(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Donc, nous allons débuter avec la déclaration de
députés. Et je cède la parole à M. le député de Chauveau.
Saluer l'initiative Le Net me branche du
Carrefour jeunesse-emploi Chauveau
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je profite de ma déclaration de député pour saluer une nouvelle initiative
intergénérationnelle mise sur pied par le Carrefour jeunesse-emploi Chauveau.
Il s'agit du projet Le Net me branche.
Jumelant un
jeune et un aîné, ce projet a pour objectif de briser l'isolement
des aînés et de favoriser leur maintien à domicile
tout en leur permettant d'avoir accès à une panoplie d'informations sur
Internet.
On le sait, au cours des derniers mois nos aînés
ont dû faire face à plusieurs défis, dont celui de s'adapter aux nouvelles
technologies. Grâce aux jeunes bénévoles impliqués dans le projet Le Net me
branche, les personnes aînées pourront
apprendre comment se servir d'une tablette, effectuer certains paiements en
ligne, assister à des webinaires, mais aussi être vigilants lorsqu'ils
sont sur Internet.
Je suis très
fier d'avoir contribué à ce projet novateur. Bravo au CJE Chauveau pour cette initiative, qui permettra aux jeunes de nouer de belles relations avec les aînés
de notre communauté et aux personnes aînées de développer des compétences informatiques!
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député.
J'en profite
pour vous rappeler que nous avons une minute pour faire notre déclaration de député. J'ai oublié de vous le mentionner au début, mais
c'est important d'être disciplinés, aujourd'hui, parce que nous en avons une de
plus.
Alors, Mme la députée des Mille-Îles, je vous
cède la parole.
Déplorer l'absence de stratégie en matière de foresterie
Mme Francine Charbonneau
Mme Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, par cette déclaration, je souhaite
souligner les 60 000 familles du milieu forestier
québécois oubliées dans le discours inaugural du premier ministre, ce milieu
qui est présent et qui génère des retombées économiques dans au moins
902 municipalités.
Hier, ces familles ont été témoins d'une absence
de vision, d'écoute, mais surtout de prévisibilité pour le milieu forestier. Parler d'avenir, c'est parler de notre
forêt. Parler de notre forêt, c'est parler d'un vecteur important de
développement de nos régions. Parler de notre forêt, c'est veiller à ce
qu'elle ait un plan afin d'assurer sa prospérité et sa pérennité.
Le premier
ministre a utilisé une citation d'un ancien président américain pour poser une
question aux Québécois. Aujourd'hui, je réponds au premier ministre ceci :
Et lui, que compte-t-il faire pour le milieu forestier?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
M. le député de Beauce-Nord, la parole est à vous.
Féliciter les lauréats du Gala des Perséides
M. Luc Provençal
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. Vendredi dernier, à Sainte-Marie, j'ai assisté à la
11e édition du Gala des Perséides de la Chambre de commerce et d'industrie
de la Nouvelle-Beauce. L'événement fut l'occasion de récompenser des
entreprises, organisations et personnalités qui ont su se démarquer.
Je prends un instant pour féliciter les lauréats
de la cuvée 2021 : Mario Cantin, de Cantin Cabinet conseils, Club voyages Fascination, Vachon École de conduite
supérieure, Lori-Anne Berthiaume, de Porc S.B., Bleuetière Marland, Gym
Élite Coach, Les Jardins de la passion, A.D. Plus, armoires et décoration,
Structures R.B.R., Riopel, Christian Marcoux Cuisine et mobilier design, Groupe
Ferti, Woodooliparc, Aura Architecture & design et Breton
Revêtements métalliques. Sans oublier le
prix Coup de coeur 2021, décerné à Luce Lacroix, de la Maison de la
famille Nouvelle-Beauce.
Mes hommages aux organisateurs. Et félicitations
à tous et à toutes! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Pontiac.
Déplorer l'absence de stratégie
en matière
de mobilité et de transport collectif
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Année après année, sondage après sondage, les
enjeux de mobilité sont au coeur des
préoccupations des Québécois. À Montréal, à Québec, à Gatineau et à Sherbrooke,
les citoyens veulent réduire leurs temps de déplacement, veulent des
meilleurs services de transport en commun, veulent une mobilité plus adaptée à
leurs besoins.
Et pourtant, hier,
dans un discours axé sur ses priorités, le premier ministre a complètement
évité de mentionner un seul projet de
mobilité. Aucune nouvelle initiative. Aucun nouveau projet. Aucune nouvelle
idée. Il n'a rien dit pour les gens
qui, en ce moment, Mme la Présidente, sont pris dans le trafic, qui attendent
entre deux correspondances d'autobus. Rien
pour rassurer les sociétés de transport, qui considèrent aujourd'hui devoir
éliminer des trajets, couper des services aux usagers par manque de
financement. Même pour ses projets bien à lui, même dans un discours à saveur
électorale, rien pour son tunnel électoraliste à 10 milliards.
Tout ça en dit long
sur les priorités du gouvernement. Ça en dit long sur la déconnexion du premier
ministre avec le quotidien des Québécois. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Je
cède maintenant la parole à Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Souligner le
20e anniversaire de l'organisme
Répit Une heure pour moi inc.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Mme la Présidente, j'aimerais aujourd'hui rendre
hommage à un organisme de ma circonscription qui célèbre déjà ses 20 ans de service auprès des familles dont un
enfant a une problématique liée à la santé mentale. Cet organisme, c'est
Répit Une heure pour moi.
Par
du répit à domicile ou en accompagnement, des éducateurs spécialisés et
passionnés soutiennent, réconfortent et outillent parents et enfants. Par leur
présence, c'est bien plus que du répit qu'ils offrent, c'est une qualité de vie
améliorée pour les familles.
Vu
le contexte actuel, ils célèbrent cette semaine en combinant le présentiel et
le virtuel, en offrant à leurs membres formations,
animations pour les enfants et rencontres entre les parents, en plus de
souligner l'immense contribution des personnes qui ont bâti l'organisme.
Longue
vie, Mme la Présidente, à Répit Une heure pour moi, et, j'en suis certaine, qui
était essentiel, demeure essentiel et le sera encore dans les années
futures! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Jean-Lesage.
Souligner l'engagement de
MM. Noah Ducharme et Antonin Girard
dans la lutte contre les changements climatiques
et pour la protection de l'environnement
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, il y a quelque
chose qui cloche. L'avenir de notre environnement est tellement
inquiétant et les mesures en place tellement insuffisantes que ce sont les
élèves du secondaire qui doivent manifester pour attirer l'attention du
gouvernement.
Ce n'est pas normal,
mais, en même temps, ça donne espoir. J'ai une admiration infinie pour cette
jeunesse impliquée et conscientisée qui
donne foi en l'avenir. Je pense à deux jeunes de Québec, Noah Ducharme et
Antonin Girard. Depuis février, on
peut les voir manifester, les jeudis, devant l'hôtel du Parlement. Au départ, ils étaient deux. Maintenant, le mouvement grandit. Et, en ce moment, leur
pétition sur le seuil maximal de nickel dans l'air est en voie d'être déposée
et a amassé plus d'un millier de signatures.
Il
y a beaucoup de choses qui me préoccupent, mais je suis rassuré de savoir que
les leaders de demain prennent déjà les devants. Maintenant, c'est à
nous d'être à la hauteur de leurs espoirs. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Masson.
Souligner
le travail des organismes communautaires
de la circonscription de Masson
M. Mathieu Lemay
M. Lemay :
Mme la Présidente, j'aimerais profiter de la Semaine nationale de l'action
communautaire autonome pour souligner
le travail extraordinaire des 4 000 organismes,
60 000 travailleurs et 425 000 bénévoles qui composent le
réseau québécois des communautaires.
Donc,
je peux vous assurer, Mme la Présidente, que les citoyens de ma circonscription
sont privilégiés de pouvoir compter sur des organismes communautaires en
or.
Alors,
d'ailleurs, je pourrais vous en énumérer plusieurs, mais je vais vous parler
particulièrement du Relais de Mascouche,
qui fournit un soutien alimentaire aux personnes les plus vulnérables,
d'Uniatox, un organisme de prévention de
toxicomanie et de réinsertion sociale, ainsi que de Parenfants de Mascouche,
qui offre un service incroyable à toutes nos familles.
Alors, grâce à leur
créativité et à leur dévouement, ils ont joué un rôle fondamental dans le combat
contre la COVID-19, tout en continuant d'offrir des services essentiels à nos
concitoyens en difficulté.
Alors,
Mme la Présidente, je tiens à féliciter tous nos organismes communautaires pour
le travail accompli. Ils font une réelle différence dans le quotidien
des nombreux Québécoises et Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le
député. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Jonquière.
Rendre hommage à
M. Sébastien Pilote,
réalisateur du film Maria Chapdelaine
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, Mme
la Présidente, je tiens à souligner
la réalisation remarquable du film Maria Chapdelainepar
un scénariste et réalisateur du Saguenay—Lac-Saint-Jean, Sébastien Pilote.
Sébastien
a relevé le défi de créer une quatrième adaptation du célèbre roman de Louis
Hémon. Son film a occupé le sommet du box-office québécois.
J'ai
eu la chance de voir le film. Sébastien fait une relecture brillante de ce
roman du terroir, dont l'analyse classique se résume trop à un peuple né pour un petit pain. Tout en étant très
conforme au roman, il nous fait plutôt découvrir une Maria qui assume
pleinement son choix de faire de la terre pour occuper le territoire et
repousser les frontières de la colonisation de plus en plus vers le nord.
Tout
est magnifique dans ce film, les images, les couleurs, les références
historiques, conformes à ce peuple qui a bûché — c'est
le cas de le dire — pour
développer nos régions.
Je
tiens à féliciter Sébastien Pilote, toute l'équipe de production, les acteurs,
convaincants, dont Sara Montpetit dans le rôle-titre, une véritable révélation,
Sébastien Ricard, Hélène Florent et tous les autres. J'invite tous les députés
à aller voir le film. Bravo, Sébastien!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Mme
la députée de Huntingdon, la parole est à vous.
Rendre hommage à
Mme Catherine Plamondon,
pharmacienne
Mme Claire IsaBelle
Mme IsaBelle :
Merci, Mme la Présidente. Pharmacienne propriétaire de pharmacies dans la
circonscription de Huntingdon, Catherine Plamondon est très active.
En
2018, elle participe à l'émission radiophonique Véronique et les
fantastiques comme la Fantastique Pharmacienne. Cette expérience inspirante la motive à rédiger un
guide pour démystifier le rôle de la pharmacienne et du pharmacien, tel
qu'expliquer comment prévenir ou soigner nos petits bobos.
D'ailleurs,
saviez-vous que 38 % de la population considère qu'un échange
professionnel auprès d'une ou d'un pharmacien leur a évité de consulter un
médecin en clinique ou à l'urgence?
Comme nous le savons,
la loi n° 31 présentée en 2020 par la ministre
de Sanguinet leur confère maintenant de nouvelles
responsabilités, telles que la vaccination, ce qui a permis aux cliniques de
Mme Plamondon d'offrir tout près de 1 800 doses.
Mme Plamondon,
merci pour votre dévouement. Et achetez son guide.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Montarville.
Souligner
le 50e anniversaire du Grand Théâtre de Québec
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je veux souligner le
50e anniversaire du Grand Théâtre de Québec.
C'est
en 1971 qu'a été inauguré ce haut lieu de la culture de la capitale nationale.
Pour l'occasion, le grand chef
d'orchestre Wilfrid Pelletier venait diriger
l'Orchestre symphonique de Québec dans ses nouveaux quartiers, le dramaturge
Jean Barbeau lançait la programmation du Théâtre du Trident, et Les Grands
Ballets canadiens mettaient à l'affiche l'opéra
rock Tommy, tiré de l'oeuvre du légendaire groupe The Who. Ce
dernier projet avait semé l'émoi, tout comme la grande murale de Jordi
Bonet, jugée vulgaire, à l'époque, imaginez.
Lieu de grandes
rencontres artistiques, le Grand Théâtre a fait sa marque en tant que leader en
création et en diffusion des arts de la
scène. Animé par le désir d'atteindre un vaste public sans faire de compromis
sur la qualité des oeuvres, il a fait place à l'audace des créateurs.
Du haut de ses
50 ans, notre Grand Théâtre de Québec est devenu une véritable institution,
plus pertinente que jamais. Souhaitons-lui un excellent 50e. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai votre consentement pour
permettre au député d'Arthabaska de faire une 11e déclaration de
députés?
Des voix :
Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le député d'Arthabaska, la parole est à vous.
Rendre hommage à des élus
sortants des
MRC d'Arthabaska et de L'Érable
M. Eric Lefebvre
M. Lefebvre : Merci, Mme
la Présidente. Je désire rendre
hommage à des gens avec qui j'ai collaboré et qui ont fait preuve de courage, d'audace, d'écoute et de
créativité en s'impliquant activement au sein de leur communauté en tant
que mairesse et maires, au sein de ma circonscription.
Une
mairesse, sept maires ainsi que les préfets de la MRC d'Arthabaska et de L'Érable ont déjà annoncé qu'ils ne solliciteraient pas un
nouveau mandat. Être à la tête d'une municipalité demande énormément de temps
et de sacrifices. Je salue leur implication.
Ils ont participé activement à améliorer leur milieu de vie tout en contribuant
à faire rayonner le territoire d'Arthabaska-L'Érable.
Je désire ainsi, Mme
la Présidente, saluer tout le travail effectué par Mme Marie-Claude
Chouinard ainsi que MM. Alain
St-Pierre, Lionel Fréchette, Mario Fortin, André Bellavance, Alain Dubois, Yves
Boissonneault et Sylvain Labrecque. Merci pour tout. Et bon succès dans
vos défis futurs.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Cela met fin à la
rubrique de déclarations de députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 53)
(Reprise à 10 h 6)
Le
Président : Mmes et
MM. les députés, bon mercredi. Bonne journée à toutes et à tous. Nous allons
nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Oui, M. le Président, pourriez-vous appeler l'article a du feuilleton, s'il
vous plaît?
Projet de loi n° 3
Le
Président : Et, à
l'article a du feuilleton, M. le ministre des Finances présente le projet de loi n° 3, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement dans le secteur financier. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci, M. le Président. Ce projet de loi modifie diverses
mesures législatives concernant principalement le secteur financier.
Le projet de loi modifie la Loi sur l'assurance
automobile afin de prévoir les règles en matière d'assurance responsabilité applicables aux entreprises
lorsqu'une personne, dont les services ont été retenus par cette entreprise,
utilise son véhicule automobile aux fins de son travail. Il permet
également la communication des renseignements concernant l'expérience en assurance automobile des assureurs
ainsi que l'expérience en conduite automobile des personnes que ces
derniers assurent aux cabinets inscrits en assurance de dommages.
Le projet de loi modifie ensuite la Loi sur les
assureurs afin principalement :
1° de permettre qu'une union réciproque puisse
être formée de parties qui ne sont pas dotées de la personnalité juridique;
2° de prévoir
qu'un preneur ne puisse résoudre un contrat d'assurance voyage lorsque le
voyage visé par la garantie a débuté;
3° de
permettre à un assureur d'acquérir et de détenir des titres de capital d'apport
dans un cabinet inscrit en assurance de
dommages au-delà des limites prévues par la Loi sur les assureurs si cet
assureur, son groupe financier ou les personnes morales qui leur sont
liées respectent les limites prévues par la Loi sur la distribution des
produits et services financiers.
Le projet de loi modifie aussi la Loi sur les
coopératives de services financiers afin de revoir les règles relatives à l'audit des états financiers d'une coopérative
de services financiers ou d'un fonds de sécurité. Il prévoit que les limites
aux placements d'une fédération ne s'appliquent pas lorsqu'elle acquiert ou
détient des titres de capital d'apport de ses membres auxiliaires
participants.
Le projet de
loi modifie également la Loi sur le courtage immobilier pour prévoir qu'une
personne autorisée en vertu de la loi
d'une autre autorité législative que le Québec à se livrer à une opération de
courtage visant la vente, l'achat ou
la location d'un immeuble doit maintenant être titulaire d'un permis de
courtier ou d'agence délivré au Québec ou d'une autorisation spéciale de l'Organisme d'autoréglementation du courtage
immobilier du Québec pour se livrer à une opération de courtage
immobilier visant la localisation d'un immeuble au Québec.
Le projet de loi modifie la Loi sur la
distribution de produits et services financiers afin, notamment :
1° de prévoir les obligations propres au
courtier hypothécaire;
2° d'ajuster
les obligations de divulgation des liens d'affaires des cabinets de courtage en
assurance de dommages et des agences en assurance de dommages ainsi que
la forme de ces divulgations;
3° de prévoir
les critères d'indépendance des administrateurs
de la Chambre de la sécurité financière et de la Chambre de l'assurance
de dommages.
• (10 h 10) •
Le projet de loi modifie la Loi sur
l'encadrement du secteur financier afin notamment de créer un conseil d'administration au sein de l'Autorité des marchés
financiers et d'abolir le Conseil consultatif de régie administrative. Il
assujettit l'autorité à la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.
Le projet de loi modifie également la Loi sur
les institutions de dépôts et la protection des dépôts afin de retirer la possibilité pour l'Autorité des marchés
financiers d'annuler des parts émises par une institution de dépôts faisant
partie du groupe coopératif ou de radier toute partie des créances non
garanties négociables et transférables.
Le projet de loi prévoit qu'un avis concernant
une opération qui nécessite un réexamen d'une autorisation par l'Autorité des marchés financiers, en vertu de la
Loi sur les assureurs, de la Loi sur les institutions de dépôts et la
protection de dépôts et de la Loi sur
les sociétés de fiducie et les sociétés d'épargne, est publié à son bulletin au
plus tard 30 jours avant la date fixée pour cette opération.
Le projet de
loi prévoit aussi que certaines obligations d'une institution financière ou
certaines interdictions applicables à une telle institution peuvent
viser quiconque est contrôlé par cette institution ou quiconque agit pour son
compte.
Finalement,
le projet de loi propose diverses mesures d'assouplissement applicables pour la
période du 1er avril 2021 au 31 mars 2022 aux personnes ayant
des dettes d'études en vertu du Programme de prêts et bourses. Il apporte des corrections de nature technique et contient des
dispositions de concordance et des dispositions transitoires. Merci, M. le
Président.
Mise aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur la
présentation de ce projet de loi, suivi des députés indépendants. M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président :
M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville?
Mme Samson : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, merci, M. le Président. Vous savez à quel
point on apprécie le temps en commission parlementaire avec le ministre des Finances, je sais à quel
point il l'apprécie également, donc nous demandons, si c'est possible, la tenue
de consultations particulières avec le ministre et les intervenants concernés.
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Oui, M. le Président. Le ministre des Finances trépigne d'impatience, M. le
Président. Ceci étant dit, il nous fera plaisir d'entendre les
suggestions des groupes d'opposition pour les consultations particulières.
Le Président : Merci.
Dépôt de documents
Nous passons à la rubrique Dépôt de documents.
La parole à Mme la ministre de la Sécurité publique.
Rapports annuels du Comité de déontologie policière, du
Commissaire à la lutte contre la
corruption et de la Régie des alcools, des courses et des jeux, rapport annuel
et plan
stratégique 2020‑2023 du Bureau des enquêtes indépendantes, plan stratégique
2021‑2026 de la Commission québécoise des libérations conditionnelles et
Entente administrative de gestion entre la Société du Plan Nord
et la ministre de la Sécurité publique
Mme Guilbault :
Oui, M. le Président. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2020‑2021 du Comité de
déontologie policière, du Bureau des enquêtes indépendantes, du Commissaire à
la lutte contre la corruption et de
la Régie des alcools, des courses et des jeux, le plan stratégique 2020‑2023
du Bureau des enquêtes indépendantes, la
planification stratégique 2021‑2026 de la Commission québécoise des
libérations conditionnelles ainsi qu'une entente administrative de
gestion entre la Société du Plan Nord et la ministre de la Sécurité publique.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel de l'Institut de la statistique, et plan
triennal des
sondages 2021‑2024 de Revenu Québec et avis de la CAI
M. Girard
(Groulx) : Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021 de
l'Institut de la statistique du Québec ainsi que le plan triennal des
sondages 2021‑2024 de Revenu Québec. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés. M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes du CUSM et du
CIUSSS—Nord-de-l'Île-de-Montréal
et rapports annuels de la Régie régionale
de la santé et des services sociaux du Nunavik et de la
Commission sur les soins de fin de vie
M. Dubé :
Oui, M. le Président. Merci. Je dépose les rapports annuels 2020‑2021 du
bureau de la commissaire aux plaintes du CUSM, de la Régie régionale de la
santé et des services sociaux du Nunavik, le rapport annuel d'activité 2020‑2021 de la
Commission sur les soins de fin de vie ainsi que le rapport 2020‑2021 sur
l'application de la procédure d'examen des plaintes, la satisfaction des usagers et le respect de leurs droits du
CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président : Et ces
documents sont également déposés. M. le ministre des Transports.
Plan stratégique 2021‑2025
de la Société de l'assurance automobile
M. Bonnardel :
M. le Président, je dépose le plan stratégique 2021‑2025 de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Merci.
Le
Président : Merci. Ce document est déposé. Mme la ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du
trésor.
Rapport annuel du Centre d'acquisitions gouvernementales
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2020‑2021
du Centre d'acquisitions gouvernementales. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre du Tourisme.
Rapports annuels de la Société
du Palais des congrès de Montréal, du
Parc olympique et de la Société du Centre des congrès de Québec
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, M. le Président. Je dépose les rapports annuels 2020‑2021
du Palais des congrès de Montréal,
du Parc olympique, ainsi que le rapport
annuel d'activité 2020‑2021
de la Société du Centre des congrès de Québec.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés. M. le leader adjoint du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M.
Caire : M. le
Président, je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées en
Chambre le 14 septembre par les
députées de Vaudreuil, de Maurice-Richard, de Laviolette—Saint-Maurice et de Mercier, le
15 septembre par le député de Laurier-Dorion et le 23 septembre
par la députée d'Iberville.
Le Président : Merci. Ces
documents sont déposés.
Liste des documents dont la loi prescrit le dépôt à
l'Assemblée
Pour ma part, je dépose la liste des documents
dont la loi prescrit le dépôt à l'Assemblée.
Rapport de la Table citoyenne
Je dépose
également le rapport de la Table citoyenne, qui s'est réunie en juin dernier.
Ce rapport présente les pistes d'action
suggérées par les citoyennes et citoyens pour améliorer les mécanismes de
participation publique de l'Assemblée. Il
s'agit d'une première pour l'Assemblée nationale, et je le souligne, et un des
moyens mis en place pour se rapprocher des préoccupations de la population, d'améliorer, évidemment, les échanges
avec elle, de bonifier la diffusion de l'information parlementaire. Et je
tiens, à ce moment-ci, à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont
participé et organisé cet important exercice, qui permettra également
d'alimenter nos discussions sur la réforme parlementaire.
Il n'y a pas dépôt de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Priorités
du gouvernement
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Hier, le premier ministre nous a fait son discours
inaugural. Mais, dans son discours inaugural, il y avait des absents,
plusieurs absents. Je n'ai pas entendu le premier ministre nous parler des
patients qui attendaient depuis des années, deux ans, trois ans, pour avoir
accès à un médecin de famille. Je n'ai pas entendu
le premier ministre nous parler des personnes qui sont en attente de chirurgie
et dont la chirurgie a été reportée trois, quatre, parfois cinq fois. Je
n'ai pas non plus entendu le premier ministre nous parler de ce que vivent les
éducatrices dans les services de garde puis
leurs conditions de travail, pas plus que j'ai entendu le premier ministre nous
parler de la réalité des entrepreneurs qui essaient de trouver des gens
pour combler les postes qu'ils ont à occuper.
Et deux absents importants aussi. Je
ne l'ai pas entendu dire qu'il y avait une pénurie de main-d'oeuvre qui était
grave et à laquelle il fallait s'attarder
tout particulièrement. Quant aux changements climatiques, il en a parlé
seulement à la 53e minute de son discours. C'est dire l'importance qu'il
y accorde.
M. le Président,
pourquoi il y a eu tous ces absents dans le discours du premier ministre hier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le premier ministre... M. le premier ministre! M. le Président, la cheffe de
l'opposition officielle n'a pas entendu le même discours que moi.
J'ai
parlé des médecins de famille. J'ai même dit que ma patience commençait à avoir
des limites. J'ai dit qu'on avait des négociations avec la FMOQ.
J'ai
parlé des éducatrices, on va d'ailleurs en parler dans les prochaines heures
encore plus, mais pour dire qu'on augmente... on a augmenté de 12 %
à 17 % leur salaire puis on est en négociation avec les éducatrices.
J'ai parlé des
changements climatiques. Elle dit que j'ai commencé à en parler à la 53e minute,
M. le Président. Il y avait des sujets
importants. Des fois, on garde ça pour la fin. Il y avait aussi la cohésion
nationale, c'était même après l'environnement. Ce n'est pas parce que
c'est à la 53e minute que c'est moins important.
Puis,
pour ce qui est de la rareté ou la pénurie de main-d'oeuvre, on peut s'acheter
un dictionnaire des synonymes pour s'amuser ensemble, mais je me
rappelle bien d'avoir dit qu'il manque de main-d'oeuvre.
Donc,
je ne sais pas où était la cheffe de l'opposition officielle, ce qu'elle lisait
ou ce qu'elle faisait, mais je pense que, les sujets qu'elle a mentionnés,
je les ai mentionnés.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, on va les prendre un par
un, à ce moment-là. Quand quelque
chose est important et fondamental, puis qu'on parle des changements
climatiques, puis qu'on parle de
jeunes, si le premier ministre s'était assis
avec des jeunes de 12, de 14, de 16 ans, ce n'est pas à la 53e minute
qu'il aurait abordé ce sujet-là, parce
que ça aurait pris
53 secondes pour que les jeunes nous en parlent.
Pourquoi a-t-il
attendu tellement? Est-ce que c'est parce que ce n'est pas une priorité pour le
gouvernement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, ça fait quelques fois que
j'entends la cheffe de l'opposition
officielle dire qu'elle, elle est sur
le terrain. M. le Président, j'ai passé une bonne partie de l'été sur le
terrain. J'ai arrêté à cause de la quatrième vague puis je vais recommencer bientôt. J'ai rencontré beaucoup
de jeunes, cet été, qui m'ont parlé d'éducation, d'économie mais qui
m'ont parlé aussi des changements
climatiques. Puis, M. le Président, je pense qu'on n'a pas à être gênés des résultats. D'abord,
on a déposé, pour la première fois, un plan chiffré. On a des projets de 61 milliards
de dollars dans le transport collectif. On a signé une entente avec New York.
M. le Président, je vais continuer...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle. Vous êtes la
seule à avoir la parole.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Puisque le premier ministre nous dit qu'il a parlé à des jeunes sur le terrain,
en matière d'éducation, est-ce qu'il peut
nous parler du décrochage scolaire, dont il ne nous a pas parlé, et qui a
doublé dans plusieurs régions du Québec, décrochage scolaire qui touche,
évidemment, les jeunes mais qui touche aussi des parents, qui sont
particulièrement inquiets? Les jeunes, ils ont sûrement parlé de changements
climatiques, mais ils ont aussi parlé de la
difficulté de revenir sur les bancs de l'école. Est-ce que ça, c'est quelque
chose qu'il va également discuter avec les parents et les jeunes?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je suis fier de dire que le Québec, c'est un des endroits au
monde où on a gardé les élèves le
plus de jours à l'école. Ça a été non négociable pour moi depuis les
20 derniers mois. Donc, nos enfants ont été beaucoup plus à l'école
que dans les autres provinces, que dans les États américains.
Mais évidemment, au début de la
pandémie, comme partout dans le monde, il y a eu des jours qui ont été perdus.
On a eu du rattrapage pendant tout l'été, on a sauvé l'année scolaire.
Donc, je ne sais pas
à quoi fait référence la cheffe de l'opposition officielle.
Le Président :
Troisième complémentaire, la parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, je fais référence à Anaïs. Je fais référence à Anaïs, qui,
elle, a été dans des maternelles quatre ans,
et, quand il a fallu avoir accès à des services parce qu'elle avait une
difficulté d'apprentissage, elle n'a pas trouvé de services. En fait, ce qui
s'est produit, c'est que ses parents
ont dû aller dans le privé pour pouvoir trouver des services. Ça, c'est le
résultat de ce qui se passe aujourd'hui dans notre service... dans notre système
d'éducation. Alors, quand le premier ministre me demande de qui je
parle, bien, je parle d'Anaïs.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, c'est assez spécial
d'entendre la cheffe de l'opposition
officielle parler des maternelles quatre ans alors que le Parti
libéral est contre l'accélération du développement des maternelles quatre ans.
La
cheffe de l'opposition officielle oublie de dire aussi que les libéraux, pendant
15 ans, n'ont à peu près pas ajouté d'orthophonistes, alors que
nous, on l'a fait de façon importante, depuis trois ans.
Est-ce qu'il y en a assez? Non, M. le
Président, puis je vais continuer
d'ajouter des orthophonistes, parce qu'il n'y a rien de plus important
que de s'occuper des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Engagements électoraux de la Coalition avenir Québec
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, parlons des engagements du
premier ministre. Il parle beaucoup des années passées, mais
parlons de ses propres engagements.
Lorsqu'il
s'est présenté en campagne électorale, en 2018, il a fait beaucoup
d'engagements en matière de santé. Il nous a
dit notamment deux choses importantes : qu'il allait faire
en sorte que tous les Québécois aient accès à un médecin de famille, alors qu'on voit qu'aujourd'hui la liste ne fait que s'allonger, depuis qu'il est au gouvernement, et il nous a dit également que, pour les urgences, ça allait
prendre 90 minutes pour que quelqu'un puisse voir un médecin.
Ces deux
engagements-là, est-ce qu'il peut nous dire quand est-ce qu'il va les
rencontrer?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, on se souvient tous de
l'ancien ministre de la Santé, député
de Laporte, si je me souviens bien, qui a déposé le projet de loi
n° 20 et...
Des voix :
...
M. Legault :
...La Pinière, pardon, député de La Pinière, député de
La Pinière, qui avait, lui aussi, dit qu'il donnerait un médecin de famille à tout le monde. Qu'est-ce
qu'il a fait? Il a déposé le projet de loi n° 20 puis il a donné deux ans
au syndicat des médecins de famille pour
livrer la marchandise. Puis, après deux ans, bien, il s'est rendu compte que la
FMOQ n'a pas livré.
M.
le Président, on est en discussion avec la FMOQ. Évidemment, on ne peut pas
oublier qu'il y a eu 20 mois de pandémie,
où on a eu une situation vraiment exceptionnelle. Et, M. le Président, on est
discussion, actuellement, puis je n'ai toujours pas oublié qu'on a assez de
médecins de famille, au Québec, si tous les médecins de famille prennent en
charge un nombre raisonnable de patients, pour que tous les Québécois
aient un médecin de famille.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Un médecin de famille, c'était son engagement. Et, pendant qu'il est en
discussion, voici ce qui est en train
de se produire : on était à 430 000 personnes qui avaient besoin
d'un médecin de famille en 2017, aujourd'hui on est rendus à 800 000 personnes, plus de
800 000 personnes qui attendent un médecin de famille. Ça, c'est le
résultat du travail du gouvernement actuel.
M. le Président, quand le premier
ministre dit qu'il va rencontrer tous ses engagements, est-ce que ça veut dire
que les 800 000 personnes, l'année prochaine, auront un
médecin de famille?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, quand le Parti libéral a quitté le pouvoir, il y avait
6 425 000 Québécois qui avaient
un médecin de famille. Aujourd'hui, il y a 6 570 000 Québécois
qui ont un médecin de famille. Ce n'est pas assez, M. le Président, il faut accélérer la prise en
charge. Malheureusement, il y a des médecins de famille qui refusent,
actuellement, de prendre en charge un nombre de patients.
Malheureusement, il y a une convention collective qui a été signée par le Parti libéral avec la FMOQ, donc il faut
travailler avec ça. Mais j'ai confiance que le ministre de la Santé va réussir
à y arriver.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
La réalité, M. le Président, c'est que, sous le gouvernement caquiste,
400 000 personnes de plus attendent pour avoir un médecin de
famille. C'est ça, la réalité. C'est ça, le chiffre.
Parlons
des urgences, M. le Président, 90 minutes d'attente dans les urgences.
Aujourd'hui, les urgences, on en ferme,
on en ferme, M. le Président. Puis combien de temps les gens attendent à
l'urgence? Ce n'est pas trois heures, ce n'est pas six heures,
c'est rendu 15 heures, M. le Président.
Est-ce
que le premier ministre s'engage à respecter son engagement de 2018 également
avec 90 minutes d'attente à l'urgence?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, tout le monde le sait, au Québec, sauf peut-être la cheffe de
l'opposition officielle, actuellement
il y a une pandémie, qui a duré pendant 20 mois. En plus de soigner les
patients réguliers, on a dû soigner les patients COVID. Il y a des
infirmières qui se sont découragées, qui ont quitté. Il nous manque
4 000 infirmières. On en a trouvé à peu près 2 000 déjà, M. le
Président, grâce aux mesures qui ont été annoncées par le ministre de la Santé.
M. le Président, on chemine dans la bonne direction,
compte tenu du contexte qu'on a vécu, au Québec, comme dans toutes les
autres provinces puis les autres États dans le monde.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mesures pour contrer la pénurie
de main-d'oeuvre
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Parlons d'un contexte qui est spécifique au Québec, celui de la pénurie de
main-d'oeuvre, celui de la pénurie de main-d'oeuvre. Le premier ministre dit
qu'il peut utiliser le mot «manque», mais il ne veut pas reconnaître la
gravité de la situation. Il n'a jamais reconnu à quel point c'était important
quand il y avait 120 000 postes vacants. Aujourd'hui, on est rendus à
200 000 postes vacants, au Québec. Et cette pénurie-là engendre des
conséquences graves pour les gens dans leur quotidien, pour les entrepreneurs,
bien sûr, mais dans notre service public. Il manque de monde partout.
La
question que j'ai pour le premier ministre : Quand est-ce qu'il va
regarder, et reconnaître la gravité de la situation, et agir sur tous les fronts pour régler cette situation?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, j'écoutais, hier, la cheffe de
l'opposition officielle, comme les journalistes, d'ailleurs, et la cheffe de l'opposition officielle disait :
Le premier ministre n'a pas prononcé le mot «pénurie». Et là il y a des
journalistes qui ont dit : Oui,
mais il a prononcé le mot «manque», il a prononcé le mot «rareté». Je ne sais
pas c'est quoi, la différence, M. le Président, entre ces différents
mots là.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Legault : Ce qu'on sait, c'est qu'il nous manque d'employés,
au Québec. Maintenant, on doit distinguer entre les emplois essentiels, qu'on est en train de régler, puis le marché du secteur
privé, où on voit les salaires augmenter, les travailleurs ont le gros
bout du bâton.
Donc, je le sais, que le Parti libéral veut plus
d'immigrants. Ça, là-dessus, on a un différend.
Le Président : Première
complémentaire. La parole n'appartient qu'à la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le premier ministre, il aime
souvent dire que, nous, ce que l'on veut, c'est plus d'immigrants. Les immigrants, ça représente une
partie de la solution, ça représente 20 % de la solution, et on devrait
pouvoir en parler, mais je rappelle
au premier ministre qu'on a fait des propositions, au nombre de huit, et qu'il
devrait toutes les considérer.
Mais, quand
on parle de manque de main-d'oeuvre, oui, un manque de main-d'oeuvre, ça
arrive, mais, M. le Président, dans le
système d'éducation, aujourd'hui, là, voici ce que l'on retrouve en termes de
pénurie, voici le nombre d'orthophonistes
qu'il manque. C'est ça, une pénurie de main-d'oeuvre. Et ça, ça veut dire qu'on
doit regarder toutes les options, incluant l'immigration.
Le Président : M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on est en train de travailler
très fort à combler les postes d'infirmière, d'enseignant, d'éducatrice. On augmente les salaires. Jamais ça
n'a été fait, dans le passé, d'augmenter de 15 %, 20 % les salaires
de seulement certains groupes d'employés.
Maintenant,
dans le secteur privé, bien, il y a une bonne nouvelle pour les
4,5 millions de travailleurs, il y a des augmentations de salaire
importantes. L'important, c'est la richesse par habitant, pas la richesse
totale.
Donc, je
comprends que le Parti libéral veut toujours, toujours plus d'immigrants, mais
il faut respecter la capacité d'intégration du Québec en français.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : La capacité d'intégration en français, M. le
Président, c'est la responsabilité d'abord du premier ministre dans ce qu'il déploie. Ce qu'il est en
train de dire, c'est qu'il a baissé les bras pour cette capacité d'intégration.
C'est ça qu'il est en train de nous dire. Ce qu'il est en train de dire aux
employeurs, ce qu'il est en train de dire à tout le monde, c'est que, finalement, on n'a pas besoin de vraiment se
préoccuper de cet enjeu-là, parce que, cet enjeu-là, on va régler à la pièce à droite
et à gauche. Mais, pendant qu'il nie le problème, on est passés de
120 000 postes vacants à 200 000 postes vacants, et
ça, ça a un impact sur tout le monde, sur tout le Québec. À quand une véritable
politique?
• (10 h 30) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, quand le Parti
libéral était au pouvoir, il y avait 50 % des nouveaux arrivants qui ne
parlaient pas français, 50 %. C'est ça,
l'héritage qu'on a pris puis sur lequel on travaille actuellement pour
augmenter de façon importante les cours de français, augmenter les conditions.
On a demandé au gouvernement fédéral de rapatrier le choix des
immigrants, concernant la réunification familiale.
Bon, le Parti
libéral préfère augmenter toujours plus le nombre d'immigrants. Nous, on
préfère mieux qualifier, investir en éducation auprès des Québécois.
C'est un choix fondamental qui est différent.
Le
Président : ...question. Je demande à tous d'être attentifs aux
questions et réponses sur la période de questions, elle est importante.
M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Accès
au logement
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. Beaucoup de choses vont être dites ou écrites sur le
contenu du discours prononcé hier par le premier ministre. Bien, ce
matin, moi, j'ai plutôt envie de parler de ce qui n'a pas été dit.
Sur
1 h 30 min de discours, le premier ministre a eu le temps de
nous exposer sa plateforme électorale pour son deuxième et aussi le troisième mandat, auquel il rêve déjà, mais il a
seulement consacré 10 secondes au logement. 10 secondes, aucune proposition, aucun plan, alors que toutes
les régions du Québec traversent une crise historique du logement. Les loyers explosent, c'est
12 % d'augmentation en un an à Sherbrooke. Le prix des maisons aussi :
35 % d'augmentation, 35 % en un an à la grandeur du
Québec. Le marché immobilier est devenu fou, au Québec.
Ce
qui se passe, là, c'est une fracture générationnelle qui est en train de
s'ouvrir sous nos yeux. Pour les jeunes familles, avoir un toit sur la tête, c'est en train de
devenir synonyme d'endettement pour la vie ou d'appauvrissement à chaque mois.
Je
vais commencer par le début, je vais commencer par une question simple, et je
mets sincèrement le premier ministre au défi de me répondre clairement
par un oui ou par un non.
Il
dit que le Québec doit changer, que les choses doivent changer. Moi, je veux
savoir si lui, il a changé, depuis sa déclaration
sur les appartements à 500 $ par mois. Je veux savoir si aujourd'hui le
premier ministre est prêt à reconnaître l'existence d'une crise du
logement au Québec. C'est facile. Oui ou non?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, pendant 20 mois, beaucoup de citoyens n'ont pas dépensé,
n'ont pas voyagé, et, résultat des courses, il y a une forte demande sur le
logement, qui fait que le prix des logements a augmenté de façon très
importante. Il n'y a pas seulement du côté
du logement abordable, il y a la classe moyenne aussi qui a de la difficulté,
dans certains cas, à acheter un logement ou à louer un logement à un
prix qui est raisonnable. Donc, là-dessus, on s'entend.
Donc,
il faut aider à mettre de l'argent dans le portefeuille des Québécois, ce qu'on
a fait. On a donné 2,3 milliards de baisses de taxes, tarifs et autres,
depuis le début. Je sais que Québec solidaire était contre ça, Québec solidaire
nous a dit : Nous, on veut augmenter
les impôts de 10 milliards. M. le Président, je pense que la meilleure
façon d'aider les Québécois à faire face au coût du logement, au coût de
l'épicerie, au coût d'à peu près tout ce qui augmente, c'est de remettre
de l'argent dans le portefeuille des
Québécois. Je sais que Québec solidaire n'est pas d'accord avec ça, mais je
sais que le ministre des Finances est d'accord avec ça. Il y a encore un
minibudget puis un budget qui s'en viennent. Donc, on va continuer à travailler à mettre de l'argent dans le
portefeuille des Québécois, entre autres pour les aider à payer le coût du
logement, qui est plus élevé.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Si le premier ministre tenait tant que ça à remettre de l'argent dans le
portefeuille des Québécois, il gèlerait les
tarifs d'Hydro-Québec pour la prochaine année, parce qu'à cause de son projet
de loi il va y avoir un choc
tarifaire, et c'est encore les familles à faibles revenus qui vont manger la
claque, M. le Président, alors qu'il avait promis de mettre fin aux augmentations abusives chez Hydro-Québec. Ça,
ce serait une manière de venir en aide aux familles. Il nous a annoncé
qu'il ne le ferait pas.
Il
y a 1,2 million de personnes, au Québec, qui vivent sous le seuil de la
pauvreté. Ça va en prendre combien pour que le premier ministre se mette
à parler de logement dans ses discours?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, M. le Président, concernant les tarifs
d'Hydro-Québec, on a eu deux partis qui ont joué au yoyo. Il y a des années
qu'il y avait des grosses augmentations, des années qu'il y avait des petites
augmentations. Je vous donne un
exemple. Parti québécois, 2014 : inflation, 1,4 %; ils ont augmenté
les tarifs d'électricité de 4,3 %. 2015, Parti libéral :
inflation, 1,1 %; augmentation des tarifs d'électricité, 2,9 %.
Nous,
ce qu'on a promis aux Québécois, c'est que les tarifs d'électricité
n'augmenteront pas plus que l'inflation pour qu'il y ait de la
prévisibilité, pour ne pas qu'il y ait de choc tarifaire.
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...je pense, c'est ce qu'il y avait à faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Résultat des courses : les familles du Québec, cette année, vont payer
leur électricité beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher. Il va
contribuer à l'augmentation du coût de la vie qu'il prétend combattre.
Mais
on va mettre ça de côté, je vais faire une proposition constructive au premier
ministre, il nous demande souvent de
le faire. La spéculation immobilière est en train de ravager le Québec. J'ai
une proposition pour le premier ministre. Elle est à la fois
nationaliste et constructive et elle est pragmatique.
Est-ce qu'il est prêt à envisager la
mise en place, comme en Ontario, d'une taxe sur les acheteurs étrangers pour
calmer la spéculation immobilière?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, d'abord, M. le Président, ce n'est, selon tous les spécialistes, pas la meilleure façon de
régler le problème.
Deuxièmement, pensons à tous les propriétaires,
au Québec, de maisons, on sait qu'au Québec, là, le prix des maisons est beaucoup, beaucoup moins élevé qu'en Ontario,
qu'en Colombie-Britannique, qu'à peu près n'importe où dans le monde.
Ce
que Québec solidaire propose encore, c'est de mettre des nouvelles taxes, veut
régler tous les problèmes avec des
nouvelles taxes. Nous, ce qu'on va faire, c'est de mettre de l'argent dans le
portefeuille des Québécois. On a déjà mis 2,3 milliards dans le portefeuille des Québécois. C'est ça,
l'approche de notre gouvernement. Je sais que c'est le contraire de
l'approche de QS.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Demandes
du Québec au gouvernement fédéral
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, hier, le premier ministre a confirmé dans son discours qu'il
avait abdiqué face au régime
canadien. Le premier ministre a donc confirmé qu'il allait, tout comme, avant
lui, Philippe Couillard, s'employer à
se défendre contre les empiètements du gouvernement fédéral dans les champs de
compétence du Québec, poursuivre les éternels
combats pour tenter d'obtenir des hausses de transferts en santé notamment, des
combats, bien sûr, essentiels mais sans issue à court, moyen ou long
terme, à renouveler toujours. Que voulez-vous? C'est ce qu'il offre au Québec,
de recommencer encore et encore les mêmes
combats, sans s'attaquer aux vrais problèmes structurels au sein de cette
fédération dysfonctionnelle.
Alors même qu'il
demande aux Québécoises et aux Québécois de faire preuve de cohésion nationale,
il abdique lui-même à rapatrier les budgets
et les pouvoirs en matière de culture. Pendant qu'il se plaint à répétition des
empiètements du gouvernement fédéral, il ne fait rien pour initier des
transferts de points d'impôt en faveur du Québec. Pendant que le premier ministre annonce la fin des
hydrocarbures au Québec, bien, il laisse le fédéral continuer d'empiéter dans
les lois environnementales, notamment en continuant d'étudier le projet
de gazoduc GNL, alors qu'on veut y mettre fin.
Le premier ministre
admet-il qu'il a non seulement abandonné l'ambitieux projet de faire du Québec
un pays indépendant, mais qu'il n'a
entrepris aucune action sérieuse pour réformer le fédéralisme comme il s'y
était engagé en 2018?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, je rappelle au chef du troisième groupe d'opposition qu'on a
négocié plusieurs ententes sans condition
avec le gouvernement fédéral. Je prends l'exemple des garderies. On a reçu de
l'argent sans aucune condition, on
pourrait prendre tout cet argent-là puis l'investir dans un autre secteur.
Donc, c'est sans condition. C'est ce qu'on demande aussi pour la santé.
Maintenant,
M. le Président, je le sais, le Parti québécois propose un référendum sur la
souveraineté dans un premier mandat.
Il sait très bien qu'il n'y a pas de majorité des Québécois qui sont d'accord
avec ça. Mais moi, je sais qu'il y a une majorité de Québécois qui sont
d'accord pour que le Québec ait plus d'autonomie.
Donc,
M. le Président, on a l'appui de la majorité des Québécois.
On va réussir, comme on l'a fait dans le passé, à faire des gains à Ottawa. Je pense, c'est une
meilleure approche que de promettre un référendum sur la souveraineté dans
un premier mandat.
• (10 h 40) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, on le voit encore :
Jean Charest, Philippe Couillard, M. Legault, mêmes réponses... M.
le premier ministre, pardon, mêmes réponses.
Dans son discours
d'hier, pas un mot sur le plan, les revendications de la CAQ pour réformer le
fédéralisme. Qu'en est-il des 22 revendications
qu'il prétendait vouloir porter et obtenir, des actions vigoureuses, disait-il,
pour obtenir des changements? Pourquoi ce silence, hier? Pourquoi avoir
abdiqué?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, le chef du troisième groupe d'opposition a peut-être manqué
quelque chose pendant la campagne
fédérale. Quand M. Trudeau, M. Singh ont dit, entre autres, qu'ils ne
voulaient pas nous céder la sélection des immigrants dans la portion réunification familiale, j'ai dit haut et
fort que, si on tenait à défendre notre nation, il ne fallait pas voter pour ces deux partis-là. Il y a des gens
qui ont interprété ça de toutes sortes de façons, entre autres le Parti
québécois, mais, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...je vais toujours, en premier, défendre l'autonomie du Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, malgré les lignes de communication du premier ministre, qui se drape dans la fierté de la cohésion nationale, il vient d'admettre, en
faisant référence à la dernière campagne électorale fédérale, qu'il avait perdu
tout rapport de force avec Justin Trudeau, avec le gouvernement fédéral.
Comment le premier
ministre peut-il espérer faire des gains pour le Québec après avoir perdu ses
élections?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, si le passé est garant de
l'avenir, on est allés chercher 1,8 milliard pour le logement social, on est allés chercher 6 milliards sans condition pour les services de garde, on est
allés signer quatre ententes sur la formation
de la main-d'oeuvre, 1,2 milliard sur les infrastructures,
700 millions en aéronautique, 460 millions, Internet haute
vitesse, avec nos contrats, 374 millions pour les demandeurs d'asile.
M.
le Président, on a eu des succès, depuis trois ans. On va continuer d'avoir des
succès dans les prochaines années.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Stratégie du gouvernement en matière de réduction de gaz à
effet de serre
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
M. le Président, hier, le premier ministre a longuement parlé de ses priorités
pour la dernière année de son mandat. On a dû attendre près d'une heure pour
entendre parler d'environnement, alors que c'est l'enjeu crucial pour l'avenir de la planète. Le premier ministre a perdu le contact avec la population, perdu le contact avec la réalité, puis on
voit à quel point l'enjeu de l'environnement, bien, c'est encombrant pour ce gouvernement.
Une
heure avant de parler d'environnement, alors que le GIEC et les scientifiques
confirment qu'on est dans une situation d'urgence climatique. Pas le temps pour les
demi-mesures, il faut des actions concrètes. On ne trouve rien dans le
discours d'ouverture du premier ministre pour répondre à l'urgence climatique.
Ma
question est très simple : Comment le gouvernement va-t-il atteindre
les cibles de réduction d'émissions de GES et de carboneutralité en 2050
ici, au Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci,
M. le Président. Je remercie la
collègue pour la question. Les cibles et les trajectoires sont très clairement établies. D'ailleurs, il y a
quelques jours à peine, on a publié une étude tout à fait crédible sur la
trajectoire 2050. Elle provient d'experts indépendants qui nous
confirment que la trajectoire retenue par le gouvernement du Québec est
crédible, que c'est ambitieux mais crédible, qu'on est sur la bonne voie. Et on
a surtout mis en place des paravents qui
vont nous permettre, pour une fois, d'atteindre nos objectifs
en matière de réduction de gaz à
effet de serre, ce que les gouvernements précédents n'ont jamais fait.
Je rappelle à la
collègue que le Plan pour une économie verte, qui est accompagné d'un plan de
mise en oeuvre, prévoit une mise à jour
annuelle de notre démarche. Donc, à partir du moment où des indicateurs nous
laisseront entendre que les mesures mises de l'avant ne sont pas
suffisamment efficaces ou performantes, on aura la possibilité de le mettre à jour pour s'adapter et s'assurer qu'en 2030 on
atteigne cette cible très ambitieuse qui est de 37,5 % de réduction par
rapport à l'année de référence de 1990. Et, pour la première fois, le premier
ministre l'a répété, on a une démarche qui est chiffrée, qui est très
bien établie pour y parvenir.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle
Melançon
Mme Melançon :
Bien, vous avez entendu comme moi, le ministre vient de dire : Ce qu'il
faut faire, il faut attendre. On va attendre. Mais pourtant, en
septembre 2019, ici, on a voté à l'unanimité une motion pour l'urgence
climatique. Il n'y a pas, du côté du
gouvernement, de volonté réelle d'atteindre l'objectif de réduire de
37,5 % les émissions de GES pour 2030 et la carboneutralité pour
2050 au Québec.
Alors,
ça prend des mesures concrètes. Je répète la question : Comment
compte-t-il atteindre les cibles québécoises?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
C'est sûr, le discours d'ouverture
d'hier laissait entrevoir des démarches concrètes à ce niveau-là. Je ne sais pas si elle l'a écouté. Je ne sais pas
si elle a entendu les réactions de plusieurs groupes. Moi, je peux vous en
citer quelques-unes, des groupes qui,
par moments, ont des attentes très, très précises et très ambitieuses à l'égard
du Québec. Moi, je peux vous parler
de Nature Québec, de Greenpeace Canada, de la Fondation David-Suzuki, le Front
commun pour la transition énergétique
et Équiterre, qui ont tous salué le discours d'ouverture qui a été prononcé
hier avec un engagement majeur, c'est-à-dire la fin de l'exploration et de l'exploitation des ressources fossiles au
Québec. On devient le premier État en Amérique du Nord à prendre un tel
engagement et dans les premiers au monde à le faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire. La parole n'appartient qu'à la députée de Verdun.
Votre attention, questions et réponses, bien sûr.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : La CAQ n'a rien à dire sur la protection de la
biodiversité, les milieux humides, nos cours d'eau, rien. Les Québécois
espéraient plus du discours inaugural du premier ministre, qui devait nous
projeter vers l'avenir. On est tellement loin de là! Un gouvernement qui
n'écoute pas le comité scientifique, un premier ministre qui pense qu'une
autoroute, ça veut dire moins de GES, moins d'étalement urbain, c'est là où on
en est.
M. le Président,
comprenez que, comme les Québécois, je suis très inquiète pour la suite des
choses.
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Je vais vous demander votre attention. M. le ministre. Vous êtes
le seul à avoir la parole. S'il vous plaît!
M. Benoit Charette
M. Charette : Quelques citations dignes de mention suite au
discours d'ouverture d'hier, la collègue parlait du GIEC notamment : «À quelques jours de la
COP26, le gouvernement du Québec
envoie un message clair aux autres provinces, au Canada et au reste du
monde : la gestion du déclin de la production des énergies fossiles est
une étape essentielle [à] l'action climatique...» Ça, c'est le Réseau action
climat Canada.
«Le
Canada et les autres pays présents à la COP26 devraient s'inspirer de l'audace
du Québec et annoncer des mesures aussi ambitieuses que celle-ci.» Ça,
c'est la Fondation David-Suzuki.
«[L'énergie] n'est
pas [au] fossile! Avec cette décision, le gouvernement s'engage donc [dans] la
bonne voie.» Ça, c'est Équiterre. Et la liste...
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Taschereau.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! J'entends encore trop de sons. Mme
la députée de Taschereau, vous avez la parole, vous êtes la seule. Et je
vais demander votre attention à toutes et à tous.
Troisième lien entre Québec et Lévis
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Dans ma carte de bingo du discours du premier ministre, j'ai coché bien des
affaires. Il a sorti tous ses mots
préférés : la fierté, les pôles, l'Ontario. Je n'ai pas eu le statut de
l'artiste ou les GAFAM, mais, bon, qu'est-ce que tu veux? Ça a l'air que
la fierté, ce n'est plus une question de culture, c'est une question de
productivité.
Cependant,
j'ai attendu 1 h 30 min qu'il parle du troisième lien, et ce
n'est jamais arrivé. Qu'est-ce qui se passe avec
le plus meilleur projet, avec le tunnelier le plus «big» de tous les temps,
qui, grâce à la Coalition avenir Québec, va sortir le monde entier du trafic pour des siècles et des siècles tout en
sauvant la planète de la crise climatique? Rien sur une promesse...
Des voix :
...
Le
Président : Je
m'excuse, deux secondes! Non, je vais vous demander, là, d'un côté comme de
l'autre, là, d'éviter les commentaires, d'être attentifs aux questions,
puis ensuite il y aura la réponse. Mme la députée.
Mme Dorion :
Rien sur une promesse-phare des dernières élections. Coudon, peut-être qu'ils
ont compris. Peut-être qu'ils se sont mis à lire des études.
Est-ce que le
ministre des Transports a des bonnes nouvelles à annoncer aux contribuables
québécois ce matin?
Le Président :
M. le ministre des Transports. Attention à la réponse, on est attentifs.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, j'ai de très
bonnes nouvelles, M. le Président, pour les gens de Québec,
pour les gens de Lévis,
pour les gens de Chaudière-Appalaches. Le processus suit son cours. Donc, le projet qui a été
annoncé, voilà quelques
mois déjà, par le premier
ministre, par la vice-première ministre, par moi-même, qui est le Réseau express de la Capitale,
va voir le jour.
Puis
ce réseau, c'est un réseau important, qui a été travaillé, qui a été étudié pendant
des mois. Vous vous souvenez initialement que nous avions en tête un
tracé A qui passait à la pointe de l'île d'Orléans. On avait demandé,
j'avais demandé qu'on étudie un tracé B
qui pouvait relier centre-ville et centre-ville,
la ville de Lévis et la ville de Québec, et ce tracé a fait l'unanimité autant de la part du maire Labeaume que du
maire Lehouillier et de tous les élus ou presque, qui ont salué le fait
qu'on puisse connecter les deux rives.
Et,
dans ce contexte, vous comprendrez, quand on a travaillé le REC, bien, il était
important d'être capable de rabattre le
plus de monde possible sur une des colonnes vertébrales qui est le tramway,
d'une longueur de près de 30 kilomètres, qui va partir, donc, de la portion à l'est et à
l'ouest, vers D'Estimauville. Et, dans ces circonstances, on a un projet qui
répond à l'ensemble de la population,
pour être capable de donner à Québec un cocktail de transport qui va être plus
qu'intéressant pour les 50 prochaines années.
• (10 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Ah! je suis déçue. Mais pourquoi, d'abord, le premier ministre a choisi de ne
pas en parler? Tu sais, je veux dire,
ce n'est pas un petit projet, c'est 10 milliards. Puis ça va sûrement être
plus. Avec la CAQ, ce n'est pas toujours, toujours clair. Moi, je me souviens qu'en période de précampagne le
député de La Peltrie disait que 2 milliards, c'était réaliste,
et que 4 milliards, c'était le scénario catastrophe.
Si
le premier ministre oublie de parler d'un projet aussi gargantuesque que le
troisième lien, de quoi d'autre il oublie de nous parler? Du quatrième
lien de Jean-François Gosselin?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, je pense que la députée de Taschereau oublie de parler
aux gens, les gens qui perdent une
heure, 1 h 15 min, 1 h 30 min matin et soir, qui
partent de Lévis et qui veulent se rendre sur la colline, qui veulent se rendre à l'Université Laval, qui, eux,
veulent une offre de transport collectif plus qu'intéressante pour faire le
choix puis peut-être de changer un jour...
je parle de comportements plus souvent qu'autrement, pour mettre de côté
peut-être le deuxième véhicule et de sauver du temps.
Je réponds souvent
que le succès du transport collectif, c'est la durée, le coût et le confort.
Quand on répond de ces trois points, bien,
on a quelqu'un de Lévis, on a quelqu'un de Québec
qui va tester le transport collectif pour se dire : Oui, on répond à mes besoins, je peux possiblement laisser un deuxième véhicule à la
maison et d'être capable d'avoir un transport qui va répondre à mes
besoins.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Je pense, M. le Président, que le ministre des Transports oublie d'écouter les
gens. Il a peut-être oublié que,
quand il disait que le troisième lien allait faire diminuer les GES puis le
trafic à Québec, tout le monde s'étouffait dans son café, de rire.
Moi, je pense que le ministre pourrait
me le dire juste à moi, qu'ils sont en train d'abandonner le troisième lien. Je
le jure, je ne le dirais pas à personne. À
partir d'aujourd'hui, j'arrêterais de lui en parler pour toujours, il serait
probablement plus confortable. Je promets que, s'il me le dit
aujourd'hui, je ne lui en parle plus jamais.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, la députée de Taschereau n'a pas beaucoup d'ambition, pas
beaucoup d'ambition pour Québec et pour la Rive-Sud. On a beaucoup
d'ambition, et c'est une promesse électorale que nous avons annoncée pendant la campagne, d'être capable de répondre à
ces besoins de circulation, à ces besoins de sécurité. Dans les circonstances,
le projet que nous avons travaillé pendant des mois répond aux ambitions des
gens de Québec.
Est-ce
qu'il y a des gens un peu inquiets, qui ont des inquiétudes? Oui. C'est normal.
Est-ce qu'on doit y répondre, les rassurer? Absolument. C'est le travail qu'on
fait présentement, autant avec la ville de Québec, la ville de Lévis que
tous nos partenaires, pour être capable de
livrer ce projet, qui est extrêmement important, qui est ambitieux et que la
population attend.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de l'Acadie.
Vente de la maison Jean-Baptiste-Chevalier à des intérêts
privés
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. La maison Jean-Baptiste-Chevalier est l'un des
édifices-phares de la place Royale.
Construite dans les années 1700, elle a été acquise il y a 65 ans par
l'État québécois, un bien patrimonial classé, rénové à grands frais avec l'argent des contribuables et situé dans un
site classé patrimoine mondial de l'UNESCO. Et voilà que la ministre de la Culture, dont la fonction
principale est de protéger le patrimoine québécois, a décidé sans crier gare
de vendre à des intérêts privés ce joyau du
berceau de l'Amérique française. On parle d'un lieu unique, on parle de notre
histoire.
Aucun
appel de projets n'a été lancé par la ministre, aucune consultation du milieu
culturel. La Société historique de Québec et 200 signataires parmi les
plus grands experts du patrimoine québécois ont dénoncé haut et fort ce geste
de la ministre. C'est inconcevable, c'est inacceptable.
Est-ce
là le visage nationaliste de la CAQ? Comment la ministre peut-elle justifier
cette vente à des intérêts privés?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais, d'entrée de jeu, si vous me
permettez, d'abord rassurer la population.
Ce bâtiment, cet immeuble, cette maison, c'est un bâtiment classé, c'est-à-dire
c'est la plus haute mesure de
protection que le gouvernement du Québec accorde à un édifice. Ce bâtiment, il
était protégé, il est protégé et il sera protégé.
D'ailleurs, M. le Président, l'acquéreur de l'immeuble a des
obligations extrêmement importantes que lui oblige... des obligations que lui oblige la Loi sur le
patrimoine culturel. L'acquéreur d'un bien, d'une maison classée doit
l'entretenir, la restaurer, la
rénover, en prendre soin. Ici, c'est ce qu'il s'engage à faire. Il n'a pas le
choix. Il n'a pas le choix parce que,
de toute façon, il y a toujours un lien avec le gouvernement et le propriétaire
d'un immeuble classé.
Et
je trouve qu'il faut être culotté pour nous dire que nous abandonnons du
patrimoine, alors que ce sont les libéraux qui, en 2016‑2017, ont négligé, négligé, M. le Président,
l'entretien de ce bâtiment, ont coupé les subventions. 2,3 millions de dollars n'ont pas été
investis dans cette maison. Ils en ont fait un bâtiment excédentaire.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de de l'Acadie.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! La réponse... La question n'appartient qu'à Mme la députée.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre : La CAQ est arrivée avec 7 milliards de surplus. Ce que l'histoire va
retenir de cette ministre, c'est sa signature au bas d'un acte de vente cédant
à des intérêts privés un joyau de notre patrimoine. Même Maurice Duplessis,
à l'époque de la «grande noirceur», avait vu
la lumière. Le problème, c'est qu'un bâtiment propriété de l'État depuis
65 ans passe dans les mains du
privé sans consultation, aucune. Le problème, c'est que nous ne savons rien des
conditions de cette vente, même pas le prix, M. le Président.
Hier, dans son
discours inaugural, le premier ministre a dit qu'il fallait mieux protéger
notre...
Le
Président : Mme la ministre de la Culture et des
Communications, s'il vous plaît, à vous la parole pour la réponse.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. Alors, j'aimerais encore une fois ici rassurer les gens qui nous écoutent,
les gens de Québec. C'est très, très important. C'est ici même, dans le
Vieux-Québec, que se trouve cet édifice.
La Loi sur le
patrimoine culturel fait en sorte qu'un édifice classé est toujours protégé.
Par ailleurs, il y a un lien, il y a
un lien qui continue à unir ce bâtiment avec le gouvernement. En fonction des
articles 54 à 57 de la Loi sur le patrimoine culturel, l'acquéreur a l'obligation, si jamais,
d'aventure, il voulait vendre ce bâtiment, de l'offrir au gouvernement du
Québec.
Le lien est toujours là, la protection est
toujours là, et ce bâtiment sera entretenu et vivant.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Il faut le faire, M. le Président! La ministre a été avisée de la vente en
décembre de l'année dernière. En février,
elle l'autorise. Et en mars, un mois plus tard, elle se drape de toutes les
vertus du monde avec son projet de loi n° 69 sur le patrimoine bâti,
sans en glisser un seul mot.
Avec la
loi n° 69, comment peut-elle expliquer qu'elle donne plus de
responsabilités aux municipalités et aux MRC et qu'elle abdique ses
propres responsabilités?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. Je vous disais qu'en 2016‑2017 le précédent gouvernement a dépouillé cette
maison, a coupé les subventions et, en 2018, a autorisé d'enclencher le
processus de vente.
Et j'ai ici des documents extrêmement importants
où on voit le ton plutôt intrigant de l'ancienne présidente du Musée de la civilisation, puisque le bâtiment
appartient au Musée de la civilisation, et qui écrit à l'ex-ministre de la
Culture, lui disant, et c'est ça qui
est le dommage : «Outre, en toute cohérence, l'enveloppe budgétaire du
musée devait aussi tenir compte qu'il continue d'assumer les coûts
d'entretien de la maison Chevalier jusqu'à son transfert...
Le Président : En terminant.
Mme Roy : ...malgré le
fait que la maison Chevalier a fermé ses portes au public depuis septembre
2016...»
Le Président : Question
principale, monsieur...
Une voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mme la ministre,
votre temps est complété. M. le député, première question principale, député
de Mont-Royal—Outremont, à
vous la parole.
Hausse
des tarifs d'électricité
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Hier, dans son
discours inaugural, M. le Président, le premier ministre se disait inquiet des
augmentations des prix de l'épicerie,
de l'essence et du logement. Les Québécois vivent d'ailleurs très mal ces
hausses, qui les touchent directement,
M. le Président. Pourtant, le gouvernement caquiste a choisi d'en remettre une
couche de plus et d'augmenter les tarifs d'électricité à un niveau
jamais vu depuis six ans.
Pourtant,
dans l'opposition, la CAQ dénonçait constamment toute hausse de tarifs. Comme
solution, elle a décidé d'adopter par
bâillon une loi pour mettre en place un nouveau système qui ne respecte pas la
règle du juste prix. Tout le monde l'a dit.
Pourquoi le
ministre de l'Énergie refuse-t-il d'intervenir comme il a le droit de le faire?
Pourquoi refuse-t-il de décréter un gel des tarifs pour 2022?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. Merci, M. le Président. Je référerais à un tableau que j'ai déjà, je
pense, produit ici, il y a deux ans, et
qui était le corollaire de la décision qu'on a prise, au gouvernement. On parle
de stabilité des tarifs, on parle de prévisibilité et on parle
d'augmentation, en réalité, sans choc tarifaire.
Dans les 20 dernières années, la Banque du
Canada, qui a une cible à 2 % d'augmentation, a réussi à maintenir entre 1 % et 3 % l'inflation, il y a une
stabilité dans l'inflation qui est avérée. Si le Parti libéral, il y a
15 ans, avait pris la décision d'augmenter les tarifs à l'inflation, les Québécois auraient
payé 1 milliard de moins en tarifs d'électricité. Donc, il y a une
démonstration claire que, sur la longue durée, les tarifs auraient bénéficié
d'avoir une hausse à l'inflation.
Alors,
pour nous, avec la loi qu'on a adoptée, on a souhaité avoir plus de
prévisibilité, plus de stabilité et moins de pression en choc tarifaire pour
les citoyens. Et la démonstration est là, parce qu'à l'époque on avait des
discussions et on disait : Bon an, mal an, ça devrait être à peu
près 2 %, l'augmentation, selon l'inflation. L'an dernier, 1,3 %. Cette
année, 2,6 %.
Le Président : En terminant.
• (11 heures) •
M. Julien : Quand je prends les
deux années, ça donne 1,9 %. Donc, on est à 1,9 %, on est sur la
cible.
Le Président : Question
principale, M. le député de Mont-Royal—Outremont.
Indexation
annuelle des tarifs d'électricité
M. Pierre
Arcand
M. Arcand : M. le Président,
le premier ministre, le ministre nous parlent du principe de prévisibilité. M.
le Président, la seule chose prévisible, actuellement, c'est que
l'augmentation des tarifs a triplé en un an, et on a des augmentations
prévisibles de 4 % et 5 % d'ici 2025. C'est ça, actuellement, qui se
passe. Ce matin, Statistique Canada parlait de 5,1 % d'inflation au Québec. Encore une fois, on se
demande où est la députée de Saint-Hyacinthe lorsqu'elle défendait, en fait,
le portefeuille des Québécois et des Québécoises.
M. le
Président, encore une fois, est-ce que le premier ministre veut faire payer les
dépenses sur le dos des Québécois? Est-ce que le ministre trouve ça
juste pour l'ensemble des familles québécoises?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan
Julien
M. Julien :
Oui. Encore une fois, M. le Président, quand on regarde l'histoire... Puis, mon
collègue, ici, qui pose la question,
je pense qu'il y était, en 2015, quand la hausse tarifaire avait été de près de
trois fois l'inflation. Trois fois l'inflation. On a observé, à travers
les années, depuis 2004, des situations à 5,33 %, à plus de 4 % à
plusieurs reprises, tandis que l'inflation a
toujours été inférieure à 3 %. Et, la cible, en réalité, la Banque du
Canada est à 2 %. On démontre clairement, historiquement, qu'à
l'inflation moins de chocs tarifaires, plus de stabilité.
Ce que semble
oublier aussi mon collègue, c'est que le projet de loi n'enlève pas les
pouvoirs à la Régie de l'énergie. Cependant, au lieu d'y aller à tous les
12 mois avec une cause tarifaire, on y va aux 60 mois, 2025. Donc,
actuellement, on observe une
stabilité, une prévisibilité. Et, si on s'écarte du chemin, en 2025 la Régie de
l'énergie va faire une cause tarifaire pour ajuster les tarifs. Donc,
c'est mieux pour les Québécois.
Et, je
réitère, si les libéraux avaient fait ce choix-là il y a 15 ans,
1 milliard de moins que les Québécois auraient payé en tarifs.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et réponses orales.
Motions
sans préavis
Nous allons
passer à la rubrique des motions sans préavis. Et je reconnais d'emblée M. le
ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Souligner
la Semaine nationale de l'action communautaire autonome
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
la députée de Taschereau, le leader du troisième groupe d'opposition, le député de Chomedey, le député de Bonaventure, le
député de Rimouski et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine nationale de l'action communautaire
autonome, qui se tient du 18 au 24 octobre 2021;
«Qu'elle reconnaisse l'apport exceptionnel de
l'ensemble des organismes communautaires autonomes;
«Qu'elle
valorise le dévouement des travailleuses, des travailleurs et des bénévoles qui
se mobilisent tous les jours pour améliorer la qualité de vie des
Québécoises et des Québécois;
«Qu'elle poursuive son engagement à soutenir les
organismes afin d'assurer un filet social fort et toujours plus inclusif;
«Qu'elle
reconnaisse la contribution de l'action communautaire autonome à la
transformation sociale et économique du Québec;
«Qu'elle
souligne le rôle essentiel joué par ces organismes lors de la crise sanitaire
pour la protection et le mieux-être de la population;
«Que l'Assemblée nationale rappelle au gouvernement son engagement de
déposer un plan d'action gouvernemental en action communautaire afin de
soutenir la mission des organismes communautaires.» Merci.
Le
Président : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Je vous demande donc vos votes respectifs. M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Mme la députée de Maurice-Richard,
à vous la parole.
Demander
au gouvernement de respecter ses engagements électoraux
Mme Montpetit : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, le chef du troisième groupe d'opposition, le
député de Chomedey, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que lors de son discours d'ouverture prononcé
le 19 octobre dernier, le premier ministre a réitéré son engagement
de respecter l'ensemble de ses promesses;
«Qu'elle
constate qu'à moins d'un an de l'échéance électorale, les promesses suivantes
n'ont toujours pas été réalisées;
«Que tous les
Québécois aient un médecin de famille;
«Que tous les
Québécois puissent consulter leur médecin de famille le jour même ou le
lendemain;
«La révision des
ratios de patients par infirmières;
«L'abolition des
heures supplémentaires obligatoires pour les infirmières;
«Un temps d'attente
moyen aux urgences de 90 minutes;
«L'amélioration
de l'accès aux soins le soir et la fin de semaine dans les CLSC, [les] GMF et
[les] cliniques réseaux;
«Qu'enfin, elle
enjoigne le gouvernement à honorer la parole du premier ministre et à tenir ses
engagements électoraux.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande à nouveau
vos votes respectifs. M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le député de Laurier-Dorion.
M.
Fontecilla : M. le
Président, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec la
députée de Vaudreuil, la députée de Joliette, le député de Bonaventure, la députée de Marie-Victorin, le député de Chomedey et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale constate que l'explosion des prix des biens
immobiliers au cours de la dernière année au Québec dépasse largement
l'augmentation de la rémunération des ménages québécois;
«Qu'elle
constate la présence accrue de sociétés d'investissement étrangères sur le
marché immobilier du Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement
de poser des gestes concrets pour protéger l'abordabilité de l'habitation pour
toutes les Québécoises et tous les Québécois, qu'ils soient locataires ou
propriétaires;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'étudier la
possibilité d'instaurer une taxe sur les acheteurs étrangers.» Merci.
Le Président :
Consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. M. le député de Jonquière, à vous la parole.
M. Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Mont-Royal—Outremont, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Bonaventure, le député de Chomedey, le député de
Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que le gouvernement a imposé un bâillon le
7 décembre 2019 pour faire adopter le projet de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité;
«Qu'elle rappelle les
propos du premier ministre, tenus le 6 décembre 2019, en lien avec le
projet de loi n° 34 : "Ce
qu'on propose dans le projet de loi, c'est de geler les tarifs d'électricité
pour l'année 2020 et de les augmenter de 2 % ou l'inflation
dans chacune des années suivantes";
«Qu'elle rappelle les
propos du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, tenus le
7 décembre 2019 : "Jamais
la clientèle d'Hydro-Québec n'aura bénéficié de hausses tarifaires aussi
faibles dans l'histoire d'Hydro-Québec";
«Qu'elle
prenne acte des projections qui prévoient un choc tarifaire pour l'électricité
en 2022, avec une hausse qui pourrait varier de 2,6 % à 3 % en
raison d'une forte inflation, ce qui en ferait la plus forte hausse tarifaire
depuis 2015;
«Qu'elle
souligne qu'il existe une corrélation entre la réforme du gouvernement contenue
dans le projet de loi n° 34 et
le choc tarifaire que subiront les consommateurs québécois en 2022, ce qui
mettra encore davantage de pression financière sur les Québécois;
«Qu'elle demande au
gouvernement de profiter de la nouvelle session parlementaire pour ouvrir
rapidement la Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité afin de
rétablir les pouvoirs de la Régie de l'énergie dans la détermination des tarifs
d'électricité et d'éviter un choc tarifaire pour les consommateurs en
2022 et, d'ici là, d'exiger d'Hydro-Québec le maintien des tarifs à leur niveau
actuel.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Pas de consentement, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Président :
Pas de consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Continuer l'étude de projets de loi présentés
avant la clôture de la dernière session
M.
Caire : Oui. M. le Président, je présente une motion de
réintroduction des projets de loi. Alors, M. le Président :
«Que, conformément à
la l'article 48 du règlement de l'Assemblée nationale, l'étude des projets
de loi suivants, présentés avant la clôture de la première session de la
quarante-deuxième législature, puisse être continuée lors de la deuxième session de la quarante-deuxième législature
au stade où elle avait été interrompue et dont je fais une nomenclature :
«À l'étape de l'adoption de principe :
«Le projet de loi n° 30, Loi visant la
récupération de sommes dues à l'État;
«Le projet de loi n° 96, Loi
sur la langue officielle et commune du Québec, le français;
«Le projet
de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer
l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion
responsable des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan
pour une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission;
«Le projet de loi n° 103, Loi modifiant diverses dispositions
législatives principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif;
«Le projet de loi n° 192, Loi visant à reconnaître le serment des
députés envers le peuple du Québec comme seul serment obligatoire à leur
entrée en fonction;
«Le projet de loi n° 193, Loi établissant un bouclier de protection
budgétaire des services à l'éducation, à l'enfance et à la protection de
la jeunesse;
«Le projet de loi n° 194, Loi visant à
assurer le respect des obligations du Québec relatives aux changements
climatiques;
«Le projet de
loi n° 195, Loi modifiant la Loi sur l'Assemblée nationale afin d'élargir
la portée du droit au paiement des frais d'une assistance;
«Le projet de
loi n° 196, Loi modifiant la Loi sur la sécurité dans les
sports afin d'instaurer le registre Passe-Sports visant à colliger les données sur l'état de santé des personnes âgées de
moins de 18 ans à la suite d'une commotion cérébrale;
«Le projet de loi n° 198, Loi facilitant la
divulgation d'actes répréhensibles;
«Le projet de
loi n° 199, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement pour
instaurer un droit d'initiative citoyenne
en environnement et renforcer les pouvoirs et l'indépendance du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement;
«Le projet de
loi n° 391, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement afin
d'affirmer la primauté de la compétence du Québec en cette matière;
«Le projet de loi n° 392, Loi concernant la
sélection des sénateurs représentant le Québec;
«Le projet de
loi n° 393, Loi affirmant la participation du Québec au processus de
nomination des juges de la Cour suprême du Canada pour le Québec;
«Le projet de loi n° 397, Loi visant à
renforcer l'encadrement du processus de sélection, de renouvellement de mandat
et de destitution d'un directeur d'un corps de police municipal;
«Le projet de loi n° 398, Loi proclamant la
Journée québécoise de la démocratie;
«Le projet de
loi n° 399, Loi instaurant une présomption de consentement au don
d'organes ou de tissus après le décès;
«Le projet de loi n° 490, Loi instaurant
l'électrification progressive du parc automobile québécois;
«Le projet de loi n° 491, Loi visant à
lutter contre le gaspillage alimentaire;
«Le projet de loi n° 493, Loi sur
l'interculturalisme;
«Le projet de loi n° 495, Loi instaurant la
captation de sons et d'images lors des séances publiques d'un conseil municipal
ou d'un conseil d'une communauté métropolitaine;
«Le projet de loi n° 496, Loi sur le
directeur parlementaire du budget;
«Le projet de
loi n° 497, Loi modifiant la Charte des droits et libertés de la personne
dans le but de renforcer la protection des droits des personnes aînées
et de créer [une] fonction de Protecteur des aînés;
«Le projet de loi n° 590,
Loi modifiant la Charte de la langue française afin d'instaurer la gratuité des
services d'enseignement du français pour toute personne qui réside au Québec;
«Le projet de loi n° 591, Loi modifiant la Charte de la langue française afin de préciser dans
quelles circonstances un
employeur peut exiger pour l'accès à un emploi ou à un poste la connaissance
d'une langue autre que la langue officielle;
«Le projet de loi n° 592, Loi
modifiant la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec afin d'accroître la
présence du drapeau du Québec;
«Le projet de loi n° 593,
Loi modifiant l'âge requis pour posséder la qualité d'électeur;
«Le projet de loi n° 594, Loi
visant à améliorer la qualité des soins par la fixation de ratios dans certains
établissements visés par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux;
«Le projet de loi n° 595,
Loi créant le registre des loyers;
«Le projet de loi n° 596,
Loi instituant Pharma-Québec;
«Le projet de loi n° 597, Loi visant à améliorer le soutien offert aux entrepreneurs et aux
agriculteurs en matière de santé mentale;
«Le projet de
loi n° 598, Loi autorisant la vente, pour
emporter ou livrer, de boissons alcooliques à base de spiritueux par le
titulaire d'un permis d'alcool de restaurant pour vendre;
«Le projet de loi n° 599,
Loi visant le respect de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre;
«Le projet de
loi n° 691, Loi modifiant la Loi sur le ministère des
Transports afin d'assurer le maintien de services de transport aérien
dans certaines régions du Québec;
«Le projet de
loi n° 692, Loi
modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports afin d'interdire les batailles
dans les activités sportives auxquelles des personnes de
moins de 18 ans participent;
«Le
projet de loi n° 693, Loi modifiant la Loi électorale afin de prévenir et
de combattre les violences à caractère sexuel dans le
cadre des activités politiques;
«Le projet de loi n° 694, Loi
encadrant la nomination de certains titulaires d'un emploi supérieur;
«Le projet de loi n° 695, Loi visant à fixer
une norme pour la concentration maximale de manganèse dans l'eau potable;
«Le projet de loi n° 696, Loi prévoyant la
suspension temporaire du droit d'augmenter le loyer d'un bail de logement;
«Le projet de loi n° 697, Loi visant à renforcer la divulgation d'actes répréhensibles et la
protection des lanceurs d'alerte;
«Le projet de loi n° 698, Loi limitant
temporairement les frais de services de commande en ligne et de livraison de
repas pouvant être exigés [aux] restaurateurs;
«Le projet de loi n° 699, Loi favorisant
l'intégration des personnes immigrantes en prévoyant l'organisation de
cérémonies d'accueil pour les nouveaux arrivants;
«Le projet de loi n° 790, Loi modifiant la
Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de
la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction afin d'équilibrer les
rapports de force;
«Le projet de loi n° 791, Loi concernant la
mise en place de politiques de conciliation études-famille-travail notamment
dans les établissements d'enseignement supérieur;
«Le projet de loi n° 792, Loi renforçant la transparence des conseils municipaux;
«Le projet de loi n° 794, Loi
modifiant la Loi sur l'Institut de la statistique du Québec afin de favoriser
la production et la circulation des informations statistiques;
«Le projet de loi
n° 796, Loi sur l'Agence des infrastructures de transport du Québec;
«Le projet de loi
n° 797, Loi modifiant la Loi sur les sociétés par actions afin d'y
intégrer l'entreprise à mission;
«Le projet de loi
n° 890, Loi modifiant diverses dispositions législatives relatives à
l'aide financière aux études;
«Le projet de loi n° 893, Loi facilitant la mise en
marché des produits des microdistillateurs et des microbrasseurs québécois;
«Le projet de loi
n° 894, Loi interdisant la recherche et la production d'hydrocarbures;
«Le projet de loi n° 896, Loi modifiant la Loi
électorale afin de favoriser la parité entre les femmes et les hommes
dans les candidatures au sein des partis politiques lors d'une élection
générale;
«Le projet de loi n° 897, Loi modifiant la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance afin de garantir le droit de
recevoir des services de garde;
«Le projet de loi n° 898, Loi modifiant la Loi sur la santé publique afin de
changer le mode de renouvellement de la déclaration d'état
d'urgence sanitaire;
«À l'étape de
l'étude détaillée en commission :
«[Donc,] le projet
de loi n° 23, Loi sur la dénonciation et les responsabilités de certains
ministres et de certains ministères et édictant la Loi sur le ministère des
Forêts, de la Faune et des Parcs;
«Le projet de loi
n° 39, Loi établissant un nouveau mode de scrutin;
«Le projet de loi n° 92, Loi visant la création d'un
tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence
conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières;
«Le projet de loi n° 101, Loi visant à renforcer la lutte contre la
maltraitance envers les aînés et toute autre personne
majeure en situation de vulnérabilité ainsi que la surveillance de la qualité
des services de santé et des services sociaux;
«Le projet de loi n° 197, Loi modifiant la Loi sur la
protection du consommateur afin de lutter contre l'obsolescence
programmée et de faire valoir le droit à la réparation des biens;
«Le projet de loi
n° 793, Loi visant à reconnaître le papillon amiral en tant qu'insecte
emblématique du Québec;
«[Donc, les projets
de loi] à l'étape de la prise en considération du rapport de commission :
«Le projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi sur les
élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions
législatives;
«À l'étape de la
consultation de l'étude détaillée en commission :
«Le projet de loi d'intérêt privé suivant : le projet de
loi n° 217, Loi
concernant les fins et les pouvoirs de la Corporation... archiépiscopale — désolé, M. le Président — catholique romaine de Montréal — bon, je vais le pratiquer la
prochaine fois, M. le Président;
«À l'étape de
l'adoption du principe :
«Le projet de loi d'intérêt privé suivant : projet de
loi n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la rue University
à Montréal (site de l'hôpital Royal Victoria).» M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Donc, en application de l'ordre spécial, j'invite les leaders parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur cette motion, suivi des députés indépendants. D'abord,
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le député
de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville?
Mme Samson : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Une motion
sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Poursuivre
les travaux de la Commission spéciale sur l'évolution
de la Loi concernant les soins de fin de vie
M.
Caire : Oui, M.
le Président. Pour le bénéfice des
collègues, il s'agit d'une motion concernant la Commission spéciale sur l'évolution de la Loi concernant les
soins de fin de vie, qui se lit comme suit :
«Que la
Commission spéciale sur l'évolution de la Loi concernant les soins de fin de
vie constituée en vertu d'une motion
adoptée le 31 mars 2021 lors de la première session de la
42e législature puisse poursuivre ses travaux au cours de la
deuxième session de la 42e législature et déposer son rapport au plus tard
le 10 décembre 2021;
«Que la [...] motion ait un effet rétroactif à
compter du 13 octobre 2021, et ce, malgré la clôture de la première
session de la 42e législature.»
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion? Consentement.
Mise
aux voix
Vos votes respectifs à nouveau. M. le leader
adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : Mme la leader
du deuxième groupe d'opposition?
• (11 h 20) •
Mme Labrie : Pour.
Le Président : M. le député
de Jonquière?
M. Gaudreault : Pour.
Le Président : M. le député
de Bonaventure?
M. Roy : Pour.
Le Président : Mme la députée
d'Iberville?
Mme Samson : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Une motion
sans préavis ayant été déjà présentée par le groupe parlementaire formant
le gouvernement, je demande à nouveau s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans
préavis. Consentement. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 92
M.
Caire : Oui, M. le
Président. Cette fois, c'est une motion de consultations particulières
rétroactive, donc :
«Que l'Assemblée entérine le mandat donné à la Commission des institutions, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 92, Loi visant la
création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de
violence conjugale et portant sur la formation des juges
en ces matières, de procéder à des consultations particulières et de tenir des
auditions publiques le mardi 26 octobre 2021, de 9 h 45 à
12 h 35 et après les affaires courantes jusqu'à 19 heures ainsi
que le mercredi 27 octobre 2021 après les affaires courantes jusqu'à
12 h 30 et de 15 heures à 18 h 30;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les organismes suivants : Mme Louise
Riendeau, Regroupement des maisons pour
femmes victimes de violence conjugale, Mme Manon Monastesse, directrice de
la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, [Mme] Elizabeth Corte, juge en chef de la Cour du
Québec de 2009 à 2016 et coprésidente du rapport Rebâtir la confiance conjointement avec Mme Julie Desrosiers, chercheuse et professeure
titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval et coprésidente du rapport Rebâtir la confiance, Réseau des centres d'aide aux victimes d'actes
criminels, M. Sylvain Guertin,
enquêteur spécialisé en matière d'agressions sexuelles et de crimes majeurs et
directeur adjoint de la Direction des
enquêtes criminelles à la Sûreté du
Québec conjointement avec le Service
de police de la ville de Montréal et le Service de police de la ville de Québec, [Mme] Roxane Roussel,
spécialiste en droit familial, le Barreau du Québec, Me Maude Cloutier, détentrice d'une maîtrise sur l'étude
comparée des tribunaux spécialisés — Dubé Gravel avocats — conjointement
avec Angela Campbell, professeure de
droit à l'Université McGill,
Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel,
Me Sophie Gagnon, Juripop, Mme Mélanie Walsh, directrice
générale, Auberge Madeleine et partenaire dans le Partenariat pour la
prévention et la lutte à l'itinérance des femmes regroupant 5 maisons,
le Directeur des poursuites criminelles et pénales;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la
manière suivante : 5 minutes 34 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 43 secondes pour l'opposition officielle,
56 secondes au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième
groupe d'opposition et finalement 51 secondes au député indépendant;
«Que,
sous réserve de l'audition conjointe de Me Maude Cloutier et de
Mme Angela Campbell, la durée maximale de l'exposé de chaque
organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes
partagées ainsi : 16 minutes 15 secondes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes 50 secondes pour l'opposition officielle,
2 minutes 43 secondes pour le deuxième groupe d'opposition,
2 minutes 43 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
2 minutes 30 secondes pour le député indépendant;
«Que la durée
maximale de l'exposé conjoint de Me Maude Cloutier et de
Mme Angela Campbell soit de 10 minutes et l'échange avec les
membres de la commission soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées
ainsi : 23 minutes 13 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
15 minutes 29 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes 52 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition, 3 minutes 52 secondes pour
le troisième groupe d'opposition et 3 minutes 30 secondes
pour le député indépendant;
«Que les témoins
auditionnés puissent l'être [en] visioconférence;
«Qu'une suspension de
10 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que le ministre de
la Justice soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
Le Président :
Et je vous demande donc vos votes respectifs. D'abord, M. le leader adjoint du
gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le député de Nelligan?
M. Derraji :
Pour.
Le Président :
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition?
Mme Labrie :
Pour.
Le Président :
M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
Le Président :
M. le député de Bonaventure?
M. Roy :
Pour.
Le Président :
Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson :
Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en sommes à la
rubrique Avis touchant les travaux des commissions.
Je vous avise que la Commission de l'aménagement du
territoire se réunira en séance de travail le jeudi 21 octobre 2021, de 8 h 10 à
8 h 45, à la salle Marie-Claire-Kirkland, afin d'organiser les
travaux de la commission et de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant la
mise en place de mesures visant à freiner la spéculation immobilière
résidentielle.
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires
du jour
Et, bien, la période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour.
Et je suspends nos
travaux pour quelques instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à
11 h 24)
(Reprise à 11 h 37)
Le
Président : Mmes, MM. les députés, nous allons poursuivre les affaires du jour. Mais, juste avant, je donne la parole au leader adjoint du gouvernement sur une précision, une correction à apporter à un
élément qui a été présenté juste avant la suspension. M. le leader adjoint.
M. Schneeberger :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, une petite précision. Lors de la lecture
d'une motion de réintroduction des projets de loi, le projet de loi n° 696, Loi prévoyant la suspension temporaire du droit d'augmenter
le loyer d'un bail de logement, a été nommé,
mais ne devait s'y retrouver. Alors, veuillez juste faire la correction, M. le
Président.
Le
Président : Je comprends donc qu'il y a consentement pour
procéder à la correction, M. le député de Nelligan, sans problème?
Alors, consentement. Merci. La correction sera donc apportée.
Affaires prioritaires
Débat
sur la motion du premier ministre proposant que l'Assemblée
approuve la politique générale du gouvernement
Aux
affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée entreprend
le débat sur le discours d'ouverture de la deuxième session de la
42e législature et sur la motion de M. le premier ministre proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement.
Conformément
à l'article 49 du règlement, je cède donc la parole à Mme la cheffe
de l'opposition officielle, en lui rappelant
que son temps de parole est d'une durée maximale de deux heures. Mme la cheffe
de l'opposition officielle, à vous la parole.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. En entendant le premier ministre, hier, j'ai pensé aux Belles histoires des pays d'en haut. Plus précisément, j'ai pensé au regretté Jean-Pierre Masson, qui
interprétait le rôle de Séraphin Poudrier dans l'histoire originale.
Alors, vous vous souviendrez peut-être que le rôle lui avait tellement
collé à la peau qu'il avait eu de la difficulté à trouver d'autres rôles
majeurs par la suite. Je pense que vous comprenez un peu où je veux en venir.
Le
premier ministre avait la crainte de vivre le même genre de situation.
Il craignait d'être, dans l'oeil des Québécois,
l'homme d'un seul rôle, le premier ministre d'une seule crise. Il craignait que les Québécois peinent à imaginer
le premier ministre dans une
autre situation que la pandémie. Un homme et son péché, un premier
ministre et sa pandémie.
Alors, hier, le
premier ministre nous a servi le grand jeu. Après 20 mois de crise
sanitaire, il a voulu se présenter comme
étant celui qui avait toutes les solutions. Mais on a très bien vu à travers
son jeu. On veut nous faire croire à une soi-disant vision, mais rien n'était plus absent, hier, M. le Président,
rien, M. le Président, parce que, dans le geste même qui était posé
et qui était artificiel, on a retrouvé les pires travers auxquels le premier
ministre nous a habitués.
Est-ce
qu'on a vu, dans les dernières semaines, le premier ministre rencontrer des
infirmières, des éducatrices, des enseignantes,
des gens d'affaires, des aînés, des jeunes? M. le Président, si le premier
ministre avait fait ces rencontres, il n'aurait pas tenu le discours
qu'il a tenu hier.
• (11 h 40) •
M. le Président, en écoutant le premier
ministre parler des jeunes, je
m'attendais, hier, à ce qu'il nous véhicule les préoccupations qu'il a
entendues sur le terrain. Si le premier
ministre s'était vraiment
assis avec des jeunes de 12 ans, 14 ans, 16 ans, 22 ans, il aurait compris tout de suite que l'environnement, c'est un enjeu qui est prioritaire, parce que
ça n'aurait pas pris aux jeunes 53 minutes pour lui en parler, ça
leur aurait pris 53 secondes.
Les jeunes sont préoccupés, ils vivent de
l'anxiété. Le concept d'écoanxiété, ça existe. Et, dans leur quotidien, ils se posent la question sans arrêt. Est-ce qu'ils vont atteindre l'âge vénérable de leurs parents ou de leurs
grands-parents? C'est
ça que les jeunes se posent, aujourd'hui, comme question. Pourtant, le premier
ministre a bien pris presque une
heure de son discours avant de parler
de cet enjeu, qui est pourtant prioritaire pour eux. C'est vous dire à quel
point il est déconnecté de cette réalité, qui touche tout le monde mais particulièrement
les plus jeunes.
M. le Président, a-t-on vu le premier
ministre prendre part à des
discussions dans les régions? Tellement pas que le maire de Senneterre a parcouru 800 kilomètres pour venir ici, pour
se faire entendre à l'Assemblée
nationale, pour donner son numéro de cellulaire lors d'un point de
presse, pour que finalement quelqu'un au gouvernement le rappelle. 800 kilomètres, il a parcouru, 800 kilomètres pour retourner,
pour huit minutes d'entretien avec le gouvernement. M. le
Président, c'est ça, le gouvernement des régions?
Pire
que ça, M. le Président, le premier
ministre a même banalisé la situation
de ce que les gens vivent sur le terrain, il a dit : Vous savez,
50 kilomètres, là, ce n'est pas plus grave que ça, là. M. le Président, j'ai parlé avec les gens qui
sont troublés par cette histoire-là, qui sont directement affectés, des
jeunes mères qui sont inquiètes pour leurs enfants, des pères qui sont inquiets pour leurs parents. Ça
a été ça, la réponse du premier
ministre. C'était un manque flagrant de compréhension et d'empathie par
rapport à ce que les gens vivent sur le terrain.
M.
le Président, le système, il craque de partout. À Dolbeau, à Gatineau, à
Shawville, à Sept-Îles, à Coaticook, à Ville-Marie,
à Matane, partout on voit que le système craque. On leur dit : Écoutez, la
nouvelle manière de réorganiser le travail,
c'est de fermer les urgences. On est en train de fermer les urgences. M. le
Président, le rôle le plus fondamental de l'État, c'est quoi? C'est de
s'assurer de la sécurité de ses citoyens dans les moments où ils sont
vulnérables.
Si
l'urgence ouverte ne répond pas à ça, je ne sais pas... Ce n'est pas ça, le
rôle premier de l'État. Ce qu'il est en train de dire à toutes les villes que je viens de nommer, c'est que ce
n'est pas suffisamment important pour lui d'agir dans ces régions-là. Est-ce
qu'on imaginerait, M. le Président, de dire à des Montréalais : Bien,
finalement, allez à l'urgence à Sherbrooke?
Est-ce qu'on imaginerait de dire à des gens de Québec : Finalement, allez
à l'urgence à Trois-Rivières? La réponse,
c'est non. Mais pourquoi on se permet de le faire dans des régions qui sont
plus éloignées? C'est ça, le gouvernement des régions? Au lieu de
développer les régions du Québec, on est en train de les fermer petit à petit.
Est-ce
qu'on a vu le premier ministre aller à la rencontre des Québécois dans le
milieu culturel, dans les différents domaines de l'industrie? Le premier
ministre, est-ce qu'il a eu des discussions avec des entrepreneurs? Est-ce
qu'il a animé une quelconque
rencontre postpandémie avec des joueurs de différents horizons, qui auraient
été conviés à la table? La réponse,
c'est non. La réponse, c'est non. Rien de tel, rien qui aurait dénoté une
volonté d'imaginer la suite des choses avec les Québécois. Rien, M. le Président, pour nous rassembler, rien pour
dire : Et si on imaginait le Québec d'après mais tous et toutes
ensemble?
On
l'aurait suivi, dans une telle approche, M. le Président. On aurait participé à
un exercice comme celui-là. Mais le premier
ministre avait des visées qui étaient
beaucoup plus personnelles et beaucoup plus partisanes. Et c'est d'ailleurs le sens de tout ce discours inaugural parce qu'au fond il a été inutile, parce qu'au bout du compte on n'a rien
appris. C'était le spectacle du premier ministre, qu'il a élaboré
derrière des portes closes.
M.
le Président, quand la crise a éclaté, quand il a fallu, devant la menace,
mettre le Québec sur pause et se retrousser les manches, on a été à ses côtés. Il y a des circonstances, dans la vie, où la nécessité fait loi et le
pouvoir démocratique doit s'affirmer,
et ça, on l'a compris, on l'a intégré. On a eu ce sens du devoir. Mais ce qui
était dicté par la nécessité est vite devenu
motivé par l'orgueil. Le premier
ministre a pris goût à cette façon de
gouverner. Il a coupé les ponts de la collaboration. Il s'est gavé dans cette formidable exposition
médiatique qu'il a eue. Il s'est replié sur lui-même. Il est devenu un premier ministre autoritaire, qui n'écoute pas, qui n'écoute pas
les experts, qui n'écoute pas les travailleurs de la santé, qui n'écoute
pas les éducatrices, qui n'écoute pas les
enseignants. Il est devenu celui qui sait et celui qui décrète. Nos amis
anglophones ont une expression pour ça, «Government knows best».
Le
pouvoir lui est monté à la tête. Il aurait souhaité que les élections soient aujourd'hui, c'est ça qu'il aurait souhaité, mais elles ne sont pas aujourd'hui,
M. le Président, les élections, elles sont dans un an.
Et c'est ce premier
ministre déconnecté des réalités terrain, qui est vraiment obnubilé par son
pouvoir, qui s'est mis à enchaîner des
déclarations qui étaient totalement inconsidérées. Le premier ministre, père
autoproclamé de la nation québécoise,
a dit aux Québécois pour qui voter aux élections fédérales, comme si nous, les
Québécois, on n'était pas capables de choisir pour qui on devrait voter. Il a
mis ses intérêts partisans et personnels dans la balance. Il a préféré un
appui hypothétique à un projet aberrant de 10 milliards de dollars pour
construire un tunnel plutôt que de favoriser une entente ferme qui favorise l'ensemble des familles québécoises. Quel va être
désormais le rapport de force du Québec devant le gouvernement fédéral?
Le
père autoproclamé de la nation a aussi dit qu'il n'y aurait pas de congé pour
la réconciliation avec les autochtones parce que le Québec avait besoin,
et je cite, de productivité.
M. le Président, par
où commencer?
M. le Président, j'ai étudié en génie industriel et, vous savez quoi, je me suis
spécialisée en productivité. J'ai travaillé sept ans en usine. Je peux vous parler de machines, d'opérations, de
comment on transforme les choses pour que ça aille plus vite puis que ça fonctionne mieux. Je peux
vous parler de ça pendant des heures, M.
le Président, mais pas le
30 septembre.
Le
30 septembre de cette année, ma fille, ma dernière, qui a 10 ans, est
descendue rapidement dans la cuisine puis elle était toute fière de me montrer
tous les tons d'orange qu'elle portait, parce qu'à son école on lui avait parlé
de cette journée importante. Puis elle me dit elle-même : Maman, tu
sais que c'est important de se rappeler les enfants qui ont disparu. Elle-même
a cette conscience-là, déjà, à son âge, parce qu'elle entend tout ce qui se
passe, parce que ça les préoccupe, quand on
parle des préoccupations des jeunes, ça les préoccupe. Mais le premier ministre
a décidé de nous parler, sérieusement,
de productivité. Les bras nous tombent, M. le Président. Pour la compassion,
pour la solidarité, c'est zéro, parce qu'au-delà de la productivité, M.
le Président, il y a l'histoire et il y a surtout le devoir de mémoire.
De
ce côté-ci de la Chambre, M. le Président, on croit qu'il faut unir les
Québécois. On croit qu'il faut définir un Québec de l'après-pandémie, mais ensemble. On croit qu'il faut écouter.
On croit qu'il faut viser mieux, et viser mieux en environnement, viser
mieux en santé, viser mieux en développement économique, à tous les niveaux.
Encore une
fois, en environnement, le premier ministre a dit qu'il ne sacrifierait pas des
emplois pour l'environnement. J'ai dû
lire cette citation au moins quatre fois. J'ai dit : Non, je ne suis pas
sûre que ce soit ça qu'il ait dit, je vais le relire puis je vais le relire. Ça ne se peut pas. Ça ne
se peut pas, M. le Président. C'est une déclaration qui est tout droit sortie
des années 80, puis les années 80, ça peut sembler pas loin,
mais ça fait 40 ans, M. le Président. Ça fait 40 ans.
C'est la détérioration de l'environnement qui
menace l'emploi et la qualité de vie, ce n'est pas sa protection. C'est l'incapacité du premier ministre d'agir avec
vigueur contre les changements climatiques qui représente véritablement
un risque financier et économique, et c'est ce que l'on voit partout, les plus
grands financiers nous parlent de ce risque fondamental, dont le premier
ministre parle à peine, à peine.
• (11 h 50) •
D'ailleurs, M. le Président, entendre ce gouvernement
parler d'environnement, c'est affligeant, c'est affligeant. D'ailleurs, la CAQ a levé très haut la barre de
l'absurde en matière de transport et de durabilité. Selon ce gouvernement, dans peu de temps, peu de
temps, M. le Président, les véhicules qui vont passer dans le tunnel caquiste
seront verts. M. le Président, je ne
sais même pas par où commencer. Je ne sais même pas quoi vous dire exactement.
Bien sûr, on pense que les véhicules électriques,
c'est un progrès, et on souhaite que le Québec soit une force en matière de
mobilité, de mobilité durable, mais, M.
le Président, dans quel monde est-ce que la voiture électrique, c'est une
solution à la congestion routière? Dans quel monde est-ce que c'est une solution à la surconsommation de nos
ressources? Dans quel monde ça ne
rend pas moins graves les enjeux d'étalement? Dans un monde, le monde du
premier ministre, mais seulement son monde à lui.
Ça, M. le
Président, c'est sans compter les impacts environnementaux sur notre fleuve.
Juste le tunnel de 10 milliards de
dollars qu'ils veulent faire, basé sur aucune étude, est une aberration. En
fait, le premier ministre sait tellement que c'est une aberration qu'hier il en a parlé combien de
fois? Zéro. Il n'en a pas parlé. Il n'en a pas parlé. 10 milliards de
dollars, il me semble qu'on parle de
ça, quand c'est important. On ne l'a pas entendu parler de ça parce que, le
gouvernement le sait, plus le premier
ministre en parle, plus il s'enfonce dans ses explications qui ne tiennent pas
la route. 10 milliards de dollars d'argent
public, alors que le premier ministre qualifie lui-même cette option de moins
pire des options. 10 milliards de dollars pour la moins pire des
options, M. le Président, c'est ça, l'intérêt public, dans ce qui est présenté?
Pendant ce
temps-là, M. le Président, j'étais sur la Côte-Nord, la semaine dernière, puis
les gens se demandent encore quand
est-ce qu'ils vont avoir ce premier lien entre Baie-Sainte-Catherine et
Tadoussac. Puis ils regardent ce projet-là puis ils se disent :
Mais c'est absurde. C'est absurde et c'est, en plus, un gouvernement qui se dit
des régions. C'est ça, le gouvernement des régions? Décisions purement
populistes de la part de ce gouvernement.
Toujours en matière
d'environnement, on doit penser autrement, parce qu'on sait que le statu quo ne
fonctionne pas. Je sais que le
premier ministre affectionne tout particulièrement Le petit Robert,
mais, à côté du Petit Robert, nous, on préfère le grand Robert, le Robert Bourassa. Et ce Robert
Bourassa nous disait : Nous devons s'adapter, nous devons nous adapter
à notre temps. Mais le premier ministre est encore dans une dualité entre
l'économie et l'environnement.
Ce qu'on pense, de ce côté-ci de la Chambre, M.
le Président, c'est que le Québec doit assumer un leadership à l'échelle canadienne et à l'échelle globale. Ça
veut dire, bien sûr, qu'on est capables d'applaudir lorsqu'il y a une entente
avec New York ou avec le Massachusetts.
Évidemment, on est capables d'applaudir. Mais il n'y a personne qui est dupe, ici, M. le Président. Tout le monde sait très bien
que cette entente qui a été signée, c'est le travail de longue haleine, d'année
après année, et de gouvernements successifs pour atteindre ce
résultat-là. On le sait, ça. Et nous savons aussi que, ces discussions-là, c'est la contribution de chacun
qui nous a menés là. Mais ce qu'on aimerait véritablement voir, aujourd'hui,
ce qu'on aimerait véritablement sentir,
c'est un leadership environnemental qui soit véritablement fort, de la part du
Québec.
Est-ce qu'on
est capables d'imaginer une coopération entre les provinces qui serait animée
par le savoir-faire du Québec, en énergies renouvelables, pour que le
Québec et le Canada atteignent des cibles de réduction des émissions? Est-ce qu'on serait capables d'imaginer ça? Moi,
je pense que oui. Je pense aussi qu'on est capables d'aller plus loin, qu'on
est capables de... au-delà de dire qu'on
doit sortir l'argent des Québécois des hydrocarbures, qu'on est capables de
franchir une étape de plus qui serait
vraiment transformatrice. On pourrait, par exemple, contribuer à sortir le
Canada du pétrole. Ça pourrait être
une contribution qu'on décide de faire, nous, le Québec. Mais pour ça, M. le
Président, ça suppose deux choses. Ça suppose d'avoir une vision
environnementale puis ça suppose d'avoir la volonté d'une diplomatie
intercanadienne. Ces deux facultés manquent profondément à ce
gouvernement.
M. le
Président, l'État craque. Le gouvernement accorde des primes en situation de
panique, alors, des primes aux préposés
aux bénéficiaires, des primes pour les infirmières, pour les éducatrices en
garderie. En fait, quand vous regardez ce qui se passe, le gouvernement
est comme un plombier, là, que vous voyez dans les dessins animés, là, vous
savez, il y a une fuite, puis là on met une
main, puis il y a une autre fuite, on met une autre main, puis là, après, on
met le pied, puis après ça on
commence à être en déséquilibre, là. C'est de ça de quoi ça a l'air,
présentement. Vous imaginez bien l'image, justement. On peut imaginer la
suite. C'est véritablement une perte de contrôle.
Mais pourquoi
est-ce qu'on est dans une situation comme celle-là? On est dans une situation
comme celle-là, de crise généralisée
dans nos services publics, parce qu'il y a un véritable problème au niveau de
notre démographie. C'est ça, la question qui aurait dû être posée depuis
longtemps par le premier ministre lui-même, parce que la réponse, elle est mathématique, M. le Président. En fait, elle est
démographique. On vit la conséquence du vieillissement de la population,
aujourd'hui.
La demande en
soins de santé augmente, et le nombre de candidats à l'emploi dans les services
sociaux, bien, diminue. Et les piètres conditions de travail viennent aggraver
le problème que l'on a. Il y a plusieurs années que le nombre de
personnes qui quittent pour aller prendre
leur retraite, bien, il est plus grand que le nombre de personnes qui rentrent
sur le marché du travail.
Au début, on appelle ça une rareté de main-d'oeuvre, puis finalement on se rend
compte que la rareté devient une pénurie.
M. le Président,
juste pour être bien claire avec vous, là, ça, c'est une rareté de
main-d'oeuvre. Quand on est rendu là, là,
ça, là, c'est une pénurie de main-d'oeuvre, M. le Président. Et vous savez
quoi, M. le Président? Et vous savez
quoi, M. le Président? Les mots ont un sens. Les mots veulent dire quelque
chose. Ils veulent dire que tu es capable de reconnaître
la gravité d'une situation, puis que les gens qui la vivent, cette situation,
dans leur quotidien, là, ils sont capables de se dire : Ils ont
compris ce que je vis.
Quand
j'entends le premier ministre me parler de salaires à plus que
56 000 $... Parce que c'est ça qu'il nous a dit. Il nous a dit : Moi, la pénurie de
main-d'oeuvre, là, qu'il y ait 200 000 emplois vacants — mais à l'époque c'était 150 000,
mais ce n'est pas grave — moi, je veux me concentrer sur des gens qui
font 56 000 $ et plus. Vraiment? C'est comme ça qu'on va la régler, en se concentrant sur ceux qui
font plus d'argent? C'est une incompréhension totale de ce que les gens
vivent au quotidien. Le premier ministre oppose les employés avec les
employeurs.
Mais
aujourd'hui ce n'est pas ça qui se passe. Oui, il y a des employeurs qui
cherchent de la main-d'oeuvre, mais ceux qui travaillent, là, ceux qui
travaillent au quotidien, ils sont aussi fatigués. Vous savez pourquoi ils sont
fatigués? Parce qu'ils n'ont pas
suffisamment de collègues, puis ça, ils le vivent au quotidien, comme on le vit
dans les services de santé, comme on le vit dans nos services de garde, comme
on le vit dans nos services d'éducation, partout. Ce n'est plus juste une question qu'il manque une ou deux
personnes, c'est qu'il n'y a pas de monde du tout, M. le Président. Il n'y a
pas de monde du tout.
Et
ça, le premier ministre le niait en 2016. En 2018, il continuait de le nier.
Pas plus tard qu'il y a quelques mois, il me disait encore : Ah! il n'y a pas vraiment, là... le Parti
libéral parle de ça, mais ce n'est pas vraiment un enjeu. On était
rendus à 150 000 emplois vacants. On est rendus à plus de
200 000 emplois vacants, ce n'est toujours pas un problème suffisamment grave pour qu'on puisse retourner
toutes les pierres, toutes les roches pour s'assurer qu'on trouve de véritables
solutions. Ça, ce n'est pas suffisamment, encore, important.
Quand est-ce que ça
va l'être, M. le Président? Combien d'urgences est-ce qu'il va falloir fermer
pour que ça devienne réellement un problème? Combien d'enfants est-ce qu'on va
échapper, dans nos écoles, pour que ça devienne réellement un problème? Combien
d'entrepreneurs vont devoir fermer boutique pour que ça devienne vraiment un problème? Combien de régions, combien de villages
vont devoir fermer leurs dépanneurs puis leurs stations d'essence pour
que ça devienne réellement un problème et un enjeu? C'est quand? Ça n'a plus de
sens, cette manière de banaliser les problèmes.
• (12 heures) •
Et
le premier ministre s'en rend compte, sinon il n'aurait pas tenu tout le
discours qu'il a tenu hier, parce qu'il sait qu'il y a des problèmes et que ça craque de partout. Mais il n'amène pas
les solutions qu'on a besoin de voir. Puis les solutions, elles
existent, mais encore faut-il qu'on se parle, qu'on agisse ensemble pour
arriver à obtenir les résultats nécessaires.
Je
mets au défi le premier ministre de dire que la pénurie de main-d'oeuvre,
aujourd'hui, c'est l'enjeu économique principal
que nous ayons, je le mets au défi de le dire, parce que ce serait vraiment
reconnaître une situation, là, qui est en train de nuire non seulement à notre économie, mais à nos enjeux
sociaux, à nos enjeux environnementaux, parce que, quand il le nie, il
le nie 200 000 fois, M. le Président, pas une fois, mais
200 000 fois.
M.
le Président, lorsque le gouvernement est rentré en fonction, il a dit :
Nous autres, on va faire le ménage, il y a bien des affaires qu'on veut faire, là, on va vraiment montrer qu'on
sait comment gouverner. Alors, ils ont décidé, dans leur grande réflexion, de balancer aux poubelles
18 000 dossiers de personnes qui étaient ou bien établies au Québec
ou allaient s'établir au Québec,
18 000 dossiers. Ça, ça veut dire 40 000 personnes. Puis là
on a discuté, on a argumenté, on leur
a dit : Dans les 40 000 personnes, il doit y avoir du monde qui
peut rester, il doit y avoir... On a tout fait les arguments qu'on aurait pu faire, puis, au bout du compte, ce
n'est pas grave, on a déchiqueté les dossiers. Mais moi, j'ai une question pour
vous, pour le premier ministre mais pour tout le monde ici : Dans ces
40 000 personnes, il y en avait combien, de préposés aux bénéficiaires? Dans ces
40 000 personnes, il y en avait combien, d'infirmières? Dans ces
40 000 personnes, il y
avait combien d'éducatrices? Parce que, quand je vois le gouvernement, la
semaine passée, nous dire : Eh! vous savez quoi, on va aller
recruter 4 000 infirmières à l'étranger, j'ai envie de leur dire :
Puis, les 40 000 qui étaient là, là, il y a trois ans, là, ça ne vous tentait pas de regarder les dossiers? Ça ne
vous aurait pas tenté de regarder les dossiers? Bien non, parce que la vision n'est pas là. Non, parce qu'on
pense à courte vue. Non, parce qu'on préfère rencontrer des promesses
électoralistes qui divisent plutôt que de penser à notre avenir collectif. Puis
après ça, quand arrive le problème, ils nous disent :
Bien, où sont les propositions? Moi, je ne vois pas les propositions des autres
partis. Bien, c'est parce que ça fait des
mois qu'on vous en parle, vous n'écoutez pas. Puis, quand arrive le problème,
on réagit, puis là, maintenant, on va aller chercher 4 000 personnes à l'étranger. Grande stratégie, M. le
Président. Le premier ministre a préféré entretenir une forme de crainte
de l'autre. Il a préféré diviser les Québécois plutôt que de les rassembler.
En
parlant de division, M. le Président, le premier ministre, hier, a prononcé
deux phrases en anglais. Il a fait une allusion
à la communauté historique anglophone. De plus, il a dit à cette communauté
qu'elle devrait se compter quand même chanceuse de leur sort au Québec.
Well, I have a message for the Premier,
and all Quebeckers, and to
all English-speaking Quebeckers. Yes, you're part of our history, but so much more than that.
Across Québec, you're valued in a vital partner in the present and in the
future of Québec. You have built and
sustained schools and hospitals, media and cultural institutions that are
proudly shared with all Quebeckers. You have strived to be allies in the
protection and the strengthening of our common language. You share the hopes and the determination of all
of us to build a modern, a greener, and a more inclusive Québec. And,
yes, I hear your concern. Yes, I see your
suspicion when you witnessed the Premier describing your place here. Well, let
him understand. Here, now and always,
you are Quebeckers «à part entière». And expect to be so recognized not only in
words, but in actions, in law, today and everyday.
M. le Président,
en santé, en santé, on croit qu'il
faut sortir de la politique
du mur-à-mur, et j'en ai parlé pendant des mois, fait le tour de toutes les régions du Québec,
j'ai parlé de la charte des régions que l'on veut mettre de l'avant, justement,
pour reconnaître la spécificité de chacune de nos régions et qu'on doit décentraliser
et favoriser l'initiative locale et l'initiative
régionale. Il faut favoriser des solutions qui sont adaptées aux milieux. Et,
peu importent les paroles qui ont été prononcées
par le premier ministre hier, la réalité, aujourd'hui, c'est que les Québécois
attendent plus longtemps à l'urgence et qu'il y a beaucoup plus de
Québécois qui attendent, aujourd'hui, un médecin de famille.
M. le Président, quand le premier ministre nous
dit ici, en cette Chambre, comme il l'a encore fait aujourd'hui : Il y a plus de Québécois qui ont un accès de
famille aujourd'hui que lorsqu'on est arrivé au gouvernement, ce n'est pas ça,
la mesure. La mesure, c'est de savoir combien de personnes attendent de
plus. Quand ils sont arrivés au pouvoir, il y avait 400 000 personnes qui étaient sur une
liste d'attente. C'est déjà trop. Mais aujourd'hui c'est
830 000 personnes qui
attendent d'avoir accès à un médecin de famille, d'avoir un médecin de
famille auquel ils peuvent se référer. 830 000 personnes.
Alors, il ne
faut pas s'étonner que Ruth, qui a 94 ans, se demande vraiment quand
est-ce qu'elle va pouvoir avoir son médecin de famille, elle qui attend depuis
plus de deux ans. Il ne faut pas s'étonner non plus, avec le système actuel,
qu'Isabelle ait dû avoir un rendez-vous reporté neuf fois avant de pouvoir voir
un médecin, neuf fois, M. le Président. C'est
à ça que je pense lorsque je pense 830 000 personnes, parce que ce
sont des vies quotidiennes qui sont bouleversées par cette situation-là.
Alors, on
devrait repenser les partenariats entre l'État et les organismes du milieu, avoir
pour origine et finalité, comme réflexion, la réponse aux besoins de la
population.
Alors,
lorsque le premier ministre nous parle de services à la population, lorsqu'il nous
parle de décentralisation, voilà la
question que je me pose, je me dis : Quand j'ai été en Outaouais, à
Gatineau, puis que l'urgence était fermée, puis que j'ai rencontré les gens du milieu, puis qu'ils m'ont dit que nous
avons plusieurs solutions à mettre de l'avant, qu'ils nous les ont présentées, chiffrées, un, deux, trois,
quatre, cinq, qui disent qu'ils sont incapables de parler avec... avoir même un
interlocuteur pour amener leurs
propositions, pas besoin de changer de structures, M. le Président, on a besoin
de s'asseoir avec les gens du milieu
pour trouver les solutions, et les mettre en application, et avoir le courage
de les mettre en application plutôt que d'appliquer du mur-à-mur
partout. C'est ça dont on a besoin.
Lorsque je vais en Abitibi-Témiscamingue puis
que les gens du milieu de la santé, pas juste à Senneterre mais aussi à Ville-Marie, aussi à Val-d'Or, nous disent :
Écoutez, on a des solutions, on en a proposé, les gens ne nous écoutent pas... C'est ça, la décentralisation. C'est une
manière de penser puis de réfléchir qui fait en sorte qu'on entend ce que les
gens nous disent sur le terrain, qu'on écoute et qu'on met ça de
l'avant. Rien de tel, M. le Président, rien de tel.
En matière de
santé mentale, M. le Président, on a eu beaucoup de voeux pieux de la part du gouvernement, mais ça fait maintenant un an, ça fait maintenant un an qu'on a
proposé d'avoir un accès universel pour tous les Québécois à la psychothérapie,
un an. Et on nous a dit que ça coûtait trop cher, à l'époque, ça coûte quand même
300 millions, 400 millions, 500 millions. Puis on leur a dit : Écoutez, dans ce qui nous arrive avec la pandémie, là, il
vaut mieux devancer la situation, on
sait que ça va frapper difficilement
tout le monde, on sait qu'on a besoin d'agir par rapport à ça. Puis on a
attendu. On a attendu.
M. le
Président, là, j'ai parlé avec des mères qui ont un enfant qui a des enjeux de
santé mentale. C'est déchirant, M. le
Président, c'est déchirant. Je
m'imagine mal, quand on me raconte ça... Tu vas à l'hôpital, on te dit que ton
enfant est en dépression, dépression majeure, on te dit que ton enfant est à
risque de faire une tentative de suicide, ça, c'est ce qui est important, puis que cette personne-là devrait peut-être
entrer à l'hôpital, mais il n'y a pas de place, ça fait que ramenez-le chez vous puis essayez de vous en occuper du mieux
que vous pouvez. Il y a des parents, là, qui arrêtent de travailler parce
qu'ils doivent s'occuper de ce qu'ils ont de plus précieux, puis c'est leurs
enfants.
• (12 h 10) •
Ce n'est pas normal, M. le Président. La
santé mentale devrait être aussi importante que la santé physique, et
particulièrement aujourd'hui. Il n'y a pas un jour qui passe où on n'entend pas
parler d'un féminicide. Il n'y a pas un jour
qui passe où on n'entend pas parler d'un enfant qui se fait tuer puis que la
violence augmente. Mais c'est tout lié à des enjeux aussi de santé mentale, tout ça, il y a des liens directs
aussi que l'on peut établir. Ça devrait être une priorité, ça devrait
être quelque chose qu'on aurait dû voir venir.
Puis là le premier ministre va me dire quelle
est notre proposition? Notre proposition, on l'a faite il y a plus d'un an, il y a plus d'un an qu'on a fait cette
proposition-là sur la santé mentale. Puis aujourd'hui encore les gens
attendent, n'ont pas d'accès. Il y en
a qui ne peuvent pas payer parce qu'ils n'ont pas d'argent, ils ne sont pas
capables de régler des problèmes de santé mentale. M. le Président,
on est au Québec, on est au Québec. C'est ça que ça prend, du cash, pour régler tes enjeux de santé mentale avec ton
enfant? C'est ça que ça prend, M. le Président? C'est révoltant, c'est
révoltant. Et on avait l'opportunité d'agir, et le gouvernement a refusé
d'agir.
M. le Président, hier, le premier ministre
nous a parlé de soins à domicile, une petite phrase. Puis qu'est-ce qu'il nous a dit sur les soins à domicile?
Écoutez, je vais donner un mandat à la commissaire à la santé pour qu'elle
étudie ça, là, l'enjeu des soins à
domicile. M. le Président, là, vous êtes-vous assis avec des personnes
aînées récemment? André, de
Saint-Élie-de-Caxton, avec lequel je parlais samedi, il m'a dit la chose
suivante, il dit : Mme Anglade, vous savez, moi, vous pouvez me donner une maison de
1,5 million, mais, moi, ça ne m'intéresse pas du tout; ce qui m'intéresse,
là, c'est de rester chez moi, c'est
ça que je veux. C'est ça qu'ils veulent, c'est ça qu'il nous dit. En fait,
c'est ça qu'ils nous crient présentement. Et, au lieu de ça, on leur
parle de maisons pour les aînés qui coûtent une fortune, qui sont déployées parce que c'est l'engagement du gouvernement, qui
est incapable de s'adapter à une nouvelle réalité puis de se dire il y a
un virage majeur qu'on a besoin d'opérer,
puis ça s'appelle le soin puis les services à domicile. Quand le premier
ministre ne reconnaît pas la pénurie
de main-d'oeuvre, ce que ça veut dire, c'est qu'il n'est pas capable de
reconnaître qu'on ne sera plus
capable de fournir. Il va falloir que les gens puissent vivre chez eux. C'est
ça qu'ils demandent, c'est ça que nos aînés demandent.
Mais, non, on continue dans les grandes déclarations puis on continue avec les
maisons pour les aînés, comme si ça répondait réellement à un besoin
profond chez nos aînés aujourd'hui.
Et, attention,
loin de moi l'idée de dire qu'on ne va pas s'occuper de nos CHSLD. Loin de moi
l'idée de dire, parce que je connais le premier ministre puis sa manière,
parfois, de vouloir metttre des mots dans la bouche des gens... loin de moi l'idée de dire que nos résidences pour
personnes aînées ne sont pas importantes, ce n'est pas ça que je dis. Mais,
avec ce que nous vivons aujourd'hui, ce que nous avons appris, il est temps qu'il y ait
un réveil réel de la part du gouvernement
en matière de soins et de santé à domicile.
Sur le plan
de l'économie, maintenant, on doit aussi sortir des modèles anciens.
L'enjeu, là, ce n'est plus de dire qu'il y a
un investissement qui va être annoncé, puis qu'on va créer 1 000 emplois, là, on n'est plus là, là.
Hier, le premier ministre disait qu'il allait créer des milliers d'emplois puis
faisait référence aux années 70, là. Honnêtement, je trouvais ça tellement déprimant, j'ai dit : Ce n'est pas
possible de ne pas être adapté à la réalité actuelle. Ce n'est pas ça, l'enjeu,
là. Ce n'est pas ça, l'enjeu.
L'enjeu, aujourd'hui, c'est de dire comment est-ce qu'on va combler tous ces
postes. L'enjeu, c'est de dire qu'un
investissement va améliorer la qualité de vie des citoyens, des travailleurs,
et que ça va contribuer à la réduction des gaz à effet de serre.
Le geste économique doit devenir un geste qui a
une portée autre qu'économique, une portée sociale et environnementale, et on ne peut plus dissocier l'économie de l'aspect
social et de l'aspect environnemental, justement. Le modèle consistant à investir pour créer des jobs
puis à taxer pour ramasser les dégâts, ça ne fonctionne plus, dans notre
société.
La création
de richesse dont on parle, là, elle doit avoir un sens, on doit travailler le
plus possible dans une optique d'économie circulaire et d'écoconception.
Qu'est-ce que ça veut dire ça, M. le Président? Ça veut dire qu'au moment
d'imaginer un produit on doit savoir comment on va en disposer à la fin,
comment on va le réutiliser ou comment ses composantes vont servir à d'autres
entreprises. C'est de cette façon qu'on devrait penser l'économie, aujourd'hui.
La dernière chose que l'on doit faire, c'est opposer emploi et environnement.
On devrait
avoir le même genre de réflexions lorsque l'on parle, évidemment, de la
question de la main-d'oeuvre. Alors, j'y reviens. Dans chaque région, dans
chaque milieu, on peut trouver des solutions qui sont adaptées, évidemment,
automatiser certaines tâches, revoir l'organisation du travail, développer des
incitatifs pour encourager des travailleurs d'expérience
à rester ou à revenir au travail. On peut créer des partenariats entre les
entreprises puis échanger des services. On peut collaborer également
avec les centres de formation pour qualifier rapidement des travailleurs
immigrants ou autochtones dans certaines
régions. Mais, M. le Président, on est aussi capables de ramener les seuils
d'immigration au niveau de 2018 pour
recruter davantage de travailleurs. On ne peut pas simplement exclure une
solution qui représente 20 % et
même plus de la solution finale. On ne peut pas l'exclure, on doit tout
considérer, on doit tout mettre sur la table. On ne peut surtout pas
avoir peur d'en parler.
Et le
gouvernement, là-dessus, continue de diviser, continue de diviser en disant :
Ah! il y a des partis politiques puis des
entrepreneurs, ce qu'ils veulent, là, c'est du cheap labor. M. le Président,
là, m'avez-vous entendu dire ça une seule fois dans toute ma vie?
Une voix : ...
Mme Anglade :
Merci, merci. Jamais. Puis jamais vous ne m'entendrez le dire, qu'on veut
accueillir du monde puis ne pas les intégrer, jamais.
Par contre,
Carl, qui est à Baie-Comeau, il m'a dit : Écoutez, si, demain matin, il y
avait 10 personnes qui venaient, moi, ça me ferait plaisir, là, on aurait
des moyens pour essayer de les intégrer davantage. Mais c'est comme si on
ne peut pas parler de ça. On ne peut pas
parler de ça parce qu'on veut diviser, parce qu'on n'est pas capable de se
projeter, parce qu'on n'est pas
capable de se dire : Ici, au Québec, nous, on est capables d'ouvrir nos
bras très grands, hein? Pourquoi on n'est pas capables d'en parler?
On envisage les enjeux de main-d'oeuvre dans une
optique de bien-être des travailleurs, de valorisation de la contribution humaine. Il me semble que cette façon
de faire, c'est la bonne manière de faire, de parler de la main-d'oeuvre.
Le gouvernement, il n'est pas là. Il est
d'ailleurs pris dans le passé à opposer, encore une fois, des entrepreneurs
avec des travailleurs, à opposer ceux
qui font plus ou moins que 56 000 $ par année. Et, au lieu de
rassembler, le premier ministre divise, divise sans arrêt.
M. le
Président, il y a toujours des raisons — on est tous des élus, ici — qui motivent nos implications en politique.
Moi, je suis venu en politique parce que je crois que chaque enfant, au Québec,
peu importe ses origines, peu importe d'où il vient, peu importe sa
région, peu importe le milieu social auquel il appartient, il puisse atteindre
son plein potentiel.
Moi, je suis
venue en politique avec la conviction profonde que le rôle de
l'État, c'est de s'assurer d'enlever tous les problèmes, tous les freins qu'il y a qui empêchent les
gens d'être tout ce qu'ils peuvent être. Et, en ce sens, la question des services de garde, elle est essentielle.
Pourquoi?
En 1997, sous
le gouvernement du Parti
québécois, il y a eu une initiative
lancée — vous
voyez que ce n'est pas une sorte de partisanerie, là — les
CPE, avec Pauline Marois. Ça a permis au Québec de faire en sorte que
des centaines de milliers de femmes
sont allées sur le marché du travail. Ça a fait plusieurs choses : un, des gens
plus épanouis, évidemment, mais également
une économie qui soit plus prospère, au profit de tous. Mais
le système qui a été mis en place s'essouffle. Et aujourd'hui
il y a 50 000... — le
premier ministre parle de 37 000 places parce qu'il joue encore avec
les chiffres, là — il y a 50 000 personnes qui sont
sur une liste d'attente, aujourd'hui. Ça, ça veut dire
50 000 familles qui sont stressées parce qu'elles se disent qu'elles n'ont pas de solution, des gens qui
sont obligés de rester à la maison, parce que ce n'est pas leur choix,
plutôt que de retourner travailler. Des exemples, il y en a un paquet, M. le
Président.
• (12 h 20) •
Un
des exemples qui m'a le plus touchée, c'est cette femme dont la mère était
infirmière et avait élevé trois enfants, puis la fille, qui venait d'avoir un enfant, me disait : Je n'ai
pas la même chance que ma mère, je n'ai pas la chance de pouvoir faire ce que je veux faire comme elle a pu exercer
son rôle d'infirmière parce que je n'ai pas de service de garde. Ça, ça vient me chercher, M. le Président, parce qu'on
parle là d'un net recul. C'est ça qu'on voit, le recul, le recul. On parle de
10 ans, 15 ans, 20 ans de
recul. Alors, qu'est-ce qu'on doit faire, dans ce temps-là? Qu'est-ce
qu'on doit se dire? On doit se dire : On doit aller de l'avant, on doit
foncer, on doit faire en sorte que chaque enfant au Québec
puisse avoir droit à un service de garde.
Quand le premier ministre nous dit, là :
37 000 places, là, on va régler ça, là, rapidement, rapidement, il y a deux choses qu'il ne nous dit pas. Il ne nous dit
pas quand, mais surtout, surtout, il ne nous dit pas, les 6 milliards de
dollars de transferts du fédéral, ils
vont aller où? Moi, mon message, il est très clair, il ne peut pas être plus
clair : Les 6 milliards de transferts du fédéral vont aller
directement dans les services de garde, au Québec, pour faire une chose et une
chose seulement : s'assurer que
chaque enfant puisse avoir droit à un service
de garde, à une place à 8,50 $,
pas à des prix exorbitants, au même prix pour tous. C'est pour ça que je
me suis, notamment, engagée en politique.
La réponse du premier ministre, le plus rapidement
possible, etc., ça veut juste dire qu'il n'est pas réellement, réellement convaincu de la nécessité de poser ce
geste. Et surtout on sait que le gouvernement a déjà refusé que l'on change dans la loi le fait
que ce soit un droit. Il l'a refusé. Mais j'espère, j'espère qu'on aura l'opportunité
de le convaincre. J'enjoins aussi le premier ministre à considérer ça comme un élément fondamental pour notre avenir
collectif, ce droit. Et ce droit est aussi important que le droit à l'éducation.
Le droit à l'éducation, il existe.
Mais parlons maintenant
un peu d'éducation. En 2018, le premier ministre disait que la
grande priorité, la grande priorité,
c'était l'éducation. Je vais le citer, M. le Président, ça vaut quand même
la peine : «La première grande priorité que je vais aborder, c'est l'éducation. Pour la première fois depuis les
années 60, l'éducation va être la première priorité du gouvernement.» Rien de moins. «Et notre grande ambition, ce n'est rien de moins que de
donner à chaque enfant tous les outils pour aller au bout de son
potentiel.» Ça, c'était en 2018.
C'est vrai
qu'il y a eu une pandémie, M. le Président, on en est tous conscients. J'ai
trois enfants à l'école, moi, je suis
très consciente qu'il y a eu une pandémie. Mais il y a autre chose, M. le
Président, il y a l'instabilité qu'on a créée dans nos écoles. On comprend les prouesses des professeurs et des
parents pour que l'école se fasse à la maison. Ça n'a pas été facile. Ça a été difficile pour les
enfants comme pour les parents, comme pour le corps professoral, comme pour
les enseignants. On comprend l'urgence du départ. Mais ce qu'on ne comprend
pas, M. le Président, ce qu'on n'a toujours pas compris, c'est qu'on accepte
l'indécision, c'est qu'on accepte l'incohérence, c'est qu'on accepte
l'inconsistance généralisée qui a
caractérisé la suite dans cette pandémie, les manigances qui entouraient les
tests de qualité de l'air, la saga des purificateurs, le fouillis de la
disparition des tests rapides, les contradictions presque quotidiennes,
l'impression globale et continuelle
que ce gouvernement était totalement, mais totalement dépassé par la situation.
La priorité numéro un du premier ministre, l'éducation? Vraiment?
L'échec, l'échec de ce gouvernement en matière
d'éducation, il a un nom. Ce nom, c'est Anaïs. Anaïs, elle a quatre ans. Elle écoutait le premier ministre,
s'est dit : Maternelle quatre ans, je vais y aller. Ses parents ont dit :
Bien, on va encourager notre fille à aller en maternelle quatre ans.
Pourquoi les maternelles quatre ans? Parce que les maternelles quatre ans permettent de diagnostiquer plus tôt
les problèmes d'apprentissage des enfants. Il se trouve qu'Anaïs a un problème
d'apprentissage. Alors, elle est en
maternelle quatre ans, elle va donc se faire diagnostiquer. Mais, non, pas
capable, pas capable de trouver un
service public, un moyen payé par l'État pour se faire diagnostiquer, à
l'encontre même de ce qui lui avait été promis. Pire que ça, pire que
ça, M. le Président, le CLSC lui dit, dit à ses parents : Écoutez, si
votre enfant avait été dans un CPE, on
aurait été capable de lui donner des services, mais, comme... avec la nouvelle
structure, la manière dont c'est
organisé, là, on ne sera pas capable. Le monde à l'envers, M. le Président.
Mais c'est de vous dire à quel point les propositions puis la manière dont ça a
été fait ne tiennent pas la route, ne sont pas cohérentes. Oui, l'échec de ce
gouvernement en matière d'éducation a un nom, et c'est Anaïs, mais ce n'est pas
le seul nom.
On a vu à
quel point le gouvernement a manqué de transparence dans plusieurs dossiers :
des documents qui sont caviardés, des
informations qui sont partagées, et qui sont partagées beaucoup plus tard que
prévu, des informations qui auraient
dû être dites qui n'ont pas été dites ici, en cette Chambre, M. le Président.
Mais, hier, le premier ministre nous a dit qu'il était fier d'avoir
gardé les écoles ouvertes, fier. Le taux de décrochage scolaire, Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine,
deux fois plus important aujourd'hui, le
taux de décrochage scolaire. Bas-Saint-Laurent, deux fois plus important
aujourd'hui. Le taux de décrochage
scolaire en Montérégie, deux fois plus important aujourd'hui. Il n'y a pas de
quoi être fier, M. le Président. Il n'y a pas de quoi être fier, M. le
Président. Ça démontre bien à quel point il y a un enjeu important.
Et, en
passant, j'aimerais juste vous dire... je vais faire un autre aparté sur la
pénurie de main-d'oeuvre, qu'on refuse de reconnaître, de ce côté-ci
de la Chambre, je vais faire un autre aparté, c'est que la pénurie fait en
sorte que les gens ont encore plus
tendance à vouloir décrocher, parce qu'ils ont des emplois, ils ont des jobs
puis ils se disent : Finalement, bien, à quoi ça me sert? Peut-être
que je pourrais juste trouver un emploi? Ça aussi, ça a des répercussions sur
notre système d'éducation, cette pénurie-là,
parce que les gens, peut-être, trouvent des alternatives autres que de rester
sur le banc des écoles. Ça aussi, c'est un problème qu'il nous faut
avoir en tête lorsqu'on réfléchit à la gravité de la situation.
M. le Président, le premier ministre nous a fait
une grande démonstration d'autopromotion, hier, très grande démonstration. Il
continue de ne pas écouter les Québécois et les Québécoises, de diriger seul,
au sommet, dans sa tour d'ivoire, de prendre
des décisions sans même passer par l'étape de négociation. Le chiffre à
retenir, M. le Président, c'est 82. 82, c'est le nombre de fois que
le gouvernement a renouvelé l'état d'urgence. 82, c'est aussi le nombre de fois
que le gouvernement s'est octroyé tous les pouvoirs extraordinaires depuis la
pandémie.
Et là, M. le Président, soyons bien clairs, loin de moi l'idée de minimiser l'impact de la
crise, au contraire, au contraire. On
a été les premiers à réclamer une vaccination obligatoire, dès janvier. On ne
pourra pas nous dire qu'on ne prend pas cette situation-là au sérieux, ce n'est pas vrai,
tout le monde le sait. Mais, lorsque le gouvernement nous sort le
grand jeu pour protéger son image, il est temps aussi de tourner la page
sur une gouvernance qui est autoritaire.
Alors
que nous sommes de plus en plus en mesure de planifier, il est temps de revenir
à un processus démocratique normal. Je ne sais pas si tous les députés ici, ils
ont lu ce que ça représente, ce décret d'état d'urgence, mais moi, je
les invite à aller lire la loi, le principe
de la loi, et vous allez voir comment ce principe de loi là n'est plus respecté
depuis longtemps. Le principe, là,
l'objectif des législateurs, qu'il y ait de la reddition de comptes ici, à l'Assemblée nationale, bien, il n'y a pas ça, présentement, M. le Président, il n'y a pas ça. Je pense qu'il est temps qu'on
revienne aussi à un début de normalité pour le Parlement, pour l'Assemblée
nationale.
• (12 h 30) •
Il
faut aussi revenir à une politique qui soit centrée sur les besoins des
citoyens, à une politique qui rassemble tous les Québécois, au lieu de les diviser. Et c'est exactement
ce que nous proposons aux Québécois. Vous voyez, M. le Président, tout est lié.
Il faut représenter mieux les intérêts des Québécois, il faut repenser l'organisation du Québec. Et ça, ce
travail-là, il ne se fait pas en vase
clos. Ça se fait avec des discussions avec les citoyens. Ça se fait avec les
travailleurs. Et ça se fait surtout en n'opposant pas l'économie et
l'environnement.
Je
le disais tout à l'heure : Ce que nous voulons, c'est que chaque personne
puisse développer son plein potentiel, peu
importe d'où cette personne vient, où elle a grandi, peu importe le quartier.
C'est ça qui, fondamentalement, nous anime. C'est ça qui anime les
collègues que vous voyez, qui m'entourent, aujourd'hui, au salon bleu. Je le
sais parce que j'en parle quotidiennement avec eux. Je le sais parce que je sais
ce qui les fait vibrer. Je sais ce qui les fait monter aux barricades, ce qui
les enrage. Puis c'est ça, fondamentalement, dans leur implication au
quotidien, quand ils pensent qu'il y a quelque chose qui n'est pas juste, quand
ils pensent qu'il y a quelque chose qui n'est pas acceptable, qu'ils le disent, qu'ils le véhiculent. Parce que nous
autres, là, dans notre formation politique, on croit beaucoup au débat, M. le
Président, on croit beaucoup à la richesse des échanges. On n'est pas toujours
d'accord, mais on sait que débattre, ça nous permet d'avoir les meilleures
idées, M. le Président.
Tous ceux et celles
qui nous écoutent, à la maison, je sais qu'ils ont des rêves. Alors, il y en a
certains qui aimeraient travailler au cinéma, il y en a certains qui aimeraient
devenir musiciens, des ingénieurs, des hôteliers, des restaurateurs. Les
Québécois aspirent à mieux, ils aspirent à rêver, et c'est notre devoir, c'est
notre devoir de les aider à réaliser leurs rêves
M. le Président, lors
de son discours, en 2018, le premier ministre nous disait que la peur était
l'adversaire du gouvernement. Il avait même
cité Roosevelt : La seule chose dont on doit avoir peur, c'est de la peur
elle-même. Trois ans plus tard,
M. le Président, force est de constater que c'est le premier ministre lui-même
qui entretient cette peur, la peur de l'autre, la peur de ceux et celles
qui ne pensent pas comme lui ou qui ne votent pas comme lui. Le danger imminent, c'est quand tu ne penses pas comme le
premier ministre. Ça, c'est le danger. Quand tu ne penses pas comme le
premier ministre, tu ne peux pas représenter les valeurs du Québec.
Quand le premier
ministre m'a déjà dit : La cheffe de l'opposition ne représente pas les
valeurs du Québec, j'aimerais vraiment savoir de quelles valeurs il parle, parce
que, quand je me lève en cette Chambre, l'égalité entre les hommes et les femmes, je la défends. Quand je me
lève en cette Chambre, je défends, j'affirme la distinction qu'est notre
nation québécoise quant à la langue
française. Quand je me lève en cette Chambre, je défends chaque jour la
nécessité d'avoir une solidarité. Quand il parle des valeurs québécoises, je
pense qu'il parle de ses valeurs personnelles
à lui, et il n'est pas le propriétaire des valeurs de tous les
Québécois.
J'accepte, M. le
Président, que le premier ministre et moi ne soyons pas toujours d'accord, je
l'accepte, mais jamais, jamais je
n'accepterai qu'il me dise que je ne suis pas capable de défendre les valeurs
québécoises, jamais. Ça, c'est parce qu'il fait trop référence à sa propre
définition dans son Petit Robert. La réalité, M. le Président, c'est que
la force du Québec, c'est d'être unis.
La force du Québec, c'est d'avoir des idées qui ne sont pas toujours les mêmes,
mais qu'on est capable de débattre et
de défendre. Et jamais je ne refuserai de débattre avec lui des enjeux, jamais
que je vais aller me cacher pour ne
pas répondre à des questions qu'il a. Je serai présente, M. le Président. Mais
je serai présente avec les valeurs qui nous animent aussi comme
formation politique.
Pour nous, M. le
Président, il n'y a pas un Québec bleu et un Québec rouge, il y a un Québec à
bâtir ensemble. Il n'y a pas un Québec
conservateur et un Québec progressiste, il y a un Québec à bâtir ensemble. Et
nous devons nous engager ensemble, les Québécois et les Québécoises,
dans une grande réflexion, dans une grande discussion sur ce que nous voulons bâtir après cette pandémie, parce que,
oui, nous devons faire mieux; penser une société plus juste, plus moderne
et plus verte, mais vraiment plus verte, M. le Président. Et c'est tous
ensemble que l'on va trouver les meilleures solutions.
Alors qu'à la CAQ on
veut nous imposer une façon de penser, nous, on veut écouter les Québécoises et
les Québécois. Et, comme je disais tout à
l'heure, on ne sera peut-être pas toujours d'accord, mais vous savez quoi, M.
le Président? On aime débattre, on
aime échanger et on aime trouver des consensus. On aime discuter pour mieux
rassembler, parce que c'est ensemble que l'on va bâtir l'avenir, parce
que c'est ensemble qu'on va bâtir l'avenir de nos enfants, parce que c'est
ensemble qu'on va bâtir l'avenir de notre économie et de notre société.
M. le Président, je suis allée en Beauce, en Mauricie, dans le Bas-du-Fleuve, en Outaouais, en Abitibi, en Gaspésie, sur la Côte-Nord,
à Montréal, évidemment, où je suis députée. J'ai discuté avec les Québécoises et les Québécois
partout. J'ai écouté les élus locaux, les
entrepreneurs, les travailleurs, les jeunes. J'ai été dans les usines, dans les
écoles, dans les restaurants, dans la
rue. J'ai entendu des gens me parler de leurs espoirs, mais j'ai aussi entendu
les gens me parler de leurs inquiétudes. Mais j'ai senti partout le
désir d'être écouté et le désir d'être entendu.
Vous
voyez, M. le Président, j'ai cette conviction profonde que la politique, ça se
fait d'abord et avant tout au contact des gens. J'ai cette conviction que, dans
les événements qui sont plus difficiles et dans les moments graves que nous
traversons aujourd'hui, le rôle des
élus, c'est de favoriser la réunion, de se parler, de s'écouter, pas de diviser;
de faire émerger des consensus pour éclairer un chemin qu'on va
emprunter tous ensemble.
L'année
qui s'en vient, M. le Président, c'est une année importante. C'est une année où
les Québécois pourront rêver. C'est
une année où les Québécois devront choisir le gouvernement qu'ils veulent
avoir. Et le choix sera clair. Ils auront un choix entre un gouvernement
caquiste qui gouverne seul ou un gouvernement libéral qui gouverne avec les
gens, entre un gouvernement caquiste qui voit l'environnement comme un obstacle
au progrès et un gouvernement libéral qui voit l'environnement comme une voie d'avenir, entre un gouvernement caquiste
qui nie l'importance de la pénurie de main-d'oeuvre
et un gouvernement libéral qui se met au travail pour trouver des solutions,
entre un gouvernement caquiste qui
voit la diversité comme une menace à la cohésion sociale et un gouvernement
libéral qui se sent riche de sa diversité.
M. le
Président, c'est une année importante. C'est une année où les Québécois
pourront choisir entre un gouvernement caquiste qui est pris dans le
passé et un gouvernement libéral résolument tourné vers l'avenir et le progrès.
Motion formulant un grief
Alors, je lis la motion, M. le Président, au
terme de cette heure d'échange :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
premier ministre pour avoir présenté un bilan d'actions gouvernementales sans
qu'il soit accompagné d'une réelle vision ambitieuse et innovante pour le futur
du Québec et de solutions aux deux grandes
crises auxquelles le Québec fait face : la lutte aux changements
climatiques et la pénurie de main-d'oeuvre.» Merci, M. le Président.
(Applaudissements)
Le
Président : Merci, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Évidemment, votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Mme la leader du deuxième groupe d'opposition,
vous voulez prendre la parole.
Mme Labrie :
M. le Président, question d'éviter d'interrompre le discours du chef de la
deuxième opposition, je demanderais le consentement de la Chambre pour
suspendre jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
Le Président : Y a-t-il
consentement pour suspendre et reprendre nos travaux à 15 heures?
M. Schneeberger :
À cette heure-là, pas de consentement.
• (12 h 40) •
Le Président : Pas de
consentement. Je vais donc, à ce moment-ci, céder la parole à M. le chef du
deuxième groupe d'opposition, en lui
rappelant que son temps de parole — s'il vous plaît! — est d'une durée maximale d'une heure. M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. J'aurais aimé pouvoir profiter de la courtoisie du gouvernement pour faire mon allocution d'un trait. Je vais
tenter de m'adapter aux contraintes qui sont les miennes. Merci, M. le
Président.
Aujourd'hui,
je prends la parole pour une seule et unique raison : parce que le premier
ministre a décidé de proroger le
Parlement. C'est une manoeuvre classique d'un politicien ordinaire pour dire
aux gens : Oubliez toutes les affaires qui ne vont pas bien, oubliez toutes les affaires qui ne
marchent pas, parce qu'à partir de maintenant ça va bien aller. C'est surtout
un prétexte, un prétexte pour faire un beau discours du premier ministre rempli
de belles promesses pour les prochaines élections.
Mais, en
l'écoutant, hier, je me suis rappelé d'un autre matin d'automne il y a trois
ans. En l'écoutant, hier, je me suis rappelé d'un autre discours, son
discours d'ouverture, son premier. À l'époque, il nous parlait de fierté. Il
nous avait parlé d'audace, il nous avait
parlé de changement. Il nous avait promis autre chose : ni l'arrogance et
la corruption des libéraux ni les promesses brisées du Parti québécois.
Il nous avait promis un gouvernement différent, une voie nouvelle. Il nous
avait promis du changement.
Hier, le premier ministre a fait le même
discours qu'il y a trois ans. Il a répété les mêmes promesses, utilisé les
mêmes formules en espérant que la magie opère encore aux prochaines élections,
en rêvant déjà, il nous l'a confessé, à son troisième mandat. Le premier
ministre, malheureusement, n'est pas un magicien. Il n'a pas non plus de
machine à remonter dans le temps. Il ne peut pas revenir en arrière et nommer
un nouveau ministre à l'Éducation. Il ne peut pas effacer les bavures éthiques de son ministre de l'Économie. Il ne peut
pas se débarrasser, il nous l'a confirmé ce matin, de sa promesse toxique du troisième lien. Depuis trois
ans, l'écart entre ce que le gouvernement dit et ce qu'il fait, par contre,
s'est creusé. La réalité a rattrapé les discours et les conférences de
presse.
Alors,
pourquoi proroger? Pourquoi proroger maintenant? La réponse est simple. Elle se
trouve dans les écoles de nos enfants, dans les corridors bondés de nos
hôpitaux, dans les annonces d'appartements hors de prix et de maisons pas
achetables, et elle se trouve dans ces files d'attente interminables qui
constituent maintenant le quotidien des Québécois et des Québécoises. Non, tout ne va pas bien et tout ne va pas bien
aller, dans le Québec de la Coalition avenir Québec, et les gens
commencent à le remarquer.
Disons les choses clairement, le modèle
québécois craque de partout. Le modèle québécois est brisé. Le modèle québécois, au fond, c'était quoi? C'était un
contrat, un contrat entre le peuple du Québec et son gouvernement. On accepte
de payer plus cher pour nos services
publics, on accepte de payer plus d'impôts que les Américains, mais, en
échange, en échange, on dort sur nos deux oreilles, parce
qu'on se dit : S'il m'arrive quelque chose, si j'ai une malchance, bien,
on peut compter sur notre système de
santé. En échange, on peut fonder une famille sans se demander si ce ne serait pas mieux que l'un des deux parents reste à la maison parce que
les garderies coûtent trop cher. En échange, on a des écoles qui forment des citoyens et des citoyennes capables de prendre
la relève de leurs parents. En échange, nos aînés peuvent vieillir
dignement, sans compter leurs sous.
Les Québécois et Québécoises
aimeraient ça, je pense, vivre dans ce pays-là, mais, à la place, ils vivent
dans un autre pays, ils vivent au pays des
listes d'attente. Ce qui se passe dans nos services publics, en ce moment, c'est une honte nationale, c'est un bris de contrat. Ça peut
prendre 12 mois avant qu'une petite fille avec un retard de langage passe
devant l'orthophoniste, deux ans pour parler à un psychologue dans le réseau
public, et, si vous avez besoin d'un médecin
de famille, dans la région de Québec,
vous pouvez donner votre nom, on va vous rappeler dans 845 jours. Les
aînés ont peur d'aller à l'hôpital,
ils ont peur de finir parqués dans un corridor, et on les comprend. En région,
c'est encore pire. Il manquait déjà des services; maintenant, les gens ont peur
de perdre les services qu'il reste. Les unités d'hôpitaux ferment, les
garderies ferment. Parlez-en à ma collègue solidaire de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
C'est
gênant, c'est gênant qu'on en soit rendus là, et c'est gênant d'entendre à
chaque occasion le gouvernement — le
premier ministre l'a encore fait ce matin — rejeter toujours la faute sur
les autres, les libéraux et les péquistes.
Le
premier ministre, il faut le rappeler, là, c'est le politicien
qui est assis depuis le plus longtemps ici, à l'Assemblée
nationale. Depuis 25 ans, on assiste à une opération de démolition de nos
services publics, et, pendant 25 ans, où était le premier ministre? Ici. Où est-ce qu'il était, avant la pandémie, pour faire les choses
autrement? Ici. Où est-ce qu'il était quand
les libéraux ont mis à exécution leur catastrophique programme
d'austérité? Il était ici. Et, surtout, où est-ce qu'il était au début de ce mandat?
Moi, je sais où Québec
solidaire était. Dès les premières semaines de cette législature, le député de Jean-Lesage
a demandé une loi-cadre pour, devinez quoi,
combattre l'épuisement dans le réseau
de la santé. Comme on en aurait
besoin aujourd'hui! Le 5 mars 2020, quelques
jours avant le dernier budget de l'ère prépandémie, c'est le député
de Rosemont qui a demandé un
réinvestissement urgent dans quoi? Dans la main-d'oeuvre de nos hôpitaux
et de nos écoles. À ce moment-là, rappelons-nous,
la CAQ avait des surplus budgétaires historiques, les derniers, sans doute, qu'on va
avoir avant très longtemps.
Le
gouvernement de la CAQ a eu deux budgets
pour battre la marche, et, quand il avait encore le choix, quand Québec solidaire lui a demandé d'améliorer les conditions
de travail dans les écoles et les hôpitaux,
qu'est-ce qu'a répondu le
premier ministre? Je le cite : Les surplus n'appartiennent pas aux
syndicats. Et, le même jour, deuxième citation : «...il n'en reste plus, de marge de manoeuvre.» Vous avez bien entendu,
M. le Président. Quand le premier ministre avait encore le choix, il a
fait ce que tous les gouvernements ont fait avant lui : blâmer les
syndicats et laisser les travailleurs, travailleuses
des services publics se débrouiller tout seuls. Quand il avait encore le choix,
il a choisi ses petites obsessions électorales,
les Québécois les connaissent par coeur : les taxes scolaires et les
maternelles quatre ans mur à mur. Et, aujourd'hui, ce même premier
ministre nous parle de changement.
Au mois d'août
dernier, il y a 25 infirmières de l'unité de néonatologie, au CHU de
Québec, qui ont pris leur courage à deux
mains puis qui ont dit : C'est assez, on se tient debout. Elles ont refusé
de faire une énième journée de temps supplémentaire obligatoire en
ligne. À la fin d'un chiffre de 16 heures, les soignantes savent qu'elles
ne peuvent plus donner leur 110 %, elles
ne sont plus physiquement capables de donner leur 110 %. Elles ont arrêté
de travailler ce jour-là parce
qu'elles étaient épuisées, parce qu'elles ont eu peur de faire des erreurs qui
mettent la vie de leurs patients en danger. C'est qui, M. le Président,
les patients, dans une unité de néonatologie? C'est des bébés naissants.
Quand j'ai vu ça, je
leur ai rendu visite, puis je suis allé les rencontrer, puis j'ai été étonné d'apprendre
que j'ai été le seul élu... en fait, non, la
seule personne à prendre contact avec elles. Personne ne les avait contactées.
Pas un seul coup de téléphone du ministère ni même de leurs propres
gestionnaires. Pas un seul : Aïe! comment ça va, les filles? Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour vous
aider? Il y a quelque chose de fondamentalement brisé dans notre système. Si,
quand des soignantes, comme ça, lèvent un drapeau rouge aussi immense que
celui-là, il n'y a personne, personne dans leur hôpital, dans leur CISSS, dans leur CIUSSS, au ministère de la
Santé, à l'Assemblée nationale, il n'y a personne qui est capable de
prendre deux minutes pour les appeler puis leur demander comment ça va...
C'est pour ça que les
soignantes partent. C'est pour ça que le bricolage caquiste ne marchera pas,
parce que personne ne prend le temps de les écouter. Elles ne sentent pas
respectées par leurs gestionnaires. Elles sont terrifiées de faire des erreurs, dans un climat de terreur.
Elles veulent savoir à quelle heure elles vont rentrer voir leurs enfants à la
maison le soir. Elles veulent juste qu'on les traite comme des humaines. Puis,
tant que le temps supplémentaire obligatoire va exister, tant que le gouvernement du Québec ne traitera pas ces
femmes avec tout le respect et la dignité qu'elles méritent, ces
femmes-là vont continuer de partir, peu importent les chèques qu'on leur signe.
• (12 h 50) •
Moi,
je leur demande de ne pas perdre espoir, mais surtout je demande aux Québécois,
Québécoises de ne pas les laisser tomber. Ce n'est pas vrai que ça va
toujours aller mal dans le réseau de la santé. Mais, pour que ça aille mieux, il va falloir se rendre à l'évidence : la
vision comptable a atteint ses limites. Ça fait 25 ans qu'on l'essaie,
elle a fait son temps. Les
fédérations de médecins ont eu assez de privilèges. Les technocrates et leur
modèle de gestion inhumain ont fait assez de dommages. Les apôtres de
l'austérité budgétaire nous ont trompés. La dernière chose dont le Québec a
besoin, c'est d'une autre réforme comptable dans le réseau de la santé.
On a besoin d'une
nouvelle vision, une vision humaine. On a besoin de solutions humaines à des
problèmes humains. Au lieu de construire des
tours de Babel bureaucratiques,
rapprochons les services des gens dans leurs quartiers, dans leurs régions, dans leurs villages.
Redécouvrons un acronyme qui, lui, est facile à prononcer : CLSC. Au lieu
de mettre une laisse autour du cou
des travailleuses de la santé, au lieu de les minuter comme des robots,
donnons-leur l'autonomie qu'elles
demandent. Au lieu de féliciter les infirmières, écoutons-les. Redonnons-leur
le pouvoir, redonnons-leur du temps. Appliquons leurs solutions.
Ça
ne se fera pas dans les 12 prochains mois, M. le Président, tout ça. Ça va
prendre un changement de gouvernement. Mais
il y a un geste que le gouvernement peut poser dès cet automne pour soulager le
calvaire de certaines infirmières. Je tends
la main, aujourd'hui, au premier ministre, au ministre de la Santé, je leur
fais une proposition de bonne foi. Je leur propose d'élargir le champ de
compétence des sages-femmes.
On le sait,
les unités d'obstétriques sont particulièrement touchées par la pénurie de
main-d'oeuvre à l'heure actuelle. Il
y a des hôpitaux en région qui sont en bris de service depuis des mois,
notamment dans la circonscription de ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Les sages-femmes savent faire beaucoup de choses, elles ont des compétences, elles peuvent prêter main-forte à leurs collègues.
Et je sais que cette proposition-là ne sauvera pas tout le système de santé,
mais, si ça nous permet de garder certains
services d'obstétrique ouverts dans certaines régions, bien, ce sera déjà ça de
pris, ce sera déjà ça de gagné. C'est une
solution pragmatique, concrète. Et je tends la main, aujourd'hui, au premier
ministre pour qu'il la mette en place avec nous dès cet automne. C'est
possible. On peut y arriver.
Il y a trois ans, dans son discours, le premier ministre a promis un grand redressement national en éducation.
En cours de route, il a perdu cette
ambition-là. Il a fait passer son obsession des maternelles quatre ans avant
l'école publique et le réseau des
CPE. Le premier ministre a vu l'édifice de l'éducation nationale québécoise
en train de s'effondrer puis il s'est dit : Les fondations vont
attendre. Moi, je vais rajouter un étage.
Depuis quelques jours, les déboires de l'école
publique ont un nom et un visage. Anaïs Bouchard Poulin a quatre ans. C'est une élève d'une classe de maternelle quatre ans dans la région de Québec. Il y a
une orthophoniste qui a remarqué
qu'Anaïs avait un trouble de langage, mais, quand ses parents ont demandé des
services à l'école, ils se sont fait répondre :
On n'a pas les ressources pour aider votre fille. Ça fait que les parents d'Anaïs, ils ont jeté l'éponge. Ils ont sorti 700 $
de leur poche, ils sont allés au privé.
Si je vous
raconte l'histoire d'Anaïs, c'est parce que la députée de Sherbrooke a mis sur
pied une plateforme pour dénoncer les situations inacceptables dans nos
écoles. Et je pense que même ma collègue a été surprise du nombre de témoignages qu'elle a reçus. Elle s'attendait à ce
que les courriels rentrent, oui, mais
ce qu'elle a reçu, c'est une avalanche d'histoires d'horreur.
On a entendu
parler d'une école privée d'eau potable depuis des mois et qui se débrouille,
tenez-vous bien, avec des cruches de
camping à température pièce. Il y a des profs qui voulaient lever des fonds
pour acheter des meubles et de la technologie dans leur école, mais ils
se sont fait répondre : Non, non, non, ça va donner une mauvaise image à
l'école. Par-dessus tout, il y a des enfants
qui ont besoin de services et qui se sont fait dire qu'ils ne vont pas assez
mal, que leurs problèmes ne sont pas assez graves pour qu'on les aide.
Heureusement, l'histoire d'Anaïs finit bien
grâce au courage des parents, grâce au travail de la députée de Sherbrooke.
Le chat est sorti du sac, et le ministre
de l'Éducation, acculé au pied du
mur, a dit : C'est correct, l'État va rembourser la facture. Mais, on va se le dire, M. le Président, rembourser le privé, ce n'est pas une vision d'avenir pour
l'école publique, c'est un aveu d'échec.
Je suis un
futur papa, puis souvent ça me fait peur. Je me demande : Je vais-tu être
capable de concilier mon travail de député
puis ma nouvelle fonction de père? Je vais-tu être capable de faire les deux?
Mais je suis un gars chanceux. Je sais que j'ai autour de moi des gens qui vont
me pardonner les longues soirées de travail. J'ai des parents en or qui vont
être prêts à donner un coup de main. Mais ça
me fait réfléchir, cette situation-là, à tous les jeunes parents du Québec
qui, eux, n'ont pas cette chance-là.
À chaque jeune mère qui est obligée de rester à
la maison parce que son enfant n'a pas de place en CPE, c'est l'égalité
homme-femme qui recule d'un pas, c'est toute la société québécoise qui recule
d'un pas. À chaque fois qu'un enfant doit
aller au privé parce que l'école publique n'a pas les ressources de son
travail, on s'éloigne du projet de société qu'on s'est donné à l'époque
de la Révolution tranquille.
Ce que le CAQ
est en train de faire, c'est de laisser le privé entrer à pleines portes en
éducation, parce qu'en santé, on le
sait, le privé fait des ravages, même le gouvernement l'admet, et là ce qu'on
est en train de faire, c'est de laisser la même chose se reproduire en
éducation.
La droite nous avait promis que le privé, ce
seraient des services moins chers et plus efficaces. On l'a essayé, on l'essayé depuis des années. Puis qu'est-ce qu'on
a réalisé, pendant la pandémie? Que, finalement, le privé, c'est des
services plus chers et moins efficaces.
Moi, je refuse qu'on importe ce modèle-là dans
nos écoles. Il faut retrouver la mission fondatrice de l'école publique : la transmission des savoirs,
l'éducation à la citoyenneté, l'égalité des chances. C'est la boussole qui me
guide, moi, depuis longtemps, bien
avant que je fasse mon entrée ici, au salon bleu. Et, à lire les centaines
d'histoires que nous recevons dans
les dernières semaines, à lire les témoignages des parents et des profs du
Québec, c'est la vision également de bien des Québécois, de bien des
Québécoises.
Hier, le premier ministre a beaucoup parlé
d'avenir, c'était un des mots-clés de son discours. C'est surprenant parce que, depuis deux ans, nous avons un
premier ministre qui gouverne au passé. Dès qu'on parle d'environnement à la
Coalition avenir Québec, que font-ils? Ils soufflent sur des vieilles braises
qui devraient être éteintes depuis longtemps, ils réactivent des oppositions
qu'on devrait avoir dépassées. Si vous leur dites, comme l'a fait la députée de
Taschereau, ce matin, que le troisième lien
est un projet sans bon sens, ils vont vous accuser, ils l'ont fait ce matin,
d'être en guerre contre les automobilistes. Si vous leur parlez de
transport collectif en région, ils vont vous dire que vous êtes déconnectés des
régions. Si vous leur demandez si notre
économie a vraiment besoin de projets polluants, ils vont vous répondre que
vous êtes contre la création d'emplois. Là où il pourrait unir le peuple
québécois, le gouvernement a choisi de nous diviser.
Meilleur
exemple : le projet GNL Québec. Pendant trois longues années, le Saguenay s'est entredéchiré sur le projet GNL
Québec. Le premier ministre a fait miroiter un eldorado de bons emplois bien
payés, il a promis une pluie de retombées économiques sur la région, il a
répété fidèlement le chapelet des promoteurs, il a varlopé tout le monde qui
osait s'opposer à
ce projet-là, de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques en passant par la députée de
Jonquière. Cet été, la balloune a éclaté.
Le projet GNL Québec est mort de sa belle mort. Et, comme de raison, tout le
monde l'a réalisé, c'était un mauvais pari pour l'économie, c'était un
mauvais pari pour l'environnement.
Maintenant,
les gens du Saguenay, ils sont unis. Ils sont unis parce qu'ils sont tous en
colère. Ceux qui ont cru aux promesses de la CAQ se sentent trahis, puis ceux
qui attendent des emplois verts se rendent compte que le gouvernement n'a jamais eu de plan B pour leur région.
Trois ans de division pour rien. C'est de la perte de temps de calibre
international.
Au Québec, on
se chicane sur beaucoup de choses. On se chicane sur la salade de chou, la
couleur de la margarine. Moi, ça
m'arrive même encore, je n'étais pas né, pourtant, de me chicaner sur le but
d'Alain Côté. Mais on ne devrait pas se
chicaner sur l'environnement, parce que, s'il y a bien une chose qui unit les
gens d'un bout à l'autre du Québec, c'est la protection de l'environnement. L'environnement, c'est la plus québécoise
de nos valeurs. L'environnement, c'est notre plus grande richesse.
On est riches,
au Québec, riches de forêts, de collines, de rivières. On n'est pas seulement
les gardiens d'une langue et d'une
culture, on est aussi les gardiens de paysages, de territoires qui nous
entourent, de la forêt rare sur les bords de la Péribonka, des espèces
menacées du fleuve Saint-Laurent, de l'eau pure des eskers de l'Abitibi.
• (13 heures) •
C'est bien
dommage que le gouvernement ne l'ait pas encore compris. C'est bien dommage
qu'il nous parle de fierté sans protéger le territoire dans lequel cette
fierté-là s'enracine depuis des générations.
Le
Président : Il est
maintenant 13 heures. Et, compte
tenu de l'heure, eh bien,
je m'apprête à suspendre les travaux pour
les reprendre plus tard. M. le chef du deuxième
groupe d'opposition, vous aurez l'occasion
de poursuivre, à ce moment-ci,
votre présentation.
Alors, de fait, les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 3)
Le Président : Mmes, MM. les
députés, je rappelle qu'aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton... Bien sûr, veuillez vous
asseoir. Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton,
l'Assemblée poursuit le débat sur le discours d'ouverture et sur la motion de
M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la politique générale
du gouvernement, ainsi que sur la motion de grief présentée par Mme la cheffe
de l'opposition officielle.
Je cède
maintenant la parole à M. le chef du deuxième groupe d'opposition, en vous
rappelant qu'il vous reste un maximum de 40 min 52 s pour
terminer votre intervention. À vous la parole, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup, M. le Président. Vous me permettrez de reprendre là où j'en
étais lorsque nos travaux se sont
interrompus. Je disais donc qu'au Québec, souvent, on se chicane sur beaucoup
de choses. On se chicane, je disais, sur la salade de chou, sur
l'origine de la poutine, sur la couleur de la margarine, même, parfois. Je
disais : Moi, je n'étais même pas né, à
l'époque du but d'Alain Côté, et pourtant même moi, je me chicane là-dessus.
Mais il y a une chose sur laquelle on
ne devrait pas se chicaner. S'il y a une chose qui unit le Québec d'un bout à
l'autre, c'est la protection de l'environnement.
L'environnement, c'est sans doute la plus
québécoise de nos valeurs. L'environnement, c'est notre plus grande richesse. Au Québec, on est riches de forêts, de
collines, de rivières. On n'est pas seulement les gardiens d'une langue ou d'une culture, on est les gardiens des paysages,
les gardiens des territoires qui nous entourent, les gardiens de la forêt rare
sur les bords de la Péribonka, des espèces menacées du fleuve Saint-Laurent, de
l'eau pure des eskers de l'Abitibi.
C'est bien
dommage que le gouvernement de la Coalition avenir Québec ne l'ait pas encore
compris. Ils nous disent protéger le territoire, oui, mais seulement ceux au
nord du 49e parallèle. Protéger les territoires, oui, mais seulement
ceux qu'on ne peut pas couper. Voilà comment
la CAQ protège le territoire, en protégeant d'abord et avant tout les
compagnies forestières, exactement comme les gouvernements d'avant.
Il faut
arrêter, au Québec, de calculer la richesse de notre territoire selon le nombre
d'hectares rasés et de litres pompés. Il faut arrêter de mesurer le progrès par
la quantité de profits soutirés pour une bouchée de pain par les compagnies
étrangères. La défense de l'environnement,
c'est la défense du Québec. C'est une cause qui nous rassemble dans toutes les
régions, c'est une bataille que les Québécois et les Québécoises sont prêts à
mener. Tout ce qui manque pour y
arriver, c'est de la vision en haut, de la vision auprès de ceux qui
nous dirigent.
Le premier ministre a choisi un projet, le troisième lien. Il l'appelle lui-même le moins
pire des projets. D'ailleurs, il s'en va à la COP26 avec cette carte de visite
là, une autoroute à six voies sous le fleuve Saint-Laurent dans ses
bagages. C'est gênant.
À Québec solidaire, on veut les meilleurs projets partout au Québec.
On veut démontréaliser la lutte aux changements
climatiques, parce que, de Montréal
à Gaspé, les changements climatiques touchent tout
le monde. Les feux de forêt,
l'érosion des berges, la chaleur extrême en
été, tout ça, ce n'est plus un avenir lointain, c'est notre présent. On a les
deux pieds dans la crise climatique.
Moi, je
refuse de couper le Québec en deux : d'un côté, ceux qui vivent en
ville et qui vont pouvoir bénéficier de la transition écologique et, de l'autre côté, ceux qui vivent en région et
qui sont laissés à eux-mêmes pour gérer les conséquences d'un climat déréglé. À Québec solidaire, on veut du transport en commun partout au Québec
et du transport moins cher, parce que, quand, à Rimouski, la passe d'autobus
coûte 100 $ par mois, c'est
normal, c'est juste normal que les gens restent dans leurs voitures. On veut du
transport interrégional dans toutes les régions, parce que ce n'est pas vrai que
le transport en commun, c'est juste
pour les villes. Il y a des gens partout au Québec qui luttent pour ces
idées-là. Bien, nous, on est leur voix. C'est ça, la vision solidaire.
Mais, avant
même de pouvoir parler d'avenir, il faut pouvoir tourner le dos au passé, il
faut pouvoir mettre un point final à la saga des pipelines au Québec.
Il y a 10 ans, Amir Khadir, Françoise David, c'étaient les seuls députés
ici, les seuls, à s'opposer à
l'aventure du pétrole québécois. Amir et Françoise étaient les seuls à porter
cette voix-là. Hier, la CAQ s'est rendue à l'évidence enfin : il n'y a pas
d'avenir, au Québec, pour l'exploitation pétrolière. C'est dire
comment les temps ont changé, c'est dire comment la pression populaire fonctionne quand on s'y met.
C'est la bonne chose à faire, oui, mais il faut
aller plus loin. Le mot clé, en matière de lutte aux changements climatiques, c'est la cohérence. On ne peut pas,
d'un côté, fermer la porte au pétrole québécois et, de l'autre, garder la porte
entrouverte à des nouveaux pipelines
étrangers comme GNL Québec et Énergie Est. Il faut faire les deux à la
fois, fermer la porte de l'aventure
pétrolière au Québec et fermer la
porte définitivement à d'éventuels nouveaux projets de pipeline sur le
territoire québécois.
Aujourd'hui, je veux tendre la main au premier
ministre. Je lui propose de verrouiller l'engagement qu'il a pris hier et de
faire un pas de plus. Je lui propose qu'ensemble on adopte le projet de loi
déposé récemment par la co-porte-parole de Québec solidaire, un projet
de loi qu'elle va bientôt redéposer, par ailleurs, pour faire deux choses :
pour s'assurer que l'engagement qu'il a pris
hier et qui est un pas dans la bonne direction soit verrouillé dans un projet
de loi et que plus jamais aucun
gouvernement au Québec ne puisse défaire cette avancée et, deuxièmement, pour
compléter le travail et s'assurer que, pendant
qu'on s'assure que sur notre territoire on n'exploite pas de pétrole et de gaz,
bien, on ne devienne pas non plus une rampe
de lancement, une voie d'exportation pour le pétrole et le gaz qui s'exploitent
ailleurs sur notre continent, notamment dans l'Ouest canadien. On le sait, que Jason Kenney rêve encore de nous
passer d'autres pipelines à travers la gorge, il ne s'en cache même pas, M. le Président. Le lobby du pétrole et du gaz
albertain s'en vient au Québec et il est grassement financé. Puis la
seule langue que ces gens-là comprennent, ce n'est même pas l'anglais. Le seul
refus que ces gens-là vont accepter, c'est
une loi. Soyons cohérents, disons-le ensemble clairement : GNL Québec,
plus jamais. Les pipelines, c'est fini, au Québec.
• (15 h 10) •
Hier, le
premier ministre a parlé en cette Chambre pendant 1 h 30 min, ce
n'est quand même pas rien, et en 1 h 30 min il a eu le
temps de nous exposer ses promesses électorales pour la fin de ce mandat, ce
qu'on présume être ce qu'il souhaite être son deuxième mandat, et il y en avait
tellement qu'il en a probablement même pour le troisième mandat auquel il rêve déjà, alors que le premier n'est
même pas terminé. Et, dans cette heure et demie remplie de propositions, il a
consacré un gros 10 secondes au
logement, 10 secondes. Les Québécois et les Québécoises, pourtant, nous le
disent, et les députés de la Coalition
avenir Québec devant moi l'entendent
également dans leurs circonscriptions, la crise du logement existe, les gens la vivent. Tout le monde le
reconnaît. Même les meilleurs amis du premier ministre du Québec, au Parti
conservateur du Canada, reconnaissent qu'il
y a une crise du logement. Alors, pourquoi le premier ministre ne reconnaît
pas cette crise-là? Pourquoi est-ce qu'il ne
parle jamais, jamais de logement? J'ai une hypothèse. Parce qu'il est plus
facile pour lui de dire : La crise n'existe pas, que de dire :
La crise existe, mais on ne fait rien pour la régler.
Selon
Centraide, c'est des chiffres qui datent d'en fin de semaine, il y a maintenant
plus de 1 million de personnes, au
Québec, qui vivent dans la pauvreté. Ces gens-là font la file devant les
banques alimentaires pourquoi? Notamment parce que leur loyer coûte trop cher. Le gouvernement ne fait rien pour les
aider. Encore pire, il prévoit augmenter leur facture d'électricité, après avoir promis de la faire
diminuer. C'est drôle, on a un premier
ministre qui est obsédé par l'écart
de richesse entre le Québec
et l'Ontario, mais il ne nous parle jamais des écarts de richesse à l'intérieur
du Québec. Il nous dit que ce qui l'a amené en politique, fondamentalement, c'est la course
pour rattraper l'Ontario, mais jamais il ne nous parle des gens qui sont
en train, ici, au Québec, de perdre la course. Il ne nous parle jamais d'amener
plus de justice sociale à l'intérieur des frontières du Québec. Il ne nous
parle que de son obsession électorale à lui, sa toute petite, toute petite
obsession : Il faut rattraper l'Ontario.
Le premier ministre n'a pas changé depuis qu'il a répondu à ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques que, selon lui, un logement,
à Montréal, ça valait 500 $. Il est déconnecté de la
réalité budgétaire des familles québécoises. Le prix médian d'une maison
dans le Grand Montréal, c'est quoi? Le prix médian, en ce moment, à Montréal,
d'une maison : 571 000 $. C'est combien de plus que l'an
dernier? 20 % de plus que l'an dernier. 20 % d'augmentation en
un an. Savez-vous, M. le Président, ce qui n'a pas augmenté de 20 %
en un an? Les salaires, les salaires des gens normaux.
Moi, mes
parents, mes grands-parents ont travaillé dur pour acheter leur première
maison. Ça n'a jamais été facile, ça
a toujours été un peu un rêve, il fallait travailler fort, mais c'était un rêve
accessible, pour les générations qui ont précédé la mienne. Avec un
salaire d'ouvrier, un salaire de prof, un salaire d'infirmière, on pouvait
s'acheter une petite maison pour sa famille
sans d'endetter jusqu'au cou. Ce temps-là est révolu, au Québec.
Les gens travaillent toujours aussi fort, on peut rassurer le premier ministre, les gens sont très productifs, mais la barre est juste rendue trop
haute. Pour ma génération-là, le rêve de la propriété, c'est devenu le
cauchemar de l'endettement.
M. le Président, on a besoin, au Québec, d'un shérif qui va ramener l'ordre dans le
far west qu'est devenu le marché immobilier.
Puis ça tombe bien, parce qu'à Québec
solidaire, et vous l'apercevez derrière moi, on en a un, c'est le député
de Laurier-Dorion, qui connaît bien la crise
du logement. Pourquoi? Parce qu'elle est dans sa cour puis parce que ça fait
trois ans qu'il est en tournée pour défendre les locataires victimes de
rénovictions. Il a fait des propositions. Il a proposé notamment un pacte avec les premiers acheteurs, qui comporte
cinq mesures concrètes pour calmer la surenchère du marché immobilier. Le député de Laurier-Dorion en fait la
démonstration, il y a des solutions, et pour une troisième fois, aujourd'hui, je
veux tendre la main au premier ministre pour lui en proposer une.
Comprenez-moi
bien, M. le Président, je ne m'attends pas à ce que la Coalition avenir Québec
règle une crise historique du logement en 12 mois, bon, d'abord parce
qu'il ne la reconnaît pas, et ensuite parce que ça va prendre un changement de
gouvernement pour mettre en place les solutions dont on a besoin, mais je pense
qu'on est quand même capables de s'entendre
sur certaines choses. Le premier
ministre et moi, on a beaucoup
de différends, on a eu des débats corsés,
depuis le début de la session parlementaire, mais on a quand même
un point en commun : nous sommes, lui et moi, des personnes pragmatiques. On veut des
propositions concrètes qui règlent les problèmes des gens. Bien, j'en ai une, Québec solidaire en a une, proposition concrète et pragmatique pour calmer la surenchère
dans le domaine immobilier, je la lui ai formulée ce matin, il ne l'a pas retenue, je tente ma chance une
deuxième fois : une taxe sur les acheteurs étrangers qui achètent au Québec pas pour habiter au Québec
mais pour faire de l'argent, pour spéculer. Vancouver l'a fait, l'Ontario
l'a fait. Ça fonctionne, là-bas, à calmer un peu la surenchère immobilière.
Pourquoi est-ce qu'on ne le ferait pas ici? C'est un geste nationaliste qui protège les familles du Québec
partout sur le territoire. Il faut décourager les pratiques de spéculation. Il
faut décourager les acteurs qui, dans le marché immobilier, se servent de
l'habitation non pas pour héberger leurs familles mais pour générer du profit. Il faut mettre fin à
cette injustice-là, parce que, quand les jeunes familles sont en compétition,
pour acheter une maison, avec des fonds
d'investissement étrangers milliardaires, ces familles-là, là, ne se battent
pas à armes égales, et, à ce jeu-là, elles vont toujours, toujours
perdre.
Défendre
le Québec, c'est défendre les gens contre les requins de
l'immobilier. Être nationaliste, c'est défendre les gens qui habitent sur notre
territoire. Défendre le Québec, donc, c'est défendre les familles contre les
requins de l'immobilier qui les
expulsent de nos villes et de nos quartiers. En fait, défendre le Québec,
là, ça devrait être aussi simple que ça : défendre les gens.
Depuis
un moment, j'ai eu l'occasion d'exprimer les désaccords que j'ai avec le premier ministre suite à son discours d'hier, mais il y a une chose sur laquelle je suis
profondément en accord avec lui : on ne peut plus faire comme avant. La
pandémie, c'est un point de non-retour. Il
faut changer le Québec. Nous faisons face à des crises, et il faut les
affronter avec audace, avec courage puis avec solidarité.
La
crise climatique est la plus grande de ces crises-là, la plus déterminante pour
notre avenir à tous et toutes. Cette crise-là menace notre territoire mais
aussi notre prospérité. Il n'y aura pas de prospérité sur une planète morte. Il
faut poser des gestes courageux pour
renverser la vapeur, pour ralentir le plus possible, pour mitiger le plus
possible les changements climatiques.
Avoir de l'audace, dans ce dossier-là, ce serait renoncer à une promesse
toxique, irréaliste et coûteuse : le troisième lien.
La
crise du logement, elle, s'attaque aux familles. Il faut freiner la spéculation
immobilière, il faut défendre le droit élémentaire
d'habiter dans un endroit sain à un prix décent. C'est tellement simple, hein,
mais le courage, dans ce dossier-là, ce serait tout simplement de reconnaître
qu'il y a une crise du logement.
La crise des services publics, elle, ébranle nos
écoles, nos hôpitaux, nos CPE. Hier, le premier ministre nous a parlé de
réforme de structure. L'audace, dans ce cas-là, ce serait d'annoncer aux
soignantes à quel moment le fléau du temps supplémentaire obligatoire va
prendre fin.
• (15 h 20) •
Pour relever ces
défis, pour sortir de ces crises, le Québec a besoin d'un gouvernement
visionnaire. Hier, ce n'est pas à un
discours de visionnaire qu'on a assisté, c'est à un discours de gestionnaire.
Ce n'est pas la même chose. La vision dont le Québec a besoin — la
bonne nouvelle, c'est peut-être ça — c'est qu'on n'a pas besoin de
l'inventer de toutes pièces. Cette vision-là
doit s'enraciner dans l'expérience des 20 derniers mois, parce que, malgré
la tragédie, malgré les morts, la
pandémie nous a fait découvrir, je pense, toute la force de la solidarité. Ce
n'est pas parce que les Québécois sont
dociles ou qu'ils aiment leur premier ministre qu'ils ont en grande majorité
respecté les mesures sanitaires. Ce n'est pas pour ça qu'ils ont fait des sacrifices. Ce n'est pas parce que le
gouvernement leur fait plaisir en gouvernant par décrets depuis
20 mois que les Québécois et les Québécoises, malgré leur fatigue,
continuent à respecter les règles. Moi, je pense
que, si les Québécois et Québécoises continuent à faire des efforts malgré
tout, après 20 mois, alors que ça fait mal, alors que c'est dur,
alors qu'on est tellement tannés, c'est parce qu'on est fondamentalement un
peuple solidaire.
On a fait le choix,
dans les 20 derniers mois, de protéger les plus vulnérables, puis c'est
ça, la définition la plus simple de la
solidarité : agir pour les autres, avec les autres. Ça aussi, c'est
tellement simple, mais c'est tellement important. La solidarité, c'est la valeur fondamentale, moi,
qui m'a amené en politique. C'est aussi la valeur qui constitue le fondement du parti dans lequel je fais de la politique, Québec solidaire. Avec la
solidarité, on peut faire des grandes choses, M. le Président. On peut
tellement accomplir de choses, avec la solidarité, et c'est ça, la leçon des 20 derniers
mois. On peut relever le défi climatique, on
peut régler la crise du logement, on peut refonder et étendre le modèle
québécois. Pharma-Québec, une
assurance dentaire publique et universelle, des services publics de santé
mentale, tous ces projets-là deviennent possibles quand on marche dans
la même direction.
Dans
les 12 prochains mois, vous allez m'entendre parler de cette vision. Bien
sûr, Québec solidaire est un nouveau parti.
Ça va arriver, qu'on se trompe. Ça va arriver, qu'on trébuche. Mais on a
quelque chose de notre bord : on a les idées claires puis on sait
où on s'en va.
Il
y a des millions de personnes, au Québec, qui ne se sentent pas représentées
par ce gouvernement, par ce premier
ministre. Je veux leur dire qu'il existe une alternative. Je veux leur dire
qu'on n'est pas obligés d'écouter la petite voix qui nous chuchote que les
choses ne vont jamais changer, au Québec, puis qu'on est condamnés aux réformes
puis aux petits ajustements. C'est
faux. On peut faire tellement mieux, on peut faire tellement plus grand, au
Québec, j'en suis profondément convaincu. Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci, M. le chef du deuxième groupe d'opposition. À ce moment-ci... Je pense
que vous aurez besoin du lutrin, M. le chef
du troisième groupe d'opposition. À ce moment-ci, je cède la parole à M. le
chef du troisième groupe d'opposition, en lui rappelant que son temps...
Une voix : ...
Le
Président :
Permettez-moi, M. le député, de suspendre pour quelques secondes, mesures
sanitaires obligent, histoire de passer tout ça sous revue. Quelques
secondes, et on reprend tout de suite après.
(Suspension de la séance à 15 h 23)
(Reprise à 15 h 25)
Le
Président : Mmes, MM.
les députés, nous reprenons donc nos affaires prioritaires. Et, à ce stade, je
cède la parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition, en lui rappelant que son temps de parole est
d'une durée maximale d'une heure. M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, M. le
Président. Mmes, MM. les députés,
chers collègues, comme vous tous, j'ai entendu hier attentivement, j'ai
écouté attentivement le discours d'ouverture du premier ministre pour cette
nouvelle session. J'ai pris acte de ses constats, de ses intentions. J'ai
compris qu'il voulait marquer cette journée, là, d'une pierre blanche, comme pour faire oublier les
20 derniers mois qu'ont vécus les Québécoises et les Québécois. De toute
évidence, l'exercice d'hier était le
dévoilement d'une autre étape du plan de marketing de la CAQ en vue de sa
réélection, une étape prévisible et
attendue, des formules convenues, des slogans plutôt racoleurs, des promesses
déjà entendues aussi, de la rhétorique,
quoi. Le premier ministre a visiblement cherché à marquer les esprits, à
lancer sa campagne électorale sans la supervision
du DGEQ en utilisant du temps qui aurait dû être réservé aux travaux parlementaires. Il a voulu, manifestement, se
donner de l'espace médiatique et en mentionnant que la pandémie était, à toutes
fins pratiques, derrière nous. Et là-dessus on le rejoint. On le souhaite tous, que la pandémie soit derrière nous.
J'admets sans difficulté que personne qui s'est présenté en 2018 n'avait
pour objectif de gérer une pandémie, pas le premier ministre, bien entendu, pas le Conseil
des ministres, pas les députés non plus, qui l'ont tous un peu
gérée chacun dans sa circonscription respective. On souhaite donc mettre derrière nous cet épisode le plus rapidement possible. Mais nous n'irons pas pour autant chanter en
choeur avec le premier ministre, car la réalité que l'on voit est différente de
celle du premier ministre, bien évidemment. Elle est moins reluisante que celle qu'on
nous a présentée hier dans le discours inaugural.
On a
longuement parlé de santé, hier, et c'est approprié, mais nous voudrions quand même
faire valoir qu'il y a
l'envers du décor présenté par le premier ministre. Le chef du Parti québécois
et moi-même, par exemple, nous sommes rendus
en Abitibi-Témiscamingue à la rencontre des femmes et des hommes qui
occupent le territoire et qui veulent obtenir les services auxquels ils sont en droit de
s'attendre. Ils veulent que ça fonctionne, dans le domaine de la santé,
et ils sont inquiets. Ils ont des
défis à relever. Ils aiment leur région, ils veulent continuer de l'habiter et
de la développer, et ils ont des
solutions pour les problèmes et les
enjeux qui sont actuellement vécus dans le domaine de la santé, des solutions
qui sont audacieuses, créatives. Et
ils n'ont, à l'heure actuelle, aucun appétit pour le brassage ou la réforme de
structure. Ils ont d'autres chats à
fouetter, entre la pénurie de main-d'oeuvre, les difficultés liées à la
réduction de services, la réduction de
l'accès aux soins de santé. Ils veulent des aménagements, de la latitude, de la
souplesse. Ils veulent aussi avoir voix au chapitre quant aux
services qui leur sont offerts dans leur région, chez eux. Ils veulent avoir un
mot à dire sur les décisions qui les
affectent et les affecteront au quotidien. D'une seule voix, ils ont déploré le
manque d'écoute et la fermeture du gouvernement
par rapport aux solutions qu'ils avaient à proposer dans la crise qu'ils vivent
actuellement et qui est vécue aussi ailleurs en région.
• (15 h 30) •
Donc, quand
j'entends le premier ministre parler de décentralisation, je suis perplexe.
Évidemment, on appuie le principe, au Parti québécois, celui de la
décentralisation. On est heureux que la CAQ réalise enfin les dégâts majeurs causés
par les décisions mur à mur appliquées, d'une part, par le Parti libéral avec
la réforme du député de La Pinière autrefois ministre, mais également les mesures appliquées tout au cours de la
pandémie. Pour le Parti québécois, c'est une évidence, car nous avons toujours été, et nous le demeurons,
le parti des régions. Décentraliser les décisions, faire confiance aux gens
sur le terrain un peu partout au Québec,
écouter leurs solutions, c'est dans notre ADN. Mais comment croire un chef de
parti en campagne qui affirme vouloir aller en ce sens alors qu'il n'a rien
fait de concret ces trois dernières années pour donner plus de pouvoirs aux régions, alors qu'il gouverne par décrets de
façon unilatérale depuis deux ans? On cherche la cohérence, on ne la
trouve pas.
Hier, le premier ministre fermait la porte aux solutions
avancées par le milieu, par les travailleurs il y a de ça quelques jours encore, et aujourd'hui, bien, on devrait lui
faire confiance. Permettez-moi de douter du sérieux des intentions gouvernementales. Il y a aujourd'hui un déficit de
crédibilité. Les intentions, évidemment, sont louables, mais, dans les actions, le gouvernement s'obstine à maintenir la
ligne dure au lieu d'écouter les solutions issues du terrain, par exemple en
octroyant des primes à une seule catégorie d'emploi, une solution qui est
inadéquate pour répondre aux mauvaises conditions
de travail dans le domaine de la santé au-delà des postes d'infirmière,
d'infirmière auxiliaire, d'inhalothérapeute ou de perfusionniste. Que
penser des gens qui travaillent en imagerie médicale ou dans les laboratoires
et bien d'autres encore qui tiennent le réseau de la santé à bout de bras?
L'exemple de
la fermeture de l'urgence de Senneterre est d'ailleurs frappant et devient
emblématique de ce qui pourrait se passer un peu partout au Québec si on
veut illustrer à quel point le gouvernement actuel gère en centralisant les décisions et les
services. Si on laissait faire les gens en place, c'est clair que l'urgence ne
fermerait pas après 16 heures. Les
solutions ont été trouvées, elles ont été déposées au gouvernement, et on les a rejetées du revers de la main, on a insisté pour imposer la volonté gouvernementale à partir de Québec. On ne peut pas s'empêcher d'y voir un lien
direct avec la détérioration du
climat de travail et des conditions dans les établissements de soins de
santé dans la région, mais dans les régions en général.
On le déplore
depuis des mois, jamais les bris de service n'auront été aussi fréquents,
à travers le Québec, et c'est malheureusement ça, le bilan
de la CAQ, la décentralisation des services de santé à plusieurs
heures de route des patients... ou
plutôt la centralisation des services à plusieurs heures de route pour
les patients, qui met en péril la vitalité des régions également,
la sécurité des citoyens qui y vivent. C'est vrai en Abitibi-Témiscamingue mais également en Outaouais.
C'est vrai du côté de la Côte-Nord, c'est vrai à Matane, et j'en passe encore.
Depuis trois
ans, le gouvernement cultive ce déficit de crédibilité. Et, pour le
combler, il faudra bien davantage que des
paroles. Le fossé, il est là, il a été bel et bien creusé. La confiance a
déserté le coeur de la population de nos régions, et c'est déplorable.
Dans ce vaste
chantier, ce qu'on demande, c'est de la cohérence. On souhaite que les actions
suivent les paroles et les beaux
discours. Enfin, on demande également des moyens précis, un plan, un échéancier. On
veut savoir comment le gouvernement procédera pour mettre en branle
cette réforme qu'il annonçait hier et qui, aujourd'hui encore dans une déclaration, semble beaucoup moins ambitieuse que ce que l'on présentait il y a à
peine 24 heures. Quel délai se donne-t-il? Et surtout quelle place réellement
va-t-il donner dans tout ça aux gens du milieu, du terrain?
En santé, la gestion des ressources humaines,
c'est évidemment l'enjeu le plus crucial, actuellement, car, dès qu'il y a
pénurie de main-d'oeuvre, évidemment, dans le réseau de la santé, il y a
un impact direct sur les soins aux patients, aux citoyens, aux
Québécoises et aux Québécois.
On l'a
constaté hier, le gouvernement de la CAQ se déresponsabilise, en quelque sorte, des décisions qu'elle applique depuis des années, depuis trois ans. Celles-ci ont pourtant démoralisé
le personnel et affaibli encore davantage
le réseau. Mais ça, le gouvernement ne semble pas le voir. Au contraire, il ajoute plutôt aux difficultés
actuelles... des difficultés au bilan du gouvernement antérieur.
La réalité,
c'est qu'après trois ans de gouvernance caquiste, le réseau de la santé n'a jamais
été aussi fragile. L'exode des professionnels
et le recours aux agences de placement privées n'ont jamais
été aussi élevés. Ça nous coûte collectivement 1 milliard de dollars par année. Le temps supplémentaire obligatoire a explosé. Idem pour le nombre de démissions et
de travailleurs en arrêt de travail prolongé.
Doit-on le rappeler encore une fois, il manque dans le réseau plus de 4 000 infirmières, et toutes les autres catégories d'emploi
connaissent également des pénuries de personnel. Pour tous ces travailleurs
dévoués, le discours d'hier n'allait pas jusqu'au bout de sa logique, et ils
attendent encore des solutions concrètes et surtout des actions. Ce
qu'ils nous disent et ce qu'ils disent au premier ministre, c'est qu'ils
veulent la fin du temps supplémentaire obligatoire,
ce fameux TSO qui fait désormais malheureusement partie de notre vocabulaire à
tous, au Québec. Mais le gouvernement
n'a pas pris cet engagement. Résultat, les professionnels désertent, et la
relève hésite à s'engager, et ça continue de coûter une fortune aux
Québécois.
La question
des agences privées doit également être abordée plus sérieusement et de façon
beaucoup plus ferme et déterminée.
Vous l'avez sans doute remarqué, la CAQ ne s'engage pas à cesser définitivement
le recours aux agences de placement
privées. La solution qu'on a trouvée, c'est de créer une agence publique, une
espèce de banque d'employés pour
concurrencer le privé, tout en continuant de financer le privé à grands frais,
sans compter, évidemment... en plus du milliard
qu'on leur verse annuellement, le milliard qu'on a décidé d'investir en primes
pour faire revenir les employés vers le système public. Il y a là un
manque de cohérence, selon nous.
J'oubliais. Le
gouvernement propose aussi des chèques, des primes, alors que les infirmières
veulent plutôt améliorer leur qualité
de vie, mieux concilier le travail, leur profession, à laquelle elles croient,
bien entendu, avec leur vie personnelle et leur famille. Pour tous les
autres corps d'emploi, je l'ai mentionné tout à l'heure, jusque-là on attend
toujours. C'est, évidemment, insuffisant.
Au Parti
québécois, nous avons une façon fort différente d'envisager l'avenir du réseau
de la santé. Nous sommes d'abord à l'écoute des besoins du terrain puis nous
misons sur un modèle de gestion basé justement sur cette collaboration que l'on souhaite de la part du gouvernement, sur
l'entraide, sur l'ouverture ainsi que sur des conditions de travail décentes.
Je parlerai
maintenant d'environnement. Le premier ministre a abordé l'urgence climatique
hier, la nécessité de transformer
notre économie, de prendre un virage vert, après une cinquantaine de minutes de
discours, dois-je le préciser? En fait, il a prononcé beaucoup de mots sans nécessairement apporter d'éléments très concrets.
Je rappelle à tous ceux qui nous
écoutent que le premier ministre n'a même pas daigné offrir aux Québécois une
plateforme environnementale lors de la campagne électorale de 2018. Ce
même premier ministre ira bientôt se présenter à la COP26, à Glasgow, avec comme principal projet environnemental un tunnel
de 10 milliards de dollars qui viendra favoriser l'étalement urbain et
assurément augmenter la circulation automobile dans la région de Québec et de Chaudière-Appalaches.
Comment justifier ce troisième lien dont on
n'ose même pas prononcer le nom dans un plan vert qui se tient? C'est impossible, évidemment. Et pourquoi ce
silence à propos du REM de l'est à Montréal, alors que, on sait, le BAPE
ne s'est toujours pas prononcé à ce sujet,
et de sérieuses questions de gouvernance et d'acceptabilité sociale continuent
de se poser, mais, pendant ce temps,
pendant que les consultations se poursuivent, la CDPQ Infra va de l'avant avec
un appel d'offres mondial, sans prévoir que les investissements
rapporteront à l'industrie québécoise pour réaliser ce projet?
• (15 h 40) •
Fermeture de la parenthèse sur CDPQ Infra pour
revenir à la question environnementale et l'exploitation et l'exploration des
hydrocarbures, auxquelles le premier ministre a annoncé formellement qu'il
mettra fin. Cette idée, évidemment, n'est pas nouvelle. Le Parti québécois en
parlait dans son programme dès 2016. Nous l'avions demandé formellement
encore en juin dernier. Donc, ici, on enfonce une porte déjà largement ouverte.
Mais évidemment, on ne boudera pas notre
plaisir, on accueille favorablement cette décision, mais il faut quand même
mentionner qu'il n'y avait plus aucun
projet de ce type dans les cartons. Ce fut un bel exercice, là, de recyclage,
si on veut parler en termes environnementaux,
comme ce fut le cas, d'ailleurs, dans un autre dossier, celui du cours
d'éthique et culture religieuse. Nous avions
déjà proposé cette mesure-là il y a quelques années. Maintenant, le
gouvernement accepte d'y mettre fin pour donner un cours sur la
citoyenneté québécoise, nous le saluons.
Donc, retour
au virage vert. Mais un virage vert ne peut pas se faire uniquement que par des
slogans, c'est véritablement une approche que l'on doit développer, et là
encore le gouvernement échoue. L'espoir... En fait, on aimerait garder
espoir, mais... Et c'est la raison pour laquelle on tend la main, comme Parti
québécois, au gouvernement. On va lui rappeler
que... c'est parce qu'il ne semble pas s'en souvenir ou s'en soucier, l'importance de protéger notre eau potable,
les lacs, nos milieux naturels. Nous lui répétons que nous pouvons être plus
ambitieux en matière d'efficacité énergétique, en matière d'écofiscalité
et en matière d'écoconditionnalité. Nous lui proposerons également de donner
suite dès à présent à la recommandation du Comité consultatif sur les changements climatiques en vue
d'implanter enfin un budget carbone. C'est
une idée d'abord avancée par mon collègue de Jonquière ici présent, et nous appuierons une telle
initiative de la part du gouvernement avec plaisir, avec fierté. Un budget carbone nous permettra de suivre
l'évolution réelle de nos actions contre les changements climatiques
ainsi que leurs impacts.
Pour nous,
pour le Parti québécois, sur le plan environnemental, les prochains mois
seront cruciaux, déterminants, car un
nouveau chapitre doit maintenant s'ouvrir. Nous devons en profiter pour lancer une
transition qui sera véritablement verte,
véritablement juste. Le Québec postpandémie doit être écologique, c'est plus
important que jamais. Le Québec doit se positionner
en leader, en acteur de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques. Nous devons nous consacrer à une relance durable. L'occasion est trop belle
pour la laisser filer. La vigilance est de mise également, car le gouvernement a beaucoup parlé d'accélérer les choses. Il faudra garantir
que ce rythme, s'il s'impose, ne viendra pas nuire aux progrès, aux avancées
environnementales ni à nos efforts pour lutter contre les changements
climatiques.
Dans son
discours, le premier ministre a également affirmé vouloir commencer à réfléchir
au problème de l'appauvrissement des
familles, à la hausse des prix du panier d'épicerie, au manque de logements et
de places en service de garde, commencer à y réfléchir, alors que la
réflexion à l'extérieur de l'édifice Honoré-Mercier est plutôt avancée, il
faudrait en convenir. Encore une fois, on est dans la continuité du gouvernement
caquiste. On refuse d'admettre qu'il puisse
y avoir des crises. On n'écoute pas les premiers concernés. Donc, évidemment,
on ne règle rien, puisqu'on n'admet pas le problème, il demeure.
Le logement, par exemple, hier, aucune annonce n'a été faite quant à du financement pour de
nouveaux logements sociaux. De ce
côté-ci de la Chambre, on estime qu'il faut pourtant, au bas mot,
5 000 logements de plus par année pour les cinq prochaines années. Il y a une crise. Cette crise-là, elle est à
Montréal, mais elle est également partout à travers le
territoire du Québec et dans nos régions également. Il y a une crise, mais le gouvernement
reste sourd, aveugle et muet.
Au Parti québécois, nous croyons en la sociale
démocratie, nous reconnaissons la valeur de nos services publics ainsi que de celles et de ceux qui garantissent
ces services à la population. Selon nous, la relance doit mettre le béton de
côté, elle doit plutôt et impérativement inclure des réinvestissements massifs
en appui au personnel, au personnel de l'appareil
public, le personnel infirmier, le réseau de l'enseignement primaire et secondaire, au personnel de soutien pour les
élèves, aux éducatrices des services de garde ainsi que pour soutenir le
secteur culturel.
Et
j'ajouterais ceci en ce qui concerne le réseau des CPE : il faut le chérir
davantage. C'est un outil extraordinaire d'enrichissement collectif, tant pour
des milliers de mamans qui peuvent ainsi poursuivre leur carrière que
pour nos enfants qui bénéficient d'un
encadrement professionnel et d'un environnement pédagogique leur permettant de
dégager de solides fondations pour leur réussite future.
C'est
pourquoi nous avons de la difficulté à comprendre comment le gouvernement,
lorsqu'il propose d'utiliser des fonds qui pourraient être investis dans
le réseau de service de garde subventionné pour développer des services, veut accorder des crédits d'impôt pour le réseau non
subventionné. Pourquoi tient-il tant à copier le Parti libéral? Sous quelle influence
se trouve-t-il à l'heure actuelle? Ça reste à éclaircir.
L'engagement du Parti québécois, lui, est sans
équivoque. Nous devons maximiser les ressources allouées aux services de garde subventionnés et des CPE, c'est
évidemment l'important legs de la première ministre Pauline Marois, et on
doit le chérir, je le disais tout à l'heure, on doit aussi compléter ce réseau.
Je le rappelle, 51 000 enfants sont encore aujourd'hui sur la liste d'attente, et la pandémie a contribué à
l'augmentation de ce nombre, car l'hécatombe dans les milieux familiaux
précédait la COVID-19, et la CAQ n'a pas vu la catastrophe arriver, donc a
contribué à la situation à l'heure actuelle.
Le premier
ministre a dit vouloir créer
37 000 nouvelles places, mais il refuse de s'engager à toutes les
mettre en chantier d'ici la prochaine
élection, on dit : Le plus rapidement possible. Si on
était de mauvaise foi, on dirait qu'il se garde une carte dans sa manche pour la prochaine campagne électorale, mais
c'est maintenant que ces places-là sont nécessaires pour les familles québécoises. Et il faut
ajouter également s'occuper non seulement du réseau et le chérir, mais
s'occuper des éducatrices, dont les conventions collectives sont échues
depuis 18 mois. Ma collègue de Joliette va poursuivre, évidemment, cette lutte pour le bien des parents québécois et surtout celui des
mères du Québec, qui sont parmi les plus actives sur le
marché du travail à travers le monde, il faut le souligner.
C'est avec
regret, hier, qu'on a également constaté que le premier ministre a complètement
évacué la question de la solidarité sociale et la lutte contre la
pauvreté de son discours. Il n'en a fait absolument aucune mention.
C'est révélateur. C'est révélateur et c'est malheureux. C'est révélateur
d'un manque de sensibilité pour ces enjeux. Il n'a même pas exprimé l'ombre du début d'une reconnaissance aux
organismes communautaires pour leur précieuse contribution à notre
société en tout temps, évidemment, mais particulièrement en cette période de
pandémie.
Alors,
moi, je leur dis aujourd'hui : Merci pour votre soutien aux populations
vulnérables. Que ce soit en matière d'éducation,
de santé ou de services sociaux, le Parti québécois va demeurer à vos côtés.
Ensemble, nous continuerons de réclamer
une bonification du financement de votre mission globale et nous ferons en
sorte de mettre en lumière cet angle mort du gouvernement actuel.
• (15 h 50) •
Je souhaite
maintenant aborder la question fondamentale des soins et des services que le
Québec offre aux aînés. Nous avons perdu pas moins de 10 ans en ne
prenant pas le virage de l'assurance autonomie et des soins à domicile lorsque
c'était le temps. Par conséquent, la situation est devenue critique pour les
aînés. Et ce gouvernement n'aidera pas, car
tout ce qu'il nous propose, c'est d'attendre encore. Il veut lancer des
consultations. Il veut publier un autre rapport concernant la situation des
aînés au Québec. Ce sera tristement le 18e rapport en 20 ans sur
cette question, alors qu'on connaît
depuis des années des solutions pouvant être envisagées et mises en oeuvre et
qui répondent aux besoins exprimés par les personnes âgées : rester chez
elles le plus longtemps possible tout
en recevant des services. Vieillir chez soi, près de siens, c'est plus humain, c'est plus respectueux
et c'est aussi plus efficace et plus économique. Je le précise parce que ça pourra peut-être
attirer l'attention du premier ministre.
N'ayons pas
peur des mots, la pandémie a parfaitement illustré notre échec collectif en
matière de soins aux aînés. Ça doit
changer, et on n'a pas des années devant nous pour agir. La situation est
critique. Lorsqu'on a 70, 80, 90 ans, la perception du temps est bien différente, chaque journée compte. Je veux
dire aux aînés du Québec qu'au Parti québécois on est extrêmement
reconnaissants pour leur contribution. Mes collègues et moi, nous savons que
c'est vous qui avez bâti le Québec, ce
Québec que nous aimons tant. Nous savons aussi qu'il a besoin d'attention, cet
État moderne, et qu'il doit être amélioré, notamment pour mieux prendre
soin des gens comme vous qui l'ont érigé, qui l'ont établi.
Je veux aborder la question de la langue, qui
est un enjeu, mais qui constitue aussi un problème qui risque non seulement de demeurer, mais également de
s'aggraver. En fait, ce n'est pas la langue, évidemment, qui est le problème,
mais le déclin du français au Québec. Malgré les dires du premier ministre, le projet de loi n° 96 manque cruellement d'audace et de courage. C'est comme si le gouvernement se trouvait moitié réveillé et à moitié endormi. Il ne saisit pas totalement
la gravité de la situation, et surtout dans la métropole.
Le premier ministre propose de modifier unilatéralement
la Constitution canadienne pour y insérer le français comme langue commune et officielle, mais est-ce que ça changera les
choses? Ça apparaît un peu comme de la poudre aux yeux. Ça n'a comme seul objectif d'éviter de
parler des vrais enjeux et du déclin. En aucun cas cette inscription n'aura une
influence sur le glissement concret, sur le terrain, du français vers
l'anglais.
Les experts
sont venus se prononcer en commission parlementaire sur le projet de loi. Ils
ont tous insisté sur le fait que les
mesures qu'il contient sont insuffisantes pour inverser la tendance observée
depuis plusieurs années. Les projections sont claires. En 2011, la
proportion de Québécois ayant le français comme langue d'usage était de
82 %, elle passera à 75 % d'ici
15 ans si rien n'est fait. Et le projet de loi n° 96,
s'il est adopté tel quel, ne viendra pas inverser cette tendance.
L'usage du français continuera de diminuer, malheureusement, au Québec.
Le Parti
québécois est le seul à avoir proposé
des mesures fortes, structurantes, qui auraient pour effet de véritablement retourner la situation sur une période de 10 ans. Alors, on
souhaite notamment qu'on exige une connaissance du français pour tous les immigrants économiques,
faire en sorte qu'au moins 50 % des immigrants s'installent dans nos belles régions du Québec, évidemment, appliquer la loi 101
aux cégeps et aux entreprises à charte fédérale. Nous avons toute une liste de
propositions à faire en la matière. Nous
continuerons de les faire valoir lors de l'étude article par article du projet
de loi.
Je voulais glisser un mot également sur la
question de l'économie et des régions. Hier, le premier ministre nous a présenté une offensive d'achat local. Encore une
fois, le Parti québécois est certainement en faveur du principe, mais, pour le reste, disons que nous le croirons lorsque nous
l'aurons vu, comme le dit l'expression, car, jusqu'à maintenant, le
gouvernement ne fait que parler, et les actions tardent. Tous les paniers bleus
de ce monde ne suffisent pas, il faut des mesures sérieuses.
À quand, par exemple, un impératif d'achat local
dans le gigantesque projet du REM, dont je parlais tout à l'heure? Le Parti québécois a pourtant fait
adopter à l'unanimité une motion ici même, à l'Assemblée nationale, pour que le
gouvernement exige 25 % de contenu local dans tous les projets de
transport collectif.
Et à quand la confiance en l'expertise
québécoise? Hier, c'était à propos des masques transparents; avant-hier, de la filière électrique. Nous devions absolument
nous en remettre à l'expertise internationale. Encore une fois, on assiste
à une opération de marketing. Les produits
québécois existent, mais on n'est pas tenu de les utiliser, ni de les acheter,
ni même de les encourager. Et ça, c'est inacceptable, comme attitude.
Et je voudrais terminer, parce que le temps
file, pour parler, si vous le permettez, de l'enjeu, de la question fondamentale qui nous anime, au Parti québécois.
La question nous coupe les ailes, nous empêche d'aller chercher tous les pouvoirs qui sont nécessaires à notre
prospérité et à décentraliser ces pouvoirs vers les régions. C'est la question
de l'indépendance nationale.
Le premier
ministre fait comme si cette question n'existait pas. Comme plusieurs
Québécois, j'aimerais pourtant qu'il
réponde aux questions suivantes. Qu'adviendrait-il des transferts en santé
manquants? On parle ici de 6 milliards de dollars qu'on continue de quémander auprès du fédéral. Comment
compte-t-il s'y prendre pour rapatrier tous les pouvoirs en immigration, alors
que le Canada a déjà dit non? Et, en culture et la langue, on s'y prend comment
pour les promouvoir, pour les renforcer nous-mêmes?
Il faut
prendre acte du fait que le Canada a honte du Québec et qu'il tente d'en faire
une province comme les autres, une province docile et obéissante, deux
caractéristiques qui ne font pas exactement partie de l'ADN du peuple québécois.
C'est pourquoi, si on est sérieux dans les
affirmations pour évoquer notre liberté, notre fierté, il faut parler
d'indépendance.
Nous méritons mieux qu'une tutelle fédérale.
Nous méritons certainement de nous déployer, de nous exprimer tels que nous
sommes. Et c'est ce que j'aurais aimé entendre de la part du premier ministre,
hier, une affirmation sentie de la différence québécoise et des raisons qui font que nous devons
avoir notre propre pays, pour notre pérennité mais aussi pour enrichir
le monde d'une entité singulière et unique : la nôtre, l'identité
québécoise. Merci, M. le Président.
• (16 heures) •
Le
Président : Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Bien, je vous rappelle que, pour la suite de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants a été redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Je rappelle que les députés indépendants qui souhaitent
intervenir avaient 10 minutes après le début du débat pour en
aviser la présidence.
Ainsi, après
la répartition du temps non utilisé par les députés indépendants, je vous
informe que la répartition du temps
de parole pour l'ensemble des 25 heures de débat sur le discours
d'ouverture s'établit comme suit : 60 minutes sont allouées au
représentant du gouvernement pour sa réplique, 11 h 55 min sont
allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, incluant le discours du premier ministre,
7 h 24 min 53 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, incluant le
discours de sa cheffe, 2 h 38 min 53 s sont allouées
au deuxième groupe d'opposition, incluant
le discours de son chef, 1 h 51 min 13 s sont allouées
au troisième groupe d'opposition, incluant le discours de son chef, et 10 minutes sont allouées à la
députée d'Iberville. Les interventions ne seront soumises à aucune limite de
temps.
Je suis
maintenant prêt à céder la parole à un prochain intervenant. Et je reconnais M.
le député de Chauveau. À vous la parole.
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. C'est avec une certaine fierté que j'ai le plaisir de prendre la parole comme premier représentant de notre équipe après le premier
ministre du Québec. Évidemment,
une réplique au discours inaugural,
c'est toujours très important. Puis je salue l'ensemble de mes
collègues qui auront tour à tour la
chance de s'exprimer sur leur lecture, leur perception de ce discours inaugural
là, qui est un moment extrêmement important, parce qu'un discours inaugural,
ça représente un tournant, ça marque un changement dans le présent mandat.
Il est
d'usage, en général, au Québec, de faire un discours inaugural. Je pense que, la
précédente législature, il n'y en avait
pas eu, mais normalement il y en a. Et ce changement, ce tournant-là, ça nous
permet deux choses : tout d'abord, de faire un bilan sur le
passé, mais aussi de se projeter vers l'avenir.
Et ce bilan-là des trois dernières années, M.
le Président, c'est également avec fierté que... C'est le fun de s'exprimer sur
ce bilan-là, parce que ce bilan-là, il est bon, parce que ce bilan-là... En
2018, lorsque je me suis présenté aux côtés
de mes collègues, on a dit ce qu'on allait faire. On avait un plan d'action
très précis, avec des engagements clairs pour les Québécois. Et c'est
sans aucun doute pour ça qu'on a reçu un appui aussi massif. Et, bien sûr,
d'étaler au complet l'ensemble des éléments
qui ont été réalisés, ce serait très long. Je n'aurai pas le temps, je veux
permettre à mes collègues de s'exprimer. Mais je vous en cite
quelques-uns qui me rendent particulièrement fier.
Tout d'abord,
rappelons-nous l'adoption du projet
de loi n° 21 sur la laïcité. Je
m'en étais fait parler avant, pendant et
après, et c'est sans aucun doute un des éléments qui marquera le mandat de la Coalition avenir Québec lorsqu'on en sera à
l'étape finale des bilans, mais, déjà on peut l'affirmer, c'est quelque chose
de très fort.
On s'était
engagés, M. le Président, à redonner de l'argent dans les poches des Québécois,
donc plus de 2 milliards de
dollars qui ont été remis. Moi, je me rappelle de mon dernier compte de taxes
scolaires. J'ai pu constater, là, par rapport aux années 2016-2017
à aujourd'hui, une grande progression, une grande réduction de ce compte de
taxes scolaires là. Puis je n'ai pas
d'enfant, M. le Président, mais beaucoup de familles dans mon comté ont
également vu la baisse des tarifs de
garderie pour leurs enfants. Et ça, je pense que c'est apprécié par l'ensemble
des parents du Québec. On l'avait dit, on l'a promis, on l'a fait.
On parle
beaucoup d'économie verte, une grande fierté aussi, des orientations qui sont
prises et aussi des actions concrètes, notamment, récemment, l'entente
qu'on a prise avec l'État de New York au niveau de... l'entente de vente d'électricité à l'extérieur du Québec. C'est
clair. Le Québec repose sur un potentiel énorme en matière d'hydroélectricité.
De pouvoir vendre notre hydroélectricité, ça
va avoir un impact majeur sur la consommation d'énergie, un peu moins propre
qu'on a au Québec, à l'extérieur de nos
frontières. Quand on agit comme ça, un, c'est payant pour les Québécois, deux,
c'est payant pour la planète et les États-Unis, parce que, quand on leur vend
une électricité qui est beaucoup plus propre, bien, évidemment, ça a un impact sur l'ensemble des frontières.
L'environnement, c'est un de ces sujets-là, là, où ce n'est pas confiné
à une géographie très, très stricte, là, c'est un avantage évident.
Et, enfin, peut-être pour vous faire un bilan
des éléments qui me marquent, tout le travail qui est fait au niveau des
investissements sur nos infrastructures. Soyons honnêtes, le Québec avait été
laissé en ruines au niveau de nos infrastructures. Il a besoin d'investissements
majeurs et massifs. Ce n'est pas terminé, M. le Président, on ne peut pas
réparer une maison aussi brisée en quelques semaines et quelques années. Mais
il y a eu des efforts colossaux qui ont été
faits, ce n'est pas terminé, et ça, ça me rend extrêmement fier, tout ce
qu'on est en train de faire sur nos routes, sur nos écoles, nos
établissements de santé, et j'en passe, M. le Président. Grande fierté.
Mais là, quand je vous parle du bilan, boum!
arrive mars 2020, la pandémie frappe, et personne dans cette Assemblée nationale, au Québec n'avait prévu ça,
en 2018. Peut-être quelques semaines avant, quelques mois avant, ça
commençait en Chine, mais honnêtement on ne l'a pas vue venir. Puis il n'y
avait pas de livre de recettes, il n'y avait pas de livre de procédures, il n'y
avait rien qui nous disait tout ce qu'on pouvait faire, là, on l'a vécu à
mesure et, une expression que j'ai déjà
entendue dans les médias, on a construit l'avion en plein vol. Puis ça, c'est extrêmement... je suis extrêmement fier de voir le travail qui a été fait,
parce qu'à la fin, au bilan, dans deux, trois ans, quand les spécialistes auront analysé à partir de ce qui aurait pu être
fait avec... A posteriori, y aura-t-il des critiques? Probablement, M. le
Président. Mais c'est bien évident
que, quand on est confronté à prendre une décision dans la minute, dans l'heure
qui va suivre, bien, la décision n'est pas toujours facile à prendre. Puis, quand on a des hommes
comme le premier ministre, comme le ministre de la Santé, l'ancienne ministre de la Santé, ministre actuel, et
l'ensemble des ministres de notre équipe, je peux vous dire, là, qu'on peut se poser la question : Est-ce que
quelqu'un aurait fait mieux? Moi, il y a beaucoup de citoyens qui me le
disent : Je ne pense pas que personne
aurait pu faire mieux, M. le député. Puis, vraiment, je leur dis : Moi, je
suis fier de la gang, comment ils ont fait ça, dans les circonstances,
ce n'était pas évident.
C'est
certain, M. le Président, qu'on parlait que la pandémie va marquer un peu
l'histoire de ce mandat-là, va marquer la
Coalition avenir Québec. Ce n'est pas pour ça qu'on voulait être retenus, mais,
quand même, c'est un tournant. Puis on en a parlé un peu tantôt, du tournant,
on commence à voir la lumière au bout du tunnel. Puis, cette lumière-là, bien,
le premier ministre l'a annoncée hier dans le discours inaugural :
on va vacciner les jeunes cinq ans à 11 ans, et, à la fin de ça, de cette période-là, si, avec tous... je
prends tous les gants blancs nécessaires, là, s'il n'arrive rien de différent,
si tout va bien, là, on va enfin
pouvoir mettre un terme à l'urgence sanitaire. Ça, je pense qu'il y a beaucoup
de Québécois qui ont hâte. On a tous
hâte. On est tous écoeurés, M. le Président, du masque, on est tous écoeurés
des mesures, mais câline que ce n'était pas évident.
Mais, vu que
ce n'était pas évident, une autre fierté que j'ai, c'est l'ensemble de la population
québécoise. Je pense qu'à cette étape-ci, là, il importe de dire merci. Merci au personnel de
la santé, nos anges gardiens, merci aux éducatrices en garderie, au personnel des services essentiels,
nos épiceries, nos restaurants, nos camionneurs, merci aux enseignantes
et enseignants, merci au monde communautaire, qui ont été là quand c'était
difficile. J'ai une pensée particulière pour les
gens de mon comté, parce que, moi, l'industrie récréotouristique dans Chauveau,
c'est très important, ça n'a pas été facile :
fermetures, pas de touristes, les hôtels fermés, les restaurants, les bars. Vraiment,
un merci pour votre résilience. Et surtout
merci aux Québécois d'avoir été là, d'avoir été respectueux des
mesures sanitaires, ce n'est pas terminé, mais les gens ont fait des efforts, et d'avoir travaillé de façon exemplaire, et
aussi une forte participation au niveau de la vaccination. On est un des
États, dans le monde, parmi les plus vaccinés. Merci pour vos efforts, je suis
extrêmement fier de vous.
Mais, M. le
Président, je voudrais aussi remercier des personnes... puis là je vais dire
leurs prénoms, là, les membres de mon
équipe de bureau de comté, qui, eux autres aussi, ont reçu des appels de 8 heures
le matin à minuit le soir, dans la première vague, sept jours sur sept, Valérie,
Dominique, Erendira, Geneviève, Véronique et quelques membres de mon personnel qui sont allés travailler dans d'autres
secteurs après, probablement pour relever des nouveaux défis hyperstimulants.
M. le Président, je suis extrêmement fier et je leur en suis fortement
reconnaissant.
Maintenant,
parlons de la fierté pour l'avenir que je peux avoir, M. le Président, parce
que le premier ministre, hier, a
clairement démontré une vision portée vers l'avenir, et une crise, ça apporte
son lot, bien sûr, de tristesse, de frustration, de déception, mais aussi d'opportunités, d'opportunités d'apporter des
changements. Parce qu'on a été capables d'identifier, bien évidemment, des lacunes à l'intérieur de nos
réseaux publics. Certains, on s'en doutait, mais ça les a mis plus fortement
en lumière. Je pourrais vous parler de
beaucoup de sujets, hein : évidemment, la santé, l'éducation, l'économie, l'environnement, la culture, la langue, mais je
vais vous parler de quelques points nommés par le premier ministre qui me
touchent particulièrement dans ma circonscription de Chauveau.
Tout d'abord, l'aspect très résolu par le
premier ministre de régler l'enjeu des médecins de famille. Il l'a dit, il
n'hésitera pas à imposer une conclusion s'il le faut. Mais, moi, dans mon
comté, c'est clair, je suis un comté de jeunes familles, les gens, pour beaucoup, sont à la recherche d'un médecin de
famille. Et il faut que chaque Québécois ait accès le plus vite possible
à un médecin pour pouvoir avoir ses prescriptions rapidement et son aide.
M. le Président, ça va prendre une gestion plus
humaine des ressources humaines, en santé notamment. Moi, je le vois, j'ai beaucoup d'infirmières, j'ai
beaucoup de préposés aux bénéficiaires, comme l'ensemble des collègues, et ça
va prendre absolument plus d'efforts à ce niveau-là.
• (16 h 10) •
L'effort qui
sera consacré pour créer des places en garderie. On parle de
37 000 places en garderie à créer, M. le Président. Encore une
fois, dans Chauveau, plein de jeunes familles, plein de besoins identifiés. À
toutes les semaines, j'ai des appels pour ça. Et, je peux vous dire, le ministre
de la Famille est venu faire une annonce il n'y a pas tellement longtemps, ça a
donné une grande bouffée d'air frais, là, mais il y en a plus à faire. Il faut
continuer à développer ces places-là.
Pénurie de
main-d'oeuvre. Il n'y a pas une journée qu'un entrepreneur, un employeur me dit :
M. Lévesque, il nous manque du
monde, là, aidez-nous à trouver du monde. Bien, ça va prendre des stratégies
très larges. Il n'y a pas une seule solution à ça. Mais le premier
ministre en a fait une priorité extrêmement élevée dans son discours inaugural.
Deux petits
points également. L'accès à la nature, M. le Président, je l'ai entendu du
premier ministre. Chez nous, Chauveau,
c'est entre lacs et montagnes, on est probablement le terrain de jeux du nord
de la ville de Québec. Bien, quand le premier ministre dit de mettre en
valeur la nature au Québec et à Québec, notamment à Québec, bien, je pense que,
Chauveau, on va être bien positionnés pour
parler de nature et de s'assurer de mettre en lumière, de mettre en valeur les
beautés de notre territoire.
Également, j'ai entendu le premier ministre sur
son désir de travailler d'égal à égal, de nation à nation avec les communautés
autochtones du Québec. Moi, évidemment, comme représentant de Chauveau, j'ai le
privilège d'avoir Wendake à l'intérieur de
ma circonscription. Alors, je leur dis : «Kwe.» J'ai le goût de travailler
avec vous d'égal à égal. J'ai déjà une très bonne relation, M. le
Président, mais cette ligne-là, évidemment, ça me touche.
Et je termine en vous disant, au niveau des
sujets qui m'ont intéressé d'entendre du premier ministre... il y en a plein, là, mais, quand il a parlé, hier, de
violence conjugale, l'importance... je vais le citer ici au mot, là : «...on
va aussi [poursuivre] nos campagnes pour que la violence faite aux
femmes, ça devienne [...] complètement [et] totalement inacceptable [au] Québec.» M. le Président, j'ai travaillé pendant de
nombreuses années dans ce secteur-là, dans ce domaine d'activité là, et la violence conjugale,
effectivement c'est inacceptable. Puis on doit aussi se préoccuper des hommes
ayant des
comportements violents, pour faire de la prévention. C'est vraiment un objectif
que j'ai, et je suis convaincu que le premier ministre partage cette
opinion.
En terminant, M. le Président, je suis extrêmement fier d'appartenir à un gouvernement qui est pragmatique, qui comprend
les problèmes, qui propose des solutions concrètes, qui défend l'intérêt
des Québécois. Je suis fier d'être aux côtés du premier
ministre, de mes 75 collègues,
pour apporter les changements qui sont nécessaires au bénéfice de tous
les Québécois et Québécoises. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Chauveau. Je suis prêt maintenant à reconnaître la
prochaine intervenante, qui sera Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour à tous les collègues qui sont ici dans le cadre de ce débat. Évidemment, je vais me
concentrer sur une réplique sur le dossier de la santé, par rapport à ce qui a été évoqué hier par le premier ministre.
Je
voudrais d'abord... Il y
a beaucoup à dire, énormément
à dire, mais j'entendais le député de Chauveau parler de solutions concrètes. On aurait souhaité
en entendre hier dans le dossier de la santé. Beaucoup d'intentions, beaucoup
de formules creuses, beaucoup de slogans, beaucoup de «buzzwords», mais
pas de moyens pour y arriver. Et ce qu'on a entendu
hier, c'est, somme toute, à peu près ce que le premier ministre nous disait
le 28 novembre 2018, quand il a fait son discours ici, à l'Assemblée
nationale, au début de cette législature, puis je pourrai y revenir.
Ce
qui manquait hier, puis la cheffe de
l'opposition officielle l'a mentionné
ce matin en période de questions, puis je
dois vous avouer que, moi aussi, ça m'a particulièrement troublé,
c'est qu'à aucun moment hier le premier
ministre, dans toute l'heure qu'il a consacrée à son... plus
d'une heure, même, qu'il a consacrée à son discours, n'a parlé des patients. Il
a parlé des syndicats, il a parlé de structures, il a parlé de réformes,
mais il n'a pas parlé des patients. Il n'a pas parlé des centaines de milliers de Québécois,
à l'heure actuelle, qui attendent un médecin de famille, le député
de Chauveau y faisait justement référence, mais
force est de constater qu'il y a deux fois plus de Québécois qui attendent un médecin de famille aujourd'hui qu'il y en avait
à l'arrivée au pouvoir de la CAQ.
Il n'a pas fait
mention non plus des dizaines de milliers de Québécois qui attendent
présentement pour une chirurgie, et cette
liste-là, elle augmente de jour en jour. Vous savez, je me suis levée je ne
sais combien de fois dans la dernière année et demie sur ces enjeux-là,
et à chaque fois on met nos chiffres à jour sur les données d'accès, et ces chiffres-là augmentent : plus de gens qui
attendent, plus de gens vulnérables qui attendent aussi. Et ça, c'est très
malheureux.
Il
n'a pas fait référence non plus à tous ces jeunes qui attendent d'avoir accès à
un psychologue, à des services de santé
mentale, avec toutes les conséquences que ça peut avoir également. Et donc je
me serais attendue, dans ce genre de
discours là, qu'il ait, justement,
de l'empathie, de la compassion pour les milliers, les dizaines de milliers,
les centaines de milliers de Québécois,
à l'heure actuelle, qui peinent à avoir accès en première ligne au réseau de la santé et qui font les frais de l'inaction du gouvernement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Excusez-moi, Mme la députée. Je rappelle que nous devons tous porter le
masque. Merci. Vous pouvez reprendre, Mme la députée.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président.
Il
n'a pas fait mention non plus... Parlant des Québécois qui font les frais des décisions du gouvernement, il n'a
pas fait référence à tous ces citoyens, à
l'heure actuelle, qui font les frais des ruptures de service, des bris de
service, des urgences qui sont
fermées au Québec présentement. Et ça dénote, je trouve, à quel point il y a
une déconnexion, justement, entre le
discours du premier ministre et la réalité sur le terrain, et ça, on l'a vu à
plusieurs reprises dans les dernières semaines.
On
faisait mention à juste titre, ce matin, dans la période de questions, du maire
de Senneterre qui a dû venir se déplacer
ici, à l'Assemblée nationale, donner son numéro de cellulaire, en plein point
de presse, pour avoir un retour du ministre de la Santé. C'est
proprement odieux, c'est proprement scandaleux, puis ça démontre à quel point,
justement, il y a une déconnexion du gouvernement de la CAQ avec le terrain
présentement.
Je
vais me permettre, M. le Président, de faire ça en ordre, parce qu'il y a
beaucoup à dire, justement, dans le dossier de la santé. Je voudrais revenir
sur le discours d'ouverture du premier ministre, justement, qu'il avait fait en
novembre 2018, pour constater, trois
ans plus tard... Puis, oui, vous pourrez me répondre... Oui, il y a eu une
pandémie, on en est tous très conscients.
Mais je le répète, et je n'aurai de cesse de le répéter, que le ministre actuel
de la Santé, quand il est arrivé en poste,
a mis... je pense que c'est sa première, première allocution qu'il a faite, il
a mis de l'avant un bon principe qu'on apprend à HEC Montréal, qu'il avait divisé son équipe en deux, qu'il y a une
équipe qui allait s'occuper de l'urgent, donc tout ce qui avait un lien avec la pandémie, et qu'il y
avait une équipe qui allait s'occuper de l'important, pour s'assurer justement
que le fondamental ne soit pas négligé à
cause de l'urgence qui était liée à la pandémie. Bien, force est de constater, bien, que ça n'a pas... ce n'est
pas une réussite, et loin de là.
Donc,
dans son discours d'ouverture, le premier
ministre avait dit : En santé — là,
je le cite, hein? — «notre
objectif, c'est
de permettre aux Québécois de voir rapidement un médecin, une infirmière, un pharmacien quand
ils sont malades». Bien, trois ans
plus tard, les Québécois n'auront jamais autant attendu pour avoir accès à
un médecin, une infirmière, un pharmacien quand ils sont malades. C'est
ça, la réalité, et n'en déplaise au gouvernement caquiste, n'en déplaise aux députés qui sont assis. Puis je le sais, qu'ils le
savent, parce qu'ils doivent recevoir les mêmes courriels que je reçois comme
députée, les mêmes appels que je reçois comme députée, dans leurs bureaux
respectifs, de gens qui n'ont jamais autant attendu pour avoir accès que ce
soit à un médecin de famille, à un professionnel ou lorsqu'ils vont à
l'urgence, aussi.
Le premier ministre avait
dit aussi : «[Le] ministre de la Santé et son équipe vont éviter les
changements de structure, les
bouleversements inutiles, les grandes promesses. On va plutôt avancer un pas à
la fois, main dans la main avec les professionnels
en soins, et on va améliorer concrètement la situation.» Ça, sur cette
ligne-là, «travailler main dans la main
avec les professionnels de la santé», on va se le dire, c'est une
occasion manquée par le premier
ministre. Il suffit de penser aux réactions qu'il y a eu, des différents
ordres, des syndicats, suite à l'annonce qui a été faite par le gouvernement sur les primes en santé pour les professionnels. Quand on voit... Ça,
moi, je n'en reviens pas encore d'avoir entendu le premier ministre qui annonçait avoir consulté la
Fédération des infirmières et infirmiers du Québec de l'annonce, justement,
qu'il avait faite, alors que la présidente sortait publiquement pour annoncer
qu'elle ne considérait pas qu'elle avait été consultée,
qu'elle avait appris ça en même temps que tout le monde. Je veux dire, il y a
quelqu'un, quelque part, qui ne dit
pas la vérité entre les deux. Puis je ne jette pas de blâme, là, mais on a deux
versions complètement contradictoires. Donc, je n'appelle pas ça travailler
main dans la main avec les professionnels.
Les
représentants de l'APTS, aussi, qui ont dit avoir été négligés par le gouvernement, que leurs membres sont des acteurs importants, mais qu'ils ne
se sentent pas impliqués là-dedans.
• (16 h 20) •
Et, quand on
voit les réactions de la FIQ encore aujourd'hui, et là on pourra dire : Ah! bien, c'est...
Là, je veux dire, ce n'est même plus
la même présidente, là, qui est en poste entre il y a deux semaines et aujourd'hui. Et Mme Levesque, qui est
la présidente par intérim, qui réagit au discours, justement,
inaugural du premier ministre, hier, et qui dit que, la priorité, le gouvernement devrait respecter ses promesses et non s'engager
encore dans une nouvelle réforme, elle se dit préoccupée. Pourquoi on n'est pas en mode solution dans la
structure qu'on a présentement plutôt que de revenir dans le passé? Et elle
mentionne qu'elle a l'impression que le gouvernement rame à contre-courant des syndicats depuis le début. Donc, évidemment,
nous, on partage cette lecture-là de la FIQ.
Il y a des solutions, puis on l'a répété à
plusieurs reprises, il y a des solutions qui sont mises sur la table depuis des mois. Ça fait trois ans que la CAQ est au
pouvoir. Ça fait trois ans qu'ils ont débuté leur mandat. On a l'impression
d'avoir un gouvernement, en santé, qui... je ne sais pas, qui vient de frapper un mur ou qui
vient de réaliser l'ampleur de la situation. Puis ça, on en a des preuves tous
les jours, là, à voir le ministre de
la Santé qui, encore il y a trois semaines,
se disait surpris de la pénurie. Ça,
moi, ça fait partie des choses, aussi, dont... Je n'en reviens pas encore, de
cette déclaration-là d'un ministre.
S'il a bien suivi ce qui se passait sur le
terrain, alors, ou s'il a juste fait sa revue de presse... On l'a tous lu, on
l'a tous vu, à quel point les cris du coeur des travailleurs de la santé
se sont faits de façon répétée, et répétée, et répétée. On a eu des sit-in dans la moitié des hôpitaux du Québec
parce que, justement, elles se disaient : On n'en peut plus, on
est épuisées, on a besoin d'une
pause, on a besoin d'avoir un gouvernement qui arrête de gouverner par décret, on a besoin
d'avoir des engagements au niveau du temps supplémentaire obligatoire.
Donc, c'est quand même très questionnable d'avoir un ministre de la Santé, il y a
trois semaines, qui dit : Ah! bien, je suis surpris de l'ampleur de la
pénurie, je ne l'avais pas vu venir, je ne l'avais pas mesuré.
Donc, encore
là, de deux choses l'une : soit il ne parle pas au terrain, soit il ne
comprend vraiment pas comment ça fonctionne, le réseau de la
santé, à l'heure actuelle.
Et, pour
revenir encore au discours du premier
ministre, il disait qu'il allait
s'atteler à renforcer la première ligne pour la prise en charge... Bon, là, je
vais vous le dire, là, la prise en charge des médecins de famille, le premier ministre a reconnu lui-même son échec
hier, et c'est une catastrophe, là, on va se le dire. Quand on voit que le
nombre de Québécois qui sont en
attente... Puis je suis convaincue que tous les collègues ici, y compris ceux
de la partie gouvernementale, sont préoccupés
par les chiffres, sont préoccupés par leurs citoyens qui les interpellent.
Quand on voit que, depuis le début du mandat, c'est deux fois plus de
Québécois qui sont en attente d'un médecin de famille, il y a de quoi être
préoccupé.
Qui plus est, les délais d'attente pour les
personnes vulnérables ont augmenté aussi, sont passées de 267 jours à 455 jours, donc plus d'un an pour des gens
qui sont en situation de vulnérabilité, donc qui sont identifiés comme
ayant besoin de façon prioritaire d'un médecin. C'est extrêmement
préoccupant.
C'est encore plus préoccupant... Tu sais, je ne
veux pas faire des grands cours de comptabilité ici, mais, quand j'entends le premier
ministre nous dire : Bien là, il y a plus de Québécois qui ont un médecin
de famille qu'il y en avait il y a trois
ans, bien oui, il faut-u que je lui explique aussi que la population du Québec,
elle a augmenté entre-temps? Donc, en
pourcentage, il y a moins de Québécois qui ont accès à un
médecin de famille. Il y a deux fois plus de Québécois qui sont en attente d'un médecin de famille, il y a
deux fois plus de gens vulnérables qui attendent, ils attendent plus longtemps.
Donc là, on peut jouer sur les chiffres, mais, factuellement, c'est ça, la
réalité.
C'est de plus en plus difficile de trouver un
médecin de famille, et la situation ne va pas aller en s'améliorant. Je regardais : 600 jours d'attente pour avoir
son médecin de famille au Québec. C'est ça, la réalité. 10 000 patients
qui se retrouvent sans médecin de famille à Québec seulement, parce
qu'il y a en a six, médecins de famille, qui ont pris leur retraite. Je n'ai
pas entendu de solution concrète du premier ministre à cet effet-là.
Puis, quand
je regarde la décision qui a été prise aussi... Parlant de comptabilité, je
vais revenir sur cet élément-là.
Quand
je vois qu'à Montréal, qui est la région où l'accès à un médecin de famille est
le plus difficile... quand je vois le ministre
de la Santé qui s'est ingéré pour aller couper le tiers des médecins de famille
qui étaient dédiés à Montréal, c'est proprement scandaleux. Puis
j'aurais souhaité entendre, moi, la députée de Pointe-aux-Trembles, le député
de Bourget dans l'est de Montréal, les deux
qui sont dans les secteurs les plus défavorisés au Québec en termes d'accès à
un médecin de famille, je ne les ai
pas entendus défendre leurs citoyens, je ne les ai pas entendus défendre leurs
régions. Et, encore là, quand j'entendais... on va retomber dans la
comptabilité, quand j'entendais le ministre de la Santé dire : Oui, mais à
population égale, il y a moins de médecins
de famille dans le 450, où on a transféré les médecins de famille, puis il y en
a plus à Montréal,
bien, c'est parce que ça ne marche pas comme ça. Ce n'est pas tout le monde qui
a les mêmes besoins d'accès en
médecins de famille. Il y a des populations qui sont plus jeunes, plus
éduquées, plus en forme, je pense que tout le monde est capable de comprendre ça. Quand on fait des
plans régionaux d'effectifs médicaux, là, ce n'est pas un médecin pour 100 000 de population, ça ne fonctionne pas
comme ça. Il y a des calculs qui sont faits. Puis c'est pour ça qu'il y a un
comité d'experts qui est en place,
qui va évaluer les besoins d'une région ou d'une sous-région en fonction de
plusieurs facteurs.
Montréal
a plus d'hôpitaux, les médecins de famille ont des activités médicales
prioritaires, ils doivent travailler dans
les hôpitaux, ils doivent faire de l'urgence, de l'hospice. Il y en a plus à Montréal,
donc il y a plus de médecins de
famille en hôpitaux, donc moins dans les cliniques. On a des clientèles qui
sont plus vulnérables à Montréal, plus d'immigrants à Montréal, donc la
consommation, elle est plus grande. Les médecins de famille, à Montréal, sont
plus âgés que le reste du Québec, il y en a
plus qui vont prendre leur retraite. Puis c'est déjà une région qui a des
besoins plus grands que dans le reste du Québec.
Donc, quand
la seule réponse que le ministre de la Santé fait pour expliquer sa décision,
c'est que, bien, à un pour 100 000, on a évalué qu'il y avait plus de
besoins en Montérégie, bien, ce n'est vraiment pas comprendre comment ça
fonctionne, les besoins d'une population en médecine familiale. Et ça se fait
au détriment des Montréalais. Puis ce n'est pas une question de partisanerie ou
d'être une élue de Montréal,
mathématiquement ça fait partie des régions les plus défavorisées, et là il va encore accroître, avec
sa décision, la situation pour les patients de Montréal, et ça, c'est
extrêmement, extrêmement déplorable.
Donc, pour revenir au discours, au discours
d'hier, tu sais, le premier ministre parlait, il y a justement deux ou trois semaines, d'une révolution en santé, quand
il est venu déposer, grosso modo, des chèques sur la table, puis ça, on aura
l'occasion d'y revenir dans les prochaines
semaines, parce qu'il y a plusieurs enjeux par rapport aussi à cette annonce-là. Mais il n'est pas venu prendre... il n'est pas venu répondre, ni lors de
cette annonce-là ni encore hier, à ce que demandent les professionnels
de la santé, c'est-à-dire rétablir un lien de confiance avec eux après
18 mois de gestion par décret. Il n'est
pas venu s'engager avec un échéancier à abolir le travail supplémentaire à terme. Il n'y a personne qui demande que ce soit aboli demain
matin. On sait que ce n'est pas réaliste. Les professionnels de la santé ne
demandent pas ça, les infirmières, les
inhalothérapeutes non plus. Ce qu'elles demandent, c'est une perspective, c'est
de voir, avoir une vision claire sur le fait que ça va arrêter.
Puis je regardais encore, puis je vous inviterai
à le lire... je vois le temps qui file, mais je lisais l'article — puis
il n'y a pas de lien de famille — de
l'infirmière Jessika Montpetit, un article qui a été publié la semaine
dernière, qui dit : Punie pour
avoir refusé de faire des heures supplémentaires obligatoires ou après avoir
fait... Puis là, tu sais, je vous passe tout le détail, mais après avoir fait un nombre inconsidérable d'heures supplémentaires, d'être rentrée tôt le matin, d'avoir avisé, justement, qu'elle ne pouvait pas rester cette journée-là...
Puis elle en a fait, là, des heures supplémentaires, elle en a fait, des journées, elle a pallié dans le réseau de la santé, et elle
dit : Cette journée-là, je ne me sens pas apte professionnellement,
je ne suis pas capable professionnellement
d'assurer le travail qu'on me demande de faire. Elle travaille avec une
clientèle... c'est à l'IUGM, si je ne
me trompe pas, avec une clientèle qui est âgée. Il y a de la prescription de
médicaments, il y a des ajustements
qui doivent être faits selon plein de considérations par rapport à l'âge des patients. Puis elle dit : Je ne me sens pas apte, à ce stade-ci, de continuer, et on l'a
forcée à continuer. Elle a fini par avoir un manquement pour insubordination.
Et je ne peux
pas m'expliquer qu'au Québec, en 2021, on puisse se retrouver dans ce genre de
situation là, à forcer des gens à travailler, qui disent : Je ne suis plus
capable de le faire. Et ce n'est pas une situation qui est anecdotique. On en a déjà parlé ici, l'infirmière au CHSLD à Coaticook, qui
s'est retrouvée avec 150 patients dans un CHSLD, ce qui est, en soi, déjà...
ce qui n'est, en soi, pas sécuritaire, et qui, après 20 heures de travail,
a avisé son coordonnateur, a avisé son ordre en disant : Je ne suis
plus apte à prescrire, je ne suis plus apte à assurer la sécurité de mes
patients, et son gestionnaire lui a demandé de rester. C'est ça, la réalité du
travail du temps supplémentaire obligatoire. Et je n'ai toujours pas... À part des voeux pieux, je n'ai pas entendu le premier
ministre prendre un engagement ferme, avec des solutions concrètes, avec
un échéancier concret. Et ça, c'est extrêmement déplorable aussi.
• (16 h 30) •
Donc, on nous
parle, grosso modo, de faire un brassage de structure qui ne viendra pas aider
rapidement ce à quoi les Québécois
s'attendent, c'est-à-dire d'avoir accès à la première ligne, d'avoir accès à un
médecin de famille, d'avoir accès, dans un temps raisonnable, à l'urgence. Je
vous le répète, tous ces indicateurs-là ont augmenté depuis l'arrivée en poste
du gouvernement caquiste, et ça, avant la pandémie. Et là, aujourd'hui, ça continue d'augmenter, et le
premier ministre ne met aucune
solution sur la table pour dire comment il va régler la situation alors qu'on
entend les professionnels sur le
terrain... J'entendais encore, tout à l'heure, le Dr Godin, le président
de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, qui disait : On s'en va dans un mur. On s'en va
concrètement dans un mur dans l'accès aux médecins de famille. Puis il
disait : Le gouvernement ne prend pas la bonne voie à l'heure actuelle. Il
y a des solutions qui ont été proposées. Il y a des solutions qui sont sur la
table.
Et on devrait
collectivement tous, tous, être très inquiets à l'heure actuelle de ce qui est
en train de se passer dans le réseau
de la santé, tous, être très inquiets des ruptures de service, des bris de
service, du manque d'accès en première ligne, du manque d'accès à
l'urgence, à la pénurie de professionnels aussi qui n'est toujours pas... Je
n'ai toujours pas vu de solution à ce
niveau-là, à part avoir entendu, depuis trois ans, dire qu'il n'y en avait
pas, puis un ministre dire qu'il était surpris,
il y a trois semaines, qu'il y en ait une. On devrait tous être très inquiets
de ça pour la sécurité de nos professionnels, pour la sécurité des
patients, pour la sécurité des Québécois aussi.
Et j'espère
vraiment... Moi, j'ai tendu la main à plusieurs reprises au ministre. On lui a
proposé... S'il veut mettre une
cellule de crise en place, s'il veut réunir des gens en dehors de son
ministère, en dehors de sa tour d'ivoire, on est prêts à y collaborer, on est prêts à travailler
là-dessus, parce que, chose certaine, il n'a pas fait la démonstration, dans la
dernière année, qu'il était autre
chose qu'un ministre de la vaccination, qu'un ministre de la pandémie et qu'il
était en train de gérer adéquatement le réseau de la santé, qu'on s'en
allait dans la bonne direction. Au contraire, on s'en éloigne. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Maurice-Richard. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Soulanges.
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci, Mme la Présidente. C'est un grand plaisir
pour moi de prendre la parole aujourd'hui dans la
foulée du discours d'ouverture du premier
ministre du Québec
qui a été prononcé hier. C'est un moment fort de notre gouvernement. C'est le moment de parler de notre vision. C'est également un moment
pour se rappeler que le temps passe très vite.
C'est dans un tout autre contexte qu'en 2018 les
Québécois ont choisi le gouvernement de la Coalition avenir Québec.
Ça me fait plaisir de parler aujourd'hui, car à chaque fois que nous avons la chance de
nous adresser ici, nous le faisons au
nom de la population que nous représentons, et c'est teinté par les
raisons qui nous ont motivés à nous impliquer en politique.
Je milite
depuis des années pour que les parents d'enfants handicapés aient un meilleur
soutien. Quand on est élu, on
s'aperçoit rapidement qu'il n'existe pas de manuel pour décrire ce à quoi nous
attendre et comment entamer ce nouveau rôle
de députée, nouveau rôle qui... bien entendu, à conjuguer avec les autres
chapeaux que nous endossons : femmes, mamans, conjointes, etc. Heureusement, je me suis entourée
d'une équipe formidable et dynamique qui me permet d'avancer et de réussir ma mission. Merci, tout d'abord, à ma
merveilleuse équipe de circonscription, ma fidèle Andréa, ma très soucieuse
Marie-Christine et la petite dernière, ma
recrue, Jeanne. Merci pour votre soutien. Merci pour votre dévouement. Je suis
si reconnaissante pour le bon travail que
vous faites pour la population de Soulanges. Et ce n'est pas terminé parce que,
oui, il reste beaucoup de travail à faire.
L'accès aux
soins n'est pas facile dans notre circonscription. La démographie a explosé
dans les dernières décennies. Ça
faisait 40 ans que la population voulait un centre hospitalier pour la
région de Vaudreuil-Soulanges. Enfin, il y a du mouvement sur notre cher terrain. Nous avons pris l'engagement de
démarrer sa construction en 2022. Aujourd'hui, c'est du
concret. On se prépare, comme prévu, à accueillir le premier patient à la
fin 2026. Connaissant les enjeux entourant le système de la santé
présentement, particulièrement l'enjeu de main-d'oeuvre, nous travaillons en
amont dans le dossier de l'hôpital. Nous
avons déjà entamé des démarches pour le recrutement afin de ne pas déshabiller
Paul pour habiller Pierre. Nous
menons des campagnes de sensibilisation et de promotion de toutes les professions
du domaine de la santé dans les écoles primaires de la région et dans
les cégeps. Nous allons recruter du personnel de partout dans le monde.
Quand on me parle d'hôpital, je peux vous
assurer que je connais le domaine. Chez moi, les très nombreux rendez-vous et de suivis à l'hôpital vont partie de
ma réalité. Je ne suis pas seule dans cette situation. C'est près de 40 000 familles québécoises qui vivent quotidiennement avec des défis qui s'apparentent à ce que nous vivons en compagnie
de notre courageuse petite fille.
J'ai
travaillé étroitement depuis trois ans, à titre d'adjointe parlementaire,
avec ceux qu'on surnomme le trio de la santé :
le ministre de la Santé, la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants et le ministre délégué. Nous avons contribué collectivement à
améliorer la qualité de vie des enfants différents et de leurs proches. Nous
avons allégé le fardeau de ces familles.
Nous avons mis sur pied un deuxième palier au supplément pour enfant handicapé
nécessitant des soins exceptionnels,
ce même programme sur lequel j'avais milité pour sa création en 2016. Ce sont
les enfants les plus fragiles du Québec.
Au total, il y a près de 6 000 enfants, au Québec,
qui ont de grands besoins. C'est près de 6 000 familles que nous avons aidées directement avec une
allocation supplémentaire. Pour le deuxième palier uniquement, c'est
1 700 enfants qui reçoivent 671 $ de plus par mois.
Je ne sais
pas si vous avez vu passer aussi, Mme
la Présidente, mais nous avons aussi,
en 2020, permis aux parents qui ont
des adultes lourdement handicapés de pouvoir bénéficier de la mesure du chèque
emploi-service. C'est une avancée majeure pour le maintien à domicile et
pour reconnaître l'implication exceptionnelle des parents proches aidants.
Parlant de
soins à domicile, nous avons augmenté de façon historique le budget des soins à
domicile. En tout, nous allons
surpasser notre engagement avec un investissement, d'ici la fin de notre
mandat, de 1,8 milliard de dollars supplémentaires. C'est sans précédent. Ces sommes sont utilisées pour
les personnes aînées, malades ou en situation de handicap. D'ailleurs, nous travaillons étroitement avec l'Office des personnes handicapées pour simplifier les trop nombreux formulaires pour ces personnes. Nous avons aussi
augmenté l'offre de répit en partenariat avec la fondation des maisons
Gilles-Carle et d'autres merveilleux organismes. La politique doit servir le
bien commun et de permettre aux prochaines générations de mieux... vivre,
pardon, avec des réalités parfois difficiles.
Combien de
nos concitoyens seront dans cette génération sandwich pendant laquelle les
adultes doivent composer avec des
enfants en bas âge scolaire et parfois avec des besoins particuliers et des
parents vieillissants avec de plus en plus de besoins? Personne ne peut ignorer que le rôle de proche aidant est
précieux pour le système de santé. Ils sont des alliés, et nous devons en prendre soin. Au Québec, on
estime que les proches aidants représentent 1,6 million de personnes. Sans
leur contribution non rémunérée et faite par
amour pour leurs proches, le système de santé, déjà fort éprouvé par la
pandémie, ne tiendrait pas.
En plus de ce
que je viens d'évoquer, comme les investissements historiques en soins à
domicile, nous sommes le premier gouvernement qui s'est doté d'une
loi-cadre sur la proche aidance. C'est majeur. On reconnaît enfin leur rôle.
Nous avons accompli ces choses extraordinaires
ensemble, nous avons fait du chemin depuis trois ans et nous l'avons fait de
notre manière, en étant humains et près des gens, et j'en suis très fière. J'ai
la conviction qu'on a une responsabilité collective de changer les choses, de
faire avancer des dossiers, de refuser le statu quo.
Permettez-moi de vous raconter comment, avec la
collaboration de la ministre des Aînés et des Proches aidants, nous avons
réalisé, dans ma circonscription, une de mes grandes fiertés. C'est l'histoire
de madame H et de son fils, monsieur Y. Monsieur Y a 44 ans, c'est une personne
charmante vivant avec la trisomie 21. Il a toujours vécu avec sa mère,
madame H. Monsieur Y allait être placé dans une famille d'accueil,
car sa mère, vieillissante, était de moins en moins autonome pour s'occuper de son fils. Le déménagement de madame H en
résidence était imminent, malheureusement sans son fils. Une demande avait été faite par la travailleuse sociale de la
famille pour qu'ils soient hébergés au même endroit. Évidemment, le système n'était pas organisé pour
recevoir ce genre de demande. Cela m'a profondément touché, je suis moi-même proche aidante. Je venais tout juste
d'arriver en poste et je n'avais aucune idée comment on s'y prendrait avec
l'appareil gouvernemental ni quel outil je pouvais avoir en ma possession pour
aider cette famille qui semblait, ma foi, à
ce que pourrait ressembler la mienne dans plusieurs années. Je me suis heurtée
aux mêmes écueils que la famille au départ, mais nous avons fini par régler ce dossier. Monsieur Y habite maintenant, comme depuis toujours, avec sa mère, à Coteau-du-Lac, dans une résidence. Ce qui est
important, c'est qu'on n'a pas seulement réglé ce dossier, on s'est assurés de ne
plus jamais séparer les familles, les couples dans les
futures demandes d'hébergement. C'est un concept qui sera au coeur des
nouvelles maisons des aînés.
Dans notre
bureau de circonscription, depuis 2018, nous avons accueilli et servi
chaque citoyen sans partisanerie. Et je m'en fais un
point d'honneur. Nous avons réussi à pousser des dossiers qui étaient latents
depuis trop nombreuses années. Je vous ai déjà
parlé de l'Hôpital Vaudreuil-Soulanges,
mais je pense entre autres aussi à la signature de l'entente du canal Soulanges. Les gens du milieu
l'attendaient depuis plus de 60 ans. C'est le canal... C'est un joyau dans
mon comté, et je suis très fière d'avoir conclu ce dossier avec les
acteurs locaux.
• (16 h 40) •
Aussi, nous avons obtenu un investissement
majeur pour l'aréna de Saint-Polycarpe. C'est 4 millions de dollars investis directement pour nos jeunes sportifs.
Nous avons pu, via certains programmes, conserver une partie des terrains
sur le mont Rigaud pour le préserver. Dès
mon entrée en poste, suite aux nombreuses plaintes, nous avons mis en chantier
très rapidement la rénovation du poste d'hydroélectricité de Saint-Polycarpe.
Aussi, nous
sommes en bonne voie pour brancher toutes les maisons à Internet haute vitesse.
J'ai tenu fermement à l'implication
d'une entreprise d'économie sociale de chez nous, la Coop-CSUR, pour réaliser
cet objectif. Et tout cela, Mme la Présidente, malgré les inondations de
2019 et la pandémie mondiale, qui n'est toujours pas finie.
Nous avons
connu aussi des moments empreints d'humanité, de petites et de grandes
victoires. Je me sens privilégiée de
travailler avec et pour les citoyens de Soulanges. Je suis ravie de ce que j'ai
réalisé jusqu'à maintenant. Soulanges est maintenant sur la mappe. Je suis fière aujourd'hui d'avoir ce bagage
d'expériences qui me permettra de continuer à avancer avec vous, chers
collègues, et partenaires, et citoyens de la belle circonscription de
Soulanges.
Évidemment,
je ne peux finir sans vous dire que, si j'ai la chance de m'adresser devant
vous ici, c'est également grâce à la
contribution des gens qui m'entourent. Merci spécial à mes bénévoles. Merci
tout particulier à ma famille à la maison. Mon grand garçon de 11 ans trouve difficile de partager sa mère. Il
m'a dit récemment qu'il était très fier d'avoir une maman qui aide beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens. Je
peux lui dire à ma façon aujourd'hui que c'est moi qui est très fière de lui, de sa compréhension. Et, Émile, merci de
m'aider à aider tous ces gens. Mon grand allié, mon mari, mon confident,
mon stratège personnel, malgré sa semaine
chargée de travail, se joint à moi dans mes nombreuses sorties les fins de
semaine afin qu'on passe plus de
temps ensemble. Depuis maintenant près de 16 ans, on est une superbelle
équipe. Merci de t'occuper de la
marmaille en mon absence. Et finalement,
Mme la Présidente, un dernier merci, un énorme merci à ma muse, mon
inspiration, la personne qui fait que je peux passer à travers plusieurs
épreuves en pensant qu'elle a vécu pire malgré ses neuf ans, ma petite
cocotte, Dylane, sans qui je ne serais pas devant vous ici aujourd'hui. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Soulanges.
Et je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. «Il faut rester
fidèle à ses rêves de jeunesse, car ils sont les seuls.» Ces paroles
sont de Pierre Bourgault. Certains d'entre vous les ont reconnues.
«Je ne peux pas accepter que le Québec soit
moins riche que ses voisins.» Ces paroles sont de François Legault. Vous
les avez reconnues aussi, on les a entendues, hier, dans le discours
d'ouverture.
Il y a
un écart, quand même, entre les deux visions. Est-ce que
c'était ça, le rêve d'enfance de François Legault... — oh! pardon — du premier ministre?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Très bien.
M. Zanetti : Merci de me
rappeler à l'ordre. Vraiment, est-ce que c'est la pire chose qu'on nous ait
infligée? Est-ce que c'est ça, la blessure
d'orgueil fondamentale qui est à l'origine de l'engagement du premier ministre,
de dire : Il ne faut pas que les autres soient plus riches que nous
autres?
C'est grave.
Qu'est-ce que ça en dit, sur la conception du sens de la vie de notre premier
ministre? Que la richesse, mais pas
n'importe quelle richesse, pas la richesse des étudiants qui sont pognés pour
travailler trop, qui font de l'anxiété, qui ont des moins bonnes notes qu'ils devraient avoir, pas la richesse
des gens qui s'entassent dans des logements insalubres parce qu'il y a une crise du logement qui est niée
par le gouvernement, pas cette richesse-là du monde ordinaire, non, la richesse, le PIB, le produit intérieur brut,
l'affaire qui continue de monter quand nos comptes de banque descendent, cette
affaire-là, là, la richesse imaginaire, ça,
c'est important. Cette affaire-là qui concerne quelques personnes, qui concerne
des grosses compagnies, qui concernent des multinationales qui paient de
moins en moins d'impôts, qui contribue de moins en moins à financer des vrais services publics qui
enrichissent les gens pour vrai, cette richesse-là, c'est l'obsession du
premier ministre. On l'a vu hier : Pas
question que je tolère qu'on a un moins gros PIB que l'Ontario. Est-ce que
c'était ça, les rêves de jeunesse du
premier ministre? Est-ce que c'est ça, nos rêves de jeunesse, comme peuple?
Est-ce que c'est rendu juste ça, une
affaire de voisins gonflables de provinces canadiennes, une affaire de gazon plus vert ou plus je ne sais pas trop quoi? Si c'est ça,
c'est triste.
Plus ça
avance, plus j'ai l'impression que le nationalisme conservateur du gouvernement actuel non seulement se
dégonfle mais crée exactement les effets
qu'il pensait combattre ou qu'il prétendait combattre. Vous voyez, on a perdu,
là, un siège au Parlement canadien...
ou on va le perdre, c'est une question de temps. Le responsable, les
responsables de ça, c'est les
nationalistes conservateurs, c'est ce qui fait qu'on reste une province
canadienne, c'est ceux qui restent dans un système où notre influence diminue tout le temps. Les responsables de
ça, c'est les fédéralistes plus ou moins nationalistes, c'est tous ceux qui disent : Il faut qu'on
abandonne l'idée de pays, c'est un rêve qui ne se peut plus, c'est un rêve hors
de notre portée à nous, petit peuple, on va laisser les autres décider
pour nous. Puis après ça ils disent : Bien là, pour des raisons
démographiques, on calcule les affaires, vous allez perdre de l'influence. On
fait : Ah! ce n'est pas juste. Puis finalement
on n'a même pas les pouvoirs de s'y opposer, à cette minorisation continue, depuis
les débuts de ce pays-là, conçu pour
assimiler les peuples et les minorités, conçu pour faire disparaître les
autochtones, conçu pour faire disparaître les Canadiens français. C'était
ça, à l'époque, et ça continue, là.
Puis à ça c'est quoi, la réponse? La réponse du
gouvernement et la réponse du premier ministre, c'est de dire : On va rester là-dedans, mais on ne fléchira pas.
Mais on est déjà à genoux. Comment voulez-vous... C'est quoi? Vous allez
bomber le torse à genoux? Je veux dire, la posture même de ce gouvernement,
c'est le fléchissement. Alors, on dit : Attention,
on va se défendre, on va aller devant les tribunaux, puis on ne fléchira pas.
Vous allez faire quoi? L'indépendance?
À chaque fois
que j'ai eu l'occasion d'aller en étude de crédits devant un ou une ministre de
la Santé, je leur ai dit : Ah!
vous demandez des transferts en santé? C'est bien. Et qu'est-ce que vous allez
faire quand ils vont vous dire non? Je vous
donne l'occasion de bâtir un rapport de force maintenant. Faites-le, dites-le,
ce que vous allez faire s'ils vont vous dire non. Bien, rien, ils ne
vont rien faire.
Un
gouvernement, mettons, qui dirait... qui serait conséquent, qui se tient
debout, puis qui ne fléchit pas, qu'est-ce que ça ferait? Ça dirait : Ah oui? Vous refusez d'augmenter les
transferts en santé? L'argent qu'on vous envoie, vous ne nous en renvoyez pas assez? Bien, on va rapatrier
les impôts au Québec, on va faire un rapport d'impôt unique, on va le gérer nous-mêmes, puis on va vous envoyer ce qu'on
estime qu'on vous doit. Ça, ce serait se tenir debout. Bien, est-ce que c'est ça qu'on fait? Bien non. Ah! par contre,
c'est ça qu'on avait dit qu'on ferait, hein, en 2018 — ça ne fait pas très longtemps :
«Mettre en place, avec le fédéral — c'est optimiste — une
seule déclaration de revenus à remplir pour les deux ordres de gouvernement, administrée par Québec.» C'était dans la
plateforme électorale en 2018, ça ne fait pas si longtemps. Mais ça,
est-ce qu'on va le faire? Bien, ça n'a pas l'air parti pour ça.
Les affaires
importantes sur lesquelles... qui pourraient vraiment nous donner du pouvoir, à
partir desquelles on pourrait
vraiment financer les choses qui nous rendent vraiment riches au Québec, les
services publics... Qu'est-ce qui rend vraiment riche? C'est le fait de pouvoir
avoir accès à une éducation, c'est le fait de pouvoir avoir accès à la santé
sans être obligé de payer, c'est le
fait d'être capable d'avoir un logement abordable. C'est comme ça qu'il reste
de l'argent dans les poches du monde, ce n'est pas en diminuant des
impôts qui diminuent des services publics puis qui font en sorte que finalement
la vie de tout le monde, du monde ordinaire coûte plus cher.
C'est sûr que, tu sais, quand on est dans la
posture de quelqu'un qui est, de toute façon, un multimillionnaire, on ne pense pas comme ça, parce que ça fait
longtemps qu'on n'a pas été dans les souliers de quelqu'un qui ne peut pas
se payer les services au privé, qui ne peut pas se payer un logement trop cher,
qui ne peut pas se payer, je ne sais pas, l'école
privée puis ces affaires-là. Tu sais, quand on est multimillionnaire, qu'on a
10 millions en banque, là, je veux dire, ça va bien.
Une voix : ...
M. Zanetti : Comment?
Une voix : ...
• (16 h 50) •
M. Zanetti :
C'est effrayant. Écoutez, il y a une déconnexion, il y a une déconnexion, une
déconnexion fondamentale entre la
situation réelle que vivent les gens puis entre les décisions que prend ce
gouvernement, ce gouvernement qui, en plus,
bombe le torse à genoux en étant essentiellement en train de nous appauvrir.
C'est ça qui se passe, et c'est ça que les données actuelles révèlent,
par exemple, par rapport au logement. On voit que ça augmente, ça augmente, ça
augmente, puis c'est ça que ça va continuer
à faire, parce que les services publics, bien, moi, je ne les vois pas, là, en
ce moment redevenir publics. La santé
a tellement été affectée par la privatisation. Est-ce qu'on sent un genre de
changement de cap? Absolument pas.
Le premier ministre a parlé hier aussi des
aînés. Il a dit : Ah! oui, on va faire beaucoup de choses. Évidemment, à entendre un discours inaugural, on se dirait :
Mon Dieu! mais c'est extraordinaire, tout ce qui s'en vient! Et on a parlé du
fait qu'on allait investir dans les soins à domicile. Mais combien va-t-on
investir? Est-ce que ce gouvernement prend vraiment la mesure de
l'ampleur du changement de cap qui est à faire dans les 10 prochaines
années en fonction de la démographie et du choc démographique qui nous attend?
En ce moment, là, ce qui nous attend, si on ne fait pas un changement de cap et qu'on ne finance pas ce
changement de cap là, c'est une catastrophe. J'ai parlé, moi, à des gériatres qui sont en gériatrie sociale, par
exemple, et puis qui regardent ça aller. Ils regardent l'argent qu'on investit aujourd'hui dans les soins aux aînés puis
ils se disent des affaires comme Herron, ça va arriver dans 10 ans de
façon peut-être pas quotidienne mais régulière si on n'a
pas un changement de cap maintenant. Et ça, il va falloir le financer, et, pour
le financer, il va falloir changer notre
vision de la fiscalité, et pas juste promettre les baisses d'impôt aux plus
riches puis, après ça, se retrouver avec plus les moyens de ne rien
faire, puis plus les moyens de donner des services publics.
Dans les services
sociaux, il y a eu un geste fort qui a été fait par le gouvernement et
l'ensemble des partis de l'Assemblée
nationale, de mettre sur pied une commission,
la commission Laurent, qui a émis un rapport. Puis, en ce
moment, là, le rapport, qui a été
déposé, bien, on n'en voit pas les suites. Est-ce que les recommandations
seront adoptées? Est-ce que vraiment c'était comme... juste un autre
rapport qui sera tabletté ou est-ce qu'on va y mettre vraiment les ressources qu'il faut? Bien, moi, j'en doute. On va regarder
avec la mise à jour budgétaire qui s'en vient au mois de novembre, mais ce serait étonnant. Je ne suis pas sûr qu'on est
prêt, du côté du gouvernement, à faire ce qu'il faut et à mettre les ressources
nécessaires.
Il y avait par
ailleurs d'autres choses qui avaient été promises par le gouvernement, disons,
de nationalisme de façade et qui s'était bien bombé le torse, là. Il y avait la
question du rapport d'impôt unique mais il y avait aussi l'idée d'être maître d'oeuvre du développement de sa
culture en mettant la mainmise sur les budgets dédiés au milieu culturel par
les institutions fédérales. Aïe! On va
rapatrier des sommes du gouvernement canadien. Est-ce que ça, c'est arrivé? Je
ne pense pas. Aujourd'hui, est-ce qu'ils ont l'intention de le faire?
Bien non.
C'est
fou ce qui a été promis, l'ampleur de l'écart qu'il y a entre ce qui a été
promis puis ce qui a été fait, d'une part, puis ce qui est prétendu, hein? L'espèce de posture : On est
incroyables, nous autres, on n'a même plus besoin d'être un pays parce
qu'on est une superprovince. Si seulement c'était vrai. La réalité, c'est qu'on
est... le gouvernement du Québec fait du
Québec une province comme les autres, hein? Il réduit, par son inaction par
rapport à nos pouvoirs, le Québec à
une communauté culturelle dans le multiculturalisme canadien qui n'a pas plus
de pouvoir politique que les autres, qui n'a pas plus de rapport politique que les autres, qui, à un moment
donné, évidemment, va se plaindre lorsque ses intérêts sont attaqués, mais, si on lui demande : Ah
oui? qu'est-ce que tu vas faire?, bien, la réponse, c'est dire : On va se
plaindre, on va continuer puis on va se plaindre vraiment très fort.
On
voulait aussi une libération accrue du champ fiscal occupé par le gouvernement fédéral, lequel doit transférer aux provinces une partie de son assiette
fiscale. Je veux dire, je veux bien et je suis d'accord avec ça, mais le
courage politique de le faire, il n'y est pas. Il ne s'est pas
trouvé non plus dans le discours inaugural du dernier droit du gouvernement nationaliste conservateur de
la CAQ.
La CAQ souhaite
également que soit encadré le pouvoir fédéral de dépenser dans les dossiers
relevant de la compétence exclusive des provinces en accordant à celles-ci le
droit d'obtenir une pleine compensation financière sans condition lorsqu'elles décident de se retirer d'initiatives fédérales.
Si je me souviens bien, c'était même une des conditions de l'accord du lac Meech, ça, «opting out». Puis
on va aller, là, encadrer le pouvoir de dépenser du gouvernement canadien.
On va aller faire ça, nous autres, comme
province canadienne. Mais c'est parce que le système est prévu pour que ça ne
marche pas. Si vous n'aimez pas ça, il faut
qu'on en sorte. On ne peut pas juste se confiner à une position de faiblesse,
et ensuite se plaindre, et puis
ensuite se demander pourquoi ça ne marche pas. C'est une position qui est
ridicule, c'est une position qui ne nous mène à rien et c'est une
position qui ne me rend vraiment pas fier.
Alors,
moi, ce qui me rendrait fier, ce serait que, comme peuple, on mette nos
culottes puis qu'on aille chercher tous les pouvoirs qui nous reviennent, c'est-à-dire l'ensemble des pouvoirs,
puis qu'on ne soit pas toujours en train de s'obstiner pour des
transferts en santé, qu'on gère nous-mêmes cet argent-là puis qu'on n'ait plus
besoin d'aller la demander à personne puis
de se plaindre après quand ça ne marche pas. J'espère qu'un jour on va avoir
cette audace. Je ne sais plus si je
peux l'espérer du premier ministre, mais je vais l'espérer au moins pour la
suite de notre histoire. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Jean-Lesage. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée
de Mirabel.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, après 20 mois de pandémie, c'est
l'occasion de mettre derrière nous la gestion de la pandémie, de se concentrer
sur la vision du gouvernement pour le futur. Nous avons, à la partie gouvernementale, la chance de pouvoir
compter sur un caucus dynamique et travaillant qui n'aura pas peur de se
relever les manches pour affronter l'année qui vient et d'en faire encore plus
pour les Québécois, plus en santé pour donner
aux travailleuses et travailleurs du réseau un environnement de travail très
sain, plus pour nos éducatrices en service de garde pour qu'elles aient un salaire à la hauteur de ce qu'elles
méritent, plus pour la construction de places en CPE pour que ces mères retournent sur le marché du travail
et s'épanouissent comme elles le méritent, et pour enfin terminer le réseau, plus pour nos enseignantes qui éduquent nos
enfants et qui font d'eux ce que le Québec sera demain, plus pour notre langue
et notre culture pour que nous soyons fiers d'être chez nous. Bref, plus pour
le Québec.
J'ai écouté la
députée de Maurice-Richard et j'ai écouté attentivement le
discours du chef de Québec solidaire. J'ai
été particulièrement bouleversée de les entendre prétendre que nous n'avions
pas parlé, à la base, à nos infirmières, à nos professeurs, à nos éducatrices. Vous savez que tout ce qui se dit ici,
au salon bleu, est écrit dans l'histoire du Québec. Alors, j'aimerais apporter une nuance à ces propos, Mme
la Présidente. Je ne sais pas quels personnes ou groupes parlementaires qui étaient visés par ces propos mais j'aimerais
vous dire, pour ma part, que je ne connais aucun député de la partie gouvernementale... et j'irais même plus loin, je
suis convaincue que les 125 députés qui représentent toutes les régions du
Québec ont à coeur leur travail, que tous ont des liens solides avec tous les
milieux de notre société. Je suis résolument convaincue du professionnalisme de
chacun d'entre nous, et surtout en temps de pandémie.
Mme la
Présidente, vous connaissez le fonctionnement d'un caucus. Chacun a un droit de
parole. Chacun des députés se
prononce sur leurs dossiers qui touchent directement leur comté. Alors, je
rassure le chef de Québec solidaire et la députée de Maurice-Richard, non seulement nous tous de la partie
gouvernementale avons parlé à la base mais nous les avons écoutés et surtout
entendus.
Les
20 derniers mois nous ont montré à quel point les Québécois sont
résilients et qu'ils savent se mobiliser lorsque l'enjeu collectif dépasse ses propres intérêts. Ces mois nous ont appris
à quel point les erreurs qui ont été commises dans le passé ne doivent plus jamais être faites. Ils
nous ont appris à faire face ensemble à des situations qui marqueront le début
de changements de culture nécessaires.
• (17 heures) •
Durant
la pandémie, le rôle d'élu s'est avéré être plus important que jamais
auparavant. C'est plus qu'un travail, c'est la passion de se réveiller chaque matin avec le seul but en tête, en
faire plus. Mais en faire plus pour qui, pourquoi? En faire plus pour mon comté? Certes, mais en faire plus
pour les aînés de mon entourage, pour les voisins, les amis, la famille, les
petits-enfants, pour la communauté, parce qu'on est députés pour un certain
temps, mais on fait partie de cette communauté pour la vie.
Je tiens à prendre
mon temps de parole aujourd'hui pour mettre de l'avant le travail exceptionnel
qui se fait au quotidien dans mon bureau de comté. J'ai la chance de pouvoir
compter sur une équipe qui, malgré toutes les épreuves auxquelles nous avons dû
faire face durant cette dernière année, est toujours là avec moi pour servir
les citoyens de la circonscription de
Mirabel au meilleur de nos capacités, sans préjugé. Mon équipe, c'est plus que
de simples collègues de travail, c'est comme une deuxième famille. Ce sont des
gens avec qui j'ai traversé des épreuves difficiles, des moments de joie extraordinaires et avec qui j'ai envie de
travailler de plus en plus chaque jour pour les citoyens. Sans les membres de
mon équipe, sans les actions qu'ils prennent
au quotidien, je ne pourrais pas occuper ce poste que j'ai depuis bientôt huit
ans. J'aimerais donc les remercier. Merci à Céline, Serge, Nicolas, et
un merci très spécial à Martine. Martine est avec moi depuis le jour un. Elle m'accompagne depuis les huit dernières années.
Elle tient maintenant le phare de mon bureau de comté. C'est le pilier de l'équipe durant ces
années. Nous en avons vécu plus d'une, moi et elle. Malgré tous ces événements,
Martine est toujours là. Merci, Martine.
J'aimerais
également remercier profondément l'équipe avec laquelle j'ai eu la chance de
travailler pendant près de deux ans à
titre de ministre responsable des Affaires autochtones. À mon arrivée, j'ai eu
la chance de pouvoir former une équipe
entièrement féminine et composée majoritairement de membres des Premières Nations. Je croyais important de souligner le travail exceptionnel de ces femmes
qui se levaient chaque matin pour aider leur communauté. Merci, mesdames,
pour ces deux belles années que j'ai passées avec vous.
Ces derniers mois nous
ont aussi permis de voir des gestes de solidarité et d'initiative citoyenne,
malgré la pandémie, qui méritent d'être nommés et soulignés. J'aimerais
particulièrement vous raconter l'histoire de la famille Lévesque-Cormier. Le 2 octobre 2020 se produisait une... se
produisait, pardon, un événement tragique. Une famille a été victime d'un face-à-face sur
l'autoroute 50 à Mirabel. À bord du véhicule se trouvaient trois adultes
ainsi qu'un enfant de trois ans. Les
membres de la famille Lévesque-Cormier circulaient eux aussi sur
l'autoroute 50 quand ils ont aperçu le véhicule de la famille
accidentée, en feu, sur le côté de la route.
Sans
leurs interventions, nous serions en deuil aujourd'hui. Loïc, 12 ans, pour
sa part, a su s'occuper du petit homme de
trois ans victime de l'accident ainsi que de ses trois petits frères, pendant
que ses parents prenaient en charge la situation. Il a su rendre une
situation tendue et pleine d'émotion en moment de joie pour les quatre enfants.
Le
2 octobre dernier, un an jour pour jour après l'accident, j'ai eu le
privilège de rencontrer Loïc, Cynthia et Sébastien pour souligner le geste héroïque qu'ils ont fait.
Du même coup, nous avons réuni, pour la première fois depuis l'accident,
la famille accidentée et la famille Lévesque-Cormier.
Ce fut une rencontre émouvante pour tous, mais ô combien importante,
même en temps de pandémie.
J'aimerais
également profiter de l'occasion pour féliciter toutes les organisations
communautaires de mon comté. Les membres de ces organisations sont,
malgré la pandémie, restés actifs et ont pu contribuer à leur manière à la vie
communautaire de leurs milieux.
Malgré tout le
travail que notre gouvernement a dû faire pour la pandémie, notre gouvernement
a fait avancer plusieurs projets de loi très
importants en parallèle. Je suis très fière de faire partie d'un gouvernement
qui respecte ses engagements et qui
fait tout en son pouvoir pour en faire plus pour le Québec. J'aimerais donc
souligner particulièrement un projet de loi que notre gouvernement a pu
réaliser au cours des derniers mois.
À titre de
responsable des Affaires autochtones, j'ai pu travailler sur l'élaboration de
la loi sur les enfants autochtones disparus.
Avec mon équipe exceptionnelle de l'époque, nous avons travaillé extrêmement
fort pour permettre aux familles de connaître la vérité sur ce qui était arrivé
à leurs enfants. Merci à Mme Panasuk d'avoir répondu à mon appel et d'avoir continué le chemin avec une
nouvelle équipe. Je suis très heureuse que le ministre des Affaires autochtones
actuel ait complété mon travail en déposant ce projet de loi qui me tenait à
coeur et je le remercie.
Je
suis également très heureuse que le gouvernement m'ait soutenue lors de
l'élaboration de ce projet de loi qui a été, et il faut le dire, il faut le souligner, le premier projet de loi
déposé par le Secrétariat aux affaires autochtones depuis que le
secrétariat existe. Ça ne prenait que de la volonté, et ça, j'en avais.
J'aimerais
également souligner le leadership de notre gouvernement qui est allé au-delà
des batailles de juridictions et qui
a permis à offrir des petits-déjeuners à plusieurs enfants autochtones. Ce
n'était pas normal d'offrir de l'aide financière à l'organisme qui offre ce service seulement pour les enfants hors des
communautés, parce qu'au fond, Mme la Présidente, ce ne sont que des enfants. Les enfants n'ont pas
à subir le dédale de juridictions fédérales-provinciales. Ce sont des petits
humains, des petits êtres de lumière qui ne demandaient qu'à être aimés. Pour ces raisons, on se devait d'aller plus
loin. Maintenant, grâce aux actions et à la
vision de notre gouvernement, on s'assure que tous les enfants du Québec aient
la même chance, peu importe leur lieu de résidence.
Finalement,
aujourd'hui, je peux affirmer que je suis plus enthousiaste que jamais à amorcer cette nouvelle session
parlementaire. Je suis convaincue que nous nous dirigeons dans la bonne
direction et que le plus gros de cette pandémie est maintenant derrière nous. Nous sommes prêts à
remettre le Québec en marche. Nous avons la volonté profonde d'en faire plus pour nos aînés qui nous ont tracé le
chemin, pour nos familles qui bâtissent notre société et pour nos enfants qui
sont notre richesse collective. Soyons plus fiers que jamais d'être Québécois.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Mirabel. Et maintenant je vais céder la
parole à Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi tout de suite de pouvoir
répondre à la dernière intervention,
puisqu'il est question de ma collègue la députée de Maurice-Richard, lorsqu'elle a fait référence que plusieurs députés, du côté gouvernemental, ne répondaient pas
présent sur le terrain.
Elle fait
référence plus particulièrement... Et vous pouvez le voir sur les réseaux
sociaux, il y a eu le gazouillis de Mme Valérie Gamache,
journaliste à Radio-Canada : «Avis de recherche en bordure de la
route 113 à Senneterre où la population
se mobilise pour garder l'urgence de l'hôpital ouverte 24/7.» Avis de
recherche — c'est
trop petit pour la caméra, on va le
déposer — on
cherche le député d'Abitibi-Est. La CAQ centralise des soins, abandonne la
ruralité. Où êtes-vous? Et je ne peux
pas nommer son nom, mais on comprend qu'on parle ici du député d'Abitibi-Est.
Alors, si jamais vous le trouvez,
rappelez-lui qu'il y a quand même des citoyens auxquels il devra répondre. Alors,
ça, c'était une première chose.
Moi, j'ai le
bonheur de pouvoir parler autant en éducation... Ah! vous faites des appels
pour le trouver? Merci. C'est gentil
de votre part. Alors... Ah! c'est bon, je vois que ça se mobilise vite, là, les
textos, hein, pour lui envoyer. On le cherche. Parfait.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bien, écoutez, M. le leader
adjoint, je comprends que... Là, on va laisser Mme la députée de Saint-Laurent faire son intervention. J'aimerais que personne
n'intervienne, puisqu'elle est la seule à avoir la parole. Vous aurez
votre temps d'intervention au moment venu.
Alors, s'il vous plaît, Mme la députée de
Saint-Laurent, veuillez poursuivre.
Mme Rizqy :
Merci. Je suis capable encore d'entendre... je crois, c'est la ministre de la
Culture et du Patrimoine. Je ne sais
pas si c'est parce qu'elle veut intervenir, d'autant plus qu'hier...
Permettez-moi encore d'ouvrir une parenthèse, parce que je suis aussi porte-parole de la Capitale-Nationale et j'ai
pris des notes, hier, lors du discours du premier ministre, il parlait à quel point c'était important, là, le
patrimoine bâti. Vous comprendrez que ma collègue la députée d'Acadie, elle
a été excessivement, mais vraiment surprise
de tels propos du premier ministre alors qu'au même moment la ministre, par
décret, sans grande consultation, bien
entendu, a vendu la maison Chevalier. On ne sait même pas c'est quoi, le prix.
Bonjour la transparence!
Alors, je
comprends qu'elle veut intervenir. Et, si elle veut intervenir, elle peut le
faire. Elle pourrait, en fait, le faire de façon positive et constructive et se dire qu'un des plus beaux
établissements ici, à la capitale nationale, peut être préservé avec son concours, parce que justement les coffres
sont tellement pleins. Ils ont hérité, là, de plusieurs milliards de dollars.
Il n'y en a pas d'excuse ici pour bien faire les choses.
• (17 h 10) •
Et,
lorsqu'elle dit : Ah! mais la maison ne va pas déménager, j'en suis. Si
vous passez devant, vous comprendrez que
les fondations sont très solides. Ça prendrait beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'efforts pour déménager une telle maison. Le problème, ce n'est pas le déménagement, c'est la passation des titres
vers le secteur privé. Et ça, c'est sous votre leadership.
Et moi ainsi que ma collègue de notre formation
politique, on avait vraiment des attentes par rapport à vous là-dedans. Alors, il n'est jamais trop tard pour
bien faire. Elle peut reculer, si elle en a encore l'audace de faire les choses
correctement, parce que l'ambition, ce n'est pas simplement des paroles
creuses, c'est des actions.
Autre chose
pour la Capitale-Nationale. À ce jour, on ne connaît pas le prix du troisième
lien, maximal. Personne ne le sait, et il n'y a aucune mention, zéro, là. Tout
à coup, là, le premier ministre n'en étant plus fier, n'en parlait plus.
Qu'est-ce qu'on doit comprendre? Est-ce
qu'on remballe le projet? Qu'est-ce qui se passe? Parce que là-dessus aussi,
là, pas beaucoup de transparence.
Et pourtant, lorsqu'il est question d'au minimum
10 milliards de dollars, on pourrait croire et s'attendre que le
gouvernement va se dire : Nous allons faire preuve ici de transparence,
voici les chiffres, voici notre prix maximal. D'autant
plus que le député de La Peltrie, c'est lui-même qui avait fixé le
scénario catastrophique à la somme de 4 milliards de dollars.
J'imagine que, ces temps-ci, il doit ventiler très souvent, dans le caucus des
caquistes.
Alors,
maintenant, allons vers un autre dossier que j'apprécie énormément, éducation.
J'ai entendu hier, parce que le premier ministre parlait de différentes
priorités, il avait dit la chose suivante : En parlant de la prorogation,
c'est l'occasion de renouveler les priorités gouvernementales. Alors, à la 30e minute,
il était enfin question d'éducation. C'est drôle.
Maternelle
quatre ans, il ne s'en est pas beaucoup vanté. Je me demande pourquoi.
Pourtant, c'était la promesse-phare.
On se rappelle, hein, en 2018, presque tous les problèmes se réglaient grâce à
la maternelle quatre ans. Maternelle quatre ans, inquiétez-vous pas, on va libérer la liste d'attente pour avoir une
place en service de garde. Donc, on
est passés de quoi? 40 000,
41 000 enfants sur la liste à 51 000, et ça, malgré la
promesse-phare maternelle quatre ans.
Moi, je me
rappelle de m'être levée très souvent ici, en Chambre, par rapport aux
maternelles quatre ans. On a toujours dit la chose suivante : Nous,
on est pour les maternelles quatre ans, mais pas n'importe où
puis pas n'importe comment,
pas du mur-à-mur. Il faut y aller selon les besoins et aussi la capacité du
réseau de l'éducation d'être en mesure d'accueillir
les tout-petits. On a aussi dit la chose suivante au gouvernement : Est-ce
que vous réalisez qu'on manque d'espace, actuellement, pour
l'instruction obligatoire?
L'instruction
obligatoire, Mme la Présidente, pour ceux qui ne le savent pas, c'est le
primaire et le secondaire. La maternelle quatre ans, bien qu'elle peut être
très fort utile parce que... moi-même, savez-vous quoi, je suis allée à la maternelle quatre ans. Ça peut être
très utile. À l'époque, c'était du temps partiel. Maintenant, c'est du temps
plein pour plusieurs endroits.
Mais
la maternelle quatre ans peut être utile, mais tous les autres enfants qui sont
aussi, par exemple, dans un service de garde, comme, par exemple, un CPE, eux autres
aussi font du dépistage très tôt, eux autres aussi sont capables de les
accueillir. Ils font un travail remarquable tous les jours, et on dit vraiment
merci.
Mais, lorsqu'on se levait en
Chambre pour dire plusieurs choses au premier ministre ainsi qu'à son ministre de l'Éducation... Dans votre cadre financier, dans
les élections, vous avez chiffré la classe à 122 800 $ ou
124 800 $... Bon, on va arrondir à 125 000 $. Il y a eu une
explosion de coûts. 125 000 $,
devenu 800 000 $, est devenu 1 million de dollars et, dans certains cas, par exemple à Laval, presque
2 millions de dollars par classe. Et le premier ministre a dit : Ça
coûtera ce que ça coûtera. O.K. Ça coûtera ce que ça coûtera. Donc, un
programme qui devait être, au début, là, peut-être, disons, un demi-million est
rendu à plus de 2 millions pour du béton.
L'autre enjeu
qu'on lui a soulevé, une fois qu'on a la classe, la grosse classe qui nous a
coûté vraiment cher, là, où trouvons-nous le personnel, les enseignants? Ah!
bonne question. Ah! mais inquiétez-vous pas. Là, la réponse qu'on nous a servie, et je m'en rappelle : L'opposition
sort les épouvantails. Parler des enseignants, c'est sortir des épouvantails.
Ah bon!
Alors, pour
vous donner des vrais chiffres, l'entrée scolaire 2020, il manquait, au
Québec, 1 000 enseignants. L'entrée scolaire, là, 2020, 1 000 enseignants. Cette année encore,
dans plusieurs endroits au Québec, il en manquait par centaines,
tellement, là, et, je vous dis, c'était honteux de lire ça dans les journaux,
on avait des adolescents, dans leurs cours au secondaire,
qui font ce que certains d'entre vous font présentement sur leur écran, sur
leur iPad. Imaginez, vous êtes le parent,
là : Qu'est-ce que tu as appris aujourd'hui, toi, à l'école? Ah! bien,
j'ai passé mon cours sur mon iPad ou sur mon iPhone. Ça, c'est ceux qui en avaient, un iPhone puis un iPad. Il n'y
avait personne pour les surveiller, personne pour leur enseigner. On n'envoie pas nos enfants pour,
permettez-moi l'expression, les stationner à l'école. Ça s'appelle de
l'instruction obligatoire, encore
faut-il qu'il y ait un enseignant, et là il n'y avait personne. Mais, le
gouvernement, ça ne dérange pas. On envoie de la publicité pour les
maternelles quatre ans, mais on n'est pas capable de s'assurer que, pour
l'instruction obligatoire, il y en a encore
des enseignants. Vous comprendrez, là, qu'on ne respecte pas la capacité des
réseaux scolaires d'accueillir des
nouveaux enfants. Et, pire que ça, on est allé, vous connaissez l'expression,
déshabiller Pierre pour habiller Paul,
on est allé déshabiller le ministère de la Famille pour habiller le ministère
de l'Éducation. On est allé piger où? Les éducatrices dans le réseau des services de garde, comme si c'était une
idée, là, intelligente. Donc, on n'a pas assez d'enseignants dans le réseau scolaire, on n'a pas assez
d'éducatrices dans le réseau scolaire, on va les retirer dans les CPE puis les
services de garde. Voyons donc!
Donc, on a
exacerbé le problème non seulement à l'école en ayant plus de classes, mais pas
assez d'enseignants, mais on est allé
aussi exacerber un problème au niveau des éducatrices dans les services de
garde. Que c'est malheureux. Mais savez-vous
comment c'est à quel point malheureux, l'effet domino? C'est que la liste, sous
la CAQ, est passée... d'enfants inscrits pour une place en service de
garde à 51 000. Alors, ces femmes, surtout ces femmes, et ces pères qui
désirent retourner sur le marché du travail
après un congé parental, qu'est-ce qu'ils font, eux autres? Ils attendent? Ça,
là, c'est vraiment la répercussion, là, d'une politique-phare mal
attachée, mal ficelée.
Et ça, c'est
parce que le gouvernement, le premier ministre a mis son siège en jeu, et c'est
devenu, là, une obsession, la
maternelle quatre ans. C'est tellement une obsession que lorsqu'il y a eu le
cas, et je sais que ça, c'est très gênant, l'histoire de la petite Anaïs... Donc, on le rappelle, cette
histoire, là, ça, là, il n'y a personne qui en revient encore, des parents que
leur enfant, Anaïs, était dans un CPE, avait
des services dans un CPE, s'en va à l'école, on lui dit : Tu vas voir, là,
à la maternelle quatre ans, des
services, on va agir tôt, ils ont agi tellement tôt, là, que finalement la mère
s'est retrouvée au privé. Elle a dû
utiliser Le Journal de Montréal puis Le Journal de
Québec pour faire raconter son histoire pour enfin que ça allume en haut, là, puis qu'on dise : On va vous
rembourser. O.K.? Après ça, le ministre a dit : Bien, on
va rembourser tout le monde. Alors, nous, on lui a demandé : On envoie où
les factures de tous les parents qui ont dû se tourner au privé parce qu'ils n'ont pas eu de service? Il n'a jamais été capable de nous
répondre. Alors, je la pose encore : On l'envoie où, la facture?
Mais, dans
tout ça, vous ne trouvez pas qu'il y
a une contradiction importante? À la
santé, le gouvernement dit : On va décentraliser et on va ramener
les infirmières du privé dans nos hôpitaux. O.K. Pourquoi vous faites exactement le contraire en éducation?
On a centralisé en éducation, on a enlevé un palier de gouvernement... de gouvernance, pardon, où
est-ce qu'il y avait des élus qui
répondaient au téléphone. Maintenant, ils appellent, ils essaient de rejoindre
leur député, mais, hein, ça ne marche
pas tout le temps. Alors, ils nous appellent nous, l'opposition. Alors, on
essaie de faire avancer les dossiers.
Alors, ils ont centralisé en éducation puis ils disent : Bien, vous
n'aurez pas les services à l'école, allez au privé.
Alors, prenons un exemple type. Si vous, vous
travaillez au privé puis que le gouvernement, en éducation, dit : Tu n'as pas besoin de venir à l'école, je vais
t'envoyer de la clientèle, pourquoi je reviendrais au public, alors? C'est
quoi, mon incitatif d'aller
travailler dans le réseau public quand le gouvernement me garantit de la
clientèle dans le réseau privé? Moi, je ne la comprends pas. Je ne la
comprends pas.
• (17 h 20) •
Et j'ai eu l'avantage et le privilège de
m'entretenir cette semaine avec les orthophonistes, et l'association des orthophonistes et des audiologistes du Québec ont
recueilli plusieurs témoignages à travers le Québec. Un chiffre, là, qui m'a
vraiment marquée cette semaine, une des orthophonistes scolaires, elle m'a dit
la chose suivante : Mme la députée de Saint-Laurent, savez-vous, là, que 81 % des élèves qui ont un
trouble de comportement ont d'abord un trouble du langage et
que, puisqu'ils ne sont pas dans la capacité de s'exprimer correctement, bien,
c'est leur agressivité qui ressort? Elle disait : On peut tellement faire plus avec nos jeunes, si
on avait des orthophonistes dans chaque école du Québec. Imaginez tout
ce qu'on peut faire.
Et moi, je lui ai dit : Oui, mais vous
savez, moi, le gouvernement me dit toujours qu'ils ont affiché des postes, ils ont affiché des postes. Voici...
Orthophoniste, vous voyez, là, ça, c'est une pile d'emplois affichés. On
n'arrive pas à recruter. On n'arrive
pas à les retenir dans le privé. On n'arrive pas, pardon, à les faire sortir du privé pour s'en venir à l'école.
Alors, je leur demande pourquoi. Alors, ils m'ont donné des exemples concrets.
Par exemple, dans la région de Kamouraska et Rivière-du-Loup, l'association des
orthophonistes et des audiologistes du Québec a reçu différents témoignages. Beaucoup...
Il y a quatre postes qui sont assignés, mais savez-vous quoi? Il y a une
orthophoniste en congé de maternité, une orthophoniste qui sera bientôt en
congé de maternité, les deux autres postes ne sont pas comblés, ils sont seulement à un mandat
d'évaluation, et, peu importe qui va travailler, il va devoir couvrir un
immense territoire de 150 kilomètres. Donc, elle ne sera pas
assignée, la personne, à une école. Alors, vous, là, entre votre bureau au privé et être assigné à deux, trois ou quatre
écoles, et toujours être dans votre auto à faire du kilométrage,
qu'est-ce que vous allez préférer, votre bureau ou un poste qui ne mènera pas nécessairement à un endroit précis, dans une école précise?
On change
d'endroit : Lanaudière. Les orthophonistes ne
travaillent pas dans les écoles, ils travaillent aux centres de services scolaires. Ah bon!
C'est pratique, ça. Il y a beaucoup d'enfants dans les centres de services scolaires.
Dans la région Mauricie—Centre-du-Québec, le
problème, c'est que, dès lors qu'une personne s'absente, un orthophoniste s'absente, ils ne sont pas capables
de le remplacer. Alors, une personne peut partir, par exemple, en congé de maternité, le
poste va rester vacant, pas de remplacement. Et il y a un sentiment de se
sentir sur un siège éjectable. Ah oui!
Et, dans un
autre centre de services scolaire,
pour préserver la... Évidemment, je ne nomme pas le centre de services scolaire parce que je ne veux pas identifier ceux qui osent nous parler,
parce qu'on sait, hein, ce n'est pas facile d'avoir des vrais témoignages de
gens parce qu'ils ont toujours peur, je comprends, de perdre leur emploi. Dans
la région du Saguenay, une
orthophoniste, ça fait cinq ans qu'elle travaille, elle n'a toujours
pas sa permanence. Trouvez-vous ça normal, après cinq ans, ne pas avoir de permanence? Comment pouvons-nous faire
compétition au privé si on ne change pas les conditions de travail?
Ici, je ne
vous parle pas de salaire. Oui, je peux vous parler du salaire, il y a le
salaire qui est important, mais, les conditions
de travail, pas de permanence, pas assigné à une école fixe. Alors, oui, elles
ont et ils ont un sentiment d'être sur une chaise éjectable.
Ça, c'est quelque chose qu'on peut changer, Mme
la Présidente, mais encore faut-il avoir un ministre qui prend le téléphone et qui parle avec ce monde-là. Alors,
tantôt, moi, quand j'entends dire : Ah! oui, oui, mais on est tous sur le
téléphone, on parle avec le réseau... En
éducation, je peux vous dire qu'une chose, là : Oh! il y en a, des ponts
de brûlés. Il y en a.
Parlant
d'éducation toujours, là, il nous manque des profs. Dans le comté... je pense
que c'est le ministre du Transport, il
n'est pas... Donc, le ministre du Transport a reçu l'appel de Me Morin. C'est
un enseignant à la retraite. Croyez-le ou non, là, il lève la main, là, pour venir donner un coup de main. Il y a un
décret. Bien, le gouvernement, là... Réponse de fonctionnaire : Vous avez pris votre retraite trois mois trop tôt,
donc vous ne rentrez pas dans le décret. Avons-nous, là, à ce stade-ci, le luxe d'avoir un enseignant avec
plus de 30 ans de service et d'ancienneté, qu'on va lui dire : Toi,
là, tu ne rentres pas parce que ça
commence à partir d'avril puis toi, tu as pris ta retraite en janvier, donc tu
n'auras pas droit aux bénéfices du décret? Voyons donc!
Est-ce qu'on
peut s'assurer d'enlever, là, toutes les embûches puis dire la chose suivante :
Si vous êtes un retraité en éducation, on a besoin de vous? Parce que non, on
ne veut pas d'enfants qui vont à l'école et qu'au lieu de leur assigner
un enseignant on leur assigne un iPad. Voyons donc! Ça n'a pas de sens.
Pandémie...
Ah! je pense qu'il faut juste que j'avertisse tout de suite mes collègues que
je vais en parler plus que 20 minutes.
Alors, on peut faire un décalage. Non, mais c'est parce que, vous savez, il y a
du monde en arrière qui pensaient que
j'allais juste faire 20 minutes, mais, quand je prends le micro, avec tous
mes dossiers... Puis vous savez, l'éducation, c'est une vraie priorité,
alors j'ai beaucoup, beaucoup de trucs à dire.
Pandémie, saga sur la qualité de l'air, tout le
monde le connaît, le dossier, au Québec. C'est le scandale le plus important. Pourquoi qu'il est si important? Parce
que même le Dr Arruda, le directeur de la Santé publique, est venu dire ici, au salon rouge, là, qu'effectivement il y a
eu de l'ingérence politique. Pourquoi qu'on n'a pas voulu vraiment régler le
dossier de la qualité de l'air? Moi, je vais vous le dire, pourquoi. Parce
qu'il y a une personne ici qui ne voulait pas donner
raison que toutes les études que j'ai déposées, scientifiques... qui parlaient
et qui disaient la chose suivante : Le coronavirus se transmet
principalement par voie aérienne, les aérosols.
Or, pour ceux, là, qui nous suivent, là, ou qui
rentrent pour la première fois dans ce débat-là, si, par exemple, quelqu'un fume — pas moi, moi, je ne fume pas — disons que quelqu'un fume ici, bien, la cigarette,
là, dégage de la fumée, des aérosols,
ça reste ici. Alors, oui, on peut ouvrir les fenêtres, mais, l'hiver québécois,
on le connaît, ce n'est pas chaud,
chaud. Bien, au lieu d'acheter des purificateurs d'air, là il faut que je le dise
sans rire, là, ça va être difficile, il y a eu une directive qui est partie pour dire aux parents d'acheter des petites
laines à leurs enfants. Ce n'est pas des farces. Amenez une petite laine
pour votre enfant à l'école.
J'ai une mère
qui m'a envoyé une photo de sa fille présentement à l'école Marguerite-De Lajemmerais.
Je salue toutes les filles de Marguerite-De Lajemmerais, c'est mon
ancienne école secondaire. Et ils ont, là-bas, des uniformes. Et ils doivent
ouvrir la fenêtre parce qu'ils n'ont pas de purificateur d'air. Ce n'est pas
des farces, ils ont demandé de pouvoir
mettre leurs manteaux, mais, puisqu'ils ont un uniforme, ça a été interdit.
Alors, sur l'heure du midi, ils ont le droit de mettre leur manteau, parce que là, ah! c'est l'heure du lunch, vous
avez le droit de vous réchauffer. Alors, la maman me dit : Bien,
c'est, voyons, ridicule. Qu'est-ce qui se passe?
Puis est-ce que ça, c'est
normal, vous trouvez, qu'une députée doit se lever en Chambre pour ça, alors
qu'avant il y avait des élus scolaires qui
auraient pu intervenir puis dire : Bien, voyons, laissez les jeunes
pouvoir mettre leurs manteaux pour se
réchauffer, nonobstant l'uniforme, ou, encore mieux, comme les élus
anglophones, achetez des purificateurs d'air? Bien oui, vous. Savez-vous quoi? Les écoles anglophones et les écoles
privées, eux, ont des purificateurs d'air. Les seules écoles qui n'en
ont pas, au Québec, c'est les francophones publiques.
Maintenant,
allons à l'autre saga, les tests rapides. Ils sont où? Après avoir laissé les
tests rapides dormir sur les tablettes
pendant presque un an, on les a envoyés à l'école, mais pas de plan de match.
Qui va les administrer? On ne le sait
pas. Est-ce qu'on a vérifié quelle compagnie d'assurance... Moi, j'apprends que
les assureurs ne veulent pas assurer si jamais un enseignant ou une
direction d'école utilise un test rapide sur un enfant. Pourquoi qu'il n'y a
personne qui a allumé pour avoir un plan de match là-dessus?
Finalement,
O.K., après une semaine, le ministère a dit : O.K., on va prendre, nous,
le risque. O.K. Qui utilise les tests rapides en ce moment dans les écoles?
Personne n'est capable de nous répondre parce qu'on n'a pas préparé un
plan pour s'assurer qu'il y ait des gens qui vont être dédiés à cela.
Ou savez-vous quoi? La Nouvelle-Écosse, eux, ont
décidé de donner gratuitement des tests rapides aux parents puis on leur montre
comment les utiliser. Le Nouveau-Brunswick donne à la population des tests
rapides gratuitement. Plusieurs États
américains aussi le font. Mais nous, au Québec... Quand j'ai des enseignants
qui lèvent la main, qui disent : Donnez-nous, là, à nous, des enseignants,
des tests rapides, on va se les administrer, voir, si jamais j'ai des
symptômes, est-ce que, oui ou non,
j'ai la COVID-19, on leur dit : Non, on vous ne les donnera
pas. Moi, je ne comprends pas pourquoi qu'on ne leur donne pas, s'ils
lèvent la main pour les utiliser. Je ne comprends pas. Il va falloir qu'on me
l'explique.
• (17 h 30) •
Alors, dans tout ça, des questions se sont
posées. Le 27 mai, ma collègue la députée de Joliette, je l'ai appuyé parce que je suis très d'accord avec elle, a
demandé que la Commission de culture
et éducation puisse entendre en
urgence les intervenants dans le
dossier des écoles, sur la ventilation. La lettre date du 27 mai. Je
comprends qu'avec la prorogation, la
lettre est tombée, notre demande tombe, mais j'imagine que vous comprendrez que
ma collègue la députée de Joliette risque fort probablement de la redéposer. Et je risque fort probablement de
l'appuyer à nouveau. Pourquoi, Mme la
Présidente? Parce que, dernièrement, Thomas Gerbet,
journaliste à Radio-Canada, a fait une demande d'accès à l'information. Pour
ceux qui se demandent c'est quoi, une demande
d'accès à l'information, bien, c'est la loi qui dit que le gouvernement doit faire preuve de
transparence et, lorsqu'on lui pose des questions, il doit nous transmettre
l'information pour qu'on puisse mieux
comprendre ce qu'ils ont fait, ce qu'ils n'ont pas fait, ce qu'ils n'ont pas
dit et ce qu'ils auraient dû dire. Alors, la demande d'accès à l'information, à mon humble avis, ne respecte pas
vraiment l'esprit de la loi, c'est-à-dire de répondre. Exemple. Voici un courriel, voici un autre
courriel, un autre courriel, un autre courriel. Mme la Présidente, la demande
d'accès à l'information n'est pas
caviardée. Caviardée, c'est lorsqu'on cache quelques éléments. Je ne peux même
pas appeler ça caviardé, c'est...
Voyons! Puis je me retiens pour ne pas rire, là, c'est d'un ridicule profond,
là. Ça puis de dire : Je ne vous répondrai
pas, ça revient au même. Je pense que ça a coûté plus cher d'encre au gouvernement, de mettre des gros carrés gris
ombragés, que tout simplement dire : Je ne vous répondrai pas. Alors,
là-dessus, vous comprendrez que, la transparence, on reviendra. Mais il faut quand même le faire,
hein, faire 82 renouvellements d'urgence sanitaire sans reddition de
comptes et répondre comme ça. C'est
qui, ce matin, qui disait qu'il faut être culotté? Bien, vous avez bien raison,
il faut être culotté. Je reprends votre expression.
Là, j'ai parlé de la pandémie. Permettez-moi de
parler de l'autre épidémie qui secoue le Québec. J'ai fait...
Une voix : ...
Mme Rizqy :
Oui, il y a une épidémie qui secoue le Québec, tout à fait, puis elle est
vraiment grave. J'ai d'ailleurs fait une interpellation cet automne là-dessus
avec le ministre de l'Éducation. Il ne m'a pas répondu, mais ce n'est
pas grave. Je vais la refaire encore, mon
interpellation, avec vous, parce que ça touche plusieurs de vos comtés, puis
c'est vraiment grave, cette épidémie.
Il y a une
épidémie de décrocheurs au Québec. C'est vraiment grave. Pour vous donner un
ordre d'idées, là, Montérégie, il y a
un centre de services scolaire, ça a doublé; Gaspésie, doublé; Bas-du-Fleuve,
doublé; Saguenay, un autre
centre de services scolaire là-bas, doublé; le centre de services scolaire de
Montréal, le plus gros centre de services scolaire
qui accueille des jeunes, ça a doublé. Et ça, c'est des données qui ne sont pas
encore validées par le ministère de l'Éducation, et je veux expliquer
pourquoi : parce que le ministère de l'Éducation attend l'année suivante
pour faire le portrait global, donc on est toujours
un an en retard. Or, on prend la photo de classe en septembre. En septembre, on
le sait, si mon jeune est revenu ou n'est pas revenu à l'école.
Et, si on
veut raccrocher un jeune, le plus tôt qu'on sait qu'il a décroché, le plus tôt
on doit agir pour aller le récupérer puis
le raccrocher à l'école. Ce n'est pas en attendant 12 mois, 13 mois
pour aller cogner à sa porte, dire : Aïe! finalement, veux-tu lâcher ta job en construction puis revenir
à l'école? Ce n'est pas ça, là, il va être trop tard. Alors, raccrocher, c'est
maintenant. Agir tôt, là, c'est là.
Ça, on a ces
informations par qui? Par Daphnée Dions-Viens, du Journal de Québec. Elle, elle a sondé différents centres de services scolaires, il y en a 72, et elle a été en mesure d'obtenir
des réponses de 42. De ces 42, 30 centres
de services scolaires sont en hausse de décrocheurs, hausse. Puis, dans
plusieurs cas, ça a doublé. Alors, oui, il y a une épidémie.
Je me permets
aussi d'ouvrir ici... J'ai une parenthèse
très importante. En fait, ce n'est pas une parenthèse, non, oubliez ça. Ce n'est pas une parenthèse, c'est une autre
affaire, une autre affaire factuelle. Vendredi dernier, j'ai eu le privilège de
discuter avec Emmanuelle Latraverse,
journaliste à TVA. Elle m'a posé la question suivante : Au niveau de
l'analphabétisme fonctionnel, au Québec, est-ce que c'est un tabou? Mais
tout est dans tout, hein?
Donc, au Québec, là,
l'éducation, là, c'est notre socle, c'est le meilleur ascenseur social. J'y
crois. Puis je sais que plusieurs d'entre
vous, vous pensez la même chose. Alors, je vous le dis, là, je vous en prie,
vous allez faire des caucus, là, tantôt, sûrement, parlez-en de cette
épidémie. Il ne faut pas attendre.
Vous parlez de cohésion sociale mais, vous savez
quoi? Hier, le premier ministre a parlé deux fois de cohésion sociale. Les gens qui ont un trouble de lecture ou
qui sont analphabètes ou analphabètes fonctionnels ne sont pas en mesure
de participer correctement aux débats
sociaux, ne sont pas en mesure de comprendre correctement, par exemple, les
mesures que nous voulons mettre de
l'avant pour lutter contre la COVID-19. C'est vraiment important. Chaque
citoyen doit être informé correctement, mais pour être correctement
informé, encore faut-il être capable et apte à lire un texte en continu. Alors, moi, ça m'inquiète, notre taux
d'analphabétisme fonctionnel, et ça m'inquiète cette épidémie de décrocheurs.
Et c'est pour ça qu'on doit se
concerter. Si on veut de la cohésion
sociale, je vous le dis tout de suite, ça va passer par l'éducation, et
ça, ça prend du leadership.
En terminant — oui, je sais, vous avez
été patients, merci — j'aimerais
vraiment dire un merci très sincère. Cette
semaine, c'est la semaine des directions d'établissement. Vous avez été bons,
vous avez été courageux, vous avez vraiment, vraiment été capables de sauver le réseau scolaire. Vous
êtes rentrés beaucoup plus tôt l'été passé, donc pour la rentrée de 2020. Même chose pour la rentrée de
2021, vous étiez présents pour vous assurer que nos écoles étaient prêtes
à recevoir les élèves. Vous avez aussi
réconforté plusieurs enseignants qui ne savaient pas nécessairement comment faire de l'enseignement à distance. Vous étiez là. Merci à tous les directeurs et directrices
d'école. Je sais qu'on commence même à manquer de directeurs et
directrices d'école, alors j'encourage des gens qui désirent devenir directeurs
et directrices d'école, c'est quelque chose de vraiment chouette d'être la personne qui mobilise des
troupes dans une école. Alors, je vous encourage à y aller.
Un autre
merci à vous tous, les enseignantes, les enseignants. Ça n'a pas été évident,
vous êtes encore là. Je sais que
certains d'entre vous sont à bout de souffle, mais pensez à tous les jeunes que
vous avez marqués et qui, eux, aujourd'hui, qui
sont ici, au salon bleu, se rappellent même de vous encore. Et ça, c'est vrai.
Vous marquez plusieurs jeunes. Accrochez-vous à ça. Il y a des
changements qui doivent venir, on en est tous conscients.
Aux
professionnels de soutien, s'il vous
plaît, n'allez pas dans le privé, on
a vraiment besoin de vous au public. Et, si vous êtes capables de revenir du privé, on va
se battre pour vos conditions de
travail. On va se lever encore plus souvent pour parler de vous. Personnel de
soutien, vous êtes ceux qui avez ouvert l'école puis qui la fermez le soir. Et
vous ne laissez jamais
qui que ce soit derrière vous. Vous faites un travail extraordinaire. Je sais
que, lorsqu'on a décidé de garder les
écoles ouvertes de façon urgente pour permettre au personnel
de la santé de retourner travailler, vous étiez là pour nous tous. On
vous doit une fière chandelle.
L'école, c'est ce qu'on a de plus précieux. Et
c'est vraiment grâce à vous qu'on est capables de dire qu'on va y arriver, que, oui, on est déçus qu'il y ait
autant de décrocheurs, que ça a doublé, mais, si on travaille vraiment
tous ensemble, on est capables de
redresser la barre puis d'aller convaincre chaque adolescent de revenir à
l'école, parce que vous, vous êtes là pour leur ouvrir les
portes mais aussi votre coeur, parce que c'est très souvent vous qui êtes tout
ça, soit le professionnel, soit le personnel
de soutien, soit l'enseignant, des fois vous êtes le psychologue, le
travailleur social, pour eux, vous
êtes leur accompagnateur, vous êtes des fois même leur coach de basket, vous
êtes des grands frères, des grandes soeurs pour plusieurs d'entre eux.
Alors, à vous
tous, le réseau scolaire, merci du fond du coeur pour le travail extraordinaire
que vous accomplissez tous les jours pour nos jeunes. Merci. Merci, Mme
la Présidente.
• (17 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-Laurent. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Verchères.
Mme Suzanne Dansereau
Mme Dansereau :
Merci, Mme la Présidente. Je me
rappelle du 9 octobre 2018. J'étais fébrile et émue, je débutais mon mandat avec enthousiasme et humilité. Depuis
ce jour J, trois ans se sont écoulés. J'ai eu le privilège de grandir au
sein de collègues que je considère comme les membres de ma famille maintenant.
Dans le cadre de mon travail en circonscription,
j'ai pris le temps d'aller à la rencontre
des directions d'organisme, des responsables d'entreprise, des familles,
des travailleurs, bref, des milliers et des centaines de
citoyens qui sont au coeur de mes préoccupations chaque jour.
Oui, le comté
de Verchères est unique. On y retrouve des communautés
engagées et solidaires, six municipalités résilientes,
connectées, identitaires et créatives. Ce moment qui m'est accordé aujourd'hui m'est très précieux. J'aimerais le prendre pour parler de la réalité de mon travail au quotidien, mais
surtout pour vous présenter mon comté tel qu'il s'est présenté à moi.
Chaque
semaine, je fais le point avec mon équipe. Écouter, communiquer, rassurer notre
monde, c'est une grande partie de notre travail, ça fait partie de la réalité
de notre quotidien. Comme tous mes collègues, nous avons dû faire face à
une augmentation marquée de volume d'appels et de demandes de citoyens à mon
bureau de comté dès le début de la pandémie. Notre bureau a été sollicité par
des citoyens ayant perdu leur emploi et pour des références vers de l'aide psychosociale, entre autres. Mais, outre les
actions spécifiques et les dossiers personnels, plusieurs citoyens nous
appellent pour être rassurés. Nous
avons donc eu un rôle d'écoute et d'empathie, et je crois que, pour l'année à
venir, cette dimension du travail d'élu et de responsable au bureau de
comté sera une réalité qui fera partie de notre quotidien.
Plus que jamais,
la pandémie nous a amenés à recoller avec notre rôle de représentants des citoyens et d'intermédiaires entre nos électeurs et l'administration, et, pour mener à bien ce rôle très important, je
n'y arriverais jamais sans ma précieuse équipe. Je les remercie et lève mon chapeau à tous les attachés politiques,
et je vais les nommer, Lyne Beaulieu et Sarah Leclerc, qui travaillent comme des petites abeilles
pour trouver des réponses aux problématiques vécues par les citoyens. Tout le monde sera d'accord si je dis que,
lorsque nous sommes ici à Québec, ce sont eux et elles, les députés du quotidien. Ils doivent faire preuve de patience,
de débrouillardise, d'empathie, et ils réussissent bien souvent l'impossible.
Au-delà des
questions, des inquiétudes des citoyens, plusieurs ont appelé au début
de la crise parce qu'ils souhaitaient aider, mettre l'épaule à la roue.
Et j'avoue que ces élans de solidarité m'ont touchée droit au coeur et m'ont évidemment
remplie d'espoir. J'irais même jusqu'à dire
qu'ils m'ont aidée et motivée à continuer mon travail. Dans le comté, des
entreprises nous ont appelés pour
offrir des masques qu'ils avaient à leur disposition, des actes de solidarité
comme ceux-là, nous avons eu... tous eu plusieurs dans nos comtés.
Plus près de
moi, deux membres de mon équipe ont aussi décidé d'aller aider sur le terrain
et d'aider pendant la crise. L'une
d'elles est allée soutenir des équipes dans une clinique de vaccination et
l'autre a travaillé à titre de surveillante d'élèves sur l'heure du midi pour donner des répits aux enseignants et
être présente pour nos jeunes du secondaire. Ces actes remplis de bonté, il y en a eu des milliers partout à travers le
Québec. Elles ont démontré tout simplement que si nous voulions passer
au travers de cette crise, nous devions unir nos forces et travailler ensemble.
Lorsqu'on
parle de travailler ensemble et de mettre les bouchées doubles en contexte de
pandémie, je pense tout de suite au
travail exceptionnel des maires et mairesses, et des employés des six
municipalités de mon comté. Tout au long de ma carrière, Mme la
Présidente, et encore davantage ces trois dernières années à titre de députée,
j'ai eu l'occasion de côtoyer des employés,
des élus municipaux, professionnels, précurseurs, attentifs et passionnés.
Alors que nous avons vu nos activités
quotidiennes chamboulées en raison de la pandémie, chacune des municipalités a
rapidement mis en place des mesures
de la Santé publique, et a travaillé en amont et en collaboration avec mon
équipe et moi. Je salue aujourd'hui le travail colossal et leur
dévouement.
Tous ces élus
ont travaillé très fort à maintenir ces services essentiels, à soutenir la
population et à soutenir une entreprise — les
entreprises, devrais-je dire — tout
en mettant les conditions en place pour une relance durable dans toutes les régions. Nos municipalités doivent être au
coeur de cette relance économique du Québec, et je suis très heureuse et fière d'être
au sein d'un gouvernement qui leur donne tous les moyens dont elles ont besoin.
Depuis mon entrée en poste, je me suis fait une
priorité d'aider et de soutenir les organismes de mon comté. C'est primordial pour moi. Les aides du programme
Soutien à l'action bénévole sont donc octroyées aux organismes de chez nous pour venir en aide aux gens de chez
nous. Nos organismes communautaires font un travail extraordinaire, et je tiens à les remercier pour leur dévouement auprès de
notre communauté. Je tiens aussi à souligner l'apport inestimable de tous les bénévoles qui se dévouent chaque
semaine et qui donnent leur temps auprès des jeunes familles, des aînés, des
personnes vulnérables, et ça continue.
Comme
députée, j'ai eu aussi l'opportunité de siéger, de participer aux travaux de
plusieurs commissions. J'ai eu la chance d'y entendre des experts, des
représentants d'organismes, des syndicats et des P.D.G. présenter leurs
commentaires et leurs
recommandations. C'est toujours très enrichissant et éclairant, d'autant plus
valorisant lorsque nous révisons des lois qui datent de quelques
décennies et qui méritent des resserrements ou des assouplissements.
Maintenant,
c'est le temps de se projeter vers l'avenir. Bien sûr, la pandémie n'est pas
encore terminée, mais, avec tous les efforts des Québécoises et des
Québécois, nous serons à même de pouvoir continuer à bien gérer. Nous devons continuer à stimuler la relance économique au
Québec, entre autres par l'achat local. J'ai une grande confiance en notre
gouvernement et je suis prête et enthousiaste à continuer le travail avec tous
mes collègues pour faire avancer mes engagements et pour travailler sur les
grands chantiers de changement.
Je suis, par ailleurs, bien fière de faire
partie de l'équipe de la nouvelle vision maritime du gouvernement du Québec. Nous avons besoin d'une bonne reprise
économique, et le projet du terminal de Contrecoeur est un beau moyen de contribuer de façon déterminante. C'est un
projet majeur, mobilisateur et structurant pour mon comté. Alors, je compte
continuer à m'impliquer de près dans ce
projet promoteur, comme je l'ai fait depuis le tout début de ma carrière
politique.
En terminant, Mme la Présidente, la prochaine
année sera stimulante, engagée, prospère et innovante. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Verchères. Et maintenant
je cède la parole à Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. À mon tour de réagir aujourd'hui au discours inaugural du premier
ministre d'hier. Et bien sûr je vais vous parler des aînés, puisqu'il faut
parler des aînés, et il en a été question.
Je vous dirais que les premiers mots qui m'ont
marquée, venant de la bouche du premier ministre, c'est lorsqu'il a dit la chose suivante : Mettre à profit ce
qu'on a appris durant la pandémie. Mettre à profit ce qu'on a appris durant la
pandémie, parce que, et il ne faudra jamais
l'oublier, nous avons eu un des pires bilans de la planète. Des milliers
d'aînés sont décédés dans la souffrance, la solitude, et pas seulement de la
COVID, dans nos CHSLD. Le premier
ministre dit mettre à profit ce qu'on
a appris durant la pandémie, et ça, ça voudrait dire qu'il va chercher toutes
les réponses. Toutes les réponses à
ce qui s'est passé pour faire en sorte que, dans son élan de postpandémie, tous
les correctifs soient apportés pour que plus jamais on ne vive ce qu'on
a vécu.
Est-ce que le gouvernement a été cherché toutes
les réponses? La réponse, c'est non, parce qu'il y a eu des rendez-vous de manqués, parce que, quand je vois aussi la détermination, la
ténacité, l'engagement de la
Protectrice du citoyen, quand je vois
la ténacité de la coroner et de son équipe à vouloir aller chercher des
parcelles de lumière, comprendre ce
qui s'est passé, je m'attends à ce que le gouvernement ait cette même
détermination à aller chercher toutes les réponses.
Or, qu'est-ce qui s'est
passé? On a demandé, et redemandé, et redemandé : Est-ce qu'on peut avoir
une enquête publique indépendante et, à
chaque fois, c'est non, non, non, et on nous dit : Pas nécessaire, la
commissaire à la santé à un mandat.
Encore une fois, Mme la Présidente, je ne remettrai jamais en question la
compétence de Mme Castonguay, la commissaire,
je remets en question l'aspect restrictif de son mandat confié par son patron,
le ministre de la Santé, qui lui demande d'aller chercher juste l'éclairage sur
le réseau de la santé, pas sur les décisions politiques, pas sur les directives
de la Santé publique, juste le réseau
de la santé. C'est comme si on éclaire juste une partie de la pièce, alors
qu'on a besoin, pour toutes les familles endeuillées du Québec,
d'éclairer toute la pièce. Mais le gouvernement dit : Non, non, non.
J'ai questionné la ministre des Aînés en disant :
Pourquoi il n'y a pas eu l'enquête statistique sur la maltraitance dans les CHSLD? Ça devait être amorcé avec un
premier bilan des mois avant le début de la pandémie. Elle ne l'avait pas
commencé. Un autre rendez-vous manqué.
• (17 h 50) •
Alors, quand
je vois ce portrait incomplet, le premier ministre qui dit mettre à profit ce
qu'on a appris durant la pandémie,
tous les devoirs n'ont pas été faits. C'est comme si, moi, je me retrouve dans
une salle de classe étudiante puis je
dis : Je vais suivre quelques cours puis je vais passer l'examen. Mais ce
n'est pas comme ça que ça se passe, il faut aller chercher tout le
contenu, apprendre toutes les leçons pour réussir l'étape. Et, si tous les
correctifs pour que plus jamais ça n'arrive...
Le premier ministre devait nommer cette volonté et cette détermination que je
vois de la part de la coroner, que je
vois de la part de la Protectrice du citoyen et de d'autres acteurs de premier
plan qui ont voulu et qui continuent à vouloir faire la lumière, et ça,
je ne l'ai pas entendu.
Quand il y a eu la première vague, Mme la
Présidente, le gouvernement avait deux remèdes, deux panacées universelles. Premièrement, on nationalise tous
les CHSLD du Québec. On était dans l'horreur, le cauchemar de Herron, et
c'était la réaction du gouvernement. Il faut se rappeler qu'après Herron, qui
est un CHSLD privé, il y a eu aussi le CHSLD
Sainte-Dorothée, dans mon comté, l'établissement le plus contaminé au Québec, à
100 % établissement public. Donc, quand même, le discours du
gouvernement a pris en compte... parce que, tous les décès dans les CHSLD, oui,
il y en avait dans le privé mais aussi dans
le public, et, ces situations d'horreur qu'on lit encore et qui nous
bouleversent encore, clairement le discours du gouvernement a évolué, et
on s'est dit : On ne nationalise plus, on va conventionner les CHSLD privés non conventionnés. Parfait. Nous, on
est là, on est d'accord avec ça. On ne parle pas de 2 000 CHSLD
privés non conventionnés, là, on parle d'une trentaine. Mais là,
hier, le premier ministre dans son discours inaugural, devant cette panacée qui est la nationalisation des CHSLD, le
discours qui a évolué, nous dit ceci : Je vais conventionner certains
CHSLD. Certains. Ce n'est pas
plusieurs, c'est certains. Ce n'est pas beaucoup, ça, certains. Lesquels?
Pourquoi certains plutôt que d'autres? On parle d'une trentaine, là.
Alors, je ne comprends pas. Et clairement, quand il nomme cet élan de vision qu'il veut se donner et à son gouvernement, que certains
seront conventionnés, c'est clair que l'objectif ne sera pas atteint
avant la prochaine élection.
L'autre remède à la crise humanitaire qu'on a
vécue, c'est les maisons des aînés, bien sûr, parce que, dans les maisons des aînés, il y a de l'espace, et tout ça.
Bon. Alors donc, la prévention des infections, c'est plus facile. J'ai entendu
le premier ministre hier, et j'ai réécouté,
et j'ai lu, parce que je voulais être sûre, sûre, sûre de bien saisir les mots,
il a dit : Pour remplacer les
CHSLD vétustes, il y aura les maisons des aînés, pas pour ajouter aux CHSLD. On
le sait, le vieillissement de la
population, on a besoin de toutes les places. Alors, il faut des CHSLD vétustes
qui ont été rénovés. Puis, oui, les maisons des aînés, même si le modèle... franchement qui coûtent beaucoup trop
cher, avec certains 1 million par chambre, qui ne sont pas dans les bons endroits, bon, on le sait,
il y a tout ça qui questionne beaucoup, qui me questionne beaucoup, mais,
toutes ces places-là, qu'elles soient en
maison des aînés ou dans les CHSLD, on en a besoin pour répondre aux besoins de
la population. Mais le premier
ministre, hier, est venu dire : Pour remplacer les CHSLD vétustes, il y a
les maisons des aînés.
Le premier ministre est comptable. On va y aller
avec quelques chiffres. Savez-vous, Mme la Présidente, que, dans la centaine,
disons, la centaine de CHSLD vétustes au Québec, il y a 8 000 aînés,
8 000 aînés en CHSLD vétuste. Il y
a, en date du 22 septembre, 3 423 personnes, des aînés qui
attendent une place en CHSLD. On est dans les 11 500, 11 500. Combien de places vont être dans les maisons des
aînés qui vont remplacer tout ça à la prochaine élection, engagement du
gouvernement? 2 600. Pas besoin de faire un grand calcul, de sortir la
calculatrice, 11 500 et 2 600.
Et j'ai
fouillé un petit peu parce que je me suis rendu compte, j'ai dit : Je vais
regarder quels sont les CHSLD vétustes qui
sont sur le point d'être rénovés. Bien, savez-vous quoi, Mme la Présidente? C'est assez dramatique, là. Il
y a le quart des établissements vétustes au Québec, des CHSLD vétustes, qui n'étaient même pas en
planification d'être rénovés dans le dernier PQI du budget. Ça fait que
ça, c'est des milliers d'aînés, là, qui vont se retrouver puis qui attendent de
voir leur CHSLD... Puis il y a des endroits que je connais, dont la région où
vous êtes, Mme la Présidente, il y a un CHSLD vétuste
qui n'est plus priorité pour le gouvernement à être rénové, puis, à côté, on bâtit une maison
des aînés. Je comprends qu'on a peut-être
plus beaucoup de sous pour rénover les CHSLD vétustes. Ça coûte
tellement cher, les maisons des aînés. Écoutez,
là, ça prend une vision pour l'hébergement à nos aînés, tous les aînés, tous
les aînés. Mais les maisons des aînés, panacée
qui va remplacer les CHSLD vétustes qu'on est en train de ne pas rénover,
c'est épouvantable, Mme la Présidente.
Hier, j'ai eu une révélation. J'ai écouté le
discours du premier ministre et j'ai eu une révélation, là. On va tous s'asseoir, parce qu'on va être complètement en étonnement. Imaginez, une chance que j'ai écouté le discours
inaugural du premier ministre, il nous a appris que les aînés
souhaitaient davantage vieillir à la maison. Écoutez, j'écoutais ça, puis je me
disais : Mais mon Dieu! une chance que j'ai écouté le premier ministre parce
que je n'aurais jamais su ça. Et là évidemment il faut se préoccuper du soutien à domicile. Ça
fait combien de temps qu'on entend parler de l'importance de prendre le virage du soutien à domicile? À travers
la planète, combien de pays ont pris ce virage-là il y a
des années et des années? Et là c'est la pandémie qui nous amène aussi à
cet éclairage-là, à une réponse qu'on doit donner.
Alors, le premier ministre nous dit : Ah! les aînés veulent vieillir davantage à la maison.
Il faut vraiment une réflexion. Je vais confier ça à la commissaire. La commissaire à la santé et aux services sociaux, savez-vous quoi, Mme la
Présidente? Elle
est très occupée. La commissaire, elle n'a pas encore livré son rapport de
l'enquête sur la première crise de la pandémie. Elle devait le déposer
au premier septembre. Il y a eu un report. Elle va nous le déposer entre le
cadeau de Noël et la dinde du jour de l'An,
le 30 décembre. Puis là on a un autre mandat pour elle, la réflexion en
profondeur du soutien à domicile. Ça
ne sera pas avant la prochaine élection, là, c'est sûr. Puis il ne faut pas que
le soutien à domicile soit réfléchi juste en matière de soins de santé — bien sûr, portion importante — mais, le soutien à la maison, le soutien à
domicile, c'est aussi de prolonger la
dignité, l'autonomie de l'aîné à la maison dans tous les volets de sa vie et de
son quotidien. Il a besoin de transport,
il a besoin d'aide financière, il a besoin d'aide alimentaire. Et clairement la
santé ne règle pas tout non plus. Donc, j'écoutais ça, puis je me disais :
Mais c'est incroyable!
Et,
savez-vous, Mme la Présidente, quand je pense aux maisons des aînés puis
j'entends le premier ministre dire : Aïe! les aînés veulent vieillir à la maison, on lance une réflexion,
nous, on le disait au mois de novembre. J'avais déposé une motion pour
reconnaître le soutien à domicile, pour partir une réflexion sur le soutien à
domicile. Le gouvernement a dit non. C'était
d'ailleurs une demande du réseau des EESAD, qui porte cette demande-là depuis
longtemps. Les chercheurs, tout le monde a dit : Il faut prendre le
virage. On s'inspire beaucoup de ce qu'a vécu le Danemark. D'ailleurs, je vais y revenir. Mais clairement ne pensez-vous pas, Mme
la Présidente, que ça aurait été utile de faire cette réflexion-là avant
de déployer les maisons des aînés, la
réflexion du soutien à domicile, si on veut véritablement prendre le virage?
Parce que le gouvernement a beau faire des annonces de millions pour le
soutien à domicile, ça ne descend pas sur le terrain, et ça ne fait pas la différence. Les ressources de
plus ne sont pas au rendez-vous, et la vision et la réflexion n'est pas là.
Alors, il faudra attendre, et ça ne sera pas prêt pour la prochaine
élection.
Alors, quand
on parle du Danemark, là, Mme la Présidente, il y a un élément du modèle du
Danemark qu'on ne nomme pas, et que
je souhaite nommer aujourd'hui. Le Danemark quand il a pris son virage
d'investir à 75 % dans le soutien à
domicile, ce qu'on ne dit pas, c'est que le Danemark construisait des
maisonnettes pour les aînés qui ressemblaient aux maisons des aînés. Et pour être capable de prendre
le vrai virage du soutien à domicile, il a arrêté d'en construire il y a
20 ans. Je pense que je n'ai pas besoin d'en dire plus.
Mme la
Présidente, il n'y a rien de concret pour les aînés dans ce discours inaugural.
On va avoir peu de CHSLD privés non
conventionnés qui vont peut-être l'être, mais on ne sait pas lesquels, on ne
sait pas quand. Le soutien à domicile, il
faut attendre, attendre et attendre, puis ça aurait été bien qu'on le fasse
bien avant le déploiement des maisons des aînés. Clairement, il n'y a rien, rien, rien de concret. Et le gouvernement n'a
pas fait tous ses devoirs pour aller chercher toutes les réponses de ce
qui s'est passé durant la pandémie.
• (18 heures) •
Alors, en
terminant, Mme la Présidente, je vais me mettre à la place des aînés, des
aînés, mes citoyens de mon comté, les
aînés du Québec qui ont entendu ce discours. Je pense à un aîné qui est à la maison,
puis qui a besoin de soutien à domicile, puis qui écoute le discours puis il se dit : Mon Dieu! je vais
devoir être très, très, très patient, parce que ça n'arrivera pas demain matin. Il me semble qu'on aurait pu faire
ça plus vite. Je pense à l'aîné qui est en CHSLD privé non conventionné,
puis il se demande s'il va être un chanceux
d'être parmi les certains, puis il ne sait pas, il ne sait vraiment pas, mais
le risque est grand. Le risque est
grand pour s'assurer d'avoir une qualité de soins telle qu'il se doit. Je pense
à l'aîné qui est sur la liste d'attente pour avoir une place en CHSLD,
qui se dit : Est-ce que je vais me retrouver dans un CHSLD vétuste, non rénové, peut-être dans le tri qui va m'amener
à la maison des aînés?, parce qu'on ne sait toujours pas qui vont être les chanceux qui vont pouvoir y habiter. Et je pense surtout, surtout, encore une fois, avec
beaucoup d'émotion, Mme la Présidente, à
ces milliers de familles qui ont vu leurs parents décéder durant la première
vague et qui auraient souhaité entendre dans ce discours inaugural l'humanité
d'un premier ministre qui reconnaît qu'il doit faire plus pour aller chercher
toutes les réponses pour que plus
jamais, plus jamais ça n'arrive, au Québec. Ces familles qui ont perdu un aîné ne
l'ont pas entendu du premier ministre du Québec dans son discours
inaugural. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Fabre.
Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Émilie Foster
Mme Foster : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'aurais le goût de vous dire : Déjà trois ans! Déjà trois ans
que nous avons été élus ici, à la Coalition avenir Québec, au gouvernement, le
1er octobre 2018.
Bien sûr,
en octobre 2018, on n'avait certainement pas prévu qu'une pandémie allait nous pendre au
bout du nez. Bien sûr, cette pandémie de COVID-19 a pris tout le monde par surprise. Ça a été comme une immense vague, un immense ressac pour tout le monde. Tout le monde ici, en cette Chambre, peu
importe la couleur, le parti des députés, pour les 125 députés présents
ici, la COVID-19 a changé beaucoup de choses, a chamboulé nos vies.
Mais je peux
vous dire qu'au gouvernement, même si ça a chamboulé nos vies, même si ça a
chamboulé un peu nos plans, on s'est
redressé les manches. Et ça, Mme la Présidente, j'en suis extrêmement fière. On
a fait un boulot incroyable. Non
seulement on a géré la pandémie, mais, à travers tout ça, eh oui! même les
baromètres universitaires nous le disent, on a continué de livrer comme
aucun autre gouvernement auparavant.
Vous savez,
avant de parler d'avenir, parce qu'on parle d'avenir, on parle d'avenir, c'est
un discours d'ouverture, c'est une
nouvelle législature, avant de parler d'avenir, je tiens bien sûr à avoir
quelques mots pour ma circonscription, ma magnifique circonscription, et
dresser un bilan des trois dernières années, parce que je suis extrêmement
fière de la représenter, cette circonscription-là,
avec tout mon coeur, des gens extrêmement généreux, des gens extrêmement
dévoués, que je salue, d'ailleurs,
toute ma population qui a été tellement résiliente et patiente à travers toutes
ces épreuves. Je ne peux passer sous silence de dresser un petit bilan,
parce que je suis extrêmement fière de ce que le gouvernement a réalisé dans Charlevoix—Côte-de-Beaupré dans les trois dernières années.
Et après, un peu plus tard, je vous parlerai bien sûr d'avenir.
Dans ma
circonscription, vous savez, d'est en ouest, à mon arrivée, il y avait beaucoup
de projets qui étaient sur la glace
ou des projets qui n'avançaient plus, mais je suis très fière parce qu'on les a
fait avancer. Le pont sur le Saguenay,
une étude d'opportunité, ça n'avait pas
été fait. Donc là, on réalise l'étude d'opportunité pour un pont sur le Saguenay. On est là-dedans.
Saint-Siméon, on est dans une étude d'opportunité pour la traverse à l'année.
Ça, c'était très attendu à Saint-Siméon. À
La Malbaie, bien sûr, l'Hôpital de La Malbaie. Bien sûr,
une nouvelle école, l'école Félix-Antoine-Savard, également
une grande fierté. L'aréna à Clermont. La maison des aînés. Nous aurons notre maison des aînés dans
Charlevoix, à Saint-Hilarion. J'en suis très fière.
À L'Isle-aux-Coudres, c'est un projet de plus de
100 millions, encore là, on est en étude d'opportunité pour documenter tout ça, mais ce sera plus de 100 millions d'investissement pour refaire nos deux quais à
Saint-Joseph-de-la-Rive et à L'Isle-aux-Coudres, là, pour le traversier. Également, des nouvelles installations pour le CPE de L'Isle-aux-Coudres, avec des nouvelles places, j'en suis très contente, parce que c'était
très attendu, ainsi que la nouvelle caserne de pompiers. L'ajout d'un TACO à Baie-Saint-Paul. Également, la
mise à jour de l'aréna, là, tout près de 4 millions, qui était très
attendue. À Petite-Rivière-Saint-François, il y avait des projets de
logements sociaux, on en a fait 20. Très fière de ça.
Sur la
Côte-de-Beaupré, les garderies, les services de garde, c'est un enjeu majeur.
On vient tout juste d'annoncer 141 nouvelles
places à Saint-Ferréol, à Château-Richer, à Beaupré. En plus de ça, il y a un
nouveau CPE en construction à Boischatel également. On a donné plus de
1 million pour le Domaine du boisé à Boischatel.
Et à l'île d'Orléans, finalement... J'ai un long
comté, donc c'est long de les énumérer. Je l'aime, mon comté, mais il est très
grand. Donc, à l'île d'Orléans, bien, on a donné un demi-million pour la maison
des aïeux, une grande rénovation. Le Parc
maritime, un nouveau projet d'agrandissement hyper intéressant qui était dans
les cartons, là, depuis sept ou huit ans puis qui avait peine à
déboucher. Bien là, c'est un demi-million qu'on a donné.
Également, le
pont de l'Île-d'Orléans. Vous savez, à notre arrivée, il n'y avait même plus de
processus d'appel d'offres, il n'y
avait plus rien. Il a fallu tout réenclencher, il n'y avait plus rien dans les
cartons. Donc là, on est là-dedans, les nouveaux plans ont été présentés à la population, il y a des consultations et il
y a des firmes qui sont en train de travailler, là, finement, sur le
dossier du pont en tant que tel et sa réalisation.
Et il y avait
un autre dossier qui traînait depuis longtemps, c'était le plan patrimonial. Il
était très strict. Il y avait des
grandes listes d'attente pour les gens qui voulaient faire modifier, changer
des toitures, entre autres. On a donné les sous pour éliminer cette liste d'attente là et on a créé une table de
concertation pour le site patrimonial de l'Île-d'Orléans, pour que les citoyens, la MRC ainsi que le
ministère et un arbitre neutre puissent se parler régulièrement, plusieurs fois
par année, pour continuer d'assouplir les normes tout en restant fidèle, bien
sûr, à ce site patrimonial magnifique qu'est l'île
d'Orléans. Donc, on en a fait, des choses, dans la circonscription, à la
Coalition avenir Québec, et je suis extrêmement fière de ça.
Maintenant, on vient de parler des trois dernières années,
de ce bilan des trois dernières années, mais, bien sûr, si on a fait un
discours d'ouverture, c'est parce qu'on se tourne vers l'avenir, parce que la
pandémie, bien sûr, on apprend à vivre avec, on l'a gérée, mais maintenant il faut se tourner vers l'avenir. On regarde,
pour l'ensemble du Québec, à un avenir, un avenir où est-ce qu'on voit, bien
sûr, de grands changements. Le premier ministre a été très clair là-dessus, on va faire les changements qui
doivent être faits.
On en a déjà
fait, des changements, et je le rappelle : projet de loi sur la laïcité,
mon collègue de Chauveau en a parlé tantôt, la gouvernance
scolaire, qu'on a modifiée, les maternelles quatre ans également, universelles.
On a fait la première politique
nationale de la proche aidance au Québec. Ça, on peut être fiers de ça et on le doit à la ministre
des Aînés. Vraiment, on peut être fiers de ça.
On s'en vient
bientôt... projet de loi sur le tribunal spécialisé, là, en violence
sexuelle et conjugale. Et ça, je peux vous
dire, pour avoir été membre, là, de la Commission
spéciale de l'exploitation sexuelle, c'est quelque chose qui me tient vraiment à coeur. Il est nécessaire, ce tribunal
spécialisé. Il y a des victimes qui souffrent en silence. C'est un fléau incroyable au Québec, partout dans le monde aussi
malheureusement. Mais, nous, notre bout de planète, c'est le Québec,
puis je peux vous dire qu'au gouvernement, à la Coalition avenir Québec, ça
nous tient à coeur de créer ce tribunal-là. Ça,
c'est une des nombreuses suites qu'on a données au rapport qu'on continuera de
travailler. Mais, bref, on a fait des changements et on en fera encore.
Je pourrais
vous nommer tellement de choses, à l'intérieur du discours du premier ministre,
qui me rendent tellement fière, mais
je vais vous dire que je suis particulièrement fière de tout ce qui touche aux
régions et à la ruralité, parce que le Québec,
c'est un immense territoire. Le Québec, bien sûr, il y a des villes, mais plus
le territoire à habiter est immense, et, bien sûr, plus il faut penser en logique d'occupation de ce territoire.
On a beau dire : Il est beau, le Québec, il est grand, le Québec, mais on est dans une logique d'occupation
du territoire. Donc, il faut penser à nos régions, à notre ruralité, qui
constituent le coeur de notre Québec et qui nous tiennent tellement à coeur.
Et là-dessus
on a été clairs. En santé, on va décentraliser. Fini la centralisation de nos
prédécesseurs. Il faut également régler les médecins de famille, et le
premier ministre a été très clair à l'effet qu'il était ferme là-dessus.
Les
garderies. Nos gens un petit peu partout ont de la difficulté à se trouver une
place en garderie. De toute évidence, il
y avait des prévisions démographiques qui avaient été mal faites dans les
dernières années, parce qu'aujourd'hui on se ramasse avec un 37 000 places à combler. On va le faire, on va
le livrer, le boulot. Nous, on est là,
on est au rendez-vous. Je suis
extrêmement fière de pouvoir dire que beaucoup de parents qui attendent des
places, on veut tout combler au complet. Donc, voilà.
La
main-d'oeuvre. Bien sûr, le manque de main-d'oeuvre, bien sûr, on ne peut pas
passer à côté de ça, là. Partout dans
nos régions, dans nos bureaux de circonscription, les gens appellent. Il y a une problématique
liée à ça qu'on ne peut absolument pas nier. Et bientôt on déposera, via le ministre du Travail, un plan très ambitieux pour pouvoir, bien sûr, améliorer les
choses et combler ces besoins-là.
Bien sûr,
les 5 000, les fameux 5 000 fonctionnaires en région. Le premier ministre l'a réitéré, et ça, c'est important pour nos régions. Il n'y
avait personne, là, qui avait fait ça avant. On ose vraiment quelque chose
d'intéressant pour décentraliser l'État.
• (18 h 10) •
Internet haute
vitesse. Ça, ça touche beaucoup mon monde. Les gens m'en parlent abondamment
sur le terrain. Internet haute vitesse, enfin, enfin, après tellement,
tellement, tellement d'années. La première promesse avait été faite en 2003, je pense, par, à l'époque, Jean Charest,
qui avait dit : Oui, oui, on va brancher tout le Québec.
Finalement, ça va avoir pris presque
20 ans et ça va avoir pris la Coalition
avenir Québec pour le faire. C'est
essentiel en 2021, là, c'est un service essentiel, Internet haute vitesse, et notre gouvernement l'a extrêmement bien compris. Et, surtout pour le développement des régions,
Internet haute vitesse, c'est vital. On ne peut pas développer nos territoires
sans Internet haute vitesse, c'est impossible, autant pour le travail, les
loisirs, mais c'est impossible d'y penser sans ça.
Bien sûr,
le développement économique régional.
Notre premier ministre a été très clair à l'effet qu'il était vraiment dédié à analyser la situation MRC par MRC pour
qu'on puisse, au Québec, pouvoir dire qu'on développe nos régions, leur économie en fonction de leurs identités qui leur
sont propres, parce que chaque MRC a sa couleur, chaque MRC a ses forces.
Donc, il faut miser là-dessus, et c'est ce que le gouvernement entend faire.
Bien
sûr, en terminant, je ne peux pas terminer, là, cette allocution sans
remercier, remercier premièrement les gens de ma circonscription, je l'ai mentionné un peu tout à l'heure, une
population qui était souvent en détresse, qui nous a souvent interpellés pendant la dernière année et demie,
une population qui a été tellement résiliente, compréhensive, des organisations
chez nous, des groupes communautaires, des
entreprises qui se sont débrouillés, qui ont lancé des projets, mais ils ont
été tellement extraordinaires,
résilients. Je vous remercie. Je vous remercie parce que c'est un travail
collectif de passer à travers cette pandémie-là.
Et,
bien sûr, je garde le dessert pour la fin. J'ai une équipe extraordinaire qui
m'entoure à mon bureau de circonscription.
Et, vous savez, souvent... Moi-même, j'ai fait partie du personnel politique et
je sais que, des fois, c'est un travail un peu ingrat, c'est un travail dans
l'ombre. C'est toujours l'élu qui est dans la lumière. Par contre, on ne serait rien sans nos équipes. Et les gens de circonscription
sont vraiment dévoués. Et je peux vous dire qu'eux aussi, dans la dernière
année et demie, ça n'a pas toujours été facile, hein, c'était la première ligne
devant les citoyens, ça n'a vraiment pas toujours été facile, mais des gens extraordinaires. Je remercie mon
directeur, avec qui j'ai traversé tellement de tempêtes, Martin Guérin. Merci, Martin. Pascal Gauthier,
Audrey Lepage, Thomas Verret, Dominique Bélanger, merci. Merci à mes gens de circonscription qui sont toujours là, qui
sont toujours là pour les concitoyens, pour vous, chers citoyens de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et, je le redis, sans eux on ne
serait rien. Ça nous prend une belle équipe autour de nous. Merci, bien sûr, au reste du personnel politique
également dans nos ministères, dans nos cabinets, à l'Assemblée nationale,
qui, eux aussi, ont eu, comme on dit, de la broue dans le toupet, comme on
dirait. Alors, merci.
Voilà. Alors, on se
tourne vers l'avenir, suite à ce beau discours d'ouverture. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et maintenant je cède la
parole à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Hélène
David
Mme David :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. On parlait de dessert. Alors, je pense que
je suis le dessert, aujourd'hui, pour cette
séance. Alors, il vous reste 15 minutes encore à écouter, mais ce n'est
pas 15 minutes de trop, parce que je veux parler, justement, de
quelque chose dont on n'a pas parlé, même pas peu, je dirais pas parlé. Et je
parle de 500 000 personnes qui n'ont pas été du tout au menu d'hier,
mais vraiment pas du tout. Et ce sont 500 000 personnes que nous courtisons tous et toutes, que nous
éduquons, que nous avons élevées et qui sont rendues soit au niveau collégial
ou au niveau universitaire.
Quand
je dis que nous ne leur avons pas parlé, et Dieu sait qu'on courtise, dans
chaque parti, notre aile parlementaire jeunesse, je veux parler des
collégiens, je veux parler des universitaires. Et je suis convaincue, si,
justement, le premier ministre parle à son aile jeunesse, il va peut-être se
faire dire par son aile jeunesse : Vous n'avez pas beaucoup parlé, M. le premier ministre, de nous, parce que
nous, là, on a 18 ans, 19 ans, jusqu'à, disons, 25 ans,
26 ans, 30 ans, même, pour ceux qui étudient très longtemps, et je ne
l'ai pas senti, hier, du tout, du tout. Il y a eu seulement une allusion, une
allusion qui disait : Nous
devons continuer à investir massivement en éducation. C'est très bien, les mots
«investir massivement en éducation», mais c'était de la prématernelle au
postdoctorat.
C'est dommage de
toujours, je ne sais pas, avoir une sorte... dans mon métier, on disait une
scotomisation, c'est-à-dire on dirait qu'on
a un noir, un vide autour d'une partie de la population qui est l'avenir de la
société. On parle tellement de
pénurie d'emploi, on parle tellement de besoins de main-d'oeuvre. Mais où
sont-ils formés, ces gens-là? Où sont nos professionnels de la santé en ce
moment, ceux de demain, qui vont nous soigner quand on va tous être dans
un CHSLD, qu'on va être... des soins à
domicile? En ce moment, ils sont sur les bancs d'école, ces jeunes-là. Et ces
jeunes-là, on parlait beaucoup de fierté, on veut être
fiers du Québec, on ne peut pas être fiers du Québec si nous ne sommes pas fiers de 500 000 jeunes qui, année après
année, entrent dans un édifice collégial ou universitaire, un demi-million de
jeunes. C'est beaucoup de monde. C'est eux qui vont s'occuper de nous
plus tard. C'est d'eux dont on a besoin maintenant. On dit : Il faut absolument recruter, recruter, recruter. Ils sont
là. On ne leur dit pas qu'on les aime, qu'on est fiers d'eux. Le mot
«fierté», c'est ça, c'est eux qui portent la fierté, ces jeunes-là, et on ne le
dit pas. On dit qu'on va investir massivement.
C'est bien, c'est bien, mais, quand on sait ce à travers quoi ils sont passés
depuis 20 mois, ce n'est pas facile.
Vous avez tous eu, ou presque, des
adolescents, des jeunes adultes ou des plus grands adultes. Ce n'est pas toujours facile
ni pour eux ni pour nous, les parents. Crise existentielle, crise d'angoisse,
peine d'amour, orientation professionnelle, je n'aime plus ce que je fais, je ne suis pas bon, je ne serai pas
accepté à l'université, ma cote R n'est pas assez bonne. On passe l'essentiel de notre temps à les encourager.
Mais, quand on les encourage publiquement, quand un premier ministre dit : Écoutez, je m'adresse à tous ceux qui, en ce moment, étudient
dans les collèges et les universités, et vous êtes ceux sur qui nous comptons pour la survie,
littéralement, du Québec de demain, bien, je pense qu'ils se sentent oubliés,
Mme la Présidente. Je pense qu'ils se disent : Mais à quoi je sers?
Bien
oui, on est tous très individualistes. Je vais devenir médecin, là je suis pas
mal sûr d'avoir un bon salaire, mais là,
bon, peut-être qu'il va falloir que je travaille plus ou... bon,
ça ne va pas tout à fait bien dans la question de l'accès aux soins médicaux, mais je veux être infirmière, mais
c'est très difficile, bon, etc. Puis là on me dit que ça va être épouvantable,
mon métier. On doit leur dire, et venant du premier ministre, ce serait formidable qu'il dise : Je suis fier de vous, j'ai
confiance en vous, j'ai besoin de
vous, parce que, sans vous, moi, je vais vieillir comme tout le monde. Ma femme
va vieillir, mes enfants, qui ont...
En fait, moi, j'ai des enfants qui ont à peu près l'âge de ses enfants et je
sais à quel point on a besoin d'eux. On se fie sur eux. Ce sont les
entrepreneurs de demain, les médecins de demain, les infirmières, les
architectes, les anthropologues.
On
a beaucoup pleuré la mort de quelqu'un qui s'appelle Serge
Bouchard. Tout le monde connaît Serge Bouchard. Mais Serge Bouchard, c'est
un anthropologue. La productivité de Serge Bouchard ne se mesure pas comme la
productivité d'un entrepreneur, d'une
multinationale, c'est clair, mais la productivité de Serge Bouchard, ça a été
de nous rendre fiers, fiers de nos Premières Nations, fiers de notre passé, fiers de la transmission de toutes ses
recherches, parce que c'est beau, faire des recherches, il faut savoir transmettre aussi. Mais ça, là,
c'est ce qu'on appelle une science molle. C'est épouvantable, entendre
ces mots-là. Il y a les sciences dures, il y a la pharmacie, la médecine, les
vaccins. On en est tous là, on veut... Personne
ne veut mourir, donc on veut tous avoir les médicaments, le vaccin, les soins,
la belle chambre privée à l'hôpital, etc. On
veut ça. Mais on veut aussi des Serge Bouchard. Mais, pour avoir des Serge
Bouchard, il faut encourager aussi l'anthropologie,
l'histoire, les sciences politiques, le journalisme, la psychologie, dont je viens
et où j'ai enseigné toute ma carrière à l'université.
Mais
c'est peut-être parce
que j'ai tellement,
tellement de contacts avec ces jeunes qui arrivent à
18 ans, font un baccalauréat, sont un peu perdus, savent qu'il faut qu'ils
réussissent, là... Il faut qu'ils réussissent. Il faut déjà
qu'ils se placent peut-être pour
des études, après ça, de deuxième
cycle, puis peut-être aller au doctorat, puis là avoir des bourses, puis
ils vivent sur 20 000 $,
25 000 $ par année, et puis finir avec plein de diplômes puis dire :
Qu'est-ce que je vais faire dans la
vie?, etc. Ces jeunes-là, il faut leur dire : Vous êtes l'avenir du
Québec, rien de moins. Parce que nous, on peut bien dire qu'on est l'avenir du Québec, mais ce serait un
peu... ils vont nous dire : Bien, écoute, maman, là, tu as donné beaucoup,
mais je pense qu'on va prendre ta place un jour. Et c'est ça qu'il faut.
Il faut qu'ils prennent leur place.
• (18 h 20) •
Mais, si, dans un
discours aussi important, il n'a pas été question jamais, jamais, jamais des
collèges et des universités, bien, on vient
de dire à 500 000 jeunes : Bien, je ne suis pas sûr que vous êtes
utiles à la société, finalement, je ne
suis pas sûr de votre rôle. Puis votez pour nous, par exemple, quand va arriver
le temps des élections. On va tous se précipiter dans les collèges, les universités pour parler aux jeunes. Il faut
parler aux jeunes, il faut parler aux jeunes, mais pas dans un discours inaugural. Disons que ça m'a beaucoup
étonnée, parce que ce n'était pas un discours pour mettre plein de chiffres.
Ce n'est pas un budget non plus. C'est un discours de fierté. Mais un discours
de fierté, ça doit inclure au moins les 500 000 jeunes qui vont à
l'université et au collège.
Vous
savez, depuis la Révolution tranquille, Mme la Présidente, ça va... Les cégeps
ont fêté leurs 50 ans en 2019. J'avais l'immense privilège d'être
ministre de l'Enseignement supérieur. J'avais été visiter les 48 cégeps.
Là, on avait monté de 10, cet été, qui ont
été réalisés sous la gouverne de la CAQ. On est rendus à 59 CCTT, centres
collégiaux de transfert de
technologie, affiliés à 42 cégeps. Les cégeps, depuis 50 ans, vous en
avez dans vos comtés. Occupez-vous-en. Chérissez-les. Vantez-les. Dites-leur à quel point ils sont
importants, que les professeurs de cégep... On en a plusieurs, d'ailleurs, qui
sont dans la députation, de
différents partis. Dites-leur à quel point ils ont été importants, ils sont
importants et ils vont continuer à être importants.
Pas de cégep en
région, là, plus de région. Pas d'université en région, plus de région. Pas de
pôle universitaire en région, plus de
région. Pas de recherche en région, plus de région. Ça, là, c'est le coeur des
différents pôles. Et j'avais créé ce
qu'on appelle des pôles régionaux d'enseignement supérieur, Bas-Saint-Laurent,
tout le Saguenay, la Côte-Nord, la
région de Québec, la Mauricie, etc. S'il n'y avait pas tout l'enseignement
supérieur, bien, il n'y aurait pas de bars qui vont avec ça, il n'y aurait pas de restaurants, il n'y aurait pas
l'effervescence de la jeunesse qui croit en l'avenir. Puis, si on leur dit : Vous n'êtes pas importants, on ne
parle pas de vous, bien, comment peuvent-ils croire en l'avenir? Ils sont déjà
complètement déprimés des 20 derniers
mois, on n'arrête pas de parler de santé mentale, puis là on ne parle pas
d'eux. Bien, Seigneur! Si on ne parle pas d'eux maintenant, quand est-ce
qu'on va parler d'eux?
Alors,
les cégeps, qui ont fêté leurs 50 ans, étaient une audace exceptionnelle.
On a entendu Guy Rocher récemment, ceux
qui étaient avec moi, les collègues de la CAQ et d'autres, on a entendu Guy
Rocher, 97 ans, venir nous parler de langue. 97 ans. Quand
même extraordinaire! On se souhaite tous, hein, d'être sans notes, parler
pendant 20 minutes avec une mémoire extraordinaire. Bien, Guy Rocher, c'est un sociologue. Est-ce que c'est
productif, un sociologue? Est-ce que ça rentre dans la catégorie : Check, ça, c'est bon, d'aller
en sociologie? Bien non, ce n'est plus bon d'aller en sociologie. Dans les
années 70, vous le savez, tout
le monde allait en sociologie. Maintenant, la sociologie, c'est quoi, l'étude
des sociétés? Bien oui, l'étude des
sociétés. Après une pandémie, là, ils vont en avoir besoin, d'étude des
sociétés, partout sur la planète : les questions de mouvements
migratoires, les questions de changements climatiques.
On
pense... Là, on parle d'immigration comme ça, mais la question des mouvements
migratoires, c'est une des questions les plus
fondamentales qui va occuper la planète, pas juste le Québec, on n'est rien par
rapport à la planète, mais qui va
occuper la planète, parce que, quand il va faire 52° dans certains endroits de
la planète, si on n'a pas les chercheurs — parce que, là, on peut parler de
recherche longtemps, qui, ça aussi, doit être la fierté du Québec — pour nous dire : On va survivre, on va essayer de
survivre en... mais les gens vont être obligés de fuir littéralement les
endroits où il n'y a plus d'eau, où
il n'y a plus d'air, où ce n'est plus possible de vivre. Et ils vont s'en aller
où, vous pensez, ces êtres humains là? Là où c'est encore possible de vivre.
Évidemment que le Canada est un pays nordique. Évidemment que c'est attirant. On a juste, nous, un privilège qu'on n'a
pas choisi, personne, sauf ceux qui ont fait la gentillesse de vouloir nous
choisir, comme immigrants, c'est de naître au Québec. Moi, je n'ai pas choisi
de naître au Québec, là, je suis née au Québec
parce que mon père et ma mère se sont rencontrés. J'aurais pu naître en France,
parce que ma mère était française. Mon grand-père venait d'Algérie, j'aurais
pu naître à... là où il est né. J'aurais pu naître n'importe où. J'ai ce
privilège, nous avons cet immense privilège.
Mais ça va en prendre, de la recherche collégiale
puis de la recherche universitaire, pour nous dire comment la planète va survivre. Pas nous. On va être morts,
probablement, toute la gang dans ce temps-là, quand ça ne sera plus
vivable sur la planète, mais nos enfants sont drôlement inquiets. Puis, quand
Greta Thunberg est venue, puis il y
avait 500 000 personnes, à la plus grande manifestation de l'histoire du Québec, j'y
étais, c'était fascinant, bien, ces gens-là étaient inquiets, puis
c'étaient beaucoup des 18-30 ans, beaucoup, puis même des plus jeunes qui
étaient partis de l'école pour venir
manifester. Alors, eux, on a besoin de nos universitaires, de nos collégiens, de nos centres de recherche
pour dire comment on va survivre, c'est aussi simple que ça.
Je pense que le premier
ministre s'en va à la COP26. Il va entendre ça, là, de tous bords et de tous
côtés. Et, si on ne fait rien, si on ne
finance pas la recherche, si on ne dit pas à nos jeunes : Moi, je serais
fier de toi. Vas-y en sociologie. Vas-y
en anthropologie. Vas-y en découverte de vaccins... Là, on ne savait pas que ça
nous tomberait dessus, mais maintenant on
est tous fiers de Médicago. Bien, il n'y a personne qui connaissait
nécessairement tout ce domaine-là. Moi, en tout cas, je ne connaissais pas ça,
les vaccins ARN. Le mot ARN ne me disait rien, mais il y a des chercheurs qui
vivaient de ça et qui combattaient,
comme Joanne Liu, l'Ebola dans les pays africains. Mais c'est une
professeure à l'université. C'est formidable!
Alors,
si on veut un Québec aussi fier et aussi visionnaire, prospère, comme aime dire
le premier ministre, bien, c'est un Québec où on doit absolument être dans les
connaissances, le développement du savoir. On ne développera pas des avions électriques, demain matin, s'il n'y a
pas une armée d'ingénieurs en aérospatiale. Et, pour avoir des ingénieurs,
des David Saint-Jacques, là, ça ne
tombe pas du ciel littéralement, quoiqu'il a l'air quasiment, des fois, tombé
de... il est tellement extraordinaire, mais il a fait ses études comme
tout le monde, il a été au cégep comme tout le monde puis il a été à l'université. Puis là il a tellement aimé
ça, il a fait la médecine, le génie, le ci, le ça, des doctorats en ci,
doctorats en ça. Mais c'est
extraordinaire! Avez-vous vu le parcours de Jean Rochon, qui est mort
hier? Un parcours exceptionnel. Il avait un doctorat en santé publique. Il avait plein de formations, cet
homme-là, puis, bon, il a fait une carrière politique pour le meilleur
et pour le pire, mais je pense que c'est pour le meilleur, mais il y a eu des
bouts, il a trouvé ça difficile. Mais nous,
on redonne à la société, tous tant que nous sommes, mais on doit dire à nos
jeunes, on doit le dire haut et fort, qu'on est fiers d'eux, qu'on est fiers du réseau des collèges, qu'on est fiers
du réseau des universités, parce que vous avez aussi des pôles
universitaires ou des antennes de l'UQ en région ou des grandes universités.
Alors,
moi, je veux vous dire une chose, c'est extrêmement important, dites-le en
caucus, dites-le au premier ministre, dites-le à la ministre de l'Enseignement
supérieur à quel point on doit parler à ces jeunes-là. On va tous leur parler
pour l'élection, mais on ne doit pas
seulement leur parler pour l'élection. On doit revenir chez nous, on doit
s'intéresser à eux. Ça va-tu bien,
tes études? Es-tu encore passionné? Y a-tu autre chose qui te passionne?
Fais-tu ça pour me faire plaisir ou
tu fais ça pour vraiment... parce que ça t'allume et puis parce que tu
veux contribuer à la société plus tard?
Alors, moi, je
voulais parler d'enseignement supérieur parce que j'y crois, évidemment, j'y
crois beaucoup, beaucoup. J'ai eu un privilège exceptionnel d'occuper à peu près
toutes les fonctions dans ce domaine-là. Et j'aimerais ça que le premier
ministre et le gouvernement se réveillent en pensant à ça, des fois, et se
couchent en pensant à ça, à nos collèges
puis à nos universités. Je ne dis pas que vous ne vous en occupez pas.
Vous vous en occupez, vous avez réinvesti. Merci. Il y a eu de l'argent mis. On a fait tous notre possible, chacun à des
moments différents. Je ne veux pas être partisane là-dedans.
Je veux juste qu'on se lève le matin en disant : On va s'occuper de nos
jeunes qui sont dans les collèges et
les universités.
Motion formulant un grief
Alors,
Mme la Présidente, je dois terminer, parce que je sais que, là, on est vraiment
dans le dessert, dessert, par ce qu'on appelle une motion de grief, qui
se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour l'absence
de vision et de plan d'avenir pour l'essor de l'enseignement supérieur au
Québec.»
Et c'est présenté par
votre humble serviteur. Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Et je vous indique que votre motion sera déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Maintenant, il reste
1 min 30 s. Alors, je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement. Est-ce que vous souhaitez que nous ajournions nos travaux?
M. Schneeberger :
Oui, bien, exactement.
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Compte tenu
de l'heure, nous ajournons nos travaux au jeudi 21 octobre, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 29)