(Treize heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon mardi à tous. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
À la rubrique Déclarations de députés, nous
débutons par M. le député de Chambly.
Souligner le 20e anniversaire de l'organisme La Corne
d'abondance
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci,
M. le Président. Ça me fait plaisir, aujourd'hui, de souligner le 20e anniversaire d'un organisme de Chambly,
La Corne d'abondance.
La mission de
cet organisme, c'est de mettre de l'avant de saines habitudes alimentaires en
offrant différents ateliers culinaires. Ça permet aussi de briser
l'isolement en favorisant l'intégration sociale.
Samedi
dernier, j'ai eu le plaisir d'assister à une conférence de presse où on
dévoilait les activités à venir tout le long de la prochaine année pour
célébrer les 20 ans de La Corne d'abondance. On nous réserve des surprises
et de belles collaborations culinaires. D'ailleurs, la présidence
d'honneur a été confiée à un grand connaisseur de la cuisine, nul autre
que M. Ricardo Larrivée.
Je tiens à remercier le président, M. Bruno
Huissoud, et son conseil d'administration, ainsi que la directrice de l'organisme,
Mme Katheline Dugas, et toute son équipe pour son travail au sein de la communauté.
Vous êtes des gens rassembleurs, des gens qui font la promotion des saines
habitudes de vie, et, au nom de tous les citoyens, merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Mont-Royal—Outremont.
Souligner le Mois de sensibilisation à la sclérose latérale
amyotrophique
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le
Président, le 14 juillet 1939, Lou Gehrig, un des meilleurs joueurs de
baseball de tous les temps, se tenait devant
une foule de 62 000 personnes au stade des Yankees et prononça l'un
des discours les plus mémorables de
l'histoire du sport. Il est mort deux ans après, à quelques jours de ses
38 ans, de la sclérose latérale amyotrophique, connue maintenant
sous le nom de maladie de Lou Gehrig. 80 ans plus tard, il n'y a aucun
traitement pour y remédier.
En ce
1er juin, j'aimerais souligner le
Mois de la sensibilisation à la SLA. L'organisme étant situé dans mon comté, je profite également de l'occasion pour
saluer sa directrice générale, Mme Claudine Cook, ainsi que les nombreux
bénévoles. Et une salutation
particulière également à Nancy Roch, qui est décédée l'an dernier, mais
qui a fait un travail absolument
formidable pour sensibiliser les gouvernements.
Je vous invite donc à consulter le site
sla-quebec. Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le député de Saint-Jean.
Souligner la tenue du Défi Têtes rasées au profit de Leucan
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le
Président, en ma qualité de président
d'honneur du Défi des Têtes rasées en Montérégie, j'ai assisté, dimanche, à la première de deux séances
de rasage virtuelles, pandémie oblige. Comme toujours, j'avoue que l'émotif
que je suis a eu du mal à passer au travers
toutes ces scènes d'enfants, de barbus et de femmes à longues chevelures se
faire raser par solidarité avec et pour les enfants de Leucan.
Je demande
donc à mes concitoyens de continuer
d'être généreux avec ceux et celles qui ont mis leur tête à prix en allant sur la page de Leucan Montéregie pour
encourager avant et même après l'événement l'équipe de leur choix, comme
l'école des Marguerite de Varennes, où 17 élèves ont récolté plus de
20 000 $ en répondant à l'invitation de la petite Jeanne Lemieux,
10 ans, qui a célébré sa rémission du cancer depuis cinq ans en se faisant
raser.
Bravo! Et
merci de l'exemple, que je vais suivre, puisque ma tête est mise à prix pour la
prochaine session de rasage, le 19 juin prochain.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Saint-Jean.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Nelligan.
Souligner
la Journée mondiale copte
M. Monsef Derraji
M. Derraji : ...we have
great news to highlight with our Coptic friends in Nelligan and around the
world. From now on,
and every year, we will all celebrate the Coptic Heritage Week every last week
of May. This year, the timing is perfect because we are also celebrating
today the Global Coptic Day.
J'ai
le privilège de représenter plusieurs milliers de membres de cette belle et
grande congrégation qui compte 200 000 membres
au Canada. C'est en pays d'Égypte qu'a été érigée, à l'aube du premier siècle,
l'une des plus anciennes Églises au
monde. L'Église copte a su projeter et amener jusqu'à nous des trésors d'un
patrimoine qui est celui de l'humanité tout entière.
La
Semaine du patrimoine copte permettra de souligner le rayonnement d'une culture
préservée depuis des siècles. On
parle de mélodies et de chants, d'icônes architecturales et d'inscriptions
calligraphiques, mais aussi d'une langue qui conserve les traces de
l'Égypte ancienne. (S'exprime dans une langue étrangère). Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter le Service de sécurité
incendie de Saint-Jacques-le-Mineur
et le Vignoble du Domaine Saint‑Jacques inc., lauréats des
Grands Prix Santé et sécurité du travail
Mme Claire IsaBelle
Mme IsaBelle :
M. le Président, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail a honoré dernièrement un organisme et une entreprise de Saint-Jacques-le-Mineur,
dans notre comté de Huntingdon.
D'abord, les pompiers
du service incendie ont conçu, en collaboration avec un instructeur externe, un
module d'entraînement qui permet de libérer
rapidement un élève pompier qui vit une détresse lors des exercices
d'entraînement, une invention qui rend la formation beaucoup plus
sécuritaire.
Également,
vous savez, pour s'assurer d'obtenir du bon vin, il faut tailler les plants de
vigne près du sol afin de protéger
les bourgeons. Pour faciliter cette tâche très éreintante, un employé du Vignoble du Domaine Saint‑Jacques inc.
a conçu un véhicule électrique compact et à
une hauteur appropriée qui permet aux travailleurs d'exécuter cette tâche dans
une position plus confortable.
Félicitations
pour vos inventions, vos innovations, qui bénéficieront à d'autres travailleuses
et travailleurs de la région et du Québec!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. La prochaine
déclaration est pour M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner le Mois du patrimoine
asiatique
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. J'aimerais souligner le Mois du patrimoine asiatique,
qui s'est terminé hier, ainsi que l'immense apport des communautés
asiatiques à l'histoire et à la richesse du Québec.
En
contexte de pandémie mondiale, ce mois revêt une signification toute
particulière. La communauté d'origine asiatique
a dû faire face à une augmentation des crimes à caractère haineux. Les
communautés asiatiques du Québec méritent de véritables alliés pour
combattre le racisme antiasiatique.
Ainsi,
j'appelle tous mes collègues élus des trois paliers de gouvernement pour que
l'on travaille ensemble à la sauvegarde
du quartier chinois de Montréal. Cela doit passer par des actions concrètes qui
protégeront ce quartier emblématique de certains spéculateurs
immobiliers.
Pour
finir, je tiens à souligner un héritage dont on parle très peu, trop peu, celui
des communautés sud‑asiatiques du quartier Parc-Extension. Je remercie tout
particulièrement les femmes de ces communautés, qui, dans ma circonscription,
sont les piliers d'une lutte quotidienne
contre les effets pervers de la gentrification. Notre avenir commun ne pourra
se bâtir dans la dignité que lorsque tout le Québec les aura réellement
entendues. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Chauveau.
Féliciter les lauréats du Gala
reconnaissance Les Étoiles de la Jacques-Cartier
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à
féliciter les lauréats de la troisième
édition du Gala reconnaissance Les
Étoiles de la Jacques-Cartier, qui
s'est déroulée le 27 mai dernier en mode virtuel. Ce Gala reconnaissance vise à récompenser les personnes et les
entreprises qui contribuent de façon significative au développement et
au rayonnement de la région de la Jacques-Cartier.
Parmi les lauréats, j'offre mes
sincères félicitations à ceux de la circonscription de Chauveau, soit
Empire 47, Guilde artistique de Lac-Beauport, Pascal Le Boulanger,
Trail du Grand-Duc, Arielle De Garie, Marché public des Cantons, Laurie Blouin
et Joanie St-Pierre, de Ti-Mousse dans brousse.
Chers
lauréats, sachez que votre apport à la communauté est très apprécié par toute
la population qui y vit. Nous vous en sommes extrêmement
reconnaissants. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Rendre hommage à M. Mario Cyr,
nommé chevalier
de l'Ordre national du Québec
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci,
M. le Président. Le 22 juin
prochain, les Îles-de-la-Madeleine auront un nouveau chevalier. Mario Cyr accédera au rang de chevalier de l'Ordre
national du Québec en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la société
en tant que plongeur, photographe, cinéaste et explorateur des fonds marins.
Mario
Cyr est grandement apprécié dans notre milieu insulaire. Son expertise est
reconnue localement mais aussi sur la
scène nationale et internationale. Fort de sa solide réputation, ses
compétences sont réclamées à la grandeur de la planète. L'oeuvre de Mario Cyr dans le monde de la science, notamment
comme doyen des caméramans plongeurs au pays, mérite toute la reconnaissance
qu'on lui voue aujourd'hui.
En
tant que député des Îles, au nom de mes concitoyens insulaires,
permettez-moi de féliciter et remercier ce Madelinot d'exception et de lui exprimer notre fierté de le
voir récompensé de la plus haute distinction du gouvernement du Québec.
Ardent défenseur de la cause environnementale, Mario Cyr affirme qu'il veut conscientiser les décideurs sur l'importance de lutter contre les changements climatiques. Je profite donc de cette
occasion pour lui assurer mon dévouement le plus entier à cette cause.
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner le travail du
regroupement de gens d'affaires Axe Lebourgneuf inc.
M. Mario Asselin
M. Asselin : Merci
beaucoup, M. le Président. Je suis
fier d'annoncer, aujourd'hui, un partenariat avec le regroupement des
gens d'affaires de Vanier-Les Rivières, Axe Lebourgneuf.
Axe Lebourgneuf est
un regroupement d'une centaine de membres de secteurs d'activité différents qui
offre l'opportunité de contacts et de
relations d'affaires, en plus de mettre en place des conditions favorables au développement
économique et communautaire du secteur Lebourgneuf.
La
création d'une synergie entre entrepreneurs et commerçants de secteurs
d'activité différents est très importante à mes yeux. Un merci particulier pour leur engagement à Mme Julie
Auger, présidente du conseil d'administration, ainsi qu'à M. Mario
Bédard, directeur de l'organisation.
Je
souhaite à nos gens d'affaires le meilleur des succès possibles dans le cadre
de la relance économique qui s'amorce.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 51)
(Reprise à 14 h 2)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, je vous souhaite un bon début de semaine, un bon
mardi. Prenons quelques instants pour nous recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi.
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Je vous prierais d'appeler l'article a, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 796
Le
Président : À l'article a du feuilleton, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine présente le projet de loi n° 796, Loi sur
l'Agence des infrastructures de transport du Québec. M. le député.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Ce projet de loi institue l'Agence des infrastructures de transport du Québec.
Le
projet de loi prévoit que l'agence aura pour mission de gérer
et d'exploiter les infrastructures routières dont la responsabilité relève du ministre
des Transports de même que tout autre bien qu'il détermine. Il prévoit également
qu'afin de renforcer le savoir-faire
de l'État l'agence privilégiera le développement d'une expertise en matière d'études, de planification, de conception et de réalisation de projets d'infrastructure
routière. Il énonce aussi que l'agence protégera l'intégrité des investissements
routiers par une gestion rigoureuse et transparente et par une optimisation de
ses façons de faire.
Aussi,
le projet de loi prévoit que l'agence sera appelée à réaliser des
projets d'infrastructure publique de transport majeurs ou à
accompagner les organismes publics dans la réalisation de tels projets. Il
spécifie que l'agence collaborera étroitement avec le ministère des Transports
dans l'établissement d'une vision intégrée de la mobilité au Québec.
Le
projet de loi confère à l'agence des pouvoirs et des responsabilités en matière immobilière lui permettant notamment d'acquérir des immeubles pour les organismes publics et
d'en disposer.
Le
projet de loi prévoit que l'agence sera sous la responsabilité du ministère des Transports. Elle sera dotée d'un conseil d'administration qui en supervisera l'administration et d'un président-directeur
général qui en aura la direction et
la gestion. Le projet de loi prévoit aussi que la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État s'applique à l'agence. Elle possédera tous les pouvoirs propres
à l'accomplissement de sa mission.
Le
projet de loi prévoit aussi que les employés de l'agence seront nommés selon un
plan d'effectifs qu'elle établira. L'agence déterminera les normes et barèmes
de rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de travail
de ses employés conformément aux règles définies par le gouvernement.
Le projet de loi
prévoit également les dispositions financières qui encadrent les activités de
l'agence.
Enfin,
le projet de loi comporte des dispositions modificatives, diverses et
transitoires nécessaires à la création de l'agence et concernant notamment le transfert à l'agence d'une partie
des employés du ministère des Transports. En outre, il accorde aux fonctionnaires
certains droits leur permettant un retour dans la fonction publique.
Mise aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur la
présentation de ce projet de loi. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le
Président : M. le leader du gouvernement, avez-vous des
indications pour d'autres votes à être comptabilisés? M. le leader du
gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Je n'en ai pas, M. le Président.
Le Président :
D'accord. Merci, M. le leader du gouvernement. En conséquence, la motion est
donc adoptée.
Dépôt de documents
Je suis à la rubrique
Dépôt de documents. M. le leader du gouvernement
Entente administrative de
gestion entre la Société du Plan Nord
et le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose, au nom de mon
collègue, une entente relative à la mise en oeuvre du Plan d'action
nordique 2020‑2023 du gouvernement du Québec, M. le Président.
Le Président :
Merci. Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement, à nouveau.
Réponse à une pétition
M. Jolin-Barrette : Oui. Je dépose la réponse du gouvernement à la
pétition présentée en Chambre le 13 avril 2021 par la députée de
Verdun. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé.
Lettre de démission de
Mme Hélène Fréchette à titre de présidente
de la Commission de la fonction publique
Pour ma part,
je dépose une lettre que m'a adressée Me Hélène Fréchette dans laquelle
elle m'informe de sa décision de prendre sa retraite à compter du
2 août 2021 et, par conséquent, de quitter ses fonctions à titre de
présidente de la Commission de la fonction publique à cette date.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, je comprends qu'il y a toujours consentement
pour que je dépose, évidemment, des rapports de commissions.
Étude détaillée du projet de loi n° 93
Je dépose le
rapport de la Commission de la
culture et de l'éducation qui, le
27 mai, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 93, Loi visant à reconnaître le Collège militaire Royal
de Saint-Jean comme établissement d'enseignement de niveau universitaire.
La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements, dont un
au titre.
Étude détaillée du projet de loi n° 78
Je dépose
également le rapport de la Commission
de l'économie et du travail qui, les
25, 26 et 27 mai 2021, a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi
n° 78, Loi visant principalement à améliorer la
transparence des entreprises. La
commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Étude détaillée du projet de loi n° 79
Enfin, je
dépose le rapport de la Commission
des relations avec les citoyens qui,
le 27 avril ainsi que les 11, 12, 13, 26 et 27 mai 2021, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones
disparus ou décédés à la suite d'une admission en établissement. La commission a adopté le texte du projet
de loi avec des amendements.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à la cheffe de
l'opposition officielle.
Troisième lien entre
Québec et Lévis
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. À l'occasion du septième match de la série entre le
Canadien de Montréal et les Maple
Leafs de Toronto, le premier ministre a décidé de faire un pari avec Doug Ford.
Il s'agit pour le premier ministre de
l'équipe perdante de porter le chandail de l'équipe gagnante au lendemain de la
série. C'est sans conséquence, sauf un peu pour l'ego des politiciens
qui sont concernés par ça. C'est drôle, ça ne coûte rien puis ça dure
24 heures.
Mais on ne
peut pas appliquer cette logique à de grands projets d'infrastructure. Le
premier ministre se vante que son tunnel
caquiste, c'est une gageure. Le problème, c'est que les conséquences de cette
gageure-là, elles sont graves. 10 milliards engloutis des finances publiques. On parle d'un projet qui va favoriser
le transport routier, défigurer les quartiers. Et c'est encore pire quand on
réalise qu'au fond le gouvernement mise en fait sur l'étalement urbain pour son
projet.
Gouverner avec rigueur et compétence, c'est
évaluer les besoins qui sont réels et qui sont prioritaires, c'est présenter
des résultats de manière objective et de manière transparente, c'est proposer
des solutions qui soient à la fois modernes et qui soient durables. Le tunnel
caquiste échoue à toutes les étapes de ce test.
Le premier
ministre peut-il reconnaître qu'on ne gouverne pas le Québec de la même manière
qu'on fait des paris sur les matchs du Canadien?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président. Je suis fier
d'avoir développé une bonne relation avec le premier ministre de l'Ontario.
J'ai aussi le premier ministre du Manitoba, ce matin, qui m'a appelé pour me faire le même
pari, puisque maintenant ce sera contre Winnipeg. J'espère que la cheffe
de l'opposition officielle ne
s'oppose pas à ça. Je pense, ça aide avoir des bonnes relations. Évidemment, c'est pour s'amuser, mais en même temps, je pense, c'est important de continuer à garder des bonnes
relations, parce que sur plusieurs dossiers, on l'a vu, on a réussi à se battre puis
à faire des gains avec Ottawa en se mettant ensemble, les provinces.
Maintenant,
M. le Président, concernant le projet de troisième lien à Québec, bien, on a deux questions à se poser. Un, a-t-on besoin d'un troisième lien? Y a-t-il un problème de mobilité? Ce que je note, c'est qu'avant l'élection
le Parti libéral pensait qu'il
y avait un problème. Maintenant, le Parti libéral n'est plus certain.
La deuxième question
qu'on doit se poser, c'est : Est-ce
qu'on veut un tunnel ou un pont? Ce
que je comprends, c'est que
le Parti libéral s'oppose au tunnel, donc je prends pour acquis
qu'ils veulent un pont. On ne sait toujours pas où sera ce pont. Est-ce que ça amènera
de l'étalement urbain? Est-ce que ça défigurera la ville de Québec et de Lévis?
Je pense que nous, on a déposé notre projet,
mais on est loin d'avoir une proposition, du côté du Parti libéral.
• (14 h 10) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, le premier ministre peut utiliser la défense Chewbacca autant qu'il veut, mais la réalité, là, c'est qu'on a besoin de plus de
transparence, de connaître les données, de connaître les scénarios, de
connaître les analyses
qui justifient le scénario que lui-même a choisi. Et ce dont on n'a surtout
pas besoin, M. le Président, c'est d'utiliser l'argent des Québécois
pour un Taj Mahal électoral comme il le propose.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le problème,
c'est qu'on a un parti qui a changé d'idée. Même encore aujourd'hui, le directeur du bureau de la
cheffe semble être toujours d'accord avec un troisième
lien. J'aurais le goût de relancer la
question : Sur quelle base Philippe Couillard disait-il, à
l'automne 2018, qu'on avait besoin d'un troisième lien? Sur quelle
base? Sur la base de plein d'études
qui ont été faites par le Parti
québécois, dans le temps du Parti libéral, puis un problème qui est factuel. Je répète ma question :
Est-ce que la cheffe de l'opposition officielle pense qu'il y a...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...oui ou non, un problème?
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Bien, c'est
parfait, M. le Président, parce que le premier ministre nous parle de rapports
et de documents. On a demandé à trois reprises de parler au directeur du bureau de
projet, trois fois, lors de l'étude de crédits, et ça nous a été refusé. On l'a demandé la semaine
dernière; encore une fois, aucune réponse. On n'a toujours
aucune information par rapport
au tunnel caquiste de 10 milliards de dollars.
La séance de
travail pour entendre le directeur du bureau de projet, c'est demain. Est-ce que le premier ministre va, oui ou
non, accepter que nous puissions entendre le directeur du bureau de projet?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, de notre côté, on est transparents. Ce qu'on a dit, c'est
qu'avec les analyses qu'on a actuellement le tunnel va coûter entre 6 et
7 milliards, auxquels il faudra ajouter 10 % à 35 %, entre
autres pour le financement du projet, parce
que c'est un financement... c'est un projet qui va durer 10 ans. Par
contre, on est loin d'avoir toutes
les informations de ce que propose le Parti libéral. Est-ce que c'est un pont?
Est-ce que c'est rien? On ne le sait pas.
Le Président : Troisième
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le Président, le premier ministre s'est levé
ici puis il a dit «avec les analyses que l'on a entre les mains». C'est parfait. Elles sont où, ces analyses-là, M.
le Président? C'est ça, la question qu'on se pose. Elles sont où, ces analyses?
Demain,
on a une rencontre avec les députés pour décider si, oui on non, on pourra
entendre le directeur de projet. Est-ce
que le premier ministre peut répondre à cette question : Est-ce que, oui
ou non, il est en faveur que les oppositions entendent le directeur du
bureau de projet?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, jusqu'à présent on a des analyses qui sont préliminaires. Les
informations qu'on a, on les a données.
Donc, M. le
Président, le projet va continuer de se raffiner, dans les prochains mois, les
prochaines années, mais on ne sait
toujours pas si le Parti libéral veut un troisième lien. Est-ce que c'est un
pont ou un tunnel? On ne le sait pas, alors que, du côté de la CAQ, on
le sait, c'est quoi, notre position, elle est claire.
Le Président : Question
principale, M. le député de Marquette.
Impact du projet de troisième lien entre Québec
et Lévis sur les terres agricoles
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Les villes de Québec et de Lévis méritent un
projet adapté à leurs besoins, mais pas si on doit sacrifier une majorité des terres agricoles très
productives. En 2018 le ministre de l'Agriculture partageait les préoccupations
de l'UPA. Le président, Marcel
Groleau, disait qu'il ne connaissait pas, et je cite, là, «aucun projet de
transport au Québec qui n'a pas eu cet impact-là. À chaque fois, ce sont les
terres agricoles qui écopent.» Le ministre de l'Agriculture partageait
ses inquiétudes. Il disait, et je cite :
«Quand il y a des projets qui sont faits qui viennent mettre une pression sur
les terres, il faut s'assurer que, quand
c'est fait, c'est [...] selon les règles. Ce projet-là peut présenter ce
potentiel-là, mais c'est très
embryonnaire encore.»
Le
17 mai dernier, le jour de l'annonce du tunnel caquiste, l'UPA
s'inquiétait une fois de plus, et ce, pour les mêmes raisons. Encore une fois, on est au stade
embryonnaire. Le président de l'UPA disait à l'époque que la position du
ministre avait une position prudente et intéressante.
Est-ce que cette fois-ci l'UPA peut dire la même
chose du ministre de l'Agriculture?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
...M. le Président, je ne sais pas pourquoi le député s'inquiète. Je l'ai déjà
publiquement mentionné, que nous
n'allions pas bulldozer le territoire agricole du côté de Lévis. Je serai et
j'ai été en discussion avec mon collègue dans les dernières semaines, les derniers mois. On sera en discussion
avec le MAPAQ pour la suite des choses. J'ai vu un maire de Lévis, j'ai vu un maire de Québec, j'ai
vu beaucoup d'appuis, dont
167 signataires, là, qui ont signé une lettre ce week-end en disant : On donne notre appui au
projet de Réseau express de la Capitale. Donc, je répéterais au député de nous laisser faire le travail.
Je l'ai
mentionné aussi, que nous allions rendre publiques en temps et lieu, donc, les
données d'achalandage avec le groupe GMI, les données aussi pour le transport
collectif avec le groupe Civilia. Donc, laissez-nous le temps de travailler,
on pourra rendre publics ces éléments par la suite.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Ce n'est pas moi qui s'inquiète, M. le Président,
c'est l'UPA. La CAQ nous vend son projet comme un tunnel centre-ville à
centre-ville. La réalité : c'est en pleine zone agricole, très loin du
Vieux-Lévis, aux abords de l'autoroute 20.
Selon, l'UPA, l'emplacement choisi ne représente pas l'option de moindre
conséquence. À court d'arguments, la
CAQ s'en prend maintenant aux agriculteurs. Ironiquement, le ministre de
l'Agriculture souhaite accroître l'autonomie alimentaire du Québec en
dézonant les terres agricoles. Il faut le faire, M. le Président!
Est-ce que le ministre peut nous dire, oui ou
non, si les terres agricoles seront protégées?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, le tracé ou le projet touche très peu, très peu de
terres agricoles. Et, je le répète,
d'aucune façon nous n'allons bulldozer le territoire, du côté de Lévis,
d'aucune façon. J'ai travaillé et nous allons continuer de travailler avec mon collègue de
l'Agriculture, nous allons travailler avec le MAPAQ pour s'assurer de le faire
en collégialité et de ne pas bulldozer le territoire agricole.
Donc, je répète, le
maire de Lévis est satisfait, présentement, du projet, on travaille avec lui.
On rassure...
Des voix :
...
M. Bonnardel :
Bien non, je m'excuse, je m'excuse, je pense que les commentaires du maire de
Lévis, présentement... je pense qu'on a un maire qui est satisfait du
projet. Donc, laissez-nous le temps de faire...
Le Président :
En terminant.
M. Bonnardel :
...les choses avec lui et de bien travailler.
Le
Président : Deuxième complémentaire. Je vais demander de
laisser la parole au député de Marquette, c'est le seul à avoir le droit
d'avoir la parole, présentement.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : La CAQ dit que le tunnel sera bénéfique pour les gens de l'Est et que
le troisième lien est un projet vert.
Les municipalités et les groupes environnementaux disent le contraire. Le
député de La Peltrie, en 2018, parlait d'un pont, un tunnel, un mélange des deux, maximum 4 milliards de
dollars. Mardi dernier, le premier ministre disait qu'un point viendrait faire de l'étalement urbain, mais pas un
tunnel. Maintenant, on nous dit qu'il n'y aura pas d'étalement urbain; l'UPA
dit le contraire.
L'évidence, M. le
Président, aujourd'hui, c'est que la CAQ se fout royalement des avis. Le tunnel
caquiste est purement électoraliste.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, moi, je pense qu'il y a une bonne majorité de gens de la
Rive-Sud, et de la Rive-Nord, et de l'Est du
Québec qui sont en accord avec ce projet puis cette vision du Réseau express de
la Capitale, qui est basé sur quatre axes : le tramway, qu'on a
annoncé avec le maire, le réseau de voies réservées sur la portion... la périphérie nord de Québec, du côté de Lévis avec
le boulevard Guillaume-Couture, avec la 116, avec l'approche vers le pont, l'avenue des Hôtels qui sera modifiée, donc,
en boulevard urbain pour faciliter l'approche de ces autobus vers le pôle de
Sainte-Foy, et le tunnel Québec-Lévis, qui est intimement lié avec ces trois
projets pour arrimer le transport collectif...
Le Président :
En terminant.
M. Bonnardel :
... qui est une partie prenante et importante, donc, de notre projet.
Le Président :
Question principale, M. le député de Jacques-Cartier.
Enquête sur les enfants
autochtones disparus
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : 215. Ils et elles étaient 215 enfants autochtones
enfouis dans une fosse commune à Kamloops, en Colombie-Britannique. Qu'est-ce
que vous avez pensé quand vous avez
entendu cette nouvelle? C'est une nouvelle qui brise le coeur et glace
le sang.
Nos
frères et soeurs autochtones réclament une enquête publique indépendante
sur les enfants autochtones disparus ici, au Québec. Oui, cette triste nouvelle vient de Colombie-Britannique, mais ici, au Québec, est-ce
que nous sommes certains, dans
nos sols, il n'y a pas une horreur cachée comme ça? Non, M. le Président, nous
ne sommes pas sûrs.
M. le premier ministre, nous devons aller au fonds des choses. Alors,
une question pour vous. Pour ça, il faut fouiller dans
nos propres sols pour avoir la vérité. Est-ce que vous êtes prêt de faire votre
part?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M.
le Président. Évidemment,
les informations qui ont été transmises par les médias hier sur
les découvertes à Kamloops nous
préoccupent fondamentalement. Non seulement nous avons de la sympathie, mais énormément d'empathie.
Et je
rappellerai à notre collègue qu'en décembre dernier mon collègue
responsable des Affaires autochtones, avec ma
collègue de Mirabel, ont déposé un projet de loi n° 79 permettant la communication de renseignements personnels pour les familles autochtones dont les enfants sont disparus ou
décédés. Il y a eu une étude détaillée de ce projet de loi là qui vient d'être complétée. Je pense qu'il faut
souligner la collaboration de tous les collègues des partis d'opposition. La prise en considération se fera
incessamment. Mais il y a des mécanismes dans ce projet de
loi là qui permettront
d'avoir de la transparence et qui
permettront aux familles autochtones dont les enfants sont disparus ou
décédés dans des circonstances troublantes, nous
le reconnaissons, d'avoir accès aux informations...
Le
Président : En terminant.
M. Boulet : ...qui leur permettront de bien faire leur deuil. Merci, M. le Président.
• (14 h 20) •
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : 215 enfants autochtones trouvés dans une fosse commune. Il n'y a aucun renseignement qui existe dans une base de données, ils t'ont
laissé dans cette fosse commune. C'est possible que la même chose est arrivée
ici, au Québec.
Oui, le projet
de loi, c'est une étape dans
la bonne direction, mais ça prend une enquête publique
indépendante pour poser la question : Pourquoi? C'est quoi, les causes de cette tragédie que, oui, ici, au Québec, on a vécue aussi?
Le
Président : M. le
ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M.
le Président. Ce dont les familles
ont le plus grandement besoin actuellement, c'est de paix et de réconfort, et ça, ça doit passer par des démarches qui sont
ordonnées et de l'accompagnement pour pouvoir leur permettre d'aller au fond
des choses. Et mon collègue aux Affaires autochtones est en communication aussi avec la vice-première
ministre pour s'assurer de sécuriser les lieux qui sont sous la juridiction du Québec, conformément à la loi sur le coroner.
C'est
à ces familles-là que nos pensées vont. Et nos actions seront tout le temps
compatibles avec la rencontre de leur besoin d'information. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Une des raisons, les Premières Nations et les Inuits du Québec n'ont pas, aussi,
de confiance dans le projet de loi, c'est parce que c'est l'État qui va
faire les enquêtes sur l'État. Ils demandent quelque chose qui est plus indépendant. Ils ont raison, parce que chaque fois...
Quand ils ont demandé qu'on adopte le Principe de Joyce, la réponse du gouvernement, c'était non. Quand on a demandé
d'avoir un élargissement du projet de loi n° 79,
la réponse, c'était non. Quand on a
demandé une enquête publique indépendante, la réponse, c'était non. Quand on
demande qu'il y ait le racisme... que ce gouvernement reconnaisse le
fait que le racisme systémique, au Québec...
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. On va mesurer les actions par leurs effets bénéfiques
sur le terrain. On a parlé de
sécurisation culturelle, on a embauché des navigateurs, des agents de liaison,
il n'y a aucune porte qui n'est fermée. Mon collègue aux Affaires
autochtones est ouvert à discuter, il le fait de façon importante. Et nous
avions d'ailleurs salué l'initiative du
Principe de Joyce, qui s'appuyait notamment sur le transfert des savoirs et des
connaissances autochtones. C'est ce que nous faisons, c'est ce que nous
allons continuer de faire pour permettre un accès à des soins...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
...non seulement de santé, mais des services sociaux adéquats. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Enquête
sur les pensionnats fédéraux pour enfants autochtones
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Je me lève ce matin, bien sûr, avec le coeur gros. La
découverte des 215 petits corps
à Kamloops nous a définitivement mis devant les yeux une réalité qui est très
difficile à regarder. Ça paraît peut-être à l'autre bout du monde, mais ce n'est pas à
l'autre bout du monde, c'est au Canada, et, des écoles résidentielles, il y en
avait au Québec. À l'époque, ils
disaient que le but, c'était de tuer l'Indien dans le coeur de l'enfant. Ce qui
s'est passé, en fait, c'est qu'ils
ont tué des enfants tout court. Il n'y a qu'un mot pour un régime qui traite
des vies d'enfants avec autant de
légèreté, qui les enterre dans des charniers
sans même avertir les parents, sans même inscrire leurs noms dans un registre,
sans même reconnaître leur courte existence, puis ce mot-là, M. le Président,
c'est «génocide».
M.
le Président, on a une responsabilité envers les familles des enfants disparus, envers
les communautés cassées en deux, en
quatre, en mille par l'enfer vécu dans les pensionnats. Notre responsabilité, c'est de retourner pierre par pierre pour connaître la vérité.
J'entends que le ministre
va sécuriser les lieux où il y a eu les pensionnats ici, au Québec. Est-ce que
le premier ministre s'engage à faire que le gouvernement du Canada fasse de
même?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est terrible, ce qu'on a appris au cours des derniers jours.
215 corps de petits enfants qui ont été enfouis dans un pensionnat en
Colombie-Britannique. On sait que peut-être, même, ces enfants venaient de différentes provinces. On ne peut pas exclure
qu'il se soit passé la même chose ici, au Québec. C'est gênant, c'est choquant,
c'est révoltant, et, M. le Président, on doit des réponses à ces
familles-là.
Et on avait déjà
déposé le projet de loi n° 79 pour pouvoir aider les
parents à retrouver la trace de ces enfants. Maintenant,
avec le gouvernement fédéral, il faut s'assurer, si c'est nécessaire, de faire les
fouilles. On sait que les pensionnats, ça
relève du gouvernement fédéral, donc il faut avoir l'accord du gouvernement
fédéral. On a parlé avec le ministre Miller, à Ottawa, qui est ouvert à
mettre de l'argent pour faire des fouilles, qui est ouvert à faire des fouilles
aussi.
Donc,
M. le Président, on va travailler avec le gouvernement fédéral pour tout
faire ce qui est en notre possible pour essayer de voir ce qui s'est passé ici, au Québec. Et, M. le Président,
je pense qu'on a un devoir, tous les citoyens du Québec, d'accompagner
les Premières Nations.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Merci, M. le premier ministre. Je saisis que, un, le
ministre des Relations avec les Premières Nations nous assure qu'il va
sécuriser les lieux tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas passé les caméras
nécessaires et tant et aussi longtemps... si des fouilles sont nécessaires,
elles seront faites.
Est-ce
que, cependant, il sera prêt à inclure dans le projet de loi n° 79 que, tout le travail qu'on accepte de faire, on accepte de le
faire pour le système de santé et pour les pensionnats?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, ce sera peut-être possible de déposer d'autres... peut-être
nécessaire de déposer d'autres projets
de loi. Pour l'instant, le projet de loi n° 79, c'est un projet de
loi pour fournir toute l'information aux familles pour retracer ce qui est arrivé avec ces enfants qui sont disparus, et puis qui ont été gardés
dans des endroits, puis, dans certains cas,
ont été maltraités. Évidemment, il faut s'assurer de travailler avec le gouvernement fédéral, parce
que ces pensionnats-là relèvent du gouvernement fédéral. Donc,
moi, je pense, c'est important... Puis j'espère que le projet de loi n° 79 va être adopté dès cette
semaine, là. Je pense... Je demande la collaboration des trois partis d'opposition...
Le
Président : En terminant.
M. Legault :
...pour qu'il soit adopté cette semaine.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Je pense que, la collaboration,
vous l'avez depuis le début. Là, ce qu'il manque, c'est un élément. C'est-à-dire, ce projet de loi là touche le système de santé, et ce
qu'on peut faire, parce que de consentement tout est possible, c'est de s'assurer que ça concerne aussi les pensionnats. Et
la possibilité d'aller chercher l'information, bien, ça, ça relève de notre accès à l'information, et c'est
ça qu'on peut modifier, M. le premier ministre. Alors, je vous implore qu'on
puisse faire ça cette semaine, changer ça.
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, j'espère que Québec solidaire ne va pas retarder l'adoption du
projet de loi n° 79. Puis la cheffe parlementaire de Québec solidaire sait
très bien que, si on inclut les pensionnats, qui relèvent du fédéral, ça devient très compliqué, très long. Il nous
reste deux semaines ici, là, pour adopter ensemble le projet de loi n° 79
pour fournir aux parents toute
l'information. Je pense qu'on a tous le devoir de s'assurer que ce projet de
loi là soit adopté dans les prochains jours.
Le Président :
Question principale, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Planification
des travaux au ministère des Transports
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, le premier ministre affirmait, la semaine dernière, que le
rejet de son projet de troisième lien par
les partis d'opposition leur empêcherait de gagner ou maintenir des comtés dans
la région de la Capitale-Nationale. Autrement dit, le premier ministre
admet que son tunnel est un investissement électoraliste. Non seulement s'agit-il
d'un projet pharaonique, irrationnel et inutile, mais sa seule justification
suinte le favoritisme politique.
Par
ailleurs, en février dernier, les ingénieurs du ministère des Transports se
plaignaient encore de recevoir des commandes
politiques les empêchant de faire convenablement leur travail. Ce n'est pas
banal, M. le Président. On ne peut plus, au Québec, annoncer des bouts de route
pour tenter de gagner des élections, encore moins des tunnels à 10 milliards
de dollars. Le Québec doit enfin se doter d'une agence de transport
indépendante afin de dépolitiser pour de bon les investissements dans ses infrastructures, comme le proposait mon
collègue député de Jonquière en 2013, quand il était ministre.
Est-ce que le gouvernement est prêt à appeler le projet de
loi n° 796 pour mettre fin aux pressions politiques et aux investissements électoralistes?
• (14 h 30) •
Le Président : Je vais vous demander de
faire attention dans les termes à être utilisés. Notamment, toutes les notions de favoritisme politique, vous le
savez, que c'est délicat. Alors, soyons prudents dans les termes. M. le
ministre des Transports.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel : M. le
Président, je vais vous démontrer jusqu'à quel point le Parti québécois est
désespéré et n'a jamais
cru à ce projet de loi, jamais. Son collègue de Jonquière, en 2013, décembre, dépose un projet de loi. L'élection a eu lieu
quatre mois plus tard. Aucune consultation
particulière, pas d'adoption
de principe. 2014, pas de trace de l'agence. 2017, on prépare l'élection; pas de trace de
l'agence. 2018, on s'en va en élection; pas de trace de l'agence. Et
soudainement on nous dit : Bien, ça nous prend une agence.
Et
je voudrais corriger ce qu'il vient de dire quand il parle de supposée
collusion ou corruption possible. Les ingénieurs ont mentionné... Le président des ingénieurs a mentionné, a indiqué et
estimé que le ministre des Transports et la présidente
du Conseil du trésor sont «les bonnes personnes au bon endroit» — puis ça,
vous ne le dites pas — «les
bonnes personnes au bon endroit».
«Le
problème se pose depuis 20 ans — vous étiez
là avant — on
ne blâme pas nécessairement la CAQ, mais, à un moment donné, il va falloir que
les gens réagissent.» Bien, je vous dirai une chose, l'AMP et le Vérificateur général sont présents à temps
plein ou presque...
Le Président :
En terminant.
M. Bonnardel :
...au ministère.
Le Président :
Première complémentaire. Je vous demanderais de vous adresser à la présidence, s'il
vous plaît, à nouveau. La règle est bien connue. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, 11 février 2021 :
Encore des «commandes politiques» à Transports Québec, disent des ingénieurs.
Alors,
M. le Président, la responsabilité d'étudier, de planifier, de concevoir et de
réaliser des projets d'infrastructure, de transport routier devrait être
exempte de toute pression politique. Une agence indépendante, c'est le meilleur
moyen d'y arriver, comme le propose notre
projet de loi n° 796. Le ministère, lui, conserve ses compétences
d'établir les grandes orientations.
M. le Président, le
ministre peut-il au moins convenir que ce n'est pas l'électoralisme qui doit
guider les choix d'investissement en transport au Québec?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel :
Donc là, M. le Président, on m'accuse, on nous accuse de réaliser une promesse,
le Réseau express de la Capitale.
Puis, la semaine passée, on m'accuse de ne pas aller de l'avant avec la 138
puis le pont du Saguenay, le prolongement de la 20. Puis ça vient de
qui, ça? Ça vient de vous, le Parti québécois?
Le Président :
...vous adresser à la présidence, s'il vous plaît.
M. Bonnardel :
Alors là, on m'accuse de réaliser un engagement, mais au contraire on va de
l'avant. Le premier ministre l'a
mentionné, que nous allions prolonger la 20. J'ai demandé une étude
d'opportunité pour le pont de Saguenay. Puis on a annoncé, mon collègue et moi, le prolongement de deux phases
sur la 138, je me suis engagé, donné un échéancier complet pour la 138.
Aucun gouvernement et ministre des Transports n'a fait ça avant, aucun.
Le Président :
En terminant.
M. Bonnardel :
Merci.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. On s'adresse à la présidence. Sans commentaire par
la suite.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, le gouvernement de la CAQ veut enfoncer les Québécois dans un
tunnel sans aucune lumière à
l'horizon, sans étude, sans argument autre que la rengaine électoraliste. Une
agence des transports indépendante nous
éviterait cette catastrophe annoncée, M. le Président. C'est à l'agence que
reviendrait le rôle de prioriser les projets, attester de leur
pertinence, justifier leur priorisation en fonction de l'intérêt public, l'intérêt
public.
M. le Président, est-ce
que le gouvernement est prêt à appeler, oui ou non, le projet de loi n° 796?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, c'est de l'hypocrisie pure et simple...
Le
Président : Je vais
vous demander, s'il vous plaît, d'être prudent dans les termes, encore une fois. Non, mais je vais vous
demander d'être... Je vais vous demander, dans des dossiers, hein... Puis les
termes sont importants, soyez prudent dans
les termes à être utilisés. Vous le savez, M. le ministre, vous avez de l'expérience. Alors, je vais vous demander d'être prudent dans les termes qui
sont utilisés pour la suite des choses.
M. le leader du troisième
groupe.
M. Ouellet :
M. le Président, retirer les propos?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, le député des
Îles-de-la-Madeleine, depuis tout à l'heure, prête des intentions au gouvernement, notamment le fait de respecter
ses engagements électoraux, M. le Président. Puis je comprends que c'est
choquant pour les partis d'opposition, qu'au
moins une fois pour toutes au Québec il y ait un gouvernement, M. le Président,
qui respecte ce qu'il promet. C'est vrai
qu'ils sont tout à fait chamboulés par ça, M. le Président, ce n'est pas dans
leurs habitudes politiques, mais ça vise à lutter contre...
Le
Président : O.K., O.K., O.K. On va reprendre. On va tous...
vous allez tous, nous allons tous respecter la même règle. Vous le savez, le mot qui a été utilisé est
dans la liste. Je vais vous demander d'être prudent, de ne plus l'utiliser à ce
moment-ci, mais de ne pas revenir sur ce
terme. Au surplus, je vais vous demander de faire attention et de collaborer
tous ensemble. La parole vous appartient pour la finale de votre
réponse.
M. Bonnardel :
Bien, M. le Président, j'inviterais le député, premièrement, tout comme le
député de Marquette, à prendre le temps de regarder, de lire les
différentes études depuis les 50 dernières années, dont une que j'ai citée
la semaine passée.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Bonnardel :
Je lui dirais de ne pas oublier de dire, quand il parle de pressions politiques...
de répéter ce que le président des ingénieurs a dit, que la présidente du
Conseil du trésor et moi-même sommes les bonnes personnes au bon endroit.
On
peut rigoler, mais présentement l'AMP et le Vérificateur général sont à temps
plein au ministère des Transports. Et je le mets au défi, s'il a des preuves de
pressions politiques ou de collusion, de les mentionner et de venir me voir.
Le Président : Question
principale, M. le député de LaFontaine.
Pénurie de main-d'oeuvre dans les services de garde
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. On va en faire lever un autre qui se pense être la bonne
personne au bon endroit.
La crise des
places en service de garde découle aussi du manque d'éducatrices. Le
gouvernement nie l'évidence. Ce matin, les résultats d'un important sondage
auprès de 3 669 éducatrices ont été publiés. Nous apprenons que
plus de 47 % d'entre elles songent à quitter
la profession d'ici les trois prochaines années. De ce nombre, M. le Président,
c'est plus d'une sur quatre qui songe
à quitter la profession dans la prochaine année. Pour les éducatrices en milieu
familial, sondage auprès de 687 répondantes, 58 %, elles,
milieu familial, songent à quitter dans les trois prochaines années.
Ces très
nombreux départs annoncés augmentent le nombre de postes vacants, sans
éducatrice, et 93 % d'entre elles vont dire : Il faut d'abord
et avant tout augmenter les salaires.
Le gouvernement caquiste, pourquoi ne
reconnaît-il pas l'ampleur, M. le Président, de la pénurie d'éducatrices?
Le Président : M. le ministre
de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, M. le Président. En fait, c'est une
question, ça, qui ne devrait pas être posée au salon bleu de l'Assemblée
nationale, c'est une question qui
devrait être posée le matin dans le caucus libéral, M. le Président. Qui était
au gouvernement... Non, mais c'est une
question de faits, là, à un moment donné. On peut bien dire n'importe quoi,
puis se lever, puis accuser tout le monde à tort et à travers, mais...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Lacombe : Qui était au
gouvernement? C'est un fait, là. Qui était là? Qui a signé la dernière
convention collective des éducatrices en CPE
puis en garderie? Qui? Est-ce que c'est la Coalition avenir Québec? Non.
Est-ce que c'est Québec solidaire? Non. Est-ce que c'est le Parti
québécois? Non. C'est le Parti libéral.
Là,
aujourd'hui, ils se lèvent pour nous dire : Ce n'est pas suffisant, c'est
épouvantable, vous les payez mal. C'est ce qu'ils ont signé.
Là, nous, on commence une négociation avec les
éducatrices. J'ai déjà eu l'occasion de le dire, je suis persuadé qu'à la fin de l'exercice l'augmentation qu'elles
vont recevoir va traduire l'importance de leur travail. On l'a vu avec les
responsables de services de garde en milieu
familial. Ils avaient conclu à 4 %, on a conclu à 12 %. S'il y a bien
un parti qui respecte le travail des éducatrices, c'est celui-ci, c'est la Coalition avenir Québec, c'est le gouvernement qui est en place en
ce moment, et on ne répétera pas les erreurs du passé.
Le Président : En terminant.
M. Lacombe : Les éducatrices
peuvent compter sur nous, au contraire de ce qui a été fait dans le passé.
Le
Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine. Sans commentaire après les réponses, s'il
vous plaît. M. le député.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, le dernier qui a signé une
convention collective, c'est le ministre, l'an passé, puis la FIPEQ-CSQ vient d'annoncer que demain matin ils
vont manifester à côté de la statue des femmes à l'Assemblée nationale pour
dire que ça n'a pas de bon sens, les offres qui sont faites. Lui-même, M. le
Président, il vient de prendre un fusil puis il vient de tirer dans le
fond de sa chaloupe.
Il a
déposé un plan, le 26 avril dernier, où il disait : Dans trois ans,
il va en manquer 10 400; moi, dans trois ans, je vais en former 2 400. Il en manque 8 000,
puis ils vous disent que c'est parce qu'ils ne sont pas, entre autres, assez
payés. Agissez.
Le Président : M. le ministre
de la Famille.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Un instant, là, on
ne peut pas dire n'importe quoi, encore une fois. Là, le député de LaFontaine...
Le Président : ...leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin : M. le Président, vous savez qu'il y a des termes
qu'on ne peut pas utiliser. À défaut d'avoir des arguments convaincants,
si le ministre pourrait au moins utiliser des arguments et des termes qui sont
parlementaires.
Le Président :
Je vais vous demander... M. le leader du gouvernement, quelques secondes.
M. Jolin-Barrette : Écoutez, M. le Président, le ministre de la Famille exprime son opinion, qui est partagée par pas mal de monde du côté de la banquette ici, M.
le Président, pour exprimer le fait que les faits qui sont évoqués par le
député de LaFontaine, M. le Président,
ne sont pas avérés. Alors, il n'y a pas 50 façons de le dire, M. le
Président, et je crois que le ministre de la Famille répond adéquatement
à la réponse du député de LaFontaine, parce que...
Le
Président : Et je... Bien,
je comprends bien la finalité de votre argumentation, je vous comprends bien,
vous vous exprimez. Je voulais vous demander d'être de bon ton et d'être
prudents également, sur des dossiers comme ceux-ci, vous savez fort bien
comment exprimer les idées que vous voulez véhiculer. Prudence. Continuez, M.
le ministre.
M. Lacombe : Mais ça me fâche, M. le Président, ça me fâche, je
dois vous le dire, là, ça me choque, ça me choque. Parce que,
là, il faut remettre les choses en perspective, là. Ils ont signé, avec les
responsables des services de garde en milieu familial 4 %. On a signé,
nous, dernière négo, 12 %. On fait les maths : trois fois plus.
Dernière
convention collective des éducatrices en CPE puis en garderie, c'est eux autres
qui l'ont signée, puis là ils se
lèvent, aujourd'hui, pour nous dire : Bien, ce n'est pas assez, vous les
payez mal, c'est épouvantable. La négo que le gouvernement de la CAQ va
faire avec ces éducatrices-là en CPE, en garderie, ça commence en ce moment...
Le Président :
En terminant.
M. Lacombe :
...et je suis persuadé que le résultat sera plus heureux que ce qui a été fait
dans le passé.
• (14 h 40) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, ça fait maintenant trois budgets qu'il a déposés, il en reste
juste un. Ce n'est pas moi qui me
lève puis qui lui dit, ce sont notamment les répondantes lors du sondage. Plus
de 4 356 sont venus lui dire, son bilan à lui, ses trois budgets, les négos l'an passé, la FIPEQ-CSQ, demain
matin, du côté de l'Assemblée nationale, viennent lui dire :
Drapeau rouge, à 93 % il faut d'abord régler le salaire.
Le premier ministre
peut-il faire la seule chose, faire un rattrapage avec les éducatrices comme il
l'a fait, à bon droit, avec les préposés aux bénéficiaires?
Le Président :
M. le premier ministre.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, ça fait deux fois que le député de LaFontaine me pose des
questions puis ensuite va voir les
journalistes, dit sur Twitter que je ne réponds pas à ses questions, alors
qu'il a assez d'expérience pour savoir que je réponds aux questions de
sa cheffe. Donc, s'il veut des réponses, là, qu'il demande à sa cheffe de me
les poser, ces questions-là, puis je vais y répondre.
Le Président :
Question...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Sans commentaire. La parole appartient maintenant à Mme la députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Vous êtes la seule à avoir la parole.
Conditions
d'hébergement des travailleurs étrangers temporaires
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président. Des dortoirs pleins à craquer, des douches sans eau
chaude, de la moisissure partout, des
trous dans les murs, des quarantaines dans des chambres avec un seul matelas au
sol, c'est le calvaire des travailleurs du Guatemala qui cueillent les
tomates aux Serres Demers.
Quand Radio-Canada a débarqué, comment
l'entreprise a réagi? Je cite : «L'idée, c'est qu'ils soient heureux, mais
ce n'est pas un monde de Calinours, ce sont des employés agricoles.» M. le
Président, j'ai honte. On n'est pas chez les Calinours, on est au Québec, et au
Québec on prend soin des travailleurs.
Depuis
hier, je reçois des témoignages de producteurs dans ma région qui sont capables
de bien faire pour loger et accueillir
les travailleurs étrangers. Ils font leur job. Le gouvernement doit faire la
sienne et envoyer un message clair. Demers a reçu une aide financière de
30 millions en mars.
Le
ministre va-t-il suspendre ce prêt tant et aussi longtemps que les travailleurs
ne seront pas hébergés dans des installations sécuritaires et salubres?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Écoutez, moi,
je partage les préoccupations de ma collègue. On ne peut qu'être sensibles à la situation
des travailleurs étrangers temporaires. Ils ont accès aux mêmes
droits que les travailleurs québécois
et ils doivent être traités avec équité,
dignité, civilité et respect. Et ce qui a été rapporté par les médias hier est complètement inacceptable,
incompréhensible. C'est la raison pour laquelle la CNESST et la Santé publique
font des interventions. Il y a des avis de correction qui sont émis.
En même temps, ma collègue sait très
bien que les lieux d'hébergement de ces travailleurs-là pendant leur quarantaine et après la quarantaine sont de juridiction fédérale. Donc, on fait les pressions qui s'imposent auprès de Service Canada
pour que les décisions appropriées soient prises dans les meilleurs
délais.
Il y a des rencontres qui ont lieu encore. Mon
collègue du MAPAQ a communiqué avec M. Demers, qui prend les
mesures qui s'imposent pour bien s'assurer des conditions de localisation de
ces travailleurs-là. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. On comprend de la réponse du ministre que l'argent des
contribuables peut servir à exploiter
des travailleurs. La CAQ nous disait que... en prendre moins, mais en
prendre soin. On comprend que, pour le monde qui travaille dans les champs,
c'est plutôt en prendre plus, et on les abandonne. Pendant que la CAQ
réduisait les seuils d'immigration
permanente, le Québec prévoit recevoir 17 000 travailleurs dans les
champs cette année, 70 % de plus
que lors de l'arrivée de la CAQ au pouvoir. C'est la conséquence des réformes
de l'ancien ministre de l'Immigration et leader parlementaire.
Est-ce qu'il peut
avouer aujourd'hui que c'est ça, le modèle...
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des... Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Nadine Girault
Mme Girault :
Merci, M. le Président. M. le Président, je pense qu'il faut répéter, encore
une fois, que, oui, effectivement, on a fait
des réformes dans nos différents programmes parce que, justement, ces
réformes-là ont fait en sorte qu'on est capables d'arrimer des besoins
du marché aux besoins d'immigration. Et c'est exactement ce qu'on fait.
Dans
le cas des travailleurs étrangers temporaires, on est en négociation avec le
fédéral, justement, pour assouplir ces règles-là. Et, mon collègue l'a
dit tout à l'heure, on veut s'assurer que les travailleurs étrangers
temporaires qui viennent ici ont les mêmes
droits, les mêmes responsabilités et les mêmes droits que nos travailleurs qui
sont ici. C'est dans ce cadre-là qu'on travaille, M. le Président, pour
arrimer l'économie à l'immigration...
Le Président :
En terminant.
Mme Girault :
...mais surtout pour faire en sorte qu'on s'occupe bien de ces travailleurs-là.
Merci.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Les travailleurs agricoles étrangers ont, pour la plupart, des permis de
travail fermés, des visas fermés. C'est un visa qui, en fait, lie le
visa à un seul et unique employeur, qui parfois en profite pour les faire vivre
dans des conditions inacceptables. C'est le Québec qui doit protéger ces
droits.
Est-ce
que le nationalisme de la CAQ va encourager la ministre de l'Immigration à
rapatrier tous les pouvoirs pour ces travailleurs étrangers temporaires?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Nadine Girault
Mme Girault :
Merci, M. le Président. M. le Président, on travaille avec le fédéral, on négocie avec le fédéral, et actuellement on est en train de regarder, justement, comment on peut rapatrier certains pouvoirs mais
surtout comment on peut travailler à
faire en sorte d'assouplir certains programmes pour être capables de mieux s'occuper de ces
travailleurs étrangers quand ils arrivent chez nous. C'est dans les
plans, M. le Président, on travaille avec le fédéral, on a une bonne collaboration avec eux, et c'est dans ce cadre-là
qu'on travaille, justement, pour s'occuper de nos travailleurs étrangers et
de nos autres travailleurs aussi.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Accès au logement
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Depuis plusieurs
semaines, le gouvernement de la CAQ s'entête à nier à crise du logement. Jamais le premier ministre ni la ministre des Affaires
municipales et de l'Habitation n'ont
voulu admettre que le Québec
traverse une crise de l'habitation. Jamais le gouvernement n'a accepté de
déposer un plan d'urgence pour soutenir
les ménages qui risquent de se retrouver à la rue dans exactement
un mois. Jamais la ministre n'a accepté de rassurer celles et ceux pour qui l'angoisse grandit chaque
jour, de peur de se retrouver à la rue. Jamais le gouvernement n'a accepté de travailler
avec nous, d'étudier nos propositions sans partisanerie politique mais ayant
comme seul intérêt celles et ceux qui n'arrivent pas à se loger.
Le compte à
rebours est commencé. 30 jours, M.
le Président, 30 jours avant le
1er juillet. Ce n'est plus le moment pour les annonces à la pièce.
Est-ce que la
ministre de l'Habitation peut faire preuve d'humanité? Est-ce qu'elle peut
parler aux Québécoises et aux Québécois qui vivent un véritable
cauchemar? Peut-elle admettre qu'il y a une crise avant qu'il soit trop tard?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, effectivement, le compte à rebours est commencé, mais ça fait... il ne reste pas 30 jours, ça fait des mois
qu'on travaille là-dessus. Ça fait des mois que ma collègue au MAMH travaille
par rapport à ces préoccupations-là, mêmes préoccupations qu'elle avait également
l'an dernier par rapport à la perspective du 1er juillet. Et ça fait plusieurs fois qu'on a la même question et qu'on fourni une
multitude d'exemples d'actions qui sont prises, justement, pour faire en sorte que, le 1er juillet,
tous les Québécois, toutes les Québécoises, toutes les familles vont pouvoir se loger dignement. Et on le répète, on le
réitère avec des actions musclées, tant en construction de logis, tant par
les programmes PSL qui sont augmentés, tant par tout le support que le gouvernement
fait par rapport à cette situation préoccupante,
qui est due, entre autres, effectivement,
à la situation de la pandémie, à de l'épargne, à de la rénovation, on
fait, en fin de compte, qu'il y a une pression sur les prix entre l'offre et la
demande, il y a un enjeu...
Le Président : En terminant.
M. Julien :
...mais on contribue avec des actions concrètes pour s'assurer que tout le
monde soit logé dignement, on le dit et on le redit.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
On comprend que le gouvernement de la CAQ continue de nier la crise du
logement, puis ça, malgré les
témoignages d'experts. Il y a monsieur... M. Revington, de l'Institut
national de la recherche scientifique, dit,
et je le cite : «Le Québec est
au coeur d'une crise [du] logement. Bien que cela coûte cher d'acheter une
maison, ce sont les locataires qui en
éprouvent les effets le plus durement. [...]ils ont plus de difficulté à
trouver un logement abordable [...] dans le contexte d'un marché en
surchauffe.»
M. le Président, il y a péril en la demeure. Qu'attend
le gouvernement pour freiner la surchauffe immobilière?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Bien, encore là, M.
le Président, on est en... dans une perspective d'économie, quand même, où on
comprend des enjeux, on l'a mentionné déjà régulièrement, les enjeux entre
l'offre et la demande. Et effectivement, actuellement,
il y a plusieurs situations. Premièrement, les Québécois, les Québécoises ont
plus d'épargne, actuellement, dû, entre autres, à la situation conjoncturelle
qu'on vit, qui fait en sorte qu'il y a plus de rénovations, qu'il y a plus de
liquidités dans le marché et que ça
vient débalancer l'offre et la demande. Mais ce n'est pas parce que cette
situation-là conjoncturelle, ponctuelle
est devant nous qu'on n'agit pas. Non, on agit de manière robuste, en mettant
plus d'argent dans le logement social, en donnant plus de programmes
pour passer...
Le Président : En terminant.
M. Julien : ...à travers cette
période-là, parce que, je le réitère, le 1er juillet, les Québécois vont
pouvoir...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Les municipalités
du Québec se préparent à affronter l'onde de choc du 1er juillet. Des
budgets supplémentaires sont débloqués pour soutenir les familles qui se
retrouveront à la rue, pour trouver des endroits pour loger temporairement leurs citoyens, organiser un service d'entreposage
de biens, prévoir un service de repas, même des solutions pour les animaux de compagnie. À Sherbrooke, là, c'est 68 ménages
qui vont se retrouver à la rue, les organismes communautaires ne savent
plus où donner de la tête.
Est-ce que la
ministre peut s'engager à soutenir financièrement nos municipalités face à
cette crise sans précédent?
• (14 h 50) •
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
M. le Président, ici, on a une méconnaissance des enjeux municipaux, parce que,
bien honnêtement, il y a des
programmes, parce que j'y étais, il y a des programmes, en fin de compte, de
soutien et d'aide d'urgence aux ménages qui sont donnés aux municipalités justement pour faire en sorte de
couvrir ces frais-là supplémentaires en période de difficultés ou
d'enjeux par rapport au 1er juillet. Et, bien honnêtement, j'ai regardé
attentivement les états financiers de certaines municipalités, considérant, là, actuellement la situation de la
pandémie, le support que le gouvernement a donné, avec le MAMH, et, honnêtement, je pense qu'ils vont être
capables de faire face au défi par rapport au 1er juillet et par rapport
au soutien qu'on procure aux municipalités du Québec.
Le Président : Question
principale, Mme la députée des Mille-Îles.
Modernisation du régime forestier
Mme Francine Charbonneau
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président. M. le Président, qui a dit : Nous allons revoir,
améliorer et réformer le régime forestier? Eh bien, je vous le donne
dans le mille : le premier ministre, dans la période préélectorale 2018
et jusqu'à l'été 2020.
En octobre
2020, le ministre a accouché de quelques modifications cosmétiques du régime
forestier. Aujourd'hui, préfets, élus
municipaux, entreprises, familles des régions forestières, tous sont
insatisfaits. Les partenaires interpellent le premier ministre, et sa réponse : Je n'ai pas de temps, parlez au
ministre. Eh bien, M. le Président, quand je veux me plaindre d'un
employé, je veux parler à son patron.
Qui va enfin s'occuper des régions forestières
au Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Excusez-moi. C'est
coincé un peu, ici, c'est moi qui ai pris du poids.
M. le
Président, mon collègue ministre de la Faune, Forêts et Parcs travaille de
manière intensive, justement, par rapport
à cette situation-là énoncée par ma collègue. Ici, on fait référence... Puis
c'est toujours... Il y a toujours, en fin de compte, deux faces à une médaille, bien honnêtement. En même temps qu'on
entend des gens qui nous disent que les secteurs à protéger doivent être
protégés plus rapidement, de manière plus animée, en même temps on entend, par
rapport, par exemple, à la Haute-Côte-Nord,
des enjeux par rapport à l'industrie forestière, justement, par rapport à la
protection du territoire. Et mon
collègue, quand il regarde ça, il le fait de manière pragmatique, en regardant
à la fois les enjeux économiques et les enjeux de protection, et il
vient bien balancer ça.
Ce que
j'aime, c'est qu'on entend une chose et son contraire. Ça veut dire que mon
collègue est à la bonne place, balance
bien, de manière pragmatique, à la fois la protection, et l'économie, et le
développement de l'industrie forestière. Donc, il y travaille ardemment,
de manière conséquente.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Francine
Charbonneau
Mme Charbonneau :
C'est malheureux quand on est obligé de mettre des gens en opposition pour
pouvoir se parler des vraies
affaires. L'environnement et la foresterie, ça va ensemble. Cultiver la forêt,
faire en sorte qu'on puisse parler de protection,
de carbone et d'environnement, ça va ensemble, ça ne va pas un contre l'autre.
Puis, dans la grande Côte-Nord, ce
qu'on dit, en ce moment, aux familles, c'est : Prenez votre gaz égal, on
va peut-être survivre à la crise. Mais, en ce moment, ce que les entreprises nous disent, Boisaco, Petit
Paris, toutes ces entreprises nous disent qu'en ce moment ils vont mourir
au feuilleton.
M. le Président, on a
besoin...
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles. À vous la parole, M.
le ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
M. le Président, j'entends ma collègue parler de la grande Côte-Nord.
Naturellement, on parle spécifiquement de la Haute-Côte-Nord ici, pour
être plus spécifique. Écoutez, mon collègue a déjà rencontré tout le regroupement à deux reprises. Il y a des
discussions qui sont faites de manière très spécifique justement par rapport
aux enjeux, parce qu'effectivement on
ne met pas en opposition. Mon collègue s'occupe à la fois de la faune et de la
foresterie et il doit venir balancer,
de manière concrète, ces enjeux-là, à la fois la protection et à la fois le
développement économique, et je pense
qu'il le fait très bien et qu'il discute avec les gens pour voir comment on
peut optimiser l'exploitation forestière...
Le Président :
En terminant.
M. Julien :
...tout en assurant la protection du territoire. Donc, on n'est pas en
opposition, on travaille ensemble.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Nous
passons maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et je reconnais M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
Rappeler
l'importance de l'équité entre les circonscriptions dans la
sélection de projets d'investissement par le gouvernement
M. Arseneau : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Marquette, le leader du deuxième groupe d'opposition, la députée
de Marie‑Victorin et le
député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'importance de l'équité, qui doit
nécessairement guider l'action du gouvernement lorsqu'il est question de
réaliser des projets, notamment en matière d'infrastructures de transport;
«Qu'elle
souligne qu'il ne saurait y avoir de distinction pertinente entre les
circonscriptions, selon qu'elles sont représentées par un député issu du
parti formant le gouvernement ou de l'opposition;
«Qu'elle réitère
qu'en ce sens, une circonscription représentée par un élu de l'opposition ne
devrait jamais être désavantagée, de la même manière que celle représentée par
un élu du parti gouvernemental ne devrait être avantagée par ce statut;
«Que
l'Assemblée nationale réprouve l'idée révolue voulant qu'un député issu du
parti au pouvoir est en mesure d'en obtenir davantage pour sa
circonscription;
«Enfin,
qu'elle réaffirme que le bien commun est le seul critère devant orienter la
sélection des projets d'investissement du gouvernement du Québec.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vais vous demander vos
votes respectifs sur cette motion. D'abord, M. le leader du troisième
groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée. M. le ministre de la Justice.
Souligner le 50e anniversaire de l'Office de
la protection du consommateur
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée d'Anjou—Louis-Riel, le leader du deuxième groupe
d'opposition, la députée de Joliette, le député de Rimouski, la députée
de Marie-Victorin et le député de Rousseau :
«Que l'Assemblée nationale souligne le 50e anniversaire
de l'Office de la protection du consommateur;
«Qu'elle
réitère l'importance de la Loi sur la protection du consommateur, adoptée le 14 juillet
1971, qui est à l'origine de la création de l'office et qui a fait du
Québec un précurseur dans le domaine de la protection des droits des
consommateurs;
«Qu'elle reconnaisse la contribution de cet
organisme au cours des cinq dernières décennies ainsi que celle des différents
organismes partenaires qui veillent à outiller, à protéger et à informer les
citoyens;
«Qu'elle
reconnaisse que l'office est appelé à jouer un rôle d'une grande importance
dans les années à venir par rapport à
de nombreux enjeux de société modernes, notamment en matière de durabilité et
d'obsolescence des biens de consommation;
«Qu'enfin
elle profite de cette journée pour remercier tous les employés de l'office,
d'hier et d'aujourd'hui, pour leur travail et leur engagement à
promouvoir et défendre les droits des Québécoises et des Québécois.»
Merci, M. le Président.
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Donc, vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Et je reconnais maintenant Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Observer une minute de
silence à la mémoire des enfants dont les restes ont été retrouvés
enterrés sur le site d'un ancien pensionnat à Kamloops, en
Colombie-Britannique,
ainsi qu'à celle de tous les enfants autochtones disparus au pays
Mme Anglade : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le premier ministre, avec la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, le leader du troisième groupe d'opposition et la députée
de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte avec
horreur et stupéfaction de la découverte des restes de 215 enfants qui ont
été retrouvés enterrés sur le site d'un ancien pensionnat autochtone à Kamloops
en Colombie-Britannique;
«Qu'elle rappelle que selon les estimations de
la commission de vérité et réconciliation, 4 100 enfants seraient
décédés dans les pensionnats autochtones du Canada, dont au moins 18 ont été
identifiés au Québec;
«Qu'elle
condamne sans réserve le système des pensionnats autochtones mis en place par
le gouvernement fédéral qui a eu cours notamment au Québec entre 1931 et
1991, qui consistait en un outil de génocide culturel;
«Qu'elle
condamne également sans réserve "la rafle des années 60" soit
l'enlèvement massif par le gouvernement fédéral d'enfants autochtones à
leur domicile, à leur communauté et à leur famille d'origine;
«Qu'elle exprime sa solidarité envers toutes les
nations autochtones du Québec et du Canada, qui recherchent toujours la vérité au sujet de leurs proches
disparus et qui vivent encore aujourd'hui les impacts et le traumatisme du
système des pensionnats autochtones;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
prendre les mesures nécessaires en collaboration avec les autorités autochtones
et le gouvernement du Canada afin que des recherches soient menées sur les
sites des pensionnats autochtones ayant opéré au Québec afin de vérifier si des
restes humains s'y retrouvent;
«Qu'elle
demande au Bureau de l'Assemblée nationale d'étudier la possibilité d'ériger un
monument commémoratif sur les
terrains de l'Assemblée nationale en collaboration avec les représentants et
les représentantes des Premières Nations et des Inuits;
«Qu'elle
demande au gouvernement fédéral de rendre disponibles tous [les] renseignements
dont il dispose aux familles qui vont s'engager dans une démarche suite
à l'adoption du projet de loi 79;
«Qu'enfin,
elle observe une minute de silence à la mémoire des 215 enfants dont les
restes ont été retrouvés ainsi que de tous les enfants autochtones
disparus au pays.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, il y a un consentement pour
un débat de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : la cheffe de l'opposition officielle, le premier
ministre du Québec, la cheffe du deuxième groupe d'opposition ainsi que
le leader du troisième groupe d'opposition.
• (15 heures) •
Le
Président : Alors, je résume et je comprends qu'il y a
consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et que la durée des interventions soit limitée à un
maximum de deux minutes chacune. Mme la cheffe de l'opposition officielle,
on vous écoute.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, vendredi dernier, on apprenait avec effroi et consternation la
macabre découverte de quelque
215 corps d'enfants autochtones, notamment issus de la communauté
Tk'emlúps te Secwépemc, dont certains à peine âgés de trois ans, sur le
terrain d'un pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique.
Comme parents,
on pense immédiatement à nos enfants. On se déplace dans la maison, on se rend
au seuil de leurs chambres puis on se
rend compte qu'ils sont là, qu'ils sont sains et saufs et qu'ils vaquent à
leurs occupations, puis on se dit qu'on a quand même beaucoup de chance. Il ne
nous passerait jamais par la tête que nos enfants puissent nous être enlevés, emmenés loin de nos familles, dans un environnement souvent étranger et hostile à notre culture. C'est pourtant, M. le Président, ce qui est arrivé. Cela nous donne un fragment de la mesure de ce que représentent pour les peuples autochtones
la tragédie et l'horreur qu'ont constituées les pensionnats autochtones.
Au Canada, ce
sont environ 150 000 enfants des Premières Nations, Métis, Inuits qui
ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats, des familles, des
communautés qui ont été déchirées à jamais. Selon les estimations de la
Commission de vérité et
réconciliation, ce sont 4 100 enfants qui ne seraient jamais revenus
de ces pensionnats, leurs familles sans nouvelles, le coeur, évidemment,
en miettes.
Mon collègue
de Jacques-Cartier disait plus tôt que ce n'est pas quelque chose qui s'était
produit il y a 200 ans, qu'on entendait des gens parler d'une
personne qu'ils connaissaient, qui avait disparu, c'est des choses qui se sont
reproduites récemment. Ici, au Québec, le
premier pensionnat autochtone, au début des années 30, a été à Fort-George,
sur la côte de la baie James, et, le dernier à fermer, en 1991, à
Mashteuiatsh, il y a 30 ans à peine.
C'est dans
les années 60 qu'a eu lieu ce que l'on surnomme la rafle des enfants autochtones
afin de les déraciner de leur milieu,
de leur culture, de leur famille d'origine. Il est difficile d'établir avec
clarté et certitude combien d'enfants autochtones ont été touchés par ce
système au Québec.
L'histoire
des pensionnats autochtones est un moment sombre de notre histoire collective,
une tache indélébile qui nous rappelle que notre parcours national contient une
véritable parcelle de noirceur. Les pensionnats autochtones n'ont été rien d'autre que des outils délibérés d'un
génocide culturel. Il faut non seulement le reconnaître, mais aussi le répéter
et surtout l'enseigner afin que plus jamais de telles horreurs ne
puissent se reproduire.
Residential schools were nothing less
than a deliberate tool for cultural genocide. We must not only acknowledge this
truth, but we must bring it to light again and again. And, more importantly, we
must teach it so that such horror never happens again.
Cette triste découverte à Kamloops nous confronte
à nos démons mais nous indique aussi qu'il est encore possible de documenter les conséquences mais aussi les
causes de la disparition de ces enfants. Comme le disait tout dernièrement
dans les médias Viviane Echaquan : «Ce
ne sont pas de simples valises qu'on a perdues à l'aéroport et qu'on veut
retrouver. Quelle est l'une des pires souffrances? C'est de perdre un
enfant dans des circonstances inconnues.»
M. le
Président, on ne peut malheureusement pas refaire le passé. Tout ce qu'il nous
reste, c'est d'en tirer les leçons afin de construire l'avenir, un
avenir de reconnaissance et de lumière. Ce n'est pas la première fois que nous
sommes conviés à des moments solennels en
cette Assemblée nationale pour reconnaître les erreurs et les crimes passés, mais,
au-delà des discours, une fois les
projecteurs éteints, les reportages terminés, nous avons le devoir et
l'obligation à la fois morale et
sociétale d'oeuvrer à une société plus juste et inclusive. Nous devons, dans le
quotidien de tous les jours, travailler sans relâche à mettre en échec les relents de racisme,
d'un racisme systémique, tout aussi ignobles qu'inacceptables, auxquels sont confrontées les Premières Nations encore
aujourd'hui, comme nous l'a rappelé avec douleur le décès de Joyce Echaquan. Comme parlementaires, comme Québécoises, comme Québécois, prenons le temps de collaborer dans chaque
action de notre quotidien et déployons tous les efforts, toute notre
fibre morale pour qu'on puisse débusquer et éviter toute forme d'injustice.
Au
fond, la seule façon de véritablement honorer la mémoire de ces enfants
disparus, c'est de construire un futur à la hauteur des rêves et de l'avenir qu'on
leur a dérobés. Et ce n'est qu'ainsi que l'on pourra véritablement apporter
un baume, si humble soit-il, devant
l'ampleur des plaies des survivants et de cheminer vers une réconciliation
sincère et surtout dans le respect mutuel. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le premier ministre, à vous la parole.
M. François
Legault
M. Legault :
Merci, M. le Président. Je veux commencer par présenter, au nom du gouvernement
du Québec, mes sincères condoléances aux
familles, aux communautés des 215 enfants qui ont été retrouvés,
donc, sur le terrain d'un ancien pensionnat autochtone en Colombie-Britannique.
Et, en signe de respect puis de compassion, on a, dès la fin de semaine
dernière, convenu de mettre notre drapeau en berne pour la semaine.
M. le Président, c'est le genre d'histoire, malheureusement, qu'on pouvait se douter. Évidemment, de voir une preuve
tangible de cette horreur, ça nous rappelle
le lourd passé, le lourd passé du Canada mais aussi du Québec dans nos relations
avec les nations autochtones.
Évidemment,
on ne peut pas présumer que des atrocités du même ordre se sont produites ici,
sur le territoire du Québec, mais on ne peut pas non plus l'exclure. Ce n'est
pas impossible, M. le Président.
Et
on sait qu'il y avait ici des pensionnats. Je me rappelle, entre
autres, bien, le livre à succès Kukum de Michel Jean, qui se passe au Saguenay—Lac-Saint-Jean, donc au Québec, et où on voit, il n'y a pas si longtemps
que ça, là... on parle de sa
grand-mère, à Michel Jean, le journaliste et auteur, puis on voit des enfants
qui ont été enlevés de leurs familles puis placés dans des pensionnats, puis les parents n'ont jamais
eu de nouvelles de ces enfants-là. Puis on sait que des enfants ont été non seulement enlevés, mais, dans certains cas, ont eu des sévices, ont eu des grands
traumatismes. Dans beaucoup de
cas, on ne les a jamais retracés.
Je pense que la première chose qu'on doit faire, c'est d'avoir le courage de
parler de cet épisode honteux. Puis, dans ce sens-là, Michel Jean, avec son succès en librairie, fait qu'il y a
plus de Québécois qui sont maintenant au courant. Puis il faut continuer d'expliquer, parce
que ça laisse des blessures qui ne
sont pas près de disparaître. Et, si on veut, si on peut... on doit continuer notre chemin vers la
réconciliation avec les nations
autochtones, bien, ça passe par la
vérité d'abord, la vérité.
On est en train, effectivement,
de regarder, avec le gouvernement fédéral, comment on peut retracer les enfants
disparus. Déjà, ma collègue
la députée de Mirabel, qui a été ministre des Affaires autochtones, avait préparé un projet de loi. Le projet de loi aide à les retracer, utiliser toutes les traces qu'on peut avoir au Québec,
dans les registres, pour voir où sont
passés ces enfants. Puis
éventuellement, oui, si c'est nécessaire, de faire des fouilles. Je pense qu'il faut regarder la vérité en
face.
Mais,
M. le Président, la réconciliation, ce n'est pas juste le passé.
Ça veut dire aussi qu'il faut se tourner ensemble vers l'avenir, ça veut dire qu'il faut développer
nos nations ensemble, ça veut dire qu'il faut se parler. Puis notre gouvernement est déterminé à travailler avec les nations autochtones une par
une, essayer de faire des ententes, travailler dans le respect mutuel. Mais
évidemment on ne doit jamais
oublier ces épisodes douloureux de notre histoire, mais en même temps on doit se rappeler qu'on a
fait du chemin puis qu'il y a aujourd'hui de bonnes raisons quand même d'avoir de
l'espoir. Puis c'est sur cet
espoir-là qu'on doit miser pour continuer d'avancer, pour que les prochaines
générations puissent remplacer la douleur par une fierté partagée.
Merci, M. le Président.
• (15 h 10) •
Le Président :
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé : M. le
Président, le Québec
en entier a été ébranlé, cette fin de
semaine, lorsqu'on a appris ce qui
s'est passé, en fait ce qui a été découvert à Kamloops, c'est-à-dire 215 petits corps d'enfants qu'on n'a même pas eu la décence d'honorer en leur offrant, premièrement, une sépulture digne de ce nom et, deuxièmement, en s'assurant
que les parents soient au courant, soient informés de ce qui s'était
passé.
Vous
savez, chez les autochtones, le corps décédé, c'est fondamental. C'est
fondamental dans leurs rituels, dans leur
spiritualité, dans... Et donc imaginez-vous ces parents qui avaient dû laisser
leurs enfants plusieurs mois plus tôt et que, lorsque revenait le printemps,
l'été, on leur disait : Ah! bien, votre enfant n'est pas revenu. Et
imaginez‑vous les autres enfants qui
étaient dans le même pensionnat, qui étaient conscients de tout ça, quand ils
revenaient la peur au ventre parce qu'ils ne voulaient pas y retourner.
Je ne dis pas que
c'est l'expérience de tous les autochtones, d'ailleurs ils sont les premiers à
le dire, mais c'est l'expérience d'une
grande majorité. Et c'est pourquoi c'est fondamental que la malheureuse
découverte, prévisible, que nous avons
faite à Kamloops... bien, c'est important qu'ici, au Québec, là, partout au
Canada, mais qu'ici, au Québec, on ait l'assurance
que ce n'est pas arrivé. Il n'y a qu'une façon, c'est de faire les fouilles,
c'est de faire l'investigation. Et, oui, le premier ministre dit qu'avec le projet de loi on va retrouver la trace,
on veut retrouver la trace de tous les enfants, oui, mais les enfants
dans le système de santé. Ici, on parle du système d'éducation.
Alors, il est possible d'agir. Nous
devons agir. Pourquoi? Bien, parce que, les excuses, ça suffit. Non, ça ne
suffit pas, ils en ont encore besoin,
mais, je veux dire, ce n'est pas assez, ce n'est pas assez, c'est les gestes.
Et le premier ministre a raison, il faut parler de ces épisodes, parce
que, un, la parole libère, mais, deux, nous, ça nous permet de comprendre pourquoi on accumule des préjugés face à nos
frères et soeurs autochtones, pourquoi, la réalité qu'ils vivent, si difficile,
les post-traumatismes. Imaginez, tu
perds tes frères, tes soeurs, tu te retrouves... puis on te dit : Ah! ils
sont à la grande école. Bref, c'est inimaginable.
Et,
pour moi, pour ma formation politique, il n'y a qu'un chemin à suivre, c'est
celui vraiment de tout faire, pas juste
de répondre à : Ah! il y a une fosse, ou : Ah! il y a un corps là,
ou... C'est : Comment se fait-il que, dans ces années-là, on a laissé faire ça? Quel est le niveau de
complicité de nos institutions, des communautés religieuses? C'est à ça qu'il
faut trouver une réponse. C'est à ça que nos frères et soeurs
s'attendent de trouver une réponse.
Et
ça, il y a juste une façon de le faire, c'est vrai, c'est d'accepter que ça
s'est passé, de reconnaître, puis c'est dur, que l'État, les communautés religieuses, la société a joué un rôle dans
ce sens-là, ne serait-ce qu'en ne voyant pas, en ne voulant pas voir, et
ensuite, bien, c'est de dire : O.K., on marche ensemble. Parce que, dans
les faits, l'avenir peut être prometteur,
mais, le premier pas, il faut reconnaître. Ça prend une enquête
publique. Il faut reconnaître, il faut être capables d'en
discuter sainement. C'est ça que nous demandent nos frères et soeurs autochtones.
Et moi, je pense que, Kamloops, ce que c'est venu me faire à moi, en fin de semaine, c'est de me dire :
Il est le temps plus que jamais de se mettre en action là-dessus. Merci,
M. le Président.
Le Président :
La parole vous appartient, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Les nouvelles qui nous sont venues de Kamloops
en fin de semaine dernière ont de
quoi nous ébranler, nous choquer, voire même nous révolter. Pourtant, comme
l'ont rappelé de façon fort opportune plusieurs leaders des communautés autochtones,
il n'y a rien là de vraiment surprenant.
La
façon dont on a traité les Premières Nations au Canada et ici même, au Québec,
n'est absolument pas digne des peuples civilisés. On leur a nié leur
culture, leurs coutumes, leur langue, leur mode de vie, comme si ces
communautés n'avaient aucune valeur, aucune
histoire, n'avaient rien à nous enseigner, rien à nous apprendre, rien à
partager, rien à nous dire.
Disons les choses
comme elles sont, on a voulu les assimiler, les supprimer, anéantir leur
descendance, les voir disparaître. Les pensionnats autochtones n'avaient qu'un
seul objectif : un odieux génocide culturel opéré par les élites
canadiennes et religieuses.
En
2021, il est certainement trop tard pour changer l'histoire. Cependant, nous
devons nous amender et dénoncer ces actes barbares aussi vigoureusement que
possible. Il faut tendre la main aux survivants et à leurs descendants.
Nous leur devons la vérité. Nous leur devons
de mener les recherches nécessaires pour qu'ils puissent remplir les vides
autant que possible et reconnecter avec leurs racines.
Nous,
Québécois, savons bien ce que signifie l'identité, la connaissance de soi, la
mémoire de nos origines. Nous sommes aussi conscients qu'on peut l'être
de l'importance d'être respectés dans ce que nous sommes.
Le
Parti québécois demande la pleine collaboration du gouvernement canadien. Les
familles qui souhaitent entreprendre une quête de la vérité doivent avoir accès
à tous les renseignements pertinents qui existent relativement à leurs proches disparus. Et, plus encore, on doit
les accompagner dans leurs démarches. C'est la moindre des choses. C'est
le premier pas vers une véritable
réconciliation, vers un pardon espéré mais difficile, vers une nouvelle ère
dans nos relations entre nations, une ère lumineuse, marquée par
l'ouverture à l'autre, le respect mutuel et la connaissance réciproque.
Ces
êtres de lumière méritent de sortir de la noirceur. M. le Président, soyons
avec eux pour éclaircir cette situation. Merci.
Mise
aux voix
Le
Président : Je vais maintenant
demander aux leaders parlementaires de m'indiquer vos votes respectifs sur
cette motion. D'abord, M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée.
Je
vais vous demander de vous lever pour observer une minute de silence à la
mémoire de ces 215 enfants victimes de cette terrible tragédie.
• (15 h
15
—
15 h
16) •
Le Président :
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Fortin : M. le
Président, je vous demanderais, si
c'est possible, de faire parvenir le texte de cette motion, copie
également de l'ensemble des interventions des collègues et résultat du vote
unanime de l'Assemblée à la Chambre des communes, à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique, à l'Assemblée des premières nations Québec et Labrador, à
l'Assemblée des Premières Nations du Canada, au groupe Femmes autochtones du
Québec et au Regroupement des familles Awacak.
Le Président :
Et ce sera fait. Je reconnais maintenant Mme la députée Sherbrooke.
Mme Labrie :
M. le Président, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre la
motion suivante conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
la députée de Joliette, la députée de Marie‑Victorin et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la publication d'un rapport du ministère
de l'Éducation faisant état d'un nombre
alarmant de bris de services dans l'éducation des élèves, notamment des élèves
handicapé-es, ayant un trouble de comportement ou un trouble du spectre
de l'autisme, ainsi que des élèves sans plan d'intervention;
«Qu'elle
prenne acte de la publication d'un rapport de la Commission des droits de la
personne et de la jeunesse qui rapporte
le "non-respect chronique du droit à l'éducation de jeunes Inuit hébergé-es
en centre de réadaptation à l'extérieur de leur communauté";
«Qu'elle
s'inquiète des multiples situations rapportées dans les médias quant au
non-respect du droit à l'éducation;
«Qu'elle
affirme que l'accès à l'éducation est un droit fondamental reconnu au Québec,
et que le gouvernement a la responsabilité de faire respecter ce droit;
«Qu'elle déplore que
les élèves fréquentant des écoles privées n'aient pas accès au protecteur de
l'élève;
«Qu'elle
constate l'urgence de mettre en place un mécanisme indépendant de traitement
des plaintes afin de veiller à ce que les droits des élèves soient
respectés, sans discrimination;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de respecter son engagement,
notamment suite à l'adoption unanime
d'une motion en ce sens le 3 décembre 2020, à déposer un projet de loi à
cet effet avant la fin de la présente période de travaux
parlementaires.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous en sommes à la
rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que
la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 86,
Loi concernant la dévolution de la couronne, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30,
à la salle du Conseil législatif;
La
Commission de la santé et des services sociaux entreprendra l'étude détaillée
du projet de loi n° 83, Loi concernant principalement
l'admissibilité au régime d'assurance maladie et au régime général d'assurance
médicaments de certains enfants dont
les parents ont un statut migratoire précaire, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la
salle Pauline-Marois;
La
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 90, Loi modifiant la Loi sur les impôts, la Loi sur la taxe de vente du Québec
et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 88, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et d'autres
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, aux salles
Louis-Joseph-Papineau et Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci.
Le
Président : Merci. Et, pour ma part, je vous avise que la
Commission des transports et de l'environnement se réunira en séance de
travail le mercredi 2 juin 2021, de 8 h 15 à 8 h 45, à
la salle Pauline-Marois, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative afin
d'entendre notamment le directeur du bureau de projet du tunnel
Québec-Lévis, M. Frédéric Pellerin.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction de projets de
loi
À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous informe
qu'il y aura sanction des projets de loi
suivants demain, le 2 juin 2021, à 9 heures, au bureau de Son Honneur
le lieutenant-gouverneur : d'abord, le projet de loi n° 74, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 10 mars 2020 et à certaines autres mesures, et le projet de loi n° 82,
Loi concernant principalement
la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours
sur le budget du 10 mars 2020.
Affaires
du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Et je suspends nos
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 20)
(Reprise à 15 h 29)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Aux affaires du jour,
pour nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Pourriez-vous appeler l'article 4 du feuilleton,
s'il vous plaît?
Projet
de loi n° 95
Adoption
du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : Certainement. À l'article 4 du
feuilleton, M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 95, Loi modifiant la
Loi sur la gouvernance et la
gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des
entreprises du gouvernement et d'autres dispositions législatives. Et je
vous cède la parole, M. le ministre.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. M. le
Président, bien, écoutez,
c'est un moment qui... Puis, dans ma carrière de parlementaire, j'ai participé à l'adoption
de principe de plusieurs projets de
loi, vous vous en douterez, mais je
vous dirais que celui-là, pour moi, il est extrêmement particulier. Et
vous me permettrez de m'expliquer.
• (15 h 30) •
C'est un projet
de loi sur lequel on travaille depuis
déjà très longtemps, parce qu'il y a
un constat qui a été fait, au Québec.
Quand le premier ministre m'a confié le mandat qu'il m'a confié, une des choses
qu'il a dites, c'est : Nous allons présider à une révolution
numérique du gouvernement, nous allons briser les silos.
M.
le Président, c'est une tâche qui est colossale, c'est le moins qu'on puisse
dire, mais c'est une tâche qui doit être faite, parce que le
gouvernement du Québec, c'est une organisation qui existe pour donner des
services à la population, essentiellement, je
ne dis pas qu'il n'y a pas d'autres rôles, mais, essentiellement, le
gouvernement du Québec est là pour donner
des services à la population. À la question : Est-ce que nous le faisons?,
la réponse, c'est oui. Mais à la question : Est-ce que nous le faisons correctement, efficacement et pour le plus
grand bénéfice de nos concitoyens?, la réponse à ça, c'est non.
Et je vais
paraphraser mon collègue de Rosemont, qui, dans les discussions qu'on a eues, a
dit : Nous avons tous nos histoires d'horreur avec le gouvernement du
Québec, et je pense que c'est vrai. Qui n'a pas eu l'impression d'être dans une mauvaise parodie des 12 travaux
d'Astérix alors qu'on reçoit une lettre qui nous demande quelle est notre adresse? Je vous relate une expérience, M. le
Président... Oui! Et c'est drôle, mais en même temps ça ne l'est pas parce que
c'est vrai.
Je
vous donne une expérience toute personnelle, M. le Président. Mon fils doit
subir une intervention chirurgicale. Alors,
on rencontre le médecin, le médecin fait les constats que le médecin a à faire,
et on entre dans le processus. Et dans ce processus-là préopératoire
vient la nécessité de compléter un formulaire. Déjà là, vous comprendrez, M. le
Président, compléter un formulaire, au XXIe siècle,
on se dit : O.K., pourquoi? Mais, bon, nécessité oblige, nous regardons le
formulaire, dans lequel on me demande
le nom et le prénom de mon fils. J'ai dit : Déjà ça part mal. Si vous ne
le savez pas, on a un problème. On
demande qui est le médecin qui va l'opérer. C'est parce que c'est toi qui m'as
donné son nom. On demande pourquoi on
va l'opérer, quelle est la nature de l'opération. Tu dis : Bien, c'est en
fonction du diagnostic du médecin, là, tu sais. On demande où il va être opéré. Là, tu dis : Bien, voyons, tu
sais, riez-vous de moi, là, êtes-vous sérieux? Malheureusement oui,
malheureusement oui, M. le Président.
Autre petite
expérience personnelle, ce même fils, je ne sais pas, peut-être que c'est une malédiction, ce même fils passe l'étape névralgique dans une vie du primaire
au secondaire, moment important. On inscrit mon fils au secondaire et on me demande son certificat
de naissance. O.K. Alors, acquiers le certificat de naissance en question
et d'autres documents, dont
les bulletins. Ah! Donc, une entité du ministère de l'Éducation me demande de contacter le ministère
de l'Éducation pour aller chercher un
document que le ministère de l'Éducation va me donner pour que je puisse le
remettre à une autre entité du ministère de l'Éducation. En gros, c'est
ça, le procédé. Mais c'est ça. Et, ce fameux certificat de naissance, je l'apporte, on en fait une photocopie. Soit dit
en passant, sur le plan de la
protection des renseignements personnels, c'est extrêmement litigieux en partant, parce que qui manipule cette
information-là pour aller où? Je ne le sais pas. Mais je le dis parce que, dans le débat que nous aurons,
c'est important. On étampe ledit certificat pour faire quoi avec le certificat
de naissance? Pour valider avec
l'état civil si le certificat de naissance qui a été fourni est bien un
original. Alors, pourquoi on me demande d'aller à l'état civil chercher un
document pour valider avec l'état civil si le document que je suis allé
chercher, c'est le bon document?
M. le
Président, tous les députés en cette Chambre peuvent se lever et relater ce
genre d'histoire, tous les citoyens du
Québec peuvent nous relater ce genre d'histoire. M. le Président, il faut que
ça arrête. On est au XXIe siècle, on est à l'ère du numérique. L'ère du numérique est loin d'être
parfaite. L'ère du numérique a ses torts, a ses travers, a ses faiblesses, mais
elle a ses forces, des forces
extraordinaires, des forces qui permettent aujourd'hui de donner une prestation
de services de façon beaucoup plus
efficace, plus conviviale, à la demande, au moment où le citoyen est disponible
et non pas au moment où nous sommes
disponibles pour le citoyen. C'est ça, la transformation numérique, c'est ça,
l'objectif de la transformation numérique,
et c'est ça, l'objectif du projet de loi n° 95, c'est de donner
des services aux citoyens, des services simples, des services conviviaux et des
services qui sont disponibles lorsque le citoyen en a besoin et lorsque le
citoyen est disponible.
M. le
Président, pour faire ça, on s'assoit sur trois postes qui seront créés en
vertu de la loi, qui vont venir concrétiser des changements qui ont été mis en place par le gouvernement. Le chef
gouvernemental de la transformation numérique institué par le projet de
loi va permettre faire en sorte que le gouvernement va avoir une action
beaucoup plus concertée en matière de
transformation numérique, beaucoup plus cohérente, qui n'a pas été le
maître-mot jusqu'à date, beaucoup plus ciblée
aussi, beaucoup de projets, beaucoup de projets au gouvernement du Québec.
Peut-être pourrions-nous prioriser
ceux qui ont une valeur ajoutée pour le citoyen.
On va avoir
un portefeuille de projets aussi au niveau du gouvernement du Québec, donc
d'être capable d'établir ces priorités-là. Mon collègue de La Pinière pourra en témoigner, le réseau de la santé aurait besoin de cette
cohésion-là, aurait besoin de ces
projets-là. Les services aux citoyens et ceux qui donnent ces services-là auraient
besoin de cette cohésion-là. Même chose, mon collègue en Éducation
pourrait en témoigner. Et je me réfère au rapport Laurent, la commission Laurent, M. le Président, où on fait
état, à pleine page, des lacunes extrêmes qui ont conduit à des lacunes au
niveau des services parce que le gouvernement n'a pas une gestion et une
utilisation de sa donnée qui est optimale.
M. le
Président, le chef gouvernemental de la sécurité de l'information, je pense que ça se passe de commentaires. La
cybersécurité, tout le monde va être d'accord pour dire que c'est le
maître-mot. Je l'ai dit tout à
l'heure, le numérique a ses
faiblesses. La protection des renseignements personnels, la protection de nos
systèmes d'information fait partie des enjeux
du XXIe siècle, des grands enjeux du XXIe siècle. C'est clair. Et le
chef gouvernemental de la sécurité de l'information a pour objectif de s'assurer
que le périmètre de défense du gouvernement du Québec est aussi étanche que
possible. Je dis aussi étanche que possible,
parce que, suite à l'audition du Pr Sarrazin, je pense que nous avons tous eu
un petit moment de panique, mais, M. le Président, le risque zéro n'existe pas, nous en sommes conscients, mais je pense
qu'il faut faire tout ce qui est en
notre pouvoir pour assurer la sécurité des informations qui nous sont
confiées et des systèmes avec lesquels on les gère.
Finalement,
le gestionnaire de la donnée numérique gouvernementale, qui va nous permettre d'avoir ce que nous
n'avons jamais eu, c'est-à-dire un inventaire très précis des données que possède
le gouvernement, savoir qu'est‑ce qu'on possède sur qui,
c'est essentiel. N'importe quelle organisation doit savoir ça, doit avoir un inventaire
précis de cet actif incommensurable. On dit
de la donnée que c'est le pétrole du XXIe siècle. Bien, il serait
peut-être temps qu'on commence à
gérer cet actif-là comme un actif essentiel, névralgique et stratégique pour le
gouvernement du Québec au bénéfice de nos concitoyens.
M. le Président, je ne veux pas étirer mon
intervention indûment, mais on a dit beaucoup de choses au niveau du projet de
loi n° 95. Si les collègues, évidemment, sont d'accord,
nous aurons l'occasion d'en discuter en commission parlementaire, séparer ce
que le projet de loi n° 95 vise vraiment des intentions qu'on lui prête,
là, si vous me passez l'expression parlementaire. Mais je tiens à souligner, M.
le Président, que c'est essentiellement un projet de loi technologique
qui a pour objet de s'assurer que le gouvernement du Québec, au
XXIe siècle, utilise toutes les ressources du numérique pour être capable de donner des services dignes de
ce nom à sa population. C'est le gouvernement du Québec qui est au service du peuple, ce n'est pas le peuple qui est
au service du gouvernement du Québec. Et c'est ce qu'on va faire avec le
projet de loi n° 95, je l'espère. Merci, M. le Président.
• (15 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je cède
maintenant la parole à M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je vais tout de suite m'excuser auprès de vous, ça se peut que
je prenne plus que 15 minutes, peut-être que non, on va voir
comment concis je suis. Je suis content que le ministre délégué assiste à mon allocution. Mes excuses aussi auprès des collègues
des oppositions, là, mais je vais essayer d'être le plus concis possible,
M. le Président. Pourquoi je vous dis ça? Parce
que, des fois... Moi, je n'arrive jamais avec un texte préparé, hein? Et puis
l'inspiration me vient toujours du ministre
qui... Et là il m'a inspiré beaucoup, il est venu me chercher. Vous allez
comprendre pourquoi, M. le Président, puis pas à peu près.
Alors,
le projet de loi n° 95, sur le principe, notre formation politique va
voter pour, pour les raisons qui ont été évoquées par le ministre.
Le projet de
loi n° 95 fait partie d'une architecture que le ministre délégué à la
Transformation numérique a mise en
place. C'est comme ça que je le présente à mes propres collègues. Le ministre
délégué à la Transformation numérique aura
construit correctement une architecture de la gestion des technologies de
l'information en partant du bas vers le haut. La dernière pièce, après 14, 37, 64, la dernière pièce est 95, celle qui
est au sommet de la pyramide, celle qui traite de la gouvernance. Et cette pièce-là est très
importante. Et, comme elle est importante et, je pense, qu'elle est, à date,
bien écrite, quoiqu'on aura peut-être des amendements à apporter pendant
l'étude détaillée, c'est une bonne pièce.
Elle a deux à trois volets. Principalement elle
a deux volets, un premier volet qui est celui de la sécurité. Et là‑dessus, M. le Président, sur la recommandation
de bien des gens qui nous ont déposé des mémoires, je ne m'étalerai pas.
Mais il y a une chose qui est certaine :
il y a lieu de faire en sorte que, dans le gouvernement... Et, quand je dis
«gouvernement», je fais référence à
la fois aux ministères et aux organismes. Nous avons plus qu'une mise à niveau à faire, nous avons à faire en sorte que, sur ce plan-là, nous... C'est comme si on partait des 386, dans
les ordinateurs, aux processeurs d'aujourd'hui, là. On
a un méchant rattrapage à faire. 95 prévoit ça dans le mandat, dans la mission,
dans le principe donné aux différents dirigeants auxquels le ministre a
fait référence tout à l'heure. Donc, un enjeu de sécurité fondamental.
Alors, ça m'amène à un point d'interrogation :
Est-ce que le ministre aura les budgets nécessaires pour amener ça à
destination? Bien, ça, on verra. Mais, sur le principe du projet de loi
n° 95, pour ce premier aspect de la loi, c'est fondamental, il faut aller
là. S'il n'y avait que cette raison-là, M. le Président, il faudrait y aller.
La deuxième partie, le deuxième élément est évidemment
la gestion de la donnée. Je ne reprendrai pas tous les exemples que le ministre a pris lui-même pour illustrer la nécessité d'avoir un projet de loi qui met à jour le fonctionnement
interne relationnel des différents
ministères et organismes. Là aussi, il y a lieu de faire quelque chose, il y a lieu de le faire maintenant.
Sur la question
des données personnelles, M.
le Président, bien, on ne peut pas
faire abstraction du fait que le projet
de loi n° 95 est lié de façon très étroite au projet de loi n° 64. Le projet
de loi n° 64, qui est à l'étude
détaillée actuellement, en
termes de protection
des renseignements personnels, est aussi une mise à jour, une mise à jour qui
a été saluée, à date, du moins, dans
les commentaires que nous avons reçus, notamment de la Commission
d'accès à l'information. Donc, bonnes
nouvelles de ce côté-là.
Il y a
un troisième élément, M. le Président, qui n'est pas fondamental dans les deux
grands axes du projet de loi que sont la sécurité et la gestion de la donnée personnelle
entre les ministères et organismes. Il y a un troisième élément, qui est un élément
de transparence, que je salue, parce que, dans le projet de loi, et c'est écrit
comme ça...
D'ailleurs,
je remercie le ministre délégué à la
Transformation numérique de nous
avoir accordé, à ma demande, un
briefing technique additionnel juridique sur la portée du projet de loi n° 95. Et je suis convaincu aujourd'hui, de la bouche des avocats du gouvernement, ils sont neutres, eux autres là, là, pour conclure qu'une des forces
du projet de loi n° 95 est de
faire en sorte que, s'il advenait que le gouvernement, pour des raisons tout à fait valables, s'il advenait qu'il choisisse de
traiter certaines données d'une façon qui pourrait être questionnable,
pas questionnable au sens négatif du terme, mais au sens du débat public, bien, dans le projet de loi, c'est intrinsèque, le gouvernement devra aller, par un décret, sur la place publique informer la population
de ce qu'il veut faire, comment il veut le faire et pourquoi
il veut le faire. Ça, c'est une bonne
nouvelle, parce que c'est de la vraie transparence. Et, comme le
disait une juriste du ministère, bien, M. le Président, en bout de ligne, un décret, ça peut se contester juridiquement. Alors, ça, c'est des années-lumière
devant ce que l'on fait actuellement,
parce que ce que l'on fait actuellement, bien, il s'en passe, des choses en
termes de circulation de données, qui
sont des ententes entre ministères, qui sont aveugles à l'opinion publique.
Avec le projet de loi n° 95, ce sera transparent, ce qui est une
bonne nouvelle.
Alors, M. le Président, quand on regarde ça, là,
colliger, gérer, entreposer de la donnée de façon moderne et de façon
sécuritaire dans tous les ministères et organismes, comment peut-on être contre ça?
Faire circuler la donnée, le ministre prenait l'exemple, lui, de, je
pense... ce n'est pas l'Éducation, mais le... en tout cas, l'exemple du
certificat de naissance, bien là, je veux
dire, c'est vrai, là, on a tous vécu ça, hein? Moi, je suis de la génération où
on allait au presbytère puis on
montrait ça au gouvernement. Bon, là, qu'on ait des données qui circulent
d'une façon utile, bien, cette circulation-là, qu'elle soit permise par un décret transparent, bonne nouvelle. On ne
peut pas être contre ça, M. le Président. Et, s'il y a des initiatives additionnelles, bien là aussi il y aura
un décret. Ça, c'est la transparence, on est d'accord avec ça.
Un petit
volet particulier, qui est celui de la recherche. Bien, du côté de la
recherche, M. le Président, le Fonds de recherche du Québec, dans ses différentes déclinaisons... sont venus
nous le dire, sont très satisfaits du projet
de loi, et c'est satisfaisant. La Commission d'accès à l'information l'a dit aussi, les protocoles sont en place pour que notre compétence
académique puisse s'exercer, puis on sait
qu'au Québec il y a une compétence académique qui est de haut
niveau, je peux vous le garantir, dans tous les domaines, et là on vient
d'enlever un frein.
Vous
comprendrez, M. le Président, là, que ce dont je parle, qui est essentiellement la même chose en
d'autres mots que ce dont le ministre
parle, ça, ça prend des budgets, là. Et est-ce que les budgets vont
être au rendez-vous? On ne le sait pas.
Mais il y a une chose qui sort à date de nos consultations particulières,
c'est le fait que nous ne pouvons pas... nous, là, je parle de l'État québécois,
on est tous ensemble ici, là, on est à l'Assemblée nationale, on ne peut pas le
faire à moitié. Ça, là, s'il y a
un message qui est sorti clair des consultations
particulières, c'est que le projet de loi n° 95, là, et ça, c'est mon expression, ne peut pas, comme ça, être mis en
application si l'ensemble de l'oeuvre, notamment sur le plan de la sécurité, n'est pas au rendez-vous. Et ça, je souhaite que le ministre
lui-même ait les moyens de ses ambitions, parce que ses ambitions sont correctes. Aura-t-il les moyens de
ses ambitions? Ça, comme on dit dans certains partis politiques,
on verra.
Mais sur le
principe, parce qu'on est ici, M. le
Président, pour le principe, bien, le
principe, bien oui, on est d'accord. Puis il y a
des faiblesses dans le projet de loi, là, je ne m'étalerai pas là-dessus... je ne
m'étendrai pas, pardon, là-dessus, mais je pense qu'en commission parlementaire à l'étude détaillée on pourra apporter les aménagements nécessaires pour, si nécessaire,
évidemment, rassurer tout le monde.
Maintenant,
le bémol. Il y a toujours un bémol. Puis je vous ai dit en introduction, M. le Président... Puis, je regarde l'horloge,
manifestement je vais pouvoir rentrer dans mon 15 minutes. Le bémol, là...
Le ministre, je vous ai dit qu'il était venu me chercher, là, puis il est venu me chercher,
puis pas à peu près, là. Lorsqu'il a pris l'exemple
de son fils, puis ce n'est pas son
fils qui est le problème, là, lorsqu'il a pris l'exemple de son fils et des
formulaires à remplir, là, je sais exactement, M. le
Président, de quoi il parle. Je le
vois déjà, le formulaire, il existe partout. Il n'est pas
écrit la même affaire d'un hôpital à
l'autre, mais il existe partout, ce formulaire-là, puis c'est toujours
les mêmes informations, toujours. Puis c'est vrai que ce n'est pas automatisé,
puis c'est vrai qu'il faut rentrer des choses qui devraient être préremplies
dans un monde normal. Dans un monde
normal, là, si vous achetez un petit logiciel d'impôt, là, puis que vous prenez
le même à chaque année, là, tout ça,
c'est prérempli avec les données de l'année d'avant. Bien, pas au gouvernement du Québec, pas dans l'État québécois, parce que nous autres, on ne met pas d'argent là‑dedans.
• (15 h 50) •
Alors, M. le Président, là, la plus grande banque de données, là, le secteur public qui a le
plus gros volume de données du Québec, et de loin, là, de loin, c'est
Santé et Services sociaux, de loin, là. Tout le reste des ministères
et des organismes, là, c'est du nanisme par rapport à la santé et les
services sociaux. Quand j'étais ministre, M. le Président, là, j'ai commencé la numérisation
de données et j'avais dit que ça prendrait deux mandats. Le 1er octobre
2018, les exercices que j'ai commencés ont arrêté. Alors, ça fait trois ans qu'il n'y a
pas rien qui s'est fait en termes de numérisation de données dans le système de santé, rien. Et je vais vous dire ce que j'ai fait, M. le Président,
puis je vais vous dire pourquoi le gouvernement l'a arrêté.
Nous avons acheté un logiciel imparfait, mais
l'objectif était de faire en sorte qu'on soit propriétaire du code,
sous-traiter, si nécessaire, pour combler le code manquant, mais, en étant
propriétaire, après, on arrêtait de payer des redevances. Parce qu'on sait que,
dans le monde des TI, les dollars, ils viennent dans les redevances.
J'ai fait ce
modèle-là, M. le Président, qui était innovateur. Avec Rendez-vous santé Québec, nous avons sous-traité la firme CGI en lui disant : Vous allez
écrire le code, vous allez avoir des redevances pendant x années. Après, nous
allons être propriétaires, former
notre monde, et on assurera la maintenance dudit produit. Ça n'a pas coûté
cher. Rendez-vous santé Québec a été construit pour s'arrimer, et
informatiquement, là, ce n'est pas des applications séparées, là, s'arrimer à Carnet santé et à un éventuel dossier médical
électronique. En lieu et place, pour ne pas faire de «pe-peine» aux docteurs,
parce que c'est ça qui est le moteur, on a flushé ça puis on a donné un contrat
de 23 millions de dollars à PetalMD pour faire la même affaire. 3 millions
que ça avait coûtés à la place.
M. le Président, là, je vous le dis, là, dans six ans, dans huit ans, nous n'aurons toujours
pas, dans le plus gros système
du Québec en
termes de données, de dossier
électronique. Puis, si vous voulez le faire, M. le Président, moi, je le
sais, ce que ça coûte. Je le sais parce que
je l'ai évalué. Ça coûte, pour le Québec, pour avoir ce produit-là, 1,2 milliard de dollars, acheter, compagnie, redevances. On peut le faire nous-mêmes. Ça va
coûter moins cher. Il faut juste avoir un dirigeant qui dirige puis qui dise : C'est là qu'on va,
c'est ça qu'on fait. Mais on ne l'a pas fait. Et ça fait trois ans qu'il n'y a
pas une seule ligne de code qui a été écrite pour numériser la donnée
dans le système de santé et de services sociaux.
M. le Président, là, il y a des milliers de
formulaires qui disent la même affaire dans le réseau, des milliers de formulaires qui disent la même chose. La couleur
va changer, l'en-tête va changer, ta, ta, ta, mais, sur la feuille, là, qui
sont toutes des données granulaires, juste des données granulaires qui
sont disposées différemment, bien, ça, là, qui devrait être dans une table derrière une page d'interface, bien, on ne le fait
pas puis on n'a pas ça. On l'a fait en finances parce que ça, quand
j'étais là, on a réussi à harmoniser partout au Québec la donnée financière,
mais pas la donnée clinique. Alors, quand le
ministre délégué me parle, nous parle de son expérience
avec son garçon, je lui dis : Bien oui, M. le ministre, vous avez bien raison, mais malheureusement, là, c'est qu'il n'y a rien qui se fait pour régler ça. Il n'y a rien
qui se fait pour régler ça.
Alors, on va
avoir un projet de loi n° 95, là, qui est un excellent principe, M. le président. La finalité de ça, là, on est
d'accord. C'est un projet de loi, là, qui est essentiellement comme une
réaction chimique. Il y a ici, là, une espèce de catalyseur qui devrait agir sur un substrat qui est la donnée dans le
réseau, et, pour le faire, bien, il faudrait avoir un budget,
sinon tout ce qu'il reste, c'est une formule en haut, là, qui ne s'appliquera
sur rien.
Ce dont parle
le ministre délégué, M.
le président, là, je l'ai fait à
l'échelle de mon propre département lorsque j'étais chef de département. On était un des premiers
départements au Québec à être numérisé dans le dos du gouvernement, puis ils le sont encore avec
les mêmes compagnies, les mêmes produits. Et aujourd'hui, là, quand les
gens qui viennent à mon hôpital vont
voir les produits d'ailleurs, là, ils préfèrent le produit qui est là. Bon
choix qu'on a fait quand moi, j'étais là. Ça se fait. Puis, juste pour vous amuser, M. le Président, là, quand
j'ai fait ça, là, tout le monde était contre moi. Tout le monde. 100 %
du monde était contre moi. Il y a eu littéralement des sit-in dans le bureau de
la direction de l'hôpital parce que
ça allait changer ci, ça allait changer ça, blablabla. Ça a duré trois semaines
après puis ça a été : Vendredi, c'est analogue, lundi, c'est
numérique. Bien, tout avait été préparé avant, là, mais ça se fait parce que
quelqu'un a pris une décision.
Est-ce que le
ministre, là, qui a la meilleure intention du monde et, je vais le dire, M. le
Président, qui a la bonne vision de la chose, est-ce qu'il aura les moyens de
ses ambitions? C'est là qui est la question. Et ça m'attriste de constater
que ce que j'avais commencé, qui aurait dû
prendre deux mandats, presque à la fin du mandat suivant, ça n'aura pas bougé d'un
poil. Il y aura eu le p.l. n° 95, parfait.
Le p.l. n° 95, M. le Président, là, va faire à plus grande échelle ce que je
souhaitais à la santé, et je le salue. Il va faire à la grandeur de l'État ce
que je souhaitais pour la santé et les services sociaux. La seule différence,
c'est que... bien, je pense qu'ici
c'est une mauvaise expression. Ce que je dis devant vous aujourd'hui, là, c'est
que : Aura-t-il les moyens? Je
salue sa finalité, il va faire plus que ce que j'ai commencé. Je lui souhaite
de ne pas vivre le futur qui est maintenant mon passé. Je le souhaite que ça arrive à destination, mais je ne suis pas
convaincu que ça arrive à destination pour 1,2 milliard de raisons.
Ça, c'est la réalité commerciale. Ça peut se faire différemment. Mais, au
Québec, on n'embauche pas. On est encore là, là. Au Québec, on n'embauche pas, nous
ne codons pas, nous ne nous procurons pas l'expertise requise pour faire ça.
Pourtant, il y a des économies d'échelle à faire à long terme.
M. le
Président, je pourrais parler pendant au moins une heure là-dessus avec exemple
après exemple, après exemple. Je ne
le ferai pas parce que ça ne sert à rien. Là, ça ne sert à rien. Alors, je vous
le dis, là, ça ne sert absolument à rien. Ce n'est pas parce que vous
savez, en politique, ce qui passe, ce qu'il faut faire, que ça va arriver.
Alors là, aujourd'hui, principe du projet de loi
n° 95, je dis bravo! Quelques bémols? Oui, mais pas majeurs. Est-ce que ça va arriver à destination? Je
l'espère. Mais, quand j'entends le ministre prendre l'exemple du formulaire de
son gars, ce
n'est pas son gars, là, vraiment qui est l'enjeu ici, dans mon commentaire, c'est
parce que c'est bien plate, là, mais on
n'est pas enlignés pour régler ça pantoute. Là, on est enlignés, là, pour avoir
une excellente gouvernance sans moyen. Et
est-ce que je me trompe? Bien, je le souhaite. Est-ce que récemment on a eu des
annonces qui m'indiquent le contraire? Aucune.
Est-ce que vous pensez, M. le Président, que ça va être un enjeu électoral?
Certainement pas. Ah! permettez-moi le lien. Le troisième, ça, c'est
bien plus important, évidemment, bien plus important.
Alors, en
bout de ligne, qu'est-ce qui va arriver, M. le Président? Il va arriver la même
affaire, puis je termine là-dessus, là,
avant que vous me disiez que je suis hors d'ordre, là, il va arriver la même
affaire que l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Je l'ai annoncé, il était budgété. Si, si ça avait été la volonté du
gouvernement d'aller de l'avant avec ce... pour régler un vrai problème, on aurait fait avec l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
la même chose qu'on a faite avec le troisième lien, on l'aurait fait
passer d'étude à «à faire». Il y a un dossier qui a bénéficié de ces largesses
politiques là, vous connaissez lequel, M. le
Président, il est d'actualité. Alors, est-ce qu'entre la rénovation de
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui va coûter au bas mot
1,8 milliard de dollars, et la numérisation... Probablement qu'on ne
prendra ni un ni l'autre. Il doit bien y avoir un bout de route à quelque part,
M. le Président, annoncé pour la prochaine campagne. Mais là je digresse.
Je vais
arrêter là, je termine là-dessus, M. le Président. Je dis félicitations au
ministre! Je lui souhaite les budgets pour aller jusqu'à destination, mais
vraiment, parce que cette destination-là est vraiment dans l'intérêt du Québec.
Merci, M. le Président.
• (16 heures) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de La Pinière.Je reconnais maintenant M. le
député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Je ne peux pas entendre parler de l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont sans rien dire.
C'est dans mon comté, je pense que tout
le monde a bien compris. Je me trouve
gossant moi-même de tout
le temps parler de Maisonneuve-Rosemont, mais c'est une
qualité que je m'envoie à moi-même, c'est des fleurs que je m'envoie à moi-même, je veux être gossant et je le serai tant que cet
hôpital ne sera pas sorti de terre. C'est important de le construire. Puis, si s'aventure le troisième lien pouvait nous mener plus rapidement vers un nouvel hôpital Maisonneuve-Rosemont,
je serais même prêt à revoir ma position. Ça, c'est une blague. Ça, c'est une
blague.
Je pense
qu'il y a des priorités au Québec, puis ce n'est pas un cas
de comté, là, même s'il est dans mon comté, là, on parle de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. S'il y a
une priorité en santé en ce moment, dans l'est de Montréal et dans toute une partie du Québec... Allez juste voir l'hôpital,
passez juste à côté, puis il n'y en aura plus, de débats sur la priorité à
donner à cet hôpital-là.
Et à chaque
fois que je vais me lever ici, jusqu'à la limite d'être hors d'ordre, je referai cet
appel : Il faut rapidement
construire cet hôpital. Alors,
voilà, mon message a été fait. Je vais bientôt me déguiser en homme-sandwich,
s'il le faut, pour marcher sur la rue
Masson, dans Rosemont, jusqu'à la rue Sainte-Catherine pour dire : Il nous
faut un nouvel hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Je pense qu'il faut que le message passe.
Parlant de
Maisonneuve-Rosemont, j'ai mon anecdote d'hôpital, moi aussi. À un moment donné, j'ai eu un problème avec un oeil. Rassurez-vous... Non, c'était lui, d'ailleurs.
C'est réglé, c'est bien. D'ailleurs, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, je fais de la pub pour l'hôpital
aussi, ils ont un excellent, excellent département d'ophtalmo, reconnu, là, en Amérique du Nord. Ils font des trucs qui
ne se font pas ailleurs. L'ancien ministre de la Santé pourrait certainement le confirmer, ils sont vraiment bons, puis on a vraiment... on a d'excellentes
équipes au Québec, en général, en santé, qui ne travaillent, en plus, pas
toujours dans les conditions les plus faciles, notamment le partage d'information,
il faut être dévoué. Puis ils sont vraiment bons.
Donc, problème
à l'oeil, petite tache, là, qui apparaît. On fait des suivis, des suivis. Ça
semble régresser, ça semble se
placer. Puis un jour je reçois une lettre chez moi disant : Vous avez un rendez-vous de suivi, telle date, telle heure. Le voulez-vous toujours? Bien, je suis assez mal placé, même si c'est mon
oeil, pour répondre à cette question-là. Je pensais que c'est vous qui pourriez répondre à cette question-là.
Bref, de fil en aiguille, je vous fais une histoire courte, là, je n'en ai pas eu besoin. Mais je ne sais pas pourquoi
on m'a posé la question, à savoir si j'avais besoin d'un autre rendez-vous pour mon oeil. Honnêtement, à part que de voir mes yeux quand je me regarde
dans le miroir, je n'y connais vraiment rien, M.
le Président. Vous ne voulez pas que
je m'occupe de vos yeux. Alors, je ne sais pas pourquoi on me posait cette question-là.
Là, je me
suis dit : Bien là, le système de santé louche. Il finit par se regarder lui-même,
mais il ne regarde pas les patients. Pourquoi vous me demandez si j'ai besoin du rendez-vous? J'attends de vous que vous me le disiez, si j'ai besoin d'un rendez-vous.
Bref, finalement, ça s'est résorbé, puis je suis correct.
On est au
principe de 95, puis le principe, il est bon. Je pense que c'est un bon
principe. Je pense que ça relève d'une évidence
qu'on a longuement décriée au Québec, qu'on décrie encore souvent au Québec.
Moi, comme ancien journaliste, j'en
ai fait mes choux gras aussi à l'occasion. C'est un peu facile, mais ça
revenait tellement souvent. Il y a un organe de presse, au Québec, qui en a fait, qui en fait toujours
ses choux gras aussi, qui a même une rubrique qui s'appelle Le bordel
informatique. Ce n'est pas très édifiant pour les systèmes informatiques du Québec,
mais ils n'ont pas toujours tort, là. Il y a souvent eu des articles qui nous révélaient des horreurs, des trucs
qu'on ne souhaiterait jamais voir dans une administration publique.
Peut-être que ceci explique cela. Peut-être que la
raison pour laquelle on ne se lance pas dans des grands projets, dont parlait notamment le député de La Pinière,
c'est peut-être parce qu'on a le pied sur le break en même temps qu'on a le
pied sur le gaz, parce qu'on a tellement
peur de se planter dans la porte de garage qu'on n'ose plus avancer puis on ne
sait plus si on avance ou si on
recule. Puis on s'est tellement plantés souvent, c'est à croire qu'au Québec on
n'est pas capables d'acheter une clé
USB sans acheter le mauvais modèle puis payer trop cher. Peut-être qu'à un
moment donné il y a des gens qui marchent sur des oeufs puis qui n'osent pas
trop s'engager dans des réformes à 1,2 milliard de dollars, si d'aventure c'est
ça que ça devait coûter. Mais là on s'est attaché nous-mêmes les mains parce
qu'on est plus capables de le faire.
Alors, si 95
permet au moins ce qu'il prétend vouloir faire... puis on va donner la chance
au coureur à ce jour, on restera
éveillés, vigilants, mais alertes et agiles, mais, si 95 fait ce qu'il prétend
vouloir faire, c'est-à-dire sécuriser d'abord la donnée, ce qui est hautement important, ce qui est une importance
capitale, puis ensuite assurer une certaine fluidité de la donnée personnelle dans le giron gouvernemental,
tout en respectant, évidemment, les règlements primordiaux, essentiels, de base de la sécurité des renseignements
personnels et de la protection de la vie privée, bien, franchement, je ne sais
pas trop pourquoi je me lèverais ici puis je serais contre, là.
Ça fait longtemps qu'on parle de ça ici,
notamment de la sécurité, qui est un sujet vraiment, malheureusement, très, très d'actualité. Puis, si on s'horrifie, en
lisant les journaux ou en écoutant les nouvelles, d'une fuite, une mégafuite de
données de renseignements personnels chez
Desjardins, à plus forte raison on devrait s'horrifier aussi quand ça arrive
dans un département gouvernemental ou
dans un ministère. Il n'y a pas une semaine qui passe sans qu'il n'y ait pas ce
genre de nouvelle ou qu'on apprend qu'il y a eu des tentatives
d'attaques informatiques, déjouées ou non, connues ou non.
Alors, on a
dit, dans les consultations particulières... Un témoin, M. Waterhouse, qui est quand même bien connu,
là, lui a évalué le recul ou l'arrérages de compétence du gouvernement du
Québec à 20 ans. Selon lui, nous sommes deux
décennies en arrière. Bon, on ne s'ostinera pas : C'est-u 20 ou 25,
c'est-u plus 18 que 22? Ouf! je ne sais pas. Mais je pense qu'on est effectivement
assez en retard.
Je fais un
petit retour dans le temps. Quand je suis arrivé à l'université, je ne me souviens plus si c'était autour de 1988, 1989, là, quelque part par là, ça
commence à faire longtemps, je me souviens que, dans une classe de
journalisme, avec des collègues,
nous étions en pâmoison devant la dernière invention ou le nouveau maillon de
la grande, grande chaîne de la technologie. Nous étions en pâmoison. C'était un fax. Puis je
me souviens même d'avoir dit à mes collègues futurs journalistes que nous étions : Ah! bien là, qu'est-ce qu'on va inventer après? Il ne manque que la télétransportation. On peut maintenant envoyer des données dans l'air du temps, comme ça, qui vont arriver...
Oui, mais un fax, ça fonctionne avec des feuilles, hein, puis des
feuilles, ça se perd, c'est connu.
Alors, quelle
n'a pas été ma surprise et ma déception, dans un briefing technique la semaine dernière ou peut-être hier,
je ne sais plus, d'entendre le directeur
principal de l'information du Québec nous donner un exemple de transmission de
données au sein du gouvernement avec un fax. On sait que ça existe. Je ne sais
pas d'ailleurs combien de fax ont été achetés
l'an dernier par le gouvernement du Québec. Ce serait une... Zéro, me dit-on,
alors c'est déjà une bonne avancée. Et,
comme les fax ont été inventés avant l'obsolescence programmée, ceux qu'on a
achetés vont durer encore probablement une décennie. Cela dit, c'est
assez épeurant.
Puis,
anecdote pour anecdote, il y a quelques années, je me rends compte qu'il y a
une erreur sur ma date de naissance. Ce
n'est pas moi qui l'ai faite, l'erreur, je vous le jure, M. le Président. C'est
Revenu Québec qui a fait une erreur. Puis, de fil en aiguille, je ne peux pas obtenir d'autres documents parce que
mes dates de naissance ne correspondent pas. Alors, j'appelle donc chez Revenu Québec, et on me dit :
Vous devez envoyer une photocopie de votre passeport par fax. Il y a combien d'erreurs dans cette chaîne de
transmission? Une photocopie de mon passeport par fax. Puis je vous jure, ça ne
fait pas 20 ans de ça, là. C'est il y a quelques années à peine.
Alors, je me
souviens d'avoir demandé à la dame, je crois que c'est sur Marly, l'édifice de
Revenu Québec... j'avais dit :
Madame, vous travaillez à quel étage? Au troisième, quatrième, je ne me
souviens plus. J'ai dit : Il y a combien de gens qui travaillent avec
vous? À l'époque, on travaillait dans des bureaux, là. Vous vous souvenez, M.
le Président, on faisait ça dans
l'ancien temps. J'ai dit : Il y a combien de gens qui travaillent autour
de vous, sur votre étage? Elle me dit : Ah! bien, on est probablement 100, 150. J'ai dit : Oh! bon, c'est
bon, ça, ma photocopie de passeport qui va se promener devant tout le
monde, comme ça, c'est extraordinaire.
Alors,
fluidité — j'accélère
parce que moi aussi, j'avais dit que je ne ferais pas trop long — fluidité de l'information, oui, avec
restrictions, avec, oui, effectivement, pleine juridiction de la CAI là-dessus,
notamment avec toujours l'idée fondatrice du consentement de la personne qui
donne son renseignement personnel. Et puis, quant à la sécurité, eh bien, oui. Et puis, sans vilain jeu de mots, si ça prend un supershérif de la
sécurité informatique au gouvernement
du Québec, qui sera contre si cette personne, évidemment, a, un, les moyens, deux, l'autorité pour que ça
se fasse pour vrai? Puisque, parfois,
on le sait, le changement ou la volonté de changement apporte parfois un
instinct de résistance, c'est bien connu.
• (16 h 10) •
Je veux
émettre, moi aussi, quelques bémols. La Commission d'accès à l'information a quand même soulevé quelques réticences. Il semblerait
que nous soyons ici plus dans un différend de l'ordre de la sémantique ou de
l'interprétation. Je veux bien. Nous allons
débattre, de toute façon, de ce projet
de loi article par article. Il semble
que, de toute façon... Et on aura
peut-être l'occasion de rajouter les bretelles à la
ceinture et, s'il faut, on mettra des jarretières aussi, et des guêtres, s'il
le faut, parce qu'en matière de
protection de renseignements personnels je suis assez religieux et je n'ai pas
envie de jouer aux apprentis sorciers
avec ça. Mais, si d'aventure, effectivement, nous devions
respecter les règlements et les lois qui sont régis par la Commission d'accès à l'information, je ne vois pas trop
pourquoi non plus je m'opposerais, à ce stade-ci. Mais, vous savez, je déteste
cette expression, mais à défaut de mieux, le diable est dans les détails. Puis,
quand on parle de projet de loi, on dirait qu'il y a
plusieurs diables et il y a plusieurs détails. Alors, on fera quand même
attention à la façon dont on va rédiger
ça, parce que, je le répète, le consentement et le respect des données
personnelles, pour moi, ce n'est pas négociable.
J'en profite
d'ailleurs pour remercier à mon tour le ministre, qui a organisé deux briefings
techniques, parce que c'est un projet
de loi assez technique puis ça permet effectivement d'aller beaucoup plus loin
et de comprendre certaines nuances dont on n'a pas toujours le temps de
débattre dans les instances officielles devant caméra.
Je me
méfierais aussi, à un moment donné, de l'expression «valoriser la donnée»,
qu'est-ce que ça veut dire exactement.
Le ministre dit : Les données, c'est le nouveau pétrole. Moi, je n'aime
pas ça trop, trop, le pétrole. Vous savez, ici, de ce côté-ci, le pétrole, les
fossiles, on n'aime pas trop ça. Moi, je préfère parler d'uranium enrichi,
quoique ce n'est pas bien, bien plus
sympathique, de quelque chose de plus vivant et de pas mal plus dangereux. Une
nappe de pétrole, c'est désagréable, ça reste à un endroit puis ça
colle. Quand c'est radiatif, ça part dans toutes les directions, et les
spécialistes, qui s'y connaissent
100 fois plus que moi, ont plutôt comparé la donnée personnelle à une
matière radioactive qui, quand elle
s'échappe d'un laboratoire, cause des domaines par fragmentation quasi à l'infini.
Alors, faisons attention à la cueillette intempestive, puisqu'on se
donnera apparemment les balises pour la recueillir.
J'aurai une préoccupation particulière aussi, M.
le Président, à ce qu'on appelait dans le temps... je ne sais pas si le terme est encore adéquat, on me le dira, ce qu'on appelait à l'époque le couplage de
données, parce qu'on peut le faire d'un ministère à l'autre, on peut le
faire d'un département à l'autre. Puis je vous raconte une histoire rapide. Je
l'aime, celle-là, d'autant qu'elle me met un
peu en scène, ça me permet de me valoriser puis de parler de mes anciens
scoops. Mais, blague à part, M. le Président, c'est vrai que ça a été un
de mes grands premiers scoops.
Il y a très,
très longtemps, plus de 25 ans, à un moment donné, je découvre que le
gouvernement fédéral, à Ottawa, a eu
l'idée... Mais, en fait, c'est plutôt les enquêteurs de l'assurance chômage qui
ont eu cette idée-là, parce qu'ils cherchaient beaucoup, beaucoup à faire des récupérations de fonds à l'époque. Ils ont
eu cette idée, ma foi, géniale mais aussi machiavélique de se servir de ce qu'on appelait à l'époque le
formulaire E311. Ça, c'est le formulaire que tout le monde
remplissait dans l'avion quand on revenait au pays. On nous demandait notre
nom, notre adresse, tout ça, quel pays on a
visité, depuis combien de temps on est parti, si on rapporte du salami ou autre
chose interdite dans nos valises. Mais ça nous donnait... ça donnait surtout au gouvernement l'occasion d'aller
vérifier qui est parti, quand, combien de temps. Alors, les enquêteurs de l'assurance-emploi, flairant la
bonne affaire, se sont dit : Bien, voilà l'occasion parfaite de débusquer
les gens qui partent à l'étranger,
alors qu'ils sont prestataires d'assurance chômage — on appelait ça l'assurance chômage à
l'époque — ce
qui était évidemment illégal.
Alors, pour
un enquêteur de l'assurance chômage, à l'époque, c'était la caverne d'Ali Baba,
c'était le Sésame ultime, et puis ils
ont proposé ça au gouvernement, le gouvernement Chrétien, à l'époque, qui
évidemment a flairé la bonne affaire aussi,
et ils se sont mis à utiliser de façon intempestive les formulaires E311
pour démasquer des gens qui étaient partis en voyage. Alors, monsieur et madame sont allés deux semaines à Cuba.
Monsieur est sur le chômage, grande, grande surprise, deux, trois mois plus tard reçoit une facture et
une amende disant : Vous êtes allés à Cuba à tel endroit de telle date à
telle date, vous devez nous rembourser l'assurance chômage que vous avez
touchée plus une pénalité administrative.
Je dis :
C'était machiavélique parce que ça ne passait pas tout à fait le test des
chartes ni des lois, selon les bonnes moeurs
de collecte de données de l'époque. Je sais que c'est monté jusqu'en
Cour suprême, mais je n'arrive pas à me souvenir du dénouement de l'affaire. Ce n'est pas grave. Ce que je veux dire par rapport à ça, c'est qu'il faut quand
même faire attention quand on joue, là, dans un laboratoire avec les
fioles des données personnelles, même si ça part d'une bonne intention. Un de
nos témoins au projet de loi n° 95 est venu nous raconter l'histoire de la
Belgique qui, sous prétexte de collecter de la donnée pour voir la consommation d'eau et d'électricité
des ménages, ce qui peut être louable en soi, parce que ça peut permettre...
Par
exemple, on pourrait imaginer ici, à Hydro-Québec, d'avoir des programmes
ciblés sur les gens qui ont vraiment de mauvaises isolations, ou qui consomment beaucoup trop d'eau, ou, peu
importe, que sais-je encore. Sauf que le gouvernement de la Belgique a
eu la très mauvaise idée d'utiliser ces données-là pour faire des corrélations
et déterminer les gens qui disaient vivre
seuls et qui étaient prestataires de l'aide sociale, j'imagine, en Belgique,
l'équivalent, mais qui, en fait, ne vivaient pas seuls. Parce que consommation d'eau, parce que consommation
d'électricité, on arrivait, avec des données puis des grilles, à dire : C'est impossible, tu ne peux pas
vivre seul, tu consommes de l'eau pour trois, ou tu as de l'électricité pour
quatre, tu ne peux pas vivre seul. On
revenait contre ces citoyens, on leur tapait sur les doigts, on leur coupait
l'aide sociale puis on leur envoyait
une facture. Alors, c'est ça, ces risques-là existent, la tentation peut être
grande, puis moi, je suis très, très, très sensible sur la collecte et
la manipulation des données personnelles.
Mon collègue
de La Pinière en a parlé, des moyens, tout à l'heure. J'en ai parlé aussi un petit peu tout à l'heure. Ici, on
parle de moyens financiers, c'est vrai, parce que ça va coûter de l'argent, ça
va coûter beaucoup d'argent, mais je... «m'inquiéter»,
c'est un grand mot, mais je me préoccupe aussi du fait que les gens qui seront
en poste auront les moyens, je l'ai
dit tout à l'heure, mais au risque de me répéter, auront les moyens
de faire respecter ce qu'on adopte dans 95. Si on dit : Tu
construis, de manière virtuelle bien sûr, un système de protection, une clôture
de six pieds qui aura telle, telle, telle spécification
pour protéger la donnée personnelle et tu fais de telle façon pour partager
avec les autres départements, il ne faudrait
pas que ça reste juste de l'encre imprimée sur un projet de loi qui deviendra loi, puis que, finalement, tout le monde continuera à faire comme bon lui semble, puis qu'on ne sera pas capable
d'uniformiser la chose. Parce qu'autrement on aura fait un grand tour
pour revenir exactement au point de départ, mais on ne se sera rendu nulle
part.
Je vais terminer
sur la plus grande de mes préoccupations, par rapport à ce que j'ai appelé les
poupées gigognes du ministre délégué
à la Transformation numérique, poupées gigognes ou, autrement dit, les poupées
russes, là, vous savez, il y en a une grosse, là, puis vous la
décapsulez, il y en a une autre plus petite, et ainsi de suite, peut-être même
jusqu'à l'infinitésimal, parce que le
ministre nous a présenté à ce jour plusieurs projets de loi sur lesquels il
travaille, 14, 64, 95. On est en
train de monter une structure, là, on est en train de monter une... Ça a
commencé par une fondation, on est en train
de monter une structure qui permettra, oui, une meilleure collecte, une
meilleure protection de la donnée, mais qui pourrait aussi, éventuellement, permettre autre
chose. Et les témoins qui sont venus devant nous en consultations particulières
ont été très nombreux à voir un lien direct entre le projet de loi n° 95 et la
future, éventuelle, prochaine... le prochain, je devrais dire, partage
de données personnelles, de citoyens et de citoyennes, avec le secteur privé.
Je pense
qu'il était assez de notoriété publique, ici, que j'ai eu des échanges épiques
avec le ministre de l'Économie là-dessus lorsqu'il nous avait dit avoir
de grandes visées sur le partage de données de la RAMQ avec l'industrie pharmaceutique. Moi, ça m'avait fait sursauter, le
mot est faible, là. Et des gens sont venus nous dire, des gens... notamment les
fonds de recherche du Québec, les fonds, une autre association technologique du Québec sont
venus nous dire qu'on s'en va vers ça et qu'en fait ce n'est pas si on va le
faire, c'est quand on va le faire et, j'ajouterais, comment on va le faire. C'est une interprétation des témoins qui
sont venus devant nous. Et ces gens-là allument des lampions pour que ça se
fasse. Les gens sont même venus nous dire : Il faut absolument, dans 95,
ajouter l'aspect académique pour que le partage de données soit rendu possible.
• (16 h 20) •
Moi, ça m'a
beaucoup inquiété. Il y a plusieurs voyants rouges qui se sont allumés sur mon
radar. Le ministre nous dit que ce
n'est pas ça, 95. Je le crois. Je regarde 95, je le relis, je l'analyse à
nouveau. Ce n'est pas ça. Mais est-ce qu'on s'en va vers ça éventuellement, pas avec 95, mais avec autre chose qui
pourrait suivre? En tout cas, chose certaine, le lobby est très, très, très
fort. Et il est très organisé. Puis il est très puissant. Et de nombreuses
personnes sont venues nous dire qu'on n'attend que ça, et, en plus, que
le Québec est très en retard par rapport, par exemple au Manitoba, l'Alberta ou l'Ontario, on est très en retard par rapport,
par exemple, à la Grande-Bretagne, et que nous devons nécessairement aller
vers ça, vers un partage de la donnée.
Rappelez-vous que le ministre de l'Économie, à l'époque, avait dit : Donner
des données de la RAMQ aux
pharmaceutiques. Il avait même rajouté, souvenez-vous : C'est «winner».
Alors, j'espère juste qu'on
n'est pas en train d'ouvrir ce chemin-là.
Puis je ne
veux pas accabler mon collègue de l'Économie, là. Lui, il pense ça, moi je ne
pense pas, là, mais ce n'est pas
grave. On n'est pas dans ce projet de loi là, de toute façon. Mais l'insistance
avec laquelle plusieurs témoins sont venus taper sur ce clou-là, alors
que ce n'était pas l'objet de 95, m'incite néanmoins à être prudent.
Alors, nous aurons assurément d'autres
discussions. Pour le moment, progressons. Le ministre semble pressé d'adopter.
Je ne vois pas de raison de freiner, pour le moment, tout en restant, je le
dis, prudent et alerte sur l'étude article par article. Mais, à ce
stade-ci, aujourd'hui, maintenant, nous voterons pour le principe. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Rosemont. Je
cède maintenant la parole à M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 95.
Je vais vous
faire une confidence, M. le Président. Quand j'ai accepté d'être porte-parole
de la stratégie numérique, je savais que le gouvernement avait des
ambitions, mais je ne savais pas qu'on allait légiférer autant. Donc, le
ministre délégué est bien conscient qu'à titre de leader j'ai plusieurs tâches
à couvrir et qu'il y a plusieurs projets de loi en même temps, dont le 64,
qu'on essaie aussi de faire à travers tout ça. Et, bref, tout ça pour dire
qu'il y a eu le p.l. n° 37, il y a
eu le p.l. n° 14, il y a toujours le p.l. n° 64, on a présentement le p.l. n° 95, et, qui sait,
peut-être aurons-nous un autre p.l. avant de terminer cette législature.
Tout ça pour
dire qu'avec raison la situation fait que le gouvernement du Québec n'a pas le
choix d'être actif, et surtout proactif
plutôt que d'être réactif, quant à la gestion et la protection des données. Il
a été découvert pas très longuement... Il
a été découvert il y a de ça pas très, très longtemps que le Tribunal
administratif du logement du Québec publiait de façon non sécurisée sur
Internet des milliers de dossiers contenant les données personnelles de
nombreuses personnes. Une situation
similaire a aussi été découverte sur le site du ministère québécois de la
Justice. Dans certaines de leurs relations avec l'État, les citoyens ont parfois aussi l'impression de se retrouver
dans la maison des fous d'Astérix. C'est le cas lorsqu'un organe du
gouvernement leur demande de leur fournir des renseignements que l'État détient
pourtant déjà.
En gros, M. le Président, le ministre estime que
son projet de loi vise à corriger la gestion déficiente, par le gouvernement du
Québec, des données personnelles qu'il recueille à propos de ses citoyens. Il
compte y arriver de trois façons, puis là
c'est moi qui interprète ça, je ne dis pas que le ministre délégué me dit que
la gestion était déficiente, mais je
pense que je peux qualifier l'état de choses comme étant une gestion
déficiente, trois choses qu'on cherche à faire dans le projet de loi. On veut renforcer la sécurité des données jugées
sensible en établissant sept degrés de sensibilité pour les données numériques
recueillies par l'ensemble des ministères et des organismes provinciaux, sans
égard à leur nature ni leur
provenance. On veut faciliter aussi l'accès, par les citoyens, de leurs propres
données, la référence que je faisais tout à l'heure en introduction. Et on veut améliorer la qualité des données
collectées pour rendre les opérations gouvernementales plus efficaces
aux yeux des contribuables.
Le projet de loi prévoit que les données
numériques gouvernementales détenues par les organismes publics constituent un
actif informatique stratégique du patrimoine numérique gouvernemental. Leur
mobilité et leur valorisation sont donc d'intérêt gouvernemental. De plus, le projet de loi permet au
gouvernement de désigner ses sources officielles de données numériques
gouvernementales. Ceux-ci peuvent recueillir des données numériques auprès des
organismes publics et de personnes,
incluant les données personnelles. Les organismes publics auront l'obligation
de se doter d'un plan de transformation
numérique. Les organismes publics ont la responsabilité d'assurer la sécurité
des ressources informationnelles et
l'information qu'ils détiennent ou utilisent. Et le projet de loi crée diverses
responsabilités, au sein de la fonction publique, que le dirigeant
principal de l'information peut déléguer.
Si
vous me permettez, M. le Président, on a eu de courtes consultations, mais,
quand même, ils ont été fort utiles, ces
consultations, donc j'aimerais quand même vous résumer un peu à quel endroit
les groupes logent pour savoir quel genre de travail on aura à faire
lors de l'étude détaillée.
Je vous dirais que le témoignage de la Commission
d'accès à l'information est venu mettre un peu plus d'ombre que de lumière sur le projet de loi en question.
La CAI s'inquiétait de la mise en place d'un régime d'exception à la Loi sur l'accès.
On a surtout compris qu'ils n'ont pas
été consultés dans l'élaboration du projet de loi et que leur interprétation du
projet de loi s'est éclairée au fil de leur
témoignage. Le cadre de gestion des données du projet de loi n° 95 est
vaste, et la quantité de données susceptibles d'être soumises à la loi
sur l'accès à l'information serait relativement faible.
On a eu besoin,
M. le Président, pas d'un, mais deux briefings techniques, qui ont été offerts
par la partie gouvernementale, qui
nous ont été fort utiles, pour comprendre comment se faisait-il que le
gouvernement et ses légistes se trouvaient à un bout du spectre et que la Commission
d'accès à l'information était à
l'autre bout. Pour des gens comme moi qui ne sont pas des spécialistes
en matière de stratégie numérique... Je n'ai pas la prétention d'être un expert
légiste, mais ça fait quand même sept ans
que je suis à l'Assemblée nationale, j'ai besoin de bien comprendre vers où on s'en
va. Et donc, avec ces briefings techniques là, M. le Président, on a eu
un peu plus d'éclairage sur la prétention de la Commission de l'accès à l'information, et la volonté du gouvernement, et les mécanismes qui se trouvent dans
le projet de loi, qui, dans certains cas,
infirment les prétentions de la Commission
à l'accès à l'information ou, dans
d'autres occasions, confirment la volonté du gouvernement d'en faire
plus quant à la protection des données personnelles.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec, eux, recommandent d'exclure les données de santé
des Québécois de la notion de
patrimoine numérique gouvernemental et s'oppose aux affaiblissements de la
notion de consentement promue par le
projet de loi. Elle s'inquiète du pouvoir que se donne le gouvernement de
déterminer par décret quelles sont les fins d'intérêt public qui justifieront la nécessité de communiquer certains
renseignements personnels. Le gouvernement devra également clarifier ses
intentions relativement à l'utilisation de ces données dans un cadre
commercial.
Sans
surprise, la Fédération des cégeps et la Fédération des centres de services
scolaires s'inquiètent du respect de leur autonomie en matière de
gestion de la donnée et de la transformation numérique.
Le Bureau de
la coopération interuniversitaire demande tout simplement d'exclure les données
générées par les établissements universitaires... soient soustraites à
la notion de donnée numérique gouvernementale.
Le syndicat
propose... le SPGQ, pardon, propose un amendement important à l'article 1 pour éviter
qu'à l'avenir les services publics soient uniquement offerts
numériquement. C'est sans doute tout simplement mal formulé dans le projet de loi, mais ils souhaitent également un débat public plus large sur la
transformation numérique de l'État et veulent limiter la vente des
données numériques gouvernementales.
Enfin, la Commission
d'éthique en science et technologie estime que le p.l. permettrait que des
activités de valorisation des données
soient réalisées par des tiers, chercheurs universitaires et entreprises
privées, par exemple. Elle considère toutefois que le projet
de loi ne permet pas la mobilité des
données à l'extérieur de l'administration publique et elle estime que le
projet de loi n° 14 devrait être abrogé par le projet de loi n° 95.
On a appris
aussi, M. le Président, puis j'en ai fait mention tout à l'heure, lors des deux briefings techniques, que, pour le dirigeant principal de l'information, pour lui, il n'existe
aucun inventaire des données gouvernementales. On a appris aussi qu'il est même arrivé,
lors de cyberattaques, qu'il existait des fichiers de renseignements qui
auraient dû être détruits. Et on a aussi découvert... il a découvert
qu'à la suite d'incidents de sécurité des employés conservaient des fichiers de
renseignements personnels de citoyens avec leurs noms. On ne voulait donc pas exclure les
courriels de la définition des données numériques gouvernementales.
Tout ça pour
dire, M. le Président, qu'à la lumière des échanges qu'on a eus lors des
consultations et des briefings techniques,
je pense que ce projet de loi là est pertinent. Je ne me souviens pas...
Lorsqu'on a fait le p.l. n° 14, puis mes collègues me corrigeront, je me souviens qu'on a eu la discussion à
savoir que le p.l. n° 64 sur la protection des renseignements personnels, qui n'avait pas été revue depuis
plusieurs années, allait probablement apporter plusieurs réponses que nous
avions soulevées comme questions dans le p.l. n° 14.
Donc, je n'ai jamais pensé que le p.l. n° 95 allait arriver un
jour. Aujourd'hui, il arrive, et je
prends conscience qu'effectivement, à l'époque, puisqu'on commencé le p.l. n° 37, après ça le 14, puis les discussions
sur le 64, le 95 devient quand même une nécessité dans certains cas, notamment
pour la nomination de fonctions très importantes à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental, notamment pour la gestion des données numériques et
la transformation numérique.
• (16 h 30) •
Donc, tout ça
pour dire, M. le Président, qu'on n'est pas en désaccord avec la proposition
faite par le gouvernement dans le
cadre du p.l. n° 95. Il nous reste, en tout cas à mon avis, encore
quelques zones d'ombre à éclaircir, malgré le fait qu'on a
eu les briefings techniques. Donc, j'ai encore plusieurs questions que je suis
convaincu que le ministre aura des réponses à nous donner lors de
l'étude détaillée. Donc, pour le moment, je me réserve le vote, je vous dirais,
sur l'étude détaillée, mais sur le principe,
en tout cas, en
fonction de ce qu'on a présentement, on va s'abstenir de voter parce
qu'il m'en manque encore un petit peu.
Puis je suis
conscient qu'avec le chemin qu'on va faire lors de l'étude détaillée...
J'espère être convaincu qu'on va se
rendre à l'adoption et surtout à l'adoption positive pour ma formation
politique. Ce n'est pas la première fois qu'on travaille
avec le ministre délégué à la Transformation
numérique. Habituellement, lorsqu'on pose une question, on a une réponse et,
s'il ne l'a pas, il nous permet de l'obtenir par les différents fonctionnaires
ou légistes qui l'accompagnent.
Donc, tout ça
pour dire, ça a été quand même assez vite, M. le Président, là, le projet de
loi a été déposé rapidement. On a eu
de courtes consultations et deux briefings techniques à travers tout ce qu'on a
à faire dans l'organisation de nos semaines
parlementaires. Donc, c'est pour ça que je nous réserve le droit d'être sur
l'abstention sur le principe. Mais je veux que le ministre comprenne
bien qu'on est ouverts à travailler à obtenir les réponses qui nous manquent et
surtout à faire de ce
projet de loi, si effectivement c'est sa véritable volonté, un véritable
pare-feu pour la protection de nos données et un premier chemin vers une
mobilité à l'intérieur même de l'appareil gouvernemental, pour éviter que le
citoyen ait à faire les différents travaux
d'Astérix pour obtenir une certification par la délivrance de certaines
informations qui doit aller courir ailleurs dans les ministères alors
que le gouvernement les a déjà.
Donc, on souscrit à
l'ensemble des prétentions dans le projet de loi, mais il nous reste encore
quelques détails à valider, et c'est pour
ça, M. le Président, qu'on va se garder quand même une attention particulière
pour la suite. Et on va effectivement voter par abstention sur le
principe. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de
René-Lévesque. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Puisqu'il
n'y a pas d'autre intervention, en application de l'ordre spécial, j'inviterais
maintenant les leaders parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 95, Loi modifiant la Loi
sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des
organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres
dispositions législatives. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de La Pinière?
M. Barrette :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Abstention.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce que
vous avez des indications concernant le vote des députés indépendants?
M.
Caire :
M. le député de Rousseau nous a indiqué vouloir voter pour, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, le
principe du projet de loi n° 95, Loi modifiant la Loi sur la
gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes
publics et des entreprises du gouvernement et d'autres dispositions
législatives, est adopté.
M. le leader adjoint
du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M.
Caire : Merci, M. le Président. Conformément à
l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi
n° 95, Loi modifiant la Loi sur la gouvernance et la gestion des
ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement et d'autres dispositions
législatives, soit déféré à la Commission des finances publiques
pour son étude détaillée et que le ministre
délégué à la Transformation numérique gouvernementale soit membre de ladite commission pour la
durée du mandat.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. En application de
l'ordre spécial, j'inviterais les leaders parlementaires à m'indiquer le
vote de leurs groupes sur cette motion. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de La Pinière?
M. Barrette :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : M. le député de Rosemont?
M. Marissal :
Pour.
Le Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je vous remercie. En conséquence, la motion est
adoptée.
Pour la suite de nos
travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
M. le Président, pouvez-vous appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 81
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : Certainement. À l'article 3 du
feuilleton, Mme la ministre de la Culture et des Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 81, Loi modifiant la
Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal. Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui, merci beaucoup, M. le Président, heureuse de vous voir en personne. Donc,
nous sommes aujourd'hui rendus à
l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 81 modifiant la Loi sur le Musée des beaux‑arts de Montréal.
Je tiens d'entrée de jeu à remercier les différents
intervenants et intervenantes qui ont participé aux consultations particulières, la semaine dernière,
pour leur contribution et leurs réflexions. Je remercie plus particulièrement
M. Pierre Bourgie, le président
du conseil d'administration du musée, et M. Stéphane Aquin, le directeur
général, qui ont dit accueillir le projet de loi de manière positive. Merci également au syndicat des employés du
Musée des beaux-arts de Montréal et à la Société des musées du Québec
pour leurs suggestions et leurs interventions. Enfin, je salue le travail de
collaboration de mes collègues du gouvernement et également de l'opposition, de
la députée de l'Acadie, que je salue, d'ailleurs.
Avec le projet de loi n° 81, nous souhaitons optimiser
la gouvernance du musée ainsi que préciser et bonifier son
processus de reddition de comptes, tout en
considérant ses caractéristiques propres. Le Musée des beaux-arts de Montréal
est le seul musée sous ma responsabilité à ne pas avoir encore fait l'objet
d'une révision de ses règles de gouvernance. À ce jour, huit lois concernant 10 sociétés d'État relevant du
portefeuille du ministère de la Culture et des Communications ont été réformées et actualisées. L'objectif
poursuivi avec ces modifications était d'assurer une gouvernance et une gestion
plus performantes et transparentes, dans le
respect de la dynamique et des caractéristiques qui sont propres à chacune, et
cela afin que les citoyennes et les citoyens aient davantage confiance en nos
institutions.
Les changements proposés dans le projet de loi n° 81
vont dans ce sens. Ils prévoient la mise en place de pratiques de gouvernance reconnues et d'une
obligation de rendre compte de
leurs activités de façon plus transparente. Nous tenions, dans ce cas-ci également, à respecter certaines
caractéristiques propres au Musée des beaux-arts de Montréal et qui en font
l'un des plus importants musées en Amérique du Nord.
La sanction de la Loi
sur le Musée des beaux-arts de Montréal remonte à 1972 et le Musée des
beaux-arts est constitué en tant qu'organisme
à but non lucratif. Il a pour mission d'encourager les arts plastiques, de
diffuser des connaissances
artistiques puis d'acquérir, de conserver, de collectionner, de mettre en
valeur et d'exposer des oeuvres d'art.
À
l'été 2020, j'ai mandaté un expert indépendant pour examiner l'encadrement
et la supervision de la conduite des affaires
du musée par l'équipe de direction et le conseil d'administration. Dans
son rapport, cet expert émet des conclusions et des recommandations appuyant la pertinence d'apporter des changements
à la gouvernance de ce musée. Il insiste notamment sur l'importance de moderniser la loi constitutive et
son règlement, qui ont maintenant près de 50 ans.
Je
rappelle qu'il nous apparaît d'ailleurs d'autant plus cohérent de bonifier et
d'actualiser cette loi afin de conclure la démarche qui a déjà permis de
moderniser, comme je vous le disais, huit lois visant 10 sociétés d'État
du portefeuille ministériel, dont j'ai la responsabilité. Le projet de loi n° 81 permettra justement de répondre à tous ces objectifs.
Afin d'optimiser la
gouvernance du musée, le projet de loi prévoit de modifier la composition de
son conseil d'administration, de réduire le
nombre d'administrateurs et d'intégrer des exigences relatives à leur
indépendance. Nous proposons aussi
que la loi comporte des exigences relatives à la parité et à la
représentativité de la société québécoise dans son conseil
d'administration.
En
plus de définir les fonctions du président du conseil d'administration et du
directeur général du musée, le projet de loi suggère de préciser les
fonctions et les responsabilités du conseil d'administration pour notamment y
inclure l'établissement des orientations stratégiques du musée, l'adoption d'un
plan stratégique et d'une politique générale de gestion des collections, l'approbation des profils de compétence et
d'expérience requis pour la nomination et l'élection des administrateurs et l'approbation des critères
d'évaluation des administrateurs. Le projet de loi propose aussi la
constitution d'un comité de
gouvernance et d'éthique, d'un comité de vérification et d'un comité de
ressources humaines et prévoit leur composition, leurs responsabilités
et les règles qui leur seraient applicables.
Concernant l'objectif
de préciser et de bonifier la reddition de comptes du musée, le projet de loi n° 81 prévoit notamment
que soit transmis à la ministre le plan stratégique du musée. On propose
également que les modalités d'approbation et de révision de son règlement interne soient définies et de déterminer
les renseignements qui devront apparaître dans son rapport annuel
d'activité.
Par ces objectifs de transparence
et de gouvernance optimisés, notre gouvernement démontre concrètement sa volonté d'agir de façon responsable et
d'assurer une saine gestion des fonds publics consentis chaque année au Musée
des beaux-arts de Montréal.
Enfin, le projet de loi
prévoit une période de transition pour la mise en application de ces nouvelles dispositions.
Je vous ai
donc exposé la nécessité d'apporter des modifications à la loi
actuelle du Musée des beaux-arts de Montréal afin que cette grande institution muséale québécoise respecte le principe d'imputabilité et qu'elle se conforme à des pratiques de gouvernance reconnues. Il en va non seulement de l'intérêt du
musée, mais de l'ensemble des citoyennes et des citoyens du Québec.
Je demande
donc à l'Assemblée nationale d'adopter le principe du projet de loi n° 81, Loi modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts de
Montréal. Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre : Merci,
Mme la Présidente. Il me fait grand
plaisir de prendre la parole en cette Chambre pour parler du projet de
loi n° 81, Loi modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts
de Montréal.
Je pense que
l'actualité a fait en sorte qu'il a fallu... il faut poser un geste pour revoir
et moderniser la gouvernance du Musée
des beaux-arts de Montréal. On a vu
que cette loi, qui date des années 70, n'avait pas été soumise à la Loi
sur la gouvernance qui avait été adoptée
en 2006 par notre gouvernement, et les sociétés
d'État, dont j'avais la
responsabilité, ont vu leur gouvernance modernisée. La ministre en a fait état tout à l'heure. Donc, c'est
des gestes que nous posions pour faire
en sorte qu'on ait justement une meilleure gouvernance, qu'il y ait des
comités qui touchent l'éthique, qui touchent la vérification, qui
touchent également les ressources humaines. Et ça, c'est important maintenant.
Et ce qu'on a
vu dans cette saga, dirais-je, du Musée
des beaux-arts de Montréal, c'est
qu'il y a eu un problème, non seulement
de gouvernance, mais un problème au sein de l'institution
elle-même, et un problème qui pouvait faire en sorte que le musée avait... peut-être
était en train de se tailler une mauvaise réputation, alors que c'est une
grande institution, c'est une institution remarquable, c'est une institution
phare du Québec dans le domaine muséal. Donc, il est important de
faire en sorte qu'on puisse leur
donner les outils pour assurer l'avenir du musée et assurer une meilleure gouvernance du musée.
Donc, le
rappel des faits. Bien sûr, le projet
de loi fait écho à cet engagement de
la ministre de réformer la gouvernance du
Musée des Beaux-Arts dans la foulée du congédiement de Mme Natalie Bondil.
En juillet 2020, Nathalie Bondil, directrice générale du musée était congédiée par le président du C.A. du musée,
M. Michel de la Chenelière, découlant d'allégations d'intimidation, de harcèlement, de manque
d'écoute et de collaboration par la haute direction et de l'embauche d'une
directrice de conservation, qui est Mme Desmarais.
Alors, bien sûr,
ça a été étalé énormément dans les médias. Il y avait les pour, il y avait
les contre. Il y avait ceux qui évidemment défendaient bec et
ongles Mme Bondil, Mme Bondil que j'ai connue personnellement lorsque
j'étais ministre responsable de la Culture et des Communications, qui est une
femme qui, je pense, je pense qu'on peut le dire aujourd'hui, qui a probablement
les défauts de ses qualités.
Alors, bien sûr,
à un moment donné, il
faut faire en sorte qu'on puisse redonner
au musée et au personnel également
toute la marge de manoeuvre et le fait
qu'ils puissent avoir un climat de travail qui est à la hauteur des attentes
des citoyens, des bailleurs de fonds,
des donateurs, et également à la hauteur des attentes du gouvernement du Québec, qui est un important bailleur de fonds du Musée
des beaux-arts de Montréal.
La ministre a demandé un rapport. Et ce rapport,
qui a été publié, parle de plaintes — le rapport du cabinet de ressources humaines — plaintes sur le climat de travail qui ont été
déclarées comme valides et crédibles. Les perceptions et faits collectés
font état d'un problème significatif. Le cadre législatif et réglementaire du
musée sont déficients.
Donc, c'est ça
qu'on est en train de régler aujourd'hui ou, en fait, qu'on veut régler avec l'adoption
de ce projet de loi, projet
de loi avec lequel on est en accord.
J'ai quelques bémols, là, puis on pourra en discuter lors de l'article
par article. Je pense qu'il y
a des petites choses que l'on
devrait... Je trouve que le ministre sourit beaucoup quand je parle, mais je pense que c'est important, M. le ministre, de faire en sorte qu'on puisse garantir à tous ceux et celles qui
appuient ce musée, qui sont membres
du musée, qui sont les donateurs et qui croient en la mission du Musée des beaux-arts de Montréal, qu'on puisse se donner la meilleure loi
possible.
Donc, le rapport proposait aussi quatre
recommandations, soit moderniser la loi et le règlement applicables au Musée des beaux-arts de Montréal à cause de confusion dans les perceptions de la
portée de la loi, incohérence, incompréhension, imprécision. Et il faut aussi définir les rôles et responsabilités, également instaurer des comités, les compétences, également, et les rôles des administrateurs, reddition de comptes, ça prend
une meilleure reddition de comptes, et diversité, bien sûr, des membres du conseil d'administration. Il faut
revoir les pratiques de gouvernance du Musée
des beaux-arts de Montréal en
fonction des principes reconnus d'une
bonne gouvernance. Il
faut évidemment revoir la taille du
conseil d'administration parce que
c'est un énorme conseil
d'administration qui... Je pense que les gens sont très dévoués, dédiés, mais il faut revoir la taille du conseil d'administration, qui
est beaucoup trop large. Un conseil d'administration plus
petit va faire en sorte que ça va
être plus efficace, et améliorer certaines pratiques de gestion des ressources humaines. Le service des ressources
humaines ne semble pas avoir les conditions de succès nécessaires
pour bien remplir son rôle, donc il faut, bien sûr, mettre en place également
un plan de relève.
Donc, ce musée a été... La loi date de 1972.
Alors, on comprend que, 50 ans plus tard, il faut revoir cette loi. Mais c'est un musée important. C'est un musée qui compte dans sa collection 45 000 peintures, sculptures, oeuvres
d'art, graphiques, photographies, installations multimédias et objets
d'art décoratif. C'est une collection qui est répartie dans cinq pavillons comprenant l'art international, les
cultures du monde, art contemporain, art décoratif, le design, également
l'art québécois et canadien. Et j'ai été très fière d'ailleurs, lorsque j'étais
dans mes anciennes fonctions, d'annoncer la construction du pavillon Claire et Marc Bourgie,
qui a été inauguré en 2011. Et, évidemment, ce legs extraordinaire d'un couple fantastique, Michal et Renata Hornstein,
qui ont donné leur collection privée au musée. Mais il fallait accueillir cette
collection, et la condition, c'était de
construire un nouveau pavillon, et nous avons, évidemment, débloqué les fonds
pour ce nouveau pavillon.
Donc, il y a
eu des investissements importants au fil des ans de la part du gouvernement du
Québec. Il y a également eu des sommes d'argent pour faire en sorte que le
budget puisse être amélioré. Et ça, ça veut dire, bien sûr, qu'il faut
que le musée tienne compte du fait que les
contribuables québécois ont beaucoup donné au musée, vont vouloir encore,
évidemment, contribuer au musée. Les fonds publics québécois sont là évidemment
pour accompagner le musée. Et, en plus des
contributions au budget qui se font annuellement, il y a aussi les crédits
d'impôt que l'on reçoit lorsqu'on donne une oeuvre d'art au musée, c'est un programme que l'on a ici.
Évidemment, qui dit crédit d'impôt dit évidemment que ça vient avec... ça veut dire des sous et ça veut
dire, également, ce sont des sous que le gouvernement n'obtient pas dans ses
fonds puisqu'il accorde des crédits d'impôt aux donateurs.
Le musée est
un musée qui a de nombreux visiteurs. On parlait, en 2017, je pense,
de plus de 1 million, près de 1,2 million de visiteurs, ce qui est absolument
énorme et remarquable. Le musée a une mission sociale aussi. On accompagne des organismes qui ont à coeur le bien-être de la
population, des organismes qui vont aller sur le terrain, qui vont sur le
terrain, également, on amène aussi des jeunes visiteurs pour leur faire
découvrir cette magnifique institution.
Donc, je disais : Nous sommes d'accord.
Nous allons travailler, évidemment, avec une énorme collaboration.
Petit bémol
sur le conseil d'administration, on pourra en discuter lors de l'article par
article demain : directeur général qui est en même temps membre du conseil
d'administration. Il faudra qu'on explique davantage pourquoi il faut
absolument que le directeur général soit membre du conseil
d'administration. Ne devrait-il pas être évidemment présent lors des réunions du conseil d'administration, car les
administrateurs, bien sûr, ont des questions... quand les administrateurs ont des questions à poser au directeur général? Mais
que le directeur général soit aussi membre du conseil d'administration...
On verra ce que... On verra comment on
pourra en discuter, mais c'est quelque chose qu'il faut bien sûr éclaircir, ne
serait-ce que pour éclairer évidemment les gens qui vont nous écouter
demain.
• (16 h 50) •
Six membres
nommés par le gouvernement du Québec après consultation d'organismes que le
ministre considère représentatifs du milieu concerné, ces membres, je pense,
devront être indépendants. Important, oui, de consulter le milieu, on le fait dans d'autres... pour la composition
d'autres conseils d'administration, c'est normal de le faire. Mais, sur un
conseil d'administration de 15 membres, avec tout l'argent que le
gouvernement du Québec verse au musée, les contributions, comme je le disais,
qui viennent des crédits d'impôt, est-ce qu'avoir un statut minoritaire sur le
conseil d'administration du musée, c'est la
bonne chose? Alors, on va demander évidemment à la ministre de nous dire en
quoi elle tient à ce que le
gouvernement soit minoritaire. Bon, je sais que le musée, c'est une institution
privée, ce n'est pas... c'est une institution qui a des membres nommés par le gouvernement à son conseil
d'administration, mais ça demeure une institution privée. Donc, il
faudra évidemment éclaircir tout cela.
On va parler
aussi de la parité au conseil d'administration. L'article 8 : «La
composition du conseil d'administration doit tendre à une parité entre
les hommes et les femmes.» Je trouve que ça fait un petit peu voeu pieux. Ça se
retrouve peut-être dans d'autres lois, mais
on est en 2021. Est-ce qu'on ne devrait pas parler de zones de parité? La
parité tout court, des fois, c'est
plus difficile, là, puis 15 membres, il faut quand même voir qu'on ne
pourra pas avoir la parité pure avec un conseil d'administration de
15 membres. Mais «tendre à une parité», alors, c'est quoi, la définition
de «tendre»? On peut avoir,
évidemment, l'intention de tendre à la parité au Conseil des ministres, mais on
voit bien que ça ne tient pas la route. Donc, je trouve que ça fait voeu
pieux un peu.
Et, sur un conseil d'administration de cette
importance-là, avec la modernisation, le fait que cette loi-là, elle va être là pour longtemps, peut-être pas
50 ans, mais elle va être là encore pour longtemps, on a une société
moderne, les femmes ont leur place dans ces grandes institutions là,
moi, je pense que tendre à une parité, c'est plus un souhait.
Alors, on en
discutera demain, on verra quelle est l'ouverture du côté de Mme la ministre,
mais je suis certaine qu'elle aussi, elle partage cette vision qu'il faut être
plus féministe que féministe aujourd'hui, et il faut aussi que les institutions
se conforment à cette pensée-là, que les
femmes ont leur place sur les conseils d'administration, et il faut encourager
aussi leur nomination.
Alors, voilà, Mme la Présidente — j'allais
dire Mme la ministre, peut-être un de ces jours ça va vous arriver, je vous le souhaite — Mme la Présidente, voilà, c'étaient mes
commentaires relativement à ce projet de loi, et en souhaitant, bien sûr, que le Musée des beaux-arts de Montréal
puisse retrouver une quiétude, que les employés soient en paix. Leur convention collective a été renouvelée pour un an
seulement. Je vois le ministre du Travail là-bas, peut-être qu'il pourra
regarder ça de son oeil de spécialiste du droit du travail. Ces employés-là ont
besoin de retrouver la paix, une sérénité et
d'être accompagnés, parce que le directeur, M. Aquin, a même dit qu'il y
avait encore des séquelles de ce qui s'était passé dans l'institution. Donc, il
faut les accompagner puis leur dire : Chapeau! Vous êtes là, vous êtes
importants pour nous, puis on veut vous accompagner dans tout ça. Alors,
voilà. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions? M. le député de Viau, la parole est à vous.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Dans un premier temps, je veux remercier ma collègue la députée
de l'Acadie pour ses interventions qu'elle vient tout juste de faire, donc, sur
ce projet de loi, Loi modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal, interventions auxquelles je souscris
complètement, totalement, donc. Et je tiens à la remercier, donc, et à
la féliciter pour tout son travail dans le cadre de ce projet de loi.
Mes premières pensées, Mme la Présidente, vont à
tout le personnel du Musée des beaux-arts de Montréal et à l'ensemble des femmes et des hommes qui
travaillent dans nos institutions muséales et qui ont connu, ces derniers mois,
des moments pas faciles, difficiles,
douloureux, donc, mais,
tranquillement, qui voient, qui verront, je l'espère, la tête sortir de l'eau. Et, en ce sens-là, donc, je tiens à leur
adresser tous mes voeux de succès pour l'été qui s'en vient, donc pour
l'ensemble des musées du Québec.
Je vais faire
référence... Sans posséder l'expertise, donc, de ma collègue la députée de l'Acadie, je vous
parlerai, Mme la présidente, comme un
amoureux des arts et de la culture, quelqu'un qui fréquente les musées, pas
assez, pas assez, faute de temps,
mais qui aime beaucoup voir ce qui se passe dans les musées. Et
particulièrement, je veux m'attarder sur le Musée des beaux-arts de
Montréal.
Je vais commencer par faire référence, Mme la
Présidente, si vous permettez, à un document, un document qui est sorti des états généraux des musées du Québec.
Et, dans ce document-là, et c'est là que j'ai puisé, d'ailleurs, à peu près
l'essentiel de mon argument sur ce projet de
loi là, dans ce document-là on dit : «À qui parlons-nous?» À qui
parlons-nous? Donc, les publics. Et,
dans le document, on précise : «...les musées existent d'abord et avant
tout pour les publics. Par définition, le musée est un lieu de diffusion :
la variable "visiteur" doit donc être au coeur de nos préoccupations.
«[...]Au-delà de cette courbe de fréquentation,
tous les muséologues québécois savent que la question de la fréquentation ne
pourra jamais être tenue pour acquise. Les visiteurs et les sociétés changent.
Nous savons que nous évoluons dans un monde dynamique et que les musées font
face à trois grandes questions.»
Et l'une de ces questions à laquelle font face
l'ensemble des musées québécois, et donc aussi le Musée des beaux-arts, c'est la démocratisation culturelle,
la démocratisation culturelle, Mme la Présidente, qui présente des aspects
importants, que ce soit sur le contenu, que
ce soit sur la diversification des visiteurs et qui s'interroge aussi sur les
meilleures pratiques, les meilleures façons d'attirer des visiteurs,
d'attirer de nouvelles clientèles, que ces clientèles-là soient des jeunes, que
ce soit des personnes âgées, des personnes analphabètes, des personnes issues
de milieux défavorisés, des personnes issues
des milieux allophones, immigrants, autant de clientèles pour lesquelles les
musées réfléchissent depuis de nombreuses années pour savoir comment travailler
sur ça. Et je me rappelle même avoir lu, il y a quelques années, un mémoire venant de l'association des musées
montréalais sur l'enjeu du renouvellement de la clientèle, particulièrement en
lien avec la diversité d'une ville, d'une métropole comme Montréal.
Et là-dessus je dois commencer par saluer certains efforts qui
ont été faits, et qui ont donné de bons résultats, par le Musée
des beaux-arts de Montréal. Je me
rappelle, il y a quelques années, c'était, je crois, en 2008, je pense, avoir
été visiter cette belle exposition
qui s'appelait expo Cuba!, c'était une exposition qui donnait à voir
l'art cubain. Vous savez, c'est ça
aussi, un musée. Un musée nous permet de découvrir une société, un artiste, un
lieu, un territoire, un pan de notre histoire, mais de manière
originale, de manière différente. Alors, c'était une exposition qui sortait
justement Cuba et toute la société cubaine
des lieux communs pour nous présenter une autre société cubaine à travers la
photo, à travers la peinture et
notamment à travers l'expérience du pop art cubain. Et, pour moi, c'est une
exposition extraordinaire présentée par
le Musée des beaux-arts qui nous a permis de découvrir, sinon de redécouvrir
Cuba d'une autre façon. Et c'est suite à cette exposition-là, d'ailleurs, que j'ai eu le goût par la suite de
visiter Cuba pour une première fois. Donc, c'est ça aussi, l'expérience
muséale, ça nous permet d'arriver à ça aussi.
• (17 heures) •
Une autre
exposition, plus récente, celle-ci, c'est l'exposition Picasso, une
exposition qui s'appelle Picasso, donc, c'était Picasso, d'Afrique aux Amériques, en face d'hier et
d'aujourd'hui, une exposition où... Évidemment, nous connaissons tous l'immensité et le génie de Picasso, mais c'était
de présenter Picasso. On sait aussi d'ailleurs que Picasso a été beaucoup,
beaucoup inspiré par l'Afrique. Mais le
Musée des beaux-arts aurait pu se contenter de présenter une exposition où ce
sont seulement les oeuvres de Picasso. Bien sûr, il a été question grandement
des oeuvres de Picasso dans ce dialogue avec l'Afrique qui a été, comme je le rappelle, beaucoup une source
d'inspiration pour l'artiste, mais c'est ça, justement, une autre
fonction du musée, que le Musée des beaux-arts de Montréal avait compris à ce
moment-là. Ils ont choisi à ce moment-là
d'ajouter à cette exposition-là un autre aspect, c'est-à-dire inviter une
dizaine d'artistes noirs canadiens, dont trois Québécois parmi eux, qui
ont présenté aussi leurs oeuvres, qui sont des artistes contemporains, qui ont
présenté leurs oeuvres dans le cadre de
cette même exposition pour parler de ce dialogue nécessaire sur les enjeux, par exemple, du racisme au Canada. Et ça, Mme la Présidente, le Musée des
beaux-arts de Montréal n'a pas attendu George Floyd pour le faire. C'était bien avant l'épisode de George
Floyd, que nous connaissons douloureusement, malheureusement. Et ça aussi, permettre justement à des artistes,
donc, d'être en dialogue avec d'autres artistes... Et cette exposition-là, Mme la Présidente, a attiré près de 200 000 visiteurs. Ça a été une des
expositions qui a connu le plus grand succès de l'histoire du Musée des beaux-arts. Ça fait partie, je crois,
parmi les 15 ou 20 expositions les plus courues du Musée des beaux-arts.
Et c'est ça aussi, quand on parle de
renouvellement du public. Et j'ai vu là... je me rappelle, j'étais au
vernissage de cette exposition-là, et j'ai
rencontré au Musée des beaux-arts, ce jour-là, des personnes qui généralement,
je ne pense pas me tromper si j'ose
affirmer que ce n'est pas des personnes qui, à première vue, nécessairement,
avaient le réflexe d'aller au musée. Voilà lorsque le musée décide d'ouvrir un
dialogue, d'ouvrir ses ornières et d'attirer un autre public. Et ça, je
tiens aussi à le rappeler.
Ma collègue
la députée de l'Acadie en a parlé tout à l'heure, la fonction sociale d'un
musée comme le Musée des beaux-arts
de Montréal... Et cette fonction sociale, j'ai un exemple qui me vient tout de
suite en tête, je ne peux pas intervenir sans souligner cet exemple, puisque c'est un exemple dans une autre vie.
Vous savez, Mme la députée, des fois, nous avons d'autres vies, et, dans mon autre vie d'engagement social et
d'engagement citoyen, j'ai travaillé avec d'autres acteurs de la
collectivité à la mise en place d'un fonds qui s'appelle le Fonds 1804
pour la persévérance scolaire.
C'est un fonds qui accompagne des
jeunes, des jeunes persévérants, des jeunes de partout, donc des jeunes de
partout, de toutes origines, donc...
et de toutes conditions sociales, donc pourvu que ces jeunes-là soient des
jeunes persévérants. Et, dans le
cadre de notre travail, donc, à chaque année, donc, on donne des bourses à des
jeunes. Mais aussi il y a un partenariat, un beau partenariat qui existe entre le Musée des beaux-arts... J'ose
espérer que ce partenariat existe encore, puisque je ne suis plus impliqué dans ce fonds, mais ce beau
partenariat là, ce partenariat entre le Musée des beaux-arts de Montréal et le
Fonds 1804 pour la persévérance
scolaire... qui permettait justement à ces jeunes, qui parfois sont issus de
milieux défavorisés, qui leur permettrait justement... qui leur
permettait de pouvoir aller gratuitement au Musée des beaux-arts de Montréal. Et c'est sans compter... Des fois, le musée aussi
a compris qu'il ne faut pas toujours demander des gens de venir au musée,
le musée parfois aussi devrait se déplacer aussi dans les collectivités. Et sans
compter les initiatives que le musée a eues, donc, dans les
collectivités, dans les quartiers, etc., un peu partout. Ça, je tiens à le
saluer. Ça, c'est important.
Et parlant des... Je
crois que sur ce qui est des enjeux de la gouvernance, que ma collègue la
députée de l'Acadie a mentionnés tout à
l'heure, auxquels... évidemment, ce sont des perspectives intéressantes
auxquelles je souscris, je veux souligner l'importance que, quand vient
le temps de parler des membres d'un conseil d'administration, bien sûr, il faut
s'assurer d'avoir les meilleures
compétences, mais aussi il faut s'assurer, aussi, d'avoir aussi des personnes
ancrées dans la collectivité, aussi. Le Musée des beaux-arts de Montréal
n'est pas un musée comme les autres pour une ville comme Montréal, pour l'ensemble du Québec. Donc, moi, je
souscris justement à ces orientations voulant qu'effectivement il y ait une représentation qui reflète la réalité d'une
ville comme Montréal, la réalité d'une société comme la société québécoise.
Un autre aspect que
je veux aussi... qu'il est pour moi, aussi, tout aussi important de parler,
dans le cadre de ce projet de loi, projet de
loi, donc, où les fonctions du conseil d'administration du musée prévoient la
constitution d'un comité de gouvernance et d'éthique, d'un comité de
vérification et d'un comité des ressources humaines, je pense que, pour nous tous, et peu importe où nous soyons au
Québec, amoureux des arts et particulièrement des musées... je pense que ça a
fait mal à tout le monde de voir ce par quoi ce musée-là est passé au cours des
derniers mois. Et ce que nous espérons, ce que nous souhaitons vivement, c'est que ce projet de loi puisse être
un élément, un élément de plus dans l'arsenal. Et je sais qu'il y a des chantiers. Donc, pour avoir
suivi un peu de loin ce qui se passe, il y a des chantiers qui ont été mis en
place par le conseil d'administration du
Musée des beaux-arts. Donc, il faut les saluer, les initiatives qui ont été
prises, donc, au cours des derniers
mois. Donc, il faut espérer que ce projet de loi là, donc, permettra justement
au Musée des beaux-arts, donc, de meilleures avenues, que ce soit au
niveau de la gouvernance, au niveau des enjeux éthiques.
Mes
derniers mots, donc, mes derniers mots reviennent notamment à toute l'équipe du
conseil d'administration du Musée des
beaux-arts. Je sais que récemment il y a eu des nominations de nouveaux membres
de ce conseil d'administration là. Je tiens à leur présenter mes voeux
de succès, donc, parce que c'est un privilège, siéger sur un conseil
d'administration, c'est encore un privilège
beaucoup plus immense que de siéger sur un conseil d'administration comme celui
du Musée des beaux-arts de Montréal. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise
aux voix
Comme il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder au vote.
Je
vais suspendre les travaux quelques instants pour permettre au leader d'une formation politique qui est absent de se joindre à nous au salon bleu. Alors, nous
suspendons les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 6)
(Reprise à 17 h 13)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, en application de l'ordre spécial,
j'inviterais maintenant les leaders parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 81, Loi modifiant
la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal. M.
le leader du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de l'Acadie?
Mme St-Pierre :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le député de Jean-Lesage?
M. Zanetti :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le leader du troisième groupe
d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le leader, avez-vous des
indications à nous transmettre concernant les votes des députés
indépendants?
M.
Caire : Oui, Mme la
Présidente. M. le député de Rousseau a indiqué vouloir voter pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. En conséquence, le principe du projet de loi n° 81, Loi modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts, est adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la culture et de l'éducation
M.
Caire :
Oui, Mme la Présidente. Conformément à l'article 243 de notre règlement,
je fais motion afin que le projet de
loi n° 81, Loi modifiant
la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal, soit déféré à la Commission de la culture et de l'éducation
pour son étude détaillée et que la ministre de la Culture et des Communications
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Alors, nous allons refaire le même exercice
afin de nous indiquer le vote pour le
groupe... la formation politique sur la motion présentée par M. le leader du
gouvernement. M. le leader du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Mme la députée de l'Acadie, pour le vote sur la motion?
Mme St-Pierre :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le député de Jean-Lesage?
M. Zanetti : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. En conséquence, la motion est adoptée.
M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous
indiquer la suite des travaux?
Ajournement
M.
Caire : Oui, Mme la
Présidente. Nos travaux étant épuisés, je vous demanderais d'ajourner jusqu'à
demain.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Alors, en application de l'ordre spécial, j'inviterais maintenant les leaders parlementaires à m'indiquer
le vote de leurs groupes sur cette motion d'ajournement. M. le leader du
gouvernement?
M.
Caire : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mme la députée de l'Acadie?
Mme St-Pierre :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le député de Jean-Lesage?
M. Zanetti : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, merci.
Alors, nous ajournons les travaux jusqu'à
demain, mercredi le 2 juin, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 15)