(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon jeudi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Donc, nous
débutons nos travaux aux affaires
courantes, à la rubrique de déclarations de députés. Je cède la parole
immédiatement à Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à la recycologue Monique Clément
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci,
Mme la Présidente. Si la MRC de
Coaticook est première de classe en gestion des matières résiduelles, la recycologue Monique Clément y
est pour quelque chose. Elle accompagne ses élus depuis 2006 dans leur
volonté de réduire l'enfouissement.
À son arrivée
comme coordonnatrice de projet, il
n'y avait pas de bac brun pour les
résidus organiques. Deux ans plus tard, toutes les municipalités avaient
implanté la collecte des matières putrescibles. Ainsi, les municipalités de la MRC ont pu réduire de moitié l'enfouissement.
Mme Clément a instauré une collecte de plastiques agricoles directement chez les producteurs, c'est un fait assez rare au Québec, et mis sur pied un écocentre itinérant,
qui fait le tour des municipalités, afin de rapprocher le service des
citoyens.
En plus de
son travail dans la MRC, elle est consultante et formatrice en environnement.
Elle se démarque par son approche
sensibilisatrice notamment auprès des jeunes par des conférences et des bandes
dessinées. Son sens de l'écoute l'amène à proposer des solutions
adaptées aux réalités du terrain.
Mme Clément, votre compétence et votre
persévérance font de vous une championne de l'environnement!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
nous poursuivons avec M. le député de Mégantic.
Souligner la création d'un prototype de camion-benne
électrique par l'entreprise Tardif Diesel inc.
M. François Jacques
M. Jacques : Merci, Mme la
Présidente. Je veux aujourd'hui vous présenter une conception novatrice de ma
circonscription de Mégantic.
L'entreprise familiale Tardif Diesel, d'Ascot
Corner, a dévoilé dernièrement un prototype de camion-benne 100 % électrique, à recharge rapide,
destiné aux minières et aux carrières. C'est pour répondre à la demande d'un
client du secteur minier que
l'entrepreneur Jean-Marc Tardif s'est associé aux firmes ABB et MEDATech
pour développer un véhicule à recharge rapide qui aura une capacité de
20 à 80 tonnes de chargement.
L'électrification
des transports est une valeur importante pour Tardif Diesel, toute sa flotte de
véhicules de livraison a déjà été
convertie à l'électricité. Ce genre de projet cadre parfaitement avec la
volonté du gouvernement de lutter contre les changements climatiques et
de la réduction de la dépendance énergétique au pétrole.
Je suis très
fier de constater à nouveau l'innovation d'un entrepreneur de ma
circonscription. Les membres de mon équipe
et moi seront très heureux d'accompagner cette entreprise dans sa croissance
internationale. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner le travail du personnel enseignant des classes de
concentration sportive de l'école Sainte-Madeleine
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse de mettre en lumière le
personnel enseignant de la concentration sport de l'école
Sainte-Madeleine de Vaudreuil-Dorion.
Grâce aux
interventions de l'équipe-école, les programmes d'option hockey ou triathlon
permettent la mise en place d'un environnement pédagogique favorisant la
réussite et la motivation scolaire,
tout en contrant la sédentarité et en invitant les élèves à de saines
habitudes de vie par la pratique régulière d'activités physiques.
Ce programme
répond à un réel besoin puisqu'il déborde d'inscriptions. Les élèves ont la
chance d'avoir plus de 240 minutes de sport par semaine. La
motivation est si grande qu'ils travaillent avec ardeur pour passer à travers
le programme académique afin d'accéder à ces moments
privilégiés. L'esprit d'équipe et l'entraide sont à l'honneur. On encourage le sens de l'effort, le sens des
responsabilités, l'autonomie, tout en développant l'estime de soi et le
dépassement personnel.
Je
lève mon chapeau à Frédéric Gagnon et toute l'équipe-école, qui permettent à
ces jeunes, nos jeunes, d'atteindre leurs
objectifs mais surtout de développer leurs notions de plaisir, de respect et de
sécurité. Bravo à vous tous! Croyez-moi, vous faites la différence.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
députée de Jean-Talon, la parole est à vous.
Souligner le départ à la
retraite de Mme Chantal Larouche, directrice
générale de l'organisme Maison Richelieu Hébergement jeunesse inc.
Mme Joëlle Boutin
Mme Boutin :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner aujourd'hui la contribution
exceptionnelle de Mme Chantal Larouche
au sein de la Maison Richelieu Hébergement jeunesse,
située dans le comté de Jean-Talon. Grâce à
ses 35 ans de service dédiés aux soins de jeunes adolescentes, elle a su
réorienter la vie de ces dernières, notamment avec ses
gestes empreints d'humanisme et de respect. Cet organisme de bienfaisance
aide, soutient et accompagne des adolescentes vivant des difficultés personnelles, familiales et sociales en offrant
des services d'accueil, d'hébergement, d'accompagnement, d'information et d'orientation.
Vous
savez, Mme la Présidente, la Maison Richelieu Hébergement jeunesse fait un
travail exceptionnel. Je profite donc de cette tribune pour féliciter et
remercier également le directeur général, François Soucy, ainsi que
les nombreux bénévoles et donateurs,
qui font une différence positive non seulement dans Jean-Talon, mais partout dans notre grande capitale nationale.
Mme Larouche,
merci d'avoir oeuvré auprès de notre jeunesse depuis 1989. Voilà une retraite
bien méritée. Et je tenais à prendre le temps, aujourd'hui, pour
souligner votre travail acharné des dernières années. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Souligner la carrière de l'animateur
de radio Yves Bertrand
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Ce matin, j'aimerais souligner l'incroyable travail
de l'animateur Yves Bertrand au CKVM-FM 93,1,
notre radio locale au Témiscamingue.
M. Bertrand a éteint son micro il y a deux semaines, après
30 ans de carrière à la barre de l'émission du matin Salut Témis.
Depuis
1991, Yves se lève avant l'aube pour informer, divertir et partager sa bonne
humeur contagieuse avec les auditeurs.
Imaginez, Mme la Présidente. D'aussi loin que me permettent mes souvenirs,
c'est la voix d'Yves Bertrand qui m'a réveillée le matin.
Dans
les petites communautés comme la mienne, les médias locaux sont d'une
importance capitale puisque ce sont les
seuls ou presque qui parlent de nous, de nos enjeux, nos victoires, qui
alimentent notre culture locale. Yves Bertrand, un natif de la région, a su faire de son émission un incontournable pour
les Témiscamiens. Son impressionnante carrière à CKVM aura marqué notre
petite histoire locale.
Bonne
continuité, Yves, dans tes nouveaux projets. Et merci d'avoir égayé nos
matinées durant toutes ces années.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
nous poursuivons avec Mme la députée de Soulanges.
Souligner la contribution de Mme Pierrette
Gamelin à
l'amélioration de l'accessibilité au transport adapté
Mme Marilyne Picard
Mme Picard :
Merci, Mme la Présidente. Je tenais, en cette semaine de la déficience
intellectuelle, à souligner le parcours
de deux personnes exceptionnelles de ma circonscription, M. Ian-Éric
Perron, et de sa mère, Pierrette Gamelin.
M. Perron a une
déficience intellectuelle et il est âgé de 43 ans. Il a fait toute sa
scolarisation dans les classes adaptées de
notre région et il participe à un programme d'atelier de travail supervisé dans
un supermarché de Saint‑Zotique depuis
plus de 20 ans. Sa mère, Mme Gamelin, enseignante de profession,
s'est battue pour les droits et l'intégration de son fils tout au long
de son parcours scolaire et de son intégration au marché du travail.
Aujourd'hui,
je tiens à souligner l'implication exemplaire de Mme Gamelin, qui milite
depuis très longtemps pour l'accès au transport adapté sur tout le
territoire de Soulanges. Elle l'a fait pour son fils mais surtout pour tous les
jeunes et moins jeunes de notre région qui
ont besoin d'un transport qui soit adapté à leur condition et, surtout, à leurs
besoins. Son pétillant dévouement est très inspirant. Merci,
Mme Gamelin.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Maintenant, je cède la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Demander au gouvernement
d'établir un couloir de déplacement
sécuritaire vers les Îles-de-la-Madeleine
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. 25 mars 2020. Cette date, il y a un an jour
pour jour, marque la fermeture des frontières du Nouveau-Brunswick puis de
l'Île-du-Prince-Édouard. C'est donc depuis un an, maintenant, que les
Madelinots et Madeliniennes font face
à maintes difficultés dans leurs déplacements entre l'archipel et la grande
terre, le Québec continental.
Comme
je l'ai déjà mentionné plusieurs fois dans cette Chambre, le passage vers les Îles
représente, depuis un an, un enjeu de
sécurité et de santé publique avéré. L'interdiction d'arrêter en route malgré
la fatigue du long trajet, la conduite nocturne, la présence d'animaux sauvages
et les conditions de route parfois difficiles ont ajouté anxiété et stress à
un parcours semé d'embûches. Plusieurs accidents sont aussi survenus.
Je
souhaite donc aujourd'hui, Mme la Présidente, saluer la résilience de mes
concitoyens face à cette situation qui perdure mais surtout appeler une
fois de plus notre gouvernement et ses vis-à-vis des Provinces atlantiques à
convenir rapidement, à l'approche de l'été,
d'une solution assurant un corridor de passage sécuritaire pour mes concitoyens
insulaires et pour tous ceux qui viendront bientôt nous rendre visite.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Pour conclure cette rubrique,
je cède la parole à M. le député de Beauce-Nord.
Féliciter M. Éliot Grondin
pour ses performances
sportives au cross en planche à neige
M. Luc Provençal
M. Provençal :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. La saison 2020‑2021 fut exceptionnelle
pour un planchiste de Sainte-Marie oeuvrant sur la scène internationale en «snowboard
cross». Je parle ici d'un futur espoir de médaille olympique pour le
Canada en 2022, Éliot Grondin.
Ce jeune athlète
beauceron de 19 ans a su se démarquer et progresser en Europe dans les
derniers mois : médaille de bronze aux
mondiaux séniors en Suède, première victoire sur le circuit de la Coupe du
monde en Géorgie et sa seconde place
au classement général du globe de cristal. Éliot tenait mordicus à décrocher un
titre junior à sa dernière année dans cette catégorie. Il est finalement
couronné d'or en Russie.
Éliot
est et demeure un exemple de persévérance et de détermination pour de nombreux
jeunes amateurs de sports hivernaux
en Beauce. Il est source d'inspiration et mérite notre reconnaissance. À Éliot,
ses parents, amis, partenaires, bravo et merci pour votre encouragement
et soutien constant! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 50)
(Reprise à 10 h 2)
Le
Président : D'abord,
je vous souhaite un bon jeudi à toutes et à tous. Mmes, MM. les députés, prenons quelques instants pour nous
recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. M. le Président, permettez-moi de vous transmettre le
message de Son Honneur le lieutenant-gouverneur du Québec, signé de sa
main. Merci, M. le Président.
Message
du lieutenant-gouverneur
Le Président :
Merci. Mmes et MM. les députés, veuillez vous lever, s'il vous plaît.
Message à l'Assemblée nationale :
«Conformément aux dispositions de
l'article 54 de la Loi constitutionnelle de 1867, je transmets et
recommande à la considération de l'Assemblée nationale les crédits pour l'année
financière se terminant le 31 mars 2022.»
Signé de l'honorable
J. Michel Doyon, lieutenant-gouverneur.
Je vous remercie. Veuillez
vous asseoir.
Nous sommes toujours
dans la rubrique Dépôt de documents. Mme la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Crédits
pour l'année financière 2021-2022
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. M. le Président, pour donner suite au message du
lieutenant-gouverneur, qu'il me soit
permis de déposer les crédits budgétaires pour l'année financière se terminant
le 31 mars 2022 ainsi que les documents qui les accompagnent : la stratégie de
gestion des dépenses et les renseignements supplémentaires, les plans annuels
de gestion des dépenses des
ministères et organismes, les crédits et dépenses des portefeuilles, les
crédits, dépenses et plans annuels de
gestion des dépenses de l'Assemblée nationale et des personnes désignées, le
plan des investissements et des dépenses en ressources
informationnelles 2021-2022, ainsi que le plan québécois des
infrastructures 2021-2031, accompagné des plans annuels de gestion
des investissements publics en infrastructures 2021-2022. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Merci. Alors, ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la commission plénière
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Conformément aux
dispositions de l'article 280 du règlement, je fais motion pour déférer
les crédits budgétaires 2021-2022 en commission plénière afin que
l'Assemblée étudie et adopte le quart des crédits.
Mise
aux voix
Le
Président : Et, en application de l'ordre spécial, j'invite les
leaders parlementaires à m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette
motion, suivi des députés indépendants. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le chef du troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée.
Motions
sans préavis
Je
demande s'il y a consentement pour déroger à l'article 53 du règlement
afin de permettre la présentation d'une motion sans préavis. Il y a
consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Suite à une entente
avec les groupes parlementaires et les députés indépendants, je sollicite le consentement afin de présenter à ce moment-ci la motion concernant les modalités convenues pour l'étude des
crédits provisoires en commission plénière qui se tiendra mardi le
30 mars 2021.
Le
Président : Je vous invite maintenant à m'indiquer vos votes
respectifs. Non, je m'excuse, il y a consentement, j'imagine. Oui,
consentement. M. le leader.
Procéder
à l'étude des crédits provisoires 2021-2022 en commission plénière
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président.
«Que l'Assemblée procède à l'étude et à
l'adoption des crédits provisoires 2021-2022, conformément aux dispositions de l'article 87, alinéa 1,
paragraphe 4.1° ainsi que des articles 280 et 281 de notre règlement
et[...], selon les modalités subséquentes;
«Que, dès
l'appel des affaires du jour de la séance du mardi 30 mars 2021,
l'Assemblée se constitue en commission plénière et procède à l'étude des
crédits provisoires de la manière suivante :
«Que, pour une
durée maximum de 1 heure, la présidente du Conseil du trésor et ministre
responsable de l'Administration gouvernementale puisse échanger avec les
députés de l'opposition;
«Que dès
après, et pour une durée maximum de 1 heure, le ministre de l'Économie et
de l'Innovation puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Que dès après, la commission plénière suspende
ses travaux et que les travaux de l'Assemblée soient ainsi suspendus jusqu'aux
affaires courantes;
«Que dès l'appel des affaires du jour, la
commission plénière poursuive ses travaux de la manière suivante;
«Que, pour
une durée maximum de 1 heure, le ministre de la Santé et des Services
sociaux puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Que dès après, pour une durée maximum de
1 heure, le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Que dès
après, pour une durée maximum de 1 heure, le ministre de l'Éducation
puisse échanger avec les députés de l'opposition;
«Qu'immédiatement
au terme de cet échange, le président de la commission plénière mette aux voix
le quart des crédits pour l'année financière 2021-2022;
«Qu'ensuite, le président de la commission
plénière fasse rapport à l'Assemblée et que celle-ci se prononce sans débat sur ledit rapport puis sur le projet de
loi de crédits qui y fait suite, le tout conformément au premier alinéa de
l'article 281 du règlement;
«Qu'enfin, et
ce suivant le deuxième alinéa de l'article 281 du règlement, il soit
permis au leader du gouvernement de présenter une motion sans préavis et non
débattue afin que l'étude de l'ensemble des crédits budgétaires, sauf
ceux de l'Assemblée, soit renvoyée en commissions permanentes;
«Que l'ensemble des mises aux voix se déroule
selon une procédure de vote enregistré prévue à l'ordre spécial adopté le
9 mars 2021;
«Que, si
l'étude des crédits provisoires n'était pas complétée à 18 h 30 le
mardi 30 mars, les débats de fin de séance qui devaient se tenir
puissent avoir lieu immédiatement après que l'Assemblée se soit prononcée sur
le projet de loi de crédits et sur la motion
de renvoi de l'ensemble des crédits budgétaires sauf ceux de l'Assemblée en
commissions permanentes;
«Que les
remarques préliminaires pour chacun des échanges avec les ministres
susmentionnés soient fixées à un maximum
de 5 minutes 34 secondes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 43 secondes pour le groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 56 secondes pour le deuxième groupe d'opposition,
56 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
51 secondes pour l'ensemble des députés indépendants;
«Que pour
chacun des échanges avec les ministres susmentionnés, l'équivalent d'un bloc de
3 minutes par heure d'échange soit réservé à l'ensemble des députés
indépendants;
«Que le temps
non utilisé, le cas échéant, par les députés indépendants soit redistribué
proportionnellement entre le groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, le deuxième groupe d'opposition ainsi que le troisième groupe
d'opposition;
«Qu'à tout moment, le président de l'Assemblée
ou de la commission plénière puisse suspendre les travaux;
«Que, malgré les dispositions de l'ordre spécial
adopté le 9 mars 2021, la commission plénière et l'Assemblée puissent poursuivre leurs travaux jusqu'à ce que
cette dernière se soit prononcée sur le projet de loi de crédits et sur la
motion de renvoi de l'ensemble des crédits budgétaires sauf ceux de
l'Assemblée en commissions permanentes;
«Que cette motion devienne un ordre de l'Assemblée
et qu'elle ait préséance sur toutes [les] dispositions incompatibles du règlement
et de l'ordre spécial adopté le 9 mars 2021.» Merci.
Mise aux voix
Le Président : Merci. À ce
moment-ci, je vous demande vos votes respectifs sur cette motion. M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
• (10 h 10) •
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le chef du troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède la parole à
la cheffe de l'opposition officielle.
Effets
de la pénurie de main-d'oeuvre sur le développement économique
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. En 2018, il y avait, au Québec,
117 865 emplois vacants. À ce moment-là, le premier ministre a
fait une déclaration, il a dit : «Quand on me dit que le plus grand défi
économique est la pénurie d'employés, je ne
suis pas d'accord. La plus grande pénurie qu'on a au Québec, c'est des emplois
payants, à 25 $ ou 30 $ [de
l'heure].» Ça, c'était en août 2018. Aujourd'hui, il y a
148 000 emplois qui sont vacants partout au Québec, la plus forte
hausse — on vient de la connaître — en cinq ans. Les postes vacants depuis plus
de 90 jours ont augmenté de 175 %. Et le problème ne cesse de s'aggraver.
Vous
savez, M. le Président, on peut bien présenter un budget aujourd'hui, mais, si
on n'a pas les personnes qu'il nous faut pour combler les postes, ça va
être très difficile. Présentement, on n'a pas de main-d'oeuvre.
Alors,
la question que j'ai pour le premier
ministre est la suivante : Est-ce qu'il peut reconnaître aujourd'hui que le véritable frein au développement
économique et là où il faut agir, c'est sur la pénurie de main-d'oeuvre?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, on a un grand défi, puis
il faut s'y attaquer et puis en faire une priorité, au Québec.
Je l'ai répété des centaines de fois quand
j'étais dans l'opposition, le Québec, sur 60 États et provinces, était, avant
qu'on arrive, 57e pour le PIB par
habitant. On est rendu, aujourd'hui, le 53e. Donc, on a fait un petit peu de chemin, mais il reste tellement de chemin à faire, M. le Président! On a un écart
de richesse d'à peu près 14 %
avec l'Ontario, 20 % avec le
reste du Canada, 40 % avec les États-Unis. La grande priorité, c'est de
créer des emplois mieux payés. Les salaires, au Québec, sont plus bas,
il y a moins de valeur ajoutée. Et il y a aussi d'autres priorités, dont la
pénurie d'emploi.
Mais, M. le Président,
ce que devrait savoir la cheffe de l'opposition officielle, c'est que, si
demain on comblait tous les postes vacants,
le Québec aurait toujours un écart de richesse important avec ses voisins. Donc,
c'est dans ce sens-là que je dis :
La plus grande priorité, c'est de créer des emplois payants, des emplois mieux
payés, au Québec, ce que n'a pas fait le Parti libéral pendant 15 ans. Mais c'est vrai, M. le Président, qu'il y a d'autres priorités, puis une de ces autres priorités,
c'est de combler des emplois, par exemple, dans le secteur des technologies de
l'information.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Là où je suis d'accord avec le premier ministre, c'est quand il dit qu'il n'a cessé de répéter que c'étaient les emplois payants. Mais le monde
évolue, le monde change. On est rendu à 148 000 emplois. Ces
emplois-là, là, qui sont vacants, ils sont des emplois
payants. Ça fait que le problème, ce n'est pas qu'on n'ait pas
d'emplois payants, parmi ces 148 000 emplois, c'est qu'on a
besoin de les combler.
Est-ce qu'il peut
reconnaître que c'est la pénurie de main-d'oeuvre qui est l'enjeu ici?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, ce que ne comprend pas la
cheffe de l'opposition officielle, c'est qu'on a besoin de bien plus que
148 000 emplois payants, on a besoin de millions d'emplois payants.
Comment on va faire ça? En attirant des investissements privés. Et c'est
ça que le ministre de l'Économie fait. On a complètement revu le rôle d'Investissement
Québec, qui n'avait pas bougé pendant 15 ans sous les libéraux. On est en
train d'attirer des investissements, augmenter la productivité, augmenter les
salaires, puis, de l'autre côté, mes collègues travaillent, pour les
148 000 postes, à les combler.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Le problème, M. le Président, c'est que, pendant que le premier ministre revoit
sa réforme d'Investissement Québec et donne de très bons emplois payants à Investissement
Québec, pendant qu'il fait ça, ce qui se
passe, c'est qu'on est passé de 117 000 emplois à
148 000 emplois non comblés au Québec. Il est là, l'enjeu.
Et, pendant qu'on se concentre sur créer des emplois payants et ne pas
se concentrer sur cet enjeu-là, le problème s'aggrave.
Comment compte-t-il
le régler?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, si le Québec
avait le même revenu par habitant que l'Ontario, le gouvernement du Québec aurait
12 milliards par année de plus de revenus, 12 milliards. Pour arriver
à réduire cet écart-là, ça nous prend les meilleurs. Puis j'invite la cheffe de
l'opposition officielle à parler à ses quelques amis dans le monde des
affaires, elle va voir qu'ils ne sont
pas très contents de ce qui est dit par la cheffe de l'opposition officielle,
pas contents du tout, parce que, oui, ça prend les meilleurs pour être
gagnants puis créer de la richesse pour investir en éducation.
Le Président :
Troisième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : Je rassure, je rassure le premier ministre que les gens sont bien contents des propos que je tiens, bien contents,
parce qu'ils se rendent bien compte qu'on
a besoin d'avoir une vision pour le Québec, une vision d'avenir pour le Québec, M. le Président. Et, lorsque
j'entends les propos du premier ministre, j'aimerais qu'il réponde aux gens
de l'Estrie puis de la Côte-Nord, qu'il
constate aujourd'hui qu'eux, ils ont eu une augmentation des postes vacants
partout et que les entrepreneurs sont
à la recherche de personnes pour combler les postes. C'est ça, les besoins sur
le terrain aujourd'hui, et il ne répond pas à ces enjeux-là. Que va-t-il
faire?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, avec la nouvelle cheffe de l'opposition... du Parti libéral,
le Parti libéral n'est plus le parti de l'économie. Qu'elle parle avec
les gens, là, qu'on appelle, de Québec inc., puis ils vont dire : Le Parti libéral
ressemble de plus en plus à Québec
solidaire, de plus en plus à Québec solidaire. Elle, elle voit ça comme un
compliment. Mais, M. le Président, on
a besoin de créer de la richesse, au Québec, pour être capables de mieux
financer nos services en santé, en
éducation. C'est ça que les Québécois ont compris puis c'est ça que la nouvelle
cheffe de Québec solidaire libéral n'a pas compris.
Des voix :
...
Le
Président : Je vais vous demander... Non, je vais vous
demander, évidemment, de... Évidemment, on continue dans nos règles...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Est-ce qu'on peut retrouver un peu de calme? S'il vous plaît! Merci. Merci. Je
vais vous demander de continuer à observer notre règle de nous appeler par nos
titres officiels et respectifs, s'il vous plaît, cheffe de l'opposition
officielle, bien sûr, on utilise le terme exact.
La question
appartient maintenant à M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
Stratégie pour contrer la
pénurie de main-d'oeuvre
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
M. le Président, clairement les questions de la cheffe de l'opposition
officielle dérangent, parce que, quand on n'a pas de réponse, qu'est-ce qu'on
fait, M. le Président? Je vous laisse le choix de trouver la bonne réponse.
On
parle des faits. Est-ce que BDC fait partie, M. le Président, du Québec inc.?
67 % des PME indiquent avoir des problèmes
de recrutement, indique un sondage réalisé en décembre dernier par la Banque de
développement du Canada.
M.
le Président, est-ce que les Manufacturiers et exportateurs du Québec font
partie du Québec inc.? Oui. Ils disent quoi aujourd'hui au premier
ministre? Il y a un problème de pénurie de main-d'oeuvre.
Vous
savez quoi, M. le Président, c'est quoi, la situation? C'est des entrepreneurs
qui sont obligés aujourd'hui de délocaliser
leurs chaînes de production aux États-Unis. Et c'est quoi, la réponse du
premier ministre? Je vous laisse encore le choix de choisir laquelle des
réponses.
M.
le Président, les entrepreneurs, aujourd'hui, s'attendent à un vrai plan pour contrer la pénurie de main‑d'oeuvre.
Le Président :
...M. le ministre du Travail et de la Solidarité sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. La pénurie de main-d'oeuvre, évidemment, c'est un
phénomène économique et démographique
qui nous préoccupe, qui a été annoncé en 2008-2009 par plusieurs experts, donc
c'était anticipé depuis longtemps. Ceux qui nous ont précédés n'ont rien
fait.
Nous avons mis en
place un plan d'action pour la main-d'oeuvre qui s'appuie notamment sur
l'intégration des groupes sous-représentés
dans le marché de l'emploi : les travailleurs expérimentés, les personnes
immigrantes — c'est
une option — les femmes, les jeunes, les personnes prestataires
d'aide financière de dernier recours, les personnes en situation de
handicap.
Deuxièmement,
augmentation de la productivité, on est à une ère où on doit parler de robotisation,
d'automatisation, d'intelligence artificielle et on fait énormément pour
accompagner les entreprises en semblables matières. Et maintenant on s'adapte à la conjoncture postpandémique en
parlant énormément de requalification des personnes qui sont affectées par
la pandémie, pour leur permettre de répondre
à des secteurs où il y a des besoins énormes, notamment les technologies de
l'information, le plan de construction...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
...qu'on a annoncé la semaine passée, santé et éducation. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader adjoint de l'opposition.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
M. le Président, je remercie le ministre de l'Emploi et du Travail, il vient de
faire la genèse de tout ce que le
Parti libéral a fait au dernier mandat, y compris le plan de la main-d'oeuvre,
1,5 milliard de dollars. Je vous réfère à la CPMT, M. le ministre.
M.
le Président, l'Institut du Québec vient de sonner l'alarme par rapport à la
pénurie de main-d'oeuvre. Aujourd'hui, c'est
clairement un test réel de leadership du premier ministre et de son équipe
économique. Le Québec fait face à une réelle pénurie de main-d'oeuvre.
Est-ce qu'ils vont
agir, oui ou non, aujourd'hui, dans le cadre du budget?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre du Travail et de la Solidarité sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
M. le Président, comme je viens de le souligner, on est en période, en plus, de
reprise économique qui est particulièrement vigoureuse. Au dernier mois, selon
l'étude sur la population active publiée par Statistique Canada, le
taux de chômage est à 6,4 %, au Québec,
148 000 postes vacants, alors qu'on sait très bien qu'un marché en
équilibre il y a entre 70 000 et
80 000 postes vacants. Il y a des secteurs qui sont névralgiques à
l'économie du Québec, on a des besoins, ça va durer pendant un certain nombre d'années, mais, dans le contexte
de requalification, on a déjà, à ce jour, 12 000 personnes qui
font des formations de courte durée...
Le Président : En terminant.
M. Boulet :
...ou en alternance travail-études pour répondre aux besoins du marché. Merci,
M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le Président,
je crois le ministre de l'Emploi, mais le problème : ses collègues ne
l'aident pas. Qu'est-ce que la CAQ a fait
depuis son arrivée au pouvoir? L'ancien ministre de l'Immigration a déchiqueté
les dossiers de plus de
18 000 travailleurs, réduit l'immigration, changé le programme du
PEQ. C'est normal qu'on se trouve dans une situation où la main-d'oeuvre
active est moins disponible. C'est ça, le réel enjeu, M. le Président.
Est-ce
qu'aujourd'hui on va faire face à cette réalité et répondre aux besoins criants
de nos entreprises et de nos PME qui souffrent de ces mesures, M. le
Président?
Le Président : Mme la
ministre responsable du Développement économique régional.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. Je voulais juste dire qu'en 1998, quand j'ai fini mes études,
on parlait déjà qu'en 2020 il y aurait une pénurie de main-d'oeuvre. De 2003 à
2018, le parti au pouvoir, qui était le Parti
libéral, n'a pas planifié, n'a pas
développé de stratégie de main-d'oeuvre pour contrer cette pénurie de main-d'oeuvre.
On est arrivés en 2018. Au ministère de
l'Économie et de l'Innovation, on a tout de suite pris le taureau par les cornes en investissant massivement dans le soutien
aux entreprises en automatisation. C'est ce qu'il faut faire. On
s'est aperçus rapidement que, dans toutes les régions du Québec, il y avait
une sous-automatisation des entreprises. L'automatisation et la numérisation des entreprises permettra clairement
d'augmenter les salaires pour tout le
monde puis d'avoir des emplois...
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau de la santé
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Mai 2018, l'ancien ministre
de l'Emploi lance une stratégie de la main-d'oeuvre, une réponse forte à une pénurie criante de main-d'oeuvre, une réponse à 100 000 emplois vacants.
Pourtant, en campagne électorale, la CAQ niait la pénurie de main-d'oeuvre.
C'est à son discours inaugural que le premier ministre a enfin prononcé les
mots «pénurie de main-d'oeuvre».
M. le Président, rapport dévastateur de l'Institut
du Québec sur le marché du travail, aujourd'hui, avec les 148 000 postes vacants, le plus haut
taux depuis 2015. 75 % de la hausse du nombre de postes vacants se
retrouve en santé. Dans les hôpitaux,
on a plus que doublé : 13 000 postes vacants de plus à la
fin 2020, après et malgré l'embauche de préposés aux bénéficiaires. Dans les CHSLD et les RPA, c'est presque le double :
7 800 postes vacants de plus à la fin 2020, après et
malgré l'embauche de préposés aux bénéficiaires.
On comprend aujourd'hui — on
entend le premier ministre — qu'il
n'a aucune solution pour combler les 148 000 postes à combler.
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le
Président. La stratégie libérale sur la main-d'oeuvre, elle a été déposée en
mai 2018. Il n'y a absolument
rien qui n'a été fait avant l'élection du 1er octobre 2018. Donc, le phénomène
de rareté de main‑d'oeuvre, il n'était pas considéré par nos
prédécesseurs.
En collaboration avec les partenaires du marché
du travail, souvenez-vous qu'on a même fait un forum complètement virtuel l'année
dernière, le 16 octobre, pour s'adapter aux nouvelles réalités socioéconomiques. On a fait des consensus. La reprise passe notamment par la
requalification. Le taux de chômage, il est un des meilleurs au Canada. La reprise est effective, elle est inclusive, elle
est durable, au Québec, et il n'y a personne d'exclu dans la capacité que
nous avons de répondre à la rareté de main-d'oeuvre dans tous les secteurs. Et ne serait-ce que les
personnes en situation de handicap et les personnes expérimentées sont deux
clientèles extrêmement importantes, les personnes immigrantes aussi, toutes les clientèles que j'ai soulignées tout à l'heure. Les taux d'emploi sont en évolution constante. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, le
problème, aussi, c'est que, quand il manque tant de personnel, on compense ailleurs. Alors, derrière les chiffres, on trouve
des drames humains, des infirmières, des préposés épuisés, à bout de souffle, qui tiennent le fort, qui
compensent au quotidien pour le manque de main-d'oeuvre; maladie, santé
mentale, blessures et des démissions
qui font la une des journaux. Bref, des employés, dans nos hôpitaux, nos CHSLD,
à bout de souffle, qui demandent du renfort.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, je suis vraiment content, M. le Président, de pouvoir prendre la parole sur cette question-là parce que, l'état lamentable dans lequel nous avons pris
le système de santé, on l'a vu, qu'est-ce qu'on a dû passer à travers avec la
première vague. Ça, c'était l'incurie libérale, M. le Président, le manque
d'attention à notre personnel de la santé. C'est carrément de l'incurie. Alors,
de venir nous faire dire ça aujourd'hui, M. le
Président, je pense que ça prend
un petit peu de restrictions.
Et
j'aimerais ça que la députée se souvienne de ce qui s'est passé dans les
dernières années libérales par rapport au système de santé. Depuis le début de cette vague, M. le Président, nous avons travaillé très fort à rétablir le système de santé,
ce que nous allons...
Le Président :
Deuxième complémentaire...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'au député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Alors, parlons d'incurie, M. le Président. Savez-vous ce qui aurait eu un impact positif sur la pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau de la santé? Ça aurait été, pour la CAQ, de respecter ses
promesses de créer des places en service de garde. Ça, c'est de
l'incurie. Sur les 51 000 familles désespérées, en attente d'une
place, il y en a des centaines, de parents à
la maison qui ne travaillent pas et qui sont préposés aux bénéficiaires,
psychologues, médecins, infirmières, M. le Président.
Le message, là,
commencez-vous à le comprendre?
Le Président :
M. le ministre de la Famille.
M. Mathieu
Lacombe
M. Lacombe :
J'espère que le député de LaFontaine a pris acte du message que les citoyens
sont venus lancer à propos du bilan du précédent gouvernement libéral devant l'Assemblée
nationale hier. Nous, on est au travail, ça fait deux ans qu'on répare les pots cassés, et les résultats sont en train de
sortir. Seulement ce mois-ci, 600 mises sous permis. On répare ce
que vous n'avez pas fait.
Le
Parti libéral a fait sauter un pont, M. le Président, et
aujourd'hui ce qu'il fait, c'est aller manifester avec les citoyens qui sont en colère de ne pas pouvoir traverser
l'autre bord. Je vais vous dire la vérité, ça m'écoeure. Mais heureusement on
est là puis on est en train de régler le problème.
Le
Président : Vous avez
complété? Monsieur... Écoutez, on peut faire attention aux propos qu'on
utilise, bien sûr, hein, le vocabulaire que vous avez
utilisé. Mais je n'irai pas plus loin.
Mme la députée de
Mercier, question principale.
Position
du gouvernement sur le projet de gazoduc et d'usine
de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec inc.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
M. le Président, hier, le BAPE a déposé un rapport accablant pour le projet de
GNL Québec. Ça fait des années que le
promoteur fait aller son département des relations publiques pour convaincre le
gouvernement des bienfaits de son projet, et la CAQ a
avalé toutes les couleuvres de GNL Québec. Ici même, au salon bleu, les ministres
de la CAQ se levaient les uns après les autres pour répéter docilement les
arguments de GNL Québec. Même le premier ministre répétait les belles paroles du promoteur, et je
le cite : «Si on réussit à remplacer un certain nombre de ces usines
au charbon par des usines au gaz liquéfié,
on va réduire les GES. Ça va aider la planète.» Il disait ça sans rire. Et que
nous dit le rapport du BAPE aujourd'hui? Que ça n'arrivera pas, ça n'arrivera pas, M. le Président. De la même façon que les péquistes
et les libéraux se sont fait mener en bateau par la cimenterie McInnis, la CAQ
s'est fait embobiner solide par GNL Québec.
Est-ce que
la CAQ va faire aujourd'hui la seule chose raisonnable, reconnaître son
erreur et abandonner GNL Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui, merci, M. le Président. Quand même
étonnant, cette question de la part d'une députée et d'une formation
politique qui ont tout fait pour
discréditer le BAPE puis le travail que le BAPE a fait dans l'analyse de
GNL Québec, quand même étonnant. Mais on va passer par-dessus ça, M. le
Président.
On avait posé trois
conditions, on avait mis trois directions : il fallait que ce soit un
projet qui soit un vecteur important de transition
énergétique, il fallait que ce soit
un projet qui allait contribuer à une réduction globale des gaz à effet de serre, et il fallait que ce soit un projet aussi qui allait rencontrer l'acceptabilité sociale. Ce qu'on a appris avec le
rapport du BAPE, il semblerait que ce n'est
pas un projet qui pointe en fonction d'une transition énergétique, ce n'est pas
un projet qui viendrait contribuer à
une diminution importante des gaz à effet de serre à l'échelle de la planète et
ce n'est pas un projet qui rencontrerait l'acceptabilité sociale.
Alors,
où on en est dans le processus, M. le Président, c'est qu'on a un promoteur qui
avait fait des représentations. Aujourd'hui,
il y a une analyse qui a été faite. Il y a plus de 225... 240 groupes et
citoyens qui ont été entendus, un travail très sérieux de la part du BAPE. Les constats ont été présentés.
Maintenant, M. le Président, le promoteur... bien, la balle est dans le
camp du promoteur, il a des réponses à donner.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
La balle est dans le camp du gouvernement. Je ne comprends pas pourquoi ce
gouvernement‑là s'obstine à garder en vie un
canard boiteux. Cette attitude-là, ce qu'elle fait, c'est qu'elle fait perdre
un temps précieux aux gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis il n'y a plus
de temps à perdre, M. le Président.
Est-ce
que la CAQ va un jour faire le deuil de GNL Québec et proposer des projets
économiques d'avenir pour toutes les régions du Québec?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
M. le Président, on est dans un processus. Il y a des gens qui ont mis de
l'avant un projet, ce projet-là a fait
l'objet d'une analyse, il y a des conclusions qui ont été révélées hier suite à
cette analyse-là. Mais, dans le cadre
du processus, depuis la naissance du projet, puis qui va mener
un jour à l'acceptation du projet ou non, bien, il y a des réponses, aujourd'hui, qui doivent être fournies par le promoteur. Et puis il y a
eu sa feuille de route, qui est le rapport du BAPE,
avec les différentes questions, les différentes observations qui touchent la
production de... l'émission de gaz à
effet de serre, qui touchent la question d'être un vecteur de transition énergétique, qui touchent la question d'acceptabilité sociale. Alors, c'est tous des points
qui ont été relevés par le BAPE...
Le Président :
En terminant.
M. Lamontagne :
...alors c'est dans le camp du promoteur. Le promoteur doit apporter ses
réponses.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
M. le Président, pendant que le gouvernement garde GNL Québec sous
respirateur artificiel, il prive les
gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean
de projets dignes du XXIe siècle. Et, des projets, il y en a plein. Il
faut juste que la CAQ change un petit
peu sa logique et sa façon de faire, qu'elle arrête d'écouter les gros
promoteurs étrangers et qu'elle écoute plutôt les gens, les
entrepreneurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean
et de toutes les régions du Québec.
Quand
est-ce que la CAQ va comprendre que les Québécois et les Québécoises veulent la
relance économique qui passe par la transition écologique?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
M. le Président, moi, il y a une réponse que je voudrais avoir ce matin, là.
Qu'est-ce qui fait qu'il y a quelque
temps le BAPE n'avait aucune crédibilité, et on remettait même en question la
probité de certaines personnes qui siègent sur le BAPE, puis aujourd'hui j'ai
la députée de Mercier qui se lève puis qui soulève plein de constats que
le BAPE a faits?
Ça fait
qu'aujourd'hui ça, ça a de la crédibilité, mais il y a quelque temps le BAPE
n'avait aucune crédibilité. Alors, M. le
Président, j'aimerais ça que la députée de Mercier puis sa formation politique
nous expliquent le cheminement. Qu'est-ce
qui s'est passé, depuis quelques mois, entre un BAPE qui n'avait aucune
crédibilité puis aujourd'hui, bien, un rapport...
Le
Président : En terminant.
M. Lamontagne :
...qui soumet des interrogations qui sont très légitimes?
Le Président :
Question principale, M. le député de Jonquière.
Position
du gouvernement concernant le projet
Énergie Saguenay de GNL Québec inc.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. Sur GNL Québec, là, ce n'est pas le promoteur qui gère le Québec,
c'est le gouvernement. C'est à lui de donner des réponses.
Le
gouvernement nous parle de trois conditions, on va les regarder. Un, réduction
des GES, le BAPE dit que le gouvernement
ne peut escompter des réductions nettes de GES au niveau mondial et qu'il doit
utiliser comme valeur de référence
une augmentation nette des GES dans le monde. Deux, transition énergétique, le
BAPE dit que le projet contribuerait à
verrouiller les choix énergétiques des pays clients et constituerait un frein à
la transition énergétique. Trois, acceptabilité sociale, le BAPE dit
qu'il est incapable de dire qu'il y a de l'acceptabilité sociale. Donc, il n'y
en a pas.
Pourquoi
le premier ministre ne reconnaît pas tout de suite l'incapacité des promoteurs
à démontrer la viabilité du projet et ne renonce pas tout de suite à ce
projet?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
M. le Président, le projet a été déposé, un projet pour lequel il y a un BAPE
qui a été appelé. L'objectif du BAPE, M. le Président, sa mission, c'est d'analyser les impacts, analyser la viabilité du
projet qui est devant lui.
Nous,
quand il était question d'évaluer ce projet-là, on avait posé trois conditions,
on a dit : C'est un projet qui doit être un vecteur important de transition écologique, transition
énergétique, c'est un projet qui doit contribuer à une baisse importante des GES à l'échelle de la planète puis
c'est un projet aussi qui doit rencontrer toute la question d'acceptabilité
sociale.
On
a le BAPE qui a fait toutes ses consultations, 240 groupes, et organismes,
et personnes qui ont été entendus en deux sessions.
Le rapport a été soumis, dans lequel les constats sont... il semblerait y avoir
un enjeu au niveau de la transition énergétique,
il y aurait un enjeu au niveau de sa contribution à une baisse globale des gaz à effet de serre et un enjeu côté... question de l'acceptabilité sociale.
On
est dans un processus, M. le
Président. Le promoteur est interpelé
par les résultats du BAPE, et puis naturellement, maintenant, la balle
est dans son camp, de venir répondre aux interrogations du BAPE, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Dans le rapport du BAPE, là, ça ne semble pas, c'est clair. La vraie question
qu'on se pose aujourd'hui, là, c'est : En matière climatique, est-ce qu'enfin on va avoir un premier ministre
puis un gouvernement qui va faire
preuve de courage, comme nous, on le fait depuis longtemps, de la cohérence, de
la constance en matière climatique?
C'est quoi qui anime
ce gouvernement? Est-ce que pour une fois ce sera le courage ou c'est
l'électoralisme, M. le Président?
Des voix :
...
Le
Président : M. le ministre... Et je vais vous demander d'être
attentifs, encore une fois, c'est la deuxième fois, votre attention sur
les questions comme sur les réponses, d'éviter de vous interpeler. Et je pense...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le... Est-ce que je dois vous
nommer, M. le leader du gouvernement? Merci. Bon, bien, alors, je vous
demande d'éviter de vous interpeler, très directement.
M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
M. le Président, écoutez, j'ai entendu le mot «courage» dans la bouche du
député de Jonquière. Quel courage ils
ont eu de proposer aux citoyens la cimenterie McInnis, M. le Président? Quel
courage ils ont eu de laisser à leurs
successeurs... qui ont mordu, hein, dans tout ce projet-là pour faire en sorte
qu'aujourd'hui, on l'a vu, c'est le projet qui s'aligne pour être le
plus polluant dans l'histoire du Québec industriel, M. le Président?
Ça fait que, quand le
député de Jonquière me parle de courage de sa formation politique, ça avait été
lancé dans un cadre électoral, ils n'ont pas
pensé aux citoyens du Québec, ils n'ont pas pensé à la qualité de
l'environnement du Québec. Ils ont pensé à quoi? Ils ont pensé à leurs
enjeux électoraux.
Le Président : En terminant.
M. Lamontagne : Puis ils nous
parlent de courage, M. le Président.
Des voix : ...
Le Président : Deuxième
complémentaire. Sans commentaire. M le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. M. le Président, le Saguenay—Lac-Saint-Jean a tout ce qu'il faut pour devenir
une pionnière en matière de transition énergétique, transition économique
verte, juste, créateur d'emplois durables et de qualité.
Quand est-ce que
ce gouvernement va lâcher le VHS, qu'il va passer au XXe siècle
et faire entrer ma région, la région dans l'économie du futur... XXIe siècle?
Le Président : M. le
ministre...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Non, deux
secondes, un instant. On va attendre que tout le monde se calme et tout
le monde soit attentif. Quand ils le seront...
Des voix : ...
Le Président : Je vous
demande le silence, s'il vous plaît. M. le ministre de l'Agriculture.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Oui. Je veux juste faire remarquer à mon collègue qu'on est déjà rendus au XXIe siècle,
là. Alors, juste le mettre...
Écoutez, la
Coalition avenir Québec a fait plus en deux ans que tout ce qui s'est fait
depuis des années et des années en
matière d'environnement au Québec. Première des choses, le fer de lance, là, le
Plan pour une économie verte qu'on a déposé,
6,7 milliards de crédits, c'est là, c'est dans les livres, M. le
Président, puis, vous savez quoi, avec des cibles. Des cibles, on ne
connaissait pas ça dans le régime qui était le précédent. Des objectifs, on ne
connaissait pas ça.
En plus de ça, qu'est-ce qu'on a fait, M. le
Président? Règlement sur les halocarbures, réforme de la consigne, politique de gestion sur les matières organiques,
refonte de la collecte sélective. Les aires protégées, M. le Président, on a
atteint nos objectifs internationaux.
Le Président : En terminant.
M. Lamontagne :
C'est tout un bilan, en matière d'environnement, M. le Président, pour la
Coalition avenir Québec.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de...
Des voix : ...
Le
Président : Je m'excuse, vous le savez, qu'on n'applaudit pas. Il
me semble, c'est clair. Merci. Mme la députée de Fabre.
Enquête sur la gestion de la pandémie de coronavirus dans
les
centres d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le
Président, ils sont nombreux, les
rapports, Forces armées canadiennes, enquête du coroner, la Protectrice du citoyen, le ministère de la Santé, sur le CHSLD Herron et celui de Sainte-Dorothée, le
rapport, la semaine dernière, des trois ordres professionnels et, bien
sûr, l'enquête de la commissaire à la santé et aux services sociaux, et il y a
en a d'autres.
Or, qu'ont en
commun toutes ces enquêtes? Leur mandat : documenter la situation en CHSLD
à la première vague. On observe, on identifie des carences et on fait
des recommandations pour une qualité de services et de soins. À chaque fois, c'est des éléments
coup de massue qui dressent l'état de situation qui a tant touché les aînés. On
répond à la question quoi, quoi, en CHSLD, lors de la première vague,
mais rien sur la gestion globale de la pandémie.
Et
personne ne comprend pourquoi le gouvernement refuse toujours une commission
d'enquête publique indépendante.
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, encore une fois, là, j'apprécie cette
question-là, parce que je pense qu'on l'a
répondue plusieurs fois. On a expliqué à la députée puis à l'opposition, qui
est revenue souvent avec cette question-là, qu'il était, pour nous, évident qu'on avait posé les gestes nécessaires,
nécessaires, depuis la première vague, pour s'assurer que, justement, ce que je faisais référence, tout
à l'heure, de l'héritage libéral que nous avions eu, qui nous avait fait passer
à travers cette première vague là avec un personnel de santé... avec un manque
de PCI, avec un manque d'à peu près tout ce que ça nous prenait, pas
d'équipements nécessaires... Et là on vient nous dire : Ça nous prend une
commission d'enquête. On a dit que ce qui a
été demandé à la Commissaire à la santé, M. le Président, était
amplement... Elle a dit qu'elle avait tous les moyens pour compléter les
enquêtes qui sont en cours.
Alors,
M. le Président, je reviens à mon point de tout à l'heure. Peut-être que le Parti
libéral essaie de se déculpabiliser
de ce qu'il a fait dans le passé, mais,
nous, ce qu'on a fait, M. le
Président, ce n'est pas des enquêtes, c'est qu'on a posé des gestes. On le voit,
comment ça a été beaucoup mieux dans nos CHSLD en raison du plan qu'on avait
fait pour la deuxième vague.
Le Président :
En terminant.
• (10 h 40) •
M. Dubé :
Alors, on va continuer de répondre aux questions de l'opposition, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Malgré toutes ces enquêtes, il y a aussi une grande question que personne ne se
pose, que l'on ne retrouve dans aucun mandat, de la Protectrice du citoyen en
passant par les Forces armées canadiennes, les ordres professionnels, jusqu'au
ministère : Comment se sont prises les décisions? Sur quelles bases,
quelles données? Une commission d'enquête ne
se contenterait pas de répondre à la question : Quoi? Elle répondrait à la
question : Comment?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, je vais revenir parce que je pense que c'est
important. Si l'opposition décide de
continuer de vouloir poser la même question, je pense qu'elle doit accepter
d'avoir la même réponse. La Commissaire à la santé, elle a dit qu'elle avait
toute la latitude nécessaire pour faire toutes les enquêtes nécessaires, pour
faire venir toutes les personnes qu'elle voulait, les témoins. Elle peut
faire ce qu'elle veut pour s'assurer qu'on va répondre à la population, de
savoir ce qui s'est passé et comment on peut améliorer notre système de santé.
Alors,
aujourd'hui, M. le Président, je ne le sais pas, si la députée et l'opposition
continuent à se lever et à poser la même question, malheureusement pour
eux ils auront toujours la même réponse...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...parce que nous avons confiance en la Commissaire à la santé.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Comment s'est prise la décision de ne pas obliger le port du masque N95 dès le
printemps dernier? Comment s'est prise la
décision de transférer 8 000 aînés vers des CHSLD sans même les dépister?
Comment s'est prise la décision d'interdire l'accès à des proches
aidants, alors que le Dr Arruda nous a confirmé que ce n'était pas sa
décision? Comprendre complètement ce qui s'est passé.
Alors
que tout le monde est en faveur d'une commission d'enquête publique
indépendante, pourquoi le gouvernement s'entête toujours?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
C'est quand même intéressant, M. le Président, d'entendre qu'on questionne
certaines décisions de la Santé
publique, lorsqu'on est dans l'opposition, par rapport à ce qu'on a vécu et
alors on questionne aussi le gouvernement d'avoir suivi les recommandations
de la Santé publique. Alors, il va falloir avoir une certaine constance dans le
questionnement de l'opposition. Est-ce que c'est bon ou pas, de suivre la Santé
publique?
Nous,
on a dit qu'on suivait nos experts. Dans le cas du N95, pour être très clair,
nous avons suivi les recommandations de
la Santé publique. La Santé publique s'est ajustée lorsque l'information
additionnelle a été connue. Puis, je vous dirais, M. le Président, on va continuer à faire la même
chose, c'est s'appuyer sur les experts, ce que ne pense pas faire le Parti
libéral, c'est leur problème.
Le Président :
Question principale, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Projet de loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : En santé et sécurité au travail, tout le monde
s'entend, M. le Président, il vaut mieux prévenir que guérir. Puis, pour faire un travail efficace de
prévention, il faut du temps de libération payé par l'employeur. C'est ça, le
nerf de la guerre.
Et,
en prévention, le ministre s'était engagé à corriger une anomalie présente dans
la loi depuis son adoption en 1985,
c'est-à-dire la prévention doit s'appliquer à l'ensemble des secteurs d'emploi,
pas juste les secteurs d'emploi syndiqués et masculins.
Sa
première proposition, dans le projet de loi original, a été rejetée en bloc en
commission. Première prise. Le ministre nous a présenté récemment son plan B : il abolit tous les planchers
minimaux pour les heures dédiées à la prévention au travail, ce sera aux patrons et aux employés à
négocier entre eux les heures de libération pour s'occuper de la prévention.
Mais qu'est-ce que vous pensez qui va
arriver? Les employeurs vont marchander la santé et sécurité au même titre
qu'on marchande le salaire, les assurances ou le fonds de pension.
La
prévention, M. le Président, ce n'est pas négociable, ça doit être une
obligation, et la nouvelle patente du ministre n'a pas plus de bon sens que sa
première. On est rendus à la deuxième prise, ça commence à parler de rejet de
projet de loi, M. le Président.
Est-ce que le
ministre est conscient que sa réforme s'en va droit dans le mur?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Je pense qu'il y a un consensus au Québec : la loi
doit être modernisée. Ça fait 40 ans, il y a une nécessité de dépoussiérer
nos lois.
Il
y a eu, en 2018, à peu près 105 000 accidents de travail. Il y a eu,
si on ajoutait tous ces accidents de travail là, l'équivalent d'à peu
près 36 000 travailleurs à temps plein qui étaient absents. On
parlait tout à l'heure de rareté de main-d'oeuvre,
il y a une fréquence et une gravité d'accidents de travail qui est constamment
en hausse parce qu'il n'y a pas de prévention.
Il y a seulement 25 %... Et je vois mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, on travaille très bien. D'ailleurs, en étude
détaillée, il va nous rester le bloc de prévention, on va en discuter avec nos
collègues parlementaires, mais ça nous permettra
de passer de 25 % des travailleurs québécois couverts par des mécanismes
de prévention à 100 %, particulièrement les secteurs à prépondérance féminine, où le régime actuel ne les
considère pas du tout. Et je sais que mon collègue est totalement
d'accord avec ce que je viens d'exprimer. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : La nouvelle proposition du ministre est une
promesse brisée pour les milieux non syndiqués. Ils n'avaient rien avant puis ils n'auront rien de plus avec la
nouvelle patente du ministre. Le ministre lit les mêmes journaux que moi,
il voit comment des compagnies comme
Dollarama n'en ont rien à faire, de la santé et sécurité. Puis abolir le
plancher d'heures de prévention,
c'est l'équivalent d'abolir le salaire minimum, c'est une joke, c'est une
blague, les patrons sont morts de rire. C'est quoi, le rapport de force d'une douzaine d'employés d'un Dollarama
pour aller négocier des heures de libération avec son employeur? Il n'y
en a pas.
Est-ce que le
ministre peut sortir de son monde de licornes?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : M. le Président, il y a un consensus au Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, entre les patrons puis les syndicats, que nous devons
s'assurer que tout le monde soit protégé dans les milieux de travail. Il faut
diminuer le
nombre d'accidents. Il y a un principe qui est à la base de notre
modernisation, c'est de permettre aux parties de prendre en charge l'application des mécanismes non
seulement de prévention, mais de participation des travailleurs. Et il y a
un arbitre qui est la CNESST, il y a
un tribunal ultime qui s'appelle le Tribunal
administratif du travail, en lesquels
mon collègue a totalement confiance. Il y a un processus qui va
permettre de faire confiance aux parties. Merci, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Je suis inquiet pour les travailleuses, M. le Président. Le burn-out, les troubles psychosociaux, la santé mentale, ça
affecte beaucoup trop de femmes, puis c'est également vrai pour la violence
conjugale, qui se déroule trop souvent sur
le milieu du travail. Le ministre introduit une disposition, c'est bien, mais il ne
donne pas d'outils, parce qu'avec
sa proposition actuelle les heures de
libération sont déjà insuffisantes pour prévenir les risques de base, les
accidents de base. Comment vous voulez qu'ils s'attardent à la tâche de
prévenir les autres risques, tout autant importants?
Les syndicats
commencent à quitter le bateau, M. le Président. Les réformes des travailleurs
et travailleuses, ils ont le temps de s'y consacrer... Il faut que le
ministre bouge, sa réforme s'en va droit dans le mur.
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
M. le Président, le Conseil du statut de la femme, la CSQ, les conseillers en
ressources humaines agréés du Québec, plusieurs groupes soulignent les
avancées considérables du projet de modernisation.
Violence
conjugale, pour la première fois, au Québec, on reconnaît l'impact de la
violence conjugale en milieu de travail
et on impose aux employeurs d'intervenir en assumant leur devoir
d'accommodement raisonnable. Et on en parle beaucoup, mais en milieu de travail il y a des incidences, et on parle
même, dans le projet de loi, de violences à caractère sexuel.
Pour les maladies d'ordre psychologique,
67 % des réclamations, au Québec, à connotation psychologique...
Le Président : En terminant.
M. Boulet : ...découlent de
troubles de stress post-traumatique, qui sont maintenant reconnus...
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Apparence de conflit
d'intérêts concernant le député de Rousseau
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
M. le Président, c'est l'histoire d'un maire qui a octroyé de l'aide financière
à son OBNL, dont sa femme est
directrice, qui, comme préfet, a octroyé de l'aide financière à son chum Steve
Maillette, qui, comme député de la CAQ,
a encouragé le versement de 2 millions à la compagnie dont sa fille est
cadre. Ça fait un an qu'on entend parler du député de Rousseau pour les mauvaises raisons : du dézonage, du
favoritisme, des contrats à sa femme, sa fille, ses chums.
À la CAQ, on
semble trouver ça bien normal, ce genre de comportements. Aucune sanction.
Comme ancienne élue municipale, M. le Président, je suis inquiète. Je suis
inquiète pour le message qu'on envoie dans le milieu municipal.
Avec le cas du député de Rousseau, comment le
premier ministre peut être crédible auprès des maires et des mairesses du Québec si le message est que les
conflits d'intérêts, c'est non seulement toléré, mais c'est accepté, au gouvernement
de la CAQ?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, encore une fois, ce que la
députée de Vaudreuil est en train de
faire, c'est juger le député de Rousseau, alors qu'il
y a des institutions indépendantes, M. le
Président, notamment la Commissaire
à l'éthique, qui sont là pour évaluer, M. le Président, est-ce qu'il y a
eu des manquements.
Mais, M. le
Président, tout ce que fait la députée de Vaudreuil, ce sont des allégations.
Le député de Rousseau n'est accusé de
rien, M. le Président. Et, dans le contexte actuel, M. le Président, je crois
qu'il doit y avoir de la prudence de la
part de la députée de Vaudreuil, M.
le Président, parce que ce qu'elle fait, c'est qu'elle critique un homme qui
s'est impliqué pour sa communauté au
point de vue municipal, qui s'implique au niveau de l'État québécois également,
M. le Président.
Alors, je pense que, dans ce contexte-ci, la
députée libérale devrait faire preuve de réserve relativement à des
allégations. M. le Président, la présomption d'innocence existe. Je pense qu'il
faut avoir confiance dans les institutions indépendantes,
qui vont faire la lumière sur tous les faits qui sont en cause, M. le
Président. Et ce n'est pas au Parti libéral, M. le Président, le parti qui a eu son lot de scandales éthiques, de
dire au député de Rousseau : Vous avez mal agi, alors qu'il n'y a
aucune preuve pour sous-tendre ce qu'allègue la députée de Vaudreuil.
Alors, on doit être extrêmement
prudent, M. le Président. Et, par respect pour le collègue de Rousseau, elle
devrait faire déférence aux institutions indépendantes, M. le Président.
Je pense que c'est ce qu'il y a de plus fondamental.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
M. le Président, je cite le député de Rousseau : «...moi dans la vie, je
suis un gars pragmatique. Je ne gère pas [les] perceptions. Je gère des
résultats.» Fin de la citation. Bien, justement, c'est ça, le problème. Et les
résultats parlent d'eux-mêmes. Comme
adjoint aux Affaires municipales, de façon inattendue le feu vert a été donné
au dézonage de 1 million de
pieds carrés dans son comté. Maintenant adjoint au Conseil du trésor, on doit
s'attendre à quoi comme prochains résultats?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Voyez-vous, M. le Président, la technique
déplorable, M. le Président, de faire en sorte qu'un membre légitimement élu de cette Assemblée, qui
travaille dans l'intérêt de ses citoyens... on tente, M. le Président,
d'attaquer sa crédibilité en lui affublant des allégations, M. le
Président.
Et je vous
rappellerais, M. le Président, que l'ancien député de LaFontaine, qui vendait
des places de garderie à l'époque du Parti
libéral, M. le Président, il n'avait même pas été sanctionné par le Parti
libéral du Québec. On pourrait faire la nomenclature de tous les scandales qui
ont touché le Parti libéral, M. le Président, et qui ont perduré dans le
temps. À preuve, M. le Président, la cheffe de l'opposition officielle...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...elle-même le reconnaissait, M. le Président,
et elle a décidé quand même de se joindre à un parti comme ça, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
La ministre des Affaires municipales l'a annoncé, elle est impatiente d'adopter
le projet de loi n° 49
sur l'éthique et la déontologie dans le monde municipal. Mais comment la
ministre peut présenter le projet de loi sur l'éthique municipale et prétendre avoir la légitimité de le
travailler alors qu'elle traîne le boulet du député caquiste de
Rousseau?
Est-ce
que le député de Rousseau sera appelé aussi à titre d'expert sur les conflits
d'intérêts aux consultations de ce projet de loi?
Le Président :
M. le leader du gouvernement. Encore une fois, je vous demande de collaborer.
Continuez.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, c'est quand même
incroyable. Vous avez un gouvernement ici qui met en place des pare-feux, des
lois pour assurer l'intégrité, M. le Président, avec le projet de loi n° 1, le DPCP, le commissaire à l'UPAC, le directeur de la SQ, M. le Président. On a présenté
un autre projet de loi pour augmenter l'éthique en matière municipale, le projet de loi n° 49, puis la députée de Vaudreuil nous dit : Aïe! écoutez,
c'est grave que le gouvernement fasse ça.
Non,
nous, on veut de l'éthique, M. le
Président, et c'est ce qu'on fait, et
c'est ce qu'on s'assure de faire, parce que l'éthique élastique du Parti
libéral, M. le Président, ça a pris fin le 1er octobre 2018, M. le
Président. Et, même sur le projet de loi n° 1, le Parti
libéral ne voulait pas l'adopter, M. le Président. Il a fallu les convaincre, M.
le Président, de mettre en place des balises qui vont faire
en sorte...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...d'avoir des institutions indépendantes, honnêtement.
Le Président :
Question principale.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le député de LaFontaine, vous êtes le seul à avoir la
parole.
Confiance
du premier ministre envers le député de Rousseau
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le
Président, à la place du leader du gouvernement, je ne parlerais pas
d'élastique. Les faits reprochés au député
de Rousseau sont incontestés, les faits sont reconnus par le député
lui-même. Il y en a tellement, la cour est pleine. Par exemple, que les entreprises
de son chum Steve Maillette — il est le parrain d'un de ses enfants, excusez du peu — ont bénéficié d'un changement de zonage pour
un projet immobilier, d'une subvention de 70 000 $, d'un
contrat de 200 000 $, d'une autre subvention de 550 000 $,
c'est incontesté.
Le 15 juin 2018, en cette Chambre, le chef
de la CAQ disait, et je le cite : «Je vais m'adresser directement aux
Québécois. Vous méritez mieux qu'un gouvernement qui défend ses amis...» Fin de
la citation.
Ce que
j'entends, M. le Président, c'est que le premier ministre défend son député, le
premier ministre tolère ses comportements.
On parle d'éthique ici. Dans l'opposition, c'était tolérance zéro, mais, rendu
au gouvernement, M. le Président, c'est tolérance go comme dans
Legault.
Le Président : M. le leader
du gouvernement, en réponse.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Attention... L'attention, s'il vous plaît.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, le député de Rousseau n'est accusé de rien, M. le Président. Dans
cette Assemblée, M. le Président, on doit
être prudents relativement aux allégations que les collègues font, M. le
Président. Et, lorsque le député de
LaFontaine nous parle de chum et de parrain, je pense qu'au Parti libéral ils
connaissent très bien ça, mais ça avait une autre signification que
d'être le parrain d'un enfant, pour eux, M. le Président.
Je pense que
le Parti libéral doit continuer, M. le Président, son examen de conscience, M.
le Président, relativement à ses années passées au pouvoir. Et d'ailleurs j'ai
des suggestions de lecture, M. le Président : PLQ inc. ou le
rapport de la commission Charbonneau, M. le
Président. Je pense qu'il serait de bon aloi, M. le Président, que le Parti
libéral, M. le Président, refasse ses devoirs et évalue concrètement son
comportement. Et je pense que la cheffe du Parti libéral, de l'opposition officielle, avait un parfait diagnostic
lorsqu'elle l'a énoncé très clairement,
relativement au type d'odeur qui flottait au sein du Parti libéral du
Québec, M. le Président.
Alors, M. le Président, je pense que, dans ce cadre-ci, on doit faire preuve de prudence, M. le Président, et de ne pas juger à la place des institutions indépendantes
qui sont chargées de le faire, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...et
d'être prudents avec les allégations qui sont portées.
Le
Président : Et je
vous demande, bien sûr, de toujours faire attention d'appeler les gens par leur
titre, vous le savez fort bien. Question principale, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
État de situation des demandeurs d'asile au Québec
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci, M.
le Président. Les médias parlent ces
jours-ci d'un incroyable cafouillage au ministère de l'Immigration dans toute la mise en place de la régularisation
des anges gardiens. Dans Le Devoir, ce matin, on apprend que la veuve d'un de ces anges gardiens là est en
train de se noyer dans une bureaucratie pas possible. Au ministère de l'Immigration, on ne veut pas
parler à son avocat, on envoie l'accusé réception de sa demande à la mauvaise
adresse, on envoie l'accusé de réception à son défunt mari, M. le
Président, à un mort. C'est honteux.
Quand le gouvernement va-t-il prendre en main ce
gâchis?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le
Président. D'abord, on est extrêmement préoccupés et sensibles à la situation
de Mme Oséna Charles. Évidemment,
ce programme-là vise à souligner le travail extraordinaire et le travail
humaniste des personnes qui sont
venues alors qu'on avait des besoins exceptionnels en matière de soins de santé,
dans une conjoncture qui est vraiment exceptionnelle.
Ce
programme-là, il va bien, il est efficace. Le délai moyen de traitement, il est
rendu à 21 jours. Il y a beaucoup de certificats de sélection du Québec
qui ont déjà été émis, 237.
Donc,
on est sensibles, on connaît la réalité de ces demandeurs d'asile là, on les
remercie collectivement. Et on veut évidemment accompagner
Mme Charles de la manière la plus digne possible. Merci, M. le Président.
Le Président : Et cela met
fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis (suite)
Nous passons
maintenant à la rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions, je reconnais maintenant Mme la
cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Merci, M.
le Président. M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Chomedey, la députée de
Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale se rappelle les propos du premier ministre le
27 août 2018, qui disait : "Quand on me dit que le plus
grand défi économique est la pénurie d'employés, je ne suis pas d'accord.";
«Qu'elle prenne acte de l'analyse du marché de
l'emploi réalisée par l'Institut du Québec, selon laquelle au quatrième trimestre de 2020, le nombre de postes
vacants au Québec s'est élevé à 148 460, ce qui constitue un record et
que cette pénurie a des effets dans toutes nos régions;
«Qu'elle
reconnaisse que cette problématique
force de nombreuses entreprises à refuser des contrats, freinant ainsi
leur croissance;
«Qu'elle
constate que la pénurie de main-d'oeuvre est l'un des défis économiques majeurs
pour assurer une relance inclusive et durable; et
«Enfin, [qu'elle] reconnaisse que, malgré la
pandémie de la COVID-19, l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre demeure un
frein à la relance économique du Québec.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette : Il n'y a
pas de consentement, M. le Président.
Le Président : Pas de
consentement. Je reconnais M. le député de Jean-Lesage.
Demander au gouvernement d'améliorer les conditions de
travail
des intervenants en protection de la jeunesse
M. Zanetti :
Merci, M. le Président. Alors, je demande le consentement de cette Assemblée
pour débattre de la motion suivante
conjointement avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la députée de Joliette,
la députée de Marie‑Victorin, le député de Chomedey et le député de
Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'en date du 7 mars dernier,
2 804 enfants étaient sur une liste d'attente pour une évaluation à la direction de la
protection de la jeunesse, et que 426 autres enfants étaient en attente
d'application de mesures de protection, soit le même niveau qu'il y a
deux ans;
«Qu'elle constate que la réouverture des écoles
a fait bondir le nombre de signalements;
«Qu'elle
déplore les difficultés structurelles de rétention du personnel à la DPJ,
notamment dues aux conditions de travail difficiles des employé-es;
«Qu'elle
prenne acte des inquiétudes importantes soulevées entre autres par l'Ordre des
travailleurs sociaux à l'effet qu'une majorité des intervenantes et
intervenants ont de la difficulté à réaliser les plans d'interventions;
«Que
l'Assemblée exige du gouvernement du Québec qu'il prenne des mesures immédiates
afin de redresser la situation à la DPJ, notamment en améliorant
significativement les conditions de travail des employé-es.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande donc de
m'indiquer vos votes respectifs. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji :
Pour.
Le Président :
M. le chef du troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé :
Pour.
Le Président :
M. le député de Chomedey?
M. Ouellette :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Oui, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Oui, merci. Je vais vous faire une demande, celle d'envoyer une copie de cette
motion d'abord à l'Alliance
du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux,
ensuite à l'Ordre des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, et finalement, je m'en voudrais
beaucoup d'oublier, aux négociateurs du Conseil du trésor.
Le Président :
Ce sera fait. M. le député de Jonquière, à vous la parole.
• (11 heures) •
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de Laval-des-Rapides, la députée de Mercier, la députée de
Marie-Victorin, le député de Rimouski et le député de Chomedey, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte du rapport du BAPE sur le projet de complexe de
liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec,
qui conclut notamment que "le gouvernement ne peut escompter des
réductions nettes de GES au niveau
mondial" avec ce projet et que "la valeur de référence associée au
projet qui devrait être retenue pour la prise de décision
gouvernementale serait plutôt un ajout net d'émissions de GES";
«Qu'elle souligne que
le Québec a le potentiel de devenir un chef de file sur la scène internationale
en matière d'économie verte, de transition
énergétique juste, de protection de l'environnement et de lutte contre les
changements climatiques;
«Qu'elle reconnaisse
que l'exploitation et la transformation des énergies fossiles ne constituent
pas des secteurs d'avenir pour le Québec, que ce soit sur le plan économique,
énergétique, social ou environnemental;
«Qu'elle
refuse que l'énergie renouvelable distribuée par Hydro-Québec soit utilisée
pour alimenter tout projet de développement des énergies fossiles dans
le futur sur le territoire du Québec;
«Qu'elle
demande au gouvernement de lancer un chantier économique de transition verte et
juste au Saguenay—Lac-Saint-Jean;
«Qu'elle
ferme définitivement la porte au développement du projet d'usine de
liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec sur le territoire du Québec.» Merci.
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. M. le ministre des... M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Juste une question de renseignement
par rapport à la motion du député de...
que Jean-Lesage a déposée. Est-ce qu'au dernier paragraphe le collègue de
Jean-Lesage a bien indiqué «et demande au
gouvernement d'améliorer significativement les conditions de travail»? Je
voudrais juste m'assurer de ça, conformément à ce qui avait été entendu
entre les partis.
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition. Je
vous fais rien que remarquer que ça a été adopté, bien sûr.
M. Nadeau-Dubois :
La motion a été adoptée. Je pourrai fournir la réponse au leader du
gouvernement suite à notre période de questions.
Le Président :
Je reconnais, à ce moment-ci, M. le ministre des Transports.
Souligner
la Semaine nationale de la prévention
de la conduite avec les facultés affaiblies
M. Bonnardel :
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Marquette, la députée de Mercier, le député des
Îles-de-la-Madeleine, le député de Chomedey, le député de Rimouski, la
députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale
souligne la Semaine nationale de la prévention de la conduite avec les facultés
affaiblies qui se tient du 21 au 27 mars 2021;
«Qu'elle
rappelle aux conducteurs que la conduite d'un véhicule après avoir consommé de
l'alcool ou de la drogue est un comportement risqué qui peut avoir des
conséquences graves et trop souvent mortelles et qui cause un tort
irréparable aux proches des Québécois qui en sont victimes;
«Qu'elle rappelle que conduire avec les facultés
affaiblies est une infraction criminelle;
«Qu'elle affirme l'importance de sensibiliser
les conducteurs sur les façons dont la conduite avec les [facultés] affaiblies
peut être évitée; et
«Qu'enfin, elle observe une minute de silence à
la mémoire de toutes les victimes décédées en lien avec la conduite avec des
facultés affaiblies.»
Le Président : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Consentement,
sans débat. Je vous demande de me donner les votes de vos groupes respectifs.
M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le chef du
troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé : Pour.
Le Président : M. le député
de Chomedey?
M. Ouellette : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le
Président : Cette motion est donc adoptée. Je vais vous
demander de vous lever pour observer une minute de silence à la mémoire
des victimes.
• (11 h 3 — 11 h 4)
•
Le Président : Je vous
remercie. Veuillez vous asseoir.
Toujours
à la rubrique Motions sans préavis, une motion sans préavis ayant déjà été
présentée par le groupe formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader du gouvernement.
Procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 83
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Je sollicite le
consentement pour déroger à l'article 84.1 de notre règlement afin
de présenter la motion de consultations
particulières donnant suite à une
entente intervenue entre les groupes
parlementaires et les députés indépendants.
Alors, M. le Président, je fais motion, conformément
à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission de la santé et des services
sociaux, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 83,
Loi concernant principalement
l'admissibilité au régime d'assurance maladie [du] régime général d'assurance
médicaments de certains enfants dont
les parents ont un statut migratoire précaire, procède à des consultations particulières et
tienne des auditions publiques [...] mercredi [le] 14 avril 2021
après les affaires courantes vers 11 h 30 à 12 h 30 et de
14 h 30 à 18 heures et le mercredi 21 avril 2021 après les
affaires courantes vers 11 h 15 à 12 h 55 et de 14 h 30
à 17 h 05;
«Qu'à cette
fin, la commission entende les personnes et organismes suivants :
l'Observatoire des tout-petits, Médecins du monde, la Table de concertation des
organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, la Commission
des droits de la
personne et des droits de la jeunesse, la Protectrice du citoyen, la FIPEQ-CSQ,
l'Association des pédiatres du Québec, l'Alliance des communautés culturelles
pour l'égalité dans la santé et les services sociaux, l'Association québécoise
des avocats et [des] avocates en droit de l'immigration, la Vérificatrice
générale;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 4 minutes
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 minute au
deuxième groupe d'opposition et 1 minute au troisième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
11 minutes 40 secondes pour l'opposition officielle, 2 minutes 55 secondes
pour le deuxième groupe d'opposition et
2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe d'opposition;
«Que les témoins auditionnés puissent l'être par
visioconférence;
«Qu'une suspension de 10 minutes soit
prévue entre les échanges avec chaque personne et organisme;
«Que le
ministre de la Santé et des Services sociaux soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.»
Le
Président : Si je comprends, il y avait consentement pour
présenter cette motion supplémentaire. Je vais vous demander s'il y a
consentement pour débattre de cette motion.
M. Jolin-Barrette :
Consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Le Président : Consentement.
Et je vais vous demander vos votes respectifs. M. le leader du gouvernement?
M. Jolin-Barrette : Pour.
Le Président : M. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Derraji : Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le chef du
troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous en
sommes maintenant aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
du gouvernement, à vous la parole.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, j'avise cette Assemblée que la
Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes
d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 15 h 50, ainsi que mardi le 30 mars 2021,
de 9 h 30 à midi, à la salle du Conseil législatif;
La Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 15 h 50, ainsi que le mardi 30 mars 2021,
de 9 h 30 à midi, à la salle Pauline-Marois;
Le
Commission des relations avec les citoyens entreprendra par visioconférence les
consultations particulières sur le projet de
loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels
aux familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une
admission en établissement, le mardi 30 mars 2021, de 9 h 30 à
11 h 25. Merci.
Le
Président : Merci. Et, pour ma part, je vous avise que la
Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail aujourd'hui, à 13 heures, pour une
durée de 30 minutes, à la salle Pauline-Marois, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse
d'un mandat d'initiative portant sur l'autosuffisance médicale du Québec
et la pertinence de créer Pharma-Québec.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant à la
rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Oui, M. le Président. M. le Président... Oui, je suis...
Le
Président : ...à vous la parole.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
on veut vous entendre clairement, M. le Président. Je suis en mesure de donner
une réponse à la question qu'a posée le leader du gouvernement il y a
quelques minutes. Il y a eu en effet erreur de notre côté de la Chambre lorsque le député de Jean-Lesage a lu la
motion, mais ce n'est même pas de sa faute à lui, donc ne le grondez pas,
et j'invite mes collègues à la clémence. La dernière phrase de la motion devait
se lire ainsi :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse
le travail complexe des travailleuses et des travailleurs de la DPJ et demande
au gouvernement d'améliorer significativement leurs conditions de travail.»
Alors, je vais demander le
consentement de mes collègues pour que ce soit corrigé au procès-verbal et je
vais leur demander s'ils consentent toujours à l'adoption de cette
motion.
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour déposer ce
nouveau texte, évidemment, pour les fins du procès-verbal,
bien sûr? Et on comprend que... Consentement, donc. Alors, il y a consentement.
Tout est ainsi maintenu. Merci pour cette précision.
Avis de sanction du projet de loi n° 67
Nous en sommes toujours, à ce
moment-ci, à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous
informe qu'il y aura sanction du projet de loi n° 67, Loi instaurant un
nouveau régime d'aménagement dans les zones inondables
des lacs et des cours d'eau, octroyant temporairement aux municipalités des
pouvoirs visant à répondre à certains besoins
et modifiant diverses dispositions, aujourd'hui, à 13 heures, au bureau de
Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Je vous rappelle que, lors de
l'interpellation prévue pour demain, vendredi 26 mars 2021, M. le député
de Rosemont s'adressera au ministre
des Finances sur le sujet suivant : L'absence de vision dans le
budget 2021‑2022 du gouvernement caquiste.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant maintenant terminée, nous allons passer aux affaires
du jour.
Et j'ajourne les
travaux pour quelques instants. Merci à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à
11 h 9)
(Reprise à 11 h 18)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Nous poursuivons nos travaux aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M.
Caire :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 18 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 85
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 18 du feuilleton, Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation propose l'adoption du projet de loi n° 85,
Loi visant à faciliter le déroulement de l'élection générale municipale du
7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
Mme la ministre des
Affaires municipales et de l'Habitation, la parole est à vous.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui. Alors, merci, Mme la Présidente. Évidemment,
je suis très heureuse pour l'adoption du projet de loi n° 85 visant
à faciliter le déroulement de l'élection générale municipale du 7 novembre
2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
Alors,
Mme la Présidente, bonjour à vous tous, bonjour, chers collègues.
Très heureuse d'être avec vous aujourd'hui. Et
encore une fois, aujourd'hui, un autre beau projet de loi, je dirais même
qu'on marque des pages importantes de notre histoire, de notre société et de nos municipalités pour nos citoyens.
Alors, c'est surtout à l'image de notre travail, de notre gouvernement. On travaille très, très bien. Avant d'aller dans le vif du sujet, j'ai
le goût de revenir sur tous les accomplissements de la Commission sur
l'aménagement du territoire, sur ce qui me rend très, très fière aujourd'hui.
Ça
prend des dossiers qu'on souhaite amener plus loin, ça prend de l'ambition.
Comme ministre des Affaires municipales et
de l'Habitation, en toute humilité,
il y a beaucoup de projets
de loi, et je veux toujours
écouter les municipalités, toujours écouter les citoyens. Seulement cette
session-ci, Mme la Présidente, ce sont deux projets de loi que nous aurons
bientôt réalisés, deux pièces législatives majeures pour notre Québec, pour le
milieu municipal, pour nos citoyens.
Prochainement,
nous aurons de nouveau l'occasion de nous revoir dans le contexte du projet de loi n° 49, qui vise
notamment à resserrer les règles d'éthique et de déontologie en milieu
municipal.
• (11 h 20) •
Alors,
si nous sommes tous ici présentement, c'est pour l'adoption de notre projet de
loi n° 85, projet de loi qui vise à faciliter le déroulement des élections
générales municipales du 7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie
que nous connaissons. Comme vous le
savez, on approche à grands pas de cette élection générale municipale. Dans
quelques mois, comme je le disais
hier, ce sont 1 100 municipalités au Québec qui seront en élections
et 8 000 postes d'élus qui seront à pourvoir. On doit s'y
préparer, on doit établir les règles du jeu rapidement.
En tant que ministre
des Affaires municipales et de l'Habitation, il est primordial pour moi que cet
événement d'envergure puisse avoir lieu dans
des conditions sécuritaires, dans des conditions qui assurent aussi l'intégrité
du vote. Aujourd'hui, chers
collègues, je vous invite donc à adopter le projet de loi n° 85 que j'ai déposé le 10 février dernier. Je
serai donc relativement très brève dans
mon discours, parce que c'est l'essentiel, essentiel d'adopter ce projet de loi maintenant, de l'adopter aujourd'hui.
À toutes les Québécoises,
à tous les Québécois qui nous écoutent aujourd'hui, voici ce que le projet de
loi n° 85 changera pour vous. Si
vous résidez dans une résidence pour
aînés, vous pourrez voter par la poste, voter par correspondance. Si vous résidez dans un centre d'hébergement et de
soins de longue durée, dans un centre de réadaptation, dans un établissement
qui exploite un centre hospitalier, vous pourrez voter par la poste, donc par
correspondance.
Si
vous êtes incapable de vous déplacer pour des raisons de santé ou encore si
vous êtes un proche aidant, vous pourrez voter par la poste, voter par
correspondance. Si vous devez être isolé en raison de la COVID-19 sur
recommandation de la Santé publique, vous
pourrez voter par la poste également. Puis, si votre municipalité manifeste sa
volonté en ce sens, les personnes de
70 ans et plus pourront, elles aussi, voter par la poste, donc par
correspondance. En résumé, c'est simple, Mme la Présidente, le vote par
correspondance est substantiellement élargi grâce à notre gouvernement.
Puis,
Mme la Présidente, également, c'est certain que, dans un monde idéal, on aurait
aimé offrir la possibilité de procéder à un vote électronique. On y a
pensé, on a essayé, ou encore, évidemment, vote électronique, vote par
Internet. Mais le DGEQ lui-même, celui qui
détient l'expertise, celui qui détient les compétences, celui qui assure l'intégrité
du vote a été catégorique à ce sujet.
Ce n'est pas réaliste d'envisager une telle possibilité pour l'élection
municipale générale de novembre
prochain. Le délai est trop court. L'élargissement du vote par correspondance
est déjà un tour de force, qu'on nous a dit. Puis, pour notre
gouvernement, la démocratie, l'intégrité du vote, c'est non négociable.
D'ailleurs,
il y a même la présidente de l'Union des municipalités du Québec qui a dit, et je cite :
«Nous ne voulons pas que les
municipalités servent de projet pilote à grande échelle. C'est cet équilibre
que le projet de loi n° 85 a réussi à atteindre.»
Je
pense que le message est clair puis qu'on se doit d'être à l'écoute de nos
institutions, comme le DGEQ, et de nos partenaires, ceux qui sont sur le
terrain, nos municipalités.
Très
important à souligner également, dans ce projet de loi la période électorale
durera 51 jours. Des jours de vote pourraient être ajoutés afin de
répartir les électeurs pour réduire l'achalandage aux bureaux de vote.
Le
recrutement du personnel électoral sera lui aussi facilité en permettant aux
présidents d'élection de revoir les tâches de chacun et ainsi réduire le
nombre de demandes requis sur les lieux de vote.
Finalement,
le projet de loi permettra au DGEQ
d'ajuster les conditions et les
modalités applicables à toute déclaration de candidature.
Je
conclurai donc sur ces derniers mots en rappelant l'importance de permettre aux
Québécois et aux Québécoises de
prendre part à la vie démocratique municipale en toute sécurité pour leur
santé. Il en est de même pour notre responsabilité. Je vous invite donc
à alors adopter le projet de loi n° 85.
Puis,
je le rappelle, à toutes celles et à ceux qui aiment s'impliquer, qui ont cette
flamme, cette étincelle, cet intérêt à
s'impliquer, à se présenter à la prochaine élection municipale générale. Je
l'ai toujours dit, ça prend des femmes, ça prend des jeunes adultes. Alors, foncez. Puis, pour ceux qui ne sont pas
certaines, celles qui ne sont pas certaines, informez-vous. On a
plusieurs séances d'information présentement qui sont organisées dans le cadre
de la campagne Je me présente.
Alors,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, chers collègues. Merci, député de
Mégantic, de nous avoir aidés dans ce projet de loi, et merci à mes
collègues également pour les nouvelles propositions. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la ministre.
Mme la députée de Vaudreuil, la parole est à vous.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Alors, relativement au projet de loi n° 85, évidemment, on est à la dernière étape. J'ai eu la chance
d'intervenir à plusieurs reprises, dont particulièrement, là, à l'étude
détaillée sur le projet de loi n° 85, projet de loi n° 85, je le réitère, puis ça risque d'être redondant
avec les autres représentations qui ont été faites, mais coprojet de loi de cinq articles, mais non...
tellement importants, ces cinq articles-là. Disons-le, c'est la démocratie,
c'est le droit de vote.
Les élections
municipales, le taux de participation n'est pas très élevé, aux élections
municipales, puis, moi, c'est un
aspect qui me titille beaucoup. Je regardais, là, les pourcentages, 36 %,
Laval, 38 %, Longueuil, puis plus on s'en vient vers
Québec, plus ça augmente. Puis moi, je trouve ça dommage. Moi, je trouve ça
dommage, parce que le municipal, c'est un
palier... Puis moi, j'ai été élue au municipal, là, j'ai été mairesse, j'ai été
préfète puis, maintenant, je suis rendue au provincial. Puis je regarde les différents paliers, municipal,
provincial, fédéral, puis je dirais que plus on est dans les paliers comme le municipal, plus on est de
terrain, plus on est proches des gens puis plus on peut agir pour nos citoyens,
on peut agir directement et concrètement pour eux.
Ça fait que,
je le réitère, j'invite les gens... on a travaillé fort dans ce projet de loi
là pour essayer d'ouvrir le vote dans les limites où on pouvait aller,
disons qu'on avait... on était serré, on avait pas mal de restrictions ou
disons que le cadre était quand même assez
rigide, utilisons ces mots-là, mais moi, j'invite les gens à aller voter. Je
sais que c'est un contexte
particulier à cause des mesures sanitaires, à cause de la COVID, mais il faut aller voter. Il faut que les
plus jeunes utilisent ce droit de
vote qui... disons-le, on est chanceux ici, au Québec, d'avoir ce droit
d'aller voter. Il faut l'utiliser, il faut y aller. C'est important.
Puis, quand
je dis dans le milieu municipal, bien, vous savez, les gens regardent souvent ce
qui se passe au niveau provincial, puis, au bulletin de nouvelles, bien,
on entend souvent, bien, le premier
ministre, puis on entend souvent...
Mais, au milieu municipal,
il y a 1 135 municipalités, au Québec, ou environ. Bien, c'est sûr qu'on ne voit pas à
tous les jours au bulletin de
nouvelles notre maire qui vient dire : Bien, j'ai réalisé pour mes citoyens
une piste cyclable. Ou on ne voit pas
tous les maires comme ça au bulletin de nouvelles, mais ces gens-là, dans le
milieu municipal, là, un, c'est des gens qui croient à leur
municipalité, qui savent qu'ils peuvent faire avancer les choses.
Ça fait que ce que je dis aux citoyens : Regardez le programme
électoral de ceux qui se présentent. Il
y a des candidats qui
ont des bonnes idées pour les municipalités. Ce n'est pas facile, là, être un
élu municipal, là. Je le dis tout de suite, là, ce n'est pas facile être un élu municipal, parce que, disons-le, puis on
en a parlé dans le projet de loi n° 67, là, mais il y a
beaucoup, beaucoup de défis, entre autres les contraintes, hein? La plupart...
Le revenu, là, dans le monde municipal, 80 % du revenu pour une
municipalité, c'est le compte de taxes, c'est des revenus de taxation
résidentielle. Donc, vous comprendrez que
vos maires ont parfois, là, les mains attachées pour faire des projets ou n'ont
peut-être pas les sous pour faire tel
autre projet, mais reste que l'élu municipal, tant le maire, tant les
conseillers, ce sont eux qui donnent une vision à votre municipalité, ce
sont eux qui sont impliqués.
Donc, moi, ce
que je dis, c'est que, un, oui, c'est important, la ministre l'a dit, il y a
une campagne, impliquez-vous. On a besoin de femmes, il y a besoin de
jeunes adultes. C'est important. Vous avez des nouvelles idées, vous avez une
nouvelle façon de faire. C'est ça, le Québec maintenant. Donc, impliquez-vous
au milieu municipal. C'est important.
Relativement
au droit de vote, je dois le dire, c'est un bon projet de loi. Il fallait agir
rapidement, là, étant donné le
contexte sanitaire. Puis les élections municipales, c'est demain matin, là. Le
mois de novembre, c'est demain matin pour le milieu municipal, qui doit s'organiser, trouver ses bénévoles,
organiser les façons de voter. Ce qui était prévu d'emblée dans le projet de loi, c'était prévu d'ouvrir le
vote aux personnes habitant dans les CHSLD, les résidences de personnes âgées
ou les personnes à mobilité réduite.
Disons-le, quand on n'était pas avec la maudite COVID, il y avait des bureaux,
des BVI, qu'on appelle, des bureaux
de vote itinérants qui s'organisaient dans les résidences. Les gens allaient
voter, les gens se rassemblaient, ça jasait et ça allait voter.
• (11 h 30) •
Maintenant,
bien, on avait une contrainte. Donc, il a été préféré de leur offrir le vote par correspondance. Donc, ces
personnes-là vont évidemment pouvoir s'en prévaloir. Ce n'est pas obligatoire,
mais ils vont pouvoir se prévaloir du vote
par correspondance, aux personnes qui habitent dans les CHSLD et les résidences
de personnes âgées. C'est ce qui était prévu, là, de base,
là, dans le projet de loi.
En échangeant
de part et d'autre en commission
parlementaire, bien, on s'est dit :
Pourquoi ne pas ouvrir le vote par correspondance? Parce que... Puis, je vous le
dis, moi, je suis préoccupée par le taux
de participation. J'ai bien peur que le
cadre de cette pandémie-là qui est la COVID-19, bien, que les gens ne veulent
pas participer. Les gens vont se dire : Bien, moi, je ne veux pas sortir. Bien qu'il y ait le
vaccin, là, on en convient, mais on ne sait pas, au mois de novembre, on va
être rendus où. Est-ce qu'il va y avoir des variants qui vont avoir pris le
dessus?
Donc, cette
préoccupation, elle est importante, puis c'est un aspect qu'il ne faut pas
négliger parce que ça vient... c'est
une contrainte, tant pour les bénévoles... On va chercher des bénévoles. Je
reviens à Terre-Neuve, hein, Terre-Neuve, qui a annulé, 12 heures avant, le vote, là, pour l'ensemble de la
province, le vote municipal pour l'ensemble de la province, pour manque
de personnel. Parce que, souvent, les bénévoles, ce sont des personnes un peu
plus âgées, des personnes retraitées, des
personnes qui ont le temps, qui ont du temps à donner, donc qui s'impliquent.
Mais on risque d'être à la recherche de
bénévoles au mois de novembre prochain, c'est certain. Donc, il
y a plein de petites contraintes
comme ça, là, qui fait qu'il faut en tenir compte dans ce projet de loi.
Mais je reviens aux CHSLD puis aux RPA. Ce qu'on
disait : Ils peuvent s'en prévaloir. C'est-à-dire que la personne qui habite dans un CHSLD ou un RPA, elle
peut dire : Bien, moi, oui, je veux m'en prévaloir. Il y aura les règles, là, qui seront établies par le DGEQ. Les modalités de
préinscription, tout ça, là, ce sera déterminé. Mais je veux juste dire :
Ceux qui préfèrent aller voter dans un
bureau de vote, ce sera aussi promis... ce sera aussi permis. Puis je pense à
des... je pense, entre autres... Il y
en a, là, que le droit de vote, ils prennent ça à coeur. Je pense à mon grand‑père,
lui qui, la journée du vote, là, il
mettait son plus bel habit. Sortir pour aller voter, pour lui, là, c'était
important d'aller voter. Ça fait qu'il y a des gens, là, qui, pour eux, c'est un geste important de sortir pour
aller voter, qui ne voudront peut-être pas s'en prévaloir, du vote par
correspondance. Donc, les personnes auront cette possibilité-là.
Bien sûr, on
aurait voulu l'ouvrir à plus de personnes, parce que ce n'est pas parce que tu
es en dehors d'un CHSLD ou d'une résidence pour personnes âgées que tu
n'es pas vulnérable, disons, à la COVID-19.
Donc, je comprends le critère du DGEQ, je
comprends sa réticence de dire : Bien, c'est trop tôt ou on n'est peut-être
pas prêts, c'est coûteux. Mais, ça, moi, le coût, je vous avoue que ce n'est
pas un motif valable. Ce n'est pas un motif valable pour moi, là. Mais je comprends que,
dans ce court laps de temps, ce n'était peut-être pas possible, là,
d'ouvrir le vote par correspondance à l'ensemble des 65 ans et
plus.
Il y a quand même
eu un beau compromis, une belle ouverture de la part de la ministre,
qui a compris, qui a collaboré, là,
aux différents échanges puis, je pense, qui a travaillé fort avec le DGEQ pour
le faire... l'influencer un peu puis lui dire : Bien, on a des municipalités au Québec, puis nos
municipalités, bien, il faut leur faire confiance, puis nos municipalités sont
autonomes.
Puis on l'a
vu, puis je le sais, que la ministre, elle a aussi confiance aux municipalités. Elle
l'a vu, là, dans le contexte de la
pandémie, les municipalités se sont retournées, se sont retroussé les manches,
ont protégé leurs citoyens en mettant en
place, là, diverses mesures, là, dans le cadre... pour les protéger dans le
cadre de cette pandémie. Donc, ce qu'on disait, c'est que... offrons la possibilité
aux municipalités d'offrir cette opportunité-là à leurs citoyens.
Donc,
c'est vraiment une belle avancée, c'est un amendement
que je suis très fière d'avoir déposé. Cet amendement-là, ça vient dire que la municipalité pourra offrir le vote par correspondance à ses citoyens de 70 ans
et plus. Nous, on avait proposé 65,
mais je comprends, là, 70 ans et plus, que c'est une directive
ou, en fait, une recommandation de la Santé publique.
Donc, toutes les personnes de 70 ans et
plus, bien, la municipalité pourra leur offrir le vote par correspondance, préalablement, en envoyant une résolution à la ministre des Affaires municipales. Bien sûr, on le sait, une municipalité, ça parle par
résolutions. Donc, la municipalité devra, avant le 1er juillet... si elle veut
utiliser cette voie-là, cette possibilité-là d'offrir
le vote par correspondance à ses citoyens, bien, elle devra faire une
résolution à son conseil municipal puis l'envoyer, avant le 1er juillet,
à la ministre des Affaires municipales.
Ce n'est pas
toutes les municipalités du Québec qui vont dire : O.K.,
moi, le vote par correspondance, je l'offre, là. Il y a peut-être
des plus petites municipalités qui vont dire : Bien, nous, on n'a pas les
moyens de le faire. Nous, on n'a pas le personnel pour travailler la
liste électorale, pour préparer des bulletins de vote par correspondance.
Donc, il y a
des municipalités pour qui c'est très important d'avoir cette possibilité-là de l'offrir. Alors, moi, je suis contente de leur dire que ça fait maintenant partie du projet de loi, que ces municipalités-là pourront l'offrir. Puis je parle... Je
pense, entre autres, il y a
des maires, le maire de ville Côte-Saint-Luc, là, qui nous disait : Bien,
moi, j'ai 34 000 de population, j'ai 35 % qui sont en haut de
65 ans puis je veux l'offrir, le vote par correspondance. Donc, maintenant, ils pourront faire le débat avec leurs collègues
dans les différentes municipalités, ou aller recenser auprès de leurs citoyens
s'il y a un tel intérêt ou pas, puis ils pourront, évidemment, le mettre en
place.
Les municipalités, je tiens à le dire, là, parce que c'est un argument que j'ai utilisé
en commission parlementaire, les municipalités, dans les élections municipales, là, utilisaient
déjà un type de vote, on dit : C'est le vote pour les personnes non
domiciliées. Donc, c'était déjà permis pour des... je vais dire un couple, là,
qui n'était pas là pour les élections municipales,
des snowbirds, par exemple, là, qui s'en allaient en Floride... bon, là, je
le sais, on est dans le cadre d'une pandémie, ce n'est peut-être
pas possible, là, mais, pour des personnes qui étaient à l'extérieur quand c'était le temps de voter au niveau municipal, bien, ils
pouvaient déjà avoir ce type de vote par correspondance pour les
personnes non domiciliées.
Ça fait que
les municipalités le savent, comment ça fonctionne. Puis, si elles
ne le savent pas, là, bien, les municipalités, ils
peuvent appeler au ministère des
Affaires municipales, ils peuvent
appeler au Directeur général des
élections, qui leur donnera, là, évidemment, là, les bonnes informations relativement à tout ça. Donc, une belle avancée au niveau
du vote par correspondance.
J'ai des
petits bémols, dans ce projet de loi là. Moi, j'aurais bien aimé qu'on profite de ce projet de loi là pour aller un peu plus loin. Je l'ai déjà dit, le contexte de
la pandémie, ça n'a pas juste des désavantages, hein, on a fait de grandes
avancées pendant le contexte... dans ce contexte-là en particulier. Je parlais
des actes notariés. Il y a des actes notariés qui
se font par signature électronique. Je regardais le droit, il y a
des procès qui se font... tant à la Cour d'appel, à la Cour supérieure,
qui se font par virtuel. Donc, oui, il y a des avancées possibles, puis je
trouve ça dommage qu'on soit resté dans un
cadre aussi restreint en ne permettant pas le vote électronique ou, du moins,
faire des projets pilotes. C'est le temps, l'opportunité était là,
donc je trouve ça dommage qu'on ne prenne pas cette opportunité-là.
Puis je
pense... entre autres, on invite les jeunes, tu sais, les jeunes, là,
on fait des campagnes de recrutement, là, impliquez-vous, présentez-vous, mais,
quand on arrive à leur droit de vote, bien, on ne leur donne même pas la possibilité d'aller voter. Puis je pense, entre
autres, je vais donner l'exemple...
Bien, on leur donne la possibilité d'aller voter, mais, je veux dire, on ne met pas à leur disponibilité des
outils qui sont, pour eux autres, faciles d'accès, comme le vote électronique,
le vote par Internet. Puis, oui, il y en a
qui ne pourront pas aller voter, parce qu'il y a des étudiants qui étudient
dans d'autres régions puis qui ne
reviendront pas le 7 novembre pour aller voter au niveau municipal,
là. Ça fait que c'est dommage, parce que c'est des votes qui sont
perdus, puis, évidemment, ça va affecter le taux de participation.
Donc,
j'espère... Puis on l'a vu aussi, là, je ne l'ai pas, mon document, là, mais
Élections Québec, là, ils ont déposé, en juillet dernier, un rapport de
252 pages parce qu'ils ont étudié le vote électronique. Je ne vous lirai
pas la conclusion parce que la conclusion
est quand même assez décevante. Dans la conclusion, ce que le DGEQ demande, le
DGEQ demande un mandat aux parlementaires pour faire un autre rapport.
Ah! ça, ça me perturbe un peu, là, d'étudier 252 pages. Puis il y a du contenu intéressant dedans, il y a du
contenu intéressant. Entre autres, on apprend que le groupe d'âge 18-34 ans,
là, sont à 76 % favorables au vote électronique, alors, au vote par
Internet. Et on a fourni des iPad à des aînés, on leur a expliqué comment ça fonctionnait, tout ça, je pense qu'on a
fait une grande avancée. En fait, je ne peux pas croire que... je trouve
ça dommage, non, je ne peux pas le croire
puis je trouve ça vraiment dommage qu'on n'ait pas mis plus d'ampleur que ça,
qu'on n'ait pas accordé plus d'importance au vote électronique.
• (11 h 40) •
Dans
les autres, peut-être, les autres petits bémols, je dirais que, peut-être les...
parce qu'il faut comprendre aussi qu'il y a cinq articles, là, mais il y a un
cadre parlementaire autour de tout ça. Le DGEQ a eu tout de même la gentillesse
de nous déposer le cadre réglementaire avec
les 28 mesures, là, pendant l'étude détaillée, ce qui a aidé à accélérer,
là, l'étude du
projet de loi, là, définitivement. Donc, dans ces 28 mesures là, bien là,
on comprend que le nombre de signatures pour la déclaration du candidat sera moindre. On apprend que le rôle du
personnel, entre autres, du personnel électoral va changer pour qu'il y ait moins de personnes sur le lieu
électoral, qu'il va être possible de devancer... qu'il va être possible... en
fait, que la période électorale va être rallongée d'une semaine.
Évidemment, on comprend que c'est tout relié à la COVID. Comme je dis, on ne peut pas nécessairement être
contre ça, mais il y a quand même, dans ces 28 mesures réglementaires là,
des mesures qui sont assez importantes. Et
je réitère, dans ce projet de loi là, on donne beaucoup de pouvoirs au DGEQ, là,
d'intervenir, il y a beaucoup
de latitude. Même dans le cas d'une urgence, là, il y a plein de choses, là,
qu'il peut faire avec ce projet de loi là. Donc, bien sûr, je me croise peut-être les doigts pour le vote électronique, bien que
j'avais compris que c'était déjà très rigide.
Donc,
Mme la Présidente, je ne veux pas prendre plus de temps, mais je
veux rappeler que c'est un projet de
loi qui s'est... comme disait la ministre,
ça s'est très, très bien déroulé. En fait, c'est une commission
qui est exceptionnelle, c'est une commission
qui roule très bien. La dernière fois, c'était le projet de loi n° 67, un mégaomnibus municipal. Bien sûr, on y travaillait
depuis novembre, mais ça se déroule bien, les échanges sont intéressants,
l'ouverture de la partie gouvernementale aux amendements est énormément, énormément appréciée. Je n'irais pas
jusqu'à dire que c'est à l'image du gouvernement que ça va très, très, très
bien, mais je dirais que c'est apprécié, là, de la façon dont se déroulent, là,
les travaux en commission parlementaire.
Bien
sûr, puis j'en parle parce que Mme la ministre en a fait allusion précédemment,
que le projet de loi n° 49 s'en vient, hein, projet de loi sur l'étude...
sur l'éthique et la déontologie dans le milieu municipal. Ça risque d'être un
petit peu plus dur, ce projet de loi là, avec l'actualité... l'actualité, puis
on pose déjà, là, beaucoup de questions. D'emblée, c'était un projet de loi qui manque de dents, qui manque de
griffes, là. J'espère qu'on va avoir peut-être une version amendée avec un peu plus de torque, parce que, si j'en... Par
rapport à ce que j'entends, là, il y a pas mal de choses qui se passent dans
le milieu municipal, puis c'est comme si on
se disait : Bien, c'est correct. Tu sais, les conflits d'intérêts,
l'apparence de conflits d'intérêts, là, il va falloir y aller un peu
plus... avec un peu plus de mordant, je dirais.
Voilà.
Je me permets de remercier les collègues qui m'ont assistée au projet de loi
n° 85, bien sûr mon recherchiste, Philippe.
Merci beaucoup, Philippe. Merci à mes collègues, Westmount—Saint-Louis, qui a été là, la députée de Fabre,
qui est intervenue hier, le député de Laval-des-Rapides. Donc, merci de
votre intérêt pour ce projet de loi là.
Bien
sûr, on garde en tête, hein, qu'on a des élections provinciales qui s'en
viennent puis qu'on risque de faire face à un certain copié-collé, bien que ce projet de loi là se termine, là,
le 8 novembre, il n'est plus applicable, sauf s'il y a des
partielles ou des choses comme ça, mais on garde ça en tête.
Et
je vous dirais, Mme la ministre, toute l'importance de transmettre
l'information d'ici le 7 novembre. Moi, c'est une grande préoccupation. Les élus municipaux n'ont pas nécessairement le temps de
suivre nos travaux. Bien sûr, nous, en
tant que députés, bien, on prend toujours la responsabilité d'informer nos
maires sur les changements qui risquent de les affecter, les choses à venir, mais je pense, là, qu'il faut que
l'information circule au milieu municipal. Et on compte sur les associations,
la FQM, l'UMQ qui sont venues en commission parlementaire nous en parler.
D'ailleurs, je les remercie, c'étaient
des commentaires très pertinents, votre présence est essentielle dans ce genre
de projet de loi là. Et je remercie aussi ceux qui ont envoyé, sur le site de la commission, des commentaires...
des citoyens, je pense à une madame de Sutton qui nous a écrit, donc merci aussi, soyez assurés
qu'on vous lit, en commission parlementaire, et que vous nous aidez à faire
cheminer positivement le tout.
Donc, Mme la
Présidente, tout de même, vous comprendrez qu'on votera en faveur de l'adoption
du projet de loi n° 85. Et je dis à tout le monde : Bon travail.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Je
dois vous informer que trois débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui,
à 13 heures, en application de l'ordre spécial. Le premier débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de Fabre au ministre
du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale concernant
l'impact de la pénurie de main-d'oeuvre sur la livraison des services et soins
de santé. Le deuxième débat portera sur une question adressée par
Mme la députée de Mercier au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation concernant le rapport
du BAPE sur le projet de GNL Québec. Le troisième débat portera sur une
question adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à la ministre
de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration concernant le
programme de régularisation des anges gardiens. C'est ce qui complète les trois
débats.
Maintenant,
je suis prête à entendre un autre intervenant ou intervenante.
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Nous en sommes donc aujourd'hui à l'adoption du
projet de loi n° 85, Loi visant à
faciliter le déroulement de l'élection générale municipale du 7 novembre
2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
En
plus des pouvoirs qui seront octroyés au Directeur général des élections du
Québec, le projet de loi prévoit un accès
élargi au vote par correspondance aux prochaines élections municipales. C'est
une bonne nouvelle, Mme la Présidente. Ainsi,
les résidents qui demeurent dans une résidence privée pour aînés ou un CHSLD
pourront se prévaloir de leur droit de
vote par la poste. Ce sera également le cas pour les électeurs incapables de se
déplacer pour des raisons de santé, les électeurs proches aidants ou encore ceux qui doivent s'isoler,
l'objectif étant de concilier la santé publique et la démocratie dans un
contexte où les taux de participation aux élections municipales sont déjà très
faibles.
Aux scrutins municipaux de 2017, le taux était
de 44,8 %, Mme la Présidente. C'est très peu. Ça représente un recul de
3,2 % par rapport à 2013.
Dans
plusieurs pays du monde, la pandémie force donc les démocraties à revoir leurs
méthodes afin de maximiser la participation et permettre aux électeurs et aux
électrices d'exercer leur droit de vote en toute sécurité. Au
Nouveau-Brunswick, par exemple, le vote par correspondance a été utilisé lors
des dernières élections provinciales de septembre.
Le taux de participation a été légèrement supérieur à celui qui avait été
observé lors des élections de 2016. Même chose à Terre-Neuve-et-Labrador, où les bureaux de vote ont été
remplacés par le vote postal, lors des dernières élections, pour
l'ensemble des électeurs.
Le
droit de vote, c'est un droit qui est fondamental. À Québec solidaire, nous
pensons que de permettre aux gens de
voter, peu importe le moyen, est une nécessité démocratique. Mme la Présidente,
la question n'est pas de savoir si l'on doit ou non utiliser le vote par correspondance de manière élargie, mais
bien à quelle catégorie d'électeurs et d'électrices nous souhaitons l'offrir. Idéalement, le vote par
correspondance aurait été élargi à l'ensemble des électeurs et des électrices,
c'est une question d'équité et de principe
démocratique. À Québec solidaire, c'est ce que nous aurions souhaité. Mais les
municipalités nous ont dit que ça allait être
très complexe et très coûteux de mettre en place une telle mesure dans des
délais aussi serrés. La ministre nous a dit que c'était carrément
impossible.
Je
suis arrivée en étude détaillée avec des propositions concrètes. J'ai mis de
l'eau dans mon vin et j'ai fait preuve d'ouverture.
J'ai déposé un amendement qui me paraissait raisonnable afin que l'on puisse
élargir le vote par correspondance au moins à l'ensemble des électeurs
âgés de 65 ans et plus.
• (11 h 50) •
Au
départ, la ministre s'y est montrée défavorable, plaidant qu'on allait, encore
une fois, stigmatiser les personnes plus
âgées dans le contexte de la pandémie. J'ai finalement compris que c'était
juste une façon un peu malhabile de se défiler. Il y a eu de bons échanges par la suite, je le reconnais. Je lui ai fait
comprendre qu'il ne s'agissait pas de stigmatiser qui que ce soit, mais
de se baser sur la science, sur les recommandations émises par la Santé
publique et nos experts en matière d'épidémiologie,
afin de protéger une catégorie d'électeurs et d'électrices qui est susceptible
d'être plus vulnérable face à la COVID-19 elle aussi.
C'était
une question de cohérence aussi, Mme la Présidente. Le gouvernement a lui-même
ciblé les personnes âgées de
70 ans et plus comme étant plus à risque dans le contexte de pandémie
actuel. Je cite — ouvrez
les guillemets : «Les personnes
âgées de 70 ans et plus sont les plus à risque de décéder des
complications de la COVID-19. Ainsi, afin de protéger leur santé, il est
demandé à ces personnes de rester à la maison, sauf pour les activités
suivantes.
«Se
présenter à un rendez-vous médical.
En effet, protéger leur santé signifie aussi maintenir leurs suivis médicaux
habituels et consulter en cas de besoin. Plusieurs cliniques offrent d'ailleurs
des consultations téléphoniques.
«Sortir marcher.
«Aller se procurer de
la nourriture et des médicaments.
«Se
rassembler à l'extérieur à condition de respecter différentes mesures relatives
aux rassemblements.» Fermez les guillemets.
Si l'esprit du projet
de loi est de mieux protéger certaines catégories d'électeurs en vue des
prochaines élections municipales tout en
garantissant leur droit de vote, alors, il n'y a aucune raison que les
Québécois et les Québécoises qui ont plus de 70 ans ne puissent se prévaloir
du droit de vote par correspondance. Il s'agit seulement d'être cohérent. Bien sûr, on répète que c'est une disposition qui est
facultative, ça veut dire que ce n'est pas obligatoire pour les personnes de
70 ans et plus.
Puis
Mme la ministre l'a souligné à maintes reprises, il y a quelque chose de très fort, de très culturel à aller voter, de se rendre, de prendre son auto, de sortir
marcher puis d'aller voter physiquement sur les lieux, dans les bureaux de vote,
mais ce n'est pas ça qu'on remet en question.
Ce qu'on offre ici, c'est la possibilité, pour les gens qui seraient inquiets
pour leur santé, de pouvoir se prévaloir de ce droit-là.
Heureusement,
on a fini par trouver un terrain d'entente avec la ministre et c'est la raison
pour laquelle le projet de loi
va finalement donner la possibilité aux municipalités d'élargir le vote postal
aux personnes de 70 et plus. Ainsi, on se donne ainsi des moyens
supplémentaires afin de concilier, le plus possible, la santé publique et la
démocratie, et c'est pourquoi ma formation politique votera en faveur de
l'adoption du projet de loi n° 85.
En
terminant, Mme la Présidente, j'espère que la ministre va prendre des notes.
Je veux bien croire qu'il y ait des délais
serrés et que le DGEQ doit agir rapidement cette fois-ci, mais on ne pourra pas
toujours repousser cette réforme aux calendes grecques. Oui, il s'agit d'un premier pas
dans la bonne direction. Oui, il faut laisser le temps aux municipalités de
s'adapter. Oui, c'est un premier ballon
d'essai, il faut bien commencer quelque
part, c'est vrai, mais on est en
2021, Mme la Présidente.
Il
faut prévoir dès maintenant des mesures pérennes en vue des élections futures :
le vote par correspondance, le vote électronique,
les bureaux de vote sur les campus étudiants, dans les résidences pour
personnes âgées et dans le milieu carcéral également. Ce sont toutes des dispositions auxquelles il faut réfléchir
dès aujourd'hui, et, on le rappellera, Mme la Présidente, toujours dans un objectif
ultime d'accroître la participation des citoyens, des citoyennes du Québec
aux élections, qu'elles soient
municipales, provinciales ou fédérales. La démocratie, c'est extrêmement important, c'est extrêmement précieux. Il faut s'assurer de développer tous les outils possibles pour que les gens
puissent exercer leur droit de vote. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Si on avait besoin de se convaincre de la nécessité
de continuer d'adapter nos pratiques
à la situation de pandémie, on n'a qu'à regarder les statistiques d'aujourd'hui :
945 nouveaux cas. Il y a de quoi être préoccupé à la fois par la situation pandémique, mais également par la
nécessité que le rendez-vous municipal du 7 novembre prochain soit un succès à la fois pour le taux de
participation, mais également pour les candidatures. On souhaite qu'il y
ait beaucoup de citoyens du Québec qui aient envie de s'investir pour les
autres, et c'est partagé.
Mme
la Présidente, je serai très bref. On est une petite équipe, il était
difficile, pour nous, de participer, donc on n'a pas pu participer, compte tenu des nombreuses responsabilités qui sont
les miennes en tant que chef parlementaire, donc nous sommes en faveur du projet de loi. Nous avançons. On n'a pas pu
tout faire. J'ai bien pris note de tout ce qui a été dit et discuté.
L'important, c'est qu'on avance et qu'on continue de s'adapter aux nouvelles
réalités modernes pour favoriser le taux
de participation. Donc, je veux saluer la ministre, son équipe, les parlementaires
qui ont participé à l'exercice : la députée de Vaudreuil, la députée Rouyn-Noranda—Témiscamingue, vous dire que ça me préoccupe
beaucoup, l'élection municipale.
Vous
savez que j'ai le record de municipalités dans ma circonscription, j'en ai 45.
Alors, je souhaite que le taux de
participation puisse accorder également une plus grande légitimité aux élus.
Mais, une fois que ça, c'est fait, je profite de la tribune pour dire
qu'on a tous une responsabilité de s'assurer que ça se passe bien avec les
élus.
Écoutez,
j'ai lu encore un reportage, cette semaine, où, malheureusement, des élus, et
beaucoup des femmes, décident de
renoncer à se présenter parce qu'elles sont victimes d'intimidation, notamment
sur les réseaux sociaux. Ça me désole beaucoup.
Ça me fait craindre pour l'avenir. Et j'espère qu'on pourra collectivement...
nous, comme députés, on est capables de
travailler à favoriser l'engagement dans les municipalités sans prendre
position. Et je pense que, parfois, on vient nous voir en nous disant : C'est quoi,
l'engagement public? Comment ça peut se faire? Des fois, on nous demande même
comment faire une campagne
électorale. Ça arrive à l'occasion. Souhaitons que ça se passe bien dans les
circonstances qu'on connaît. Les
municipalités du Québec sont partenaires privilégiés. Je n'aime pas le terme,
moi, «créatures du gouvernement». Moi, j'ai beaucoup de respect pour les
élus municipaux, c'est des gens qui ont des mandats. D'ailleurs, quand je
réfère des dossiers aux élus municipaux, je
dis : Bien, vous savez, ils sont aussi élus, on n'interfère pas, puis on
travaille ensemble. Alors, c'est très
important. La vie municipale, c'est fait de beaucoup de choses. C'est fait du
quotidien. C'est fait de la proximité. C'est vraiment très près du
citoyen.
Alors,
je termine en vous disant que, oui, nous allons appuyer ce projet de loi.
J'aurais aimé pouvoir y participer. Je
ne ferai pas semblant que j'y ai participé, ce n'est pas le cas. Mais je
voulais passer quelques messages et indiquer notre vote pour le projet
de loi n° 85. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le chef du troisième groupe
d'opposition. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise
aux voix
Comme il n'y a pas d'autre intervention, en
application de l'ordre spécial, j'invite maintenant les leaders
parlementaires à m'indiquer le vote de
leurs groupes sur l'adoption du projet de loi n° 85, Loi visant à faciliter le déroulement
de l'élection générale municipale
du 7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. M. le
leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée de Vaudreuil?
Mme Nichols :
Pour.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la députée de... voyons...
Une
voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Exactement. Je l'ai dit au moins trois fois en deux jours, et on s'est vues
quelques fois. Alors, Rouyn-Noranda—Témiscamingue, pour votre vote?
Mme Lessard-Therrien :
Pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le chef du troisième
groupe d'opposition?
M. Bérubé :
Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le
leader, avez-vous des indications à nous transmettre pour les votes des députés indépendants?
M.
Caire : Mme la Présidente, Mme la députée de Marie-Victorin
a indiqué vouloir voter pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. En conséquence, bien, le projet
de loi n° 85, Loi visant à faciliter le déroulement de l'élection générale
municipale du 7 novembre 2021 dans le contexte de la pandémie de la
COVID-19, est adopté.
M. le
leader du gouvernement, pour nous indiquer la suite des travaux.
M.
Caire :
Oui. Mme la Présidente, pourriez-vous appeler l'article 17 du feuilleton,
s'il vous plaît?
Projet de loi n° 69
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. À l'article 17 du feuilleton, Mme la ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du projet de loi n° 69, Loi modifiant la
Loi sur le patrimoine culturel et d'autres dispositions législatives. Mme la
ministre de la Culture et des Communications, la parole est à vous.
Mme Nathalie
Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous salue. Bonjour à vous. Alors, je
suis très contente d'arriver, aujourd'hui, à cette étape, qui est une étape cruciale, que nous
appelons l'adoption finale pour le projet de loi n° 69, Loi
modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et d'autres dispositions
législatives.
Alors,
avant de poursuivre, vous me permettrez de saluer les collègues du
gouvernement, naturellement, qui sont ici avec nous aujourd'hui, et des oppositions, qui
ont su, il faut le dire, enrichir notre réflexion entourant l'étude de ce
projet de loi, et je veux les remercier pour la très précieuse
collaboration.
• (12 heures) •
Ce que nous visons avec le projet
de loi n° 69, c'est de donner plus de mordant à l'actuelle Loi sur
le patrimoine culturel afin de mieux
protéger le patrimoine bâti au Québec. Grâce aux mesures proposées, la gestion
du patrimoine fera appel à une plus
grande mobilisation de l'État, certes, mais aussi des villes, des MRC, des
citoyens, et je suis convaincue que
nous pourrons ainsi prévenir certaines dérives en ce qui concerne la protection
de notre patrimoine. En fait, c'est un pas
de géant, Mme la Présidente, que nous franchissons. Et il est important
d'ajouter que ce projet de loi a été élaboré en toute collaboration avec la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation. Puis je suis très
contente qu'elle soit à mes côtés en ce moment-ci et je tiens à la
remercier, parce qu'on a vraiment travaillé en équipe, le ministère des
Affaires municipales, ma collègue la ministre, et le ministère de la
Culture, et moi-même. Donc, merci
pour votre apport précieux, chère collègue, en ce qui a trait aux modifications
qui touchent le milieu municipal. Les mesures qui en résultent auront certainement
des effets majeurs et mobilisateurs pour la protection de notre patrimoine
immobilier puisque, et ça, c'est important de le souligner, Mme la Présidente, ces
nouvelles mesures, nous les avons inscrites, entre autres, dans la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme. Pour nous, les MRC,
les municipalités sont des partenaires dans la protection du
patrimoine. Nous y croyons.
Le projet de loi n° 69 repose sur les principes de prévisibilité et d'équité. Ce projet de loi poursuit trois objectifs, soit avoir une meilleure connaissance de notre
patrimoine immobilier, mieux le protéger et améliorer le service au citoyen. Alors, voici certaines nouveautés importantes,
Mme la Présidente, qui sont proposées dans notre projet de loi.
D'abord,
je suis particulièrement fière de ce qu'il prévoit pour donner la parole
aux parties prenantes par l'introduction d'une politique de consultation en matière de connaissances, de protection, de
mise en valeur et de transmission du patrimoine culturel. C'est une grande nouveauté. Dans le cadre de cette politique,
une table des partenaires sera créée pour établir un dialogue continu
entre l'État, le milieu municipal, les citoyens et les groupes et organismes de
défense du patrimoine.
Pour répondre
à notre volonté d'accroître la transparence des actions en matière de protection du
patrimoine bâti, le projet de loi n° 69
prévoit aussi de rendre publics plusieurs documents, dont une méthode d'évaluation
de l'intérêt patrimonial, un règlement
prisant le mode de réalisation, de consignation et de diffusion des inventaires,
et des directives et des règlements pour guider les autorisations dans
les sites patrimoniaux déclarés.
Dans le même
ordre d'idées, le projet de loi introduit divers mécanismes de partage d'information entre le ministère de la Culture et des Communications et les municipalités pour que les décisions de l'un soient connues de
l'autre. On va se parler, Mme la Présidente. Il manquait d'information,
il manquait de circulation d'information.
De plus, le projet de loi prévoit la création d'une grille de catégorisation des immeubles et des sites patrimoniaux classés. Ce nouvel outil permettrait d'associer
chaque catégorie à des objets de conservation pouvant aller de la préservation
de l'ensemble des éléments caractéristiques
des bâtiments jusqu'à l'autorisation de travaux de réalisation pour donner une
nouvelle vocation à un immeuble.
En ce qui a trait aux autorisations de travaux
sur les immeubles et les sites protégés en vertu de la Loi sur le patrimoine
culturel, des règlements viendraient dorénavant encadrer le travail du
ministère ou guider les propriétaires d'immeubles
patrimoniaux quant aux exigences de
la ministre pour la conservation de ces immeubles ou de ces
sites. Ainsi, la loi établirait
désormais un délai maximal pour le traitement des demandes d'autorisation de
travaux et elle préciserait une liste d'éléments pouvant être pris en
considération lors de l'analyse de la demande.
Autre grande
et importante mesure, le projet de loi n° 69
introduit une possibilité de demander la révision d'une décision d'autorisation, incluant la possibilité
de contester la décision rendue devant le Tribunal administratif du Québec.
Alors, ici, on donne la parole aux citoyens.
En fait, c'est plus que la parole que nous leur donnons, nous leur donnons un
droit d'appel, ce qui n'a jamais existé. Donc, ils seront entendus.
Le projet de loi n° 69 prévoit la conversion des plans de conservation
par des directives et des règlements, ces derniers étant plus explicites quant
aux exigences à respecter. Le gouvernement adopterait un règlement pour chacun
des sites patrimoniaux déclarés en vue
d'établir des normes pour certaines interventions. Ces règlements pourraient prévoir des règles différentes selon les secteurs et les immeubles du
site et aller jusqu'à déterminer certains actes que le ministre
ne pourrait pas autoriser, toujours dans l'objectif d'assurer la
conservation du patrimoine.
De même, il
pourra établir des conditions de réalisation de certains actes ou établir que
certains n'ont pas besoin d'une
autorisation de la ministre. Grâce à ces règlements et directives, les
propriétaires d'immeubles situés dans les sites patrimoniaux
déclarés pourraient planifier leurs travaux en fonction de règles plus claires,
que leurs projets concernent l'entretien
d'un bâtiment secondaire, la restauration d'une maison ou la
construction d'un nouveau bâtiment, par
exemple.
Autre élément
important au projet
de loi, sur lequel je souhaite
attirer votre attention, Mme la
Présidente, c'est la mise en
place d'une table de concertation afin d'assurer une cohésion du gouvernement à
l'égard de la préservation du patrimoine
immobilier appartenant à l'État. Avec la création de cette table, nous voulons également
que le gouvernement fasse preuve d'exemplarité en ce qui concerne la
protection du patrimoine culturel immobilier. Malgré les pouvoirs accrus
conférés par la Loi sur le patrimoine
culturel aux municipalités locales,
les municipalités québécoises de plus petite taille possèdent peu d'expertise en gestion du patrimoine
culturel ou ont peu de ressources à leur consacrer. Il est donc essentiel
de mieux les outiller afin qu'elles jouent un rôle de premier plan pour la
préservation du patrimoine immobilier.
Et ici je
voudrais vous spécifier, Mme la Présidente, que nous n'avons pas attendu
l'adoption de ce projet de loi pour agir. Nous y avons d'abord remédié en
annonçant, à la fin de 2019, un nouveau programme de 30 millions de
dollars pour aider les citoyens, les
municipalités et les MRC à restaurer les bâtiments patrimoniaux. Puis nous
avons bonifié ce programme de plus de 21 millions de dollars, en
août 2020, pour atteindre une somme record de 52 millions de dollars. Et
encore ici, je tiens à le souligner, c'est un programme que nous avons mis sur
pied de concert avec, toujours, ma collègue des Affaires municipales. Nous y croyons à
travailler en équipe pour aider à la protection du patrimoine. Ce sont donc 52 millions
de dollars qui sont actuellement en circulation, à la grandeur du Québec, pour nous assurer de
la restauration de bâtiments
patrimoniaux, et ça, ça exclut les villes de Montréal et Québec.
Alors, c'est pour vous dire, on s'attaquait plus particulièrement aux
villes de plus petite taille.
Outre ces
investissements, il nous est apparu essentiel, pour atteindre nos objectifs,
d'accorder aux MRC des pouvoirs comparables à ceux des municipalités
locales en matière de citations d'immeubles et de sites patrimoniaux. Les MRC
disposeraient également du même pouvoir d'ordonnance que les municipalités
locales. Le projet de loi prévoit par ailleurs
qu'elles pourraient accorder une aide pour la connaissance, la protection, la
transmission et la mise en valeur d'un élément du patrimoine culturel.
Bien entendu, cette modification ne vise pas à retirer des pouvoirs aux
municipalités locales ni à les remplacer,
bien au contraire, mais plutôt à ajouter un nouvel acteur, un nouveau joueur
qui pourra lui aussi intervenir en faveur du patrimoine bâti.
Autre ajout
majeur à notre projet de loi, les MRC seraient tenues d'adopter, d'ici cinq
ans... elles ont cinq ans pour le faire, et de mettre à jour par la suite un
inventaire des immeubles qui présentent une valeur patrimoniale sur leur
territoire. Elles pourraient, bien sûr, élargir cet inventaire pour y
inclure des immeubles récents. Et à cet effet il est important de souligner, je le porte à votre attention, que nous
avons répondu aux préoccupations émises lors des consultations voulant que l'établissement de la date butoir de 1940, qui
était un plancher, faut-il le souligner, ait pour effet de laisser en plan la
protection du patrimoine moderne. Alors, je
vous souligne à gros trait ici qu'un amendement a été adopté lors de l'étude
détaillée pour que la ministre puisse
déterminer, par règlement et après consultation de la table des partenaires,
une année de construction ultérieure
à cette date pour les bâtiments à inscrire dans l'inventaire de la MRC pour la
suite du premier inventaire.
Toujours dans
l'optique de favoriser une plus grande transparence des actions, les mesures
que nous proposons visent un meilleur
encadrement des pouvoirs réglementaires des municipalités liés à la démolition
des immeubles. Leur mise en oeuvre
nous permettrait d'éviter les mauvaises surprises comme les décisions rendues
sans avertissement ou à la dernière minute. Donc, autre ajout majeur, le
projet de loi prévoit que les municipalités locales se munissent, d'ici deux
ans, d'un règlement sur les démolitions qui
viserait minimalement les immeubles patrimoniaux inscrits dans l'inventaire de
la MRC et ceux cités ou compris dans un site patrimonial cité. Les
critères d'analyse à considérer lors d'une demande de permis de démolition devraient être déterminés par règlement. La valeur
patrimoniale de l'immeuble ferait désormais partie de ces critères. Il va falloir le prendre en
considération. De plus, pour les immeubles patrimoniaux, les critères comme
l'histoire de l'immeuble et sa
contribution à l'histoire locale, son degré d'authenticité et d'intégrité, sa
représentativité d'un courant architectural particulier et sa
contribution à un ensemble à préserver, devraient également être pris en
considération.
• (12 h 10) •
Pour mieux
encadrer les pouvoirs réglementaires des municipalités liés à la démolition
d'immeuble, le projet de loi ajoute
plusieurs crans de sûreté. Ainsi, sur réception d'une demande de permis de
démolition, une municipalité serait tenue
de publier un avis, de l'afficher sur le bâtiment concerné, en plus de le
transmettre, sans délai, à la ministre de la Culture et des Communications. Le comité de démolition de la
municipalité serait également obligé de tenir une audition publique sur cette
demande. Les permis de démolition ne seraient donc plus accordés sans qu'on ait
procédé à une analyse rigoureuse. Ça,
c'est une nouveauté majeure. Nous créons ce processus d'analyse rigoureuse
avant que tout permis de démolition d'un
bâtiment patrimonial ne soit accordé. Comme certains intervenants l'ont demandé
lors des consultations particulières, le
régime d'autorisation des démolitions d'immeuble de la ville de Québec serait
harmonisé avec celui des autres municipalités. Cette modification
permettrait de rendre l'approche uniforme sur l'ensemble du territoire
québécois.
Autre
avancée, et ça, c'était réclamé, entre autres, par l'UMQ, l'Union des
municipalités du Québec. Pour favoriser l'occupation des immeubles patrimoniaux, qui constitue un facteur
important pour leur conservation, il faut bien qu'ils servent, il est
maintenant prévu qu'une municipalité puisse acquérir, de gré à gré ou par
expropriation, un immeuble patrimonial pour une utilisation autre que
municipale. Une municipalité pourrait aussi louer un immeuble classé ou cité à
un coût inférieur au marché. Mais précisons
ici, c'est bien important de le dire, que les revenus générés par cette
location devraient être affectés en
priorité à l'entretien du bâtiment. Par ailleurs, nous avons vu plusieurs fois,
au cours des dernières années, des
immeubles patrimoniaux laissés à l'abandon, une situation qui a pu accélérer
leur détérioration et conduire à la démolition.
Alors, pour
contrer ce qu'on appelle les démolitions par abandon, nous franchissons ici un
autre pas de géant, et c'étaient des
juristes qui nous ont même dit qu'il était important de le faire. Les
municipalités locales seront désormais tenues d'adopter et de maintenir en vigueur un règlement sur l'occupation et
l'entretien des immeubles visant minimalement les immeubles patrimoniaux. Ce règlement devrait
comprendre des normes qui permettraient d'empêcher le dépérissement des bâtiments, de les protéger contre les intempéries et de
préserver l'intégrité de leur structure. La municipalité pourrait également
prévoir d'autres normes ou mesures relatives à l'occupation et l'entretien des
bâtiments, si elle le souhaite.
Avant de terminer,
Mme la Présidente, je souhaite réitérer l'importance des mesures proposées dans
le projet de loi n° 69. Elles sont essentielles pour mieux protéger,
transmettre et mettre en valeur le patrimoine immobilier québécois. Les nouveaux pouvoirs et obligations confiés aux MRC, la création d'obligation d'inventaire, le renforcement de l'action réglementaire, entre autres avec des règlements sur la démolition ou encore des règlements
sur l'entretien des bâtiments, la participation accrue des citoyens et
des citoyennes, la table de concertation gouvernementale, la table des
partenaires, ce ne sont là que quelques éléments qui nous permettraient
d'assurer collectivement une meilleure préservation de nos bâtiments à valeur patrimoniale sur tout le territoire
québécois. C'est une nouvelle façon de travailler, une
nouvelle façon de voir les choses en toute collaboration.
Grâce
aux mesures proposées, nous pourrons faire plus et mieux pour protéger le
patrimoine bâti. Il faut le dire, Mme la Présidente, le patrimoine
bâti, là, ça fait partie de notre histoire, c'est notre identité et c'est ce
qui fait que le Québec est tellement
beau. Il faut en prendre soin. Nous allons en prendre soin.
Nous en sommes fiers. Et nous allons le faire avec nos partenaires et
nous serons là pour travailler en toute collaboration avec nos partenaires.
Et
je tiens à remercier ici, en
terminant, tous les spécialistes,
tous les groupes, tous les gens qui sont venus nous faire des présentations, entre
autres, lors des audiences que nous
avons eues, des consultations. Nous les avons entendus. Nous avons fait plusieurs
amendements pour arriver avec un projet de loi plus complet, et, à cet égard,
je suis très confiante parce que,
pour nous, nous croyons, oui, à l'autonomie des municipalités, des villes, mais
également nous croyons que nous sommes des partenaires, que nous devons travailler ensemble.
Et le gouvernement du Québec est présent pour ce travail de collaboration.
Et,
au cours des prochains mois, il y a des choses intéressantes qui seront annoncées, justement,
pour la préservation du patrimoine et la mise en oeuvre de ce projet de loi, parce qu'il faut bien comprendre que le moment où le projet de loi obtiendra sa sanction, eh bien, il sera adopté, mais la mise en
vigueur, elle se fait par l'entremise, entre
autres, d'articles et de normes transitoires, donc ce n'est pas du jour au
lendemain que tout va s'arranger. Il
y a des délais, naturellement, avec les... Mais il y a
des normes transitoires pour nous assurer qu'avant la réalisation complète de tous les règlements, qui devront être accomplis et réalisés,
on protège tout de même le patrimoine. Alors, voilà, c'est ce que je tenais à
souligner.
Et
je veux remercier à nouveau les partenaires, et ma collègue
la ministre des Affaires municipales, et mes collègues du gouvernement qui sont
ici. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la
ministre. Maintenant,
je cède la parole à Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci,
Mme la Présidente. Ça me fait un
immense plaisir de parler et de contribuer à ces derniers discours sur
l'adoption de la Loi modifiant la Loi sur le patrimoine culturel
et d'autres dispositions législatives.
Un
petit mot pour vous dire que... Bien, d'abord, je veux saluer tous les
fonctionnaires, tous les groupes qui ont participé. Je veux saluer aussi Mme la ministre, qui est là, et mes collègues la députée de Verdun,
la députée de l'Acadie, qui ont toutes travaillé très, très fort pour
bonifier le projet de loi, un projet
de loi fondamental, Mme la Présidente, on le sait.
Durant
les deux dernières années, là, on a vu défiler, là, tour à tour, toutes sortes
d'histoires dans les journaux de démolition d'immeubles. Je pense entre
autres au manoir seigneurial de Mascouche qu'on a perdu. Je pense aussi à l'église Saint-Coeur-de-Marie, sur la Grande
Allée, une église aussi qui a été démolie. L'église Saint-Coeur-de-Marie, ça
vient me chercher, parce que
je parlais justement à une tante... moi,
je suis une fille de la région de Québec puis je parlais à une tante qui a été baptisée là. Alors, dans... Et
mes parents ont grandi tout près de cette église‑là. Alors, tous ces gens-là...
Et c'est là qu'on réalise que le patrimoine
bâti... on le réalise encore plus fort quand on connaît un immeuble, et on a
des gens, on a des parents, on a des
proches, on a des amis qui sont allés là, et on s'aperçoit que ces bâtiments-là
font partie de milliers de petites histoires qui forment notre grande
histoire du Québec, et c'est tellement important de les protéger.
Alors,
moi, c'était un honneur pour moi de participer à la bonification de ce projet
de loi là, un projet de loi qui est fondamental. Et ce que j'ai
particulièrement apprécié dans ce projet de loi là, c'est vraiment la
collaboration de tous les acteurs, la
collaboration de la ministre, qui était très ouverte et qui écoutait, la
collaboration de mes collègues députée de
Verdun et députée de l'Acadie — la députée de l'Acadie, ancienne ministre de
la Culture aussi — qui
bonifiaient la loi, qui savaient
aussi... qui amenaient des propositions qui étaient entendues par la ministre.
Et, toutes ensemble, on a travaillé très, très fort à bonifier la loi.
C'est
une loi qui est l'aboutissement, finalement, d'un processus, en fait, d'une...
On a mis les charpentes en 1972. Marie
Kirkland-Casgrain était la première ministre qui a amené ce projet de loi... un
projet de loi comme celui-là qui est devenu
loi. Ensuite, en 2011, à la suite de consultations assez importantes, je pense,
200 groupes qui avaient été rencontrés, en 2011, ma collègue députée del'Acadie avait amené un projet de loi qui
modernisait cette loi-là de 1972 et qui modernisait... c'est ça, et qui jetait les bases de quelque chose
de plus moderne. Et, 10 ans plus tard, on a le projet de loi de la ministre de la Culture,
de notre nouvelle ministre de la Culture, qui nous amène encore plus loin.
Évidemment,
tout est perfectible, mais on a travaillé très, très fort pour justement
répondre aux inquiétudes des groupes qui étaient en consultation. La ministre
est ici avec moi, elle se souvient que, durant les consultations, il y avait
des inquiétudes, il y avait des questions.
Les municipalités posaient des questions, des gens comme M. Serge Joyal
aussi, ils posaient des questions. Et
on avait tout cet enjeu-là autour de l'inventaire d'immeubles, simplement,
d'avant 1940. Et donc, durant l'étude
détaillée, la ministre a amené des amendements, on a amené des propositions
d'amendements, pas toujours acceptées, certaines acceptées, certaines
pas, mais je pense qu'ensemble on a construit quelque chose.
On a toute cette notion-là d'ensemble
patrimonial, qui est une nouvelle idée qui a été mise dans la loi... Des
ensembles patrimoniaux, c'est, par
exemple, les objets de la crypte du Grand Séminaire de Montréal, les vitraux de
l'église Saint-Mathieu, les
photographies du Grand Séminaire de Rimouski. Donc, ce n'est pas le patrimoine
immobilier, mais c'est un patrimoine quand
même, c'est des ensembles patrimoniaux qu'on se doit de protéger et de garder.
Et, dans la loi, on amène cette notion-là d'ensemble patrimonial qui est
très importante.
• (12 h 20) •
On
parle aussi... on jette les bases d'une politique de consultation, on crée une
table des partenaires, très, très bien. On espère qu'il y aura l'écoute, et qu'on mette en application ce
processus-là, et qu'il soit vraiment partie intégrante, qu'il fasse
partie d'un réflexe de la ministre et l'administration du ministère de la
Culture pour justement protéger du mieux possible
et qu'il y ait cette cohésion-là relativement au patrimoine immobilier
appartenant à l'État. C'est très important, les bases sont là, on
veillera au grain.
Un
autre élément important, et je sais que la ministre était très, très fière de
ça, c'est qu'on crée un nouveau droit, et
là c'est tout ce qui a rapport avec les permis de travaux des propriétaires
d'immeubles patrimoniaux. C'est très compliqué. On veut remplacer une fenêtre,
on veut remplacer une porte, remplacer une toiture, ces gens-là ont besoin de demander
des permis de travail, et ces permis-là, parfois, sont refusés par les fonctionnaires, ils
ne comprennent pas trop pourquoi, et encore
une fois on demande, refusé à
nouveau. Alors là, ces gens-là pourront s'adresser au Tribunal administratif du Québec,
le TAQ, pour une révision judiciaire des décisions, des décisions importantes,
hein, parce que ça occasionne, pour les
gens, beaucoup d'argent, là, quand on fait une rénovation d'un
immeuble patrimonial. Ce n'est pas rien. Donc, c'est important,
la transparence, et c'est important aussi que ces
gens-là puissent avoir une réponse quand il faut. Alors, on a mis à jour, si je
puis dire, la procédure, et c'est très heureux de pouvoir permettre aux gens
d'amener leurs... de demander une révision judiciaire au TAQ. Donc, très
important.
Il y avait toute la
grande question, là, de l'inventaire des immeubles d'avant 1940. Il y a eu
toutes sortes de... il y a eu certaines critiques, là, durant les consultations. On disait : Pourquoi 1940? On a des immeubles modernes qu'il
faut tout autant protéger. Il y a
eu une écoute de la part de la ministre, très
bien, et durant l'étude détaillée, on s'est dit : Bon, les municipalités devront faire l'inventaire de leurs immeubles
d'avant 1940. On leur donne cinq ans pour le faire et ensuite, par règlement,
on pourra rajuster le tir.
Donc,
c'est très bien, parce que, justement, faire
l'inventaire... j'ai compris que faire l'inventaire, ce n'est vraiment pas
facile. Ça demande tout un effort de la part de la municipalité qui va s'atteler à la tâche. Il faut leur donner le temps et il faut que les choses se fassent en bonne et due
forme. Et donc cinq ans, puis ensuite on révisera, puis on s'adaptera. Parce
qu'évidemment c'est le gros bon sens, là, plus on avance en
temps, plus on avance en âge aussi, et, bon, plus ces immeubles-là aussi avancent en âge, et donc il
faut les préserver. Et comme ça, la loi pourra être plus flexible, hein, et on aura un règlement qui pourra régir ça.
Et là la ministre en
a parlé tout à l'heure, la loi, et ça a un rapport avec ces inventaires-là qui
sont faits par les municipalités... Les municipalités, là, embarquent, hein? On les encadre, on les
amène avec nous dans toute cette notion-là de protection du patrimoine
bâti. Ils doivent faire un inventaire, mais aussi... Et c'était aussi, au
début, une critique du projet de loi, mais
là on a eu des amendements, justement, qui bonifiaient le projet de loi. On a eu une série d'amendements, là,
durant l'étude détaillée, il
n'est jamais trop tard, pour, justement, encadrer les
municipalités, les obliger... les municipalités, mais aussi les MRC. Il
va devoir y avoir un dialogue, c'est ce que j'ai compris, entre les MRC et
entre les municipalités. Ils vont peut-être
s'envoyer la balle des fois, mais, en tout cas, ils vont être obligés de
produire, de mettre en place des règlements pour l'entretien de leurs bâtiments
qui sont cités, de leurs bâtiments patrimoniaux, et des règlements aussi
entourant la démolition, et ça, c'est
très, très important. Et l'entretien... Parce que, si on n'entretient pas un
immeuble... Moi, je pense, justement, encore à l'église
Saint-Coeur-de-Marie. Si on n'entretient pas un immeuble, bien, qu'est-ce qui
arrive? Bien, il s'écroule, il tombe, puis
on le perd. Donc, c'est très important de faire prendre conscience à tout le
monde dans le processus de mettre en place des règlements pour protéger
ces immeubles-là, pour bien les entretenir.
Et les municipalités
et les MRC auront cinq ans. Nous, l'opposition officielle, on trouvait que cinq
ans, c'était un peu long, parce qu'un cinq
ans, c'est plus qu'un mandat d'un conseil municipal. Cinq ans, c'était long,
mais bon, c'est ça, on l'a adopté, c'est comme ça. On suivra la chose.
Pour ce qui est de la démolition, c'est deux ans.
Les règlements doivent être mis en application dans les deux ans. En fait, ça
prend deux ans avant que... on demande aux villes de penser... aux municipalités
à penser à des règlements, et ils
doivent être mis en place dans les prochains deux ans. Et, avec ça, il y a
toute une révision, hein, avant de procéder à une démolition. Et là on a resserré les règles et,
espérons-le, on n'aura plus la surprise tout à coup, en nous réveillant le
matin, de voir qu'il y a un immeuble
qui va être tout à coup démoli dans les prochains jours. Et on va éviter les
surprises, les mauvaises surprises. Et donc des cadres, un encadrement
pour les municipalités, pour les MRC.
Mais
évidemment l'argent dans tout ça, bien, ça va être le nerf de la guerre. Ça va
être le nerf de la guerre. La ministre parle
de 52 millions. Il va falloir en mettre de l'argent. Il va falloir les
épauler, nos municipalités, nos MRC, parce que ça coûte cher, et notre patrimoine coûte cher. Et on
va tout faire pour aider la ministre à ce que son gouvernement comprenne toute
l'importance et mette ça en priorité pour avoir, justement, tout l'argent qu'il
faut pour aider, pour épauler nos municipalités à préserver notre patrimoine
bâti. C'est fondamental.
On a discuté aussi
des plans de conservation. Ma collègue la ministre de l'Acadie, en 2011, avait
créé cette notion-là de plan de
conservation, avait mis en place un processus de plan de conservation. On pense
aux sites historiques de la ville de Québec, par exemple, pour mieux, encore une fois, préserver ce qu'on a et préserver dans
l'histoire ce qu'on a.
La
nouvelle loi fait en sorte que cette notion de plan de conservation là sera
remplacée. Les plans de conservation qui sont déjà là deviendront des règlements,
des règlements qui devront être appliqués, évidemment,
parce qu'on ne veut pas les perdre. C'est un travail immense que de
mettre en place un plan de conservation et c'était excellent. Le travail était
énorme, et on ne voulait pas perdre tout le travail qui a été mis là-dedans.
Et
justement, dans l'étude détaillée, la ministre
a écouté, on a amené... on a discuté et finalement on en est venus à la conclusion qu'il fallait absolument
prendre ces plans de conservation là qui existent déjà, et
les traduire, et les transformer,
si je puis dire, en règlements. Et c'est ce qui a été fait, et c'est très bien,
encore une fois, par souci de bien préserver ce qu'on a, de bien entretenir ce
qu'on a pour pouvoir le garder le plus longtemps possible.
Mais, bon,
alors, on a un projet de loi qui nous amène plus loin pour protéger notre
patrimoine bâti, mais, dans ce projet
de loi là, on a oublié deux choses :
les archives et les sites archéologiques. On en a parlé à la ministre.
Nous, de notre côté, on aurait aimé, parce qu'ouvre la loi... Quand on ouvre la loi,
là, on... Ce n'est pas tous les jours qu'on ouvre une loi. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut la changer,
qu'on peut la bonifier. Et ce qu'on disait, c'est que les sites archéologiques
auraient dû aussi être inclus dans la loi,
des règles pour les protéger, pour les préserver. Bon, la ministre n'a pas voulu
aller jusque-là.
• (12 h 30) •
Elle est ici,
elle m'écoute. On lui a dit : On aimerait fortement... en fait, il nous
faudrait des consultations sur tous ces
sites archéologiques, à savoir comment bien préserver ces sites archéologiques, par respect aussi, bien, pour nous,
pour l'histoire du Québec,
pour la société québécoise, mais aussi par souci de respect des communautés
autochtones. Ces sites archéologiques
là, c'est leur patrimoine à eux, d'abord
et avant tout, et il faut tout faire
pour les épauler, pour que ces sites archéologiques
là soient bien préservés et aient tous les moyens, justement,
pour ne pas qu'ils soient dilapidés, ou qu'il n'y ait pas de vandalisme, ou quoi que ce soit, et puis il faut aussi que, dans le temps, on les garde, ces sites
archéologiques là. Donc, essentiel — et
la ministre m'écoute, la ministre est ici, entend — essentiel,
des consultations relativement à la pérennité de ces sites archéologiques
et aussi des archives.
Et on a
bonifié le projet de loi, on a donné... On épaule les municipalités, les MRC, on leur donne les outils, on nous donne des outils pour éviter de voir un immeuble tomber en ruine,
pour éviter de voir un immeuble démoli, mais, en bout de ligne, la ministre demeure avec d'immenses pouvoirs. Je pense à l'article 78
de la loi, là, l'article 56, 58, 76, la ministre
peut décider de prendre contrôle d'un immeuble, de faire en sorte que le gouvernement en devienne propriétaire. Elle peut faire plein de choses. Elle a un pouvoir
immense. Et elle se doit à une exemplarité exemplaire, si je puis dire, pour
la préservation, pour agir rapidement pour préserver nos immeubles.
Je ne peux pas m'empêcher de penser... puis j'en
ai parlé à la ministre durant l'étude détaillée, la fameuse église Saint-Louis-de-France, là, qui est tout à
côté d'ici, là, à Sainte-Foy, sur le chemin Saint-Louis, l'église de ma
paroisse, parce qu'à l'époque on appelait ça une paroisse, qui a été
construite en 1960, qui est un symbole d'une époque, un symbole architectural de la Révolution tranquille, c'était le début de
la Révolution tranquille. Et cette église-là est au coeur d'une communauté qui
a été construite en 1960, autour de ça, où c'était la vie de tous un village, d'une
certaine façon. Et là on a décidé de
la démolir. Et je trouve ça d'une tristesse infinie. C'est comme un trou béant
qu'on laisse comme ça. On ne peut pas se permettre de perdre des souvenirs, pas
juste des souvenirs, mais des pans de notre patrimoine. Il faut tout
faire pour préserver, pour sauver des églises comme l'église
Saint-Louis-de-France. J'en ai parlé à la ministre et, là, la loi, ici, le projet de loi ne va pas nécessairement
nous aider à garder une église comme celle-là. Et tout dépend des valeurs,
tout dépend du leadership
de la ministre dans des cas comme celui-là, et on appelle à...
et je sais qu'elle est sensible à ces questions-là,
mais j'en appelle, donc, à son leadership pour que des églises comme celle de Saint-Louis-de-France ne soient
pas détruites.
On parle aussi... on a parlé récemment de la bibliothèque Saint-Sulpice, même chose. La bibliothèque Saint‑Sulpice,
là, dans La Presse, récemment, on avait un article
où on disait... on parlait de l'état des lieux de cette bibliothèque-là. On était catastrophés de voir dans quel état elle
était. Sous l'ancien gouvernement, le gouvernement de M. Couillard, quand le Parti libéral était au pouvoir, on avait promis d'en faire une bibliothèque pour adolescents. Il ne faut
pas laisser aller ce
patrimoine, ce symbole du passé. Il ne faut pas laisser aller la bibliothèque
Saint-Sulpice. Et, encore une fois, ça dépend totalement, ça, du leadership du ministre la Culture et ça dépend ultimement aussi des priorités du gouvernement parce
que la ministre a beau vouloir la sauver, l'église
Saint-Louis-de-France ou la bibliothèque Saint-Sulpice, mais, si son premier ministre, lui, ça ne l'intéresse pas, puis son Conseil du trésor, ça ne l'intéresse pas, elle
va avoir bien de la misère. Alors, ce
gouvernement-là doit absolument agir et faire en sorte que c'est une priorité
de sauver ces grands symboles de notre histoire, c'est fondamental. Je pense aussi aux Nouvelles‑Casernes — on en a parlé aussi durant l'étude
détaillée — tout
près d'ici, dans le Vieux-Québec. Les Nouvelles-Casernes, bien, ils n'ont pas
encore... on ne sait pas encore quoi en faire. Elles sont là, puis, tranquillement, l'état des lieux se
désagrège, si je puis dire. Et il ne faut pas les perdre, il faut être
superproactif puis il faut tout faire pour garder son patrimoine bâti.
Et, Mme la
Présidente, je vais vous laisser sur les bons mots du sénateur Serge Joyal,
qui nous disait qu'en fait on veut
préserver la langue, c'est fondamental de préserver la langue pour notre
culture, mais préserver la langue, préserver la langue française sans
préserver le patrimoine bâti, bien, de quoi on va parler? Donc, c'est
fondamental de préserver le patrimoine bâti.
Et maintenant
on a une loi qui va un peu plus loin. Ce n'est pas parfait, mais moi, j'aime
mieux voir le verre plus vide...
j'aime mieux voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide, c'est fondamental.
Donc, on a une loi qui va un peu plus loin.
Nous, opposition officielle, on veillera au grain, mais, encore une fois, ça dépend, ça dépend fondamentalement, là, ici, des priorités de ce gouvernement-là. Si le gouvernement fait en sorte que sa priorité, c'est de mettre de l'argent pour épauler
nos municipalités, nos MRC et tous les
groupes pour sauver notre patrimoine bâti, ça va se faire. La ministre
ne peut pas faire ça toute seule, elle a besoin de son gouvernement, et
on n'a pas le choix. Et, comme je vous dis, on sera là.
Donc, en
conclusion, on va évidemment voter pour l'adoption du projet de loi. Merci encore, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée
de Taschereau.
Mme Catherine Dorion
Mme Dorion : Merci. C'est un pas avant, le projet de loi qui est déposé aujourd'hui. Évidemment, je lâche le suspense, on va voter pour.
Et,
puisqu'il faut que j'en parle pendant un certain nombre de temps, je vais
parler du lien qu'on entretient avec notre
patrimoine, parce qu'on entend souvent dans les médias... comment le sujet est
traité, c'est souvent : Ah non! une autre superbe demeure ou un autre superbe reliquat de notre passé va
tomber dans... va être détruit, et là les gens qui s'intéressent au patrimoine, toujours les mêmes noms, toujours
les mêmes visages, ressortent pour en parler dans l'article
en disant : Mais, voyons, les
gens ne savent pas à quel point c'est important, ça date de telle époque, c'est
tel architecte, etc., et c'est souvent présenté,
et c'est comme ça qu'on le retient, comme un truc d'experts, de tripeux de patrimoine,
qui, finalement, concerne juste eux
autres, puis on dit : Ah! c'est donc bien dommage. Beaucoup
de monde disent : Ah! c'est donc bien dommage, en lisant ça, mais
on ne sent pas qu'on a le pouvoir, on ne sent pas qu'on a la possibilité
d'inverser le cours des choses.
C'est
des milliers de bâtiments patrimoniaux qui ont été détruits dans les dernières
années au Québec. On répète, on entend des phrases comme : C'est notre histoire qui part en
fumée, c'est notre histoire qui disparaît devant nos yeux. Mais, au-delà de tous ces experts-là, au-delà de
nous qui nous sommes penchés sur ce projet de loi là, qu'est-ce que ça
veut dire, le patrimoine qui part en fumée?
Dans
la vie des gens ordinaires, c'est... Prenons un exemple superfréquent, là, de
démolition, une église. Tu as une église
qui est là depuis que tu es tout petit. Tu as joué sur le parvis de l'église
quand tu étais enfant. Ta mère s'est mariée à cette église-là, ou ton cousin, ou tu t'es fait baptiser à cette
église-là, tu es allé faire ta première communion. Pour les plus jeunes, ils sont allés à des événements,
l'église ouvrait ses portes. On la voit sur la rue principale d'un village,
d'un quartier depuis toujours,
puis on la remarque. Dès qu'on est enfant, on remarque que ce n'est pas comme
les autres bâtiments. Ce n'est pas un
bloc-appartements, ce n'est pas un centre d'achats, ce n'est pas un immeuble
commercial, c'est d'autre chose, qui a l'air d'avoir — puis
ça, c'est bien rare dans notre époque — pas tellement d'utilité
claire en lien avec l'économie d'aujourd'hui.
• (12 h 40) •
À
quoi ça sert? Et pourtant c'est magnifique. Un peu comme les lieux ici. À quoi
ça sert? C'est-u vraiment le lieu le
plus pratique, ici, pour faire notre job? Honnêtement, là? Ces bureaux-là
sont-u les plus pratiques? Ça, c'est-u nécessaire, cette grande affaire là? Il va falloir entretenir
ça. Ça, ici, là, la peinture en haut, aïe! ça va coûter cher. Mais il y a un
symbole rattaché à ça, puis
l'attachement qu'on a, nous, pour le lieu ici, mais tout un village, tout un
quartier pour la grosse église, pour
le reliquat du passé, comme on l'appelle, c'est un attachement qui, finalement,
se situe dans les êtres humains. Tu sais, ce n'est pas le tas de pierres qui est important, c'est ce qu'il
signifie pour nous. Puis qu'on soit attachés au passé catholique du Québec ou pas, ou qu'on soit... peu importe. Le
lien que, depuis qu'on est petits, on entretient avec passer à côté de cette
église-là quand... si je reprends mon
exemple, aller jouer sur le parvis, faire le party avec tes amis ados sur le
parvis de l'église passé
3 heures du matin quand les bars sont fermés, tous ces souvenirs‑là sont
des attachements, puis ça, ça se passe dans les humains, puis ça, c'est
chez les humains.
Ça
fait que, quand on dit : Ce n'est pas si grave que ça si ça disparaît,
c'est des milliers de personnes qui, en voyant que ça va être démoli, ressentent une déception sincère, réelle, quand
ils voient ça. Ils disent : Ah non! Encore? Encore un? Puis je l'aimais, moi, ce lieu-là, ou : J'avais
des souvenirs, moi, dans ce lieu-là. Mais on dit : Je suis qui, moi, pour
empêcher ça? Ça doit coûter donc bien
cher. Mais, quand tu regardes les milliers... si tu prends ensemble tous les
milliers de personnes qui étaient
attachés à cette chose-là, là, ce n'est plus juste les experts, ce n'est plus
juste le monde qui tripe sur le patrimoine puis qui ressortent toujours dans
les médias. Finalement, c'est toute une communauté, puis quand tu prends toutes
ces communautés-là à l'échelle du
Québec puis tu dis : O.K., c'est en train d'arriver partout en même temps,
ces démolitions-là, bien, on fait mal
au Québec, dans le sens qu'on fait mal aux gens, au Québec, c'est ça qu'on
fait. Puis les seuls responsables puisque,
justement, ça ne fait pas de cash, un vieux bâtiment, puisque, justement, ça
coûte cher, puis on ne sait pas trop à
quoi ça sert puisque son utilité se situe ailleurs dans le coeur du monde, il y
a juste un gouvernement qui peut en prendre soin. Il y a juste nous qui
peut faire de quoi parce que ce n'est pas du domaine de l'entreprise privée qui
va trouver qu'il y a de l'argent à faire
avec ça, c'est sûr. C'est comme la
santé des gens, soit on décide qu'on en prend soin, soit on laisse
tomber ça. Bien, c'est pareil.
Et
donc le projet de loi fait un pas en avant. Ça, c'est sûr. Il y a
plein de... C'est un peu chirurgical. Il y a plein de petites choses
qui, heureusement, vont rendre ça un petit peu plus compliqué
pour les démolitions d'avoir lieu sans que personne ne s'en rende compte.
Et c'est surtout ça, l'enjeu, c'est qu'avec ce projet de loi là on va plus s'en rendre compte. On peut espérer que ça va faire que... le fait de plus s'en rendre
compte va continuer à nous sensibiliser, autant la ministre que
le gouvernement, que toute la classe politique,
que les Québécois, nous sensibiliser à l'idée... Parce qu'on ne le sait pas tous. On est
déçu parce qu'une église qu'on aimait va disparaître, mais on ne
le sait pas tous, à quel point ça va vite, à quel point ça se démolit maintenant,
là, là. C'est maintenant que tous ces vieux bâtiments là sont en train de
tomber sous le pic des démolisseurs.
Et, si on continue à ne pas s'en soucier pendant cinq, 10 ans, il ne nous
restera plus grand-chose. Ça fait que c'est maintenant qu'il y a de quoi
à faire.
Est-ce que ce projet
de loi là va vraiment empêcher les démolitions? Je pense que ça peut empêcher
un petit pourcentage de démolitions d'avoir lieu parce qu'on va le voir puis que peut-être on va dire : Non, non, non, wo! Il y a
des... Les démolitions qui ont lieu parce que
personne ne s'en rendait compte vont moins avoir lieu là.
Mais, ceci dit, tout l'aspect économique, tout le fond du problème, qui est : il n'y a
pas d'argent pour le patrimoine au Québec, les taxes foncières
des municipalités font que les municipalités ont un incitatif très fort à
transformer des terrains et des bâtiments patrimoniaux en tours à condos, en développements résidentiels...
bon, on a vu ça à plein de places, là, l'incitatif est très, très
fort pour eux, parce qu'ils veulent recevoir des taxes foncières. On ne peut
pas leur en vouloir, c'est sûr qu'ils pensent comme ça, ils sont en
charge d'une municipalité, ceux qui ne sont pas sensibilisés au patrimoine.
Et
il y a aussi le fait que, bien, les gouvernements, ils ont bien d'autres affaires, ils ont bien
d'autres affaires pressantes dans les médias qui se passent, puis il n'y a
pas un incitatif si fort non plus pour le gouvernement du Québec à dire :
On va s'en occuper, on va faire quelque chose, une politique nationale qui va aller beaucoup plus loin que
juste être un peu plus au fait de ce qui se passe. Je ne sais pas qu'est-ce qui peut faire que ces besoins-là... changer la fiscalité dans les villes par rapport au patrimoine, faire que ça
devienne un incitatif pour les municipalités de préserver leur patrimoine...
Il y en a qui ont fait le pari. Il y a plein de
petits villages au Québec qui ont dit : Nous autres, ici, on va le faire — parce qu'ils avaient des maires
visionnaires — on va le
faire, on va toutes les... on va mettre un effort particulier puis beaucoup d'argent là-dedans. Puis ils se sont
mis à attirer des touristes, des jeunes entrepreneurs, toutes sortes de monde.
Ça a marché. C'est un pari qui marche, mais
il faut le faire, le pari. Puis, si ce pari-là, que des petits villages ont
fait, le gouvernement du Québec pouvait le faire, je suis convaincue que ça
rapporterait, c'est sûr que ça rapporterait. On en voit, des villages où il n'y a
pas eu ce pari-là de fait, puis tu vois des restants d'une beauté, d'une
couleur, d'une personnalité qui est vraiment
québécoise mélangés avec une espèce de développement sauvage un peu n'importe comment, pas réfléchi, qui s'est fait parce
que, quand on ne s'en soucie pas, c'est ça qui arrive, tout simplement.
Comment on
fait pour que ça devienne un enjeu du gouvernement, qui dit : On va vraiment
faire quelque chose de gros
pour devenir une des places dans le monde où, ça, ça va
avoir été vraiment primordial, vraiment important, vraiment avec
beaucoup de vision puis qu'on maintient le cap jusqu'à ce que ça rapporte? Je ne
le sais pas, comment. On le sait, dans les
médias, que, comme je vous disais au début, à chaque fois qu'il y en a un qui
se fait démolir, il y a un petit : Ah non! ça n'a pas de bon sens. On sait que, dans le coeur des gens, ça fait :
Ah non! ça n'a pas de bon sens. Pourquoi donc ça, ça va disparaître, l'école que j'ai fréquentée, ci et
ça? Comment mobiliser ces sentiments-là pour faire pression sur un gouvernement
à une époque où il y a tellement de choses
qui urgent, où tout le monde fait pression sur le gouvernement? Je ne le sais
pas. J'espère, je mets mes espoirs dans le fait que les petits
avancements de cette loi-là, qui ne sont pas fondamentaux, mais qui sont déjà ça, puissent donner du jus dans ce
sens-là. Peut-être qu'à force de mieux voir, mieux savoir ce qui se passe,
pouvoir demander plus de comptes, pouvoir protéger plus efficacement avec
quelques petits ressorts de plus quelques bâtiments, bien, peut-être que ça va continuer à faire évoluer la pensée
là-dessus, puis surtout conscientiser les Québécois au fait que ce n'est pas juste toi ou toi qui
tiens au patrimoine, c'est tout le monde. Il y en a qui ne le réalisent pas,
mais ils le ressentent à chaque fois
qu'ils passent devant un vieux bâtiment cerné de gros blocs de béton puis
qu'ils savent que ça va se faire démolir et transformer pour quelque
chose qui n'appartient pas à la communauté, finalement.
Ça fait que je
croise les doigts. Je vais personnellement continuer à militer pour cette
conscientisation-là, et j'espère sincèrement
que la ministre va continuer à le faire, va essayer de le faire puis va surtout
montrer l'exemple aux municipalités face
à ça et peut-être, qui sait, militer au sein même de son propre gouvernement
pour que ça devienne un réel enjeu de société. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je cède la parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Je serai bref. Nous sommes un petit caucus, beaucoup
de responsabilités, nous n'avons pas pu participer comme nous le souhaitions,
mais les oeuvres sont abondantes au Parti québécois pour témoigner de notre attachement à l'histoire et au
patrimoine. Nous allons voter en faveur du projet de loi, évidemment. C'est une
avancée qui est pertinente pour cet enjeu.
Je me permettrai d'utiliser la tribune pour
rappeler un enjeu actuel, celui de la bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal.
Pas plus tard que cette semaine, les oppositions, notamment
le Parti québécois, par l'entremise de son chef, rappelaient
la nécessité d'intervenir de façon
urgente pour préserver cette institution. La ministre n'a pas eu l'occasion, à ma connaissance, d'y répondre. J'imagine que, peut-être à la faveur du budget ou d'une
intervention prochaine, ce sera le cas. Elle peut compter sur le soutien
du Parti québécois. C'est un lieu magnifique comme il y en a plusieurs partout
au Québec.
Ces lieux de
patrimoine sont chargés d'histoires belles à raconter, notamment pour la
jeunesse. Et moi, je suis de ceux qui croient que la connaissance de notre
histoire locale et régionale nous émerveille, nous enrichit, qu'on peut
magnifier ce patrimoine exceptionnel
qui est le nôtre, qui est pluraliste, le patrimoine de différentes époques à
travers l'architecture, à travers
aussi le patrimoine immatériel. J'ai réalisé récemment que la saison des
sucres, le fait d'aller chercher du sirop d'érable, ce n'était pas classé comme
patrimoine immatériel. C'est les acériculteurs qui m'ont raconté ça. Ce sera le
cas? On me fait signe. Tant mieux!
Alors, ça, ça fait partie de nos grandes traditions, traditions orales et
beaucoup... Comme on est un grand peuple, Mme la Présidente, on a une
riche histoire puis on a un riche patrimoine.
Juste avant, on a parlé des élus municipaux, et
je pense que les élus municipaux ont beaucoup de responsabilités à cet égard,
notamment à travers le patrimoine bâti. Il faut les sensibiliser. Parfois, on
leur fait découvrir des richesses insoupçonnées
qui sont à proximité, où on a beaucoup à apprendre. Évidemment, notre
architecture actuelle, notre patrimoine actuel sera notre richesse de demain. Mais, comme on a encore des
bâtiments, notamment, exceptionnels à préserver, et des paysages, je me
permets de dire que, chaque fois qu'on parlera en cette Chambre de patrimoine,
on sera gagnants, collectivement.
• (12 h 50) •
Je salue la
ministre, je salue son initiative ministérielle de nous avoir permis de
débattre de cet enjeu-là. Ce n'est pas terminé, on continue. Il y a des
gens qui nous rappellent régulièrement la nécessité de s'intéresser à ces
enjeux.
Je me
permettrais de rendre hommage à un journaliste qui est plutôt constant, hein,
qui est Jean-François Nadeau, du Devoir,
qui régulièrement nous parle d'enjeux de patrimoine. Je veux lui rendre hommage
parce qu'il est épris de ces enjeux-là, et avec raison, et je pense que les
parlementaires le sont également beaucoup. Évidemment, la députée de Taschereau
y a fait référence, on est dans des lieux
magnifiques mais qui sont chargés de symboles, et d'un patrimoine, et d'une
tradition qui, je pense, contribuent
au côté solennel de nos délibérations, mais tout ça existe partout au Québec,
et de découvrir ses côtés insoupçonnés, bien, ça fait partie des
découvertes qui rendent une vie agréable.
Alors, je le
réitère, Mme la Présidente, nous voterons en faveur. J'aurais aimé pouvoir y
participer, mais j'ai suivi de très
près les travaux, l'évolution, également, du projet de loi, parce qu'il y a des
gens qui sont venus témoigner, il y a des gens qui font fait des
propositions. Évidemment, dans un projet de loi, tout ne peut pas s'y
retrouver. Il y a autant d'avis qu'il y a d'observateurs ou qu'il y a
d'acteurs. Mais l'important, quand on participe à une pièce législative, c'est
d'avoir la conviction qu'on a fait oeuvre utile, qu'on a fait avancer une cause,
et je suis d'avis qu'avec ce projet de loi on y réussit, comme parlementaires,
comme groupes parlementaires. Alors, je salue l'ensemble des personnes qui ont contribué, y compris les personnes qui sont venues
en commission, qui ont écrit sur le sujet. Continuez de le faire, c'est
important.
Et, le Parti
québécois, je ne vous apprendrai rien en vous disant que, lorsqu'on est épris
de langue, d'histoire, de patrimoine, bien, évidemment, ça nous habite
chaque jour. Alors, on aura d'autres occasions d'y revenir certainement
prochainement, peut-être à travers l'étude des crédits, peut-être à travers
l'actualité, et à travers une vision qu'on vous présentera très bientôt.
Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme la ministre, les parlementaires. Je vous souhaite une
belle fin de journée. Et puis au plaisir d'en apprendre davantage,
peut-être, sur le patrimoine, à la faveur du budget aujourd'hui. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le chef.
Maintenant, en... Il n'y a pas d'autre intervenant? Non.
Mise aux voix
Alors, en
application de l'ordre spécial, j'invite maintenant les leaders parlementaires
à m'indiquer le vote de leurs groupes sur l'adoption du projet de loi n° 69, Loi modifiant la
Loi sur le patrimoine culturel et d'autres dispositions
législatives. M. le leader du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie. Mme la députée de Bourassa-Sauvé?
Mme Robitaille : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Mme la députée de Taschereau?
Mme Dorion : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le chef du troisième groupe d'opposition?
M. Bérubé : Pour.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader adjoint du gouvernement, avez-vous des indications à nous
transmettre concernant les votes des députés indépendants?
M.
Caire : Oui, Mme la
Présidente. Mme la députée de Marie-Victorin nous a indiqué vouloir voter pour.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie. En conséquence,
le projet de loi n° 69, Loi modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et
d'autres dispositions législatives, est adopté.
M. le leader
du gouvernement, il reste quelques minutes avant les débats de fin de séance,
alors pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux?
M.
Caire : Bien,
pouvez-vous appeler l'article 26 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 197
Reprise du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, à l'article 26 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 24 mars 2021 sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 197, Loi modifiant la Loi sur la protection du
consommateur afin de lutter contre l'obsolescence programmée et de faire
valoir le droit à la réparation des biens.
Est-ce qu'il y a des interventions? Bonjour.
Alors, comme vous venez d'arriver... Je m'excuse, je ne vous avais pas vue. Alors, je vous cède immédiatement la parole pour votre intervention, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
bien entendu. Je vous cède la parole pour les quelques minutes qu'il
reste.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je vais, sans surprise, Mme la Présidente, annoncer que le Parti libéral du Québec sera en faveur de
l'adoption du projet de loi n° 197.
J'ai bien écouté, avec beaucoup
d'attention l'allocution de notre collègue le député de Chomedey
hier sur le fait que, oui, c'est un projet
de loi transpartisan, c'est un projet de loi qui a été fait avec la collaboration... par les étudiants de l'Université de Sherbrooke, avec Jonathan Mayer, le professeur. J'ai
participé, évidemment, dans cette belle aventure. Et, Mme la Présidente, pas besoin de vous que je pense qu'il était temps qu'on puisse
déposer quelque chose qui va enfin toucher l'obsolescence.
Voilà
deux ans, Mme la Présidente, quand le collègue de Chomedey
a déposé ce projet de loi là, on était vraiment précurseurs. Aujourd'hui, on est un peu en rattrapage,
et je ne peux que souhaiter que le ministre qui est responsable de la Loi
de la protection du consommateur, soit qu'il appelle le projet de loi dans son
intégralité, qu'on fasse un peu de consultation,
comme l'a suggéré le collègue de Chomedey... Il y a quatre experts qui avaient
déjà été identifiés lorsqu'on avait
demandé d'entendre les gens lors du dépôt de la pétition, Mme la Présidente. Je
rappellerais qu'il y a quand même plus de 40 000 personnes qui
ont signé cette pétition-là.
L'obsolescence
programmée ou l'obsolescence planifiée, Mme la Présidente, c'est évidemment nos
téléphones qui, lorsqu'on ne fait pas
les mises à jour, à un moment donné, on vient qu'on ne peut plus s'en servir.
Les personnes qui ont plus
d'expérience, Mme la Présidente, se rappelleront du fameux réparateur Maytag
qui, à l'époque, lorsqu'un réfrigérateur avait un problème, facilement...
on achetait des gros appareils ménagers, ça pouvait facilement durer
30 ans, 40 ans, Mme la Présidente,
alors qu'aujourd'hui, bien, lorsqu'on achète des nouveaux électros, au bout de
cinq ans on peut juste changer une
carte mémoire. Donc, évidemment, ça ne dure pas le même temps, O.K.? Il y a eu
beaucoup de changements.
Et
le projet de loi qui est devant nous, Mme la Présidente, dit quoi? Il invoque
le droit à la réparation, il invoque le droit d'une cote de durabilité, il
invoque le fait que si on fait de l'obsolescence, qu'on la planifie ou qu'on la
programme, Mme la Présidente, qu'on puisse imposer des amendes. On est rendu
là. En France, c'est comme ça que ça fonctionne maintenant, il y a des amendes
qui sont déposées et plusieurs États aux États-Unis ont aussi fait un pas vers
l'obsolescence programmée.
Et,
Mme la Présidente, je terminerais en disant qu'à partir du moment où le
Fondaction fait même un tout premier fonds d'investissement spécialisé
en économie circulaire au Canada qui sera doté de 30 millions, c'est...
Pourquoi, Mme la Présidente? Parce
que l'obsolescence programmée, ce n'est pas juste le droit à la
réparation, c'est aussi l'économie circulaire,
c'est aussi le fait qu'on doit recycler, récupérer, et que très souvent,
lorsqu'il n'y a qu'un fabricant qui est autorisé à réparer, Mme la
Présidente, ça fait que les gens vont préférer se débarrasser de leur outil
pour aller en chercher un nouveau. Donc,
c'est sûr que, si le projet de loi serait adopté, Mme la Présidente, avec le
droit d'avoir des pièces de rechange, d'avoir
une cote de durabilité, je pense que les consommateurs seraient beaucoup mieux
éclairés dans les types d'acquisitions et les types d'achats qu'ils feront dans
un futur certain, Mme la Présidente, mais qu'ils seront également mieux
protégés.
Donc,
pas besoin de vous dire... J'ai parlé avec le ministre, je vais le dire quand
même, je pense que le ministre semble être ouvert. Je lui ai dit :
Le projet de loi n° 197, bon, peut-être qu'on va l'avoir dans autre projet
de loi. Mais c'est un petit projet de loi, Mme la Présidente, avec seulement
14 articles. Je pense qu'à partir du moment où il y a un beau consensus ici... Toutes les formations politiques
ont participé à faire ce projet de loi là en travaillant avec les étudiants.
Et, Mme la Présidente, c'est une première, qu'un groupe d'étudiants
dépose un projet de loi. Donc, j'aimerais remercier et féliciter les étudiants qui ont participé à ce beau projet là; le
Pr Mayer, évidemment, parce que c'était son idée. Nous, on a
contribué, comme parlementaires, pour expliquer aux étudiants comment
fonctionne un projet de loi, qu'est-ce qu'on doit
faire, comment marchent les notes explicatives, comment on fait pour faire des
amendes. Puis finalement, bien, le député
de Chomedey a accepté de parrainer ce projet de loi là et de se faire le
porte-voix des étudiants, Mme la Présidente, pour pouvoir... qu'on puisse enfin, comme parlementaires québécois...
pouvoir s'attaquer à ces problématiques-là, qui sont vraiment réelles,
Mme la Présidente.
Donc, comme je l'ai
dit d'entrée de jeu, nous sommes, l'opposition officielle, en faveur de
l'adoption du projet de loi n° 197. Et
nous avons bien hâte que le ministre de la Protection du consommateur puisse
enfin soit l'appeler, pour qu'on
passe le plus rapidement possible... Je vais le redire, Mme la Présidente,
voilà deux ans on était précurseurs, lorsque ce projet de loi là a été déposé, puis présentement on est en train de
se faire dépasser. Donc, je pense que, pour une fois qu'on pourrait faire quelque chose en protection
du consommateur, depuis qu'il y a un nouveau gouvernement de la CAQ, évidemment... Je veux que le ministre entende
qu'il a la collaboration de l'opposition officielle pour pouvoir aller de
l'avant lorsqu'on parle de combattre
l'obsolescence programmée. Pourquoi, Mme la Présidente? Pour le bien-être des
consommateurs, évidemment. Donc, je vous remercie.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Je vais suspendre les
travaux quelques instants pour le débat de fin de séance, pour laisser le temps
aux parlementaires de se joindre à nous au salon bleu.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 13 h 5)
Débats de fin de séance
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous poursuivons nos travaux avec le débat de fin de séance. Conformément à l'ordre spécial, nous allons
maintenant procéder aux trois débats de fin de séance.
Le
premier débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Fabre au ministre
du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale concernant l'impact de la pénurie de main-d'oeuvre sur la livraison des services et soins de santé.
Je vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le
député qui a soulevé le débat et le ministre
qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le
député a ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Mme la députée de Fabre, je vous cède la parole
pour une durée de cinq minutes.
Pénurie de main-d'oeuvre
dans le réseau de la santé
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, je suis très heureuse de pouvoir revenir sur l'état de situation
par rapport aux postes vacants et la santé du marché du travail. La question que je posais ce matin, ça fait suite au rapport dévastateur qui était déposé par
l'Institut du Québec sur le marché
du travail pour le dernier trimestre
de 2020. Et les données ont été
collectées de cette façon-ci, en respect de la pandémie, c'est vraiment
le quatrième trimestre de 2020 qui a été comparé au quatrième trimestre
de 2019, puisque les données durant la pandémie n'ont pas été comptabilisées.
Alors, écoutez,
c'est un bond qu'il faut souligner, c'est un rapport désastreux, puisqu'on se
retrouve devant une situation où il y
a 148 460 emplois qui sont vacants, et c'est un bond qui est
historique, le plus haut taux enregistré depuis le début de la collecte de données en 2015. Et ce qui est très, très,
très alarmant avec tout ce que l'on vit, c'est que 75 % de cette hausse qui est, bien sûr, mise à
l'avant-scène avec le rapport, 75 %, ce sont les emplois dans le réseau de
la santé. Dieu sait qu'on en a
besoin, Mme la Présidente. Bien sûr, on a besoin de nos infirmières, de nos
infirmières auxiliaires, du personnel
de la santé, des préposés aux
bénéficiaires, alors c'est un cri
d'alerte, mais c'est un cri d'alerte aussi qui fait en sorte que... bien sûr, on peut invoquer la
pandémie et, bien sûr, c'est certainement exacerbé, cette situation, par la
pandémie, mais clairement il fallait agir avant, il fallait agir
pendant, il fallait se mettre en mode gestion de crise.
Et, quand, ce
matin, j'ai posé la question, j'ai eu, de l'autre côté, quelques réactions,
alors je voulais me permettre de
revenir là-dessus. Quand j'ai parlé de l'ancien ministre de l'Emploi qui avait
lancé sa stratégie de la main‑d'oeuvre en mai 2018, d'abord, premièrement, ça
faisait suite à une large, large consultation, le rendez-vous de la
main-d'oeuvre, où tous les partenaires du marché du travail saluaient cette
stratégie de main-d'oeuvre, qui était vraiment exhaustive et en lien direct
avec les recommandations de l'ensemble des partenaires du marché du travail. À
ce moment-là, quand la stratégie a été
déposée, on était à 100 000 emplois vacants. Je répète, nous sommes à
148 000 emplois vacants. Alors, ce matin, le ministre de l'Emploi a dit : Oui, mais il n'y
a pas eu grand-chose qui a suivi par rapport à ça, le lancement s'est fait
quatre mois avant l'élection.
Alors, je
vais faire un petit parallèle, si on me le permet. Donc, le ministre de
l'Emploi a dit : Il n'y a pas grand‑chose qui a suivi. La stratégie a été
déposée quatre mois avant le plan d'action. Lui, le ministre de l'Emploi, il a
fait une tournée, La Grande Corvée,
il a déposé son plan d'action. Et, quand on regarde les dates, c'est en
septembre 2019 qu'il a déposé son Plan
d'action de la main-d'oeuvre, qui touchait quatre secteurs principalement, dont
la santé. Et, si je suis indulgente et que je mets de côté la situation de la
pandémie, bien, entre le dépôt de son plan d'action et le début de la pandémie,
bien, il y a eu six mois. Et
qu'est-ce qui s'est passé? Vraiment pas grand-chose. Et déjà, déjà la situation
était très, très, très alarmante. En
avril 2019, c'est pas mal avant la pandémie, ça, Mme la Présidente, on était
déjà avec 60 000 travailleurs qui étaient... qu'il fallait... des postes vacants dans le réseau
de la santé. 60 000 travailleurs, il nous manquait
60 000 travailleurs. Et moi, pendant des mois et des mois,
j'ai demandé à l'ex-ministre de la Santé de nous déposer un plan, un plan
d'action pour s'assurer qu'on recrute des
préposés aux bénéficiaires, qu'on donne des solutions face à la pénurie. Dans
un premier temps, j'ai eu droit à quelques pistes qui ressemblaient un peu à un
napperon, et le seul élément novateur qui s'ensuivit, avec le plan d'action qu'elle a finalement déposé à force
de demander et de demander, bien, c'était un plan d'action où la seule mesure
innovante, c'était un projet de bourses, qui a dû être interrompu parce qu'il
ne fonctionnait pas plus qu'à 50 %.
Alors donc,
il y a eu des feux rouges, feux rouges, feux rouges depuis l'élection de ce
gouvernement. Et, je dois reconnaître, je connais bien le ministre de l'Emploi,
c'est quelqu'un qui travaille beaucoup ses dossiers, qui est sur le
terrain, alors, oui, il y a eu beaucoup de
travail, mais encore faut-il, dans l'imputabilité des gestes posés, qu'on
puisse assurer une vigie et voir si ça fonctionne.
Donc,
clairement, clairement, il y a eu sa grande tournée, La Grande Corvée, il y a
un groupe d'intervention. On l'a dit : Pour ce qui est de l'aspect sanitaire,
quand on est en gestion de crise, on s'assure de raccourcir les délais. Alors,
clairement, clairement, rien n'a porté fruit.
• (13 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je cède la parole à M. le ministre pour une durée de cinq minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Parler de rareté de main-d'oeuvre, c'est un sujet qui me fascine,
qui fascinait tous les analystes économiques
en 2007, en 2008, en 2009. C'est un phénomène qui existe depuis des décennies
et qui s'amplifie depuis très longtemps.
Quand on me
parle de Stratégie nationale de main-d'oeuvre, je vous rappellerais, Mme la
Présidente, que ça n'a été déposé
qu'en mai 2018, alors qu'en 2008‑2009 on parlait déjà d'urgence d'agir, on
parlait déjà qu'éventuellement la rareté de main-d'oeuvre allait développer... allait freiner la croissance
économique et allait faire en sorte que des entrepreneurs allaient devoir refuser des contrats en raison de
la rareté de main-d'oeuvre. On s'est mis à pied d'oeuvre dès notre élection.
On a effectivement mis
en place une grande corvée, qui est un changement complet de paradigme. On a
mis nos conseillers aux entreprises, qui sont partout sur le territoire
du Québec, au service des entreprises.
C'est
un phénomène démographique incontournable, la population du Québec, vous le
savez, vieillit rapidement.
Il y a beaucoup de départs à la retraite, il y a beaucoup de vacances. On s'est
intéressés à tous les groupes de travailleurs, travailleuses qui n'étaient pas suffisamment
représentés sur le marché du travail, tant les travailleurs expérimentés, les
personnes immigrantes, les personnes bénéficiant de l'aide financière de dernier
recours, les jeunes, les femmes, les personnes en situation de handicap, les
personnes judiciarisées, tout le monde était concerné par le défi de rareté de main-d'oeuvre. Et l'objectif était d'accroître le
taux d'emploi de ces personnes-là, et on a eu des succès, à cet égard-là,
extrêmement intéressants.
On
ne réglera pas ça demain matin, on est en contexte de reprise économique. J'ai
beaucoup de respect pour l'Institut du
Québec, et qu'on ait 150 000 postes vacants, c'est normal. En
février, notre taux de chômage a baissé à 6,4 %, on a récupéré 112 600 emplois. On est en
contexte de reprise. Où était ma collègue dans la dernière année? Évidemment,
en raison des périodes de
confinement, il y a eu beaucoup de licenciements et de mises à pied, ce qui a
augmenté le nombre de postes vacants.
Je le répète, la reprise actuelle, elle est vigoureuse, elle nous permet d'être
optimistes pour l'avenir. Il y a des
secteurs qui sont plus affectés par la pandémie, donc il y a encore du chômage
et des personnes qui ont besoin de se requalifier
pour être réorientées, suite à leur décision, vers des secteurs névralgiques où
il y a encore beaucoup de rareté de
main-d'oeuvre, et ces personnes-là participent à notre programme. Puis peut‑être
que ma collègue, on pourrait échanger sur
les tenants et aboutissants de ce programme-là. Il y a
12 000 personnes qui y participent. Il y a, en date de ce matin,
14 % de ces 12 000 là qui
sont en train de faire des formations de courte durée pour se réorienter dans
le domaine de la santé, où il y a des besoins manifestes. On les
accompagne.
On a aussi, au
Québec, puis ça, ça date de 20 ans et de plus, des écarts de productivité
avec l'Ontario, les autres pays membres de
l'OCDE. Donc, on travaille avec des programmes adaptés aux entreprises pour
aider à la formation des personnes
qui travaillent pour elles suite à l'acquisition de nouvelles technologies
numériques. La requalification, Mme la Présidente,
on en parle, on va en parler constamment, c'est le défi de l'heure, c'est ce
qui va permettre aux personnes qui ont l'ambition de faire une formation
et de répondre à des besoins où il y a encore beaucoup de rareté de
main-d'oeuvre, 150 000 postes vacants, alors que je rappelais ce
matin que, dans un marché en équilibre, il y a toujours à peu près de 70 000 à 80 000 postes vacants. Il
faut s'assurer de bien comprendre où sont ces vacances-là. Et à de multiples
reprises on a référé aux technologies
de l'information, la santé, la construction, l'éducation, le génie. On a
annoncé, dimanche dernier, avec ma collègue du Conseil du trésor, un vaste plan
global pour répondre à nos besoins en matière de construction suite à
l'accélération des projets d'infrastructure dans les prochains mois. Moi, je
suis confiant et totalement positif. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée Fabre pour son droit de
réplique.
Mme Monique Sauvé
(réplique)
Mme Sauvé : Merci, Mme la Présidente. Alors, le ministre demandait où j'étais,
alors je vais vous dire où j'étais : j'étais à défendre les aînés
qui ne recevaient pas tous les soins, en CHSLD, parce qu'il manquait de
personnel et j'étais à demander à
l'ex-ministre de la Santé comment on pouvait déployer un plan et où était le
plan pour recruter des préposés aux bénéficiaires. C'est là où j'étais,
Mme la Présidente.
Et
elle était où, la CAQ, lorsque nous avions déposé notre stratégie de la
main-d'oeuvre? Ils étaient en campagne électorale
à parler des emplois payants et à nier la pénurie de main-d'oeuvre. Et où était
le premier ministre, aujourd'hui, en période de questions? À nous dire,
encore une fois, que la priorité c'est les emplois payants et non pas la rareté
de main-d'oeuvre et la solution à la
pénurie. Oui, toutes les actions que le ministre a posées, je les entends, je
les connais très bien, mais oui, nous sommes dans le plus haut taux
enregistré depuis le début de la collecte de données en 2015 par l'Institut du
Québec.
Alors,
ma question, elle va être très, très simple : Toutes ces actions qu'a
nommées le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, qu'est-ce
que ça donne? C'est tout. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Donc,
nous allons passer au prochain débat. Donc, il y a eu une inversion, alors nous
allons tout de suite procéder au
troisième débat, qui devient le deuxième débat, et avec une question adressée
par Mme la députée de Bourassa-Sauvé au ministre du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale, en remplacement de la ministre de l'Immigration,
de la Francisation et de l'Intégration,
concernant le programme de régularisation des anges gardiens. Je vous cède
immédiatement la parole.
État de situation des demandeurs
d'asile au Québec
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, Mme la Présidente. Rappelez-vous, Mme la Présidente, il y a près d'un
an, là, au plus fort de la pandémie,
on mettait la lumière sur le travail essentiel de ces étrangers qui n'étaient
qu'à un statut précaire, mais qui
aidaient nos aînés au risque de leur vie, sans protection. Beaucoup sont tombés
malades, certains en sont même morts, Mme la Présidente.
Le premier ministre les a qualifiés
d'anges gardiens, on s'en souvient, et nous promettait de les récompenser en
régularisant leur statut, hein? Ça tombe
bien parce que, ces gens-là, on avait vraiment besoin d'eux, on a encore
vraiment besoin d'eux. Il y a une
pénurie d'emploi dans ce domaine-là, et donc c'est très heureux, on veut la
régularisation de leur statut.
Donc,
il y a eu des négociations qui ont été entreprises avec Ottawa. Ottawa était
très généreux, ouvrait la porte à
tous les travailleurs essentiels de la santé. Le Québec
était toujours sur les freins dans cette négociation-là. Bon, finalement, il y a eu une entente, puis à partir du
mois de décembre, il y a eu un programme qui s'est mis en branle.
• (13 h 20) •
Et
là, à la lumière de tous les articles qui sont sortis sur le sujet, là on
s'aperçoit que, du côté d'Ottawa, ça roule, ça roule vraiment bien, mais,
du côté de Québec, on avance à pas de tortue. J'écoutais le ministre, tout à
l'heure, en réponse à ma question, qui disait que tout roulait bien du côté de Québec.
Or, ce n'est pas du tout le cas. Je l'amène à regarder les statistiques, des statistiques
qui sont parlantes, vraiment. En un an... Pardon? Oui, en un an... pardon, en deux mois, on a trois dossiers qui s'étaient
réglés, là, selon l'article de Radio-Canada du 26 février, trois dossiers sur 721, je crois, mais, du côté canadien, on avait peut-être
900 cas, puis la moitié des dossiers avaient été traités. Alors là, on se
posait la question : Mais voyons, qu'est-ce qui se passe au ministère de
l'Immigration du Québec? Un article, aujourd'hui, du Devoir nous dit : Bon, ça a
accéléré un petit peu, mais, quand même, il reste encore énormément de travail
à faire du côté de Québec.
Et
on parle, évidemment, d'un gigantesque cafouillage, on parle entre autres de la
veuve de Marcelin François, qui est ce préposé aux bénéficiaires, qui a
vraiment fait les manchettes au mois de mai, pas juste au Québec, mais partout
dans le monde. Donc, la veuve se noie
carrément dans une bureaucratie qui n'a juste pas d'allure. On lui demande des
documents, on lui demande, par
exemple, de soumettre... le gouvernement provincial lui demande de soumettre
toutes les pages des passeports de tous les enfants et d'elle-même. Et
c'est un passeport qui est détenu par CIC, Citoyenneté et Immigration Canada, et là il faut qu'elle demande à CIC de
faire les copies. Une affaire épouvantable, une bureaucratie qui n'a pas
d'allure. Et donc, là, récemment,
dans l'article du Devoir, on apprend que, par exemple, au ministère de
l'Immigration, on ne veut pas parler
à son avocat. On a envoyé un accusé de réception à sa demande à la mauvaise
adresse, à son ancienne adresse, et
puis on a envoyé cet accusé de réception là pas à son nom à elle, mais au nom
de son défunt mari. On a envoyé l'accusé de réception à un mort, Mme la
Présidente. Bien, moi, ça me trouble profondément.
Je
pense qu'il y a un problème, de toute évidence, au ministère de l'Immigration.
Puis moi, j'interpelle le ministre, j'aimerais
qu'il dise à la ministre de l'Immigration de prendre les affaires en main, de
régler ce gros gâchis et d'y voir, parce que la lenteur avec laquelle la CAQ
traite, en ce moment, la régularisation des anges gardiens, ce n'est pas
seulement honteux, mais ça nuit à la
société québécoise. Et pourquoi ça nuit à la société québécoise? Parce que ça
garde ces gens-là dans la pauvreté.
Le ministre de l'Emploi et de l'Immigration... pardon, le ministre de l'Emploi
et du Travail le sait très, très bien, garder les gens dans la pauvreté, ça
fait absolument... ça nuit à leur intégration totalement, ça nourrit une
marginalisation. L'exclusion sociale, ce
n'est vraiment pas bon pour le Québec. Et ces gens-là, Mme la Présidente, bien,
ils veulent travailler, ils peuvent
travailler, ils travaillent, mais la précarité de leur statut, c'est totalement
anxiogène. Il faut absolument que, ces gens-là, leur statut soit
régularisé.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
M. le ministre, la parole est à vous pour une durée de cinq minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, comme je l'ai exprimé ce matin, j'ai
beaucoup de sympathie puis d'empathie pour le cas de M. Marcelin François,
là, qui était d'ailleurs un préposé aux bénéficiaires ici, donc, qui s'occupait
de soigner nos personnes malades et nos
personnes aînées. Puis évidemment, malheureusement, il nous a quittés beaucoup
trop tôt, et sa veuve et conjointe, elle a
présenté une demande de résidence permanente pour des motifs humanitaires. Puis
je rappellerais que les demandes d'asile puis les demandes de statut de
réfugié, ça relève, bien sûr, d'Ottawa.
Ceci
dit, il y a un programme spécial qui a été mis en place pour les demandeurs
d'asile pour les personnes qui ont donné
des premiers soins à nos personnes malades et à nos personnes aînées, puis on
souhaite que ce soit mis en application de la façon la plus harmonieuse possible. C'est un programme qui est en
place depuis le mois de décembre l'année dernière, qui est un nouveau
programme. Et les statistiques que j'ai obtenues en date d'aujourd'hui me
laissent croire que le nombre de
dossiers traités est en évolution constante, c'est un succès... qui préoccupe
aussi beaucoup ma collègue qui est au MIFI et qui s'assure que ça se fasse de la manière la plus diligente possible
et dans le respect des droits et de la dignité, notamment de Mme Oséna Charles. Il y avait, en date du
19 mars, 389 demandes qui avaient été présentées, 114 finalisées.
Puis, comme des fois, sur des demandes, il y a plus qu'une personne, il
y a 237 certificats de sélection du Québec qui ont été délivrés en date de ce jour. Ce qui me préoccupe, Mme la
Présidente, c'est de réitérer, encore une fois, que les demandes peuvent
se faire jusqu'au mois d'août. Le programme
est encore effectif jusqu'à cette date-là. Et enfin le délai moyen de
traitement pour l'obtention du CSQ en date d'aujourd'hui, il est de
21 jours.
Je
sais qu'on veut aller rapidement. En même temps, on ne veut pas non plus
botcher les dossiers, on veut le faire dans le respect des personnes qui
demandent. J'ai, encore une fois, énormément de sensibilité puis d'empathie
pour Mme Oséna Charles, que je
salue, bien sûr, et je veux, par nos propos... Puis je sais que c'est visé par
la question de ma collègue, que nos
échanges aient un effet accélérateur. Mme Charles, vous êtes bien entendue,
on s'occupe bien de votre dossier. On
va s'assurer que vous êtes traitée avec toute l'humanité que vous méritez. Et,
encore une fois, merci d'être ce que vous êtes, Mme Charles. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, je vous cède la parole pour votre droit de
réplique.
Mme Paule Robitaille (réplique)
Mme Robitaille :
Mme la Présidente, en tout respect, là, pour le ministre, il parle de succès,
bien, ce n'est pas un succès, là. En ce moment, là, ça va juste mal, ça
n'avance juste pas. Et c'est un programme que le gouvernement québécois a voulu gérer. Ottawa l'a fait pour les autres
provinces, mais ce programme-là, il est ultimement géré par le gouvernement
québécois, qui analyse les demandes au fond,
et cette approche-là du gouvernement québécois est une approche tatillonne,
hein, qui manque d'humanité, et j'espère,
j'espère que le ministre, qui est sensible à ces questions-là va alerter la
ministre de l'Immigration pour qu'elle fasse quelque chose.
Moi, je parle
aux avocats, là, depuis une semaine, presque à tous les jours, puis pas juste
un avocat, là, plusieurs avocats, et ce qu'ils me disent, c'est qu'il n'y a pas
eu d'assouplissement du côté du MIFI, du ministère de l'Immigration, la liste de documents est toujours la même, et
c'est une liste de documents, encore une fois, qui ne sert pas la célérité de
l'étude des demandes comme ça devrait être.
On a des
êtres humains qui ont travaillé pour nous, qui ont sauvé nos aînés, qui ont
tout donné, qui ont pris des risques impossibles, et là... et on a des gens,
là-dedans, qui sont morts. On a des veuves qui sont préposées aux bénéficiaires,
qui veulent travailler, et le ministre le sait : tant que cette femme-là
n'a pas une résidence permanente, elle ne peut pas profiter des programmes de CPE ou de garderie subventionnée. Elle
pourrait donner à la société, mais elle ne peut pas parce qu'elle
ne peut pas travailler. C'est une situation complètement absurde, Mme
la Présidente. Et ceux qui peuvent
travailler, bien, ils sont pris
là-dedans, dans l'inquiétude de voir leur demande, quelque part, arrêtée, et il
faut agir avec célérité et humanité. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée, c'est ce qui met fin à votre droit de réplique.
Maintenant, nous allons poursuivre avec le
troisième débat, qui portera sur une question adressée par Mme la députée
de Mercier au ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles, en remplacement du ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, concernant le rapport
du BAPE sur le projet de GNL Québec. Mme la
députée de Mercier, la parole est à vous.
Position du gouvernement
sur le projet de gazoduc et d'usine
de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec inc.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est la première fois que je participe à un débat de fin de séance et que je demande un débat de fin de
séance, depuis que j'ai été élue, et je le fais parce que la question est
fondamentale. Toutes mes questions, évidemment,
sont fondamentales, mais celle-là particulièrement, et les réponses du ministre de l'Agriculture, qui m'a répondu ce matin, m'ont fait dire qu'on
ne peut pas arrêter ça là, qu'il faut continuer. Et j'espère que le ministre que j'ai devant moi,
qui va répondre, le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles,
va me donner une réponse différente
de celle du ministre de l'Agriculture et celle du ministre de l'Environnement
hier, à la suite de la publication du rapport sur GNL Québec.
Le gouvernement devrait... En fait, moi, ce que j'aimerais entendre, c'est uniquement,
de façon très humble et claire, dire :
Oui, nous nous sommes trompés, nous nous sommes trompés par rapport à ce projet,
et que nous allons arrêter le projet de GNL Québec, au lieu de laisser
ce cheval mal en point agoniser jusqu'à la fin qu'on connaît.
Donc, non
seulement le ministre n'a pas répondu ce matin, mais en plus il a
préféré faire diversion et me critiquer d'avoir critiqué le processus du BAPE. Je veux rappeler que Québec solidaire n'étaient pas les seuls à critiquer comment ça s'est passé. J'ai eu énormément
d'échos — j'y
ai participé moi-même — sur
la façon que ça se passait. Il y a des groupes étaient choqués que tout le plancher était laissé au promoteur. Il n'y
avait pas eu d'évaluation des risques psychosociaux, alors que c'était obligatoire dans le dépôt du
projet. Et on sait que c'est un projet très controversé et il y en a, des
risques. Et c'est rendu, même, que le
promoteur avait répondu aux... quand il y a des citoyens qui ont posé des
questions sur la lutte aux changements
climatiques et l'Accord de Paris, il n'y avait tellement pas de personnes
pour leur répondre, de différents ministères, que le promoteur lui-même,
de GNL Québec, a commencé à répondre.
• (13 h 30) •
Je sais que
le ministre de l'Énergie a regardé la pièce de théâtre J'aime Hydro. Et
moi, j'ai envie de dire : J'aime le BAPE, et ce n'est pas parce qu'on aime
quelque chose ou une institution qu'on ne peut pas la critiquer. Au contraire,
on devient même plus critique. C'est une institution extrêmement importante, et dont les Québécois sont
fiers, et qu'ils utilisent, puisqu'on
a vu à quel point ce BAPE a été très, très couru, de toute l'histoire des BAPE
du Québec. J'ai moi-même déposé un projet de loi, le projet de loi
n° 199, pour donner plus de pouvoirs et plus d'indépendance à cette
institution. Et en plus il introduit un
droit nouveau, le droit d'initiative citoyenne, c'est-à-dire que des citoyens
qui sont préoccupés par une question peuvent faire signer une pétition.
Souvent, hein, on fait signer une pétition, on la dépose à l'Assemblée nationale, et tout le monde se demande c'est quoi,
la suite, qu'est-ce qui se passe avec ça, mais là elle aurait une valeur...
il serait possible... Dépendamment du nombre de signatures, dépendamment du
nombre de régions qui ont signé, dépendamment
de l'envergure du projet, il serait possible, à la suite de cette initiative
citoyenne, qu'une consultation du BAPE ait lieu.
Vous savez, une chance qu'il y a eu
autant de membres, et de gens, et d'organismes, et de citoyens, et de
scientifiques qui ont participé au BAPE, parce que c'est ce qui a permis au
rapport du BAPE de contredire totalement les belles paroles de GNL Québec. Le gouvernement a posé trois
conditions : acceptabilité sociale, réduction des gaz à effet de serre,
permettre la transition énergétique
ailleurs dans le monde... ou partout dans le monde. Aucune n'a été respectée.
Je veux dire, normalement, quand le gouvernement pose des conditions et
qu'elles ne sont pas respectées, aucune, normalement ça arrête là, on rejette le projet. Au lieu de ça, il
préfère donner encore du temps à GNL Québec à ressasser toujours les mêmes
affaires.
Et
le rapport du BAPE, contrairement à ce que dit le ministre, il faut qu'il
réponde aux questions, ne pose pas tant de questions que ça. Il pose des
constats qui défont les fausses affirmations du promoteur. Il va y avoir un
ajout net des émissions mondiales de
GES. Ça, c'est l'argument de base même, de remplacer le charbon par le gaz
naturel liquéfié, qui tombe comme un
château de cartes, et ça a été un argument qui a été beaucoup répété aussi par
les ministres et le premier ministre.
Ce projet retarde la transition énergétique dans le monde, donc un autre
argument du promoteur qui tombe. Les retombées
économiques auront lieu en Alberta, où on fait de la fracturation hydraulique,
où on sait que ce processus a des impacts non seulement sur
l'environnement, mais sur la santé des communautés. Augmentation du trafic
marin qui va avoir un impact certain sur le
béluga, des scientifiques aussi l'ont dit, ont demandé un moratoire sur
l'augmentation du trafic marin. Les
retombées économiques ne seront pas au rendez-vous. On le sait, tout ce qui
s'est passé avec McInnis, la cimenterie McInnis, tous les arguments
qu'elle a dits et les belles promesses qu'elle a faites qui ne se sont pas
avérées.
Moi,
j'ai envie que le ministre qui va se lever maintenant me dise une chose
humblement : Oui, nous nous sommes trompés, les arguments du promoteur étaient faux. Et faire des erreurs,
ce n'est pas grave. L'important, c'est de les reconnaître pour avancer.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Je cède maintenant la parole au ministre pour une durée de cinq minutes.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui, merci,
Mme la Présidente. Donc, ça me fait
plaisir d'être dans ce débat de fin
de séance avec ma collègue de Mercier.
Quelques
petits éléments avant d'aller plus dans le vif du sujet. Elle le mentionnait d'entrée de jeu, ma collègue de Mercier, elle a eu la réponse du ministre de l'Environnement, ce n'était pas à sa satisfaction. Elle a eu la
même réponse de mon collègue ministre de l'Agriculture. Ce n'était pas à
sa satisfaction, mais c'est la même réponse. Et là ce qu'elle souhaite, une réponse différente, la réponse
qu'elle souhaite entendre, malheureusement, la réponse que je vais lui donner, c'est la même réponse que celle de mes collègues,
parce que c'est une réponse qui est en toute cohérence avec
le processus actuel.
Et,
quand ma collègue de Mercier nous dit, en faisant référence à J'aime Hydro...
dire : J'aime le BAPE, pourtant, le 28 octobre 2020, cette même collègue
mettait en doute la crédibilité du BAPE et concluait ne plus avoir confiance
au BAPE. Ça, si c'est une preuve
d'amour, Mme la Présidente, je n'aimerais pas voir une preuve de haine, parce que,
si c'est ça, l'amour, pour ma collègue de Mercier, j'aime mieux ne pas
être, en fin de compte, dans ceux qu'elle aime.
Une chose qu'on a dite, c'est : On a un processus
devant nous, Mme la Présidente. Le BAPE a déposé son rapport, et mon collègue
l'a rendu public. Et effectivement, ma collègue a parfaitement raison, trois conditions qu'on a mentionnées.
Parce que, oui, effectivement, il y a toujours, en réalité, le développement
économique des régions, et on y tient, au développement
économique des régions, beaucoup,
à la CAQ, mais pas à n'importe quel prix. On a mis des conditions très claires. On veut une transition énergétique démontrée par le projet, on veut une réduction
des GES, globalement, démontrée également par le projet, et une acceptabilité
sociale. Et effectivement le rapport qu'on a devant nous précise que, ces éléments-là, on n'a pas de démonstration à l'heure actuelle. Alors, tant
qu'il n'y a pas cette démonstration, nous, ça ne répond pas aux éléments
qu'on souhaite voir par un tel projet.
Maintenant,
l'empressement de ma collègue de dire : Bien, il faut rejeter le projet...
Bien non. Écoutez, Mme la Présidente,
le promoteur a maintenant le fardeau de démontrer ces éléments-là que le BAPE
dit ne pas être en mesure de conclure.
Alors, le promoteur doit prendre ces enjeux-là et en faire la démonstration
selon un temps prédéterminé, et on va attendre de voir si cette
démonstration est faite.
Mais
je vous dirais que je crois que c'est d'agir de manière pragmatique, dans un
dossier comme celui-là, que de suivre
les étapes du processus d'analyse environnementale. Assurément, ma collègue, au jour 1, premier
jour, sans démonstration, disait : On rejette le projet. Avant même le
rapport du BAPE, elle disait : Je n'ai plus confiance au BAPE. Maintenant que le rapport du BAPE est à l'effet, en fin de compte, qu'il n'y a pas de
démonstration, on doit encore rejeter le projet. C'est du dogmatisme.
De
manière pragmatique, il y a des étapes, il y a des exigences que le gouvernement demande, et, ces exigences-là, si elles ne sont pas rencontrées,
on verra pour la suite. Pourquoi aujourd'hui rejeter si le promoteur, lui, est
en mesure de travailler pour faire cette
démonstration-là? C'est une conclusion anticipée. Et, pour nous, on veut suivre
un processus clair, qui permet, actuellement, au promoteur de refaire ses devoirs pour faire ces démonstrations-là, toujours
sur les mêmes trois aspects. Trois aspects : transition énergétique
claire, réduction des GES globale et également acceptabilité sociale.
Donc,
je comprends difficilement, encore une fois, l'empressement de tous les partis
d'opposition et particulièrement
de ma collègue de Mercier
de juger avant. Ils ont jugé bien avant et ils continuent de porter des
jugements a priori. Laissons le processus se continuer, laissons-le
arriver à son terme, et, à la lumière de ce qu'on aura devant nous à la fin, la
décision sera éclairée. Il ne faut pas anticiper aujourd'hui, quand le
processus n'est pas terminé. Et je ne comprends même pas la valeur ajoutée, Mme
la Présidente, de conclure avant
d'avoir complété le processus environnemental prévu.
Donc, c'est
notre position. Même réponse de mon collègue à l'Environnement, à
l'Agriculture. Malheureusement,
ma collègue de Mercier n'aura pas la réponse qu'elle souhaite, qu'elle souhaite
d'ailleurs depuis le jour 1 de ce projet.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Mercier, je vous cède la parole pour votre droit
de réplique.
Mme Ruba Ghazal (réplique)
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. On parle de ce projet depuis 2015. Jusqu'à quand allons-nous
attendre? Et attendre quoi? De
comprendre que le gaz naturel n'est pas une énergie de transition? Ça, ce n'est
pas Québec solidaire qui le dit,
c'est la science qui nous le dit. Ça retarde notre transition. Il y a des
énergies renouvelables mieux que le gaz naturel.
Et le ministre se demande : Mais pourquoi
attendre... pourquoi ne pas attendre encore des années et des années ou plus
longtemps? Parce que retarder la décision du gouvernement, ça a des impacts
graves au sein de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, immenses. Ce sont ces gens-là qui
souffrent. Le climat social est extrêmement difficile dans la région, comme dans toutes les régions où il y a
des gros projets comme ça qui divisent, et ça a un impact. Les médecins en
environnement nous le disent, ça a des impacts sur la santé humaine, ce genre
de projet là, et c'est important de ne pas les sous-estimer.
Et, quand on attend, on retarde aussi la transition énergétique et la transition
écologique de notre économie dans toutes
les régions du Québec, pour aller mettre de l'argent et de l'énergie dans des
projets porteurs comme l'écotourisme, le secteur agroalimentaire, l'aluminium vert, les services publics,
l'économie du savoir. Il y a une coopérative au Saguenay—Lac-Saint-Jean qui s'appelle Système T. J'aimerais
ça que quelqu'un de ce gouvernement-là les rencontre. Ce qu'ils font, c'est qu'ils donnent des moyens et des outils. Ils
viennent en aide à des entrepreneurs, à des gens qui veulent faire des projets
économiques, porteurs socialement et
environnementalement. C'est ça qu'on est en train de retarder quand on ne prend
pas la décision tout de suite qui s'impose au lieu de décider que le projet
meure de lui-même faute d'investisseurs. C'est ça qu'on retarde et c'est ce que les gens des régions
du Québec attendent, des développements économiques et une relance verte.
Ce n'est pas juste des paroles. Ça fait un changement dans la vie des gens.
Et il faut
aussi que la pandémie nous apprenne quelque chose, Mme la Présidente. Il faut
qu'elle nous apprenne que les
mauvaises décisions qu'on a prises dans le passé, ça a un impact aujourd'hui,
et celles qu'on prend aujourd'hui ont un impact dans le futur. Et c'est
la même chose pour la lutte aux changements climatiques. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Je suspends les travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 40)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Oui.
Merci, M. le Président. Simplement pour vous faire part d'une entente
entre les groupes parlementaires
à l'effet de suspendre à 15 h 45, M. le Président, pour permettre le nettoyage de la salle avant la lecture du budget,
à 16 heures.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Consentement? Consentement.
Projet de loi n° 197
Poursuite du débat sur l'adoption du principe
Donc,
l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 197, Loi
modifiant la Loi sur la protection du
consommateur afin de lutter contre l'obsolescence programmée et de faire valoir
le droit à la réparation des biens. Y a-t-il des interventions? Mme la députée
de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Bien, écoutez, je suis vraiment contente de prendre la parole pour
la prise en considération du projet de loi n° 197 contre l'obsolescence programmée. En fait, je
suis agréablement surprise de pouvoir le faire. Je ne m'attendais pas à
ce qu'il soit appelé, peut-être pas aujourd'hui, là, mais, en tout cas,
récemment.
Et moi, j'ai toujours entendu que c'est très,
très rare, là, dans l'histoire, qu'un gouvernement appelle un projet de loi
de l'opposition. Ça avait déjà été fait dans le
précédent gouvernement avec mon ancienne collègue, la députée
de Québec solidaire de Gouin, Françoise David. Et le premier ministre, à l'époque, donc, avait accepté d'appeler son projet de loi qui interdisait d'évincer les aînés de 65 et plus de leurs logements. Et
récemment il y a eu une entrevue avec Françoise David, dans une émission, là, à Télé-Québec,
je pense que ça s'appelle L'avenir nous appartient, et elle a parlé de
ce projet de loi et du fait qu'il y avait des aînés qui
l'appelaient pour la remercier. Et ça lui fait du bien de voir que ça a fait un
changement dans la vie des gens. Et
donc elle pu faire ce changement-là même en étant considérée comme députée
indépendante. Et je me dis que peut-être
que le député de Chomedey doit aussi probablement — je pense
qu'il est intervenu hier — se sentir aussi fier de
faire un changement, peut-être pas... oui, dans la vie des consommateurs et
pour l'environnement aussi. Et c'est une très, très bonne chose qu'on puisse avancer.
Moi aussi, j'ai déposé un projet de loi, beaucoup de gens ont déposé un
projet de loi. Donc, il faut continuer dans cette bonne habitude que le
gouvernement, si je comprends bien, commence aujourd'hui. C'est très, très
bien.
Quand
on parle de l'obsolescence programmée, ça résonne énormément chez les gens,
parce que tout le monde achète des produits, on le voit, on l'expérimente, ça
ne dure pas aussi longtemps que ce que ça devrait durer ou comme dans le passé, par exemple, quand nos parents en
achetaient. On le voit, là, les vieux fours, les vieilles machines à laver,
bien, elles durent encore, aujourd'hui. Et ça a un impact sur tout le monde. Et
surtout les gens se sentent impuissants
parce qu'ils se disent :
Moi, je veux faire mon effort pour l'environnement, je veux utiliser moins ma
voiture, je veux recycler, composter, etc.,
puis là ça arrive, ces machins-là, qu'ils brisent, puis on est obligés de les
changer, on en est dépendants, et donc il y a un sentiment
d'impuissance, et c'est pour ça que, quand on en parle dans le public, ça
résonne énormément.
Et
évidemment c'est du devoir du gouvernement de protéger les consommateurs en
contrôlant la pratique des fabricants et en les encadrant légalement, parce
qu'on sait que les mesures volontaires dans ce domaine-là, ça ne change pas
vraiment. Il y a peut-être des entreprises
qui vont faire des efforts de façon volontaire, mais, dans notre monde
d'aujourd'hui, on consomme énormément
ou on produit énormément, ce n'est pas suffisant, les mesures volontaires. Il
faut qu'il y ait des projets de loi,
des lois comme celle-là. Et, à l'Assemblée nationale, lorsque — je ne veux pas dire «si», je veux dire
«lorsque » — ce projet de loi sera adopté, avant la fin
de la législation, eh bien, ce sera un pas important, parce qu'on ne sera
pas le seul pays non plus à l'avoir fait
ou... je dis déjà que le Québec est un pays qui le fait ou, en tout cas, région
du monde. On sera probablement sûrement la première province ici, au
Canada, à l'avoir fait.
Et,
contrairement aux autres projets de loi, le processus qui a mené à la rédaction
de celui-ci est vraiment, vraiment remarquable.
Les étudiants de l'Université de Sherbrooke ont fait un travail énorme et de
qualité, et je tiens à le souligner. Et
en plus ils ont travaillé... ils ont vu les trois partis d'opposition
travailler aussi de façon transpartisane. On sait aussi que ça, c'est très
apprécié par la population. Et donc, aujourd'hui, je me mets à leur place. De
voir leur projet de loi en train d'être
discuté à l'Assemblée nationale, le projet de loi qu'ils ont travaillé, qu'ils
ont discuté, qu'ils ont rédigé, c'est sûr et certain que ça doit les emplir d'un sentiment de fierté. Et je les
comprends et je les en félicite vraiment énormément, ils ont raison. Ils et elles, ces étudiants-là, ont raison
d'être fiers. Je pense que c'est une première. Si jamais il est adopté, ce sera
une première. Et je veux aussi remercier aussi le gouvernement, qui a décidé de
l'appeler aussi, parce que c'est grâce à ça qu'on est en train d'en
discuter aujourd'hui.
Il y a
un an... en tout cas, il y a très longtemps, plus qu'un an, là, j'ai la date, le
30 octobre 2019, on dirait que
c'est un autre siècle, avant la pandémie, j'avais déposé une motion du mercredi
demandant au gouvernement d'appeler le projet de loi qu'il appelle
aujourd'hui, donc le projet de loi n° 197, et
plusieurs membres du gouvernement, à l'époque, étaient intervenus, et ils ont dit qu'ils trouvaient que ce projet de loi était
bien, ils avaient des commentaires positifs, mais que ce n'était pas une bonne idée de l'appeler à ce
moment-là. Évidemment, force est de constater que ça a changé, et c'est une
très, très bonne chose. Mais je vais quand
même peut-être parler des interventions
qui avaient été faites à ce moment-là.
Il y avait
la députée des
Plaines et nouvelle ministre déléguée de l'Économie, et je la cite : «Bien qu'il soit issu des
meilleures intentions, le mécanisme prévu au projet de loi n° [197], c'est-à-dire
le Bureau de normalisation du Québec, qui
attribue une cote de durabilité à tous les produits domestiques, nous apparaît un peu
lourd. Et je peux même vous dire que certains des organismes que j'ai
rencontrés questionnaient aussi le processus.»
Là,
ce mécanisme-là est toujours dans le projet de loi. Moi, de ce que je
comprends, le fait qu'on l'ait appelé, c'est qu'on ne trouve plus ce
mécanisme-là lourd et qu'on... le mécanisme d'attribuer des cotes de durabilité
pour que des citoyens puissent voir ça. Et donc c'est une bonne chose qu'on ne
trouve pas que c'est dur, parce que c'est un mécanisme important pour
aider les citoyens à faire leurs choix de consommation.
Je
rappelle aussi ce que disait le député de Richelieu, et je le cite : «On
sait d'ailleurs qu'à la demande de la ministre l'Office de la protection du consommateur travaille actuellement à
l'élaboration de mesures visant à contrer le phénomène de l'obsolescence
programmée.»
Justement,
la journée même, je pense, la ministre, à l'époque, de... bien, la ministre de
la protection du consommateur avait
mandaté l'OPC, donc l'Office de la protection du consommateur, pour qu'il fasse
des... pour que cet organisme-là fasse des consultations sur
l'obsolescence programmée. Et leur mandat, c'était de regarder la durabilité,
la réparabilité et l'obsolescence des biens de consommation.
Les
consultations ont eu lieu, sont terminées, mais elles n'étaient pas rendues
publiques, ni les mémoires. Et d'ailleurs je me dis : Ce serait
intéressant de les rendre publics maintenant, ces mémoires-là. Je pense qu'il y
a Option Consommateurs qui avait
parlé avec quelques intervenants qui ont participé à cette consultation-là,
donc, à l'automne ou à la fin de l'année 2019, et qui ont accepté
de répondre à des questions de la revue, mais ça n'a pas été rendu public.
Et
je ne sais pas comment ça va se passer une fois qu'on aura terminé l'adoption
de principe. Est-ce qu'il va y avoir des consultations particulières ou pas?
C'est sûr que c'est toujours mieux, c'est clair, d'avoir des consultations
particulières, et j'invite le
gouvernement à considérer cette option-là. Si ça n'a pas lieu, à tout le moins,
est-ce que ce serait possible de rendre publics les mémoires qui ont été
soumis lors de cette consultation de l'Office de protection du consommateur?
Le
député de Masson, quant à lui, à l'époque, lors de la discussion autour de la
motion du mercredi que j'avais déposée, avait dit, et je le cite : «...le gouvernement est fermement pour
l'action en matière de protection des consommateurs et, [...]il va
déposer un projet de loi en ce sens pour le prouver.»
Donc, moi, je trouve
ça très, très brillant d'avoir dit : Bien, au lieu de recommencer tout le
travail qui a été fait, qui n'a été fait pas uniquement par le député de
Chomedey ou les partis d'opposition, mais qui a été fait par les étudiants de
l'Université de Sherbrooke, avec tout le personnel aussi de l'Université de
Sherbrooke, les spécialistes, les experts qu'ils
ont consultés, bien, le travail a été fait de façon encore de plus
grande, pas, je veux dire, qualité, mais c'est qu'on a pris tout,
tout le temps nécessaire pour le faire comme il faut.
• (14 h 40) •
Souvent,
quand il y a des projets
de loi qui sont déposés par le gouvernement, après l'étude détaillée, les ministres,
moi, c'est arrivé plusieurs
fois, arrivent avec une quantité industrielle d'amendements, les ministres eux-mêmes, de leur projet
de loi, parce que
peut-être que ça a été fait vite, et tout ça, et là il y a
tout un processus incroyable. Et donc je suis heureuse de
voir qu'on en profite, de ça. Au lieu de rédiger son propre projet de loi, on
le prend. Et peut-être que le gouvernement, comme les partis d'opposition, parce qu'il a eu une évolution, pourront amener leurs amendements,
et ce serait une très bonne chose, à
la suite des consultations
particulières, s'il y a
lieu, ou en consultant les mémoires ou les experts qui se seraient prononcés
lors des consultations par l'Office de la protection du consommateur.
Je rappelle quand même
la motion que j'avais déposée à l'époque, qui demandait qu'une série de groupes
soient entendus en auditions
particulières. Je vais les énumérer parce
que c'est important. Ils ont peut-être
été consultés ou peut-être pas tous. J'avais nommé, à l'époque, Équiterre,
l'Institut de l'environnement, du développement durable et de l'économie
circulaire, l'Office de la protection du consommateur, M. Jonathan Mayer,
le chargé de cours, donc, à l'Université de Sherbrooke instigateur du projet de loi n° 197, et
aussi... et quelqu'un de la Faculté de droit de cette université,
M. Masse, le fondateur de l'entreprise Zone Accro, Mme Agnes Beaulieu, de
l'Insertech Angus, Les Ami‑e‑s de la Terre de Québec, RECYC-QUÉBEC,
le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets,
l'Association québécoise Zéro déchet du
Québec, le Bureau de normalisation du Québec, le Chantier de l'économie
sociale. Ça, c'était la liste que j'avais nommée à l'époque, peut-être
qu'il pourrait aussi y en avoir d'autres. Donc, je fais juste la rappeler pour
si le gouvernement décide d'aller avec des consultations particulières.
Comme
beaucoup de domaines, donc, comme je le disais, il y a beaucoup de choses dans
la vie qui évoluent et certainement
qu'aussi dans le domaine de l'obsolescence programmée il y a eu une évolution,
il y a eu des changements. Il y a eu
un projet de loi aussi qui a été déposé... en fait, plutôt, adopté en France,
un autre que celui qui était présent à l'époque.
Je vous donne
quelques exemples d'éléments, peut-être, qui manquent maintenant dans le projet
puis qu'on pourrait ajouter, c'est toute la question de l'économie circulaire.
Le projet de loi n'en fait pas mention, mais, fait intéressant, j'ai été
dans le projet de loi n° 65 sur
l'élargissement de la consigne, la modernisation de la consigne et la
modernisation aussi de la collecte
sélective, qui vient d'être adopté, il y a une semaine ou deux, et le principe
d'économie circulaire est présent et se
trouve donc dans le projet de loi pour une première fois. J'avais félicité
aussi le ministre de l'Environnement à l'époque de l'avoir fait, mais, malheureusement, il n'y a pas de définition qui
est dans le projet de loi. On ne définit pas les termes, alors qu'on sait,
c'est très important, quand on ajoute des concepts ou des termes dans une loi ou dans un projet...
dans une loi, c'est important de les définir pour qu'on sache de quoi on parle.
Moi, j'avais
proposé au ministre... j'avais fait un amendement pour qu'il y ait la
définition qui se trouve sur le site RECYC-QUÉBEC. Il l'a refusé en
disant qu'il y en avait une autre en disant qu'il y en avait une autre sur le
site du ministère de l'Économie et de
l'Innovation. Écoutez, l'important, c'est qu'on les définisse. Et là je me dis :
C'est une autre fois où on peut se
rattraper. Hein, l'amendement que j'ai fait au projet de loi n° 65 n'est
pas perdu. Il pourrait se retrouver dans cette loi-là, parce qu'il y
touche totalement. Quand on parle d'économie circulaire, c'est-à-dire de
s'assurer, quand on fait des produits, de ne
pas juste utiliser des nouvelles matières, mais d'utiliser, par exemple, des
déchets, de réduire, dans le fond,
l'empreinte écologique d'une matière et de s'assurer qu'elle ait le moins
d'impacts possible durant tout le long
de son cycle de vie, du berceau au tombeau, comme le veut l'expression quand on
parle d'analyse de cycle de vie. Donc,
ce serait important de le définir et que ce soit là. Ça ne
veut pas dire qu'il n'y a pas déjà des initiatives qui sont faites. Il y a eu un fonds récemment qui a été annoncé
pour l'économie circulaire. Mais ce qui est important, c'est aussi de l'avoir
dans la loi et que ça devienne... ça ait force de loi.
Maintenant,
si je veux parler de l'obsolescence programmée en tant que telle, parce que,
là, j'ai parlé du processus législatif,
et tout ça... Je veux peut-être prendre une gorgée d'eau. (Interruption)
Pardon. Donc, l'obsolescence programmée, c'est quoi? De quoi parle-t-on quand
on dit «obsolescence programmée»? Il n'y a rien de mieux que d'utiliser
des exemples concrets pour illustrer le
phénomène. En fait, je vais nommer des exemples de stratégies qui sont
utilisées par les entreprises pour,
justement... qui ne vont pas à l'encontre de l'obsolescence programmée, mais
qui l'encourage, c'est-à-dire qui font que
les produits ne sont pas facilement réparables ou recyclables. Donc, elles vont
coller ou souder des composantes d'un appareil au lieu de les visser, ce
qui rend difficile le remplacement d'une pièce. C'est le cas, par exemple, de
la mémoire vive qu'on soude à la carte mère d'un ordinateur. Donc, quand la
mémoire vive ne marche plus, on ne peut pas ouvrir l'ordinateur, la dévisser,
l'enlever puis la rechanger, il faut jeter l'ordinateur. Donc, ça, c'est une
stratégie qui favorise l'obsolescence programmée.
Il y a une
autre qui, elle, serait interdite, en théorie, mais c'est très, très difficile
à prouver : elles vont programmer leurs machines pour qu'elles
aient une durée de vie limitée. Par exemple, on va installer une puce à
l'intérieur d'une machine à laver pour
calculer le nombre de lavages qu'une machine peut faire avant qu'elle ne cesse
de fonctionner. Même chose pour les imprimantes, hein, les imprimantes
qui ne durent tellement pas longtemps, il faut... Des fois, on se dit : Il faut arrêter d'acheter ça, mais on en a encore
besoin, malheureusement. Et ça, c'est une pratique qui est interdite déjà,
parce qu'on le fait sciemment, de réduire, et donc il faut que ça arrête et il
faut que dans la loi ce soit mentionné.
Une autre
stratégie consiste à rendre les pièces de rechange non disponibles. C'est le
cas du MacBook Air, où le disque dur est non standard, de sorte qu'on
soit obligé de s'en acheter un nouveau lorsqu'il est brisé.
Évidemment, il y a aussi du marketing qui
favorise l'obsolescence programmée. Il y a toutes sortes de stratégies que les entreprises utilisent, Apple a été très,
très fort là-dedans, où l'objet n'est pas juste un objet ou les voitures, ça
devient quasiment... ça fait partie
de notre identité personnelle à cause des campagnes marketing et des
investissements immenses que les entreprises font. Pas pour rien, c'est
parce qu'elles savent que ça marche, elles savent que les gens vont acheter.
Et ça aussi, ça a un impact sur l'obsolescence
programmée, parce que les gens, même s'ils n'en ont pas besoin, hein... La question : En as-tu vraiment
besoin?, les publicités ne posent pas cette question-là. Les publicités, ce
qu'elles font, c'est : Tu en as
vraiment besoin, puis tu ne le savais pas, puis je vais te le dire, puis je
vais te convaincre. Puis les gens y croient, et c'est ce qui fait qu'ils changent les produits.
Ça aussi, ça en fait partie. Le projet de loi n'en traite pas. On ne parle pas
du marketing en tant que tel. Mais c'est
quand même un bon pas, sauf qu'il faut aussi avoir ça à l'esprit, toute cette
manipulation, si je peux dire, psychologique des consommateurs.
Pourquoi
c'est important de s'en occuper? Évidemment, il y a toute la question de la
protection des consommateurs. Ils achètent un produit, il y a la garantie qui
ne dure pas assez longtemps, ou, si elle dure longtemps, elle coûte
cher, etc. Et après ça les produits... je
veux dire, quand le produit, il faut qu'on le jette, c'est l'argent que les
consommateurs perdent. Donc, c'est pour mieux les protéger contre ces
pratiques de l'industrie.
Il y a aussi un autre
problème, qui est en lien avec notre société productiviste et consumériste. Je
parlais du marketing, tout ça, toute cette
psychologie-là, et notre... On est tous et toutes victimes de ça sans s'en
rendre compte. Et ça a un impact immense sur l'environnement, sur les...
Et toute la question, là, des sites d'enfouissement, qui débordent. Il va y avoir un BAPE générique sur
l'agrandissement des... en fait, un BAPE générique sur les déchets ultimes.
C'est ça, le nom du BAPE, qui a déjà commencé. Il va y avoir des
consultations qui vont durer une bonne partie de l'année. Et, à la fin de l'année, de cette année, le ministre
de l'Environnement va recevoir un rapport du BAPE sur les déchets ultimes.
Et pourquoi est-ce
qu'on fait ça, et pourquoi est-ce que le ministre a appelé ce BAPE là, c'est
parce qu'on vit dans une société où les
sites d'enfouissement débordent. Et, même si on ne vit pas à côté d'un site
d'enfouissement, on le sait, les
citoyens sont très mobilisés parce qu'ils ne veulent pas que cet
enfouissement-là s'agrandisse, qu'il prenne l'espace de milieux humides, ou de milieux verts, ou de
leur espace de vie. On sait toutes les nuisances, le camionnage, etc. Mais
ce n'est pas juste parce qu'on habite à
côté. Il faut que tout le monde soit préoccupé par cette question-là. C'est un
problème de société, les sites
d'enfouissement qui débordent. Et tout
le monde doit être préoccupé, parce
que nous sommes tous responsables de ça.
Et
c'est ça aussi, de contrer l'obsolescence programmée, le fait que ce projet de
loi — j'espère
qu'il va être adopté — est
un premier pas pour trouver une façon de travailler en amont pour réduire les
déchets ultimes, et non pas uniquement
travailler après coup. Parce que, là, le ministre a été obligé de donner des
permis, le ministre de l'Environnement, plusieurs permis à des entreprises, Waste Management, et autres, pour
agrandir les sites d'enfouissement, alors que ce qu'il faut faire, c'est de travailler en amont pour
réduire la quantité de déchets — obsolescence programmée, économie
circulaire, imposer des lois pour l'écoconception des produits, etc., utiliser
l'écofiscalité auprès des entreprises — pour réduire en amont ces déchets-là. Donc, comme ça, on n'a pas
besoin d'agrandir les sites. Mais, bon, ça fait que ça, c'est un élément
extrêmement important.
Puis
il y a toute la crise écologique, donc, dont on parle énormément, qui est le
virus de demain. On parle de la lutte
aux changements climatiques, la biodiversité, tout ça, c'est un virus aussi,
mais qui n'aura pas de vaccin et dont il est très, très, très important
et fondamental de s'en préoccuper. Maintenant, si je viens... Et le projet,
donc, c'est ça qui est intéressant, avec ce projet de loi, c'est qu'il permet
de contrer aussi ce problème-là des déchets.
Le projet de loi n° 197 lui-même, il y a quatre éléments qu'il contient qui
sont importants, je vais les nommer. Donc, il y a
une cote de durabilité pour les biens qui va être affichée sur les produits
pour permettre au consommateur d'acheter et de faire des choix éclairés. Ce qu'il mentionne aussi, c'est d'assurer
la disponibilité à un prix et à des conditions raisonnables des pièces de rechange, de rendre
aussi les outils et les services de réparation... tout ça doit être accessible
et facilement accessible pour
les consommateurs. Et donc c'est ce que le projet de loi dit.
Il
parle aussi d'instaurer une infraction pour les personnes ou les entreprises
qui pratiquent délibérément l'obsolescence
programmée, comme ça existe en
France. Tout à l'heure, j'ai dit que ça existait puis que c'était
interdit, les méthodes délibératives,
c'est-à-dire intentionnées. Pas au Québec,
mais ailleurs dans le monde ça l'est, comme par exemple en France.
Mais, comme je le mentionnais, c'est difficile à prouver, le fardeau est sur le
consommateur pour le prouver.
J'ai bien
30 minutes, hein, M. le Président? Je veux juste être certaine.
• (14 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Vous avez 60 minutes.
Mme Ghazal : Ah! Yes! O.K. Ah! c'est bon.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je suis généreux, aujourd'hui.
Mme Ghazal : Merci. Et donc un autre élément qui est écrit
dans le projet de loi, c'est d'obliger le gouvernement à soumettre un rapport aux trois ans à l'Assemblée nationale sur l'efficacité
des mécanismes de protection du consommateur et sur
l'opportunité de modifier cette loi. Donc, c'est un mécanisme de révision pour
s'assurer est-ce que cette loi-là a vraiment réglé le problème ou pas. Quant à
moi, il faudrait qu'il y ait des rapports aux trois ans pour tous les projets de loi
tout le temps pour s'assurer que... est-ce que ça a vraiment les impacts
escomptés ou pas et ne pas uniquement compter sur la volonté du gouvernement ou la pression pour qu'il y ait un changement.
Donc, ça, c'est un élément très, très positif et très important. Donc,
ça, c'est les quatre éléments.
Et
l'objectif de ce projet
de loi est, lorsqu'on brise, donc,
un... lorsqu'un objet est brisé, que les consommateurs soient incités à non pas
utiliser leur carte de crédit, mais plutôt leur tournevis ou aller voir le
réparateur au coin de la rue. Donc,
ça a un impact aussi positif sur l'économie locale. Donc, ça a vraiment
des impacts inespérés, si on va de l'avant vraiment résolument pour contrer l'obsolescence programmée.
Important
de regarder ce qui se fait ailleurs, je suis certaine, les étudiants de l'Université de Sherbrooke s'y sont penchés. Donc, la France a légiféré depuis 2015,
donc on n'est pas des avant-gardistes en la matière, loin de là, et la loi française, donc, prévoit une peine maximale de
deux ans et une amende de 300 000 €, ça, c'est énorme, c'est près de
450 000 $, pour les
fabricants qui sont reconnus coupables d'avoir réduit délibérément, donc, la
durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement. Ce
que je vous disais qui était un peu plus difficile à approuver.
En février 2020, donc l'année passée,
le Sénat français a voté pour que le projet de loi français relatif à lutter contre le gaspillage et à l'économie circulaire inclue un
indice de réparabilité des équipements électriques et électroniques. Donc,
c'est une mesure qui ressemble à la cote de durabilité qui est incluse dans le
projet de loi n° 197.
Maintenant, il y a aussi la Suède. C'est intéressant, eux,
ce qu'ils ont fait. Ce n'est pas légalement qu'ils sont intervenus ou, en tout cas, pas seulement,
mais ils ont instauré des mesures fiscales, par exemple une baisse de taxes
pour encourager les gens à aller
réparer leurs électroménagers ou leurs produits. Donc, quand ils vont réparer
leurs produits, ils ne vont pas payer
les taxes habituelles pour tous les services, ils vont payer une taxe moindre.
Donc, ils ont un rabais pour les inciter, donc, à réparer. Ça, c'est très bon. C'est une façon aussi de faire de
la relance économique, peut-être, de dire : Bien, on va inviter le
comportement des citoyens d'avoir un rabais, mais on va aussi encourager les
gens qui font de la réparation, et peut-être
que ça va stimuler toute une économie de la réparation qui a été oubliée à
cause de notre mode de vie où
tout est jetable. Donc, ça, c'est
vraiment quelque chose d'intéressant. Ce n'est pas dans le projet de loi, mais
c'est inspirant de regarder ce genre de mesures là qui peuvent venir
compléter le projet de loi.
Et
c'est le Vérificateur général qui l'a
mentionné dans un rapport en juin dernier, il a dit qu'il existe des mesures ou
des outils d'écofiscalité qui sont très peu
utilisés par le gouvernement. Pourquoi est-ce
qu'on se prive de ces outils-là? Et
l'objectif, c'est d'inciter les bons comportements et de décourager les mauvais
comportements. Là, moi, je vous parlais de cet exemple-là pour les services de réparation, de réduire la
taxe. On n'est pas obligé de faire exactement la même chose, mais c'est quand même intéressant,
on peut s'en inspirer.
L'écofiscalité
peut aussi être utilisée, on l'a eu, ce débat-là, pour les voitures, le PEV,
là, le... j'oublie c'est quoi, le
premier mot, le programme... le projet de... en tout cas, pour une économie
verte... le plan, le Plan pour une économie verte, donc
le Plan pour une économie verte du gouvernement, où il
y a eu des gens, des groupes qui ont
été consultés, incluant des
compagnies d'assurance, des entreprises, des gens des chambres de commerce,
etc., qui ont été consultés, pas juste des groupes écologistes, qui disaient qu'il faut utiliser
l'écofiscalité, il faut taxer les VUS, par exemple. Et on peut, après
ça, penser, pour ne pas pénaliser les
grosses familles ou les gens qui habitent dans des régions éloignées, qui n'ont
pas d'autres alternatives, de moduler
cette taxe-là en fonction de la situation familiale, de la situation géographique, du
revenu familial.
C'est
possible d'être créatif en matière de
fiscalité et d'utiliser ces outils-là pour encourager les bons comportements et
décourager les mauvais, pour ne pas dire : On va juste inciter, on va
donner la carotte, on va inciter les gens à acheter une voiture électrique, on va leur donner un bonus et
puis, après ça, bien, on va espérer que ça va marcher. Mais ce n'est pas sûr
que ça va marcher, en tout cas, pas aussi vite qu'à la vitesse qu'on devrait
aller. Donc, l'écofiscalité est un champ incroyable que le gouvernement
peut utiliser, et ça peut avoir un impact aussi sur l'obsolescence programmée.
On
pourrait aussi avoir des incitatifs pour que les sites d'enfouissement, ça
coûte un petit peu... Ça augmente d'année en année, d'enfouir, mais, en ce
moment, ça ne coûte pas assez cher pour que faire autre chose, qu'enfouir soit
vraiment... qu'il y ait des... Les incitatifs pour ne pas enfouir ne
sont pas suffisants. Il y a comme une concurrence qui se fait.
Donc,
il faut aussi utiliser tous ces outils-là dont dispose le gouvernement, mais
qu'il se prive en disant : Bien, je ne vais pas taxer, parce que le mot
«taxer», ce n'est pas le fun, puis surtout en pleine pandémie, puis on veut
faire une relance, on ne va pas taxer
les gens, et tout ça. Mais il y a moyen de faire les choses intelligemment, de
taxer les mauvais comportements puis...
ou même de réduire les taxes pour les bons comportements ou les bonnes actions
qui vont dans le sens de la transition, et, après ça, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de pénalité, bien, qu'on
réduise l'impact sur les familles. Et donc ça, c'est quelque chose qui
doit être utilisé.
Au
Québec, on l'utilise, là, avec le SPEDE,
on n'a pas besoin d'attendre que le fédéral ait une décision... que la cour
apporte une décision pour que le gouvernement du fédéral puisse imposer cette taxe sur le
carbone pour toutes les provinces. Au
Québec, il y a cette possibilité-là. On ne peut pas frapper sur
d'autres personnes pour dire : On ne les utilise pas,
on ne peut pas. On a les pouvoirs de le faire, il faut maintenant les utiliser.
Il y a beaucoup
de choses, donc, comme je le disais, qui peuvent être faites pour améliorer le projet de loi. Et ce n'est pas parce qu'on va amener des amendements ou que le gouvernement en amène que ce
n'est pas bon, au contraire. Moi, je
suis convaincue qu'au fur et à mesure de leur réflexion même les étudiants de l'Université de Sherbrooke, eux-mêmes, peut-être qu'ils auraient
changé certains éléments. Peut-être qu'ils auraient ajouté «économie
circulaire» ou autre, je suis certaine. C'est toujours, toujours
perfectible.
Et
donc on pourrait ajouter, par exemple, une garantie de durabilité en plus de la
garantie légale de qualité pour assurer le bon fonctionnement d'un produit pendant une durée de vie raisonnable.
On le sait, la garantie actuellement offerte est beaucoup trop courte, trop basse par rapport à la durée de vie du
produit. Ça, c'est quelque chose aussi qui avait été discuté, et je
pense que c'était apporté par un des groupes qui a été consulté par l'OPC.
Donc, quand on va avoir leurs mémoires, et j'invite vraiment le gouvernement à
les rendre publics, quand on va avoir ces mémoires-là, peut-être qu'on va voir d'autres éléments aussi pour améliorer le projet
de loi, notamment celle-là, d'offrir une garantie pour la durabilité qui soit
plus longue et qui ne coûte pas plus cher aux consommateurs.
Pour
réduire l'empreinte écologique des produits, il faut étendre la REP, donc, ça,
c'est la responsabilité élargie des producteurs,
à plus de catégories de produits. Il faut que les producteurs soient tenus
responsables de la gestion des déchets qu'ils mettent sur le marché et
renforcer l'écoconception. C'est aussi la REP, la responsabilité élargie des
producteurs, on en a parlé aussi dans
le projet de loi n° 65, qui est étendue, mais il faut l'étendre encore sur
beaucoup, beaucoup plus de produits
ou d'emballages. Et ça, c'est fondamental. Il faut que les entreprises soient
responsables jusqu'à la fin des produits et des emballages, donc leurs
produits sont emballés, et les produits eux-mêmes jusqu'à la fin de leur vie
utile, jusqu'à l'enfouissement, et tout ça. Ce n'est pas vrai que c'est la
société dans son ensemble qui va payer pour l'impact de produits qui font faire des profits à des entreprises. C'est aussi... Il
y a des entreprises qui sont responsables, qui le font de façon volontaire, mais il faut le faire de façon
contraignante si on veut avoir des résultats et ne pas passer des années et des
dizaines d'années à toujours ressasser le même discours.
• (15 heures) •
Imposer
des sanctions aussi à une entreprise dont les produits se retrouvent
prématurément à la récupération et qui
ne respecte pas les garanties. Ça aussi, c'est important, les sanctions. Et un
autre élément aussi qui avait été
apporté dans l'article dont je parlais, de protection au consommateur, c'est d'interdire l'irréparabilité. C'est-à-dire, quand vous
faites un produit, il faut que ce soit possible qu'on le répare. Un produit d'une valeur importante,
comme un cellulaire, ou un ordinateur, ou des électroménagers, il faut que
ce soit possible.
Il ne faut
pas faire en sorte que, quand le réparateur... Moi, ça m'est arrivé
deux fois, là, d'avoir des... c'est vraiment frustrant, des laveuses... pas des laveuses, des... oui, c'est ça, des
laveuses qui ont été... qui ne marchaient plus, et ils arrivent... on regarde les composantes électroniques, et tout
ça, bien, ça ne marche pas, c'est fini, ça va vous coûter plus cher de le
réparer. Ça, on l'entend tout le temps, ça va
vous coûter plus cher de le réparer. La pièce de rechange est tellement
difficile, il faut l'amener de tellement
loin, ça va vous coûter plus cher. Je veux dire, comme consommateur, quand même que je veux protéger l'environnement, qu'est-ce
que je vais faire? Je vais dire :
O.K., jetez-la. Puis là ça s'en va dans un site d'enfouissement.
Donc,
interdire l'irréparabilité, le fait qu'on met un produit sur le marché puis
qu'il ne peut pas être réparable. Et ça, je suis sûre que c'est possible, là.
Ce n'est pas... On est capable d'aller sur Mars, sur la lune, partout. C'est
possible. Ce n'est pas une question uniquement d'innovation. On n'est pas
encore capable d'aller sur Mars, mais on amène... on envoie des robots sur Mars. C'est vrai, je suis rendue
beaucoup trop loin, je suis toujours rendue plus loin. Patience, patience, ça
va venir, mais, un jour, on va être rendus là.
Donc, je ne
peux pas croire qu'on ne peut pas interdire qu'il y a des produits qui sont mis
sur le marché, que les fabricants ne peuvent pas les fabriquer de façon
qu'ils ne soient pas réparables. Ils ont juste à regarder ce qui se faisait dans le passé, hein? Quand on regarde les produits
aujourd'hui ou les frigos, électroménagers, n'importe quoi, à quel point
ceux qui ont été achetés il y a très, très
longtemps, les années 80, avant, à quel point ils durent longtemps. Puis,
des fois, des fois, il y a des gens
qui s'y connaissent puis qui disent : Ça, ne vous en défaites pas, de ce
produit-là, ça ne se fabrique plus. On a tous... On connaît tout ça. On
a tous vécu ce genre de situation là.
Donc, si on
était capable dans le passé, pourquoi, aujourd'hui, on n'est plus capable?
C'est vraiment parce qu'il y a eu un laisser-aller, parce que c'était possible,
et c'était accepté. Si on l'interdisait, bien, ce ne serait plus accepté. Ce
n'est pas dans le projet de loi, mais ce
serait quelque chose de vraiment intéressant à discuter lors de l'étude
détaillée et à considérer.
Donc, toute
la question de l'obsolescence programmée, il faut qu'elle soit vue, oui, dans
le... sous le prisme de la protection des consommateurs, mais il faut aussi
qu'elle soit vue de façon très, très, très large et de manière globale, en
incluant, donc... Je parlais d'économie
circulaire, toute la question des sites d'enfouissement, de revenir à la base,
c'est-à-dire que l'objectif, c'est de
réduire à la source, réduire la quantité de déchets que notre mode de vie
amène. Il y a le robot... je pense, c'est WALL-E, je pense, c'est Disney qui avait fait ça. J'ai envie de le
réécouter, ça fait très longtemps, puis je m'en
rappelle tellement parce
que ça m'a marquée. Puis je n'étais
pas une enfant, hein, quand je l'ai écouté, ça ne fait pas si longtemps,
ça fait quelques années. Et ça m'a marquée, de dire que, bien, cette planète
désolante qu'on laisse aux générations
futures... Avec la pandémie, on parle moins de ça, il y a...
Maintenant, on est anxieux à cause de la pandémie, hein, avec l'impact sur la santé mentale, mais l'écoanxiété existe toujours. Elle existe encore et, même, elle est exacerbée
encore plus chez les jeunes, qui voient que,
réellement, on peut perdre le contrôle de nos vies
personnelles, de la façon qu'on va
étudier, de la façon qu'on va travailler, de la façon qu'on vit. C'est possible,
quand il y a une urgence, et on est capables d'agir. Et donc, quand ils le vivent, en plus, on
ne vient pas de régler leur écoanxiété, en disant : Ah! ce n'est plus l'environnement, c'est la santé. Les deux sont liés. Même le Dr Arruda l'a dit,
que la santé publique, ce n'est pas juste les virus puis
l'infectiologie, là on est beaucoup, beaucoup focussé là-dessus, mais c'est
aussi l'alimentation, c'est aussi l'exercice
physique, le bien-être, la pauvreté, les déterminants sociaux, c'est
aussi l'environnement,
l'environnement dans lequel on vit,
dans nos quartiers urbains, s'il y a des parcs, s'il n'y a pas de parc, etc.,
ça a un impact sur la santé publique, et les changements climatiques ont
un impact sur la santé publique. Donc, c'est un débat et un enjeu de société
global. Et la question de l'obsolescence
programmée et ce projet de loi est un pas parmi plein, plein plein de mesures
qui doivent être mises en place. J'en ai parlé tout à l'heure, par
rapport à l'électrification des transports, l'écofiscalité et les sites d'enfouissement. C'est un pas par rapport à
beaucoup, beaucoup, beaucoup de défis, beaucoup plus globaux. Et c'est comme
ça qu'on va y arriver, en avançant, et avec un projet de loi comme celui-là.
Et donc je souhaite de tout coeur, vraiment, que
toute cette discussion-là et tout cet espoir-là que me procure le fait d'être en train d'intervenir pour la prise
en considération d'un projet de loi d'un député indépendant ne tombe pas
d'ici la fin de la législature. Et qu'il
soit adopté, qu'on aille jusqu'au bout, ce serait vraiment une première. Et je
n'aurai que des félicitations à donner au gouvernement s'il le fait. Et, même
si, à la fin, le projet de loi, ça n'existe pas, la perfection, ne sera
pas totalement parfait, vraiment, je serai extrêmement heureuse.
Et j'appelle
le gouvernement à ce qu'il continue le processus et qu'il n'y ait pas d'autre
excuse comme le calendrier parlementaire ou ce que les oppositions ont fait, et
tout ça, pour ne pas aller jusqu'au bout. C'est un bel exemple qu'on est
en train de donner à notre jeunesse, aux
jeunes qui ont travaillé fort. Je me mets à leur place, même, je les envie de
ce sentiment de fierté qu'ils doivent sentir. Moi, quand j'étais à
l'université, je n'ai pas participé à un événement comme celui-là et je n'ai pas vécu... Imaginez toute la fierté qu'ils vont avoir si le projet de loi est adopté. Ça va être encore quelque chose d'extraordinaire, et pas seulement eux, je parle
d'eux et elles, je ne parle pas juste des étudiants, étudiantes de l'Université de Sherbrooke et ceux qui les
ont accompagnés, mais de toute la population.
On le sait,
là, à chaque fois, comme députés, qu'on fait un événement transpartisan ou on
fait quelque chose tout le monde ensemble, main dans la main, mais à
distance de deux mètres, à chaque fois qu'on fait ce genre de chose là, les citoyens nous font énormément de renforcement
positif et ça leur donne espoir dans nos institutions démocratiques. Et ça fait
partie de notre rôle aussi comme députés. Oui, il faut faire de la
partisanerie, puis moi, j'aurais aussi des avantages et... puis je pourrais défendre aussi l'aspect
partisan, parce qu'il ne faut pas dire que ce n'est pas bon d'être partisan, et
tout ça, il y a une vision du monde
qui est différente, et ça se discute dans différents partis, et c'est une bonne
chose, c'est le choix
aussi que moi, j'ai fait, mais il ne faut pas le faire à outrance. Il y a
certains sujets, certains moments où la population nous demande de travailler ensemble pour le bien
commun. Et ça, c'est rare, ces opportunités-là. Il y en a eu quelques-unes,
mais elles sont rares. Et là, ça, ce projet de loi n° 197
est cette opportunité‑là qu'on doit saisir. On a très bien commencé, il faut compléter le bon chemin, là, jusqu'à la
fin et l'adopter. Et j'espère de tout coeur que ce projet de loi ne mourra pas
au feuilleton, s'il vous plaît. Il ne faut pas que ce soit ça, la fin de ce
projet de loi.
Donc, en
terminant, je veux remercier, donc, les étudiants de l'Université de Sherbrooke qui ont travaillé là‑dessus, le député de Chomedey qui a déposé ce projet de loi là. Je le félicite d'avoir mené ce projet-là, d'avoir demandé aux
partis d'opposition et au gouvernement aussi d'y participer. Ça a été vraiment un cheminement idéal, c'est le cheminement idéal
de n'importe quel projet de loi, où tout le monde est impliqué et se sent vraiment
investi d'une volonté à ce que ce projet-là et ce projet de loi là soit un
succès. Et j'en remercie aussi le gouvernement, de l'avoir rappelé. Et, voilà,
j'ai bien hâte qu'on continue et
qu'on commence aussi les consultations particulières, peut‑être, ou l'étude
détaillée, etc., on va voir pour la suite. Bien, merci. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée de Mercier. Je reconnais M. le député de Jonquière.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Non, habituellement, je pense qu'on fait les...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Attendez un petit peu. Normalement, on fait une rotation, ensuite, alternance, donc
une rotation...
Une voix : ...
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Ce ne sera pas long. Vous allez tous... On passe tous les groupes, puis
après ça on fait de l'alternance. Allez-y, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : En tout respect
pour le député de Beauce-Sud, que j'apprécie bien par ailleurs. Alors, merci,
M. le Président.
Moi, quand
j'étais jeune, on avait une expression, dans ma famille, on disait : Il
n'est pas tuable... ce n'est pas tuable, comme un poêle Bélanger. Probablement que vous avez connu ça, M. le Président. Il y en avait un, vieux poêle Bélanger, dans le chalet de mon oncle, à Rivière-Éternité,
genre de gros poêle avec des... gros poêle à bois, là, blanc, avec une grosse
cheminée puis une espèce de structure avec des tiroirs. C'était un poêle
Bélanger. Puis il est encore là aujourd'hui, ce poêle Bélanger. Ça fait que, quand on voulait parler de quelque chose qui était solide, qui était dur, qui perdurait, on disait :
C'est comme un poêle Bélanger, ce n'est pas
tuable. Quelqu'un qui ne mourait pas, on disait : Il est comme
un poêle Bélanger, il n'est pas tuable.
Alors, dans
le temps, les objets perduraient, comme le poêle Bélanger au chalet de mon
oncle, qui est encore là aujourd'hui, mais là, aujourd'hui, ce n'est plus une
expression qu'on utilise. J'ai l'air un
peu obsolète moi-même
en utilisant cette expression-là. Ça
ne dit rien aux jeunes, parce que tout a une durée de vie, et c'est très, très
rapide, les outils que nous avons,
que ce soit une tablette comme celle-ci, que ce soit un téléphone cellulaire,
ont des durées de vie très, très courtes et de plus en plus courtes.
Et, sans
tomber dans la théorie du complot, c'est même prévu par les fabricants que ça
puisse devenir obsolète, ce produit
ou cet objet, et que ça ne vaut pas la peine de le réparer, on va en vendre un
autre. C'est ça, les stratégies de marketing des grandes entreprises. Et ce projet
de loi n° 197
vise justement à s'attaquer à ce problème, à revenir à l'époque
des poêles Bélanger pas tuables.
Je veux d'abord
souligner le travail, l'engagement des quelque 50 étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke qui, en avril
2019, sont venus ici — j'étais
là — pour
déposer, pour participer, avec le
député de Chomedey,
au dépôt du projet de loi n° 197 sur l'obsolescence
programmée. Je veux saluer leur
professeur, M. Jonathan Mayer, qui a initié, avec les étudiants, cette initiative-là. Et je trouve ça
extrêmement intéressant, parce que ça a une très, très
grande vertu pédagogique. Et c'est ce
que je veux d'abord et avant tout souligner, soulever, c'est l'aspect pédagogique.
C'est la pédagogie qui sort de la
salle de classe pour s'incarner dans le réel. C'est exactement
ça. Alors là, on a un groupe d'étudiants, une cinquantaine, qui, avec leur prof, en collaboration avec un député,
qui est le député de Chomedey, que je salue et que je remercie pour s'être impliqué là-dedans, se sont
impliqués, se sont engagés, ont rédigé un projet de loi qui a été officiellement déposé et que nous débattons maintenant. Alors, c'est une pédagogie non pas théorique ou
désincarnée, c'est une pédagogie qui prend racine, c'est une pédagogie
qui est incarnée dans le réel. Alors, je veux saluer ça.
Mais, au-delà
de ça, au-delà de cette mesure ou de cette pratique pédagogique, il faut que ça
devienne une réalité. Il faut qu'on
continue de le travailler, ce projet
de loi. Et, peut-être,
ça pourra ouvrir la porte à d'autres types d'initiatives de la part d'étudiants. Allons ensemble au bout de
l'objectif de ces étudiants. Allons ensemble au bout de ce
groupe d'étudiants qui, à travers le projet de loi n° 197, luttent aussi... pas juste contre
l'obsolescence, mais contre le cynisme aussi. Parce qu'il y en a beaucoup qui disent : Ça ne vaut pas la peine, il n'y
a rien à faire, le Parlement, c'est bonnet blanc, blanc bonnet, c'est du pareil au même, ça ne
donne rien. C'est faux, c'est archifaux, puis on est les premiers à le savoir
parce que nous y siégeons, ici, à l'Assemblée nationale. Alors, donnons une suite logique à ces étudiants qui veulent que le projet de loi ne soit pas que débattu, mais qu'il soit adopté, quitte à ce
qu'on le modifie.
Je veux
saluer quand même la volonté, le geste du gouvernement majoritaire, qui a appelé un projet
de loi déposé par un député. Je veux
le saluer puis j'espère que le gouvernement va aller plus loin. D'ailleurs,
moi, je... avec la question des
séances de travail sur les pétitions, la plus grosse réforme qu'on doit faire
dans ce Parlement... On en discute, de la réforme parlementaire, M. le Président, le gouvernement a déposé une proposition, les partis d'opposition
ont déposé des propositions. Pour
moi, il y a trois picots prioritaires : réformer les séances de travail
sur les prises en considération des pétitions, inscrire systématiquement
dans l'agenda puis dans le calendrier parlementaire les réunions de la Commission
de l'administration publique et, troisième picot, s'assurer qu'on va avoir une
fois de temps en temps des projets de
loi de l'opposition qui sont appelés. Il y a plein de façons de le faire. Alors,
il va falloir qu'on trouve une façon... Parce que nous, on fait un
travail extraordinaire avec les légistes, avec des gens de la société
civile de partout pour présenter des projets
de loi parce que nous sommes des législateurs, nous sommes des parlementaires,
mais, à toutes fins utiles, à toutes fins pratiques, ils ne sont jamais
appelés, ces projets de loi. Alors, c'est pour ça que je dis : Voilà un
geste, au moins, de la part du gouvernement, mais allons au bout de la logique puis
étudions-le, faisons les consultations particulières sur ce projet de loi. Écoutons les étudiants qui
l'ont préparé, écoutons les groupes, la protection du consommateur, etc., pour
le bonifier puis allons jusqu'au bout. Ce serait tout un geste qui
serait fait d'un point de vue parlementaire.
Donc, pour
revenir sur le fond du projet de loi
n° 197, l'obsolescence
programmée, c'est une pratique qui est utilisée par les entreprises, notamment
les multinationales, pour diminuer la durée de vie utile des produits et
limiter leur possibilité de
réparation. Je vous ai parlé des poêles Bélanger, mais je vous ai parlé aussi
des objets électroniques comme les tablettes, comme les téléphones cellulaires. Et l'ensemble des électroménagers,
l'ensemble des appareils électroniques sont fabriqués de façon telle que
ça force les consommateurs à remplacer la totalité de l'appareil plutôt que de
chercher à le réparer.
Équiterre,
qui est un groupe environnemental, environnementaliste, un groupe écolo, un
groupe militant, mais avec une approche
tout à fait responsable, posée, pragmatique, a mené, en 2018,
une étude qui démontre que 44 millions de tonnes de déchets d'appareils électroniques et
d'électroménagers ont été produites dans le monde en 2016. 44 millions de
tonnes de déchets d'appareils électroménagers et électroniques. C'est
quand même assez hallucinant.
À Jonquière,
on a, sur la rue Saint-Pierre, un petit commerce qui m'a toujours
intrigué, puis il y a une vieille affiche, il faudrait que je vous prenne ça en photo, M. le Président, puis je vous l'envoie, qui s'appelle Savard TV. Je me suis toujours demandé
ce qu'il faisait. En fait, c'est une ancienne entreprise familiale qui
réparait des télés. Alors là, je veux saluer les propriétaires, mais
j'aimerais... je n'ai pas été les voir pour savoir comment ils vivent aujourd'hui,
mais c'est très rare qu'on fait réparer des
télés, aujourd'hui. Moi, je me souviens, quand j'étais jeune, une
fois, la vieille télé dans un cube de bois
avait brisé à la maison, puis il y
avait eu un réparateur de télés qui
était venu pour réparer ça. Ça m'apparaît la préhistoire aujourd'hui, ça m'apparaît la préhistoire. Il
y avait également,
quand j'étais jeune... Puis j'ai l'air nostalgique, M. le Président, mais, qu'est-ce que vous voulez, ça doit aller avec la cinquantaine. Il y avait
aussi un petit commerce de dactylos à Chicoutimi, pas loin du cégep, sur la rue
Price, je ne me souviens plus du nom de famille, là, du nom de la compagnie,
mais, en tout cas, c'était
marqué «dactylo». Eux autres, ils réparaient des dactylos, ils vivaient de ça.
Je veux dire, ça nous apparaît complètement obsolète, c'est le cas de le dire, pour rester
dans le thème, d'avoir ça. Donc, Savard TV, la petite shop de dactylos,
le poêle Bélanger qui n'est pas tuable, c'est des choses qui sont... qui
m'apparaissent absolument incongrues.
Tantôt, la députée de
Mercier disait : On envoie des engins sur Mars. Moi, j'ai une auto
électrique, comme le député de Bourget,
d'ailleurs, on a le même modèle, qui roule entièrement électrique, avec une grosse batterie qui est de plus en plus forte. Souvent, moi, je me prends à... je me
dis... j'ai l'impression d'être dans un autre monde, je traverse le parc des
Laurentides avec mon auto électrique, puis, à un moment donné, dans le
bois, on voit des éoliennes. Je me dis : Juste cette image-là, il y a 15 ans, c'était
impensable, en tout cas dans le parc des Laurentides. Donc, on est
capables de faire ça.
• (15 h 20) •
Mais,
pourtant, on produit 44 millions de tonnes de déchets d'appareils
électroniques par année. Ce n'est pas logique, M. le Président, ce n'est pas
logique. Ce n'est pas logique, puis ça amène beaucoup de dommages, des
dommages collatéraux, des dommages collatéraux reliés à la surconsommation.
On le voit, le cycle, là, hein, le cercle vicieux de compagnies de plus en plus grosses qui veulent devenir de plus en plus
grosses en vendant de plus en plus de produits qui sont de moins en moins réparables, parce que
le consommateur va aller en chercher un autre, puis ainsi de suite, c'est un
cercle sans fin.
Et ça, ça
amène quoi comme dommages collatéraux? Appauvrissement de la population.
On a une énorme pression sociale pour
avoir le dernier bidule à jour, on a une énorme pression sociale pour être à la
mode. Donc, ça appauvrit. On gaspille,
de façon très importante, les ressources naturelles, on produit des tonnes de
déchets qui sont non récupérables, puis là, après ça, bien, on est
obligé de faire un BAPE sur les déchets ultimes, qui vient de commencer. Le
Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement a lancé une enquête, une étude sur les déchets ultimes. On est
en train d'adopter la loi n° 65 sur la consigne du verre. On a parlé
beaucoup des déchets à l'intérieur de la consigne, comment traiter les matières
qui viennent contaminer les autres à cause
du bac de récupération dans lequel on met n'importe quoi. Donc, ça a plein
d'impacts, la production de ces déchets-là.
Alors, le
projet de loi n° 197, préparé par les étudiants de l'Université de
Sherbrooke, porté ici par le député de Chomedey,
propose d'instaurer une cote de durabilité moyenne pour les biens, et, pour ça,
bien, on pourrait travailler avec le Bureau de normalisation du Québec.
Alors, je pense que c'est une très bonne idée. Évidemment, il y aurait beaucoup
de travail à faire là-dessus. Une cote de
durabilité moyenne, c'est quand même assez varié, là. La cote de durabilité
pour une tablette ou pour un
téléphone n'est pas la même que pour un frigo ou une cuisinière. Mais là je
pense que le Bureau de normalisation serait capable de travailler
là-dessus.
Ensuite,
le projet de loi prévoit d'inscrire le droit à la réparation des biens. C'est
quand même... Ça a l'air banal, mais
c'est très important, le droit à la réparation des biens, pour obliger les
fabricants à offrir aux consommateurs des pièces de rechange pendant une durée raisonnable. C'est sûr que, si on est avec
un objet de plusieurs années, on peut comprendre qu'à un moment donné la pièce de rechange ne se fabriquera plus. Mais il
reste que ce n'est pas normal qu'en l'espace de quelques mois on n'ait
pas de pièce de rechange pour des objets.
Autre élément
du projet de loi : élargir la couverture des garanties. Autre élément :
avoir des amendes minimales de
10 000 $ pour les personnes qui pratiquent l'obsolescence programmée.
Moi, vous savez, je serais même prêt à regarder peut-être pour avoir une gradation des amendes : première offense,
deuxième offense, troisième offense. Puis là on ne s'attaque pas à des petits commerçants. Si on veut avoir une
signification précise de la responsabilité élargie des producteurs, bon,
bien, les amendes minimales s'adressent aux
grands fabricants de ce monde, là, les Apple, les grandes entreprises Maytag
et compagnie, General Electric. Alors, c'est à elles qu'il faut penser en
termes d'imposition d'amendes.
Par ailleurs, nous, on est dans une journée de
budget, nous avons proposé, de ce côté-ci, dans notre formation politique, des attentes prébudgétaires. Et, dans
ces attentes prébudgétaires, on se dit : Bien, on est dans une situation
unique en termes de situation
sociale, de crise économique en raison de la pandémie, alors faisons les choses
différemment, proposons, comme
société, comme État québécois, une relance économique verte, une relance
économique juste, une relance économique sur des bases différentes. Bien là, on a une belle occasion, avec le
projet de loi n° 197, de faire ça, justement, donc de faire une relance économique différente, verte, qui va
nous amener ailleurs, qui va nous permettre d'avoir une durée de vie de nos
objets beaucoup plus longue que la situation actuelle.
Donc, voilà,
M. le Président, essentiellement, ce sont les propos que je voulais vous
communiquer. Donc, vous avez compris
que, de ce côté-ci, bien entendu, nous serons favorables au principe, on va
voter en faveur du principe. Maintenant, il faut passer aux auditions, il faut passer aux auditions avec des
groupes. Il faut ensuite faire l'étude détaillée, c'est la suite des choses, et il va falloir qu'on soit capables
d'entendre des groupes, notamment les étudiants. Et je répète que ce serait
vraiment une belle opportunité, du côté du
gouvernement, d'aller plus loin en termes de réforme parlementaire, d'aller
plus loin en termes de projet de loi
qui est issu de l'opposition et d'étudier le détail du projet de loi
n° 197. Alors, voilà, M. le Président. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Jonquière. Je reconnais maintenant M. le député de
Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin :
Merci beaucoup, M. le Président. Ça a valu la peine d'entendre notre collègue
le député de Jonquière nous raconter,
entre autres, les belles anecdotes de sa jeunesse et encore très récemment du
côté du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
que ce soit à Jonquière ou à Chicoutimi.
Alors, merci pour ces images-là. Et je suis convaincu que plusieurs citoyens qui nous écoutent, et même nous, se sont rappelés des commerçants qui
étaient parfois dans nos villages, dans nos municipalités et qu'on allait voir un samedi matin à la dernière
pour nous patenter quelque chose, nous arranger quelque chose. Alors,
merci pour ce discours.
Vous me permettrez, M. le Président, quand même...
parce que, dans les prochaines minutes, on assistera à un moment très important
ici, au salon bleu, qui est le dépôt du budget de notre gouvernement, probablement
que déjà plusieurs citoyens sont à l'écoute. Donc, je vous le dis,
c'est à 16 heures, dans les prochaines minutes, que le ministre des Finances viendra déposer ce budget
historique, historique parce qu'il est dans un contexte, on le sait, historique également, avec la pandémie mondiale, un budget
qui, je suis convaincu, les Québécois pourront s'y retrouver. Alors, demeurez à
l'écoute, là, ça s'en vient dans les prochaines minutes.
Également,
un autre moment historique, c'est ce... évidemment, ce processus
que nous menons pour le projet de
loi n° 197, qui est déposé par le député de Chomedey. J'ai eu la chance, hier, d'être assis ici, au
salon bleu, et d'entendre le
député de Chomedey nous dire à quel point il était ému que notre gouvernement
appelle le projet de loi n° 197.
Et je vous vois, je vois le député de La Peltrie,
entre autres, qui est ici, à l'Assemblée nationale, depuis un bon moment. On n'a pas vu ça souvent,
le gouvernement libéral ou le gouvernement
du Parti québécois, adopter des...
pas adopter, plutôt, mais appeler des
projets de loi des oppositions. Et je suis convaincu que, si
nous, on était à l'opposition, on aurait apprécié, par moment, que le gouvernement,
libéral, entre autres, parce qu'il a été là assez longtemps, puisse appeler des
projets de loi des oppositions. Alors, ça, là-dessus, je pense que c'est une
bonne nouvelle.
Et, oui,
c'est un moment historique très rare. On se souvient, entre autres, d'un projet de loi, et le
député de Chomedey l'a
rappelé hier, par la députée de Gouin de l'époque, Françoise David, qui avait déposé un
projet de loi concernant le logement pour les aînés. Ça avait été adopté à l'unanimité par les députés de
l'Assemblée nationale. Alors, c'est pour vous dire, quand on en parle encore, à quel point c'est intéressant
d'au moins faire le débat et d'au moins d'avoir la discussion sur ces enjeux,
qui sont extrêmement importants.
Et ça nous
amène aussi à parler du rôle des députés des oppositions, comme le député
indépendant de Chomedey, à quel point les députés de l'opposition ici, à
l'Assemblée nationale, ont un rôle d'amener des débats, d'amener des discussions, d'amener des enjeux sur la place
publique. Ce n'est pas vrai qu'un député de l'opposition ne fait pas un travail
important pour les concitoyens ou pour le
Québec. Vous-même, M. le Président, vous avez été longtemps dans l'opposition
et vous le savez, le rôle important des
députés. Je vois le député de La Peltrie aussi, il sait à quel point que,
lorsqu'on est dans l'opposition, on
peut amener des débats, on peut amener des enjeux, et c'est exactement dans la
situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui. Et ça, je pense qu'on
peut en être fiers.
• (15 h 30) •
Maintenant, le sujet est
aussi fort important, et je pourrais proprement vous parler d'obsolescence
programmée, d'Apple, de technologie. Ça saura venir dans les prochaines minutes, mais c'est un sujet qui
concerne vraiment tout le
monde, que ce soient les jeunes, évidemment, qui sont de bons consommateurs lorsqu'on parle
de technologie... Tout
à l'heure, la députée de Mercier nous parlait de laveuses, sécheuses,
alors, qui peut concerner mes parents, là, qui en ont eues, puis nos
grands-parents, puis tous les gens qui consomment de la technologie de
n'importe quelle façon.
Alors, c'est vraiment
un enjeu de société et qui, oui, concerne l'environnement,
l'enfouissement, mais qui concerne également tous les enjeux de surconsommation et de
consommation des consommateurs. On pourra parler, dans les prochaines minutes, du rôle de l'Office de la protection du consommateur qui est très important au Québec,
et les enjeux d'endettement aussi d'une population qui consomme et qui également
vit avec une notion de crédit.
Alors, c'est
un débat très large sur notre société et un regard très grand qu'on doit avoir sur la société québécoise,
mais la société dans son ensemble
aussi, le dossier de l'obsolescence
programmée. Alors, ça, là-dessus, je
pense que c'est aussi intéressant. Non seulement c'est transpartisan, non seulement
on assiste à un moment très rare dans le parlementarisme québécois, et en plus, bien, ça nous permet d'échanger
sur où on s'en va, dans la société, comment on s'en va.
Et on sait également que les deniers des
Québécois sont gagnés de façon précieuse. Lorsqu'un étudiant réussit à acheter son premier cellulaire, lorsqu'une
personne a à acheter des outils électroniques qui sont parfois essentiels,
lorsqu'on parlait de laveuse,
sécheuse, par exemple, bien, on sait aussi comment ils ont mis des sous de côté
pour y arriver. Alors, ça démontre que le tout nous préoccupe
énormément.
Et on s'est
déjà aussi demandé pourquoi, M. le Président, il coûtait moins cher d'acheter
une nouvelle imprimante maison plutôt que de la faire réparer. Évidemment, on
trouve tous pas ça normal ou même souhaitable, et je vais y revenir dans
quelques minutes, mais je pense qu'on peut déjà affirmer qu'on est tous
confortables avec le concept de base que supportent les modifications incluses
dans le projet de loi n° 197. C'est en faveur d'une
meilleure protection des consommateurs au Québec. Il reste, par contre, à
déterminer les détails, à peaufiner des articles de la loi actuelle qui
devraient être conservés, modifiés ou même abrogés. Et on doit également
choisir si l'avenue à privilégier serait le véhicule,
exemple, législatif, qui nous est proposé aujourd'hui, ou encore une autre
version qui prendrait différents angles.
Alors, un
petit récapitulatif d'où nous partons, M. le Président. En avril 2019, le
député de Chomedey a déposé, donc, ce projet de loi qui a été rédigé par des
étudiants en droit de l'Université de Sherbrooke, qui, on le sait, est une
université très importante au Québec.
Je vois la députée de Saint-François. C'est dans votre circonscription, sauf
erreur, Mme la députée, hein, ou
presque, ou proche? Presque? Presque. O.K. C'est bon. Parce que c'est
compliqué, Sherbrooke. Alors, c'est dans la circonscription de la députée de Saint-François. Et des étudiants qui
se sont mis ensemble pour rédiger un projet de loi. Et ça, je pense
qu'on peut saluer le travail de ces étudiants-là, l'énergie qu'ils ont mise,
effectivement, qui est dans une démarche non
partisane, qui émanait réellement d'un travail en profondeur sur un sujet qui
touche tous les consommateurs, qu'ils le veuillent ou non.
Ensuite, il y
a une rencontre qui a été organisée en juin de la même année, alors notre
gouvernement a pris ça très au sérieux,
très rapidement, entre la ministre de la Justice de l'époque, qui est
l'actuelle présidente du Conseil du trésor, et le groupe d'étudiants, ainsi que ma collègue la députée
de Les Plaines qui, à ce moment-là, était adjointe parlementaire à la
ministre de la Justice, aujourd'hui qui est
ministre déléguée à l'Économie. Et on sait que la députée de Les Plaines,
ministre déléguée à l'Économie, a occupé ce poste-là pendant à peu près
deux ans, d'adjointe parlementaire, et a mis beaucoup, beaucoup de sérieux dans le souhait de mieux protéger les consommateurs.
Alors, je suis convaincu qu'encore aujourd'hui, dans ses nouvelles
responsabilités de ministre, c'est quelque chose qu'elle va porter en elle.
À ce
moment-là, parce qu'on est un gouvernement qui passe à l'action, on avait
demandé à l'Office de la protection du
consommateur, l'OPC, le mandat de mener une consultation publique sur les
notions qu'on vient d'échanger ensemble, donc, la durabilité, la réparabilité, l'obsolescence des biens. Et
celle-ci s'est terminée l'hiver dernier, donc récemment, et a permis
d'analyser le projet de loi tout en faisant des propositions. Alors, on ne peut
pas dire que, même si on se retrouve aujourd'hui
à l'Assemblée nationale, en 2021, à en discuter, qu'il n'y a pas eu du travail
de fait dans ce dossier-là au cours des derniers mois.
Et ces
consultations s'inscrivaient donc dans la suite du projet de loi qui, je le
rappelle, a été rédigé par les étudiants de l'Université de Sherbrooke pour tenter d'obtenir les avis d'experts
et de la population sur la question, histoire de faire un portrait, de colliger les meilleures pratiques et
d'avoir également une idée des modifications législatives à l'international.
Parce que, dans ce dossier-là, M. le
Président, il faut se le dire, ce n'est pas seulement un enjeu pour le Québec
ou pour le Canada. Il y a également des enjeux internationaux, ne
serait-ce qu'avec des entreprises, parce qu'on le sait, c'est une volonté que nous avons comme gouvernement et du
premier ministre, particulièrement depuis la pandémie, de faire davantage
d'achats au Québec, et on y travaille, et déjà on y voit les résultats.
Mais il ne faut pas se le cacher, là, cet
iPhone-là n'a pas été fait au Québec. Nos ordinateurs, sauf erreur, peut‑être certains procédés, mais ce n'est pas
fait au Québec. Alors, ça démontre combien c'est un enjeu qui est complexe
et qui relie les différents pays entre aux.
Alors, ça, c'est aussi important de le
conserver dans la réflexion qu'on doit avoir.
L'OPC a eu
l'opportunité de récolter les propositions et commentaires de plus d'une
centaine de parties prenantes, dont
des citoyens, des universitaires, des associations d'entreprises, des
organismes à vocation environnementale — on
vous disait tout à l'heure que les sites d'enfouissement étaient un enjeu,
c'est vrai — des
ministères, des organismes publics ainsi que des associations de consommateurs.
Et par la suite, les commentaires recueillis ont été analysés, évidemment, par
l'Office de la protection du consommateur, qui a une expertise très grande dans
le domaine, en collaboration avec le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques, important
de dire le nom au complet de nos
ministères parce qu'ils ont souvent
des connotations, dans une perspective, on le sait, d'écoresponsabilité des modes de consommation et
de développement durable. Ultimement, les recommandations ont été soumises
au ministre de la Justice actuel et elles sont présentement toujours à l'étude.
Dans
le portrait actuel des choses lorsqu'on parle de l'obsolescence programmée, il
faut savoir actuellement qu'il y en a une
loi, au Québec. On ne part pas de rien, là. Il y a la Loi sur la protection du
consommateur qui possède déjà certaines dispositions sur l'usage normal
d'un bien. Par exemple, elle prévoit une garantie de durée raisonnable et une
garantie d'aptitude de biens à son usage. Alors, souvent, vous savez, lorsqu'on
arrive à la caisse, là, puis on nous dit : Voulez-vous la garantie prolongée?, moi, des fois, je dis non. Mais, si
je suis avec ma mère, elle va dire oui, parce qu'elle, elle est prévoyante puis elle a vu neiger, puis
elle en a acheté, des affaires qui ne marchaient pas. Ça fait que souvent, ça
me coûte 90 $ de plus, hein, mais bon,
elle me dit que c'est bien. Et, de plus, rien n'empêche un commerçant ou un
fabricant d'offrir des protections plus avantageuses pour le consommateur
qu'elles ne sont accordées par la loi. Alors, ça amène, encore une fois, tout le débat de :
Acceptez-vous de prendre la garantie prolongée lorsqu'on vous l'offre? Et je ne
vais pas tout vous nommer, mais il y
a plusieurs autres articles de loi qui protègent le consommateur. Il faut
cependant aller encore plus loin, et
c'est un constat qu'on partage à l'intérieur du projet de loi qui est déposé
aujourd'hui par le député de Chomedey. Plusieurs
des nouvelles propositions soumises permettraient d'amener des protections
supplémentaires qui bénéficieraient à tous les consommateurs.
Et déjà, de faire le
débat aujourd'hui et d'amener le débat sur la place publique comme l'ont fait
les étudiants de l'Université de Sherbrooke,
on sensibilise les consommateurs à ce qu'ils achètent, au choix, parfois, de
peut-être, et c'est souvent la
réalité, tristement, je le dis comme ça, de, des fois, payer un peu plus cher
pour tenter d'avoir une meilleure qualité
ou pour dire : Ça, c'est une bonne marque, ça dure plus longtemps.
Tristement, il faut souvent faire ces choix-là. Puis savez-vous quoi, M.
le Président? Ce n'est pas une science exacte, là. Moi, je me souviens d'avoir
payé des choses beaucoup plus chères, puis
ça n'a pas duré, puis on me disait : Tu aurais peut-être payé moins cher
et ça aurait duré. Alors, ce n'est
pas une science exacte, même les enjeux de durabilité dans le temps, et chaque
entreprise, on le sait, a ses départements de recherche, a sa réflexion sur la façon dont ils élaborent leurs produits. Alors, encore là, je
vous le rappelle, M. le Président, ce n'est pas toujours simple.
• (15 h 40) •
Il
nous apparaît quand même très légitime et justifié d'exiger du fabricant des
biens durables et réparables sans entrave, dans cette démarche, par
quiconque qui aurait des intérêts contraires. Alors, dans tout le processus,
c'est important. Et il y a plusieurs... Et là je viens d'en parler d'une, là,
il y a plusieurs nouvelles propositions soumises qui permettraient d'amener ces protections supplémentaires là de
façon importante. Et donc on s'est prononcés en accord avec ce principe,
tant pour une question, on le sait, d'éthique commerciale que pour des raisons
économiques ou environnementales.
Il
y a plus d'un an, nous avions discuté ici lors d'un débat, qui était une motion
proposée par la députée de Mercier
qui suggérait de tenir des consultations
particulières en commission parlementaire sur ce dossier-là. On avait, à ce
moment-là, même parlé de l'imprimante
auquel on faisait référence un peu plus tôt, d'entrée de jeu. Et ce qu'il faut
être capable de faire, c'est la différence entre un produit dont la
durabilité raisonnable est basse et un bien qui aurait été programmé
intentionnellement pour avoir une durabilité limitée, alors qu'il aurait très
bien pu y avoir une grande durabilité. Et ça, c'est important, parce qu'il y a
une différence entre un produit qui a une espérance de vie, là, on a tous une
espérance de vie, M. le Président, et le
fait d'avoir délibérément fait en sorte que le produit ait une espérance de vie
limitée. Alors, ça aussi, il faut y
penser comme législateurs, évidemment, mais comme élus, comme membres d'un
gouvernement, comme décideurs publics, de la façon dont les produits
sont faits à travers le Québec.
Et
donc il faut se poser la question. L'imprimante en question aurait-elle arrêté de
fonctionner parce qu'elle est mal conçue ou parce qu'un dispositif a été inséré
à l'intérieur pour la forcer à atteindre plus rapidement sa fin de vie utile,
tout ça dans le but de s'en procurer une
nouvelle? Est-ce un choix délibéré de l'entreprise? C'est la question la plus
importante à répondre, et ça, ce
n'est pas facile, parce qu'on ne connaît pas tous les procédés des entreprises,
et ça prend des enquêtes, des
analyses assez importantes pour pouvoir juger le tout. Et c'est ce qu'on
appelle donc l'obsolescence programmée ou encore l'obsolescence
planifiée et intentionnellement voulue.
Et
la ligne entre les deux est particulièrement difficile à déterminer pour les
experts technologiques, alors imaginez donc
pour le consommateur moyen. Ce serait difficile, avant d'acheter, exemple, une
imprimante, une balayeuse ou autre, d'appeler
en disant : Vous, votre entreprise, est-ce que vous faites de
l'obsolescence programmée? Vous, est-ce que vous faites de l'obsolescence planifiée? On nous dit : Bien non, mais
l'espérance de vie est d'à peu près trois ans, puis tu peux prendre une garantie prolongée. On
sait comment ça fonctionne.
Alors,
pour le coût, souvent les citoyens se rabattent sur le compétiteur le moins
dispendieux. Et, si toute l'industrie profite
de cette pratique cependant, on va avoir de bons défis devant nous. Et encore
une fois, souvent, on s'oppose à des gestes d'entreprises privées face aux
consommateurs. Et on va se le dire, M. le Président, tout à l'heure j'essayais
de faire une recherche «obsolescence
programmée gouvernement du Québec» pour voir ce qui avait été fait dans les
années 2000 et par les
précédents gouvernements, puis il n'y a rien qui a été fait. Alors, c'est pour
vous dire comment on date d'il y a longtemps dans ce dossier-là et à
quel point il y a des actions qui n'ont pas été prises.
Maintenant,
pour la position gouvernementale, qui peut être fort intéressante au niveau
juridique, ce ne sont pas des termes qui sont présentement définis dans la
législation québécoise ou encore canadienne. Alors, ça ne veut pas dire
que ce n'est pas un concept valide, mais la loi et les pratiques rattrapent
constamment les avancées, on sait, du monde moderne.
En 2020, c'est définitivement une pratique qui inquiète de plus en plus le
monde et qui nous inquiète, nous aussi, au Québec. Mais maintenant, cette notion-là, les mots qu'on vous
prononce, d'obsolescence programmée, la notion juridique n'est pas des
termes encore qui sont énormément employés.
Et le gouvernement
est d'avis qu'il est temps de se doter du meilleur encadrement qui soit pour
restreindre les mauvaises pratiques et
définir concrètement ce que constitue l'obsolescence, alors la définition même.
Et les objectifs du projet de loi
n° 197 sont louables, notamment lorsqu'il est question de s'assurer que
les consommateurs soient mieux informés quant à la durabilité des biens. Et comment, et c'est la réflexion qu'on
doit faire, comment on peut faire pour mieux informer le public
québécois avant d'acheter un produit?
Moi,
je me souviens, M. le Président, de tout le travail qui a été fait dans le
secteur de l'alimentation, entre autres, depuis des années. Avant d'acheter un produit que l'on souhaite
consommer, qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur de ça? Et déjà je pense que ça
pourrait être une avenue intéressante dans le détail que l'on peut retrouver.
Vous comprendrez, je ne réglerai pas
ça cet après-midi de mon bureau, ici, là, puis ce n'est pas le gouvernement du
Québec qui a pu voir tous les outils. Mais de donner l'information, de
donner la bonne information aux consommateurs, pour nous, c'est extrêmement
important, M. le Président.
Alors, on a
le devoir de mesurer les cibles des changements qui sont proposés. Il est
important aussi de maintenir une
prévisibilité sur les modifications législatives qu'on apporterait et l'impact,
également, sur l'industrie, sur des emplois, tout en réduisant l'esprit
du cadre réglementaire actuel.
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député, je dois vous
interrompre. J'aimerais savoir si vous allez poursuivre lorsque nous
allons reprendre le débat.
M. Poulin : Bien, M. le
Président, je n'ai pas terminé, effectivement, mon intervention.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Parfait.
Pour faire
suite à l'entente intervenue entre les groupes parlementaires, et compte tenu
de l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 16 h 5)
Le
Président : Mmes et
MM. les députés, nous allons donc reprendre nos travaux. Et je donne tout de suite
la parole à M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, M.
le Président. Je vous demande de
reconnaître le ministre des Finances, M. le Président.
Affaires prioritaires
Discours sur le budget
Le
Président : Merci. Avant
de céder la parole à M. le ministre des Finances, qui prononcera le discours sur le
budget, je comprends qu'il y a consentement afin de poursuivre les travaux
au-delà de 16 h 30? Consentement?
M. le ministre des Finances, vous avez la
parole.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : M. le Président,
j'ai l'honneur de présenter
aujourd'hui le budget du Québec, le troisième budget de ce gouvernement,
un budget produit dans des circonstances que nous n'avions jamais connues.
L'année 2020 été marquée par une crise sanitaire
exceptionnelle qui a frappé la terre entière.
Cette crise a fait un nombre considérable de victimes à travers le
monde. Elle a provoqué un arrêt brutal de larges pans de l'économie sur
l'ensemble de la planète.
Le Québec n'a
pas été épargné, qu'il s'agisse des décès ou des impacts sociaux et
économiques. De nombreux secteurs d'activité
ont été lourdement affectés, ce qui a entraîné des pertes massives d'emploi et
un énorme stress financier pour beaucoup d'entreprises et de Québécois.
Face à cette
crise sanitaire et économique d'envergure, nous avons été là pour aider les
Québécois à surmonter les difficultés et les épreuves auxquelles ils
étaient confrontés.
Dès le début
de cette bataille que nous livrons depuis maintenant un an, le gouvernement du
Québec a mobilisé des ressources
considérables pour soigner les personnes touchées par la pandémie ainsi que
pour soutenir les travailleurs de la santé, en première ligne du combat
contre la maladie.
Nous avons
aidé l'ensemble du secteur de l'éducation. Nous avons soutenu les travailleurs
ayant perdu leur emploi. Nous avons
accompagné les entrepreneurs frappés de plein fouet par les mesures de
restriction. Nous avons mis en place d'importantes
mesures pour soutenir nos artistes et le milieu culturel. Nous l'avons fait en
partenariat avec le gouvernement fédéral et les municipalités.
Au moment où je vous parle, la bataille se
poursuit. On voit cependant se dessiner un espoir à l'horizon. Grâce aux vaccins, nous semblons enfin en mesure de
mettre fin à la pandémie. Comme le premier ministre l'a annoncé le 16 mars
dernier, tous les Québécois qui le
souhaitent devraient avoir reçu au moins la première injection d'un vaccin
d'ici le 24 juin, jour de notre
fête nationale. Cela nous donne confiance en l'avenir, et c'est forts de cette
confiance que nous avons préparé ce budget.
As we speak, the fight continues. Yet,
there is hope on the horizon. As the Premier announced on March 16, all Quebeckers who wish to be
vaccinated should have received at least a first dose by June 24, our
national holiday. This gives us confidence in the future, and it is with
this confidence that we have prepared this budget.
L'économie
québécoise a fait preuve d'une résilience qu'il faut souligner, après le choc
brutal du printemps dernier. Pour
l'année 2020, l'économie québécoise a mieux résisté que l'ensemble de
l'économie canadienne, avec une contraction de la production de 5,3 % au
Québec comparativement à 5,4 % au Canada. Beaucoup d'entreprises ont su
s'adapter et ont trouvé des façons de
faire pour maintenir et, dans certains cas, augmenter la cadence de leur
production. Je tiens à saluer la faculté d'adaptation remarquable des
entrepreneurs québécois.
• (16 h 10) •
Malgré cette
résilience, il ne faut pas sous-évaluer le défi majeur que nous avons à
relever. Nous venons de vivre un choc historique, qui aura des impacts à
long terme sur l'économie et sur les finances publiques.
La crise
sanitaire a en effet directement frappé nos finances publiques. Pour affronter
la tempête sanitaire et soutenir l'économie, le gouvernement a augmenté ses
dépenses de plusieurs milliards de dollars, alors que les revenus diminuaient.
Soudainement, le budget du Québec est ainsi devenu largement déficitaire.
Les déficits atteindront 15 milliards de
dollars en 2020‑2021 et 12,3 milliards de dollars en 2021‑2022.
Dans les circonstances, ces déficits étaient
inévitables. Le gouvernement avait le devoir de mobiliser ses ressources
dans l'urgence pour protéger les services en
santé et en éducation, pour soutenir les Québécois et pour accompagner les
entreprises. Les dépenses qui en ont résulté étaient nécessaires.
Le gouvernement a pu agir rapidement et sans
hésitation parce qu'avant le début de la crise sanitaire les finances publiques du Québec étaient saines. Le
budget était à l'équilibre, la dette diminuait, et nous avions atteint plus tôt
que prévu la cible de dette brute par
rapport au PIB. Les agences de notation avaient toutes reconnu la qualité de
notre gestion budgétaire.
Face aux
défis auxquels nous sommes maintenant confrontés, certains éléments sont
rassurants. Les déficits que nous prévoyons aujourd'hui sont moins importants,
en termes relatifs, que ceux de plusieurs autres États. Pour 2020‑2021 comme
pour 2021‑2022, les déficits annoncés incluent une gestion
prudente de l'argent public, avec une provision pour risques et la
poursuite des versements au Fonds des générations.
Cependant, il n'est pas question d'esquiver la
réalité. Les conséquences de ce choc sur les finances publiques seront ressenties pendant encore plusieurs années.
La vaccination nous permettra bientôt de retrouver une vie presque normale,
mais les déficits ne disparaîtront pas aussi rapidement que la pandémie.
Nous avons la ferme intention de rétablir les
finances publiques touchées par la crise sanitaire. Nous allons le faire en faisant preuve de responsabilité. Nous
allons revenir à l'équilibre budgétaire, mais nous ne réaliserons ce retour
qu'après avoir vaincu la pandémie, retrouvé le plein-emploi et rétabli la
croissance économique.
J'annonce que le gouvernement a comme objectif
de retrouver l'équilibre budgétaire en sept ans, soit d'ici 2027‑2028. Le
Québec doit faire les choses dans l'ordre. Comme le dit le proverbe, chaque
chose en son temps.
Le
gouvernement déposera à l'Assemblée nationale un projet de loi budgétaire qui,
notamment, suspendra de façon temporaire
la Loi sur l'équilibre budgétaire, de telle sorte qu'elle n'enclenche pas
d'obligations susceptibles de compromettre la relance de l'économie ou
la qualité des services.
The Government aims to return
to a balanced budget within seven years, that is by 2027‑2028. Québec must do things in order.
The Government will table amendments to the Balanced Budget Act to temporarily
suspend it so that it does not trigger any obligations that could hinder
sustainable economic growth or the quality of services.
Le chemin pour rétablir l'équilibre budgétaire est
guidé par plusieurs engagements. Nous miserons d'abord sur la création
de richesse et sur les emplois payants. La croissance du PIB permettra
d'augmenter les revenus de l'État.
Le Québec devrait retrouver le plein-emploi dans
deux ans et le niveau de l'activité économique qui prévalait avant la pandémie d'ici la fin de
l'année 2021. Nous prévoyons une croissance économique de 4,2 % en
2021 puis de 4 % en 2022 et nous maintenons notre objectif d'avoir
une croissance économique de plus de 2 % par la suite.
Nous allons
arrimer la croissance des dépenses à la croissance des revenus afin de
respecter la capacité de payer des contribuables. C'est pour cette raison que
nous concentrons les nouvelles initiatives budgétaires sur les deux prochaines
années. Nous voulons relancer l'économie et
obtenir des résultats rapides tout en faisant preuve de prudence pour l'avenir.
Nous n'augmenterons pas le fardeau fiscal des
Québécois. Ils paient déjà suffisamment de taxes et d'impôt.
Il n'est pas question de compromettre de quelque
façon que ce soit le financement des services aux citoyens. Comme nous nous y sommes engagés dès le début de
notre mandat, nous maintiendrons un financement stable de la santé, de
l'éducation et de l'enseignement supérieur.
Enfin, nous
voulons obtenir du gouvernement fédéral un réajustement significatif du
financement de la santé. La COVID-19 a mis en lumière les besoins du
système de santé, et le gouvernement fédéral doit financer sa juste part.
C'est avec le
même sens des responsabilités et la même prudence que nous allons reprendre la
trajectoire que nous avions tracée concernant la réduction de la dette.
Au 31 mars 2021, la dette brute s'établira
à 219 milliards de dollars, soit 49,5 % du PIB. Notre plan consiste à
stabiliser ce ratio, puis à le diminuer à
compter de 2025‑2026. Le Québec va donc reprendre la trajectoire de
réduction de sa dette sur le PIB mais
en consacrant quelques années de plus. Nous allons le faire, car nous le devons
aux prochaines générations.
M. le Président, ce budget, c'est le budget de la résilience et de la confiance dans
l'avenir. C'est le budget de la résilience,
car nous mobilisons les moyens nécessaires pour vaincre le virus et aider les
Québécois à surmonter ses conséquences. C'est le budget de la confiance, car en même temps nous investissons
dans l'avenir en reprenant la trajectoire tracée avec les deux premiers
budgets et en la poursuivant vers des objectifs toujours aussi ambitieux.
Ce budget est bâti autour des trois grandes
missions de l'État, soit la santé, l'éducation et l'économie.
En premier
lieu, nous allons renforcer le système de santé, en particulier pour les aînés
et les enfants en difficulté. Nous
poursuivons les différentes mesures mises en oeuvre pour protéger les Québécois
contre la pandémie. Simultanément, nous
investissons dans des services innovants et efficaces, particulièrement pour ce
qui est des soins aux aînés et de l'accès aux services de première
ligne.
En
deuxième lieu, en éducation, nous allons soutenir la persévérance et la
réussite des jeunes. Nous allons aider les
élèves, les étudiants et l'ensemble des jeunes à passer à travers la crise. En
même temps, nous mobilisons de nouveaux moyens pour offrir aux Québécois un
système d'éducation et d'enseignement supérieur plus équitable, plus performant
et mieux orienté vers les défis du futur.
En troisième
lieu, sur le plan économique, nous allons tout faire pour retourner au
plein-emploi, accélérer la croissance et
stimuler la transition vers la nouvelle économie. Nous continuerons de soutenir
les entreprises et les secteurs affectés par la crise. Nous aiderons les
travailleurs mis en chômage à se requalifier et à retrouver rapidement un
emploi. Nous le ferons en stimulant
les investissements et la productivité pour un retour rapide du plein-emploi et
de la croissance à son plein potentiel, en ciblant le développement de
la nouvelle économie.
Au-delà de
ces trois grandes missions, nous allons renforcer le soutien apporté à ceux de
nos concitoyens qui en ont le plus besoin et améliorer l'équité de nos
mesures fiscales.
Avec ce
budget, le gouvernement envoie un message d'espoir à l'ensemble des Québécois.
Nous surmontons une crise d'une ampleur jamais connue. Nous sommes maintenant
capables de retrouver la trajectoire exigeante et stimulante qui
permettra au Québec de franchir une nouvelle étape dans son développement.
Comme le
veut la tradition parlementaire, je dépose aujourd'hui la politique
budgétaire pour l'exercice financier 2021‑2022.
Je demande le
consentement de cette Assemblée pour déposer les documents suivants : les
tableaux présentant les résultats préliminaires des opérations
budgétaires consolidées pour 2020‑2021, les prévisions des équilibres
financiers pour 2021‑2022.
Je dépose
également le plan budgétaire de mars 2021 et les documents l'accompagnant,
qui font partie intégrante du budget.
Documents déposés
Le
Président : Je me permettrai, juste avant, de demander le
consentement pour le dépôt de l'ensemble des documents, permettant la
lecture continue du discours du budget. Y a-t-il consentement? Consentement.
M. le ministre des Finances.
M. Girard
(Groulx) : En premier lieu, ce budget est le budget du renforcement du
système de santé. Dès le début de son
mandat, le gouvernement a consenti des efforts considérables pour accroître les
services en santé, en augmentant le budget de la santé de 5 % en
2019‑2020 puis de 5,7 % en 2020‑2021, avant le déclenchement de la
pandémie.
Ces efforts ont dû être redoublés cette année en
raison de la crise sanitaire. Avec ce budget, nous continuons d'investir dans la santé. Les ressources
additionnelles allouées à la santé atteindront 10,3 milliards de dollars,
pour un total de près de
15,2 milliards de dollars d'ici 2025‑2026. La crise sanitaire n'est pas
terminée. Nous investissons pour protéger les Québécois contre la pandémie et les aider à la vaincre. Nous allons plus
loin, en tablant sur les solutions adoptées pendant la crise pour bâtir un système plus efficace et
plus performant, capable de répondre aux besoins de tous et particulièrement
aux besoins des aînés.
• (16 h 20) •
Dans le
secteur de la santé, le gouvernement entend d'abord vaincre la pandémie et pérenniser certaines des
mesures mises en place pour répondre
à la crise. Au total, c'est près de 12 milliards
de dollars que le gouvernement aura consacrés ainsi à la lutte contre la pandémie.
Depuis mars
2020 et sur une période de deux ans, nous prévoyons que la pandémie de la
COVID-19 aura entraîné des coûts d'un
peu plus de 8,9 milliards de
dollars. Le réseau de la santé a été mobilisé pour répondre aux besoins des patients atteints de la COVID-19. Les ressources
additionnelles allouées ont permis de reconnaître les efforts des travailleurs de la santé, d'acquérir le
matériel et les équipements de protection individuelle nécessaires pour faire face à la crise, d'effectuer des tests de dépistage et la vaccination, d'améliorer l'offre de
services en santé mentale et d'accroître la capacité d'intervention
auprès des aînés.
Le
gouvernement consacre 3 milliards de dollars à la pérennisation de
certaines mesures mises en place en 2020‑2021 et en 2021‑2022
afin d'accroître de façon permanente la capacité d'intervention, notamment
auprès des personnes âgées.
L'année a été marquée par les tragédies que l'on
a connues dans les CHSLD. Pour ne plus revivre ces épisodes douloureux, le premier ministre a lancé un blitz,
au printemps dernier, visant à combler les postes de préposés aux bénéficiaires
avant la deuxième vague de la pandémie.
Ces personnes qui prennent soin de nos aînés
sont là pour rester. Les CHSLD vétustes seront graduellement remplacés par des maisons des aînés. Le Québec
prend les moyens pour traiter ses aînés les plus vulnérables avec toute la
dignité qu'ils méritent.
Les
ressources additionnelles réservées pour pérenniser les mesures mises en place
pendant la crise permettront : de
rémunérer 10 000 nouveaux préposés aux bénéficiaires, de convertir en
emplois à temps plein les postes de préposés aux bénéficiaires travaillant actuellement à temps partiel, de rétribuer les
gestionnaires embauchés dans chacun des CHSLD, d'ajouter des ressources additionnelles pour assurer la protection de la
population et mettre en place des mesures de prévention.
Nous allons
plus loin, en misant sur les avancées dues à la crise pour bâtir un système
plus efficace et plus performant, répondant
aux besoins de tous et particulièrement aux besoins des aînés. Au total, le
gouvernement consacrera 3,3 milliards de dollars d'ici 2025‑2026 : à l'amélioration des services médicaux, notamment en première ligne; au
renforcement des soins et des services aux aînés, en mettant l'accent
sur les soins à domicile.
Sur ce total,
le gouvernement réserve 1,3 milliard de dollars pour que les Québécois
bénéficient de services plus accessibles.
Pour
répondre à la crise sanitaire, le réseau de la santé et des services sociaux a
fait appel à des solutions innovantes et
efficaces. Le travail a été organisé différemment, la pratique de plusieurs
professions a été décloisonnée, et les technologies numériques ont été
beaucoup plus largement utilisées.
À
partir de ces avancées et pour aller plus loin, le gouvernement consacrera
527 millions de dollars, au cours des cinq prochaines années, à l'amélioration de l'accès aux services
médicaux de première ligne. Nous ajouterons des guichets d'accès pour
prendre en charge les patients sans médecin de famille.
La
crise sanitaire a accentué les immenses besoins de la population en matière de
protection de la jeunesse, de santé mentale
et d'aide aux personnes vulnérables. L'isolement, la crainte d'être contaminé
et le bouleversement des habitudes ont affecté plusieurs de nos
concitoyens.
Au
cours des cinq prochaines années, le gouvernement ajoutera 795 millions de
dollars pour répondre à ces différents besoins.
D'ici
2026, 252 millions de dollars seront alloués à la sécurité et au bien-être
des enfants en difficulté. Ces sommes permettront
notamment d'améliorer les délais d'accès aux services de proximité et
d'augmenter le taux de prise en charge. D'ici 2025‑2026, 150 millions de dollars seront ainsi investis
dans les services offerts dans le cadre du programme-services Jeunes en
difficulté.
Le gouvernement
entend également améliorer les services psychosociaux en santé mentale. Au
cours de la prochaine année, un nouveau plan
d'action en santé mentale sera dévoilé. Au total, le gouvernement réserve
288 millions de dollars d'ici 2026 pour la santé mentale.
Des
ressources additionnelles de 255 millions de dollars seront consacrées aux
besoins des personnes vulnérables. Une partie de ces ressources
permettra d'amorcer la mise en oeuvre du prochain plan d'action en itinérance
ainsi que d'accroître les services offerts aux femmes victimes de violence
conjugale.
Pour
le gouvernement comme pour ma collègue la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, les services et les soins aux aînés constituent une priorité. D'ici 2026, le
gouvernement prévoit près de 2 milliards de dollars de crédits
additionnels pour les améliorer.
Sur
ce total, 1,5 milliard de dollars seront réservés au maintien à domicile
et à l'amélioration des soins à domicile. Pour le gouvernement, il est essentiel que les aînés et les personnes
ayant une incapacité puissent préserver leur autonomie et demeurer le
plus longtemps possible dans leur domicile.
Des ressources de
750 millions de dollars permettront d'offrir des heures additionnelles de
soins et de services à domicile. En 2019‑2020,
environ 370 000 personnes ont eu accès à 22,7 millions d'heures
de soins à domicile, et la pandémie a accentué la volonté des personnes
âgées de rester le plus longtemps possible dans leur demeure.
J'annonce la
bonification graduelle de 35 % à 40 % du crédit d'impôt remboursable
pour le maintien à domicile des aînés ainsi
que l'augmentation de l'aide accordée pour les aînés habitant un immeuble à
logement, ce qui représente un coût
de 394 millions de dollars sur cinq ans. Cette bonification profitera
davantage aux aînés à plus faibles revenus et en plus grande perte
d'autonomie.
Des
ressources supplémentaires de 388 millions de dollars seront consacrées
aux services offerts dans les résidences privées pour aînés.
Le gouvernement
réduira graduellement les subventions accordées aux résidences privées pour
aînés pour leur personnel soignant et s'assurera que ces résidences
continueront d'offrir leurs services. Le gouvernement appuiera la rénovation des installations et aidera les
résidences à s'assurer afin d'empêcher la fermeture de plusieurs d'entre elles ou
d'éviter une hausse brutale des coûts
assumés par les aînés. Les mesures retenues appuieront en particulier les
résidences pour aînés de petite dimension, installées majoritairement en
région.
Par
ailleurs, le gouvernement alloue 429 millions de dollars d'ici 2026
au renforcement des soins et des services en hébergement ainsi qu'à
l'amélioration de la qualité de vie des proches aidants.
La
crise sanitaire a démontré l'ampleur des besoins et la nécessité d'assurer un
financement stable et suffisant du système
de santé. L'accroissement de la population et son vieillissement auront un
impact majeur sur les coûts de la santé.
Nous aurons besoin
que le gouvernement fédéral fasse sa juste part en augmentant les transferts en
santé aux provinces et aux territoires. Nous voulons obtenir du gouvernement
fédéral qu'il réajuste significativement sa part du financement des dépenses de santé des provinces et des territoires en la
portant de 22 % à 35 %, et qu'il le fasse sans condition.
Cette demande a été
adressée de façon unanime au gouvernement fédéral par les provinces et les
territoires en septembre 2020 et à
plusieurs reprises depuis cette date. Le gouvernement fédéral doit devenir un
véritable partenaire financier en matière de santé, alors que les
pressions sur les coûts ne cessent de croître.
Pour sa part, le
gouvernement du Québec assumera ses responsabilités, car les besoins en santé
sont essentiels.
Cependant,
en l'absence d'un réajustement du financement fédéral, on assisterait à un
déséquilibre croissant des finances publiques, au Canada, entre le
gouvernement fédéral et les provinces et territoires.
• (16 h 30) •
Le deuxième axe de ce
budget, c'est l'éducation. Nous allons soutenir la persévérance et la réussite
des jeunes.
Dès
son arrivée au pouvoir, le gouvernement a fait de l'éducation une priorité
collective. Il y a investi massivement, faisant croître le budget de l'éducation et de l'enseignement supérieur
de 5,7 % en 2019‑2020, puis de 5,9 % en 2020‑2021.
Ce
budget prévoit des investissements additionnels, à la fois pour aider les
jeunes à passer à travers la crise et pour assurer leur réussite, grâce
à un réseau d'éducation et d'enseignement supérieur modernisé et répondant à
leurs besoins.
Le
gouvernement veut doter le Québec d'un système d'éducation plus équitable et
plus performant, formant des citoyens
responsables, compétents, créatifs et engagés. Le gouvernement vise un système
d'enseignement supérieur innovant, proche des étudiants et veillant à la
consolidation de leurs connaissances.
En fait,
c'est l'ensemble des jeunes que le gouvernement souhaite accompagner, pour les
aider à s'intégrer dans la vie professionnelle et la société.
D'ici 2025-2026, le gouvernement
consacrera près de 1,5 milliard de dollars à la persévérance et à la
réussite des jeunes.
Dans
le réseau de l'éducation, nous allons accompagner le rattrapage des élèves à la
suite de la crise sanitaire et investir dans la réussite scolaire.
Dans
le réseau de l'enseignement supérieur, nous allons appuyer la persévérance des
étudiants pendant la crise et encourager leur diplomation afin de
faciliter leur intégration en emploi.
Nous allons faire en
sorte que tous nos jeunes participent pleinement à la société et au marché du
travail.
Et nous allons les
encourager à s'épanouir dans les arts, dans le loisir et dans le sport.
Au
cours des cinq prochaines années, nous consacrerons 574 millions de
dollars au rattrapage et à la réussite des élèves en soutenant le réseau
de l'éducation.
Depuis
le début de la crise sanitaire, le milieu scolaire a fait face à des défis de
taille. Au printemps 2020, les élèves, le personnel enseignant et l'ensemble des ressources professionnelles
intégrées au réseau scolaire ont été confrontés à la suspension des services
éducatifs. Tout le monde a été mis à contribution pour assurer l'enseignement à
distance, afin de respecter les mesures sanitaires.
Pendant
une année, les élèves du primaire et du secondaire ont vécu des soubresauts
dans leur apprentissage, et un certain nombre d'entre eux ont
malheureusement pris du retard.
Le
gouvernement mobilise les moyens nécessaires pour effectuer les opérations de
rattrapage qui s'imposent et consolider les apprentissages. Au cours des
deux prochaines années, 170 millions de dollars permettront d'offrir un accompagnement supplémentaire aux élèves du
primaire et du secondaire. Mon collègue le ministre de l'Éducation s'appuiera
à cette fin sur l'aide aux devoirs, sur le tutorat ainsi que sur l'embauche
d'agents de liaison permettant de faciliter la communication entre l'école et
les familles.
Nous
investissons également dans l'avenir, en consacrant 404 millions de
dollars, au cours des cinq prochaines années, à la réussite scolaire,
afin de moderniser le réseau, de le mobiliser et d'encourager les innovations.
Des
ressources supplémentaires sont allouées à la valorisation de la profession
d'enseignant ainsi qu'au soutien des étudiants en enseignement.
Au
cours des cinq prochaines années, 93 millions de dollars seront alloués à
l'ajout de nouvelles classes spécialisées pour les élèves doués ou en
difficulté.
Des
sommes sont réservées pour embaucher des techniciens en éducation spécialisée
afin d'améliorer les services de garde en milieu scolaire ainsi que pour
favoriser la réussite éducative des élèves autochtones.
La
réussite scolaire est grandement influencée par l'environnement dans lequel les
élèves étudient au quotidien. Le gouvernement prévoit 80 millions
de dollars sur deux ans, dont 45 millions de dollars dès 2021-2022, afin
d'améliorer l'état général des bâtiments dans les écoles ainsi que pour rendre
les cours d'école plus belles et plus sécuritaires.
Le
gouvernement ajoute également des ressources considérables à l'enseignement
supérieur avec des investissements de
669 millions de dollars d'ici 2025-2026. Ces sommes sont destinées à la
persévérance et à la diplomation des étudiants.
Les
étudiants ont passé la dernière année en ligne, ce qui a pu perturber leurs
apprentissages et leur formation. La crise
sanitaire a présenté un défi redoutable pour eux, alourdissant leur fardeau financier,
remettant en cause l'accessibilité de l'enseignement et fragilisant
parfois leur santé mentale.
En
octobre dernier, le gouvernement a annoncé des mesures en faveur des étudiants
totalisant 540 millions de dollars sur trois ans.
Au cours des cinq prochaines
années, le gouvernement consacrera près de 300 millions de dollars de
ressources additionnelles à l'aide aux étudiants.
Depuis
un an, les étudiants n'ont pu profiter de conditions d'enseignement optimales
ni échanger entre eux. Nous voulons alléger leur fardeau financier afin de les
aider à supporter les conséquences de la crise sanitaire et économique.
Des mesures ont déjà été prises depuis le début de la crise pour soutenir
financièrement les étudiants.
Avec le
budget 2021-2022, nous allons plus loin.
J'annonce
que chaque étudiant à temps plein de niveau collégial ou universitaire recevra
un montant forfaitaire de 100 $ pour l'automne 2020 et
l'hiver 2021.
J'annonce
également l'élimination pour un an des intérêts sur les prêts étudiants, soit
du 1er avril 2021 au 31 mars 2022, afin de diminuer
l'endettement des étudiants.
Ces deux mesures
représentent un soutien additionnel de 155 millions de dollars en
2021-2022.
Toujours
pour aider les étudiants à passer à travers la crise sanitaire, le gouvernement
prévoit 145 millions de dollars supplémentaires afin de les aider à
persévérer.
Face à la crise
sanitaire, les établissements d'enseignement supérieur ont dû rapidement
s'adapter et offrir aux étudiants des modes
d'apprentissage à distance de qualité. Les universités seront soutenues afin de
consolider les nouvelles pratiques et de les bonifier.
Des
ressources supplémentaires sont également allouées pour améliorer la santé et
le bien-être des étudiants et du personnel, en particulier sur le plan
de la santé mentale.
Nous
investissons dans l'avenir en favorisant la diplomation et de meilleurs
résultats. D'ici 2025-2026, le gouvernement mobilisera 369 millions
de dollars à cette fin.
Ma
collègue la ministre de l'Enseignement supérieur déposera un plan d'action pour
la réussite en enseignement supérieur,
doté de 150 millions de dollars. Ce plan d'action misera notamment sur le
développement de pratiques adaptées aux besoins des étudiants, sur la
diversification des programmes offerts et sur le développement des
connaissances.
Dans
les secteurs de la santé et des technologies de l'information, les besoins de
main-d'oeuvre sont considérables. Pour
le gouvernement, la formation et la diplomation dans ces secteurs sont une
priorité. Ce budget prévoit 178 millions de dollars à cette fin.
Ces ressources serviront notamment à former davantage d'infirmières.
Le
gouvernement réserve par ailleurs des ressources supplémentaires pour renforcer
la présence des établissements d'enseignement supérieur en région, en
favorisant la concertation entre les différents ordres d'enseignement.
Nous allons aussi aider les jeunes à s'intégrer
au marché du travail et dans la société.
Dans la
population, ce sont les jeunes qui ont été les plus affectés par les pertes
d'emploi et de revenus dues à la pandémie. Pour beaucoup d'entre eux, la
crise sanitaire et économique a compromis l'intégration au marché du travail.
D'ici 2026,
le gouvernement investira 107 millions de dollars dans l'appui aux jeunes
afin qu'ils puissent s'intégrer au marché de l'emploi ou répondre aux
problématiques qui les touchent personnellement.
Les
carrefours jeunesse-emploi sont bien ancrés dans leur milieu. Ils aident les
jeunes à s'insérer dans la société en les appuyant pour trouver un
emploi, pour retourner aux études ou pour créer une entreprise.
Nous allons
favoriser l'intégration professionnelle des jeunes en assurant un financement
stable et plus flexible des carrefours jeunesse-emploi.
Nous allons
soutenir la démarche d'intégration au marché du travail des jeunes qui ne sont
ni aux études, ni en emploi, ni en
formation. En 2018-2019, on estimait que 200 000 jeunes Québécois se
trouvaient dans cette situation. Le Québec a besoin d'eux. Mon collègue le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale lancera prochainement un appel de projets afin de
répondre à leurs besoins.
• (16 h 40) •
La crise
sanitaire a bouleversé l'entrée des jeunes sur le marché du travail. Les stages
en milieu de travail constituent un moyen privilégié pour eux de
compléter leur formation et de trouver un emploi.
J'annonce la
bonification de 25 % des taux de base du crédit d'impôt pour stage en
milieu de travail, et cela, pour une période d'un an.
Pour aider
les jeunes à s'intégrer dans la société, nous allons également assurer le
financement du prochain plan d'action jeunesse, qui sera rendu public au
printemps.
Le gouvernement entend apporter un appui
supplémentaire à la promotion du loisir et du sport.
En raison de
la pandémie, l'isolement a privé les jeunes d'activités sportives et
récréatives à une période de la vie où le besoin de se dépenser et de
socialiser est le plus grand.
Le
gouvernement est convaincu que la persévérance des jeunes et leur réussite
passent par la pratique du loisir et du sport. Les activités physiques
et sportives sont source de bienfaits pour tous.
D'ici 2026, le gouvernement consacrera
113 millions de dollars à l'encouragement d'une pratique régulière d'activités physiques, sportives et récréatives.
Ces sommes permettront d'investir dans les infrastructures sportives scolaires
et ainsi d'aménager des parcs, des sentiers et des patinoires extérieures.
Ce budget est bâti sur un troisième axe, celui
de l'économie. Le gouvernement mobilise tous les moyens nécessaires pour retourner au plein-emploi ainsi que pour accélérer la
croissance et stimuler la transition vers la nouvelle économie.
Nous nous
donnons deux ans pour que tous les emplois perdus depuis la pandémie soient
récupérés. C'est notre responsabilité d'accélérer la croissance et la
transition vers l'économie de l'avenir.
We are giving ourselves two
years to recover all jobs lost since the start of the pandemic.
Nous avons des objectifs ambitieux. Nous pensons
qu'il est possible d'effacer la perte de croissance subie pendant la crise
sanitaire afin de reprendre la trajectoire sur laquelle le Québec était engagé
au moment du budget de l'année dernière.
Nous allons
bâtir une économie de plus en plus verte, créant davantage de richesse et
d'emplois payants pour les Québécois.
Nous allons accroître le revenu disponible des Québécois en agissant sur
l'investissement privé, sur la productivité et sur la main-d'oeuvre.
Nous allons miser sur les secteurs stratégiques.
Nous voulons
fermer l'écart de richesse avec l'Ontario et le Canada grâce à une économie qui
fonctionne à plein régime et qui nous permet de prendre notre place, au
Canada et dans le monde.
Avec ce
budget, le gouvernement consacre un peu plus de 4 milliards de dollars aux
initiatives de nature économique, en privilégiant cinq axes
d'intervention.
Nous engageons une action vigoureuse en faveur
de la productivité et de l'investissement.
Nous allons créer de la richesse par l'innovation.
Nous appuyons la requalification de la
main-d'oeuvre et son intégration au marché du travail.
Nous favorisons le développement économique des
régions.
Nous allons relancer et promouvoir la culture,
le fondement même de l'identité québécoise.
Le
gouvernement engage une action vigoureuse en faveur de la productivité et de
l'investissement des entreprises en y consacrant près de
2,2 milliards de dollars sur six ans.
Afin de tirer les enseignements de la crise et
de préparer l'avenir, nous nous donnons deux ans pour rendre l'Internet haute
vitesse accessible à tous.
L'accès à
l'Internet haute vitesse est devenu, au cours des dernières années, un service
essentiel, autant pour les particuliers que pour les entreprises. C'est
pour cette raison que nous avions pris l'engagement de donner accès à l'Internet haute vitesse à tous les Québécois.
Avec le télétravail et l'école à distance, la crise sanitaire a démontré
l'urgence d'y parvenir.
Comme les
gouvernements précédents et ceux de toutes les provinces, nous avons rencontré
des obstacles dans les dernières années. Nous nous sommes fait dire que
brancher tout le monde d'ici la fin de 2022 était impossible.
Le premier ministre a refusé d'accepter cet état
de fait.
En y mettant
beaucoup de volonté, de détermination et de moyens, le gouvernement dégage les
ressources nécessaires pour que l'Internet haute vitesse soit accessible sur
l'ensemble du territoire québécois d'ici la fin de 2022. Ce serait une
première canadienne.
J'annonce
que le gouvernement consacrera une somme de 1 255 000 000 $
dans les deux prochaines années pour que l'Internet haute vitesse soit
accessible sur l'ensemble du territoire.
Tous
pourront ainsi profiter de services modernes comme la télémédecine, la
télé-éducation, la vente en ligne et le télétravail. En rendant
l'Internet haute vitesse accessible à tous d'ici la fin de 2022, le
gouvernement s'assure que tous les Québécois de toutes les régions disposent de
ce qui est devenu l'une des conditions essentielles du développement
socioéconomique.
En
même temps qu'il étend l'accès à l'Internet haute vitesse à l'ensemble du
territoire, le gouvernement accroît de nouveau
ses investissements dans les infrastructures. Investir dans les infrastructures
permet de stimuler l'activité économique à court terme, tout en
modernisant les équipements et en créant ou en soutenant des emplois payants.
Afin
de relancer l'économie, de créer de la richesse et d'assurer un retour rapide
au plein-emploi, le gouvernement accroît et accélère les investissements
effectués dans le cadre du Plan québécois des infrastructures, le PQI.
Le
PQI 2021-2031 s'établira à 135 milliards de dollars,
soit une hausse de 4,5 milliards de dollars par rapport au PQI
précédent. De plus, la réalisation du PQI sera accélérée, de telle sorte que
près de 60 % des investissements soient réalisés d'ici 2025-2026.
Avec
un PQI plus ambitieux qu'il ne l'a jamais été, le gouvernement jette les bases
d'une croissance robuste à long terme et s'assure que les Québécois
disposeront dans l'avenir d'infrastructures modernes.
D'ici
2026, le gouvernement investira 753 millions de dollars additionnels pour
encourager les entreprises à adopter les nouvelles technologies, et
ainsi à accroître leur productivité, en mettant en oeuvre trois mesures
fiscales.
En
premier lieu, j'annonce le doublement, jusqu'au 31 décembre 2022, des
taux du crédit d'impôt à l'investissement et à l'innovation, le C3i. Cette bonification temporaire encouragera
plus de 10 000 entreprises de tous les secteurs d'activité
à accélérer la réalisation de leurs projets
d'acquisition de nouvelles technologies. Nous croyons que le moment est venu
d'investir pour accroître la productivité des entreprises et les aider à se
démarquer au sortir de la crise.
En
deuxième lieu, j'annonce une réduction de 4 % à 3,2 % du taux
d'imposition sur le revenu des PME à compter du 1er avril 2021. Grâce à cette baisse,
nous ramenons le taux d'imposition des PME au Québec au même niveau que le
taux en vigueur en Ontario. Nos petites et
moyennes entreprises sont très importantes dans le tissu économique de toutes
les régions du Québec. Le gouvernement
souhaite que nos petites entreprises deviennent moyennes et que nos moyennes
entreprises deviennent de grandes entreprises québécoises. Nous leur donnons un
coup de pouce à cette fin.
En
troisième lieu, j'annonce la bonification du congé fiscal pour grands projets
d'investissement, notamment en rendant
admissible au congé fiscal tout projet de transformation numérique jusqu'au
31 décembre 2024. Nous soutenons ainsi les entreprises
québécoises dans l'accroissement de leur productivité.
Toujours
pour accroître la productivité et soutenir l'investissement, le gouvernement
consacrera 167 millions de dollars
au renouvellement et à la reconduction des stratégies de développement de
l'aérospatiale et de l'aluminium. Ces ressources
permettront également de développer la filière batterie et de mettre en valeur
les minéraux critiques et stratégiques.
Les
efforts concernant la filière batterie et les minéraux critiques et
stratégiques s'inscrivent dans le cadre du Plan pour une économie
verte 2030, rendu public par le gouvernement en novembre 2020.
Avec
le Plan pour une économie verte 2030, le gouvernement a engagé le Québec
dans une transformation majeure afin de réduire les émissions de gaz à effet de
serre grâce à l'électrification de l'économie, tout en créant de la richesse.
Le
plan de mise en oeuvre 2021-2026 du Plan pour une économie verte est le
plus ambitieux déposé à ce jour, avec son cadre financier prévoyant des
dépenses de 6,7 milliards de dollars sur cinq ans.
À
ce cadre financier s'ajoutent des investissements massifs en infrastructures,
des efforts du gouvernement pour réduire
ses propres émissions de gaz à effet de serre ainsi que des actions d'Hydro-Québec, d'Investissement Québec et d'autres organismes gouvernementaux.
Ce
budget prévoit des sommes additionnelles pour soutenir le déploiement de la
première stratégie québécoise de l'hydrogène vert et des bioénergies.
• (16 h 50) •
Le gouvernement
investira 218 millions de dollars d'ici 2026 dans l'innovation.
Afin
de créer de la richesse par l'innovation, le gouvernement appuiera la
réalisation de projets innovants, investira dans des infrastructures et
des centres de recherche et soutiendra l'innovation dans l'industrie
forestière, dans le secteur touristique et
dans la cybersécurité. Ces sommes serviront également à poursuivre le
déploiement des zones d'innovation.
Le
gouvernement engage de nouveaux efforts pour favoriser la requalification de la
main-d'oeuvre et l'intégration des immigrants. Plus nous aiderons les
travailleurs à retrouver rapidement un emploi, mieux l'économie se portera.
Depuis
le début de la pandémie, le gouvernement a mobilisé des moyens considérables
pour aider les Québécois travaillant
dans des secteurs directement affectés par la crise sanitaire et économique. En
novembre 2020, le gouvernement a alloué 459 millions de
dollars sur deux ans pour favoriser le retour sur le marché du travail.
Le gouvernent ajoute 404 millions de dollars
d'ici 2026 pour renforcer les efforts de requalification de la main-d'oeuvre
et pour favoriser l'intégration des immigrants sur le marché du travail.
Les
efforts de requalification de main-d'oeuvre visent à réorienter certains travailleurs vers
des secteurs où les besoins sont particulièrement criants. Les ressources
supplémentaires allouées par le gouvernement permettront de soutenir la formation des travailleurs souhaitant notamment
s'orienter vers les technologies de l'information, les services de garde,
les organismes communautaires et le secteur de la construction.
Le
gouvernement réservera 246 millions de dollars pour favoriser
l'intégration des immigrants au marché du travail.
Certaines barrières
limitent toujours l'intégration des immigrants, particulièrement la
reconnaissance des compétences et la
connaissance du français. Ces ressources supplémentaires permettront de mieux
reconnaître les compétences des immigrants, de favoriser l'immigration en
région, de bonifier l'appui offert pour l'apprentissage du français et de
favoriser l'attraction et la rétention des étudiants étrangers.
Afin
de retourner au plein-emploi et à la croissance, le gouvernement s'appuiera sur
les économies des régions et y consacrera 523 millions
de dollars d'ici 2026, en plus de la généralisation de l'accès à l'Internet haute vitesse d'ici 2022.
Ces ressources
serviront d'abord à aider les régions à surmonter certaines des conséquences de
la pandémie.
La
crise sanitaire a eu un impact direct sur les moyens de transport desservant
les régions. Les revenus des transporteurs et des aéroports régionaux
ont chuté, remettant en cause l'accès aérien aux régions dans le futur.
Dans
le cadre du budget, le gouvernement consacre 18 millions de dollars au
transport aérien régional, qui s'ajoutent aux 60 millions de
dollars alloués depuis mars 2020.
La crise sanitaire a
également compromis la viabilité financière des transporteurs interurbains par
autocar.
Avec
ce budget, le gouvernement offre une aide de 20 millions de dollars pour
compenser les déficits d'activité, en plus des 18 millions de
dollars déjà octroyés à cette fin.
Le
gouvernement prépare également le retour à la normale et le développement à
venir. Au cours des deux prochaines années,
40 millions de dollars seront réservés à la mise en oeuvre de la stratégie
de développement économique local et régional.
Le
tourisme est un secteur stratégique pour toutes les régions du Québec. C'est
également l'un des secteurs qui ont été les plus affectés par les
restrictions sanitaires, avec notamment la fermeture des frontières et les
freins imposés aux déplacements.
D'ici
2026, le gouvernement consacrera 204 millions de dollars additionnels au
soutien et à la relance du secteur du tourisme.
D'ici
2023, nous aiderons les entreprises touristiques à moderniser les
établissements d'hébergement. Nous allons promouvoir la destination touristique québécoise, notamment en soutenant
la relance des centres-villes. Nous réservons des sommes pour appuyer le
tourisme de nature et d'aventure. Nous allouons en particulier 25 millions
de dollars au développement des pourvoiries.
La
récolte et la transformation des ressources forestières constituent l'un des
principaux moteurs de l'économie des régions. D'ici 2026, le
gouvernement consacrera 93 millions de dollars de plus au secteur
forestier.
Nous investirons
92 millions de dollars dans la modernisation des infrastructures
régionales, notamment pour améliorer l'approvisionnement des régions en gaz
naturel et en gaz naturel liquéfié. Nous allons également donner aux agriculteurs la possibilité de remplacer les
énergies fossiles par l'électricité grâce à l'extension du réseau électrique
triphasé. Et nous allons soutenir le secteur agroalimentaire.
M. le Président, la culture est le fondement même de l'identité québécoise. La culture
contribue en même temps directement au développement économique.
Ce budget confirme la
place prépondérante que tient la culture dans nos priorités.
Afin
de protéger et de promouvoir notre culture, le gouvernement ajoute
392 millions de dollars d'ici 2025‑2026
à ce qui a déjà été annoncé pour répondre aux défis posés par la pandémie.
La
crise sanitaire a frappé de plein fouet l'écosystème culturel du Québec,
entraînant notamment la fermeture des salles
de spectacle et la cessation de la plupart des activités. Au printemps et à
l'automne 2020, le gouvernement a dégagé 483 millions de
dollars pour soutenir le milieu.
J'annonce
que le gouvernement ajoute 147 millions de dollars sur deux ans afin de
bonifier et de prolonger le Plan de relance économique du milieu
culturel.
Au total, ce budget
prévoit 214 millions de dollars de plus, d'ici 2025-2026, afin d'aider la
culture à sortir de la crise sanitaire et de
ses effets. Ma collègue la ministre de la Culture et des Communications
annoncera bientôt le détail des initiatives prises par le gouvernement.
Ce
budget prévoit également un effort particulier pour consolider notre patrimoine
culturel. D'ici 2024, le gouvernement
consacrera 74 millions de dollars à la préservation et à la valorisation
du patrimoine immobilier, notamment en soutenant le milieu municipal à
cette fin.
Toujours
dans le domaine de la culture, le gouvernement engage un effort majeur pour
protéger la langue française. Mon
collègue le ministre de la Justice et ministre responsable de la Langue
française déposera prochainement à l'Assemblée nationale un projet de réforme de la Charte de la langue française. Le
gouvernement réserve 104 millions de dollars d'ici cinq ans pour sa
mise en oeuvre.
M.
le Président, le développement économique et le retour à la croissance et à la
prospérité profiteront à tous les Québécois.
Je
rappelle d'ailleurs qu'à la suite de nos deux premiers budgets c'est un peu
plus de 2,3 milliards de dollars par année que nous avons retournés aux Québécois. Ce montant inclut la
baisse des taxes scolaires que nous avons complétée en juin dernier et la bonification du crédit
d'impôt remboursable pour maintien à domicile des aînés, que nous annonçons
dans ce budget.
Au-delà
de la santé, de l'éducation et de l'économie, l'État a la responsabilité de
soutenir ceux parmi les nôtres qui en ont le plus besoin. C'est ce que nous
faisons avec ce budget en prévoyant des sommes additionnelles de près de
1 milliard de dollars, au cours des cinq prochaines années, pour
soutenir les Québécois.
Des
sommes additionnelles de 408 millions de dollars sont prévues d'ici 2026
pour améliorer l'offre de logements abordables.
Des ressources sont réservées pour accélérer la réalisation de
5 000 logements sociaux non livrés et pour réaliser
500 nouveaux logements.
Les
familles sont au coeur de notre tissu social. Au cours des cinq prochaines
années, le gouvernement réservera 116 millions de dollars pour les
accompagner.
La priorité du
gouvernement est de répondre à la pénurie d'éducatrices en service de garde.
Par
ailleurs, les nouvelles ressources serviront à stimuler la création de
nouvelles places de garde subventionnées en milieu familial, à financer de nouvelles initiatives pour offrir la
garde à horaire atypique et à bonifier l'offre d'activités des
haltes-garderies communautaires.
Le gouvernement consacrera
370 millions de dollars additionnels à la protection des personnes en
situation vulnérable. Ces ressources
serviront notamment à consolider l'action en matière de condition féminine et à
financer l'accès aux services des
organismes communautaires. Le gouvernement réserve des ressources pour financer
la réforme de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels et pour contribuer au financement du fonds de la
lutte contre les dépendances.
• (17 heures) •
Sur ce total, 150 millions de dollars
permettront de répondre aux recommandations émises par la Commission spéciale
sur l'exploitation sexuelle des mineurs.
L'évolution des technologies et l'avènement des
médias sociaux ont accru l'ampleur de cette exploitation. Le gouvernement
entend combattre ce fléau de façon appropriée.
J'annonce que
la diffusion de contenus comportant des scènes de sexualité explicite ne pourra
plus bénéficier de mesures fiscales incitatives. Des restrictions seront
ajoutées à cette fin dans la législation fiscale.
Le gouvernement réserve enfin 83 millions
de dollars d'ici 2026 pour l'amélioration du système judiciaire.
Ces
ressources permettront d'adapter les pratiques judiciaires et policières à la
réalité d'aujourd'hui, notamment en facilitant l'accès à la justice
grâce aux nouvelles technologies.
Des
sommes sont prévues pour apporter plusieurs réponses aux recommandations du
Groupe d'action contre le racisme.
M. le
Président, ce budget comprend également de nouvelles initiatives en vue
d'assurer l'équité fiscale. Nous allons nous assurer de la perception de
la TVQ dans le contexte de l'économie numérique. Nous voulons faire en
sorte que l'ensemble des biens et des
services que les Québécois acquièrent pour consommation au Québec soient taxés
de la même manière, peu importe leur provenance. C'est une question
d'équité envers les marchands québécois.
M. le
Président, l'année que nous venons de vivre a été éprouvante. Je pense aux
personnes qui nous ont quittés trop tôt,
à leurs proches, à leurs familles. Derrière les chiffres, il y a des personnes
qui ont perdu la vie. C'est avec l'espoir de réduire le plus possible le nombre de victimes de la COVID-19 que le
gouvernement a mis en place des mesures sanitaires souvent
contraignantes.
J'aimerais
prendre le temps de remercier et de saluer encore une fois le travail de tous
ceux qui nous ont permis de traverser ces derniers mois.
Les travailleurs de la santé ont été directement
concernés par la lutte contre le virus.
Nos
enseignants ont permis à nos enfants de revenir sur les bancs d'école très
rapidement, plus rapidement que dans bien des endroits au monde.
Les travailleurs
essentiels dans les épiceries et les pharmacies ainsi que les livreurs nous ont
permis de continuer à nous approvisionner sans interruption.
Nos policiers
ont eu la tâche ingrate de faire respecter les mesures de lutte contre la
pandémie. Je veux souligner la qualité et l'efficacité de leur travail.
Je veux aussi
remercier les employés de l'État, sans qui nous n'aurions pu livrer cette
bataille. Leur dévouement pour le service public et le bien-être des
Québécois mérite d'être souligné.
Toutes ces personnes, loin des caméras, ont fait
la différence depuis un an. Merci à vous tous.
Cette année a
été dure, et, comme je le soulignais au début de ce discours, la bataille n'est
pas terminée. L'arrivée des vaccins
nous permet maintenant d'envisager l'avenir avec un optimisme prudent. Nos
finances publiques vont demeurer sous
contrôle, et notre économie a démontré sa résistance et sa force. Avec ce
budget, nous mobilisons les moyens nécessaires pour vaincre la pandémie
et ses conséquences.
Ce budget est
celui de la confiance dans l'avenir. En santé et en éducation comme dans le
domaine de l'économie, nous investissons dans le futur en tirant parti des
changements qu'il a fallu opérer pour répondre à la crise. Nous sommes
déterminés à reprendre la trajectoire qui permettra au Québec de prendre toute
sa place au sein du Canada et dans le monde. J'ai confiance en nous, en
notre capacité à nous adapter, en notre faculté de nous relever et de nous
surpasser.
M. le Président, ce budget sera un puissant signal, je l'espère, d'un premier pas vers
un Québec plus confiant que jamais. Un Québec résilient et confiant en
son avenir.
Motion proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement
M. le Président, je propose que l'Assemblée nationale approuve la politique budgétaire
du gouvernement. Je vous remercie.
(Applaudissements)
Le Président : M. le ministre
des Finances, votre motion est présentée.
Commentaires de l'opposition
À cette
étape-ci, je cède la parole à M. le député de Pontiac, porte-parole de l'opposition
officielle en matière de finances publiques, pour ses
commentaires, d'une durée de 10 minutes. À vous la parole.
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, M.
le Président. D'abord,
je veux remercier le ministre des Finances pour son travail de longue haleine. Je sais à quel point il s'investit dans
le processus budgétaire et je le félicite pour le dépôt de ses documents
aujourd'hui.
Malheureusement, M. le Président, le budget qu'il nous présente, le budget
de la Coalition avenir Québec, c'est un budget de la vieille école.
C'est un budget qui est tout ce qu'il y a de plus traditionnel, c'est un budget qui utilise
les vieilles recettes en matière de
développement économique, M. le Président. Et pourtant, pourtant, aujourd'hui,
le gouvernement de la Coalition avenir Québec avait un test, un test de
vision, et clairement, M. le Président, il a échoué ce test.
On
sort d'une récession qui est complètement différente de ce que vous, moi et
tout le monde ici avons vu de notre vécu. On a nécessairement besoin de
solutions qui sont différentes, M. le Président. La pandémie qu'on vient de
vivre, qu'on est en train de vivre a
changé les attentes des Québécois, nous a donné de nouvelles opportunités, mais
aussi a amené des défis notamment,
notamment, M. le Président, en ce qui a trait aux femmes. Les femmes ont écopé
particulièrement de cette pandémie-là, tant au niveau personnel, familial, la
charge mentale, la charge familiale, qu'au niveau économique. Alors, on était en droit de s'attendre à des
mesures différentes, à une vision différente, à une relance différente au
niveau de l'égalité, M. le Président, au niveau de l'environnement, M.
le Président, au niveau de la modernité.
Et, sur la relance
verte, un terme que privilégie souvent le premier ministre, sur la relance
verte, M. le Président, c'est le pire budget
depuis longtemps, en matière environnementale. On peut résumer les mesures
environnementales à soutenir le BAPE
davantage dans ses analyses et à embaucher des analystes au ministère de
l'Environnement. L'ambition de la
Coalition avenir Québec en matière environnementale se résume à ça cette année.
Et je reconnais les arguments du ministre
des Finances, qui va nous dire : Oui, mais l'an dernier, dans le budget,
on en fait beaucoup en matière environnementale. Faux, M. le Président. L'an dernier, on a pris des sommes qui étaient dans le Fonds vert et on les a mises à
la disposition du gouvernement dans
un autre tiroir, mais ce sont les mêmes sommes qui étaient déjà là, M. le
Président. Alors, le message, il est clair : la Coalition avenir
Québec n'est pas intéressée à investir dans les changements climatiques.
• (17 h 10) •
Au niveau de la
relance égalitaire, M. le Président, je vous l'ai dit, les femmes ont été
affectées particulièrement par la récession.
Et pourtant le gouvernement fait le choix d'investir, de la même façon qu'il a
toujours investi lors d'une récession,
dans des secteurs traditionnels : la construction, l'infrastructure, et
j'en ajoute un, un nouveau, M. le Président, les technologies de
l'information. Trois secteurs importants, j'en conviens, M. le Président, mais
trois secteurs où la majorité des emplois, la forte majorité des emplois sont
occupés par des hommes.
Pourtant,
toutes les études, M. le Président, au niveau de la main-d'oeuvre vont vous
dire qu'en ce moment le besoin, il
est encore plus criant au niveau des services publics. 75 % des nouveaux
postes vacants, cette année, c'est au niveau des services publics, et la majorité d'entre eux, c'est dans nos hôpitaux,
M. le Président. Alors, ils ont beau dire, aujourd'hui, qu'ils investissent de
l'argent en santé, ils mettent des dollars additionnels en santé, M. le
Président, mais, sans personnel, c'est
tout le château de cartes du gouvernement qui va s'écrouler. Sans personnel
additionnel, il ne pourra pas offrir les services aux citoyens, les services nécessaires aux Québécois. Dans le
budget, il y a 7 millions, 7 millions pour la formation des infirmières, M. le Président. 7 millions,
là, dans ce contexte-là, quand il manque 500 infirmières juste en
Montérégie-Ouest... 500 millions, ça paie à peine pour la pizza, M.
le Président.
Au
niveau des services... En fait, avant de passer aux services, M. le Président,
aujourd'hui le gouvernement avait l'occasion
d'investir dans les services et de le faire de façon importante, parce que les
besoins sont là, aujourd'hui, mais il a choisi, encore une fois, de se menotter en annonçant la date de leur
retour à l'équilibre budgétaire. Aujourd'hui, la priorité aurait dû être pour les
130 000 Québécois qui sont en attente de leurs chirurgies, qui ont vu
leurs chirurgies reportées au cours
de la dernière année. La priorité, elle aurait dû être auprès des élèves qui
sont en situation d'échec, M. le Président. La priorité, elle aurait dû être chez tous les Québécois qui ont besoin
de services en santé mentale. C'est à eux qu'il fallait penser aujourd'hui, mais le ministre des Finances
a choisi son approche — et
je ne pense même pas que, pour lui, c'est une insulte — il a
choisi une approche traditionnelle, une approche conservatrice.
Dans
deux ans, M. le Président, alors que le taux de chômage va encore être de
6 %, il nous annonce des taux de croissance
négatifs dans tous les secteurs gouvernementaux, sauf la santé et l'éducation.
En tourisme, croissance négative. En culture, croissance négative. En
transports, croissance négative. En forêt, croissance négative. En
environnement, croissance négative. En
famille, croissance négative. C'est ce que le ministre des Finances nous
annonce aujourd'hui. Alors, le
message est clair. Dans deux ans, après l'élection, si la CAQ est reportée au
pouvoir, on réduira tous ces budgets-là. C'est le message qu'il envoie
aux Québécois aujourd'hui.
En
matière de transferts fédéraux, un sujet sur lequel tout le monde ici est
d'accord, de passer de 22 % à 35 % en matière de transferts fédéraux, je reconnais l'importance que le
ministre des Finances lui donne, il a écrit tout un fascicule là-dessus
aujourd'hui. Mais pourtant dans son point de presse, il y a quelques instants,
il a dit qu'il se satisferait de beaucoup moins. Il est déjà dans le 20
quelques pour cent, M. le Président, il abdique la négociation avant même de la
commencer. Tout un message qu'il envoie à
Ottawa aujourd'hui, tout un message qu'il envoie à l'aube de cette
négociation-là!
M. le Président, il y
a quand même quelques éléments que je veux souligner. Le crédit d'impôt pour le
maintien à domicile, je félicite le ministre des Finances pour cette initiative.
Je félicite la députée de Fabre pour l'avoir répété à maintes reprises depuis plusieurs années, mais c'est un bon
investissement, c'est un investissement nécessaire. Cependant, on a beau avoir un crédit d'impôt pour le maintien
à domicile, si les soins à domicile ne sont pas disponibles, on ne sera
pas plus avancés, M. le Président.
Au
niveau de la violence conjugale, M. le Président, un sujet qui a scandalisé l'ensemble
de la société québécoise au cours des
derniers mois et pour lequel l'ensemble de la société québécoise est mobilisée,
il n'y a aucune accélération des sommes, aucune accélération des
déboursés, aucun investissement significatif de la part du gouvernement et
aucune indication que les sommes prévues vont se rendre dans les mains de
celles qui en ont besoin, c'est-à-dire les maisons d'hébergement pour les
femmes battues.
Pour nos demandes
spécifiques, M. le Président, deux enjeux retiennent l'attention.
La santé
mentale, vous le savez, je le sais, le premier ministre le sait, de plus en
plus de Québécois ont besoin de services
en santé mentale, de plus en plus de Québécois ne savent pas où se tourner
lorsqu'ils ont besoin de ces services-là, M. le Président. La demande est grandissante et
elle continue de grandir à chaque jour, et l'investissement qui est mis de
l'avant aujourd'hui est bien insuffisant pour tous les besoins engendrés par la
pandémie.
Au niveau de la relance des chirurgies, M. le
Président, il y a 130 000 chirurgies qui ont été reportées, au cours de la dernière année, et il n'y a aucun fonds
dédié pour reprendre ces chirurgies. Alors, les sommes qui sont investies en
santé, on ne sait pas si elles seront
utilisées pour reprendre ces chirurgies-là. Alors, si vous êtes un patient,
aujourd'hui, qui souffre, qui attend
sa chirurgie, vous n'avez aucune indication, aucun début de plan de la part du
gouvernement pour savoir quand ces chirurgies pourront avoir lieu et
s'il y aura des investissements uniquement dans ce secteur-là.
Un secteur
qui a été complètement oublié, M. le Président, je dois le mentionner avant de
terminer, c'est le secteur agricole.
Absolument rien pour le secteur agricole. En fait, le seul, le seul
investissement, c'est pour valoriser la mission de la CPTAQ, M. le
Président. Pour un gouvernement qui parle de souveraineté alimentaire, on
s'attendait à mieux.
On avait
besoin, M. le Président, aujourd'hui, d'un budget visionnaire, d'un budget
ambitieux. On a droit à un budget conservateur et traditionnel.
M. le
Président, le document se titre Un Québec résilient et confiant. M. le
Président, je suis confiant qu'on aurait pu faire mieux. Je suis confiant qu'on aurait pu penser à
l'environnement, à l'agriculture. Je suis confiant qu'on aurait pu avoir une
relance verte, une relance progressiste, une relance égalitaire. M. le
Président, je suis confiant qu'on aurait pu prendre l'occasion pour repenser notre économie. Je suis confiant qu'on
aurait pu présenter une réelle vision pour le Québec. Je suis confiant
qu'on aurait pu faire mieux, M. le Président.
Le
Président : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Rosemont, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de
finances, pour ses commentaires, d'une durée, également, de 10 minutes.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci beaucoup,
M. le Président. En temps normal, j'aurais dit, puis dans mon ancienne vie... j'aurais probablement écrit que c'était un budget
pas mal conservateur, dans les deux sens du terme. Mais on n'est pas en temps normal. Alors, il n'est pas juste
conservateur, le budget, il est décevant. Il manque la cible, il ne touche pas
les priorités, il ne reflète pas réellement ce que nous avons vécu
collectivement depuis un an.
J'y arrive, mais, une fois n'est pas coutume,
commençons par la bonne nouvelle du budget. En fait, c'est une demi-bonne nouvelle. Le ministre des Finances nous
annonce aujourd'hui qu'il renonce à s'en tenir aux stricts termes de la Loi sur l'équilibre budgétaire, et nous le ferons
en sept ans plutôt que cinq. Soit. C'était devenu pas mal une évidence pour tout le monde. Je pense que tout le monde ou presque a dit ça au ministre des Finances, que c'était impossible à faire et que, si
nous l'avions fait, c'est certain qu'on s'en allait dans le mur de l'austérité
encore une fois.
Je dis que c'est une demi-bonne nouvelle parce
qu'il y a des choses dans le budget qu'on lit, dont cette phrase sibylline qui dit : «Le gouvernement s'engage à ne mettre en oeuvre aucune mesure de résorption du déficit
budgétaire tant que le Québec
n'aura pas retrouvé son niveau d'emploi d'avant pandémie, soit
dans deux ans.» Alors, qu'on comprenne ce qu'on veut de cette phrase-là, moi, j'ai l'impression qu'on a juste
acheté du temps, deux ans, avant d'arriver, finalement, à des
résorptions de dépenses, qui seront inévitables, parce que, on va se le dire,
même si c'est mieux, sept ans que cinq, ça
reste très court considérant le trou budgétaire, considérant que la crise n'est
pas terminée et surtout considérant les immenses besoins, dont les Québécois et les Québécoises ont besoin et surtout dont nos services publics
ont besoin. Ça, c'était pour la demi-bonne nouvelle.
Il y a des
déceptions complètes devant ce budget. D'abord, puis ce n'est pas une surprise, hein, j'ai dit
que c'est une déception, mais ce
n'est certainement pas une surprise, le gouvernement refuse net
d'envisager toute forme de nouveaux revenus.
C'est correct, on a compris, j'ai compris, notamment dans mes échanges avec le ministre des Finances — que
j'aime bien, par ailleurs, qui est courtois — quand
je lui dis : Bien, on pourrait imposer les gens plus riches, on pourrait
imposer les grandes fortunes, ça se
discute, et je me fais répondre : On ne peut pas faire ça, il n'y a pas de
riches au Québec. Venant d'un membre et de membres du 1 %
de la société, je trouve ça particulier comme réponse. Je trouve ça fermé,
surtout.
• (17 h 20) •
Il y en a,
des nouveaux revenus disponibles. Il y a des gens qui lèvent la main, qui
disent : Aïe! je suis prêt à contribuer davantage. Il y a des entreprises qui ont fait beaucoup, beaucoup
d'argent dans la dernière année, et avant, et après continueront. La surtaxe sur les banques, par exemple, c'est un
non-sens que ça ait disparu, c'est un non-sens que ça ne revienne pas là.
Elles ont fait de l'argent, les banques, la
dernière année, malgré la pandémie. Ce n'est peut-être pas des surplus et des
profits stratostrophiques, mais ils sont astronomiques. On reste quand
même assez haut, là.
L'autre déception, c'est sur le maintien total
des versements au Fonds des générations. On avait une belle occasion, là. Je comprends que le ministre ne veut
peut-être pas tout de suite arrêter ça complètement et pour toujours, ça, je comprends
ça, mais est-ce qu'on n'aurait pas pu, je vais le dire comme ça, est-ce qu'on
n'aurait pas pu réduire les versements
pendant quelques années, question de
se dégager, de dégager des marges de manoeuvre? Ça lui a été proposé pas seulement par moi, par des acteurs, des
actrices importants de la société qui se disaient : La dette est sous
contrôle. C'est écrit, d'ailleurs,
c'est écrit dans les documents budgétaires,
c'est écrit que la dette est sous contrôle. Alors, pourquoi ne pas
l'avoir fait? C'est décevant.
Autre
déception — encore
là, ce n'est pas une surprise : on maintient les offres aux gens des
services publics, les fonctionnaires,
la fonction publique, les mêmes offres. Aucune embauche de plus. Pire encore,
sur ce petit napperon ici qu'on nous
a présenté, là, certains points saillants du... on nous annonce qu'on va faire
un petit ménage, là, puis qu'on va couper 5 000 postes
d'administrateurs, d'administratrices d'ici deux ans. Alors, non seulement il
n'y a rien de plus pour les gens de la fonction publique, non seulement
ça va faire un an dans quelques jours que leur convention est échue, non seulement qu'il ne se
passe rien aux tables de négo, en plus on leur dit : Vous êtes trop
nombreux, on va vous couper 5 000 postes.
Méchant message, surtout quand par ailleurs on dit vouloir créer de l'emploi
puis des bons emplois. Quand vient le
temps de faire des pirouettes pour la grille salariale d'Investissement Québec,
là on a beaucoup, beaucoup d'imagination,
l'autre bord, mais, quand vient le temps de vraiment remercier les gens qui
travaillent pour nous on doit aussi bien les payer, pas juste l'écrire
dans un budget, qu'ils sont extraordinaires et qu'on les aime.
Déception
majeure pour tout ce qui est refuge pour les femmes, déception majeure.
J'hallucine quand j'entends le ministre
dire : S'il y a besoin de plus d'argent, on en mettra. Si? Ce n'est pas
si, c'est combien. Puis ce n'est pas quand, c'est maintenant. Les femmes, là,
ce n'est pas un groupe de lobby qui vient téter de l'argent ici, là, c'est la
moitié de la population du Québec. C'est
ma mère, c'est vos soeurs. C'est les infirmières, c'est les éducatrices, c'est
les enseignantes. Vous n'avez pas
entendu, on n'a pas entendu ici, collectivement, le message des groupes qui
défendent ces femmes et qui disent : On a besoin de plus de ressources? Alors, le ministre nous dit : Si. Eh
bien, il va falloir répéter, j'imagine, il va falloir continuer de
répéter.
Puis, services de garde, autre déception. On est
loin du compte, là, on est vraiment loin du compte.
Logements sociaux, j'ai vu nos amis d'en face,
tout à l'heure, se lever d'un bond applaudir à l'unisson pour, combien, 500 unités de logements sociaux?
500? Je ris, mais ce n'est même pas drôle. 500? Avec l'arrérage, j'allais dire
«backlog», avec l'arrérage qu'on a... Désolé,
il me manquait un zéro, vous avez raison de me le dire. Avec l'arrérage qu'on a,
au Québec, ça n'a pas de sens, ça n'a pas de sens.
Et là vous allez nous reconnaître, je vais
parler de la crise climatique, la crise climatique qui a apparemment disparu. Elle a disparu, en tout cas, dans les
priorités du gouvernement. Déjà que ça avait pris du temps avant qu'elle
arrive, déjà qu'il a fallu pousser
fort, là elle a complètement disparu. Puis je regardais le chronomètre, tantôt,
le ministre en a parlé à la
43e minute de son allocation d'une heure... allocution, allocution d'une
heure. On ne peut pas dire que c'est une grande priorité. Puis, quand on lit dans le budget ce qu'il y a, ce n'est
vraiment plus la priorité. En tout cas, on nous avait faire croire, l'an dernier, que c'était un budget vert. En tout
cas, j'espère au moins que cette fois-ci, on nous ne referra pas le coup
rhétorique de nous dire que c'est un budget vert. Ça a disparu.
Je veux
terminer, parce que le temps file, puis 10 minutes, pour parler de tout
ça, ce n'est vraiment pas beaucoup. Le
ministre sous-évalue volontairement, je pense... C'est un vieux truc, ça. J'ai
couvert une douzaine de ministres des Finances entre Ottawa et Québec, là, depuis 25 ans, 26 ans, c'est un
vieux truc, de sous-estimer le taux de croissance, O.K., c'est correct,
mais j'aimerais ça que le ministre nous dise, dans les prochains jours, les
prochaines semaines, si on fait mieux, où
ira l'argent, parce qu'il y en manque, de l'argent. J'ai nommé quelques
secteurs où il en manque, de l'argent, mais, si d'aventure nous faisons mieux, que la croissance fait mieux que les
quatre et quelques pour cent qu'il y a dans le budget, ce serait quand même bien que ce soit dans les
services publics que cet argent-là aille. Ce serait bien d'avoir un engagement
en ce sens.
Et là je termine vraiment, M. le Président, sur
la nouvelle qui nous est arrivée du fédéral aujourd'hui en santé. Il faut croire, M. le Président, que la «bromance»
entre le premier ministre du Québec et celui du fédéral aura débouché sur un peu d'argent pour la santé. Tant mieux, on ne
se plaindra pas, on ne se plaindra pas. C'est notre argent, de toute façon,
puis on est loin du compte, là, encore une fois, on est loin du compte. Mais,
quant à moi, ça n'assure pas la pérennité des transferts canadiens en santé, ça n'assure pas la pérennité
des transferts de notre argent qui retourne ici. Vous vous souvenez de la
vieille formule : l'argent est à
Ottawa, les besoins sont à Québec. Ça n'assure pas du tout la pérennité des
transferts canadiens en santé. Ce que
ça assure, c'est qu'on va avoir des élections fédérales, là, ça, on a compris
ça, mais ça ne nous intéresse pas tant, ici, là, ce n'est pas ça qu'on
fait ici, nous, on s'intéresse plus au financement de la santé.
Alors, pour
nous, M. le Président, c'est un budget clairement, je l'ai dit, conservateur,
mais qui manque d'ambition. Pour nous, c'est une occasion ratée de comprendre
les vraies leçons de la crise, de les saisir à bras-le‑corps, parce qu'à toute
chose malheur est bon, et, s'il y a une affaire que cette crise-là aurait dû et
aurait pu nous apprendre, c'est de mieux investir pour avoir de
meilleurs services et ne pas retomber dans nos vieux travers conservateurs,
notamment fiscaux. Merci, M. le Président.
Le
Président : Et je cède maintenant la parole à M. le député de
René-Lévesque, porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière
de finances, pour ses commentaires, d'une durée, également, de 10 minutes.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
de prendre la parole à cette réplique du budget.
Je suis
convaincu, aujourd'hui, que le ministre des Finances pourrait nous affirmer que
c'est probablement le budget le plus
difficile qu'il a eu à faire. Avec l'arrivée au pouvoir en 2018, avec les
surplus accumulés sous l'austérité, on a pu dépenser dans des missions de l'État qu'il n'avait même pas prévues.
Donc, aujourd'hui, en ce temps de pandémie, évidemment, on peut voir
dans ce budget-là la vraie couleur de la CAQ.
M. le
Président, on avait fait nos devoirs, au Parti québécois, considérant que ce
budget de pandémie ou de sortie de
pandémie était exceptionnel. Nous avions pris le temps de trouver des revenus
supplémentaires et des dépenses supplémentaires pour, à notre avis, offrir le
Québec de demain, c'est-à-dire un Québec plus vert, un Québec plus juste et un
Québec plus indépendant. Vous ne serez pas surpris, M. le Président, qu'à la
lecture du budget il n'y a rien de tout ça.
La vision
économique qu'on nous propose, c'est le Québec d'hier, le Québec des
infrastructures, le Québec de béton, le
Québec des hommes qui travaillent en construction. M. le Président, notre plus
grand partenaire commercial, les États-Unis,
vient d'annoncer qu'ils vont investir près de 2 000 milliards pour
verdir leur économie. C'est tout un potentiel que le Québec pourrait utiliser afin de, un, faire face à la crise
climatique et surtout de tirer des opportunités pour améliorer sa productivité et donner
des opportunités aux entreprises d'être dans des secteurs d'avenir.
Malheureusement, M. le Président, ce
n'est pas ça qui se passe, au contraire : un PQI rehaussé à
135 milliards et surtout une intensification des investissements pour les quatre prochaines années, donc, dans
quatre ans, 60 % du PQI sera complété. M. le Président, si ce n'est pas
ça, le Québec d'hier, expliquez-moi-le.
• (17 h 30) •
M. le
Président, une bonne note, dans le budget, il faut l'accorder au ministre des
Finances, on va percevoir la TVQ sur
les biens tangibles importés, le PQ le demandait depuis 2017. Mais pourquoi
s'arrêter là? Pourquoi ne pas aller chercher des revenus supplémentaires?
Pourquoi ne pas taxer les entreprises dans les paradis fiscaux pour
160 millions? Pourquoi ne pas
mettre fin à l'incorporation des médecins pour un autre 90 millions?
Pourquoi ne pas vouloir casser le
modèle des agences privées de
placement en santé pour 270 millions? Et pourquoi ne pas taxer 3 % du chiffre d'affaires des GAFAM pour un
autre 146 millions? Voilà des revenus qui ne sont pas présents dans
le budget du gouvernement et qui, malheureusement, causent préjudice à
la mission et aux missions sociales de l'État.
M.
le Président, les inégalités sociales sont l'angle mort du budget. On dirait
que le gouvernement a carrément oublié que la pandémie a eu des
conséquences chez nos plus vulnérables. Moi, je l'ai pris, le téléphone. Moi,
j'ai parlé aux groupes communautaires, à
l'action communautaire autonome, aux gens du FRAPRU, aux sentinelles qui sont
sur le terrain depuis le début de la crise et qui interviennent en santé
mentale, qui interviennent auprès des femmes, des gens qui ont besoin d'aide alimentaire, qui sont en détresse
psychologique. Ça fait des années, au-dessus de deux, trois ans, M. le
Président, qu'ils nous demandent un financement à 460 millions,
minimalement, pour augmenter leurs services, être capables de retenir leur main-d'oeuvre hautement appréciée sur
le terrain. Qu'est-ce qu'on leur offre, M. le Président? 50 millions
sur cinq ans, 10 millions par année. Ça veut dire 3 000 $ par
organisme. J'imagine la reddition de comptes qu'ils auront à faire pour
ce 3 000 $ là. Ça va être incommensurable.
M. le Président, on a
parlé des femmes, on a parlé de ces féminicides. Comment se fait-il que, dans
le budget, il n'y ait pas un paragraphe au
complet sur cet enjeu? Ce qu'on nous dit : S'il y a de l'argent... s'il y
a des besoins d'argent, M. le
Président, ce sera disponible. Ah oui? Comment se fait-il qu'on ne l'a pas
prévu? Comment se fait-il qu'on n'a pas dit aux femmes du Québec : La situation est catastrophique, elle
est dangereuse pour vous, et on va mettre tous les moyens nécessaires
pour s'y attaquer?
Donc,
l'impression que ça me donne, M. le Président, c'est que le gouvernement
s'assoit sur son plan qu'il a déjà annoncé
et va attendre de paramétrer la suite. Ce n'est pas ça que ça nous prend, M. le
Président. Il faut investir massivement pour donner support, réconfort
et humanité.
Crédit d'impôt pour
les soins à domicile, on l'avait mis dans nos attentes budgétaires. Au début,
j'étais tout fébrile, j'ai dit : Oui, quelque
chose de bien. Jusqu'à tant que j'aille lire les détails. Cinq ans. On passe de
35 % à 40 % sur cinq ans.
Pourquoi? Qu'est-ce qu'on n'a pas appris pendant cette pandémie? Pourquoi on ne
donne pas le crédit d'impôt pour
soins à domicile dès la première année à 40 %? Pourquoi ça va être
progressif? Qu'est-ce qu'on n'a pas compris? Les gens veulent rester à la maison, ils veulent des services à la maison,
et là on dit : On va attendre après l'année 2, l'année 3.
Donc, dans cinq ans, M. le Président, on va atteindre l'objectif. Nous, on
voulait le faire dès maintenant.
Je
disais tout à l'heure que le gouvernement était un gouvernement qui avait décidé de faire sa relance économique ou sa reprise économique sur le béton, mais je ne comprends pas. Si sa
logique était vraiment soutenue, je me demande pourquoi il n'a pas investi dans le béton des
logements sociaux. Comment se fait-il qu'on s'engage à faire 5 500 logements sur quatre ans, alors
que les besoins dans le milieu, c'est 5 000
par année? C'est un minimum. Quand on a parlé aux gens de FRAPRU, ils nous ont
dit : Martin, cinq ans, 20 000 logements...
5 000 logements, pardon, 20 000 au total pendant quatre ans, c'est le minimum.
Comment se fait-il que, si les infrastructures sont si importantes pour
relancer l'économie, le logement social n'a pas été relevé à cette
hauteur?
Les CPE, M. le
Président, encore une fois, les parents, généralement des femmes, qui
attendaient une place en CPE pour retourner
au travail vont continuer d'attendre. Elles sont venues en poussettes cette
semaine, 7 h 15 du matin, venir nous dire : Vous savez quoi? On veut participer à la relance du
Québec de demain. On veut participer à la reprise économique, mais on ne peut pas, je n'ai pas de place en
service de garde. Alors, je m'aurais attendu... Parce que ce n'est pas d'hier,
là. Puis, en plus, le ministre de la
Famille nous a dit que c'était à cause de la bureaucratie puis qu'il allait
faire mieux. Je m'aurais attendu, M. le Président, à quelque chose de
costaud, musclé, pour les CPE. Absolument pas.
Il
manque actuellement 51 000 places en service de garde et
3 000 éducatrices. Les mesures pour faire face à la pénurie sont nettement insuffisantes, et, pire, le
gouvernement va même jusqu'à baisser de 20 millions les investissements
pour ouvrir des nouveaux CPE.
On
va se parler un peu de nationalisme, M. le Président, avant de terminer. Dans
le budget, on aurait aimé que le gouvernement indique son intention à
faire participer l'État du Québec à la relance économique. On se serait attendus
qu'il nous indique la marche à suivre pour
permettre, l'État québécois, d'inclure dans ses appels d'offres plus d'achats
locaux, québécois, d'imposer des
seuils à 60 % et à 70 % dans plusieurs domaines, comme les
équipements de protection individuelle, dans les fournitures de l'État, dans l'approvisionnement en nourriture
québécoise. Comment se fait-il que la relance du Québec n'est pas inscrite noir sur blanc avec les produits et les services
des Québécois et Québécoises? Je m'aurais attendu minimalement qu'on
nous indique la marche à suivre. Malheureusement, M. le Président, j'en suis
amèrement déçu.
Le
retour à l'équilibre budgétaire, effectivement, ce que le ministre nous dit,
c'est que... je vais suspendre la loi. Il
nous dit qu'il aimerait peut-être la suspendre pour sept ans. Permettez-moi
d'en douter, M. le Président, permettez-moi d'en douter, parce que, pour la
remettre en vigueur, ce qu'il nous dit, c'est qu'il va falloir qu'on soit de
retour au plein emploi : Je vais
d'abord m'assurer d'avoir financé les missions
en éducation et en santé et surtout de ne pas avoir eu un impact sur le budget des familles en haussant les
taxes et les impôts. M. le Président, c'est un beau programme électoral, ça. Donc, ce qu'il nous annonce, et je pense que
personne n'est dupe aujourd'hui : la prochaine campagne électorale va se
faire sur qui a le meilleur plan pour être de retour à l'équilibre budgétaire
en ne laissant, M. le Président, personne derrière.
En
terminant, M. le Président, le chemin de l'équilibre budgétaire est parsemé
d'embûches, et je pense que ce n'est pas avec des nouveaux souliers qu'on va y
parvenir. On va y parvenir en se tenant, chacun des Québécois et Québécoises,
main dans la main pour ne laisser personne derrière.
Ce budget, M. le Président, c'est un budget d'hier, le Québec d'hier, le Québec gris comme le béton de
nos routes, un Québec
encore inégal et un Québec toujours dépendant du Canada. Oui, les Québécois
sont résilients. Oui, ils ont fait face
à la pandémie et ils vont faire face à ses nombreux défis. Mais ce budget est
loin de leur donner confiance que chacun des Québécois et Québécoises
auront une chance égale de s'en sortir. Merci, M. le Président.
Ajournement
Le
Président : Mmes, MM. les députés, compte tenu de l'heure, à ce moment-ci, eh bien,
les travaux de l'Assemblée sont ajournés au mardi 30 mars 2021, à
10 heures. Merci à toutes et à tous pour votre collaboration.
(Fin de la séance à 17 h 38)