir de
faire avec la mairesse de Montréal la
semaine dernière, le prolongement de la ligne bleue, enfin, cinq stations qui
se rendent à Anjou. Pendant la pandémie, pendant la pandémie, nous avons
fait avancer ce projet qui était attendu depuis 40 ans, 40 ans, Mme la Présidente, un projet optimisé qui, en
plus, va permettre d'avoir deux édicules, à Anjou, de chaque côté de la 25.
Vous rendez-vous compte qu'on vient de
briser la barrière physique et psychologique de l'autoroute et ouvrir un
nouveau développement économique et social à tout un secteur de l'est de
Montréal?
Parlons
d'habitation, Mme la Présidente. Notre gouvernement multiplie les efforts pour
aider les familles montréalaises, qui,
oui, font face, pour certaines familles, à d'importants défis pour se loger. De
manière globale, on investit 634 millions de dollars pour favoriser l'accès au logement social et abordable, dont
247 pour accélérer la réalisation de 3 500 nouveaux logements. La mairesse de Montréal s'est
d'ailleurs réjouie des sommes qui seront octroyées à la métropole, et je la
cite : «Les besoins en matière
de logement demeurent très importants à Montréal et la ville salue [les investissements
en la matière].»
Et
permettez-moi de souligner, dans ce budget et dans ces investissements en
habitation, un 4,1 millions de
dollars très importants, Mme la Présidente, parce que ces millions-là sont
destinés à des unités pour des femmes victimes de violence conjugale. Et
c'est important, ça démontre notre ouverture, notre écoute pour répondre aux
besoins de la population. Et j'ai travaillé avec la vice-première ministre et
ministre de la Sécurité publique, la ministre des Affaires municipales, la ministre responsable de la
Condition féminine pour venir en aide aux femmes violentées dans ce contexte,
et je suis vraiment très, très satisfaite de voir que tous ces efforts portent
ces fruits. Et je veux remercier aussi le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, qui est
très engagé dans l'enjeu de l'itinérance, sachant que ça touche
particulièrement la métropole. 20,1 millions de dollars destinés à créer,
notamment, de nouveaux logements pour des personnes qui sont plus vulnérables.
Il est important de renforcer le tissu social.
Ce n'est pas
tout, pour une métropole forte, Montréal doit continuer de jouer son rôle de
leader dans la lutte aux changements climatiques. C'est le plus grand défi de
notre époque. Il faut s'y attaquer de front en misant sur nos atouts
pour réussir ce virage vert que nous avons
entrepris. Une somme de plus de 117 millions de dollars sera octroyée à la
ville de Montréal pour qu'elle
puisse, de manière très concrète, mettre en place des mesures qui vont lui
permettre d'effectuer cette transition écologique. Et, très prochainement, en
compagnie de mon collègue le ministre de l'Environnement, bien, nous
aurons le plaisir d'élaborer un peu plus sur ce 117 millions qui va à la
ville de Montréal, et je pense que la mairesse de Montréal en sera très
heureuse aussi.
Et ce n'est un secret pour personne, Mme la
Présidente, la région de Montréal a très lourdement été touchée, frappée par la pandémie. La crise sanitaire a mis
au grand jour les failles de notre système de santé que nous a légué le
précédent gouvernement. Mme la Présidente,
mon collègue le ministre de la Santé est bien au fait des besoins majeurs dans
les hôpitaux de la métropole. Et nous
déployons tous les efforts nécessaires pour reconstruire l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
sur place. Et ces investissements
majeurs ne se limitent pas qu'à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, c'est aussi des investissements qui sont dédiés à
St. Mary's, à Fleury, à Sainte-Justine, à Lachine. En fait, la métropole
sera sans contredit une partie active de la refondation du système de santé.
Outre la santé, l'éducation est une priorité,
une grande priorité pour notre gouvernement. Il faut que nos jeunes puissent évoluer dans des environnements
stimulants, des environnements sécuritaires, modernes. Notre gouvernement va
appuyer près de 20 projets en éducation. Nos
enfants auront accès à des écoles plus grandes, plus lumineuses dans des
endroits où les besoins se font le
plus sentir, notamment à Montréal-Nord, ou à Anjou, ou dans Mercier—Hochelaga-Maisonneuve, ou dans Rosemont et
dans Pointe-aux-Trembles. C'est un chantier qui se poursuit. C'est un chantier
qui est nécessaire.
• (16 heures) •
Et parlant de nos jeunes, les armes à feu se
retrouvent entre leurs mains et elles font des victimes un peu partout dans la métropole et, malheureusement, souvent
dans l'est de Montréal. Mais on ne se croise pas les bras face à cette
situation, situation qui aurait pu,
peut-être, être réglée avant, mais nous y travaillons aujourd'hui avec
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie.
On a mis sur pied, avec ma collègue la ministre de la Sécurité publique,
l'escouade Centaure, l'escouade Centaure qui regroupe tous les corps
policiers du Québec, et c'est une lutte sans pareil contre les armes à feu
illégales. Et notre gouvernement annoncera très prochainement le déploiement à
Montréal d'équipes multidisciplinaires qui agiront en prévention dans les écoles pour contribuer à réduire la violence liée
aux armes à feu, qui souvent peuvent découler de conflits entre les jeunes.
Ces actions,
elles s'ajoutent aux 52 millions que notre gouvernement a annoncés en
décembre en prévention de la violence
par armes à feu. Et nous allons poursuivre nos efforts pour prévenir
l'utilisation des armes par nos jeunes. Nos organismes communautaires et nos
travailleurs de rue jouent un rôle de premier plan, on veut leur donner les
coudées franches. Et la bonification de l'aide de 30 % de plus par
rapport à l'année 2020‑2021 aux organismes communautaires est une excellente nouvelle pour nos jeunes. C'est
une aide qui comprend une bonification du financement à la mission, chose
tellement, tellement demandée par les
organismes. De plus en plus d'efforts sont mis et devront, devront être mis en
place pour la prévention, pour éviter
des drames humains. Les milieux de vie, partout dans la métropole, mais je vais
dire un petit
mot pour l'est de Montréal, que j'ai à coeur, puisque c'est un secteur qui a
été ignoré si longtemps, les milieux de vie sont riches, ils sont riches notamment de ces organismes
communautaires, et il est important de reconnaître aujourd'hui tout leur
travail.
Alors, Mme la
Présidente, vous en conviendrez avec moi, notre gouvernement est présent sur
tous les fronts pour que notre
métropole, la métropole du Québec, cette belle métropole qui se démarque à
travers le monde, elle continue à se positionner
comme le coeur économique du Québec, et qu'elle conserve sa réputation sur la
scène internationale. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. On va changer un petit peu de ton avec mon intervention. Je
vais vous parler de régions aussi.
Québec
solidaire déplore le recul de la part de financement des infrastructures du
transport collectif, l'absence de nouvelles mesures en efficacité
énergétique ainsi que le manque de soutien aux sociétés de transport faisant
planer la menace de diminution de services,
particulièrement en région. Pour un quatrième budget consécutif, la lutte aux
changements climatiques continue
d'être une note de bas de page pour la CAQ. Le gouvernement fonce tête première
avec des solutions qui ont déjà
échoué. Au lieu de diminuer, nos émissions de gaz à effet de serre ont augmenté,
dans le dernier inventaire sous le gouvernement de la CAQ, parce qu'on
pose des gestes qui manquent totalement de cohérence.
Il y aurait
beaucoup à dire, mais prenons juste l'exemple des transports, notre plus grand
défi. 35 % de nos émissions de
GES sont reliées au transport routier. Alors qu'on devrait se mettre en mode
solution pour revoir la place de l'auto solo, la CAQ nous envoie en
plein dans l'autre direction avec 7 milliards de prolongement ou
d'élargissement de routes. Comment peut-on
espérer atteindre la parité entre les transports collectifs et les routes quand
on investit autant d'argent dans les nouvelles routes qu'il faudra, par
la suite, entretenir? C'est un fardeau très lourd que la CAQ va faire porter
aux générations futures avec son budget proroutes, proasphalte, proétalement
urbain, provoiture, prodépendance au pétrole.
Tout le monde
réclamait des mesures d'écofiscalité, et il n'y en a pas. En transport
collectif, qu'est-ce que la CAQ prévoit
pour les régions, pour le transport régional? 20 millions, Mme la
Présidente. 20 millions, en fait, pour seulement reconduire le programme d'urgence qui soutenait
nos transporteurs, le transport interurbain par autobus, pendant la COVID,
pour diminuer les impacts de la baisse de
l'achalandage. Ça, c'est pour une année. C'est quoi, le vrai plan pour
structurer, pour développer le
transport collectif en région, pour offrir des alternatives à l'auto solo, pour
offrir des alternatives à la hausse
du prix du gaz qui frappe plus durement les gens des régions, qui doivent faire
parfois des centaines de kilomètres pour
obtenir leurs services de santé, pour avoir accès à leurs services de
proximité? On abandonne les gens des régions avec leurs autos, avec le prix de
l'essence, avec aucune alternative pour le transport collectif, pour qu'on
puisse avoir le choix de, nous aussi, jouer un rôle dans la transition
écologique.
Hier, le ministre de l'Environnement, il nous
disait : On veut laisser le choix. On ne veut pas juger le choix des Québécois et des Québécoises sur leur mode de
transport. Bien, moi, je vous pose la question encore, Mme la Présidente :
C'est quoi, l'offre de transport que la
Coalition avenir Québec donne aux gens des régions, outre le... solo? La
réponse, c'est qu'il n'y en a pas.
Parlons-en,
des régions. La CAQ les a encore oubliées. Je ne comprends toujours pas
pourquoi ce gouvernement-là se
réclame d'être un gouvernement des régions, alors qu'ils ont aussi peu de
vision pour les régions du Québec. Quand elle en parle des régions, c'est
pourquoi? C'est pour parler des mines, c'est pour parler des forêts ou des
grandes industries. La même vieille vision de développement économique qui
réduit les régions du Québec à une simple expression : régions ressources. Pourquoi on ne nous parle jamais des
services publics en région? Pourquoi on ne nous parle pas des autres enjeux
qui font du développement, du développement
social, du développement culturel aussi en région. On ne parle toujours des
régions qu'à travers le spectre de l'extraction des matières premières. C'est
vraiment frustrant.
Pour nous, à Québec solidaire, les régions ont
un rôle à jouer aussi dans la transition écologique. C'est aussi l'occasion de miser sur une nouvelle vision du
développement territorial en mettant au coeur de ce développement les gens qui
habitent le territoire. En novembre dernier, j'ai proposé au gouvernement de
produire un inventaire régional des émissions
de GES pour que chaque région puisse développer, en concertation avec le
milieu, son propre plan d'adaptation et
de transition écologique et économique. Je proposais également la création de
conseils régionaux de transition qui auraient le mandat d'élaborer et de
mettre en oeuvre ces plans de transition et d'adaptation régionaux.
Si on veut
que les gens se mettent en marche pour lutter contre les changements
climatiques, il faut rapprocher la lutte des gens. Mais comment faire pour que
les gens se mettent en marche quand les seuls inventaires d'émission de GES
sont à l'échelle du Québec? Comment est-ce
que vous pensez qu'on va convaincre les gens d'abandonner des habitudes,
alors que leur changement d'habitude n'aura aucun impact ou à peu près visible
sur les émissions totales du Québec? Il faut rapprocher la lutte des gens en
régionalisant ces inventaires-là pour que les gestes qu'on pose, bien, qu'on
sente qu'ils font une différence sur notre bilan environnemental.
On n'a pas de
proposition pour les alternatives aux autos solos. On aurait pu nous parler
d'autopartage, de camion partage, de développer le transport interurbain. On
n'a toujours pas de vision d'ensemble pour nos régions, j'en parlais il y a un
instant, de développer nos services publics. Comment vous voulez qu'on attire
du monde dans nos régions, qu'on occupe
le territoire, qu'on vitalise le territoire si on n'est pas en mesure d'offrir
un minimum de services convenables à notre
population? On pourrait parler de logement, la crise du logement. Réellement,
c'est quoi, les gestes, les mesures-phares qui sont déposées dans ce gouvernement-là pour désamorcer, pour réduire
cette crise-là? À Rimouski, on parle d'un taux d'inoccupation à 0,2 %; chez nous, à
Rouyn-Noranda, 0,3 %; à Amos, 1,1 %; à Val-d'Or, 2,2 %. Comment
vous voulez qu'on règle notre pénurie
de main-d'oeuvre en région si on n'a pas de logement pour loger les nouvelles
personnes qui viennent s'installer chez nous?
Et
parlons-en, de la pénurie de main-d'oeuvre. Il y avait une ligne, dans le
budget, dans laquelle j'avais un peu d'espoir, Mme la Présidente, la ligne Favoriser l'attraction des personnes
immigrantes en région. Ça, ça peut faire une différence quand tu as un réseau de santé comme le mien qui
est en pleine crise parce qu'il manque tellement de monde pour structurer puis
offrir les services à la population, quand nos restaurants ferment parce qu'ils
ont de la misère à recruter des gens. Là, on avait une piste de solution : favoriser l'attraction des
personnes immigrantes en région. Mais, quand on regarde la ligne, la colonne budgétaire 2022‑2023,
c'est vide, Mme la Présidente. Il y a zéro, zéro dollar de prévu pour favoriser
l'attraction des personnes immigrantes en région.
Aucun
investissement substantiel non plus dans les CPE et rien pour aider les femmes
qui sont incapables de retourner au travail, faute de place en garderie. Je
pense que ce gouvernement-là ne réalise pas l'ampleur de ces crises-là sur le
terrain, logement, main-d'oeuvre ainsi que places en service de garde.
Motion formulant un grief
Je termine, Mme la
Présidente, en déposant une motion de grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour son budget 2022‑2023
qui ne se dote pas des ressources ni
des moyens nécessaires pour répondre aux impératifs de la protection de
l'environnement et de la lutte aux changements climatiques.»
Merci, Mme la
Présidente.
• (16 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Alors, je cède maintenant la parole à Mme la ministre de la Culture et des
Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Vous savez, c'est toujours un très grand privilège... en fait,
c'est l'ultime privilège que de
pouvoir se lever dans cette enceinte, ce magnifique salon bleu, patrimonial
d'ailleurs, pour prendre la parole.
Alors, c'est un grand privilège, surtout lorsqu'on a des bonnes nouvelles. Et
le budget qui a été déposé par mon collègue
le ministre des Finances est absolument un budget pragmatique, pratique, près
des gens, qui répond à des problématiques très précises. Et naturellement, en tant que ministre de la Culture et
des Communications, vous comprendrez que ce sera l'axe de mon discours
d'aujourd'hui, ce discours sur le budget du gouvernement du Québec.
Je
suis très contente parce qu'on a des bonnes nouvelles pour la culture. Enfin,
la pandémie semble derrière nous. D'ailleurs, je vais me permettre, sur une
note un petit peu plus personnelle, de prendre un court instant pour inviter
les gens qui nous écoutent actuellement à aller au cinéma, à aller dans nos
salles de spectacle. Actuellement, Mme la Présidente, elles sont ouvertes à
pleine capacité. Les artistes vous attendent, les artisans sont prêts derrière
les rideaux. Et j'entends applaudir, et vous
savez quoi, Mme la Présidente, au cours des dernières semaines, j'ai eu le
grand plaisir d'aller moi-même vivre cette expérience des arts vivants
des arts de la scène, entre autres. Je suis allée, entre autres, à l'Espace Go,
au Théâtre Prospero, encore à l'Usine C,
voir différentes pièces de théâtre. Je peux vous dire, Mme la Présidente, qu'il
y avait une réelle communion entre
les spectateurs et les artistes sur la scène, et ces applaudissements-là ont
nourri les artistes, et leur prestation nous a fait tellement de bien. Et c'est
ça que j'essaie de communiquer, cette complicité dans le bonheur
retrouvé. Alors, allez-y, allez dans nos salles, elles sont ouvertes. Vous
allez voir, ça nous fait le plus grand bien.
Et
il faut en parler, parce que les deux dernières années qui viennent de passer
ont été très difficiles pour tout le monde,
j'en conviens, mais particulièrement pour le milieu culturel qui a vécu des
situations assez particulières. C'est un milieu particulier, avec des réalités très différentes et très
particulières. Et le milieu culturel a été grandement fragilisé avec la
pandémie. Les artistes, les producteurs, les diffuseurs, entre autres, ont subi
les conséquences de cette maudite COVID, je l'appelle comme ça. L'annulation des festivals, des événements qui,
habituellement présentés... bien, ces annulations-là, ça a donné lieu à des contrecoups considérables
sur le rayonnement des organisations, le rayonnement des activités, sur la vie des artistes. Et, Mme la Présidente, la
relève en culture, et là écoutez-moi bien, la relève en culture, elle s'est vue
freinée dans son élan. Parce que je vous
rappellerai qu'en 2019, le milieu culturel vivait une année record. C'était
bien parti, on avait le vent dans les voiles. Ça roulait, ça tournait, il y
avait des productions partout, des salles pleines, et la COVID a
vraiment fait mal à tout le monde. Donc, notre relève aussi y a goûté très
durement.
Et,
vous savez, même aujourd'hui, après la levée de presque toutes les mesures
sanitaires, il y a certaines activités culturelles qui vont connaître une
reprise un petit peu plus lente, et ça, on en est très conscients. Et
cependant, malgré ces difficultés, le milieu culturel a fait preuve de
courage devant les défis à relever. Le milieu a fait preuve d'énormément de résilience et de créativité. Et je tiens
d'ailleurs encore une fois à les remercier, remercier tous ces intervenants du
milieu culturel pour votre collaboration constante et exemplaire, il
faut le dire, au cours des deux dernières années.
Donc,
depuis le début de la pandémie, Mme la Présidente, notre gouvernement a été à
l'écoute des inquiétudes des acteurs du milieu. J'ai rencontré des
intervenants, des dizaines, des dizaines et des dizaines de groupes à des
centaines d'occasions, Mme la
Présidente. On était en constantes discussions pour trouver des solutions et
ces échanges nous ont amenés à mettre
en place des mécanismes financiers pour aider nos organisations et nos
entreprises culturelles, de même que les artistes, les artisans, les
travailleurs culturels à passer à travers de cette crise, une crise mondiale
sans précédent.
Alors, parmi
les solutions, nous avons mis sur pied un plan de relance économique pour le
milieu culturel dès le printemps
2020. Ça semble déjà une éternité, là, ça fait deux ans. Bon, il n'était pas
parfait, ce plan pour aider, on en convient, mais depuis, nous l'avons bonifié plusieurs fois
pour répondre aux besoins en évolution du milieu. Ce sont donc près de
930 millions de dollars, Mme la Présidente, que nous avons investis depuis
le début de la pandémie, de l'argent pour soutenir
tout l'écosystème, c'est très important, tout l'écosystème culturel québécois.
Jamais un gouvernement n'a autant soutenu la culture et nous allons
continuer à le faire, Mme la Présidente, parce que nous y croyons.
D'ailleurs,
le budget qui a été déposé le 22 mars dernier, c'est pour ça que je suis
contente d'être ici pour vous en parler,
il est plein de bonnes nouvelles pour le milieu culturel. Et ce budget démontre
une fois de plus que la culture est une priorité pour notre gouvernement. On le démontre. Et on le démontre
comment? Bien, avec des chiffres, avec de l'argent pour aider, aider nos entreprises à passer
derrière cet épisode. C'est un budget pragmatique et solide, qui donne au
Québec des leviers pour lui permettre
de se relever de la pandémie et de reprendre son élan. Parce que c'est ce qu'on
veut, hein, reprendre une vitesse de croisière.
Alors, pour
la culture, ça va passer à la fois par une consolidation du milieu après les
effets de la pandémie puis par un
rayonnement de notre culture et par sa propulsion ici et ailleurs. Alors, très
précisément, pour ceux qui aiment le détail
des chiffres, 256,5 millions de dollars y seront prévus pour les trois
prochaines années. C'est une somme historique.
Alors,
permettez-moi, Mme la Présidente, de vous donner un petit peu plus de détails,
hein? 256,5 millions, c'est de
l'argent, mais quelles sont nos intentions? Bien, les voici. Premièrement, nous
viendrons soutenir le secteur culturel pour pallier les effets de la COVID-19. Ça, ce sont 72 millions de
dollars qui seront consacrés uniquement cette année. Deuxièmement, 157,4 millions seront dédiés à faire briller
et propulser le secteur culturel, et ce, dès cette année jusqu'en 2025. Alors,
ce sera un plan important, je vous en reparlerai plus en détail. Ça,
c'est pour nos artistes et nos artisans.
Mais la culture, c'est aussi d'autres secteurs
d'activité. Entre autres, le patrimoine est un volet important du ministère de la Culture. C'est capital pour nous.
Alors, nous allons nous donner les moyens de préserver et de mettre en
valeur notre patrimoine culturel. 28,4 millions de dollars y seront
consacrés. Nous sommes d'avis, Mme la Présidente, que le milieu culturel québécois requiert de nouveaux investissements
pour reprendre ses activités de manière durable. Et à des investissements déjà historiques en culture au
cours des dernières années, on n'a qu'à penser à notre budget de 2020, s'ajoutent des bonifications additionnelles pour
les programmes de la SODEC, une société d'État sous ma responsabilité, donc 58,6 millions de plus, et au CALQ, le
Conseil des arts et des lettres du Québec, un autre 78 millions de dollars
de plus. Et je tiens à le spécifier,
ce sont des sommes additionnelles qui s'additionnent à des sommes records déjà
annoncées pour cinq ans en 2020.
Alors, vous voyez, il y a cette progression, mais cette addition. De plus, et
ça, c'était attendu, Mme la Présidente,
par le milieu, la bonification de l'aide au fonctionnement des organismes
soutenus par le ministère de la Culture et des Communications et la
contribution au Fonds d'urgence pour les artistes et travailleurs culturels des
arts de la scène seront reconduites pour plus de 12 millions de
dollars, 12 millions qui y seront consacrés dès cette année.
Dans un deuxième temps, le budget nous donne des
outils financiers pour faire rayonner au maximum le talent québécois en
permettant à nos artistes et leurs oeuvres de briller davantage. Et en agissant
de la sorte, nous croyons fondamentalement,
Mme la Présidente, que c'est tout le monde qui va y gagner. Nous contribuons
concrètement à stimuler la demande et à accroître les retombées positives des
prestations et des produits artistiques et artisanaux, ici et à
l'étranger. D'ailleurs, pour permettre à
notre culture de rayonner encore plus, notre gouvernement a investi des sommes
importantes destinées aux initiatives
promotionnelles, soit 11,3 millions de dollars, et ça, tous les acteurs du
milieu nous le réclamaient.
• (16 h 20) •
Avec ces
sommes pour faire la promotion de la culture, Mme la Présidente, c'est non
seulement d'encourager la population à consommer la culture d'ici que
l'on veut et à retourner en grand nombre dans nos salles, dans nos lieux culturels... et je pense à nos salles,
naturellement, salles de spectacle, salles de cinéma, mais également nos
musées, nos magnifiques musées. Il y
en a des petits, il y en a des grands, il y en a à la grandeur du Québec, ils
sont tous plus beaux les uns que les
autres, nos bibliothèques. Alors, ce sont des lieux culturels que la population
doit se réapproprier, parce que le personnel, les artisans, les artistes
sont là, les attendent et ils sont prêts à les recevoir à bras ouverts.
Alors, en plus d'encourager la population à
consommer la culture d'ici, nous souhaitons augmenter la notoriété des produits culturels québécois. C'est
extrêmement important pour les faire briller ici et à l'étranger. Je crois,
nous croyons comme gouvernement à l'exportation du talent canadien sur
les scènes internationales. On n'a rien à envier à personne, Mme la Présidente.
On a les artistes, les artisans parmi les meilleurs au monde, et j'ai
l'intention de les faire briller.
Maintenant, le budget consacre également des
montants significatifs pour préserver et mettre en valeur notre patrimoine, notre patrimoine bâti entre autres,
grand témoin de l'évolution de notre société. Ce patrimoine, qu'il soit
municipal, religieux ou encore privé,
bien, il nécessite souvent des investissements majeurs. Alors, au cours des
dernières années, notre gouvernement a remarquablement augmenté son financement
et ses engagements en matière de protection et de valorisation de notre riche patrimoine bâti. On a démontré une
volonté ferme de redonner du lustre aux bâtiments d'intérêt patrimonial qui embellissent notre territoire à la grandeur du
Québec. Et ça, Mme la Présidente, on l'a fait, on en est très fier et on va
continuer de le faire.
Et, le
22 mars dernier, le budget de mon collègue le ministre des Finances le
confirme une fois de plus, nous confirmons
notre engagement dans la protection du patrimoine bâti. Alors, on a prévu des
sommes importantes, notamment pour
soutenir les municipalités, les MRC et les propriétaires dans leurs projets de
conservation et de mise en valeur de leurs immeubles patrimoniaux. En d'autres mots, Mme la Présidente, on investit
dans la rénovation de notre beau patrimoine bâti à la grandeur du
Québec.
De plus,
notre gouvernement va doubler cette année l'enveloppe prévue pour la
requalification des lieux de culte. Ça, c'est un mot que j'aime, Mme la
Présidente, la requalification des lieux de culte. En d'autres mots, ce que ça
veut dire, c'est qu'on va redonner une autre vie à des bâtiments religieux
excédentaires. Dieu sait qu'il y en a trop, alors on va donner une autre vocation à ces bâtiments parce
qu'on y croit, parce que c'est du développement durable, parce que c'est
écologique de prendre un beau bâtiment, lui
redonner vie. Et notre programme, qui est fantastique, fait en sorte que c'est
le milieu qui se
l'approprie, qui décide d'un projet. Et, si ce projet est viable, bien, on va
les aider puis on va le rénover, ce bâtiment, pour qu'il serve à la
communauté. Alors, ça, j'en suis très fière.
Vous savez,
en patrimoine, Mme la Présidente, il faut dire que toutes les parties prenantes
doivent collaborer parce que c'est
l'affaire de tous. Notre patrimoine, c'est un bien collectif, précieux. Il faut
le préserver pour les générations futures. Sa protection, c'est une responsabilité partagée, et nous sommes
présents pour assumer notre part de responsabilité. Alors, le budget également prévoit un montant de
2,7 millions de dollars sur trois ans pour permettre au ministère de la
Culture et des Communications
d'intervenir rapidement en cas de risque pour l'intégrité et la pérennité de
bâtiments patrimoniaux. Parce que,
vous savez, il arrive que des propriétaires actuels ne respectent
malheureusement pas leurs obligations légales et on doit alors intervenir rapidement. Donc, en d'autres mots, on s'est
créé une petite enveloppe d'urgence, si d'aventure, un bâtiment nécessitait une restauration d'urgence et
que la loi n'était pas respectée, parce qu'actuellement il n'y en avait
pas. Alors, on a créé cette enveloppe-là.
Maintenant,
je vais vous parler de quelque chose dont on n'entend jamais parler puis dont
on n'avait même jamais vu une ligne dans le budget : les archives privées
agréées. Bien, ces archives privées agréées là sont des partenaires de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, une
autre société d'État sous ma responsabilité, et elles seront soutenues
davantage, notamment par l'embauche de personnel qualifié. Et ça, Mme la
Présidente, je vais vous dire qu'aucun autre gouvernement n'a investi dans ces archives depuis des décennies. Alors,
Mme la Présidente, les archives, que sont-elles, ces archives? Elles sont notre
mémoire et elles sont notre histoire. C'est notre mémoire collective, et on va
en prendre soin.
Autre secteur
d'activité, il y a une toute nouvelle stratégie gouvernementale de
commémoration que je vous annonce, de
2,6 millions de dollars sur trois ans, qui sera mise en oeuvre.
Naturellement, j'ai hâte de pouvoir vous donner plus de détails. C'est
un survol que je vous donne actuellement sur cette stratégie. J'ai hâte de vous
dévoiler les tenants et les aboutissants de cette stratégie. Mais il faut dire
qu'essentiellement, pour nous, il faut agir pour préserver notre mémoire collective dans toutes les sphères de notre
patrimoine culturel, pas seulement le patrimoine bâti. Alors, il faut que
l'État se donne des balises afin de célébrer convenablement ces héros et
ces événements marquants.
En ce qui
concerne nos infrastructures culturelles, nous injectons une somme de
125 millions de dollars destinée notamment
à la transformation du Musée d'art contemporain de Montréal ou encore à la
construction de l'Espace Riopelle au Musée national des beaux-arts du Québec,
et cette enveloppe va permettre aussi de poursuivre le développement du réseau de nos Espaces bleus, Mme la Présidente, et
la bonification du programme de soutien au milieu municipal, patrimonial,
immobilier.
Alors, je
vois qu'il me reste très peu de temps. J'aurais tellement à vous dire sur la
culture. Mais vous allez me permettre de vous dire ici que d'ici quelques
semaines, je vais présenter au milieu culturel un véritable plan pour faire
briller et propulser davantage le milieu culturel. Vous savez, j'ai tenu
des dizaines et des dizaines de rencontres avec des centaines d'acteurs du
milieu, et nous allons trouver les solutions pour faire briller et propulser
notre culture. En fait, ce plan-là, on n'est plus dans la réaction COVID, là,
on est dans l'action pour faire briller et propulser notre culture.
Alors, c'est
un plan qui a été conçu avec le milieu culturel et pour le milieu culturel. Et
j'ai extrêmement hâte de vous en parler parce qu'il y a des sommes importantes
qui sont dans le budget, dont je ferai la ventilation à ce moment, mais c'est pour répondre très précisément à des
enjeux qu'a connus et que connaît encore le milieu culturel à la suite de cette
pandémie qui nous a malheureusement tous scié les jambes en mars 2020.
Alors, vous
savez, Mme la Présidente, ce budget, il est important parce qu'il donnera une
erre d'aller incroyable au milieu
culturel pour revenir à des niveaux qui étaient records et nous propulser
encore plus loin. Et la culture, Mme la Présidente, elle est essentielle à nos vies. Elle est essentielle à
notre bien-être. La culture, elle est essentielle à l'âme et au coeur d'une nation. Et notre culture, bien, c'est
elle qui nous définit, et il faut la chérir. Alors, c'est ce que nous allons
faire, Mme la Présidente, au cours des prochaines années, parce que ce
plan est là pour plus d'une année.
Et je vous
dirais, Mme la Présidente, que ce fameux plan, que nous avons extrêmement hâte
de vous dévoiler, de dévoiler au milieu culturel, de dévoiler aux artistes, va
prendre en considération un mot qui n'apparaissait pas en nulle part dans un budget : la relève. Parce que la
vérité, c'est que nos finissants de toutes nos écoles, nos jeunes et nos
émergents, bien, ils l'ont eu très difficile au cours des deux dernières
années. Alors, on va s'occuper d'eux. Voilà.
Ajournement
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre.
Compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés au mardi 29 mars 2022, à 10 heures.
Merci.
(Fin de la séance à 16 h 30)