(Dix heures une minute)
Le
Vice-Président (M. Picard) : Veuillez vous asseoir, s'il
vous plaît... Non, non, pas tout de
suite. Avant d'entreprendre nos travaux, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Maintenant, vous pouvez vous asseoir.
Affaires du jour
M. le leader adjoint du gouvernement, pour nos
travaux, s'il vous plaît.
M. Schneeberger : Oui. Bon matin. Bonne semaine, M. le Président. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 4 du
feuilleton.
Projet de loi n° 5
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Picard) : À l'article 4, M. le ministre des Finances
propose l'adoption du principe du projet de
loi n° 5, Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées
à l'occasion du discours sur le budget du 25 mars 2021 et à
certaines autres mesures. Y a-t-il des interventions? M. le député de
Richelieu.
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bon matin. Heureux de vous retrouver en
cette Assemblée après une belle semaine en
circonscription, M. le Président, qui nous a permis, je suis convaincu, pas
seulement à moi, mais à vous et à
tous les collègues qui sont présents ici, d'aller rencontrer nos commettants,
les citoyens, les organismes pour multiplier
les rencontres, pour être présents sur le terrain. Quand je dis «multiplier les
rencontres», je pense, bien entendu, à mon collègue de Maskinongé, que
j'aperçois, et qui, sur les réseaux sociaux, nous fait tous rougir par ses
nombreuses interventions.
Bon, ceci dit, je reviens à nos moutons, M. le Président.
Et, comme vous l'avez proposé, je soumets à l'Assemblée nationale le projet de
loi n° 5, intitulé Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 25 mars 2021 et à certaines autres mesures.
Ce projet de loi, M. le Président, a été présenté le
2 novembre 2021 et il modifie pas moins de 15 lois, dont la Loi sur
les impôts et la Loi sur la taxe de vente du Québec. Il donne suite à des
mesures fiscales annoncées dans le discours sur le budget du
25 mars 2021 ainsi que dans des bulletins d'information.
Alors, M. le Président, les modifications concernent entre
autres la bonification du crédit d'impôt remboursable pour le maintien à
domicile des aînés, également les
modalités d'attribution du crédit d'impôt remboursable accordant une allocation aux familles dans le cadre du placement
d'un enfant mineur, l'augmentation du taux de la déduction pour petite entreprise, la bonification temporaire du crédit d'impôt remboursable pour stage en milieu
de travail, la bonification du congé fiscal pour grands projets d'investissement
et le maintien de la taxe compensatoire des institutions financières.
Alors, de plus, M. le Président, en raison de la
pandémie de la COVID-19, ce projet de loi prévoit notamment la prolongation du crédit de cotisation des
employeurs au Fonds des services de santé à l'égard des employés en congé payé,
également l'ajout d'un choix à l'égard du
calcul des heures rémunérées pour l'application de la déduction pour petite
entreprise, une bonification temporaire du crédit d'impôt relatif à
l'investissement et à l'innovation.
Et, avant que
vous me le demandiez, M. le Président, on y retrouve également, en
harmonisation avec la législation fédérale, le traitement fiscal des
prestations d'urgence liées à la pandémie de COVID-19 et à la détaxation des
masques et des écrans faciaux.
Alors, par
ailleurs, M. le Président, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la
Loi sur la taxe de vente du Québec afin d'y apporter des modifications
semblables à celles qui ont été apportées à la législation fédérale.
Et enfin ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique de concordance ou de terminologie.
Alors, M. le
Président, je vais m'abstenir d'énumérer les autres mesures contenues dans le
projet de loi n° 5, bien entendu, puisque ses notes explicatives en font
état et que nous aurons l'occasion de l'examiner plus en détail en commission
parlementaire, je parle de la commission
parlementaire des finances publiques. Et, en terminant, j'invite donc, M. le
Président, les membres de cette Assemblée à adopter le principe du
projet de loi n° 5. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais
maintenant M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, bonjour, chers collègues, M. le Président.
Bonjour, tout le monde. Donc, nous voilà arrivés à cette étape dans l'étude du
projet de loi n° 5. Comme le collègue a mentionné, il s'agit d'un omnibus
fiscal qui couvre, en grande partie, les
mesures du budget, du budget du 25 mars 2021. Il y en a quelques autres,
mesures, aussi,
qui avaient été annoncées lors des divers bulletins d'information. Et, comme
tout projet de loi de nature fiscale,
toutes ces mesures sont déjà en
vigueur. Donc, il n'y a pas vraiment... il n'y a rien de nouveau, donc, tout
est déjà en vigueur. Et, par
cohérence, M. le Président, puisqu'il s'agit d'un projet de loi qui met en
oeuvre des mesures qui avaient été annoncées au budget du 25 mars 2021 et que nous avions, à ce moment-là, voté
contre ce budget-là, donc, ça ne vous surprendra pas non plus, M. le
Président, que nous soyons contre, aussi, le projet de loi n° 5.
Ça ne veut
pas dire qu'il n'y a pas de mesures intéressantes dans ce projet de loi, et on
va en citer quelques-unes. Mais parce
que, comme c'était le cas lors de la présentation du budget, au mois de mars, à
notre avis, le budget n'allait pas assez
loin, et donc ici aussi nous pensons qu'il y aurait d'autres mesures qui
auraient pu être annoncées. Mais alors allons-y, donc, faisons un peu la
nomenclature de ces choses-là.
Et, la toute première mesure, qui a d'ailleurs
été mentionnée par le collègue, celle, donc, de la bonification du crédit d'impôt remboursable pour maintien à
domicile des aînés, bien sûr qu'à ce moment-là, M. le Président, en mars 2021,
on ne pouvait pas prévoir entièrement la
forte hausse de l'inflation que nous vivons présentement, mais on pouvait déjà
voir qu'il y avait beaucoup de pression sur
les budgets, sur les dépenses des personnes à revenus fixes, et notamment les
aînés. On en a beaucoup parlé depuis. Et clairement, clairement, déjà au mois
de mars, cette bonification, à notre avis, bonification du crédit d'impôt,
n'allait pas assez loin. Et, dans le contexte actuel, le contexte
d'aujourd'hui, ce n'est carrément pas loin
du tout. Alors, évidemment, il y a un manque d'ambition de la part du
gouvernement à cet égard-là. Juste la semaine dernière, nous avons
proposé... notre formation a proposé, M. le Président, de mettre en oeuvre une allocation de 2 000 $ pour les aînés de
plus de 70 ans à revenus moyens et bas, donc moins de 54 000 $
de revenus. Donc, ça va beaucoup plus loin que cette bonification de
crédit d'impôt.
Bon, il y a
aussi d'autres crédits d'impôt, sur l'allocation aux familles dans le cas d'un
enfant mineur, bon, très bien, des
ajustements à la déduction pour petite entreprise. Ça, M. le Président, il faut
faire attention, et là on va en discuter lors de l'étude détaillée de ce projet de loi, parce que, quand on se rappelle, la déduction pour petite entreprise,
c'est une mesure fiscale qui permet
aux petites entreprises de bénéficier d'un taux d'imposition vraiment très bas,
4 %, en fait. Cependant, ce qu'on avait vérifié au fil du temps, c'est que
plusieurs personnes, surtout des professionnels, décidaient de s'incorporer
et donc de bénéficier de ce taux avantageux
de petite entreprise quand, en fin de compte, ce sont des travailleurs
autonomes. Alors, au fil du temps, on
a resserré ces critères-là d'admissibilité à la déduction pour petite
entreprise. Le gouvernement, maintenant,
vient relaxer un peu les resserrements qui avaient été apportés auparavant. Il
va falloir... on va parler un peu de cette mesure-là, lors de l'étude
détaillée, parce que, justement, on ne veut pas revenir là où on était avant,
et donc que plusieurs personnes
employées... pas employées mais travailleurs autonomes bénéficient de cette
déduction tout simplement pour
profiter d'un taux d'imposition très bas, de 4 %, et ne pas payer leur
juste part d'impôt. Donc, ça, et on va être très attentifs à cette
mesure-là.
• (10 h 10) •
Bon, aussi,
le congé fiscal pour grands projets d'investissement, il va être bonifié encore
une fois. Je pense, ça a déjà été
bonifié quatre ou cinq fois par les différents gouvernements qui se sont
suivis. La question qu'on se pose, qu'on avait d'ailleurs posée l'année dernière, bien, puisqu'à chaque année on bonifie
le congé fiscal pour essayer d'attirer des investissements, c'est-à-dire qu'il n'est pas très utile, parce que les
grandes entreprises ne le prennent pas, ce congé fiscal. Donc, si à chaque fois il faut le majorer, il faut
le bonifier, bien, posons-nous la question, est-ce que c'est vraiment utile
ou est-ce qu'on devrait trouver un autre moyen pour aller stimuler
l'investissement privé. Parce qu'en effet, s'il y a un élément, un endroit où
le Québec peut et doit faire mieux, c'est en en ce qui concerne
l'investissement privé, surtout l'investissement
privé en machinerie, équipement pour améliorer notre compétitivité, améliorer
l'innovation qu'on doit faire.
Bon, je félicite le gouvernement, une des
mesures, c'est la mesure qu'on pourrait qualifier la mesure Pornhub, parce qu'on ajoute des restrictions, des
restrictions à certaines mesures fiscales qui sont contenues dans des contenus Web qui pourraient encourager la violence ou la discrimination
ou comporter des scènes de sexualité explicites. Donc, je pense que c'est bienvenu, c'est tout à fait approprié d'apporter ces restrictions-là. Et, si une entreprise veut
faire ces choses-là, mais au moins ils ne profiteront pas de l'aide
fiscale, donc, ça, c'est très bien.
La taxe
compensatoire des institutions financières, bon, c'est une taxe qui devait être
temporaire, elle est maintenue. Bon, très bien, on en parlera un peu, de cela.
Je comprends le principe derrière la chose, je comprends pourquoi on le
fait maintenant, mais, quand une taxe est temporaire, elle devrait être
temporaire. On en parlera aussi un peu.
Quoi d'autre, M. le Président? Écoutez, une
chose qu'il va falloir qu'on fasse attention aussi... Je comprends la nécessité de procéder à un certain allègement réglementaire, mais, avec cette loi, on vient changer des dispositions dans la Loi sur l'impôt minier, où on va abolir
l'allocation pour certification en développement durable. Bon, ça, c'était une allocation que des
entreprises pourraient profiter de cela pour obtenir cette certification-là en développement durable, ce qui est, évidemment, de nos jours... bon, ça a toujours
été important, mais, de nos jours, encore plus. Alors, si on va l'abolir,
on la remplace par quoi? Comment est-ce
qu'on structure ça? Parce qu'une chose qu'on ne veut pas faire, c'est de faire
en sorte que les entreprises,
minières, surtout, n'obtiennent pas ou trouvent que c'est trop dispendieux d'obtenir
une certification pour développement durable. Donc, il va falloir aussi
poser des questions et regarder un peu ce qui se passe.
Bon, on en a beaucoup
parlé, des taxis, d'Uber, de tout ça. On reporte encore une fois la date limite
pour la mise en oeuvre, la mise en
place d'un système d'enregistrement des ventes dans le secteur des
taxis. Vous savez, le système d'enregistrement
des ventes, ce sont les petits bidules qu'on a dans les restaurants, et, chaque
fois qu'on va au restaurant, la transaction est enregistrée automatiquement,
donc ça a vraiment mis fin à beaucoup de transactions qui
se faisaient et qui échappaient à la taxe de vente. Donc, on va adopter
le même principe, la même technologie pour le transport rémunéré de personnes, les taxis, et autres. Je comprends
qu'il y a des enjeux techniques. Évidemment, au restaurant, la machine, elle est là, elle ne bouge pas. Dans un taxi, bon,
la machine se promène, comme le taxi, donc je comprends qu'il y a des enjeux
techniques, technologiques, mais, bon... Donc, on reporte la date limite, mais
il va falloir aussi poser des questions : Est-ce que ça avance? Est-ce qu'on continue à
faire des recherches pour qu'on puisse mettre ça en oeuvre ou est-ce qu'on
abandonne et on n'a pas la technologie?
Bien, je pense que la technologie existe, il faut juste la raffiner un peu
plus. Je comprends la difficulté, mais il ne faut pas abandonner.
Maintenant, plusieurs mesures temporaires lors,
évidemment, de la COVID, 2020‑2021, des mesures fiscales temporaires de prolongement de crédits, de
bonification, aussi, de certains crédits d'impôt, donc, ça aussi, évidemment,
c'était très bienvenu, et je pense que ça a aussi donné les résultats
souhaités.
Alors, pour moi aussi, M. le Président, voilà,
comme j'ai mentionné, il y a plusieurs sujets qu'on va approfondir un petit peu lors de l'étude détaillée. C'est un
projet de loi qui est essentiellement technique, mais certaines mesures, à
notre avis, méritent une attention un
peu plus politique pour voir, si on les remplace, on les remplace par quoi et
quelle est la prochaine étape. Donc, voilà, M. le Président. Pour moi,
c'est tout. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de
Robert-Baldwin. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci
beaucoup, M. le Président. À mon tour d'intervenir sur le projet de loi
n° 5, qui fait suite, évidemment, aux différents
budgets qui ont été faits par le gouvernement et certains bulletins
d'information, également, qui ont été faits par le ministère des
Finances.
Une des choses que j'aimerais dire, moi aussi,
d'entrée de jeu, c'est qu'on voit qu'une des premières mesures, M. le Président, c'est la bonification du crédit
d'impôt pour le maintien à domicile des aînés. Nous croyons... et mon collègue
de Robert-Baldwin a eu l'occasion de le dire, le gouvernement commence à être
sérieusement en retard, parce qu'on s'aperçoit
que, compte tenu de l'inflation qui subsiste, actuellement, au Québec, il
faudrait que les mesures soient beaucoup plus costaudes. On souhaite que,
jeudi, le gouvernement puisse, bien sûr, nous revenir avec certains éléments
encore plus prononcés, parce qu'on
s'aperçoit que, même si on veut bonifier le crédit d'impôt pour les aînés, pour
le maintien à domicile des aînés, il
est clair qu'il faut aller beaucoup plus loin, parce que les aînés, et c'est
reconnu de façon importante partout... c'est
que les aînés n'ont pas toujours, évidemment, le pouvoir d'achat. Plusieurs de leurs subventions, plusieurs des aides qui sont données aux aînés ne sont pas nécessairement indexées toujours. Alors, je
pense qu'il est important qu'on s'attaque, éventuellement, de façon
plus décisive à cela. Évidemment, ce projet
de loi est un projet technique de mise en valeur, alors il est clair que ce n'est pas le moment de faire
ça, mais nous pensons quand même que le gouvernement devrait regarder ça de
façon importante.
Également, dans les éléments, évidemment, moi,
qui me touchent plus particulièrement dans ce projet de loi, c'est tout ce qui touche, évidemment, les mines,
et évidemment il y a une allocation qui, je crois, est bienvenue pour la mise
en valeur, justement, des minéraux. Ça, je pense que c'est extrêmement
important. Et je dois dire qu'il y a, actuellement, au Québec, des possibilités intéressantes. Il y a le
graphite, le lithium, le niobium, le titane, le zinc, le cuivre, le nickel,
enfin plusieurs minéraux qui sont très utiles pour la suite des choses, et dans
le but, évidemment, qu'on ait éventuellement une société plus verte, au Québec, et donc c'est tout à fait bienvenu qu'il
y ait cette modification sur la Loi de l'impôt, qui fait en sorte qu'on ajoute une allocation pour la mise en
valeur de ce qu'on appelle, si on veut, les minéraux stratégiques. Il y a un
autre terme qui est employé pour ça, c'est les minéraux critiques.
• (10 h 20) •
Il y a
également un élément qui est préoccupant à un moment où on ne fait que parler
de la planète et de l'importance de protéger la planète. Quand on regarde le
fait que, sur le plan strictement social, dans plusieurs régions du Québec,
les gens sont ouverts à avoir, évidemment,
des projets miniers mais veulent que ces projets miniers soient des projets qui
soient écoresponsables le plus
possible, il est très clair que ce qui se passe dans ce projet de loi mérite, à
tout le moins, un certain nombre de
questions, parce qu'on veut abolir l'allocation pour certification en développement
durable. On m'a expliqué qu'on
voulait faire un grand ménage à l'intérieur ça pour pouvoir s'assurer,
justement, qu'il n'y ait pas d'enjeu particulier par rapport à ça. Mais, de la façon dont c'est rédigé, actuellement,
dans le projet de loi, ça laisse
place, en tout cas, à plusieurs questions.
Ce n'est pas normal qu'on veuille abolir comme ça des certificats en matière de
développement durable. Je pense que,
là-dessus, en commission parlementaire, nous aurons certainement beaucoup de
questions à poser au gouvernement.
Un autre
élément, c'est que, évidemment, on modifie certaines choses qui touchent, entre
autres, la loi qui constitue le
Capital régional et coopératif Desjardins, la loi pour le Fondaction CSN, le
Fonds de développement de la Confédération des syndicats nationaux pour la coopération et l'emploi, la loi qui a
constitué aussi le Fonds de solidarité de la FTQ. Alors, tout ça est
modifié afin d'apporter des ajustements aux normes d'investissement de ces
fonds fiscalisés et à certains paramètres, entre autres, qui concernent le
Capital régional et coopératif Desjardins. Alors, c'est sûr que ce sont des
interventions qui sont nécessaires mais qui sont, évidemment, hautement
techniques, de ce côté-là. Et, en ce sens-là, M.
le Président, nous allons devoir travailler à s'assurer, justement, que ces
mesures-là sont faites dans l'intérêt, évidemment, des citoyens.
Tout
à l'heure, le député de Robert-Baldwin a posé la question sur la question des grands
projets d'investissement et de
l'utilité, actuellement, de bonifier les grands projets d'investissement. En
fait, moi, je reviens toujours à une des choses qui m'avaient bien marqué, j'ai vu un article, il y a quelque temps,
dans lequel on parlait, justement, de ce qui se passe au Québec depuis 2018. Et ce qui se passe au Québec
depuis 2018, il y avait un article qui avait été fait au mois d'octobre par
Michel Girard, du Journal de Montréal, et qui disait essentiellement la
chose suivante, c'est qu'au Québec on n'avait à
peu près pas d'investissements privés et que les investissements, au Québec,
avaient été des investissements publics pour la très grande majorité. Et ça, je pense que c'est inquiétant de voir...
Et la question qu'il faut toujours se poser : Est-ce que ce gouvernement de la CAQ
qui est là est vraiment un gouvernement, entre guillemets, là, probusiness?
Est-ce qu'il est proaffaires?
Pourquoi sommes-nous obligés, d'une part, de constamment bonifier, justement,
ces crédits d'impôt, ces congés fiscaux
pour les grands projets d'investissement? Et le député de Robert-Baldwin, tout à l'heure, nous disait, avec raison, qu'on s'aperçoit aujourd'hui que ces aides-là ne
semblent pas, en tout cas, attirer de façon significative les investissements
privés. Alors, je pense qu'il faut se poser
la question : Pourquoi les investisseurs privés tardent à investir au
Québec? Pourquoi les investisseurs privés ne trouvent pas que le Québec est une
terre qui est, je dirais, positive pour leurs opérations? Les grandes entreprises qui bénéficient, par
exemple, de congés fiscaux
incroyables, comme, par exemple, les Rio Tinto de ce monde, qui paient leur électricité pas très
cher, c'est sûr qu'ils vont toujours y trouver leur compte, mais, lorsqu'on est
en compétition avec l'Ontario puis certains
États américains, on est loin d'être sûrs que, véritablement, le Québec fait
figure, actuellement, de leader en ce sens-là. Les gens voient la
situation. On constate, évidemment, qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre qui est critique, actuellement, et
je pense qu'il va y avoir une réflexion à faire, éventuellement, pour nous
assurer, justement, que le Québec demeure extrêmement compétitif.
Alors,
M. le Président, essentiellement, ce que je voulais dire, ce matin, c'est que,
comme tous les projets de loi de nature
fiscale, il y a, évidemment, dans ce projet de loi, plusieurs éléments
pêle-mêle qui sont modifiés, qui vont devoir faire l'objet d'une
attention particulière lors de l'étude détaillée. Nous allons prendre compte,
M. le Président, de l'ensemble des
propositions. Nous allons les bonifier, au besoin. Maintenant, on s'aperçoit
que ce sont des annonces qui, de toute façon, ont été faites au cours des trois dernières années, et évidemment la
plupart d'entre elles sont quand même, M. le Président, bienvenues, dans une forte majorité. Alors,
essentiellement, ce n'est pas un projet de loi, évidemment, dans lequel on sent
une grande vision de la part du
gouvernement, mais il est clair qu'on ne s'opposera pas, bien sûr, à ce projet
de loi. Alors, merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? M. le ministre délégué à la Santé et aux... et
aux Services sociaux, excusez.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Donc, l'honorable lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix
Puisqu'il
n'y a pas d'autre intervention, en application de l'ordre spécial, j'inviterais
maintenant les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 5, Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à
l'occasion du discours sur le budget du 25 mars 2021 et à certaines autres
mesures.
Je constate que l'un des groupes parlementaires n'est pas représenté
pour la mise aux voix. Je suspends donc les travaux pour un
maximum de temps de 10 minutes.
(Suspension
de la séance à 10 h 27)
(Reprise à 10 h 34)
Le Vice-Président (M. Picard) : En application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant
les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de loi n° 5, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées
à l'occasion du discours sur le budget du 25 mars 2021 et à certaines
autres dispositions. M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député de Robert-Baldwin?
M. Leitão :
Contre.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal :
Contre.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry
Mélançon : Contre.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement, avez-vous des
indications concernant le vote des députés indépendants?
M. Schneeberger :
Aucune.
Le Vice-Président (M. Picard) : Je vous
remercie. En conséquence, le principe du projet de loi n° 5, Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget
du 25 mars 2021 et à certaines autres mesures, est
adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des finances publiques
M. Schneeberger : Oui, M. le
Président. Alors, conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le
projet de loi n° 5, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 25 mars 2021 et
certaines autres mesures,
soit déféré à la Commission des finances publiques pour son étude détaillée et
que le ministre des Finances soit membre de la commission
pour la durée de son mandat. Voilà.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci.
Mise aux voix
En
application de l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Robert-Baldwin?
M. Leitão :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée de Mercier?
Mme Ghazal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry
Mélançon : Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) : Je vous
remercie. En conséquence, la motion est adoptée. M. le leader adjoint du
gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Schneeberger :
Oui, M. le Président. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 5 du
feuilleton.
Projet de loi n° 7
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Picard) : À l'article 5,
Mme la ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Réforme électorale propose l'adoption du principe
du projet de loi n° 7, Loi visant à faciliter le déroulement des
prochaines élections générales
provinciales dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et modifiant la Loi
électorale. Et je reconnais maintenant Mme la ministre responsable des
Institutions démocratiques et de la Réforme électorale.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, M. le Président.
Merci. Effectivement, le projet de loi n° 7, dont nous adoptons le
principe aujourd'hui, vise à la fois à
adapter le processus démocratique au contexte particulier de la pandémie de la
COVID-19 et aussi appliquer une série de modifications pour le
déroulement des élections.
Vous savez,
le DGEQ est venu témoigner en consultations, il est venu discuter avec nous et
les différents partis de l'opposition,
et je suis convaincue de la nécessité d'agir rapidement pour que les
différentes améliorations qu'on propose aujourd'hui puissent s'appliquer
aux prochaines élections générales et que celles-ci se déroulent de la façon la
plus sécuritaire possible pour les Québécois.
Vous savez,
le projet de loi a deux parties bien distinctes, une partie pour des mesures
pour adapter les élections en temps de pandémie et une autre partie qui découle
de consensus. La première partie se veut temporaire, pour le bien de la
seule élection générale d'octobre 2022, l'autre partie se veut des mesures
à vocation plus pérenne.
Mais, avant
de parler, peut-être, des mesures précises, M. le Président, qui sont contenues
dans le projet de loi, je vais prendre ce moment-ci, avant de l'oublier,
pour vraiment remercier toutes les équipes qui ont collaboré, surtout le personnel
d'Élections Québec, les gens du
SAIRID, qui ont collaboré à mettre en place ces différentes mesures, naturellement dans le respect de l'indépendance de chacun, il va sans dire. Mais,
comme une bonne partie du projet de
loi découle de mesures
qui viennent du comité consultatif, dont j'aurai l'occasion de discuter un peu
plus avant dans mes remarques, je pense
que c'est important de prendre le temps nécessaire pour remercier les gens qui
travaillent avec nous, qui sont derrière nous, qui font qu'on peut, chaque jour, faire avancer le projet de loi n° 5, le projet
de loi n° 7 ou tous les
autres dossiers qu'on présente devant l'Assemblée nationale, M. le
Président.
Donc,
depuis le début de la pandémie, il y a eu des élections générales, effectivement, qui se sont tenues dans la province... dans plusieurs
provinces, pardon, canadiennes, au fédéral, également au municipal. Et il est
important de souligner que, dans plusieurs
provinces, comme au fédéral, entre
autres, une des mesures qui est
prévue par le projet de loi étant de permettre au DGEQ de faire le vote par
correspondance, ces mesures-là, c'est déjà des mesures... qui est une modalité accessible à tous en vertu de la Loi électorale...
de leurs lois électorales respectives, mais ce n'est pas le cas au Québec.
Et c'est pour ça, je pense, qu'il faut mentionner la nécessité de faire
un tel projet de loi.
On
a adopté, d'ailleurs, ici même... Je parlais des élections municipales qui
viennent de se tenir, justement. Je pense que c'est important d'en discuter rapidement, parce qu'on a adopté ici
même, à l'Assemblée nationale, le dernier projet de loi, le n° 85, qui était le
projet de loi pour faciliter le déroulement de l'élection générale municipale
du 7 novembre 2021 dans le
contexte également de la pandémie de la COVID-19, projet de loi pour lequel la
première partie du projet de loi n° 7 est entièrement calquée, si je peux me permettre l'expression, naturellement
avec les adaptations nécessaires, parce qu'on parle d'une élection
générale et non pas d'élections municipales, il y a des modalités qui
reviennent aux municipalités. Mais c'est
important de le dire, que cette loi
octroyait justement un pouvoir réglementaire au DGE afin de lui permettre, là, de pouvoir modifier de façon temporaire la Loi sur
les élections et les référendums dans les municipalités pour faciliter,
justement, le déroulement des
élections municipales et, entre autres, de permettre, comme je l'ai mentionné
tantôt, le vote par correspondance. Il y a d'autres modalités qui
pourraient être mises en place.
• (10 h 40) •
Bon,
écoutez, pourquoi on le fait maintenant? On pense qu'en octobre 2022 on
aura, à tout le moins, encore plus de contrôle que nous en avons maintenant,
nous l'espérons tous, mais, comme le DGE, comme il est venu le mentionner
en consultations à tous mes autres collègues
de l'opposition, doit pouvoir préparer les élections bien à l'avance, et à
l'instar du projet de loi n° 85,
bien, c'est quelque chose qu'on doit adopter le plus rapidement possible,
idéalement d'ici la fin de l'année en
cours, pour permettre, justement, au DGE de faire les adaptations nécessaires
et de pouvoir être prêt, s'il est nécessaire pour lui d'appliquer ces
mesures.
Et
c'est important de dire que ce nouveau pouvoir réglementaire, qui est
d'ailleurs à la demande du DGE, il faut le mentionner, dans une lettre qu'il nous a acheminée le 27 septembre,
est un pouvoir réglementaire qui est temporaire, qui ne pourra être utilisé que pour les élections
d'octobre 2022. Alors, je pense que la marge de manoeuvre qu'il est
nécessaire de dégager pour le DGE
pour lui permettre maintenant de faciliter le bon déroulement de ces élections
est importante et doit se faire le
plus rapidement possible, justement pour lui permettre d'avoir le plus de
prévisibilité pour les règles qui devront s'appliquer.
Donc, notre priorité
est, toujours et d'abord et avant tout, de protéger la santé, la sécurité de
tous les citoyens, particulièrement les
électeurs, le personnel électoral en matière d'élection, pour pouvoir faciliter
un exercice de la démocratie qui doit
se faire, qui est important, et permettre à tous de se sentir confortables et
en sécurité pour exercer leur droit de vote. C'est un événement d'envergure, c'est un événement important. On a vu le
taux de participation, peut-être, diminuer ou être, peut-être, décevant, je
dirais, dans certaines élections municipales, et je pense qu'il est important
aujourd'hui de tout mettre en place
pour permettre de faciliter tout ça. Et je compte, je sais que je peux compter
sur la collaboration de mes collègues de l'opposition pour qu'on puisse
procéder rondement à cette mise en place de ces différentes mesures.
Donc,
je le réitère, je pense que c'est important de le dire, c'est un pouvoir
réglementaire qui peut sembler exceptionnel. Il l'est. Il y a... pas
malheureusement, mais il y a heureusement des mesures de contrôle pour ce
pouvoir réglementaire là, mais il doit
comporter une nécessaire agilité pour permettre d'avoir justement cette
capacité de s'adapter à toutes les situations, prévisibles et
imprévisibles. Malheureusement, on a appris, M. le Président, à vivre avec
prévoir l'imprévisible ou être capable, à
tout le moins, de se donner les marges de manoeuvre d'agilité nécessaires pour
bien réagir et s'adapter, et c'est ce que ce pouvoir réglementaire veut
faire pour 2022.
Je
parlais de deux parties au projet de loi, la deuxième partie du projet de loi
est complètement différente mais parce qu'elle
se veut être des mesures qui seront des modifications permanentes, pérennes,
comme on dit, dans Loi sur les
élections, et je pense que c'est important de le dire, par contre, ces mesures
découlent du consensus qui a été dégagé au cours des dernières années en
matière de scrutin et de financement du comité consultatif qui est institué,
d'ailleurs, en vertu de la Loi
électorale pour faire ce genre de propositions. Qui est sur le comité
consultatif? Le DGE, naturellement, lui-même, est représenté sur ce comité, est présent, et les quatre partis politiques
reconnus, c'est-à-dire qui sont à l'opposition, donc la CAQ est représentée, le Parti libéral du
Québec, Québec solidaire et le Parti québécois sont représentés. Et ce sont des
consensus qui émanent de cette table... ce comité consultatif là.
Donc,
en décembre 2020, le DGE a transmis une correspondance. De ces consensus,
71 qui ont été dégagés, de ce nombre
66 ont été intégrés au projet de loi. Bon, divers consensus n'y apparaissent
pas, pour diverses raisons. Certains ont
été émis par voie... d'une autre façon. D'autres demandent peut-être un peu
plus de travail. Mais les 66 qui s'y retrouvent sont 66 qui découlent de
ce comité-là.
Je
vais vous en faire une brève nomenclature, si vous permettez. On n'entrera pas
dans les détails des 66, je pense que ce n'est pas le temps de le faire et le
lieu. Mais, entre autres, on parle de mesures qui se veulent des fois des
mesures pour refléter la réalité, les
adaptations qu'on tente de faire, bon an, mal an, sur le terrain pour faciliter
la vie des électeurs, la vie des
candidats, ou des mesures administratives dont le cadre sur la Loi sur les
élections est trop rigide, quand on parle des heures de bureau de
scrutin, à titre d'exemple.
Donc, améliorer l'accès au vote et son exercice
notamment en permettant aux électeurs domiciliés ou hébergés dans une ressource
en dépendance ou dans une maison de soins palliatifs de voter à un bureau
itinérant. Ça a l'air drôle de le dire, mais ce n'est pas possible de le faire
présentement.
Permettre
aux électeurs de s'inscrire au vote hors Québec en ligne. Je pense que c'est
une belle amélioration dans notre société.
Élargir
l'admissibilité du vote hors circonscription au bureau du directeur du scrutin,
donc élargir les heures de vote pour
permettre un meilleur exercice de la démocratie pour tous. Entre autres,
améliorer le processus de révision de la liste électorale en permettant
notamment une demande de révision en ligne de tous les électeurs. Je pense
qu'il faut se moderniser.
Simplifier les démarches pour toute personne qui
désire déposer sa candidature et exercer son droit de vote en prévoyant notamment
la possibilité de produire en ligne sa déclaration de candidature.
Modifier
certaines dispositions en matière de personnel électoral afin d'améliorer l'efficience de l'administration des élections. Et ça, c'est une mesure dont on peut... Toutes les
mesures sont importantes, mais je
pense que celle-là, pour l'exercice
de notre démocratie, pour intéresser nos jeunes à aller voter, à
s'intéresser à la démocratie comme telle... Les jeunes ont une belle place, au Québec, à prendre, M. le Président, ont beaucoup de bonnes idées, beaucoup de belles
opinions, mais, malheureusement, force est de constater que leur taux aux urnes
n'est peut-être pas une représentation suffisante,
et il faut y travailler. Et je pense que cette mesure, qui
aura, entre autres, la beauté de pouvoir élargir le bassin d'employés potentiels pour le DGE, va
permettre cette implication-là de nos jeunes en permettant l'embauche de personnel
électoral à partir de 16 ans. Donc, impliquer nos jeunes de 16 à
18 ans dans les bureaux le jour du vote, je pense que c'est une belle façon pour eux de voir comment la démocratie
s'exerce dans son côté pratique, sur le terrain, et de les intéresser à peut-être
aller plus loin, et s'impliquer davantage.
Donc, ce sont
quelques mesures, M. le Président. Ce sont des mesures... Entre autres, aussi, modifier certaines dispositions relatives aux bulletins de vote
en ajoutant, par exemple, la photographie des candidats, encore une fois mesure qui paraît très simple
mais qui peut être essentielle pour bien reconnaître et bien être certain de la
personne pour qui on veut voter le jour du scrutin.
Octroyer plus de latitude au Directeur général
des élections sur la manière d'informer les électeurs, d'informer l'électorat,
donc lui donner plus de moyens de communication, plus de souplesse dans ses
moyens de communication.
Simplifier le processus qui entoure le financement
politique, notamment en permettant, bon, plusieurs moyens, on l'a dit, on a déjà... Et là je le précise,
je vais être très claire, on ne vient pas contrevenir au principe du financement politique du 100 $,
de s'assurer que les contributions sont faites par les électeurs, pour les
bonnes raisons, mais plutôt de faciliter de façon administrative toute la mécanique pour permettre aux électeurs,
aux militants, aux gens qui veulent s'investir par le biais du financement des partis politiques de le
faire avec beaucoup plus de facilité. Je pense qu'il faut... Il y a les règles,
il y a les objectifs, mais il faut être capable, quand on peut, de s'adapter le
plus possible au terrain.
Donc, tout ça, M. le Président, découle de
mesures consensuelles.
Donc, je
résume : première partie du projet de loi n° 7, une partie
essentielle, pour les élections d'octobre 2022, par voie réglementaire donner, entre autres, au DGE
plus de souplesse, plus de latitude, de façon... pour l'illustrer plus particulièrement, permettre le vote par
correspondance, je pense que c'est une bonne façon de le faire, pour faire
voter les électeurs de façon
sécuritaire, et l'autre partie du
projet de loi qui découle exclusivement de consensus découlant du comité
consultatif, où tous les partis représentés à l'Assemblée nationale sont présents
pour en discuter.
Alors, je
nous invite maintenant à voter pour cette étape, voter pour le principe de ce
projet de loi, et ainsi pouvoir procéder
le plus rapidement possible à l'étude détaillée, compte tenu que, comme le DGEQ
nous l'a demandé, il est important pour lui que ces mesures soient
adoptées le plus rapidement possible pour lui permettre de mettre tout ça en
place pour octobre 2022. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède
maintenant la parole à M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de m'inscrire dans le
débat. Nous en sommes sur le principe
du projet de loi n° 7, M. le Président, projet de loi qui est
particulier. À côté du projet de loi n° 7, il y a un astérisque, il faut mettre un astérisque.
Pourquoi? Parce que ça vise notre Loi électorale, ça vise une institution qui
est le Directeur général des élections du Québec, et ça, M. le
Président, c'est un élément excessivement important pour notre démocratie.
• (10 h 50) •
On dit que tous ici, à l'Assemblée nationale,
les 125 élus qui représentent... 125, donc, élus, qui représentons 8,5 millions de population, nous avons un
mandat du peuple, un mandat excessivement important, qui est le pouvoir
législatif. Le pouvoir législatif, M.
le Président, doit être vu comme étant ni plus ni moins les règles de notre
société, les règles qui établit les rapports entre les individus, qui
vient encadrer ces rapports-là en vous disant : Comme citoyenne, citoyen, vous avez des droits, vous avez des devoirs, vous
avez des responsabilités, vous avez aussi des libertés. Et il y a des pièces
législatives excessivement importantes, historiquement,
qui sont sorties de notre Assemblée nationale, évidemment, des pièces
particulièrement importantes, devrais-je dire.
Il y a, en
1974, la loi 22 de Robert Bourassa, pouvoir législatif, loi 22 de
Robert Bourassa, en 1974, qui pour la première
fois venait dire, au Québec, que le français est la langue officielle. Au
Québec, la langue officielle, en 1974, par Robert Bourassa, la loi 22. Par la suite, le Parti québécois arrive
au pouvoir, Camille Laurin, avec une première mouture, la loi 1, après ça la loi 101. Camille
Laurin aura avoué que, n'eût été du coup qui avait été donné, du lancement qui
avait été fait en 1974, il n'aurait pas pu déposer la pièce
législative. Ça lui avait donné un grand élan, un grand élan, M. le Président,
pour pouvoir déposer ce qui allait être la loi 101. Évidemment, à
l'époque, il y aura eu des débats ici, à notre Assemblée législative, parce que mon point, M. le Président,
vous l'aurez compris, c'est de parler, ici, de l'importance des travaux que
nous faisons et l'importance du mandat que
nous avons et qui découle de la Loi électorale, qui découle aussi du travail,
qui est tributaire du travail excessivement important du Directeur
général des élections.
Alors, je
reviens à l'exemple, loi 22, 1974, loi 101 qui aura permis, donc, de
déposer une évolution. Et là on a un débat
en cette Assemblée nationale sur un projet
de loi n° 96, le projet de loi n° 96 qui vient modifier la Charte de la langue française. Je n'entrerai pas
dans ce débat-là, M. le Président, c'est ma collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui le fait très bien, qui est la porte-parole dans ce dossier-là, mais pour vous montrer
qu'il s'agit là d'exemples très tangibles quand on parle de l'importance d'assurer une pérennité du
fait français au Québec, l'importance de voir l'évolution législative qui a
eu lieu. Ça, cette empreinte-là, c'est ça,
mon point, cette empreinte-là, 1974, 22, Robert Bourassa, après ça, 1977-1978, Parti québécois avec Camille Laurin, et aujourd'hui la CAQ... vous avez
trois partis qui sont au pouvoir, ils ont un mandat du peuple, ils ont une empreinte, ils ont une
vision, et puis, là, on ne rentrera pas, là, sur la représentativité ou pas,
là, je ne vous ferai pas un exposé sur le mode de scrutin, 37 % des
intentions de vote, mais, on est toujours dans la Loi électorale, forme le gouvernement, aujourd'hui, je pense, avec
75 députés, forme le gouvernement, 75 députés sur... donc les 3/5 sur
125.
C'est notre système électoral, c'est notre
approche qui fait en sorte que nos lois sont directement influencées par la
couleur politique, et je le dis de la façon la plus noble, M. le Président, la
couleur politique, les idées qui ont été avancées
durant une campagne électorale, qui, normalement, a 34, 35 jours, une campagne
électorale où, là, les citoyens nous
regardent, les citoyens nous jugent puis les citoyens vont prioriser. Les
citoyens vont dire : Bien, cette personne-là, non, cet individu-là, cette
personne-là, non, n'aura pas mon vote, mais, oui, je me reconnais davantage,
mes désirs, mes aspirations, mes
choix de société sont davantage bien représentés et véhiculés adéquatement par
ce parti politique là, je suis prêt à aller voter, je vais voter. Puis
il y a des débats, puis on essaie, évidemment, de travailler sur le taux de participation, débats démocratiques, empreintes à
l'Assemblée nationale par les 125 députés qui, aujourd'hui, donc, sont
élus. 125 aujourd'hui, mais il y a eu une évolution dans le temps. Je pense
qu'à l'époque c'était 106, à l'époque, fin 70, début 80. Il y a eu des évolutions dans le temps. Tout ça pour vous
dire que c'est le coeur même de notre démocratie, c'est la résultante
même de notre démocratie.
Là, c'est comme si on faisait le cercle, comme
si on faisait le tour, un tour parfait, puis on revenait. Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, projet de loi n° 7,
on ne vient pas parler d'un projet de loi qui va vous parler tantôt de laïcité,
qui va vous parler tantôt de soins de
santé, qui va vous parler tantôt de Charte de la langue française, de
l'environnement, des affaires municipales, on ne va pas vous parler de
ça. Là, c'est la Loi électorale. La Loi électorale, nous avons, comme législateurs... évidemment, c'est une loi, nous
avons l'occasion de l'amender, de la modifier. Vous voyez le socle qui est
notre démocratie.
Et je peux
vous parler de la Charte des droits et libertés de la
personne, qui, encore une fois... c'est Robert Bourassa, en 1976, pièce législative excessivement
importante. C'est une loi qu'on dit quasi constitutionnelle parce que les
articles 1 à 38 sont des articles qui
ont préséance sur d'autres lois. Autrement dit, l'article 10 de la Charte
des droits et libertés de la personne du Québec, Robert Bourassa, en
1976, vient faire en sorte d'interdire toute discrimination, notamment basée sur le sexe, l'âge, la grossesse, et ainsi
de suite, sauf dans la mesure prévue dans la loi. Et, autrement dit, il y a un
rééquilibrage. Ça, c'est une loi. C'est une
loi qu'on ne peut pas dire ordinaire, entre guillemets. Puis «ordinaire» n'est
pas un terme qui vient diminuer
l'importance des autres lois. C'est une loi quasi constitutionnelle, elle a
préséance sur les autres lois. Et les autres lois, tel qu'ils seront
adoptés, seront évaluées, M. le Président, à la lumière des impératifs de la
charte québécoise des droits et libertés.
Donc, pièce
législative importante, oui, au Québec, toutes les lois le sont, mais il y a
des socles particuliers. Je veux vous en nommer trois. On vient de
parler de la Charte de la langue française, c'est une pierre d'assise au
Québec, une loi importante. On vient de
parler également de la Charte des droits et libertés de la personne. C'est une
autre, une deuxième pierre d'assise
excessivement importante. Il y a une autre, M. le Président, loi, une autre
pièce législative dont on ne parle pas
suffisamment assez, mais on le vit à tous les jours ou à toutes les semaines
dans nos vies, une loi qui vient régir les rapports entre les personnes
dans la société, qui est une loi mais qui se nomme le Code civil du Québec.
Au Québec,
nous avons évidemment une influence civiliste par l'influence que nous avons
eue par la colonisation française qui est venue ici et qui a fait en sorte de
donner le ton, de marquer le régime québécois, canadien, qui faisait en sorte que c'était du droit civiliste. Par la
suite, il y a eu l'arrivée des Anglais, et là c'était la common law. Et, par
les différents engagements
constitutionnels, bien, on fait en sorte que notre droit pénal, notre droit
criminel a les influences de common law. Droit criminel est directement relié à la common law, mais ce qui régit
les rapports sociaux entre les personnes, contrairement aux autres provinces canadiennes, ce n'est pas de
la common law, c'est le Code civil. On se rappelle, 1804, on appelait ça le code de Napoléon. Napoléon Bonaparte, en 1804,
a donné un code civil à la France, et nous avons été influencés. Au début,
ça a été pas mal copié-collé. Et par
la suite il y a
eu un code qui est venu de façon plus spécifique s'attacher à la réalité
québécoise, canadienne telle que vécue à l'époque.
Alors, tout
ça pour vous dire trois pièces législatives importantes : Charte de la langue française, Charte
des droits et libertés de la personne
et Code civil du Québec. Lorsque nous venons amender l'une de ces trois lois-là, il y a
un astérisque, c'est très
particulier, parce qu'elles sont fondamentales,
elles sont fondatrices. Au début, en introduction du Code civil du Québec, d'ailleurs, il y a un
préambule qui le dit très clairement, que tout ce qui n'est pas par ailleurs
prévu dans une autre loi spécifiquement doit être régi, analysé et doit
être jugé à la lumière des plus de 3 000 articles du Code civil du Québec. C'est le droit de fond, c'est la
trame de fond. Alors, c'est trois pièces législatives particulièrement
importantes.
On pourrait
en ajouter une quatrième, M. le Président, la Loi électorale, parce que, si les
trois lois dont je viens de parler
sont filles de l'Assemblée nationale, l'Assemblée nationale est fille de la Loi
électorale et du processus électoral qui a fait en sorte aujourd'hui de faire élire 125 députés, avec un
gouvernement qui prend des décisions à la lumière... — en tout
cas, on pourra... je ne veux pas faire de la partisanerie ici — à la lumière des engagements qui avaient été pris.
On fera une autre journée, là, le bilan des engagements
réalisés, mais les électeurs avaient décidé en ce sens-là. Puis, encore une fois, je ne veux pas ouvrir la boîte de
Pandore du mode de scrutin. 37 % des électeurs ont résulté en 75 %,
3/5 de la représentation à l'Assemblée nationale.
Tout ça pour
vous dire que la Loi électorale, aujourd'hui... Puis c'est là où je vous dis
qu'on boucle la boucle. Nous sommes législateurs. Nous sommes le
résultat de la démocratie, de la loi-cadre telle qu'appliquée par le DGEQ. Nous
sommes le résultat de ce processus démocratique là, qui est un fondement puis
qui est une richesse au Québec. Bien, aujourd'hui,
comme législateurs, on vient, à toutes fins pratiques, réécrire certaines
parties. On ne va pas toute la réécrire, la loi. On ne peut pas tout réécrire la loi parce que ça participe d'une
évolution que je vous dirais excessivement équilibrée, sensée et qui a maturé. Voyez ça comme un bon vin,
M. le Président. La Loi électorale doit avoir, à travers les années, été
testée sur le terrain, qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne
pas.
• (11 heures) •
Puis, dans
mon intervention, je vais vous parler un peu plus tard du vote par Internet.
Vote par Internet, ça a été excessivement...
c'est toujours une idée qui est, je vous dirais, à prime abord, populaire, je
dirais ça comme ça, mais évidemment tout un chacun veut s'assurer de
l'intégrité du vote. L'intégrité du vote...
Puis là j'ouvre une parenthèse sur le vote
Internet. C'est bien beau, voter de la maison, c'est très utile, c'est très pratique, et on prétend que ça augmenterait,
ce faisant, le taux de participation. Je pense que oui, ça aura un effet
positif sur le taux de participation, mais on veut, quand on parle de
vote par Internet, s'assurer de l'intégrité du vote. Quand je dis ça, on veut s'assurer, de un, que la
personne qui a voté ne sera pas identifiée. On ne dira pas : Bon, bien,
telle personne, nommément tel citoyen
qui demeure à tel endroit, a voté pour tel parti politique. L'intégrité du
vote, ça, c'est une de ses applications.
Aussi,
l'intégrité du vote fait en sorte que mon vote soit, en bout de piste, compté
pour ce que je voulais qu'il le soit, que
l'on ne modifie pas, dans le processus électronique... que l'on ne modifie pas
le vote, l'expression du vote, je voulais voter pour tel parti politique, bien, que, dans ce comté-là, pour tel
candidate ou candidat, que mon vote soit comptabilisé de cette façon-là.
Donc, intégrité, secret du vote, intégrité, secret du vote en ce qui concerne
la personne qui vote et en ce qui concerne son vote comme tel, et intégrité
pour que mon vote soit réellement considéré pour l'intention de l'électeur.
Alors, si
l'Internet... Je veux dire, là, l'Internet, là, depuis le début des
années 90, c'est une réalité, puis c'est plus qu'hier, moins que demain.
Là, je veux dire, je me rappelle, M. le Président, moi, débuts d'Internet, fin
des années 90, je veux dire, on
n'était pas trop sûrs, là, de faire des transactions commerciales avec la carte
de crédit sur Internet. Qu'est-ce que
tu fais là? Je ne vais pas donner mon numéro de carte de crédit sur Internet,
fin des années 90, début des années 2000. Puis là, aujourd'hui, il n'y a plus personne, puis
on arrive dans la période des fêtes, qui va se poser la question, ou si peu.
On veut
s'assurer, évidemment, quand on reçoit des courriels, que ce soit le bon
interlocuteur. Il faut faire attention pour
ne pas se faire piéger par des gens malveillants qui voudraient voler notre
identité. C'est très clair que c'est un enjeu qui demeure. Mais on est
capable d'avoir un bon jugement, hein? Des offres non sollicitées, puis :
Veuillez ouvrir le dossier joint, faites
attention, il y a fort probablement un dossier malicieux qui va peut-être...
puis je ne dis pas que c'est sûr à
100 %, mais il faut avoir ce réflexe-là de ne pas ouvrir n'importe quoi
quand c'est un courriel qui est envoyé par une personne qui, par
exemple, fait une faute de français... mais je devrais dire plus, qui fait
trois fautes de français aux cinq mots, et
puis qui vous dit qu'il est notaire dans un pays africain, et qu'il a une somme
de 1,2 million à vous transférer, et
que, si vous désirez entrer en contact avec lui, vous êtes l'heureux élu,
veuillez cliquer sur le dossier joint. Alors, ça, je pense que c'est le
type de courriel qu'on reçoit à l'occasion. Ça, c'est réellement à proscrire,
il faut faire attention.
Bref, mon point, c'est que l'Internet,
aujourd'hui plus qu'hier, moins que demain, oui, il y a des moyens de s'assurer que les transactions sont faites. On
arrive à la période des fêtes, on va faire beaucoup d'achats en ligne puis on a
ce niveau de confiance là. Aussi, on a ce
niveau de confiance là parce qu'on sait que quand on fait un achat avec notre
carte de crédit, on est responsable, mais jusqu'à une certaine limite.
Dernière fois que j'avais regardé, c'était 50 $, mais ne me citez pas
là-dessus, on est responsables, mais jusqu'à une certaine limite. Le prestataire,
peu importe la compagnie, aura une
responsabilité puis va travailler... si d'aventure vous avez fait affaire avec
de gens pas sérieux, le bien n'est pas livré ou quoi que ce soit, vous
avez une garantie. Donc, vous avez une deuxième personne, qui est le
prestataire, qui est le fournisseur de la
carte de crédit, qui va passer derrière vous pour vous dire : Bon, bien,
écoutez, on va bloquer la transaction, on va faire enquête puis on va
bloquer ce commerçant-là, parce qu'il n'a pas livré, parce que... du tout, du
tout, vous avez des plaintes. Puis il y a un
processus, là, pour avoir passé à travers ça, il y a un processus où il y a
différentes étapes. Finalement, mon
cas s'était réglé, mais le cadeau que j'avais acheté fin novembre, il avait été
livré juste mi-janvier. Alors, il n'y
a pas de problème, alors, ça aura été un cadeau post-fête des Rois, tout
simplement, ce qui m'aura permis, évidemment, de participer à l'économie
puis d'en acheter un autre pour le 24 décembre.
Le vote
électronique, le vote électronique par Internet, on n'a pas personne qui arrive
en deuxième ligne pour vous dire :
Ah! O.K., votre vote a comme été considéré pour un autre parti, pour une autre
candidature. On n'est pas sûr qu'il ait été reçu, on n'est pas sûr qu'il ait été compté puis on n'est pas sûr
s'il a été compté sur la bonne personne, qui était la candidate de votre
choix, par exemple. Alors, il n'y a pas personne, c'est du un pour un.
On va me dire :
Oui, il y a la personne, il y a le Directeur général des élections du Québec,
et, au niveau du comté, dans les 125 comtés, vous avez une
directrice ou un directeur de scrutin qui sont là pour assurer l'intégrité du
processus électoral. Mais on n'est pas
rendus, au Québec, M. le Président, à l'heure où on se parle, semble-t-il, puis
je ne fais pas un jugement de valeur, là, on n'est pas rendus, au Québec...
parce que, visiblement, on n'a pas de pièce législative là-dessus qui va
dire : Bien, les élections, on va tout faire ça par Internet.
Évidemment,
il y a la fracture sociale, pas tout le monde a accès à un ordinateur et pas
tout le monde aussi... puis ça
participe d'une préférence. Le droit fondamental d'aller voter, de se
déplacer... Puis je lisais un article, en fin de semaine, sur... Puis c'est vrai, on le vit, là. Vous savez,
quand on dit, conjoint, conjointe... on embarque dans l'auto, des fois on amène
les enfants, on va
voter, on l'a fait au fédéral, on l'a fait au municipal, c'est un moment
solennel, c'est un moment solennel, puis
ça participe du débat qu'on a sur le projet de loi n° 7, la Loi électorale
et toute l'importance qu'elle a. C'est un moment solennel. Moi, je le
prends comme ça, puis je suis convaincu que ce n'est pas tous les près de... un
peu plus de 6 millions d'électeurs qui
le vivent comme ça, mais c'est bien correct. C'est un moment où vous vous
rendez, c'est un devoir de citoyen, puis
vous avez réellement l'impression, et c'est à juste titre, que la parole, là,
maintenant, c'est à vous, c'est à la
population, la parole, là, c'est à vous d'envoyer un message.
Puis là je le
sais, qu'individuellement, dans notre tête, on fait plein de rapprochements.
Quel candidate ou candidat nous parle le plus? Parfait, bien, c'est cette
candidate-là qui me parle le plus, dans mon comté, je la trouve bonne, c'est la
seule qui est venue me voir au train, à la
gare, le lundi matin, pour me serrer des mains; les autres candidats, je ne les
ai jamais vus. Au départ, là, vous
avez beau avoir trois Einstein, là, si vous ne l'avez pas vu, M. le
Président... trois Einstein candidats,
si vous ne les avez pas vus, lundi matin, à la gare, puis durant le
35 jours vous n'avez jamais eu de nouvelles, vous n'avez pas eu un
accroche-porte, il n'est pas venu vous donner la main ou quoi que ce soit, mais
qu'il y a une autre candidature... je prends
l'exemple d'une candidate qui aurait été là, au train, le matin, puis qui vous
donne la main, puis qui est
enthousiaste, puis qui a l'air à être prête à travailler, puis à être l'écoute,
puis qui vous dit : Si je suis élue... puis souvent il y a un petit peu de... pas de témérité, mais
dans la joie elle dit : Quand je serai élue, n'hésitez pas à venir me
voir, je serai là pour vous puis... pour parler de son problème, ça, ça
a un impact, évidemment, majeur dans votre choix, pour qui vous allez voter. Je
l'ai rencontrée.
Puis c'est
important, moi, quand je rencontre, quand on fait des campagnes... Puis là,
veux veux pas, on va en avoir une dans un an, et je vous annonce en
primeur, M. le Président, que je serai candidat. Là, normalement...
Des voix : ...
M. Tanguay : Mon bon ami de Beauce-Sud, j'allais faire la farce, mais il est tellement gentleman
qu'il a applaudi... j'allais faire la farce en disant : Bien,
normalement, les collègues, c'est là que vous devez applaudir, mais lui, il a applaudi avant que je fasse la farce. Alors, on ne
fait pas de farce avec ça, c'est un vrai, véritable gentleman, le collègue de
Beauce-Sud.
Alors, tout ça pour vous dire que, quand vous
vous présentez puis vous faites du porte-à-porte, puis que, là, la personne... je vous donne une réplique importante,
puis, je pense, ça, ça parle beaucoup au monde, quand la personne dit :
Oui, oui, O.K., puis là vous ne savez pas
trop si elle va voter pour vous ou quoi que ce soit, moi, je leur souhaite
toujours de rencontrer les autres candidats et candidates :
Monsieur, madame, je suis heureux d'être venu vous voir aujourd'hui, je me suis déplacé, je suis venu vous voir parce
que je jugeais ça important de venir vous voir. Et je ne le sais pas, si vous
avez rencontré les autres candidats. À 99,9 % du temps, ils vont dire non.
Bien, je vais dire : Je vous souhaite de le rencontrer. Puis, quand vous allez le rencontrer, bien, à ce moment-là,
vous pourrez lui poser des questions. Puis, si vous ne rencontrez pas personne, d'autres candidats que
moi, le jour du vote, dans la boîte, s'il vous plaît, pensez à ça. Vous ferez
votre décision, mais pensez à ça. Je referme
la parenthèse. Puis d'habitude, je vous le dis, là, je donne un petit secret de
campagne aux collègues, d'habitude ça a son impact, parce qu'il faut être
présents.
Tout ça pour
vous dire, Loi électorale, vous avez plusieurs raisons, certaines plus
importantes que d'autres, pour dire :
Bien, moi, je vais voter pour tel candidat, je vais voter pour telle candidate.
Et le fait de l'avoir vu, on vient d'en parler. Le fait, également, de dire : Bien, cette candidate-là, elle me
parle beaucoup, je l'ai vue, c'est la seule que j'ai vue, puis elle a l'air dynamique, puis j'en aurais confiance,
mais son parti, par exemple, tu sais, souvent on entend ça : Son parti,
par exemple... C'est notre système
électoral qui est fait ainsi. Vous avez une belle candidature, mais, le parti,
vous ne le savez pas trop, là, parce
qu'évidemment ça peut ne pas toujours être le Parti libéral, alors, des fois,
là, vous dites : Bien, écoutez, ça, c'est...
Alors, il y a
différents facteurs qui fait en sorte que finalement vous allez voter. Et là le
moment solennel, je reviens là-dessus,
est important. Donc, oui, le vote par Internet, aujourd'hui... On n'aura pas ça
à la prochaine élection, M. le Président. Puis j'aurai l'occasion, un peu plus tard, de vous faire un peu
l'historique de l'évolution de la réflexion là-dessus. On n'est pas
rendus là.
L'intégrité
du vote, on en a parlé, l'importance, oui, de faciliter le taux de
participation. Là, on me détrompera si j'ai tort, mais je pense que partout au
Québec... Je pense qu'il y a 1 108 municipalités. Quelqu'un me disait
ça hier dans une conversation. Si on
prend la moyenne du taux de participation des 1 108 municipalités, on
arrive à 38 %. C'est préoccupant. 38 %, c'est préoccupant.
• (11 h 10) •
Et puis là je
ne veux pas rentrer dans la logique de dire : Bien, si, dans une ville
donnée de 10 000 habitants, une municipalité de 10 000 habitants, vous avez 38 % qui ont
voté, ça fait 3 800 électeurs qui ont voté, puis là-dessus la
mairesse ou le maire qui a été élu a eu 30 % des voix, bien,
lorsque vous vous amusez à calculer ça, 30 % de 3 800, vous arrivez à peu près à 1 100, 1 150, 1 200. À
la fin, il ne faudrait pas en arriver... puis je pense qu'il ne faut pas voir
ça de même, en disant : Bien, la
mairesse — puis
le maire — sur
10 000 habitants, elle a été élue par 1 200 personnes. Mais
souvent c'est le calcul qu'on va faire, d'où l'importance et d'où la
légitimité... Parce que cette personne-là va prendre des décisions à
tous les jours, qui auront une influence sur notre façon de faire, sur notre
façon de vivre. Excusez-moi, M. le Président.
Alors, taux
de participation, excessivement important. Projet de loi n° 7, Loi
électorale, a pour ambition de faciliter, d'encourager, d'augmenter le
taux de participation. On l'a vu aux élections fédérales, après ça, on a eu les
provinciales. Et là on s'est dit : Ah!
bien, c'est pour ça que le taux de participation a été, je pense, de 4 %
plus bas que la moyenne de la dernière
élection. C'était 42 %, là c'est tombé à 38 %, dans ces
proportions-là. On pourra me corriger, mais, de mémoire, c'est ces proportions-là. On a dit : Bien,
c'est parce qu'il vient d'y avoir des élections fédérales. C'est pour ça que
les gens étaient
un peu, peut-être, mélangés. Moi, je pense qu'il ne faut pas insulter
l'intelligence des gens, là. Les gens le savent quand c'est fédéral puis les gens le savent quand c'est provincial. Mais,
quand même, il y a une certaine lassitude, fatigue, peut-être désintérêt. Dans la vie d'aujourd'hui,
les citoyens et citoyennes, qui travaillent tous très fort, doivent évidemment
consacrer, là, entre la famille, le travail
et les loisirs, une partie quand même minimale pour s'intéresser à notre
démocratie. Là, on disait :
Bien, ils sont sortis du fédéral puis ils n'ont pas embarqué, ou plus ou moins,
au municipal, puis ça participe de
ça. Pourtant, on a vu, M. le Président, aussi, aspect très positif, un
changement de garde, un changement de
garde, dans plusieurs grandes villes du Québec, où on semble y avoir de
nouvelles personnes et, qui plus est, dans plusieurs cas, de nouvelles jeunes personnes qui vont ajouter un
nouveau souffle. Alors, espérons qu'elles aient, les mairesses, les maires,
les conseillères, les conseillers, un mandat
productif pour notre population, parce
que la satisfaction, M. le Président,
a, j'en suis persuadé, un impact direct.
La satisfaction des gens par rapport à leur gouvernement, moi, je ne le vois pas comme étant une excuse
pour dire : Bien, le taux de participation est bas parce que les gens n'avaient
pas besoin de changement, n'avaient pas le goût de faire du changement. Je pense que la satisfaction va
aider à augmenter le niveau de débat. La satisfaction, ça veut dire que de
bonnes décisions auront été prises à prime
abord et que, là, les autres partis politiques qui vont être en compétition,
bien, ils devront rivaliser avec
encore de meilleures idées. Mais, quand vous vous faites élire en disant :
Bien, écoutez, ça a été une catastrophe, le mandat, puis que, là, les gens
veulent du changement pour du changement, oui, vous allez avoir probablement
un taux de participation qui va être plus
élevé, mais, si nous pouvions tabler sur un nivellement par le haut,
c'est-à-dire, oui, un taux de
satisfaction, mais maintenant il faut aller encore plus loin, et nous croyons
que l'équipe de l'opposition est mieux
placée pour aller encore plus loin avec les idées les plus audacieuses,
audacieuses, oui, mais qui tiennent la route... Alors, ça, ça participe
du débat, ça a un impact sur le taux de participation.
On va parler, dans le projet de loi n° 7, là, puis c'est excessivement important aussi... mais
vous voyez qu'en introduction et en amont de
mon intervention, la qualité du débat démocratique, l'intérêt que les gens y
portent, eh oui, ça va être ça,
l'objet du projet de loi n° 7, la facilité d'aller voter. Autrement dit,
les bureaux de vote par anticipation, est-ce qu'on peut, comme au fédéral, augmenter le nombre de jours? Il en sera
question dans le projet de loi, très certainement. On aura l'occasion de
faire avancer le Québec là-dessus.
Également,
autre facteur, les heures d'ouverture des bureaux de vote. Vous avez, en vertu
de la loi, un droit de quitter votre
emploi, le jour du vote, pour une période de quatre heures, minimalement de
quatre heures, pour aller exercer votre droit de vote. Bien, ça, c'est un élément qui est là depuis plusieurs
années. Est-ce qu'aujourd'hui, avec souvent aussi les horaires atypiques, hein, il y a beaucoup de gens
qui travaillent les soirs, beaucoup de gens qui travaillent la nuit, beaucoup
de gens qui travaillent le week-end, est-ce qu'il y aurait lieu de revisiter ça? Et
ça, c'est un autre élément qui viendrait faciliter le vote. Mais, encore
une fois, il ne faut pas le voir comme étant la panacée.
Donc, on
augmente le nombre de jours des bureaux de vote par anticipation, on augmente les heures d'ouverture des bureaux de
scrutin, on augmente le vote itinérant. Puis, dans le projet de loi, il est
proposé que la personne qui aide au vote à la maison peut ne pas être une
personne qui réside à la maison. Alors, une personne
tierce, exemple un organisme communautaire qui connaît très bien la dame
seule, à mobilité réduite, qui n'a pas de proche, bien, qu'un organisme communautaire — puis on en connaît d'excellents, qui font un
travail formidable, dans nos comtés, qui viennent directement aider les citoyens et citoyennes — permettre à une représentante ou un représentant
d'un organisme communautaire d'aller aider
madame en question à aller voter, avec les représentants, représentantes du
directeur de scrutin, avec la boîte de scrutin, en respectant tous les impératifs, ça, oui, plus qu'hier, moins que
demain. Ça va prendre ça. Mais, encore une fois, on ne pourrait pas dire, M. le Président, bureaux de
vote par anticipation, les heures d'ouverture, le vote itinérant, la
multiplication aussi des lieux de vote...
Multiplication
des lieux de vote fait en sorte que, dans beaucoup de RPA, résidence
pour personnes âgées, il y a des bureaux de vote. Tantôt, vous pourrez
avoir un bureau de vote qui est exclusivement pour les 150, 250 unités,
qui regroupent un 500 électeurs.
Vous pourrez avoir un bureau de vote exclusivement pour la bâtisse, puis, à ce moment-là, il peut même y avoir un aménagement. Le bureau de vote va être
ouvert en BVA, sous forme de BVA, mais, le jour du scrutin, il ne sera pas ouvert. On va s'assurer que ce soit
publicisé à l'interne puis on va s'assurer que les quatre, cinq jours, parce
que j'en ai dans mon comté, où ce
sera disponible, bien, que les gens le sachent, et là on va chercher des taux
de participation excessivement importants, là, 85 %, 90 %, peut-être
même plus.
Il y a cet
aspect-là, mais il y a également l'aspect des bureaux de vote au sein d'une
résidence pour personnes âgées qui
est ouvert le jour du scrutin pour aussi permettre aux autres citoyens
qui demeurent aux alentours, qui sont dans le pôle de vote, qui sont dans le
secteur, de s'y rendre. Évidemment, selon l'infrastructure, bien souvent... Moi,
j'en ai une, résidence pour personnes
âgées, dont la salle communautaire, c'est une véritable salle de spectacle, est
très, très grande, puis ils sont habitués et expérimentés pour bien
disposer.
Tout ça pour
vous dire que, ce qui est devant nous, on est dans un contexte de pandémie, on
est dans un contexte de pandémie, et
là on sort d'une expérience qui a été testée sur le terrain avec les élections municipales.
Qu'est-ce qui est arrivé? Le contexte
de pandémie, vous venez... je viens de vous donner des exemples. Le vote
itinérant, une représentante d'un organisme communautaire, si on
modifie la loi, serait habilitée à accompagner le directeur de scrutin pour
permettre à madame vivant seule de voter. Dans
un contexte de pandémie, il faut faire attention, évidemment,
parce que, là, les visites sont limitées, il faut évidemment
avoir toutes les mesures de sécurité qui vont venir nous assurer qu'il n'y aura
pas de contagion de la COVID qui... et d'éclosions aux différents
endroits où on fait du vote itinérant. Ça, il y a un contexte bien particulier, puis le projet de loi n° 7, puis
je vais vous en parler tantôt, vient donner des pouvoirs au Directeur général
des élections pour modifier tout ça, pour l'adapter.
Sur
le principe, M. le Président, on ne peut pas être contre ça... Puis je donne un
autre exemple... Mais je vais finir ma
phrase avant. Sur le principe, on ne peut pas être contre ça, virgule, mais il
faut faire attention. Puis c'est ça, mon point, là. Après que je vous ai dit, là, l'évolution
historique, l'importance de la Loi électorale, le Directeur général des
élections aurait, en vertu du projet
de loi n° 7, le pouvoir de réécrire la loi, de réécrire la loi de manière
à favoriser le vote dans un contexte de
COVID-19. Ça, j'aurai l'occasion, dans mon intervention, d'y aller sur les
différentes étapes. Mais le législateur qui est élu suite... qui sommes élus suite à un débat démocratique, les 125,
quand on ouvre la Loi électorale, on vise l'unanimité, là. Je veux dire, dans bien d'autres lois, on a
l'unanimité pas à 100 %, mais un taux, là... je pense, c'est 75 % ou
plus des lois qui sont adoptées ici
qui, finalement, sont adoptées à l'unanimité, à l'adoption finale il n'y a que
des pour, il n'y a pas de contre, puis il y a un taux très élevé. Encore une
fois, j'ai en tête 75 %, c'est peut-être un petit peu moins, mais c'est nettement au-dessus de 50 %, au-dessus
de 60 %, le nombre de lois qui, finalement, sont adoptées à l'unanimité,
parce que ça participe d'un débat
parlementaire, d'auditions, de travail, de nombreuses heures en article par
article. Puis les ministres, évidemment,
à différents degrés, sont ouverts à accueillir des amendements, puis on bonifie
le projet de loi, puis à la fin, bien,
on dit : Bon, bien, ce n'est peut-être pas... on n'a pas tout eu, dans
l'opposition, ce qu'on voulait, mais ce sont d'autant de bons pas dans la bonne direction, on va voter
en faveur du projet de loi. Ça, la Loi électorale, si, plusieurs lois, ça adonne
qu'elles sont adoptées à l'unanimité, la Loi
électorale, c'est quasi une condition sine qua non, de dire qu'elle devra être
adoptée à l'unanimité, parce que c'est tellement important. Les 125, on doit
viser l'unanimité. On ne pourrait pas vivre, M. le Président, ou ce serait, je
crois, dans notre démocratie québécoise, inacceptable qu'un gouvernement, par
sa majorité — puis je ne dis pas que c'est ça que le
gouvernement va faire, j'établis le principe général — amenderait la Loi électorale, on est
majoritaires, sur 125 députés ça en prend 63, on est 64, on est 63, on
amende la Loi électorale puis on fait en
sorte d'aller jouer aussi sur la délimitation des circonscriptions... Ce n'est
pas ça qui est dans le projet de loi. Je fais juste exprimer le fait que, quand on touche à Loi électorale, il
faut avoir l'unanimité, je ne peux pas le dire plus clairement, il faut
avoir l'unanimité, parce que c'est trop important.
• (11 h 20) •
Là,
dans un contexte COVID, le Directeur général des élections aurait, lui,
l'occasion de réécrire la loi par lui-même. Et on va le voir, il y aurait un processus où les modifications qu'il
proposerait à la Loi électorale, je vais le dire, là, devraient évidemment
être prises dans un contexte de, et je cite... «en tenant compte des
conséquences de la pandémie de la COVID-19», donc en tenant compte, pour le DGEQ, des
conséquences de la pandémie de la COVID-19, et, article 2, plus loin :
«Pour faciliter le déroulement de ces élections, [il] peut modifier, par
règlement, [...]la Loi électorale.»
Alors, toute
l'évolution historique, toutes les pièces législatives excessivement
importantes, l'astérisque à la Loi
électorale, que je compare, moi, M. le Président, la Loi électorale, à la Charte des droits et libertés de la personne, au Code
civil du Québec, à la Charte de la langue française — la Loi électorale, c'est le fondement, c'est le
quatrième socle de notre société — ça pourrait être, à cause du contexte COVID et de
ses conséquences, réécrit par le Directeur général des élections seul
dans son bureau.
Vous allez dire :
Non, il ne serait pas seul dans son bureau. Une fois que ses modifications
proposées seraient couchées sur papier, il
devrait, à ce moment-là, et il devra, le cas échéant, envoyer ça à l'Assemblée
nationale. La commission parlementaire pertinente devra s'asseoir, le
recevoir, discuter avec lui, et les élus autour de la table de la commission électorale, eux, pourraient modifier ce qu'il
propose, adopter, ils pourraient faire ce qu'ils veulent avec ce qu'il propose,
et là ce serait passé en commission parlementaire, et, une fois que c'est passé
en commission parlementaire, accepté, amendé ou refusé, bien, ça vient de facto modifier la Loi électorale pour, c'est
important de le dire, temporairement, uniquement la prochaine élection. Après la prochaine élection,
toutes ces modifications-là tomberaient. D'accord. On me dirait : Il y a
un garde-fou.
Première
des choses : le garde-fou, comme tel, ça demeure toujours bien juste une
commission. Puis, quand je dis «juste»,
ce n'est pas réducteur par rapport à l'importance d'une commission
parlementaire. Je veux dire, les oppositions, il n'y a pas une semaine, je pense, qui ne passe pas sans qu'on demande
une commission parlementaire pour qu'on puisse étudier telle affaire, mandat d'initiative. C'est excessivement
important, ce qui se fait dans les commissions parlementaires. Mais il y
a un règlement de l'Assemblée nationale qui fait en sorte que les lois ne sont
pas passées par les commissions parlementaires.
Les lois sont passées par un processus qui va, à un moment donné, passer par
une commission parlementaire. Après
auditions puis après article par article, ça s'en va ici en prise de
considération, on appelle ça, dans le langage, la PC, on va faire la PC, on va faire la prise en
considération, c'est sorti de l'article par article, puis là on peut, dans l'Assemblée
nationale, les 125, déposer d'autres
amendements. Je pense, l'article, c'est 252. On peut déposer d'autres
amendements lors de la prise en considération du projet de loi. Donc, il y a un
débat qui est fait là, puis les porte-parole ont du temps de parole, tout ça. Et après ça, une fois que c'est adopté, prenons un cas d'espèce où c'est adopté,
qui arrive à 99,99999 % des fois,
il y a l'adoption finale. Puis là, l'adoption finale, c'est un autre débat
qu'on a ici, à 125, puis débat qui peut être très substantiel, qui peut se faire en plusieurs heures. Et là il n'est plus
question d'amender, mais il est question de passer au vote final. Alors, au-delà de la solennité de ce
moment-là, c'est les 125, là, Loi électorale, l'un des quatre piliers de
société, modifiée par le DGEQ uniquement en commission parlementaire... «Uniquement»,
vous m'avez entendu, ce n'est pas réducteur du
travail important de la commission parlementaire, mais tout ce qui sort de la
commission parlementaire n'est pas loi. Ça, quand j'ai dit ça, là, c'est une vérité de La Palice dans notre
système démocratique au Québec. Tout ce qui sort d'une commission
parlementaire n'est pas loi. Là, ce qui sortirait de la commission
parlementaire serait loi, ce qui sortirait de
la commission parlementaire serait loi, et ce ne serait pas sur un sujet
relatif à un crédit d'impôt ou sur le coût d'un permis de chasse, ce serait
relatif à l'un de nos quatre piliers, la Loi électorale. Une fois que j'ai dit
ça, vous comprenez le drapeau jaune, là, puis pas mal jaune orange,
tirant sur le rouge. C'est une préoccupation.
Et la loi va plus
avant. La loi prévoit même le cas d'espèce où il n'y aurait pas de commission
parlementaire. L'article 3, je vais
prendre le temps de le lire : «Lorsque le Directeur général des élections
constate que l'application d'une disposition
visée à l'article 2 [...] ne facilite pas le déroulement de ces élections
et que l'urgence de la situation ne lui permet pas de prendre un règlement conformément à cet article — à savoir ne lui permet pas l'urgence de
passer par une commission parlementaire — il peut — le
DGEQ — adapter
la disposition afin d'en réaliser la finalité.»
Là,
on va me dire : Ça, c'est très précis, ce n'est pas sur le matériel de
l'ensemble de la Loi électorale, ce serait sur le matériel de ce qui serait ressorti de la
commission parlementaire. Et, une fois que c'est sorti de la commission
parlementaire, on dit qu'un règlement
entre en vigueur 15 jours qui suivent la date de publication officielle à
la Gazette du Québec, mais on dit,
un règlement... autre vérité de La Palice, un règlement n'amende pas une
loi. Un règlement vient préciser une loi, vient en donner les modalités d'application. C'est ça, un règlement. Vous ne
pourrez jamais, par règlement, modifier une loi.
Là, on vit dans un régime tout à fait
particulier, puis on le vit depuis un an et demi, mettez un astérisque à ce que je viens de dire, parce que les
articles 118 et suivants de la Loi sur la santé publique précisent que,
lorsqu'est décrété l'état d'urgence
sanitaire, le gouvernement peut venir passer outre certaines lois dans le contexte de l'état
d'urgence. Puis ça on aura l'occasion
d'en reparler, puis on en déjà beaucoup parlé, sur le bien-fondé ou pas de l'état
d'urgence sanitaire au moment où on
se parle, là où est rendus. Je referme la parenthèse. Mais, en temps normal, un
décret, un règlement, une décision du Conseil des ministres, même une
commission parlementaire, un règlement ne vient pas modifier une loi, il
vient juste en préciser les modalités d'application. C'est pour ça que, dans la
loi, on dit souvent : Bien, on va mettre le principe, puis on va mettre des «notamment», puis on va encadrer ça,
puis le reste se fera par règlement du gouvernement, mais les oppositions, surtout, on vise toujours à
en mettre le plus possible dans la loi pour limiter l'espace réglementaire qui
est donné au gouvernement, parce que, par règlement, ce n'est pas un débat
d'une loi adoptée à l'Assemblée nationale.
Alors, par règlement, suite à une simple
commission parlementaire, «simple» n'étant pas péjoratif, ça
viendrait modifier la Loi électorale. Après
ça, on dit que le DGEQ, si lui considère, si lui considère qu'il y a une
urgence, il pourrait venir modifier
sans passer par la commission parlementaire, qui est un gros, gros, gros
minimum, là, vous l'aurez vu, ce n'est
pas 125, ça va peut-être être 11 députés, pourrait passer outre ce qui est
adopté suite à ce processus-là parce que, selon son propre jugement, il y a urgence, et il pourrait modifier ça. Quand
on parle, encore une fois, d'une loi fondamentale du Québec, là il y a
des drapeaux rouges excessivement importants.
• (11 h 30) •
On aura
l'occasion, M. le Président, on aura l'occasion de faire le débat là-dessus et
de se poser la question, est-ce que
c'est beaucoup trop large, est-ce que c'est beaucoup trop large, parce que l'article 2 donne les sphères d'application, et là l'article 2, là, M.
le Président, là, il fait presque deux pages, là, il fait une grosse page et
demie. «Une modification à une disposition
visée au premier alinéa facilite le déroulement de ces élections...» Parce que
l'objectif, c'est de faire en sorte que, dans le contexte COVID, on vienne
faciliter le déroulement des élections. Après ça, on présuppose qu'une
modification à une disposition visée à ça facilite le déroulement de ces élections
lorsqu'elle a notamment pour objet — notamment pour objet, alors ce n'est pas limitatif — d'établir les conditions et les modalités par
correspondance — alors,
on parle du vote par correspondance, je vais en reparler tantôt — modalités
quant au vote dans les centres hospitaliers — c'est moi qui paraphrase les articles — et les centres de réadaptation, modalités de
vote en ce qui concerne les résidences privées pour aînés puis les électeurs qui y sont domiciliés,
établir les conditions et les modalités d'une demande d'inscription, de
radiation ou de correction de la liste électorale, ajouter tout jour de
vote précédant celui fixé ou tout jour de vote par anticipation, d'établir les conditions et les modalités
applicables à toute reddition de comptes relative au financement politique.
Alors, le directeur des élections, donc, transmet tout projet... Et ça,
c'est «notamment», ce n'est pas limitatif.
Moi, j'ai une
préoccupation, puis je vais vous le dire de même. Je vous ai dit plus tôt puis
j'ai fait le point que la Loi
électorale est le fruit d'une évolution que je ne dirais pas lente, elle a son
propre rythme. On ne dira jamais qu'un arbre, il pousse trop lentement. L'évolution... Il y a des arbres qui poussent
plus vite que d'autres, ça, on le sait, là, mais on ne dira jamais que la Loi
électorale, là, je veux dire, c'est une loi qui est en arrière de son temps,
puis que ça n'a pas de bon sens. On pourrait bien dire que la Loi
électorale, elle va être en avance de son temps, puis envoye! on fait le vote
électronique après-midi, puis là elle est en
avance de son temps, mais elle ne sera pas prête. Ce serait comme tirer sur la
plante pour qu'elle pousse : vous vous ramassez avec les racines au
bout du nez. Alors, la Loi électorale évolue avec son temps.
Et, quand je
dis ça, je réfère aux citoyennes et citoyens qui connaissent le système
électoral, qui savent comment ça
fonctionne. On a une culture démocratique, au Québec, qui fait l'envie de bien,
bien, bien des pays à travers le monde, et ça, il faut non seulement le
préserver, mais il faut continuer à le faire évoluer, mais le faire évoluer à
son propre rythme.
Pourquoi je
vous dis ça? Si, demain matin, vous dites : Vote par Internet, vous avez
du monde bien intentionnés qui ont
une fracture technologique, qui n'auront pas accès à ça. Si, même, vous allez
au niveau du vote postal, parce que vous dites : Écoutez, vote postal, en
théorie, ça tient la route, vote postal, c'est bien simple, je veux dire,
Postes Canada existe depuis des décennies et des décennies, on sait
comment ça fonctionne, on fait du vote postal pour tout ou partie de la population à cause du contexte COVID, si le DGEQ...
puis je ne dis pas qu'il s'en va vers ça, mais, si d'aventure il allait
vers ça, bien, à ce moment-là, on pourrait échapper du monde en cours de route.
Ça, c'est fondamental.
Vote par
Internet, je ne dis pas que ça va être ça, dans ses éléments, le vote par
Internet, c'est un exemple beaucoup plus frappant et plus marquant, mais, vote
par correspondance, on en parle dans la loi. S'il dit : Écoute, en
contexte de pandémie, là, ma
résidence, là... tantôt je vous ai parlé d'une résidence pour personnes aînées
de 200, 250 unités, il y a plus de 500 voteurs, 500, 600 voteurs
qui sont là, qui disent : Non, dans un contexte de la COVID, je ne peux
pas... Puis, je veux dire, c'est une considération à avoir. Je ne suis pas en
train de dire qu'il ne faut pas considérer ça. Mais que lui, il juge puis il tombe du côté qui aurait peut-être
été, puis je vais le dire de même, sans juger, un petit peu plus... trop, trop
déraisonnable, là, pas assez raisonnable, de dire : Bien, il n'y en aura pas pantoute, puis, de
toute façon, je vais tout remplacer
ça, ce bureau de vote particulier là dans la
résidence pour personnes aînées... ces 500, 600 voteurs là,
inquiétez-vous pas, je vais tous leur
envoyer une procédure par vote par correspondance, ça, c'est clair que ça va
avoir un impact sur le taux de participation.
Vous ne pourrez jamais prétendre... Puis ça, c'est ce que je prétends,
moi, basé sur mon expérience, là. Si vous me passiez en audition aujourd'hui, M. le Président, c'est ce que je vous dirais, là. Vous ne pouvez
pas faire du un pour un. Ce n'est
pas vrai que vous pouvez dire que le bureau de vote qui est là depuis les huit
dernières élections... que les gens savent
que c'est avant le jour du vote, donc ils doivent se préparer, même si le jour
du vote est dans trois semaines, il faut qu'ils se préparent parce qu'eux autres, ils vont voter, là, pendant quatre jours dans une
semaine, ils sont habitués à ça depuis qu'ils
sont là, ils ont voté une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois,
ils le savent, on ne peut pas dire : En enlevant ça puis en envoyant une lettre par la poste, les
gens auront vu la publicité dans l'hebdo du directeur de scrutin, ils auront
entendu la publicité à la radio, auront vu ça à la télévision, prenant pour
acquis qu'il y aurait une campagne de publicité monstre, on ne peut pas prendre pour acquis que les gens l'auront capté,
que les gens l'auront compris et que les gens n'auront pas besoin d'aide
pour ça. Alors, c'est excessivement important.
Et, quand je
disais que notre Loi électorale a su évoluer avec le temps, bien, elle évolue,
je vais le dire comme ça, au rythme des moeurs politiques, au rythme de
ce que les gens conçoivent et connaissent. C'est pour ça, puis là je ne veux
pas ouvrir une boîte de Pandore, quand on parlait... aïe! on va modifier le
mode de scrutin du jour au lendemain, il va
y avoir des députés de région puis des députés de comté, puis, les
circonscriptions, là, du jour au lendemain, on va passer de 125 à 85 circonscriptions, c'est 80
ou 85 circonscriptions, là, c'est un des deux, là, puis vous aviez 40 ou
45 députés de région... nous, ce qu'on disait, c'est que ça, c'est
un bouleversement, là, c'est un bouleversement.
Puis il y a
moyen d'assurer une meilleure représentativité de l'Assemblée nationale, j'en
ai parlé tantôt, 37 % des votes puis 75 députés, trois sur
cinq, ici, à l'Assemblée nationale, pour l'actuel gouvernement, il y a moyen de
travailler là-dessus, il y a moyen de
travailler sur le taux de participation. Mais, le taux de participation, je
veux dire, on en parle, on en parle,
on en parle, puis il y a des études, des analyses, on a tout ça, là, puis je
vous parlais de l'exemple du vote par Internet, bien, c'est un autre exemple qui est là, alors on en parle, mais ça
évolue à son propre rythme, pas lentement, pas trop lentement,
devrais-je dire. Certains diront : C'est lent. Bien, il évolue à son
propre rythme.
Du jour au
lendemain... Parce que le projet de loi, la ministre l'a dit tantôt, il se
subdivise en deux parties. Le projet de
loi, l'article 1, 2, 3, je vais résumer ça de même, là, je vous ai donné
suffisamment de détails pour ne pas me faire accuser d'être réducteur,
mais je vais le dire de même, 1, 2, 3 donnent, à toutes fins pratiques, pouvoir
au DGEQ de réécrire la Loi électorale, sous
réserve, dans certains cas, d'une commission parlementaire qui lui donne une
bénédiction, mais, dans d'autres cas,
non. Ça, ce n'est pas anodin. Si, la Loi électorale, il y a bien des années où
elle n'est pas modifiée, c'est parce que
ça y va à son propre rythme. C'est important de ne pas tout bouleverser ça et
tout changer... changer ça, excusez-moi, M. le Président, du jour au
lendemain.
Le reste du
projet de loi, les articles 4 à
137, est une preuve de l'importance de ce que je vous dis, j'allais dire de ce
que je vous plaide, aux articles 1, 2, 3. C'est quoi, ça, les autres articles,
4 à 137? L'article 1, 2, 3, c'est un pouvoir extraordinaire — extraordinaire,
là, mettez-le en gras, Times New Roman, 16, gras, là — donné
au Directeur général des élections dans le
contexte COVID pour la prochaine élection, pouvoirs extraordinaires,
articles 1, 2, 3, de réécrire la loi, mais les articles 4 à 137 sont, à prime abord, puis on va faire le
travail d'analyse, le fruit de ce que l'on appelle, je pense que j'ai le
bon titre, là, le comité aviseur ou le comité technique, où, là, les partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale
envoient leur directrice générale ou leur directeur général, envoient des
représentants, et là, de façon continue, les représentantes,
représentants des partis politiques à l'Assemblée nationale s'assoient avec le
DGEQ sur cette table d'aviseurs, ce comité
aviseur, comité technique, puis disent : O.K., on pourrait peut-être, à
l'usure... Nous, de tel parti, on a telles
suggestions. Vous pourriez peut-être élargir la possibilité du vote par
correspondance. Vous pourriez peut-être élargir la possibilité de voter plus aisément, sur une période plus large, hors
Québec. On a beaucoup de snowbirds, beaucoup de Québécoises, Québécois qui s'en vont à l'étranger, pas juste dans le
Sud, ailleurs, partout à travers le monde, ou qui se retrouvent à l'extérieur du Québec pour une
certaine période qui s'adonne avec la période électorale, qui pourraient voter
hors du Québec.
Il y a
également, là, des discussions qui sont faites sur est-ce que ça tiendrait la
route d'élargir bien davantage la possibilité
de voter sur les campus et est-ce que ça tient la route de faire en sorte que
le vote sur le campus... est-ce qu'il compte
obligatoirement pour le lieu de domicile de l'étudiante ou de l'étudiant,
est-ce qu'il peut compter localement aussi, puis jusqu'à quel point il est important d'avoir un arrimage sur le
domicile parce que vous êtes en résidence pour étudiant pendant huit mois de l'année, mais, le reste de
l'année, vous n'avez pas changé votre domicile. Il y a des questions qui sont
techniques. Et le DGEQ, par cette table-là,
va chercher l'expertise sur le terrain puis essaie d'aller chercher des
consensus. Ça, ça se fait de longue haleine.
On va vous
dire, M. le Président, que les articles 4 à 137 sont le fruit de ce
comité-là, et on va vous dire qu'il n'est pas trop tôt, que ça fait plusieurs années qu'on n'a pas mis à jour
notre Loi électorale pour tenir compte de ces avancées-là. Je vais vous donner un exemple, M. le Président.
Puis ça, là, pour moi, ça me parle beaucoup puis c'est très significatif. Dans
les suggestions qui sont faites par le
comité aviseur, il y aura la possibilité pour un jeune ou une jeune de
16 ans ou de 17 ans d'être
travailleuse, travailleur d'élection. Et ça, les partis politiques, qui sont un
peu les experts du terrain de comment vit la Loi électorale, se disent : Bien, on est rendus là. Nos instances
et notre expertise nous ont permis de dire qu'on peut trouver des bons jeunes intéressés qui ont 16 ans,
17 ans. Oui, on ne va pas changer... on ne va pas leur donner le droit de
vote, là, par le projet de loi n° 7, mais,
afin de participer à un meilleur éveil à la démocratie, leur permettre de voir
comment ça fonctionne.
• (11 h 40) •
Là, écoutez,
vous ne pouvez pas avoir meilleur stage démocratique que de dire à une jeune...
Parce que, moi, j'en ai deux, là, ils
ont 15 ans puis 16 ans. Alors, il y en a une qui va avoir 17 ans
l'an... 18 ans l'an prochain, puis l'autre, elle va avoir 16 ans. Il
me semble que, mes filles, je ne pourrais pas, pour celle qui a 17 ans
aujourd'hui, trouver meilleur stage puis meilleure façon de l'initier à c'est quoi, la démocratie, que de dire :
Bien, va travailler avec ta directrice de scrutin du comté, et tu vas
apprendre ça.
Évidemment, on aura un débat, parce qu'on ne
leur permettra pas d'être scrutateurs, scrutatrices. Scrutateur, scrutatrice, c'est la personne, quand vous
arrivez, qui vous donne le bulletin de vote. Vous prenez le bulletin de vote,
vous allez dans l'isoloir, là vous
votez libéral, là vous revenez, et le scrutateur... — ils sont réveillés, M. le Président, ils
sont là, ils sont là, faites-vous-en pas — et le
scrutateur, c'est lui qui gère le bulletin de vote, et vous avez un secrétaire
qui est à côté. Et on ne permettra pas aux
jeunes de 16, 17 ans d'être scrutateurs. On aura un débat là-dessus.
Pourquoi pas? La capacité est là,
capacité intellectuelle, le sérieux de la démarche, tout est là. On aura un
débat là-dessus. Mais vous voyez que
le débat qu'on aura là-dessus nous aura été permis parce qu'il y a eu un débat
sur plusieurs années du comité aviseur des quatre partis politiques pour
dire : Bon, bien, on devrait faire une certaine place aux 16, 17 ans.
Puis le
comité aviseur, là, des quatre partis, on ne va pas se tromper, là, je veux
dire, c'est des gens qu'on aime puis qu'on apprécie, ce sont nos
organisateurs, organisatrices, nos directeurs, directrices, mais je vais le
dire de même, puis, s'ils m'écoutent, ils ne
le prendront pas mal, ils n'ont pas mis leur face sur le poteau puis ils ne
sont pas législateurs. Il y en a 125,
au Québec, puis c'est nous qui allons décider. Mais, évidemment, on parle avec
eux, puis, je veux dire, ça fait écho ici
d'un débat qui a déjà eu lieu entre eux autres, là, ils sont allés chercher des
consensus. Mais qui dit consensus... Je pense qu'ils visaient pas mal
l'unanimité, mais, quand même, des fois, il peut y avoir des modalités. Ça, on
va en parler.
Alors, mon
point, c'est que le fruit de ce travail remarquable et auquel... Nous, là,
évidemment, on ne fera pas du «rubber
stamp», si vous permettez l'expression, on va débattre. On aura des
amendements, ça, c'est très clair. Je vous ai donné l'exemple des 16, 17 ans, on fera le débat. On a demandé,
même, M. le Président, puis pour vous montrer que l'esprit de
collaboration est là, des auditions, on n'a pas fait... on n'a pas demandé des
auditions sur trois jours, on a demandé d'entendre
le DGEQ. On aurait pu demander d'entendre les partis politiques, mais on a
demandé le DGEQ. L'audition a eu lieu
le 10 novembre dernier, puis ça a été une audition, de consentement, qui a
été très spéciale parce qu'elle a eu
lieu sur plus d'une heure et demie. Donc, on a eu plus de temps pour discuter avec le
DGEQ. Et, particularité très claire de ce que l'on va vivre en article par article, le DGEQ va être assis avec nous
autour de la table puis il va pouvoir répondre aux questions au fur et à
mesure où on va avancer dans cet important travail là.
Alors, mon
point, M. le Président, est que, si les articles 4 à 137 sont le fruit
mûri du comité aviseur, qui vient après plusieurs années faire moderniser notre
loi de façon permanente, ça vient encore plus étayer mon drapeau rouge quant
aux articles 1 à 3, quand on va me dire :
Oui, mais c'est juste pour la prochaine élection, ça va durer juste une fois.
S'il y a une erreur démocratique, quand
bien même ce serait juste une fois, ce serait une fois de trop. Il ne faut pas
manquer le coche. Alors, le fruit de cette importante pièce législative
là, Loi électorale, que je disais tantôt que ça prend l'unanimité pour l'amender, que les articles 4 à 37, c'est le
fruit mûri qui sera devant nous puis qu'on va discuter puis qu'on va amender
avec le DGEQ au bout de la table,
puis qui sera permanent, ça, ce fruit-là démontre que l'on ne peut pas... puis
je ne dirai pas être cowboy, mais on
ne peut pas, je pense, sans considérer très sérieusement les risques de passer
à côté... Puis je n'impute aucun
motif de mauvaise foi au DGEQ, je suis certain qu'il est de bonne foi, j'en
suis convaincu. Mais, quand on vient dire : Ah! on pourrait dire que mon
BVA, dans ma résidence pour personnes âgées, mes 600 voteurs, à cause de
la pandémie, il n'y aura plus de
bureau de vote là pendant trois jours, ça va tout être du correspondance, moi,
je vous dis que, dans la vraie vie, ce ne sera pas du un pour un. Si,
historiquement, vous avez toujours eu un taux de participation de 90 %, le
taux de participation ne sera pas là. Ça, c'est mon témoignage,
dites-le, d'expert candidat. Ça va être ma sixième élection. Puis je sais qu'il y en a d'autres qui ont plus
d'expérience que moi là-dessus, puis vous risquez d'entendre une collègue qui
en a beaucoup puis qui va vous parler
de ça. D'expliquer au monde... Le processus électoral, là, il ne faut pas
prendre pour acquis que le monde va comprendre ça tout de suite, là. Et ça,
c'est le fruit, notre Loi électorale, d'une évolution dans le temps.
La COVID, en
passant, quand on dit : Le DGEQ va prendre toutes les décisions dans un
contexte COVID, moi, la COVID, là, puis je ne veux pas faire de science
ici, là, je ne suis pas médecin puis je ne suis pas scientifique, la COVID va être avec nous, M. le Président, pendant
encore plusieurs mois, plusieurs années. La COVID n'est pas, dans notre législation québécoise, une donnée juridique
exacte. L'état d'urgence sanitaire, c'est une donnée juridique exacte. Elle
commence le 13 mars puis elle est encore là à l'heure où se parle. On nous
promet qu'elle ne sera plus là début 2022. Ça, c'est une mesure, c'est un
contexte précis. C'est les articles 118 à 130 de la Loi sur la santé publique.
Quand on nous dit : Bien, dans
le contexte COVID, ça voudrait dire qu'on pourrait... — puis
on va toucher du bois — durant
l'été, on pourrait carrément être sortis, puis j'espère qu'on va l'être, là,
de l'état d'urgence, là, vous nous entendez, à la période de questions, sortis de l'état
d'urgence, mais là, parce qu'il y a encore de la COVID, alors que ce n'est pas
du tout la même situation qu'il y a un an, bien là le DGEQ aurait ce pouvoir-là qu'on
lui aurait donné. Puis, passé le mois de juin, on ne siège plus, le pouvoir,
il l'a, puis on n'ira pas... je ne pense pas qu'on va être convoqués en
juillet, août pour lui enlever le pouvoir qu'on va lui avoir donné.
Mon point, c'est qu'il faut faire attention. Une
commission parlementaire qui viendrait avaliser ça, ce n'est pas les 125 députés. Puis, même là, lui, s'il
trouve que c'est urgent, après ça, pourrait décider de modifier le tout. Ça,
c'est un gros drapeau rouge.
C'est notre
démocratie. Ce que l'on demande... Il y a eu, avec le projet de loi n° 85,
un pouvoir similaire, qu'on va prendre le temps d'analyser, qui n'est pas
pareil, similaire, donné au DGEQ et aux directeurs de scrutin dans toutes les
villes pour adapter certaines règles. Ce qu'on demande... Parce que, pour
adopter le projet de loi, là, le DGEQ dit : Pour les dispositions permanentes, article 4 à 137,
j'ai besoin de trois mois. Ah! J'ai besoin de trois mois. L'élection, c'est en
octobre, alors on n'a pas besoin
d'avoir ça pour décembre. On va travailler, on va collaborer, mais on veut
travailler intelligemment. Pour les
trois premiers articles, il n'a pas besoin de trois mois. Les trois premiers
articles, aussitôt que c'est en vigueur, il a le pouvoir, ça finit là, il peut l'utiliser le lendemain matin. Pour les
trois premiers articles, on a déjà un laboratoire, à travers 1 108 municipalités, qui pourrait nous
permettre de nous dire, première des choses : Qu'est-ce que vous avez
utilisé comme décision? Quelle décision avez-vous prise? Quel impact ça
a eu sur le vote? Parce qu'on n'est pas trop, trop fiers collectivement du
38 % de taux de participation. Puis faites-nous un rapport. Puis là le
DGEQ est venu nous dire en audition :
Bien, ça va me prendre quelques semaines, parce que moi, je dois aller chercher
cette information-là, qui, soit dit en
passant, est excessivement précieuse pour ce qu'on s'apprête à faire, pour dans
un an, normalement, pour dans un an, à
la prochaine élection, on veut avoir un rapport du DGEQ pour dire : Voici
comment ça s'est passé dans le milieu municipal, puis,
savez-vous quoi, moi-même, le DGEQ, premier surpris, je me suis rendu compte
que... j'ai réalisé certaines choses, on
va tous réaliser des choses, que le taux participation, peut-être, si ça été
fait par vote postal ou autrement, dans certains lieux de votation, ça a peut-être eu un impact. Mais ça, il faut le
savoir, nous autres, législateurs, parce que, quand on va lui donner
tous les pouvoirs, ça se peut qu'on limite ça. Ça se peut qu'on fasse des
exclusions. Là, il n'y a pas d'exclusion, il y a le «notamment».
Alors, tout ça pour vous dire, M. le Président,
que, oui, contexte COVID, on va l'avoir encore, même si on est au-delà de l'état d'urgence, ce qu'on espère...
dont on espère la fin le plus rapidement possible. Mais, en ce sens-là, Loi
électorale, pièce législative trop
importante pour dire qu'on va adopter ça bien, bien, bien vite. Ce que l'on
demande, nous, de l'opposition
officielle, M. le Président, c'est qu'aujourd'hui on va parler du principe,
mais qu'il n'y ait pas de travail en article par article tant que l'on
n'ait pas reçu le rapport du DGEQ. Puis, quand je l'ai eu en audition, je lui
ai posé la question, il me parlait que ça
pouvait se faire dans les prochaines semaines. Alors, prendre le temps d'avoir
ce rapport-là, travailler
intelligemment, d'avoir sur le terrain comment ça s'est passé au niveau
municipal, et là de faire avancer le Québec, et de ne pas mettre à risque notre démocratie, parce que, je vous l'ai
dit, la Loi électorale, c'est un pilier de notre démocratie. Ici, on se donne une obligation de la modifier à
l'unanimité. Et c'est le fruit d'un long processus et lent processus, «lent»
n'est pas péjoratif, il est à son propre rythme pour que les gens comprennent,
que les gens participent, puis que, nos gouvernements,
une fois qu'ils sont élus, on ait l'assurance de dire, M. le Président :
Bien, il est représentatif de la population. Voilà. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de LaFontaine.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci, M. le Président. M. le
Président, vous allez me permettre de féliciter mon collègue le député, qui est
aussi mon voisin de comté, M. le Président, avec qui j'ai le plaisir de
travailler énormément de dossiers. Je n'ai
pas la prétention d'avoir son expérience et son expertise, parce qu'évidemment
le projet de loi n° 7, M. le Président, c'est un dossier qui est piloté pour notre formation politique par le
député de LaFontaine. Par contre, M. le Président, chose certaine, avec sept élections en arrière de la
cravate, comme on dit, une partielle et six élections générales, dont deux dans
un contexte de gouvernement minoritaire, donc des élections très rapprochées et
sans nécessairement qu'il y ait un délai de quatre ans, vous comprendrez que ça fait de moi une spécialiste de la
réélection, de l'élection ou de la réélection, je vais le dire comme ça. Mais je peux vous dire, M.
le Président, qu'il y a des doutes qui ont été soulevés par mon collègue
avec un drapeau rouge, et c'est de ça que j'aimerais vous parler.
• (11 h 50) •
Vous savez,
le comté d'Anjou—Louis-Riel,
c'est le comté sur l'île de Montréal où il y a le plus grand nombre d'aînés,
le plus grand nombre. On ne se trompe pas,
là, le plus grand nombre, en haut de 30 %. Ça continue d'augmenter, M. le
Président, j'ai des résidences privées de
personnes âgées, évidemment, j'ai des HLM qui sont consacrés aux aînés aussi.
À ma première élection partielle, savez-vous que, dans mes HLM, il y avait des
bureaux de vote pour les aînés, qui sont majoritairement,
presque tous en haut de 80 ans? À l'élection générale, il n'y en a pas, M.
le Président. Ça fait six élections que je fais où on demande d'avoir des
bureaux de vote pour nos HLM. Puis on se fait dire : Ah! bien non, ce
n'est pas prévu. Par contre,
on en fait dans les résidences privées pour personnes âgées, alors que,
physiquement, les personnes qui demeurent dans les HLM sont les personnes qui
sont très souvent malades, des marchettes, des chaises roulantes, des
bonbonnes.
Il y a une chose qui est venue changer ça un
peu, M. le Président, c'est le bureau de vote par itinérance. Mais il faut que je vous raconte la première fois qu'on
a eu le droit à avoir un bureau de vote par itinérance. Vous savez que le
directeur du scrutin local interprète la Loi
électorale, et, quand on a vu qu'on pouvait faire voter les gens à domicile pour ceux qui avaient un problème de se déplacer, bien, on a dit :
Parfait. Moi, en faisant mon porte-à-porte, évidemment, bien, je
proposais aux gens de voter dans le confort de leur maison, ce qui était tout à
fait logique puisqu'il n'y a pas de bureau
de vote dedans leur HLM, puis mon directeur du scrutin local m'a dit :
Vous n'avez pas le droit d'en faire signer, vous, comme témoin, plus que cinq, ni moi ni mes
bénévoles. J'ai dit : Pardon? Vous allez me montrer où dans la loi c'est
écrit que je ne peux pas en faire
signer plus que cinq, M. le Président. Pas besoin de vous dire qu'on a rué dans
les brancards, hein, puis qu'on a été
finalement en mesure d'en faire signer comme on voulait sans aucun problème,
parce que le but, c'est favoriser la participation aux élections. Puis
mon directeur du scrutin, lui, il ne voulait pas. Ça s'est rendu sur le bureau
du Directeur général des élections, mais on a perdu un temps fou, M. le
Président.
Moi, je considère que le rôle du Directeur
général des élections, c'est de favoriser la participation de tous pour augmenter le taux de participation. Combien de
députés ici vont déplorer que le taux de participation est en bas de 70 %
dans la plupart des campagnes électorales, et que c'est encore beaucoup plus
bas en cas d'élection partielle? Beaucoup. La majeure partie des
députés, M. le Président. Bien, moi, je pense que c'est sain de faire en sorte
que la démocratie puisse s'exercer.
Le drapeau
rouge que mon collègue vous a soulevé, M. le Président, en disant : Bien,
en cas de pandémie, on pourrait enlever — parce que c'est une
possibilité, là — on
pourrait enlever les bureaux de vote dans les résidences privées de personnes âgées, puis on va faire du vote par la
poste... M. le Président, on fait quoi avec les personnes qui sont analphabètes?
Et analphabètes fonctionnelles, on fait quoi
avec eux autres? On va leur demander d'aller sur Internet, de s'inscrire, de
changer des affaires puis de faire un vote
par la poste. Wow! Je ne pense pas qu'on fait avancer beaucoup notre
démocratie, pas du tout. Moi, qu'on
me dise qu'on va ajouter des journées parce qu'il n'y a pas assez de temps pour
que les aînés puissent voter, particulièrement dans les grandes résidences, surtout quand on
ouvre la résidence aux autres personnes qui ne demeurent pas dans la résidence... Parce que c'est là le
problème, M. le Président. Moi, chez nous, là, dans mes résidences pour
personnes âgées, là, on rouvre le
vote pour les personnes de l'extérieur de la résidence. C'est des lieux de
bureau de vote par anticipation puis c'est des lieux de vote la journée du
vote. Ça, ça peut être problématique, j'en conviens, mais, M. le Président, je
ne pense pas que d'arriver puis de dire :
Bien, on va régler ça par le vote par la poste, ça va simplifier les choses. Je
pense que le bureau de vote itinérant
doit demeurer parce qu'il y aura toujours des gens qui ne pourront pas aller
voter, particulièrement chez les aînés, particulièrement.
Et, s'il y a
quelqu'un, M. le Président, qui est en mesure de comprendre à quel point les
aînés tiennent à leur droit de vote, c'est les députés ici. Les personnes qui
ont 70 ans, 80, 90, puis dans mon comté il y en a beaucoup — je ne vous parlerai pas des centenaires qu'on célèbre à chaque année — je peux vous dire qu'eux autres, ils
tiennent à leur droit de vote, ils tiennent à leur droit de vote comme à la
prunelle de leurs yeux, particulièrement les femmes, M. le
Président. Puis ne pensez pas qu'elles votent comme leur
mari, ce n'est pas vrai, pas du tout. On n'est plus à l'époque de
M. Duplessis, M. le Président, c'est évident. Bien, M. le Président, je le dis avec un sourire, mais les aînés veulent exercer leur droit
de vote.
Moi, qu'on me dise qu'on va faciliter, qu'on va
rajouter des journées, qu'on est prêtes à faire un bureau itinérant avec du personnel qui sera dédié dans une
résidence, j'en suis, M. le Président. Sans aucun problème. Qu'il y en ait 600, 800, 1 200, 400, 80, oui, M. le Président. Je ne comprends même pas pourquoi on ne fait pas une attention spéciale pour les
personnes qui demeurent dans les HLM. Ici,
là, c'est écrit, différentes conditions que le Directeur général des élections
veut avoir, c'est écrit dedans, le projet de loi :
«a) qui est domicilié [et] hébergé dans une
installation maintenue par un établissement qui y exploite un centre
hospitalier ou un centre de réadaptation;
«b) [...]domicilié
ou hébergé dans une installation maintenue [en] établissement qui y exploite un
centre d'hébergement et de soins de longue durée;
«c) [...]domicilié [...] hébergé dans une résidence
privée pour aînés;
«d) [...]domicilié [...] hébergé dans une maison
de soins palliatifs;
«e) [...]domicilié ou hébergé dans une ressource
en dépendance...»
Pourquoi pas
les HLM? La réalité, à Montréal, c'est ça, c'est qu'il y a beaucoup de HLM,
c'est les personnes âgées qui restent
dedans, puis la moyenne d'âge est en haut de 80. Puis quand on veut les
inscrire sur le bureau de vote itinérant, bien là, on se fait dire : Vous êtes sûr, là? Ils ne sont pas
capables de se déplacer. Je n'ai pas le personnel, moi, pour aller là. Pardon? Ça, ce n'est pas mon problème, M. le
Président, c'est le problème du Directeur général des élections, de faciliter
le vote.
On prend
toutes sortes de mesures pour faire faciliter le vote, puis on ne le fait pas
pour nos aînés, au contraire. Moi, je
trouve ça franchement... Je comprends que le Directeur général des élections...
puis je ne veux pas lui prêter d'intention, M. le Président, loin de moi, j'ai un très grand respect pour toutes nos
institutions. Mais, vous savez, il y a nos chefs de parti, nos
représentants de parti qui discutent à certaines tables : On pourrait
faire tel changement, tel changement, tel changement.
Mais ça, c'est le parti politique. Ça ne revient pas nécessairement dans nos
caucus pour qu'on puisse en discuter. Là,
on dit : Les chefs de parti vont s'entendre sur ce que le Directeur
général des élections aura décidé. On fait quoi des députés indépendants
ici? Il y a autant de députés indépendants, quasiment, que la troisième
formation politique, de l'opposition. On
fait quoi du Parti vert, qui est un parti dûment reconnu, M. le Président? Moi,
je suis pour l'expression de la démocratie.
Bien là, c'est juste les partis qui sont présentés à l'Assemblée nationale qui
vont pouvoir s'entendre avec le Directeur
général des élections. O.K. J'aurais aimé ça savoir ce que le Parti vert en
pense, M. le Président. Honnêtement, là,
moi, plus il y a de partis, mieux c'est. Vous savez qu'il y a le Parti
indépendantiste, le PI, aussi qui existe, hein? Il y a en a plein d'autres. Il y en a qui sont plus
farfelus, mais il y en a qui sont très sérieux. Puis, moi, le Parti vert, chez
nous, dans Anjou, bien, habituellement, il y a des représentants.
Puis honnêtement, M. le Président, comme
législatrice, de donner un pouvoir réglementaire, moi, j'ai un gros problème avec ça. Qu'on vienne baliser dans la loi
les pouvoirs... Pourquoi on balise dans la loi, M. le Président? Pour être
sûrs qu'il n'y a pas d'interprétation, que quelqu'un ne peut pas l'interpréter
à géométrie variable. Et, quand j'entends mon collègue le député de LaFontaine
dire : J'allume une lumière rouge sur votre tableau, bien, il a tout à
fait raison, M. le Président. Mais moi, je
pense à mes aînés, dans mon comté. Puis moi, je voudrais bien voir les gens des
HLM être ajoutés là-dedans. J'espère que mon collègue aura l'intention
de déposer un amendement, puis j'espère que la ministre responsable pourra dire : Oui, parfait, que ce soient au moins les
HLM où il y a plus de 50 % de la population qui est en haut de 70 ans à l'intérieur des HLM.
Peut-être qu'on aurait plus de monde qui vont voter aussi. Pas juste chez nous,
M. le Président, ailleurs aussi.
C'est bon à Laval, c'est bon à Montréal, c'est bon à Longueuil. Des HLM, il y en a partout, il y en a à Québec, il y en a dans les grands centres, pas
mal plus. Mais il faut faire en sorte que la participation démocratique puisse
augmenter.
Puis, honnêtement, de faire un vote par la poste
pour remplacer un bureau de vote itinérant ou pour remplacer un BVA, je ne suis pas sûre que ça va donner des
résultats probants, M. le Président. Puis je pense qu'on passe à côté du
rendez-vous qu'on a de faire une meilleure loi pour faire en sorte qu'il y ait
plus de monde qui puisse aller voter. Puis, nos
aînés, bien, il faut s'en occuper. Puis moi, dans Anjou, je m'en occupe bien.
Puis je suis convaincue que mes collègues, de l'autre bord, font la même chose avec les aînés de leurs comtés, ils
s'en occupent bien. Est-ce qu'on peut faciliter la participation des
aînés, M. le Président?
Qu'on
remplace une mesure par une autre, à ce stade-ci, en disant : C'est la
COVID, c'est la COVID, j'ai un peu de problèmes.
Qu'on me dise : On va faire le bureau de vote itinérant d'une manière
autre, qu'on va l'instaurer systématiquement dans les résidences privées de personnes âgées, les HLM, là où il y a
plus de monde, qu'on prend plus de journées pour faire voter le monde, oui, M. le Président, pas de problème. Qu'on ait
une autre catégorie de travailleurs pour faire ça, pas de problème, M. le Président, j'en suis. Ça, je trouve que
c'est logique, parce que, là, on vient de se donner une mesure additionnelle pour ceux qui ne voudront peut-être
pas ouvrir la porte, pour ceux qui ont encore plus peur, il y a une autre
possibilité qui est là. Mais ça ne répondra
pas non plus à la question. On fait quoi, M. le Président, avec ceux qui ne
savent pas lire et ceux qui sont analphabètes fonctionnels?
Vous
savez comment c'est, M. le Président, hein? Vous avez déjà reçu une indication,
vous avez votre carton, puis vous l'avez vécu, c'est sûr, c'est écrit, là, «à
l'occupant», hein, c'est ton adresse, c'est écrit «à l'occupant», puis juste
à côté, là, là où on ne le voit pas, là, il
faut l'ouvrir, il faut regarder, puis là, bien, c'est ton nom qui est là pour
dire : Tu es inscrit sur la
liste électorale. Wow! Il y en a combien qui se disent : Bien, c'est à
l'occupant, je ne suis pas inscrit, ou bien ils n'ont pas vu qu'il y avait d'autres noms, que leur nom
n'était pas là, ils disent : Bien, j'ai reçu mon carton, je pensais que
j'étais inscrit? Les gens ne lisent pas. Les gens ne lisent pas, c'est
la réalité, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée, je dois vous interrompre
et vous demander si vous allez poursuivre lorsque nous allons reprendre
le débat.
Mme Thériault :
Je vais poursuivre, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Compte tenu de l'heure et afin de
permettre, cet après-midi, la tenue des affaires courantes, le présent
débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 7 est ajourné.
Les travaux sont suspendus
jusqu'à 13 h 40.
(Suspension de la séance à
12 heures)
(Reprise à 13 h 40)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon mardi à vous tous et toutes. Vous
pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous allons poursuivre notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et la première déclaration sera
celle de M. le député Saint-Jean.
Féliciter M. Jean-Paul
Grappe, récipiendaire d'un diplôme honoris causa
de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec
M. Louis Lemieux
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. Le chef Jean-Paul Grappe, qui ne compte plus les
prix et les médailles, dont la plus
haute distinction chez nous, chevalier de l'Ordre national du Québec, sans
parler de l'Ordre du Canada, vient de recevoir un diplôme honoris causa de
l'Institut du tourisme et d'hôtellerie du Québec, où il a oeuvré une vingtaine
d'années en fin de carrière.
Si je vous parle et
si je vous parle de lui en particulier, c'est évidemment parce qu'il est de mon
comté, de Saint-Jean, mais surtout parce qu'il
a toujours été tellement passionné par notre terroir, auquel il a ouvert les
portes de ses nombreuses cuisines et
éveillé ses émules, mais aussi parce que, voyant la pandémie qui affligeait son
industrie, Jean-Paul m'a appelé pour
me dire qu'il fallait absolument faire tout ce qu'il fallait faire pour son
milieu, tellement mis à mal. Il m'a suggéré
de lancer une initiative de relance régionale en imaginant le jumelage de
producteurs avec des restaurateurs, ce que
j'ai fait en réunissant des partenaires pour permettre à Tourisme
Haut-Richelieu de créer et de piloter Haut-Richelieu en saveurs, que
moi, j'appelle le dessert de Jean-Paul. Merci, M. Grappe.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Saint-Jean. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun.
Rendre hommage aux Grands
Verdunois
Claude Trudel et Claude Chapdelaine
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci,
Mme la Présidente. Alors,
permettez-moi de rendre hommage à deux nouveaux Grands Verdunois 2021,
un titre honorifique décerné chaque année à des personnes ayant participé de
façon exemplaire au développement de Verdun.
D'abord, Claude
Chapdelaine, qui s'est impliqué dans de nombreux conseils d'administration pour
faire une différence dans sa communauté. Avec son rôle d'enseignant aux HEC Montréal,
il a convaincu de nombreux jeunes entrepreneurs de venir s'établir à Verdun,
transformant ainsi le paysage économique local.
Puis, Claude Trudel, qui s'est
illustré par sa contribution à la vie politique de Verdun.
Maire de l'arrondissement pendant sept ans, il a également été député
de Bourget, chef de cabinet
adjoint de Robert Bourassa et sous-ministre
adjoint aux affaires culturelles.
Une
mention spéciale au récipiendaire du prix Hommage carrière, à Dr Serge
Thomé, un médecin humaniste qui a tellement fait pour l'Hôpital de Verdun.
Messieurs, merci pour
tout ce que vous faites pour Verdun et félicitations! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Verdun.
Et je me tourne maintenant
vers M. le député de Trois-Rivières pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Souligner le succès de
l'entreprise Novo Électronique inc.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite reconnaître les efforts d'une
entreprise de mon comté qui, malgré la pénurie de main-d'oeuvre, a réussi à
poursuivre son expansion dans l'univers des technologies de
l'information.
Novo,
de Trois-Rivières, développe des produits et solutions numériques pour des
clients du secteur médical. La compagnie
a trouvé le moyen d'embaucher 25 employés pour répondre à la demande de ses
clients à l'international au cours des
derniers mois. L'entreprise a même créé un poste de responsable de l'expérience
employé et ouvert un bureau à Montréal pour se rapprocher de son
personnel.
Je félicite donc Christian Thiffault et Alexis
Bilodeau, les fondateurs de Novo, pour leur leadership et leur créativité, qui
ont permis à leur entreprise de se démarquer. Vous avez parcouru beaucoup de
chemin depuis 2007. Vous êtes un exemple pour les PME de Trois-Rivières. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Trois-Rivières. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Marquette.
Rendre hommage à M. Edgar
Rouleau, maire sortant de Dorval
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux rendre hommage à un
homme qui a consacré 40 ans de sa vie à servir l'intérêt de sa communauté,
d'abord comme conseiller municipal et ensuite à titre de maire de Dorval.
C'est près de 40 ans de service pour M. Edgar Rouleau.
C'est
un homme qui a mené tous ses combats avec passion. Bien qu'il ait choisi de
quitter la vie politique active, il
laisse aux Dorvalois et Dorvaloises un héritage important, dont le Complexe
aquatique et sportif de Dorval, qui est encore, à ce jour, son plus
grand projet réalisé.
En
2001, il assure la préservation du patrimoine de la ville avec l'ouverture du
musée de Dorval. M. Rouleau a toujours
accordé une grande importance à l'accès aux activités et loisirs pour ses
citoyens. Aujourd'hui, ils peuvent compter sur une grande diversité
d'activités, tant intérieures qu'extérieures, que culturelles ou sportives.
Homme actif, il garde
la forme en jouant au hockey avec le club de hockey Les Anciens de Dorval. D'ailleurs,
j'espère pouvoir remettre mes patins bientôt pour un match amical avec vous, M.
le maire.
Personnellement, cher
ami, je te souhaite une bonne retraite et je te dis merci pour ton engagement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Marquette.
Et je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Repentigny.
Féliciter le Choeur d'enfants
Vox Luminosa pour le
lancement de l'album Aux fenêtres du temps
Mme Lise Lavallée
Mme Lavallée :
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite prendre le temps de souligner les efforts
et le talent de 19 jeunes choristes du choeur Vox Luminosa.
Le
6 novembre dernier, j'ai eu la chance d'assister à une magnifique
production de Vox Luminosa mettant en valeur des jeunes impliqués, mais surtout des jeunes passionnés. Organisés sur
fond de pandémie, les jeunes de la chorale ont eu à pratiquer en solo avec leur chef de choeur. Malgré
tous les défis auxquels ils ont dû faire face, ils nous ont servi une
prestation de haut niveau. Est-ce dû à la magie de Noël?
En
plus de leur prestation, un CD de grande qualité, intitulé Aux fenêtres du
temps, a été produit, et met ainsi en valeur les textes, la musique et surtout la qualité vocale des jeunes,
âgés de huit à 15 ans. Je suis fière de les voir s'épanouir et
briller par la passion du chant aux côtés d'un homme aussi inspirant que
M. Claudel Callender.
Encore une fois,
bravo et merci pour ce beau moment! Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Repentigny.
Et maintenant je me tourne vers M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Souligner le 60e anniversaire de la Chambre de
commerce des Îles-de-la-Madeleine
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. En fin de semaine dernière se déroulait, aux Îles-de-la-Madeleine,
la 10e édition du Gala des Éloizes, honorant les gens d'affaires qui se
distinguent et qui dynamisent le tissu économique de chez nous. En plus de couronner une quinzaine de lauréats, que je
salue d'ailleurs, l'événement a aussi mis en lumière toute l'expertise,
la résilience, le sens de l'innovation et l'engagement de la communauté
d'affaires envers la collectivité.
Cette soirée était aussi le coup d'envoi des
festivités du 60e anniversaire de la Chambre de commerce des Îles. Je tiens donc à souligner le travail inlassable
des pionniers, à féliciter l'équipe actuelle de la chambre de commerce ainsi que tous les membres de l'organisation. Depuis six
décennies, vous favorisez avec brio le développement économique et l'entrepreneuriat au sein de notre communauté
insulaire. Vous jouez un rôle clé pour l'archipel, tant dans la promotion
de l'achat local que pour attirer les
investissements chez nous et valoriser la réussite en affaires et la relève, en
concertation avec les autres intervenants du milieu.
Merci, bon 60e, et longue vie à la Chambre de
commerce des Îles-de-la-Madeleine!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Rendre hommage à M. Gaston Rocheleau pour son
engagement bénévole et communautaire
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci. Alors que nous portions récemment le coquelicot comme promesse de ne
jamais oublier ceux et celles qui on fait le sacrifice ultime, je veux célébrer
M. Gaston Rocheleau, un remarquable bénévole engagé dans la Légion royale
canadienne de Drummondville.
Cette année, M. Rocheleau a terminé sa
52e Campagne du coquelicot. Depuis 1969, sans manquer une seule année, il
sillonne seul la région de Drummondville pour déposer un à un une centaine de
récipients de coquelicots offerts à la population en échange d'un don.
Mme la Présidente, du haut de ses 80 ans,
M. Rocheleau oeuvre avec dévouement et engagement pour amasser des fonds
qui permettent de soutenir nos valeureux vétérans dans leurs besoins.
L'altruisme de M. Rocheleau ne s'arrête pas
là. Depuis plus d'un demi-siècle, il s'implique également dans la coordination logistique de la parade du jour du
Souvenir, à Drummondville, en veillant à ce que tout soit prêt pour rendre
hommage à ceux et celles qui ont payé de leur vie pour protéger nos libertés.
C'est donc un honneur de souligner aujourd'hui
l'inestimable contribution de M. Gaston Rocheleau dans notre communauté.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le député de Drummond—Bois-Francs. Et je reconnais maintenant
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Rendre hommage à Mme Anny Roy, lauréate d'un prix Coup
de
coeur de la Fédération des agricultrices du Québec
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le travail et le
dévouement d'une agricultrice de ma circonscription, Mme Anny Roy,
de la ferme L'Éden rouge, à Saint-Bruno-de-Guigues.
Mme Roy
a démarré son entreprise en 2003 par l'installation de trois serres maraîchères.
Depuis, l'entreprise n'a cessé de
grandir. Avec sa fille Angèle-Ann, qui s'est jointe à l'équipe en 2014, elles
ont développé une table champêtre avec menu
gastronomique, un service de traiteur et des produits transformés qui sont
disponibles à leur kiosque et dans les épiceries du coin.
L'Éden rouge
offre aux visiteurs une expérience agrotouristique unique, et Mme Roy a
été récompensée pour son parcours en
octobre dernier. Elle a obtenu la deuxième place aux prix Coup de coeur des
Agricultrices du Québec, qui visent à souligner le travail des femmes en
agriculture.
Merci, Mme Roy et votre équipe, de bien
garnir nos assiettes de produits frais, locaux et délicieux.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée.
Et maintenant je cède la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Féliciter M. André Tourigny
pour sa nomination à titre
d'entraîneur-chef des Coyotes de l'Arizona
M. Donald Martel
M. Martel :
Mme la Présidente, je veux souligner la nomination, en juillet dernier, de M. André Tourigny à titre
d'entraîneur-chef des Coyotes de l'Arizona de la Ligue nationale de hockey.
Originaire de Sainte-Monique,
André Tourigny s'est illustré comme entraîneur dans les ligues de hockey
junior majeur du Québec
et de l'Ontario et au sein de Hockey Canada,
où il a aidé les équipes canadiennes à remporter l'or en 2020 et l'argent en
2021.
Je ne connais
pas André Tourigny personnellement, mais lui et moi avions un ami commun,
qui a eu une grande influence dans
nos vies. Il s'agit du regretté René Perron, un passionné de hockey, qui fut
mentor d'André et de nombreux autres
entraîneurs. Je suis persuadé que René Perron se joindrait aujourd'hui à moi pour exprimer notre immense fierté à l'endroit d'André
Tourigny.
C'est donc
avec cette même fierté que je salue les succès d'André Tourigny au nom de mes
concitoyens et concitoyennes de Nicolet-Bécancour. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député. Et maintenant, pour clore cette rubrique de déclarations de députés, je cède la
parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner le 40e anniversaire de l'Orchestre
métropolitain
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Aujourd'hui, j'ai le grand honneur de souligner le 40e anniversaire de
l'Orchestre métropolitain de Montréal.
Faisant
partie intégrante du milieu culturel québécois,
l'orchestre a su, à travers les années, tisser un lien unique avec le public
tout en faisant rayonner la musique classique. Sous la direction artistique de
Yannick Nézet-Séguin, l'Orchestre
métropolitain de Montréal fait vibrer non seulement la Maison symphonique de
Montréal, mais aussi le Quartier des spectacles
et la ville dans son ensemble. Avec une programmation unique et diversifiée,
l'orchestre réussit à partager sa passion pour la musique symphonique
avec les Québécoises et les Québécois de tous les âges et de tous les milieux.
Je tiens, par ailleurs, à saluer son engagement
social remarquable et ses différentes initiatives dans le milieu éducatif, qui
sont tout à son honneur. Je suis fière de pouvoir compter l'Orchestre
métropolitain de Montréal dans mon magnifique comté de Westmount—Saint-Louis.
Joyeux 40e anniversaire et longue vie à
l'Orchestre métropolitain de Montréal!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis. Alors, ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 53)
(Reprise à 14 h 2)
Le Président : Mmes et MM.
les députés, bon mardi, bon début de semaine.
C'est avec
tristesse que nous avons appris le décès de M. Pierre Reid, député
d'Orford de 2003 à 2018. Nous allons nous recueillir quelques instants
en ayant une pensée particulière pour sa famille et ses proches.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Dépôt de la lettre de démission de la députée de
Marie-Victorin, Mme Catherine Fournier
Avant de
poursuivre les affaires courantes, je dépose la lettre que j'ai reçue de
Mme Catherine Fournier, dans laquelle elle m'informe de sa démission à titre de députée de Marie-Victorin. Cette démission prenait effet le 13 novembre dernier.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, bonjour, M. le Président. Je vous
demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 9
Le
Président : Et, à l'article a
du feuilleton, M. le ministre de l'Éducation présente le projet de loi n° 9, Loi
sur le protecteur national de l'élève. M. le ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci
bien, M. le Président. Donc, je présente le projet de loi n° 9, Loi sur le
protecteur national de l'élève.
Ce
projet de loi propose de remplacer le processus de traitement des plaintes
existant pour les centres de services scolaires.
Pour
ce faire, le projet de loi prévoit la nomination, par le gouvernement, d'un
protecteur national de l'élève ainsi que
la nomination, par le ministre de l'Éducation, de protecteurs régionaux de l'élève.
Il établit que ceux-ci ont pour fonction de veiller au respect des droits des élèves qui fréquentent un
établissement d'un centre de services scolaire ou un établissement d'enseignement privé ainsi que les droits des
enfants qui reçoivent l'enseignement à la maison et de leurs parents à l'égard
des services qu'ils reçoivent d'un tel centre ou d'un tel établissement.
Le
projet de loi prévoit plus particulièrement que le protecteur national de
l'élève est responsable de l'application adéquate et optimale des dispositions relatives à la procédure de
traitement des plaintes. À cette fin, il précise que le protecteur
national doit notamment :
1° s'assurer que les
protecteurs régionaux de l'élève desservent l'ensemble du territoire du Québec;
2° assurer la
promotion de son rôle et celui des protecteurs régionaux de l'élève;
3°
diffuser l'information sur les droits des élèves et des enfants qui reçoivent
un enseignement à la maison ainsi que des parents de ceux-ci;
4° coordonner,
répartir et surveiller le travail des protecteurs régionaux de l'élève et
favoriser leur concertation;
5° donner son avis au
ministre de l'Éducation sur toute question que celui-ci lui soumet.
Le
projet de loi édicte une procédure de traitement des plaintes par les centres
de services scolaires et les établissements d'enseignement privés. Il établit notamment que, suivant cette
procédure, l'élève, l'enfant ou leurs parents doivent d'abord s'adresser
à la personne directement concernée par la plainte ou à son supérieur immédiat.
Si ces personnes sont insatisfaites du
traitement de leur plainte, elles peuvent s'adresser au responsable
du traitement des plaintes, qui est désigné parmi les membres du personnel d'un
tel centre de services scolaire ou d'un tel établissement d'enseignement privé.
Le
projet de loi prévoit que le protecteur régional de l'élève examine ensuite,
sous réserve de certaines exceptions, la plainte lorsque l'élève, l'enfant ou
leurs parents sont insatisfaits du traitement
de celle-ci. Au terme de cet examen, le protecteur régional de l'élève
peut formuler des conclusions et des recommandations à l'endroit du centre de
services scolaire ou de l'établissement d'enseignement privé.
Le projet de loi
prévoit aussi que le protecteur national de l'élève examine les plaintes
lorsque les protecteurs régionaux jugent
opportun de formuler des recommandations. À cette fin, le projet de loi confère
aux protecteurs régionaux de l'élève, de même qu'au protecteur national
de l'élève, des pouvoirs d'enquête et des immunités.
Le projet de loi
prévoit par ailleurs que les protecteurs régionaux de l'élève donnent leur avis
sur toute question que leur soumet le conseil d'administration d'un centre de
services scolaire, un comité de parents, un comité des élèves ou un
établissement d'enseignement privé.
Le
projet de loi accorde une protection contre les représailles aux personnes qui
se prévalent de la procédure de traitement
des plaintes ou qui collaborent avec le responsable du traitement des plaintes
ou avec le protecteur régional de l'élève.
En
matière de lutte contre l'intimidation et la violence, le projet de loi
remplace les notions de signalement et de plainte par celle de dénonciation et permet à une personne qui est
insatisfaite du traitement d'une dénonciation concernant un acte d'intimidation ou de violence de
s'adresser au responsable du traitement des plaintes puis au protecteur
régional de l'élève.
Le projet de loi
prévoit que le protecteur national de l'élève et les protecteurs régionaux
doivent, annuellement, soumettre un rapport de leurs activités. Il énonce que
le rapport du protecteur national de l'élève peut contenir toute recommandation à portée collective qu'il juge
utile à l'égard des services rendus par les centres de services scolaires ou
les établissements d'enseignement privés. Il prévoit que ce rapport est déposé
par le ministre à l'Assemblée nationale.
Enfin,
le projet de loi comporte des modifications de concordance et prévoit les
dispositions transitoires et finales. Merci.
Mise aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur la
présentation de ce projet de loi, suivi des députés indépendants. M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le
Président : Je vous remercie. En conséquence, cette motion est
adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Merci, M. le Président. Vous me permettrez
d'indiquer au leader du gouvernement qu'on souhaite une tenue de
consultations particulières sur ce projet de loi.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : C'est bien
noté, M. le Président.
Dépôt de documents
Le
Président : Nous en
sommes à la rubrique Dépôt de
documents. Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Rapport annuel de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie
Mme McCann :
Oui, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021 de
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président : Ce document est déposé. Mme la ministre responsable des Relations
canadiennes et de la Francophonie canadienne.
Rapport annuel du Centre de la francophonie des Amériques
Mme LeBel : Oui, merci, M. le Président. Je dépose le rapport
d'activité 2020-2021 du Centre de la francophonie des Amériques.
Merci, M. le Président.
• (14 h 10) •
Le Président : Merci. Ce
document est déposé. M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Entente entre le
gouvernement et les conseils de bande d'Odanak et de Wôlinak
concernant la pratique d'activités de chasse communautaire à l'orignal à des
fins alimentaires, rituelles ou sociales dans la zec Louise-Gosford
M. Dufour : Oui, M. le Président. Je dépose l'entente
concernant la pratique d'activités de chasse communautaire à l'orignal à
des fins alimentaires, rituelles ou sociales dans la zec Louise-Gosford. Merci,
M. le Président.
Le Président : Et ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au feuilleton et à une
pétition
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président. Je dépose les réponses du gouvernement aux questions inscrites au feuilleton les 20 et 21 octobre par le député
de Rimouski, le 21 octobre par la députée de Fabre, le 11 novembre
par la députée de Taschereau ainsi
qu'à la pétition présentée en Chambre le 26 octobre par la députée de
Labelle. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. Ces
documents sont également déposés.
Rapport spécial du Protecteur du citoyen sur la gestion de
la crise due à la
COVID-19 dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée
Pour ma part,
je dépose le rapport spécial du Protecteur du citoyen intitulé La COVID-19
dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie — Cibler
les causes de la crise, agir, se souvenir.
Rapport annuel du Comité de surveillance des activités
de l'Unité permanente anticorruption
Je dépose aussi le rapport d'activité pour
l'année 2020‑2021 du Comité de surveillance des activités de l'Unité
permanente anticorruption.
Lettre informant du retrait de la
députée de Huntingdon, Mme Claire IsaBelle,
à titre de membre de la Commission de la culture et de l'éducation
Je dépose
également la lettre que m'a adressée M. le whip en chef du gouvernement, dans
laquelle il m'informe que Mme la députée de Huntingdon ne sera plus
membre de la Commission de la culture et de l'éducation. Ce changement survient à la suite de la démission de
Mme Catherine Fournier à titre de députée de Marie-Victorin et, par
conséquent, de son retrait à titre de
membre de ladite commission. Ceci a pour effet de reporter à 13 le nombre de
membres de cette commission.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
J'ai reçu
également préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose le texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
Nous en sommes à la rubrique Dépôt de rapports
de commissions.
Étude détaillée du projet de loi n° 92
Je dépose le
rapport de la Commission des institutions qui, les 2, 3, 4, 9, 10 et
11 novembre 2021, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi
n° 92, Loi visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et de violence
conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières. La commission
a adopté le texte du projet de loi avec des amendements, dont un au
titre.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Dépôt des tableaux relatifs à la répartition des mesures et
des temps de parole
pour la période de questions, les déclarations de députés, les débats
restreints
et les débats sur les affaires inscrites par les députés de l'opposition
En raison des changements survenus à la
composition de l'Assemblée, je dépose, à ce moment-ci, les tableaux qui font
état de la nouvelle répartition des mesures et des temps de parole.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Rapports
des visites d'évaluation de la qualité des milieux de vie dans les
centres d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'ai été profondément troublée par ce
qu'on a appris. La semaine dernière, on apprenait que des rapports sur
les CHSLD dans la première vague avaient été détruits. Ensuite, on nous a dit que les rapports écrits n'avaient pas existé,
puisqu'ils avaient été faits verbalement.
La ministre des Aînés s'est défendue en disant que, finalement, il n'y avait pas vraiment eu de rapports, pour aujourd'hui apprendre que les rapports existaient et que
les rapports avaient été transmis.
Mais il y a
une version qu'on n'a pas encore entendue, M. le Président, c'est celle du premier
ministre. Est-ce que,
oui ou non, il y a eu des rapports sur les CHSLD durant la première vague? Est-ce
qu'il en a la possession?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, je veux être très clair, très, très
clair, aucun rapport n'a été détruit. M. le Président, quand on se rappelle ce qu'on a vécu, le drame
qu'on a vécu, comment quelqu'un comme la cheffe
de l'opposition officielle puisse
même imaginer qu'on ait détruit des rapports? C'est innommable, ce que vient de dire la cheffe de l'opposition officielle.
M. le Président, ce que la sous-ministre aux
Aînés a dit la semaine dernière, Mme Rosebush, et je la cite, c'est qu'il y a
des grilles d'évaluation qui ont été faites, et ces grilles d'évaluation sont disponibles. Donc, M. le
Président, toutes les informations, tous les rapports qu'on a sont
disponibles pour la coroner. Et j'invite la cheffe du Parti libéral à cesser, à cesser de dire que des rapports ont été détruits, parce
que c'est absolument faux.
Le Président : Mme la cheffe
de l'opposition officielle, à vous la parole.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, la semaine dernière, on a clairement dit, les propos ont été tenus, que des rapports
avaient été écrasés. Les propos ont également
été tenus comme quoi il n'y avait finalement pas de rapports, que ça avait été fait verbalement.
Si
les rapports étaient disponibles la semaine dernière, pourquoi ils n'ont pas été soumis à ce moment-là, M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, ce que Mme Rosebush a dit la semaine dernière, c'est qu'il y a
des grilles d'évaluation qui ont été faites pour les milliers de CHSLD qui ont
été inspectés. Il y a eu plus de 11 000 inspections, donc ça veut
dire qu'il y a des CHSLD qui ont été visités beaucoup plus qu'une fois. Et la
façon que ça fonctionnait, c'est que les grilles d'évaluation étaient mises à jour à chaque inspection. Mais, M. le
Président, toutes les grilles sont disponibles, et donc toute l'information que la coroner veut avoir, c'est
disponible, puis on va le rendre disponible. Donc, ce que prétend la cheffe de
l'opposition officielle, c'est complètement faux.
Le Président :
Je vais vous demander peut-être d'être prudents sur les notions...
Des voix :
...
Le
Président : Non, je vais vous demander, encore une fois...
Puis, je comprends, les discussions sont importantes, les questions sont légitimes, importantes
également, les réponses aussi, mais je vais vous demander d'être très, très
prudents sur les notions de fausseté.
Alors, «mensonger», «faux», «camoufler», etc., toutes ces notions-là, aujourd'hui, je vais vous demander d'être prudents. M.
le premier ministre, je vais vous demander d'être prudent aussi dans ces termes
que vous employez. J'en appelle à votre collaboration, bien sûr.
Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, vous avez entendu le premier ministre, il a dit : On va rendre les rapports disponibles. Mais, la
semaine dernière, ce n'était pas ça,
la version des faits. La semaine
dernière, c'est qu'on nous disait qu'il y avait des rapports qui avaient été faits verbalement. La semaine dernière, ce qu'on nous disait, c'est qu'il
y avait des rapports qui avaient été
écrasés. Aujourd'hui, on change la version parce qu'il y a des articles qui sont sortis et qui montrent qu'il y a
des informations qui n'étaient pas disponibles. C'est ça, la vérité, M. le
Président.
Le
Président : ...d'être
prudents aussi. M. le premier
ministre... Encore une fois, soyez prudents sur les termes. On comprend tous l'essence même
des questions et des réponses qui sont données. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, je comprends que le Parti libéral est désespéré, là, mais il y a des limites, il y a des
limites...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Legault : ...il y a des limites à ce qu'on peut dire. M. le
Président, je cite la sous-ministre aux Aînés, Mme Rosebush, la semaine dernière : «Les grilles
d'évaluation sont disponibles.» Elles sont disponibles. Et jamais quelqu'un,
au niveau politique, ne va empêcher de les
donner à la coroner. Donc, elles sont disponibles, et, si elles n'ont pas
encore été données, elles seront données.
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Mais, soyons bien clairs, c'est faux, ce que dit la cheffe...
Le Président :
Je vais vous demander, encore une fois...
Des voix :
...
Le
Président : Non, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vais vous
demander... M. le premier ministre, je vais vous demander de retirer ce
propos-là.
Des voix :
...
Le
Président : Non, je vais vous demander... puis ce que vous
connaissez, c'est écrit là, je viens de vous le dire, en plus. Soyons prudents sur les termes
«mensonger», «faux», «fausseté», et le reste, aujourd'hui, là, plus
particulièrement. Je vais vous
demander de retirer ce propos, M. le premier ministre. Je vous demande votre
collaboration et de retirer ce que vous venez de dire.
M. Legault : Bien, ce n'est pas
exact, M. le Président...
Des voix : ...
Le
Président : Je vais vous demander... M. le premier ministre, je
vais vous demander de... Non, mais je vais vous demander de retirer ce terme-là, s'il vous plaît. Je suis intervenu tout
à l'heure. C'est très clair que je vais vous demander de retirer le terme, qui est inscrit au lexique.
C'est simplement votre collaboration, qu'on continue une période de questions
saine. Monsieur...
Une voix : ...
Le
Président : Non, il n'y a pas... Je vous entends. Je vous
demande, sur le terme que vous apportez, de retirer ces propos, c'est la demande que je vous fais. Et je
vous demande de collaborer, à ce chapitre-ci, pour qu'on puisse poursuivre
correctement notre période de questions.
M. le leader
du gouvernement ou M. le premier ministre, votre collaboration pour... M. le
leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Simplement,
bien, que le premier ministre puisse s'exprimer, M. le Président. Il faut faire
attention. Dans le cadre de la discussion
que nous avons aujourd'hui, la cheffe de l'opposition officielle, très
concrètement, informe cette Chambre
de certains propos qui ne sont pas exacts. Il faut faire attention, M. le
Président. Alors, en tolérant le fait que la cheffe de l'opposition informe
cette Chambre de propos qui ne sont pas exacts, ça amène, M. le Président, des réactions autres.
Le
Président : Alors, écoutez, on le sait tous, là, il y a des questions
qui sont posées, c'est le droit de questionner, je
m'excuse, c'est le droit de questionner. Dans le contexte, et d'autant,
d'autant que je vous ai avisés, juste avant, de choisir les termes appropriés,
dans ce contexte-là, je vous redemande, M. le premier ministre, de
retirer le terme que vous avez prononcé.
Mais on va être prudents dans cette période de questions. On perd de
précieuses secondes. M. le premier
ministre, je vous demande de
retirer...
M. Legault : Bien, je vous
demande de m'aider, M. le Président, je vous demande de m'aider. La cheffe de
l'opposition officielle dit que j'ai détruit des documents, et ce n'est pas
exact, donc qu'est-ce que je dois dire?
Des voix : ...
Le
Président : Là,
monsieur... Écoutez, je ne veux pas faire un débat sur les propos,
mais j'ai entendu, aussi, je n'ai pas entendu ce que l'on prétend, je m'excuse,
je n'ai pas la lecture que vous... dans les mots qui ont été prononcés. Mais, dans nos termes, c'est très précis, vous le
savez, vous le savez tous, et je m'adresse à tout le monde, dans ce
contexte-là, elle n'a pas imputé de motifs non plus, mais ce terme-là...
Des voix : ...
Le
Président : Non, mais
ce terme-là... M. le premier ministre, ce terme-là, il est proscrit, il est écrit, je
vais vous demander de le retirer. Et là on perd de précieuses,
précieuses secondes.
M. Legault : M. le Président,
moi, je vais le retirer.
Le
Président : Le terme
est retiré. Et là, maintenant, je vais vous demander votre sincère collaboration
pour qu'on puisse continuer, sur des enjeux importants, mais de bonne
façon. Il y a moyen de poser des questions, d'avoir des réponses et que ça se fasse
dans les règles que vous connaissez toutes et tous. Mme la cheffe de
l'opposition officielle.
Mme Anglade : Ça fait mal, M.
le premier ministre, quand on est...
Des voix : ...
Le Président : ...rendus à question
de la cheffe de l'opposition officielle.
M. Jolin-Barrette : ...le député de Laval-des-Rapides invective
encore directement le premier
ministre dans cette Chambre, ce n'est pas acceptable. L'opposition officielle décide de crier d'un bord à l'autre de la Chambre,
on n'accepte...
Des
voix : ...
• (14 h 20) •
Le Président :
Écoutez, écoutez, écoutez, ce n'est pas la première fois non plus aujourd'hui...
C'est dommage qu'on perde du temps comme ça,
là. Ce n'est pas la première fois aujourd'hui que je vous demande de ne pas
vous invectiver, de ne pas vous
adresser la parole. Vous devez vous adresser à la présidence, tous les députés
et toutes les députées le savent. Alors,
je vais vous demander... je n'ai pas entendu, mais soyez collaborateurs puis
n'en rajoutons pas. On est à la question de la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Je comprends, M. le Président, que les contradictions du premier ministre le
piquent au vif, mais c'est à lui de répondre aux questions. Je vais citer ce
qui a été dit la semaine dernière : «Il n'y avait pas de rapports qui
aient été produits concernant les visites de vigie, les observations étaient
faites verbalement.» C'est ça qui a été dit.
La
question que j'ai posée, c'est : Comment se fait-il que ces rapports
n'aient pas été déposés la semaine dernière quand la Protectrice du
citoyen nous apprend, elle, qu'elle a eu accès à tous les rapports?
Le Président :
M. le premier ministre.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je le répète, je suis très clair, il y avait des grilles
d'évaluation, les grilles d'évaluation sont disponibles. Il n'est pas
question de détruire des documents, jamais il n'y a eu des documents de
détruits.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Fabre.
Rapports sur les inspections menées dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, semaine dernière, devant la coroner, Mme Rosebush, sous-ministre adjointe à la Direction
des aînés, révèle que Québec n'avait conservé aucune trace des inspections
menées dans les CHSLD durant la première
vague. Elle dit, et je la cite :
«Les inspecteurs consignaient des informations dans un fichier qui écrasait — écrasait — les constats
notés lors des visites précédentes.» Ça, c'est elle qui l'a dit. Vous savez,
quand on entre sur un ordinateur une info qui écrase l'info précédente,
il ne reste plus rien, ça s'appelle détruire des documents.
M.
le Président, plus de 6 000 familles, 6 000 familles ont perdu un
proche dans l'horreur de la première vague. Ces familles veulent savoir
où sont les rapports écrits des inspecteurs.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, là, je pense que notre premier ministre a
répondu clairement que tous les
rapports qui ont été faits selon les inspections vont être rendus disponibles
au commissaire. Et, moi, ce que j'aimerais peut-être répéter à l'opposition, M. le Président, je comprends que tout
le monde, incluant l'opposition, mais particulièrement ce gouvernement, qui a été transparent depuis le
début de cette crise-là, on a vécu une crise, M. le Président, qui est
sans précédent. On a tous hâte de
pouvoir mettre ça derrière nous. Mais ce que j'aimerais, cependant, l'opposition,
M. le Président, c'est une demande
très formelle que je vous fais, c'est que l'opposition... pendant que la
coroner Kamel fait son enquête, qu'on
la laisse finaliser son enquête. On ne peut pas commencer, M. le Président,
comme on devrait le faire... puis je pense que les membres de l'opposition le sachent, commencer à questionner le
rapport ou le témoignage d'un témoin en particulier tant que la coroner n'a pas fini son travail.
Laissons-la faire son travail, M. le Président. Et, quand le travail... elle
nous dira qu'elle a entendu tous les
témoins qu'elle veut entendre, on pourra commenter sur ses recommandations.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Mme Rosebush dit : «Des grilles
d'observation étaient aussi remplies de façon manuelle. Pour le reste, les
observations liées aux visites de vigie étaient faites verbalement.» C'est
comme si un laboratoire transmet verbalement
à un médecin les résultats des tests d'un patient sans lui envoyer la copie
papier. C'est comme si un policier transmet verbalement à un juge le
résultat de son enquête sans jamais déposer son rapport écrit.
M. le Président, si les rapports
existent, pourquoi ils n'ont jamais été remis à la coroner? Pourquoi ils n'ont
jamais été jusqu'en haut, jusqu'à la ministre responsable des Aînés,
responsable des CHSLD?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, si la députée veut continuer sur cette ligne-là, je
vais répéter ce que je viens de dire.
On a, en ce moment, trois enquêtes qui se font sur la première vague : il
y a l'enquête de Mme Kamel, qui, je pense, fait un travail extraordinaire, il y a, en plus, le Commissaire à la
santé à qui on a demandé un travail, et il y a la Protectrice du citoyen
qui a fait un travail, elle aussi, dont elle a déposé les recommandations. Je
pense que d'aller prendre un témoignage
parmi tout ce qu'on entend présentement, à un moment donné, où justement la
coroner Kamel a dit : Je n'ai pas fini mon travail, j'ai entendu
des témoignages, je voudrais revenir avec d'autres témoins...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
Laissons-la travailler, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Mme Rosebush dit : Aucun rapport sur le sujet n'a été
produit. Maintenant, on sait que non seulement existent les formulaires d'évaluation, mais que les données qui s'y
retrouvaient ont disparu. C'est ce qu'on a appris ce matin.
Vous
savez, au Québec, on nous demande de garder nos rapports d'impôt dans nos
sous-sols pendant six ans. On a vécu la pire crise humanitaire pour les
aînés du Québec et on ne garde même pas l'information de la journée.
Les inspecteurs
rendent publics leurs rapports d'inspection depuis toujours. Qui a dit :
On arrête de publier les rapports d'inspection? Qui a dit : On arrête tout
ça?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, je vais continuer de dire la même chose, M. le Président. Soyons très
clairs. Moi, je pense que de
s'insérer, de s'immiscer dans le travail que fait la coroner Kamel, en ce
moment, n'est pas approprié. Ce n'est pas, en ce moment, le temps de faire ce questionnement-là sur un bout ou une
portion d'un témoignage qui, pour la coroner Kamel, est important. C'est à elle d'avoir les témoins
dont elle a besoin, de finaliser son enquête. Et, quand on aura une vue globale
de ce qui s'est passé, grâce à son travail
très professionnel, on pourra répondre aux questions. Pour le moment,
laissons-la travailler, M. le Président. Merci.
Le Président :
Question principale, M. le député de Marquette.
Directives transmises aux
centres d'hébergement et de soins de longue
durée pour la gestion de la pandémie de COVID-19
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, le 10 avril 2020 au soir, je vais rester marqué toute
ma vie, la P.D.G. du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal qui
m'appelle pour m'annoncer la mort de 31 résidents dans les deux dernières
semaines dans le CHSLD Herron. Quand j'ai
entendu le témoignage de l'ancienne ministre de la Santé, jeudi dernier, je
suis tombé en bas de ma chaise. Elle n'était pas au courant que nos
aînés dans les CHSLD ne recevaient pas les soins de base. Voyons donc, M. le Président! La famille appelait
les journalistes pour dénoncer des situations inconcevables. J'ai vécu
en servant d'intermédiaire entre les familles, laissées elles-mêmes dans le
néant le plus total, et les policiers sur place à Dorval. Mais la ministre,
elle, elle n'a rien vu.
La
semaine dernière, l'ancienne ministre de la Santé a dit qu'elle avait demandé
aux CHSLD de préparer un plan de gestion de crise en janvier 2020, soit avant
le début de la crise. Pourtant, rien dans les procès-verbaux ne vient confirmer
l'existence d'une telle directive. Vous savez quand on en a parlé pour la
première fois, M. le Président? À la fin février.
M.
le Président, cette directive administrative a dû être transmise par écrit aux
CHSLD. Est-ce que l'ancienne ministre de la Santé peut déposer
aujourd'hui cette directive?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le
Président, je pense
que la... Je peux comprendre l'opposition, là, de vouloir, peut-être, se servir des témoignages qui ont été entendus dans les
derniers jours, je peux comprendre,
mais en même temps j'apprécierais que toute
la question de travail professionnel qui
est en train d'être fait par la coroner... Je pense que tout le monde respecte le besoin qu'elle
puisse faire son travail correctement. Tout ce qui pourrait être dit autrement,
pour moi, ne permet pas de respecter
le travail qu'elle fait présentement. Elle nous a dit, elle l'a dit
publiquement, qu'elle n'hésiterait pas, après avoir entendu les témoignages... si, au besoin, elle
avait besoin d'avoir des P.D.G. qui reviendraient, s'il y avait des enquêteurs
ou des inspecteurs qui devaient revenir, qu'elle le ferait.
Pourquoi, M. le Président, on ne la laisse pas
faire son travail? Je pense que c'est ça qu'on a fait. Je le répète, M. le
Président, on a été transparents, on a tout fourni l'information qui était
nécessaire, on a accepté le principe de trois
enquêtes : enquête du coroner, Commissaire à la santé, Protecteur du citoyen. M. le Président, laissons
les gens faire leur travail, s'il vous plaît. Merci.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone :
Ma question s'adressait à l'ancienne ministre de la Santé, M. le Président.
Comme
plusieurs de mes collègues, j'ai vécu le cafouillage de la gestion des crises
en CHSLD à l'interne. C'était tellement tout croche qu'un soir, en début d'un
quart de travail, c'était moi qui coordonnais mon étage, c'était moi le
plus ancien, après seulement quatre jours.
Si en janvier
sa directive était claire, pourquoi en avril c'était le chaos total? M. le
Président, pourquoi l'ancienne ministre
refuse-t-elle de déposer sa directive? Comment explique-t-elle qu'il n'y a
aucune trace dans les procès-verbaux?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, encore une fois... Puis je comprends très bien le député. Et
je pense aussi qu'on a donné au
coroner, la coroner Kamel, toute la latitude d'enquêter et d'interroger tous
les témoins qu'ils veulent, et, s'il y a des choses...
Des voix : ...
Le Président : ...
M. Dubé :
Alors, écoutez, M. le Président, je vais répéter, parce qu'on va répéter la
question, puis je vais répéter la
réponse : Laissons la coroner faire son travail. Il n'y a rien de pire que
de vouloir s'immiscer dans une enquête qui est en cours. Aujourd'hui, on
aura les commentaires appropriés au rapport de la Protectrice du citoyen, mais,
pour le moment, laissons faire la coroner.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, en tout respect pour la
non-réponse de l'actuel ministre de la Santé, la CAQ aime trouver des coupables, aime le principe
d'imputabilité. Alors, les deux seules personnes qui peuvent répondre,
aujourd'hui, sont le premier ministre et l'ancienne ministre de la
Santé.
Malgré la directive qu'elle aurait émise en
janvier 2020 et dont nous n'avons aucune trace, le réseau n'était clairement pas prêt à faire face à la situation.
Est-ce qu'un suivi a été effectué auprès des CHSLD après l'émission de cette
directive? La question est simple, M. le Président.
Le Président : M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Des voix : ...
• (14 h 30) •
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le Président, je
pense que ce serait trop facile... Puis j'espère que, dans quelques semaines,
dans quelques mois, on pourra prendre du
recul puis dire que, si on avait répondu, aujourd'hui, de façon théorique à un
élément sur une réponse à une
enquête, on aurait même pu changer le cours de cette enquête-là. Laissons donc
faire nos professionnels. Je
pense que de respecter... M. le Président, il y a assez de gens
dans l'opposition, là, qui ont déjà été dans des enquêtes, ils savent qu'est-ce que
c'est. Laissons donc les professionnels faire leur travail correctement. Et,
quand on aura l'ensemble de la situation, on pourra commenter.
Le Président : En terminant.
M. Dubé : C'est ce que nous
allons faire, de notre côté, nous allons la laisser travailler.
Le Président : Question
principale. La parole appartient maintenant au chef du troisième groupe
d'opposition.
Enquête sur la gestion de
la pandémie de coronavirus dans les
centres d'hébergement et de soins de longue durée
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président,
je pense qu'on a besoin d'une mise en contexte. Au printemps 2020, plus de
4 000 aînés du Québec sont décédés
de la COVID-19 dans les CHSLD. C'est le pire bilan au pays, et de loin. Ces
aînés sont morts déshydratés,
sous-alimentés et surtout seuls. C'est une tragédie qui commande évidemment le
plus grand respect, la plus grande transparence, la transparence la plus
totale du gouvernement.
Le
gouvernement, pendant ce temps-là, il tente par tous les moyens de faire
oublier cette tragédie. Dans le discours d'ouverture, pas un mot. La
semaine dernière, des manoeuvres de diversion avec des annonces sur le hockey
et les Nordiques de Québec, une grosse
annonce cet après-midi pour occulter le rapport de la Protectrice du citoyen,
qui s'annonce, selon La Presse
il y a quelques minutes, comme étant dévastateur parce qu'il contredit la
version gouvernementale sur les directives qui auraient été annoncées,
en janvier, aux établissements pour se préparer.
M. le
Président, sur les rapports d'inspection, le premier ministre patine au propre
comme au figuré. La confiance des Québécois s'effrite.
Au nom des
4 000 morts en CHSLD et des familles qui veulent comprendre, est-ce
que le gouvernement peut enfin dire la vérité? Est-ce que le premier
ministre...
Le
Président : Encore une fois, encore une fois, est-ce que...
encore notion de vérité et mensonge, mensonger et faussetés. Est-ce que... Bon, vous connaissez le
lexique. Je vais vous demander encore une fois, à ce chapitre-là, de ne pas
répéter ce terme-là, de ne pas l'utiliser. J'ai été très clair.
M. Arseneau : Est-ce que le
premier ministre peut être franc et prendre la décision qui s'impose...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien, M. le
Président, aujourd'hui, la période de questions, elle est particulière, hein?
Les oppositions utilisent beaucoup de termes, M. le Président, qui ne sont pas
permis et tentent d'imputer des motifs. Alors, je crois que, pour avoir une période de questions qui ne soit pas
litigieuse et pour avoir des réponses à leurs questions, qui, parfois, sont légitimes, M. le Président, il y
aurait lieu de se comporter en fonction de notre règlement. Alors, j'invite les
chefs de partis à faire...
Le
Président : Bon, écoutez, j'ai fait la mise au point à deux ou
trois reprises à date, je pense que vous l'avez toutes et tous bien comprise. Alors, les questions sont
importantes, les questions comme les réponses, vous pouvez les poser,
tout est légitime, mais attention à la façon
dont c'est fait, aux termes qui sont utilisés. Vous connaissez très bien ces
propos qui sont dans le lexique et
qui, malheureusement, depuis le début de la période de questions, sont trop souvent
utilisés à mon goût.
Alors, M. le leader... M. le chef du troisième
groupe d'opposition, il vous reste 10 secondes pour compléter.
M. Arseneau : M. le Président,
est-ce que le premier ministre va prendre ses responsabilités et déclencher une
enquête publique et indépendante sur l'hécatombe des CHSLD?
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on a tous vécu une situation
terrible, lors de la première vague, et on a essayé de faire notre possible
avec les ressources qu'on avait puis la situation qu'on avait. Évidemment, ça a
frappé fort. Rappelons-nous : congé scolaire au plus mauvais
moment, donc des gens qui reviennent au Québec porteurs du virus. Il manquait
déjà d'employés dans les CHSLD, puis on se retrouve qu'il manque
10 000 employés dans les CHSLD. En plus, l'ancien gouvernement a
coupé les postes de responsables dans chaque CHSLD, incluant les responsables
des équipements de protection. Donc, M. le Président, c'est dans ce contexte-là
qu'on a fait notre possible.
Et,
actuellement, on a mis en place une commission d'enquête avec la Commissaire à la santé qui est indépendante,
qui a été appuyée, Mme Castonguay, par
le Parti québécois, par Québec solidaire et par le Parti libéral. Elle a tous
les mêmes pouvoirs qu'une enquête publique. Donc, monsieur...
Des
voix : ...
Le Président :
...
M. Legault :
Oui, M. le Président, on a apporté des grandes modifications, depuis la
première vague. Actuellement, au
Québec, c'est un des endroits au monde où on réussit le mieux à vaincre le
virus. Donc, il n'y a personne qui nie que ça a été dur durant la première vague, mais, au moins, on voit
qu'actuellement le Québec est un des meilleurs endroits pour lutter
contre le virus.
Le
Président : Première complémentaire. Je vous demande de
respecter les droits de parole de chacun. C'est au chef du troisième
groupe d'opposition à avoir la parole.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, les Québécois veulent connaître la vérité, veulent savoir ce
qui s'est passé. Ils veulent que le
gouvernement fasse preuve de transparence, ils veulent que le gouvernement
prenne ses responsabilités. On sait que la cellule de crise était une cellule de communication, de conférences
de presse, de marketing politique. Ce qui est en cause ici, quand on parle du printemps 2020, c'est
la chaîne de commandement. Combien de temps le gouvernement va-t-il refuser
de faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé derrière la caméra,
derrière l'image, M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, la Commissaire à la santé a un mandat large. Elle peut
forcer n'importe qui à venir témoigner. Elle a tous les pouvoirs pour
faire toute la lumière, incluant sur la chaîne de commandement, de moi jusqu'à la personne qui travaille dans chaque CHSLD. Donc, moi, je voudrais que le chef du Parti québécois soit un peu plus concret et clair, là. Quel pouvoir la
commissaire de la santé n'a pas que lui souhaiterait qu'on lui donne?
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard : Merci, M. le Président. M. le
Président, une gouvernance par décret
à outrance, manque de préparation
dans les CHSLD, puis ceux-ci, là, les CHSLD n'étaient vraiment
pas dans les priorités du gouvernement. Nos aînés
sont décédés dans des conditions horribles. L'histoire n'oubliera pas que ça
fait partie du bilan de la Coalition
avenir Québec.
Par
respect, M. le Président, pour les victimes, par respect pour les
familles, pourquoi le premier
ministre s'entête-t-il à
refuser une enquête publique complètement indépendante? Il le doit aux
familles.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, je pense que le premier ministre a très bien
répondu, puis je vais le répéter, il y a en
ce moment trois enquêtes, trois. Et, ces trois enquêtes-là, il y en a une dont
le rapport vient d'être présenté aujourd'hui, j'en ai pris connaissance
rapidement ce matin, parce que je pense qu'on a beaucoup confiance que la Protectrice du citoyen a très bien couvert tous
les angles. C'est quelque chose qui... À prime à bord, il y a déjà plus de la
moitié des recommandations qu'elle fait qui
sont déjà en place, j'en ai déjà pris connaissance. L'autre moitié, il y a
plusieurs des recommandations qui étaient dans le rapport de la deuxième
vague qui sont en cours.
Alors, je pense que,
je répète...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...on a pris très au sérieux ce qui est arrivé dans la première vague. Nous
avons travaillé pour améliorer...
Le Président :
Question principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Enquête sur la gestion de la
pandémie de COVID-19
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Pendant toute la première vague de la pandémie, le
premier ministre s'est présenté
devant les Québécois jour après jour en grandes conférences de presse. Il a
fait le choix de prendre le contrôle et de dire aux Québécois : Il
y a un seul capitaine à bord, et c'est moi. C'était son choix.
Aujourd'hui, le Québec est plongé dans
la noirceur, dans la confusion. Les Québécois ne savent plus qui croire, les
Québécois cherchent la vérité dans cette
confusion totale. Où sont les rapports qui ont été rédigés au coeur de l'enfer
des CHSLD, pendant la première vague?
Il
y a des milliers de victimes et des milliers de familles, surtout, qui
apprennent avec colère que le système les abandonne pour une deuxième fois. L'État québécois avait la
responsabilité de protéger la vie des aînés qui étaient dans les CHSLD,
et l'État québécois a échoué à cette responsabilité fondamentale.
Aujourd'hui, le
premier ministre du Québec a une dette morale envers les familles de ces
victimes et il a la responsabilité de
s'acquitter de cette dette en faisant toute la lumière sur ce qui s'est passé
dans les CHSLD. S'il ne le fait pas, c'est la confiance envers son
gouvernement puis, encore pire, la confiance envers nos institutions qui menace
de s'écrouler.
Est-ce
que le premier ministre du Québec va
enfin faire la seule chose qui s'impose et déclencher une commission d'enquête publique sur ce qui s'est passé au Québec,
dans les CHSLD et ailleurs, pendant la première vague de la pandémie
de COVID-19?
• (14 h 40) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, M.
le Président, le chef parlementaire de Québec solidaire semble me reprocher d'avoir fait un point de presse sept jours sur sept en compagnie
de la ministre de la Santé et du directeur national de la santé publique, chaque
jour, sept jours sur sept, transparence
totale. Et, M. le Président, tous les rapports sont disponibles pour les trois
enquêtes qui sont en cours, enquête de la coroner, enquête de la Protectrice du
citoyen puis enquête de la commissaire indépendante à la santé, qui a
été appuyée par Québec solidaire.
M.
le Président, c'est épouvantable, ce qui est arrivé, puis je n'offrirai jamais
assez toutes nos condoléances pour ce qui s'est passé lors de la première
vague. Mais, M. le Président, on était dans un contexte où on a fait le mieux
qu'il était possible. Il y a des choses qu'on devait corriger qu'on a
corrigées. Je pense que ça ne s'est jamais vu, d'embaucher puis de former
10 000 employés en trois mois. On a pris le taureau par les cornes
puis on a fait notre possible, M. le Président.
Maintenant,
il y a trois enquêtes qui sont en cours, et moi, j'ai confiance aux personnes
qui sont responsables de ces trois enquêtes.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, si les enquêtes actuellement en cours étaient suffisantes, on
n'apprendrait pas des informations
cruciales dans les médias. C'est ça qui se passe. Le premier ministre, il est
isolé. Tout le monde au Québec lui demande une commission d'enquête
publique, tout le monde exige de la transparence, il refuse.
Pourquoi le premier
ministre refuse-t-il une enquête publique? En fait, de quoi est-ce qu'il a
peur?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, j'aimerais bien savoir de quelles informations cruciales parle
le chef parlementaire de Québec
solidaire. Il y a un gros titre de la cheffe du Parti libéral qui dit qu'il y a
des documents qui ont été détruits. C'est complètement faux, M. le
Président, c'est complètement faux.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Encore une fois, les termes, façon
de dire les choses. Vous avez du temps, on continue. Alors, on continue.
M. Legault :
J'aimerais que le chef parlementaire de Québec solidaire, qui aime beaucoup
pelleter les nuages, là, soit pour
une fois très concret, très concret. Quels pouvoirs additionnels il voudrait
donner à la Commissaire à la santé, quels pouvoirs elle n'a pas puis
qu'il voudrait voir lui donner? Soyons concrets pour une fois.
Le Président :
M. le chef du deuxième groupe d'opposition, à vous la parole. Vous êtes le seul
à l'avoir.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît. J'entends des gens. Je vous rappellerai que celui qui a la
parole, c'est le chef du deuxième groupe d'opposition, alors pas personne
d'autre. M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Je demande au premier ministre de faire la lumière sur une situation tragique,
historiquement tragique, dans nos
institutions publiques, il retombe dans ses marottes partisanes à l'égard de
Québec solidaire. C'est son choix. C'est son choix.
Le Président : M. le leader
du gouvernement, question de règlement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, on prête des intentions. Le
gouvernement du Québec, M. le Président, a géré une pandémie qui ne
s'était pas produite, M. le Président, c'est un événement...
Des voix : ...
Le
Président : Il y a des échanges... Il y a des échanges,
actuellement, M. le leader du gouvernement, c'est une notion d'équilibre, nous tentons d'être
équilibrés, de faire en sorte qu'on puisse, d'un côté comme de l'autre, poser
des questions et recevoir des réponses. Poursuiviez, M. le chef du
deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
La Protectrice du citoyen vient de déposer un rapport qui contredit la version
du gouvernement, la version du premier ministre qui dit qu'il y avait
une directive envoyée en janvier dans les CHSLD.
Si on n'a pas
besoin d'enquête publique, qu'il réponde à cette question : Quelle version
est la bonne, celle de la Protectrice du citoyen ou la sienne?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, vous aurez noté que le chef parlementaire de Québec solidaire
est incapable d'une proposition
concrète, d'une question concrète, juste du pelletage de nuages. Toujours la
même chose : des mots, des mots, des mots.
M. le
Président, il y a trois enquêtes, actuellement. Le mandat est complet, puis on
va avoir le portrait complet. Et là
ce que fait le chef de Québec solidaire, c'est d'essayer encore de pelleter des
affaires, là, qu'on a de la misère à voir.
Le Président : Question principale,
M. le leader de l'opposition officielle.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Votre attention, toutes et tous.
Gestion de la pandémie de
coronavirus dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, moi, j'ai entendu mes collègues
la députée de Fabre et le député de Marquette poser des questions très précises au ministre de la
Santé, les mêmes questions que posent les familles des
6 000 Québécois qui sont
décédés en CHSLD, puis je ne peux pas dire que les réponses qu'on a entendues
aujourd'hui offrent un grand éclairage sur ce qui s'est passé.
Que ce soit le cas ou non, M. le Président, que
les rapports aient juste été faits verbalement, que ce soit le cas ou non que ces rapports-là aient été écrasés, que
ce soit le cas ou non qu'ils les ont maintenant retrouvés, ces rapports-là ne
se sont jamais rendus à la ministre de la Santé de l'époque, et elle n'a jamais
demandé pour les avoir. Ces rapports-là, ils servent à dire à la
ministre de la Santé ce qui ne marche pas. Ils auraient dû lui dire qu'au CHSLD
Herron, puis au CHSLD Sainte-Dorothée, et à
plusieurs autres établissements partout en province ça ne fonctionnait pas, les
aînés mouraient par manque de soins, M. le Président. Ces rapports-là,
qu'ils existent ou pas, ils n'ont jamais servi.
La ministre a
avoué, la semaine dernière, qu'elle n'en connaissait pas le contenu, qu'elle ne
savait pas l'étendue de la situation. Pourquoi l'ex-ministre de la Santé
n'a jamais demandé à voir ces rapports-là?
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Ce qui est intéressant,
M. le Président, aujourd'hui, puis je pense que tous les Québécois vont le comprendre, je vais être très clair, si
l'opposition essaie de refaire l'histoire d'une crise qui était sans précédent,
qui a affecté tout le monde de façon
impromptue, qu'on ne voyait pas les impacts qu'il y avait dans tout ce qu'on
vivait tous les jours, je pense que l'opposition devrait prendre un peu
de recul et, ce que j'ai expliqué tout à l'heure, de laisser la coroner Kamel faire son enquête,
d'écouter les témoignages comme elle le fait très bien depuis le début de son
enquête, et, quand toutes les
enquêtes auront été faites, tous les témoignages auront été donnés, elle pourra
faire ses conclusions, mais essayer de mettre des témoignages ensemble,
en ce moment, par l'opposition, je m'excuse, mais ce n'est pas leur rôle.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : Depuis tantôt, le ministre de la Santé nous dit : Attendez la
conclusion des enquêtes. Bien, il y en a une, enquête, qui est terminée, c'est celle de la Protectrice du citoyen. La
ministre de la Santé nous a dit très clairement qu'en janvier elle avait donné une directive de préparer
les CHSLD. La Protectrice du citoyen, dans son rapport terminé, elle nous
dit que ça n'a jamais été le cas, qu'il n'y en a pas eu, de telle directive.
Alors,
est-ce qu'aujourd'hui l'ex-ministre de la Santé, le premier ministre, quelqu'un
du côté du gouvernement peut déposer une preuve quelconque qu'il y a eu
une directive pour préparer les CHSLD?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, j'ai expliqué tout à l'heure que j'ai pris connaissance
rapidement, aujourd'hui, du rapport qui a été déposé ce matin et qui va
être déposé officiellement plus tard aujourd'hui. Ce qui est encourageant, M. le Président, puis je l'ai expliqué, il y a
déjà plus de la moitié des 35 recommandations de la Protectrice du citoyen
qui sont déjà en place. On a déjà
agi, on a agi à la deuxième vague. Les gens le voient, comment la situation a
changé, dans les CHSLD, depuis la première vague.
Alors,
moi, M. le Président, je pense que les Québécois sont très conscients de
comment on a été frappés sévèrement à
la première vague, mais ils sont aussi très conscients que la situation s'est
énormément améliorée. Puis c'est notre travail de le faire, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : M. le Président, ça ne marche simplement pas. À chaque fois qu'il y a
un nouvel article, à chaque fois qu'il y a un nouveau témoignage, à
chaque fois qu'il y a un nouveau rapport, le gouvernement change son histoire.
Est-ce qu'ils peuvent
déposer une seule preuve de l'affirmation de la ministre de la Santé, une seule
preuve écrite qui dit qu'il y a eu une directive?
Puis est-ce qu'ils peuvent le faire aujourd'hui? Parce que, la dernière fois
qu'ils ont accepté plus tard de déposer quelque chose, ça a pris des
mois pour avoir les avis de la Santé publique, après que le gouvernement les a réécrits, les a bricolés, M. le
Président. Est-ce qu'on peut avoir une preuve aujourd'hui que la directive...
Des voix :
...
Le
Président : Je vais vous demander... M. le leader du
gouvernement, non, effectivement... M. le leader, question de règlement.
Je vous laisse aller, mais ça va aller très rapidement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, «bricoler», je crois que c'est prêter des intentions et je ne crois
pas que c'est permis. Alors, je crois que le leader de l'opposition
officielle devrait retirer ses propos, parce que...
Le Président :
Écoutez, vous le savez, le terme n'est pas dans le lexique mais laisse
entendre, effectivement...
Une voix :
...
Le Président :
Pardon, M. le leader?
Une voix :
...
Le Président :
Les propos sont retirés. La réponse de M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Écoutez, M. le
Président, là, je pense qu'il y a une chose sur laquelle on
s'entend, c'est qu'on ne rira pas avec
ce qui est arrivé dans les CHSLD. D'utiliser des propos comme ça, je pense que
c'est... non, mais c'est important de le dire, M. le Président, c'est un manque
de respect envers les Québécois, c'est un manque de respect.
Des voix :
...
Le
Président : Je vais vous demander encore une fois, pour la
ixième fois, de faire attention dans ce que vous dites, sur des propos
qui sont importants.
M. le leader de l'opposition officielle, comme
leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
S'il y a une chose qui démontre le manque de respect, c'est de changer son
histoire au quotidien...
Le Président : Je vais vous
demander de ne pas...
Des voix : ...
Le
Président : Non! Non, là, on ne va pas commencer à jouer à ça.
Je vais vous redemander, de part et d'autre, d'éviter de prêter des intentions. Vous connaissez comment
ça fonctionne aussi. On va poursuivre avec la suite de la réponse du ministre
de la Santé et Services sociaux. M. le ministre, je vous demande aussi votre
collaboration.
M. Dubé :
Ça me fait plaisir, M. le Président. Alors, écoutez, je l'ai dit, là, ce n'est
pas à nous, ni du côté du gouvernement ni du côté de l'opposition, de
s'immiscer dans le travail de la coroner. Je pense que tout le monde est clair,
c'est à elle de faire son travail, c'est à elle de poser des questions.
Si elle croit, M. le Président, qu'elle a besoin d'avoir d'autres témoins, d'avoir d'autres documents, c'est
son travail. Ce n'est pas à nous, M. le Président, de faire ça.
Laissons-les travailler, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le
Président : Question principale. Une seule personne a la parole, on doit tous être attentifs, c'est Mme la députée de Duplessis.
Gestion de la pandémie de
coronavirus dans les
résidences pour personnes âgées
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci,
M. le Président. M. le Président, au début de la pandémie, le gouvernement a pris une décision, c'est d'envoyer des aînés le plus possible dans
les CHSLD, là, il fallait les envoyer là, il fallait vider les hôpitaux.
Pourtant, M. le Président, si les aînés étaient dans les hôpitaux, c'est parce que leur condition le
requérait, hein? Comment on a pu transférer autant d'aînés dans des
CHSLD sans s'assurer qu'on avait le personnel, qu'on avait le matériel, qu'on
était capable de leur donner les soins
qu'ils avaient besoin? Comment on a pu abandonner nos aînés ainsi? C'est comme
si on leur avait dit : Débrouillez-vous par vous-mêmes.
La ministre
de la Santé de l'époque, savez-vous ce qu'elle a répondu? Elle a dit :
Mais c'était la responsabilité des centres
intégrés de santé et services sociaux ou des centres intégrés universitaires de
santé et services sociaux, c'est eux autres
qui devaient s'en occuper. Le premier ministre, on ne le sait pas. La Santé
publique et Dr Arruda, encore bien moins, c'est nébuleux. La
ministre des Aînés n'avait pas de pouvoir.
Qui a pris la responsabilité d'envoyer les...
Le Président : M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux, pour la réponse, s'il vous plaît.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez, M. le
Président...
Des voix : ...
M. Dubé :
Je ne suis pas sûr que c'est drôle, M. le Président. Moi, je dois vous dire,
là, je ne trouve pas que c'est drôle. Puis, si l'opposition, si le Parti
québécois trouve que c'est drôle, c'est leur choix, c'est leur choix, M. le
Président.
Le Président : Écoutez, je
vais vous demander... Non, non!
Une voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Mme la députée de Duplessis, je suis debout. Mme la députée de Duplessis,
je suis debout. Je ne permettrai pas
des échanges ou des répliques, vous le savez. On pose une question,
il y a des réponses. On suit les
règles, et vous les connaissez. Je pense que j'ai été assez clair. M. le leader du gouvernement, je pense que c'est assez clair. Je vous
demande de suivre. C'est un sujet important, aujourd'hui, c'est tendu. Je vous
dirais que c'est à la limite... Ça pourrait
se faire mieux. Je vous demande votre collaboration pour que ce le soit dans les termes appropriés,
la façon de dire et de respecter les questions et les réponses. M. le
ministre.
M. Dubé : Je pense que ce qui est intéressant, aujourd'hui, M. le Président, et on va le dire très
calmement, c'est que c'est important de ne pas essayer de refaire
l'histoire. On a vécu des moments excessivement difficiles, lors de la première vague d'une crise sans précédent, où, comme l'a dit le premier ministre, tout le monde a essayé, avec l'information qui était
disponible, de faire son possible pour sauver le plus de personnes possible. Aujourd'hui, en plein milieu d'une enquête,
d'une des trois enquêtes, il y a un coroner qui fait un travail excellent de
poser les bonnes questions, d'amener des témoins, d'amener des experts, de
produire des documents et de pouvoir, dans un certain temps, conclure. Moi, je
pense que d'essayer, aujourd'hui, de
refaire l'histoire avec des brins de témoignages, ce n'est pas la bonne
approche, ce n'est pas ce qu'on
s'attend d'un bon processus. Le processus que Mme Kamel fait en ce moment,
il est excellent. Laissons-la faire son travail, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard :
M. le Président, je n'ai pas l'intention de refaire l'histoire, mais j'ai
l'intention de continuer à demander à
connaître l'histoire. Le gouvernement avait donné des avis aux CISSS, aux
CIUSSS de s'occuper, là... puis de se
préparer pour la pandémie. Ils ont complètement oublié les aînés puis les
résidences privées, les CHSLD privés. Ils ont été laissés pour compte. C'est
ça, l'histoire. C'est ça, l'histoire qu'ils voudraient qu'on oublie, M. le Président.
Au nom des familles, au nom des victimes, on ne peut pas oublier.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je pense que tout le monde veut comprendre exactement ce qui
s'est passé, et c'est le rôle de la commissaire, c'est le rôle du coroner de le
faire. Lorsqu'on va pouvoir prendre connaissance de ce que la Protectrice du citoyen... Il y a déjà des éléments
qui ont été élaborés, dont on va prendre connaissance. Et, j'ai déjà dit, et je
vais le répéter, il y a déjà plus de la moitié de ses recommandations qui sont
en place.
Alors, tout
le monde veut comprendre ce qui s'est
passé. Laissons donc les gens travailler, faire ce qu'on a commandé à la Protectrice
du citoyen, ce qu'on a commandé à la Commissaire à la santé et au coroner
Kamel. Quand on aura les résultats de ça, je pense qu'on pourra faire
une bonne...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...analyse du passé, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard :
M. le Président, il y a un devoir de responsabilité du gouvernement, ce n'est
pas juste le Parti québécois qui le dit.
Après tout ce cafouillage, de l'improvisation, un manque de prévisibilité, il
faut déclencher une enquête publique et indépendante.
De
quoi le gouvernement a-t-il peur? Pourquoi ils ne veulent pas qu'on ait une
enquête pour faire toute la lumière sur
ces milliers de décès, sur ces aînés qui sont morts dans des conditions
horribles? On n'est pas une société du tiers-monde, M. le Président. De
quoi avez-vous peur?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. On s'adresse toujours à la
présidence.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Bien, c'est ça, je vais vous répondre, M. le Président, parce que c'est là que
je trouve qu'il y a une dichotomie intéressante des gens de l'opposition, dont
la députée ici en ce moment. Savez-vous... Regardez, là, les questions qu'on pose suite à l'enquête du coroner.
Le coroner soulève des questions, fait venir des gens, et ce que je pense,
c'est qu'elle fait son travail. À plus belle
preuve, ça pose des questions. Mais ce n'est pas à nous de répondre en Chambre
aujourd'hui, c'est à elle de faire le travail, c'est à elle de faire son
travail. Je pense qu'on a un système...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Dubé :
On a un système qui est fait comme ça, M. le Président. Si, l'opposition, ça ne
fait pas son affaire, c'est leur choix. Nous, on veut comprendre ce qui
s'est passé. Mais laissons nos gens travailler.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Rapports
sur la situation dans les centres d'hébergement et de soins
de longue durée relativement à la pandémie de COVID-19
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président,
on est en train de terminer une période de questions pour lesquelles on n'a eu
aucune réponse, aucune réponse de la part du gouvernement.
6 000 personnes sont décédées. On a une responsabilité par rapport à ces personnes. On a une responsabilité
par rapport à leurs familles de nommer les choses, de dire ce qui s'est
passé, pas de refaire l'histoire, de comprendre l'histoire, de comprendre ce
qui s'est produit.
Aujourd'hui, le ministre de la Santé essaie de
nous endormir avec des réponses qui ne tiennent pas la route.
Des voix : ...
Le
Président : ...encore prêter des intentions, encore une fois.
Donc, je vais demander, Mme la cheffe de l'opposition officielle, de faire attention. On ne peut pas
prêter des intentions, encore une fois, pour la ixième fois aujourd'hui.
M. le...
M. Jolin-Barrette : ...parce
que, dans un premier temps, manifestement, la cheffe de l'opposition officielle
contrevient au règlement. Durant toute la
période des questions, M. le Président, les oppositions, M. le Président, ont
utilisé des termes inappropriés.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : C'est
sérieux, le sujet...
Le Président : Je vais vous
demander...
Des voix : ...
Le
Président : Écoutez, non, je comprends, vous avez... Vous êtes
sur une question de règlement. Je vais compléter en vous disant qu'aujourd'hui à plusieurs reprises je vous ai demandé
d'être prudents dans les termes à être utilisés, des termes qui sont dans le lexique, qui ont été
utilisés, des termes qui ne sont pas dans le lexique mais qui prêtent également,
pour certains, des intentions. Vous savez
qu'on ne doit pas faire ça. J'ai déjà fait appel, et un rappel, et plusieurs
rappels. Je vais vous demander de compléter, d'être prudents sur cette
finale. Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. Le premier ministre nous demande de parler concrètement, puis moi, j'ai des questions très concrètes pour le premier ministre. Lorsque,
dans un CHSLD, le 15 avril 2020, il
y a des informations qui
rentrent dans le système, mais que l'information du 10 juillet écrase l'information
d'avant, et que l'information du 2 octobre
écrase l'information du 10 juillet, ça, ça veut dire que l'information a disparu, M. le Président. Ça, ça veut dire qu'on a détruit de l'information. Est-ce
que le premier ministre peut le
reconnaître, au nom des 6 000 victimes
qui ont été atteintes par la COVID-19?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
contrairement à ce que vient de dire la cheffe de l'opposition officielle,
lorsqu'un rapport était fait sur un autre
rapport qui était déjà fait, l'information est disponible, du premier rapport,
est disponible. Donc, contrairement à ce que dit la cheffe de
l'opposition officielle, aucun document n'a été détruit.
Et, M. le Président, si j'étais à la place de la
cheffe de l'opposition officielle, je me garderais une petite gêne, parce que son député de La Pinière a avoué qu'il
a aboli le poste de Commissaire à la santé indépendant parce qu'il y a eu
une direction en haut.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Fortin : M. le Président, le premier ministre a utilisé
des termes qui lui appartiennent, mais il a contredit sa sous-ministre
adjointe à la Santé, alors je lui demande de déposer les documents qui prouvent
ce qu'il vient d'affirmer.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président. Écoutez, ce serait trop long de nommer tous les députés libéraux qui
chahutent, qui crient d'un côté à l'autre de
la Chambre, M. le Président, et qui contreviennent, vous-même, aux directives
que vous nous avez données...
Des voix :
...
Le
Président : Bon, écoutez, je vous ai donné des directives. Non,
elles sont très claires. M. le leader du gouvernement, je pense qu'on
est au terme...
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Et ça s'adresse à tout le
monde. M. le premier ministre, complétez votre réponse. Vous avez encore du
temps, si vous avez besoin de ce temps. Je vais vous demander de le
faire de bonne façon, tout le monde, en
écoutant questions et réponses puis en respectant les règles que nous nous
sommes données, parce que c'est ce
qu'on veut, une période de questions qui nous permette aussi d'entendre les
choses et légitimement de poser de bonnes questions et d'avoir de bonnes
réponses. M. le premier ministre.
M. Legault : M. le
Président, on a un commissaire à la santé qui fait une enquête indépendante. Le
député de La Pinière a avoué qu'il a aboli ce poste-là à la demande de la
direction du Parti libéral. C'est ça, le Parti libéral.
• (15 heures) •
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Ceci met fin à la période de questions et de réponses orales.
Des voix : ...
Le Président : Est-ce qu'on
peut avoir votre attention?
Motions
sans préavis
Nous sommes maintenant
à la rubrique des motions sans
préavis. Et, à cette étape-ci, la
parole appartient à M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Demander aux membres du
gouvernement et de l'administration
publique de participer pleinement aux enquêtes sur
la gestion de la pandémie de COVID-19
M. Arseneau : M. le Président, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de LaFontaine, le député
de Rosemont, le député de
Bonaventure, le député
de Rimouski, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale affirme que la transparence et la recherche de
vérité sont essentielles pour maintenir la confiance de la population
envers nos institutions;
«Qu'elle rappelle
que le code d'éthique et de déontologie de ses membres prévoit que leur
conduite doit être empreinte, notamment, de droiture, d'honnêteté, de sincérité et de
justice, de même qu'ils doivent agir
avec rigueur et participer à la recherche de la vérité;
«Qu'elle souligne que la Loi sur la fonction
publique exige des membres de l'administration publique et des fonctionnaires qu'ils exercent leurs fonctions
dans l'intérêt public, au mieux de leur compétence, avec honnêteté et
impartialité, et mentionne qu'ils sont tenus de traiter le public avec
égards et diligence;
«Par
conséquent, qu'elle demande aux membres du gouvernement et [à] l'administration
publique de faire preuve d'un grand sens des responsabilités à l'endroit de la
population du Québec, et de participer pleinement, ainsi qu'en toute
transparence, aux différentes enquêtes en cours ou à venir sur la gestion de la
pandémie de COVID-19.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Consentement,
sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Et je vous demande vos
votes respectifs sur cette motion, suivi des députés indépendants.
D'abord, M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin : Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
Féliciter
les lauréats des Prix du Québec
M.
Fitzgibbon : M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Nelligan, la députée de Mercier, le
député de Matane-Matapédia, le député de Bonaventure et le député de
Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale félicite les 16 lauréates et lauréats des Prix du
Québec 2021, lesquels sont des personnes au parcours professionnel
exceptionnel, d'une créativité admirable, qui font preuve d'innovation et
d'audace dans leurs secteurs d'activité respectifs;
«Qu'elle
rappelle que les Prix du Québec constituent la plus haute distinction remise
chaque année par le gouvernement du
Québec pour souligner la contribution remarquable des personnes dans les
domaines de la culture et de la
science;
«Qu'elle
souligne également que l'édition 2021 a été marquée par la création du prix Denise-Filiatrault, du nom de cette grande dame et icône de la culture québécoise,
afin de récompenser l'excellence en arts de la scène et de mettre en valeur des gens qui font briller
le Québec dans ce domaine;
«Qu'enfin,
elle reconnaisse que chacune de ces personnes contribue de manière
significative à la construction de notre identité collective, à
l'évolution de notre belle société et au rayonnement du talent et du savoir
québécois.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Président :
Je vous demande vos votes respectifs. D'abord M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. La parole à Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Jean-Lesage, la députée de Duplessis, le député de
Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que les deux tiers des personnes décédées pendant la
première vague de la pandémie étaient en CHSLD;
«Qu'elle
rappelle que le 10 février 2021, la ministre responsable des Aînés a
affirmé lors de la période de questions que 12 300 visites
avaient été effectuées dans les établissements depuis le début de la pandémie;
«Qu'elle
dénonce que lors du témoignage devant la coroner de la sous-ministre adjointe à
la Direction générale des aînés et des proches aidants,
Mme Natalie Rosebush a affirmé que le ministère de la Santé n'avait
conservé aucune trace des inspections menées dans les CHSLD et les résidences
pour aînés durant la première vague de la pandémie;
«Qu'elle
condamne que différentes versions des faits ont été mentionnées dont notamment
que les rapports étaient écrasés, fait verbalement ou même qu'aucun rapport n'a
été produit alors que le Québec traversait une crise sans précédent dans
les CHSLD;
«Qu'elle
dénonce que la confirmation de l'existence physique des rapports soit venue par
les médias plutôt que par le gouvernement;
«Qu'enfin,
elle exige du gouvernement de déposer d'ici le 25 novembre l'ensemble des 12 300 rapports produits par les inspecteurs ou les intervenants du réseau de la santé faisant état de la situation
ou d'observations dans les CHSLD pendant la première vague de la
pandémie.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre... Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour
débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé,
le député de Matane-Matapédia, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses dispositions législatives
principalement aux fins d'allègement du
fardeau administratif, ouvre la porte
à une plus grande permissivité au regard du morcellement des terres agricoles sans offrir de garanties assez solides
pour s'assurer que la vocation agricole de notre territoire soit
préservée;
«Qu'elle reconnaisse
les vives inquiétudes soulevées par plusieurs acteurs du milieu agricole par
rapport aux changements annoncés;
«Qu'elle
reconnaisse que la protection du territoire agricole est un enjeu trop
important pour que ces modifications soient faites par l'entremise d'un
projet de loi omnibus sur l'allègement administratif;
«Qu'elle
souligne que la Commission de
l'économie et du travail n'est pas
l'instance appropriée pour décider de l'avenir du garde-manger des Québécois
et des Québécoises;
«Qu'elle
souligne l'importance de renforcer la protection de notre territoire agricole
en procédant par le biais d'une vraie réforme et non par des mesures à
la pièce;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de retirer du projet de loi n° 103 les
articles touchant à la loi sur la protection du territoire [agricole] et des
activités agricoles et de les inclure à l'intérieur d'un projet de loi spécifique, afin de consulter l'ensemble des
organisations et des groupes concernés par la pérennité du territoire agricole
au Québec.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement.
Une
motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre
la lecture d'une autre motion sans préavis.
M. Jolin-Barrette :
Consentement.
Le Président :
Consentement. M. le leader du gouvernement.
Entériner le mandat de procéder
à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 2
M. Jolin-Barrette :
Oui, M. le Président :
«Que
l'Assemblée entérine le mandat donné à la Commission des institutions,
dans le cadre de l'étude du projet
de loi n° 2, Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de
filiation et modifiant le Code civil en matière de droits
de la personnalité et d'état civil, de procéder à des consultations
particulières et de tenir des auditions publiques le mardi 30 novembre 2021 de 10 heures à
11 h 55, après les affaires [courantes] jusqu'à 18 h 05 et
de 19 h 30 à 21 h 10, le mercredi 1er décembre 2021 après les affaires courantes
jusqu'à 12 h 15, de 15 heures à 17 h 35 et de
19 h 30 à 22 h 5, le
jeudi 2 décembre 2021, après les affaires courantes vers
11 h 15 jusqu'à 12 h 55, de 15 heures à
17 h 35 et de 19 h 30 à 22 h 05, ainsi que
le vendredi 3 décembre 2021, après les affaires courantes vers
11 h 15 jusqu'à 12 h 55;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les organismes suivants : Association
professionnelle des notaires du Québec, le Conseil du statut de la
femme, la Chambre des notaires [du Québec], Fédération des associations de familles
monoparentales et recomposées du
Québec, Martin Blais, Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la
pluralité des genres de l'UQAM, la
Fédération des parents adoptants du Québec, conjointement avec l'Association de
parents pour l'adoption québécoise, Andréane
Letendre, agricultrice, Line Picard, femme ayant été porteuse gestationnelle à
deux reprises, Janik Bastien-Charlebois,
professeure, Commission des droits de
la personne et des droits de la jeunesse, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale, conjointement avec la Fédération des maisons d'hébergement pour
femmes, Me Louise Langevin, professeure titulaire à la Faculté de droit de
l'Université Laval, le Barreau du Québec, la direction nationale de la protection de la jeunesse, Florence Ashley, juriste,
bioéthicienne transféminine, Mouvement Retrouvailles, conjointement avec le groupe Les oubliés (es) de
la loi 113, l'association des
avocats en droit familial, Me Sylvie Schirm, Isabel Côté, Chaire de
recherche du Canada sur la procréation pour autrui et les liens familiaux,
conjointement avec Kévin Lavoie, professeur
adjoint, École de travail social et de criminologie de l'Université Laval,
Dominique Goubau, professeur titulaire
à la Faculté de droit de l'Université Laval, la coalition des familles LGBTQ — Mona Greenbaum — conjointement avec le conseil québécois LGBTQ — Ariane Marchand-Labelle — TransEstrie, conjointement avec Action Santé
Travesti-e-s et Transsexuel-le-s — ASTTEQ — l'Aide aux trans Québec, Annie Pullen
Sansfaçon, professeure titulaire à l'École de travail social de
l'Université de Montréal;
• (15 h 10) •
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 5 minutes 34 secondes pour le
groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 43 secondes pour l'opposition officielle,
56 secondes au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième
groupe d'opposition et finalement 51 secondes au député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
16 minutes 15 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes 50 secondes
pour l'opposition officielle, 2 minutes 43 secondes pour le
deuxième groupe d'opposition,
2 minutes 43 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
2 minutes 30 secondes pour le député indépendant;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Qu'une suspension de 10 minutes soit
prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le ministre de la Justice soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Consentement,
sans débat.
Mise aux voix
Le Président : Consentement.
Je vous demande vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous en sommes aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, j'avise cette Assemblée que
la Commission de la culture et de
l'éducation entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle du Conseil législatif;
La Commission des transports et de
l'environnement poursuivra les consultations particulières sur le projet de loi
n° 102, Loi visant principalement à renforcer l'application des lois en
matière d'environnement et de sécurité des barrages,
à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en oeuvre
certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030
concernant les véhicules zéro émission, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
1 h 40 min, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des relations avec les citoyens poursuivra les
consultations particulières sur le projet de loi n° 1, Loi modifiant la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance afin d'améliorer l'accessibilité au réseau des
services de garde
éducatifs à l'enfance et de compléter son développement, aujourd'hui, après les affaires courantes pour
une durée de 3 h 30 min, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
finances publiques poursuivra les consultations particulières sur le projet de
loi n° 6, Loi édictant la
Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique et modifiant d'autres
dispositions, aujourd'hui,
après les affaires courantes pour une durée de 45 minutes, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que de
17 h 30 à 19 h 10, à la salle Pauline-Marois. Merci.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Le Président : Nous en
sommes à la rubrique Renseignement sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous
informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
Rosemont. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale constate que l'enquête de la coroner sur la gestion de la pandémie
dans les CHSLD a révélé à ce jour les graves manquements, lacunes et
incohérences du réseau de la santé;
«Qu'elle déplore l'absence de vision d'ensemble de la
situation malgré les nombreuses et fréquentes révélations dévoilées par les
médias;
«Qu'elle affirme que les impacts de la mauvaise gestion de
la pandémie se sont fait sentir dans tous les secteurs de la société;
«Qu'elle reconnaisse
que les Québécoises et les Québécois et plus particulièrement des personnes
aînées et leurs familles ont souffert de l'improvisation et du manque de
professionnalisme du gouvernement;
«Qu'elle souligne
que la population n'a pas eu accès aux avis écrits et documents qui ont été
utilisés par le gouvernement pour prendre les décisions, notamment ceux rédigés
par la Santé publique;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
d'instituer sans délai une enquête publique, en vertu de la Loi sur les
commissions d'enquête, sur la gestion de la pandémie de COVID-19.»
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant maintenant terminée, nous passons aux affaires du jour.
Et je suspends les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 13)
(Reprise à 15 h 21)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Vous pouvez prendre place. Et je
cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui,
Mme la Présidente. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 5 du
feuilleton.
Projet
de loi n° 7
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : À l'article 5 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 7,
Loi visant à faciliter le déroulement des prochaines élections générales
provinciales dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et modifiant la Loi
électorale. Je suis prête à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Merci, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ça me fait
plaisir d'intervenir sur le projet de loi
n° 7. Je dirai que c'est un projet de loi que facilement... ou je dirai
qu'il y a un parallèle à faire entre le projet de loi n° 7 puis le
projet de loi n° 85. Donc, je suis porte-parole en matière d'affaires
municipales et habitation, puis, en matière d'affaires municipales, on a adopté
récemment le projet de loi n° 85, dans le cadre, là, des élections qui se
tenaient le 7 novembre dernier. Donc,
c'est en février, en février que la ministre avait déposé le projet de loi
n° 85. C'était un court projet
de loi. Puis je me permets de faire un parallèle parce que c'est un peu là où
on s'en va avec le projet de loi n° 7. Je dirais même que les
articles dans le projet de loi n° 7, là, puis la ministre le disait aussi
quand on a commencé les consultations, il y
a vraiment... c'est presque du copier-coller sur le projet de loi n° 85.
Donc, je vais vous parler un peu, là, des préoccupations qu'on avait
dans le projet de loi n° 85, qui, évidemment, se colle beaucoup au projet
de loi n° 7.
Le projet de loi
n° 85, c'était un projet de loi avec très peu d'articles, si je me
souviens, là, il y avait sept ou huit
articles, ce n'est vraiment pas beaucoup d'articles. Mais c'était un projet de
loi qui permettait, entre autres, au Directeur général des élections, là, d'intervenir rapidement pour que les
élections municipales du 7 novembre dernier se tiennent dans un contexte... Bien, on le sait, là, on est dans
un contexte de pandémie, alors on voulait mettre en oeuvre des modalités, des
façons de voter pour que les élections aient lieu, mais aussi dans un souci de
rassurer les citoyens, rassurer les citoyens.
Les élections municipales, c'est autour de
1 130, 1 135 municipalités à
travers le Québec.
Et ça, on parle de postes à la
mairie, de poste de conseiller. Puis il
y avait aussi les préfets, hein, Mme la Présidente, les préfets à titre universel, ceux qui ne sont pas élus par leurs pairs, mais ceux qui sont élus par la population.
Donc, il y avait beaucoup,
beaucoup d'élections, le
7 novembre dernier.
Puis, bien sûr, bien, en tant que législateurs,
on était préoccupés, préoccupés par la participation citoyenne. On le sait d'emblée, que la participation citoyenne dans le monde municipal, là, ce n'est jamais
des gros records. Puis là on se disait :
Bien, dans le contexte de pandémie, c'est encore plus préoccupant. Alors, dans le court projet de loi
n° 85, on se disait : Bien,
il faut mettre en place des modalités pour inviter les gens à aller voter ou,
du moins, là, leur faciliter l'accès au
vote, qui, je dirais, Mme la Présidente, est le reflet de la démocratie, hein?
C'est de la démocratie. On va voter, on va élire un maire, élire un
conseiller, élire un préfet.
Puis, bon, je
vais plaider pour le monde municipal, là, même... Puis je le dis souvent, là,
je le sais, que vous allez rire, mais je le dis souvent, le monde municipal,
là, c'est un palier tellement important, là. On leur a d'ailleurs donné
le titre de gouvernements de proximité.
C'est-à-dire que le monde municipal, c'est souvent les premiers qu'on va voir
quand on a une problématique dans notre municipalité. Puis je le sais,
j'ai été mairesse, j'ai été préfète. Donc, je peux vous témoigner à quel point
on est les premiers sollicités.
On va souvent
voir notre élu, notre conseiller, notre conseiller municipal, ou notre maire,
ou notre mairesse avant même d'aller
voir notre député, parce que c'est souvent des enjeux locaux, des enjeux de
territoire. Puis c'est des enjeux, parfois...
je ne veux pas dire banals, parce que, pour les citoyens, s'ils viennent nous
voir, là, il y a un intérêt particulier, mais ça peut être des choses comme un
nid de poule, une chaîne de trottoir qui est mal coupée, l'accès au parc, un
parc à chien. Tu sais, il y a des
demandes comme ça que nos citoyens... puis je le dis de façon très gentille et
très polie, mais les citoyens sont de
plus en plus exigeants aussi envers nos maires, envers nos élus municipaux.
Donc, toute l'importance, là, d'élire,
toute l'importance de participer à l'élection du monde municipal, à l'élection
de nos maires, nos mairesses, nos conseillers, c'est tellement, mais
tellement important.
Moi, j'ai été
quand même assez déçue de voir le taux de participation. Là, je ne l'ai pas
sous les yeux, mais les taux, si je ne me trompe pas, là, si je prends
pour l'ensemble du Québec, là, c'est passé de 44 % à pas loin de
37 %. Puis là j'y vais approximatif,
là, je ne les ai pas... J'y vais de mémoire, là. Donc, c'est assez décevant,
surtout dans le contexte où... Je le
sais, là, qu'il y a la pandémie, là, qui rentre en ligne de compte, mais je
pense qu'on a essayé de faire... en collaboration avec la ministre des Affaires municipales puis nos
collègues, là, des différentes oppositions, on a essayé de faire un projet
de loi pour faciliter l'accès au vote, entre autres pour nos aînés.
Il y a plusieurs modalités qu'on avait mises en place, dans ce projet de loi là, pour nos aînés. On a mis en place, entre autres, le vote par correspondance. Donc, on a donné la possibilité... En fait, le gouvernement avait prévu, au lieu de faire des bureaux
de vote itinérants, qu'on appelle, des BVI, des bureaux de vote itinérants dans
les résidences de personnes âgées ou dans
les CHSLD... Étant donné la pandémie, on ne voulait pas avoir nécessairement de rassemblements, ça fait
que ce qu'on avait prévu... ou ce que le gouvernement avait prévu, c'est
le vote par correspondance dans les CHSLD.
On l'a ouvert, le vote par correspondance, un
peu plus large parce qu'on a entendu, là, la demande sur le terrain, puis il
y avait des gens qui nous disaient :
Bien, moi, je ne reste pas dans une résidence pour personnes âgées, je ne reste
pas dans un CHSLD, mais j'ai 70 ans,
puis ça ne me tente pas de sortir, d'aller voter. Puis là, c'est sûr, je fais
référence aux aînés, là, mais, peu importe l'âge, là, il y avait quand
même des personnes qui se sentaient... tu sais, qui ne sont pas à l'aise de sortir, là. On parle quand même
d'une pandémie mondiale. Ça fait
qu'ils ne se sentaient pas à l'aise de sortir, ce pour quoi on a mis ces
modalités-là en place, et c'est d'ailleurs un amendement que j'ai déposé, pour
permettre aux personnes de 70 ans et plus de voter par correspondance.
Il y avait
évidemment, là, des petites étapes prérequises, entre autres il fallait que ça
vienne de la municipalité. Donc, la
municipalité devait déposer une résolution avant le 1er juillet, donc
devait faire une résolution à son conseil municipal avant le 1er juillet et l'envoyer à la
ministre des Affaires municipales. Et, à partir de ce moment-là, bien, la
municipalité, là, pouvait mettre en place une liste des 70 ans et
plus qui étaient éligibles à voter par correspondance.
Pas supercompliqué,
là, il faut le dire, là. C'est sûr que les plus petites municipalités ont moins
d'effectifs, ont moins de personnel,
mais pas supercompliqué parce que ça se fait déjà. Ça se fait déjà, il y a des
gens qui partaient à l'extérieur, qui partent... je vais dire les fameux
snowbirds, hein, puis il y a des gens qui partaient déjà à l'extérieur, ça fait
que les municipalités sont quand même
habituées de le faire. Bon, là, c'était peut-être sur un volume un peu plus
concentré, mais, bon, les municipalités étaient capables de mettre ça en
place.
• (15 h 30) •
Les élections municipales ont eu lieu le
7 novembre dernier. Puis, bien, moi, je suis curieuse, je suis curieuse de savoir... à part le taux de participation, là,
qui est un peu décevant, mais je suis curieuse de savoir si ça a fonctionné ou
pas, entre autres, le vote par correspondance. Il y a combien de
municipalités, au Québec, qui ont envoyé une résolution pour participer, pour que leurs citoyens 70 ans et plus puissent
participer au vote par correspondance? On ne les a pas. On ne les a pas,
ces données-là. Bien sûr, le Directeur général des élections les a, ou, du
moins, ça va être compilé et c'est à venir,
là. Mais, bien sûr, je pense que c'est un prérequis, avant de commencer l'étude
du projet de loi n° 7, d'avoir une bonne idée de qu'est-ce qui a
fonctionné puis qu'est-ce qui n'a pas fonctionné. Puis ici, relativement, là,
au vote par correspondance, je pense que ça
nous donnerait une bonne idée de qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne
fonctionne pas.
D'ailleurs,
quand on a fait les auditions du projet de loi n° 7, récemment, là, je
pense, c'était voilà... avant la semaine de relâche, là, dans nos comtés, là, avant qu'on travaille en
circonscription, le DGEQ était venu nous dire que, la ville de Montréal, il y avait eu 6 000 personnes,
là, qui ont voté par correspondance. Donc, bien évidemment, là, les
arrondissements avaient envoyé les résolutions à la ministre, ce qui les
autorisait, là, à émettre les listes, puis... Ça fait que je sais que, pour Montréal, il y a 6 000 personnes,
il y a eu un recensement, là, c'est 6 000 personnes. Mais je me
demande, tu sais, pour l'ensemble du Québec, qu'est-ce qui a fonctionné,
qu'est-ce qui n'a pas fonctionné. Ça pourrait être superpertinent de le savoir,
parce que, ce que je comprends, c'est le projet de loi n° 7, on le fait
pour les élections provinciales d'octobre prochain,
d'octobre 2022. Donc, je pense que c'est essentiel, là, d'avoir une bonne
idée du portrait puis de savoir, là, tous les éléments à mettre en place
pour faciliter l'accès au vote pour nos citoyens.
Donc, le vote
par correspondance, je pense que c'est important, c'est essentiel. Puis le vote
par correspondance, bien, je le sais, qu'il y en a qui ont des
réticences. Je pense que le Directeur général des élections en avait quand on a
fait le projet de loi n° 85. Il en avait. Cependant, les élus en ont
décidé autrement, c'est-à-dire que, vous le savez, là, Mme la Présidente, mais nous sommes les législateurs,
donc, on était assis, tout le monde ensemble, en commission, il y a eu des
pourparlers, puis on s'est dit : Bien,
le Directeur général des élections, là, est sûrement capable de mettre ça
rapidement en place. Puis, oui, je
pense qu'il y a eu un bon travail, là, qui a été fait pour suivre, là, la
volonté des élus sur cet aspect-là.
Il y a quand
même d'autres points ou d'autres types que je veux... d'autres points que je
veux souligner puis je veux apporter,
parce que je me dis qu'il faut... on a peut-être même le temps, là, de l'étudier
pour le prochain projet de loi. Puis on en a parlé dans le projet de loi
n° 85. Il y avait évidemment, là, le vote électronique. Le vote
électronique, je pense que ça aurait pu être
pertinent de l'ouvrir au monde municipal en temps de pandémie. Puis, si on ne
l'ouvrait pas à l'ensemble du monde municipal, parce que c'est
1 135 municipalités puis c'est vrai que ça peut être plus compliqué
pour les plus petites municipalités, je
pense qu'on aurait dû le faire pour des plus grandes municipalités, on aurait
peut-être dû faire des projets pilotes. Je pense que c'était le bon
moment pour faire des projets pilotes. Puis c'était justifié aussi, pour le faire, là. Dans le contexte de la
pandémie, là, c'était justifié de dire : Bien, on fait le projet pilote.
Oui, parce qu'on le sait toujours, on est un peu réfractaire, surtout le monde
municipal, Mme la Présidente, le monde municipal est donc réfractaire au
changement. Donc, c'était un bon moment pour dire au monde municipal :
Oui, mais là, vous savez, le contexte, vous
savez, tu sais, vous savez ce qui s'en vient, on a une idée de ce qui s'en
vient. Il faut que le monde aille voter pour faire sortir... il faut
compiler des votes.
Donc, je
pense que ça aurait été un bon moment, une belle ouverture pour le Directeur
général des élections de dire :
Bien oui, faisons... prenons certains endroits au Québec pour faire des projets
pilotes sur le vote électronique ou sur le vote par Internet. Surtout qu'en juin 2020, le Directeur général
des élections a fait une étude sur le vote par Internet, puis une étude quand même... J'ai une étude, là, une
étude quand même assez importante, là. On parle de pas loin de 225 pages
sur le sujet, donc 225 pages qui ont
été élaborées sur le sujet précis, là, du vote par Internet. En juin 2020,
donc, ce n'est quand même pas si loin
que ça. Puis je rappelle aussi qu'on est en 2021, là. Le vote par Internet,
c'est pas mal plus facile et accessible qu'avant. Bien sûr, ça prend des
alternatives pour ceux qui n'ont pas accès. Bien, cette étude-là, là, elle a permis, entre autres, de conclure ou de tirer
certaines conclusions ou certaines affirmations. Entre autres, ça a permis
d'évaluer les effets d'une éventuelle
introduction du vote par Internet sur le système électoral québécois, sur l'ensemble
du système électoral québécois. On peut le lire, là, dans ce rapport-là.
Ça explique
aussi les enjeux qui sont liés à l'introduction de cette modalité de vote.
Parce que je le dis, ce n'est pas nécessairement
évident, là, d'implanter un vote électronique comme ça, et puis notamment à
partir des expériences qui ont été menées ailleurs au Canada puis
ailleurs dans le monde. Parce que, ça aussi, Mme la Présidente, vous le savez,
puis on le dit souvent dans les projets de
loi, hein, on pense tout le temps qu'on a une super bonne idée, mais, des fois,
si on regarde ce qui se passe
ailleurs, soit au Canada, dans d'autres provinces, chez nos voisins du sud ou
même outre-mer, puis on se rend
compte que ça se fait déjà ailleurs, là, mais ça ne nous empêche pas de les
prendre, ces idées-là puis de les essayer ici, de les adapter à notre
système.
Ça disait aussi de présenter les risques au vote
par Internet et les solutions disponibles pour les prévenir, les éliminer ou les atténuer. Parce que, bien sûr, il
y a des risques liés au vote par Internet. Peut-être quelqu'un que... la
complexité, entre autres, là, au
niveau de s'identifier, hein, on le sait, là, quelqu'un pourrait prendre
l'identité de quelqu'un d'autre puis aller voter. Donc, il y a peut-être
un processus à mettre en place pour confirmer l'identité.
Exposer les
résultats à des consultations d'Élections Québec qui a mené sur le sujet au
cours de l'automne 2019, donc,
ça a été jasé aussi à l'automne 2019, en plus de ce rapport-là de
juin 2020, puis d'explorer les différentes perspectives d'introduction
de cette modalité de vote et de fournir des pistes de réflexion ainsi que des
recommandations.
Le travail
qui a été fait par Élections Québec, ça a permis de récolter pas loin de 30 recommandations, donc c'est 30 recommandations
qui sont dans ce document-là. Bien, ces 30 recommandations-là, c'est des recommandations,
comment je vous dirais, Mme la Présidente, parce que
je ne veux pas, tu sais, je ne veux pas... Je vais peser mes mots, là, mais c'est 30 recommandations, en gros, qui
disent, bien, il faudrait que vous nous donniez un autre mandat pour faire une
autre étude, ce n'est pas assez précis. Ça fait que si on fait des études par
études, par-dessus études, là, on ne se rendra jamais au vote par Internet.
Puis je le réitère, on est quand même en 2021, là. Puis je le sais, que c'est
plus compliqué pour certaines personnes,
mais je le sais, que, pour d'autres, là, c'est pas mal plus facile de voter par
Internet puis pas mal plus accessible. Mais, entre autres, dans les recommandations,
le rapport recommandait de réaliser des projets pilotes pendant les prochaines
élections provinciales. Donc, ça, c'est écrit ici, dans ce rapport-là de juin
2020. Les prochaines élections provinciales,
c'est 2022. Donc, moi, je pense que cette recommandation-là doit évidemment
être mise en pratique, puis on doit penser à la mettre en place dans le projet
de loi qui s'en vient.
Je sais, je sais,
c'est parce qu'il faut penser à toutes les strates aussi. Puis, cette semaine,
je rencontrais la Jeune Chambre de commerce
de Montréal, qui me disait, entre autres : Bien, nous, on en a eu des
préjudices aux élections municipales, tu sais. On n'a pas été capables de voter parce que,
bien, j'étudie, tu sais, j'habite à Montréal, mais j'étudie à Sherbrooke, ça fait que je
n'étais pas pour revenir pour aller voter pour le municipal, ça fait que je
n'ai pas utilisé mon droit de vote.
Ça fait que... Puis ça, j'ai été quand
même assez... j'ai été interpellée
par les jeunes... la jeune chambre de Montréal sur cet aspect-là, hier — lundi,
hier — puis
je me suis dit : Bien, s'ils veulent voter, là... Parce que je leur ai demandé, là : Si vous voulez voter, j'imagine
que vous avez lu les programmes, puis il y a des enjeux puis il y a des choses
qui vous touchent. Puis oui, oui, ils
veulent voter, mais ils veulent voter en connaissance de cause, là. Souvent,
là, ils ont pris connaissance puis
ils ont des enjeux qui les fatiguent puis ils veulent exercer leur droit de
vote, là. Ce n'est pas... Puis souvent
ceux qui n'en ont pas, d'intérêt, ils ne vont pas voter, là, mais les jeunes
lisent, les jeunes sont sur les réseaux sociaux, peut-être les mêmes que nous, parce que
j'ai des jeunes aussi puis je vous avoue qu'on ne lit pas toujours
la même chose, mais ils
sont quand même informés puis ils se tiennent informés. Puis
contrairement à ce qu'on pense, là, ils sont quand même assez bien informés sur ce qui se passe chez eux,
sur leur territoire. Puis il y a des enjeux... Puis je vais nommer, entre
autres, l'enjeu de l'environnement, là, mais
le compost dans leur ville, ça les touche beaucoup, ils veulent composter, ils
veulent s'impliquer dans leur municipalité. Bien, ces étudiants-là n'ont pas pu
voter parce qu'ils sont à l'extérieur, ils étudient à l'extérieur. Donc, je pense qu'il faut l'inclure, là, dans le
projet de loi qu'on est en train de faire, de trouver une façon pour leur permettre de voter ou, en fait,
pour faire des projets pilotes, parce que c'est ça, la recommandation, de faire
des projets pilotes.
• (15 h 40) •
Élections Québec avait également mené des
consultations sur le vote par Internet. Ils ont fait un sondage téléphonique.
Je pense que ça peut être intéressant aussi de faire un petit rappel sur le
sondage téléphonique. C'était un sondage d'opinion téléphonique qui a
été effectué, ça, auprès de 1 000 répondantes et répondants. La seule
méthode de consultation qui pouvait être
généralisée à l'ensemble de la population, bien, ce sondage révèle que
50 % des répondants sont en faveur du vote par Internet. Quand même,
57 % sur 1 000 répondants qui sont en faveur du vote par
Internet, bien, je pense que ça mérite,
justement, qu'on s'y penche, nous, en tant que législateurs, en tant qu'élus.
Puis, de façon générale, aussi, je pense que c'est à noter que l'appui est plus grand chez les jeunes électrices
et électeurs puis diminue à mesure que l'âge des électeurs augmente. Puis ça,
je suis certaine que tout le monde ici était pas mal au courant que, souvent,
l'Internet est un peu plus difficile
ou moins accessible à nos personnes plus âgées, mais il y a d'autres choses
qu'on peut mettre en place pour les aider.
Donc, moi, ce que je
veux dire, Mme la Présidente, ce que je veux dire, c'est qu'il y a
définitivement, là, un parallèle à faire
entre le projet de loi n° 7 et le projet de loi n° 85. Je pense que
le projet de loi n° 7, c'est un bon projet de loi. On va s'entendre, on peut le présenter puis le
diviser en deux parties, là. Il y a la première partie où c'est, je vais
utiliser un anglicisme, là, un «one-shot deal», donc c'est des mesures
qu'on mettrait en place spécifiquement pour les élections d'octobre 2022, dans le cadre de la pandémie.
Ça aussi, permettez-moi de soulever un petit doute. Là, bien sûr, je n'ai pas
de boule de cristal, je ne le sais pas on va être où, en octobre 2022, je
ne sais pas la pandémie va avoir l'air de quoi, en octobre 2022, mais je pense que le Québec, on a quand même une
belle situation. Je pense que la vaccination au Québec, ça se passe
quand même assez bien. Puis je le dis parce que le Québec, on a toujours été
des champions, là, au niveau des campagnes
de vaccination, je repense à la H1N1. On a toujours été super bons. On a un
milieu qui sait comment ça fonctionne.
Je les félicite, d'ailleurs. Donc, il y a définitivement, là, définitivement
des modalités, là, à mettre en place, là, très rapidement pour octobre 2022. Puis je pense qu'il faut s'y
attarder, mais on manque d'information, ça va nous prendre plus
d'informations pour pouvoir aller de l'avant avec ce projet de loi là. Je pense
que ce qu'on... ça nous prend les données du projet de loi n° 85 pour
pouvoir faire un bon travail en tant que législateurs. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Vaudreuil. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Kathleen Weil
Mme
Weil : Oui, merci, Mme la Présidente. Donc, je suis heureuse à
mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 7, Loi visant à
faciliter le déroulement des prochaines élections générales provinciales dans
le contexte de la pandémie de la
COVID-19 et modifiant la Loi électorale, dans le cadre du débat sur l'adoption
du principe. Donc, vous voyez déjà, dans le titre, qu'il y a deux
sections, il y a deux grandes intentions dans ce projet de loi.
Alors, comme mon
collègue, ce matin, le député de LaFontaine, l'a bien souligné, que la Loi
électorale est une de ces lois très
fondamentales dans le corpus législatif, il a, sans vouloir faire de
comparaisons, parlé de la Charte des droits et libertés, d'autres... le Code civil aussi. Donc, il y a ces textes
législatifs font en sorte que c'est toujours un exercice délicat, et
qu'il faut apporter des modifications avec beaucoup d'attention.
Et évidemment la Loi
électorale — et
j'étais très intéressée par son discours ce matin — c'est vraiment
central, évidemment, à la vie démocratique.
Donc, il y a des règles de comportement qu'on a adoptées ici à l'Assemblée
nationale. Quand on amène des modifications, il y a un comité aviseur
formé par tous... des membres des différents partis, et des discussions qui ont
lieu avec le Directeur général des élections, et il y a ensuite des
propositions qui viennent. Alors, tout est
consensuel, ça prend absolument le consentement de tous les partis lorsqu'on
amène des modifications à loi, et donc mon collègue a vraiment fait le
tour de cette question ce matin.
Et
j'ai eu l'occasion d'être responsable de ce dossier, et ça m'a ramené des
souvenirs, justement, de ces rencontres qu'on a eues avec les partis, et tout se fait quand même très, très
bien. Il y a des consultations avec des gens qui viennent des partis, mais ensuite les députés aussi qui
sont consultés. Donc, c'est essentiellement avec beaucoup d'attention et de
précaution qu'on procède à des modifications à cette loi évidemment.
Alors, la Loi électorale touche directement le
pouvoir législatif, et donc nous, en tant que parlementaires qui représentons les citoyens du Québec, nous sommes
aux premières loges et nous sommes très interpellés par toute modification
de cette loi. Ça prend
donc évidemment l'unanimité des parlementaires lorsqu'on modifie cette loi pour
assurer l'intégrité du processus
électoral, et c'est un mot qui revient souvent quand on parle de toucher à la
Loi électorale, c'est cette question d'intégrité.
Mme la Présidente,
on remarque que le projet de loi — et, d'ailleurs, ma collègue de Vaudreuil vient de le mentionner, donc — c'est
des mesures qui sont temporaires, à instaurer en raison de la pandémie de COVID-19,
comme le titre l'indique, qui pourrait encore perdurer, malheureusement, possiblement jusqu'à
l'automne 2022, et des mesures permanentes, plus techniques et administratives. Donc, c'est les
deux sections de ce projet de loi. Et donc c'est des mesures permettant
d'actualiser la Loi électorale actuelle, moderniser, si on veut, la Loi
électorale actuelle.
J'aimerais
souligner, Mme la Présidente, que l'on observe également que ce projet de loi
est presque un calque du projet de loi n° 85,
la députée de Vaudreuil l'a mentionné tantôt avant moi, donc, Loi visant à
faciliter le déroulement de l'élection
générale municipale du 7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de
la COVID-19, qui prévoyait aussi des
mesures temporaires en raison de la pandémie, mais, comme son nom l'indique,
pour les dernières élections municipales au Québec. Et d'ailleurs, les
commentaires vont beaucoup dans le sens... N'est-ce pas prématuré d'étudier ce
projet de loi qui a été déposé par la
ministre, et qui a fait son discours ce matin, alors qu'on n'a pas encore reçu
le rapport de ces élections, avec, donc, une nouvelle mouture qui
ressemble exactement à la mouture dont on discute aujourd'hui?
Alors, il y a
toujours une analyse, un rapport qui est fait par le Directeur général des
élections après les élections, qu'est-ce qui s'est produit, qu'est-ce
qui a marché, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné, qu'est-ce qui devrait être
amélioré. C'est des leçons apprises pour les
prochaines élections ou pour alimenter, donc, des amendements, ou des
modifications législatives,
éventuellement, ou des règlements pour venir corriger des problèmes. Et c'est
particulier parce qu'on parle de COVID. Donc, ce n'est pas toutes les élections
qui ont des enjeux, des défis de cette taille. Alors, le commentaire de notre formation, et mon collègue l'a bien dit ce
matin, il faudrait attendre le rapport. Avant de commencer l'étude article
par article, il aurait fallu attendre le rapport du DGEQ pour qu'on puisse
avoir un portrait de qu'est-ce qui s'est bien passé
lors des élections municipales ou quels ont été les problèmes vécus. Donc, ça,
on revient beaucoup là-dessus. Il
fallait attendre juste un peu, là, quelques semaines, et le rapport, on
l'aurait entre nos mains, et ça viendrait éclairer.
Maintenant, par ailleurs, je pense qu'on l'a
mentionné aussi avant moi en parlant des points positifs et négatifs d'une élection, le taux de participation a été
particulièrement très bas, qui n'atteint que 37,5 % cette fois-ci,
comparativement à 44,8 % lors des élections municipales de 2017. La
question se pose, est-ce qu'il y a un lien entre, peut-être, des dispositions du projet de loi et la participation?
Est-ce que c'est à cause de la COVID? C'est quoi, les circonstances? Donc,
tout ça, on aurait pu peut-être rentrer avec les idées plus claires avant de
faire l'étude article par article.
Donc, pour
notre formation, il faut absolument le rapport post mortem des élections
municipales quant aux mesures appliquées
pour la COVID-19. Et on a fait la demande formelle pour que nous le recevions
avant l'étude détaillée, ainsi, nous aurons... pour avoir tout en notre
disposition pour analyser le projet de loi adéquatement et de proposer les amendements nécessaires, au besoin. Il est
primordial de connaître toutes les réussites et tous les échecs des dernières
élections municipales.
Alors, la
ministre, elle aimerait aller vite, j'ai bien compris ça de son discours ce
matin, dans l'adoption du projet de loi. Je comprends, il y a des
élections qui s'en viennent et, quand on est ministre puis qu'on porte ce
dossier, on est enthousiaste et ça se
comprend, mais il faudra être très prudents, comme l'a mentionné, encore une
fois, mon collègue le député de LaFontaine. On ne peut vraiment pas
débuter l'étude détaillée sans cette rétroaction essentielle.
• (15 h 50) •
Notre système
électoral est évolutif et tient compte, au fil des temps, des commentaires et
des idées des représentants des partis politiques à Élections Québec. Et,
lorsqu'on modifie la Loi électorale, il faut le faire avec minutie. Le vote
d'un citoyen est un moment solennel.
Et donc c'est évident que notre formation, en faisant... donc là, on va
procéder à l'étude du projet de loi, évidemment, mais ça va être
vraiment avec beaucoup de souci de s'assurer qu'on retourne toutes les pierres, c'est vraiment l'intention qui a été
exprimée par notre formation ce matin et tantôt, parce qu'on n'a pas entre les
mains ce rapport. Il viendra éventuellement et ça pourra jouer, évidemment,
dans des modifications ou des propositions d'amendements qui pourraient venir
ultérieurement.
Il va falloir
s'adapter à cette situation, parce que c'est quand même particulier. Juste une,
deux semaines, d'attendre deux
semaines, ça aurait changé la donne. Mais j'ai bien compris que notre collègue
le porte-parole, député de LaFontaine, va s'ajuster, mais je pense qu'on
peut être rassurés qu'il fera un travail très minutieux pour poser toutes les questions, avoir toute l'information. Et là il
a bien souligné qu'on est très contents que le Directeur général des élections
sera
présent. Ça, c'est particulier. Donc, lors de l'étude du projet de loi, il sera là. Et il est toujours là parce
que c'est une ressource essentielle quand on veut amener des
amendements. Et le Directeur général
des élections, finalement,
il aura des commentaires à faire par rapport aux dernières élections au moment de faire l'étude. Alors, c'est quand même
un aspect positif que sa présence sera requise, mais aussi qu'on pourra
bénéficier de sa présence.
Bon, par résumé,
je vais peut-être revenir un
peu sur le projet de loi... bon, malgré... bien, pas malgré, mais en plus de tous les commentaires que j'ai faits d'entrée de jeu. Alors, le projet de loi n° 7 vise, dans un premier temps, à faciliter
le déroulement des prochaines élections générales provinciales en tenant compte
spécifiquement de la pandémie de la COVID-19. Et, dans ce contexte, il attribue au Directeur général des élections le pouvoir de modifier, par règlement,
des dispositions de la Loi électorale, d'un règlement pris en vertu de cette loi ainsi que d'une entente qu'il a conclue avec les chefs
des partis autorisés représentés à l'Assemblée nationale. Il octroie également
au DGE le pouvoir d'adapter ces dispositions
lorsque l'urgence de la situation ne permet pas de procéder par modification réglementaire. Évidemment, on parle
ici de COVID, de la COVID qui pourrait... pas juste, il y a toujours
des circonstances d'urgence, mais je
pense que les circonstances de
la COVID font, en particulier, que cette disposition, elle est directement liée
à cette réalité, réalité malheureuse, mais bien présente.
Dans un deuxième temps, il
modifie la Loi électorale en matière de scrutin et de financement afin de
permettre de mettre en application des
consensus venant du comité consultatif mis en place en vertu de cette loi. Je
reviens sur ce comité consultatif. Honnêtement, si je n'avais pas vécu
l'expérience, je n'aurais pas vraiment compris ce concept, mais c'est assez vital et c'est assez dynamique. Et
c'est des échanges, des échanges, et, finalement, à force de se rencontrer puis
de comprendre, les partis, ils doivent
s'entendre. Et donc, si on ne s'entend pas, la mesure ne sera pas mise en
application. Alors, c'est quand même, dans une démocratie, intéressant d'observer...
Moi qui est en politique depuis 13 ans, ça m'a fascinée, cet aspect-là. J'ai tout appris quand
j'ai eu ce dossier. Ceux qui sont impliqués en politique depuis longtemps,
surtout dans les organisations
politiques, comprennent mieux, peut-être, cette réalité. Mais voilà que cette
disposition est là, dans le coeur
d'un projet de loi qui touche la démocratie chez nous. Et, dans un deuxième
temps, il modifie la Loi électorale en matière de scrutin et de
financement afin de mettre en application... Bon, c'est ce que je vous disais, Mme
la Présidente.
Lors des consultations particulières, le 10 novembre dernier, les parlementaires
ont bien entendu Élections Québec, représenté
par M. Pierre Reid, Directeur
général des élections, et M. Jean-François
Blanchet, adjoint au Directeur
général des élections et directeur
des opérations électorales. Dans sa présentation, Élections Québec croit que
les deux volets du projet de loi sont nécessaires, les deux volets dont
j'ai... mentionnés d'entrée de jeu, afin d'assurer le bon déroulement des élections générales provinciales, les
prochaines élections. Évidemment, c'était le seul intervenant parce que c'est
comme ça, il est là pour qu'on pose
des questions comme législateurs, et comme personne-ressource mais aussi la
personne qui a intérêt à ce que ce projet de loi soit adopté dans les
meilleures circonstances, parce qu'il doit mettre en application tout ça par
la suite.
Alors, évidemment, il est très content du projet
de loi n° 7, vous le comprenez, donc, et ses recommandations reflètent évidemment... cette loi reflète ses
intentions et l'expérience de son bureau face aux élections. Et peut-être qu'il
y aura, suite à son rapport... je ne serais pas surprise du tout qu'il y ait, en
fait, des amendements qui seraient éventuellement apportés et que nous, on
verrait des amendements. Comme le député, mon collègue qui est porte-parole, de
LaFontaine l'a bien dit, lui, il va
regarder ça de façon très, très, très minutieuse pour s'assurer que cette loi
fondamentale reflète bien, comment dire, l'intérêt des électeurs
surtout, hein, de la société, et c'est vraiment... c'est les électeurs ou les
citoyens.
Alors, il
souhaite parer à toute éventualité, et qu'il envisage, donc, des dispositions
similaires à celles qui ont été adoptées
pour les élections générales municipales, puisque l'évolution de la situation
sanitaire est encore difficile à anticiper pour l'année 2022. On a appris qu'Élections Québec serait déjà à
pied d'oeuvre pour définir les mesures qui pourraient être prévues par
règlement. Il a révélé en commission parlementaire que l'expérience vécue lors
des récentes élections municipales pourra
certainement procurer certains renseignements. Il compte nous faire connaître
les mesures sanitaires pressenties pour les élections provinciales lors
de l'étude détaillée, article par article, du projet de loi, où il sera
présent. Et là, donc, ça va être très dynamique, évidemment, les questions des élus, des partis
politiques par rapport à qu'est-ce que
vous, vous voyez. On parle d'élections, donc, à l'automne prochain. Un peu
difficile pour les gens de prévoir globalement
où en serons-nous avec la COVID, mais
j'imagine qu'ils vont échanger sur différents scénarios possibles, mais beaucoup
sur ce qu'on a vécu avec les élections municipales et d'autres élections, les
élections fédérales. Il y a beaucoup
d'élections provinciales qui se sont tenues
lors de... bon, en plein COVID, en pleine pandémie. Donc, il y aura
des échanges certainement
intéressants et dynamiques lors de l'étude du projet de loi. Cependant,
M. Reid nous a révélé, d'après le projet de loi actuel, que les mesures prévues pour tenir compte du contexte de la
pandémie ne pourront pas s'appliquer si, bon, évidemment, une élection
partielle était déclenchée, ce qui pourrait arriver fort probablement dans
Marie-Victorin.
Par ailleurs,
Élections Québec a aussi abordé le recrutement du personnel électoral, qui a
constitué un défi de taille lors des dernières élections générales
provinciales. Bien, voilà, on a beaucoup parlé de cette pénurie grave qui
frappe le Québec, très grave, et voilà
encore une institution qui vit cette pénurie et qui s'inquiète de cette
pénurie. Pire encore, il craint que...
Le contexte actuel, donc, de pénurie de main-d'oeuvre lui fait croire que la
difficulté de recrutement sera accentuée lors des prochaines élections,
et, Mme la Présidente, encore un autre exemple qui prouve à quel point cette
crise, cette pénurie fait mal au Québec.
C'est pourquoi l'embauche de membres du personnel électoral dès l'âge de
16 ans permettra d'élargir le
bassin de candidatures tout en permettant à de futurs électrices et électeurs
de se familiariser avec le processus électoral.
Cette discussion de pouvoir accorder des emplois aux jeunes de 16 ans...
de descendre à 16 ans — donc, actuellement, c'est 18 ans — à l'origine, quand on en parlait, c'était
vraiment beaucoup et c'est toujours une raison importante, d'initier nos
jeunes au processus politique. Parce que, moi, j'ai participé beaucoup quand
j'étais jeune, quand j'étais à l'université,
même quand j'avais 18 ans, presque toutes les élections fédérales et
provinciales, j'ai joué un rôle dans les processus à... Comment dire? Il
y avait une formation, puis j'ai trouvé ça très, très intéressant. Et donc moi,
j'ai toujours été très favorable, évidemment, à cette modification ou cette
proposition. Alors, voilà que c'est proposé dans ce projet de loi. Je trouve ça formidable qu'on puisse voir
des jeunes à 16 ans. Certains de mes enfants l'ont fait aussi. Et c'est un
apprentissage bien important, et nos jeunes sont très dynamiques, et, moi, je
considère que notre génération de jeunes est
très brillante aussi et qu'ils vont l'apprécier, comme les jeunes pages qu'on a
ici à l'Assemblée nationale. Tout ça, ça fait partie de la formation des
citoyens d'avenir.
• (16 heures) •
Les enjeux,
les modifications incluant les éléments de modernisation qui sont proposés par
le projet de loi impliquent des
changements importants au processus électoral provincial. Nous porterons donc
évidemment une attention très particulière à la mise en place des
meilleures pratiques possible en la matière.
Bien que nous
sommes en fin de période pandémique, le projet de loi manque, nous considérons,
de profondeur, de flexibilité, d'audace. Les Québécois demandent d'avoir plus
d'options pour pouvoir voter. Ce projet de loi aurait pu être l'opportunité de le faire. En effet,
idéalement, nous devrions, par exemple, étendre le vote par correspondance pour
tous les citoyens qui le demandent et pas
seulement pour les aînés ou les personnes à mobilité réduite. Une telle mesure
pourrait permettre davantage de
respecter les mesures sanitaires protégeant ainsi un plus grand nombre de
citoyens et de travailleurs électoraux. Et même si nous semblons approcher la
fin des mesures sanitaires, nous devons rester vigilants, protéger tous les citoyens et travailleurs d'élection. Il est
essentiel que nous mettions sur pied des mesures sécuritaires pour tous tout en
nous assurant de maintenir et idéalement
augmenter le taux de participation, évidemment. Ça, c'est le grand défi. On l'a
vu aux élections municipales toutes récentes... tout récemment.
Ce projet de
loi donne un lot de pouvoirs décisionnels inégal au DGE, et plusieurs mesures
et notions proposées sont imprécises
et nécessitent clarification. Nous attendons avec impatience la chance de
questionner plus profondément le DGE pendant l'étude détaillée.
Par ailleurs, lors des consultations particulières,
mes collègues de LaFontaine et de Vaudreuil ont souligné l'importance qu'il n'y ait pas de chèque en blanc,
je vais conclure avec cette expression, réglementaire avec ce projet de loi.
Et donc on sera vigilant, on va faire notre
travail et s'assurer de faire avancer la démocratie au Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et le prochain
intervenant sera M. le député de Viau.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Au moment où les Québécoises et les Québécois
viennent de sortir, au cours des
dernières semaines, de deux élections, une fédérale et une élection municipale,
on entend beaucoup... au Québec, on
nous dit : On ne veut pas entendre parler d'élections. Ce qui est pour
sûr, Mme la Présidente, c'est qu'il y aura une couple de personnes qui, au cours des prochaines semaines, parleront
d'élections en cette enceinte et parleront notamment de ce projet de loi
visant à faciliter le déroulement des prochaines élections générales dans le
contexte de la COVID.
Alors, si
vous me permettez, Mme la Présidente, avant d'arriver à ce projet de loi, dans
le vif du sujet, pour moi, voter...
D'ailleurs, la première fois, j'ai
voté... la première fois que j'ai eu la possibilité de voter, je l'ai
fait et je l'ai fait avec beaucoup
de fierté. Je me rappelle, à l'époque, lorsque j'allais voter, donc fortement encouragé par mon
père et ma mère d'aller voter, bien,
c'était un geste noble. Vraiment, c'est un geste que je posais dans toute... vraiment
très, très noble. Donc, on était endimanchés. Donc,
on sort de l'église et on va voter. Et je me rappelle, mon père n'a pas cessé
de nous rappeler, à ses enfants, que c'est
important de poser ce geste-là comme citoyen, comme citoyenne, mais aussi il faut toujours
se rappeler qu'il y a beaucoup de pays... il n'arrêtait pas de nous dire ça, il y a beaucoup
de pays où les gens n'ont pas cette chance de pouvoir exprimer librement
leur choix, le choix de leurs élus. Et nous, nous vivons dans une société, nous
grandissons dans une société, nous appartenons à une société où nous avons
cette possibilité-là de le faire.
Donc, pour moi, j'accorde la plus haute
importance au geste de voter. Et je pense que probablement la plupart de mes collègues ici l'ont déjà expérimenté dans leur...
respectivement dans leur circonscription, ces exercices auxquels nous nous prêtons comme députés dans les écoles lorsque
nous allons rencontrer les jeunes pour leur parler de notre travail, pour leur parler de la démocratie
et pour leur parler d'élections. Et moi, c'est un exercice que j'aime beaucoup,
beaucoup faire, aller à la rencontre des jeunes pour
échanger avec eux, pour les écouter, pour répondre à leurs questions
sur qu'est-ce que ça
mange en hiver, les élections, qu'est-ce
que c'est qu'un député, c'est quoi le
rôle d'un député à l'Assemblée
nationale.
Et ça, bien
avant d'être député, c'est un exercice que j'aimais beaucoup
faire parce que je crois beaucoup... Comme je
viens de l'univers municipal, je crois beaucoup à la participation citoyenne, je crois beaucoup aux enjeux de participation citoyenne. Et pour moi, il y a
le vote, bien sûr, mais le vote, en fait, représente pour moi le geste ultime de
l'appartenance à la cité, de
l'appartenance à la nation. Mais à côté du geste de voter, d'aller voter, de
participer à une élection, il y a aussi d'autres gestes qu'on peut poser lorsqu'on est membre, lorsqu'on est
citoyen, lorsqu'on est citoyen d'une ville, lorsqu'on habite un quartier, un arrondissement, et
lorsqu'on habite une... lorsqu'on fait partie d'une nation comme la nation
québécoise.
Et la
participation citoyenne peut prendre, par exemple, la forme d'être membre d'une
commission, d'aller poser des questions, par exemple, lors des conseils
d'arrondissement ou des conseils de ville, d'être membre d'un comité
aviseur, d'être membre d'un comité d'urbanisme,
où ce sont... La plupart du temps, les comités d'urbanisme, ce sont des comités
qui réunissent des citoyens, des résidents d'un même quartier, d'un même arrondissement ou d'une même
ville, qui donnent leur point de vue sur tout ce qui a rapport à l'urbanisme
dans leur ville, aux projets d'urbanisme. Ça, ce sont des gestes d'implication,
de citoyenneté aussi.
Et, pour moi, le vote comme geste démocratique,
j'ai toujours pensé que, bien sûr, nous avons les élections à chaque quatre ans, que ce soit les élections municipales,
les élections provinciales ou les élections fédérales, mais au-delà, avant même de parler, ce n'est
pas un exercice... la démocratie ne veut pas être un exercice qui se joue... un
film qui se joue qu'aux quatre ans, c'est un scénario en continu.
Et permettez, Mme la Présidente, que je partage
avec vous ce projet que j'ai réalisé dans une ancienne vie, et puis j'en suis très, très, très fier, parce que
c'est un projet que j'ai vu germer et qui continue encore. C'est un projet qui
s'appelle la Caravane de la démocratie. Qu'est-ce que c'est, comme projet? En fait, je partais du principe que la démocratie,
c'est quelque chose qu'on vit au quotidien. Et comme c'est quelque chose que
nous vivons au quotidien, alors on disait :
Bien, alors, les institutions... au lieu de demander aux citoyens
de venir vers les institutions, et si les institutions allaient vers les citoyens? Donc, alors, le Bureau de la présidence du
conseil municipal, donc l'ombudsman, donc plusieurs instances
de la ville qui se constituent en caravane
et qui débarquaient dans un quartier et dans un arrondissement pour aller à la
rencontre des gens.
Et ça,
c'est... et, pour moi, ça a été très,
très... comme expérience, très
vivifiante. Ça m'a permis de voir comment est-ce que... pour faire en
sorte, pour susciter la participation citoyenne. On l'a vu aux dernières élections municipales,
par exemple, beaucoup se plaignent, malheureusement, du faible taux de
participation. Mais, pour avoir une participation citoyenne
aux joutes électorales, il y a beaucoup de gestes qu'on doit poser, et ces
gestes-là qu'on doit poser, ce n'est pas 30 jours avant les élections qu'on
les pose. Ce sont des gestes qu'on doit poser, que nous devons poser en mode
continu, donc.
Et d'ailleurs,
pour avoir assisté, donc... je n'ai pas pu prendre part aux consultations particulières autour de ce projet de loi là, j'ai assisté
puisque je présidais la commission, donc, mais j'ai écouté avec beaucoup
d'attention le directeur du DGEQ
lorsqu'il est venu nous faire la présentation, donc, sur les initiatives, donc,
visant à faire en sorte que pour... Il nous a clairement dit qu'il était préoccupé, il avait cette préoccupation-là. Et il reste à trouver quels sont les gestes, les actions à poser afin de nous assurer que la dynamique
électorale puisse être une dynamique vivante et puisque... nous puissions avoir
moins d'apathie et plus d'empathie vers les questions électorales.
Un autre
projet, un autre beau projet autour, tout
simplement... autour de cette... pour
ce qui allait susciter l'engouement à la participation électorale,
c'était un projet d'«empowerment», Mme la Présidente. Alors, j'étais élu
municipal, il y a un groupe de jeunes qui sont venus me voir pour me dire :
Écoutez, Frantz, on aimerait avoir l'éclairage dans le parc. Formidable. C'est vrai, c'est... Mais oui, vous
avez l'éclairage dans le parc. Mais oui, mais on veut avoir l'éclairage dans
le parc jusqu'à 11 heures le soir,
comme les joueurs de soccer, comme les joueurs d'autres sports. Alors, je leur
avais dit : Écoutez, je vais vous accompagner. Je ne vais pas vous
donner l'éclairage, mais je vais vous accompagner, parce que je veux que vous vous impliquiez dans les affaires de
la ville, parce que ce quartier-là, cette ville-là, c'est votre ville. Donc,
cette demande-là... je vais vous accompagner à travers cette demande.
• (16 h 10) •
Et on a
initié... Ils étaient à peu près une vingtaine de jeunes, et j'ai initié avec
eux un processus d'accompagnement, d'«empowerment» pour un peu les allumer
sur les enjeux de la ville, sur comment est-ce qu'eux comme citoyens du
quartier, comme citoyens de l'arrondissement, comme citoyens de la ville...
qu'ils avaient aussi leur mot à dire, qu'ils pouvaient
aussi aller, par exemple, se présenter dans un conseil d'arrondissement, et
plus tard, pour leur dire aussi que vous avez aussi un devoir, celui
aussi de voter. C'est une possibilité que vous avez aussi pour exprimer vos
choix.
Bien, le résultat, c'est que cette vingtaine de
jeunes, la très grande majorité, qui étaient des abstentionnistes, lors des
prochaines élections municipales, la majorité d'entre eux sont allés voter,
parce qu'ils ont pris conscience de l'importance
du vote, de l'impact du vote sur leur qualité de vie à eux, sur leurs choix à
eux, et ça, je pense que c'est quelque chose de très, très important
aussi.
Il y a un
groupe de personnes, Mme la Présidente, dont on ne parle pas assez souvent
quand on parle des questions démocratiques,
quand on parle des questions relatives aux élections, c'est le personnel
électoral. Ce sont ces femmes et ces hommes qui travaillent comme
scrutateurs, comme secrétaires du bureau de vote, comme agents de sécurité, un
peu partout. Et je pense que nous avons le devoir de remercier ces personnes-là,
parce que, grâce à eux, grâce à eux, nous avons pu avoir des élections, notre démocratie continue à être encore une
démocratie vivante, dynamique, parce qu'il y a des femmes et des hommes,
justement, qui y travaillent.
Et j'écoutais
tout à l'heure, il y a quelques minutes à peine, ma collègue la
députée de Notre-Dame-de-Grâce qui parlait de cet enjeu-là combien important et
enjeu d'ailleurs auquel... que nous a parlé aussi quand même
le Directeur général des élections, l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre.
Voilà un enjeu qui touche toutes les strates de la société. Dans toutes les sphères de notre vie collective,
j'entends parler de cet enjeu-là, l'enjeu de pénurie de main-d'oeuvre. Et
c'est comme si j'entendais mon collègue de Nelligan,
qui n'a pas arrêté de... et qu'il a fait avec beaucoup de conviction et qui continue à le faire avec beaucoup
de conviction, depuis plusieurs mois, rappeler au gouvernement l'importance
d'agir avec plus de rigueur, avec
plus de force, plus de vigueur sur l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre. Et
l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre frappe aussi le personnel électoral, au point où, lors des dernières
élections municipales, bien, à
Montréal... et Élections Montréal a
dû faire preuve d'originalité pour pouvoir embaucher du personnel électoral,
pour s'assurer d'avoir du personnel électoral pour travailler durant les
jours d'élection.
Et cet enjeu
de pénurie de main-d'oeuvre, Mme la Présidente, il n'y a pas si longtemps... il
y a plusieurs groupes communautaires
qui m'en parlent aussi. Ce n'est pas seulement une réalité des entreprises
privées, c'est aussi une réalité des
organismes communautaires, des organismes communautaires qui nous disent :
Oui, mais j'ai tel projet, on a tel projet qu'on veut démarrer, qu'on veut développer, soit pour les aînés, soit
pour des jeunes, mais nous sommes en pénurie de main-d'oeuvre. Mais il
faut les comprendre un peu, parce que souvent, hélas, les salaires qui sont
offerts dans le milieu communautaire ne sont pas toujours les salaires les plus
concurrentiels. Donc, c'est un peu normal que la pénurie de main-d'oeuvre frappe, dans un premier temps, ces
organismes-là. Donc, un peu pour rappeler qu'on fait face à ces défis-là.
Ce projet de
loi que nous avons devant nous, Mme la Présidente, touche plusieurs aspects. Un
premier aspect, c'est tout ce qui s'appelle... ce n'est pas seulement
pour faciliter ou... bien sûr que le nom du projet de loi, c'est Loi visant à faciliter le déroulement des prochaines
élections générales. Mais pour qu'il y ait élection, il faut qu'il y ait
candidats. Il faut qu'il y ait candidates et candidats. Et aussi, il y a des
aspects de ce projet de loi là qui vont toucher la déclaration de candidature.
En fait, ce
que je... À première vue, quand on lit ce projet de loi là, tout bien
intentionné qu'il soit comme projet de
loi, il y a sûrement des choses à améliorer à travers ce projet de loi là, par
exemple, par rapport à la déclaration de candidature. Au niveau des travailleurs électoraux, est-ce qu'il
y a des choses à expérimenter? Est-ce qu'il y a des pilotes? Est-ce qu'on a
pris le temps, par exemple, de voir, dans d'autres sociétés, dans d'autres
pays, comment ils ont réussi à contourner? Parce que, bien sûr, la pénurie de main-d'oeuvre frappe davantage le Québec
quand on regarde par rapport... quand on se compare par rapport aux autres provinces du Canada, mais
le Québec n'est pas exclusif à cet effet, et il y aurait lieu de nous inspirer
des bonnes pratiques à l'extérieur aussi.
C'est un
projet de loi qui vise, d'une part, à faciliter le déroulement des prochaines
élections générales provinciales en tenant compte des conséquences de la
pandémie de la COVID-19. On ne cessera pas, Mme la Présidente, de faire l'inventaire de toutes les conséquences qu'aura
eues cette pandémie dans nos vies et particulièrement dans nos vies démocratiques. Et là on s'aperçoit,
on s'est aperçus, d'ailleurs, lors des dernières élections municipales...
Malheureusement, il aurait été souhaitable que nous puissions avoir un
rapport assez exhaustif qui nous présente un bilan des élections municipales à l'échelle du Québec. Mais, en
attendant ce rapport, nous sommes plusieurs à avoir pu observer comment ça
s'est passé dans plusieurs villes du Québec, les élections municipales et
comment beaucoup de municipalités... et les municipalités
québécoises dans leur ensemble ont pu relever, quand même, dans les
circonstances, avec beaucoup de brio, le défi de réaliser des élections
municipales en temps de pandémie.
Mais je pense
que ce que nous avons vécu aux élections municipales devrait pouvoir inspirer
le Directeur général des élections du
Québec. Et c'est là que j'aurais souhaité voir un rapport qui puisse nous dire :
Voilà comment ça s'est vécu dans les municipalités québécoises et voilà les
bonnes pratiques, les bons coups à retenir, voilà sur tels aspects où on
pourrait... on devrait s'améliorer. Et ça, c'est un besoin pour moi. En fait,
j'aurais aimé avoir ce genre de document là.
Et une des
inquiétudes que moi... que j'avais, Mme la Présidente, avant les élections
municipales, que je continue d'avoir,
c'est comment s'assurer d'une pleine participation, comment nous assurer que toutes les Québécoises et
tous les Québécois qui veulent voter
puissent exercer leur droit de vote. Et, pour cela, il nous faudra regarder
différents aspects. Moi je connais, hélas, des personnes âgées dans ma
circonscription qui souhaitent peut-être beaucoup avoir des possibilités, plusieurs types de possibilités pour pouvoir
exercer leur droit de vote, des personnes vivant avec un handicap. Il y a
plusieurs clientèles pour lesquelles, je crois, nous avons une réflexion, nous
avons des actions à poser afin de faciliter une pleine participation de
ces gens-là.
Ce projet de loi aussi, Mme la Présidente, touche aussi des aspects pour assurer
l'intégrité du processus car tenir des
élections, c'est une chose, mais assurer l'intégrité de l'élection, c'est autre
chose. Et c'est là que, oui, un projet
de loi comme celui-là arrive à point
nommé, mais... c'est-à-dire nous avons encore le temps de le travailler
correctement, donc l'ensemble des élus, l'ensemble des parlementaires,
pour nous assurer que le processus électoral, dans un contexte de pandémie,
puisse être intègre, respectueux de nos valeurs démocratiques.
• (16 h 20) •
Il y a
aussi... Et, quand on parle d'intégrité, aussi, dans ce projet de loi, aussi, on parlera aussi de respect, par exemple, de la
confidentialité, de la protection des renseignements personnels, par exemple, pour les gens qui contribuent au
processus. Au cours des dernières années, nous avons fait beaucoup — merci — nous avons collectivement fait beaucoup
comme société pour assurer une plus grande intégrité du processus
électoral, au niveau des contributions électorales. Mais il faudra nous
assurer, dans un contexte de pandémie, donc, où il y a davantage moins de
déplacements, plus de contributions en ligne, etc., que ce processus-là puisse
être respecté en toute intégrité.
C'est un
projet de loi qui vise à améliorer l'accès au vote pour les électeurs et
l'exercice de ce droit, notamment en modifiant les règles relatives aux
lieux et aux modalités d'exercice du droit de vote ainsi qu'à la révision de la
liste électorale. L'exercice du droit de vote
d'un candidat... Il prévoit aussi des mesures pour améliorer le processus de
dépouillement des votes, incluant le dépouillement judiciaire ainsi que
la diffusion des résultats électoraux.
Nous avons
quelques enjeux, même plusieurs enjeux par rapport à ce projet de loi, et c'est
pour cette raison que je crois que, suite aux consultations particulières, lors
des études détaillées de ce projet de loi là, nous allons être là pour
apporter les correctifs nécessaires, les amendements nécessaires, les
modifications nécessaires afin de nous assurer que ce projet de loi, donc, visant la Loi sur les élections dans un
contexte de pandémie, puisse répondre aux attentes de l'ensemble des
Québécoises et des Québécois par rapport à la démocratie québécoise.
Donc, un
projet de loi intéressant, mais pour lequel il y a encore beaucoup de choses à
améliorer. Et mon collègue le député
de LaFontaine, donc, aura sûrement l'occasion de vous en dire
davantage, Mme la Présidente, à ce sujet. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Viau. Et je cède maintenant la
parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. J'ai le plaisir aussi d'intervenir lors de ce débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 7, Loi
visant à faciliter le déroulement des prochaines élections générales provinciales
dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et modifiant la Loi
électorale.
Écoutez, ce
n'est jamais une petite chose, quand on parle de la démocratie, et il y a manifestation plus claire que notre démocratie, que notre rendez-vous électoral.
Alors, mon premier mot, c'est de nous rappeler à la vigilance, la rigueur,
parce qu'on a un projet de loi qui est
modeste en termes de pages et d'articles, mais le sujet n'est jamais anodin,
quand on parle de notre démocratie. Il y a une rigueur qui s'impose. Il y a une
obligation, chaque fois qu'on se penche sur la question, de re-regarder nos atouts par rapport aux endroits
dans le monde où cette opportunité, ce rendez-vous n'est pas ni transparent,
ni protégé, ni accessible. Et aussi il faut, à chaque instance, veiller à une
préoccupation où, avec toute franchise, nous avons
du chemin à parcourir, c'est-à-dire l'obligation solennelle de nous tous,
partagée et, en quelque part, sauvegardée par le Directeur général des
élections, c'est de veiller à la plus grande participation. Et, si on regardait
le rendez-vous qui vient d'être complété, il
n'y a rien à être trop fier. Je parle de rendez-vous municipal où les résultats
à travers le Québec sont de l'ordre
de 37 %, 38 %, si je ne m'abuse. C'est sérieux, ça. C'est très
sérieux, et j'attends... et c'est pertinent de parler d'attentes à
plusieurs endroits quand on parle de ce projet de loi.
J'attends voir davantage d'analyses sur ce vote,
parce que, dans un premier temps, comme je dis, le taux de participation a été assez décevant. J'ai tendance
à croire, les chiffres très détaillés ne sont pas encore disponibles,
j'imagine, mais en termes de cible de
la population qui était même moins au rendez-vous, j'ai un grand soupçon qu'on
va voir des problèmes qu'on aurait vus ailleurs et déjà en termes des
jeunes qui ne participent pas davantage, les gens plus démunis, les gens en situation de
précarité et tout ça. C'est des choses sérieuses. La participation, peu importe
le nom libellé d'un projet de loi,
Mme la Présidente, si on est en train de parler de l'exercice électoral,
toujours et sans exception, nous sommes en train de parler de la participation
démocratique parce que le succès de l'exercice est jugé par d'autres critères,
mais voilà le critère primordial. Et, si on examine ce qui est devant nous, on
peut peut-être rester sur notre appétit.
Une chose en
général qui me trouble, qui nous trouble un petit peu, et le député de
LaFontaine en a parlé un petit peu, j'ose
comprendre, et c'est, en quelque part, confirmé dans les notes du préambule, on
a deux choses à faire ici, en quelque part.
Un, tout à fait normal et qui est présent quelque part, c'est-à-dire des
élections en temps de pandémie. On ose espérer qu'on arrive au postpandémie, mais c'est sûr une autre fois que notre
rendez-vous électoral doit être préparé et organisé avec la possibilité que
notre prochain rendez-vous va être en mode, en quelque part, pandémie toujours.
Alors, je comprends qu'une des
priorités de ce projet de loi, c'est de faire en sorte qu'on est équipés pour des élections en périodes différentes.
Bon, pandémie, menace d'une cinquième vague, qui sait? Mais il faut être prêt.
Mais, quand je parle d'être troublé un petit peu,
en même temps, on parle des dispositions qui ne sont pas trop encadrées de façon chronologique. On parle des
pouvoirs assez exceptionnels qui seraient accordés au Directeur général des élections. Quand on
parle de pouvoirs accrus, un autre pilier de la démocratie, y a-t-il une veille
très claire? Je n'impute aucunement des
intentions. Quand on parle de pouvoirs dans un domaine comme l'exercice
démocratique, sont-ils encadrés, identifiés, situés de façon temporelle?
Il y a
plusieurs références aux pouvoirs accrus de proposées dans ce projet de loi, et je ne vois pas que... bon, ça, c'est advenant des circonstances
d'urgence. Ce n'est pas circonscrit. Et, Mme la Présidente, si on se trouvait,
d'ici cinq ans, devant un prochain
rendez-vous électoral, ces pouvoirs sont toujours là, identifiés et encadrés
comment? Ce n'est pas une petite chose.
En ce qui a trait au contexte actuel, bon, je me
permets de comprendre que notre prochain rendez-vous est dans 10 mois, au mois d'octobre. Si personne du
côté ministériel à d'autres nouvelles à m'offrir, je sais qu'il y a des plans
de communication que vous avez le droit de préparer dans un plus court
délai, mais en tout cas, jusqu'au prochain avis... moi, je comprends que nous avons un rendez-vous électoral au mois
d'octobre. Je ne vois aucune indication que j'ai à aller prendre ma
photo plus vite que ça. Bon.
• (16 h 30) •
Si c'est le cas... pas si c'est le cas, c'est le
cas, on a une prévision dans la loi pour des élections à date fixe dans 10 mois, donc c'est le cas. Ça m'invite à
poser la question, Mme la Présidente : Est-ce qu'on a pris le temps
nécessaire... Je sais qu'il y a des étapes qui vont suivre notre
adoption de principe, et on va être aux aguets pour assurer qu'il y ait des amendements, des discussions très étoffées pour
assurer qu'on a une loi qui est la meilleure loi possible, mais je me permets
de poser la question avec un enjeu pour moi très évident en tête, écoutez, le
rendez-vous électoral qui vient de se terminer,
dont je vous parle, où, en termes de participation, il y avait des résultats assez mitigés. Mais par contre, par contre,
ces élections-là ont été assujetties à plusieurs
changements après longues discussions et plusieurs amendements,
dont un paquet proposé par l'opposition officielle. C'étaient les premières élections exercées avec
des amendements de la loi imposés par notre... par le
projet du côté gouvernemental, le projet de loi n° 85.
Écoutez, les élections étaient... ça date de quoi, trois semaines et demie.
Une autre...
font part de la démocratie et du Directeur
général des élections, qui est, en
quelque part, le chien de garde de
cet exercice démocratique. La réponse sur l'efficacité, le bien-fondé, l'implantation de ces mesures, adoptées pour la
première fois avant ces élections-là,
ne peut pas être... Bon, je ne sais pas. On a fait un beau travail. La réponse
devrait être assujettie aux études détaillées de... aux évaluations de
ce qui vient de se passer. Alors, en quelque part, sans que la question se
pose, Mme la Présidente, comment ça se fait, avec tout le respect, qu'on ne se
trouve pas devant un fait accompli? Les étapes qui s'en viennent ne sont pas
sans grande importance. Mais je me permets de poser la question : Pourquoi
on est devant un projet de loi qui touche, en quelque part, au même sujet, qui
n'aurait pas été le fruit d'une évaluation
détaillée de l'exercice électoral qui vient
de se terminer sous les conditions, en quelque part, imposées et ajoutées par
cette Assemblée nationale, assujetti
aux interventions et contributions, j'imagine — il me semble que, je me souviens, c'est le
cas — du
Directeur général des élections?
So, for me, this is an important question. First on,
we're talking about any bill that deals with the fundamental pillar of our
democracy, elections, transparent, duly organized elections where every effort
is made, no effort is spared to ensure the fullest
legitimate participation possible. We have some questions about a law that
looks... a bill that looks quite constructive to us and that will be the
subject of a detailed study and deliberations, at which time we'll be deeply
and seriously active, but the question we
allow ourselves to ask is : Why, with respect, are we looking at a bill
which addresses many of the concerns that, with a short time delay, were
addressed in Bill 85, adopted by this Assembly, why are we looking at a bill... sure we can amend it, but why
are we looking at a bill that is not the fruit of analysis of how Bill 85
works so far?
Il n'y avait qu'un rendez-vous sur le fond de ces
amendements proposés et dûment adoptés par cette Assemblée.
Moi, j'aurais cru qu'on aurait aimé ou on aimerait toujours,
bon, avoir l'évaluation formelle suite au rapport détaillé de ces élections en région, dans la métropole de Montréal,
dans notre vieille capitale, d'avoir les fruits de l'évaluation de l'exercice
qui vient de se terminer au niveau municipal.
Je comprends qu'on parle ici de nos élections au Québec, mais ça aurait été
intéressant d'avoir cette analyse et de savoir que les articles devant nous
étaient les fruits des réflexions sur l'exercice qui vient de se terminer. Et
ce n'est pas le cas, je ne mets aucunement en question l'expertise du Directeur
général des élections, mais qui, d'ailleurs, devant la commission, a
indiqué que, oui, ce serait intéressant d'avoir une analyse davantage de l'exercice électoral municipal.
Il me semble qu'il manque un morceau.
Maintenant,
comme je dis, il y a deux choses. Dans un premier temps, une obligation — bon,
comme je dis, 85 a adressé un petit peu à ça — d'être
assuré qu'au mois d'octobre, comme je dis, je veux valider à nouveau, les
élections sont au mois d'octobre, bon, qu'on serait prêts
et le Directeur général des élections serait prêt pour des élections en circonstances d'urgence sanitaire, de difficulté
sanitaire qui nous est... unique au monde. C'est unique pour nous d'avoir
à nous préoccuper de ça. Et, dans la situation
actuelle, on ne peut pas écarter la possibilité que les circonstances resteraient uniques.
Alors,
voilà, je comprends le raisonnement d'aborder ces questions-là,
mais je me permets de poser des questions sur le
fait qu'on agit vite et, dans un
premier temps, sans cet aspect d'information, pour moi, qui aurait été, qui
serait très utile, c'est-à-dire une analyse exhaustive de ce qui s'est
passé au début du mois de novembre.
Peu
importe, peu importe, est-ce qu'on ne s'attend pas ou on n'aurait pas dû
s'attendre à un effort peut-être, je me permets de le dire, plus étoffé en ce
qui a trait à notre prochain rendez-vous électoral et, oui, en temps,
peut-être, de pandémie? Est-ce qu'on
a fait l'analyse exhaustive de la façon d'assurer l'opportunité de voter par la
poste? Le Directeur général des
élections a cette obligation énorme d'assurer que chaque mesure, chaque mesure
prise n'est pas juste implantable d'ici
le mois d'octobre, mais réalisable dans... comme je dis, son objectif
primordial, qui est explicitement d'accroître la participation. Et, quand je
parle de vote par correspondance, éventuellement, ça se passe dans les autres
endroits du monde. Il y a la
technologie, vote électronique. Est-ce que l'étude exhaustive est à la portée
pour savoir comment on peut y procéder?
Je
me permets de concentrer sur un exemple où notre obligation est accrue, à
quelque part, les aînés. Je représente une
circonscription avec une proportion assez importante d'aînés. Et, sans faire de
généralisation, c'est peut-être du monde, peut-être, par leur sagesse, leur expérience, qui comprennent de façon
profonde l'importance de chaque rendez-vous électoral, alors qui
commencent, une bonne proportion de ces gens-là, avec la volonté solennelle
d'aller voter. Ce n'est pas d'un jour à
l'autre qu'on puisse dire : Bon,
cette fois-ci, il n'y aurait pas de bureau de scrutin au sein des établissements de longue durée, des RPA. Il n'y en avait pas, c'est une question qui se pose et peut-être aurait dû être
posée, dans les HLM. Il n'y en
a pas souvent.
Si nous sommes pour
considérer élargir la possibilité de vote par la poste, ça ne se fait pas
automatiquement. Comme a dit ma collègue de
Louis-Riel, il y a du monde apte et analphabète pour qui ont ne peut pas juste
dire : Aïe! Mais c'est bien simple, voilà le site sur l'Internet, pitonnez
là, et ça va se faire. Chaque... pour moi, c'est... pour moi, et j'espère
que les... je crois que c'est l'approche du
Directeur général des élections, chaque petit geste doit être décortiqué et
examiné de façon chirurgicale. Ça peut être très beau sur papier. On
peut avoir des analystes qui auraient travaillé sur plusieurs élections, qui disent : Bon, on a fait une
simulation, voilà comment ça marche. Ça ne marche pas jusqu'à tant que l'aîné
en chaise roulante, la personne,
comme je dis, apte mais vulnérable qui habite toute seule, les détenus, les
itinérants disent que, oui, j'ai
compris et je sais comment je vais exercer mon droit de vote. C'est là où on
sait que ça marche, pas avant, pas avant.
• (16 h 40) •
Et le projet devant
nous, il a une panoplie de mesures tout à fait concises et intéressantes, et je
me permets de compter sur les gens qui ont
intervenu avant pour aller plus en détail. Mais, en même temps, y a-t-il des
balises, des précisions sur la
chronologie de la chose qui sont nécessaires? Et j'ai quelques questions
là-dessus. J'ai quelques questions là-dessus parce qu'on a l'air, comme
je dis, de combler ces deux priorités, l'idée qu'on doit être prêts pour un
autre rendez-vous électoral en pandémie,
mais aussi qu'on veut bonifier l'exercice et assurer que la technologie est au
rendez-vous. Dans les deux instances,
il me semble qu'on... «we're rushing a little bit». Et je me permets, comme je
dis, avec notre rendez-vous qui est au mois d'octobre, de revenir à cet aspect,
pour moi, primordial, c'est-à-dire l'exercice municipal qui vient de se terminer, dont les fruits de l'exercice ne sont
pas tout à fait connus et n'auraient pas été pris en considération par le projet de
loi devant nous. Bon, on a un processus
devant nous, et, compte tenu que c'est déclenché déjà, nous serons au rendez-vous
pour les étapes qui vont suivre. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de D'Arcy-McGee. Et maintenant je me tourne vers M. le député de Jacques-Cartier.
La parole est à vous.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je veux juste commencer que je sais que la ministre,
elle travaille très fort avec ses équipes pour ce projet de loi. Je pense qu'on sait que des élections s'en viennent l'année prochaine.
Alors, il y a peut-être un
petit peu plus de l'urgence du côté
de la ministre de s'assurer que ce projet de loi est en place, mais il faut juste
prendre un temps de faire une réflexion profonde. Comme mes collègues
ont bien expliqué avant moi, aujourd'hui, il y a certains éléments, dans ce projet de loi, qui méritent des clarifications. Le député
de D'Arcy-McGee vient de bien
expliquer l'importance d'aussi s'assurer qu'il y ait des rapports
qui viennent du DGEQ sur qu'est-ce qui est arrivé avec les élections municipales, puis tout ça, etc., est très, très important.
Mais c'est sûr qu'il y a certains éléments dans ce projet de loi qui sont bien intéressants
pour la société en général.
Mme la Présidente, je
viens et je suis en train de... j'ai pris une petite pause, je suis en train de
rencontrer le Qarjuit Youth Council, qui
vient du Grand Nord, du Nunavik. C'est parti de la Force Jeunesse, qui sont ici
cette semaine pour rencontrer des
députés. Mais c'est très intéressant, parce qu'une des choses que la jeune
Inuite... qu'elle m'a dite, c'est, comme :
Greg, une chose, un jour, moi, je veux voir, c'est qu'il y a plus de gens de
notre communauté qui sont présents sur la scène politique ici, au Québec, des gens qui viennent à Québec, qui
représentent notre communauté, qui parlent pour nous. Elle dit : Moi, je viens d'une communauté de
300 personnes. Elle et un autre Innu qui est avec nous, qui... présent
dans la rencontre, il dit : On
veut être présents dans le débat politique. C'est important pour nous. Puis
imaginez ça, une jeune d'une communauté de 300 personnes à l'Assemblée
nationale. J'ai dit : Bien, moi, je rêve de ça aujourd'hui. Ça va être
important qu'un jour c'est peut-être un ministre dans le gouvernement qui
vient... qui est issu d'une communauté autochtone ou, quand
même, dans l'opposition, qui sont présents, de poser des questions au
gouvernement pour leur communauté et peut-être, quand même, dans leur langue
maternelle.
Mais, bref, j'ai trouvé ça très intéressant
parce qu'on parle ici un petit peu d'améliorer la participation, le vote, et de rendre le vote un petit plus disponible,
mais il y a un manque un petit peu de clarté dans les intentions du
gouvernement de rendre ça. Est-ce que
c'est comme... je sais, plusieurs personnes ont questionné : Est-ce qu'on
peut élargir le vote par la poste, par exemple? Est-ce qu'on peut avoir
un vote électronique un jour? Ça, c'est des discussions, il faut regarder, particulièrement si un des «objects» du projet
de loi, c'est de donner plus de
pouvoir au DGEQ pour mieux préparer le terrain puis le système de tenir
des élections au milieu d'une pandémie.
On a vu que le gouvernement fédéral était bien
capable de faire ça, et nos municipalités au Québec étaient bien capables de faire ça. Alors, est-ce que
c'est vraiment nécessaire de donner plus de flexibilité et des pouvoirs au
DGEQ d'être capable de faire ça? Moi, on verra. On laisse aller les
débats, l'étude détaillée pour déterminer est-ce que c'est mieux de laisser le DGEQ de gouverner par règlement ou est-ce que c'est mieux
de toujours garder un petit peu de contre-pouvoir au P.D.G. de DGEQ, bref, toutes des discussions
qu'on va avoir pendant l'étude détaillée pour s'assurer que c'est bien encadré
et tout le monde... et les électeurs sont bien protégés.
Mais je pense
qu'au minimum il faut juste regarder ces questions-là, parce qu'on sait que,
dans le Grand Nord et une place comme Nunavik, que le taux de participation, le
vote est très bas. Alors, peut-être, oui, les différentes méthodes de voter peut l'aider, une meilleure
participation, si c'est des Inuits, ou, quand même, des Cris, ou toutes les
différentes nations autochtones au Québec.
Et j'espère
qu'aussi qu'eux autres vont être consultés peut-être par le DGEQ, parce que,
des fois, c'est vraiment... On sent
des fois qu'il n'y a pas beaucoup de consultations entre le DGEQ puis les
citoyens de voir comment les choses passent. Puis je peux citer un autre
exemple, et ça, c'est avec des commissions scolaires anglophones.
How many times has the head of
the QESBA or any other organization asked the DGEQ to help them out for electoral list and make voting easier to prepare
for municipal elections? Those are things that we brought into the House
before to fight for and to really ask the
DGEQ makes changes, but there's never been a huge opening to have that done,
which has, I know, frustrated a lot of
people because... citizens trying to fight to make voting more accessible to
all and to encourage participation.
Et, comme on a vu avec les élections municipales,
je pense qu'un sentiment qui était partagé quand même par les personnes
qui ont gagné, c'était le faible taux de participation dans plusieurs
municipalités au Québec. Quand même, juste à
Montréal, quand je regarde le fait que 53 % des citoyens de Montréal ont
décidé pas de participer en des élections, c'est dommage, c'est triste, de l'île de Montréal... rendre des services
très importants dans la vie quotidienne des millions des personnes. Mais, bref, on ne veut pas glisser
dans le même terrain dans le sens qu'au niveau provincial on a le même taux de participation. Je pense, ça, c'est quelque
chose qu'on veut tous éviter comme société. Alors, ça, c'est un élément
que je sais qu'on va discuter.
L'autre proposition, de permettre des gens de
16 ans et plus de travailler pendant les élections...
I had the pleasure of working
many municipal, provincial, and federal elections when I was a student. It was
a fantastic job to have. Again, sometimes, you work the advance polls... I
remember, when I was younger, advance polls were
not... they were not used in as many days, so it was a little bit quieter. So,
I guess people still really liked, back then, voting on the day of elections. But, as a student, it was great,
because, in the quiet times, you just did homework, and you brought your books, and you were able to read and
study, and then, when you had the... lines coming, you were ready to go.
They're
important jobs in our society. You do have to be diligent, you have to be
thorough. But I definitely think there are some posts
that a 16-year-old can definitely hold, especially if they're working with
people that are more experienced. You know,
for example, when you get that list and you're crossing off the name after two
people have verified the
identification to say, «Oh! yes, this is the person», and hand him the ballot,
I think this is some of those jobs that, again, we can have 16-year-olds doing, if it's ushering people towards the
voting station. I mean, there's a few of those jobs that definitely, I
believe, 16-year-olds are very capable of doing.
And
we know, with the labor shortage we saw, in the federal elections... You know,
my federal MP reached out to
me to ask for names of people to work, because they were really stuck. I'm sure
a lot of my colleagues here, in the House, had the same problem in their districts,
municipalities, too. You know, we did our best to supply people that typically
do volunteer. In our elections, it's
a little bit of a common pool, but there was a bit of a factor that, yes, a lot
of seniors worked those jobs, and
they weren't necessarily so comfortable being in a public setting and working
there. So, if this is a measure that we can use to extend it, but then
also have to meet the challenges of a labor market where there is a shortage of
workers. Perhaps this is one solution to bring in more people who can do some
of these jobs. And I'm pretty confident they'll be able to do it in respect of
all our institutions and our process, which are very rigorous and not to be
taken lightly, but, again, people do the
training for those sessions. The training is rigorous, and you have to do it.
No matter how many times you've gone
to do work at the polls, you have to show up to the training beforehand. So,
again, I'm confident it can be done,
as somebody who worked many, many times at polling stations across Québec before I started to work in politics.
• (16 h 50) •
Je ne vais pas prendre plus de temps, Mme la
Présidente, j'ai des gens qui attendent toujours que je termine la rencontre que j'avais avec eux autres. Mais il y a
plusieurs préoccupations que nous avons avec ce projet de loi, on va avoir
des discussions dans l'étude détaillée,
c'est sûr. On attend pour les rapports du DGEQ, mais le déroulement des
dernières élections municipales, dans le contexte de la pandémie, aurait
pu être bonifié grâce à l'étude du projet de loi n° 85. Aujourd'hui, nous savons que le déroulement de la
dernière élection municipale a démontré certains ratés, et c'est pourquoi
un rapport détaillé de la part du Directeur général des élections serait très
pertinent. D'ailleurs, le DGEQ nous apprend dans la presse qu'il entend sonder les Québécois
afin de déterminer les facteurs qui influencent l'exercice du vote et de
comprendre pourquoi une importante portion
des électeurs ne votent pas. Comme législateurs, nous aussi, nous aimerions
le savoir.
Motion de report
Et
c'est ce sens, M. le... Mme la Présidente — je m'excuse — que nous souhaitons aujourd'hui déposer la
motion de report suivante :
«Que la motion en
discussion soit modifiée en retranchant le mot "maintenant" et en
ajoutant, à la fin, les mots "dans 10 semaines".»
Alors,
je pense, ça va être déposé électroniquement, Mme la Présidente. Bien, merci
beaucoup pour votre écoute aujourd'hui.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député de Jacques-Cartier.
Alors,
compte tenu du dépôt de cette motion de suspension, alors, je
vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 52)
(Reprise à 17 h 24)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous avise que la motion de report présentée par M. le député de Jacques-Cartier est recevable. En vertu de l'article 240
du règlement, cette motion fait l'objet d'un débat restreint de deux heures.
J'ai
été informée que les deuxième et troisième
groupes de l'opposition n'interviendront pas. En conséquence, je vous informe que la répartition du temps de parole
pour ce débat restreint s'effectuera comme suit :
56 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 56 min 15 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 7 min 30 s sont
allouées à l'ensemble des députés indépendants, sous réserve d'un maximum de
deux minutes par député. Dans le cadre de ce débat restreint, le temps
non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part
ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Donc, je suis prête à
céder la parole à la première intervenante.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir d'intervenir sur la
motion de report qui a été déposée précédemment par mon collègue, motion de
report relativement au projet de loi n° 7, projet de loi n° 7,
quand même, un... Je vais essayer de ne pas
être redondante, là, mais je suis intervenue un petit peu tôt aujourd'hui, puis
je me rends compte que j'ai la même
audience devant moi, c'est-à-dire que c'est les mêmes collègues qui sont au
salon bleu, puis je suis intervenue une vingtaine de minutes sur le
projet de loi n° 7, en fait, sur l'adoption de principe. Donc, ce n'est pas que je ne veux pas être inintéressante, mais
vous connaissez déjà un peu ma position puis les comparaisons que je vais
faire, entre autres, avec le projet de loi n° 85. Parce que le projet de
loi n° 7, qui est déposé présentement, en fait, est, à la limite, là, un copier-coller ou a le même
objectif que le projet de loi n° 85. Et, je le rappelle, le projet de loi
n° 85 a été fait dans le
cadre... ou a été concocté spécifiquement pour les élections municipales du
7 novembre dernier. C'est-à-dire que, dans le contexte de la
pandémie, la ministre des Affaires municipales a déposé un projet de loi, qui a
été accueilli favorablement, là, disons-le...
Il y a eu une belle collaboration, en fait, puis, je le souligne aussi, là,
c'est une commission parlementaire
qui fonctionne superbien. Moi, je suis porte-parole aux affaires municipales et
en habitation. J'en étais... le projet de loi n° 85, c'était mon quatrième
projet de loi, mais on a fait cinq projets de loi, dont trois projets de loi
mammouth ou omnibus, et il y a
vraiment une belle collaboration dans cette commission-là, il y a vraiment des
beaux échanges, puis je pense qu'on
travaille, évidemment, là, tous dans un objectif commun. Évidemment, là, quand
on parle d'affaires municipales, d'habitation, bien, c'est un souci de
servir nos citoyens.
Mais
je le fais, le clin d'oeil, parce que souvent les gens qui nous écoutent
pensent que, parce qu'on dépose une motion de report ou même... dans le projet
de loi n° 49, j'avais fait une motion de scission, donc, ou même quand on
dépose une motion de scission ou quand on
utilise, là, les règles parlementaires ou on les soulève au salon bleu, les
gens qui nous écoutent pensent qu'on
fait ça pour être désagréables. Ce n'est pas le cas, je le dis, c'est parce
que, souvent, il y a...
Une voix :
...
Mme Nichols :
Ah! j'entends un petit ministre qui dit : Allo!
Non,
ce n'est pas pour être désagréable qu'on le fait, c'est parce qu'on a des
arguments qu'on veut porter à votre attention,
M. le ministre, puis c'est des arguments superpertinents, que je vous invite à
prendre en note, sans quoi je pourrai vous
envoyer mes notes. Mais, non, mais c'est dans un esprit de collégialité, là, on
se fait des... on se taquine, là, souvent comme ça, mais vous
comprendrez qu'on a souvent, là, chacun nos positions.
Mais vous
n'êtes pas là, à la commission, à la CAT, là, puis, pour vrai, là, vous
demanderez à votre collègue ministre des Affaires municipales, le
dernier projet de loi, là, on a eu pas loin de 120 amendements, puis
c'était discuté, déposé, même souvent c'était la partie gouvernementale qui les rédigeait. Il y a
eu une collaboration. Là, je dis ça, puis vous allez me demander de
siéger sur vos projets de loi, hein? Non, non, non. On a fait 120 heures,
le dernier projet de loi.
Mais tout ça
pour dire que, bien, c'est ça, il y a des fois où on a des positions, puis je
veux exposer, Mme la Présidente, notre
position relativement au projet de loi n° 7. Ce pour quoi on demande une
motion de report, parce qu'on pense qu'on n'est peut-être pas prêts pour légiférer sur ce projet de loi là. Puis,
quand je dis «on n'est pas prêts», ce que je veux dire, c'est que, tu sais, souvent, on consulte des
groupes... Puis ici, dans le projet de loi n° 7, on s'apprête à légiférer
en deux parties. Je vais diviser le
projet de loi en deux parties. Bon, il y a la première partie, qui est un genre
de... je m'excuse de l'expression, mais un «one-shot deal», là, qu'on
vient légiférer des articles précisément sur les prochaines élections
provinciales d'octobre 2022, puis il y a la
deuxième partie, où les formations politiques se sont rencontrées puis, d'un
commun accord, ils veulent changer des articles ou veulent améliorer,
là, la façon de procéder, là, pour aller voter au niveau provincial.
• (17 h 30) •
Moi, c'est la
première partie qui m'intéresse un peu plus. Puis je dis qu'elle m'intéresse un
peu plus, je ne dis pas que la deuxième partie ne m'intéresse pas, pas
du tout, mais la première partie m'intéresse un petit peu plus parce que j'ai siégé au projet de loi n° 85, qui était
un court projet de loi, là, sept articles, puis je le réitère, là, c'est un
projet de loi, 85, qui a été fait
dans le contexte de la pandémie, là. Les élections municipales avaient lieu...
En fait, du moins, quand on a étudié
article par article le projet de loi, on ne savait pas quels étaient pour être,
là, les conditions, le contexte, les mesures sanitaires en vigueur.
Donc, il fallait donner, évidemment, beaucoup de latitude au Directeur général
des élections pour être sûrs que les gens
puissent aller voter dans un contexte sécuritaire, je vais le dire comme ça. Mais l'objectif était
de favoriser l'exercice du droit de vote des citoyens avec le contexte, le
contexte qu'on n'est pas capables de prévoir, tout comme ici, dans le projet de
loi n° 7, on n'est pas capables
de prévoir en octobre 2022 la pandémie, ça va être où. Je le sais,
qu'on est dans le cadre d'une pandémie mondiale, mais il reste que personne n'a
une boule de cristal, là.
Puis je le
réitère, je l'ai dit, puis je pense que c'est important de le dire, le Québec,
on est un des champions, là, on est
des champions au niveau de la vaccination et on l'a toujours été. On a toujours
été superbons au niveau de la vaccination. La H1N1, ça a super bien fonctionné. On a un système, on a des gens
rodés, ça fonctionne super bien. Même là, la vaccination pour la COVID, là, chapeau, là, ça fonctionne bien. Bien sûr,
il y a eu quelques ajustements, là, mais normaux. Mais, je veux dire, le Québec, au niveau de la vaccination,
je pense qu'on... c'est bien fait, c'est bien travaillé, tout comme n'importe
quelle campagne de vaccination qui a eu lieu par le passé.
Octobre 2022,
bien, comme je dis, on n'a pas de boule de cristal, on ne sait pas on va être
rendus où, mais on est quand même
assez avancés dans la vaccination pour minimalement supposer qu'on ne sera pas
dans les mesures extrêmes. Puis, en
tout cas, on est un peu moins... Disons qu'on est un peu moins face à
l'inconnu, disons-le comme ça. On en connaît un peu plus sur le virus, on sait quelles mesures il faut prendre, la
distanciation, ça fonctionne, le masque, ça fonctionne. Donc, il y a des mesures qu'on prend qu'on sait que ça
protège nos citoyens. Donc, c'est dans ce cadre-là que, oui, on va légiférer,
mais qu'il faut garder en tête qu'on connaît déjà vers où on s'en va.
Ça fait que c'est loin, octobre 2022. Puis,
moi, ce que je dis : Bien, pourquoi on n'attendrait pas d'avoir le rapport
du projet de loi n° 85? Parce que, le projet de loi n° 85, on est
venus, justement, donner des pouvoirs particuliers au Directeur général des
élections. On lui a donné des pouvoirs particuliers. On a fait des
modifications pour les droits de vote, j'en
ai parlé un peu plus tôt. Tu sais, on a ouvert le vote par correspondance.
Donc, les municipalités qui voulaient participer avaient la possibilité
d'envoyer une résolution à la ministre
des Affaires municipales avant le
1er juillet pour dire :
Oui, ma municipalité veut offrir le droit de vote par correspondance à ses
citoyens de 70 ans et plus. À Montréal, ça a bien fonctionné, il y
a eu 6 000 personnes qui ont voté par correspondance.
Mais je dis :
Ça a bien fonctionné, c'est ce qu'on entend. Mais évidemment, là, toutes ces
données-là, ça va être compilé, ça va
être compilé par le Directeur général
des élections, parce que c'est la personne
ou c'est l'équipe qui est en charge,
qui a mis le projet de loi n° 85... qui a mis les mesures en place. Donc,
évidemment, il y aura un rapport, là, qui va s'en venir avec... On est proches, là, disons-le, là, les élections
ont eu lieu le 7 novembre dernier, là, ça fait que je ne pense pas qu'on ait un rapport en quelques
semaines sur l'ensemble des élections municipales, pour l'ensemble du Québec.
Il y a quand même 1 135 municipalités. Je comprends que ce n'est pas
les 1 135 maires, à peu près, là, qui étaient en élection, ni les conseillers municipaux... plus
les conseillers municipaux, plus les préfets universels. Je comprends que ce
n'était pas tout le monde qui était en élection. Il reste qu'il y avait quand
même beaucoup de candidats qui faisaient la campagne électorale au niveau
municipal.
Le DGEQ
s'était donné des pouvoirs réglementaires dans le projet de loi n° 85. Puis, même quand il est venu nous voir, lors des auditions du projet de loi n° 67, on lui a demandé, au Directeur général des élections, on lui a demandé... c'est même moi qui ai
posé la question, mon collègue de LaFontaine lui avait posé aussi plusieurs
questions, à savoir le rapport va sortir
quand. La réponse du Directeur
général des élections, c'est :
Je ne le sais pas, il n'est pas prêt. J'ai des données, mais elles ne
sont pas colligées, le rapport n'est pas fait. Ça fait qu'on ne le sait pas.
C'est sûr qu'on met un peu de pression,
hein? On est des législateurs, on travaille un autre projet de loi puis on ne
veut pas légiférer sur des choses qu'on
ne sait pas, alors que ces données-là vont être compilées à un moment donné. Ça
fait que vous comprendrez qu'on met un petit peu de pression pour que le
rapport, il sorte, ou, du moins, qu'on ait un peu plus d'informations.
Puis je
demandais d'ailleurs au Directeur
général des élections, M. Reid :
Le pouvoir réglementaire qu'on lui a octroyé dans le projet de loi
n° 85, il est vraiment similaire à ce qu'on va lui octroyer dans le projet
de loi n° 7, est-ce que c'est
suffisant? Est-ce qu'il a des commentaires? Est-ce qu'il y a des choses qu'on
devrait bonifier? Est-ce qu'il s'en est
servi, de ces pouvoirs-là? Bien, la réponse, c'est oui, oui, il s'en est servi.
Il nous a même rapporté, là, l'exemple d'une RPA. Il y avait une RPA où il y avait des cas, puis, la journée des
élections, bien, il ne serait pas possible de voter. Donc, ils ont voté
de façon individuelle, je pense que c'était porte à porte, là. Mais, oui, il a
utilisé son pouvoir réglementaire qui lui a
été octroyé dans le n° 85 pour changer, cette journée-là, dans le RPA
mentionné. Mais je pense... si je ne me trompe pas, là, il me semble qu'il l'a utilisé, là, deux
fois. Je ne me souviens pas tout à fait l'autre cas, là, mais c'est un pouvoir
qu'il a utilisé la journée même, là, pour permettre la démocratie, pour
permettre aux gens d'aller voter.
Donc, ces
pouvoirs réglementaires là, on les reprend, mais on les reprend... On
peut sûrement les améliorer, surtout que... oui, c'est dans un an, là, les élections
provinciales, là. À moins qu'on soit en train de légiférer pour des élections provinciales qui auraient lieu plus tôt. Mais là, Mme la Présidente, vous le savez comme moi, c'est la prérogative du premier ministre, puis on ne peut pas le savoir à cette date-ci. Mais ce qu'on sait,
c'est qu'on a des élections à date fixe au Québec puis qu'elles sont
prévues pour octobre 2022, et c'est dans ce cadre-là que le projet de loi
est déposé.
Je vais
revenir au projet de loi n° 85, parce
que, dans le projet de loi n° 85, on a parlé du vote par correspondance qui a été permis, ouvert aux 70 ans et plus.
Bon, est-ce que c'était un succès ou ce n'était pas un succès? Ce
serait superintéressant de le savoir, qu'est-ce qui a fonctionné, pas
fonctionné, pour qu'on puisse adapter les différentes modalités pour l'échelle provinciale, parce que, là, on sait, on s'en va
à l'échelle provinciale en octobre 2022, donc de savoir est-ce que ces mêmes cinq articles là... Puis, je
le dis, ils ne sont pas moins importants, ils sont superimportants aussi. Mais
la différence entre le projet de loi n° 85 puis le projet de loi
n° 7, c'est qu'il y a eu des élections municipales où le projet de loi n° 85 a été appliqué. Donc,
c'est la moindre des choses qu'on attende les résultats, les données, puis pour
qu'on se dise : Bien oui, ça a
de l'allure, non, ça n'a pas d'allure. Puis ça pourrait même permettre de le
bonifier, le projet de loi n° 7.
Dans le
projet de loi n° 7, j'en ai parlé, là, un peu plus tôt, puis je ne veux
pas revenir, je pense, j'en ai parlé pendant une dizaine de minutes... Parce
que, vous savez, Mme la Présidente... tu sais, bien, c'est important... Puis
peut-être parce qu'on est justement
des élus ou qu'on fait de la politique... Moi, j'ai fait de la politique
municipale. Je suis rendue... je fais de
la politique provinciale. Mais peut-être justement parce qu'on est des élus
qu'on est un peu plus sensibles, justement, au taux de participation.
Puis je pense que c'est notre devoir comme élus, comme législateurs ici, à
l'Assemblée nationale, de mettre l'accent
sur ce taux de participation là, d'inviter les gens à participer. Je pense
même, c'est impératif que... C'est impératif,
il faut qu'on puisse mettre en place, qu'on puisse faciliter l'accès au vote.
Là, on l'a vu dans le monde municipal, on
est passé de... Je les ai, les chiffres, pas loin, là. Mais on est passé des
taux de participation, au municipal, de 44,8 %, en 2017, à
38,7 % en 2021. C'est incroyable, là, ce n'est vraiment pas beaucoup. Puis
ça, c'est le municipal.
Puis je
comprends, tu sais, je comprends les gens, je comprends la réticence à aller
voter, je comprends le contexte particulier.
Mais moi, je me dis : Ce qu'il faut faire, c'est qu'il faut les aider. On
est là pour les aider. Il faut leur rendre la tâche facile. S'ils ont
peur de sortir, s'ils ont peur de... Si les gens ont peur d'être dans des foules,
si les gens ont peur, on a beau mettre
toutes les mesures en place... Si on peut leur faciliter la tâche, faisons-le,
là. C'est notre rôle, là, c'est notre rôle,
là. Puis, comme je vous dis, hein, on a une sensibilité particulière parce qu'on est des élus, là. Puis en même temps on va légiférer un peu pour nos
élections, là, ça va être nos propres élections, là. Tout le monde... bien, je présume, là, tout le monde... je présume que tout le monde ici aura son visage, là, sur une pancarte puis dans un poteau
électoral, là. Ça fait que, dans le fond, on est en train de légiférer
pour nos propres règles, pour inviter les gens à aller voter.
• (17 h 40) •
Le DGEQ a fait... Je reviens sur un petit topo
sur le vote électronique, ou par Internet, qu'a fait le Directeur général des élections. En juin 2020, il y a
un rapport qui a été déposé, un rapport de 225 pages avec des recommandations, mais rien de concluant, là,
des recommandations, rien de concluant, qui nous dit : Bien,
donnez-nous un autre mandat pour qu'on
vous revienne avec des mesures applicables, plus sérieuses. Mais il y a une des
recommandations qui est superimportante,
puis je pense qu'on pourrait même, là, trouver une façon de l'intégrer dans le projet de loi n° 7. Il y a une des
recommandations qui dit que... entre autres, il mentionne de réaliser des
projets pilotes pendant les prochaines élections provinciales. Donc, c'est peut-être le temps justement de mettre en
place ou d'élaborer des projets pilotes. Malheureusement, il n'y en a
pas qui ont...
On l'a
demandé au projet de loi n° 85, mais là je comprends qu'on était vraiment
serrés dans les délais, parce que le projet de loi n° 85 a été déposé...
je ne me souviens pas, je pense, c'est février ou mars, puis on l'a adopté
rapidement. Il y avait sept, huit articles, puis on l'a adopté rapidement pour
que le DGEQ puisse faire sa réglementation puis puisse légiférer autour de tout ça. Mais là je pense
qu'on est presque à un an, là, ça fait qu'on est sûrement capables, là, d'aller
un peu plus loin. Comme je dis, il y a déjà des rapports, on a déjà une
idée. On peut regarder ce qui se fait ailleurs aussi, parce que, dans le rapport, ici, là, on nous dit qu'on
peut... on nous dit qu'on a jeté un coup d'oeil à ce qui se faisait ailleurs au
Canada. Ça fait qu'on peut certainement, là, s'en servir pour rendre le vote
électronique applicable.
Le vote
électronique par Internet, bien sûr, ce n'est pas tout le monde qui... ce n'est
pas accessible à tous, on le comprend.
Ça fait que c'est pour ça que je dis : Il faut mettre en place diverses
mesures, pas juste celle-là. Mais celles-là ont été particulièrement réclamées par la Jeune Chambre de commerce de
Montréal, que j'ai rencontrée hier, qui nous disait : Bien, ça aurait été le fun, avoir ça lors des élections
municipales. On est à un an des élections provinciales, peut-être qu'on pourrait le mettre en place. Ça ne doit pas être
si compliqué que ça, on est en 2021. Puis on a vu ce qu'on a fait, là, pendant
la pandémie, puis c'est ce que je disais au Directeur général des élections
quand il est venu en commission parlementaire. Bien, je lui rappelais qu'on était superbons pendant la pandémie, les
médecins, on pouvait les consulter en télémédecine.
On pouvait faire des procès... Je suis
avocate en droit familial puis je parlais avec des collègues
qui ont fait des procès pour la garde d'enfant, pour des cas, bon, moins le
fun, là, mais le tribunal, là, c'est... dans le temps de le dire. Puis je le
rappelle, là, les tribunaux ne sont pas toujours les plus fines pointes technologies,
là, mais ils l'ont fait, là, pendant la pandémie,
là. Tu sais, tout le monde s'est mis à jour. Pourquoi? Bien, pour que le citoyen
puisse en bénéficier, parce que, tu
sais, il y a une clientèle qui avait des besoins, il y a des clientèles plus
vulnérables. Donc, si on a été capables de le faire pendant la pandémie,
on est certainement capables, minimalement, là, de faire certains projets
pilotes.
Et c'est
réclamé. Je le dis, c'est demandé. C'est demandé, évidemment,
surtout un peu plus une clientèle un peu plus jeune. Puis c'est
sorti lors d'un sondage téléphonique où 57 % des répondants étaient en faveur mais que, de façon
générale, l'appui était plus grand chez les jeunes électrices et électeurs,
puis il diminue à mesure que l'âge des électeurs augmente. Mais ce n'est pas une surprise, on s'en
doutait, tout le monde, un peu. Les plus jeunes, même moi, mes enfants,
ils ont tellement maintenant de facilité, là, c'est incroyable.
Mais, bon,
des petites mesures comme ça à mettre en place. Puis je pense que les élections
municipales du 7 novembre dernier
pourront nous servir définitivement de guide et de paramètres à mettre en place
pour les élections provinciales.
Le projet de loi n° 7, comme je disais, ça
vise à faciliter le déroulement des élections, des prochaines élections
provinciales dans le contexte de la pandémie, avec comme principe de protéger
la santé des électeurs et des travailleurs d'élection.
Parce que les travailleurs d'élection aussi... Puis il faut en parler, des travailleurs
d'élection. Mais vous le constatez sûrement dans vos comtés aussi. Puis là
c'est sûr qu'on parle, là, de la partie journée électorale, où on a besoin de
bénévoles pour accueillir les gens, diriger
les gens pour le vote. Mais vous pouvez le voir, Mme la Présidente, là, dans
vos organismes, vous pouvez le voir
un peu partout, même dans les commerces, où, dans les commerces, il y a une
pénurie de main-d'oeuvre, mais, dans
nos organismes, les bénévoles sont manquants, là. Il manque de bénévoles, c'est
rendu que c'est de la denrée rare,
nos bénévoles, c'est de la denrée rare. Puis je le comprends un peu, nos
personnes âgées sont réticentes à
s'impliquer, le contexte n'est pas nécessairement... la peur, hein, la peur est
souvent... La peur, l'inconnu, c'est souvent un frein.
Donc, il nous manque aussi beaucoup de
bénévoles. Ça fait que, quand on parle, là, de... puis de bénévoles ou même de personnes rémunérées, là. Mais, la
rémunération, on s'entend, là, que la rémunération dans le cadre de travailleurs
d'élection, là, ce n'est pas avec ça que
personne ne se met riche, là. Mais c'est souvent des gens qui sont passionnés,
qui suivent la politique ou qui ont un intérêt à s'impliquer. Bien, ça
aussi, on a de la difficulté, là, à recruter. On a eu de la difficulté aux
élections municipales.
Puis, ici, on
parle, entre autres, là, d'élargir, on parle... Là, il y a certaines mesures,
entre autres, dans le projet de loi :
«L'embauche de membres du personnel électoral dès l'âge de 16 ans
[permettra] d'élargir le bassin des candidatures tout en [permettant] à de
futurs [électrices et électeurs] de se familiariser avec le processus électoral.»
Donc, évidemment, je comprends
pourquoi on le met dans le projet de loi, parce qu'on veut recruter sur un
bassin peut-être un petit peu plus grand parce qu'il nous manque de personnes... il manque de personnes... Il
manque de personnes pour... Il manque de personnes, il manque de
travailleurs d'élection, mais il manque définitivement, aussi, de bénévoles.
Les règles
actuelles qui sont prévues à la Loi électorale, évidemment, ont besoin d'être
modernisées, bien, tant au niveau,
là, de la façon qu'on peut aller voter, mais ont besoin aussi d'être
simplifiées. Moderniser notamment pour favoriser l'accès à ce vote-là,
au vote électronique des électeurs, puis faciliter aussi l'organisation puis la
tenue de l'élection. Parce que ça a toujours
été très formel, hein? Puis moi, là, quand je dis ça, «très formel», là, je
pense à mes grands-parents qui disent
tout le temps qu'aller voter, c'est un droit, c'est important, ce n'est pas
tout le monde qui a la possibilité d'aller voter. Puis je me souviens même que, moi, quand mon grand-père, quand il
allait voter tant municipal que... il aimait mieux aller annuler... S'il n'avait pas lu le programme
électoral, là, il se déplaçait quand même pour aller voter, il aimait mieux
annuler son vote que rester chez eux puis ne pas aller voter. C'était un devoir
pour... C'est souvent nos personnes plus âgées,
là, qui se font un devoir d'aller voter. Puis mes grands-parents, là, ils se
mettaient sur leur 36 quand ils allaient voter, là, c'était superimportant pour eux autres, là, la cravate. Puis c'était
comme l'événement, ils s'en allaient voter, ils exerçaient leur droit de vote, ils participaient à la
démocratie, à la démocratie du Québec. Tu sais, je trouve ça... j'en parle
puis, tu sais, je trouve que des fois on perd un peu ce sens-là ou on
perd un peu ces valeurs-là.
Mais tout ça pour vous dire que faciliter
l'organisation puis la tenue d'une élection, bien, c'est nous, c'est notre devoir, en tant que législateurs, de le faire.
Puis je pense qu'on peut le faire. On l'a fait dans le projet de loi... Dans le
projet de loi n° 85, on l'a fait. Il y a sûrement eu des bons
coups, des mauvais coups. Bien, ils vont être répertoriés. Bien,
utilisons-les pour les mettre dans le projet de loi n° 7. Puis je suis
certaine, là, je le réitère, là, mais je suis certaine que le Directeur général des élections, on les a
rencontrés, là, il a une équipe avec lui, il sait, il a déjà une idée de
qu'est-ce qui a fonctionné, qu'est-ce
qui n'a pas fonctionné. Donc, quand ça va être répertorié, là, ça va aller
super vite, faire le projet de loi n° 7. Je pense qu'il... Ça va aller de soi. On ne
pourrait pas être pas d'accord, là, il y a une personne qui est concernée,
c'est le DGEQ, c'est lui qui reçoit toute l'information. Donc, il va tout colliger ça, il va tout mettre ça ensemble, puis ça
va bien aller.
Le projet de loi n° 7
proposait aussi, comme le n° 85, d'accorder ces pouvoirs-là,
les pouvoirs réglementaires, mais, je le
réitère, là, c'est des pouvoirs réglementaires temporaires. C'est-à-dire que
c'était... Le projet de loi n° 85, c'était dans le cadre des élections municipales du 7 novembre. Donc, dans
quatre ans, ce ne sera plus les mêmes... ça ne s'applique pas, là. Le projet de loi n° 85
s'appliquait une fois, puis c'était le 7 novembre 2021. Bien, c'est
ce qu'on veut faire aussi avec le projet de loi n° 7,
c'est-à-dire que ça va s'appliquer une fois, ça va être en octobre 2022.
Donc, ça va s'appliquer une fois,
assurons-nous de le faire correctement puis de mettre les bonnes mesures en
place. Puis je dis : «Ça va se faire une fois», c'est dans le
contexte de la pandémie aussi, un peu comme dans le projet de loi n° 85. Donc, faisons le tout correctement. Puis, quand je
dis : C'est un pouvoir réglementaire temporaire, bien, évidemment, ça...
avec des pouvoirs spéciaux octroyés au DGEQ,
qui va lui permettre de modifier et d'adapter certaines dispositions de la Loi
électorale en fonction du contexte de l'élection.
• (17 h 50) •
Il y avait,
entre autres... dans les pouvoirs qu'on lui a donnés, là, dans le projet de loi
n° 85, il y avait un pouvoir de définir par règlement les modifications
nécessaires, là, pour le bon déroulement des élections municipales du
7 novembre dernier, puis, bien,
ce bon déroulement là, là, il venait avec un règlement. Ça fait que c'est
sûrement dans ce règlement-là qu'il y aura les petits détails, le petit
détail à apporter pour assurer, là, évidemment, un succès, là, au niveau
provincial.
Il y a plusieurs changements qui avaient pour
objectif de favoriser l'accès puis l'exercice du droit de vote, puis en particulier, là, les populations plus aînées,
moins mobiles, puis, évidemment, de revoir le processus de la révision de la
liste électorale aussi, les révisions en
ligne. Il y avait une possibilité aussi de faire des révisions en ligne, ce qui
n'était pas possible avant. Est-ce que ça a fonctionné,
pas fonctionné? Bien, c'est des détails que le DGEQ devrait nous remettre dans
son rapport suite au projet de loi n° 85. Puis ce n'est pas anodin, là, je le réitère, c'est superimportant,
on est en train de faire un «one-shot
deal», là, pour les élections d'octobre 2022, qui nous concerne tous, mais
qui... Ce qu'on veut, c'est que... favoriser la démocratie. On veut que
les gens aillent voter. Donc, faisons-le de façon intelligente.
Ah! je les ai, les chiffres, là. Je parlais, là,
des récentes élections municipales, là, je parlais du taux de participation,
là, qui était passé de 44 % à 38 %. Il y a eu aussi... je tiens à
le mentionner, là, il y a eu beaucoup d'élections par acclamation. Je ne sais pas si le fait qu'on était, justement,
dans le contexte d'une pandémie qu'il y a des maires ou des potentiels
candidats qui se sont dit : Bien, ça risque d'être compliqué, on ne peut
pas faire du porte-à-porte comme on veut, ça va être difficile d'aller
rejoindre les gens. Ça fait qu'il y a peut-être des gens qui se sont dit :
Bien, je ne présenterai pas ma candidature, je vais attendre dans quatre
ans. C'est aux quatre ans, les élections municipales. Ça fait qu'ils se sont
peut-être dit : Je vais attendre dans
quatre ans pour être un potentiel candidat, là, au niveau municipal. Puis ça,
ça faisait partie des règles aussi,
là, édictées par le Directeur général des élections, entre autres, tu sais, le
porte-à-porte. Il y a beaucoup, beaucoup de pouvoirs, là, qui entourent tout ça. C'est pour ça que je dis : Il
faut prendre le temps de regarder, de décortiquer ça puis, après ça, là,
de les appliquer puis de les inclure dans le projet de loi.
Mme
la Présidente, relativement à cette motion de report là, ce que je porterai à
votre attention, puis je l'ai dit, même, précédemment, j'ai fait même sourire
quelques collègues en disant que ce n'était pas fait de mauvaise foi, mais
plutôt, au contraire, par souci de bien faire les choses. Puis je fais
toujours la parenthèse à ma motion de scission de mon projet de loi n° 49. Avant de dire non,
je pense que ça vaut la peine qu'on regarde, qu'on s'assoit ensemble puis qu'on
se dise : Bien oui, on travaille
ensemble, puis après... On peut même prendre des ententes, tu sais, une fois
qu'on a toutes les données, pour que
ça aille plus vite puis qu'on fasse le un, deux, trois. C'est ce qu'on aurait
dû faire dans le n° 49 aussi, relativement à la motion de scission, parce qu'on s'est
retrouvés en étude détaillée, puis ce qu'on a fait, c'est exactement ce qui
avait été proposé dans la motion de scission. Mais on a plutôt perdu du
temps à plaider contre une motion de scission.
Ça fait que moi, je
pense qu'il faut prendre le temps de regarder cette motion de report là. Je
pense qu'il y a beaucoup de questions, mais
il y a peu de réponses qui sont offertes. Je pense que le Directeur général des
élections est certainement celui qui a toutes les réponses, il va
compiler les données. Puis je pense qu'il va falloir aussi, tu sais, faire les
correctifs nécessaires dans le projet de loi en fonction de... Puis je suis
bien consciente aussi, là, que les élections municipales, ce n'est pas le même
fonctionnement au provincial, il y a des modalités différentes, qu'il y a des
formalités différentes qui s'appliquent,
mais ce que je dis, c'est que les grandes lignes, bien, il faut prendre le
temps de le regarder puis de
s'ajuster en conséquence, surtout pour éviter les manquements puis les erreurs
qui ont été commises. Parce qu'il y en a eu, des manquements, il y en a
eu, des erreurs. Ils ont été portés à notre connaissance. Bien sûr, on les
soulèvera lors de l'étude détaillée. En
fait, on a déjà informé la ministre. Même le Directeur général des élections a
déjà informé la ministre. Ça fait
qu'il y aura des correctifs sur ces points-là. Mais je pense que ça vaut la
peine de les mettre dans un rapport puis qu'on puisse le regarder ensemble, les législateurs, l'ensemble des
législateurs, c'est-à-dire l'ensemble des députés, ici, à l'Assemblée
nationale, ou particulièrement, là, ceux qui travaillent sur le projet de loi
en particulier. Mais je suis sûre que ça
intéresse plus que juste les gens de la commission, étant donné que ça concerne
nos élections provinciales qui auront lieu en octobre 2022.
Alors,
voilà, Mme la Présidente. Vous comprendrez que cette motion de report là est
pour moi très importante pour les motifs que je viens de vous invoquer.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Mégantic.
M. François Jacques
M.
Jacques : Bien, merci, Mme la Présidente. Mme la députée de Vaudreuil
nous a parlé longuement du projet de loi n° 85, qui a été présidé
en grande partie par notre collègue de Maskinongé, et je crois qu'il y a eu une
séance de présidée par le député de
Papineau, qui est de l'autre côté. Donc, je pense qu'on a travaillé très fort
au niveau du projet de loi n° 85 pour les élections municipales qui
se sont déroulées le 7 novembre dernier.
Le DGEQ nous avait
mentionné lors de l'étude... lors des consultations particulières que ça lui
prenait un bon moment pour préparer les élections municipales avec une
problématique, probablement, de pandémie ou de mesures sanitaires un peu
plus... avec des mesures sanitaires, en fait, pour l'élection municipale.
Vous savez, il y a eu
un comité consultatif, là, qui est issu, là... qui a été issu en vertu de la
Loi électorale. Les D.G. des quatre grands partis ont siégé sur ce comité
consultatif là. On parle de Brigitte Legault, Nadine Beaudoin, Carole Poirier, Julie Martel, toutes du PLQ, du
PQ, de QS et de la CAQ. Il y a certains députés, aussi, qui ont siégé sur le
comité consultatif. On peut parler du député de Papineau, du député de
Jean-Lesage et du député de Chapleau.
Une voix :
...
M.
Jacques : Lafontaine! Excusez-moi, Lafontaine. Le député de Papineau,
c'est le ministre de la Famille, exactement. Bien, je m'excuse, M. le
député de Papineau.
Donc,
il y a eu un consensus, lors de ce comité consultatif là, que ce projet de loi
là devait être adopté... bien, pas... présenté
maintenant pour être adopté avant la fin décembre, pour donner la chance au
DGEQ de pouvoir faire son travail pour la prochaine élection.
Mme la députée de Vaudreuil semble dire qu'on
est à la fin de la pandémie, qu'il n'y aura peut-être plus de mesures qui seront obligatoires ou qui vont être
peut-être un peu moins rigoureuses. Je pense qu'on s'entend bien sur les
mots qui ont été
utilisés un peu plus tôt. Mais on ne peut pas prévenir l'avenir et on ne sait
pas qu'est-ce qui va se passer pour
l'élection du 3 octobre 2021. Vous savez, on a entendu aussi que peut-être
qu'on aurait le goût de faire des élections anticipées, avant le... que les élections soient faites plus tôt que le
3 octobre, mais ce n'est pas dans l'intention du gouvernement, là, de
mettre des élections plus rapprochées.
Donc, pour toutes ces bonnes raisons, vous
savez, Mme la Présidente, que nous, nous allons... nous sommes contre la proposition de l'autre côté. Et on se
demande aussi de quelle façon les caucus, les trois caucus ont été consultés,
là, par rapport à la motion qui a été déposée. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député.
Maintenant, je suis prête à céder la parole au prochain intervenant. M.
le député de Pontiac, je vous cède la parole.
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci, Mme la
Présidente. J'ai entendu le député de Mégantic — si je ne me trompe pas, Mégantic, beau coin
de pays, Mégantic, d'ailleurs — nous dire, nous affirmer à l'instant que ce
n'était pas dans l'intention du gouvernement de faire des élections anticipées. Ça tombe bien, j'ai entendu le
premier ministre dire à peu près la même chose, que ce n'était pas dans l'intention du gouvernement de
faire ça. C'est une bonne nouvelle, ça, Mme la Présidente. Les gens ont voté
pour des élections à... Ici, là, on a voté pour des élections à date fixe. À un
moment donné, on a fait ce choix-là, et je pense que c'est une bonne chose que le gouvernement s'engage à respecter
cet échéancier-là, l'échéancier électoral auquel s'attendent tous les
Québécois, c'est-à-dire d'avoir une élection début octobre, l'an prochain.
Mais
justement, Mme la Présidente, si le gouvernement prend cet engagement-là, ne
pas avoir d'élections anticipées, ça
veut dire de ne pas avoir des élections en février, en mars, en avril, en mai,
en juin, peu importe, Mme la Présidente, de ne pas avoir des élections au
printemps, bien, ils ont le temps de faire les choses correctement ici. Ils
n'ont pas besoin de se presser pour rien. Ils n'ont pas besoin d'adopter
un projet de loi, d'étudier un projet de loi article par article, d'aller en
commission parlementaire, de faire le tour de tous les articles du projet de
loi n° 7, puis de le faire tout de suite.
• (18 heures) •
On peut se
permettre le 10 semaines qui est demandé dans la motion de report. On peut
se permettre de faire cette étude-là
au retour, lorsqu'on sera tous de retour après le congé des fêtes, Mme la Présidente. Puis la raison pour laquelle on a besoin de faire ça, ma collègue l'expliquait tantôt... mais avec le temps qui
nous est imparti par l'affirmation du député
de Mégantic, l'affirmation du premier ministre, bien, on a le temps de se pencher sur tout ce qui s'est passé à
l'élection municipale d'il y a
quelques semaines.
Et on n'a pas
besoin... J'entendais le collègue de LaFontaine, dans son échange avec le Directeur général des élections, dire : Bien, ce serait le fun, hein,
d'avoir un rapport sur ce qui s'est passé dans les élections municipales
pour savoir si tout ce qu'on a fait dans le projet de loi n° 85... et
pour ceux qui étaient au projet de loi n° 85, là, ma collègue et celles
qui y ont participé ont fait une étude,
disons, méticuleuse de la chose. C'est important de le faire, mais, pour savoir tout
ce qui s'est passé au cours de l'élection municipale, est-ce qu'on a
besoin d'avoir le rapport des 1 000 municipalités? Bien non. Est-ce qu'on a besoin d'avoir les rapports
des 1 000 directeurs des élections? Absolument pas. Mais il y en a qui ont
eu des pouvoirs particuliers, des pouvoirs qui leur étaient conférés par ce qui
était permis dans le projet de loi n° 85, des pouvoirs qui leur
étaient conférés par le Directeur général des élections, qui supervisait les
élections municipales.
Et pour
savoir si ça a fonctionné, pour savoir si ça n'a pas fonctionné, pour savoir
s'ils ont besoin de pouvoirs supplémentaires, pour savoir s'ils n'ont pas
besoin de certains pouvoirs, pour savoir si on pense que ça va bien fonctionner
dans le cadre d'une élection générale, provinciale où les taux de
participation, on se croise les doigts, vont être pas mal plus élevés
que ce qui était dans l'élection municipale.
Je regardais
les taux de participation, Mme la Présidente, aux élections municipales. À
Laval, c'était 28 %. À Gatineau, chez
nous, c'était 35 %. Puis j'ai des municipalités dans ma circonscription,
là... je parlais au directeur local des élections à mi-journée du jour du vote,
il me disait : Oui, j'ai eu 12 personnes ce matin. 12 personnes,
Mme la Présidente. Je comprends que
les municipalités rurales, des fois, il n'y a pas beaucoup de candidatures, il
n'y a pas beaucoup de concurrence, de compétition pour certains postes, mais
12 personnes qui se sont pointées pour voter, Mme la Présidente, le jour
de l'élection, ce n'est pas beaucoup, peu importe la taille de la
municipalité.
Alors, il y a
peut-être des pouvoirs qui ont été conférés par règlement qui sont nécessaires,
qu'on doit avoir, mais il y a peut-être des choses à modifier aussi. Puis c'est
là que l'échange entre le député de LaFontaine puis le Directeur général
des élections devenait intéressant, c'est
qu'ils disaient : On n'a pas besoin d'avoir les 1 000 municipalités,
mais pour les quelques grandes
villes... puis peut-être aller voir sur quelques petites municipalités aussi,
là, mais d'avoir des informations précises à savoir comment ça s'est passé puis
de pouvoir étudier ça ensemble, de pouvoir le regarder avant de faire
l'étude article par article, il me semble que c'est la moindre des choses.
Le député de Mégantic nous dit : Bien, on a
jusqu'à la fin de la session prochaine pour adopter tout ça, parce qu'il n'y en aura pas, des élections anticipées.
Bien, tant mieux, prenons le temps de le faire. Prenons le temps d'adopter la
motion de report ensemble, d'avoir le
rapport qui nous vient du Directeur général des élections, de le regarder, de
l'étudier, d'apprendre de ce qui
s'est passé puis de faire les modifications nécessaires, s'il y en a, au projet
de loi n° 7. Parce que le projet de loi n° 7, sur le fond, Mme
la Présidente, là, il y a des choses qui sont bien correctes avec ça.
Il y a des items qui sont bien corrects. Ma
collègue de Vaudreuil parlait des pouvoirs temporaires qui ont été octroyés à
travers... ou qui seraient octroyés à travers le projet de loi n° 7, mais
qui est un peu une copie conforme, là, du
projet de loi n° 85 sur les pouvoirs réglementaires temporaires accordés
au Directeur général des élections. Mais c'est pour ça que je vous dis :
Il y a du bon matériel dans le projet de loi. C'est la même chose pour leur
donner le pouvoir de définir par règlement les
modifications nécessaires à la Loi électorale pour faciliter le bon déroulement
des élections générales qui s'en viennent.
Mais
vous le savez, quand on fonctionne par règlement... Et là j'en conviens, le
Directeur général des élections a besoin de la souplesse nécessaire, hein? On
veut tous s'assurer que ça se passe bien, qu'un maximum de personnes puisse
participer à l'exercice électoral, à l'exercice démographique. On veut tous
s'assurer que les citoyens, leurs droits sont respectés.
On veut tous s'assurer qu'il y a assez de travailleurs d'élection. On veut tous
s'assurer que tout se fait dans un contexte qui est, ce n'est jamais
parfait, mais qui est presque parfait.
Alors, c'est
nécessaire, certaines des modifications, et c'est nécessaire que le DGE ait une
certaine flexibilité réglementaire. Moi, je n'aime pas ça, comme député de
l'opposition, là, dire : On a besoin des pouvoirs réglementaires. J'aime mieux la voir dans la loi, sauf que je peux
comprendre, dans un contexte comme celui-ci, pas que le gouvernement choisisse d'adopter, de se donner des pouvoirs par
règlement plutôt que par législation, mais que le DGE, qui est un peu notre
arbitre à tous, là, pas ici... ici, c'est vous, notre arbitre, mais un jour,
hein, quand on va se prendre dans une arène différente, bien, c'est le DGE qui va être notre arbitre. Puis que le
DGE ait des pouvoirs réglementaires qui lui permettent un peu de flexibilité, surtout dans le contexte où
tout n'est pas revenu à la normale encore, hein, Mme la Présidente, dans
le contexte où, comme le disait ma collègue
de Vaudreuil, on tend vers une certaine normalité, on va peut-être y revenir à
un moment donné, mais on ne sait pas on va être rendus où en octobre
2022...
On espère, là, qu'il
n'y en aura plus, qu'il va y avoir... qu'il n'y en aura plus, des mesures comme
celles-là, que ça va être plus simple
encore, qu'il n'y aura plus de gens qui vont être obligés de faire la file
dehors, qu'on va pouvoir permettre d'utiliser des locaux qui sont peut-être
plus simples, mieux adaptés, ce qu'on ne pouvait peut-être pas faire cette année. Mais pour faire tout ça, Mme la
Présidente, il faut se pencher sur ce qui marche, ce qui ne marche pas, ce
qu'on a besoin, ce qu'on n'a pas besoin. Puis ça, c'est l'exercice qu'on
demande au gouvernement aujourd'hui.
On ne leur demande
pas de prendre le projet de loi n° 7 puis de mettre ça aux vidanges. On a
besoin d'un projet de loi pour bien encadrer
comment va se passer, dans le cadre pandémique actuel et futur, l'élection qui s'en vient. On ne leur demande pas
de le mettre aux vidanges, on leur demande de dire... donner le temps au DGE de
faire l'analyse nécessaire de ce qui
s'est produit à l'élection municipale. Moi, quand je vois des taux de participation comme 38 % à Montréal,
28 % à Laval, 45 % à Québec, 35 % à Gatineau, 46 % à
Saguenay, ça, c'est des taux de participation qui sont tous plus bas que
la dernière fois, tous plus bas qu'en 2017. Il n'y a aucune de ces grandes
villes au Québec, là, qui a augmenté, aucune.
Alors, je me dis, on
a quelque chose à apprendre pour s'assurer que les gens ne se sentent pas limités
dans leur pouvoir démocratique, pouvoir
démocratique qu'ils ont exercé par le passé puis que, pour une raison qui
peut-être est liée à certaines des contraintes pandémiques, ils ont
choisi de ne pas exercer cette année, ils ont choisi de ne pas aller voter. Quand un taux de participation passe de 42 %
à 38 % à Montréal, là, c'est 4 % des Montréalais qui ne sont pas
allés voter. C'est des gens qui sont
allés voter en 2017, qui ont fait le choix de ne pas y aller cette année, puis
c'était à nous à leur enlever les obstacles.
Alors, de toute
évidence, on n'a pas enlevé les obstacles à tout le monde qui est habitué
d'aller voter, à tout le monde qui aime ça,
utiliser leur pouvoir démocratique. Il y a des gens qui, pour une raison ou une
autre, ne sont pas allés, puis moi,
j'aimerais ça, savoir si ça a un lien avec la pandémie, si ça a un lien avec
les mesures qui ont été adoptées dans le projet de loi n° 85,
si on est capables d'en faire plus, parce que chaque citoyen qui perd son droit
démocratique, qui choisit de laisser de côté
son droit démocratique, Mme la Présidente, bien, c'est une perte pour les gens
qui sont élus, c'est une perte pour la municipalité.
Moi, j'aime ça, là...
Moi, je suis arrivé ici, Mme la Présidente, là, en 2014, j'avais 27 000 quelques
personnes qui avaient voté pour moi. Là, je
ne me souviens plus du chiffre exact, parce que ça fait sept ans, mais je m'en
suis souvenu longtemps. Puis chacune
de ces personnes-là comptait, puis même ceux qui n'ont pas voté pour moi. Mais
ceux qui ont voté pour moi, je sentais le pouvoir, puis c'est vrai pour
tout le monde ici, là, de 27 000 personnes qui te donnent une
mission puis qui te disent : Va à
Québec, va te battre pour nous autres, va défendre nos idéaux. Puis c'est la
même chose aux élections municipales,
ça va être la même chose pour celui ou celle qui va occuper la chaise du
député... là, j'ai celle de Robert-Baldwin en avant de moi, mais de
n'importe quel autre comté ici.
Alors,
c'est notre devoir, ça, Mme la Présidente, de mettre tout en oeuvre pour que
les gens puissent aller voter, puissent le faire dans un contexte qu'ils
considèrent sécuritaire, puissent le faire dans un contexte qu'ils considèrent
leur octroyer la pleine liberté d'exercer leur devoir démocratique. Et
ça, Mme la Présidente, on peut juste le faire si on fait les choses correctement, si on apprend des
erreurs, si on apprend des mesures qui ne sont probablement pas allées assez
loin dans... du projet de loi n° 85 et si on les met
en place dans le projet de loi n° 7.
C'est
pour ça qu'on demande au gouvernement une motion de report aujourd'hui. C'est
pour ça qu'on demande au gouvernement d'entendre ce que le DGE a à dire. C'est
pour ça qu'on demande au gouvernement d'étudier ce qui s'est passé aux
élections municipales, pour qu'on puisse faire mieux la prochaine fois. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je suis prête à entendre un autre intervenant,
s'il y a d'autres intervenants. M. le député de LaFontaine, oui. En
fait, il vous reste...
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Oui, on a été...
• (18 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous voulez que je vous dise le temps qu'il vous reste?
M.
Tanguay : Oui, l'entièreté de l'enveloppe, puisqu'il a été confirmé
qu'ils n'utiliseront pas leur temps. Vous pouvez le dire précisément?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui. Bien, en fait, 19 min 35 s, là, pour l'opposition.
M. Tanguay : O.K., non,
mais...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Ah! 57 minutes au gouvernement, de mémoire, mais on
va me le confirmer. Je crois, de mémoire, c'est ça.
M. Tanguay :
O.K. Normalement, je devrais m'asseoir quand vous êtes debout, Mme la
Présidente, mais, juste sur une
question de directive, nous avons été informés, selon la procédure normale de
la table, au groupe parlementaire, que le gouvernement n'avait pas
l'intention d'utiliser leur temps. Alors, moi, je me lève et j'aimerais faire
ce temps-là dans un seul bloc. Et je vous
demanderais de m'informer, ce bloc de temps entier qui va nous mener jusqu'au
bout du deux heures, combien de minutes représente-t-il. Je vous
remercie beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Le
temps total restant est 1 h 16 min 35 s, pour être
très précise.
M. Tanguay :
Parfait. Alors, merci, Mme la Présidente. Alors, suivant votre indication, nous
allons donc utiliser, l'opposition officielle, l'entièreté de ce temps,
1 h 16 min et les secondes que vous avez mentionnées.
Alors, Mme la Présidente, nous avons eu
l'occasion ce matin, j'ai eu l'occasion ce matin... puis je remercie les collègues de me donner davantage de temps pour
étayer l'heure qui... puis effectivement je pense qu'ils se sont rendu compte
que j'avais manqué de temps ce matin, là,
quand je n'avais même pas eu le temps de compléter, de nous donner... nous
faire don de leur temps dans cette
motion de report là, pour pouvoir étayer davantage ce qui était demandé, ce qui
était le défi devant nous.
J'ai eu l'occasion, ce matin, Mme la Présidente,
dans le contexte du projet de loi n° 7, de souligner
l'importance de la Loi électorale. Le projet de loi n° 7,
là, on le sait, a comme titre Loi visant à faciliter le déroulement des
prochaines élections générales provinciales
dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et modifiant la Loi électorale.
Ce qui est proposé dans le projet de
loi n° 7, Mme la Présidente, c'est de venir modifier,
oui, une loi électorale, mais en deux temps.
Très clairement, le projet de loi fait
137 articles. On peut le subdiviser en deux phases. On peut le subdiviser en deux types de projets de loi. Le premier
élément, Mme la Présidente, ce sont les articles 1 à 3, et ça, j'aurai
l'occasion de l'étayer. Les
articles 1 à 3 viennent donner des pouvoirs extraordinaires au Directeur
général des élections. On va prendre le temps d'expliquer en quoi puis
on va prendre le temps d'expliquer comment ça, ça vient faire un débalancement,
parce que la Loi électorale est un des
piliers de notre démocratie au Québec. Donc, je vais compléter cette idée-là
avant de partir sur une autre idée.
Cette idée-là, Mme la Présidente, c'est de vous
souligner que le projet de loi... il y a deux projets de loi dans un seul projet
de loi. Le premier, j'y reviendrai, 1
à 3, COVID, commande de faire en sorte que le Directeur général des élections,
à toutes fins pratiques, sous réserve, dans certains cas, d'une commission parlementaire qui viendrait peut-être revisiter ou pas son
travail, ses modifications législatives qu'il aurait faites de façon unilatérale,
sous réserve de ce cas d'espèce là, il pourrait les modifier. Il
pourrait modifier la Loi électorale sans passer par une commission. Si
d'aventure il jugeait qu'il y a urgence, il pourrait le faire.
Évidemment, à la fin, on aura le bénéfice... on
aurait le bénéfice d'un rapport, mais vous savez qu'une fois que l'élection est terminée, bien, je veux dire, ce
qui a bien été a bien été puis ce qui n'aurait pas bien été... on ne le
souhaite pas, toucher du bois...
bien, ça se serait déjà matérialisé, puis il s'agit de notre démocratie.
Donc, articles 1 à 3, je vais y revenir tantôt.
Articles
4 à 137 et... l'article 4 à 137, il est important de les voir comme
étant justement une démonstration de l'importance qu'a le processus législatif, de l'importance qu'a toute modification à notre Loi électorale. Au Québec, il y a des pièces législatives
maîtresses. Il y en a quatre, j'en identifie quatre, Mme la Présidente, et là
je suis sur le projet de loi... Loi
électorale, moi, je l'assimile à
quoi? Je l'assimile à 1974. Robert
Bourassa, avec la loi 22, a fait en sorte, pour la première fois, que le
français était la langue officielle du Québec.
Pourquoi je vous parle de la loi 22 en 1974?
Parce qu'elle a donné l'opportunité à un ministre, à l'époque, qui s'appelait
Camille Laurin, qui l'a lui-même reconnu, que n'eût été de l'électrochoc...
C'est le mot qu'il avait utilisé. Camille
Laurin avait dit... n'eût été de l'électrochoc de la loi 22 de 1974 de Robert
Bourassa, il n'aurait pas pu déposer
la pièce législative
qui était, à l'époque, rappelons-nous, le projet de loi 1, projet de loi 1, qui était la première mouture d'une loi qui visait à renforcer le français
au Québec. Évidemment, il y a eu tout un débat sur les moyens à
utiliser. Il y avait du pour puis il
y avait du contre. Puis on a vu que
la Cour suprême, puis je ne
m'étendrai pas sur ce sujet-là, a eu l'occasion, la Cour suprême,
d'étayer et de recadrer le tout.
Mais un des
piliers, mon point, qui est comparable à la Loi électorale, c'est la Charte de
la langue française, projet de loi 1 du Parti québécois, qui est devenu par la
suite, après auditions, projet de loi 101. Ça, ça a été possible grâce à
l'électrochoc de 1974, loi 22, Robert Bourassa, première loi fondatrice du
Québec, première loi... Je ne la mets pas en ordre, je ne fais pas de hiérarchisation ici. Je la nomme
parce que je suis parti de 1974, avec la 22, pour arriver... la loi 22, pour
arriver à la Charte de la langue française.
Dans le temps, par la suite, en 1976, deuxième... Encore une fois, ce n'est pas une hiérarchie, parce que,
s'il y avait une hiérarchie, probablement que ce serait la Charte des droits et libertés de la personne qui trônerait. La Charte des droits et libertés
de la personne, c'est encore une fois Robert Bourassa en 1976, pièce législative maîtresse, qui est
quasi constitutionnelle et qui fait en sorte que
vous ne pouvez pas, dans d'autres lois, à moins de le dire spécifiquement,
aller à l'encontre de ces impératifs.
La Charte des droits et libertés de la personne du Québec, c'est notamment l'article 10 qui dit que vous ne pouvez pas
discriminer. Au Québec, les rapports entre les personnes
et aussi l'État, parce que la charte s'applique aux deux, les rapports entre les personnes et l'État, vous ne
pouvez pas dire à une femme enceinte : Je ne vais pas te louer mon
logement, parce que moi, je suis locateur, tu ne seras pas ma
locataire, parce que tu es enceinte, puis moi, j'ai plein de préjugés
puis je ne veux pas vous louer. Ça,
c'est un motif de discrimination. Ça, c'est illégal. Ça, c'est inacceptable
depuis 1976 en vertu de l'article 10 de la Charte des droits et
libertés de la personne.
Donc, Charte des droits et libertés de la personne, loi fondamentale au Québec. Charte de la langue française, loi fondamentale. C'est toujours,
Mme la Présidente, des analogies à la Loi électorale, qui est mon quatrième exemple de loi fondamentale, puis j'aurai
l'occasion d'en dire davantage un peu plus loin.
La troisième
loi fondamentale, qui est une loi qui régit les rapports de tous les jours des citoyens
entre eux, qui a un titre tout particulier, qui s'appelle le Code civil du Québec... Le Code civil du Québec est l'expression retentissante de la nature civiliste de notre droit quant aux rapports
entre les personnes... bien, le rapport des personnes
entre elles-mêmes, entre elles, donc les rapports privés, c'est le Code civil du Québec, qui est à type supplétif. Si ce n'est pas prévu de façon plus
spécifique dans une autre loi du Québec, bien, c'est le Code civil du Québec
qui va nous dire comment fonctionner, qui va
nous dire, à la section, notamment, des contrats nommés, contrats de vente, contrats
de louage, contrats de crédit, bail
et ainsi de suite, c'est le Code
civil qui va vous dire... si ce n'est
pas, par ailleurs, prévu de façon plus spécifique dans une autre
loi, c'est le Code civil du Québec qui va étayer ça.
Puis le Code civil du Québec, comme la Charte
des droits et libertés, comme la Charte de la langue française et comme la Loi
électorale, quand on va toucher à ces lois-là, c'est délicat. Ce sont des lois
majeures, qui sont des lois fondatrices. Je vais dire, ce n'est pas la Loi sur
les abeilles, là, puis je n'ai rien contre l'apiculture, Mme la Présidente, mais ce sont des lois fondatrices. Puis je vois
mon collègue qui est en face, qui sait à quoi je fais référence. Je pense,
c'est la première loi, là, dans les a, les lois consolidées, la première
loi qui ressort. C'est une loi importante, mais ce n'est pas une loi fondatrice, Mme la Présidente. Puis,
en passant, bien, sachez qu'il y a une loi sur les abeilles qui est en vigueur.
Alors, je ferme la parenthèse.
Tout ça pour vous dire que lorsque vous abordez
des sujets excessivement importants... Et je vous dirais même plus, dans la Loi électorale, il y a toujours eu,
appelez ça comme vous voulez, ce n'est pas une convention constitutionnelle
formelle, mais on va reprendre l'exemple du fait que nos lois, je vais vous le
dire tout de suite, là, la convention clairement établie,
c'est que ça prend l'unanimité.
Il ne
sortirait pas de l'idée de n'importe
quel gouvernement du Québec de dire :
Bien, pour être majoritaire à
l'Assemblée nationale, il faut être quoi? Il faut être 63 ou plus. Parfait. On
est quoi? On est 64? Parfait. On va modifier de fond en comble la Loi
électorale puis on va passer ça avec... On va user de notre majorité, puis peu
importe ce que disent les autres députés,
les 62 autres députés, on est 63, on a la majorité de un, on passe ça.
Normalement, si je veux être plus précis, on pourrait dire... on devrait dire : Ils sont 61, nous, on était 64,
parce qu'il va falloir qu'ils assurent la présidence. Alors, s'ils sont
64, ils ont la présidence qui ne vote pas, on tombe à 61 en face, puis ils sont
63. Ils auraient la majorité.
Il n'adviendrait à personne d'applaudir un
gouvernement, de dire : Bien, écoutez, c'est parfait, ils peuvent modifier la Loi électorale unilatéralement, faire
ce qu'ils veulent. Ce serait détourner non seulement... Certains diraient :
Bien, ils peuvent le faire en vertu de la
lettre. On pourrait avoir un débat là-dessus, mais très clairement ce serait
détourner l'esprit d'une loi fondatrice qui fait en sorte que la Loi
électorale, non seulement elle est fondatrice, mais elle est particulière,
parce que la Loi électorale préside à la formation, à l'élection, à la
désignation, c'est l'essence même de notre grande démocratie au Québec, à la désignation de certaines citoyennes et
citoyens, 125, qui vont représenter les 8,5 millions de Québécois
ici, à l'Assemblée nationale.
• (18 h 20) •
Cette
loi-cadre encadrant notre démocratie est tellement importante qu'elle est
l'acte fondateur, elle est le big bang de ce que sera l'Assemblée nationale
qui, elle, aura loisir de modifier toutes les autres lois, y inclus la Charte
de la langue française, y inclus la
Charte des droits et libertés de la personne, y inclus le Code civil du Québec
et aussi, ultimement, la Loi électorale.
Mais c'est là où on revient au point de départ
pour vous dire tout l'élément marquant. On veut que l'Assemblée nationale soit représentative. On veut que
l'Assemblée nationale représente les femmes, les hommes, les jeunes, toute la
population, la diversité, la richesse de notre diversité. Comment on peut faire
en sorte que cette Assemblée nationale là soit représentative? Votre réponse,
elle est au sein de la Loi électorale. Et, si vous ne faites pas un travail
consciencieux, qui tient la route,
qui s'assure d'un taux de participation qui tienne la route, bien, à ce
moment-là, Mme la Présidente, vous aurez une assemblée nationale qui
sera beaucoup moins représentative.
Je ne suis pas en train de dire qu'une assemblée
nationale ne serait absolument pas représentative, parce que 125 personnes représenteront toujours une
partie de la population, très clairement, mais ce serait ça, une représentation
qui serait juste quant à notre réalité, femmes, hommes, jeunes, diversité.
Et diversité, là, c'était dans son sens le plus large possible. 125, on peut faire du millage beaucoup pour être de plus en
plus représentatif. Est-ce que ce sera parfait? Ce ne sera jamais
parfait. On ne pourra jamais être parfait puis dire : Écoutez, selon les
proportions... parce qu'aussi on pourrait ajouter
des critères. On pourrait ajouter des critères de représentativité puis vous
faire dire : Bien, écoutez, il y a toujours un élément d'amélioration à y avoir. Mais la loi qui préside à l'identification,
à la désignation, par ce qu'on appelle une élection, notre démocratie,
notre grande démocratie, cette loi-là qui encadre ça, bien, c'est la Loi
électorale.
D'où
l'importance, je reviens à mon cas d'espèce, que vous avez un gouvernement majoritaire,
qui va déposer des amendements à
la Loi électorale, va vouloir faire une réforme de la Loi électorale. Bien, ça
va prendre l'unanimité. Il faut viser à l'unanimité. Je
ne suis pas en train de vous dire que, s'il y avait un seul député ou une seule
députée, puis aussi bien fondées
soient ses appréhensions, qui dirait : Bien, moi, je vote contre... À un
certain moment donné, on ne peut pas dire : Bien, ça va être 124 contre un, mais il y en a un ou une qui ne veut
pas, on ne va pas moderniser, selon le souhait de 98 % de l'Assemblée nationale, les 124 sur 125, on ne va
pas moderniser notre Loi électorale. Non, je ne suis pas en train de dire que
c'est une règle absolue, mais c'est une règle que très certainement... dont
vous ne respecterez que certainement pas l'esprit si vous laissez de côté 10, 15, 20, 30 députés. Là, plus
il y en a, plus vous êtes en écart par rapport à ce qui est attendu.
Pourquoi
je vous dis tout ça, Mme la Présidente? C'est pour souligner, vous l'avez bien
vu, l'importance de la Loi électorale, souligner le facteur initial,
déterminant, qui vient donner la couleur de notre Assemblée nationale, que l'on
veut la plus représentative possible, parce que c'est ici que sont votées les
lois. C'est ici que sont adoptés les budgets. C'est ici que sont nommés
beaucoup d'officiers, aux deux tiers. On a un impact majeur. Et aussi, c'est
ici aussi où il peut y avoir du travail qui
soit fait, d'analyse, d'étude. Des mandats d'initiative, là, je veux bien
croire que c'est rare, mais ça arrive
à l'occasion, puis un mandat d'initiative va venir se poser des questions...
Vous allez avoir 10, 11, 12, 13 collègues de tous les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale, avec
les collègues indépendants, qui vont se poser, se pencher sur une question.
Alors,
l'Assemblée nationale, c'est tout ça. La Loi électorale va vous donner cette
couleur-là, et d'où l'importance d'en
avoir des bonifications, des réformes qui visent l'unanimité. C'est pour ça,
Mme la Présidente, puis vous allez dire que j'ai de la suite dans les idées — en tout cas, si vous ne le dites pas,
j'espère que vous allez le penser — que nous avions ce discours-là dans le mode de scrutin. Le mode de
scrutin participait d'une refonte fondamentale de la Loi électorale. Le mode de scrutin, nous,
on avait dit que ce n'était pas la bonne route que nous devions emprunter.
Par
contre, rapidement, rapidement, on avait dit : Bien, nous, on ne sera pas
les empêcheurs de danser en rond, là. Je
veux dire, le gouvernement a le fardeau de la preuve sur la refonte du mode
de scrutin. Nous allons, nous, à ce
moment-là, faire nos représentations,
mais il n'y aura pas de blocage. On va faire nos représentations puis on va se
fier à l'intelligence des gens qui
vont nous écouter puis au tourbillon médiatique qui va faire en sorte de
soulever des enjeux de représentativité régionale, des enjeux de deux types de députés, députés de comté,
députés de région, des enjeux de : Est-ce qu'on a une véritable représentativité?, puis des enjeux qui
disent : Bien, écoutez, à 10 %, au niveau national, pour pouvoir
prétendre à une répartition régionale, bien, on fait juste favoriser
CAQ, PLQ, QS, PQ, «that's it». Excusez-moi l'anglicisme. Donc, si on dit : On fait une refonte de mode de
scrutin, alors que partout à travers le monde c'est 5 %, ici c'était
10 %, qu'en est-il du Parti
vert? Qu'en est-il des autres partis? L'argument de dire : Bien, on va
faire de la proportionnelle, on va faire... on va aider des partis
émergents à être représentés ici, on passait totalement à côté.
Tout ça pour vous
dire que nous avions dit : On va faire le débat intelligemment, on va y
aller article par article. Puis là, Mme la
Présidente, moi, je suis toujours prêt, là. Je ne sais pas si vous avez des
indications à me donner, là, mais, si
le gouvernement décide de rappeler le mode de scrutin, on a toujours dit que
nous, on était à travailler là-dessus. Très clairement, ils le savent, le gouvernement sait où on loge, on ne pense
pas que ce soit faire un pas dans la bonne direction.
Je parlais de
diversité un peu plus tôt, Mme la Présidente, puis on est toujours sur le
projet de loi n° 7 avec la Loi électorale. J'ai déposé un projet de loi. Nous avons déposé, de
l'opposition officielle, un projet de loi qui faisait en sorte que les partis aient une obligation de
candidatures féminines et que, s'il n'y avait pas suffisamment de candidatures
féminines dans une zone paritaire de plus de
40 %, bien, qu'il allait y avoir des conséquences et que, si vous faisiez
élire effectivement des candidates dans votre caucus dans une zone paritaire de
plus de 40 %, bien là, vous auriez évidemment une reconnaissance de l'État dans le financement.
Ça, c'est le malus bonus et, en ce sens-là, c'est des éléments très tangibles.
Alors,
quand on parle de Loi électorale, le gouvernement s'est rendu compte, pour la
réforme du mode de scrutin, parce qu'ils ne l'ont pas rappelée, qu'ils ne
pouvaient pas dire : Ah! bien là, les oppositions bloquent. Il n'y avait
aucun blocage. Mais il s'est rendu compte que c'était majeur, qu'il n'y avait
pas l'adhésion, peut-être, qu'il aurait dû avoir de la population. Et c'est pour ça qu'appliquer tout ça, tout ce que je
vous dis, là, au projet de loi n° 7, là... quand on dit : Bien, savez-vous quoi? La Loi électorale, ah, ça
va être juste pour une fois, ça va être pour les prochaines élections puis,
après ça, ce ne sera plus le cas. Mais, pour
les prochaines élections, le Directeur général des élections va pouvoir prendre
sa plume puis il va pouvoir réécrire la Loi
électorale, puis réécrire la Loi électorale, dans un contexte de COVID, de
manière à faciliter le vote. Puis on précise même, dans le projet de loi,
que ce ne sera pas juste l'acte, le geste de voter, vote par correspondance, bureau de vote par anticipation.
Où? Quand? Comment? Et ainsi de suite. Ce serait également le financement des partis politiques et tout autre élément, si tant est que, dans son
propre jugement, c'était un élément qu'il devait modifier
unilatéralement, sous réserve de la commission parlementaire, je vais y
revenir plus tard, pour faciliter la COVID. Et lui-même pouvait être juge de ça, sur tous les aspects de la Loi électorale, la modifier dans un contexte de COVID et la modifier,
s'il considère qu'il y a urgence, sans même passer par la commission
parlementaire.
Mais,
même s'il passait par la commission
parlementaire, Mme la Présidente, je viens de vous donner les exemples tangibles
où le processus électoral fait en sorte... pas le processus électoral, le
processus législatif fait en sorte que... commission parlementaire, c'est du travail très important
qui se fait là, mais tout n'aura pas été dit au début et à la fin des commissions parlementaires. Nous devons d'abord
être ici, sur le principe, au salon bleu, et après les auditions en commission parlementaire, oui, puis après l'article par article en commission
parlementaire, oui, on doit retourner
ici puis faire la PC, ce qu'on appelle la PC, la prise en considération. Et là on récupère les 125... parce qu'il y a des collègues, 11 ou 13, qui ont
travaillé en commission parlementaire, qui ont fait des amendements.
Puis
là on se félicite toujours puis on se dit toujours : Aïe! on a-tu bien
travaillé? Au début, là, on est tous dans la pôle à rideau, Mme la Présidente,
parce qu'on se dit : Ça n'a pas de bon sens. Puis, de part et d'autre,
nous faisons peut-être peu dans la
nuance. Mais ça, jusqu'à un certain point, ça aide au débat public, parce que
dis-moi ce que tu as dans la tête, puis
moi, je vais dire comment je le perçois, puis, si on voit qu'il y a un
débalancement, bien, ça va vous déterminer le défi de communication que vous avez puis le défi de compréhension que
vous avez au sein de la population. Mais, même là, ça doit revenir au
salon bleu parce que ça doit être amendé.
Dans le meilleur des cas,
le DGEQ réécrirait, je vais résumer ça de même, la Loi électorale avec une
seule participation de commission
parlementaire. Puis si, passé le mois de juin prochain, l'Assemblée ne siège
plus et qu'il juge qu'il y a urgence, bien, il pourrait le faire de son
propre chef.
Et ça, on a,
puis je veux vous donner le punch, là, on a... Mais je vais continuer demain,
Mme la Présidente, ne vous inquiétez pas. On a un laboratoire extraordinaire
qui a eu lieu dans les élections municipales, c'est le projet de loi
n° 85, puis le DGEQ, puis les directeurs de scrutin ont eu l'occasion de
réécrire certaines lois. Moi, je voudrais savoir, avant d'aller plus avant, qu'est-ce qui a été réécrit, quel a
été l'impact? Parce que 38 % de taux de participation, moins 4 %, je
veux bien croire que les élections
fédérales ont pu avoir un impact négatif sur le taux de participation, mais
moi, je veux en savoir plus avant de
faire copier-coller en substance, parce qu'on va voir que ce n'est pas tout à
fait pareil avec l'élection provinciale, Mme la Présidente.
J'aimerais poursuivre demain, si le coeur vous
en dit.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je pense que nous avions tous compris
ça, M. le député de LaFontaine, que vous allez poursuivre votre
intervention à la reprise des travaux.
Ajournement
Alors, compte
tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au mercredi 24 novembre 2021, à 9 h 40.
Merci.
(Fin de la séance à 18 h 30)