(Treize heures quarante minutes)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon mardi à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et la première déclaration sera celle de
M. le député de Vachon.
Rendre hommage à M.
Jean-Marie Girard, récipiendaire
de la Médaille du lieutenant-gouverneur
M. Ian Lafrenière
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. En cette belle journée
de neige abondante qui nous remet dans
l'esprit des fêtes, et ce, même en plein mois de février, je voudrais
reconnaître l'apport inestimable de M. Jean-Marie Girard, président et fondateur de La Grande
Guignolée des médias de la Rive-Sud. Pour souligner plus de 40 ans de service
aux citoyens, il a reçu la Médaille du lieutenant-gouverneur du Québec le
9 décembre dernier à l'hôtel de ville de Longueuil.
La Grande
Guignolée des médias de la Rive-Sud célèbre leur 18e année d'existence cette
année, et, l'an dernier, ils ont
ramassé plus de 400 000 $, qui a été distribué à près de 100 000
personnes à travers 23 organismes d'aide de la Montérégie. Il est important de vous mentionner, Mme la Présidente, que
près de la moitié des bénéficiaires sont des enfants.
Vous savez,
Mme la Présidente, le visage de la pauvreté a bien changé. Aujourd'hui, il y a
beaucoup de gens qui ont un travail
mais qui n'arrivent pas à faire vivre leur famille, à les nourrir. Pour donner
un exemple de l'ampleur du travail lors
de la guignolée, ce sont près de 1 000 bénévoles qui sont nécessaires pour
l'opération. Cette collecte sert à nourrir non seulement les gens dans
le besoin dans la période des fêtes, mais à les aider à l'année longue.
Au nom de mes
collègues de la Rive-Sud, merci, M. Girard, pour votre apport aux personnes
vulnérables et merci de nous rendre fiers de Saint-Hubert. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Vachon. Et maintenant je reconnais M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Souligner le 25e
anniversaire de l'organisme Maison Myosotis
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, la Maison Myosotis de Drummondville aide les
personnes atteintes d'alzheimer et leurs proches depuis plus de 25 ans.
Administré par la Société Alzheimer du Centre-du-Québec,
ce foyer exceptionnel héberge 13 résidents aussi longtemps que leur état le
leur permet. Cette ressource alternative spécialisée fait le pas entre le
logement autonome et le CHSLD. Elle
privilégie une approche personnalisée et familiale. Elle stimule le seuil
cognitif de la personne, maintient son estime de soi et préserve sa
dignité. Elle retarde ainsi au maximum son entrée au centre de soins de longue
durée. En plus, la Maison Myosotis offre aux
aidants naturels un répit de jour qui reçoit jusqu'à 30 personnes par
semaine. La Société Alzheimer centricoise ajoute 12 000 heures de répit à domicile par
année. Ses conseillers guident annuellement 1 500 personnes, familles
dans la réponse de leurs besoins.
Bravo au
directeur général, M. Michel Viens, aux bénévoles et à tout le personnel
qui, jour après jour, s'investissent avec ardeur et défi! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Drummond—Bois-Francs.
Maintenant, je me tourne vers Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Rendre hommage aux
ex-commissaires et à l'ex-président
de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais aujourd'hui
souligner la contribution des commissaires scolaires de Bourassa-Sauvé et du président de la commission scolaire de
la Pointe-de-l'Île. Depuis 2014 qu'ils se sont engagés à faire de
la réussite scolaire une priorité.
D'abord,
Antonio Urlea, présent dans une foule d'activités culturelles autant que
pédagogiques, toujours proche des jeunes. Il avait fait adopter une
politique d'initiation à la démocratie scolaire.
Ensuite,
Renée-Chantal Belinga, femme de coeur qui a poussé pour mettre en marche un
club de petits déjeuners dans les
écoles les plus vulnérables, et Dieu sait qu'il y en a, Mme la Présidente, à
Montréal-Nord. Elle est de toutes les batailles pour une meilleure
intégration de nos nouveaux arrivants.
Et puis Boubaker Mesbah, particulièrement
impliqué auprès de la communauté maghrébine.
Et finalement j'aimerais souligner le travail extraordinaire
de Miville Boudreault, président de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, un homme qui a contribué à faire de la
CSPI l'une des commissions scolaires les plus performantes et qui, sous son règne... et qui a fait grimper
sérieusement le taux de diplomation. Merci, Miville. Merci à vous tous. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. Et maintenant je reconnais M. le député de
Chapleau.
Souligner le 30e anniversaire
de L'Ordre des Filles d'Isabelle,
Sainte-Rose-de-Lima, Cercle n° 1363
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le
30e anniversaire des Filles d'Isabelle du cercle 1363 à
Gatineau.
L'Ordre des
Filles d'Isabelle est une organisation caritative composée de femmes engagées
qui ont comme devise Unité, amitié
et charité. Le cercle 1363
des Filles d'Isabelle s'est donné comme mission le bien-être de notre
communauté. En outre, ce cercle
favorise la qualité de vie chez ses membres et dans la collectivité, tout en
encourageant le développement et l'avancement de la population. Pour ce
faire, plusieurs de ses membres s'impliquent dans la communauté de façon
bénévole pour appuyer de nombreuses bonnes oeuvres. De plus, les Filles
d'Isabelle soutiennent des organismes communautaires
et organisent divers soupers et plusieurs campagnes de financement afin de
redonner au suivant. Les Filles
d'Isabelle se font aussi un devoir de soutenir de nombreuses causes qui
concernent les femmes ainsi que les familles de la région de
l'Outaouais, particulièrement les causes qui touchent nos plus démunis.
En terminant,
je tenais à remercier le cercle 1363 des Filles d'Isabelle pour leur
implication dans Chapleau. Vous êtes toujours à l'écoute, prêtes à
servir et à aider les gens les plus vulnérables de notre société. Merci pour
vos bons et loyaux services depuis 30 ans et bon anniversaire!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Chapleau. Et maintenant je cède la parole à M. le député de Rimouski.
Augmenter le soutien
financier de l'organisme L'R des
centres de femmes du Québec
M. Harold LeBel
M. LeBel : Mme la Présidente, vous
allez être fière de moi. Hier, en marge d'une journée de sensibilisation de L'R des centres de femmes du Québec, j'ai
rencontré les représentantes des centres de femmes de Rimouski et du Ô Pays.
Elles m'ont
sensibilisé au travail invisible et à la charge mentale des femmes. Cela
correspond à un travail qui n'est pas
officiellement reconnu comme tel et qui n'est pas comptabilisé dans la création
de richesse : le travail ménager et
le travail des proches aidantes, des mères et des grands-mères, des bénévoles,
des femmes qui s'impliquent dans les entreprises
de leurs conjoints, par exemple. En plus du travail professionnel, les tâches
quotidiennes de la famille reposent encore,
en 2020, beaucoup sur les femmes. Leur temps disponible en dehors des heures
régulières de travail est employé pour
effectuer des tâches non reconnues. Les femmes ne peuvent se consacrer autant
que les hommes à leurs loisirs, à la vie
politique, à leur santé personnelle, au développement de leur carrière, à leur
cheminement scolaire et au développement de compétences valorisées et
reconnues.
Chaque année,
les centres de femmes comme celui de Rimouski et du Ô Pays, à travers tout le
Québec, rejoignent plus de 260 000 femmes. Il faut être
conscient de l'importance de leur travail. Et pourquoi ne pas mieux les
soutenir financièrement? Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Rimouski. Et maintenant au tour de Mme la députée de Montarville de
faire sa déclaration.
Souligner le 20e
anniversaire du Théâtre Hector-Charland
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je souligne aujourd'hui le
20e anniversaire du Théâtre Hector-Charland.
C'est le
12 novembre 1999 qu'a été inauguré ce joyau des théâtres régionaux du
Québec. Sa notoriété repose sur une offre riche et variée présentée dans une
salle au cachet intimiste. Les citoyens de L'Assomption et de toute la région
de Lanaudière peuvent
ainsi apprécier une programmation en théâtre, musique, humour, danse ou encore
en variété. Cette proposition
distinctive a été maintes fois récompensée par l'ADISQ et RIDEAU, entre autres.
Je félicite la direction et les membres
du C.A., qui ont su faire de cette salle de spectacle un lieu d'excellence
reconnu par l'ensemble du milieu culturel et dont les citoyens de
L'Assomption sont très fiers.
De
plus, la Corporation Hector-Charland a développé des partenariats qui lui
permettent de déployer son offre. Elle signera ainsi la programmation du
Théâtre Alphonse-Desjardins, nouvel espace de diffusion qui sera inauguré à
Repentigny en septembre prochain.
Alors, je salue les
représentants du Théâtre Hector-Charland qui sont avec nous. Bon 20e!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée,
et nous vous souhaitons la bienvenue à l'Assemblée nationale. Pour la
prochaine déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Souligner
le travail du Groupe régional d'acteurs
pour la valorisation des enseignants
Mme
Émilise Lessard-Therrien
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. En cette semaine de la
persévérance scolaire, on parle beaucoup de lutte au décrochage, mais on oublie souvent
que les profs, eux aussi, parfois,
décrochent. J'aimerais donc aujourd'hui souligner le travail remarquable
du groupe d'acteurs régionaux pour la valorisation de l'enseignement, le GRAVE, qui, depuis deux ans, réunit le département
de l'éducation de l'UQAT, les commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue
et du Nord-du-Québec, les cégeps et le syndicat, réunis autour d'une même table
pour établir un diagnostic et proposer des
solutions innovantes et concertées à la pénurie d'enseignantes et
d'enseignants. C'est un modèle pour l'ensemble du Québec, et je ne saurais
trop les remercier et les féliciter pour leur initiative et leur engagement.
Je
me permettrais aussi d'ajouter qu'encore une fois ma région,
l'Abitibi-Témiscamingue, est pionnière dans les modèles de concertation
et la recherche de solutions.
En
terminant, j'espère, Mme la Présidente, que le ministère de l'Éducation
s'inspirera des travaux du GRAVE pour
régler ce qui devrait être la priorité numéro un du ministre, la pénurie
d'enseignantes et d'enseignants au Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le député d'Orford.
Rendre
hommage à la Fondation Christian-Vachon dans
le cadre des Journées de la persévérance scolaire
M.
Gilles Bélanger
M.
Bélanger : Merci, Mme la Présidente. Christian-Vachon, c'est le nom
d'une fondation, mais, il y a plusieurs années, c'était aussi le nom d'un petit garçon qui avait un parcours
scolaire très difficile. C'est d'ailleurs ce qui l'a inspiré :
Christian se consacre à aider des milliers d'élèves provenant de milieux
vulnérables.
Depuis
14 ans, plus de 80 écoles, dans les Cantons-de-l'Est, ont reçu l'aide
de la Fondation Christian-Vachon. Plus
de 3 millions de dollars ont servi à fournir des effets scolaires, des
repas, des vêtements aux enfants dans le besoin. La fondation leur donne aussi accès à des activités culturelles et
sportives, autant de sources de motivation. Encore tant d'enfants auraient besoin de ce coup de pouce pour
avoir une chance égale de se développer et de réussir dès les premiers
jours de classe.
Chers collègues de
l'Assemblée nationale, je vous invite à appuyer la Fondation Christian-Vachon
dans ses démarches en vue d'implanter son programme ailleurs au Québec.
Sur
son passage, Christian mobilise parents, personnel scolaire, bénévoles,
partenaires. Je le salue, il est ici, en cette journée de persévérance
scolaire. Bravo, Christian, d'être un tel rassembleur pour la réussite de nos
enfants! Merci.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous souhaite, à vous aussi, la
bienvenue à l'Assemblée nationale. Alors, M. le député de Taillon, la
parole est à vous.
Féliciter
l'équipe des Lynx du cégep Édouard-Montpetit, gagnante
du Championnat régional collégial de flag football féminin
M.
Lionel Carmant
M.
Carmant : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite souligner
la performance de l'équipe des Lynx du
cégep Édouard-Montpetit, qui a remporté la première place, pour une troisième
année consécutive, du championnat régional de la ligue de flag football
collégial féminin le 3 novembre dernier.
Depuis plus de 35 ans, les Lynx
du cégep Édouard-Montpetit permettent à de jeunes athlètes de poursuivre un
entraînement de haut niveau dans un milieu favorisant l'équilibre entre le
sport, les études et l'épanouissement personnel. Ce sont plus de
300 étudiants qui se joignent aux 18 équipes des Lynx à chaque année.
Je
tiens à féliciter chaque membre de
l'équipe de flag football féminin et leur entraîneur, M. François Ethier, pour
leur détermination, leur persévérance et
leur esprit d'équipe. Vous pouvez être très fiers de cet accomplissement, qui
fait rayonner le cégep Édouard-Montpetit et la ville de Longueuil. Encore
une fois, bravo, les Lynx!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Taillon.
Et maintenant j'ai besoin de votre consentement afin de
permettre à M. le député de Charlesbourg de faire une déclaration. Y a-t-il
consentement? Consentement. M. le député, la parole est à vous.
Rendre
hommage à M. Ralph Mercier, ex-maire de Charlesbourg
M.
Jonatan Julien
M.
Julien : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à un homme
d'exception qui nous a malheureusement quittés la semaine dernière, M.
Ralph Mercier, figure importante de la politique municipale durant 25 ans,
maire de Charlesbourg durant 17 ans ici, à Québec.
M.
Mercier a toujours pris à coeur sans relâche la défense des citoyens
de Charlesbourg. Il disait souvent que la politique,
c'est une vocation. Il ne faut pas s'en servir pour en tirer un bénéfice, mais
pour offrir un meilleur service à la population. C'était un leader, un homme très
dévoué, toujours prêt à aider, un homme aussi d'excellent conseil. La région
de Québec perd aujourd'hui un de ses
principaux bâtisseurs, un homme qui a toujours eu à coeur la qualité de vie de
ses concitoyens de Charlesbourg.
Alors,
je tiens, en mon nom et au nom de ma formation, à souhaiter mes plus grandes
condoléances à toute sa famille, spécifiquement à Éric Mercier, son fils, qui a
été parlementaire ici. Donc, merci, M. Mercier, pour tout ce que vous avez
fait.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Charlesbourg. Alors, ceci met fin à la rubrique des déclarations de
députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 53)
(Reprise à 14 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, bon mardi. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir.
Présence de l'ambassadeur du Royaume des Pays-Bas,
M. Henk Ary Christiaan van der Zwan
Mmes,
MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes,
de l'ambassadeur du Royaume des Pays-Bas, Son Excellence M. Henk
Ary Christiaan van der Zwan, à l'occasion de sa visite officielle.
Mmes, MM. les
députés, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Justice. Mme la ministre de la Justice.
Mme LeBel :
Oui, excusez. Mon Dieu! Je suis vraiment désolée, M. le Président.
Le Président :
Il n'y a pas de mal, Mme la ministre.
Réponse du gouvernement au rapport du Comité de la
rémunération des procureurs aux poursuites
criminelles et pénales 2019-2023
Mme
LeBel : Je dépose la réponse du gouvernement au rapport du Comité de
la rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et
pénales 2019-2023. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
Pour ma part,
j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition conformément à
l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député de
Vimont.
Faciliter
l'accès aux soins de la Clinique de la douleur
de l'Hôpital de la Cité-de-la-Santé
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 467 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant
que la douleur chronique touche 20 % de la population du Québec, dont
35 % [...] âgée de 65 ans et plus;
«Considérant que, d'ici 20 ans, 50 %
de la population aura plus de 50 ans;
«Considérant
que les coûts directs et indirects sont astronomiques et que la prise en charge
des personnes souffrant de [la] douleur chronique [amène] des économies
considérables à [la] valeur humaine et financière;
«Considérant
que la liste d'attente de la Clinique de la douleur de l'Hôpital [...]
Cité-de-la-Santé est [...] plus de 2 000 patients et le délai
avant la prise en charge est indéterminé;
«Considérant qu'il est impossible pour les
gestionnaires de la clinique, préoccupés par la somme des soins à prodiguer, de maintenir les effectifs actuels, de
recruter de nouveaux médecins et d'assurer une relève en raison des règles
d'embauche rigides en vigueur;
«Considérant que la pénurie d'effectifs oblige
les médecins à ne traiter que les urgences, car les membres du personnel
médical en place sont surchargés et [...] l'apogée de leurs carrières
respectives;
«Considérant que [l'équipe] de pointe de la
clinique pouvant alléger la souffrance des patients et son fardeau économique
fait défaut;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de :
«Favoriser le recrutement [des] médecins en
modifiant les règles d'admissibilité;
«Doter la clinique des équipements médicaux
nécessaires à nos prises en charge;
«[De]
faciliter la collaboration physique et matérielle avec le programme en
intervention multidisciplinaire de l'Hôpital juif de réadaptation du
Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le Président : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle.
Mise
en place des projets ratios entre le personnel soignant et les patients
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M.
le Président. Ce matin, les députés de Robert-Baldwin et de Pontiac ont
présenté les attentes budgétaires de notre
formation politique. Il faut mettre les bouchées doubles dès maintenant en
santé parce que le gouvernement a les marges de manoeuvre importantes,
et c'est vraiment le moment de le faire. Il faut mettre en place le plus rapidement possible les bases d'un
financement à long terme du réseau. C'est le temps maintenant de planifier
les 10 prochaines années. C'est
maintenant qu'il faut agir pour soulager nos hôpitaux, nos urgences en
instaurant une nouvelle façon de
faire à la grandeur du Québec. Le Québec est présentement à un point tournant.
Le choc démographique frappe de plein
fouet notre système de santé. Mais le problème, c'est que la CAQ promet
beaucoup depuis deux ans, mais les résultats ne suivent pas.
M. le
Président, c'est le temps de mettre en place partout au Québec les projets ratios pour de bon. Ça a été testé,
cela a fait ses preuves, ça permet de
réduire la pression sur le personnel, qui est à bout de souffle. C'est
incontournable, M. le Président. Pourtant, le premier ministre préfère
discréditer les projets ratios en les traitant de tactiques syndicales
de la part des infirmières.
M. le Président, est-ce que le premier
ministre peut s'engager dès le
prochain budget à mettre
en place cette solution qui
aura des effets concrets immédiatement mais également pour les prochaines
décennies?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, une semaine, le Parti libéral nous dit : Il y a des grosses marges de manoeuvre dans
les finances publiques du Québec.
La semaine suivante, il nous dit : Ah! ça va être très serré, il y a
des déficits qui s'en viennent.
L'ancien ministre des Finances, ça dépend de la semaine, une
semaine, il nous dit qu'il n'y a pas de marge de manoeuvre, que c'est serré, puis, l'autre semaine, il
nous dit : Il y a des grosses marges de manoeuvre.
M. le Président, ce qu'on a promis en campagne
électorale, c'est de faire un
rattrapage important en santé et en éducation. On a déjà
commencé à le faire, à augmenter de façon très importante les budgets
en éducation puis en santé, puis on va continuer de le faire dans le budget du 10 mars
prochain. Puis en plus ce sera un budget qui sera très orienté, avec des investissements
importants en environnement.
Donc, M. le Président, je comprends que le chef du Parti
libéral revient sur les projets
ratios d'infirmières dans le réseau
de la santé, mais je l'invite à
parler avec l'ancien ministre de la Santé, il va lui expliquer que le défi,
c'est d'avoir une vraie prise en charge par les médecins de famille et les
GMF.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous plaît!
M. le...
M. Legault : Et malheureusement le taux d'assiduité qui a été exigé par l'ancien ministre
de la Santé n'était pas ambitieux.
Donc, la prochaine étape, c'est de mettre des taux d'assiduité ambitieux aux médecins de famille, ça va les amener à déléguer plus d'actes aux infirmières. C'est
ça qui est la prochaine étape.
Le Président : Première
complémentaire. La parole n'appartient qu'au chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, il faut agir, pas seulement
pour les médecins, M. le Président, il faut s'occuper des infirmières et des infirmiers. C'est ça
qu'on demande. Ce n'est pas un secret, la population est vieillissante,
et on sait que les projets ratios, ça fonctionne.
Pourquoi le premier ministre préfère-t-il la chicane et le statu quo plutôt que ce qui est un consensus
partout au Québec?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président,
tous ceux qui ont analysé le réseau de la santé au Québec, à commencer par Michel Clair, puis ça s'est poursuivi par des tas
de rapports, sont tous arrivés à la même conclusion : la priorité, c'est
de s'assurer qu'il y ait
une prise en charge en première ligne. Pour ça, il faut exiger des médecins de
famille d'inscrire des patients et
d'avoir un taux d'assiduité. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire, à tour de
rôle, prendre en charge les patients le
soir, la fin de semaine, éviter que des millions de patients se
retrouvent à l'urgence pour des problèmes mineurs, P4, P5. L'ancien ministre
de la Santé a manqué d'ambition...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...a manqué de courage.
Nous, on va en avoir, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, l'ancien ministre de la Santé a instauré les projets ratios, et il faut que ça continue. En fait, M.
le Président, pour engager de
nouvelles infirmières en première ligne, il faut leur donner un peu plus d'air.
Comment le premier ministre peut-il rester les bras croisés, laisser les conditions de travail de nos infirmiers et infirmières se
détériorer, alors qu'une solution concrète est là, sur la table, et vous avez l'argent
pour le faire?
• (14 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, avec l'ancienne façon de payer les médecins de famille, dans la majorité
des cas, quand un médecin de famille délègue un acte à une infirmière,
il n'est pas payé. Il n'est pas payé, donc il n'y a pas d'incitatif. C'est pour ça que les taux
d'assiduité qui ont été exigés dans le projet
de loi n° 20 par l'ancien ministre de la Santé n'étaient pas
ambitieux, n'étaient pas assez exigeants.
Donc,
il faut actuellement renégocier avec la FMOQ, exiger un certain nombre d'inscriptions de patients, exiger un meilleur taux d'assiduité.
Comme ça, on va déléguer aux infirmières plus d'actes puis, comme ça, on va
régler les problèmes de notre réseau.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, par son inaction, le premier ministre nuit à nos infirmiers et à nos infirmières, de même,
bien sûr, qu'aux patients. Selon les professionnels de la santé, le temps
supplémentaire obligatoire est dangereux pour les patients, pour les
professionnels, et c'est inhumain.
M.
le Président, d'ici quelques années, tout le monde se souviendra d'un premier
ministre qui aura refusé d'agir quand il avait la marge de manoeuvre
financière pour le faire.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, l'inaction, c'est ce qu'on a vu pendant
15 ans avec le Parti libéral, puis en particulier durant les quatre dernières années. Il y a eu un
projet de loi n° 20 où il y avait des menaces. Il y avait des menaces,
après deux ans, de mettre des pénalités s'il n'y avait pas assez d'inscriptions
de patients, s'il n'y avait pas assez un taux d'assiduité important. M. le Président, il n'y a rien qui a été fait.
Nous, on est en train de négocier avec la FMOQ pour défaire l'entente jusqu'en 2023, avec la FMOQ, qui
était une mauvaise entente, pour qu'enfin nos médecins de famille
prennent en charge, soient responsables...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...des Québécois.
Le Président :
Question principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Orientations gouvernementales en matière de santé
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, la situation
financière du Québec est enviable. On le sait, c'est dû à la bonne tenue de l'économie et à une saine gestion des
finances publiques depuis 2014. Cette
année, la croissance des revenus
devrait atteindre, revenus autonomes, 2,5 %, et la croissance des dépenses est presque à 6 %. À ce
rythme-là, M. le premier ministre, on
risque de se réveiller en 2022 non seulement sans surplus et avec une économie
au ralenti, mais aussi sans une
amélioration significative des services publics. Ce n'est pas parce qu'il y a
plus de dépenses qu'il y a plus de
résultats. Le gouvernement doit donc faire des choix afin d'investir mieux et
dans les priorités des Québécois. Pour nous, la priorité de toutes les
priorités, c'est la santé.
La question, très
simple, à M. le ministre des Finances : Est-ce qu'il peut s'engager
aujourd'hui à ce que, très concrètement, la priorité du prochain budget soit la
santé?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, merci, M. le Président. Alors, la santé était la
priorité du dernier budget. Nous avons mis
280 millions, pour les soins à domicile, supplémentaires,
200 millions pour aider au personnel dans les CLSC, CHSLD. Et on s'est engagés en campagne électorale à
mettre plus de 4,1 % en santé. Et d'ailleurs, dans le premier budget,
c'était 5,4 % que nous
prévoyions pour l'ensemble de l'année. Alors, je pense que le gouvernement a
déjà répondu présent avec son premier budget. Et, quant au deuxième
budget, bien, nous aurons les réponses le 10 mars, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Dépenser plus, moins de résultats. Le vieillissement de la population au
Québec, M. le Président, c'est une
problématique bien connue. Dans le domaine de la santé, cela entraînera
inévitablement une hausse de coûts importante. Contrairement à l'année dernière, le gouvernement ne doit pas se mettre
la tête dans le sable et éviter cet enjeu. Le ministre des Finances doit
prévoir de financer adéquatement, à long terme, le système de santé.
Encore
une fois, la question est très simple. Est-ce que, dans son budget, le ministre
des Finances dévoilera une stratégie cohérente sur le financement...
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Mais, déjà en campagne électorale, M. le Président,
nous avions une stratégie cohérente, c'est-à-dire un plancher de
4,1 %. Et, le premier budget, c'était évident qu'il y avait des
réinvestissements à faire, notamment dans
les soins à domicile. Alors, c'est pourquoi nous sommes arrivés avec
5,4 %. Et la santé, c'est une priorité. C'est un engagement du
gouvernement. Je rappelle les engagements : améliorer les services en
santé et en éducation, remettre de l'argent
aux contribuables et augmenter le potentiel de l'économie du Québec, qui était
évalué à 1,3 % sous le précédent gouvernement. Nous voulons
l'amener à 2 %. C'est ça, nos priorités, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Pontiac.
M.
André Fortin
M. Fortin : M.
le Président, pour les patients, les temps d'attente explosent, et, pour les
professionnels, les conditions de travail
empirent. Elles font des sit-in, M. le Président, parce que le temps
supplémentaire obligatoire, c'est quasiment
rendu la norme. Mais la ministre, elle peut améliorer tout ça, elle peut
améliorer les soins aux patients, les temps d'attente, les conditions de travail tout d'un coup avec les projets
ratios. Plus d'infirmières pour moins de patients. Et ça, pour le bienfait du premier ministre, ça n'a rien
à voir avec les médecins, mais, si elle ne le fait pas, la situation va être
pire, M. le Président, et ce sera de sa faute.
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme
McCann : Bien, M. le Président, comme mon collègue ministre des
Finances le dit, ça a été un investissement record cette année,
5,4 % d'augmentation, quand, à la première année du gouvernement libéral,
ça a été 1,3 %, M. le Président, en bas du taux d'indexation. Imaginez
l'impact que ça a eu sur le réseau.
Nous, on
répare et on embauche. On embauche des infirmières. M. le Président, 4 000
cette année, 4 000 équivalents à temps plein, infirmières, 1 000 de plus que l'an passé,
infirmières dans le réseau, M. le Président. Ça, c'est la première chose
à faire quand on veut diminuer la charge de travail de nos infirmières...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...qui font un travail
remarquable dans le réseau, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de La Pinière.
Réaménagement
de la route 117 entre Labelle et Rivière-Rouge
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, dans une minute, quand le ministre des
Transports va se lever pour répondre à ma question, j'espère qu'il va sentir le poids du regard des
14 personnes qui sont venues aujourd'hui des Laurentides pour entendre sa réponse. 14 personnes, des élus,
des citoyens, des victimes, quatre familles endeuillées à la suite d'accidents
sur la 117 entre Labelle et Rivière-Rouge. Merci d'être ici.
En 2018, nous
avons inscrit au Plan québécois des infrastructures un projet de réaménagement
à quatre voies de ce segment-là de route, et on l'avait budgété, très
attendu et très applaudi par la population.
Alors, est-ce que le ministre aujourd'hui va
accepter de rencontrer les gens qui sont ici, après la période de questions, et
va-t-il leur confirmer que c'est ce projet et rien d'autre qui va aller de
l'avant, ainsi que leur échéancier? Va-t-il les rencontrer?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, je veux saluer les gens qui sont dans nos tribunes
aujourd'hui. Je suis content d'avoir la question, on va pouvoir
rectifier certains faits et la désinformation de certains députés de
l'opposition.
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Bonnardel : Je vais
commencer...
Des voix : ...
Le
Président : Non, s'il vous plaît! Je vais vous demander encore
une fois de ne pas prêter d'intentions. Vous le savez. Alors, je vais demander d'être prudent, M. le ministre, dans vos
propos, à ce chapitre-là. Vous le savez fort bien, vous avez de l'expérience, alors je vous demande
d'être prudent et de ne pas utiliser des termes comme ceux-ci. C'est de
prêter des motifs. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Bien, je demanderais de retirer les propos. C'est la seule chose qu'il doit
faire. «Désinformer». Personne ne désinforme ici, là.
Le Président : M. le leader
du gouvernement, évidemment...
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, le ministre des Transports indique clairement que les informations
qui sont véhiculées ici ne sont pas les bonnes informations. Alors, je
pense qu'il est loisible...
Des voix : ...
Le Président : Écoutez, je
viens...
Des voix : ...
Le
Président : Non, je viens d'expliquer, je vous ai demandé
d'être prudents, ne plus utiliser ce terme-là,
tout est fonction de contexte. M. le ministre des Transports, je compte sur votre collaboration. Je vous demande de poursuivre, s'il vous plaît. M. le leader de l'opposition officielle, j'ai souhaité... j'ai expliqué ce qu'il en
était. Je souhaite que l'on poursuive le questionnement et les réponses.
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : ...décision, c'est ce que...
22 février 2017, Jacques Chagnon, «désinformation», c'est un mot à
l'index, il doit le retirer.
Le Président : M. le leader l'opposition officielle, vous
le savez fort bien, tout est en
fonction du contexte. Pour
l'instant, j'ai demandé la collaboration...
Des voix : ...
Le
Président : Je
demande la collaboration. Ne recommençons pas. Je demande la collaboration. Je demande au ministre de poursuivre sa réponse. M. le ministre,
poursuivez.
M. Bonnardel : M. le
Président, il faut
revenir en arrière. En 2011, le dossier d'opportunité a été déposé sous le gouvernement du Parti libéral. Il y a eu deux élections. 2012, Parti québécois, rien n'a été fait. 2014, le Parti
libéral revient au pouvoir, rien n'a été fait pendant sept ans.
Surprise,
trois mois avant l'élection, on a demandé une mise à jour du dossier
d'opportunité, pour répondre de la pression
des gens de SOS 117. Et qu'est-ce
qu'on disait dans le communiqué? «Le
tracé, le nombre et la géométrie des voies,
le calendrier de réalisation sont quelques-uns des points qui seront analysés
dans le cadre de l'élaboration du dossier d'opportunité.» À la fin, on dit : «Une fois le dossier
d'opportunité terminé, il sera soumis aux autorités gouvernementales qui détermineront la solution optimale à long
terme 2020.» Nous sommes là. Et je peux assurer les gens de la
117...
• (14 h 20) •
Le Président : En terminant.
M. Bonnardel :
...que nous agirons pour sécuriser la 117.
Le Président : Première
complémentaire...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Sans commentaire. La parole n'appartient qu'au député de La Pinière.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : Personne n'a
entendu dans la réponse qu'il allait accepter de rencontrer les gens qui ont
fait cinq heures de route pour voir le ministre. On aimerait bien l'entendre.
Et,
pour ce qui est de la désinformation, au PQI de 2018 et dans son PQI de 2019
est inscrit, noir sur blanc : Réaménagement à quatre voies de la 117. Et
c'est ce qu'ils veulent entendre.
Va-t-il les
rencontrer et confirmer, avec la députée de Labelle, que ça sera le projet?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, je ne pourrai être présent après la période des questions,
mais ma collègue responsable de la région y sera.
Le
premier dossier que la députée de Labelle a travaillé avec moi, c'est de sécuriser la 117.
Le premier dossier qu'elle a travaillé, c'est la 117.
Et,
je le répète, dans ce dossier d'opportunité, où vous-mêmes n'avez rien fait
pendant sept ans, oser vous lever aujourd'hui, nous dire que nous ne
faisons rien... Bien, je vous le répète, dans ce communiqué de presse, vous
avez vous-mêmes indiqué, par l'entremise du ministre des Transports de l'époque, le député de Pontiac,
que la solution optimale à long terme...
Le Président :
...toujours à la présidence, M. le ministre. Vous vous adressez à moi.
M. Bonnardel :
Alors, on est à travailler sur ce dossier. Et je peux rassurer encore une fois
les gens qui sont en haut, nous
agirons...
Le Président :
En terminant.
M.
Bonnardel :
... pour sécuriser la 117.
Le
Président : Je vais
vous demander de vous adresser à la présidence. Vous connaissez la règle. M. le député.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Il a
encore une chance, le ministre, M. le
Président. Est-ce qu'il va aller rencontrer les gens à propos d'un sujet très clair, M. le
Président, son PQI à lui, dans lequel
il a écrit noir sur blanc : réaménagement à quatre voies?
Alors, ça, si ce
n'est pas ça, il fait lui-même de la déformation parce que ce sont dans les documents
officiels du gouvernement du Québec, M. le Président...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du gouvernement. Je vous ai déjà avisé d'être prudent dans les
termes. Ça va des deux côtés. J'ai bien
expliqué, je viens de l'expliquer, je vous demande de la prudence également. La
réponse au ministre des Transports.
M. Barrette :
Non, non, je n'ai pas fini ma question, M. le Président.
Le Président :
O.K., il vous reste... Allez-y.
M. Barrette :
Les gens sont venus ici et veulent entendre une chose, pas un recul, des faits.
PQI...
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, voilà trois semaines déjà, ma collègue responsable de la région, la députée de Labelle,
les gens de SOS 117, les élus de la région, on les a rencontrés à
Saint-Sauveur pour leur expliquer notre plan de match futur en répondant et en sachant très bien ce qui est indiqué là-dedans.
Oser vous lever aujourd'hui pour nous dire qu'on n'agit pas, quand pendant sept ans vous n'avez pas levé le petit
doigt pour la 117... Bien, dites-vous une petite chose... dites-vous une chose, M. le Président, nous, on va agir. Nous, on va agir pour sécuriser la 117. C'est mon
défi pour sécuriser toutes les routes du Québec, et on va agir rapidement.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Sans commentaire au terme des réponses. Vous connaissez également
la règle.
Question principale, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès aux soins de santé
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. 8 000 $
par jour, 54 000 $ par semaine. Pour un gouvernement qui promettait
d'abolir le bar ouvert des médecins
spécialistes avec la facturation des primes, on peut dire que c'est
complètement raté. On apprend ce
matin que ça continue. Après la prime jaquette, la prime réunion, la prime
d'assiduité, voici maintenant la
prime la plus payante d'entre toutes, la prime oxygène. Pendant que la CAQ
continue de verser des primes à coups de dizaines de milliers de dollars, aucune mesure concrète n'a été prise
pour améliorer l'accès aux soins de santé pour les patients. Ça nous
rappelle que c'est le système qui a besoin d'oxygène. C'est la première ligne.
M.
le Président, est-ce que la ministre de la Santé entend consentir les efforts
et injecter l'argent là où ça compte, dans l'accès aux soins de santé?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Absolument, M. le Président. D'ailleurs, on a injecté une
augmentation faramineuse, cette année, du
budget en santé, 5,4 % d'augmentation, comme je disais auparavant,
comparativement au cycle précédent, où on avait commencé avec un maigre
1,3 % d'augmentation, M. le Président.
Mais, plus important, c'est la réforme de
la première ligne qu'on veut faire comme gouvernement, et ça, on l'a
beaucoup travaillée. On continue de le faire avec des projets de loi au niveau du décloisonnement des pratiques médicales
vers les IPS, par exemple, les infirmières praticiennes spécialisées, vers les pharmaciens aussi, qui vont augmenter vraiment l'offre
de service en première ligne. Alors, c'est sûr que, pour nous, la première
ligne, c'est l'épine dorsale d'un réseau de la santé. Puis évidemment, nos médecins de famille aussi, on travaille avec
eux pour modifier la pratique médicale et modifier le mode de rémunération. C'est fondamental et, évidemment, ça va faire en sorte que... Nos citoyens vont encore beaucoup
à l'urgence. 50 % des visites à l'urgence, c'est des citoyens
qui ne trouvent pas une réponse en première ligne.
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
Alors, c'est notre priorité, comme gouvernement, en santé, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. Bien, parlons-en, justement, du projet
de loi n° 43,
par exemple, sur les pouvoirs aux IPS. C'est le
véhicule tout indiqué pour permettre, par exemple, à
5 000 professionnels de la santé, des psychologues, autres que les médecins, donc les infirmières, à poser des
diagnostics en santé mentale. Pourtant, la ministre s'y refuse. Elle
refuse, prétextant une lourdeur bureaucratique, et elle balaie dans la cour de
sa collègue la ministre de la
Justice le dossier.
Comment la ministre
de...
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Bien, M. le Président, je vais vous dire, c'est une avancée importante, ce qu'on est en
train de faire dans le projet de loi n° 43, de permettre, je l'espère, s'il est adopté,
aux IPS de diagnostiquer. Ça va ouvrir beaucoup
l'offre de service en première ligne, M. le Président. Alors, ça, c'est une
avancée importante. Et il y en a d'autres qui pourraient
avoir lieu, parce que nous assistons actuellement, M. le Président, à une période extraordinaire où le Collège
des médecins fait preuve d'une grande
ouverture — ça,
vraiment, c'est très important dans ce cycle-ci — vers les autres professions.
Le Président :
En terminant.
Mme
McCann : Mais il faut faire les choses dans les règles de l'art. Et
évidemment on se penche actuellement...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. Joël Arseneau
M.
Arseneau : Bien, ailleurs au Canada, les psychologues peuvent poser
des diagnostics. C'est impossible au Québec.
Les trois oppositions sont d'accord. L'Ordre des psychologues, évidemment, le
demande. Le Collège des médecins, vous l'avez dit, la ministre de la
Santé l'a dit, ils sont ouverts comme ils ne l'ont jamais été.
Pourquoi
ne pas saisir l'occasion? Pourquoi ne pas permettre aux psychologues de poser
des diagnostics? Pourquoi les deux ministres
ne peuvent-elles pas s'entendre, se parler, et qu'on fasse les changements dès
maintenant?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : Oui. M. le Président, des changements qui n'ont pas été faits
pendant 15 ans, qu'on va faire, nous,
M. le Président. Et on travaille, ma collègue la ministre de la Justice et
moi-même, sur le dossier maintenant. Et
je pense que la période, comme je le
disais en commission parlementaire, est extrêmement propice, et nous allons faire tous les travaux nécessaires. Il faut que ça
soit bien fait, parce que ça implique non seulement l'Ordre des
psychologues, mais d'autres ordres professionnels.
Alors,
il va falloir vraiment faire les étapes. C'est important
pour le réseau, c'est important aussi pour la qualité des services et pour
l'accessibilité. Donc, on va faire toutes les étapes nécessaires avec ma collègue...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...ministre de la Justice.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Contenu local dans les
appels d'offres de
projets d'infrastructures de transport
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. En 2017, quand les libéraux ont donné le contrat du REM à Alstom sans exiger de contenu québécois, le premier ministre était assis à ma place, la deuxième
opposition, et déchirait sa chemise.
Je le cite : «...les gouvernements ont la responsabilité de promouvoir l'intérêt national, et c'est
pour ça que la plupart des gouvernements[...], lorsqu'ils financent des
contrats de transport public, ils exigent un contenu local. Tout le monde
connaît ça, tout le monde comprend ça, sauf [Philippe Couillard].» Fin de
citation.
M. le Président, le premier ministre nous a promis que, dans son premier budget,
il allait y avoir des investissements records
en transport collectif. Mais, au même moment, malheureusement, notre fleuron québécois, Bombardier Transport, passe entre les
mains d'Alstom. Il y a 1 000 travailleurs, travailleuses, à La Pocatière,
à Saint-Bruno, à Sorel, qui se demandent
aujourd'hui ce que leur réserve l'avenir. Dans l'opposition, le premier
ministre demandait aux libéraux de l'époque d'exiger du contenu local
pour protéger ces bons emplois ici. Maintenant, c'est lui qui est au pouvoir.
Est-ce
que le premier ministre peut nous garantir qu'à partir de maintenant chaque
contrat que son gouvernement va donner dans ce domaine stratégique va
contenir une exigence ferme de contenu québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je vous jure que je ne suis pas
arrangé avec la cheffe de Québec solidaire, mais on est, pour une fois,
tout à fait d'accord. C'était une erreur, à l'époque, de ne pas exiger du
contenu québécois dans la fabrication du
REM. Et tous les trains, tramways qui sont commandés au Québec, à l'avenir, il
y aura une exigence de contenu
québécois. Donc, que ce soit Bombardier, que ce soit Alstom, il y aura un
contenu québécois qui sera exigé. Tous les
pays dans le monde le font, on a le droit de le faire, on serait naïfs de ne
pas le faire. Ce sont les contribuables qui paient, donc c'est normal
qu'on aide à créer des emplois de qualité au Québec.
Et,
concernant l'entente avec Alstom, je veux peut-être apporter une petite
précision. Bombardier a 1 500 employés, entre autres à Saint-Bruno puis à La Pocatière, et
tous les emplois sont garantis, puis on est très confiants qu'on pourra augmenter le nombre de ces emplois, puisqu'à
l'avenir ce sera à Montréal qu'on aura le siège social des Amériques et pour Alstom et pour Bombardier Transport. Ça veut
dire qu'en plus des 1 500 employés, déjà, on en ajoute 11 500
qui sont dans d'autres États ou
provinces, qui, à partir de la conclusion de l'entente, vont se rapporter à
Montréal. Ça va exiger d'ajouter des
centaines de personnes au siège social de Montréal. Donc, non seulement on va
protéger les emplois actuels, mais on va les développer. Puis, oui, il y
aura une exigence de contenu québécois.
• (14 h 30) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Je suis contente d'entendre le premier ministre garder ce cap-là. Maintenant,
ce qu'on a besoin, c'est d'un chef. Quand il était dans l'opposition, il
réclamait 25 % du contenu local pour le REM.
Alors, est-ce
qu'il peut s'engager devant l'Assemblée à ne jamais descendre en bas de
25 % du contenu québécois pour les nouveaux projets en transport
ferroviaire?
Le
Président : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, 25 %, ce sera vraiment le minimum des minimums. Et, quand
on regarde les projets, entre autres,
de trains et tramways, incluant celui ici, à Québec, il y a une partie que
c'est pour les trains, les wagons, mais il y a une partie aussi qui
concerne les infrastructures, et là on peut être beaucoup plus exigeants.
Donc,
je peux rassurer la cheffe de Québec solidaire, il y aura un minimum des
minimums de 25 % de contenu québécois qui sera exigé dans tous les
projets de trains et tramways au Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Donc, le premier ministre est en train de nous annoncer qu'il ne passera pas de
commande à la Caisse de dépôt et placement, parce qu'il me semble que...
Et
c'est une question, en fait : Si, toutefois, vous envisagez d'aller avec
la Caisse de dépôt et placement, comment vous allez faire pour exiger au
moins 25 %?
Le Président :
...toujours à la présidence, s'il vous plaît, dans vos questions. M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, même dans l'entente du gouvernement libéral précédent, quand
ils ont donné une commande à la
Caisse de dépôt, il y a une partie du REM qui a été financée par le
gouvernement du Québec, donc il aurait pu y avoir, à ce moment-là, une
condition de contenu québécois qui soit exigée à la caisse pour que la caisse
l'exige dans le projet.
Donc,
évidemment, on va regarder différentes solutions. Est-ce qu'on le fera
directement par le gouvernement du
Québec ou ce sera fait, certains projets, par la Caisse de dépôt? On va
regarder ce qui est le mieux dans l'intérêt des Québécois. Mais, dans tous les cas, il y aura une exigence de contenu
québécois de minimum 25 %, on ne fera pas l'erreur des libéraux.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Représentativité des parents d'élèves handicapés ou en
difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage au sein des instances scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Vous savez, M. le Président, avec l'adoption par bâillon de la loi n° 40,
les besoins des élèves handicapés ou en
trouble d'apprentissage ou d'adaptation n'ont pas changé, n'ont pas disparu par
amendement à 0 h 11, ils sont toujours présents. Par contre,
ce qui a changé, c'est la voix des parents au comité des décisions, à la table
des décisions. Avant l'adoption de la loi n° 40, ils avaient une voix au chapitre; après l'adoption de la loi n° 40, ils n'ont plus de voix
réservée au conseil d'administration. Comment ça a été reçu par les parents? Je
vous cite une maman : «...il s'agit d'une "claque en plein visage.
C'est tellement aberrant. Je suis sonnée."» Clairement le ministre était
pressé. Il n'a pas compris à quel point qu'un parent d'un enfant
handicapé ou avec un déficit d'adaptation a besoin d'être présent.
Est-ce
qu'aujourd'hui il peut prendre ses responsabilités, faire preuve de sagesse, de
reculer et de faire la seule chose qu'il devrait faire, réserver un
siège pour un parent d'un enfant HDAA?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Je suis content qu'on parle des services aux
élèves qui ont des besoins particuliers.
Des fois, on dit les élèves HDAA. Je suis convaincu que le nouveau modèle de
gouvernance plus moderne va nous
permettre d'améliorer les services à ces élèves-là. Bien sûr, là on est dans la
phase de transition, et il y a des gens qui s'inquiètent, mais il faut bien prendre conscience que, maintenant,
il y aura, de réservé, cinq postes pour les parents sur les conseils d'administration. Le poste de
président ou présidente aussi sera réservé à des parents ainsi que le poste
de vice-président. Et comment ces parents
seront désignés? Par le comité de parents. Donc, je pense qu'il faut faire
confiance aux parents qui
s'impliquent dans les écoles et les conseils d'établissement, aux parents qui
s'impliquent dans les comités de parents. Je n'ai absolument aucun doute que
ces parents-là vont bien représenter tous les parents et donc vont parler
au nom des enfants. Je n'ai aucun doute
aussi que ces parents-là nommeront et choisiront des parents qui ont des
enfants qui ont des besoins particuliers. Et je ne vous ai pas encore
parlé des cinq places...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...qui
sont réservées pour le personnel de l'école, ceux-là mêmes qui travaillent avec
les enfants qui ont des besoins particuliers.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
M. le Président, nous ne parlons pas des services, nous parlons des parents
puis de leur place autour de la
table. Je vous cite la Fédération québécoise de l'autisme : «La
disparition des commissions scolaires équivaut à la disparition de la "voix" des élèves en difficulté. Le
gouvernement [...] n'a aucunement tenu compte des demandes faites par de
nombreux organismes. [...]Le lien [...] est définitivement rompu.»
Ma
collègue a demandé de garder la place décisionnelle de ces parents autour de la
table. On demande au ministre de corriger le tir et de faire la seule
chose qu'il peut faire aujourd'hui et de réparer les liens avec ces parents.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, d'abord, depuis un an, il faut voir, là, que notre
gouvernement s'occupe des équipes-écoles,
s'occupe des enseignants, ajoute des ressources professionnelles. On a embauché
plus de 600 ressources professionnelles pour améliorer les services
directs à ces élèves-là. On a créé des classes spécialisées auxquelles ces
enfants-là n'avaient pas accès, on a...
Des voix :
...
M. Roberge :
Excusez-moi, M. le Président, c'est difficile de se concentrer avec des gens
qui chahutent de l'autre côté,
là.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Éducation...
Des voix :
...
Le
Président : Non,
faites en sorte que ce ne soit pas
bruyant. La parole n'appartient qu'au ministre de l'Éducation. Je vais vous demander d'éviter d'être bruyants. On
est intéressés aux questions comme aux réponses. M. le ministre, vous
poursuivez. Et silence, s'il vous plaît!
M. Roberge :
On améliore les services aux élèves et on donne une meilleure représentation
aux parents, une représentation comme ils n'en ont jamais eu, en plus de créer
un nouveau comité d'engagement vers la réussite pour améliorer...
Le Président :
En terminant.
M. Roberge :
...les services aux élèves qui ont des besoins particuliers.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée. Vous êtes la seule à avoir la parole.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Savez-vous qui parle des services, M. le Président? Les parents des élèves à
besoins particuliers, et maintenant
leur voix est éteinte autour de la table décisionnelle. J'ai milité avec ces
parents dans le passé pour avoir le droit
de vote autour de la table des anciens conseils des commissaires. Maintenant,
nous avons un centre de services scolaire avec un conseil d'administration et
on va oublier ces parents-là. Maintenant, ce n'est plus un oubli, là, c'est un
choix, c'est un choix, on oublie puis
on ignore ces parents-là qui ont le droit de vote. C'est eux qui militent pour
leurs enfants puis leurs services.
Qui va faire...
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, il n'y a personne qui est oublié. Il faut faire attention, il
ne faut pas faire peur aux gens, il
n'y a personne qui est oublié. Les parents auront cinq places sur les conseils
d'administration. Techniquement, il pourrait
y avoir cinq parents d'enfants qui ont des besoins particuliers. En plus, il y
a un lien qui est créé entre les parents sur le conseil d'administration
et le comité de parents. Ces gens-là seront branchés sur la réalité des
parents.
Il y a aussi cinq
membres de la communauté, mais parlons aussi des cinq membres du personnel. Il
y aura, sur le C.A., sur l'instance
régionale, pour la première fois, quelqu'un qui enseigne au quotidien, une
direction d'école qui s'occupe des enseignants, et qui s'occupe des
enfants, et qui reçoit ces parents-là dans leurs bureaux.
Le Président : En terminant.
M. Roberge :
On aura cette intelligence émotionnelle et cette compétence professionnelle sur
nos C.A., M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
Conséquences pour les
petites et moyennes entreprises de l'adoption
du projet de loi n° 37 visant à instituer le Centre d'acquisitions
gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes sur
le point d'assister encore, avec ce gouvernement, à la mise en oeuvre d'une initiative de
centralisation avec l'adoption du projet de loi n° 37. Ce projet de loi va
affaiblir les économies régionales et
nuire aux PME, M. le Président. Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est écrit
noir sur blanc. Dans l'analyse d'impact réglementaire, le projet de loi
va faire en sorte d'exclure les PME du processus de soumission. La majorité d'entre elles, M. le Président, n'ont ni
les moyens, ni les ressources, ni même le réseau de distribution pour répondre
aux appels d'offres du futur Centre
d'acquisitions gouvernementales. Alors que ces PME fournissaient, jusqu'à
maintenant, le milieu scolaire, elles vont voir leur volume d'affaires
considérablement amputé, et pour certains l'impact sera dramatique. Au nom d'hypothétiques économies d'échelle, le
gouvernement est prêt à sacrifier des entreprises, des commerçants, des
travailleurs dans les régions du Québec et faire souffrir un environnement
socioéconomique complet.
Ma question,
M. le Président, au président du Conseil du trésor : Qu'est-ce qu'il a à
dire aux PME qui vont perdre des milliers de dollars en chiffre
d'affaires à cause de sa réforme centralisatrice au sein...
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, j'aimerais, premièrement, remercier le député
de René-Lévesque, mon collègue, qui a
travaillé avec nous plus de 70 heures dans la préparation du projet de loi
n° 37. Et j'aimerais profiter de l'occasion non seulement pour le
remercier, mais démontrer à tous les gens de l'Assemblée, ici... qui savent
très bien comment nous avons évolué dans ce
projet-là. Le commentaire qu'il fait des analystes du ministère... sont
prédépôt du projet de loi. Et mon
point est le suivant, vous savez très bien qu'au cours de ces discussions-là
nous avons tenu compte non seulement,
M. le Président, des commentaires des gens qui sont venus nous présenter, lors
des consultations particulières...
mais nous avons fait plusieurs amendements qui tiennent compte exactement des
réticences ou des points qui étaient
soulevés par les analystes du ministère ou, par exemple, par les gens que nous
avons rencontrés. Aujourd'hui, le
projet de loi que nous allons voter est complètement différent et respecte les
engagements de notre gouvernement par rapport
aux achats locaux et par rapport aux PME grâce, justement, au travail de ma
collègue la ministre déléguée aux Régions, qui s'est assurée que notre
projet de loi répondait...
• (14 h 40) •
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...aux besoins des
PME et des achats locaux. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je n'arrive
pas à trouver un amendement qui vient circonscrire la volonté du gouvernement de donner des contrats
à des PME à proximité des lieux où aura lieu, effectivement, le centre
de décisions. Alors, ce que les PME ont à
craindre, c'est de ne pas être capables, à cause de la dimension des contrats,
de soumissionner, et ce qu'ils nous
disent lorsqu'on leur parle, c'est qu'ils vont perdre des chiffres d'affaires
importants, des emplois. Alors, je ne vois pas en quoi ce projet de loi
là est bon pour le Québec, est bon...
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je suis un petit peu surpris parce qu'on a eu
exactement ces discussions-là lors des discussions sur le projet de loi.
Je prends à titre d'exemple les amendements que nous avons faits à la LCOP, c'est-à-dire la loi des offres publiques, les
articles 15 et les articles 16, pour, justement, tenir compte que la
loi des offres publiques doit tenir
compte des achats locaux. Alors, s'il y a un regroupement en région, ce
regroupement-là doit s'assurer qu'il
n'aura pas un impact négatif sur les PME. Alors, je suis vraiment surpris
d'entendre cette déclaration-là ou cette question du député aujourd'hui, alors que les amendements qu'on a faits
au projet de loi sont exactement en lien pour protéger nos PME...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...et de s'assurer
que c'est dans la loi des offres publiques.
Le Président : M. le député,
deuxième complémentaire.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : M. le Président, le gouvernement a choisi de
faire une réforme qui va centraliser la prise de décision, qui va nuire aux PME locales sur la base
d'économies présumées, et ça va sabrer dans les économies régionales. Il y a
des PME qui vont être obligées de fermer.
Alors,
qu'est-ce que le gouvernement a à gagner de faire des économies d'échelle sur
le dos des PME du Québec? Les amendements que le président du Conseil du
trésor parle n'ont pas de force quant à la garantie d'offrir la même
opportunité à une PME d'obtenir les contrats qu'elle avait aujourd'hui et
qu'elle n'aura pas pour le futur.
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, encore une
fois, je prendrai beaucoup de temps avec le député au besoin, mais je vous
dirais deux chiffres, M. le Président :
82 % des achats qui sont faits par achats regroupés en ce moment sont
faits avec des PME, 82 %. Nous
allons mesurer les achats qui sont faits en région justement pour respecter nos
engagements locaux. C'est plus de
300 millions d'économies qui vont se faire. Et je peux vous dire, M. le
Président, que nous avons pris l'engagement qu'aucune de ces
économies-là ne serait faite sur le dos des PME et des achats locaux. Merci, M.
le Président.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Mesures
pour contrer la pénurie de préposés aux bénéficiaires
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, après des semaines d'attente, on
a finalement eu le plan d'action du gouvernement pour contrer la pénurie de préposés aux bénéficiaires. On le sait, c'est
un maigre plan de 15 mesures qui n'a pas d'objectif précis. Il y a un objectif, en fait, c'est celui
de mettre fin, le 31 mars, au programme de prêts et bourses pour les
préposés. Ça, c'était la seule
solution concrète, et on la coupe. Les aînés sont inquiets, leurs familles le
sont, et le réseau est dans le trouble.
Au moment où l'on se parle, M. le Président,
suite à ma demande d'accès à l'information, on apprend qu'au CIUSSS de la
Mauricie-et-Centre-du-Québec, sur les 2 350 postes de préposés aux
bénéficiaires, 642 postes sont vacants.
Ça, M. le Président, c'est 27 % des postes qui ne sont toujours pas
comblés, c'est des soins en moins pour nos aînés.
Que dit la
ministre des Aînés à ses collègues de la Mauricie et du Centre-du-Québec pour expliquer
son laxisme face à la pénurie de préposés aux bénéficiaires?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, d'abord, on sait comment notre gouvernement veut
solutionner vraiment la situation au
niveau des préposés aux bénéficiaires. On a un enjeu, là, particulier, on y
porte un intérêt particulier. On a embauché
cette année 4 000 équivalents temps complet, préposés aux bénéficiaires,
et il y en a des centaines de plus dans le réseau que l'an passé. Et ça, c'est
important pour les usagers, certainement, comme le dit ma collègue députée de
Fabre.
La situation en Mauricie—Centre-du-Québec est
particulière aussi. On est préoccupés, M. le Président, parce qu'effectivement il y a beaucoup de préposés aux
bénéficiaires qui n'ont pas de poste à temps complet. Dans le réseau, il faut absolument qu'il y ait de plus en plus de postes à
temps complet qui soient occupés par les préposés comme par d'autres professionnels comme les infirmières. Alors, M. le
Président, on va porter une attention
particulière à Mauricie—Centre-du-Québec...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...on a déjà fait une action au niveau du ministère de la Santé pour intervenir.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, la situation actuelle, là, en Mauricie—Centre-du-Québec, elle est préoccupante. J'ai nommé qu'il y avait 27 % des postes qui ne sont toujours pas
comblés. Et, si c'est inquiétant maintenant, l'avenir, c'est encore plus inquiétant parce qu'on aura
besoin de 1 000 préposés de plus l'an prochain et, l'année suivante,
936. On ne parle pas du Québec en entier, on parle d'une seule région,
imaginez. Alors, nos aînés sont toujours inquiets.
On est à la mi-mandat
de ce gouvernement, toujours rien de concret. Quand la ministre va-t-elle agir?
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, la députée est inquiète. Moi aussi, je
suis inquiète. Je pense qu'on a raison de s'inquiéter. On vit dans une société
vieillissante où on n'a pas tenu compte du facteur démographique et de ce
vieillissement accéléré, alors là on est en train de reprendre des années, et
des années, et des années, parce qu'on n'a pas assez investi dans le capital
humain. Au contraire, on a coupé dans le capital humain pour atteindre un
équilibre budgétaire. Moi aussi, je suis inquiète qu'il manque de personnel en
Mauricie parce que c'est l'une des régions les plus vieillissantes au Québec,
donc il y a moins de personnel pour prendre en charge des personnes
vieillissantes. Alors, il faut trouver des solutions...
Le Président :
En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...je suis tout à fait d'accord avec elle, mais, si le
parti...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre. À vous la parole.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, la ministre est inquiète. Ça
prend plus que ça, ça prend des solutions. Elle est la ministre responsable des
Aînés, ce gouvernement est à son mi-mandat, et les chiffres parlent. Vous savez
que, d'ici cinq ans, là, on aura besoin
de 4 300 préposés de plus dans la région de Mauricie—Centre-du-Québec. 4 300, là, c'est la population
de Berthierville.
Alors, est-ce que la ministre
peut rassurer aujourd'hui les gens de la région, les aînés du Québec?
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Vous savez, M. le Président, la députée de Fabre se lève
souvent pour dire : Il manque 3 000 places.
En 2030, c'est 25 700 places. Alors, c'est énorme, c'est une grande
réflexion qu'on doit avoir par rapport à ce vieillissement de la
population.
Elle
est inquiète par rapport au manque de personnel? On en a embauché 4 000.
4 000, c'est plus que les 1 000 que vous avez coupés. Même
durant la réforme du précédent ministre de la Santé et des Services sociaux, il
a osé couper 1 400 cadres dans les CHSLD et dans les hôpitaux.
Ça vient affaiblir, ça. C'est difficile pour une infirmière d'être obligée de
jouer...
Le Président :
Question... En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...le rôle de cadre en plus de jouer le rôle d'infirmière.
Le Président :
Question principale, M. le député de Pontiac. Vous êtes le seul à avoir la
parole.
Congédiement de la Dre Janique Dion, chef adjointe de
l'urgence de l'Hôpital du Centre-de-la-Mauricie
M. André Fortin
M. Fortin : Oui, M. le Président. La semaine dernière, on a
parlé de la Dre Janique Dion, la médecin du Cap-de-la-Madeleine qui a perdu son poste de chef de l'urgence parce
qu'elle avait osé parler pour ses patients. Elle a parlé parce que la ministre de
la Santé s'apprêtait à fermer l'urgence dans un secteur de la ville qui habite,
entre autres, une population vulnérable. Elle a lancé l'alerte parce que
le réseau n'était pas prêt et que le CISSS véhiculait de la fausse information
sur l'embauche de nouveaux professionnels.
M. le
Président, voici ce qu'elle a osé dire publiquement,
je la cite : «La nouvelle clinique est un projet louable, mais [ce] sera implanté dans le secteur le plus
démuni de Trois-Rivières sans l'avoir mis à l'épreuve au préalable.» C'est
tout. C'est soft quand même,
non, M. le Président? Pour ça, là, pour ces mots-là, elle a reçu une
lettre de menace, et on l'a ensuite renvoyée.
Jeudi, la ministre de la Santé nous avait dit qu'elle allait prendre connaissance du dossier. Est-ce qu'aujourd'hui elle cautionne encore
le renvoi de la Dre Dion?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Bien, M. le
Président, Dre Dion était adjointe au chef du département de l'urgence.
Bon, la décision qui a été prise, c'est une
décision qui appartient à l'établissement, M. le Président, ça n'appartient pas
au ministère de la Santé et des Services sociaux, M. le Président. Et je
mentionne aussi que la Dre Dion a toujours ses privilèges, M. le
Président, ses privilèges de médecin à l'établissement où elle est
présentement. Bon, ça, c'est une chose.
Par rapport
au projet de Cloutier-du Rivage, moi, je réitère encore une fois qu'on avait un
problème de disponibilité de
médecins. Il fallait stabiliser l'équipe médicale, puis on avait le support du
Département de médecine d'urgence, du Département
régional de médecine générale, de la Direction des services professionnels et
les 30 médecins de médecine d'urgence
de Trois-Rivières. Alors, il fallait stabiliser cette équipe. On a
effectivement embauché des IPS, des infirmières praticiennes
spécialisées, avec la présence d'un médecin, des heures d'ouverture sept
jours-semaine...
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...et élargies le
soir. Les citoyens sont satisfaits, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le Président : Question
principale, M. le député de Pontiac.
Protection des droits des
lanceurs d'alerte
M. André
Fortin
M. Fortin : Oui. M. le Président, la ministre nous parle du
devoir de réserve, mais vous savez quoi? Avant son fameux devoir de réserve, la Dre Dion, là,
comme tous les médecins au Québec, elle a prêté un serment, un serment envers
ses patients. Et, M. le Président, pour le
bien de ses patients, la Dre Dion, bien, elle est devenue lanceuse
d'alerte. Et, pour la deuxième fois de leur mandat, le gouvernement de
la Coalition avenir Québec a congédié un lanceur d'alerte.
Mais le problème avec tout ça, M. le Président,
c'est que même le patron de la Dre Dion, un administrateur, exactement comme elle nous dit, il a envoyé une
lettre à la... celui qui a envoyé une lettre de menace a envoyé une lettre
ouverte dans les médias pour dire que lui était en faveur du projet de la
ministre. Et, pour lui, pour celui qui est d'accord avec la ministre, sanction zéro. Pour tous les
signataires de la lettre, pour tous les autres médecins qui étaient d'accord,
sanction zéro. Pour la Dre Dion, renvoyée, M. le Président.
Quand la
ministre dit : Elle a un devoir de réserve, ce qu'on entend, c'est que la
Dre Dion, elle a un devoir de réserve si elle n'est pas d'accord
avec la ministre de la Santé.
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
M. le Président, moi, je réitère à mon collègue député de Pontiac que cette
décision-là, c'est une décision de
l'établissement. Le ministère de la Santé et des Services sociaux n'a rien à
voir dans cette décision-là, c'est une décision d'établissement. Et je
réitère encore une fois comment ce projet-là est important. Il fallait donner
les services à la population,
le bon patient avec le bon professionnel au bon moment, et c'est ce que fait ce projet à
Cloutier-du Rivage, et les citoyens sont satisfaits, M. le Président.
Le
Président : Cela met
fin à la période de questions et de
réponses orales. Merci à tous. Mme la
vice-présidente.
Motions
sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à
la rubrique des motions sans préavis. Et je comprends qu'il y a une entente pour inverser les séances trois et
les séances quatre des motions afin de permettre à M. le chef du
troisième groupe d'opposition de faire la première motion aujourd'hui. Il y a
consentement? Consentement. Alors, M. le chef du troisième groupe d'opposition,
la parole est à vous.
Célébrer la participation et la
victoire de M. Laurent Duvernay-Tardif au match du
Super Bowl, le 2 février 2020, au sein de l'équipe des Chiefs de Kansas City
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le premier ministre, le chef de
l'opposition officielle, le député de Gouin, le député de Chomedey et la
députée de Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale célèbre la participation et la victoire du Québécois
Laurent Duvernay-Tardif au match du Super Bowl de la NFL, le
2 février dernier, au sein de l'équipe des Chiefs de Kansas City;
«Que
l'Assemblée nationale réitère sa fierté au premier Québécois de l'histoire à
mettre la main sur le prestigieux trophée Vince-Lombardi, tout en étant
le premier joueur de la NFL à avoir obtenu un diplôme en médecine;
«Enfin, qu'elle
souligne la persévérance, la détermination et l'engagement dont l'athlète fait
preuve dans son parcours scolaire et sportif, faisant de lui un modèle pour
tous les Québécois et toutes les Québécoises.»
(Applaudissements)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le chef
du troisième groupe d'opposition.
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger : Alors, oui, Mme la Présidente, il y a consentement, avec un débat de
deux minutes par intervenant, en
débutant par le chef du troisième groupe d'opposition, le premier ministre, le
député de Marquette et le député de Gouin.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, M. le
chef du troisième groupe d'opposition, la parole est à vous.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
C'est émouvant, Mme la Présidente. Alors, M. Duvernay-Tardif, je
pense pouvoir parler au nom de tous mes collègues, on est vraiment très heureux
de vous accueillir ici. Depuis ce matin, de plus en plus, à mesure que
les heures passent, l'atmosphère est fébrile
entre les murs de l'Assemblée nationale, c'est palpable. Les gens ont hâte de
rencontrer, même juste d'apercevoir, un authentique héros québécois,
l'un des nôtres, parce que, oui, c'est ce que vous êtes pour plusieurs
Québécois, notamment notre jeunesse.
Vous êtes celui qui a
relevé des défis, qui a atteint ses objectifs avec détermination, avec dignité
et jamais au détriment des autres. Au
contraire, vous avez toujours gardé le souci d'être utile, de participer à la
vie de votre communauté, de vous y
engager avec coeur, et c'est pour ça qu'on vous admire tant. Vous êtes celui
qui donne, qui donne de son temps, qui
donne l'exemple et qui donne de l'espoir. En vous regardant aller, on se dit
que tout est possible. On ne peut pas faire autrement que ressentir une vague
de fierté. Vos succès sont un peu ceux de tout un peuple qui s'identifie à vous.
Je
salue également, et c'est important, les gens qui vous accompagnent, votre
conjointe, votre agent et ami, vos parents,
votre entourage, des gens qui vous supportent depuis longtemps et à qui on doit
beaucoup, et les applaudissements sont aussi pour eux. Leur soutien et
leur confiance ont sûrement joué un rôle déterminant dans votre parcours.
Je
ne peux passer sous silence que ce n'est pas la première fois qu'un membre de
votre famille passe à l'Assemblée nationale.
Votre grand-père, Guy Tardif, député de Crémazie, a siégé en cette Chambre et a
été ministre dans le gouvernement de René Lévesque. Il serait
certainement très fier de son petit-fils.
La
vie, comme le football, comme la médecine, c'est un sport d'équipe, on a besoin
les uns des autres. Et nous, on a
bien besoin de vous, vous nous faites du bien. M. Duvernay-Tardif, vous
avez droit à beaucoup de témoignages de reconnaissance aujourd'hui de notre Assemblée nationale. Accueillez-les,
ils sont sincères et amplement mérités. Au nom du Parti québécois,
recevez toute notre admiration. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le chef
du troisième groupe d'opposition. Maintenant, je cède la parole à M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président. Comme beaucoup de Québécois, j'étais sur le bout de mon
sofa, il y a deux semaines, pour regarder le match du Super Bowl. Et, vous
savez, habituellement, quand on regarde un match de football, on regarde le quart, on regarde les porteurs de ballon, on
regarde les receveurs, mais on ne regarde pas le garde, qui est responsable de protéger le quart-arrière.
Mais là c'était plus fort que nous autres, on avait les yeux sur le
numéro 76 pour s'assurer que le fameux quart-arrière, là, Pat
Mahomes, ne se fasse pas trop ramasser. Puis évidemment on était inquiets. On était
inquiets quand, au quatrième quart, ça allait mal. Mais quelle remontée!
Donc, moi, bien sûr,
je veux me joindre à tous les Québécois, à tous les partis ici, au nom de ma formation
politique, pour dire bravo! D'abord, bravo pour cet exploit, bravo aussi d'être
médecin! Ça, c'était une première au Super
Bowl. Puis évidemment ça vient démontrer que c'est possible de
concilier les deux, même ça aide, le sport, à réussir dans les études.
Eh bien, je
pense aussi, Laurent, que vous avez réussi aujourd'hui un exploit. Quatre
partis qui se lèvent ensemble, 125 députés
qui disent la même chose, c'est très rare. C'est unique, ce que vous voyez
aujourd'hui. Et on va se voir un petit peu plus tard parce que vous êtes là pour la persévérance
scolaire. C'est un autre bon choix que vous faites, ça.
Donc, on est doublement fiers de vous
de venir aider nos jeunes. Je vous demande d'ailleurs, puis je sais que
vous le faites déjà,
d'aller voir le plus de jeunes possible dans nos écoles leur dire que tout est
possible, vous êtes la preuve, et puis vous nous rendez encore plus
fiers d'être Québécois. Merci, M. Duvernay-Tardif.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
premier ministre. Et maintenant
je reconnais M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, j'aimerais féliciter le chef du troisième groupe d'opposition pour cette belle
motion et également mon chef de me donner l'occasion... justement,
son droit de parole. Merci
beaucoup, chef.
Vous
savez, chers collègues, lors des présentations ici, à l'Assemblée nationale,
d'habitude on prend le temps de faire
des états des statistiques de l'athlète pour en démontrer sa valeur. Mais
aujourd'hui c'est un peu plus difficile. La position de garde, celle de
Laurent, ce n'est pas à cet endroit qu'on voit les joueurs de football faire
des courses spectaculaires de 50, 60, 70 verges ou encore des attrapés
spectaculaires. Par contre, c'est la position dans laquelle tu es face à face avec le numéro 91 des 49ers de San Francisco au Super Bowl, le méchant Arik Armstead, le
géant de 6 pi 7 po, 300 livres,
qui mange les quarts-arrière pour déjeuner, Mme la Présidente. Tu dois
l'arrêter à chaque jeu, sinon ton quart-arrière va en payer le prix. La
position de garde, c'est une position qui demande de la discipline, c'est une position qui requiert de bien comprendre le jeu
parce qu'une petite erreur peut entraîner un sac du quart, peut-être
même pire.
• (15 heures) •
Dans le fond, la
position à laquelle joue Laurent, pour moi, elle est représentative de l'homme
qu'il est. Pour accomplir ce qu'il a fait,
c'est-à-dire combiner une carrière d'athlète universitaire avec ses études en
médecine, oui, ça prend une volonté
et une discipline, mais avant tout ça prend du coeur et de la passion. En
prévision de son repêchage, LDT n'avait même pas été invité au Combine. Ça, Mme la Présidente, ce sont des tests physiques pour les joueurs ayant les
meilleures chances de jouer dans la NFL. Pour Laurent, par contre, ce n'était
pas grave. Ça ne l'a pas empêché d'accomplir
son rêve de jouer dans cette ligue. Il a lui-même forcé neuf formations à venir
l'évaluer à son propre Combine. Ça prend du cran pas à peu près, Mme la
Présidente!
Laurent,
comme si tu n'en avais pas assez, tu devais étudier. Même lorsque tu étais déjà
dans la NFL, il fallait que tu
atteignes ton second objectif, celui de devenir médecin. Évidemment,
tu as réussi cela avec brio. Même si la NFL a refusé de l'inscrire sur
ton chandail, tu es notre docteur 76.
Vous
savez, j'ai eu la chance de rencontrer Laurent à Pyeongchang lors de la présentation des Jeux
olympiques de 2018. Les deux, nous participions à la
couverture médiatique des événements par Radio-Canada.
Laurent faisait la présentation de
différents portraits d'athlètes durant les jeux. C'est sans surprise que, même
sans expérience dans le domaine télévisuel
et médiatique, il a été un des joueurs les plus importants de notre équipe avec
sa qualité d'apprentissage et sa connexion
instantanée avec les gens. J'ai rencontré la personne dont on entendait parler
dans les médias, un gars humble, un gars studieux, un gars qui travaille
fort pour accomplir les défis qu'il se lance.
Laurent, tu as surtout réussi à accomplir
ce que toute jeune fille ou garçon sportif veut, soit de gagner le plus haut championnat dans son sport, ce
rêve que je n'ai jamais pu accomplir moi-même. Cependant, Laurent, tu me
permets de le vivre un peu à travers
toi aujourd'hui. Cela, je t'en remercie, nous en sommes tous fiers. Tu es un
homme au grand coeur, notamment avec
ta position comme porte-parole des Journées de la persévérance scolaire. Tu es un exemple pour notre
jeunesse. Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer.
En
terminant, Laurent, sans vouloir te mettre de la pression, nous t'aimons. Nous,
Québécoises et Québécoises, t'avons
adopté. Nous voulons te garder pour nous. Nous refusons de te partager, tu nous
appartiens. Quand la belle aventure de
la NFL sera terminée, le plus tard possible, bien sûr, nos hôpitaux du Québec
sont remplis de jeunes qui ont hâte d'être soignés et protégés par toi
au même titre que tu l'as fait à merveille avec ton quart-arrière actuel,
Patrick Mahomes.
Prends ton temps,
Laurent, mais nous t'attendons avec impatience. Bravo, mon ami!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Marquette. Et maintenant je cède la parole à M. le député de Gouin.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. Ma collègue cheffe de la deuxième opposition aurait
bien aimé parler cet après-midi, mais
on a fait un «huddle» à deux, et je lui ai fait savoir qu'en fait elle avait le
choix : soit c'est moi qui parlais, soit je m'en allais à la CAQ.
Des voix :
...
M. Nadeau-Dubois :
Alors, je vois que le premier ministre est content du choix qu'elle a fait, et
moi aussi. Il faut bien que ça ait des avantages d'être co-chef,
n'est-ce pas?
Plus
sérieusement, pour le fan de sport que je suis, décerner, comme on va le faire
cet après-midi conjointement, une
médaille à Laurent Duvernay-Tardif, prendre la parole aujourd'hui, c'est un peu
comme toucher à un saint parce que, oui, on ne va plus...
Des
voix : ...
M. Nadeau-Dubois :
...parce que, oui, on — s-a-i-n-t, bien sûr — parce que, oui, bien sûr, on ne va plus à
l'église en aussi grand nombre les
dimanches, mais on était 1,6 million à communier autour de la télévision
un beau dimanche de février, à prier sur le bord de nos chaises pour que
ce grand gars de chez nous l'emporte.
Mes
collègues de tous les partis vont le reconnaître, j'en suis sûr, ce n'est pas
une soirée électorale qui nous ferait cet
effet-là, et je vais vous dire pourquoi. Parce que, oui, le football
professionnel, c'est les pubs de chars à 5 millions, c'est les commanditaires qui lâchent Colin Kaepernick, c'est une grosse machine à faire de
l'argent. Mais ça, c'est autour du terrain. Sur le terrain, le sport, aussi
professionnel soit-il, ça redevient un jeu. Et, quand ça, ça se produit, bien,
le football échappe aux finales prévisibles du
pouvoir de l'argent.
Sur
le terrain, il n'y a qu'une seule certitude : tout est possible.
Le petit peut triompher du plus grand, le faible, du plus fort, le pauvre, du plus riche, et un Québécois
peut gagner le Super Bowl. Et, lorsqu'il gagne le Super Bowl, lorsque nous bondissons enfin du bord de nos chaises, nous
oublions que tout va mal, nous ne voyons plus l'impossible. Non, pour un
instant, il y a 1,6 million de personnes qui goûtent à une victoire que la
politique ne leur offre plus souvent.
L'intellectuel italien Antonio Gramsci disait du
football, il parlait de l'autre football, que
c'était le royaume de la loyauté
humaine exercée au grand air. C'est une belle phrase, mais moi, je préfère
celle de Laurent Duvernay-Tardif : Quand tu penses en équipe, c'est
dans ce temps-là que tu triomphes.
Le
numéro 76, c'est un maudit bon garde, et, cette journée-là, il a soutenu
son quart-arrière comme il soutient les jeunes qu'il encourage et les patients
qu'il soigne. Partout où il passe, il crée des ouvertures pour nous faire
rêver. Et c'est sans doute ça, son plus grand triomphe.
Au nom de ma formation
politique, merci, Laurent Duvernay-Tardif.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Pour
la prochaine motion, je vais céder la parole à M. le ministre de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur.
Souligner les Journées de la persévérance scolaire
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Donc, je sollicite le consentement des membres
de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée
de Sherbrooke, la députée de Joliette, le député de Chomedey et la
députée de Marie-Victorin :
«Que
cette Assemblée souligne les Journées de la persévérance scolaire, qui se
tiennent du 17 au 21 février et dont le thème est Nos gestes, un
+ pour leur réussite;
«Qu'elle
rende hommage à tous les élèves et tous les étudiants qui, par leur
détermination et leur persévérance, s'accrochent à leurs rêves et
demeurent sur les bancs d'école;
«Qu'elle
salue l'engagement des enseignants, des professeurs, des professionnels, des
techniciens et de tous les membres du
personnel des établissements scolaires, qui soutiennent et encouragent les
élèves et les étudiants à relever leurs défis;
«Qu'elle
reconnaisse l'importance des petits gestes de chacun, parents, beaux-parents,
grands-parents, membres de la communauté, et que nous avons toutes et tous un
rôle à jouer pour valoriser l'éducation et donner le goût aux élèves de
terminer leur parcours scolaire;
«Qu'elle profite de
l'occasion pour souligner l'importance de la réussite scolaire;
«Qu'enfin,
elle exprime sa reconnaissance envers tous les acteurs positifs de la
persévérance scolaire et souhaite bon courage à tous ceux qui décident de
relever leurs défis.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Pour la prochaine
motion, je vais céder la parole à M. le député de Viau.
Souligner le Mois de l'histoire des Noirs
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration, la députée de Mercier, la députée de
Gaspé, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Attendu que
la Loi proclamant le Mois de l'histoire des Noirs prévoit que le mois de
février de chaque année constitue le Mois de l'histoire des Noirs;
«Attendu que
ce mois est l'occasion tout indiquée pour célébrer la richesse et l'apport des
communautés noires aux développements social, économique et culturel du
Québec;
«Attendu que cette 29e édition du Mois de
l'histoire des Noirs se déroule sous le thème : Ici et maintenant;
«Que
l'Assemblée nationale souligne le Mois de l'histoire des Noirs et qu'elle
réitère son engagement à reconnaître et promouvoir la contribution des
Québécoises et des Québécois issus des communautés noires à l'essor du Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Viau. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
• (15 h 10) •
M. Schneeberger :
Alors, Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant, en débutant par le
député de Viau, la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie, la députée de Mercier et la députée de Gaspé.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors,
M. le député de Viau, la parole est à vous.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, voilà un mois québécois. C'est un
mois qui trouve son fondement dans
l'histoire même de la Nouvelle-France. Quand j'évoque les noms de Mathieu Da
Costa, interprète de Samuel de Champlain, quand j'évoque les noms de
Marie-Josèphe-Angélique, quand j'évoque les noms d'Olivier Le Jeune, voilà des
noms qui nous sont parvenus... Et là je dois rendre hommage à des personnes
extraordinaires : Marcel Trudel,
historien, Dorothy Williams, Paul Fehmiu-Brown, ces personnes qui ont fait de
l'histoire des Noirs l'oeuvre de leur vie.
Et aujourd'hui nous abordons au quotidien les
champs de compétence du gouvernement du Québec. Je veux prendre le temps, Mme la Présidente, d'aborder un aspect particulier,
deux missions fondamentales de l'État québécois : l'éducation et la santé. Que serait aujourd'hui le
système de santé sans l'apport et la contribution des membres des communautés
noires? Je veux saluer les médecins, les
infirmières, les infirmières auxiliaires, les préposés aux bénéficiaires, les
enseignants, ces gens qui travaillent
au quotidien, qui ont contribué et qui contribuent encore à faire en sorte que
le système d'éducation du Québec et
le système de santé de la société québécoise puissent fonctionner pour
l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
Nous venons
de souligner les Journées de la persévérance scolaire, et j'ai un message
particulier que j'aimerais adresser,
Mme la Présidente, aux jeunes, aux jeunes issus des communautés noires. Je veux
leur rappeler ceci, cette grande citation de Nelson Mandela :
L'éducation, c'est l'arme la plus puissante pour faire tomber tous les
obstacles. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Viau. Et maintenant je cède la parole à Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie.
Mme Nadine Girault
Mme Girault : Merci, Mme
la Présidente. Je suis heureuse de
pouvoir prendre la parole au sujet du Mois de l'histoire des Noirs puisque
c'est un sujet qui me tient à coeur. Pourquoi?, me demanderez-vous. Parce qu'on
ne doit pas oublier l'importance
et la pertinence, encore aujourd'hui, de sensibiliser la population
à la discrimination, et ce, malgré
des progrès importants.
Ce mois est
également important puisqu'il nous permet de souligner le grand apport des
personnes d'ascendance africaine à
notre société. Il y a de nombreux exemples de personnages historiques clés qui
ont fait avancer des choses : Rosa
Parks, Nelson Mandela, Barack Obama. Nous avons aussi la chance d'avoir de
beaux exemples de réussite québécois issus
de la communauté noire d'ici, et, depuis le début du mois, je fais la promotion
d'une de ces personnes chaque jour sur
les réseaux sociaux. En voici quelques exemples : Sarahmée, rappeuse
d'origine sénégalaise en nomination aux Juno, elle est aussi
porte-parole pour le Mois de l'histoire des Noirs. Cadleen Désir, présidente du
conseil d'administration des chefs d'entreprise et membre du conseil de l'Ordre
de Montréal, véritable modèle d'entrepreneuriat pour la jeune génération. Félix
Auger-Alliassime. À 19 ans, ce joueur de tennis occupe la 21e place
dans le palmarès mondial et il vient tout
juste de lancer une campagne de financement d'un programme pour les enfants
dans le besoin au Togo, pays d'origine de son père. Fabrice Vil, diplômé
de l'Université de Montréal en droit, cet entrepreneur social et fondateur de Pour 3 points est aussi un interlocuteur
incontournable relativement aux questions d'égalité. Régine Laurent, présidente
de la Fédération interprofessionnelle de la
santé du Québec entre 2009 et 2017 où elle a mené d'importantes négociations
portant notamment sur l'équité salariale. Elle poursuit son engagement public
aujourd'hui à titre de présidente de la commission
spéciale sur la DPJ. Déborah Cherenfant, présidente de la Jeune chambre de
commerce de Montréal. Yvette Bonny,
enseignante à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal depuis 1978,
cette pédiatre hématologue émérite
d'origine haïtienne a effectué la première greffe de moelle osseuse chez un
enfant au Québec. Et Paul Evra, D.G. du Centre lasallien Saint-Michel où il s'engage pour l'éducation et la
lutte contre les inégalités. Il siège aussi à la Table sur la diversité, l'inclusion et la lutte contre les
discriminations de la ville de Montréal. Quelques exemples magnifiques de notre
communauté. Ils contribuent tous à
briser des tabous et à nous rapprocher. Ce sont des modèles, non seulement des
modèles d'affaires, mais aussi des modèles d'implication sociale.
La lutte contre le racisme et les droits de la
personne fait également partie de mon mandat de ministre des Relations internationales et de la Francophonie.
Et nous travaillons d'ailleurs présentement sur une vision Afrique que nous
dévoilerons prochainement afin de revoir le partenariat entre le Québec et ce
qu'on entretient avec ce continent.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
ministre. Et maintenant
je vais reconnaître Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Je veux remercier
mon collègue le
député de Viau
pour sa motion. Je veux le remercier parce que,
malgré le fait que c'est la 29e édition du Mois de l'histoire des Noirs,
eh bien, on en sait encore beaucoup
trop peu sur cette riche histoire. Ne pas connaître l'histoire de Noirs du
Québec, c'est ne pas connaître notre propre histoire. Cette histoire est
la nôtre, elle fait partie de notre identité québécoise.
Il y a
une présence noire au Québec depuis les débuts de la colonie de la
Nouvelle-France. Le Québec d'antan n'était
certes par une société esclavagiste comme l'étaient les États-Unis,
mais il y avait bel et bien des esclaves. D'ailleurs, des livres du grand historien
qu'était Marcel Trudel nous parlent de cette histoire abondamment.
Selon les
recherches de l'historien Webster, on a répertorié 4 185 esclaves,
les deux tiers étaient autochtones, et le tiers était des Noirs. Il faut se
rappeler de la présence de l'esclavage au Québec non pas pour se culpabiliser,
mais par devoir de mémoire, pour que notre devise, Je me souviens, veuille
dire quelque chose.
Quelques noms
à ne pas oublier : Olivier Le Jeune, originaire de Madagascar, esclave de
Guillaume Couillard, le premier
esclave acheté et résidant en Nouvelle-France. Marie-Josèphe-Angélique, une
esclave de Montréal, a été mise à mort en 1734. Son supposé crime était celui
d'avoir mis le feu à la maison de sa propriétaire. Sa condamnation
rapide ne tenait que sur les dires d'une
fillette de cinq ans. Jean Alfred, originaire d'Haïti, le premier député noir à
l'Assemblée nationale en 1976, un député du Parti québécois dans le clan
des purs et durs souverainistes.
Rappelons-nous
de tous ces noms illustres et de bien d'autres comme on se rappelle aujourd'hui
de Louis-Joseph Papineau, de Marguerite Bourgeoys ou de Samuel de shampoing...
de Champlain, pardon. Ça fait «Hochelaga Chocolat».
Nous nous
rappelons de l'histoire des Noirs pendant un mois — là, c'est sérieux — mais être Noir est un fait qui dure toute l'année. Encore aujourd'hui au Québec
comme ailleurs, être Noir n'est pas un fait anodin. Parlez-en à ceux qui
sont interpelés par la police pour aucune
raison. Moi-même, j'avais personnellement un ex-collègue de travail qui était
d'origine jamaïcaine qui avait une BMW, et,
pour lui, se faire arrêter par la police sur l'autoroute juste pour vérifier
son identité était chose commune, malheureusement pour lui. Un rapport de
recherche, d'ailleurs, nous apprenait récemment que les Noirs ont fait l'objet du quart des interpellations du SPVM
entre 2014 et 2017, alors qu'ils ne constituent que 10 % de la
population.
Dans ce
contexte, le Mois de l'histoire de Noirs a plus que sa raison d'être. Il y a eu
des avancées au Québec, certes, mais il reste encore beaucoup d'avancées
à faire. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Mercier. Maintenant, je reconnais Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Au nom de ma formation politique,
c'est avec plaisir que je souligne l'apport exceptionnel de nos concitoyennes
et concitoyens de la communauté noire au développement et au succès de
la nation québécoise.
Depuis des
siècles, ils enrichissent le Québec de leurs expériences, de leurs
connaissances, de leur grand savoir, de
leurs compétences. Ces femmes et ces hommes ont grandement contribué à façonner
la société québécoise, une société conviviale, riche et créative dont
nous sommes fiers.
Certains sont
connus. On les rencontre en affaires, dans le monde culturel, en politique,
dans les sports. D'autres font valoir
leurs talents et leurs compétences dans l'ombre. Ce sont nos infirmiers, nos
enseignants, nos policiers, nos travailleurs communautaires. Et, bien
sûr, nous devons continuer à travailler de concert pour abattre les murs et les
obstacles qui subsistent encore malgré les grandes avancées des dernières
décennies.
Je tiens
également à rendre hommage au courage dont ont fait preuve les personnes de la
communauté noire du monde au fil de
l'histoire. Leur parcours, souvent synonyme de solidarité et de détermination,
mérite d'être relaté et célébré. Plusieurs figures marquantes des
communautés noires incarnent pour toujours le courage et la dignité.
En terminant,
j'invite la population à participer en grand nombre aux activités qui ont lieu
et qui auront lieu d'ici la fin du mois de février pour souligner le
Mois de l'histoire des Noirs. Des expositions, des ateliers de danse, des spectacles musicaux, des
événements gastronomiques, il y a beaucoup à découvrir. Année après année, vous
y reviendrez avec plaisir.
Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Gaspé.
Mise aux voix
Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Je
vais maintenant céder la parole à Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour sa motion sans
préavis.
Rappeler l'adhésion de l'Assemblée aux principes de la
Déclaration des Nations Unies
sur les droits des peuples autochtones et appeler à une solution pacifique et
négociée du conflit qui découle du projet de gazoduc Coastal GasLink
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je demande le consentement de la Chambre pour
débattre de la motion suivante
conjointement avec la ministre responsable des Affaires autochtones, le député
de D'Arcy-McGee, le chef de la troisième opposition, le député de
Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle son adhésion aux principes de la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones;
«Qu'en
conséquence, elle invite les gouvernements du Québec et du Canada à entretenir
avec les peuples autochtones du Québec et du Canada des relations
égalitaires de nation à nation[...];
«Qu'elle
reconnaisse que le conflit actuel, qui découle du projet gazoduc Coastal
GasLink, a des impacts indésirables sur les utilisateurs du réseau
ferroviaire et l'économie [du Québec];
«Que
l'Assemblée nationale appelle à une solution politique, pacifique et négociée à
la crise actuelle, afin d'éviter toute violence.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
cheffe du deuxième groupe d'opposition. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, très bien. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Je vous demanderais qu'on procède à un vote par appel nominal.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous avons une demande de vote par appel nominal. Alors, tout le monde semble prêt à passer au vote.
Mise aux voix
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Ghazal
(Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Dorion (Taschereau),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Laframboise
(Blainville), M. Girard (Groulx), Mme McCann (Sanguinet),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Lemay
(Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Lévesque
(Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Samson
(Iberville), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est), Mme Proulx (Berthier),
Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand),
M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx
(Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle
(Huntingdon), M. Chassin
(Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), Mme Boutin (Jean-Talon),
M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
M. Tanguay (LaFontaine),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Rousselle
(Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun),
Mme Ménard (Laporte),
M. Fortin (Pontiac), Mme Nichols (Vaudreuil), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan), Mme Sauvé
(Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone (Marquette).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Roy (Bonaventure), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il des députés contre
cette motion ou des abstentions?
Alors,
pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée à l'unanimité. M.
le député... pardon, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Je vous demanderais de
faire parvenir une copie de cette motion au premier ministre du Canada,
M. Justin Trudeau.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, ce sera fait.
Pour la prochaine
motion sans préavis, je vais céder la parole à M. le député de Chomedey.
M. Ouellette :
Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez de souligner la présence dans nos
tribunes de représentants de la coalition des avocats et avocates pour une
réforme de l'aide juridique.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Gouin,
la députée de Joliette, le député de LaFontaine, la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte des problèmes
d'accès à la justice qui découlent des faibles tarifs versés aux avocats
et avocates de pratique privée acceptant des mandats d'aide juridique;
«Qu'elle
affirme l'importance pour les Québécoises et [...] Québécois de disposer d'un
régime d'aide juridique assurant l'égalité de tous les citoyens et de
toutes les citoyennes devant la loi;
«Qu'elle réitère
l'importance d'un tel régime pour les plus démunis de notre société;
«Qu'elle
rappelle l'appui donné par le député de Borduas, alors porte-parole en matière
de justice pour la Coalition avenir
Québec, à un "réinvestissement massif dans le système de justice afin de
bonifier la rémunération des avocats de pratique privée qui traitent des
cas d'aide juridique";
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de la CAQ d'honorer cet
engagement et de négocier de bonne
foi une bonification de la rémunération versée aux avocats et avocates de pratique
privée traitant des cas d'aide juridique.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Chomedey. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Alors, ceci met fin à la rubrique des motions sans
préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous allons passer à
la rubrique des avis touchant les travaux des commissions. Et, comme à
l'habitude, je demande aux membres en cette
Chambre de quitter, s'il vous plaît, en silence puisque nous poursuivons nos
travaux. Et je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente.
Alors,
j'avise cette Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 18, Loi modifiant le Code
civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public et diverses
dispositions en matière de protection des personnes, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 32, Loi visant principalement à favoriser l'efficacité de la justice
pénale et à établir les modalités d'intervention de la Cour du Québec dans un
pourvoi en appel, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 43, Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions
afin de favoriser l'accès aux services de santé, aujourd'hui, de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi visant
principalement à contrôler le coût de la taxe foncière agricole et à simplifier
l'accès au crédit de taxes foncières agricoles, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
Et la Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra les consultations particulières sur le projet de loi n° 52, loi visant à renforcer le régime
d'examen des plaintes du réseau de la santé et des services sociaux notamment
pour les usagers qui reçoivent des soins des
établissements privés, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une
durée de 2 h 15 min, à la salle Pauline-Marois. Voilà,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira
en séance de travail le mercredi
19 février, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle RC.161,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de
pétitions concernant la restriction de l'utilisation et de la fabrication de la
styromousse.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, et, M. le leader de l'opposition officielle, je vous cède
la parole.
• (15 h 30) •
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous allez voir, j'ai quelques sujets que
j'aimerais aborder avec vous, devant vous, aujourd'hui, sur
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Le premier
sujet concerne un avis qui a été donné à notre feuilleton, en page 19, de
ce jour, Préavis, partie 6, quant à une motion de la ministre de la Justice relative aux recommandations
d'un rapport visant, sur quatre années, les augmentations des procureurs
en poursuites criminelles et pénales.
Nous avons
donc eu le préavis dans le feuilleton ce matin. Il a été déposé avant la
présente période, aujourd'hui, Mme la
Présidente, des affaires courantes, la réponse de la ministre, qui fait quelque
20 pages, à cette... à préavis,
à ce rapport et à cette décision, qui fera l'objet, bien évidemment,
d'un débat.
Il a toujours été de mise d'avoir un briefing
technique sur une question excessivement technique, précise et complexe. Et, le briefing technique, je pense que tout le monde ici, autour de la table, en est d'accord. Et, la
réponse de la ministre, il faut l'analyser, et ça fait une vingtaine de
pages.
Maintenant, il a été porté à notre attention
que, et ce que je dis, Mme la Présidente, pourra également, le cas échéant, être appuyé par les autres groupes
d'opposition et le député indépendant de Chomedey... il a été envoyé le signal
par le gouvernement qu'il voulait appeler le
débat sur cette motion demain, avant, donc, que l'on ait pu, dans un délai
raisonnable, fixer un briefing technique.
Là, l'offre qui nous est faite pour s'assurer, du côté du gouvernement, que le
débat ait lieu absolument demain, ça a été de faire un briefing
technique... de l'offrir ce soir, à 19 heures, alors qu'on a des travaux, puis c'est dernière minute, ou demain
matin, à 7 heures du matin, Mme la Présidente, alors que nos agendas sont
déjà remplis. Moi, à 7 heures du matin, Mme la Présidente, j'ai déjà un
appel téléphonique, puis vous pourrez vérifier dans mon agenda, un appel
qui est déjà fixé.
Alors, mon
point : Pour la prévisibilité des travaux, pour qu'on puisse travailler...
Ça participe d'une obligation du gouvernement
de déposer ce rapport-là dans les 45 séances. Les 45 séances, ça nous
amène jusqu'au 26 mars. Est-ce qu'on peut prendre le temps d'analyser cette importante motion, de lire le
rapport d'une vingtaine de pages de Mme la ministre et de fixer un briefing technique, encore une
fois, qui n'est... dont la pertinence n'est pas contestée par personne autour
de la table, mais prendre le temps de le
fixer à une heure qui est possible et pas à une heure qui est impossible, Mme
la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie. Alors, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Alors, Mme
la Présidente, deux éléments. Le leader de l'opposition officielle a fait état
qu'il avait un rendez-vous téléphonique demain, à 7 heures. Alors, s'il
veut nous déposer son agenda, on va consentir au dépôt.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Attendez un moment, là. M. le
leader du gouvernement, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Deuxièmement,
Mme la Présidente, on a offert un briefing technique aux oppositions à 18 heures, à 19 heures et demain matin,
à 7 heures, Mme la Présidente, donc à trois occasions. Alors, elle est
tout à fait raisonnable, Mme la
Présidente, l'offre que nous avons faite aux oppositions. D'ailleurs, c'est un
briefing technique. Alors, le
gouvernement n'est pas tenu d'offrir un briefing technique, nous le faisons de
bonne foi, en toute courtoisie, suite au dépôt de la motion qui a été présentée par la ministre de la Justice. Et
c'est inscrit aux préavis également, Mme la Présidente. Et, comme nos règles nous l'indiquent, vous savez
qu'avant de débattre d'une motion comme celle-ci nous devons l'inscrire au feuilleton, ce que nous avons fait aujourd'hui,
et elle pourra être appelée à partir de demain. Et nous offrons trois plages
horaires aux députés d'opposition pour avoir un briefing technique s'ils le
souhaitent.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui. Alors, M. le leader de
l'opposition officielle.
M.
Tanguay : ...Mme la Présidente, je vous laisse juger du sérieux
de la réponse du collègue, lorsqu'il nous dit qu'il a offert à trois occasions dans les 16 prochaines heures un
briefing technique sur un débat qu'il pourra appeler jusqu'au 26 mars prochain, et d'une réponse de Mme la
ministre, qui, elle, a eu sûrement plus qu'un délai de 16 heures pour
écrire sa réponse de 20 pages à
un rapport excessivement complexe. Alors, j'en appelle à vous, Mme la
Présidente, sur les bases de la collaboration, de la prévisibilité et du
gros bon sens, là.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, oui, je vous remercie de
votre intervention. Alors, à mon tour de m'en remettre à vous. Et
j'espère que vous allez pouvoir trouver un terrain d'entente à l'extérieur de
la présente rubrique, puisque les échanges
devraient se poursuivre à l'extérieur du salon bleu, s'il vous plaît. Je vous
souhaite de bonnes délibérations.
Est-ce que vous
souhaitez intervenir à nouveau sur ce sujet?
M. Tanguay :
Un autre sujet.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Un autre sujet. M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Tanguay : ...Mme la Présidente. Alors, un autre sujet qui
démontre aussi, et qui sont interreliés, le bien-fondé du précédent. Celui-ci s'inscrit dans une...
toujours une logique de non-prévisibilité des travaux, alors qu'on devrait
avoir une prévisibilité des travaux.
La
collègue de Maurice-Richard est assise ici et va continuer le débat sur un
dossier qui la préoccupe, qui l'occupe et pour lequel elle est porte-parole, le projet de loi n° 44, qui est
un dossier, je vous dirais, Mme la Présidente, qui a été débuté la semaine passée au salon bleu et qui est assez
divisif, et chaque partie, de chaque côté de la table, ont des arguments
à faire valoir. La collègue a déposé une
motion de scission, c'est son droit. Il reste 1 h 42 min au
débat sur la motion de scission. Au
même moment, Mme la Présidente, le gouvernement a décidé d'appeler le projet de
loi n° 48, le projet de loi, étude
détaillée en commission parlementaire. Donc,
au même moment où on débat de sa motion de scission, qu'elle présente pour l'opposition
officielle, elle devrait faire de l'article
par article sur le projet
de loi n° 48,
qui vise l'un de ces dossiers pour
lesquels elle est porte-parole. Ça a été mentionné, ça a été mentionné au gouvernement. Et là, au niveau, Mme la
Présidente, de l'impossibilité pour la collègue d'être aux deux places, ça, je
n'ai pas à plaider là-dessus, mais, quant au respect minimum des
dossiers de porte-parole, faire en sorte qu'on ne puisse pas procéder en son
absence et l'obliger à faire un choix
qu'elle n'a pas à faire parce qu'elle
est porte-parole, ça, c'est clair pour tout le monde dans les deux cas.
Alors,
Mme la Présidente, j'aimerais, s'il vous plaît, vous rappeler ce que disait le
président... l'actuel président, le 21 février
2019, et je le cite : «Pour la bonne marche de nos travaux, je vous
demande de vous entendre.» Mais il disait, plus loin : «L'idée d'avoir simultanément des travaux en Chambre et
en commission impliquant les mêmes ministres, les mêmes porte-parole
n'est certes pas souhaitable...»
J'aimerais, s'il vous
plaît, que vous fassiez écho à ce qu'avait dit le président de l'Assemblée
nationale, le 21 février dernier, et
souligniez le fait que non seulement ce n'est pas souhaitable, mais ce n'est
pas un élément qui fait en sorte que
la bonne collaboration, Mme la Présidente, puisse avoir lieu ici, en cette
Assemblée nationale. Je vous demande donc de souligner cela, d'en
prendre acte et de nous guider pour défaire ce noeud gordien.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Plusieurs éléments, Mme la Présidente. Écoutez, en termes de
prévisibilité des travaux, le leader
nous fait beaucoup de reproches, le leader de l'opposition officielle. Alors,
voyez-vous, Mme la Présidente, nous, quand
on construit l'horaire des travaux, il n'y a pas la prévisibilité de savoir
qu'ils vont utiliser un moyen dilatoire pour faire une motion de
scission, Mme la Présidente.
Deuxièmement, Mme la
Présidente, la députée de Maurice-Richard est porte-parole
en agriculture et en environnement. Elle doit faire un choix dans ce cadre-ci
parce que le projet de loi n° 48 est appelé en
commission parlementaire, le Parti libéral a
choisi de présenter une motion de scission. Et la députée de Maurice-Richard s'est déjà exprimée sur le principe du
projet de loi n° 44 sur le Fonds vert.
Alors,
Mme la Présidente, on a offert notre consentement à ce que la députée de Maurice-Richard puisse se faire remplacer en commission parlementaire. Cela étant dit, l'Assemblée, les
travaux de l'Assemblée ne peuvent pas dépendre uniquement du simple fait
du bon vouloir de la députée de Maurice-Richard.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
leader du gouvernement. Y a-t-il... C'est sur le même sujet, M. le
leader? Allez-y.
M.
Tanguay : Ce qui est demandé de façon très tangible, c'est de
retarder le début du projet de loi en commission parlementaire, permettre à la collègue de faire son intervention et, par
la suite, à la collègue de se diriger en commission parlementaire sur le
48. Donc, peut-il retarder le début des travaux à la CAPERN? C'est tout à fait
logique, c'est tout à fait respectueux puis
ça aiderait peut-être le leader du gouvernement à introduire un niveau de
collaboration, par ce geste, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Comme vous le savez, c'est la
prérogative du gouvernement d'organiser les travaux en Chambre, mais c'est sûr
que moi, je souhaiterais qu'il y ait de la collaboration afin de permettre à tous les porte-parole de
pouvoir exercer leurs fonctions dans tous les travaux qui sont proposés par le
gouvernement.
Alors,
je ne peux malheureusement pas m'immiscer dans les choix du gouvernement, mais
je peux certainement vous inviter à poursuivre les échanges à
l'extérieur du salon bleu.
Est-ce qu'il y a un
autre sujet, M. le leader? Alors, la parole est à vous.
M.
Tanguay : Autre sujet, madame... troisième, autre sujet,
toujours sur le thème collaboration et prévisibilité. Le leader du gouvernement a dit, dans le sujet
précédent, qu'il en était, lui, de la prévisibilité. Historiquement et
usuellement, et c'est la règle, les us
et coutumes, Mme la Présidente, nous avons le vendredi qui précède la semaine
de travaux parlementaires l'horaire
des travaux en commission parlementaire. Lors de la dernière... de vendredi
dernier... C'est toujours autour de la fin de l'avant-midi, vers
11 h 15, que l'on reçoit ces avis.
Hier,
lundi, à 14 h 52, le cabinet du leader du gouvernement nous a avisés
de l'ajout de l'étude détaillée du projet de loi n° 43,
Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres
dispositions afin de favoriser l'accès aux services de santé. Nous avons, Mme la Présidente, appris, donc, hier, à
14 h 52, que c'était appelé ce soir, entre 19 h 30 et
21 h 30.
Les
plages disponibles au calendrier des commissions dû au désistement des groupes
pour les consultations sur le p.l. n° 52 sont connues depuis
plus d'une semaine. Le fait de convoquer, Mme la Présidente, hier, encore une
fois, ne nous permet pas, évidemment,
de faire en sorte d'avoir un débat qui soit à la hauteur de ce qui était
attendu par les citoyens. Lorsque l'on appelle un projet de loi à brève
échéance, bien, la prévisibilité, évidemment, fait défaut.
Et encore
une fois... je réfère cette fois-ci, Mme la Présidente... Le 7 février dernier, 7 février 2019, le président disait : «Je suis de ceux qui aimeraient une
meilleure prévisibilité des travaux...» Fin de la citation. On vous
souligne que ça bouscule les horaires
des collègues, qui doivent se retourner sur un dix cents. Et, lorsque
les collègues de la banquette ministérielle disent :
Bien, écoutez, ils viennent qualifier le travail... le
président avait dit dans sa décision que l'on ne devait pas qualifier le travail autrement qu'un travail constructif des oppositions.
Bien, pour faire notre travail, la prévisibilité
doit être au rendez-vous, chose qui dans ce cas-là, encore une fois, n'est pas
le cas.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, j'entends le leader de l'opposition officielle puis je me dis : Ça ne se peut pas. Honnêtement,
ça ne se peut pas, ce n'est pas sérieux, ça ne se peut pas, Mme la Présidente.
Écoutez, on est sur
des consultations particulières à la Commission de la santé et des services
sociaux jusqu'à 21 h 30, O.K., c'est
prévu, là. Donc, la CSSS va siéger jusqu'à 21 h 30, Mme la Présidente, la Commission de la santé et des services sociaux, jusqu'à 21 h 30. Et là, Mme la Présidente, c'est en consultations
particulières. Les consultations particulières, c'est des
groupes qu'on entend, qui viennent dire leur opinion sur un projet de loi. Et
là les groupes se sont désistés, Mme la Présidente, alors il y a deux heures de disponibles pour tenir des travaux
parlementaires à la CSSS, Commission de la santé et des services sociaux. Ça, c'est le projet de loi de ma collègue
la députée de Prévost, la ministre
responsable des Aînés. La plage est annulée, Mme la Présidente.
Or,
à la même commission parlementaire, Mme la
Présidente, il y a
un autre projet de loi, celui sur les infirmières praticiennes, 43.
On n'arrête pas de nous dire, avec le député de Pontiac : Il faudrait
décloisonner la pratique médicale, il
faudrait donner davantage de pouvoirs aux pharmaciens, il faudrait donner
davantage de pouvoirs aux infirmières. Le projet de loi n° 43, c'est justement pour ça, en étude détaillée.
On avait déjà commencé l'étude détaillée, Mme la Présidente. Or, là, on a deux heures. Tous les membres de la
commission sur la santé avaient déjà été convoqués jusqu'à 21 h 30,
mais il y a des groupes qui se sont
désistés, Mme la Présidente. Pourquoi ne pas saisir l'opportunité de ces deux
heures de travaux parlementaires là
pour étudier le projet de loi n° 43 tel que nous le proposons — bien non, Mme la Présidente, on me
fait reproche de ça — pour
donner davantage de services aux Québécois, pour qu'on puisse l'étudier?
Alors, lorsqu'on me
parle de collaboration, là, Mme la Présidente, j'ai un problème, parce que le
leader de l'opposition officielle, là,
critique abondamment la gestion des travaux parlementaires, mais, quand vient
le temps, là, d'y mettre du sien, Mme
la Présidente, pour faire en sorte qu'on peut étudier, à la même commission
parlementaire... C'est les mêmes
membres, là, de la commission parlementaire, Mme la Présidente, les mêmes
personnes qui sont membres...
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Les membres changent? Ah oui? Les membres changent?
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Votre porte-parole, hein?
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous demander d'éviter
de vous interpeler, d'un côté et de l'autre, s'il vous plaît. Alors, M.
le leader...
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! M. le leader du gouvernement, la
parole est toujours la vôtre.
M. Jolin-Barrette : C'est décevant, l'attitude du Parti libéral.
C'est désolant, l'attitude du leader de l'opposition officielle. Et, Mme la Présidente, j'aurais pensé
qu'ils auraient souhaité faire avancer les travaux parlementaires, considérant
que la Commission de la santé et des
services sociaux était déjà convoquée de 19 h 30 à 21 h 30.
Mais on comprend encore qu'ils ne veulent pas travailler pour faire
avancer le projet de loi.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! Oui. Alors, vous
ne devez pas imputer aucun motif, s'il vous plaît, à aucune formation
politique ici, M. le leader. Alors...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Et je vais vous demander, s'il
vous plaît, de ne pas intervenir quand je parle, s'il vous plaît. Les
deux. Chaque côté.
Alors, bon...
Alors, je comprends très bien que vous voulez avoir plus de prévisibilité. Je
comprends, par contre, que c'est
vraiment le gouvernement qui organise les travaux. Et le président a eu
l'occasion de donner son avis à plusieurs reprises par rapport à des enjeux qui sont semblables à ce qu'on vit en
ce moment. Alors, j'espère que vous allez pouvoir vous entendre afin de
permettre la réalisation de tous les travaux ici et en commission
parlementaire. Et je vous rappelle que nous faisons ça pour le bien-être
de la population.
Alors, je vais arrêter ça là, immédiatement.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Brièvement, s'il vous plaît, parce
que, justement, on a des travaux à réaliser ensemble. Alors, brièvement,
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Mme la Présidente, je respecte votre... ce que vous venez de dire. J'aimerais
par contre corriger un fait qui est
inexact. Quand le leader du gouvernement dit : C'est exactement... c'était
du un pour un, du copier-coller, c'est
inexact, en tout respect. La porte-parole qui était cédulée pour cette
soirée-là, c'était la collègue de Fabre, sur le 52. Et ça, c'était depuis vendredi. Et là on a appris,
depuis hier, que c'était le p.l. n° 43, c'est le collègue
de Pontiac. Alors, il ne peut
pas dire que c'est les mêmes collègues. Ce n'est pas du tout exact, ce n'est
pas vrai.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) :
Alors, je vais vous inviter à poursuivre les échanges, s'il vous plaît.
Alors, s'il n'y a
pas d'autre demande de renseignements, moi, je vous informe que demain, lors des
affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de Matane-Matapédia. Et cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale réitère le statut du français
comme seule langue commune et officielle au Québec;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle le droit fondamental pour tous les Québécois et toutes les Québécoises de vivre et
de travailler en français sur leur territoire;
«Que l'Assemblée nationale exprime sa profonde
préoccupation quant à l'effritement du français au Québec, particulièrement en
région métropolitaine;
«Qu'elle
reconnaisse la nécessité de rouvrir la Charte de la langue française pour
renforcer les protections dont s'est doté le Québec, notamment à l'égard
du français comme langue de travail;
«Qu'elle
réclame que les entreprises sous juridiction fédérale soient soumises à la
Charte de la langue française; et
«Enfin, qu'elle demande au gouvernement de
déposer un projet de loi faisant en sorte que les entreprises de 25 à
49 employés soient elles aussi soumises aux exigences de cette même
charte.»
La période
des affaires courantes étant terminée, avant de passer aux affaires du jour,
j'aimerais vous informer que trois débats de fin de séance se tiendront
aujourd'hui.
Le premier débat portera sur une question
adressée par M. le député de La Pinière au ministre des Transports
concernant les tergiversations du gouvernement caquiste dans le dossier de
l'élargissement de la route 117.
Le deuxième débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
concernant l'absence de pouvoir décisionnel des parents d'enfants handicapés
suite à l'adoption du projet de loi n° 40, adopté sous bâillon.
Le troisième
débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis au ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur concernant l'absence de pouvoir décisionnel des
parents d'enfants handicapés suite à l'adoption de la loi n° 40,
adoptée sous bâillon.
Affaires du jour
Pour connaître la suite de nos débats, je vais
céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Merci, Mme
la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 4 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 44
Adoption du principe
Reprise du débat sur la motion de scission
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 4 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 13 février 2020
sur la motion de scission présentée par M. le député de Laval-des-Rapides.
Lors de
l'ajournement, M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques n'avait pas terminé son intervention. Je ne sais pas
s'il souhaite reprendre la parole. Mais, avant de céder la parole au prochain intervenant, je vous indique qu'il reste
41 min 2 s au groupe parlementaire format le gouvernement,
34 min 51 s au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 12 min 27 s au
deuxième groupe d'opposition, 11 min 12 s au troisième
groupe d'opposition puis trois minutes aux députés indépendants.
Alors, je suis prête
à reconnaître le prochain intervenant. Et ce sera Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Je vais prendre quelques instants, puis ce
ne sera pas très long, simplement
pour revenir sur ce que mon collègue le leader de l'opposition officielle a
mentionné. Je veux vous mentionner que moi, je me retrouve dans une
position où je me trouve brimée dans mes droits les plus fondamentaux comme parlementaire, c'est-à-dire de... on me met
dans l'obligation de faire un choix entre venir intervenir ici, au salon bleu,
ce qui est mon droit le plus fondamental,
pendant que l'étude détaillée d'un projet de loi dont je suis porte-parole
débute, projet de loi aussi important
que le projet de loi n° 44 dont on discute aujourd'hui, projet de loi sur
la fiscalité agricole, très
important. On vient de finir les consultations, l'étude détaillée débute. Je ne
sais pas ce que ça aurait été d'attendre 30 minutes pour commencer.
Quand
on veut collaborer... Puis après ça le gouvernement sera bien en position de
dire qu'on ne collabore pas, que les travaux n'avancent pas, que ça ne va pas
bien, que ça ne va pas à leur rythme. Moi, j'aimerais ça me faire respecter
dans mon travail de parlementaire. Et le respect, ça commence par me donner la
parole et me permettre de m'exprimer comme
porte-parole dans les dossiers qui me concernent, que ce soit ici, au salon
bleu, ou que ce soit dans les commissions
parlementaires. Donc, je vous souligne que je trouve ça absolument
inacceptable, ce qui se passe, inacceptable.
Et,
quand j'entends le leader du gouvernement qui dit qu'on n'a pas de
collaboration et je... c'est extrêmement factuel, on a été... D'ailleurs, là, la motion de scission, juste pour votre
gouverne, Mme la Présidente, vous étiez là, elle a été déposée jeudi dernier;
on a été convoqués vendredi en étude
détaillée pour aujourd'hui. Donc, on a été convoqués après, juste
pour ajouter l'odieux à l'injure.
Donc,
je trouve ça inacceptable. Et, si ça se reproduit, vous pouvez être certaine
que je viendrai le remettre de l'avant.
C'est mon droit le plus fondamental comme députée, comme porte-parole de cette
Assemblée, dans mes dossiers, de pouvoir intervenir non seulement dans
les projets de loi qui me concernent, mais également dans les débats qui se
déroulent ici.
Pour
en revenir à ce qui nous occupe, le projet
de loi n° 44...
Puis je constate que le ministre non seulement n'est pas venu terminer,
donc, son intervention, mais n'est pas présent non plus pour écouter
l'argumentaire qu'on lui...
• (15 h 50) •
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je le sais très bien. Vous ne pouvez, vous le savez, Mme la députée...
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Ça va, merci. Je vous remercie, M. le leader adjoint du gouvernement. Vous savez très bien, Mme la
députée, vous êtes une députée
d'expérience, que vous ne pouvez souligner l'absence de
personne ici, en Chambre.
Mme
Montpetit : Un moment d'absence, Mme la Présidente, je m'en excuse.
Donc, faisons comme s'il était présent. Je veux revenir sur son intervention de
jeudi dernier...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire : Vous avez
clairement invoqué le rappel au règlement. De toute évidence, ma collègue fait
indirectement ce qu'elle ne peut pas
faire directement, malgré une décision de la présidence. Peut-être
qu'un petit rappel à l'ordre s'impose.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je pense que vous savez très bien que vous ne pouvez pas faire
indirectement ce que vous ne pouvez faire directement. Alors, je vous invite à
poursuivre et avec un peu plus de prudence.
Mme Montpetit : Je vous remercie, Mme la Présidente. Donc, je
reviens sur l'intervention qu'il a faite jeudi dernier. Et j'aimerais qu'il, peut-être,
se remémore ce qu'on a entendu pas seulement dans les consultations du projet de loi n° 44, mais
depuis le 1er octobre 2018, depuis leur entrée au pouvoir. Dans le dossier
de la lutte aux changements climatiques, dans le dossier de la
protection de l'environnement, les gens nous demandent trois choses, j'allais
dire deux, mais trois choses; la première,
des actions — ce
qu'on attend toujours — dans
la lutte aux changements climatiques, mais ils nous ont demandé essentiellement deux choses au
niveau de nos comportements. Ils nous ont demandé de s'appuyer sur les
faits, de s'appuyer sur la science, quand on fait des interventions, quand on
prend des décisions, et de s'éloigner de la partisanerie, de travailler tous
ensemble, de travailler dans la même direction.
Donc,
je ne ferai pas un long aparté non plus là-dessus, mais les 20 minutes
qu'a prises le ministre de l'Environnement pour s'exprimer ici sur la motion de scission, hein, qui a été déposée...
Puis, la motion de scission, on ne la
fait pas par plaisir de retarder les travaux. Je vais vous expliquer exactement
la raison pour laquelle on la fait : on la fait parce qu'elle se repose sur les consultations qui ont été faites.
Et, à moins qu'on vienne nous dire en cette Chambre... Je comprends qu'on nous
a dit que c'est une grande perte de temps, ce qu'on fait dans ce Parlement. Les
consultations doivent servir à
quelque chose. Et les groupes qui sont venus nous voir nous ont soulevé plusieurs
préoccupations, plusieurs inquiétudes par rapport notamment
à l'abolition de TEQ mais par rapport à la cohérence du projet qui est déposé.
Et c'est la raison pour laquelle on dépose une motion de scission.
J'aurais
souhaité, j'aurais vraiment souhaité entendre le ministre
m'expliquer, me répondre, me dire : Écoutez, on n'est pas d'accord parce que... parce qu'on a
des arguments, hein, parce qu'on a des arguments, parce qu'on est capables
de vous expliquer pourquoi
on a fait le projet de loi de cette façon-là. Bien non. Pendant
20 minutes, il est revenu sur les 15 ans
du Parti libéral et il a fait preuve de commentaires extrêmement partisans, au lieu de s'appuyer sur les faits et de travailler en collaboration, de travailler
sans partisanerie. Parce que c'est un sujet qui nous concerne tous ici. On a
une responsabilité, comme parlementaires. C'est un sujet qui concerne
les 8 millions de Québécois, et chaque minute qui avance, chaque heure qui
avance, c'est une heure qu'on ne peut pas reprendre. Alors, pourquoi ne pas
essayer de travailler... — je
vais lui redire à chaque fois — pourquoi ne pas essayer de travailler
ensemble comme il nous l'est demandé, en s'appuyant sur les faits, avec pas de
partisanerie?
Et,
quand on me dit, moi... Je l'ai entendu dire qu'il veut faire de la politique
autrement. Bien, j'aurais envie de lui dire :
Ce serait le temps de commencer, parce que faire de la politique autrement, là,
la base, la prémisse de base, c'est de ne
pas faire preuve de partisanerie, et c'est de tendre la main, et c'est de
travailler ensemble, et là on n'est clairement pas là, là. Ça, je...
Donc,
la motion qu'on a proposée jeudi dernier, elle est importante à plusieurs
égards puis elle vient répondre puis
elle vient s'attaquer, dans le fond, à de nombreuses incohérences qu'on retrouve dans
le projet de loi n° 44 qui a été déposé par le ministre, puis incohérences, là, comme je vous dis, qui
ont été soulignées, on a eu l'occasion d'en discuter lors de l'adoption de
principe... incohérences qui ont été soulevées par de nombreux groupes, la
presque totalité des groupes qui sont venus
lors des consultations. Puis moi, j'y accorde de l'importance, à ce que les
groupes viennent nous dire en
consultations. Ce n'est pas juste pour meubler du temps, c'est parce qu'on les
écoute, puis on reçoit leurs arguments, leurs préoccupations, leurs
bonifications, puis on essaie de faire quelque chose avec.
Donc,
le ministre a refusé de débattre, la semaine dernière, de la motion de report
qui a été déposée par le député de Jonquière. Il a fait... il a expliqué
la raison pour laquelle, très brièvement, il ne souhaitait pas en débattre. Il
nous a expliqué... il a invoqué l'urgence
climatique, alors que son projet de loi, dans le fond, prend précisément en
otage l'urgence climatique puis n'y
répond pas du tout. Il a été le premier à nous dire que ce n'est pas un projet
climat. Puis il nous ralentit, même,
sur notre capacité à répondre à cette urgence climatique, et notamment parce
que c'est un projet de loi qui vient s'attaquer à deux... à démanteler,
hein, puis, je veux dire, on ne jouera pas sur les mots, là, ça vient abolir,
ça vient démanteler deux structures — on est encore dans la même dynamique — qui constituent des contre-pouvoirs aux prérogatives ministérielles puis aux prérogatives
gouvernementales, tu sais, on commence à jouer un petit peu dans le jour de la marmotte, là, dans nos interventions par
rapport aux dynamiques qui sont prises, aux orientations qui sont prises
dans les différents projets de loi. Puis
c'est particulièrement malheureux quand ça vient abolir deux structures qui
sont performantes et qui sont
appréciées, en plus. Donc là, je veux dire, si ça ne relève pas de l'idéologie,
ça ne relève certainement pas d'une bonne gouvernance, en termes de
décision, là.
Et, ces deux
structures-là, non seulement... le fait d'être, justement des contre-pouvoirs
aux prérogatives gouvernementales, c'est
fondamental et c'est garant de la santé démocratique de notre société. Et c'est
une des raisons pour lesquelles, notamment, elles ont été mises en
place.
Et,
d'autre part, c'est des structures qui constituent des leviers indispensables,
puis j'y reviendrai, je vais vous mettre
des chiffres à l'appui, des leviers indispensables dans la lutte aux
changements climatiques et dans la réduction de nos émissions de GES. Puis j'ose penser qu'on essaie tous, collectivement,
d'aller dans cette direction-là et que le ministre sera sensible au fait que, ce projet, non
seulement il est incapable de faire la démonstration que ça nous aide dans
notre réduction de GES, mais c'est assez facile de faire la démonstration qu'à
tout le moins ça nous en éloigne pour un certain moment. Parce que, le fait d'abolir, bon, deux structures efficaces,
certainement encore faut-il faire la preuve que la suite sera plus
efficace. Mais partons du principe que toutes choses étant égales, par
ailleurs, puis ça, c'est déjà une pensée magique,
à mon avis, à la lumière des rapports du Commissaire au développement durable
puis de la Vérificatrice générale qui avaient dénoncé ces façons de
fonctionner, à l'époque, et là on y revient. Encore faut-il... Il y aura une
période de transition qui va nous amener
quelque part, mais cette période de transition, forcément, va amener des
délais, forcément va amener moins d'efficacité, forcément va amener
moins d'efficience, forcément va amener moins de retard, donc forcément va nous
permettre d'atteindre moins rapidement notre cible de réduction de GES.
Donc, pas surprenant que, ce matin, le
ministre de l'Environnement commence à placer son message dans des lettres ouvertes, en disant : Un instant! On
n'arrivera pas. Il abdique déjà le fait qu'on puisse atteindre nos cibles de
réduction de 2030.
Donc,
lui, il est rentré en poste. Jour 1, il nous a dit : 2020, oubliez ça, on
n'y arrivera pas. Et là il est en train de nous dire déjà qu'on n'arrivera pas à atteindre nos cibles de 2030. Moi, ce
n'est pas ce que j'appelle de l'ambition. Il prendra l'odieux de ses
propos, mais moi, je trouve ça particulièrement inquiétant.
Et
je vous le rappelle, là, le ministre, là, la semaine dernière, il nous a
invoqué, là, l'urgence climatique, il nous a dit qu'il fallait aller vite, dans ce projet de loi, alors qu'il dit
lui-même que ce n'est pas une loi climat. Donc, à un moment donné, on ne
peut pas parler... dire tout et son contraire.
• (16 heures) •
Et
les... tu sais, j'aimerais rappeler aux collègues du ministre, parce que j'en
ai entendu plusieurs en cette Chambre, dont
le député de Beauce-Sud... Je lui ferai peut-être juste un commentaire, parce
que c'était très éloquent. Il a toujours une belle verve, quand il s'exprime, et j'aime bien ça. Le seul
problème, c'est qu'à peu près tout ce qu'il a cité datait d'avant la mise en place du Conseil de gestion du Fonds
vert et de TEQ. Donc, il est venu nous mettre... on aurait pu faire ce
débat-là, probablement, en 2015,
2016... 2016, on a arrêté là. Donc, il aurait pu faire son intervention au
salon bleu jusqu'en 2016, on aurait
été super d'accord. Mais on est venus répondre exactement à ses préoccupations
puis aux éléments qu'il est venu mettre
de l'avant en mettant sur pied, en 2017 puis en 2018, les deux structures qui
sont sur pied, qui, je le rappelle, a été appuyé par la CAQ. Donc là, c'est quand même assez curieux de voir qu'il
n'y a pas deux ans on avait des députés qui étaient présents, qui ont voté pour la mise sur pied, notamment, du
Conseil de gestion du Fonds vert, qui se sont dit : C'est nécessaire, il faut le mettre sur pied, puis, à la
minute où ce comité pourrait commencer à faire son travail, on déplugue puis on revient à ce qu'ils dénonçaient, à ce qui
ne fonctionnait pas. Donc là, si ce n'est pas de l'aveuglement volontaire,
moi, je ne sais pas ce que c'est.
Une
fois qu'on a dit ça... Ça, c'est vraiment pour le fond du projet. Le projet de
loi, donc, il propose deux modifications majeures, puis je veux vraiment revenir à la question de l'importance de
scinder le projet en deux. C'est des modifications majeures à deux structures dont les missions et
les natures sont profondément, complètement différentes. Donc, on a le
Conseil de gestion du Fonds vert qui est dissous par le projet de loi. Ça,
c'est celui qu'ils ont... dont ils ont appuyé la formation, mais je comprends que, s'ils ne sont plus d'accord... On en
discutera. Le Fonds vert, il est déjà à l'intérieur du ministère de
l'Environnement, puis c'est des fonds qui sont déjà gérés par le gouvernement.
Donc,
le conseil de gestion, il était en charge de faire des vérifications. On l'a
vu, ils ont sorti un rapport en 2018 avec les projets qui devraient ou
pas être maintenus. Et là, le ministre, ce qu'il nous propose, c'est que le
Fonds vert redevienne exactement ce qu'il a
été avant la création du conseil de gestion, qui avait été appuyée, là, je le
rappelle pour mémoire, le projet de loi n° 102... la création qui
avait été appuyée par les députés de la CAQ. Donc, la réforme du Fonds vert, elle a été amorcée, et la création
d'un conseil de gestion qui est — là, c'est important — externe, indépendant... le Conseil de
gestion du Fonds vert a découlé de cette réforme.
Et, j'en profite pour
le mentionner, on a Mme Johanne Whitmore, qui
est chercheuse principale à la chaire de gestion
de l'énergie, Normand Mousseau, qui est directeur académique de l'Institut
de l'énergie Trottier, qui sont des experts dans leur domaine, qui sont
régulièrement invités pour aller commenter ces dossiers, ils ont écrit dans...
puis, bon, M. Mousseau, en plus, est
venu en consultations, mais ils ont écrit qu'en abolissant... puis ce n'est
pas... ils ne mâchaient pas leurs
mots, là, on ne fait pas... il n'y a pas beaucoup d'interprétation à ce qui a
été dit : «...en abolissant le conseil, le gouvernement se prive de
sa principale instance mandatée pour examiner, avec une certaine indépendance,
le dysfonctionnement — ou le fonctionnement — du fonds, et d'harmoniser le processus de reddition
de comptes.» Donc, on vient s'attaquer directement à la question de la
reddition de comptes, à la transparence et à l'indépendance.
Dans
le cas de Transition énergétique Québec, de TEQ, on est complètement sous une
autre formule, puis c'est là que
c'est important de voir que c'est deux structures complètement différentes,
deux missions différentes aussi. C'est une société d'État qui dispose
d'un budget distinct, pour lequel, oui, le gouvernement impose une vision,
vision que TEQ doit respecter, mais qui est une société d'État indépendante,
donc qui n'a rien à voir avec le Conseil de gestion du Fonds vert en termes de gouvernance, hein? Puis, je vous rappelle, le
projet de loi, c'est sur la gouvernance. Donc, on a deux principes complètement différents dans ce
projet de loi, raison pour laquelle, d'ailleurs, vous avez donné suite... vous
avez accepté la recevabilité de la demande de débat sur la possible scission.
Donc,
les deux éléments qui sont proposés dans le projet de loi n° 44 sont
profondément différents, profondément différents.
Les deux entités dont il est question, le Conseil de gestion du Fonds vert et
TEQ, je le répète, ont des vocations et
ont des missions qui sont profondément différentes. Donc, je pense que juste
ça, en soi, ça mérite qu'on s'assoie, qu'on fasse le travail comme il faut mais un à la fois, parce que ce ne sont
pas des... ce sont des orientations qui sont différentes, donc qui nécessitent... Deux principes différents, deux structures
différentes, deux missions différentes, deux vocations différentes
devraient être deux lois différentes.
Et
TEQ, l'organisme que le ministre propose d'abolir et d'intégrer au ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, a pour mission d'assurer des actions qui sont cohérentes en matière
de transition énergétique. C'est notre principal
outil de réduction des émissions de GES au Québec. Ça, c'est vraiment,
là, quelque chose, hein? C'est notre outil le plus efficace. Ce que la CAQ suggère d'abolir,
c'est l'outil le plus efficace au Québec pour réduire les GES, tu sais, ça ne
s'invente pas. En termes de direction dans laquelle on veut aller, l'abolir, à
mon sens, c'est irréfléchi, c'est irresponsable
et c'est complètement insensé. Et il n'y a pas un groupe, en commission parlementaire, qui n'est pas venu témoigner de l'efficacité de TEQ, qui n'est
pas venu témoigner de son efficience, qui n'est pas venu témoigner de son
agilité, qui n'est pas venu témoigner de son appréciation auprès des entreprises.
Et relativement, justement,
à cette agilité puis à l'efficacité de TEQ, c'est inconcevable de traiter de son
abolition au sein d'un projet de loi qui traite de gouvernance climatique. TEQ est extrêmement efficace, tant du point de
vue de sa gouvernance exemplaire que de son efficacité de la lutte aux changements climatiques. Donc,
ce n'est pas sa gouvernance qu'il faut revoir. Il n'est pas là, l'enjeu, là.
Et on souhaite... Si on veut vraiment modifier sa structure de gouvernance et pas sa gouvernance, sa structure de gouvernance, vu ses résultats,
au minimum il faut l'étudier à part, dans un autre projet de loi.
Puis
je le répète, là, le ministre, il l'a dit à plusieurs reprises,
là : Il ne s'agit pas d'un projet
de loi climat. Donc, si ce n'est pas un projet de loi climat, alors,
ce n'est pas un projet de loi qui sert à répondre à l'urgence climatique. Donc,
je le mets en garde parce qu'il l'a déjà fait, de nous répéter que l'étude ou le nombre
d'heures que ça prendra, c'est un frein
à la réponse à l'urgence climatique. Ce n'est pas une loi climat, c'est
purement un projet de loi qui s'affaire à modifier des structures de
gouvernance, et ce n'est pas plus compliqué que ça, là.
Et
modifier des structures de gouvernance
qui sont défaillantes, bien, j'en suis, là. Je serais la première à dire :
Go, allons-y, puis bonifions, puis
améliorons. Mais, quand le ministre nous propose d'abolir TEQ, là, je veux vous
le rappeler, là, c'est un organisme
qui se classe parmi les meilleurs au Québec, en termes de gouvernance, selon la
plus récente étude de l'IGOPP. Donc,
ça ne répond même pas à l'objectif du ministre, qu'il défend dans son projet de
loi, qui est de revoir la gouvernance
climatique du Québec. On n'améliore pas la gouvernance en abolissant une
société qui est reconnue parmi les meilleures au Québec en termes de
gouvernance. Ça, quand même, honnêtement, il faut avoir beaucoup de courage
pour maintenir ce genre de discours complètement incohérent.
Puis
la preuve a été faite que TEQ obtient des résultats importants, qu'elle est
efficace, qu'elle est agile, qu'elle est appréciée des entreprises,
qu'elle est appréciée des partenaires. On l'a vu, là, avec environ 18 % du
financement global du Fonds vert, TEQ a
permis une diminution de plus de 60 % des GES, observée au Québec depuis
2016, 60 % des GES. Et ça, c'est
ce que le ministre veut abolir. Ça, c'est la proposition qu'il nous fait. Il
nous propose d'abolir l'organisme qui
est reconnu pour sa gouvernance parmi les meilleurs au Québec et qui est
l'outil le plus efficace pour lutter contre les GES.
• (16 h 10) •
Donc,
la mouture actuelle, elle permet aisément, là, au ministre d'établir le cadre
de fonctionnement de TEQ, ce que le
C.A. de la société d'État doit respecter. Et de toute façon, là, l'intégration
de TEQ au sein du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles n'améliorera pas l'obligation de TEQ
d'appliquer le plan de transition énergétique du Québec. C'est un plan qui est établi par le gouvernement,
donc il y a déjà une direction qui est donnée à la société d'État. Qu'elle
soit au sein du ministère ou qu'elle soit dans une société d'État, la gouverne
est donnée par le gouvernement.
Et puis je vous rappelle aussi que, concernant
TEQ, il y a une confusion extrêmement inquiétante des
missions et de potentiels conflits d'intérêts
qui préoccupent de nombreux acteurs du milieu environnemental, de conflits de
mission, de ramener TEQ, donc, qui
est responsable de la transition énergétique, de le ramener dans un ministère
qui a comme responsabilité, dans ses missions, d'octroyer des licences pour
des projets d'exploration, d'exploitation d'hydrocarbures. Je vois mal comment... En tout cas, je pense qu'il y a conflit d'intérêts, conflit de
missions très, très, très, clair quand on donne au même ministère la responsabilité de s'occuper du développement
du gaz naturel, ou du pétrole, ou du gaz de schiste puis de s'assurer de
la transition énergétique. Je pense que ça peut clairement poser problème.
Donc,
ce que le ministre nous propose, c'est une diminution de la transparence quant
aux investissements qui sont faits pour la transition énergétique. C'est une
perte d'agilité, c'est une perte d'efficacité qui n'est aucunement justifiée.
Et
je vous rappelle que, lors des consultations, autant le Conseil du patronat du
Québec que la Fondation David-Suzuki
sont venus souligner un élément très important, puis ils ne sont pas les seuls.
Puis c'est assez fondamental. Puis
j'en reviens à ce que je disais au début : Est-ce qu'on peut travailler
sur les faits? Les groupes sont venus nous souligner qu'il n'y a aucune, aucune démonstration qui n'a
été faite ni par le ministre, ni par ses collègues, ni par aucun membre
du gouvernement, ni par le premier ministre
que l'abolition de TEQ va avoir un impact positif dans notre réduction de GES.
Donc,
il y a un paquet d'inquiétudes sur la table, beaucoup de préoccupations,
beaucoup de satisfaction par rapport à TEQ
et aucune démonstration sur le fait que l'abolir va nous faire avancer, mais
beaucoup de préoccupations sur le fait que ça pourrait même nous faire
reculer. Donc, moi, j'invite le ministre à faire les réflexions qu'il a
l'opportunité de faire. J'espère qu'il prend
le temps de réfléchir à tout ça après les consultations. Puis les
consultations, ça partait dans une direction, là, ça ne part pas dans toutes
les directions. Donc, j'imagine qu'il a absorbé... Et je souhaite qu'il soit en
mode écoute et qu'il fasse la démonstration
que faire venir des gens à l'Assemblée nationale pour des consultations, ça
sert encore à quelque chose.
Et,
sans justification de l'abolition de TEQ, sans argumentaire sur la façon dont
TEQ serait, ou sera, ou pourrait être
intégré au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, il s'impose
comme absolument évident qu'on manque d'information, à l'heure actuelle, quant
aux motivations du ministre sur sa décision d'abolir TEQ. Et ça, c'est très
préoccupant.
Le
gouvernement a-t-il vraiment le luxe d'abolir TEQ? Moi, la réponse, pour moi,
elle est claire, puis je pense que,
pour les gens qui étaient là lors des consultations... Oui, les gens ont parlé
de bonifier TEQ, mais ils ont... je veux dire, c'était très clair qu'on a une structure qui est en place qui
fonctionne. Est-ce qu'on peut la bonifier? Est-ce qu'on peut retravailler? Est-ce qu'on peut... On peut faire
d'autre chose avec, mais ne jetons pas le bébé, le bouchon, puis l'eau, puis
le bain tous dans la même direction, là. Il y a quelque chose qui fonctionne,
gardons-le puis travaillons avec ça. Je ne comprends
pas cette espèce de manie là de réinventer la roue complètement, tu sais,
inutilement. Puis, tu sais, protégeons-la, comme société d'État qui fonctionne bien, donnons-lui des ailes
supplémentaires, donnons-lui l'appui gouvernemental supplémentaire dont elle a besoin pour atteindre
ses objectifs, mais, de grâce, laissons-lui faire son travail, parce qu'elle
le fait bien, là.
Et, en écho à
ce que tous les groupes sont venus dire au ministre, tous les groupes sont
venus dire au ministre, aux parlementaires qui étudient ce projet, en
écho aux expertises qui nous ont été présentées, en écho au consensus majeur qui s'est dégagé,
j'offre au ministre une opportunité, par cette motion, de bonifier
considérablement son projet de loi et
de le scinder, donc, en deux; d'un côté, d'étudier la gouvernance du Fonds vert
et, dans un autre projet de loi, donc, de sortir TEQ du projet de loi et
d'en faire deux projets de loi distincts. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Maurice-Richard. Ah! Ce n'est pas une intervention, c'est
une question? Alors, Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'aimerais simplement vérifier... Vous savez, la semaine
dernière, on a eu une... je vais dire
une problématique ici, au salon bleu. Le gouvernement nous avait
indiqué qu'ils étaient pour prendre l'enveloppe complète de leur temps sur ce même projet de loi mais dans une
autre perspective, chose qui n'avait malheureusement pas été faite puis qui n'avait pas aidé à la collaboration du travail ici, au salon bleu. Cette
fois-ci, j'aimerais savoir si le gouvernement... Parce qu'on nous a annoncé, hier
soir, que le ministre n'allait pas continuer
le discours, appelons ça ainsi, qu'il avait débuté jeudi dernier. Donc,
j'aimerais savoir si le gouvernement entend utiliser l'enveloppe totale
qui lui est dédiée, pour le bon fonctionnement de nos travaux.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie de cette
question. M. le leader adjoint du gouvernement, vous souhaitez répondre?
M.
Caire : Oui. Ce
sera le cas, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Très bien. Alors, c'est
simple. Vous disposez donc... M. le leader adjoint, votre formation
politique dispose encore de 42 min 32 s.
Je vais maintenant
céder la parole à Mme la députée de Mercier. Et vous disposez d'un temps de
parole de 12 min 46 s.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, bien, je veux tout d'abord
remercier ma collègue la députée de Maurice-Richard pour sa motion de scinder ce projet de loi, parce
qu'en fait, là, ma formation politique, on se pose énormément, énormément de questions sur l'abolition de TEQ.
Cette disposition qui est incluse, en fait, dans le projet de loi, on ne la comprend pas, c'est un
mystère total, parce que... Que le ministre souhaite réformer le Fonds vert, la
gestion du Fonds vert, ça, c'est tout à fait
compréhensible. Toute la gestion erratique du Fonds vert a fait les manchettes
plus souvent qu'à son tour, et donc on
comprend que le ministre veuille s'y attaquer, à cette gestion-là, même si on
n'est pas d'accord avec le moyen, qui
est celui d'abolir le Conseil de gestion du Fonds vert. Mais ce qu'on ne
comprend pas, c'est d'abolir TEQ, Transition énergétique Québec. Ça, c'est
incompréhensible parce que... Et, jusqu'à maintenant, le ministre n'a pas donné de raison valable, quelle
est la raison pour laquelle il veut abolir cet organisme, quand on sait les
performances de TEQ.
Souvent, on
parle... le gouvernement veut que l'administration publique devienne plus
efficace, on va avoir des tableaux de bord, on va mesurer les différents
ministères, les résultats, les indicateurs. Bien, TEQ, si on avait son tableau
de bord puis qu'on regardait les résultats,
chiffrés, mesurés, bien, je veux dire, c'est un des plus efficaces. Les
chiffres sont là pour le démontrer,
Transition énergétique Québec a livré 100 % des objectifs de la première
année de son plan directeur. Et son
dernier rapport, 2018‑2019, indique qu'avec 18,5 % du budget du Fonds
vert, 18,5 % de l'argent, bien, il a pu... ses actions permettent de réduire les émissions de gaz à effet
de serre du Québec de 60 %. Je veux dire, quand on le regarde,
n'importe qui qui regarde ça, comme indicateurs, bien, je veux dire, on va
dire : Continuez votre bon travail.
Et même que la majorité des groupes, et
nous-mêmes, on en fait partie, on disait qu'au contraire TEQ est performant, et
il faut encore plus lui donner les pouvoirs. Il faudrait même un TEQ 2.0
où est-ce que... même qu'il devienne
encore... pas seulement qu'il mette en action la lutte aux changements
climatiques puis des mesures pour réduire les gaz à effet de serre, mais qu'il planifie aussi la lutte aux
changements climatiques. Mais là on va exactement dans le sens
contraire.
Il y a un groupe, en fait, qui a très bien
illustré cette incompréhension. Ils ont dit, l'abolition de TEQ, quand ils sont venus en commission, bien, l'abolition de
TEQ, c'était une solution à la recherche d'un problème. Je veux dire, ça
veut tout dire, cette phrase-là.
D'ailleurs, comme
je le disais, les entreprises l'ont dit. Puis, le ministre, on va essayer de le
convaincre, je vais essayer de le
convaincre, mais... Pour mes collègues députés, de l'autre côté, les collègues
du ministre qui écoutent, je vais tenter, eux, de les convaincre, et
peut-être qu'ils vont pouvoir avoir plus de chances que moi pour le convaincre.
• (16 h 20) •
Donc, comment
je vais faire ça? Bien, je vais vous lire des extraits d'organismes qui sont
venus en consultations particulières, qui normalement devraient être des
partenaires du gouvernement de la CAQ. Je vais commencer par le Conseil du patronat, qui a évoqué qu'il y a un potentiel conflit d'intérêts entre TEQ, donc
Transition énergétique Québec, et le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, il y aurait un conflit
dans le fait de mettre TEQ en dessous
du MERN. Donc,
qu'est-ce qu'ils disent? Je vais vous le lire : «...l'intégration de la
mission de TEQ au sein du MERN amène plusieurs interrogations, notamment en termes de gouvernance. [...]cette intégration de TEQ au MERN peut être problématique, voire même incompatible, au
niveau de la mission. Le MERN est
responsable notamment du développement
des énergies, dont des énergies fossiles.
Des questions peuvent être soulevées quant à l'arbitrage entre
le développement d'énergies fossiles et
celui des énergies renouvelables.» Quels vont être les critères qui vont guider
ses décisions? Est-ce qu'il va
dire : Oh! développement d'une énergie fossile, ou : Oh mon Dieu! il
faut que je réduise les gaz à effet
de serre? Comment est-ce qu'il
va choisir? Il décide quand même des deux.
Et c'est une question
extrêmement importante, à laquelle ce n'est pas le ministre
de l'Environnement, peut-être, qui devrait y répondre, mais plutôt le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles. Mais il n'est pas présent, il n'est pas dans la commission, le ministre.
Donc, c'est le ministre de
l'Environnement uniquement qui nous
répond. Donc, en scindant le projet de loi, peut-être qu'on aurait la
chance... Quand on va étudier le projet de loi, Conseil de gestion du Fonds vert, ça va être avec le ministre
de l'Environnement. Transition
énergétique Québec, bien, tous les
articles qui ont trait à Transition énergétique Québec, bien là, on va avoir devant nous le bon
interlocuteur, c'est-à-dire le ministre
des Énergies et des Ressources naturelles, qui va, lui... On va essayer de se convaincre mutuellement qu'il va peut-être nous expliquer comment il va
faire ses arbitrages.
Un autre,
bien... Puis d'ailleurs c'est un peu inquiétant. Le ministre
n'est pas à la commission, mais on a entendu... il a été cité dans un article du Devoir
récemment, la semaine passée, et je cite : «Le ministre
de l'Énergie [et des Ressources
naturelles] affirme que l'usine gazière Énergie Saguenay, de GNL Québec,
est un projet "vertueux" et "hyperimportant" en matière de
lutte contre les changements climatiques, tout en étant "fantastique"
pour le développement économique du Québec.» Ça, c'est les propos du ministre.
Je pense, c'était en réponse à une de mes questions. Et là on démontre
ici par cette citation le conflit d'intérêts qui existe entre les deux.
Il y a
un autre interlocuteur aussi qui est venu nous en parler qui pourrait être un
partenaire du gouvernement, et c'est l'Association québécoise
de production d'énergie renouvelable : «En ce qui a trait au second volet
du projet de loi portant sur l'abolition et la réintégration de
Transition énergétique Québec au sein du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, l'AQPER invite le
législateur à reconsidérer son intention. Notre association soumet
respectueusement qu'il serait possible
d'accroître l'imputabilité de TEQ sans procéder au démantèlement complet de
cette jeune société d'État qui a su
non seulement faire preuve d'efficience, mais [aussi a] été en mesure
d'accompagner toutes les parties prenantes.» Donc, encore des éloges
pour TEQ.
Je vais
ajouter un autre extrait aussi auquel peut-être le ministre n'a pas porté
attention, et c'est celui d'Écotech. Et ils ont dit en commission :
«À notre avis, il semble peu approprié de relocaliser TEQ à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles car sa mission consiste à favoriser la mise en valeur, la
conservation et la connaissance des ressources naturelles et du
territoire, dans une perspective de développement durable et de gestion
intégrée, au bénéfice des citoyens. Il n'y a
donc pas de lien tangible avec [la mission] de Transition énergétique
Québec...» Donc, les deux missions ne
concordent pas. Comment est-ce que ça se peut qu'on laisse le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles s'occuper de TEQ?
Donc, comme
je le disais, ce sont des partenaires importants du gouvernement. J'espère
qu'il va être à leur écoute, à défaut
d'être à l'écoute des groupes écologistes, qui disent exactement la même chose,
par ailleurs, par rapport à TEQ.
Donc, moi, j'aimerais
ça que le ministre profite aussi... voie cette motion-là de scission
comme une opportunité de réfléchir,
de prendre le temps de réfléchir pour faire les choses comme il faut. Et je me
repose encore et encore les questions. Je
vais l'appeler le mystère de l'intégration de TEQ sous le MERN. C'est un vrai
mystère, que j'aimerais qu'un jour le ministre de l'Environnement nous
élucide. En tout cas, à aucun moment, dans la commission, il n'a répondu à
cette question-là. Par contre, il n'a pas hésité une seule fois de nous dire que ce
n'est pas un projet de loi climat, et donc il refuse de mettre les cibles à l'intérieur de ce projet de loi, parce que ça ne concerne pas la lutte aux changements climatiques mais juste la gouvernance et les structures.
Donc, ça, il nous l'a dit clairement. Mais, alors que tous les groupes sont venus
dire : Mais pourquoi, M. le ministre, vous enlevez TEQ et vous l'abolissez, alors qu'il va bien et il
performe bien, puis vous le mettez
sous le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles?,
on n'a jamais eu de réponse. Et pourquoi est-ce qu'il n'a pas
été mis sous le ministère, qui émet beaucoup de gaz
à effet de serre... le ministère
des Transports, par exemple?
Il y en a d'autres, des Finances, etc.
Et la majorité des groupes, beaucoup, en tout
cas, nous ont dit qu'il ne faudrait pas que ce soit dans aucun ministère,
il faudrait que la transition
énergétique... et même TEQ ou une
autre société d'État qui va planifier, qui va mettre en
place la transition, comme TEQ, ou
peu importe comment on l'appellerait, qui fait la même chose que ce que TEQ
fait aujourd'hui, et encore plus, il faudrait qu'ils relèvent du
plus haut niveau de l'État, même du
Conseil des ministres, et non pas
d'un seul ministre, qui, des fois... peut-être qu'il va, par exemple... qui va
peut-être prendre des décisions en fonction de ses collègues et de leurs demandes. Il faudrait que ce soit... que le
Fonds vert et TEQ soient gérés au plus haut niveau.
Mais
supposons qu'on suivait la logique du gouvernement et qu'on disait, même si on
n'est pas d'accord avec l'abolition de TEQ mais... qu'ils disent : Bien,
j'abolis TEQ et je le mets sous le ministère de l'Environnement; ça va
être le ministère de l'Environnement qui va gérer tout ça, la gestion du Fonds
vert et TEQ. Bien, j'aurais plus compris sa logique,
vraiment. Il n'y aurait pas eu ce mystère de TEQ sous le ministère de l'Énergie
et des Ressources naturelles. Je me dirais :
O.K., je ne suis pas d'accord, mais il y a une logique, alors que le fait d'avoir
cette créature à deux têtes, ça ne fait aucun sens. C'est comme si on était en train, avec ce projet de loi, de
tracer le chemin vers l'échec de cette gouvernance et que des années plus tard on va encore s'en
mordre les doigts parce qu'on n'aura pas atteint nos cibles. Et je ne parle
pas des cibles ambitieuses, celles du GIEC
puis de la science, je parle même des cibles du gouvernement, 37,5 % d'ici
2030. Donc, c'est exactement ce que le ministre est en train de faire.
Moi, je lui demande vraiment fortement d'y réfléchir.
Et là on
n'abolit rien, on ne reporte rien. Avec cette motion, on fait juste dire :
Tous les articles qui ont un lien avec
la gestion du Fonds vert, on va les étudier seuls avec le bon ministre, ça va
être le ministre de l'Environnement. Tous les articles qui ont un lien avec
Transition énergétique Québec, on va les étudier... Selon nous, ce n'est pas le
bon ministre, mais, bon... Je ne
parle pas de la personne, mais je parle de la fonction, bien sûr, et... Mais au
moins il va pouvoir nous en parler
puis nous dire qu'est-ce qu'il va faire avec TEQ, quels sont les arbitrages
qu'il va faire maintenant que cet organisme est sous sa gouverne. Donc, on va
avoir le bon ministre à qui poser les bonnes questions en commission,
alors que, là, bien, on n'a pas de réponse.
Peut-être,
peut-être que le ministre de l'Environnement, après avoir parlé avec son
collègue de l'Énergie et des Ressources
naturelles, va nous arriver avec une réponse, à un moment donné, pour élucider
ce mystère, parce qu'en ce moment,
tous les groupes l'ont dit, tout le monde s'est mis d'accord avec le fait
qu'abolir TEQ n'a aucun sens, le mettre sous le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles a encore
moins de sens, pour les conflits d'intérêts, par exemple, qui ont été
cités par le Conseil du patronat, et tout ça.
Donc,
j'invite le ministre à... Nous, on va voter, évidemment, pour cette motion de
scission, et j'invite le ministre à profiter de cette motion pour
réfléchir à son projet de loi et de le scinder. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Mercier. Et maintenant je suis prête
à reconnaître le prochain intervenant. Alors, d'habitude, on va par alternance,
mais vous souhaitez... Il n'y a pas de problème. M. le député de
Jonquière, la parole est à vous. Et vous disposez d'un temps de parole de
11 min 29 s.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, nous sommes dans une procédure parlementaire importante pour le projet de loi
n° 44, qui vise principalement la gouvernance efficace de la lutte contre
les changements climatiques et favoriser l'électrification.
Déjà là, sur
le titre, j'ai eu l'occasion de vous le dire, on pourrait, juste sur le titre,
faire des amendements pour ce projet
de loi. Mais là n'est pas l'objet. L'objet, c'est d'avoir le meilleur projet de
loi possible en matière de gouvernance de lutte contre les changements
climatiques.
La
gouvernance, en matière de changements climatiques, vous savez, c'est rarement
ce dont on se fait parler le plus
souvent dans l'opinion publique, mais c'est tellement important, Mme la
Présidente. Alors, c'est pour ça qu'il faut faire un travail sérieux, parce que présentement, en
matière de changements climatiques, nous sommes dans une administration
publique qui est divisée en plusieurs silos, en tuyaux d'orgue, qui fait en
sorte que ça ne se parle pas, alors que par définition les changements
climatiques doivent interpeler de façon transversale toutes les grandes missions
de l'État. Alors, on veut travailler
sérieusement sur la question des changements climatiques et on a une occasion
en or de le faire avec le projet de
loi n° 44. Mais malheureusement, du point de vue du gouvernement, ce
qu'ils nous ont présenté, ce n'est pas une occasion en or, c'est à peine
une occasion en bronze, parce que ça va dans toutes sortes de directions et ça ramène, en plus, une politisation des décisions,
que ce soit en matière de gestion du Fonds vert et, malheureusement, en
matière de transition énergétique. Et c'est là-dessus principalement que je
veux parler.
• (16 h 30) •
Vous savez,
la semaine passée, oui, la semaine passée, on a proposé une mission, c'était une mission... une motion,
pardon, de report, une motion de report, parce qu'il nous manque des
éléments essentiels avant de faire l'étude détaillée du projet de loi
n° 44, ces éléments essentiels étant les rapports d'audit, de vérification
du Vérificateur général du Québec et du
Commissaire au développement durable. Alors, on n'a même pas ça. On a fait une
motion de report, qui a été appuyée par la deuxième opposition, par
l'opposition officielle également. Mais, malheureusement, le gouvernement
l'a refusée, ce qui est profondément
discutable, mais, enfin, ça a été décidé. Alors, moi, je pense, ça aurait été
la meilleure façon au moins de travailler correctement, là, d'avoir le rapport
du Vérificateur général et du Commissaire au développement durable.
Enfin.
Donc,
l'opposition officielle arrive aujourd'hui avec une autre motion, qui est une
motion de scission. Encore une fois, c'est pour garantir une meilleure étude,
pour garantir un projet de loi, au final, qui sera le plus approprié en matière
de changements climatiques. Je sais très
bien qu'il y a des règles parlementaires très strictes. La présidence a pris la
peine d'étudier la recevabilité de la motion de report... de la motion de
scission, pardon, parce qu'il faut que, si elle est adoptée, que les deux projets de loi qui en découleraient
existeraient par eux-mêmes. Ça, c'est l'objectif d'une motion de
scission : on fait une scission,
c'est que les deux... C'est comme quand on coupe un ver de terre en deux, les
deux morceaux continuent de bouger. Alors, c'est un peu ça. J'ai appris
ça dans mon enfance, Mme la députée de Verdun.
Alors, c'est
une drôle de comparaison, mais c'est comme si on coupe le projet de loi en
deux. Les deux morceaux, il faut
qu'ils continuent de bouger séparément. Et, si la présidence a accepté la
motion de scission, ça veut dire que ce ver est capable de bouger des deux côtés. Donc, le côté TEQ puis le côté
reste du projet de loi. Alors, là-dessus, je suis... À la limite, on aurait même pu dire : Il y en a
trois, projets de loi, dans ce projet de loi, parce qu'il parle de gouvernance
en matière de changements
climatiques, il parle de gestion technique précise, financière, administrative
du Fonds vert puis il parle de gestion de la transition énergétique.
Mais ce n'est
pas une motion de scission qui vise une scission en trois, c'est une motion de
scission qui vise une scission en
deux : donc, d'une part, la gouvernance vers une lutte cohérente contre
les changements climatiques et, avec ça,
la gestion du Fonds vert. Ça se tient. En soi, cette portion-là du projet de
loi est capable de bouger en soi. Et l'autre portion, c'est Transition
énergétique Québec, qui, en soi aussi, est une machine à part.
Et, sur la
question de Transition énergétique Québec, il faut quand même se rappeler un
petit peu l'histoire. Il faut se
rappeler un petit peu l'histoire. Et ce n'est même pas une histoire ancienne,
ce n'est pas une histoire du Moyen-Âge, c'est une histoire récente dans
l'efficacité énergétique et dans la gestion de l'énergie au Québec.
Déjà, on a un
éléphant dans la pièce en matière d'énergie, qui s'appelle Hydro-Québec, qui
est une société d'État que nous
aimons, qui nous appartient, qui gère l'énergie hydroélectrique, mais, plus que
ça, qui gère également l'innovation, le développement énergétique, la
production, la transformation, le transport de cette énergie et la distribution
dans chacun des foyers
des Québécois, des Québécoises et dans chacune des entreprises québécoises.
Donc, ça, on a déjà ça au Québec. Mais on a également un ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, qui a des mandats de gérer, de promouvoir, d'une part, l'utilisation puis
l'exploitation des ressources et, d'autre part, la transition énergétique vers
des énergies renouvelables en concordance avec Hydro-Québec, en collaboration avec Hydro-Québec et qui a des mandats aussi
d'efficacité énergétique.
Alors, déjà là, là, juste... puis je n'ai même
pas abordé Transition énergétique Québec, mais, déjà là, on a deux gros morceaux : Hydro-Québec, qui est un
État dans l'État, on en a parlé souvent ici, et le ministère de l'Énergie
et des Ressources naturelles, qui a deux
mandats contradictoires dans sa propre mission. Ça fait que, déjà là, là, on a
une gestion compliquée en matière d'énergie.
Et l'histoire
récente nous apprend que le gouvernement libéral, au début des années 2010, je
pense, c'est 2010 ou 2011, a aboli
l'Agence de l'efficacité énergétique, l'Agence de l'efficacité énergétique.
Peut-être un petit peu avant. Je pense,
à l'époque, c'était la loi n° 28, ou, en tout cas, une loi qui visait à abolir,
dans un souci soi-disant de débureaucratisation, un souci d'efficacité, de ménage dans les programmes, abolissait une
série d'organismes du gouvernement du Québec, dont l'Agence de l'efficacité énergétique, pour intégrer, à l'intérieur
du ministère, la question de l'efficacité énergétique. Après ça, le ministère a créé, à l'intérieur de sa
boîte, le bureau de l'efficacité énergétique. Ce n'était plus une agence,
c'était rendu un bureau. Et, en 2017, le
gouvernement libéral a créé Transition énergétique Québec. Et là le
gouvernement actuel veut abolir ça de
nouveau pour le réintégrer à l'intérieur du ministère de l'Énergie et permettre
au ministre, à des fins de toutes
natures, mais avec quand même un arbitraire politique ou une discrétion
politique, de gérer la transition énergétique, la transition énergétique
qui est nécessaire au sens large.
Alors, vous voyez, dans l'histoire récente, là,
c'est des hauts et des bas, des montagnes russes en matière de transition énergétique, alors que, s'il y a un
secteur où on doit avoir une prévisibilité pour les industriels, pour les
entreprises, pour les citoyens,
savoir où on s'en va, qu'on arrête d'avancer, de reculer, d'avancer et de
reculer, c'est bien en matière énergétique. Mais là on a un gouvernement
qui est en train de redéfaire ce qu'on vient de faire, et dont les principaux partenaires, qui sont venus nous voir en
commission parlementaire, nous disent : Ça marche, Transition énergétique
Québec, c'est une fausse bonne idée de vouloir l'abolir.
Donc, c'est
pour ça qu'on est ici, pour dire : Il faut faire une scission du projet de
loi. D'une part, traiter la question de
la gouvernance pour les changements climatiques, traiter la question de la
gestion du Fonds vert, et, d'autre part, traiter Transition énergétique Québec, parce que c'est une institution dont les
principaux partenaires nous ont dit : Nous aimons travailler avec
Transition énergétique Québec, ça donne des résultats.
Ayant eu une
histoire récente remplie de hauts et de bas et de montagnes russes en matière
d'efficacité énergétique, donnons-nous
une chance de fonctionner quelques années avec une institution qui marche et
qui assure une prévisibilité en matière de transition énergétique.
D'autant plus que la transition énergétique, c'est le nerf de la guerre, c'est
la pierre d'angle, c'est l'assise même,
c'est le fondement d'une réduction de notre consommation énergétique, notamment
d'énergie fossile.
Et qui
qui nous dit que ça marche bien avec Transition énergétique Québec?
L'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable. Ils doivent bien savoir de quoi ils parlent. Ils
sont justement dans les énergies renouvelables, et ils nous disent que le gouvernement devrait renoncer à
abolir Transition énergétique Québec pour le réintégrer au sein du ministère. Pierre-Olivier Pineau, un spécialiste
en matière d'énergie qui est sur la chaire en énergie des HEC, spécialiste
reconnu nationalement, au Québec, il nous dit que ça va politiser la
gouvernance, ça va politiser la gouvernance, d'abolir Transition
énergétique Québec, et qu'il y a un «risque [de] manque de vision et
d'efficacité dans la réalisation de la lutte
contre les changements climatiques». Autre groupe, que je cite rarement, pas
parce que je ne les aime pas, mais parce que souvent, les positions sont plus éloignées des miennes, le Conseil
du patronat du Québec, qui nous dit que la nouvelle structure que le
gouvernement veut créer doit «être imperméable aux cycles politiques et
[profiter] d'une certaine indépendance».
Bien, c'est justement ça que fait Transition énergétique Québec, Mme la
Présidente. Je pense, j'arrive à la fin de mon propos, hein?
Une voix : ...
M.
Gaudreault : Bon. Alors, et le dernier groupe, c'est la Fédération des
chambres de commerce du Québec qui nous disent aussi de maintenir Transition
énergétique Québec. Donc, Fédération des chambres de commerce, Conseil du
patronat, association de production des énergies renouvelables...
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de prendre la parole au nom de
notre gouvernement, évidemment, sur
la motion de scission. Je ne vous ferai pas de cachette, on va être contre la
motion de scission, Mme la Présidente.
Évidemment,
ça va me permettre... Moi, j'ai vécu une expérience avec Transition énergétique
Québec. Parce que, là, tout le monde vante les mérites de Transition
énergétique Québec, là. Moi, évidemment, j'étais porte-parole de la Coalition avenir Québec dans l'ancienne
législature et puis, évidemment, j'ai toujours été assidu aux travaux de
l'APCHQ. Je me suis toujours présenté à tous les événements, et tout ça.
J'ai toujours suivi... C'était mon dossier, l'habitation, et tout ça, puis j'ai assisté à tous les
événements, dont le sommet sur la construction de 2018, donc, qui était
organisé par l'APCHQ, qui a lieu le 30 avril 2018.
Et
évidemment, à l'ordre du jour des présentateurs, présentatrices, il y avait la
P.D.G. de Transition énergétique Québec,
qui faisait sa présentation sur qu'est-ce qu'elle avait à offrir aux membres de
l'APCHQ. Puis évidemment, moi, j'étais
tout ouïe, là. Ça m'intéressait, évidemment, parce que Transition énergétique
Québec, APCHQ, je voulais voir c'était quoi,
la relation puis le lien, hein? Elle a fait sa présentation en disant :
D'abord, je remercie Philippe Couillard de ma nomination. Puis je n'ai rien contre ça parce qu'on l'a renommée, nous
autres, là, dernièrement, là, aucun problème, là. Mais elle remerciait le premier ministre, puis
elle remerciait le gouvernement, puis elle nommait le mot «libéral». Je l'avais
noté, combien de fois qu'elle avait nommé le mot «libéral» dans son discours.
Mais ça, ce n'est pas grave, là.
Juste de
l'entendre dire : Bon, écoutez, vous savez, on a des sous disponibles pour
vous autres, les entrepreneurs, là.
Si vous avez des centres d'achats à rénover, vous avez des blocs-appartements à
rénover, on ne paie pas juste pour les
fenêtres puis pas juste pour la couverture. On est ouverts à tout, là. Je veux
dire, moi, déjà là, en partant, là, je me disais : Bon, coudon, tu sais, ils sont ouverts, et j'ai de
l'argent. C'est-à-dire que le principe, c'était de dire : On m'a confié
beaucoup d'argent. Puis je peux le
comprendre, là, parce que c'est le principe de la gestion du Fonds vert. Parce
que, là, bon, ce que semblent dire
les oppositions : On va sortir la gouvernance du Fonds vert avec
Transition énergétique Québec. Bien, moi, je n'en vois pas, de différence. Dans
ce que j'ai vécu, là, de... il y a un problème de gouvernance par rapport au
Fonds vert et à tout ce qui est énergie, évolution énergétique. Et ça,
je l'ai vécu, là.
Et je me suis
adressé à la P.D.G. pour dire, d'abord, bon : Quand un représentant du
gouvernement ne salue pas un député, déjà, en partant, j'ai comme un problème,
tu sais. Mais ce n'est pas grave, j'ai vécu avec, puis tout ça. J'ai compris que je n'étais pas important. Je lui ai
juste dit : Essayez de m'expliquer. Ah! là, vous savez, trop compliqué, je
n'ai pas le temps. Puis on ne m'a pas offert une rencontre pour essayer
de comprendre comment fonctionnait Transition énergétique
Québec, mais pas du tout. Et je me souviens très bien de lui avoir dit :
Mais s'il y avait un changement de gouvernement, est-ce que ça
changerait? Parce qu'évidemment on était en avril 2018. Moi, vous me
connaissez, collègues, je savais déjà que ça
allait bien pour nous autres, là, donc, évidemment. Mais là ça, c'est la chose
qu'elle n'avait pas vu venir
pantoute. Je suis certain qu'elle ne l'a pas encore vu venir. Je vous le dis,
là, ça, elle ne l'a pas vu. Mais ça, ce n'est pas grave, là. Je ne lui
en veux pas, c'est...
Mais, parce
qu'on est dans ces détails-là, c'est-à-dire qu'on a beaucoup d'argent de
disponible, que le gouvernement a mis
de disponible pour être capable, évidemment, de faire la lutte aux gaz à effet
de serre puis de combattre toute cette situation-là...
Et on a confié ça à des organismes indépendants. Puis là je vais juste, parce
que... Je vous donne l'exemple du
Fonds vert, là, parce que ça vaut la peine, là. Juste lire les titres, là. Le
16 mai 2019 : Encore le bordel au Fonds vert, Le Journal de Québec, tu sais. Le 11 juin 2019 : L'Assemblée
nationale ordonne au Fonds vert d'ouvrir ses livres. Puis ça, en 2016,
c'était : Fouillis au Fonds vert, Le Journal de Montréal.
Donc, c'est une des raisons pourquoi un gouvernement de la Coalition
avenir Québec ne peut pas faire autrement que de faire le ménage, là, dans ces
choses-là, là.
Je veux dire,
on n'a pas... Je regarde mon collègue de La Peltrie, là, il n'a pas été
élu, c'est sûr, pour être capable de
dire : On va continuer à prendre l'argent puis à dépenser à la
va-comme-je-te-pousse, là. Ça, c'est sûr. Donc, évidemment, là... Et je vois le président du Conseil du trésor
qui est assis aux côtés de lui, là, puis qui n'est pas revenu en politique,
non plus, pour se faire dire... pour voir
ces choses-là dans le journal, là, qu'évidemment, là, ce n'est... tu sais, là,
que c'est le fouillis au Fonds vert,
là. Je pense que ça va l'être, mais ça va être réglé. Puis ça, là-dessus, notre
gouvernement a décidé de le régler.
Donc, je peux
comprendre que les oppositions aimeraient ça être au gouvernement. Puis ça, je
veux dire, on l'était, nous, en
opposition, puis on voulait être au gouvernement, puis on a réussi. Donc,
qu'ils fassent comme nous autres, qu'ils prennent le temps, puis qu'ils s'organisent, puis peut-être qu'un jour ça
ira bien pour eux autres, puis ils seront au gouvernement.
En attendant, on a des propositions à faire. Puis,
ça, je vous dis ça parce qu'il y a eu une motion de 25 septembre
dernier. L'Assemblée nationale adoptait la motion suivante sur l'urgence
climatique :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'au Québec, 395 municipalités, une dizaine
d'universités et près d'une centaine d'organisations de la société
civile ont adopté une déclaration d'urgence climatique;
«Qu'elle
prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a elle aussi déclaré
l'urgence climatique et qu'en conséquence, 66 États ont souscrit à
l'objectif de la neutralité carbone en 2050;
«Que l'Assemblée nationale déclare à son tour
l'urgence climatique, et qu'elle demande au gouvernement du Québec d'harmoniser l'ensemble de ses choix
politiques avec cette situation de crise, en prenant tous les moyens
nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement nos émissions de
gaz à effet de serre.»
Bien, c'est une motion qui a été adoptée à l'unanimité
ici par notre Assemblée nationale. Donc, l'Assemblée nationale reconnaît l'urgence
d'agir. Notre gouvernement a donc voulu passer de la parole aux actes en
déposant le projet de loi
n° 44 afin d'assurer une gouvernance cohérente, efficace de la lutte aux
changements climatiques.
Donc, je ne
sais pas ce que les... J'écoute les oppositions depuis tantôt. On essaie de
nous chercher... pourquoi on ne
garde pas ci, pourquoi on ne garde pas ça. Ça ne marchait pas. Le Fonds vert
ne marchait pas. TEQ ne marchait pas. On
n'atteignait pas les objectifs. Et on a une motion de l'Assemblée nationale qui dit : On a une urgence climatique, il faut tout faire pour atteindre les
objectifs de 2050.
Donc, encore une fois, c'est un choix gouvernemental.
On peut discuter du projet de loi qui est devant nous. On peut aller en commission
parlementaire. On peut aller à
l'étude par articles. On peut proposer des amendements. Mais on ne peut
pas aujourd'hui nous dire de reculer, parce que c'est ça qu'ils veulent. Ça ne
fonctionne pas.
Puis là je peux vous en citer encore, des
articles des journaux, là, des titres des journaux. Puis là je pourrais prendre
le temps de vous lire les articles. Ça ne marche pas. Ça ne fonctionne pas, le Fonds
vert ne fonctionne pas. Puis
TEQ, je vous le dis, moi, j'ai vécu, là... Puis, si vous me dites que vous avez
peur de la partisanerie, là, bien, moi, j'ai assisté à un discours de
partisanerie, là. Moi, là, j'ai vu ça, le 30 avril 2018, il y en avait, de
la partisanerie.
Puis là je ne
veux pas revenir là-dessus, là. C'est fait, c'est fait. Ils n'atteignent pas
leurs objectifs, puis là on a passé
une motion à l'Assemblée nationale le 25 septembre dernier pour dire :
Bien, il faut atteindre les objectifs, puis c'est ce
qu'on va faire.
Et là ce
n'est pas un secret pour personne, et même plusieurs groupes venus en consultation nous l'ont mentionné : La loi de 2017 qui
instaurait le Conseil de gestion du Fonds
vert avait mal défini les rôles et responsabilités de cet organisme vis-à-vis le ministère de l'Environnement. Nous
nous devons de remettre de l'ordre afin de faire cesser les chicanes et assurer
la gestion des fonds de matière efficace et transparente.
Et puis ça, là, je prends le temps, Mme la
Présidente, parce que c'est en plein ce que disait la Vérificatrice générale, là. Ce qu'elle nous disait, là, la
Vérificatrice générale, ce qu'elle demandait : «L'Assemblée nationale
ordonne...» Puis on a eu une motion
ici de l'Assemblée nationale, là, qui a été prise, là. puis ça, si je lis le
texte du journal du 11 juin
2019 : «L'Assemblée nationale ordonne au Conseil de gestion du Fonds vert
d'ouvrir ses livres au Vérificateur général du Québec dès l'automne pour
que ses pratiques fassent l'objet d'un examen approfondi.
«Une motion en ce sens, déposée par le député
[de Jonquière, là,] a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale...»
Donc, il y a
un problème de gouvernance au Fonds vert. Ça, je pense que les oppositions, là,
dans leur... ce que j'ai cru
comprendre, dans leur motion de scission... Bon, ils voudraient parler de la
gouvernance du Fonds vert. Donc, je pense qu'ils ont compris qu'il y avait un problème, là, donc. Et je comprends
qu'ils sont tous unanimes. J'espère que Québec solidaire puis le PQ vont
un petit peu donner... un petit peu de tapes sur les doigts au Parti libéral,
là, parce que, dans le fond, le problème de
gouvernance, là, ce n'est pas le PQ ni Québec solidaire qui a créé le Fonds
vert. Donc, ça, là-dessus... Quoique le PQ l'a supporté, là, parce qu'il
était là pendant le temps du PQ... sont peut-être pas occupés, là.
C'est ça, le
problème, là. La gestion respectueuse des objectifs, c'est ça, le défi que
s'est donnée la Coalition avenir Québec.
Ce n'est pas plus difficile que ça. C'est dur à mettre en place, c'est vrai,
parce que des organismes, ça brasse. Et puis là le projet de loi,
évidemment, nous donne ce qu'on va faire. Puis ça, là-dessus, moi, ça me
fait...
Les notes
explicatives, je vais prendre le temps de les lire parce que c'est clair, c'est
respectueux de notre orientation politique mais aussi respectueux des
désirs des Québécois.
Donc, «ce
projet de loi [là] établit que le ministre de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques est
d'office le conseiller du gouvernement en matière de lutte contre les
changements climatiques et qu'il en assure la gouvernance intégrée à l'échelle gouvernementale. Il prévoit plus
particulièrement que le ministre assure la cohérence et la coordination des mesures gouvernementales,
ministérielles ou proposées par certains organismes publics qui concernent
la lutte contre les changements climatiques et qu'il est associé à leur
élaboration.»
• (16 h 50) •
Donc,
évidemment, le ministère de l'Environnement va être le maître d'oeuvre. Puis
ça, Mme la Présidente, je vous dis que c'est conforme à notre façon de
gouverner. Puis je donne l'exemple des commissions scolaires, là, ces
organismes-là avaient été créés pour... il y avait un pouvoir décisionnel, puis
finalement... Moi, j'ai marché avec un député
libéral, à l'époque, quand j'étais dans le milieu municipal, contre la
fermeture d'une école. Puis je marchais avec lui dans la rue puis je disais : Qu'est-ce que tu fais ici? Tu sais.
Bien, il disait : Bien, ce n'est pas moi qui ai pris la décision,
c'est la commission scolaire. Moi, là, le jour où est-ce qu'on fermera une
école, j'espère qu'à quelque part ce sera un député
de la Coalition avenir Québec qui se battra pour la maintenir en place puis qui
réussira, là. Puis, si jamais elle est fermée,
bien, qui va vivre avec la décision qui était prise par le gouvernement, là,
parce que moi, je ne veux pas vivre ça, là. Mais pourquoi je fais la comparaison? Parce que c'est la même chose avec
le Fonds vert. On crée une entité indépendante avec un conseil d'administration qui a pris une décision, puis, quand ça
ne va pas bien, bien, ce n'est pas de notre faute.
Bien, ce
n'est pas ça qu'on veut faire, nous. Nous, ce qu'on dit dans ce projet de loi
là, là : S'il y a un problème puis
qu'on n'atteint pas les objectifs, ça va être de la faute du ministère de
l'Environnement, puis il y a un ministre de l'Environnement. Donc, c'est
comme ça qu'on essaie de régler les problèmes. C'est : le gouvernement
prend ses responsabilités. Et je le sais,
qu'au Québec ça n'a pas été la façon de gouverner au cours des 45 dernières
années, là, je veux dire, on a toujours confié à des organismes
indépendants. Ce n'est pas ça qu'on veut. On veut vraiment faire ça.
Puis je vois
ma collègue de la Culture, qu'elle en a plusieurs, organismes indépendants,
sous sa gouverne, là, on n'entrera
pas dans les détails. Mais on est les champions de créer des organismes, puis
on leur donne les sous, ils prennent les
décisions, puis, après ça, les gens blâment le gouvernement puis ils
disent : Écoute, c'est... Puis là tu es obligé de dire : Bien, ce n'est pas moi qui ai pris la décision, il
y a un autre organisme qui l'a fait. C'est ça, la réalité. Puis ça, bien, si on
veut vraiment avoir...
Puis
qu'est-ce que ça fait dans la vraie vie? C'est que les citoyens perdent
confiance dans le gouvernement. Quand tu
n'as pas de crédibilité puis que, quand vient le temps, tu dis : Bien, ce
n'est pas moi, c'est la commission scolaire, c'est tel organisme, bien, moi, je
n'ai pas participé à la décision, c'est indépendant, là, les citoyens, là,
viennent désabusés de la politique
puis ils se disent : Écoute, là, ça n'a pas d'allure, je t'élis, toi, ces
gens-là ne sont pas élus, puis ça ne marche pas, c'est de ta faute, puis
là... C'est ça, la réalité de la Coalition avenir Québec.
Donc,
habituez-vous, là, les oppositions, puis peut-être qu'un jour vous nous
prendrez comme exemple, si vous voulez que ça aille bien chez vous, là.
Je vous dis ça comme ça, parce que c'est une révolution qu'on est en train de faire au Québec, de se dire : Bon, bien, on
va gouverner, puis, s'il y a un problème, bien, on va vivre avec le résultat.
Puis c'est des gros défis, là. Puis
moi, là, j'ai des collègues qui sont ministres puis qui ont de lourdes
responsabilités, je veux que vous le sachiez, là, parce que le patron, là, le
député L'Assomption, il n'entend pas à rire avec ces histoires-là, là. Quand il se promène puis qu'il dit qu'il va y
avoir un résultat, il s'attend à ce que ce résultat arrive. C'est ça, la
réalité. Puis
je vous le dis, là, pour être président du caucus, là, il n'y a aucun problème
avec la députation, là, tout le monde est d'accord avec ça, tu sais. C'est une coalition, la Coalition avenir
Québec, de députés de divers horizons, mais qui ont un objectif. Ça
fonctionne, puis, si ça ne marche pas, ce sera de notre faute.
Mais là il faut se donner les moyens pour être
capables de contrôler la décision. Quand tu n'es pas capable de contrôler la
décision, puis je donne l'exemple du TEQ, là, quand ma P.D.G. s'en va en avant
puis ils disent : Bien là, demandez-moi
de l'argent, j'ai de l'argent à vous donner, puis que... Regarde, là, si jamais
ça se ramasse un jour, là, tu aurais
un gouvernement libéral qui aurait dit : Ah! ce n'est pas moi qui ai pris
la décision, il y a un conseil d'administration indépendant, puis, si j'ai décidé de rénover tel centre d'achats avec
l'argent du TEQ, bien, tu sais, ça sera... Puis moi, je l'ai entendu de
mes oreilles, là. Donc, à quelque part, il est temps que le gouvernement prenne
ses responsabilités.
Que
l'opposition décide de contester puis dire : Nous autres, ce n'est pas ça
qu'on aurait fait, c'est correct, ça, ça fait partie des débats parlementaires. Vous allez apporter des
amendements, vous allez essayer de bonifier. Puis, je vous dirais, je regarde les collègues, là, si... On est
assez ouverts sur les suggestions. Je vous le dis, je trouve ça bien
intéressant. Vous pouvez dire à peu
près n'importe... Tu sais, des fois, on nous conteste, mais, quand un projet de
loi va jusqu'au bout, on est ouverts puis on réussit à s'entendre la
majorité du temps. C'est juste que, quand ça ne veut pas... ça n'avance pas... à un moment donné, il faut que ça avance.
C'est comme ça, puis la réalité, elle est là. Mais la volonté du gouvernement
de vouloir que ça fonctionne, elle est là.
Puis ce n'est pas pour rien qu'aujourd'hui on va débattre de cette motion de
scission puis on va être contre, puis
vous autres, vous allez être pour, puis, bon, après deux heures, le débat va
être terminé.
Mais
l'objectif du gouvernement, c'est de dire que le ministre de l'Environnement va
être responsable de l'atteinte des objectifs qu'on s'est donnés le 25 septembre
dernier, là, qu'il «prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a
elle aussi déclaré l'urgence climatique et
qu'en conséquence, 66 États ont souscrit à l'objectif de la neutralité carbone
en 2050», là. Donc, c'est un objectif qu'on s'est tous donné, puis le
gouvernement, lui, se donne une loi pour essayer d'atteindre cet objectif-là. Puis, si on n'est pas capables d'atteindre
ces objectifs-là, bien, vous allez le voir, puis vous allez nous suivre,
puis vous allez dire : Bien, le Fonds vert, l'argent qui a été utilisé,
bien, ça n'atteint pas les objectifs, puis
ça ne réduit pas les gaz à effet de serre, puis... comme ça. Mais il y a une
chose qui est sûre, on ne vous répondra pas : Bien, ce n'est pas nous autres qui gère ça. Ce n'est pas le
Conseil d'administration du Fonds vert ou ce n'est pas le conseil
d'administration du TEQ... Non, non. Ça va être le gouvernement qui va... puis c'est
ça, l'objectif.
«Le projet de
loi confie au ministre la responsabilité d'élaborer et de proposer au
gouvernement une politique-cadre sur
les changements climatiques et crée un comité consultatif permanent ayant pour
fonction de conseiller le ministre sur les orientations et les politiques, les
programmes et les stratégies en matière de lutte contre les changements
climatiques. Il donne au ministre le
pouvoir de donner aux autres ministres et à certains organismes publics tout
avis qu'il estime opportun...» Bien,
là, les gens disent : Hé! il va faire ça tout seul. Bien non. Il se donne
un comité consultatif, pas décisionnel. Donc, pourquoi? Parce que, si ça ne marche pas, c'est le ministre
qui va payer le prix. C'est ça, la réalité, puis c'est ça, la façon de
gouverner de la Coalition avenir Québec. Oui, on veut consulter, oui, on va
prendre la parole. Mais, à la fin, il y a
une décision qui doit être prise, puis on ne la confiera pas à quelqu'un
d'autre. On va la prendre, la décision, puis on va vivre avec la
décision qu'on a prise, puis les résultats qui s'ensuivront.
«Le projet de
loi modifie les règles régissant le Fonds vert, qu'il renomme "Fonds
d'électrification et de changements climatiques", notamment :
«1° en
abolissant le Conseil de gestion du Fonds vert et en transférant certaines de
ses responsabilités au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques.»
Donc, encore
une fois, pour que la décision... qu'il y ait un responsable, pour ne pas qu'à
la fin il n'y ait jamais personne qui
soit responsable de rien. Et ça, moi, j'ai beaucoup de... je regarde mon
collègue de La Peltrie, parce que, je veux dire, il faisait une bonne job dans l'opposition. Il en fait une
bonne au gouvernement, là, mais de dire au gouvernement en place, là :
Écoute, tu ne prends pas tes responsabilités, puis ce n'est pas... Je veux
dire, on l'a entendu combien de fois, là, de dire : Écoute, le
gouvernement... et puis tous les ministres se lever puis dire : Bien, tu
sais... Puis il n'y a rien de pire
que ça, que de se faire dire : Ce n'est pas moi, tu sais, c'est la
commission scolaire. Tu sais, mettons que
c'est beau, là, c'est le fun, là, au bout, au bout, au bout. Non, non, mais...
ou c'est un autre département qui gère de façon indépendante et puis qui
est... ce n'est pas le gouvernement, c'est...
Donc, à
quelque part, c'est cette façon-là qu'on veut changer. Certains diront :
C'est simple. Mais ce n'est pas facile, tu sais. Parce que tout le Québec a été
bâti à confier à des entités indépendantes des pouvoirs décisionnels sur
des orientations tellement importantes pour la population du Québec. Donc,
c'est ce qu'on veut essayer de changer.
«2° en
l'affectant uniquement au financement [des] mesures visant la lutte contre les
changements climatiques.»
Ça fait qu'il
faut que toutes les sommes qui sont dépensées aillent à la lutte pour les
changements climatiques. Puis ça, les
aberrations... Puis là je ne vous lirai pas, Mme la Présidente, tout ce qui est
dit dans les médias, mais c'était un
des problèmes. La Vérificatrice générale avait soulevé que les investissements
du Fonds vert n'étaient pas en conséquence
de l'objectif. Par contre, elle déclarait qu'il y avait un flou dans la loi
puis qu'il pouvait peut-être permettre au Fonds vert de faire autre chose.
Puis j'ai
même lu que c'était un bar ouvert, là, parce que, dans un des articles, là,
c'était un bar ouvert pour les ministères.
Tu sais, en plus, là, théoriquement, vous devriez dire : Bien, pourquoi
qu'ils ferment le bar ouvert? Tu sais, mettons,
là, tu sais? On est un gouvernement, on a 26 ministres. Mettons que, s'il y a
un bar ouvert, les ministres devraient tous
dire : Hé! écoute, un bar ouvert, on le garde ouvert, hein, mettons. Pas
nous. Tu sais, là, ils sont tous conscients, les ministres, c'est fini, là, le bar ouvert. Là, les libéraux aimaient bien
ça, le bar ouvert avec... tu sais, puis... mais c'est fini. C'est
arrêté. Avec nous autres, c'est fini, là.
Donc, je veux
dire, de façon responsable, on décide de se priver du Fonds vert. C'est ça
qu'on fait comme réalité. Je n'ai pas entendu les oppositions nous
applaudir pour ça, là. Mais, théoriquement, là, quand tu lis ça, là, puis que c'est une membre du
conseil d'administration qui dit ça, là... Ça vaut la peine, là, je... hein? Je
devrais prendre le temps, là, de le lire, peut-être, parce que, tu sais,
là, là-dedans, là, quand elle dit : Le fouillis, là... bon... Non, mais ça
vaut la peine, là, je vous le dis, là, parce
que... écoutez, ça vaut la peine, là. Bon.
«Plusieurs projets ont été sélectionnés sans appel d'offres» et... la Vérificatrice générale... Non,
je vous le dis, c'est de toute beauté, là : «Aucun critère précis pour évaluer les projets, les prioriser, les sélectionner [...] un bar ouvert pour
les ministères.» Je veux dire, c'est de toute beauté, là, quand on lit
ça, là...
Je veux dire,
théoriquement, nos ministres ne devraient pas abolir ça, mais je veux dire, on
est un gouvernement responsable, puis
on ne rit plus. Tu sais, c'est ça, la différence entre la Coalition avenir Québec
puis les autres gouvernements, c'est
qu'on a décidé de ne pas rire de ça. Puis l'objectif, qui est évidemment la
lutte aux changements climatiques, bien, je pense qu'on doit se le
donner.
Et ça,
là-dessus, je pense que oui, c'est vrai, puis ça, on peut tous se l'avouer, là,
tu sais, on n'a pas la tête dans le sable
à la Coalition avenir Québec, l'environnement, ce n'était pas notre force. Dans
notre dernière plateforme électorale, là, disons que ce n'était pas
notre force. Mais on s'est bien replacés depuis, par exemple. Ça, là-dessus,
là, hein? Ça, la réalité, là, ça, il faut se
le dire, hein? Il faut se le dire. Pourquoi? Parce qu'on est à l'écoute de la
population. C'est ça que la population veut? Bien, on a décidé qu'on
irait.
• (17 heures) •
Mais là vous
pouvez essayer de dire : Bien là, bien oui, mettez de l'argent. Mais il y
en a, de l'argent. Il était déjà dans
le Fonds vert, des milliards d'argent qui sont là. Donc, théoriquement, quand j'ai des bons gestionnaires autour, quand
je les vois, là, mes ministres,
qui sont des bons gestionnaires, là, le ministre des Finances, le
député de Groulx, le président du Conseil du trésor — lui,
son comté, c'est La Prairie, le député de La Prairie — évidemment le député de L'Assomption, le député de La Peltrie,
tu sais, tous des gens, là, qui... tu sais, ça, ces personnes-là, quand tu les
assois, là, puis avec le premier
ministre, puis le député de Terrebonne,
puis tous les autres collègues, là... je vous le dis, qu'ils s'assoient autour
de la table puis qu'ils essaient de se
dire : Comment on peut faire mieux puis où est-ce qu'on trouve l'argent?, je peux-tu vous dire que, quand ils voient qu'il y a
2 milliards de disponibles, ils ne vont pas augmenter les taxes puis les
impôts puis ils ne vont pas aller
chercher de l'argent ailleurs. Donc, ils ont décidé qu'ils prenaient l'argent
du Fonds vert, puis on va réaffecter
le Fonds vert pour qu'il soit efficace. Ça, c'est la Coalition avenir Québec.
Ça, je pense que c'est notre marque de commerce.
Puis vous
nous jugerez. Est-ce qu'on va réussir? Nous, on pense que oui, mais vous avez
le droit... Vous avez encore, bon, au
moins deux, trois ans, là, je pense que vous allez en avoir un petit peu plus, mais
ça, c'est personnel, mettons, O.K.,
là, mais pour nous critiquer, puis être capables de nous surveiller, puis voir
comment on fonctionne, puis est-ce qu'on va atteindre nos objectifs,
parce que «le projet de loi modifie la Loi sur le vérificateur général pour
ajouter aux responsabilités du Commissaire au développement durable celle de
faire part annuellement, dans la mesure qu'il juge appropriée, de ses
constatations et de ses recommandations en lien avec ce fonds».
Donc, la
Vérificatrice générale, qui disait que son Commissaire au développement durable
ne pouvait pas obtenir tous les
documents nécessaires, bien, c'est terminé, là, on l'oblige dans la loi. Le
ministère de l'Environnement et tous les
départements devront donner tout ce que la Vérificatrice générale a besoin pour
être capable de faire un rapport annuel. Donc, ça, encore une fois, c'est une révolution. Pourquoi ça n'a pas été
fait avant, tu sais, surtout quand il y a autant d'argent?
Mais
comprenez que la façon de fonctionner de la Coalition avenir Québec, c'est que,
oui, il y a de l'argent, puis en plus on veut savoir où il va. Puis, si nous...
Oui, on a confiance à notre fonction publique, mais on a surtout confiance
en la Vérificatrice générale. Puis vous
allez... Habituez-vous, là, demander l'intervention de la Vérificatrice
générale, là, je pense que vous n'aurez pas un gouvernement qui l'aura fait...
En tout cas, je dirais comme l'autre, là, regardez-nous aller, là, vous allez voir qu'on n'hésitera pas à
demander à la Vérificatrice générale... Puis notre président du Conseil du
trésor a ouvert les livres de
plusieurs institutions à la Vérificatrice générale. Donc, à quelque part, là,
nous, on n'a rien à cacher, là. Puis,
je vous le dirais, notre président du Conseil du trésor, là, la façon dont les
plans de développement de chaque ministère...
Je fais un
petit aparté, parce que moi... C'est de toute beauté, là, voir un président du
Trésor faire une présentation à mon
caucus puis dire : Écoutez, là, maintenant, à tous les ans, les ministères
vont avoir un plan de développement avec des objectifs qu'ils doivent atteindre. Puis il a même dit que, s'ils ne
l'atteignaient pas, ils auraient des... Je ne le redirai pas, là, pour ne pas énerver personne, mais il reste
que, pour moi qui fais de la politique depuis 35 ans, c'est de toute beauté,
là, de dire : Il va y avoir une planification annuelle, elle va être
publique.
Puis donc les oppositions, vous devriez... vous
allez être capables... Donc, c'est sûr que les citoyens vont être capables de nous juger, mais les oppositions, vous
allez être capables bien plus de nous juger, de dire... bien, nous questionner
puis dire : Vous avez fait une planification, M., Mme la ministre, puis
vous n'atteignez pas vos objectifs. S'il n'y
a pas de raison, là, ça ne va pas bien.
Tu sais, on s'entend, ça peut
arriver, tu sais, je veux dire, à quelque part, on ne peut pas tout garantir, il y a des fois des incontournables qu'on
ne peut pas voir. Mais de faire une planification annuelle qui va être
disponible et publique, c'est la première fois qu'un gouvernement fait ça.
Mais, vous
savez, notre collègue le président du Conseil du trésor n'est pas revenu en
politique pour le plaisir. Il est
revenu en politique d'abord parce qu'il veut... bien, pour le plaisir, peut-être,
oui, aussi, mais il reste quand même pour atteindre des objectifs de... évidemment, parce qu'il avait eu la chance
de venir ici, à l'Assemblée nationale, de comprendre comment
fonctionnaient les budgets gouvernementaux puis de s'apercevoir qu'il y avait
peut-être de la transparence qui manquait
puis de l'encadrement. Et ça, évidemment, avec le collègue de La Peltrie,
parce qu'ils travaillent conjointement,
là, eux, sur, évidemment, les technologies de l'information, et tout ça, là,
ils vont arriver avec des objectifs, mais
je peux vous dire que ces deux personnes-là, là, sont très alertes par rapport
à ça puis ils forcent le gouvernement puis
forcent, évidemment, tous les ministères à être plus efficaces, puis ça, c'est
bon, là. Puis je vous le dis, il n'y a pas de... Tout le monde est heureux. Les ministres sont heureux, les députés sont
heureux, tout le monde est heureux. Ça fait que c'est le fun, je vous le dis, d'être à la CAQ.
C'est le fun, là, je veux dire, à quelque part... Non, je vous le dis, ça va
bien, ça va bien, ça va bien.
Et le projet de loi modifie certaines
dispositions relatives au système de plafonnement et d'échange de droits d'émissions de gaz à effet de serre afin de
permettre de réserver à certains émetteurs les revenus découlant de la vente
de certaines unités. Il modifie également la
Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission
au Québec. Donc, encore une fois, ce n'est
pas confié à un organisme indépendant, là, c'est le ministère qui va avoir
cette responsabilité-là. Donc, il va
se donner des objectifs, puis sûrement, dans la planification annuelle qu'a
mise en place mon collègue du Trésor,
bien, il y aura les objectifs que devra atteindre, dans l'année, sûrement, le
ministre. Là, je ne les ai pas... tu
sais, ça... il y en a qui ont été déposés, M. le président du Conseil du
trésor? Ça a déjà été déposé. Puis évidemment ça ne tenait pas compte de cette loi-là, là. Quand cette loi-là sera
adoptée, bien là, le ministre de l'Environnement devra tenir compte des
objectifs de cette loi-là, quand elle sera adoptée.
Donc, si
j'étais mes collègues, compte tenu qu'il y a une nouvelle année financière qui
débute le 1er avril, je me dépêcherais à passer le projet de loi
n° 44 de façon à ce que le ministre de l'Environnement soit obligé de
faire sa planification, la prochaine, avec
ça. Tu sais, je veux dire, je leur donne des hints, là, tout en passant, là,
c'est... libre à eux de les prendre ou de ne pas les prendre, là. Vous
savez comment c'est, la politique.
Le projet de
loi prévoit le contenu du plan directeur, le processus d'autorisation
gouvernementale ainsi que les modalités
concernant son entrée en vigueur et sa mise en oeuvre. Le projet de loi prévoit
que la quote-part des distributeurs d'énergie
actuellement payable à Transition énergétique Québec devient payable au
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et est calculé par la
Régie de l'énergie selon la méthode prévue par règlement du gouvernement.
Donc, c'est
sûr que, je veux dire, il n'y a pas de cachette. On abolit Transition
énergétique Québec, puis on prend ces
sous-là, puis on les convertit, ça va être géré par le ministère de
l'Environnement. Je veux dire, je peux comprendre les oppositions de dire : Qu'est-ce que le
ministère va faire avec ça? Puis c'est correct. Ça, là-dessus, questionnez le
ministre, puis il est capable d'en
prendre, là, mon ministre de l'Environnement, là. Ça, c'est mon collègue de Deux-Montagnes,
que je connais bien, on est dans les
Laurentides tous les deux. Il est capable d'en prendre, je vous le dis, là, il
est capable d'en recevoir puis il est
capable d'en donner, mettons. Moi, je le connais, il est capable, vous pouvez
lui en donner, mais attendez-vous
qu'il ait une réplique de temps en temps. Mais il reste quand même que son
objectif, c'est d'être capable d'en assurer la gérance, de ces fonds-là.
Puis, comme
je vous le disais depuis le tout début, l'objectif de la Coalition avenir
Québec, c'est qu'il y ait une transparence
puis que le gouvernement soit jugé sur les résultats, que ce ne soient pas des
organismes indépendants qui soient
jugés ou qu'on se serve de ces organismes-là pour une défaite, pour dire :
Ce n'est pas nous, pas à la Coalition avenir Québec, ce sera le
ministère.
Le projet de
loi prévoit... renomme le Fonds de transition énergétique comme Fonds de
transition, de l'innovation et de
l'efficacité énergétiques. Il prévoit que les droits perçus pour une licence
d'exploration, de production et de stockage d'hydrocarbures ou pour une
autorisation d'exploiter de la saumure sont versés à ce fonds. Donc,
évidemment, là, on va dans les sujets
beaucoup plus techniques par rapport aux minéraux, et tout ça, mais, encore une
fois, c'est de la compétence du
ministère de l'Environnement, c'est-à-dire que le ministère se donne des
responsabilités, mais des obligations qui
seront vérifiables par la transparence, et c'est ça, la réalité, puis c'est un
choix de gouvernement. Certains diront que c'est un choix de société que le Québec s'est donné en élisant la Coalition avenir Québec, mais, quand
même, c'est un choix de dire à
la population : On sera responsables des décisions qui seront prises. Et
puis il y a des objectifs, puis je prends la
peine de le relire, là, parce que la motion du 25 septembre dernier, qui a été
adoptée par l'Assemblée nationale, c'est
ça qui a donné lieu au projet de loi
n° 44, rien d'autre, là. C'est
des décisions de l'Assemblée
nationale... qui a été adoptée
de façon unanime. Je la relis :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte qu'au Québec,
395 municipalités, une dizaine d'universités [...] près d'une
centaine d'organisations de la société civile ont adopté une déclaration
d'urgence climatique;
«Qu'elle
prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a elle aussi déclaré l'urgence
climatique et qu'en conséquence, 66 États ont souscrit à l'objectif
de la neutralité carbone en 2050;
«Que l'Assemblée
nationale déclare à son tour
l'urgence climatique, et qu'elle demande au gouvernement du Québec d'harmoniser
l'ensemble de ses choix politiques avec cette situation de crise, en prenant
tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement
nos émissions de gaz à effet de serre.»
Et, résultat
de ça, le projet de loi n° 44 qui est devant vous. Puis, comme je vous
disais, la bonne gestion, la façon responsable
de gouverner de la Coalition avenir
Québec, c'est de dire : Pour
atteindre ces objectifs-là, on a besoin d'argent, puis je pense qu'on va
tous en convenir. Il est où, l'argent? Il y en a dans Fonds vert,
puis il y a beaucoup d'argent. Donc, est-ce qu'on est capables de se servir de ces sommes-là pour atteindre
les objectifs que l'Assemblée
nationale s'est donnés?
Puis je vous
le dis, là, l'environnement, je le répète parce que mon ministre
est là, dans notre dernière campagne
électorale, l'environnement, c'est vrai que la plateforme n'était pas... mais
depuis que notre ministre de
l'Environnement est là, par exemple, ça a bien changé. Je vous le dis, là, il fait un travail exceptionnel,
je vous le dis, ça a bien changé. Il est à l'écoute de la population puis il va
l'être encore plus parce que l'environnement va devenir de plus en plus important, mais, encore une fois, tellement important que,
collègues des oppositions, laissez le ministère
de l'Environnement être
responsable de la gestion puis des décisions qui seront prises parce que le gouvernement
sera jugé là-dessus.
• (17 h 10) •
Si on confie
ça à des organisations indépendantes avec des conseils d'administration indépendants, ça va faire comme les commissions
scolaires. Puis je donnais un exemple,
là... je vous l'ai donné, l'exemple des commissions
scolaires, là. Moi, j'ai marché
contre une fermeture d'école avec le député libéral au pouvoir puis qui me
disait : Il ne faut pas fermer cette
école-là, puis là c'était effrayant, ce que la commission scolaire... puis il
donnait des entrevues gros comme le bras. Moi, je ne veux
plus jamais vivre ça, là. Moi, s'il y a une école qui est fermée dans notre circonscription, bien, c'est parce que je
vais l'avoir décidé puis je vais vivre avec la décision. Puis, si je ne veux
pas, elle ne se fermera pas, c'est ça que je veux vous dire, là, parce que c'est ça, la réalité, là. De confier des
pouvoirs à des organisations
indépendantes, ça fait ça, ça fait
qu'un député marche contre une organisation, d'abord, qui est... avec l'argent
du gouvernement. La construction des
écoles, le maintien des écoles, c'est l'argent du gouvernement, là... puis pour
lesquelles les députés marchaient. Vous ne vivrez pas ça avec la Coalition avenir Québec, là. Je vous le dis, là,
on va prendre nos responsabilités. Ça fait changement, là. Parce que j'entends les libéraux, puis ils
sifflent, là, puis ils souffrent, c'est vrai qu'ils n'ont pas connu ça bien,
bien, là, d'être capables de prendre
des vraies décisions puis les responsabilités qui vont avec. Ça fait
changement, mais il reste quand même que c'est une décision qu'on a
prise.
Puis en environnement, là, c'est une excellente
décision. Que le gouvernement soit responsable des décisions environnementales,
c'est excellent. Puis je vous le dis, là, dépêchez-vous, parce que le ministre
de l'Environnement, il a une planification
annuelle à déposer, il en a une à déposer, il en a déposé une, puis la
prochaine, là... j'espère que le projet de loi n° 44
va être adopté puis que vous allez l'adopter avec coeur, les oppositions, avec
le gouvernement, parce que sa prochaine planification annuelle, il devra
atteindre les objectifs qu'il y a dans le projet de loi n° 44,
ça va être public. Je veux dire, je vous le
dis, c'est un changement de gouvernance qui est de toute beauté. Puis le regard
souriant du député de
La Peltrie, là... Lui, là, à quelque part, là, il a vécu l'enfer, là,
quand il était critique, là, puis qu'il regardait aller le gouvernement libéral, là. Ouf! C'était
terrible, là. Puis je ne parlerai pas du gouvernement du Parti québécois parce
que, tu sais... Mais il reste quand même que c'est notre façon de faire, c'est
notre façon de gouverner.
Ce projet de loi là est fait pour être capable
d'avoir des décisions... je ne vous dis pas rapides, des décisions efficaces.
Et, quand le gouvernement... Puis, quand on nous accuse que le ministre prend
toutes les décisions... Le gouvernement... Le ministre aura un comité consultatif permanent, donc il sera conseillé. La seule différence entre
un comité consultatif permanent et un conseil d'administration décisionnel,
c'est que la décision, c'est lui qui vivra avec, le ministre de
l'Environnement, puis il est très à l'aise avec ça, il n'est pas malheureux du
tout, du tout, du tout. Puis, comme je vous
disais, pour les ministres que... Puis ça vaut la peine, parce que, quand je
vois l'article qui dit que le Fonds vert était un bar ouvert pour les ministres, je vous le rappelle, là, si les
ministres... Tu sais, dans le fond, c'est contre nature — pas contre-productif,
contre nature — pour un
gouvernement qu'il y a un bar ouvert, de dire... puis que les ministres disent :
Non, on ne veut pas en profiter, tu sais...
Puis c'était ça, là, les membres du conseil d'administration du Fonds vert
disaient : Écoute, les
ministères, c'est un bar ouvert, là. Ce n'est pas moi qui l'ai inventé, c'est
écrit dans les médias. Bien, ce n'est pas
ça qu'on veut, c'est un choix gouvernemental. Les ministres disent : Non,
le bar ouvert, on n'en veut pas. Ce qu'on veut, c'est que ça marche puis qu'il y ait une vraie lutte aux gaz à
effet de serre, qu'on combatte les changements climatiques. C'est ça
qu'on veut puis on donne les moyens au ministre de l'Environnement, par ce
projet de loi là, pour le faire.
Ça, évidemment,
encore une fois, toutes les procédures parlementaires... parce qu'il y a beaucoup de citoyens et de citoyennes qui nous écoutent pour dire : Bon, bien
là, c'est beau, le gouvernement veut, comment ça fonctionne? Bien, les
oppositions ont le droit, comme aujourd'hui, de faire une motion de scission.
On débat de ce projet de loi là. Il y aura des discussions en commission
parlementaire, il y aura un débat article par article, on discutera du projet
de loi, et les oppositions pourront faire
des amendements. Puis je vous le dis, là, moi, je suis agréablement surpris des
amendements qui sont acceptés par notre gouvernement, là, quand le
projet de loi va jusqu'au bout. Donc, à quelque part, quand... bon, ça, c'est... Puis je ne veux pas juger, Mme
la Présidente, s'il y a obstruction en commission, là. Moi, là, je suis
président de caucus, là, je ne suis
pas responsable, pas leader, là. Ça fait que, ça, je laisse ça au leader. Mais
il reste quand même que, quand le gouvernement atteint ses objectifs,
c'est-à-dire que... passe, dans un délai raisonnable, un projet de loi, il y a des amendements intéressants qui sont adoptés.
Notre président du Conseil du trésor, son projet de loi n° 37, là, vient
de sortir de commission... Vous l'avez sorti ou...
Une voix : ...
M. Laframboise :
Ça s'en vient, là, hein, puis ça évolue, puis il y a des discussions, puis il y
a des amendements, là, bon, puis ça
va aller à la fin, puis il n'y aura pas de bâillon, puis, hein, c'est un gars
parlable, un gentil garçon, là, pour ceux qui ne le connaissent pas, là, puis
je vous le dis très vite, c'est un gars parlable, mais il reste qu'il va avoir
adopté des amendements sur ce projet de loi important sur les achats
regroupés. Puis ça, évidemment, c'est un projet de loi important, puis il y a une crainte, puis c'est correct, là, qu'il y ait
une crainte dans la population à savoir est-ce que les PME locales vont... Puis là le collègue a accepté
des amendements pour être capable de soulager les craintes. Mais, encore
une fois, il y a des amendements qui sont déposés puis il y a un projet de loi
qui va être adopté.
Donc, c'est
ce que j'espère avec le projet de loi n° 44, qu'on va être capables de
faire ça tous ensemble le plus rapidement
possible, évidemment, parce que le ministre de l'Environnement a le goût de
travailler... c'est-à-dire a le goût de mettre en place... Parce que ce n'est
jamais plaisant pour un gouvernement de se faire dire par la Vérificatrice
générale, là, comme on a vu, là... en 2019,
là, elle n'était pas capable d'avoir les chiffres du Fonds vert. Ce n'est pas
des situations, là, qu'on veut vivre,
là. Encore le bordel au Fonds vert, Le Journal de Québec, 16 mai
2019, la VG doit reporter... puis je
prends le temps... «[La Vérificatrice générale] du Québec a dû reporter son
audit du Fonds vert, en raison d'une chicane interne entre le Conseil de gestion du Fonds vert et le ministère de
l'Environnement.» Je veux dire, ça n'a pas d'allure, là. Ça n'arrivera plus, là, avec ce projet de loi là,
là, c'est clair, là. D'abord, il n'y aura plus de conseil d'administration du
Fonds vert, mais il reste quand même que ce n'est pas normal.
Puis ce qu'on dit dans le projet de loi, c'est
qu'on va donner plus de pouvoirs à la Vérificatrice générale, c'est-à-dire qu'elle va être en droit d'exiger, à
tous les ans, de faire des auditions
qu'elle jugera nécessaires par l'intermédiaire de son Commissaire au développement durable. Donc, évidemment... Puis c'est une obligation du gouvernement, là. On n'était pas obligés de faire ça, là. On
aurait pu faire comme les autres gouvernements, décider, bon, de jouer avec le temps puis d'attendre les demandes de la Vérificatrice générale. Non, on est transparents, le ministre de l'Environnement n'a aucune
crainte avec ça.
Et c'est pour
ça, là... Parce que, quand je lis, là : «"Je ne peux que me
désoler de cette situation. Le Fonds vert pourrait être un outil de développement durable très puissant. Pour
l'instant, on peut dire qu'il ne joue pas encore ce rôle", a déploré
aujourd'hui, en conférence de presse, le Commissaire au développement
durable[...] — là,
je vais taire son nom.
«Dans son
plus récent rapport, [le commissaire], qui relève de la Vérificatrice générale[...], souligne que "des lacunes relevées dans nos audits [de 2014] sont toujours
existantes".» Là, tu sais, quand ça n'a pas changé depuis 2014... Puis ça,
je veux dire, comment je vous dirais ça, là, c'est le 16 mai 2019, là, que cet
article-là a été écrit. Donc, encore une fois, le projet de loi
n° 44 met fin à ça.
Et c'est ça qu'il faut que la population se
sente rassurée. C'est-à-dire que, pour être capables de faire la lutte aux changements climatiques, il y a des fonds qui
sont disponibles, qui ont été mal gérés. C'est ça, le résultat. Et il y a un
nouveau gouvernement qui a décidé d'utiliser ces fonds-là puis de mieux les
gérer, d'être plus transparent. Et ça, à l'usage, les oppositions pourront poser les questions qu'ils voudront,
ils sont capables de le faire. Puis, comme je vous le disais, la
planification annuelle du ministre de l'Environnement, là, bien, quand le
projet de loi n° 44 sera adopté, il y
aura des exigences à inclure dans sa planification annuelle par rapport à ces
objectifs-là, et plus vous tardez à adopter le projet de loi n° 44,
bien, plus on tarde à ce que sa prochaine planification inclue ces choses-là.
Mais, encore
une fois, tout ça pour que les citoyens soient plus confiants, aient plus
confiance en leur gouvernement. Parce que, souvent, la perte de
confiance, c'est ce qui fait le plus mal en politique. Donc, ça, on a beau
dire, bon, les municipalités sont plus près
du citoyen et Québec... mais il reste que, politiquement... la politique en
général est affectée par la confiance
de la population envers les politiciens. Puis ça, nous, on essaie de faire
notre part. Et, encore une fois, une des façons de faire, c'est de rendre
responsable le ministère concerné, d'arrêter de confier à des organismes
indépendants les décisions puis de
dire, après ça, comme gouvernement : Ah! bien là, ce n'est pas nous qui
avons... décision. Ce n'est pas ça
que la Coalition avenir Québec veut faire et ce n'est pas ça que la Coalition
avenir Québec va faire. Puis, dans ce projet de loi là, c'est le
ministère de l'Environnement.
Puis je
reprends le premier paragraphe : «Ce projet de loi établit que le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques est d'office le conseiller du gouvernement en
matière de lutte contre les changements climatiques et qu'il en assure la gouvernance intégrée à l'échelle
gouvernementale.» Donc, c'est lui, le
responsable, ce n'est pas plus dur que ça. Puis, si ça ne fonctionne pas, bien,
c'est lui qui va être responsable aussi. Puis ça, là-dessus, je pense
que le ministre est conscient de ça, mais il met en chemin un plan intéressant.
Je vous le
dis, là, il faut être capables de contrôler les investissements. Mais, si on
est capables de faire ça, on va atteindre
l'objectif de la motion du 25 septembre dernier, je vous le répète, là.
Puis ça, là-dessus, je prends la peine de lire un passage, là : «Ce n'est plus un secret pour personne et
même pour plusieurs groupes qui sont venus en consultations
particulières qui l'ont mentionné, la loi de 2017 qui instaurait le Conseil de
gestion du Fonds vert avait mal défini les rôles
et responsabilités de cet organisme vis-à-vis du ministère de l'Environnement.»
Et ça, encore une fois, bien, c'est la réalité qu'on va corriger. C'est
ça, l'objectif.
• (17 h 20) •
Puis je vous
le répète, là, parce que le ministre de l'Environnement, là, je veux bien qu'il
me comprenne, moi, j'ai assisté,
collègues... Puis, comme je vous le disais en début... je terminerai là-dessus,
c'est que l'an passé, le 30 avril 2018, il y avait le sommet de la construction, ça s'appelait Sommet
Construction 2018, organisé par l'APCHQ, et une des oratrices invitées, c'était la présidente de TEQ, Transition énergétique Québec,
puis cette personne-là, bien, disait aux intervenants de
l'APCHQ : Si vous avez... Moi, j'ai beaucoup d'argent. Bon, d'abord,
remercier le premier ministre Couillard de
sa nomination puis... Je vous passe le fait que... parce que j'avais noté le
nombre de «gouvernement libéral», «libéral», qu'elle avait écrits dans
son discours, là. Il y en avait... je l'avais noté, là. Mais il reste quand
même qu'elle prenait la parole pour dire aux
entrepreneurs qui étaient là : Si vous avez des centres d'achat à rénover,
si vous avez des blocs-appartements à
rénover, on ne fait pas juste changer les fenêtres puis les couvertures, là,
pour être capables de lutter contre
la perte d'énergie, on peut vous aider dans plein de domaines, là. Je veux
dire, je vous le dis, là, ça m'a ébranlé, là, mais je comprends, parce
qu'il y avait beaucoup, beaucoup d'argent de disponible, puis souvent c'est ça
qu'on fait.
Ça fait que
c'est pour ça que je ne suis pas surpris qu'il y ait eu des problèmes avec le
Fonds vert, parce que, quand tu as
beaucoup d'argent puis que tu veux dépenser, bien, tu essaies d'avoir... plutôt
qu'avoir une orientation comme celle qu'on va prendre, M. le ministre,
j'en suis convaincu, de faire des choix pour atteindre l'objectif de réduction
des gaz à effet de serre — c'est ça qu'on va faire pour la lutte contre
les changements climatiques — bien, quand tu permets à quelqu'un d'aller dire : Bien là, si vous
avez... Tu sais, moi, remplacer les fenêtres puis les couvertures, là,
jusque-là, je la suivais, là, mais vous ne pouvez pas savoir combien
d'autres choses on peut payer. Là, elle me perdait, là, tu sais, comprenez-vous, là? Et j'ai pris la peine d'aller
lui dire et... Évidemment, d'abord, elle n'avait pas pris la peine de me
reconnaître, là, puis de me saluer, là.
Évidemment, j'étais juste de l'opposition dans le temps. Je me souviens de lui
avoir dit : M. le ministre, ça
peut changer, un gouvernement, ça change vite. Elle n'avait pas l'air à le
croire. Aujourd'hui, je suis certain
qu'elle... Puis je n'ai rien contre elle, on l'a renommée, là. En 2019, on l'a
renommée, ça fait que je n'ai pas de difficulté avec ça, sauf
qu'évidemment je suis bien content que TEQ ne soit plus là, là.
Tu sais, ce
n'est pas moi qui vais pleurer sur le sort de TEQ. Ça, vous avez compris ça, M.
le ministre. Puis je suis bien content
que ce soit le ministre de l'Environnement qui gère les fonds qui étaient
attribués à ça, qui soit responsable d'atteindre
les objectifs puis qui va payer le prix si on ne les atteint pas, là. Tu sais,
je pense que c'est ça, la réalité. Puis on ne se cache pas, là, je ne suis pas gêné. Je suis président du caucus du
gouvernement, je ne suis pas gêné, là. Mes collègues, ils ne me
regardent pas avec des gros yeux pour dire : Que c'est que tu as dit, là?
Non, c'est ça qu'on veut.
On
est ici ensemble pour être capables de changer la vieille façon de gouverner le
Québec. Il y a-tu moyen qu'on soit
capables de faire ça? Je pense qu'on va le faire ensemble, avec des collègues
qui viennent de tous les horizons... des horizons politiques, mais dans un seul objectif : mieux gouverner,
mieux dépenser l'argent des Québécois pour que les Québécois soient fiers de leurs élus. C'est ça
qu'on veut. Donc, en étant responsables puis en prenant nos responsabilités,
c'est comme ça qu'on peut faire évoluer, évidemment, les orientations des
Québécois, des Québécoises envers les gouvernements
puis envers les politiciens. Puis je pense qu'on va aider, par ce projet de loi
là... puis j'espère que tous ensemble,
collègues des oppositions, vous allez être capables d'adopter le plus
rapidement possible un projet de loi que le ministre de l'Environnement a bien besoin pour bien gérer les fonds des
Québécois et des Québécoises. Merci beaucoup. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
suis prête à entendre un autre intervenant. M. le député de Viau, la
parole est à vous.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, je commencerai par
remercier, féliciter ma collègue la
députée de Maurice-Richard pour le ton de son intervention précédemment, un
ton non partisan. Et elle s'est élevée
à la hauteur des espérances, je crois, que l'ensemble des Québécoises et des
Québécois ont placées en nous face à ce débat, ce débat pour lequel les
Québécoises et les Québécois nous commandent de l'aborder de manière non
partisane.
Mais, Mme la
Présidente, je ne peux pas dire autant de la précédente intervention du député
de Blainville. Le député de
Blainville, à deux reprises, s'est
présenté comme un révolutionnaire, à deux reprises. J'ai l'impression, Mme la Présidente, qu'il y a quelque chose qui m'échappe, puisque... à
moins que nous n'ayons pas la même définition de ce que c'est qu'une révolution, parce que je ne pense pas qu'un retour
en arrière puisse être considéré comme une révolution. Et ce à quoi on
assiste aujourd'hui, c'est à un retour en arrière.
À plusieurs reprises, le député de Blainville a
fait état d'une anecdote, une rencontre lors d'un événement de l'APCHQ avec un ton très partisan. Je vais le
citer : Ça allait bien pour nous autres. On s'entend, ça allait bien pour
la CAQ, en parlant de... en citant la présidente de Transition
énergétique Québec. Je dois déplorer cette intervention, puisque le député de Blainville, Mme la Présidente, a même
remis en question l'indépendance des organismes en critiquant, pas une
fois, pas deux fois, mais cinq fois... à cinq fois dans son intervention il a
questionné le caractère indépendant des organismes.
Il a même regardé la ministre de la Culture pour dire à la ministre de la
Culture : Je sais que vous avez plein d'organismes indépendants. Comme il
est président du caucus, est-ce qu'il est en train de nous annoncer, sinon je
lui demanderai de le faire séance
tenante, qu'il y a aussi des organismes culturels indépendants, donc, qui vont
passer au bistouri aussi? Donc, je
trouve ça très particulier. Il est président du caucus, il est très bien placé
pour nous informer de ce qui s'en vient dans l'assiette politique de la
CAQ.
Mme la
Présidente, vous savez, lorsqu'il y a quelques mois Greta Thunberg, de passage
chez nous, comme elle l'a répété un peu partout, demandait aux décideurs d'écouter
les experts, d'écouter les personnes compétentes... Et, dans le dossier qui nous concerne aujourd'hui, Mme la
Présidente, je ne pense pas que M. Normand Mousseau ne soit pas un expert
ou quelqu'un de compétent. Lorsque
M. Mousseau nous rappelle, Mme la Présidente, que «le gouvernement — et je le cite — a décidé
de rejeter les évidences scientifiques et les meilleures pratiques pour choisir
[une structure] bâclée et dont on sait, par expérience, que c'est de
l'argent gaspillé[...]. M. Mousseau estime qu'une agence indépendante
prendrait de meilleures décisions que le ministère de l'Environnement, puisque
ce dernier est trop près du pouvoir politique...»
C'est là où
nous en sommes, Mme la Présidente. Lorsque le député de Blainville nous dit que
cette décision, en parlant de
l'orientation gouvernementale actuelle, est respectueuse de leur orientation
politique, je veux bien, mais, lorsqu'il poursuit, lorsqu'il a — et je crois que ce mot-là n'est pas
antiparlementaire, vous me corrigerez, Mme la Présidente — l'audace de nous dire que ça respecte la volonté des Québécoises, des
Québécois... Or, depuis quelques jours ici, Mme la Présidente, nous
avons fait entendre la voix de plusieurs organismes représentatifs de l'enjeu
de la lutte contre les changements climatiques,
donc, tels que — par les
Québécoises et les Québécois — la Fédération des chambres de commerce du
Québec, Mme la Présidente, Nature Québec, Association québécoise de
lutte contre la pollution atmosphérique, Fondation David-Suzuki, Greenpeace, le Regroupement national des conseils
régionaux de l'environnement, l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable, le Conseil du patronat, Pierre-Olivier Pineau, Johanne Whitmore, Dominic
Champagne. Mme la Présidente, je
remets en question, je remets en doute cette affirmation du député de
Blainville à savoir que c'est une
orientation qui respecte la volonté des Québécoises et des Québécois; de son
parti, soit, de son parti politique, soit, mais pas des Québécoises et
des Québécois.
Et, pour
revenir à la motion de scission, Mme la Présidente, le ministre de
l'Environnement est avec nous, je fais appel
au sens politique du ministre de l'Environnement, comme, il y a quelques jours,
j'ai fait appel à son sens politique, pour ramener la sérénité au sein
de la CAQ, parce que j'ai assisté tout à l'heure à un discours enflammé de la
part du président du caucus, un discours
très partisan. Et cette sérénité à laquelle je fais appel, Mme la Présidente,
c'est une sérénité qui permettra
justement, par rapport à cette motion de scission, qui est la chose la plus
sage à faire dans les circonstances... Lorsqu'on
sait que cet enjeu-là commande qu'on rallie le maximum de personnes, le maximum
de groupes, le maximum d'intervenants...
Nous ne sommes pas en train de faire un projet de loi pour la CAQ, Mme la
Présidente, nous ne sommes pas en
train de faire un projet de loi pour les deux, trois prochaines années, comme
l'a suggéré tout à l'heure le député de
Blainville, en disant qu'on nous jugera d'ici deux, trois ans, non, Mme la
Présidente, nous sommes en train de faire un projet de loi d'avenir pour les Québécoises et les Québécois. Nous
sommes en train de faire un projet de loi sur lequel les espérances sont
nombreuses lorsqu'on considère les groupes, les organismes, les jeunes, Mme la
Présidente.
Des jeunes, parlons-en, des jeunes.
Ils étaient des milliers, ils sont encore des milliers à nous demander, à nous
réclamer de travailler correctement pour aborder cette question de l'urgence
climatique. Et je le rappelle encore, Mme la Présidente, l'urgence climatique
commande que nous travaillions de manière sérieuse.
• (17 h 30) •
Écoutons
Dominic Champagne, puisque je pense que Dominic Champagne est désormais très
connu à la CAQ, Dominic Champagne
n'est pas un inconnu à la CAQ. Dominic Champagne, qui nous rappelait... Je ne
sais pas, Mme la Présidente, s'il a
encore sa carte de membre. Donc, Dominic Champagne nous rappelait ce qui suit,
Mme la Présidente, ses attentes par
rapport à ce projet de loi : «[C'est une loi qui] doit créer une
institution forte pour mettre à exécution un plan conséquent[...].
«[...]La
loi doit engager une transition écologique juste et globale de notre économie
en mobilisant l'ensemble de la société québécoise, le gouvernement et
chacun de ses ministères, chacune de ses institutions...» Et je souligne, Mme
la Présidente, chacune de ses institutions.
«Le
Québec sera derrière vous si vous adoptez une vraie loi pour le climat, où la
science indépendante — Mme la Présidente, où la
science indépendante — et les meilleures pratiques [sont] au coeur des décisions
politiques et de leur mise en oeuvre.»
Et
justement, parlant des meilleures pratiques, et c'est ce que différents
intervenants, Mme la Présidente, critiquent, reprochent à cette
orientation, c'est que c'est une orientation qui ne répond pas, justement, aux
exigences des bonnes pratiques en la matière. Je suis très heureux et serein de
savoir que je vis dans une société où il y a des organismes indépendants, où il y a des organismes
qui ne dépendent pas... qui ne sont pas des béni-oui-oui, Mme la Présidente, de ministres. Je suis très content et très heureux de savoir
que l'État québécois dispose d'organismes indépendants, et je crois que le député
de Blainville devrait s'en réjouir, et non pas défier cette dimension de notre
société.
Et
je vais terminer, Mme la Présidente, en rappelant ceci : aujourd'hui,
l'organisme auquel vient de s'attaquer de manière très partisane le député de Blainville,
cet organisme-là a donné des résultats aussi, n'en déplaise au
député de Blainville. Et je veux vous soumettre, pour terminer aussi, Mme
la Présidente, l'idée que... si pour une fois cette Assemblée, sur cet enjeu-là, parlait, parlerait d'une seule voix et
d'une même voix. Or, cette possibilité-là, le ministre
de l'Environnement l'a, et je l'invite ardemment, ardemment à y répondre.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Ceci met fin au débat restreint de deux heures
sur la motion de scission présentée par M. le député de Laval-des-Rapides.
Mise aux voix
Je mets maintenant
aux voix la motion, qui se lit comme suit :
«Qu'en vertu de
l'article 241 du règlement, le projet de loi n° 44,
Loi visant principalement la gouvernance efficace
de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser
l'électrification, soit scindé en deux projets de loi : un premier
intitulé Loi visant principalement la gouvernance efficace du Fonds vert et la
lutte efficace contre les changements
climatiques, comprenant les articles 1 à 42 ainsi que l'article 77;
un second intitulé [la] Loi visant la modification de la gouvernance en
matière de transition énergétique, comprenant les articles 43 à 76 ainsi
que l'article 77.»
Cette motion...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais un vote par
appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Parfait. Alors, qu'on appelle les députés.
• (17 h 35 — 17
h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Que les députés qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M.
Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay
(LaFontaine), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), M. Rousselle
(Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), M. Fortin (Pontiac), Mme
Nichols (Vaudreuil), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan), Mme Sauvé (Fabre), M.
Ciccone (Marquette).
Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme
Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Dorion (Taschereau).
M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque),
M. LeBel (Rimouski), Mme Hivon (Joliette), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Roy (Bonaventure), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les
députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe :
M. Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard
(Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme LeBel
(Champlain), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne
(Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Samson (Iberville), Mme Hébert (Saint-François),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), Mme Girault (Bertrand), M. Boulet
(Trois-Rivières), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin
(Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin (Rousseau),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau
(Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), Mme Boutin
(Jean-Talon), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal
(Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 36
Contre : 60
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, cette motion est rejetée.
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Alors,
M. le leader, nous poursuivons. Donc, l'Assemblée reprend donc le débat sur
l'adoption du principe du projet de
loi n° 44,
Loi visant principalement la
gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à
favoriser l'électrification.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, je vous demanderais de quitter le salon bleu en silence, s'il vous plaît.
Alors,
je suis prête à entendre le premier intervenant. M. le député de Rosemont.
Alors, la parole est à vous. On garde le silence, s'il vous plaît, pour
que je puisse entendre le député de Rosemont.
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. Alors, je prends la parole aujourd'hui pour intervenir sur l'adoption du projet
de loi n° 44
qui propose une réforme de la gouvernance climatique au Québec,
un projet de loi essentiel pour que la lutte climatique du Québec
soit efficace, cohérente, surtout qu'elle livre des résultats.
On
nous avait annoncé une réforme de la gouvernance climatique, un projet de loi qui permettrait au gouvernement
de la CAQ de faire ce que les autres gouvernements avant lui n'avaient jamais réussi à faire, c'est-à-dire avoir des résultats et atteindre
les cibles de réduction de GES. Considérant la demande de l'année dernière du
Pacte et des partis d'opposition d'adopter une loi-cadre sur le climat, il
était donc légitime d'aborder le projet
de loi n° 44
comme une version caquiste de la loi climatique revendiquée pour
répondre à l'urgence.
C'est
d'ailleurs dans cet esprit que plusieurs
des intervenants qui se sont présentés en commission parlementaire ont
analysé le projet de loi, sans que le ministre de l'Environnement
leur dise qu'ils étaient dans le champ. Or, coup de théâtre à la
dernière journée des audiences, le ministre a balancé à La Planète s'invite au
Parlement, et je cite : «Ce projet de
loi ne répondra pas à vos attentes, ce n'est pas une loi climat.» Ça avait peut-être
le mérite d'être clair, mais ça soulève
un sérieux doute sur l'intention du gouvernement en regard de cette loi et donc
sur le principe même du projet de loi n° 44
dont nous discutons aujourd'hui.
Il y a une ambiguïté
réelle sur l'intention du législateur, en regard à ce projet, qu'il faudra
clarifier. Est-ce qu'il veut une loi pour
permettre au Québec d'atteindre ses engagements internationaux en matière de
lutte aux changements climatiques ou
veut-il seulement faire du brassage de structures pour satisfaire ses
ministres? Je pense qu'à ce stade-ci la question est légitime.
Pour Québec
solidaire, l'intention de ce projet de loi doit être claire. C'est une loi-cadre sur le climat. C'est de ça
qu'a besoin le Québec
pour quitter le club des moins pires et entrer dans celui des meilleurs, une
loi qui nous permettrait réellement d'atteindre nos cibles et de faire notre juste
part pour la bataille climatique mondiale. Si c'est ça, le principe fondamental du projet de loi, Québec
solidaire est prêt à travailler de
bonne foi avec le gouvernement pour amender le projet en ce sens. Par contre, si le ministre
de l'Environnement est en train de nous proposer un rebrassage de structures qui fait peut-être son affaire mais qui ne favorisera pas l'atteinte
de nos cibles, je vous l'annonce tout
de suite, on va avoir un problème.
Présentement, dans le projet de loi, il y a deux éléments centraux, l'abolition du Conseil de gestion du
Fonds vert et l'abolition de Transition énergétique Québec, TEQ. Je commence
par TEQ.
On ne peut pas passer sous silence l'abolition
de TEQ et son intégration dans le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, un aspect du projet de loi plutôt
incompréhensible, en ce qui nous
concerne. Considérant la motion de scission sur
TEQ, qui vient juste d'être débattue et surtout battue, je ne m'étendrai pas
sur le sujet, mais j'insiste, l'abolition de la seule structure gouvernementale
efficace pour la réduction de nos GES est une erreur magistrale.
Habituellement, un bon gestionnaire essaie de corriger ce qui ne fonctionne
pas. Et, disons qu'en matière de lutte aux changements
climatiques, ce n'est pas le choix qui manque. Que le ministre de
l'Environnement préfère perdre son temps à démanteler la seule structure qui fonctionne et qui livre des
résultats nous laisse sans voix. Démanteler TEQ, si c'est vraiment ça, la priorité du gouvernement pour
améliorer l'efficacité de la lutte aux changements climatiques, si c'est sa
proposition pour faire du Québec un leader international de la transition, un
seul mot, c'est incompréhensible.
Mais TEQ
n'est pas la seule structure qui dérange le gouvernement. Il souhaite aussi
profiter du projet de loi n° 44 pour
se débarrasser du Conseil de gestion du Fonds vert. On savait déjà qu'il y
avait des tensions entre le ministère et le Conseil de gestion du Fonds vert, mais là les révélations-chocs faites
lors de leur témoignage en commission nous ont littéralement ébranlés. Le P.D.G. du Conseil de gestion du Fonds vert,
la P.D.G., pardon, Mme Sylvie Chagnon, a mis sous les projecteurs l'absence totale de collaboration entre le
ministère de l'Environnement et le Conseil de gestion du Fonds vert, et ce, depuis sa création par l'ancien
gouvernement libéral. Elle nous a dit que le conseil n'avait jamais pu faire son travail adéquatement, que si, sur
papier, le ministère lui avait confié des responsabilités, le transfert ne
s'était jamais opéré dans la
pratique. Elle mentionne qu'elle n'a même jamais eu accès aux états financiers
vérifiés du Fonds vert et qu'il y
avait 1,6 milliard qui dormait au fonds. Ce n'est pas un petit fond de
tiroir, ça, Mme la Présidente. Le ministre de l'Environnement a réfuté
cette information en disant qu'il n'y avait pas d'argent qui ne dormait nulle
part, mais, considérant qu'il n'y avait pas
d'audit du VG, de la VG, pardon, pour le confirmer, c'est impossible pour nous
de dire qui dit vrai.
Elle a
mentionné, toujours la D.G., que plusieurs ministères lui avaient dit que les
changements climatiques n'étaient pas
leur priorité et, pire, que certains lui avaient demandé de modifier les
objectifs, comme ils ne seraient pas en mesure de les atteindre. Je ne sais pas pour vous, Mme la Présidente, mais moi,
je trouve ça très inquiétant, surtout dans un contexte où le ministre de l'Environnement souhaite abolir
le Conseil de gestion du Fonds vert et reprendre à lui seul le contrôle
du compte de banque de la lutte aux changements climatiques.
Autre fait troublant, le commissaire...
• (18 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le député, je suis obligé de
vous interrompre puisqu'il est maintenant l'heure de procéder aux débats de fin de séance. Est-ce que vous voulez poursuivre votre
intervention à la reprise des travaux du... Oui? O.K. Alors, nous le
prenons en note, vous allez le poursuivre.
Débats
de fin de séance
Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder aux trois débats de fin de séance. Le premier débat portera sur une question adressée par M. le député de La Pinière au ministre
des Transports concernant les tergiversations du gouvernement caquiste dans le
dossier de l'élargissement de la route 117. La ministre
responsable de la région des
Laurentides remplacera le ministre
des Transports pour ce débat. Alors,
je vous rappelle que conformément à l'article 310 du règlement...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous demanderais de garder le silence, s'il vous plaît. Merci. Sinon,
vous pouvez quitter le salon bleu.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement,
le député qui a soulevé le débat et le ministre
qui lui répond ont chacun un temps de parole
de cinq minutes, et le député a ensuite le droit à une réplique de deux
minutes.
M. le député de La Pinière, je vous cède la
parole.
Réaménagement de la
route 117 entre Labelle et Rivière-Rouge
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, Mme la Présidente. Alors, vous comprendrez
certainement ma déception de ne pas pouvoir m'adresser directement au député, au ministre en titre des Transports.
Je comprends que la réglementation lui permet d'être remplacé par la ministre responsable de la région.
J'ose espérer que sa collègue est aussi au courant du dossier que lui.
Je vais lui laisser le bénéfice du doute.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, je suis très déçu aujourd'hui. Je vais vous le dire,
là, je suis très, très, très déçu. Pourquoi?
Il y a 13 personnes, là, qui sont venues ici, ou 14 personnes qui
sont venues ici aujourd'hui, Mme la Présidente, 14, des élus, des citoyens comme vous et moi, quatre familles
endeuillées, des gens qui ont perdu des enfants, des êtres chers sur une route dangereuse ou qui est connue
comme dangereuse. Bon, là, j'entends déjà, là, les gens de la CAQ, là, dire : Oui, mais vous autres, patati, patata,
là. L'enjeu n'est pas là, Mme la Présidente. L'enjeu n'est pas là du tout.
L'enjeu, là, c'est qu'on est
aujourd'hui le 18 février 2020, Mme la Présidente, et, en 2018, ce
problème, nous nous y sommes adressés pendant
plusieurs années, pour finalement le mettre au PQI. C'est ça qu'on a fait. Et,
quand on le met au PQI, Mme la Présidente, là, normalement, c'est un
projet qui va arriver à destination.
Et qu'est-ce
que j'ai entendu aujourd'hui, Mme la Présidente? J'ai entendu le ministre des
Transports brandir un communiqué de
presse pour justifier sa non-réponse aujourd'hui en disant : Voici ce qui
est dans le communiqué de presse, c'est le contraire de ce qui est écrit au PQI, le
Plan québécois des infrastructures. Bien, on va mettre les pendules à l'heure,
Mme la Présidente. Parce que ce qui est
écrit au Plan québécois des infrastructures, c'est très simple :
«Réaménagement à quatre voies [de] la [...] 117 entre Labelle et
Rivière-Rouge.»
Mme la Présidente, je pense que vous ne pouvez
pas répondre à ma question, mais ceux et celles qui nous écoutent, là, qui sont dans les Laurentides, ils
savent très bien ce que ça veut dire, «réaménagement à quatre voies [de] la
[...] 117 entre Labelle et Rivière-Rouge» parce que c'est ce qu'ils demandent,
là. Et nous, on y a réfléchi, à ce dossier-là, puis on y a réfléchi, puis on a conclu que c'est ça qu'il fallait faire.
Puis on l'a mis au PQI parce qu'on savait qu'on allait le faire, parce
qu'on l'avait budgété.
Le ministre
se lève : Ce n'est pas ça! Ce n'est pas ça! Ce n'est pas ça! Mme la
Présidente, le ministre des Transports en
2019, dans la version de cette année-là du Plan québécois des infrastructures
de la CAQ, a reconduit la même dénomination,
il a pris le même nom, l'a remis dans son PQI à lui, et là il ose se lever en
Chambre et dire : Bien, ce n'est pas ça que vous vouliez dire. Mais oui,
mais vous, qu'est-ce que vous vouliez dire, hein? Si vous avez écrit dans le
PQI, «réaménagement à quatre voies
[sur] la [...] 117 entre Labelle et Rivière-Rouge», bien c'est parce que c'est
ça que vous voulez faire. Il n'était pas content, le ministre. C'est sûr
qu'il n'était pas content, hein?
Il y a des
gens, là, qui sont venus, ils ont fait cinq heures d'auto, là, pour entendre la
réponse à la question que j'ai posée :
Allez-vous, une fois pour toutes, vous engager à faire ce que vous avez dit que
vous alliez faire, c'est-à-dire un réaménagement
à quatre voies? Pas de réponse, pas d'engagement, Mme la Présidente. Pire, il
nous a dit : Bien, vous savez, on
va évaluer d'autres possibilités. Bien non! Dans le PQI, ce n'est pas
marqué : On va réévaluer d'autres possibilités. C'est marqué :
Réaménagement, réaménagement à quatre voies de la 117 entre telle ville et
telle ville.
Bien ça, Mme
la Présidente, savez-vous comment a qualifié ça, quand je lui ai posé la
question, là, le ministre, Mme la
Présidente? Il a dit que c'était de la désinformation. Je l'ai mis sur mon
compte Tweeter, c'est encore visible à l'heure
où on se parle. J'ai pris la photo du document officiel du gouvernement du
Québec, c'est un document budgétaire de
l'État québécois : PQI, dans le programme de dépenses. Et c'est écrit tel
quel : Réaménagement à quatre voies de la 117 à la hauteur de, à. Et moi, quand j'invoque ça, M. le Président...
Mme la Présidente, pardon, on invoque une tentative de désinformation. Mme la Présidente, vous
comprendrez pourquoi j'ai été très surpris que même le président ne rappelle
pas le ministre à l'ordre parce que c'est un terme non parlementaire. Il y a
des gens qui nous écoutent, Mme la
Présidente, actuellement, qui s'attendaient à mieux et qui ce soir sont,
avec raison, déçus, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre responsable de la
région des Laurentides.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci,
Mme la Présidente. On est ici pour
parler du dossier de la 117. D'entrée
de jeu, moi, j'aimerais ça
remercier le premier ministre, remercier mon collègue le ministre du Transport,
remercier aussi ma collègue députée
de Labelle de mener avec coeur et
avec énergie sur ce dossier, et je les remercie dans leur façon de faire
et dans leur façon de travailler à prioriser
la sécurité des citoyens. C'est la priorité qui nous a menés à un travail
très, très rigoureux. J'ai une citation ici qui parle de
monsieur... en fait, c'est M. Flamand, le président de SOS 117, dans une
entrevue à Radio-Canada, il déclarait : «Ce que nous demandons
depuis 2001 est que l'accent soit mis sur la sécurité et, là, la sécurité
va être [là].»
Mme la Présidente, vous comprendrez que je
pense que M. Flamand sait très bien
que, lorsqu'on fait des promesses électorales, nous, à la
CAQ, on les suit et on va le faire. Notre priorité, c'est la sécurité des citoyens.
On aura beau
entendre, main sur le coeur, l'opposition nous dire qu'eux, ils l'auraient fait parce que
c'était dans le PQI en 2018, 2018,
année d'élection. Parce qu'ici,
malgré une étude qui date de 2011, 2014, qu'ont-ils fait? Rien. 2015, qu'ont-ils fait? Rien. 2016, qu'ont-ils fait?
Rien. 2017, Mme la Présidente, je vous laisse deviner qu'est-ce qu'ils ont
fait. Rien. Alors là, là, me dire
que, parce que ça aurait été dans le PQI, parce qu'ils ont fait une promesse,
ils l'auraient tenue, Mme la Présidente, permettez-moi d'en douter.
Pourquoi je
vous dis ça? C'est parce qu'il y a aussi d'autres dossiers qui me permettent de
douter de ce grand élan de toge, la
main sur le coeur, qu'on va s'occuper des citoyens, puis que c'est la sécurité,
puis qu'on l'aurait fait. On a juste à prendre l'autoroute 19.
L'autoroute 19, Mme la Présidente, combien d'années vous pensez qu'on en parle,
hein? En 2014... Ah! puis, en fait, moi
aussi, je pourrais prendre des photos puis montrer ça aux gens de Laval, parce
qu'en 2012, pardon, il est apparu au
PQI. 2012, Mme la Présidente, année d'élection. 2014, après les élections, disparu du PQI, Woups!
par enchantement. Aïe! C'est-u
formidable! Oui. Et puis quand est-ce qu'il est réapparu? En 2015. 2015, il est
réapparu dans le PQI. Alors, moi,
quand quelqu'un me dit que c'était au PQI, puis qu'il avait fait
des promesses électorales, puis, main sur le coeur, disant qu'il allait
faire ce qu'il avait dit, permettez-moi d'en douter.
Puis non seulement c'est la 19, mais on va prendre la 50. Pendant combien d'années les
gens, hein, au bout de la 50 ont
parlé de la sécurité? Combien d'années on a entendu dire : Oui, oui, oui,
c'est notre priorité, la sécurité, c'est notre priorité? Est-ce que c'était dans le PQI? Bien non! Puis quand est-ce qu'on a fait une promesse à cinq députés libéraux? Vous l'aurez deviné, Mme la Présidente, c'est pendant les élections de 2018. Aïe! Là, ça pressait, hein? Probablement qu'ils avaient les mêmes sondages que nous, puis ils devaient se
dire : Oh! il y a un problème, il va falloir qu'on règle cette situation-là.
Puis on va faire une promesse électorale, on va le dire, là : La 50, pour
nous, là, c'est vraiment
important, puis c'est important, la sécurité. Ils ont attendu pendant la campagne
électorale de faire des promesses.
Alors, moi,
des promesses électorales, quand la CAQ, elle le fait, elle tient ses
promesses : la promesse du premier
ministre, la promesse du ministre, la promesse de la députée de Labelle
et moi aussi, la promesse, parce que, je rassure mon collègue, je connais le dossier, nous allons
faire ce que nous avons promis, c'est de sécuriser les citoyens sur le tronçon
de la 117 qui est problématique. Alors, Mme la Présidente, je rassure les citoyens que, lorsque la CAQ fait une promesse, elle tient ses promesses, et le dossier va rester
dans le PQI, et non seulement il va être dans le dossier, mais, dès ce
printemps, ils vont avoir une réponse à leur question, et ce sera grâce
à la CAQ. Merci, Mme la Présidente.
• (18 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole au député de
La Pinière pour son droit
de réplique.
M. Gaétan Barrette (réplique)
M. Barrette : Alors, Mme la
Présidente, on a la preuve vivante aujourd'hui que le ridicule ne tue pas, parce
qu'évidemment la ministre responsable de la
région décéderait devant moi. Parce que, Mme la Présidente, la situation,
elle est très simple, là. Elle dit, elle
nous dit, elle vient de nous dire : Nous allons respecter nos promesses.
Donc, ça, ça voudrait dire que ce qui
est écrit dans le PQI n'est pas une promesse. Voyez-vous, ce qui est écrit dans
le PQI en 2019 par la CAQ, Mme la
Présidente, c'est «Réaménagement à quatre voies de la 117 entre Labelle et
Rivière-Rouge.» C'est ça qui est écrit. Ça, quand on le met dans le PQI, si ce n'est pas une promesse électorale, c'est
l'équivalent, c'est un engagement
moral. Ce n'est pas écrit, dans le
PQI : Nous allons faire une étude d'une solution qui va faire notre
affaire et qui va amener un minimum
de sécurité. La population, dans cette région-là, Mme la Présidente, veut avoir un maximum de
sécurité et, selon l'avis de tout le monde, comme c'était notre avis
dans notre mandat, c'est un élargissement à quatre voies.
Vous avez
entendu la ministre responsable de la région, elle n'a jamais
parlé de son PQI, elle n'a jamais dit qu'elle irait dans cette direction-là. Elle
n'a que parlé du passé, le procès du passé, qu'on peut faire, tout le monde peut le faire. Mais aujourd'hui, là, 18 février 2020, vers où ils vont? Clairement,
ils vont vers ne pas faire ce que la population
demande, c'est-à-dire un élargissement de
la 117 à cette hauteur-là. Est-ce
qu'il est justifié, l'élargissement?
La réponse, c'est oui. Est-ce que
c'est ça, la réponse qu'aurait dû donner le ministre
aujourd'hui et la ministre responsable? Non...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous allons procéder au deuxième débat, qui portera sur une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur concernant l'absence de pouvoir décisionnel des
parents d'enfants handicapés, suite à l'adoption de la loi n° 40 adoptée sous
bâillon. Mme la députée de Saint-Laurent, je vous cède la parole.
Représentativité des parents d'élèves handicapés ou en
difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage au sein des instances scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, cet après-midi, j'ai posé une question
assez précise, concise au ministre de
l'Éducation, à laquelle je n'ai pas
reçu de réponse. Alors, on se rappelle que la loi n° 40 a été adoptée sous bâillon, qu'il y a eu quand même
plusieurs amendements qui ont été déposés, en liasse, bien après minuit.
Par contre, un amendement que nous aurions
aimé voir adopté et accepté par le gouvernement, c'est celui qui consacre
un siège réservé aux parents d'élèves avec
un handicap, un trouble d'apprentissage, une difficulté d'adaptation, EHDAA.
Avant
l'adoption de la loi n° 40, les parents avaient quand même une voix au
chapitre. Le ministre n'arrête pas de dire qu'il faut remettre les pouvoirs dans les mains de ceux qui
connaissent les élèves par leur nom. Mais qui sont les
mieux placés que les parents d'enfants avec un handicap? Le parent lui-même.
Après l'adoption de la loi n° 40 par bâillon,
bien, la voix au chapitre au conseil d'administration, ils n'en ont pas, et
c'est pour ça que ça a soulevé beaucoup d'inquiétude. Il y a un père qui
dit la chose suivante : «Je veux qu'on me rassure. Les changements que
prévoit le projet de loi n° 40 sur la
gouvernance scolaire ont de quoi inquiéter Louis Turcotte, père de trois
enfants atteints de troubles de
développement. La réforme présentée par le ministre de l'Éducation, dans sa version actuelle, ne prévoit pas de sièges
réservés aux parents d'élèves à besoins
particuliers sur les futurs conseils
d'administration. Jusqu'à
présent, ces parents étaient représentés...» Et maintenant le père dit
la chose suivante : «"Lorsqu'ils prendront des décisions au niveau financier, au niveau de quels services on met dans
telle école, dans telle classe?", poursuit-il.» Est-ce que c'est la centralisation de pouvoirs à Québec prévue dans le
projet de loi? Ça crée une incertitude, une incertitude qui est partagée
par plusieurs parents.
Suite à l'adoption
du projet de loi, il y a quand même eu d'autres personnes qui ont joint cette
voix. «Des parents d'élèves autistes
ou dyslexiques déplorent de ne plus avoir de vrais pouvoirs — vrais pouvoirs, Mme la Présidente — pour défendre les jeunes à besoins particuliers maintenant que les
commissions scolaires ont été abolies. "Je ne compte plus le nombre
de fois où des parents m'ont appelée en pleurs ou en colère", raconte
Guylène Dhormes, qui est elle-même [la] mère
de deux ados autistes. Mme Dhormes a été pendant plus de deux ans
commissaire-parent représentant des élèves handicapés ou qui ont des
troubles d'apprentissage...»
Alors, vous
comprendrez qu'aujourd'hui même la Fédération des comités de parents du Québec
aussi a réclamé d'avoir un siège
réservé au conseil d'administration. J'ai entendu évidemment la réponse du
ministre, qui nous parle du conseil
d'administration dans sa globalité et qui nous parle... Là-dedans, il a
confiance d'avoir des gens qui vont comprendre les sensibilités et les besoins des services. Mais aujourd'hui on ne
parle pas de tout le monde. On parle d'une clientèle très spécifique, des élèves très, très spécifiques,
plus vulnérables, et qui demandent... Leurs parents veulent être représentés
pas à n'importe quelle table, à la table des décisions.
Alors,
Mme la Présidente, il y a aussi la Fédération québécoise de l'autisme qui, elle
aussi, a envoyé une lettre qui dit, là, la chose suivante : «Le
gouvernement [caquiste] n'a aucunement tenu compte des demandes faites par de nombreux organismes. Les parents [d'élèves] HDAA
qui avaient une place réservée ne pourront plus compter sur cette place dans les conseils d'administration des
nouveaux centres de services. Le lien qui existait entre le comité EHDAA
et l'instance principale de gouvernance est définitivement rompu.»
Aujourd'hui, le ministre de l'Éducation a quand
même un rôle essentiel pour rétablir ce lien. Il y a un bris de confiance. Les parents ont demandé pendant
plusieurs semaines un changement. La Fédération des comités de parents du
Québec a demandé une modification. Un
amendement a été déposé pour tenir compte des demandes des parents d'enfants
HDAA. Ils ont voté contre, là, à l'unisson.
Aujourd'hui, là, la seule chose responsable à faire à titre de ministre, c'est
de réaliser qu'on n'a pas tenu
compte, du côté caquiste, des demandes
des parents d'élèves HDAA, mais qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire et afin de rétablir ce
lien de confiance et de donner réellement le pouvoir à ceux qui connaissent
le nom des élèves par leur nom bien comme il
faut et leurs besoins; ce sont les parents. Un siège sur cinq doit être réservé
aux parents d'élèves HDAA, ce n'est pas trop
demandé. Est-ce qu'aujourd'hui le ministre peut juste faire ça, un siège sur cinq? Et je pense qu'on aurait une bonne
entente et on serait capable de rétablir le dialogue et le lien de confiance.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole au ministre
pour une durée de cinq minutes.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Ma collègue de Saint-Laurent nous parle aujourd'hui des enfants qui
ont des besoins particuliers, des
fois, des enfants qu'on appelle HDAA, de leurs parents. Elle nous fait la leçon
en nous disant qu'il y a eu un bris
de confiance. C'est quelque chose d'entendre une députée du Parti libéral... Et je rappelle que le Parti
libéral était au pouvoir il y a à peu près, quoi, 17, 18 mois, quelque
chose comme ça. Bien, c'est quelque chose d'entendre quelqu'un du Parti
libéral nous parler de bris de confiance avec les parents d'enfants qui ont des
besoins particuliers.
Je vais vous
faire la lecture d'un article de journal du 20 mai 2015. Ça, c'est le
dernier mandat, pas besoin de reculer loin,
là. Reculez de 18 mois, on est dans ce mandat du gouvernement libéral. Suppression
de 265 postes professionnels de l'éducation, Philippe
Orfali, 20 mai 2015. «L'heure des compressions a sonné dans la plupart des
commissions scolaires du Québec.
Forcé de composer avec des réductions budgétaires sans précédent, le réseau
scolaire québécois s'apprête à se défaire
de pas moins de 265 postes de professionnels de l'éducation d'ici à la
prochaine rentrée scolaire.» La
rentrée de 2016.
• (18 h 20) •
«Des dizaines
de psychoéducateurs, conseillers pédagogiques, psychologues, orthopédagogues et
autres professionnels de l'éducation
perdront leur poste au cours des prochains mois dans les 72 commissions
scolaires de la province.
«Comme le révélait Le Devoir le mois
dernier, c'est la Commission scolaire de Montréal, [la] CSDM, qui sera la plus touchée du réseau, avec une perte de
70 postes de professionnels. Nombre d'entre eux seront réaffectés à de
nouvelles fonctions, tandis que d'autres prendront leur retraite — ne
seront pas remplacés.
«Mais les autres
commissions scolaires ne sont pas en reste. Dans certaines régions, tels le
Bas-Saint-Laurent et la Haute-Côte-Nord, les syndicats membres de la Centrale
des syndicats du Québec verront jusqu'à 15 % de leurs effectifs — de professionnels — être amputés ou réaffectés à d'autres
tâches.» Et là ça continu, ça
continu, ça continu.
Plus
loin : «Ce sont donc de près de
8715 heures de services professionnels [de] tous genres dont seront privés
toutes les semaines — toutes les semaines — les élèves québécois...», puis je vais arrêter de le lire, mais on parle
des élèves, de parents qui ont
des besoins... d'élèves qui ont des besoins particuliers.
Je ne sais pas si, pendant que le gouvernement
libéral coupait dans les services directs aux élèves qui ont des besoins particuliers, des élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation, d'apprentissage, je ne sais pas si ces parents-là
se sentaient écoutés par le Parti libéral. Je ne sais pas s'ils avaient une grande confiance. Probablement pas. Et je me demande quelle confiance peuvent avoir ces
parents-là, aujourd'hui, dans des députés qui parlent au nom de cette formation
politique là qui, au gouvernement, coupait dans les services directs aux élèves les plus vulnérables et
déposait un projet de loi
sur l'élimination des élections scolaires et une transformation de mode de gouvernance, avant de le retirer, puis maintenant, dans l'opposition, veulent nous faire
la leçon sur les services professionnels et l'écoute qu'on peut avoir envers
ces parents-là et ces élèves-là.
C'est
particulier, c'est gênant. Je ne sais pas quel mot utiliser, là, qui serait
parlementaire, pour qualifier ça, mais disons
que ça ne combat pas le cynisme. Ça ne combat pas le cynisme d'avoir un groupe
parlementaire qui, quand ils ont le pouvoir d'améliorer les services,
s'attaquent aux services, coupent directement dans les services aux élèves à
besoins particuliers. Ça, c'est quand ils ont le pouvoir d'agir.
Mais, quand
ils ont le pouvoir simplement de parler, bien là, à ce moment-là, ils
s'attaquent à un gouvernement qui a
ajouté, en une année, en une seule année... puis il y a trois autres belles
années devant nous pour poursuivre dans l'amélioration des services directs aux élèves, mais, en une année, on a
embauché plus de 600 professionnels, plus de, parce qu'il y a des postes ouverts, puis on va en embaucher d'autres
encore, des gens qui donnent des services directs aux élèves qui ont des
besoins particuliers.
Et on a coupé dans de la bureaucratie, et on va
économiser, avec notre réforme de la gouvernance, pour aller dégager d'autres millions de dollars pour
embaucher encore plus de professionnels. Et, ah oui, il y a aussi des classes
qui manquaient parce qu'il y avait
une pénurie de locaux. On va construire et agrandir des classes pour arrêter
d'entasser des élèves dans des endroits trop petits.
Alors, Mme la Présidente, nous sommes en train de réparer un réseau qui était
brisé. Est-ce que les gens vont vraiment nous le reprocher? Je ne pense
pas.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Saint-Laurent pour son droit de
réplique.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme
Rizqy : Il termine sa phrase ainsi : Est-ce que les gens vont
vraiment nous le reprocher? En fait, les gens le reprochent déjà. Au
lieu de trouver refuge dans un article de 2015 écrit par M. Orfali, il devrait
peut-être consulter, peut-être, comme le
fait si bien son premier ministre, sa
propre page Facebook. Ça déferle. Qu'il regarde aussi de temps en
temps sa boîte courriel, parce que
nous sommes en copie conforme sur les courriels qui sont envoyés par qui? Par
les parents.
Avez-vous entendu, Mme la Présidente, un
commencement de réponse? Un siège sur cinq, dans le conseil d'administration, réservé pour les parents, qui connaissent très bien
les besoins de leurs enfants, des besoins particuliers, enfants davantage
vulnérables.
Alors, moi,
là, c'est bien beau d'entendre un ministre qui dit : On n'a pas de leçons à recevoir.
Le problème, c'est que
c'est un ministre très,
très pressé, trop pressé, qui
n'entend plus rien, puis que, si, peut-être, il revenait, là, au niveau d'entendre les parents, les enseignants ainsi que les
partis d'opposition, peut-être qu'il aurait trouvé un consensus favorable. Mais, vu qu'il n'entend personne à part
lui-même, il a réussi à avoir un consensus largement défavorable contre
sa loi n° 40.
Alors, c'est
vrai qu'il y a un mégabrassage de structure qu'il est en train de faire. Mais
qu'il ne vienne pas nous dire qu'il y
a des économies, ce n'est pas vrai. Puis ma question ne porte pas sur des
économies, elle porte spécifiquement sur
la voix des parents. Vous savez où est-ce qu'on prend des décisions? Ce n'est
pas trop compliqué, qu'est-ce qu'on demande au ministre.
Mais je vois
qu'il n'a pas de réponse parce qu'en fait, quand il est question d'enfants
vulnérables, il n'est pas assez sympathique
à cette cause pour entendre la voix des parents. Parce que, s'il avait été un
peu plus sympathique, il aurait au moins répondu à un des
29 parents qui lui ont écrit. Mais évidemment il est trop pressé pour ça.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée.
Nous allons
maintenant procéder au troisième débat, qui portera sur une question adressée
par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis au ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur concernant l'absence du pouvoir décisionnel des parents d'enfants handicapés sur
l'adoption de la loi n° 40 sous bâillon. Mme la députée, à vous la parole.
Représentativité des parents d'élèves handicapés ou en
difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage au sein des instances scolaires
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je n'irai pas à répéter
toutes les paroles de ma collègue, sauf
que je vais quand même dire... Je ne ferai aucune citation, mais je vais quand
même faire une petite liste des gens parce
que c'est des groupes importants, Mme la Présidente : Fédération
québécoise de l'autisme, la députée de Saint-Laurent l'a déjà citée; la
coalition des parents des enfants handicapés; la Société québécoise de la
déficience intellectuelle; le Comité de
parents de la commission scolaire de Montréal; la Fédération des comités de
parents du Québec; the English Parent's Committee Association of Québec.
C'est clair,
tout le monde a dit que c'était important. Et j'ai du mal à comprendre pourquoi
on n'est pas prêt, du côté du gouvernement, de prendre du recul sur une
décision qui pourra juste être bénéfique pour nos élèves au sein de notre réseau scolaire. C'est un rôle qui est
hyperimportant. Puis peut-être je pourrais parler en anglais, puis le ministre
va mieux comprendre, parce que, c'est sûr,
il n'a pas répondu à la question de ma collègue. On ne parle pas de services,
on parle de droit de vote, le droit de vote
de ces parents autour de la table du conseil
d'administration, qu'auparavant
ils avaient ce droit-là.
J'ai fait partie de tous ces parents-là qui ont
milité pour avoir ce droit de vote là puis... ce droit de vote. Puis pourquoi qu'on a fait ça? C'est parce qu'on savait auparavant que notre voix... on
était muets. C'était important d'avoir ces
gens autour de la table. On ne demandait pas pour cinq places, on demandait
pour avoir une place. Puis je comprends qu'on aura cinq places réservées pour les parents, mais il y a zéro
garantie qu'une de ces places-là sera réservée, désignée pour ces parents-là qui méritent d'avoir leur voix
entendue. Puis ce n'est pas parce que les autres gens, les autres parents
ne seront pas sensibles. C'est parce que,
quand on parle comme parent des enfants handicapés ou à besoins particuliers,
on parle d'une expérience précise, on parle
d'une expérience personnelle, on parle d'une expérience terrain. On sait de
quoi qu'on parle.
Puis le
comité pour les élèves HDAA, oui, il y a des parents puis, oui, ils vont faire
des recommandations, mais ils n'ont
pas de pouvoir. Ils n'ont plus de pouvoir. Ils pourront faire des recommandations,
ils seront consultés, mais c'est le
conseil d'administration qui aura le pouvoir au sein de ces nouveaux centres de
services, et on vient d'enlever le droit de s'exprimer de ces
parents-là. Ils ne pourront pas voter. Ils ne pourront pas dire : Je suis
en désaccord avec les mesures budgétaires
qui seront en place ou les recommandations parce que je pense qu'on ne pense
pas assez à nos élèves HDAA.
Ils
ne pourront pas parler comme moi, comme parent de deux enfants autistes, puis
de dire : Ça ne fonctionne pas, la façon que vous pensez, dans nos écoles.
Le 20 heures qui sont désignées à mon enfant, c'est réparti dans la classe avec
tous les autres élèves, puis je vis avec ça,
puis je comprends qu'il faut partager les ressources parce qu'on a un manque
de ressources, on a une pénurie de main-d'oeuvre, puis aussi c'est comme ça que
ça fonctionne dans le réseau scolaire. Ce
n'est pas un centre de thérapie, c'est... on est là pour assurer que les élèves
seront les mieux équipés possible, seront les meilleurs élèves possible dans le milieu scolaire, mais ça prend le
vote de ces parents-là autour de la table, puis le ministre a tout le
pouvoir.
J'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi qu'on
fait même un débat de fin de séance là-dessus. Pourquoi qu'on ne dit pas juste : Oui, je suis d'accord, je prends du recul,
je vous comprends, je veux respecter le droit de tous ces parents-là, je comprends l'importance de ce
rôle-là, je comprends l'importance de leur voix décisionnelle autour de la
table?
Ce n'est pas
une question de services. Je sais qu'on essaie fort d'améliorer les services au
sein de nos écoles. Je ne parle pas
de l'argent, je ne parle pas du budget, je parle de pouvoir, leur pouvoir. Puis
ce n'est pas quelque chose qui a été
fait en 2015, c'est quelque chose qui a été fait la semaine dernière. Tu sais,
c'est récent, ça fait qu'on a de la chance de pouvoir maintenant reculer là-dessus puis respecter le droit de vote
puis le droit de parole de ces gens-là autour de la table. Ça ne va pas faire du mal. Ça ne peut que
juste faire du bien. Ce n'est pas en brassant les structures qu'on va améliorer
les ressources pour nos élèves, c'est
en écoutant les gens sur le terrain. Puis tous les parents, tous les parents
ont dit que c'était nécessaire. Tous
les regroupements qui représentent les personnes vulnérables ont dit que
c'était nécessaire puis qu'on prenait du recul.
On a milité
pour avoir cette voix-là autour de la table. Je suis blessée, je suis choquée
que ce droit-là sera enlevé puis que ces parents-là ne seront pas pris en
conséquence. Puis, quand on ne prend pas ces parents en conséquence, on
ignore aussi les élèves ayant des besoins particuliers. Merci, Mme la
Présidente.
• (18 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole à M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur pour une durée de cinq minutes.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Donc, je comprends que ma collègue nous parle de ces places sur les
conseils d'administration. Donc, je répète qu'il y aura 15 places sur les
conseils d'administration. C'est déjà annoncé.
Il y aura donc cinq membres qui sont du personnel scolaire, et je pense que
c'est un gain pour les parents et les enfants
qui ont des besoins particuliers. Les enfants ou les élèves qu'on dit HDAA,
handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, doivent avoir plusieurs façons d'être entendus,
d'être écoutés, d'avoir plusieurs personnes qui connaissent leur réalité
et qui parlent en leur nom.
Et, quand il
y a des membres du personnel qui vont aller sur le conseil d'administration,
mais ça veut dire d'avoir un
enseignant ou une enseignante. Et un enseignant ou une enseignante qui n'a pas
d'élève qui a des besoins particuliers, là, ça n'existe pas. Ce n'est plus ça
dans nos classes. Donc, automatiquement, on aura des enseignants qui auront
parlé avec ces parents-là, qui
connaîtront la réalité de ça et qui connaîtront même les élèves. Ils vont être
capables d'aller au conseil d'administration et de penser à certains
élèves en particulier.
On aura aussi
un professionnel, quelqu'un qui dédie sa carrière aux élèves en besoins
particuliers. On aura aussi une direction d'école qui gère des équipes-écoles,
qui gère des professionnels, qui reçoit les parents et qui fait les plans
d'intervention, et cinq parents désignés par le comité de parents. Et bien de
la misère à croire, pour les connaître quand même un petit peu, pour avoir moi-même été dans le réseau scolaire
pendant plus de 17 ans, vous savez, dans le réseau public, je le précise, bien de la misère à penser
que les comités de parents vont désigner cinq parents puis il n'y en aura
aucun là-dedans qui a un enfant en besoins particuliers. Bien de la misère.
Ma collègue la députée de Westmount—Saint-Louis
nous parle des besoins des élèves qui ont des besoins particuliers. Bien là, je vais me référer à un article cette fois-ci qui
date du 20 février 2019. Ça fait moins longtemps. Tantôt, elle trouvait
que ça faisait trop longtemps. Ça s'intitule Une députée du PLQ dénonce les
coupes... libérales. C'est un article qui est paru dans La Presse,
donc, sous la plume de Mme Caroline Plante, 20 février 2019 :
«La députée libérale de Westmount—Saint-Louis — ma collègue — en a surpris plus d'un mardi soir lorsqu'elle
a dénoncé les "coupures" en éducation imposées sous l'ancien
gouvernement libéral — son
équipe.
«Mme — je ne peux pas dire son nom — [la députée libérale de Westmount—Saint-Louis] participait à la commission parlementaire chargée d'étudier le
projet de loi 3, qui vise à instaurer un taux unique de taxation scolaire.
Elle était assise à proximité de l'ancien ministre des Finances — je ne
nommerai pas son nom.
«Se présentant d'abord comme une nouvelle élue,
et expliquant avoir été présidente de la Québec English School Boards Association», ma collègue «s'est insurgée contre le projet
de loi, inéquitable, selon elle, car il prive les commissions scolaires
de revenus.
«Elle a
rappelé que les commissions scolaires ont récemment souffert des compressions
imposées sous le précédent gouvernement libéral de Philippe Couillard.»
C'est son équipe, ça.
Et là je la
cite : «"Ma position dans ce temps-là, c'était : j'avais subi
des coupures et ces coupures-là ont eu un impact vraiment sur les services offerts dans les commissions scolaires,
dans nos [élèves], telles que les bibliothèques, l'accès au transport
scolaire", a-t-elle déclaré.
«"On ne
subventionne plus depuis longtemps le transport scolaire après les heures
d'école, il y a un impact sur la diplomation,
surtout pour nos garçons, il y a un impact sur le décrochage. D'enlever plus
d'argent dans ce réseau-là, j'ai peur".»
Et
je pourrais continuer jusqu'à la fin, mais quand même un passage
savoureux : «En janvier, la députée libérale de Saint-Laurent — ma
collègue qui vient de m'interpeler il y a quelques minutes — avait
semé la controverse en suggérant à son équipe de s'excuser à la population du
Québec pour les années de rigueur budgétaire imposées [par] Philippe Couillard.»
Donc, mes
deux collègues, les deux, ces deux-là, qui nous interpellent aujourd'hui parce
que, supposément, on enlève un droit
de parole aux parents, alors qu'on réserve cinq places sur le C.A. aux parents
désignés par le comité de parents,
lequel évidemment connaît bien la réalité des élèves, et sur lesquels il y a
énormément de parents d'enfants qui ont
des besoins particuliers, donc, ces deux collègues-là nous reprochent à nous,
qui créons une instance régionale sur laquelle,
pour la première fois, il y aura cinq parents en plus des experts qui, au
quotidien, côtoient des élèves à besoins particuliers, ces deux mêmes personnes là, qui ont critiqué leur
formation politique pour les torts causés aux élèves qui ont des besoins particuliers, nous jettent la pierre.
Il y a un proverbe qui dit qu'il ne faut pas lancer de pierre quand on est
dans une maison de verre. Je pense qu'il ne
reste plus un seul morceau de verre qui a résisté aux assauts de mes collègues.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis, votre droit de réplique.
Mme Jennifer Maccarone
(réplique)
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Est-ce que
ça fonctionne, le micro? Parce que j'ai de la misère de comprendre la réponse que j'ai reçue du ministre.
Je n'ai pas parlé une fois du budget, Mme la
Présidente. Moi, j'ai parlé de droit de vote. Et j'ai bien entendu le collègue parler de, oui,
il y aurait cinq places, mais je n'ai pas entendu une fois une garantie
pour les parents des élèves HDAA autour de cette table-là, Mme la Présidente,
pas une fois.
Il a dit que
ça ne se peut pas, que ça ne va pas arriver. Oui, ça se peut. Dans quelques
cas, ça arrivera qu'on aura des
parents qui représentent des élèves HDAA autour de la table, puis ça se peut
que, dans plusieurs autres cas, ça ne serait pas le cas. Pourquoi? Parce qu'il y a zéro garantie. Puis, ça fait juste
une semaine, ces parents-là avaient une garantie d'avoir une voix autour de la
table, une voix décisionnelle. Le ministre n'a pas pu répondre à la question.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on n'est pas capable de corriger
le tir et de respecter le droit de ces parents-là, de favoriser leur voix
autour de la table.
Le ministre parle des enseignants. Puis, oui,
ils vont pouvoir militer puis parler au nom de ces élèves-là. Mais savez-vous quoi, Mme la Présidente? Dans toute mon
expérience au sein du parcours scolaire de mes enfants, qui font partie
de la communauté EHDAA, et moi-même qui ai participé dans toutes ces
consultations, dans tous ces comités, présidente
de comité de parents, c'est un partenariat avec les enseignants, puis c'est un
partenariat avec les directions d'école, puis c'est un partenariat avec la direction générale de l'école. Ce
n'est pas juste les enseignants qui vont pouvoir parler. Ça prend les
parents autour de la table, qui peuvent militer pour la communauté aussi.
Puis ce n'est
pas parce que... comme je répète, ce n'est pas parce que les autres parents ou
les autres personnes autour de la table ne seront pas sensibles. Mais ce n'est
pas la même expérience, ce n'est pas la même parole, ce n'est pas la même expertise, ce n'est pas la même
personne qui va pouvoir vraiment aller en profondeur puis militer pour cette
communauté-là.
Quand ça nous
affecte personnellement, ça change la donne totalement. Alors, je trouve, la
réponse, c'est un manque de respect pour ce débat. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Ceci met fin aux débats de fin
de séance.
Je suspends les travaux jusqu'à
19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 39)
(Reprise à 19 h 31)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Vous pouvez vous asseoir.
Projet de loi n° 44
Poursuite du débat sur l'adoption
du principe
Alors,
l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 44, et, M.
le député de Rosemont, la parole est à vous pour
compléter votre intervention.
M. Vincent Marissal
(suite)
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. Alors, j'en étais donc, avant l'ajournement, à vous parler du Fonds vert. Le Commissaire au
développement durable, M. Lanois, est venu nous informer que l'audit
financier du Fonds vert n'avait jamais
pu être complété depuis l'année financière 2017-2018, car personne au
ministère n'était en mesure de répondre à ses questions. Il semblerait que, seulement dans
la dernière année, à deux moments, ils auraient tenté de réaliser son audit, qui était, rappelons-le, un ordre de
l'Assemblée nationale, mais que les travaux avaient dû être abandonnés, car le
ministère lui fournissait... ce que le ministère lui fournissait était plein
d'erreurs.
Je ne trouve vraiment pas ça correct dans la
structure qu'on a ici de ne pas répondre aux questions de la Vérificatrice générale et de ses officiers. C'est
quand même la moindre des choses, c'est un outil parlementaire absolument essentiel dans notre système, on doit respecter
cette institution. Ne pas répondre aux questions de la Vérificatrice générale
ou du Commissaire au développement durable,
c'est comme tricher dans un examen, c'est comme mentir à son comptable, puis, de toute façon, un jour, ça finit par nous
rattraper. Alors, souhaitons que ce genre de chose ne devienne pas la norme.
Comment notre ministère de l'Environnement
peut-il manquer à ce point de ressources? Pourquoi le ministre n'a-t-il pas levé le flag plus tôt, comme on dit?
Ça fait un an qu'il est en fonction, et le commissaire nous dit que la situation est comme ça depuis 2017. Et là le
ministre de l'Environnement nous demande de lui signer un chèque en blanc,
de lui confier la gestion complète du Fonds
vert et de lui faire confiance. La confiance, ça se mérite, ce n'est pas
quelque chose qui tombe du ciel, et,
franchement, après les événements dont je viens de parler, cette confiance est
pour le moins ébranlée.
Dans le
fameux plan stratégique du conseil de gestion vert, que le ministre de
l'Environnement a tant tardé à nous remettre,
le conseil de gestion proposait une feuille de route rigoureuse pour assurer la
saine gestion du fonds. Il y avait quatre
priorités qui auraient dû inspirer le ministre pour son plan... dans son plan
de projet de loi n° 44, pardon : améliorer l'adéquation entre les objectifs du Fonds vert et
les actions qu'il finance, renforcer la gestion axée sur les résultats,
accroître la transparence, améliorer le modèle d'affaires du Fonds vert
et du fonds de gestion.
Le ministre,
lui, a choisi un autre modèle : un comité aviseur, comité composé
d'experts, et des pouvoirs accrus pour
la Vérificatrice générale. Est-ce suffisant, considérant l'ampleur du fouillis
qui règne actuellement? Le Vérificateur général va faire de son mieux pour vérifier ce que le ministère lui
transmettra. Mais, entre vous et moi, qu'est-ce qui va se passer si ce n'est pas à la hauteur? Dans le pire,
on va avoir un énième rapport qui nous dit que le Fonds vert n'est pas bien géré, le gouvernement va dire qu'il va
corriger la situation, et, au pire, l'année suivante, on aura un autre rapport
qui nous dira exactement la même chose.
Est-ce qu'on peut prévenir dès maintenant cette
situation en intégrant les recommandations passées de la Vérificatrice générale et du Conseil de gestion du
Fonds vert dans le projet de loi n° 44? Parce que ce qu'il
aurait fallu, c'est accroître les
pouvoirs de la Vérificatrice générale sur le Fonds vert, clarifier les
responsabilités du Conseil de gestion du Fonds vert et maintenir ces
deux chiens de garde.
Pour ce qui
est de l'autre mesure, c'est-à-dire le comité aviseur, c'est un ajout
intéressant, probablement notre élément préféré du projet de loi, mais
le hic, c'est que celui-ci va faire des recommandations au ministre, qui ne
sera pas obligé d'en tenir compte ou de se
justifier s'il va dans une direction contraire. En plus, les membres du comité seront nommés directement par le ministre.
Si le ministre de l'Environnement souhaite réellement que ce comité soit un
contre-pouvoir à l'immense pouvoir discrétionnaire qu'il s'octroie sur le Fonds
vert, il faudrait qu'il lui donne de l'indépendance
et des ressources financières suffisantes. Sans ça, ce sera juste un autre
comité-conseil comme il y en a beaucoup qui gravitent autour de l'appareil gouvernemental. De la rigueur et de l'indépendance pour ce comité, il me
semble que ce n'était pas trop demander.
Je veux
conclure sur le fonds, le Fonds vert, en vous lisant un extrait du mémoire de
Pierre-Olivier Pineau, titulaire de
la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC, je cite : «La
disparition du [comité] de gestion du Fonds
vert est regrettable dans la mesure où l'analyse et [le]
suivi des programmes n'est plus confiée à une entité unique.
[...]L'éparpillement de la reddition
de comptes fait courir le risque d'un manque de vision et d'efficacité dans la
réalisation de la lutte contre les changements climatiques. Il serait
donc souhaitable de rétablir un organisme équivalent au [comité] de gestion du Fonds vert, mais avec une indépendance qui éviterait les défauts du système actuel,
pour assurer une confiance dans les initiatives de lutte contre les
changements climatiques financées par le fonds.» Fin de la citation. Nous
partageons complètement cette analyse.
Il y a un
autre grand absent dans le projet de
loi n° 44,
et ça s'appelle un budget carbone. Nous ne comprenons pas pourquoi un gouvernement
dirigé par un comptable est si réfractaire à l'idée de mettre en place une
pratique comme un budget pour suivre nos
émissions de gaz à effet de serre. En passant, c'est généralement ce qui se fait maintenant auprès des gouvernements sérieux dans la lutte aux changements climatiques. Le Royaume-Uni a un budget carbone depuis
plusieurs années maintenant. Chaque budget carbone couvre une période de cinq
ans, et le gouvernement doit respecter le budget carbone, tout
comme il doit respecter son budget financier.
Pourquoi est-ce que
ceci serait irréaliste pour le Québec? On gouverne à l'aveuglette concernant les GES et
on se demande pourquoi on n'obtient pas les résultats. Le projet de loi n° 44 est le moment idéal pour intégrer cette
pratique dans notre gouvernance publique.
Une autre
bonne pratique de gouvernance serait le test climat, ou le réflexe climat,
comme certains intervenants l'ont
nommé en commission, une façon efficace d'assurer la cohérence climatique de
l'ensemble des décisions gouvernementales, parce que l'incohérence est notre
pire ennemie.
Il n'y a pas
de meilleure façon de faire du surplace que d'annuler d'une main ce qu'on tente
de construire de l'autre. GNL Québec,
le troisième lien sont des symboles de cette incohérence gouvernementale. Il faut que le projet de
loi n° 44
permette d'identifier des projets comme
ceux-là comme étant incohérents avec nos objectifs de réduction des
GES. Si notre filet législatif
climatique a les mailles trop lousses et laisse passer tous les poissons, nous
choisissons délibérément l'échec. Si la lutte aux changements
climatiques est une priorité, il faut agir en conséquence et en cohérence.
Par exemple, par le passé, le Québec a choisi une autre priorité... d'autres
priorités, pardon. Je pourrais vous parler de la loi déficit zéro, mais je préfère vous parler du réflexe
entreprise et de la simplification réglementaire. En cohérence avec cette priorité,
depuis 2014 le gouvernement du Québec a intégré l'analyse d'impact réglementaire
systématique pour connaître les impacts sur les entreprises liés à
l'adoption d'une norme législative ou réglementaire. Cette analyse doit accompagner le projet législatif lorsqu'il est
soumis au Conseil exécutif. Ces
analyses doivent aussi être rendues publiques sur les sites Web des ministères. Donc, si on le fait pour les
entreprises, pourquoi ne pourrait-on pas le faire pour le climat? Ce
serait utopique quand il s'agit de climat, mais réaliste pour les entreprises.
La cohérence
de l'action gouvernementale sera la clé du succès de la lutte contre les
changements climatiques, mais ça fait
longtemps que je ne crois plus au bonhomme Sept-Heures, et, parce que je suis
pragmatique, je sais que ça n'arrivera
pas tout seul. Il faut un test climat systématique avec des analyses d'impact
climatique rendues publiques pour chaque politique, règlement, stratégie, etc.
On l'a fait pour les entreprises, je le répète, ça fonctionne, on devrait le
faire aussi pour le climat.
Ultimement,
la CAQ sera jugée par les Québécois et les Québécoises pour les actions qu'elle
aura posées, pas pour les beaux
discours qui seront prononcés ici. Il n'est pas trop tard pour le ministre. Il
peut encore donner au Québec ce dont il a besoin pour respecter les
recommandations du GIEC et faire sa juste part pour lutter contre les
changements climatiques. Le meilleur PECC ne
pourra livrer aucun résultat si nous n'avons pas de gouvernance climatique
adéquate, si nous n'avons pas de vraie loi-cadre sur le climat. Merci,
Mme la Présidente.
• (19 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Laporte, la parole est à vous.
Mme Nicole Ménard
Mme Ménard : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je suis
très heureuse d'intervenir sur le projet
de loi n° 44, intitulé Loi visant principalement la gouvernance efficace
de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification,
qui a été déposé en octobre dernier.
L'environnement est devenu un enjeu de société primordial pour les Québécoises et les Québécois et qui transcende l'ensemble des
générations. Depuis quelques années, il y a eu une véritable prise de
conscience sur l'importance du sujet de la
part de la population mondiale. Aux quatre coins du monde, nous voyons
différentes manifestations qui ont pour objectif l'éveil environnemental
collectif, afin de demander aux gouvernements d'en faire davantage pour assurer
la protection de l'environnement et la diminution des gaz à effet
de serre. Le Québec n'échappe pas à cette demande, cette tendance.
Avant
d'arriver à l'étude du projet de loi, j'aimerais faire un petit retour en
arrière. Souvenons-nous qu'en 2018, lors
de la dernière campagne électorale, l'environnement n'était pas un enjeu
prioritaire pour la CAQ. Le premier ministre n'avait rien de concret à offrir aux Québécoises et aux Québécois, et
ce, pour une troisième campagne électorale. Dans un article de décembre dernier, la journaliste Jocelyne Richer affirme,
avec raison, que, jusqu'à son élection, le premier ministre a eu trois chances : de bâtir un programme en environnement, de dresser une liste d'engagements, de fixer des objectifs et des échéanciers. Or, la CAQ s'est présentée devant
l'électorat en demeurant pratiquement muette sur cette question.
Une fois élu,
le premier ministre a dit qu'il avait compris le message. Lors de
l'assermentation du Conseil des ministres,
le 18 octobre 2018, il déclarait : «On a bien reçu le message de
la population pendant la campagne. On doit en faire plus pour lutter contre le réchauffement climatique.» À ce moment, on s'attendait à voir le gouvernement annoncer des actions concrètes en cette matière. Depuis, le gouvernement
caquiste ne cesse de décevoir.
Après un
cafouillage en début de mandat et un remaniement d'urgence en
janvier 2019, on s'attendait à ce que le ministre actuel donne suite à l'engagement du premier ministre et qu'il présente la vision globale du gouvernement, que nous attendons toujours d'ailleurs.
Mme la Présidente, dans un contexte où le bilan du Québec en la matière fait
l'envie de plusieurs États un peu
partout dans le monde, les Québécois
se seraient également attendus à ce que le premier ministre se positionne comme un leader et qu'il aille lui-même
à la COP24, en Pologne. Il a plutôt brillé par son absence. Au même
moment que la COP24 entamait ses
travaux, les scientifiques sonnaient l'alarme. Le dernier rapport du Groupe
d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat affirme que les dégâts causés par le réchauffement climatique dépassent de loin la capacité des gouvernements
à les protéger. Et il conclut en disant que, si rien ne s'améliore, les effets
seront graves.
Pourtant, le
25 septembre dernier, l'Assemblée
nationale adoptait à l'unanimité une motion déclarant
l'urgence climatique. Le texte de la
motion demandait au gouvernement du Québec d'harmoniser l'ensemble des choix
politiques avec cette situation de crise en prenant tous les moyens
nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement nos émissions de gaz à
effet de serre.
Par la suite,
le 27 septembre dernier, les jeunes Québécois ont pris part à une
manifestation monstre à Montréal. Jusqu'à
500 000 personnes ont
participé alors que les écoles faisaient relâche, et plusieurs de nos
concitoyens prenaient congé pour être partie prenante de la
manifestation et ainsi demander des actions concrètes aux différents paliers de
gouvernement, incluant celui de la CAQ. À ce
rendez-vous, le premier ministre est, encore une fois, absent. Pourtant, le
matin de la manifestation, il écrivait aux jeunes. Dans sa lettre à la jeunesse
québécoise, il leur tend la main, il écrit : «J'ai entendu votre cri du coeur. Vous nous avez poussés
à faire face à l'urgence climatique, nous devons nous retrousser les
manches et passer à l'action tous ensemble.»
Donc, le
31 octobre dernier, le ministre de l'Environnement a déposé le projet de
loi à l'étude aujourd'hui. On découvre alors les intentions de la CAQ, soit
un brassage de structures plutôt que des actions concrètes.
Mme la
Présidente, c'est avec déception que les Québécois accueillent ce projet de
loi. Après les belles paroles du
premier ministre, on s'attendait à mieux du gouvernement de la CAQ. Pourquoi ne
pas saisir l'occasion et présenter plutôt une politique environnementale ambitieuse
au lieu d'un projet de loi qui ne fait qu'abolir des structures qui ont fait
leurs preuves? Sommes-nous vraiment surpris
d'un autre brassage de structures? Le gouvernement caquiste nous a habitués
à ce genre de brassage inutile, qui n'améliore en rien notre société.
Le premier
ministre a souvent répété qu'un gouvernement doit avoir du courage. Force est
de constater que le gouvernement
manque de courage en matière environnementale en ne déposant pas de plan avec
des cibles, tel qu'il s'est engagé.
Mme la
Présidente, avoir du courage en matière environnementale, c'est de positionner
le Québec en tant que leader mondial
à la lutte contre les changements climatiques. Avoir du courage en matière
environnementale, c'est développer le marché de carbone avec la
Californie, créant le plus grand marché du carbone en Amérique du Nord et le
premier à avoir été et à être géré par des
gouvernements infranationaux de pays différents. Alors qu'une grande majorité
d'émissions des gaz à effet de serre
sont produites par nos voitures et le transport par camion, avoir du courage,
c'est l'adoption d'une loi véhicules zéro émission, une première au
Canada, qui vise à réduire l'émission des gaz à effet de serre et d'autres
polluants et qui permet aux consommateurs d'accéder à un plus large éventail de
véhicules électriques.
Mme la
Présidente, il s'agit de mesures concrètes mises en place par le dernier
gouvernement libéral. Grâce au courage
du Parti libéral du Québec, nous avons pu placer notre province comme un joueur
incontournable en matière de lutte aux changements climatiques. Nos efforts ont
été reconnus un peu partout dans le monde. Souvenons-nous des paroles de l'ancien vice-président américain, Al
Gore, qui, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris, en 2015, a dit : Merci
au peuple du Québec, reconnu comme un vrai héros dans les solutions à la crise
du climat. Il avait longuement louangé le
leadership fantastique du premier ministre Philippe Couillard et son
gouvernement en disant que «le Québec montre la voie au reste du monde».
• (19 h 50) •
Plus
récemment, en septembre dernier, le programme Coopération climatique
internationale du Québec a reçu un
des prix de l'action climatique mondiale décernés par l'ONU. Le programme
québécois fut mis en place par l'ancien ministre libéral David Heurtel. Fait
intéressant à noter, malgré qu'il aime critiquer les actions du précédent gouvernement libéral, c'est l'actuel ministre
caquiste de l'Environnement qui est allé recevoir le prix.
Malgré que le
ministre aime dire que le précédent gouvernement n'a rien fait en matière
d'environnement, je trouve que ces exemples démontrent bien les effets
bénéfiques d'un gouvernement libéral en matière environnementale. Au lieu de faire preuve de courage, le
gouvernement de la CAQ dépose un projet de loi qui ne répond en rien aux
attentes de la population. Il préfère revenir en arrière plutôt que de
renforcer les mécanismes en place.
Mme la Présidente, j'aimerais maintenant revenir
sur quelques éléments du projet de loi. Un aspect qui est récurrent avec le gouvernement de la CAQ, c'est la
centralisation des pouvoirs. Avec le projet de loi n° 44, le ministre
rapatrie le Fonds vert au sein du ministère
de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, et il intègre
Transition énergétique Québec au sein du ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles.
Permettez-moi d'aborder Transition énergétique
Québec, un organisme créé en 2018. Sa mission consiste à soutenir, à stimuler et à promouvoir la
transition, l'innovation et l'efficacité énergétique et d'en assurer une
gouvernance intégrée. L'organisme joue un rôle important en coordonnant
l'ensemble des programmes et des mesures nécessaires à l'atteinte des cibles en matière énergétique, et d'en assurer le
suivi. À la lecture du projet de loi, on constate avec surprise que le
gouvernement de la CAQ souhaite l'abolir. Pourtant, lors des consultations sur
le projet de loi, les groupes entendus
ont dit au ministre que Transition énergétique Québec fonctionne et accomplit
pleinement sa mission. Certains groupes ont même proposé de revoir la forme de
TEQ afin de lui donner plus de pouvoir, afin d'accroître sa performance.
D'ailleurs, lors de son intervention sur le
principe, ma collègue députée de Maurice-Richard a fait la
démonstration de l'efficacité de
l'organisme avec des chiffres à l'appui. Alors, je pose la question :
Pourquoi le ministre souhaite-t-il abolir Transition énergétique Québec?
Mme la
Présidente, en ce qui concerne le Conseil de gestion du Fonds vert, le ministre
propose, avec son projet de loi, de
l'intégrer au ministère de l'Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques. Rappelons-nous que le Conseil
de gestion du Fonds vert a été créé en 2017 afin de répondre aux
recommandations de certains rapports, notamment celui du Commissaire au développement durable. Le ministre de
l'Environnement de l'époque a donc agi en faisant adopter le projet de
loi n° 102 qui venait pallier aux failles de gouvernance du fonds. Lors
des consultations, la Vérificatrice générale du Québec et le Commissaire au
développement durable ont exprimé leurs inquiétudes et mis en garde le gouvernement contre cette procédure qui consiste à
un retour en arrière. Des groupes ont également exprimé leurs craintes
en disant que cette pratique soulève un risque de politisation des décisions.
Mme la
Présidente, les consultations en commission parlementaire ont pour objectif d'inviter
des personnes ou des organismes à s'exprimer sur le sujet que la commission
étudie. Lorsqu'on est au gouvernement, c'est l'occasion de prendre en considération les éléments soulevés
afin de bonifier le projet de loi. Qu'un gouvernement soit majoritaire ou
minoritaire, l'objectif est toujours d'obtenir un projet de loi qui fait
consensus. Force est de constater
qu'encore une fois la CAQ fait cavalier seul.
Mme la Présidente, le projet de loi du ministre vient, encore une fois, affaiblir la Régie de l'énergie en lui retirant la révision
de l'efficacité des mesures en matière énergétique. Il est important de
rappeler que la Régie de l'énergie est un mécanisme indépendant de contrôle
de l'action gouvernementale. Ce faisant, la régie perd la possibilité d'évaluer
la mise en place des mesures du plan. Comment les citoyens pourront-ils obtenir
un avis externe à l'épreuve de toute partisanerie
sur le progrès du Québec en matière de lutte aux changements climatiques? Il
faut que le gouvernement passe de la parole aux actes. Il faut que les plans,
tout aussi ambitieux soient-ils, se réalisent. Pour mesurer nos progrès,
il est essentiel d'avoir des outils crédibles et indépendants, hors de tout
contrôle politique.
J'aimerais
citer un article du journaliste de Radio-Canada, Michel C. Auger, qui écrivait,
en novembre dernier, concernant le
projet de loi n° 34. Il disait : «...ce gouvernement montre
assez bien comment il entend exercer le pouvoir : ramener le plus possible
de décisions entre ses mains. Ce qui signifie éliminer le plus possible les
avis extérieurs et les institutions
qui font office de contre-pouvoirs.» Cette citation s'applique également très
bien au projet de loi du ministre de l'Environnement.
Mme la Présidente, en terminant, ce projet de
loi ne répond en rien à l'urgence climatique décrétée par l'Assemblée nationale du Québec. Après que le
premier ministre ait annoncé que 2020 serait l'année de l'environnement pour son gouvernement, le projet de loi ne
démontre en rien comment la CAQ arrivera à l'atteinte des cibles de réduction
des gaz à effet de serre du Québec. Ce
projet de loi est de la poudre aux yeux. Le gouvernement de la CAQ souhaite
démontrer qu'il agit, sauf qu'en
réalité rien n'avance avec ce projet de loi. Les Québécoises et les Québécois
s'attendaient à plus, à mieux de la part de leur gouvernement. Encore
une fois, la CAQ déçoit. Merci de votre attention, Mme la Présidente.
• (20 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M.
Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Alors, j'interviens aujourd'hui
sur le projet de loi n° 44 parce que c'est un projet qui aura des conséquences majeures sur l'action climatique au
Québec. Ce projet de loi est un véritable moment de vérité pour le ministre de l'Environnement, parce que ce n'est pas
dans le PECC qu'il va... ce n'est pas le PECC qui va révéler les intentions du gouvernement en matière
de lutte et changements climatiques, c'est la version adoptée du projet
de loi n° 44 qui va nous donner vraiment l'heure
juste.
Vous savez, des plans de toutes sortes, au
Québec, on en a eu des trâlées. Par contre, des plans qui livrent des résultats, on en a eu pas mal moins. Quand le
PACC 2020, le plan d'action sur les changements climatiques du
gouvernement libéral, a été présenté,
comment pensez-vous que ça s'est passé? Le ministre de l'Environnement du
moment, M. Arcand, il n'a pas dit : Je vous présente un plan
médiocre qui n'atteindra pas 50 % de sa cible, il a dit, et je le
cite : «Notre gouvernement est fier de présenter le Plan
d'action 2013-2020 sur les changements climatiques. Ce plan permettra au Québec de poursuivre son virage vers une économie
verte et de renforcer la résilience de la société québécoise à l'égard
des impacts des changements climatiques.
«[...]le
choix d'agir nous appartient. Une plus grande facilité d'accès à des solutions
de transport collectif et actif, des édifices plus écoénergétiques, un air de
meilleure qualité et des communautés mieux préparées aux conditions
climatiques changeantes, voilà ce que nous visons! Fort de l'appui de ses
citoyens, le Québec, avec son plan d'action visionnaire à l'égard des
changements climatiques, s'achemine vers un monde encore plus vert et plus
responsable.»
Bon, de belles paroles, mais finalement
qu'est-ce qu'il est advenu de ce plan d'action visionnaire, qui devait positionner
le Québec comme un grand leader mondial? On devait atteindre 20 % de
réduction par rapport à 1990 pour 2020 et on n'a pas fait la moitié du chemin.
On est à 8,7 % de réduction, et nos émissions ont même légèrement augmenté
dans le dernier inventaire des GES du Québec. En fait, nos réductions, on les
doit principalement à la crise économique de 2008 et à la fermeture
d'entreprises polluantes comme Shell. Ce n'est pas superchampion.
Tout ça pour
dire que c'est bien sûr que, quand le gouvernement du Québec va présenter, là,
son PECC, son plan d'action pour l'électrification et la lutte aux
changements climatiques... c'est bien certain que le premier ministre et le ministre de l'Environnement vont avoir les yeux
brillants, ils vont nous présenter ça comme un grand virage vert pour la
croissance verte et pour une économie
propre, que le Québec va être un grand leader et que les Québécois vont être
fiers, et tout, et tout, mais, au
final, la différence entre le PACC 2020 des libéraux et puis le
PECC 2030 des caquistes, ça ne se passera
pas vraiment dans le plan, ce n'est pas là que ça se joue exactement. Non, ça
va passer dans le projet de loi n° 44 et la gouvernance climatique
dont on va se doter.
Si le
gouvernement est vraiment déterminé à atteindre la cible du Québec pour 2030
ou, encore mieux, d'atteindre celle
du GIEC, eh bien, il va faire en sorte que l'appareil gouvernemental au grand
complet agisse de manière efficace, cohérente et coordonnée pour que
ledit plan se réalise, parce que sinon, en 2030, quand le plan va arriver à
terme, il va y avoir juste un autre parti
politique au pouvoir, avec un autre ministre de l'Environnement qui va dire
qu'on n'a pas atteint notre cible de
2030 par la faute du gouvernement précédent. Je ne sais pas si ça vous dit
quelque chose, mais c'est quelque chose qu'on entend souvent, qu'on va
continuer d'entendre si on ne fait pas quelque chose de fondamental.
Et pendant ce
temps-là, là, qu'on va s'obstiner à toujours remettre la faute sur le
gouvernement passé, pendant ce
temps-là, la fenêtre d'opportunité pour intervenir et reprendre le contrôle sur
le réchauffement climatique, elle va s'être refermée parce que le Québec va en
avoir tellement plein les bras à gérer, en 2030, les inondations, les
événements extrêmes, les canicules, l'érosion des berges, les
infrastructures fragilisées, les maisons à déplacer, les épidémies, les ravageurs, les réfugiés climatiques, et
malheureusement, si on ne commence pas rapidement à investir dans la transition
juste, il faudra aussi gérer des pertes
d'emploi. On n'a pas le luxe de pelleter par en avant. Il me semble que ça
commence à être dit. Ça a été dit plusieurs fois sur plusieurs tribunes.
Donc, pour le
ministre de l'Environnement, le projet de loi n° 44, ce n'est pas juste
une opportunité de faire du brassage de structures, c'est une
responsabilité de remettre le Québec sur la bonne voie, le moment de s'inspirer
des meilleures lois climatiques au monde,
parce que ça existe, les bonnes lois climatiques ailleurs. On ne peut pas se
contenter d'écrire et de dire, là,
que le Québec va devenir un leader vert, ça n'a plus aucune valeur. Ce qui a de
la valeur pour le Québec, pour ses
générations futures, c'est de poser maintenant les gestes significatifs qui
vont faire en sorte qu'on arrête de dire qu'on est bons puis qu'on va le
devenir pour de vrai.
Quand ma
collègue Ruba Ghazal est allée à la... la députée de Mercier est allée à la
COP25 à Madrid, elle a assisté à une
conférence qui parlait justement des conditions gagnantes pour avoir une loi
climatique qui fonctionne. Je vais vous résumer ça parce que, parfois, on n'a pas besoin
de réinventer la roue, les solutions existent. Alors, il y a 12 conditions
gagnantes pour avoir une loi climatique qui
fonctionne : premièrement, la loi doit inclure les cibles 2030 et
2050, des cibles sectorielles et avoir
des cycles de révision statutaires; deuxièmement, la cible 2050 doit viser
la carboneutralité; troisièmement, la
loi doit inclure un budget carbone ou un système équivalent pour planifier les
réductions des émissions; numéro 4, la loi doit avoir un comité d'experts indépendant; numéro 5,
la loi doit mandater des agents spécifiques pour piloter la transition et non pas les abolir;
numéro 6, la loi doit prévoir un mécanisme de surveillance par le
Parlement; numéro 7, la loi doit prévoir un
mécanisme d'engagement des parties prenantes et définir le rôle des villes et
des gouvernements; numéro 8, la loi doit décrire les instruments de régulation; numéro 9, la loi doit prévoir l'évaluation des risques et planifier l'adaptation; numéro 10, la loi doit
prévoir les mécanismes de suivi et le monitoring des projets; numéro 11, la loi doit prévoir l'implantation de mécanismes de financement prévisibles; et numéro 12, la loi doit obliger la divulgation des risques.
Le projet de loi n° 44,
malheureusement, il n'obtient pas la note de passage avec ces critères de
réussite pour en faire une bonne loi. En
fait, à part le numéro 6 et le 11, il n'y a pas grand-chose là-dedans.
Ce qui est particulier, c'est que parmi les États qui ont les meilleures lois
climatiques, il y a l'Écosse et la Catalogne, deux États qui se
distinguent par leur ambition
climatique et l'atteinte de résultats, deux États avec lesquels le Québec a
plusieurs affinités, deux États qui devraient nous
inspirer en matière de climat.
L'Écosse a adopté
sa loi sur les changements climatiques en 2009. Cette loi fixe des objectifs
contraignants de réduction des
émissions pour chaque année jusqu'en 2020. Bien que le gouvernement écossais n'ait pu
atteindre tous ses objectifs intermédiaires, le rythme des changements n'a
rien à voir avec celui du Québec, et les émissions de l'Écosse ont été
réduites de 38 %. C'est quand même impressionnant, comparé à notre pauvre
9 %.
De son côté,
la Catalogne a adopté la loi du changement climatique en 2017. La communauté
autonome de Catalogne est devenue la
première d'Espagne à prendre des mesures législatives contraignantes pour le
climat. Le Parlement catalan a voté à
la quasi-unanimité cette loi qui aura pour but principal de réduire... la
réduction, en fait, des émissions de
gaz à effet de serre de 40 % en 2030, de 65 % en 2040 et leur
disparition complète pour l'année 2050. L'Écosse et la Catalogne ne
tournent pas autour du pot, ils nomment un chat un chat, ce sont des lois
climat.
Le ministre de l'Environnement pense que parce
qu'il appelle ça une loi sur la révision de la gouvernance climatique, ça le dispense d'y intégrer des
recommandations pour une bonne loi climat. Mais c'est faux, ça ne dispense en
rien le gouvernement. On sait tous que c'est une loi climat qui nous est
proposée. C'est juste qu'à partir du moment où le ministre de l'Environnement a commencé à
comprendre que c'était une mauvaise loi climatique et qu'il ne répondrait
pas aux attentes, bien, il a essayé de
trouver une porte de sortie, il a changé de discours pour réduire les
attentes : ce n'est pas la proposition du gouvernement qui était
dans le champ, c'étaient les intervenants en commission qui l'étaient, selon lui; ce n'était plus une loi climat juste,
mais un projet de loi pour revoir la gouvernance sur le climat. C'est très
décevant. Le gouvernement, s'il adopte cette loi sans modifications
importantes, il aura délibérément choisi d'échouer.
• (20 h 10) •
C'est comme
pour l'histoire de la cible, quelle déception que cette déclaration du ministre
de l'Environnement, qui s'entête et
refuse de respecter les recommandations du GIEC. C'est quand même incroyable de
penser qu'en 2020, avec les
décennies, derrière nous, de débat social et de débat scientifique autour des
cibles de réduction de gaz à effet de serre, qu'il y ait un consensus
international scientifique si fort autour des efforts qui sont nécessaires pour
non pas régler le problème au complet, mais éviter les pires des
catastrophes, qu'à ce moment-ci on regarde les cibles minimales qui sont dictées par la science et qu'on dise :
Elles sont trop élevées, on n'a pas à aller jusque-là. Comme si on avait le
choix, comme si on avait le choix de ne pas atteindre ces cibles minimales. Le
choix qu'on a, c'est de les atteindre ou de plonger les générations futures et l'humanité tout entière
dans des catastrophes terribles. C'est un choix qui est tellement irresponsable
que je me demande comment on pourra le justifier aux générations futures. Ils
vont nous dire : Ça fait que, là,
vous, vous étiez ici, là, vous étiez au Parlement, vous étiez à l'Assemblée
nationale du Québec en 2020, les rapports du GIEC étaient sortis depuis des années, il y avait des réunions
internationales, on en parlait depuis les années 70, vous saviez ce
qu'il fallait faire pour éviter le pire et vous ne l'avez pas fait. Pourquoi?
Qu'est-ce qu'on va leur répondre? On va leur
dire : Oui, mais, tu sais, c'était difficile; oui, mais, vous savez, on
n'avait pas les moyens. Pas les
moyens? S'il y a un pays dans le monde qui peut faire la transition écologique
puis atteindre les cibles dans les temps requis, c'est le Québec. On a de l'énergie renouvelable comme ce n'est
pas possible, toutes sortes de ressources
naturelles, une population
éduquée qui a des diplômes, bardée de diplômes, on a des scientifiques, on a toutes
sortes d'expertises pour développer les
solutions de la transition. Si nous, on n'y arrive pas, je veux dire, qui va y
arriver? Puis, si nous, on décide là
de capituler, bien, quant à ça, capitulons pour de vrai, là, ne faisons pas
des... On va viser juste en bas de la cible, quant à ça, ne visons rien,
soyons purement nihilistes. Assumons-nous dans notre inaction et dans cette
complicité criminelle envers l'avenir à laquelle on est en train de participer.
C'est fou quand même, hein?
Bon, je vais
revenir à mon plan de match. La cible minimale demandée par le GIEC, c'est
45 % par rapport à 2010, et elle ne serait pas réaliste pour le
Québec? On est juste, là, l'une des nations les plus choyées au monde avec
notre hydroélectricité, mais nous, tu sais, pour nous, ce n'est pas possible.
Mais la question c'est que, si on ne le fait pas, qui va le faire? Et c'est la responsabilité de qui si ce n'est pas notre
responsabilité? Cette cible mondiale de réduire nos GES de 45 % d'ici 2030 est un objectif
collectif à atteindre en fonction de notre responsabilité historique. Au coeur
de l'Accord de Paris, on parle d'une responsabilité commune, mais
différenciée. Ça veut dire que ceux qui ont causé le dérèglement doivent faire plus que 45 % et ceux qui ne l'ont pas
causé et qui n'ont pas la capacité de le faire peuvent faire moins. Mais
le Québec a la capacité de faire sa part et il n'a pas le droit de se défiler
de ses obligations climatiques. C'est
peut-être plate à entendre, mais la belle qualité de vie qu'on a au Québec, on
l'a beaucoup obtenue en pompant du pétrole et du gaz, pas nécessairement
ici, mais à quelque part dans le monde, puis en envoyant ça dans l'atmosphère depuis plus d'un siècle.
Notre responsabilité, elle est pas mal plus élevée que 37,5 %.
37,5 %, c'est une cible correcte en
2015, mais en 2020, c'est une cible qui est désuète, c'est une cible qui ne
suit pas la science et qui ne suit pas le niveau d'urgence auquel nous sommes rendus. Nous devons déterminer, là, quelle
serait la juste part du Québec en se fiant sur les nouvelles connaissances en science climatique. Pourquoi ne pas
entamer dès maintenant un cycle de révision de notre cible avec des consultations publiques pour faire
ça en bonne et due forme? Si on ne vise pas juste, nous n'avons aucune chance d'atteindre la cible. Au moins, le Québec
pourrait se présenter devant la communauté internationale à la COP26 en novembre 2020 avec une nouvelle cible révisée
au lieu de notre vieille cible périmée. Il faut également que cette nouvelle
cible ou le mécanisme de révision de cette
cible soit enchâssé dans le projet de loi n° 44. C'est un incontournable,
un signal clair que la réduction de nos gaz à effet de serre est
maintenant une obligation légale.
Il y a un autre élément aussi sur lequel
j'aimerais intervenir, c'est le fameux comité d'experts non indépendant,
parce que je sens que j'ai besoin d'insister
sur l'importance de l'indépendance. Le ministre de l'Environnement se veut
rassurant et nous dit que le projet de loi
n° 44 met en place un nouveau chien de garde pour le surveiller, lui et le
Fonds vert, un comité d'experts. Le
problème, c'est qu'on tient le chien de garde en laisse, puisque les membres
seront nommés par le ministre
lui-même. Ça ne marche pas. Si on veut le considérer comme un véritable
contre-pouvoir, il faut lui donner de l'indépendance, il faut un
processus de sélection avec une validation par un vote aux deux tiers de la
Chambre. Ce serait un gros minimum. Surtout
que c'était assez frappant, les différents témoignages reçus en commission
concernant ce comité, tout le monde a
envie d'y siéger : les jeunes veulent y être, les municipalités, les
entreprises, les organismes, les
experts. Cet intérêt prononcé avait l'air de donner des maux de tête au
ministre. J'imagine que c'est une question de perspective parce que, de notre côté, on trouvait ça vraiment beau à voir. En fait, ce que la société civile
est venue nous dire en commission,
c'est qu'elle avait besoin d'un espace de dialogue avec le gouvernement sur la transition écologique au Québec. C'est sûr que tout le monde ne pourra pas être sur le comité d'experts, mais, pour le moment, comme
le gouvernement n'offre rien d'autre à la société civile comme
espace de dialogue et de participation active, bien, tout le monde veut être là. Moi, je trouve
que c'est un beau problème.
L'une
des solutions possibles qu'on suggère au ministre, là, ce serait
d'offrir un espace de dialogue permanent à la société civile, un espace
où la société serait représentée dans toute sa diversité, un espace où chacun
pourrait nommer ses inquiétudes et partager ses solutions face à la transition nécessaire
pour le Québec, pas une consultation ponctuelle à huis clos sur invitation, un
vrai mécanisme de dialogue social ouvert, transparent et permanent.
Au
final, la transition ne se fera pas dans une tour d'ivoire, elle se fera avec
l'ensemble de la population, de sa jeunesse,
de ses aînés, de ses travailleurs, de ses entrepreneurs, de ses chercheurs, de
ses municipalités et de ses organismes. Et tout ce beau monde doit être en dialogue
continu pour se comprendre, s'écouter, débattre, trouver des solutions, parce que la transition que nous devons faire, ce n'est pas
juste cosmétique, c'est beaucoup plus
profond. Il est impensable que nous puissions aller à ce niveau de
transformation sans un processus rigoureux.
Est-ce que le
gouvernement saisit bien ce que ça veut dire d'atteindre la carboneutralité
mondiale pour 2050? Parce que ça dépasse
largement l'électrification des transports et les bâtiments. Si, à une époque,
il était permis de croire qu'une approche basée sur le volontariat, là,
pouvait être couronnée de succès, aujourd'hui on sait qu'on ne peut pas se leurrer, que ce n'est pas vrai. On a trop perdu
de temps, et les délais pour faire la transition sont maintenant trop courts
pour attendre que la roue se mette magiquement à tourner en sens inverse. Il
nous faut désormais un éventail d'outils législatifs et réglementaires pour s'assurer que nous allons dans la
bonne direction et que nous restons sur la bonne voie. Il nous faut
absolument un nouveau cadre de gouvernance climatique, c'est-à-dire une loi
climat robuste et assumée.
Et
ça tombe bien, car on a présentement sur la table à dessin le projet de loi n° 44, qui pourrait aller dans ce sens avec un peu de volonté
politique. Ce projet de loi est une opportunité pour le gouvernement de la CAQ
de démontrer sa vraie conviction à remettre
le Québec sur une trajectoire de réchauffement climatique compatible avec la
limite de 1,5°. Les amendements que
le ministre de l'Environnement proposera ou ne proposera pas pour le projet de
loi n° 44 seront des
indicateurs sur lesquels nous pourrons nous fier pour déterminer le degré
d'engagement du gouvernement à traiter de
l'action climatique québécoise. Parce qu'au final, même avec un capitaine à
bord, le plus beau des navires ne peut aller nulle part sans gouvernail.
Et, si on ne veut pas que le PECC et son capitaine s'échouent sur un rivage
juste à côté du PACC et son équipage, bien,
arrangez-vous donc pour lui donner un gouvernail capable de maintenir le cap.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je suis prête
à entendre un autre intervenant. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la
parole est à vous.
Mme Paule
Robitaille
Mme Robitaille :
Merci, Mme la Présidente. Alors, ça me fait un immense plaisir de m'inscrire
dans ce débat-là sur le projet de loi
n° 44, le projet de loi visant principalement la gouvernance efficace de
la lutte contre les changements climatiques et à favoriser
l'électrification.
Mme la Présidente,
vous vous souvenez, en septembre dernier, il y a eu une immense marche pour le
climat. À Montréal, on comptait près d'un
demi-million de personnes. Avant la marche, il y avait plein de critiques. On
ne souhaitait pas que le premier
ministre soit là. On ne souhaitait pas non plus que le ministre de
l'Environnement soit là. On voyait les gens qui... les manifestants, les
gens qui avaient organisé la marche voyaient ça un peu comme... voyaient un peu
la CAQ comme un parti qui n'avait pas de
projet sur l'environnement, qui n'avait pas d'ambition et qui était, d'une
certaine façon, anti-environnement. Et là le premier ministre a tendu la main.
Il a tendu la main, malgré tout, et il a même écrit... il n'est peut-être pas allé à la marche, mais il a écrit une
lettre ouverte, publiée dans Le Devoir, intitulée Lettre à la
jeunesse québécoise et signée «votre premier ministre», entre autres. Et là
il écrit : «Nous ne pouvons plus ignorer l'ampleur
du défi environnemental...» Le premier ministre indique qu'il faut se
«retrousser les manches et passer à l'action». Dans cette lettre, il parle de l'audace de notre peuple, une mentalité
de grands bâtisseurs et de visionnaires pour un grand plan qui va
électrifier l'économie québécoise, faire face au défi climatique. Et pourtant.
• (20 h 20) •
Suite à ça, bien, le ministre de l'Environnement
a dit : Malgré tout, moi, j'y vais pareil, je vais y aller, je vais participer à cette marche-là. Et c'était tout à
son honneur, il a participé à la marche. Électrifié, littéralement, par la
foule, il a lancé qu'il promettait le développement de mesures et de programmes
qui sauront faire une différence au niveau de l'environnement.
Il a dit au journaliste du Devoir qu'il promettait «de "répondre"
prochainement aux centaines de milliers de participants de la marche pour le climat [par des moyens et des]
"mesures concrètes"», des mesures concrètes. Ah! quand je lis le projet de loi n° 44, j'essaie de voir où sont les mesures concrètes parce que ce projet de loi là, on l'a dit, on le répète,
ce n'est pas une loi climat. S'il est adopté comme il est là, ça ne sera pas
une loi climat. Et on a l'occasion de faire
les amendements, on a l'occasion d'aller plus loin, et de faire
une loi qui pourra toucher les générations futures, et que ça soit une
loi sur le climat. Mais en ce moment, ce n'en est pas une.
En ce moment, cette loi-là, elle ressemble beaucoup à une tendance qui se dégage du gouvernement de la CAQ : on abolit des contre-pouvoirs, on centralise.
C'est un projet de loi qui centralise tout dans les mains des ministres de
l'Environnement et de l'Énergie et qui abolit ses contre-pouvoirs aussi. Alors,
des habitudes... une habitude... Rappelons-nous,
à l'automne dernier, projet de loi n° 34, on a voté sous bâillon une loi qui restreint
le droit de regard de la Régie de
l'énergie sur la fixation des tarifs d'Hydro-Québec. Hydro-Québec a un monopole, la régie réduit son pouvoir
de surveillance sur Hydro-Québec. Dorénavant, les tarifs ne seront plus révisés à toutes les
années, mais à tous les cinq ans. Cet
hiver, on vient de voter une loi sous bâillon, encore une fois, le projet de loi n° 40, qui abolit les commissions scolaires,
un palier de démocratie, et qui centralise tout dans les mains du ministère de
l'Éducation. Et puis même en relations internationales, ce gouvernement-là centralise. En septembre dernier, la ministre
des Relations internationales abolissait les postes d'émissaires aux droits de la personne et à la mobilité,
elle dit qu'elle fera tout cela elle-même. On attend toujours des résultats. Mais, encore une
fois, on centralise, on centralise, on centralise.
Et aujourd'hui, eh bien, c'est le projet de
loi n° 44.
Alors, qu'est-ce qu'il fait, le projet
de loi n° 44?
Eh bien, encore une fois, on abolit, on détruit des contre-pouvoirs. On
détruit le Conseil de gestion du Fonds vert, qui va être avalé par le ministère de
l'Environnement, et le fonds lui-même
retourne au ministère de
l'Environnement, sous le ministre, comme
c'était le cas avant la création du Conseil de gestion. En gros, on retourne à
la structure qui a précédé la création du
Conseil de gestion, on retourne vers une structure qui ne fonctionne pas, Mme la Présidente. L'argent sert à financer des
projets porteurs en matière de lutte aux changements climatiques, mais également
le transport collectif, et là on envoie ça, on dilue ça au ministère
de l'Environnement. On n'aura plus ce Conseil de gestion du Fonds vert, il
appartiendra dorénavant au ministère de l'Environnement.
Et puis il y a Transition énergétique Québec, le
TEQ, qui ne sera plus indépendant et qui sera géré, lui, par le ministre
de l'Énergie. La structure de gouvernance proposée est similaire à celle de 2016, avant la
réforme du Fonds vert, en retournant tout cela aux ministres de
l'Environnement et de l'Énergie. Donc, on abolit le Conseil de gestion du Fonds vert,
Transition énergétique Québec et on envoie ça aux ministres
de l'Environnement et de l'Énergie, ce qui avait, à l'époque, fait l'objet de critiques de la part
de la Commissaire au développement durant des années. Et là on retourne en
arrière en sachant que ça ne fonctionne pas, que ce n'est pas responsable. Le ministre
dissout le Conseil de gestion du Fonds vert, conseil qui a été mis sur pied justement
pour pallier aux failles du Fonds
vert. Cette réforme qui a été instituée pour
le conseil en 2017, la CAQ a voté pour. Aujourd'hui, elle décide, Mme la
Présidente, de le dissoudre et de revenir en arrière.
Alors, qu'est-ce qui va arriver si ce projet de loi
est accepté? En ce moment, TEQ est indépendant, a un conseil
d'administration. S'il y a un problème, le président du C.A. est directement
imputable. Jusqu'alors il y avait une distance
entre le politique et TEQ. Comment va-t-on s'assurer que les décisions prises par le ministre de l'Énergie ne
seront pas politisées? Il n'y aura
plus de distance entre le politique et la gestion de ce fonds. TEQ, avec son
indépendance, assurait cela.
Alors,
résultat de ce projet de loi : potentiellement perte de transparence,
problèmes de reddition de comptes, perte d'imputabilité et conflits de missions du ministère de l'Énergie parce
que le ministère de l'Énergie octroie des licences d'exploitation et d'exploration
d'hydrocarbures. Comment pourra-t-il financer ce type de projets et, dans le
même temps, des projets assurant la
transition énergétique dans une perspective de lutte aux changements
climatiques? Avec le projet de loi n° 44, on constate que la CAQ joue dans les structures sans réelle volonté
d'améliorer la situation, mais plutôt pour
centraliser et réduire les possibilités d'évaluation des plans et mesures mises
en place. C'est inacceptable d'envisager d'enlever des pouvoirs aux organismes indépendants qui, qui plus est,
étaient efficaces et fonctionnent, des pouvoirs qui sont efficaces et
fonctionnent.
Le ministre doit entendre ce que les groupes
sont venus nous dire, il doit reculer sur l'intention de réduire les pouvoirs des organismes indépendants. L'abolition
de Transition énergétique Québec, TEQ, est un non-sens, selon moi. Le TEQ, c'est un incontournable. Bien sûr, on
pouvait l'améliorer, mais l'abolir, est-ce vraiment une bonne idée? Qu'il se
fasse avaler par le ministère de l'Énergie,
vraiment? L'abolition de cet organisme, TEQ, n'a pas été soumise à aucune
évaluation. Un consensus fort et clair a
émané des groupes ayant eu à collaborer avec TEQ. Son agilité, sa flexibilité,
son efficacité en matière de
réduction des GES québécoises sont absolument incontestables et démontrées.
Intégrer TEQ à un ministère risque de
provoquer de graves lourdeurs administratives. TEQ s'est, en très peu de temps,
imposé comme un de nos meilleurs leviers en ce qui concerne la réduction
des GES au Québec avec, notamment, des programmes ayant le potentiel de générer plus de 60 % de
réduction de GES au Québec en utilisant moins de 18 % du budget du Fonds
vert, et là on l'abolit. Il me semble que c'est un non-sens.
Autre élément important un peu en lien avec tout
ça, Mme la Présidente, c'est que le ministre, le ministre de l'Environnement refuse d'inclure des cibles de
réduction de gaz à effet de serre dans son projet, une autre preuve que ce projet de loi ne sera pas une loi climat. Il y
avait un consensus général des groupes qui sont venus aux consultations, ils
nous disaient tous qu'il fallait inclure les cibles dans la loi. Nous en sommes
là, l'urgence climatique oblige, mais le ministre
refuse. Le ministre avait pourtant reconnu toutes ces préoccupations à la
marche pour le climat, parmi près de 1 million
de personnes... un demi-million de personnes, il l'avait dit aussi dans ses
discours. Mais, encore une fois, des paroles,
des paroles et des paroles, pour citer Dalida. Est-ce qu'on va vraiment faire
quelque chose de concret? Il centralise, il abolit les contre-pouvoirs. Encore une fois, il abolit des plans qui
luttaient pour le climat. Il retire les cibles pour contrer les gaz à
effet de serre.
La lutte aux
changements climatiques, Mme la Présidente, mérite plus. Toutes les forces
doivent être unies, toutes les
énergies doivent aller dans le même sens, celui de la réduction des GES, celui
du déploiement de toutes les mesures possibles
pour réduire ces GES. Nous sommes en train de travailler sur un projet de loi
pour l'avenir des jeunes Québécois, pour les générations futures. On
peut faire beaucoup mieux, Mme la Présidente, ils ont droit à beaucoup mieux.
Alors, tout
compte fait, quand je regarde ce projet de loi, je me dis qu'on a énormément de
travail à faire et on doit faire énormément de travail pour, justement, amener
des modifications concrètes qui vont beaucoup plus loin que ce qu'on a là, parce que, comme il est là, le projet
de loi, Mme la Présidente, je ne pourrai pas voter pour le principe. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Non?
Alors, le
principe du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la gouvernance
efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser
l'électrification, est-il adopté?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mme la leader de l'opposition officielle.
• (20 h 30) •
Mme Melançon : Je vous demanderais
un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader du gouvernement.
M. Charette :
Mme la Présidente, conformément à notre règlement, je veux tout simplement vous
demander de reporter le vote à la prochaine période des affaires
courantes.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, le vote sera reporté à la prochaine période des affaires courantes.
M. le leader du gouvernement, pouvez-nous nous
indiquer la suite des travaux? M. le leader?
M. Charette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, je vous demanderais d'appeler l'article... j'essaie de me retrouver sur la feuille en question... donc,
voilà. Vous comprendrez que ce n'est pas mon rôle généralement, donc je tente
de bien faire les choses malgré tout. Donc,
ce serait l'article suivant, donc 22 au feuilleton, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader.
Projet de loi n° 37
Adoption
Maintenant,
M. le ministre responsable de l'administration gouvernementale et président du
Conseil du trésor propose l'adoption
du projet de loi n° 37, Loi visant principalement à instituer le Centre
d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques
Québec. M. le ministre du Conseil du trésor, vous pouvez y aller.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente.
C'est devant
cette audience en délire qu'il me fait vraiment plaisir de vous présenter le
projet de loi n° 37, où je viens pour ici... pour l'adoption.
J'aimerais
vous mentionner, Mme la Présidente, que ce projet de loi, qui vient, je dirais,
couronner l'effort de non seulement
ce qui a été fait au cours des 18 derniers mois, Mme la Présidente, depuis
que nous sommes au gouvernement, mais particulièrement des efforts qui
ont été faits par mes collègues, qui étaient, à ce moment, dans l'opposition il
y a plusieurs années, de dire qu'il était
important, entre autres, comme procédure, d'améliorer l'efficacité de l'État.
Et, dans ce sens-là, je me souviens
du député de La Peltrie qui a critiqué, avec une certaine sévérité, la
façon dont étaient conduits quelquefois les achats au gouvernement ou le
Centre des services partagés plus particulièrement du côté des infrastructures
technologiques.
Alors,
il était comme évident, lorsque nous avons été en campagne électorale, que nous
avons pris, Mme la Présidente, des
engagements très fermes par rapport au besoin de renouveler la façon dont le
gouvernement faisait ses acquisitions,
c'est-à-dire ses achats, mais aussi la façon dont il traitait les centres de
traitement informatique, les technologies de l'information, tout ce qu'on appelle les télécommunications. Et donc
il était évident pour le gouvernement de trouver la façon d'améliorer.
Nous
avons déposé un projet de loi dans les six mois qui ont suivi notre arrivée au
gouvernement, après avoir réfléchi pleinement comme étant la meilleure façon de
trouver une alternative au Centre de services partagés, que tout le monde connaît bien sous la dénomination du CSPQ.
Ce projet de loi a été déposé lorsque nous sommes revenus en Chambre en septembre dernier. Et, à partir de ce
moment-là, il y a eu des consultations qui ont été faites, des consultations
particulières qui nous ont montré, et
je le ferai avec discernement... où certains groupes sont venus nous dire,
comme il se fait souvent dans les
consultations particulières, Mme la Présidente... des gens qui étaient pour,
qui trouvaient que c'était une bonne idée,
des gens qui étaient contre, et ça, c'est tout à fait normal, puis des gens qui
étaient soit indifférents ou qui trouvaient important d'avoir quelques
modifications.
Alors, j'aimerais
vous dire que nous avons été vraiment à l'écoute des commentaires qui ont été
faits lors des consultations particulières
parce que j'avais précisément... non seulement moi-même, mais avec mon collègue
le député de La Peltrie, qui a la responsabilité de la transformation
numérique et des infrastructures technologiques. Donc, nous partageons ce projet de loi à nous deux. Nous
savions bien que notre projet de loi était perfectible parce qu'on ne change
pas une institution de cette importance-là, qui gère presque 10 milliards
d'achats au gouvernement ou qui a la possibilité de gérer 10 milliards d'achats, on ne change pas comme ça sans
consulter la population, sans être ouvert aux changements, aux
améliorations, aux modifications. Alors, avec le député de La Peltrie,
nous nous sommes réparti le travail entre les changements qu'il fallait faire
du côté du centre des achats du gouvernement, que l'on appelle maintenant sous
la dénomination de CAG, mais aussi ce qu'on voulait faire du côté des
infrastructures technologiques, qu'on appelle maintenant l'ITQ.
Donc,
je vous résume que, durant les nombreuses consultations que nous avons eues
avec des opinions pour et contre, nous
avons été capables, et, je le dirais, avec certains membres de l'opposition,
nous avons été capables et nous avons
été ouverts à certains changements que l'on trouvait importants, des
changements en matière de gouvernance. Je peux penser, par exemple, au comité de vérification de la nouvelle
entité du CAG, d'un comité de gouvernance, parce qu'on n'avait pas initialement l'idée de mettre un conseil
d'administration, mais on a trouvé un véhicule de gouvernance qui était, à mon sens, tout aussi valable, qu'on a
appelé un comité de gouvernance, des éléments de changement qui tiennent
non seulement, comme je viens de le
mentionner, à la gouvernance, mais aussi à l'efficacité. Et ça, pour nous,
c'était très important parce qu'il y
avait une préoccupation d'améliorer l'ancien centre, le CSPQ, qui sera dissous
par la suite, mais il y avait un
objectif de ne pas changer une structure pour une structure, mais de
l'améliorer. Et une façon de l'améliorer dans sa gouvernance, c'était de s'assurer que les besoins des utilisateurs,
les différents réseaux de l'éducation et de la santé et les différents ministères puissent, Mme la
Présidente, avoir une bonne définition des besoins. Et ça, on a passé beaucoup
de temps avec les députés de l'opposition à
avoir ces discussions-là qui, je dois l'avouer, ont été très constructives. Et,
même si je le dis avec beaucoup d'humour, je
vois tout le monde rire ce soir, donc je sens que j'ai vraiment un humour
très fort, mais, durant ces discussions-là
avec les députés de l'opposition, il était certain qu'il fallait faire ces
changements-là, mais ne pas les faire pour faire des changements qui
étaient inutiles.
Nous
avons trouvé, je crois, avec les députés, des compromis sur plusieurs éléments
qui font que le projet de loi n'a pas
été dénaturé, mais j'ai dit souvent aux députés de l'opposition que j'avais la
perception, j'avais la conviction, même, plus forte que ce n'était pas uniquement le projet de loi du
gouvernement, mais c'était le projet de loi de l'ensemble des députés
qui étaient dans cette Commission des finances publiques là.
Je
suis un peu surpris, aujourd'hui, d'avoir entendu en Chambre qu'on revenait sur
des points qu'on avait déjà discutés, mais ça, je peux comprendre, et c'est
pour ça que mon humour est limité ce soir, mais je vous dis qu'il me semble qu'on avait déjà réglé des choses lorsqu'on
a discuté ça dans cette belle période de 70 heures où nous avons discuté
du projet de loi. Mais il semblerait que, la
politique étant la politique, il faut encore s'opposer à des choses que l'on a convenues il y a quelques semaines ou il y a
quelques mois. Mais je vais prendre pour acquis qu'il faut accepter ça et je
vis avec ça.
• (20 h 40) •
Par
contre, ce que j'aimerais dire aux gens qui nous écoutent, puis je veux saluer
ma mère parce que je le sais, qu'elle
n'est pas couchée, que je salue parce que, de temps en temps, je sais qu'à
cette heure-là elle est là, alors je la salue et je sais que le projet des centres d'acquisition l'intéresse beaucoup.
Je peux vous dire que c'est une de mes grandes fans. Alors, elle se demande
encore ce que veut dire le CAG. Elle pense que c'est La Cage aux Sports, alors
je lui explique que le CAG, c'est le
Centre d'acquisitions du gouvernement, mais elle pense aussi que l'ITQ, c'est
l'Institut d'hôtellerie. Alors, je
peux vous dire qu'elle pense... je ne suis pas sûr qu'elle sait exactement ce
que je fais au Parlement, mais ça, c'est une autre chose, Mme la
Présidente.
Bon,
mon humour étant mis de côté, j'avais quelques lignes là-dessus, comme vous
pouvez imaginer, qui étaient bien
écrites, donc, pour être certain que je ne manquais pas mon coup, mais ce que
je voulais vous dire, Mme la Présidente, c'est que j'aimerais, pour les autres personnes qui nous écoutent ce soir, mentionner une chose qui est importante,
c'est que, lorsque j'ai entendu et
nous avons entendu les résistances à notre projet de loi... parce que
c'est sûr que, lorsqu'on veut changer
les choses, il y a une résistance normale au changement. Et tout
changement que l'on veut faire, et Dieu sait que notre gouvernement en a fait jusqu'à maintenant, depuis
notre élection, il y a une résistance au changement que l'on
rencontre.
Et, Mme la Présidente, je
voudrais vous citer une des personnes qui est venue nous rencontrer durant les consultations, et c'est un représentant du centre d'acquisitions de la santé, qu'on appelle GACEQ, le centre
d'acquisitions du centre de l'Est de Québec, et c'est un des premiers
centres qui a été formé par l'ancien gouvernement sous l'égide de l'ancien ministre
de la Santé. Et j'ai mentionné plusieurs
fois, durant cette commission-là, à l'ancien ministre de la Santé qu'il y avait un excellent travail qui avait
été fait par la Santé pour regrouper les achats et que cette méthode-là, cette
procédure-là, non seulement on la reconnaissait, qu'elle avait été bien faite
par l'ancien ministre, mais que c'est cette méthode-là
qu'on voulait non seulement faire à la Santé, mais qu'on voulait amener en
Éducation et dans les autres ministères.
Quelle ne fut pas ma surprise, Mme la Présidente,
lorsque ce représentant-là de GACEQ est venu nous expliquer, puis je peux vous dire que ce n'est pas nous qui l'avions
demandé, est venu expliquer aux gens que, écoutez, c'est peut-être normal que les gens, par exemple,
de l'Éducation ou de d'autres ministères s'inquiètent des changements que l'on va faire, mais il dit : Nous aussi,
quand le ministre de la Santé était venu nous voir, il y a quelques années,
pour nous convaincre de faire ces
changements-là, mais ils nous ont avoué qu'ils étaient contre eux autres aussi,
mais qu'ils se sont rendu compte
qu'après un certain temps, après avoir vu comment on mettait l'expertise
ensemble, Mme la Présidente, ces
gens-là se sont dit : Non seulement on travaille mieux ensemble, mais on
est capables de faire des économies, on
est capables de faire des achats regroupés. Puis, vous savez, un an, deux ans,
trois ans après, il n'y a plus personne qui se pose des questions. Puis
ils ont dit : C'est vraiment les meilleures pratiques, puis on est
contents de le faire.
La raison
pour laquelle je vous dis ça, c'est que ça, les gens qui ont écouté cette
présentation-là du dirigeant de la GACEQ,
pour moi, j'ai trouvé ça encourageant parce qu'on avait quelqu'un de concret,
qui était le modèle qu'on avait choisi
pour aller répandre dans les autres ministères et dans le réseau de
l'éducation, qui venaient nous expliquer que, malgré la résistance au
changement, c'était la bonne chose à faire.
Vous allez me dire que ce n'est jamais parfait,
je crois qu'on aura encore de la résistance au changement, mais au cours de la dernière année, depuis le
dépôt de notre projet de loi, nous avons continué d'informer les gens du CSPQ.
Je pense que je veux les saluer pour le
travail qui a été fait au cours des dernières années, parce qu'il y a quand
même plus de 2 000 personnes qui oeuvrent dans le CSPQ soit du
côté des achats soit du côté des centres de l'infrastructure technologique. Je veux les remercier parce qu'au
cours des derniers mois ils ont été très patients. Lorsqu'on a déposé le
projet de loi, nous croyions que nous
serions en mesure de commencer au début de janvier de cette année. Je peux vous
dire que les consultations, le débat article
par article, peut-être, a été un peu plus long au début. Je vais prendre le
blâme sur moi. Peut-être que je ne
lis pas assez vite les articles de loi, c'est peut-être ça qui est arrivé. Ça a
été un peu plus long que prévu, mais aujourd'hui on arrive quand même à
terme.
Et je crois qu'il est... Je dois remercier, même
si on a eu des débats peut-être plus difficiles au début, avant de s'entendre sur les grands principes, c'est un
projet de loi que nous avons amené par consensus. Avec mon collègue, je l'ai
mentionné tout à l'heure, de La Peltrie, on a été capables de débattre
l'ensemble du projet de loi et pour en arriver maintenant à des avantages qui sont extraordinaires, que nous avons hâte
de mettre en place. Nous avons pris des engagements, en campagne électorale, que les économies qui viendraient
du regroupement des achats, autant dans la santé que de l'éducation et dans
tous les ministères, sont de l'ordre de plus de 300 millions de dollars
récurrents. Vous savez qu'on peut en faire, des choses avec 300 millions
de dollars par année. On peut en faire en Santé, on peut en faire en Éducation, on peut en faire en Justice. Alors,
aller chercher 300 millions d'économies annuellement de façon récurrente, moi, je peux vous dire que ça me fait plaisir
d'être capable de mettre ce nouvel organisme là en place, qui va le faire. Et ça, c'est
pour les acquisitions, les achats du gouvernement.
Pour ce qui
est des infrastructures technologiques, nous avons des défis immenses. Vous
avez souvent entendu le
ministre délégué à la Transformation numérique qui parle
des plus de 500 centres de traitement informatique que nous devons
consolider, faire passer à l'info nuagique, toute la transformation numérique
que nous devons faire, les télécommunications.
En fait, ce projet de loi, ce qu'il vient faire, c'est non seulement de dissoudre l'actuel CSPQ, mais de mettre les deux expertises, soit en achat, soit en infrastructure
technologique, d'en faire deux groupes spécialisés où les expertises seront combinées avec celles des ministères
pour en faire deux groupes de classe mondiale qui viendront aider le gouvernement
dans sa transformation autant au niveau des achats que de la transformation
numérique.
Je
compléterais, Mme la Présidente, ma présentation en disant qu'il est important
que non seulement... je
le répète, que nous avons eu
une appréciation et, je le dis, vers la fin du projet de loi, une belle collaboration
des députés de l'opposition. Je
pense qu'après avoir fait le tour des grands enjeux puis d'avoir fait les
amendements nécessaires, il y avait des
enjeux qui préoccupaient, puis je veux terminer sur ces deux points-là... qui
étaient préoccupés par les achats locaux et les achats en PME. Et j'ai sorti en Chambre aujourd'hui parce que
j'avais eu la question du député de René-Lévesque de se rappeler qu'en
ce moment le gouvernement, qui achète, sur une base volontaire, auprès de plus
82 000 PME au Québec, c'est énorme
lorsqu'on parle de gouvernement qui achète plus de 82 000 PME au
Québec, notre intention, ce n'est pas, justement, de baisser les achats
aux PME, mais c'est de les augmenter.
D'ailleurs,
dans un des amendements du projet de loi que nous avons déposé, nous nous
sommes assurés, par la LCOP, qu'on appelle, pour les appels d'offres
publics, qu'il y a une obligation de s'assurer lorsqu'un regroupement d'achat, maintenant — cette obligation-là va être là — de s'assurer que le... avant de faire un
regroupement d'achats, on va s'assurer que la préoccupation locale, d'achats
locaux, va se faire avant de procéder à l'appel d'offres. Donc, ça, c'est
une des modifications qu'on a faites.
Je l'ai
mentionné, ce midi, à ma collègue la ministre déléguée à l'Économie et
responsable des PME en région, la ministre
de Côte-Sud, comment elle a collaboré avec nous pour s'assurer que non
seulement on va continuer d'acheter localement,
mais qu'on va le faire de plus en plus. Et ce sera un des indicateurs de
performance de nos gestionnaires du côté
des achats, qu'ils s'assurent que non seulement on garde le minimum de
82 000 achats en PME, mais qu'on l'augmente pour favoriser les
achats locaux.
Donc,
ces préoccupations-là, Mme la Présidente, qui ont été faites durant soit les
consultations populaires, soit les particulières,
pardon, soit les discussions qu'il y a eu avec les députés de l'opposition et
les commentaires que j'ai reçus de
mes collègues députés au cours de la dernière année, nous les avons mises en
place, nous les avons écoutées. Et le projet de loi que nous allons proposer pour adoption dans les prochaines
heures, pour moi, est le fruit de tout ce travail d'équipe là qui a été
fait. Ça fait longtemps qu'on voulait le faire, je l'ai dit en début.
Et j'aimerais
encore une fois remercier les gens du CSPQ parce que ce sont les gens que nous
allons aller chercher l'expertise, mais dans deux groupes maintenant
différents. Je tiens à remercier mes collègues qui nous ont appuyés, que, même si, des fois, on trouve ça long,
70 heures en commission parlementaire, je reconnais certains de mes
collègues qui nous ont appuyés durant
cette commission-là. Je pense qu'on sort de cette commission-là avec un bon
projet de loi. Je veux remercier particulièrement le député de La
Pinière, avec ses collègues qui l'ont accompagné dans l'opposition officielle,
le député de Rosemont, toujours les bonnes questions, particulièrement sur la
gouvernance où on a eu des améliorations. Je veux remercier le député de
René-Lévesque du troisième groupe d'opposition.
Je crois
qu'on peut démontrer, Mme la Présidente, qu'on a fait un travail de
collaboration. On n'était pas toujours d'accord,
mais je répète, à moins que j'aie bien mal compris les derniers messages, que
c'est un projet de loi qu'on a fait ensemble,
et qui sera bon pour les Québécois, et qui permettra au gouvernement de faire
des économies importantes que l'on pourra réinvestir dans les services
gouvernementaux.
Alors, je vous remercie beaucoup, Mme la
Présidente. Merci.
• (20 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci beaucoup, M. le président du Conseil du trésor. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon
tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 37,
et je tiens à m'adresser à la maman du président du Conseil du trésor.
Restez à l'écoute, j'ai une autre version à cette histoire, et ça risque d'être fort intéressant, sur notre vision et
notre prétention sur ce projet de loi n° 37. Non, je fais des
blagues, mais c'est un peu pour être accord
avec le président du Conseil du trésor sur ce projet de loi, qui, oui, était
costaud, Mme la Présidente, assez épais. Et on s'est rendu compte
rapidement, durant son étude, qu'il s'agissait finalement de deux projets de loi en un, un sur la création du
Centre d'acquisitions gouvernementales, le CAG, et l'autre, sur la création
d'Infrastructures technologiques Québec, l'ITQ.
Tout le monde
s'entend pour dire qu'on avait besoin d'un sérieux coup de barre pour optimiser
nos équipements, la sécurité et
l'accessibilité des services à des coûts justes en matière de technologie de
l'information. Le Parti québécois est
d'accord avec la majorité du contenu du projet de loi en ce qui concerne l'ITQ.
Durant l'exercice, on a aussi longuement réfléchi à la gouvernance des deux entités mises de l'avant dans le
projet de loi en question. C'était pertinent et même essentiel parce
qu'il n'y en avait pas.
Ce qu'il faut
se souvenir, Mme la Présidente, c'est qu'on avait le CSPQ, qui avait un conseil
d'administration, et la création du CAG et de l'ITQ était, telle que présentée
initialement dans le projet de loi, sans conseil d'administration, et qui relevaient directement du Conseil du trésor.
Donc, évidemment, je souligne l'ouverture du ministre à trouver une solution
pour régler en partie nos préoccupations
quant à la gouvernance de ces deux entités, qui, il faut que je le rappelle,
vont procéder à plusieurs achats au
nom du gouvernement qui vont se compter, dans certains cas, en plusieurs
centaines, voire des milliards de dollars à travers les années.
Mme la Présidente, on est quand même restés sur
notre appétit en ce qui concerne la protection des données. Le gouvernement semble prompt à pouvoir
privilégier l'infonuagique sans pour autant être très concret, dans son projet
de loi, sur le comment. Donc, pour nous, Mme
la Présidente, il manquait encore quelques morceaux à l'ITQ pour bien comprendre de quelle façon ce projet de loi en
question allait garantir, oui, des équipements à moindre coût, mais surtout des
équipements et des services qui allaient assurer la protection de nos données
pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
En somme,
malgré une certaine ouverture et plusieurs amendements, nous ne donnerons pas
notre appui à l'ensemble du projet de loi en question. En plus des lacunes que
je viens d'énumérer concernant l'ITQ, une portion du CAG nous préoccupe beaucoup trop. Lors du vote sur le
principe, le Parti québécois a exprimé d'importantes réserves au sujet de cette centralisation, tout d'abord parce qu'on
craignait un manque de flexibilité qui nuirait au système d'éducation. D'ailleurs, vous ne trouvez pas présentement, Mme
la Présidente, que le monde scolaire a son lot de chambardements et qu'il
devrait peut-être, malheureusement, à travers cette centralisation des achats,
vivre encore d'autres changements qui sont
structurels? On redoutait aussi les impacts négatifs sur les petits
fournisseurs. Force est d'admettre qu'après avoir terminé l'étude du projet de loi on a les mêmes
réserves, et, dans certains cas, nos inquiétudes se sont transformées en
certitudes.
Le
gouvernement est convaincu, en instaurant le Centre d'acquisitions
gouvernementales, qu'il va réaliser des économies. Personne n'est contre cette vertu. Mieux utiliser les fonds
publics est un objectif consensuel. Or, centraliser les achats va probablement permettre des économies.
Permettez-moi ici d'être moins optimiste que le président du Conseil du
trésor, mais à quel prix ces économies seront-elles réalisées?
Pensons à la
lourdeur bureaucratique d'une structure semblable. Comment une université qui a
besoin rapidement de remplacer son matériel de pointe dans un
laboratoire va-t-elle être servie adéquatement par le CAG? Comment les écoles primaires en région, qui bénéficient d'une
secrétaire à deux jours-semaine et d'un demi-directeur, vont-elles être assistées par le CAG? On nous a promis des gains
d'efficacité, Mme la Présidente, mais nous en doutons un peu encore.
Mais
là... et là où ça fait le plus mal, c'est dans le calcul des économies
promises. Ajouter de la pression sur le commerce de détail pour obtenir des économies d'échelle témoigne d'un
manque de sensibilité des PME ici, au Québec. Qui, selon vous, peut se permettre de réduire ses marges bénéficiaires?
Qui a suffisamment de ressources pour fournir le Québec au
complet? Certainement pas la Librairie Côté de Baie-Comeau, qui était, à
l'époque, une grande perdante, lorsqu'il y a eu la création du CISSS—Côte-Nord,
et qui s'est vue amputée d'un chiffre d'affaires de 40 000 $.
La Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, la fédération des municipalités du
Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec ont tenté de nous
sensibiliser et de sensibiliser les auteurs du projet de loi à l'effet
qu'il pourrait faire que certaines PME seraient empêchées, notamment en région,
de participer aux appels d'offres.
Le Conseil du
trésor disait lui-même, dans son analyse d'impact réglementaire, qu'il
reconnaît ce danger. Et je le cite : «La proposition de regrouper les achats
des organismes publics au sein d'un seul organisme augmentera le volume de biens et de services par appel d'offres. Les
capacités de production ou financières d'une PME étant plus restreintes que celles d'une grande entreprise, il existe un
risque que les PME ne soient pas en mesure de soumissionner à certains appels d'offres parce qu'elles n'auront pas les
ressources nécessaires pour répondre à la demande. En conséquence, ceci
pourrait entraîner une réduction de leur accès aux marchés publics.»
Certes, Mme la
Présidente, le président du Conseil du trésor l'a mentionné tout à l'heure, il
a inclus des amendements, il y a des
dispositions dans le projet de loi expliquant qu'on souhaite établir des
mécanismes pour tenir compte des
impacts du CAG sur l'économie des régions. Mais on ne trouve, Mme la
Présidente, aucune balise claire, aucune contrainte, aucun objectif spécifique en matière de contenu local et
régional. Alors, pour nous, ça ne demeure que des voeux pieux.
Imaginez un
peu une librairie de Gaspé qui fournirait du matériel scolaire aux
établissements de sa région, écoles primaires,
secondaires, cégeps. Imaginez que ce marché représente 40 % de son chiffre
d'affaires. Imaginez que, du jour au
lendemain, cette part de marché lui est complètement enlevée. Dans mon
dictionnaire, le fervent défenseur de l'économie des régions, j'appelle
ça, Mme la Présidente, une catastrophe.
Au Parti
québécois, on sait que les PME en région participent à la création de richesse
collective. Qui commandite le patinage artistique, selon vous? Qui
commandite le centre culturel, les voyages scolaires? C'est souvent nos PME. Qui crée des emplois? Qui participe le plus à la
circulation des biens, à la rétention de richesse localement? Ce sont nos PME.
Alors, ces
nouveaux monopoles créés par cette centralisation aura, selon nous, des effets
dévastateurs sur l'économie des
régions parce qu'ils s'attaquent directement au tissu entrepreneurial. Dans la
balance corporatiste, le Conseil du trésor dépose aveuglément un mirage d'économies. S'il tenait compte des
régions, il verrait que son projet de loi va éliminer de la richesse dans les régions vulnérables, des
régions dont il est responsable. Dans ce cas, où sont les véritables gains?
Mme la
Présidente, j'aimerais ici citer le premier ministre lors de son premier
discours ici, en cette Chambre : «...le gouvernement va accorder
autant d'importance aux régions qu'aux grands centres. Pour aider les régions à
développer leur économie, on va renverser la centralisation à l'oeuvre depuis quelques
années...»
Permettez-moi,
Mme la Présidente, d'être un peu perplexe. Permettez-moi ici de voir une
contradiction notoire entre les
promesses initiales du gouvernement et le projet de loi n° 37. On parle
bien ici de centraliser les achats. On parle bien ici d'énormes appels d'offres impossibles à pourvoir par des PME en
région. Est-ce que le premier ministre est encore à l'aise avec son
discours du 28 novembre 2018?
Peut-être
a-t-il besoin qu'on lui illustre une situation vécue en région. Pour le bien de
cette Assemblée, je vais dresser le
portrait un peu de ma circonscription, un territoire magnifique, cher à mon
coeur, mais ô combien... face aux défis qui l'assaillent.
Mme la Présidente, la Côte-Nord est la région du
Québec dont la population décline le plus rapidement. 2 000 personnes ont quitté la Côte-Nord entre 2016 et 2019. La
Haute-Côte-Nord, c'est-à-dire une des deux MRC qui couvrent ma circonscription, présente le plus fort
taux de décroissance au Québec. Et ma ville centre, Baie-Comeau, trône à
la troisième place du triste palmarès des villes ayant connu la décroissance la
plus rapide.
Pour nous,
Mme la Présidente, chaque emploi compte. Il faut freiner notre décroissance, et
on ne peut se permettre, peu
importent les motifs, de réaliser des économies d'échelle à la grandeur du
Québec. Nous croyons que ces emplois-là sont aussi importants à Baie-Comeau qu'ils le sont ou qu'ils le seraient
à l'endroit où est-ce que les centres de distribution ou les grands
centres qui vont fournir le matériel pour le gouvernement vont se situer.
• (21 heures) •
Le Parti
québécois considère que la vitalité économique
des régions pèse très lourd dans la grande balance qui garantit
l'équilibre de notre nation. Si je comprends bien, le dynamisme économique, le développement
régional et la vitalité des PME ne font pas partie présentement de ces
priorités du gouvernement dans le p.l. n° 37. En commission
parlementaire, le ministre délégué à
la Transformation numérique gouvernementale a affirmé que les économies
d'échelle ne devaient pas se faire au détriment de la qualité. Alors, si
je comprends bien, selon le gouvernement, elles peuvent cependant se faire au
détriment des régions.
Mme la
Présidente, on a collaboré beaucoup, puis le président du Conseil du trésor l'a
mentionné. Parce qu'on n'est pas
dupes, je veux dire, on a essayé dans certains cas d'apporter des amendements.
Certains ont porté fruit, d'autres, non.
On voulait adopter la meilleure pièce législative possible. Dans certains cas,
on réussit, d'autres fois, non. On aime bien collaborer, parce qu'au final, même si on est en désaccord, cette
pièce-là aura force de loi et aura un impact direct dans les différentes
communautés du Québec. Je tiens juste à souligner au président du Conseil du
trésor et à tous les collègues qui auront...
ou qui travaillent déjà avec les collègues de l'opposition, c'est un peu notre
travail, même si on est en fort
désaccord, de trouver une façon, en discutant avec le ministre... Parce
qu'effectivement il arrive, de notre côté, mais du côté des banquettes ministérielles, qu'à la lumière des
discussions que nous avons, à la lumière de l'interprétation que nous avons des différentes dispositions qui
sont étudiées, à la lumière des intentions aussi qui se cachent derrière les
modifications législatives... il nous arrive de
s'entendre pour arriver à une meilleure solution qui, à la lumière de nos échanges, serait plus propice pour le projet de
loi en question. Mme la Présidente, je tiens à rassurer le président du Conseil
du trésor, ce n'est pas parce qu'on est en
désaccord à un projet de loi qu'on ne travaille pas pour l'améliorer. Je pense
que les 125 députés ici, à l'Assemblée
nationale, font un travail minutieux et essaient, tant bien que mal, malgré les
positions de leur formation politique
respective, à apporter un certain éveil et un certain regard sur les
différentes dispositions d'une pièce
législative qui est étudiée pour quand même participer à son évolution et
participer à son adoption dans des dispositions qui sont meilleures
qu'elles étaient initialement.
Donc, je ne veux pas que le président du Conseil
du trésor interprète mal la collaboration vécue ou sentie lors du projet de loi et qu'il se sente trahi ou déçu
au sein du vote qu'on tiendra sur le projet de loi n° 37.
Nous étions ouverts à la discussion.
Nous avions même, dans certains cas, proposé certains amendements, qui ont été
acceptés, mais, au final, lorsqu'on fait l'évaluation et lorsque
d'autres gens, après l'étude détaillée, après le dépôt des amendements, après
les explications, ont encore des craintes dans le projet de loi en question, il
est de notre devoir de les porter, de les faire connaître, de les faire voir et d'être certains de les inscrire,
puisque, tôt ou tard, nous aurons peut-être, un jour, l'opportunité de revoir cette centralisation et d'y apporter
peut-être d'autres modifications. Entre ce qu'on voulait faire et ce qui va se
passer, il existe plein de situations, et je pense que le président du Conseil
du trésor est bien au fait, on ne peut pas couvrir toutes les
situations, on ne peut pas être capable de paramétrer l'ensemble des
transactions qu'il y aura à l'intérieur du
CAG et de l'ITQ, donc il est tout à fait correct de poser ici aujourd'hui, au
salon bleu, certaines lumières jaunes... qui nous dit d'avoir une
attention particulière et de ne pas avoir peur dans le futur de venir colliger
la situation.
Et je le dis,
aujourd'hui le gouvernement nous présente la création du Centre d'acquisitions
gouvernementales et aussi l'ITQ, pour les appareils informatiques et les
services informatiques et en technologies, mais, avant ça, on avait le CSPQ. Et, si on revient dans le temps, ça
devait être un organisme qui devait répondre aux besoins du gouvernement, c'est
un organisme qui devait être agile, qui devait être mobile, qui devait répondre
aux aspirations que le gouvernement avait à l'époque, lorsqu'il y a eu sa
création. Malheureusement, force est de constater qu'avec les années ce
n'est pas ce qui s'est passé. Donc, je ne souhaite pas au ministre que la
création du CAG et de l'ITQ soit vouée à la même
déconfiture que le CSPQ a eu à faire face, malheureusement, notamment
lorsqu'est venu le temps de faire des achats en matière de technologie ou de
donner des contrats en matière de services informatiques. Il y en a eu une
pelle puis une barge, dans les
médias, sur ces achats qui ont été faits, qui ont été beaucoup trop coûteux et
qui n'ont pas rendu service à la
population du Québec, considérant
que, malheureusement, on était moins bien outillés pour bien
sélectionner ce qu'on avait besoin,
et, au final, dans le conseil que nous avions, à l'époque comme gouvernement, eu à l'intérieur des différents appels d'offres, on a été mal
servis.
Donc, Mme la Présidente, en terminant, je veux juste rappeler que le fruit que le gouvernement de la CAQ convoite à travers
ce projet de loi est, pour nous, encore un mirage d'économie. Et
pour paraphraser Montesquieu : Est-ce que le gouvernement ne serait pas en train de couper l'arbre pour
avoir le fruit? Ces fruits poussent en région, Mme la Présidente, et ce sont
nos citoyens, et particulièrement
ceux sur la Côte-Nord, qui en sont les principaux cultivateurs. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je suis prête à
entendre un autre intervenant. M. le député de Rosemont, la parole est à
vous.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Je crois bien et j'ai bien peur que je serai le dernier à
intervenir ici aujourd'hui. J'aurais
beaucoup à dire, probablement plus que les 26 minutes qu'il me reste, ou,
non, plutôt 24. Alors, je vais vous accompagner doucement, comme ça,
jusqu'à l'heure du dodo, jusqu'à 9 h 30.
Je vais
essayer de condenser le plus possible ce que j'ai à dire, mais je répète,
j'aurais probablement beaucoup à dire,
parce que c'est un projet de loi technique, qui n'a pas suscité les passions,
en tout cas certainement pas les passions des gens de ma précédente profession, visiblement. Ça arrive, puis il y
a beaucoup de choses à couvrir en même temps ici. Mais c'est ce type de
projet de loi, auquel on ne porte peut-être pas assez d'attention au moment où
on l'étudie et on l'adopte, qui vient nous
rattraper par derrière quelque temps plus tard, parce que ce projet de loi
change beaucoup de choses. Je ne dis pas que je le souhaite, parce que,
si ce que je crains se produit, ce ne sera pas une grande réussite.
J'ai, moi
aussi, beaucoup de craintes et de doutes qui ont été soulevés notamment par mon
collègue de René Lévesque. J'ai des
collègues députés de ma formation qui sont des vrais députés de région, de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue...
Je ne sais pas si je peux aussi dire
ça de Sherbrooke sans me risquer une taloche, mais je l'ai dit l'autre fois à
la blague, moi, je suis de Rosemont,
je ne peux pas prétendre être un gars de région, même si, pour certains voisins
du Plateau, le Rosemont, c'est une région éloignée. Je ne peux pas
parler comme un gars de région, je ne le ferai pas.
J'ai
sensibilisé mes collègues. Elles étaient sensibilisées et, de toute façon,
elles ont été sensibilisées dès le début. Même avant qu'on commence à
étudier ce projet de loi là, le téléphone sonnait, les courriels rentraient.
Les gens, dans les régions, qui appelaient,
qui disaient : Regarde ce projet de loi là, il y a des choses là-dedans
qu'on n'aime pas, on craint notamment pour l'approvisionnement régional, on a
peur pour nos PME, tous ces gens-là ne sont pas que des allergiques au
changement. C'est vrai que la nature humaine est parfois un peu réfractaire au
changement, j'accorde ça au président du
Conseil du trésor. Mais l'expérience vécue dans les grandes réformes démontre
aussi que, parfois, les allergies sont causées par un réel problème, et
non pas juste par des craintes. Alors, je laisserai, je présume dans les prochains jours, mes collègues reprendre le relais
pour appuyer davantage sur le bouton des régions. Et on ne le fera jamais
assez, de toute façon, ici, en général et en particulier, avec le projet de loi
n° 37.
On
est, je le disais, à l'adoption finale, mais ce n'est certainement pas la
dernière fois qu'on en parle. C'est un projet de loi dont on va reparler
une fois qu'il sera en application. Ça change quand même pas mal les paramètres
d'approvisionnement du gouvernement. Et je
veux faire un lien, qui va vous paraître un peu biscornu peut-être, mais vous
allez me comprendre, j'en suis sûr, du moins
je l'espère, je veux faire un lien avec le projet de loi n° 27,
Investissement Québec.
Au début,
très franchement, quand j'ai considéré 27, j'étais plutôt contre. J'ai cheminé,
on a cheminé, le ministre de l'Économie a accepté pratiquement tous nos
amendements — je le
reconnais, je le salue — sans changer l'ADN de son
projet de loi, si bien qu'à la fin, n'étant pas borné, et flexible et ouvert,
je me suis rallié, avec réserve mais néanmoins rallié. Je considérais qu'il y
avait plus de positif que de négatif. Il y avait plus d'espoir que de crainte.
Pourquoi? En particulier parce que
nous voyions — i-o-n-s,
là — nous
voyions dans 27 des avancées puis des perspectives vraiment intéressantes pour les régions, avec du capital de
développement puis du capital de risque, notamment pour les régions. Et, le collègue de René-Lévesque en témoignera, il
était là aussi, on a insisté là-dessus, on s'est entendu, go! Ça valait
la peine, je considérais que ça valait la peine.
• (21 h 10) •
J'ai fait
le cheminement inverse pour 37, parce qu'au début j'étais plutôt d'accord.
Après tout, qui est contre faire des économies? Après tout, considérant tout l'argent
qu'on a pu gaspiller, notamment dans ce qu'on appelle malheureusement le
bordel informatique, là, c'est devenu un nom de code ici, là, et c'est honteux,
qui peut être contre des économies d'échelle,
qui peut être pour le fait que le gouvernement dépense plus d'argent
systématiquement? Ça n'a pas de sens. Sauf
que, cheminant dans le projet de loi, il y a deux, trois trucs qui me sont
apparus comme des empêchements majeurs, c'est-à-dire la trop grande
centralisation, et en particulier entre les mains du président du Conseil du
trésor. Et là je ne le cible pas lui, là, je
ne lui dis pas : Le président du Conseil du trésor, député de Chambly, là.
Les ministres passent, les ministres passent, et je ne dis pas que ça sera lui
nécessairement, mais, une fois qu'on a voté des lois comme ça, on est un
peu pris avec. Des fois, c'est difficile de
détricoter ce qu'on a tricoté. Alors, je considère qu'il y a trop de
centralisation là-dedans, trop de pouvoirs entre les mains du président du
Conseil du trésor, qui, en passant, n'en manque pas dans un
gouvernement. Un président de Conseil du trésor ou une présidente du Conseil du
trésor, dans un gouvernement, ça a quand même déjà pas mal de pouvoirs.
Mais l'autre
pierre d'achoppement, la plus importante, on en a beaucoup parlé, c'est pour
les régions. On a trop entendu de
gens qui ont exprimé des craintes, qui ont dit : On va se faire flouer
là-dedans. Les PME sont ressorties encore récemment pour dire qu'elles
étaient inquiètes, le regroupement des cégeps est venu nous le dire. J'y arriverai,
parce qu'il y a toute une liste de gens, qui
ne sont pas des excités, qui sont venus nous démontrer avec des arguments assez
faibles qu'ils avaient des raisons de s'inquiéter.
Le ministre
se veut rassurant, il le fait encore aujourd'hui, le président du Conseil du
trésor, notamment en période de
questions. Personnellement, ça ne me convainc pas, les articles 15 et 16
dont il parle. J'étais là, on les a travaillés, c'est assez restrictif, ça change quand même
passablement la façon de fonctionner, j'y reviendrai, mais ça ne change pas non
plus la règle assez stricte et parfois un peu doctrinaire de la règle du plus
bas soumissionnaire, qui cause toujours problème,
et ça ne règle pas le problème non plus de défaire des alliances ou des
réseaux, des toiles régionales qui avaient été tissées au fil des années, notamment avec les cégeps, mais d'autres
institutions publiques. Donc, le ministre nous dit : Faites-vous-en
pas, ça a été réglé, on vous a entendu, on a corrigé le tir. En ce qui me
concerne, non, et pas assez.
J'ai été
assez surpris l'autre fois, quoique pas tant, de voir le ministre des Forêts se
lever d'un bond, de façon spontanée, parce qu'il avait été visiblement
très interloqué ou interpelé par une sortie, ici, de ma collègue de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Il nous a dit notamment qu'il avait
vu le projet de loi final, qu'il était rassuré, essentiellement qu'on n'avait
pas vraiment compris, mais qu'il n'y avait
pas de raison de s'en faire. Mon inexpérience parlementaire a fait que je ne
savais pas que je pouvais me relever puis leur pitcher une question, ce que je
n'ai pas fait, ce que je ne peux pas faire maintenant non plus, mais, eussé-je
la chance de le faire, ce que je lui aurais demandé, c'est : Mais de quel
projet de loi parlez-vous donc? Y a-t-il un
autre projet de loi que celui qu'on a étudié, que celui qu'on a vu? Parce qu'il
y en a rien qu'un, projet de loi,
puis on l'a étudié, puis on était là tout le temps, là. On a passé
78 heures. Alors, le ministre des Forêts se lève et nous dit : Faites-vous-en pas, je l'ai vu, le projet de
loi final, tout va bien. Sur le coup, j'ai cru qu'il y avait un autre projet de loi, un grimoire secret qui
circule sous le manteau, qu'il a vu, mais qu'on n'a pas vu, alors qu'on a passé
78 heures à l'étudier. On devait dormir
raide parce qu'on ne l'a pas vu. Bien, non, c'est le même projet de loi. C'est
le même projet de loi. Et je ne sais
pas, mais il ne faut pas confondre les assurances que l'on peut nous donner
avec des articles de loi. Je veux
bien, moi, que ces gens-là veuillent continuer de faire affaire avec les PME
locales, c'est ce qu'ils disent puis
c'est ce qu'on souhaite, mais le projet de loi, et maintenant, bientôt, la loi,
ce n'est pas ça exactement ça qu'elle dit, puis les articles 15 et 16,
non, moi, ne me rassurent pas complètement.
Alors, je
veux bien que le ministre ait entendu les préoccupations... Et il y en a eu
beaucoup, des préoccupations, comme
je vous le dis, là, depuis le début, là, depuis le début, là. Les courriels
rentrent, on reçoit des mémoires. Je vais vous en faire part de quelques-unes. L'UPA, UPA, c'est quand même une
institution assez importante au Québec. Ce n'est pas un
cinq-dix-quinze, ça, l'UPA, c'est quand
même assez costaud, c'est gros. Ils
ont envoyé une lettre, touffue, pendant qu'on étudiait le projet de
loi, en disant : Vous allez à
l'encontre même de ce que vous avez déjà adopté à
l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire un programme pour favoriser l'agriculture d'ici, nourrir notre monde avec nos produits. Puis, en
plus, pas besoin de vous dire que
l'agriculture d'ici, pour l'environnement, c'est un peu mieux que de faire
venir des produits d'ailleurs,
circuit court, tout le monde parle de ça. L'économie circulaire, tout le monde
devrait parler de ça. L'économie régionale, tout le monde parle de ça.
Alors, je pense que l'UPA avait un point valable.
Hier, dans mon
bureau de Rosemont, je rencontrais les gens de la fédération canadienne des
entreprises indépendantes, pas sur 37
parce qu'il est trop tard, mais on en a reparlé. Ils m'ont reparlé du projet de
loi n° 37, justement, parce que ces gens-là protègent les PME,
représentent les PME, et ils sont loin d'être rassurés.
Je
vous ai parlé des cégeps tout à l'heure, Mme la Présidente. Avant même que ce
projet de loi soit à l'étude, moi, j'ai
reçu un téléphone du directeur général du cégep de Rosemont, qui voulait me
parler urgemment du projet de loi n° 37. Alors, oui, effectivement, dès que j'ai eu une chance, je suis allé au
cégep de Rosemont et j'ai rencontré la haute direction du cégep de Rosemont, qui m'ont expliqué certaines
nuances, notamment sur l'achat d'ordinateurs et de logiciels. Ils m'ont
expliqué qu'ils ont, au fil des années, eux et d'autres, là, évidemment sur des
années, tissé un réseau qui gravite autour d'un organisme OBNL qu'on
appelle, ou qu'on appellera bientôt, quand ce sera passé, Collecto, qui offre
des services, qui s'est spécialisé, qui rend
des services clés en main, parce que, quand vous enseignez la thanatologie,
vous n'enseignez pas l'agriculture,
quand vous enseignez les sciences infirmières, vous n'enseignez pas la
comptabilité. Ce n'est pas les mêmes logiciels, ce n'est pas les mêmes
outils, puis c'est normal.
Le député de
La Pinière, qui connaît le réseau comme le fond de sa poche, et il nous en
a fait la démonstration utile pendant le projet de loi n° 37,
nous dit, par exemple... Bon, prenons un exemple, des masques de protection, un
exemple qui est malheureusement beaucoup trop
dans l'actualité ces temps-ci, que le Québec au complet, dans le réseau de la
santé, décide de s'acheter des masques de protection, il y a un numéro, un
modèle, ça marche bien. Ils sont fabriqués je ne sais pas où, mais ça va venir par un paquebot, puis ça va faire
une livraison, puis tous les hôpitaux puis les CLSC du Québec vont avoir le même modèle de masque, puis
ça ne sera pas trop, trop grave en autant que le masque est efficace.
Mais, si vous
faites venir le même logiciel pour tout le monde puis vous enseignez la
thanatologie, puis que ça vous
prendrait un logiciel, puis que vous avez un logiciel d'horticulture, ça ne
marchera pas, ça ne marchera pas. Puis moi, je vous prédis... puis ça ne me
fait pas plaisir de vous le dire, là, mais je vous prédis que la prochaine
rentrée va être chaotique notamment à cause de ça, parce que les cégeps, en
particulier, vont recevoir leur matériel en retard. Et ajoutez à ça l'abolition des commissions scolaires... je ne
voudrais pas revenir là-dessus, ça a été assez débattu, et assez désagréable,
mais néanmoins je vous prédis une rentrée, septembre 2020,
particulièrement difficile.
Moi, je ne
connais pas ça beaucoup, l'approvisionnement dans les cégeps, puis dans les
CHSLD, puis ailleurs, mais, quand il y a des gens qui ont fait ça toute leur
vie puis qu'ils prennent la peine d'écrire des mémoires puis venir nous le dire en commission parlementaire, j'ai
tendance à les écouter. J'ai tendance à me dire que ces gens-là ne sont pas là
que pour manifester leur allergie aux changements. Peut-être qu'aussi ils
avaient quelque chose à dire de réel.
Quand les
gens, dans les régions, sortent, comme ils l'ont fait encore récemment, pour
dire : Nos PME sont menacées... L'exemple que donnait mon collègue de
René-Lévesque, là, 40 000 $ pour une business, c'est sûr que, si tu
es une multinationale, ce n'est pas
grand-chose. Mais, pour une librairie à Baie-Comeau ou même pour une librairie
sur la rue Masson... hein, c'est des
commerces qui ont des petites marges de profit, qui tirent souvent le diable
par la queue, qui se font rentrer dedans par Amazon depuis des années, qui
paient bien trop cher de loyers commerciaux, qui n'ont pas beaucoup de breaks. En plus, à Montréal, on est
toujours en train de défoncer des rues, ce qui fait que les commerçants sont toujours mal pris avec leur clientèle. Alors,
si vous perdez ne serait-ce que votre contrat de 28 000 $ avec le
cégep de Rosemont, bien, vous êtes dans le trouble. C'est bête, hein,
parce que...
• (21 h 20) •
Prenons le
pari, là, du président du Conseil du trésor, que l'idée, ici, c'est de faire
des économies. Mettons. Acceptons ça,
là. Puis tant mieux si c'est le cas, parce que, je l'ai dit, personne n'aime
gaspiller l'argent du gouvernement... de
la population, devrais-je dire, pour
le plaisir. Mais mettons que c'est ça, que la logique, c'est de faire des
économies d'échelle. À quoi bon, si
c'est pour affaiblir les PME en région? À quoi bon, si c'est pour les acculer à
la faillite? À quoi bon, si c'est pour les sortir du réseau?
J'ai donné
l'exemple, l'autre fois, je le redis, là, une commission... pardon, un centre
de services qui décide de s'approvisionner pour ses collations dans ses écoles,
mettons des compotes de pommes, c'est bon, de la compote de pommes. Entre Pom Pom de Rougemont, là, puis
Nestlé, qui vous pensez qui va gagner l'appel d'offres? Bien, poser la question, c'est y répondre, comme dirait l'autre,
là. C'est sûr que la petite PME de Rougemont, ou de Saint-Paul-d'Abbotsford,
ou d'Oka ne sera pas capable d'accoter une
multinationale qui va rentrer ici à pleins bateaux avec ses produits. Puis, si
on applique la règle bête du plus bas
soumissionnaire puis que le CAG trouve que ça fait des économies, bien, à la
fin, là, tous les petits Québécois puis les petites Québécoises vont manger des
compotes Nestlé, qui viennent de je ne sais pas où, mais pas d'ici. Si le but, effectivement, c'est de
faire des économies, à quoi bon, si c'est pour affaiblir les régions et les
PME?
Je veux
ressortir un élément dont a parlé aussi, tout à l'heure, mon collègue de
René-Lévesque. Mais c'est parce que
c'est comme trop important. Puis on l'a vu dans Le Devoir hier,
puis ma première réaction quand je l'ai lu, très tôt hier matin, c'est de me dire : Ça, si on
avait eu ça pendant qu'on étudiait le projet de loi, là, on aurait peut-être
été moins fins. On aurait peut-être
posé plus de questions en tout cas, et déjà qu'on en a posé beaucoup, là, mais,
quand il y a des avis qui arrivent du
ministère qui étudie un projet de loi, puis qui défend un projet de loi, puis
qui va à l'encontre, puis qu'on passe par-dessus pareil, il y a quand
même des questions à se poser, là.
Ça dit ici,
et ça vient du Conseil du trésor : «"Les capacités de production ou
financières d'une PME étant plus restreintes que celles d'une grande
entreprise, il existe un risque que les PME ne soient pas en mesure de
soumissionner à certains appels
d'offres — tiens,
tiens, on dirait qu'il y a du monde allergique au changement aussi au Conseil
du trésor, parce que ça sort de
là — parce
qu'elles n'auront pas les ressources nécessaires pour répondre à la
demande", peut-on lire dans le document. En conséquence, cela
pourrait entraîner une réduction de leur accès aux marchés publics.» Ben quin! Bien oui. Je dirais bien que je suis
content d'avoir raison, mais non, parce que c'est la preuve de ce qu'on est
venu nous dire, de ce qu'on a défendu. Et je répète, les articles 15 et 16
ne font pas grand-chose contre ça.
On lit aussi
qu'«un amendement a été déposé...» Je cite toujours Le Devoir du 17
février : «Un amendement
a été déposé pour faire
en sorte que deux articles de la Loi — 15 et
16 — sur les contrats des organismes publics
concernant l'effet des
achats groupés sur l'économie régionale soient respectés par l'entremise d'un
comité de gouvernance qui supervisera le Centre d'acquisitions gouvernementales — CAG.» On est loin du contrat entre le cégep de Baie-Comeau et la Librairie Côté, là. On s'éloigne. On est
très, très loin, dans une structure qu'on a améliorée, structure de gouvernance,
contrairement à ce qu'on avait au début, il
est vrai, puis je suis d'accord là-dessus avec le président du Conseil du
trésor. Entre ce que le bureau de la
Vérificatrice générale nous a dit au début et à la fin, on a quand même
beaucoup amélioré cette structure de
gouvernance, mais il reste quand même ça. Puis ça, ça ne me rassure pas, ça ne
me rassure pas du tout pour les régions.
On nous dit encore,
et je finis là-dessus pour ce qui est du Devoir : «D'autres
critères, outre celui du plus bas soumissionnaire,
seront évalués, selon [le président du Conseil du trésor] — et je le cite : "On a le droit de payer un petit peu plus cher pour respecter des
critères de qualité..."» Oui, moi, je vois deux problèmes avec
ça, là. De un, le but avoué de son projet de loi, c'est de faire des économies, donc je présume
qu'il ne voudra pas payer plus cher, puis, de deux, on est encore pris
avec cette satanée règle du plus bas soumissionnaire.
Puis c'est de valeur qu'on n'ait pas profité de 37 pour
commencer à se poser de vraies questions ou approfondir les questions et la
réflexion sur la règle du plus bas soumissionnaire, parce qu'au début, dans les
premiers jours, ça a été amené,
puis on en a discuté. Puis le président du Conseil du trésor, qui est un homme
d'agréable compagnie, un peu têtu, avons-nous appris, mais d'agréable
compagnie, semblait ouvert, semblait ouvert à la discussion sur la règle du
plus bas soumissionnaire. Et moi, je
l'invite à garder cette belle ouverture là. À un moment donné, je pense qu'on devrait revoir
ça. La démonstration a été faite que ça
partait d'une très bonne intention, que c'était vertueux, mais que ça a fini
par donner l'effet contraire que celui recherché dans bien des
cas : commission Charbonneau, mettons.
Alors,
je pense qu'on devrait, un jour, se poser des questions
sur la règle du plus bas soumissionnaire, à plus forte raison maintenant
qu'il y a 37, parce que la seule façon de donner un contrat pour de la qualité
plus chère à une PME de région, ça va être
de passer par-dessus la règle du plus bas soumissionnaire. C'est ça. Tant mieux
si on peut le faire, mais je doute, à
la fin, qu'on le fasse de façon sporadique, une fois de temps en temps, pour
acheter Pom Pom, au lieu de Nestlé.
J'ai de la misère à penser ça. Moi, je pense plutôt que le gros CAG, le gros...
oui, le CAG va... — je ne
veux pas être mal cité ici, là, j'ai déjà été dans le trouble avec ça — alors le gros CAG va vouloir faire des
économies, parce que c'est ça, le
mandat du président du Conseil du trésor. Puis, je répète, le président du
Conseil du trésor, il est pesant dans l'appareil gouvernemental. Alors, s'il
dit : C'est ça qu'on veut, je m'inquiète pour Pom Pom de Rougemont, là,
parce que je ne suis pas sûr qu'ils vont être capables de se qualifier
pour les appels d'offres.
Cela
dit, c'est vrai qu'on a travaillé, on a travaillé... bon, dans la gaieté, ce
serait beaucoup dire, mais on a travaillé dans l'harmonie puis on a bien travaillé. De mon côté ou du côté de ma
formation politique, on a apporté des amendements, qui n'ont pas été retenus, mais, néanmoins,
notamment pour la protection de maintien de l'approvisionnement régional,
je viens d'en parler, sur les catégories des
biens soumis au monopole d'achat du CAG — c'est laid, «le CAG» — sur le retrait du réseau de l'éducation de
l'application du projet de loi, ça, ça a été une de nos batailles depuis le
début, parce qu'il y avait ce truc
qui existait, là, Collecto, qui fonctionnait bien, qui avait plein de clients
satisfaits, puis qui n'avait pas besoin nécessairement d'être réparé,
puis qui est passé à la moulinette quand même. Et ces gens-là, en plus, vont vraisemblablement perdre leur emploi, à moins que
quelques-uns, quelques-unes soient recrutés par le CAG pour faire ce
qu'il faisait chez Collecto au CAG. Mais la grande majorité de ces gens, je
présume, devront vraisemblablement réorienter leur carrière, parce que Collecto
perdra ce qu'on appelle le «core business» puis devra faire autre chose.
On a aussi voulu
avoir des amendements sur le niveau de sécurité et de transparence observé dans
l'octroi de contrats d'hébergement des données publiques en infonuagique, puis
je veux finir là-dessus, parce qu'il reste très peu de temps, et je m'en voudrais de ne pas en parler, je m'en voudrais de
ne pas en parler, de ce deuxième aspect du projet de loi, qui est, en fait, un autre projet de loi. C'est
comme les CD, hein? Dans le temps des CD, il y avait toujours une toune cachée. Là, il y avait un projet de loi caché dans
le projet de loi, c'était sur l'ITQ, et ça aurait probablement mérité un projet de loi à part et une étude à part. On a
demandé aussi, là, quelques amendements, qui n'ont pas été, malheureusement,
retenus, et ça m'étonne un peu.
Par
exemple, le ministre délégué n'a pas voulu adopter nos propositions pour
s'assurer des plus hauts standards de
sécurité pour le stockage des données en infonuagique. Il venait de moi,
l'amendement, je ne dis pas ça pour me vanter, mais c'est parce que je trouvais ça logique, hein, de demander les plus
hauts standards, connaissant tout ce qu'on sait sur les fuites de nos données personnelles, qui sont
comme dans une chaudière trouée. Mais non, on a eu des débats assez ésotériques sur cet amendement, à savoir qu'est-ce
que c'est que les plus hauts standards puis qu'on ne pouvait pas mettre
ça dans une loi. Bon. À la fin, ce n'est pas passé.
On a aussi proposé,
dans ce chapitre de la loi, d'imposer que les données, nos données, là, qui
vont être dans l'infonuagique, soient
stockées uniquement sur les serveurs situés au Québec. Ça, non plus, ça n'a pas
passé, ça non plus. Pourtant, encore
là, il me semble que c'est une sécurité, une mesure de sécurité assez minimale
que de vouloir garder nos données chez nous de façon sécuritaire.
Combien de temps me reste-t-il, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Très peu de temps.
M. Marissal :
Bon. Bien, merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : 30 secondes.
M.
Marissal : Je veux terminer là-dessus,
j'aurais beaucoup de choses à dire, il y a des choses qui ont été
dites notamment sur ce projet de loi là, en particulier sur l'ITQ...
• (21 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le député de Rosemont, vous allez pouvoir continuer votre intervention,
si vous le désirez, lorsque nous allons
reprendre le débat sur ce projet de
loi là, il vous en reste encore,
c'est à votre guise, mais je vous l'offre, si vous voulez reprendre, on
va l'inscrire, et puis vous serez le prochain intervenant à reprendre.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Ah!
vous ne me regardiez pas toujours.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mais vous pouvez reprendre, hein, sans problème.
Ajournement
Compte
tenu de l'heure, j'ajourne les travaux, mercredi le 19 février, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 31)