(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon vendredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors,
nous débutons nos travaux aux affaires courantes, à la rubrique de déclarations
de députés. Et, pour débuter, je cède la parole à
Mme la députée de Repentigny.
Souligner le départ à la
retraite de Mme Marie-Noëlle Guédon, directrice
générale du Centre d'action bénévole MRC L'Assomption
Mme Lise Lavallée
Mme Lavallée :
Merci, Mme la Présidente. En mon nom et au nom du député de L'Assomption, je
souhaite rendre hommage à Mme Marie-Noëlle Guédon, qui prend sa retraite
après s'être consacrée pendant 25 ans au Centre d'action bénévole MRC L'Assomption.
Pendant
cette période, votre dynamisme, votre créativité et votre sincère bienveillance
envers votre communauté vous ont amenée à porter différentes entreprises qui
ont marqué le paysage communautaire de la région. Pensons, entre autres, aux nombreux programmes et ateliers que
vous avez instaurés au sein de votre organisme, mais aussi à la mise sur
pied de nouvelles ressources devenues essentielles à notre vie collective.
Merci
pour votre travail acharné et passionné envers nos concitoyens. Votre
engagement a contribué à changer le
visage de notre région et, surtout, à changer de nombreuses vies. Profitez bien
de cette retraite, grandement méritée. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le travail du Conseil
communautaire Notre-Dame-de-Grâce inc.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je
souligne le travail exceptionnel d'un organisme-phare de mon comté, le
Conseil communautaire de Notre-Dame-de-Grâce, qui fêtera bientôt son
80e anniversaire.
Created by the community for the
community, the NDG Community Council works to support the most vulnerable and isolated in our society. Thanks to their exceptional work, they
achieve exceptional results through consultation, mobilization, and outreach.
En
2018, Centraide leur remet le prix Solidaires Mobilisation pour la réalisation
d'une action collective ayant contribué au développement social de la communauté,
une reconnaissance prestigieuse bien méritée.
Like
other organizations, they have been very successful in reinventing themselves,
during the pandemic, to ensure that nobody
is left behind and that their leadership vision and actions continue to have lasting impact on the
quality of life in
the community. For this, I would like to express my enormous gratitude to
director Halah Al-Ubaidi and her wonderful team and staff of volunteers.
Merci.
Et longue vie!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député
de Vanier-Les Rivières, la parole est à vous.
Rendre hommage à Mme Annabel
Silva-Doyon,
fondatrice de l'entreprise Jululu Bijoux inc.
M. Mario Asselin
M. Asselin :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le 17 mai dernier, j'ai écouté
attentivement le passage d'Annabel
Silva-Doyon dans l'émission Dans l'oeil du dragon. On peut le réécouter
sur Internet, d'ailleurs. J'ai été beaucoup ému, moi aussi, comme
Christiane Germain, à l'écoute.
En
2015, cette jeune entrepreneure a créé Jululu, une entreprise spécialisée dans
la vente de produits essentiels pour
bébés et jeunes enfants, qui sont distribués dans plus de 50 points de
vente au Québec. Je vous invite d'ailleurs à vous abonner à l'infolettre
sur leur excellent site Web, jululubijoux.com.
Fait
moins connu, Mme Silva-Doyon est aussi une fière finissante de l'école
Boudreau, dans Vanier-Les Rivières. Cette école prône une approche éducative positive, adaptée aux adultes
qu'elle accompagne vers la réussite, en leur redonnant le goût
d'apprendre et de terminer leurs études secondaires.
Félicitation,
Annabel, pour ta réussite et aussi pour le succès de l'entreprise Jululu! Merci
également d'être un modèle positif de persévérance scolaire. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner les 30 ans de vie politique de Mme Andrée
Hénault
et de M. Luis Miranda
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci, Mme la Présidente. C'est
avec plaisir que je tiens à souligner les 30 ans de vie politique
de deux élus de l'arrondissement d'Anjou, M. Luis Miranda et Mme Andrée
Hénault.
C'est en 1989 qu'ils seront élus pour la
première fois et qu'ils débuteront leur carrière politique. En 1997,
M. Miranda deviendra le quatrième maire de l'ancienne ville d'Anjou. Ils
seront tous les deux réélus lors des fusions municipales,
avec la nouvelle structure des arrondissements, M. Miranda comme maire et
Mme Hénault comme conseillère de
ville. Ensemble, ils gagneront la confiance des Angevins et des Angevines à
huit reprises. Ils veilleront à ce qu'Anjou devienne un endroit où les familles prendront racine et s'y installeront
pour y demeurer, comme le dit le slogan Anjou pour la vie.
Leur travail a porté fruit, car Anjou est l'arrondissement comptant le plus
grand nombre de personnes âgées et également a un des plus faibles taux de
déménagements sur l'île de Montréal.
Au nom de
tous les citoyens d'Anjou, Luis, Andrée, vous me permettrez de vous remercier
pour votre travail et de vous féliciter pour votre dévouement et vos
30 ans de vie politique. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
Souligner l'obtention d'une autorisation pour l'acquisition
d'un
appareil de tomographie à émission de positons
pour l'Hôpital régional de Saint-Jérôme
M. Youri Chassin
M. Chassin : Merci, Mme
la Présidente. Imaginez un instant un
patient dont le médecin suspecte un cancer qui a besoin d'un examen
approfondi par un appareil sophistiqué tel qu'un TEP scan. Cette installation
médicale, utilisée notamment en
cancérologie, permet de repérer des tumeurs et des métastases ainsi qu'à
évaluer l'efficacité d'un traitement de radiothérapie ou de
chimiothérapie.
Un diagnostic de cancer ou le traitement de
cette maladie est déjà une épreuve terrible. Or, pour les gens des Laurentides, ce patient devrait se déplacer à
l'extérieur de sa région pour obtenir cet examen, parce qu'il n'y en a pas,
dans les Laurentides, Mme la
Présidente, à l'heure actuelle, de TEP scan, pour la quatrième région en
importance au Québec, ce qui oblige des milliers de patients par année
et leurs familles à se déplacer loin de chez eux.
C'est donc avec une grande fierté que je
souligne aujourd'hui l'autorisation du ministre de la Santé et des Services
sociaux pour l'acquisition d'un tomographe par émission de positons, le fameux
TEP scan, qui sera aménagé à l'Hôpital
régional de Saint-Jérôme. Voilà une démonstration que le gouvernement répond
aux besoins de notre région. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député.
Maintenant, je cède la parole à M. le député de Rosemont.
Souligner le travail des employés de soutien du réseau
scolaire
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Ils et elles sont 35 000 au Québec. Seulement dans Rosemont,
800. Ils et elles travaillent souvent à
temps partiel, souvent avec des horaires en trois, brisés en trois : le
matin, le midi, l'après-midi. Une forte proportion de ces travailleurs
et travailleuses gagne moins de 25 000 $, ce qui les place au bas de
la grille de rémunération de la fonction publique. Ils et elles sont essentiels
au fonctionnement du réseau public d'éducation, mais pourtant on les oublie
trop souvent.
Ils et elles sont préposés aux élèves
handicapés, techniciennes en éducation spécialisée, secrétaires, concierges,
techniciens informatiques, éducatrice en service de garde, et j'en passe. Ce
sont les employés de soutien du réseau de l'éducation.
Et je tiens,
en cette fin d'année scolaire pas comme les autres, à leur lever mon chapeau et
à leur dire toute notre gratitude. Merci pour votre travail essentiel
auprès de nos enfants. Et bon été!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée des Plaines.
Souligner la résilience des
restaurateurs et des commerçants
de la circonscription de Les Plaines
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Depuis lundi
dernier, une grande partie des régions
du Québec, incluant ma circonscription, Les Plaines, ont pu effectuer le
saut vers la zone orange. La vaccination bat son plein, et, pour la
majorité d'entre nous, la vie reprend, graduellement.
Je m'adresse
aujourd'hui à tous les commerçants et les restaurateurs de ma circonscription,
ceux et celles qui ont passé la
majorité de la dernière année dans l'incertitude. Sachez que j'admire votre
résilience. C'est en grande partie grâce aux sacrifices que vous avez dû
faire que nous voyons aujourd'hui la lumière au bout du tunnel.
À tous les
citoyens, alors que vous vous apprêtez, justement, à rejoindre votre commerce
ou votre restaurant favori, je vous
invite, vous aussi, à les remercier
pour la force et la résilience dont ils ont fait preuve, puisque
ce sont les piliers de notre communauté, les piliers de notre économie. Merci
beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Soulanges.
Souligner les performances de Mme Rosalie Lalonde,
athlète paralympique
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci, Mme la
Présidente. Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées,
je tiens à souligner la persévérance de Rosalie Lalonde, une athlète
paralympique résidente de Saint-Clet.
Elle a travaillé avec acharnement et diligence
pour gravir les rangs du basketball en fauteuil roulant. Rosalie a commencé à jouer dans un miniprogramme au Québec.
Elle revient maintenant de quatre années universitaires, couverte
de gloire. Elle s'est vu remettre un autre
titre national et plusieurs honneurs individuels. Elle a d'ailleurs
été la plus jeune athlète de la formation canadienne aux Jeux
paralympiques de Rio en 2016.
Aujourd'hui âgée de 24 ans, elle affirme être très fière de porter le maillot canadien,
tant pour l'honneur de représenter son pays que pour se rappeler de tous
les efforts qu'elle a déployés pour parvenir à ce niveau national.
Rosalie, tu
as de quoi être très fière. Nous te souhaitons la meilleure des chances à
l'approche des Jeux paralympiques de Tokyo. Bravo pour ta
persévérance! Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner l'initiative menée par Mme Émilie Gagné pour
fournir des
lunettes à des élèves de l'école primaire Sainte-Colette
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Oui, merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais rendre hommage à Mmes Émilie Gagné, Nadine
Lalancette, directrice de l'école primaire Sainte-Colette de Montréal-Nord, et
tous les bénévoles et optométristes qui ont permis à une vingtaine
d'enfants de mieux voir et, par là, d'apprendre et de lire.
Un grand
merci en particulier à Émilie Gagné, opticienne et maman de l'école.
«Connaissez-vous des optométristes qui prendraient des demandeurs d'asile?»,
a demandé la directrice à Émilie parce qu'elle s'était aperçue que des petits voyaient mal et que les parents, très pauvres,
n'avaient pas les moyens d'un examen de la vue ou de lunettes. Alors, Émilie
a mis en branle toute une organisation, et en moins d'une année scolaire, en pleine pandémie, Mme la Présidente, 20 petits de maternelle se sont retrouvés avec une paire
de lunettes sur le nez, ce qui a changé leur vie.
Aujourd'hui, Émilie, Nadine et les autres ont bien l'intention d'aider plus d'enfants.
Mesdames, vous aurez mon appui. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, ceci met fin à la rubrique de déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 51)
(Reprise à 10 h 4)
Le
Président : Mmes et
MM. les députés, d'abord, un bon vendredi à vous toutes et à vous tous.
Nous allons prendre quelques instants pour nous recueillir.
Je vous remercie. Veuillez
vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader adjoint du gouvernement.
Rapports annuels de Loto-Québec et
du Conseil du statut de
la femme et plan stratégique 2019‑2023 du ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles
M. Caire : Merci, M.
le Président. Permettez-moi de
déposer, au nom de mes collègues, le rapport
annuel 2020‑2021 de
Loto-Québec, le plan
stratégique 2019‑2023 du ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles ainsi que le rapport annuel de gestion 2020‑2021
du Conseil du statut de la femme. Merci, M. le Président.
Le Président :
Et ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
Auditions et étude détaillée de
divers projets de loi d'intérêt privé
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, je dépose les rapports de la
Commission de l'aménagement du territoire
qui, les 20 février 2020 et 3 juin 2021, a procédé à l'audition des
intéressés et à l'étude détaillée des projets de loi d'intérêt privé suivants : projet de loi n° 216, Loi
modifiant la Loi concernant l'établissement d'un régime fiscal particulier
pour la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau — la commission a adopté le texte de ce projet
de loi sans amendement; projet de loi n° 215, Loi concernant la
Municipalité de Nominingue — la
commission a adopté le texte de ce projet de loi sans amendement; projet de loi
n° 214, Loi concernant la Ville de Sutton — la
commission a adopté le texte de ce projet de loi avec un amendement; et le
projet de loi n° 209, Loi concernant la Ville de Saint-Tite — la
commission a adopté le texte de ce projet de loi avec des amendements.
Mise aux voix des rapports
Et, en application de l'ordre spécial,
j'invite les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur
l'adoption de ces rapports. D'abord, M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Caire :
Pour.
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin : Pour.
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition? M. le
leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le
Président : Merci. M. le leader du troisième groupe
d'opposition... ou M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault :
Pour.
Le
Président : Merci bien. En conséquence, ces rapports sont
adoptés.
Étude détaillée du projet de loi
n° 95
Je dépose également le
rapport de la Commission des finances publiques qui, les 2 et 3 juin 2021,
a procédé à l'étude détaillée du projet
de loi n° 95,
Loi modifiant la Loi sur la
gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du
gouvernement et d'autres dispositions législatives. La commission a adopté le texte du projet de loi avec
des amendements.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je vous avise
cependant qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote sur le rapport du 1er juin 2021 intitulé Rapport d'enquête de la
Commissaire à l'éthique et à la déontologie au président de l'Assemblée nationale au sujet de M. Pierre Fitzgibbon,
ministre de l'Économie et de l'Innovationet député de Terrebonne. À titre de rappel, le rapport recommande une sanction. Le
Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale
prévoit que, pour être adopté, le rapport doit être approuvé par au moins les
deux tiers des membres de l'Assemblée.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à la cheffe de l'opposition officielle.
Confiance
du premier ministre envers la Commissaire
à l'éthique et à la déontologie
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. En juin 2018, le premier ministre actuel disait la
chose suivante : «...je fais confiance
à la Commissaire à
l'éthique[...]. On n'est pas pour
commencer à prendre les recommandations de la commissaire quand ça fait notre affaire. Quand on a eu des
recommandations sur Claude Surprenant, on les a endossées. Je veux dire,
quand on choisit [...] une commissaire à l'éthique avec un vote [des] deux tiers [à] l'Assemblée
nationale, on ne peut pas aller à la pièce [puis] décider quand on aime
les recommandations puis quand on ne les aime pas.»
Ça,
M. le Président, ce n'était pas il y a 10 ans, c'était en 2018. C'est le
quatrième rapport du Commissaire
à l'éthique. Il y en a eu un en juin
2019, en octobre 2020, en décembre 2020 et maintenant en juin 2021. Deux ans et
demi, deux ans et demi, M. le
Président, pour que le député de Terrebonne, l'ex-ministre de l'Économie,
décide de considérer ce qui devrait
se faire en matière d'éthique, deux ans et demi que le premier ministre protège
son ministre, très apprécié au sein de
son cabinet, visiblement. Mais, depuis la création du Commissaire à l'éthique, en 2010, jamais les finances d'un député n'ont autant créé de remous. Jamais ça ne s'est
produit. Aucun élu avant lui, aucun élu avant lui n'a eu autant de blâmes.
Arrogance?
Éthique élastique? C'est ça, la question que l'on devrait poser aujourd'hui au
gouvernement. Où est passée la raison du premier ministre?
Le
Président : Je vais vous demander, encore une fois, d'être
prudents dans ce contexte. «Arrogance» fait partie des termes non
parlementaires. Je vous demande d'y faire attention et de ne pas les utiliser.
Mme la vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, M. le Président. Le rapport auquel
fait référence la cheffe de l'opposition officielle a été déposé par vous-même ici mercredi, et cette
même journée le député de Terrebonne a quitté ses fonctions de ministre de l'Économie, ce qui respecte, M. le Président,
en tous points les recommandations, disons, les suggestions de la Commissaire
à l'éthique et à la déontologie. Le rapport
a été déposé mercredi matin, et mercredi à 13 heures on annonçait que le
député de Terrebonne quittait ses
fonctions de ministre. Je le répète, là, parce qu'il semble que la cheffe de
l'opposition officielle n'avait
peut-être pas suivi ce bout-là de l'actualité. Elle parle aujourd'hui comme si
on n'avait pas donné suite au rapport. Donc, on a donné suite au
rapport, M. le Président, mercredi.
Et
ce rapport-là, pour nous, par ailleurs, contient des éléments qui nous
apparaissent contradictoires, à savoir que le député de Terrebonne doit quitter ses fonctions de ministre tant et
aussi longtemps qu'il n'a pas pu vendre les actions en question, mais à
la fois devrait les placer sans droit de regard pour pouvoir demeurer député,
ce qui nous apparaît contradictoire, puisque, pour vendre...
Le Président :
En terminant.
• (10 h 10) •
Mme Guilbault : ...lesdites actions, il doit pouvoir avoir un certain contrôle
dessus, raison pour laquelle on votera contre.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Vous savez, M. le Président, ce qui est contradictoire? Ce qui est
contradictoire, c'est de dire une chose et de faire exactement son contraire.
Ça, c'est ce qu'on appelle être contradictoire. Les propos...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît, s'il vous plaît!
Mme Anglade :
Les propos qui ont été tenus par le premier ministre en 2018 ne reflètent pas
du tout la manière dont le gouvernement se comporte aujourd'hui.
Encore une fois,
quand est-ce que vous allez trouver la raison?
Le
Président : Je vais
vous demander d'être prudents et d'éviter de vous interpeler. Je vous entends,
bien sûr, j'ai une bonne oreille. Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, M. le Président, savez-vous ce qui est
contradictoire aussi, que la cheffe de l'opposition officielle semble oublier
aussi? C'est qu'elle-même et son précédent gouvernement ont tous voté contre un
rapport de la Commissaire à l'éthique à l'époque où elle blâmait le
précédent ministre Pierre Paradis d'avoir utilisé des fonds publics pour le
bénéfice d'un membre de sa famille. Ça, il semble qu'aujourd'hui ça ne la
dérange pas... ou, un peu comme le troisième
lien, elle décide, finalement, de dire le contraire de l'époque, puis là c'est
rendu : Ah! on n'aurait peut-être pas dû voter contre. Facile à dire après, M. le Président. Mais toujours
est-il qu'ils ont voté, à leur époque, contre un rapport de la
Commissaire à l'éthique, ils ont voté contre les blâmes qui ont été portés
contre leur précédent collègue.
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault : La cheffe de l'opposition officielle s'est levée comme tous les autres
pour voter contre le rapport, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, M. le premier ministre disait :
«Si jamais j'apprends que quelque chose d'illégal
ou de non éthique a été fait, il n'y a
pas une personne dans mon équipe — que
ce soit à l'interne ou parmi les candidats — qui va rester. C'est tolérance zéro.»
Aujourd'hui, c'est : Exit, la tolérance
zéro.
Le Président : Mme la vice-première
ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, M. le Président, ce qui est contradictoire
aussi ou du moins une étrange omission, c'est de dire que jamais le député
n'a été en conflit d'intérêts. Il y a le fameux article 46 du code de
déontologie, à propos duquel la
commissaire elle-même a déjà été très, très claire dans un précédent rapport
qu'elle avait déposé, un rapport sur la mise en oeuvre du Code d'éthique et de
déontologie des membres de l'Assemblée nationale, dans lequel elle disait la
chose suivante : «...dans
plusieurs provinces, il est possible pour un ministre de détenir des intérêts
dans une entreprise privée qui participe
à un marché avec le gouvernement», et elle recommande : «Que le code soit
modifié de manière à accorder la discrétion
au commissaire d'autoriser un marché entre une entreprise privée dans
laquelle un membre du Conseil exécutif détient un intérêt...»
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault : Donc, la commissaire elle-même recommande de
revoir le code, mais on se heurte à la fermeture opiniâtre du Parti
libéral.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, une autre citation, peut-être,
pour inspirer la vice-première
ministre. Encore une fois, le premier
ministre disait la chose suivante : «Quand on est au gouvernement, c'est
important de s'assurer qu'il n'y [ait] aucun conflit d'intérêts. Parce
que le gouvernement nomme des personnes à des postes de direction, donne des
contrats à des entreprises [et] à des
individus.» Toutes ces déclarations ont été faites par le premier ministre.
Aujourd'hui, on nage en pleine contradiction.
Quand est-ce que le gouvernement, sur cet
enjeu-là, va se ressaisir?
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : M. le Président, aïe! recevoir des leçons
d'éthique du Parti libéral, c'est d'une étrangeté que j'ai peine à qualifier moi-même. Et pourtant j'aime
bien utiliser un vocabulaire précis en toutes circonstances, mais je peine
à qualifier ce comportement-là, M. le
Président. Ils ont voté contre un rapport de la Commissaire à l'éthique qui blâmait sans nuance leur collègue libéral de l'époque, et ça, ça ne les a jamais
dérangés. La cheffe était vice-première ministre de ce gouvernement-là, là, elle s'est levée, elle a voté
contre, puis ça ne l'empêchait pas de dormir. Et là, aujourd'hui, elle se
prétend une défenderesse de l'éthique. Tu
sais, sans ménagement, M. le Président, là, les leçons, elle devrait les garder
pour elle.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : On a donné suite à l'esprit du rapport de la
commissaire, le député de Terrebonne a quitté ses fonctions de ministre
le temps qu'il va vendre ses...
Le Président : Question
principale, M. le député de LaFontaine.
Règles imposées par le
Code d'éthique et de déontologie
de l'Assemblée nationale aux députés
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, la Commissaire
à l'éthique et notre code d'éthique,
les deux sont limpides : le député de Terrebonne doit mettre ses actions en fiducie sans droit de regard.
Il ne peut pas, pendant qu'il est député, tenter de vendre ses actions. On le sait, il s'est retiré
temporairement du Conseil des ministres, M. le Président. Quand il va vendre,
il va revenir l'un des superministres de l'Économie, là, l'un des plus
puissants de ce gouvernement, M. le Président. La définition même du conflit d'intérêts, vous l'avez... pas
indirectement, pas apparence, vous l'avez dans cette citation suivante du
député de Terrebonne hier à QUB Radio :
«La bonne nouvelle, c'est que, depuis hier, il y a des gens qui pensent quand
même que je devrais retourner comme ministre. J'ai eu des offres par
texto, par courriel.» Fin de la citation.
Notre code
est clair. Ce que ça vise à protéger, c'est son indépendance dans l'exercice de
sa charge. S'il vend, il va être redevable. Ils ne peuvent pas passer à
côté de cet éléphant-là, M. le Président.
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M. Caire :
Oui, merci, M. le Président. Très heureux de répondre à cette question, je vais
l'appeler comme ça pour rester parlementaire.
M. le
Président, on va donner un exemple de ce qui est un conflit d'intérêts clair.
Un député reçoit une allocation de
logement, prend cette allocation de logement
là, qui est pour son bénéfice, la donne à sa fille. Sa fille, évidemment,
acquiert une propriété avec cette allocation de logement là. Évidemment, ça
s'est fait, donc c'est du détournement de fonds au bénéfice d'un de ses
proches. Ça, ça, c'est un conflit d'intérêts avéré.
La Commissaire à l'éthique dit que le député a manqué d'honneur, a manqué de
jugement, a manqué à son devoir et recommande qu'il rembourse
25 000 $. Donc, dans la longue réflexion du Parti libéral, qui a utilisé 4 500 $ pour engager une firme d'avocats pour contredire le jugement de la
commissaire, une firme d'avocats qui, soit dit en passant, a quelques
donateurs libéraux en son sein, un hasard, évidemment... M. le Président,
comment vous avez expliqué ça?
Le Président : En terminant.
M.
Caire : Comment
vous pouvez expliquer d'avoir voté contre un conflit d'intérêts aussi clair?
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, je ne suis pas en train de vous
parler, à matin, d'un député qui reçoit un prêt d'un maire de sa circonscription de 50 000 $,
là, je vous parle d'un député qui est prêt à vendre ses actions pour
1 million de dollars, pour récupérer... C'est écrit dans le ciel, là, M.
le Président. Tout le monde est au courant qu'il n'est temporairement plus ministre
de l'Économie et qu'il est à vendre
pour 1 million de dollars, parce qu'une fois qu'il aura son million il
revient ministre de l'Économie. C'est la définition même, présentement,
qu'il est en conflit d'intérêts.
Le Président : M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M. Caire : Alors, M. le Président, je trouve ça le fun de
voir comment le député de LaFontaine a un respect du travail de la Commissaire
à l'éthique à géométrie variable.
Alors, il cite mon exemple en disant «conflit d'intérêts». Pourtant, il sait très bien que la Commissaire à l'éthique a fait une enquête sur mon cas, déposé un rapport
qui me blanchissait de toute, toute,
toute velléité de conflit d'intérêts. Pourtant, il laisse quand même entendre...
Parce que, là, ils sont en panique parce qu'ils ne sont pas capables de
justifier pourquoi ils ont utilisé 4 500 $ d'argent public...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M.
Caire : ...pour embaucher une firme d'avocats de donateurs
libéraux pour contredire un rapport qui aurait obligé...
Le Président :
En terminant.
M. Caire :
...Pierre Paradis à rembourser les fonds qu'il a détournés. Expliquez-le.
Le
Président : Deuxième
complémentaire. Et là je vais vous demander, encore une fois, d'être attentifs
tant aux questions qu'aux réponses, et dans tous les sens. M. le député
de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, c'est du jamais-vu au Québec.
Depuis mercredi, il est publicisé partout : Ministre de l'Économie à vendre, 1 million de dollars au plus
offrant. Il va se donner à qui? Au plus offrant. Voir s'il ne sera pas redevable,
M. le Président. Le premier ministre
tolère ça. Le député de Terrebonne a dit : Le téléphone sonne, j'ai des
offres, j'ai des amis qui veulent que je redevienne ministre. Il n'aura
pas l'indépendance, il est en conflit d'intérêts.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement, encore une fois.
M. Éric Caire
M. Caire :
Ah! M. le Président, quelquefois mon métier a ses moments savoureux. Un libéral
qui me dit «ministre à vendre»? Oui, O.K.,
ça, c'est vraiment l'avis d'un expert. Et, M. le Président, un libéral, surtout quelqu'un qui a eu une citation, récemment, assez
douteuse dans un contexte assez douteux, là, qui parle d'amis, là, ça, c'est
assez savoureux.
Alors,
peut-être pourriez-vous nous parler de l'apport important
à la contribution du Québec de Franco Fava, du bénévole Bartlett, de
tous ces petits amis du parti...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin : M. le
Président, sur l'article 79, je
comprends que c'est inconfortable de répondre à la question
très précise sur la situation du ministre de
l'Économie, je comprends que c'est
inconfortable pour le collègue d'être le premier député à voter en cette Chambre deux fois contre le rapport du Commissaire à l'éthique, mais la question, elle est très précise, elle porte sur le ministre
de l'Économie.
Le Président :
Et nous revenons à la question, et vous revenez à votre réponse.
M. Caire :
Oui. Et, ce faisant, le leader sait très bien que je réponds à la question,
puisque les éléments du préambule en font
partie. Il parlait de ministre à vendre et il parlait de petits amis, et je dis :
Je suis sans voix. C'est l'avis d'un expert, très clairement.
Le Président :
En terminant.
M. Caire :
Donc, j'aimerais qu'il nous parle de la différence entre ses petits amis et les
nôtres.
Le Président :
Question principale, M. le député de La Pinière.
Respect du code d'éthique par le
député de Terrebonne
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, éthique et jugement, ce n'est pas le score qui va aller au
député de Terrebonne aujourd'hui. M. le Président, Michel Ringuet. Après blâme,
après blâme, après blâme, le député de Terrebonne décide finalement de mettre
ses avoirs, quelques-uns de ses avoirs, dans une fiducie sans droit de regard. Normalement,
M. le Président, on donne ça à quelqu'un qui est à distance
de nous. C'est ça, le principe, il ne faut pas qu'il soit proche.
Mais, non, il a un
chum qu'il connaît depuis 10, 15 ans, qui est sur un conseil d'administration avec lui, qui a des intérêts
similaires dans les mêmes compagnies, et là le grand jugement lui
indique de dire : Ah! je vais lui donner à lui, qui a les mêmes intérêts
que moi, le rôle de mandataire de mes avoirs, M. le Président.
Alors,
ça, M. le Président, est-ce
que c'est du jugement ou non? Ça
ressemble étrangement à la situation du leader adjoint avec le maire de
L'Ancienne-Lorette.
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M. Caire : Bien, encore
une fois, M. le Président, je rappelle que ceux qui vantent les mérites de la Commissaire à l'éthique devraient lire tous
les rapports de la Commissaire à l'éthique.
Ceci étant dit, M. le Président, ce qui est intéressant, dans la situation
actuelle, c'est qu'on parle d'apparence de conflit d'intérêts, et là, de toute évidence, la frontière, pour nos amis d'en face, c'est assez mince. Venant d'un
parti politique qui a vu l'UPAC occuper les locaux de sa formation politique au point où ils ont pensé à leur charger un loyer, ça m'apparaît
quand même assez litigieux.
Mais, ceci étant dit, parlons du rapport du rapport de la Commissaire à l'éthique. Qu'est-ce qu'elle dit? Elle dit : La
situation de ministre du député de Terrebonne le met en conflit d'intérêts
avec... en apparence de conflit d'intérêts avec le code d'éthique du fait de ses actions. Alors, parfait, il devrait
donc se retirer du Conseil des ministres. Non, elle dit : On va le suspendre comme député. Oui, mais ce n'est pas
ça, l'origine du problème, c'est sa situation de ministre. Bon, il se retire
du conseil du ministre, mais, ce faisant, il faut qu'il mette ses actions dans une
fiducie sans droit de regard. Ce faisant, il ne peut pas vendre les
actions qui font litige.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Caire :
Ça fait que, M. le Président, on est tout simplement en face d'une situation où
on comprend tous, en tout cas ceux
qui ont un tant soit peu de bonne foi, que le code d'éthique est désynchronisé
de la situation du député de Terrebonne, qui est très simple : il
se retire du Conseil des ministres...
Le Président : En terminant.
M. Caire :
...vend ses actions, régularise sa situation et recommence à travailler pour le
Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Le leader adjoint a bien fait attention de ne pas répondre à ma question, M. le
Président. Le problème du mandataire, là, c'est que le code d'éthique
interdit à Investissement Québec de parler au mandataire. Et il parle au mandataire, le mandataire est impliqué dans Lion.
Alors, M. le Président, là, il y a là une nouvelle infraction au code d'éthique.
Le premier ministre, encore une fois, le laisse passer. Ce n'est pas quelque
chose d'occulte, c'est quelque chose de su.
À la CAQ, y a-t-il encore une tolérance zéro en
matière d'éthique?
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M. Caire :
Bon, enfin, M. le Président, pourtant, là, la situation, elle est assez simple.
La situation, c'est que le ministre...
l'ancien ministre de l'Économie, député de Terrebonne, doit vendre ses actions
pour pouvoir rester au Conseil des ministres.
Il doit se donner les moyens de le faire. Une fiducie sans droit de regard, ce
n'est pas exactement la définition de se donner les moyens de vendre ses
actions.
Je comprends,
là, que, un ministre de l'Économie qui est probablement un des plus performants
dans l'histoire du Québec, le Parti libéral n'a pas envie de le voir
revenir au Conseil des ministres, mais, dans une situation de relance
économique, on a besoin du député de Terrebonne comme ministre de l'Économie.
Le Président : En terminant.
M. Caire : Il va
régulariser sa situation, n'en déplaise à mes collègues d'en face, et revenir
servir le Québec.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, ce qu'on a de besoin, c'est une population qui a confiance
dans ses institutions, et actuellement on a un premier ministre qui a laissé
aller des situations contraires au code d'éthique, qui ont amené blâme
par-dessus blâme et maintenant une recommandation de suspension. C'est ça dont
la population a besoin.
M. le
Président, en économie, la société québécoise et le gouvernement n'a pas besoin
d'un spéculateur, et actuellement c'est ce que l'on a, M. le Président.
Vont-ils s'amender?
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Oui, M. le Président, je vais laisser les Québécois juger du dernier
commentaire de mon collègue de La Pinière
sur le fait que... Est-ce que le Québec a besoin du député de Terrebonne comme
ministre de l'Économie? Compte tenu
de nos excellentes performances en matière de relance économique, je pense que
la réponse, elle est clairement oui. Compte
tenu de la réaction du milieu des affaires, qui déplore son retrait du Conseil
des ministres, je pense que la réponse est clairement oui. Compte tenu
des intérêts politiques du Parti libéral, je peux comprendre leur réaction.
Ceci étant dit, le premier ministre a à coeur
l'économie du Québec, veut se doter des meilleures personnes pour relance l'économie du Québec. Le député de
Terrebonne est la meilleure personne pour relancer l'économie du Québec.
Il va régulariser sa situation...
Le Président : En terminant.
M. Caire : ...et
il va revenir servir les Québécois pour les meilleurs intérêts du Québec.
Le Président : Question
principale, M. le député de Jean-Lesage.
Troisième lien entre Québec et Lévis
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Le sondage sur le
tunnel paru ce matin est pas mal différent de celui commandé par la Coalition
avenir Québec. On y apprend que trois Québécois sur quatre ne sont pas en
faveur du gros tunnel. On y apprend même que
l'appui au troisième lien à Québec est de 47 %
seulement, alors que le sondage de la CAQ, là, était de 10 % plus élevé.
C'est quoi, la différence? Le prix. Question honnête : Voulez-vous un
tunnel à 10 milliards? Réponse honnête : Non.
Là, on va
nous dire : Ah! mais c'est un projet de transport en commun. Écoutez, une
voie sur trois, prenons le tiers des
coûts du projet et le nombre d'utilisateurs qui vont prendre ces autobus-là, on
arrive à un coût de plus de 1 million de dollars par utilisateur.
C'est pharaonique.
On veut
savoir quels autres scénarios de transport en commun ont été évalués. Cette
option-là de tunnel, est‑ce que c'était la moins chère pour du transport
en commun interrives, oui ou non?
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci à mon
collègue de la Capitale-Nationale de réaborder ce sujet, parce que je pense qu'il sait que c'est toujours un plaisir
pour moi de réitérer le fait que notre gouvernement prend beaucoup de fierté
dans le fait d'avoir non seulement respecté ses engagements électoraux, ce qui
est en soi pas mal une première au Québec dans la fameuse histoire
contemporaine, mais en plus doter la Capitale‑Nationale et Chaudière-Appalaches
de projets de transport collectif et routier dignes d'une région avec une
population qui a droit, elle aussi, de
pouvoir se déplacer à la fois en transport collectif et dans sa voiture. Je
sais que Québec solidaire est contre les voitures, mais, M. le Président, les gens utilisent des
voitures dans la vie au quotidien, entre autres en banlieue. Et donc on aura de
grands projets de transport dans nos deux régions, M. le Président, et ça,
c'est très intéressant.
Quand on
s'oppose systématiquement à ces projets-là, on vient dire, d'une certaine façon...
Parce que je n'ai jamais entendu Québec solidaire s'opposer aux grands
projets à Montréal, s'opposer aux grands projets sur la Rive‑Sud, la Rive-Nord
de Montréal, à Laval, etc., c'est seulement contre la Capitale-Nationale qu'ils
en ont.
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault : Alors, je me demande : Comme députés de la
région, pourquoi s'opposent-ils à des projets d'avenir pour notre
région?
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Quand tu prends une voie d'autoroute, que tu la réserves aux heures de pointe
puis que tu tartines ça dans toutes
tes communications avec un grand sourire alors qu'en 2021 une autoroute sans
voie réservée, c'est juste un anachronisme,
on va se le dire, quand tu peintures un losange sur une voie d'autoroute pour
enduire de vert «fake» un projet ruineux pour l'environnement puis pour
les finances du Québec, tu donnes un tellement bon exemple d'écoblanchiment
qu'on devrait le prendre pour enseigner le concept dans toutes les écoles du
Québec.
Qu'elle prenne donc la minute qui s'en vient
pour nous parler d'à quel point elle est fière ça.
Le Président : Mme la
vice-première ministre.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, M. le Président. Bien, effectivement,
ma collègue de Taschereau rappelle qu'il y aura une large part de transport
collectif dans le tunnel Québec-Lévis, le tiers des voies vont être dédiées au
transport collectif, ce qui est très intéressant, ça va de soi. On relie les deux centres-villes, on
limite l'étalement urbain. Il y a de nombreuses vertus à cette grande toile
de mobilité durable.
Et
je rappelle à la députée de Taschereau, bien que
je sais que ça ne l'intéresse absolument pas, qu'on a 167 signataires
de gens d'affaires de la Capitale-Nationale
et de Chaudière-Appalaches qui endossent sans nuance notre projet et même
qui disent, regardez, je ne sais pas si la
députée regarde, là : Réseau express de la Capitale : enfin!
Le terme «enfin», ça, ça veut dire...
Le Président :
Je vais vous demander de ne pas utiliser... vous pouvez le verbaliser sans
utiliser le document.
Mme Guilbault :
O.K., bien, il est écrit «enfin» dans le titre. Donc, le terme «enfin», M. le
Président...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
...suggère que les gens étaient tannés d'attendre après un gouvernement qui
enfin...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion :
Merci, Mme la ministre, pour cette belle réponse orwellienne.
Si
la CAQ était pour le transport en commun, elle aurait fait faire une étude sur
le meilleur projet de transport direct Lévis-Québec, elle n'aurait pas
mis quatre voies d'autoroute à côté qui vont complètement tuer l'incitatif à
prendre le transport en commun. Est-ce
qu'ils l'ont fait faire, cette étude-là? Non. Si la CAQ était vraiment pour le
transport en commun, elle n'aurait pas fait faire autant niaiser le
projet de tramway puis elle n'aurait pas scrapé Charlesbourg.
1 million
de dollars par utilisateur? Ils ont tout fait leurs études eux autres, les
superbons en économie, là. 1 million de dollars par utilisateur,
c'est le meilleur...
Le Président :
Mme la vice-première ministre, à vous la parole.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : M. le Président, notre version bonifiée de ce
grand projet de transport pour la région au complet et la région de
Chaudière-Appalaches, non seulement il y a le tramway, qui, au passage, a été
allongé, dans la nouvelle version, plus loin à l'est, mais il y a un réseau de
voies express pour les banlieues pour du transport collectif dans toutes
les banlieues.
Le problème de Québec
solidaire, c'est qu'ils n'ont pas l'air conscients qu'en dehors du centre-ville
de Québec il existe des familles, il existe
des voitures, il existe... il devrait exister plus d'autobus, il existe des
gens qui ont besoin de circuler. Tu
ne peux pas vivre juste dans Taschereau puis dire : Bien, moi, en dehors
de Taschereau, je vais manifester dans Taschereau
pour Taschereau puis je vais faire comme s'il n'existait rien d'autre. À un
moment donné, M. le Président, il faut gouverner avec lucidité puis avec
jugement.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : Et on a offert à nos deux régions des projets
axés sur l'avenir, dignes de nos citoyens, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président :
Question principale, M. le député de Jonquière.
Investissements de la Caisse de
dépôt et placement
dans les hydrocarbures
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui, M. le Président. La Caisse de dépôt et placement possède 20 % des
parts de l'entreprise belge Fluxys, une multinationale impliquée dans la
pseudo-entente que vient de signer GNL Québec pour fournir l'Allemagne en gaz naturel liquéfié. Or, les
énergies fossiles sont de très mauvais investissements, en 2021, autant sur le
plan économique qu'énergétique, qu'écologique.
La
valeur des investissements de la caisse dans les hydrocarbures a chuté de
32 % dans la dernière année, ce qui équivaut à 2,4 milliards de dollars. Pour les 10 dernières
années, on parle d'un recul cumulatif de 57 % puis d'une perte de 4,8 milliards de dollars. Si ce même
argent avait été investi dans l'économie verte, on aurait plutôt eu jusqu'à
16 milliards de gains. Il est insensé que le bas de laine des
Québécois participe indirectement à GNL Québec, un projet qui n'a pas
d'acceptabilité sociale puis qui nous ramène dans le XXe siècle.
Est-ce
que le gouvernement d'un premier ministre comptable trouve que c'est bon que la
Caisse de dépôt fasse des investissements à perte?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Économie.
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Je dois d'entrée de
jeu expliquer que l'entente dont on
parle, ça n'a absolument rien à voir avec la Caisse de dépôt et placement. La
Caisse de dépôt et placement est partenaire, est actionnaire dans une multitude de projets. Actuellement, là, on
parle d'une entreprise qui est actionnaire d'une autre entreprise qui
est actionnaire d'une autre entreprise. C'est un peu comme l'homme qui a vu
l'homme qui a vu l'ours. Actuellement, là,
c'est l'histoire dont on parle, ce matin, là, c'est ça, c'est l'homme qui a vu
l'homme qui a vu l'ours. La Caisse de dépôt et placement n'est absolument
pas impliquée dans cette transaction-là.
Cela
dit, en ce qui concerne le projet GNL Québec, c'est vrai que ça peut
représenter un projet majeur, mais actuellement
ce projet-là doit avoir l'acceptabilité sociale, doit passer par des étapes où
l'entreprise doit s'inscrire dans des projets environnementaux.
Actuellement, c'est les démarches qui sont en cours.
Le Président :
En terminant.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
La ministre nous parle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, et la
Caisse de dépôt a investi un
demi-milliard dans cette entreprise qui soutient l'énergie fossile pour du
marketing de GNL Québec, alors que la Caisse de dépôt et placement a
initié en 2019 une stratégie internationale avec d'autres pour se sortir du
carbone.
Est-ce que la
ministre qui a vu l'ours trouve que c'est cohérent, cette intervention de la
caisse?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Économie.
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je vais vous
le répéter, la caisse n'a absolument rien à voir dans cette transaction-là.
C'est des transactions qui se font de façon courante entre entreprises. Actuellement, c'est une entreprise qui est
partenaire d'une autre qui a acheté des actions dans une autre entreprise. Je
pense que là, là, il faut faire
attention à la façon dont on joue avec les dés, actuellement. Cette
entreprise-là dont on parle, ces actions-là
ont été achetées en 2011, O.K., donc ça fait déjà plusieurs années. Et la
Caisse de dépôt et placement est partenaire dans une multitude...
Le Président :
En terminant.
Mme Lecours
(Les Plaines) : ...de petites entreprises. Donc, on est loin,
vraiment, de ce que le député mentionne.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Bien oui! À partir de 2011, là, si la Caisse de dépôt avait investi dans les
énergies renouvelables puis l'économie verte, ça aurait été des gains de
16 milliards. On est loin de l'ours qui a vu l'homme qui a vu l'ours.
Alors,
est-ce que le gouvernement va faire en sorte que la Caisse de dépôt soit
cohérente et changer la Loi de la Caisse de dépôt pour la forcer à
sortir des énergies fossiles et de sortir d'un projet du XXe siècle comme
GNL Québec?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Économie.
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup,
M. le Président. Écoutez, la Caisse
de dépôt et placement, je vous le
répète, elle est partenaire dans un paquet de... une multitude de projets. Elle
est indépendante. Elle travaille en fonction de nous, les Québécois, en fonction de notre avenir à nous, les Québécois.
Ce projet-là, elle n'a rien à voir avec le projet, là, c'est vraiment chacune des petites entités qui
sont partenaires. La Caisse de dépôt n'est pas incluse dans une entente comme
celle-là. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Respect
des règles en matière d'éthique
par le député de Terrebonne
M. André
Fortin
M. Fortin :
Oui. Merci, M. le Président. Voici la situation dans laquelle se retrouve
aujourd'hui le député de Terrebonne,
l'ex-ministre et futur ministre de l'Économie. Il est clairement en
contradiction, encore aujourd'hui, du code d'éthique. Il l'était après son élection;
le premier ministre a choisi de ne rien faire. Il l'était au moment de sa
nomination au Conseil des ministres;
le premier ministre a choisi de ne rien faire. Il l'était après le premier,
deuxième, troisième rapport de la Commissaire à l'éthique; ils ont
choisi de ne rien faire.
Il l'est
encore aujourd'hui, après le quatrième rapport. Il doit placer ses actifs dans
une fiducie. Même s'il est ouvert à
le faire, le PM lui dit : Tu n'as pas besoin de faire ça. Le premier
ministre du Québec dit à l'ex-ministre de l'Économie qu'il n'est pas
obligé de se conformer, qu'il va vouloir changer les règles à la place.
À quel moment on trace la limite, on dit :
C'est assez, vous devez vous conformer?
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : C'est
intéressant comme question, M. le Président, puis ça aurait été le fun qu'ils
se posent cette question-là à l'époque où
Pierre Paradis était sur le grill. Et, je constate, M. le Président, et ça, ce
n'est pas anodin, en autant que moi, je suis concerné, tous les députés de
l'opposition officielle qui se sont levés pour nous questionner se sont
tous levés pour voter contre le rapport de
la Commissaire à l'éthique, sauvant ainsi Pierre Paradis du devoir moral et
légal de rembourser les fonds qu'il avait détournés. Je dis ça, je ne
dis rien.
Ceci étant dit, qu'est-ce que la Commissaire à
l'éthique dit? Pour être au Conseil des ministres, le député de Terrebonne ne doit plus posséder les actions qu'il
possède dans les entreprises privées qu'il possède. Il doit les vendre. Bon,
parfait, on connaît l'histoire.
Maintenant,
suite au dernier rapport, le premier ministre a dit : Tu te retires du
Conseil des ministres. Et lui dit : O.K., tu as raison, je le fais.
Pourquoi? Parce qu'il faut vendre ces
actions-là. Mais la Commissaire à l'éthique dit : Mais, comme député, il faut que tu les places en
fiducie sans droit de regard. O.K., mais, si je fais ça, je ne suis pas capable de
les vendre. Je ne suis pas capable de les vendre, je ne reviens pas au Conseil
des ministres, je ne régularise pas ma situation. Il y a quelque chose
d'incohérent là-dedans.
Le Président : En terminant.
M.
Caire : Tout ce qu'on dit, là, c'est qu'il se met dans
une position pour régulariser sa situation. Vous devriez...
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André
Fortin
M. Fortin : M.
le Président, non seulement
il est en conflit pour sauver son million de dollars, il est également
en conflit avec le code d'éthique et
contre la directive de la Commissaire à l'éthique parce qu'il a placé... les
avoirs qu'il a placés, il les a
placés auprès d'un ami, quelqu'un avec qui il va souper. Il ne peut pas, M. le Président... L'esprit de la loi, là, c'est
qu'il ne peut pas, autour d'un verre de vin, discuter de ses actifs. Ça, ça va
contre la loi, contre le code, contre l'esprit.
À quand, M. le Président, assez, ça va être
assez?
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Bien, M.
le Président, je constate que le député
de Terrebonne n'est plus au Conseil des ministres. Je
constate que le député de Terrebonne a clairement indiqué le fait qu'il
voulait vendre les actifs, régulariser sa situation. Mais, M. le Président, il y a quelque
chose qu'on évacue sciemment du
débat, et c'est les questions suivantes. Est-ce que le député de Terrebonne a profité de son poste de ministre
pour s'en mettre plein les poches, lui? Non. Est-ce que le député de
Terrebonne a profité de sa situation de ministre
pour en mettre plein les poches à ses amis, lui? Non. Est-ce que
le député de Terrebonne a
profité de son poste de ministre pour en mettre plein les poches à sa formation
politique, lui? Non.
Alors, c'est quoi...
Le Président : En terminant.
M.
Caire : ...le conflit
d'intérêts?
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin : Voici ce qu'on a devant nous, M.
le Président, on a un parti qui va
voter deux fois contre un rapport du Commissaire à l'éthique. Ça, c'est du jamais-vu. On a devant
nous un ministre qui refuse de se conformer... un député qui
refuse de se conformer après quatre rapports
de la Commissaire à l'éthique. Ça, c'est du jamais-vu.
On a un premier ministre qui
lui dit de ne pas se conformer. Ça, c'est du jamais-vu dans cette Assemblée, M.
le Président.
C'est-u vraiment ça,
le type de leadership dont on a besoin?
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire : Et voici
ce que moi, j'ai devant moi : une formation
politique qui a vendu des actifs du gouvernement à des amis, qui pourrait constituer la plus grande fraude de l'histoire
du Canada, une formation
politique, M. le Président, qui avait des ministres à 100 000 $ avec...
Le
Président : Je vais quand même vous demander, dans le
contexte... non, je vais quand même... vous le savez très bien, dans un
contexte comme celui-ci, d'être très prudents dans les termes utilisés et dans
les intentions qui sont menées. Mais je vous appelle à la prudence.
M.
Caire : Bien, je
suis prudent, M. le Président. Ce que je dis là, ce sont des faits publics.
Alors, il y a des actifs, des édifices du gouvernement qui ont transité par des dénommés Bartlett, des dénommés Fava, des noms
qu'on a entendus à satiété, M. le Président, qui est sous investigation et qui pourrait être considéré comme la
plus grande fraude de l'histoire du Canada. Que
je sache, c'est un fait, M. le
Président. Je veux dire, le financement politique obscur, M.
le Président, ça aussi. La commission
Charbonneau, ça aussi.
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
L'UPAC qui fait des descentes à la permanence du Parti libéral, ça aussi. C'est
ça qu'on...
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Admissibilité
des artistes autoproducteurs aux
programmes de financement de la SODEC
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, ce matin, j'aimerais
revenir sur le thème de l'autoproduction de nos artistes, étant donné la motion que cette Chambre a votée à l'unanimité
cette semaine. C'est un enjeu important, il touche plus de 80 % des membres de la Soproq. Ces
artistes n'ont pas accès à l'aide nécessaire pour diffuser leur art
convenablement.
Le
cabinet de la ministre a expliqué que des mesures d'aide temporaires en lien
avec la pandémie allaient être mises en
place, aide que les artistes et nous jugeons incomplète. L'autoproduction
artistique, c'est un enjeu qui est indépendant de la pandémie, c'était là avant. Nous avons affaire à une réelle
révolution technologique avec les géants de la distribution et du Web.
Ma
question : Est-ce que la ministre s'engage à donner accès aux mêmes
subventions aux artistes autoproducteurs qu'aux producteurs reconnus par
la Loi de la SODEC?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Bien, je vais vraiment remercier, ce
matin, le député pour sa question,
parce qu'elle est hyperpertinente. Et, vous savez, M. le Président, lorsque
nous sommes arrivés en poste, l'une des
premières choses que nous avons faites, comme gouvernement, c'est de dire :
Bien, la politique culturelle qui vient tout juste d'être déposée, là, par la députée de Maurice-Richard, en catastrophe, à la fin de la
session, en juin 2018, bien, nous allons la
conserver, nous allons la conserver, parce que c'étaient quand même les gens du
milieu qui y avaient travaillé, il y avait
un consensus à l'égard de ce qui se trouvait à l'intérieur même de cette
politique culturelle. Mais, M. le Président, ce que nous avons constaté, à l'usage, c'est que, dans cette politique
culturelle, en plus d'y avoir le logo du Parti libéral, là, qu'on a enlevé, il y avait aussi de bonnes choses
mais de graves manquements. Et c'est à l'usage que nous nous sommes rendu compte que, dans la politique culturelle du
Parti libéral, qui est toujours en application, bien, il n'y avait rien pour
les producteurs, les artistes qui s'autoproduisent. Absolument rien, M.
le Président.
Alors, vous savez que c'est à l'usage qu'on se rend compte,
lorsqu'on devient ministre, de ce qui s'est passé avant.
Et vous savez quoi?
• (10 h 40) •
Le Président :
En terminant.
Mme Roy :
On est en train, M. le Président, d'y remédier. Et nous y travaillons.
Le Président :
Première complémentaire, M, le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, exceptionnellement, pouvez-vous permettre à la
ministre de s'adresser à moi pour ma
question? Le taux de production est une nouvelle manière de faire à laquelle
l'industrie au complet est confrontée. Ce n'est pas ponctuel. C'est ça, le message que je veux envoyer.
120 artistes ont dénoncé la situation un peu plus tôt, il y a quelques
semaines.
Je répète ma
question, c'est ça, le sens de mon intervention : Est-ce que la ministre
s'engage à donner un accès aux mêmes
subventions, les mêmes, aux artistes autoproducteurs qu'aux producteurs
reconnus par la Loi de la SODEC?
Le Président :
...comme d'habitude, on s'adresse toujours à la présidence. Mme la ministre.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Ça me fait plaisir de vous regarder, M. le député. Cela dit, on a cette pandémie qui est arrivée, et nous avons dû
prendre, naturellement, plusieurs moyens, créer des programmes pour nous
assurer d'avoir le plus d'argent possible
qui se rende vers les artistes, tous types d'artistes, et aussi, effectivement,
les artistes qui s'autoproduisent. Parce
que, oui, j'en ai rencontré plusieurs, M. le
député, et je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose pour eux
dans les programmes du CALQ, le
Conseil des arts et des lettres du Québec, qui est cette société d'État sous ma
responsabilité, et également dans les programmes de la SODEC, M. le
député. Et vous savez quoi, M. le Président? J'ai mandaté nos dirigeantes, parce
que ce sont des femmes qui sont à la tête...
Le Président :
En terminant.
Mme Roy :
...de revoir les programmes pour y inclure les...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, cette question, je la pose au nom de plusieurs artistes
appréciés des Québécois, Alexandra Stréliski, Fred Fortin, Les soeurs Boulay,
Joe Bocan, Dan Bigras, Daniel Boucher.
Je répète ma
question, mais, au-delà des travaux qui sont faits, je veux un engagement :
Est-ce que la ministre s'engage à donner
accès aux mêmes subventions aux artistes autoproducteurs qu'à ceux qui
reçoivent présentement du financement de la SODEC?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui. Alors, M. le Président, nous n'avons pas attendu cette lettre ni les
questions en Chambre, nous y travaillons
actuellement avec la SODEC. J'ai mandaté la directrice générale pour revoir les
programmes, pour nous assurer que les
artistes qui s'autoproduisent... Et puis ce sont les nouvelles technologies,
maintenant... En fait, ça fait des années, là, qu'ils s'autoproduisent, il n'y
avait rien pour eux. On va corriger cette situation-là pour qu'ils aient accès
aux programmes de la SODEC.
Mais
on n'attend pas que tous les programmes soient modifiés. Nous avons injecté...
Il y avait une annonce la semaine dernière
ou la semaine d'avant, nous en avons beaucoup, et qui a probablement passé
inaperçue du côté des oppositions. Nous avons investi, dans notre plan de relance en culture, 12 millions
de dollars provenant du Conseil des arts et des lettres du Québec...
Le Président :
En terminant.
Mme Roy :
...pour les artistes qui s'autoproduisent, et ça, c'est du jamais-vu. Alors,
nous y travaillons, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de Laurier-Dorion.
Mesures
pour faciliter l'accès au logement
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. Depuis que je suis député, à chaque mois de juin
j'interpelle la CAQ sur l'urgence du
1er juillet, mais la ministre de l'Habitation ne reconnaît toujours pas
l'urgence. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est qu'elle ne connaît
pas la situation du logement.
La ministre nous a dit que c'est elle
qui a implanté l'obligation d'indiquer sur le bail le montant du bail
antérieur. C'est incorrect. Cette obligation existe depuis 1994. Quand on lui
demande d'agir contre les rénovictions, elle réfère tout le temps au tribunal du logement. C'est incorrect. La
loi actuelle permet de réno-évincer en toute liberté. Parlez-en aux centaines
de locataires qui ont été mis dehors à Montréal et ailleurs.
Et
que dire des croyances du premier ministre, les loyers à 500 $, et sa
croyance que les augmentations de loyer doivent respecter les indices du
tribunal du logement? Incorrect, incorrect, là. Ils sont déconnectés.
Il
faut que la CAQ se branche rapidement. On doit aider les centaines de familles
qui se retrouveront sans logis le 1er juillet prochain.
Où est le plan
d'urgence de la ministre de l'Habitation?
Le Président :
Mme la ministre de l'Habitation et des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui, merci, M. le Président. J'ai quand même pris connaissance de votre
communiqué que vous avez envoyé il y
a quelques jours. Puis vous aviez trois recommandations pour le
1er juillet et également pour l'habitation. Dans les trois recommandations, les trois sont déjà travaillées. Il y en
a même qui sont déjà acceptées, sont en processus. Donc, je veux quand
même rassurer mon collègue qu'on a travaillé bien à l'avance.
Au niveau de l'habitation, je veux vraiment mentionner qu'on a pris nos responsabilités dès le début. On est arrivés avec
les 15 000 qui étaient annoncés,
non construits, on s'en est occupés. On travaille sur l'offre. Maintenant, M.
le Président, on a investi
730 millions dans le programme AccèsLogis. On a même revu... Cette
semaine, une autre annonce, on a fait l'inventaire
de tous les HLM du Québec qui étaient disponibles, rénovées, prêtes à livrer, on
a changé les modalités, la réglementation pour livrer des HLM. Cette
réglementation-là aurait dû être faite il y a 10 ans; on le fait
aujourd'hui.
L'éviction,
il y a une ligne... Puis j'invite les locataires sur Internet, sur le Tribunal
administratif du logement. En 48 heures,
les locataires qui se sentent évincés, on a mis une ligne d'urgence. Alors, les
locataires seront immédiatement contactés.
C'est important de
voir, la case G...
Le Président :
En terminant.
Mme Laforest :
...oui, elle était... en 1994, mais aujourd'hui on l'a fait pour les trois,
quatre dernières années.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Parlons-en, du numéro d'urgence. Seulement
sept municipalités au Québec ont un plan d'urgence pour le 1er juillet.
Pourtant, la crise du logement affecte toutes les municipalités du Québec, sans exception. Les locataires en difficulté
ont besoin d'aide pour la recherche de logement, des suppléments au loyer, de
l'hébergement d'urgence, de l'entreposage de meubles.
Pourquoi
est-ce que les municipalités sont laissées à elles-mêmes? Où est le leadership
de la ministre pour annoncer ces mesures d'urgence aux municipalités?
Le Président :
Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui. Merci, M. le Président. Peut-être que... Je ne comprends pas parce que,
même, pour les municipalités, dans le budget, on avait 3,2 millions pour les programmes Supplément au loyer d'urgence. C'est déjà
fait. Vous allez voir, pour le
1er juillet... J'ai contacté encore cette semaine tous les offices
d'habitation. Les offices d'habitation, je veux vraiment vous le dire, parce que les offices
travaillent vraiment avec les municipalités. Les municipalités ont leurs plans d'urgence pour entreposer ou encore loger des gens, s'ils ont
besoin, le temps de se trouver un logement, à l'hôtel.
Alors,
autant les municipalités, M. le
Président, que... Je parle avec les municipalités toutes les semaines, avec les offices d'habitation. On a des
PSL, on va avoir des hôtels, on va avoir de l'entreposage, on va avoir des
logements...
Le Président :
En terminant.
Mme Laforest :
...parce qu'on change la réglementation, même dans les HLM, depuis 10 ans.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Je le rappelle, seulement sept municipalités ont un plan d'urgence.
Je dépose l'enquête
sur la discrimination systémique dans le logement sortie hier, Quand trouver
un logement est une véritable course à obstacles. Plus les loyers sont
chers, plus la discrimination sévit contre les mères, contre les personnes
handicapées, contre les gens qui parlent avec un accent, comme moi.
Le 1er juillet, c'est demain
matin. Est-ce que le ministre responsable de la Lutte contre le racisme a posé
des gestes pour empêcher la discrimination dans la recherche d'un
logement?
Document
déposé
Le Président :
D'abord, consentement pour le dépôt de document, bien sûr? Je vais demander la
réponse à la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui, merci, M. le Président. Parce qu'honnêtement la discrimination, sous
toutes ses formes, est interdite. Ça n'a aucun sens. Et surtout, dans le
logement, présentement, c'est interdit.
Par
contre, avant de signer un bail, ce n'est pas le Tribunal administratif du
logement qui est responsable. Alors, moi, j'invite les gens à la Commission des
droits de la personne, de porter plainte. C'est important. Mais c'est sûr que,
là, le bail n'est pas signé, donc c'est une autre commission, les droits de la
personne.
Quand
le bail est signé, par contre, j'invite immédiatement les gens qui ont subi ou
qui pensent avoir subi de la discrimination
de contacter le Tribunal administratif du logement, on va les accompagner,
parce que la discrimination, sous toutes ses formes...
Le Président :
En terminant.
Mme Laforest :
...est complètement impossible. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Plan
de lutte contre l'itinérance
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
M. le Président, la semaine dernière,
j'ai rencontré Pierre-Olivier, 24 ans, de Trois-Rivières, qui a tout perdu. Il est sans-abri à Montréal
depuis des mois. Il s'est réfugié à la Place Dupuis, mais la Place Dupuis va
fermer dans trois semaines. Ils sont
250 comme lui qui habitent là. Ils vont aller où, tout ce monde-là, à la veille
du 1er juillet, en pleine crise du logement? Dans des tentes, M. le
Président?
Et
ce n'est pas seulement à Montréal, l'augmentation de l'itinérance, elle est
partout. C'est dans les Laurentides, à Joliette,
à Québec. Mais le gouvernement ne voit rien. Il manque de refuges adaptés, de
logements supervisés, il manque de soutien pour des gens qui en ont
besoin, M. le Président.
Pendant
que le premier ministre gère les problèmes d'éthique du député de Terrebonne,
il ne s'occupe plus, il ne s'occupe
pas de nos plus vulnérables, qui vont continuer de se retrouver dans la rue.
Depuis janvier, le ministre promet un plan de lutte contre
l'itinérance.
Où il est, ce plan, M.
le Président?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Je remercie la députée
pour sa question, ça va nous permettre de clarifier bien des choses. Nous, on s'en occupe, des itinérants.
Ils sont effectivement tous à la Place Dupuis. Actuellement, là, le taux d'occupation au Québec,
à Montréal, est de 84 %, donc il y a de la place pour tout le monde, il y a encore de la
place de disponible. On a le centre
de soccer géré par la Croix-Rouge, M. le Président, qui peut accueillir
200 personnes, qui est actuellement vide, donc il y a de la place
pour après le 30 juin, M. le Président. On a l'Hôpital Royal Victoria qui
a de la place également, qui sert de zone
rouge, zone jaune, qui peut accueillir des personnes additionnelles, M. le
Président. J'ai parlé d'ailleurs,
justement, à la Mission Bon Accueil cette semaine pour discuter de l'après 30 juin.
On parle régulièrement avec le fédéral également pour s'assurer que le
plan soit continu jusqu'à mars 2022, M. le Président.
Les
plus vulnérables, on s'en occupe très bien. On s'en est très bien occupés
pendant la pandémie. On les a vaccinés, on leur a trouvé du logement, on
a trouvé des hôtels. On a toujours répondu à leurs besoins, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Création
d'aires protégées
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Alors, la saga des aires protégées se poursuit,
M. le Président. Je vous rappelle que 83 aires protégées sont prêtes pour
une désignation, que ces projets font consensus dans les communautés impliquées
et qu'il ne manque qu'une seule chose, c'est-à-dire l'approbation finale
du gouvernement.
Nous savons que c'est le ministre des Forêts qui est le principal responsable de l'abandon de ces désignations. En
cette veille de la Journée mondiale de
l'environnement, l'insulte s'ajoute à l'injure. En effet, le ministre des Forêts refuse de fournir les
informations expliquant la raison de son opposition à la désignation des aires
protégées projetées. Alors que le ministère de l'Environnement s'est montré transparent en fournissant les
documents demandés, le ministère de la Forêt s'y est opposé à trois
reprises.
De qui ou de quoi le ministre
de la Forêt a-t-il peur pour être transparent?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je dois mener une bonne vie parce que je la souhaitais,
cette question‑là. Et je suis d'autant plus
heureux qu'elle démontre que le ridicule ne tue pas, au Parti libéral, qui peut même être encouragé...
Le
Président : ...quand
même d'être prudents dans les façons de dire, encore une fois, dans la façon de
s'exprimer. Je vous demanderais votre collaboration et la prudence.
M. Charette : Je vais le démontrer par des chiffres, dans ce
cas-là. Je regardais encore ce matin, de 2014 à 2018, donc les dernières années du Parti libéral, la progression des aires protégées au Québec. Si on parle de 2014, le
pourcentage de protection était à 9,11 %. On monte à
9,4 % à la fin du règne libéral, donc une progression famélique pendant
les quatre années où le Parti libéral avait la possibilité de faire une
différence dans ce sujet-là.
Où en sommes-nous,
présentement? À 17 %. Donc, en deux ans à peine, on a passé le degré de
protection de 10 % à 17 %, c'est
plus de 110 000 kilomètres
carrés de protection qui ont été
assurés, non pas grâce à la contribution du Parti libéral, mais par la
volonté de travailler ensemble, à la Coalition
avenir Québec, donc de beaux échanges
autant avec mon collègue aux Affaires
autochtones, mon collègue à la Forêt, Faune et Parcs, mon collègue aux
Ressources naturelles.
Le Président :
En terminant.
M. Charette :
Donc, ce sont des résultats concrets que le Parti libéral n'a pas su livrer.
Le Président :
Et cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Rapport
d'enquête de la Commissaire à l'éthique et à la déontologie au
président de l'Assemblée nationale au sujet de M. Pierre Fitzgibbon,
ministre de l'Économie et de l'Innovation et député de Terrebonne
Nous sommes à la
rubrique — et
votre attention à toutes et à tous — des votes reportés. Comme
annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote sur le rapport du 1er juin 2021 intitulé Rapport
d'enquête de laCommissaire à l'éthique et à la
déontologie au président de l'Assemblée nationale au sujet de
M. Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie et de l'Innovation et
député de Terrebonne. Je rappelle aux membres de l'Assemblée que la
commissaire a recommandé qu'une sanction soit imposée au député de Terrebonne.
Et,
en application de l'ordre spécial, j'invite les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption de ce rapport.
D'abord, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : M. le
Président, contre. Et je vous avise que le député de Terrebonne
ne souhaite pas prendre part au vote.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
pour.
Le
Président : Je vous remercie. En conséquence, le rapport est considéré comme rejeté par au moins les
deux tiers des membres de l'Assemblée nationale.
Motions sans préavis
Nous
passons maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et je
reconnais Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
à vous la parole.
Demander au gouvernement de
maintenir les services d'obstétrique
de proximité sur l'ensemble du territoire du Québec
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de Maurice-Richard, le député
des Îles-de-la-Madeleine, la
députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale constate la vulnérabilité des départements d'obstétrique qui ont récemment subi des ruptures de services, notamment
dans les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de l'Outaouais et de l'Abitibi-Témiscamingue;
«Qu'elle
déplore que ces fermetures obligent des femmes à parcourir de longues distances
en plein travail, ce qui met en danger leur santé et celle des
nouveau-nés en raison du risque d'accouchement durant leur déplacement;
«Qu'elle reconnaisse
que ces bris de service sont causés par le manque de personnel;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de maintenir les services
d'obstétrique de proximité sur l'ensemble du territoire du Québec;
«Enfin,
que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de maintenir ses efforts pour
améliorer l'aménagement du temps de
travail pour faciliter l'équilibre travail-vie personnelle, l'offre de postes à
temps complet en soins obstétricaux, la réduction de la charge de
travail, ainsi que la réduction de la main-d'oeuvre indépendante.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Il y a consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vais vous demander vos
votes respectifs, bien sûr. D'abord, M. le leader du deuxième
groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Maurice-Richard, le leader du deuxième groupe d'opposition, la
députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'adoption unanime, le
22 octobre 2019, d'une motion demandant au gouvernement d'élargir, dans les plus brefs
délais, la couverture publique de la Régie de l'assurance maladie du
Québec — la
RAMQ — pour y inclure le traitement par appareils à
pression positive continue, nécessaires aux personnes souffrant d'apnée
du sommeil;
«Qu'elle
constate que 19 mois plus tard, ces appareils ne sont toujours pas
couverts par la RAMQ, bien que le comité de travail ait fourni un
premier rapport de ses travaux au gouvernement;
«Que l'Assemblée nationale souligne que l'apnée du
sommeil touche de 5 % à 15 % de la population québécoise — dont moi, M. le Président — que cette maladie peut entraîner des
conséquences graves sur la santé mentale
et physique en cas de non-traitement, et que les patients qui n'ont pas de
couverture doivent débourser entre 1 000 $ et
2 500 $ par année pour leur appareil à pression positive continue;
«Ainsi,
que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de confirmer
l'élargissement de la couverture publique et le remboursement de ces
appareils, et de garantir l'application de cette directive d'ici la fin de la
présente session parlementaire.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Président : Pas de
consentement. Je reconnais maintenant Mme la
ministre de la Culture et des Communications. À vous
la parole.
Rendre hommage à M. Serge
Bouchard, anthropologue,
auteur et communicateur, et offrir des condoléances
à sa famille et à ses proches
Mme Roy : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de débattre de la
motion suivante conjointement avec la
députée de l'Acadie,
la députée de Taschereau, le chef du troisième groupe d'opposition,
le député de Rimouski, la députée de Marie-Victorin et le député de Rousseau :
«Qu'à
l'occasion de son décès, l'Assemblée
nationale du Québec
rende hommage à M. Serge Bouchard, anthropologue, auteur, et
communicateur;
«Qu'elle
souligne sa carrière exceptionnelle pendant laquelle il s'est passionné pour
l'histoire des Premières Nations, la nordicité et l'Amérique francophone;
«Qu'elle rappelle que monsieur Bouchard était
officier de l'Ordre national du Québec et récipiendaire du prix Gérard-Morisset
des Prix du Québec;
«Qu'elle
transmette ses condoléances à sa famille, à ses proches, à ses collègues
ainsi qu'à ses nombreux admirateurs [qui sont] partout au Québec — et
bien au-delà, M. le Président;
«Qu'enfin, elle observe un moment de
recueillement à sa mémoire.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire : M. le
Président, il y a un consentement pour un débat de deux minutes, dans
l'ordre suivant : Mme la ministre de la Culture, Mme la députée de Verdun, Mme la députée de Taschereau et M.
le chef du troisième groupe d'opposition.
• (11 heures) •
Le
Président : Alors, je
comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait
quatre intervenants et pour que la durée des interventions
soit limitée à un maximum de deux minutes chacune, débutant par la ministre
de la Culture et des Communications. À vous la parole.
Mme Nathalie
Roy
Mme Roy : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Le Québec a récemment perdu
l'un de ses personnages publics les
plus inspirants, l'anthropologue, auteur et communicateur Serge Bouchard.
Passionné par l'histoire et la société québécoise, qu'il analysait sous tous ses angles, Serge
Bouchard était devenu le grand sage vers lequel on se tournait pour avoir une
vision éclairée de la nation québécoise. À travers ses écrits et les émissions
radiophoniques qu'il animait, il posait un regard sensé et réfléchi sur le
monde qui nous entoure et nous amenait calmement à le voir sous un nouveau jour.
Serge Bouchard est à l'origine d'un genre
radiophonique, initié aux côtés du regretté Bernard Arcand, qui portait les auditeurs à réfléchir. Pensons à Les
chemins de travers, à C'est fou, ou encore Remarquables oubliés,
que ses auditeurs fidèles n'oublieront jamais.
Inimitable, brillant et pertinent, Serge Bouchard
amenait la réflexion hors des sentiers battus et scrutait inlassablement
l'âme des Québécois, si ce n'est l'âme humaine.
Il recevait
en 2015 le prix Gérard-Morisset, des Prix du Québec, la plus haute
récompense remise par l'État en
matière de valorisation du patrimoine. En 2016, il était
fait officier de l'Ordre national du Québec. Nous avons hérité de ce grand sage plusieurs ouvrages, dont L'homme descend
de l'ourse et C'était au temps des mammouths laineux, pour ne nommer
que ceux-là.
Anthropologue
avant tout, il était animé par la quête de comprendre ses semblables, hommes et
femmes de tous les horizons culturels
et géographiques. Cette quête l'a mené à parcourir les routes et les chemins
forestiers à la rencontre des communautés autochtones, qu'il affectionnait tout particulièrement. Il les considérait comme des nations fières, dont les
traditions, savoirs, coutumes et expressions culturelles constituaient de
grandes richesses.
Il lisait de
sa voix grave, reconnaissable entre toutes, et là je le cite : «L'histoire
a son envers, l'histoire a ses revers. Il y aura toujours une autre façon
de voir.» Cette voix résonnera encore longtemps à nos oreilles, et ces propos
resteront gravés dans notre mémoire collective.
Au nom du gouvernement du Québec et en mon nom personnel, j'offre nos plus
sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses admirateurs. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président : Mme la députée
de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci,
M. le Président. S'il était encore
parmi nous, j'aimerais bien demander à M. Serge Bouchard de nous aider à réfléchir à l'expression «une
pluie d'hommages». Il y verrait certainement
toute une poésie cachée, semblable à ce sentiment de bonheur triste que nous vivons
aujourd'hui, sachant que nous avons perdu quelqu'un d'important, tout en étant heureux d'avoir pu profiter de ses
connaissances, car une pluie d'hommages, c'est bien ce que l'on voit depuis le
décès de M. Bouchard, le 11 mai
dernier, à l'âge de 73 ans, une pluie qui témoigne de l'importance de cet
anthropologue, auteur et animateur pour notre société.
Grand
pédagogue, il était expert pour révéler l'invisible dans des mots simples, pour
rendre concrètes les grandes forces
complexes qui gouvernent nos sociétés, qui nous définissent un peu sans qu'on
le sache. Son regard sur les Premiers
Peuples et sa voix reconnaissable entre toutes nous manqueront. C'était un
transmetteur du savoir, un observateur du
quotidien, de l'américanité et de la condition humaine. Il a par ailleurs reçu, en 2015, le prix Gérard‑Morisset pour
souligner sa contribution
exceptionnelle dans les domaines des biens culturels, des archives, de la
muséologie et de la culture populaire traditionnelle.
Je vous
assure, M. le Président, que les écrits et l'intelligence de M. Bouchard
continueront de nous guider encore longtemps. J'ai lu qu'il disait souvent que ce qui est
important, dans la mort, c'est cultiver la présence dans l'absence, et c'est
ce que nous faisons collectivement à la suite du départ de M. Bouchard.
Je transmets
donc, au nom de ma formation politique, en mon nom, mes plus sincères condoléances à la
famille et aux proches de M. Serge Bouchard. Où qu'il soit,
j'espère qu'il prend un café avec Marie. Merci.
Le Président : La parole à la
députée de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion : Merci,
M. le Président. La voix de Serge
Bouchard était tellement grave que, quand on était dans la même
pièce que lui puis qu'il parlait, on sentait les vibrations dans le plancher.
Quand je suis
allée à son émission de radio, je le regardais pendant qu'on jasait puis je me
disais : Mais c'est drôle, il n'a pas l'air préparé. Puis là il faut le
prendre dans le sens le plus positif du terme. En fait, il n'était tellement
pas préparé à cette émission de radio précise là qu'il était complètement à l'écoute, mais une écoute... pas juste une écoute de : Oui,
j'écoute, je fais oui, oui puis je suis là,
là. Son écoute était complètement enveloppante, absorbante. On se perdait à le
regarder nous regarder. Puis je me
suis dit : C'est ça, un sage, dans le fond. C'est quelqu'un
qui ne dit pas : Qui est cette personne, comment je vais réagir, quelles
sont les questions importantes à lui poser?, mais qui dit : L'écoute,
c'est aussi une façon de parler. Quand tu laisses l'autre parler, que tu
reprends la balle au bond à la mesure de ce qu'il fait jaillir en toi comme émotions, comme intérêt, comme curiosité, là il
arrive de l'intéressant, là il arrive du moment présent, là il arrive quelque chose, une matière qui fait que l'auditeur, dans son
auto, dans sa cuisine, s'arrête, arrête de penser à ses petits guédis dans la
tête qui tournent comme un hamster puis se met à aller sur du plus large. C'est
ça, un sage.
Puis, après être allée à son émission, j'ai
regardé tous les livres qu'il avait écrits, ceux que je n'avais pas lus, puis
un de ses premiers, les Récits de Mathieu Mestokosho. Vers la fin de ses
études ou tout de suite après ses études, il
est allé dans le monde innu, il s'est assis devant un vieux monsieur, dans les
années 60, 70, puis il a dit : Raconte‑moi tout, puis il a juste
écrit ça. Et ça, il a fait ça tout au long de sa vie avec toutes sortes de
personnes. C'est ça, sa bibliothèque intérieure.
C'est ça qu'il traînait avec lui tout le temps et qui faisait qu'il n'avait pas
besoin de se préparer, tout était là, l'intérêt
pour l'humain, la capacité d'aller faire ressortir ce dont on a tellement
besoin puis qui ne fait pas partie de notre quotidien, malheureusement, l'amour, la tendresse, la tradition, l'amour de
tous les symboles qu'on a entre nous, qu'on crée sans arrêt, qui sont démolis sans arrêt, puis pour lesquels on lutte
sans arrêt, tout le temps, tout le temps, tout le temps, entre nous. On ne parle jamais de ça, surtout pas ici,
mais peu à la radio, peu dans les médias, peu dans nos discussions autour
d'une dinde de Noël, par exemple.
Ça fait que c'est une richesse incommensurable pour notre mémoire collective, pour
notre conscience collective, pour nos
discussions, pour l'élargissement de notre pensée, c'est cette richesse-là qui
vient de partir. Mais, comme, tout au
long de sa vie, il a donné, donné, donné, autant en écoute qu'en sagesse, j'ose
espérer que ça va vivre encore un peu en nous et peut-être faire émerger
d'autres petits Serge Bouchard dans les temps à venir.
Le Président : M. le chef du troisième
groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, il est difficile de rendre
hommage à Serge Bouchard à la hauteur de ce que lui était en mesure de
faire.
Depuis son
départ, aussi soudain qu'inattendu, on n'a cessé de souligner, à juste titre, à
quel point cet homme de paroles et de
connaissances était doué pour les partager. Quiconque s'intéresse un tant soit
peu à l'histoire et au parcours de
notre peuple s'est déjà arrêté pour écouter Serge Bouchard. Avec ses mots, avec
sa voix si distinctive, toute anecdote prenait des allures d'épopée.
C'est que, pour lui, il n'y avait pas d'événement ou de personnage banal. Notre
vie d'aujourd'hui s'expliquait par les mille
et un détours qu'avaient pris nos ancêtres, et chacun de ces chemins avait
une valeur inestimable, était irremplaçable.
Toute sa vie,
il a voulu nous faire prendre conscience du fait que les Québécois formaient un
grand peuple, un peuple qui a gagné l'Ouest, qui a fondé de grandes
villes au sud, qui a eu une influence déterminante partout sur le continent.
Serge
Bouchard a également mené le combat pour une meilleure connaissance
entre les peuples, notamment entre nous,
Américains, francophones, et les peuples autochtones, chacun des peuples
autochtones. Il abhorrait l'ignorance et l'indifférence. Il souhaitait qu'on se rapproche et qu'on lie nos
parcours enfin, une fois pour toutes. Il disait que nous étions tous, de toute façon, métissés
jusqu'à l'os, destinés, en quelque sorte, à partager cet immense territoire,
motivés et inspirés par un nationalisme renouvelé.
Je
retiens une phrase qu'il a dite lors d'une entrevue en 2005. J'ouvre les
guillemets : «Aujourd'hui, le nationalisme québécois évolue, et les portes sont plus grandes ouvertes. Le Québec
est la province canadienne la plus avancée dans le dialogue avec les Premières Nations. [...]c'est
grâce, entre autres, à la convention de la "Paix des Braves" et de la
Baie James.»
• (11 h 10) •
En
sa mémoire, pour l'honorer, nous devons nous inspirer de la
sagesse de Serge Bouchard, de son esprit libre, de son amour pour la langue du
Québec et nos grands espaces, particulièrement Huberdeau, de sa volonté de mettre en lumière
des personnages négligés de l'histoire mais néanmoins déterminants,
monumentaux.
Je m'en voudrais de
ne pas témoigner de son amour sincère pour les camionneurs, qu'il a magnifiés.
Il s'est intéressé au camionnage, et c'était beau à entendre, c'était
magnifique. Ça l'est toujours, d'ailleurs.
Je tiens à témoigner,
au nom de mes collègues du Parti québécois, ma profonde sympathie à tous ses
proches. Serge Bouchard nous manquera à
tous. Je m'engage à continuer à lutter pour qu'enfin nous assistions, fiers et
conscients de notre valeur, à notre rendez-vous avec l'histoire, à notre rendez-vous avec notre identité nord-américaine riche et
unique, qui détermine notre vision du monde.
Serge
Bouchard a été une personne déterminante pour bien des Québécois.
Il n'est pas trop tard pour découvrir ou redécouvrir son oeuvre, elle
lui survivra. Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Et je
vous invite à m'indiquer vos votes respectifs sur cette motion. D'abord,
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le
Président : Cette
motion est donc adoptée. Je vais vous demander de vous lever pour
observer une minute de silence à la mémoire de M. Serge Bouchard.
• (11 h 11
—
11 h 12)
•
Le Président :
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Mme la députée de Verdun,
à vous la parole.
Mme Melançon : Merci,
M. le Président. Alors, je sollicite
le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de Jonquière, la
députée de Marie-Victorin et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée
mondiale de l'environnement qui se déroule cette année sous le thème
de la restauration des écosystèmes;
«Qu'elle souligne
l'importance de protéger les écosystèmes à risque;
«Qu'elle
rappelle que le gouvernement du Québec s'est donné une cible ambitieuse de
protéger 17 % de son territoire terrestre pour 2020 et d'atteindre
30 % pour 2030;
«Qu'elle souligne
l'importance de commencer dès aujourd'hui à protéger les territoires faisant
consensus en atteignant une cible intermédiaire de 22 % d'ici 2022,
puisque le consensus menant à la désignation est un long travail;
«Qu'elle rappelle que
des écosystèmes névralgiques au sud de la province sont en danger et qu'il faut
faire un effort supplémentaire pour les protéger;
«Qu'elle rappelle que
le gouvernement n'a fait que des efforts de protection dans le nord du Québec
et que la protection au sud est insuffisante et primordiale;
«Qu'elle rappelle que
83 aires projetées sont prêtes pour la désignation et attendent uniquement
l'autorisation gouvernementale finale pour exister;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste d'aller de l'avant sans
attendre avec la désignation des 83 aires protégées projetées,
démontrant du même coup son intérêt réel à protéger les écosystèmes
névralgiques québécois.»
Merci, M. le
Président.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement.
J'ai reçu une motion sans préavis... Une motion,
pardon, sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande
s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans
préavis. Consentement. M. le ministre responsable de la Lutte contre le
racisme.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Donc, je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Gaspé, le député de Chomedey, le député de
Rimouski et le député de Rousseau :
«Que
l'Assemblée nationale déplore que plus de 75 ans après la fin de la Shoah,
l'antisémitisme demeure présent dans le monde;
«Qu'elle
dénonce les violences, menaces et agressions subies par la communauté juive
québécoise, qui ont pris de l'ampleur ces dernières semaines, tant dans
nos villes que sur les réseaux sociaux;
«Qu'elle se joigne à l'effort international
renouvelé de combattre l'antisémitisme;
«Qu'elle
réitère la nécessité de maintenir un débat sain et démocratique concernant le
conflit israélo‑palestinien;
«Qu'elle condamne sans réserve l'antisémitisme;
«Qu'elle
réitère que critiquer ou manifester pacifiquement contre la position d'Israël
dans le dossier israélo‑palestinien n'est pas en soi de l'antisémitisme;
«Qu'elle
adopte la définition de l'antisémitisme comme étant une certaine perception des
Juifs, qui peut être exprimée sous forme de haine envers les Juifs;
«Qu'enfin,
elle rappelle que les manifestations rhétoriques et physiques de
l'antisémitisme visant des individus juifs ou non et/ou leurs biens, leurs
institutions communautaires et les lieux de cultes seront toujours condamnées
sans réserve.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le...
M.
Caire : Il y a
consentement, sans débat, M. le Président.
Le Président : M. le... Il
n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous passons à la rubrique Avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : M. le
Président, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie et du
travail poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 59,
Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle du Conseil législatif, ainsi que le mardi 8 juin
2021, de 10 heures à midi, à la salle Pauline-Marois;
La Commission
de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 83, Loi concernant
principalement l'admissibilité au régime d'assurance maladie et au régime
général d'assurance médicaments de certains enfants dont les parents ont un statut migratoire précaire, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des transports et de
l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 88,
Loi modifiant la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune et d'autres dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, ainsi que le mardi 8 juin 2021, de
10 heures à midi, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission
de l'aménagement du territoire entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, ainsi que le mardi 8 juin 2021, de 10 heures à
midi, aux salles Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission
des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant
des dispositions législatives
en matière de protection des renseignements personnels, le mardi 8 juin 2021, de 10 heures à
midi, à la salle du Conseil législatif.
Le
Président : Merci. Pour ma part, je vous avise que la
Commission spéciale sur l'évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie se réunira en séance de
travail le lundi 7 juin 2021, de 14 h 15 à 15 h 15, en
séance virtuelle, afin d'organiser les travaux de la commission.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Avis de sanction de
projets de loi
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, je vous informe qu'il y aura sanction du projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication
de renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones disparus
ou décédés à la suite d'une admission en
établissement, aujourd'hui, à 11 h 30, au bureau de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur.
Je
vous informe également qu'il y aura
sanction du projet de loi n° 78, Loi visant principalement à améliorer la
transparence des entreprises, le mardi 8 juin 2021, à
9 heures, au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et je suspends nos travaux pour quelques instants.
Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à 11 h 19)
(Reprise à 11 h 28)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, nous poursuivons nos travaux aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux?
M. Schneeberger :
Bien oui, certainement. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 14
du feuilleton.
Projet de loi n° 86
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 14 du
feuilleton, Mme la ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne
propose l'adoption du projet de loi n° 86, Loi
concernant la dévolution de la couronne. Alors, je vais céder la parole à M. le député
de Chapleau, adjoint parlementaire pour le ministre de la Justice. La
parole est à vous.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien heureux d'être
avec vous ce matin. J'en profite pour
saluer les collègues de la partie gouvernementale, également les collègues de
l'opposition. Nous voilà donc rendus à la dernière étape, celle de
l'adoption finale du projet de loi n° 86, la Loi concernant la dévolution
de la couronne.
D'abord, j'aimerais remercier, bien entendu, ma
collègue la ministre responsable des Relations canadiennes et des Institutions démocratiques pour sa confiance
en me laissant procéder à l'adoption finale du projet de loi. D'ailleurs, par
le passé, j'ai eu l'occasion d'être son
adjoint parlementaire, et nous travaillons très bien ensemble. Je suis bien
heureux que cette collaboration
fructueuse puisse se poursuivre encore aujourd'hui. Je voudrais aussi souligner
son travail et l'excellente collaboration
de tous les collègues qui ont participé à l'étude de ce projet de loi. Leur
ouverture nous a permis de passer chacune
des étapes du processus législatif à l'intérieur d'un laps de temps tout à fait
raisonnable compte tenu des nombreux dossiers que doit traiter notre
Assemblée.
D'ailleurs, à
ce sujet, lors de l'une des étapes législatives, celle des consultations
particulières, nous avons eu l'occasion d'échanger avec des experts en la matière. Je pense, entre autres, au Pr Marc
Chevrier qui est professeur au Département des sciences politiques de
l'UQAM, au Pr Patrick Taillon, qui est professeur à la Faculté de droit de
l'Université Laval, également M. André Binette, juriste en droit
constitutionnel.
Mme la Présidente, nous avons eu d'intéressants
échanges constitutionnels, des échanges sur le rôle et le fonctionnement de nos institutions. Et ça m'a
permis de me replonger dans mes cours de droit, je dois vous dire, notamment
certains principes de common law que nous
avons abordés. Et je me souviens très, très bien, à la Faculté de droit de McGill,
nous avions abordé ces enjeux-là, là, en droit constitutionnel. Donc, c'était
assez fascinant pour les juristes que nous sommes et avec qui nous partagions,
justement, les consultations particulières.
• (11 h 30) •
À ce propos, la présentation, l'étude en
commission parlementaire puis l'adoption de ce projet de loi ont été rendues nécessaires en raison de la présence dans
notre droit public, comme je vous disais précédemment, d'une fameuse
règle de common law. Cette règle est celle de la dévolution de la couronne,
qui, en théorie, a des conséquences sur le fonctionnement des activités des
pouvoirs de l'État.
En effet, la
dévolution de la couronne, qui peut survenir soit au décès, soit au moment de
l'abdication du souverain ou de la souveraine, entraîne la fin des activités
des trois pouvoirs que sont le législatif, l'exécutif et le judiciaire.
Il était donc nécessaire, afin d'éviter
toute confusion dans la poursuite des activités et des affaires de l'État, de
venir clarifier notre corpus législatif avec un court projet de loi de
quatre articles afin que cette règle de common law n'ait plus dorénavant aucun effet en droit québécois. Tous les juristes
ne s'entendaient pas sur les risques réels en lien avec notre législation
actuelle, mais il y a une maxime célèbre en droit qui va comme suit :
Trop fort ne casse pas.
Tous les autres Parlements du Canada ont déjà
agi pour contrer les conséquences d'une dévolution. En effet, ils ont tous adopté, à différentes époques, des
dispositions législatives permettant de contrer certains ou l'ensemble des
effets juridiques liés à la dévolution de la
couronne. La province de Terre-Neuve est la dernière à l'avoir fait alors qu'en
décembre 2019 elle a adopté An Act respecting the Demise of the Crown, une loi
qui annule l'ensemble des effets qu'engendre la dévolution de la couronne sur
les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Je
rappelle que le projet de loi contient trois mesures. La première confirme la
poursuite des activités du Parlement du
Québec, du gouvernement du Québec et les tribunaux du Québec, même s'il
survient une dévolution de la couronne.
La
deuxième mesure confirme que toutes les personnes qui occupent une charge ou un
emploi, et ce, peu importe leur affiliation à l'ensemble de l'appareil
étatique, sont maintenues dans l'exercice de leurs fonctions sans qu'il ne
soit nécessaire de les renommer.
Enfin,
la dernière mesure vient préciser qu'il n'est pas nécessaire de réassermenter
une personne qui a déjà prêté serment en raison de l'accession d'un
nouveau monarque.
Il
était donc urgent d'agir compte tenu du contexte actuel. La dévolution de la
couronne amène des conséquences concrètes et réelles sur toutes les activités
de l'État québécois. On peut s'entendre sur le fait qu'on ne veut pas subir
les conséquences de ce qui se passe à
Londres, au Royaume-Uni. La chose la plus nationaliste à faire est de
s'assurer, justement, qu'il n'y aura
pas d'effets chez nous, au Québec, d'une situation qui se passerait à Londres,
au Royaume-Uni, au sein même de nos institutions, en raison de la
dévolution de la couronne. Et c'est ce que nous avons fait.
En
terminant, j'aimerais souligner qu'il s'agit d'un projet de loi qui favorise la
prévisibilité et la continuité juridique en établissant des règles claires
quant à la poursuite des activités de l'État, en cas de dévolution de la
couronne, et particulièrement pour le bon fonctionnement de nos
tribunaux, qui auraient pu être affectés par cette situation. En effet, personne ne voulait que des décisions, des procès
ou toute autre procédure soient invalidés par cette règle de common law.
Nous connaissons tous, Mme la Présidente,
l'inventivité et l'ingéniosité de nos confrères juristes et avocats, qui
auraient sûrement tenté d'utiliser cette règle à l'avantage de leurs
clients. Le projet de loi nous offre pour l'avenir l'assurance que le principe de common law relatif à la
dévolution de la couronne ne s'appliquera
jamais, puisque notre législation vient remplacer cette règle.
Je
suis donc heureux d'avoir pu collaborer à l'adoption de cette loi. Et
j'en profite à nouveau pour remercier la ministre, l'ensemble des
équipes au ministère et au cabinet ainsi que les collègues députés des
deux côtés de la Chambre pour leur travail lors de l'étude de ce projet
de loi. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, nous poursuivons avec le prochain
intervenant, qui va être le... Je cède la parole au député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, c'est un projet de loi qui — j'ai
toujours fait cette analogie-là lors des débats — est une police
d'assurance : faire en sorte que, lorsqu'il y aura dévolution de la
couronne britannique, couronne qui
s'applique, évidemment, au Canada et au Québec, bien, il y ait continuité dans
nos institutions, exécutif,
législatif et judiciaire. C'est pour ça qu'on va voter en faveur, c'est une
police d'assurance pour que nos institutions, qui ont déjà un équilibre, un calendrier, également, de fonctionnement
et des bases bien établies dans notre société de droit, bien, n'aient
pas d'impact de la dévolution de la couronne.
Alors,
en ce sens-là, je tiens à saluer et à remercier la ministre et les collègues. Et
nous allons voter en faveur du projet de loi. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député.
Alors, je cède la parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Mme la Présidente, la monarchie britannique est un vestige archaïque et
colonial lié à la conquête de notre peuple.
Ça, c'est la situation à laquelle on est confrontés encore aujourd'hui, en
2021. Ce système britannique, tout en témoigne dans notre société,
notamment à cette Assemblée nationale. Aujourd'hui, l'absurde fait en sorte que
les parlementaires, qui obtiennent leur mandat du peuple du Québec, doivent
s'assurer de poursuivre la lignée de la famille Windsor, qui règne sur nous, une reine qui nous est étrangère, à la tête
de l'Église anglicane, nous qui, au Québec, voulons une société laïque, et on nous demande d'assurer
que, lorsque la reine trépassera ou abdiquera... accueillons avec bonheur
le prince Charles. Bien, pas au Parti
québécois, Mme la Présidente. Nous ne sommes pas des monarchistes. Nous n'avons
aucune sympathie pour cette couronne britannique, qui nous coûte cher, qui est
honnie par la population du Québec.
Je
veux éviter au gouvernement de la CAQ de faire un sondage de plus. Le dernier
indiquait que 75 % de la population du Québec voulait qu'on mette fin définitivement à tout lien avec la
monarchie britannique. Je me serais attendu, à travers ce projet de loi, à des remises en question. La
CAQ, qui, dans son programme, indique qu'il faudrait un jour changer le
lieutenant-gouverneur et mettre fin à ce lien, la ministre a dit : Quand le
moment va être opportun. C'est là, le moment opportun,
Mme la Présidente, pas plus tard. Et elle nous dit : Le geste nationaliste
à faire, c'est d'adopter ce projet de loi. Mais est-ce qu'on rit de
nous? Ce n'est pas nationaliste, ça, c'est d'être asservi à une fonction qu'on
n'ose pas dénoncer. Mais nous la dénonçons.
Alors, moi, comme parlementaire
investi, avec 70 % de la population de ma circonscription, des citoyens du
peuple du Québec, j'irais voter pour assurer
la poursuite de la monarchie en terre du Québec? Oh que non! D'autres sociétés
ont eu plus de courage que le gouvernement
actuel et le gouvernement précédent. C'est le cas en Australie, c'est le cas
dans d'autres pays du Commonwealth. Je n'arrive pas à croire que les
parlementaires de cette Chambre, qui devraient être aussi jaloux des prérogatives de l'Assemblée nationale,
au-delà de ce projet de loi d'intendance technique, n'annoncent pas que
ça nous prend une réflexion urgente sur la fin du lien avec la couronne
britannique. À quoi bon aujourd'hui?
Les
gens qui sont des amateurs de fioritures, de symboles, d'intrigues de palais,
je les réfère à Netflix. Les gens qui
sont nostalgiques de la reine Elizabeth II, de George VI ou de la
reine Victoria, je les réfère à la magnifique Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Mais, pour notre vie
collective, pourquoi acceptons-nous encore, peuple du Québec, d'être assujettis,
c'est le cas de le dire, à une reine
étrangère, dans un pays étranger, qui est la chef d'État du Canada et du
Québec, qui fait en sorte qu'il y a
juste devant moi un symbole qui démontre, je dirais, la force du symbole qu'il
y a partout dans cette Chambre, des
symboles qui rappellent la grandeur britannique, qui rappellent l'Église
anglicane, que chacun des parlementaires qui siègent en cette Chambre
sont obligés de prêter serment à la reine Elizabeth II et à ses
successeurs?
Bien, moi, je n'ai pas d'enthousiasme à
l'arrivée de Charles comme roi d'Angleterre, du tout. J'ai de la fierté, Mme la Présidente. Je suis issu d'un peuple qui
s'est battu contre la couronne britannique, vaillamment, pas à armes égales.
Notre peuple a beaucoup souffert de cette occupation. Partout dans cette ville,
témoins des effets de cette bataille. Mais c'est
plus pernicieux que ça. C'est à travers nos institutions. C'est à travers le
combat de la langue qu'on doit encore faire aujourd'hui. C'est sans
parler des batailles des Patriotes, des batailles constitutionnelles, de tous
les parlementaires de l'histoire du Parti
québécois qui se sont levés ici pour dire : Le Québec devrait être
administré par des Québécois. C'est
tout simple. C'est pour ça qu'on est
indépendantistes, notamment. Et, même si j'étais fédéraliste, je me poserais des questions sur mon attachement à la couronne britannique. Le
Canada n'est pas un pays libre. Quand la Constitution a été rapatriée,
en 1982, il fallait demander la permission à
la reine Elizabeth II. Il fallait que Pierre Elliott Trudeau, premier
ministre du Canada, fasse révérence à la reine. Ce n'est pas normal, Mme
la Présidente. Je trouve ça inacceptable.
• (11 h 40) •
L'ensemble
des parlementaires de notre formation politique sont d'accord avec ça. Je sais
que c'est le cas à Québec solidaire aussi. Et c'est probablement le cas pour
une ou deux personnes du gouvernement, ceux que je connais qui m'en ont parlé. Pour les autres, vous craignez quoi?
Les foudres de la couronne britannique? Qu'est-ce qu'on gagne? Moi, je sais
ce qu'on perd. On perd de la fierté.
La reine
Elizabeth II, on ne lui doit rien, mais elle nous doit beaucoup. On paie
pour ses symboles, on paie pour ses
visites fastueuses. Puis en plus il faudrait continuer de dire : Bien, ça
va continuer, puis on a adopté une loi pour faire en sorte que ça continue. Parce que quels sont les
impacts? Puis là les gens doivent le savoir. Si la reine Elizabeth II
était décédée ou avait abdiqué avant aujourd'hui, les lois du Québec,
les tribunaux, les serments, l'obligation de tenir une élection générale... J'ai posé la question sur ce qui était
arrivé en 1952, quand Maurice Duplessis était premier ministre du Québec
et que George VI n'était plus là, en
faveur d'Elizabeth II. Ce n'était pas très clair. Mais ce qui est clair,
aujourd'hui, c'est qu'il y a des conséquences majeures.
Mme la Présidente, ce n'est pas le style de la
maison, au Parti québécois, de ne pas aborder ces questions-là franchement. J'ai posé des questions en ce sens au
début du mandat de la Coalition avenir Québec et je me référais au service
minimum, leur document de 2015, le plan
nationaliste, hein, celui qui va probablement être enterré dans le tunnel, là.
Ça ne serait pas prématuré de commencer à être nationaliste dans des
gestes qui comptent vraiment. Mettre fin à la couronne britannique pour le Québec, c'est nationaliste et c'est positif. Je ne
me contenterai pas de gestes du style : On va affirmer, à quelque
part, la spécificité du Québec.
Quand le
Parti libéral du Québec, quand Justin Trudeau et quand Stéphane Dion sont en faveur, moi, j'ai des
doutes que ce soit vraiment significatif pour l'avenir de notre nation. Je ne
sais pas, je vérifierais deux fois avant de dire que c'est fantastique. Et je le dis en tout respect pour les juristes
qui considèrent avoir fait oeuvre utile auprès du gouvernement du Québec, parce que
peut-être que ça va créer l'effet inverse. Sur du minimum,
le Canada anglais s'apprête à dire que c'est encore
trop.
Un sondage
récent de Polling Canada disait qu'une majorité très franche du reste
du Canada n'en a rien à cirer de la reconnaissance de notre nation. Mais, quand ça, ça existe, il faut
en tirer des conclusions politiques, Mme
la Présidente. C'est une question de dignité. C'est une question
d'honneur. Le destin du Québec, ce n'est pas d'établir des relations amicales
avec des premiers ministres qui
représentent des provinces qui n'en ont rien à cirer, de notre spécificité. La
réelle diplomatie, c'est d'État à d'État. Ce n'est pas un échange de
chandails de hockey, c'est plus sérieux que ça, Mme la Présidente. C'est ça,
un État qui dispose de tous ses moyens. J'aimerais, moi, disposer de
tous les moyens nécessaires à la nation québécoise. Malheureusement,
il y en a la moitié qui sont à Ottawa. Puis Ottawa en prend une partie qu'elle
envoie à Westminster. C'est dur à comprendre.
Donc, nos pouvoirs
sont limités, la preuve étant, avez-vous remarqué que vos collègues de la CAQ, Mme la Présidente, quand ils adoptent un projet de loi... Qu'est-ce qu'ils font?
Il y a toujours la même mise en scène. Ça, c'est nouveau. Je pense que les libéraux ne faisaient même pas
ça, c'est tout dire. Ils se dépêchent de réveiller le lieutenant‑gouverneur. On
s'en vient à 10 h 30 avec le photographe. Puis on traverse la
rue, puis là ça se fait des accolades, puis ils sont heureux. Il n'y a pas quelque chose qui cloche dans la
photo? Que ce soit le lieutenant-gouverneur qui rende officiel le projet de loi,
posez-vous la question quand vous y allez.
Moi, si j'étais vous autres, je me ferais photographier en sortant, pas une
fois sur place. Je trouve ça gênant, Mme la Présidente, gênant.
Moi, je n'ai pas prêté serment à la reine
d'Angleterre. Je l'ai dit tout bas à l'oreille du secrétaire général. Je l'ai prononcé, il y a juste lui qui l'a entendu. Aucun
des citoyens de ma circonscription ne va avoir entendu ça. Personne. C'est
voulu. Prêter serment au peuple du Québec, ah! là, je suis là.
D'ailleurs,
une autre remise en question nécessaire, le serment. Il ne serait pas prématuré
de s'y attarder. Puis vous savez quoi? Contrairement à la réforme électorale,
qu'on ne pourra pas faire parce que, manifestement, il manque de temps grâce à toutes les mesures dilatoires du
gouvernement, ça, on a le temps de le faire, de le changer pour les élus qui
seront là à la prochaine législature.
Alors, je veux bien, là, et ce n'est pas un blâme
de la part du gouvernement d'amener ce projet de loi là, c'est nécessaire à court terme, au cas où. Ce qui
me choque, c'est qu'il n'y a pas un mot sur la vraie histoire, la vraie affaire
qui marque l'histoire de notre peuple. Quand mettra-t-on
fin à ce lien archaïque et colonial avec la couronne britannique? Ça, c'est un
enjeu réel. Ça existe dans nos vies.
Mme la Présidente, il y avait une croix, juste en haut de votre trône, où
vous siégez présentement. On l'a enlevée. Mais les symboles de l'Église anglicane, dont la reine Elizabeth II
est la patronne, sont encore ici. Donc, on est représentés par une reine, à la tête de l'Église anglicane,
qui tire son pouvoir de Dieu et d'une lignée belliqueuse avec des alliances
avec des grandes familles d'Europe, et c'est elle qui nous représente.
Je
ne l'ai jamais rencontrée de ma vie, la reine Elizabeth, mais je
sais que c'est la chef d'État du Canada. Quand
même, moi, ça me fait réfléchir. Et
ça me met en colère qu'on ait dit aux députés de la CAQ de ne pas en parler, de
ça. Pas un mot là-dessus. Ce n'est pas opportun. Ça ne le sera jamais.
Je veux dire, il faut, à un moment donné, qu'à travers les événements
les gens se révèlent. Et le destin d'une nation, ce n'est pas seulement
l'intendance, c'est aussi l'être, l'être collectif. Et, à moins que les députés
du Parti libéral du Québec et de la Coalition
avenir Québec qui ne remettent pas en
question la monarchie soient
dans le 25 % qui soient pour son maintien, puis ça se respecte, je leur
suggère humblement de porter attention aux
75 % qui, eux, trouvent que le temps est venu. Puis il n'y aura pas
d'enthousiasme dans les rues de Québec
à l'arrivée de Charles. Il n'y aura pas de motion du Parti québécois de félicitations.
Comme
parlementaire, je tiens ma légitimité de mes concitoyens. Je
les connais, eux, je les connais. Qu'ils soient arrivés il y a 400 ans par bateau ou qu'ils soient arrivés il y a
40 jours par avion d'ailleurs dans le monde, je les connais. C'est
eux que je représente. Ils savent qui est leur député. Puis moi, je sais qui je
représente. C'est ça, le sens de la démocratie.
N'y
a-t-il pas là plus qu'une réflexion, une invitation à poser un geste? J'invite
le gouvernement à poser ce geste enfin. On n'est pas obligés d'avoir un lieutenant-gouverneur. Ce
n'est pas obligé. On a juste à ne pas envoyer de nom quand ils vont le changer, le prochain, on va créer une institution puis on va dire comme l'Australie et comme cet autre pays des Caraïbes dont j'oublie le nom, Barbade, je crois,
que c'est terminé. C'est terminé, on est assez grands. On est capables de
faire les choses nous-mêmes. On est une nation, il faut que ça...
Qu'est-ce
que ça veut vouloir dire quand on dit qu'on est une nation puis qu'on accepte
la royauté? J'ai entendu le ministre
responsable de la Langue française
dire à Tout le monde en parle : On est une nation. Je le félicite,
parce que moi, à terme, j'aimerais ça qu'on arrête d'utiliser le terme
«province» à l'Assemblée nationale. J'invite tous ses collègues à faire de même. Mais, une fois qu'on a dit ça :
On est une nation, ça ne nous tente pas d'aller plus loin puis de dire qu'on
contrôle tous les leviers de notre destinée,
qu'on n'a pas besoin des vestiges d'une organisation archaïque et coloniale,
que la reine Elizabeth II... On peut être éblouis par le palais de
Buckingham et par toute la fioriture obtenue par la guerre, notamment dans les colonies, et qui a fructifié
avec le temps, mais accepter ça, c'est de ne pas faire honneur à ce qu'on est.
Toutes ces personnes qui condamnent le paternalisme, les symboles coloniaux,
j'aimerais ça les voir se joindre à nous là-dessus,
parce que j'ai tout un programme pour vous. Commencez à regarder la couronne
britannique, vous allez voir que ce n'est pas tout à fait «woke». Voilà
un combat où on peut être ensemble.
J'invite
les concitoyens du Québec à appeler leurs députés puis à leur demander de
plaider pour qu'on mette fin à la couronne britannique au Québec. C'est
faisable, ça peut se faire par une résolution. On peut décider de mettre fin à
l'allocation de ressources pour le lieutenant-gouverneur, pour les institutions,
pour tout ce qui entoure cette fonction qui est inutile. Moi, à chaque fois, je suis troublé, troublé que ces symboles
existent toujours, que, lorsqu'un budget est lu, par exemple, il faut se
lever pour accueillir, accueillir, le message du lieutenant-gouverneur, qui est
un homme respectable, un grand historien. Il sait ce que je pense de lui comme
personne, c'est un homme admirable; l'institution l'est beaucoup moins.
• (11 h 50) •
Je
suis un député du Parti québécois, Mme la Présidente. Ça fait 25 ans que
je milite dans ce parti, ce n'est pas sans raison. Ça fait 14 ans que je suis député, réélu à cinq reprises.
Vous savez, les premières choses que je dis quand je rencontre les gens
depuis tout ce temps-là? Je suis un indépendantiste, voici pourquoi. C'est le
début de notre conversation. Voici pourquoi
je suis en politique. Ça ne me nuit pas, Mme la Présidente. Les gens respectent
un homme ou une femme debout. Ça a été le leitmotiv de tout mon
engagement politique. Et le hasard veut que je sois cette personne, aujourd'hui,
qui vienne vous dire ce que je pense de la royauté et qui invite ses collègues
de l'Assemblée nationale qui ont un pouvoir, exercez-le,
de demander à leur gouvernement de poser les gestes qui comptent. Le pouvoir ne
peut être concentré qu'entre les mains du premier ministre, sinon
l'ironie fait en sorte qu'on se retrouve avec un autre système
monarchique au Québec si c'est seulement
le premier ministre qui décide. Tous les députés sont
égaux, ils ont tous terminé numéro un dans leur comté. Sans chacun de ces députés,
il n'y a pas de gouvernement. Je les invite à s'exprimer. Je les connais
presque tous assez personnellement,
c'est des gens de conviction. Je les invite à demander à leur gouvernement de
poser ces gestes-là. La population
sera avec nous là-dessus, on sera avec vous là-dessus, on le soulignera. Ça, ça
serait un beau geste nationaliste, un vrai.
Alors,
en conclusion, Mme la Présidente, quoique vous me connaissez, je pourrais
parler encore bien longtemps sur cet enjeu-là, je n'ai pas dit que je ne
le ferais pas, à mes électeurs, à mes concitoyens, je veux leur dire que je
n'ai pas changé, que ce que je dis aujourd'hui, je le disais il y a 14 ans
et je vais le redire dans 14 ans encore. Il est incroyable qu'aujourd'hui comme membre de l'Assemblée
nationale du Québec, l'Assemblée nationale, pas l'Assemblée législative,
pas le conseil britannique, l'Assemblée
nationale du Québec, un nom magnifique, comme on le retrouve en France, un
pays républicain, que l'Assemblée nationale du Québec soit obligée, pour des
raisons d'intendance sur des questions importantes, la justice,
l'administration de la démocratie, notre serment, de voter une loi pour
s'assurer que la grande aventure imposer la couronne britannique se poursuive.
Quand
Elizabeth II ne sera plus là, bien, il y aura Charles, puis il y aura
William, puis il y aura Harry, puis il y aura le petit George, puis il y en aura peut-être d'autres. La lignée se
poursuit, Mme la Présidente. On peut décider que ça se termine bientôt. Nous aurons ce courage. Je
souhaite qu'il soit partagé. J'aimerais ça que l'Assemblée nationale,
unanimement, soit d'accord avec nous.
Que les royalistes qui sont au Québec, qui tiennent à l'institution, décident
de se manifester, j'ai bien hâte d'entendre leurs arguments. Mais je ne
crois pas que ça va affecter tant que ça l'ordre des choses.
Le Québec, de tout temps, a été une
société très ouverte, très démocratique, une société qui, à bien des égards,
est un modèle à travers le monde,
mais il reste encore des symboles. Et c'est particulier qu'on parle de toutes
sortes d'exactions, de taches noires
de notre histoire, méritées, notamment à l'égard des peuples autochtones, mais
qu'on ne pense pas à faire la même
chose avec le bilan de la couronne
britannique partout dans le Commonwealth, notamment en Afrique. Quelle a
été la relation historique entre la royauté britannique et les peuples qui
paient pour elle, y compris au Québec? Notre riche histoire en témoigne chaque jour, surtout dans notre Capitale-Nationale, ville assiégée, ville bombardée, ville qui a dû capituler.
Mais vous savez quoi,
Mme la Présidente? Il y a eu des boulets, il y a des mousquets, il y a eu
l'anglais, il y a eu une volonté de nous
assimiler, mais, encore aujourd'hui, il y a de ces parlementaires qui n'oublient pas et qui ont un devoir de mémoire, parce que moi, Pascal Bérubé,
descendant de Damien Bérubé, arrivé à Rivière-Ouelle au XVIIe siècle, je
sais quelles sont mes origines, je sais qu'est-ce qui s'est passé sur ces terres du Saint-Laurent, je sais que
mes ancêtres Patriotes ont dû se
battre pour la liberté et je manquerais à la suite du monde et à l'histoire, y
compris celle de ma famille, en ne disant pas ce que je dis aujourd'hui
haut et fort.
Il est temps de
renvoyer à Londres l'ensemble des symboles britanniques, pour de bon, que, sur
cette terre du Québec, une nation libre de
ses choix puisse exercer l'ensemble des responsabilités qui sont celles d'un
peuple normal et qu'à partir de ce moment-là on réalise que, si on peut en
faire plus, on peut en faire beaucoup plus si on prend tous les leviers à notre disposition. Parce que je suis
convaincu encore aujourd'hui, Mme la Présidente, que, pour le Québec, il serait
opportun de passer du statut de locataire à celui de propriétaire.
Mme la Présidente, je
me présente devant vous bien troublé de ce débat pour... où, n'eût été de mon
collègue de Québec solidaire, personne
n'aurait relevé ces questions. Cette réflexion-là, elle est importante, ce
n'est pas un symbole qu'on peut
disposer à loisir en disant : Ce ne sera pas le bon moment. Le moment est
là, la preuve, nous votons une loi. Alors,
vous voterez une loi, parce qu'on ne la votera pas, nous. Ceux qui ne remettent
pas en question la couronne britannique vont voter tantôt. Ceux qui ne
légitiment pas cette couronne britannique ne voteront pas. Vous vous arrangerez
avec ça, d'avoir voté ça sans remise en
question. Mais j'ai espoir qu'il y a des parlementaires qui vont se lever dans
ce caucus et puis qui vont tenter de convaincre
ce gouvernement, ce premier
ministre qui, il n'y a pas si longtemps, pensait la même chose que moi. J'étais
là. Moi, je ne vous révélerai pas de secret de caucus. Je vais vous parler
d'une sincère conviction. Heureusement pour le premier ministre que, malgré ma
grande mémoire, je ne dis pas tout. J'aime bien échanger avec lui, vous savez bien. Ce ne serait pas nécessaire.
Mais, la couronne britannique, là, on renvoie ça à Londres. Un seul envoi.
Puis ici, là, on remonte un peu les épaules. Et, quand on refera le salon bleu,
parce que c'est prévu dans les plans de l'Assemblée
nationale, bien, on portera attention
à tous ces symboles ostentatoires. Puis il y aura plus de «nous», puis, le «eux», il sera au château,
puis ils le feront visiter aux touristes.
Moi, au Québec, je ne suis pas un touriste. J'ai
les deux pieds sur terre, dans ma région du Bas-Saint-Laurent, dans ma ville
natale. Et je sais une chose : je ne suis pas et ne serai jamais un sujet
de la couronne britannique. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Alors, je cède la parole à M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je ne
répéterai pas tous les propos du député de Matane‑Matapédia, mais je
partage l'essentiel du message et de l'aversion envers la couronne britannique,
évidemment, puis je partage l'indignation également. J'ai trouvé ça vraiment
triste et pénible, faire l'étude de ce projet
de loi là, une occasion historique
manquée de sortir de la monarchie, ne
serait-ce que d'abolir l'obligation de prêter serment à la reine d'Angleterre. Ça
aurait été possible, il n'y avait aucun obstacle. Il fallait juste trouver ça important, ce qui n'a pas
été le cas, du côté du gouvernement
et du Parti libéral.
J'ai
trouvé ça extrêmement triste, pénible, de voir qu'on manquait une
occasion historique de faire quelque
chose, là. Vous savez, il y a d'autres pays qui vont faire quelque chose, j'en suis persuadé, au moins qui l'envisagent, au moins qui y
pensent, au moins qui trouvent ça important. Et là c'est ça, là, ça ne se
passera pas.
• (12 heures) •
J'essaie
quand même de trouver un élément positif là-dedans,
parce que, sinon, ce serait trop triste, ce serait trop
déprimant de voir une telle capitulation se faire dans l'indifférence la plus
technocratique. Alors, mon espoir, c'est que je
me dis : Bien, au moins, au moins, là, il n'y aura plus jamais une élection au Québec où la Coalition avenir
Québec va pouvoir dire qu'ils sont
nationalistes. Tu sais, je me dis : Au moins, ce leurre-là, c'est terminé.
On ne pourra plus faire à semblant qu'on vient chercher des nouveaux
pouvoirs. On ne pourra plus faire à semblant qu'on va abolir le poste de lieutenant-gouverneur. On ne pourra plus faire à
semblant qu'on veut avoir véritablement un rapport d'impôt unique. On ne
pourra plus faire à semblant qu'on va avoir un rapport de force suffisant pour
aller rechercher des transferts en santé de
façon durable et suffisante. On ne pourra plus faire à semblant, là, qu'on est
capables de faire notre place dans le Canada, de rayonner, de
s'exprimer, de s'affirmer puis que ça marche dans ce cadre-là, qui a été conçu
essentiellement pour quoi? Pour assimiler
les autochtones, pour assimiler les Québécois et pour exploiter les richesses
au profit, à l'époque, de compagnies coloniales; aujourd'hui, de
multinationales étrangères. On ne pourra plus faire à semblant de ça.
Le nationalisme de la
CAQ, c'est bomber le torse à genoux, puis là, bien, ça paraît dans ce genre de
dossier là. Et je suis content, parce que
c'est une mascarade tannante, c'est des petits leurres, des petits mirages de
pacotille qu'on ne sera plus obligés
d'endurer. Alors, j'avoue que ça, c'est le point positif que je soutiens et que
je retire de l'étude de ce projet de loi. Évidemment, il n'y en a pas
d'autre. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y a pas
d'autre intervention, alors nous allons passer au vote. En application de
l'ordre spécial, j'inviterais les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du projet
de loi n° 86, Loi concernant la dévolution de la couronne. M. le
leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Monsieur... Oui. M. le député de
Jean-Lesage?
M. Zanetti :
Abstention.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le chef du troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé :
Abstention.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. M. le leader adjoint, avez-vous
des indications à nous transmettre concernant les votes des députés
indépendants?
M. Schneeberger :
Oui, le député de Rousseau : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Je vous remercie. En
conséquence, le projet de loi n° 86, Loi concernant la dévolution
de la couronne, est adopté.
M. le leader,
pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux?
M. Schneeberger :
Oui, Mme la Présidente. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 15
du feuilleton.
Projet de loi n° 90
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, à l'article 15 du
feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du projet de
loi n° 90, Loi modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de
vente du Québec et d'autres dispositions. Y a-t-il des interventions? M. le
ministre des Finances, je vous cède la parole.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Puisque mon équipe met tant d'efforts à rédiger les textes
d'une telle précision, je vais vous
le lire intégralement, Mme la Présidente. Et c'est un hommage à mon équipe, qui fait un excellent travail.
Alors, je les remercie. Ils sont sûrement à l'écoute. Alors, j'y vais,
intégralement, sans sortir du texte.
Mme la Présidente, je soumets à l'Assemblée
nationale le projet de loi n° 90, intitulé loi modifiant la Loi sur les impôts,
la Loi sur la taxe de vente et d'autres dispositions. C'est un sujet un peu moins passionnant que le
précédent. On continue.
Le
projet de loi n° 90 a été présenté le 4 mai 2021, et le
principe en a été adopté le 25 mai 2021. La Commission des finances publiques en a fait l'étude détaillée le 1er juin
2021 et en a adopté les 215 articles. Des amendements ont aussi été
adoptés. Le rapport de la commission a été déposé et pris en considération.
Voilà.
Ce
projet de loi modifie cinq lois, dont la Loi sur les impôts, la
Loi sur la taxe de vente du Québec et deux règlements, donne
suite à des mesures fiscales annoncées notamment dans des bulletins d'information publiés en 2019, en 2020, ainsi qu'à des mesures annoncées dans
le discours sur le budget du 10 mars 2020 et du 25 mars 2021.
Étant donné, Mme la Présidente,
que ce projet de loi contient des modifications diverses regroupées en sujets
principaux et que l'ensemble de ces sujets a fait l'objet d'une étude
détaillée, j'en discuterai sommairement.
Ce
projet de loi, Mme la
Présidente, modifie la Loi sur les
impôts et la Loi concernant les paramètres sectoriels de certaines mesures
fiscales afin d'y apporter des modifications qui concernent, entre autres : premièrement, l'assouplissement du crédit
d'impôt remboursable pour frais de garde d'enfant et à la déduction pour
produits et services de soutien à une personne
handicapée à l'égard
des frais engagés pour suivre des cours à distance — mesure
très importante; la possibilité, pour
les infirmières praticiennes
spécialisées, de délivrer des
attestations pour l'application de certains allégements fiscaux; l'abolition
des crédits d'impôt remboursables pour les titulaires d'un permis de chauffeur
ou de propriétaire de taxi; l'instauration
d'un crédit d'impôt non remboursable favorisant la synergie entre les
entreprises québécoises; la prolongation du crédit d'impôt
remboursable favorisant l'emploi en Gaspésie et dans certaines régions
maritimes du Québec.
Par
ailleurs, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe
de vente du Québec afin d'y apporter des modifications semblables à
celles qui ont été apportées à la législation fédérale.
Enfin, Mme la Présidente, ce projet de
loi modifie la Loi sur l'administration fiscale et la Loi sur la taxe de vente
du Québec afin d'y apporter des modifications
semblables à celles qui ont été proposées dans le projet de loi fédéral C-30
relativement aux produits numériques et aux
services transfrontaliers. Ces dernières modifications visent à instaurer, à
l'intention des exploitants de plateformes
de distribution et des vendeurs non résidents un cadre simplifié d'inscription
et le versement pour l'application de
la TVQ. Les plateformes qui permettent la fourniture de logements provisoires
sont également visées par ces modifications.
Je
sors du texte deux secondes pour vous
expliquer ce qu'il en est parce que ça, c'est très important. Les biens et
services étrangers ne payaient pas la TPS et
la TVQ, Mme la Présidente, pendant longtemps. Le gouvernement précédent a introduit la taxe de vente sur les services, que
nous avons mis en application en 2019, un succès pour le Québec. Pour les biens, il y avait un projet pilote à la
frontière, ça n'a pas fonctionné. On en a pris acte. On a continué à travailler
avec le gouvernement fédéral, et avec
le ministre Morneau, la ministre Freeland, des mesures à la mise à jour
fédérale, finalement, au budget. L'aboutissement de tout ça, c'est que, le
1er juillet 2021, les compagnies étrangères qui vont fournir des biens
et services au Canada vont payer la TPS et
la TVQ, et ça, ça va permettre l'équité pour nos entreprises, Mme la
Présidente, et c'est vraiment très
bien, et je pense qu'on arrive... Nous arrivons là où nous aurions voulu être
en 2018‑2019, ça a pris du temps, on se l'est fait reprocher, mais je pense qu'on arrive au bon
endroit avec le fédéral, c'est une bonne chose pour les entreprises
québécoises.
Alors,
je conclus. Enfin, ce projet de loi apporte des modifications à caractère
technique, de concordance ou de terminologie.
Je tiens à remercier,
Mme la Présidente, mes collègues du gouvernement de même que les députés des
partis d'opposition membres de la Commission des finances publiques pour leur collaboration lors de l'étude du projet
de loi, et le personnel de la
commission, et son président. Le président de la Commission des finances publiques sait s'assurer qu'on travaille
dans la collégialité et la bonne humeur, puis ça, c'est quand même agréable,
parce qu'il y a beaucoup de travail.
En
conclusion, je demande donc à cette Assemblée, Mme la Présidente, de bien
vouloir adopter le projet de loi
n° 90.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à M. le
député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Je salue M. le ministre, je le remercie
d'avoir accepté notre demande, d'avoir fait
preuve de toute cette transparence incroyable. Ça faisait longtemps qu'on
n'avait pas vu une transparence comme ça du côté de la Coalition avenir
Québec. Alors, quand même, je le
remercie, c'était intéressant de voir ce que son équipe avait mis de l'avant, et même d'avoir pris le temps de
faire une parenthèse additionnelle pour nous expliquer un pan important,
quand même, de son projet de loi.
Je
vais commencer par le bon, Mme la
Présidente. Hier, je vous l'ai dit, il y avait
du bon, du moins bon puis du horrible, disons, dans ce projet de loi là.
Dans le bon, le ministre
a raison, les biens étrangers, comme les services, d'ailleurs, doivent être taxés.
Il doit y avoir une forme d'équité envers les biens produits ici.
Et, Mme la Présidente,
je suis content de voir que le ministre des Finances a pu travailler avec le gouvernement
fédéral. Le ministre des Finances, qui, on le sait, est très conservateur, a pu
travailler avec un gouvernement libéral. C'est tout à son honneur qu'il a
mis de côté sa partisanerie, son idéologie conservatrice pour pouvoir
travailler avec un gouvernement, disons, de nature plus libérale. Alors,
j'étais content de voir ça.
• (12 h 10) •
Quoique
je trouve le ministre
des Finances un peu moins conservateur ces jours-ci. Quand je vois des projets de grande ampleur au gouvernement et les coûts qui
explosent, Mme la Présidente, on parle d'un tunnel à 10 milliards, on parle de maisons des aînés à
1 million par chambre, on parle de classes de maternelle
quatre ans à huit fois le prix, je le trouve
un peu moins conservateur. Mais je suis content que, sur cet enjeu-là, Mme la Présidente, il a pu mettre son idéologie de côté, s'entendre avec un gouvernement
fédéral, disons, moins conservateur que lui.
Mais,
dans le bon, Mme la Présidente, il y a
aussi un pan de son projet de loi sur les infirmières praticiennes spécialisées.
C'est un peu la suite logique du projet de loi qu'on avait adopté à l'époque,
avant la pandémie, Mme la Présidente... en
fait, qu'on avait souhaité adopter avant la pandémie et qu'on avait terminé
l'étude avant la pandémie, mais qui était nécessaire.
Il
y a également des mesures d'aide gouvernementale en matière de crédits d'impôt
pour certains pans de l'industrie culturelle. Le ministre fait une chose qui
est admirable, il met fin à certains crédits d'impôt qui ne sont pas utilisés
depuis longtemps. Un crédit d'impôt, de par sa nature, c'est temporaire.
Alors, c'est une mesure positive.
Et
il y en a quelques autres, là, Mme la Présidente : mesure pour la presse,
entre autres, qui est positive, qui était nécessaire, des incitatifs à l'épargne-études, des déductions pour
amortissement de véhicule zéro émission. Ce sont toutes des bonnes
choses, Mme la Présidente.
Cependant... Et
j'entendais le collègue de Québec solidaire, un peu plus tôt, parler du projet
de loi précédent, le projet de loi
n° 86, en disant : Finalement, on comprendra que la Coalition avenir
Québec ne pourra plus jamais se targuer d'être un parti nationaliste. C'est ce que Québec solidaire a mis de
l'avant dans son argument sur un autre projet de loi.
Bien,
je vous dirais que le projet de loi n° 90 fait la même démonstration, Mme
la Présidente. À travers le projet de
loi n° 90, on comprend que le nationalisme de la CAQ, c'est un
nationalisme de façade, c'est un nationalisme d'opportunisme, c'est un nationalisme momentané, c'est un
nationalisme électoral, mais ce n'est pas un vrai nationalisme, Mme la
Présidente, parce qu'il laisse le gouvernement fédéral prendre des
décisions qui ne sont pas dans l'intérêt du Québec.
Le
ministre des Finances, à travers le projet de loi n° 90, vient nous dire :
Moi, je vais appliquer exactement la même
mesure. Le gouvernement du Québec va prendre la même mesure que toutes les autres
provinces canadiennes. Nous aussi,
on va aider les entreprises qui travaillent à l'exploration pétrolière, qui
préparent le terrain pour l'exploration pétrolière. L'exploration pétrolière, Mme la Présidente, disons que ce n'est pas le coeur de notre économie
au Québec, hein? L'exploration pétrolière, c'est de coeur de l'économie
en Alberta, en Saskatchewan, c'est une bonne partie de l'économie
à Terre-Neuve. Mais, ici au Québec, on ne peut pas dire
qu'on en tire des immenses bénéfices.
Pourtant,
le gouvernement du Québec, à travers le projet de loi n° 90, dit :
Moi, je vais appliquer exactement la même mesure, exactement la même
déduction. Et les entreprises qui font affaire dans ce secteur-là, dans le
secteur de l'exploration pétrolière, dans le
secteur de la préparation à l'exploration pétrolière, bien, ils vont avoir les
mêmes crédits qu'une compagnie
albertaine, ils vont avoir les mêmes déductions qu'une compagnie de la Saskatchewan puis une compagnie de Terre-Neuve.
Ça, Mme la Présidente,
c'est dire : Je fais fi des intérêts québécois. Je mets de côté les
priorités des Québécois. Je mets de côté ce
qui est bon pour les Québécois puis je vais suivre le gouvernement du Canada, gouvernement qui est en place pour servir les intérêts de l'Alberta, de la Saskatchewan ou de Terre-Neuve, et je vais appliquer exactement
les mêmes mesures. C'est le contraire
du nationalisme. Le nationalisme québécois est là pour défendre, en tout moment et en toute
circonstance, les intérêts du Québec.
Vous
allez me dire : Ils sont où, les intérêts du Québec
quand on aide des compagnies qui font de l'exploration ou de l'exploitation pétrolière, Mme la Présidente? Il n'y en a pas. On sert les intérêts de l'Alberta
à travers une mesure comme celle-là.
Mais, pire que ça, pire que ça, Mme
la Présidente, le gouvernement, et je vois le ministre de
l'Environnement qui est ici, fait
complètement abstraction de la transition énergétique quand il fait ça, fait
complètement abstraction de ce pour quoi il se targue d'être un
progressiste.
La transition
énergétique du Québec, ce n'est pas que des discours en Chambre. Ça passe à
travers des mesures concrètes, mais ça passe
aussi à travers des changements gouvernementaux. Et là, ici, on a un changement
gouvernemental que le ministre des
Finances choisit de mettre de l'avant, qui va contre la transition énergétique,
qui fait fi de cette volonté-là qu'on
a ou qu'on devrait avoir enfin au Québec de faire une réelle transition. On
fait le choix d'aider l'industrie de l'exploitation pétrolière.
Ça,
juste ça, Mme la Présidente, c'est un
non catégorique de notre côté, ça ne passe pas. Le ministre des Finances nous dit : Bien, on a un régime fiscal
différent des autres provinces, les autres provinces sont assujetties par le
régime fédéral. Bien, tant mieux, on a un régime fiscal différent, faisons nos
propres choix. On n'est pas obligés de suivre comme des moutons ce que fait
le gouvernement fédéral à ce niveau-là, Mme la Présidente.
Dernière
chose. Je vous l'ai dit, je le redis, le crédit d'impôt favorisant
l'emploi en Gaspésie, c'est une bonne mesure, c'est une mesure positive. Je
suis content pour les gens de la Gaspésie, les gens des Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord.
J'aurais aimé qu'on prenne le temps de le regarder en détail, de voir s'il y a
des améliorations à faire, des modifications à faire, parce que ce que le ministre des Finances nous propose, c'est de simplement prendre le même
crédit d'impôt qui était là,
qui a été mis de l'avant en l'an 2000, en 2000, quand le Parti québécois
était en place. Je comprends qu'il n'y avait personne qui s'intéressait à l'économie,
selon le premier ministre, mais ils ont quand même mis un crédit d'impôt en place pour la Gaspésie. Je ne pensais pas me
faire le défenseur, ce matin, quand
même, du Parti québécois, mais ils ont quand même mis en place un crédit d'impôt en l'an 2000
qui avait de l'allure pour ces régions-là.
Le
ministre des Finances dit : Moi, je ne prends pas le temps de le
regarder, ça fait 21 ans qu'il est là. Pas grave. Je ne prendrai pas le temps de l'analyser, de le
regarder, de voir s'il y a des modifications à faire, des améliorations, de le
mettre à jour, je vais le renouveler. O.K. C'est quand même mieux que le
diminuer, comme il a fait dans le projet de loi n° 82
pour les autres crédits d'impôt pour d'autres régions comme la mienne.
Mais,
en faisant ça, Mme la Présidente, en ne prenant pas le temps de l'analyser
comme il faut, bien, il ne prend pas le temps non plus de voir ce qui se
passe dans les autres régions, ne prend pas le temps de voir ce qui se passe en
Outaouais, ne prend pas le temps de voir ce
qui se passe en Abitibi, ce qui se passe au Lac-Saint-Jean, ce qui se passe
dans la Haute-Mauricie et de voir
qu'il y a des régions qui auraient besoin de crédits d'impôt similaires, qui
auraient besoin d'un petit coup de pouce, parce qu'eux aussi...
Et
c'est ça, l'objectif avoué, là, du crédit d'impôt, c'est d'aider les régions où
il y a un haut taux de chômage. Bien, dans ces régions-là, dans le Pontiac,
dans la Haute-Gatineau, dans la Haute-Mauricie, nord du Lac-Saint-Jean,
Témiscamingue, c'est exactement la
même réalité. Ils ont besoin de crédits d'impôt pour favoriser l'emploi dans
ces régions-là, ils ont besoin d'un
coup de pouce. Les gens qui travaillent au développement économique dans ces
régions-là, c'est un travail d'arrache-pied que de convaincre une seule entreprise de s'y établir, Mme la
Présidente. Ils le font parce qu'ils croient en leur région, mais ils
ont besoin d'un coup de pouce du gouvernement.
Et,
à ce niveau-là, le gouvernement est passé complètement, mais complètement à
côté de la track, complètement à côté
de leurs intérêts. C'est comme si, Mme la Présidente, il n'y avait personne au
gouvernement qui ne parlait au nom de
ces régions-là. Personne au gouvernement n'a dit au ministre des
Finances, là : Aïe! J'aurais vraiment
besoin. Pourtant, ils ont des députés caquistes en Haute-Gatineau, en
Haute-Mauricie, au Lac-Saint-Jean, et jamais, M. le Président, quelqu'un
s'est levé pour dire : On ne peut pas passer ça comme ça, il faut faire
des changements. J'ai de la misère à croire ça, Mme la Présidente. Moi, ça me fait plaisir de me lever ici, de me lever
en commission parlementaire, de le dire au ministre des Finances dans l'espoir que, l'an prochain, il
va y avoir un changement de cap, une modification, mais je ne peux pas croire
que ses collègues, qui vont tous voter pour, dans un instant ils s'apprêtent à
voter pour, là... qu'ils vont laisser passer
ça. Je ne peux pas croire, Mme la Présidente. C'est presque... En fait, ce
n'est pas presque. L'intérêt de leurs citoyens dépendait de leur volonté
à se lever et de dire au ministre des Finances : Ça ne peut pas passer
comme ça.
Et, malheureusement pour les gens de
ces régions-là, pour les gens de chez nous, ils n'auront pas l'aide nécessaire,
et c'est pour ça qu'on va voter contre le projet de loi n° 90. Je vous remercie,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise
aux voix
Comme il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder au vote.
Mais
je dois suspendre les travaux quelques instants pour permettre aux leaders des
autres formations politiques de se joindre à nous au salon bleu.
(Suspension de la séance à
12 h 19)
(Reprise à 12 h 24)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, en application de l'ordre spécial,
j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption
du projet de loi n° 90, Loi
modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec
et d'autres dispositions. M. le leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc :
Contre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet :
Contre.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le leader du
gouvernement, avez-vous des
indications à nous transmettre concernant les votes des députés
indépendants?
M. Schneeberger :
Oui, celui de Rousseau : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. En conséquence, le projet de loi n° 90, Loi modifiant la
Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec et d'autres
dispositions, est adopté.
M. le leader du
gouvernement, pouvez-nous indiquer la suite des travaux?
Ajournement
M. Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, je fais
motion afin que nos travaux ajournent au mardi... mardi prochain,
13 h 40, pardon.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : O.K. Donc, en application de l'ordre spécial,
j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur la motion qu'on vient tout juste d'entendre. M. le
leader du gouvernement?
M. Schneeberger :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. En conséquence, cette motion est adoptée.
Alors, j'ajourne les travaux jusqu'au mardi 8 juin
2021, 13 h 40.
(Fin de la séance à 12 h 26)