(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Bon jeudi.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Donc,
nous allons débuter par la rubrique Déclarations de députés. Veuillez vous
asseoir, s'il vous plaît. Dans un premier temps, je reconnais Mme
la députée de Laporte.
Souligner
le 125e anniversaire de la paroisse de Saint-Lambert
Mme
Nicole Ménard
Mme
Ménard : Merci, M. le Président. Le 12 décembre prochain, la paroisse de Saint-Lambert célébrera
son 125e anniversaire.
Fondé
en 1894, ce lieu de culte a toujours été un refuge ouvert à tous, apportant réconfort
et conseils à ses paroissiens. Dans une époque marquée par la fermeture
de plusieurs églises, la dynamique paroisse de Saint-Lambert continue de rejoindre la population grâce à
diverses initiatives. Elle accueille annuellement plusieurs
événements culturels, organise des collectes pour
venir en aide aux plus démunis et parraine de nombreuses familles de réfugiés.
Je
tiens donc, M. le Président, à saluer le travail remarquable des membres du
clergé et des bénévoles qui oeuvrent à enrichir la vie de notre communauté.
Merci à vous tous et bon 125e anniversaire! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Laporte. Je cède
la parole à M. le député de Vachon.
Souligner
le rayonnement à l'international
de l'École nationale d'aérotechnique
M. Ian
Lafrenière
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, M. le Président. L'École nationale
d'aérotechnique, l'ENA, est une école affiliée au cégep
Édouard-Montpetit. Elle est un chef de file en matière de formation technique
en aérospatiale au Québec.
Elle
offre trois programmes, soit les techniques en génie aérospatial, la
maintenance d'aéronefs et l'avionique. Il
est important de savoir qu'elle est la plus importante maison d'enseignement en
aérotechnique en Amérique du Nord, elle
est la seule au Québec à former des techniciens en aérotechnique et elle
est reconnue mondialement. De plus, elle est une des rares écoles à
former des militaires canadiens dans le domaine de l'entretien d'aéronefs.
Au
début du mois, M. le Président, l'ENA a eu le privilège d'accueillir une
délégation de Nouvelle-Aquitaine, en
France. Ces gens-là sont venus découvrir les installations exceptionnelles de
l'école, mais aussi venus échanger avec les étudiants internationaux qui ont choisi de venir étudier ici. Ils ont
aussi conclu un partenariat avec les homologues français sur l'aérocampus, qui
favorisera la mobilité étudiante des enseignants et le partage de contenu
pédagogique, de même que la reconnaissance de cours. L'ENA, avec ses 27
avions et 11 hélicoptères sur les lieux...
Le Vice-Président
(M. Picard) : En terminant.
M.
Lafrenière : ...dont un
Airbus, est l'établissement d'enseignement possédant le plus d'aéronefs au
monde.
Alors, je veux
souligner leur bon travail et vous dire qu'il reste encore beaucoup de place.
Si les gens veulent s'inscrire, ils sont les bienvenus. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Vachon. Nous poursuivons avec M.
le député de Jacques-Cartier.
Rendre
hommage à l'ex-député George Springate
pour son engagement communautaire
M.
Gregory Kelley
M. Kelley : Oui. Bon matin,
M. le Président. Aujourd'hui, je
veux rendre hommage à George Springate... former MNA
for Westmount, passed away last night after a fight against cancer.
George was not just an Alouettes who
had won a Grey Cup, but somebody who served his community not just as an MNA,
but long afterwards as well. George was very involved with the handicapped
children association, he was very involved in the West
Island and, of course, is well remembered for standing up for the
English-speaking community in some trying times during the 1970's.
But, really, George was
just one of those people that was a good person. Every time I had the
opportunity to speak to
George, he was providing me hope and optimism, and, I will never forget, he
passed along a book to me about the future of Canada and federalism, and he wrote a very
kind note, that I should always be hopeful for the future. And he was just somebody who always spread the message that we need to be united
people and always work together.
So,
to George Springate's family, my condolences.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. La prochaine déclaration par M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter
la ville de Rivière-du-Loup pour sa participation
au projet environnemental Villes-vitrines
M. Denis
Tardif
M.
Tardif : Merci, M. le Président. Alors, dans le cadre d'enjeux
environnementaux majeurs que connaît l'ensemble de notre société, la ville de
Rivière-du-Loup est l'une des 25 municipalités canadiennes à faire partie du projet Villes-vitrines, une initiative
environnementale inédite de la Convention mondiale des maires, pour le climat
et l'énergie, au Canada.
Dans une démarche en
développement durable, Rivière-du-Loup a fait également partie, grâce à son
usine de biométhanisation... s'est inscrit à ce niveau-là. D'autre part, la
ville a également obtenu, cette année, sa certification Communauté bleue,
c'est-à-dire une communauté qui gère l'eau comme étant vraiment une ressource
commune.
Alors,
toutes mes félicitations aux élus municipaux
de Rivière-du-Loup pour cette initiative de même qu'à toute la
population qui s'implique activement dans cette démarche! Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Pour la suite, M. le député de
Blainville.
Féliciter
la ville de Blainville, classée au premier rang
des municipalités québécoises où il fait bon vivre
M.
Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. Il me fait grand plaisir de souligner aujourd'hui, dans cette Assemblée, la première place de Blainville à titre
de ville où il fait bon vivre.
Basée
sur des données d'un classement national réalisé par le magazine Maclean's,
la revue L'Actualité a tout récemment mesuré la performance de
103 municipalités de plus de 10 000 habitants, notamment pour la
croissance démographique, la vitalité
économique et l'accès à la propriété. La ville de Blainville s'est hissée au
premier rang des municipalités québécoises
où il fait bon vivre, une reconnaissance exceptionnelle des efforts de
l'administration en place.
Notons
que Maclean's classe la ville de Blainville au premier rang pour élever
des enfants et en quatrième position au Canada pour la même raison. Cette
fois-ci, L'Actualité en rajoute en proclamant Blainville ville par
excellence au Québec où il fait bon vivre.
Permettez-moi
donc de féliciter chaleureusement le maire de Blainville, M. Richard Perreault,
son conseil de ville et tous les
employés de son administration. Vous êtes résolument une source de fierté pour
toutes les Blainvilloises et tous les Blainvillois. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à
M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Souligner
le 30e anniversaire de RDDS, Regroupement de défense
des droits sociaux du district de Drummond
M.
Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger :
Merci, M. le Président. C'est avec reconnaissance que je souligne le 30e
anniversaire du Regroupement de défense des droits sociaux de Drummond.
Ce
petit organisme au grand coeur aide les personnes vulnérables, le plus souvent
sans emploi ou se sentant lésées par leurs employeurs. Il privilégie une
approche de partenariat avec les services concernés. Ces interventions
permettent à ses clients de
s'approprier des solutions à leurs problèmes en les écoutant, en les informant,
les orientant et les accompagnant même au besoin.
Permettez-moi
de souligner le travail remarquable de l'équipe dirigée par Joan Salvail et
l'engagement du conseil d'administration présidé par Julie Parent. Au
cours de l'année 2018‑2019 seulement, le RDDS a ouvert 149 dossiers, retenus 397 rencontres, la plupart en lien avec
l'aide sociale, l'aide de dernier recours, les normes du travail, assurance
collective et immigration. Félicitations et bon anniversaire au RDDS Drummond!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. M. le député de
René-Lévesque, je vous cède la parole.
Féliciter Mme Jennifer Dastous, lauréate du
prix Pharmacien propriétaire de la relève
M.
Martin Ouellet
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Le 8 novembre dernier, lors du gala de l'Association
québécoise des pharmaciens
propriétaires, Jennifer Dastous, pharmacienne propriétaire de la pharmacie
Gauthier et Dastous à Baie-Comeau, a reçu un prestigieux prix.
Concrètement, elle a reçu le prix de la pharmacienne propriétaire de la relève.
L'AQPP a souligné l'innovation, l'excellence et la persévérance dont elle fait
preuve dans la gestion de son entreprise et pour la contribution qu'elle
apporte à sa communauté sur divers enjeux de santé. La jeune pharmacienne a
déjà d'autres reconnaissances à son actif,
elle est également chargée d'enseignement clinique à l'Université Laval, elle
est une citoyenne active dans la communauté.
Originaire
de Baie-Comeau, je suis très heureux
de voir de jeunes professionnels comme Mme Dastous revenir
s'installer en région après leurs études et ainsi contribuer à son développement
et à son rayonnement. Selon moi, elle représente
ce que l'on peut qualifier de citoyenne corporative modèle qui assume pleinement un rôle
de leadership dans la Manicouagan. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de René-Lévesque. Je cède la parole à M. le député de Chapleau.
Souligner
le 75e anniversaire du Cercle des Filles
d'Isabelle Saint-Jean-Vianney n° 674
M. Mathieu
Lévesque
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci, M. le Président. J'aimerais souligner le 75e anniversaire
des Filles d'Isabelle du cercle 674 à Gatineau.
L'Ordre
des Filles d'Isabelle est une organisation caritative composée de femmes engagées qui ont
comme devise Unité, amitié et
charité. Le cercle 674 des
Filles d'Isabelle s'est donné comme mission le bien-être de notre communauté. En outre, ce cercle favorise la
qualité de vie chez ses membres et au sein de la population tout en
encourageant le développement et le progrès
des personnes. Pour ce faire, plusieurs de ses membres s'impliquent dans la
communauté de façon bénévole pour appuyer de nombreuses bonnes oeuvres.
De
plus, les Filles d'Isabelle
soutiennent des organismes
communautaires et organisent divers soupers et plusieurs campagnes de
financement afin de redonner au suivant, notamment au Centre de pédiatrie
sociale de Gatineau. Les Filles d'Isabelle
se font aussi un devoir de soutenir de nombreuses causes qui concernent les
femmes ainsi que les familles de la région de l'Outaouais,
particulièrement les causes qui touchent nos plus démunis.
En
terminant, je tenais à remercier le cercle 674 des Filles d'Isabelle pour
leur implication dans Chapleau. Vous êtes
toujours à l'écoute, prêtes à servir et à aider les gens
les plus vulnérables de notre société. Merci pour vos bons et loyaux services
depuis 75 ans et bon anniversaire!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Mirabel.
Souligner
le 20e anniversaire de l'organisme Route des arts
Mme
Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci,
M. le Président, de me permettre de
féliciter chaleureusement l'organisme la Route des arts, qui célèbre, cette
année, leur 20e édition.
20
ans, M. le Président, à travailler ardemment à promouvoir les artistes
et la culture québécoise des Basses‑Laurentides. L'organisme, entièrement bénévole, promeut les
artistes de la région et permet aux citoyens et citoyennes de visiter différents ateliers et expositions de nos artistes d'ici. Il
offre, durant neuf jours consécutifs, un circuit aux visiteurs de notre
belle région, qui peuvent venir visiter les ateliers des artistes en
arts visuels et d'artisans en métiers d'art.
Non seulement les citoyens en apprennent davantage sur les différentes
techniques que les artistes utilisent, mais ils peuvent également se procurer tableaux et produits d'artisans
directement sur place. Continuez votre beau travail pour la région. Vous contribuez à l'industrie touristique et vous permettez de faire découvrir toute la richesse artistique de la
région à la population locale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner
le succès du 30e et dernier Festival du maïs
Mme Chantal
Soucy
Mme Soucy : Merci, M. le Président.
C'est avec grande tristesse que j'ai appris que le Festival du maïs de
Saint-Damase mettait fin à ses activités. L'été dernier, la 30e édition du
festival fut un succès sur toute la ligne, avec 25 000 visiteurs.
Le Festival du maïs de Saint-Damase, c'était d'abord un événement rassembleur
et familial. C'était aussi un incontournable dans la région de
Saint-Hyacinthe, voire toute la Montérégie.
Je
garde d'excellents souvenirs de mes présences à ce festival pour y avoir
rencontré des gens extraordinaires, mais
surtout pour y avoir servi et goûté le meilleur maïs au Québec. Merci aux
organisateurs chevronnés, notamment MM. Germain
Chabot et Yvon Blanchette, ainsi qu'aux bénévoles dévoués, qui ont assuré le
succès du festival au fil des ans.
C'est
la fin d'une époque, mais, connaissant les gens de Saint-Damase, M. le Président,
je suis persuadée qu'ils trouveront
rapidement une autre façon de mettre en valeur et de faire rayonner leur
communauté. Quoi qu'il en soit, je serai toujours à leurs côtés. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. J'aimerais savoir
s'il y a consentement pour permettre à Mme la députée de Marie-Victorin
de présenter une 11e déclaration. Consentement? Mme la députée, allez-y.
Féliciter
M. Boucar Diouf, récipiendaire de la Médaille
d'honneur de l'Assemblée nationale
Mme
Catherine Fournier
Mme Fournier :
M. le Président, en mon nom et en celui de mes concitoyens de Marie-Victorin,
je souhaite aujourd'hui souligner la remise
de la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale à un citoyen qui fait la
fierté de ma circonscription, Boucar Diouf.
Bien
sûr, Boucar est reconnu aux quatre coins du Québec pour son humour, sa qualité
de vulgarisateur scientifique, son
sens de la formule et, bien sûr, son caractère foncièrement attachant, mais il faut
également savoir que Boucar prend aussi
le temps de laisser sa marque chez nous, à Longueuil. Tout récemment, il a, par
exemple, généreusement assisté une enseignante et ses élèves de l'école
Christ-Roi dans la présentation d'un projet de médiation culturelle.
Bref,
Boucar Diouf n'est pas seulement un citoyen engagé dans sa communauté, c'est
aussi carrément un sage dans la cité.
Son regard posé sur notre société permet de trouver l'équilibre nécessaire à la
vie commune, celui qui permet une
conversation démocratique saine. Au fond, Boucar fait pratiquement dans la
psychanalyse puisque, par sa parole et ses écrits, il nous permet de
mieux nous comprendre collectivement. Il nous aide ainsi à avancer ensemble.
Boucar, je te
félicite encore une fois pour ces distinctions hautement méritées.
Félicitations!
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 53)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, d'abord, c'est avec tristesse que nous avons appris le
décès de M. George Springate, ancien député de
Sainte-Anne, puis de Westmount, de 1970 à 1981. Nous allons nous recueillir
quelques instants en ayant une pensée particulière pour sa famille et ses
proches.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence de M. Simon-Pierre Savard-Tremblay,
député de la Chambre des communes
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence dans les tribunes
de M. Simon-Pierre Savard-Tremblay, député fédéral de Saint-Hyacinthe—Bagot.
Présence de MM. Guy Bourgeois et David Whissell,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
Et j'ai également le plaisir de
souligner la présence dans nos tribunes également de M. Guy Bourgeois,
ancien député d'Abitibi-Est, et de M. David Whissell, député...
Des voix :
...
Le
Président : ...je me
permets de compléter parce que les applaudissements ont peut-être
enterré un peu ce que je disais, mais aussi la présence de M. David
Whissell, ancien député d'Argenteuil.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Plan stratégique 2020‑2023 de la
Commission des normes, de l'équité, de la
santé et de la sécurité du travail accompagné d'un tableau synoptique
M.
Boulet : M. le Président, je dépose le plan stratégique 2020‑2023
de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité au
travail accompagné de son tableau synoptique. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Mille-Îles.
Mettre
en place un fichier central d'identification par
photo pour les transactions et le financement
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
81 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le gouvernement du Québec a la responsabilité de protéger l'identité et les
avoirs des Québécois;
«Considérant que
l'identification par photo éviterait une grande majorité des fraudes;
«Considérant le vol
d'identité de plusieurs millions de Québécois et le risque de vol d'identité au
cours des prochaines années;
«Considérant
que la fraude et le vol d'identité coûtent plusieurs millions de dollars
annuellement aux Québécois;
«Considérant
que les vols d'identité récents occasionneront des problèmes graves aux
citoyens dans les années à venir;
«Considérant
que [...] les citoyens qui paient [au] bout de [la] ligne les frais reliés aux
fraudes absorbés par les institutions financières;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
[soussignons], demandons au gouvernement du Québec : de créer, d'encadrer
et de gérer la mise en place d'un
fichier central d'identification par [la] photo pour les transactions et le
financement; d'obliger Desjardins à renforcer l'identification avec
photo pour les transactions et le financement.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Cet extrait de pétition est déposé. J'ai reçu une
demande de Mme la députée de Taschereau pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour le
dépôt de la pétition? Consentement. Mme la députée.
Ajuster
les dettes des prestataires d'aide de dernier recours
Mme
Dorion : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 753 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant qu'avec l'application de l'alinéa 27.1°
de l'article 111 du Règlement sur l'aide aux personnes et
aux familles ayant eu lieu le 1er janvier 2019 les prestataires d'aide de
dernier recours ont droit de recevoir des dons d'un maximum de 100 $ par
mois avant de voir leurs prestations coupées;
«Considérant
que des personnes assistées sociales ont engendré des dettes en rapport à des
dons qu'elles ont reçus antérieurement à 2019;
«Considérant
que le remboursement de ces dettes se fait à même la prestation d'aide de
dernier recours et que ceci a un impact direct sur les conditions de vie
des personnes assistées sociales qui voient leurs prestations diminuées;
«Considérant
que la pénalisation des dons est un recours qui empêche la solidarité entre les
membres d'une société et entre les membres d'une famille;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'ajuster les dettes des
personnes assistées sociales en
fonction de l'application actuelle de l'alinéa 27.1° de l'article 111
du Règlement sur l'aide aux personnes
et aux familles rétroactivement au 1er janvier 2019.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
Le Président :
Cet extrait de pétition est maintenant déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période de questions
et réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion de la députée de Westmount—Saint-Louis débattue hier
aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et réponses orales, et
je cède la parole au chef de
l'opposition officielle.
Établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, bonne nouvelle, on apprend
dans La Presse qu'après s'être cassé les dents avec le ministre de l'Immigration la CAQ fait maintenant circuler un mot
d'ordre au sein de ses ministres : Prenez le temps et travaillez
comme du monde.
Chose
certaine, on est mal parti. Selon Denis Lessard, le projet de loi sur les tarifs d'Hydro-Québec passera coûte que coûte, même au prix d'un autre bâillon. Pourquoi? Parce que le premier ministre a besoin
de ce qu'on appelle une machine à
cash pour payer ses promesses électorales, et cette machine, elle s'appelle
Hydro-Québec. Le premier ministre a été clair en Chambre, c'est
Hydro-Québec qui va lui permettre, entre autres, de financer certains de ses
projets.
C'est sûr que
les Québécois vont se faire avoir. Contrairement aux quatre dernières années,
ils ne paieront jamais leur
électricité sous l'inflation. Le premier ministre a même refusé notre
proposition de laisser la Régie de l'énergie fixer des tarifs plus bas. Pire, le gouvernement enlève
pour cinq ans les pouvoirs de la Régie. La Régie, M. le Président, c'est
un peu comme le Protecteur du citoyen mais
pour le consommateur d'électricité. Qui envisagerait, d'ailleurs, de dépouiller
le Protecteur du citoyen de ses pouvoirs?
Le premier ministre doit reconnaître qu'il n'a
aucune idée des impacts de son projet de loi.
Peut-il
reconnaître qu'il a toujours pensé que les Québécois ne payaient pas assez cher
leur électricité et, en fait, ce qu'il veut, c'est d'aller chercher le
plus d'argent possible?
Le
Président : M. le premier ministre. Je vous rappelle à tous de
faire attention à certains mots utilisés, sans les rappeler, mais vous
le savez. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : Oui. M.
le Président, le chef de l'opposition officielle nous dit qu'on doit maintenant
travailler comme du monde. Je l'invite
à lire le rapport de la VG, hier. Il va voir la définition contraire, il va
voir comment c'est, un gouvernement
qui est brouillon.
Et, M. le Président, j'ai de la difficulté à suivre le chef de l'opposition officielle concernant Hydro-Québec. Il nous dit : C'est une machine à cash qui va
financer nos projets. Or, l'année prochaine, les tarifs d'Hydro-Québec vont
être gelés. Donc, je ne sais pas ce
qu'on va financer de plus avec un gel, j'ai beaucoup de difficultés à essayer
de suivre le chef de l'opposition officielle.
Par la suite,
il y aura des augmentations égales à l'inflation. Comme le sait le chef de
l'opposition officielle, on essaie de
donner l'inflation aux employés de la fonction publique, qui représentent à peu
près les deux tiers de nos dépenses. Donc, encore là, j'ai de la misère
à voir la machine à cash qui va nous permettre de financer des projets.
Donc,
peut-être, dans sa complémentaire, il peut nous expliquer un petit peu mieux où
il voit le cash additionnel qu'on va aller chercher chez Hydro-Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Premièrement, M. le
Président, le gouvernement a modifié les prédictions d'augmentation trois fois
durant cette session-là. Selon Francis
Vailles, de La Presse, le Québec a affiché la plus forte
hausse de l'inflation au Canada. Au
même moment où on débute, selon des experts, une période de forte inflation,
les coûts de production d'Hydro, eux, sont
en chute libre. Mais, pour le premier ministre, ça n'a pas d'importance.
Hydro-Québec, c'est là pour faire de l'argent.
Pourquoi vous imposez des augmentations
injustifiées aux citoyens quand ça va coûter moins cher à...
Le Président : Toujours
s'adresser à la présidence, je vous le rappelle. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, je reprends mon explication. À chaque
année, et on est en négociation actuellement avec les employés de l'État, on essaie de donner une augmentation qui
est égale à l'inflation. Évidemment que, si, d'un côté, on augmente les tarifs d'électricité de
l'inflation, que les salaires augmentent de l'inflation, je trouve que c'est
logique, c'est cohérent.
Ce qu'on
sait, par contre, c'est que, quand les libéraux étaient là, ils augmentaient
les tarifs d'électricité du double de l'inflation, donc les gens
devaient...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Legault : ...piger dans leurs
poches. Je pense qu'il mélange l'administration libérale avec la nôtre.
Le
Président : Deuxième complémentaire. Je vous demande d'être
attentifs aux propos du chef de l'opposition officielle. Pour votre
deuxième complémentaire.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Selon le premier
ministre, il l'a dit mardi, personne ne lui parle de sa facture d'Hydro dans l'autobus. Premièrement, le premier ministre, il ne prend pas l'autobus. Deuxièmement, a-t-il pris la peine de lire la revue de
presse? Jean-François Blain : «C'est de la poudre aux yeux.» Pierre
Couture : Rejet quasi unanime du projet de loi. Mario
Dumont : «Une mauvaise solution.» Michel Girard : Remboursez-nous.
Pierre-Olivier Pineau : «Un mirage.»
M. le Président, est-ce que c'est ça, un premier
ministre qui est à l'écoute?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, j'aurais presque le goût d'offrir au chef
de l'opposition officielle d'aller peut-être, samedi après-midi, se promener au Centre Rockland, dans son comté. Et je
serais prêt à parier pas mal que, si on parle à une centaine de citoyens, il n'y en aura probablement pas un qui va nous
parler du projet de loi n° 34. Donc, je lui offre cette
possibilité-là d'aller sur le terrain. Je sais qu'il n'a pas l'habitude d'être
sur le terrain...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Legault : ...je lui offre d'aller
dans son comté...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Non. S'il vous plaît! Non, je
pense... Ne prêtez pas des intentions. Faisons attention aux propos, encore une fois. C'est la réponse du
premier ministre. Je vous demande évidemment d'arrêter et de faire en
sorte qu'on soit tous attentifs.
M. le premier ministre. On vient de commencer.
Vous complétez votre réponse.
M. Legault : Ah! j'avais complété.
Le Président : Vous aviez
complété?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'au chef de l'opposition
officielle.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Donc, pour le premier
ministre, les experts, c'est des vulgaires lobbyistes. Les groupes de
consommateurs, ils exagèrent. Les
entreprises, les PME, elles se plaignent pour rien. Sans parler de l'attaque,
en plus, inexplicable de la ministre
des Aînés contre sa propre clientèle. 35 % des aînés gagnent moins de
20 000 $ et sont frappés de plein fouet par cette décision
insensible de la CAQ.
Le premier
ministre doit maintenant écarter l'idée de bâillonner cette Assemblée pour
imposer une taxe déguisée à tous les Québécois.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Bien, M. le
Président, on prête des intentions, hein, au gouvernement. Je ne crois pas que
le terme «bâillonner» est approprié, M. le Président.
Le
Président : Je vais vous demander tout simplement, encore une
fois, d'être prudents sur les mots utilisés. Nous les connaissons, nous
les évitons. S'il vous plaît, maintenant, la réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le Président,
je pense, le chef de l'opposition officielle doit faire la différence entre des
lobbyistes puis des citoyens. Et j'aimerais, encore une fois, le mettre au défi
d'aller rencontrer ensemble des citoyens puis
de trouver un citoyen qui ne trouve pas que c'est une bonne idée de geler les
tarifs d'Hydro-Québec l'année prochaine puis ensuite les augmenter de
l'inflation.
Donc, je ne sais pas s'il
préfère qu'on fasse ça dans les Laurentides ou à ville Mont-Royal, mais c'est
comme il veut.
Le Président : Question
principale, M. le député de Laval-des-Rapides.
Projet de loi concernant
le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M.
Saul Polo
M.
Polo : M. le Président, depuis le début du débat sur le
projet de loi n° 34, le ministre de l'Énergie nous répète tout le
temps la même cassette. La seule chose qui intéresse ce gouvernement et ce
ministre, c'est de faire passer les Québécois au cash en leur faisant... en
leur imposant des hausses de tarifs d'hydroélectricité de 2 % à 3 %.
Hier
après-midi, M. le Président, j'ai présenté un amendement à l'article 2 du
projet de loi, un amendement qui disait
que les hausses se feraient au maximum de l'inflation. Vous savez pourquoi?
Parce qu'à la fin de la journée ce qu'on veut, c'est offrir le meilleur prix, la meilleure hausse possible pour
les Québécois; pas la hausse maximum, la meilleure hausse possible. Dès le début du débat sur cet
amendement-là, le ministre s'est prononcé contre l'amendement. Vous savez
pourquoi? Parce qu'à la fin de la journée la
seule institution qui sort gagnante de ce projet de loi là, c'est Hydro-Québec.
Le ministre et ce gouvernement-là veulent assurer absolument une hausse de
revenus à Hydro-Québec sur le dos des Québécois.
Est-ce que le ministre est ouvert à accepter cet
amendement-là, à accepter l'idée...
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M.
Julien : Oui, merci, M. le Président. C'est effectivement toujours un
plaisir de discuter avec mon collègue de Laval-des-Rapides. Nous sommes
en commission parlementaire, et, comme je le mentionnais la semaine dernière ou il y a une semaine et demie déjà, bien, ça
avance rondement. Bon, bien qu'on soit toujours à l'article 2, soit le
même article qu'il y a une semaine et
demie, honnêtement, les discussions sont constructives. Et mon collègue de
Laval-des-Rapides mentionnait
justement d'accepter l'amendement. Bien, non, on a voté contre l'amendement,
c'est déjà chose du passé.
Essentiellement...
J'entendais le chef de l'opposition parler de sensibilité. Où était-il, le chef
de l'opposition, quand le mécanisme
d'écart de rendement a été suspendu pour retourner l'argent, en fin de compte,
dans la rigueur financière? Où était-il quand la hausse était trois fois
l'inflation, dans cette sensibilité-là?
Aujourd'hui,
la proposition du projet de loi n° 34 est simple. Premièrement, on
retourne 500 millions. Et, pour retourner
le 500 millions du compte d'écart, on doit modifier le mode de tarification.
Donc, si la loi n° 34 est sanctionnée, on va pouvoir retourner 500 millions, un gel tarifaire et une
hausse à l'inflation. Sur base historique, M. le Président...
Le Président : En terminant.
• (10 h 20) •
M. Julien : ...ces trois mesures-là,
c'est une hausse qui n'a jamais été vue si faible.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Saul Polo
M.
Polo : M. le Président, Hydro-Québec appartient aux Québécois, ils
sont en droit d'obtenir le meilleur prix possible. À travers ce projet
de loi là et à travers surtout cette vision fermée du ministre, ce qu'ils
veulent... ce que le ministre veut
absolument, c'est imposer des hausses de tarifs à l'inflation. On connaît bien
ce que le premier ministre a dit, c'est qu'il souhaite absolument
imposer à l'inflation parce que, sinon, il considère que les Québécois vont
gaspiller l'électricité.
Est-ce qu'on
peut donner un break aux Québécois et leur assurer qu'ils vont avoir les
hausses... les meilleurs prix possible sur les tarifs
d'hydroélectricité?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M.
Julien : Oui. M. le Président, c'est ce que propose le projet
de loi n° 34. Le retour de plus
de 500 millions, là, dès
la première facturation, ça représente 4,3 % des comptes des clients sur
une base annuelle. On retourne 4,3 % en début d'année et on gèle
les tarifs en 2020. C'est ça, prendre en considération la clientèle, c'est ça.
Et là, le projet de loi n° 34, comme je vous le dis, on a des heures de
discussions ensemble, et certains amendements ont été apportés, ont été adoptés pour le
bonifier. Il nous reste quelques semaines à travailler de manière constructive
ensemble pour le faire avancer et pour le faire adopter...
Le
Président : En terminant.
M.
Julien : ...et je sais que
je peux compter sur la collaboration de mon collègue de Laval-des-Rapides comme
d'habitude.
Des voix :
...
Le
Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides. S'il vous plaît! Parole au député.
M. Saul Polo
M.
Polo : On en débat tellement
longuement, M. le Président, parce
que justement il est totalement
contre tout avis contraire de toutes
les oppositions, de toutes les organisations qui s'y
opposent. Ce qu'on se dit, à la fin de la journée, c'est que même les clientèles qu'ils sont supposés
servir s'opposent à son projet de
loi, que ce soient les aînés, que ce
soient les familles, que ce soient
les consommateurs. À la fin de la journée, là, c'est une opposition,
c'est un barrage d'opposition.
M. le Président, est-ce que finalement... on aboutit, là, est-ce que finalement
le ministre est ouvert à considérer
des amendements qui vont aider les Québécois à payer le meilleur prix possible,
M. le Président?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : M. le Président, je suis content que mon collègue de
Laval-des-Rapides m'offre l'opportunité d'en parler, justement, des amendements. Pas plus tard que la semaine
dernière, il y a un amendement qui a été apporté par mon collègue de Laval-des-Rapides. À sa lecture,
on a trouvé ça fantastique, on a dit : Aïe! c'est une bonne bonification,
ça, on est prêts à voter pour immédiatement. Savez-vous quoi? Ils ont insisté
pour en débattre. On a passé une heure...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Non, je vais vous demander... La parole vous appartient, vous avez les
propos. Je vous demande simplement de ne pas intervenir et de garder le
silence, garder le silence. Seul le ministre a la parole, actuellement.
M.
Julien : On a passé une
heure à en débattre pour nous convaincre qu'on était encore pour. Un peu plus
puis ils nous convainquaient d'être contre. Mais honnêtement on a fini par
voter pour, après une heure, parce
que c'était constructif et ce
n'était pas du blocage, bien au contraire.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Organisation
et gouvernance scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : La réforme scolaire,
M. le Président, clairement sert essentiellement à s'assurer que le ministre de l'Éducation ait tous les pouvoirs. Maintenant, qui va pouvoir fusionner des territoires? Le ministre.
Qui va pouvoir abolir des centres de
services? Le ministre. Qui va pouvoir dire si on choisit entre un
gymnase ou un agrandissement? Le ministre. Qui va pouvoir dire quels services seront
partagés avec le privé? Le ministre.
Et,
si jamais il a oublié un superpouvoir, inquiétez-vous pas, il est prévu, dans
son projet de loi n° 40, l'article 310 qui
permet de faire par règlement tout ce qu'il a oublié. Il va pouvoir maintenant, grâce à cet article fourre-tout, adopter par règlement. Un
autre superpouvoir.
Alors,
maintenant, M. le
Président, est-ce que
le ministre peut nous dire qui connaît le mieux les élèves :
le ministre ou les gens sur le
terrain?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Les deux, M. le Président, les deux. Connaît bien le réseau, connaît bien les élèves, mais
surtout les connaît tellement que ça me fait plaisir de décentraliser la
prise de décision vers les écoles.
Et
c'est bien parce que c'est très
pédagogique, à chaque jour vous me sortez un article. Alors, allons-y. L'article 310 : «Le gouvernement peut,
par règlement, prendre avant le — et là on indique la date qui suit de
18 mois la sanction de la
loi — toute
mesure utile à l'application de la présente loi — imaginez, c'est-u scandaleux, on a un
article qui permet d'appliquer la loi, mon Dieu, "breaking
news" — [et]
à la réalisation efficace de son objet.»
M. le Président, ce genre d'article là a été
inclus dans des projets de loi par le précédent gouvernement du Parti
québécois, dans la loi n° 20, 36, 38, 60 et 68...
Le
Président : S'il vous plaît!
M.
Roberge : ...et par le
précédent gouvernement du Parti libéral dans les projets de loi n° 42, 86 et 157. C'est juste normal d'avoir
un article transitoire qui permet l'application de la loi.
Alors,
si vous voulez nous soumettre un autre article, ça va me faire plaisir de faire l'article par article ensemble aujourd'hui.
Le Président :
Question principale... complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Pour la compréhension de texte, clairement c'est un échec pour le ministre de
l'Éducation. Maintenant, je le mets au défi de prendre le libellé mot
pour mot, dans ces autres règlements, et de le mettre dans son projet de
loi n° 40. Il ne peut pas le
faire. Savez-vous pourquoi? Parce
qu'il nous a sorti les mêmes articles lors de la consultation, il a fallu qu'on lui remette le texte de loi dans sa
face pour dire : Ce n'est pas exactement le même libellé. Il y a une
grande différence ici, il centralise tous les pouvoirs à Québec, loin
des élèves, loin de la réalité sur le terrain.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Oui. Là, on retombe plus dans les messages tout faits, on
n'y va plus dans les articles parce que, finalement, on essaie, M. le
Président, et c'est triste un peu, de faire dire au projet de loi ce qu'il ne
dit pas.
C'est
un projet de loi qui est bien accueilli par ceux qui font l'école à tous les
jours, qui est bien accueilli par les parents.
Je circule dans les écoles; les gens ont hâte d'avoir une modernisation de la
gouvernance scolaire pour que les décisions
soient prises le plus près possible de ceux qui connaissent leurs élèves. C'est
le principe de la subsidiarité. D'autres en ont parlé; nous, on va
l'appliquer.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée
Saint-Laurent. Je vous demande de ne pas commenter à voix haute les
réponses, s'il vous plaît, tout le monde.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Ce n'est pas le principe de subsidiarité, c'est le principe de
la sourde oreille. Parlons-en, de l'accueil. Il y a des enseignants qui font des sit-in devant son bureau. Est-ce
qu'il passe de temps en temps à son édifice? Parce que le ministère de l'Éducation est occupé par des
enseignants qui dénoncent la centralisation de pouvoirs. Il y a des parents
qui vous écrivent, vous ne les écoutez pas.
Alors, ici, là, je
repose la question : Pourquoi y a-t-il besoin d'un article fourre-tout pour
corriger toutes les lacunes dans son projet
de loi? Est-ce que c'est lui qui connaît le mieux les milliers de noms d'élève
au Québec ou les enseignants, les directions d'école puis les
commissaires scolaires?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Bon, M. le Président, on revient à l'article 310. Si le seul objectif... le
seul obstacle qu'on a à l'adoption du projet
de loi n° 40, c'est qu'il y a
des articles transitoires pour l'application du projet de loi n° 40, il ne reste plus grand-chose. Ma
collègue nous parle...
Des voix :
...
Le
Président : Attendez.
S'il vous plaît! Encore
une fois, je vous entends, malheureusement, puis moi, je souhaite entendre
celui qui a le seul le droit de
parole. À ce moment-ci, c'est le ministre de l'Éducation. Alors, c'est la même règle pour tout le
monde. M. le ministre de l'Éducation, poursuivez.
M. Roberge : On a consulté énormément, pendant des
années, avant de préparer ce projet
de loi là. On a écouté les
groupes qui sont venus nous voir puis on va continuer de les écouter.
C'est
vrai qu'hier il y a eu des délégués syndicaux, des représentants qui sont venus, ils ont voulu se faire
entendre. Les gens de mon cabinet les
ont accueillis, on a convenu que je vais les rencontrer personnellement d'ici
Noël. On a écouté les groupes avant,
on les a écoutés en auditions, on va continuer de les écouter puis on va
amender le projet de loi pour qu'il soit le meilleur possible, au
bénéfice des élèves.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Révision du système de protection de la jeunesse
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Le rapport de la Vérificatrice générale a confirmé nos
pires craintes. Non seulement la crise
continue à la DPJ, elle empire. Le nombre de signalements a augmenté de
27 % de 2014 à 2019, et la situation continue de se détériorer.
La Vérificatrice nous l'a rappelé hier, le délai
dans l'accès aux services compromet la sécurité et le développement des
enfants. Je la cite : «Si on prend en compte le fait que ce nombre ne
cesse d'augmenter, le délai d'attente risque d'augmenter [...] si rien n'est
fait.»
Alors que le ministre
délégué à la Santé faisait du pot à 21 ans sa grande priorité, il aura
fallu une fillette, le décès d'une fillette
à Granby pour que le ministre bouge. La commission Laurent, c'est bien, c'est
même nécessaire. En fait, quand la maison est en feu, ce n'est pas
interdit de penser au plan de rénovation. Mais franchement la première chose à faire, c'est de s'assurer que tout le monde est
sorti de la maison sain et sauf. Quand on a du leadership, on s'occupe de ce
qui est urgent. Ce que nous dit la
Vérificatrice générale, c'est que le ministre échoue à faire en sorte que nos
enfants s'en sortent sains et saufs.
M.
le Président, j'aimerais ça que le premier ministre nous dise s'il est
satisfait du leadership exercé par son ministre.
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, quand on est arrivés, il y a un an, on a hérité d'un système
sous-financé, un système où
effectivement des délais d'attente inacceptables à la DPJ ont lieu. Je rappelle
à la cheffe de la deuxième opposition que
le rapport concerne les années 2016 à 2018. Donc, je pense qu'on peut dire déjà que les
services sont améliorés en 2019. M.
le Président, on a augmenté le budget à la DPJ de 63 millions. On a affiché
500 postes de plus, 500 postes de plus.
M. le Président, mon
collègue est venu en politique pour défendre les enfants, puis, quand il est
venu à mon bureau à plusieurs
reprises me demander d'avoir des ressources additionnelles parce que la
situation qui avait été laissée par les libéraux était inacceptable, j'ai
accepté de lui donner des ressources. Évidemment, pas simple de trouver les personnes pour combler des postes. C'est une des
raisons, entre autres, pourquoi on veut choisir certains secteurs quand on
choisit des nouveaux arrivants.
Donc,
M. le Président, la situation est en train de s'améliorer. Il y
aura le rapport Laurent qui va venir, et puis, bon, il y a un nouveau représentant
de Québec solidaire qui est là. On travaille ensemble et on ne devrait pas
faire de partisanerie autour des enfants, c'est trop important.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
33 millions, ce n'est même pas 1 % des surplus de l'an passé, M. le
Président. À Alma il y a trois ans, il y a
un petit gars de 22 mois qui est décédé un mois après avoir été signalé.
Le logiciel de la DPJ avait décidé qu'il
n'était pas assez vulnérable pour justifier une intervention. Tout le monde
dans le milieu le sait depuis très longtemps, ce logiciel-là, il est
déficient. Le ministre ne fait rien.
Alors, est-ce que le
premier ministre va tolérer ça encore longtemps? Il peut agir maintenant.
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
M. le Président, c'est un dossier très sensible. En 2016, un enfant est mort,
puis rien ne s'est produit.
Nous,
ce qu'on a demandé, déjà c'est en cours, une révision de ce logiciel-là, mais
le plus important, puis c'est ça que j'ai dit à tous les intervenants, il n'y a
pas de logiciel qui doit prendre préséance sur une décision clinique.
C'est d'abord et avant tout des décisions cliniques. Quand ces décisions sont
prises, c'est dans des situations difficiles. L'information
est parcellaire, l'information est parfois erronée. Donc, il ne peut pas se
fier sur ce qui se passe sur un logiciel, la décision est clinique. On fait tout ce qu'on peut pour alléger la
charge administrative et les paperasses que nos intervenants doivent
compléter.
Le Président :
En terminant.
M. Carmant :
Nous, ce qu'on veut, c'est qu'ils soient avec les patients, qu'ils voient les
patients et qu'ils soient encadrés au niveau des décisions cliniques.
Le Président :
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : M. le Président, je pense que la commande ne se
rend pas. Les intervenants et intervenantes doivent encore utiliser ce même
logiciel là qui est arrivé à cette conclusion-là voilà trois ans, et on cherche
même à l'appliquer dans les CLSC. Alors,
on commence à comprendre pourquoi, M. le Président, que le premier ministre a
lui-même lancé la commission Laurent qu'on appelle aujourd'hui. La dernière fois que ça s'est passé, le premier
ministre a protégé largement un ministre, ça a été un cafouillage.
Que va-t-il faire
avec le ministre délégué?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, M. le Président, je ne pense pas que j'ai besoin de protection, là. On est en train d'ajouter des ressources partout. Les listes d'attente ont
baissé de façon significative. Il y avait 3 800 enfants en attente au
mois de juin, on est rendus à
2 000 enfants sur les listes d'attente. On continue à les éliminer.
Nous, on veut les éliminer d'ici un an. Ensuite de ça, on veut
ajouter... travailler en amont.
Plusieurs
fois, ils nous ont demandé d'augmenter la taille de la DPJ. La DPJ, ça ne peut
pas être la salle d'urgence des services sociaux, M. le Président. Il
faut qu'on travaille en amont, il faut qu'on prévienne, il faut qu'on évite ces
signalements-là, et c'est là qu'on va ajouter des ressources pour les jeunes
avant qu'ils aillent à la DPJ.
Le Président :
Question principale, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
Création
du Fonds pour la croissance des entreprises québécoises
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Hier, la Vérificatrice générale blâmait
sévèrement l'ancienne ministre de l'Économie sous le gouvernement
libéral. Pour quelle raison? Parce qu'elle a mal géré un fonds de
1 milliard et qu'elle a multiplié les
subventions hors programme et mal justifiées. On s'entend tous, M. le
Président, que ça n'a aucun bon sens
comme pratique. Mais c'est quoi, le pire dans cette histoire-là, M. le
Président? Non seulement le gouvernement ne règle pas le problème, mais
il va encore plus loin.
Ça va être pire avec le projet de loi n° 27.
Il y a un article dans cette loi qui permet de créer un fonds de
1 milliard à la disposition du
ministre de l'Économie, dans lequel il pourra dépenser, tenez-vous bien,
50 millions sans avoir à passer par le Conseil des ministres. Le
seul appui dont le ministre de l'Économie a besoin, c'est d'un avis favorable
de son collègue des Finances.
M.
le Président, est-ce que le gouvernement pense que c'est une bonne idée de répliquer
les pratiques de l'ancien gouvernement libéral et de faire pire encore?
Le Président :
Mme la ministre régionale au Développement économique.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Merci, M. le Président. C'est une question qu'on est
contents de répondre aujourd'hui.
Notre gouvernement se fait traiter parfois de brouillon. Puis ce qu'on a
constaté il y a un an, la Vérificatrice générale du Québec l'a confirmé
hier dans son rapport. Notre objectif quand on est rentrés au gouvernement,
c'était d'être beaucoup plus transparents,
d'être plus structurés, pragmatiques dans notre approche, et ce, également pour
l'économie, en fait foi la loi n° 27 qu'on
s'apprête... et qu'on espère pouvoir adopter.
D'ailleurs, le
président du Conseil du trésor nous a également conviés, tous les ministères, à
développer une planification stratégique structurée et organisée pour chacun
des ministères. Cette optique-là démontre notre objectif d'assurer les suivis de nos actions, mais aussi
d'être plus transparents à l'égard de la population. C'est ce que la population
demande et c'est ce en quoi elle a droit d'avoir d'accès.
De
la transparence, M. le Président, c'est ce qu'on veut comme gouvernement. On
sera plus structurés. On sera en mesure de faire nos suivis, puis c'est
ce qu'on veut, c'est là qu'on veut aller. On veut amener un sentiment puis une
perspective d'excellence dans nos façons de faire gouvernementales...
Le Président :
En terminant.
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : ...puis c'est là qu'on s'en va.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : M. le Président,
le ministre de l'Économie affirmait cette semaine en commission parlementaire qu'il mettait en place ce fonds de 1 milliard
pour aller plus vite dans l'attribution de financement. Pas de compte à rendre
au Conseil des ministres, juste besoin d'un appui de son collègue des Finances.
M.
le Président, deux ministres pour distribuer 1 milliard comme bon leur
semble, c'est une belle petite caisse, ça.
Elle est où, la réduction de compte, M. le Président? Elle est où, la
transparence? Il est où, le changement de culture par rapport au
gouvernement libéral?
Le Président : Mme la
ministre déléguée au Développement économique régional.
Mme Marie-Eve
Proulx
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Le projet de loi n° 27 vise à être plus agile
dans nos façons de faire
gouvernementales en matière de soutien aux entreprises. C'est ce qu'on va faire
via le projet de loi n° 27. L'objectif est d'être plus transparent aussi, puis ce n'est pas vrai, ce que le député
mentionne, le député de René-Lévesque mentionne, on ne va pas laisser au ministre
de l'Économie comme ça...
On veut être
responsable dans la gestion des fonds publics. Investissement Québec est
l'outil qui nous apparaît le plus important
et intéressant pour soutenir avec
agilité les entrepreneurs au Québec. On veut faciliter l'accès aux finances
pour augmenter l'économie, pour accélérer la croissance des entreprises. C'est
là qu'on s'en va, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, et la parole n'appartient
qu'au leader du troisième groupe d'opposition. M. le leader.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Plus agile, c'est
quand même hallucinant, là. Moins de transparence... On a blâmé... ils ont blâmé longtemps le
gouvernement, et là ils veulent absolument faire pire. M. le Président.
L'article 35.22 du projet de loi
n° 27, là, il le stipule : 50 millions sans discrétion offerts
par le ministre sans passer par le Conseil des ministres.
Si le gouvernement est véritablement sérieux, M.
le Président, là, il faut tout simplement retirer cet article-là. S'ils veulent
être agiles, ce n'est pas gérer le Québec avec la petite caisse de
50 millions...
Le Président : Mme la
ministre déléguée au Développement économique régional.
Mme Marie-Eve
Proulx
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Je
rappelle les blâmes qui sont faits dans le rapport général de la Vérificatrice générale, hein, je pense que ça démontre que
c'était déterminé à même le ministère. Ce qu'on propose avec le p.l. n° 27, c'est de sortir l'analyse
et l'expertise du gouvernement puis de le faire via Investissement Québec pour
se donner un recul.
Ce n'est pas
le gouvernement, ce n'est pas les gens ici qui vont déterminer, c'est
Investissement Québec, avec une
structure externe, avec des spécialistes qui vont analyser les dossiers, qui
vont faire leur travail puis qui vont amener les entreprises à aller
plus rapidement. Ce n'est ni le ministre de l'Économie ni, ici, nous qui allons
décider, c'est Investissement Québec, une structure indépendante. Merci, M. le
Président.
Le Président : Question
principale, M. le député de Pontiac.
Accès aux soins palliatifs à
domicile
M. André
Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. On va tous inévitablement
passer par là. Les derniers moments de notre vie, quand on pense à ceux qu'on aime, on reflète sur
ce qu'on a accompli et on reflète sur ce qu'on aurait aimé accomplir. On se dit qu'on ne rattrapera jamais le temps
perdu, M. le Président, et on n'a plus rien à demander à personne, sauf une
chose : mourir à la maison, passer nos
derniers jours dans le calme, dans le confort de notre chez-soi. Mais, au
Québec en 2019, on ne réussit pas à
offrir des soins palliatifs de
qualité à domicile. Plutôt, les gens passent leurs derniers jours dans un système hospitalier trop occupé ou dans un CHSLD qui n'a
pas toujours des ressources pour bien prendre soin de nous.
Mais il n'y a
pas de raison, M. le Président, que les soins
palliatifs ne soient pas donnés à la maison. Il y a une vingtaine d'équipes qui, depuis deux ans, sont
prêtes à être déployées, mais la ministre de la Santé refuse de signer une
entente qui permettrait à tout ce monde-là
d'offrir du service chez eux à des centaines de Québécois à l'aube de la mort.
Alors, qu'est-ce qu'elle attend au juste? Parce
que ces patients-là, ils ne peuvent pas attendre.
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : M. le Président,
sur le fond, je suis entièrement d'accord avec le député de Pontiac, que la population
demande d'être à domicile dans les derniers moments, en fin de vie. D'ailleurs,
ça fait partie, là, des soins palliatifs et des soins de fin de vie que d'organiser ces services à
domicile. Il faut le faire avec les équipes des CLSC, il faut le faire aussi avec les médecins. Et d'ailleurs
on a une rencontre la semaine prochaine là-dessus avec la Fédération des médecins omnipraticiens du
Québec pour vraiment mettre sur pied toute cette organisation de services.
Moi, je suis
très familière avec cette façon de faire, M. le Président. Quand j'étais dans
le réseau, M. le Président, j'ai mis sur pied ce type d'équipe, qui est encore
là, à Verdun, et je sais l'effet extraordinaire que ça peut faire pour les
patients, pour les familles. Alors, moi, M.
le Président, l'objectif que j'ai avec le ministère, avec mon équipe, c'est
vraiment de mettre sur pied ces équipes le plus possible à travers le
Québec parce que les gens...
• (10 h 40) •
Le Président : En terminant.
Mme McCann : ...veulent mourir
à domicile et non pas à l'urgence, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député.
M. André
Fortin
M. Fortin : M. le Président, tous les établissements du
réseau s'étaient engagés dans ce sens-là pour mettre de l'avant des équipes dédiées aux soins palliatifs à
domicile. La ministre nous dit qu'elle va avoir une rencontre la semaine
prochaine. Ça fait un an qu'elle est là, et il n'y a rien qui bouge. Les
omnipraticiens nous disent qu'ils relancent le ministère de façon incessante, mais la seule réponse qu'ils ont, c'est
que le dossier, il dort sur le bureau de la ministre.
Alors, si le dossier, lui, il dort, M. le
Président, est-ce que la ministre, elle, elle peut se réveiller?
Le
Président : S'il vous plaît! Soyez prudents dans les façons de
faire, et les façons de dire, et les propos qui ne sont pas nécessaires, et vous le savez. Alors,
pensez aux propos que vous utilisez. Mme la ministre, vous avez la réponse.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Non, M. le Président, c'est un dossier, d'ailleurs, dont on a hérité, je dois
le dire, là, du dernier gouvernement
parce que ça aurait pu être fait dans la dernière année où est-ce qu'il était
au pouvoir. Ça aurait pu être fait avant,
mais nous, on va le faire dans les règles de l'art, M. le Président. Et moi,
effectivement, je suis de l'opinion que c'est absolument prioritaire.
On a mis sur
pied d'ailleurs un groupe de travail national pour améliorer l'accès aux soins palliatifs et aux soins de fin de vie.
Alors, c'est nécessaire. Ces équipes doivent être mises en place. On va
travailler avec la Fédération des médecins omnipraticiens.
Le Président : En terminant.
Mme McCann : C'est ce qu'on
fait, dans la collaboration, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Pontiac.
M. André
Fortin
M. Fortin : M.
le Président, réécoutez les mots de
la ministre aujourd'hui et ceux des dernières semaines, c'est toujours
la même chose. Elle nous répète qu'elle est préoccupée. Elle nous
dit qu'on pose des bonnes questions. Elle nous remercie. Mais, au-delà de ses préoccupations, il ne se passe rien. On n'arrive pas à savoir
ce qu'elle fait concrètement
pour améliorer la situation.
Alors, est-ce qu'on peut avoir des faits? Est-ce
qu'on peut savoir ce qu'elle a fait?
Comment elle va s'assurer que les soins palliatifs soient disponibles à
domicile?
Le Président : Mme la ministre
déléguée à la Santé et aux Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Oui, M. le Président. Bien, regardez, je l'ai fait à Verdun. Je sais ce que
c'est, une équipe comme ça, qui va à
domicile, qui donne des soins de fin de vie, et la différence que ça fait pour
les familles. Et je pense que la Fédération
des médecins omnipraticiens aussi comprend ça. On va travailler avec eux dès la
semaine prochaine pour finaliser l'organisation de ces services.
Le collègue
député de Pontiac l'a dit lui-même, il y a 20 équipes qui sont prêtes, là.
M. le Président. On va mettre sur pied ces 20 équipes pour donner
ce type de soins à la population qui le réclame. Merci, M. le Président.
Le Président : Question
principale, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Consultations
publiques sur la fuite de données personnelles chez Desjardins
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. En juin dernier, Desjardins était l'objet du plus gros
vol de données de l'histoire du Québec, des millions de Québécois touchés, des
millions de gens inquiets. Les yeux de ces gens-là se sont tournés
depuis vers nous, vers la classe politique. Ils nous demandent d'agir ensemble
sur ce dossier sensible.
Le 21 juin, Québec solidaire a proposé une
commission parlementaire. Le 9 juillet, le Parti québécois a fait la même
chose. Le 1er novembre, le Parti libéral l'a fait. À chaque fois, les
oppositions ont demandé un réel travail non partisan,
à chaque fois, on a demandé une réelle réflexion sur le fond de l'affaire,
c'est-à-dire la protection des données personnelles
des Québécois et des Québécoises, et, à chaque fois, le gouvernement a dit non.
Ça aurait dû être l'occasion d'un
débat de fond sur la question, finalement, c'est une occasion ratée. La
démarche est discréditée, elle est expéditive. Et le responsable, c'est
le leader parlementaire du gouvernement. Il en porte la totale responsabilité.
Quand va-t-il
arrêter de faire à sa tête? Quand va-t-il se mettre à travailler avec les
oppositions pour le bien commun au Québec?
Le
Président : M. le leader du gouvernement. L'attention et la
parole n'appartiennent qu'au leader du gouvernement.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, quelle ironie! Quelle
ironie, M. le Président! Vous savez pourquoi? Parce que le gouvernement
voulait, dès cet été, entendre Desjardins en commission parlementaire. Oui, M.
le Président, les collègues m'ont relaté, en commission parlementaire lors du
mandat d'initiative...
Une voix : ...
Le Président : Oui, le leader
de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Tanguay : Article
35.6°, M. le Président. Le collègue se prête des intentions qu'il n'a jamais
eues.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Merci. M. le leader du
gouvernement. Je vous demande votre
attention, s'il vous... Je vous demande votre attention. Le leader du
gouvernement.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît, collègues!
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, il me semble, sur une question
de règlement, que le député doit prendre ma parole. Alors, je
souhaiterais qu'il retire ses propos.
Le
Président : Je viens
de dire d'être prudent. L'échange a eu lieu. Nous sommes sur une question
de fond sérieuse et importante. Moi, M.
le leader du gouvernement, je vous
demande de poursuivre votre réponse. Je ne veux pas d'interruption du
genre.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, dès cet été, le gouvernement souhaitait entendre Desjardins. Malheureusement, par un
jeu partisan des oppositions... ne souhaitaient pas entendre et tenir la commission
rapidement pour entendre Desjardins. Il y a
d'autres événements qui sont survenus, M. le Président, et, pour s'assurer
qu'on puisse faire la lumière sur les
événements qui sont survenus sur Desjardins, le gouvernement a déposé une
motion en Chambre qui a été votée et qui nous permet aujourd'hui même
d'entendre Desjardins.
Pour la
suite, M. le Président, il y aura la commission parlementaire aujourd'hui, dès
11 h 15. J'invite d'ailleurs Québec
solidaire à faire partie de la commission. Le ministre des Finances ainsi que
la ministre responsable de l'Accès à l'information ont déjà annoncé
qu'ils allaient déposer des projets de loi dans les prochaines semaines...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...pour
s'assurer de protéger les données personnelles.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader du deuxième groupe d'opposition. Encore
une fois, la parole n'appartient qu'à vous. Et ensuite à la réponse.
Des voix :
...
Le
Président : C'est trop bruyant. Nous sommes attentifs aux
propos qui sont échangés. Le dossier est sérieux.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, la vérité, tout le monde la connaît. Le leader du gouvernement
a décidé de travailler seul, il a
décidé de travailler mal, il a décidé de travailler sans consulter personne et
il a fait, ce n'est pas nouveau, des erreurs. Il aurait dû apprendre de
ses erreurs en matière d'immigration.
Après
son cafouillage dit gigantesque la semaine dernière, il est retourné exactement
dans le même pattern en convoquant
une commission parlementaire de manière expéditive et cavalière. Quand va-t-il
apprendre de ses erreurs au lieu de les répéter sans cesse?
Le Président : M. le ministre... M. le leader du gouvernement. Encore
une fois, je vous demande, dans ce dossier comme dans tous les autres,
d'être attentifs. C'est notre règle. M. le leader.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, M. le Président, je pense que
d'entendre Desjardins aujourd'hui, que l'ensemble des parlementaires
puissent... vont pouvoir poser des questions aux représentants de Desjardins
ainsi qu'à cinq autres groupes, je pense que
c'est une bonne chose dans le cadre des auditions publiques parce qu'il y a
beaucoup de Québécois qui sont inquiets relativement au vol de données
personnelles.
Alors, le
gouvernement a pris ses responsabilités pour inviter Desjardins à venir
témoigner en commission parlementaire. Or,
M. le Président, et de la façon dont les partis d'opposition se comportent, ça
fait en sorte que peut-être qu'on
n'aurait pas réussi à entendre Desjardins. On a fait un choix responsable
d'inviter Desjardins par une motion ici, à l'Assemblée nationale. Alors,
aujourd'hui, Québec solidaire nous reproche d'inviter Desjardins à
s'exprimer...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...au parlement. Soyons un peu sérieux, M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Je vous demande encore une fois...
et je ne veux pas de commentaire. J'entends
des gens qui n'ont pas la parole. Ce n'est pas censé être ça. C'est à vous, la
parole, M. le leader.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, les oppositions
l'ont demandé trois fois, d'entendre Desjardins, trois fois la majorité gouvernementale
a dit non.
La vérité, là, c'est qu'avec sa commission-minute
convoquée de manière cavalière, le message que le gouvernement envoie, c'est que le vol de données et le vol d'identité, comme des gens
ici dans les tribunes ont été victimes, là, bien, à la CAQ, on gère ça
comme l'Immigration, sur un coin de table.
Le Président :
M. le leader du gouvernement. S'il vous plaît, votre attention.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, dès cet été, nous étions
d'accord avec la proposition qui a été faite par le député de René-Lévesque. On a donné notre consentement. Or, qu'est-ce qui est arrivé, M. le Président, dans le
cadre du mandat d'initiative? Bien
non, les oppositions ont fait toujours ce qu'elles font, elles embourbent les
choses puis, plutôt que d'être efficaces pour faire en sorte...
Des voix :
...
Le
Président : Faites attention! Vous savez, il y a des termes...
Encore une fois, il y a moyen de dire bien des choses en utilisant des mots du vocabulaire. Je vous demande aussi
d'être prudent sur ça et de faire en sorte que le climat reste bon. C'est bruyant. J'aimerais que ce le
soit moins. À ceux qui parlent et qui n'ont pas la parole, s'il vous plaît,
soyez attentifs. M. le leader du gouvernement, complétez votre réponse.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, si les oppositions avaient à
coeur le bien commun, ils nous féliciteraient, M. le Président...
Le Président :
Encore une fois... Là encore... Vous savez...
Des voix : ...
• (10 h 50) •
Le
Président : Non, je sais. M. le leader du gouvernement et tout
le monde... Mais là, M. le leader du gouvernement,
permettez-moi d'intervenir à nouveau puis répéter ce que je viens de dire il y
a deux instants. Évitez de vous
interpeler, répondez à la question, évitez les termes qui portent justement à
des dérapages ou des événements bruyants. On n'a pas besoin de ça, puis
ce n'est pas ça, notre période de questions. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, je crois que les Québécois
souhaitent entendre Desjardins, et c'est ce que nous allons faire aujourd'hui dans un forum, ici, à l'Assemblée
nationale, en commission parlementaire. L'objectif, il est atteint. À un certain moment, M. le Président,
il ne faut pas toujours faire le jeu des oppositions comme ils le souhaitent.
C'est important qu'il y ait de la transparence, que les groupes puissent être
convoqués...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...ce que
nous faisons aujourd'hui. Nous prenons une décision responsable.
Le Président : Question
principale, M. le député de La Pinière.
Amélioration de la sécurité sur
l'autoroute 55, dans la
circonscription électorale de Nicolet-Bécancour
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
M. le Président, entre la 20 et le pont Laviolette, l'autoroute 55, ce
n'est pas une autoroute. Plusieurs routes
la croisent, comme le chemin Forest. Pour la population qui vit là,
l'intersection est dangereuse. Le maire de Bécancour le dit à répétition. Une résidente de la région
raconte qu'elle fait parfois un détour de 15 kilomètres par Saint-Célestin
pour aller à Précieux-Sang parce qu'elle
considère l'intersection Forest-55 dangereuse. D'autres racontent que ça prend
20 minutes la traverser.
La semaine
dernière, les élus locaux ont décidé de s'adresser directement au ministère des
Transports. Déception, le dossier, il
n'avance pas. Bien, on fait quoi? Les élus ont proposé de construire un viaduc
maintenant. Il va falloir en construire un de toute façon
éventuellement.
Alors, un
viaduc, ou un élargissement, ou les deux, le ministre va-t-il enfin écouter la
population et faire avancer son dossier?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, mon collègue de Bécancour
m'avait très, très bien informé du dossier qui est piloté par les
élus de cette région. Il y a deux rues qui mènent à un cul-de-sac, et on sait qu'il
y a des investissements importants qu'eux souhaiteraient voir de l'avant pour
sécuriser la 55. C'est une route qui est à 100 kilomètres-heure. Je
le sais très bien, il y a de la circulation dans ce secteur.
Je regarde le dossier avec mon collègue de Bécancour,
on va trouver les meilleures solutions possible pour sécuriser le réseau. C'est
l'engagement que je prends pour la population et les élus.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : M. le
Président, c'est le Parti libéral qui a mis le projet de l'élargissement
de la 55 au PQI en 2017, mais, en
2018 sur les ondes de TVA, l'actuel député de Nicolet-Bécancour s'est vanté
d'avoir réussi, lui, à mettre le projet au PQI. Il est où, aujourd'hui, le très influent député de Nicolet?
Parce que le projet, il est encore stationné à «étude», pas une virgule
d'avancement.
Est-ce que le
ministre des Transports peut nous confirmer que le député de Nicolet-Bécancour
n'a aucune influence sur lui?
Le
Président : M. le ministre des Transports... Soyez prudents dans
les propos. Faites attention. Faites un débat. Il peut être vigoureux,
bien sûr, mais non violent. M. le ministre.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel :
Ça, c'est le style du député de La Pinière. C'est pour ça qu'ils ne lui
donnent pas...
Le Président : Non!
S'il vous plaît! Non, mais il n'y a pas de... Là, on est sur le fond de la
question, M. le leader du
gouvernement. M. le ministre des Transports, on est sur le fond de la question.
Je pense que ça réclame une réponse sur le fond et je vous demande de la
faire.
M. Bonnardel :
Je dis respectueusement que c'est le style du député de La Pinière, puis
c'est pour ça qu'il n'est pas à la course à la chefferie aujourd'hui au
Parti libéral, parce que personne ne veut de lui au Québec.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! O.K. Pourriez-vous revenir? Je
vous demande de revenir sur le fond de la réponse, s'il vous plaît, et
de faire en sorte que le climat reste calme.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Bonnardel :
Vous savez, M. le Président, le député de Nicolet-Bécancour fait un excellent
travail dans sa circonscription, un excellent travail. Il pilote le dossier. Il
est bien au fait de la situation avec ses élus et la population comme telle. Il m'a fait valoir, encore une fois,
ce que la population souhaite. On va continuer de travailler avec lui pour
être capables de réaliser ses engagements.
Le
Président : M. le député de La Pinière, deuxième
complémentaire, toujours en ayant en vue les propos qu'on utilise et le
fond de la question.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Oui. M. le Président, je ne veux pas faire de la peine au ministre, mais, en
campagne électorale, le premier
ministre lui-même est débarqué dans le comté avec le député et a dit, et je
cite : «Il est temps qu'on arrête de parler et qu'on le fasse. Il faut que ça avance.» Mais ça n'avance pas, M. le
Président. S'il est influent, ça a l'air que ce n'est pas vrai.
Apparemment, le premier ministre n'a pas plus d'influence.
Alors, le ministre
peut-u se lever puis dire qu'il va faire avancer le dossier à «opportunité»,
oui ou non?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, oui, je vais rester poli. Il y a plusieurs dossiers, au
ministère des Transports, qu'on doit
piloter et faire avancer. Il y a beaucoup, beaucoup d'investissements. Il y a 4,8 milliards de dollars que nous avons
investis cet été et que nous investirons l'été prochain.
Je vais continuer de
travailler avec le député de Nicolet-Bécancour comme je le fais avec tous les
députés du gouvernement et les députés
d'opposition qui viennent me porter des dossiers, comme vous, Mme la députée,
ce matin. Alors, soyez assuré, M. le
Président, qu'on va continuer de travailler dans l'intérêt de tous les Québécois pour sécuriser le réseau
québécois, encore une fois, autoroutier. Merci.
Le Président :
Question principale, M. le chef de l'opposition officielle.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition, vous êtes le seul à avoir la
parole.
Consultations
particulières concernant les
services offerts aux personnes autistes
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
M. le Président, dans quelques instants, nous nous apprêterons à voter une
motion de notre collègue la députée
de Westmount—Saint-Louis
concernant les services offerts aux personnes autistes ayant notamment atteint
la majorité.
M.
le Président, malgré nos couleurs politiques différentes, je suis convaincu que
les valeurs que sont l'humanisme et
la compassion animent également le premier ministre. En appuyant aujourd'hui la
motion, il aurait l'occasion de poser un
geste en ce sens. Les citoyens s'attendent, au-delà de nos divergences, à ce
que nous soyons capables de travailler ensemble. Et aujourd'hui, M. le premier ministre, ma formation vous tend la main
pour faire avancer une cause tellement importante.
Donc,
dans un esprit de non-partisanerie et pour le bien de ces personnes concernées,
est-ce que le premier ministre va
voter en faveur de la tenue de deux jours d'auditions pour entendre une
quinzaine d'experts afin de tous nous éclairer sur les défis et les
sensibilités de l'autisme?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, le dossier des enfants et des jeunes adultes qui ont des
difficultés, des handicaps, des
formes d'autisme plus lourd, ça me touche beaucoup, puis je veux le dire, entre
autres, à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mon collègue,
mes collègues, je devrais dire, travaillent à ce qu'on aide mieux les parents
de ces enfants. Ils ont besoin de beaucoup de services additionnels.
Effectivement, rendu à 18 ans, il y a des services qui disparaissent. Il y
a des montants qui sont donnés quand
c'est une famille d'accueil, mais des montants pas mal moins importants, quand
ce n'est rien, pour les parents qui
choisissent de sacrifier leur carrière souvent pour aider ces enfants. Donc, M.
le Président, c'est un dossier, là, qui nous touche, qui me touche
beaucoup.
Maintenant,
il y a beaucoup actuellement de travail dans les commissions parlementaires, du
travail qui n'avance pas dans les
commissions parlementaires. Et, M. le Président, on a déjà accepté plusieurs
mandats d'initiative de l'opposition depuis qu'on est ici. On n'a rien,
rien, rien, aucune leçon à recevoir du Parti libéral...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Il reste peu de temps.
Des voix : ...
Le Président : Non, s'il vous
plaît! Je vais vous demander...
Une voix : ...
Le Président : M. le...
M. Tanguay : M. le
Président, le premier ministre tient des propos blessants lorsqu'il...
Le Président : Non! Non!
Une voix : ...
Le Président : O.K. Non, non,
non, je m'excuse, non. Je vais vous demander...
Une voix : ...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle, je suis
debout. Je suis debout, je vous demande de vous asseoir, c'est la règle. M. le leader du gouvernement, je suis debout,
je vous demande de vous asseoir, c'est la règle. C'est un sujet très sensible,
évitons... Il y a eu du respect dans l'attention à la question, ayons du
respect dans l'attention de la réponse.
Je continue à vous dire que c'est un sujet très sensible. Je demande au premier
ministre de compléter ses réponses. C'est ma décision à ce moment-ci, et
on arrête là-dessus.
M. le leader de l'opposition officielle...
Une voix : ...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle, j'ai déjà
rendu une décision. Vous connaissez... Faut-il vous rappeler l'article 41? Faut-il vous rappeler
l'article 41? Je viens de dire : Continuons la réponse pour compléter la
période de questions.
Des voix : ...
Le Président : Je ne veux...
Non, je ne veux pas entendre plus longuement...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Ne recommencez pas ce que vous ne
vous souhaitez pas. M. le leader de l'opposition officielle, je vous redemande de vous asseoir pour compléter la question
et... pour compléter la question. Je suis maintenant... Je n'ai pas à
vous entendre plus longtemps, c'est fait.
M. le premier
ministre, je vous demande de compléter votre question. Nous nous reparlerons au
besoin, mais, pour l'instant, nous complétons la période de questions.
C'est ma décision. C'est ma décision, M. le leader.
Une voix : ...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle, je vous
demande de vous asseoir. Je viens de vous dire ce que je viens de dire. Dans ce sujet très sensible, je demande au
premier ministre de compléter la réponse, ce qui complétera la période de questions. Il en est ainsi. Je préside. Je
viens de vous le dire, c'est comme ça que ça va se passer.
M. le premier
ministre, complétez votre réponse.
Une voix :
...
Le
Président : M. le leader du gouvernement, je vous demande...
que je veux le calme pendant les réponses, et on est à l'étape de la
réponse. M. le leader de l'opposition officielle...
Une voix :
...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle, je sais ce
que vous me dites. Vous avez commencé, j'ai compris.
Une voix :
...
Le
Président : M. le leader de l'opposition officielle, je vous
demande de vous asseoir et de laisser le premier ministre compléter la
question. Je viens de vous le dire, ma décision, article 41, et c'est comme ça
que ça se passe.
M. le premier
ministre.
Une voix :
...
Le
Président : Vous faites un deuxième... un nouvel appel au
règlement que celui que vous aviez fait il y a deux instants?
Une voix :
...
• (11 heures) •
Le
Président : M. le... Écoutez, on est à... on a eu une étape et
on est à la fin d'une période de questions, sur un sujet extrêmement
sensible, où tout allait bien. Il y a eu respect sur l'écoute de la question,
parce que très importante. Respect à
l'écoute de la réponse également. Je demande que l'on complète la réponse du
premier ministre. Vous m'avez, M. le
leader de l'opposition officielle, et tous, donné le rôle de présider.
Aujourd'hui, je vous dis que, dans ce contexte, je demande au premier
ministre de poursuivre sa réponse. Je demande votre collaboration, la vôtre
spécifiquement, M. le leader de l'opposition
officielle. Ne me forcez pas à aller plus loin, vous le savez fort bien. Je
vous rappelle l'article 41, j'ai pris
une décision, c'est celle qui sera appliquée. Nous complétons, pour les
quelques secondes restantes, cette période de questions. Merci.
M. le premier
ministre.
Des voix :
...
Le
Président : Non, là. Non, non, je m'excuse. Là, vous allez...
vous allez... Est-ce qu'il faut vraiment que j'aille jusqu'où vous ne souhaitez pas que j'aille? Je
vous dis que non. M. le leader de l'opposition officielle, dans le contexte,
c'est très clair. Je vais vous demander...
Je vais vous dire, c'est un premier rappel à l'ordre. On complète la période de
questions. Je ne veux pas aller là, ça ne
donne rien. Je pense qu'on est en mesure de faire en sorte de compléter ce qui
se passait bien sur un sujet aussi important.
Je
vous fais, M. le leader de l'opposition officielle, un premier rappel à
l'ordre. Je ne veux pas aller plus loin que ça.
Je
demande au premier ministre de compléter sa réponse. S'il vous plaît, M. le
premier ministre. M. le premier ministre, vous complétez.
M.
Legault : M. le Président, la députée de Soulanges est avec nous parce
qu'elle a un enfant qui est lourdement handicapé. Elle a décidé de faire
de la politique avec nous. On a pris des engagements, on va les respecter.
Maintenant, si les
libéraux...
Le
Président : Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales. Et je ne veux plus de commentaire, ça se termine comme
ceci. Merci à tous.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon. Est-ce que, lorsque vous... O.K. Est-ce qu'on peut
commencer?
Votes reportés
Motion
proposant que l'Assemblée mandate la Commission de la santé et des
services sociaux afin qu'elle procède à des consultations particulières
concernant les services offerts aux personnes autistes
Alors,
à la rubrique des votes reportés, comme annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder au vote reporté
sur la motion de Mme la députée de Westmount—Saint-Louis débattue hier aux affaires inscrites
par les députés de l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale mandate la
Commission de la santé et des services sociaux afin qu'elle procède les 22 et 23 janvier 2020 à des
consultations particulières et auditions publiques concernant les services offerts
aux personnes autistes, notamment lorsqu'elles atteignent l'âge de la
majorité;
«Que la commission entende les personnes et organismes
suivants ainsi que toutes [...] personnes ou organismes qu'elle jugera nécessaire de convoquer :
Autisme Québec conjointement avec Autisme Montréal, Réseau pour transformer
les soins en autisme, Autisme sans limites,
M. Charles Lafortune, vice-président Contenu et réalisation, Pixcom, The Little
Red Playhouse, Autism Speaks, Dre Srividya
Lyer, professeure adjointe au Département de psychiatrie [de] l'Université
McGill et chercheure au Centre de recherche
de l'Hôpital Douglas, l'Association de médecins psychiatres du Québec, l'association des [directeurs généraux] des
commissions scolaires, Association of Directors General of English School
Boards of Québec, Saccade, Mme Brigitte
Harrison, L'École À Pas de Géant, Dr Alexis Beauchamp-Châtel, psychiatre,
chef de service médical du programme de
psychiatrie neurodéveloppementale adulte de l'IUSMM, professeur adjoint de clinique au Département de psychiatrie de
l'Université de Montréal, la Fédération québécoise de l'autisme, la Coalition
Autisme Québec, M. Tung Tran, directeur du
programme santé mentale et dépendance [...] au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal,
conjointement avec Mme Geneviève Chabot, directrice adjointe de la réadaptation
au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 4 minutes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 1 minute au deuxième groupe d'opposition
et 1 minute au troisième groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit
de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de
35 minutes partagées ainsi : 17 minutes 30 secondes
pour le groupe parlementaire formant
le gouvernement, 11 minutes 40 secondes pour l'opposition
officielle, 2 minutes 55 secondes pour le deuxième groupe
d'opposition et 2 minutes 55 secondes pour le troisième groupe
d'opposition;
«Que
l'organisation des travaux soit confiée au comité directeur de la commission,
notamment l'aménagement de l'horaire selon les éventuelles demandes de
changements des personnes et des organismes.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Arcand (Mont-Royal—Outremont),
M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme St-Pierre
(Acadie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Rousselle (Vimont),
Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun),
Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone
(Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke),
Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau), M. Zanetti
(Jean-Lesage).
M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon
(Gaspé), Mme Fournier (Marie-Victorin).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que
les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay), Mme McCann
(Sanguinet), Mme Roy (Montarville),
M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly),
M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne
(Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose),
Mme Samson (Iberville), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Picard (Soulanges), M. Tardif
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin
(Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire
général, le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 40
Contre : 64
Abstentions :
0
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Lorsqu'il y a un vote et que le page dit les noms des députés
et des circonscriptions, s'il vous plaît, garder le
silence, c'est une question de respect. Mme la députée de Maurice-Richard,
avez-vous un commentaire?
Motions sans préavis
Alors, maintenant, à la rubrique des motions sans préavis,
en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Taschereau.
Mme Dorion : Merci, Mme la Présidente. Je
demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de Fabre, le député de
Rimouski, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que près de six ans se
sont écoulés depuis l'incendie mortel de la Résidence du
Havre, à L'Isle-Verte, en janvier 2014;
«Qu'elle prenne acte qu'un rapport d'inspection du ministère
de la Santé et des Services sociaux révèle que la majorité
des résidences pour aînés ne respectent pas les normes de sécurité imposées par
le gouvernement;
«Qu'elle souligne que le gouvernement a exigé notamment que
toutes les résidences soient munies de gicleurs d'ici le
2 décembre 2020;
«Qu'elle prenne acte que la ministre des Aînés a imposé un
moratoire administratif par rapport aux seuils minimaux de
sécurité;
«Qu'elle demande au gouvernement d'élaborer un nouveau plan
d'action pour s'assurer que toutes les résidences pour
aînés respectent l'ensemble des normes de sécurité d'ici le mois de
décembre 2020.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Il n'y a pas de consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Comme il
n'y a pas de consentement, je suis prête à reconnaître un
membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de Jonquière.
Demander au gouvernement de maintenir
et de renforcer son partenariat avec
la Californie, d'accélérer l'adoption de nouveaux protocoles de crédits
compensatoires et de poursuivre le recrutement de
nouveaux membres du marché du carbone
M. Gaudreault : Oui. Mme la Présidente, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques,
la députée de Maurice-Richard, la
députée de Mercier, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère son appui au marché du carbone;
«Qu'elle rappelle que son renforcement représente une
condition essentielle à l'atteinte des cibles climatiques
du Québec;
«Qu'elle constate que le marché du carbone permet au Québec
à la fois de minimiser les coûts des réductions des
émissions de GES et d'accroître la compétitivité de nos entreprises;
«Qu'elle rappelle que l'accélération de nouveaux protocoles
de crédits compensatoires, notamment dans le secteur des forêts québécoises, représente une occasion importante
de valoriser les réductions d'émissions de GES sur le territoire
québécois;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de maintenir et
de renforcer son partenariat avec la Californie, d'accélérer l'adoption de nouveaux protocoles de
crédits compensatoires et de poursuivre le recrutement de nouveaux
membres [du] marché du carbone.» Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui. Il y a consentement, sans débat.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des
voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. Ah! M.
le leader du troisième groupe d'opposition, je vous écoute.
M.
Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Je vous
demande d'appeler le vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous
avons une demande de vote par appel nominal.
Que les députés qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Ouellet
(René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski), M. Roy (Bonaventure),
Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé
(Châteauguay), Mme McCann (Sanguinet), Mme Roy (Montarville),
M. Lemay (Masson), M. Simard
(Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly),
M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
Mme Blais (Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Hébert
(Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Lacombe (Papineau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond
(Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Picard (Soulanges),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau),
M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte),
M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
Mme Fournier (Marie-Victorin).
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Les députés qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever. Y a-t-il des abstentions?
On m'informe qu'il y a deux
députées qui étaient à l'extérieur du salon bleu lors du vote. Alors, est-ce
qu'il y a consentement pour leur permettre de participer
au vote? Alors, consentement. Vous pouvez vous lever.
Le Secrétaire adjoint :
Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Rizqy (Saint-Laurent).
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le secrétaire adjoint. M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, cette motion est adoptée.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre formant le gouvernement. M. le ministre, je crois, de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, la parole est à vous.
Souligner la Semaine des professionnelles et professionnels
de l'éducation
M.
Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la
députée de Sherbrooke,
la députée de Joliette, le
député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la tenue du 18 au
22 novembre 2019 de la Semaine des professionnelles et des
professionnels de l'éducation;
«Qu'elle
reconnaisse l'engagement de toutes les personnes qui effectuent, avec
dévouement, un travail essentiel pour
répondre aux besoins particuliers des élèves en offrant des services d'aide aux
élèves, de soutien pédagogique ou de soutien administratif pour faire de
l'école un milieu organisé;
«Qu'elle
souligne la qualité des services offerts dans toutes les régions du Québec par
les équipes-écoles du réseau scolaire auprès des élèves, des parents et
de leurs collègues;
«Qu'elle
demande au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur de garantir
un accès équitable aux professionnels dans toutes les régions du Québec;
«Qu'enfin, elle rappelle
que le travail des professionnelles et des professionnels de l'éducation
contribue grandement au développement et à l'épanouissement des jeunes
Québécoises et Québécois.» Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a consentement pour en débattre? M. le
leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Il y
a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, cette motion est-elle adoptée? M.
le... Je croyais que M. le leader du troisième groupe d'opposition se
levait. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, motion adoptée.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. M. le député de Nelligan.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec
le député de Rosemont, la députée de Gaspé et le député de Chomedey :
«Attendu que
la pénurie de main-d'oeuvre frappe l'ensemble du Québec et que l'industrie de
la transformation alimentaire n'y fait pas exception;
«Attendu que
l'industrie québécoise de la transformation alimentaire est en compétition avec
le reste du monde, mais aussi avec les autres provinces canadiennes;
«Attendu que
le gouvernement fédéral prévoit l'entrée en vigueur d'un programme pilote pour
janvier 2020, afin d'assouplir
les règles applicables aux travailleurs étrangers temporaires pour l'industrie
de la transformation alimentaire, mais
que le Québec ne pourra pas en bénéficier puisqu'il est le maître d'oeuvre en
matière d'immigration économique;
«Attendu que le gouvernement du Québec dispose
de tous les pouvoirs afin de mettre sur pied un programme pilote similaire mais
[il] ne le fait pas;
«Attendu qu'il en résultera un déséquilibre de
compétitivité au désavantage de notre industrie;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement caquiste d'utiliser les pouvoirs prévus à la Loi sur l'immigration au Québec et qu'il mette sur pied un
programme pilote offrant la même flexibilité que le programme fédéral.
Que ce programme pilote soit prêt et entre en vigueur dans les meilleurs
délais.» Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
consentement pour en débattre? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Il
n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, Mme
la députée de Marie-Victorin, la parole est à vous.
Demander
au gouvernement fédéral de rendre publique
l'entente avec Lowe's lors de l'achat de RONA
Mme Fournier :
Oui, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Rosemont, le député de René-Lévesque et le
député de Chomedey, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement canadien de rendre publique
l'entente conclue avec Lowe's lors de l'achat de RONA en
décembre 2016.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
consentement pour en débattre? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Il y
a consentement, sans débat.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée. M. le...
Une voix : ...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, on me demande un vote par appel nominal.
Que les députés qui sont en faveur de cette
motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : Mme Fournier
(Marie-Victorin).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay), Mme McCann
(Sanguinet), Mme Roy (Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), M. Bonnardel (Granby),
M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), Mme Blais
(Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose),
Mme Samson (Iberville), Mme Hébert (Saint-François),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand),
M. Julien (Charlesbourg), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle
(Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme),
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Picard (Soulanges),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours
(Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord),
M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte),
M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau),
M. Derraji (Nelligan), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone
(Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau).
M. LeBel (Rimouski), M. Roy (Bonaventure),
Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Les députés qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des
abstentions? M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, cette motion est adoptée à l'unanimité. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Fournier : Oui. Mme la Présidente, j'aimerais qu'une copie de la
motion soit envoyée au gouvernement du Canada, au premier ministre du
Canada ainsi qu'au ministre du Développement économique.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Ça sera fait. M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Oui. Mme la Présidente, je demande le consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de permettre au député de Vachon de
présenter une motion supplémentaire suite à une entente entre les
leaders et les députés indépendants.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour permettre au
député de Vachon... Il y a consentement. Alors, M. le député de Vachon.
Souligner
le 10e anniversaire du programme Les Survivantes
du Service de police de la ville de Montréal
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
vice-présidente de la commission, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée
de Gaspé, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 10e anniversaire du programme Les
Survivantes du Service de police de la
ville de Montréal qui vise à offrir des séances d'information aux différents
professionnels oeuvrant auprès des victimes d'exploitation sexuelle;
«Qu'elle
rende hommage aux policiers du SPVM : [l']agente Diane Veillette, [l']agente
Josée Mensales, [les] instigatrices du programme ainsi qu'au
sergent-détective Daniel Loiseau et [le] lieutenant-détective
Dominic Monchamp qui interviennent quotidiennement auprès des victimes;
«Qu'elle
réaffirme l'importance de la mise sur pied de telles initiatives visant à
sensibiliser et informer les victimes d'exploitation sexuelle aux
différentes ressources pouvant les aider à [...] sortir de ce milieu;
«Qu'elle souligne la tenue
[de la] Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs; et
«Qu'enfin,
elle félicite et encourage ces femmes et ces hommes qui se sortent de
l'exploitation sexuelle et qui viennent en aide à d'autres en partageant
leurs vécus.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui.
Alors, Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant, en commençant par le président de la commission et député de
Vachon, la vice-présidente de la commission et députée d'Acadie, le
député d'Hochelaga-Maisonneuve et la députée de Gaspé.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Alors, je comprends qu'il y a
consentement pour un débat maximum de deux minutes. M. le député de
Vachon.
M. Ian
Lafrenière
M.
Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est vraiment un
honneur pour moi aujourd'hui de me lever
dans cette Assemblée afin de souligner le 10e anniversaire du programme
des Survivantes du Service de police de la ville de Montréal.
Dans ma
précédente carrière de policier au SPVM, j'ai côtoyé deux femmes extraordinaires,
des femmes qui avaient décidé de
consacrer leur vie à venir en aide aux hommes et aux femmes qui étaient
exploités. Je parle ici de Diane Veillette et de Josée Mensales. Vous savez, il
y a de cela 10 ans, Mme la Présidente, les préjugés étaient bien présents, les
mentalités étaient très différentes,
et ces femmes-là ont été très persévérantes, et je veux les saluer aujourd'hui.
Je dois même avouer que moi-même,
j'ai été converti par ces femmes. Alors que j'étais policier, elles m'ont fait
voir l'autre visage de la prostitution, et je me suis promis de toujours les
supporter, et c'est ce que je fais aujourd'hui. Elles ont écrit des livres,
donc le premier, Pour l'amour de
mon pimp..., qui est un récit de survivante, puis, cette année, Mon ami...
mon agresseur, qui dévoile... qui lève le voile, pardon, sur les
réalités des Premières Nations.
Du côté
enquêtes, les sergent-détective et lieutenant-détective Daniel Loiseau et
Dominic Monchamp sont vraiment des
sommités dans le domaine, Mme la Présidente. En matière d'enquêtes de
proxénétisme, ils sont reconnus, et, dans ma carrière, j'ai rencontré plusieurs victimes, plusieurs parents de
victimes qui m'ont souligné à quel point ils avaient une approche humaine, professionnelle et à l'écoute.
Tout récemment, il y a d'ailleurs une victime qui s'est présentée à la soirée
de départ du sergent-détective Loiseau pour
lui témoigner toute son affection. Alors, c'est pour vous dire à quel point les
gens les apprécient.
Mme la
Présidente, nous sommes en pleine Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle, et d'ailleurs je veux remercier
les gens qui sont membres... les membres de la commission qui sont ici, qui
font un travail extraordinaire. On devrait s'inspirer des Survivantes,
parce qu'on doit agir pour le futur de nos enfants. Et d'ailleurs je vais
prendre une thématique amérindienne, des Premières
Nations, qui dit : Le concept des sept générations, c'est-à-dire que les
décisions qu'on prend aujourd'hui,
les actes qu'on prend aujourd'hui ont un impact sur les sept prochaines
générations, pas seulement pour mes
enfants, pas pour les enfants de mes enfants, mais les enfants de leurs enfants
aussi. Alors, ce qu'on fait aujourd'hui, c'est très important, Mme la
Présidente.
À tous ces
hommes et ces femmes survivants, nous disons : On ne vous oublie pas, nous
sommes toujours avec vous. Aux
policiers qui sont présents, l'inspecteur Pascal Côté, le sergent-détective
Daniel Loiseau, le lieutenant-détective Dominic Monchamp, l'agente Josée Mensales et l'agente Diane Veillette,
qui va faire son dernier jour de travail lundi prochain, on leur dit : Félicitations! Merci beaucoup de tout coeur
et, comme papa de jeunes filles, merci pour mes enfants.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député de Vachon.
Maintenant, Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine
St-Pierre
Mme
St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour de prendre la parole pour souligner le 10e
anniversaire du programme Les
Survivantes, et je salue nos invités dans les tribunes. Un seul mot :
Merci. Merci aux agentes Veillette et Mensales,
qui ont eu l'idée de ce programme dont les retombées sont incontestables. Merci
au sergent-détective Loiseau, au
lieutenant-détective Monchamp, également au sergent-détective Pascal Côté pour
vos interventions quotidiennes auprès des victimes d'exploitation
sexuelle. Vous êtes des anges.
Car il s'agit
bien de victimes, des filles et des garçons pris au piège, emprisonnés dans la terreur,
dans la violence. Trop longtemps, la
société traitait ces cas comme étant ceux de choix personnels. La réalité est
tout autre. Montréal aurait le triste record de plaque tournante de ce fléau,
et les nouvelles technologies s'avèrent un outil fabuleux de recrutement.
La Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs lève le voile sur ce monde parallèle. Ce qui ressort,
c'est le besoin criant d'un éveil de
toute la société. Outre le proxénète, il faut s'attaquer aussi au client. Le
client abuseur doit être débusqué,
montré du doigt, cloué au pilori. C'est un violent, un misogyne, un pervers. La
société le tolère, regarde ailleurs.
Pendant ce temps, il détruit, utilise le corps de sa victime comme s'il
s'agissait d'un simple produit de consommation,
et, dans la société, c'est souvent un M. Tout-le-monde. Je salue le caractère
non partisan de notre commission, et nos pensées vont aux victimes.
• (11 h 30) •
Parlant
de victimes, je souligne le courage de ces survivantes qui aujourd'hui s'impliquent
dans ce programme, et je citerai ici
un extrait du témoignage de Mégane, l'une
d'entre elles : «Dans la vie, la seule chose qui t'appartient, c'est ton corps. Ne le vends pas. Tu n'es pas un produit
de consommation. Si mes cicatrices peuvent servir à le faire comprendre
à ces jeunes femmes, mes blessures n'auront
pas été vaines. J'essaie de veiller sur elles. Comme un phare, pour empêcher
d'autres naufrages.» Nous vous disons merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens également à souligner personnellement le travail
acharné et engagé des agentes
Veillette, Mensales, instigatrices du programme Les Survivantes. Je veux
également saluer le sergent-détective Loiseau ainsi que le
lieutenant-détective Monchamp pour leur ténacité dans leurs interventions
auprès des victimes d'exploitation sexuelle. Vous faites un travail
exceptionnel. Merci.
Vous savez,
il y a trois dimensions principales qui aident à enrayer l'exploitation
sexuelle juvénile : d'abord, des personnes
dévouées dans l'accompagnement et l'aide aux victimes, comme celles qu'on
souligne aujourd'hui; ensuite, le travail des policiers en général dans
l'appréhension des proxénètes; et finalement, la dernière dimension, celle que
représente notre défi collectif, c'est de casser la demande, s'attaquer au
client abuseur.
Les audiences
ont commencé, et on entend des choses difficiles. Vous savez, moi, il y a deux
statistiques qui me restent dans la
tête depuis le début de ces audiences-là. La première que j'ai entendue :
11 % des hommes au Canada auraient payé pour du sexe. Une autre statistique qui frappe : 40 % des
femmes qui évoluent dans l'industrie du sexe sont des mineures, sont donc des adolescentes. Ça, Mme la Présidente,
ça veut dire qu'ici même il y a une probabilité statistique que parmi les 71 députés hommes, il y en ait près de
huit qui aient déjà payé pour du sexe. Puis probablement, considérant que
plusieurs mineures sont dans l'industrie, une bonne proportion de ces
huit hommes ont consommé du sexe avec des mineures.
Bien sûr, je
n'accuse personne, ce n'est pas ça, l'idée. Je souligne une probabilité
statistique pour illustrer le fait que
les clients abuseurs sont parmi nous, sont partout, sont des collègues ici,
peut-être, au Salon bleu, sont des familles, sont des amis, un cousin, un père, un fils. Ils sont partout, et, Mme la
Présidente, je pense qu'on les a laissés tranquilles beaucoup trop
longtemps. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry
Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Le programme Les Survivantes du Service de police de la ville
de Montréal a maintenant
10 ans. Grâce à ce programme, depuis une décennie, des survivantes qui ont
dû affronter elles-mêmes l'exploitation sexuelle ou la traite de personnes soutiennent d'autres
femmes et d'autres filles afin qu'elles puissent, elles aussi,
recommencer à vivre après avoir été confrontées à cette dure réalité. Depuis
10 ans, ces femmes accueillent,
rencontrent, sensibilisent et informent d'autres victimes sur les ressources
disponibles qui les aideront à sortir du milieu, 10 ans que ces
femmes ont choisi de sortir de l'ombre pour faire place à l'espoir et à
l'entraide.
Donc, dans la
mise sur pied de ce projet, on ne peut passer sous silence le travail des
policiers du SPVM, notamment celui
des agentes Diane Veillette et Josée Mensales,
instigatrices du programme. Mentionnons aussi la précieuse implication du sergent-détective Daniel Loiseau et celle du
lieutenant-détective Dominic Monchamp, qui interviennent quotidiennement
auprès des victimes. Merci pour votre
dévouement auprès de ces filles et de ces femmes. Ça signifie énormément pour
elles et pour nous. Et merci pour votre engagement quotidien à combattre ce
fléau.
J'aimerais
aussi souligner le courage et la détermination de toutes ces femmes et de tous
ces hommes qui arrivent à se sortir de l'exploitation sexuelle et qui
viennent ensuite en aide à d'autres en partageant leur histoire.
Enfin, je tiens à souligner la tenue de la
Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Cette commission va au-delà de la partisanerie, et c'est
nécessaire. On travaille tous ensemble pour nos filles, nos petites-filles,
nos soeurs et nos amies qui sont vulnérables
à cette exploitation, peu importe leur âge, peu importe leur classe sociale
ou le milieu culturel d'où elles sont issues.
Les séquelles
de ces traitements inhumains demeurent et elles sont douloureuses.
Collectivement, nous payons le prix
pour ces traumatismes que vivent ces filles et ces femmes. Mais la reconstruction
est possible, des solutions, des ressources existent. Le programme Les
Survivantes nous le prouve chaque jour et nous inspire, dans cette commission.
Alors, bon 10e anniversaire. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Motion adoptée. M. le député de Vachon.
Une
voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui.
M. Lafrenière :
Je voulais juste demander qu'une copie de cette motion unanime soit envoyée à
la direction du Service de police de
la ville de Montréal, au président de la Fraternité des policiers et policières
de Montréal, de même qu'à la mairesse de la ville de Montréal, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Très bien. Ce sera fait.
Avis
touchant les travaux des commissions
Maintenant, à la
rubrique Avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la
dénomination de la Régie du logement et l'amélioration de
ses règles de fonctionnement et modifiant la
Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à salle
Louis-Joseph-Papineau, ainsi que le mardi 26 novembre 2019,
de 10 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des relations avec les
citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 18,
Loi modifiant le Code civil, le Code
de procédure civile, la Loi sur le curateur public et diverses dispositions en
matière de protection des personnes, aujourd'hui, de 15 à
18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux entreprendra l'étude détaillée
du projet de loi n° 31, Loi modifiant principalement la Loi sur la pharmacie afin de favoriser l'accès à
certains services, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à 18 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le
mardi 26 novembre 2019, de 10 heures à midi, à la
salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à 18 heures,
à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des finances publiques procédera à des consultations particulières
et auditions publiques sur la question de la fuite des données personnelles
chez Desjardins, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
1 h 45 min et de 15 à 18 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 27, Loi concernant principalement
l'organisation gouvernementale en matière d'économie et d'innovation, mardi le
26 novembre 2019, de 10 heures à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
Et enfin la
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 37, Loi visant principalement
à instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques
Québec, ce mardi 26 novembre, de 10 heures à midi, à la salle
Pauline-Marois. Voilà, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader. M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Tanguay :
Oui. Mme la Présidente, vous me permettrez quelques instants juste pour vous
soulever une situation qui est tout à
fait particulière, certains suggéreraient le terme «ironique». Nous avons
débattu contre et voté contre une motion
qui a été adoptée, qui est un ordre de l'Assemblée nationale, pour entendre,
dans le contexte de Desjardins, des gens en commission parlementaire. Il était
écrit dans le ciel que vers 11 h 15, pour 45 minutes, puis finir
à 13 heures, ça n'allait pas arriver. Je vous souligne l'ironie de
la chose. Il est 11 h 38, ils doivent commencer à travailler pour, notamment, entendre Desjardins à 11 h 15
et ils sont pieds et poings liés, Mme la Présidente. Alors, quand le leader du
gouvernement nous dit qu'il faut respecter
le règlement et qu'il l'applique de cette façon-là, on voit bien qu'on n'est
pas pantoute efficaces.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vos commentaires sont reçus, M. le
leader. Maintenant, la commission va organiser ses travaux. Merci
beaucoup.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Maintenant, nous
passons maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous demanderais, s'il vous
plaît, de parler moins fort si vous parlez, sinon gardez le silence.
Je
vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi le
22 novembre 2019, Mme la députée de Saint-Laurent s'adressera à M. le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur sur le sujet suivant : L'absence inquiétante
de vision du gouvernement caquiste en matière d'enseignement supérieur.
Affaires
du jour
La période
courante des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant procéder
aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement, pour nous indiquer
la suite des travaux.
• (11 h 40) •
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour débuter nos affaires du jour, je vous demanderais d'appeler
l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi n° 40
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, à l'article 4 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 20 novembre 2019 sur l'adoption du principe du projet n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires. Je suis
prête à entendre un premier intervenant. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Je dirais que je suis contente d'intervenir, mais ce
n'est pas le cas, car, c'est sûr, je
suis à 100 % contre ce projet de
loi. C'est un projet de loi qui divise. C'est un projet
de loi qui ne respecte pas la
voix de la communauté. 70 % des gens qui ont présenté en commission
parlementaire, ils ont été clairs, ils ont demandé
au ministre de retirer son projet de loi. Il y en a
plusieurs qui ont demandé de faire une consultation qui était plus large, qu'ils pouvaient participer puis
qu'ils pouvaient partager leur opinion. Et chaque personne l'a dit, on a
demandé la même question : Est-ce que le projet de loi n° 40
va améliorer la réussite des élèves? Et tout le monde a dit la même
chose : Non.
Brasser des
structures, c'est clair, ça améliore zéro, zéro puis une barre par rapport à la réussite de nos élèves. Et c'est malheureux que, dans ce projet
de loi, on n'adresse pas une fois la
réussite de nos enfants. Alors, si c'est vraiment la priorité de notre gouvernement de mettre l'éducation dans la place numéro un
dans leur palier, dans leurs discussions, c'est clair, avec le projet de
loi n° 40, c'est un échec.
J'ai plusieurs sujets que j'aimerais aborder,
j'ai seulement 20 minutes. Alors, je vais quand même utiliser un petit
document qui a été préparé, qui circule dans la communauté, que, c'est sûr,
plusieurs de nos collègues, ils l'ont reçu — moi-même,
je l'ai reçu — puis
le titre, c'est 10 raisons de s'opposer au projet de loi n° 40. Parce que
c'est clair, je ne pourrai pas aborder tous les sujets, mais je ne veux
rien manquer.
«Le projet de loi n° 40, c'est une concentration des pouvoirs dans les
mains du ministre, un traitement inégal pour les francophones et les anglophones, un recul pour
la démocratie, une violation du principe "pas de taxation sans représentation",
des attentes démesurées à l'endroit des parents d'élèves, des conflits d'intérêts
assurés, l'illusion de l'autonomie des
écoles, une perte de temps, d'énergie et d'argent, une restructuration
idéologique, le silence imposé aux communautés locales et régionales.»
Et, en
conclusion, le dernier paragraphe indique que «plutôt qu'un débat de structures
stérile et coûteux, nous proposons un
[...] débat public sur les priorités de l'éducation d'aujourd'hui et de demain. Nous appuierons les changements de structures qui s'avéreront nécessaires pour favoriser la
qualité de l'éducation, l'accessibilité des services notamment
pour les enfants en difficulté et les
immigrants, la persévérance et la réussite scolaires, la valorisation du
personnel, la mise aux normes des infrastructures,
l'adaptation aux changements technologiques, ainsi que la contribution du
réseau de l'éducation au développement
social, économique et culturel du Québec et de chacune des régions.»
Je répète,
c'est un projet de loi qui divise, qui divise la communauté. Ça ne
serait pas la première fois que je le dis ici, dans cette Chambre, Mme
la Présidente, ça va être la deuxième fois que je l'aborde. C'est un projet de
loi qui va diviser la communauté anglophone
et francophone. C'est un projet de
loi qui donne des droits à quelques
Québécois et pas aux
autres. Nous sommes tous des Québécois. Nous devons arrêter d'étiqueter le monde de
cette façon-là. Nous avons tous le droit à la démocratie.
Il y a
du monde alentour de notre société, à l'extérieur du Québec, partout
dans le monde qui est en train de perdre leur vie. On vient de célébrer... on vient de citer le jour du Souvenir.
On a tous porté notre coquelicot, tous porté notre coquelicot. Puis j'ai siégé dans cette commission-là
cette journée-là, ça a été une journée triste, triste parce que
nous sommes en train... pas d'abolir
les commissions scolaires, mais d'abolir le contrepoids, d'abolir la
démocratie, puis c'est ça. Puis notre
société, nos communautés, nos parents, nos jeunes, la jeunesse qui va prendre la
relève, eux, là, ils nous regardent, ils
savent de qu'est-ce que nous sommes en train de faire. On a eu la chance
d'avoir des élèves qui sont venus se présenter en commission parlementaire pour dire : Attends, minute, là, moi aussi,
je veux avoir le droit de voter. Moi aussi, je veux avoir le droit
d'agir pour ma communauté. Moi aussi, je veux aller voter. Mais ils n'auront
jamais cette chance-là, Mme la Présidente.
On a eu la
chance d'entendre APPELE, l'organisme APPELE, qui... c'était l'ancien député de
Jacques-Cartier, M. Geoff Kelley, qui est venu présenter en commission parlementaire, et je le cite parce qu'il était très éloquent. Il a dit deux choses que, pour moi, étaient hyperimportantes, surtout que lui, il
militait pour la communauté
minoritaire d'expression anglaise et
il disait : «Local input goes beyond oversight body, it responds to local
needs.» Bien, c'est ça. C'est ça qu'ils font, les commissaires. C'est ça
qu'ils font, les présidents et présidentes des commissions scolaires.
Plus
tôt cette semaine, le ministre de
l'Éducation, quand il a pris la
parole, a dit, puis plusieurs autres collègues : Bien, il n'y a
personne... le député de La Peltrie a dit : Il n'y a personne qui
connaît le nom de leurs commissaires. Marie-Josée
Mastromonaco, Stéphanie Bellenger-Heng, Mr. Feldman, la présidente de ma
commission scolaire, Catherine Harel
Bourdon, je les connais tous, je connais même le nom de ceux qui ne sont pas
dans ma région. Pourquoi? Parce
qu'ils sont venus me voir, parce qu'ils font leur job, c'est ça qu'ils font,
ils militent pour leur communauté. Oui, c'est un contrepoids, mais c'est un partenaire. Ils travaillent en
concertation avec tous les paliers de gouvernance. Pourquoi? Parce qu'ils ont un seul objectif, pas plusieurs...
nous, nous avons plusieurs, eux, ils en ont juste un : l'éducation, l'éducation des enfants dans leur commission
scolaire, et ils militent pour eux. Puis ils ne gagnent pas un salaire, ils
sont payés à peine... très, très peu,
puis maintenant, avec le projet de loi n° 40, bien là, ils n'auront même
pas ça. Puis on va mettre tout ça sur
le dos des membres de la communauté, qu'il va falloir qu'ils viennent se
présenter, il va falloir qu'ils occupent plusieurs rôles.
J'ai eu le plaisir d'interagir avec l'English
Parents' Committee Association, qui, entre autres, sont en colère, Mme la Présidente. Ils ont été en communication
avec moi parce qu'ils ont dit que le ministre lui-même, en cette Chambre,
il les a mal cités. Ils sont en train
d'écrire et ils vont sortir un communiqué de presse parce qu'ils ont dit qu'ils
étaient mal cités par le ministre. Alors, ils veulent corriger le tir
parce que ce n'est pas du tout qu'est-ce qu'ils avaient partagé en commission
parlementaire. Ils sont contre le projet de loi n° 40,
ils ne sont pas pour le projet de loi n° 40.
There's a
difference between reduction of bureaucracy and elimination of elected. Ça
aussi appelle à partager ça avec nous en commission parlementaire. Puis c'est
vrai, c'est vrai, on est en train de brasser la structure. La démocratie,
c'est important, mais la bureaucratie, ça
existe déjà. Ce n'est pas en brassant la structure qu'on va éliminer la
bureaucratie. C'est sûr, ça va amener
du travail pour nous ici, les 125 députés de l'Assemblée nationale. Parce
que, croyez-moi, comme une ancienne
présidente d'une commission scolaire, j'ai milité puis j'ai travaillé fort pour
ma communauté, surtout les élèves
handicapés ou ayant une difficulté d'apprentissage ou d'adaptation, les EHDAA.
C'est du travail du terrain qui est
précieux, et ça ne pourra pas être répliqué ailleurs que là. Ce n'est pas les
élus municipaux qui peuvent prendre ce rôle-là, puis ce n'est surtout pas nous ici, à l'Assemblée nationale, qui
pourraient répliquer ce rôle-là. Ça prend des gens du terrain, des gens, souvent... Puis la majorité des
personnes qui se présentent pour être commissaires ou présidents d'une
commission scolaire, c'est des
parents, c'est des gens du quartier, c'est des gens de ce milieu-là. Pourquoi?
Parce qu'ils sont là pour leurs enfants,
mais les enfants de leurs quartiers, parce que c'est leurs écoles, c'est leurs
professeurs, c'est leurs directions d'école, c'est leurs professionnels
qui sont là, c'est leur communauté.
It's the vitality of many communities.
If you're in a region, Madam President, they were very clear, it is the death
of the regions, that's what's happening. This bill will surely have a huge
negative impact on our regions. The powers that the
Minister is giving himself is going to hurt the economy, it's going to hurt the
social project and it's going to hurt education.
And they were very clear, every single person said they want to be a
partner : I want to be a partner, I want to work with you, let me help you identify what's going to make the most
sense to help you accomplish what you want to accomplish. You said education is your number one priority, I want to be
a partner with you. But there doesn't seem to be anyone who's listening
to those requests, they're heartfelt.
La FTQ, quand
ils sont venus présenter, eux, leurs mots à eux, en commission
parlementaire : Le projet de loi n° 40, c'est discriminatoire, c'est opaque, aucun sens,
c'est deux vitesses, deux catégories, la gouvernance scolaire n'est pas parfaite, mais perfectible, mais pas avec
l'abolition. La FAE a dit : On ne reconnaît pas notre collègue. Ils ont
dit de retirer le projet de loi ou il
y aura des mesures de compression. Franchement, Mme la Présidente, c'est des
paroles qui amènent du poids, c'est des paroles qui sont fortes.
• (11 h 50) •
Je veux parler de la communauté des
élèves handicapés ou ayant des difficultés d'adaptation ou d'apprentissage parce qu'eux, c'est la lutte
contre les inégalités. Eux, ces groupes-là, que, premièrement, ils ont été
oubliés, ils ont dû se militer... La
Fédération québécoise de l'autisme, ils ont dû aller dans les médias pour se
faire faire entendre en commission parlementaire.
Heureusement, ils ont réussi. Mais plusieurs autres groupes nous ont envoyé des
témoignages, nous ont envoyé des
mémoires, puis c'est clair que ce qu'ils partagent avec nous, les députés de
l'Assemblée nationale, c'est qu'eux, ils
sont oubliés, que c'est clair
pour eux, dans le projet de loi
n° 40, ils ne sont pas une
priorité. C'est ça, le message qu'ils ont envoyé. Non seulement qu'il
n'y a aucun parent qui représente la
communauté EHDAA qui est cité dans le nouveau conseil d'administration,
mais tout ce qu'eux, ils ont besoin...
Parce qu'on se comprend que le projet de loi
n° 40, c'est quand même pêle-mêle, c'est un peu de tout. On enlève des droits des professeurs. On dit qu'on donne du
pouvoir aux administrateurs, qui n'est pas vrai du tout. Même eux, ils ont dit, ils ne le voient pas. On dit qu'on donne
le pouvoir aux parents, mais actuellement, des 13 ou 16 sièges qui sont élus au sein du conseil des commissaires, les
parents peuvent s'occuper chacun de ces postes-là, chacun, tout le monde
peut se mettre leur face sur un poteau, chaque parent. Mais maintenant ce n'est
pas le cas.
Puis ce n'est
pas parce qu'on est contre une modernisation, ce n'est pas parce qu'on est
contre de rajouter autres membres de
la communauté autour de cette table-là, mais c'est faux de dire... c'est faux
de prétendre que les parents auront plus
de pouvoirs, c'est faux de prétendre que les administrateurs auront plus de
pouvoirs ou que les professeurs auront plus de pouvoirs. Le FAE ont été
très clairs, ils ont dit : On n'a jamais demandé de siéger sur ce
comité-là.
Eux, ils ont
des craintes par rapport à l'imputabilité, ils ont des craintes par rapport aux
redevances. Il répond à qui, la
directrice générale, directeur général qui va être le nouveau porte-parole?
Mais c'est quand même un fonctionnaire, c'est quand même quelqu'un qui travaille pour le ministre de
l'Éducation. Bizarre. Qu'est-ce qu'ils vont faire la prochaine fois si le gouvernement dépose un projet de loi où
il y a quelque chose qui est manquant dans le budget? On demande vraiment au directeur général de se lever puis
d'émettre un communiqué de presse qui va aller à l'encontre du gouvernement,
eux qui payent leur... eux qui signent leurs chèques de paie?
On a besoin d'avoir le contrepoids
pour assurer que la communauté se fait faire entendre. Mais c'est la même chose
pour la communauté EHDAA. Ils ne sont nulle
part dans ce projet de loi, nulle part. Puis, même si on est en mesure de
changer le projet de loi avec un amendement
pour s'assurer qu'ils sont là, ça ne répond pas à eux, qu'est-ce qu'ils ont
demandé de faire changer dans un projet de
loi, dans la Loi sur l'instruction publique. Puis, même si on dit qu'on va le
remettre sur le comité, sur le conseil
d'administration, on ne fait rien pour alléger les tâches de ces familles-là,
on ne fait rien pour alléger les tâches des parents, mais rien.
Eux,
il va falloir qu'ils siègent sur plusieurs comités pour siéger au conseil
d'administration. Il va falloir qu'ils consacrent
tout leur temps. Le temps, quand on est parent des enfants handicapés, qui est
précieux, c'est difficile. Il faut trouver
du gardiennage qui est souvent pas facile, pas facile, juste pour quitter la
maison pour aller assister à une rencontre ou à une réunion parce qu'on veut militer pour la communauté, parce
qu'on veut partager nos idées. Mais on n'allège pas la tâche pour eux.
Il
y a plein de choses qu'on peut faire, mais ce n'est pas là, ce n'est pas fait.
Puis savez-vous quoi? Puis, si ce projet de loi, il est adopté ici, dans les deux prochaines semaines, sur
bâillon, on n'aura jamais la chance de discuter de la façon qu'on pourrait
améliorer parce qu'on n'aura jamais la chance de débattre. Puis c'est ça, notre
devoir ici, à l'Assemblée nationale,
surtout le devoir des partis de l'opposition. Notre rôle, c'est de bonifier les
projets de loi qui sont déposés par le gouvernement.
Notre rôle, c'est d'être les partenaires. Notre rôle, c'est d'être le
contrepoids. Notre rôle, c'est d'être la voix de la communauté. Mais ça,
c'est le devoir de tous et toutes ici, mais je ne le vois vraiment pas.
J'ai une crainte non
seulement pour la communauté, j'ai une crainte pour les communautés à
l'extérieur de la province du Québec. Les
Franco-Canadiens à l'extérieur du Québec, eux, ils nous regardent. Ils nous
regardent à chaque jour. Ils voient
qu'est-ce que nous sommes en train de partager ici, dans cette Chambre. Ils ont
lu les mémoires, puis ils ont des
inquiétudes parce qu'ils savent que la législation qui sera adoptée ici, dans
cette Assemblée nationale, aura un impact majeur pour eux, eux qui travaillent fort pour protéger leurs droits de
communautés minoritaires francophones, eux qui sont déjà allés devant la Cour suprême, Mahe contre Alberta, pour
protéger leurs droits d'éduquer leurs enfants en français. Ils sont en train de regarder de très proche
qu'est-ce qui arrive ici parce que ce n'est pas vrai que le projet de loi
n° 40 protège les droits de la communauté minoritaire d'expression
anglaise.
You didn't give me anything that wasn't
already mine. Mon collègue l'a dit, plusieurs autres personnes l'ont dit : I walked in here with the clothes on my back, you didn't
give them to me. This bill takes my rights away from me. My mother is not eligible to run in one of the
pre-identified roles that are going to improve the democracy, that are going to improve the electoral process
and really, as I have said earlier, do nothing to improve education. But she
doesn't fit into one of those four
categories, and yet she pays her school taxes, and yet she's a volunteer and
she participates in her community on a regular basis.
C'est
un projet de loi qui dit... Le ministre, lui, il dit que c'est
l'idée de subsidiarité, nous, nous sommes en train d'amener tous les droits aux
parents, c'est les parents qui vont prendre les décisions. Mais, comme ma
collègue la députée de Saint-Laurent a été très loquace ce matin, l'article 310...
Mais on a plus que ça, j'irai plus loin qu'elle : l'article 114,
l'article 132, l'article 133, 134, 136, 137, 308 et 310, tout ça
donne le pouvoir de décision dans les mains du ministre. He becomes omnipotent.
Et,
oui, on a déposé, dans le passé, le projet
de loi n° 86, que le Parti libéral a retiré. Pourquoi? Parce qu'ils ont été à l'écoute de la
communauté. J'ai milité pour la communauté à ce moment-là. Je n'étais pas une
élue provinciale, j'étais l'autre bord, à
l'extérieur pour dire : Aïe! C'est non, ça. Puis j'étais contente, c'est
une des raisons que je suis ici, dans
cette salle, puis pour la raison pour laquelle que j'ai choisi ma formation politique, c'est parce qu'eux, ils ont
dit : Je comprends. Et, oui, ils
sont revenus avec un projet de loi n° 105 et, oui, c'était un changement,
mais ils ont quand même protégé le contrepoids, ils ont quand même
laissé intacte la démocratie scolaire. C'est le devoir d'être à l'écoute de la communauté. Il n'y a personne qui a dit qu'ils
sont contre la modernisation. Il y a tout le monde qui a dit que nous sommes
prêts à avoir des discussions. Nous sommes
prêts à accueillir d'autres personnes autour de la table du conseil de
commissaires au conseil d'administration. On est prêts à faire ça, mais
pas de cette façon-là.
Mme
la Présidente, je l'ai déjà dit, moi, j'ai une école, dans le comté de
Westmount—Saint-Louis,
qui s'appelle Face. C'est un projet
particulier, c'est unique au Québec. C'est la seule école au Québec qui partage
un conseil d'établissement entre la commission scolaire anglophone,
English-Montréal, et la commission scolaire francophone, commission scolaire de Montréal. Ils ont envoyé
une lettre à plusieurs députés, tous les députés, dans laquelle... que leurs
enfants, ça se peut qu'ils fréquentent cette
école-là. Et ils m'ont demandé de lire une lettre pour s'assurer que les
membres de l'Assemblée nationale
prennent acte puis comprennent leur position, puis ont dit — c'est les parents, c'est le conseil d'établissement, là on ne parle même pas de
conseil d'administration, conseil de commissaires — et je cite : «Le projet de loi n° 40 oblige, à son article 6, la modification de
l'article 42 [sur] la Loi sur l'instruction publique et y réduit
considérablement le nombre de personnes pouvant siéger au conseil
d'établissement : six parents, quatre membres du personnel dont au moins
la moitié d'enseignants, un élève, un représentant de la communauté.
«Nous
sommes opposés à cette modification, qui porte le maximum de membres à 12 au
lieu de 20 pour un milieu dont la
taille ne change pas — 1 300 élèves. La perte du nombre de postes [de] membres du
personnel est plus importante que
celle qui concerne les membres parents, et nous estimons que cela réduit
considérablement la vision que peut développer un conseil d'établissement sur son milieu si les représentants de son
personnel, de ses enseignants et de ses élèves sont réduits à ce point.
«Nous estimons
qu'avec cette modification, l'objectif de "redonner le pouvoir aux
parents" ne prend pas en considération
ni l'importance que peut revêtir l'expérience d'une équipe-école ni la
perception des élèves dans la prise de
décisions "dans l'intérêt général des élèves". Retirer autant de
représentants de "l'intérieur" présente le risque que les décisions prises [au] conseil d'établissement
[relèvent] des angles morts à plus ou moins long terme, car [...] les aspects
n'en auront pas été soupesés correctement par manque de représentativité.
«Les
enseignants et membres du personnel qui siègent à notre conseil d'établissement
proviennent de matières diversifiées,
de niveaux, d'ordres d'enseignement et de volets linguistiques différents. Au
moment de prendre une décision, ils
nous aident à en saisir tous les aspects et nous permettent de prendre la
meilleure décision possible pour le bien des élèves.
«[...]Nous
voyons ces changements comme un recul pour [notre] école. Nous ne comprenons
pas que les principaux intéressés
d'un milieu soient rendus à ce point secondaires par la modification de l'article 42 de la Loi [de] l'instruction
publique et ne voyons pas de raison d'adhérer à ces changements.»
Mme la Présidente, avec ceci, je termine en
disant que, c'est clair, je vote contre le projet de loi n° 40.
Merci.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Avant de procéder à la prochaine intervention,
je vous informe que deux débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui.
Le premier débat portera sur une question adressée
par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur concernant la centralisation
sans précédent du gouvernement caquiste avec son projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation
et à la gouvernance scolaires.
Un deuxième
débat portera sur une question adressée par M. le député de La Pinière au ministre des Transports concernant l'inaction du gouvernement
caquiste dans le dossier de l'élargissement de l'autoroute 55 dans le
comté de Nicolet-Bécancour.
Et je suis prête à entendre Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Émilise
Lessard-Therrien
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Il me fait immensément
plaisir de prendre la parole aujourd'hui
pour dénoncer le projet de loi n° 40, immensément plaisir parce que je garde un
souvenir cuisant de la réforme du député de La Pinière dans le
domaine de la santé il y a quelques années. L'austérité libérale a fait mal à
ma région.
Je me souviens très bien comment nous tentions
tant bien que mal de faire connaître notre opposition, notre indignation, réforme insensée qui s'attaquait à
notre autodétermination, à nos pouvoirs locaux. Sous la tempête, autant de neige que libérale, nous avons enchaîné nos
institutions avec l'humanité de ma région pour les protéger. Nous avons
marché dans la rue à Rouyn-Noranda, à Ville-Marie, nous avons scandé Touche pas
à ma région! tellement fort que toutes les régions du Québec ont joint ce
mouvement fort né en Abitibi-Témiscamingue.
À l'époque,
nous n'avions personne pour porter notre voix à l'Assemblée nationale, personne
pour faire résonner notre indignation à l'intérieur des murs du salon
bleu, à part les députés de Québec solidaire, évidemment.
Aujourd'hui,
le scénario est tout autre. Depuis les banquettes de la deuxième opposition, je
vous raconterai comment on accueille ce projet de loi en
Abitibi-Témiscamingue.
Clairement,
on a l'impression de rejouer dans le film de 2014‑2015. Ce que le ministre de
l'Éducation tente de faire, c'est
achever le travail entamé par les libéraux, passer sous la guillotine une de
nos dernières instances qui nous maintient
encore un minimum d'autonomie régionale. Et puis, outre notre autonomie, c'est
aussi une attaque directe à nos instances
démocratiques. Et ce n'est certainement pas avec moins de démocratie qu'on va
valoriser nos régions. C'est même le contraire. Ce qu'on demande en
Abitibi-Témiscamingue, c'est plus de leviers pour répondre aux besoins spécifiques qu'on a. Enlever la démocratie
scolaire, c'est un coup très dur. Ces instances permettent une voie citoyenne.
Elles permettent de critiquer des décisions qui nous concernent. Nos élus
scolaires sont à l'écoute de nos besoins, des besoins
de la population et de leur territoire. Et, quand je les rencontre, je vois des
gens tellement passionnés, tellement fiers
de jouer un rôle dans l'éducation de notre population. C'est extrêmement
gratifiant pour les élus de pouvoir défendre les réalités de leur quartier, des gens qu'ils représentent. En agissant
pour favoriser leur priorité locale, les élus scolaires contribuent au développement culturel, sportif et
économique de nos communautés, tout ça en partenariat avec nos villes et
nos municipalités.
Dans ma
région, les élus scolaires sont des gens rassembleurs, visionnaires, ils savent
rameuter les milieux scolaires de la
petite enfance à l'université pour des projets communs, structurants pour le
milieu. Ils savent utiliser avec brio les forces de chacun pour créer un
milieu éducatif fort. Ils agissent comme une courroie de transmission entre le
milieu scolaire, les organismes et les entreprises. Ils sont essentiels au
développement dynamique de ma région.
Or, cette réforme nous prive de la passion de
ces gens, de leurs talents, de leur expertise en plus d'éloigner le système
scolaire de la population. Le projet de loi n° 40,
c'est un démantèlement d'une instance représentative de la population, c'est un moyen de faire taire les voix
de nos communautés locales, c'est nous retirer notre chien de garde, l'instance qui peut critiquer les décisions, les
orientations qui sont prises en matière d'éducation et qui nous concernent.
Vous
savez quoi, Mme la Présidente? Lorsque la commission sur l'avenir des médias
s'est déplacée à Rouyn-Noranda en
octobre dernier, il a été énormément question de l'accès à l'information.
Depuis les grandes centralisations de l'ère libérale, nos médias ont de plus en plus de difficultés à obtenir
l'information nécessaire auprès de nos institutions pour informer la population. Or, les décisions, les
grandes orientations qui sont prises dans ces institutions nous concernent
directement et sont susceptibles d'avoir un impact direct dans nos vies.
Il est
primordial que les journalistes puissent continuer de nous informer de ces
éléments. Or, quand on perd les gens qui agissent comme chiens de garde,
qui ont une parole libre et qui sont redevables de la population et pas du ministère, on met en péril notre information. Nos
directions d'établissements, aussi bien intentionnées soient-elles, sont sur
des sièges éjectables. Et, c'est un fait, les journalistes nous l'ont bien dit,
ils voient des mégastructures centralisées qui sont de plus en plus impénétrables. Voilà une autre raison pour laquelle
je suis fortement inquiète de l'adoption de ce projet de loi là.
Ensuite, j'aimerais revenir sur
l'argument fort du ministre de l'Éducation fortement décrié dans ma région, les
économies. Le ministre de l'Éducation dit
qu'il va économiser 45 millions de dollars en quatre ans. Comment le
croire après le fiasco des
maternelles quatre ans, où on est passé de 120 000 $ à plus de
800 000 $ par classe? Le ministre n'est pas crédible là-dessus. Ces économies seraient, si
on en croit le ministre, réinvesties dans les services. Or, 45 millions,
sur quatre ans, divisés en
72 commissions scolaires, ça donne 159 000 $ par commission
scolaire. C'est, au mieux, un spécialiste
de plus. Donc, tout un rebrassage de structures pour que, par exemple, ma
commission scolaire puisse voir son offre aux enfants bonifiée d'un
spécialiste. Un spécialiste pour 14 écoles, et 20 000 kilomètres
carrés de territoire à couvrir, ce n'est pas vraiment le gros lot, Mme la
Présidente.
Et,
chaque fois qu'il y a un rebrassage de structures, il y a des coûts qui
viennent avec. C'est toujours la même histoire,
mais, à chaque fois, les ministres nous disent qu'on va économiser, et ça
n'arrive jamais. Allez voir les coûts qu'ont
engendrés les fusions municipales au début des années 2000. Allez voir les coûts qu'ont engendrés les fusions des
commissions scolaires en 1998. On était censé économiser 100 000 millions de dollars. Ça a coûté 40 millions de dollars.
On ne vous croit plus.
Le
ministre veut réduire la bureaucratie, mais cette bureaucratie ne se retrouve pas au niveau
des élus scolaires. Le ministre ne le comprend pas. Aucun groupe n'a dit que les
changements de structure devaient être une priorité, aucun. En ce moment, un commissaire scolaire a un
territoire bien défini. Ces territoires n'existeront plus. Il va clairement
avoir des régions qui seront laissées
pour compte. Rien de très réjouissant pour de nombreuses écoles de villages.
Les petites communautés vont être perdues dans la masse.
Et puis vous
connaissez certainement le principe de suivant : «No taxation without
representation.» C'est, en quelque sorte, le slogan des colonies américaines
envers l'Angleterre. C'était un combat du XVIIIe siècle. Mais là, aujourd'hui, la CAQ a décidé que, malgré le fait
qu'on a une taxe scolaire, on n'aura pas le droit d'être représentés. Moi,
je croyais qu'en démocratie, seuls des représentants élus pouvaient imposer des
taxes et des impôts à la collectivité. Clairement, le ministre nous fait
reculer de plus d'un siècle.
En
plus, le projet de loi n° 40 est discriminatoire envers les francophones,
il élimine totalement la démocratie scolaire dans le réseau francophone et réduit de beaucoup la démocratie scolaire
dans le réseau anglophone. Il crée deux classes de contribuables : les contribuables
francophones qui paient une taxe scolaire sans pouvoir être représentés
démocratiquement et des contribuables
anglophones qui peuvent encore voter. En enlevant un véritable suffrage
universel aux anglophones, ce projet de loi sera très certainement
déclaré anticonstitutionnel. On en a pour des années de procédures judiciaires.
Le Nouveau-Brunswick a aboli les commissions
scolaires dans les années 1990 pour les réinstaurer quelques années plus
tard. Et puis la population francophone
n'aura pas le droit l'élire ses représentants au futur conseil d'administration
du centre de services scolaires. Ce
droit ira seulement aux parents des élèves. Pourtant, les citoyens et
citoyennes sans enfants ne seraient
pas exemptés de payer des taxes scolaires, mais ils n'auraient plus le choix de
ceux et celles qui collecteraient et dépenseraient ces taxes.
Maintenant,
j'aimerais attirer votre attention sur l'impact qu'aura ce projet de loi sur
l'implication des femmes. À Québec
solidaire, on appuie toujours les employés du secteur public dans leurs
négociations d'une nouvelle convention collective. Une des raisons pour
lesquelles on fait ça, c'est parce que la majorité des fonctionnaires de l'État
sont des femmes. Donc, si on ne leur donne pas de meilleures conditions
de travail, on ne travaille pas à l'équité salariale.
• (12 h 10) •
L'argument
féministe s'applique complètement ici aussi. La démocratie scolaire, c'est le
palier qui accueille le plus de femmes, plus de 50 %. On coupe donc l'herbe sous le pied de ces citoyennes,
de ces femmes pour qui le milieu scolaire
est la première porte d'entrée en politique. Ça, Mme la Présidente, c'est
grave. Le plus grand danger de ce projet
de loi là, c'est le recul démocratique, et ce recul, c'est le ministre
de l'Éducation qui le fait subir à notre société.
Il le fait subir et, en plus, il se
donne plus de pouvoir. Pour nous, les
lacunes, dans ce projet de loi, sont majeures. Le seul constat qu'on arrive à en tirer, c'est que le ministre
juge dérangeant ce palier de gouvernement. Pour lui, c'est comme un caillou
dans son soulier.
Même
si la littérature existante confirme, étude après étude, l'importance du
maintien de la démocratie dans la gestion
des réseaux d'éducation, le ministre, lui, ne s'appuie sur aucune analyse
sérieuse. Il propose une réforme idéologique. Et il procède, en plus, de manière trop rapide. Les groupes entendus ont
peu de temps pour faire une analyse du projet de loi et pour ensuite écrire un mémoire. C'est un projet de loi
mammouth dont nous discutons aujourd'hui, 312 articles. Il est
inconcevable que le ministre laisse si peu de temps pour analyser les impacts
de ce projet de loi.
Voici les articles
qui sont les plus problématiques à notre sens.
Article 1.
Le ministre veut permettre le libre choix des écoles aux parents. Qu'est-ce que
ça va faire? Ça va fragiliser les
écoles de quartier, ça va encourager la compétition, et on va avoir une
explosion de projets particuliers, et je ne vous parle pas du casse-tête
que ça va imposer aux gens qui gèrent le transport scolaire.
Article 34.
Notes gonflées. Dans l'opposition, le ministre avait déchiré sa chemise contre
la possibilité de gonfler les notes
de certains élèves. Il voulait que soit respectée l'autonomie des enseignants.
Pourtant, à l'article 34, il inscrit, dans la loi, la possibilité
pour les directeurs d'école de faire justement ça.
Article 102. Cet
article stipule que les nouveaux centres de services scolaires doivent
favoriser le partage des ressources et des
services avec d'autres organismes publics, dont des municipalités et les écoles
privées. On a demandé au ministre si
c'était réciproque, donc si les écoles privées devaient aussi favoriser le
partage de leurs ressources et des services avec les écoles publiques.
Le ministre n'a jamais répondu.
Article 310.
Avec cet article, le ministre s'arroge d'énormes droits. Il pourra prendre par
règlement toute mesure utile à
l'application de la loi. Il devient encore plus puissant que l'ancien ministre
de Santé l'était dans le système de santé.
Article 133.
Dans cet article, le ministre impose aux enseignants des formations
obligatoires mur à mur. Pourtant, les enseignants suivent déjà beaucoup de
formations. Les enseignants doivent rester les maîtres d'oeuvre de leur activité
de formation, car les
besoins ne sont pas tous les mêmes. Le ministre n'écoute clairement pas le
milieu et, s'il le faisait, il
saurait que les régions sont allergiques au mur-à-mur, et ce, dans toutes les
politiques que peut voter le gouvernement.
En terminant,
Mme la Présidente, je rappellerai une ultime fois qu'à l'instar de la réforme
du député de La Pinière dans le
réseau de la santé ce projet de loi vise, ni plus ni moins, à retirer des
pouvoirs des mains d'élus locaux au profit du ministère de l'Éducation à Québec. Une fois de plus, le gouvernement
met la hache dans nos instances démocratiques qui permettent une voix
citoyenne, qui permettent de critiquer des décisions qui nous concernent. La
perte de nos commissaires scolaires, c'est
la perte de nos leviers locaux au niveau de notre éducation en région. C'est
extrêmement préoccupant comme
situation. Soyez assurée, Mme la Présidente, que je me battrai pour défendre
nos élus scolaires au nom de notre
démocratie, mais aussi de notre voix et de notre pouvoir régional en matière
d'éducation. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse à mon tour de
prendre la parole sur cet important
projet de loi, le projet de loi n° 40 modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires.
Heureuse, pas
parce que je suis en accord avec le contenu de ce projet de loi ou avec la
manière dont on débat de ce projet de
loi jusqu'à maintenant sans provoquer un véritable débat public comme on devrait
le faire, mais je suis quand même
heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole, parce que je pense que nous servons, justement, comme parlementaires, à mettre la lumière
sur des enjeux qui passent parfois trop sous silence, et parce qu'il y a de ces
débats qui sont fondamentaux, sur lesquels
chacun d'entre nous doit se pencher avec minutie, avec rigueur, et ça en est un.
On en a eu un, récemment, aussi, avec les
maternelles quatre ans, on en a eu un autre il y a quelques mois avec le projet de
loi n° 12 sur toute la question
des tarifs, des frais qui peuvent être imposés aux parents, et je vais y
revenir parce que ça a un
impact sur ce projet de loi là qui va faire en sorte qu'on va accentuer le phénomène du développement des projets
particuliers, des programmes particuliers, de la compétition entre les écoles,
et qu'on va donc permettre des frais, d'être imposés sans plafond, sans encadrement, donc une plus grande restriction
d'accès à notre école publique pour des projets particuliers.
Donc, je vais
y revenir, mais je veux le dire parce qu'on a fait, en éducation, plusieurs
débats fort importants, puis malheureusement
il y a une trame continue, c'est que le gouvernement veut aller à toute vitesse
sans avoir en main toutes les données, toute l'information, sans être
capable de faire le débat comme il devrait se faire.
Donc, petit
retour sur le projet de loi n° 12, on a adopté, on a inscrit noir sur
blanc dans la Loi sur l'instruction publique,
le gouvernement a fait inscrire dans la loi le fait que maintenant nous pouvons
facturer aux parents, pour toute fréquentation
de projets et de programmes particuliers, sans avoir mis de plafond, sans avoir
mis de balise, mais surtout sans avoir fait le travail en amont de voir
c'est quoi, l'état des lieux par rapport à ça, il y en a combien, de ces
projets particuliers, combien est chargé aux
parents selon les différents programmes, comment on voit la cartographie de ça,
au Québec, qu'est-ce que ça fait pour
certaines écoles qui se trouvent en milieu défavorisé. Donc, malgré nos
demandes répétées et répétées, on n'a jamais réussi à avoir l'état des
lieux, alors qu'on a légiféré là-dessus.
Même chose pour les maternelles quatre ans.
Maternelles quatre ans, vous m'avez entendu plus d'une fois le demander ici, j'ai même déposé deux motions à cet
effet, est-ce qu'on pourrait connaître le plan de match? Est-ce qu'on pourrait
comprendre comment on va arriver à créer 2 600 classes de maternelles
quatre ans quand ça a pris tous les efforts du monde pour en ouvrir 250 cette année puis qu'il va falloir multiplier
ça par 10? Comment on va arriver à assurer la complémentarité avec le
réseau existant des services éducatifs à la petite enfance? Bien, je vous le
donne en mille, Mme la Présidente : on
a travaillé pendant des mois sur ce projet-là, on n'a jamais eu le début du
commencement d'un plan qui a été déposé, et le gouvernement a procédé
pour faire adopter son projet de loi.
Là, aujourd'hui, on arrive avec la réforme de la
gouvernance scolaire, et on veut y aller à toute vitesse. Le gouvernement veut même aller plus vite que lors de
la réforme en Santé avec le projet de loi n° 10 qui venait abolir les agences de santé. Oui, ça a fini par un bâillon,
et ça a été fortement décrié, mais ça a pris cinq mois. Là, le gouvernement,
je lis ça, ce matin, dans un article du Devoir,
il souhaite adopter sa réforme avant Noël. On a commencé les auditions le 4 novembre, on a commencé cette semaine
l'adoption de principe d'un projet de loi, je vous le rappelle, de plus de 300
articles, qui modifie 80 lois. Donc, on pourra avoir, tout au plus,
quelques jours d'étude détaillée avant l'ajournement pour la période des fêtes, et le ministre dit, dans une
entrevue, ce matin, qu'il souhaite pouvoir adopter ce projet de loi avant Noël.
Donc, ça, si ce n'est pas de l'arrogance dont ce
gouvernement-là avait dit qu'il ne ferait pas preuve, je me demande ce que c'est. Je me demande aussi ce que
c'est, si ce n'est pas de l'arrogance, que, dès qu'il a déposé son projet
de loi cet automne, le ministre a dit :
À compter du 29 février, il n'y aura plus de fonction pour les
commissaires scolaires au Québec. Il
dépose son projet de loi, et il présume déjà que le projet de loi va être
adopté, et qu'il va l'être avant le mois de février, donc très rapidement, parce qu'il est déjà en train de dire,
au moment même où il le dépose, alors qu'il n'y a pas eu une seule journée de
débat, de consultation, d'étude de son projet de loi, qu'il n'y aura plus de
pouvoir pour les commissaires scolaires à la fin du mois de février.
• (12 h 20) •
Donc, c'est évident qu'encore une fois on voit ce modus
vivendi du gouvernement qui est très inquiétant puis qui l'est d'autant plus que le gouvernement nous avait dit qu'il ne fonctionnerait surtout pas comme ça. Ce serait un
gouvernement proche des gens, que ce serait un gouvernement à l'écoute, humble, pas arrogant, qui ne dirait pas qu'il détient la science infuse. Bien, moi, je dois vous
dire que, trois fois plutôt qu'une, dans les projets en éducation sur lesquels
j'ai travaillé au cours des derniers mois,
c'est totalement l'inverse qu'on voit comme attitude, et on a vu
ce à quoi ça a mené pas plus tard que la semaine dernière dans le
domaine de l'immigration.
Donc,
j'espère que le gouvernement prend acte que ce n'est pas la bonne manière
d'avancer quand on veut ouvrir des
chantiers aussi substantiels que ce qu'on veut ouvrir en ce moment. Parce que,
comme on va le voir dans les prochaines minutes, au-delà de ce qui est dit dans le discours public autour du projet de loi n° 40 sur la gouvernance, il y a énormément de pans du domaine de l'éducation qui sont touchés par cette réforme-là
alors qu'il n'y a pas un mot qui se dit publiquement de la part du
ministre et du gouvernement sur ces enjeux-là. Et je vais y revenir parce que
c'est une question fondamentale de transparence et c'est une question
fondamentale de confiance avec la population. Quand tu présentes une pièce législative aussi substantielle, la moindre des
choses, ce serait d'être transparent avec la population, de dire vraiment quels
sont ses objectifs, quels vont être ses
effets et l'ensemble des domaines qu'elle touche, alors que, ce qu'on nous sert
comme discours, c'est essentiellement
que ça vient abolir les postes de commissaires scolaires. C'est déjà, en soi,
un enjeu très important, mais il y a
une multitude d'enjeux tout aussi importants dans le projet de loi qui sont
complètement passés sous silence par
le ministre lui-même, puis, ça, je ne pense pas qu'en démocratie c'est la
meilleure manière de jeter les bases d'un débat sain et structuré.
Donc,
arrêtons-nous justement à l'intention du gouvernement. Bien, l'intention du
gouvernement, c'est clairement de
brasser les structures, de réformer d'abord et avant tout des structures et, on
nous dit, la gouvernance. Et la première chose qui frappe tout le monde,
et ce n'est pas pour rien qu'il y a une telle levée de boucliers de la part de
dizaines d'organisations... je le dis
d'entrée de jeu, ce ne sont pas que les trois partis d'opposition qui ont des
réserves très importantes par rapport
à ce projet de loi là, c'est énormément d'organisation de la société civile,
des organisations, oui, qui représentent les commissions scolaires, mais
qui représentent les enseignants, et plein d'organisations indépendantes.
Encore
aujourd'hui, ce matin, on avait un institut de recherche, l'IRIS, qui vient
nous dire que cette réforme-là ne tient pas la route, et, surtout, qu'elle ne
fait pas du tout ce qu'elle est annoncée être sensée de faire. On a eu
l'institut de la gouvernance, on a eu
le Mouvement L'école ensemble, on a eu Debout pour l'école!, Je protège mon
école publique, donc beaucoup
d'associations de la société civile, qui n'ont pas, contrairement à ce que le
ministre prétend toujours, d'intérêt corporatiste à défendre le statu
quo, pas plus qu'en théorie les enseignants n'ont d'intérêt à défendre le statu
quo.
Ils veulent
pouvoir enseigner le mieux possible, avoir toute la latitude pour pouvoir aller
au bout de leur passion pour
l'enseignement et de faire une réelle différence dans la vie des enfants, et
ils s'opposent bec et ongles à la réforme pour des raisons qu'on pourra voir et qu'on a vues, d'ailleurs, parce
qu'ils étaient en sit-in hier au ministère de l'Éducation pour
sensibiliser le ministre aux impacts très, très importants, pour eux, de ce
projet de loi là.
Donc, c'est
assez incroyable que le ministre n'ait pas d'allié dans le milieu de
l'éducation pour porter une réforme aussi substantielle, ça pourrait
être divisé, mais il pourrait avoir des alliés. Les quelques alliés qu'il a et
qu'il nomme constamment, ce sont les
directeurs d'école, mais, quand on demande aux directeurs d'école quels
nouveaux pouvoirs ils obtiennent,
bien, ils sont incapables de nous nommer un nouveau pouvoir alors que le
ministre nous dit que ce qui est formidable
avec sa réforme, c'est que les directions d'école vont pouvoir avoir plus de
pouvoirs, donc, cherchez l'erreur, Mme la Présidente.
Mais
l'enjeu de départ, c'est de dire : Est-ce que c'est vraiment ça, la
priorité, en ce moment, au Québec, en éducation, de faire un débat et une réforme de structure? Est-ce que c'est ça qui
va amener les résultats que l'on souhaite pour améliorer la réussite éducative des enfants au Québec, des
adolescents au Québec, pour augmenter la persévérance scolaire, le taux de diplomation, pour avoir des enfants qui se
sentent mieux intégrés, pour les enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage, qui ont des
difficultés particulières dans leur cheminement pour pouvoir mieux les
outiller, mieux les soutenir? Est-ce que c'est une réforme de structure qui est la bonne réponse au bon moment
pour arriver à ces objectifs-là qui doivent être nos objectifs à tous? Et je le répète constamment. Je
me suis réjouie quand le gouvernement a dit : L'éducation va être notre
grande priorité.
Mais, depuis,
je dois vous dire, Mme la Présidente, que je déchante, parce que, si, oui, il y
a eu quelques petits changements
intéressants — et je
les ai soulignés à chaque fois — les grandes réformes ne sont pas axées sur
les bonnes priorités et les bons enjeux.
Puis je veux
vous en nommer un, parce que ça revient constamment. Il y a d'ailleurs,
aujourd'hui, une pleine page qui est
achetée dans les journaux par 12 groupes de la société qui se sont réunis pour
dire : Ce n'est pas la bonne priorité. Ce n'est pas sur le projet de loi n° 40 qu'on devrait être
en train de travailler puis sur la question de la gouvernance scolaire
si on veut prendre vraiment au sérieux l'objectif de la réussite des élèves au
Québec. Et donc on a cette douzaine d'organisations
là qui dit : L'école publique mérite une vraie réflexion. On doit aller au
fond des choses. On doit s'arrêter sur
où en est l'école publique aujourd'hui plutôt que d'essayer de s'improviser
experts de la gouvernance scolaire puis de jouer dans les structures, en
plus de ne pas jouer de la bonne manière et de mettre de côté les vrais enjeux.
Donc, il y a
des tonnes d'organisations qui demandent au gouvernement juste de prendre un
temps d'arrêt, quelques mois, pour s'arrêter sur les enjeux fondamentaux
en matière d'éducation, puis ensuite de voir s'il y a des éléments de gouvernance scolaire qui doivent être ajustés et
qui doivent être réformés pour répondre à ces objectifs-là, fondamentaux.
Mais pas faire l'inverse, de dire : On va partir par une réforme stérile
de structure parce que nous, ça fait des années, à la CAQ, à l'ADQ avant nous, qu'on casse du sucre sur toute la question
des commissions scolaires, donc, là, c'est à ça qu'on va s'attaquer parce que... On ne regardera pas tout le détail puis
l'intérêt de cette réforme-là, on va le faire pour le faire parce que c'est une espèce de mantra chez
nous. Moi, je m'attends d'un gouvernement responsable qu'il ne joue pas l'avenir de l'éducation et des enfants sur des
mantras, mais qu'il le joue sur des données puis qu'il le joue sur... de
cibler les bons problèmes, les objectifs qu'on se donne, les bonnes solutions
aux problèmes qu'on a déterminés.
Un
de ces problèmes-là, qui est complètement ignoré, évidemment, par la réforme,
qui va même l'aggraver, c'est la question du système d'éducation québécois à
deux et maintenant trois vitesses. Parce que, on l'a vu, on en parle de plus en
plus, il y a même eu une étude qui est sortie par le Mouvement L'école ensemble,
il y a quelques semaines, à partir de données, donc, colligées par des
organisations internationales en matière d'éducation, qui est venu dire que le
système québécois était le système le plus inéquitable au Canada et que
ça allait en s'accentuant. Pourquoi? Parce que, oui, on sait qu'on a le système public et le système privé qui est fortement
subventionné, cas unique au Canada, mais on a ajouté à ça, maintenant, une troisième vitesse, qui est
l'école publique à projets particuliers, à programmes particuliers, et qui
s'est développée un peu à la va-comme-je-te-pousse pour essayer de concurrencer
avec l'école privée, justement. Et là ce
à quoi on assiste, c'est une multiplication de ces projets particuliers, les
sport-études, les arts-études, évidemment, les programmes internationaux. C'est
très bien, mais on a ajouté, en plus, à ça toutes sortes d'autres petits
projets qu'on voit se multiplier.
• (12 h 30) •
Ce n'est pas
qu'on est contre l'idée d'avoir des projets qui peuvent rejoindre les élèves,
les motiver, faire en sorte qu'ils ont un sentiment d'appartenance, mais
le défi, là-dedans, et l'enjeu, là-dedans, c'est que, de plus en plus, ces projets-là, particuliers, sont coûteux, impliquent
des frais. Et, comme je le disais d'entrée de jeu, le ministre, avec le projet
de loi n° 12,
il est venu écrire noir sur blanc dans sa Loi sur l'instruction publique que
c'est correct, maintenant, qu'on peut
charger des frais, ça n'a même pas besoin d'être plafonné, balisé, peut-être
qu'un jour vont venir des détails, on ne le sait pas, le ministre n'a donné aucune indication par rapport à ça, on
va voir où on s'en va. Pour l'instant, tout ce qu'on permet, c'est de pouvoir facturer aux parents pour
tout projet particulier, pour toute couleur particulière qu'on veut donner
à un programme dans une école, école secondaire beaucoup, mais on en voit de
plus en plus aussi à l'école primaire.
Et donc vous
n'êtes pas sans ignorer, M. le
Président, que, quand il y a
des frais, qui peuvent parfois être modestes, 100 $, 200 $, mais
des fois 500 $, 800 $, 2 000 $, bien, évidemment, ça fait
que ce n'est pas tous les enfants qui ont accès à ces programmes-là. Et ça pose
un réel enjeu d'équité et d'égalité des chances parce que paradoxalement,
souvent, les enfants qui auraient le
plus besoin d'avoir des facteurs de motivation additionnels pour l'école parce
qu'ils vivent des difficultés, parce
qu'ils ont une perte de confiance dans leurs moyens, ce seraient les enfants
qui n'ont pas accès à ces programmes-là
parce qu'ils viennent de milieux plus défavorisés, où les parents, de par leurs
portefeuilles, ne peuvent pas leur permettre des programmes qui coûtent
des centaines de dollars, voire des milliers de dollars.
L'autre
chose, évidemment, c'est qu'il y a beaucoup de sélection qui se fait, oui, par
les moyens financiers puis aussi par les aptitudes des enfants. Et donc,
encore une fois, le phénomène auquel on
assiste de plus en plus, c'est qu'il y a des
classes ordinaires au public, donc on est rendu entre le privé, le public
particulier et le public ordinaire, c'est comme ça qu'on parle, maintenant, dans le milieu. Et il y a plein de
gens stressés, de dire : Mon Dieu! je ne veux pas que mon enfant soit au public ordinaire, je vais tout
faire pour qu'il puisse se qualifier et entrer dans un programme quelconque,
parce qu'il ne doit pas être dans
l'ordinaire. Parce qu'on est rendu dans ça, M. le Président, un public à deux
vitesses. Je ne pense pas que c'est la
voie qu'on veut prendre. Et ça, c'est un réel enjeu, et ça, il y a plein de
groupes qui sont venus nous dire :
Il faut s'arrêter à ça, parce que ce n'est pas en mettant toutes nos énergies
sur une réforme de structure, qui en plus vient mettre complètement de côté la question de territoire et donc qui
permet la concurrence encore plus grande entre les écoles, qu'on va régler ce problème-là. Au contraire, on va
l'accentuer. Donc, est-ce qu'on pourrait dire : Attendons sur la
réforme de la gouvernance puis des structures puis arrêtons-nous à ça?
Le ministre a fait des modifications dans son
projet de loi n° 12. Je l'ai dit d'entrée de jeu, on
n'a pas eu une cartographie, on ne sait pas l'ampleur du phénomène qui... Tout
ce qu'on sait, c'est que c'est de plus en plus grand, qu'il y en a de plus en plus, de ces programmes-là, que les parents sont
de plus en plus inquiets par rapport à ça, à savoir : Est-ce que mon enfant va pouvoir être dans un bon
programme, dans le public, ou il va se ramasser dans le public ordinaire?
Puis je veux
juste lire une partie d'une chronique qui a été publiée ce dimanche, fort à
propos, par Emmanuelle Latraverse,
qui dit : Le faux débat des commissions scolaires. «Des milliers de
parents au Québec vivent dans l'angoisse. Une angoisse alimentée par leur impuissance. Ils attendent de savoir
dans quelle école secondaire, [dans] quel programme, leur enfant
aboutira.
«Je dis bien "aboutira",
parce que trouver une école secondaire potable pour un enfant normal relève
souvent du parcours du combattant.
«Les écoles privées accueilleront à bras ouverts
les ados de familles nanties qui excellent à l'école.
«Les bolés de la classe moyenne profiteront des
programmes particuliers au public.
«Les
ultrasportifs se tourneront vers sports-études, non pas parce qu'ils rêvent de
se rendre aux Olympiques, mais pour éviter à tout prix les classes
régulières.
«Voilà où on en est rendus. La peur bleue de
l'école secondaire publique régulière!
«On croirait
que ce triste état de fait mobiliserait toutes les ressources d'un gouvernement
qui a fait de l'éducation sa priorité. Mais non, la priorité, c'est
d'abolir les élections scolaires.
«Le brassage de structures.
«C'est ainsi
qu'on discute...» Ce n'est pas moi qui parle, là, ce n'est pas la méchante
opposition, c'est une chroniqueuse, Emmanuelle Latraverse. «C'est ainsi
qu'on discute conseils d'administration, comité d'engagement, centralisation,
décentralisation, centres de services, octroi de contrats. On parle de
territoire, de pouvoirs.
«La réussite scolaire, la pédagogie, l'égalité
des chances? Il faut croire que ça viendra après.
«Voyez-vous,
c'est la beauté des grands brassages de structures, ils évitent de parler du
fond du problème : notre système d'éducation à trois vitesses.
«[...]Le
Mouvement L'école ensemble qui regroupe plus de 4 000 parents a bien
défini le problème : la ségrégation scolaire. Car l'accès à une
éducation de qualité dépend maintenant du revenu des parents et des talents des
enfants.
«Si votre enfant est juste
moyen à l'école, moyen en sports, moyen en arts, oubliez ça.
«Il est là, le noeud. L'égalité des chances que
doit consacrer l'éducation publique n'existe plus vraiment. Un enfant qui n'aime pas l'école au primaire se
retrouve dans un programme régulier au secondaire avec [des] démotivés,
[des] défavorisés, [et d'autres] qui ont un problème d'apprentissages. Condamné
à la troisième classe.»
Donc, je ne
la lirai pas au complet, mais je
pense que cette chronique-là met exactement
le doigt sur un enjeu très, très
réel qui prend en importance au Québec et dont on doit s'occuper, parce que
c'est sûr que c'est compliqué, c'est sûr qu'il
n'y a pas réponse simple à tout ça.
On veut le meilleur pour nos enfants, on veut un programme adapté à leurs
réalités, à leurs goûts, à leurs
passions, on veut qu'ils soient motivés, on voudrait que tous les enfants
puissent avoir exactement le programme qui correspond à sa passion. C'est ça
qu'on veut, on veut tous ça. Mais on voudrait, justement, que les enfants
qui ont le plus de défis, le plus de
difficultés, le plus risques de décrochage aient accès à ces programmes-là. Or,
c'est l'inverse qu'on voit en ce
moment. Et on est en train de faire en sorte qu'on a des classes qui vont
accentuer les risques de décrochage
parce qu'on va mettre les enfants qui ont le plus de difficultés ensemble au
régulier régulier, alors que les autres vont être dans toutes sortes de
programmes qu'on voit se multiplier ou au privé, bien entendu.
C'est un réel
enjeu. Puis je sais que les solutions ne sont pas simples, mais je pense que
c'est le temps. Plutôt que de mettre toutes nos énergies, en ce moment, sur un
projet de loi de structures et de gouvernance qui va mobiliser, comme on l'a vu en santé, tout un réseau pendant des
années juste pour absorber la réforme, il me semble que ce n'est pas ça qu'on
devrait être en train de faire, au Québec.
Il me semble qu'on devrait dire : On va le faire, le débat sur l'école à
deux et trois vitesses. On va essayer de les trouver, les meilleures
solutions, ensemble. On est conscients, ici, que ce n'est pas simple, mais il y
a plein de gens sur le terrain, d'experts qui ont réfléchi à ça,
d'organisations qui ont réfléchi à ça, de comparables
qu'on peut voir avec des modèles intéressants, dans le monde, qui se sont
tournés vers une école qui performe, qui
inclut, qui intègre, qui essaie de viser le mieux pour tout le monde et
l'égalité des chances en partant des enfants qui ont le plus de risques
de décrocher, plutôt que de les laisser un peu pour compte. Donc, il me semble
qu'on marche vraiment à l'envers, puis il
n'est pas trop tard pour remettre les choses de l'ordre. Ce que demandent la
majorité des groupes, ce n'est pas de
dire : On fout tout ça aux poubelles, le projet de loi, c'est de
dire : On le met de côté pendant qu'on s'assoit ensemble, qu'on
réfléchit ensemble.
C'est le sens
de la sortie, aujourd'hui, de 12 groupes : M. le ministre, prenons le
temps de réfléchir ensemble à notre
système d'éducation pour la réussite des élèves. C'est juste ça. Donnons-nous
une période. Ce projet de loi là, il va pouvoir revenir après. Il va même pouvoir, avec des modifications qui
vont devoir être amenées puis qui devraient aller dans le sens des
conclusions qui pourraient se dégager d'un vrai exercice sur la réussite
éducative, sur notre système d'éducation,
sur ses dérives, sur les trois vitesses, sur le soutien aux enseignants, sur la
valorisation des enseignants... il pourra
venir après, il pourra venir avant la fin du mandat, il reste trois ans au
mandat de ce gouvernement-là, mais au moins ça va se faire de l'ordre, ça va arriver pour répondre aux enjeux les
plus pressants du milieu de l'éducation, plutôt que de dire : On va tout brasser nos structures,
on va tout essouffler notre réseau, puis là, dans deux puis trois ans, bien, on
ne pourra pas s'attaquer aux enjeux
de fond parce que tout le monde va avoir la langue à terre parce qu'ils vont
avoir essayé de répondre aux espèces d'objectifs, qu'on ne comprend pas
très bien, de la nouvelle gouvernance puis des nouvelles structures qu'on veut mettre en place. Sans
compter tous les enjeux de savoir comment on va réussir à combler les postes
qu'on veut créer sur les conseils d'administration, et tout ça. Mais je vais
revenir.
Bref, en
partant, je voulais juste dire que, malheureusement, pourquoi il y a autant de
réticence et de résistance, c'est
parce que le sentiment généralisé, c'est que le gouvernement est en train de
s'attaquer à ce qui devrait peut-être être la huitième ou 10e priorité, plutôt que d'attaquer les priorités de
l'ordre. Pourquoi? Parce que, on le sait, c'est quelque chose qui a pris beaucoup de place dans le discours
public, mais c'est correct aussi des fois de dire : Bien, ça, ça va venir
un petit peu plus tard parce qu'il y a d'autre chose qui doit venir
avant.
Puis, dans le
discours public du gouvernement, et c'est une bonne chose, et je le répète à
chaque fois, ils le disent, à quel
point l'éducation, c'est fondamental, ils le disent, à quel point ils veulent
travailler pour la réussite éducative et sur l'agir tôt. On est complètement d'accord avec ces principes-là, mais
ensuite il faut arriver avec les bons moyens. Puis malheureusement je pense que, là, ce n'est pas le
bon moyen, où minimalement est en train de mettre la charrue avant les boeufs en jouant dans la structure puis la gouvernance scolaires avant de travailler
sur les enjeux de fond, dont la question du système d'éducation à trois
vitesses au Québec.
• (12 h 40) •
D'autres enjeux, évidemment, qu'on aimerait qui
puissent être discutés plutôt que de parler uniquement de gouvernance scolaire : évidemment, le manque de soutien aux professeurs, le manque
de professionnels. D'ailleurs, depuis hier qu'il
y a des... Dans les derniers jours,
là, il y a deux sorties encore qui font ressortir à quel
point il y a un manque criant, malgré les ajouts qui ont été annoncés, de professionnels,
à quel point il y a un manque criant de professionnels.
Puis ça aussi, c'est quelque chose qui fait jouer contre l'égalité des chances. Ce
n'est pas les premiers de classe qui ont besoin des orthophonistes, puis des orthopédagogues, puis des
psychoéducateurs, c'est ceux qui ont plus de difficultés.
Donc, on dirait qu'on n'est pas en train de mettre en place les bons gestes. Donc, oui, il
y a une belle intention, il y a
eu certaines annonces qui ont été faites, mais, écoutez, on a une lettre
ouverte ici du président de la fédération des professionnels de l'éducation du Québec,
dont on a souligné d'ailleurs via une motion la semaine, cette semaine, des professionnels
en éducation, qui dit La réforme du ministre
de l'Éducation : une goutte d'eau dans l'océan, pour ce qui concerne l'ajout de professionnels.
On a un article qui est sorti aujourd'hui même, Professionnels à
l'école : un ajout nettement insuffisant. Puis je veux juste vous donner quelques chiffres, là. Combien...
On regarde, là, chaque psychologue qui est dans le réseau public a en moyenne
trois écoles et demie sous sa responsabilité,
donc un seul psychologue pour
trois écoles et demie. Ensuite, psychoéducateurs, une moyenne de
2,3 écoles; les orthophonistes, trois écoles. Les orthopédagogues, qui
sont essentiels pour les élèves qui ont des difficultés : un
orthopédagogue, en moyenne, par cinq écoles et demie, un orthopédagogue pour s'occuper d'élèves de cinq
écoles. Quand on sait qu'un enfant qui vit des difficultés peur avoir besoin d'orthopédagogie plusieurs fois par
semaine, on peut se dire qu'il doit y avoir tout un nombre d'enfants qui
reçoivent zéro service. Et des ergothérapeutes, Mme la Présidente, bien là un
par 51 écoles.
Alors, c'est
sûr qu'il y a des enjeux qui sont très pressants, puis on aimerait ça voir que
ces enjeux-là concernent le
gouvernement puis qu'il veut mettre ses énergies là, mais malheureusement ce
n'est pas là qu'on met les énergies pour l'heure.
Donc, nous
avons devant nous ce projet de loi n° 40, qui, je pense,
soulève toute cette levée de boucliers parce qu'il n'apparaît d'abord pas comme
la bonne priorité mais aussi parce qu'il ne fait pas, en plus, ce qu'il dit
être supposé faire.
Donc, le
ministre nous répète que ça va être un projet de loi formidable parce qu'il va
amener de la décentralisation, qu'il
va enlever de la bureaucratie. Alors, juste sur l'argument de la bureaucratie,
là, je veux quand même dire quelques mots là-dessus.
De
manière totalement objective, on peut dire... certains pourraient dire qu'il
faudrait qu'il y ait moins de fonctionnaires dans le réseau scolaire, d'autres qui pourraient dire qu'il en manque.
Je ne m'embarque même pas là-dedans. Tout ce que je veux dire, c'est que
l'argument qu'on va réduire la bureaucratie, il ne tient pas la route parce que
de l'aveu du ministre lui-même et de
son sous-ministre pas plus tard que jeudi dernier à la Commission de
l'administration publique, à qui j'ai posé la question, même chose au ministre,
il n'y aura aucun changement par rapport au nombre d'effectifs dans le réseau
scolaire. Donc, on va jouer entre les niveaux, entre les paliers, entre le
palier de responsabilité de l'école, la structure intermédiaire, qui étaient des commissions scolaires et qui vont devenir
maintenant des centres de services, et le ministre et son ministère. Donc, on garde trois niveaux, on
va venir à regarder les différences, mais on ne change pas... J'ai dit :
Est-ce qu'il va y avoir des économies, moins
d'ETC, de ressources dans le réseau? Non, il n'y aura pas moins de ressources,
on garde le même nombre. Parfait. Est-ce
qu'on va les... Est-ce qu'il va y avoir des transferts, par exemple, de
ressources? Parce qu'on nous dit
qu'on décentralise, donc on change qui exerce les pouvoirs et tout.
Bizarrement, Mme la Présidente, on
m'a répondu : Non, non, tout va rester stable, donc les ressources qui
sont à un niveau vont rester à un niveau, celles qui sont au niveau des écoles vont rester au niveau des écoles. Donc,
j'ai un peu de mal à m'expliquer, si on est supposé être en train de faire une révolution dans la
gouvernance pour décentraliser, comment ça se fait qu'on garderait autant
d'écoles... autant de ressources au niveau
intermédiaire puis au niveau du ministère, alors qu'il devrait en théorie y
avoir plus de besoins au niveau local
puis dans les écoles. Réponse que j'ai eue du ministre et du
sous-ministre : Non, on ne bouge rien.
Donc, franchement, l'argument de la bureaucratie,
là, je veux juste dire qu'il faut le tasser d'entrée de jeu parce que les réponses du ministre lui-même ne vont pas
du tout dans le sens d'un allègement bureaucratique. Si ça se trouve, il
pourrait y avoir un besoin supérieur de ressources, parce qu'il va y avoir une reddition de comptes accrue demandée. Parce que,
quand vous transférez des pouvoirs au ministère et au ministre, ce qui est le
cas, on va y venir, bien, vous demandez
après de la reddition de comptes. Plusieurs acteurs qui sont venus nous voir en
commission parlementaire nous ont dit
comment ça leur faisait peur parce qu'il y avait plusieurs pouvoirs qui
devenaient centralisés et que, dès qu'il y a un pouvoir qui se centralise et qui tombe entre les mains du ministre ou
du ministère, la règle, c'est qu'on va demander plus de reddition de comptes. Donc, ça se pourrait très bien qu'on doive
même ajouter des ressources, notamment dans les écoles, pour pouvoir
rendre des comptes au ministre et au ministère. Donc, on doit tasser ça tout de
suite.
L'autre chose qui rend vraiment perplexe, c'est
cette idée que le ministre n'arrête pas de répéter qu'on va décentraliser, puis ça va être formidable parce
que ça, ça va être beaucoup plus efficace. Alors là, Mme la Présidente, ce
n'est pas moi, encore une fois, qui le dis,
c'est le Conseil supérieur de l'éducation, donc je pense que c'est une instance
assez neutre. L'Institut de la gouvernance est allé dans le même sens avec
Michel Nadeau qui a publié deux lettres ouvertes,
dans les dernières semaines, sur toute la question de la gouvernance du projet
de loi n° 40. Et ce qui ressort, c'est
qu'il n'y en a pas, de décentralisation. Ce qui ressort, c'est qu'il y a de la
centralisation. Ça fait que, moi, ce qui me choque profondément, c'est que, si le ministre veut faire une réforme
pour centraliser les pouvoirs, je ne pense pas que c'est une bonne idée, mais
je voudrais au moins qu'il le dise clairement puis qu'il n'essaie pas de
laisser entendre qu'on décentralise, puis que c'est l'inverse de la
réforme de l'ex-ministre de la Santé, puis qu'on ne va pas du tout dans le même sens, alors que les experts viennent nous
voir les uns après les autres puis qu'ils nous font une liste de tout ce qui va
passer de pouvoirs, en ce moment, qui
pouvaient être exercés par le niveau des commissions scolaires, qui va se
retrouver... ou même des enseignants
eux-mêmes, et qui va se retrouver entre les mains du ministre et de son
ministère. Donc, ça, c'est
particulièrement troublant parce qu'en termes de transparence, quand on veut
faire un sain débat démocratique, on devrait au moins nous dire ce qu'il
en est vraiment du projet de loi.
En fait, les
deux seuls petits éléments de décentralisation, puis, franchement, utiliser le
terme «décentralisation» pour parler
de ça, c'est, selon moi, un petit peu abusif, c'est que, pour, par exemple, le
plan en intimidation puis le projet éducatif
dans les écoles, avant les écoles adoptaient ces plans, ces projets et elles
devaient les faire cautionner par une signature par la commission scolaire, il
n'y aura plus cette demande de signature par la commission scolaire. Mais
ça, là, c'est la seule chose qu'on a
trouvée. C'est des choses que les écoles faisaient déjà. La seule différence,
c'est qu'il n'y aura plus cette demande de signature là.
Mais, par
contre, quand on regarde tout ce qui est centralisé... Puis là c'est une
analyse objective, là, je me fie au mémoire
du Conseil supérieur de l'éducation. Donc, les modifications — page 5 — reflétant une centralisation : «Si le
projet de loi peut [dire qu'il présente] un
objectif de décentralisation, les modifications apportées à certains articles
de loi semblent néanmoins relayer des
responsabilités des commissions scolaires vers les instances centrales.» À
travers une formation obligatoire
élaborée par qui? Par le ministre. Donc : «[Instauration] d'une formation
[obligatoire continue] pour le
personnel enseignant...» Et, si vous vous demandez pourquoi les enseignants
sont si fâchés de cette réforme-là, c'est qu'ils ont le sentiment que, sans le dire, sans être transparent par
rapport à ça, le ministre est venu mettre des articles qui viennent
imposer de la formation qui va descendre d'en haut, avec les priorités du
ministre, plutôt que de responsabiliser puis d'être à l'écoute des enseignants. Ensuite, une formation
obligatoire élaborée par le ministre pour tous les membres des conseils d'établissement et les membres des
conseils d'administration aussi des centres de services scolaires. Donc,
c'est le ministre qui va décider des
formations pour les enseignants, pour les conseils d'établissement puis pour
les conseils d'administration des
nouveaux centres de services. Donc, on nous parle de décentralisation, mais
c'est le ministre qui va dire à tout
ce beau monde là quel genre de formation ils doivent prendre, comment ils
doivent se comporter. On a déjà vu mieux en termes de décentralisation.
• (12 h 50) •
À travers les règlements gouvernementaux, bien
là, je ne ferai pas toute la liste, là, mais il y a énormément de pouvoirs
réglementaires qui sont donnés au ministre à travers le projet de loi, et donc,
un après l'autre, c'est des manières de se
donner beaucoup plus de pouvoirs. Donc, les règles d'élection des conseils
d'administration des centres de services
scolaires, le droit du ministre d'imposer les normes d'éthique et de
déontologie applicables à l'ensemble des membres des conseils d'administration, les membres représentant le
personnel scolaire aussi, et puis surtout une centralisation à travers des mesures administratives très fortes, donc,
standardisation des rapports annuels de gestion des centres de services scolaires. Puis là, quand on
me dit : Ah! il va y avoir moins de bureaucratie, là, bien, juste de dire
à tout le monde qu'ils vont devoir
avoir exactement les mêmes rapports annuels, je vous le donne en mille, ça va
demander pas mal plus de travail.
L'obligation pour les centres de services scolaires de transmettre au ministre
les résultats des épreuves qu'il
impose; la possibilité du ministre, j'en ai parlé hier, lors de la période de
questions, de pouvoir s'adresser comme bon lui semble à tous les
enseignants directement; le droit du ministre d'exiger des mesures favorisant
le partage de ressources entre centres de
services scolaires. Donc, il se donne le droit de fusionner, de décréter la
fusion entre tous centres de
services. Donc, ça, c'est une autre inquiétude, une surcentralisation. En plus,
il y a beaucoup de gens qui craignent, notamment
en région, qu'on surcentralise parce qu'on va fusionner éventuellement des
centres de services. Maintenant, il
va falloir avoir l'obligation d'obtenir l'autorisation du ministre pour
acquérir tout bien immeuble, pour changer un droit de propriété, construire, agrandir, aménager,
transformer, démolir, remplacer ou procéder à des rénovations des immeubles.
Donc, c'est quelques petits exemples de la
centralisation qui est en cours, alors que le ministre nous parle de
décentralisation et que, quand j'ai
demandé aux représentants des directions d'école quels nouveaux pouvoirs ils
allaient acquérir avec le projet de
loi, bien, ils ont été incapables, ce n'est pas des farces, là, ce n'est pas
une pièce de théâtre, là, un après l'autre, deux associations, ils n'ont pas été capables de me nommer un seul
pouvoir qu'ils acquièrent avec le projet de loi n° 40.
Donc, moi,
j'aimerais juste ça, je ne suis pas d'accord avec cette réforme-là, mais au
moins que le ministre soit transparent puis qu'il nous parle clairement
de ses objectifs, plutôt que d'essayer de faire comme si c'était une belle décentralisation pour ceux qui connaissent les
élèves par leurs noms, alors qu'il y a énormément de choses centralisées
et aussi des pouvoirs réglementaires, on en
a parlé en Chambre, mais l'article 310 qui permet au gouvernement, là, de
prendre par règlement «toute mesure
utile à l'application de la présente loi ou à la réalisation efficace de son
objet». Puis là le ministre
dit : Ah! ça existe déjà, ça existe déjà. Oui, mais d'habitude, quand
c'est un article comme ça, c'est écrit noir sur blanc, de manière
transitoire. Là, il se donne ce pouvoir-là pas de manière transitoire, ce n'est
pas dans les mesures transitoires, c'est en tout temps.
Puis article 308, ça aussi, c'est quand
même pas pire : «Le ministre peut, après enquête en application de l'article [478] de la Loi sur l'instruction
publique de son propre chef ou à la suite d'une dénonciation d'un commissaire
ou d'un membre du personnel[...], annuler
toute décision d'une commission scolaire visée par la présente loi...» Donc,
il se donne, pour la période... rétroactivement en plus, là, il va pouvoir
annuler toute décision qui serait prise par une commission scolaire entre cet automne et le 1er mai 2020. Donc, il
peut décider que c'est des gestes qui n'auraient pas dû être posés et
donc prendre carrément fait et cause pour la commission scolaire, agir en son
nom et mettre de côté des décisions de la commission scolaire. Donc, si ça, ce
n'est pas s'arroger des nouveaux pouvoirs quand même assez importants, je me
demande ce que c'est.
Je veux
revenir à la question des enseignants parce que le ministre nous dit beaucoup
que sa réforme vise à donner plus de
pouvoirs à ceux qui connaissent les élèves par leurs noms. Bien, ceux qui
connaissent les élèves par leurs noms, ce
sont les enseignants. Or, dans les faits, il leur enlève du pouvoir d'abord par
cet article, qui n'a ni queue ni tête et qui est en complète contradiction avec ce que le ministre disait, d'ailleurs,
pas plus tard qu'il y a un an et demi, quand il était dans l'opposition, à savoir que désormais c'est écrit
noir sur blanc dans le projet de loi qu'une direction d'école va pouvoir
majorer une note qui aurait été donnée par
l'enseignant. S'il y a une prérogative propre à l'enseignant, c'est bien de
faire les évaluations et de donner
les notes. Or, le ministre vient donner ce pouvoir-là et nous dit : Ah!
c'est formidable parce que je prévois
qu'il va falloir qu'ils consultent l'enseignant avant de changer la note. Alors
là, c'est comme si c'était une grande sécurité, il va falloir qu'ils
consultent l'enseignant. Je pense que ça n'a aucun sens d'être en train de
mettre ça dans un projet de loi, tout comme
toute la question de la centralisation de la formation, qui va être dictée d'en
haut. Alors, ce n'est pas pour rien
que, notamment pour ces questions-là, les enseignants sont vraiment choqués de
cette réforme-là, ont le sentiment
qu'ils n'ont pas vu venir ça, qu'ils n'ont pas été consultés là-dessus et que,
là, c'est à prendre ou à laisser avec l'ensemble de cette réforme-là.
L'autre élément, évidemment, dont j'ai parlé et
qui est très, très inquiétant, dans le projet de loi, c'est toute la question
de la concurrence et de la compétition qui va s'installer entre les écoles, parce que
déjà, j'en ai parlé amplement au début de mon allocution, on voit ce système
à deux et trois vitesses prendre de l'ampleur au Québec, mais là ça va
s'accentuer parce qu'on élimine la notion de territoire.
Donc, vous
savez comment ça fonctionne. Normalement, la logique, vous fréquentez votre école de
quartier. Pour toutes sortes de raisons, vous pouvez fréquenter une autre école
de votre commission scolaire, si c'est possible, puis là, avec les
projets particuliers, ça, ça se multiplie. Mais là le territoire de commission
scolaire ou de centre de services, il saute, c'est une
notion qui saute dès l'article 1 du projet de loi. Donc, il va y avoir un
total libre choix d'école, une concurrence
accrue, parce que vous savez comment sont financées les écoles,
elles sont financées par, évidemment, le nombre
d'élèves qu'elles accueillent. Alors, ça peut avoir l'air super, là, à première
vue, de dire : Ah! c'est le fun, on va pouvoir envoyer notre enfant
où on veut. Moi, je vis à Montréal, mais je travaille à Laval puis, bon, je
vais l'amener à côté de
mon lieu de travail, puis tout ça. Mais est-ce qu'on s'arrête un peu à
tout l'impact que ça va avoir sur, justement,
les écoles de quartier, les milieux défavorisés? À savoir que, là, on va
essayer de compétitionner puis de développer programme sur programme pour être meilleurs, plus attractifs, puis là on
va mettre des frais, puis là on va mettre des critères pour pouvoir avoir accès à ça, puis finalement
l'école de quartier, qu'on aimerait voir demeurer parce que
c'est un creuset d'égalité des
chances, c'est un lieu de mixité sociale, de cohabitation sociale, bien là, ça
va devenir qu'il va y avoir des écoles
de quartier qui vont avoir des enfants qui n'auront pas pu être acceptés dans
d'autres programmes plus sélectifs, plus exigeants, avec des frais
de scolarité à l'avenant. Donc, ça,
là, c'est une réelle inquiétude. Et je n'ai pas entendu le ministre
expliquer publiquement pourquoi il fait ça, c'est quoi, la rationnelle, c'est
quoi, l'idée derrière ça, alors que les impacts vont être majeurs.
Donc, je pense
que c'est important qu'on s'arrête à l'ensemble de ces enjeux-là
avant de foncer tête baissée comme nous
l'annonce le ministre, parce
qu'il nous redit ce matin qu'il veut adopter ça avant la fin de la session, puis qu'on
est juste à l'étape de l'adoption de principe. Ce
n'est pas de la bonne gouvernance. Ce n'est pas de la bonne gouvernance démocratique de penser que l'on peut foncer sur la mauvaise priorité et le faire, en
plus, à toute vitesse pour éviter je
ne sais quoi. S'il était si confiant
dans sa réforme, le ministre, il n'aurait pas peur qu'on prenne du temps pour
en débattre, puis d'entendre des
gens, puis de dire : On va aller au fond des choses, de chacun des enjeux
que je mets dans ma réforme, même si
je n'en parle pas publiquement. Il serait confiant puis il permettrait le
débat. Or, là, c'est tout l'inverse qu'on voit, c'est un ministre qui
veut aller extrêmement vite.
Et moi, je
nous invite à vraiment nous dire, en terminant : Est-ce que c'est de ça
dont le Québec a besoin en matière d'éducation? Est-ce que, quand on dit
qu'on veut faire de l'éducation la grande priorité, au Québec, ça veut dire de mobiliser tout un réseau sur une réforme de
structure qui ne changera strictement rien pour l'égalité des chances, pour la
réussite éducative de nos tout-petits, qui,
en plus, va créer deux réseaux différents, francophone, anglophone, et qui va
accentuer les inégalités au lieu de venir aider ceux qui en ont le plus de
besoin, les enfants qui ont des difficultés particulières,
les enfants qui viennent d'un milieu défavorisé? Est-ce que c'est vraiment vers
ça qu'on veut aller pour les prochaines
années, vivre cette turbulence-là et ne pas avoir l'énergie, les ressources,
les moyens, l'ambition de s'attaquer aux vrais problèmes? Bien, je pense
que poser la question, c'est y répondre.
Donc, vous aurez sans doute déduit, Mme la
Présidente, que nous allons voter contre le principe du projet de loi n° 40, en espérant que le ministre va se
ressaisir, qu'il va prendre son rôle et sa mission très au sérieux et qu'il va
miser sur les bonnes priorités pour l'ensemble des enfants et des élèves
du Québec. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée de Joliette.
Écoutez, compte tenu de l'heure, je vais
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
L'Assemblée
poursuit le débat sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. Y a-t-il des interventions? M. le député de Viau.
M. Frantz Benjamin
M.
Benjamin : Merci. Merci, M. le Président. Donc, très content
de prendre la parole aujourd'hui autour de ce projet de loi, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Donc,
permettez, M. le Président, que je commence par saluer les collègues ici
présents, mais aussi tout de suite remercier
plusieurs collègues, dont la députée de Saint-Laurent, qui a fait un travail
extraordinaire en termes de nous aider à comprendre les enjeux, tous les enjeux
autour de ce projet de loi. Et ces enjeux-là sont multiples, et, au cours de
cette intervention, j'aurai l'occasion d'en faire, à mon tour, quelques
démonstrations.
Je veux
aussi, M. le Président, remercier les groupes, plusieurs groupes... tous les
groupes, en fait, qui ont participé aux
consultations préliminaires autour de ce projet de loi, les experts. Et leur
apport était précieux. Leur apport, je demeure convaincu, n'a pas été vain pour la compréhension des enjeux autour de
ce projet de loi pour le grand public, pour le grand public et
l'ensemble des élus membres de la commission et membres de cette Assemblée.
Donc, M. le
Président, vous savez, hier, le 20 novembre, c'était la Journée
internationale des droits de l'enfant, des droits de tous les enfants, et cette
journée-là, en cette journée, qui a été soulignée ici aussi, à l'Assemblée
nationale, donc à l'agora, donc, où il y a
eu des élus de tous les partis. Donc, il y a le ministre de la Famille qui
était présent, il y a d'autres
collègues qui étaient présents aussi à cet événement. C'est un événement
important où on vient rappeler les droits fondamentaux des enfants et, au nombre de ces droits fondamentaux, tel
que prescrit par la Convention des Nations unies sur les
droits de l'enfant, M. le Président, il y a évidemment le droit à l'éducation,
il y a évidemment le droit à l'éducation, et ce droit à l'éducation invite l'ensemble des acteurs, notamment
l'État, à s'assurer que l'accès à l'éducation, donc, soit garanti pour
l'ensemble des enfants sur le territoire.
Et, M. le Président, cette initiative à laquelle
j'ai participé hier à l'Assemblée nationale, cette initiative d'une vingtaine d'organismes de la région de Québec,
initiative initiée, portée par deux commissaires scolaires, par deux
commissaires scolaires et, au fil des
échanges que j'ai eus avec eux... Et c'est là que je comprends aussi que le
projet de loi que nous avons devant nous,
amené tel quel, recèle, M. le Président, une méconnaissance, mais une grande
méconnaissance du rôle du commissaire
scolaire dans la communauté, du rôle du commissaire scolaire dans la
collectivité. Et j'aurai l'occasion de revenir sur cet aspect-là, M. le
Président.
Je tiens à
remercier ces organismes de Québec qui soulignent depuis une dizaine d'années
cette journée des droits des enfants
et qui sont venus nous rappeler aussi, nous, élus à l'Assemblée nationale, la
responsabilité que nous avons de nous
assurer que, quand vient le temps de parler, d'aborder la question des droits
des enfants, des droits de tous les enfants du Québec... qu'il faut
s'assurer qu'il n'y ait pas d'oubliés, qu'il n'y ait pas d'exclus à ce
niveau-là.
M. le
Président, au cours des derniers mois, j'ai... comme vous, comme plusieurs,
comme nous tous probablement, nous
avons assisté à beaucoup de débats au Québec, portés notamment par le
gouvernement actuel, sur un examen, un test, un test qu'on fera subir... que subiront les personnes qui voudront
s'établir au Québec, un test des valeurs. Et la première question que je me pose : Est-ce que la démocratie
fait partie de ces valeurs?
M.
Caire : ...de la pertinence, mais là j'ai de la difficulté
à faire le lien avec le débat sur le principe du projet de loi n° 40, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Oui, Mme la leader de l'opposition.
Mme Melançon : M. le
Président, lorsqu'on
parle des enfants et lorsqu'on parle d'un projet de loi en éducation, je pense qu'on est directement dans le thème. Je pense qu'on devrait laisser le collègue...
Et vous connaissez le collègue
de Viau, il ne s'égare pas, je sais où il veut en venir,
alors je vous demanderais, M. le
Président, simplement
de laisser continuer le député de Viau.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Continuez. Je vais juger aussi...
M. Benjamin : Absolument. Merci,
M. le Président. Alors, ma question,
en fait, est en lien avec ce débat qu'on a eu au cours des derniers mois sur l'enjeu des valeurs, un test des
valeurs. Alors, une des grandes questions que je me pose : Est-ce que la démocratie fait partie des valeurs, fait partie des valeurs
qui seront abordées? Parce que, vous savez, M. le Président, lorsqu'on
porte une valeur, lorsqu'une valeur nous est chère, cette valeur-là, on est
prêt à la défendre coûte que coûte.
Et aujourd'hui le projet
de loi n° 40 que nous avons
devant nous est une atteinte justement à cette valeur qu'est la démocratie, donc, et le lien, il est direct, M. le Président, le lien est étroit, et j'aurai à faire la démonstration en quoi cette valeur-là, elle est atteinte... on porte atteinte
à cette valeur qu'est la démocratie.
Vous savez, M. le Président, quand on parle de la démocratie, M. le
Président, on ne peut pas mettre d'un
côté un groupe et dire : Tel
groupe a droit aux élections, peut avoir des élections, et l'autre groupe n'a
pas... Et visiblement, dans le cas de
l'étude de ce projet de loi, dans le cadre de ce projet de loi, il y a un groupe, la majorité francophone, donc, à laquelle je fais
partie... Donc, moi, comme citoyen, bien avant de parler de moi comme élu, comme citoyen,
M. le Président, faisant partie du groupe des francophones, qui ai toujours voté aux élections, moi qui ai toujours voté aux élections
scolaires des commissions scolaires francophones, on vient me brimer de mon droit, M. le Président. Donc, vous comprendrez que c'est une question relative à la démocratie
qui se pose.
On vient, à
travers ce projet de loi, dire que toutes les Québécoises
et tous les Québécois ne sont pas égaux sur le plan démocratique, M. le
Président, puisqu'il y a un groupe qui pourra toujours exercer son droit de citoyen,
c'est-à-dire les anglophones... et je suis très content d'ailleurs
que cette protection ait été garantie et reconnue, mais fallait-il
bien aussi, M. le Président, que cette reconnaissance, lorsqu'on prétend défendre des valeurs... et j'espère que
la démocratie est une valeur, lorsqu'on prétend défendre des
valeurs comme la démocratie, fallait-il bien protéger aussi cette valeur,
qui est chère à la fois aussi bien aux francophones qu'aux anglophones.
Donc, M. le Président, donc, l'enjeu de la démocratie, c'est un enjeu... Et je ne suis pas le seul, M. le Président, je ne suis pas le seul à
avoir abordé cet aspect-là qui constitue presque une manie et presque une
grande faille de cette administration. Allez lire les dernières
chroniques de Michel C. Auger. Donc, quand on remarque, évidemment, dans plusieurs
aspects où on s'aperçoit qu'il y a tranquillement des questionnements par
rapport à des commissions et par rapport à plusieurs dossiers, et on s'aperçoit que c'est la démocratie
même... Quand on cumule tous ces petits reculs... Et, dans le cas qui
nous concerne, pour le projet de loi n° 40, s'il advenait que ce projet de
loi soit adopté tel quel, c'est-à-dire empêchant les francophones de pouvoir
exercer leur droit de citoyen pour pouvoir voter aux élections
scolaires s'ils le veulent, vous
comprendrez, M. le Président, encore
une fois, donc, cette administration nous proposera un Québec à deux vitesses, c'est-à-dire une
vitesse pour... dans le cas qui nous concerne, par rapport aux élections
scolaires, une vitesse pour les anglophones, ce qui est bien, je le rappelle,
et une autre vitesse pour les francophones.
• (15 h 10) •
M. le Président, ce projet de loi,
plusieurs enjeux. Et je rappelle que plusieurs collègues, dont la députée de Saint-Laurent, ont déjà mis sur la table plusieurs
de ces enjeux, qui nous concernent tous, qui doivent nous concerner tous,
je l'espère, auxquels ce projet de loi ne
répond pas. Au nombre de ces enjeux, M. le Président : c'est un projet de
loi qui n'apporte
rien à la réussite éducative des élèves. Vous savez, M. le Président, comme lecteur, j'ai pris le soin et j'ai pris le
temps de lire ce bouquin du ministre
de l'Éducation, Si on réinventait l'école, et visiblement, à la lumière
de cette lecture, ce n'est pas cette
invention à laquelle on s'attendait. Ce n'est pas à une invention qu'on assiste
actuellement, c'est à une déstructuration, c'est à une défiguration de l'école. Et ça, pour nous,
pour moi, M. le Président, il est inacceptable, un projet de loi qui vise un changement de
structure majeur.
C'est un projet de
loi aussi, et je le rappelle... Et, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est un projet
de loi discriminatoire. Et je ne suis pas le
seul à le dire, M. le Président. Plusieurs groupes l'ont évoqué. Et, ici même, les derniers
en date : 10 raisons pour
s'opposer au projet de loi n° 40, et au nombre de ces raisons, un recul pour la démocratie.
Permettez, M. le Président, que je donne lecture à cet extrait de
texte : L'éducation, c'est un bien public, elle concerne tout le monde. Que la population en général ne s'y intéresse pas suffisamment,
comme l'illustre la faible participation aux élections scolaires, chacun en conviendra. Au lieu de renforcer l'exercice de la démocratie
locale, le projet de loi n° 40 discrédite ceux qui se dévouent au service de leurs concitoyens et déresponsabilise
la population face aux enjeux de l'éducation.
Et justement, M. le
Président, parlons de celles et ceux qui se dévouent au service de leur population.
J'ai été estomaqué, voire blessé, M. le Président, à entendre il y a quelques semaines le ministre de l'Éducation parler
des commissaires scolaires, des élus scolaires comme étant des personnes
qui sont tout simplement en attente, en attente pour pouvoir devenir députés. Et je pense... je crois
qu'à défaut d'être un égarement de la part du ministre, en faisant de
pareilles affirmations, c'est une
méconnaissance totale de ce que c'est qu'un commissaire scolaire, c'est
une méconnaissance totale, c'est absurde, M. le Président.
Vous
allez me permettre, M. le Président, puisque, les commissaires scolaires, j'en
connais plusieurs dans plusieurs
commissions scolaires, des femmes et des hommes, vous allez me permettre, M. le
Président, de rendre hommage à quelques-unes ou quelques-uns d'entre eux. Que ce soit au niveau
de la commission scolaire de Montréal, la commission
scolaire de la Pointe-de-l'Île, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, la
commission scolaire de Laval, j'en connais plusieurs, de ces femmes et de ces
hommes. Je pense à Diane De Courcy, ancienne présidente de la CSDM, ancienne
élue en cette enceinte, qui a été députée de Crémazie, je crois, qui a été
présidente de la CSDM, je pense à Keder Hyppolite, ancien
commissaire scolaire, je pense à M. Antonio Urlea, commissaire scolaire à
Montréal-Nord, M. Henri-Robert Durandisse,
commissaire scolaire à la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île,
Robert-André Alexandre, commissaire
scolaire à la commission scolaire de Laval, Mme Lia Campese, commissaire
scolaire à la commission scolaire de
la Pointe-de-l'Île, Mme Carmelle Gadoury, ancienne commissaire scolaire à la
commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, M. Kenneth George, commissaire scolaire actuel à la commission scolaire
de Montréal, M. Mohamed Maazami, commissaire scolaire actuellement à la
commission scolaire de Montréal.
Dans
le cas de Mme Carmelle Gadoury, M. le Président, c'est une femme qui a donné
des décennies de sa vie comme commissaire scolaire, c'est une mère de
famille qui a passé plus de 35 ans comme commissaire scolaire, qui a été
dévouée, dédiée comme commissaire scolaire. Dans le cas de M. Kenneth George,
il a été commissaire scolaire plusieurs
décennies aussi, plusieurs décennies, prof d'université, mais il a choisi aussi
de s'engager dans sa collectivité, dans
sa communauté. Il ne se cherche pas une job, M. le Président, il ne voulait pas
devenir député, M. le Président. C'est une façon pour lui de redonner à
sa collectivité, de s'engager dans sa communauté.
Je
vous disais tout à l'heure, M. le Président, que, pas plus tard qu'hier, deux
commissaires scolaires qui se sont présentés ici, qui ont accompagné quelque
cinq classes, cinq à six classes d'élèves, d'enfants... Ce n'est pas pour
un salaire, M. le Président, ce n'est pas
des personnes qui veulent devenir députés, dont une d'entre elles, d'ailleurs,
m'a confié qu'elle a siégé au Conseil
supérieur de l'éducation avec l'actuel ministre de l'Éducation. Vous voyez, M. le Président, ce sont des
femmes et des hommes dédiés à leur collectivité. Donc, leur prêter des
intentions carriéristes révèle, selon moi, une aberration. Ce n'est
nulle autre chose qu'une aberration.
M. le Président, je vais vous parler de deux autres commissaires scolaires,
M. Kenneth George et M. Mohamed
Maazami, qui sont à la commission scolaire de ma circonscription, celle de Viau. Ce sont deux personnes...
J'ai eu l'occasion de leur rendre hommage,
mais je veux leur rendre hommage à nouveau. C'est important pour moi de le
faire, parce que, ces personnes-là,
je les connais, je sais au quotidien le travail qu'ils font au sein de la commission scolaire, auprès des écoles, auprès des centres d'éducation des adultes, auprès
des centres de formation professionnelle, dans la collectivité, dans le quartier aussi. Lorsqu'il y
a un enjeu qui touche un tant soit peu les responsabilités de la commission scolaire, ils sont présents
sur le terrain. Ils sont présents avec les acteurs de la collectivité pour faire avancer des dossiers.
Et je veux leur témoigner de tout mon appui
et je veux les remercier pour le travail qu'ils font, qu'ils ont réalisé dans
le quartier Saint-Michel de la
circonscription de Viau depuis des décennies, depuis des années et qu'ils
continuent encore à faire. Donc, je veux les remercier.
M.
le Président, un autre enjeu, un autre enjeu qui a été soulevé pas plus tard
que ce matin, lors des débats, ici, en cette
enceinte, c'est l'enjeu de la centralisation des pouvoirs du ministre. Voilà un
ministre qui nous disait, et notamment dans son livre Si on
réinventait l'école, que, pour lui, il fallait tisser des liens, qu'il
fallait que l'école tisse des liens, qu'il
fallait mettre les parents, mettre l'école au coeur des priorités. Mais ce que
le ministre fait en réalité dans son projet de loi, M. le Président, c'est de se donner des pouvoirs. Et je pense
que la démonstration a été savamment faite ce matin, M. le Président,
par la députée de Saint-Laurent lors de la période de questions.
Un
autre enjeu, M. le Président, qui nous touche encore, ce projet de loi vient
permettre de modifier les notes des élèves.
Voilà un gouvernement qui, lorsqu'il était dans l'opposition, décriait,
condamnait, dénonçait le fait qu'on puisse avoir des majorations de notes, et ce gouvernement vient, à travers ce
projet de loi, confirmer la possibilité qu'on puisse majorer des notes. Inacceptable, M. le Président,
inacceptable. C'est ce genre d'attitude qui crée le cynisme, M. le Président.
C'est ce genre de comportement qui crée le cynisme, M. le Président.
Inacceptable.
Un autre
enjeu, M. le Président, c'est un projet de loi qui retire le concept de
territoire de commission scolaire afin
de permettre d'inscrire un enfant dans un établissement autre que celui sur son
territoire, risquant ainsi de créer des poches de défavorisation. Parlons-en, de
défavorisation, M. le Président. En matière de défavorisation, je m'y connais
un peu puisque non seulement je
représente une circonscription où il y a des poches de défavorisation, une
circonscription riche mais où il y a
des poches de défavorisation, mais j'ai aussi, avant d'être dans cette
enceinte, travaillé pendant plusieurs années
avec plusieurs clientèles défavorisées. Ce sur quoi nous nous attendons à ce
qu'un gouvernement s'attarde quand vient
le temps de lutter contre la défavorisation, c'est de s'attaquer... c'est de
donner des ressources pour les clientèles en difficulté. C'est ça, les besoins, les besoins qui sont réclamés par
les commissions scolaires, par les écoles, par les gens qui travaillent
dans les écoles, qui travaillent auprès de ces clientèles-là.
Dans
plusieurs commissions scolaires, je pense entre autres à la commission scolaire
de la Pointe-de-l'Île, je pense entre
autres à la commission scolaire de Montréal, je pense aussi à la
English-Montréal, je pense aux commissions scolaires anglophones, je pense
aussi à des commissions scolaires de la couronne, commission scolaire de Laval,
ce sont des commissions scolaires qui sont aux prises maintenant, parfois, par
moments, particulièrement avec des clientèles pour lesquelles ils ont besoin de ressources
additionnelles. Ces ressources se font toujours attendre, M. le Président. Il
n'a jamais été demandé au ministre de jouer dans les structures. On a
demandé au ministre des ressources.
M. le Président, je ne suis pas le seul
aujourd'hui à décrier ce projet de loi. Lors des consultations, plusieurs groupes... Et je suis ébahi, M. le Président, de voir cette attitude à banaliser la position de groupes importants,
dans le secteur de l'éducation et dans la société québécoise, qui ont décrié et qui continuent encore à
décrier ce projet de loi. Au coeur...
Parmi ces groupes, la FAE, la Fédération
autonome de l'enseignement, la CSQ, les regroupements de commissions scolaires, beaucoup de groupes, M. le Président.
Vous comprendrez que, pour moi, comme député de la circonscription de Viau, où j'ai eu à plusieurs occasions
l'opportunité, la chance de me tenir debout pour rappeler les besoins de cette circonscription, ce projet de loi ne répond
nullement aux besoins exprimés par le milieu de l'éducation de ma circonscription,
par les familles de ma circonscription et notamment, aussi, par les jeunes de
ma circonscription. Et, pour cela, M. le Président, je m'y opposerai. Merci, M.
le Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Viau.
D'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Je suis très content que le député de La Peltrie
était parmi nous aujourd'hui, parce qu'hier... C'était hier, ou
peut-être mardi, qu'il a parlé sur le projet de loi n° 40, puis il a fait
une blague, que, concernant des élus, ils
sont capables de faire le pointage avec juste leurs familles grâce au fait que
seulement 4 % des gens votent
dans les élections francophones pour des commissions scolaires. Alors, j'étais
fâché un petit peu parce que, pour moi, je crois toujours dans tous les
niveaux de démocratie dans notre société.
Et j'ai
commencé de réfléchir un petit peu c'était qui, le premier élu d'une commission
scolaire que j'ai rencontré dans ma
vie, et c'était Ralph Tietjen. Et Ralph Tietjen, c'était la première personne
que j'ai voté pour en 2003 comme un
élu scolaire. Et je me souviens que M. Tietjen a frappé sur ma porte, la porte
de maison de mes parents, mais on a discuté un petit peu les enjeux concernant la commission scolaire de Lester-B.-Pearson.
Il a présenté un petit dépliant avec ses points, ses argumentaires. Alors, j'ai dit : O.K. Bien, lui veut
que... Il a lutté pour mon vote. Alors, j'ai dit : Ah! je vais aller voter pour M. Tietjen. Puis M. Tietjen
a demeuré un élu pour environ cinq ans. Il était toujours présent sur le
terrain. C'est vrai que c'était un
voisin de notre famille. Il a habité juste à côté. Mais, quand même, il a fait
le porte-à-porte dans notre coin puis il a gagné ses élections deux
fois.
Mais je pense
que c'est important, comme mon collègue le député de Viau a fait, de juste
rappeler qu'il y a des élus qui sont vraiment, pour le niveau scolaire, présents
sur le terrain, dans les commissions scolaires anglophones et francophones. Et, si je parle quand même ici, à
Québec, j'ai rencontré plusieurs fois Jean Robert, qui est présentement sur la
commission scolaire le Centre-de-Québec. Il est aussi associé avec le cégep de
Champlain, et tout ça. Mais c'est quelqu'un
qui est vraiment impliqué dans le milieu d'éducation. Puis c'est lui qui... La
première fois quand j'ai commencé le travail comme un attaché politique
ici, à Québec, c'est une des premières personnes que j'ai rencontrées dans mes fonctions qui m'a expliqué la réalité de la
commission scolaire de Centre-de-Québec et certains défis. Alors, quand même,
moi, je n'étais pas un élu, je n'étais pas
attaché nécessairement, je n'étais pas quelqu'un qui a travaillé pour un député
à Québec, mais, quand même, c'était quelqu'un
qui était toujours présent aux différentes activités pour défendre la
commission scolaire, mais aussi d'avancer des choses.
Si je
regarde, quand même, juste dans mon comté, les élus sont souvent présents. Un
des premiers dossiers que j'ai traités comme député, c'était avec
Mme Sonia Gagné-Lalonde, qui représente le district de Baie-D'Urfé, Senneville et Beaconsfield, dans mon comté,
pour la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Puis on a travaillé sur un
enjeu qui touche l'école Joseph-Henrico. C'était une question des
classes à l'extérieur de l'école. Mais, bref, un des premiers courriels que j'ai reçus comme député, c'était un
parent qui a eu un enjeu avec l'école. Alors, j'ai dit: Bien, je vais aller
parler avec Sonia. On a travaillé ensemble.
On a présenté une solution à la commission. Puis le dossier a été réglé, puis
les parents étaient contents. Tout le monde a dit: Bien, Greg, on est
contents qu'on a toi à Québec, mais aussi qu'on a une bonne personne comme Sonia, qui est sur le terrain et est prête à
travailler avec nous pour régler certains enjeux.
Si je regarde, si je pense à la
commission scolaire Lester-B.-Pearson, Eric Bender was another person who I met right in my initial duties. We
ran a great event at Dorset Elementary School, in my riding, where the students
were doing story times, so you act
out a story. And it was really fine, it was really cute. But right there, I
spoke to him, and he was just telling
me what was going on in his district. And there is currently on the table an
issue with... not Dorset School itself, but with the border, where it sits right now. There are some residents
of the municipality of Baie-d'Urfé that have to send their kids to a
school which is in Beaconsfield. And, if we could just move that small block
into Dorset, it would just be more accommodating to all the children. So, we spoke about that, we
spoke about that with the mayor, and the school board, currently, is working on a way to try to find a... to make a
modification to the limitations of that school to allow everyone in Baie-d'Urfé to have access to the same
elementary school. So, again, it was a good resource to have Eric there
to kind of present the problems, to have the
mayor not too far behind us either on this issue... heard from a few citizens
about it. So, again, a good example of local democracy in action and a
local democracy working well.
Of
course, you know, I have the fortunate chance to talk with Noel Burke, the head
of Lester-B.-Pearson and... aussi avec Diane Lamarche. Quand je dois présenter
un enjeu, je sais que les deux ne sont jamais... pas loin. C'est juste :
je prends le téléphone, puis j'appelle, puis
on traite des choses ensemble. C'est très important pour moi, comme un élu,
de toujours avoir ce niveau de gouvernance
qui est présent. Parce que je suis un petit peu d'accord, si on enlève ça puis
si on donne plus de pouvoirs au ministre
ici, à Québec, le ministère ici, à Québec, c'est sûr que plus de dossiers vont
juste tomber sur notre pupitre, notre bureau. Ça va être nous qui vont
être obligés de gérer ça tout seuls. Moi, je préfère de travailler en collaboration avec quelqu'un qui est toujours présent aux
différentes rencontres pour la commission scolaire. Et je sais que cette personne-là était quand même
élue par des citoyens de mon comté, alors je trouve que ça, c'est important.
Et je pense que ça doit rester et demeurer comme
ça pour les francophones. Je sais qu'il y a toujours un droit, maintenant, dans la loi, d'un vote que le ministre
a ajouté dans son projet de loi. Alors, ça, c'est juste une chose, mais,
quand même, je pense que ce droit doit exister aussi pour les francophones.
Quand même,
le ministre a parlé d'un compromis qu'il a fait avec la communauté concernant
le droit de voter des commissions
scolaires, mais, pour moi, il n'y a jamais eu une question de faire un
compromis. Nous avons des droits, point final.
There's no going around it, they're
there. In the Constitution, they're clear-cut. So, I'm not too sure who he made a deal with, maybe with the
civil servants, the lawyers at the Education Ministry. But for me, when I heard
that, I said : This was never a
question. But I will recognize the fact that the Minister, he has been
listening, he seems to be open to try
to collaborate. That's what we do here in the Opposition, that's what we're
going to do when it comes to asking questions in the next few weeks, when we are revising this bill to make sure that
all the elements of the legislation... We're, of course, going to vote against it, but then we're going to
try to make it as acceptable as possible, and that's our job on this side.
But
I just wanted to point to that fact that there are still lots of work to be
done. Because, if I look at what the experts said when they came to the commission to testify
on these matters, they weren't so sure that this bill passes the constitutional
test. I'm not going to sit here and pretend
I'm a judge, but I'm going to listen to what the experts in the community have
to say about it. So, that's something that,
obviously, we're going to follow very, very closely. And I'm not the only one
who has spoken on this matter. The other
parties of the Opposition have raised these concerns as well. So, I think that,
again, Mr. Speaker, it's something that we really do have to keep a close eye
on.
Je sais que
ce n'est pas possible de consulter chaque groupe concernant un projet de loi,
mais, quand même, je sais que notre
leader a demandé pour les consultations le plus large possible, de laisser,
nous, le temps de consulter avec tous les
citoyens dans tous les coins du Québec, tous les groupes. Le leader du
gouvernement n'a pas accepté notre demande. Ça, c'est leur choix. Je
sais que, quand même, ils ont fait une consultation où plusieurs groupes
étaient présents ici, à l'Assemblée
nationale. Mais, quand même, des personnes étaient laissées de côté, n'étaient
pas capables de présenter leurs mémoires,
et leurs visions, et leurs... Même, certaines personnes qui appuient le projet
de loi et les personnes qui sont contre n'ont pas toutes eu la chance de
parler devant nous, devant les parlementaires sur cet enjeu-là.
• (15 h 30) •
And that's
why yesterday APPELE-Québec decided to have sort of a consultation on their own for the groups that were left out. So, I wanted
to take this opportunity... because they were communicating us through Twitter,
so, please, stand by with me while I
kind of scroll through this. But I did want to make sure that all these groups
are heard here, in Québec city.
So, some good quotes here. If I take,
as I was mentioning, Noel Burke : «...if it ain't broke, don't
fix it.» I like that one.
There
is another one here : «Minister Roberge sees the proposed new service
centres as a hybrid between a CEGEP and a corporate
board. That's troubling.» Once again, that is Noel Burke, V.P. of QESBA and also the head of
Lester-B.-Pearson.
«When
I hear the word "service centres"? You're not going to Canadian Tire
to get tires changed. You're going to get a good dose of cultural exchange with your community.» That was
Sylvia Martin-Laforge, the executive director at the
QCGN.
«You
can't talk about education without talking about community.» That was Dr.
Clarence Bayne, who was very involved in the Black English-speaking community of Montréal and of Québec. He went on
to further add, Dr. Clarence Bayne and Mr. Alix Adrien, from
the Black Community Resource Centre, on Bill 40 : «The school boards, in
have been working to
build a climate of collaboration. The current platform works. We're not
convinced that Bill 40 will improve on this.»
There
was Rachel Hunting, the executive director at the Townshippers
Association : «This will have a negative impact on the vitality and
identity of the English-speaking townshippers. Where is the data that outlines
that these changes will have a positive impact on
student success?»
Holly
Hampson, executive director of the Québec
Association of Independent Schools, on Bill 40 : «Stakeholder involvement is
key. Bill 40 is moving in the opposite direction.»
Walter Duszara, the former
director general of the Eastern Townships School Board, on Bill 40 :
«Minister is saying : We have the answers from on high. We'll come in and
do what we want [when we want].»
John
Buck, the CEO of CEDEC, which works on the economic development of the
English-speaking community across this province : «The school system is at the heart of the
English-speaking community in Quebec, especially in rural areas. School
boards do a phenomenal job of preparing students to face the challenges of a
transformational world.»
Anna Farrow, the executive director of English Speaking
Catholic Council : «Bill 40 and the Minister want to strip away [...] things that
make schools unique and representative of [that] community and make them more
uniform and more governable. It is shocking.»
So,
again, the Black Community Resource Centre : «We'd lose the ability of our
school boards to make resources more easily available
to the Black community.»
So,
these are some quotes that were twitted out yesterday, when they were having
this consultation. I just thought that today it was important that I continue to
reiterate some of those important points that members of the English-speaking
community wanted to make and were not able
to make that in the House because they were not invited to come and participate.
Like, again, I said, I understand that was
the Government's choice. It was not necessarily the Minister who made that.
So, I hope that he hears those comments loud and clear.
Mr.
Speaker, I'm going to continue on this theme a little bit because the Eastern Townshippers Association did present a
memoir, they sent it in to the National Assembly, so
I think it's important.
There is a very significant
English-speaking population in
the Townships. The schools, of course, are quite separated. We have a lot of kids who end up spending hours on buses, to
and from. There is a lot of particular challenges with those school boards. But the schools remain
at the heart and the vitality of the community for many people who... You know, whether it'd be farmers' kids, whether
it'd be people who work at the local hospital, I mean, it's what kind of
brings everybody in the English-speaking community in the regions together.
So,
concern No. 1 : Bill 40 relies to a very narrow definition of community
representation and places significant pressure on
English-speaking Québec
parents. So that was the first one.
Concern
No. 2 : there is no literature review or longitudinal studies that present
evidence and support of structural changes proposed in
Bill 40 positively impacting students' success.
Concern
No. 3 : Bill 40 does little, if anything, to alleviate the costs
associated with elections, nor does it act to ensure
the accuracy of the electoral list linked to the English language public
education system.
Concern No. 4 : the
centralisation of power and potential for forced mergers.
Concern
No. 5 : Bill 40 will have a negative impact on the vitality and
identity of English-speaking community in the
Eastern Townships.
So,
those are some points that were made by the Townshippers Association, and again, like I said, I thought it was an appropriate moment to take the time here today to reiterate how
some of the members of the English speaking community feel about this bill who
were not able to come here and express their opinion.
Lundi soir, M. le Président, j'ai lancé un conseil avec des jeunes dans le comté de Jacques-Cartier puis j'ai vraiment
laissé eux autres de me poser des questions et de parler des enjeux qui étaient
importants pour eux autres. Puis c'est intéressant. La première chose qu'ils m'ont parlé, c'étaient beaucoup
des élèves qui viennent des écoles secondaires de St. Thomas, Lindsay Place, BHS, c'était
sur les réformes majeures présentement dans le réseau de Lester-B.-Pearson. La commission
scolaire regarde des options de faire
certaines fusions des écoles. Et c'est fascinant, M. le Président, parce que ces
élèves-là étaient tellement fiers de leurs écoles. Ils disent : Non,
non, non, je ne veux pas déménager. Moi, je suis un Zulu de St. Thomas. Je suis fier de mon école. Je suis un Knight
de St. Thomas. Je suis fier d'être un Bison de BHS. Je suis fier...
Alors, j'ai
dit : O.K. c'est une chose. Mais ils ont dit : Peut-être,
pour nous, on va aller au cégep l'année prochaine, mais, pour les élèves qui sont là, on trouve que
c'est un changement majeur, puis il
faut toujours garder pas juste
l'esprit, mais la réalité que les
gens sont tellement fiers de leur institution, de leur école. Et tous ces... mais pas tous, là, je
m'excuse, mais une couple des élèves, excuse-moi, des jeunes sur le
conseil ont participé à la consultation publique concernant la fusion de
certaines écoles puis ils ont été capables d'exprimer leur opinion, leur
déception aussi, que les décisions arrivent...
la consultation, je ne dis pas que c'était... ce n'est pas bidon, mais le fait
que la décision, ça semble déjà être prise avant que la consultation ait été
lancée. Mais, au minimum, les élèves étaient très contents qu'au minimum des
élus de la commission scolaire étaient présents d'écouter leurs préoccupations. Il a dit : Bien, j'ai parlé avec quelqu'un qui est un
élu, j'ai trouvé ça intéressant. Ils ont dit : C'est vrai, peut-être qu'on
peut modifier des choses.
Alors, ça,
c'est aussi un autre exemple de comment je pense que, dans chaque
coin, des élus et des commissions
marchent bien. Ça fonctionne, c'est un niveau de démocratie qui est important, et il faut protéger ça. «If it ain't broke, why fix it?» As
Noel Burke said yesterday. I think it is a pretty good quote.
But,
I do want to come back on something which I'm launching. This is a challenge to
the Government. It was a
challenge on our side. But the electoral list that exists currently for school
board elections, particularly for the English speaking
community, they really... it's quite difficult to get yourself on the list and
to sort them out. There are a lot of factors
behind that. I remember sitting down with my colleague from Notre-Dame-de-Grâce with the DGEQ to talk about it, and
there is no simple quick fix. But it is Government's plan to maintain elections for the English
speaking community, it's certain that the Minister is going to have to take that up. He might also need the
assistance of his colleague the Minister
responsible for Canadian Relations and... I just still can't... anyway. But, he will probably need
the help of his colleague to just make sure that the Government sits down and make sure that
whatever lists are brought up with the DGEQ, that they are revised properly.
And I really do encourage the Minister to make sure that he sits down with the
community as well to make sure that list is done properly and they are able to
make sure that everyone who wants to participate in our democracy is able to do so.
• (15 h 40) •
Un autre
élément, je veux juste qu'on regarde des possibles réformes pour augmenter le
taux de participation dans les élections, c'est de fusionner ça avec les
élections municipales. Dans les autres juridictions dans le reste du Canada,
et je veux juste citer des exemples, mais la
démonstration a été faite que, quand les deux sont faites en
même temps, il y a une forte augmentation de
participation dans nos élections. Alors, encore, c'est peut-être quelque chose
qu'on peut réfléchir sur pendant
l'étude détaillée, mais je dis que, dans les autres provinces, ça a bien
fonctionné. Puis on n'a pas vu beaucoup
de plaintes, des gens dire : Bien, des gens sont complètement mêlés entre
les élus des différents piliers du gouvernement. Je n'ai pas vu beaucoup d'articles sur cet enjeu-là. Alors, je suis
convaincu que c'est peut-être toujours une option pour le Québec pour
augmenter la participation dans nos élections pour les commissions scolaires.
So, just to wrap this up, Mr. Speaker,
there are lots of elements in this bill that need to be studied very thoroughly. And the Government has
indicated that they're going to do closure on this bill. But, when we look
inside the bill at the dates that
they're looking for to abolish school boards, it's coming very quickly. This is
the largest change to school system since
we changed from religion to linguistic. It's a big deal. I think Quebeckers
want their parliamentarians to have the time to properly study the bill and to make sure that it is well
explained to everyone and they understand what's going on. So, I hope
that this Government will allow parliamentarians in due time to study this bill
properly. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Écoutez, vous savez comme moi, vous devez suivre
l'actualité autant que moi, j'imagine, et vous connaissez les défis de notre
réseau d'éducation en ce moment. On a des écoles qui manquent de places,
en particulier en milieu urbain. On a des écoles qui sont à risque de
fermeture, en particulier dans les petites communautés.
On peine à répondre à la demande pour offrir des services aux élèves avec des
besoins particuliers. Et les personnes
qui tiennent le réseau de l'éducation à bout de bras se sentent dévalorisées et
quittent le milieu dans une proportion vraiment effrayante, au point où on a de
la misère à s'assurer que chaque classe va avoir un titulaire en début d'année
scolaire ou qu'on n'arrive à... pas à trouver des remplaçants lorsque les
enseignants doivent s'absenter.
Pourtant, ce
qu'on voit en ce moment, c'est un ministre qui décide de se lancer dans un
brassage de structure. Et c'est assez
étonnant parce que ce n'est pas à cause de la structure actuelle qu'on a autant
de défis dans le réseau de l'éducation, c'est en bonne partie à cause du sous-financement des dernières années
et aussi à cause du fait que la société a changé depuis 50 ans, les profils des élèves aussi ont changé, et le
système d'éducation ne s'est pas adapté à ces changements-là.
Alors,
malheureusement, au lieu de s'assurer que toutes les ressources du réseau sont
consacrées à répondre aux besoins des élèves et à favoriser leur réussite, on a
un ministre qui veut lancer le réseau dans un brassage de structure qui va faire diversion sur les besoins réels pendant
des mois, voire des années, comme on l'a vu la dernière fois où il y avait
eu des fusions dans les commissions scolaires.
C'est quoi,
les prétextes avancés pour ce brassage de structure là? Le ministre nous dit,
bon, qu'il y a des problèmes de gouvernance dans certaines commissions
scolaires. Dans certains cas, c'est le cas, effectivement. Il y a des cas qui ont été révélés. Mais pourtant il y a des
mécanismes qui existent déjà pour résoudre les problèmes de gouvernance, comme
la mise sous tutelle, par exemple, et le
ministre n'a qu'à les utiliser quand il estime que c'est justifié et il n'a pas
besoin de réformer la gouvernance pour ça. D'ailleurs, la mise sous
tutelle, c'est une mesure qui est parfois prise pour des institutions qui sont gérées par un conseil
d'administration. Alors, même avec un conseil d'administration, les centres de
services scolaires ne seront pas à l'abri
des problèmes de gestion, et le mécanisme pour y remédier, si ça se produit, va
être exactement le même que celui qu'on a en ce moment, la mise sous
tutelle.
Mais, visiblement, le pouvoir de mettre les
commissions scolaires sous tutelle ne suffit pas au ministre de l'Éducation parce qu'il souhaite s'approprier
davantage de pouvoirs. On se souvient qu'il a beaucoup insisté sur l'idée
qu'il voulait donner plus de pouvoirs aux
personnes qui connaissent les élèves par leur nom, et ça, sincèrement, je pense
que c'est une idée qui fait l'unanimité ici,
mais, par contre, ça ne suffit pas de dire qu'on veut décentraliser pour que ce
soit vrai. Et, dans ce cas-ci, quand on lève
le voile sur l'idée de décentralisation dont on nous parle, ce qu'on constate,
c'est que le projet de loi, c'en est un de
centralisation. Et même à la lecture des notes explicatives, on le constate
tout de suite, il y a une énumération des nouveaux pouvoirs du ministre, mais
il n'y a absolument rien, dans les notes explicatives, en ce qui concerne les nouveaux pouvoirs des
autres personnes que le ministre, comme les directions ou les enseignants,
par exemple. Et, vous savez, M. le Président, moi, je ne suis pas députée
depuis très, très longtemps, mais j'ai quand même
déjà l'étude de quelques projets de loi à mon actif. Et, normalement, les
objectifs fondamentaux des projets de loi, ils sont nommés dans les
notes explicatives, c'est précisément à ça que ça sert. Donc, si le ministre
avait vraiment comme objectif de donner plus
de pouvoirs à d'autres personnes qu'à lui-même, eh bien, il a oublié de
l'inscrire dans les notes explicatives. C'est dommage.
Bon, je vais dresser une liste des pouvoirs que
le ministre s'attribue, en voici quelques-uns : déterminer les objectifs ou les cibles portant sur
l'administration, l'organisation ou le fonctionnement d'un centre de services,
demander au centre de services de
transmettre aux parents ou au personnel des documents, autoriser l'acquisition
d'un immeuble ou le consentement au
démembrement du droit de propriété d'un immeuble du centre de services, faire
un règlement sur les élections des membres du conseil d'administration, annuler
une décision prise par une commission scolaire rétroactivement jusqu'au 1er octobre 2019, donc une décision
prise par des élus, faire un règlement sur les normes d'éthique et de déontologie des membres du C.A., déterminer le
contenu de la formation que devraient recevoir tous les élus des conseils
d'établissement et des conseils
d'administration des futurs centres de services scolaires, déterminer le
contenu et la forme des rapports
annuels des centres de services scolaires et des conseils d'établissement,
autoriser les travaux de construction ou de rénovation majeure des
immeubles lorsque le coût total estimé du projet est supérieur aux montants qui
sont déterminés par lui-même, imposer
unilatéralement par décret toute modification au territoire des commissions
scolaires, exiger des regroupements de ressources et de
services entre les centres de services ou avec d'autres partenaires,
dont les établissements privés d'éducation.
Vous conviendrez que c'est une assez longue
liste. Le ministre, il va même jusqu'à se conférer de façon exceptionnelle des pouvoirs sans limites de
réglementer sur les objectifs du projet de loi. Avec l'article 310, il
pourrait prendre par règlement toute
mesure jugée utile à l'application de la loi. Il devient encore plus puissant
que le député de La Pinière ne l'était avec sa réforme du système
de santé.
Et, pendant
ce temps-là, les seuls nouveaux pouvoirs des conseils d'établissement, c'est
des choses comme adopter les règles
de fonctionnement des services de garde, pouvoir exiger que la direction
transmette des documents aux parents, adopter
le plan de lutte contre l'intimidation et la violence, alors qu'auparavant ils
l'approuvaient. Donc, ça, ce que ça veut
dire, c'est qu'il va pouvoir le modifier, tout simplement. Et d'ailleurs c'est
critiqué par un des seuls groupes qui appuient le projet de loi, cette modalité-là en particulier. La Fédération
québécoise des directions d'établissement d'enseignement nous dit que ça, les conseils d'établissement ne
devraient pas pouvoir toucher au plan de lutte à l'intimidation. C'est les
directions qui devraient avoir le pouvoir
sur les sanctions disciplinaires. Donc, on s'entend que, finalement, ce n'est
pas tant de pouvoirs que ça pour des autres personnes que le ministre.
Les
enseignants, eux, qui sont vraiment les personnes qui connaissent les élèves
par leur nom, je pense qu'on peut tous s'entendre là-dessus ici, n'ont
absolument aucun nouveau pouvoir avec le projet de loi n° 40, absolument
aucun. Et c'est à se demander de qui le
ministre parlait quand il avait en tête les personnes qui connaissent les
élèves par leur nom, si ce n'est pas
des enseignants. Et juste ça, ça serait probablement assez pour se sentir trahi
parce que ça ne répond pas aux
attentes que le ministre avait créées lui-même, hein, le fait qu'il n'y ait pas
de nouveaux pouvoirs pour les enseignants. Mais, en plus de cette absence de nouveaux pouvoirs, le projet de loi
est une attaque directe à l'autonomie professionnelle des enseignants.
L'article 34, par exemple, permet aux
directions de majorer les notes. Et ça, c'est fascinant parce que, dans l'opposition, le ministre avait déchiré sa chemise
contre la possibilité de gonfler les notes de certains élèves. Et même récemment, le printemps passé, il voulait que soit
respectée l'autonomie des enseignants. Et il avait raison à ce moment-là.
Et pourtant, à l'article 34, il inscrit
lui-même, à moins que ça ne soit pas lui qui l'ait inscrit, il inscrit dans la
loi la possibilité pour les directeurs d'école de majorer les notes. Et
seulement pour majorer les notes, là, pas pour les baisser.
Donc, moi, je
pense que le ministre devrait faire confiance aux enseignants et les laisser
travailler en paix. La seule personne
qui est en mesure de donner une note à un élève, c'est la personne qui lui a
enseigné et c'est la personne qui l'a évalué. Et cette personne-là,
bien, c'est l'enseignant. Et, dans aucun autre réseau, le réseau collégial ou
le réseau universitaire, par exemple, on ne
tolérerait que quelqu'un modifie la note ou que la direction modifie la note,
même après consultation d'un
professeur. Donc, imposer ça aux enseignants du réseau scolaire, c'est
inacceptable et c'est un retour en
arrière qui est vraiment très malheureux de la part du ministre. C'est un
désengagement de sa part envers l'autonomie professionnelle des
enseignants.
Une autre attaque majeure, c'est
l'article 133, qui impose aux enseignants des formations obligatoires,
sous peine de sanctions, alors que pourtant
les enseignants suivent déjà beaucoup de formations. Et, quand on leur demande
c'est quoi, les obstacles les plus fréquents
à suivre de la formation continue, ils nous disent, dans une proportion de
85 %, le manque de temps, la surcharge de travail ou l'inutilité de
la formation dans une proportion de 81 %.
Donc, je
pense que c'est assez clair ici que le problème, si le ministre veut que les
enseignants suivent davantage de formations, c'est qu'il devrait leur
libérer du temps. Il devrait s'assurer qu'ils ont des conditions de travail qui
leur permettent d'aller suivre des formations. Et, en ce qui concerne
l'inutilité, ça me semble assez clair que, pour qu'une formation soit pertinente et utile pour l'enseignant, bien, il faut
qu'il l'ait choisie lui-même et que ça réponde vraiment à ses besoins. Donc, les enseignants doivent
rester maîtres d'oeuvre de leurs activités de formation. Ils ont des besoins
différents. C'est à eux de choisir ce sur quoi ils veulent se perfectionner.
Une troisième
attaque envers les enseignants, qui, je le rappelle, s'attendaient à avoir plus
de pouvoirs avec ce projet de loi là, pas à en perdre, eh bien, ils ont
perdu la parité au conseil d'établissement.
Donc, les
enseignants sont tellement insultés qu'ils sont déjà plus de 6 000 à avoir
envoyé une lettre au ministre pour
lui demander de reculer sur le projet de loi n° 40. Ils ont même fait un
sit-in hier, on en a parlé abondamment ici. Donc, je pense que, clairement, pour l'avenir du réseau d'éducation, qui
est porté notamment par les enseignants, le ministre de l'Éducation
devrait s'arranger pour parler avec eux et être à l'écoute de leurs
revendications.
• (15 h 50) •
Mais il n'y a
pas que les enseignants qui sont insultés, il y a aussi les parents qui suivent
ça de très près, le dossier du projet de loi n° 40.
Et là le ministre nous dit qu'il veut valoriser leur participation. Et ça,
c'est intéressant a priori, mais le projet de loi, finalement, essaie
plutôt de faire des économies sur leur dos.
Donc, on
compte sur l'engagement bénévole des parents pour administrer des centres de
services qui vont gérer ensemble un
budget global de 11 milliards et 150 000 employés. Et ça, c'est
énorme. C'est quelque chose qui demande du temps. Et les élus scolaires ont d'ailleurs plusieurs rencontres par
mois, ils ont un agenda très chargé, et pourtant, dans le projet de loi, on prévoit qu'il y aura
10 réunions du C.A. par année, 10. Moi, quand je dis ça à des élus
scolaires, parce que j'en rencontre
régulièrement, la plupart, ils partent à rire parce que ça ne correspond pas du
tout à leur réalité. Des fois, ils en ont 10 par mois, hein?
Alors, il y a
deux possibilités. Ou bien on manque de respect aux parents en les condamnant
au «rubber stamping», hein, parce que
ce n'est pas vrai qu'avec 10 réunions par année ils vont être en mesure de
prendre toutes les décisions au
conseil d'administration, ça veut dire que les directions... le directeur
général, excusez-moi, ou les cadres, par exemple, vont probablement
prendre les décisions parce qu'elles ne pourront pas attendre aux prochaines
réunions s'il y en a seulement une par mois.
Donc, ce que ça veut dire, c'est qu'elles seront prises en amont et que les
administrateurs, les parents sur le conseil
d'administration, bien, ils vont seulement approuver des décisions qui ont déjà
été prises, puis ça, c'est insultant. Si ce n'est pas ça, bien, on abuse
carrément des parents en leur donnant des jetons de présence pour 10 réunions, alors qu'ils seront finalement
beaucoup plus sollicités que ça. Et, si c'est le cas, bien, on risque d'avoir
un roulement vraiment important des parents qui siègent sur le C.A.
parce que, quand on prend un engagement qui nous demande finalement trois,
quatre, cinq fois plus de temps que prévu, ça se peut qu'on ne puisse pas
maintenir cet engagement-là, et surtout
quand on a des enfants, ce qui est une condition obligatoire avec le projet de
loi n° 40 pour siéger sur un conseil
d'administration.
Donc, dans
tous les cas, il y a une absence totale de reconnaissance que les parents qui
vont assister aux réunions du C.A.,
ils ne s'en vont pas là pour écouter un film, là, ils ne s'en vont pas là au
cinéma, ils ne s'en vont pas là juste pour regarder ce qui se passe puis
être témoins de ça, ils veulent participer activement. Et il n'y a rien qui est
prévu pour compenser tout le temps que ça va
prendre pour se préparer aux réunions, pour lire les documents en amont, pour
faire des vérifications sur le
terrain, pour préparer des questions. Il y a un manque de respect total pour ce
temps-là que ça va prendre aux parents.
Et, quand on est bénévole, on fait ce qu'on peut
à la hauteur de notre disponibilité. Parfois, c'est beaucoup et, parfois, c'est
moins. Et d'ailleurs le gouvernement le sait très bien parce que c'est
justement pour avoir les meilleurs gestionnaires
qu'ils offrent des salaires faramineux, par exemple, à Investissement Québec,
et c'est plutôt incohérent que la même logique ne s'applique pas pour le réseau
scolaire. Et, en fait, c'est même le contraire. On a un gouvernement en ce moment qui nous dit : On va diminuer le
montant donné aux personnes qui gèrent le réseau, un des réseaux les plus
importants de notre système public, en nous
disant que ça va assainir la gouvernance. Et moi, j'aimerais ça qu'on essaie
ça pour la Caisse de dépôt et placement pour
le fun, sincèrement, là, réduire le salaire des gens qui sont là en pensant que
ça va assainir la gouvernance.
Les élus
scolaires en ce moment, là, la moyenne de leur salaire, là, c'est à peu près
autour de 15 000 $, puis la vaste majorité d'entre eux gagnent
bien en dessous de ça parce que les salaires les plus élevés sont dans les plus
grandes commissions scolaires, et la plupart ne gagnent que quelques milliers
de dollars par année.
Donc, les
parents, ils savent qu'ils se font avoir. Et d'ailleurs il y a plusieurs
comités de parents à travers le Québec qui
se sont prononcés officiellement contre le projet de loi avec une résolution ou
une sortie publique, par exemple les comités
de parents des commissions scolaires de Kamouraska et Rivière-du-Loup, du
Chemin-du-Roy, des Chênes, de Rouyn-Noranda, d'Harricana, de
l'Or-et-des-Bois, la CSDM, de Laval. Et il y en a plusieurs autres qui ont
signé la déclaration d'appui à la démocratie
scolaire. J'invite les députés ici à prendre en compte que ces commissions
scolaires là, ce sont des commissions scolaires qui sont souvent sur le
territoire de leur circonscription.
Donc, outre
les enseignants et les parents qui se font clairement avoir par ce projet de
loi, on a constaté dans les dernières
semaines que les régions aussi sont pénalisées parce qu'elles vont perdre une
instance représentative de leur population. Et ça, on le sait parce
qu'on le voit en santé. Et même si le ministre de l'Éducation aime ça répété
que, contrairement à la réforme en santé, il
ne va pas nommer les directeurs généraux des commissions scolaires, bien, ça ne
change pas grand-chose parce ce qu'une fois nommé le directeur général d'un
centre de services, il devient un haut fonctionnaire
avec un devoir de réserve comme tous les autres. Et, comme c'est lui qui
devient porte-parole, bien, il n'aura pas
la liberté de parole d'un élu pour revendiquer ce qu'il faut pour répondre aux
besoins spécifiques de son milieu ou pour
contester les décisions du ministre. Il va peut-être pouvoir le faire derrière
les portes closes, mais il ne pourra plus le faire publiquement. Alors, ce qui va arriver, c'est qu'on va perdre en
transparence parce que les problèmes ne seront plus nommés publiquement,
comme on le voit en santé, où les administrations des CISSS sont toujours dans
le déni des problèmes du réseau de la santé, en train d'essayer d'éviter de
faire perdre la face au ministère.
On perd aussi
une voix précieuse pour faire valoir
les besoins des communautés locales et on la perd non seulement parce
que le porte-parole va être un fonctionnaire avec un devoir de
réserve, mais aussi parce que les membres du conseil d'administration, ils
ne vont plus représenter des territoires en particulier. En ce moment, les élus
scolaires, ils ont chacun un territoire
à représenter, comme nous ici, et ils ont la responsabilité de porter la
voix d'écoles spécifiques. Mais, avec la réforme proposée dans le projet
de loi n° 40,
ça, ça n'existera plus. Donc, on pourrait très bien se retrouver, par exemple, avec des conseils
d'administration où il y a seulement des parents de la plus grande ville d'un
centre de services. Et d'ailleurs c'est très
probable parce qu'en nombre il y aura plus de parents pour voter dans les plus
grandes villes. Et, quand on sait que, parfois, il y a plusieurs
heures de route pour se rendre au centre de services dans une commission scolaire... dans un centre de
services, bien, pour un parent bénévole, c'est beaucoup demandé.
Alors, qui va
représenter les écoles les plus excentrées? Pensez-vous que les parents qui
sont élus sur un C.A., qui sont
compensés seulement par des jetons de présence, vont parcourir des
dizaines, voire des centaines de kilomètres pour aller prendre le pouls de toutes les
écoles du territoire du centre de services? Malgré toute la bonne volonté des parents qui s'impliquent, moi, ça me surprendrait.
Et ce sont les petites communautés qui vont vraiment en payer le prix
parce qu'il risque de n'y avoir personne
autour de la table qui connaît leur réalité et qui a la responsabilité claire de faire valoir leur
voix. Et ça, pour les régions, bien, c'est la perte d'une voix puis c'est surtout
la perte d'un contre-pouvoir. Et d'ailleurs
le ministre, il ne s'en cache pas du tout, et c'est même
ouvertement affiché comme un objectif, d'éliminer la politique des décisions qui
concernent le réseau scolaire. Mais les régions sont tannées de se faire
enlever du pouvoir, elles sont
tannées de se faire enlever des voix. Et c'est très compréhensible parce qu'au
fil du temps elles ont compris que ce n'est pas dans les ministères à Québec
qu'on est le mieux placé pour comprendre leur réalité et elles ont peur de
l'application de la logique bureaucratique comptable qui risque de faire fermer
leurs écoles.
Donc, il y a
une perte de contre-pouvoir qui est vraiment problématique, mais, sur le plan de la démocratie,
il y a aussi d'autres problèmes. Le projet
de loi crée un double standard entre
les anglophones et les francophones.
Les deux vont payer une taxe
scolaire, mais il y en a certains qui vont pouvoir choisir ceux qui la gèrent
puis il y en a d'autres qui ne pourront pas. Donc, ça, c'est une violation assez
évidente du principe «pas de taxation sans représentation» et c'est de la
discrimination envers les francophones. Mais
même pour les anglophones qui conservent leur droit de vote, ils perdent
le droit de se présenter aux élections. Et il y en a plusieurs qui estiment que
ça brime le droit à l'égalité garanti par l'article
10 de la Charte des droits et libertés de la personne. Et le ministre, il
risque de nous embarquer dans des procédures juridiques.
Tout ça pour
une réforme qui ne permettra même pas de nous mettre à l'abri des problèmes de
gouvernance, on se le rappelle, hein, parce qu'un conseil
d'administration, ce n'est pas une garantie absolue que ça va bien fonctionner.
Il va y avoir sur le C.A. des représentants
du personnel qui, le jour, vont être les employés du directeur général et qui,
pendant les réunions, vont être l'employeur
du directeur général. Donc, ça, ça risque de créer des conflits d'intérêts.
Sans compter qu'après avoir critiqué
le taux de participation des élections scolaires le ministre nous propose un
modèle qui est basé sur le vote des
parents qui se présentent aux assemblées générales, alors qu'il y a seulement
2 % à 3 % des parents qui
se présentent aux assemblées générales. Alors, on va avoir des administrateurs
qui vont être élus par un nombre de personnes encore moins représentatif
qu'avant et qui, en plus, ne seront plus redevables à personne.
Alors, avec
le projet de loi, je le rappelle, les nouveaux membres du conseil
d'administration, ils vont avoir la responsabilité d'un budget total de
11 milliards de dollars chaque année et de 150 000 employés, alors
qu'ils seront bénévoles et redevables à personne. C'est particulier, quand
même. Et même l'Institut sur la gouvernance soulève de nombreuses questions sur le modèle qui est proposé et dit qu'il y a des
sérieuses failles. Et ça, ça devrait inquiéter les députés de la CAQ.
Le ministre
nous dit aussi que ça va générer des économies qu'on va pouvoir réinvestir dans
les services aux élèves. Mais
malheureusement, quand on s'intéresse un petit peu à l'histoire et qu'on
regarde ce qui s'est passé lors des dernières réformes, ça porte à croire que ça ne sera pas le cas et même que ça
pourrait engendrer des dépenses supplémentaires.
Le ministre a fait un calcul très, très
rudimentaire pour estimer les économies et dépenses engendrées par sa réforme.
Il nous dit que l'État va récupérer 10 millions par année en ne versant
plus de salaires aux élus scolaires et 12 millions
tous les quatre ans en éliminant les élections scolaires. Donc, il prévoit
économiser environ 50 millions sur quatre ans et une réforme qui va coûter 7,5 millions :
6 millions pour les jetons de présence et 1,5 million pour la
formation. Des économies de 45 millions sur quatre ans.
Mais
avez-vous remarqué qu'il ne prévoit aucun montant pour la réforme elle-même,
qui va impliquer des coûts pour le
changement de noms des organismes, par exemple l'identification des immeubles,
des véhicules, de la papeterie? Et
les dernières fusions des commissions scolaires en 1998, elles ont coûté
40 millions au gouvernement, alors qu'à ce moment-là ce qu'on avait annoncé, c'étaient des économies de
100 millions. Mais ça a plutôt coûté 40 millions à ce moment-là.
• (16 heures) •
Alors, moi,
je me méfie des chiffres avancés par le ministre, surtout avec l'historique de leurs calculs depuis un an.
Et le ministre
ne s'est appuyé sur aucune analyse claire sur les différents modes de gouvernance afin de proposer son nouveau
modèle, il n'a pas pris le temps non plus de documenter les pratiques de gouvernance actuelles. Donc, il a fait, au
final, un diagnostic sur la gouvernance sans même... il a proposé même un remède miracle
sans avoir fait d'examen de ce qui
existait en ce moment, et ça, bien, moi, ça m'inquiète beaucoup,
surtout que les élèves auraient dû être au coeur de cette décision-là et ils n'y sont pas. Et on a même retiré, avec ce projet de loi là, un siège pour les élèves au conseil d'établissement, ils en
avaient deux et on leur en enlève un. Alors que les élèves, ça devrait être le
coeur de toutes les décisions qui sont prises en ce qui concerne l'éducation,
eh bien, on vient leur enlever une voix avec ce projet de loi là. C'est extrêmement préoccupant. Et moi, je trouve
ça gênant de la part du ministre de ne pas mettre en priorité comme ça la voix des élèves dans le réseau de l'éducation.
Ils sont concernés par ces décisions-là, ils ont le droit d'y prendre part,
c'est un droit qui a été reconnu, et là, en
ce moment, on leur enlève une voix, et je trouve ça extrêmement dommage. Je
vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. D'autres
interventions? Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme Robitaille :
Bonjour, M. le Président, bonjour. Bien, c'est important pour moi aujourd'hui
de réfléchir avec vous et de parler
de ce projet de loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la
gouvernance scolaires. Comme mon collègue de Viau le disait tout à l'heure, ça
touche cette valeur qui est la nôtre, celle de la démocratie. Et je
voulais juste vous citer... je voulais vous citer Barack Obama, le
12 novembre dernier au Centre Bell, qui
disait : «La démocratie peut reculer. Ce n'est pas quelque chose qui
perdure automatiquement, ça ne va pas de
soi. Il faut la protéger, la renforcer, la cultiver vraiment.» Et, quand je
vois un projet de loi comme celui-là qui, finalement, abolit un palier
démocratique, abolit la démocratie scolaire, bien, je m'inquiète.
Et je ne suis
pas la seule qui s'inquiète. Je lisais, il n'y a pas longtemps, Michel C.
Auger... Et ce n'est pas juste ce
projet de loi là, il y a toutes sortes d'éléments ici où on a l'impression que
ce gouvernement-là élimine des contre-pouvoirs, et ça, ça va à l'encontre de ce principe-là qu'est la démocratie. Et je
voulais lire... je voulais me permettre de vous lire Michel C.
Auger. Il dit : «Un an après son élection, ce gouvernement montre assez bien
comment il entend exercer le pouvoir :
ramener le plus possible de décisions entre ses mains. Ce qui signifie éliminer
le plus possible les avis extérieurs et
les institutions qui font office de contre-pouvoirs.» Alors, il parlait du
projet de loi n° 34, évidemment, qui réduit le rôle de la Régie de l'énergie du Québec, il
parlait du Fonds vert, mais il parlait aussi de l'élimination des commissions
scolaires.
Il
dit aussi : «L'abolition des commissions scolaires procède de la même
logique de neutralisation des contre-pouvoirs. Les commissions scolaires ont été, depuis le début du mandat de la CAQ,
les principales critiques des initiatives du gouvernement en matière
d'éducation.
«Évidemment,
le mandat démocratique des commissaires d'école était faible, vu le taux de
participation famélique aux élections
scolaires. Mais cela ne justifie pas, en soi, de les abolir, même s'il s'agit
d'une vieille promesse du temps de l'Action démocratique du Québec — l'ADQ — précurseur
de la CAQ.»
Bien, c'est
important... Comme disaient mes collègues tout à l'heure, il n'y a pas de
taxation sans représentation. C'est important qu'il y ait un lien entre la
population et nos institutions scolaires, c'est fondamental. Et puis, s'il n'y
a pas le taux de... si le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de gens qui
participent à ces élections scolaires là, bien, ça peut s'arranger. On peut peut-être procéder à ces élections scolaires en même
temps que les élections municipales, par exemple, sensibiliser la population un peu plus, publiciser
l'importance que ces élections scolaires... Parce que c'est important, en
démocratie, de pouvoir, nous, les gens qui
payons des taxes, qui demandons certains services, d'avoir un petit mot à dire
et que, de l'autre côté, il y ait une
reddition de comptes. Et, quand on enlève ce niveau de démocratie
là, bien, c'est dommage, c'est plus
que dommage, je pense qu'il
faut s'inquiéter, parce que
ça fait partie de ce qu'on est, ça fait partie de nos valeurs, ça fait
partie de ce qu'est, chez nous, cette valeur-là qu'est la démocratie.
Puis en même temps, bien, imaginez, c'est ce palier-là... le palier scolaire, ces commissions scolaires là, c'est là où on retrouve le plus d'effectifs politiques féminins, hein? C'est le seul palier d'élus à majorité féminin,
je crois, et c'est souvent le
tremplin pour les femmes de se lancer en politique. Et, encore une fois, quel
dommage! Et c'est important d'avoir cette voie-là pour les femmes, cette
place-là, ce pouvoir-là, et là, en ce moment, bien, on l'élimine.
Encore une
fois, les... Il y a un problème de discrimination, mes collègues en ont parlé
tout à l'heure, discrimination parce
que la communauté anglophone, elle, elle va pouvoir avoir des élections
scolaires, elle va pouvoir des commissions scolaires, et du côté des
francophones, bien, on n'en aura pas. Encore là, pas de taxation sans
représentation. Eux, la communauté
anglophone, pourront avoir une représentation, et nous, les francophones, on ne
pourra pas. Alors, il y a un problème
là, on va à l'encontre d'un droit fondamental, certains plaident que ça va à
l'encontre de l'article 10 de la Charte des droits et libertés.
C'est un problème.
Encore une
fois, si c'est un problème de participation, ça peut se régler. Combinons
élections scolaires et élections municipales, pensons à quelque chose.
Mais c'est important.
Et, moi, je
vais vous dire, M. le Président, il n'y a personne qui vient à mon bureau de
comté, là, parce qu'ils se plaignent
de l'existence des commissions scolaires. Au contraire, on travaille avec les
commissaires scolaires pour régler plein de choses.
Et ce projet
de loi là, c'est aussi de la poudre aux yeux. On dit : On va
décentraliser, mais, quand on écoute les consultations, quand on lit les opinions, quand on lit les articles de
journaux, ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'on ne décentralise pas, tout au
contraire, on concentre, on concentre le pouvoir dans les mains du ministre,
dans les mains du ministère de l'Éducation. Et je pense que ça va à
l'encontre d'une garantie de services qui répondent à la population.
Mme Cloutier,
de l'Institut de recherche et d'information socioéconomique, l'IRIS, disait
quelque chose d'important et d'intéressant, parce qu'on dit : Bien,
les parents, on va vous donner plus de pouvoir, et, en fait, pas du tout, selon
Mme Cloutier. Et je vais la
citer : «Les parents auront beau détenir huit des 16 sièges sur le
conseil d'administration des centres
de services — qui
remplaceront les commissions scolaires — ils n'auront pas de réels pouvoirs[...].
Surtout qu'ils devront siéger bénévolement à la fois sur le conseil des centres
de services et sur un conseil d'établissement. "Ça représente beaucoup
d'heures de bénévolat pour des parents de jeunes enfants qui ont déjà des
horaires bien remplis"...»
• (16 h 10) •
M. le Président,
le comme beaucoup de gens ici, beaucoup de mes collègues, je suis la maman de
deux garçons. Ils sont grands,
maintenant, ils sont à l'université, mais, quand ils étaient au primaire, je
faisais partie du... je participais aux
réunions du conseil de l'école, et c'était dur pour nous, parents, de trouver
le temps. Et là ces parents-là feront ça d'une façon bénévole et se rencontreront 10 fois par année. Ça n'a rien à
voir avec le travail d'un commissaire scolaire qui est sur le terrain. Et, des commissaires scolaires,
moi, je travaille avec eux et je suis sûre que, mes collègues, c'est la même
chose, hein, on les rencontre régulièrement.
L'an dernier,
on a parlé ici, dans l'enceinte de l'Assemblée
nationale, de l'école Galileo, dans Montréal-Nord.
Galileo, c'est une école très spéciale parce qu'elle... on enseigne à des adultes qui ont des problèmes mentaux, on les aide,
on les accompagne, on les fait avancer un petit peu plus et on les aide à s'insérer dans le milieu du travail. Et il y a
eu un risque de perdre Galileo, et
vous auriez dû voir la commissaire scolaire, qui a tout fait, hein, elle s'est
battue bec et ongles. Mme Sylvia Lo Bianco, qui est une commissaire
scolaire de la commission scolaire anglophone, des écoles de Montréal,
elle s'est battue bec et ongles pour garder cette école-là, pour qu'elle reste
vivante. Et, pour les parents, là, c'était incroyable. C'était tellement important qu'elle soit là, qu'elle porte leur
voix. Et évidemment on a travaillé avec elle, mais la bataille, elle s'est faite à partir de cette commissaire-là, qui a organisé des rencontres, qui a sensibilité la population. Beaucoup de gens ne
connaissaient pas c'était quoi, Galileo, ils n'avaient jamais entendu parler de
ça. Puis là elle a réveillé les esprits,
elle s'est arrangée pour, justement, que... pour qu'on sache l'importance et ce qu'on faisait à Galileo. Et
c'est ça, c'est des efforts comme ça qui font une différence, et que, là, on va
peut-être perdre... on va perdre, on n'aura plus
Sylvia Lo Bianco, on n'aura plus une commissaire scolaire qui pourra agir de
cette façon-là.
Récemment,
je suis allée, dans mon comté, à l'agrandissement de deux écoles, et encore une fois j'ai rencontré
ces commissaires scolaires là, que je rencontre souvent,
Renée-Chantal Belinga, Antonio Urlea, qui sont les deux commissaires scolaires
de Montréal-Nord, de la commission scolaire
Pointe-de-l'Île. Et c'est en partie grâce à eux, grâce à la commission
scolaire que ces agrandissements-là, ils sont arrivés rapidement. À
l'intérieur d'un an, on m'expliquait,
ils ont réussi à obtenir les fonds, faire les appels d'offres, aller de l'avant
et puis faire ces agrandissements-là.
On
dit que, sans commission scolaire, quand tout sera concentré au ministère de l'Éducation, sera entre les mains du ministère, ce
sera beaucoup, beaucoup plus lourd comme structure, comme processus. Et ça, il
faut y penser aussi.
Mon comté,
c'est Bourassa-Sauvé, Montréal-Nord, et Bourassa-Sauvé est en pleine explosion démographique, si je puis dire, et évidemment les écoles aussi.
Alors, il y a plein d'enjeux à Montréal-Nord, en ce moment, il y a
plein d'enjeux pour la commission scolaire, ils travaillent très, très
fort. Et, il faut le dire, la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, c'est une commission
scolaire qui fonctionne très bien.
Il y a vraiment une excellente communication entre le président de la commission scolaire, le directeur général, les commissaires scolaires, les directeurs d'école. Ils
travaillent très, très fort ensemble parce qu'il y a des enjeux majeurs.
Du mois de
juin 2018 en octobre 2018, hein, je lis... ça, c'est l'an dernier :
677 nouveaux élèves qui arrivaient à la commission scolaire. L'année d'après, 1 255 élèves. Imaginez, c'est le double d'élèves qui arrivent
dans les écoles de la commission
scolaire. Il faut leur trouver de la place, il y a un manque de place. Il faut
trouver plus de professeurs. Puis là, imaginez,
avec les maternelles quatre ans, il faut encore plus de place, il faut encore
plus d'espace, il faut encore plus de professeurs.
Et on travaille très fort pour leur trouver de la place, pour aller chercher
des professeurs. Il y a une pénurie d'enseignants
sérieuse, là, M. le Président, une pénurie d'enseignants qui cause problème.
Mais malgré tout on travaille fort, on essaie de faire tout ce qu'on
peut pour donner le meilleur service aux élèves.
Et là
qu'est-ce qui arrive avec le projet de loi n° 40, qu'on pousse à une
grande vitesse? Avec ce projet de loi n° 40, ce qu'on vient faire, on vient tout chambouler les
structures, et ça met en péril, ça, ce qui a été entrepris depuis les dernières
années, et ça met en péril tout ce qu'on a
mis comme mécanismes pour contrer ces enjeux-là de croissance, de pénurie
de main-d'oeuvre, etc. Alors, imaginez, on perd la commission scolaire, on réorganise toutes les structures, et, pendant ce temps-là, la qualité de l'enseignement, le service qu'on offre aux élèves et leurs familles est évidemment
diminué. C'est un problème sérieux.
Puis, encore une fois, là, M. le Président, il
n'y a personne qui vient dans mon bureau puis qui me dit : Il faut absolument
abolir les commissions scolaires. Pas du tout, pas du tout. Ça fonctionne bien. Il y a
des enjeux très sérieux, et malgré
tout on va de l'avant. Et savez-vous quoi? Le taux de diplomation, hein, dans
les écoles de Montréal-Nord va en progression. Et, depuis les 10 dernières années, on a fait des
efforts, on a fait des progrès considérables. Et là, quand on regarde ce qui se passe, on se dit : On va
abolir cette commission scolaire là. On va mettre en place des points de
services, on va réorganiser tout ça pourquoi,
quand ça fonctionne très, très bien? C'est... Pour beaucoup de gens de ma circonscription, on a de la misère à comprendre pourquoi. Puis on se dit : Pourquoi
dépenser tant d'argent là-dedans?
Parce que, veux veux pas, ça
va coûter cher. Comme les maternelles quatre ans vont coûter une fortune, cette réorganisation-là, on l'a dit tout à l'heure,
va coûter de l'argent. Et ça, on pourrait le mettre dans des salaires aux
enseignants, dans l'amélioration des locaux, etc.
Comme je vous le disais tout à l'heure, le
manque d'espace est criant à Montréal-Nord. Et une commission scolaire
peut prendre des décisions, peut aller de l'avant avec des appels d'offres, peut mettre en place un système qui permet,
finalement, d'aller beaucoup plus vite que ce qu'on aura si on adopte ce projet de loi là. Il va falloir passer par le ministère, le ministre, le Conseil
du trésor. Si on a des commissions scolaires, ça peut aller beaucoup plus vite,
le système est beaucoup plus flexible. On est à l'écoute d'une façon beaucoup
plus efficace, à l'écoute des gens sur le terrain. Il y a une
idée de proximité. Et il y a tout cet esprit d'indépendance des commissions scolaires, parce
que c'est un niveau de gouvernement, hein, c'est un palier démocratique, c'est un niveau de gouvernement,
cette espèce d'esprit d'indépendance. Puis,
évidemment, un contre-pouvoir, c'est ça, hein? C'est que, bon, le gouvernement
dit une chose, ça ne fait pas, ça n'a pas
d'allure, et cette commission scolaire là est le contrepoids, peut critiquer,
peut suggérer, peut améliorer. Et là, bien, on n'a plus ça.
Alors, écoutez, ça, ce projet de loi, préoccupe
énormément les gens de mon comté. La grande majorité, là, et je n'exagère pas,
la grande majorité n'en veulent pas.
Et, pour
terminer, je vais vous lire un éditorial que j'ai lu récemment dans Le Devoir,
et qui était, je pense, très pertinent.
On dit... Alors, c'est Marie-Andrée Chouinard, du Devoir, qui s'y
connaît très bien en matière d'éducation, qui l'a couvert pendant des années et des années. Et le titre de son
éditorial, c'est Le souque à la corde, et évidemment on parle du projet de loi n° 40. Et elle termine
en disant : «Les
contradictions et les oppositions sont trop imposantes autour du projet de loi n° 40 pour que le dernier acte d'adoption de ce
volumineux projet se fasse dans l'exécution d'un bâillon — j'espère qu'il n'y en aura pas — ainsi que plusieurs le craignent tant la session tire à sa fin. Ce
gouvernement a fait la
démonstration, en reculant sur une réforme de l'immigration bâclée, qu'il
pratiquait la contrition et l'art de savoir reculer lorsqu'il le fallait. La sagesse et le bon sens politique
commandent qu'il sache ici aussi prendre le temps de réviser les
morceaux bringuebalants de sa réforme.»
Alors,
à la lumière de toutes les critiques qu'on a entendues, là, durant les derniers
mois, à la lumière de tout ce que ça va chambouler pour rien, je demande au gouvernement de repenser à
ça, de se donner le temps, de se donner le temps de revoir et de faire une pause, parce qu'aller de l'avant avec ce
projet de loi n° 40 sera très dommageable, nous pensons, pour notre
société québécoise.
Alors,
sur ce, M. le Président, je m'oppose, nous nous opposons au principe de ce
projet de loi. Et je vous remercie. Merci beaucoup.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec
M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Bon après-midi, M. le Président. On se retrouve. Content de vous jaser une vingtaine de minutes avant
de repartir dans mon coin de pays.
Pour
parler des commissions scolaires chez nous, des gens sont venus en commission
témoigner, récemment, les gens du
Bas-du-Fleuve, de la Gaspésie, de la Côte-Nord. Les commissions scolaires, c'est des instances démocratiques proches
du monde, ça compte beaucoup, et les gens sont attachés.
Ça fait que je fouillais, j'essayais de trouver
des éléments pour préparer mon intervention, mais je suis tombé sur une lettre ouverte d'Édith Samson, qui est présidente
de la commission scolaire de Kamouraska—Rivière-du-Loup. Et je vais vous lire sa lettre. Je pense que ça vient, à mon
avis, assez... démontrer exactement comment les gens de chez nous se sentent par rapport à ce projet de loi :
«Dans le texte qui suit, j'aimerais partager mon point de vue de manière à
alimenter de façon constructive la réflexion sur la gouvernance
scolaire.
«Je crois
bien connaître le monde de l'éducation; j'y oeuvre depuis plus de 30 ans.
Au fil des années, j'ai été, comme parent membre de comités d'écoles, de
conseils d'établissement, membre et présidente de comités de parents, parent représentant le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et
les Îles-de-la-Madeleine, puis vice-présidente de la Fédération des comités de
parents du Québec, commissaire parent et, depuis 2007, présidente de la
commission scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup, membre de
comités nationaux et de la Fédération des commissions scolaires du Québec. À ce
titre, je peux affirmer que la
réforme est non seulement discriminatoire pour les francophones, elle se
traduira par moins de représentativité, moins d'autonomie des régions et
encore plus d'inégalités.
«Un projet de loi mal ficelé sans alternative
valable.
«Cette
réforme soulève nombre de questions, d'autant plus qu'elle ne repose sur aucune
étude sérieuse. Quant aux intentions réelles du ministre[...], elles
sont toutes, sauf clairement dévoilées.
«Je comprends les parents, les médias, tout
comme la population de ne pas trop savoir quoi en penser. On se retrouve davantage devant une promesse électorale
plutôt qu'un projet réfléchi, une promesse qu'on veut réaliser à n'importe
quel prix, mais qui n'améliorera en rien
notre système public d'éducation. Cela risque même d'être tout le contraire.
Cela ne sera qu'un grand brassage de structures.
«Permettez-moi
d'établir un parallèle avec la réforme en santé. Je connais bien cette réforme
pour l'avoir vécue de l'intérieur
comme infirmière. Ce que j'en ai retenu, c'est que ce sont le personnel, la
clientèle et l'accès aux services qui
ont été grandement touchés. Et que dire de la perte de décision de proximité,
de la centralisation des pouvoirs? De cela, bien des personnes au
Kamouraska peuvent en témoigner.
«Je crains
que la réforme en éducation soit encore plus insidieuse, surtout lorsque le
ministre parle de fusion de services, voire même de fusion de centres de
services.
«Cette réforme est une atteinte directe au
pouvoir des régions, à leur volonté de se développer eux-mêmes à moyen et à
long terme.
«Me
reviennent en tête les rencontres que nous avons eues au début des années 2000
en lien avec le premier plan stratégique de la commission scolaire de Kamouraska—Rivière-du-Loup. Lors des consultations, les élus
municipaux ont souligné l'importance
de protéger les petits milieux, de permettre aux grands de pouvoir s'épanouir
pleinement. Ils ont aussi mis en
perspective ce que je crois comme essentiel, se définir soi-même plutôt que de
se laisser définir par les autres, par des gens d'ailleurs qui n'ont
aucune idée des enjeux, des réels besoins de chacun de nos milieux.
«Jusqu'à maintenant, notre commission scolaire a
toujours bien répondu à ces besoins.
«Les exemples de partenariat en témoignent avec
force.
«[...]La
démocratie scolaire est beaucoup plus qu'une structure, une structure qui
s'additionne aux autres paliers de gouvernement. Elle est une
institution politique à part entière, locale et décentralisée, dynamique et
autonome, qui harmonise les actions entre le
préscolaire, le primaire, le secondaire, la formation professionnelle,
l'éducation des adultes, la formation
continue et le service aux entreprises. Par les décisions prises au conseil des
commissaires, la commission scolaire participe aussi activement au
développement de nos communautés en mettant de l'avant nombre de projets
rassembleurs, bien plus, porteurs d'avenir.
«Je suis
toujours fière de voir une ou un collègue prendre la parole pour informer, pour
faire part des besoins et des attentes,
pour prendre la défense des gens qu'elle ou qu'il représente, les parents et
leurs enfants, les écoles et les centres qui se retrouvent dans sa circonscription. La population n'a aucune idée
de toute l'expertise que les élus scolaires ont acquise au fil des années. Ils ont une connaissance
pointue de leur milieu. De concert avec les conseils d'établissement, le comité
de parents et [les autres comités] de
la commission scolaire, les membres du conseil des commissaires travaillent au
bénéfice de tous les élèves jeunes et
adultes, s'assurant du partage équitable des ressources et de l'équité des
services sur l'ensemble du territoire.
«En un mot, ils font la différence.
«Bien
entendu, nos décisions ne sont pas parfaites, parfois [...] elles peuvent
porter à la controverse, mais c'est au moins
nous qui, collectivement, les prenons, pour nos élèves, pour les parents, pour
chacune de nos communautés, pour l'ensemble de nos citoyens et
citoyennes. Comme gouvernement local, comme élus scolaires, nous rendons compte
à l'ensemble de la population de notre territoire.
«La démocratie scolaire ne demande qu'à
s'améliorer, et nous voulons agir en ce sens.
«On dit souvent qu'il faut plus qu'un village
pour élever un enfant.
«D'après moi,
il faut beaucoup plus que cela. Il faut des gens convaincus qui
ont à coeur l'éducation publique, des personnes élues démocratiquement
qui font de la réussite de chaque élève la pierre angulaire de chacune de leurs
décisions, et ce, quel que soit l'établissement qu'il fréquente.
«[...]Le
projet de loi n° 40 vient fragiliser cette démocratie élective. Le
gouvernement actuel, en abolissant le conseil des commissaires et la commission scolaire, fait disparaître un
contre-pouvoir, ce qui est un non-sens dans une société qui mise sur la
diversité des points de vue, le partage des pouvoirs et des responsabilités.
«Ce devrait être tout le contraire!
«Le ministre de
l'Éducation devrait faire preuve de vision en consolidant les assises
démocratiques pour le mieux-être de sa population. Au lieu de s'approprier
encore plus de pouvoir, il devrait s'attaquer aux enjeux réels de l'éducation. Nous, les élus scolaires, nous avons
besoin de son support dans des dossiers tels que la persévérance scolaire,
le soutien aux élèves en difficulté, la
pénurie de personnel, la valorisation du personnel enseignant, de tous les gens
qui oeuvrent à la réussite de nos élèves.
«Après plus
de 30 ans d'engagement en éducation, j'ai l'impression que la majorité des
gouvernements n'écoutent pas ce qui vient de la base. Ce que l'éducation a surtout besoin, ce n'est pas d'un autre
brassage de structures, de réformes
tous azimuts, mais de stabilité. Elle a besoin qu'on fasse davantage
confiance à l'expertise de tous ceux et celles qui la façonnent au
quotidien dans chacun des milieux.
«N'aurait-il
pas été plus logique d'améliorer le système actuel, de le bonifier afin qu'il puisse jouer pleinement son rôle, ce qui aurait permis de sauver temps et argent, et ainsi de
s'attaquer encore plus efficacement
aux enjeux de réussite de tous nos élèves? Pourquoi défaire ce qui
fonctionne bien?
«Espérons que
le bon sens prendra le dessus sur cette réforme qui, force est de constater, va
dans tous les sens, sauf le bon, la réussite des élèves.
«En
terminant, j'invite la population à prendre connaissance du mémoire...» Qui a
été présenté par les gens de chez nous, qui donne un peu le... très
clairement leur point de vue.
«Le temps [...] est compté.
«La démocratie scolaire, ce n'est pas l'affaire
que de quelques élus, mais bien de toute la population, de toute notre belle et
grande région dont je suis particulièrement fière; une population qui désire
conserver son pouvoir d'autodétermination, j'en suis certaine.»
Je pense, la
lettre, c'est un cri du coeur mais qui est très clair, explique exactement
comment les gens se sentent chez nous.
On voit, dans
ce projet de loi comme dans d'autres projets de loi, on parle de
décentralisation, mais, dans les faits, c'est de la centralisation. Puis on le
voit dans... c'est des contre-pouvoirs qu'on s'enlève. On n'aime pas les
commissions scolaires, qui peuvent
être un contre-pouvoir, ça fait qu'on l'enlève de nos jambes. On fait la même
affaire avec la Régie de l'énergie
dans un autre projet de loi, on fait la même chose avec le Fonds vert en
environnement, on fait la même chose avec
Investissement Québec, où on centralise. C'est beaucoup de centralisation de
pouvoirs. On revient un peu au phénomène de Dieu le Père qui est à Québec, qui connaît tout, qui est capable de
prendre des décisions plus que n'importe qui en région. Et ça, je trouve
ça très dommageable.
Dans ce
cas-là, le projet de loi n° 40, le ministre ne transfère aucun pouvoir au
conseil des commissaires, au conseil d'établissement. Le ministre
s'octroie plus de nouveaux pouvoirs, des pouvoirs comme exiger des
regroupements de ressources et de services
entre les centres de services ou avec d'autres partenaires, dont les
établissements privés d'éducation, d'autoriser
des travaux de construction ou de rénovation majeurs des immeubles lorsque le
coût total estimé du projet est
supérieur aux montants qui seront déterminés par lui, d'annuler toute décision
d'une commission scolaire jusqu'au 1er mai
2020. Dans ce projet de loi, le ministre va jusqu'à se conférer de façon
exceptionnelle des pouvoirs sans limites de réglementer. Cette centralisation à
outrance aura des impacts néfastes sur notre réseau public d'éducation. Elle
éloignera de la prise de décision les besoins des élèves et de la
communauté.
C'est un
élément important, moi, qui vient me chercher, tout ce qui touche la
centralisation, tout ce qui va à l'inverse de donner plus de pouvoirs aux gens des régions. Il me semble que, dans
les dernières années, il y avait un genre... on s'était entendus, au Québec. Puis il y a déjà eu des décisions dans les
gouvernements passés qui nous ont fait mal, quand on a aboli certaines structures de concertation
régionales. Tout le monde, on s'était dit : Le nouveau gouvernement va arriver, il va donner plus de pouvoirs en région,
il va nous décentraliser des pouvoirs, on parle d'envoyer des fonctionnaires
en région, mais on peut juste constater, là,
dans les dernières semaines, que c'est tout le contraire qui arrive. C'est d'une
autre façon qu'on le fait, mais on ramène tous les pouvoirs autour des
ministres, autour de ce qui se passe à Québec, comme je dis, là, Dieu le Père
qui est à Québec.
• (16 h 30) •
C'est quoi, un conseil des commissaires? Les commissions
scolaires, je pense qu'on pouvait regarder ça. Puis c'est sûr que nous, de notre côté, on pense qu'il y avait
des... il y a des choses à améliorer au niveau des commissions scolaires, des choses à regarder. Mais ce qui nous
est présenté là, avec le statu quo... Moi, je pense que j'aime encore mieux
le statu quo sur la façon de fonctionner.
La commission
scolaire de Rimouski, la commission scolaire des Phares, aurait bien aimé
rencontrer le ministre pour lui
expliquer, faire connaître les réalités régionales, faire connaître les
réalités régionales d'une commission scolaire, lui parler de conseils des commissaires compétents, comme en fait foi
une brève description des compétences. Je vais vous en donner des éléments pour lui faire voir comment peut fonctionner
une commission scolaire efficacement, en très bonne entente avec ses parents et ses comités. Une rencontre lui aurait
sans doute démontré l'inutilité de briser la structure actuelle. Certes, il y a des améliorations qu'on
peut y faire, on peut y apporter, puis les gens sont toujours ouverts en ce
sens. Mais là il faudrait faire une
pause sur ce projet de loi là, prendre le temps de réfléchir ensemble sur des
solutions porteuses pour tout et, surtout, pour la réussite de nos
jeunes.
La commission
scolaire, chez nous, je vais juste vous donner des gens qui sont autour :
un médecin, administrateur de l'Ordre
des médecins vétérinaires, engagé dans la commission scolaire, en éducation
depuis plus de 15 ans; un gestionnaire
de projet au gouvernement fédéral, engagé depuis plus de 20 ans en
éducation; un président d'OBNL, membre d'un conseil d'administration de
cégep, qui est engagé depuis plus de 20 ans aussi en éducation; un
retraité, ancien responsable de la sécurité
de travail de Telus, qui est engagé, lui aussi, depuis plus de 20 ans; un
homme d'affaires engagé aussi en
éducation depuis plusieurs années; une conseillère municipale, plusieurs années
commissaire, élue depuis 10 ans, mère de quatre jeunes enfants; un fiscaliste, père
de jeunes enfants, commissaire depuis cinq ans; un retraité de l'enseignement, bénévole à la Croix-Rouge, qui est
commissaire depuis plus de 10 ans; mère de jeunes enfants, une artiste;
un travailleur autonome et diplômé en
administration. Bref, beaucoup de monde qui ont des compétences, qui les
mettent au service des jeunes, au service de leur région.
Qu'est-ce que
ça peut faire, qu'est-ce que ça peut nous amener de plus de donner des pouvoirs
à des gens comme ça, à des gens
impliqués dans leur milieu? Pourquoi détruire cette énergie? Les commissaires
scolaires assistent au conseil d'établissement de leur secteur selon leurs
disponibilités pour faire connaître les besoins du milieu. Plusieurs actions
ont été entreprises et réalisées par les
commissaires : remettre en place un transport scolaire du midi, supporter
et assurer la survie d'un club de
robotique qui a gagné des prix partout au Québec, maintien d'un programme de
football dans La Mitis, maintien du
hockey scolaire dans La Mitis, don d'un terrain pour la construction d'un aréna
à Mont-Joli, multiples ententes avec
les municipalités de tout le territoire pour rendre accessibles les
installations sportives, culturelles, etc., maintien du préscolaire dans la
municipalité de La Rédemption, maintien des écoles de village dans les villages
dévitalisés d'Esprit-Saint et de
Saint-Eugène, maintien d'un programme PEI à Rimouski, travail politique pour
obtenir le Lab-École enfin à
Rimouski, entente avec les religieuses du Saint-Rosaire pour les jeunes d'une
école pour qu'ils puissent avoir accès à des locaux qui étaient disponibles, retour à la santé financière de la
commission scolaire, acceptation par le conseil des commissaires d'un projet
pilote d'envergure pour une cour d'école très innovante en novembre 2019,
amélioration de locaux et maintien
des programmes de formation professionnelle, toutes des actions faites avec des
gens de la communauté, en
collaboration avec les gens de la communauté, et tout ça, ça se développe parce
que c'est des gens qui se connaissent, des
gens qui travaillent dans le même milieu, qui travaillent ensemble, qui
réussissent à faire ce genre d'intervention là parce qu'ils connaissent
les besoins de leur municipalité, ils connaissent les besoins de la région.
C'est ça, la
décentralisation. C'est ça, donner des pouvoirs aux gens des régions. Quand les
décisions sont prises de Québec,
toute cette synergie-là locale ou régionale, les gens ne la sentent pas. Ils ne
peuvent pas mettre du monde en contact
comme les commissions scolaires, comme les commissaires peuvent le faire. Quand
on fait des rencontres sur... je ne sais pas, moi, pour l'accueil
d'immigrants, bien, les gens des commissions scolaires sont là. Ils sont là,
ils sont exactement avec nous pour travailler sur des projets, des initiatives
nouvelles, des projets pilotes.
L'autre jour,
je faisais un colloque sur le vieillissement de la population dans la région,
ils étaient là. Ils ont des rôles à
jouer. Ils sont participants, ils sont actifs. C'est des gens qui sont dans nos
communautés à travailler avec nous. Et
ce qu'on pense, ce que je pense, c'est que ce projet de loi là, bien, en
centralisant les pouvoirs à Québec, bien, il vient briser ce travail qui
est fait dans les régions.
Les
commissions scolaires, ce n'est pas tout pareil. Il n'y a pas de mur-à-mur au Québec,
là. Ça se peut qu'il y ait des
problèmes dans certaines commissions scolaires, mais je vous le dis... Puis les
gens de... C'est vrai, je ne dis pas le contraire. Mais tout ce que je peux dire, c'est, dans nos régions... Les
régions ne sont pas pareilles. Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, la Côte-Nord, c'est des gens... les
commissaires, les commissions scolaires, ils participent vraiment à des projets
de développement. Ils participent au
développement puis à l'attractivité de nos régions. Ils sont des acteurs avec
nous autres. Et briser cette dynamique-là, à mon avis, viendrait comme
déstabiliser beaucoup de projets de développement.
Il y a des
enjeux comme... juste quand on parle d'une nouvelle école à Rimouski, il a
fallu se battre pour aller la chercher,
cette école-là. Ça n'aurait pas pu venir d'un comité à Québec, là. Il fallait
qu'il y ait des gens qui se mobilisent, il fallait qu'il y ait des gens qui travaillent, et c'est ça que la
commission scolaire a pu faire, la concertation, s'assurer que le monde soit là, travaille ensemble pour arriver
à mettre en place l'école, travailler pour amener, je ne sais pas, moi, des
équipements sportifs. Tu sais, on veut les
Jeux du Québec bientôt à Rimouski. Bien, c'est sûr que, quand on travaille en
concertation... Bien, la commission
scolaire, elle a travaillé en concertation avec tous les autres organismes pour
développer, pour amener des initiatives. C'est ça qui est le plus triste
dans toute cette affaire-là.
Puis je l'ai
dit tantôt, j'allais le montrer dans d'autres projets, et c'est la même
affaire, là, c'est... On se dit qu'en centralisant ça va être plus facile, plus
dynamique, le ministre va avoir plus de latitude pour prendre des décisions
rapides, rapides. Puis, quand je pense...
juste à centraliser pour faire des regroupements d'achats, c'est illogique par
rapport au développement régional.
Les commissions scolaires, en entente avec d'autres, achètent chez nous aussi
et consomment chez nous, font en
sorte qu'il y a des entreprises autour qui font affaire avec eux autres. La
commission scolaire est collée aussi
sur le besoin de nos entreprises pour la formation. Ils sont là, ils
connaissent exactement les besoins. Les commissaires, là, ce n'est pas des extraterrestres, c'est des gens qui
sont dans les entreprises, qui ont de la famille dans les entreprises, ils connaissent exactement les
besoins du milieu, et on a besoin d'eux autres autour d'une table pour
réfléchir à tout ça.
Puis tantôt,
je disais et je parlais du colloque que j'avais fait sur le vieillissement.
C'est sûr que, le vieillissement, on pourrait dire que ça n'a pas
rapport avec les écoles, avec les commissions scolaires, mais c'est un enjeu
qui est collectif, ça fait qu'on a besoin de
tout le monde autour d'une table, puis il y a des initiatives nouvelles qui
peuvent se faire. On parlait d'aînés
qui peuvent aller dans les écoles. Mais ça, pour développer ces initiatives-là,
il y a juste une chose, c'est d'avoir
du monde du milieu, des gens qui se connaissent, qui sont capables de s'asseoir
ensemble, travailler ensemble à développer ce genre d'alternatives là.
Je ne peux
pas croire qu'on... On a un grand pays. C'est grand, le Québec. Mais on ne peut
pas tout centraliser à Québec et à Montréal, il faut donner encore... donner du
pouvoir aux gens de chez nous, du pouvoir aux gens des régions. Puis les commissions scolaires, c'est un
élément important, avec d'autres groupes, pour développer nos régions à notre façon puis supporter notre monde, faire en
sorte que les jeunes demeurent chez nous, aient des services chez nous, puissent faire du sport chez nous, puissent avoir
des accès à la culture chez nous. Et ça, il y a juste des... je le dis, là,
c'est les gens du milieu, les gens des communautés exactement concernées qui
peuvent arriver avec des alternatives, avec des projets qui vont garder
les gens chez nous.
Quand on s'est battus, il y a quelques
années, pour garder le Conservatoire de musique, qui était autour de la table?
Les élus municipaux, mais aussi les élus
scolaires. Ils étaient là, autour de la table, pour se battre, pour travailler
ensemble, pour garder notre
Conservatoire de musique. On peut sortir plein d'exemples comme ça, en matière
d'environnement, en matière de
mobilisation, en matière de — je parlais de la culture — développement de main-d'oeuvre. On a besoin
de main-d'oeuvre chez nous. C'est sûr que
ces gens-là connaissent exactement les besoins et peuvent travailler avec les développeurs économiques sur des projets pilotes,
des projets qui vont nous permettre de garder notre monde puis de faire
en sorte que les régions soient attractives.
Et ce n'est pas pour
rien, quand les gens des commissions scolaires de ma région sont venus ici
présenter leur mémoire, qu'il y avait
Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et la Côte-Nord. C'est des régions tissées serré
qui ont appris à travailler ensemble
en concertation puis qui sont très jalouses de leurs pouvoirs, parce que c'est
parce qu'on avait des gens qui avaient des pouvoirs chez nous qu'on a réussi à
développer ce pays-là, à garder nos villages ouverts, à garder des écoles
ouvertes dans nos villages, et ce n'est pas
en enlevant ces pouvoirs-là... C'est un gros recul pour nous autres si on
enlève les pouvoirs à ces gens-là, et
on va tout faire pour empêcher que ça arrive. Ce n'est pas juste une histoire
de commissions scolaires, c'est une
histoire de réussite pour les étudiants, pour les jeunes, c'est certain, mais
c'est une histoire d'autonomie de nos régions puis de mobilisation de
nos citoyens. Merci, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Rimouski. Nous poursuivons
avec Mme la députée d'Acadie.
Mme Christine
St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Alors, c'est un sujet très important parce qu'on parle
de démocratie, et la démocratie, bien
sûr, c'est précieux, et je pense qu'il faut protéger la démocratie. Donc, M. le
Président, évidemment, nous sommes contre ce projet de loi du ministre de
l'Éducation, nous sommes contre pour plusieurs raisons. Et, lorsque je vous parle de démocratie, bien, moi aussi, je vais
faire comme ma collègue la députée de Bourassa, bien, y aller d'une citation d'Albert Camus : «La démocratie, ce
n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.» Donc, les
paliers de gouvernement que nous avons au
Québec sont là pour protéger, pour protéger les minorités et aussi pour faire
en sorte que la démocratie soit une valeur fondamentale.
Bien
sûr, quand on parle des commissions scolaires, ça a été un problème... c'est un
problème depuis des années, c'est-à-dire
le taux de participation n'est pas assez élevé. Il n'y a pas suffisamment de
personnes qui s'impliquent dans la
démocratie scolaire. Mais est-ce que ça veut dire de jeter ça aux poubelles
pour autant? Je ne crois pas. Je pense que c'est une erreur que le gouvernement est en train de faire, de faire en
sorte que, finalement, ça soit maintenant de ce qu'on appelle des centres de services. Bien, des centres
de services, ce n'est pas pareil comme des commissaires, une commission
scolaire. Ça ne donnera pas les mêmes services, ça n'aura pas la même volonté
de servir.
Les
vrais utilisateurs des écoles, ce sont les enfants, ce sont les tout-petits.
Et, lorsqu'on nous dit qu'on parle en faveur des enfants, en faveur des
tout-petits, bien, oublions la structure, puis allons-y en faveur des
tout-petits, puis donnons-leur tout ce que l'on peut leur donner, et améliorons
les services, faisons en sorte que les services soient améliorés, faisons en sorte qu'on ait plus d'enseignants, qu'on ait plus
de professionnels sur le terrain parce qu'il y a des marges de
manoeuvre, maintenant, budgétaires qui sont là.
La
démocratie, c'est aussi permettre à des hommes et à des femmes de s'impliquer
dans des élections, dans des postes électifs. Et, moi, ce qui m'a
frappée quand j'étais ministre de la Condition féminine, c'était que ce palier
de gouvernement là était le premier palier,
au Québec, qui avait atteint la parité. Et je pense qu'au sein du
gouvernement... C'est une suggestion
que je fais à la ministre de la Condition féminine, elle devrait aller voir son
collègue pour lui parler de la
parité, pour lui parler du fait qu'il y a des femmes qui s'impliquent en
politique, ce sont des femmes qui veulent aussi le bien de ceux et celles qu'ils vont représenter,
mais, dans ce niveau de gouvernement là, c'est vraiment un endroit où on
retrouve la parité. Donc, c'est ce qu'on
recherche, la parité dans les postes électifs. Et je pense qu'aussi on voit
que, quand... dans le cas de
plusieurs femmes qui se sont impliquées à ce niveau, dans ce palier de décision
là, on les voit, après ça, apparaître dans d'autres paliers, on les voit
apparaître ici, à l'Assemblée nationale, au salon bleu, on va les voir dans d'autres Parlements, comme le Parlement d'Ottawa.
Donc, il y a quelque chose d'important là. Je ne dis pas que c'est une pépinière, mais c'est peut-être aussi une
belle occasion pour quelqu'un qui veut s'impliquer dans un poste électif,
bien, d'aller faire ses classes et, après
ça, de continuer, et d'avoir le goût de continuer, et d'aller vers d'autres
paliers de gouvernement.
Le
Directeur général des élections a été très clair et, sur cette question,
justement, de démocratie, il a vraiment demandé au gouvernement de renoncer à ce projet de loi là. Le Directeur
général des élections... Il y a un article qui a été publié par Patrice Bergeron, c'est La Presse
canadienne, et on retrouve aussi l'essentiel de son mémoire dans les notes
que j'ai ici : «Le projet de loi qui
abolit les commissions scolaires ainsi que l'élection des commissaires n'est
pas démocratique», selon le Directeur
général des élections. Ce n'est pas rien, là, le Directeur général des
élections qui dit que ce projet de loi là n'est pas démocratique.
Et
il ajoute : «La Loi sur les élections scolaires doit être maintenue, tant
pour les milieux anglophones que pour les milieux francophones. Cette loi
permet d'assurer l'intégrité, la transparence et l'équité du processus
électoral[...]. L'exercice d'une
saine démocratie doit s'appuyer sur des règles claires, et nous croyons que la
Loi sur les élections actuelle offre ces garanties.»
M. Reid
continue en disant : «"Pour voter à une élection, nous devons nous
intéresser aux enjeux", a-t-il
affirmé, en ajoutant être à l'entière
disposition des élus afin d'"identifier les solutions pour favoriser un
intérêt renouvelé envers la gouvernance du milieu de l'éducation."»
C'est
ça que nous devons faire, M. le Président, c'est amener la population à prendre
conscience de l'importance des élections scolaires, de l'importance de
ce palier de gouvernement là. Il ne faut pas l'oublier.
Et il y a eu
le Directeur général des élections, mais également l'Institut du Nouveau Monde
qui s'est prononcé, justement, sur
cette question de l'enjeu d'un palier où on est train d'abolir un palier
important pour la démocratie : «On s'apprête à supprimer un palier
démocratique, c'est un geste majeur. Avons-nous tout essayé?», dit la
directrice du développement de l'Institut du Nouveau Monde. «Il y a un déficit
d'éducation à la politique. Quels pouvoirs appartiennent aux centres des services? Quels pouvoirs
appartiennent au ministre? Il manque de clarté.» Alors, on va plus loin et on
dit aussi que dans la structure qui est proposée, il y a quelque chose
qui ne marche pas, il y a des vices de procédure.
On est devant
un projet de loi qui a été fait à la
va-vite. Oui, il y avait un engagement électoral, mais ça ne veut pas dire d'y aller à la va-vite. Ça veut dire
aussi qu'il doit y avoir, au sein du Conseil
des ministres, des comités
ministériels, le comité législatif...
Ils ont la tête où quand ils étudient leurs documents? Moi, je n'en reviens
pas. Il y a des choses qui se passent ici, à l'Assemblée
nationale, qui sont rendues
publiques, qui sont adoptées, puis on dirait qu'il n'y a pas de discussions au sein des comités ministériels. On
dirait que c'est comme des... on donne un tampon puis on dit : O.K., on
passe à un autre dossier, suivant, «next».
Ce n'est pas normal de ne pas avoir étudié ce projet-là plus en profondeur. Ce
n'est pas normal de ne pas arriver avec quelque chose de plus
approfondi.
Autre chose
aussi qui me choque, c'est quand on dit que, sur les conseils d'administration, ça va être du
bénévolat. O.K., du bénévolat pour
être sur un conseil d'administration d'une organisation aussi importante?
J'admire les gens qui font du
bénévolat, bien sûr, mais pourquoi on paie les gens qui sont sur le conseil
d'administration d'Hydro-Québec, de la
Caisse de dépôt et de placement, de la Société des alcools du Québec? Tout ce beau
monde-là qui siègent sur des conseils d'administration,
ils sont rémunérés parce qu'ils donnent du temps, puis c'est aussi des
professionnels qui vont... des gens qui
arrivent avec une expertise, et là on va leur demander de faire du bénévolat.
Ça ne marchera pas, M. le Président, parce que c'est beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'investissement.
Et aussi des
parents qui vont accepter de donner de leur temps, ce sont des parents qui,
souvent, ont des jeunes enfants,
alors il y a toute la conciliation travail-famille, le travail, la famille, les
enfants, le souper, les devoirs. Je veux dire, il y a quelque chose qui n'est fondamentalement pas réfléchi dans
ce projet de loi. Et je pense, M. le Président, très sincèrement, qu'il n'y aurait pas de honte pour un
ministre de dire : Bien, regardons les choses de façon plus approfondie,
à tête... en ayant regardé aussi, analysé
tous les commentaires qui ont été faits pendant les audiences, puis se
dire : Bon, bien, on devrait peut-être refaire nos devoirs, c'est
le cas de le dire, sans faire de mauvais jeu de mots.
Quand on regarde la liste des intervenants
pendant la commission parlementaire, il y a beaucoup plus de défavorables qu'il y a de favorables. Les
défavorables : Fédération des commissions scolaires du Québec, Association
des commissions scolaires anglophones,
Centrale des syndicats du Québec — «danger d'inégalités», dit la Centrale des
syndicats du Québec — Confédération
des syndicats nationaux, la CSN, fédération de l'enseignement... Fédération autonome, dis-je, de l'enseignement,
défavorable : «Rien ne justifie l'empressement du gouvernement», Élections
Québec, je l'ai dit tout à
l'heure : «En tant que directeur général des élections, je ne peux me
réjouir de cette proposition qui vient abolir
un niveau de démocratie.» Et c'est comme ça pendant plusieurs pages, M. le
Président. J'ai toute la liste ici avec les résumés des mémoires,
plusieurs pages, Association des comités de parents anglophones, on a également
d'autres organisations qui sont venues aussi dire... j'ai parlé de l'Institut
du Nouveau Monde. Donc, quand on vient, dans une commission parlementaire, nous
dire qu'on a tout faux, je pense qu'il faut réfléchir puis aller refaire ses
devoirs.
• (16 h 50) •
Il y a aussi
les commentateurs dans les médias qui ont abondamment commenté sur ce projet de
loi n° 40, M. le Président, et
j'ai ici Réjean Parent. Alors, Réjean Parent, je pense qu'il connaît ça un
petit peu, puis, quand il prend la plume,
la plupart du temps, c'est assez senti. Et ici il écrit, et je cite :
«Selon la plupart des experts, les changements de structure sont sans effet significatif, semant
ainsi de forts doutes sur l'utilité de transformer les commissions scolaires
en centres de services. [...]Par ailleurs,
l'abolition des commissions scolaires, c'est moins de démocratie, si
imparfaites soient-elles, ce qui
devrait toujours nous alarmer contre la montée de l'autoritarisme.»
L'autoritarisme, M. le Président,
c'est un mot qui est très fort. Et je pense
qu'il a beaucoup de notoriété, M. Parent, et il a beaucoup de crédibilité,
et je pense qu'il faut peut-être lire une autre fois ce document, cet
article qu'il a écrit ici.
J'ai ma
collègue, qui fait un excellent travail, la députée de Saint-Laurent, qui est
allée aussi rencontrer en région... L'aspect
régional est un enjeu important, et il y a aussi beaucoup d'inquiétudes de ce
côté-là. Alors, ici, il y a un article qui
a été publié à la suite d'une rencontre qu'elle a faite, et les présidents des
commissions scolaires de l'Énergie et du Chemin-du-Roy, Jean-Yves Laforest et
Claude Lessard, craignent les impacts qu'aura ce projet de loi s'il est adopté
tel quel, et ici je cite : «"Les
conseils [des] commissaires sont encore pertinents pour la répartition des
ressources matérielles, humaines et
financières. Il y a aussi tout un aspect démocratique pour la représentativité
des régions, plus particulièrement des
petits territoires. Le danger, c'est que les parents proviennent du même
secteur d'une commission scolaire. Par exemple, à quel moment quelqu'un va lever la main pour l'école
Notre-Dame-de-Montauban, qui compte 11 élèves et qu'on défend à la commission scolaire de l'Énergie pour le bien
de la municipalité? Actuellement, on représente tous les milieux du
territoire", explique Jean-Yves Laforest.»
Une autre citation : «"Je pense qu'il
y a un danger pour la diminution de la diplomation au Québec", avance [...] Claude Lessard. "Le ministre [...] veut
décentraliser les activités administratives vers les établissements. Nos
directions sont nos leaders
pédagogiques. Ils auront moins de temps pour accompagner les enseignants et les
professionnels. C'est un enjeu majeur
pour lequel il y aura des résultats négatifs."» Ça, c'est ce qu'on entend
sur le terrain, et c'est très important d'être à l'écoute de ce que les
gens disent sur le terrain par rapport à ce projet de loi là.
M. le
Président, les enjeux sont majeurs. Ce projet de loi là n'apporte rien à la
réussite éducative des élèves. C'est un
projet qui vise un changement de structure majeur, c'est la disparition d'un
palier de démocratie pour les francophones, ce qui rend le projet de loi discriminatoire, et
ça, ça a été clairement établi. Ces modifications violeraient l'article 10
de la charte québécoise des droits et
libertés de la personne et l'article 15 de la Charte canadienne des droits
et libertés en lien avec les
inégalités basées sur la langue. Donc, on peut s'attendre à une contestation
rapide si le projet de loi est accepté. On sait, par contre, qu'ils ont une petite tendance à suspendre les
libertés individuelles, alors on verra, peut-être que ça va arriver
aussi qu'il y aura une clause dérogatoire aussi sur cette loi, la loi n° 40.
Le
Vice-Président (M. Picard) : S'il vous plaît, il ne faudrait pas
prêter des intentions, il ne faudrait pas susciter des débats. Ça allait
bien, continuez.
Mme St-Pierre :
...en tout cas, je l'aurai dit.
Le projet de
loi vient permettre de modifier les notes des élèves également, c'est
l'article 34. Le projet de loi ne garantit
pas que tous les territoires, les quartiers ou même les municipalités seront
équitablement représentés à la table du
conseil d'administration, ce qui pourrait amener une mauvaise représentation
des réalités régionales. Alors, ça, c'est une inquiétude qui est vraiment présente partout. Le projet de loi retire le
concept de territoire de commission scolaire afin de permettre d'inscrire un enfant dans un établissement autre que
celui sur... son territoire, dis-je, risquant ainsi de créer des poches
de défavorisation. Ça aussi, ça a été beaucoup, beaucoup, beaucoup soulevé.
Donc, en
proposant l'abolition des commissions scolaires, la CAQ a choisi d'investir
temps et énergie dans un brassage de
structures. Ce sont des structures ici, dont on parle dans ce projet de loi là,
alors qu'il faut se concentrer sur la réussite
scolaire, la réussite des enfants, contrer le décrochage scolaire, faire en
sorte qu'il y ait une équité dans les écoles, qu'on traite les enfants de façon égale. Les parents du Québec attendent
des services pour leurs enfants, des écoles aussi qui doivent être en bon état
et surtout encourager, aider les enseignants, leur donner des appuis. Le projet
de loi n'apporte rien pour la
réussite éducative des jeunes. Les commissions scolaires peuvent certainement
être bonifiées et modernisées, ça,
nous ne sommes pas contre cela, et on est prêts, comme opposition officielle, à
y travailler et à travailler en ce sens, mais sans perdre de vue, bien
sûr, la réussite éducative des enfants.
Est-ce que le
ministre peut cesser, évidemment, de dire qu'il n'y a pas de... le taux de
participation n'est pas assez élevé,
c'est la raison pour laquelle il faut trouver une autre structure? Mais moi, je
reviens à cette idée de faire en
sorte qu'on valorise les élections
scolaires, qu'on sensibilise la population, qu'on sensibilise les parents au fait de
s'impliquer dans les élections scolaires et la population en général, parce
que tout le monde paie des taxes scolaires, là, tous les propriétaires paient des taxes scolaires. Et ceux qui n'ont pas d'enfants ont peut-être tendance à
dire : Bon, bien, ce n'est pas...
je n'ai pas à me préoccuper de ce qui se passe à ce niveau de gouvernement là. Mais ça ne devrait pas être le cas. On devrait s'intéresser à la réussite de tous les
enfants et de faire en sorte qu'on puisse leur dire, à ces enfants-là :
Bien, moi, je vais donner du temps
puis je vais m'occuper, pendant un certain temps, de... je faire en sorte que
je serai commissaire et je participerai à cet effort.
M. le Président, je suis née dans un petit
village du Bas-du-Fleuve qui s'appelle Saint-Roch-des-Aulnaies, qui a été fondé par mes ancêtres. J'ai été à
l'école de rang. Dans mon école, on avant sept classes, sept divisions,
première à septième année. Dans ce
temps-là, il y avait une septième année. Mon père était outré de voir
que nous n'avions pas encore d'école
centrale. Tout le monde au Québec avait son école centrale, sauf notre village,
sauf notre municipalité. Qu'est-ce
qu'il a fait? Il a décidé de se
présenter président de la commission
scolaire. Alors, il s'est présenté
aux élections scolaires, il est
devenu président de la commission
scolaire, il a travaillé fort avec
ses commissaires. Puis qu'est-ce
qu'on a eu quelques années plus tard?
Une école centrale où on avait sept classes avec des enseignants pour chacune
des classes.
Donc, M. le Président, à un moment donné, il y a
des gens qui décident de s'impliquer parce qu'ils veulent faire avancer des dossiers, et la façon de le
faire, c'est de s'impliquer dans la démocratie. Après ça, il est devenu maire, bon, puis moi, je suis rendue ici aujourd'hui. Mais cette idée de la démocratie, ça doit être ancré dans l'esprit, dans l'esprit
de tous les Québécois et de toutes les Québécoises. Et je n'arrive
pas à croire qu'ici, dans cette Chambre, nous sommes élus démocratiquement,
et des députés élus démocratiquement vont abolir une démocratie. C'est
absolument inconcevable, M. le Président. On a quelque chose qui ne
fonctionne pas dans nos têtes si on y va avec l'abolition des commissions scolaires. Moi, je plaide pour qu'on en fasse la
promotion, qu'on fasse la promotion des élections scolaires, qu'on dise
aux Québécois et aux Québécoises l'importance qu'elles devraient avoir dans
leur vie quotidienne.
Et, M. le
Président, je vais conclure là-dessus en disant à nos collègues du
gouvernement : Bien, regardez, allez relire tout ce qui a été dit pendant la commission parlementaire et
réfléchissez bien avant de faire en sorte que vous posiez un geste qui sera peut-être irréparable. Parce
que, pendant qu'on va parler de structures, qu'on va mettre des structures
en place, il va y avoir moins de services,
ça va être de se réorganiser, ça sera difficile, M. le Président. Faisons en
sorte qu'on regarde comment on peut
sensibiliser davantage les élections scolaires et dire à quel point c'est
important, la démocratie au Québec. Et ça, c'est le geste qu'il faut
poser, c'est-à-dire retirer le projet de loi n° 40. Merci, M. le
Président.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée d'Acadie. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Donc, à mon tour d'intervenir sur le projet de loi n° 40, qui
abolit les commissions scolaires. Vous
savez, depuis que je suis devenue députée, donc il y a un an, l'élu que j'ai eu
la chance de côtoyer le plus souvent,
et de loin, de loin, c'est le commissaire scolaire du Plateau-Mile End — donc,
ça, c'est les quartiers qui sont dans la circonscription de
Mercier — et
il s'agit de Ben Valkenburg, que je salue ici. Vraiment, c'est un
être exceptionnel,
d'une générosité sans fin, qui a un amour infini, incommensurable des écoles de
notre quartier, dans Mercier, Le Plateau
et le Mile End. Et je vous le dis, il est littéralement partout où je vais,
dans des assemblées publiques, dans des
fêtes de quartier, dans des réunions de citoyens, des parents qui m'interpellent pour une école, il est présent
partout, il connaît les gens par
leurs prénoms, il connaît son milieu, il vit sur Le Plateau et il est partout
et il est très, très, très proche de son milieu. Ben, c'est vraiment...
moi, je le considère comme un être irremplaçable, et il m'a aidée énormément à comprendre beaucoup d'enjeux, de dossiers des
écoles, des CPE dans ma circonscription comme nouvelle élue. Et, en plus, il a une qualité extrêmement importante
pour, en tout cas, une députée solidaire, c'est un écologiste de tête et de coeur, son mode de vie en témoigne, que ça soit ce
qu'il mange, comment il se déplace, c'est vraiment un être exceptionnel
pour vrai.
Et, je vous le
dis, j'aurais pu parler très, très longtemps de lui et j'aurais pu même
appeler, intituler mon intervention :
Lettre d'amour à mon commissaire scolaire. Mais bon. Et j'espère qu'il écoute,
je pense qu'il va écouter. Et
vraiment je ne dis pas ça seulement pour le flatter, réellement, il est
quelqu'un de très présent qui connaît le milieu et qui est généreux pour... et
qui ne lésine pas à donner des informations aux autres. Tout le monde a son
cellulaire, si on a des questions, il est extrêmement facilement
accessible. C'est vraiment un commissaire scolaire de quartier.
Puis, vous
savez, je parle de mon irremplaçable commissaire scolaire, mais je suis très
certaine que tous les députés qui écoutent ici, potentiellement aussi ceux qui
ont été élus depuis un an comme moi, ils ont déjà rencontré leurs commissaires
scolaires, parce qu'on se fait souvent interpeler comme parents, comme... ça
veut dire par des parents, par des directions d'école, par des CPE qui ont des
problématiques particulières. Et une des personnes qui peut, des fois, nous
conseiller et répondre à nos questions,
parce qu'elle connaît bien le milieu plus que nous, qui, par exemple, moi, qui
étais nouvellement arrivée,
nouvellement élue, eh bien, on leur pose des questions, je suis certaine... Et,
s'il y en a, par exemple, qui n'ont pas parlé avec leur commissaire scolaire,
je vous conseille fortement de le faire parce que ce sont des gens qui ont énormément de connaissances, une connaissance
fine du milieu, et ils viennent de là puisque ce sont des élus, comme
nous qui venons des endroits où les gens nous ont élus.
Donc, ils
apportent une contribution à la communauté très, très importante, et je suis
certaine que, si le ministre de
l'Éducation prenait le temps de parler avec ses collègues les députés, il
verrait que, oui, à certains moments, lorsqu'il y avait une problématique dans
leur quartier, dans une école, bien, qu'ils ont travaillé avec leur commissaire
scolaire, et ils pourraient aussi lui
dire quel a été le résultat de cet échange-là et comment ça s'est passé. Moi,
je pense que, vraiment, le ministre
devrait prendre un pas de recul au lieu de jeter à la poubelle tout un palier
de notre démocratie parce que ça serait vraiment un gaspillage énorme.
Je vous parle
du caractère indispensable du commissaire scolaire, je ne parle pas seulement
de Ben Valkenburg, mon commissaire
scolaire, mais les autres. Ce que je me demande, c'est, si, par exemple, on a
des questions, qui va prendre le
relais? Comme je le mentionne, moi, quand j'ai des informations fines que je
veux obtenir par rapport aux écoles ou à des problématiques particulières, bien, je m'adresse à mon commissaire
scolaire. À qui est-ce qu'on va faire ça avec le projet de loi n° 40? Au conseil d'administration dont la majorité des
membres sont des bénévoles et qui n'auraient peut-être
pas le temps puisqu'ils ne sont pas payés pour faire ce travail-là à tous les
jours? Et on se demande aussi qui serait l'interlocuteur privilégié pour
comprendre les enjeux spécifiques et aussi des enjeux plus globaux. Par
exemple, qui va faire le choix :
Ah! on devrait agrandir telle école plutôt qu'une autre, déménager un centre
plutôt qu'un autre, à une place
plutôt qu'à une autre place ou privilégier la réfection d'une école? On sait, il y a des écoles, par exemple, dans la circonscription de Mercier, qui tombent littéralement en ruines... de
privilégier, avec les budgets qu'ils ont, une réfection de telle école plutôt qu'une autre. Qui va faire
ces arbitrages-là si cette personne-là n'est pas une élue, démocratiquement élue, et qui pourrait
prendre des décisions éclairées en toute connaissance de cause puisqu'elle connaît très bien le milieu?
Par exemple, si je prends la circonscription de Mercier, et d'autres circonscriptions aussi,
montréalaises, il y a beaucoup
d'immeubles, ce qu'on appelle les immeubles excédentaires, qui appartiennent à
la CSDM, par exemple, la commission scolaire de Montréal, et qui sont occupés par des CPE ou qui sont
occupés aussi par des organismes communautaires.
Et, souvent, à cause de l'augmentation de la population scolaire, il y a des
écoles qui débordent, où il y a énormément
d'enfants, jusqu'à 120 % d'occupation. Et, des fois, ces organismes-là ou
les CPE qui louent ces espaces-là,
bien, ils sont menacés d'éviction. Et donc ça, ce sont des dossiers... Tout ça,
j'ai pu le comprendre et travailler avec
les gens qui étaient inquiets d'être évincés, avec le commissaire scolaire qui
répondait aux questions, et qui comprenait très bien la situation, et qui
participait à leur recherche de solutions conjointement avec les gens qui sont
touchés par cet enjeu-là. Il connaît,
par exemple, la tendance à court, moyen et long terme de la croissance de la
population scolaire dans le quartier,
pas de façon générale dans la grande région de Montréal ou ailleurs au Québec,
dans le quartier. Donc, il a une connaissance fine et il pouvait aussi... par
exemple, il peut envisager différents scénarios pour s'assurer de répondre
à cette augmentation de la population étudiante.
Moi, ce que
je me demande, c'est : Qui va répondre à ces questions-là quand on en a,
quand moi j'en ai, quand je me fais
interpeler par des directions de CPE, par des directeurs d'école, des
professeurs, des enseignants ou des parents? Qui va répondre à ces questions-là et ces préoccupations? Est-ce que ça
va être les parents bénévoles qui siègent sur le conseil d'administration des centres de services? Avec toute la bonne
volonté qu'ils peuvent avoir, est-ce qu'eux auront le temps de faire ça? Et, s'il y a des députés qui
veulent leur poser des questions, ils vont avoir le temps de leur répondre,
à ces questions-là, alors que ce sont des bénévoles, comme je le mentionne?
Donc, c'est une question que je me pose.
J'ai dit que
le projet de loi, ce qu'il va faire, c'est qu'il va abolir les commissions
scolaires, mais il va aussi concentrer
beaucoup de pouvoirs et d'informations auprès du ministre. Donc, ça, ça veut
dire qu'il va falloir interpeler plus
souvent le ministre. Je vais vous donner quelques exemples, M. le Président,
très concrets de certains enjeux, par exemple,
dans Mercier. Je me pose la question : Quand je ne saurais pas ce qu'il
arrive avec le CPE Soleil, qui est menacé d'éviction parce que, justement, le bâtiment excédentaire de la CSDM,
dans lequel il est logé depuis des années, est à vendre, et
que la directrice, les parents et les administrateurs m'écrivent pour me
dire : Comment est-ce qu'on va faire pour déménager 80 bambins?, à
qui est-ce que je me tourne? Je ne pourrai pas me tourner aux administrateurs
s'il y a une situation urgente. Non, je vais me tourner auprès du ministre de
l'Éducation.
Quand je ne saurai pas qu'est-ce qui va arriver,
ce qui arrive avec la demande d'agrandissement de l'école Paul-Bruchési, qui a un taux d'occupation de
120 %, et que les administrateurs parents ne me répondront pas, parce que,
justement, ils ne peuvent pas me répondre
tout de suite, ça prend du temps, c'est des administrateurs bénévoles, vers qui
je vais me tourner? Certainement, je vais me
tourner vers le ministre de l'Éducation. Et, quand je voudrais savoir si
l'organisme Jeunesse au soleil, qui
est logé, lui aussi, dans un immeuble excédentaire de la CSDM, s'il va être
évincé cette année, l'année prochaine
ou dans cinq ans, vers qui je vais me tourner? C'est sûr que je vais le faire, je vais aller voir le ministre de l'Éducation.
Et, quand je
voudrais connaître l'impact des changements sur les cotes de défavorisation sur
les écoles de Mercier, et j'ai eu
beaucoup de parents qui sont venus m'interpeler, parce que, oui, le quartier se
gentrifie, il y a des familles aisées qui
sont là, mais ce n'est pas tous les enfants qui sont dans des familles aisées.
Donc, en changeant les cotes défavorisation, ça avait un impact sur les
services accordés à ces enfants-là. Bien, dans cette situation-là, vers qui je
vais me tourner? Certainement pas vers le
centre de services ou le conseil d'administration, je vais me tourner vers le
ministre de l'Éducation.
Et, quand je
voudrais m'assurer que les groupes communautaires — et là je pourrais nommer une liste longue
comme ça — qui sont logés aussi dans des immeubles
excédentaires de la CDSM ne sont pas à risque d'éviction malgré la croissance de la population en âge scolaire,
vers qui je vais me tourner? C'est sûr que je vais me tourner vers le ministre
de l'Éducation.
Et, quand je
voudrai aussi argumenter que la hausse de loyer demandée par la CSDM est trop
élevée et menace l'existence même du CPE Alexis le trotteur, que j'ai
rencontré, même, durant la campagne électorale, et que les administrateurs
bénévoles ne répondront pas aux 80 parents qui sont en colère et très
mobilisés parce qu'ils tiennent à leur CPE
du Mile End, bien, vers qui ils et elles vont se tourner? Bien, ils vont
peut-être se tourner vers moi, puis moi, je vais me tourner voir le ministre
de l'Éducation, ou ils vont se tourner directement vers le ministre de
l'Éducation.
Alors,
j'espère que la boîte vocale du ministre de l'Éducation est assez grande pour
contenir tous les messages qu'elle va
recueillir, et qu'il va pouvoir avoir suffisamment de temps pour traiter tous
les dossiers qui vont atterrir à leur bureau
puisque les commissaires scolaires ne seraient pas présents pour répondre à
cette question-là et être le relais entre le gouvernement du Québec et
les écoles dans les quartiers.
• (17 h 10) •
Vous savez,
je n'ai pas de problème, M. le Président, à m'adresser auprès du ministre, je
l'ai déjà fait, notamment, quand les
enseignants de l'école l'Étincelle, qui accueille des enfants autistes, ont
sonné l'alarme parce qu'ils étaient inquiets pour la sécurité des enfants puisqu'ils étaient obligés, quand ils
étaient turbulents, à cause du manque d'espace, de les mettre dans des
placards. Je me suis tournée vers le ministre de l'Éducation. Donc, ça ne me
dérange pas de le faire continuellement.
Mais, si on additionne tout ça, si moi, je le fais et tout le monde, les écoles
et tout le monde le fait, cette centralisation-là,
elle est certainement néfaste parce que les relais qui sont les commissaires
scolaires, bien, on est en train de
s'en priver, et, rapidement, le ministre de l'Éducation et le gouvernement vont
s'en rendre compte, mais, si le projet de loi n° 40
passe comme ça, bien, il sera déjà trop tard.
Vous savez,
j'ai entendu une des interventions ici, en Chambre, celle de mon collègue, le
député de La Peltrie, et je
voudrais revenir, donc, sur ses propos que je refuse de qualifier parce que...
pour éviter une question de règlement. Donc, je ne le ferai pas.
Vous savez,
le député de La Peltrie dit que les gens votent très, très peu aux
élections scolaires, et c'est vrai. Et lui, il dit : Parce qu'ils votent très, très peu, donc, c'est un excellent
argument, la démocratie a parlé pour éliminer les commissions scolaires puisque les gens ne s'y intéressent pas.
En fait, moi, j'ai envie de le corriger : ils s'y intéressent quand il y a
un problème, comme je vous le
mentionnais, mais, quand ça va bien, bien, c'est sûr qu'ils ne vont pas
nécessairement aller rencontrer le commissaire scolaire et aller lui parler
parce que tout va bien. Mais, quand il y a des problèmes, je vous le
jure, M. le Président, qu'ils se tournent vers lui. J'en ai été témoin, de tous
les cas que je viens de citer.
Et donc, si
je reviens à l'argumentaire du député de La Peltrie, bien, il dit que,
donc, la démocratie a parlé, les gens ne s'y intéressent pas, donc on
enlève ce palier de démocratie. Moi, j'aimerais lui rappeler une chose qui
aurait peut-être échappé à son attention,
c'est le taux de participation, au 1er octobre 2018, aux élections provinciales,
qui a été de 66 %. Il n'y a pas
de quoi se réjouir. C'est sûr qu'il est plus élevé que le taux de participation
pour les commissions scolaires, mais,
si on regarde la tendance, la tendance est très lourde et elle ne fait que
diminuer, diminuer, diminuer, et ce 66 %, c'est le deuxième plus
bas résultat depuis 1927 et, comme je le mentionne, c'est une tendance lourde.
Et qu'est-ce
que ça veut dire, 76 députés de la CAQ? Ça représente quoi puisque le ministre
nous dit : Bien, les gens ont
voté massivement pour nous, alors on a le droit de dire : Bien, on va
jeter aux poubelles les commissions scolaires puisque c'était une des promesses qu'on avait faites? Mais ce que ça
veut dire, c'est 37 % de l'électorat qui ont voté pour que 76 % de députés soient ici, au salon
bleu. Et, si j'applique le taux de participation, bien là je tombe beaucoup
plus bas, je tombe à 24,9 %. Il n'y a vraiment, vraiment pas de
quoi se réjouir. Et, contrairement au député de La Peltrie, je ne vais pas utiliser son argument, en disant :
Mon Dieu, la démocratie a parlé, bien, ça ne marche plus, tout ce qu'on fait
ici, bien, c'est illégitime, donc
éliminons les élections puisque les gens ne s'y intéressent pas, et, si ça
continue comme ça, ils vont s'y
intéresser de moins en moins. Jamais je n'utiliserai cet argument-là, je ne
vois pas pourquoi est-ce qu'on l'utilise pour la démocratie scolaire. Donc, on voit bien que ça ne tient pas la
route, ce genre d'argument là, il faut aller plus loin.
Et moi, ce
que je décèle dans ce gouvernement-là, c'est une tendance, je l'ai vue dans
différents projets de loi, que ce
soit le projet de loi n° 34 sur la Régie de l'énergie, où on s'est
dit : Bien, c'est compliqué, Hydro-Québec demande que ce soit simple, la Régie de l'énergie lui met
des bâtons dans les roues, et donc, au lieu que le gouvernement dise :
Bien, réformons la Régie de l'énergie
et la façon que c'est fait pour que ce soit plus simple, changeons les choses
intelligemment, de
façon plus nuancée, eh bien, non, on affaiblit la Régie de l'énergie. Une
chance qu'elle n'a pas été éliminée, c'était presque, mais un affaiblissement majeur. Donc, au lieu que ce soit à
chaque année qu'elle fasse les clauses tarifaires, bien, ça va être aux
cinq ans.
Le
projet de loi n° 17 sur les taxis. Il y a des problèmes, oui, qui existent
dans l'industrie du taxi, mais l'industrie du taxi elle-même l'a reconnu. Eh bien, au lieu de dire : Bien,
réformons cette industrie, modifions-la, inspirons-nous de ce qui se
fait à travers le monde, eh bien, non, ça ne fonctionne pas, il y a des
problèmes avec l'industrie, on l'abolit, l'industrie
du taxi, il n'y a plus de taxi, il y a seulement des chauffeurs, de façon
individuelle, qui vont conduire avec leurs propres voitures.
Si
je prends les projets de loi sur l'immigration, on se rappellera les
18 000 dossiers qu'on a décidé de jeter aux poubelles parce que nous, on a un nouveau
programme. Mais il y a des gens qui étaient derrière là, le gouvernement a été
obligé de reculer. Même chose aussi qui est
arrivé avec le Programme de l'expérience québécoise, où on dit : Bien,
nous, on a une nouvelle façon de
gérer toute la question des étudiants étrangers, eh bien, ce qu'on a décidé de
faire, c'est de totalement éliminer
ce qu'il se faisait avant puis d'arriver avec une nouvelle liste. Puis on a vu
la saga, qu'est-ce qui est arrivé.
Et
il y a aussi, là, le projet de loi n° 40. Lui, il parle de
gouvernance scolaire. Eh bien, la même chose va arriver aussi quand on va étudier le projet de loi
n° 44, qui est la gouvernance environnementale, où est-ce que, au lieu
d'arriver avec des objectifs de réduction de gaz à effet de serre et des
investissements massifs pour réduire les gaz à effet de serre, on fait encore de la structurite, puis on
dit : Bien, on va abolir le Fonds vert, on va abolir Transition
énergétique Québec, alors que
Transition énergétique Québec excellait très bien dans l'atteinte de ses
objectifs et de son plan d'action. Ils ont décidé, encore une fois, de
jeter le bébé avec l'eau du bain, puis on repart avec quelque chose de nouveau.
Donc,
c'est une tendance qui se dessine et on la voit ici avec le projet de loi
n° 40. Ce qui est important, et j'espère que le gouvernement va écouter le message, c'est d'écouter les groupes,
de ne pas seulement se fier à des vox pop, par exemple, au centre Rockland comme aujourd'hui le proposait le premier
ministre, mais d'écouter les gens qui viennent, les groupes puis les gens qui ont fait un sit-in, qui connaissent des
enseignants, qui connaissent le milieu de l'éducation et qui ont fait un sit-in pas pour rien, pas parce
qu'il y a un complot qu'ils font avec les partis d'opposition, c'est parce
qu'ils connaissent le milieu et il faut les écouter.
Et ce qui aurait été
intelligent à faire, c'est peut-être une réforme pour changer qu'est-ce qui ne
marche pas. Qu'est-ce qui fait que la
démocratie scolaire ne fonctionne pas? Qu'est-ce qui pourrait être amélioré?
Qu'est-ce qu'on peut venir modifier
de façon intelligente, sensible et nuancée au lieu de mettre la hache sur
quelque chose parce qu'on trouve qu'il ne fait pas notre affaire et on
l'a mis sur notre liste de promesses?
Il
ne faut pas aller... Ce qu'on se serait attendu, c'est plutôt une réforme du
système, oui, de l'éducation, puisque l'éducation
est une des priorités du gouvernement, et on aurait, par exemple, pensé à
comment est-ce qu'on ajouterait plus de professionnels.
Toute
la question de la réfection aussi des écoles... Les écoles, je vous le dis, ils
tombent en ruines, et ce n'est pas
juste une vue de l'esprit, c'est réel, où est-ce qu'il faut qu'on
choisisse : Est-ce qu'on va changer les fenêtres versus est-ce qu'on va changer le système de ventilation,
etc.? Et donc ça, c'est des questions urgentes qui existent, avec le taux
aussi d'occupation dans les écoles qui sont énormes.
Mais
on se serait aussi attendu à ce que le gouvernement fasse des modifications,
par exemple, sur... se pose des questions sur la réussite scolaire de nos
enfants, le taux de diplomation. Ça, c'est des éléments, oui, qui sont extrêmement
importants à regarder, et des indicateurs
qu'on devrait changer. On devrait se fixer des objectifs ambitieux en matière
de taux de diplomation, en matière de
réussite scolaire et de persévérance scolaire, comment l'augmenter. C'est ça,
les questions fondamentales.
Et,
oui, on pourrait changer la structure ou on pourrait changer... faire une
réforme, par exemple, de la démocratie scolaire,
mais il faut la faire de façon sensible, intelligente et plutôt en écoutant le
milieu et non pas en disant que, non, nous, on sait où est-ce qu'on s'en va et
on va y aller, on va mettre la hache dans les commissions scolaires. Parce que,
comme je l'ai mentionné au début, Ben
Valkenburg et comme d'autres commissaires scolaires, bien, ce sont des gens
qui, eux, ils sont indispensables, et
j'espère que le ministre va écouter les groupes, les oppositions et qu'il va
changer d'idée sur le projet de loi n° 40.
Merci, M. le Président.
• (17 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec
M. le député de La Pinière.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Écoutez, M. le Président, je vais
faire une courte intervention qui va prendre le temps qui m'est imparti. Je vais joindre ma voix à ceux qui critiquent
le projet de loi et je vais prendre un certain nombre d'angles
différents.
Je
vais commencer par les affirmations fondamentales du ministre de l'Éducation.
Le ministre de l'Éducation, là, ainsi que le premier ministre disent
deux choses... au moins une chose : Les Québécois francophones ne veulent
pas d'élection, O.K.? Je ne pense pas, M. le
Président, que, quand on dépose une loi qui révise le mode de scrutin, ce n'est
certainement pas parce qu'on ne croit pas à
la démocratie représentative. On peut changer les modalités, mais le principe
de la démocratie représentative est
fondamental dans nos sociétés occidentales. On peut bien critiquer bien des
affaires, là, mais le fait qu'on puisse être représenté par un système
électoral est une chose qui ne devrait jamais être modifiée... bien, peut-être pas modifiée... je m'excuse, qui devrait
toujours exister selon des règles qui sont appropriées pour le moment dans lequel on est.
Alors,
sur ce principe-là, M. le Président, si on y croit, on ne les abolit pas. Et, si on y
croit, on s'organise pour que ça
marche. Ce gouvernement a choisi de les abolir par principe. Et il n'a pas eu le courage de les abolir pour une
partie des
Québécois, ceux qui sont non francophones, donc les anglophones. Ça fait deux
poids, deux mesures. Pourquoi il ne l'a
pas fait? Parce que la Constitution. C'est drôle, hein, quand la Constitution
nous arrête, là... là, là, on ne se bombe plus le torse, on arrête.
Quand la Constitution ne le présente pas, on se bombe le torse et on continue.
Juste sur ce principe-là, M. le Président, il y a un problème.
Si le
gouvernement avait souhaité une participation maximale, il aurait pu emprunter
une voie très simple, qui est celle que l'on voit dans d'autres pays,
notamment ailleurs en Amérique du Nord, nommément aux États-Unis, où, lorsqu'il y a un vote qui n'est pas celui du vote
fédéral, on regroupe certains électorats sur un bulletin de vote. Je comprends
que c'est un petit peu plus compliqué, là,
de voter en même temps pour un juge, un commissaire scolaire, le shérif, et
ainsi de suite. Mais, à ce moment-là
où on a toujours un maximum de participation, M. le Président... les gens, au
vote scolaire, il y a un vrai vote,
un vrai, vrai, vrai vote. Personne qui sort de là en ne votant pas pour ça.
J'ai habité, moi, aux États-Unis, là. C'est comme ça que ça marche. Sur
les pelouses, il y a des pancartes pour le commissaire scolaire, pour le
shérif, le Procureur général de l'État ou d'une partie de l'État, et ainsi de
suite.
Si on croit à
la démocratie représentative, M. le Président, on s'organise pour qu'elle
marche. Puis c'est vrai que ça ne marche pas. Pourquoi ça ne marche pas?
Parce que les gens ne sont pas impliqués. Ils ne sont pas impliqués parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire des
campagnes, et ainsi de suite. Et ils n'ont pas, les commissaires, de grande
visibilité. Ça, c'est mon premier point, M.
le Président. J'en ai plusieurs. Et, parmi les choses qui sont toutes dites,
celle-là ne l'est pas.
Mais il y en
a une autre qui est dite, M. le Président, et ça, c'est dit de façon péjorative
à chaque fois. Quand le ministre utilise mon nom pour dire que sa
réforme ne sera pas une réforme comme celle que j'ai conduite, ça, M. le
Président, là, dans la catégorie mauvaise foi, c'est un oscar, M. le Président.
Je n'ai pas le droit d'utiliser «mauvaise foi»?
Le Vice-Président (M. Picard) :
Non. Élaborez votre...
M. Barrette : Je vais retirer
mon propos. M. le Président...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Soyez prudent. Ça allait bien, puis...
M. Barrette : Ça va continuer à
bien aller, faites-vous-en pas, M. le Président.
Alors, M. le Président, dans la catégorie, là...
Attendez une minute, que j'y pense...
Une voix : ...
M. Barrette : Non, ce n'est pas
un synonyme. Mais, oui, ça pourrait. Je cherche un...
Le Vice-Président (M. Picard) :
...qui a la parole, M. le député. M. le ministre...
M. Barrette :
Je pense, M. le Président, que ceux qui nous écoutent comprennent très bien
qu'est-ce que je veux dire. Le
ministre utilise à mauvais escient et de façon péjorative mon nom associé à une
réforme. On va regarder ça comme ça,
M. le Président, juste de même.
Le ministre
se bombe le torse, se lève ici, imite Séraphin et nous dit : Ah! Ah! Aïe!
Nous autres, là, on a des conseils, là, d'administration — ce
n'est même pas des conseils d'administration, mais mettons que c'est des
conseils d'administration — élus sur le terrain, M. le Président. Bien, ou bien le ministre ne sait pas c'est quoi,
un conseil d'administration, là, ou bien il fait preuve d'un aveuglement volontaire. M. le Président, ça doit aller, ça, aveuglement volontaire? Limite, mais...
Le Vice-Président (M. Picard) : ...
M.
Barrette : Limite. Alors, M. le Président, je vais vous dire c'est quoi, un conseil d'administration. Le conseil d'administration a la responsabilité de superviser les opérations qui sont
administrées par des officiers, qui, eux, sont nommés par le conseil
d'administration. Le principe fondamental d'un conseil d'administration, c'est son indépendance. Indépendance. Je
pense, M. le Président, que vous savez ce que ça veut dire, indépendance. Dans
le cas présent... L'indépendance, je
ne parle pas de politique, là, je ne parle pas de souveraineté, là. Je parle de
l'indépendance par rapport à l'organisation. M. le Président, là,
voulez-vous bien me dire comment un parent élu dont les enfants sont dans
l'école peuvent être indépendants des
opérations de gestion de l'école? Pouvez-vous me dire ça, M. le Président? Vous
ne pouvez pas. C'est la réalité, M. le Président.
Moi, dans ma
réforme, M. le Président, juste de même, là, je me suis assuré de nommer — oui, oui, oui, nommer, le gouvernement, pas le ministre, le
gouvernement — de
nommer une majorité, c'est-à-dire la moitié plus un, de membres de conseils d'administration indépendants.
Pourquoi? Parce que l'autre moitié moins un était des gens issus de ceux qui
ont un intérêt corporatif. Puis c'est
correct qu'ils soient là, M. le Président. Mais, à un moment donné, il doit y
avoir une majorité d'indépendance.
Alors, le ministre, là, il est passé dans le
champ complètement. Alors, il va demander à des gens qui sont de passage... parce que les gens qui vont être élus
sont des parents bien intentionnés, pleins de bonne volonté, hein, on ne doute
pas de ça, mais, dans la catégorie de conflits d'intérêts potentiels, bien,
voyons donc... Et j'insiste sur le passage. Ces gens-là, par définition, vont quitter.
Personne ne va rester sur un conseil d'administration élu à partir des parents
quand les enfants vont être rendus au secondaire pour l'école primaire,
au cégep après, et ainsi de suite. Ça ne fait pas ça.
Alors, le
ministre, là, vous comprenez, là, la manoeuvre qu'il fait. Il sait très bien
qu'il ne respecte pas le principe d'un
conseil d'administration lorsqu'il n'y a pas de gens indépendants de nommés, et
il n'y en aura jamais. Alors, ça, c'est un vice. Le premier problème, M. le Président, c'est qu'il n'y en a
plus, d'élection. Il n'y en a plus, d'élection, parce qu'on fait tout
pour que ce ne soit pas intéressant.
Deuxièmement,
bien, on a des centres de services qui sont gérés... de bonne foi, là, c'est
correct, c'est tout du monde bien
intentionné, mais les potentiels de conflits d'intérêts sont réels et évidents,
et, à quelque part, c'est normal. Alors, d'un côté, à quelque part, c'est normal d'avoir un semblant, au moins,
de conflit d'intérêts, d'où c'est normal d'avoir de l'indépendance. Il
n'y en a pas.
Alors, le
ministre, il dit : Ah! nous autres, on fait quelque chose de bien mieux,
on décentralise. Bien non. Bien non,
il n'y en a pas, de décentralisation, parce qu'on donne au centre de services
la mission de quoi? La mission de mettre en opération les directives du ministre. C'est ça qu'il va faire, le
centre de services. Quand le ministre nous dit : Écoutez, là, ces
gens-là, là, ils vont déterminer, confectionner, tailler sur mesure le projet
éducatif, bien oui, qui a été établi par le ministère
et le ministre, c'est tout. Il n'y a personne qui va pouvoir s'en aller et
dévier de la ligne de conduite demandée par le ministère de l'Éducation. Je ne conteste pas ça. Mais de dire que c'est de la décentralisation et
de l'indépendance, c'est non. Ce n'est pas vrai. C'est le contraire de la
vérité, M. le Président, soyons parlementaires. C'est
ça, la réalité.
Et, quand on
creuse le projet de loi, M. le
Président, écoutez,
là, franchement, là, il y a une série d'articles que je n'aurai pas le choix
que de vous lire, M. le Président. Pas de sens, cette affaire-là, ça n'a pas de
sens. J'en lis un ici, M. le
Président, l'article 34 : «Les normes et modalités...» C'est sur la
question des notes. Des notes. Alors, imaginez, M. le Président. «...normes et modalités d'évaluation des apprentissages
visées au paragraphe 4° du premier alinéa — les notes — ne peuvent avoir pour effet de permettre la
majoration automatique d'un résultat.» La phrase suivante, bien :
«Elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement au directeur
[d']école — qui
n'est pas vraiment indépendant, hein, il
n'est pas vraiment indépendant — après consultation de l'enseignant, de
majorer [les résultats] d'un élève s'il existe des motifs raisonnables...» On s'entend-u que le premier motif
raisonnable, c'est : parce que, là, là, on est un groupe de parents sur le conseil d'administration, c'est
nos enfants, ça nous rend mal à l'aise, il me semble que la chose la plus
facile qu'on va voir... Humainement, là, je
ne prête pas des intentions à personne, je ne critique personne, je dis juste
que l'indépendance, elle n'est pas
là, ça amène des situations difficiles à vivre, le comportement humain normal
est de faire la chose la plus simple.
Il va y en avoir, de la majoration, en masse. Pourtant, ce ministre-là, M. le
Président, là, depuis qu'il est élu,
depuis qu'il prend la parole, ce qu'il a à la bouche, c'est : Il n'y en
aura pas, de majoration automatique. Il prévoit un article qui va le permettre. C'est quand même quelque chose.
En soi, là, c'est-u quelque chose de glorieux, ça? Moi, je
peux vous dire que, dans ma réforme, je n'ai pas permis ce genre de choses là.
Même pas proche, M. le Président.
• (17 h 30) •
Article 116.
Celui-là, M. le Président, là, c'est vraiment un article extraordinaire :
«Le gouvernement peut, par décret...»
O.K., pour ceux qui nous écoutent qui ne savent pas ce que ça veut dire, là,
c'est que, quand un gouvernement passe un décret, il n'a pas besoin
d'avoir un projet de loi, il publie son décret dans la Gazette officielle
qu'à peu près personne ne lit, ça passe dans
le beurre, et le gouvernement arrive à ses fins. C'est ça, la vraie vie, là, le
bonheur d'un décret. C'est comme ça.
Le ministre des Transports, il nous a fait ça, ce coup-là, là, des règlements,
des décrets dans le projet de loi n° 17. Ça enlève aux
parlementaires un droit de regard. «Le gouvernement peut, par décret, à la
demande d'un centre», ta, ta, ta. Il dit que, O.K., on peut «apporter toute
modification au territoire des centres de services scolaires.
«Le
gouvernement détermine le centre de services [...] compétent sur tout
territoire modifié ou nouveau territoire et peut, à cette fin, prescrire qu'un
centre de services [...] cesse d'exister ou instituer un nouveau centre [des]
services [scolaires].» Le gouvernement fait ça, pas le centre de
services. Il le fait par décret. Il le fait de sa propre autonomie. Le gouvernement prend cette décision-là sur la
base de la recommandation du ministre. Alors, ceux qui ne sont pas familiers
avec le fonctionnement gouvernemental doivent savoir que le gouvernement, c'est
le Conseil des ministres, dans cette phrase-là, et qu'au Conseil des
ministres chaque ministre amène sa recommandation, qui est adoptée au Conseil
des ministres, édictée, et le reste s'ensuit.
Ça, M. le
Président, si ce n'est pas de la centralisation, c'est quoi? Le ministre nous
dit : Je décentralise. Oui, mais, dans
l'article de loi, moi, le ministre, je peux changer tous les territoires quand
je veux, je peux même joindre des territoires, je peux même dire à un centre de services dans le territoire A : Tu
vas donner des services au territoire B. C'est ça qui est écrit dans la
loi, M. le Président, c'est ça.
Alors, le
ministre, là, s'il veut savoir comment qu'on fait ça, une réforme
décentralisée, ce n'est pas compliqué, on définit le territoire, oui,
mais on met un conseil d'administration indépendant, indépendant, qui rend des
comptes et qui a la responsabilité de mettre
en application, oui, les orientations. C'est clair, M. le Président, qu'on ne
peut pas créer, au Québec, 17
ministères de l'Éducation, un par région administrative, ou plus par portion de
région administrative, mais à un
moment donné le ministre doit avoir droit de regard. Mais là il a droit à tous
les droits, là, là-dedans, là. La phrase que je viens de vous lire, là,
elle est assez impressionnante, merci, je pense, M. le Président.
Ça, on a
découvert ça cette semaine. Il faut dire que cette semaine, là... Vous
comprendrez, M. le Président, que je ne
suis pas le porte-parole en éducation, mais, dans l'opposition, on travaille en
équipe avec nos collègues, et puis on se parle, puis des fois on les écoute, des fois ils nous écoutent, puis des
fois au même moment on a la même surprise. Là, cette semaine, il y a eu un moment où on a eu la même surprise. L'article 102,
écoutez ça, M. le Président, quand même, c'est extraordinaire : Cette
loi est modifiée par l'insertion, après 215.1, des suivants :
«215.2...» M. le Président, je vais le
lire lentement, parce que c'est tellement traumatisant : «Les centres de services
scolaires doivent — pas peuvent, doivent, c'est une obligation,
ils n'ont pas le choix, c'est un ordre du ministre — favoriser
le partage de
ressources et de services...» Rien que ça, là, ça fait spécial, mais, on peut
dire, ça tombe sous le sens. On va partager,
on va être efficient. Mais là on insiste, là, on met le doigt là puis on pèse
bien fort sur le crayon : «...notamment de nature administrative, entre eux et avec d'autres organismes publics,
dont [les] municipalités, ou des établissements d'enseignement régis par la Loi sur l'enseignement privé lorsque cela
permet, dans le cadre de leur mission, de répondre à des besoins d'efficacité ou de rentabilité dans la
gestion des ressources humaines, financières et matérielles.» Aïe! Là, M. le Président, là, c'est quelque chose, là. Quand ma
collègue députée de Saint-Laurent nous a lu ça, je peux vous dire qu'il y
a eu un moment où on a ramassé nos bras, on les a rattachés, parce qu'on
n'en revenait pas, c'est clair.
Écoutez, M. le Président, le ministre, là, qui décentralise, là, bon,
ce n'est pas grave, il décentralise, mais là il leur dit,
là : Écoutez, je vous surveille, là, puis vous devez partager des
ressources, jusqu'à, hein, c'est écrit, matérielles, ressources humaines — des ressources humaines, là, ça peut être
des professeurs — entre le
privé puis le public. Bien là, moi,
je n'ai pas de problème avec le privé, mais on s'entend-u qu'en général, quand
on compare les ressources matérielles, administratives
et ressources humaines du public, ils sont moins bien nantis que le privé? Et,
dans le grand principe des vases
communicants, là, est-ce que vraiment le privé va partager ses ressources avec
le public? Alors, ils doivent, mais nulle
part dans le projet de loi ça dit : En vertu de la Loi sur l'enseignement
privé, vous autres, vous avez l'obligation de partager. Ce n'est pas
écrit, ça. Alors là, M. le Président, à moins que j'aie mal compris le projet
de loi, ça m'apparaît qu'il y en a un des deux qui va être du mauvais bord du
deal.
Alors, celle-là, M.
le Président, il va falloir qu'on me
l'explique à un moment donné. Je regarde les collègues en face, là, je suis disposé, dans les prochaines
minutes, à les rencontrer dans le couloir et qu'on vienne m'expliquer comment
qu'on va faire pour mettre ce monde-là
ensemble. Ça, si ce n'est pas un pouvoir centralisé, c'est quoi, M. le Président?
On va
permettre quoi? Je ne sais pas, moi... Montréal, M. le
Président, ceux qui nous écoutent, de
Montréal, vont comprendre
ce que je dis, il y a une école privée qui s'appelle Jean-Eudes, oui, M. le Président, puis en bas de Jean-Eudes, M. le Président, c'est Hochelaga. Ça fait
que, là, je comprends que, dans la loi, on va dire aux jeunes d'Hochelaga : Vous allez aller patiner à l'aréna de Jean-Eudes?
Pensez-vous vraiment que c'est
ça qui va arriver, M. le Président? Je ne sais pas ce qu'il va faire avec ça, mais dans les
pouvoirs centraux, M. le Président, c'est assez spécial.
Mais le ministre,
qui n'est pas en reste puis qui veut vraiment la totalité de son pouvoir, bien, il a prévu un
autre article au cas où un de ces matins il se levait puis
qu'il ne savait pas qui imiter de la télévision de Radio-Canada, là, dans nos téléromans, il
s'est dit : Il me faut une idée de plus. Il a écouté la musique 2001 :
l'odyssée de l'espace, boum, boum, boum,
il a regardé une espèce de monolithe et il s'est dit : Ah! il me vient une
idée. Et là il a écrit 310. 310 :
«Le gouvernement peut, par règlement — règlement, oui, M. le
Président — prendre
avant [telle date] toute mesure utile à l'application de la présente loi ou à
la réalisation efficace de son objet.» J'ai énuméré un certain nombre d'objets
à l'instant, M. le Président. Ça, c'est
comme le ministre des Transports, qui, dans le projet de loi n° 17, M. le
Président, ce n'est pas compliqué, à
tous les articles opérationnels c'était par règlement. On ne le sait pas, ce
qu'il veut faire, mais il se donne le
pouvoir. Aïe! Ils sont dans le même parti. C'est sûr que, toutes les lois, on
se donne des pouvoirs, puis des pouvoirs qui sont soustraits à l'examen
des autres parlementaires.
M. le
Président, là, moi, là, le ministre de l'Éducation, je pense qu'il devrait
réfléchir et avoir la décence, M. le Président,
de se comparer à lui-même et de ne jamais dire... et ne jamais se comparer à
moi dans mes réformes, parce que je peux vous dire une affaire, M. le
Président : Dans la catégorie centralisation, il a l'oscar. Je suis petit
à côté de lui, M. le Président.
• (17 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Nous
poursuivons nos travaux avec Mme la députée de Fabre.
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. Vous savez, c'est
difficile de s'exprimer après mon cher collègue de La Pinière, pour
toute l'éloquence qu'on lui connaît.
Alors donc,
aujourd'hui, ça me fait plaisir de pouvoir intervenir sur ce débat du principe
du projet de loi n° 40 parce
qu'il y a bien des choses à dire, ce projet de loi qui modifie principalement
la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation et la
gouvernance scolaires.
Je veux d'entrée de jeu saluer mes collègues,
mes chères collègues, un trio exceptionnel, d'ailleurs, donc ma collègue porte-parole, députée de Saint-Laurent,
qui porte avec beaucoup de passion ce dossier, et ses collègues députées
de Westmount et de Mille-Îles.
Je pense que, M. le Président, ce sera assez
rapide pour vous de comprendre ma position, qui est celle de mes collègues, face à cette nouvelle réforme qui est
proposée par le ministre de l'Éducation. Comment on peut être en appui à
une réforme pour la réussite éducative de nos enfants sans jamais
parler d'eux, sans jamais parler de leur succès à l'école, finalement
sans jamais parler même de réussite éducative?
Avant toute chose, M. le Président, le point de
vue que je vais apporter et cet appui que je vais donner à tant de propos qui ont été exprimés en commission parlementaire par les différents groupes qui ont été consultés,
bien qu'ils l'ont fait dans un temps
record et très peu sont venus, finalement, s'exprimer, bien, je voulais, M. le Président, offrir un peu mon témoignage à travers ma carrière et mon
ancienne vie. J'ai eu le privilège d'être un partenaire des milieux scolaires de la commission scolaire de Laval, de
la commission scolaire de Sir-Wilfrid-Laurier, et donc c'est un peu aussi
comme partenaire qui a été et membre de plusieurs
conseils d'établissement et membre du comité de gestion de l'instance
de la réussite scolaire... Aussi, j'ai travaillé beaucoup à la persévérance
scolaire des jeunes, à initier des projets avec l'ensemble des écoles
secondaires de Laval et avec comme premier partenaire la commission scolaire de
Laval. J'ai également eu le privilège d'être, à une certaine époque, ce
qui ne me rajeunit pas, mais passons vite sur cette question... j'ai été aussi membre du comité national de vigie
sur la stratégie gouvernementale L'école, j'y tiens!
de l'ex-ministre de l'Éducation, Mme Michelle Courchesne. J'ai parlé,
M. le Président, de stratégie. On aurait pu aussi bien dire... utiliser le mot «vision», comme la vision aussi de
l'ex-ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx. Et à
travers toutes, toutes ces expériences j'ai été franchement, M. le Président, un témoin privilégié du rôle de partenariat qui
est important entre la commission scolaire, les écoles et sa communauté. J'ai été aussi témoin de l'engagement des
parents, qui se soucient de leurs tout-petits comme de leurs adolescents dans l'engagement qui est le leur et dans leur participation à des conseils
d'établissement. J'ai eu le privilège de participer à la
réussite éducative des jeunes avec toutes ces écoles et avec ces partenaires.
Et aujourd'hui, comme députée, comme députée, je suis aussi
privilégiée lorsque je rencontre... Et j'en fais une très belle tradition, M. le Président, j'aime beaucoup faire le tour
de mes écoles. J'ai beaucoup d'écoles primaires, dans mon comté, et, lorsque j'ai l'occasion, je le fais
avec beaucoup de plaisir, de rencontrer les directeurs
d'école, parler des enjeux,
parler, bien sûr, de la commission scolaire. Et vous savez quoi, M. le Président? À chaque fois que je rencontre les directeurs de mes écoles, il y a toujours le commissaire scolaire qui est là, qui
est capable de me parler des enjeux de son école, d'avoir le succès des élèves bien à
coeur. Alors, c'est aussi ce rôle que j'ai, comme députée, d'être sur le
terrain et de dire les vraies choses.
Alors,
c'est à ces titres, avec mon parcours et avec mon rôle actuel de députée, que
je me joins à mes collègues de l'opposition officielle pour dénoncer, dénoncer le
projet de loi n° 40.
On va
retourner, si vous le voulez bien, un petit peu dans le
temps, dans le temps, en 2016, alors que le député de Chambly, porte-parole de l'éducation et auteur du
livre Et si on réinventait l'école?, écrivait la chose suivante : «Il faut changer notre façon de faire. [...]et n'avoir désormais qu'un seul
but en tête : donner priorité à l'élève.» Cet auteur est aujourd'hui ministre de l'Éducation, et son projet de loi n° 40 oublie l'élève, oublie la réussite
éducative. M. le Président, où est passé cet auteur?
Oui, on est d'accord, on est tous d'accord, pour l'amélioration continue, on est d'accord avec ça. Mais, encore une fois, avec ce gouvernement et avec le ministre,
on se retrouve devant un exercice de consultation bâclé, non respectueux d'entendre l'ensemble des voix qui méritent d'être
entendues alors que l'on s'apprête à mettre au rancart un volet important
de toute notre démocratie
québécoise, alors qu'on est en train de révolutionner les
structures, sans regarder ce qui fonctionne bien pour les élèves, pour
les parents et pour l'ensemble de la communauté.
M. le Président, en introduction, j'aimerais
vous citer un petit extrait d'un article du Courrier Laval où les deux commissions
scolaires... Parce qu'on a cette
réalité-là, on a la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, la commission
scolaire anglophone, et la commission scolaire de Laval sur le territoire.
Alors, dans les deux cas, je voulais citer un petit
peu en préambule les réactions, les réactions des deux commissions scolaires,
tout d'abord Mme Lortie, qui est la présidente de la commission scolaire de Laval et qui parle, entre autres,
de l'exercice de consultation, qui dit que c'est inacceptable, et elle parle de la région de Laval : «Laval est une
ville, mais c'est aussi une région administrative. Nous avons des
particularités sur notre territoire qui méritent d'être présentées au ministre,
d'autant plus qu'il s'apprête à chambouler
complètement le domaine de l'éducation. [...]nous représentons la population
[...] et [chaque élève]. C'est dans leur intérêt que nous dénonçons
[...] ce manque d'écoute [envers les] régions.» Les deux commissions scolaires
représentent tous les élèves de la région de Laval et elles méritent d'être
entendues.
En ce qui a
trait au président de la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, M. Paolo
Galati, lui aussi s'indigne de
l'orientation du gouvernement : «C'est totalement inadmissible. Chaque
élève est unique [ainsi que] chaque région[...]. Comment prétendre
vouloir faire un changement de cette importance sans écouter toutes les parties
concernées?»
M. le Président, quand je rencontre mes directeurs d'école... Et
là je vais me permettre un petit peu un élan, je vais essayer de me contrôler un peu, mais ça m'amène beaucoup
de colère, le projet de loi n° 40, pour les raisons suivantes. Quand je rencontre, là, les gens des écoles, ils
sont en train de me parler des vrais enjeux, ils sont en train de me parler
de la pénurie des enseignants. En passant,
je sais qu'on nous a souvent reproché... on nous a dit : Ah! le Parti libéral, la pénurie, ça existait. Je
rappellerais gentiment, M. le
Président, en ce qui a trait à la pénurie de main-d'oeuvre, qu'on avait, nous, une stratégie nationale de la main-d'oeuvre et qu'il aura
fallu attendre le discours inaugural du premier ministre pour entendre
pour la première fois, prononcer les mots «pénurie de main-d'oeuvre».
Mais, ceci étant dit, petite parenthèse étant terminée, oui, les enseignants et les directions me parlent de
pénurie parce que la réalité, là, c'est qu'à tous les jours,
à toutes les semaines ils se demandent s'ils vont avoir tous les enseignants
pour, bien sûr, rencontrer les élèves dans l'école,
et c'est rarement le cas, tous les enseignants, pour toutes sortes de raisons.
Alors, il y a le problème de pénurie. Il y a le problème d'intimidation. Il y a l'observation des jeunes qui ont des problématiques comme le TDAH, le syndrome
d'Asperger. Il y a le manque de ressources au niveau,
bien sûr, psychosocial et intervention en orthopédagogie.
Et, bien sûr, évidemment, il y a tous ces autres problèmes dont on pourrait parler
et qui touchent l'ensemble des écoles du Québec.
Comment se
fait-il qu'on est en train de parler de brassage de structures et qu'on ne
parle pas de réussite éducative, alors
qu'aujourd'hui, là, ce dont on devrait parler, puis ce que
j'aimerais entendre, c'est qu'on parle vraiment de l'anxiété chez les jeunes à l'école. J'aimerais qu'on parle de l'anxiété chez les
jeunes alors qu'ils passent du primaire au secondaire, un phénomène excessivement important. J'aimerais
qu'on parle, justement, de cette observation des jeunes qui ont des
besoins spécifiques. J'aimerais qu'on parle du décrochage des garçons, des
garçons qui décrochent beaucoup au secondaire IV
avant même d'avoir terminé, il leur reste une année. Il y a un phénomène qui
est persistant, au Québec. J'aimerais
qu'on se questionne sur les jeunes qui ont décroché de l'école, qui réintègrent
l'éducation des adultes puis qui décrochent encore. J'aimerais qu'on se
préoccupe aussi beaucoup non seulement de la pénurie des enseignants, mais j'aimerais qu'on soit en train de parler des
employeurs qui, désespérés devant la pénurie de main-d'oeuvre, et faute de
solutions qui solutionnent le problème, vont
parfois même recruter dans les centres de formation professionnelle et les
écoles secondaires, et là on se retrouve
avec des jeunes qui n'auront pas leurs diplômes. Il me semble qu'on devrait
parler de ça, M. le Président. Il me semble que c'est ça qui est essentiel, qui est au coeur de la
réussite éducative des jeunes, pas un brassage de structures.
Alors, c'était mon élan. Je vais me calmer un
peu puis je vais revenir à nos moutons. Ça va? Très bien.
Vous savez,
j'aurai beaucoup de questions, qui attendent toujours
des réponses. Et je vais partager, bien sûr, mes préoccupations avec les commissions scolaires, les partenaires qui sont venus s'exprimer en
commission, qui ont déposé leurs
mémoires et qui ont essayé vraiment de verbaliser dans un temps record de
consultation, et souvent dans une
fenêtre de temps partagée entre eux, tous les enjeux liés à la loi n° 40 et l'impact non seulement sur les écoles, les enseignants,
mais l'ensemble des professionnels et surtout le jeune, l'élève.
Alors, j'ai...
il me reste... Oh mon Dieu! Il me reste 10 minutes. Alors, j'ai
cinq questions, cinq questions, je vais essayer d'être rapide.
• (17 h 50) •
D'abord,
première question : Pourquoi le projet de loi n° 40?
Pourquoi le projet de loi? Alors, évidemment, je vais
prendre un extrait, un extrait d'un mémoire, celui du regroupement des
commissions scolaires francophones des régions des Laurentides et de Lanaudière, et ce qu'eux disent dans leur mémoire
je pense que ça résume la question : «Le projet de loi n° 40 n'aide en rien l'élève à réussir. Il n'aide pas
les enseignants à mieux enseigner, à se sentir valorisés. Bien
au contraire : ceux-ci reprochent au [ministère] de l'Éducation
d'empiéter sur leur autonomie professionnelle et ils ont comparé le projet de loi n° 40 à un cheval de Troie. Les directions d'école et [les] centres
n'obtiennent pas plus de marge de
manoeuvre qu'elles n'en ont déjà. [Quant aux] professionnels et le personnel de
soutien [ils] ne se sentent pas plus considérés
qu'ils ne le sont déjà au sein de nos organisations.» Il y a eu des modèles, il y a eu du
partenariat, il y a de la complémentarité,
il y a des bonnes pratiques. C'est ce que sont venues nous dire les différentes
commissions scolaires des
Laurentides et de Lanaudière. Alors, voilà, pour ça.
Et aussi, évidemment,
dans le mémoire de la FTQ, il y a eu ce propos qu'ils ont amené, qui fait en
sorte que, pour eux, «il est clair que le plan du gouvernement est aussi
incertain que mince, et que les réelles intentions qui guident cette réforme relèvent davantage de l'idéologie
politique que d'une démarche orientée vers la réussite éducative des élèves du
Québec».
Ça, c'était
me première question. Ma deuxième question : Elle est où, l'inspiration du
modèle? On se compare à qui? Qu'est-ce qui fait que ce modèle-là
proposé, avec le conseil d'administration, avec le brassage des structures, va avoir un impact réel sur la réussite éducative?
J'ai cherché, j'ai lu les mémoires, j'ai regardé, et tellement d'entre eux
sont d'accord pour dire qu'il n'y en a pas
eu, d'analyse. Il n'y a pas eu de véritable analyse, il n'y a pas de
comparaison avec des modèles gagnants
à travers la planète pour justifier, pour faire en sorte qu'on est dans le bon
choix, la bonne décision. Alors donc,
ça, c'est assez étonnant. Et que ce soit la Fédération des commissions scolaires du Québec, des commissions scolaires anglophones, la Fédération des syndicats de l'enseignement,
ils l'ont tous nommé clairement, c'est très mince. Clairement, il n'y a pas du
tout d'étude qui mène à ce choix, ce choix définitif et ce choix fondamental pour
l'ensemble du Québec.
Est-ce qu'on
peut tenir compte de l'avis du Directeur général des élections? Ça, c'est ma
troisième question. Il me semble que
c'est assez évident. On vient jouer dans les élections scolaires, on vient
jouer dans la démocratie scolaire. Il
me semble qu'on devrait peut-être prendre en considération l'avis du Directeur
général des élections, il me semble que ça va un peu de soi. Alors donc,
évidemment, quand on regarde ça, je regarde la réaction, et elle est très
claire : «La Loi sur les
élections scolaires doit être maintenue, tant pour les milieux anglophones que
pour les milieux francophones. Cette loi permet d'assurer l'intégrité,
la transparence et l'équité du processus électoral.
«L'exercice
d'une saine démocratie doit s'appuyer sur des règles claires, et nous croyons
que la Loi sur les élections scolaires actuelle offre ces garanties.»
Quelle est ma
quatrième question? Elle est essentielle : Où on parle de la réussite
éducative? J'ai parlé tantôt... J'étais
dans mon élan émotif, M. le Président. Et je vous dirais que je ne suis pas la
seule à être consternée, l'ensemble des groupes qui sont venus ont exprimé clairement qu'eux aussi cherchent
encore où parle-t-on de la réussite éducative. Alors, l'Association
provinciale des enseignantes et des enseignants du Québec dit : Un tel
bouleversement de structures ne contribuera
pas à la réussite éducative. Et encore là on pourrait nommer plusieurs d'entre
eux, l'Association des comités de
parents anglophones qui dit clairement... Il n'y a rien, selon eux, qui vient
aider la réussite éducative. Alors, non, on ne trouve absolument rien, rien du tout dans ce projet de loi pour la
réussite. Pourtant, le gouvernement nous dit : C'est une priorité. Et, oui, je l'ai dit, on est
d'accord et on doit toujours penser à faire mieux et à s'améliorer. Il faut
moderniser, il faut moderniser les commissions scolaires, mais tout en
gardant à l'esprit la réussite éducative.
Vous savez,
M. le Président, il y a des incontournables au coeur d'une priorité de
l'éducation. Les incontournables, c'est
l'élève, le parent, l'école, la commission scolaire et la communauté, ils
forment un tout et ils forment ensemble la réussite éducative au Québec. Le
projet de loi n° 40 ne parle pas de ces incontournables. Il ne se
préoccupe pas du rôle de l'école dans
sa communauté alors qu'il permet même le choix de l'école aux parents, au
risque de dévitaliser les petites écoles
de région, au risque de voir émerger un nouveau marché, un marché de
concurrence entre elles, entre ces écoles.
Le projet de loi n° 40 ne tient pas compte non plus des besoins
particuliers de milliers d'élèves qui risquent de ne plus être
représentés sur les nouveaux conseils d'administration des centres de services francophones.
Dans son mémoire,
M. le Président, la Fédération autonome de l'enseignement nomme
bien que la réforme qui est proposée, elle ne vise pas à reconnaître les
enseignants. Le projet de loi n° 40 ne réussit pas à parler de réussite éducative, mais il réussit fort bien, par contre,
à centraliser le pouvoir du ministre et exclure d'un seul coup, d'un seul
revers de la main la proximité locale école-parents-enfants.
Ils ont été nombreux en commission à venir
nommer le néant, la non-mention d'un quelconque embryon de réflexion sur la réussite éducative des jeunes. La
question 4... la question 5, pardon :
Qu'est-ce qui arrive avec la
représentation des
enfants aux besoins particuliers au sein du nouveau conseil d'administration?
Il n'y a rien dans le projet de loi pour répondre aux besoins de ces enfants, et c'est un problème de
représentation au sein du nouveau conseil. La commission scolaire de Laval l'a
d'ailleurs très bien exprimé dans son mémoire, elle dit la chose
suivante : «Les commissaires scolaires
actuels sont redevables à la population des circonscriptions électorales...» Ce
n'est pas rien, ça, c'est la reddition de
comptes, c'est d'être capable de rendre les résultats à la communauté. «...rien
dans l'actuel projet de loi ne garantit qu'à la table du conseil
d'administration tous les quartiers seront équitablement représentés. Rien dans
le projet de loi n° 40 n'empêcherait que tous les représentants des
parents siégeant au conseil d'administration proviennent d'un même quartier, d'une même strate socioéconomique,
voire de deux écoles, une primaire et une secondaire, et d'un centre de
formation professionnelle. Rien n'indique non plus que ceux-ci aient
l'obligation de conserver leur lien avec leurs conseils d'établissement après
leur élection au conseil d'administration.»
Je pense, M.
le Président... Avec ce projet de loi, je ne peux m'empêcher de penser à tous
nos enfants qui ont des besoins
particuliers et qui n'auront pas de réponse. Je pense au décrochage scolaire
des garçons. Je pense aux petits et grands
miracles quotidiens des enseignants auprès de leurs élèves. Je pense aux
commissaires scolaires soucieux de leur école et de leurs enjeux. Je pense aux petites écoles des régions qu'on
risque de délaisser. Je pense aux parents qui vont chercher une voie pour s'exprimer, qui n'existera
plus. Je pense aux étudiants du secondaire qui ne diplômeront pas parce que les
employeurs, qui ont tant besoin d'employés, viennent recruter dans les centres
de formation professionnelle et les écoles.
Pourquoi, M. le Président, le ministre les oublie-t-il tous? Pourquoi le
ministre oublie de parler de réussite éducative?
Le projet de
loi, c'est un désastre, et je n'appuierai pas le principe du projet de loi n° 40. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. D'autres
interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle
Melançon
Mme Melançon :
Alors, M. le Président, je vous remercie de me donner la parole, bien que ma
parole ne porte pas beaucoup aujourd'hui.
Vous savez,
ce projet de loi n° 40, on est aujourd'hui réunis pour débattre du
principe. Et, comme vous l'avez entendu
pour... bien, par notre formation politique, on est contre le principe de ce
projet de loi, pour la simple et bonne raison que c'est d'abord un
projet de loi qui divise. Et en ce sens je veux rendre hommage, justement, à la
députée de Saint-Laurent, à la députée de
Westmount—Saint-Louis, à
la députée de Mille-Îles, qui ont fait un travail extraordinaire jusqu'à présent pour démontrer justement toutes
ces problématiques que l'on vit à l'intérieur de ce projet de loi, qui est
bâclé, disons-le, sur lequel,
malheureusement, on n'a pas passé suffisamment de temps, sur lequel on n'a pas
été beaucoup à l'écoute.
Et je tiens à
vous dire quelque chose, M. le Président, et j'en profite puisque le ministre
est là. Ma mère a toujours dit : On a deux oreilles puis une
bouche, on devrait écouter deux...
• (18 heures) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée... Mme la députée, il est maintenant 18 heures...
Des voix : ...
Débats de fin de séance
Le Vice-Président (M. Picard) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder aux deux débats de fin de séance.
Organisation et
gouvernance scolaires
Le premier débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur concernant la centralisation sans précédent du gouvernement caquiste avec son projet de loi n° 40, Loi modifiant...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : ... — s'il vous plaît! s'il vous plaît! — concernant le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires. Je vous rappelle que, conformément à l'article 310 du
règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq
minutes et ensuite une réplique de deux minutes à la députée. Mme la députée
de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonsoir. On se
retrouve pour parler à nouveau du projet de loi n° 40, qui est la grande
réforme scolaire du ministre de l'Éducation,
celle qui dit, dans un sens, qu'elle veut abolir les commissions scolaires,
mais, en fait, c'est abolir les
élections, mais du même coup, s'arroger, à toutes fins pratiques, tous les
pouvoirs au ministre, qui désormais pourra décider, à partir de Québec,
quelles sont les priorités en éducation.
Mais
aussi, dans ce projet de loi, j'aimerais vraiment que le ministre nous explique
pourquoi il trouve si important d'avoir
inscrit, à l'article 34, qu'ils vont pouvoir majorer les notes. Qu'il nous
explique aussi, à l'article 46, pourquoi il veut avoir le superpouvoir de
fusionner des territoires, mais aussi de joindre des commissions scolaires, qui
deviendront des centres de services,
ensemble, et ce, en vertu de quoi? Pourquoi, pour lui, c'est important de
fusionner des territoires? Est-ce
qu'il désire donner suite à son Plan de gouvernance scolaire, où est-ce qu'on
peut lire, à la page 5, si vous permettez, que l'objectif, en fait, il est très clair pour le ministre. On le voit
ici, c'est bien lui, il écrivait, il n'y a pas si longtemps, on parle de
janvier 2018, la raison qu'il veut fusionner les territoires et des centres de
services et même en abolir quelques-uns.
C'était marqué ici : «Moins coûteux et éventuellement moins nombreux, les
centres de services aux écoles seront
intégrés au ministère de l'Éducation.» Il parle sans cesse qu'il va pouvoir
décentraliser les prises de décision, mais en fait qu'est-ce qu'il
décentralise, c'est l'exécution des décisions qu'ils veulent prendre.
Quand on
continue à lire son projet de loi, M. le Président, l'article 102, on l'a
lu hier avec lui, puis il avait de la
misère encore à saisir la portée. L'article 102, c'est quoi? Bien, le
ministre, qui aime beaucoup les écoles privées, bien, il demande au
système public, bien, de prêter des ressources et des services aux
établissements privés. Ça, c'est une grande première dans la Loi sur
l'instruction publique, hein? La Loi sur l'instruction publique vient inscrire
noir sur blanc... met, vous, mes écoles
publiques, au service du privé, comme si les écoles privées n'avaient pas assez
d'argent. Alors, il nous a fait la
lecture de l'article 102 puis il a dit : Oui, mais, écoutez, c'est
pour répondre à des besoins d'efficacité et de rentabilité dans la gestion des ressources humaines, financières
et matérielles. On lui a posé la question suivante plusieurs fois en
consultations et ici au salon bleu : Est-ce qu'il y aura aussi un effet de
réciprocité? Alors, ça, c'est la première
question : Article 102, est-ce qu'il y aura un effet de réciprocité?
Est-ce que les écoles privées, eux aussi, devront prêter des services, ressources humaines et autres
services, RH, financières et matérielles au système public? Ça, c'est la
première question. J'espère qu'il ne se défilera pas puis qu'il répondra à
cette première question.
Si on continue l'exercice, l'article 114
ici, c'est le ministre qui va autoriser tous travaux de construction, d'agrandissement, d'aménagement, de
transformation, de démolition, remplacement, rénovation majeure des immeubles.
Alors, la deuxième question : Qui va
décider quelles sont les priorités, les gens sur le terrain ou le ministre de
l'Éducation ici, à Québec? Est-ce que
le ministre de l'Éducation connaît mieux la réalité, par exemple, en Gaspésie,
aux Îles, en Abitibi que les gens sur
le terrain? Est-ce qu'il peut prendre l'engagement aujourd'hui, là, que,
lorsqu'il y aura des questions en matière
de priorisation pour savoir quelle école on agrandit, est-ce qu'on ajoute un
gymnase dans telle école ou on ajoute de
l'espace dans l'autre école... Parce que, tôt ou tard, il devra faire des choix.
C'est ça, gouverner. Alors, peut-il nous dire, à l'article 114, est-ce qu'il compte laisser encore les gens
sur le terrain prendre des décisions ou simplement s'arroger tous les
pouvoirs?
Mais là la
cerise sur le sundae, l'article 310, le fourre-tout. Parce qu'en cas de
doute, si le ministre n'a pas pensé à tous
les pouvoirs possibles et imaginables dans ce projet de loi, il pourra, pour
accomplir son objet — puis ça,
c'est le sens très, très, très large,
son objet — adopter,
par règlement, toute autre disposition pertinente. Ça, M. le Président, c'est
vraiment une clause fourre-tout qui permet au ministre d'être désormais le
ministre de l'Éducation le plus puissant de l'Occident. Alors, félicitations,
c'est fait, vous êtes maintenant le superministre de l'Éducation. Mais
maintenant...
Une voix : ...
Mme Rizqy :
Oui, superministre. Maintenant, êtes-vous capable d'admettre que c'est encore
les gens sur le terrain qui connaissent mieux les élèves que vous?
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je
cède maintenant la parole au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. Vous
disposez d'une période de cinq minutes.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
Ce n'est pas facile, M. le Président, de recadrer les faits en si peu de temps.
Mon Dieu, que de raccourcis. Bon, ma collègue a dit que le projet de loi allait
faire des fusions de territoires. Malheureusement, ce n'est pas exact. L'article 116 de la Loi sur
l'instruction publique actuelle, maintenant, la loi qui a été amendée sous son gouvernement, le gouvernement libéral, bien,
l'article 116 actuel — je ne parle pas du projet de loi n° 40 — dit : «À la demande des commissions scolaires intéressées
d'une même catégorie dont les territoires sont limitrophes ou d'une majorité
des électeurs de ces commissions scolaires, le gouvernement peut, par décret,
réunir leur territoire pour former une nouvelle commission scolaire...» Après ça, on dit que, dans le fond, il peut
aussi le faire de son propre chef sans même consulter. Ça, c'est la loi
actuelle. Et là elle dit que, ah! avec le projet de loi n° 40, le ministre
se donne le pouvoir de fusionner les commissions
scolaires. Bien non, c'est la loi actuelle. La loi n° 40 comporte un
article qui traite de ce même sujet, c'est l'article 46, qui nous impose
une condition supplémentaire, c'est qu'on devra éventuellement, si jamais on
allait là — ce
n'est pas notre intention — consulter avant. Donc, ce n'est pas du tout
un nouveau pouvoir. C'est faux, c'est juste faux. Donc, ça devient moins
facile pour qui voudrait le faire, et ce n'est pas notre intention, de toute
façon.
Ma collègue
nous parle de l'article 102, cette fois-ci, du projet de loi n° 40 — et
on se promène pas mal dans notre projet
de loi, c'est bien, on va finir par
le faire connaître — et
elle dit : Ah! là, là, les écoles vont être au service du privé. C'est encore inexact, M. le Président. Alors, ici, on dit que «les centres de services scolaires doivent
favoriser le partage de ressources
et de services, notamment de nature administrative, entre eux ou avec d'autres organismes publics, dont
des municipalités, ou des établissements
d'enseignement régis par la Loi sur l'enseignement privé — ce n'est pas un mot qui est sale, ça, on a le droit de dire ça, c'est correct — lorsque cela permet, dans le cadre de leur
mission, de répondre à des besoins d'efficacité ou de rentabilité dans la gestion des
ressources humaines, financières et matérielles». En réalité, si on peut en faire plus avec le même dollar...
pas plus avec moins, là, ça, c'est son gouvernement qui faisait de l'austérité
puis qui coupait. Nous autres, c'est en faire plus avec plus, parce qu'on met
plus d'argent dans le réseau scolaire puis on améliore nos façons de faire pour faire plus de chemin avec chaque
dollar qu'on met de plus. Il ne s'agit pas d'asservir le réseau public au réseau privé. Puis le pire, c'est
que je pense que ma collègue le sait. Ça ne l'empêche pas de le dire, mais
je pense qu'elle le sait.
Ensuite...
Ah bon! Les... non, non, c'est ça, l'ajout d'espaces, là. Donc là, supposément
qu'on aurait, dans le projet de loi,
un nouveau pouvoir, là, qui
enlèverait de l'autonomie aux commissions
scolaires, ou plutôt aux centres de
services scolaires, par rapport aux rénovations et aux agrandissements. Bien, ce n'est encore
pas ça, parce qu'en ce moment, pour
faire un agrandissement, tout projet d'ajout
d'espaces doit être préalablement autorisé par le ministère. C'est déjà le cas.
Les rénovations pourront se faire sans approbation du ministère. Oh! la
nouveauté. C'est donc plus d'autonomie qu'actuellement.
C'est le contraire d'une centralisation. Et, modification au projet de loi,
c'est qu'on dit que, par règlement, on pourra dire le montant à partir
duquel les commissions scolaires pourront faire, même, des ajouts d'espaces
sans autorisation, parce qu'on dit qu'on
fixera, par règlement, plus tard, le montant. On va dire, moins de
5 millions, si vous faites un
travaux d'agrandissement de moins de 5 millions, vous pourrez le faire
sans autorisation du ministère. Il n'est pas déterminé encore, mais on ajoute que, par règlement, on précisera à
partir de quel montant les commissions scolaires, les centres de services plutôt, auront plus
d'autonomie. Donc, au contraire, il ne s'agit pas d'enlever de l'autonomie, il
s'agit d'en donner davantage. Donc, voilà.
Et
le comble, c'est quand... Et ça m'étonne quand même qu'elle récidive avec
l'article 310, qui est un article de transition qui a été utilisé par son
gouvernement pour le projet de loi n° 42, 86, et 157, et le gouvernement
précédent, avant nous et avant eux, dans le
projet de loi n° 20, 36, 38, 60 et 68. Et des fois c'est copié-collé, ce
sont les mêmes mots, là. Ce n'est
même pas des articles qui se ressemblent, c'est le même article. Tu fais, Word,
là, copier-coller, c'est le même. Donc,
il n'y a rien d'exceptionnel, ça s'appelle des mesures transitoires et de mise
en application de la loi. Puis on essaie de faire passer ça, un article usuel, comme un article de centralisation.
Si c'est le seul argument qu'ils ont pour être contre le projet de loi,
c'est qu'ils n'en ont pas.
• (18 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Votre droit
de réplique, Mme la députée de Saint-Laurent, deux minutes.
Mme Marwah
Rizqy (réplique)
Mme Rizqy :
Parlant de raccourcis, vous comprendrez qu'il ne lit pas mot pour mot les
autres dispositions dans les lois
qu'il vient de citer, notamment pour l'article 310, car il sait très bien
que, lorsque nous étions en consultations, je lui ai déposé les lois
auxquelles il faisait référence, et aucune d'entre elles n'avait les mêmes
mots. Les autres lois avaient certainement
un article de transition. Ici, là, l'article 310, ce n'est aucunement une
disposition de transitoire. Au contraire, c'est un article qui lui donne
plus de pouvoirs d'agir derrière des portes closes pour adopter, par règlement,
d'autres pouvoirs. Ça respecte l'objet. Ça s'appelle un article fourre-tout.
Lorsqu'il
parlait de l'article 102, je ne sais pas comment qu'il l'a lu, mais «le
centre de services ne peut», c'est une négation, et là on lui dit clairement
qu'un centre de services ne pourra
pas faire des rénovations. Alors, c'est le contraire de la vérité, ce que mon collègue vient de dire ici, en ce
salon bleu. Alors, vous comprendrez, M.
le Président, c'est important
de lire tous les mots. Et, lorsque, dans une phrase, il y a
une négation, ça veut dire que le centre de services devra demander la
permission au superministre.
Maintenant,
c'est drôle, hein, parce qu'en
consultations, lorsque des intervenants lui ont dit : Vous allez pouvoir
fusionner, maintenant, des territoires... Tantôt, il nous a fait une lecture
rapide de la Loi sur l'instruction publique en disant : «À la demande des commissions scolaires...» Oui, la Loi sur
l'instruction publique, effectivement, «à la demande des commissions scolaires», c'est ce qu'il a dit
tantôt, mais là, maintenant, c'est : «Le gouvernement peut, par décret...»
Ah! donc, le gouvernement, par décret...
Puis savez-vous quoi? Il l'a appris lui-même lors des consultations. Il s'est
viré de bord puis il a regardé son
équipe : C'est-u vraiment écrit ça, là? Bien oui, il ne l'avait juste pas
lu. Les mots comptent. Alors, c'est
pour ça que, désormais, on voit qu'il y a plein d'enseignants, différents
parents, différents comités de parents qui vous demandent de reculer et
de retourner faire vos devoirs.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée.
Amélioration
de la sécurité sur l'autoroute 55, dans la
circonscription électorale de Nicolet-Bécancour
Nous
allons maintenant procéder au deuxième débat, qui portera sur une question
adressée par M. le député de La Pinière
au ministre des Transports concernant l'inaction du gouvernement caquiste dans
le dossier de l'élargissement de l'autoroute 55,
dans le comté de Nicolet-Bécancour. M. le député de La Pinière, cinq
prochaines minutes pour vous.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Ça me fait plaisir d'être ici en compagnie de mon
ministre préféré, celui qui gère le ministère dont je suis le
porte-parole et avec lequel nous avons travaillé avec beaucoup d'énergie dans
le projet de loi n° 17.
Alors
là, M. le Président, on a une situation qui est assez particulière. Le ministre
est le ministre des Transports et il
est censé être le ministre des Transports de tout le Québec, puis des fois on
se dit que peut-être que, pour les comtés qui sont au sud, de sa formation politique, il va y avoir une attention
particulière. Et je répète un peu ce que j'ai dit ce matin, M. le Président, puis ce n'est pas parce que c'est
un comté qui est dans sa formation politique, mais à un moment donné,
quand on est ministre, là, on doit écouter la population.
Qu'est-ce que
la population dit? Pour ceux et celles d'entre nous, là, qui ne sont pas
familiers avec le segment en
question, au Québec on a deux autoroutes qui sont est-ouest :
l'autoroute 20, sur la Rive-Sud, l'autoroute 30, sur... 40, sur la Rive-Nord. À un moment donné, avec le
temps, M. le Président, on a construit l'autoroute 55, qui va de la
frontière jusqu'au fleuve
Saint-Laurent, à la hauteur de Trois-Rivières. C'est une autoroute normale avec
deux voies, divisée au centre, et à
chaque croisement d'une route
secondaire, un viaduc. Ça fait un certain temps qu'elle n'est pas terminée, et à un moment donné tous les gouvernements,
le nôtre inclus, ont eu à faire face à cette situation-là et à mettre au PQI la
terminaison de l'élargissement de l'autoroute 55.
Vous savez, M. le Président, l'autoroute 55, là, quand j'étais petit, là, plus jeune, là, elle
était à une seule voie... il y avait deux voies. Ce n'était pas séparé
au milieu. Progressivement, on l'a doublée. Il reste un bout, le bout entre la 20 et le pont Laviolette. Ça roule, là,
monsieur, je prends ça régulièrement, ça roule. D'ailleurs, la limite de
vitesse sur ce segment-là est celle
d'une autoroute. Ce n'est pas 70 kilomètres-heure, c'est
100 kilomètres-heure. La plupart du temps, c'est une belle ligne
droite avec quelques petits vallons qui nous font perdre la vue et c'est une
zone rurale. Étant une zone rurale, on
comprendra qu'il y a bien des gens qui partent de leur maison familiale,
souvent sur une ferme, pour aller au
village à côté. Dans les villages, on reconnaîtra Saint-Célestin, Précieux-Sang, et
ainsi de suite. Ces gens-là, quand ils ont
à traverser la 55, là, ça les stresse. Tout
le monde trouve ça dangereux.
Pourquoi? Parce qu'à la hauteur du
chemin Forest — ce n'est pas le seul — ce n'est pas simple, la visibilité n'est pas
idéale, on cherche des feux de circulation, et ainsi de suite, ce n'est pas simple. Les gens, ça les
inquiète. Et, comme je le disais ce matin, il y a des gens qui font des détours
de 15 kilomètres pour la traverser parce qu'à l'autre intersection c'est
plus sécuritaire. Alors, quand on fait 15 kilomètres dans une zone
rurale, là, où il y a... hein, on s'entend que c'est parce qu'il y a vraiment
un problème.
Le maire le
dit, les élus locaux le disent, il y a des pressions qui sont faites sur le
ministère, il n'y a rien qui bouge. Nous,
M. le Président, on l'a mis au PQI, on l'a mis au PQI. Puis on sait que le Plan
québécois des infrastructures, ça a des étapes. L'étape stationnement, là, c'est «mise à l'étude». Puis, quand
on décide de le faire avancer, on arrive au dossier d'opportunité, là,
il va arriver à la fin, puis ça va prendre quelques années, c'est clair. Mais
ça ne se fait pas.
Alors, il y a vraiment des représentations qui
ont été faites par les élus locaux pour répondre aux inquiétudes et aux insatisfactions des gens. Ils ont
dit : Écoutez, là, si vous ne la doublez pas, vous savez que le jour où
vous allez la doubler, il va falloir
des viaducs. Construisez les viaducs, ça coûte moins cher que de l'élargir, si
c'est un enjeu de budget. Pire que
ça, M. le Président, sur la 55, entre la 20 puis le pont Laviolette, il y a des
viaducs construits en fonction du futur élargissement. Ce sont des viaducs qui passent par-dessus le tracé de
l'autoroute réelle à quatre voies. Alors, les gens ont dit au ministre : Faites donc ça, au moins,
ça va sécuriser les gens. Il y a beaucoup d'accidents dans ce coin-là. Il y en
a. Et là c'est silence radio au ministère du Transport.
Alors, M. le Président, ce n'est pas compliqué, mon intervention, là, je ne devrais pas avoir
besoin de faire ça. Ce qu'on demande au ministre, c'est de prendre les
décisions, de faire avancer le projet. On sait que ça ne sera pas construit l'année prochaine, mais sinon qu'ils
construisent donc au moins un viaduc au chemin Forest. Ce n'est pas la fin
du monde, il y en a ailleurs.
M. le Président, je vais souvent chez ma famille dans les
Cantons-de-l'Est. Dans son comté, il n'y
a pas de problème, il y en a,
des viaducs pour traverser. Ils sont en train d'en construire un maintenant,
M. le Président. Pourquoi il n'en fait pas sur la 55?
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de La Pinière. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre des Transports. Vous
disposez de cinq minutes.
M. François
Bonnardel
M. Bonnardel : Merci,
M. le Président. Très heureux de voir
que, pour le député de La Pinière, je suis son ministre préféré. J'ai toujours
hâte à ses questions, et je vois aujourd'hui qu'il se rend
utile en posant des questions sur des dossiers régionaux. C'est bien, parce
qu'il y a de multiples dossiers régionaux partout au Québec. On a décidé
d'investir une somme record, où on a
annoncé, au mois de mars dernier, 4,8 milliards de dollars. On a réalisé
plus de 90 % de nos travaux qui étaient
en réalisation cet été. Il y aura des projets qui étaient, donc, en
planification qui vont être réalisés l'été prochain. On aura encore des annonces qui seront faites au
mois de mars prochain pour annoncer la programmation de l'été prochain
et de l'année suivante.
C'est
toujours particulier de voir le Parti libéral, par la bouche du député de
La Pinière, se lever et dire : Bien, vous devriez faire ça
aujourd'hui, vous êtes au gouvernement. Oui, on est au gouvernement depuis 13
mois, peut-être 14 mois. J'ai un parti
politique qui dit lui-même, le député : Nous avons mis ce projet à l'étude
voilà quelques années, quelques années. Et je parle d'une formation politique
qui a été au pouvoir depuis presque 15 ans, de 2003 à l'élection de
2018, à part un petit intermède au Parti québécois, qui ont été au pouvoir.
• (18 h 20) •
Je connais
très bien le secteur aussi. Vous pouvez être assuré que le député de
Nicolet-Bécancour me parle très souvent, comme le député de
Trois-Rivières, comme tous ceux qui utilisent la 55, qui souhaitent sécuriser,
élargir cette 55. On a fait beaucoup,
beaucoup dans la dernière année, plusieurs projets qui avaient déjà été mis
dans la machine, si je peux le dire
ainsi, par l'ancien gouvernement, mais qui vont se réaliser dans les prochaines
années, sinon dès l'été prochain. Est-ce qu'on
peut tout faire en même temps? Oui et non. Est-ce qu'on a l'idée de faire de
grands projets? Absolument. Mais, pour la
Mauricie, pour l'Estrie, pour l'Outaouais, pour l'Abitibi, il y a beaucoup,
beaucoup, beaucoup à faire. Il y a un
déficit de maintien d'actifs, il y a sécuriser le réseau, et sécuriser le
réseau, bien, cette portion de la 55, avec
le chemin Forest, bien, fait partie des projets et des routes qu'on souhaite
sécuriser. Je sais très, très bien qu'il y a plusieurs agriculteurs qui
peuvent arriver avec leur machinerie puis qui se disent : Est-ce que je
regarde à gauche, je regarde à droite? Les
véhicules s'en viennent à 100 kilomètres-heure, ils doivent traverser. Il n'y a pas eu
d'accident grave, et on n'en souhaite pas, sur ce secteur.
Maintenant, je suis convaincu, encore une fois,
que nous serons capables de livrer la marchandise dans les prochaines années, conjointement avec mon collègue
de Nicolet-Bécancour, pour assurer, encore une fois, que les
résidents de ce secteur, que les élus
de ce secteur sachent que nous serons présents. Et je leur dis aujourd'hui, s'ils nous écoutent, que
nous irons les rencontrer. Je sais très,
très bien qu'ils souhaitent, avec le
MTQ, travailler pour être capables d'avoir un réseau et que cette section de la
55 soit sécurisée. On le fera avec eux cet hiver, on va préparer un plan de
match futur et on va répondre
positivement, encore une fois, à leur demande pour s'assurer que la 55 et que
ces chemins qui traversent la 55 soient sécurisés et que tout le monde
se sente en sécurité. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre des Transports. M. le député de La Pinière, vous disposez d'une période de deux minutes pour votre
réplique.
M. Gaétan Barrette
(réplique)
M. Barrette : M. le Président,
je vais m'adresser, évidemment, directement à la population du comté de Nicolet-Bécancour. M. le Président, j'ai posé cette question-là en leur nom aujourd'hui parce que je me préoccupais de leur sécurité. Le ministre
dit : Il y a plein de projets qui sont en train de se
terminer. Oui, c'est les nôtres, je le sais. Et les projets futurs,
bien, ils peuvent les faire parce qu'ils ont de la marge de manoeuvre qui vient
de nous.
Aujourd'hui, M. le Président, là... Le ministre des Transports,
depuis un an, a une liste des endroits problématiques au Québec.
Ce gouvernement-là aurait pu choisir de s'occuper en premier des
endroits problématiques. Je lui ai donné, M. le Président,
l'occasion aujourd'hui, au nom de la population de Nicolet-Bécancour, de poser
un geste simple, pas annoncer la construction demain matin, simplement de faire
avancer le projet au Plan québécois des infrastructures. Le Plan
québécois des infrastructures, c'est
une cédule, c'est un chemin, ça prend des années. Tant qu'on ne fait pas
avancer le projet, les étapes qui sont prévues à la loi, ça n'arrivera
pas. Ce projet-là, ça va prendre facilement cinq ans avant qu'il se réalise parce qu'«étude», «opportunité»,
«à faire», «réalisation», c'est la loi, en général c'est un an par étape.
Le ministre aurait pu se lever aujourd'hui et dire à la population : Je vous ai entendus, je vais passer du stationnement, qui est «étude», je vais le mettre à «opportunité»,
qui garantit l'avancement dans les cinq prochaines années. Il aurait pu dire à la population : Écoutez, actuellement, nos choix budgétaires sont tels que vous
savez tous qu'on a choisi autre chose, on va au moins mettre un viaduc.
Il n'a pas choisi ça.
Alors, être à l'écoute de la population, c'est
aussi saisir l'occasion pour faire une annonce appropriée qui va rassurer les
gens qui nous écoutent, nous, les parlementaires.
Ajournement
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député.
Compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés au mardi 26 novembre 2019, à 13 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 24)