(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon jeudi à vous tous et toutes. Et vous
pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés. Et je me tourne vers Mme
la députée de Saint-François pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Féliciter Mme Maggy
Robinson, lauréate du gala Forces Avenir
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert :
Bonjour, Mme la Présidente.
Étudiante
à la Faculté de médecine et de sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke,
Maggy Robinson a été désignée Personnalité 1er cycle au gala Forces
Avenir.
Avec
l'équipe d'Étudiants à l'écoute, la lauréate a organisé une friperie qui a
permis de recueillir plus de 400 litres de vêtements et 1 200 en
produits hygiéniques pour les personnes itinérantes du Partage Saint-François.
L'étudiante en médecine a également
cocréé Grandir en santé, un projet de pédiatrie sociale en partenariat avec le
centre Le Tandem qui promeut les saines habitudes de vie et l'éducation
chez les jeunes défavorisés de l'Estrie.
Mme Robinson
a aussi été bénévole pour des causes comme la sclérose en plaques et les
malformations cardiaques congénitales.
L'engagement fait partie de sa vie depuis l'école primaire dans le sport,
l'art, l'éducation, l'environnement et le communautaire.
Mme Robinson,
vous êtes un bel exemple du rôle sociétal que l'on peut jouer quand on exerce
une profession de la santé. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-François. Et maintenant je cède la parole à M. le
député de Vimont.
Souligner la contribution de
M. Albert Lévy aux organismes venant en aide aux enfants
et aux adultes autistes grâce à la collecte de fonds du Grand McDon
M. Jean Rousselle
M. Rousselle :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais prendre le temps, en cette Chambre, afin
de remercier M. Albert Lévy pour son initiative du McDon dans tous les
restaurants McDonald's à travers le Québec.
Cette
belle réalisation permet aux enfants autistes, entre autres, d'avoir des
activités de toutes sortes et des sorties, ainsi qu'un moment de répit
pour les parents, qui, bien souvent, en ont grandement besoin.
Franchisé de
plusieurs McDonald's, M. Albert Lévy est très proche de cette cause et
sensible aux différentes demandes qui s'y rattachent. Ayant le coeur sur la
main, il veut ainsi aider la communauté et apporter son soutien aux personnes
qui en ont fortement besoin.
Bien,
c'est à mon tour, aujourd'hui, de lui apporter mon soutien, de le remercier de
tout qu'est-ce qu'il fait, car c'est vraiment important et c'est
vraiment un beau cadeau que la famille Lévy donne à la société. Un très
bel exemple à suivre. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Vimont. Et maintenant je cède la
parole à M. le député de Granby.
Souligner le départ à la
retraite de M. Robert Beauvais, directeur adjoint
du Centre de prévention du suicide de la Haute-Yamaska
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'ai
l'immense plaisir de souligner le départ à la retraite de M. Robert
Beauvais, adjoint administratif du Centre de prévention du suicide de la
Haute-Yamaska.
M. Beauvais
est un pilier pour notre centre de prévention du suicide. Au total, sa carrière
aura duré plus de 35 ans. C'est
franchement impressionnant, surtout considérant qu'il soit arrivé en emploi un
an seulement après la création du centre de prévention du suicide.
Durant sa très longue
carrière au centre, il aura occupé toutes les fonctions inimaginables. Que ce
soit en tant qu'intervenant, soutien à la
clientèle ou adjoint à l'administration, M. Beauvais était toujours
présent. Alors qu'une panoplie de directions générales et de présidences
se sont succédé à la tête du centre de prévention du suicide pendant ses
37 ans d'existence,
M. Beauvais était d'une constance nécessaire, qui n'aura jamais compté ses
heures, qui aura mis tout son coeur pour la cause de la santé mentale et
pour aider les personnes en détresse.
Bonne
retraite, M. Beauvais! Le centre de prévention du suicide était privilégié
de vous avoir, et je suis certain que l'ensemble des organismes de la région
rêvent de pouvoir compter sur quelqu'un d'aussi fidèle et loyal que vous.
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Granby. Et je
reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.
Souligner les Journées d'action
contre la violence faite aux femmes
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je souhaite aujourd'hui
souligner le début des 12 jours d'action contre la violence faite aux
femmes.
Cette
année en particulier, alors que le Québec dénombre un triste de record de
17 féminicides, ces jours d'action prennent une signification
d'autant plus importante.
Aujourd'hui, je pense
aux victimes, à leurs enfants, à leurs amis, à leurs familles, mais je pense
aussi à toutes celles qui vivent encore
chaque jour de la violence psychologique ou physique, je pense à celles qui ont
peur, à celles qui se sont sauvées mais qui tremblent encore chaque fois
qu'un de ces drames fait la une des journaux.
J'invite
tous les Québécois, toutes les Québécoises à envoyer un message clair à ces
femmes : Vous n'êtes pas seules, on vous entend, on vous appuie et
on ne vous laissera pas tomber. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Verdun. Et maintenant
je cède la parole à Mme la
députée de Côte-du-Sud.
Souligner le
30e anniversaire de la Librairie Livres en tête inc.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je vous parle, Mme
la Présidente, aujourd'hui, des célébrations entourant la Librairie Livres en
tête, qui souligne ses 30 ans.
En effet,
c'est à l'automne de 1991 que Mme Marcelle Caron, qui était alors
gestionnaire de l'information au gouvernement
du Québec, décide de prendre un congé
différé pour se lancer dans le vide en achetant un fonds de commerce d'une
librairie. Tout se succède rapidement, et, après 36 mois à ce rythme,
Mme Caron quitte son emploi pour se consacrer entièrement à la librairie.
Ce
qui m'impressionne le plus et qui fait du bien, c'est que la Librairie Livres
en tête a d'abord rendu plus
accessible la lecture dans la région
pour tous. La Librairie Livres en tête permet de faire voir les auteurs
québécois, avoir accès au monde et stimuler notre imagination.
L'équipe
en place est fantastique, qu'on pense à Marcelle, Louise Moreau,
Brigitte Caron, Claudine Landry, Hélène Marois et
Coralie Vézina. On peut toujours recevoir des suggestions ou des
commentaires sur pratiquement tous les livres.
La librairie fait le
bonheur des petits et des grands depuis 30 ans, et c'est un atout
important pour la population et l'économie
de la région. Bravo, Marcelle Caron et toute l'équipe, pour ce succès
culturel et social qui anime de belle manière le centre-ville de
Montmagny!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Côte-du-Sud. Et je cède maintenant la parole à M. le député
de Laurier-Dorion.
Souligner les Journées d'action
contre la violence faite aux femmes
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente.
Du
25 au 6 décembre, les groupes de femmes, au Québec, s'attellent à nous
remémorer notre devoir collectif face aux violences faites aux femmes.
Depuis
le début de l'année, nous sommes malheureusement rendus à 18 féminicides,
au Québec. La dernière femme assassinée,
Romane Bonnier, n'avait que 24 ans. À Parc-Extension, dans ma
circonscription, Rajinder Prabhneed Kaur, victime de violence conjugale, a laissé deux
jeunes enfants orphelins. Aujourd'hui, l'on nomme les choses comme elles
sont : il s'agit de féminicides. Les femmes sont tuées parce qu'elles sont
des femmes.
La semaine dernière,
j'ai assisté à un bel événement dans ma circonscription. Le Bouclier d'Athéna,
qui dessert les femmes et les familles en plus
de 23 langues, rendait hommage à la collaboration des médias locaux dans
la lutte contre la violence conjugale, une collaboration qui porte
fruit, menée par des hommes et des femmes auprès des diverses communautés. Le travail des médias locaux et des groupes
de femmes n'est pas anodin, il rend anormale la violence contre les
femmes par les hommes, peu importe d'où ils viennent et quelle langue ils
parlent. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Lotbinière-Frontenac.
Souligner le
100e anniversaire du Club de golf et de curling de Thetford inc.
Mme Isabelle Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Je tiens,
aujourd'hui, à souligner le 100e anniversaire du Club de golf et de
curling de Thetford Mines.
Véritable joyau, situé au coeur de la ville, le
club de golf et de curling a été fondé en 1921. Au moment de son ouverture, le terrain ne comptait que cinq trous.
C'est en 1976 que le parcours de 18 trous a été complété et en 1987 que
les glaces de curling ont été
inaugurées. Reconnu pour la qualité de son parcours et ses vues panoramiques
incomparables, le club de golf et de curling constitue un lieu
rassembleur en plein centre-ville.
Je tiens donc
à saluer le travail et les efforts de tous les partenaires, bénévoles et
membres qui ont permis au Club de golf et de curling de Thetford Mines
de célébrer, cette année, son 100e anniversaire.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Lotbinière-Frontenac. Et maintenant je
reconnais Mme la députée de Sanguinet.
Souligner la victoire de l'équipe des Cobras du Roussillon
au
championnat de la Ligue de baseball junior AA du Québec
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Bien, merci, Mme
la Présidente. Alors, les Cobras du Roussillon, l'équipe junior AA de Saint-Constant, a fait honneur à la région une
fois de plus cette année en étant sacrés champions de la série finale de la
Ligue de baseball junior AA du Québec, et ce, pour une deuxième année
consécutive.
L'équipe de Saint-Constant, dirigée par Éric
Cadieux, a fait une remontée remarquable en remportant les trois derniers
matchs de la série contre les Guerriers de Richelieu-Yamaska, après avoir perdu
les deux premiers matchs. Nos Cobras ont
démontré beaucoup de caractère durant cette finale, Mme la Présidente, c'est pourquoi j'aimerais les féliciter pour cette
victoire sans équivoque.
De plus, je
m'en voudrais de ne pas féliciter également le voltigeur de centre et lanceur Émile
Bellemare, qui a été élu Joueur par excellence des séries éliminatoires.
Alors, bravo, Émile! Félicitations, les Cobras!
Toute la circonscription de Sanguinet est fière de vous. Merci, Mme la
Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Sanguinet.
Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Les
Plaines.
Féliciter la Maison de la famille de Mirabel et
l'entreprise Garde-robes
Gagnon et Frères, lauréats du Gala des Mirad'Or
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, le 3 novembre, dans le cadre du Gala
des Mirad'Or, la Chambre de commerce et d'industrie de Mirabel soulignait l'excellence de la maison de la famille et de
l'entreprise Garde-robes Gagnon. Aujourd'hui, je souhaite leur rendre hommage.
Dans le contexte particulier de la pandémie, la
Maison de la famille de Mirabel a su faire preuve de résilience, d'innovation et d'adaptation pour continuer à promouvoir le bien-être
des familles mirabelloises. Leur équipe de feu met tout en oeuvre pour
offrir un milieu dynamique et accueillant.
Une histoire
de passion, voilà l'image de marque de Garde-robes Gagnon, celle qui lui sied à
merveille, d'ailleurs. Depuis
1995, cette entreprise se distingue dans l'aménagement intérieur, au
Québec. Représentés par une équipe formée de gens chevronnés, dynamiques
et engagés, ils se font un devoir de rendre chaque projet unique.
Je tiens à
saluer leur précieuse contribution dans le rayonnement de Les Plaines, mais également à la chambre de commerce de Mirabel de donner l'occasion aux entreprises de se faire
connaître, et surtout de se faire reconnaître. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Les Plaines. Et maintenant, pour clore cette rubrique de
déclarations de députés, je cède la parole à M. le député de Jacques-Cartier.
Souligner l'importance des banques alimentaires pendant la
période des fêtes
et inviter les citoyens à y apporter leur contribution
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. La période du temps des fêtes est à nos portes. Pour
plusieurs d'entre nous, ce sera l'occasion de retrouver nos plaisirs et
de retrouver nos proches.
What we've all just gone through has taught us
that life is precious, that time with people we love is sacred, but it has also been a stark reminder that not everyone is as
privileged as the more fortunate.
Pour
les citoyens de Jacques-Cartier, si vous avez les moyens, je vous encourage à
donner votre temps et argent à une banque
alimentaire, cette saison, ou à penser à une personne qui habite seule et de
leur rendre visite, ce sont de si petits actes de générosité, et combler
leur coeur de bonheur.
In the West Island, giving is local. As
one organization says, live here, give here. When I think of the many talented executive directors and devoted
volunteers with whom my work brings me into close contact, I believe that our
communities can go through anything together.
Cette année, rassemblons-nous de façon sécuritaire, mais soyons aussi à
la précarité de nos voisins et aidons-les à fêter en convivialité.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Jacques-Cartier. Alors, ceci met fin à la rubrique des déclarations
de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, je vous souhaite un bon jeudi. Prenons quelques
instants pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Sécurité publique.
Plan stratégique 2021‑2025
de la Régie des
alcools, des courses et des jeux
Mme Guilbault : Oui, M. le Président. Je dépose le plan stratégique 2021‑2025 de la Régie des
alcools, des courses et des jeux.
Le Président :
Merci. Ce document est déposé. M. le ministre de l'Éducation.
Rapport annuel du Comité
d'agrément des programmes de formation à
l'enseignement et rapport du Conseil supérieur de l'éducation sur
l'état et les besoins de l'éducation pour 2020‑2021
M. Roberge :
M. le Président, je dépose le rapport annuel 2020‑2021 du Comité
d'agrément des programmes de formation à
l'enseignement ainsi que le rapport sur l'état et les besoins de
l'éducation 2020‑2021, Revenir à la normale? Surmonter les vulnérabilités du système éducatif
face à la COVID-19, du Conseil
supérieur de l'éducation. Merci.
Le Président :
Et ces documents sont déposés. M. le ministre des Finances.
Comptes publics 2020‑2021
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, conformément aux dispositions de l'article 87 de la Loi
sur l'administration financière, je dépose les comptes publics 2020-2021,
volumes 1 et 2. Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci. Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des questions
inscrites au feuilleton et à une pétition
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose les réponses du
gouvernement aux questions inscrites au feuilleton le 26 octobre par les députés
d'Hochelaga-Maisonneuve et de Pontiac ainsi qu'à la pétition présentée en
Chambre le 6 octobre 2021 par la députée de Saint-Laurent. Merci.
Le
Président : Merci. Ces documents sont déposés. Nous en sommes à
la rubrique, toujours, Dépôt de
documents.
Rapport
du DGE sur la mise en application de l'article 4 de la Loi visant à
faciliter
le déroulement de l'élection générale municipale du 7 novembre 2021 dans le
contexte de la pandémie de la COVID-19 et de l'article 90.5 de la Loi sur
les élections et les référendums dans les municipalités
Pour ma part, je
dépose le rapport du Directeur général des élections du Québec sur la mise en
application de l'article 4 de la Loi
visant à faciliter le déroulement de l'élection générale municipale du 7
novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et de
l'article 90.5 de la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
Dépôt de rapports de commissions
Consultations particulières sur
le projet de loi n° 6
À
la rubrique, cette fois-ci, Dépôt de rapports de commissions, je dépose le
rapport de la Commission des finances publiques
qui, les 23 et 24 novembre 2021, a tenu des auditions publiques dans le cadre
de consultations particulières sur le
projet de loi n° 8, loi... ou plutôt le numéro 6, Loi édictant la Loi
sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique et modifiant
d'autres dispositions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Demander la réouverture de lits
au Centre hospitalier de La Sarre
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 424 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la fermeture indéterminée à l'hôpital de La Sarre des deux seuls lits en
pédiatrie, de 15 lits des 30 lits de
courte durée, de deux des quatre lits [des] soins intensifs, dont la fusion des
deux lits restants avec l'urgence, ainsi que trois des huit lits en
santé mentale limite grandement les soins de santé de la population
d'Abititi-Ouest;
«Considérant
que le territoire d'Abitibi-Ouest est vaste et que plusieurs citoyens et
familles doivent déjà effectuer une heure de route pour se rendre au
Centre hospitalier de La Sarre;
«Considérant
que la vie et la santé des citoyens sont mises en danger et que le seuil [des]
lits proposé est nettement inférieur au nombre historique [des] patients
hospitalisés;
«Considérant
que la fermeture des nombreux lits aura un impact sur la venue et le départ
[des] médecins qui ne pourront exercer pleinement leurs fonctions faute
de disponibilité [de] lits;
«Considérant que ce
n'est pas la première fois que les services de proximité sont en péril et que
la population redoute une fermeture permanente;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«La
réouverture des lits, dans les plus brefs délais, afin de permettre aux
citoyens d'Abitibi-Ouest de se faire soigner chez eux;
«L'élaboration
d'un plan d'action concret pour contrer
la pénurie d'infirmières — gestionnaire
local, élimination du TSO, gestion locale des horaires, faction de
12 heures, etc.;
«La formation d'un
comité local de recrutement multidisciplinaire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
• (10 h 10) •
Le Président :
Et cet extrait de pétition est déposé.
Et
j'ai reçu une demande de M. le
député de Mégantic
pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation
de cette pétition? Consentement. M. le député de Mégantic.
Demander le retour du bingo au
profit de la
Fondation Maison La Cinquième Saison
M. Jacques : Merci, M.
le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par
2 2249 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes de
la MRC du Granit.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la population de la MRC du Granit demande le
retour du bingo média au profit de la Fondation Maison La Cinquième
Saison;
«Considérant que notre région ne possède pas de radio
communautaire, mais [...] nous croyons que nous n'avons pas à être
pénalisés;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement
du Québec le retour du bingo afin de
garder ouverte notre maison de soins palliatifs.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le
Président : Cet extrait de pétition est également déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant
à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole à la
cheffe de l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de
coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Avant le 12 mars 2020, il y avait des signes
avant-coureurs que les personnes qui étaient hébergées en CHSLD allaient vivre
des moments particulièrement difficiles. Il y avait des signes avant-coureurs,
puisque l'ancienne ministre de la Santé l'a reconnu, même si elle n'a pas posé
les gestes nécessaires. Il y avait des signes avant-coureurs, puisque le
directeur de la santé publique nous l'a dit, il a mentionné que les personnes
aînées allaient être particulièrement à risque. Des signes avant-coureurs, M.
le Président, puisque l'INSPQ avait levé un drapeau rouge pour dire qu'on
allait avoir des enjeux. Des signes avant-coureurs, puisque le rapport de la
Protectrice du citoyen nous dit qu'il y avait d'autres juridictions qui
vivaient ce genre de scénario. Pourtant, malgré toutes ces informations, le gouvernement
a préféré les ignorer et abandonner les familles à elles-mêmes.
Mais il y a un deuxième
abandon, M. le Président. C'est quand le premier ministre se lève en cette
Chambre et nous dit qu'avant le 12 mars, dans le fond, il n'a rien vu, il n'a
rien su, qu'il n'y avait pas de signes avant-coureurs. Ça, c'est un deuxième
abandon pour les familles, et ce double abandon a un impact réel.
Est-ce que le premier
ministre se rend compte de cet impact qu'il a sur les familles qui ont été
touchées par cette immense hécatombe?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, au mois de février, on avait une
période de questions normale ici, jamais le Parti libéral n'a posé de question
sur les CHSLD. Tout à... C'est arrivé, M. le Président... la seule question,
c'est à quelque part au mois de février, dans une commission parlementaire, on
a dit : Qu'est-ce que vous faites pour le coronavirus? C'est tout. Rien
sur les CHSLD.
Or,
aujourd'hui, la cheffe de l'opposition officielle arrive puis dit : Bien,
comment ça se fait qu'en février vous ne le saviez pas? M. le Président, New York
a été surprise par la crise dans les centres de soins de longue durée. Même
chose à Boston, même chose en France, même chose au Royaume-Uni, même chose
en Italie. Puis là la cheffe de l'opposition officielle
essaie de dire : Comment se fait-il que le gouvernement n'a pas prévu
qu'il y aurait une crise dans les CHSLD? M. le Président, dès qu'on a vu qu'il y avait un problème dans les CHSLD
on a agi. Avant ça, comme beaucoup d'endroits dans le monde, on s'est surtout préoccupés de préparer les urgences de
nos hôpitaux, parce qu'on pensait que les citoyens viendraient engorger
les urgences de nos hôpitaux.
Donc,
M. le Président, c'est facile de dire : Je n'ai pas posé de questions en
février 2020, mais là j'en pose, au mois de novembre 2021. M. le
Président, je pense que les Québécois sont capables de faire la part des
choses.
Le Président :
Première complémentaire...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'à la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, ce n'est pas moi qui le dis mais
le rapport de la Protectrice du citoyen, et je vais relire le paragraphe, que
le premier ministre devrait relire également : «Au même moment, l'État de
Washington, aux États-Unis, et la province de la Colombie-Britannique, au
Canada, voyaient des éclosions survenir dans les milieux d'hébergement[...], et
ce, avant que le Québec [ne] soit
touché[...]. Cela ne semble pas avoir influencé la stratégie du [ministère]
dans sa préparation [de] la pandémie.» Ce n'est pas la cheffe de
l'opposition officielle qui le dit, c'est la Protectrice du citoyen. Est-ce
qu'il est d'accord avec ça?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, prenez juste Boston
puis le Massachusetts, hein, c'est un des États
les plus riches au monde, ils ont un
des meilleurs systèmes de santé au monde, ils ne l'ont pas vu venir.
Même chose à New York, même chose en France, même chose au
Royaume-Uni, même chose en Italie.
Là,
la cheffe de l'opposition nous dit : Il y a un État
puis peut-être une province où il y a eu des problèmes
dans les CHSLD. M. le Président, toute l'équipe qui se réunissait chaque matin, on n'a pas eu cette
alerte-là. C'est facile puis c'est... Aujourd'hui, on se dit :
Bien, on aurait dû agir avant. Bien oui. Si on l'avait su, on l'aurait fait.
Le Président : Deuxième
complémentaire...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Encore une fois, Mme la cheffe de l'opposition officielle, vous avez la
parole.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Vous savez, M. le Président, là, perdre
ses parents dans un événement tragique, là, je sais de quoi je parle, c'est quelque chose qui est extrêmement douloureux. Et, pour passer à travers le deuil de ça, qui n'est pas
facile, on a besoin de savoir ce qui
s'est passé. On a besoin de savoir ce qui s'est passé pour être capable de
boucler la boucle. Mais, pour ça, M. le Président, il faut qu'on soit
capable d'entendre la vérité, et c'est ça qu'on a besoin d'avoir.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, on est tous d'accord,
ici, que de perdre ses parents, c'est terrible. Et, le fait qu'on avait un réseau qui était déjà fragile, où il manquait déjà beaucoup
d'employés dans les CHSLD, effectivement, il y a des aînés qui n'ont pas reçu les services qu'ils auraient dû recevoir, et on est
tous mal à l'aise face à ça, M. le
Président. Mais on a vécu une pandémie historique, on a essayé de
faire de notre mieux, M. le Président, puis on avait un réseau qui était déjà
fragile...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...puis on a fait
tout ce qu'il était possible de faire.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, je vais vous lire un
extrait de ce que M. Daudois, qui a perdu sa mère, dit. Il dit :
«C'est une farce. Il n'y a
pas de consignes qui ont été envoyées avant la fin février. Et, encore là,
c'étaient des consignes assez vagues.
Ils n'ont aucune excuse.» Et il rajoute : «On a littéralement abandonné le
sort de centaines et de centaines de personnes âgées dans tous les CHSLD.» Littéralement abandonné des centaines de
personnes dans tous les CHSLD. M. le
Président, je n'ai rien à ajouter.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, j'ai parlé avec des
enfants qui ont perdu leurs parents suite à ce qui s'est passé, entre autres, dans les CHSLD. C'est terrible, ce qui s'est
passé dans les CHSLD. Oui, si on avait su en janvier, février, on aurait
commencé à régler un problème qui était là depuis au moins une dizaine
d'années. Je l'ai dit puis je l'ai répété, je prends ma part du blâme.
On aurait dû augmenter les salaires, parce qu'on n'arrivait pas à combler les
postes dans les CHSLD. M. le Président, on a fait notre possible, puis je garde ça sur
le coeur pour le reste de ma vie, ces vies qui ont été perdues dans les
CHSLD.
Le Président : En terminant.
M. Legault : La cheffe de
l'opposition officielle n'est pas seule.
Le Président : Question
principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Gestion de la pandémie de coronavirus dans
les résidences pour personnes âgées
M. André Fortin
M. Fortin : Merci,
M. le Président. Le problème avec les
réponses du premier ministre, qu'il vient de nous donner, c'est qu'il
y a encore quelqu'un
dans son équipe, l'ex-ministre de la Santé, qui prétend avoir demandé à ce que
les CHSLD soient
préparés en janvier. Disons que c'est moins affirmatif que c'était, parce qu'en même temps elle a adopté aussi la
version du premier ministre, qu'elle ne savait pas qu'il y aurait un enjeu avec
les CHSLD jusqu'au 9 mars.
À
tous les jours, M. le Président, sa version change, puis à tous les jours ça
s'empire, parce que, si elle ne savait pas avant le 9 mars, il y a un sérieux enjeu. Le Dr Arruda affirmait à
partir du mois de janvier qu'il savait qu'il y aurait un enjeu avec les aînés, un enjeu majeur dans les CHSLD.
L'INSPQ a informé le gouvernement du Québec, le ministère de la Santé en
février. Il y avait des éclosions rapportées à la télévision, à CNN, en février,
dans les résidences de personnes âgées dans l'Ouest.
Si
le directeur de la santé publique savait, si l'INSPQ savait, pourquoi, comment
la ministre de la Santé et le premier ministre, eux, ne savaient pas?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je pense que, pour aider à comprendre la situation dans
laquelle on était, je vais aussi citer
des passages du rapport de la protectrice, dans son rapport. En fait, elle dit :
«La réforme du système de santé de 2015 a créé [des] plus grandes
structures sans les doter de gestionnaires en nombre suffisant.»
«En
l'occurrence, la réforme du réseau de la santé de 2015 et sa vaste
restructuration ont été un coup dur pour la gestion et l'expertise en
PCI dans les établissements.»
Et je continue :
«Phénomène souvent dénoncé, la reconfiguration du réseau de la santé et des
services sociaux en 2015 n'a pas été suivie des changements requis sur le plan
informatique.»
Je
pense, M. le Président, qu'il est important... Et le premier ministre l'a dit souvent,
nous n'avions pas l'information qui
était requise pour bien gérer cette pandémie-là. Et je pense qu'il est très
difficile pour, peut-être, le Parti libéral d'accepter le tort qu'ils ont causé au réseau de la santé. La
Protectrice du citoyen en a fait grand état dans son rapport, et je pense, M.
le Président, qu'il est important de le dire. Merci.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, la semaine passée, sous serment, l'ex-ministre de la
Santé, elle affirmait qu'elle avait
ordonné de préparer les CHSLD en janvier.
Cette semaine, elle a appris le risque pour les aînés en mars, M. le Président. Mais, si le ministre de la
Santé veut citer la Protectrice du citoyen, il n'y
a pas de problème,
on peut faire ça toute la journée. Il
y avait des inquiétudes
pour les personnes âgées en CHSLD, mais aucune action concrète et spécifique de
préparation des CHSLD avant la mi-mars.
La cellule de crise savait, s'inquiétait mais n'a pas préparé les CHSLD. Ça,
c'est l'abandon de sa responsabilité.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, on veut citer le Protecteur du citoyen. Je vais continuer, M. le
Président.
Dans son rapport, la Protectrice du citoyen dit comment qu'il était important d'avoir un
patron dans chacun des CHSLD. Et ça,
on a vu que c'est quelque chose qui a été enlevé par le Parti libéral. On a voulu sauver des coûts dans les CHSLD, on a enlevé les gestionnaires. Et ce qu'elle dit : «Chaque
CHSLD doit disposer d'une autonomie de gestion, par la mise en place d'une gouvernance forte distincte, afin de placer les personnes hébergées et leurs
proches au coeur des décisions qui les concernent.»
M. le Président, c'est exactement ce que nous avons fait. Et la protectrice a salué
les efforts qu'on a faits depuis la deuxième vague.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : M. le
Président, le premier CHSLD où il y a
eu une éclosion massive, c'est le CHSLD Herron, qui est un CHSLD privé.
Le gouvernement n'a rien à voir avec le nombre de gestionnaires, mais le gouvernement
a une responsabilité, par
exemple, envers les CHSLD privés,
c'est de les informer quand il y a des risques majeurs qui s'en viennent dans leur direction. Et l'association des CHSLD
privés dit qu'ils n'ont jamais été informés par le gouvernement. Ce n'est qu'à la deuxième
semaine d'avril que les ministres ont présenté des mesures renforcées de protection
dans les milieux de vie, deuxième semaine d'avril.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, écoutez, M. le
Président, je vais continuer à citer le rapport du citoyen, qui fait état aussi
de l'engagement que nous avons fait des 10 000 PAB au moment où, justement, les
salaires n'avaient pas été offerts, on avait coupé
dans les budgets pour les CHSLD. Et ce que la Protectrice du citoyen dit :
Vous avez fait des efforts au moment où il
fallait le faire, c'est-à-dire engager plus de 10 000 personnes à
l'intérieur d'un délai excessivement court. Je répète, M. le Président : Au moment où nous avons
pris connaissance de l'information, on a tout fait pour sauver des vies, M. le
Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Fabre.
Accès aux centres d'hébergement
et de soins de
longue durée pour les proches aidants
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
M. le Président, 14 mars 2020, le gouvernement suspend les visites des
personnes hébergées en CHSLD, une onde de
choc pour les familles, une onde de choc pour les proches aidants. La
protectrice, dans son rapport, rappelle
que cette mesure avait été prise dans une perspective de très court terme, mais
les jours ont passé, et l'interdiction est restée. À ce même moment, le
bilan des morts dans les CHLSD a commencé à grimper.
Page 52
de son rapport : «...on a sous-estimé la précieuse contribution des
personnes proches aidantes. [...]les CHSLD ont été privés de l'aide compétente de personnes qui connaissaient leurs
proches respectifs et le milieu de vie.» Ça, ça veut dire que la ministre
responsable des Proches aidants n'a pas été en mesure de convaincre son
gouvernement de leur nécessité.
M.
le Président, pourquoi, sur quel avis ce gouvernement a pris la décision de
barrer la porte à des proches aidants et laisser mourir seuls des aînés
vulnérables?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je pense qu'on sait tous comment ça a été un moment
difficile et que chaque décision qui a été
prise, à l'époque, était pesée pour essayer de voir quelle était la meilleure
décision. Moi, je me souviens aussi
de moments où on s'est rendu compte que c'étaient des visiteurs, des visiteurs
de parents qui allaient dans les CHSLD, et qui, malheureusement, revenaient de voyage, et qui avaient amené dans
le CHSLD cette terrible maladie. Alors, je pense qu'il faut regarder aussi à
chaque fois, au moment où ont été prises ces décisions-là, quelles étaient les
recommandations de la Santé publique
et de nos experts, de vouloir toujours avoir en tête la protection de nos
aînés. C'est ce qui a été fait avec les proches aidants à ce moment-là. Et,
quand on a pu voir qu'il était possible d'avoir les mesures de PCI, de
protection et de contrôle des
infections, a été changé ces directives-là. Mais, M. le Président, je le
répète, les gens ont fait le maximum d'efforts avec l'information qu'ils
avaient. Merci.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, le Dr Arruda nous a confirmé, le
9 décembre 2020, qu'il n'y en avait pas, d'étude. Et, pendant que les proches aidants se frappaient
à des portes barrées, le premier ministre, dans son point de presse quotidien,
disait : «On a besoin de bras dans les CHSLD.»
M.
le Président, pourquoi ce gouvernement a attendu à la mi-avril avant d'ouvrir
les portes des CHSLD aux proches aidants?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, en complément à ma réponse, puis je pense que, si on veut reprendre...
puis on a fait ça une bonne partie de la semaine, puis je comprends
l'opposition, je comprends de vouloir faire cette approche-là, mais, je le
répète, on a vu, M. le Président, que
la coroner Kamel a fait une approche très rigoureuse dans les personnes qu'elle
interroge. Elle a même décidé, dans
les dernières journées, de requestionner et de ramener en enquête des gens qui
ont déjà été interrogés, à la lumière
de l'information nouvelle qu'elle a reçue, M. le Président. Alors, moi, ce que
je demanderais... et je sais que c'est difficile d'attendre, mais je
pense qu'il est important pour tout le monde...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...d'avoir l'information de la coroner.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, ça fait maintenant plus
d'un an et demi que je cherche à comprendre, que je pose des questions à la
ministre des Proches aidants, et j'ai cette image forte dans ma tête du proche aidant qui envoie la
main à sa mère ou à son père par la fenêtre parce que c'est le seul lien
qu'on lui permet d'avoir.
Une fois pour toutes et pour eux, qui de ce
gouvernement a pris la décision d'interdire l'humanité des proches aidants auprès des leurs dans leurs derniers
moments de vie, la ministre des Proches aidants, la ministre de la Santé ou le
premier ministre du Québec?
Le Président : M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, écoutez... Puis je réagis, M. le Président, avec beaucoup
d'empathie aux propos de la députée. Je
pense que tous les Québécois, incluant la députée, on a vécu des moments
excessivement difficiles. Je me souviens aussi aller voir par la fenêtre ma
mère, qui est dans une RPA. On a tous vécu ça. C'est des moments excessivement
difficiles.
Mais, je le
répète, M. le Président, on a écouté nos experts au moment où on avait de
l'information et on a pris les meilleures
décisions pour les protéger. Quand on a pu réévaluer certaines décisions, nous
l'avons fait, M. le Président. C'est difficile à accepter...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...je sais qu'on a
tous vécu des moments difficiles, mais je pense que tout le monde le comprend.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Mercier.
Critères d'admissibilité
au Programme d'action
concertée temporaire pour les entreprises
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : M. le Président, toute la semaine la CAQ est
partie en guerre contre la transparence, et le champion toutes catégories du
manque de transparence, sans surprise, est, encore une fois, le ministre de l'Économie. À peine...
Le Président : M. le
leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, en 12 secondes, il y a
deux fois qu'on prête des intentions, dans la question de la députée de
Mercier. On ne peut pas prêter des intentions. «Manque de transparence», ce
n'est pas le cas, M. le Président.
Le Président : Et je vais
vous demander d'être prudents. Mme la leader du deuxième groupe.
Mme Labrie : M. le Président, les faits parlent
d'eux-mêmes, le gouvernement sait comment montrer sa transparence.
Le
Président : On est
dans un principe de questions. Je vous demande quand même d'être prudents dans
les propos qui sont abordés sur ces thèmes, bien sûr. Mme la
députée de Mercier, je vous demande votre collaboration.
Mme Ghazal : À peine revenu au Conseil des ministres, il a retrouvé ses vieilles pantoufles :
gérer l'argent des Québécois comme sa petite caisse personnelle...
Le Président : M. le
leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, vous voyez où ça s'enligne,
là. 18 secondes : quatre fois, prêter des intentions. Je vous demanderais de rappeler à l'ordre la
députée de Mercier. Ce n'est pas correct, M. le Président, d'agir comme ça
à l'encontre d'un collègue député. Il
faut se respecter entre nous, M. le Président, et le ton de la question et
le contenu n'est pas approprié.
Le
Président : Bien, écoutez, évidemment, il n'y a pas... à ce
moment-ci, je ne vois pas de motifs indignes qui sont imputés.
Cependant, cependant...
Des voix : ...
Le Président : Non, non.
Cependant...
Des voix : ...
Le Président : C'est le critère de notre règlement. Cependant,
je rappelle et je vous rappelle à toutes et à tous d'être prudents dans
la façon de dire et de faire, bien sûr.
Mme la députée de Mercier,
continuez, mais je vous demande sincèrement votre collaboration à toutes et à
tous.
• (10 h 30) •
Mme Ghazal : Donc, le ministre est revenu à ses vieilles
habitudes, et c'est le rapport de la Vérificatrice
générale qui nous l'apprend hier, puisqu'il est intervenu personnellement pour
aider certaines entreprises, au détriment de d'autres. On ne sait pas il
y a eu combien d'entreprises qui ont reçu de l'aide publique.
Ce serait le fun que,
pour une fois, le ministre de l'Économie respecte nos règles ici, à l'Assemblée
nationale.
Des voix :
...
Le Président :
O.K. M. le...Non, non, mais, je veux dire...
Des voix :
...
Le Président :
Monsieur... S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Président : Là, je
n'ai pas entendu ce qu'elle a dit, O.K.? Je vais vous demander de me faire votre question
de règlement, M. le leader du
gouvernement. Faites-moi votre question de règlement, mais on va le faire assez
rapidement.
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président. 6. Non, non, laissez-moi terminer, M. le Président. 6. La
députée de Mercier...
Des voix :
...
Le Président :
Non, non, non, s'il vous plaît! Non, non, s'il vous plaît!
M. Jolin-Barrette : La députée de Mercier vient d'affirmer que je
fais du «mansplaining», alors que je... Et elle vient de dire oui, elle vient de dire oui. Elle insulte les députés.
Elle prête des intentions. Elle me dit... En tant que leader du gouvernement,
mon rôle, M. le Président, c'est de vous solliciter et de nous faire respecter
pour ne pas que la députée de Mercier
insulte les collègues ici, qui ont été légitimement élus, qui se conforment aux
règles de l'Assemblée nationale. Et la démonstration, M. le Président, c'est
que la Commissaire à l'éthique était avec ça. On ne peut pas laisser passer ça.
Des voix :
...
M. Jolin-Barrette : Et j'entends la députée de Mercier crier après
moi pendant que je suis en train de vous parler. Et surtout je
n'accepterai jamais de me faire traiter, M. le Président, de «mansplaining»,
avec tout ce qu'on fait, M. le Président...
Le
Président : J'ai bien compris, M. le leader du gouvernement. Je
pense, c'est très clair. C'est bien clair. Je vous rappelle, je vous
rappelle...
Des voix :
...
Le
Président : Je vous rappelle qu'on ne peut laisser entendre
qu'on ne respecte pas les règlements, les règles. On va entendre calmement les
arguments. Je ne veux pas d'insulte de quelque côté que ce soit. Mme la députée
de Mercier, je vous le dis et je vous
rappelle encore une fois l'appel à la collaboration. Soyez prudente également.
Soyons prudents. Je ne veux pas
d'insulte de quelque côté que ce soit. Et on ne peut laisser entendre qu'on ne
respecte pas les règles. Mme la députée, sur la fin de votre question.
Mme Ghazal :
Ce serait le fun que, pour une fois, il fasse preuve de transparence. Ce serait
le fun que, pour une fois, il agisse comme ministre, comme ministre, et
non comme P.D.G...
Des voix :
...
Le Président :
Ah! non, ça, écoutez, je veux dire, c'est...
Des voix :
...
Le Président :
Non, non. Je pense que, dans ce cas-ci, on va se rendre, si vous voulez, au
bout de la question. Mme la leader du
deuxième groupe d'opposition... «Transparence» a souvent été entendu ici,
évidemment, là, bien sûr. Mais je
vous demande, Mme la leader, encore une fois qu'on ne perde pas ces précieuses
secondes dans notre période de questions. C'était bien parti. Continuons
comme ça.
Mme Labrie :
Très brièvement, M. le Président, ma collègue fait référence à des rapports qui
sont publics, que tout le monde ici connaît, le rapport de la Commissaire à l'éthique, le rapport de la
Vérificatrice générale. Je vous demanderais de la laisser
continuer de poser sa question. Merci.
Le
Président : On peut certainement poser des questions sur ce
type d'enjeux, mais on doit être prudents et faire
attention aux règles, que vous connaissez toutes et tous, que vous avez
rappelées à plusieurs reprises, M. le leader du gouvernement. Honnêtement, je
souhaite... je pense qu'on peut se rendre au bout de la question. Allez-y.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je veux savoir si on peut... Dans
les motifs imputés que l'on fait, est-ce qu'on peut dire : Le collègue de l'Assemblée nationale manque de transparence? Est-ce qu'on peut le dire? Est-ce que la
présidence accepte ça dans notre
lexique? Est-ce que c'est permis? Parce que, si c'est le cas, je veux juste
qu'on soit bien renseigné qu'on peut utiliser ça, le terme : Les
collègues manquent de transparence. Je veux juste le savoir.
Le Président : On peut
questionner, M. le leader du gouvernement, ça a souvent été fait par le passé,
on peut questionner, mais on ne peut pas non
plus imputer le fait qu'un collègue ne respecte pas les règles. Et, sur cette
base, je vais vous demander de continuer, s'il vous plaît, Mme la
députée de Mercier. Il vous reste peu de temps, mais on peut questionner
l'enjeu. Je vous demande d'être très prudente.
Mme Ghazal :
Est-ce que le ministre peut nous dévoiler la liste des 10 entreprises qui
ont reçu de l'argent, qui était dans
le rapport de la Vérificatrice générale, mais pas seulement les
10 entreprises, toutes les entreprises qui ont reçu de l'argent
pendant la pandémie, pour les aides publiques?
Le
Président : M. le ministre de l'Innovation et de l'Économie. S'il
vous plaît, attentifs tant aux questions qu'aux réponses.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, je vais essayer de calmer la récréation. Mais la première chose que
je dirais, c'est que j'en profiterais pour
remercier le ministère de l'Économie et Investissement Québec pour comment ils
ont travaillé le programme PACTE et le programme PAUPME, où,
aujourd'hui, on a 13 000 entreprises qui en ont bénéficié,
1,5 milliard d'accordé, le plus bas taux de fermeture d'entreprises au
Canada, on est l'État qui est le plus performant.
Pour la
transparence, je vais le définir, Mme la députée, c'est quoi, la transparence.
Dans les règles soumises par le PACTE,
qui est un programme du MEI qui s'appelle Essor, qui est géré par
Investissement Québec, tous les prêts de 25 000 $ et plus sont
divulgués. Donc, on ne peut pas être plus transparent que ça.
Deuxièmement,
la députée a fait quelques faussetés, dans ses énoncés, parce qu'il n'y a eu
aucun, il n'y a eu aucun projet, aucun prêt qui a été dicté par le ministère.
Tous les prêts sont passés par... Le code statutaire, c'est IQ régional,
IQ national, le ministère. Il y a eu entre
25 et 30 projets d'aide sur 13 600 qui sont passés. Donc, on est très
transparents, et le processus est très rigoureux.
Le
Président : Je vais demander, évidemment, là... Il y a un terme
qui a été utilisé, je vous ai laissé aller, là, mais «faussetés», ces notions, même chose pour tout le
monde, soyez prudents encore une fois sur ces termes. Vous les connaissez
toutes et tous. Mme la députée, on continue en...
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Il y a des entreprises dans mon comté, partout au Québec qui ont souffert de la
pandémie et qui avaient besoin d'aide, mais elles n'en ont même pas demandé, de
l'aide. Pourquoi? Parce qu'elles ne savaient pas que le ministre avait un pouvoir discrétionnaire. Après
que certaines entreprises aient reçu le pactole, il y en a qui ont déclaré
faillite. Et, après ça, quand la
Vérificatrice générale pose la question, on dit que c'est parce que c'est des
entreprises stratégiques. C'est ça, la définition du ministre, d'être
stratégique? Ça nous rappelle la question des ballons dirigeables.
Je répète ma
question : Est-ce que le ministre peut nous donner la liste de toutes les
entreprises qui ont reçu de l'aide?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, ce serait bien que la députée écoute la réponse de la première
question avant de poser la deuxième. J'ai mentionné que tous les prêts en haut
de 25 000 $ qui ont été
faits par le programme PACTE sont sur
le site d'Investissement Québec et du MEI, où on divulgue le nom et le montant
du prêt. Je ne sais pas comment on peut être plus transparent. Deuxièmement,
sur 14 000 prêts, 25 sont passés par le ministère. Alors, je pense,
il faut faire attention, de dire un peu n'importe quoi.
Alors, ici, on a donné...
Des voix : ...
M. Fitzgibbon :
La question n'est pas finie, là?
Des voix : ...
M. Fitzgibbon : On a donné aux
MRC le pouvoir, le pouvoir de décider. On est un gouvernement qui aime
décentraliser. L'efficience d'une opération, c'est être près du terrain. Les
gens du terrain ont fait les prêts.
Le
Président : Attention,
toujours, dans les propos qui sont utilisés. Je suis très
attentif, vous le savez, je vais être très vigilant. Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Je veux avoir la liste des entreprises pour
lesquelles le ministre a usé de son pouvoir discrétionnaire. C'est ça
que je veux avoir, pas juste les 10, tous ceux qui ont été sur son bureau de
ministre.
Hier, quand
les journalistes lui ont posé une question, il a dit que lui, il connaissait
tout le monde, qu'est-ce que vous
voulez? J'aimerais ça qu'il nous ouvre son carnet d'adresses et qu'il nous dise
quels sont ses amis P.D.G. qui ont reçu l'argent à cause de son
intervention.
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : M. le
Président, je pense que je demanderais à la députée de faire ses devoirs — je sais, je dois me calmer — de faire ses devoirs, parce que, de toute évidence, elle ne comprend pas
comment le système fonctionne. Voici comment qu'il fonctionne, le système.
Des voix : ...
M.
Fitzgibbon : Bon, la
récréation n'était pas finie, là, mais... Alors, le système fonctionne... le
système fonctionne, M. le
Président... ce n'est pas le ministre, ce n'est pas le ministère qui va décider,
on prête à A ou à B. Comment ça fonctionne? Je l'ai dit tantôt, elle ne
m'a pas écouté. Le cadre normatif, le cadre normatif, les projets...
Des voix : ...
Le
Président : ...vous
dire qu'on a le droit de questionner, d'éviter les propos peut-être
un peu blessants, c'est pour le bénéfice de tout le monde puis une
période de questions qui fonctionne bien. Continuez, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Je m'excuse. Toutes mes excuses. Alors, tous les
projets, tous les projets sont arrivés par Investissement Québec, Financement spécialisé, avec leurs
recommandations. Il n'y a eu aucun projet où j'ai dit : On finance
ça, ou : On dit non.
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : Alors, le
processus est très rigoureux.
Le Président : Question
principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Enquête sur la gestion de la pandémie de COVID-19
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, j'aimerais revenir sur la
gestion de la pandémie et sur l'hécatombe dans les CHSLD. Le premier
ministre a dit tout à l'heure qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait au
printemps 2020. On ne peut pas revenir en
arrière, on ne peut pas ramener à la vie les 4 000 personnes qui sont
décédées, mais je lui demande aujourd'hui de faire tout ce qu'il peut, aujourd'hui, pour faire la
lumière sur la situation. Les Québécois, collectivement, veulent comprendre
ce qui s'est passé. On veut comprendre comment
les décisions se sont prises dans la cellule de crise, comment a fonctionné
la chaîne de commandement, comment est-ce qu'on a pu l'échapper à ce point, au
Québec, dans les CHSLD.
Depuis trois
jours, on entend les questions, et elles sont toutes pertinentes. Les réponses
sont incomplètes. Il faut aller au
fond des choses. On n'y arrivera pas dans le salon bleu, ça prend une
commission d'enquête publique et indépendante pour faire la lumière sur
toute l'affaire.
On a aussi des commissions d'enquête qui sont en
cours, elles sont toutes sectorielles. On a besoin d'une vue d'ensemble d'un point de vue global. Et le
consensus est clair pas à travers seulement les partis d'opposition, mais
également dans la société civile,
chez les commentateurs publics. On ne cherche pas à trouver des coupables. On
veut comprendre, on veut tirer des leçons de la crise du
printemps 2020.
Quand
le gouvernement va-t-il se rendre compte que la seule chose à faire, c'est
d'instituer une commission d'enquête publique et indépendante sur la gestion de
la pandémie et la crise dans les CHSLD?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, il y a trois enquêtes qui sont soit en cours soit terminées.
On a eu le rapport, hier, de la Protectrice du citoyen. Il y aura
éventuellement le rapport de la coroner, et il y aura éventuellement le rapport
de la commissaire indépendante à la santé,
qui était appuyée par les quatre partis ici comme choix de personne, Mme Castonguay.
Et, M. le Président,
ce qu'il est important de dire, c'est que la commissaire a tous les pouvoirs
d'une enquête publique. Donc, j'essaie juste
de savoir, là, quels pouvoirs le Parti
québécois voudrait donner de plus à Mme Castonguay. Quels pouvoirs?
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, le mandat de la commission... de la commissaire, plutôt, au
bien-être est d'analyser la performance des soins de santé. Le premier
ministre semble s'en satisfaire. Pas nous. Nous voulons aller plus loin. C'est la performance de la gestion de crise qui
est en question, actuellement, et qu'il faut analyser. On veut comprendre le
fonctionnement de la cellule de crise, qui a mené notamment à l'hécatombe dans
les CHSLD.
Pourquoi le premier
ministre refuse-t-il de faire toute la lumière sur la situation?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, je m'excuse de contredire le chef parlementaire du Parti
québécois, mais ce qu'il mentionne, c'est
déjà dans le mandat de la Commissaire à la santé. Donc, je l'invite, là... Peut-être
qu'il pourrait le faire personnellement,
rencontrer Mme Castonguay, puis de bien discuter avec elle de son mandat,
de ses pouvoirs. Elle l'a dit clairement
depuis le début, elle considère qu'elle n'a pas besoin de pouvoirs additionnels,
elle a le droit de convoquer qui elle veut. Donc, M. le Président, j'invite
le chef parlementaire du Parti québécois à s'asseoir avec la Commissaire à la
santé.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, il faut savoir qu'une commission d'enquête publique va beaucoup
plus loin que le mandat attribué à la Commissaire à la santé et au bien-être. C'est une commission qui est régie par une loi.
C'est une procédure quasi judiciaire,
avec des pouvoirs d'assignation, des pouvoirs autonomes, des commissaires
indépendants, qui a un mandat autonome et beaucoup plus large. Et
surtout c'est un processus public, complet, dans l'intérêt du public.
Pourquoi le premier
ministre refuse-t-il d'aller là? Qu'a-t-il à cacher?
Le
Président :
Monsieur... Non, s'il vous plaît, la fin de la question, je ne l'accepte pas. Mensonge,
caché, camouflé, qu'a-t-il à... Vous
le savez, nous ne pouvez pas aller là. Alors, je viens de vous le dire et je
vais vous demander de retirer cette fin-là, c'est un propos qui n'est
pas permis.
M. Arseneau :
Je le retire.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, encore une fois, j'invite le chef parlementaire du Parti
québécois à rencontrer Mme Castonguay.
Elle l'a dit en entrevue avec Patrick Masbourian, avec Patrice Roy, elle a dit :
«Nos pouvoirs d'enquête sont très
larges. J'ai le pouvoir d'obliger qui que ce soit à me parler. [...]j'ai le
pouvoir de réclamer une enquête. Je pourrais [même] faire une enquête
publique.» Elle a tous les pouvoirs.
Donc, j'essaie de
comprendre là où veut aller le Parti québécois, là, mais j'ai de la difficulté
à le suivre.
Le Président :
Question principale, M. le député de LaFontaine.
Rapports
des visites d'évaluation de la qualité des milieux de vie dans les
centres d'hébergement et de soins de longue durée
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, la crise des CHSLD et la
recherche de la vérité, c'est ce qui préoccupe les Québécoises et Québécois et au premier titre les proches de
celles et ceux qui sont décédés. La version du gouvernement a été pour le
moins évolutive dans le temps. Ce que l'on
veut ici... Et elle touche à la gestion des informations et à la gestion
des documents. Le ministre de la Santé et le premier ministre sont
responsables de l'administration publique.
On
sait qu'un mois après le 13 mars, un mois après le déclenchement de l'état
d'urgence sanitaire, le 14 avril, ont commencé des visites de vigie dans les CHSLD par du personnel de la
santé qui remplissait manuellement des grilles de visite, informations
névralgiques quant aux conditions d'hébergement dans un contexte où des aînés décédaient.
Question
toute simple au ministre de la Santé : Les grilles de visites manuelles, son ministère
les a-t-il en main, oui ou non? Et toutes les grilles.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je vais répondre exactement ce que j'ai répondu au
député dans les derniers jours : On ne
peut pas prendre un témoignage en particulier durant une enquête qui est en
cours. Et, s'il y a bien quelqu'un
de sa formation professionnelle qui devrait
savoir ça, pour ne pas influencer le cours d'une enquête, c'est bien lui, M. le Président.
Alors,
je vais répéter ce que j'ai dit. La commissaire... la coroner, pardon, Kamel
fait un excellent travail. Elle pose des
questions. Elle juge même, M. le
Président, basé sur des réponses
qu'elle a obtenues au cours des derniers jours, de ramener des personnes, de ramener des personnes,
pour conclure son enquête, parce qu'elle a peut-être entendu des choses qu'elle
voudrait préciser. Ce n'est pas mon rôle, à faire ça, aujourd'hui, M. le Président, pendant que l'enquête est en cours. Et
ça, le député devrait le savoir, de par sa formation professionnelle.
Alors,
M. le Président, je le sais, que c'est difficile, mais nous, on
va suivre les règles. On a confié ce mandat-là à la coroner, qui fait un
excellent un travail. On va continuer à avoir ses recommandations.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, en passant, là, la
coroner, elle fait une enquête sur cinq CHSLD puis une RPA. On parle de
l'ensemble du Québec. Ce que je demande au ministre... Puis il dit :
Ce n'est pas mon rôle de répondre à la question. M. le Président, c'est
le rôle du ministre. Il est responsable de l'administration publique, de
l'information qui s'y passe et des documents qui en témoignent.
Je
lui demande : Oui ou non, les grilles de visite, manuelles, qui ont
commencé le 14 avril par des employés de la santé, est-ce qu'elles
existent encore dans son ministère?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, on peut poser la question de trois façons différentes, M. le
Président, je vais toujours répondre la
même chose. Il y a une enquête qui est en cours sur le processus qui a été
suivi. La coroner fait un travail où elle doit établir le processus qui a été suivi, voir s'il y a eu des manquements,
reposer des questions. On peut me poser la question une dizaine de fois, M. le Président, de
différentes façons, ma réponse est la même : Laissons la coroner faire son
travail, et après ça, lorsqu'elle aura terminé, on regardera les
conclusions. Merci, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, les proches, les familles éplorées ont besoin, après l'avis,
de la vérité. Le ministre est
responsable de son ministère. Le ministre doit être capable, en cette
Chambre... Dans notre démocratie, on est là pour poser des questions, et
il est là, et c'est sa responsabilité ministérielle, de répondre à une simple
question.
Les
rapports de visite, manuels, qui ont été remplis par des employés du ministère
de la Santé, notamment, M. le Président, les rapports manuels
existent-ils toujours, oui ou non?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
M. le Président, j'ai fait une liste, un petit plus tôt cette semaine, de tout
ce qu'on a fait, parce que ce que les
Québécois s'attendent de nous, c'est qu'on gère, en ce moment, une pandémie,
qui est encore en cours, M. le Président. On a un gouvernement qui est en action. On a posé une foule de gestes,
depuis la première vague, qui a fait qu'aujourd'hui, M. le Président, on est dans une bien meilleure
position, une des meilleures positions en Amérique du Nord, face à cette
pandémie-là. Je pense que c'est ça que les Québécois apprécient.
Il y a une enquête qui est en cours, laissons
les gens qui sont responsables de faire l'enquête. Nous, pendant ce temps-là,
on s'occupe de la pandémie, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de Bonaventure.
Soutien aux cégeps en région
M. Sylvain Roy
M. Roy : M. le
Président, récemment,
le gouvernement a fait une profession de foi envers les
régions du Québec et s'est
ouvertement engagé à soutenir leur développement. Qui dit développement des régions dit soutien aux cégeps des régions.
Le
18 novembre dernier, un regroupement de 12 cégeps a demandé à la ministre de l'Éducation supérieure de les aider
à améliorer leur attractivité. Actuellement, le gouvernement supporte à coups de centaines de millions la
construction d'infrastructures pour répondre à l'augmentation d'étudiants à Montréal.
Pourtant, il y a près de 9 000 places
disponibles dans les cégeps des régions.
Ce regroupement demande l'autorisation d'offrir
des programmes exclusifs afin d'attirer des étudiants. Cette demande, je l'ai aussi faite à la ministre le
27 avril dernier. Et elle m'a répondu, et je cite : «Il n'est pas
exclu. [...]on doit regarder [les]
possibilités de ce côté-là. Et il y a différentes alternatives, on pourrait
même modifier la loi [de l'enseignement collégial pour le faire].
[...]on va continuer nos travaux là-dessus.»
Après sept mois de réflexion, la ministre
a-t-elle pris sa décision? Et va-t-elle agir?
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Merci, M. le
Président. Bien, je remercie mon collègue de me poser cette question-là, parce qu'effectivement, quand je suis entrée en poste à
l'Enseignement supérieur, c'est une des premières choses que j'ai faites,
j'ai rencontré le groupe des 12, les
12 cégeps en région. Et, depuis ce temps-là, j'en fais une priorité, de
soutenir nos cégeps en région de
toutes les façons possibles. Et j'ai posé quelques gestes, dont, par exemple,
d'augmenter le programme de mobilité.
Le programme de mobilité, M. le Président, c'est vraiment de permettre à des
étudiants des grands centres du Québec,
là, comme Montréal, Québec, d'aller étudier dans les cégeps des régions et de
leur fournir un soutien financier, là, pour les dépenses, là, usuelles.
Et c'est un programme que j'ai rehaussé.
Mais, M. le Président,
le rôle des cégeps des régions dont parle mon collègue, j'y crois beaucoup. Les
cégeps des régions sont là aussi à
jouer un rôle très important au développement économique, au développement
social des régions. Et j'entends bien
les soutenir là-dessus et développer davantage de programmes dans ces cégeps.
J'ai demandé d'ailleurs au ministère de faire des propositions
là-dessus.
• (10 h 50) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, en passant, on n'est pas obligé de modifier la loi sur
l'enseignement collégial pour donner des exclusivités de programme. Ça
existe déjà, ça prend juste une volonté politique.
Un autre
facteur d'attractivité est la qualité des infrastructures. Le regroupement
demande à la ministre un financement adéquat pour améliorer la qualité
des résidences, des cafétérias ainsi que des installations sportives et
culturelles.
Est-ce que la
ministre s'engage à faire les représentations nécessaires pour trouver les
sommes pour permettre la survie des cégeps en région?
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Bien, M. le
Président, je continue dans le sens du plan de régionalisation qu'on est en
train de travailler au ministère. D'ailleurs, j'ai fait un appel à tous les
cégeps du Québec, notamment ceux des grands centres, à faire des ententes avec les cégeps des régions qui sont prêts, qui
sont mobilisés. Effectivement, il y a des places en région qu'on pourrait utiliser. Et évidemment on leur a
demandé, au niveau des cégeps des régions, de nous amener de l'information
sur leurs besoins en infrastructures, et on
va l'inclure, évidemment, dans nos demandes pour un plan d'infrastructures dans
nos cégeps, M. le
Président. Et, dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre que nous avons, il
est essentiel de faire en sorte que les cégeps des régions...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...jouent un rôle
important pour contrer la pénurie.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, le premier ministre a indiqué qu'il souhaitait créer des zones
d'innovation partout au Québec. Les
cégeps sont des vecteurs d'innovation et des incubateurs de programmes
émergents. L'entrepreneuriat pédagogique existe et permet de créer des
programmes qui vont répondre aux besoins de l'économie de demain. Étant donné
que la création de programmes demande
des ressources, il faut permettre aux cégeps innovants d'avoir l'exclusivité
des nouveaux programmes. Je répète : exclusivité des nouveaux
programmes.
La ministre
va-t-elle être cohérente avec son gouvernement, soutenir les cégeps en région
et rencontrer leur regroupement, qui lui a demandé de...
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, moi, je suis certainement ouverte à rencontrer à nouveau
le Regroupement des cégeps de régions. C'est un groupe, d'ailleurs,
extrêmement dynamique.
Puis je fais actuellement une tournée des
régions. J'ai rencontré plusieurs d'entre eux et je vais en rencontrer
d'autres, là, prochainement, mais notamment j'ai rencontré des cégeps de la
région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Bel exemple de dynamisme, M. le Président.
Il y a là un potentiel qu'il faut vraiment mettre à profit dans toutes les
régions du Québec. Et, M. le Président, on va s'atteler à la tâche.
Et moi, j'en
fais un dossier prioritaire, le développement des régions, avec la grande
participation de nos cégeps des régions, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de Rosemont.
Processus d'attribution de contrats par le ministère de
l'Économie
et de l'Innovation en contexte de pandémie
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. On n'en est pas au premier épisode, avec le ministre de
l'Économie. On sait bien que le ministre s'est même mérité, depuis quelques
années, depuis les derniers mois, une carte de membre élite auprès de la Commissaire à l'éthique. Au moins
trois rapports de la Commissaire à l'éthique ont dénoncé des manques à ce code.
Cet été, à la
suite de nos pressions, le premier ministre a même dû envoyer son ministre
vedette dans les gradins. À peine
revenu de sa subvention, on apprend que le ministre a autorisé des aides
économiques à des entreprises sans perspective de rentabilité. Il faut
le faire!
Si le
ministre de l'Économie veut se mettre à investir son argent au feeling, sans
cadre, il peut proposer sa candidature aux Dragons. En attendant,
il est ministre ici.
Est-ce qu'il peut se conformer aux règles et
répondre à la Vérificatrice générale?
Le Président : Et je vais
vous demander, encore une fois, de faire extrêmement attention à ce qui est dit
dans les propos qui sont mentionnés. On peut
légitimement questionner mais être prudent dans ce que l'on fait également
et dans ce que l'on dit et les termes que l'on emploie.
Le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, je reviens au point de
départ. On déclare l'état d'urgence le 13 mars. Moins de six
jours après, on a un programme costaud qui s'appelle le PACTE. Moins de trois
semaines après, on a un programme costaud qui s'appelle le PAUPME. L'opposition,
à ce moment-là, incluant le député de Rosemont, faisait tout état du fait qu'il fallait être flexible parce que
les entreprises du Québec étaient pour mourir. On a maintenant,
après plusieurs mois, un des meilleurs bilans, meilleur
bilan canadien sur les fermetures d'entreprises. Le programme a fonctionné.
Le député réfère à des cas d'espèce que j'ai
gérés. Ce n'est pas vrai, parce que, j'ai dit tantôt à sa collègue, sur 14 000 dossiers, 25 se sont ramassés à
mon bureau, et, les 25, c'est Investissement
Québec qui a conclu qu'il y avait des
raisons stratégiques pourquoi il fallait sortir du cadre qui avait été fait en
six jours. Dans tous les cas, ce n'est pas le ministre qui a décidé, mais plutôt Investissement
Québec, qui requérait une flexibilité, ce à quoi nous avons concédé. Et je
remercie les gens d'Investissement Québec d'avoir montré autant de flexibilité.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rosemont.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Ça me fait rire que le ministre me cite, il me cite ce que je lui ai dit, lui
qui passe son temps à dire que je ne
sais pas de quoi je parle. Je trouve ça cocasse. Je trouve ça cocasse. Et je
lui ai dit, effectivement, et mes collègues aussi, on lui a dit...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Je m'excuse, j'entends... Non, non. J'entends des choses ici, là...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! J'entends des choses. J'ai une
bonne audition. Alors, je vais vous demander, s'il vous plaît, de faire
attention, parce que ça m'entre dans l'oreille puis ça reste là.
M. le député de Rosemont, poursuivez.
M. Marissal :
En passant, il dit ça de tout le monde, ici, qui lui pose des questions, de
toute façon. C'est vrai que je lui ai dit qu'il fallait être flexible, mais je
lui ai même dit, puis ça a été enregistré ici et dans plusieurs commissions,
qu'il ne pourrait pas régler tous les cas un
à un en donnant son numéro de téléphone à tous les P.D.G. du Québec. Ce n'est
pas de même que ça marche.
Alors, on dit
des faussetés, ici, apparemment. Qu'est-ce qu'il répond à la Vérificatrice
générale? Est-ce qu'elle est dans le champ, elle aussi?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, 14 300 entreprises qui ont été aidées. Merci encore à
Investissement Québec. Merci aux MRC. Sur
les 14 000, 14 000 entreprises qu'on a aidées, 25 sont passées
par le ministère de l'Économie. Nous avons
réussi à donner le pouvoir aux régions. Nous sommes un gouvernement qui veut
favoriser les régions. Les décisions ont été prises dans les régions, sans
passer par le ministère. Et, encore une fois, les 25 projets qui sont
passés au ministère sont venus d'Investissement Québec et non pas du
ministre. Je suis très satisfait de la performance du programme.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous passons
maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et je reconnais d'emblée M.
le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec...
Des voix : ...
Le Président : Je veux
simplement vous demander, s'il vous plaît, un peu de silence pour nous permettre
d'entendre, évidemment, cette rubrique des motions sans préavis. M. le député
de Nelligan, reprenez la parole. Je vous demanderais, si vous devez quitter, de
le faire silencieusement. M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Mercier, la députée
de Gaspé, le député de
Bonaventure et le député
de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte du rapport de la Vérificatrice générale déposé le 24 novembre soulevant notamment
plusieurs irrégularités dans l'octroi d'aide financière dans le cadre du Programme d'action concertée temporaire pour
les entreprises (PACTE);
«Qu'elle dénonce que le ministre de l'Économie
et de l'Innovation se soit accordé un droit discrétionnaire afin d'outrepasser
les critères objectifs d'un programme normé qu'il avait lui-même mis en place;
«Qu'elle rappelle que
68 M$ ont été octroyés à dix entreprises qui avaient été refusées ne
répondant pas aux critères d'admissibilité;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale exige au ministre
de l'Économie et de l'Innovation le dépôt de la liste des entreprises
bénéficiaires et de l'ensemble des documents concernant ces aides financières afin qu'ils soient rendus publics.»
Merci, M. le Président.
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Fontecilla : Laurier-Dorion.
Le Président : Ah! je
m'excuse, j'avais Hochelaga-Maisonneuve à ce moment-ci. Allez-y, M. le député.
Dénoncer
les pratiques spéculatives de certains propriétaires pour expulser des
locataires et augmenter les loyers et exiger du gouvernement qu'il s'assure
que le Tribunal administratif du logement soit rigoureux dans
l'application des règles pour la reprise des logements
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation, la députée de Joliette, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale s'inquiète des
pratiques spéculatives abusives et déloyales d'une minorité de propriétaires
pour expulser leurs locataires et augmenter substantiellement le loyer de leurs
immeubles;
«Qu'elle souligne le travail rigoureux de plusieurs
journalistes qui ont dévoilé ces pratiques au cours de l'année à travers divers
reportages;
«Qu'elle rappelle que le Code civil est un
élément distinctif historique de la nation québécoise;
«Qu'elle dénonce le fait que les règles
concernant un bail de logement contenu dans le Code civil ne soient pas
respectées par certains et certaines propriétaires;
«Qu'elle exige du gouvernement qu'il [assure]
que le Tribunal administratif du logement continue d'être rigoureux quant à l'application
des règles pour la reprise des logements;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
de poursuivre ses efforts pour faire appliquer les règles existantes et les
faire connaître aux locataires du Québec.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
• (11 heures) •
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Je vais vous demander vos votes respectifs sur cette motion, suivi
des députés indépendants. M. le leader du deuxième... Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le
leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le
leader de l'opposition officielle?
M. Fortin : Pour.
Le Président : M. le
leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le
député de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée. La parole à Mme la députée de Gaspé.
Souligner le 25e anniversaire de la Loi sur l'équité
salariale
Mme Perry Mélançon :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Verdun, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Bonaventure et le député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que le 21 novembre dernier marquait
le 25e anniversaire de la Loi sur l'équité salariale, une loi
adoptée par le gouvernement du Parti québécois en 1996;
«Qu'elle rappelle que
l'équité salariale constitue un principe phare de la société québécoise;
«Qu'elle
déplore que bien que plusieurs avancées aient été réalisées au cours des dernières
années, l'équité salariale entre les femmes et les hommes n'est toujours
pas atteinte;
«Enfin, qu'elle
demande au gouvernement de renforcer la Loi sur l'équité salariale pour
s'assurer que celle-ci est en mesure d'atteindre pleinement une réelle équité
salariale.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président :
Consentement, sans débat. Je vous demande à nouveau vos votes respectifs.
D'abord, M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le
Président : Cette
motion est donc adoptée. M. le ministre responsable de la Laïcité et de la Réforme parlementaire.
Dénoncer
l'amalgame fait entre la Loi sur la laïcité de l'État
et l'islamophobie dans du matériel pédagogique
destiné aux écoles ontariennes
M. Jolin-Barrette :
Oui. M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Bonaventure et
le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale réitère que la laïcité de l'État est une valeur québécoise;
«Qu'elle rappelle le
parcours historique de la laïcisation des institutions québécoises;
«Qu'elle
affirme que la laïcité de l'État favorise le vivre-ensemble en permettant à
tous de travailler, d'échanger, d'exprimer sa culture et de s'épanouir
en toute égalité dans la société québécoise;
«Qu'elle souligne que
la laïcité de l'État est fondée sur les principes comme l'égalité de tous les
citoyens et citoyennes ainsi que la liberté de conscience et de religion;
«Qu'elle
dénonce catégoriquement l'amalgame inadmissible fait entre la loi n° 21 et
l'islamophobie dans du matériel pédagogique destiné aux écoles de
l'Ontario;
«Qu'elle
affirme avec vigueur que le débat sur la laïcité au Québec appartient aux
Québécoises et aux Québécois;
«Enfin,
qu'elle insiste sur le devoir des élus de la nation québécoise de promouvoir,
de valoriser et de défendre les valeurs québécoises.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Le Président : Et je vous
demande vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le
leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la
leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Abstention.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous sommes maintenant à la rubrique des travaux
touchant les commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 16 h 30, à
la salle du Conseil législatif, ainsi que le mardi 30 novembre 2021,
de 10 heures à midi, aux salles Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des transports et de l'environnement poursuivra
les consultations particulières sur le projet de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application
des lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages, à
assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en oeuvre certaines
mesures du Plan pour une économie
verte 2030 concernant les véhicules zéro émission, aujourd'hui, après les
affaires courantes pour une durée de 45 minutes et de 14 heures
à 14 h 45, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des relations avec les citoyens poursuivra les
consultations particulières sur le projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des
services de garde
éducatifs à l'enfance et de compléter son développement, aujourd'hui, après les
affaires courantes pour une durée de 1 h 40 min et de
14 heures à 16 h 35, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
finances publiques entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 6, Loi édictant la Loi sur le ministère
de la Cybersécurité et du Numérique et modifiant d'autres dispositions,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 14 heures à 16 h 30, aux salles Louis-Joseph-Papineau et
Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le mardi
30 novembre 2021, de 10 heures à midi, à la salle du Conseil
législatif;
La Commission des institutions entreprendra les
consultations particulières sur le projet de loi n° 2, Loi portant sur la réforme du droit de la
famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits
de la personnalité et d'état civil, le mardi
30 novembre 2021, de 10 heures à 11 h 55, à la salle
Pauline-Marois. Merci, M. le Président.
Le Président : Et, pour ma part, je vous
avise que la Commission spéciale sur l'évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie se réunira en séance de travail virtuelle le lundi
29 novembre 2021, de 8 heures à 10 heures, afin d'organiser
les travaux de la commission.
Et je vous avise également que la Commission de
l'administration publique se réunira en séance de travail le mardi 30 novembre 2021, de 10 h 30 à
midi, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin de préparer l'audition de la
Société d'habitation du Québec au sujet du chapitre 4 du rapport
d'octobre 2020 du Vérificateur général du Québec intitulé Programme AccèsLogis Québec : réalisation des projets
d'habitation et en suivi de la
recommandation 2.1 du 41e rapport de la Commission de
l'administration publique.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en sommes aux
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous rappelle
que, lors de l'interpellation prévue pour demain,
vendredi 26 novembre 2021, M. le député de Mont-Royal—Outremont s'adressera à M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles sur le sujet suivant : Les Québécois vont payer cher le prix des
mauvaises décisions du gouvernement caquiste notamment en matière de tarifs
d'énergie.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Et je suspends nos
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 6)
(Reprise à 11 h 17)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Vous pouvez prendre place. Alors,
M. le leader adjoint du gouvernement, quel est l'article que vous souhaitez
demander?
M.
Schneeberger : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Alors, l'article, c'est le numéro 18,
Mme la Présidente.
Projet de loi n° 92
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 18, M. le ministre de la Justice propose
l'adoption du projet de loi n° 92, Loi
visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale. M. le ministre de la Justice, la parole est à
vous.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Chers collègues, c'est avec fierté et beaucoup d'émotion que nous entamons aujourd'hui l'étape de l'adoption
finale de la Loi visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale.
Aujourd'hui,
nous envoyons un message clair aux personnes victimes : Vous avez été
entendues. Vous avez eu le courage de nous confier votre histoire, de nous
raconter vos expériences et de nous expliquer vos craintes. Si nous
sommes réunis aujourd'hui pour adopter un projet de loi aussi important, c'est
pour vous, mais c'est surtout aussi grâce à vous.
Depuis trop
longtemps, de nombreuses personnes victimes préfèrent taire les violences
qu'elles ont subies par crainte de devoir affronter seules le parcours
judiciaire. Plusieurs nous disent avoir vu et vécu le processus judiciaire comme
un véritable parcours du combattant. Comme
ministre de la Justice, comme membre de l'Assemblée nationale, mais aussi
comme citoyen, je ne peux accepter cela. Le passage dans le système
de justice ne devrait pas représenter une épreuve, au contraire. Les personnes victimes méritent mieux.
Elles méritent d'être mieux soutenues, d'être accompagnées et de se
sentir en sécurité tout au long de leur parcours.
Nous l'avons répété souvent au cours des
derniers mois, un changement de culture s'impose au sein du système de justice, et il est en cours. Le projet de loi n° 92 le confirme. Ce n'est pas parce que
ça a toujours fonctionné comme ça, Mme la Présidente,
que ça doit continuer de fonctionner comme cela. Le temps des changements est
arrivé, Mme la Présidente. Le train est en marche, Mme la Présidente, il est
sorti de la gare. Et, grâce au projet de loi n° 92, on apporte notamment,
avec ce projet de loi là, un changement de culture, on modernise nos
institutions, Mme la Présidente.
Notre système n'a pas été conçu pour répondre
aux besoins particuliers des personnes victimes de violence sexuelle et de violence conjugale, et trop longtemps
elles ont été mises de côté. Cette époque est révolue. C'est terminé. Chaque
étape sera revue et repensée pour mettre la personne
victime au coeur du processus judiciaire. Nous nous assurons qu'elles
soient accompagnées dès l'entrée en contact avec la police jusqu'au procès, et
même au-delà, et même après.
Le tribunal spécialisé en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale était attendu et réclamé par la société québécoise. Nous nous étions engagés et
aujourd'hui nous remplissons cet engagement, cette recommandation du
rapport Rebâtir la confiance. Mais soyons clairs : Tous les acteurs
du système de justice ont un rôle important à jouer pour redonner confiance aux personnes victimes envers le système de
justice. Chacun, sans exception, doit y mettre du sien dans ce processus. Nous comptons sur la
collaboration de tous pour que le tribunal spécialisé voie le jour et qu'il
soit, à terme, déployé partout au Québec, dans toutes les régions.
• (11 h 20) •
Comme cela nous a été recommandé par le groupe
de travail sur la mise en place d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale ainsi que par les organismes qui interviennent auprès des personnes
victimes, nous procéderons d'abord par des
projets pilotes. Cela permettra de développer les meilleures pratiques et
d'apporter des ajustements, si nécessaire,
afin de faciliter l'implantation d'un tribunal spécialisé permanent à la
grandeur du Québec par la suite.
Un autre pan important du projet de loi est la
formation des différents acteurs du système de justice. Nous nous assurerons de rendre disponible une formation afin
que tous les acteurs soient formés. Les crimes en matière de violence sexuelle et de violence conjugale sont
particuliers en soi parce qu'ils sont généralement commis dans un contexte
d'intimité. Les
besoins particuliers de chacune des victimes, également, seront pris en compte.
Les personnes victimes peuvent, donc, se
retrouver dans une situation de très grande vulnérabilité lorsqu'elles
dénoncent et portent plainte. Ce sont des éléments qui doivent être pris
en considération par tous les intervenants.
Par ailleurs,
afin que les personnes victimes puissent être mieux outillées, qu'elles soient
mieux informées des recours à leur disposition, elles pourront bénéficier
gratuitement de quatre heures de consultation avec un avocat de l'aide juridique, et ce, peu importe le
revenu. Avec le projet de loi n° 92, nous nous assurons de pérenniser ce
service.
L'adoption de
ce projet de loi, Mme la Présidente, marque un tournant important alors que le
Québec sera le premier État dans le
monde à mettre en place un tribunal spécialisé tant en matière de violence
sexuelle qu'en matière de violence conjugale.
Il était fondamental, et je dirais même qu'il était de notre devoir, en tant
qu'élus et parlementaires, de l'inscrire dans nos lois afin de s'assurer que le tribunal spécialisé perdure dans
le temps. Tout au long de nos travaux, nous étions habités par une
volonté commune, celle de mieux accompagner les personnes victimes.
À ce
stade-ci, Mme la Présidente, j'aimerais remercier l'ensemble des collègues qui
ont participé à l'élaboration du
projet de loi, dans un premier temps, Mme la Présidente, les collègues de la
partie gouvernementale. Et on a eu plusieurs témoignages durant les
auditions, durant, également, les différentes étapes au salon bleu. Et ça
touche tout le monde, Mme la Présidente, la
violence conjugale et la violence sexuelle. Je tiens d'ailleurs à remercier
toutes les personnes, tous les
députés qui nous ont accompagnés durant l'étude de ce projet de loi là fort
important. Et la signification que cela représente pour chacun des individus démontre très clairement
à quel point le gouvernement a pris la situation au sérieux. D'ailleurs, le
premier ministre, le ministre des Finances, également, y sont pour beaucoup,
Mme la Présidente, parce que le tribunal spécialisé
va engendrer des coûts importants, mais, pour moi, il s'agit d'un
investissement pour les personnes victimes. Et surtout ce changement de
culture, là, Mme la Présidente, il est en cours de route au ministère de la
Justice et dans nos palais de justice, parce
que la personne victime, ce n'est pas qu'un témoin, parce qu'il n'y a pas de
procès s'il n'y a pas de victime.
Très peu de crimes, d'infractions sexuelles sont dénoncés, Mme la Présidente,
et on doit s'assurer, on a une responsabilité de faire en sorte de
mettre tout l'environnement adéquat pour qu'aucune personne au Québec n'hésite
à dénoncer. Alors, je tiens à remercier
l'ensemble des parlementaires de la partie gouvernementale qui ont participé
aux travaux et qui ont appuyé fortement ce projet de loi.
Un mot
également pour remercier les collègues des oppositions. Je pense notamment à la
députée de Verdun, à la députée de
Sherbrooke, à la députée de Joliette, également à la députée de
Marguerite-Bourgeoys, qui a entamé avec le comité transpartisan... qui a été mis en place, Mme la Présidente, par
la présidente du Conseil du trésor, également, à l'époque où elle était ministre de la Justice. Alors, je
tiens à saluer l'initiative de la ministre de la Justice de l'époque,
présidente du Conseil du trésor, et
remercier également la collègue ministre de la Condition féminine, la ministre
déléguée à l'Éducation également, qui a poursuivi le travail avec les
collègues et qui a fait en sorte d'arriver à un rapport, Rebâtir la
confiance, contenant
190 recommandations. Le gouvernement est en marche pour répondre aux
190 recommandations. Mais l'esprit, Mme la Présidente, de ce rapport-là, d'une façon transpartisane, où tout le monde a mis du sien à
l'intérieur de ce rapport-là, s'est
matérialisé notamment, Mme la
Présidente, par le dépôt d'un projet de loi que nous avons fait, le projet
de loi n° 92 sur la création d'un tribunal spécialisé, pour
indiquer clairement qu'une des recommandations les plus importantes,
qui va avoir un impact sur l'ensemble de la structure, bien, le gouvernement
a choisi d'aller de l'avant.
Et je peux vous dire qu'en commission
parlementaire les collègues des oppositions ont été d'une très grande contribution, d'une très grande aide parce qu'elles ont contribué à améliorer le projet
de loi, Mme la Présidente, et nous avions tous et toutes le même objectif, d'avoir le meilleur projet de loi possible. Et j'ai retenu de nombreuses suggestions, Mme la Présidente, de mes collègues pour faire en sorte, justement,
de travailler ensemble et d'arriver, Mme
la Présidente, à un projet de loi qui va toucher tous les acteurs du système
de justice et aussi, et je regarde la députée de Verdun, pour s'assurer que le tribunal voit le jour, c'était déjà
notre intention, mais on est venus inscrire concrètement le délai, le
nombre d'années avec lequel le projet... le tribunal spécialisé verra le
jour.
Alors, je
tiens à remercier la contribution de la députée de Verdun,
la députée de Sherbrooke et la députée
de Joliette, en commission parlementaire, pour leurs initiatives et aussi leur appui dans
le cadre de ce projet de loi, parce
que je sais qu'elles sont animées également
par le bien-être des personnes victimes, et ça, c'est partagé des deux côtés de
la Chambre, Mme la Présidente. Et je vous dirais, Mme la Présidente,
que, quand on est parlementaire, on est très content de pouvoir réaliser et de travailler sur un tel projet, qu'on
soit du côté gouvernemental ou qu'on soit dans l'opposition, Mme la Présidente, parce que ce sont des gestes, des projets de loi qui vont changer la société pour le mieux, pour l'améliorer, et surtout
on envoie dans notre société
un message qui dit : La violence sexuelle, la violence conjugale, ce n'est
pas acceptable, ce n'est pas tolérable. Et sachez que les victimes vont
être accompagnées, vont être soutenues. Et, malgré le fait que le tribunal ne
soit pas là pour augmenter les taux de condamnation, dans notre société, si on
envoie le message clair que le parcours judiciaire
d'une victime est facilité, c'est en réussissant à dénoncer, à être soutenus,
que les comportements vont changer. Et
ça, c'est un travail qui est sans relâche. Alors, j'en appelle à toutes les
parties qui oeuvrent dans le système de justice à se rallier, à travailler
ensemble, à contribuer pour mettre en oeuvre ce tribunal dans les meilleurs
délais, les projets pilotes, et par la suite le tribunal permanent. Et moi, je serai toujours disponible, Mme la Présidente, pour travailler dans l'intérêt
supérieur des personnes qui ont été victimes d'agression sexuelle et de
violence conjugale au Québec. Et ça doit cesser, Mme la Présidente, et le tribunal spécialisé nous permettra très
certainement, Mme la Présidente, de contribuer à diminuer et à offrir cette sécurité aux personnes victimes,
en tout respect des droits fondamentaux des accusés, Mme la Présidente, la présomption d'innocence, le droit à une défense
pleine et entière, en respectant également l'indépendance judiciaire, tout
ça a été analysé, tout ça a été traité, mais
ça prend un changement de culture, Mme la Présidente, et nous sommes en train
de le faire.
Et je dois
vous dire que je suis très fier que le gouvernement ait choisi de dire aux personnes victimes :
Nous allons vous accompagner, nous
vous avons entendues, et il y a des choses qui changent, au Québec. Et là-dessus,
Mme la Présidente, je m'adresse aux victimes pour dire clairement qu'il reste du travail à
faire, mais qu'avec l'IVAC, qu'avec le tribunal spécialisé, qu'avec l'abolition
de la prescription on est dans la bonne voie, Mme la Présidente. Alors, merci beaucoup.
Et merci aux collègues.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre de la Justice. Et maintenant
je cède la parole à Mme la leader du deuxième groupe d'opposition.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais commencer en
remerciant ma collègue de Verdun, qui me permet de prendre la parole avant
elle. Je sais qu'on avait toutes les deux des conflits d'horaire et je la
remercie grandement de me faciliter la vie, puisque je ne peux pas me
dédoubler encore.
Il y a un an
précisément, on était aux dernières retouches avant de déposer le rapport Rebâtir
la confiance, de dévoiler les
190 recommandations pour faire en sorte que les besoins des victimes de
violence sexuelle et conjugale soient respectés. Et ce rapport-là, c'était le fruit d'une démarche transpartisane sans
précédent, d'un travail très rigoureux d'une vingtaine d'experts, d'expertes qui ont fait le tour du
Québec pour rencontrer des groupes, pour consulter des centaines de victimes.
Et, au moment de déposer le rapport, ça
faisait déjà près de deux ans qu'on s'était assises ensemble
pour la première fois, l'ancienne ministre de la Justice, la députée de Marguerite-Bourgeoys,
la députée de Joliette et moi, pour jeter les bases de ce travail-là. Puis, entre-temps, il y a la nouvelle ministre de la
Condition féminine, il y a la députée de Verdun qui se sont jointes à nous. Il
y a eu tellement, tellement de travail mis dans ce rapport-là et, surtout, la
démarche avait suscité tellement d'espoir
auprès des victimes que, personnellement, et je sais que c'est la même chose
pour mes collègues aussi, je me sentais investie de la mission de faire
en sorte que chacune des recommandations soit mise en oeuvre et que ce
rapport-là ne dorme jamais sur une tablette.
• (11 h 30) •
Et le
rapport, il n'était pas déposé officiellement encore qu'on savait que ce serait
très difficile. On le savait, on l'anticipait.
On savait qu'il faudrait défendre des changements majeurs dans le
fonctionnement de nos institutions, que ça prendrait un changement de
culture et qu'il y aurait de gros défis. On savait qu'il y aurait des gens pour
dire que c'était impossible et qu'il y
aurait même des gens pour s'y opposer et dire que ce n'étaient pas des bonnes
idées. Et on ne s'était pas trompés, il y a eu des gens qui se sont
opposés à certaines de ces recommandations-là, en particulier les tribunaux spécialisés. Plusieurs ont mis en doute l'intérêt
de ça. Mais le ministre de la Justice a décidé d'aller de l'avant quand même,
et je veux le remercier pour ça, parce que
c'est un geste très courageux, de transformer une institution comme le système
de justice.
Donc, au départ, il nous a soumis un projet de
loi qui ressemblait surtout à une intention, dans lequel il manquait beaucoup
de choses, et ça a généré des inquiétudes, notamment auprès des victimes, mais,
grâce aux recommandations des groupes qui
sont venus en commission, grâce au travail constructif fait par l'ensemble des
collègues pendant l'étude détaillée, je dois dire qu'aujourd'hui je suis
vraiment très fière du projet de loi qu'on est sur le point d'adopter.
On a réussi à nous assurer que ce projet de loi
là respecte les orientations du rapport Rebâtir la confiance. Et je ne ferai pas la liste exhaustive de toutes les modifications
qui ont été apportées, parce que, sincèrement, la version finale du projet de loi ne ressemble en rien à la
première version qu'on avait, tellement on a fait des changements, mais, à mon
avis, on a un projet de loi très solide
entre les mains aujourd'hui, un projet de loi qui est clair sur les objectifs
des tribunaux spécialisés, qui est clair à l'effet que l'accompagnement
spécialisé des victimes va commencer dès le premier contact avec des services policiers, que la victime
décide, donc, de porter plainte ou pas. On a clarifié que tous les intervenants
dans le processus vont devoir être
formés. On a mis toutes les balises nécessaires pour s'assurer que les projets
pilotes fonctionnent bien et qu'après les projets pilotes les tribunaux
spécialisés voient le jour très rapidement partout au Québec.
Et ça a été vraiment une expérience très
spéciale, de travailler sur ce projet de loi là, puis pourtant j'en ai fait plusieurs, jusqu'à maintenant, des projets de loi
sur lesquels il se dégageait quand même plusieurs consensus, mais c'est la première fois où, au terme du processus, j'ai
le sentiment qu'on l'a vraiment rédigé ensemble, ce projet de loi là. Moi,
je me sens comme ça, en ce moment. C'est un
très beau sentiment. C'est la première fois que ça m'arrive. Et puis je tiens à
le dire franchement parce que je
pense que c'est important que les victimes le sachent. Les victimes doivent
savoir que nous, comme porteuses du rapport Rebâtir la confiance,
on a confiance en ce projet de loi là pour implanter les tribunaux spécialisés.
Donc, ça, je veux que les victimes l'entendent.
Puis, des victimes, j'en rencontre souvent, ça
arrive très régulièrement qu'elles me remercient, qu'elles nous remercient pour le travail transpartisan qu'on
fait sur le dossier des violences sexuelles et conjugales, mais la vérité,
c'est que ce travail-là, il a été
rendu possible parce que des victimes ont décidé en très grand nombre de briser
le silence. Alors, ce sont les
victimes qu'il faut remercier pour ce qui est en train de se passer en ce
moment, toutes les victimes, les hommes, les femmes qui ont transformé leurs souffrances, de grandes souffrances,
des blessures importantes, en mouvement collectif pour dénoncer à quel point le système les
revictimisait, à quel point elles sortaient brisées du poste de police, parfois
même sans porter plainte, à quel point elles sortaient brisées du palais de
justice, parfois même plus encore brisées qu'après les violences
qu'elles avaient subies. Alors, à toutes ces victimes-là qui ont pris le risque
de briser le silence, avec tous les inconvénients que ça a pu leur apporter,
qui ont pris ce risque-là pour que ça change, bien, je les remercie. Puis le
changement de culture qu'on est en train de mettre en oeuvre, c'est grâce à
vous.
Merci aussi à
toutes les collègues, qui ont travaillé de manière remarquablement constructive
sur ce dossier-là, à toutes les
personnes qui commencent déjà ou qui vont commencer bientôt à mettre en oeuvre
le changement de culture qu'on propose avec ce projet de loi là, merci
sincèrement.
Moi,
ça me rend vraiment très fière de savoir que le Québec, ça va être le premier
endroit au monde où il y aura des tribunaux spécialisés en matière de violence
sexuelle et conjugale. Et puis ça a été vraiment un privilège de participer à
ce processus-là, et j'espère sincèrement que ça va contribuer à contrer le
cynisme envers la politique. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
leader du deuxième groupe d'opposition. Et je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mes premiers mots aussi vont à des
remerciements pour la collègue de
Verdun, qui a été très généreuse de permettre à ma collègue de Sherbrooke et à
moi-même de pouvoir parler avant elle parce qu'on doit être en
commission en même temps. Alors, merci beaucoup. Je pense que c'est un signe supplémentaire de la bonne harmonie qui nous a
unis et de ce travail vraiment transpartisan, que l'on ne voit pas tous les jours, qu'on devrait voir beaucoup plus souvent,
qui nous a ralliés, des deux côtés de la Chambre et entre les oppositions
aussi, pour la question des violences
sexuelles et conjugales, pour lutter contre elles et, bien sûr, pour
l'implantation d'un tribunal spécialisé.
Alors, moi
aussi, je suis vraiment fébrile, je dois vous dire, je suis émue qu'on en soit
rendus à l'étape finale de l'adoption d'un projet de loi portant sur le
tribunal spécialisé, sur l'implantation d'un tribunal spécialisé. Au-delà de
l'idée d'un tribunal spécialisé,
aujourd'hui, le message qu'on est en train d'envoyer, c'est qu'on est en train
de redonner la place qui devrait revenir aux victimes de violence sexuelle
et conjugale dans notre société.
Ces
personnes-là, ces victimes-là ont souffert en silence, ont souffert de ne pas
être prises en compte convenablement et
correctement dans notre système de justice, dans nos institutions, je dirais,
de manière générale. Et il nous a fallu un choc en pleine face, avec le
mouvement #moiaussi, pour que, je pense, on prenne la pleine mesure de leurs
souffrances mais aussi de la désaffection,
de la perte de confiance extrêmement grave et profonde des victimes de violence
sexuelle et conjugale à l'égard du
système, du système policier, du système de justice. Et aujourd'hui j'espère
qu'elles vont retrouver un peu d'espoir
avec cet aboutissement important, de se doter, au Québec, à la faveur du projet
de loi sur le tribunal spécialisé, d'une institution qui, on en est très
confiants, va vraiment leur permettre de reprendre une place, la place qui doit
être la leur, et de rebâtir pas à pas, un jour à la fois, un geste à la
fois cette confiance-là qui est si gravement effritée.
Aujourd'hui, je pense que c'est un nouveau chapitre qui s'écrit, d'une belle
histoire, malgré toutes les souffrances, pour les victimes de violence sexuelle et conjugale, parce que c'est une manière de leur dire que, tous ces cris
du coeur, que tout ce mouvement
sur les réseaux sociaux, que toute cette peine, cette détresse, cette
revictimisation, on l'a entendu, et que, comme élus, on a décidé de
prendre nos responsabilités. Et ça, je pense que c'est la plus belle chose
qu'on peut faire collectivement ici, au salon bleu, puis dans notre institution de l'Assemblée nationale,
c'est de dire aux gens : On va les prendre, nos responsabilités. Ce ne sera peut-être pas simple, il va
peut-être falloir ébranler quelques colonnes du temple, mais on est rendus
là. On vous a entendues, et on les prend, nos responsabilités.
Puis pourquoi,
aussi, je pense que c'est le chapitre d'une belle histoire éloquente, c'est
parce qu'on a réussi à le faire pour
les victimes puis à le faire de manière transpartisane. Puis j'espère que ça va
être aussi, je dirais, une étape importante pour se dire que, quand on veut, on peut, puis même si ça a l'air
difficile, puis même si ce n'est pas nos manières de faire habituelles,
on est capables d'inclure l'exécutif, le législatif, les oppositions, les
ministres dans une volonté commune. Et
j'espère que ça aussi, de manière plus large que juste pour la question, qui
est déjà fondamentale, évidemment, de donner une voix aux victimes et à leur réalité, ça va être un signe d'espoir
pour les gens qui espèrent une démocratie de plus grande participation, de plus grande collégialité, parce
que je pense aussi que, ça, on a un devoir d'exemplarité pour rebâtir la
confiance de manière plus large.
Alors, moi,
aujourd'hui, je me rappelle de toute cette histoire, de cette belle histoire
qu'on a écrite ensemble, d'une idée
que j'ai eue dans la foulée du mouvement #moiaussi, le 8 mars 2018, après
avoir assisté à un forum de l'ex-ministre de la Justice libérale, Stéphanie Vallée, dans la foulée du mouvement
#moiaussi, à savoir comment on peut changer les choses, puis à m'être questionnée, puis à regarder ce qui se faisait
ailleurs, puis à voir cette idée des tribunaux spécialisés, notamment en Nouvelle-Zélande et en Afrique du
Sud, d'avoir lancé cette idée-là, qui a commencé à faire du chemin, dans
la foulée de l'affaire Rozon, où très peu de
plaintes, une seule, en fait, a été retenue, d'avoir interpelé l'ex-ministre de
la Justice, la présidente du Conseil
du trésor, en lui tendant la main et en lui disant : Il me semble qu'on
doit travailler ensemble sur comment rebâtir la confiance, comment implanter des tribunaux spécialisés. Et puis elle
a saisi... et je lui rends hommage, elle a ouvert vraiment
le dialogue, elle a dit : Oui, c'est une bonne idée. On s'est rencontrées rapidement, avec, ensuite, la collègue de Sherbrooke, la collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui a été ensuite remplacée par la collègue
de Verdun. Dès le mois de janvier — moi, je l'avais interpelée en
décembre — dès
le mois de janvier on se rencontrait à Montréal.
Et puis c'était une rencontre... Je pense qu'on a tout de suite senti que le courant passait, et qu'on se sentait investies
d'une mission, puis qu'on allait tout faire pour être à la hauteur de cette
mission-là.
Ensuite
l'histoire a continué. On s'est adjoint un comité extraordinaire, avec deux coprésidentes, que je veux saluer, Mme Elizabeth
Corte et Mme Julie Desrosiers, et un groupe d'experts qui n'a pas lésiné
sur les efforts, qui s'est réuni pendant des
heures et des heures, et des semaines et des semaines, pendant plus d'une
année. Et puis finalement, comme le
disait ma collègue, on a déposé, il y a un peu moins d'un an,
le rapport Rebâtir la confiance, qui avait 190 recommandations, mais une recommandation centrale qui est ce tribunal
spécialisé.
• (11 h 40) •
Et pourquoi
c'est central, le tribunal spécialisé? C'est parce que c'est une manière de
dire aux victimes qu'on leur a toujours
demandé, même si elles sont des victimes de crimes extrêmement complexes, personnels, différents d'un vol, d'une
fraude, et surtout très intimes... on leur a toujours demandé de s'adapter
au système de justice, de faire comme si c'était un crime comme les autres, mais aujourd'hui, avec un tribunal spécialisé, on envoie un message puissant, qui est de
dire qu'enfin c'est le système
de justice qui s'adapte à la réalité, aux besoins, à la complexité de la situation
des personnes victimes de violence sexuelle et conjugale.
Et ça, en soi, c'est
une minirévolution, je le qualifie comme ça depuis des mois et je le pense vraiment,
parce qu'il y a cette espèce d'idée que, pour rendre justice, il faut que tout soit
pareil, mais, au contraire, si tout est tout le temps pareil, qu'on ne
s'adapte pas à la réalité des crimes qui sont devant nous, à la réalité des
victimes qui sont devant nous, bien, on assiste à des dénis de justice. Donc,
ce n'est pas la justice, de ne pas tenir en compte de ces spécificités-là, de
cette complexité-là accrue et de ces crimes tellement atroces, qui sont
un véritable fléau, dans notre société. On s'en rend compte, avec ces mouvements-là, à quel point c'est endémique et ça n'a
pas de sens. Donc, c'est un levier sur lequel on travaille aujourd'hui. Bien
sûr, il faut travailler beaucoup
en prévention, mais, avec le tribunal spécialisé, non seulement ça va changer concrètement
les choses, mais ça envoie un message puissant qu'on est capables, quand on le
veut, de changer le cours des choses et de changer nos institutions.
Donc,
bref, il y a eu ce rapport. Et ce qui est formidable, c'est qu'on est tout de
suite allé cogner, les quatre élues ensemble, à la porte des ministres
concernés, dont le ministre actuel de la Justice, qui nous a reçues avec la
plus grande ouverture. Et on a tout de suite senti son engagement. Et je veux
le remercier de ne pas avoir tardé, et d'avoir déposé un projet de loi
rapidement, et d'avoir eu toute l'ouverture de considérer aussi que ses
collègues des oppositions avaient travaillé très fort sur cet enjeu-là à
travers les travaux du comité Rebâtir la confiance, et d'avoir voulu
coconstruire un projet de loi. Et c'est vraiment une expérience formidable, dont on devrait
s'inspirer aussi beaucoup plus, parce
que le projet de loi final, il est un
projet de loi qui a levé énormément d'inquiétudes qui
perduraient de la part de différents acteurs, dont les groupes de
défense des victimes, et on est vraiment venus mettre de la chair autour de
l'os. Il y avait une armature. Là, on a vraiment
un concept, une philosophie, des objectifs, quelque
chose qui est extrêmement solide qui vient définir ce qu'est
le tribunal spécialisé, qui vient définir comment il va se déployer, quand il
va se déployer, avec toutes les facettes de ce que l'on veut y
retrouver, et ça, je pense que c'est très important.
Le ministre n'était
pas obligé d'y aller par projet de loi. Moi, je pense que c'était quelque chose
d'important, d'y aller par projet de loi. Ça inscrit le tribunal spécialisé
dans la pérennité, pour l'avenir. Et souvent on l'a répété au ministre,
pendant nos travaux, à quel point c'était important d'inscrire tout ça pour la
suite, parce qu'il ne faut pas qu'on commence ce nouveau chapitre là
en n'ayant pas de garantie pour la suite. Et on a réussi à obtenir beaucoup
de garanties, à mettre beaucoup
d'éléments structurants dans le projet
de loi. Une petite énumération. Évidemment,
les principes sont présents, les objectifs du projet de loi, du tribunal
spécialisé sont présents, notamment de ne pas assister à de la revictimisation,
notamment d'avoir un accompagnement solide, adapté, spécialisé pour les
victimes de violence sexuelle et conjugale. On a étendu la formation, à
l'origine qui n'était prévue, dans le projet de loi, que pour les juges. Maintenant,
tous les intervenants — policiers, avocats, intervenants psychosociaux — c'est écrit noir sur blanc, qu'ils devront être
formés dans cette optique d'un
tribunal spécialisé, formés aussi de manière continue. On a mis une date limite
pour les projets pilotes. On s'est
donné un échéancier maximal de cinq ans aussi pour voir que le tribunal sera
déployé à l'ensemble de la grandeur du
Québec, un point sur lequel on a travaillé longuement avec le ministre
mais sur lequel on a finalement trouvé une voie de passage. Donc, on
n'aura pas deux catégories de victimes. C'était une des craintes qu'on avait,
que ça puisse s'étendre sur des années et
des années. Là, on a une date limite, on sait que toutes les victimes du Québec
en violence sexuelle et conjugale
vont pouvoir avoir accès au tribunal spécialisé à la suite des projets pilotes. On a inscrit l'obligation de consulter la cour pour le choix des districts judiciaires et, de manière plus
générale, de travailler en collaboration avec les partenaires du milieu. On a inscrit le principe de reddition de comptes pour être certains qu'on allait atteindre les objectifs
qui sont dans le projet de loi. Donc, ce n'est que quelques éléments de bonification, mais, vraiment, on a un projet
de loi qui doit être, je ne sais pas, trois ou quatre fois
plus long que ce qu'il était à l'origine. Ce n'était pas de mettre des mots
pour mettre des mots, c'était vraiment de mettre l'essence de ce sur quoi on a
travaillé pour que la confiance que l'on veut rebâtir, elle commence dès maintenant, dans le texte même du projet de loi, et je pense qu'on l'a vraiment réussi de très, très
belle façon.
Alors, ce tribunal
spécialisé là, il va permettre quoi, Mme la Présidente? Il va permettre à ce
que, dès qu'une victime songe à porter
plainte, à franchir le pas de la porte d'un poste de police, elle soit
accompagnée correctement. Le ministre
a accepté... a voulu inscrire dans la loi l'obligation d'offrir des services
juridiques gratuits aux victimes avant même qu'elles déposent une plainte. C'est une grande avancée, qu'on doit
souligner aussi. Alors, c'est tout cet accompagnement-là qui, vraiment, va être présent, où on va dire aux
victimes : Voici ce dans quoi vous vous embarquez, voici les autres
avenues, voici ce qu'est le processus
criminel quand on est victime de violence sexuelle et conjugale. Elles vont
être accompagnées pendant tout leur parcours.
Ensuite, on a cette
obligation-là d'avoir un seul procureur, donc ce qu'on appelle, dans le jargon,
la poursuite verticale. On va essayer, évidemment,
que ce soit la même chose pour les policiers, des policiers formés,
spécialisés, des procureurs spécialisés. Même chose, des avocats de la
défense qui vont être formés. Une formation pas juste en droit, une formation sur l'impact des traumatismes, sur
la réalité des victimes de violence sexuelle et conjugale, sur l'impact que
ça a sur la mémoire, l'impact que ça a quand
tu viens pour rendre un témoignage, l'impact que ça a de te sentir aussi au
banc des accusés quand ce n'est pas toi
l'accusé, quand tu es malheureusement encore, dans notre système, un témoin, mais que
tu dois être beaucoup plus qu'un témoin, quand c'est ta vie
personnelle, intime qui a été attaquée au plus profond de ce tu es comme
humaine ou comme humain, comme personne.
Donc,
bref, tout cet accompagnement-là va être présent et jusqu'à
l'audition, si on se rend à l'audition, où on va avoir une garantie d'être avec
des gens qui sont formés, spécialisés, avec la présence d'intervenants
psychosociaux, avec ces liens-là qui
sont fondamentaux, avec le respect des règles aussi pour que la victime, elle
ait toute sa place et qu'on tienne compte de ses besoins à elle, de ses
attentes à elle, et non pas juste de ce typique, je dirais, bras de fer entre
la couronne et la défense, mais qu'on prenne compte pleinement de la
réalité des victimes.
Alors,
bref, en terminant, je veux remercier tous les collègues, mes précieuses collègues
des oppositions, avec qui ça a été un
bonheur de travailler sincèrement pour ce projet de loi là mais pendant les
deux années qui ont précédé au sein du
groupe de travail Rebâtir la confiance. Je sors toujours grandie de ces
expériences-là, Mme la Présidente. Vous le savez, nous, on a eu une autre expérience, sur la
question de mourir dans la dignité n° 1, je dirais, maintenant j'en
ai avec la collègue de Roberval sur
le mourir dans la dignité n° 2, et ce sont des expériences
extrêmement marquantes et qui, je pense, nous
réjouissent, parce qu'on a le sentiment de vraiment travailler dans l'intérêt
supérieur des citoyens.
Je veux
remercier sincèrement le ministre, le ministre qui a pris ce dossier-là à bras-le-corps, qui l'a
déposé, qui l'a mené, qui n'a pas flanché, qui, malgré des petits
moments un peu plus tendus dans les travaux de la commission a gardé le cap, et
qui paraissent bien banals aujourd'hui, bien sûr, parce qu'on a réussi à
s'entendre et à trouver tous les amendements
et les voies de passage qui nous
faisaient progresser collectivement, qui faisaient avancer le projet de loi, les
collègues de la partie ministérielle, qui
ont été très présents, qu'on a sentis très investis dans ce projet de loi là,
dans ce combat-là plus général, et
toute l'équipe, évidemment, du ministère; ma recherchiste, Alexandra Nadeau,
tous les gens qui nous ont accompagnés.
Mais, en
terminant, je veux vraiment remercier toutes les personnes survivantes de
violence sexuelle et conjugale, leur
dire à quel point sans leur engagement, sans leur courage, sans leur
transparence, sans leur cri du coeur on n'en serait pas là aujourd'hui. Alors, j'espère que ce qu'on
franchit aujourd'hui comme étape, c'est un baume sur toutes leurs souffrances,
sur toutes leurs désillusions, sur toute leur perte de confiance. Et, pour
toutes ces victimes-là qui n'auront pas pu bénéficier de cet
accompagnement-là, qui ont souffert en silence, qui ont souffert de se sentir
revictimisées, j'espère qu'elles vont trouver
un peu de réconfort dans le fait que leurs souffrances, leurs prises de parole,
leurs témoignages vont faire avancer les choses significativement, qu'on
aura entendu leur message, et qu'on se dit collectivement ensemble aujourd'hui qu'on ne veut plus jamais pouvoir revivre cette
perte de confiance là, et que ce qu'elles auront témoigné comme engagement
va faire une différence pour d'autres
victimes, pour d'autres survivantes et survivants. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
• (11 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Joliette.
Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci, Mme la
Présidente. Évidemment, c'est un moment émouvant pour moi aussi, d'entendre les collègues prendre la parole. Je vois que ça a
été une expérience bien marquante. Et c'est vrai, c'est très rare
qu'on puisse vivre... c'est assez
rare, quand même, dans une vie, de pouvoir avoir vécu cette expérience.
Alors, moi, j'ai quand même eu des expériences connexes, et je suis vraiment
privilégiée de pouvoir prendre la parole pour parler de ce projet de loi bien important.
Alors, nous voici donc à une étape bien
importante, soit l'adoption finale du projet de loi n° 92, Loi visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et de violence conjugale et portant sur la formation des
juges en ces matières, un projet
de loi très attendu. Et le titre est
bon. J'ai eu à participer souvent à comment est-ce qu'on appelle un projet de loi, c'est important
d'avoir un titre qui évoque exactement le contenu. On pourrait ne pas avoir un titre
plus clair de la mission qui est la nôtre à partir d'aujourd'hui.
Cet enjeu nous touche tous et toutes
profondément. On pense à la souffrance des victimes de violence sexuelle ou de violence conjugale, une souffrance vécue
souvent dans le silence. En tant que porte-parole de l'opposition
officielle pour la protection de la
jeunesse, je suis aussi heureuse de l'aboutissement de ce projet de loi pour nos enfants, eux aussi victimes de violence conjugale, et
qui, eux aussi, en souffrent souvent dans le silence.
Selon le
rapport québécois sur la violence et la santé publique par l'INSPQ, une étude
populationnelle récente, de 2017,
montre que 25 % des enfants
québécois ont été exposés à la violence conjugale, qu'elle soit physique,
psychologique ou verbale, dans
l'année qui a précédé l'étude. Selon l'INSPQ, cette statistique permet de
conclure que les enfants exposés à la violence conjugale sont loin d'être un
phénomène rare. Quel triste constat, Mme la Présidente. Et une victime brisée,
soit une maman brisée, a des conséquences
dévastatrices sur les enfants, et ils deviennent souvent des enfants, eux
aussi, brisés.
J'ai
également participé à la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des
mineurs, et, dans son rapport, qui contient
58 recommandations, là aussi on recommande d'étendre à l'ensemble du
Québec des mesures pour faciliter le témoignage
des victimes mineures au tribunal, leur assurer un soutien et un
accompagnement, par exemple en les préparant à témoigner.
J'ai eu l'occasion de poser la question au
ministre, à savoir si le projet de loi inclut aussi la chambre de la jeunesse. Il m'a confirmé que oui, et d'où
l'importance de bien appuyer et accompagner ces victimes. Ce qui veut dire que
les juges, avocats et autres intervenants de la chambre de la jeunesse
recevraient une formation continue de base et spécialisée.
Évidemment, il y a peu de précisions dans le projet de loi concernant la
chambre de la jeunesse, mais on verra si
ces précisions se retrouveront éventuellement dans les règlements. Je crois
bien que oui. Et j'aurai l'occasion aussi de poser des questions au ministre délégué à la Santé et aux Services
sociaux lorsqu'il déposera enfin son projet de loi qui donnera suite aux recommandations de la commission
Laurent. D'ailleurs, j'aimerais souligner, Mme la Présidente, ici, en
Chambre, et devant le leader du gouvernement, que j'attends ce projet de loi
avec impatience.
Rappelons-nous
l'origine de ce projet de loi. Ça a été déjà évoqué par nos collègues. Dans la foulée de la
vague de dénonciations #moiaussi, un
comité transpartisan a été créé, en mars 2019. Ce comité avait pour mandat
de proposer des pistes de solution
afin de redonner confiance aux victimes envers le système de justice québécois.
Alors, voilà le coeur du projet de
loi devant nous. Le rapport Rebâtir
la confiance contient 190 recommandations, dont celle d'instaurer un
tribunal spécialisé
en matière d'agression sexuelle et de violence conjugale au sein de la Cour du Québec. Parmi les recommandations, la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle, de violence conjugale au sein d'une nouvelle division
de la chambre criminelle et pénale à la Cour
du Québec et l'instauration de la formation des juges et des intervenants du
système de justice qui exercent auprès des personnes victimes de violence
sexuelle ou conjugale, portant sur les réalités relatives aux violences
sexuelles et aux violences conjugales.
Et, avant de
poursuivre, il y a lieu de soulever une confrontation entre la juge en chef,
Lucie Rondeau, et le ministre de la Justice, qui nous a tous mis très mal à
l'aise. Du jamais-vu, Mme la Présidente. Et ce n'est pas la première fois que
le ministre de la Justice s'est trouvé en conflit avec la juge en chef. Et,
dans ce cas-ci, la juge en chef aurait voulu partager ses préoccupations concernant le projet de loi dans le cadre des
consultations particulières, mais elle n'a pas été invitée par le ministre, qui
est aussi leader du gouvernement. Ma collègue la députée de Verdun a déposé une
motion préliminaire afin d'entendre
la juge Rondeau, lui poser des questions, comprendre ses préoccupations et,
comme ma collègue la députée de Verdun
l'a bien dit, aplanir les irritants. Malheureusement, la motion a été rejetée
par le gouvernement. Le moins qu'on puisse
dire, c'est que le ministre a manqué de diplomatie judiciaire, je ne trouve pas
d'autre expression, et de tact, dans ce dossier. Et j'espère sincèrement
qu'on ne verra...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui. Bon, alors, je vois M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : ...le
discours de la députée de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la Présidente, et je sens
qu'elle me prête des intentions, ce
qui n'est pas permis. Et d'ailleurs je tiens à réitérer à cette Chambre que
moi, je ne suis pas en conflit avec
qui que ce soit et avec personne. Je travaille dans l'intérêt des personnes
victimes et je m'arrange surtout, Mme la Présidente, pour faire en sorte
que le tribunal spécialisé fonctionne.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui. Et tout allait très bien
jusqu'à présent, il y avait un consensus pour applaudir l'adoption de ce
projet de loi. Alors, Mme la députée, je vous invite à poursuivre.
Mme Weil : J'applaudis ce
projet de loi, je reviens, mais je pense que c'est important, dans un État de
droit, de s'assurer qu'on a la collaboration, donc, des tribunaux, qui joueront un rôle très important.
Je pensais important de le dire.
Je suis très sensible à ces questions-là, et tous mes collègues sont sensibles. Et
j'ai... Quand on a, donc, les manchettes qu'on a vues, c'est désagréable. Bon, on en revient, on revient, donc,
au projet de loi, mais je tenais quand même à le souligner,
pour ne pas que des incidents semblables se répètent.
Pour revenir
au projet de loi, il crée au sein de la chambre criminelle et
pénale de la Cour du Québec une division appelée Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale. Le Conseil de la
magistrature aura la responsabilité d'établir un programme de
perfectionnement sur les réalités relatives à la violence sexuelle et à la violence conjugale et remettra un rapport au ministre chaque année sur la mise en oeuvre du programme, qui sera, par la suite, déposé à l'Assemblée nationale.
27 amendements
ont été proposés et adoptés pour renforcer le projet de loi, et là je vais
le dire et lancer des fleurs à tous, qui vient refléter le travail très sérieux
et déterminé des députés des oppositions, qui ont pu convaincre... et, quand même, j'ai pu assister à quelques
séances, avec beaucoup d'ouverture, là, que le ministre, donc, a apporté ces modifications nécessaires et incontournables. Et j'aimerais saluer, donc, le
travail aussi de ma collègue la députée de Verdun, qui a mené ce dossier avec passion et détermination.
J'aimerais saluer aussi, et on l'a bien
entendu, ce matin, avec des témoignages,
les collègues des deux autres oppositions pour leur travail
assidu, et la collaboration de tous, et
évidemment le ministre, aussi, de la Justice.
Un enjeu qui
a engendré beaucoup de débats et d'inquiétudes concernait les projets pilotes
évoqués dans le projet de loi. Le ministre met sur pied des projets pilotes
dans différentes régions du Québec avant d'établir le tribunal spécialisé
en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale. Une inquiétude portait sur la durée de ces projets pilotes
et leur emplacement. D'ailleurs, on a
vu ce débat, qui a été médiatisé beaucoup, parce que les oppositions ont joué
un rôle important pour clarifier cette disposition. Finalement, un amendement a
été adopté, prévoyant la mise sur pied des instances du tribunal spécialisé
dans toutes les régions du Québec au plus tard deux ans après la fin des
projets pilotes prévus dans la loi.
• (12 heures) •
Parlons
maintenant de formation, un sujet bien important. Ma collègue de Verdun a
souvent évoqué l'importance, pour les victimes, que les intervenants
impliqués à toutes les étapes du processus judiciaire reçoivent la formation appropriée, et qu'une liste de ces différents
corps de métier visés soit incluse dans le projet de loi, mais le ministre était fermé
à cette recommandation. Finalement, et heureusement, un amendement de ma collègue a été accepté pour inclure les avocats de la défense, les procureurs, les
greffiers, les enquêteurs, les policiers, le personnel de la cour, les
interprètes et les intervenants
psychosociaux dans la formation
continue de base et spécialisée sur
les réalités relatives à la violence
sexuelle et à la violence conjugale.
Je dis bravo
à ma collègue, mais je dis bravo à tous qui ont amené cette
liste très, très détaillée, parce qu'en effet, en effet, pour
les victimes, ça prend, comment dire, la sensibilisation et le
professionnalisme de tous ceux qui seront impliqués dans le dossier. Donc, oui, la magistrature, mais
c'était important de rajouter tous ces autres intervenants. Là aussi, parce
que la formation, c'est au coeur, aussi, de
ce projet de loi, il fallait le préciser, il fallait aller en profondeur. Et je
pense que c'est un précédent bien, bien utile dans notre système de
justice et je dis bravo à tous pour cet amendement.
Autre enjeu, l'objectif d'accompagner la
plaignante à toutes les étapes du processus judiciaire pour lui redonner confiance dans le système de justice est
évidemment au coeur du projet de loi. Or, le projet de loi n° 92 ne
s'intéresse qu'à une partie du processus, ça a été soulevé par les
oppositions, soit la création du tribunal, mais remet les modalités à un règlement qui sera adopté
sans la contribution des parlementaires. Donc, il a été dit, et je cite
d'autres, on ignore tout de son mode
de fonctionnement. Donc, c'est un premier pas, ce projet de loi, mais on voit
que les règlements vont jouer un rôle bien important pour bien
comprendre le processus. Et évidemment ça va prendre des suivis importants...
Oui?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Votre temps alloué...
Mme Weil : Donc, c'est
ça. Donc, des suivis importants. Et ça conclut, donc, mes propos, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. Alors, je suis
prête à entendre le prochain intervenant ou intervenante. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à
vous. Vous avez un temps de 10 minutes d'alloué pour votre
intervention.
Mme Hélène David
Mme David :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, pour rien au monde je n'aurais raté
cette opportunité de parler de quelque chose de tellement important mais
du processus aussi.
Vous savez,
quand je suis entrée en politique, c'était bien naïvement, bien naïvement,
pensant que les choses allaient être moins dures qu'elles le sont, très souvent,
dans les processus d'adoption de projet de loi, dans les discussions, dans les
périodes de questions. Mais, dans ce cas-ci, dans ce cas-ci, depuis que j'ai
rencontré, avec ma collègue de Joliette, avec la collègue de Sherbrooke,
la ministre, à l'époque, l'ex-ministre de la Justice, il s'est passé quelque
chose d'absolument extraordinaire. Et on doit le dire quand ça se passe. Et je suis,
moi aussi, et je serai jusqu'à la fin de mes jours marquée par ce processus-là, le processus transpartisan. On en
parle, on le glorifie, mais on le vit très peu souvent. Et, dans ce cas-ci,
non seulement on l'a vécu, mais, la collègue de Joliette va s'en souvenir,
quand on est allées à Tout le monde en parle, on était les quatre femmes, à
ce moment-là — excusez,
M. le ministre, mais c'étaient quatre femmes, à ce moment-là, ça n'a rien contre le
formidable travail que vous avez fait après — je n'ai
jamais, de ma vie de politicienne, depuis maintenant six ans, entendu
autant parler avec émerveillement, avec remerciements, avec des larmes la
population qui nous abordait. Ça
a été mon cas, ça a probablement été le cas des trois autres députées, de remercier l'Assemblée nationale, de remercier le gouvernement, de nous
remercier, les élus, de travailler ensemble. Je me faisais arrêter dans les
ascenseurs, sur la rue, dans les commerces, dans le métro, dans l'autobus :
Merci, Mme la députée, merci à vous, les quatre élues, de travailler
ensemble pour un enjeu aussi
important. Et ça, là, ça n'a pas de valeur, ça n'a pas de prix. Ça fait oublier
tous nos efforts, toutes les longues heures, toutes les difficultés
qu'on peut avoir, des fois, dans des projets de loi.
Et c'est avec
tristesse, évidemment, que j'ai quitté ce merveilleux processus, la
députée de Joliette l'a bien décrit, un comité formidable, deux coprésidentes, vraiment un travail, là, avec
des longues conférences téléphoniques, puis on essayait vraiment de
faire en sorte que les choses fonctionnent. Et, pour moi, ça s'inscrivait, ça
s'inscrit toujours dans cinq années... Ça a fait cinq ans, cette année, depuis
l'automne 2016, que je suis plongée dans des enjeux de violences à caractère sexuel. Souvenez-vous, l'Université Laval, automne 2016, je suis ministre
de l'Enseignement supérieur, il
arrive des choses épouvantables. On
fait un forum sur les violences sexuelles, on adopte une politique. Le forum,
le premier ministre est présent, il y a six ministres.
Il y a énormément de travail qui a été fait à ce moment-là. Puis en même temps je travaille comme ministre de la Condition
féminine. L'année d'après arrive, cinq jours après ma nomination, l'affaire
Weinstein, l'affaire Rozon, l'affaire
Salvail. J'ai dit : Mais je suis vraiment très, très interpelée par tout
ça. Alors, forum, dépôt d'une politique, projet de loi, loi n° 151, adoptée le 8 décembre 2017, pour prévenir et contrer les
violences sexuelles dans les collèges
et les universités. Ça aussi, c'était une première en Amérique du Nord et même en Europe. C'était... Les gens me disaient : Mais
c'est extraordinaire! Comment vous en êtes arrivés là? Mais, là aussi, ça a été
un travail transpartisan. Là aussi, on a
fait des consultations, un projet de
loi formidable où les oppositions ont
apporté... Je le disais au ministre
de la Justice, il y a quelques jours, l'extraordinaire travail des
oppositions, qui m'avaient aidée à faire un projet de loi bien
meilleur, bien meilleur que ce que j'avais déposé.
Et là
j'entends tout ce qui est dit, les félicitations données au ministre, et je me dis :
Mais c'est formidable, parce que,
pour une deuxième fois dans ma carrière de politicienne, il y a
autant de transpartisanerie et de remerciements, que tous et toutes ensemble...
Parce qu'en politique on est
simplement un petit maillon d'une très grande chaîne de l'histoire, hein,
il faut toujours se dire ça. On est ministre, on n'est plus ministre. On est
député, on n'est plus député. On est au gouvernement,
on est à l'opposition. Mais tous ensemble, on doit avoir des convictions
d'aller vers un but commun, un but citoyen,
un but humaniste, qui est le but d'aider, d'aider nos concitoyens à mieux vivre
dans ce Québec que l'on aime tous. Et, dans ce cas-ci, c'est extraordinaire. On
fait avancer de façon formidable l'accompagnement des victimes de violence
sexuelle et conjugale, parce que ça s'est
rajouté au fil des conversations, cette demande, et je pense que c'était une
très bonne idée d'inclure aussi les violences conjugales.
Alors, on arrive avec un tribunal, et ce
tribunal va effectivement pouvoir permettre d'avoir un bien meilleur accompagnement. C'était nécessaire, dans les
universités et les collèges, d'avoir un guichet unique, d'avoir un processus
d'accompagnement, de permettre aux étudiants, la plupart du temps étudiants, ou
aux employés qui étaient victimes de
violence à caractère sexuel de pouvoir être bien accompagnés. On relit et on
sent la même chose qui anime, donc, ce tribunal
spécialisé : accompagnement, formation, écoute, non-restigmatisation,
non-revictimisation. Alors, quand on voit tout ça, on se dit : Ça
vaut la peine d'être en politique.
Puis je demandais... Parce
qu'on est dans un autre projet de loi, qui ne véhicule pas du tout le même
genre d'émotions, le projet de loi
n° 96. C'est un projet de loi où il y a quand même de l'émotion liée à
notre identité culturelle, à notre langue. Et je disais au ministre :
J'espère qu'on va pouvoir travailler aussi comme ça, parce que c'est comme ça qu'on fait avancer la société. Oui, on n'est pas toujours
aux mêmes endroits, on n'est pas toujours dans les mêmes opinions pour certains articles, et tout ça, mais
foncièrement on a tous à coeur... Et ça, le jour où je ne dirai plus ça, je ne
serai plus en politique. Je reste en politique parce que j'y crois,
qu'on est tous ensemble pour le bien commun. Et ça, ça nous permet de faire un Québec plus fort, un Québec
plus solide, mais aussi un Québec beaucoup plus humain. Et, par ce projet de
loi particulier, qui est un tribunal
qui est une des 192 recommandations, mais qui est toute une recommandation, c'est un projet phare, alors, c'est un projet qui va permettre,
même si je n'ai pas lu tout en détail, parce que les choses vont un peu vite, qui va permettre, selon tout ce que les
élus qui ont participé disent, de vraiment faire un pas magistral en avant, un pas qui, je pense... Je prenais des notes, le ministre
disait : Nous sommes le premier État à pouvoir accompagner autant...
le premier État au monde à mettre en place un tribunal spécialisé en violence
sexuelle et conjugale.
• (12 h 10) •
Alors, quand on parle
d'un changement de culture, Mme la Présidente, c'est à ça qu'on s'expose, que
ça remue beaucoup, que les gens soient inquiets, que les gens
disent : Bien, non, non, non, ça ne peut pas fonctionner, etc. Mais on est
un peu ici pour ça aussi, en politique,
pour faire changer les choses. On ne peut pas dire que tout fonctionne particulièrement bien tout le temps, donc on est ici pour essayer de faire avancer les
choses. Et effectivement on vit toutes sortes de choses difficiles. On en a encore vécu ce matin, en
parlant des CHSLD. On parle, là, de violence sexuelle. On n'est pas toujours dans
des dossiers faciles, mais on est venus en politique pour ça, on est
venus pour aider notre prochain. Ça fait très catholique, de dire ça, mais aider
notre prochain, c'est aider les gens pour que notre court passage sur terre
puisse être un peu moins difficile.
Et, dans le cas des victimes de violence conjugale et sexuelle, c'est exactement
le cas, c'est pour leur permettre de pouvoir éventuellement passer à
autre chose.
C'est
immensément difficile. J'en ai tellement accompagné, dans ma pratique de psychologue,
psychothérapeute, de victimes, c'est extrêmement difficile. Alors, le moins qu'on puisse faire, le moins qu'on puisse
faire, c'est, pendant cette période tellement
douloureuse de porter plainte, de revivre tout ça, éventuellement aller à procès... le moins qu'on puisse faire, c'est de les
accompagner le mieux possible.
Et, dans ce sens-là,
je pense que, ce projet de loi, on peut dire sans se tromper que c'est un pas
majeur pour le Québec. Et je remercie encore une fois les élus, je
remercie tous ceux qui ont participé, et le ministre en particulier, donc, d'être allés aussi loin que ça. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Je suis prête à entendre un autre
intervenant ou intervenante.
M. Fortin :
Oui. Sur une question de directive, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Allez-y, monsieur.
M. Fortin : Je veux juste m'assurer que la porte-parole officielle de l'opposition
en la matière aura son temps de parole alloué normalement, c'est-à-dire
un temps maximal d'une heure, comme il a été entendu précédemment. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, il n'y a pas d'objection, il y a consentement pour lui donner
son temps? Parce que, pour une explication, sûrement... parce que la députée de
Notre-Dame-de-Grâce a dépassé, là, d'une minute, là, par le changement de présidence. Alors, il y a
consentement? Parfait. Alors, il n'y a pas de problème. Mme la députée de
Verdun, je vous cède la parole.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci, Mme la Présidente. Bien, c'est, à mon
tour, avec beaucoup d'émotion, que je me lève aujourd'hui pour
l'adoption d'une importante pièce législative. Puis je ne sais pas si c'est le
hasard qui fait bien les choses, mais
on va adopter le projet de loi aujourd'hui, alors que c'est le début des
12 jours d'action contre la violence
faite aux femmes. C'est un heureux hasard.
Et,
je dois vous le dire, on en a longuement parlé, puis probablement que je vais
sortir un peu de mon texte, mais, je vais vous dire, je me souviens, il y a
presque un an, au moment où on déposait le rapport Rebâtir la confiance, je
me souviens de la grande fierté que
j'avais, mais que je partageais, bien sûr, avec la ministre responsable de la
Condition féminine, avec la députée
de Sherbrooke, avec la députée de Joliette, avec ma très chère amie et collègue
la députée de Marguerite-Bourgeoys,
qui m'avait bien accompagnée dans tout ça, mais je me rappelle de la fierté que
nous avions à déposer un rapport avec 190 recommandations
importantes pour changer les choses.
On se rappelle du
#moiaussi, #metoo, parce que c'est de là où tout ça... ça vient de là. La
société, les femmes se sont mises à parler,
à dénoncer ouvertement ce qu'elles vivaient, et les élus de l'Assemblée
nationale ont décidé de s'unir pour pouvoir entendre la voix des femmes. Et je
trouve ce processus transpartisan formidable, formidable, dans un dossier
comme celui-là, où on avait besoin d'humanisme avec un grand H.
On
se rappelle qu'après trois ans, donc, on avait un devoir de faire quelque chose, un devoir de freiner, bien
sûr, les violences sexuelles, mais
aussi la violence conjugale. Et je tiens à rappeler que les cas de violence
conjugale, en pandémie, ont explosé.
Ce
matin, on nous confirme un 18e féminicide au Québec.
C'est un bien triste record. Moi, j'ai une pensée pour les victimes, qui sont
des femmes, des filles, des mères, des amies. J'ai une victime, pour elles...
J'ai une pensée pour ces victimes, pardonnez-moi, qui y ont laissé leur vie, puis
je pense qu'on doit prendre un moment pour penser à ces femmes, à ces
familles et pour se dire : Pas une de plus.
Il
y a donc eu les travaux du fameux rapport Rebâtir la confiance, et, je
le disais tout à l'heure, le tribunal spécialisé est une des recommandations, une recommandation phare, bien entendu. Et,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 92, qui s'intitulait, parce qu'on a même changé
le titre, Loi visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et de violence
conjugale et portant sur la formation des juges, on avait un devoir de
collaborer, de travailler ensemble avec le gouvernement, avec les oppositions.
Il fallait aussi voir à quel point les victimes réclamaient que ce travail-là
puisse se faire main dans la main, pour qu'on puisse franchir des pas de
géant, et c'est ce que nous avons fait.
Je tiens à le rappeler, là, c'est difficile pour
les victimes, le parcours d'une victime, parce qu'elles sont venues témoigner pour nous dire à quel point le parcours
était difficile, où il manquait de l'accompagnement, où il manquait de
spécialisation pour ceux et celles qui, justement, vont dans ce parcours-là
avec les victimes. Puis, vous savez, Mme la Présidente,
quand on est victime de violence sexuelle ou de violence conjugale, puis qu'on
change de procureur, puis que finalement
on change... les personnes, là, autour de nous, là, à chaque fois, sont en
train de changer, puis là, là, un nouvel enquêteur spécialisé, puis... À chaque fois, il faut recommencer à
raconter l'histoire. À chaque fois, la victime est revictimisée. À chaque fois, elle revit la violence qu'elle a
subie. Bien, ce qu'on souhaite avec l'actuelle loi, c'est que cette
revictimisation-là, là, ce soit terminé.
Je veux vous
dire que ça a été un immense privilège et un immense plaisir de travailler avec
la députée de Sherbrooke, avec la
députée de Joliette mais aussi avec le ministre de la Justice sur ce projet de
loi là, vraiment. Les trois filles, je vais le dire comme ça, avec un clin d'oeil au ministre, on se sentait un peu
comme les gardiennes du rapport Rebâtir la confiance, on
souhaitait que l'essence même de ce rapport-là puisse se retrouver à
l'intérieur du projet de loi. Et vous savez quoi, Mme la Présidente? On y est
arrivés. On y est arrivés. Le travail des oppositions dans ce projet de loi là,
là, a été magistral, je dois le dire. On
peut parler d'un virage à 180 degrés, dans ce projet de loi, qui ne visait,
au départ, que la formation des
juges, tribunal spécialisé et formation des juges. Je remercie le ministre, qui
a démontré une ouverture, écoute pour qu'on puisse aller beaucoup plus loin que la pièce législative qu'il avait
déposée. Et je pense qu'aujourd'hui on peut se dire que le travail des
oppositions a véritablement porté ses fruits.
• (12 h 20) •
On a fait des demandes. Il y a eu des gains, il
y a eu des revers. J'avais effectivement déposé une demande de motion préliminaire pour entendre la
juge Rondeau, la juge en chef, parce qu'on avait bien entendu qu'il y avait
des irritants et qu'il y avait des
possibilités de contestation. La juge elle-même avait demandé à être entendue.
Le gouvernement a refusé. Donc, on a
fait... ils ont battu la motion préliminaire que j'avais déposée. Mais on a
travaillé, comme élus, tout au long de ce projet de loi, à aplanir ces irritants, notamment en changeant le nom du projet de loi, où on ne parle plus de la
formation des juges, hein, on est
allé vraiment sur... on a tout retiré, dans le fond, ce qui s'adressait uniquement
aux juges, on est allé de façon beaucoup plus large.
On parle aussi, bien sûr, d'une division
spécialisée, parce qu'on sentait que nommer «tribunal spécialisé», ça pouvait nous causer des problèmes. Alors, on s'est
fait entendre, une division spécialisée. On parle maintenant de la formation de
tous les intervenants du processus judiciaire. On a même ajouté et précisé que
le tribunal se faisait dans le respect
total des droits des accusés à un procès équitable, dans le respect des droits
fondamentaux, parce que ça aussi, c'était un des irritants qui avaient
été ciblés.
On a demandé au ministre
d'ajouter des précisions au projet de loi, notamment les objectifs et les
principes. Tantôt, je disais qu'on était un
peu gardiennes du rapport Rebâtir la confiance. C'est pour ça qu'on est
allé introduire un principe, qu'on est allé introduire des objectifs
clairs dans le projet de loi.
Ça passe par une offre, aussi, de services
psychosociaux, judiciaires, par des lieux physiques aménagés de façon sécuritaire dans les palais de justice, une
réduction du traitement des dossiers et de favoriser un seul procureur tout
au long du processus judiciaire. La loi va faire en sorte que l'accompagnement
des victimes implique des intervenants spécialisés dédiés et que la spécialisation
de ceux-ci soit assurée par une formation continue.
Je cherche
dans mes notes, Mme la Présidente, parce qu'il y a un passage... Je suis
allée rapidement, tout à l'heure, là,
mais, vous savez, c'est pour les victimes de violence conjugale, violence
sexuelle qu'on a fait le travail, mais aussi pour les victimes d'exploitation sexuelle, car elles
vont être, elles aussi, accompagnées par cette division spécialisée. Je tenais
à le dire. Et je tenais à refaire ce que
j'ai fait hier en remerciant Lau Ga, qui a mis un visage sur les victimes
d'exploitation sexuelle avec beaucoup
de courage. Et je veux envoyer le message, parce que j'ai posé la question au
ministre, lorsque nous étions en
étude détaillée, et ces victimes-là aussi seront, bien sûr, accompagnées dans
le parapluie du tribunal spécialisé. Je tenais à le mentionner.
Dans les irritants aussi que nous souhaitions
donc aplanir, comme je le disais tout à l'heure, on a nommé les intervenants
spécialisés, qui vont avoir une formation continue, c'est-à-dire avocats de la
défense, procureurs, greffiers, enquêteurs,
policiers, personnel de la cour, les
interprètes, les intervenants psychosociaux, et tout ça avec une reddition de
comptes. C'est des gains importants, Mme la Présidente, que nous avons faits,
et je tiens à le souligner.
On a aussi ajouté une considération à tenir
compte des réalités culturelles et historiques pour les victimes issues des
Premières Nations et des Inuits. Je pense que, là aussi, on a fait un pas
important.
L'équité à l'accès,
ça, c'est une bataille que moi-même, j'ai tenue et j'ai faite parce que je ne
souhaitais pas qu'on puisse être une
victime dans un district judiciaire où malheureusement il n'y aurait pas de
projet pilote. Sur les projets pilotes, là, je dois le dire, on a fait beaucoup de chemin avec le ministre.
Notamment, on a été capables de nommer qu'il y aurait minimalement
cinq projets pilotes d'amorcés tout de suite après l'adoption du projet de
loi, mais aussi de mettre un temps défini dans cette loi quant à la durée des
projets pilotes, parce qu'on a déjà vu des projets pilotes, hein, durer quatre, cinq, six, sept ans, puis, après
sept ans, quand c'est moins à la mode, on les oublie. Non, ici, on a
pérennisé le tout, et on est dans un
moment important, où on sait que les projets pilotes seront d'une durée
maximale de trois ans, et, après trois ans, ça va devenir
permanent.
Gain majeur aussi pour les
quatre heures de conseils juridiques qui ont été pérennisées à l'intérieur
de ce projet de loi là. Et, je dois le
mentionner, c'était une recommandation de Rebâtir la confiance, la
recommandation n° 25. Donc, vous
voyez, de 190, on est rendus à 188. Il reste beaucoup de travail à faire
encore, mais j'invite le gouvernement à poursuivre sur ce travail.
On souhaite de tout coeur, donc, que ce tribunal
spécialisé puisse être mis en place le plus rapidement possible et partout sur
le territoire. Il va falloir que le ministre de la Justice mobilise son
ministère, justement, pour mettre tous les efforts pour atteindre cet objectif.
Le ministre va aussi devoir coordonner les efforts des ministères et organismes
concernés en ressources humaines mais aussi
en ressources financières, parce qu'on a un meilleur accompagnement, on
a de la formation, il y a beaucoup de
travail encore à faire, et, pour ça, bien, ça va prendre les sommes mais aussi
les personnes pour pouvoir faire le travail.
On a fait inscrire dans la loi que le ministre
mettrait en place au moins, donc, cinq projets pilotes, comme je vous
le disais tout à l'heure. Et, je vous le
dis, Mme la Présidente, moi, les projets pilotes, j'étais très
inquiète, au départ, parce que je
n'avais pas envie qu'une victime à Roberval ne puisse pas obtenir le même
accompagnement qu'une victime qui est, par exemple, du côté de
l'Outaouais. C'était difficile pour moi, en toute connaissance de cause... Puis
vous le savez, hein, il y a plusieurs
victimes qui sont venues témoigner, qui sont venues nous voir. Et je le disais
hier, lors de la prise en considération,
quand je revenais à la maison, que ce soit au moment où on a fait les travaux
pour Rebâtir la confiance ou encore lors de l'étude détaillée, nombre de
fois j'ai reçu des messages, sur mon téléphone, de victimes qui nous disaient :
Ne lâchez pas, ne baissez pas les bras, on a
besoin plus que jamais du travail des élus. Et on a entendu ces victimes. Moi,
en tout cas, c'est à elles que je pense aujourd'hui.
On a fait un travail de précision législative.
On l'a fait avec rigueur. On l'a fait avec diligence aussi, parce que,
deux semaines, sur un projet de loi qui a été totalement transformé, je
pense qu'on peut se dire qu'on a bien travaillé ensemble. On ne peut pas nous dire qu'on n'avait pas le coeur à la bonne
place, personne. Je pense que ça paraît, aujourd'hui, dans les
différents discours qui sont faits pour l'adoption de ce projet de loi.
J'ai vraiment un sentiment qu'on va
véritablement transformer la vie des victimes, transformer le parcours des victimes. Et c'est vraiment un privilège pour moi d'avoir
pu travailler sur cette pièce législative, parce qu'on va changer une culture. On va vraiment toucher la vie de gens
dans un parcours qui est excessivement difficile, autant émotivement que
physiquement. Et c'est pour moi un immense
privilège d'avoir pu travailler en toute solidarité avec la députée de
Sherbrooke, la députée de Joliette, pour pouvoir faire entendre notre
voix comme gardiennes du rapport Rebâtir la confiance.
• (12 h 30) •
La question des délais était centrale tout au
long de l'étude du projet de loi. On souhaitait que les irritants soient aplanis. Je crois vraiment, sincèrement, qu'on y
est arrivés. On ne pouvait pas se permettre une contestation judiciaire, parce
qu'une contestation judiciaire, ça veut dire entre trois et cinq années
devant les tribunaux, et les victimes n'ont pas le temps, n'ont pas le luxe
d'attendre, elles ont suffisamment attendu.
Il faut qu'on
puisse travailler, donc, aux 188 autres recommandations, comme je le mentionnais
un peu plus tôt. Le travail a été
fait avec comme unique volonté, donc, de mieux accompagner les victimes, le
processus judiciaire étant trop
souvent un obstacle pour les victimes. Et il faut rebâtir, donc, la confiance
mais aussi éviter la revictimisation, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, et ce, pour celles qui feront le
choix, qui feront le choix de se rendre dans un poste de police ou
encore dans un organisme pour dénoncer.
Il est vrai
qu'on peut s'enorgueillir du fait que le Québec sera la seule juridiction au
monde où un tribunal spécialisé traitera
des dossiers de violence sexuelle et des dossiers de violence conjugale. Ça,
j'espère qu'on va s'applaudir très, très fort.
Les
remerciements, maintenant, parce que j'arrive à la fin. Je veux remercier les
juristes qui nous ont accompagnés tout
au long de cette étude détaillée, parce qu'on le disait tout à l'heure, au
départ, le projet de loi, c'étaient quelques articles seulement, c'était très, très court, et ça ne
visait que les juges. On arrive avec un projet de loi vraiment
transformé, bonifié, et je sais que ça a demandé beaucoup de réécriture
aux juristes, alors, à vous, merci beaucoup.
Je tiens à
remercier les groupes qu'on a entendus lors des consultations particulières. Je
tiens à remercier, bien sûr, les
experts qui nous ont accompagnés dans la rédaction du rapport Rebâtir la
confiance. J'ai une pensée toute particulière pour Elizabeth Corte
ainsi que pour Julie Desrosiers, les deux coprésidentes de ce rapport.
Je veux remercier très sincèrement la députée de
Sherbrooke et la députée de Joliette mais aussi la députée de Notre-Dame-de-Grâce et la députée de Marguerite-Bourgeoys. Je crois sincèrement que le travail que nous
avons accompli, comme opposition, a
permis d'arriver avec non pas un meilleur projet de loi, mais un projet de loi à la hauteur de ce qui était attendu. Et, mesdames, vous avez
toute mon admiration, toute mon amitié aussi.
Salutations aux députés de la banquette
ministérielle qui nous ont accompagnés dans ce travail.
Remerciements au ministre, parce que, oui, parfois
on a bousculé bien des choses, parfois on s'est même fait dire : On
ne peut pas aller plus loin, on se l'est fait dire dans le micro, là :
Arrêtez, mesdames, je n'irai pas plus loin, comme ministre de la Justice, je ne peux pas, mais on a vu qu'il pouvait. À
force d'arguments, à force, aussi, de démonstrations, je pense qu'on a réussi à percer tout le côté
juridique de la chose, là. Parfois, c'est tellement, tellement pas souple,
tellement rigide, mais on est allés
trouver une souplesse. Et je tiens à remercier le ministre pour cette
souplesse, pour cette ouverture aussi, Mme la Présidente.
Le travail
que j'ai fait, bien, je l'ai fait, je pense, à la hauteur puis avec tout le
coeur puis toute la passion qu'on me reconnaît, mais aussi avec toute
l'information que je pouvais détenir. Et, en ce sens-là, je veux remercier Karl Filion,
Isabelle Paquet, mes deux recherchistes. Votre travail, ça paraît, aujourd'hui,
dans ce projet de loi, aussi, bien entendu.
Je vais terminer, Mme la Présidente, en
remerciant celles qui ont témoigné devant nous, celles qui ont fait preuve d'un courage acharné, parce que, de venir
rencontrer des parlementaires, de venir témoigner, meurtries, parfois,
déchirées, marquées à jamais, je
trouve que leur démarche était non seulement courageuse, mais elle se voulait
tellement généreuse, parce que leur parcours ne sera plus jamais le même, mais elles
souhaitent, justement, que le parcours des femmes et des filles qui vont
les suivre, dans la vie, sera différent. Alors, je veux remercier ces femmes
qui nous ont témoigné leur histoire.
J'espère que ce sera un baume, un baume sur leurs souffrances. On vous a
entendus, on vous a compris et, encore mieux, aujourd'hui, on a agi.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Alors,
je vais suspendre quelques instants pour permettre aux deux formations
politiques de se joindre à nous, au salon bleu, pour que nous puissions
procéder au vote sur l'adoption finale du projet de loi.
(Suspension de la séance à
12 h 37)
(Reprise à 12 h 39)
Mise
aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, en application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du projet de loi n° 92, Loi
visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence
sexuelle et de violence conjugale. M. le leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue?
Mme Lessard-Therrien :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. M. le député de Matane-Matapédia?
M. Bérubé :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. M. le leader du
gouvernement, avez-vous des indications à nous transmettre concernant
les votes des députés indépendants?
• (12 h 40) •
M. Schneeberger :
Oui, celui de Chomedey : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. En conséquence,
le projet de loi n° 92, Loi visant la création d'un tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, est
adopté.
M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux?
Ajournement
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, je fais motion afin d'ajourner nos travaux au mardi
30 novembre, 13 h 40.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. Donc, en
application de l'ordre spécial, je vais inviter les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de
leurs groupes sur la motion qui vient d'être lue par le leader du gouvernement.
M. le leader?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue?
Mme Lessard-Therrien :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le député de Matane-Matapédia?
M. Bérubé :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. Cette motion est adoptée.
En conséquence, j'ajourne les travaux au mardi
30 novembre 2021, à 13 h 40.
(Fin de la séance à 12 h 41)