(Treize heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous sommes aux affaires courantes, à la
rubrique de déclarations de députés, et nous débutons avec M. le député de Rousseau.
Souligner le 30e
anniversaire du Centre de femmes Montcalm
M. Louis-Charles
Thouin
M.
Thouin : Alors, Mme la Présidente, aujourd'hui, j'aimerais rendre un hommage particulier et
sincère à un organisme qui se distingue et apporte tellement de positif
sur le territoire de Rousseau, soit le Centre de femmes de Montcalm. En effet, l'équipe du Centre de femmes
de Montcalm, avec, à sa tête, Mme Hélène Lapointe, est un lieu d'accueil
chaleureux, d'écoute, de ressources multiples pour toutes les femmes, et ce,
peu importe leur âge, leur état civil, leur origine ou leur orientation
sexuelle.
À cet
endroit, les femmes peuvent briser l'isolement, développer des outils
favorisant leur autonomie et être guidées afin de reprendre le pouvoir sur leur vie, car, oui, en 2020, il y a toujours
des besoins en ce sens. Une ressource féministe et dynamique gérée par et pour des femmes, et ce, depuis 1990, qui
fêtera donc ses 30 années d'existence cette année. L'accueil, l'écoute, la confidentialité, le
respect, l'égalité, la mobilisation et la transformation sociale sont au coeur
de la mission du Centre de femmes Montcalm.
En terminant,
je remercie toute l'équipe pour leur précieux travail et je les félicite
d'accompagner chaque jour tant de
femmes qui en ont besoin. Vous êtes simplement essentiels. Bon 30e
anniversaire, et au plaisir de vous revoir sous peu! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Nous poursuivons avec M. le député de D'Arcy-McGee.
Souligner le Mois du
patrimoine tamoul
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. C'est avec fierté que j'interviens ce matin pour reconnaître une communauté de plus en plus présente dans la circonscription que je représente, la communauté tamoule, une communauté
déterminée et unifiée, dévouée à son pays d'origine et ancrée et impliquée dans
son Québec d'adoption.
In January,
all across Québec, we join with families, friends and neighbours to mark Tamil
Heritage Month, dedicated to celebrating the
Tamil culture, language and arts, and to highlighting the important
contributions of the Tamil community
to Québec and to all of Canada. Many Tamils have come to Québec in search of a
home free from discrimination and
persecution. They share a story of pride, perseverance, and strength in the
face of adversity. Their Tamil roots are planted deep in the communities
where they now live. Today, in this Assembly, we honor you.
Et nous affirmons que vous êtes appréciés. Vous
êtes chez vous. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
la parole est à vous.
Rendre hommage à Mme
Annie Lévesque, artiste et entrepreneure
Mme Émilie Foster
Mme Foster :
Mme la Présidente, aujourd'hui, j'honore une grande artiste et entrepreneure de
notre circonscription, Mme Annie Lévesque.
Originaire du
Bas-Saint-Laurent, elle a adopté notre région il y a près de 10 ans. Cette
artiste en arts visuels est propriétaire de la Galerie Ni vu ni cornu, à
Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle soutient plus de 40 artistes québécois, dont plusieurs sont émergents. Également,
Mme Lévesque est cofondatrice et présidente du Regroupement des
intervenants culturels de la Côte-de-Beaupré et est cofondatrice du
Circuit des créateurs. Cette amoureuse des arts a reçu plus de huit prix et bourses dans sa carrière.
Mme Lévesque est également chroniqueuse à l'émission Les matins
éphémères au CKRL 89,1 pour parler de ses découvertes en arts
visuels de la grande région de Québec.
Mme Lévesque,
sans aucun doute, vous êtes une pionnière en matière d'art pour notre
circonscription, et vous êtes
également un exemple extraordinaire pour notre communauté par votre leadership.
C'est très inspirant pour tous. Bravo!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Maintenant, nous poursuivons avec
M. le député de Mont-Royal—Outremont.
Rendre hommage à M. Erick
Marciano, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Mme la
Présidente, il me fait plaisir de souligner, en cette Chambre, la présence de
M. Erick Marciano, un citoyen de mon comté.
Le 12 novembre 2019, M. Marciano a
fait preuve d'un courage exceptionnel. Il a démontré beaucoup de sang-froid en utilisant son véhicule comme
bouclier pour sauver la vie de plusieurs piétons en barrant la route à un
chauffard qui fuyait des policiers en
plein centre-ville de Montréal. Un seul mot suffit pour décrire ce dernier,
soit celui de héros. Il n'a pas
hésité à protéger ces gens dont la sécurité était mise en péril. Il l'a fait
sans penser aux dommages matériels de son auto ou même à ce qui pouvait
lui arriver.
Son geste de bravoure a notamment été honoré par
la ville de Montréal, par la police de Montréal. Et c'est à mon tour aujourd'hui de l'honorer en lui remettant
la Médaille de l'Assemblée nationale. En tant que député de Mont-Royal—Outremont, je suis extrêmement fier qu'un résident de mon comté ait sauvé
courageusement la vie de nos concitoyens. Merci, M. Marciano, pour
votre acte de civisme et mes salutations à votre famille. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Taillon.
Rendre hommage à Mme
Marie-Ève Richard, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Lionel Carmant
M.
Carmant : Merci, Mme la Présidente. Je suis très fier de vous présenter une jeune citoyenne
de ma circonscription dont le travail est exceptionnel. Tout récemment,
elle a été récompensée lors du 21e gala Forces Avenir, qui reconnaît
l'engagement étudiant à l'avancement de la société.
Marie-Ève
Richard, qui vient de compléter une maîtrise en gestion de projets
technologiques en génie industriel à Polytechnique
Montréal, a remporté le trophée Avenir dans la catégorie
Personnalité 2e et 3e cycles, ainsi qu'une bourse de 4 000 $ pour son engagement dans la communauté étudiante. Je lui
remettrai d'ailleurs la Médaille de l'Assemblée nationale après la période de questions en guise d'hommage pour son
implication dans notre société, pour son engagement à lutter contre la stigmatisation des troubles
mentaux et à nous conscientiser à l'importance de la prévention du suicide
depuis plus de sept ans.
Je tiens à
remercier Me Marie-Ève. Son engagement est tout à fait remarquable. Je
souhaiterais aussi saluer son grand
courage ainsi que celui de sa famille, qui ont vécu le suicide d'un proche il y
a quelques années. Votre force est admirable
et je vous remercie de poursuivre vos efforts dans la sensibilisation de la
population. Chère Marie-Ève, bravo!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Matane-Matapédia.
Rendre hommage à M. Alban
Arsenault, fondateur de l'entreprise Arseno
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, le 31 décembre dernier, M. Alban
Arsenault, l'un des grands bâtisseurs de La Matanie, nous a quittés à
l'âge de 89 ans.
Cinquième
d'une famille de 14 enfants, M. Arsenault a grandi à Baie-des-Sables.
Fils de chef de gare, il créa son premier
emploi très jeune en s'équipant d'une voiture et d'un cheval pour offrir le
transport aux passagers qui débarquaient du train. Jeune homme, il travaillait sur la Côte-Nord et au
Nouveau-Brunswick, où il est devenu vendeur de machines à coudre. Il y
développa son intérêt pour la sérigraphie et le lettrage et créa sa propre
entreprise : Arseno.
Citoyen
impliqué, et nationaliste ardent, et président de nombreuses organisations
comme la Chambre de commerce, le Club
Richelieu, le conseil de fabrique et le club de natation de Matane, il fut
également impliqué dans l'organisation d'activités populaires, comme Le
Festival de la crevette.
L'entreprise
familiale est maintenant reconnue et elle est la propriété de son fils Guy.
Employant une trentaine de travailleurs, elle oeuvre toujours dans la
conception de vêtements et d'objets corporatifs personnalisés. Aujourd'hui,
Arseno dessert plus de 1 000 clients annuellement, dont La
Boutique de l'Assemblée nationale.
En
terminant, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances aux membres de la
famille et aux amis de M. Arsenault. Et nous avons appris, au cours des derniers jours, le décès de sa
conjointe, Mme Gervaise Gagné. Alors, dans cette épreuve, j'offre,
au nom de la population de ma circonscription, mes sympathies à la famille
Arsenault-Gagné. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Prévost.
Rendre hommage à M. Jacques Aubin, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
Mme
Marguerite Blais
Mme
Blais (Prévost) : Mme la Présidente, j'ai eu le privilège de
remettre la Médaille de l'Assemblée nationale du Québec à
M. Jacques Aubin, un citoyen qui se démarque par son parcours
exceptionnel.
M. Aubin
est devenu un exemple d'inspiration pour les personnes qui souffrent de
problèmes de surpoids. En 2009, encouragé par ses enfants et par le
désir de les voir grandir et s'accomplir, il décide de changer son mode de vie
en adoptant de saines habitudes
alimentaires, tout en faisant des activités physiques. Sans aide chirurgicale,
il réussit à perdre 225 livres.
Aujourd'hui,
M. Jacques Aubin est un athlète accompli, qui court des marathons et qui
participe à des Ironman. Il s'est
donné comme mission d'aider les personnes aux prises avec un problème d'obésité
à retrouver la santé et une meilleure qualité de vie par le biais de
conférences et d'événements sportifs.
M. Aubin, vous
êtes un semeur d'espoir. Votre histoire est remarquable.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Chomedey.
Rendre
hommage à M. Ali Nestor, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M.
Guy Ouellette
M. Ouellette : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de saluer la présence, dans les
tribunes, de M. Ali Nestor, de sa conjointe, de ses étudiants et
intervenants.
Je
tiens aujourd'hui à souligner l'implication sociale de M. Ali Nestor,
fondateur d'Ali et les princes de la rue. Il y a 18 ans, M. Nestor constatait l'urgence et le besoin
d'implanter un programme d'accompagnement scolaire afin que les élèves en difficulté puissent atteindre leur
plein potentiel académique et sportif tout en s'épanouissant socialement.
Grâce à son initiative, plus de 300 jeunes de tous les milieux profitent
du support d'intervenants inspirants via six programmes, dont la Boxe sans
frontière et le mentorat. Au cours, des années, M. Nestor a su se
distinguer par son implication au sein de la
communauté montréalaise et sa volonté de faire rayonner les jeunes du quartier
Saint-Michel.
Je
lui remets aujourd'hui la Médaille de l'Assemblée nationale pour son dévouement
à l'éducation de nos jeunes. Félicitations, cher ami!
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Nous poursuivons
avec Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter
la Ferme AMY Martin inc., lauréate du titre Maître-éleveur
Mme
Claire IsaBelle
Mme
IsaBelle : Mme la Présidente, elle s'appelle Amigo Sympatico Snowred
Myoky. Elle vit dans la grande famille
AMY Martin, de Saint-Valentin, la capitale de l'amour au Québec. La famille
Martin se compose, entre autres, de Joël, Michel, Alexandre, Alain,
ainsi que de Denis, Linda et Sylvie. Le succès de cette famille qui travaille
avec acharnement repose sur un modèle
d'affaires soucieux du bien-être de toutes et tous. Chacun des membres Martin
peut prendre des vacances à leur
tour. Amigo Sympatico Snowred Myoky et ses semblables jouissent de meilleures
conditions de confort. Vous aurez compris qu'Amigo Sympatico Snowred Myoky
renvoie à une des vaches holsteins de la ferme laitière Martin.
Félicitations
à la Ferme AMY Martin pour le prestigieux titre de Maître-éleveur remis par
Holstein Canada 2019. Vous faites honneur à notre circonscription
de Huntingdon et à tout le Québec. Merci et félicitations!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Soulanges.
Rendre
hommage au préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges,
M. Patrick Bousez, lauréat du prix Jean-Marie-Moreau
Mme Marilyne
Picard
Mme Picard :
Merci, Mme la Présidente. Je prends ce moment pour souligner le travail
exceptionnel de la MRC de
Vaudreuil-Soulanges et de ses employés, qui participent activement au
rayonnement de notre belle région. Nous avons la chance d'avoir avec nous aujourd'hui dans les tribunes
certains d'entre eux. C'est pourquoi il m'était important de témoigner ma reconnaissance ici, en cette Chambre.
J'aimerais
particulièrement souligner la présence du préfet de la MRC et maire de
Rivière-Beaudette, M. Patrick Bousez,
qui a remporté, en novembre dernier, le prix Jean-Marie-Moreau, remis par la Fédération québécoise des municipalités. Ce prix récompense son engagement et son leadership envers sa
municipalité et les citoyens de Vaudreuil-Soulanges et tout spécialement son
rôle clé dans la mise en place d'une cellule de crise régionale de sécurité
civile en vue des crues printanières de 2019.
La
MRC de Vaudreuil-Soulanges est présente pour ses citoyens, et je salue notre
belle collaboration, qui ne peut être que positive pour notre région.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Ceci met fin à la rubrique de déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 53)
(Reprise à 14 h 3)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, bon mardi. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir.
Mmes et MM. les
députés, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponse à une pétition
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions
présentées en Chambre le 13 novembre par la députée de Mercier et
le 19 novembre par la députée de Gaspé. Merci.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Préavis d'une motion des députés
de l'opposition
Pour
ma part, j'ai reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition
conformément à l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce
préavis.
Dépôt de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles et député de Masson.
Consultations particulières sur
le projet de loi n° 48
M. Lemay :
Merci. Je dépose le rapport de la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles qui, les 5, 6 et
11 février 2020, a tenu des auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi n° 48,
la Loi visant principalement à contrôler le coût de la taxe foncière agricole
et à simplifier l'accès au crédit de taxes foncières agricoles.
Le
Président : Ce rapport est déposé. M. le président de la
Commission des institutions et député de Richmond.
Consultations particulières sur
le projet de loi n° 39
M.
Bachand :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission des institutions
qui, les 22, 23 janvier ainsi
que les 4, 5, 6 février 2020, a tenu des auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 39, Loi établissant un nouveau mode de scrutin. Merci.
Le Président :
Ce rapport est maintenant déposé.
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 4.4 des règles de fonctionnement afin de déposer un rapport
du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale? Consentement.
Modifications à la liste des
présidents de séance
Je dépose
donc le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale
qui, le 11 février 2020, s'est réuni afin de modifier la liste
des présidents de séance.
Il n'y a pas de dépôt de
pétitions ni réponses orales aux pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Décision de la présidence sur la recevabilité de la question
de droit ou de privilège
soulevée le 4 février 2020 concernant les propos tenus par la ministre de la
Santé
et des Services sociaux à l'égard du dépôt d'un plan d'action pour
contrer la pénurie de préposés aux bénéficiaires
À la rubrique Interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, je suis maintenant
prêt à rendre ma décision concernant la question de violation de droit
ou de privilège soulevée par le leader de
l'opposition officielle dans un avis qu'il m'a transmis le
7 décembre 2019 et dont je vous ai fait part le 4 février dernier.
Avant
d'exposer les arguments avancés par le leader de l'opposition officielle, il
convient de revenir sur le contexte entourant
le dépôt de cet avis. Le 29 novembre 2019, cette Assemblée
a adopté à l'unanimité une motion rappelant au gouvernement qu'une grave pénurie de préposés
aux bénéficiaires affecte actuellement le réseau de la santé et des
services sociaux.
Cette motion
se terminait ainsi, et je cite : «Que l'Assemblée nationale demande à la
ministre de déposer un plan d'action à l'Assemblée d'ici la fin de la
présente période des travaux.» Fin de la citation.
Lors de la
séance extraordinaire du 7 décembre 2019, le plan d'action dont il
était question dans la motion n'avait pas
encore été déposé. Ainsi, lors de la période des questions de cette séance, le
député de Pontiac et la députée de Fabre ont questionné la ministre de la Santé et des Services sociaux au sujet
du dépôt de ce plan. La ministre a alors répondu, et je la cite :
«... l'engagement que nous avions pris, c'est de rendre public, de déposer le
plan d'action pour l'embauche et la rétention
des préposés aux bénéficiaires. Et, M. le Président, nous allons le faire. Nous
allons rendre public ce plan d'action éventuellement. [...]et nous
allons le faire dans les meilleurs délais.» Fin de la citation.
Dans son
avis, le leader de l'opposition officielle fait valoir que la ministre de la
Santé et des Services sociaux aurait commis une violation de droit ou de
privilège en induisant la Chambre en erreur. Selon lui, la ministre a donné
deux versions contradictoires des mêmes faits, en votant pour la motion du
29 novembre demandant le dépôt du plan d'action
avant la fin des travaux, tout en affirmant, lors de la dernière séance de la
période des travaux, que le plan d'action serait rendu public dans les meilleurs délais. Le leader ajoute que
cette situation équivaut à un aveu de la part de la ministre.
À ce sujet,
le leader du gouvernement m'a fait valoir par écrit ses arguments le
6 février 2020. Selon lui, l'intention de la ministre n'a jamais été d'induire la Chambre en erreur. Au
surplus, celle-ci aurait prouvé sa bonne foi en déposant le plan en question dès la reprise des travaux
parlementaires, le 4 février 2020, alors que rien ne l'y obligeait
puisque la motion adoptée, qui
enjoignait le gouvernement de faire quelque chose, engendrait une contrainte
qui est strictement d'ordre politique.
Je dois
maintenant vérifier si les faits invoqués par le leader de l'opposition donnent
ouverture, à première vue, à un outrage au Parlement.
Il a été
clairement établi par notre jurisprudence parlementaire que le fait d'induire
délibérément l'Assemblée ou ses
commissions en erreur peut constituer un outrage au Parlement. Selon cette
jurisprudence, pour renverser le principe selon lequel il faut accepter la
parole d'un parlementaire, il faut d'abord que le député en cause ait induit
l'Assemblée ou une commission en erreur lors d'une intervention et que,
par la suite, il reconnaisse l'avoir délibérément trompée. La jurisprudence a également établi que le fait de
donner deux versions contradictoires dans le cadre des travaux parlementaires
relativement
aux mêmes faits peut aussi avoir pour effet d'induire la Chambre en erreur et
donner ouverture à un outrage au Parlement.
Dans le cas qui nous occupe, nous avons, d'une
part, la motion adoptée à l'unanimité par les membres de l'Assemblée demandant à la ministre
de déposer un plan d'action avant la fin de la période des travaux. D'autre
part, nous avons les déclarations de la ministre lors de la dernière
séance de l'automne par lesquelles elle affirmait qu'un plan serait
éventuellement rendu public dans les meilleurs délais.
La question
est donc de savoir si la déclaration de la ministre lors de la période de questions peut constituer une reconnaissance qu'elle a délibérément trompé
l'Assemblée lors du vote sur la motion ou encore s'il s'agit d'un cas où il y a
deux déclarations contradictoires relativement aux mêmes faits.
À la lumière des faits qui me sont rapportés par
le leader de l'opposition officielle, je ne peux en venir à la conclusion qu'il y a ici matière à un outrage à
première vue. En effet, aucune des déclarations de la ministre
citées par le leader dans son avis ne peut être considérée comme un aveu que
son vote en faveur de la motion avait pour but de tromper l'Assemblée. Par ailleurs, je ne suis pas
non plus en présence de deux déclarations contradictoires portant sur un
fait précis. En effet, je vois difficilement comment le vote de la ministre sur
la motion pourrait être assimilé à une déclaration
qui aurait été contredite une semaine plus tard. Le fait d'opposer le vote de
la ministre à la déclaration qu'elle a faite lors de
la période de questions du 7 décembre ne fait pas ressortir une intention
de la ministre d'induire les parlementaires
en erreur au moment du vote. Cette déclaration m'apparaît plutôt être une
indication de la manière dont la ministre entendait donner suite à la
motion adoptée par l'Assemblée.
• (14 h 10) •
Cela amène
toutefois une autre dimension à la question. Est-ce
que le fait pour la ministre
de ne pas avoir déposé son plan
d'action dans le délai indiqué dans la motion adoptée par l'Assemblée le
29 novembre dernier constitue, à première vue, un outrage au
Parlement?
Pour
répondre à cette question, il
faut se demander si cette motion a
une force exécutoire. Comme le mentionne l'article 186 du règlement,
une motion adoptée devient soit un ordre soit une résolution. Seul un ordre a
un caractère exécutoire.
Si l'on
revient à la motion du 29 novembre 2019, celle-ci prévoyait que
l'Assemblée, et je reprends ainsi les termes exacts de
la motion, «demande» à la ministre de déposer son plan
d'action. Avec un tel libellé, la motion ne peut être assimilée à un ordre de
l'Assemblée, mais doit plutôt être considérée comme une simple résolution à
laquelle le gouvernement n'était pas strictement tenu de donner
suite. Certes, l'Assemblée peut demander à la ministre de s'expliquer, mais
la question de privilège n'est pas le bon moyen pour cela. En effet, la question de privilège vise les manquements graves et les atteintes aux droits
de l'Assemblée et de ses membres. Elle ne constitue pas un moyen de contrôle
parlementaire.
Maintenant, comme l'a mentionné le leader de l'opposition officielle, l'adoption à l'unanimité d'une motion comme celle dont il est question dans le cas présent crée des attentes et une
expectative légitime que celle-ci
sera respectée. À cet égard, il est vrai,
comme l'a déjà mentionné la présidence par le passé, que les députés sont en
droit de s'attendre à une certaine
cohérence gouvernementale. Toutefois, cet aspect ne relève pas de la
présidence. Lorsque le gouvernement ne donne pas suite à un engagement moral,
c'est à lui qu'il revient de s'expliquer par la suite.
C'est pourquoi je juge la question de privilège
soulevée par le leader de l'opposition officielle irrecevable.
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui, merci beaucoup. Très brièvement, M. le Président. Alors, bien évidemment, nous prenons acte de votre décision. Certes, on doit respecter les motions rendues en
vertu notamment de l'article 186 de notre règlement. Et vous jugez qu'il ne s'agit
pas, en l'instance, d'une violation de droit et de privilège. Nous, par contre,
constatons... Comme vous l'avez
mentionné, et je vais conclure là-dessus, M. le Président, c'est qu'il y
a une particularité ici qui mérite d'être mise au grand jour. C'est qu'à trois titres il n'y a... Vous dites que
ça fait naître essentiellement trois éléments logiques qui découlent d'un vote par la ministre
d'une motion qui dit qu'il va y avoir un plan d'ici le 6 décembre. Nous
assimilions ce vote de la ministre
à une déclaration de la ministre qu'elle allait s'exécuter. Mais nous
constatons... En somme, vous dites qu'il
participe de cela, si ce n'est pas une question de droit et de privilège, de
cohérence gouvernementale, de contrainte d'ordre politique et d'engagement moral, que nous constatons qui ont été déficients
en l'espèce, mais qui, à toutes fins pratiques, selon ce que vous dites, n'est
pas une question de droit et de privilège. Mais «cohérence gouvernementale», «engagement moral» seront des termes qui resteront, M. le
Président, et qui découlent de votre décision. Merci.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition.
M.
Nadeau-Dubois : M. le Président, dans la mesure où tout ça découle d'une motion qui a été déposée par
le député de Jean-Lesage, je me permets quelques remarques très rapides simplement pour vous
dire que, quand le député de Jean-Lesage ou un quelconque autre député ici, à l'Assemblée nationale, dépose
une motion recevable non seulement de
consentement, mais qui est présentée conjointement avec la ministre de la Santé et des Services sociaux ou
tout autre ministre et que la motion
a été adoptée à l'unanimité, vous le dites dans votre décision, ça fait naître
une attente morale et politique que
la parole soit tenue et que le geste soit posé, le geste demandé dans la
motion. La motion demandait le dépôt d'un plan. Ce plan-là n'a pas été
déposé dans le délai précisé par la motion.
On reçoit
votre décision en vertu de laquelle ce n'est pas une question de droit et de
privilège. Je me permets quand même
de rappeler que, bien qu'on vote plusieurs motions ici, à l'Assemblée
nationale, il ne faudrait pas qu'on en arrive à un point où ces motions-là ne
veulent plus rien dire. On souhaite que ces motions-là, quand on les adopte,
gardent toute leur autorité morale et
politique. Nous, on a un bout à faire, dans l'opposition, pour ça. Le
gouvernement aussi a son bout à
faire, et ça veut dire notamment de les respecter, ces motions, lorsqu'elles
sont adoptées à l'unanimité. J'espère que votre appel en ce sens va être
entendu par le gouvernement. Merci.
Le Président : Merci.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et réponses orales, et, sur ce, je
cède la parole au chef de l'opposition officielle. M. le chef de
l'opposition officielle.
Cession d'immeubles et de
terrains municipaux sans compensation
financière dans le cadre de la réforme de la gouvernance scolaire
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, en
pleine nuit vendredi, la CAQ a de nouveau bâillonné l'Assemblée nationale pour
passer, coûte que coûte, sa réforme bâclée
sur l'éducation. Le premier ministre tente déjà de justifier son obsession du
bâillon, mais soyons clairs, ces quatre bâillons en huit mois laissent ses
prédécesseurs bien loin derrière.
La vérité,
c'est que le premier ministre est au volant de son bulldozer, et il aime ça.
Quand les gens questionnent ses actions, pour lui, c'est du niaisage, il
faut y mettre un terme le plus rapidement possible. Mais, en bout de ligne, M. le Président, la CAQ a été obligée de refaire
plus du tiers du projet de loi, parce que rien n'était attaché, une centaine
d'amendements, dont 15 à minuit moins une.
M. le Président, en 48 heures, le
premier ministre a réussi à se mettre tout le monde à dos : les maires,
les professeurs, les comités de parents. Le même premier ministre qui
affirmait haut et fort durant la crise des étudiants étrangers qu'il agirait tout autrement dans l'avenir s'est pourtant
octroyé, en plein bâillon, le pouvoir de s'accaparer des terrains
convoités gratuitement. M. le Président, clairement, tous les moyens sont bons
pour imposer ses maternelles quatre ans mur
à mur. Un vrai leader, M. le Président, c'est quelqu'un qui est capable de
guider, d'inspirer et d'influencer. Or, on constate que personne ne s'est
parlé.
Est-ce que le premier
ministre se considère avoir agi en leader?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, dans le projet de loi n° 40, il y a
d'abord l'abolition des élections scolaires. Je sais que les libéraux
ont déjà été d'accord, maintenant ils ne sont plus d'accord avec ça.
Maintenant,
pour ce qui est des autres propositions de changement, elles sont pas mal
consensuelles, même, je dirais, dans
les partis politiques. Moi, j'invite, là... Je vois le cochef de Québec
solidaire qui essaie de se moquer puis de rire, là, mais je sais qu'il
n'est pas capable de me donner un changement avec lequel il n'est pas d'accord.
M.
le Président, concernant les terrains, M. le Président, depuis 25 ans au
Québec, à chaque fois qu'on construit une nouvelle école, on exige que
le terrain soit donné par la municipalité. C'est normal. La municipalité qui
reçoit une nouvelle école, un service
public, c'est parce qu'elle a eu plus de maisons, donc plus de taxes
municipales. Donc, M. le Président,
malheureusement, dans le passé, à chaque fois qu'on demandait des terrains aux
municipalités, ça retardait la construction des écoles à un point tel
qu'on se retrouve aujourd'hui avec un manque d'espace pour nos enfants.
Donc, ce qu'on a mis
comme amendement dans le projet de loi, c'est qu'à l'avenir on va donner deux
ans, deux ans pour s'entendre avec la
municipalité sur le terrain. Je pense que c'est raisonnable puis j'aimerais que
le Parti libéral, le chef du Parti libéral nous le dise, s'il n'est pas
d'accord avec ça.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, les municipalités ont littéralement été prises en embuscade. Le premier ministre s'est donné le pouvoir, sans consultation, sans discussion et en plein
milieu d'un bâillon, de forcer les municipalités à céder des terrains gratuitement.
Clairement, le premier ministre n'a pas demandé à ses ministres de se parler,
et c'est donc totalement brouillon.
Pourquoi ne pas avoir
pris le temps de faire les choses, une fois pour toutes, correctement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le problème des terrains avec les
municipalités, ce n'est pas un nouveau problème. D'ailleurs, le gouvernement libéral avait fait un comité avec les
municipalités. Quand le comité était terminé, ils ont tourné la page,
puis ils ont réouvert un autre comité, puis ils n'ont jamais pris de décision,
n'ont jamais pris d'action.
M.
le Président, pour le bien de nos enfants, c'est important qu'on ouvre des
écoles, pour que chaque enfant ne soit pas dans une roulotte, mais soit
dans une vraie école avec un environnement qui est digne de 2020.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
La réalité, M. le Président, c'est que le premier ministre s'est donné des
droits qui n'ont aucun rapport avec les
élections scolaires. C'était carrément prémédité. M. le Président, le premier
ministre doit dès maintenant reculer et suspendre ce droit qu'il s'est
octroyé sans consulter personne.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, pendant 15 ans, le Parti libéral, à
chaque fois qu'il construisait une école, ils ont exigé que le terrain soit donné par la municipalité.
Aujourd'hui, on écrit dans un projet de loi qu'on se donne maximum deux ans pour s'entendre avec la municipalité.
Moi, j'aimerais, là, que le chef du Parti libéral soit très clair. Est-ce qu'il
est d'accord ou il n'est pas d'accord avec ça, de se donner deux ans? Est-ce
qu'il est d'accord ou pas d'accord avec ça, que la municipalité
fournisse le terrain pour une nouvelle école? Qu'il soit donc clair pour une
fois.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
malgré les belles paroles d'ouverture du premier ministre, il écarte tous ceux
qui ne pensent pas comme lui. Vous posez les mêmes actions, les mêmes erreurs à
chaque fois. Avouez-le donc, vous vous êtes fait prendre, vous avez
essayé, comme dans d'autres bâillons, d'en passer une petite vite aux
Québécois.
• (14 h 20) •
Le
Président : ...de vous adresser toujours à la présidence. C'est
une règle que l'on connaît bien également. Alors, à ce chapitre-là, je
pense que c'est clair. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, les
gens qui nous écoutent, là, ont bien remarqué que le chef du Parti libéral a
tout fait, sauf se commettre, à savoir s'il est d'accord ou non pour que les
municipalités fournissent, en dedans de deux ans, un terrain. On ne le sait
toujours pas, M. le Président. Est-ce que le Parti libéral peut avoir un petit
peu de courage puis nous dire : Oui,
pour le bien de nos enfants, les municipalités doivent fournir le terrain?
C'est ça qui est proposé par le gouvernement, puis les libéraux, comme
d'habitude, on ne sait pas ce qu'ils veulent.
Le Président : Question
principale, Mme la députée...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Mme la députée de Saint-Laurent, à vous la parole.
Réactions des parents et du corps enseignant à
l'adoption du projet
de loi modifiant l'organisation et la gouvernance scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : On veut de la transparence. Quand on dit qu'on travaille à
visière levée tout le long du bâillon puis qu'au fond on se réveille le matin, puis c'est l'entièreté du Québec
qui est sous le choc, c'est tout sauf travailler de façon transparente.
Maintenant,
il nous force, au fond, là, dans son projet
de loi n° 40,
qui est rendu une loi... C'est comme l'achat d'une maison. Vous passez chez le
notaire rapido presto, mais vous ne faites pas de vérification, pas
d'inspection, puis on vous enlève la garantie légale, parce qu'au fond
on le sait, qu'on vous vend un produit rempli de vices cachés.
Ils ont
tourné le dos à qui aujourd'hui? Aux parents. C'est la panique totale,
notamment pour les parents d'enfants handicapés,
d'autant plus maintenant que les enseignants sont vraiment frustrés. Mais, pire
que ça, maintenant on a même des maires insultés. Aujourd'hui, la loi n° 40, là, c'est réellement le PEQ du ministre. Est-ce
qu'il s'en rend compte?
Est-ce qu'il est capable aujourd'hui de faire la
seule chose responsable, et de suspendre tous les articles problématiques, et
de retourner négocier avec ses partenaires au lieu de les insulter?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation, à vous la parole.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Oui, ça va bien aller.
M. le Président, c'est un projet de loi qui fait avancer la gouvernance scolaire. Je suis très, très content que,
maintenant, on soit dans une période de transition. On a des équipes-écoles qui
savent où on s'en va. On a des gens, dans les centres de services scolaires,
qui maintenant savent que ce n'est plus une gestion politisée, ce n'est
plus un minigouvernement élu qui va décider ce qui se passe dans les écoles, à
la place des professeurs.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Roberge : Enfin, on reconnaît l'autonomie professionnelle. Enfin, on
remet les écoles entre les mains de celles et ceux qui connaissent les élèves par leurs noms. Enfin, on reconnaît
la compétence des directions d'école, et c'est en parfaite cohérence
avec ce qu'on a dit depuis le départ.
Quand ma
collègue nous parle de vices cachés, bien, j'ai l'impression que c'est un peu
ce que nous, on a trouvé quand on a
hérité du réseau, parce qu'on a hérité d'un réseau qui n'avait pas été
entretenu, où on ne construisait pas des écoles, où on ne réparait pas des écoles, où on n'embauchait pas
suffisamment d'enseignants. Alors, on est en train de réparer les vices
cachés du réseau qu'on a reçus.
Le Président :
Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez la parole. Soyez prudents,
évidemment, dans les propos qu'on utilise, dans ses questions et dans
ses réponses. Nous sommes tous attentifs à ce qui est prononcé ici. Merci.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : M. le Président, on connaît l'adage «ça prend un village pour
élever un enfant». Bien, parlons-en, de ce village, aujourd'hui. Qu'est-ce
qu'il en reste, de ce village? Des dizaines et des dizaines de parents qui
écrivent au premier ministre ainsi
qu'à son ministre pour dire : Allo, vous nous avez oubliés, nous, les
parents. On a moins de voix, surtout les parents d'enfants handicapés.
On a aussi plus de
18 000 enseignants qui ont signé une pétition pour dire : Il est
où, notre superchampion de l'éducation, un ancien enseignant? Qu'est-ce qui lui
est arrivé maintenant dans le gouvernement?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, c'est quand même particulier de voir des partis qui ont été au
pouvoir nous donner des leçons. Savez-vous
c'est quand la dernière fois qu'on a inauguré une école secondaire au Québec?
En 2006. Mais, c'est-u drôle, on le
savait, qu'il y avait des nouveaux arrivants qui arrivaient. On le savait,
qu'il y avait des enfants que, quand
ils avaient quatre ans, ils allaient en avoir cinq, puis après ça six, puis
après ça sept. Les enfants en sixième année, on le savait, qu'ils
allaient aller au secondaire. Mais, depuis 15 ans, là, les deux vieux
partis n'ont pas trouvé de solution à la
pénurie de locaux, n'ont pas trouvé de solution pour accélérer le transfert des
terrains. On n'a pas construit d'école
secondaire en 16 ans. Et nous, en une année, on a lancé 16 chantiers
pour construire des écoles secondaires. Nous sommes la solution à leurs
problèmes.
Le Président :
Deuxième complémentaire. Encore une fois...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Soyez attentifs tant aux questions
qu'aux réponses. C'est une question de respect, évidemment. Nous avons tous envie d'entendre correctement. Mme la
députée de Saint-Laurent, à vous la parole. Vous êtes la seule.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
M. le Président, vous apportez ici une notion tellement importante, une
question de respect. Trouvez-vous ça
respectueux de passer outre nos institutions, de mettre un bâillon sur une
étude détaillée qui avait plein de
vices cachés, de dire aux parents : Même si vous venez en commission,
bien, votre voix, on ne l'entendra pas, de dire maintenant aux maires : Bien, savez-vous quoi, votre autonomie?
Bof! Pourquoi qu'on se bâdrerait avec de l'autonomie envers les
municipalités? Est-ce que c'est ça, du respect?
Moi, je demande une
affaire hypersimple au ministre : de suspendre les articles
problématiques.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, les parents, comme les autres groupes qui sont venus en
commission parlementaire, ont été
entendus. C'est peut-être ce qui surprend nos collègues. Eux, ils auraient
souhaité qu'on adopte le projet de loi tel qu'il a été déposé. Ils ne
voulaient pas qu'on fasse d'amendement. Ils ne voulaient pas qu'on écoute les
parents qui voulaient lier les gens sur le
conseil d'administration au comité de parents. Bien, nous, on voulait les
écouter, ces parents-là. Ils ne
voulaient pas qu'on garantisse qu'il n'y ait que des enseignants, et personne
d'autre, qui inscrivent des notes à un bulletin.
Bien, c'est ce que les gens nous ont demandé. Ce sont les amendements qu'on a
apportés. Alors, on a travaillé en collégialité. Puis maintenant, bien,
tournons la page. Puis j'invite mes collègues à...
Une voix :
...
M. Roberge :
J'invite mes collègues à diffuser l'information, la vérité dans les médias pour
que tout le monde sache quels sont les bienfaits de cette loi.
Le Président :
Question principale, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Consultation des élus municipaux
dans le cadre
de la réforme de la gouvernance scolaire
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci,
M. le Président. Depuis samedi, les élus municipaux sont en colère. Les maires
de Trois-Rivières, Shawinigan, Gatineau, la
mairesse de Montréal, celle de Nicolet, la Fédération québécoise des
municipalités, l'union
municipale du Québec, tous et toutes sans exception sont en colère. Ils ont
raison. Ils n'ont jamais été mis au courant de l'amendement du ministre
de l'Éducation, dans le projet de loi n° 40, qui les oblige à céder leurs
terrains sans compensation financière. Pire,
les villes pourraient même se voir obligées d'emprunter et refiler la facture à
leurs citoyens. M. le Président, pour
en ajouter, l'actuel ministre de l'Éducation a même refusé de relancer la table
de discussion avec les élus municipaux de l'UMQ tel qu'ils l'ont
demandé.
La ministre
des Affaires municipales peut-elle aujourd'hui se lever et nous expliquer pourquoi elle n'a pas jugé bon de parler à ses partenaires, les élus, et pourquoi
elle n'a pas demandé à son collègue le ministre
de l'Éducation de relancer la
table de discussion de l'UMQ?
Le Président :
Mme la ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui, merci, M. le Président. Je remercie la députée d'Anjou—Louis-Riel, évidemment, parce que je vais apporter quelques
précisions. Au niveau du milieu municipal, notre équipe du ministère, avec
l'aide du sous-ministre et de l'équipe du ministère de l'Éducation, nous
sommes allés sur le terrain. On appelait ça l'escouade terrain. On est allés rencontrer les maires où on avait
besoin d'avoir un terrain pour une école. Alors, on est allés rencontrer tous
les maires concernés. On a discuté d'avoir
des terrains pour des futures écoles. Je suis une ancienne enseignante,
en passant, et l'essentiel, dans une municipalité,
c'est une école et un hôpital. C'est ce qui est essentiel pour les nouvelles
familles. Évidemment, les maires nous proposaient des terrains, des
terrains, M. le Président, en milieux humides, des terrains, M. le Président, en zone inondable, sur le bord des autoroutes, et parfois zonés
agricoles. Alors, considérant cette situation, on a
continué à discuter avec les maires. C'était assez problématique parce que,
nous, construire en zone inondable, après toutes les inondations qu'on a vécues, c'était impossible. Alors, il y a
eu énormément de discussions, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, la parole n'appartient qu'à la députée d'Anjou—Louis-Riel.
S'il vous plaît, je vous
demande votre attention.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci. M.
le Président, ce gouvernement a littéralement bafoué le principe de l'autonomie municipale. Selon
l'attaché de presse du ministre, on apprend, et je cite : «Cette mesure
devait initialement être intégrée à une
autre pièce législative, mais [qu']il
a été décidé de l'intégrer à la loi n° 40 [pour faire plus
rapidement].» Fin de la citation.
La
ministre peut-elle nous dire pourquoi c'était aussi urgent? Et comment
peut-elle se justifier de ne pas avoir inclus dans les discussions les
élus municipaux, pas les fonctionnaires de votre ministère, pas les
fonctionnaires de l'Éducation, les élus?
Le
Président : Mme la ministre des Affaires municipales, à vous la
parole. Toujours prudence dans les mots utilisés.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Merci.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : On va rester calmes, M. le Président, parce que, depuis
cinq ans, il y a des discussions qui étaient présentes avec les
municipalités, et aucun nouveau terrain n'était possible pour les nouvelles
écoles. C'était très compliqué. Il n'y avait
aucune collaboration entre les commissions scolaires et le milieu municipal. Le
milieu municipal est essentiel pour l'aménagement du territoire avec les
nouvelles écoles.
Ceci
étant, je me suis vraiment rassurée d'avoir des services avec les nouvelles
écoles, que les municipalités vont pouvoir utiliser les infrastructures
des écoles, sans frais, pour des activités après les heures d'école.
Ceci
étant, quand on dit qu'on n'a pas été consulter les milieux municipaux, ici,
là, j'ai les lettres. Je vais les lire probablement à l'autre période de
questions.
Le Président :
En terminant.
Mme
Laforest : Je vais me rasseoir puis je vais vous la lire. Ils ont
vraiment été concernés.
• (14 h 30) •
Le
Président : Deuxième complémentaire. Encore une fois, je vous
demande votre attention à tous. Vous posez des questions, vous voulez
avoir des réponses. On est attentifs à l'une comme à l'autre, s'il vous plaît.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Merci, M. le
Président. Je comprends que la ministre a clairement approuvé cette façon
cavalière d'agir envers les élus municipaux. Se rend-elle compte du bris de
confiance que son gouvernement a créé? Comment va-t-elle refaire les ponts avec les élus municipaux? Et, devant cette levée de boucliers, la ministre va-t-elle
faire entendre raison à son gouvernement, le faire reculer et suspendre l'application
de cet amendement qui bafoue l'autonomie municipale, M. le Président? C'est de
ça dont il est question ici, les élus.
Le
Président : Mme la ministre des Affaires municipales. Encore
une fois, prudence aux propos
utilisés. M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M.
Nadeau-Dubois : Très rapidement.
La ministre a fait allusion à un document
dans sa réponse précédente. En
vertu de notre règlement, je lui demanderais de déposer le document en question.
Le Président :
Mme la ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Je vais le lire avant, par exemple, j'aimerais vraiment le
lire, parce que c'est des rencontres qu'il y
a eu avec les élus municipaux avant les fêtes. On les a rencontrés, comme je l'ai dit, et également
on leur a envoyé une lettre.
Ceci
étant, le milieu municipal, vous
comprendrez que ce n'est pas toutes les municipalités qui étaient en zone
inondable. Mais, malheureusement, énormément de terrains étaient situés dans
ces zones-là.
Le
6 janvier, on a envoyé une lettre à tous les directeurs généraux disant
qu'ils souhaitaient les «informer qu'à la suite [des] rencontres, le gouvernement a pris connaissance [des]
constats et a décidé, dans le contexte actuel, de procéder à ses frais à l'acquisition des terrains de
propriétés privées requis pour la construction des nouvelles écoles jugées
prioritaires.
«[...]En
contrepartie, la commission scolaire devra offrir à la ville, en priorité et
sans frais, l'accès à l'infrastructure qui y sera construite.»
Documents déposés
Le
Président : Souhaitez-vous... Vous souhaitez déposer les
documents? Donc, accord pour déposer les documents. Ils seront... ils
sont donc déposés. Merci.
Question principale,
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Réforme
de la gouvernance scolaire
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, j'aimerais vous lire quelque
chose. C'est une lettre d'une enseignante, Audrey St-Pierre, au ministre de l'Éducation juste avant son bâillon de
vendredi dernier. Je cite, et, j'insiste, c'est les paroles d'Audrey, notre enseignante : «J'ai enseigné
passionnément 10 ans, des années pendant lesquelles j'ai pu constater l'effritement, l'essoufflement. Les besoins
étaient pourtant clairs, les besoins étaient criants. Ça urgeait. Il a pensé
aux maternelles quatre ans, à un
nouveau cours d'éthique, à une réforme méprisante des commissions scolaires
adoptée sous bâillon, dans lequel on cherche les points positifs.
«Cher
M. le ministre, je vous donne ma démission. Je suis certaine que vous pourrez
trouver quelqu'un de non légalement qualifié pour faire ma job, que
j'aimais pourtant.
«Courage,
les enfants. Un jour quelqu'un prendra soin, comme nous l'avait promis le
ministre de l'Éducation au début de son mandat.»
M.
le Président, on ne peut plus se permettre de perdre des enseignants et des
enseignantes, mais on vient d'en perdre encore une autre.
Est-ce
que c'était ça, la commande du premier ministre à son ministre de l'Éducation, virer le réseau à l'envers,
se mettre tout le monde à dos puis faire fuir nos enseignantes?
Le
Président : Je vous
rappellerai de vous adresser à la présidence. Même en citant, on doit le faire quand même,
alors, vous comprenez très bien la règle. M. le premier ministre, en réponse.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. M. le Président, l'enseignante, ce qu'elle nous dit, c'est qu'il manque de services
dans nos écoles. C'est aussi
essentiellement ce que dit le président de la FAE. Sauf que, le projet de loi n° 40, ce n'était pas pour ajouter les
services dans les écoles. Ça, on le fait dans le budget, on a déjà ajouté des
ressources, entre autres pour les enfants qui
ont des difficultés d'apprentissage, puis on va continuer de le faire.
L'objectif du projet de loi n° 40, c'était d'abolir les élections
scolaires.
Je comprends que Québec
solidaire voudrait garder les commissaires d'école élus par 5 % de la population,
mais là on mélange deux choses, M. le Président. On mélange une enseignante qui voudrait plus de services puis
l'abolition des élections scolaires.
Je
suis d'accord avec l'enseignante qu'il manque de services dans nos écoles.
C'est ce qu'on est en train de corriger, 15 années de PQ et de Parti
libéral où on n'a pas investi dans
nos écoles. Mais, M. le Président, ça n'a rien à voir avec l'abolition des
élections scolaires.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Ce n'est d'ailleurs
pas ce que l'enseignante dit. Elle parle de la réforme de la structure et elle
parle des impacts que ça a dans son
travail au quotidien. En fait, ce qu'il est en train de se passer en éducation,
c'est ce qui arrive quand on
débarque, qu'on n'écoute pas le monde puis qu'on centralise tout. Les gens ne
se sentent pas respectés puis ils décrochent. Ils ne se sentent pas
respectés.
Est-ce que
le premier ministre pense qu'à force de répéter la même recette
utilisée par les libéraux on va finir que cette recette-là va goûter
autre chose?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, depuis la semaine dernière que je demande à la cheffe de Québec solidaire la même question. Qu'elle me donne, à part les élections
scolaires, un changement, je ne lui en demande pas 10, là, un changement
dans le projet de loi n° 40 avec lequel elle n'est pas d'accord. Qu'elle
m'en donne un, s'il vous plaît.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition. À vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : M. le Président, les pouvoirs concentrés dans les mains du
ministre. L'éducation, c'était censé être la priorité numéro un du premier ministre. Là, un an et demi plus
tard, la priorité numéro un, ce n'est plus l'éducation, ce n'est plus les enfants, ce n'est plus les profs, c'est
imposer son leadership autoritaire exactement comme le ministre d'avant.
Moi, je fais
un pari, M. le Président : à la fin de ce mandat-là, là, on va dire la
même chose de la réforme scolaire qu'on a dit de la réforme en santé.
Cette réforme-là est discréditée.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la cheffe de Québec solidaire vient de nous
dire que le changement avec lequel elle n'est pas d'accord, c'est... ce sont
les pouvoirs qui sont donnés au ministre. M. le Président, c'est exactement le
contraire. On abolit un palier
supposément démocratique où personne ne va voter puis on décentralise le
choix des moyens dans les écoles, là
où les gens connaissent les enfants puis les priorités des enfants. Qu'est-ce
que Québec solidaire a contre le fait qu'on décentralise dans
les écoles, à part de dire des choses qu'on ne comprend pas?
Le Président : Question
principale... Question principale, Mme la députée...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mme la
députée de Joliette, à vous la parole. Vous êtes la seule à avoir la parole.
Amendement au projet de
loi sur l'organisation et la gouvernance
scolaires touchant les municipalités
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : M. le
Président, le ministre a osé dire en mêlée de presse qu'il avait été pressé par
le temps. Pressé par le temps. Aux dernières
nouvelles, c'est lui qui a appelé le bâillon. C'est lui qui n'a pas arrêté de
compter les heures de commission publiquement pour nous dire combien c'était long
et lui qui n'a donc pas trouvé un moment pour déposer l'amendement sur les municipalités. C'est lui qui a déposé, mardi, 82 amendements
et qui n'a délibérément pas inclus
celui sur les municipalités. C'est lui qui, vendredi, pendant la plénière du
bâillon, a déposé 15 nouveaux amendements et qui délibérément n'a toujours pas
trouvé un moment pour déposer l'amendement sur les municipalités.
De quoi
avez-vous peur, M. le ministre? De quoi avez-vous si peur pour passer ça en
catimini, un amendement d'une telle importance? Quand on montre
les gros bras, qu'on bulldoze, qu'on bâillonne, mais qu'on n'a pas la force de
faire face à ses choix publiquement, il me semble que, comme ministre, on
devrait se poser de sérieuses questions.
Le Président : Je vous demande d'éviter les échanges directs, toujours
vous adresser à la présidence. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Sur le projet de loi, c'est vrai qu'on a déposé plusieurs amendements. Il fallait bien que quelqu'un
travaille à amender le projet de loi et à le bonifier, parce que les oppositions
ne le faisaient pas. À un moment
donné, eux autres, ils parlaient de toutes
sortes de sujets, faisaient de longs discours pour dire qu'ils étaient pour ce
fameux pouvoir des commissaires, puis il ne fallait pas que ça change,
ça allait tellement bien dans les écoles.
Là,
ma collègue a parlé de ce qui s'est passé avec les municipalités. Je vais poursuivre la lecture de la lettre amorcée par ma collègue. Alors, ici, j'ai la lettre qui a été envoyée au directeur général de la ville de Montréal, qui a été déposée, d'ailleurs, mais elle
a été envoyée à plusieurs directions générales. Et là il y en a qui nous disent
qu'ils n'ont pas été avisés. Bien, ici, on
dit : «En ce qui concerne la construction [des] futures écoles, il est de
l'intention du gouvernement de poursuivre et formaliser l'approche en
vigueur depuis 1995 selon laquelle les terrains pour les écoles sont fournis
gracieusement par la ville, et ce, afin d'allouer le maximum des investissements
du gouvernement aux immeubles eux-mêmes.» Parce qu'on va avoir de très belles
écoles, je vous le dis. «Cependant, il est également de l'intention du gouvernement de prévoir un renforcement de la collaboration entre les municipalités et les commissions scolaires dans la planification
des besoins d'espaces pour les écoles, d'élargir les pouvoirs municipaux en
matière de contributions à des fins de parcs...»
Le Président :
En terminant.
M.
Roberge : Donc, ce qu'on
dit, c'est qu'on était en dialogue avec les municipalités et qu'une lettre
envoyée en...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Joliette. À vous la parole.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Est-ce qu'il est fier de lui, le ministre? Est-ce
qu'il est fier de la manoeuvre qu'il a passée en douce aux municipalités? Il n'a toujours pas répondu à
ma question. Pourquoi il n'a pas fait ça la semaine passée? Pourquoi il n'a
pas fait ça vendredi, pendant la plénière? Pourquoi
il a fait ça en pleine nuit? Qu'est-ce qu'il avait tant à cacher? Quand
on assume ses choix, on fait ça à visière levée.
Le
Président : Soyez prudents. Vous savez les termes, encore une
fois... Je vous ai demandé d'être attentifs aux termes que vous utilisez. Il y
en a eu quelques-uns. Alors, je vous demande, encore une fois, d'être prudents
dans ce que vous dites, dans les propos que l'on tient également. M. le
leader du gouvernement.
• (14 h 40) •
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je vous proposerais que la députée de Joliette retire
ce terme parce qu'il est proscrit, à l'index. Alors, je vous demanderais
de lui demander de retirer ce terme.
Le
Président : Je pense qu'on connaît très bien les règles. Mme la
députée de Joliette, je vous demande votre collaboration.
Mme
Hivon : Oui. Alors, est-ce qu'au moins... C'est retiré.
Est-ce qu'au moins le ministre va aller faire face à la musique et
rencontrer, comme ils lui demandent, les maires de l'UMQ jeudi?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, nos intentions étaient bien claires. On
travaillait, du côté des Affaires municipales, avec ma collègue et moi-même, avec nos équipes, depuis l'automne dernier
à essayer de dénouer l'impasse, à essayer d'aller plus loin que les comités du Parti libéral, qui, voyant le
problème, faisait un comité sur un rapport sur un comité. On est allés voir les municipalités, on les a
aidées, on les a avisées d'où est-ce qu'on voulait aller. Et finalement on y va
avec une loi qui va venir préciser
qu'à l'intérieur de deux ans il y aura enfin une collaboration. Il y aura une
planification concertée de la répartition des élèves, des constructions
des écoles. Et à la fin qui va gagner? Les élèves...
Le Président :
En terminant.
M. Roberge :
...les parents, qui sont à la fois des citoyens, des contribuables, des
parents.
Le Président :
Deuxième complémentaire... Non, question principale, je m'excuse. Monsieur...
Deuxième complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. En douce, la nuit de vendredi, on a
passé un amendement qui risque d'augmenter les taxes municipales. La ministre dit qu'elle était au courant de
l'amendement, mais elle ne savait juste pas quand il allait passer. L'UMQ, la FQM, les maires et mairesses de
Laval, Sainte-Julie, Shawinigan, Gatineau, Montréal, Trois-Rivières,
Nicolet, Rimouski et plusieurs autres, et probablement l'ensemble des députés
ici, n'étaient pas au courant de cet amendement-là. Ces maires disent qu'ils
n'étaient pas au courant.
Est-ce que la ministre considère que ces maires
ne disent pas la vérité?
Le Président : Mme la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui. Comme je le
disais tout à l'heure, notre équipe, on a fait les rencontres dans toutes les municipalités concernées, avec l'équipe du ministère
de l'Éducation, on a discuté avec tous les maires. Tout le monde était au courant qu'on devait construire des
nouvelles écoles, c'était essentiel. C'est la priorité de notre gouvernement.
Puis je crois que, dans une municipalité,
une nouvelle école, comme je le disais tantôt, va amener des nouveaux
résidents, un nouveau milieu de vie
dynamique, on occupe bien le territoire. C'était une priorité pour notre
gouvernement. On s'est vraiment
concentrés sur le fait... Moi, mon rôle était que la municipalité puisse utiliser la future école à des frais... sans frais, si
elle avait besoin d'utiliser les infrastructures...
Le Président : En terminant.
Mme Laforest : ...ce que je me
suis assurée.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui. M.
le Président, le collègue
de Rimouski a posé une question très claire : Est-ce que
les élus municipaux étaient au courant de l'amendement, oui ou non?
C'est ça, la question.
Le
Président : Vous aviez complété, Mme la ministre, votre
réponse? M. le leader du gouvernement, je pense qu'on ne peut exiger la précision d'une réponse donnée par la ministre
ou la personne qui doit répondre, je précise. Et je continue. Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Mesures pour contrer la
pénurie de préposés aux bénéficiaires
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, mardi dernier, la ministre de la
Santé déposait, après des mois de retard, son plan d'action face à la pénurie de préposés aux
bénéficiaires. Ce plan, c'est 15 mesures de ce qui se fait déjà et qui ne
donne clairement pas de résultat. On nous sert du réchauffé.
Jusqu'à
maintenant, sur les 4 500 postes annoncés, seulement
350 nouveaux préposés ont été embauchés. C'est moins de 10 %, on est bien loin du compte.
Pire encore : alors qu'il y a urgence à recruter, on nous promet des
résultats à très, très long terme.
Pour en rajouter, dans Le Devoir du 5 février, on apprend que
le cabinet de la ministre prône la patience.
M. le Président, on ne peut pas faire attendre les aînés du Québec, qui
souffrent maintenant du manque de soins.
Est-ce que la
ministre des Aînés, cosignataire du plan, peut clairement dire qu'elle
abandonne les milliers d'aînés et de patients qui ont besoin de préposés
maintenant?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
Bien, M. le Président, d'abord, je vais tout de suite clarifier, c'est un plan
en 15 mesures qui donne des résultats.
C'est 4 000 préposés aux bénéficiaires équivalents temps complet, M.
le Président, qu'on a embauchés cette année, et l'année n'est pas
terminée, M. le Président. On a plus de 700 équivalents temps complet,
préposés aux bénéficiaires, de plus dans le réseau, M. le Président.
200 millions qu'on a investis dans le réseau à notre arrivée.
M. le
Président, la députée de Fabre fait référence au Devoir en fin de
semaine. Je ne sais pas si elle a lu l'entièreté des articles dans Le Devoir.
Il y en avait un sur la réforme de l'ancien ministre de la Santé et des
Services sociaux. M. le Président, moi, je
serais un petit peu gênée parce que, je vais vous dire, nous, là, on s'occupe
du personnel. En arrivant au pouvoir... Les dommages qui ont été faits
par cette réforme, c'est nous qui voyons les conséquences et on répare.
M. le
Président, ce n'est pas des investissements qui ont été faits. Dans la première
année du gouvernement libéral, en 2015‑2016, 1,5 % d'investissement
additionnel. Nous, c'est 5,4 %, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, j'ai tellement le goût de parler
de résultats. Depuis des mois, je questionne la ministre des Aînés sur la pénurie de préposés. On me
revient avec le programme des 2 000 bourses, on le vante. Les bourses
pour la formation de préposés, c'est un échec. D'ailleurs, elle y mettra fin
dans un mois sans même avoir atteint ses objectifs. Ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président,
c'est écrit dans le plan, c'est écrit : Fin du programme, mars 2020.
Le plan ne prévoit rien pour faire face à la crise de préposés à court
terme.
Que dit la ministre des Aînés?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme
McCann : M. le Président, 1,5 % d'augmentation, dans un budget,
c'est des coupures budgétaires, ce n'est même pas l'indexation, avec une centralisation, une démobilisation, du
stress organisationnel, les préposés aux bénéficiaires inclus, M. le Président. Alors, nous, là, ce qu'on
fait, on investit, on embauche, on prend soin du personnel. Et c'est ce qu'on fait actuellement avec le plan des préposés
aux bénéficiaires et on continue de travailler. On donne des bourses, plus de la moitié des bourses ont trouvé preneur,
M. le Président. Et effectivement on a de plus en plus de personnel dans
le réseau, ce qui n'a pas été fait par l'ancien gouvernement.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé : On va revenir sur
les faits. Il y a moins de 10 % des personnes qui ont été embauchées pour
les postes qui ont été annoncés. Le
programme de bourses, on y met fin, on met la hache dans tout ça. Alors, je ne
sais pas quels sont les constats qui
doivent être plus clairs dans la non-réponse qu'on a face aux aînés qui
souffrent du manque de soins, face aux préposés qui sont épuisés.
Allons-nous
avoir de la ministre déléguée aux Aînés des réponses pour la solution maintenant,
M. le Président?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Je ne sais pas si la députée de Fabre a lu, aujourd'hui,
dans Le Devoir un autre article. C'est l'Institut du Québec
qui dresse un bilan du marché de l'emploi québécois. Et cet institut, la
semaine dernière, rapportait notamment la
multiplication par deux, depuis cinq ans, du nombre de postes vacants, de
70 000 à 138 000, dont plus
de 40 % étaient affichés depuis au moins trois mois. Et, à moins que ne
survienne une récession, ce problème se fera ressentir au moins jusqu'en 2029 pour l'ensemble de tous les emplois au
Québec. Alors, on fait un effort considérable pour embaucher des
préposés, des infirmières, infirmières auxiliaires, alors que vous avez coupé
pendant des années. Et vous avez coupé, lors de la réforme du ministre de la
Santé...
Le Président : On s'adresse
toujours à la présidence...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! On s'adresse toujours à la
présidence, vous le savez. Mme la députée de Mercier, vous avez la
parole.
Tarifs d'électricité pour
le projet de GNL Québec inc.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : M. le Président, à entendre le gouvernement de la CAQ répéter
les lignes de com des lobbyistes, eh
bien, GNL nous ferait une grande faveur en s'installant chez nous. Mais, dans
les faits, c'est nous qui leur faisons une faveur, parce que liquéfier
du gaz sale de l'Alberta, ça prend beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie.
L'usine de GNL Québec va consommer chaque
année autant d'énergie que 250 000 maisons. Et, pour ajouter l'insulte à l'injure, on va leur vendre ça pour une bouchée de pain. Les
familles québécoises paient 0.09 $
le kilowattheure. GNL Québec, lui, va payer 0,03 $ le
kilowattheure, et en plus on va leur donner un rabais de 20 % pendant six
ans.
Le premier
ministre refuse toujours de nous dire combien d'argent public il va investir
dans GNL. Maintenant, j'aimerais entendre le ministre de l'Énergie.
Est-ce que
lui, au moins, il peut nous dire combien le tarif préférentiel accordé à GNL va
coûter à Hydro-Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M.
Julien : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, le projet GNL Québec
est en cours d'analyse, est à l'état de projet. Ce qu'on dit ici, du côté du gouvernement, c'est : Globalement,
c'est un projet qui est méritoire. C'est un projet qui va réduire globalement de manière importante les GES.
C'est un projet aussi avec des investissements de 14 milliards de dollars au Québec, alors c'est excellent pour le
développement économique de l'ensemble du Québec et spécifiquement la
région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors,
pour nous, c'est... oui, les analyses doivent être faites, oui, on doit suivre
les étapes, mais a priori ce projet-là a de la vertu en termes environnementaux et des retombées économiques
hyperimportantes. Je pense qu'à ce stade-ci de l'avancement du projet on devrait le regarder favorablement sur ces deux
aspects-là et laisser la poursuite des analyses environnementales pour
la suite des choses. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Donc, le ministre ne répond pas, il ne fait que répéter les
lignes des lobbyistes, comme je le disais. Donc, s'il n'est pas capable, moi, j'ai un chiffre pour lui. Selon
l'expert Bernard Saulnier, le traitement de faveur à GNL, c'est un manque à gagner d'au moins
70 millions de dollars par année. Ça, c'est le minimum, je veux dire, le
minimum. Ça, c'est une subvention
déguisée, et tout le monde va payer pour ça. Mais est-ce que ça va profiter à
tout le monde? Pas du tout. Les mégawatts qu'on réserve à GNL, ils ne serviront
pas à notre transition, ils vont servir à exporter le gaz de schiste à
l'Alberta. Est-ce que c'est juste?
• (14 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : Bien, je suis heureux d'entendre ces chiffres-là de ma
collègue parce que moi, je ne les ai pas encore, puisqu'on est à l'état de
projet. Donc, je serais curieux de voir, en fin de compte, les fondements mêmes
de ces chiffres-là.
Pour
l'instant, ce qu'on a entre les mains, c'est un projet de 14 milliards
d'investissement, que je réitère, hyperimportant
pour le développement économique et une réduction de 28 millions de tonnes
de GES globalement pour la planète.
Ça, c'est les données avec lesquelles on regarde le projet, à la fois du volet
environnemental et développement économique.
Maintenant, on peut
s'y opposer dès le départ, avant même que le projet soit avancé, avant même que
les analyses soient faites, de manière
dogmatique, ou on peut regarder les choses aller et travailler sur le projet de
manière structurée pour en voir la suite. C'est ce qu'on préconise, de
notre côté.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Les 550 mégawatts par année de GNL, c'est l'équivalent des deux tiers de
la capacité de la Romaine. Donc, pourquoi
est-ce qu'on a défiguré la rivière de la Romaine? On a
construit ce barrage sur une des dernières rivières vierges du Québec pour quoi? Pour qui? Pour alimenter une usine
américaine de gaz sale? On est rendus là, au Québec, à construire des
barrages pour financer les énergies sales de l'Alberta?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui, merci, M. le Président. Écoutez, on est pour l'électrification à tous
égards, c'est une volonté de notre gouvernement. On est pour l'exportation de
nos surplus hydroélectriques, parce qu'on en a, pour enrichir le Québec.
Et maintenant on a une possibilité d'investissement majeur, 14 milliards
de dollars, au Québec, avec l'utilisation de l'hydroélectricité,
une énergie propre et renouvelable, qui... toutes choses étant égales par
ailleurs, quand on se compare, par rapport
à un projet de cette envergure-là sur un site québécois, c'est la meilleure
place pour le faire. Et, naturellement, tout le développement économique, toutes les retombées économiques pour
les régions du Québec, nous, on croit à ça.
Maintenant, je persiste
à dire qu'on va voir les analyses avancer...
Le Président :
En terminant.
M. Julien :
...ça ne sert à rien de conclure au préalable comme le fait ma collègue.
Le Président :
Question principale, M. le député de Bonaventure.
Demande de mise en place d'un régime d'assurance pension
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, nous assistons à l'émergence d'une nouvelle catégorie de
pauvres au Québec, celle des
retraités qui se font usurper une partie de leur fonds de pension par des
entreprises à la morale corporative extrêmement douteuse. Depuis 10 ans, plus de 15 000 retraités ont
perdu près de 30 % de leur fonds de pension, ce qui représente une somme annuelle de 100 millions de dollars. Ça
veut dire 100 millions qu'on a enlevés dans les poches des retraités du
Québec, tout ça dans un contexte de prospérité économique et de création de
richesse. Il est fort à parier que d'autres entreprises
vont utiliser le même stratagème pour flouer des retraités qui ont contribué
pendant des décennies à l'enrichissement de ces dites entreprises.
Ma
question est simple : Est-ce que le ministre
peut faire preuve d'empathie et s'engager à soutenir la mise en place
d'un régime québécois d'assurance pension pour aider nos retraités à avoir une
vie décente?
Le Président :
M. le ministre des Finances, à vous la parole.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui. Merci pour la question. Et d'ailleurs le député de Jonquière m'a remis le
document des retraités, et soyez certain que je vais le lire.
Bon,
la situation, j'ai... on parle ici de régimes à prestations déterminées privés
où l'employeur est en situation d'insolvabilité.
Alors, pour que le régime fonctionne, ça prend des contributions d'employés et
d'employeurs, et là il n'y a plus d'employeur. Alors, c'est ça qui se
passe. Ce sont des régimes à prestations déterminées privés.
Alors,
lorsqu'on parle de mettre une assurance, on parle de quoi? Il y a quelqu'un qui
doit payer des primes sur l'assurance.
Et ce serait qui? Les employeurs et les employés. Or, le Québec est déjà
champion des taxes sur les masses salariales.
Et nous avons déjà un désavantage compétitif par rapport à l'Ontario. Et, si on
augmente les taxes sur les masses salariales,
on augmente... on diminue la compétitivité de nos entreprises et on va
précipiter la conversion de tous les
régimes à prestations déterminées en régimes à cotisation déterminée, M.
le Président, et ce n'est pas ça qu'on souhaite.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Le ministre nous parle de compétitivité des
entreprises. Moi, j'aimerais lui parler de travailleurs
qui ont passé leur vie, 30, 40 ans, dans des usines, dans des entreprises,
qui se retrouvent, à 70 ans, obligés de retourner sur le marché du
travail pour combler leurs besoins, pour avoir une vie décente.
Est-ce que le ministre
trouve ça normal, M. le Président, qu'on soit obligé, au Québec, d'en être
arrivé à des situations comme celle-là? Tout ce qu'on lui demande, tout ce que
les retraités lui demandent...
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M.
Girard (Groulx) : Bien, M. le Président, pour que le régime d'assurance se soit appliqué aux gens dont on parle aujourd'hui, il aurait fallu que les gouvernements précédents le mettent. Là, on discute d'un futur régime d'assurance.
Et, le gouvernement, la solution que
nous proposons, ce sont les régimes à prestations cibles, qui sont un hybride
entre les régimes à prestations
déterminées et les régimes à cotisation déterminée où, ces régimes privés, la
volatilité des cotisations serait
assumée par les travailleurs. Parce
que ce qui se passe, c'est que, si on
impose des charges supplémentaires aux entreprises pour ces régimes à
prestations déterminées, ils vont tout simplement disparaître.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. C'est lui
qui est présentement ministre des Finances et le gouvernement qui est présentement en action, il peut agir pour le futur. Le premier ministre aime bien
s'inspirer de l'Ontario. Bien, en Ontario, il y a justement un régime d'assurance pension depuis une
quarantaine d'années. Ça fait que moi, je lui demande d'aller au bout de
sa logique, puis de s'inspirer
complètement de l'Ontario, et de faire un régime d'assurance pension au Québec, M. le Président.
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Bien, M. le Président, c'est parce qu'en fiscalité
des entreprises on ne peut pas juste compter
les éléments qu'on veut, là, il faut faire la somme de l'impôt des corporations
et de la somme des taxes sur les masses salariales
que nous avons. Or, nous sommes déjà, au Québec, 25 % moins compétitifs
que les entreprises de l'Ontario en raison
de nos taxes sur les masses salariales actuelles. Ce que vous me proposez,
c'est d'imposer des primes pour créer un régime qui va rendre nos
entreprises moins compétitives.
Le Président :
Question principale, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Consultation
des élus municipaux avant l'adoption du projet de loi
sur l'organisation et la gouvernance scolaires
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui, merci, M. le Président. J'ai pris connaissance des lettres déposées par la
ministre, M. le Président, deux
lettres adressées aux directeurs généraux des municipalités de Montréal et de
Gatineau, pas adressées aux maires,
ni à la mairesse Plante, ni au maire Pedneaud-Jobin, des lettres signées par
son sous-ministre et, en copie conforme, le sous-ministre de
l'Éducation, jamais signée, la lettre, de la ministre, adressée aux élus.
M. le Président, pire.
Dans la lettre, on dit : «Je [souhaite] vous informer qu'à la suite de nos
rencontres le gouvernement a pris
connaissance des constats et [...] procéder à ses frais à l'acquisition [de]
terrains de propriétés...»
M.
le Président, dans la lettre, ce qu'on
dit, là, ce n'est pas que les municipalités vont donner leurs terrains, céder leurs terrains
ou acheter des terrains pour donner aux villes. C'est ça qu'il y a
dans le projet de loi. C'est
ça, l'amendement, M. le Président. C'est deux choses qui sont contraires
l'une à l'autre, M. le Président.
La
ministre peut-elle se lever, regarder la caméra et dire à
la mairesse de Montréal et le maire
de Gatineau qu'elle a induit en erreur cette Chambre, M. le Président?
Le Président :
Monsieur...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Non, je m'excuse, non, vous le
savez. Pas obligé d'aller jusque-là, Mme la députée, vous le savez fort bien. Alors, je vous demande de
ne pas aller jusque-là, de ne pas tenir ces propos. On a des mécanismes, dans
nos règles, vous le savez fort bien. Mme la députée, dans ce contexte-ci, je
vous demande de retirer vos paroles.
Mme Thériault :
Je les retire.
Le Président :
Je demande maintenant la réponse à la ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Alors, merci, M. le Président. Je peux regarder la
caméra en disant aux maires et mairesses que j'ai entièrement confiance en vos directeurs généraux, qu'ils vous
ont montré la lettre qu'on avait acheminée, évidemment.
Alors,
je vais quand même terminer le paragraphe que vous avez oublié de lire. Et,
oui, tous les élus étaient au courant. Alors : «Enfin, dans le
contexte de rareté des espaces disponibles, des coûts de ceux-ci, de
l'évolution de la société et d'exemples
ailleurs qu'au Québec, le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur est disposé à réfléchir et
à encourager l'émergence de nouveaux modèles d'implantation des écoles mieux adaptés
aux réalités municipales actuelles et à venir.»
Là,
quand on dit que l'UMQ n'était pas au courant, on a reçu en plus une lettre de
l'UMQ cette semaine en réponse à
cette lettre que nous avons envoyée auparavant, le 6 janvier. On a reçu cette semaine
la lettre, la réponse de l'UMQ. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Consultation
des élus municipaux avant l'adoption d'un amendement
au projet de loi sur l'organisation et la gouvernance scolaires
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui, merci, M. le Président. Ce que je comprends, M. le Président, c'est que,
dans la lettre, c'est écrit qu'on va compenser financièrement. Le projet
de loi, il n'y a pas de compensation financière, M. le Président.
La
ministre a même dit dans sa première réponse, M. le Président... elle a inclus
le mot «hôpitaux». Le maire de Gatineau
a demandé, à juste raison, hier : Est-ce que la prochaine étape seront les
hôpitaux, qui seront aussi... que c'est les municipalités qui vont être
obligées de fournir les terrains à leurs frais et aux frais des citoyens, M. le
Président?
La
question demeure tout entière. Plutôt que de s'asseoir avec l'Union des
municipalités du Québec, la Fédération québécoise
des municipalités et de parler aux élus, aux élus... Ils sont élus par leur
population pour prendre les décisions, M. le Président.
Est-ce
que la ministre, elle va se présenter jeudi avec l'UMQ? Et est-ce qu'elle
pourrait parler à la FQM, qui a demandé un
conseil d'administration spécial demain, pas plus tard que demain, pour parler
de ces questions-là? Je pense qu'ils s'en sont fait passer une vite.
• (15 heures) •
Le
Président : S'il vous plaît! On fait encore attention aux
propos. Et la parole appartient maintenant, en réponse, à la ministre
des Affaires municipales. Mme la ministre.
Mme Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Alors, écoutez, M. le Président, pour revenir à la
problématique, parce qu'on n'avait pas d'école,
c'était impossible de construire des écoles dû à la non-disponibilité
des terrains dans les municipalités. On a dû discuter sur le terrain avec toutes les municipalités, les maires et les
mairesses pour savoir quels terrains étaient disponibles. Quand on apprend que des terrains disponibles sont
en milieu humide, en zone inondable, en zone agricole ou sur le bord des autoroutes, en tant que gouvernement, quand la
priorité est l'éducation et la santé, nous devons, dans la période de
deux ans, accélérer les constructions d'école pour nos jeunes du Québec. Merci,
M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Merci. Cela met
fin à la période de questions et réponses orales. Merci à tous et à
toutes.
Motions
sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, comme il n'y a pas de votes
reportés, nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis. En
fonction de...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous demanderais de garder le silence, s'il vous
plaît, pour le bon fonctionnement de nos travaux. Merci.
En fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais
maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de
Bonaventure.
M. Roy :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin présenter, conjointement avec le député de
Robert-Baldwin, le député de Rosemont, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que la situation financière dans laquelle se retrouvent
les retraités d'entreprises privées en faillite est déplorable;
«Qu'elle
demande au gouvernement d'examiner la possibilité d'instaurer un régime
québécois d'assurance pension similaire
à celui de l'Ontario afin d'assurer la sécurité financière des retraités
touchés par la faillite de leur compagnie administratrice;
«Qu'elle
demande au gouvernement de lancer, dans les plus brefs délais, des études
visant à préciser les modalités d'un tel régime d'assurance et à
quantifier ses effets sur [le plan] économique et social.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement,
je vais reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement. Mme la
ministre responsable de la Condition féminine.
Souligner
la Journée internationale des femmes et des filles de science
Mme Charest :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Verdun, la députée de Taschereau, la députée
de Gaspé, le député de Chomedey, la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale des femmes et filles de science;
«Qu'elle
rappelle que l'égalité entre les femmes et les hommes est l'un des fondements
principaux de la société québécoise;
«Que les membres de l'Assemblée nationale
profitent de cette occasion pour reconnaître l'importance d'agir dès le plus jeune âge auprès des filles et des garçons
pour leur donner des chances égales d'accès à un marché du travail encore
fortement divisé;
«Que les membres de l'Assemblée nationale
reconnaissent la nécessité d'améliorer l'accès et le maintien des femmes aux
domaines scientifiques;
«Que les membres de
l'Assemblée nationale reconnaissent la valeur inestimable de tous les
intervenantes et intervenants, enseignantes et enseignants issus d'organismes
travaillant en ce sens.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion adoptée. Alors, je reconnais un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée de
l'Acadie.
Mme St-Pierre : Merci,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, le député de René-Lévesque et le
député de Chomedey :
«Considérant qu'Investissement
Québec a fourni un prêt de
5 millions de dollars à Château Mont-Sainte-Anne au lendemain de
l'annonce du lancement de la nouvelle mouture d'Investissement Québec;
«Considérant que l'homme d'affaires [...]
Charles Sirois est copropriétaire du Château Mont-Sainte-Anne;
«Considérant que M. Sirois est cofondateur
de la Coalition avenir Québec;
«Considérant
[que s'il] y a lieu de dissiper tout
doute qui pourrait planer quant au processus d'octroi de ce prêt, doute
pouvant influencer la confiance du public envers l'indépendance d'Investissement
Québec;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement caquiste de faire preuve de toute la transparence nécessaire afin de garantir la confiance du public envers
l'indépendance d'Investissement
Québec quant à ce prêt et qu'à cette
fin, l'Assemblée nationale exige du ministre
de l'Économie et de l'Innovation,
qu'il dépose à l'Assemblée nationale l'ensemble des documents et analyses
justifiant cette décision d'investissement au plus tard le 19 février
prochain.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Comme il n'y a pas de consentement, je vais reconnaître un membre du deuxième
groupe d'opposition. Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, la parole
est à vous.
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec
le chef de l'opposition officielle, la députée de Joliette et le député de Chomedey :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que les
élections scolaires étaient le premier et le seul palier politique paritaire au
Québec avec 51 % d'élues femmes;
«Qu'elle
reconnaisse qu'au moins 60 % des élus scolaires étaient des parents d'un
enfant fréquentant ou ayant fréquenté la commission scolaire; et
«Qu'elle
souligne l'importance de l'implication et de l'engagement [...] des élus
scolaires dans la réussite scolaire de nos enfants.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la cheffe. Est-ce qu'il
y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Comme il n'y a pas de consentement, je suis prête à reconnaître Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la députée
de Mercier, le député de Jonquière et le
député de Chomedey,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle au gouvernement du Canada que le développement [des] projets d'exploitation des sables
bitumineux nuit à l'atteinte des objectifs de réduction des GES dans un
contexte de crise climatique.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, il n'y a pas de consentement.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous
allons maintenant passer à la rubrique Avis touchant les travaux
des commissions. M. le
leader du gouvernement.
M. Schneeberger : Oui, alors, Mme la Présidente, j'avise
cette Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 18, Loi
modifiant le Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur
public et diverses dispositions en matière de protection des personnes, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 32,
Loi visant principalement à favoriser l'efficacité et la justice pénale et à
établir les modalités d'intervention de la Cour du Québec dans un pourvoi en
appel, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
Le
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 42, Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du
discours du budget du 21 mars 2019 et certaines autres mesures, aujourd'hui,
de 16 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la
santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 43, Loi modifiant la
Loi sur les infirmières et les infirmiers et d'autres dispositions afin de
favoriser l'accès aux services de santé, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à
la salle Marie-Claire-Kirkland. Voilà, Mme la Présidente.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Nous allons maintenant
passer à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M.
le leader du troisième groupe d'opposition. Non?
M. Ouellet :
Non.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : O.K. Alors, je vous informe que
demain, lors des affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de présenter, d'ici juin 2020, un projet de loi d'urgence
pour faire face à la crise du logement qui sévit actuellement au Québec;
«Que ce projet de loi inclue
notamment : un moratoire sur les évictions de locataires, en vertu de
l'article 1959 du Code civil, dans les zones où le taux d'inoccupation des
logements locatif est inférieur à 3 %; un taux d'augmentation
maximal des loyers.»
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
• (15 h 10) •
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, afin de débuter nos affaires du jour, je vous
demanderais d'appeler l'article 21 du feuilleton.
Projet
de loi n° 37
Prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, à l'article 21 du feuilleton, l'Assemblée prend en
considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le projet
de loi n° 37, Loi visant principalement à instituer
le Centre d'acquisitions gouvernementales et
Infrastructures technologiques Québec.
Y a-t-il des interventions? M. le ministre délégué à la Transformation
numérique.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Bravo, Mme la Présidente! Merci beaucoup, Mme la
Présidente. C'est avec beaucoup de plaisir, cette fois, que j'interviens en Chambre sur la prise en
considération du projet de loi n° 37, projet de loi n° 37,
essentiellement, qui crée le Centre
d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec, deux
organisations qui vont jouer un rôle
névralgique dans la suite des choses, notamment, évidemment, pour les
acquisitions et pour l'ensemble des services communs en infrastructures
technologiques.
Mais
aujourd'hui, Mme la Présidente, considérant que nous sommes à la prise en
considération, mon intervention sera brève et ciblée sur, je dirais, la
qualité des travaux que nous avons eus en commission parlementaire, une pièce législative quand même très consistante — puis je pense que tous vont en
convenir — et qui a
nécessité une très grande collaboration de la part de l'ensemble des
parlementaires.
Et, dans ce
sens-là, Mme la Présidente, j'aimerais remercier le député de La Pinière,
le député de Rosemont, le député de
René-Lévesque pour leur collaboration. Et je sais que, par les temps qui
courent, il y a un certain tumulte, mais que ça ne nous fasse pas oublier les moments où cette collaboration-là
se fait en commission parlementaire avec, je pense, des résultats dont
nous pouvons être fiers en termes de parlementaires.
Et le député de La Pinière ne m'en voudra
pas de relater peut-être certains épisodes de l'étude article par article où, au moment d'aborder le volet de la
création d'Infrastructures technologiques Québec, le député de La Pinière
a soulevé un excellent point qui concernait,
évidemment, la durée de vie des systèmes d'information... là, je ne veux pas
tomber dans les considérations techniques,
Mme la Présidente, parce que ce n'est pas l'objet de mon propos, mais qui
amenait une considération qui était
effectivement importante, et qui méritait toute notre attention, et pour
laquelle nous avons — et je dis «nous» au sens de l'ensemble des
députés — cherché
une solution législative qui nous a amenés, à la fin de la période prévue pour cette journée-là pour les travaux... Et
j'ai particulièrement apprécié le fait que le député de La Pinière et moi, ainsi que nos équipes de
recherche, sommes allés nous installer dans une salle pour en discuter. Et, à
ce moment-là, Mme la Présidente, en
tout cas, c'est... puis le député de La Pinière aura l'occasion
d'intervenir, mais nous n'étions plus
dans un dynamique ministre versus opposition versus recherchistes, je pense que
ce qui primait dans cette pièce-là à
ce moment-là, c'était la recherche d'une véritable solution, une réflexion où
chacun, d'égal à égal, amenait son idée,
était à l'écoute de l'autre. Et j'irais même, Mme la Présidente, jusqu'à dire
qu'on était au-delà de la collaboration, on était dans la complicité, et ça arrive, ça se produit, ce n'est
malheureusement peut-être pas assez véhiculé dans l'espace public. Mais ça a donné lieu à un amendement dont,
je pense, nous pouvons tous être fiers, et au point, Mme la Présidente, et je le dis parce que je pense que les collègues
méritent d'avoir cette information-là, au point où même les fonctionnaires
qui ont travaillé sur le projet de loi ont
dit : Wow! Ça, c'est vraiment une bonne idée, puis on vient vraiment de se
donner un outil important sur le contrôle de nos actifs. Et je vais
rendre à César ce qui appartient à César, l'idée émanait du député de La Pinière, mais je pense que la
finalité de tout ça, c'est le travail collectif qui a été fait, la recherche du
meilleur projet de loi.
Donc, oui, il
y a des coopérations, oui, il y a de la collaboration et, oui, quand tout le
monde a pour objet de faire un travail législatif pertinent et de faire
avancer un projet de loi, de le bonifier, de le rendre meilleur, je pense que
ces moments-là, ils existent aussi à
l'Assemblée nationale. Et je voulais prendre quelques minutes, Mme la
Présidente, pour le souligner.
Remercier,
évidemment, nos équipes, les recherchistes qui ont travaillé sur le projet de
loi, autant du côté du Centre d'acquisitions
gouvernementales, et je pense que je fais écho au président du Conseil du
trésor pour remercier l'ensemble de
nos équipes, les équipes du Conseil du trésor. Je veux remercier aussi les
équipes de recherche des différents groupes d'opposition. Les collaborations qu'on a eues, les discussions qu'on a
eues, la pertinence des propos, c'était, je pense, tout à l'honneur de
l'Assemblée nationale et du travail en commission parlementaire.
Et
aujourd'hui nous allons, évidemment, adopter le rapport de la commission, voter en faveur avec une grande fierté.
Et, pour le reste, Mme la Présidente, je réserve quelques propos pour l'adoption
finale. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale. Maintenant, je vais céder la parole à M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Merci,
Mme la Présidente. Alors,
permettez-moi, Mme la Présidente, de commencer par remercier les gens de mon équipe, évidemment,
qui ont travaillé avec le plus grand sérieux pendant toutes les phases de la
progression du projet de loi n° 37, et des remerciements particuliers à ma collègue
de Vaudreuil pour sa participation assidue à ces travaux, ainsi qu'à tous les autres collègues qui sont venus en commission,
les collègues, évidemment, des oppositions, qui
ont travaillé fort aussi et qui ont eu des interventions très pertinentes
et positives. Et je vais reprendre à mon compte les commentaires du ministre délégué à la Transformation numérique,
c'est vrai que nous avons travaillé avec une grande collégialité, avec des débats qui étaient actifs,
mais qui allaient dans le bon sens, et c'est vrai que l'exercice a été un bon
exercice.
Et je dirais,
Mme la Présidente, que je suis d'autant plus content des commentaires du ministre délégué parce
qu'ils sont faits aujourd'hui dans une période tumultueuse. Et je ne peux pas
passer sous silence le fait que le ministre délégué l'a dit, et je peux vous
dire que je souhaite que tous les médias puissent écouter son propos, et ça
n'inclut ici pas juste les médias, mais les parlementaires... J'ose espérer
qu'au bureau du premier ministre on aura pris connaissance des propos du
ministre délégué et que peut-être qu'au
bureau du ministre on aura compris qu'après 70 heures tout n'est pas dit,
d'autant plus que, dans ce projet de
loi là, on en a pris 78. Et je reprends à mon compte les propos de plusieurs
de nos collègues des oppositions, le
travail qu'on a à faire, il n'est pas à être jugé en fonction du temps qu'on y
prend ou on y pense, mais bien en
fonction du résultat qu'il y a à la fin. Et, à cet égard, je suis d'accord avec
le ministre délégué, on a fait un excellent travail
pour un projet de loi qui avait une certaine complexité.
Alors, Mme la Présidente, je récapitule. Pour ceux qui n'ont pas suivi nos travaux sur le projet de loi n° 37, dans les
faits, c'est essentiellement deux lois dans une, qui sont sous le même thème,
mais qui traitent de deux sujets connexes, à savoir une première loi, une première partie qui crée le Centre d'acquisitions gouvernementales et une deuxième partie qui traite ou qui crée infrastructures technologies Québec. Même moi, je finis par ne pas m'en rappeler. Ce
n'est pas un institut, le i, mais
bien une infrastructure. Je ne veux surtout pas que le ministre
pense que je minimise son importance, parce
que c'est son bébé à lui, même si le projet appartient au président du Conseil du trésor, mais j'ai eu, un moment, un blanc, qui
est rare, mais ça arrive.
• (15 h 20) •
M. le Président... Mme la Présidente, pardon, les deux projets de loi n'ont pas exactement
les mêmes finalités, je le rappelle. Le CAG, qui est le Centre
d'acquisitions gouvernementales, est une structure qui vient, dans les faits, remplacer le CSPQ, que tout le monde connaît, pour
toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons. Il vient créer une nouvelle
entité qui est l'ITQ, infrastructures
technologies Québec. Le CAG, le Centre
d'acquisitions gouvernementales, sera
un mandataire, le mandataire de tout
ce qui est dans l'espace public pour négocier des achats, regrouper pour aller
chercher des économies d'échelle. Infrastructures Technologies Québec va faire la même chose, mais en moins grande
partie, je dirais, et son rôle
principal sera d'abord et avant tout d'être un courtier en infonuagique. Et ça,
c'est important parce que, si le
réseau public, dans tous les secteurs, devra passer par le CAG pour des achats
de biens et services, pas nécessairement tous les biens et services,
bien, pour le côté courtage en infonuagique, ça sera la même chose.
Mme la Présidente, je l'ai dit à la fin de l'étude
détaillée et je vais le redire aujourd'hui, c'est un projet de loi qui est intéressant, pour lequel on va voter pour, mais qui comporte
des risques. Je vais ramener un peu les choses sur une base historique. Le président du Conseil du trésor
l'a dit à plusieurs reprises, le ministre délégué l'a dit
aussi, ce projet de loi là est,
en quelque part, issu de l'expérience que nous avons eue et que j'ai personnellement eue dans les 20 dernières années en matière d'acquisitions,
d'achats dits regroupés.
Je fais ce
parallèle-là, Mme la Présidente, parce qu'il est important... c'est très
important, le parallèle ou plutôt l'historique
que je vais faire. Pourquoi? Parce qu'il y a un risque dans ce projet de loi
là, et le risque, c'est qu'on arrive ou
non à reproduire le succès qui a été connu dans le secteur de la santé et des
services sociaux. Le risque, il est là. Il est là dans le sens où on va essayer, par ce projet de
loi là, de faire un grand bond par en avant, là, dans les autres secteurs que
ceux de la santé et des services sociaux,
pour en arriver au même niveau de performance. C'est un risque parce que le
chemin qui a été parcouru en santé et
services sociaux, c'est vraiment, vraiment, vraiment un vrai chemin. C'est
quelque chose qui a commencé petit et
qui a fini très grand. C'est quelque chose qui a commencé dans des secteurs
concentrés, qui s'est étalé dans tous
les secteurs. C'est quelque chose qui a eu des succès, qui a eu parfois
certains problèmes, qui n'a pas eu, à ma connaissance, d'échec.
Et ça, c'est
important parce que le chemin qui a été parcouru dans le secteur de la santé et
des services sociaux, dans lequel
j'ai été impliqué le jour 1, Mme la Présidente... Je l'ai dit aux
collègues, je vais le redire ici publiquement, à un moment donné, j'avais fait une sortie publique qui avait généré un
transfert fédéral-provincial de milliards de dollars, et, au Québec, on m'avait demandé, à l'époque, de
participer aux premiers achats regroupés d'équipements médicaux spécialisés de l'histoire du Québec parce que,
bon, ça s'adonne que, disons, dans ces affaires-là, c'est un travail d'équipe.
Celui qui achète n'est pas nécessairement connaissant pour le produit à
acheter, et celui qui est connaissant n'est pas nécessairement compétent en procédure. Résumé comme ça, un beau travail
d'équipe qui a commencé par des achats limités en quantité, mais qui
coûtaient cher en titi, et qui a fini par des économies extrêmement
substantielles, et qui, encore aujourd'hui, est un succès, puisque les prix
continuent à baisser, Mme la Présidente.
Je vous donne
l'exemple suivant : quand j'étais, dans les années 2000, en pratique,
vous savez ce que je faisais avant,
le gouvernement, pour acheter un tomodensitomètre, un scanner, allouait aux
hôpitaux en 2000, Mme la Présidente, un budget de 1,5 million de dollars
pour acheter les appareils, là... un appareil. Aujourd'hui, grâce aux achats
regroupés, les appareils haut de
gamme tout équipés, là, tout est dedans, là, la Cadillac des machines, là, ces
machines-là, aujourd'hui, sortent à
moins de 750 000 $, 20 ans plus tard. L'idée ici, Mme la
Présidente, n'est pas pour moi de me péter les bretelles, mais bien de
dire que ça se fait, ce qui est le fondement du projet de loi.
Maintenant,
je répète, Mme la Présidente, le risque, il est de faire faire un grand bond
dans les autres secteurs. Ceux avec qui j'ai travaillé pendant des
années, Mme la Présidente, ont eu de l'apprentissage à faire, et je m'inclus là-dedans. Il y a eu des avancements, de la
rétroaction, de la réflexion, des tentatives de nouvelles façons de faire.
Bref, ce ne fut pas quelque chose de statique.
Aujourd'hui,
on souhaite, par ce projet de loi là, étendre ces façons de faire là à d'autres
secteurs. Le principe, et l'idée, est
correct, à mon avis, je n'ai aucun problème avec ça, sauf qu'il y a un risque
d'essayer de faire en peu de temps ce
que... a pris bien des années à être mis en place et perfectionné. Pour moi, il
y a un risque là qui est vraiment, vraiment, Mme la Présidente, important.
Je l'ai dit il y a quelques
instants, on est en faveur de ce
principe de loi là, là. On va voter pour,
mais on ne va pas voter pour simplement à l'aveugle, là. On doit dire à la population
ainsi qu'à l'équipe gouvernementale : Attention! vous devez vous
prémunir de ça.
Et, quand on
regarde, actuellement, vers où on s'en va, le risque, dans le secteur de
la santé, est inexistant. Les gens
continuent. Ils vont changer de cadre, ils vont changer, peut-être,
de lieu, mais il y a fort à parier que ça va être les mêmes équipes qui vont continuer. Dans d'autres
secteurs, en particulier l'éducation, ce n'est pas nécessairement ça qui va se
passer. Et ceux de la santé, ce n'est pas nécessairement ceux qui devraient le
faire en éducation, par méconnaissance potentielle des produits. Alors là, il y
a un risque, ça veut dire qu'il doit y avoir une certaine forme de transition, Mme la Présidente. Est-ce que cette transition-là est prévue dans la loi? Si
elle l'est, je ne l'ai pas vue, je ne l'ai juste pas vue. Si elle l'est,
tant mieux, mais elle n'est pas écrite, exprimée explicitement. Alors là, il y
a un risque.
À la fin de
l'étude détaillée, je disais la chose suivante : J'ai été confronté, moi,
à faire la même chose. C'est-à-dire,
à la fin, là, dans mon monde à moi, là, il y en avait 17, groupes, parce qu'il y en
avait un par région administrative. On a diminué ça à trois. Et j'ai réfléchi. À un moment donné, j'ai contemplé
la possibilité de passer de trois à un et je trouvais, là, qu'il y avait
là un risque de trop grande concentration. On le fait, ce pas-là aujourd'hui.
Alors, j'ai une hésitation non pas sur le fond, mais je dis simplement qu'il y a un risque, ce qui
signifie que, pour les observateurs extérieurs que sont les journalistes, les oppositions, tout le
monde, il y a là lieu, pour les prochaines années, de faire un suivi très serré.
Et je souhaite bonne chance à l'équipe
gouvernementale. Si tout va bien, ça va être un succès. Mais il y a là un
risque réel, absolument réel, dans le
secteur des acquisitions, non pas dans celui qui a déjà 20 ans d'âge, mais dans
les nouveaux. Et, dans les nouveaux,
bien là, on peut se poser un certain nombre de questions. Je le répète, on a
fait du bon travail, je suis d'accord
avec le ministre délégué, mais ce n'est pas vrai que c'est automatique, là, que
ça va marcher. On le souhaite, on le souhaite, mais il y a un risque.
Mme
la Présidente, il y a un autre risque qui est très, très, très, important, et
ça, il va falloir vraiment le suivre à la trace. Vous savez, quand on parle et quand on m'écoute, là, quand
moi-même, je parle des achats regroupés, j'ai moi-même tendance à parler des affaires qui sont très
visibles, des gros équipements compliqués, et ainsi de suite. Mais ce n'est pas
ça, la majorité du travail, même en santé et services sociaux, d'achat.
C'est les plus coûteux, alors c'est les plus chers en dollars, mais ce ne sont pas les plus nombreux. Les plus nombreux, ce
sont de petites fournitures et un certain nombre de services.
Et
aujourd'hui, parce qu'on s'y est adressé à ça aussi, Mme la Présidente,
aujourd'hui, là, à la fin de l'étude détaillée, je reste personnellement sur mon appétit sur un élément, qui est celui
de la protection des régions. Les régions fournissent... Puis là je vais
prendre une caricature, Mme la Présidente, il n'y a pas de région au Québec,
incluant Montréal, là, qui fabrique des
appareils de résonance magnétique. Il n'y en a pas. Ça vient de l'extérieur.
Mais il y a bien des régions au Québec qui sont capables de fabriquer des pupitres
à l'école, là, par exemple. Je prends deux extrêmes, mais qui illustrent
mon propos. Alors, est-ce qu'il va être
possible, dans l'application de cette loi-là, de s'assurer qu'à chaque démarche
où ça peut s'appliquer on protégera
les régions? Ça, c'est très, très important. Et je vais vous dire une chose,
Mme la Présidente, quand j'ai abordé
ce sujet-là, j'ai eu des assurances de principe des deux ministres, le ministre
délégué et le ministre en titre. Je suis
content d'avoir eu ça, c'est dans nos archives, ça a été dit, tant mieux. Mais
est-ce que ça va être le cas? Ça, c'est une autre chose.
• (15 h 30) •
Je vais donner des
exemples triviaux, Mme la Présidente, très triviaux. Dans l'alimentaire, moi,
je peux vous dire que, dans le réseau de la santé et des services sociaux, on a protégé les régions. On a acheté
localement. C'est clair que, dans
l'alimentaire, on peut faire des achats de groupe à grande échelle, faisant
venir certaines choses de loin, en vrac. On a fait une économie, mais avons-nous vraiment aidé le Québec?
Alors, il y a une balance, là, il y a un équilibre qu'il
faut trouver entre trouver le meilleur prix
possible et en même temps, lorsque ça s'applique — puis
j'insiste, lorsque ça s'applique — de
protéger l'économie locale. Est-ce que ça se fait, ça, Mme la Présidente? La réponse, c'est oui. Mais ça demande, ça commande de ceux qui
sont à la tête de ces organisations-là d'avoir cette préoccupation-là.
À un moment donné, devant mes propres collègues, j'ai dit : Écoutez, dans l'histoire, dans
la mienne, on l'a fait, et ça a
fonctionné. Bon, là, on est dans un gouvernement dit d'hommes d'affaires, et est-ce que la
pression, ne serait-ce que personnelle, de certaines personnes... Je ne
prête pas d'intention au ministre délégué à la Transformation numérique, aucunement, mais y aura-t-il de la pression
interne pour : Oui, mais, regarde, là, les fruits et légumes, on va les
acheter en Californie parce qu'ils coûtent moins cher? Ce serait une
erreur. Il y a des économies substantielles à faire, et, à un moment donné...
Vous savez, il y a une expression qui est très chère à mon milieu, parce que,
dans mon milieu, là, ça s'applique, Mme la Présidente, tellement, tellement souvent, une expression selon laquelle on dit que
le mieux est l'ennemi du bien. Vous
savez pourquoi on dit ça, Mme la
Présidente, dans mon monde? Parce que
nous, dans mon monde, là, on ne travaille
pas avec des objets, hein, on travaille dans un environnement... particulièrement, là, on n'a pas d'objets, ce sont des patients. Et parfois, là, quand on veut faire mieux, on a des
complications qui font en sorte que ce qui aurait été bien ne devient vraiment
pas bon parce qu'on est allés trop loin avec la bonne intention.
Économiquement, dans les achats de groupe, c'est
la même affaire. Est-ce qu'on a intérêt à parfois payer un petit peu plus parce que c'est local plutôt que de payer
moins... Bien, au net, qu'est-ce qui est le mieux pour la société? Au net,
là, pour moi, là, il y a des sujets pour
lesquels on peut faire baisser les prix mais favoriser l'économie québécoise.
Et ça, là, c'est votre enjeu dans le futur.
Je
dis aujourd'hui, Mme la Présidente, qu'on l'a fait. On l'a bien fait. Il faut
continuer à le faire. Mais est-ce que les gens qui seront en place le feront, et surtout est-ce qu'ils auront le
message, la consigne de le faire? Je pèse mes mots. J'aurais pu dire
l'ordre, parce que le projet de loi n° 37 est un
projet de loi qui donne le pouvoir de ce que je viens de parler à une personne : le président du
Conseil du trésor. Et le président du Conseil du trésor, par définition, et je
ne fais pas référence à l'actuel
président du Conseil du trésor, je fais référence à la fonction de président du
Conseil du trésor, il a des colonnes,
il a des dépenses, il a des revenus, il faut que ça balance, puis idéalement il
faut qu'il y ait des surplus. Des fois, la tentation peut être forte
pour aller dans le scénario que je souhaite qu'il n'arrive pas.
Alors,
moi, je le dis, Mme la Présidente, très formellement aujourd'hui, là, c'est sûr
qu'on va suivre ça de près. On va suivre ça de près, c'est-à-dire les
appels d'offres, qui achète, à quel prix. Même si je vois un bon prix, Mme la Présidente, là, on va regarder d'où ça vient
lorsque ça s'applique. Lorsque ça s'applique, parce que ça ne s'applique pas
tout le temps. Alors, c'est là
essentiellement où est le risque en date d'aujourd'hui. Si les choses vont
bien, ça sera un succès, mais, pour que ça soit un succès, je pense que
ça demande une certaine surveillance.
Mme
la Présidente, je pense que l'autre risque va venir de l'élément suivant. Il ne
sera pas du côté d'infrastructures technologies
Québec. Il va être du côté du CAG. On a réussi à l'établir, je pense que c'est
clair dans la loi, en fait, ça l'est parce
qu'on a eu des amendements en ce sens, puis ça a réglé ce problème-là, ce ne
sera jamais au Trésor de décider des besoins
sur le terrain. Le terrain doit déterminer ses besoins, et le CAG est un
mandataire pour exercer le mandat d'acheter des équipements et/ou des
services pour satisfaire à des besoins identifiés.
Là où il y
aura un problème, par exemple, Mme la Présidente, évidemment, comme toujours,
mais ça, ce n'est pas nouveau, c'est : Est-ce que le budget sera au
rendez-vous pour les besoins? Bien, historiquement, ils ne sont pas toujours au rendez-vous.
Ça, c'est la vie, il y a toujours plus de besoins que de budget. Alors, ce sera
la même chose, mais, comme là tout est pas mal entre les mains du
Trésor, est-ce que le Trésor n'aura pas trop de pouvoirs d'arbitrage sur ce
qu'il laissera passer ou ne pas passer en fonction de certaines demandes?
Ce qui est important
pour un secteur... puis je vais aller aussi loin que de dire : ce qui est
vital pour un secteur peut ne pas l'être
pour l'autre et inversement. Puis ce qui est vital pour un secteur peut ne pas
coûter si cher que ça, puis l'autre à
côté, où c'est vital, ça coûte cher, puis là on va laisser de côté ce qui est
vital pour le moins dispendieux parce qu'on
va faire l'autre, parce que c'est plus spectaculaire. Là, il va y avoir un jeu
d'arbitrage, Mme la Présidente, au bureau du président du Conseil du
trésor, qui est important et qu'il va falloir suivre.
On
s'est vraiment battus pour qu'il y ait un maximum de transparence. Nous n'avons
pas atteint le maximum que nous aurions souhaité, mais il y en aura une,
ne serait-ce que par les appels d'offres et leur suivi.
Alors,
du côté du CAG, Mme la Présidente, là, les risques sont là. Et, si j'ai à
conclure sur un élément, et j'invite tous
ceux et celles qui nous écoutent, là, à suivre, c'est définitivement la
protection des enjeux économiques des régions. Et ça se fait, je le répète, c'est la dernière fois que j'en parle dans
cette allocution, on peut avoir des économies et protéger l'économie
locale. Ça se fait, ça s'est fait. Il n'y a pas de raison que ça ne se fasse
pas dans le futur.
Du
côté d'infrastructures technologies du Québec, c'est un enjeu qui est
différent, Mme la Présidente. Bon, c'est sûr qu'il y aura lieu, pour le ministre délégué, à procéder à des achats
de groupe de matériel. Ça va arriver. C'est la même dynamique, puis je
ne ferai pas... pour ne pas répéter, là, je ne répéterai pas les mêmes
commentaires.
Pour
ce qui est de la fonction de courtage, là, Mme la Présidente, c'est sûr que, là
aussi, je suis resté un petit peu sur
mon appétit. Je pense que ce que le ministre nous propose est correct, mais la
finalité de l'affaire, qui est qui héberge... Bon, j'ai choisi, Mme la Présidente, parce que le projet de loi était un
projet de loi de courtage, de ne pas introduire le débat de qui va être l'hébergeur, où l'hébergement
va se faire, au public ou non. Ça se fera ou ça continuera de se faire dans
un autre forum, dans une autre loi ou dans
un autre débat ici, à l'Assemblée nationale. Je maintiens quand même, encore
aujourd'hui, qu'on devrait faire ça à
l'interne. Je comprends que le ministre choisit une potentielle différente
destination pour l'hébergement. C'est
son choix. On a débattu de ça, on a terminé la discussion. Je ne vais pas plus
loin aujourd'hui, mais je maintiens
qu'il y a encore là un enjeu. Là aussi, il y a un risque, hein? Je ne partirai
pas pendant 25 minutes là-dessus, d'autant
plus qu'il ne m'en reste pas 25, ce qui est une excellente raison pour ne pas
partir là-dessus, mais il n'en reste pas moins que ce débat, en ce qui me concerne, n'est pas clos. Il n'est pas
clos. Alors, comme on dit si souvent dans certaines zones du salon bleu,
on verra.
Alors,
Mme la Présidente, je vais terminer sur un élément... sur une série d'éléments,
plutôt. Quiconque est un observateur
informé de ce qui est un achat, et ainsi de suite, là, ne peut pas conclure
autrement que c'est un exercice de centralisation.
Il est clair que, dans certains cas, ça peut être utile et efficace, mais il
n'en reste pas moins, Mme la Présidente, que c'est un exercice de
centralisation.
Et, dans les derniers
jours, on a vécu quelques émotions publiques et privées quant au projet de loi n° 40 sur l'éducation. J'entends régulièrement le ministre
de l'Éducation m'attaquer ici, au salon bleu, sur les médias sociaux. Je l'ai entendu hier, de dire que, quand on
comparait sa réforme à la mienne, ça l'insultait. Il a dit ça. Très élégant de
la part d'un ministre de l'Éducation. Moi, Mme
la Présidente, vous savez, je suis de
la génération des cours de bienséance. J'utilise
certains mots dans les bonnes circonstances, c'est-à-dire, quand on
m'attaque, je réponds. Mais là, là, des attaques gratuites comme j'ai
vues de la part du ministre de l'Éducation, j'ai trouvé ça ordinaire, comme je
trouve ordinaire la ministre des Aînés, là, qui répète toujours la même
affaire, là, à un point tel qu'on ne l'écoute plus.
Mais,
pour ce qui est du ministre de
l'Éducation, Mme la Présidente, il y a quelque
chose d'absolument extraordinaire, le ministre de l'Éducation nous dit que son projet de loi
n° 40 en est un de décentralisation — juste un instant, M. le
leader adjoint, vous allez comprendre — alors que le projet de loi
n° 37, Mme la Présidente, vient...
• (15 h 40) •
Une voix :
...
M. Barrette :
Mme la Présidente, le projet de loi n° 37...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Un instant, M. le député. M. le leader...
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste un instant. Je vais vous donner la parole, sinon on ne vous
entend pas. Oui, M. le leader du gouvernement, vous avez une question de
règlement?
M. Schneeberger : Oui. Le député
de La Pinière sait très bien... au niveau de l'article 211, de la pertinence. Là, je vois
qu'il veut faire un comparatif, là, mais disons que...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Continuez.
M. Barrette : Alors que le ministre se gargarise d'un projet de loi, maintenant une loi, de décentralisation, par son collègue,
il vient de centraliser une des activités les plus importantes des commissions scolaires, qui est l'achat de biens et services. On repassera. Moi, Mme la Présidente, là, je suis gêné de voir un ministre
de l'Éducation virer la vérité de
bord comme il le fait à répétition. Mme la Présidente, je le redis...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger : ...avait très
bien commencé. Là, je trouve qu'il
finit sur une mauvaise note, là. On ne peut pas juger de la vérité ou
de... Il sait très bien.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon, juste un instant. Faites attention à vos propos et continuez votre...
M. Barrette : Merci,
Mme la Présidente. Je fais très
attention à mes propos. Parce que, je l'ai dit en introduction, c'est écrit
noir sur blanc dans la loi, c'est un projet qui fait en sorte que le secteur
public, dans ses achats de biens et services,
sera centralisé dans une organisation qui s'appelle le Centre d'acquisitions gouvernementales, sous l'autorité du Conseil du trésor. Je n'ai jamais entendu le ministre de l'Éducation faire
une critique auprès de son collègue qui, lui, va faire à sa place sa centralisation.
Ça, c'est gênant. Parce que, dans les commissions scolaires, en
passant, là, je pense que la seule chose qui va leur rester, là, c'est de gérer les activités
parascolaires. Mais il n'en reste pas moins, là, que c'est une réalité, ça. Le gouvernement centralise des activités d'un autre ministère. On n'en parle pas
et on se pète les bretelles comme quoi qu'on fait un projet de loi de
décentralisation.
Mme la Présidente, ayant fait ce commentaire, qui est tout
à fait approprié dans le cadre du projet de loi actuel, si le leader adjoint considère que de centraliser tout
ce qui se fait en éducation, parce qu'en éducation c'est le thème n° 2 qui a été utilisé,
le premier étant la santé et les services sociaux... bien, c'est son opinion.
Mais ceux qui nous ont écoutés, Mme la Présidente,
comprennent très bien qu'on vient, par cette loi-là, de centraliser dans un
secteur, qui est celui de l'éducation, qui a
été bâillonné en fin de semaine, une activité très significative des
commissions scolaires. J'aurais envie de dire, Mme la Présidente :
Tiens, toi!, mais je ne le dirai pas.
Alors,
Mme la Présidente, il me reste 1 min 30 s. Alors, je vais
terminer là-dessus. Je remercie le ministre délégué pour ses bons mots. Je
partage ses bons mots. Je lui dis aujourd'hui qu'il n'a pas besoin d'être
d'accord ou pas d'accord avec
le fait qu'il y ait un risque. Dans son for intérieur, je pense qu'il est
probablement au moins un peu d'accord avec ce que je viens de dire. Et, au bout de la ligne, Mme la Présidente, bien,
on commence une nouvelle aventure, que je souhaite bénéfique, que je
souhaite bénéfique parce que je la regarde de façon impartiale. Mais on ne peut
pas me reprocher de ne pas avoir certaines
hésitations, de les exprimer et d'inviter tout le monde, certainement dans les
cinq prochaines années, là, les
premières pour les autres secteurs, à s'assurer qu'on ne génère pas certains
travers, notamment pour ce qui est de
l'économie en région. Là-dessus, Mme la Présidente, là, je serais prêt à parier
que le ministre délégué et son collègue sont d'accord avec ce que je
viens de dire.
Alors, je remercie tout le monde pour les travaux
qui ont été faits pendant 78 heures et d'avoir fait la démonstration
que le parlementarisme peut donner des
résultats qui sont excellents et bénéfiques pour la population
lorsqu'on les fait de cette façon-là. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de La
Pinière. Avant de céder la parole au déjà
député de Rosemont, je vais vous informer que trois débats de fin de
séance se tiendront aujourd'hui.
Le premier
débat portera sur une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur concernant la
démobilisation des parents et des enseignants face à la loi n° 40 du gouvernement
caquiste imposée sous bâillon.
Le deuxième
débat portera sur une question adressée par Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel à la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation concernant
la colère des municipalités quant à la loi
n° 40 du gouvernement
caquiste imposée sous bâillon.
Et finalement le troisième débat portera sur une
question adressée par Mme la députée de Fabre à la ministre responsable des Proches
aidants et des Aînés concernant l'absence de mesures concrètes à court terme
pour pallier la pénurie de préposés aux bénéficiaires.
M. le député de Rosemont, la parole est à vous.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de discourir
sur le projet de loi n° 37. Il va se passer deux petits miracles ici cet
après-midi. Le premier, c'est qu'on a été capables, et la preuve est faite
aujourd'hui, de débattre
78 heures sur un projet de loi. Et, croyez-moi, il y avait des moments
parfois râpeux, il y avait des moments parfois
tendus, mais nous avons été capables de débattre 78 heures sans que
personne de l'autre côté, jamais, ne prétende ou même ne pense qu'on était en
train de perdre notre temps. La preuve, c'est que c'est possible de le faire,
et, je répète, nous n'étions pas
nécessairement une chorale de gospel en train de chanter l'amour infini. Il y a
eu des moments un peu plus rugueux. Par contre, on a fait notre boulot,
on a débattu, et je ne me souviens pas que le ministre délégué à la Transformation numérique ou son collègue du Trésor
se soit emporté et déchiré sa chemise ou nous aient reproché de perdre
notre temps. Ça a été fait, ça a été fait dûment. Je remercie d'ailleurs le
ministre délégué à la Transformation numérique de l'avoir noté tout à l'heure.
Le deuxième
petit miracle, il est personnel. Je ne pensais jamais un jour dans ma vie être
d'accord avec à peu près tout ce que le député de La Pinière peut dire dans un
discours. Pourtant, c'est pas mal le cas. C'est pas mal le cas aujourd'hui, sauf sur la conclusion, mais je suis
d'accord avec ce que le député de La Pinière dit quant aux risques inhérents
à ce projet de loi,
qui sera bientôt loi, si d'aventure il est voté ici. Je suis d'accord avec ses
réserves quant à, par exemple, la
protection des fournisseurs locaux, développement régional, j'ajouterais même,
développement durable. Je suis d'accord avec lui sur une aventure qui
s'amorce.
Je ne suis
juste pas d'accord avec lui, mais ce n'est pas de lui dont on fait le débat
ici, mais puisqu'il m'a inspiré, je ne suis pas d'accord avec lui qui conclut
qu'il y a là un beau risque avec 37. Moi, je conclus plutôt que le risque est
trop grand, que le jeu n'en vaut pas
la chandelle. Mais je suis tellement d'accord avec le député de La Pinière
qu'il m'a volé mon expression, qui a
volé une expression de ma mère — ça ne se fait pas, ça — qu'effectivement le mieux est parfois
l'ennemi du bien. Et, dans ce cas-ci, comme disent les Anglais, si ce n'est pas
brisé, il ne faut pas réparer.
Par exemple,
dans le cas de fournitures aux universités et aux cégeps, ce n'était pas brisé,
ça marchait même très bien, on n'avait pas besoin de réparer. Alors, c'est la
raison pour laquelle je suis foncièrement opposé à ce projet de loi, pas dans son ensemble, mais à cette partie-ci.
C'est que ça manifeste et ça se traduit, encore une fois, malheureusement,
Mme la Présidente, d'un certain désir de centralisation de ce gouvernement. On
n'a pas entendu, par exemple, les directions
de cégep, les directions d'université qui sont venues nous dire : Ne
réparez pas ça, ça va bien, ce n'est pas brisé. On a des spécificités dans nos réseaux, on va rater la prochaine rentrée
scolaire. On a développé au fil des années, avec du jus de bras puis du jus de cerveau, un réseau qui
fonctionne bien pour l'approvisionnement, ce n'était pas nécessaire d'aller là.
• (15 h 50) •
Le
gouvernement a fait le pari contraire. Je respecte cette façon de penser, et,
de toute façon, l'argument a été fait
de la part notamment du président du Conseil
du trésor qu'il y aura des économies
à faire. Non seulement je n'en suis pas persuadé, mais je pense qu'on vient de détricoter quelque chose qui
fonctionnait, ma foi, assez bien, pour se lancer dans quelque chose dont on n'a pas de garantie de
succès. Et, en plus, je le redis, on a bafoué au passage certaines institutions régionales.
Les cégeps,
là, je ne répéterai pas ce que le premier
ministre, dans une autre vie, a déjà dit à propos des cégeps, là, mais c'est pas mal plus que ça, Mme la Présidente.
Les cégeps sont nombreux au Québec, ils sont dans toutes les régions. C'est une institution qui, malheureusement, a été
trop souvent dévalorisée, ridiculisée. Il y a eu beaucoup de caricatures
qui ont été dites, faites et dessinées à
propos des cégeps, mais, à la fin, je pense qu'un jour on va faire la
démonstration que cette affaire-là,
finalement, c'était vraiment bien, que c'est une spécificité du Québec qui, ma
foi, fonctionne assez bien, à un
point tel que c'est parfois pris en exemple ailleurs. Mais les cégeps, c'est
plus que ça aussi, les cégeps, ce sont des
vecteurs de développement régional, économique et culturel. Enlever le cégep,
là, du coin où j'ai grandi, puis j'ai fait mon cégep à Granby, il va rester beaucoup de choses à Granby, bien sûr,
mais vous allez perdre un sacré gros morceau.
Je pourrais
faire la nomenclature de tous les cégeps à travers le Québec et arriver
exactement à la même conclusion. Même
dans les grands centres, même à Montréal, même à Québec, enlevez les cégeps, ça
va faire un gros, gros trou non seulement
dans la chaîne de l'éducation, mais culturellement, dans le développement
économique et dans la relation avec les
milieux d'affaires. C'est ce que les gens des cégeps sont venus nous
dire : On a réussi à bâtir quelque chose, après 50 ans, parce que le réseau des cégeps a
50 ans, on a des liens d'affaires, par exemple, avec nos fournisseurs
régionaux. Il y a comme une toile qui
s'est tissée là, qu'on vient de détruire par le projet de loi n° 30,
puisque dorénavant tout sera centralisé à Québec.
Parlant de
centralisation, c'est une de mes grandes craintes avec le projet de loi
n° 37, qui donne énormément de pouvoirs, à la fin, au président du
Conseil du trésor. On a même réinventé... Quand je vous dis qu'on a travaillé
fort et qu'il y a eu beaucoup d'amendements, Mme la Présidente, c'est vrai. On
a passé quelques jours sur la structure de gouvernance
et de surveillance de ce qu'on appelle le CAG, là, le Centre d'acquisitions gouvernementales,
on a passé énormément de temps
là-dessus, oui, parce que c'était passionnant, bien sûr, mais surtout parce
qu'on construisait sur du neuf. On a
pris le pari du président du Conseil du trésor, on a détricoté certains de ses
arguments, on a argumenté, mais, à la
fin, on a réussi, grâce à certains amendements, mais grâce aussi à la
collaboration du gouvernement, à mettre sur pied une structure, à la fin, qui sera quand même beaucoup plus forte,
performante et transparente que ce qu'on avait au tout début du projet de loi. Et le président du Conseil
du trésor l'a reconnu lui-même. Sauf qu'on est quand même partis avec une nouvelle structure, qui était, par exemple,
décriée par le bureau de la Vérificatrice générale dès le début du projet de
loi. Ça, c'est une autre des craintes que j'avais par rapport à ça.
Mais revenons
sur les préoccupations des vecteurs économiques, culturels et sociaux des
régions. Je sais que ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue voudra
éventuellement en parler. Moi, je suis député de Rosemont, je ne peux pas dire que je suis dans une région
éloignée, quoique les gens du Plateau trouvent que Rosemont, c'est trop loin,
mais ça, c'est un autre débat. Mais moi, je viens de Montréal, je viens de
Montréal Montréal. Alors, je ne peux pas me faire le porte-parole ici des régions, quoique je suis très sensible à
leurs revendications. Ces gens-là, je les ai rencontrés en privé, on les a entendus, pour certains d'entre
eux et d'entre elles, en commission parlementaire, mais je sais que ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue voudra éventuellement aussi
témoigner des réalités dont elle entend parler tous les jours dans sa
région, et elle vient vraiment d'une région éloignée, ce qui n'est pas mon cas.
Cela dit, je
suis capable de vous dire, néanmoins, qu'il y a des acteurs qui sont actifs en
région, qui ont manifesté leur
opposition ou leurs réticences par rapport au projet de loi n° 37. Je pense, par exemple, à l'UPA. C'est quand même un gros joueur,
l'UPA. Mme la Présidente, je sais que vous connaissez bien l'UPA, vous êtes
députée de Saint-Hyacinthe. Les gens
de l'UPA nous ont écrit un peu tardivement, et je le regrette, ils nous ont
écrit un peu tardivement parce que nous avions déjà commencé et nous avions bien entamé l'étude du projet de loi
n° 37. Mais néanmoins ils nous ont écrit une longue lettre qui fait presque deux pages, serrée,
argumentée, fouillée, touffue. C'est une très bonne lettre qui manifeste de
façon posée et rationnelle leurs craintes quant aux ramifications centralisatrices
du projet de loi n° 37.
Ils sont même
allés plus loin en disant que ça va en contradiction avec certaines directives
et certaines politiques qui ont été
votées ici même, par exemple celle de fournir dans les établissements du Québec
des aliments produits au Québec par nos agriculteurs, par
nos producteurs agricoles. S'ils
craignent ça, c'est pour une raison bien évidente, que, si d'aventure on
va en appel d'offres, et c'est ce qui sera fait, et que c'est chapeauté,
centralisé à Québec par le CAG... Habituez-vous, Mme la Présidente, chers collègues,
on va appeler ça le CAG, le Centre d'acquisitions gouvernementales. On va aller en appel d'offres, par exemple, pour
des jus dans les écoles. Il y a de fortes chances que Nestlé gagne devant
un producteur agricole du Québec, d'une région, là, hein? On a vu ça. Ça s'est
déjà vu, ça. Alors là, ça nie plusieurs principes,
qu'on a adoptés ici, de s'alimenter avec nos produits au Québec, dans nos
régions, pour faire fonctionner nos économies
locales. Tout ça, c'est bafoué avec un projet de loi qui centralise et qui ne
fera que du meilleur prix la règle supérieure. Évidemment, Nestlé va
toujours battre, malheureusement, un producteur local au Québec. Et c'est un
peu bête et c'est un peu contradictoire avec
ce qu'on aurait voulu faire ici, mais malheureusement la loi, une fois adoptée,
ne donnera pas beaucoup de marge de manoeuvre pour que ça ne se produise pas.
L'endroit où
ça a le plus accroché, quant à moi, et on l'a vu aussi dans le projet de loi n° 27 sur la création du nouvel Investissement Québec, c'est un certain
brassage de structures dans lequel se trouvent pris des employés de l'État,
des fonctionnaires, ou même, dans le cas du
projet de loi n° 37, des gens qui ne sont pas fonctionnaires mais
qui travaillaient pour un OBNL. Je parle de l'OBNL Collecto. Je vous
disais tout à l'heure qu'il y a un groupe qui s'est formé au fil des années avec les besoins, qui fournissait
notamment les cégeps. C'est un OBNL qui s'est formé avec et par le milieu,
et pour le milieu. Ces gens-là se trouvent bousculés, même écrasés dans une
nouvelle structure. Quelques-uns ou unes d'entre
eux auront le choix peut-être de se joindre au nouveau CAG. Les autres, comme
on dit en chinois, «tough luck». On
ne sait pas de quoi sera fait leur avenir. On ne sait pas, même, si Collecto
survivra puisqu'il y a un immense flou qui a survécu dans la loi même si
on a tenté vaillamment de l'amender. Ces gens-là travaillaient pour un
employeur. Ils donnaient des services. Ça fonctionnait bien. Ils auront trois
mois pour décider s'ils restent, s'ils partent. Et c'est le président du
Conseil du trésor, dans une forme d'omnipotence qui, moi, me dérange...
décidera qui il garde, qui il ne garde pas,
et de l'avenir, éventuellement, de Collecto. Quand je vous disais tantôt :
Si ce n'est pas brisé, il ne faut pas réparer, ce n'est pas non plus nécessaire de broyer du monde dans des
restructurations. Ces gens-là travaillaient. Ils faisaient un travail
qui était très correct. J'aurai l'occasion d'y revenir, puisqu'il restera une
étape à ce projet de loi.
J'ai
beaucoup, beaucoup réfléchi à ce projet de loi. J'ai beaucoup cheminé. Au
début, j'ai réservé mon jugement. Nous
avons réservé notre jugement ici, à QS. J'ai joué le jeu complètement. Le député
de La Pinière l'a dit tout à l'heure, on a passé tous les amendements, on a travaillé fort. À la fin des
travaux, la semaine dernière, en commission parlementaire, j'ai redit au
ministre délégué que mon idée finale n'était pas complètement faite, que j'avais
encore besoin de soupeser. J'ai eu
d'autres échanges, d'autres téléphones, d'autres courriels. Mon idée est faite.
Je ne suis pas en faveur de ce projet de loi, même si nous avons fait du
bon travail.
Mais tout ça
pour dire encore une fois, Mme la Présidente, que le jeu parlementaire, même si
parfois on appelle ça un jeu, c'est
quand même sérieux, puis, non, ce n'est pas du niaisage, puis on travaille ici.
Puis, s'il y a une affaire sur laquelle
tout le monde va s'entendre, là, des deux côtés de l'allée, ici, là, c'est que
tout le monde travaille très fort ici, des heures parfois interminables,
oui, parfois un peu éreintantes ou irritantes parce qu'on ne s'entend pas, puis
de mettre 12 personnes, 6-6, les unes
en face des autres dans une même pièce pendant des heures puis ne pas
s'entendre, bien, oui, c'est
irritant. Mais c'est le prix à payer pour avoir une démocratie vivante, puis
pour être capable d'amender des projets de loi, puis de les travailler. Alors, à moins que quelqu'un pense, ici,
dans cette pièce, avoir la science infuse, puis qu'il va, ex cathedra, décider
de tout ce qui se passera dorénavant au Québec, puis que, de tout ce côté-ci de
la Chambre, là, on pourrait tout
simplement mettre un grand rideau puis l'abolir, là, s'il y a quelqu'un qui
pense ça ici, bien, qu'il se lève puis qu'il
le dise. Mais, en attendant, moi, j'ai été élu. Je ne suis pas moins élu que
quelqu'un de l'autre bord. Il y a des gens de l'autre côté que je respecte, que j'ai couverts comme journaliste
pendant des années. En tout respect, ils ne sont pas plus élus que moi.
Un vote, c'est un vote. Un député, une députée, c'est une députée.
Puis, je
finis là-dessus, là, ça, là, c'est le projet de loi n° 37. Je suis désolé,
ce n'est pas didactique, mais je peux quand
même vous le montrer, chaque feuille mobile, comme on disait quand j'étais
petit à l'école, là, chaque feuille mobile, c'est un amendement. Si je revire ça à l'envers, là, puis je fais tomber les feuilles, là, il va y en avoir plus à
terre qu'au pied d'un grand chêne au parc Maisonneuve l'automne après un
coup de vent. Ils ne viennent pas tous de moi, ils ne viennent pas tous du
député de La Pinière, il y en a plein qui viennent du gouvernement, puis à
la fin ça donne un projet de loi. Je ne suis pas pour ce projet de loi, mais je
suis pour tout le travail qui a mené à ce projet de loi. Je vous remercie, Mme
la Présidente.
• (16 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le
député. Mme la députée de Vaudreuil, la parole est à vous.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je remercie mon collègue de Rosemont. Je trouve que les explications étaient vraiment à propos, et ça reflète vraiment
les faits durant cette commission, entre
autres à l'étude détaillée.
Sur le projet de loi n° 37, je veux tout simplement rappeler à ceux qui
nous écoutent, c'est un projet de loi qui vise à remplir, entre autres, un engagement
de la CAQ en campagne électorale qui était d'abolir le Centre de services partagés,
le CSPQ, afin de créer deux entités, afin de créer deux nouvelles entités.
Donc, on abolit, on crée deux nouvelles structures. On crée le Centre
d'acquisitions gouvernementales et on crée la seconde entité, qui est
Infrastructures technologiques Québec.
Le Centre
d'acquisitions gouvernementales, c'est le centre qui sera maintenant
chargé de fournir aux ministères et aux
organismes les biens et les services dont ils ont besoin,
alors qu'Infrastructures technologiques
Québec doit fournir aux organismes publics des services en infrastructures technologiques,
et c'est cette entité qui deviendra, entre autres, le courtier en
infonuagique pour le gouvernement du Québec. Je pense que c'est important de le
rappeler.
C'est
important aussi de rappeler que, dans ce projet de loi là, il y a eu plusieurs
choses qui n'ont pas été nécessairement soulignées par mes collègues, mais qui sont importantes de mentionner.
Entre autres, c'est un projet de loi qui détermine que le président du Conseil
du trésor devient l'éditeur en chef du gouvernement. Il est responsable des
publications de la Gazette
officielle. Moi, je trouvais que
ce n'était pas anodin puis je pense que, pour les juristes ou, enfin, même ceux
qui travaillent à l'État, ici, c'est
quelque chose qui est assez significatif, et ça, il faut le dire, il faut le
dire, je pense qu'on ne peut pas passer ça sous silence.
Et
aussi, dans ce projet de loi là, on prévoit que c'est maintenant Revenu Québec
qui est responsable d'offrir aux ministères et aux organismes les services
administratifs de numérisation, de messagerie, d'entreposage, de courrier,
d'impression, de gestion et de conservation des documents. Donc, Revenu Québec
a des tâches supplémentaires.
Le
projet de loi prévoit aussi les responsabilités des grands centres
d'acquisitions pour les groupes d'approvisionnement, évidemment, comme le disaient mes prédécesseurs,
dans le domaine de la santé et aussi dans le domaine de l'éducation,
lesquelles seront transférées au Centre d'acquisitions gouvernementales.
Finalement,
dans ce projet de loi là, il y a vraiment plusieurs dispositions qui viennent
définir les organismes... en fait,
les organismes et aussi les organismes qui ne seront pas admissibles aux
contrats que vont générer ces deux nouvelles entités.
En
gros, ce projet de loi là, on va se le dire, c'est un projet de loi qui est un
projet de loi qui fait de la centralisation. Peu importe le sujet qui
est traité dans ces deux entités-là, le but premier, c'est de centraliser le
tout.
Moi,
mes préoccupations premières dans ce projet de loi là sont bien évidemment les
régions. Moi, je représente un comté,
le comté de Vaudreuil, qui est un comté à l'ouest de Montréal, qui est un comté
qui est quand même urbain, mais qui a
un côté rural aussi. On a beaucoup d'agriculteurs, beaucoup de terres
agricoles. Et, pour nous, encourager les achats locaux, c'est quelque
chose... qui sont importants.
J'aurais aimé,
pendant ce projet de loi là, entendre, entre autres, la FQM, qui est la
Fédération québécoise des municipalités du
Québec. Quand il y a eu les consultations puis on a invité des groupes, on a
oublié d'inviter la FQM. La FQM, en
fait, on a refusé d'entendre la FQM, parce que j'ai même déposé préalablement
une motion pour les entendre, pour les faire venir. Ils étaient prêts à
venir nous rencontrer, ce que le ministre a refusé.
Je trouve ça vraiment
dommage parce que la FQM, c'est eux qui les représentent, nos régions. C'est
eux qui peuvent venir nous parler à nous,
les élus, bien que certains d'entre nous, on est quand même assez terrain, on
est quand même des députés de
terrain, donc on connaît, entre autres, leurs préoccupations. Mais je pense que
c'est un regroupement important à qui
on a coupé l'herbe sous le pied en disant : Non, ça ne sera pas
nécessaire, on ne veut pas vous entendre.
Ils
ont quand même utilisé certaines tribunes, dont les médias écrits, pour se
faire entendre. Et Jacques Demers, le président
de la Fédération québécoise des municipalités, nous a rappelé qu'entre autres ils comprennent
«l'objectif de réduction des dépenses
[que sous-entend] la création de ce nouvel organisme, [mais] la question
de centralisation des achats suscite beaucoup
d'inquiétudes dans les municipalités ainsi que dans les régions du Québec
où l'achat local est un outil essentiel à la vitalité économique et, par
le fait même, d'occupation dynamique du territoire.
«[Ainsi,
nous sommes d'avis qu'avec ce] projet de loi, le gouvernement mise sur les
[rabais] de volume, et ce, sans aucune prise en compte des impacts pour
les régions du Québec.»
Ai-je
besoin de rappeler les bénéfices de l'achat local? Ai-je besoin de rappeler
comment c'est important de prioriser, d'encourager
nos commerçants locaux? Puis, en disant ça, ce qui me vient en tête, c'est
RONA. Entre autres, RONA, vous le savez,
ce n'est pas tous... Nous, on a un RONA qui est un RONA régional, situé à
L'Île-Perrot. D'ailleurs, je salue la famille Allard, qui, de génération en génération, reprennent la relève du RONA.
Alors, eux, ils travaillent dans nos régions, ils priorisent la création
d'emplois, ils font du développement, ils servent nos citoyens.
Donc, encore là, je
pense que c'est une grande faiblesse du projet de loi n° 37, on oublie
la... on oublie... Et, je pense, c'est une
suggestion qui avait été faite, entre autres de faire une politique d'achat
local, d'y inclure, dans le projet de loi n° 37, une politique d'achat
local. Ça a été même repris par la Fédération des chambres de commerce du
Québec, qui, eux, on le sait,
évidemment, ont l'économie à coeur, mais qui avaient quand même une pensée pour
leurs régions en disant : Bien, il faudrait peut-être adopter
préalablement ce type de politique.
Je trouve ça... Je ne
rappellerai jamais assez aussi l'importance de travailler avec nos partenaires.
On a des partenaires, la FQM, nos
municipalités, nos maires, les élus. Puis je pense qu'aujourd'hui, je le
rappelle encore, je pense, c'est une journée importante justement pour
rappeler à quel point il faut travailler. Ce sont des partenaires et ce sont des porte-parole. Ce sont des porte-parole de nos
régions, et ce sont... pour eux qu'on fait ces projets de loi là. Ces projets
de loi là, bien sûr, on les fait au bénéfice de nos citoyens, mais nos citoyens
sont représentés par des élus municipaux, des élus provinciaux. Et, à la fin, l'objectif, bien, c'est que tout le
monde puisse en profiter. Et vous comprendrez mon grand désarroi quand on adopte un projet de loi de la
sorte puis on oublie de penser au développement de nos régions ou à l'impact
dans nos régions.
Quand
on dit qu'il n'y en a pas, d'impact dans les régions, c'est faux, là. Je vais
vous donner un exemple d'achat regroupé.
Bien, moi, j'ai été mairesse à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, une des plus belles municipalités au Québec, et, bien, justement, on faisait des achats
regroupés, entre autres pour le sable, le sel, puis c'étaient des achats
regroupés où on avait un tarif spécial
si on allait acheter notre sel ou notre sable, c'était plus souvent du
sable, à Saint-Polycarpe. Bien, Saint-Polycarpe,
c'est dans le comté de Soulanges. Pour nous, Vaudreuil-Soulanges, bien, c'est
notre région. Ça fait qu'on
encourage localement. Mais ce projet de loi
là, ça ne fonctionnera pas comme ça. C'est le président du Conseil du trésor
qui se rapatrie les pouvoirs puis qui va
pouvoir dire : Bien non, on va avoir un meilleur prix à Cowansville, tout
le monde va aller acheter à Cowansville. Là, j'y vais d'un exemple
peut-être un peu... je ne sais même par s'il y a du sable à Cowansville, mais
c'est juste pour vous donner un exemple comment ça peut affecter, entre autres,
nos régions.
Même
la Fédération des chambres de commerce avait une argumentation en lien pour nos
régions. Elle disait, entre autres,
que personne n'a intérêt à voir émerger un monopole. Un fournisseur unique qui
s'approvisionnerait l'ensemble des
ministères ou du système en santé avec une gamme de produits précis détruit nos
produits locaux. Alors, vous voyez, ce n'était quand même pas une prise
de position unique.
Et je me permets aussi de rappeler un
commentaire de la Vérificatrice générale parce que la Vérificatrice générale est venue aussi faire des représentations
et elle recommandait, entre autres... quand on dit que le pouvoir était trop centralisé, devenait trop fort, elle, sa
recommandation, c'était d'avoir un C.A. ou, en fait, d'avoir une entité
indépendante pour faire un
contre-pouvoir. Elle nous disait que, si tout devenait dans les mains du
ministre, bien, que, si le ministre faisait
tous les achats, O.K., ça peut bien aller, mais, à un moment donné, si ça va
moins bien, on va couper où? Qui va... Est-ce qu'on va décider de couper
dans la qualité? Alors, c'était la question de la Vérificatrice générale.
Donc, nous,
on a travaillé dans ce sens-là. On a adopté plusieurs amendements, en fait, au bénéfice de nos régions, on a travaillé le
dossier, on a fait les représentations dans ce sens-là.
Et, en terminant, Mme la Présidente, je me
permets de vous dire que c'est une étude détaillée, c'est 78 heures en étude détaillée qui s'est terminée le
5 février dernier, et 65 amendements ont été déposés la dernière
journée. Oui, il y a eu certaines
impatiences des députés de la banquette qui trouvaient ça long, mais je
rappelle toute l'importance du travail des députés de l'opposition, qui
ne veulent que bonifier les différents projets de loi.
• (16 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Et
maintenant je cède la parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Et je vous rappelle que vous avez un temps de 10 minutes qui vous est alloué.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. J'ai suivi avec attention le cheminement du projet de
loi n° 37 et l'étude détaillée en commission parce
que ce projet de loi là a des impacts majeurs sur les régions et sur ma région.
Ce qu'il faut
bien comprendre, c'est que l'objectif derrière ce projet de loi, soit celui de
regrouper les achats de tous les organismes publics au Québec sous un seul
monstre bureaucratique, le Centre d'acquisitions gouvernementales, est complètement incompatible avec le maintien de
l'approvisionnement régional. Pourquoi regrouper les achats? Pour faire des
économies d'échelle, bien sûr. Or, les gains qu'on va tenter de faire avec ce
projet de loi seront annulés par les effets désastreux que va entraîner
le Centre d'acquisitions gouvernementales sur l'économie de nos régions.
Aujourd'hui, nous en sommes à l'étape de la
prise en considération. Moi, Mme la ministre, je veux tenter de comprendre aujourd'hui en quoi la CAQ, qui se dit
le gouvernement des régions, a été à l'écoute des régions dans ce dossier.
Le
18 septembre dernier, le président du Conseil du trésor a déposé son
projet de loi. Je peux vous dire que, dans ma région, l'Abitibi-Témiscamingue, ce projet de loi a été plutôt mal
reçu. Aussitôt, les inquiétudes ont fusé de toutes parts. Pourquoi? Parce que ce regroupement en
région menace la survie des petites entreprises de toutes les régions du
Québec qui font déjà office de fournisseurs
du gouvernement et qui ne pourront pas répondre aux importants volumes d'achats. On met en péril la stabilité économique
des secteurs des services, des services qui ont besoin d'être présents massivement
dans nos régions si on veut assurer une vitalité économique. Les conséquences
directes anticipées de cette politique
pour nos entreprises locales sont une diminution importante des revenus, et
donc conséquemment des activités. Et
donc, c'est le début d'une roue qui tourne, hein? Moins de revenus, moins
d'activités entraînent moins besoin d'employés, moins d'employés entraînent moins de services pour la population. C'est
l'affaiblissement de notre développement régional en bout du compte.
Depuis la fin
des consultations, en octobre dernier, les voix dans ma région se sont
multipliées pour dénoncer ce projet
de loi. Et là ce n'est pas moi qui le dit, que ce projet de loi là, c'est un
problème pour les régions, c'est les régions elles-mêmes. Juste en Abitibi-Témiscamingue, on a reçu des tonnes de
communications de la part de presque tous les acteurs régionaux qui s'inquiètent vivement du sort que
nous réserve le projet de loi n° 37. Je vais vous faire une petite chronologie
pour que mes collègues puissent prendre conscience d'à quel point ça grogne sur
le terrain.
29 octobre, l'ensemble des chambres de
commerce de l'Abitibi font une sortie commune pour réclamer une révision du projet de loi. Le président de la
Chambre de commerce et d'industrie du Centre-Abitibi, M. Claude Balleux,
avance que, juste pour son secteur, pour la
commission scolaire Harricana, il estime à 9 millions de dollars les
achats de biens et services menacés. C'est énorme, Mme la Présidente.
Le
31 octobre 2019, c'est au tour de l'Association des commissions scolaires
de l'Abitibi-Témiscamingue, je ne sais plus si je peux les appeler comme ça, de
demander au gouvernement du Québec de geler son projet de loi afin de permettre
aux commissions scolaires de faire des achats localement. Avec la
centralisation des achats gouvernementaux, des importants fournisseurs locaux des commissions scolaires s'attendent
aussi à voir leur chiffre d'affaires diminuer.
Le
12 novembre 2019, nous recevions une lettre de la présidente d'Impression
& Design Grafik inc., une petite entreprise
bien établie dans toute la région d'Abitibi-Témiscamingue. Cette loi est, selon
elle, une menace importante et aura des impacts importants pour son
entreprise. Et voici la liste des conséquences inévitables du projet de loi
qu'elle anticipe sur son entreprise :
des pertes d'emploi, des pertes de revenus, une réduction des commandites par
la communauté, une réduction des services, la restructuration de l'entreprise
et même une possible fermeture.
Le gouvernement mise sur les escomptes de
volume, et ce, sans aucune prise en compte des impacts sur nos régions. Selon elles, prioriser les achats locaux,
ce serait de prioriser la création d'emplois, le développement d'expertise
ainsi que la réduction des frais de
transport et de l'empreinte écologique. En ce sens, elles considèrent que c'est
la responsabilité de l'État de favoriser l'occupation du territoire par des
politiques d'achat décentralisées qui contribuent à la viabilité des
entreprises en région.
Vous savez quoi? Je suis bien d'accord
avec elles. Et, pour un gouvernement qui se dit des régions et comptable,
à part de ça, c'est sidérant de constater qu'il fait tout le contraire.
En
décembre, trois MRC sur cinq en Abitibi-Témiscamingue ont adopté des
résolutions recommandant au ministre responsable
de l'administration au gouvernement et président du Conseil du trésor le
maintien des systèmes d'acquisition actuels
et ont voulu aussi surtout le sensibiliser aux impacts potentiels de l'adoption
d'un tel projet de loi sur les partenaires économiques de la région.
Enfin,
il y a la Société d'aide au développement des collectivités de
l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec qui, elle aussi, a partagé
ses nombreuses préoccupations sur le projet de loi.
Finalement,
le 17 décembre 2019, c'est au tour du ministre responsable de
l'Abitibi-Témiscamingue, le député d'Abitibi-Est,
d'affirmer que ce projet de loi pourrait être amélioré. Dans une mêlée de
presse qu'il a faite à Val-d'Or, il a déclaré,
et je cite : «On a eu une rencontre en privé avec [le président du Conseil
du trésor]. [Et] un des éléments qu'on a fait ressortir, c'est que, dans
le vocable du projet de loi n° 37, le mot
"région" n'est pas donné.»
Moi,
ma question, Mme la Présidente : Depuis décembre dernier, depuis que le
gouvernement a reçu toutes ces résolutions,
toutes ces lettres qui dénoncent le projet de loi, qu'est-ce qui a changé?
Depuis que le ministre régional de l'Abitibi-Témiscamingue a fait cette
déclaration, qu'est-ce qui a changé? Comment est-ce que le projet de loi a-t-il
été bonifié pour répondre à toutes ces préoccupations?
La
vérité, Mme la Présidente, c'est que j'ai l'impression que le gouvernement a
encore fait la sourde oreille. J'en ai
parlé abondamment avec mon collègue le député de Rosemont, qui est responsable
du dossier, qui m'a confirmé que ces préoccupations n'ont pas été
répondues.
Il
n'y a eu aucune modification ou amendement pour corriger le tir et s'assurer
que nos régions, nos fournisseurs locaux
resteraient des acteurs importants dans l'approvisionnement des organismes
publics. C'est ça, la vérité, Mme la Présidente.
Encore dans ce dossier-là, le gouvernement légifère comme s'il avait la science
infuse, comme s'il savait hors de tout doute ce qui est bon pour le Québec, ce
qui est bon pour les Québécoises, les Québécois, ce qui est bon pour les
régions du Québec. Clairement, non seulement
il ne se rend pas compte des répercussions, des impacts négatifs qu'aura ce
projet de loi pour nos entreprises locales,
mais il refuse d'adresser les préoccupations de nos instances régionales, et
ça, ça me répugne, Mme la Présidente.
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Je suis prête à entendre un
autre intervenant. S'il n'y a pas d'autre intervenant, je... Oh!
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bonjour. Je ne m'attendais pas
d'avoir une intervention sur ce côté de la Chambre. Alors, allez-y, nous
vous écoutons.
M. Pierre
Dufour
M. Dufour :
Étant donné que je suis un peu interpellé dans l'allocution de ma consoeur de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
juste mentionner qu'il y a quand même eu du développement. Et moi, je suis
content parce que M. Dubé, justement... bien, je n'ai pas le droit de le dire,
le responsable du Conseil du trésor nous a quand même amélioré de beaucoup le projet de loi, et j'ai hâte...
Justement, je suis très heureux de voir les discussions qui ont eu lieu parce
que, justement, l'aspect régional a
été davantage couvert, et je crois que le projet de loi va être de toute beauté
pour, justement, l'ensemble des régions du Québec. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non?
Mise
aux voix du rapport
Alors,
le rapport de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi
n° 37, Loi visant principalement à instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales et
Infrastructures technologiques Québec, est-il adopté?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté sur division.
M. le leader du
gouvernement, pour la suite des travaux. M. le leader, pour la suite des
travaux.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 4
du feuilleton.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme Melançon :
Mme la Présidente, je vous demanderais une courte suspension, puisque le
ministre de l'Environnement n'est pas arrivé encore.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Alors, nous allons suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 23)
Projet de loi n° 44
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, à l'article 4 du feuilleton, M. le ministre de l'Environnement et de
la Lutte contre les changements climatiques propose l'adoption du principe du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la gouvernance
efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser
l'électrification.
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci,
Mme la Présidente. C'est un plaisir
de me retrouver devant vous cet après-midi pour une étape
importante, effectivement, du projet
de loi n° 44. Les consultations se sont terminées il y a quelques jours maintenant, donc on passe à l'étape suivante, en
quelque sorte.
Peut-être
rappeler un petit peu l'historique de cette démarche. Au moment de ma nomination, le premier ministre m'avait identifié
clairement trois priorités à mettre de l'avant pour répondre à des
problématiques ciblées. On avait convenu de
traiter la question de la gestion des matières résiduelles. Donc, il y a
quelques jours on a parlé de consigne, ce
matin d'une réforme importante au niveau de la collecte sélective. Donc, c'est
un objectif ou une des priorités qui avance bien.
Il m'avait
aussi demandé de m'attarder de façon toute particulière à tout ce qui est
réglementation environnementale. Il a
toujours été clair, de notre côté, qu'on ne souhaitait pas diminuer les
exigences environnementales, mais, en même temps, faire en sorte que le traitement des demandes puisse se faire de
façon plus prévisible. Et c'est aussi en bon état de marche.
Et l'autre
priorité était effectivement la question du fameux Fonds vert, Fonds vert qui
demeure un outil absolument formidable dans notre lutte aux émissions de
gaz à effet de serre, mais Fonds vert qui, au fil des dernières années, a eu mauvaise presse pour différentes raisons :
plusieurs rapports très critiques de la Vérificatrice générale au niveau de
la gestion, au niveau de la confusion des
responsabilités à travers sa gestion, au niveau des projets financés eux-mêmes.
On se souvient malheureusement que c'est un fonds qui a servi à financer
différentes mesures qui, bien que louables dans certaines mesures, n'auraient pas dû être financées par le Fonds vert
parce qu'elles ont engendré très peu, sinon pas du tout de diminution au
niveau des gaz à effet de serre.
Donc, c'est
dans ce contexte que prend forme le projet de loi n° 44, qui... je vous le
résume, là, très, très simplement, oui, c'est simplifier la gouvernance, c'est clarifier les responsabilités et éviter les chevauchements.
D'ailleurs la consultation nous a
permis de l'illustrer de façon assez éloquente. Il y a un grand conflit
actuellement au niveau des responsabilités de tous et chacun. Il y a eu
plusieurs avis juridiques de part et d'autre qui se sont partagés entre tantôt
le ministère de l'Environnement, tantôt
entre le Conseil de gestion du Fonds vert, donc une grande confusion qui,
malheureusement, a engendré des résultats décevants. Donc, clarifier les
responsabilités, je le mentionnais, assurer, et c'est sans doute le premier principe du projet de loi, l'imputabilité
du ministre de l'Environnement, peu importe qui il est. Je suis naturellement
privilégié d'occuper cette fonction en ce
moment, mais, bon, d'autres, nombreux, me succéderont. Et c'est important de
préciser cette question d'imputabilité.
Par le passé,
lorsqu'un rapport critique concernant la gestion du Fonds vert était publié, on
se renvoyait un petit peu la balle à
savoir comment corriger la situation. C'est la responsabilité de qui? Donc,
beaucoup de confusion. Et c'est ce que l'on cherche à corriger avec le
projet de loi n° 44, faire en sorte, je le mentionnais rapidement, que les
mesures financières, que les argents
importants qui sont recueillis à travers le Fonds vert engendrent les résultats
escomptés. C'est un projet de loi qui
vise essentiellement la diminution de nos émissions de gaz à effet de serre,
faire en sorte que l'on puisse aussi concrétiser cet engagement qui a
été pris ici de façon unanime au niveau de la reconnaissance de l'urgence climatique. Et d'ailleurs je vais citer cette
motion qui a généré l'adhésion de tous, qui a été adoptée d'ailleurs le
25 septembre dernier :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'au Québec, 395 municipalités, une
dizaine d'universités et près d'une centaine d'organisations de la
société civile ont adopté une déclaration d'urgence climatique;
«Qu'elle
prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a elle aussi déclaré
l'urgence climatique et qu'en conséquence, 66 États ont souscrit à
l'objectif de la neutralité carbone en 2050;
«Que
l'Assemblée nationale déclare à son tour l'urgence climatique, et qu'elle
demande au gouvernement du Québec d'harmoniser
l'ensemble de ses choix politiques avec cette situation de crise, en prenant
tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement
nos émissions de gaz à effet de serre.»
Je trouvais
important de rappeler cette motion qui a suscité l'adhésion de l'ensemble des
parlementaires parce que le défi est
colossal. Et cet après-midi je n'ai aucune intention, là, d'attribuer des
blâmes à qui que ce soit, mais on part
de très loin au niveau de la lutte à nos émissions de gaz à effet de serre. On
devait, au Québec, être, à ce moment-ci, à moins 20 % par rapport à l'année de référence
qu'est l'année 1990 et on est à peine à moins 9 %. Donc, déjà un
retard de près de 11 % par rapport à l'objectif qui était visé pour
2020. Et ça, c'est sans compter qu'on a un autre objectif excessivement ambitieux pour l'année 2030,
c'est-à-dire de 37,5 % de diminution par rapport à l'année de référence 1990,
donc un effort qui est colossal. En
10 ans, il faudra faire passablement mieux, beaucoup mieux qu'au cours des
30 dernières années. Donc, la
marche, elle est haute. Et pour ça, ça nous prend un projet de loi qui
détermine clairement les rôles et responsabilités des différents
intervenants au dossier.
• (16 h 30) •
Et le projet de loi, à ce niveau-là, répond à
plusieurs attentes. On a plusieurs intervenants qui, en commission parlementaire, en consultation, nous ont précisé
les avancées du projet de loi pour éviter qu'en 2030, soit la veille de notre
échéancier, on dise encore une fois : Comme société, nous avons échoué.
Nous devions être à 37,5 % de réduction, nous ne sommes qu'à x pourcentage. Donc, c'est
cette situation-là que l'on veut éviter à tout prix. C'est la raison pour
laquelle on a mis en place dans le
projet de loi des articles qui non seulement précisent le rôle des ministères
concernés, mais également des courroies de protection, en quelque sorte.
Certains parlent de chien de garde, c'est-à-dire un comité d'experts
indépendants qui sera là pour conseiller l'action du ministre, faire en sorte
que les rapports de ce comité-là soient
systématiquement rendus publics. Et ça aussi, Mme la Présidente, c'est une
avancée qui est majeure. Par le passé, malheureusement, on avait, oui,
parfois des notes qui étaient envoyées aux ministres impliqués, mais d'aucune
façon il n'y avait d'obligation pour les
rendre publiques. Donc, les ministres impliqués pouvaient, à leur discrétion,
décider de les publier ou pas, alors
que, là, ils seront assurément et obligatoirement rendus publics. Donc, si,
pour une raison ou pour une autre, le
ministre de l'Environnement ou la ministre de l'Environnement décide de ne pas
retenir l'avis de ce comité d'experts indépendant, il devra se
justifier. Donc, une première protection importante.
Une autre qui
a été saluée par plusieurs, le rôle que l'on confie au Commissaire au
développement durable. Ce dernier
conserve exactement les responsabilités qu'il a présentement, donc on ne lui
enlève aucun pouvoir, pouvoir qui peut
l'amener, à sa discrétion, au moment de son choix, d'investiguer des actions
prises par le gouvernement, mais on lui en confère un nouveau, c'est-à-dire de nous donner aussi un bulletin
annuel sur notre progression, comme gouvernement, au niveau de l'atteinte de nos cibles. Donc, une
autre protection qui, publiquement, sera connue de tous et, encore là, des
justifications pour le ministre ou la
ministre si jamais on ne progresse pas dans la bonne direction, et là aussi,
année après année, pour ne pas qu'en
2028, en 2029 on se dise : C'est dommage, on est encore très loin de la
cible, on n'y arrivera pas.
Bref, ce sont deux mesures qui ont été saluées
par la plupart des intervenants entendus. Je vous dis déjà qu'il y aura un défi colossal au niveau de la
composition du comité d'experts indépendant. À peu près tous les groupes
entendus souhaiteraient être du nombre. Ils comprennent, ceci dit, que
ce ne sera pas possible d'avoir un comité composé de dizaines de personnes,
mais c'est dire à quel point on reconnaît l'importance de ce comité, c'est dire
à quel point on souhaite faire partie de la
solution. Donc, pour moi, ce sont des éléments extrêmement positifs, là, qui
ont été portés à notre attention.
Autre
nouveauté, et je suis très heureux de pouvoir compter sur non seulement son
amitié, mais sa collaboration, M. le
ministre responsable des Ressources naturelles, qui a été impliqué dès la
première heure au niveau de l'élaboration de ce projet de loi là, parce que, lorsqu'on parle de transition
énergétique, on parle d'une responsabilité qui est reconnue à mon
collègue, lorsqu'on parle de TEQ, on parle d'une responsabilité qui lui
revient.
Donc, oui, il y a des transformations
importantes qui sont proposées au niveau de TEQ, on en convient, mais, encore là, c'est pour revenir à ce que je vous
mentionnais dès le départ, le fameux principe d'imputabilité. Depuis des
années, on s'éloigne, à défaut de
s'approcher, de nos cibles, mais il n'y a pas d'imputabilité, il n'y a pas de
responsabilité ministérielle qui est
dûment reconnue. Donc, en intégrant TEQ chez mon collègue aux Ressources naturelles,
il aura une responsabilité bien établie, bien déterminée pour s'assurer
d'aller dans la bonne direction.
Je parlais du principe de responsabilité
ministérielle, on pourrait en parler longuement, mais c'est un principe qu'on avait malheureusement perdu de vue au cours
des dernières années, en matière d'environnement à tout le moins. Le
ministre de l'Environnement — encore une fois, je ne personnalise
pas — la
personne aussi qui sera appelée à me
succéder devient le premier responsable de la coordination de l'action
gouvernementale en matière d'environnement Donc, ça veut dire collaborer de façon plus étroite encore avec mes collègues
aux Transports, avec le collègue, c'est bien certain, au niveau des
Ressources naturelles, mais également le ministre des Finances, le ministre
responsable du Trésor pour qu'il y ait une
cohérence au niveau de l'action gouvernementale, cohérence qui, force est de
constater, malheureusement, faisait défaut ces dernières années.
On confère au
ministre de l'Environnement le rôle de proposer une politique-cadre sur les
changements climatiques. On s'est engagé, au niveau du gouvernement, de
procéder, dès les prochaines semaines, dès les prochains mois, à la publication
de cette politique-cadre qui va guider au quotidien ou, à tout le moins, étape
par étape notre action pour arriver à la cible ambitieuse de 2030.
On vient
repositionner aussi, oui, le rôle du ministre de l'Environnement, oui, le rôle
de coordonnateur, mais enfin je n'insisterai
jamais assez sur cet élément-là de cohérence. Et on devra aussi, au niveau du
ministère de l'Environnement,
s'assurer de la conformité du plan de transition énergétique. On le
mentionnait, des responsabilités nouvelles à mon collègue, mais il y a
un plan directeur qui, actuellement, fonctionne, qui a d'ailleurs été très bien
reçu par l'ensemble des intervenants. Donc, il faudra s'assurer de sa continuité, de
son financement adéquat, de son avancée adéquate, et ça aussi, c'est reconnu de tous que ce plan-là a permis des
avancées notables au cours des dernières années récentes, donc il ne
faut certainement pas perdre ces acquis.
On parle d'un
fonds lui-même, et ça, on aura, au cours des prochaines semaines, l'occasion, à
travers la présentation de la politique-cadre
mais également à travers le budget qui sera déposé dans
les prochaines semaines, de démontrer déjà, bien
que le projet de loi ne soit pas encore adopté... on ne peut pas
présumer non plus de son adoption, mais on prend pour acquis que le gouvernement est déjà en
marche, et concrètement, autant avec la présentation de la politique-cadre
qu'avec le budget, on aura certainement des éléments qui pourront nous
rassurer à ce niveau-là.
Et c'est, encore une fois, une façon de démontrer que l'on souhaite agir de façon concrète à des
solutions précises, des... c'est-à-dire, à des problématiques précises, des solutions tout aussi précises. On
connaît les défis qui sont les nôtres, notamment en matière de
transport. Ça représente essentiellement 43 % de nos émissions. C'est de
loin le secteur le plus important,
au Québec, en termes d'émissions et c'est aussi, de loin,
le secteur qui a vu croître ses émissions de façon relativement importante
au fil des années, alors que d'autres secteurs ont réussi — et je
fais référence à la grande industrie, notamment — à
diminuer sensiblement leurs émissions. Au niveau des transports, on
est dans une courbe qui est ascendante,
une courbe qui, malheureusement, ne se corrige pas, donc, oui, il faudra des
actions musclées à ce niveau-là.
Et je dois
avouer, au moment des consultations, il y
a un article en particulier du projet de loi qui a suscité beaucoup
de questionnements. Actuellement, au
niveau de la gestion du Fonds vert,
on prévoit que les deux tiers de ces sommes-là seront dévolus au transport. Et là il y a un amendement
qui est proposé à cette règle actuelle là qui se veut fort simple, c'est-à-dire déterminer quel pourcentage devra être dédié au transport, et c'est un pourcentage qui pourrait, avec les années, fluctuer.
Je comprends tout à fait les questionnements ou les inquiétudes que l'article en question
a pu générer, mais je pense avoir pu, avec mes collègues, rassurer plusieurs
à ce niveau-là.
On sait clairement,
tant le défi est grand au niveau des
transports... on a déjà la certitude que le Fonds vert, avec sa nouvelle dénomination, avec sa nouvelle
appellation, n'aura pas les fonds nécessaires pour répondre aux besoins. Donc,
ce que ça veut dire, plutôt que de se
limiter à une source de revenus qu'est le Fonds vert, on dit ouvertement :
À travers des budgets, à travers un
PQI, on devra faire des investissements nettement plus importants que le Fonds
vert ne permettra, d'où cette nécessité de se décloisonner. Et certains
groupes l'ont illustré de façon assez admirable, actuellement on transfère ces deux tiers-là de façon automatique
et on n'a pas toujours la capacité de redistribuer les sommes de façon
efficace. Donc là, avec cette précision-là, toutes les sommes qui iront,
naturellement, au transport en commun, peu importe
la source, peu importe que ce soit le futur nouveau Fonds vert ou encore le
budget, on veut s'assurer que ça apporte des changements tout à fait concrets. Et, là encore, toute la population
devra être mise à contribution. On parle souvent du plan d'action du
gouvernement du Québec, mais, dans les faits, on veut en faire un plan de la
société québécoise. Donc, oui, les
différents secteurs, notamment ceux des transports, devront interagir pour
s'assurer de l'atteinte de nos objectifs.
• (16 h 40) •
Donc, je vous
passe en revue rapidement le projet de loi avec ses mérites, mais je vous
dirais qu'il y a des pièges aussi à éviter. Et je ne le reproche pas du
tout aux oppositions, les attentes sont très, très élevées à l'égard de
l'action gouvernementale en matière d'environnement. Je pense que, de façon
assez éloquente, on démontre que l'on est en action.
Tout à l'heure, je faisais référence à la consigne, qui a été bien accueillie.
Ce matin, c'était la modernisation de la collecte sélective qui a reçu, ma foi, un appui surprenant tellement il était unanime. Mais il y a eu
d'autres actions au niveau des appareils réfrigérants, au niveau
des aires protégées. Bref, je pourrais vous faire une longue nomenclature,
mais, oui, les attentes demeurent extrêmement élevées. Et je le reconnais d'emblée parce qu'on l'a reconnu, il y a une crise climatique, donc, oui,
il faut diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de façon significative.
Quand je dis qu'il faut pondérer, par contre,
les attentes, c'est au niveau de l'objet même du projet de loi. Là, j'entends certains groupes qui souhaiteraient que
l'on en fasse une loi climat. Au risque de les décevoir, ce n'est pas l'objet
du projet de loi et ça ne le sera pas. Je
devine très bien que, si on ajoutait de nombreux, nouveaux objets au projet de
loi, on pourrait se faire demander de le scinder pour aller plus rapidement
dans une direction plutôt qu'une autre. Donc, on ne veut pas diverger au niveau de la motivation du
projet de loi lui-même. C'est une motivation de gouvernance, donc ce n'est
pas à travers le projet de loi
n° 44 qu'on adoptera ou qu'on
développera une loi climat. Ceci dit, par
rapport à une loi climat, je sais que c'est des avenues qui sont
considérées dans certains États, certains l'ont déjà retenue. Donc, dans notre
réflexion, il n'est pas interdit qu'on s'y penche éventuellement, mais ce n'est
pas l'objet du présent projet de loi.
Un autre
piège qu'il nous faut à tout prix éviter, c'est celui du débat interminable sur
les cibles elles-mêmes. Et là aussi, malheureusement, il n'y a pas
consensus. Si toute la société québécoise parlait d'une seule voix, c'est bien entendu que l'on pourrait considérer l'idée. Mais,
non, le projet de loi ne revisite pas les cibles auxquelles on s'est astreint
au niveau de nos engagements, pour une
raison fort simple, je vous le mentionnais, on part de très loin, on part avec
un retard colossal. Si on avait
atteint les cibles pour lesquelles on s'était engagés, c'est-à-dire moins
20 % en 2020, peut-être que l'on
pourrait revisiter la cible de 2030. On part avec plusieurs, plusieurs années
de retard. Donc, on part de moins 9 %, alors qu'on devrait être à
moins 20 %, et il faut se rendre à 37,5 %.
Mais, ceci
dit, même au niveau des cibles elles-mêmes, les plus militants ne s'entendent
pas sur la cible à atteindre. Certains
vont évoquer 45 %, d'autres vont évoquer... Et, en tout respect, j'ai eu
un petit débat, parfois musclé, je le dis sincèrement, avec nos amis de Greenpeace, parce que ce sont des
partenaires. Mais, ce que je leur disais, leurs attentes, elles sont
irréconciliables avec la capacité réelle de la société québécoise. Greenpeace...
et je les cite en exemple juste pour
illustrer que, même au niveau des groupes environnementaux, on ne se rejoint
pas sur quelles cibles on doit retenir, mais Greenpeace, par exemple, dit : On doit être à moins 45 %,
mais aussi compenser pour les États, les pays qui n'ont pas la capacité d'intervenir au niveau de leurs
émissions, donc on doit ajouter un 20 % à notre cible. Donc, la cible
n'est plus de 45 %, mais de
65 %, et, bien honnêtement, au niveau technologique, on ne peut pas y
arriver, au niveau de l'économie, on ne peut pas y arriver.
Et, sans
doute, le plus bel exemple, c'est celui confirmé ce matin au niveau de la
modernisation des centres de tri. Et
là je m'éloigne un petit peu des émissions de gaz à effet de serre, mais vous
allez me voir venir, Mme la Présidente. À partir du moment où on a une technologie à remplacer, ce n'est pas vrai
que la nouvelle technologie, même disponible, sera effective dès demain. Il y a un temps d'implantation, il y a un
temps de rodage qui est nécessaire. Donc, ce n'est pas vrai qu'en neuf,
10 ans on peut révolutionner la technologie québécoise. Et c'est là où on parle
de cette nécessité de transition,
juste faire en sorte que les travailleurs, travailleuses qui se lèvent le matin
et qui ont pour seul objectif d'aller travailler
pour gagner leur pain, faire vivre leur famille... que le fardeau ne repose pas
uniquement sur ces gens-là, qu'on puisse les accompagner vers une
transition qui soit juste.
Bref,
qui dit transition dit ne pas y aller de façon radicale, et malheureusement
certains ont cette volonté ou ce souhait-là
dans certains groupes. Il y a un collectif qui s'est créé la semaine dernière,
qui annonce certaines manifestations pour la fin du mois de mars. Leur objectif
visé, à eux, c'est 100 %, donc carboneutralité, pour 2030. Je suis désolé
de les décevoir, mais, non, nous n'en
serons pas. Et ça ne veut pas dire que l'on abdique, au contraire, ça veut dire
que la marche, elle est colossale.
Ceci
dit, moi, je retiens ceci du GIEC, je retiens ceci de la motion que l'on a
adoptée collectivement à l'Assemblée nationale : pour 2050, il faut viser
la neutralité carbone, et c'est là où on en est. Mais la première étape, c'est
d'être à 37,5 % de réduction par
rapport à l'année 1990 en 2030, et c'est, croyez-moi, colossal. Mais ce
qui me rassure, c'est que je ne me
sens aucunement seul dans ce défi-là : collaboration exceptionnelle avec
mon collègue aux Ressources naturelles, à l'Économie. En fait, tous les collègues députés, ministres collaborent
dans cet effort gouvernemental là, donc ça me remplit de confiance, mais
je trouvais important, cet après-midi, de pondérer certaines attentes.
Donc,
ne pas faire du projet de loi n° 44 ce qu'il n'est pas, ce n'est pas une loi
climat, et ne pas non plus tomber dans
le piège des cibles et se remettre à les revoir. L'important à ce moment-ci,
c'est de mobiliser tous et chacun, et je fais référence autant aux citoyens, citoyennes qu'au gouvernement, qu'aux
partis d'opposition. Donc, qui dit mobilisation dit se rejoindre sur des objectifs communs. Et, si au
détour on se mettait à mettre en place ou à mettre sur la table des objectifs
irréalistes, c'est là où on serait tous perdants au niveau de la mobilisation.
Donc,
je m'arrête à ce moment-ci pour écouter les collègues. Mais c'est une étape
importante, c'est un projet de loi qui était attendu, qui fait un pas dans la
bonne direction, et à peu près tous les intervenants l'ont reconnu. Donc, j'ai
bien hâte non seulement d'entendre les collègues au niveau du principe, mais également
de nous consacrer à l'étude article par article pour qu'on puisse le bonifier
et s'assurer de son adoption la plus rapide possible. Donc, sur ce, Mme la
Présidente, bon après-midi.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Contente de vous retrouver ici après cette
courte fin de semaine. Je vous
félicite encore pour votre lecture des nombreux amendements qui ont été déposés
lors du mandat. Vous avez fait ça avec beaucoup de professionnalisme,
comme vous savez le faire à chaque fois.
J'aimerais
commencer, Mme la Présidente, par la lecture d'une déclaration, d'une motion
qui a été faite ici, en cette Chambre :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'au Québec, 395 municipalités, une
dizaine d'universités et près d'une centaine d'organisations de la
société civile ont adopté une déclaration d'urgence climatique;
«Qu'elle
prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a elle aussi déclaré
l'urgence climatique et qu'en conséquence, 66 États ont souscrit à
l'objectif de la neutralité carbone en 2050;
«Que l'Assemblée
nationale — la
nôtre — déclare
à son tour l'urgence climatique, et qu'elle demande au gouvernement du Québec d'harmoniser l'ensemble — l'ensemble — de ses choix politiques avec cette situation
de crise, en prenant tous les moyens
nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement nos émissions de gaz à
effet de serre.»
Vous
vous en rappellerez, Mme la Présidente, cette déclaration d'urgence climatique,
nous l'avons adoptée ici, entre ces
murs, le 25 septembre dernier, deux jours avant une marche historique qui
a mobilisé plus d'un demi-million de Québécois et de Québécoises, une
marche absolument historique qui a fait écho notamment à cette motion.
• (16 h 50) •
De
nombreux acteurs environnementaux, organismes publics et parapublics, nous,
élus, attendons encore le projet de loi climat que le ministre de
l'Environnement promettait de présenter. S'il y avait une phrase qui pouvait
résumer le projet de loi n° 44, qui
fait l'objet de nos débats, c'est la suivante, et ce n'est pas la mienne, c'est
celle de l'un de nos... des personnes
et des experts qui est venu en consultations sur le projet de loi n° 44.
Ce qu'il a dit, c'est que ce qui est sur la table présentement, c'est faire le
choix d'un échec assuré. Ce n'est pas mince, comme parole et comme constat.
Dans un contexte d'urgence climatique qui
est incontestable, déplorée, dont les causes anthropiques font consensus parmi
des milliers de scientifiques à
travers le monde, nous n'avons pas le droit de faire le choix de l'échec ou de
la perte de temps, et c'est pourtant le choix qu'a fait le ministre.
Et je dois vous dire
ici, Mme la Présidente, que je suis particulièrement déçue de voir ce que le
ministre a déposé. Et je fais fi de...
J'aurais souhaité y croire, j'aurais souhaité croire l'importance pour le
ministre et l'importance pour le
gouvernement de répondre à cette urgence climatique. Et, pour moi, répondre à
cette urgence climatique, ce n'est certainement pas en déposant un
projet de loi qui vient faire de la structurite.
Parce
qu'il faut bien comprendre que ce qui est devant nous présentement, c'est un
projet de loi qui ne répond absolument
pas à l'urgence climatique, qui ne fait absolument pas la démonstration,
d'aucune façon, de comment il entend atteindre
et réduire nos GES et c'est un projet de loi qui, tout simplement, fait la
présentation... dans le fond, qui vient tout simplement abolir des
structures en place, et j'y reviendrai, structures qui ont démontré leur
efficacité, et ça, c'est unanime et ça fait
consensus chez l'ensemble des groupes qui sont venus nous rencontrer en
commission parlementaire.
Donc, par le
dépôt du projet de loi n° 44 ainsi que lors des consultations qui ont eu
lieu du 21 janvier au 4 février dernier
alors que nous avons entendu plus d'une trentaine de groupes, le ministre n'a
jamais, jamais fait la preuve des gains pour la lutte aux changements climatiques
que va apporter son projet de loi. Et de nombreux représentants de groupes
qui sont affectés, sont impactés par le
projet de loi n° 44 sont venus nous dire, sont venus dire au ministre,
sont venus dire au gouvernement, aux
oppositions que ce projet de loi est non seulement insuffisant, mais qu'il est
aussi... qu'il n'est pas assez ambitieux et qu'il est frileux.
Je
pense que tout le monde s'entend sur le fait... et nous aussi, je l'ai dit à
plusieurs reprises au ministre. Est-ce qu'il
y a des améliorations qui peuvent être faites? Certainement. Est-ce qu'il y a
des bonifications qui peuvent être faites? Certainement. Je ne pense pas qu'on a la prétention — en tout cas, je ne sais pas s'il y a des
gens en cette Chambre qui ont cette prétention-là, moi, je ne l'ai
pas — de
penser que ce que nous avons mis en place ou ce que n'importe quel parlementaire, ministre, gouvernement a mis en
place est immuable dans le temps, ne peut jamais changer, ne peut jamais
être immuable. Ce n'est pas du tout le fond,
ce n'est pas du tout la prémisse de mon intervention et ce n'est pas du tout la
façon dont j'ai analysé le projet de loi qui nous a été déposé. Mais, quand on
a un projet de loi qui est analysé par les différents experts, les différents groupes qui sont... qui utilisent,
dans le fond, ces deux instances-là, quand ils viennent tous nous dire de façon unanime : Vous savez,
elles fonctionnent bien, les structures, elles fonctionnent bien, elles ont
fait la démonstration qu'elles fonctionnaient bien, elles sont agiles,
elles sont efficaces, elles sont imputables, elles sont transparentes, elles ont été dépolitisées, je me questionne, je me
questionne. Je n'ai pas le choix de me questionner sur les intentions du
ministre de nous présenter un projet de loi qui vient abolir des structures qui
fonctionnent au lieu d'être en train de consacrer des énergies à travailler
vraiment sur la lutte aux changements climatiques. Et je me questionne sur pourquoi
faire le choix d'une occasion ratée d'agir sur la lutte aux changements
climatiques. C'est une chose d'en parler, encore faut-il faire la
démonstration, lorsqu'on dépose des projets de loi... Puis je ne jugerai pas du
plan à venir, qu'on attend encore. On
attendra de le voir, mais force est de constater que le projet de loi qu'on a
devant nous ne va certainement pas dans la bonne direction et ne met pas
les énergies à la bonne place non plus.
Et
je me permettrai de faire un peu d'historique, Mme la Présidente, pour
comprendre d'où on part, où est-ce que nous sommes aujourd'hui. Donc, si
on remonte dans le temps, pour que les gens nous suivent, là, les structures
que le ministre propose d'abolir aujourd'hui,
donc le Conseil de gestion du Fonds vert et Transition énergétique Québec,
elles ont toutes les deux été mises
en place suite à des rapports, notamment, du Commissaire au développement
durable qui avaient souligné des
failles dans le Fonds vert. Et nous, on est très fiers de la mise en place de
ce fonds-là, mais, comme je le dis,
il y avait certainement des améliorations à y apporter, et c'est la raison pour
laquelle il y a deux instances qui ont été mises en place : le
Conseil de gestion du Fonds vert et Transition énergétique Québec.
Et
c'est pour ça que cet expert-là nous disait : Le ministre fait
présentement le choix d'un échec assuré. Et même le Commissaire au
développement durable, qui est venu avec le Vérificateur général, a soulevé...
pas seulement des préoccupations, nous ont
dit, dans le fond : Le choix qui est fait de ramener ces deux
structures-là au sein du ministère, c'est refaire ce qui a déjà été fait et qui
n'a pas fonctionné. Donc, c'est quand même un peu curieux de penser que
ça va fonctionner mieux, alors que c'est les
mêmes gens, les mêmes structures, les mêmes ressources. Donc, on enlève quelque
chose qui fonctionne bien pour le ramener dans une direction qu'on sait qui ne
fonctionnera pas parce qu'elle n'a pas fonctionné. Donc, c'est très
questionnable à ce niveau-là, pour moi, de prendre cette direction-là.
Donc,
est-ce que c'est la volonté ferme du ministre? Est-ce que c'est ses
fonctionnaires? Puis on l'a vu, puis je ne veux pas lancer la pierre, mais
est-ce qu'ils ne sont pas heureux, justement, de ramener ces pouvoirs vers eux?
Est-ce que c'est une question de centralisation ou encore de pouvoir? Parce que
j'ai rarement vu un gouvernement arriver à faire aussi rapidement l'unanimité contre les projets de loi qu'il dépose, justement,
sur des éléments qui sont les suivants : la centralisation. Puis on sort du bâillon sur le projet de loi n° 40, qui est exactement ça, c'est la centralisation. On a entendu le ministre de l'Éducation... puis je ne ferai pas
un long aparté là-dessus, là, mais on l'a entendu ce matin qu'il parle d'un
palier qui est un minigouvernement, qui...
tu sais, c'est un palier démocratique, et qu'il vient nous dire que ça ne sert
à rien. On avait entendu la même
chose sur le projet de loi n° 34, qui enlevait des pouvoirs à la Régie de
l'énergie. Donc, on est vraiment dans
un contexte d'abolition de contre-pouvoirs. Est-ce que c'est parce qu'on ne
veut pas entendre les gens qui pourraient
avoir des opinions qui sont différentes des nôtres? Je pense que ça, ça soulève
beaucoup de questions puis c'est quelque
chose qui finira certainement par les rattraper tôt ou tard, si ce n'est pas
déjà arrivé, avec le projet de loi n° 40, là.
Et
je porterais à votre attention, entre autres, dans les chercheurs émérites qui
sont venus, les experts émérites, il y a Mme Johanne Whitmore, qui est chercheuse principale à la chaire de
gestion de l'énergie, et Normand Mousseau, qui est directeur académique
de l'Institut de l'énergie Trottier, qui, bon, sont venus en consultations,
mais avaient écrit aussi une lettre le 15
novembre dernier et qui soulignaient, dans cette lettre, qu'«en abolissant le
conseil le gouvernement se prive de sa principale instance mandatée pour
examiner, avec [...] indépendance, le dysfonctionnement du fonds et d'harmoniser le processus de reddition de comptes».
Donc, c'est quand même assez questionnable de prendre la décision d'abolir le Conseil de gestion et TEQ, qui sont
les deux instances indépendantes, dépolitisées qui ont de la transparence,
qui ont de la reddition de comptes aussi.
Donc, je porte ça à l'attention... puis je le porte à l'attention du ministre,
mais il l'a entendu abondamment lors de nos consultations.
La
deuxième structure, donc, Transition énergétique, a été créée en 2018, hein?
C'est une structure qui est toute jeune, toute nouvelle, et elle avait été
créée, donc, pour soutenir la transition, l'innovation, l'efficacité
énergétique puis assurer une gouvernance intégrée. Et ce qui est quand
même... Moi, je suis très, très fière... Puis vous entendrez les intervenants
de l'opposition officielle vous souligner, avec beaucoup de fierté, la mise sur
pied de Transition énergétique Québec. Et
c'est une organisation qui est... Puis je me permets de dire qu'il y a beaucoup
de membres qui sont... beaucoup de gens qui sont venus en consultations nous
dire : Ce que ça prendrait, c'est une société d'État indépendante.
Et Transition énergétique Québec est une société d'État indépendante. Il y a de
l'indépendance, il y a de l'imputabilité, il
y a un conseil d'administration, et c'est une toute jeune organisation, mais
qui a fait ses preuves de façon fulgurante, au niveau de son efficacité,
depuis sa création, et elle s'est imposée comme un outil incontournable en
matière de réduction des GES au Québec.
Puis
je vous donne quelques chiffres, là, Mme la Présidente, mais... TEQ, là, donc,
je vous le rappelle, créée en 2018, donc, c'est un taux de réalisation qui est
supérieur à 100 % des mesures 2018‑2019 de son plan d'action un an
après son adoption. 34 % des
mesures qui ont été mises en oeuvre d'ici 2003... qui devaient être mises en
oeuvre d'ici 2003 ont déjà été mises
en place. Ses programmes ont le potentiel de générer plus de 60 % de
réduction des GES au Québec — ce n'est pas rien, là, 60 % de
réduction des GES — en
utilisant moins de 18,5 % du budget du Fonds vert. Moi, je me questionne vraiment sur qui pourrait regarder ces
chiffres-là puis se dire : Mon Dieu! C'est tellement une bonne idée
d'aller l'abolir puis d'aller la déstabiliser.
• (17 heures) •
Parce que,
même si le ministre veut bien nous dire : Oui, mais, vous savez, on va
prendre les ressources qui sont à TEQ,
puis on va aller les mettre au ministère, puis ça va être la même chose, un, je
vais mettre beaucoup de bémols, sur lesquels
je vais revenir par la suite, mais, s'il ne pouvait tenir compte seulement de
la période de transition, de l'instabilité que ça va amener... On le sait, quand
on fait des changements, c'est le propre de tout changement, ça apporte de
l'instabilité. Ça ralentit les
processus. Donc, ça veut dire que, pour les entreprises du Québec,
qui se disent toutes satisfaites, à
l'heure actuelle, de l'agilité, de la
fiabilité, de la prévisibilité de TEQ, pour des considérations qui, très sincèrement, m'échappent, on va transférer
ces ressources-là, avec tous les risques, et tous les retards, et tous les
ralentissements que ça peut apporter.
Donc, TEQ, en
un mot, là, ce que tout le monde nous a souligné... Puis je mets au défi... Si le ministre
en a entendu un dans les consultations... Je le mets au défi de nous
trouver un seul groupe qui est venu nous dire que TEQ n'était pas un succès, que TEQ ne fonctionnait pas bien. Ils
sont unanimement venus nous dire à quel point ça marchait bien. Donc, est-ce
que c'est idéologique? Est-ce que c'est vraiment de dire : On veut
centraliser puis on veut que tous les pouvoirs soient dans les mains des différents ministères puis des différents
ministres? J'arrive mal à m'expliquer qu'est-ce qui peut soutenir ce
genre de décision là.
Donc, je
trouve ça... À mon avis, là, on ne peut pas se débarrasser impunément, comme
ça, pour des raisons justement idéologiques,
des leviers qui nous permettent de renforcer considérablement notre lutte
contre les changements climatiques en
réduisant nos émissions de GES. Puis c'est pourtant ce que le projet de loi
n° 44 prévoit. C'est ce que ça prévoit et c'est ce que le ministre
de l'Environnement, présentement, défend. Et j'aimerais, de toute bonne foi,
lui lancer un avertissement, au ministre,
aujourd'hui : La lutte aux changements climatiques, elle ne peut pas être
prise en otage pour des considérations partisanes.
Et je ferai bien
attention à la suite de mes propos. Vous savez, je suis prudente dans ces
propos-là, Mme la Présidente, mais je
ne peux pas voir, je ne peux pas comprendre... Et le ministre a été incapable
de faire la démonstration intellectuelle,
pragmatique des raisons qui sous-tendent l'abolition de Transition énergétique
Québec. Donc, je ne peux pas m'expliquer autrement que pour des raisons
partisanes, idéologiques, ou de centralisation, ou d'abolition de contre-pouvoirs. Et ça, à mon avis, c'est très
dangereux. Et défaire et jouer dans des structures qui ont été mises en place
par le précédent gouvernement, qui ont fait leurs preuves, qui servent la cause
climatique, qui sont défendues par des partenaires,
des acteurs, des actrices du terrain, des organismes publics et parapublics, à
mon avis, c'est nourrir le cynisme que le gouvernement se plaît à
dénoncer depuis le début de son élection.
Et le
ministre se targue de vouloir livrer, plutôt que de promettre, ce qu'il juge
irréalisable. Bien, sachez que le ministre
de l'Environnement a la chance que des consensus clairs se soient dégagés de
l'évaluation de son projet de loi. Donc,
un des processus clairs, je vous l'ai dit : TEQ doit être maintenue. Ça,
c'est clair. C'est unanime et ça fait consensus chez tous les groupes
qui sont venus nous voir.
Puis je tiens à vous rappeler, Mme la
Présidente, là, que l'abolition de cet organisme n'a jamais été soumise à aucune évaluation qui justifie son abolition et a
été unilatérale comme décision. On a des gens qui font partie de la table
des parties prenantes... Ça aussi, ça
devient une mauvaise habitude du gouvernement, de ne pas consulter, si je me
fie sur ce qui s'est passé avec le
projet de loi n° 40. Mais on a des groupes qui sont venus nous dire :
Nous, on est des partenaires du
gouvernement, on est assis à la table des parties prenantes; on a des
discussions en ce moment sur le plan... — je ne me souviens pas comment il s'appelle, là, d'électrification, leur PECC, là,
de changements climatiques, hein, on travaille avec eux là-dessus — on
est consultés sur... on pensait qu'on était des partenaires importants pour
faire un plan sur la lutte aux changements
climatiques et on se fait mettre devant le fait accompli que ces instances,
qui, à notre avis, sont importantes, sont
abolies. Donc, je pense que c'est venu certainement ébranler aussi cette
dynamique-là ou cette confiance qu'il y avait entre les groupes et
l'importance de leur opinion.
Donc, le
consensus, très fort, très clair, je vous l'ai dit, par rapport à TEQ, c'est
son agilité, sa flexibilité, son efficacité en matière de réduction des GES. Ça, c'est incontestable, c'est
démontré, ils l'ont tous souligné. Et la proposition qui est faite dans le projet de loi constitue, à mon
sens... et puis là je dis à mon sens, mais au sens des groupes, au sens des
différents chroniqueurs qui sont venus commenter le projet de loi, ça
constitue une aberration. Intégrer Transition énergétique Québec à un ministère risque forcément de
provoquer des lourdeurs administratives, et la prévisibilité qu'assurait TEQ,
par le biais notamment, de ses divers programmes, est importante, est appréciée
des acteurs qui ont recours et qui ont été accompagnés par TEQ.
Et je vous
dirais aussi que TEQ se classe dans le peloton de tête du Québec, soit au
huitième rang des sociétés d'État et
organismes en matière de gouvernance, selon la plus récente étude de l'IGOPP.
Donc, je pense que ça, en soi, encore là, c'est une drôle de décision d'aller
abolir une société d'État qui fonctionne bien. Peut-être qu'on finira aussi
par avoir, parce qu'on... Enjeu assez majeur, on a appris pendant les
consultations que les états financiers de TEQ pour 2017-2018 et 2018-2019 n'ont toujours pas été déposés, rendus publics.
Ce qu'on entend, c'est qu'ils sont bons. Je veux dire, comme je vous
dis, ils ont toujours fait la démonstration qu'ils travaillaient bien.
Donc, si,
puisque le ministre a invoqué... puis on l'entendait encore tout à l'heure, il
l'a invoqué à de nombreuses reprises,
il veut assurer une gouvernance climatique efficace, je peux juste être
d'accord avec lui. Ce n'est pas seulement louable, c'est nécessaire. Si, comme ministre de
l'Environnement, il ne voulait pas faire ça, je me poserais des questions, mais
je ne peux qu'être d'accord avec lui. Donc, s'il veut assurer une gouvernance
climatique efficace, pourquoi aller abolir une société d'État qui est
reconnue pour son efficacité? Moi, j'espère, j'espère que... d'ici les
prochains jours, semaines, je ne sais pas,
moi, j'espère qu'il sera capable de répondre à cette question fondamentale.
Société d'État efficace, recherche
d'une gouvernance efficace, abolition de la société d'État efficace. Il y a
quelque chose qui m'échappe, encore là, dans sa volonté.
Donc, loin de
faire la démonstration, dans son projet de loi, qu'il y a des gains qui vont
découler de sa proposition, le ministre, ce qu'il vient nous confirmer, c'est
qu'il est prêt à perdre un outil précieux de réduction des GES, et ça,
c'est inquiétant. Ça, c'est très inquiétant
parce qu'il ne peut pas contester, il ne pourra pas contester que TEQ est
efficace et appréciée. Donc, il faut qu'il... Ce qu'il nous dit, c'est
qu'il est prêt à perdre cet outil-là, et ça, c'est inquiétant.
Le ministre
est prêt à perdre aussi bien autre chose. Il capitule face à la crise
climatique, et ce, cette capitulation-là, elle s'illustre par de
nombreuses confusions qui se retrouvent dans le projet de loi, qui ont été
soulevées par la trentaine de groupes que nous avons reçus en commission
aussi et par ceux qui ont réagi dans les médias.
Le ministre
nous disait tout à l'heure : Il ne faut pas mélanger les choses, les cibles de
réduction de GES ne devraient pas se
retrouver dans le projet de loi. J'aimerais ça qu'il m'explique pourquoi,
parce qu'à part dire : Ça ne
doit pas se retrouver là... Encore
là, je dois dire que l'ensemble des gens qui se sont présentés lors des
consultations... Puis, tu sais, je
veux dire, si les consultations... On a compris que le gouvernement trouvait
qu'on passait... trouve qu'on passe trop d'heures en consultation puis en
commission, puis qu'on va se faire dire en commission détaillée, moi, je
l'entends déjà... Je n'irai pas là,
mais vous savez où je m'en allais, certainement, mais, en tout cas, on sait ce
qu'on va nous dire, qu'il y a trop
d'heures, puis qu'on passe trop de temps, puis... Mais j'avise le
ministre : il y a eu tellement de recommandations qui nous ont été faites, il va y avoir des
amendements qui vont être déposés. Parce qu'on a eu un travail extraordinaire
qui a été fait par les groupes qui sont venus
et qui nous ont déposé des tonnes, et des tonnes, et des tonnes de recommandations, parce qu'ils nous ont dit :
Le projet de loi, il n'est pas précis. Le projet de loi, il manque plein de
choses.
Comment faire un projet de loi dans un contexte
d'urgence climatique sans enchâsser dans ledit projet de loi les cibles de réduction de GES? C'est fondamental,
puis je ne peux qu'adhérer à cette demande-là. Et, si on est sérieux, si on souhaite être... si le ministre nous
parle... Le ministre nous parle d'imputabilité, il nous parle des gens qui
suivront, qui le précéderont... qui le suivront. S'il est sérieux dans ses
objectifs, dans sa réussite climatique, je vais le dire comme ça, les cibles doivent être incluses dans le
projet de loi, et ça aussi, ça faisait consensus dans les consultations. Donc,
j'ai bien hâte de voir où on en sera par la suite.
• (17 h 10) •
Et un autre
élément qui a été porté à notre attention aussi, qui a été soulevé, qui... bon,
on l'avait soulevé, mais qui a été resoulevé
aussi par plusieurs groupes qui sont venus nous voir, c'est des préoccupations
et des inquiétudes sur le fait des
conflits de mission, entre le fait de ramener Transition énergétique Québec au
sein du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Il faut
comprendre qu'on intègre à un ministère une société d'État qui, en ce moment, a
pour objectif la transition énergétique, et
on vient l'intégrer à un ministère qui a, entre autres, dans sa mission
d'octroyer des licences
d'exploitation, d'exploration d'hydrocarbures, et il y a un conflit de mission
qui est, un, apparent, là, on ne peut pas
le nier, deux, qui est certainement inquiétant. Et, au-delà de ça, comme je
vous dis, je pense que ça, c'est des questions extrêmement sérieuses sur lesquelles il faut se pencher. Il faut se
pencher très, très, très sérieusement, parce qu'encore là, je vous le dis, on a une instance qui fonctionne
bien, qui permet de réduire les GES au Québec, on va aller l'intégrer dans
un ministère où il y a assurément une perte
d'agilité, de prévisibilité, puis, en plus de ça, il y a un conflit de missions
dans ce même ministère là. Il me semble, ça commence à faire beaucoup de
problèmes.
Et, je vous
disais, on a entendu, il y a un certain consensus qui s'est formé, là, entre
les différents intervenants. Dans les
mots qu'on a entendus beaucoup, la question de... dans les enjeux qu'on a
entendus beaucoup, la question de l'imputabilité,
la perte d'imputabilité, la politisation, hein? Je vous répète, ces deux
structures-là ont été mises sur pied pour dépolitiser le processus. On revient
les politiser en les mettant au sein de ministères, des enjeux de reddition
de comptes, parce que ces sociétés,
justement, avaient une responsabilité au niveau de la reddition de comptes, des
enjeux de transparence, parce que, la
même chose, elles doivent fournir leurs rapports. Donc, de gros, gros, gros déficits à ce niveau-là.
Puis, bon, bien, il y a toute la question de la
centralisation aussi. Puis j'aurais envie de... Puis ce n'est pas que je veux politiser le débat, mon intention n'est
pas là, mais je trouve que... Je vous cite Robert Dutrisac, le journaliste,
qui, moi, je trouve... Il avait
mentionné ça, si je ne me trompe pas, dans un article à l'automne dernier, justement,
quand on était sur le projet de loi n° 34
sur les... voyons! pardon, sur l'amoindrissement des pouvoirs
de la Régie de l'énergie, et le projet de loi du ministre était déjà
déposé. Puis il disait, je vous le cite, là :
«Un an après
son élection, ce gouvernement montre assez bien comment il entend exercer le
pouvoir : ramener le plus
possible de décisions entre ses mains — puis là, je vous dis, ça a quand même été
écrit à l'automne dernier, donc avant
le projet de loi n° 40, qu'on ajoute là-dedans aussi. Ce qui signifie
éliminer le plus possible les avis extérieurs et les institutions qui
font office de contre-pouvoirs.
«On l'a vu
très clairement ces dernières semaines dans des dossiers comme l'énergie ou la
gestion du Fonds vert. Le gouvernement concentre les décisions au Conseil des
ministres et veut se passer le plus possible des avis susceptibles de lui indiquer qu'il pourrait faire fausse
route.» On est en plein là-dedans avec le projet de loi. Ça, c'était pour le
projet de loi n° 34, mais il y avait des
commentaires sur le n° 44 aussi, et on est en plein
là-dedans.
Je profiterai du temps qui m'est imparti
aussi... Parce qu'on est tous très occupés, comme parlementaires, pendant les
journées à l'Assemblée nationale, et je ne prends pas pour acquis que
l'ensemble des députés de la partie gouvernementale,
qui siègent aussi sur d'autres commissions que celle qui a fait les
consultations... je ne prends pas pour acquis
qu'ils ont eu le temps d'entendre ce que sont venus nous dire les groupes. Et
je pense que c'est important pour eux, quand le ministre... Parce que j'entendais le
ministre tout à l'heure dire que... Bien, je ne sais pas, là. De toute
évidence, on n'a pas du tout la même
lecture de ce qui s'est dit pendant ces quatre journées-là, parce qu'il
semblait dire que son projet de loi est presque... a été reçu à bras
ouverts, et tout.
Je vous rappelle... puis je vais vous en citer
quelques-uns, mais là, bon, je vous rappelle, TEQ est abolie. Alliance Switch... Puis c'est des groupes, des
grands regroupements qui sont venus nous voir, qui ont une grande expertise
dans le domaine aussi. Alliance Switch est
venue nous dire que TEQ est un exemple de gouvernance à succès, tu sais, ce
n'est pas... c'est quand même assez clair,
que ça a fait preuve d'agilité, que le transfert au ministère de l'Énergie et
des Ressources naturelles est une erreur et va amener de la lenteur
administrative.
Fondaction,
CSN, qui nous dit, sur TEQ : «Il faut conserver et donner plus de
flexibilité et d'agilité à TEQ. Le ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles n'aura pas la souplesse et l'agilité de gérer TEQ.»
Écothech
Québec, qui est une grappe des technologies propres, donc, très impliquée aussi
dans les dossiers de lutte aux changements climatiques, nous dit : «TEQ
fonctionne bien et est agile. C'est incompréhensible qu'on le retourne dans un ministère et encore moins au ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles.» Il nous dit aussi, concernant le Fonds vert, qu'il doute «de la capacité du
ministère de l'Environnement de gérer ce fonds additionnel. Ils manquent
déjà énormément de ressources et ont du mal à répondre à la demande.»
Fédération
québécoise des municipalités, la FQM, nous dit aussi que «TEQ doit être
maintenue dans sa forme actuelle et
non intégrée au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles». La
fédération... Puis je vous les lis, hein, parce que je pense que c'est
de bon augure pour la suite de nos discussions, surtout pour nos collègues de
la partie gouvernementale, lorsqu'ils auront
à voter. Je pense que c'est des questions qu'ils doivent soulever à leur
collègue ministre de l'Environnement.
C'est des questions qui sont toutes louables. Puis je suis convaincue qu'ils connaissent des gens dans ces
différents regroupements là. Donc, ça devrait leur soulever certaines
questions.
La Fédération des travailleuses et des travailleurs
du Québec, la FTQ, est «inquiète de
l'abolition de TEQ et de la perte du
caractère indépendant de cet organisme».
Concernant l'abolition du Conseil de gestion du Fonds vert, ils notent
que «concentrer entre les mains du ministère un pouvoir discrétionnaire de
gestion, ça présente un risque puisque ça dépendra
du ministre en poste et du parti au pouvoir. Il y a un risque de politisation
des décisions. L'absence d'indépendance est inquiétante.» Donc, je vous rappelle, c'est exactement la raison
pour laquelle on avait mis sur pied le Conseil de gestion du Fonds vert.
L'Association
québécoise de la production d'énergie renouvelable, elle est contre le
transfert de TEQ au ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles. Ils nous disent : «TEQ fonctionne
correctement et a contribué à la conversion vers l'électricité verte.»
Ce n'est pas petit, là. Je sais que le gouvernement est aussi préoccupé que
nous par toutes les questions, justement, de
transition énergétique. Quand on a l'Association québécoise de la production
d'énergie renouvelable qui vient nous
dire à quel point TEQ a été efficace
et a bien contribué à réussir cet objectif-là, je pense qu'on devrait non seulement en tenir compte, mais se requestionner sur ce qui
est sur la table. Il souligne aussi... toujours l'AQPER souligne : «La mission de TEQ, soit de favoriser la transition énergétique, est totalement irréconciliable avec celle du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, qui défend et promeut l'exploitation d'hydrocarbures et octroie des
licences d'exploitation.»
Le Vérificateur général du Québec souligne qu'il
y a un enjeu de confusion entre la mission du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles et de TEQ puisque l'un est dédié à
l'octroi de licences d'exploitation d'hydrocarbures
et l'autre à la transition énergétique. Moi, si j'étais le ministre puis
si j'étais au gouvernement ou dans son caucus, je me questionnerais quand
même à ce que le Vérificateur général du Québec vienne, d'entrée de jeu, faire
ce genre de drapeau rouge.
La ville de Montréal, outre le fait... Puis là je vous passe plus les commentaires sur TEQ et sur le Conseil de gestion du Fonds vert parce
que, sur le Conseil de gestion du Fonds vert,
ils nous disent... Bon, il y a beaucoup d'incertitudes qui ont été soulevées en
lien avec l'objectivité et l'impartialité du processus de sélection des
projets. Et ils ont beaucoup d'inquiétudes
quant à l'abolition du Fonds vert, parce que la ville de Montréal a pu en
bénéficier abondamment, entre autres sur toute la question du transport.
• (17 h 20) •
Puis je vais
limiter mes commentaires beaucoup à TEQ puis au conseil de gestion, mais je
sais que j'ai des collègues qui vont
revenir sur la question du deux tiers, hein? En ce moment, là, le deux tiers du
Fonds vert, c'est écrit qu'il doit être dédié au transport. Et je ne sais même
pas si le mot «préoccupation» est assez fort pour ce que je souhaite affirmer.
Et, je pense, c'est un désaccord total et
complet. Et ça aussi, c'est partagé par l'ensemble des groupes qui sont venus
nous voir, de dire : Comment dans la lutte aux changements climatiques, comment
dans un contexte où 43 % des GES sont produits par le transport, comment dans un contexte où
notre priorité devrait être justement d'investir davantage dans le transport,
notamment le transport collectif, dans
l'électrification des transports, peut-on enlever cette obligation-là du deux
tiers d'octroi du Fonds vert au transport? Comment peut-on la laisser à
des fluctuations? Parce que, qu'on l'enlève, c'est une chose, mais il faut la remplacer par quelque chose d'autre. Et c'est
ça qui est... Moi, si le ministre veut le remplacer par le trois quarts... Parce que les groupes nous
ont dit : Nous, le deux tiers, pour nous, c'est un minimum, mais est-ce
qu'il la remplace par quelque chose?
Ce qu'il nous a dit, c'est : Non, non, non, n'ayez pas d'inquiétude, il
n'y a pas de... Ce n'est pas
remplacé. C'est un peu : Faites-nous confiance, puis ça pourra fluctuer
aux aléas des besoins puis des gouvernements ou des ministres en place. Mais fluctuer, ça fluctue dans un sens puis
ça fluctue dans l'autre. Donc, vous comprendrez qu'on partage les
inquiétudes qui ont été démontrées et soulevées par les groupes qui sont venus
nous voir.
Le
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec, même
chose : TEQ a démontré son
efficacité. Ils ne veulent pas que les travaux de TEQ soient ralentis par une
intégration au MERN. Et c'est la même chose
aussi, ils soulignent le fait que, d'avoir TEQ dans un ministère puis le Fonds
vert dans un autre, c'est sûr que ça va apporter des problèmes. Ce n'est même pas mon
opinion. Comme qu'on dit, ça a déjà été le cas, ça a déjà été démontré
que ça ne fonctionnait pas ou qu'il y avait des enjeux autour de ça.
L'Association
des transports collectifs ruraux du Québec, là, je sais qu'on a quand même
plusieurs députés qui sont présents
qui viennent de région, on devrait être attentifs au fait que cette
association-là, avec tous les enjeux qu'ils peuvent avoir, justement, pour développer du transport dans leurs
régions, sont préoccupés aussi par l'abolition de TEQ, par l'abolition du Fonds vert. Et leur inquiétude,
justement, puis elle est très louable, c'est que, de jouer dans les structures
comme ça, c'est écrit dans le ciel que ça va
entraîner des ralentissements dans l'attribution des différentes enveloppes
pour les différents programmes. Puis là ils soulèvent aussi toute la question
des enjeux de cohésion.
Normand Mousseau aussi, dont je vous parlais
tout à l'heure, le directeur académique de l'Institut de l'énergie Trottier, qu'on a entendu se prononcer à
plusieurs reprises sur toutes ces questions-là de lutte aux changements
climatiques, d'électrification, aussi, des transports, il dit, puis ce n'est
pas léger non plus, il dit : «L'orientation générale du projet comporte des failles et s'éloigne des
grands objectifs. Il n'y a pas de vision à long terme et donc aucune garantie
de poursuite des objectifs de réduction des GES.»
Moi, le
ministre peut bien nous répondre : Ce n'est pas un projet climat, mais on
a tous ce constat-là qu'il n'y a pas de garantie de poursuite des objectifs de
réduction de GES. Il n'est pas capable de faire la démonstration que ça nous
amène dans la bonne direction, pas capable
de faire la démonstration qu'il y a la moindre petite plus-value pour atteindre
les objectifs qu'on souhaite. Donc, à part brasser des structures, je ne sais
pas encore l'objectif qu'il poursuit avec ça.
Il souligne,
Normand Mousseau : aucun levier, aucun pouvoir de coercition pour le
ministre afin de forcer ses collègues à respecter ses avis. Donc, le
ministre nous dit : Mes avis vont être publics. Oui, mais ils vont être
publics après, puis il n'y a pas de pouvoir
de coercition sur ses collègues non plus. Donc, c'est ça... Et il souligne
aussi que le fait d'avoir TEQ et le
Fonds vert dans deux ministères... Je veux dire, vous allez trouver ça
redondant, là, mais je vous lis ce que les
gens nous ont dit en consultation. Donc, le ministre pourra nous dire après ça
que tout le monde était d'accord avec lui, mais c'est faux. Donc, il souligne que ce n'est pas efficace d'avoir TEQ
et le Fonds vert dans deux ministères puis, c'est ça, qu'il faut les
garder de la façon dont ils sont.
Le Conseil du
patronat du Québec, il dit que le succès de TEQ est indéniable et confirmé, et,
par rapport au Fonds vert, préoccupations quant à l'indépendance des
processus et à la politisation des décisions.
La Fédération
des chambres de commerce du Québec, ce n'est pas rien, ça, la Fédération des
chambres de commerce du Québec, qui
sont venus nous dire, de façon extrêmement claire à quel point TEQ est
appréciée des entreprises, des
entreprises en région aussi, à quel point... Puis on leur a posé la question : Est-ce que... Parce qu'il ne faut pas perdre
de vue que ce n'est pas un projet de loi qui touche... qui a seulement des considérations environnementales, c'est un projet de
loi qui a des considérations économiques.
Bien, quand on a la Fédération des
chambres de commerce du Québec qui
vient nous dire : On a des inquiétudes
sur la capacité de nos entreprises à obtenir leurs fonds aussi rapidement
qu'elles le font présentement, bien, il y a des enjeux économiques autour de ça.
Donc, ils nous ont parlé, justement, de la flexibilité,
et de l'agilité, et de la prévisibilité. Bien, ils nous ont dit : C'est
extrêmement important de conserver TEQ dans sa forme, c'est utile, c'est efficace, on l'apprécie, c'est
apprécié, c'est un succès. Et ils sont insatisfaits de l'abolition du Conseil
de gestion du Fonds vert aussi. Et, bien, je pourrais continuer comme ça assez
longtemps.
Je porterais
peut-être à votre attention... oui, le Conseil québécois des entreprises en
efficacité énergétique aussi, parce
qu'encore là, dans le dossier qui nous occupe, fort important, leur avis... et
qui nous disent : «...depuis sa création, TEQ a su démontrer un fort dynamisme et une réelle efficacité pour
collaborer avec l'ensemble du marché afin d'atteindre les cibles établies par la Politique
énergétique 2030[...]. L'écho du marché recueilli par les membres du
Conseil québécois des entreprises en efficacité énergétique témoigne
d'une grande appréciation de la clientèle à l'égard de TEQ.»
Ça fait que,
là, je pourrais passer le reste de la semaine à vous lire des commentaires
positifs sur TEQ, mais là je pense qu'on... Puis ce n'est pas... Très
honnêtement, je n'ai pas fait le tri pour vous prendre juste des commentaires positifs. Puis, si le ministre est capable de nous
amener un exemple contraire... Bien, ce n'est pas le cas. Ce n'est juste
pas le cas. Ce n'est juste pas le cas parce
que tous les groupes qui sont venus nous ont dit... On leur a tous posé la
question : Est-ce que vous avez
des commentaires, des reproches à faire sur l'agilité, sur la flexibilité?
Comme je vous dis, il y a des gens
qui vous ont dit : Est-ce qu'on pourrait faire un TEQ plus? Est-ce qu'on pourrait
fusionner le conseil de gestion avec
TEQ? Je veux dire, il y a certainement des aménagements qui peuvent être faits
pour revoir la gouvernance. Comme je vous dis, on n'est pas... L'idée, ce n'est
pas d'être obtus puis dire : Rien ne bouge, puis tout ce qui est en place
est parfait. Mais tout le monde nous a
dit : On est satisfaits de ce qui est en place. On est satisfaits. Est-ce
qu'on peut ajouter certaines choses? Ce n'est pas exclu.
Donc,
j'aimerais vous demander, Mme la Présidente, en cette Chambre, là, qu'on fasse
preuve de courage politique, parce que la gravité de la situation puis
de la crise le nécessite. Et j'offre toute ma collaboration, puis ce n'est pas
la première fois que je l'offre au ministre,
j'offre toute ma collaboration avec lui pour travailler sérieusement sur un
plan de lutte aux changements
climatiques, mais ce qui est déposé présentement, là, aucun gain, aucun gain.
S'il est capable de m'en faire la
démonstration... Bien, comme je vous dis, les groupes se questionnent aussi sur
cet élément-là. On prend des
structures, on prend des gens, on les déplace de département puis on continue
de faire la même chose mais avec moins de
transparence, moins de redditions de comptes, moins d'imputabilité, avec tous
les enjeux que de mettre ces missions-là dans deux ministères peuvent amener, avec le fait, comme je vous dis,
que ça a déjà été critiqué sévèrement par le Commissaire au développement
durable, par le Vérificateur général. Donc, je veux dire, c'est... Je reprends ce que j'ai dit au début, c'est
l'assurance... c'est faire le choix d'un échec. C'est faire le choix d'un
échec, et ça, c'est très malheureux.
Et la crise
que l'on vit aujourd'hui, c'est... que ce soient les experts, les
scientifiques, les groupes environnementaux, les syndicats, les économistes, les financiers, qui sont venus
identifier la crise climatique comme le plus grand enjeu auquel nous faisons face aujourd'hui. Et là c'est sûr
qu'on peut décider de se mettre dans des débats partisans de ce qui aurait dû être fait, comment ça a été fait, à quelle vitesse ça a
été fait. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que le Québec
n'est pas dans une situation
qui est différente de celle du monde entier, là. C'est une crise qui est
internationale. On peut continuer de jouer, comme je vous dis, à de la
partisanerie puis à se dire : Bien là, les gouvernements précédents
puis...
Moi,
je pense qu'on a un bilan qui est
enviable en Amérique du Nord. On a fait preuve d'un grand leadership au Québec
dans les... là, je vous dis, les 50, les 60, les 70 dernières années,
depuis qu'on a choisi l'hydroélectricité. On a fait des choix extrêmement verts, extrêmement audacieux, qui allaient
dans une direction tout autre que ce qui se faisait ailleurs. Et c'est pour ça
qu'aujourd'hui on est la société en Amérique du Nord qui a le moins de GES per
capita. Est-ce que c'est suffisant?
Évidemment que non. Ce n'est pas suffisant avec ce qu'on sait aujourd'hui. Mais
il faut aussi être conscient que la science a évolué, que le rapport... Les
chiffres dont on parle à l'heure actuelle et la crise climatique dont on parle à l'heure actuelle... Les signaux
d'alarme, ils étaient là depuis un moment, mais la crise dont on parle, c'est
le rapport du GIEC, automne 2018. Ce n'est pas il y a 10 ans, ce
n'est pas il y a cinq ans, c'est automne 2018. C'est là que les drapeaux rouges se sont levés, puis là c'est
des gros, gros, gros drapeaux rouges qui viennent nous dire : Il faut
redoubler d'efforts, il faut
accélérer et il faut arrêter d'être dans de la partisanerie puis d'être dans,
justement, de la structurite, là.
• (17 h 30) •
Puis
là je veux juste vous rappeler... au niveau de l'urgence, parce que c'est
important de l'avoir en tête aussi, là, selon le dernier bilan de l'Organisation
météorologique mondiale, la température, elle a augmenté de 0,2° de 2015 à aujourd'hui. Puis ça, c'est une situation
mondiale, là, ce n'est pas juste le Québec. C'est pour ça que je dis : Il
faut prendre acte du fait que c'est
une crise puis c'est une réalité à laquelle on fait tous face. Il n'y a pas de
société, à l'heure actuelle, qui peut
dire : Les gouvernements ont fait parfaitement, ils ont réussi, et la
crise climatique, et la lutte aux changements climatiques, n'est pas un
enjeu pour eux, là. Je veux dire, ça, ça n'existe pas à l'heure actuelle, là.
Et,
au rythme où on est aujourd'hui, le seuil de 1,5°, on va le dépasser en 2030.
Et les projections nous disent qu'à ce
rythme-là on va être à 4° de plus en 2098. Bon, vous me direz, 2090... Vous me
direz que c'est un peu loin peut-être pour nous, mais certainement pas
pour nos enfants, pour nos petits-enfants aussi.
Et la Banque
mondiale, puis là je sais que le ministre, des fois, il y a fait référence tout
à l'heure, a eu un petit accrochage... Ah!
il parlait de Greenpeace, mais il a surtout eu un accrochage assez important
avec La planète s'invite au Parlement,
puis j'ai encore un malaise de cet échange, de voir un regroupement qui
mobilise un demi-million de personnes au
Québec et qui... je ne veux pas dire «se fait bâillonner», mais a une réception
avec assez peu d'ouverture, et il se fait dire qu'ils tiennent un discours de peur, un discours radical, alors que
c'est un discours qui est porté sur la science qu'ils mettent de l'avant. Et c'est ce qu'ils nous demandent
aussi comme élus, comme décideurs, de porter nos décisions sur la science.
Donc, la Banque mondiale, j'imagine que le
ministre en conviendra, ce n'est pas... on n'est pas dans des organismes... on
n'est pas dans un organisme très
radical et très de gauche au niveau de ses approches non plus, mais il sonne
l'alarme encore plus fort que
d'autres groupes. Il nous met en garde contre ce réchauffement de 4°. Il
affirme qu'il n'y a aucune certitude,
à l'heure actuelle, que la planète puisse s'adapter à une telle hausse. Donc,
on a une responsabilité collective de s'assurer,
justement, de lutter contre ces changements climatiques, de travailler à
l'adaptation des changements climatiques.
Puis ce qui a été
souligné aussi, encore là, c'est que, dans le projet de loi qui a été déposé,
on ne parle pas d'adaptation aux changements
climatiques, on ne parle à peu près pas de lutte non plus, là, pour être très
honnête. Donc, je pense que ce serait
important de reconsidérer, que le ministre reconsidère ses objectifs, qu'il
reconsidère ses priorités par rapport
à ça et qu'il s'assure de... Encore là, un élément qui a été soulevé beaucoup,
puis les groupes qui sont venus nous voir étaient d'une... bien, d'une
pertinence puis d'une qualité dans le travail qui avait été fait. Comme je vous
le dis, ça a été... Ils sont arrivés
avec beaucoup de recommandations. Et un des éléments qui est revenu beaucoup,
c'est l'importance de se reposer sur la science, de justement sortir de ces
débats-là partisans, d'essayer de travailler tous ensemble pour un bien commun, de se reposer sur la science. La
science, qu'est-ce qu'elle dit? Bien, c'est les cibles qui ont été établies par
le GIEC. Bien, c'est d'insérer,
d'enchâsser ces cibles-là dans le projet de loi. On a parlé beaucoup de budget
carbone aussi.
Mais donc, en
terminant, je ne prolongerai pas plus que ça, Mme la Présidente, parce que je
pense qu'on aura certainement d'autres
occasions d'échanger sur ce projet de loi. Mais l'élément principal, là, puis à
bon entendeur, là... le ministre m'a
entendue à plusieurs reprises, je passe le message à ses collègues pour qu'ils
aient des échanges aussi avec eux...
avec lui, c'est : Pourquoi se défaire de quelque chose qui fonctionne
bien? Ça fonctionne bien, en ce moment, et TEQ et le Conseil de gestion du
Fonds vert. Est-ce que ça doit être bonifié? Est-ce que ça doit être fusionné?
Est-ce qu'on doit revoir certains éléments? Pourquoi ne pas travailler sur des
structures qui sont déjà en place puis qui ont fait la démonstration de
leur efficacité puis de leur succès? Pourquoi faire tabula rasa, puis
dire : Bien, je prends... ce n'est même
pas je prends le risque parce qu'on sait que ça ne fonctionne pas, donc
c'est... Au lieu de travailler avec ce qui est là, c'est vraiment, comme je vous dis, de faire table
rase de tout ça puis de ramener ça dans des ministères. Je pense que ce
n'est vraiment pas, vraiment pas la bonne direction.
Moi,
je pense que le ministre doit se questionner sur cet élément-là. Est-ce que sa
priorité, lui, son premier projet de
loi qu'il dépose, sur lequel il veut travailler comme ministre, c'est un projet
de loi qui vient abolir des structures qui fonctionnent, un projet de loi par lequel il n'est pas capable de nous
faire la démonstration des gains qui vont être faits, la démonstration
des gains en lutte aux changements climatiques, qu'il n'est pas capable de
faire la démonstration de la plus-value non plus? Quand on dépose un projet de
loi, je veux dire, tu sais, comme... la base, ce serait d'être capable d'expliquer les gains qu'on va faire avec le
projet de loi, puis le problème que ça vient corriger. Hein, un projet de loi,
il faut que ça règle un problème,
minimalement. Là, ça ne règle pas de problème, je veux dire, ça fonctionne.
Donc, je pense que toutes ces
considérations-là doivent être revues, puis j'aurais envie de lui dire, bien,
qu'il serait temps qu'il parle un petit peu moins de structures puis un
peu plus de lutte aux changements climatiques. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Maurice-Richard. Et maintenant je reconnais Mme la députée de Mercier.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, écoutez, je ne m'attendais pas à intervenir aussi rapidement sur le projet de loi n° 44, parce
que les consultations particulières se sont terminées la semaine passée, et je
pensais que le ministre allait prendre cette
semaine pour réfléchir à ce qu'il a entendu, aux mémoires qu'il a lus pour
pouvoir améliorer, modifier, changer, ajouter des éléments dans son
projet de loi. Et peut-être qu'il va le faire cette semaine. Peut-être qu'il va
s'inspirer de ce qui va être dit dans cette Chambre durant cette étape
d'adoption du principe pour le changer et
l'améliorer. En tout cas, je le souhaite. Je ne l'ai pas senti dans son
discours qu'il a fait tout à l'heure, et je le souhaite, mais, en même temps, je suis inquiète. Je suis inquiète parce
que je me demande, surtout depuis la dernière journée d'interventions avec les
derniers groupes qui sont venus, à quel point le ministre garde l'esprit
d'ouverture qu'il a eu, en tout cas
qu'il a dit qu'il allait avoir, tout au long de l'étude de ce projet de loi,
dans ses remarques préliminaires. Donc,
voilà. Donc, je vais... Il y a beaucoup, beaucoup d'éléments qui pourraient
être ajoutés dans ce projet de loi, et je vais en faire part.
La première,
très importante, c'est que, naïvement, je pensais, puis je pense que les autres
groupes d'opposition aussi, les
autres porte-parole des partis d'opposition le pensaient, que le projet de loi
n° 44 était un projet de loi sur le climat. Bon, ça dit que c'est sur la gouvernance efficace de la lutte contre les
changements climatiques et pour favoriser l'électrification. Mais on pensait qu'étant donné qu'il voulait
revoir les responsabilités, que c'était une loi sur le climat, c'était, en tout
cas, la loi sur le climat dont le Québec a besoin. Et pourquoi je
pensais ça, que c'était une loi sur le climat, si on veut, à la sauce CAQ? Bien, parce qu'à l'Assemblée nationale,
il n'y a pas si longtemps, on a déclaré l'urgence climatique. Ici, tout le
monde ensemble, tous les députés se sont
levés pour dire : Oui, nous reconnaissons, en tant qu'élus du Québec,
qu'il y a urgence climatique, et donc
il faut que nous agissions en conséquence. Donc, ça, c'est une des premières
raisons qui fait que je me suis dit : Bien, cette loi-là, c'est une
loi sur le climat.
Aussi, le
ministre n'a pas arrêté de reprocher au gouvernement précédent qu'on n'ait pas
atteint les cibles qu'on s'était
fixées. Donc, cette année, il aurait fallu qu'on atteigne la cible de réduction
de 20 % par rapport à 1990. On n'est même pas à 9 %. On est à 8 point quelque chose. Donc, force
est de constater qu'on n'a pas atteint la cible. Et le ministre n'a pas arrêté
de dire que c'était incroyable qu'on ne l'ait pas atteint et qu'il faut tout
mettre en oeuvre pour que, la prochaine
fois, on l'atteigne. Et ça, il l'a répété maintes et maintes fois. Et donc je
me suis dit : Bien, la loi qu'il nous présente maintenant, c'est une loi pour nous permettre
d'atteindre les cibles, et donc c'est une loi sur le climat. Le ministre,
aussi, nous a annoncé, donc, en
grande pompe qu'il va faire les choses différemment quand il a présenté le
projet de loi pour justement atteindre ces cibles.
• (17 h 40) •
Donc, pour
toutes ces raisons, c'était tout à fait normal qu'on pense qu'on était face à
une loi sur le climat. Mais on a eu la réponse de façon très claire, au moins,
ça avait le mérite d'être clair, lors de la dernière journée, devant un des
groupes, je pense que c'était devant La planète s'invite au Parlement, qu'il
nous a dit : Bien, vous vous trompez, je ne sais pas de quoi vous parlez; ça, ce n'est pas une loi
sur le climat. C'est juste là, après quelques semaines, qu'on a compris
que ce n'était pas une loi sur le climat. C'est ce que le ministre, en tout
cas, il a dit noir sur blanc.
En fait, ce
que moi, j'ai envie de dire au ministre, c'est que... Puis, tout à l'heure, il
l'a dit : Ça ne le sera pas non plus,
une loi sur le climat. Peut-être qu'un jour on y reviendra. Mais, quand on a
déclaré l'urgence climatique, à l'Assemblée nationale, ce n'est pas pour dire : Bien, peut-être qu'un jour on
va agir pour que ça change, puis aujourd'hui on va juste s'occuper de structures puis de changer quel
ministre va s'occuper de quoi, puis, après ça, bien, on se verra, puis on va se
doter d'une loi sur le climat. Mais il y a une urgence que le ministre
reconnaît, que l'Assemblée nationale reconnaît, que tout le monde
reconnaît. Bien, il faut agir en conséquence.
Et la
conséquence de ça, c'est de dire : Bien, nous devons nous doter d'une loi
sur le climat et, notamment, en ayant toutes sortes d'éléments. Les cibles en
feront partie. Donc, au lieu de dire : On va le faire plus tard, bien, on pourrait s'épargner beaucoup de temps puis d'en
gagner, vu qu'on a un projet de loi devant nous, ici, qu'on pourrait changer. Parce
que ce projet de loi, il est amendable, il est possible d'apporter beaucoup
d'amendements, il y a des groupes qui l'ont fait. Et moi, j'en ai beaucoup pour le ministre, pour ajouter beaucoup
d'éléments qui vont faire que cette loi-là qui parle de la lutte aux
changements climatiques, bien, qu'elle va être une vraie loi sur le climat qui
se respecte, comme celles que les pays
qui s'en sont doutés en ont une. On ne peut pas encore attendre et attendre aux
calendes grecques pour en avoir une.
Et donc moi,
je suis prête à travailler avec le ministre. Et là je vais lui exposer, je vais
exposer à tout le monde ici les
éléments que devrait contenir ce projet de loi pour en faire une vraie loi sur
le climat au lieu d'en avoir une autre. Mais, pour ça, bien, ça prend
une ouverture, une plus grande ouverture que celle que le ministre a fait
preuve lors de la dernière journée des consultations particulières.
Ça prend aussi une volonté politique de
dire : Bien, moi, j'y crois. Oui, il y a urgence, puisque c'est ce que le
ministre nous dit; oui, le Québec devrait éventuellement se doter d'une loi sur
le climat. Il nous dit : Pas aujourd'hui. Moi, je lui dis : Bien, pourquoi pas? On peut le faire maintenant.
Et donc, s'il reconnaît tout ça, il pourrait dire : Bien, j'ai la volonté politique d'aller de l'avant. Mais moi,
je me pose la question s'il a cette volonté politique là. En tout cas, son
attitude des derniers jours n'a pas été rassurante et ne nous permet pas de
garder espoir. Mais je vais quand même tenter de le convaincre et
j'espère que lui-même va pouvoir convaincre aussi le Conseil des ministres pour
que cette loi-là devienne une vraie loi sur le climat.
Je voudrais revenir sur les consultations
particulières. J'ai parlé du groupe La planète s'invite au Parlement, il y avait Greenpeace, il y en a eu beaucoup
d'autres qui sont venus. Je voudrais parler de deux témoignages que je
qualifierais de témoignages-chocs,
lors de cette consultation particulière, qui nous ont vraiment jetés à terre
quand on a entendu ces témoignages-là.
Le premier, c'était celui de Mme Chagnon, la P.D.G. du Conseil de gestion du
Fonds vert, qui a révélé qu'elle n'a jamais été capable, depuis la création du Conseil de gestion
du Fonds vert, donc en 2016, si ma mémoire est bonne, donc c'est même avant la
CAQ... qu'elle n'a jamais pu faire son travail correctement. Donc, sur du
papier, on reconnaissait à la P.D.G.
et au Conseil de gestion du Fonds vert certaines responsabilités, mais le
transfert ne s'est jamais opéré, et
donc elle n'a pas pu, par exemple, ne serait-ce qu'obtenir les états financiers
du... gestion du Fonds vert pour les
regarder. Imaginez, c'est le Conseil
de gestion du Fonds vert qui demande
au ministère, au ministre, aux fonctionnaires du ministre de l'Environnement d'avoir les états financiers vérifiés,
et, même ça, elle ne les a pas. Donc,
comment est-ce qu'elle
pourrait, elle et son équipe, faire son travail?
Donc, ça, ça
a été quelque chose qui, en
tout cas, nous a profondément heurtés de savoir ça, surtout que
c'est quand même énormément d'argent.
C'est 1,6 milliard de dollars qui dorment dans les caisses, donc, de ce
fonds-là, et les sommes auraient pu être réallouées, mais ça n'a pas été
le cas parce qu'elle avait les mains liées, elle ne pouvait pas travailler.
Il y a aussi
un autre témoignage qu'on a eu lors des consultations particulières, c'était
celui de M. Paul Lanoie, donc le
Commissaire au développement durable, qui relève du bureau de la Vérificatrice
générale du Québec, et lui-même nous a informés qu'il a essayé d'auditer les
états financiers 2017‑2018, mais il n'a pas pu le faire. Pourquoi? Parce
qu'au sein du ministère personne n'a été capable de répondre à ses questions,
personne n'était capable de le faire. Il a tenté à d'autres reprises de reprendre le travail pour le faire, mais, à
chaque fois qu'il recevait des documents, c'était bourré d'erreurs, ce qui faisait qu'il ne pouvait pas
travailler. C'était du n'importe quoi qu'il recevait. Il a dit : Bien, je
ne peux pas travailler comme ça, donc
je ne peux pas auditer. Et il disait que c'était la plus basse note qu'on peut
donner lors d'un audit financier.
Donc, ça,
c'est des éléments qui ont énormément inquiété les membres, donc, de la
commission. J'espère que le ministre
aussi... j'imagine qu'il était déjà au courant de tout ça et qu'il a été aussi
choqué. Mais là une des actions qui a été faite par le ministre, au lieu de dire : Bien, il faudrait
peut-être que les choses changent, il faudrait que, face à ce cafouillage,
qu'on donne peut-être... qu'on clarifie les
rôles et les responsabilités du Conseil
de gestion du Fonds vert, qu'on demande aux gens du ministère de répondre aux questions du Commissaire au
développement durable pour qu'il puisse faire son travail. Eh bien, non, ce que le gouvernement a décidé : Bien, ça ne marche pas avec le Conseil de gestion du Fonds vert, ça a
été très, très présent dans les médias, on sait que ça ne marche
pas, donc on l'abolit. Alors que, quand la P.D.G. est venue et nous a exposé la situation,
n'importe qui a compris qu'elle ne pouvait pas faire son travail et l'accomplir
de la bonne façon avec aussi peu de moyens, où est-ce qu'on ne lui
remettait pas les documents. Et ce qu'on sentait, c'est qu'il y avait des gens qui
avaient une chasse gardée. Ils ne voulaient pas donner les documents,
ils voulaient les garder avec eux et non pas les transmettre de façon
transparente.
Donc, ça,
c'est quelque chose qui a été extrêmement inquiétant,
surtout qu'il y a eu même une motion à l'Assemblée nationale qui a été votée, demandant à ce que les
gens dans le ministère de l'Environnement puissent offrir, de façon transparente, tous les documents
pour permettre au Vérificateur
général, donc au Commissaire au
développement durable, de faire son
travail sur le Fonds vert, parce
que ça ne pouvait pas continuer. Et
ça a été même un ordre de la Chambre, et, malgré ça,
c'était quelque chose qu'il n'a pas été possible de faire.
Donc, moi, je
ne m'explique pas ce cafouillage. Peut-être que le ministre connaît des éléments que nous, on ne connaît pas,
mais ce que je ne comprends pas puis ce que je ne m'explique pas, c'est d'avoir
décidé de simplement abolir le Conseil de gestion du Fonds vert au lieu
de faire les changements qui s'imposaient.
Donc là, ce
qu'il a décidé de faire en l'abolissant, c'est, dans le fond, c'est de se
donner une sorte de chèque en blanc,
de dire : Bien, le Fonds vert, qui va s'appeler maintenant le FECC, le fonds d'électrification et de lutte aux changements
climatiques, ça ne sera plus le Conseil de
gestion du Fonds vert, ça va être comme dans l'ancien temps, comme avant la
création du conseil de gestion, et ça va être le ministre de l'Environnement
qui va décider comment est-ce que ces montants-là vont être alloués.
Donc, qu'est-ce
qu'on perd avec ça? Au lieu de corriger la situation, parce qu'il y avait
une problématique qui nous a été
exposée par la P.D.G. de façon claire, au lieu de corriger la situation,
d'en prendre acte, bien, on dit : Bien, non, on l'abolit, et ça va être le ministre, derrière
les portes closes, sans transparence, qui va décider de quelle façon est-ce que
ces sommes vont être allouées, qui va
décider de dire oui ou non, par
exemple, à un projet d'un ministère,
de son collègue, ou non à un autre,
etc. Donc, ça va être totalement mis derrière les... dans le fond, la
partisanerie. Parce ce que, cette loi-là, si elle est votée telle quelle, bien, elle va rester là pendant de
nombreuses années et ça va être le politique qui va décider comment est-ce que cet argent-là, l'argent qui
devrait servir à la transition, va être alloué au lieu que ce soit un organisme indépendant.
Le ministre
qui nous dit : Bien... quand il a justifié cette façon de faire, il
dit : Bien, c'est parce que c'est important, c'est moi, le ministre. Il faut que le ministre
soit imputable. Le ministre ne peut pas dire : Bien, ce n'est pas de ma
faute, c'est le Conseil de gestion du Fonds vert comme ça se faisait
dans le passé, je suis imputable, donc c'est moi qui dois le faire. Et, si ça ne fonctionne pas, bien, en
2022, lors des prochaines élections, vous ne m'élirez pas, vous n'élirez pas la
CAQ parce que vous aurez vu que, bien, ça
n'a pas marché, que le Fonds vert ou le FECC n'aura pas été alloué de la bonne
façon, puis tant pis. Mais le problème,
c'est qu'on est en urgence climatique, on ne peut pas commencer à faire des
essais et des erreurs. Ce qu'il faut
faire, c'est apprendre des erreurs du passé, qu'est-ce qui n'a pas marché
avant, pour vrai, et de les régler au
lieu d'y aller à la tronçonneuse, puis dire : Bien, on abolit tout, puis
on recommence à neuf. Puis, en fait, on ne recommence pas à neuf, on recommence
dans le vieux parce qu'on fait exactement ce qui se faisait avant, où c'était le ministre
qui s'en occupait.
• (17 h 50) •
Moi, ce que
je me demande aussi, c'est : Est-ce que le ministre va au moins, après
avoir aboli le Conseil de gestion du
Fonds vert, tenir compte de ces recommandations? Parce qu'il y a eu le plan stratégique du conseil de gestion
qui a été présenté avant les fêtes, en décembre, et il y avait des conclusions
et des priorités qui étaient dans ce plan stratégique. Ce que j'aimerais savoir, puis le projet de loi n° 44 n'y répond pas... Est-ce que ces éléments-là,
ces priorités-là qui ont été amenées
par le conseil de gestion, est-ce qu'elles vont être prises en compte par le ministre?
J'aimerais qu'il puisse nous le dire.
Donc, je vais
les nommer. Il y a quatre priorités, c'est d'améliorer l'adéquation entre les objectifs
du Fonds vert et les actions qu'il finance. Là, on peut
dire : Bien, oui, c'est tout à
fait logique, mais ça a été quand même
important de le dire, parce qu'on a vu, par exemple, des choses
farfelues qui ont été... des projets farfelus qui ont été financés par le Fonds vert
qui ne vont pas dans le sens de la transition. Donc, il faut s'assurer que,
quand on a des objectifs, bien, que ce qui est financé par le Fonds
vert, bien, soit alloué pour que des actions soient mises en place qui vont
nous permettre d'atteindre ces objectifs-là.
Donc, le Conseil de gestion du Fonds vert, ce que dit le plan stratégique dans cette
priorité-là, élaborera des lignes directrices
afin de définir ce qui peut être financé par le Fonds vert. Donc, au lieu que
ce soit le flou puis que ce soit... qu'on décide un petit peu comme ça,
bien, il faut qu'il y ait des lignes directrices qui puissent le définir, et
ces lignes directrices doivent faire aussi
l'objet d'une consultation, une consultation chez les gens qui s'y connaissent,
là, pas une consultation publique nécessairement,
et la gouvernance du Fonds vert doit se faire dans les perspectives de développement durable, donc respecter les 16 principes du développement durable. Et le Conseil de
gestion du Fonds vert incite aussi
les ministères et organismes à tenir compte de ces principes quand ils
présentent une demande, une nouvelle demande de financement, de faire
déjà le travail, de dire : Est-ce que ça respecte ce principe-là,
développement durable, quand ils présentent
le projet, pour avoir plus de chance que ce soit accepté? Donc, ça, c'est, un, l'adéquation entre les objectifs
du Fonds vert et les actions qu'il finance.
Deuxième
priorité que le conseil de gestion, avant sa mort, nous dit qu'on devrait en
tenir compte, ça serait de renforcer la gestion axée sur les résultats. Ça
aussi, ça peut tomber sous le sens. Et je sais qu'il y a toute une réforme qui
est en train d'être faite par le président du Conseil du trésor. Et je pense
qu'il peut comprendre ça, de dire, bien, que c'est important que chaque ministère, s'il veut
atteindre ses actions, il faut que ça soit des... il faut qu'il y ait des
indicateurs de performance, il faut
qu'ils soient mesurables, chiffrés, il faut que les actions, ça rime avec ça.
Donc, c'est un petit peu la même
chose. Les changements climatiques et la question des gaz à effet de serre, il
faut un peu le faire avec la même rigueur avec laquelle le gouvernement veut, par exemple, gérer les finances
publiques ou qu'il veut gérer les actions du gouvernement.
Donc, le
Conseil de gestion du Fonds vert privilégie une gestion par projets, axée sur
les meilleurs résultats, en fonction
des objectifs préétablis et les éléments de gestion prioritaires. Il nous
nomme... qui seront intégrés pour chaque projet. C'est des objectifs précis et mesurables, un indicateur et une
cible, un budget détaillé, un échéancier, des risques qui sont déterminés, des mesures d'atténuation, un
cadre d'évaluation. C'est toutes des choses avec lesquelles, normalement, le
gouvernement, en fait, devrait être
familier, mais qui n'ont jamais été appliquées pour le Fonds vert et qui
devraient l'être.
Et un élément
extrêmement important, c'est d'accroître la transparence. Ça, c'est le
troisième élément que le Conseil de gestion du Fonds vert met dans son
plan stratégique, c'est d'accroître la transparence. Et même qu'ils disent... Conformément à ce que la Commission de
l'administration publique, donc la CAP, recommandait, c'est qu'il y ait un
tableau de bord du Fonds vert, donc
d'élaborer un tableau de bord, comme ils le disaient, pour pouvoir évaluer les
projets, et d'adopter des lignes
directrices aussi en matière des frais d'administration, comme le recommande
aussi la Vérificatrice générale. Donc, ça, c'est des éléments qui devront être
tenus en compte. La transparence, c'est extrêmement important. Mais là, avec le fait que le Fonds vert sera au
sein du ministère comme c'était le cas avant, bien, je ne sais pas si cette
recommandation-là va être suivie.
Quatrième recommandation du plan stratégique,
c'est d'améliorer le modèle d'affaires du Fonds vert et du Conseil de gestion du Fonds vert. Mais là il sera
aboli. Donc, ce qu'il demande, c'est de profiter de la transition entre la
PACC, donc le plan d'action de lutte aux
changements climatiques, qui se termine en 2020, et le PECC, qu'il y ait un
arrimage pour faire un étalonnage des meilleures pratiques à travers le
monde dans la gestion du Fonds vert, donc de ne pas réinventer la roue, de
s'inspirer des meilleures pratiques. Et aussi, bien, à la fin, le conseil était
supposé faire des recommandations, mais
voici les recommandations du Conseil de gestion du Fonds vert. Et j'espère qu'à
la suite de son abolition, au moins, on va tenir compte de ses
recommandations.
Maintenant,
je vais... Ça, c'est le Conseil de gestion du Fonds vert. Ça, c'est un élément.
Dans le projet de loi, il y a un
autre élément fondamental qui est TEQ, Transition énergétique Québec. Ça, c'est
la partie moins compréhensible encore
que le Conseil de gestion du Fonds vert, parce que tout le monde, en fait,
100 %... Je pourrais m'avancer et dire : 100 % des gens qui ont
travaillé avec TEQ... Le ministre me dit non, mais, bon, peut-être une
personne, mais, vraiment... Et là,
quand je dis «tout le monde», c'est le Conseil du patronat, les
entreprises, là, il y a eu aussi les syndicats. Il y a eu les groupes qui sont venus aussi nous parler, les
groupes en environnement, qui s'y connaissent, ceux qui ont travaillé avec Transition énergétique Québec ont dit que ça
fonctionne, c'est efficace, c'est maniable. C'est de ça qu'on avait besoin il
y a longtemps, cette rapidité-là
de réponse et pas... moins de bureaucratie, hein? Le gouvernement n'aime... veut qu'il y ait moins de bureaucratie. Bien, TEQ faisait exactement
ça. Et même que, si je me rappelle bien de la statistique, c'est que 60 % des actions du plan directeur, donc, de la transition, ont été
atteintes avec 18 % des ressources du Fonds vert.
Donc, c'est
vraiment quelque chose qui marche très bien. Est-ce que c'est parfait? Bien
non, il n'y a rien de parfait dans la vie, c'est impossible. Est-ce
qu'il y a des choses qui pourraient être améliorées? Tout à fait. Mais,
vraiment, il n'y a pas de problème. En fait,
s'il y avait des problèmes, c'est plus que cet organisme-là avait moins de
pouvoir, avait moins... ne faisait qu'exécuter la transition et les actions, au
lieu de même de les planifier, alors qu'il aurait tellement... il y a
tellement d'expertise dans Transition énergétique Québec, tellement de
compétence que ces gens-là pouvaient eux-mêmes
aussi planifier quelles sont les actions qui devaient être priorisées pour
atteindre les cibles de réduction de gaz à effet de serre.
Il
y a même un organisme, c'est Équiterre, qui nous a dit, et j'ai retenu sa
phrase, qui dit exactement ce que c'est : L'abolition de TEQ, c'est une solution qui se cherche un problème. En
fait, on le cherche, le problème. Comme je le dis, tout est perfectible, c'est possible de le
perfectionner, TEQ. Mais en quoi est-ce que ça va l'améliorer en le mettant
dans un ministère? Et encore on
aurait pensé le ministère de l'Environnement, mais non, surprise! c'est le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, je ne sais pas
pourquoi. Donc, c'est vraiment quelque chose qu'on ne s'explique pas.
Donc, ce qui
est très, très important, en plus de ça... Donc, on ne s'explique pas pourquoi
est-ce que le Conseil de gestion du
Fonds vert a été aboli au lieu d'être amélioré suite à ce qu'on a entendu en
commission. On ne s'explique pas pourquoi TEQ est abolie et mise sous le
ministère, alors que les gens aimaient cette agilité-là et cette rapidité-là d'action. Et, en plus, il a été réellement
efficace. Si on regarde les indicateurs puis les chiffres, il a été réellement
efficace, avec le 60 %, en peu
de temps, des actions qui ont été atteintes. Et il pouvait aller encore plus
loin, mais on lui a coupé les ailes
et on lui dit : Non, maintenant, tu vas aller dans une case, tu
n'existeras plus. TEQ n'existera plus, et ça va aller dans une case sous
le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Même que les groupes qui sont venus, que ça soit
les entreprises, les ONG, les... ce qu'ils nous ont dit : Au contraire, il faut aller plus loin. Au lieu d'abolir ça
puis de mettre ça à l'intérieur de l'appareil gouvernemental, il faut aller
plus loin et mettre toute la question de la transition... que ce soit le Fonds
vert, que ce soit la planification de la transition énergétique, que ce
soient les actions du plan directeur dont TEQ s'occupait, tout ça, il faudrait
que ça soit, au contraire, dans un organisme indépendant. Il y en a qui
parlaient même d'une société d'État.
Et il
faudrait que... au lieu que ça soit dans un ministère en particulier, il faut
que ça aille même... que ça relève, cet organisme indépendant, du Conseil des
ministres. Il y en a même qui ont voulu inspirer le ministre, qui lui ont dit :
On pourrait même l'appeler TEQ 2.0 ou... peu
importe le nom qu'on lui donnera, il faut surtout rapidement sortir toute la
question de la transition des mains de
l'appareil gouvernemental et du gouvernement et que ça soit dans un organisme
indépendant au plus haut niveau. Il faut que ça soit le Conseil des ministres
qui le chapeaute.
Et, je
voudrais revenir... Moi, ce que je ne comprends pas, c'est pour quelle raison
est-ce que c'est le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles,
et je vais pouvoir y revenir...
• (18 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Et voilà, Mme la députée de
Mercier. Alors, vous venez de mentionner que vous n'avez pas terminé votre intervention, et je vais vous inviter
à poursuivre un peu plus tard, à 19 h 30, alors que nous
reprendrons le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 44.
Débats de fin de séance
Maintenant,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons procéder aux trois débats de fin de
séance. Le premier débat portera sur
une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
concernant la démobilisation des parents et des enseignants face à la loi n° 40 du gouvernement caquiste imposée sous bâillon.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, la députée qui a
soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a
ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Mme la députée de Saint-Laurent, je vous cède la
parole pour une durée de cinq minutes.
Réactions des parents et
du corps enseignant à l'adoption du projet
de loi modifiant l'organisation et la gouvernance scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Maintenant, il faut
l'appeler la loi n° 40. Cette loi n° 40,
il faut quand même retourner un petit
peu la semaine dernière, lundi, pour être plus précise, le premier ministre
disait : Tout a été dit, il y a
maintenant urgence d'agir, et on doit mettre fin aux études détaillées, on doit
mettre fin aux discussions. Pourquoi? Parce que tout a été dit.
Le lendemain,
moins de 24 heures après la déclaration du premier ministre, le ministre
lui-même s'autofilibustait en
déposant 82 amendements, et, clairement, tout n'avait pas été dit. Par
contre, le premier ministre continue à dire : Non, menace de
bâillon, car tout a été dit.
Alors, finalement, mercredi, alors que nous
venons tout juste d'adopter un amendement avec le ministre... Parce que, oui, on a travaillé de concert pour
venir modifier et bonifier son projet de loi. Par contre, mercredi, pouf! fin
des échanges, on apprend qu'on est en
bâillon et qu'on enlève aussi des cinq heures de travail, car, le ministre, ça
ne lui tentait plus de répondre à nos questions.
Vendredi, par contre,
après que tout a été dit, une autre quinzaine d'amendements, du ministre
toujours. Après notre débat
restreint, alors qu'on a déjà eu une surprise d'apprendre, par un des
amendements qui s'est glissé dans la pile, que, les élus scolaires, bien, c'était terminé, leur mandat, de façon
immédiate, de façon cavalière, et qu'on les remerciait... Bien, en fait, même pas remercier, parce que le
ministre n'a même pas cru bon de leur dire merci pour leurs années de services. Particulier. Mais, après le débat
restreint de cinq heures, on nous redépose une pile d'amendements. Donc, au
total, il y a environ 160 amendements sur un article... sur un
projet de loi, pardon, qui en contenait 312 initialement.
On apprend, entre minuit et 2 h 30 du
matin, et c'est vous-même qui en faisiez la lecture... D'ailleurs, je tiens à vous féliciter. Ça a été long. Et on y a tenu,
car le leader du Parti libéral a demandé qu'on fasse la lecture et qu'on ne
fera pas l'économie de ne pas lire et de ne pas être rigoureux. Et là-dedans il
y a un amendement de sept pages, vous avez bien compris,
sept pages qu'on apprend quoi? Bien, que, désormais, bien, le ministre de
l'Éducation annonce à l'ensemble de la population, sans avoir discuté avec le
monde municipal, bien, que, finalement, bien, les terrains, les directions
générales, là, les D.G. vont pouvoir...
Choisir,
c'est une chose, mais les acquérir à titre gratuit, c'est autre chose. Et
habituellement on essaie de discuter avec
tous nos partenaires et de s'assurer de rassembler les gens autour d'un projet
de loi pour avoir un franc succès. Mais, la loi n° 40,
on peut comparer ça avec l'achat forcé d'une maison. C'est comme si on a un
vendeur qui vous dit : Tu en as besoin, mais tu en as vraiment,
vraiment besoin, de cette maison-là, fais le tour par en arrière, tu n'as pas
le droit de rentrer à l'intérieur, n'amène
pas ton agent d'inspection, puis on passe chez le notaire rapidement, laisse
faire de lire le contrat notarié,
puis, savez-vous quoi, garantie légale, oublie ça, tu n'en as pas le droit,
puis que par la suite on apprend les vices
cachés les uns après les autres, puis on se tourne vers qui? Parce que,
clairement, on n'a plus envie de répondre du côté gouvernemental. Ça
s'accumule.
Après tout,
on regarde maintenant... Sa loi n° 40 a réussi à avoir la
quasi-unanimité des gens les plus importants, des parents notamment... qu'à matin il y a une panique. Une panique pour
quoi? Bien, c'est parce qu'ils n'ont pas été entendus. Une panique parce que, Mme la Présidente, c'est
une trentaine de lettres qui ont été écrites au premier ministre ainsi qu'au
ministre de l'Éducation. Qui viennent de
qui? Bien, de parents, des comités de parents, à l'ensemble du Québec, qui
disent : Bien, nous, notre voix
à nous, vous venez de la réduire, et plus particulièrement, et c'est là que
j'ai de la misère à suivre si c'est
volontaire de la part du ministre ou si c'est simplement un oubli, des comités
de parents d'enfants avec un handicap ou
une difficulté d'apprentissage ou d'adaptation. Comment se fait-il qu'il ne
leur reste pas une voix au chapitre, alors que c'est décrié? C'est quand même
le deux tiers des parents qui représentent le deux tiers des enfants dans le réseau.
Il s'est mis
à dos qui d'autre? Les enseignants. Bien oui. Dans la Semaine des enseignantes
et enseignants, on les insulte en
disant : Bien, oui, vous, vous avez droit à 20 journées de congé,
alors que c'est des pédagogies. Clairement, le premier ministre ne comprend pas la réalité des enseignants. Au lieu
de s'excuser, il en rajoute. Et là maintenant c'est le monde municipal.
Alors, si on
veut faire de l'éducation une priorité, habituellement, Mme la Présidente, on
veut avoir plein de monde autour de
nous. Aujourd'hui, moi, je pose la question suivante au ministre de
l'Éducation : Est-ce qu'il a finalement réalisé que ça, c'est son
PECC à lui?
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Saint-Laurent. Maintenant, je cède la
parole à M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. Et vous disposez, vous aussi, d'un temps de
parole de cinq minutes.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Un des
enjeux importants qu'on a au Québec, c'est la pénurie de locaux, la pénurie
d'écoles, la pénurie de classes. Et, pour les classes qu'on a, bien, c'est la
qualité des infrastructures qu'on a, la
qualité des locaux, la qualité des gymnases, la disponibilité des locaux pour tout simplement manger, les cafétérias, des
salles polyvalentes, comme on appelle dans les écoles primaires, pour le service de garde, une bibliothèque, un local informatique,
un local pour le psychologue, ou le psychoéducateur, ou l'orthophoniste pour
aider les élèves vulnérables.
Alors, pourquoi on n'a pas assez de classes et
pourquoi celles qu'on a sont bien souvent en piteux état? Bien, parce que, dans les dernières années, les derniers
gouvernements n'ont pas accordé d'importance à l'éducation quand c'était
le temps de faire des... de prendre des
décisions politiques, d'allouer des budgets ou d'allouer ce qu'on appelle de
l'argent dans le PQI, le Plan
québécois des infrastructures. Donc, ce n'est pas un hasard si, en ce moment,
on manque de locaux, si on manque de classes, si on manque d'écoles, si
des frères et des soeurs, des fois, sont séparés d'école, si des enfants habitent en face d'une école mais n'y ont pas
accès parce qu'elle déborde, doivent prendre l'autobus pour aller à l'autre
bout de la ville.
Ça s'explique
par des chiffres. Comme ma collègue aime bien les chiffres, je vais lui montrer
quelques tableaux. Alors, ici, ce sont les informations par rapport aux
rénovations d'écoles. Alors, l'argent dédié à entretenir nos écoles pour que les lieux soient sains, pour ne pas qu'il
y ait du champignon dans les murs, pour ne pas qu'il y ait du plomb dans
l'eau, hein — oui, parce qu'on est en train de régler ça
aussi — ou des
champignons dans l'air, alors rénovations des écoles, ici, 366 millions, on est en 2011-2012,
gouvernement libéral; 2012-2013, 387 millions. C'est de l'argent,
387 millions, quand même, mais, quand on regarde ce qui s'en vient
ici, tout est relatif. Après ça, années péquistes, péquistes, gouvernement libéral, libéral. Oh! c'est drôle, ça
monte à mesure qu'on approche de l'échéance électorale, hein? Oh! ça devient plus important à la fin du mandat, mais ça
n'a rien à voir avec la première année du mandat de la Coalition avenir
Québec.
Donc, on ne
fait pas seulement qu'en parler, des rénovations d'école. On ne fait pas
simplement que dire : Oui, c'est
important de prendre soin des enfants. On le fait. Donc, il y aura des travaux
cette année, qui n'ont pas été faits depuis des dizaines d'années. Pas
par hasard, l'argent n'était pas là. Ce n'était pas important. Cette année,
c'est important.
Maintenant,
le projet de loi n° 40 s'occupe de la question de la construction
d'écoles, donc agrandir nos écoles, construire des écoles, pas seulement
que les rénover. Mais, pour construire des écoles, d'abord il faut planifier.
Ensuite, il faut avoir l'argent pour construire et les terrains.
Le projet de loi n° 40 arrive avec une solution à un problème qui
était connu par le précédent gouvernement
libéral. Il avait fait un comité. On n'est pas surpris, c'est la solution
classique de ce précédent gouvernement. En 2017, il avait fait un comité, qui
avait fait un rapport. En 2018, ils ont dit : Bien, on va faire un autre
comité. Puis après ça, bien, rien, alors qu'on était déjà, en 2017, en 2018, en pleine crise, là. À Montréal, il
y a des locaux qui débordent. Il y a des enfants qui ne peuvent pas accéder à
l'école de leur quartier, il faut les mettre dans des autobus. On construit des
écoles, on les agrandit, mais seulement par ce qu'on appelle des
roulottes, des modulaires. Ce n'était pas réglé.
• (18 h 10) •
Alors,
nous, on a constaté ça. On n'est pas allés faire un comité. Non, on a envoyé ce
qu'on appelle une équipe tactique de terrain, affaires municipales,
éducation. On les a envoyés sur le terrain. On les a envoyés parler aux municipalités. On les a envoyés dans les
commissions scolaires dire : Là, réglez ça, ça nous prend des terrains.
Comment on fait pour dénouer
l'impasse? On s'est rendu compte que, dans certains cas, il fallait simplement
sensibiliser les maires, les
mairesses, et ça fonctionnait. Dans d'autres cas, bien, ils nous offraient des
terrains en milieu humide, en zone agricole, en zone inondable. Ça ne fonctionnait pas. On leur a écrit une lettre en
janvier, en disant : Là, ça ne fonctionne pas, hein? L'intention du gouvernement, c'est de poursuivre
et formaliser l'approche en vigueur depuis 1995, selon laquelle les terrains
pour les écoles sont fournis gracieusement
par la ville. Ça veut dire que vous allez les donner. On les a avisés, ça s'en
vient.
Maintenant
qu'on a les terrains, bien, les écoles vont se construire, parce que... Voici
les colonnes qui démontrent l'argent qui était alloué aux gouvernements
péquistes, libéraux. On ne voit pas trop, trop la différence. Et arrive le
gouvernement de la CAQ, l'argent est là, les terrains vont être là. Nous
réglerons les problèmes, et les enfants auront droit à une éducation de
qualité dans des locaux rénovés et dans des classes construites.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur. Et maintenant, Mme la députée de
Saint-Laurent, à vous de profiter de votre réplique de deux minutes.
Mme
Marwah Rizqy (réplique)
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'apprécie beaucoup les
tableaux que le ministre maintenant s'emploie à faire. Toutefois, il oublie une
chose. Lors des études de crédits détaillées, on lui a posé des questions
sur l'argent qui était supplémentaire en
éducation. La quasi-totalité s'en va où? Maternelles quatre ans. Pourquoi?
Parce que le ministre semble oublier de budgéter. Alors, lorsqu'on
promet des classes à 120 000 $ puis que finalement ça coûte
2 millions, c'est difficile, effectivement, de respecter les budgets.
Et
maintenant on comprend que, puisqu'il n'est pas capable de respecter le budget
en éducation... Jean-François Roberge,
alors c'est sûr qu'il n'est pas capable de respecter les budgets de
l'éducation, il s'en va piger où? Dans les poches des contribuables à
partir de leurs taxes foncières. C'est quand même quelque chose, non?
Je
comprends que le premier ministre a dit : Ça coûtera ce que ça coûtera. Mais il y a
des limites, Mme la Présidente.
Il
faut respecter la capacité de payer
des Québécois. Puis, surtout, c'est que, quand qu'on essaie
d'enfoncer des réformes, que ce
soient les maternelles quatre ans ou, maintenant... Je n'ose même pas appeler ça une
réforme de l'éducation parce
que c'est un gros brassage de
structures qui n'amène absolument rien pour la réussite éducative des enfants, qui
mobilise plein de monde contre la loi n° 40. On a maintenant des enseignants fâchés, et je les comprends parce que,
lorsqu'on a un premier
ministre, puis un ancien enseignant, qui dit que les pédagos, c'est des journées de congé, c'est sûr que
c'est insultant. Plus que ça, on a des parents qui, eux, là, nulle part n'ont
été écoutés.
On
est pour avoir des belles écoles, mais ce n'est pas en ne respectant pas les
élus municipaux. Il faut quand même
avoir un dialogue constructif. Et, si on veut parler de trouver des beaux
terrains, encore faut-il les compenser. Nulle part il n'a été question
de compensation dans l'amendement. Si le ministre de l'Éducation est tellement
fier de son amendement, pourquoi qu'il l'a déposé en douce, en catimini?
Pourquoi? Pourquoi qu'on n'a pas été capables d'en discuter correctement tous ensemble? Quand on est fier de quelque chose,
Mme la Présidente, puis on est tellement sûr de ça, bien, on ne passe pas par la porte de derrière, on arrive par la
grande porte, puis effectivement on répond aux questions, puis on n'essaie pas de bâillonner tout le monde,
incluant, maintenant, les élus municipaux. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Saint-Laurent. Je dois vous rappeler que
vous avez prononcé des mots qui sont non parlementaires et aussi qu'il faut
interpeler les membres en cette Chambre par leurs titres et non pas par
leurs noms. Alors, je vous remercie.
Maintenant, nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel à la ministre des Affaires municipales
et de l'Habitation concernant la colère des municipalités quant à la loi
n° 40 du gouvernement caquiste imposée sous bâillon.
Alors, Mme la députée
d'Anjou—Louis-Riel,
je vous cède la parole pour une durée de cinq minutes.
Consultation
des élus municipaux dans le cadre
de la réforme de la gouvernance scolaire
Mme Lise
Thériault
Mme Thériault :
Merci, Mme la Présidente. Très heureuse de me retrouver devant vous à la fin de
la journée, Mme la Présidente. Je
dois avouer clairement que je suis restée sur ma faim suite aux questions que
j'ai posées à la collègue la ministre
des Affaires municipales. Mme la Présidente, je ne suis pas la seule à être
restée sur la faim, plusieurs élus aussi
ont eu le temps de prendre connaissance de ce que la ministre a répondu à mes
questions. Et honnêtement, Mme la Présidente,
je dois vous dire que je suis tout à fait surprise, mais déçue et surprise de
voir à quel point on fait fi de l'autonomie municipale dans le dossier
qui nous occupe.
Vous savez,
Mme la Présidente, moi, qu'on dépose des projets de loi, parfait. Ça fait
presque 18 ans que je suis dans ce Parlement-ci, Mme la Présidente,
on dépose des projets de loi, on demande aux gens de lire les projets de loi qu'on a déposés, chose
qu'on a faite, honnêtement, on l'a fait pour le projet de loi n° 40. Les
municipalités ont répondu : Bien,
on n'a pas besoin d'y aller, il n'y a pas grand-chose qui nous regarde, ont
même fait une lettre, ils l'ont retournée en apportant certains bémols, en disant : Bien, faites attention à ça,
faites attention à ça. Puis là, finalement,
bien, on se ramasse avec un projet de
loi en bâillon, où on dit :
Bien, on n'a pas eu le temps de parler. Mais il aurait peut-être
fallu nous laisser parler pour faire le travail de parlementaires, Mme la Présidente, parce que notre rôle, c'est de s'asseoir puis c'est de faire des modifications sur les projets de loi au fur et à mesure qu'on les a devant nous en disant : Bien,
ça, on peut le changer, on peut le modifier, on peut améliorer, on peut
faire ça.
Force
est de constater qu'il y a un engagement qui a été rempli par le gouvernement. Ce n'est pas qu'il a rempli son
engagement, Mme la
Présidente. On a tous dit, en commission parlementaire, au ministre qu'on savait fort bien que le ministre était pour passer... Il a la majorité, c'est sûr
que le projet de loi va passer. Bon, par contre, notre rôle comme
parlementaires, nous, c'est de s'asseoir puis c'est de bonifier le projet de loi. Le ministre le sait, le projet de loi n° 16, on a passé le record d'heures en commission, mais on était
unanimes, on était d'accord. Mais on l'a bonifié puis on a fait des amendements. Puis on a fini par l'adopter parce que
c'est un projet de loi qui est important. Bien, dans le cas du projet de loi n° 40,
on aurait pu faire la même chose.
Ce
qui est choquant, Mme la Présidente, c'est de se faire répondre que, oui, oui, on
leur a parlé. On a quoi? On n'a pas parlé. Mme la Présidente, on a
déposé des lettres aujourd'hui qui ont été envoyées aux directeurs généraux de municipalités, certains directeurs généraux des municipalités. Savez-vous
quoi, Mme la Présidente? On n'a jamais parlé aux élus. Jamais on n'a parlé aux maires.
Et je mets la ministre au défi de nous dire ici, dans le micro, qu'elle
a parlé au maire de Gatineau,
elle-même, en personne, ou des gens de son cabinet, pas des fonctionnaires, des
élus. J'ai parlé au maire, Mme la
Présidente. Il n'y a jamais
personne qui lui a parlé. Je peux vous dire également, Mme la Présidente, que, quand la directrice
générale a reçu la lettre, elle a appelé le sous-ministre puis elle lui a
dit qu'ils étaient en total désaccord avec ce qui était écrit dans la
lettre.
Savez-vous
quelle était l'essence des discussions au comité où, justement,
le ministère des Affaires municipales, le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, l'UMQ, la FQM et tous les
intervenants étaient? Savez-vous quelles étaient les essences des recommandations, des pistes qui s'étaient dégagées, Mme la Présidente, du comité
qui a été mis sur pied par le
précédent gouvernement? Mme la
Présidente, en matière de financement des terrains, proposition
n° 1, option
un, «prévoir un financement complet de l'achat des terrains par le gouvernement
à la valeur marchande pour la construction
et l'agrandissement des infrastructures scolaires»; option deux, «mise en place
d'un programme de financement partiel
à l'achat de terrains à la valeur marchande par le gouvernement»; option trois,
«examen des autres mécanismes de financement
faisant appel à la participation des promoteurs». Jamais, Mme la Présidente,
jamais, au grand jamais, dans toutes
les discussions, et je mets la ministre au défi de dire le contraire, dans
toutes les discussions, il n'a été question que les municipalités soient
forcées de donner les terrains, jamais.
Mme la Présidente,
voulez-vous m'expliquer pourquoi que... lorsque le gouvernement du Québec va
ouvrir un bureau quelque part, n'importe où,
n'importe où, on va construire une bâtisse, un hôpital notamment, pourquoi
est-ce qu'on achète les terrains?
Pourquoi est-ce que le gouvernement du Québec va toujours payer pour les
terrains qu'il a besoin pour ses
infrastructures? Peu importe,
hein, on paie, on achète, ça fait partie du PQI. Dans les terrains pour les
écoles, Mme la
Présidente, ce n'est pas le cas. Savez-vous qu'exceptionnellement c'est arrivé
au ministère de l'Éducation qu'on paie pour l'achat de terrain? Mais on a
compensé les municipalités. On l'a fait. Ça faisait partie des options qui
étaient sur la table, Mme la Présidente.
Et la raison pour laquelle ça a été déposé, cet
amendement-là, à 0 h 21, vendredi, Mme la Présidente, c'est parce
qu'on a signifié le désaccord. À preuve la lettre de l'UMQ qui est rentrée le
10 février. Le désaccord était signifié totalement, et ils demandaient une rencontre avec
le ministre. Et on a voulu faire quoi? Imposer ses vues. On a dit : Nous,
on fait fi de la démocratie municipale. On fait fi de l'autonomie municipale,
Mme la Présidente. C'est exactement ce qu'ils ont fait. Puis ils ont déposé l'amendement
de sept pages, que vous avez lu brillamment, que le leader du gouvernement
ne voulait pas lire en Chambre. Ça, Mme la Présidente, ce n'est pas travailler
avec ses élus municipaux.
• (18 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la
ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Et vous disposez, vous aussi,
d'un temps de parole de cinq minutes.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui. Alors, merci, Mme la
Présidente. Alors, en ce qui concerne les terrains et le projet de loi
n° 40 de mon
collègue à l'Éducation, évidemment, notre équipe du ministère, sous-ministre et
chef de cabinet, et du ministère également
de l'Éducation, avant... au mois de novembre ont rencontré les municipalités
concernées pour savoir qu'est-ce qui en
était pour les terrains disponibles pour les futures écoles qu'on voulait
construire avec notre gouvernement, qui est justement, l'éducation, notre priorité, et la santé, évidemment. Alors,
quand on a fait la visite de terrains avec certains maires, certains directeurs généraux, évidemment on a fait
après ça un rapport. On a essayé de discuter avec des municipalités. On a demandé quels terrains étaient possiblement...
pourraient être offerts pour avoir des futures écoles. Et parfois on nous
offrait des terrains en milieux humides, en zones inondables et également des
terrains zonés agricoles ou des terrains industriels. Évidemment, c'est certain que, pour avoir une nouvelle
école, ce n'est pas les milieux qu'on cherchait. Ceci étant, je maintiens que les municipalités sont les
mieux placées pour l'aménagement dans leurs municipalités, pour ériger une
nouvelle école. Ce sont les municipalités qui sont responsables de
l'aménagement du territoire.
Également, quand on a fait les
visites, quand mon équipe a fait les visites, on demandait quelles relations ou
encore quels gestes ont été posés avec les
commissions scolaires pour avoir des nouvelles écoles dans leurs municipalités.
On a vraiment entendu, et à un faible... à un grand
pourcentage, que la collaboration entre les commissions scolaires, auparavant, et les municipalités n'existait, ou
presque, pas du tout. Alors, évidemment,
la collaboration et les nouveaux plans d'action pour les futures écoles, moi, je suis totalement
en confiance qu'avec les municipalités, et maintenant les nouveaux centres scolaires... Je crois
qu'on va passer en mode construction d'écoles.
Ça
fait cinq ans que les municipalités et les commissions scolaires
essayaient de se rencontrer, et souvent, bien, ils n'avaient même pas une possibilité de dire : On va demander une école dans
notre municipalité. C'est certain que, depuis 16 ans, il n'y
a pas eu une nouvelle école au Québec. Alors, qu'est-ce qu'on fait nous, en tant que gouvernement? Moi, je suis très fière... Puis j'ai même énormément de municipalités
qui ont communiqué avec nous. J'ai eu des messages pour me faire dire :
Moi, Mme la ministre, j'en voudrais une, école, chez moi, j'en
voudrais une et le plus tôt possible. S'il vous plaît, amenez une école
chez moi. C'est certain que... Ce n'est pas moi qui a l'agenda du p.l. n° 40 de mon collègue à
l'Éducation. Par contre, les municipalités avaient été toutes rencontrées. On a reçu justement...
je l'ai présentée aujourd'hui, la lettre. Je ne sais pas si je devrais la
relire, par contre. Je l'ai lu aujourd'hui en cette Chambre, alors je ne pense pas que ce serait important de la relire,
et, en plus, je l'ai déposée. Alors, les municipalités ont été tout à fait informées.
On
dit que je n'ai pas eu de rencontres avec certains maires. Bien, vous
comprendrez qu'on avait une bonne équipe terrain, Éducation et Habitation, et toutes les rencontres ont eu lieu. Maintenant,
je suis tout à fait disponible... Parce que, moi, ce que je tenais dans le projet de loi n° 40, pour les terrains, c'était que les municipalités
puissent... une fois les écoles construites,
que les municipalités puissent sans frais utiliser tous les
services de l'école qui va être construite. Ça, on le maintient dans le projet de loi n° 40. Évidemment, il y a une autre possibilité, c'est que la
contribution à des fins de parc, de terrain de jeu et d'espace naturelle qui
peut être exigée, en vertu de la Loi, évidemment, sur l'aménagement et l'urbanisme, pourra
désormais être utilisée pour acquérir les terrains devant être cédés aux
centres de services scolaires.
Alors,
évidemment que toute la planification va se faire avec
les municipalités. D'ailleurs, j'ai exigé, écoutez bien,
j'ai exigé que tous les futurs centres
scolaires, centres de services scolaires, déposent un plan d'action à la municipalité.
Je n'ai pas dit du tout que... Puis on n'a
pas décidé, mon collègue et moi, comme ça, rapidement, que le centre
scolaire va déposer un plan pour une
future maison ou une future école sans aviser la municipalité. Non, non, ce
n'est pas comme ça que ça va se
passer. Les centres de services scolaires qui vont vouloir avoir une école dans
leur quartier devront déposer un plan d'action, un plan de gestion pour
avoir la nouvelle construction d'école dans leur quartier.
Également,
la loi, aussi, donne aussi aux municipalités un pouvoir de préhension, qui peut
être utilisé spécifiquement au
présent régime, évidemment à une municipalité, lorsque l'immeuble fait l'objet
d'une transaction entre deux tiers afin de l'acquérir, ou... si l'acheteur original, au même prix et aux mêmes
conditions. Par la suite, l'école construite sera pour tous les
citoyens.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
ministre. Et maintenant, pour votre réplique de deux minutes, Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise
Thériault (réplique)
Mme Thériault :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, je suis profondément déçue quand
j'entends la ministre dire qu'elle n'a pas l'agenda du projet de loi
n° 40, que ça appartient à son collègue. Mme la Présidente, elle a failli à sa tâche de ministre responsable des
Affaires municipales. Son rôle comme ministre des Affaires municipales, c'est de parler à ses partenaires, les maires, pas
les sous-ministres, pas les fonctionnaires, parler aux directeurs généraux,
parler aux maires, parler avec les mairesses
pour être sûre que ce qu'on s'apprête à faire, c'est correct, entendre leurs
voix. C'est la porte-parole. Elle doit trouver la voie de passage. Elle
ne leur a même pas parlé, Mme la Présidente. Zéro. Zéro plus zéro est égal à zéro. C'est un échec. C'est sa note qu'il faut
lui donner, Mme la Présidente, ce n'est pas compliqué, dans ce
dossier-là. C'est zéro. Elle n'a pas parlé aux maires. Ce n'est pas compliqué.
La
lettre du 10 février, Mme la Présidente, voici ce qu'elle dit : «Le
7 février dernier, le comité exécutif de l'Union des municipalités
a pris acte de la nouvelle directive gouvernementale qui a pour objectif de
réaliser des projets d'établissements
scolaires dans les deux prochaines années en fonction. Toutefois, l'UMQ exprime
son profond désaccord quant à la
décision du gouvernement du Québec d'acheter à ses frais des terrains privés à
la juste valeur marchande, mais d'obliger en contrepartie les municipalités à
céder gratuitement leurs propres terrains pour les constructions de nouvelles
écoles.
«Cette directive est
d'ailleurs contraire à la position adoptée à l'unanimité par le conseil
d'administration de l'UMQ le 16 mai
2018, demandant au gouvernement du Québec de prévoir un financement complet de
l'achat de terrains à la valeur marchande pour la construction et
l'agrandissement d'établissements scolaires.
«[Mme la Présidente,]
le milieu municipal est préoccupé par la directive du ministère, qui remet en
cause le partage des compétences, tout en
causant un préjudice au pouvoir discrétionnaire octroyé aux municipalités. Nous
aimerions vous rencontrer dans les plus brefs délais afin de travailler
de concert cet enjeu crucial pour les municipalités.»
La
ministre va-t-elle répondre présente à l'invitation de l'UMQ, jeudi, aller les
voir, aller leur expliquer, aller les entendre, aller leur parler, aller leur
expliquer pourquoi ils ont passé ça en douce, Mme la Présidente, puis déposer
un amendement qui n'a jamais été porté à la connaissance des élus à
0 h 21, jamais?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Et
nous allons maintenant procéder au troisième débat, qui portera sur une
question adressée par Mme la députée de
Fabre à la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, qui sera
remplacée par Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux. Et ce débat concerne l'absence de mesures concrètes à court terme pour
pallier la pénurie de préposés
aux bénéficiaires. Alors, Mme la députée de Fabre, à vous la parole pour une
durée de cinq minutes.
Mesures pour contrer la pénurie de préposés aux
bénéficiaires
Mme
Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je vais d'abord
vous parler de ma volonté qui est là, qui était là et qui va continuer à être là, à vouloir questionner
les deux ministres sur les solutions à apporter à la crise qu'on
vit au Québec, qui est historique, la crise des préposés aux
bénéficiaires.
Et
je vais vous dire très sincèrement, Mme la
Présidente, que j'avais une certaine
naïveté, j'étais très fébrile à voir le document qui suivrait le
napperon que j'avais reçu avant les fêtes, suite à une demande d'accès à l'information pour avoir finalement le plan d'action dont tout le
monde parlait, dont le ministre de l'Emploi parlait, comment est-ce qu'on est dans une stratégie d'action pour régler la
situation de la pénurie. Alors, j'avais eu droit à une feuille
8½ X 11 avant les fêtes, et
là, finalement, bien, bien plus longtemps, on a eu la semaine dernière le
fameux plan d'action. Alors, je l'ai lu de façon plus qu'attentive et je continue à poser des questions parce que,
Mme la Présidente, il n'y a pas là des solutions pour régler la pénurie, alors qu'on entend de l'autre
côté que tout va bien, que l'embauche va très bien, que franchement les actions
ont déjà porté fruit.
Moi, je vais vous le
dire, là, je parcours le fameux plan d'action, qui est une centaine de pages,
puis il y a 15 mesures là-dedans,
15 mesures qui sont des copier-coller de tout ce qui est déjà en place ou
en cours d'implantation au niveau
administratif. Ce plan d'action, là, c'est un document administratif, ce n'est
pas le reflet d'un leadership politique qui veut régler une crise de
préposés aux bénéficiaires pour nos aînés et les patients du Québec. Je vais
vous donner des exemples, Mme la Présidente,
les premières actions : vigie au niveau des programmes de formation,
prévoir les effectifs. C'est de
l'administratif en continu, qui est déjà là et qui fait partie des exercices
qu'on fait de façon annuelle ou biannuelle.
• (18 h 30) •
À
travers tout ça, il y a bien sûr une mesure sur laquelle j'ai particulièrement
posé des questions, et c'est le programme de bourses, le programme de bourses
pour la formation aux préposés aux bénéficiaires. Pourquoi j'ai posé des
questions là-dessus particulièrement? Parce que, quand je posais mes questions
à différentes occasions, on me disait à quel point c'était la panacée,
ce programme de formation. Et j'ai suivi l'annonce qui avait été faite au mois d'août
dernier et j'ai suivi l'évolution.
L'objectif, là, c'était 2 000 bourses de 7 500 $.
Savez-vous quoi, Mme la Présidente? Non seulement les résultats, c'est 50 %... Quand on passe
un examen puis qu'on a 50 %, on coule. Bien, la note de passage du programme,
du fameux, extraordinaire programme de
bourses, c'est 50 %. Et non seulement c'est très mauvais, c'est un constat
d'échec, mais en plus le gouvernement l'assume, cet échec, puisque, dans
ce plan d'action, à la page 85, alors, on a, dans la mesure 5... Vous me permettrez. J'ai un petit
rhume, Mme la Présidente. Alors, à la page 85, on a la mesure programme de bourses, et c'est clairement
écrit : «Fin du programme [...] mars 2020.» Ça ne peut pas être plus
clair, là. Donc, non seulement ça n'a
pas fonctionné, alors qu'on disait que c'était pour être mirobolant, mais en
plus on a 50 % de résultat, ce qui nous fait dire : On ne veut
pas continuer là-dessus.
Pour ce qui est de
l'embauche, 350 sur des milliers de postes annoncés. C'est moins de 10 %.
Ça
fait que moi, je veux bien, là, être dans les constats qui disent qu'il y a
urgence, je veux bien être dans les constats de dire qu'il faut agir, parce qu'il faut agir et, je vais être tenace
là-dessus, il faut trouver des solutions. Je pense qu'il n'y a pas de débat entre nous sur l'état de situation.
Le gouvernement est très fort sur les constats, mais, sur les solutions, on
repassera.
Je vais vous rappeler
un peu la citation qu'avait faite la ministre de la Santé lors de la fameuse
annonce et le déploiement du programme de
bourses. Elle disait ceci : «...ce [...] nouveau programme de bourses
s'inscrit dans notre démarche afin de recruter des ressources
compétentes, et en nombre suffisant...» On est tellement loin du compte, Mme la Présidente! C'est honteux, c'est vraiment
honteux parce que ce plan d'action, il devait faire en sorte qu'il soit porteur, qu'il redonne de l'espoir aux préposés
aux bénéficiaires, qui sont épuisés, il devait faire en sorte que des gens
soient intéressés à devenir préposés alors
qu'ils ne le sont pas aujourd'hui, et ça devait surtout rassurer les familles,
les aînés, les patients fragiles dans
des situations de santé. Et tous ces gens-là, on n'en parle pas, on ne parle
que d'actions administratives. Mais ces gens-là, ils sont au coeur de ce
qui est vécu par eux, et il faut trouver des solutions de façon urgente. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Fabre. Et maintenant je cède la parole à Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux pour une durée de cinq minutes.
Mme Danielle
McCann
Mme
McCann : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente, je pense
que ma collègue députée de Fabre devrait
se rappeler ce qui s'est passé quand le précédent gouvernement était au
pouvoir, où est-ce que, dans la première année où il était au pouvoir, on a fait des investissements en santé de
1,5 %, Mme la Présidente. Ça, ça ne couvre même pas le coût de système. En comparaison, nous, là,
on arrive au pouvoir, on fait un investissement, on augmente le budget de 5,4 %, Mme la Présidente. En fait, là, le
gouvernement libéral, ce qu'il a fait, c'est des coupures, c'est des coupures
dans le réseau de la santé et des services sociaux. Et en plus il a fait une réforme, une réforme
majeure, une réforme qui a centralisé les pouvoirs puis une réforme qui
a démobilisé le personnel sur le terrain, Mme la Présidente, incluant les
préposés aux bénéficiaires. Alors, vous savez, Mme la Présidente, je pense que
ma collègue députée de Fabre devrait avoir
une petite gêne, là, parce que nous, on rentre au pouvoir puis, ce qu'on dit et
ce qu'on fait, on investit. On investit pour prendre soin du personnel. On investit des millions, 200 millions, dans le secteur hospitalier et
CHSLD, pour des préposés aux bénéficiaires, des infirmières, entre
autres, parce que c'est ça qu'il faut faire.
En fait, le gouvernement précédent, en
arrivant au pouvoir, a désinvesti dans le réseau. Ça a causé des dommages.
On a encore des dommages, actuellement,
aussi de la réforme du gouvernement libéral en santé. Alors, nous, ce qu'on
dit : On a un plan, on met des mesures en place.
Et
là je vais devoir clarifier, encore une fois, ce qui a été apporté par ma
collègue députée de Fabre. Ce n'est pas 450 préposés aux bénéficiaires qu'on a embauchés, c'est 4 000.
Et ce n'est pas 4 000 seulement, c'est 4 000 équivalents temps complet. C'est du monde pour remplacer les
départs à la retraite. Il ne faut pas faire peur au monde, là, on remplace les préposés aux bénéficiaires qui partent à la
retraite. Mais en plus on en a 700, plus de 700 équivalents temps complet
dans le réseau actuellement, l'année n'est pas terminée.
Et les bourses, oui,
les bourses, le gouvernement libéral, là, je ne pense pas qu'il a fait ça dans sa
première année, là, au pouvoir. Nous, on
ajoute des bourses pour 15 millions de dollars, et il y en a au-delà de
1 000 qui ont trouvé preneur.
C'est très intéressant pour les gens qui veulent devenir préposés aux
bénéficiaires. Alors... Puis on fait vraiment... Je ne passerai pas en revue l'ensemble des mesures, mais, écoutez, nous,
on s'occupe du personnel, on redonne de l'espoir aux gens et aux préposés aux bénéficiaires. Et on sait aussi qu'au sein
des négociations des conventions collectives il y aura un traitement spécial pour les préposés aux
bénéficiaires, parce qu'on sait à quel point leur travail est précieux. Alors,
Mme la Présidente, moi, je pense que...
Encore une fois, là, je pense que ma collègue devrait se garder une petite
gêne.
Moi,
j'ajouterais aussi que, dans ma carrière, j'ai beaucoup travaillé avec les
préposés aux bénéficiaires, puis, je vais vous dire, c'est très important pour
moi et pour ma collègue responsable des Aînés de nous occuper des préposés
aux bénéficiaires et de faire tout ce qu'on peut pour améliorer leurs
conditions. C'est très important pour le président du Conseil du trésor et pour l'ensemble du gouvernement, on en fait un
objet important d'attention de notre gouvernement. Et moi, je salue leur travail parce que je connais
leur travail et je sais que les préposés aux bénéficiaires font la différence
dans la vie des gens, de nos aînés et de
toutes les personnes qui ont le bonheur d'avoir des préposés aux bénéficiaires
qui s'occupent d'elles et d'eux, dans
le réseau de la santé et des services sociaux, et aussi des auxiliaires en
santé et en services sociaux au maintien à domicile, Mme la Présidente.
Alors, on ne ménagera
pas nos efforts pour continuer et on va arriver à bon port. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
de la Santé et des Services sociaux. Maintenant, vous disposez de deux
minutes pour votre réplique, Mme la députée.
Mme
Monique Sauvé (réplique)
Mme Sauvé :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je ne vous cacherai pas... et je
vais contrôler un peu mon émotion, mais je suis dans une colère quand
j'entends, de l'autre côté, que tout va bien. Alors, tous ces gens qui viennent
nous rencontrer dans nos bureaux de comté, tous ces gens qui viennent
s'exprimer pour dire à quel point la situation,
elle est plus qu'alarmante, elle est historique, ces gens épuisés, ces aînés
inquiets, ces patients qui manquent de
soins, et ce n'est pas faute de l'engagement des préposés, qui sont à leur
travail, alors, quand j'entends que tout va bien et qu'elle est fière, la ministre de la Santé, de ce qui est fait, je
lui dis non. Non, les actions n'ont pas de résultat. Et le meilleur exemple, c'est le programme de bourses, qu'elle a
promis comme étant une solution miracle à la situation, et il faut bien admettre que c'est un échec complet. C'est un
échec après à peine quelques mois. Comment est-ce qu'on peut faire en
sorte d'être fier de son travail et de parler de solutions?
C'est
elle, la ministre responsable de la Santé et des Services sociaux. C'est son
gouvernement, et le gouvernement qui
est en mi-mandat. Alors donc, elle est responsable de trouver des solutions à
la crise actuelle pour les aînés, pour les patients.
Elle
évoque le passé. Le présent, il lui appartient. La solution, elle lui
appartient, et les solutions ne sont pas au rendez-vous. Quand va-t-elle se soucier des aînés, des patients, des
gens fragiles, et des familles inquiètes, et des préposés, qui n'en
peuvent plus, qui le disent haut et fort?
Et
d'entendre que tout va bien, de l'autre côté, Mme la Présidente, je suis dans
une colère. Et je demeurerai tenace à m'assurer qu'on entende, de
l'autre côté, enfin des solutions pour tous les gens fragiles au Québec. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Fabre.
Alors, ceci met fin à ce troisième débat de fin de séance.
Et je suspends nos
travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
18 h 39)
(Reprise à 19 h 30)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bonne soirée à vous tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Projet
de loi n° 44
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Et l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la gouvernance
efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser
l'électrification.
Et, lorsque nous avons
suspendu de débat, la parole était à Mme la députée de Mercier. Et vous aviez
utilisé 23 min 30 s de votre temps de parole. Et je vous recède
la parole immédiatement.
Mme Ruba Ghazal (suite)
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Donc, juste avant qu'on arrête, j'étais rendue à
parler de Transition énergétique
Québec et du fait que le gouvernement a décidé, donc, d'abolir cet organisme-là
et de mettre toute la question de la
transition, le travail, en fait, que Transition énergétique Québec faisait,
sous le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Et, je veux juste préciser, tout à l'heure, j'avais parlé de
TEQ et je disais qu'en fait 100 % des gens qui sont venus en commission qui ont eu affaire avec TEQ on
dit qu'ils avaient eu un bon service. Et j'ai pu valider avec le ministre.
Il avait dit que c'était le cas. Il avait
mal compris mon intervention. Tout à fait, les gens qui ont travaillé avec eux
ont pu voir à quel point ils sont agiles, ils sont faciles, ils sont
maniables.
Et la
statistique que j'avais citée, c'est qu'ils ont réussi à réduire de... Dans le
fond, tous les gaz à effet de serre qui ont été réduits, c'est... 60 % de
cette réduction est dû à ce travail-là. Et c'est avec uniquement 18,5 % du
budget. Donc, c'est un excellent, excellent résultat, d'où le
questionnement des groupes qui sont ici.
Mais, quand
quelque chose fonctionne bien, quand il n'y a pas de problème, pourquoi est-ce
qu'on ne le maintient pas et, au contraire, est-ce qu'on ne l'améliore
pas? Et c'était le point aussi que je mentionnais. Au contraire, TEQ, Transition énergétique Québec, il ne faut pas le
rentrer dans le ministère et augmenter, c'est ça, l'inquiétude, par exemple,
des entreprises et des organisations. C'est
qu'on augmente la bureaucratie si on le met entre les mains du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, et
que ça devient comme une boîte noire, puis on ne sache pas trop qu'est-ce qu'il
se passe. Alors que, là, c'était un organisme agile.
Et le point
aussi important, c'est qu'au contraire ce qu'on veut, c'est que la transition,
en fait, il faudrait plus, donner plus
de pouvoir à TEQ et que ça soit totalement un organisme indépendant. Parce que,
là, en ce moment, le gouvernement a
décidé de mettre TEQ sous le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, mais ils auraient très bien
pu dire... Mais non. Bien, je veux
dire, plus de 40 % des émissions
de gaz à effet de serre sont dus aux transports, et un aussi des souhaits du gouvernement, c'est d'accélérer
l'électrification des transports, même que, des fois, on a l'impression que le plan de transition énergétique du gouvernement
qu'il va nous présenter va être basé uniquement là-dessus, sur
l'électrification des transports.
Donc, logiquement, peut-être que la transition énergétique devrait plutôt
relever du ministère des Transports. Il
y en a d'autres qui disent : Mais non, ça touche aussi l'économie, c'est
une transition économique. Donc, pourquoi ne pas le mettre sous le
ministère de l'Économie ou le ministère des Finances? Ou il y en a qui
disent : Bien, ça va être superimportant
aussi, l'éducation relative à l'environnement. Il y a un tout un pan qui est
extrêmement important. Pourquoi on ne le mettrait pas sous le ministère
de l'Éducation?
Donc, la
raison pour laquelle c'est sous le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles n'est pas explicable pour le moment. Le ministre, en tout
cas, n'a pas répondu à ce questionnement-là. Même que je disais que ça serait peut-être plus logique, s'ils ne veulent pas que
ça soit dans un organisme indépendant qui relèverait du Conseil des ministres,
comme plusieurs, plusieurs, plusieurs
groupes l'ont mentionné, qu'ils soient du patronat, des syndicats, etc., bien,
pourquoi... dans le fond, si le
gouvernement décide que ça soit encore le bras politique qui s'occupe de la
transition, bien, logiquement, ça
devrait tout aller, que ce soit le Conseil de gestion du Fonds vert ou
Transition énergétique Québec, sous la gouverne du ministère de
l'Environnement si on veut suivre la logique du gouvernement.
Parce que,
là, ce qu'il se passe, c'est qu'on a, d'un côté... En fait, si on veut que la
transition ne fonctionne pas, il faut séparer le fonds, donc le FECC, le
Fonds d'électrification et de lutte aux changements climatiques, et le plan d'électrification et de lutte aux changements
climatiques. Parce que le fonds va servir à financer ce qui est écrit dans le plan. Mais là, on met le... Toute la question du
plan, la planification, le PECC, ça va être... et le fonds, le fonds de...
l'argent, ça va être sous le ministère de l'Environnement; l'autre, la
Transition énergétique, le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles,
et le problème là-dedans, c'est que c'est comme deux bras, mais ce n'est pas la
même tête. Donc, il va y avoir un manque de
coordination, et c'est souvent ça qui a été reproché, toute cette question de
manque de cohérence, de coordination
dans l'appareil gouvernemental où, d'un bras, d'une main, on fait quelque chose
puis on vient l'annuler de l'autre. On annule tous les efforts. Donc,
voilà pour TEQ.
L'autre
élément important dont je veux parler, c'est la question des cibles. Oui, c'est
extrêmement important que les cibles
soient enchâssées dans une loi. Là, le gouvernement nous dit : Mais non,
mais vous vous trompez, le projet de loi que vous avez entre les mains n'est pas une loi sur le climat, c'est une
loi uniquement qui définit les rôles et responsabilités. Elle les définit mal, quant à moi, pour les
raisons que je viens d'exposer. Mais il dit : Pour ça, il ne faut pas
mettre les cibles. Bien, on a ce
projet de loi. Pourquoi attendre? On peut tout de suite mettre ces cibles, et
les enchâsser, et en faire une loi sur le climat. Pourquoi attendre une
autre loi? Elle peut bien inclure ça.
Et je veux aussi revenir à... le questionnement, et le ministre
l'a dit aussi tantôt sur... mais, de toute façon, les groupes ne s'entendent pas. Chacun parle d'une cible
différente, et on entend 45 %,
50 %, 65 %. Les gens ne s'entendent pas, donc ce n'est pas clair, ce
n'est pas rigoureux. Nous, on a choisi 37,5 %, de maintenir ce qui avait
décidé dans le passé. Bien, je vais l'expliquer.
Il y a quelqu'un de Greenpeace qui est venu en
consultation particulière et qui l'a expliqué, le pourcentage, pourquoi eux, par exemple, disaient 65 %. Je
vais tenter de l'expliquer bien comme il faut. Et j'espère que le ministre
ne se posera pas la question, puis il ne dira pas : Bien, comment ça vous
ne vous entendez pas? Comme vous ne vous entendez
pas, bien, moi, je vais utiliser ma cible, qui est très peu ambitieuse, mais
que je crois qui va être réalisable, 37,5 %.
Donc,
le point, c'est qu'on entend la science. Le GIEC, donc, qui sont les
scientifiques de l'ONU, qui disent que, pour restreindre le
réchauffement du climat à 1,5 °C d'ici 2100, bien, il faudrait que ça soit
45 % par rapport à 2010. Donc, le point de référence ici est 2010. Le point de référence qu'on
utilise habituellement et qu'on utilise au Québec, quand on dit 37,5 %, ce n'est pas par rapport
à 2010, c'est par rapport à 1990. Donc, si on ramène ce chiffre-là de 45 %
par rapport à 2010 du GIEC, si on le
ramène à 1990, ça arrive à 50 %. Maintenant, on peut dire : Ah! bien,
c'est 50 %, pourquoi Greenpeace,
il nous dit : 65 %? C'est parce que ça, c'est le GIEC, ne nous parle
pas juste au Québec, ne parle pas
juste au Canada, ne parle pas juste aux États-Unis, il parle au monde entier.
Il dit : Dans le monde entier, il faudrait que la réduction soit de 50 % par rapport à 1990 ou 45 % par
rapport à 2010 partout. Ça fait que, là, c'est sûr que, si tous les pays, les plus riches, des plus pauvres,
faisaient 50 %, on arriverait à une moyenne de 50 %, bien sûr. Mais
évidemment on ne peut pas demander
aux pays les plus pauvres, ceux qui n'ont pas contribué au réchauffement
climatique, ceux qui n'ont pas contribué aux émissions de gaz à effet de serre,
ceux dont les populations ont des émissions de gaz à effet de serre per capita de... par année, là, par
personne, d'une tonne, on ne peut pas comparer ça avec nous qui en avons
presque 10 fois plus. Donc, on ne peut pas leur demander le même
niveau d'effort que nous.
Maintenant,
comment est-ce qu'on va choisir? C'est sûr qu'il va falloir aller plus de
50 %. Et cette juste part de dire : Est-ce que c'est 50 %, 60 %, 65 %, bien, ça va être à la
déterminer basée sur la science et aussi sur le dialogue social avec la population pour décider... comme ça a été fait
aussi dans le temps de l'Accord de Paris, le 37,5 %, il y a eu des consultations, les gens se sont exprimés pour
dire : Bien, nous, notre responsabilité historique par rapport à ces
pays-là, on veut écouter la science, mais on veut aussi cette justice
climatique par rapport aux autres pays, bien, c'est là qu'on pourrait la déterminer ensemble. Greenpeace, eux,
vont proposer, dans cette consultation-là que je pense qui n'aura pas lieu,
mais que j'aurais aimé qu'elle ait lieu... eux, ils vont dire 65 %,
d'autres vont dire, bien, 50 %, d'autres vont dire 55 %. Et c'est là qu'on va avoir le dialogue
social. Donc, c'est de là que ça vient, ces changements-là, c'est cette justice
par rapport aux autres pays.
• (19 h 40) •
Et,
si on regarde les autres pays plus riches, eux, ils ont entendu le message et
ils ont dit : Bien, nous, on va faire notre part, et on va écouter
ce que les scientifiques nous disent, et on va rehausser notre ambition, nous
en avons les capacités, nous en avons même
les responsabilités. Et évidemment ils ne font pas ça... ce n'est pas juste
parce que leurs gouvernements sont
plus intelligents que les nôtres, en tout cas, je le souhaite, j'ai encore de
l'espoir, mais il y a aussi un dialogue
social, la population aussi qui fait des pressions puis qui dit : Il faut
qu'on écoute la science, qu'on rehausse les cibles de réduction. Donc,
par exemple, le Danemark, eux, c'est 70 % d'ici 2030, la Finlande,
55 % d'ici 2030, la carboneutralité,
même, eux autres, ils veulent arriver à 2035, le Royaume-Uni, 57 % d'ici
2030, ils ont déjà réduit, en date d'aujourd'hui, de 43 %,
l'Écosse, 75 % d'ici 2030, la Suède, 63 % d'ici 2030, la Norvège,
c'est 50 %.
Donc,
tous ces pays ont entendu le message et ils ont décidé, peut-être pas tous,
mais beaucoup d'entre eux ont décidé
d'enchâsser ça dans une loi, une loi climatique, comme celle qu'on demande de
tous nos voeux, au lieu de dire : Bien,
on reporte ça à plus tard puis aujourd'hui on fait juste de la... c'est-à-dire
qu'on va juste partager les responsabilités pour le climat. On a cette chance-là, on a cette opportunité-là, on a ce
projet de loi sur lequel on travaille, pourquoi ne pas y aller et mettre ces cibles-là, quitte à
mettre... Moi, évidemment, je vais toujours me battre pour qu'on respecte ce
que la science nous dit, mais, à la limite,
le ministre ne veut même pas mettre le 37,5 %, je ne comprends pas, alors
qu'il nous dit : J'ai tout fait dans cette loi-là, j'ai tout mis
pour vraiment, contrairement au gouvernement précédent, pour vraiment atteindre cette cible-là. Bien, s'il a si
confiance en son projet de loi n° 44 qu'il va être si extraordinaire puis
qu'il va nous permettre d'atteindre
la cible, bien, moi, si j'ai confiance, je la mettrais dans la loi et, au
moins, j'aurais une moitié de réponse pour ce que les groupes réclament,
mais on n'a même pas ça.
En fait, la cible
aussi, je voudrais dire quelque chose là-dessus pour la cible, pour le
ministre, puis utiliser peut-être une
métaphore, et pour le gouvernement puis les gens qui nous écoutent, c'est un
peu comme... on dit... parce qu'un
des argumentaires, c'est de dire : Mais non, on ne pourra pas l'atteindre,
c'est impossible, il faudrait tout arrêter l'économie, il va y avoir un million de chômeurs. Ça, je vais y revenir,
parce que ça a été corrigé par les gens que le ministre a dit qu'ils ont dit ça, mais ils ne l'ont pas
dit, je vais y revenir un peu plus tard. Donc, c'est comme si un patient voit
son médecin, puis son médecin lui
dit : Bien, vous avez le cancer et vous avez 50 % de survie, vous
devez faire telle, telle, telle
chose, telle opération, puis le ministre dit : Bien non, moi, écoutez, je
ne peux pas, ça ne me tente pas. J'ai
une job, j'ai une famille à faire vivre. Je ne veux pas aller me
soigner. J'ai d'autres choses à faire, je ne peux pas. Je ne veux même pas en entendre parler. Puis, écoutez,
non, je suis sûr que je vais guérir, mais je ne ferai pas le protocole. Je ne
ferai pas ce qui devrait être fait
pour prendre soin de moi. Je ne prendrai pas de congé de maladie, etc., parce que
je suis trop occupé, j'ai d'autres choses qui m'occupent. C'est un petit
peu la même chose.
Le
GIEC, c'est le médecin qui nous dit : Voici l'état de la planète. Si on
veut avoir une planète qui reste saine et vivable pour toutes les populations, pas uniquement les plus riches, d'ici les
prochaines années puis qu'on veut limiter le réchauffement, qui a déjà commencé à avoir des conséquences, bien, voici le
remède, celui que je viens de nommer, de couper de moitié les émissions
de gaz à effet de serre.
Maintenant,
voici ce qui doit être fait. Il faut que le gouvernement prenne acte de ce
diagnostic-là puis dise : O.K.
Parfait. Bien, nous, notre plan ne va pas
être selon... Bien, moi, finalement, je ne pense pas que j'ai un cancer, mais plutôt
j'ai une grippe puis je vais prendre
seulement des médicaments pour me soigner, mais je ne ferai pas les
interventions nécessaires pour me guérir du cancer. Bien, s'il fait ça,
bien, c'est clair qu'il ne guérira pas, de la même façon qu'on n'atteindra pas
cette limitation du réchauffement de la planète.
Donc,
c'est ça, être réaliste, c'est accepter la situation telle qu'elle est,
même si elle ne nous plaît pas, même si on pense qu'elle va nous faire mal. Bien, il faut faire les efforts qu'il
faut, puis, les efforts, c'est tout
le monde qui va les faire, notamment
des efforts pour expliquer à la population, pour entendre, pour avoir ce dialogue social qui
est très important avec les
travailleurs.
Et
c'est pour ça qu'on dit que c'est une transition, c'est que ça prend du temps.
Mais, si on attend jusqu'en 2030 puis
on n'a pas atteint la cible, on ne pourra même plus parler de transition. On va
être uniquement dans seulement corriger les catastrophes dont on va faire face. Et ça, cette situation-là,
elle n'est pas enviable, et aujourd'hui on a cette opportunité et cette chance de
changer ça.
Il y a
un autre élément qui devrait être inclus dans le projet de loi, et ça aussi, on
en a parlé, il y a des groupes qui l'ont mentionné, et c'est d'avoir
un budget carbone. Souvent, pour l'expliquer, c'est très simple. Budget
carbone, des fois, les gens, ils
disent : Mais qu'est-ce que c'est? C'est la même chose qu'un budget
financier. Il n'arriverait, dans l'esprit de personne, de dire : Bien, nous, en tant que gouvernement, on va se fixer, comme budget, 30... on va réduire de 37,5 % les coûts d'ici 2030, voici notre cible, et c'est
tout, puis on va faire des actions pour y arriver. Mais, normalement, pour arriver à atteindre ça, un peu comme quand quelqu'un veut
épargner pour la retraite, et tout ça, il y a la cible qui est lointaine, mais
il faut qu'il se fasse un budget.
Donc, c'est un petit peu la même chose. Il
faudrait que tout le gouvernement... qu'il y ait un budget pour les ministères, pour les projets, puis...
c'est-à-dire, pour tous les ministères, il y ait un budget, un plafond qu'on ne
peut pas dépasser. Voici ce que vous
avez en banque comme émissions de CO2. Vous ne pouvez pas les dépasser, puis, si vous les dépassez, bien, il va falloir que quelqu'un
d'autre se serre la ceinture puis ne les dépasse pas pour arriver à atteindre
ces cibles-là.
Donc, il faut
qu'on ait des cibles, oui, une cible lointaine, des cibles qui vont être
révisées aussi périodiquement, des
cibles sectorielles. On ne va pas demander la même chose au secteur du
transport que, par exemple, un autre secteur, que l'agriculture. Et il faut aussi un budget pour savoir si on va
rentrer... si on va vraiment atteindre cette cible, si on veut faire un
exercice rigoureux et non pas ce que le ministre reprochait, dans le passé, qui
sont uniquement des voeux pieux. On a des
cibles et on ne les atteint jamais. Donc, ça, c'est un autre élément qui pourrait
bonifier le projet de loi n° 44.
Il y a
aussi un autre élément important qui pourrait aussi être inclus, c'est le test
climat. Comme je le mentionnais, une
chose qui a beaucoup manqué, dans l'appareil gouvernemental, c'est la cohérence : on fait quelque chose d'une main
et on l'annule de l'autre. Mais le test
climat, il va permettre de faire une analyse, un peu comme quand on fait déjà une
analyse d'impact réglementaire qu'on
fait de façon systématique, comme pour les entreprises. Bien, c'est déjà en
vigueur, il faudrait faire la même
chose pour n'importe quel projet, n'importe quelle politique, n'importe quel
règlement, quelle stratégie gouvernementale. Bien, il faut dire :
Est-ce que ça passe le test climat? Comme, par exemple, il faut faire passer le test climat à des projets comme le
troisième lien, comme GNL, comme aussi des règlements, toutes, toutes sortes
d'éléments. Si, par exemple, on a une
nouvelle politique de l'aménagement du territoire, bien, il faudrait qu'il y
ait un test climat : Est-ce que c'est
bon? Est-ce qu'on n'est pas en train de s'étaler... d'enlever ces milieux
humides... de s'étaler, par exemple, l'étalement urbain, enlever ces
milieux humides qui contribuent à la réduction des gaz à effet de serre? Donc, c'est ça qu'il faut faire. Ça aussi, c'est
un autre élément qu'on ajoute à ce projet de loi n° 44
pour qu'il devienne rigoureux puis qu'on soit sérieux dans notre
objectif de réduire les gaz à effet de serre.
Il y a un
autre élément qui a beaucoup, beaucoup été discuté et parlé par les groupes, et
le ministre aussi posait beaucoup de
questions là-dessus, c'est le fameux comité d'experts. Donc, c'est sûr, tout le
monde veut y être, tout le monde veut être présent sur ce comité-là d'experts
pour, dans le fond, donner son avis, donner son expertise, de : Comment
est-ce... Est-ce qu'on sur le bon chemin
pour la lutte aux changements climatiques, la réduction de gaz à effet de
serre? Puis c'est normal que tout le
monde, quand ils ont vu dans la loi, dise : Bien, moi, je veux y être.
Parce que, dans le projet de loi, il n'y a pas vraiment de critère
précis qui dit quel type d'expertise on cherche, qui devrait être là, quel est
le mode de nomination. Est-ce qu'on va faire
ça? Est-ce qu'il faudrait qu'il soit démocratique ou ça va uniquement... bien,
le ministre, ça va être lui qui va les nommer. Mais un des éléments qui
a été amené, ce serait important que ça soit fait de façon démocratique pour qu'on s'assure qu'il y ait une
indépendance aussi de ce comité d'experts, puis aussi de faire attention qu'il
n'y ait pas des lobbys qui soient présents sur ce comité sous prétexte
d'expertise. Ça aussi, ça va être important. Donc, si c'est nommé de façon indépendante ou... ce ne sera
pas le ministre, mais... par exemple, en Chambre, au salon bleu, bien, ça
serait déjà un bon pas.
Il y a même, pour nous aider, et j'invite le
ministre à lire cette proposition, des critères qui nous parlent de la
composition du comité consultatif sur les changements climatiques. Eux, ils
disent, par exemple, ça pourrait être neuf membres. Et ils nomment, après ça,
un président, il va avoir les autres membres, ils devraient venir de différents
champs d'expertise pour que ce soit vraiment
un comité d'experts indépendants et multidisciplinaires, et ils nous nomment
les champs d'expertise, par exemple, et des gens qui viennent des sciences
climatiques ou toute autre science environnementale,
des experts en lutte aux changements climatiques, bien sûr, mais aussi des
experts en matière d'adaptation, des gens de l'économie, de la finance et des
mécanismes de tarification du carbone, etc., même des gens... ils nous ont dit : Même des gens des sciences
sociales. Donc, cette partie-là du projet de loi gagnerait à être définie, et
c'est très important qu'il y ait aussi des gens qui soient présents sur
ce comité de la société civile. Ça, c'est extrêmement important, parce que toutes les actions qui vont être faites par le
gouvernement vont avoir un impact dans le quotidien de tout le monde, tous les Québécois, et c'est
important que les gens sachent pourquoi le gouvernement fait ces pas-là, et
le comprennent, et qu'ils en soient aussi partie prenante. Donc, ça, c'est des
éléments, dans le comité consultatif, qui pourraient être regardés par le
ministre et beaucoup mieux définis dans le projet de loi.
• (19 h 50) •
Il y a un
autre élément, c'est toute la
question de la transition juste. Le ministre avait parlé et il avait dit, bien, quand il avait répondu puis qu'il s'était un peu fâché
contre l'environnement s'invite au Parlement,
le groupe qui est venu présenter, puis
il leur a dit : Mais non, on ne peut pas augmenter la cible, on ne peut
pas écouter la science, on ne peut pas aller là, parce que la conséquence va être qu'on va perdre 1 million
d'emplois. Et il a dit que c'est la... même les gens de la FTQ, je pense
qu'il les avait même nommés, qui sont venus en commission, et c'est ce qu'ils
nous ont dit.
Bien, écoutez, on a vérifié si c'est
ce que la FTQ a dit, puis la FTQ, tout de suite après cette déclaration du
ministre en commission, bien, ils ont sorti un communiqué pour dire : Bien
non, on n'a jamais dit ça, le ministre nous a mis des mots dans la bouche. Et je veux lire ce qu'ils ont écrit dans
leur communiqué, parce que ça n'a pas été, après ça, repris par... peut-être
que... en tout cas, ça m'a échappé, je n'ai pas vu des médias qui l'ont repris.
Peut-être que ça a échappé aussi au ministre. Et ils ont dit :
«L'argument de l'impact économique ne doit pas devenir un prétexte pour ne rien faire. Au contraire, il devrait être un moteur
pour agir! Pour la FTQ, cette transition sera juste si on s'y met dès maintenant avec une véritable volonté politique
d'arriver à des résultats concrets», a déclaré, donc, Denis Bolduc de la FTQ.
Et
je continue, un extrait intéressant dans leur communiqué : «Disant...» Où,
là, il relate ce que le ministre a dit : «Disant s'appuyer sur des propos de la FTQ, le ministre
Benoit[...] — le
ministre de l'Environnement — a également affirmé en commission parlementaire que le Québec pourrait se retrouver
avec 1 million de chômeurs. "On ne sait pas où le ministre a trouvé
ce chiffre-là! La FTQ a toujours tenu le même propos à ce sujet : quelques
centaines de milliers d'emplois seraient
impactés, qu'ils soient créés, modifiés ou perdus. Mais on est loin du million
d'emplois perdus avancé par[...] — le ministre de l'Environnement. Il comprend
ce qu'il veut bien comprendre."» Donc, on voit que les gens n'ont pas aimé cette intervention-là. Mais eux-mêmes
reconnaissent que, oui, il va avoir des pertes d'emplois, oui, il va avoir
des transferts, mais il va avoir aussi des gains d'emplois.
Et ça a été quelque
chose aussi, à Québec solidaire, un effort qu'on a fait. On a présenté un plan
de lutte aux changements climatiques. On a
dit : Oui, il va avoir des pertes d'emplois, mais il va avoir des gains,
et, au net, voici combien est-ce qu'on va créer des emplois. Mais, pour
y arriver, il faut y mettre l'effort et il faut aussi en convenir.
Donc,
je voudrais quand même revenir sur cette attitude de ce dernier jour, peut-être
parce que c'était... je ne sais pas, il y avait quelque chose qui s'est passé
ce jour-là, parce qu'il y avait beaucoup, beaucoup de groupes qui sont passés
en commission parlementaire pour dire au
ministre qu'on devrait avoir une loi sur le climat. D'ailleurs, il y a eu Le
Pacte pour la transition, où son
porte-parole, M. Dominic Champagne, est venu en parler et a dit : Je vous
ai même donné une loi sur le climat,
pourquoi on ne la retrouve pas ici? Beaucoup, beaucoup de groupes en ont parlé,
mais le ministre, c'est uniquement devant La planète s'invite au
Parlement que, là, il a dit : Bien voyons donc, de quoi vous parlez? On ne
peut pas, premièrement, la mettre. Ce n'est
pas une loi sur le climat, vous vous trompez, et, en plus, on ne peut pas non
plus rehausser la cible, etc., mais je viens d'y répondre. Donc, ça, j'ai
trouvé que c'était une attitude déplorable.
J'espère,
j'espère que, d'ici la fin de l'adoption de ce projet de loi là, qu'il va avoir
une attitude d'ouverture de la part
du ministre. Je voudrais aussi souligner, je m'en rappelle, quand il y a eu les
jeunes de la Fondation Monique-Fitz-Back qui sont venus, j'ai senti
comme un ton paternaliste aussi du ministre, que j'avais senti aussi quand
j'étais à la COP. Il y avait une bonne
délégation des jeunes qui étaient présents, où est-ce qu'on dit :
Continuez, les jeunes, continuez à nous pousser dans le dos, continuez... Bien, nous, on va continuer quand même
sur notre chemin. Ça ressemble un petit peu, si je paraphrase : Vous êtes
bien «cute», mais vous ne comprenez pas encore comment ça fonctionne, la vie;
moi je le sais, voici vers où on s'en va, et je ne vous écouterai pas.
C'est extrêmement important de ne pas avoir ce ton-là envers la jeunesse, qui, elle, écoute la science, qui, elle,
est préoccupée et qui marche dans les rues la peur au ventre par rapport
à cette question-là. Donc, on ne peut pas juste la regarder comme ça et la
pousser du revers de la main.
Et il y a tout aussi
la question d'éducation et de sensibilisation à l'environnement pour la
population de façon générale, mais aussi
dans notre cursus scolaire. Il y a même une politique d'éducation relative à
l'environnement qui a été présentée
au ministre et qui est poussée par beaucoup d'organisations, qui devrait être
adoptée, mais ce n'est pas le cas en ce moment.
Je
voudrais aussi... ce jour-là, il y a eu plusieurs gaffes une à la suite de
l'autre de la part du ministre... toute la question de la liste des groupes invités. Vous savez, on pourra en
parler très, très longtemps, pour la prochaine fois. Moi, je trouve ça dommage, parce qu'on travaille de
bonne foi, puis, pour la prochaine fois, on va être très inquiets quand on va
négocier ces listes-là.
Un
des éléments que je trouve extrêmement choquants et qui, moi, personnellement, m'a beaucoup,
beaucoup dérangée, c'est quand le ministre de l'Environnement a commencé à lire un courriel qui a été échangé
entre les bureaux des leaders. En fait, il a fait exactement la même
chose que ce que le leader du gouvernement a reproché au leader de l'opposition officielle la
semaine passée, qui était de relater
des conversations qu'ils ont eues en privé, de les relater ici, en Chambre,
publiquement. Bien, le ministre de
l'Environnement a fait la même chose. Et j'espère, et je souhaite qu'il s'excuse d'avoir fait ça, parce que ce n'est pas
quelque chose... Si on veut maintenir ce climat de confiance, ce climat de
collégialité, de... je ne me rappelle pas le
terme qui avait été utilisé par le leader du gouvernement, de gentilhommerie,
tiens, et gentilfemmerie, je ne sais pas si
ça se dit... donc, si on veut le maintenir, ce climat-là, bien, je pense que ça
devrait être la dernière fois que ce
genre de lire des courriels échangés pour négocier sur des groupes qui vont
venir en commission, bien, que ça va être la dernière fois et que le
ministre s'en excuse.
Donc,
je saute du coq à l'âne. Un autre élément important aussi, avec le temps qui me
reste, que je veux amener, c'est
toute la question... Il y a beaucoup de groupes qui sont venus nous en parler,
c'est la règle du deux tiers. Il faudrait que les deux tiers du Fonds
vert... qu'ils soient attribués pour les transports, quand on sait que la
grande majorité des émissions de gaz à effet de serre... en fait, 43 % des
émissions de gaz à effet de serre sont dus à ce secteur. Donc, beaucoup de groupes sont venus le dire, qu'il ne
faut pas l'enlever, qu'il faudrait, au contraire, le maintenir. Il faut le
garder. Et c'est extrêmement important, donc, de le garder.
Il
y a un autre élément. Quand on vient pour analyser des projets, des projets
pour dire est-ce que ce projet-là va nous permettre de réduire des gaz à
effet de serre et tout ça, il ne fait pas avoir une analyse uniquement coût par
GES. Ça veut dire : Combien ça va nous
coûter de réduire une unité de GES? Parce que, des fois, il y a des projets où
ça pourrait coûter beaucoup plus cher
par GES puis dire : Bien, on ne va pas le faire parce que, de façon
comptable et mathématique, on voit
que ça, ça va coûter plus cher que celui-là. Bien, on va favoriser ce projet de
loi qui va nous coûter moins cher l'unité. Il ne faut pas avoir cette
logique comptable et bébête, là, pour la lutte aux changements climatiques
parce qu'il y a des
projets structurants qui coûtent beaucoup plus cher, mais qui, à long terme,
vont être bénéfiques pour la lutte aux changements climatiques et la
transition au Québec. Donc, il faudrait aller au-delà de ça.
Il
y a aussi un élément qui avait été souvent soulevé. J'avais remarqué que ma
collègue la députée d'Argenteuil a beaucoup
parlé de cette question-là. Elle posait des questions aux groupes sur
l'adaptation. Ça aussi, ça va être important d'inclure des cibles pour l'adaptation aux changements climatiques, qui,
malheureusement, si on continue à ne pas agir, on va aller de plus en plus vers l'adaptation, alors qu'aujourd'hui on
doit aller sur tous les fronts. Sur l'adaptation, il ne faudrait pas, oui, en effet, l'oublier. C'est un
élément extrêmement important. Et la députée d'Argenteuil, donc, avait raison
de poser des questions. Et il faudrait qu'on
leur trouve des cibles, parce que c'est important d'être rigoureux. Ce n'est
pas juste d'avoir des souhaits. Il faut être rigoureux. Il faut avoir des
cibles dans le projet de loi pour l'adaptation.
Donc,
j'ai nommé plein d'éléments qui pourraient bonifier ce projet de loi,
énormément d'éléments. Puis, si je les nomme puis je prends le temps de
les nommer, c'est parce que je garde espoir, malgré l'attitude qui semblait de fermeture à la fin des consultations particulières,
si je compare au début lors des remarques préliminaires où le ministre avait... disait : Moi, je suis dans la
collaboration, je suis ici pour améliorer puis écouter puis je suis dans un
mode d'ouverture... Bien, c'est pour ça que je les amène, parce que
j'espère que ce mode d'ouverture là va être maintenu.
• (20 heures) •
Je
suis inquiète quand même. Je suis inquiète parce que je ne m'attendais pas à ce
que, dès maintenant, rapidement, on commence l'adoption de principe, alors que
le ministre aurait pu prendre une semaine, deux semaines de temps de réflexion pour dire : Qu'est-ce que je peux
faire dans mon projet de loi pour l'améliorer après toutes ces présentations
qui nous ont été faites durant les
consultations particulières? Tout ce travail extraordinaire qui a été fait par
le groupe, tous ces efforts-là, toute
cette richesse-là, peut-être qu'il y a des gens là-dedans qui sont venus qui
vont être dans le... membres du
comité consultatif d'experts. Donc, qu'est-ce que je peux faire pour l'améliorer?
J'ai l'impression que ce temps de réflexion
là n'a pas été fait. Donc, ça m'inquiète. Mais, comme je le dis, je veux quand
même contribuer, je veux collaborer. Tout
le monde, tout le monde est d'accord, les groupes aussi sont d'accord pour
dire : Il nous fallait, en fait, une loi sur le climat
et une loi, dans le fond, qui nous assure qu'on... Toute la question
de la gouvernance aussi devait être revue. Il y a toute une réflexion en amont qui avait été faite
par la société même avant les dernières élections qui, malheureusement... on ne retrouve pas beaucoup
d'éléments dans le projet de loi.
Donc,
tout ça, tout le monde s'accorde pour dire que, oui, nous sommes
d'accord avec le principe, oui, nous sommes d'accord pour aller de
l'avant, mais il y a beaucoup de choses qui manquent. Les cibles ne sont pas
là, les cibles sectorielles, le budget
carbone, des cibles aussi pour l'adaptation, la question pour le transport, il faut
garder le deux tiers. Pourquoi avoir deux bras avec pas la même tête qui va s'occuper
de la gestion de toute la question du Fonds vert et de la transition, que ce soit
séparé de cette façon-là? On ne comprend pas pourquoi. J'imagine, lors des
discussions au sein du Conseil des
ministres, où je ne suis pas...
j'imagine qu'il y a eu une discussion, O.K., où est-ce que TEQ va aller, où est-ce que
le Conseil de gestion du Fonds vert va aller. Ça devrait aller à la plus haute
instance que... il faut que ça devienne indépendant,
il faut que ce soit sous le premier
ministre. Mais malheureusement, donc, ça, ce n'est pas dans le projet de loi.
Donc,
je garde espoir pour toutes les raisons que je viens de mentionner, parce que... les gens, aussi, les groupes qui sont là, qui nous suivent, les
gens qui ont marché dans les rues pour dire au gouvernement de les écouter puis
qu'il
y a urgence climatique, bien, je
garde qu'on puisse l'améliorer, le changer, le bonifier. Et surtout aussi ce
qui serait extraordinaire, c'est de s'inspirer de ce qui se fait
ailleurs, de se dire : Bien, on va se garder... on va être humbles quand même.
Parce que souvent on se pète les bretelles, au Québec,
qu'on est les meilleurs, mais on se compare aux pires. Mais, avec les chiffres que j'avais... que je
viens de mentionner, les pays qui ont... les pays, si je les nomme, le
Danemark, 70 % de réduction de gaz à effet de serre d'ici 2030, le Royaume-Uni, la Finlande, etc., quand on se compare à
ces pays-là qui, eux, ont pris acte de ce que la science nous dit, bien,
on n'a pas à se péter les bretelles tant que ça, au Québec.
Donc,
c'est pour ça que j'invite aussi le ministre à de l'ouverture mais aussi à de l'humilité, plus
grande humilité que, par exemple, le ministre de
l'Éducation a pu faire quand on a
aboli sans écouter personne les commissions scolaires, à nous écouter, parce que moi, j'ai très envie de contribuer pour vrai et
je me dis qu'on a ici une chance et une opportunité de réellement travailler ensemble, d'avancer dans
ce projet de loi pour qu'il soit à la hauteur des attentes de la société
civile, des jeunes, qui ont beaucoup
d'espoir, qui appellent les gouvernements
à prendre leurs responsabilités parce qu'eux ne se sentent pas écoutés.
Et là c'est une opportunité à laquelle je convie le ministre. Et, pour ça,
bien, il faut faire preuve d'ouverture,
d'humilité, je le répète, c'est extrêmement important, et ne pas prendre les
gens qui viennent, qui disent : Oui,
nous, on a écouté la science, il faut augmenter les cibles... de dire :
Bien, vous ne savez pas de quoi vous parlez, je ne comprends pas, vous ne vous entendez même pas
entre vous. Là, j'ai expliqué au ministre, j'espère que c'est la dernière fois
que ce ton-là va être utilisé, et qu'on va plutôt travailler dans la
collégialité, et que le ministre va réellement, réellement prendre les éléments, les aspects qu'on lui nomme, il y en a
beaucoup, énormément, on en a nommé plusieurs, et on va pouvoir
améliorer cette loi-là pour en faire une vraie loi climat, au lieu de garder ça
aux calendes grecques.
Donc,
moi, c'est dans cet esprit-là que je vais travailler sur ce projet de loi là.
Et j'espère que le ministre va aussi garder cette ouverture. Et c'est pour ça qu'on va voter pour l'adoption du
principe du projet de loi n° 44. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Mercier. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de
Rimouski.
M.
Harold LeBel
M. LeBel : Merci, Mme la Présidente.
Nous sommes réunis ici pour se prononcer sur le principe du projet de loi n° 44, c'est-à-dire la Loi visant
principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements
climatiques et à favoriser l'électrification.
Avec ce projet de loi, le ministre de
l'Environnement compte modifier en profondeur la gouvernance climatique du Québec, notamment en ce qui concerne le Fonds
vert. Dans ce contexte, il nous apparaît essentiel que les parlementaires
puissent avoir accès à toutes les informations pertinentes en matière de
gouvernance.
Nous
avons été informés, lors des auditions
du Conseil de gestion du Fonds vert et du Commissaire
au développement durable, que des problématiques importantes ont été décelées, en matière de
gouvernance, dans les dernières années.
Premièrement,
d'abord, nous avons appris que, depuis 2017‑2018, le ministère de
l'Environnement n'a pas transmis les états financiers du Fonds vert au
Conseil de gestion du Fonds vert. Ce manque de transparence est inacceptable.
Deuxièmement,
le Commissaire au développement durable nous a informés que, dans deux rapports
de 2019, le Vérificateur général du
Québec informait l'Assemblée nationale de ses préoccupations concernant l'audit
des états financiers du Fonds vert et
de Transition énergétique Québec. Pour le moment, ces audits financiers ne sont
toujours pas accessibles.
Finalement,
je vous rappelle que le Parti québécois a fait adopter à l'unanimité une
motion, le 11 juin dernier, qui est devenue un ordre de l'Assemblée
nationale. Cet ordre exigeait que «le Conseil de gestion du Fonds vert et le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques agissent avec toute la transparence nécessaire afin de permettre au Commissaire au
développement durable de poursuivre son travail d'évaluation complète de la mise en oeuvre de la réforme du Fonds vert
dès la rentrée parlementaire d'automne 2019». Cet ordre n'a visiblement
pas été respecté.
Il
est hors de question pour nous que l'étude détaillée du projet de loi n° 44 débute tant et aussi longtemps que les élus n'auront pas eu
accès aux audits financiers du VGQ, du Vérificateur général.
Motion
de report
Dans
ce contexte, Mme la Présidente, je voudrais déposer, conformément à
l'article 240 du règlement, la motion de report suivante :
Que
la motion en discussion soit modifiée en retranchant le mot «maintenant» et en
ajoutant, à la fin, les mots «dans 12 mois».
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Rimouski. Alors, votre motion de report
est déposée. Et nous allons suspendre nos travaux quelques instants afin d'en
prendre connaissance et d'en analyser la recevabilité.
Les travaux sont
suspendus.
(Suspension de la séance à
20 h 7)
(Reprise à 20 h 9)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et je vous avise que la motion de
report présentée par M. le député de Rimouski est recevable.
En
vertu de l'article 240 du règlement, cette motion fait
donc l'objet d'un débat restreint de deux heures. Je vous informe que la répartition du temps de parole pour
ce débat restreint s'effectuera comme suit : 58 min 30 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
34 min 51 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 12 min 27 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition et 11 min 12 s sont allouées au troisième groupe
d'opposition. Chaque député indépendant dispose d'un temps de parole de
1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un seul député indépendant
participe à un débat, il dispose d'un temps de parole de deux minutes.
• (20 h 10) •
Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Et enfin
je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au
cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Et
je suis prête à reconnaître le premier intervenant, qui sera M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Un plaisir de vous retrouver ce
soir, bien que ce débat me semble un petit peu surréaliste.
Déjà vous mentionner
qu'on ne prendra pas tout notre temps. Donc, si les oppositions veulent faire
du temps là-dessus, libre à elles de le
faire. Mais, quand je dis que je suis surpris de la tournure des événements,
tous plaidons ici, en cette Chambre,
l'urgence climatique, la nécessité d'agir rondement et promptement pour arriver
à des résultats les plus concrets possible, et là, ni plus ni moins, le
Parti québécois reprend la stratégie de Québec solidaire, c'est-à-dire une forme de blocage ou de blocus de nos travaux
parlementaires. Ça me déçoit parce qu'au moment des consultations c'est
sans doute le collègue de Jonquière qui s'est montré le plus constructif dans
ses questionnements auprès des groupes rencontrés.
Ceci
dit, pour ce qui est du fond lui-même, non, nous ne sommes pas d'avis que ce
report est justifié, d'autant plus que, selon les dires mêmes du
Vérificateur général, par l'entremise du Commissaire au développement durable, ils ne seront pas en mesure de fournir ces
informations-là avant 2021, sinon 2022. Donc, proposer un report de cet
ordre-là sur une année complète,
c'est aussi bien dire ne pas vouloir agir au cours de la prochaine année pour
mettre en place les structures
nécessaires à l'atteinte de nos objectifs. Et le Commissaire au développement
durable a été très clair, il a eu des rencontres avec les représentants du
ministère de l'Environnement encore l'automne dernier, il y a un calendrier de
travail qui a été convenu et qui est reconnu par le Commissaire au
développement durable, et là on souhaiterait faire diversion en retardant nos
travaux.
Donc, je
m'arrêterai là pour dire que l'opposition, ce soir, à travers cette démarche,
perd énormément de crédibilité lorsqu'elle dit vouloir s'attaquer aux
enjeux climatiques et vouloir mettre en place le plan d'action le plus
rapidement possible. Donc, rien d'autre à ajouter, sinon que de la déception.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Ce n'est pas sur mon intervention, là, c'est un
appel au règlement. Je veux juste... Parce que ça m'a comme sonné à l'oreille à
plusieurs reprises, là, le ministre a parlé de... qu'on faisait du blocage, il
a dit qu'on se formait un caucus entre députés de l'opposition, puis il
a terminé... c'est là que, là, ça ne passait plus, là, parce qu'à un moment donné on peut être très tolérants,
mais il a dit qu'on faisait de la diversion. Alors, ça, si ce n'est pas nous
prêter des intentions, là, je ne sais pas
c'est quoi. Je vous vois hocher de la tête, Mme la Présidente. Alors là, je
comprends qu'il vient de se rasseoir, mais moi, je ne peux pas accepter, comme
parlementaire, de me faire reprocher, alors que nous utilisons des moyens
parlementaires tout à fait légitimes, de faire du blocage inutile, de faire des
caucus entre groupes parlementaires et faire de la diversion, Mme la
Présidente. Ce n'est pas...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Jonquière. Oui, M. le ministre, j'allais justement vous inviter à la prudence et d'éviter d'imputer des motifs
aux membres des oppositions ou à un membre ici, en cette Chambre.
Alors, je suis prête à reconnaître le prochain
intervenant, qui sera M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Alors, cette fois-ci, Mme la Présidente, je suis sur
le fond de la motion de report. Écoutez, c'est tout à fait important d'intervenir, à ce stade-ci, parce que
l'intervention du ministre, là, qu'il vient de faire, était tout à fait
prévisible, je veux dire, c'était clair qu'il allait dire : Ah! nous, on
est dans l'urgence climatique, et là, parce que l'opposition, le troisième
groupe d'opposition présente une
motion de report, tout d'un coup, là, si on n'atteint pas nos cibles de 37,5 % en 2030, ça va être de la faute de la motion de report du Parti
québécois, Mme la Présidente, à l'entendre parler, là.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, M. le ministre.
M.
Charette : ...me prête des intentions, déforme mes propos. Donc, je
l'inviterais à la plus grande prudence, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Bon, écoutez, là, on débute un débat de deux heures, alors je vais vous inviter, s'il vous plaît... Vous connaissez
nos règles, je vais vous inviter à utiliser des propos qui sont conformes à nos
règles. Et je vous recède la parole, M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Je ne pense pas, Mme la Présidente, que j'ai... Je lui ai
prêté peut-être l'intention de nous donner beaucoup d'influence, comme parti, sur la lutte contre les changements
climatiques. Tant mieux. Si c'est ça, l'intention, je pense qu'il a tout à fait raison, parce que c'est
vrai qu'on a fait, depuis quelques années, des interventions archipertinentes
sur la question climatique.
Mais c'est parce qu'il faut juste, Mme la
Présidente, prendre les choses, là, quand même en proportion, hein? Il nous dit : Nous, on est vraiment pressés,
dans l'urgence. On aura l'occasion de revenir tout à l'heure ou plus tard, dans
ce débat sur l'adoption du principe,
quant au fond du principe du projet de loi n° 44,
mais on a eu une série de témoignages en
commission parlementaire, dont celle de Normand Mousseau, qui nous a dit :
Ce projet de loi, là, s'il est adopté, c'est une voie directe vers l'échec, c'est une voie directe vers l'échec. Et
là moi, je me ferais dire par le gouvernement qu'une motion de report va faire en sorte qu'on ne sera
pas capables d'avancer correctement en termes de gouvernance climatique au Québec? Non, Mme la Présidente. Il y a toujours
bien des limites, là, à reprocher des choses. Alors, ça, c'est... il faut
d'abord dire ça.
Mais, sur les
raisons fondamentales pour lesquelles on présente la motion de report, c'est
bien simple, nous avons ici la
responsabilité, comme parlementaires, de faire un travail sérieux, de faire un
travail rigoureux, de faire un travail à partir des informations
probantes. Ce projet de loi, dans son propre titre, dit qu'il faut revoir la gouvernance
du Fonds vert. Il me semble que, pour faire
un travail parlementaire auquel les Québécois s'attendent, c'est de travailler
avec les bonnes données, avec les bons chiffres.
Savez-vous quoi? Le Commissaire au développement durable, qui est une direction du bureau du Vérificateur général du
Québec, nous a dit : On n'est pas capables de faire l'audit financier
encore avant quelque temps sur la
gestion du Conseil du Fonds vert, parce qu'il y a tellement eu d'imbroglios, il
y a tellement eu de blocages, il y a
tellement eu de résistance entre le ministère de l'Environnement et le Conseil
de gestion du Fonds vert, depuis que
celui-ci est créé, en 2017, que le propre Commissaire au développement durable,
dans son propre travail, a dit : Je ne suis pas capable d'avoir
toutes les informations pour faire un audit financier.
Donc, on n'a
pas les documents d'une instance neutre, non partisane, reconnue et réputée au
Québec. Et le ministre veut pousser la machine à fond pour l'étude du
projet de loi n° 44 alors qu'il nous manque ces
données-là qui sont fondamentales, qui sont vérifiées de façon objective par le
Commissaire au développement durable et le bureau du Vérificateur général. Moi, je pense que, comme parlementaires, on se le
ferait reprocher, avec raison, par la population québécoise si nous
entamions l'étude détaillée de ce projet de loi sans avoir les chiffres
fournis, et présentement au travail, là, du
Commissaire au développement durable. On peut se prendre quelques semaines, Mme
la Présidente, ou quelques mois pour être capable d'avoir les bons
chiffres devant nous.
• (20 h 20) •
Et, à la
limite, si ce n'était que le Commissaire au développement durable qui
dirait : Je manque de ressources, je n'ai pas encore assez de temps pour faire mon travail... Mais il y a une
corroboration, il y a une deuxième personne qui est venue nous dire la même chose en la personne de la
présidente-directrice générale du Conseil de gestion du Fonds vert,
Mme Chagnon, qui est venue corroborer les propos du Commissaire au
développement durable en disant :
Il y avait tellement de résistance entre le ministère de l'Environnement et le Conseil
de gestion du Fonds vert que ça a
pris huit mois, après la création du Conseil
de gestion du Fonds vert, huit mois
pour me voir allouer des ressources
humaines du ministère de l'Environnement au Conseil de
gestion du Fonds vert, huit mois. Et en plus elle nous a dit : Jamais le ministère
de l'Environnement n'a voulu nous
transmettre le premier audit financier fait par le Commissaire au développement
durable et le Vérificateur général.
Donc,
Mme la Présidente, vous comprenez qu'il est de notre responsabilité
fondamentale de dire : Bien, on va travailler correctement. Alors, face à ces deux témoignages en
commission parlementaire, moi, je me suis outré, je me suis levé, je suis intervenu en disant : Ce
n'est pas vrai qu'on va nous rentrer dans la gorge un projet de loi qui réforme
le Conseil de gestion du Fonds vert sans
qu'on ait les données du Vérificateur général sur la même gestion et la même
gouvernance du Conseil de gestion du Fonds
vert. Et d'ailleurs, à cet égard, peu de temps après mon intervention, mes
collègues de l'opposition officielle et de la deuxième opposition m'ont appuyé
dans cette démarche, m'ont appuyé.
Alors,
il n'est pas... Je veux dire, il faut quand même être capable de bien mesurer
les choses, là. Ce n'est pas vrai qu'on
va retarder l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre parce
qu'il y a une motion de report pour être sûrs d'avoir les bons chiffres venant du Commissaire au développement
durable, Mme la Présidente. La seule raison qui expliquera la non-atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de
serre, ce sera l'inaction de ce gouvernement, et rien d'autre, en
matière de lutte contre la crise climatique, Mme la Présidente. Ça, c'est la
vérité, c'est la vérité.
Donc,
face à cet imbroglio, quand même, qui dure depuis quelques années... Je vous
rappelle que le Conseil de gestion du Fonds vert, là, ça ne date pas de
Mathusalem, ça a été créé en 2017. Face à cet imbroglio, face à cette impossibilité nommée déjà par le Commissaire au
développement durable au début de l'année 2019, ici, de ce côté-ci de
la Chambre, on a présenté une motion qui est
devenue un ordre de l'Assemblée nationale. Vous avez une grande expérience,
Mme la Présidente, vous savez qu'on adopte
une série de motions ici à chaque jour, mais, quand il y a le petit ajout qui
s'appelle : Que cette motion soit un
ordre, je veux dire, ça le dit, c'est un ordre. Alors, on a fait ajouter que le
Commissaire au développement durable puisse poursuivre son travail, on a
dit nommément dans cette motion que le ministère de l'Environnement doit fournir tous les chiffres au Commissaire au
développement durable et au Vérificateur général, tous les documents, qu'il agisse avec la transparence
nécessaire pour que le Commissaire au développement durable puisse faire son travail correctement, et que cette
motion soit un ordre de l'Assemblée nationale. Bien, moi, Mme la Présidente,
là, comme député, je vais me battre jusqu'au
bout pour que les ordres de l'Assemblée nationale soient respectés. Ce n'est
pas vrai ici, là, qu'on va bousculer le travail parlementaire pour entamer à la
vitesse une étude détaillée du projet de loi
n° 44 sans que d'abord et avant tout l'ordre de
l'Assemblée nationale soit respecté. Ce n'est pas un ordre qui a été écrit
sur le coin de la table, c'est un ordre qui a été fait pour qu'on puisse avoir
les bons chiffres.
Mme la Présidente,
pouvez-vous m'indiquer, à ce stade-ci, il me reste combien de temps, à peu
près?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Deux minutes.
M.
Gaudreault : Deux minutes? O.K. Donc, Mme la Présidente, deux minutes
pour vous dire que cette motion de
report vise à nous... à faire en sorte qu'on puisse bien faire notre travail.
Moi, je pense que c'est tout à fait raisonnable, avant de faire un travail
parlementaire, d'avoir tous les chiffres. On a mis 12 mois parce qu'on ne
le sait pas puis les règles
parlementaires font en sorte qu'une motion de report c'est maximum
12 mois. Si le ministre demande une suspension puis vient nous dire : On le sait, que le VG va
être bon pour nous fournir le rapport, disons, d'ici mai, O.K., hypothèse,
disons, d'ici le mois de mai, O.K.,
on va la mettre, la motion de report, au mois de mai. Moi, je suis ouvert à ça.
Mais là on est obligés de mettre
12 mois parce que le ministre ne nous dit rien puis il veut pousser...
mettre la machine à toute vapeur pour
adopter... pour faire l'étude détaillée du projet de loi n° 44.
Alors, Mme la Présidente, moi, je suis ouvert. Mais ce n'est pas vrai que, comme parlementaire, je vais
me sentir à l'aise et confortable d'entamer l'étude détaillée du projet de
loi n° 44 si je n'ai pas les
chiffres, si nous n'avons pas les
chiffres, les données du Vérificateur
général, du Commissaire au développement durable sur
la gestion et éventuellement à savoir si c'est une saine gestion du conseil du Fonds vert, parce que les témoignages
qu'on a eus en commission
parlementaire et de la P.D.G.
du Conseil de gestion du Fonds vert
et de Paul Lanoie, le Commissaire au développement
durable, sont au minimum extrêmement troublants. Troublants, extrêmement
troublants.
Donc,
Mme la Présidente, je vous fais ce plaidoyer, par votre voix,
auprès des collègues, pour que nous adoptions cette motion de report, qui ne vise qu'à bien faire notre travail. Et,
encore une fois je le répète, si le ministre nous dit : On a une information du VG qui nous dit qu'on peut avoir l'audit... le
rapport d'audit sur le Fonds vert à quelque part à la date x, y, on le fixera dans la motion de report,
la date x, y, on sera capables de le faire. Alors, c'est pourquoi on intervient
là-dessus, Mme la Présidente, aujourd'hui. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Jonquière.
Et maintenant je suis prête à reconnaître le prochain
intervenant.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Melançon : Je crois comprendre, Mme la Présidente, que... Le ministre,
tout à l'heure, a indiqué que le gouvernement n'allait pas prendre son temps.
Je crois comprendre, avec les discussions qu'il y a eu derrière, que finalement
l'enveloppe du gouvernement sera prise par le gouvernement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est
l'indication que j'ai reçue. Alors, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement, Mme la Présidente, la partie gouvernementale va prendre son
temps. À titre indicatif, pouvez-vous nous indiquer combien de temps
pour le gouvernement ainsi que pour les oppositions, Mme la Présidente, s'il
vous plaît?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
Alors, je me fais un plaisir de vous rappeler que le gouvernement, vous disposez de 57 min 50 s, l'opposition officielle dispose de 35 min 45 s, et le deuxième groupe d'opposition dispose d'un temps de parole de
12 min 46 s.
Alors, le prochain intervenant sera M. le député
de Bourget.
M. Richard Campeau
M.
Campeau : Merci, Mme la Présidente. Environ en 2015‑2016, je pense que c'était 2015, on a formé un comité
environnement, à la CAQ, et c'est moi qui
avais eu l'occasion de le démarrer. Je n'étais pas élu à ce moment-là. Alors,
je pense, ça montre qu'il y a
eu un intérêt environnemental il y a longtemps, puis, dans mon cas, bien, depuis très
longtemps. J'étais déjà inquiet du climat quand on parlait de l'accord
de Kyoto, en 1997. Alors, quand j'ai entendu la collègue de Maurice-Richard, qui a
utilisé, j'avoue, une belle métaphore, c'était un beau jeu de mots comme j'aime
les faire, qui a parlé d'épiphanie
verte, bien, j'ai trouvé ça... ça m'a choqué, choqué dans le sens anglais d'un
choc puis choqué dans le sens, en français, de «pas content». Me faire
dire à moi que c'est nouveau, un attrait environnemental, je suis déçu.
Je me
souviens, parce qu'on a cité tantôt Normand Mousseau, un individu que je
connais bien, j'étais avec lui hier
et puis... Il avait fait un groupe qui s'appelait Le climat, l'État et nous. À
l'intérieur de ce groupe-là, il invitait les différents partis
politiques puis il venait nous dire : Voici dans quelle direction on
devrait aller, qui nous donnait une idée de la direction. Il est resté quand
même très en ligne avec les commentaires qu'il est venu nous faire au projet de
loi n° 44. Et, à ce
moment-là, les gens qui étaient présents, il y avait toujours eu quelqu'un de
la CAQ, j'étais là, il y a toujours
eu quelqu'un du Parti québécois qui était là, il y a eu deux tiers du temps
quelqu'un de Québec solidaire qui était là, et il n'y a jamais eu
personne du Parti libéral. Lui-même l'a clairement mentionné.
• (20 h 30) •
Le 25 septembre dernier, on a mentionné que l'Assemblée nationale adoptait la motion suivante sur l'urgence
climatique, c'est-à-dire, permettez-moi de le répéter :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte qu'au Québec, 395 municipalités, une
dizaine d'universités et près d'une centaine d'organisations de la
société civile ont adopté une déclaration d'urgence climatique;
«Qu'elle
prenne acte du fait que l'Organisation des Nations unies a elle aussi déclaré
l'urgence climatique et qu'en conséquence,
66 États ont souscrit à l'objectif de la neutralité carbone [pour] 2050 — ce que nous avons discuté ici aussi;
«Que l'Assemblée nationale déclare à son tour l'urgence
climatique, et qu'elle demande au gouvernement du Québec d'harmoniser l'ensemble
de ses choix politiques — politiques voulant dire autant économiques
qu'environnementaux que tout ce qui
se passe dans tous les ministères — avec cette situation de crise, en prenant
tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement
nos émissions de gaz à effet de serre.»
Ce qu'on a
appelé «rapidement et drastiquement», on l'a quantifié ici en visant, avec un
accord des parties, 37,5 % de
réduction de gaz à effet de serre. Certains, maintenant, veulent aller plus
loin. Ils ont tout à fait le droit. Ils peuvent en parler très ouvertement, et c'est tout à fait
correct. Mais je rappelle qu'on a quand même été vers ce 37,5 % d'une
façon commune.
Alors,
l'Assemblée nationale reconnaissait à ce moment-là notre urgence d'agir. Et une
des façons de passer de la parole aux
actes... bien, il y en a plusieurs. À partir du moment où on s'occupe de la
consigne, à partir du moment où on s'occupe
des centres de tri comme l'annonce extrêmement intéressante qui a été faite ce
matin, ce sont des pas dans la bonne direction. Ça
ne vise pas nécessairement les gaz à effet de serre, mais ça a un effet. À
partir du moment où on n'envoie pas tous nos rebuts en Inde, bien, en les
laissant au Québec, on en prend plus avantage et on utilise moins d'énergie
pour les envoyer. Alors, ça a toujours un effet positif sur la lutte aux gaz à
effet de serre.
Les oppositions nous
demandent de... On a aussi évidemment — j'allais sauter le plus
important — passé
de la parole aux actes en présentant le projet de loi n° 44. Comme tout
projet de loi, il est imparfait, et il y aura toujours moyen de l'améliorer. C'est pour ça qu'on fait des consultations
publiques particulières, qu'on discute article par article. Là, maintenant, les oppositions nous demandent de
reculer sur cette prise de position et de repousser le débat. C'est quand
même un gros changement de situation entre
l'urgence d'agir et, là, l'urgence d'arrêter. Moi, l'urgence d'agir, je l'ai
toujours.
Ce
n'est pas un secret pour personne, et même qu'il y a plusieurs groupes qui sont
venus le dire en consultations particulières,
la loi qui a instauré, en 2017, le Conseil de gestion du Fonds vert n'avait pas
défini suffisamment bien les rôles et
responsabilités de l'organisme vis-à-vis du ministère de l'Environnement. Quand
je dis ça, je n'essaie pas de faire de la partisanerie. Quand on prépare
quelque chose, et qui est nouveau, ça se peut qu'on ne vise pas parfaitement.
Et là on est venus, avec le projet de loi
n° 44, essayer de l'améliorer. Encore une fois, on va essayer de
l'améliorer. Il y aura toujours de la
place pour l'amélioration. Je pense qu'on doit remettre de l'ordre dans ce qui
a été fait, viser à une amélioration, et arrêter de faire des chicanes
autour du Fonds vert, et assurer que la gestion du Fonds vert soit la plus
efficace et transparente. C'est ça qu'adroitement ou maladroitement on essaie
d'aller de l'avant avec le projet de loi n° 44. Il est important que
l'Assemblée nationale adopte ce projet de loi afin de nous outiller face à la
crise.
J'aimerais
rappeler que le... J'ai entendu, lors des consultations sur le projet de loi
n° 44, le député de la troisième opposition
qui disait : Est-ce qu'on doit accepter ce projet de loi tel qu'il est et
travailler à l'améliorer ou le changer au complet? Moi, ma réaction,
c'est : Bien, un projet de loi, ce n'est jamais parfait. Puis on nous a
parlé de structure, de structurite, de
toutes sortes de choses. Mais là on veut bien parler des structures, mais on
aimerait ça parler aussi d'efficacité, de
projets, d'actions et d'aller de l'avant. Alors je ne suis absolument pas
partisan de revenir vers un nouveau projet de loi, mais plutôt de
travailler à bonifier celui qu'on a actuellement dans le but d'utiliser le
minimum de temps sur la structure et le maximum de temps sur les actions. Les
structures, c'est bien. L'action, c'est encore mieux.
On
nous a dit : Les groupes sont venus de façon unanime dire ci et les
groupes sont venus de façon unanime dire ça. C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de groupes qui nous ont parlé de TEQ,
par exemple. Ça a été bien entendu. Mais il y a aussi beaucoup de groupes qui sont venus nous dire que le projet de loi
n° 44 était un pas dans la bonne direction, mais avec des choses à améliorer. Bien, j'espère que
ces groupes-là, qui sont venus nous
voir, sont venus nous voir pour dire ça, autrement ils n'auraient pas dû venir nous voir, ils auraient dû nous
dire : On est d'accord puis on ne veut pas vous en parler. C'est normal
qu'ils soient venus nous voir et nous dire : On pense que ça devrait être
changé, amélioré ou quoi que ce soit.
Mais j'aimerais vous rappeler que beaucoup ont dit : Un pas dans la bonne direction,
mais il y a de la place pour amélioration.
Alors,
j'en viens à : Si c'est urgent, pourquoi est-ce qu'on va reporter? Pourquoi
on va passer du temps sur la structure ou la structurite, tel que certaines
personnes utilisent ce mot, et non pas minimiser le temps sur l'aspect
structure, maximiser le temps sur
l'aspect des actions, comme ce qu'on a présenté aujourd'hui sur les centres de
tri, qui a été extrêmement bien
accepté?
Je pense
qu'il y a plus de volonté que jamais dans la population, un peu partout, mais «dans la population» veut dire qu'à l'intérieur du parti gouvernemental on est des... à
l'intérieur de toute l'Assemblée
nationale, nous devrions être des reflets de ce que les Québécois
disent et pensent. Et, par rapport à ça, je vois énormément plus de volonté de
s'attaquer au problème des changements climatiques que je n'en ai jamais
vu.
Ça m'a toujours un
peu désespéré, cet aspect-là, en disant : J'aimerais ça, moi, crier après
le loup, que les gens réagissent rapidement,
parce que j'ai toujours eu cette inquiétude, comme je le disais, depuis
l'accord de Kyoto, qu'on devrait
aller de l'avant. Mais ça ne marche pas, ça. Ça ne marche pas, crier au loup. Il faut
convaincre. Spécialement en démocratie, il faut vraiment
convaincre. Mais là, quand on voit qu'il
y a une mobilisation des gens, qu'il y a une
mobilisation à l'intérieur de nous
tous ici, si on peut minimiser la chicane et maximiser le travail ensemble, on
a pas mal plus de chances d'aller de l'avant.
Et je rajouterais en
terminant qu'il y a plus de volonté que jamais à l'intérieur de l'Assemblée
nationale, des fois c'est imparfait, il y a
plus de volonté que jamais à l'intérieur du gouvernement aussi d'aller de
l'avant et de réaliser la baisse des gaz à effet de serre, d'atteindre ces fameuses cibles là. Je suis confiant, j'ai hâte qu'on
attaque ce problème-là avec des actions et non pas avec du jasage sur la
structure. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie M. le député de Bourget. Et maintenant la prochaine
intervenante sera Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit : Je vous remercie, Mme la Présidente. Je voudrais
commencer en félicitant le député de Bourget parce qu'honnêtement je suis très impressionnée. La motion de report a
été déposée il y a, quoi, 20 minutes tout juste, puis il a eu le temps
d'écrire un discours puis de nous lire un discours. Puis, honnêtement, il doit
avoir une plume très affilée pour
être capable, comme ça, spontanément, d'écrire dans les... puis là je dis
20 minutes, mais je pense qu'il y a peut-être 12 minutes qui ont été
données à mon collègue pour argumenter sa motion de report. Donc en
12 minutes, il a eu le temps d'écrire 20 minutes de discours
puis de nous les lire. En tout cas, je le félicite. Honnêtement, c'est un
parlementaire aguerri, et je suis très impressionnée par sa performance.
Et
je voudrais noter un des... Il a dit quelque chose d'extrêmement pertinent,
puis je vais rebondir sur la fin de son intervention. Il dit : Si
c'est urgent — puis je reviendrai à la motion qui a été
déposée par le député de Jonquière, mais, je veux dire, tout est dans tout, là — pourquoi passer du temps sur les structures? Bien honnêtement, là, c'est une
maudite bonne question parce
que c'est exactement ce que j'ai dit pendant une heure
d'intervention tout à l'heure. Puis là, là, j'abonde, mais j'abonde vraiment, là, dans la même voie que le député de
Bourget. Si c'est urgent, pourquoi passer du temps sur les structures?
Bien, c'est
exactement ce qui a été décrié par les groupes qui sont venus lors des
consultations, qui nous ont dit : TEQ, ça fonctionne bien. C'est agile,
c'est flexible, ça répond aux demandes des entreprises. Pourquoi on irait y
toucher? Pourquoi on irait enlever
cette structure-là? On veut la bonifier, peut-être. On veut l'améliorer,
peut-être. Mais pourquoi on irait y toucher?
• (20 h 40) •
Le Conseil de
gestion du Fonds vert, ça a été mis en place justement pour aller gérer le
Fonds vert, pour aller le dépolitiser, pour aller amener de la reddition
de comptes, pour amener de la transparence. Pourquoi y toucher? Est-ce qu'il
faut fusionner les deux? Est-ce qu'il faut revoir la gouvernance? Est-ce qu'il y a des ajustements à faire? On n'est pas contre l'idée. Mais je suis tellement, mais tellement d'accord avec le député
de Bourget, qui, si je ne me
trompe pas, est l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Environnement, qui dit : Si c'est urgent,
pourquoi passer du temps sur les structures?
Je suis
absolument d'accord avec lui et je pense qu'effectivement on devrait passer du
temps à autre chose que d'avoir des discussions dans ce salon et occuper
cette Chambre sur la structurite, parce que gérer des structures, c'est de la structurite, puis abolir des structures qui
fonctionnent bien, bien, ça, c'est vraiment de la structurite. Puis à l'heure
actuelle, alors qu'on a décrété l'urgence
climatique ici, on devrait être drôlement en train de faire d'autre chose à
20 h 30, un mardi soir, que
d'être en train de discuter de structures qui fonctionnent bien, qui ont la
confiance des entreprises, qui ont
une démonstration qu'elles font une différence au niveau de la diminution des
GES, qui font une différence au niveau des entreprises qui veulent avoir
vraiment un apport positif. Et je pense qu'on devrait dépenser nos énergies
ailleurs.
Et, une
fois qu'on a dit ça, la motion de report qui est présentée par le député de
Jonquière, je ne peux qu'être d'accord avec
certains des questionnements qui sous-tendent la motion qu'il dépose. Je pense
qu'être parlementaire, le minimum qu'on...
ce à quoi on devrait aspirer en termes d'intégrité, je vais le dire,
intellectuelle, d'intégrité parlementaire pour faire notre travail comme il faut, c'est d'avoir toutes
les informations entre les mains. Et, en ce moment, effectivement, on a le
Commissaire au développement durable et le
Vérificateur général qui sont venus en consultation, qui ont émis un... je
ne sais pas si on appelle ça un blâme sévère ou une note sévère et qui sont
venus dire : On n'est pas capables de faire... on ne l'a pas fait, l'audit
du Fonds vert. Moi, ça m'inquiète, ça me questionne. Je pense qu'on devrait
avoir ces informations-là et surtout dans un
contexte où, je le répète, et là il ne faut pas confondre les deux choses, il y
a urgence climatique. Ça, tout le
monde en convient ici. Mais ce que tous les groupes qui sont venus en
consultation sur le projet de loi
n° 44 sont venus nous dire, c'est que le ministre de l'Environnement n'a
aucunement été capable de faire la démonstration que son projet de loi va faire une différence dans la lutte aux
changements climatiques ou dans l'adaptation aux changements
climatiques.
Donc, il
pourra dire tout ce qu'il veut en Chambre, il pourra nous dire que les oppositions...
parce que je l'entends déjà, puis, s'ils veulent faire des appels au règlement,
ils peuvent le faire, je ne prête pas des intentions parce que ça a été
fait lors de nos consultations où ils nous ont dit : Si vous vous
positionnez dans une posture de... vous voulez plus d'information avant de
l'étudier, c'est parce que vous voulez faire de l'obstruction. Ce n'est pas une
question de faire de l'obstruction. Moi,
j'en suis dans la lutte aux changements climatiques, j'en fais une priorité. Je
pense que ça doit être notre priorité
comme Assemblée nationale. Je souhaite que ce soit la priorité du gouvernement.
Mais ce n'est pas une loi-climat que
le ministre dépose, il l'a dit lui-même. Il n'y a pas de respect des cibles de
diminution des GES, il n'a pas fait la démonstration que ça allait permettre de
lutter contre les changements climatiques, il n'a pas fait la démonstration
que son projet de loi allait nous permettre d'atteindre nos cibles de réduction
des GES non plus.
Donc, il pourra nous dire qu'on fait
obstruction, qu'on ralentit l'avancement de ses travaux, moi, je pense qu'il doit se concentrer sur son plan de lutte aux
changements climatiques. C'est ce qu'on attend. C'est ce qui va venir faire la différence. Et ce qu'il nous propose
présentement avec le projet de loi, c'est des changements de structures, puis
je le répète parce que c'est important, ce
sont des structures qui font la job en ce moment, qui fonctionnent bien, les
gens sont satisfaits. Donc, s'il
souhaite, je vais dire, idéologiquement ou pour des raisons, comme je vous l'ai
dit, qui m'échappent, les abolir ou
les transférer dans ses ministères, qu'il le fasse maintenant ou qu'il le fasse
plus tard. Comme il n'est pas capable
de faire la démonstration que ça va avoir un impact au niveau de la lutte aux
changements climatiques, je pense qu'on
peut reporter l'étude de ce projet de loi, et peut-être se concentrer sur son
plan de lutte aux changements climatiques, lorsqu'il nous le présentera,
et attendre d'avoir l'ensemble de l'information.
Et là le collègue de Jonquière a demandé un
report par rapport au rapport du Commissaire au développement durable sur
l'audit du Fonds vert, mais on attend toujours aussi les états financiers de
TEQ, qui ne sont toujours pas disponibles et
qu'on attend. Et je pense que, quand on aura toute l'information, là... On ne vogue pas dans la
noirceur, là. Je pense qu'il est légitime de demander d'avoir ces
informations-là pour étudier le projet
de loi du ministre. Ça serait la moindre des choses. Et je le répète parce que je
trouverais ça dommage qu'on tombe dans un argumentaire très partisan, parce que c'est malheureusement à ça qu'on
nous ramène depuis plusieurs semaines et depuis plusieurs mois, qu'à chaque
fois qu'on se lève comme membres de l'opposition de se faire dire : Vous
faites de l'obstruction.
Bien, moi,
j'aurais envie de vous dire, Mme la
Présidente : Moi, j'ai été élue.
Je pense que j'ai le droit d'être ici. Je pense que j'ai le droit de soulever
des questions. Je pense que c'est pour ça que mes concitoyens m'ont élue. Et on
a fait des consultations. Puis là je
comprends que les consultations puis les commissions parlementaires, le gouvernement trouve que c'est une
perte de temps, mais, dans nos travaux, là, puis dans la façon dont l'Assemblée nationale fonctionne, bien, c'est encore comme ça avant la réforme. On
verra où on ira avec ça, mais c'est encore à l'ordre du jour.
Et on a des gens qui sont venus nous soulever
des questionnements très importants, et l'objectif, puis j'en profite, là, que le ministre est là, ce n'est
pas... puis je serais très malheureuse de l'entendre dire, sur la place
publique après, que c'est dans un
simple objectif d'obstruction que les oppositions ont demandé un
report parce qu'on est prêts à travailler sur le plan de lutte aux changements
climatiques parce que c'est ça qui va vraiment faire la différence. On est prêts à travailler
sur ce qu'il nous propose qui va faire une différence sur l'adaptation aux
changements climatiques, sur la lutte
aux changements climatiques, sur notre atteinte de diminution des GES, sur
notre atteinte de cibles. On est prêts à travailler là-dessus. Mais son projet
de loi à l'heure actuelle, il ne nous permet pas d'atteindre ça.
Donc, même si on décide de les mettre de côté
pendant quelque temps, ça ne fera pas de différence sur les objectifs
communs qu'on devrait partager. Et je pense qu'on devrait prendre le temps de
faire les choses comme il faut, on devrait prendre le temps d'avoir
toutes les informations en main. Et je suis certaine que lui-même... peut-être
qu'il a certaines informations qu'on n'a
pas, mais, de toute évidence, il n'a pas l'audit du Vérificateur général, du Commissaire au
développement durable. Et le Commissaire au développement durable est quand
même un des premiers qui a levé des drapeaux rouges, justement, à
l'époque, qui a fait qu'on a mis en place ce Conseil de gestion du Fonds vert,
qui a fait qu'on a mis en place Transition
énergétique Québec et qui nous dit : Bien, moi, à l'heure actuelle, je
n'ai pas été capable d'auditer, je n'ai pas l'information pour le faire.
Donc, est-ce qu'on peut donner un mandat
exceptionnel? Est-ce qu'on peut lui demander de faire ça de façon accélérée? Parce qu'il nous a dit en
commission : Bien, écoutez, je ne serai peut-être pas capable de faire ça
avant l'automne, mais je pense que
tout est possible. Et, si ça devenait un mandat prioritaire, comme je dis,
l'objectif n'est pas de retarder l'étude
du projet de loi, l'objectif est de s'assurer que, comme parlementaires, on ait
toute l'information en main pour faire
nos travaux. Et ça, ça devrait être le minimum et le minimum de ce qu'on se
donne comme objectif, comme élus dans cette Assemblée nationale. Merci.
• (20 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Maurice-Richard. Maintenant, je vais reconnaître le
prochain intervenant, et ce sera M. le président du Conseil du trésor.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je prends beaucoup de plaisir à
prendre la parole ce soir sur le sujet général de l'environnement. J'ai
beaucoup... Ceux qui me connaissent bien savent que j'ai peut-être dans ma
famille des gens qui me suivent de très près sur l'environnement. Et j'ai
décidé de prendre la parole ce soir, Mme la Présidente,
parce que, dans la même phrase, j'entends, du côté des gens que je connais
bien, dans ma famille... qui me parlent d'urgence climatique, et je ne suis
sûrement pas le seul ici, en cette Chambre ou dans nos cercles d'amis ou de
collègues, qui entendent parler régulièrement d'urgence climatique.
Par contre,
ce soir, ce dont j'entends parler, c'est de report. J'entends, d'un côté,
«urgence climatique» et, d'un autre
côté, j'entends «report». Et je n'entends pas report de quelques semaines, Mme
la Présidente, mais j'entends parler d'un report d'un an pour discuter
d'une structure.
Alors, je me
permets, Mme la Présidente, d'intervenir, alors que j'aimerais que les gens qui
nous écoutent ce soir, puis j'en ai quelques-uns en particulier en
tête... c'est de leur dire : Écoutez, ça semble un peu surréel, ce que
vous entendez aujourd'hui, parce que
je suis sûr qu'à cette heure-là les gens dont je parle ne sont pas couchés et
qu'ils nous écoutent avec beaucoup
d'intérêt. Et j'aimerais leur dire, Mme
la Présidente : Ce gouvernement-là n'acceptera pas d'avoir dans
la même soirée une discussion sur l'urgence
climatique et d'avoir dans le même
thème le report d'un projet de loi où on va discuter de la structure.
J'aimerais
vous dire Mme la Présidente, qu'en plus... une des raisons pour laquelle il
semblerait, puis je respecte beaucoup l'opposition, Mme la
Présidente, parce que
je ne parlerai pas des mots... Non, on ne peut pas le dire. J'ai déjà été
dans l'opposition. Je suis capable d'apprécier que le travail de l'opposition est important. Je l'ai déjà fait et je le respecte. Mais, à
un moment donné, il faut choisir ses
batailles. Il faut choisir ses batailles qui sont conséquentes avec nos objectifs. Et, lorsque je me mets du côté de l'opposition, où, on le sait, ça a été très long avant de définir une stratégie
pour lutter contre l'urgence climatique, ça a été très difficile pour l'ancien gouvernement de se faire une
idée là-dessus... Tout
le monde est conscient des problèmes qu'il y a eu dans le Fonds vert,
avec le fonds de gestion, etc.
Alors, aujourd'hui, les gens qui n'ont pas été capables de mettre en place ce qui devait
être fait il y a plusieurs
années viennent nous dire : Là, il faut
attendre les états financiers, il faut attendre le rapport du vérificateur sur
des choses qui se sont passées il y a plusieurs
années. Et, pendant que vous êtes en train de finaliser votre stratégie, on ne
vous permet pas de travailler sur une
nouvelle structure parce que, non, non, non, ce n'est pas important
de le faire tout de suite, il faut attendre le rapport du vérificateur. Et,
s'il y a bien une personne qui respecte le travail d'un vérificateur, c'est bien moi, mais ce n'est pas ça, l'enjeu, Mme la
Présidente, ce n'est pas le rapport du vérificateur, je reviens, c'est
l'urgence climatique.
On a la
chance aujourd'hui d'être capables de travailler en même temps sur une
stratégie, c'est ce que mon collègue à
l'Environnement fait en ce moment, de travailler sur cette stratégie-là, qui
est très claire, à mon sens, où on a maintenant décidé, dans notre cas, de respecter la cible des GES pour 2030, qu'on a
commencé à amener des éléments très clairs de cette stratégie-là. On est
en train de vouloir travailler, par ce projet de loi, sur une structure parce
qu'on dit souvent que la structure doit suivre la stratégie, c'est exactement
ce qu'on est en train de faire avec ce projet de loi là. Et aujourd'hui ce que j'entends, c'est que, non, on
va reporter ce travail-là, qui est si important, pour un an. Alors, moi, je
regarde mes collègues
et je regarde les députés qui ont travaillé sur ce projet-là, l'adjoint
parlementaire du ministre, nous savons,
hein, le gouvernement qu'on ne peut pas perdre le temps qui a été perdu dans
les dernières années, et malheureusement on ne pourra pas le rattraper.
Ce qui est passé est passé.
Alors,
aujourd'hui, Mme la Présidente, je pense qu'il faut faire absolument un choix
de faire autrement. J'ai très hâte, moi aussi, de voir le rapport du
vérificateur, mais qu'est-ce qu'il va nous confirmer, le rapport du VG? C'est
que ça ne fonctionnait pas, que ça ne
fonctionnait pas, qu'il y avait des enjeux de gestion, les priorités étaient au
mauvais endroit. Mais ça ne nous
empêche pas, nous, d'aller chercher, à partir de maintenant, les meilleures
pratiques pour s'assurer que nous allons mettre en place la façon
d'aller chercher les bons résultats.
Alors,
Mme la Présidente, je pense qu'on peut se dire ce soir que je respecte et que
nous devons respecter le travail de
l'opposition. Mais le travail de l'opposition, pour moi, n'est pas dans le
report, n'est pas dans le report de prendre une autre année. C'est quand même assez impressionnant de penser
sérieusement que la seule valeur ajoutée que l'opposition peut avoir ce soir dans la discussion, c'est de
reporter d'un an. Moi, j'ai vraiment de la difficulté à dire aux gens que je
connais qu'aujourd'hui il y a des gens de l'opposition qui n'ont pas réussi à
faire ce qu'il fallait faire en environnement, dans les dernières années, pour respecter les cibles qu'ils s'étaient
fixées, de venir aujourd'hui nous dire que la bonne façon de travailler à l'Assemblée nationale, c'est
de reporter encore d'un an en attendant le rapport d'un vérificateur. Et
Dieu sait, puis je ne suis pas sûr que
«Dieu», c'est le bon mot à dire, mais nous savons tous le respect que j'ai pour
le VG.
Alors
donc, ce que je vous dis, Mme la
Présidente, puis je suis vraiment
content d'avoir pris quelques minutes pour vous donner cette
pensée-là : Le report ne va pas avec l'urgence climatique. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
président du Conseil du trésor. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée de Mercier. Et votre formation politique
dispose d'un temps de parole de 12 min 46 s.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour d'intervenir sur la motion du député de Rimouski.
Je veux tout d'abord
souligner que je suis ravie que le gouvernement ait décidé d'utiliser tout son
temps. Ça prouve qu'il reconnaît que la
démocratie... bien, dans une démocratie, on doit prendre le temps de débattre
comme il faut.
Sur
la motion elle-même, en fait, je l'avais mentionné dans mon intervention tout à l'heure où je disais que j'étais surprise
d'intervenir aussi rapidement sur le projet
de loi, d'intervenir dans cette étape
du projet de loi, parce
que c'était la semaine passée, ça ne faisait même pas quelques
jours que les consultations particulières étaient terminées. Et donc ce que j'aurais souhaité, c'est que le gouvernement prenne le temps de réfléchir à tous les éléments qui ont été mentionnés
par les groupes et qui ne sont pas contenus dans son projet de loi.
Il y a aussi
un élément important... En fait, pour la motion, je vais y revenir, la
motion elle-même. Je dois dire que le
gouvernement, ce qui est important, c'est que le ministre
et son gouvernement prennent le temps de réfléchir sur ce qu'il doit contenir. Donc, combien de temps est-ce que
ça peut prendre? Là, la motion présente 12 mois. Je doute, je dois vous l'avouer, sur le 12 mois, même que ce
que le député de Jonquière nous a dit, c'est qu'il a choisi 12 mois parce que c'est
le temps maximum qui est permis par le règlement
pour une motion de report. Donc, l'important pour moi ici, c'est que le ministre
prenne le temps de faire le travail comme il faut, et le gouvernement, parce qu'on n'a pas le droit à l'erreur quand on parle
de l'urgence climatique.
Et vous savez, là,
ici, on parle de ce projet de loi de structure, puis le plan, lui, il va suivre
plus tard, le plan d'électrification et de lutte aux changements climatiques.
Mais on peut avoir le meilleur PECC au monde, le plus ambitieux, le plus beau écrit sur papier, mais, si on n'a pas la bonne gouvernance, si la façon que les choses sont organisées à l'intérieur de l'appareil gouvernemental ne sont
pas les bonnes et qu'elles ne permettent pas de mettre en oeuvre ce plan-là,
bien, ce sera un échec assuré.
Même,
il y en a qui disent que, dans les groupes, peut-être qu'on pourrait avoir un
plan un peu moins ambitieux, mais, si
la structure, elle est là, si elle est bonne, s'il y a une structure
indépendante qui prend les décisions puis qui va être redevable de ce
plan-là, bien, peut-être que, là, on aurait au moins des chances de réussir à
atteindre les cibles.
Donc, le plan... ce
projet de loi là, comme je le mentionnais, est une opportunité, un moment
extrêmement important qu'il ne faut pas qu'on rate. On ne peut pas faire
quelque chose, faire une structure comme celle que le gouvernement nous propose, et que ça ne fonctionne pas, puis après ça
qu'on s'en morde les doigts puis on dise : Bien, ça va être aux prochaines élections, ça va être
autres électeurs de décider, parce qu'il va être trop tard. On ne peut pas se
permettre encore une fois, comme maintenant,
en cette année 2020, de se rendre compte qu'on a raté les cibles qu'on
avait, alors que les cibles n'étaient même pas si ambitieuses si on suit
ce que le GIEC nous dit de faire.
Donc,
c'est pour ça qu'il faut prendre le temps, pas pour retarder les choses, pas
pour faire de la petite politique puis de la politicaillerie. Je ne suis
pas du tout là-dedans. Ce qu'il faut, c'est que le gouvernement réfléchisse
très sérieusement à ce projet de loi puis à
la structure qu'il va mettre en place pour assurer qu'on atteigne... que ce
plan-là, qui va nous être présenté
puis qu'on nous dit qu'il va être extraordinaire, bien, au moins, qu'on soit
sûrs qu'il puisse être atteint. Et,
pour le savoir, l'outil, c'est cette gouvernance-là, c'est ce projet de loi. Et
l'outil aussi, c'est une loi-climat où on met les cibles, où on met les
indicateurs de performance, où on met un budget carbone, où on met tous ces
éléments-là qui ne se retrouvent pas dans ce projet de loi là.
• (21 heures) •
Donc, c'est
juste un temps de réflexion. Ce n'est pas reporter juste pour reporter, puis on
s'assoit puis, après ça, on revient
dans un an. L'idée, c'est un temps de réflexion pour réellement que cette
gouvernance-là soit réelle puis qu'elle permette que le plan, finalement,
soit atteint puis qu'il soit un succès.
Il
y a eu une trentaine de groupes qui sont venus en commission, et la majorité
nous ont dit : Ça ne marche pas de
mettre le Fonds vert sous les mains du ministre et le plan, puis après ça la
transition énergétique, toute la planification sous un autre ministère. Pourquoi est-ce qu'on a séparé ça sous deux
ministères? Pourquoi, à la limite, si on ne voulait pas que ça relève
d'une organisation indépendante, de ne pas l'avoir mis tout dans les mains, par
exemple, du ministre de l'Environnement?
Parce que, là, on a deux bras, et ce n'est pas la même tête, comme je le dis,
donc il va y avoir un manque de cohérence.
Donc, on ne peut pas faire fi de ce que les
groupes, de ce que les gens qui ont réfléchi à ça pendant très, très longtemps... La démarche dont parlait le député de
Bourget, avec Le climat, l'État et nous, bien, c'était une démarche exactement pour ça, pour dire : Il faut qu'on
se donne les bonnes structures. Parce qu'à chaque fois on a des excellents
plans, tout est bon. On va voir, là, c'est
très bien, c'est parfait, c'est des belles mesures avec lesquelles on est
d'accord, pas assez ambitieuses
probablement, puisque ça va être des mesures qui vont nous permettre
d'atteindre le 37,5 %. Mais, même si
le plan, il est parfait, bien, si on
n'a pas la bonne structure puis si ce que le ministère de l'Environnement fait versus ce que le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles fait, ce n'est pas coordonné, bien, on s'en va à l'échec.
Donc, cette motion de report là, c'est comme ça qu'il faudrait
que le ministre la voie et que le gouvernement la voie, pas comme : Ah!
bien, on veut juste utiliser des moyens parlementaires pour retarder les
choses. Ce n'est pas ça, l'objectif. C'est
de prendre ce temps de réflexion puis de dire : Bien, qu'est-ce qui
pourrait être amélioré dans ce projet de loi là?
Moi, j'avais
fait, par exemple, une liste des éléments, j'en ai parlé longuement tantôt dans
mon intervention, mais on a besoin
d'une loi climat. Et même le ministre n'a pas dit : On n'en a pas besoin,
il dit : Ce projet de loi, ce n'est pas ça. Mais on en a un, projet de loi qui parle des changements climatiques et
de la lutte aux changements climatiques, on peut en profiter pour mettre ces
cibles-là. Je lui demande, et tous les groupes qui sont venus, les oppositions,
de réfléchir à ça.
Toute la
question d'abolir Transition énergétique Québec, le Conseil de gestion du Fonds
vert, énormément de groupes nous disent : Ça ne marchera pas, on
ne peut pas, il faudrait mettre ça
sous une même responsabilité. Justement, il y en a, par exemple, qui disent : Il faudrait que ça soit dans une
société d'État. Il y en a qui disent que le fonds et le TEQ doivent être gérés par une société d'État, ce avec
quoi on est d'accord. Il y a même des groupes qui sont venus nous dire :
Il faudrait que ce soit sous la plus haute instance, le Conseil des ministres ou même sous le premier
ministre, parce que
la question des changements
climatiques est très importante.
Il faudrait aussi qu'il y ait plus
d'indépendance parce que, là, quand
c'est dans des boîtes noires et non
pas dans une société d'État indépendante, dans des ministères, eh bien,
l'indépendance pourrait être mise à mal. D'inclure les cibles, de
rehausser les cibles, d'avoir des cibles sectorielles, le budget
carbone, il faut qu'il y ait une reddition de comptes rigoureuse
parce qu'il faut que quelqu'un soit responsable quand on n'atteint pas
les cibles.
Toute la
question aussi de la composition du comité, peut-être que le ministre pourrait
y réfléchir puis amener des amendements par rapport à cette question-là, mais
ça, ça prend du temps pour y réfléchir. Il faut aussi que le comité soit
indépendant. Toute la question aussi du deux tiers, le deux tiers du Fonds vert
qui doit aller au transport qui a été mise
de côté, il y a des gens qui disent qu'on devrait la ramener. On est d'accord
aussi avec ça. Mais le ministre pourrait aussi y réfléchir puis voir
s'il ne devrait pas amener un amendement à son projet de loi pour l'inclure. Le
rôle, aussi, accru du Vérificateur général,
d'inclure les tests climat, on n'en parle pas dans le projet de loi. D'inclure
aussi des cibles sur l'adaptation, on n'en parle pas dans le projet de
loi.
Donc, il y a
énormément d'éléments qui manquent pour en faire un projet de loi... C'est une
opportunité qu'on a ici, qu'on ne
devrait pas rater pour que ce projet de loi là nous permette réellement
d'atteindre les cibles de réduction de gaz à effet de serre, qu'il nous
permette réellement de mettre en oeuvre ce plan qui va nous être présenté
bientôt. Donc, je n'insisterai jamais
assez sur l'importance de ce projet de loi puis de cette opportunité-là qui
s'offre à nous. Et c'est pour ça, cette
motion de report là, il ne faut pas la voir comme juste un moyen parlementaire juste pour faire retarder les choses. C'est vraiment... Il faut que le gouvernement le
prenne comme un moment pour réfléchir sérieusement à ce qui a été dit
durant la commission parce que c'était extrêmement sérieux, c'est des gens qui
ont réfléchi pendant longtemps. Moi, j'ai
participé à ça. Le député de Bourget aussi en a parlé qu'il a participé à toute
cette réflexion-là. Et ces gens-là nous ont dit, ceux qui sont venus, qui ont participé aussi à cette réflexion,
comme M. Normand Mousseau, ils nous ont dit : Ça ne marche pas, là, de mettre ça dans les deux ministères,
il faudrait avoir une organisation indépendante. Bien, il faut écouter ces gens-là quand ils parlent, c'est extrêmement important. Et j'espère qu'on ne se dirigera pas vers ce
qu'on a vécu la semaine passée, je ne veux même pas dire le mot, parce
que c'est une inquiétude sincère que j'ai.
Et on est
prêts à travailler avec le ministre pour améliorer ce projet de loi là et non pas
dire : Bien, tous ces bons éléments-là,
il y en a avec lesquels on est d'accord, comme, oui, peut-être
une loi climat, mais ce ne sera pas maintenant, ce
sera plus tard. Bien, faisons-le maintenant et faisons-le comme il faut. Et pour le faire
comme il faut, bien, il faut prendre le temps de réfléchir. Et c'est comme ça
que j'invite le ministre à prendre... à lire cette motion-là, c'est comme
ça que moi, je la lis, juste prendre
le temps d'inclure ces éléments-là. Et, comme je le mentionnais, le 12 mois, je
ne suis pas certaine, ça peut être moins, mais je vais quand même
voter pour parce que ce temps-là de réflexion est extrêmement important et il doit être pris
par le gouvernement parce qu'on n'a pas le droit à l'erreur.
Et je vais
terminer en citant le front pour la transition
énergétique. Ce qu'ils nous disent,
et ça, c'est extrêmement important que le ministre l'entende et l'écoute parce que ça s'adresse à
son gouvernement : «La période de sursis est écoulée. L'actuel gouvernement est le dernier à
pouvoir placer le Québec sur une trajectoire où il fera sa juste part pour
prévenir les pires conséquences du réchauffement climatique.» Donc, j'espère que ce gouvernement-là prend toute la mesure de la responsabilité qui lui incombe,
puis qu'il écoutera, puis qu'il prendra le temps de réfléchir comme il faut au lieu d'y aller dans la précipitation. Oui, il y a
urgence climatique, mais, si on fait les choses n'importe comment, bien,
on va se retrouver, dans quelques
années, à ne pas avoir atteint les cibles, et là l'urgence climatique, bien, on
va l'avoir manquée puis on va être uniquement à essayer de réduire les
conséquences sur les gens. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Mercier. Et maintenant je suis
prête à reconnaître le prochain intervenant, qui pourrait être... Habituellement, on y va avec alternance, alors ce serait un membre du groupe
formant le gouvernement.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député de Beauce-Sud. Alors, vous êtes debout, je vous cède la
parole. Allez-y.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin :
J'aime l'entendre, mais, bon, ce sera pour une prochaine fois, peut-être.
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Très content de pouvoir m'exprimer aujourd'hui à l'Assemblée nationale concernant cette motion de report. Vous comprendrez que je ne suis pas
content de m'exprimer sur la motion de report comme je suis content de pouvoir parler, évidemment, de l'environnement et de ces enjeux extrêmement importants
pour notre société.
Vous
savez, Mme la Présidente, il y a eu une prise de conscience collective qui s'est
faite au Québec auprès de différentes générations, auprès, effectivement, d'élus
municipaux, d'élus provinciaux, d'élus fédéraux, de gens d'affaires, d'entreprises sur l'importance des enjeux environnementaux et l'importance, évidemment, de se questionner sur la meilleure façon
de faire les choses. Vous savez, Mme la Présidente, si on décide que
l'environnement est une priorité, comme on
décide que l'éducation en est une, que la santé en est une, on a n'a également
pas le choix de se questionner sur les structures
et la façon dont les structures se comportent. Parler des structures, ce n'est
pas quelque chose d'inintéressant à la base. On est bien conscients que, si on souhaite assainir nos
finances publiques, si on souhaite que chaque argent des Québécois,
chaque somme financière que les Québécois nous accordent à chaque semaine soit bien gérée,
il faut également se
questionner sur les structures de notre société, comme on l'a fait récemment
sur le projet de loi n° 40, où on se dit qu'on doit
faire des économies financières pour pouvoir investir dans les services. Bien,
quand on fait une réflexion sur le Conseil
de gestion du Fonds vert, c'est aussi parce qu'on se dit que peut-être
qu'on peut mieux utiliser l'argent des Québécois
et on peut mieux le faire également dans l'intérêt de différents projets qui
doivent être mis sur la table, et ça part, évidemment, de cette prise de
conscience là.
• (21 h 10) •
J'ai
le privilège d'être l'adjoint parlementaire du premier ministre, responsable
des dossiers jeunesse. D'ailleurs, on était ensemble, Mme la Présidente,
dans votre région, en Outaouais, où on a consulté les jeunes sur les enjeux
environnementaux et où ils sont venus nous dire qu'effectivement pas seulement
le gouvernement de la CAQ, mais l'ensemble
de la société québécoise se doit d'être intéressée par cette question-là. Et
les jeunes sont venus nous dire : Bien oui, on doit faire plus pour le transport en commun, on doit faire plus
dans les projets qu'on supporte. On ne parle pas suffisamment
d'environnement dans nos cégeps, dans nos universités. Il n'y a pas de comité
environnemental dans l'ensemble des
institutions scolaires, que ça soit même les institutions scolaires au niveau
primaire ou au niveau secondaire. On
s'est aussi fait dire qu'on ne parle pas suffisamment d'environnement dans les écoles au Québec. Vous savez, il y avait l'oeil de
boeuf en sciences physiques il y a plusieurs années, mais il y a beaucoup
d'autres choses qu'on peut discuter également, et cette prise de conscience environnementale
là, bien, nous permet d'aller encore plus loin, entre autres dans le réseau scolaire. Et mon collègue
le président du Conseil du trésor en a parlé tout à l'heure, je pense qu'il faisait référence à ses
fils, qui lui parlent de l'environnement et qui lui parlent de ces enjeux-là
qui sont extrêmement importants, et de nombreux...
votre fille aussi, M. le ministre de l'Agriculture, vos deux filles. Bien, tant
mieux si les jeunes, au Québec, sont capables d'apporter cette
conscience-là, cet éveil-là et sur l'importance de s'en occuper.
Mais
encore récemment j'étais dans une résidence pour aînés dans ma circonscription,
et ce sont eux qui m'ont parlé
d'environnement, où ils sont venus me dire : Là, j'espère que la CAQ, vous
allez vous en occuper, j'espère que c'est important pour vous, puis je
disais : Bien oui, parce que c'est important pour les Québécois.
Et le projet de loi
qui a été déposé par mon collègue le ministre de l'Environnement, d'ailleurs,
n'est pas surprenant. Parce que, vous savez,
nous, on a été candidats aux dernières élections, puis, quand on est candidat,
parfois, on est dans une bulle, puis
je trouve ça bon de retourner dans la revue de presse et voir ce qui s'est dit.
Et, en septembre 2018, l'actuel premier ministre du Québec avait dénoncé la
mauvaise gestion du Fonds vert, et au même moment, l'ancien premier
ministre du Québec, M. Philippe Couillard, avait accueilli favorablement
le rapport sur la gestion du Fonds vert et
avait dit qu'il allait mettre en place toutes les recommandations si jamais il
était réélu. Alors, l'ancien chef du Parti libéral du Québec voulait une
modification au Fonds vert. Alors, ça, c'est écrit noir sur blanc. Et moi, je
me souviens même de Sidney Ribaux, qui aujourd'hui, maintenant, est à la ville
de Montréal, mais qui, à l'époque, était directeur
général et cofondateur d'Équiterre, Équiterre, un organisme crédible en
environnement, sérieux en environnement qui a fait ses preuves, et il disait, toujours concernant la gestion du
Fonds vert : «Dans certains cas, on donne l'argent dans les bons projets, par exemple le développement du
transport en commun, l'électrification des transports, mais par contre on
n'évalue pas quels sont les impacts en matière de réduction [de] gaz à effet de
serre de [ces investissements-là]. Et ça, pour nous, c'est l'élément le plus important, la lacune la plus
importante, qui avait déjà été identifiée il y a quelques années.» Et ça, c'est Équiterre qui le dit, qu'il y a
plusieurs années la question de l'évaluation des projets dans le Fonds vert
était un enjeu. Sans compter que l'ancien chef du Parti libéral,
l'ancien premier ministre a dit : Si je suis réélu, je vais réviser le Fonds vert. Donc, c'est exactement ce
qu'on est en train de faire, Mme la Présidente. C'est exactement ce qu'on
est en train de faire, comme gouvernement,
alors je suis d'autant plus surpris que le Parti libéral du Québec n'appuie pas
ces changements-là à l'intérieur du projet de loi alors que leur chef, à
l'époque, le voulait. Alors, ça, je trouve ça particulièrement dommage.
Concernant le report de ce projet de
loi là, moi, je serais étonné — et on a tous des réseaux sociaux — de voir des députés dire pourquoi ils souhaitent que cette réforme-là soit
reportée. Qu'ils le disent franchement, qu'ils le disent de façon transparente, auprès de leurs
commettants, auprès de leurs citoyens, sur les réseaux sociaux, pourquoi on ne
devrait pas, selon eux, modifier le
Fonds vert, pourquoi on devrait le reporter. S'il y a une urgence climatique,
pourquoi on devrait attendre entendre
encore? Et, pour nous, il est évident qu'on n'a pas le temps d'attendre parce
que les études le démontrent, parce que la population nous le demande et
parce que les enjeux sont trop importants.
Vous
savez, Mme la Présidente, la Coalition avenir Québec a également fait, en mai
dernier, un conseil général complet
sur les enjeux environnementaux, et ce n'est pas banal, parce qu'une formation
politique a décidé de destiner une
fin de semaine complète, avec un cahier de résolutions, avec des propositions
extrêmement concrètes, sur l'importance de l'environnement et sur l'importance d'y trouver des mesures.
Effectivement, on parlait d'électrification des transports, d'utilisation du véhicule électrique, de
différents projets que l'on peut mettre en place, de la lutte au gaspillage
également, de la consigne, aussi, qui
a été annoncée par mon collègue le ministre de l'Environnement il y a quelques
semaines, et, on le dit, ce n'est pas
une petite révolution, c'est une grande révolution dans la façon dont on va
faire les choses au Québec au cours
des prochaines années. Puis on aurait pu attendre un an, on aurait pu attendre
deux ans, on aurait pu attendre trois ans, on aurait pu faire des motions de report là-dessus à ne plus finir, mais
non, on l'a fait, on l'a fait parce qu'on y croyait, on l'a fait parce
que c'était important et on l'a fait parce que la population du Québec nous le
demandait.
Et,
dans cet enjeu-là également, vous savez, Mme la Présidente, on parle
beaucoup... on est dans un processus où
on prépare le prochain budget du gouvernement québécois, qui sera déposé le
10 mars, et on est dans ce processus-là ces jours-ci, bien évidemment, et ce qu'on se dit, c'est que chaque
somme financière doit être utilisée de la bonne façon pour pouvoir
atteindre des objectifs très précis. Et, dans le projet de loi de mon collègue,
il dit clairement... il crée un processus,
il crée un mécanisme pour voir la meilleure façon possible que ces sommes
financières là se rendent auprès des Québécois et dans toutes les régions du
Québec, dans toutes les régions du Québec parce que, quand on a eu, l'automne
dernier, la marche pour l'urgence
climatique, c'est dans toutes les régions du Québec que les jeunes ont marché
mais que l'ensemble de la population
a marché pour dire : Nous, on a des projets chez nous pour être encore
plus verts et amener ça encore plus près de nos préoccupations.
Et
je suis convaincu que, si on ne reporte pas ce projet de loi là, parce qu'on le
dit, c'est urgent, il faut aller de l'avant, nous serons capables
rapidement de mettre en place de nouveaux projets verts, liés à l'environnement
dans toutes les régions du Québec. Alors, en
reportant ça, il va falloir dire à nos cégeps, à nos universités : On n'en
veut pas, de vos projets, on n'en a
pas besoin. C'est ça qu'on va leur dire. L'urgence climatique... À tous ces
gens qui sont allés marcher dans la rue, il va falloir leur dire qu'on n'en a
pas besoin, de leurs idées, qu'on n'en a pas besoin, de leurs projets.
Puis
je ne pense pas qu'on est venus en politique pour ça. On n'est pas venus en
politique pour donner des leçons à nos concitoyens, pour leur montrer comment
faire ou comment ça fonctionne. Et je ne crois pas non plus qu'on est
venus en politique pour faire complètement le contraire de toute une population
qui nous dit qu'il faut se préoccuper d'environnement.
Et
moi, je suis très impatient, dans les prochaines semaines, les prochains mois,
de découvrir le nouveau plan de mon collègue le ministre de l'Environnement,
qui, je suis convaincu, sera un plan pragmatique, réaliste et qui, du même
coup, assurera une meilleure gestion du
conseil du Fonds vert. Mais je vous le dis tout de suite, Mme la Présidente, en
primeur, je pense que les oppositions ne
seront pas contentes du plan. Même si c'était le meilleur plan au monde, avec
le plus d'argent possible, avec jamais un gouvernement qui n'aura investi
autant dans l'électrification des transports, je vous le dis tout de suite, ils ne seront pas contents de ce plan-là. Je
vous le dis, là, ils vont faire tous les plateaux de télé, ils ne seront pas contents. Mais, à terme, ce sera
l'une des plus grandes avancées qu'un gouvernement du Québec n'aura jamais
faite en environnement, que jamais un
gouvernement n'aura autant investi, c'est vrai, n'aura autant investi dans
différents domaines. Puis on sera
tous et toutes capables de regarder la jeune génération, dont, je suis
chanceux, je fais encore un peu
partie, et de leur dire : On a fait quelque chose, puis on l'a fait
cohérent, puis on a réformé le Fonds vert parce qu'on est conscients que les deniers publics, ils
doivent se diriger dans la bonne direction et ils doivent atteindre les
objectifs qu'on souhaite. Puis ça, ça n'aura pas pris un gouvernement du
Parti libéral ni du Parti québécois ou de Québec solidaire, ça aura pris un gouvernement de la Coalition avenir Québec,
engagé, évidemment, par un ministre de l'Environnement dédié et par un premier ministre du Québec qui
croit à cette génération-là et qui croit à la possibilité de pouvoir accomplir
des grandes choses.
Alors,
Mme la Présidente, moi, j'invite l'ensemble de mes collègues à réfléchir, cette
nuit entre autres, et à se dire, pour
toutes ces raisons-là : Est-ce qu'on doit vraiment reporter ce projet de
loi là? Et moi, je ne crois pas, parce qu'on est là pour les jeunes, on est là pour la population, on est là pour des
enjeux environnementaux très, très précis. Et je suis convaincu, encore une fois, que, lorsqu'on
regardera dans le rétroviseur, on se dira qu'on a avancé en environnement,
qu'on a créé des choses et qu'on aura créé
un nouveau Fonds vert intègre, basé sur des objectifs très précis et qui
représente réellement ce que la population du Québec souhaite.
Alors, bravo au
ministre de l'Environnement pour son excellent travail! Et c'est ensemble qu'on
va continuer à faire de très belles choses en environnement, mais pour
l'ensemble des régions du Québec. Merci.
• (21 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Beauce-Sud. Et maintenant je me tourne vers M. le député
Jacques-Cartier pour son intervention.
M. Gregory
Kelley
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. C'est facile de jouer le match de la revue de presse,
parce que, si je cite le député de Lac-Saint-Jean en campagne
électorale, il parle des changements climatiques : «"On se base sur
quoi?", a-t-il
lâché, en se demandant si on est "certains à 100 %" que le
réchauffement climatique des dernières années ne ferait pas partie d'un cycle de températures normal.»
C'est un député de la CAQ qui a dit ça, qui siège ici, dans cette Chambre,
maintenant.
Alors, il y a
des raisons pourquoi nous, on pose des questions à eux autres si leur
changement vert est vraiment vrai ou
est-ce que c'est juste un autre plan de communication. Et, Mme la Présidente,
moi, je suis capable de citer toutes les choses que le dernier gouvernement a fait sur le front pour la lutte contre les changements climatiques. Il y a une raison pourquoi on a gagné des prix, parce
qu'on a fait des vrais gestes. Quand le gouvernement fédéral, l'ancien premier
ministre Stephen Harper a dit : Moi, je ne veux rien savoir avec la lutte
contre les changements climatiques, l'ancien premier
ministre du Québec, Philippe Couillard, a décidé : Nous, on va agir. Nous,
on va aller partout dans le monde, on va parler avec les autres États
puis on va vendre le Québec et les actions que nous avons prises.
Et ce n'était
pas juste un gouvernement libéral. Je sais que mon collègue de Jonquière, quand
il était ministre, c'est sûr qu'au
sein du Conseil des ministres lui a poussé des dossiers pour avancer la lutte
aux changements climatiques. Je suis
convaincu, convaincu. Je sais quand même, si le Québec se déforme, le
gouvernement, eux autres vont avoir la volonté
de faire plus pour la lutte contre les changements climatiques, c'est sûr,
c'est sûr, Mme la Présidente. Alors, ça, s'il veut croire qu'on parle
d'un caucus de l'opposition, mais ça, c'est parce que, sur notre côté ici, on
était toujours convaincus par la science.
Moi, j'ai un ministre de la Forêt qui questionne les experts dans la gestion de
la forêt. Votre science, ce n'est pas la même que la nôtre, là, alors ce
n'est pas bon.
Quand même,
le ministre... en des audiences publiques, on a le groupe qui a organisé la
marche pour la lutte contre les
changements climatiques, puis l'attitude du ministre était déplorable,
agressive. Il n'a pas permis à ces deux personnes-là de répondre à des questions parce que leurs idées
sont un petit peu trop radicales? Je ne sais pas, là. Moi, comme un député,
j'étais comme choqué, comme le député de Bourget a dit tantôt, et j'ai trouvé
ça juste bien intéressant parce que les deux personnes-là étaient vraiment
juste là pour jaser avec nous, discuter du projet de loi.
Je veux aussi
juste parler de cette idée que, oui, il y a une crise climatique. Il y a
beaucoup de gens quand même, pendant
les audiences publiques, qui ont dit : C'est pareil avec la Deuxième
Guerre mondiale. Alors, je veux commencer avec ça parce que je pense
qu'il y a des parallèles. Quand même, si je cite le député de Lac-Saint-Jean,
je crois que, maintenant, le gouvernement
est prêt à agir. Ils ont adopté une motion, comme tout le monde ici, à
l'Assemblée nationale. Alors, un petit peu dans les années de 1939‑1940,
je pense que tout le monde ici, à l'Assemblée nationale, a le même objectif, c'est de faire tous notre part dans la
lutte contre les changements climatiques, que tout... qu'on est possible à
faire dans cette lutte-là, juste comme à Westminster, la Chambre des communes
à Londres a dit, à un certain moment : O.K., on est tous ensemble, nous avons un objectif
en commun, comme un peuple, puis on avance. Mais le premier ministre Winston Churchill n'a pas donné une carte blanche. Chaque mission,
chaque bataille pendant ces cinq années-là, pendant la Deuxième Guerre mondiale, l'opposition a posé des questions au gouvernement sur la Deuxième Guerre mondiale : On a perdu une bataille en Afrique du Nord, pourquoi?
Donnez-nous tous les détails parce
que nous, on représente tous les
citoyens du Québec — là,
c'étaient tous des citoyens d'Angleterre — puis ils ont posé des
questions pour avoir des réponses pour donner l'information au public.
Ça, c'est
notre rôle ici. Je suis fier de notre institution. Je sais que c'est loin d'être parfait, Mme la Présidente, c'est sûr qu'on peut faire des changements pour améliorer
la façon qu'on travaille. Mais je suis fier que nous avons une institution
qui permet les débats sur les enjeux qui sont tellement importants et que nous,
sur ce côté de Chambre ici, peuvent
critiquer un gouvernement, parce
que le moment qu'on arrête de
critiquer un gouvernement, on a un autre système, qui existe en Chine,
qui existe en Russie. Et qui dit la vérité là? Il n'y a pas une opposition,
il n'y a pas de questions. Ça, c'est pourquoi c'est important pour nous. Ça,
c'est pourquoi c'est important pour la deuxième opposition officielle et la
troisième. Nous avons un rôle à jouer, comme une opposition, d'avoir des débats
ici quand même sur un enjeu qui est tellement important comme l'urgence
climatique.
Et j'espère
que tout le monde ici va continuer de poser des questions dans les
prochaines cinq, 10, 15 années. Parce
que
ça, c'est une autre réalité. Moi, je n'ai aucune idée qu'est-ce qui va arriver
dans les prochaines cinq, 10 années. C'est
sûr
qu'il faut adapter aux changements qui vont arriver, c'est sûr,
mais je n'ai aucune idée si, aux États-Unis, on va avoir un autre président qui n'a aucune... il ne veut rien savoir avec la
lutte contre les changements
climatiques. Je n'ai aucune idée si
la Chine dit la vérité sur leurs cibles, ni la Russie, ni le Brésil. Mais moi,
je sais que nous sommes capables ici, dans
cette Chambre, de faire notre mieux possible, de, oui, passer un projet de loi,
bonifier un projet de loi, mais peut-être aussi commencer avec tous les chiffres nécessaires, d'avoir un projet...
d'avoir une loi puis un Fonds vert qui marchent bien. Je pense que le député de Jonquière soulève une juste, une bonne
question : Est-ce qu'on est capables? S'il y a un rapport qui sort dans
trois semaines, quatre semaines, cinq semaines, bien, on va continuer notre
travail.
I'm going to just take a little... I
know I'm speaking loud, and everyone's listening very closely, but I need a
little water here.
I
mean, in all honesty, it was a pleasure being there, listening to these groups
come in. I sincerely believe that my colleagues in the Government were asking very fair
questions, trying to understand what the experts... And I do want to remind everyone here that we all are in agreement
that, when it comes to climate change, we have to accept what the experts
are saying. So, I'm listening very carefully
when these experts come in. I'm not going to pretend that I'm an expert on the
Green Fund that Québec has, that I know all
the ins and outs, I'm not a civil servant in that field. I have to listen to
the people who sit either on the
committees or study these things extremely closely because I want to have their
information so that I can say :
Well, when I go to study this bill, I know what they're thinking. We can
perhaps try to propose some amendments, make suggestions to the
Minister.
And
let's be honest, all my colleagues here sitting in the House have now... You
know, we've been here for about a year and a half plus, we've all worked on commissions where we advance
things through amendments that work for all
Quebeckers — I come back to the Uber
taxi, and again I'm looking over at my colleague the MNA from Bourget, who sat
in on that too — for adapted
transportation. We made all the changes possible to respond to the needs to a very vulnerable clientele, and that's a good thing
for society. Because, yes, the Government, at the beginning, forgot about
that element, that Uber had no interest in
providing that type of service, that's OK. We heard them in committee and we
responded after that. We heard from groups
who said : You need to do more. We responded to that, we made sure that
at each element in that bill, the people who
were so vulnerable were respected in the bill. That is why I'm here, that is
my job as an Opposition MNA.
Mais encore
je reviens juste sur tout le projet de loi. Encore, je reviens à mon ami le
député de Bourget parce qu'on était ensemble pour le Conseil nordique à
Stockholm ensemble. Puis c'est intéressant parce que, quand même, là, du monde
de tous les différents pays qui ont participé à cette conférence ont discuté la
lutte contre les changements climatiques. C'étaient des nations qui partagent
un petit peu la même géographie que le Québec et le Canada. Alors, c'était intéressant de voir les différents pays
avoir un débat ensemble sur un enjeu. Et c'était très intéressant parce qu'un
député du Parlement en Finlande était
capable de poser une question à un ministre... le gouvernement de Suède. Alors,
c'était comme intéressant de voir tout le
monde travailler ensemble pour voir : Bien, je sais que vous autres avez
votre propre institution, mais quand même nous avons un enjeu qu'on
partage ensemble. Et, pour moi, je pense, ça, c'est l'esprit qu'on peut se lancer, c'est, oui, poser des questions, avancer
des choses, mais, juste en même temps, ce n'est pas nécessairement... on n'était pas ici pour faire du
blocage, c'est juste de faire notre rôle comme une opposition officielle.
Alors, Mme la
Présidente, merci beaucoup pour votre écoute ce soir. Puis je suis disponible
pour collaborer avec tous mes
collègues, mais c'est sûr, comme le député de Jacques-Cartier, je vais
continuer de poser des questions sur les actions que ce gouvernement va prendre dans l'avenir sur la lutte contre
les changements climatiques puis je vais toujours demeurer ouvert à
collaborer avec mes collègues. Merci beaucoup.
Ajournement
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Jacques-Cartier.
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au mercredi 12 février, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 30)