(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon mercredi. MM. et Mmes les députés, veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous débutons
nos travaux avec la rubrique Déclarations
de députés, et la première
déclaration est pour M. le
député de Maskinongé.
Rendre hommage à Mme
Janyse L. Pichette pour ses
25 ans de carrière à la MRC de Maskinongé
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à mettre en lumière une grande dame que je côtoie depuis
déjà
plusieurs années, Mme Janyse L. Pichette.
Depuis près de 25 ans, Janyse est la directrice générale et la
secrétaire-trésorière de la MRC de Maskinongé.
C'est le mois prochain qu'elle quittera ses fonctions après ces nombreuses
années de dévouement et de travail acharné.
Femme de
coeur et de conviction, elle s'est également beaucoup impliquée auprès de la cause des proches aidants naturels, s'occupant elle-même
de sa mère et de son époux.
Ayant su s'adapter, au fil des ans, aux responsabilités
grandissantes municipales, Janyse laissera, sans aucun doute, de bien grands souliers à chausser. Surnommée la
mémoire de la MRC de Maskinongé, on lui reconnaîtra aussi une grande force de caractère, qui lui a permis de
faire tomber des barrières et avancer de très grands projets dans la MRC de
Maskinongé. Si elle serait ici aujourd'hui, elle vous dirait que la MRC de
Maskinongé, c'est la plus belle région du Québec,
et, naturellement, elle vous y inviterait à venir faire un tour. Alors, merci,
Janyse, on pensera toujours à toi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de Viau.
Souligner la Journée
internationale de la langue et de la culture créoles
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, M. le Président. À chaque année depuis 1983, le 28 octobre est
consacré Journée internationale de la langue et de la culture créoles à
travers les pays et les communautés ayant le créole en partage.
Au Québec,
qu'ils soient d'origine haïtienne, martiniquaise, guadeloupéenne, de
Sainte-Lucie, de l'île Maurice, ou des Sheychelles, ou tout simplement
d'ici, des milliers de Québécoises et
de Québécois sont des créolophones ou des créolophiles.
Cette
journée, c'est l'occasion de célébrer, de rendre hommage aux écrivains,
auteurs-compositeurs, comédiens et à
toutes les personnes originaires des pays créoles qui continuent de faire de
cette langue, parlée par quelque 13 millions de locuteurs, une
langue vivante, belle et porteuse d'avenir.
Je tiens donc
à saluer, M. le Président, plusieurs initiatives québécoises comme le Mois du
créole à Montréal, la journée du
créole du Centre N A Rive de Montréal, le Festival de théâtre créole de
Montréal. (S'exprime en créole). Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de Chauveau.
Souligner le succès de
l'événement 24 heures du Lac Archibald
M. Sylvain Lévesque
M.
Lévesque (Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président. Au mois d'août
dernier, j'ai eu le grand plaisir de participer aux 24 heures du
Lac de Lac-Beauport, un grand événement à la fois sportif et caritatif qui
compte près de 300 participants et quelque 125 bénévoles.
J'ai surtout
eu le privilège de faire partie de la magnifique équipe en mémoire de Marie-Brigitte
Testa, une mère de famille décédée en
2015 d'un cancer à l'âge de 39 ans, qui avait elle-même participé aux
24 heures. Sa mère Claire, son père Léonard et plusieurs de ses
amis ont pris la relève avec un succès absolument impressionnant.
Je leur rends donc hommage, à eux ainsi qu'à
toutes les équipes participantes, et plus particulièrement à Philippe Canac-Marquis et son équipe pour leur
travail colossal, qui aura permis d'amasser la somme record de 165 000 $
en 2019.
En terminant, M. le Président,
permettez-moi une pensée spéciale pour Marie-Brigitte Testa, ses enfants ainsi
que son entourage. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Chauveau. La
prochaine déclaration est pour M. le député de Papineau.
Souligner
la tenue de la mission économique de la région de Gatineau à Québec
M.
Mathieu Lacombe
M.
Lacombe : Merci beaucoup, M. le Président. Je prends la parole
aujourd'hui afin de souligner la présence, à Québec, d'une délégation de plus de 20 personnes impliquées dans le
développement économique de la région de Gatineau, dont certains
représentants sont avec nous présentement.
Ces
entrepreneurs, ces élus et ces dirigeants qui composent la délégation ont tous
un point en commun : ils croient, tout
comme notre gouvernement, que l'Outaouais a un fort potentiel et sont
convaincus qu'elle doit faire partie intégrante de la stratégie de
développement économique.
L'Outaouais
a d'ailleurs la chance de compter sur un écosystème d'entreprises variées, dont
celles des nouvelles technologies,
qui sont un domaine d'avenir, évidemment. Grâce à sa position géographique
stratégique, à sa main-d'oeuvre de
qualité, à ses avantages économiques et à sa qualité de vie exceptionnelle, que
je connais bien, Gatineau a tout pour attirer des investissements et
contribuer activement à la prospérité économique du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le
député de Blainville.
Souligner
le 55e anniversaire des Chevaliers de Colomb du
conseil de Bois-des-Filion—Lorraine
n° 5661
M.
Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je veux rendre un hommage tout particulier aux
Chevaliers de Colomb de Bois-des-Filion—Lorraine à l'occasion de leur 55e
anniversaire de fondation.
C'est en effet depuis
janvier 1965 que Les Chevaliers de Colomb de Bois-des-Filion—Lorraine
participent activement au mieux-être des gens dans la communauté filionoise
et lorraine. Il me fait donc grand plaisir de souligner 55 ans de dévouement exemplaire consacrés au
rayonnement, dans la collectivité, des valeurs de charité, d'unité, de
fraternité et de patriotisme, et, particulièrement, au soutien de
personnes dans le besoin dans la région.
À
titre de député de Blainville, permettez-moi d'exprimer ma profonde gratitude à
son président, M. Francis Pelletier, et aux 122 membres de cette
remarquable organisation pour leur engagement indéfectible, ayant permis
d'assurer sa pérennité et son rayonnement pendant toutes ces années.
Bon 55e anniversaire
et longue vie aux Chevaliers de Colomb de Bois-des-Filion—Lorraine!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais
maintenant M. le député de Beauce-Nord.
Féliciter
cinq élèves de l'école Jésus-Marie de Beauceville, lauréats du
concours de créativité lexicale de l'Office québécois de la langue française
M. Luc
Provençal
M. Provençal : M. le
Président, le 6 juin dernier, des élèves de deuxième secondaire de l'école
Jésus-Marie de Beauceville ont eu le
bonheur d'apprendre qu'ils avaient remporté un prix dans le cadre d'un premier
concours de créativité lexicale organisé par l'Office québécois de la
langue française.
C'est
pour la création du mot «instavidéaste», concept qui sera désormais le mot
français pour définir celui, anglais, de «streamer» que des élèves ont été
récompensés. Ce néologisme fut proposé par Justin Roy, Justin Maheux, Justin
Fecteau, Félix Blanchette et Jordan Dufour. Instavidéaste sera donc
répertorié dans Le grand dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française. De
plus, si ce mot s'implante bien dans l'usage, il pourrait un jour se retrouver
dans le Larousse.
À
titre d'ancien enseignant et directeur de cette école, c'est avec une grande
fierté que j'accueille cette nouvelle. Félicitations à ces élèves et à
leur enseignante! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le
député de Bonaventure.
Rendre
hommage aux travailleurs en sylviculture
M. Sylvain
Roy
M. Roy :
Merci, M. le Président. Je désire prendre la parole ce matin pour rendre
hommage à des gens d'exception, dont
on entend peu ou pas souvent parler, mais qui sont essentiels à l'économie de
nos régions, les travailleurs sylvicoles. Les travailleurs sylvicoles sont dans toutes nos
régions. Ils se lèvent à 3 heures chaque matin pour se rendre dans nos forêts
isolées et y faire un boulot difficile. Avec
le soleil qui plombe, les insectes qui sont partout, ils opèrent dans des
conditions difficiles pour faire
fonctionner un maillon essentiel de nos économies forestières régionales. Qui
plus est, c'est un des seuls métiers
au monde où plus tu prends de l'expérience, plus ton salaire diminue, parce que
le salaire est en fonction de la production, et non à l'heure.
Je
crois qu'il est temps qu'au Québec on réfléchisse sérieusement à des mesures de
soutien pour ceux qui s'occupent de
nos forêts. Depuis que je suis en politique, je martèle l'importance de
soutenir nos travailleurs sylvicoles et, croyez-moi, tant que j'y serai,
je continuerai à me battre pour eux.
Leur travail et leur
courage me touchent, M. le Président, car, à un moment de ma vie, après mes
études universitaires à Montréal, j'ai été moi-même un travailleur sylvicole, car
il n'y avait pas d'emploi à mon retour en Gaspésie.
Le Vice-Président
(M. Picard) : En terminant.
M.
Roy : Au cours de ces
années, j'y ai rencontré des gens exceptionnels et j'y ai appris des leçons de
vie qu'aucun cours universitaire n'aurait pu m'apprendre. Chaque fois que je
les croise à Bonaventure, mais également lors des congrès des associations qui les
représentent, je me fais toujours un devoir de valoriser leur travail.
Le Vice-Président
(M. Picard) : En terminant.
M.
Roy : Aujourd'hui, au nom de l'Assemblée
nationale et en mon nom personnel, chers travailleurs sylvicoles, je vous dis
merci pour votre travail dans les forêts du Québec.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Bonaventure. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Rendre
hommage au Dr William «Bill» Barakett pour
son engagement communautaire
Mme
Isabelle Charest
Mme
Charest : Merci, M. le Président. Je prends la parole aujourd'hui pour
rendre hommage au Dr William Barakett, qui s'est éteint le 26 août
dernier. Omnipraticien, il était spécialiste en polytoxicomanie et en
traitement de la douleur chronique à la
clinique médicale Knowlton et à l'Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins, où il était
chef du département de médecine
générale. Il a été professeur adjoint en médecine familiale à l'Université
McGill, président de l'Association des
médecins omnipraticiens du Québec, instigateur de la Fondation de l'Hôpital
Brome-Missisquoi-Perkins et président de
la Fondation Butters. Durant ses 47 années de carrière, il était près des
gens, soignant ses 2 300 patients avec passion, honnêteté et
empathie.
Merci,
Dr Barakett, pour votre dévouement et votre engagement exceptionnel dans notre
communauté. Je joins ma voix à celle de tous les citoyens et citoyennes
de Brome-Missisquoi pour offrir mes sympathies à sa famille, ses collègues, ses
amis et ses patients. Brome-Missisquoi se souviendra de vous, Dr Barakett.
Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant M. le
député de Johnson.
Souligner
le 50e anniversaire du Centre de bénévolat d'Acton Vale
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, je souligne, aujourd'hui, le 50e anniversaire
du Centre de bénévolat d'Acton Vale.
C'est en 1969 que soeur Bertrand fonde, à Acton Vale, le premier centre de
bénévolat de la région, dans le but d'améliorer la qualité de vie des
personnes et des familles dans le besoin.
S'établissant,
à travers les années, comme un acteur de premier plan dans la communauté, le
centre de bénévolat offre une
panoplie de services communautaires allant du dépannage alimentaire au soutien
à la rentrée scolaire, des services de
maintien à domicile à l'accompagnement des proches aidants en plus de fournir
de l'aide à de nombreux organismes de la région.
Le
centre emploie aujourd'hui 17 personnes, dont une dans le cadre d'un
programme de réinsertion sociale, et peut aussi compter sur l'implication de 130 fidèles bénévoles. Grâce au
dévouement inflexible de tous ces gens, les citoyens et familles de la
MRC d'Acton reçoivent soutien, accompagnement et assistance, peu importent
leurs besoins.
Je
félicite le Centre de bénévolat d'Acton Vale et lui souhaite, pour de très
nombreuses années, de continuer de contribuer à faire d'Acton Vale une
communauté forte et solidaire. Je souligne la présence des représentants du
centre qui sont ici, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
consentement pour permettre à M. le député de Laurier-Dorion de faire
une déclaration supplémentaire?
Des voix :
Consentement.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Consentement. Allez-y, M. le député.
Exprimer de la solidarité
envers le peuple chilien et dénoncer
les atteintes aux droits humains au Chili
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Le 11 septembre 1973, j'avais sept ans, mais cette journée est
restée marquée dans ma mémoire.
Depuis le palais présidentiel bombardé, le
président du Chili, Salvador Allende, s'est adressé à son peuple pour la
dernière fois. (S'exprime en espagnol).
«[Bien plus]
tôt que tard s'ouvriront les grandes avenues [par] où passera l'homme [et la
femme libres] pour [bâtir] une
société meilleure», a-t-il dit peu avant de mourir.
Depuis plus
d'une semaine, le peuple chilien a ouvert grande la voie vers la liberté, la
justice et la solidarité. Le peuple du Chili s'est soudainement uni pour
obtenir des grands changements et abattre le système néolibéral qui le
meurtrit. Mais les soldats répriment avec la brutalité des gens qui
s'indignent.
J'exhorte les
parlementaires de cette Assemblée
ainsi que toute la société québécoise à soutenir activement le peuple
chilien et à dénoncer les atteintes aux droits humains dans ce pays. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise à 10 h 2)
Le
Président : Mmes et
MM. les députés, bon début de journée. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons donc les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 45
Le
Président : À l'article a
du feuilleton, Mme la ministre
de la Santé publique présente... de
la Sécurité publique présente le
projet de loi n° 45, Loi
concernant principalement la nomination et le mandat des coroners ou du coroner
en chef. Mme la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. J'ai effectivement l'honneur de présenter le projet de
loi n° 45, Loi concernant principalement la nomination et le mandat des
coroners et du coroner en chef.
Ce projet de
loi apporte principalement des modifications à la Loi sur la recherche des
causes et des circonstances des décès.
Le projet de loi remplace le titre de cette loi
par celui de Loi sur les coroners.
Le projet de
loi prévoit les règles applicables à la nomination du coroner en chef, des
coroners en chef adjoints et des
coroners. Il prévoit également que le coroner en chef, les coroners en chef
adjoints et les coroners permanents ne sont plus nommés durant bonne
conduite, mais plutôt pour un mandat d'une durée de cinq ans. Conséquemment, la
désignation de coroner permanent est
remplacée par celle de coroner à temps plein. Quant aux coroners à temps
partiel, le projet de loi détermine
que leur mandat est d'une durée fixe d'au plus cinq ans. En outre, il établit
que les mandats des coroners à temps plein et des coroners à temps
partiel sont renouvelables et précise les règles de renouvellement alors applicables. Il prévoit toutefois que le mandat du
coroner en chef et celui des coroners en chef adjoints ne sont pas
renouvelables.
Le projet de
loi établit les circonstances dans lesquelles le coroner en chef, ses adjoints
et les coroners peuvent être relevés provisoirement de leurs fonctions,
avec traitement, par le ministre de la Sécurité publique.
En outre, le
projet de loi accorde au coroner en chef de nouveaux pouvoirs. Il lui permet
notamment d'émettre, en certaines circonstances, des avis aux autorités
concernées ou à la population afin que ces dernières soient mieux informées des risques de
décès et des mesures qui pourraient être mises en place pour les réduire. Il
lui permet aussi dans certains cas de désigner un coroner, autre que celui qui
avait été initialement désigné, pour procéder à une investigation ou
pour la compléter.
Le projet de loi propose également des
modifications aux fonctions d'un coroner en y ajoutant de nouveaux pouvoirs et de nouvelles obligations. Il permet,
entre autres, à un coroner qui préside une enquête d'ordonner le huis clos
en certaines circonstances. De plus, il
impose au coroner de différer la rédaction de son rapport d'investigation
notamment lorsque le Directeur des
poursuites criminelles et pénales a autorisé une poursuite à la suite du décès
d'une personne. Il impose également au coroner qui soupçonne une menace à la
santé de la population l'obligation d'aviser le directeur de santé
publique du territoire concerné.
Par ailleurs,
le projet de loi prévoit des règles applicables à la disposition et à la
conservation d'un organe, d'un tissu
ou d'un échantillon de l'un d'eux lorsqu'un médecin procède à une autopsie à la
demande d'un coroner. Il précise en outre
qu'un professionnel habilité par la loi peut effectuer sur un corps un
prélèvement requis pour une expertise ordonnée par un coroner.
Le projet de
loi impose qu'un avis soit transmis à un coroner ou à un agent de la paix
lorsqu'un enfant décède alors qu'il est sous la garde d'une personne
reconnue à titre de responsable d'un service de garde en milieu familial.
Le projet de
loi introduit l'obligation pour les personnes, les associations, les ministères
ou les organismes à qui des
recommandations ont été transmises par le coroner en chef de confirmer à ce
dernier qu'ils ont pris connaissance des recommandations et de
l'informer des mesures qu'ils entendent prendre pour corriger la situation.
Le projet de loi propose que le rapport d'un
agent de la paix ne soit plus annexé au rapport d'investigation ou d'enquête d'un coroner. Il prévoit des règles concernant la
consultation ou la transmission de certains documents,
notamment ceux utilisés par un coroner en cours
d'investigation ou d'enquête, et précise le caractère public des documents
déposés en preuve lors d'une enquête.
Enfin, le projet de loi contient des dispositions
de nature technique, de concordance et transitoires.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Nous demandons la tenue de consultations
particulières quant à ce projet
de loi et nous aimerions savoir si le leader compte s'y engager.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, nous aurons des discussions et, oui, nous aurons des consultations particulières. On pourra échanger
nos listes de groupes.
Mise
aux voix
Le Président : Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Fournier : Oui, M. le Président.
Je vous demanderais d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet
de loi n° 493
Le
Président : À
l'article b du feuilleton, Mme la
députée de Marie-Victorin présente le projet de loi n° 493, Loi
sur l'interculturalisme. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme
Catherine Fournier
Mme
Fournier : Merci, M. le Président. Ce projet de loi vise à affirmer l'interculturalisme comme modèle
d'intégration et de gestion de la diversité au Québec.
Pour ce faire, le projet de loi établit une politique
édictant les principes de l'interculturalisme. Cette politique reconnaît notamment le fait que le français est la langue commune du Québec
et que son apprentissage favorise l'intégration des individus issus de la diversité ethnoculturelle. Elle promeut également
les interactions interculturelles et la participation des individus issus de la diversité
ethnoculturelle à l'évolution de la société québécoise afin de contribuer à l'enrichissement culturel de la société et au développement d'une culture commune en harmonie avec les valeurs démocratiques et les valeurs québécoises exprimées par la Charte des droits
et libertés de la personne.
Le projet de loi accorde au ministre chargé de
son application le pouvoir de prendre les mesures qu'il estime indiquées pour mettre
en oeuvre la politique québécoise sur l'interculturalisme.
Le projet de loi modifie la Charte des droits
et libertés de la personne afin d'y
ajouter l'interculturalisme comme principe interprétatif des différentes
dispositions de la charte. Merci.
Mise
aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Plan
d'immigration du Québec pour l'année 2020
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président. Je dépose le plan d'immigration du Québec pour l'année 2020.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Justice.
Orientations
et priorités 2019-2020 du Comité
consultatif sur l'accessibilité à la justice
Mme LeBel : Oui, M. le Président. Je
dépose le rapport sur les orientations et priorités 2019-2020 du Comité consultatif sur l'accessibilité à la justice
dans le cadre du Programme d'aide financière pour favoriser l'accès à la
justice. Merci.
Le
Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des
Forêts, de la Faune et des Parcs. M. le ministre de... Merci.
Rapport
annuel du Programme d'aide aux Inuits pour
leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage
M.
Dufour : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel 2018 du Programme
d'aide aux Inuits pour leurs activités de chasse, de pêche et de
piégeage. Merci.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
Rapport
annuel du Comité de vigilance sur le cannabis
M.
Carmant : M. le Président, je dépose le rapport annuel 2018-2019 du Comité de vigilance en matière de cannabis. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses
à des pétitions
M.
Jolin-Barrette : Oui, M. le
Président. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées en
Chambre le 6 juin par la députée de Les
Plaines et le 19 septembre par les députées de Taschereau et de
Marie-Victorin.
• (10 h 10) •
Le Président : Ces documents
sont déposés.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 37
M.
Simard : Oui, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport
très attendu de la Commission des finances publiques qui, les 23, 24 et 29 octobre 2019, a tenu des
auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi n° 37, Loi visant
principalement à instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales et
Infrastructures technologiques Québec.
Le Président : Ce rapport est
déposé. Merci.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
d'Arthabaska.
Modifier
le processus d'indemnisation des victimes d'accident de la route
M.
Lefebvre : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 135 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que les victimes
d'accident de la route au Québec doivent entamer de nombreuses démarches auprès
de la Société de l'assurance automobile du Québec pour obtenir l'indemnisation
à laquelle ils ont droit;
«Considérant
que le processus d'indemnisation comporte plusieurs étapes qui peuvent
décourager les victimes dans leurs démarches;
«Considérant
que les décisions rendues par la Société de l'assurance automobile du Québec ne
correspondent pas toujours à la jurisprudence établie lors [des]
décisions antérieures pour des cas similaires;
«Considérant
que la modification d'une indemnisation peut être difficile, malgré une
situation qui évolue chez le bénéficiaire;
«Considérant que le
volume important de documents demandés ajoute de la lourdeur administrative à
des personnes déjà affectées par un accident ayant causé des blessures
physiques et psychologiques;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'instaurer un délai
raisonnable pour indemniser les victimes d'accident de la route et de
faciliter les démarches pour les victimes pour obtenir l'indemnisation à
laquelle ils ont droit.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole
au chef de l'opposition officielle.
Amendement au projet de loi concernant le processus
d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci, M. le Président. Hydro-Québec refuse toujours de déposer sa demande
tarifaire devant la Régie de l'énergie. Et, pour se justifier, la société
d'État évoque l'adoption imminente du projet de loi n° 34 de la CAQ.
De façon unanime,
tous ceux qui se sont prononcés sur le projet de loi ont dit que les Québécois
allaient se faire avoir. Pas plus tard
qu'hier, quatre anciens ministres de toutes allégeances politiques
ont joint leurs voix et décrié ce projet
de loi. Mais le premier ministre continue de faire la sourde oreille, alors qu'on sait que vous pourriez
demander à Hydro-Québec, justement, de déposer la demande.
Lorsque
le premier ministre mentionne qu'il souhaite ajuster la hausse de
tarifs selon l'inflation, en fait, ce qu'il annonce, c'est que les Québécois paieront 500 millions de trop. C'est
donc une décision volontaire de la part du gouvernement. D'ailleurs,
en résumé, ce que vous dites aux Québécois, c'est : On se fait avoir, mais
de façon prévisible.
M. le Président, nous avons déposé un amendement au projet
de loi, qui permettrait aux Québécois
de payer leur électricité au juste prix. C'est une solution concrète, rapidement
applicable. Contrairement au gouvernement, qui souhaite fixer les prix selon l'inflation,
nous proposons plutôt de limiter cette hausse à l'inflation. De cette façon, la
régie pourrait fixer des tarifs sous l'inflation et permettre aux
citoyens de payer le juste prix.
Encore une fois, est-ce que le premier
ministre accepte notre proposition dans l'intérêt des personnes à faibles revenus, de la
classe moyenne, de nos entreprises et de notre développement économique?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le fonctionnement actuel de la Régie de
l'énergie n'incite pas à la bonne
gestion. Je vous explique en deux mots.
Si les dépenses chez Hydro-Québec,
les dépenses admissibles augmentent de 1 %, Hydro-Québec a le droit d'augmenter ses tarifs de 1 %. Si les
dépenses d'Hydro-Québec augmentent de 4 %, Hydro-Québec a le droit
d'augmenter ses tarifs de 4 %.
C'est ce qui est arrivé quand l'ancien gouvernement ou, je devrais dire, les
anciens gouvernements ont forcé
Hydro-Québec à acheter de l'énergie éolienne qu'ils n'avaient pas besoin, ce
qui a créé des pertes, des augmentations de dépenses chez Hydro-Québec.
M.
le Président, ce qu'on propose, c'est de remplacer ce mécanisme par quelque
chose qui est beaucoup plus proche de
la bonne gestion, c'est-à-dire, l'année prochaine, on dit gel et, les années
suivantes, inflation pour les augmentations de tarifs. Et ce sera à
l'administration d'Hydro-Québec de mieux gérer ses dépenses.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le Président,
je peux citer une douzaine de déclarations à l'époque où il était dans
l'opposition. Il disait : Il
faut payer le juste prix. Ce que je regarde aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas
de justification valable pour refuser l'amendement que nous proposons. En fait, ce que
vous faites, c'est que vous refusez d'agir et de remettre de l'argent
dans le portefeuille des Québécois.
Avec votre projet de loi, pourquoi vous
tenez tant à défendre les intérêts d'un monopole aux dépens de tous les Québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, j'entends le chef de
l'opposition officielle dire que je
veux défendre un monopole. Le chef de l'opposition officielle oublie qu'Hydro-Québec, ça appartient à
100 % aux Québécois. C'est notre fierté. 100 % des bénéfices d'Hydro-Québec reviennent aux Québécois,
servent à financer nos services en éducation, en santé. Pour moi, c'est une
fierté. Je ne vois pas pourquoi le chef
de l'opposition officielle regarde de
haut ce beau fleuron québécois.
Le Président :
Deuxième complémentaire, la parole appartient au chef de l'opposition
officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Bien, c'est justement parce que ça appartient aux Québécois qu'on devrait payer
le juste prix, M. le Président.
Le premier ministre,
en fait, souhaite trouver des raisons pour financer ses promesses électorales.
On propose aujourd'hui, là, dans un geste très positif, une solution qui
va respecter la capacité de payer des Québécois et qui va offrir une prévisibilité si
chère au premier ministre.
Pourquoi vous refusez
le gros bon sens?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, en 2014, le Parti québécois a augmenté le tarif d'électricité de 4,3 %,
le double de l'inflation. Philippe Couillard...
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui, merci, M. le Président.
J'ai laissé passer hier, mais là, aujourd'hui, ça ne passe pas. Ce n'est
pas le Parti québécois qui a fait l'augmentation, c'est la régie.
Cependant,
on est d'accord, c'est le gouvernement de la CAQ qui augmente les tarifs parce
qu'elle enlève des poids à la régie. Ça, c'est un fait.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, pas de réaction. Ce n'est pas une
question de règlement. Ce n'est pas une question de règlement. Je
reviens à la parole et au temps du premier ministre pour sa réponse.
M. Legault :
M. le Président, en 2014, le Parti québécois, le gouvernement du Parti
québécois a laissé Hydro-Québec augmenter
les tarifs de 4,3 % et le gouvernement du Parti québécois avait tous les
pouvoirs d'imposer une hausse moins grande à Hydro-Québec. Il a choisi
de ne pas le faire.
Pire,
M. le Président, Philippe Couillard, pendant la campagne électorale, a promis
de corriger ça. Quand il est arrivé au pouvoir...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...il a oublié sa promesse, comme beaucoup d'autres promesses. Moi, je serais
gêné d'être...
Le
Président : Troisième complémentaire, M. le chef de
l'opposition officielle. Je vais vous demander, tous, je vais tous vous demander encore une fois votre
collaboration. On apprécie entendre les questions, on apprécie entendre les
réponses. M. le chef de l'opposition officielle, vous êtes le seul à
avoir la parole.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, tous les sondages qui ont été faits... Il aime ça, les
sondages, le premier ministre. Tous
les sondages qui ont été faits démontrent que le monopole d'Hydro-Québec a
besoin d'être encadré par un organisme de contrôle. Toutes les
oppositions sont d'accord. Quatre anciens ministres sont d'accord. Les petites
et moyennes entreprises sont d'accord. Tous
les groupes de consommateurs sont d'accord. Les experts, les universitaires
sont d'accord.
Est-ce que le
premier ministre peut se lever pour nous dire pourquoi tout le monde a tort et
que lui seul a raison?
Le Président :
M. le premier ministre, la parole vous appartient.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, tous les sondages montrent que les Québécois n'appuient plus
le Parti libéral. M. le Président...
M. le Président, ce qu'on propose, c'est très simple. On dit à
Hydro-Québec : L'année prochaine, vous allez geler vos tarifs puis, pour les années suivantes,
vous allez les augmenter de l'inflation. Je sais que l'ancien ministre des
Finances pense que l'inflation pourrait monter à 5 %, 6 %. Je ne sais
pas sur quelle planète il vit. L'objectif...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Legault :
L'objectif de la Banque du Canada, c'est aller à peu près à 2 %. Donc, ça
veut dire que les tarifs n'augmenteront pas de plus que 2 %. C'est
pas mal mieux que ce qu'a fait le Parti libéral puis le Parti québécois.
Le Président : Question
principale...
Des voix : ...
• (10 h 20) •
Le
Président : Encore une fois, votre collaboration. C'est maintenant
le député de Laval-des-Rapides qui a la parole.
Projet
de loi concernant le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M.
Saul Polo
M. Polo :
M. le Président, depuis le 12 juin dernier, le ministre de l'Énergie nous
répète sa même cassette au sujet du
projet de loi n° 34. La semaine dernière, il a commencé la semaine en nous
disant que, tout d'un coup, il faisait preuve d'ouverture et de bienveillance
dans un esprit de collaboration.
Alors,
j'espère que le ministre va commencer à entendre les revendications des
différents groupes qui sont venus nous
voir en commission parlementaire. Les représentants des organisations de
consommateurs résidentiels, c'est vous, moi, c'est tout le monde qui payons notre électricité l'hiver qui sommes
inquiets. L'Union des consommateurs nous a dit : «La crainte, c'est
que les tarifs payés au cours des [...] prochaines années soient plus élevés
que ceux qu'il y aurait eu [lorsque les
audiences et un examen de la régie auraient été imposés.]» Option Consommateurs
a dit : «Le projet de loi [...] n'est pas à l'avantage des
consommateurs.»
Alors, M. le
ministre, quand est-ce que vous allez commencer à entendre les Québécois? Vous
avez été élu par les Québécois pour gouverner pour les Québécois. Votre
responsabilité...
Le Président : Je vais...
Une voix : ...
Le Président : Oui, j'allais
le faire, M. le leader du gouvernement. Je vous demande de vous adresser à la présidence. C'est une règle que l'on connaît bien,
s'il vous plaît, et je suis là pour vous entendre et vous écouter
attentivement.
M. Polo : M. le Président,
quand est-ce qu'il va comprendre que son projet de loi n° 34
est mauvais pour les Québécois?
Le Président : M. le
ministre...
Des voix : ...
Le Président : Sans
commentaire. M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M. Julien :
Merci, M. le Président. Alors, le p.l. n° 34,
en réalité, je le réitère, parce qu'il est simple, je le sais, je suis obligé de le redire, il permet de
retourner plus de 500 millions, plus de 500 millions dès la première
facturation de 2020. Pour arriver à
cette conclusion, M. le Président, il faut modifier la méthode de tarification,
parce que le compte d'écart qui
existe actuellement, qui est retourné à la clientèle, est justement tributaire
de la méthode actuelle à la Régie de l'énergie. Et après ça on vient
dire : L'an prochain, ça sera un gel et, les années subséquentes, ça sera
l'inflation. Sur une période de cinq
ans, en utilisant le taux composé, M. le Président, ça veut dire que, sur cinq
ans, la clientèle d'Hydro-Québec va payer 70 % de l'inflation sur cette
période-là. Quand on regarde une période de cinq ans comme celle-là et qu'on
retourne en arrière cinq ans par cinq
ans, jamais, jamais la clientèle d'Hydro-Québec n'aura bénéficié d'une hausse
tarifaire aussi faible. Alors, à partir de ce moment-là, on travaille
directement pour la clientèle, directement pour les citoyens.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Saul Polo
M.
Polo : M. le Président, depuis le début de l'étude de ce projet de loi
là, les associations des consommateurs nous disent que le projet de loi n° 34, c'est un mauvais deal, les associations d'industriels nous disent
que c'est un mauvais deal, les experts et les commentateurs politiques
nous disent que c'est un mauvais deal. Aujourd'hui, on a quatre anciens
ministres de l'Énergie qui lui disent que c'est un mauvais deal.
Alors,
pour qui est bon ce deal du projet de loi n° 34?
Est-ce seulement pour Éric Martel, le P.D.G. d'Hydro-Québec, et sa gang
à Hydro-Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M. Julien : Un autre objectif, M. le
Président, du p.l. n° 34, du projet de loi n° 34...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Attentifs aux réponses.
M. Julien : ...comme mentionné par
le premier ministre, c'est de modifier même la notion de performance d'Hydro-Québec. Le système actuel fait en sorte
que c'est l'ensemble des coûts plus 8,2 % qui vont servir de la base de
tarification. Donc, Hydro-Québec n'a pas
intérêt à être efficiente dans la gestion de ses coûts puisque, de toute façon,
la tarification va suivre. Et c'est ce qu'on a vu dans le passé,
justement, en 2014, une hausse de trois fois l'inflation.
Alors, avec
le projet de loi, le risque est transféré à la société d'État, qui va devoir se
gouverner pour être plus efficiente...
Le Président : En terminant.
M. Julien : ...et plus performante.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député.
M.
Saul Polo
M.
Polo : M. le Président, plusieurs experts s'opposent au projet de loi n° 34, notamment le Pr Normand Mousseau, qui a dit : «Les consommateurs vont se faire avoir dans deux ans,
c'est clair. On risque d'avoir des augmentations plus élevées que celles que nous avons eues dans le
passé...» M. le Président, les consommateurs résidentiels, les consommateurs
industriels, les chercheurs nous disent qu'avec ce projet de loi là on va se
faire avoir.
Est-ce que le
ministre peut enfin jeter sa cassette à la poubelle d'Hydro-Québec, et répondre
aux Québécois, et réaliser que ça va être un mauvais deal pour les
Québécois?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M.
Jonatan Julien
M.
Julien : Vous savez, M. le Président, la Régie de l'énergie maintient
toutes ses responsabilités, sauf que, pour la tarification, ce sera sur une
base quinquennale où il y aura une cause tarifaire. Quand on dit, en réalité,
que le gel plus l'inflation sur les
quatre années suivantes, c'est une hausse de tarifs qui n'a jamais été
observée, dans le passé, aussi faible que
ça, jamais... Alors, quand les gens disent : On se fait avoir, quand
l'opposition dit : On va se faire avoir, écoutez, jamais la hausse n'a été aussi faible. C'est, en réalité,
la meilleure hausse la plus faible qu'on aura vue sur une base quinquennale.
Alors, à partir de ce moment-là, on pense
qu'on travaille vraiment pour la clientèle, on travaille pour les citoyens,
avec une tarification juste...
Le Président : En terminant.
M. Julien : ...une tarification
prévisible, une tarification plus faible.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Aide aux sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à la
suite des inondations printanières de 2019
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Je me fais encore la voix des sinistrés de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, à bout de souffle, fatigués, impuissants. Il me fut impossible de ne pas être
bouleversée par cette détresse humaine qui porte des prénoms : Myriam,
Caroline, Annie, Patrick, Diane, Corinne,
Gilles et tous les enfants, Emma, Camille, Maude, et je pourrais continuer.
J'ai une pensée toute spéciale pour deux personnes dont la situation
était humainement insupportable : un homme dans la soixantaine et une
jeune femme de 31 ans qui se sont récemment enlevé la vie.
C'est un cri
du coeur que lancent les sinistrés, mais à ça le gouvernement ne répond rien.
Les gens sur le terrain ont raison de se sentir abandonnés. Les
sinistrés demandent de rencontrer le premier ministre, et, sincèrement, je ne comprends pas pourquoi, à ce jour, le premier
ministre ne donne pas suite. Il est pourtant le premier ministre de tous les
Québécois, incluant les sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Encore une
fois, est-ce trop demander au premier ministre de prendre de son temps pour
aller à leur rencontre?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Merci, M. le
Président. Eh bien, la députée me lit intégralement la même question qu'hier
soir, donc je vais reprendre des
éléments de mes réponses d'hier soir en disant qu'effectivement on est d'accord
avec la députée de Vaudreuil sur le
fait qu'il y a de la détresse présente dans la communauté de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac. J'ai dit hier, d'ailleurs, qu'il y a des situations, chez des personnes sinistrées un
petit peu partout au Québec aussi, sur lesquelles on travaille tout aussi fort que celles à
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, mais on a reconnu abondamment le caractère spécifique
de ce qui est survenu à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. On travaille extrêmement fort, à travers nos équipes de sécurité publique, pour l'indemnisation des victimes de sinistre et,
les équipes de la santé, pour s'assurer de la disponibilité, de la proactivité des équipes de soutien
psychosocial.
M. le
Président, je l'ai dit hier, je vais le répéter aujourd'hui, et ce sera vrai
encore demain et la semaine prochaine, si elle me repose la question, il y a des cas qui sont plus complexes. Il y
a un nombre restreint de cas plus complexes sur un lot de cas de 1 600 à
Sainte-Marthe-sur-le-Lac et plus de 7 000 dossiers de demande
d'indemnisation au Québec. Alors, oui, ces cas-là exigent davantage de
temps et d'efforts, mais la bonne nouvelle, M. le Président...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...c'est que les ressources et les efforts sont investis en conséquence de la
part du gouvernement.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Comme réponse, la ministre offre des lignes de presse
déconnectées, des statistiques vides de sens. Ces chiffres-là ne rassurent personne à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. M. le
Président, les messages que je reçois chaque jour demandent à la
ministre d'ouvrir les yeux, lui demandent compréhension et compassion. Encore
une fois, c'est une situation exceptionnelle qui demande des mesures
exceptionnelles.
À quand le programme spécial pour les sinistrés
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Bien, effectivement, M. le Président, c'est une situation exceptionnelle qui
demande des mesures exceptionnelles, sur lesquelles on est exactement en
train de travailler avec ma collègue des Affaires municipales. Comme je l'ai
dit hier, mon cabinet, depuis le tout début, est en communication constante
avec les gens de la ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
avec les gens de la Croix-Rouge, avec tous les partenaires impliqués dans ce
que j'appellerais l'effort gouvernemental concerté pour soutenir nos
sinistrés, avec ma collègue de la Santé, bien sûr. J'ai dit hier que j'allais rencontrer sous peu la mairesse de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac pour nous assurer qu'elle dispose de tous les outils
nécessaires. Si on peut l'aider davantage ou différemment, on va le faire.
Mais, M. le Président...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...il reste qu'il y a certaines situations qui sont plus
complexes et il faut les traiter en conséquence.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Tout comme hier,
ma question s'adresse à la députée de Mirabel, la députée
des 6 000 évacués et des
milliers de familles qui font aujourd'hui face à l'inconnu. Cette fois, je cite un citoyen
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac : «Ma
députée provinciale, elle est où? Elle fait quoi pour ses citoyens?
Aurait-elle dû faire une assemblée spéciale pour les sinistrés? Est-ce que sa
page Facebook en parle?» Fin de la citation.
La députée
peut-elle aujourd'hui prendre leurs dossiers en main, faire bouger les
choses au bénéfice de son monde?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Merci, M. le
Président. Bien, s'il y a quelqu'un qui a été actif et disponible pour les
citoyens sinistrés, outre la majorité des membres du gouvernement qui ont été
impliqués à divers niveaux, c'est bien, effectivement, la députée de Mirabel, non seulement avec les gens
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, mais avec les gens de Pointe-Calumet aussi,
qu'elle rencontre régulièrement, à la fois les élus municipaux et les citoyens.
Donc, je tenais à le dire parce qu'effectivement elle est très active, et j'en
sais quelque chose.
Donc, M. le
Président, c'est un effort d'équipe qu'on fait, à la fois à la Sécurité
publique et à travers divers ministères,
pour aider au mieux nos personnes sinistrées. Mais, comme je l'ai dit hier à la
députée de Vaudreuil, si elle a des
informations ou a besoin de davantage d'information, parce qu'il y a des
informations qu'on ne peut pas nécessairement dire publiquement, je
l'invite à travailler avec nous...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...comme le fait son collègue de Pontiac, comme le font plein de collègues de
l'Assemblée nationale dans des circonscriptions éprouvées.
• (10 h 30) •
Le Président : Question
principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Conditions salariales des
employés de la fonction publique
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Cette semaine, les gens qui s'occupent de notre monde déposent leurs demandes
salariales au gouvernement. Ces gens-là, c'est ceux qui ont fait les frais de
l'austérité libérale, qui ont payé en double
l'obsession comptable des gouvernements des 15 dernières années. Mais hier le président du Conseil du trésor leur a envoyé un message clair : «Je trouve
que c'est beaucoup.» Il a ajouté même : Les demandes «sont très
grandes». Ça commence à devenir une
habitude à la CAQ, là. Quand le monde ordinaire demande d'améliorer leurs
conditions, c'est toujours trop. Mais, quand ceux en haut de l'échelle,
eux, s'empiffrent, ça, c'est normal, c'est la loi du capitalisme. On n'y peut rien. Parce que, quand les patrons...
le patron, pardon, d'Investissement
Québec a reçu 100 % d'augmentation, c'est drôle, hein, personne au gouvernement n'a trouvé que c'était beaucoup, mais 2 $ de
l'heure pour le personnel de l'éducation,
ça, c'est bien épouvantable. D'ailleurs,
le premier ministre a dit tantôt au chef de l'opposition qu'il serait gêné
d'être libéral. Mais, pour les demi-millions
des employés du secteur public, là, les patrons de la CAQ, là, c'est la même
recette que les libéraux, la même austérité que les libéraux, M. le Président,
c'est le même mépris libéral.
Est-ce que c'est ça, le changement promis par le
premier ministre?
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Je vais demander encore une fois,
s'il vous plaît, d'être prudent dans les propos qui sont utilisés et dans les mots qui sont utilisés, et notamment
celui-là. M. le leader de l'opposition officielle, j'allais demander le retrait de ce même
mot.
Une voix : ...
Le
Président : Madame,
je demande le retrait de ce mot. Vous le savez très bien également,
je pense que ça va de soi, madame. M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, la CAQ, durant la campagne électorale, a promis de réduire les taxes
scolaires, d'augmenter les allocations
familiales, de réduire les tarifs de garderie, puis on va le faire. Je le sais,
que Québec solidaire est
contre ces trois mesures, mais on va le faire quand même.
Ce que je
sais aussi, c'est que, quand on regarde le cadre financier de Québec solidaire, ce qui était prévu, c'est une
augmentation à l'inflation pour les salaires de tous les
employés de l'État. Ça adonne bien, c'était exactement ce qu'on propose. Donc, est-ce
qu'elle changé d'idée sur les augmentations
de salaire? Pourquoi elle ne veut pas respecter son cadre financier, son
propre cadre financier?
Le
Président : Première complémentaire, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition. On s'adresse toujours à la présidence.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Je vais vous répondre : ce n'est pas vrai du tout. Pour nous, l'inflation,
ce n'est pas le maximum, c'est un
minimum, c'est un minimum. On ne vous dit pas de vider les coffres, hein? Ce
qu'on vous dit, c'est : Avec ces surplus-là, il faut rétablir les
injustices du passé, vécues sous un régime libéral.
Est-ce que vous êtes fier de poursuivre la même
logique que les libéraux?
Le
Président : M. le premier ministre. Et je vous demande toujours
de vous adresser à la présidence, s'il vous plaît.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, je m'excuse de le rappeler à la cheffe de Québec solidaire,
mais effectivement le cadre financier
qui a été proposé pour les quatre années du mandat actuel, c'est celui du Parti
libéral, qui proposait des augmentations
de salaire à l'inflation. Et, quand je regarde le cadre financier de Québec
solidaire, ils n'ont fait aucune correction dans ce qui a été proposé par le
Parti libéral. Par contre, nous, de notre côté, ce qu'on a proposé, c'est de
réduire les taxes scolaires, augmenter les allocations familiales, réduire les
tarifs de garderie, remettre 1,5 milliard...
Le Président : En terminant.
M. Legault :
...dans les poches des Québécois. Donc, je sais qu'elle n'est pas d'accord avec
ça, mais nous, on va respecter nos promesses.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
En fait, ce que le premier ministre ne dit pas, M. le Président, c'est que,
depuis l'an 2000, là, les salaires
de la fonction publique ont à peine accoté
le coût de la vie, alors que ceux du secteur privé, eux, ont bondi de 13 %.
Est-ce que le
premier ministre de la CAQ est fier de continuer le travail des premiers
ministres Charest et Couillard en dévalorisant le secteur public? Est-ce
que c'est ça, les valeurs du Québec?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, on prête des intentions, et je
ne pense pas que les termes sont appropriés. Alors, je demanderais le
retrait.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, la cheffe de la deuxième opposition exprime une opinion
politique sur les orientations du gouvernement. Elle ne prête pas
d'intentions, elle souligne la continuité entre les orientations de ce gouvernement et des gouvernements précédents. Ça
ne correspond à aucune infraction dans le règlement. C'est un jugement
politique sur les orientations du gouvernement. Ça peut lui déplaire, au
gouvernement, mais ça ne constitue pas une infraction à notre règlement.
Le
Président : Je vais vous demander, à ce moment-ci, d'être
prudents dans la formulation, mais s'il n'est pas... ce n'est pas contraire au
règlement. Vous avez des opinions qui peuvent diverger, bien sûr. Je demande à
la cheffe du deuxième groupe de compléter sa question.
Mme Massé :
Bien. Alors, si c'est la trace à suivre qu'a tracé le gouvernement libéral, ma
question, c'est : Est-ce que c'est ça, les valeurs du Québec pour
le...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le
Président, actuellement, il y a encore malheureusement beaucoup de Québécois qui ont de la misère à arriver, qui ont de la misère à payer
leurs factures à la fin du mois. Et, moi, quand je me lève le matin, c'est
d'abord pour eux autres que je
travaille. Puis c'est pour ça, pour eux autres, que je veux remettre 1,5 milliard dans les poches des Québécois, en particulier les Québécois qui ont
des enfants, donc réduire les tarifs de garderies, augmenter les allocations
familiales.
Québec solidaire change d'idée et veut maintenant donner le surplus aux employés de l'État en plus
de l'inflation. Bien, on n'a pas le même choix de société, effectivement.
Le Président :
En terminant... Question principale, M. le député de Jonquière.
Établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. M.
le Président, avec le projet de loi n° 34 sur l'affaiblissement des pouvoirs de la Régie de
l'énergie et l'augmentation des
tarifs d'électricité, le gouvernement fait l'unanimité contre lui. Après les
associations de consommateurs, après les grands industriels, après
1 400 PME dans toutes les régions du Québec, qui représentent 15 000 emplois, voici maintenant
quatre anciens ministres de deux partis politiques différents qui se
liguent eux aussi contre le gouvernement, dont le père de la Régie de
l'énergie, Guy Chevrette.
Ils
font trois constats : le projet
de loi va priver les consommateurs
résidentiels de baisses tarifaires dans un contexte de ralentissement économique, nuire au Québec
dans ses négociations pour la vente de blocs d'électricité aux États-Unis et nuire à la compétitivité de
nos entreprises, petites et grandes.
Alors,
est-ce qu'il y a quelqu'un dans ce gouvernement qui peut nous expliquer
pourquoi il ne réussit pas à convaincre personne de la pertinence du
projet de loi, sauf Hydro-Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui, merci, M. le Président. Alors, merci pour la question du collègue, qui me
permet de revenir justement sur cette lettre qui mentionnait en réalité qu'on
risquait de mettre en péril les exportations d'électricité.
Écoutez,
notre gouvernement a été très clair dès, en réalité, notre entrée en
fonction, un des principaux objectifs, c'est
d'être en mesure d'exporter les surplus auprès, en fin de compte, de nos voisins, Massachusetts, New
York, etc. Alors, il faut
bien comprendre, M. le Président, que, lors de l'élaboration du p.l. n° 34, nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour s'assurer
qu'aucun élément ne ferait en sorte de réduire cette possibilité-là.
Alors,
on a travaillé avec les auditeurs externes, en fin de compte, d'Hydro-Québec, avec les juristes de l'État, avec les juristes d'Hydro-Québec. Et justement il y a deux associations aux États-Unis
qui visent justement à s'assurer que ces exportations-là sont adéquates : le PERC et également...
le FERC, excusez-moi, et le NERC, deux associations qui regardent essentiellement le volet Transport, Hydro-Québec Transport. Et, dans cette perspective-là, le p.l. n° 34
ne modifie aucunement...
Le Président :
En terminant.
M. Julien :
...aucunement les enjeux légaux liés au transport.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. On a de la misère à le croire parce qu'hier en commission parlementaire le
ministre a promis, main sur le coeur,
qu'en janvier il allait rembourser 500 millions aux Québécois. Le
problème, c'est qu'il n'y a rien dans son
projet de loi qui nous assure que ce sera bien le cas. Le ministre, il affirme
que les informations d'Hydro-Québec lui permettent de faire ces promesses-là, mais il refuse absolument de
déposer tout document d'Hydro-Québec en commission.
Est-ce qu'il peut
prendre l'engagement, ici, d'aider tous les parlementaires et de déposer les
documents...
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Effectivement, M. le Président, on a eu une
discussion hier, lors de l'étude détaillée, et l'engagement que notre gouvernement a pris avec le p.l. n° 34, c'est de retourner au minimum, au minimum, 500 millions de
dollars, dès la première facturation,
à l'ensemble de la clientèle. Alors, naturellement, c'est le compte d'écart qui
est projeté et qui sera effectivement audité par les auditeurs externes
au 31 décembre.
Donc,
d'ici cette date-là, nous, on donne la garantie que ce sera minimalement
500 millions, mais ça sera la totalité du compte d'écart qui sera redistribuée dès la première facturation
puisque le projet de loi n° 34, s'il est sanctionné, va le
permettre.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. S'il est si convaincu que ça, pourquoi il ne veut pas nous le déposer
devant tout le monde, M. le
Président? Le ministre est isolé, de plus en plus isolé. Les consommateurs sont
contre lui, les industriels sont contre lui, les PME sont contre lui,
l'opposition est contre lui, tout le monde est contre lui.
Alors, il lui
reste juste une chose à faire, puis c'est de renoncer à son projet de loi, M.
le Président. Est-ce qu'il va le faire?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan
Julien
M. Julien :
Oui. M. le Président, nous n'avons pas l'intention
de renoncer au p.l. n° 34. Le projet
de loi n° 34,
je réitère trois éléments. Si on me dit, en réalité, qu'on n'est pas
confortable avec le fait qu'on va retourner plus de 500 millions à l'ensemble de la clientèle dès la première
facturation de janvier, nous, on est très confortables. Pour arriver à cet
élément-là, il faut modifier le mode de tarification, qui ne favorise
pas la performance actuellement d'Hydro-Québec
puisque c'est un coût auquel on ajoute un
rendement. Nous, on veut favoriser la performance. On va geler les tarifs en
2020, on va les augmenter à l'inflation sur une période de cinq ans. Jamais la
clientèle d'Hydro-Québec n'aura bénéficié d'une baisse...
Le Président : En terminant.
M. Julien : ...d'une hausse
aussi faible des tarifs. Donc, c'est le projet de loi.
• (10 h 40) •
Le Président : Question
principale, M. le député de La Pinière.
Projets pilotes sur les
ratios entre le personnel soignant et les patients
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : M. le
Président, ce matin, à travers vous,
je m'adresse aux infirmières de partout au Québec qui vivent une grande charge de travail, du temps
supplémentaire obligatoire, des congés de maladie. Nous les avions entendues,
et ensemble on a dessiné les projets ratios.
Si aujourd'hui une infirmière s'occupe de 13 patients, demain,
elle s'en occupera de neuf, huit ou
sept. Moins de charge de travail, pas de temps supplémentaire obligatoire et
moins de congés de maladie, mais c'est aussi plus de personnel.
Les projets
sont tous terminés, les résultats sont probants, mais la ministre
ne peut pas les appliquer. Pourquoi? Plus
de personnel égale des coûts additionnels récurrents, jusqu'à plus de 1 milliard de dollars. Ça prend donc l'autorisation du président du Conseil du trésor, mais elle ne l'a
pas.
Qu'est-ce que
ça va prendre au président du Conseil
du trésor, qui a la marge de manoeuvre, pour l'autoriser à appliquer les nouveaux ratios?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, écoutez, M. le
Président, premièrement, le député de La Pinière commence par faire une affirmation que ces
projets pilotes là sont terminés, ce qui n'est pas le cas, premièrement, parce
que, là, s'ils étaient terminés, on aurait
des conclusions puis on aurait pu les discuter. Alors, je lui rappellerais bien
simplement aujourd'hui que des projets pilotes ont été commencés,
mais ce n'est pas du tout le cas qu'ils sont terminés.
C'est important
pour nous de bien comprendre que les projets ratios auront un impact important
sur la façon dont va conduire la ministre
McCann, de la Santé, dans les prochains mois... Alors donc, ce que je vous
dirais pour le moment, il n'y a rien de concluant. On va continuer à
travailler avec ces projets-là.
Le
Président : Je vais
demander de vous appeler évidemment par vos titres, bien sûr, le titre de la ministre.
On aura compris. M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : M. le
Président, j'invite le président du Conseil du trésor à réviser ses documents parce que des
projets ratios, il y en avait pour les infirmières et les inhalothérapeutes.
Ceux des infirmières sont tous terminés et ils sont tous probants. Il est clair qu'il faut les mettre en application.
Le seul projet qu'il reste concerne les inhalothérapeutes. C'est un
autre enjeu.
Les
infirmières vous l'ont dit : Affichez
les postes en mode de nouveau ratio, on va les prendre, on va même
sortir de notre retraite. C'est quoi, le problème du président...
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor. Vous vous adressez toujours à la
présidence.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, premièrement, je n'ai pas de problème. Deuxièmement, quand on dit... Puis je répéterais au député de La Pinière, qui a déjà été dans le siège précédemment, que, quand il dit
que les conclusions sont probantes, elles sont probantes pour qui? Nous
devons s'assurer d'avoir un équilibre entre ce qui est demandé par les
infirmières et...
Une voix : ...
M. Dubé : Pardon?
Le
Président : S'il vous plaît! Soyez attentifs aux réponses. M.
le président du Conseil du trésor,
continuez votre réponse, s'il vous plaît.
M. Dubé : Je n'ai pas exactement compris ce que... Bon, peut-être
qu'elle pourra m'expliquer après ce qu'elle a dit, là, qu'elle n'est pas
capable de dire tout fort.
Le
Président : S'il vous plaît! M. le président du Conseil
du trésor, continuez votre réponse...
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Je vous prierais de rappeler à l'ordre le président du Conseil du trésor. On ne peut pas s'interpeller, on ne peut
pas s'interpeller l'un l'autre, et je vous prierais de le rappeler à l'ordre en
ce sens-là. Merci.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, la députée
d'Anjou—Louis-Riel
a dit un terme inapproprié pendant que
le président du Conseil du trésor est celui qui a la parole. On le dérange quand il
tente de donner une réponse adéquate au député de La Pinière. Elle
caractérise la réponse du président du Conseil du trésor. M. le Président, le
leader de l'opposition officielle peut bien se lever, mais la personne qui
interpelle le président du Conseil du
trésor, alors qu'elle n'a pas
le droit de parole, c'est la députée d'Anjou—Louis-Riel. Elle ne respecte pas
nos règles. On vous demande...
Le
Président : Je vais vous demander... et tous, on l'a dit
souvent, c'est le silence pour tous, tant dans les questions que dans les
réponses. Évitez de vous interpeler et d'intervenir, ça dérange, effectivement, et souvent ça nuit à la bonne façon de procéder que l'on souhaiterait
tous, j'en suis convaincu. Je demande au ministre de compléter... au président du Conseil du trésor de compléter
sa réponse.
M. Dubé : Très bien, M. le
Président. Alors, ce que je disais sur le fait que, selon le député de La Pinière,
les résultats sont probants, je pense que la meilleure personne...
Le Président : En terminant.
M. Dubé : ...la meilleure
personne pour juger...
Le Président : Question. M.
le député.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : Elles écoutent, M.
le Président. En CHSLD la nuit, une infirmière a plus de 96 patients sous sa responsabilité. Dans les projets, on les a testées à 40. Fiez-vous à moi, c'est un
immense succès et c'est très probant. Les infirmières vous regardent et
s'attendent aujourd'hui à un engagement. Clairement, elles ne sont pas
entendues.
Est-ce que,
la semaine prochaine, elles vont voir, dans la mise à jour économique, le financement d'un plan de
déploiement des nouveaux ratios sur une période maximale de trois ans, un
déploiement...
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor. Encore une fois, on s'adresse toujours à la
présidence.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
C'est ce que je vais faire, M. le Président. Je pense que, quand le député de
La Pinière... de nous dire de se fier à lui, je pense qu'il y a des
gens qui ont un certain doute. Alors, moi, j'aimerais beaucoup mieux me fier à l'actuelle ministre de la Santé pour décider et
discuter avec les infirmières, au cours de la prochaine négociation, quels
ont été...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît!
M. Dubé :
...quels ont été... Je vous regarde, M. le Président, là, hein?
Le Président :
S'il vous plaît! Je vous demande votre attention à tous.
M. Dubé :
Alors, s'il y a quelqu'un qui est dans la bonne position pour prendre ces
décisions, c'est notre ministre de la Santé et pas l'ancien ministre de
la Santé. Merci beaucoup.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Rappel au règlement. Le président du Conseil du trésor nous dit de se fier à la
ministre de la Santé. J'aimerais redéposer sa lettre où elle encensait
l'action du député de La Pinière à l'époque. J'aimerais la redéposer, M.
le Président. On va se fier à elle.
Le
Président : Ce n'est pas une question de règlement. Ce n'est
pas une question de règlement. Nous poursuivons l'échange. C'est la
fin...
Des voix :
...
Le
Président : Non, c'est la fin de ces échanges, s'il vous plaît!
Alors, pas de consentement sur ce dossier-ci.
Question...
Nous étions à... Je perds le fil. M. le député de Laurier-Dorion, vous êtes
maintenant le seul à avoir la parole.
Test
des valeurs québécoises
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. Nous apprenons ce matin que le ministre de
l'Immigration ouvre un nouveau front dans sa
campagne pour nourrir les préjugés envers les immigrants. D'abord, il y a
eu les 18 000 dossiers annulés,
ensuite la loi qui empêche les femmes musulmanes de travailler dans
l'enseignement, puis les taxis. Maintenant, c'est au tour des tests des valeurs.
Quand
j'ai lu les journaux ce matin, j'ai failli tomber de ma chaise, M. le Président. Le test des valeurs du ministre...
sont les valeurs exprimées par la charte québécoise des droits et libertés,
cette même charte qui a été honteusement suspendue
sous bâillon par le ministre en juin dernier. Le ministre
demande aux personnes immigrantes de respecter la charte québécoise,
mais lui, il s'essuie les pieds avec.
Comment va-t-il leur
imposer un test qu'il n'est même pas capable de respecter lui-même?
Le
Président : M. le ministre de l'Immigration. Encore une fois, prudence dans vos propos. On
s'adresse à la présidence et on est attentif.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui. M.
le Président, réponse en deux volets.
Le député de Laurier-Dorion a fait référence à la Loi
sur la laïcité de l'État. Je peux vous dire que le gouvernement et moi-même, on
est très fiers d'avoir déposé cette loi-là, M. le Président, parce qu'on vient clarifier
des choses, que l'État et les religions, c'est séparé au Québec. On fait en sorte, là, que, pour certaines fonctions
bien précises, il n'est pas possible de porter de signes religieux durant la
prestation de travail.
Deuxièmement,
il ne faut pas mélanger les choses, M. le Président. Aujourd'hui, nous allons
annoncer que nous allons mettre en
place une évaluation de connaissance des valeurs québécoises inscrites dans la
Charte des droits et libertés de la
personne. Je pense qu'au Québec les valeurs québécoises, la non-discrimination
fondée sur l'âge, sur le sexe, sur l'origine
ethnique, ce sont des éléments importants. L'adhésion au principe d'égalité
entre les hommes et les femmes, M. le
Président, je pense que c'est une valeur importante de la société québécoise.
Si Québec solidaire est en désaccord avec ça, ça leur appartient. Mais
une chose est sûre, M. le Président, la société québécoise, elle est
accueillante, et on souhaite que les gens
adhèrent aux valeurs qui sont partagées par les Québécois et les Québécoises.
Et notre gouvernement va respecter les engagements que nous avons
pris...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...lors de la dernière campagne électorale. Et c'est ce que nous faisons
aujourd'hui.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Les valeurs québécoises, M. le Président, j'en suis. Le problème, c'est que la
dernière fois que le ministre nous a parlé de ces valeurs, c'était pour
déroger à la charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Est-ce qu'encore une
fois certaines valeurs vont compter plus que d'autres pour le ministre? Son
test va-t-il informer les immigrants qui
portent un signe religieux qu'ils ne pourront pas travailler dans certaines
fonctions, comme dans l'enseignement?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, ce que le député de
Laurier-Dorion dit, c'est inexact. M. le Président, il ne faut pas
mélanger la laïcité de l'État pour certains emplois et la relation avec
l'accueil des nouveaux arrivants.
La
Loi sur la laïcité de l'État, pour certaines fonctions bien précises, policier,
juge, agent de services correctionnels, directeur d'école, enseignant, durant la prestation de travail, pour
tout nouvel enseignant, pour tout nouveau policier, pour tout nouveau procureur, ce n'est pas possible de
porter de signe religieux. Ils représentent l'État dans le cadre de leurs
fonctions.
Pour
ce qui est de l'évaluation de connaissance des valeurs québécoises inscrites
dans la charte, M. le Président, je pense qu'il est tout à fait normal
qu'on demande aux nouveaux arrivants d'adhérer à ces valeurs.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
C'est drôle, M. le Président, c'est le premier ministre lui-même qui faisait le
lien entre la loi n° 21 et le
test des valeurs ce matin même, là. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de
problème au Québec, M. le Président. Aucune donnée n'appuie l'idée que les personnes immigrantes ne respectent pas
nos lois et nos valeurs, là. Le ministre légifère sur des fantômes, M.
le Président.
Quand
est-ce qu'il va lâcher les immigrants pour s'attaquer aux vrais problèmes de
l'immigration au Québec, la non-reconnaissance
des diplômes et des compétences, la discrimination, le profilage racial? C'est
ça, les vrais problèmes, pas le test des valeurs.
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, depuis que je suis arrivé comme
ministre de l'Immigration, je pense que j'ai démontré que je souhaite bien intégrer les personnes immigrantes.
Qu'est-ce qu'on a mis en place? Des mesures positives puis des mesures qui font en sorte d'améliorer
l'accès aux services, notamment de francisation, notamment d'employabilité,
parce que deux des facteurs les plus
importants pour l'intégration des personnes immigrantes, M. le Président, c'est
avoir un emploi à la hauteur de ses compétences. Le fait de dire que je quitte
mon pays d'origine puis que je vais pouvoir travailler dans le domaine pour lequel j'ai étudié ou dans lequel j'ai
de l'expérience, ça, c'est une intégration réussie. Le fait aussi d'avoir la
possibilité d'apprendre le français, d'évoluer en français au Québec. Je pense
que le fait qu'on ait mis des mesures costaudes pour assurer des cours
de francisation...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...mettre des allocations, ça, c'est porteur et
ça permet de bien intégrer les personnes immigrantes.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de l'Acadie.
Francisation
des immigrants
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. En juin 2017, notre gouvernement avait mis en place un
programme de 10 millions de dollars sur quatre ans intitulé Le français,
au coeur de nos ambitions, un programme administré par l'Office québécois de la langue française. L'objectif : favoriser
et valoriser l'utilisation du français dans les entreprises.
Bois
urbains, un organisme d'économie
sociale réputé de mon comté, offre, depuis 25 ans, des stages d'apprentissage
en ébénisterie. Bois urbains a déposé, le printemps dernier, un projet
emballant dans le cadre de ce programme afin d'offrir aux immigrants apprentis ébénistes
des outils pour la connaissance du français dans l'industrie du meuble, donc l'apprentissage, dis-je, d'un métier
en apprenant le français. Ainsi, l'immigrant arriverait à intégrer son milieu
de travail plus rapidement.
Réponse : le projet a été refusé. On a appris que, l'été dernier, l'OQLF a
retiré de son programme le critère manufacturier.
Le
ministre de la Francisation peut-il demander au ministre de la Langue française
pourquoi il tourne le dos à l'apprentissage du français dans...
Le Président :
M. le ministre de la Francisation.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, vous savez, pour nous, l'apprentissage de la langue française,
c'est extrêmement important pour les
nouveaux arrivants, pour les personnes immigrantes. Alors, depuis qu'on a
fusionné le ministère responsable de
la Langue française avec le ministère de l'Immigration, on souhaite franciser.
Pour nous, c'est une priorité.
Nous
allons, au cours les prochains mois, mettre en place une série de mesures pour
faire en sorte d'aller de l'avant au
niveau de la francisation des personnes immigrantes. D'ailleurs, nous avons
commencé, M. le Président, notamment en accordant davantage de soutien financier
aux personnes immigrantes qui veulent suivre des cours de francisation, passant
de 141 $ à 185 $ par semaine à temps complet, en créant une
nouvelle allocation, M. le Président, à temps partiel, 15 $ par jour de séance. 15 $ parce que, vous savez,
M. le Président, parfois les gens, bien, ils ont besoin d'un petit incitatif,
d'un surplus pour suivre le cours.
Alors, on met des
mesures qui sont positives pour accompagner les personnes immigrantes et
surtout, M. le Président, on s'adapte à la
réalité des personnes immigrantes. Parce qu'il y avait un plafond de cinq ans
sur le Parti libéral. Les personnes
immigrantes qui voulaient apprendre le français, après cinq ans, elles
n'étaient plus admissibles, elles ne pouvaient
plus s'améliorer, elles ne pouvaient plus détenir davantage de compétences
langagières. On a enlevé ce plafond-là.
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, pourquoi la ministre avait
laissé ce plafond-là à l'époque où elle était ministre?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. M. le Président, cette décision de l'OQLF est
déplorable et incompréhensible. Le
secteur relié aux portes et fenêtres, aux meubles et aux armoires de cuisine
représente des milliers de travailleurs. Cette industrie doit combler 15 000 postes annuellement et elle est
une excellente porte d'entrée sur le marché du travail pour les
immigrants.
Le
ministre de la Langue française va-t-il se rappeler à lui-même que le français
doit être au coeur de ses ambitions?
Le Président :
M. le ministre de la Francisation.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je suis pleinement d'accord avec
la députée de l'Acadie, le français, c'est important. On va assurer son
apprentissage, son rayonnement, M. le Président.
Ce
qu'on souhaite au Québec, c'est que, lorsque les immigrants choisissent de
venir au Québec, ils puissent évoluer avec
notre langue commune, avec la langue officielle du Québec. Le français, M. le
Président, c'est ce qui distingue notre identité. C'est l'expression de
notre culture. Et je suis convaincu que la députée de l'Acadie est d'accord
avec nous.
Alors,
soyez assuré, M. le Président, soyez assuré que nous allons mettre en place
toutes les mesures nécessaires pour
s'assurer de la francisation des personnes immigrantes, que ça soit sur les
lieux de travail, que ça soit dans les cours, que ça soit aussi dans les
services de l'État.
Le Président :
En terminant. Deuxième complémentaire, Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme St-Pierre :
Quand je parle, je parle d'un programme bien précis. L'abandon du critère
manufacturier dans le programme Le
français, au coeur de nos ambitions démontre une profonde déconnexion. Que dit
le ministre à l'entreprise d'économie
sociale Bois urbains, qui oeuvre depuis 25 ans dans l'apprentissage
d'un métier très noble? Je vous rappelle qu'il s'agit d'une formule voulant qu'un immigrant apprenne un métier
tout en apprenant le français, une formule gagnant-gagnant.
Est-ce
que c'est parce que c'est un métier qui n'est pas assez payant que le critère
manufacturier a été enlevé?
Le Président :
M. le ministre de la Francisation.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, au cours des prochains mois,
vous pourrez voir la série de mesures que nous allons annoncer relativement à la francisation des personnes
immigrantes. Le programme relevait de l'Office québécois de la langue française.
Et nous allons prendre les mesures pour assurer une francisation pleine et
entière et l'opportunité aussi aux
personnes immigrantes, qu'elles soient en entreprise, qu'elles soient dans le
domaine de l'éducation, qu'elles soient
à la maison, donner l'opportunité d'apprendre le français, la disponibilité des
cours. Et nous avons déjà commencé, notamment
en assurant des sessions intercalées pour entrer dans un cours de français en
cours de route. M. le Président, c'est la disponibilité des ressources,
des cours, et nous allons le faire.
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : Nous avons
déjà commencé à le faire avec des mesures costaudes.
Le Président : Question
principale, M. le député de Pontiac.
Accès aux services au
centre satellite d'hémodialyse de Rivière-du-Loup
M. André
Fortin
M. Fortin : Merci, M. le Président. Être patient en dialyse,
ce n'est rien de joyeux, c'est épuisant, c'est drainant, et les nouveaux centres d'hémodialyse dans les
régions ont simplifié la vie de beaucoup de gens, beaucoup de familles. Plusieurs de ces centres ont ouvert au cours des
dernières années, certains en Outaouais, en Gaspésie, et un à Rivière-du-Loup
parce que, pendant des années, les gens de
Rivière-du-Loup devaient se déplacer au quotidien vers Rimouski pour avoir
des services, et des patients devaient débourser
1 200 $ en pension et 650 $ par mois en déplacements entre
Rimouski et chez eux. Mais ils
croyaient tout ça derrière eux, M. le Président. Mais malheureusement ça a
recommencé dernièrement.
L'unité qui a
été installée à Rivière-du-Loup n'accueille pas tous les patients en ce moment,
il manque un quart de travail. Et,
encore une fois, des gens ont dû déménager à Rimouski. Les patients déplorent
qu'ils sont loin de leur famille. Les familles disent qu'au minimum, au
minimum, on devrait rembourser leurs déplacements.
Ces gens sont
isolés de leur milieu, loin de leur famille, ils devraient avoir ce service-là
chez eux, à Rivière-du-Loup. Comment on peut accepter la situation en ce
moment?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Bien, encore une
fois, M. le Président, je remercie mon collègue de poser la question parce
qu'effectivement moi, je crois que les services d'hémodialyse, il faut qu'ils
soient à proximité le plus possible de la population, surtout ces services-là,
et parce que, on le sait, c'est trois fois par semaine, plusieurs heures par
jour. Et effectivement c'est des services majeurs pour les personnes.
Et je vais le
dire tout de suite, M. le Président, on est en train de trouver une solution pour les personnes qui ont besoin d'hémodialyse. Et c'est imminent, M. le Président. Les personnes qui demeurent dans le secteur de Rivière-du-Loup vont pouvoir avoir accès davantage à des services d'hémodialyse à Rivière-du-Loup, M. le Président. Et en plus, M. le Président, quand ce sera le cas, quand ce sera nécessaire
d'aller chercher des services de façon plus lointaine, on est en train de réviser toute la politique du transport pour les personnes qui ont à faire des grandes
distances, les frais qu'on donne.
Alors, M.
le Président, nous, on règle les dossiers sur plusieurs fronts, on veut que les
services se donnent à proximité le plus possible.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme McCann : Et, à Rivière-du-Loup,
il va y avoir une hausse de l'offre de services en...
Le Président : Ceci met fin à
la période de questions et de réponses orales. Merci de votre collaboration.
Motions
sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) : Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique
Motions sans préavis.
En fonction
de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe
formant le gouvernement. Je reconnais M. le ministre responsable de la région
de l'Outaouais.
Reconnaître les particularités et les défis
importants auxquels doit faire face
l'Outaouais et l'importance de soutenir cette région administrative
M. Lacombe : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, je salue le maire de Gatineau, qui est dans les tribunes
avec toute sa délégation économique ce matin.
M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, le député de Rimouski, le
député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'Outaouais comme une région administrative
avec des particularités importantes;
«Qu'elle
souligne que ces particularités amènent des défis importants, compte tenu,
notamment, de sa situation frontalière avec Ottawa;
«Qu'elle
reconnaisse que la région de l'Outaouais a accumulé un retard important ces
dernières années quant au financement public en santé, en éducation, en
enseignement supérieur et en culture;
«Qu'elle
rappelle que cette situation a eu son lot de conséquences sur le développement
économique de la région et sur sa capacité à se doter d'institutions
propres dans plusieurs champs de compétences du Québec;
«Qu'enfin,
elle souligne l'importance de soutenir la région de l'Outaouais en considérant
notamment ces particularités importantes.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
• (11 heures) •
M. Tanguay :
Merci beaucoup, M. le Président. Nous avions un amendement qui engageait le
gouvernement à régler la situation d'ici le prochain budget, ça a été refusé...
Le Vice-Président
(M. Picard) : O.K. Vous savez que, lorsqu'il n'y a pas de... Oui, M.
le leader de...
M.
Jolin-Barrette : ...M. le Président, mais je vais vous demander un
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, nous allons procéder par un vote par appel
nominal.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault (L'Assomption),
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Girard (Groulx), Mme McCann
(Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne),
M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque
(Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest
(Chicoutimi), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete
(Sainte-Rose), Mme Hébert
(Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau),
Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand
(Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin (Rousseau),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe
(Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire (Maskinongé),
Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Rousselle
(Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun),
Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon
(Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
Le Vice-Président (M.
Picard) : Que les députés qui sont contre veuillent bien se lever. Y
a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Picard) : Cette motion est adoptée. Je reconnais maintenant
un membre du groupe formant l'opposition officielle. M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Jonquière, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Considérant
que 10 % des enfants et des
adolescents du Québec souffrent d'obésité et que 30 % présentent de
l'embonpoint;
«Considérant qu'ils
sont les premiers à être victimes d'intimidation;
«Considérant la
hausse des problèmes de diabète de type 2 et de cholestérol chez les
jeunes;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'ensemble de ces problématiques
de santé minent l'estime de soi des jeunes, ce qui amène davantage de
cas de dépression et de tentative de suicide;
«Qu'elle reconnaisse,
à l'instar de l'Organisation mondiale de la santé, que la hausse de l'indice de
masse corporelle est un facteur de risque
majeur pour certaines maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires
et le diabète;
«Qu'elle
demande au gouvernement d'investir davantage dans la prévention auprès des
jeunes touchés par ce fléau, notamment en misant sur des équipes
multidisciplinaires en première et en deuxième ligne;
«Finalement,
qu'elle demande au gouvernement de reconnaître l'obésité comme une maladie, et
ce, pour améliorer l'accès des soins de santé.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Pas de consentement. Je reconnais
maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Laurier-Dorion.
Prendre
acte de l'opération militaire lancée par la Turquie contre les
positions kurdes au nord de la Syrie et affirmer la solidarité
de l'Assemblée envers la population kurde
M.
Fontecilla : M. le Président, je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante conjointement
avec la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, la
députée de Bourassa-Sauvé, le député des Îles-de-la-Madeleine, le député
de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale du Québec prenne acte que la Turquie a lancé, le 9 octobre 2019,
une opération militaire contre les positions kurdes au nord de la Syrie;
«Qu'elle affirme sa
solidarité avec la population kurde qui a contribué à la défaite [de] Daech en
Syrie;
«Qu'elle
invite la communauté internationale à continuer les actions auprès de la
Turquie afin d'encourager les parties
à trouver une solution pacifique à travers le dialogue et le respect des droits
humains dans le but d'éviter une escalade des violences.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Consentement, sans débat. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Adopté. Je reconnais maintenant un
membre du troisième groupe d'opposition. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Exprimer
la préoccupation de l'Assemblée quant à la crise sociale et
politique au Chili et sa solidarité envers le peuple chilien
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, la députée de Bourassa-Sauvé,
la députée de Laurier-Dorion, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale exprime sa préoccupation quant à la grave crise sociale et politique
qui secoue présentement le Chili, et qu'elle
se joigne à la communauté internationale pour exprimer sa solidarité au peuple
chilien;
«Qu'elle souligne le rôle historique du Québec
dans l'accueil de nombreuses ressortissantes et de nombreux ressortissants
chiliens ayant fui la dictature militaire;
«Qu'elle
appelle au respect des libertés fondamentales des citoyennes et des citoyens du
Chili;
«Que
l'Assemblée nationale appelle au dialogue social au Chili comme moyen de mettre
fin à la violence et de trouver une réponse aux demandes légitimes de sa
population.»
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Consentement, sans débat. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Adopté. Oui, M. le leader du troisième groupe
d'opposition.
M. Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. J'aimerais envoyer une copie de la motion au
président du Chili, M. Sebastián Piñera, et à l'ambassade du Chili au
Canada.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Ce sera fait, M. le député.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant, à la
rubrique Avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Merci, M. le Président. Alors, la Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 27, Loi concernant principalement l'organisation
gouvernementale en matière d'économie et d'innovation, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 à 18 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
institutions poursuivra les consultations particulières sur le projet de loi
n° 32, Loi visant principalement à
favoriser l'efficacité de la justice pénale et à établir les modalités
d'intervention de la Cour du Québec dans
un pourvoi en appel, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée
de 1 h 30 min et de 15 à 18 heures, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à 18 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Voilà, M. le
Président.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le leader du gouvernement.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'administration publique se réunira aujourd'hui à
la salle Louis-Joseph-Papineau en séance de
travail, de midi à 13 heures, afin de préparer l'audition du ministère de
la Santé et des Services sociaux sur
sa gestion administrative, en séance publique, de 15 heures à 18 heures,
afin de procéder à l'audition et en
séance de travail, de 18 heures à 18 h 30, afin de déterminer
les observations, conclusions ou recommandations de la commission à la
suite de l'audition.
Je vous avise aussi que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le jeudi 31 octobre, de 8 h 30 à
9 heures, à la salle RC.171, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de pétitions concernant le
maintien des services de l'urgence Cloutier-du Rivage, secteur du
Cap-de-la-Madeleine en Mauricie.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Avis de sanction de projets de
loi
À
la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée, je vous
informe qu'aujourd'hui, à
14 heures, au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur, il y aura
sanction du projet de loi n° 25, Loi modifiant principalement la Loi sur l'immatriculation des armes à feu,
ainsi que du projet de loi n° 33, Loi modifiant le Code du travail concernant le
maintien des services essentiels dans les services publics et dans les secteurs
public et parapublic.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Oui, M. le Président. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 6 du
feuilleton.
Projet
de loi n° 38
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Picard) : À l'article 6, M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil
du trésor propose l'adoption du principe du projet de loi n° 38, Loi
modifiant certaines lois instituant des
régimes de retraite du secteur public. M. le ministre et président du Conseil
du trésor, je vous cède la parole.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, je
présente aujourd'hui en adoption de principe le projet de loi n° 38 qui est intitulé la Loi modifiant certaines
lois instituant des régimes de retraite du secteur public. En fait, ce projet de loi propose diverses
modifications à certains régimes de retraite applicables aux employés de l'État
et administrés par Retraite Québec.
D'emblée,
il importe de mentionner qu'il s'inscrit dans les activités courantes du Secrétariat
du Conseil du trésor en matière de
retraite. Puisque les régimes de retraite des employés du secteur public sont
enchâssés dans les lois, même les
modifications les plus élémentaires nécessitent l'adoption d'un projet de loi.
Ainsi, les projets de loi sont présentés annuellement pour, selon les cas, procéder à des ajustements techniques,
mettre à jour certaines dispositions ou donner suite à des ententes avec les associations de cadres ou d'employés. Les
amendements alors proposés font déjà consensus avec les groupes
concernés.
Le présent projet de
loi s'inscrit directement dans cette foulée. Tout d'abord, il propose des
modifications nécessaires pour reconduire
les dispositions de dérogation à la Charte canadienne des droits et libertés.
Il propose aussi de mettre en oeuvre des modifications visant à octroyer
le pouvoir au gouvernement de prévoir par règlement certaines modalités de retour au travail pour des retraités
du Régime de retraite du personnel d'encadrement, le RRPE, qui voudraient
revenir occuper un emploi dans le secteur
public sans participer au nouveau régime. Ces modifications ont fait l'objet
de discussions avec des associations de cadres représentant les participants à
ce régime de retraite.
Les
modifications législatives du projet de loi se regroupent donc en deux thèmes.
Tout d'abord, la reconduction des dispositions de dérogation à la Charte
canadienne des droits et libertés. Certains régimes de retraite offerts aux employés de l'État prévoient des dispositions de
dérogation à la Charte canadienne des droits et libertés. Ces régimes sont
le Régime de retraite des enseignants, le
RRE, le Régime de retraite des fonctionnaires, le RRF, le Régime de retraite de
certains enseignants, donc le RRCE, le
Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics,
mieux connu sous le RREGOP, et le Régime de retraite du personnel
d'encadrement, le RRPE.
D'une
part, le renouvellement de la dérogation est nécessaire pour les enseignants
sécularisés avant 1965 qui sont visés par le Régime de retraite de certains
enseignants, et qui sont traités différemment de ceux sécularisés après 1965, principalement
en matière de rachat d'années de service antérieures effectuées à titre
d'enseignement religieux.
D'autre part, le
Régime de retraite des enseignants, le Régime de retraite des fonctionnaires et
le Régime de retraite de certains
enseignants prévoient des critères d'admissibilité à la retraite plus
avantageux pour les femmes que pour
les hommes. Ces critères ont été introduits — et c'est très important — afin de pallier à une inéquité présente dans
les conditions de travail qui s'appliquaient
aux femmes, car celles-ci recevaient souvent une rémunération inférieure ou
devaient obligatoirement démissionner si elles se mariaient. Le contexte social
de l'époque présentait des inéquités entre les hommes et les femmes.
Ces
dispositions de dérogation sont aussi nécessaires au RREGOP, au RRPE, compte
tenu des droits acquis au RRE ou au RRF qui peuvent être reconnus dans
ces régimes.
Ces dispositions de
dérogation, qui ont été introduites pour la première fois en 1986, ont été
reconduites par l'Assemblée nationale à tous les cinq ans depuis cette date.
Comme elles viennent à échéance le 31 décembre 2019, il y aurait lieu
de les renouveler.
Le
deuxième thème. Le deuxième thème
porte sur l'introduction d'une habilitation réglementaire pour modifier les dispositions de retour au travail des
retraités du RRPE. Le RRPE est le régime de retraite qui est offert aux cadres
et aux employés non syndicables des secteurs de la fonction publique, de
la santé et des services sociaux, des commissions scolaires, des collèges et de
plusieurs organismes gouvernementaux. Administré par Retraite Québec, le RRPE
vise approximativement
28 000 participants et près de 32 000 retraités. Le projet
de loi propose d'introduire dans la Loi sur le RRPE une habilitation
afin de donner le pouvoir au gouvernement de prévoir des modalités
particulières de retour au travail par voie réglementaire pour les retraités du
RRPE qui font le choix de ne pas participer au régime lorsqu'ils reviennent occuper un emploi dans le secteur
public. Par la suite, des modifications réglementaires relatives au retour au
travail des retraités seraient préparées,
soumises au comité de retraite et présentées au gouvernement pour adoption. Des
consultations sont d'ailleurs toujours en
cours avec les associations de cadres pour mener à bien les travaux entourant
le retour au travail des retraités de ce régime.
Il
importe donc de rappeler que les dispositions des régimes de retraite font
l'objet de discussions en continu avec les associations représentant les
employés. Ce sont les fruits de ces consultations et de ces ententes qui mènent
à des modifications et à l'évolution des dispositions des régimes de retraite.
En
terminant, je réitère que l'objectif de ce projet de loi est de renouveler les
dispositions de dérogation à la Charte canadienne
des droits et libertés et d'introduire un nouveau pouvoir réglementaire
concernant les dispositions de retour au travail des retraités du RRPE, et ce,
dans l'esprit des consultations faites auprès des associations et des cadres.
Il revient maintenant aux parlementaires
d'examiner la mise en oeuvre de ces propositions, et il me fera plaisir, M. le
Président, de collaborer avec mes collègues dans cet exercice. Merci
beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je reconnais
maintenant M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, à mon tour, M. le Président, de faire quelques commentaires sur le
projet de loi qui a été déposé récemment, oui, je pense qu'on peut dire
«récemment», M. le Président, par le président du Conseil du trésor.
Alors, je vais quand
même reprendre à mon compte un certain nombre d'éléments pour mettre les choses
en perspective, donc. Et je prends le texte,
je lis... je cite au texte, M. le Président, les notes explicatives du
ministre, que je vais reprendre,
là : «Ce projet de loi modifie différentes lois qui instituent des régimes
de retraite du secteur public afin de reconduire
les dispositions de dérogation à l'article 15 de la Loi constitutionnelle
de 1982 prévues par la Loi sur le régime de retraite de certains enseignants — le RRCE, comme l'a dit le ministre — la Loi sur le régime de retraite des
employés du gouvernement et des
organismes publics, la Loi sur le régime de retraite des enseignants, la Loi
sur le régime de retraite des
fonctionnaires et la Loi sur le régime de retraite du personnel d'encadrement.»
C'est très important, M. le Président, de prendre en considération ça
parce que, j'y reviendrai dans mon allocution, il me semble ici qu'il y a une
occasion manquée. Et je vais y revenir un
peu plus tard. «Enfin, le projet de loi modifie également la Loi sur le régime
de retraite du personnel
d'encadrement afin de prévoir la possibilité d'établir, par règlement, les
conditions et modalités relatives au retour [du] travail d'un pensionné
qui ne participe pas de nouveau au régime de retraite.»
• (11 h 20) •
Quand
on regarde ce que je viens de dire, ça peut paraître extrêmement obscur pour
les gens qui ne sont pas familiers avec
ce domaine-là. D'ailleurs, M. le Président, ce n'est pas un projet de loi
complexe, c'est un projet de loi qui n'a que 10 articles. Parfois, des
projets de loi qui ont peu d'articles peuvent être traités longtemps, susciter
des débats complexes et prendre un
certain temps. Je vous dis d'emblée que ce n'est pas le genre de projet de loi pour lequel nous souhaitons nous étendre indéfiniment, mais je pense qu'il y aura lieu, malgré tout, à faire un
certain nombre de débats.
Et
je vais revenir en arrière. Le ministre nous a fait essentiellement un
historique, assez précis, d'ailleurs, je l'en remercie, sur ce à quoi on fait référence pour la première partie. Comme
le ministre l'a dit, il y a deux parties à son projet de loi. Il y a une partie, que je qualifierai,
purement administrative qui remonte à un certain temps. Le ministre nous a bien
indiqué que nous remontons même dans les
années 60, lorsqu'il y avait des enseignants sécularisés. Et on comprendra
évidemment que c'est la période de la
Révolution tranquille, et que les gens qui ont vécu le transfert du sécularisé
à un régime public avaient des
conditions qui n'ont peut-être pas été complètement reconduites, et qu'il
fallait s'assurer que, par équité,
évidemment, tout le monde soit traité de la même façon. Et c'est le cas. Et,
quand on parle ici de modifications qui
traitent des dispositions de dérogation de la charte des droits et libertés,
bien, essentiellement, on parle ici d'un certain nombre d'éléments qui sont historiques et qui veulent... et dont la
finalité est de s'assurer que tout un chacun, dans le monde de la
retraite, soit traité équitablement.
Le
monde de la retraite, c'est quelque chose qui va, M. le Président, être de plus
en plus important, donc il y a lieu, là, je pense, d'avoir une certaine
réflexion. Quand on regarde ce qui se passe sur le marché du travail, on voit
de plus en plus... je pense que
vous-même et nous tous ici, dans cette Chambre, avons régulièrement l'occasion,
particulièrement dans le monde
commercial, là où il y a des relations plus fréquentes avec le grand public, de
voir des gens d'un âge certain, à l'évidence
même qui ont dépassé l'âge de 65 ans, travailler. On les voit travailler
parce que peut-être que les retraites ne sont pas à la hauteur
appropriée. On voit ça.
Et
cette semaine je recevais une lettre d'un citoyen qui me mettait en copie
conforme de sa lettre qu'il a envoyée au président du Conseil du trésor. C'est
un ancien employé de l'État, je ne le nommerai pas, il est de la grande région
de Québec. En fait, M. le Président,
je pense qu'il est plus de votre coin mais pas tout à fait, d'après l'adresse
que j'ai vue. Mais il a oeuvré
pendant 32 ans dans le secteur public et il se plaignait, dans la lettre
qu'il avait adressée au président du Conseil
du trésor, de la non-indexation de sa retraite. Je ne sais pas dans quel
secteur il était, parce que normalement nos régimes à prestations déterminées ont ça, mais il se plaignait du fait
que la retraite, progressivement, pour lui — il était relativement dans un âge avancé — devenait de plus en plus limite en termes de
qualité de vie et de pouvoir d'achat. Et ça, on le comprend très, très
bien.
Alors,
quand je dis, M. le Président, que la situation actuelle, c'est peut-être une
occasion manquée, bien, c'est un peu
dans ce sens-là que je dis ça, parce que c'est une chose, d'arriver et de
reconduire des dispositions qui sont reconduites
à tous les cinq ans... Ça va être assez difficile d'avoir un débat là-dessus,
là. Cette portion-là du projet de loi, qui
essentiellement... Je pense que c'est les trois quarts des 10 articles,
là, je pense que c'en est sept sur 10 ou peut-être six sur 10 facilement qui sont des reconductions.
Alors, évidemment, à tous les cinq ans, il n'y aura jamais lieu de ne pas reconduire une disposition de cet ordre-là, ça
nuirait de façon tout à fait injustifiée à des gens, d'autant plus qu'une telle
reconduction n'a aucun impact fiscal, ou
financier, ou budgétaire au gouvernement du Québec, on n'a pas cet impact-là
lorsqu'on reconduit ces clauses-là. Par contre, le deuxième élément, lui, ouvre
la porte à bien d'autres débats.
Et
là j'annonce un peu mes couleurs, M. le Président, parce que ce sera l'objet,
fondamentalement, de mon débat personnel,
parce que, comme parlementaires, bien, on a l'obligation de représenter tous
les gens qui sont dans nos comtés, tous
les gens du Québec par nous, les 125 députés, et, lorsqu'il y a une
opportunité comme celle-là, bien, je pense qu'on doit la saisir. Et là
je ne comprends pas et je le dis tout de suite, M. le Président, je ne
comprends pas pourquoi, dans ce projet de
loi là, dans l'environnement actuel dans lequel nous vivons, nous ratons cette occasion. Alors, de quelle
occasion est-ce que je parle? Alors,
regardez, le ministre nous l'a dit, là, il a été très clair, puis je
vais le répéter, j'ai pris des notes, il nous dit que, la deuxième partie, qui est moins longue mais plus simple
en texte, il veut modifier... il veut, dans son projet de loi, permettre à l'État, par règlement,
de modifier les conditions de retour au travail pas de n'importe qui, pas de
n'importe qui, seulement
du personnel d'encadrement, le RRPE, le Régime de retraite du personnel
d'encadrement. Alors là, pour moi, il y a un certain nombre de
problèmes, et ça, ça ouvre la porte à la discussion.
Je
vais commencer par le côté consultatif du projet de loi. Moi, je suis
étonné, un peu déçu, je ne dirai pas «irrité», déçu certainement d'apprendre du ministre qu'actuellement il conduit un grand nombre de consultations
avec toutes les organisations qui sont concernées par son projet
de loi... Je ne répéterai pas toutes
les organisations au long, je vais le dire en résumé, il y a les enseignants, il y a
les fonctionnaires, il y a certains enseignants, il y a
les employés de l'État, et ainsi de
suite. Il les consulte. M. le
Président, à la grande surprise...
moi, en tout cas, à la mienne, là, j'ai été très surpris que les consultations, qui n'étaient pas très élargies, puis c'est
correct, on doit consulter les gens qui sont les plus concernés par ledit projet de loi... Bien, M. le Président, croyez-le ou non, avant-hier on a appris qu'aujourd'hui les gens que... ou peut-être avant-avant-hier, là, peu importe, ça n'a pas d'importance,
ce n'est pas plus tard que vendredi passé, on a appris que tout le
monde, sans exception, tous les gens qui avaient été invités et avaient accepté
de se présenter lors de nos consultations publiques se sont désistés, tout le monde sans exception. Ça m'a beaucoup étonné, c'est rare, puis surtout que, quand on
regarde ce sujet-là, c'est un sujet qui est, je dirais, épidermique, à la
limite, chez les employés, leurs représentants, les syndicats. Comprenons-nous bien :
quand on parle de retraite, c'est aussi un objet de négociation. Alors, normalement, les organisations syndicales, lorsqu'il y a
un tel sujet, vont se présenter en consultations ne serait-ce que pour... même s'ils sont satisfaits des choses, ne serait-ce que pour
faire valoir un, ou deux, ou trois points peut-être marginaux pour l'organisation, mais normalement ces organisations-là sont à l'affût de différentes possibilités et ne ratent jamais une occasion. Et ce n'est pas un reproche, c'est tout à fait normal, pour ces organisations-là, d'améliorer leur sort, d'amener des suggestions, de venir débattre de certains éléments que
parfois nous, les parlementaires, on n'y a pas pensé. Et là ils se sont tous
désistés, tous, sans exception. Bien là, je comprends par le commentaire du ministre qu'ils ne viennent pas parce qu'ils sont
abondamment consultés par le ministre en dehors de la procédure législative.
Ça, M. le Président, là, je trouve ça particulier. Je ne trouve pas particulier le fait que
le gouvernement parle à ses vis-à-vis, mais, sur ce
dossier-là, parce qu'on a un projet de loi qui est particulier, je pense qu'il
y a probablement, au moment où on se parle, des conversations qui auraient dû avoir lieu en consultations publiques et qui n'auront pas lieu en consultations publiques parce
que manifestement, de l'aveu même du ministre... à quelque
part on peut avoir l'impression qu'il
court-circuite la vie parlementaire ou nos règles parlementaires.
M. le Président, vous avez une longue expérience, vous, de parlementaire. Évidemment, dans votre position, vous ne pouvez pas prendre
la parole, mais je soupçonne que vous n'ayez pas vu ça souvent, un désistement complet
de toutes les personnes invitées à
des consultations publiques sur un projet de loi. Je soupçonne
que vous n'avez pas vu ça souvent, alors je soupçonne donc également que
vous n'êtes pas surpris de mon étonnement.
• (11 h 30) •
Alors, quoi
penser dans cette... Bien, je suis obligé d'avoir une vision relativement
paranoïaque de la chose, parce que je
vous rappellerai avoir plaidé devant vous, M. le Président, devant vous, le
projet de loi n° 23, le projet de loi n° 23,
dont la finalité claire mais non avouée est
de faire en sorte que certaines décisions gouvernementales ne soient
plus l'objet d'un examen par les parlementaires
en commission. Le projet de loi n° 23, il fait ça. Et je me souviens avoir pris
presque une heure devant vous — peut-être pas l'heure au complet, mais certainement une bonne partie, plus que la moitié — à
démontrer ça et à plaider ça. Est-ce qu'on
va réussir à... Est-ce qu'il va être possible de faire reculer le gouvernement ou de modifier sa position? Bien, avec ce que je vois aujourd'hui,
manifestement, la réponse, c'est non. Je pense que le gouvernement est aujourd'hui fermement engagé dans un modèle de gestion que je vais qualifier de
rapproché et que je pourrais
qualifier d'autres mots qui pourraient être non parlementaires, alors je vais
me retenir, M. le Président, je ne veux pas vous forcer à intervenir à toutes les deux phrases ou tous les deux,
trois mots que je peux utiliser. Je pense qu'il y a beaucoup
de mots dans le lexique que je pourrais utiliser qui sont non parlementaires
et qui pourraient s'appliquer à la situation actuelle.
Le premier ministre a une tendance qui est très claire — puis il le dit lui-même, il n'y a absolument
rien de non parlementaire à le dire — à vouloir gérer l'État comme s'il était propriétaire
de l'État, hein, c'est la mentalité d'entrepreneur. Alors, le ministre l'a dit, là : Ce n'est pas les commissions parlementaires qui vont gouverner au Québec,
c'est le gouvernement qui gouverne. Bien, vous savez quoi, M. le Président? Il a bien raison, c'est le gouvernement qui gouverne, mais, dans le parlementarisme
britannique, où on a choisi avec le temps... où on s'est engagé dans une voie
où il y avait un équilibre des
forces, même si l'équilibre n'est pas parfait, il est tout à fait normal de s'attendre à ce que tous les parlementaires puissent
avoir droit de citer et puissent s'exprimer
clairement et peut-être pas indéfiniment, mais certainement suffisamment pour faire le
tour d'un sujet.
M. le
Président, là, il y a des mots en parlementarisme qui existent puis il y en a
un que tout le monde connaît qui est le filibuster. L'objet ici n'est pas de
filibuster, même si ce n'est pas un mot en français, l'objet est au moins
d'avoir l'opportunité de débattre
lorsque c'est opportun. Et dans certains cas, et on le voit avec le projet de
loi n° 23, c'est clair que, si on va de l'avant dans cette direction-là, ces opportunités-là,
par règlement, vont disparaître. C'est ça qui est impressionnant. Ce qui est impressionnant, c'est ça. Vous savez,
c'est comme n'importe quoi, les fonctionnaires disent ça : Les ministres,
ils passent, et les gouvernements, c'est
vrai. Mais la phrase, elle peut s'appliquer aussi aux parlementaires : Des
parlementaires passent, ils viennent, ils font leur travail, s'en vont; les
lois et règlements restent.
Et moi, je me
suis, longtemps et toujours, beaucoup débattu dans l'étude des projets de loi,
même les miens que j'ai eus à déposer dans ma vie parlementaire plus
courte que la vôtre, M. le Président, je me suis toujours débattu pour que les choses soient dans les lois plutôt
que dans les règlements, hein? Ça, c'est un bel exemple d'équilibre, là, des
forces. C'est sûr qu'un règlement, c'est une
bonne chose dans certains cas parce que c'est bien plus simple à changer.
Une loi c'est plus complexe. Alors, quand on
met quelque chose dans la loi, il y a une force légale qui n'est pas
négligeable. Et un des éléments qui
fait — ou
font — la force
d'une loi, c'est justement ça. Quand on met quelque chose dans la loi, là, on
vient d'affirmer un point, un fait et on
veut aussi faire en sorte que, non, non, non, ça ne sera pas facile de passer à
côté de ça. Pas facile de passer à
côté de ça, ça veut dire quoi? Ça veut dire au suivant, là, il va vous falloir
une bonne raison pour changer la chose, un. Et, deux, vous devrez faire face à l'opinion
publique parce que, l'opinion publique, il y a plus de chances qu'elle soit
sensibilisée ou même informée d'un éventuel changement parce qu'on vit dans une
civilisation où l'information passe
par les médias. Disons que les règlements se rendent moins aux médias qu'une
loi. Je ne vous dis pas que toutes
les lois se rendent en première page d'un journal. D'ailleurs, on a rien qu'à
regarder cette semaine, qu'est-ce qu'il
y a dans les journaux? Il n'y a pas beaucoup de lois, mais il y a toutes sortes
d'autres choses à toutes sortes de fins. Et là je pourrais, là,
m'étendre et vraiment longtemps, M. le Président, mais je ne le ferai pas, ce
n'est pas nécessaire aujourd'hui. Mais il
n'en reste pas moins que c'est ça, la réalité. On n'a qu'à regarder ici les
sujets qui sont traités, les projets
de loi font beaucoup plus la manchette que les règlements. Et je vous dirais,
M. le Président, puis j'admets tout de suite
que je peux me tromper, là, je ne me rappelle pas, dans la dernière année,
avoir vu un article sur un règlement dans un journal, mais on a vu
beaucoup d'articles sur des projets de loi. Donc, il y a quelque chose
d'important là-dedans.
Alors, M. le
Président, je reviens tranquillement à l'élément qui, pour moi, est très, très
important. Alors donc, la première
partie de la loi, qui est... disons-le très clairement et crûment, c'est
administratif, il n'y a pas grand débats à faire là-dessus, et il y a la
loi qui modifie les conditions de retour au travail, conditions qui vont être
déterminées dans un règlement, donc loin du
regard des parlementaires. Ça, c'est fatigant parce que, là, de cette façon-là,
tout le pouvoir, toute l'information,
toutes les discussions sont entre les mains et sur le bureau du ministre
concerné. Il n'y a pas de débat possible ou très peu, même pour les gens concernés. J'imagine que le ministre
aura le bon sens, dans ces cas-là, de consulter les gens.
Et là on
constate que, sur un projet de loi de retraite, hein... Le projet de loi
s'intitule Loi modifiant certaines lois instituant des régimes de
retraite du secteur public. Ça, c'est le titre du projet de loi. Or, quand on
arrive au sujet, le deuxième élément du
projet de loi, hein, quand, dans le titre, là, on parle des régimes de retraite
du secteur public, il y a un pluriel,
mais le pluriel, dans le fond ou dans les faits, pas du tout dans le fond, il
s'applique uniquement à la première partie, la reconduction des dérogations à la Loi constitutionnelle de 1982. Mais,
quand on arrive à la deuxième partie, là c'est singulier. C'est singulier pour le nombre et c'est singulier pour le
geste. Moi, je trouve ça terriblement singulier parce qu'on s'adresse
exclusivement, M. le Président, au Régime de retraite du personnel
d'encadrement.
Pourtant, le
projet de loi aurait été une opportunité de s'adresser à l'ensemble de l'oeuvre
publique. Et là on a choisi de
s'adresser à une portion du secteur public. Ça, ça me fatigue, et je vais vous
dire pourquoi. Le gouvernement va — et c'est
son droit, et c'est une bonne chose — permettre à des gens retraités de revenir au
travail sous certaines conditions. Alors
là, M. le Président, il va falloir qu'on m'explique pourquoi on fait ça pour un
groupe et pourquoi on ne le fait pas pour
les autres. Si le gouvernement souhaite décréter par règlement... décréter, ce
n'est pas le bon mot, mais établir par règlement des conditions de
retour au travail pour des gens qui sont retraités, conditions qui vont définir
la possibilité ou non, ou non, de participer
au régime de retraite prévu à ces emplois-là, pourquoi il ne le fait pas pour
tout le monde? C'est une bonne question, vous ne trouvez pas? Une très
bonne question.
Pourquoi elle
est bonne, la question? Parce que — je ne sais pas si vous avez entendu parler
de ça, moi, j'en ai entendu parler, c'est de l'humour, c'est de l'ironie, M. le
Président, vous en avez entendu parler, tout le monde ici en a entendu
parler — on
vit une situation de pénurie de main-d'oeuvre. Est-ce qu'on vit une situation
de pénurie de main-d'oeuvre exclusivement
pour le personnel d'encadrement de l'État? La réponse est évidente, c'est non.
Est-ce que la pénurie de main-d'oeuvre, M. le Président, existe seulement dans
le secteur du personnel d'encadrement de l'État? Je pense que la réponse est évidente, c'est non. La
pénurie de main-d'oeuvre affecte l'État... c'est-à-dire la société dans son
entièreté, et, dans la société, il y a ce que l'on appelle l'État. Et ça, c'est
défini, ce n'est pas un sujet pour lequel il doit
y avoir un débat, il y a une pénurie de main-d'oeuvre. La pénurie de
main-d'oeuvre, elle est de divers... elle est vécue différemment d'un
secteur à l'autre.
• (11 h 40) •
Alors, quand
on regarde dans la société québécoise... et on l'entend du monde économique,
quand on s'en va, là, dans les
services, dans le secteur manufacturier, dans les secteurs bureaucratiques, ce genre de choses là, tout le monde se considère en pénurie. Même
les médecins de famille se considèrent en pénurie. Mais là permettez-moi de rire
parce que ça, faites-vous-en pas, c'est une
pénurie fonctionnelle. Il ne manque pas de docteurs au Québec, il manque juste
un gouvernement capable d'appliquer les règles qui ont été
établies pour faire en sorte qu'ils donnent les services qui sont requis. Mais, que vous voulez-vous, tout le monde n'a pas la même pogne quand on est dans une position de ministre de la Santé. Je peux vous le dire
pour l'avoir vécu et le vivre aujourd'hui.
Maintenant,
une pénurie, là, il y en a partout. Moi, je me rappelle, dans la dernière campagne électorale, et ça avait fait la
manchette, on va en région et on a des commerces de restauration rapide qui
ferment, faute de personnel. J'ai vu,
M. le Président, dans une petite ville en
Abitibi, un commerce très, très, très, on va dire, universel, vous savez, les
magasins, là, de matériaux... je ne le nommerai pas, là, mais un magasin
de matériaux où on retrouve de tout, là, de la planche, à l'outil, au clou, la vis, là, hein, la peinture, là, c'est... il y a
ça partout au Québec, partout, partout, puis, les noms, on les connaît. Écoutez, le magasin en question, là,
fermait le vendredi soir et ouvrait le samedi jusqu'à 1 heure, faute de
personnel, il faut le faire, et il était fermé le lundi puis le mardi.
Puis on sait qu'en région, là, ces magasins-là,
je dirais que c'est probablement, après l'épicerie, les plus fréquentés. Puis,
hein, à l'épicerie, tout le monde y va. Mais aller chercher un rouleau de
peinture, puis une poubelle, puis un râteau,
puis une planche, là, tout le monde va là. Je suis sûr que vous y allez. Moi,
j'y vais, moi, j'y vais. C'est distrayant, d'ailleurs, il y a toujours
une bébelle nouvelle qui apparaît puis il y a toujours quelque chose de nouveau
à essayer ou on s'en va dans ces magasins là
puis on dit : Ah! enfin, ils ont inventé telle patente. On y avait pensé,
puis ça ne s'est jamais fait, puis on
arrive là, puis : Wow! La scie, là, qui peut tourner le coin, puis... Bon,
alors, c'est le fun aller là, puis c'est
vrai. Mais ça, ce magasin-là, imaginez, là, il fermait certains jours de la
semaine. Et les soirs d'achalandage, là, jeudi, vendredi, il fermait avant 9 heures. Il fermait à 7 heures, faute de
personnel. Je veux dire, un commerçant dans un commerce avec un aussi
grand achalandage qui ferme, c'est quelque chose.
Après le magasin de bois, rénovation
et compagnie, là, et l'épicerie, c'est quel commerce que l'on voit le plus, là,
où tout le monde va? La pharmacie. Bien,
dans cette petite ville là, petite, je comprends, là, mais la pharmacie était
ouverte trois jours par semaine.
C'était écrit dans la porte : Lundi, mercredi, samedi. Pas de personnel.
Puis là il y avait un gros panneau
«nous embauchons». Je ne pense pas qu'à la pharmacie il manquait de
pharmaciens, puis je ne pense pas qu'au magasin de matériaux, il manquait de Ph. D. en économie, là, ni à
l'épicerie, là, ni à la chaîne de restauration rapide. Il manquait du monde, tout simplement, avec un
minimum de qualifications, puis ça donne ça. Puis ça, c'est dans une petite
ville.
Est-ce que, dans l'espace gouvernemental au sens
large du terme, on voit la même chose? Bien oui, la réponse est la même. Je
vais vous donner deux exemples, deux exemples qui font que la pénurie, elle est
générée par divers facteurs, elle est vécue différemment. Prenez un sujet qui
est très important, actuellement, pour le président du Conseil du trésor parce
qu'il a la responsabilité, via son ministre délégué, d'effectuer la
transformation numérique. Où est-ce qu'on manque le plus de personnel dans le
gouvernement? Dans le secteur des TI. Bon, ce qui génère la pénurie,
évidemment, ce n'est pas simplement parce qu'il n'y a pas assez de postes, c'est aussi parce qu'ils ne sont pas
rémunérés de façon compétitive. Mais que ce soit sur un ou sur l'autre, il y a une pénurie. Et y a-t-il moyen de créer
des circonstances qui vont favoriser le recrutement? Bien, la réponse à ça,
c'est oui.
Dans le secteur de la
santé au sens large du terme, prenez n'importe quel corps de métier ou
professionnel, n'importe quel, le premier
qui vous vient à l'esprit. Moi, je dois vous dire, le premier qui va venir à
l'esprit, probablement, compte tenu de l'actualité, ça va être un préposé.
Bien, les préposés, là, y a-t-il quelqu'un qui se demande s'il en manque? Il en manque, ça s'appelle une pénurie. C'est la
même chose pour les infirmières. Mais, croyez-le ou non, là, c'est la même
chose pour un orthophoniste, c'est la même
chose pour les physiothérapeutes, c'est la même chose, M. le Président, dans
les hôpitaux, pour les secrétaires. Les
secrétaires qui dictent des dossiers, des rapports, là, il y a une pénurie. Il
y a des hôpitaux au Québec où il y a
tellement de pénuries qu'on sous-traite
à l'extérieur du pays, même. C'est quelque chose. On est rendus là. On n'est
pas les premiers. Moi, je connais des hôpitaux,
aux États-Unis, là, juste de l'autre bord de la frontière, là, où j'ai des anciens collègues qui ont émigré, ils
sous-traitent toutes leurs dictées, là, tout ce qui est clérical dans un autre pays. Ils sont dans un autre fuseau
horaire, ça fait leur affaire, puis tout ça, puis ça va bien, puis la qualité
est là pareil. Ça serait mal vu au Québec.
Puis je ne dis pas que c'est ça qu'il faut faire, mais je vous dis que la
pénurie de personnel, même dans un secteur comme celui de la santé, qui est
très public, bien, ça existe. Puis on peut parler de l'éducation, c'est la même chose. Moi, j'entends
régulièrement les professeurs dire : Il nous manque de personnel de toutes
catégories. Alors, on est dans un environnement, M. le Président...
Le
Vice-Président (M. Picard) : ...
M. Schneeberger :
...j'ai de la misère à voir la pertinence du débat en lien avec le projet de
loi n° 38, là. On parle de pénurie de
main-d'oeuvre. Je sais qu'il est très bon pour étaler ses dires, c'est un
excellent parlementaire, mais j'aimerais ça qu'on ait un petit peu plus de
pertinence sur le sujet lui-même. Merci.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Non, mais je veux... Oui, venez vous asseoir, s'il vous plaît. Allez-y. Non, je comprends
que, tout à l'heure, dans le projet
de loi, vous avez parlé des retraités
qui veulent revenir, la pénurie d'emplois, vous avez fait un détour, mais là il s'en vient très large, votre
détour. Je vous demanderais de recentrer sur le projet de loi, tout
simplement. Ça va bien, on continue comme ça.
M. Barrette : Ça tombe bien, M. le Président, je comprends
l'impatience du leader adjoint, là,
je sais qu'il a hâte de voir s'étaler
devant lui la pertinence du raisonnement que je prends un grand détour pour
faire. Puis il a raison, je prends un grand détour. Savez-vous pourquoi?
Parce que le détour en vaut la peine. Le détour en vaut la peine et il montre l'importance de la pénurie dans tous les secteurs.
Et je vous ai dit, M. le Président... je vous l'ai dit que j'allais aborder
cet élément-là parce qu'il y a une occasion
manquée. J'ai dit ça. Je pense que le leader adjoint va reconnaître que j'ai
dit ça. Et, quand je dis qu'il y a une occasion manquée, M. le Président, je
fais évidemment référence non seulement à l'occasion qui est manquée dans l'absolu, mais la portée de
ce manquement-là. Il y a une occasion qui est manquée, et je tente de démontrer... puis je pense que je l'ai fait. J'ai
dû réussir, M. le Président, parce que mon détour était tellement vaste que ça
a généré des questionnements dans l'esprit
du leader adjoint. Alors, ça montre à quel point c'est vaste, mais ça montre
également à quel point l'occasion est
manquée. Quelle est l'occasion manquée, M. le Président? Je vous la raconte
parce que je suis sûr que, là, je
vais avoir l'attention de notre collègue. Je l'avais avant, puisqu'il s'est
levé pour me dire que j'allais plus
large. Ça fait que, manifestement, il suivait les méandres de mon raisonnement
que, là, il va comprendre. Il le comprenait avant, il ne voyait juste
pas où j'allais m'en aller. Bon, maintenant, j'y arrive.
Au
moment où on se parle, M. le Président, on vit dans une société où, dans le
secteur public, particulièrement pour
ceux qui ont commencé plus jeunes ou même jeunes dans la vie publique, ces
gens-là peuvent prendre leur retraite. Une
personne qui a commencé à 16 ans dans le secteur public, là... j'en connais.
Moi, ma première job, là, d'étudiant, là, j'avais 16 ans, j'avais 15 ans et
demi. Si j'avais été un employé de l'État, comme j'en connais personnellement,
j'aurais pris ma retraite entre 51 et
52 ans, pleine retraite. Le facteur 35, vous connaissez ça sûrement. Le leader
adjoint connaît sûrement ça, lui aussi. Alors, nous avons, au Québec,
une force de travail très grande en nombre et en qualité qui se retrouve dans une fourchette d'âge mi-cinquantaine
et plus, et ces gens-là, M. le Président, pourraient très bien revenir dans nos grands systèmes, et ils pourraient
revenir, M. le Président, si les conditions étaient optimales. Or, qui
détermine les conditions optimales?
Le gouvernement. Et est-ce qu'actuellement
les conditions sont optimales pour tout le monde? Non. La réponse, c'est
non, M. le Président. Vous comprenez?
• (11 h 50) •
Alors,
ayant pris un certain temps qu'on m'a presque gentiment reproché... J'ai
qualifié le reproche de gentil, M. le
Président, vous voyez comme je suis
un parlementaire civil? Mais il n'en reste pas moins qu'il était pertinent, mon
détour, parce que, dans tous les secteurs
des services publics, il y a des pénuries, et dans tous les secteurs, il y a
des gens qui prennent leur retraite
jeunes. Loin de moi de suggérer ici, M. le Président, qu'on change l'âge de la
retraite, là, ou qu'on change les
conditions de retraite. Je ne parle pas de ça, là. Je ne parle pas de ça. Je
parle de l'élément crucial pour moi, qui
est dans le projet de loi, qui est un seul article, à toutes fins utiles, qui traite
des conditions qu'on ne connaîtra pas — parce qu'avec le gouvernement actuel
on ne connaît jamais les vraies choses, c'est toujours dans un règlement — qui
vont permettre à des gens de revenir sur le
marché du travail. Ah! c'est intéressant. Alors, pourquoi prévoir un règlement
dans le secteur public au sens large
qui va s'adresser à juste une toute, toute, toute petite partie du secteur
public, le personnel d'encadrement?
Là,
M. le Président, là, si vous étiez président du Conseil du trésor, là, et
ministre responsable de ces choses-là, je
vous demanderais ici, là, puis on serait dans un débat, puis, je veux dire,
vous allez m'expliquer ça, là. Je vais la poser, la question. J'ai déjà ma question à l'avance. Le leader adjoint va
certainement s'assurer de transmettre ma question au président du
Conseil du trésor parce que, là, ça va être ça, ma question : Pourquoi
juste eux autres? Pourquoi?
Bon, alors, quand je
dis, moi, que, dans tous les secteurs d'activité du secteur public — ça
fait une espèce de pléonasme, là, vous allez
me le permettre — pourquoi
on ne met pas ça pour tout le monde? Est-ce que vous, M. le Président, vous connaissez les gens qui travaillent dans le
secteur public? Probablement que oui, il y en a tellement au Québec. Est-ce
que vous connaissez des gens qui, si les
conditions étaient appropriées, ils reviendraient? Bien, moi, j'en connais
beaucoup, et j'en ai connu qui l'ont
fait, et j'en ai connu beaucoup qui ne l'ont pas fait. Et, dans les deux cas,
j'ai eu à discuter avec ces gens-là,
dans ma vie, les raisons pour lesquelles ils reviennent ou ils ne reviennent
pas. Alors, ça, ça fait la démonstration que c'est une bonne chose d'avoir un règlement dans une loi qui permet
de déterminer ou d'établir les conditions de retour au travail. C'est une bonne chose, ça, une
excellente chose, mais, encore une fois, pourquoi juste pour un sous-groupe?
Là est la question. Je ne peux pas voir la
réponse dans le projet de loi. Écoutez, le projet de loi, je pense que, si vous
le regardez, M. le Président, c'est
une alternance de pages blanches et d'un ou deux petits, petits paragraphes,
là. Je pense que la plupart des
articles, on peut les mettre sur Twitter, c'est vous dire, 240 caractères.
Alors là, la question, elle est celle-là.
Alors, examinons ça,
là, aujourd'hui juste pendant un instant. Alors, premièrement, dans le projet
de loi, qu'est-ce qu'on nous dit? Ça va être
par règlement. Tout de suite en partant, là, on ferme la porte au débat, hein,
on va mettre des conditions pour
revenir au travail, mais on ne vous dira pas lesquelles puis on ne vous dira
probablement même pas, mais on va
voir ça dans le débat, là, l'angle que l'on va prendre pour déterminer ces
conditions-là. Mais, dans le projet de
loi, M. le Président, l'article qui le traite, là, l'article fait référence à
une seule chose, une seule chose, la participation ou non au régime de retraite de l'emploi qui sera
occupé par la personne qui revient au travail. Quand on parle du personnel
d'encadrement, est-ce qu'on veut dire que,
le personnel d'encadrement, on va permettre à un ancien cadre retraité de
revenir sur exactement le même poste
dans le même environnement ou on veut dire qu'on va permettre à un ancien cadre
qui est à la retraite de revenir dans le réseau tout court, quitte à ne pas
être un cadre? Ce n'est pas écrit. C'est une bonne question, hein? Le retraité qui est sous le Régime de
retraite du personnel d'encadrement, il est retraité du Régime de personnel
d'encadrement, puis on veut le faire revenir au travail, O.K., est-ce qu'on
veut le faire revenir au travail comme employé
puis on se dit : On a besoin de bras, puis lui, il a déjà été cadre, il
connaît les réalités de son environnement, on le fait revenir dans l'environnement? Je ne sais pas. Est-ce qu'on veut le
faire revenir comme cadre dans son environnement initial? Je ne sais pas. Est-ce qu'on veut le faire revenir à temps
plein, à temps partiel? Je ne sais pas. Mais on va traiter d'une chose, les conditions de contribution ou non
au régime de pension du poste qu'il occupera après son retour. Correct. Maintenant, la contribution complète ou partielle?
Est-ce que ça affecte sa pension ou non? Va-t-il pouvoir cumuler les deux ou non? Va-t-il revenir en bas de l'échelle,
en haut de l'échelle? J'espère que je n'ai pas perdu le leader adjoint, là, mais ça, ce sont des questions qui sont les
questions à poser. Et là vous comprendrez pourquoi j'exprime ma déception
et pour laquelle je pense que c'est une occasion ratée, ratée.
Moi,
je vous dis une chose, M. le Président, là, du personnel, dans nos grands
réseaux, qui ont 55, 57, 61 ans qui sont à la retraite, il y en a un méchant paquet — je les salue, c'est plus que méritoire — qui regardent la situation puis qu'ils y
croient, au service public, et qui seraient prêts à revenir. Il y en a plein,
plein, plein, M. le Président, et j'en ai connu personnellement, en bas
de la hiérarchie, en haut de la hiérarchie. J'en ai connu beaucoup parce que,
dans mon domaine, c'était très, très
fréquent. Savez-vous pourquoi ils ne reviennent pas? Il y en a qui reviennent,
mais ceux qui ne reviennent pas, en général, ils ne reviennent pas
justement à cause desdites conditions. Il y a bien des gens qui reviendraient, là — puis là j'espère qu'on prend des notes de
l'autre bord, là — il y a
bien des gens qui reviendraient s'ils peuvent
cumuler la pension et leur salaire. Vous savez que, pour des cadres supérieurs,
actuellement, quand vous allez à la
retraite puis vous revenez, vous ne pouvez pas cumuler les deux, là, hein? On
ne parle pas de ça, c'est les conditions.
Est-ce
que, par exemple... Là, je parle pour parler, là, je ne fais pas de demande, je
ne fais qu'exprimer les différents scénarios
possibles. Est-ce que, dans le régime de retraite, la personne pourrait
revenir, ne pas contribuer du tout, cumuler sa retraite et son salaire, mais arriver à un échelon inférieur? Vous
savez, pour l'employeur, il y a une difficulté en termes de coûts. On ne peut pas avoir, dans notre système
extrêmement syndiqué... Et les gens critiquent souvent notre syndicalisme, qui est très poussé. Notre syndicalisme, il est
fait d'une telle façon qu'on a des échelles de salaire, hein? Souvent, on a des
échelles de salaire, dans la plupart des secteurs, qui ont 12 échelons. Et
là, bien, cette échelle-là, bien, les premières 12 années, on monte, on monte et on monte, puis après ça c'est
l'augmentation globale qui est attribuée à la personne jusqu'à la fin de sa carrière. On l'entend actuellement,
là, dans le cas des enseignants, il y a des gens qui pensent qu'on va abolir
certains échelons. O.K., c'est correct.
Maintenant, l'employeur, M. le Président, il sait ça, là. L'employeur, s'il
n'avait à payer que du monde au dernier échelon, bien là, c'est une
facture qui augmente.
Il y a un
équilibre dans la partie budgétaire de l'emploi. Il y a ceux qui partent, qui
sont les mieux payés, il y a ceux qui rentrent, qui sont payés moins, et là il
y a une vie avec ça, puis il y a un équilibre entre les départs et les entrées.
S'il advenait qu'il y avait un grand retour en masse de
gens et qu'ils revenaient tous au dernier échelon, bien là, à un moment donné, il y a un déséquilibre, là, dans la
facture pour le gouvernement, pour n'importe quel employeur. Si on ne remplace plus les hauts échelons par les bas
échelons, bien là, ce n'est pas mauvais nécessairement, c'est juste qu'il faut
considérer l'impact budgétaire.
Alors,
c'est un exemple que je vous donne. Est-ce que, par exemple, un employé
arrive... puis là je ne dis pas qu'il faut faire ça, mais est-ce qu'un employé
qui est à la retraite à qui on dit : Tu n'as pas besoin de contribuer à
ton fonds de pension, tu as ton
salaire au complet, tu reviens à un échelon inférieur, mais tu peux cumuler les
deux... Hum! Moi, je vous dis qu'il y a peut-être bien du monde qui
reviendrait, des gens expérimentés.
Des voix :
...
M.
Barrette : M. le Président, si c'est possible d'avoir... Parce que,
là, j'entends toutes sortes de voix, là, ça me dérange.
Le
Vice-Président (M. Picard) : S'il vous plaît, si vous avez des
discussions à avoir, je vous demanderais d'aller à l'extérieur. Ici, il
y a une personne qui a la parole, et c'est le député de La Pinière.
• (12 heures) •
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, c'est ça, la réalité, là, et on
a besoin de cette main-d'oeuvre-là qui est
expérimentée, qui pourrait nous amener de grands services, et là on ne va pas
parler de ça parce qu'on va parler de
seulement, seulement, seulement un petit, minuscule sous-groupe que sont le personnel d'encadrement,
à moins que j'aie mal compris la loi. Si je
l'ai mal compris, c'est parfait, on va me l'expliquer dans l'étude détaillée,
qui va commencer incessamment.
M.
le Président, d'autres conditions. Moi, je connais des gens qui sont revenus
dans le système, puis des gens qui sont
à peu près, je dirais, dans le tiers moyen, là, de la hiérarchie, là, des
organisations dans lesquelles j'ai... Et l'employeur, à l'époque, avait accepté — tenez-vous bien, M. le Président — avait accepté, pour un groupe d'individus...
C'est correct, on a un poste, là. On va diviser ça entre vous autres,
organisez-vous. Vous voulez revenir... un jour sur cinq, toi, tu vas faire deux jours sur cinq, toi, tu vas en faire
trois. Ça, ça fait six, là, mais on va laisser faire ça, là... alors, deux
autres jours. Mais il y a les fins de semaine. Vous savez, dans mon
domaine, il y a les fins de semaine.
Alors,
ça se fait, ça. Maintenant, ça demande une flexibilité de l'employeur. Moi, je
vous dis simplement : C'est que,
quand on parle de condition qui va permettre à un retraité de revenir
contribuer aux services publics, c'est une maudite bonne idée. Je trouve que c'est une pas mal de
mauvaise idée de penser à ça juste pour un seul groupe. Je pense que là
il y a des opportunités, et il y a autant d'opportunités qu'il y a de secteurs
d'activité. C'est ce que je pense.
Alors,
de penser à mettre en place, dans un projet de loi, un article qui va prévoir
un règlement, ça, c'est malheureux parce
que ça devrait être dans la loi. Le règlement, c'est les conditions. C'est
correct, mais là on n'en débattra pas. Mais de pouvoir permettre à des gens de
revenir selon des conditions prédéfinies, c'est une bonne chose, et je vous
dirais, avec les exemples que je vous
ai donnés, que ça se définit. Ça se définit et non seulement ça se définit,
mais ça demande à l'employeur
essentiellement de donner un maximum de flexibilité... Je rembobine. Ça demande
au gouvernement de donner à
l'employeur le maximum de flexibilité pour adapter son offre potentielle
d'adaptation justement à l'employé et là ça devient une question, en
quelque part, actuarielle.
Avant
de venir ici aujourd'hui, M. le Président... En fait, j'ai appris, ce matin,
qu'on avait à en débattre, là, parce qu'on
sait toujours à la dernière minute... et ça, ce n'est pas un reproche, c'est la
vie parlementaire qui amène que... qui fait en sorte que les cédules ne
sont pas toujours faciles à prévoir, même à 24 heures d'avis.
Mais,
pour m'assurer de mon point, j'ai consulté certains actuaires, des actuaires
spécialisés en retraite, des actuaires spécialisés
en emploi, en assurance, et ainsi de suite, et j'ai été surpris de voir que les
problématiques que j'avais envisagées, ils ne les voyaient pas. Moi,
j'avais vu des problématiques actuarielles, il n'y en a pas. Il n'y en a pas.
Il n'y en a pas, normalement.
Je
vais vous surprendre, M. le Président. Là où il y a une problématique
actuarielle, pour ce qui est de la retraite, ce n'est pas tant chez l'employeur, tout ça s'équilibre, mais la
problématique, c'est... parce que les actuaires essaient de prévoir le futur en termes budgétaires, et on établit des
tables qui sont basées sur l'expérience passée, c'est la terminologie qui est
utilisée, et là ils m'ont dit la chose
suivante : Hum, il peut y avoir un petit problème, mais ça se gère, il
faut juste le prendre en
considération. On arrive dans une période, M. le Président, où la gestion de la
retraite, en termes actuariels, va... pas poser problème, parce que tout se calcule, mais va exiger, probablement,
dans un avenir rapproché, des changements. Pourquoi? Et là ça va peut-être vous surprendre, vous savez, l'actuariat
qui essaie de prévoir un coût futur basé sur l'expérience passée, et ce qui est raisonnablement prévisible, bien, le
raisonnablement prévisible est en train de changer parce qu'on est en
train de constater que l'espérance de vie baisse.
Alors,
ça, ça va changer les calculs actuariels. Intéressant, n'est-ce pas? Alors, ça
va changer les calculs actuariels, et là
le fait de faire revenir des gens qui ne contribueraient pas pourrait avoir un
impact sur le calcul actuariel parce que ces gens-là reviennent à un âge
plus avancé, ils sont plus à risque de décéder plus jeunes dans une société où
on semble s'en aller dans une direction où
on meurt plus jeune. Ça ne veut pas dire que ça complexifie, de quelque manière
que ce soit, les règles à mettre en place, ça veut simplement dire qu'il
y aura nécessairement une réflexion actuarielle à être faite.
Mais,
sur le plan de l'établissement de la possibilité d'établir des règles, pour un
retraité, de revenir dans le marché du
travail avec des conditions avantageuses, c'est parfaitement faisable. Et on ne
le fait pas. Et là on a un projet de loi qui est parfait. C'est un projet de loi parfait dans lequel il y a un
article qui traite de ce que je viens de vous traiter pendant la presque dernière heure et on va en parler
uniquement pour le personnel d'encadrement. Si ça, ce n'est pas une occasion
manquée, là, je ne le sais pas, ce que c'est.
Peut-être que le ministre va nous
dire, ou lorsqu'on sera en consultation à l'étude détaillée, va nous
dire : Oui, oui, c'est correct,
c'est vrai, là, on peut l'appliquer, là, ce n'est juste pas clair dans le
projet de loi. Je vais être bien content. Mais moi, je peux vous dire, là, que, si je suis capable de faire une
heure là-dessus aujourd'hui, là, je peux en faire pas mal en étude
détaillée. Parce que ça, M. le Président, ça devient un débat de société à un
moment où c'est on ne peut plus pertinent.
Au moment où on a des pénuries partout incluant dans le secteur public, il va
bien falloir qu'on me fasse un beau
grand dessin pour m'expliquer pourquoi on ne se servirait pas de cet outil-là
pour palier à ces pénuries-là. Puis c'est notre responsabilité comme parlementaires. Alors, je m'attends, sur ce
sujet-là, M. le Président, à un... pas un minimum, à un maximum
d'ouverture de la partie gouvernementale. Puis peut-être qu'on reviendra...
Puis
ça, c'est l'autre chose, M. le Président, là, on n'a pas eu de consultation
publique. On n'en a pas eu. Moi, là, les
gens qui étaient cédulés pour venir nous voir, là, je suis convaincu, là,
convaincu que ces organisations-là seraient venues avec leurs actuaires ou leurs personnes
responsables des régimes de retraite. Puis c'est clair que l'échange que j'ai
avec vous, j'aurais pu l'avoir en détail dans les consultations
publiques, et on ne les a pas eues.
Quand je vous parlais
du projet de loi n° 23, vous en avez encore un magnifique exemple. S'il
s'avère que le président du Conseil du
trésor n'a pas vu cette opportunité comme je la vois, qu'il concède que c'est
une bonne opportunité, bien, on aura
raté une occasion, là. Manifestement, on n'a pas d'indication à l'effet que ces
consultations privées, non publiques,
bien, on ne sait pas où elles mènent. Il fait ça tout seul dans son coin. Il
est bon, le président du Conseil du trésor. Moi, je n'ai pas de reproche à lui faire. Je pense qu'il fait des
mauvais choix. Ça, c'est une autre chose. C'est politique, vous l'avez
vu ce matin à la période de questions.
Mais
ça, la question qui est celle dont je traite, qui est la deuxième partie de son
projet de loi n° 38, une loi qui vient modifier les régimes
de retraite, je pense qu'il rate une opportunité. Alors, les débats qu'on va
faire vont sans doute être intéressants, vont durer le temps que ça prendra.
Mais
je vous annonce tout de suite, M. le Président, que le projet de loi, je peux
vous le dire tout de suite, là, ce n'est pas un projet de loi contre lequel on
va voter. Je pense que vous avez compris, puis j'espère que le leader adjoint
l'a compris et qu'il va relayer le message, on est en faveur du projet
de loi. Mais, dans le cas présent, on pense, sauf avis contraire, là, sauf démonstration du contraire, qu'il ne va pas
suffisamment loin dans la possibilité des gens qui sont dans le secteur
public de revenir servir à des conditions qui leur soient favorables.
Est-ce
qu'on peut dire aujourd'hui que ça... je ne trouve pas, je ne sais pas, vous,
quand vous y pensez, comme ça, spontanément, je ne vois pas, moi, des...
je ne vois pas de côté négatif à ça. Je ne le vois pas.
Et
je vais terminer dans les prochaines minutes en rappelant ce que j'ai dit dans
ma première phrase. On vit dans un monde où, à tous les jours, quand on
va dans un magasin, quand on va dans des bureaux, on voit des gens qui, normalement, seraient à la retraite, quand on leur
pose la question — ça
m'arrive de le faire : Est-ce que vous travaillez pour l'intérêt
pécuniaire ou pour l'intérêt social?, il y a des gens qui vont travailler après
la retraite parce que c'est une espèce de forme de socialisation, puis je le
comprends très bien, ça brise... surtout les gens qui sont seuls, là, ça
brise l'isolement puis c'est bien correct,
ces gens-là sont heureux, ils donnent d'excellents services, c'est une bonne
affaire, et la réponse la plus
fréquente que j'ai, M. le Président, c'est : Les deux. Les gens sont
contents de le faire, même des jobs que
des plus jeunes ne voudraient pas faire, là, ce n'est pas glorieux, mais ils
sont contents de le faire parce qu'ils voient du monde, puis ça remplit leurs journées, puis ils ont leurs horaires.
Mais il y en a aussi qui le font parce qu'ils n'arrivent pas.
Je vous ai dit ça en
introduction et je vous ai dit ça aussi à propos d'une lettre que j'ai reçue,
l'enjeu de la retraite, M. le Président, là, il est conjugué au temps présent avec celui de la pénurie de main-d'oeuvre, on ne peut pas passer à côté. On ne peut juste pas passer à côté. Ça vaut au provincial,
ça vaut au fédéral, ça vaut pour le Québec, ça vaut pour
le Canada, ça vaut pour les pays européens, c'est pire aux
pays européens, ça vaut certainement pour les États-Unis.
Je dirais que c'est l'enjeu de ce siècle, et
particulièrement les pays où la population vieillit plus vite
qu'ailleurs, comme la nôtre.
Alors, si, ensemble,
on peut créer des conditions qui sont mutuellement favorables, favorables pour
la société et favorables pour les individus, comment peut-on rater une occasion
comme celle-là? Je me pose la question, je n'ai pas encore la réponse, j'espère l'avoir dans les prochaines heures,
parce que, bientôt, on va commencer à étudier article par
article le projet de loi. Mais vous comprenez, maintenant, l'angle que je vais prendre dans ce dossier-là,
qui va être certainement intéressant.
Alors,
on est en faveur, M. le Président, du projet
de loi, dans la mesure où son intérêt...
pas son intérêt mais son application est plus élargie que
ce qui nous a été présenté ce matin. Je termine là-dessus. Merci, M. le
Président.
• (12 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de La Pinière. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la députée de l'Acadie, je vais vous demander
d'attendre quelques instants.
Je dois informer la
Chambre que... Je vous informe qu'un débat de fin de séance se tiendra demain,
le jeudi 31 octobre 2019, sur une
question adressée par M. le député de La Pinière au ministre responsable
de l'Administration gouvernementale
et président du Conseil du trésor concernant la mise en oeuvre de nouveaux
ratios pour la prise en charge de patients par les infirmières du
Québec.
Et je vous cède la
parole, Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine
St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Alors, il me fait
plaisir de prendre la parole concernant ce projet de loi, projet de loi
qui... n° 38, qui modifie certaines lois instituant
des régimes de retraite du secteur public.
Alors, M. le Président,
c'est un projet de loi qui, évidemment, est plutôt technique, mais c'est un
projet de loi qui modifie différentes lois,
qui institue des régimes de retraite du secteur public afin de reconduire les
dispositions de dérogation à la Loi constitutionnelle de 1982.
Les régimes
de retraite touchés par ces dispositions sont ceux relevant des lois
suivantes : tout d'abord, la Loi sur le régime de retraite de certains
enseignants, la Loi sur le régime de retraite des employés du gouvernement et
des organismes publics, la Loi sur le
régime de retraite des enseignants, la Loi sur le régime de retraite des
fonctionnaires, la Loi sur le régime de retraite du personnel
d'encadrement.
De plus, le
projet de loi modifie également la Loi sur le régime de retraite du personnel
d'encadrement afin de prévoir la
possibilité d'établir, par règlement, les conditions et modalités relatives au
retour au travail d'une... d'un pensionné, dis-je, qui ne participe pas
au nouveau régime de retraite.
Donc, il y a
quand même certains enjeux, mais je peux dire que ce projet de loi... Comme je
disais tout à l'heure, tout ce qui est là pour bonifier évidemment les régimes
de retraite ou la façon d'appliquer les régimes de retraite, je pense
qu'il faut évidemment être très ouvert à cela.
La reconduction de la dérogation à l'article
15 — c'est
un enjeu de la Loi constitutionnelle 1982 — constitue uniquement le prolongement des conditions
existantes de l'application des régimes de retraite visés par le projet de loi.
Cette dérogation permet à certaines femmes
et anciens religieux, religieuses d'obtenir des conditions de retraite
équivalentes, malgré le nombre d'années travaillées au sein de l'État.
Par contre,
la section permettant au gouvernement de modifier, par règlement, les
conditions et modalités relatives au retour au travail d'un pensionné qui ne
participe pas de nouveau au régime de retraite entraîne un certain flou.
Dans la loi actuelle, les dispositions sont
présentement définies. Donc, en s'octroyant de pouvoir changer les modalités
par règlement, les pensionnés touchés
devront attendre la publication de ce règlement avant de connaître les
conditions applicables à leur situation.
D'ailleurs,
pour avoir une certaine expérience en la matière, c'est clair que, lorsqu'on a
un pouvoir réglementaire dans une
loi, c'est une bonne chose parce que ça permet d'améliorer, au fur et à mesure,
ou d'apporter des éléments sans être obligé d'ouvrir une loi. Donc, je pense
que ça, c'est une bonne chose, mais il faut, en même temps, être rassurant
envers les gens qui sont particulièrement touchés par ce projet de loi.
Donc, le
texte de la loi actuelle : «Malgré l'article 153, un pensionné peut
choisir de ne pas participer de nouveau au présent régime alors qu'il
occupe ou occupe de nouveau une fonction visée au premier alinéa de l'article
153. Sa pension et les prestations visées
dans les paragraphes 7° [et] 8° du premier alinéa de l'article 97 cessent
d'être versées pour une période
correspondant au service qui lui aurait été autrement crédité pendant qu'il
occupe ou occupe de nouveau cette fonction, si [le] choix n'avait pas
été exercé.
«Ce choix de
ne pas participer de nouveau au présent régime s'applique à compter de la date
à laquelle Retraite Québec reçoit un
avis écrit à cet effet. Cependant, le choix d'un employé qui n'a pas fait
créditer ou compter les années et
parties d'années de service au régime ou qui n'en fait pas compter en
application de l'article 3.2 de la Loi sur le régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics depuis le premier jour où il occupe sa dernière fonction
visée par le régime, s'applique à compter de ce jour.»
Donc, le projet de loi prévoit des conditions de travail et de retraite des personnes qui
voudraient effectuer un retour au travail dans les domaines visés par le
projet de loi. En situation de pénurie de main-d'oeuvre, M. le Président, les conditions établies sont-elles les meilleures pour
favoriser le retour au travail des personnes retraitées? Nous allons, bien sûr,
être attentifs, étudier, faire en sorte qu'on puisse voir comment on peut
améliorer, bonifier, parce que, évidemment,
un projet
de loi, c'est une architecture, puis
c'est quelque chose qui peut être amélioré pendant toutes les
discussions que nous avons. C'est le
rôle des parlementaires de le faire, et je pense qu'on a, en la personne de mon
collègue le député de La Pinière,
quelqu'un qui est très alerte, qui
est très averti, et qui pourra apporter des suggestions qui sont constructives.
Alors, je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président (M. Picard) : ...
Mme la députée de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Puisqu'il
n'y a pas d'autre intervention, le
principe du projet de loi n° 38, Loi modifiant certaines lois instituant
des régimes de retraite du secteur public, est-il
adopté ? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la
Commission des finances publiques
M.
Schneeberger :
M. le Président, conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le projet de loi n° 38, Loi modifiant certaines lois
instituant des régimes de retraite du secteur public, soit déféré à la
Commission des finances publiques pour son étude détaillée.
Mise aux
voix
Le Président (M. Picard) :
Est-ce que cette motion est adoptée ?
Une voix :
Adoptée.
Le Président (M. Picard) :
Adoptée. M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M.
Schneeberger : Oui. Alors, pour
la suite de nos travaux, je vous demanderais d'appeler l'article 18 du
feuilleton.
Projet de
loi n° 5
Reprise du
débat sur l'adoption
Le Président (M. Picard) : À l'article 18
du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 29 octobre 2019, sur l'adoption du projet de loi
n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres
dispositions à l'égard des services
de l'éducation préscolaire destinés aux enfants âgés de 4 ans. Je cède la
parole à Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Ça me fait plaisir de
me lever, par contre, cette fois, pour la dernière fois, puisqu'à chaque fois
que j'ai eu la chance de pouvoir intervenir, en cette Chambre, pour le projet
de loi n° 5, je l'ai fait, et j'ai eu le plaisir de participer aussi à l'article par article.
Plusieurs de mes collègues ont fait un retour sur ce projet de loi, et je vous dirais, un peu, avec un clin d'oeil,
que vous être probablement rendu l'homme le plus informé de ce projet de loi de
cette Chambre, puisque vous êtes, la plupart du temps, celui qui est assis sur
ce trône au moment où on prend la parole pour en parler.
Donc,
je pourrais revenir sur l'aspect budgétaire, je pourrais revenir sur l'aspect
pressant qu'on a senti pour ce projet de loi, mais je vais me contenter de faire une opinion ou ce que
j'appellerai, dans mon vocabulaire à moi, un éditorial à ma façon.
• (12 h 20) •
M. le
Président, on l'a dit, dès le départ, puis je le répète encore, je pense, c'est
important de l'entendre, nous ne sommes pas contre la maternelle quatre ans. Je le dis parce que,
quelquefois, ça peut être interprété comme ça. En 2013, quand Marie Malavoy a décidé de regarder le principe de la maternelle quatre
ans, on s'est posé beaucoup de questions. Puis, à ce moment-là, j'étais critique officielle en éducation primaire
et secondaire, et je vous avoue, M. le Président, que c'était la première fois
que je siégeais dans un projet de loi où le syndicat était assis au salon
rouge, dans les tribunes, et nous
écoutait avec beaucoup d'attention et mettait une pression sur les oppositions
pour que le projet de loi avance à grands pas. Pourquoi? Bien, je pense que ça avait été démontré, au niveau de
l'école montréalaise, que de pouvoir ouvrir les classes quatre ans pour des élèves en milieu défavorisé,
ça amenait un plus. Puis on a commencé à utiliser, avec beaucoup d'égard,
arriver à l'école à chances égales. Pourquoi? Bien, parce que, dans un milieu
défavorisé, on était capable de faire la démonstration, par des spécialistes,
par un projet pilote, par différents intervenants, que, quand je suis dans un
milieu défavorisé, j'arrive à l'école
peut-être avec un manque, peut-être avec une stimulation différente, peut-être
avec une façon de faire qui fait que
mes parents ne m'ont peut-être pas aussi bien accompagnée, puis je n'ai pas eu
la stimulation partout pour arriver à
chances égales avec les autres. Puis, finalement, bien, avec les statistiques
puis avec les recherches, on réalise que,
rendu en troisième année, ça a un impact majeur. On est capable, avec certains
déterminants, voir si un élève va réussir son cinquième secondaire dès le moment du primaire. C'est fascinant,
parce qu'on s'est dit : Bien, à partir de là, il faut mettre un
processus en place pour pouvoir sauvegarder puis s'assurer de la réussite de
nos élèves.
Et, à tout
moment, M. le Président, à chaque fois qu'on a l'opportunité de parler de la
réussite des élèves, il faut le faire. Il ne faut pas toujours le faire
avec un prix, puis il ne faut pas toujours le faire avec des structures. Mais
il faut surtout se dire que tous les gens
autour de ce jeune veulent le voir réussir. Et je pense que c'est vraiment la
volonté de tous les gens dans cette
Chambre. Alors, quand Mme Malavoy a attaqué le principe et a déposé son projet
de loi, j'y ai participé, on a senti de la pression, et, finalement, ça a
débouché par un projet de loi qui disait que ça prenait des maternelles quatre
ans pour les élèves en milieu
défavorisé. Au moment où le Parti libéral était au pouvoir, le ministre du
temps, Sébastien Proulx, a ouvert un
peu plus large en disant : Ça nous en prend dans chacune des commissions
scolaires pour les élèves qui sont en milieu 8-10, 10 étant un milieu
fortement défavorisé, 1 étant un milieu favorisé.
À ce
moment-ci, je vais faire une parenthèse pour vous dire que je ne peux pas vous
nommer spécifiquement une ville où il
n'y a que des milieux défavorisés, parce que, partout, il y a des milieux
favorisés et des milieux défavorisés. Et
le ministre nous a rappelé cet aspect qui le chagrine — je vais le dire comme ça parce que je veux
rester dans les mots parlementaires — mais qui le chagrine, puis il
le disait même quand il était dans l'opposition, que c'est le code postal qui relie l'enfant à un milieu défavorisé.
Puis c'est vrai que c'est bête et méchant, parce qu'il y a des rues où il y a des grandes, grandes maisons, des belles maisons,
des maisons très dispendieuses, puis, quand vous faites votre porte-à-porte, puis que vous cognez, bien, la
porte s'ouvre, puis il y a peu de meubles, puis il y a peut-être des gens qui
travaillent très, très fort pour maintenir
un niveau de vie, mais qui ne sont pas nécessairement dans un milieu favorisé.
Mais c'est comme ça que ça fonctionne. C'est
d'ailleurs tellement comme ça que ça fonctionne, qu'à Montréal on a identifié
une école, on l'appelle l'école
montréalaise, où on reçoit des sommes supplémentaires pour les enfants en
milieu défavorisé.
Ce que ça
apporte, ce n'est pas juste plus de maternelles quatre ans, mais c'est plus de
services, et c'est plus un environnement
qui englobe le parcours complet de l'élève. De la rentrée dans la classe à
l'heure du dîner, à la récréation jusqu'à la fin des classes. Donc, un
milieu défavorisé, c'est aussi un milieu qui protège l'élève du regard qu'on
peut porter sur lui, mais aussi qui fait en
sorte qu'on l'amène vers sa réussite. Alors, je comprends que ce n'est pas le
fun d'être attaché juste à un milieu
ou à un code postal, mais ce n'est pas en ouvrant la maternelle quatre ans
partout que ça vient régler la problématique, puis ça vient s'assurer de
la réussite des élèves.
La crainte
qu'on a en ce moment, c'est la rapidité à laquelle on le fait, c'est
l'investissement en infrastructures plutôt
qu'en services et c'est la façon qu'on va mettre en place tout ça pour des
petits, des petits qui, en ce moment, sont peut-être dans un système de grands, c'est-à-dire
que, si j'ai quatre ans puis que je suis en CPE ou en service de garde éducatif, je suis un grand. Mais, quand j'arrive à
l'école, je suis un petit, petit. Parce que je ne suis pas à la maternelle, je
suis comme à la prématernelle, qui s'appelle maternelle quatre ans.
La
problématique, c'est que l'école n'est pas prête complètement à ça, et ça
bouscule certaines choses. Puis on vous l'a dit, M. le Président, ça bouscule
dans l'entrée, la sortie. Ça bouscule dans le transport. Si je m'en vais à la
garderie, je suis dans un siège d'auto, si je m'en vais à l'école, je suis dans
un autobus. Peut-être que je serai dans un siège d'auto parce que mon parent va venir me conduire, mais peut-être que, le
soir, je vais revenir en autobus. Si je suis petit et j'ai quatre ans, je me
retrouve dans une situation où je devrai avoir un encadrement plus fort et plus
grand pour s'assurer de ma sécurité, puis ma rentrée, puis ma sortie à
l'école.
Je ne peux pas passer à côté de tous les
investissements qui peuvent se faire dans les autres rubriques. Entre autres, on a parlé d'Agir tôt, et, je ne sais pas
pourquoi, à chaque fois que j'entends Agir tôt, puis qu'on me dit que c'est
la motion ou la volonté du ministre Carmant,
je vous le dis, M. le Président : Il y a 12 ans, j'étais présidente
de commission scolaire et on avait
Agir tôt. Donc, ça découle peut-être du ministère, mais ce n'est pas un
programme qui vient de s'être inventé.
Il y avait 1, 2, 3, Go!, il y avait
Passe-Partout, puis il y avait Agir tôt. Je pense qu'ils existent tous encore,
et c'est pour s'assurer qu'on fait un suivi auprès des élèves.
Je vais
terminer en vous faisant mon fameux témoignage personnel, parce que
je pense que c'est ce qui parle aux gens. Je pense que
c'est ce qui donne une idée de ce qui s'en vient, qui peut nous faire un peu
peur.
M. le Président, j'ai trois enfants. J'ai une
enfant qui avait une difficulté langagière, puis je le dis avec un petit clin d'oeil, parce que c'est à l'école
Villemaire, primaire, en moitié de journée... qui est dans le comté de Sainte-Rose, effectivement, parce que j'y ai
habité pendant 30 ans... Moitié de journée, donc, maternelle partielle, et
l'enseignante, que je salue, qui
s'appelait, comme prénom, elle s'appelait Mme Victoire, son prénom c'était
Victoire, c'était assez particulier, mais
une femme extraordinaire, et je reçois un coup de téléphone qui dit :
Votre fille a un problème langagier, l'année prochaine, en première année, elle devra aller en classe-ressource.
Qu'est-ce que ça veut dire, pour un parent, la classe-ressource? Du moins, à ce
moment-là, c'était qu'elle était pour être changée d'école, puis elle était
pour être dans une classe moitié avec
des élèves en problèmes langagiers puis moitié avec des élèves réguliers... à
laquelle j'ai dit oui, parce que ça me permettait d'avoir des services
pour ma fille, puis qu'ils étaient pour l'accompagner.
Alors, la
première année s'est passée à l'école Charles-Bruneau, qui n'est pas dans le
comté de mon collègue de Sainte-Rose
mais dans le comté de mon collègue de Vimont, et on a eu des services
extraordinaires. Par contre, M. le Président, quand ma fille est revenue dans son école de quartier, en première
année... en deuxième année, j'ai reçu le petit mot qui dit : Il n'y
aura pas de service, parce que ça se passe en première année.
M. le
Président, je vous lève un drapeau rouge. Quand on donne des services aux
préscolaires quatre ans puis qu'on met une emphase particulière, on oublie peut-être, peut-être, qu'il y a
des services qui se doivent d'être ailleurs, puis, pour les faire réussir, il faut que les services
suivent partout. Je nous appelle à la vigilance. Je le sais, que vous êtes un
gardien de cette volonté d'avoir les
meilleurs projets de loi, vous entendez tout ici, et, pour ces raisons, je
crois qu'il faut prendre notre temps
et investir doucement, bien, dans l'éducation. Je pense que c'est une volonté
que le gouvernement a, mais, en ce
moment, il va trop vite, ce qui fait en sorte qu'on va peut-être mettre en
danger cette belle grande ouverture qu'on veut avoir, mais qui fait en
sorte qu'on n'arrivera pas à l'objectif voulu. M. le Président, merci de votre
attention.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Mme
la députée de Mille-Îles, je tiens à vous
informer aussi tout à l'heure que vous parliez du ministre délégué à la Santé
et aux Services sociaux. Je reconnais maintenant M. le député de
Rosemont.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, M. le Président. C'est la première fois que j'ai
le... j'allais dire : Le plaisir, mais pas tant... l'opportunité, l'occasion — en français — de parler du projet de loi n° 5. Je ne
l'ai jamais fait avant. Ce n'est certainement pas parce que je n'ai rien
à dire, ce n'est certainement pas par manque d'intérêt pour ce projet de loi.
Et l'intérêt, en fait, est inversement
proportionnel à son utilité, à son urgence, je crois. Ce sera le propos de mon
intervention. Puis je vais essayer de
me ramasser un peu, parce que je n'aurai jamais assez de 10 minutes pour
dire à quel point ce projet de loi là est,
selon moi, et, si j'écrivais encore des chroniques, ça aurait été
vraisemblablement le titre de cette chronique : Une fausse bonne idée. Une fausse bonne idée, et
probablement une fausse bonne idée au pire moment possible. Pourquoi, M.
le Président?
Je vais
commencer avec une anecdote. J'aime ça, les anecdotes, ça nous situe, puis,
généralement, il y a des têtes qui se
lèvent aussi en face quand on parle d'anecdotes. Pendant la campagne électorale
de 2018, la campagne électorale, comme
vous le savez, s'est déroulée largement au mois de septembre. Ça tombe bien,
c'est la rentrée, superbe moment pour aller rencontrer les parents et
leurs enfants, les directions d'école, aussi les enseignantes.
• (12 h 30) •
Dans l'est de Rosemont, il y a plusieurs écoles
qui ont vraiment besoin d'amour, vraiment, vraiment besoin d'amour. Et je me retrouve donc devant une de ces
écoles, et il y a une dame qui arpente le terrain avec un long niveau, vous savez, les niveaux de construction, là, qu'on
vend chez RONA ou ailleurs, un long niveau. Puis elle prend littéralement
des mesures avec son niveau sur les murs de
l'école, alors je trouve ça quand même particulier. Je la laisse compléter, je
vais la voir, puis je lui demande : Excusez-moi, mais qu'est-ce que vous
faites? Elle me dit : Bien, je suis une architecte, mandatée par la CSDM pour faire une analyse
technique, un devis technique sur l'état de l'école. Je lui dis : Ah bon!
Vous faites ça avec un niveau dehors, sur le mur? Elle me dit oui. Elle
dit : De toute façon, cette école-là est tellement mal en
point qu'on n'aurait probablement même pas
besoin d'un niveau pour le voir. Mais elle ajoute, elle dit : Vous savez,
M. Marissal, je vous ai reconnu, vous
êtes un ancien journaliste, je ne vais certainement pas vous donner le scoop de mon rapport tout de suite, surtout que maintenant vous êtes politicien, alors je vais vous
le donner encore moins. Mais je peux vous
dire une chose, c'est que cette école a vraiment besoin d'amour. Et,
de fait, cette école fait peur. Il y
en a plusieurs, en particulier dans
l'est de Rosemont. C'est souvent comme ça, à Montréal, je ne sais pas pourquoi,
il y a un phénomène
surnaturel qui fait que plus on va vers l'est puis plus les écoles, les institutions,
les routes, le transport en commun ont besoin d'amour. Je ne sais pas pourquoi,
on dirait que ça penche tout le temps vers l'est. Bref, cette architecte
a rendu effectivement un rapport assez accablant sur l'état de cette école-là.
Et je vous
raconte ça pourquoi? Parce
qu'il y a des priorités. Dans tous
les ministères, hein, dans tout gouvernement, là, il y
a une pyramide de priorités, une
pyramide inversée, là, puis il faut commencer par les plus grosses priorités
puis aller vers le plus bas. Quant à
moi, là, en ce moment, les maternelles
quatre ans, bien, c'est dans la
partie très, très, très
congrue de la pyramide, il y a beaucoup plus urgent que ça.
Je reprends
l'est de Rosemont. Il y a trois écoles, dont celle dont je viens de nommer,
Marie-Rollet, qui subiront, dans les
prochains mois, les prochaines années, des travaux majeurs, les élèves seront
déplacés, trois écoles en même temps, M. le Président, dans à peu près trois kilomètres
carrés juste dans mon comté, là, trois écoles. Ça, c'est sans compter Sainte-Bibiane qui a été démolie, sur la
13e Avenue, elle a été démolie, on n'a gardé que la coquille parce qu'elle
était bourrée de champignons, à tel
point que des enseignantes et des élèves ont développé des pneumonies
atypiques. Ce n'est pas rien, là, ce
n'est pas rien, là, on joue carrément avec la santé du monde ici, là. Une
enseignante, là, qui passe 25 ans dans un endroit bourré de
champignons, bien, demandez-vous pas pourquoi est-ce qu'elle développe des
problèmes pulmonaires à la retraite. C'est carrément intenable comme situation.
Alors, en
plus de Sainte-Bibiane qui a été démolie, mais qui est reconstruite en ce
moment, et tant mieux, j'en suis ravi, les trois autres écoles seront
successivement fermées ou condamnées temporairement pour des travaux de rénovation. Dans un cas, on sait où seront les
élèves, ils seront placés dans des nouveaux locaux qu'on aura rénovés dans
un centre communautaire, ce qui veut dire
qu'on a éjecté les groupes communautaires qui étaient dans ce centre pour loger
les enfants. On habille Paul... On
déshabille Paul pour habiller Jacques. Mais je comprends que la priorité, c'est
l'éducation, je vais être cohérent
avec moi-même. C'est malheureux pour ces groupes qui sont chassés, mais ces
élèves auront au moins des locaux.
Mais, dans le cas des élèves d'une dizaine d'autres classes — ça, je déduis que ça fait pas loin de
200 élèves — ces
élèves-là seront dans des roulottes. Et des
roulottes, là, au dernier compte, là, on en avait plus d'une quarantaine juste
dans ma circonscription, des
roulottes dans la cour d'école. Ce n'est pas exactement l'école de rêve. En
tout cas, on est loin du lab-école
ici certainement, des belles écoles claires, éclairées, avec des grandes
fenêtres, là. Ce n'est pas tout à fait ça, ça ressemble davantage à des
roulottes de chantier de construction. Puis ce n'est pas une façon pour nos
élèves d'aller à l'école, puisqu'en
plus ils sont isolés du reste de leurs camarades parce qu'ils n'ont pas accès
direct... Enfin, bref, vous connaissez tous ces problèmes. Ça, c'est la
situation des écoles de Rosemont.
J'ajouterais
à ça qu'il y a un très beau projet d'un promoteur qui s'appelle la SDA, la
Société de développement Angus, qui
est en train de construire la dernière phase de ce qu'on appelle chez nous les
shops Angus. Ce promoteur, qui a une
conscience sociale, je le dis, a offert un terrain, il veut avoir une école là,
et le voisinage, les parents autour veulent avoir une école là. Et ils
sont en train de vendre autour de 180 condos, notamment des trois
chambres, accessibles et abordables. Vous
savez comme moi, M. le Président, si je vous dis : Condo, trois chambres,
accessible, abordable, il risque d'y
avoir quelques familles là-dedans, alors on va se retrouver encore une fois
avec une autre couche de surpopulation d'élèves dans Rosemont. Voici un
développeur qui a une conscience sociale, qui veut laisser ce legs d'une école,
qui dit : Le terrain est là.
Puis, croyez-moi, il pourrait le vendre, il pourrait le vendre comme ça puis
construire une autre tour à condos,
il n'aurait aucun problème, puis ils vont se vendre. Elles sont presque déjà
toutes vendues, de toute façon, ses 180 unités. Il n'y a aucun
problème à vendre ça, surtout dans Rosemont.
Alors, voici
ce promoteur qui offre et qui dit : Je suis prêt à collaborer. Bien, il
n'a pas été retenu. La dernière année, il
n'a pas été retenu par le ministère de l'Éducation. On nous dit : Il n'y a
pas vraiment de problème de surpopulation dans Rosemont. Je ne sais pas où les fonctionnaires du ministère ont pris ça,
là, d'autant que le ministre lui-même a demandé à différentes directions
d'école dans Rosemont de trouver des solutions pour contrer la surpopulation.
Ça fait que, je ne sais pas, là, mais un
plus un, ça fait deux, à la petite école, là. S'il y a un problème de
surpopulation à tel point que le ministre
demande aux directions d'école de trouver des solutions, je présume, là, je
présume qu'il y a un problème de surpopulation.
Et il y a un problème de surpopulation. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de
problème de surpopulation parce que
tous les élèves sont placés, il y en a quelques centaines qui sont dans les
roulottes dont j'ai parlé tout à l'heure. Alors, on ne peut pas prétendre
qu'il n'y a pas de problème de surpopulation.
Je sais que le ministre s'intéresse au projet
Angus, je l'encourage à continuer de s'y intéresser. Je sais qu'il a rencontré
privément le développeur de la SDA. Je l'encourage à garder le contact et je l'encourage
à envisager très sérieusement ce projet-là, qui est vraiment emballant, qui est
vraiment emballant.
Il est un peu
tard parce que le projet
de loi en est à son adoption finale,
mais je l'aurais encouragé vraiment aussi à mettre la pédale douce sur les
maternelles quatre ans. Et c'est l'objet de mon propos. Nous sommes ici devant
un cas type de la proverbiale expression de
la charrue devant les boeufs. En fait, c'est même pire que ça. Les fondations
de la maison sont fissurées, le toit
coule, et le gouvernement nous fait un plan pour un gazebo en arrière de la
maison. C'est un peu ça, en ce
moment. Il y a beaucoup plus urgent. Et on l'a dit : Les maternelles
quatre ans, soit, oui, mais pas maintenant,
pas là, pas de même.
Cela dit, M. le Président, j'ai une pensée charitable pour le ministre de l'Éducation parce qu'il est pogné avec un sacré
problème, il est pogné avec un gros, gros caillou dans son soulier. Quand ton
chef, à plus forte raison le premier
ministre, dit devant toute la population du Québec que c'est son ultime
priorité et qu'il va jusqu'à mettre son siège en jeu — ce
n'est pas rien, là, ce n'est pas rien, le premier ministre qui met son
siège en jeu sur un sujet, un enjeu — bien,
vous comprendrez que le sac à dos du ministre,
il est pas mal lourd, il est lourd à traîner, ce pourquoi j'ai, en toute
honnêteté, en toute franchise et
amitié, une pensée charitable pour le ministre, qui doit livrer quelque chose de vraiment pas
facile à un moment où, il le sait...
Puis je sais que le ministre de
l'Éducation connaît le réseau, je
sais qu'il l'a à coeur. Il n'a juste
pas la bonne priorité. En fait, on ne lui a pas imposé la bonne priorité. Il le
sait, le ministre de l'Éducation, qu'il y a autre chose, qu'il y a des priorités ailleurs, notamment
tous ces élèves qui n'ont pas de classe, qui n'ont pas de classe.
Puis je vous le dis, là, aux élus, aux collègues
députés ici, là, on va tous et toutes en entendre parler beaucoup plus, la rentrée prochaine, parce qu'il n'y aura plus de commissaire scolaire.
Où est-ce que vous pensez que ces gens-là, les parents vont aller cogner, pour dire : Je n'ai pas de prof, je
n'ai pas de classe, je n'ai pas d'école? Surprise, surprise! Ils vont venir dans nos comtés. Ça a déjà commencé,
d'ailleurs. Ça, je ne sais pas si on y a réfléchi correctement, là, mais la
démocratie scolaire, c'est ça aussi, c'est un lien direct pour la population
qui se cherche des classes, des écoles.
Alors, je
m'arrête là-dessus, M. le Président, j'arrive à la fin de mon intervention. Je
trouve malheureux qu'un gouvernement
qui fasse de l'éducation sa priorité choisisse comme premier enjeu de sa
priorité une si mauvaise bonne idée. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Rosemont. Je
reconnais M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, M. le Président. J'ai
l'opportunité aussi de me prononcer sur l'adoption de principe du projet de loi n° 5,
Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de
l'éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de
4 ans.
M. le Président, on n'a pas un «monopoly», de l'autre côté
de la Chambre, sur l'idée de rêver. Moi, je dirais qu'on doit se donner, comme parlementaires, le devoir de
rêver. Mais c'est bien simple de rêver si on ne le fait pas, et ce n'est pas
paradoxal, ce que je vais dire...
si on ne le fait pas sans les
deux pieds sur terre. Et c'est ça, le devoir qu'on se donne, de ce côté de la Chambre.
Le ministre a tendance, lorsqu'il réplique aux questions
très rigoureuses de ma collègue la députée de Saint-Laurent sur la faisabilité, le bien-fondé,
la chronologie, les données probantes derrière ce projet des maternelles quatre
ans et... le ministre invoque un
manque de vision, de notre côté. Je m'excuse, je m'excuse, ce n'est pas ça du
tout. L'intervention précoce est un concept capital, un devoir solennel
qu'on doit assumer tous de la bonne façon.
• (12 h 40) •
Moi, j'ai eu le privilège d'être directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones
du Québec, M. le Président, pour
10 ans, et justement nous avons confectionné et proposé, moi, j'étais
fonctionnaire, en quelque part... nous avons proposé à la fois à la
ministre ainsi qu'au ministère, au BSM, au bureau du sous-ministre, un projet
de maternelle quatre ans, parce que les
ressources, l'expertise est à l'école et, comme je dis, la préoccupation
d'intervenir de façon précoce est là,
mais nous avons eu une idée circonscrite, en connaissance de nos capacités, des
règles budgétaires, qui était
circonscrite et réaliste. Le projet devant nous ne nous démontre pas que ça a
fait la preuve de ces genres de critères là.
I can't help but offer my own little
anecdote. There's an expression we all know well in English, «Ready, aim, fire.» Et il y avait un dur à cuire, l'ancien entraîneur
des Chicago Bears, Mike Ditka, et il y avait un journaliste sportif très
connu qui a décrit Mike Ditka, il a
dit : «Ce que Mike fait chaque matin... is «Ready, fire, aim.» Ça ne
devrait pas marcher de même, ça ne
devrait pas marcher de même, c'est-à-dire d'avoir une idée, peut-être bien
saisie, et d'avoir la volonté d'agir
là-dessus, parce que les idées dans l'air, c'est de pelleter des nuages, qui
est des rêves sans avoir les pieds sur terre... Par contre, si on tire avant qu'on... Je n'aime pas l'analogie parce
qu'elle a l'air violente, on parle de nos enfants, mais, si on tire avant de cibler comme il faut, avant de
s'assurer, M. le Président, que les ressources sont au rendez-vous, on est
en train de pelleter des nuages. Et un
gouvernement n'a pas le droit de se limiter aux projets d'un tel manque de
rigueur.
Les
ressources sont restreintes, et ce n'est pas pour rien qu'on parle de la
politique comme l'art du possible. Si on se limite à l'éducation, dont les dépenses se chiffrent à au moins
9 milliards par année, M. le Président, si on est, de façon... en quelque part aveugle pour procéder sur un
projet universel de cette ampleur-là, il y aurait des conséquences ailleurs.
Je me permets
d'ajouter à ce projet un autre qui ne tient pas nécessairement la route, c'est
un remboursement — qui
risque de privilégier surtout les
riches — universel
de la taxe scolaire. Bon, on parle déjà de deux projets assez énormes, dans les deux cas, j'ose dire, pas si bien ficelés
que ça, dont l'argent, en pérennité, on ne parle pas d'un «one-shot deal»,
je me permets... l'argent doit venir de quelque part.
Et, pour
avoir travaillé dans l'éducation, juste comme exemple, notre règle de base,
j'ai eu le... bon, «plaisir», ce
n'est pas le bon mot non plus, j'ai eu l'obligation d'assister à une dizaine de
huis clos qui précèdent la présentation des budgets, bon, on est présenté avec une brique de documents, on
tournait les pages toujours, dans les premières secondes, pour voir où se situaient les coûts de système. Je
parle, comme je dis, de grosso modo 9 milliards de dollars, les coûts
de système. Ça commençait là. Et on savait...
Peu importe la conjoncture économique, on commençait avec le besoin de
rester où on est avec au moins 3 %. Ça, c'est avant d'entamer des projets,
tellement de mise, pour bonifier notre offre éducationnelle
à nos jeunes. Et je peux vous énumérer une liste de projets qui attendent
d'être implantés, premièrement, sur
le plan même maintien du bâtiment, bonifier les salaires des profs, impliquer
les parents comme il faut, bonifier la francisation
de nos nouveaux arrivants. Il y a une liste de projets. Bon. Et, pour les
entamer, il fallait au moins, au moins ouvrir ce budget et voir :
Coûts de système bonifiés par 3 %.
Nous risquons
d'être devant, M. le Président, une conjoncture plus difficile que les derniers
deux ans, c'est-à-dire une croissance économique mondiale assez modeste. Si...
Avant de parler du bien-fondé et de... bien, du projet devant nous, ça commence là.
Moi, une autre fois... cette fois-ci, premièrement, je vais regarder
attentivement les signaux dans notre
mise à jour économique, la semaine prochaine, mais, dans le prochain budget, je
ne serai pas dans le huis clos, mais je
vais réouvrir, parce que je tiens beaucoup à l'éducation, cette même page et je
tiens à voir là-dedans, surtout avec, je me permets de le dire, l'économie en santé qu'on a léguée au gouvernement
actuel, de ce côté, l'opposition officielle... j'ouvrirai cette page-là et j'ai
peur déjà de voir un chiffre qui est inquiétant à côté des coûts de système en
éducation. Et, si c'est ça, j'insiste qu'il y aurait un lien avec ce
projet mal ficelé devant nous, devant nous.
Let's understand each other. Intervening with
children at four years old and looking at ways to do it that are complementary
to the regime we already have, in other words adding to those programs in the
school sector, is an interesting and a good
idea. I have mentioned that it's one, in my past life, we worked on, that is a
good idea. Mais, quand on tranche, on
décide, «ready, fire, aim», qu'on a une promesse, et là on va l'implanter, les
détails vont suivre, ça ne marche pas
de même. Et «détails», c'est un petit mot pour parler d'un champ de conditions,
un champ de choses à considérer énorme. J'attends toujours une démonstration du ministre des données probantes
qui suggèrent que, sur le plan opérationnel, ça se ferait au rythme
qu'il propose dans son projet de loi. J'attends de voir une réponse au sondage
qui démontrerait que la clientèle ciblée,
les parents, serait au rendez-vous, c'était quelque chose comme 19 % qui
ont dit : Oui, c'est ça que je veux
faire. J'attends une réponse aux syndicats et aux profs sur le terrain, les
experts, quand ils disent que ce n'est pas nécessairement la meilleure façon. Ce n'est pas des petits détails, ça.
Alors... I'm not a supporter of ready, fire, aim. Il faut cibler, il faut préparer, il faut semer le
terrain, il faudrait agir dans l'intérêt de nos enfants, et ce n'est aucunement
le cas avec le projet de loi devant nous, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Merci, M. le Président. Écoutez, c'est la deuxième fois que je vais intervenir
sur le projet de loi sur les maternelles
quatre ans. Je vais me répéter, M. le Président, vous allez me pardonner. Il
n'y a rien comme la pédagogie, n'est-ce pas?
La trame de
fond de notre... de la session, actuellement, tourne réellement autour de
l'enfance. On parle de la DPJ, dossiers
de la DPJ, un cas qui a été... écoutez, c'est une tragédie. On parle d'une
commission parlementaire qui est en attente
d'aboutir sur le Ritalin, hein, les troubles des enfants avec déficit
d'attention, avec ou sans hyperactivité. On vient de sortir aussi un cri d'alerte sur l'obésité, la
pandémie qui touche les adolescents, la société et surtout les enfants. Et là
on est sur le dossier des maternelles
quatre ans. Et, encore une fois, je vais replacer la discussion sur un enjeu
peut-être un peu macrosociologique,
sur : Quelle est la place de l'enfant dans notre société? Et les débats
que nous avons actuellement représentent
un peu notre civilisation et ce qu'on veut faire avec les individus. À quelque
part, en arrière de ça, se cache une vision de l'enfance et de sa place,
et de la place qu'elle doit prendre.
• (12 h 50) •
Je vais revenir sur certains éléments peut-être
d'une approche un peu plus historique que j'ai enseignée en sociologie de la famille, sur les rapports entre
les Européens puis les autochtones quand ils sont arrivés ici. Bon, Denys
Delâge, dans Le pays renversé,
nous l'explique, il dit : Ça a été... les Européens n'en revenaient pas de
voir les autochtones ne pas battre
leurs enfants. Et là je n'ai pas une
vision idyllique, là, ils pouvaient manger aussi leurs voisins, là, bon, mais il y avait, à cette époque-là, un clash de civilisations où on voyait qu'il y avait des gens qui avaient une patience incroyable avec les enfants, dans un contexte où en Europe on
était un peu plus durs, c'étaient des petits hommes non achevés
qu'il fallait mater et dociliser le
plus rapidement possible. Et heureusement je crois que nous
avons hérité, dans le métissage culturel, des valeurs des autochtones par
rapport à nos enfants. Ça, c'est une
théorie qui pourrait être débattue dans une thèse de doctorat éventuellement. Il n'en demeure pas moins que, bon, je crois que les CPE sont un peu
le résultat de ce métissage culturel du souci de l'enfant.
Quelle est la
place de l'enfant par rapport à l'univers matériel dans lequel nous nous
mouvons? Prenons un restaurant, hein? Les gens qui ont trois, quatre
enfants, qui vont au restaurant, où est-ce
qu'on va vous parquer? Dans le fond, là-bas, parce que les enfants
dérangent, ils sont de trop, souvent, et, bon, on sent qu'on n'est pas bien
vus. O.K.?
Prenons la
construction des maisons modernes, les poignées de porte sont hautes, les
comptoirs sont hauts. Mais auparavant les poignées de porte étaient basses et les
comptoirs bas; pas parce que les gens étaient plus courts, parce que
les constructions étaient faites en fonction du souci de l'enfance. Il y
avait un réel souci de l'enfant dans
le patrimoine bâti, on donnait une place à l'enfance.
Aujourd'hui, les cours d'école ont été aseptisées. On a éliminé les jeux les plus intéressants, peut-être les plus dangereux
mais les plus intéressants pour l'enfant parce que les compagnies
d'assurance considèrent qu'il peut y avoir des réclamations, donc il faut éliminer ça. Donc, on a aseptisé l'espace de jeu
pour l'enfant. Mais le jeu, c'est une fonction essentielle de la construction d'un rapport sécuritaire au monde. Quand
tu joues, tu fais semblant, et, quand tu fais semblant, bien, il
n'y a pas de sanction. Donc, les
espaces de jeu sont fondamentaux pour
construire un rapport sécuritaire au monde et permettre à l'enfant par la
suite, dans le monde adulte, de prendre des risques dans sa vie, devenir un
entrepreneur de sa destinée.
Sédentarisation
des loisirs, bureaucratisation de l'éducation et la santé mentale et physique
de l'enfant, hein? La ritalinisation
de l'enfant, ce n'est pas un mythe, là. C'est comme si le politique avait
abdiqué devant sa responsabilité de soutenir
l'enfant, de prendre de réelles mesures pour adapter l'environnement pour que
l'enfant puisse bien se développer. Donc,
la médicalisation des problèmes sociaux ou la ritalinisation, c'est le
transfert dans le monde médical des problèmes de comportement des enfants, qui ne sont pas liés nécessairement à des
problèmes physiologiques mais peut-être plus un problème d'environnement
et problèmes physiques.
Maternelles quatre ans, bon, est-ce
que c'est une bonne affaire pour les enfants ou ce n'est pas une bonne affaire
pour les enfants? Au-delà des considérations financières...
Bon,
j'aimerais ouvrir une parenthèse là-dessus, M. le Président, là. À une certaine
époque, on avait une surchauffe de la
construction, au Québec, ce qui avait apporté des petits arrangements entre
certains entrepreneurs pour essayer de bonifier un peu les profits,
donc, je ne dirai pas de la collusion, mais, à quelque part, quand tu offres
trop de contrats, puis il n'y a pas assez de
pelles mécaniques pour faire la job, tu es sûr que les prix montent. Et je
crains que, dans le cas de la
construction des classes de maternelle quatre ans, nous assistions un peu à la
même inflation des coûts. Et c'est déjà parti, on le voit, avec des
coûts faramineux, là, qui semblent, bon, exploser.
Est-ce que la
maternelle quatre ans est bonne pour tous les enfants? C'est sûr qu'il existe
des maternelles quatre ans qui peuvent
soutenir certains enfants des milieux plus défavorisés, mais, c'est une
question fondamentale, est-ce que vous devons déployer ça à l'ensemble
du Québec, dans toutes les régions?
Je
reviens à la notion du jeu. Quand tu rentres à l'école, c'est du sérieux. À
quatre ans, si tu rentres dans un milieu scolaire avec une philosophie de la réussite et du devoir, tu rentres
dans le monde de la sanction, tu rentres dans le monde du sérieux. Tu vis un début d'adultisation de ta
vie, tu rentres dans un monde où tu dois livrer, sinon tu ne seras pas bon,
tu vas avoir... tu vas te sentir peut-être
différent, etc. Ça fait que, déjà là, d'entrer le jeune... Est-ce
qu'aujourd'hui les jeunes sont plus
matures qu'ils étaient? Je ne sais pas. Mais est-ce que le fait de les rentrer
à quatre ans à la maternelle va faire en sorte de leur donner une meilleure
place dans notre civilisation, dans la société? Je ne suis pas sûr. S'ils sont
stressés, est-ce qu'on va faire en
sorte d'augmenter les doses de Ritalin pour les adapter à un nouveau modèle qui
émerge? À suivre.
Quel
sera le ratio, M. le Président, des profs et élèves? Bon, là, je ne le sais
pas, je n'ai pas suivi tous les travaux, mais c'est sûr que ça ne
correspondra pas au ratio des CPE, où l'encadrement est différent, où les gens
ont compris la psychologie de l'enfant et
ses besoins pour bien s'intégrer par la suite au parcours éducatif. Pas sûr que
le ratio pourra être adapté aux besoins de l'enfant.
Bon, le transport
scolaire, ça a été soulevé. Comment on fait ça? Les jeunes vont embarquer dans
le même autobus que les sixième année. Puis, bon, est-ce que ça va être correct?
Je ne pourrais pas vous le dire, mais c'est des questionnements qui ont été
soulevés.
On fait quoi avec les
enfants, l'été? Ça, c'est... Je veux dire, si les enfants ne vont pas en CPE,
ils sont à la maternelle quatre ans, les
parents font quoi, l'été, avec leurs enfants, qui n'ont plus accès aux services
de garde, qui n'ont plus de place? Va
falloir trouver des solutions à tout ça. Les villes, actuellement, en tout cas
chez moi, l'ont dit : Nous, on
n'est pas équipés pour prendre ces enfants-là. Est-ce qu'il va y avoir des
budgets associés, bon, pour trouver une place aux enfants l'été? Ça, je n'ai pas entendu de réponse là-dessus, et il y
a de nombreux parents qui sont inquiets de tout ça.
Écoutez,
moi, je pense que le projet démontre une volonté d'introduire l'enfant dans le
système scolaire assez rapidement
pour lui inculquer des valeurs, et là je ne ferai pas mon marxiste... Oui, j'ai
compris, M. le Président, une minute, et
je vais respecter le 55 secondes qu'il me reste. Il faut se poser des
questions sur l'impact que ça va avoir sur les enfants et si réellement ça va leur permettre de prendre
une place significative par la suite dans le milieu scolaire, avec tout ce
qu'ils ont besoin pour être sécurisés,
attentifs et heureux de vivre dans le milieu scolaire. Ça, ça veut dire
commencer l'école à quatre ans puis
la terminer à 16, 17 ans. Ça fait un méchant bout de temps assis dans un
milieu qui est de plus en plus bureaucratisé et sédentarisé, parce qu'on
parle de ça, l'éducation est de plus en plus immobile. Dans un contexte de
sédentarisation des loisirs, ça peut devenir extrêmement problématique.
Donc,
ce sont des questions auxquelles on n'a pas de réponse. Et sur ces mots je vous
remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Bonaventure. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.
Mme
Isabelle Melançon
Mme
Melançon : Merci beaucoup, M. le Président. J'ai exactement
60 secondes. Ce n'est pas extraordinaire, ça, M. le Président? Alors, dans votre générosité,
dans votre élan de générosité, je vais prendre ces 60 secondes là. Et je
peux dire aux gens déjà d'être à
l'écoute, je serai là pour neuf minutes au retour, autour de 17 heures, et
on parlera donc... Merci d'être là.
Vous êtes gentils. Merci, les collègues. Et je pourrai, bien sûr, vous parler
de questionnements, notamment de qu'est-ce
qu'on va faire avec nos enfants de quatre ans durant l'été, parce qu'il y aura
malheureusement un grand vide. Puis j'imagine que vous en avez entendu parler.
Si vous pas, moi oui. Il y a des mamans qui m'ont appelée au bureau de comté, et c'est votre voix que je porte
aujourd'hui à l'Assemblée nationale, les gens de Verdun, et c'est ce sur quoi
je vais pouvoir élaborer cet après-midi,
notamment, mais aussi sur les nombreuses promesses rompues du gouvernement,
qui sont devant nous, et qui avait pris des
engagements devant la population du Québec, et qui malheureusement, on le
voit, là, jour après jour... Hier, c'était
le projet de loi n° 28 pour le Centre-du-Québec. Aujourd'hui, on est
avec les maternelles quatre ans.
Alors, on aura l'occasion de s'en reparler un peu plus tard cet après-midi. Et
je crois sincèrement que vous allez
comprendre pourquoi nous serons contre cette adoption-là de cette loi, du
projet de loi n° 5, qui est porté pour les mauvaises raisons.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Verdun. Je
comprends que vous allez poursuivre lorsque le débat va reprendre.
Compte
tenu de l'heure et afin de permettre,
cet après-midi, le débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition, le présent débat sur l'adoption
du projet de loi n° 5 est ajourné, et les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bonjour. Veuillez vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que la Commission des relations avec
les citoyens tienne des
consultations particulières sur le projet de loi n° 197,
Loi modifiant la Loi sur
la protection du consommateur afin de lutter contre l'obsolescence
programmée et de faire valoir le droit à la réparation des biens
Alors, nous sommes aux affaires du jour,
Affaires inscrites par les députés de l'opposition. À l'article 37 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés
de l'opposition, Mme la députée de Mercier présente la motion suivante :
«Que la Commission des relations avec les citoyens, dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 197, Loi modifiant la Loi sur la protection du consommateur afin de
lutter contre l'obsolescence programmée et de faire valoir le droit à la réparation des biens, procède à des consultations
particulières et tienne des auditions publiques le mardi 21 janvier 2020
de 9 h 30 à 12 heures et de
14 heures à 17 h 15 ainsi que le mercredi
22 janvier 2020 de 9 h 30 à 12 h 30 et de
14 heures à 17 h 45;
«Qu'à cette fin, la commission entende les personnes et les
organismes suivants : Équiterre, Institut de l'environnement, du développement durable et de
l'économie circulaire, l'office de la protection des consommateurs, M. Jonathan Mayer, chargé de cours à l'Université
de Sherbrooke — instigateur
du projet de loi n° 197 — et/ou la faculté de droit de cette université, M. Martin Masse,
fondateur de l'entreprise Zone Accro, Mme Agnès Beaulieu de l'insertec Angus, les amis de la Terre de Québec,
RECYC-QUÉBEC, front québécois pour la gestion écologique des déchets,
Association québécoise Zéro déchet du Québec, Bureau de normalisation du
Québec, le Chantier de l'économie sociale;
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires répartie de la
manière suivante : 5 minutes 34 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes
43 secondes pour l'opposition officielle,
56 secondes au deuxième groupe d'opposition, 56 secondes au troisième
groupe d'opposition et finalement 51 secondes au député de Chomedey;
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit
de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de
35 minutes partagées ainsi : 16 minutes 15 secondes
pour le groupe parlementaire formant
le gouvernement, 10 minutes 50 secondes pour l'opposition
officielle, 2 minutes 43 secondes pour le deuxième groupe d'opposition,
2 minutes 43 secondes pour le troisième groupe d'opposition
[...] 2 minutes 30 secondes pour le député de Chomedey;
«Que l'organisation des travaux soit confiée au comité
directeur de la commission, notamment l'aménagement de l'horaire selon
les éventuelles demandes de changements des personnes et des organismes;
«Que le député de
Chomedey soit membre de ladite commission pour la durée du mandat;
«Que la ministre de la Justice soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
À la suite
d'une entente entre les leaders parlementaires afin de répartir le temps de
parole pour le déroulement de ce
débat restreint sur la motion inscrite par Mme la députée de Mercier, le
partage a été établi de la façon suivante : 10 minutes sont réservées à l'auteure de la motion pour sa
réplique, 49 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
23 min 23 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 18 min 30 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
9 min 7 s sont allouées au troisième groupe d'opposition, huit
minutes sont allouées au député de Chomedey.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par le député indépendant, par l'un des
groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps.
Est-ce qu'il
y a consentement pour procéder ainsi? Consentement. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très heureuse aujourd'hui de présenter cette motion et
qu'on ait la chance, tout le monde ensemble, d'en débattre en cette Chambre. Je
veux d'abord mentionner à quel point j'ai trouvé inspirante la démarche non
partisane du député de Chomedey, à laquelle il nous a conviés. Je tiens aussi à
souligner le travail remarquable et très sérieux qui a été accompli par les
étudiants de l'Université de Sherbrooke, université à laquelle j'ai
étudié au début des années 2000, et je les en félicite chaleureusement.
J'ai lu le
projet de loi avec très grande attention. Il y a des éléments là-dedans qui
sont extrêmement intéressants et innovants, et j'invite tous les députés
qui n'ont pas encore eu la chance de le lire de le faire.
En fait, moi,
j'ai été étonnée que le gouvernement n'ait pas décidé d'appeler ce projet de
loi — ou, à
tout le moins, s'il voulait, par
exemple, l'améliorer — et de le présenter. Parce que, lors du congrès de la CAQ en mai
dernier, que j'ai suivi avec
attention, qui portait notamment,
justement, sur l'environnement, les délégués, lors de ce congrès, ont adopté la
proposition, la résolution suivante : «La Coalition avenir Québec propose
de contrer l'obsolescence programmée et d'encourager le droit à la réparation et la
responsabilité élargie des fabricants.» Donc, c'était la résolution qui était
écrite dans le cahier du congrès de la CAQ du mois de mai dernier.
Eh bien, les étudiants de
l'Université de Sherbrooke, en collaboration avec des élus, ont fait le plus gros
du travail pour faire en sorte que cette résolution devienne une réalité. Cela
dit, je garde quand même espoir et j'invite mes collègues de
la CAQ à considérer ma motion, que je viens de déposer, comme une opportunité
pour corriger le tir. Il n'est pas trop tard.
Vous savez, on a tous chez nous, chez nos parents ou nos
grands-parents au moins un objet qui a été acheté il y a très longtemps et qui fonctionne encore. Moi, dans
mon cas, il y a, par exemple, un réveille-matin que mes parents utilisent
encore aujourd'hui, qui a été acheté — écoutez ça, Mme
la Présidente — aux Émirats arabes unis il y a 32 ans et qui fonctionne toujours. J'ai toujours associé ce
réveille-matin jaune et beige, acheté en 1987, à cette aventure marquante qu'a été, pour moi, pour la petite fille que j'étais,
quand je suis immigrée ici. Et donc j'associe ces souvenirs-là à ce
réveille-matin. Donc, ça me rend... ça me donne des souvenirs
attendrissants et ça me rend un petit peu aussi nostalgique.
À l'opposé, on se rappelle tous et toutes de
l'électroménager qui, quelques années seulement après l'avoir acheté, arrête de fonctionner parce que,
par exemple, il y a une pièce à l'intérieur qui ne fonctionne plus, qui a été
défectueuse, et, quand on veut changer cette pièce-là, bien, on apprend
que le manufacturier ne la fabrique plus et qu'on est mieux d'acheter un nouvel
électroménager. Eh bien, c'est exactement ce qui m'est arrivé en 2017 avec une
laveuse qui a été achetée sept ans plus tôt.
Je me suis vue même dans l'obligation d'acheter une nouvelle sécheuse parce que
la laveuse et la sécheuse étaient
superposées. Et, en plus de ça, ça me revenait moins cher d'acheter les deux
que d'acheter une seule, même si ma sécheuse, elle, elle fonctionnait. Donc,
si je vous raconte toute cette histoire-là, ce n'est pas pour vous parler de mes mésaventures dans le monde de la
consommation, mais c'est pour vous dire, pour vous démontrer que, cette histoire qui peut sembler banale et qu'on vit à
tous les jours, eh bien, l'accumulation de ces histoires-là sont un drame
pour l'environnement.
Dans un certain discours sur l'environnement, on entend
parfois des gens qui disent qu'il faut commencer par soi, qu'il faut poser des gestes individuels. Par
exemple, les gens, ils disent : Moi, je fais ma part, je recycle, je
réduis mes déchets, je prends le
transport en commun. On se rappelle tous de la formule bien tournée que Kennedy
avait prononcée lors de son discours d'investiture où il disait : Ne
demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez plutôt... demandez-vous ce que vous, vous pouvez faire pour
votre pays. Dans les années 60, une telle idée était géniale et innovante,
mais aujourd'hui, même si elle est toujours
pertinente, bien, il faudrait quand même la dépoussiérer un peu et la mettre
à jour, surtout en matière de protection de
l'environnement, parce qu'on le sait, les sacrifices individuels sont trop
importants mais très insuffisants. On
peut, par exemple, comme moi, décider de réduire drastiquement sa consommation
de plastique à usage unique, de ne
plus avoir de voiture, de prendre un grand soin de ses appareils électriques et
électroniques pour qu'ils durent longtemps. Mais si, autour de chez soi,
on n'a aucun commerce en vrac et où les fruits et légumes sont emballés individuellement, comme on le voit encore
aujourd'hui, si on n'a pas accès au transport collectif dans son quartier
et si on vit dans une société qui permet
l'obsolescence programmée, eh bien, devenir un citoyen modèle en environnement,
c'est mission impossible. C'est comme demander aux citoyens et citoyennes
de devenir des superhéros, des superhéroïnes de l'environnement. Les efforts, je dirais même, les sacrifices
individuels, en plus d'être beaucoup trop importants, vont donner peu de
résultats parce que peu de monde vont être portés à faire ces efforts inouïs.
• (15 h 10) •
Et
c'est pour ça que, face à l'urgence climatique et à la crise environnementale,
le rôle de l'État est fondamental,
et il l'est encore plus dans la protection
des consommateurs face aux manoeuvres d'obsolescence programmée que les
entreprises font, des entreprises qui n'ont que faire de l'environnement et qui
ne tiennent pas compte des ressources limitées
de la planète parce que leur appétit pour faire plus de profits, bien,
leur appétit est beaucoup plus... est illimité. Ces compagnies
fonctionnent à plein régime, dans une logique productiviste et une logique qui
nous mène, nous, les consommateurs, à un consumérisme effréné et qui est
dommageable pour tout le monde.
Pour
inonder le marché de leurs produits jetables, ces entreprises utilisent toutes
sortes de stratagèmes. Je vous en nomme
quelques-uns. Elles collent ou soudent les composantes d'un
appareil au lieu de les visser, ce qui va faire que, quand ces composantes-là ne fonctionnent plus,
bien, tout l'appareil, il faut le jeter et en acheter un nouveau. Elles vont
programmer leurs machines, comme par exemple les machines à laver, pour qu'elles fassent un certain nombre de
lavages. Elles mettent une puce à l'intérieur de ces machines-là pour qu'après ça, après ce certain nombre de
lavages, même si elle aurait
fonctionné, bien, la machine ne fonctionne plus. Une autre stratégie
consiste à rendre les pièces de rechange non disponibles. C'est le cas, par
exemple, du MacBook Air, où le disque
dur est non standard, de sorte qu'on soit obligé d'en acheter un autre
quand il brise. Et il y a évidemment toutes sortes d'autres stratégies
marketing qui font qu'une mode par-dessus l'autre arrive, et on change des
vêtements à la vitesse de ces changements de mode.
Donc,
ça a vraiment des conséquences. Cette logique-là a des
conséquences environnementales mais aussi économiques. Parce que
le gros bon sens nous dit : pour que ça coûte moins cher aux
consommateurs, le mieux, c'est de garder nos objets le plus longtemps
possible au lieu d'en acheter continuellement des nouveaux et des nouveaux.
Le projet de loi
n° 197, celui qui a été présenté, donc, par les étudiants de... bien, plus
par mon collègue de Chomedey, et sur lequel ont travaillé les étudiants de l'Université
de Sherbrooke, eh bien, ce qu'on fait, c'est que ma motion
demande à ce qu'on convoque des experts et
des spécialistes sur la question pour venir nous éclairer sur le sujet. Et, le projet de loi lui-même, si vous ne l'avez pas lu, je vais vous résumer
les quatre éléments importants qui y sont contenus. Tout d'abord,
sur tous les produits, il va y avoir affiché une cote de durabilité, et cette
cote-là va permettre aux consommateurs
de savoir si — par exemple, une cote d'un à 10 — ce
produit-là est facilement réparable et il peut durer longtemps dans le temps ou pas. Et ça va
permettre, donc, au consommateur d'avoir une information éclairée pour pouvoir faire des choix de consommation éclairés. Le projet de loi aussi assure la disponibilité, à un prix et des conditions raisonnables, des pièces de rechange, et les
outils, et les services de réparation pour qu'ils soient accessibles et
disponibles. Il instaure aussi une infraction pour les personnes et les
entreprises qui pratiquement délibérément l'obsolescence programmée. Et enfin il oblige le gouvernement à
soumettre un rapport aux trois ans à l'Assemblée nationale pour savoir
si, le projet de loi, il n'y a pas lieu, par exemple, de le modifier ou de
l'améliorer.
Vous savez, on n'est pas seuls à parler de cet enjeu, qui est important,
qui est l'obsolescence programmée. C'est une question qui préoccupe beaucoup de sociétés où la logique
productiviste et consumériste est sans fin. Des États comme la France ont même légiféré pour contrer ce fléau.
Cette motion que je dépose aujourd'hui incite donc le gouvernement à
faire du Québec un précurseur dans ce domaine.
J'entends
parfois le ministre de l'Environnement faire référence à l'économie circulaire.
Pour éviter que cette notion importante ne soit qu'un slogan vide au Québec,
bien, il faudrait qu'il y ait des gestes concrets qui soient posés. Et la
motion que je présente, donc, aujourd'hui est une main tendue au
gouvernement pour que cette économie circulaire puisse se déployer. Tout ça, c'est bon pour l'environnement,
c'est bon pour le consommateur et c'est aussi bon pour l'économie.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je suis prête à entendre un membre du groupe du gouvernement. Mme la
députée des Plaines.
Mme Lucie Lecours
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
l'obsolescence programmée, c'est un sujet qui est important, qui nous est amené
aujourd'hui par la députée de Mercier, et je l'en remercie. En tant qu'adjointe parlementaire de la
ministre de la Justice pour le volet de la protection du consommateur, je suis
heureuse de prendre part à cette discussion.
Depuis des
décennies, vous l'avez dit, la ministre... la députée l'a bien exprimé, les
compagnies d'électronique, d'électroménagers et autres spécialités ont
décidé de produire des biens de consommation de différentes gammes de durabilité, effectivement, et certains qui sont,
pour ainsi dire, non éternels. C'est ce qu'on appelle l'obsolescence. Mais
plusieurs entreprises, ne cachons pas les mots, ont décidé de vendre des biens
conçus délibérément pour ne pas durer. C'est
en gros ce qu'on appelle l'obsolescence programmée. Pourquoi? Eh bien,
évidemment, Mme la Présidente, parce qu'il faut vendre des nouveautés,
des nouveaux objets.
Je viens de
dire que certaines compagnies ont fait ce choix il y a plusieurs décennies,
mais on ne l'a pas toujours su. On a
pu s'en douter, mais ça a pris des enquêtes de journalistes, des plaintes, des
recours, et tranquillement la vérité a fini
par sortir : l'obsolescence programmée. Mme la Présidente, on discute
aujourd'hui, donc, d'obsolescence et d'obsolescence
programmée. Je vous ai un peu résumé dans mes mots ce que c'est et je viens de
le préciser, parce que ce ne sont pas
des termes qui sont présentement définis dans la législation québécoise ou
canadienne. Cependant, dans notre
quotidien à tous, c'est définitivement une pratique qui inquiète de plus en
plus dans le monde et qui nous inquiète, nous aussi, au Québec.
Évidemment, on ne pourra pas refaire le passé,
mais on peut améliorer l'avenir, et je dirais qu'en tant que parlementaire c'est dans nos responsabilités que
d'y voir. De plus en plus de voix s'élèvent de par le monde pour que nos
sociétés prennent des décisions pour sauver
la planète, pour protéger notre environnement, et, Mme la Présidente, j'en
suis définitivement. Eh bien, il me paraît
évident que produire des biens de consommation durables et réparables, ce qui
veut dire aussi de produire moins de déchets, serait un pas dans la bonne
direction. On se doit donc d'en parler et on se
doit aussi d'agir. En ce sens, il me fait extrêmement plaisir aujourd'hui de
vous parler des actions que nous avons déjà entreprises sur le sujet.
Alors, Mme la
Présidente, la motion déposée par la collègue et députée de Mercier parle du
projet de loi n° 197, un projet de loi dont l'instigateur est
M. Jonathan Mayer, chargé de cours à la Faculté de droit de l'Université
de Sherbrooke. M. Mayer est l'instigateur de ce projet, mais, on l'a déjà
expliqué, il a été appuyé dans ce processus par 51 étudiants de son cours d'interprétation juridique. Ils ont
préparé ce projet de loi dans la foulée de ce que repair.org, aux États-Unis, et HOP, pour Halte obsolescence
programmée, en France, ont fait. Je tiens d'emblée à saluer de nouveau leur implication et leur engagement dans ce
dossier. D'ailleurs, en compagnie d'un porte-parole de la ministre de la
Justice et d'une représentante de
l'Office de la protection des consommateurs, personnellement je suis allée à
leur rencontre en mars dernier à
l'Université de Sherbrooke. Ils étaient à compléter les textes du projet de loi
qui porte aujourd'hui le numéro 197, déposé
au printemps dernier par le député indépendant de Chomedey. Puis, en juin
dernier, la ministre de la Justice et moi avons reçu de nouveau le groupe
d'étudiants à Montréal afin de discuter de cette préoccupation avec, dans la
lorgnette, la nouvelle... leur texte
de loi. À chacune de ces rencontres, je tiens à le préciser pour rassurer la
collègue députée de Mercier, parce
que M. Mayer et sa faculté font partie des experts qu'elle mentionne dans
sa motion, donc, à chacune de ces rencontres, nous avons eu des échanges
très constructifs.
Alors, Mme la Présidente, j'ai eu la chance, à
titre d'adjoint parlementaire de la ministre de la Justice, de rencontrer, et ce, très, très récemment, deux
autres groupes qui sont également mentionnés dans la motion de la députée et
dont nous discutons présentement.
Je vais
commencer par vous parler de l'organisme Insertech Angus. Il s'agit d'un
organisme basé au coeur des shops
Angus, dans le Vieux-Rosemont, à Montréal, un quartier qui, grâce aux
entreprises et aux organismes qui s'y sont installés depuis quelques années, est en pleine revitalisation... oui,
une revitalisation. Insertech Angus, donc, c'est une entreprise d'économie sociale qui récupère du
matériel informatique usagé, qui le remet en état, qui le reconditionne et qui le remet en vente. Mais, en plus de tout ça,
l'organisme engage des jeunes adultes sans emploi, des gens qui ont besoin
d'une chance, d'un coup de main pour intégrer
ou réintégrer le marché du travail. Chez Insertech Angus, on a une triple
mission : l'insertion, l'environnement
via la réduction des déchets technologiques et l'accès à la technologie dans
les milieux défavorisés.
• (15 h 20) •
Donc, Mme la Présidente,
j'ai également eu la chance de recevoir, dans mon bureau cette fois, dans la circonscription Les Plaines, M. Martin Masse,
de Zone Accro, également mentionné
dans la liste de la motion de la collègue de Mercier. Zone Accro est également
une entreprise qui est basée à Montréal et qui, depuis 20 ans, se spécialise dans la
réparation et la vente de pièces et d'accessoires d'appareils de divertissement
électroniques.
Ces téléphones, ces tablettes et plusieurs
autres objets dont nous sommes devenus accros — je ne veux pas parler pour tout
le monde, mais, bon, je pense qu'on est plusieurs à être pas mal accrochés sur
nos tablettes ou nos téléphones — sont
des appareils fragiles. Je pense qu'on a tous déjà échappé notre téléphone
presque neuf, et, dans bien des cas,
les compagnies qui les ont conçus vont nous dire qu'ils ne peuvent les réparer
et qu'il nous en faut un nouveau. Eh bien, il y a des compagnies, comme
Zone Accro, qui sont là pour aider les gens à réparer leurs appareils. Chez
Zone Accro, on parle aussi d'obsolescence, mais de protection des consommateurs
et d'économie circulaire.
Mme la Présidente, nos rencontres avec ces deux
entreprises ont donc représenté des occasions idéales pour plancher sur des discussions constructives qui
nous aident et qui nous aideront dans nos actions futures. D'ailleurs,
j'ai salué plus tôt le travail de M.
Mayer et des étudiants de l'Université
de Sherbrooke. Je le refais à nouveau, et ce n'est pas simplement pour être polie. Le projet de loi n° 197 est présentement en analyse par l'Office de la protection du
consommateur et le Bureau de
normalisation du Québec. Je peux même vous dire que le document de consultation
sur l'obsolescence programmée est
prêt. Il est d'ailleurs, depuis hier, sur mon bureau ainsi que sur celui de la
ministre. Évidemment, il y a plusieurs
éléments à vérifier dans le p.l. n° 197, projet de loi n° 197, mais le travail et l'idée de base derrière les textes rédigés par les étudiants de l'Université de
Sherbrooke nous ont grandement inspirés. Leur contribution a été et sera encore,
au cours des prochaines étapes, fort importante.
Cela dit, Mme
la Présidente, même si les termes «obsolescence» et «obsolescence programmée ou
planifiée» ne sont pas présentement
des termes définis dans notre législation, il ne faut pas penser que les
consommateurs n'ont pas, en ce
moment, aucune... n'ont, en ce moment, aucune protection. Lors de notre
rencontre avec les étudiants de l'Université de Sherbrooke, la juriste de l'Office de la protection des consommateurs
avait fait une nomenclature de certaines dispositions qui, actuellement, sont contenues dans la Loi de
la protection du consommateur et qui touchent la qualité des biens. Je vais
vous en mentionner quelques-unes.
La loi
prévoit, en effet, une garantie de durée raisonnable et une garantie d'aptitude
de bien à son usage. En outre, rien
n'empêche un commerçant ou un fabricant d'offrir des protections plus
avantageuses pour le consommateur que celles accordées par la Loi de la
protection du consommateur. Ensuite, en vertu de l'article 37 de la Loi
sur la protection du consommateur, «un bien
faisant l'objet d'un contrat doit être tel qu'il puisse servir à l'usage auquel
il est [...] destiné». Plus loin, il
y a l'article 38, de la Loi de la protection du consommateur, qui prévoit
une garantie de durabilité selon laquelle le bien doit pouvoir «servir à un usage normal pendant une durée
raisonnable, eu égard à son prix, aux dispositions du contrat et aux
conditions d'utilisation du bien». Ces deux articles s'appliquent autant aux
biens neufs qu'aux biens d'occasion, et
toute stipulation visant à restreindre ou à exclure leur portée est interdite.
De plus, le recours intenté par un consommateur, en vertu de l'un ou
l'autre de ces articles, peut être exercé autant contre le commerçant que
contre le fabricant d'un bien, en vertu de l'article 54 de la Loi sur la
protection du consommateur.
L'article 53
de la Loi de la protection du consommateur codifie le retour du consommateur en
vice caché, selon lequel le
consommateur qui établit la présence d'un vice caché sur un bien pourra obtenir
réparation auprès du commerçant ou du
fabricant. Les articles 37 et 38 ont été interprétés par les tribunaux
comme étant des applications particulières sur la notion de vice caché de façon
à alléger le fardeau de la preuve du consommateur dans le cadre d'un tel
recours. De plus, le troisième alinéa
de l'article 53 prévoit une présomption absolue de connaissance du vice de
la part du commerçant ou du fabricant,
tandis que le quatrième alinéa prévoit la transmission du droit d'exercer un
tel recours à tout consommateur acquéreur subséquent du
bien.
La
durée de vie d'une garantie, qu'elle soit légale ou conventionnelle, est
prolongée d'un délai équivalent à celui pendant lequel le commerçant ou le fabricant avait
le bien en sa possession, aux fins d'exécution d'une garantie. De plus, la
désignation d'une tierce partie, aux fins de l'exécution d'une garantie, ne
libère pas le fabricant ou le commerçant des obligations qui découlent
de leur garantie envers le consommateur.
L'article 40 de la Loi sur la protection du
consommateur offre aussi une mesure de protection qui exige qu'un bien ou un service soit conforme à la description
qui est faite dans un contrat. Dans le même ordre d'idées, les articles 41
et 42 de la Loi de la protection du
consommateur énoncent que le bien ou le service doit être conforme à toute
déclaration ou message publicitaire
d'un commerçant, d'un fabricant ou de l'un de leurs représentants. De plus,
toute garantie mentionnée dans une
déclaration ou un message publicitaire d'un commerçant ou d'un fabricant lie ce
commerçant ou ce fabricant, même si
elle n'est pas reproduite au contrat, tel que le prévoit l'article 43 de
la Loi de la protection du consommateur.
À moins d'un
avertissement écrit du consommateur ou du fabricant, selon lequel il ne fournit
pas de telles pièces ou de tels services, l'article 39 de la Loi de la
protection du consommateur prévoit également
que, si un bien est de nature à
nécessiter un travail d'entretien, les pièces de rechange, les services de
réparation doivent être disponibles pendant une durée raisonnable après
la conclusion du contrat.
Une
réparation sur un appareil domestique est garantie pour trois mois. Cette
garantie comprend les pièces et la main-d'oeuvre,
et elle prend effet au moment de la livraison de l'appareil domestique en vertu
de l'article 186 de la Loi de
la protection du consommateur.
Mme la Présidente, en ce qui a trait aux
pratiques illégales de... L'article 226 de la Loi de la protection du consommateur interdit à un commerçant ou à un
fabricant de s'opposer à l'exécution d'une garantie, dans certains cas, alors que l'article 227 de la Loi de la
protection du consommateur sanctionne la fausse représentation du fabricant, du
commerçant ou du publicitaire concernant
l'existence, la portée ou la durée d'une garantie. L'article 228 de la Loi
de la protection du consommateur, quant à lui, interdit, pour un
commerçant ou un fabricant, de passer sous silence un fait important dans une représentation faite à un
consommateur. À cet effet, le fait d'omettre d'informer le consommateur qu'un bien est muni d'un dispositif qui vise à en
raccourcir de façon délibérée la durée de vie constituerait l'omission d'un
fait important.
Dans le cas où le fabricant ou le commerçant ne
respecte pas les dispositions de la Loi de la protection du consommateur, l'article 272 énonce, selon le
cas, les remèdes que le consommateur peut demander. Dépendamment du
manquement, le fabricant ou le commerçant pourrait également faire l'objet
d'une poursuite pénale.
Enfin, il est
à noter que la Loi de la protection du consommateur s'intéresse à la relation
contractuelle entre le consommateur
et un commerçant, tandis que la relation entre le fabricant d'un bien et le
réparateur de ce bien ne relève pas de la Loi de la protection du
consommateur, de même que la formation et la compétence technique de ce dernier.
Alors, en conclusion, Mme la Présidente,
plusieurs dispositions de la Loi sur la protection du consommateur s'intéressent déjà à la qualité des biens vendus
aux consommateurs. Et, comme je vous l'ai dit, l'Office de la protection
du consommateur, à la demande de la
ministre, travaille actuellement à trouver des solutions visant à contrer le
phénomène de l'obsolescence
programmée. Parce que, oui, il y a des articles de loi qui nous protègent, mais il
faut aller encore plus loin, on en
est tout à fait conscients. Et, quand la solution tiendra compte des
dispositions existantes dans le projet
de loi... dans la Loi sur la protection du consommateur, du projet de loi n° 197, et s'inspirera également des plus récents
travaux d'autres législateurs sur ces questions...
Nous estimons
en effet que l'Office de la
protection des consommateurs doit être impliqué pour mener à bien cette étude. Cela dit, il nous semble prématuré, à ce
moment-ci, de convoquer une commission
parlementaire sur cet enjeu. Bien qu'il soit issu des meilleures intentions, le
mécanisme prévu au p.l. n° 17, c'est-à-dire le Bureau de normalisation du Québec, qui attribue une cote de durabilité à
tous les produits domestiques, nous apparaît un peu lourd. Et je peux même
vous dire que certains des organismes que j'ai rencontrés questionnaient aussi
le processus.
En conséquence, nous n'allons pas appuyer la
motion de la députée de Mercier, mais soyez assurée, Mme la Présidente, que nous respecterons le processus
parlementaire. Nous entendrons des groupes d'experts, et sans aucun doute
plusieurs qui sont déjà sur la liste suggérée dans le libellé de la
motion d'aujourd'hui, et nous répondrons aux besoins grandissants de la
protection de la population. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons le débat avec Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je trouve ça intéressant de me lever après la
députée de Les Plaines pour pouvoir
parler de la protection du consommateur, puisque je suis quand même la
porte-parole en protection du consommateur et que j'ai été ministre
pendant un an.
Vous savez,
Mme la Présidente, nous sommes en train d'appuyer ici la motion de Québec
solidaire avec beaucoup d'enthousiasme, je vais le dire comme ça, mais un
petit peu d'amertume. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi l'enthousiasme et
pourquoi l'amertume.
Le projet de
loi, Mme la Présidente, a été travaillé dès le début par notre collègue le
député de Chomedey, avec les
étudiants de l'Université de Sherbrooke, où nous avons été conviés à titre de porte-parole, tous les porte-parole des partis
politiques, et y compris la députée de La Plaine, à aller travailler avec les
étudiants, leur faire part de nos commentaires sur le projet de loi. Donc, c'est un projet sur lequel ça fait quand même
relativement un petit bout de temps
qu'on travaille. La députée de
Sherbrooke aura certainement l'occasion d'en parler, d'ailleurs, de l'excellent
travail qui a été fait. À chaque fois,
Mme la Présidente, qu'on a avancé dans l'étape, que ce soit pour déposer la
pétition par le collègue, que ce soit par déposer le projet de loi, le point de presse qu'on a fait avec les
étudiants, Mme la Présidente nous avions tous le sentiment du devoir bien accompli sur une problématique qui
est fort importante et qui est présente dans la vie de tous. Et même la députée de La Plaine était présente au point de
presse avec les étudiants, Mme la Présidente. Donc, c'est pour vous dire, je
pense vraiment que c'est un sujet qui fait l'unanimité.
Là où nous
l'avons échappé complètement... nous l'avons échappé, le gouvernement l'a
échappé, Mme la Présidente, vous
allez me permettre, c'est lorsqu'on a été saisis de la pétition. On a demandé
aux membres de la Commission des
relations avec les citoyens de se saisir de la pétition et d'entendre les
experts. Indépendamment qu'il y ait un projet de loi d'écrit ou pas, nous pouvons entendre les experts, se donner un
mandat d'initiative. Et les membres de la commission, puisque la majorité, c'est le gouvernement, Mme la
Présidente, ont rejeté du revers de la main le fait que nous puissions entendre ce que les experts avaient à dire pour, à
tout le moins, si le projet de loi n'est pas parfait, comme le prétend le
député de Les Plaines... J'avoue, Mme la
Présidente, que nous bonifions les projets de loi du gouvernement, et il est
normal que les députés de cette assemblée bonifient le projet de loi préparé
par les étudiants. On n'est pas obligés de le réécrire, Mme la
Présidente, là, loin de là.
Ça fait déjà
presque six mois que le projet de loi a été déposé par notre collègue. Il s'est
passé quoi en six mois? Des
rencontres, la semaine passée, avec la députée qui est l'adjointe parlementaire
de la ministre. Pourquoi on n'a pas travaillé sur la rédaction d'un projet de
loi, Mme la Présidente? Aucune idée. Je peux vous dire qu'il y en a un, projet
de loi qui est écrit. Nous, les partis de
l'opposition, puis c'est rare que vous allez voir ça, Mme la Présidente, là,
Québec solidaire, le Parti libéral du
Québec, le Parti québécois, les députés indépendants, sommes tous sur la même
longueur d'onde sur l'obsolescence programmée. Pourquoi, Mme la
Présidente?
À l'image de
ma collègue de Mercier, je vais vous dire, Mme la Présidente, que moi, je fais
partie de celles qui ont encore des
iPod, la première version de iPod, Mme la Présidente. Pas besoin de vous dire
que, puisque je n'ai plus cet ordinateur dans
lequel se retrouve ma base de musique, Mme la Présidente, impossible pour moi
d'ajouter des nouvelles chansons dans mon
iPod sous peine de perdre toute la musique qui est contenue dans mon iPod. Vous
comprenez, Mme la Présidente, que je
reste accrochée depuis 10 ans aux mêmes chansons. Je les aime beaucoup,
mais, quand les gens viennent chez
moi, ils me demandent de ne pas mettre mon iPod. Bien, j'ai dit : Parfait,
il n'y a pas de problème, parce qu'ils ont entendu tous mes vieux hits,
Mme la Présidente.
Je le dis sur
le ton de l'humour, Mme la Présidente, mais au-delà du iPod, parce que c'est ma
réalité, je peux vous parler de ma
clef de ma voiture qui a quand même 12 ans, Mme la Présidente, avec une
pile qui est soudée. J'ai trouvé sur Internet
la manière d'ouvrir la manette, parce que la manette, elle est collée, le
boîtier est collé, de faire dessouder avec un petit fer, parce qu'on explique parfaitement, maintenant sur Google,
comment faire, Mme la Présidente, puis, à mon grand désarroi, ça n'a pas fonctionné, et je l'ai fait
faire par un ingénieur en électromécanique, en plus de ça, qui est un de mes
amis. Je suis obligée de commander une clef,
Mme la Présidente. La clé électronique, comment pensez-vous qu'elle va me coûter?
Plusieurs centaines de dollars. Et c'est ma seule porte de sortie. Il ne faut
pas que ma deuxième clef me lâche d'ici là,
parce que, là, je serai vraiment dans le trouble. Je vais devoir passer plus de
journées à Québec que prévu, Mme la Présidente. Mais j'aime bien Québec,
remarquez.
Vous savez,
Mme la Présidente, l'obsolescence programmée ou l'obsolescence tout court,
présentement, il y a une tonne d'États, de pays qui sont en train de regarder.
Au Québec, on a la beauté... la protection du consommateur, ça nous appartient, comme responsabilité aux
provinces, Mme la Présidente. Ce n'est pas un champ de compétence fédéral,
c'est un champ de compétence provincial. Nous pouvons légiférer.
Le Bureau de
normalisation, on veut l'entendre, oui. Les organismes qui ont été cités par la
collègue, c'est sûr qu'on veut les
entendre, ils ont l'expertise. Moi,
M. Masse, de Zone Accro, Mme la
Présidente, je lui ai déjà
fait réparer un téléphone puis une vitre d'une tablette iPad, Mme la
Présidente, et je sais très bien qu'en faisant ça, plate pour la garantie, mais savez-vous quoi, j'ai sauvé de
l'argent à l'État parce que j'ai eu juste une réparation plutôt
qu'une nouvelle acquisition. Et vous connaissez la différence au niveau
des factures, Mme la Présidente.
Mais sérieusement je pense que la motion qui est déposée par nos collègues
de Québec solidaire, le fait que tous les partis d'opposition vont décider de laisser du temps au collègue le député
de Chomedey puisqu'il était l'auteur... c'est le parrain du projet de loi, Mme la Présidente, et qu'il a été le parrain également de la pétition, démontre à quel point c'est
un sujet qui est rassembleur pas seulement
chez les parlementaires. Mme
la Présidente, je vous mets au défi
de parler avec vos gens dans votre
comté. Allez à la rencontre des gens sur le terrain, puis ils vont vous
dire : Oui... Puis parlez juste à une
rencontre de famille, là, ils vont vous parler des électroménagers qui ne
durent plus comme ils duraient dans le temps. Tout le monde hésite...
Moi, je
connais encore des gens, là, qui sont dans la première version de Vidéotron,
puis, savez-vous quoi, là, il n'y en
a pas d'autre, définition sur leur
télévision, puis ils ne veulent pas changer les affaires non plus, mais là ils
sont obligés de le faire parce qu'ils
ne sont même plus... il
n'y a rien qui est disponible pour
pouvoir réparer, Mme la Présidente. Mais,
avec ça, chaque fois que tu changes de version, peu importe le produit que tu
achètes, c'est que tu as une grosse facture qui vient avec.
Puis là je ne vous parle pas du coût environnemental
parce que, là, on parle de la récupération, le recyclage, Mme la Présidente. Avez-vous une idée de la
quantité des Serpuariens — parce que tout le monde connaît les publicités des Serpuariens, où ils sont aujourd'hui puis ce
qu'on fait avec ça — la
quantité de déchets qui est émise, Mme la Présidente, parce qu'on ne
permet pas de pouvoir réparer ces choses-là? Dans le projet de loi qui a été
déposé, les étudiants nous demandaient, à juste prix, de pouvoir réparer à des
conditions plus qu'acceptables, à des tarifs plus qu'acceptables, Mme la Présidente. Moi, j'ai beaucoup de
difficultés à comprendre que le gouvernement, six mois après, n'a pas du tout
avancé.
Dans mon
livre, là, on est capables de mâcher de la gomme puis de marcher en même temps,
Mme la Présidente, puis d'avoir
plusieurs chaudrons sur le même feu. Écoutez, je suis en train de vous parler
d'obsolescence programmée, hier je
vous ai parlé des maternelles quatre ans, je suis sur l'étude du projet de loi
n° 16 comme porte-parole au niveau de l'habitation, où on touche quatre grands dossiers, puis je suis
présidente de la Commission de l'éducation, ça fait que, bientôt, je serai dans les commissions scolaires,
Mme la Présidente. Quand on veut, on peut. On s'arrange pour trouver
le temps. On s'arrange pour mettre les
priorités au bon endroit, Mme la Présidente. Puis je ne prétends pas que la
ministre, elle doit tout faire en
même temps, mais je ne comprends pas qu'au bout de six mois, Mme la Présidente,
on n'ait pas avancé.
La députée a
dit elle-même qu'elles avaient rencontré très, très, très récemment, j'imagine
que c'est peut-être la semaine passée, Mme la Présidente... Honnêtement,
ça fait quand même six mois que le projet de loi, il a été déposé. Le Bureau de normalisation du Québec, là...
Savez-vous qu'il y a une cote de durabilité, là, sur une boîte quand vous allez
acheter quelque chose, là, Mme la
Présidente, là, hein? Moi, j'aime ça savoir : Ça va-tu durer deux ans, ça
va-tu durer trois ans, ça va-tu durer
cinq ans? Est-ce je vais payer plus parce que ça va durer cinq ans? Ce qu'on a
eu droit, Mme la Présidente, c'est...
on s'est fait énumérer la Loi de la protection du consommateur. Aïe! Je pense
qu'il n'y a pas personne ici qui a déjà regardé la Loi de la protection
du consommateur, sauf les ministres responsables ou encore les adjoints
parlementaires, mais, Mme la Présidente, là, entre vous puis moi, là, tu as
beau avoir n'importe quelle loi...
Voulez-vous
que je vous parle de la garantie, vous? Pourquoi tout le monde essaie de nous
vendre des garanties prolongées, Mme la Présidente? Les gens ne veulent
pas commencer à s'obstiner avec la personne qui leur a vendu quelque chose. Il n'y a pas personne qui veut
commencer à dire : Oui, mais la garantie... Honnêtement, là, oui, il y a
une garantie légale, Mme la
Présidente. Oui, il y a l'usure normale. C'est des notions qui sont là.
Pensez-vous que moi, j'ai le temps d'amener quelqu'un à la Cour des
petites créances, Mme la Présidente, pour faire respecter ma garantie? Non.
On a le droit
d'être précurseurs. C'est nos champs de compétence. Pourquoi le Québec ne se
lève pas en disant : On va y
aller, de l'avant? De la législation nouvelle, du droit nouveau, Mme la
Présidente, on en a fait souvent ici. On en a fait souvent. Mourir dans la dignité, c'est de la
législation nouvelle. La syndicalisation des familles d'accueil, des ressources
intermédiaires, c'est du droit nouveau. Bien, l'obsolescence, c'est la même
chose, c'est du droit nouveau.
• (15 h 40) •
Puis, à la grande surprise des parlementaires
ici, savez-vous que la loi en France, elle a été passée, elle est adoptée? Il y a des organismes communautaires qui
sont sur le terrain, payés par le gouvernement, pour être les chiens de garde justement parce que les gens dans
l'industrie ne tiennent pas compte de l'obsolescence parce que tout ce qui leur
importe, c'est le profit à n'importe quel
prix et à tout prix. C'est pour ça qu'il n'y a pas de pièces de disponible.
Pensez-vous vraiment, vous, que la
journée, là, que tout le monde va se donner la main puis que le Québec sera le
leader parmi toutes les provinces
canadiennes... Parce que, dans les autres provinces, ça en parle aussi. Et je
suis convaincue que le député de
Chomedey va vous en parler parce que, même
aux États-Unis, les États ont commencé à adopter ces lois-là.
Non, nous, on n'est pas pressé. Non, la loi, c'est trop compliqué.
Obsolescence, obsolescence programmée.
Mme la Présidente, savez-vous quoi? J'ai entendu notre collègue des Plaines dire :
Les légistes de la Protection du
consommateur, les juristes de la Protection du consommateur... Savez-vous quoi?
Nous sommes les législateurs. C'est nous, nous, les députés, on a été élus pour représenter nos citoyens,
pour défendre leurs intérêts. Mais savez-vous ce qu'on fait quand on est dans le Parlement? Oui, vous le
savez, vous, Mme la Présidente. On écrit, et on étudie, et on bonifie des
projets de loi. C'est notre rôle à nous, pas aux juristes, à nous.
Les étudiants
ont pris la peine d'écrire le projet
de loi, Mme la Présidente. Il est super bien écrit. Peut-être qu'il ne
répond pas à toutes les attentes de la protection du consommateur. Est-ce qu'on
peut l'étudier, le projet de loi? Est-ce qu'on peut entendre les experts?
Est-ce qu'ils peuvent venir se prononcer, Mme la Présidente? Est-ce qu'on peut regarder ce qui se fait ailleurs pour avoir une
loi, nous, ici, au Québec, puis dire que, oui, on est premier en cette
matière? Dans mon livre, Mme la Présidente, oui. Savez-vous ce qui fait la différence? La volonté politique. La
volonté politique.
Nous, tout ce
côté-ci, là, on est fédérés. Puis il n'y a pas à dire, là, Mme la Présidente, le Parti libéral puis
Québec solidaire, on ne partage pas trop souvent nos plateformes, hein?
Ça n'arrive pas. Ça n'arrive pas, là, puis on n'a pas d'intention de fusionner.
Ne soyez pas inquiète, ça n'arrivera pas non plus, puis il n'y a rien dans les
cartons. Mme la députée de...
Des voix : ...
Mme Thériault : ...c'est ça, Saint-Jacques, elle
est là, de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pardon, c'est Mme la cheffe de la deuxième opposition, mais, non, il n'y a pas
de discussion. Par contre, Mme la Présidente, savez-vous ce qu'on a en commun? Nous, ce qu'on a en commun, là,
c'est de défendre les intérêts des Québécois. Puis je pense que les Québécois sont pas mal tannés de payer parce
qu'ils ne peuvent pas faire réparer. Ils peuvent juste se débarrasser, puis
racheter puis avoir un crédit. On incite à la consommation.
Et on a
devant nous un super de beau projet de loi pour pouvoir allier développement
économique, récupération, environnement,
économie sociale avec les gens, être capable de faire réparer nos choses. Nous,
on est tous d'accord avec les étudiants, avec les experts. Il y a une voix
discordante ici. La collègue a annoncé d'avance que le gouvernement était
pour voter contre. Je trouve ça bien dommage, Mme la Présidente, parce
qu'honnêtement moi, je suis la doyenne ici, nonobstant
le chef du gouvernement, parmi les députés — je ne le compte pas, M. le premier
ministre — mais,
parmi les députés, je suis la doyenne, Mme la Présidente, et c'est la
première fois qu'un projet de loi est déposé à l'Assemblée nationale, a été écrit entièrement par un groupe
d'étudiants en droit. On a été capable de les intéresser à ce qu'on fait ici,
ça aurait été intéressant que le gouvernement continue dans cette veine-là et
qu'ils encouragent les étudiants en appuyant la motion de Québec solidaire. Et vous comprenez, Mme la Présidente,
que, de ce côté-ci, on va se lever aux côtés de Québec solidaire et
qu'on va voter pour la motion, Mme la Présidente. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Richelieu.
M. Jean-Bernard
Émond
M. Émond :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureux de prendre la parole.
En fait, c'est avec une joie à peine dissimulée que je m'adresse à vous
dans le cadre de cette motion. Je vais essayer de le faire, Mme la Présidente,
avec la même passion, la même fougue que la collègue d'Anjou—Louis-Riel.
Alors, je
vais débuter mon intervention en saluant la collègue, la députée de Mercier,
qui nous permet d'avoir cette discussion aujourd'hui. Je salue également
le travail du collègue de Chomedey, qui a parrainé le projet de loi n° 197 qui a été conçu
par un chargé de cours et des étudiants de la Faculté de droit de l'Université
de Sherbrooke. Et je reconnais bien là le dynamisme des gens de
l'Université de Sherbrooke, Mme la Présidente, que j'ai fréquentée, de laquelle
est également graduée ma grande fille et qui accueille maintenant ma
belle-fille, qui en est à sa première année.
Alors donc,
c'est inspirant de voir ces étudiants, de jeunes citoyens, profiter de leurs
études universitaires pour s'impliquer de la sorte dans un projet, un
projet qui vise à améliorer la société. C'est donc tout à leur honneur, et je
remercie le député de Chomedey d'avoir accepté d'être en quelque sorte leur
courroie de transmission et d'avoir fait cheminer
ce projet de loi jusqu'à nous parce que, depuis des décennies, Mme la
Présidente, on entend des gens qui pressent la société de faire des
actions, de poser des gestes pour protéger l'environnement.
Partout dans le monde, maintenant comme jamais,
on discute de l'environnement et du climat. On parle des émissions de gaz à effet de serre, on parle
du plastique dans l'océan, de la biodiversité. Et parfois, Mme la Présidente, dans tout ce grand débat,
quand on parle de millions de tonnes de GES, quand on parle de millions de
tonnes de déchets dans les mers, bien, on se demande, comme citoyen ou encore comme
parlementaire, on peut se demander : Mais, concrètement, qu'est-ce qu'on peut faire pour réagir? Comment on
peut faire des gestes concrets, peut-être à une petite échelle, qui vont avoir un
impact positif?
Et puis, si vous le permettez, Mme la Présidente,
j'ouvre une petite parenthèse pour vous parler rapidement d'électromobilité, non pas pour prétendre... Je ne
veux pas prétendre que la voiture, c'est un bien de consommation ou un bien qui fait partie des biens qui sont habituellement visés par l'obsolescence programmée. Au contraire, je pense que,
dans le domaine automobile, c'est bien nous
qui faisons en sorte souvent de succomber aux nouveaux modèles, parfois beaucoup
trop rapidement, alors que notre voiture actuelle aurait encore de bonnes
années de service à nous offrir. Alors, ce n'est donc pas dans ce contexte, mais bien dans le lien que... la
volonté évoquée tantôt de protéger l'environnement et les gestes individuels qu'on peut poser...
Puis, en ce sens-là, je salue et je me réjouis que de plus en plus de collègues
font le saut vers la voiture
électrique. Moi, j'ai fait cette transition depuis un an, ma conjointe également.
Il y a plusieurs collègues autour de nous aussi. Tantôt, je voyais
le collègue de Mégantic, qui est non seulement un passionné de volleyball, mais également maintenant
propriétaire d'une voiture électrique, et on peut s'en réjouir, Mme la Présidente, parce qu'il y a de nombreux avantages à le faire, hein, et j'en
discutais justement lors d'une entrevue avec les gens de l'AVEQ, l'Association des véhicules électriques du
Québec. Quand on se tourne vers la voiture électrique, on contribue non seulement à diminuer individuellement nos
émissions de GES, ce qui est une très bonne chose pour l'environnement, mais aussi, à chaque fois qu'on fait le plein, le
plein d'énergie, je devrais dire, bien, on le fait avec notre propre hydroélectricité, puis ça, c'est une énergie
propre, renouvelable, qui nous appartient, puis ça contribue à diminuer le
déficit de notre balance commerciale puisqu'on le fait avec notre
hydroélectricité plutôt qu'avec du pétrole importé.
Mme la
Présidente, j'aime beaucoup parler d'électromobilité puis je pense que ça
paraît, mais je ne voudrais pas qu'une collègue ou qu'un collègue se
lève pour invoquer une question de règlement, le n° 211,
parce que je suis hors d'ordre. Alors, je
vais fermer ma parenthèse, Mme la Présidente, et je vais revenir dans le sujet
en cours pour vous parler d'obsolescence programmée.
Vous savez,
Mme la Présidente, quand on a à intervenir en Chambre, bien, on fait nos
petites recherches. Puis j'avais déjà
vu l'histoire, mais je vais vous la raconter brièvement. C'est un peu
l'historique de l'obsolescence. Alors, on parle de tactique délibérée de
la part des fabricants.
Alors là, j'ouvre
les guillemets, Mme la Présidente, puis je m'adresse principalement à vous,
mais à toutes les collègues
féminines : «En 1937, un chimiste de la firme DuPont [...] dépose le
brevet d'une fibre textile particulièrement résistante, quasiment inusable [appelée] le nylon. [Alors,] très
rapidement, les consommatrices réservent aux premiers bas de nylon un succès fulgurant qui fait vite
réfléchir les commerciaux : [il est] inusable, durable, [il n'est] pas
renouvelé, [alors ça égale une] perte
de profits. La formule chimique sera vite modifiée afin de fragiliser le
tissage. [Alors,] depuis, les bas [de nylon] filent et finissent à la poubelle
parfois au bout de seulement quelques heures d'utilisation.» Je ne vous le
dis pas par expérience personnelle, Mme la
Présidente, je vous rassure tout de suite, mais j'ai des collègues qui m'en ont
parlé.
Alors, c'est
un dossier qui nous préoccupe aujourd'hui, et, quand on parle d'obsolescence
programmée, on parle directement,
bien entendu, de surconsommation. Quand on pense aux solutions, on parle de
durabilité, de reconditionnement, de recyclage et d'économie circulaire.
Mme la Présidente, ce n'est pas un sujet simple,
mais c'est un dossier sur lequel on peut avoir, bien entendu, un impact positif et faire une réelle différence.
Le sujet précis qu'est l'obsolescence programmée est un sujet qui, selon
moi, intéresse tout le monde ou, du moins,
ça devrait intéresser tout le monde parce qu'il touche directement chacun de
nous, notre quotidien en tant que consommateurs. Ce sont des sujets,
d'ailleurs, discutés dans l'espace public depuis plusieurs années, et il
revient périodiquement dans l'actualité.
Tantôt, la
députée de Mercier nous a donné un exemple éloquent avec une laveuse. J'ai vécu
le même phénomène à la maison. Tout
simplement incroyable. Elle nous a parlé d'un cadran quasi ancestral qui passe
à travers les époques.
• (15 h 50) •
Je voyais,
récemment, dans un reportage sur l'obsolescence programmée... Vous savez, à
l'époque du mur de Berlin, bien, à la
chute du mur, ils ont retrouvé un frigo qui était du côté, bien, communiste du
mur, et qui datait, et qui fonctionnait toujours. Et pourtant, de l'autre côté, avec des pratiques commerciales
plus modernes, je dirais, entre guillemets, bien, on s'est retrouvé avec
des électroménagers qui avaient une durée de vie utile beaucoup moins grande.
Alors, si on
regarde l'actualité des cinq dernières années, par exemple, Mme la Présidente,
il y a une nouvelle qui se démarque
par rapport aux autres, je m'en souviens très bien, et c'est celle qui relate
les événements entourant la plainte déposée par l'association française
Halte à l'obsolescence programmée, qui visait la compagnie Apple. Alors, cette plainte reprochait à l'entreprise de
ralentir volontairement ses anciens modèles de téléphone intelligent, les
iPhone, pour ne pas les nommer, au
moyen d'une mise à jour du système d'exploitation. Alors, il faut le faire!
Cette mise à jour coïncidait drôlement avec la mise en marché du nouveau
modèle, l'iPhone 8. Alors, vous voyez où je veux en venir, Mme la
Présidente? Apple avait espoir de convaincre encore plus de consommateurs de
transiger vers la nouvelle génération de
leur nouveau téléphone. Je pense qu'on l'a tous vécu. Alors, peu de temps après
que cette plainte ait été formulée,
il se trouve qu'Apple a bel et bien admis avoir ralenti ses anciens modèles,
mais la compagnie s'est toutefois justifiée en invoquant un problème de
batterie.
Bon, alors,
cette année, le sujet a refait surface dans l'actualité québécoise, et plus particulièrement
dans l'actualité politique et parlementaire, alors que, tel que
mentionné plus tôt, les étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke ont rédigé un projet de loi pour lutter
contre le phénomène de l'obsolescence programmée, projet de loi qui a d'ailleurs été déposé ici, à Assemblée
nationale, le 9 avril dernier par le député de Chomedey. Alors, il s'agit
du projet de loi n° 197. Je vous en relis le titre, Mme la Présidente : Loi
modifiant la Loi sur la protection du consommateur afin de lutter contre
l'obsolescence programmée et de faire valoir le droit à la réparation des
biens. La ministre de la Justice et
responsable de l'office de protection des consommateurs a d'ailleurs rencontré
le groupe d'étudiants le 20 juin dernier. Il y a une pétition aussi de 45 000 noms qui a été déposée à
l'Assemblée nationale, et un mandat d'initiative a été réclamé pour lui donner suite. En séance de travail, les
députés ministériels n'ont pas accueilli la demande du mandat. Je pense que c'était correct de le faire parce que l'étude
de ce projet de loi a plutôt été confiée à l'Office de protection du
consommateur.
Mais,
avant de vous parler, Mme la Présidente, un peu plus en détail du projet de loi
n° 197, que je trouve fort intéressant, au demeurant, j'aimerais tout de même
vous parler des mesures de protection actuelles de la Loi sur la protection
du consommateur parce que c'est important de
garder en tête, Mme la Présidente, quand on a même une bonne base aussi
sur laquelle travailler...
Ma
collègue députée de Les Plaines en a parlé tantôt, puis je ne veux pas faire de
la redite, mais j'estime important toutefois de souligner que la Loi sur la
protection du consommateur s'intéresse déjà à la qualité des biens. Vous connaissez sans doute la fameuse garantie légale.
Eh bien, c'est dans la Loi de la protection du consommateur qu'elle se
retrouve. On la connaît tous, mais on l'oublie souvent. Et, plus souvent
qu'autrement, Mme la Présidente, quand on
devrait y avoir recours, bien, on ne le fait pas. Est-ce que c'est par manque
de volonté de la part des consommateurs, par manque d'éducation?
Peut-être, je ne sais pas. Mais, dans tous les cas, il est important de dire et
de le redire : les consommateurs ont le
droit d'avoir davantage recours à la garantie légale offerte par la Loi sur la
protection du consommateur parce que,
c'est vrai, on connaît la garantie légale, mais on ne la connaît pas par coeur,
les modalités ou encore le nombre de
mois qu'on peut avoir droit pour y recourir. Alors, bref, il y a sans doute une
éducation supplémentaire à faire auprès des consommateurs à ce sujet.
Alors,
pour revenir au projet de loi n° 197, suite à son dépôt, son contenu a fait l'objet
d'un examen préliminaire par les
services juridiques de l'Office de la protection du consommateur à la demande
du cabinet de Mme la ministre. À la
lumière de l'analyse préliminaire, le contenu de ce projet de loi, les
objectifs poursuivis par certaines propositions qui s'y trouvent paraissent très intéressants. Plus précisément, le
projet de loi vise à contribuer à ce que les consommateurs soient mieux informés quant à la durabilité des
biens, la facilité d'entretien et la réparation. Il vise également à interdire
l'utilisation de dispositifs dans le but de réduire la durée de vie d'un bien,
et c'est effectivement très intéressant.
Encore
une fois, dans le documentaire que j'avais visionné voilà quelques semaines,
Mme la Présidente, ils faisaient mention
d'un consommateur qui utilisait une imprimante à jet d'encre, puis là je me
trompe peut-être dans mes chiffres, mais
qui avait une garantie, on va dire, ou... une garantie de 50 000 copies
puis qui s'est arrêtée de fonctionner après 51 000 et quelques copies. Et puis, après quelques
frustrations, le consommateur a poussé ses recherches, quelqu'un qui connaît
quand même bien l'électronique, là, il faut
se le dire, et puis qui a regardé à l'intérieur de l'imprimante. En
correspondant par Internet avec un
Russe qui avait eu le même problème, celui-ci lui a dit : Écoute, il y a
une puce à tel endroit, là, c'est un
compteur caché qui fait en sorte de rendre
l'imprimante inopérante après le 50 000 copies. Il a changé ce petit bout-là. En fait, je pense qu'il l'a
by-passé avec une soudure, puis l'imprimante s'est remise à fonctionner comme
une neuve. Alors, c'est une autre
preuve que la qualité des produits qu'on a aujourd'hui... ils sont périmés
parfois de façon volontaire.
Tantôt
dans mes notes, aussi, Mme la Présidente... Je pense qu'il est possible de
fabriquer et de concevoir des objets
durables. Je vous donne, par exemple, un objet qui fait fureur sur Internet, on
parle d'une ampoule à filament qui a fêté son centenaire, là, il n'y a pas très longtemps, et qui brille depuis
maintenant plus de 100 ans, qui se retrouve dans une caserne de
pompiers, je crois, aux États-Unis.
Alors,
pour revenir à nos moutons, Mme la Présidente, afin de déterminer si de telles
modifications doivent être apportées
au dispositif actuel de la Loi sur la protection du consommateur, une réflexion
plus approfondie sur l'ensemble des
dispositions du projet de loi s'impose, notamment au niveau de la rédaction de
celle-ci. Il est nécessaire de reformuler les mesures qui y sont proposées non seulement par souci de précision,
mais également en vue de mieux délimiter leur portée, d'assurer une prévisibilité quant à leur impact et surtout, Mme
la Présidente, de veiller à la cohérence de celles-ci avec la législation actuelle parce que, comme je vous l'ai
dit tout à l'heure, il existe déjà des mesures de protection qui sont
prévues par la Loi sur la protection du consommateur, puis il importe de partir
sur cette base. Il est également indispensable
d'analyser attentivement l'approche qui est privilégiée par l'ensemble des
dispositions du projet de loi, la mise en place des différents encadrements qui
y sont prévus, les implications pratiques, les ajustements proposés ainsi
que leurs répercussions sur le régime actuel.
De manière générale,
on peut rassembler en trois catégories les éléments qui sont contenus dans le
projet de loi n° 197 : création d'une cote de durabilité,
obsolescence programmée et le droit à la réparation.
Pour
ce qui est de la création de la cote de durabilité, Mme la Présidente, les
informations qui seraient fournies par
celle-ci pourraient être pertinentes afin de déterminer non seulement la durée
de vie raisonnable d'un bien, mais par contre,
aussi, comme je viens de le mentionner, il s'agit d'une chose qui nécessite une
réflexion un petit peu plus approfondie quant à son impact sur la
législation actuelle.
Concernant
l'obsolescence programmée, le projet de loi la définit comme un ensemble, et là
j'ouvre les guillemets, «[un]
ensemble de techniques par lesquelles la durée de fonctionnement d'un bien
destiné à être offert en vente ou en location est réduite». Je ferme les guillemets. Alors, le dispositif actuel
interdit à un fabricant, commerçant, ou publicitaire de passer sous silence un fait important dans une
représentation faite à un consommateur. Ainsi, Mme la Présidente, le fait
d'omettre d'informer le consommateur
qu'un bien est muni d'un dispositif qui vise à en raccourcir de façon délibérée
la durée de vie constituerait l'omission d'un fait important.
Maintenant,
au sujet du droit à la réparation, la Loi sur la protection du consommateur ne
s'intéresse pas à la relation entre le fabricant et le réparateur, et il
y a donc lieu de se questionner quant à savoir s'il s'agit de la bonne loi pour
ce type d'encadrement. Un réparateur
pourrait être considéré comme un artisan, puis toutefois un artisan n'est pas
commerçant au sens de la Loi sur la
protection du consommateur. Alors, l'orientation proposée par le projet de loi
est intéressante, mais elle nécessite néanmoins des réflexions un petit
peu plus approfondies.
Donc,
en terminant, Mme la Présidente, je le répète encore une fois, M. Mayer et
les étudiants de l'Université de
Sherbrooke ont fait un travail remarquable, un travail qui, depuis quelques
mois, inspire et fait réfléchir l'Office de la protection du
consommateur. Ma collègue la députée des Plaines, que je connais et qui remplit
son rôle d'adjointe parlementaire avec
beaucoup de sérieux, l'a mentionné plus tôt, elle a elle-même été impliquée
dans des rencontres avec ses
étudiants, avec la ministre, son équipe, les gens de l'Office de protection du
consommateur. Elle me disait également, juste avant nos travaux, avoir
rencontré, bien entendu, M. Mayer, le chargé de cours de l'Université de
Sherbrooke, M. Martin Masse, le
fondateur de l'entreprise Zone Accro, et Mme Agnes Beaulieu, de l'Insertech
Angus, et, bref, il y a un réel
échange entre les investigateurs de ce projet de loi et ceux qui ont comme
responsabilité d'agir dans le dossier.
On sait
d'ailleurs qu'à la demande de la ministre l'Office de la protection du
consommateur travaille actuellement à
l'élaboration de mesures visant à contrer le phénomène de l'obsolescence
programmée. C'est un sujet important. Nous devons, comme société, revoir nos façons de consommer et de produire les
biens. Ainsi, on doit prendre le temps de bien analyser la situation.
Je me permets
tout de même de dire, Mme la Présidente... Et j'écoutais la collègue d'Anjou—Louis-Riel, elle a abordé ce dossier avec beaucoup
de passion, je me permets de dire que ça aurait dû être fait depuis longtemps.
On ne peut pas refaire le passé. Les
précédents gouvernements ont décidé que ce n'était pas une priorité, mais
j'ai confiance que le gouvernement actuel va agir. La ministre de la Justice et son
équipe travaillent sur ce sujet avec sérieux depuis plusieurs mois déjà. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
• (16 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant je cède
la parole à M. le député de Jonquière.
M. Sylvain
Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, merci,
Mme la Présidente. Quand j'étais
jeune, il y avait une expression qui était bien connue dans mon coin — en tout
cas, dans ma famille — qui
était : Un poêle Bélanger, ce n'est pas tuable. Puis, quand il y avait un mariage, par exemple, dans la famille puis il fallait que les nouveaux
mariés s'achètent des électroménagers, bien, tout le monde souhaitait avoir
un poêle Bélanger parce que ce n'était pas tuable. Moi, je me souviens, d'ailleurs,
quand j'étais jeune, ma mère avait le
même poêle Bélanger qu'à son mariage, puis je suis le plus jeune chez nous.
Donc, ce n'était pas un poêle qu'on changeait aux trois ans, ou aux deux ans,
ou aux cinq ans, c'était un poêle Bélanger. Puis c'est une marque québécoise,
en plus. Puis on se souvient des gros poêles à deux ponts, là, qui étaient à
bois, chauffage à bois, c'est vrai, c'était l'expression : Ce n'est
pas tuable.
Mais aujourd'hui, malheureusement, les poêles, c'est rendu tuable, puis on les
change régulièrement. Puis on est attirés par le plus bas prix,
quitte à l'avoir moins longtemps, mais à le changer plus souvent, tu sais,
alors qu'on avait pourtant des technologies moins raffinées, mais qui faisaient
en sorte que les poêles pouvaient durer beaucoup plus longtemps qu'avant... les
cuisinières. Je dis «les poêles», là, mais tout le monde comprend ce que je
veux dire. Donc, Mme la Présidente, c'est assez étonnant qu'il y a
comme un phénomène inversement proportionnel : plus on avance
dans la connaissance, plus on avance dans la technologie, moins les produits sont durables. Il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans, alors qu'on devrait plutôt faire en
sorte que nos produits demeurent plus longtemps en fonction.
C'est pour
cette raison que nous allons appuyer cette motion inscrite par la députée de
Mercier appelant le projet de loi
n° 197 pour étude, à tout le moins, en commission parlementaire. C'est la première étape qu'il faut faire. C'est
la première étape qui nous interpelle comme parlementaires. Je suis un peu étonné de voir qu'il
y a une forme de résistance du côté
du gouvernement parce
que, lors de l'annonce du dépôt du projet de loi n° 197, il
y avait des représentants de tous les partis. Je
regarde le député de Chomedey, qui hoche de la tête. Effectivement, il y avait des représentants de tous les partis, dont la députée de Les
Plaines, en fait, qui était là au nom
du gouvernement. Alors, vous savez, en politique,
oui, on peut adhérer, on peut
s'associer à des causes, mais il faut être cohérent puis aller jusqu'au
bout. Et, quand ça vient le temps de
se prononcer de façon durable — c'est
le cas de le dire — bien,
il faut appuyer les motions qui vont dans ce sens-là.
Je voudrais vous citer une étude de
mai 2018 qui a été rendue publique par Équiterre, en collaboration avec RECYC-QUÉBEC. Je vais vous la lire sur ma tablette, que j'ai depuis cinq ans et que
j'essaie de garder le plus longtemps
possible, Mme la Présidente, même si parfois j'ai de la pression de mes
adjoints : Ah! Sylvain, il faudrait que tu changes tes appareils. Non, moi, je veux être un peu celui
qui résiste. Alors, dans cette étude, Équiterre a réalisé une recension des écrits, a recensé plus de 80 initiatives
porteuses de lutte à l'obsolescence. Il a effectué un sondage avec un
échantillon quand même important de Canadiens, un millier de Canadiens,
et identifié plusieurs pistes de solution. Les faits saillants de l'enquête
qui a été faite par Équiterre : 80 %
des répondants ont acheté leurs appareils neufs, ce qui indique une faible propension
vers le réemploi; 86 % des répondants affirment que les appareils électroniques
et électroménagers sont volontairement
conçus pour ne pas durer; moins de 50 % des consommateurs reconnaissent
qu'ils jouent un rôle dans le phénomène de l'obsolescence — ça,
c'est assez intéressant comme donnée; peu de consommateurs conservent leurs
appareils aussi longtemps que la durée de
vie qu'ils estiment raisonnable; presque un consommateur sur cinq peut être
qualifié d'excessif, avec l'acquisition de
cinq appareils et plus. Son profil est plus souvent celui d'un homme plus jeune
que les autres répondants, 46 ans,
propriétaire, ayant des revenus relativement élevés. Seulement 19 %
des répondants font réparer leurs appareils électroménagers et 26 %
pour les appareils électroniques. Les tactiques marketing des entreprises telles que les promotions, les
programmes de fidélité et les changements de forfait ont une influence
importante sur l'obsolescence.
En ce qui
concerne la réduction à la source, l'étude d'Équiterre nous dit qu'en 2016
44,7 millions de tonnes de déchets des appareils électroniques et
électroménagers ont été produites à l'échelle mondiale. Il y a quelque chose d'hallucinant là-dedans, Mme la Présidente,
44,7 millions de tonnes de déchets. Et d'ici 2021 il est prévu que ce
volume augmente de — tenez-vous bien — 17 %, de 17 %, et c'est sûr
qu'avec l'augmentation, par exemple, du niveau de vie dans un certain nombre de pays qui souhaitent
atteindre notre niveau de consommation, en Amérique du Nord, bien, ça ne
va aller que vers une augmentation du nombre de déchets.
Et la
présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC nous a dit que «cette
donnée nous alerte sur l'importance d'agir collectivement et efficacement sur
la réduction à la source. Cela passe par un important travail de
sensibilisation et d'information
auprès du public, et nous poursuivrons nos efforts en ce sens en plus de
continuer à accompagner le citoyen vers
le réemploi et nos industries, vers l'économie circulaire». Alors, ça, c'est la
P.D.G. de RECYC-QUÉBEC, qui est toujours
la P.D.G. de RECYC-QUÉBEC, qui est toujours une société d'État, qui est
toujours dans le giron administratif de ce gouvernement.
Alors, moi,
je pense qu'il doit y avoir une cohérence programmée de la part du
gouvernement, et d'appuyer cette motion permettrait au moins de faire un
pas d'avant pour faire de la pédagogie. L'étude d'Équiterre est claire, les gens eux-mêmes le reconnaissent, il y a comme une
dissonance, parce que les consommateurs reconnaissent qu'il y a des stratégies de marketing pour faire en sorte qu'on
consomme plus, mais ils reconnaissent eux-mêmes qu'ils consomment plus puis ils ne passent pas à l'action pour,
justement, réduire la consommation. Donc, ne serait-ce que d'un point de vue
pédagogique, de pouvoir faire une commission
parlementaire où on entendrait plusieurs groupes comme ceux qui sont nommés dans la motion ferait en sorte qu'on aurait
au moins cette vertu pédagogique vers une plus grande réduction à la
source et avoir également une meilleure consommation.
Maintenant,
ce projet de loi n° 197, je veux le saluer pour ce qu'il a... pour
l'initiative qui est issue d'étudiants. Donc, le projet de loi est aussi une démarche pédagogique pour les
étudiants qui ont vu comment on fonctionne à l'Assemblée nationale, qui
ont rédigé, qui ont fait de la recherche, qui ont pu voir de l'interne tout le
travail que ça demande pour faire un projet
de loi de cette envergure. Alors, je salue cela. Il y a des éléments
importants, par exemple d'arriver
avec une cote de durabilité des biens, avec une étiquette en ce sens — je pense qu'on est rendus là — de rendre disponibles des pièces de
rechange, d'avoir des garanties qui s'appliquent même s'il y a de la réparation
qui est faite à l'extérieur, d'avoir
aussi une infraction minimum de 10 000 $. Alors, moi, je pense
qu'on pourrait même penser à augmenter davantage cette infraction
minimum de 10 000 $.
Et je
voudrais terminer en interpellant la responsabilité elle-même des
consommateurs, qui doivent se prendre en
charge et de passer à une étape de consommation plus longue de leurs appareils électroménagers
et électroniques. Merci.
• (16 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un membre du
gouvernement. Alors, M. le député de Beauharnois.
M. Claude Reid
M. Reid : Merci. Merci, Mme
la Présidente. La motion présentée aujourd'hui nous permet de débattre d'une
situation déplorable, mais excessivement complexe à légiférer. L'obsolescence
programmée fait d'ailleurs partie du paysage depuis très longtemps dans nos économies. Déjà, dans les années 30,
l'Américain Bernard London proposait de sortir de la crise économique de 1929 en planifiant
l'obsolescence des produits de consommation dès leur conception. C'est donc à
cette époque qu'on a vu apparaître plusieurs
nouveaux types de mise en marché : les changements de design annuels des
automobiles ou encore les célèbres ampoules
ayant une durée de vie plus que limitée, alors que la technologie disponible permettait déjà qu'elles ne durent beaucoup plus
longtemps. Plus récemment, ce sont les cartouches d'encre qui ont été pointées du doigt. Le géant américain HP a
d'ailleurs dû dédommager les plaignants dans une cause qui fait désormais
jurisprudence aux États-Unis.
Si c'est une
pratique qui peut avoir un certain effet stimulant sur l'économie — d'ailleurs, à l'époque, on parlait plutôt d'obsolescence dynamique — on sait bien aujourd'hui que c'est une
pratique qui est néfaste pour les consommateurs et, surtout, qui entraîne un
gaspillage important de matières premières. C'est pourquoi, Mme la Présidente,
nous convenons qu'il est important de légiférer sur la question, mais il
est primordial de faire les choses de façon ordonnée, d'étudier l'ensemble des
facteurs afin de proposer des solutions viables et adaptées à la réalité québécoise.
Nous croyons
que, pour qu'une loi soit efficace et surtout pour qu'elle réponde aux attentes
de nos concitoyens, elle ne doit pas être précipitée et,
surtout, elle doit s'insérer dans une stratégie gouvernementale globale et
cohérente. Si plusieurs éléments du projet de loi n° 197 nous ont paru intéressants au premier abord,
il est important, avant de faire une loi
sur le sujet, d'en préciser les contours, d'en illustrer les finalités afin de
déterminer si de telles modifications doivent être
apportées aux dispositifs actuels de la Loi sur la protection
du consommateur. À l'heure actuelle, le gouvernement
poursuit une réflexion plus approfondie sur
l'ensemble des dispositions prévues au projet de loi, notamment
au niveau de la
rédaction de celle-ci. S'il s'avère nécessaire de reformuler les mesures qui y sont proposées non seulement par souci de précision, mais
aussi en vue de mieux délimiter leur portée, nous travaillerons à assurer la
cohérence de celles-ci avec le corpus législatif actuel.
D'ailleurs,
il est important de spécifier que les lois québécoises prévoient déjà
certains dispositifs limitant cette pratique.
La loi actuelle interdit à un fabricant, commerçant ou publicitaire de passer
sous silence un fait important dans une représentation faite à un
consommateur. Le fait d'omettre d'informer le consommateur qu'un bien est muni
d'un dispositif qui vise à en raccourcir de façon délibérée la durée de vie
constitue déjà l'omission d'un fait important. Mme la Présidente, même s'il s'agit d'une problématique relativement
ancienne, peu de pays ont légiféré sur cet enjeu, mais certains états font figure de précurseurs. La
France, notamment, est le premier pays et le seul à ce jour à reconnaître
la pratique de l'obsolescence programmée
comme un délit dans sa législation, et ce, depuis 2015. Or, aucune condamnation
à ce niveau n'a été répertoriée jusqu'à présent. Toujours en France, non
seulement faut-il prouver que le commerçant ou le fabricant avait une intention délibérée de
réduire la durée de vie de son produit, mais il faut aussi prouver qu'il avait
cette intention délibérée dans le but d'augmenter son taux de remplacement.
L'infraction
prévue au projet de loi n° 197 impose donc un fardeau beaucoup moins
contraignant que le modèle français.
Il faut donc se demander si l'objectif de ce projet de loi serait atteint sous
la forme qu'il a été proposé. En Italie, Mme la Présidente, l'autorité garante de la concurrence, l'antitrust, a
condamné Apple et Samsung à verser des amendes pour avoir mis en oeuvre des pratiques commerciales malhonnêtes. Selon
cette autorité, le fait de ne pas avoir informé les utilisateurs des conséquences d'une mise à jour
qui ralentissait leur appareil était une forme d'obsolescence programmée.
Mme la Présidente, l'amende d'Apple a été
plus salée que celle de Samsung, car elle comportait aussi une sanction pour ne
pas avoir informé convenablement les consommateurs sur les caractéristiques des
batteries au lithium de ses appareils,
incluant la durée de vie d'une telle batterie, les facteurs de détérioration
ainsi que les astuces pour en prolonger la durée de vie.
En Belgique, RDC
Environnement, un cabinet de conseils en développement durable, a publié un
rapport en mai 2017 sur les politiques
et les mesures de protection du consommateur contre l'obsolescence programmée.
Ce rapport dénote la difficulté de
prouver les cas d'obsolescence. On y rapporte notamment que, j'ouvre les
guillemets, «les pratiques dénoncées
sont justifiées par les fabricants par des raisons économiques, techniques et
de prévention des risques qui sont crédibles.
C'est pourquoi seuls trois fabricants ont fait l'objet de procédures
judiciaires dans le monde et aucune d'elles n'a débouché sur une condamnation
directement liée à la programmation de l'obsolescence.» Fermeture des
guillemets.
C'est
notamment le cas d'Apple. En décembre 2017, la société aurait avoué avoir
volontairement ralenti le système des
processeurs de certains de ses appareils à travers son système de mise à jour.
Cependant, elle soutient que l'objectif était de préserver les batteries
vieillissantes et non de forcer les consommateurs à s'en procurer un nouveau.
L'Autriche a aussi
instauré le standard ONR 192102 intitulé Label d'excellence pour la
durabilité et la réparabilité des produits électriques et électroniques.
Cette mesure, sans être un instrument législatif, permet aux consommateurs d'identifier les produits dont la
conception et l'assemblage respectent un standard de qualité leur conférant
une plus longue durée de vie.
Depuis quelques
années déjà, le gouvernement de l'Union européenne travaille aussi à limiter
l'obsolescence programmée dans les limites
de ses juridictions. Le 4 juillet 2017, une résolution a été adoptée
par le Parlement européen afin de
sensibiliser les élus, les populations d'Europe et les manufacturiers à ce
phénomène. Bien que cette résolution n'ait pas force de loi, les orientations sont claires et invitent à adopter un
mode production ancré dans les principes du développement durable, qui sont les suivants : de concevoir
des produits robustes, durables et de qualité, de promouvoir la réparabilité
et la longévité des produits, d'appliquer un
modèle économique tourné vers l'usage et soutenir les PME et l'emploi dans
l'Union européenne, de garantir une
meilleure information du consommateur
et de renforcer le droit à la garantie légale de conformité. Voilà quelques-unes
des orientations décrites dans cette résolution.
Au-delà de
ces objectifs généraux, la résolution propose aussi la mise en
place d'une ébauche réglementaire, en demandant, j'ouvre les guillemets, «à la commission de proposer, en consultant les
organisations de consommateurs, les producteurs
et autres parties intéressées, une définition au niveau européen de
l'obsolescence programmée pour les biens physiques et les logiciels», je
ferme les guillemets.
Il
est aussi demandé aux membres de la Commission européenne d'examiner, en
coopération avec les autorités de surveillance du marché, j'ouvre les
guillemets, «la possibilité de mettre en place un système indépendant capable de vérifier et de détecter l'obsolescence
programmée dans les produits; [et] plaide, en ce sens, pour une meilleure
protection des "lanceurs d'alerte" et des mesures dissuasives
appropriées pour les producteurs», et je ferme les guillemets.
Plus proche de nous,
les outils législatifs visant à limiter l'obsolescence programmée commencent
peu à peu à traverser l'Atlantique. Aux
États-Unis, dans le cadre du mouvement Right to Repair, l'État du Massachusetts
a adopté une loi prévoyant la transmission de données techniques des
fabricants d'automobiles à tout réparateur, qu'il soit un réparateur autorisé
ou non par le manufacturier.
Le 26 août 2019,
un projet de loi a été adopté au congrès colombien à l'initiative de la sénatrice
indépendante Sánchez. Soutenue par une
vingtaine d'autres sénateurs, la sénatrice propose une définition de
l'obsolescence programmée dans ses versants techniques et logiciels. La
loi, sans inclure le délit d'obsolescence comme c'est le cas en France, imposerait la diffusion d'une information
obligatoire concernant la durée de vie des produits électriques pour un usage
normal. Cette information devra, si le
projet de loi est adopté, être directement apposée sur l'emballage des
produits. Cette disposition n'est pas
sans rappeler celle qui sera vraisemblablement proposée par le gouvernement
français dans la future loi antigaspillage pour une économie circulaire.
Comme
vous voyez, Mme la Présidente, les exemples de législations encadrant
l'obsolescence programmée sont présentement en développement à plusieurs
endroits. Malheureusement, ce sont, dans l'immense majorité des cas, des
outils inachevés et encore imparfaits, comme c'est le cas du projet de loi n° 197. À l'instar des autres gouvernements ailleurs dans le monde qui se penchent sur la
question, le gouvernement du Québec doit continuer d'évaluer les différentes
possibilités qui s'offrent à lui afin de mieux servir les intérêts des
Québécois. Cependant, soyez confiants que notre gouvernement, en bénéficiant de la confiance des Québécoises et des
Québécois, travaille d'arrache-pied à trouver des solutions adéquates et
adaptées à la réalité des consommateurs d'ici en ayant à coeur un développement
économique durable et bien en phase avec les défis du XXIe siècle.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Mme la députée
de Sherbrooke, la parole est à vous.
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Ma collègue la députée de Mercier a présenté en
détail le contenu du projet de loi
pour lequel on demande des consultations particulières. Moi, j'aimerais vous
parler de son origine. Comme plusieurs le savent ici, le projet de loi dont on
parle, Loi sur la protection du consommateur afin de lutter contre l'obsolescence programmée et de faire valoir le
droit à la réparation des biens, un volet très important aussi, il a été rédigé
par 51 étudiants de l'Université de
Sherbrooke, des étudiants en droit, avec le soutien de leur enseignant, mais
aussi de plusieurs députés ici de toutes les formations politiques qui sont
allés les rencontrer pour les soutenir dans leur démarche.
Donc, depuis le
début, tout ça a été vraiment un travail d'équipe. C'est un projet de loi qui
est totalement non partisan, qui émane de la
volonté concrète de citoyens et de citoyennes de proposer des solutions à un
problème qu'on vit tous au quotidien — d'ailleurs, plusieurs ont
nommé certaines de ces situations qu'ils ont vécues ici — parce
que les biens qu'on consomme, ils sont de
moins en moins durables et ils sont de plus en plus difficiles à réparer. Donc,
on pense d'emblée aux téléphones, aux
appareils électroniques, mais le problème touche pratiquement tous les biens de
consommation, incluant aussi les
électroménagers et les voitures. Tous les réparateurs et les mécaniciens vont
vous le dire, ce sont des produits
qui durent de moins en moins longtemps, et c'est fini l'époque où on pouvait
acheter quelque chose et s'attendre à l'utiliser pendant 20 ans en
l'entretenant à un coût raisonnable.
• (16 h 20) •
Donc,
les citoyens, ils s'en rendent compte et ils sont tannés de
se faire avoir. C'est ça qui a poussé les étudiants et les
étudiantes à agir. Et j'étais là avec mes collègues, Mme la Présidente, pour
les rencontrer pendant le processus de rédaction,
et on a pu constater toute l'énergie et tout le temps investis pour rédiger le
meilleur projet de loi possible. Ils ont compris quand même assez tôt que ça dépassait le cadre normal de
travail de session, je peux vous dire ça, mais ils ont quand même
continué leur démarche parce qu'ils voulaient faire leur part pour améliorer la
protection des consommateurs et aussi pour protéger l'environnement. Ils ont
fait des recherches sur les initiatives similaires dans le monde et ils ont mis
vraiment beaucoup d'efforts pour trouver des solutions législatives pour
permettre aux citoyens d'avoir accès à des outils pour faire des meilleurs choix de consommation et
pour leur permettre de faire réparer leurs biens à des coûts raisonnables.
Dans leur projet de
loi, ils proposent de créer une cote de durabilité qu'on pourrait voir sur
l'emballage d'un produit qu'on veut acheter.
Et ça, c'est très intéressant parce que, sans même avoir besoin de
contraindre les fabricants à changer
leurs produits, la présence de cette cote-là serait un incitatif pour les entreprises
à améliorer la durabilité de leurs produits
si elles veulent se démarquer auprès des consommateurs. Ça, ça permettrait, en
un coup d'oeil, de savoir si un produit
est intéressant à long
terme, et c'est clair que c'est un plus pour tout le monde d'avoir accès à ça
pour faire des choix éclairés, ce que tout le monde souhaite faire, par
ailleurs. On veut mieux consommer — on sait, acheter, c'est voter — on veut choisir des entreprises qui ont des
pratiques durables, mais en ce moment c'est très difficile de le faire.
La cote de durabilité viendrait nous soutenir là-dedans.
En
plus, le projet de loi prévoit plusieurs mesures pour faciliter le travail des
réparateurs, qui, vraiment, s'inscrivent dans une perspective de développement durable. Et, vous savez, Mme la
Présidente, moi, à ma connaissance, je n'ai pas le bagage de ma collègue qui s'est adressée à nous
tout à l'heure, mais c'est la première fois que des citoyens et des citoyennes
qui se sentent concernés par un enjeu
décident d'écrire eux-mêmes un projet de loi — non seulement c'est la première fois au
Québec, mais même au Canada — et ils l'ont fait très sérieusement, avec
une rigueur que moi, personnellement, j'aimerais
voir plus souvent ici, à l'Assemblée nationale, et c'est digne de mention. Et,
vous savez, la mobilisation, ça peut prendre toutes sortes de formes qui
sont plus ou moins appréciées par le gouvernement. Mais moi, quand je vois des citoyens qui décident de s'unir et de ne pas
ménager leurs efforts pour fournir des pistes de solution concrètes en allant
jusqu'à rédiger un projet de loi, carrément,
moi, je me dis que le gouvernement a le devoir d'être à l'écoute. Le
gouvernement a la responsabilité de répondre aux citoyens autre chose
que «merci, on va regarder ça».
Et
je trouve ça important de valoriser cet effort-là d'utiliser les moyens
parlementaires et démocratiques pour régler un problème parce que, sinon,
ça envoie un assez drôle de message à la population. On l'a vu souvent et même
très récemment, des gouvernements dire aux étudiants que, s'ils voulaient
changer les choses, bien, il fallait qu'ils aillent à l'école au lieu de manifester. Et on vient de l'entendre, là, il y a
quelques semaines, là, au mois de septembre par rapport à l'environnement encore. Donc, je pense qu'on a
un magnifique exemple ici d'étudiants qui ont décidé d'essayer ça, hein, qui
ont utilisé leur formation académique pour essayer d'apporter un changement.
Et, si même en proposant des changements
sous la forme de projet de loi, on n'arrive pas à se faire entendre comme
citoyens, je me demande vraiment comment
les gens vont devoir faire. Il me semble que le minimum de cohérence pour le
gouvernement, ce serait de prendre le temps d'étudier le projet de loi
en commission parlementaire, comme on le propose.
Et c'est d'autant
plus important qu'il n'y a pas seulement une poignée d'étudiants qui sont
préoccupés par l'obsolescence programmée. La
pétition qu'ils ont mise en ligne, elle a récolté, en quelques semaines,
45 000 signatures, Mme la
Présidente. C'est un projet de loi qui a reçu un accueil très favorable dans
l'espace public au moment de son dépôt. Les gens disaient : Enfin,
des solutions, on est tannés d'acheter des affaires qui brisent.
Et
je pense que ça vaut la peine de le rappeler, la députée des Plaines était
présente, comme tous les partis politiques, au point de presse des étudiants et de leur enseignant, qui sont venus
jusqu'ici pour assister au dépôt officiel du projet de loi par mon
collègue le député de Chomedey. Et malheureusement ça fait plusieurs mois de
ça, et on n'a pas eu de nouvelles de ce que
le gouvernement compte faire, même si, au départ, il avait manifesté de
l'intérêt, donc on a décidé de prendre
les choses en main aujourd'hui puis de demander des consultations
particulières. Et, encore une fois, le gouvernement se fait proposer une formule clés en main, hein?
C'était le cas au moment du dépôt du projet de loi, c'est le cas avec la motion
qu'on propose aujourd'hui. Je pense que c'est assez clair, et ça a été nommé
par mes collègues de l'opposition, qu'on est prêts à travailler tous
ensemble pour régler ce fléau-là. On n'est pas en train de demander au
gouvernement d'appliquer notre programme,
seulement d'écouter les citoyens, d'étudier les pistes de solution qui sont
proposées par les citoyens pour l'obsolescence programmée. On ne demande pas au
gouvernement non plus d'adopter le projet de loi tel quel, personne ici n'a demandé ça, mais simplement
de lui faire suivre le processus habituel en invitant des groupes, des experts à venir commenter le projet de loi pour
qu'on puisse le bonifier, l'adapter au besoin. Ce sera certainement le cas,
comme c'est le cas de tous les projets de loi qui sont étudiés ici.
Donc, ce qu'on propose,
c'est une occasion assez unique pour le gouvernement de montrer qu'eux aussi
sont capables de faire de la politique autrement en donnant suite à une
initiative qui était unique depuis le début. C'est l'occasion d'envoyer le message que le gouvernement est à l'écoute des
préoccupations de la population et, je devrais dire, de toute la population vraiment, parce qu'on est tous des
consommateurs, peu importent nos moyens. Et, jusqu'à maintenant, j'ai été assez déçue de la réponse
fournie par les députés du gouvernement parce que, bon, d'abord, la députée
de Les Plaines nous a fait valoir plusieurs dispositions de la loi sur la
protection des consommateurs comme si ces dispositions-là répondaient déjà au
problème soulevé. Je pense que ce n'est pas le cas du tout. Et à peu près
toutes les personnes qui ont acheté des
choses dans les dernières années sont très au courant qu'elles ne sont pas
protégées par les lois actuelles.
Donc, moi, ça ne me satisfait pas d'entendre
qu'il y a déjà des dispositions dans la loi pour protéger les
consommateurs. Clairement, ça ne répond pas à l'enjeu. On doit mettre à
jour cette loi-là.
Et la
députée, elle a réitéré qu'ils travaillent sur le dossier, mais malheureusement, bon, bien, c'est le temps de donner des nouvelles parce que,
s'ils travaillent sur le dossier, on n'en a pas entendu parler depuis des mois.
Je pense qu'il y a
des comptes à rendre à la population. Et il y
a certainement des améliorations à
faire au projet de loi, mais c'est précisément à ça que ça sert,
le processus législatif, dont les auditions qu'on demande aujourd'hui de
convoquer.
Donc, je
pense que, le gouvernement sait ce qu'il a à faire s'il veut montrer qu'il
est sérieux dans sa volonté de répondre aux besoins des consommateurs,
il n'a qu'à appuyer cette motion pour qu'on puisse étudier et améliorer le projet
de loi, comme ils le proposent eux-mêmes. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Sherbrooke.
Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée
de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Faire de la politique
autrement, c'est exactement ça que le projet de loi n° 197
propose. Je suis professeure à l'Université de Sherbrooke, en congé sans solde pour service public, et je
peux vous dire qu'à l'Université
de Sherbrooke les étudiants, dans une faculté où est-ce que moi, j'ai enseigné, bien,
ils ont travaillé fort avec leur enseignant Jonathan Mayer et aussi avec le
député de Chomedey. C'est une initiative, là, qui part de la base,
des étudiants, ceux que, des fois, certains élus regardent de haut en
leur disant : Sortez des rues, retournez sur les bancs d'école.
Mais, dans
les bancs d'école, nous, on est allés les voir cet hiver, puis savez-vous
qu'est-ce qu'ils faisaient? Bien, ils travaillaient à peaufiner un projet
de loi. Pourquoi? Parce qu'il est question de notre avenir. Et ils ont vu ce
qui se passait ailleurs dans le monde. Le projet de loi prend ses racines sur
une loi française, parce que les Français ont dit : Ça suffit, les multinationales, vous faites des
gros profits et vous êtes des pollueurs parce que, volontairement,
vous faites en sorte que des produits
ne peuvent pas durer longtemps pour forcer les gens à en acheter davantage,
alors que le premier R, c'est réduire.
Alors, quand
j'entends le député de Richelieu dire : Bien, écoutez, il y a
des propositions dans la LPC, il y a des articles dans la loi sur la protection
des consommateurs, j'ai des petites nouvelles pour lui, si ces dispositions
dans la Loi sur la protection des
consommateurs étaient si bonnes, bien, les professeurs de la Faculté de droit
de l'Université de Sherbrooke, bien,
n'auraient pas embarqué dans un projet pour écrire un projet de loi n° 197 qui... lui-même obsolète, voyons
donc. On oublie que ces étudiants ont été accompagnés par des avocats, des
professeurs de droit, des juristes et des élus ici, à l'Assemblée nationale.
Alors,
lorsque le député parle de la loi sur la protection des consommateurs, bien, je
peux l'inviter à relire sa loi. Je
peux même l'accompagner moi-même, à titre d'avocate praticienne, pour lui
expliquer qu'en fait, non, la loi, présentement,
ne fait rien, mais absolument rien pour contrer les entreprises qui,
volontairement, périment des biens, qui réduisent la durée de vie.
Et, lorsqu'il
dit : Bien, écoutez, il y a une garantie légale... La garantie légale, là,
moi, je ne comprends pas... puis je
vais répéter : Le manque de volonté des consommateurs... Ce n'est pas un
manque de volonté des consommateurs. Les Québécois, quand ils travaillent toute la journée puis qu'après ça ils
s'occupent de leurs enfants, bien, non, Mme la Présidente, ils n'ont pas le temps de courir devant la Cour
des petites créances pour demander réparation. C'est normal. Et d'ailleurs,
avec le nombre de gens qui pourraient
demander réparation, nos tribunaux, là, seraient pleins pour les 20 prochaines
années.
Alors, c'est à nous, les élus, de trouver des
solutions. Et, lorsqu'on a devant nous un gouvernement caquiste qui n'est pas tellement, tellement friand à des
mesures environnementales vraiment proactives, bien, savez-vous quoi? On peut toujours se tourner vers des jeunes, des
jeunes étudiants qui, eux, ont dit : Bien, regardez, vous n'avez pas votre
plan, bien, nous, on a un plan, on va
prendre une bouchée à la fois pour lutter contre les changements climatiques.
Et, nous, qu'est-ce qu'on vous propose, les étudiants? Bien, on propose
un projet de loi qui fait trois choses.
• (16 h 30) •
Dans un
premier temps, les Québécois qui iront dans un magasin pourraient voir à
l'extérieur du produit, donc sur l'emballage, la cote de durabilité.
Donc, les consommateurs vont pouvoir faire des choix éclairés. Est-ce que la télévision, la laveuse, la sécheuse que j'achète,
elle a une moyenne de durée de vie de quatre ans, six ans ou 10 ans? C'est
un choix éclairé.
D'autre part,
l'obligation de réparer, Mme la Présidente, c'est documenté, puis il
y a des entreprises
qui, dès lors qu'on ouvre le produit,
on perd notre garantie. C'est documenté qu'il
y a aussi des entreprises
qui, volontairement, ne fournissent
pas de pièces. C'est documenté qu'il
y a des entreprises
qui font exprès de dire que la réparation coûte 200 $, mais
que, si vous voulez changer de produit, bien, pour 50 $ de plus, vous en
avez un neuf, donc 250 $. Ça ne s'invente pas, c'est la réalité.
Alors, ici, on a inscrit, dans ce
projet de loi, le droit de réparation. Donc, quelqu'un que ça ne lui tente pas
d'avoir le nouveau iPhone, mais qu'il
l'aime bien, son iPhone actuel, peut le conserver en faisant réparer. Ce n'est
pas génial, ça?
D'autre
part, la troisième bonne nouvelle dans ce projet de loi, les amendes. On n'a
pas le choix de mettre des amendes
parce que regardez ce qui a été fait dans les gouvernements précédents. En
matière environnementale, on a dit aux
entreprises : Si vous voulez polluer, ça va vous coûter cher, ça va vous
coûter vraiment très cher. C'est que vous allez devoir vous gouverner,
sinon vous allez être mis à l'amende.
Alors,
ici, ces entreprises doivent payer un minimum, un minimum, 10 000 $.
Puis, je peux vous dire, ce n'est pas
cher payé, c'est juste un plancher, le 10 000 $. Puis ils sont
chanceux parce que, si ça avait été moi qui l'avais écrit, le projet de
loi, le plancher aurait été à 100 000 $. Je peux vous le garantir,
parce qu'en France c'est 453 000 $ CAN, l'amende, pratiquement un demi-million, parce qu'on prend ça très au
sérieux, parce que, des fois, là, il faut dire à ces entreprises
milliardaires : Ça suffit. Vous avez fait assez de profits, surtout que
vous les dirigez tous dans les paradis fiscaux,
là, là c'est à votre tour de vous gouverner comme il faut. Mais, vous voyez,
tout ça, là, on ne peut pas leur dire actuellement
parce que le projet de loi est présentement tabletté quelque part, alors que
nous, on demande d'aller chercher le projet de loi, et faisons-le
cheminer.
Pour avoir travaillé,
et je le dis, le mot «travaillé», en caractère gras, dans le projet de loi sur
les maternelles quatre ans, qui ne
comportait que 18 maigres articles, je peux vous assurer d'une chose, ce
projet de loi n° 197, qui a été rédigé par les étudiants en collaboration
des élus, de leurs professeurs et de Jonathan Mayer, qui a été l'enseignant
chargé de ce groupe, il est très bien
attaché, très, très bien attaché. Et ça pourrait même aider plusieurs autres
élus un jour, si jamais ils veulent rédiger des projets de loi.
Mais
savez-vous qu'est-ce qui est encore plus important ici? C'est de montrer au
Québec, là, qu'au Québec on est capables
de faire les choses autrement. Puis, quand on dit qu'on veut faire de la
politique autrement, bien, ce n'est pas juste des mots vides de sens, c'est une réalité. Si on désire appeler ce
projet de loi, on va être la première juridiction au Canada qui aura réussi à prendre un projet de loi
rédigé par des étudiants d'une faculté de droit, à l'avoir fait cheminer
au complet. Et là on pourra se regarder tout
le monde ensemble, nous, les 125 élus, pour dire : On est capables de
mettre la partisanerie de côté pour
avancer, tous ensemble, vers un objectif commun : préserver notre planète,
notre environnement. Et ça, Mme la
Présidente, c'est peut-être quelque chose que tout le monde, ici, devrait
garder à l'esprit, surtout du côté de caquistes.
Et
j'ajouterais... dans les amendes, là, ce n'est que 10 000 $, mais je
pose la question suivante, peut-être que l'un d'entre eux pourra nous
répondre. Je vois que la députée de Saint-François est ici puis je rappelle que
l'Université de Sherbrooke, c'est pas mal
chez vous et aussi pas mal chez la députée de Sherbrooke, oui, mais la députée
de Saint-François, peut-être, oublie,
mais il y a une grande clientèle de Saint-François qui vont à l'université puis
pas mal de professeurs aussi qui
habitent à Saint-François, qui sont à l'Université de Sherbrooke. C'est quoi,
le message que vous allez leur dire dans
votre comté plus tard? Qu'on n'écoute plus la base? Qu'on n'écoute plus les
Québécois? C'est 45 000 personnes qui se sont précipitées pour signer la pétition, c'est
350 000 personnes qui ont regardé la vidéo, c'est plus d'un
demi-million de personnes ici, au
Québec, qui ont regardé aussi le reportage, ce sont des dizaines d'articles qui
ont été rédigés. Alors, Mme la Présidente, une chance qu'il n'y a pas
d'amende pour les élus qui ne font rien, les salaires y passeraient.
Mais je terminerais
en déposant la motion suivante...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le député de Richelieu.
M. Émond :
Oui, s'il vous plaît, juste une question de règlement pour ramener la collègue,
avec qui j'ai beaucoup de plaisir, en
commission parlementaire, à me lever relativement fréquemment pour soulever des
questions de règlement. Juste ne pas
prêter des intentions à l'ensemble des collègues. Je pense qu'il n'y a pas
personne ici qui est payé à ne rien faire, et particulièrement... Je
connais ma collègue, qui fait un très bon travail, là, dans la région de...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Richelieu. Alors, Mme la députée, je vous invite à la prudence.
Merci.
Motion
d'amendement
Mme Rizqy : ...la motion, si vous permettez : Que la
motion de la députée de Mercier soit amendée de la manière suivante : À la 10e ligne, après le mot
«suivants», ajouter les mots «, ainsi que tous ceux [et celles] qu'elle
pourrait juger nécessaire de convoquer».
Le deuxième alinéa se
lirait ainsi : «Qu'à cette fin, la commission entende les personnes et les
organismes suivants, ainsi que tous ceux qu'elle pourrait juger nécessaire de
convoquer.» Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-Laurent. Et je vous indique que votre amendement sera déposé sous
réserve de l'autorisation de la députée qui a déposé la motion d'aujourd'hui, Mme
la députée de Mercier.
Pour
la suite du débat, je vais céder la parole à M. le député de Chomedey.
Et vous disposez d'un temps de parole de huit minutes.
M. Guy Ouellette
M. Ouellette :
Merci, Mme la Présidente. Je vais essayer de ne pas vous faire utiliser votre
voix au cours des huit prochaines minutes.
Merci
à tous les collègues d'avoir consenti à ce que je puisse prendre la parole en
cette Assemblée pour une période plus longue que normalement dévolue aux
députés indépendants.
Vous
savez, le projet de loi n° 197, effectivement, c'est une initiative citoyenne
qu'on doit souligner. Et j'entendais tous
les collègues mentionner que, bon, ça vient de l'Université de Sherbrooke,
des étudiants en droit, deuxième année, par le concours de leur enseignant Jonathan Mayer, et je m'en voudrais
de passer sous silence tout le travail des légistes de l'Assemblée. Vous
savez, les étudiants sont en session, donc ils ont un début et ils ont une fin
dans leurs cours. Et il y avait des objectifs à rencontrer. Quand les députés de
tous les partis, on est allés les rencontrer, le 18 mars, c'était un peu la présentation d'où ils étaient rendus, mais il fallait ramener
tout ça pour en faire un projet de
loi qui conviendrait aux règles de l'Assemblée nationale. Je vous
fais grâce de tous les appels, et de toutes les conservations, et de tout le
travail qui a été fait par les
légistes de l'Assemblée, que je me permets de remercier au nom de tous les
collègues aujourd'hui.
Je
vais remercier aussi la députée de Mercier et la
députée de Sherbrooke
pour avoir présenté cette motion lors d'une
situation particulière de motion du mercredi. Je pense
qu'on est rendus, Mme la Présidente... les citoyens sont rendus... et les citoyens sont très conscientisés à tout le phénomène
de l'obsolescence, à tout le phénomène du droit à la réparation, à tout le phénomène de l'économie circulaire. Et je vous dirai que, 2019, je pense
que c'est planétaire, l'attention qui en est portée.
Et,
malgré le fait qu'après le dépôt du projet de loi le 9 avril et le refus
du gouvernement d'entendre des groupes quand on a discuté de la pétition de 45 028 citoyens
du Québec qui ont signé la pétition sur l'obsolescence ou le droit à la réparation... À l'époque, on voulait entendre
quatre experts pour nous parler de la pétition. Vous remarquez aujourd'hui que la motion de la députée de Mercier,
on est rendus à une douzaine.
Et,
avec l'amendement de la
députée de Saint-Laurent, on s'actualise, Mme la
Présidente. On s'actualise comment?
Après avoir déposé la pétition, le travail
du député de Chomedey ne s'est pas arrêté là. Le travail du député de Chomedey,
bien, j'ai pris mon bâton de pèlerin et je suis allé convaincre, je me
suis investi d'une mission de convaincre des parlementaires de toute l'Amérique du Nord du bien-fondé
et surtout du message que les citoyens nous envoyaient. Je pense que c'est d'actualité.
• (16 h 40) •
Et
je vous dirai à cet effet-là, Mme la
Présidente, que 20 États
américains, 20 États sur 52, 20 États des États-Unis
ont déposé, depuis le 1er janvier 2019, des projets de loi, des bills, ils appellent ça des bills, sur le droit à la
réparation. Donc, ils ont un engouement pour cette demande citoyenne
de faire en sorte de donner le droit à la récupération, le droit à la réparation qui s'inscrit dans une économie
circulaire, qui va autant demander, de la part des législateurs,
l'implication du ministère
de l'Économie, du ministère de la
Justice, de l'Office de protection du consommateur, et je pense
que c'est un tout et c'est global.
Le 9 avril, le
Québec s'était positionné avantageusement. Bon, on a décidé de s'en aller sur
la voie de garage. On a décidé sciemment... le gouvernement a décidé de ne pas
donner suite à la demande de tous les partis de recevoir des experts dans le
cadre de la pétition. On revient avec cette demande-là. On nous a souvent
servi, bien, l'agenda législatif : les leaders ne s'entendent pas ou les
leaders... l'agenda du gouvernement ne nous donne pas de temps en commission.
Oui, cette motion-là,
Mme la Présidente, nous amène en janvier, à l'intersession. On n'est pas en
conflit avec aucun agenda du leader du gouvernement.
Et je pense qu'à ce moment-là, à ce moment-ci, ça nous permettrait de donner
au gouvernement des outils. On ne lui
demande pas, le gouvernement... Et Mme la ministre de la Justice a été très
claire dans un gazouillis qu'elle
envoyait suite au refus de son gouvernement de recevoir des experts suite à la
discussion sur la pétition. Elle
mentionnait qu'elle était pour déposer le projet de loi n° 197
ou un autre projet de loi qui tiendrait compte des préoccupations des
citoyens. Ça, c'est il y a six mois. Par hasard, cette semaine, Mme la députée
des Plaines, heureusement, a rencontré des gens qui sont sur la liste.
En
plus des 20 États américains, Mme la Présidente... et la présidente qui
vous a précédée il y a quelques minutes a beaucoup entendu parler de droit à la réparation parce qu'on en a
parlé dans les assemblées parlementaires cet été. Et je préside, avec, bien, un collègue parlementaire
de l'Ontario, un du Nouveau-Brunswick et un de l'Île-du-Prince-Édouard, un comité qui se penche sur une résolution, qui
sera adoptée par les parlementaires américains et les parlementaires canadiens,
favorisant le droit à la réparation et favorisant la lutte à l'obsolescence.
J'ai,
dans les prochaines semaines, à faire rapport des travaux de ce comité et des
discussions que j'ai avec les parlementaires américains. On cherche tous, comme
législateurs, les meilleures dispositions. C'est ce qu'on offre au gouvernement aujourd'hui, de tenir, bon, c'est un
peu à l'envers, mais de tenir des consultations, avant un dépôt que le
gouvernement pourrait faire, qui accéléreraient le travail législatif que les
députés de cette Assemblée ont à faire.
Donc,
je demande au gouvernement de reconsidérer l'annonce que la députée des Plaines
nous a faite il y a quelques minutes,
qu'il ne supporterait pas cette motion, parce qu'il y va dans l'intérêt des
citoyens qui nous ont élus et que nous servons, Mme la Présidente. Merci
de votre écoute.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Chomedey. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Chapleau.
Et vous disposez d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la Présidente. La question d'obsolescence
programmée est, d'entrée de jeu, assez chargée parce qu'elle sous-tend que la
durabilité de certains biens est volontairement raccourcie par ses producteurs,
à l'aide de dispositifs ou d'autres stratagèmes, pour stimuler la vente du bien
en question.
Le
concept d'obsolescence est, quant à lui, un concept régulier qui fait partie
des textes de loi du Québec. Tout bien
a une durée de vie limitée, comme chacun d'entre nous ici le savons. Mais la
Loi sur la protection du consommateur existe, entre autres, pour
s'assurer qu'il puisse servir à l'usage auquel il est destiné pendant une durée
raisonnable en considération de son prix, des dispositions du contrat et des
conditions d'utilisation de ce bien. Parler d'obsolescence programmée, c'est présumer que la conception
usuelle de l'obsolescence est trafiquée par certains producteurs, par certaines
entreprises, autant au niveau de la durabilité que de la réparabilité des
biens, pour en tirer un profit.
Contrairement
au concept d'obsolescence, celui de l'obsolescence programmée n'est pas encore
inclus dans les textes de loi québécois.
Avant de s'y adonner, le gouvernement a demandé à l'Office de la protection des consommateurs de se pencher sur la question, de travailler à l'élaboration d'un projet de loi visant à contrer le phénomène de l'obsolescence programmée.
C'est l'organisme québécois le mieux placé pour prendre position de manière
informée sur le sujet.
Ce
qu'il faudra garder en tête quand on traitera du sujet dans un projet de loi, ce sont les concepts de durabilité raisonnable et d'information
du consommateur. Si on prend l'exemple de l'imprimante, qui est souvent utilisé
par ceux qui parlent de l'obsolescence programmée, il faudra être capable de
faire la différence entre un produit dont la durabilité
raisonnable est basse et un qui aurait été programmé intentionnellement pour
avoir une durabilité limitée, alors qu'il
aurait très bien pu avoir une plus grande durabilité. Il faudra
être capable de tracer une ligne entre l'imprimante qui a arrêté de fonctionner parce que
sa qualité, et donc sa durabilité raisonnable, est plus faible et celle qui a
été programmée intentionnellement pour ne plus fonctionner après
l'impression, par exemple, de 10 000 pages.
Si
une telle pratique existe réellement, si on réussit à prouver que c'est quelque
chose qui se fait, il faudra alors s'assurer au minimum que les consommateurs
soient informés de cette durabilité limitée, qu'il soit écrit quelque
part sur la boîte de l'imprimante, par
exemple, qu'elle fonctionnera le temps de 10 000 pages seulement, de
façon à ce que le consommateur soit avisé.
De
manière plus large, il pourrait aussi être bénéfique que les consommateurs
soient mieux informés de la durabilité raisonnable de certains biens
ainsi que de leur réparabilité pour qu'ils puissent orienter leurs achats en
fonction de ces critères de manière plus éclairée. L'Office de la protection
des consommateurs a une mission d'information, de prévention, et c'est cette mission qui constitue le premier des grands
chantiers à aborder dans cette question de l'obsolescence programmée. Les consommateurs plus alertes sont
des consommateurs plus responsables, plus aptes à prendre des décisions adéquates
dans leurs pratiques quotidiennes d'achats.
Après
cela viendra la question de changer, grâce au projet de loi et aux règlements
qui s'en viennent, les pouvoirs de
l'OPC en la matière ainsi que les restrictions et les obligations des
entreprises dans le marché québécois. Une chose est certaine, Mme la Présidente, le gouvernement a à
coeur la protection de ses citoyens contre des pratiques potentiellement
mercantiles et potentiellement
malveillantes. C'est pour cette raison que je peux affirmer fermement notre
engagement à traiter ce dossier avec attention et avec rigueur.
Vous comprendrez
donc, Mme la Présidente, qu'il est en ce moment impensable pour notre
gouvernement de prendre position en faveur
de cette motion sous la forme actuelle, ce qui est navrant puisque nous aurions
fort probablement voté en faveur
d'une motion plus régulière, traitant de la nécessité de l'action en matière de
protection des consommateurs contre l'obsolescence programmée. En tant
que gouvernement, il nous semble pertinent que les positions exprimées lors de la motion du mercredi permettent à la
population d'en savoir plus sur nos désirs et nos intentions sur certains
sujets moins discutés, qu'ils sachent à quoi s'en tenir quand viendra le
temps de s'en occuper.
Le gouvernement, bien
entendu, entend agir pour la protection des consommateurs contre l'obsolescence
programmée, comme je le disais précédemment.
Je tiens à rassurer d'ailleurs la collègue de Mercier à cet effet. Toutefois,
dans la forme actuelle, il ne nous est pas possible de voter en faveur de cette
motion.
L'opportunité
qu'offre la motion du mercredi d'obtenir une prise de position du gouvernement
dans le cas présent est un peu laissée de
côté. Ce qui va ressortir du vote suivant ce débat, c'est le refus du
gouvernement d'adhérer à des
consultations particulières précoces, déjà prévues d'avance, selon un horaire
préétabli, sur un dossier qu'il a bien en main, parce que ce dossier-là, le gouvernement l'a bien en main, et non
pas son refus de le traiter sur le fond, parce que le gouvernement a
l'intention de traiter ce dossier-là sur le fond.
Qu'à
cela ne tienne, le gouvernement est fermement pour l'action en matière de
protection des consommateurs et, comme je le disais précédemment, il
va déposer un projet de loi en ce sens pour le prouver. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député de Chapleau. Maintenant, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
vous disposez de 30 secondes.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, la planète est en train de cramer. «Business as usual», ce
n'est plus possible, ce n'est plus acceptable. Vous avez là un projet de loi déjà
écrit, les oppositions unanimes derrière,
puis il ne coûte pas une cent. Alors, si la CAQ vote contre cette motion-là, je
n'aurai qu'une question, et c'est celle de Greta Thunberg :
«How dare you»? Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Maintenant, il est temps à
l'auteure de cette motion de faire sa réplique. Mme la députée de Mercier,
vous disposez de 10 minutes et
vous devrez nous dire si vous acceptez l'amendement de Mme
la députée de Saint-Laurent. La parole est à vous.
Mme Ruba Ghazal (réplique)
Mme Ghazal : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Et, oui, j'accepte
la motion de la députée de
Saint-Laurent avec grand plaisir
parce que le plus d'experts et de spécialistes de la question qu'on peut
entendre, le mieux c'est pour les élus ici, à l'Assemblée nationale.
Je
veux d'abord mentionner que je suis très contente de l'intérêt que la motion
que j'ai déposée ici suscite de la part
de tous les élus, que ce soient les élus des partis d'opposition ou même aussi
des élus du gouvernement qui reconnaissent, par leurs interventions, ils reconnaissent que l'obsolescence programmée
existe, qu'elle est parfois faite de façon volontaire par des entreprises, par les manufacturiers, et
que c'est un fléau contre lequel il faut lutter. Donc, au moins, ils le
reconnaissent.
Et
le projet de loi n° 197, qui a été, donc, déposé par mon collègue le
député de Chomedey, est une solution pour ce fléau extrêmement important et qui pourrait régler plusieurs
problèmes. Je vois le ministre de l'Environnement qui... ce n'est pas à moi de lui apprendre que les sites
d'enfouissement, au Québec, débordent, et ce projet de loi est une des
solutions pour réduire les déchets.
Lors
de l'intervention de la députée de Les Plaines, elle a fait référence à un
document qui a été sur son bureau sur
l'obsolescence programmée et en mentionnant qu'elle a bien en main et que le
gouvernement a bien en main ce dossier. Je ne sais pas si c'est possible de demander à la députée de Les Plaines
de déposer en Chambre, de déposer ce document qu'elle a pour qu'on puisse nous
aussi, les élus, en prendre connaissance puisque probablement qu'il y a des
éléments d'action que le gouvernement s'apprête à poser. Bien, on aimerait ici
en prendre connaissance puisque la motion, c'est exactement ça, c'est qu'on étudie toute la question et qu'on entende le
plus de personnes. Et d'ailleurs elle a mentionné qu'elle a fait de très belles rencontres avec des
organismes qui sont aussi cités dans la motion que j'ai présentée aujourd'hui,
des organismes comme, par exemple, Insertech Angus, et d'autres.
Bien,
c'est exactement ce que la motion propose. Au lieu que ces rencontres soient
faites seulement par des élus du gouvernement, bien, ce qu'on propose, c'est
d'entendre de façon large et publique, parce que c'est une question qui touche tout le monde, les experts, les
spécialistes, les organismes qui sont rencontrés actuellement par le
gouvernement. Mais pourquoi on ne veut pas nous faire bénéficier, de
nous éclairer sur cet enjeu qui peut être parfois complexe et technique, mais
qui est important pour tous les consommateurs, et les citoyens, et les
citoyennes, bien, de les inviter publiquement au lieu de simplement les
rencontrer en privé?
D'ailleurs,
je suis certaine que ça va être un exercice qui va plaire beaucoup aussi aux
députés du gouvernement. Je fais référence, par exemple, à la commission
sur le verre, sur la crise du recyclage du verre, qui a eu lieu après que j'ai déposé un mandat d'initiative, et qui a été
accepté par le gouvernement. Moi, je me rappelle très bien, et les élus de la
CAQ peuvent en témoigner, ceux qui ont
participé à la commission, à quel point ils ont appris beaucoup. Ils ont même,
sans devenir des spécialistes de la question
du recyclage du verre, bien, ils ont appris énormément, et ça a... vraiment,
ça a éclairé les élus. Et on voudrait vivre
la même chose, et c'est exactement ce que ma motion propose, de nous éclairer
sur ce dossier-là. Et je suis certaine que
ça va être un exercice qui va être important pour les citoyens et citoyennes,
mais aussi les élus, notamment du gouvernement, parce que ça serait
profitable pour eux.
D'ailleurs, peut-être
que, pendant cette commission-là, si le gouvernement... malheureusement, là,
j'entends qu'il a l'intention de voter
contre, mais le vote n'a pas encore eu lieu, donc je maintiens encore les
pressions pour qu'il puisse voter
pour. Bien, une des choses qu'on pourra apprendre, par exemple, c'est toute la
question de la garantie. On a cité
quelques éléments de la garantie dans la Loi de protection du consommateur,
mais on apprendrait, par exemple, sur comment...
qu'est-ce qui pourrait être amélioré et modifié. Par exemple, la députée de Les
Plaines a parlé de garantie de trois mois.
Vous
savez, en France, il y a tout un mouvement qui est porté, notamment par Les
amis de la Terre, qui appellent à ce
que la garantie soit prolongée jusqu'à 10 ans. Et ce n'est pas farfelu,
c'est un mouvement qui existe depuis de nombreuses années, et qui appelle à
cette augmentation de la garantie, et qui serait une des solutions possibles
pour régler le problème de l'obsolescence programmée.
Et pourquoi c'est un
élément important? Parce qu'un des chiffres aussi qui est mentionné, c'est que,
quand le produit, l'objet qu'on a, est sous
garanti, 80 % des gens, des citoyens dont l'équipement, par exemple, est
brisé, 80 % vont aller le faire réparer. Ça, c'est un chiffre qui
circule en France, mais qui aussi, je suis sûre, serait le même ici. Dès que la garantie est terminée, donc on parlait tout à l'heure de trois mois, d'un an, dès que la garantie est terminée, ce chiffre-là,
cette proportion descend de moitié, à
40 %. Donc, 40 % des gens sont prêts à faire réparer quand leur
produit n'est pas sous garantie.
Donc, ça serait des éléments qui ne sont pas contenus dans le projet de loi actuellement, mais qui pourraient être discutés et qui
pourraient être améliorés. Donc, c'est ce que la motion que je présente appelle
à faire, à avoir ces réflexions-là.
Il y a le député
de Richelieu qui nous a parlé aussi des voitures. Il a
mentionné l'exemple des voitures. Vous savez, puis il avait tout à fait raison, quand une pièce de notre voiture est
brisée, il n'y a personne qui va dire : Bien, je vais aller
m'acheter une nouvelle voiture. On ne va pas chez le concessionnaire s'acheter
une nouvelle voiture, on va chez le garagiste,
ce qui est tout à fait normal. Mais ça devrait l'être pour tous les
autres produits. On dirait qu'on a accepté que mon objet électronique ou électrique ne fonctionne pas, j'en achète un
autre, c'est tellement compliqué de le réparer, alors que les
gens sont prêts à faire cet effort-là.
Les députés de Richelieu aussi et de Chapleau
nous ont parlé qu'il faudrait sensibiliser les gens, qu'il faudrait les informer. On n'en est plus là. En fait, ça
serait plus, peut-être, les élus qui devraient être sensibilisés sur la
question par
ces experts parce que les gens, les citoyens, comme en témoigne la pétition,
eux, veulent... eux et elles veulent pouvoir trouver des solutions à l'obsolescence programmée et qu'on les aide.
Mais on ne peut pas, de façon individuelle, lutter contre l'obsolescence
programmée. On ne peut pas faire ça.
Donc,
je regarde le temps, il me reste quatre minutes, très bien. Donc, ça prend des
lois contraignantes. On ne peut pas être juste... on n'est plus dans la
sensibilisation, et c'est ce que les citoyens, c'est ce que les étudiants qui
ont travaillé sur le projet de loi, c'est ça
qu'ils demandent. Et, dans la motion que moi, je présente, ce n'est même pas
d'appeler le projet de loi. On a usé
de beaucoup de créativité à Québec solidaire pour trouver une façon d'amener le
gouvernement à l'action. Il dit qu'on
a le dossier en main, on va agir, mais comment? Je veux dire, il y a eu tout un
processus qui a été mené, qui a été
expliqué par ma collègue de Sherbrooke, qui a été fait de façon transpatisane.
Bien, il faudrait qu'on continue ce
travail-là avec le gouvernement puisqu'eux aussi, avec la députée de Les
Plaines, ont participé à ce processus-là. Mais il faudrait qu'on le
fasse ensemble, qu'on soit inclus. C'est ce que les gens attendent de nous.
Et
l'objectif, donc, de la loi, l'objectif derrière ça, puis c'est ce que les gens
veulent, c'est qu'au lieu d'acheter, quand
ton objet brise, on ne va pas sortir notre carte de crédit. Ce qu'on veut
sortir, ça serait nos outils pour que nos... par exemple, nos marteaux,
tournevis, etc., pour pouvoir réparer nos produits. Et, s'il y a des gens qui
ne sont pas des bricoleurs, comme moi, bien,
ça serait d'aller voir des réparateurs certifiés. Puis, on le sait, ça a existé
beaucoup dans le passé. Il y en a
beaucoup qui ont fermé boutique, mais ça renaît. Cette économie locale renaît.
Et, par exemple, en favorisant la lutte contre l'obsolescence programmée
avec un projet de loi comme celui-là, en écoutant les experts, bien, on va favoriser encore plus cette économie locale. Donc,
il y a des arguments pour l'environnement, pour la crise climatique,
mais il y a aussi des arguments économiques auxquels je ne peux pas croire que
le gouvernement est insensible.
Donc, vraiment ça
serait... je ne peux pas croire que cette motion-là, qui ne fait que demander
d'entendre des experts, d'entendre des
groupes que le gouvernement rencontre déjà, c'est ce qu'on apprend, il les
rencontre déjà en privé, je ne peux
pas croire que le gouvernement va refuser cette motion-là en disant : Mais
non, nous, on ne veut pas les entendre en
public, même si c'est un sujet qui intéresse beaucoup de gens, énormément de
gens, comme en témoignent les 45 000 signatures.
Les
jeunes, les jeunes qui ont participé, les étudiants qui ont participé à la
rédaction de ce projet de loi, qui ont mis
beaucoup de temps, beaucoup d'efforts, eh bien, je ne sais pas comment ils vont
percevoir ce message-là : Non, on ne
veut même pas entendre les experts nous en parler, alors que le gouvernement
nous dit qu'il veut agir, qu'il veut avancer. Mais pourquoi ne pas le
faire ensemble et compléter l'exercice transpartisan qui a été commencé?
Le ministre de
l'Environnement nous parle beaucoup d'économie circulaire. En ce moment, ce
terme-là n'est qu'un slogan. Il n'y a pas
d'action qui est posée. Accepter, même pas appeler le projet de loi, accepter
cette motion-là est une action pour
commencer à faire en sorte que l'économie circulaire devienne une réalité et
non seulement un slogan vide.
Donc,
moi, je suis confiante que les députés vont changer d'idée et le gouvernement
va changer d'idée et que cette motion... qu'ils vont voter pour cette
motion. Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Mercier.
Alors,
le débat est maintenant terminé. Et, conformément au règlement, je dois d'abord
mettre aux voix la motion d'amendement présentée par Mme la députée de
Saint-Laurent, avant de procéder au vote sur la motion principale.
La motion de Mme la
députée de Mercier se lit comme suit :
«Que
la Commission des relations avec les citoyens, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 197, Loi modifiant la
Loi sur la protection du consommateur afin de lutter contre l'obsolescence
programmée et de faire valoir le droit à la réparation des biens,
procède à des consultations particulières et tienne des auditions publiques le
mardi 21 janvier 2020 de
9 h 30 à [midi] et de 14 heures à 17 h 45 ainsi que le
mercredi 22 janvier 2020 de 9 h 30 à 12 h 30 et de
14 heures à 17 h 45;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les personnes et les organismes
suivants : Équiterre, l'Institut de l'environnement, du développement
durable et de l'économie circulaire, l'office de protection des consommateurs, M. Jonathan Mayer, chargé de cours à
l'Université de Sherbrooke — qui est d'ailleurs l'instigateur du projet
de loi n° 197 — et/ou la faculté de droit de cette université, M. Martin Masse, fondateur
de l'entreprise Zone Accro, Mme Agnès Beaulieu de l'insertec Angus, les amis de
la Terre de Québec, RECYC-QUÉBEC, front québécois pour la gestion écologique
des déchets, l'Association québécoise
Zéro déchet du Québec, le Bureau de normalisation du Québec, [ainsi que] le Chantier
de l'économie sociale;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires
répartie de la manière suivante : 5 minutes 34 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 43 secondes pour l'opposition officielle, 56 secondes au deuxième groupe
d'opposition, 56 secondes au troisième groupe d'opposition et finalement
51 secondes au député de Chomedey;
«Que la durée maximale de l'exposé de
chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de
35 minutes partagées ainsi : 16 minutes 15 secondes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
10 minutes 50 secondes pour l'opposition officielle,
2 minutes 43 secondes pour le deuxième groupe d'opposition,
2 minutes 43 secondes pour le troisième groupe d'opposition et
2 minutes 30 secondes pour le député de Chomedey;
«Que l'organisation des travaux soit
confiée au comité directeur de la commission, notamment l'aménagement de
l'horaire selon les éventuelles demandes de changements des personnes et des
organismes;
«Que
le député de Chomedey soit membre de ladite commission pour la durée du mandat;
et
«Que la ministre de la Justice soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Maintenant,
la motion d'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent se lit comme
suit : Que la motion de la députée
de Mercier soit amendée de la manière suivante : à la 10e ligne,
après le mot «suivants», ajouter les mots «, ainsi que tous ceux qu'elle
pourrait juger nécessaire de convoquer».
Alors, je
mets d'abord aux voix la motion d'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent
que je viens tout juste de lire et que... Cette motion est-elle adoptée?
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Désolée pour votre
voix et ces impacts, mais je ferais la demande de faire un appel par vote
nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Nous avons une demande
de vote par appel nominal. Et que les
députés soient appelés. Et je suspends nos travaux quelques instants... Oh!
Non, attendez, je vais trop vite, là. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Alors, je vous demanderais que ce vote soit reporté à demain, jeudi, s'il vous
plaît.
Votes reportés
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Alors, le
vote sera reporté à demain, jeudi, comme demandé par M. le leader
adjoint du gouvernement.
Alors, pour la suite de nos travaux, je vous
recède la parole, M. le leader adjoint.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite de nos travaux, je vous demanderais d'appeler
l'article 18 du feuilleton.
Projet
de loi n° 5
Reprise
du débat sur l'adoption
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, à l'article 18 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné
plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de loi n° 5,
Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres
dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux élèves
âgés de 4 ans.
Au moment de suspendre ce débat, Mme la députée de Verdun,
vous aviez la parole. Et il vous reste un temps de parole
de 8 min 30 s.
Mme Isabelle Melançon (suite)
Mme Melançon : Ça avait été un
90 secondes de pur bonheur, lorsque j'ai débuté, alors je vais continuer
sur cette lancée. Ce n'est pas moi qui le disais, Mme la
ministre, c'étaient vos collègues qui abondaient en ce sens.
Alors, j'ai dit au départ qu'il y a des gens de Verdun,
donc, pour qui je porte la voix ici, à l'Assemblée nationale, qui m'avaient fait la
mention : Mais que feront les enfants durant l'été? C'est une véritable
préoccupation pour les parents. Je
sais qu'il y a plusieurs élus au salon bleu qui ont des jeunes enfants et qui
se cassent la tête lorsque la belle saison arrive. Et je dois faire amende honorable, Mme la
Présidente, puisque j'ai parlé des mères qui m'avaient écrit. J'ai aussi des
papas qui ont écrit et qui me l'ont
rappelé tout à l'heure, dont Éric, que je salue, qui a dit : Bien, moi
aussi, chère députée, on en avait
discuté ensemble. Alors, je fais amende honorable en ce sens. Et c'est une
véritable préoccupation qu'ont de nombreux parents, donc, avec le projet
de loi n° 5.
Mais, pire encore, et je vais abonder dans le même sens que
le député de Rosemont un peu plus tôt, dans le même sens, bien sûr, que la députée de Saint-Laurent,
ma collègue, le véritable problème, sur le projet de loi n° 5, c'est que
le ministre avait un fardeau qui
était très lourd. Dans le fond, la mission qu'on lui a demandée, c'est de
vendre aux Québécois et aux
Québécoises une idée, l'idée de faire des places, des classes pour la
maternelle quatre ans sur une base universelle, 5 200 classes,
et 5 200 classes à un coût très élevé. Puis, en plus d'ajouter à ce
fardeau-là, qui était déjà très lourd, on a dit : Il faut que tu sauves la job du premier ministre,
parce que c'est ce à quoi s'est engagé le premier ministre lors d'un débat télédiffusé,
heure, donc, de grande écoute, où tous les Québécois étaient devant le
téléviseur.
Si les 5 200 classes avaient été véritablement à
122 000 $ la classe, déjà la facture était très élevée, mais on a
appris, lors de l'étude de ce projet
de loi, qu'il y avait des gros manques. On est passé, donc, de
122 000 $ la classe à 800 000 $ la classe, ce n'est pas... — honnêtement, là, je suis très heureuse de
faire le budget, chez nous, puis que ce ne soit pas le premier ministre qui le fasse, parce qu'on serait dans le
trou — à
1 million de dollars la classe. C'est allé jusqu'à 2 millions de
dollars la classe, Mme la Présidente, c'est 16 fois plus élevé.
Pire encore, on a appris ici, au salon bleu... C'est le
premier ministre qui l'a dit très candidement, et je vais ouvrir les guillemets, Mme la Présidente, si vous me
permettez : «...j'ai été ministre de l'Éducation — c'est le premier ministre qui parle — pendant
trois ans[...]. [Puis-je] vous dire [quelque] chose : en moyenne, [...]une
classe au Québec, ça fait longtemps que ça
coûte [...] 800 000 $...» Qu'est-ce qu'il a dit aux Québécois en campagne
électorale? 122 000 $ la classe. Ça, c'est comme quand le premier
ministre allait se promener dans la région de Drummond—Bois-Francs pour dire : Honnêtement, là, un CIUSSS, en Mauricie, c'est ingérable;
on va vous en donner un, de votre côté, dans le Centre-du-Québec, vous allez avoir votre CISSS, parce que ça n'a pas
de bon sens. Puis il s'est fait élire là-dessus dans Drummond—Bois-Francs, dans le Centre-du-Québec. Bien, le premier ministre a fait exactement la
même chose avec les maternelles quatre ans. Il savait très bien, il savait pertinemment que ce
n'était pas 122 000 $ par classe, et on a fait... on a voulu faire avaler
cette couleuvre-là aux Québécois. Je trouve ça désolant.
Si c'était juste... Puis déjà c'est immense, là.
Imaginez-vous le trou béant que ça va créer, là, dans les finances
publiques. Imaginez, on est passés de 2 500 classes... on a divisé
par deux, on a dit 2 600, là, parce qu'on ne sera pas capables, là, d'arriver à ce qu'on avait promis, là, ce sur quoi le
premier ministre s'est engagé lui-même. Bien, savez-vous quoi, Mme la
Présidente? On n'est plus à 2 600, on est rendus à 1 256 classes.
• (17 h 10) •
Et je veux être bien claire, puis je vais parler à mes gens
de Verdun, actuellement, là : de notre côté, là, on n'est pas
contre les maternelles quatre ans. D'ailleurs, j'en ai, des maternelles quatre
ans. Je vais donner l'exemple de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, là, où on a des
maternelles quatre ans dans un milieu défavorisé, qui fait très, très bien le travail. Nous, on est dans le libre choix
et on a toujours prôné pour le libre choix. Actuellement, là, à Verdun, là,
j'ai un manque de places pour des CPE et
j'ai Pause parents-enfants qui essaie actuellement, qui essaie actuellement,
là, de trouver une façon d'acheter
des terrains. À Verdun, là, il n'y en a pas, de terrain, Mme la Présidente, on
essaie de voir comment est-ce qu'on
peut acheter des bâtisses. Savez-vous, actuellement, combien ça se vend? Il n'y
a pas un CPE qui est capable de dire
: On va faire un plan, là, puis on va arriver par le nombre de places avec ce
qu'on nous donne en argent. Bien, actuellement, le gouvernement, là,
préfère mettre beaucoup d'argent en infrastructures, dans des maternelles quatre ans, pour s'assurer que le premier ministre
puisse comme garder son emploi, parce qu'au final il s'est engagé sur quelque chose qu'il ne livrera pas. Comment
va-t-il expliquer ça aux Québécois? Je lui laisse à lui la façon de s'expliquer
parce que c'est inexplicable. Parce qu'il le
savait, puis c'est lui-même qui l'a dit au salon bleu, ça fait que c'est
enregistré. Mais, pire encore,
pendant qu'on est en train de débattre de ça, moi, j'ai des enfants qui n'ont
pas de place dans des CPE à Verdun puis j'ai des gens qui essaient de se
casser la tête.
Donc, on met de l'argent en infrastructures mais pas
d'argent en services. On met de l'argent à des endroits où les parents ne veulent même pas de maternelle quatre
ans. Il y en a plein, de sondages. Vous qui aimez ça, j'imagine que vous
allez les regarder, que vous allez
comprendre. Mais on est rendus à l'adoption. Si seulement le ministre n'avait pas écouté les gens de New York, de Toronto qu'il a fait venir à nos frais, nous,
les contribuables, pour pouvoir entendre ce qui lui voulait entendre et non pas entendre ce que les
spécialistes voulaient dire! Si seulement on avait pris un peu de temps! Si seulement...
Ah! Bien, je vois le député de Richelieu qui a envie de... On pourra en discuter
peut-être par la suite. Mais, de mon côté, Mme la Présidente, je veux juste vous dire, les gens à Verdun qui sont à l'écoute savent très bien
de quoi il est question, connaissent les problèmes qu'on a actuellement à Verdun pour pouvoir, justement, trouver des places en CPE. Les parents ne vous suivent même pas sur ce projet de loi là. Mais, bon, bref, semble-t-il que la parole des citoyens,
pas trop important.
Donc, en plus
de ne pas remplir son engagement, on a vu le vrai visage, je dirais
ça comme ça et du premier ministre
et de l'équipe gouvernementale sur un projet de loi qui est important, c'est un projet de loi n° 5. Et nous voterons donc contre, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup. Je suis désolée, je sais que vous disposiez d'un
temps de 10 minutes, mais vous aviez déjà 90 secondes de
passées. Alors, merci beaucoup, Mme la députée de Verdun. Maintenant,
je vais céder la parole à Mme
la députée de Gaspé. Et vous disposez
d'un temps de parole de 10 minutes.
Mme Méganne
Perry Mélançon
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme
la Présidente. Alors, il s'agit de ma troisième intervention en Chambre sur le projet
de loi sur les maternelles quatre
ans, et je trouve ça encore très pertinent de me lever pour dénoncer ce projet
que... bon, je ne mâcherai pas mes mots, là,
que je considère brouillon, parce
qu'on ne connaît toujours
pas le plan d'action qui sera déployé et quel genre d'encadrement qui sera envisagé par le gouvernement pour le déploiement des classes qui est
prévu dans l'ensemble du Québec.
Je tiens à
débuter mon intervention d'abord en parlant d'un dossier qui fait manchette actuellement dans mon comté, celui du
manque de places dans les CPE. Et là c'est très en lien avec le projet de loi sur les maternelles quatre ans, donc c'est pertinent dans cette intervention-ci, parce que,
pas plus tard qu'hier, je réagissais dans les différents médias de ma région
sur le manque de places en CPE pour tout le
comté de Gaspé et je faisais allusion à la triste méconnaissance du ministre de
la Famille sur les besoins, qui ne
sont toujours pas satisfaits actuellement chez nous. Parce qu'il
faut dire que le ministre a donné une entrevue hier dans laquelle il
disait : Non, il y a un équilibre entre la demande et le nombre de
places en CPE chez vous. Eh bien,
moi, je peux vous dire que son ministère ne possède vraisemblablement pas les
bonnes données, parce qu'on est en contact direct avec les directions
des CPE, et voici le portrait.
Pour les
places 0-5 ans, les directions nous ont donné les chiffres actualisés, on
parle que certains enfants ont déjà une place en milieu familial mais ne sont même
pas considérés dans les chiffres sur la liste d'attente. On nous dit qu'il y a 40 places
en milieu familial qui seraient disponibles, selon le permis du ministère,
mais qu'il n'y a pas de relève dans les milieux familiaux, alors ces places-là n'existent
pas en réalité, donc, qui sont considérées dans les chiffres du ministre de
la Famille quand il s'adresse aux
médias locaux chez nous. Mais, même si on ne prend pas ça en compte, les
63 places en milieu familial, il y a quand même 175 enfants
qui seraient toujours sur une liste d'attente actuellement.
Alors, j'aimerais connaître un peu quelles sont
les connaissances du ministre de la Famille sur les réalités de ma région. Il
vient d'une région, mais j'ai l'impression que, pour lui, la notion de distance...
Dans une région aussi étendue que la
Gaspésie, tu ne peux pas envoyer des enfants de la ville de Gaspé à New
Richmond, à Paspébiac ou à Maria, en Gaspésie, parce qu'eux autres on
vient de leur annoncer des places dans leurs CPE en début de mois.
Donc, quand le ministre de la Famille
vient dire qu'il y a une balance, il y a un équilibre entre la demande et le
nombre de places en CPE sur le territoire de
la Gaspésie ou dans mon comté, chez nous, eh bien, je dois malheureusement lui
dire que ses chiffres ne sont pas bons et que je l'invite à revoir ses données
et sa cartographie qu'il a faite au début, parce que le problème semble se répéter ailleurs, Mme la Présidente. La
mairesse de Rivière-du-Loup a fait une sortie le 16 octobre dernier pour sensiblement la même chose. Elle
interpelait son député, qui vient de la CAQ, pour faire pression sur le
ministre de la Famille, qui ne se fie pas aux bonnes données pour leur région
non plus.
Donc,
sachant que les besoins sont immenses à l'échelle du Québec pour les places en
CPE et qu'on dépense une fortune pour le projet des maternelles quatre
ans, elle est où, la notion de libre choix dont faisait mention le ministre de l'Éducation? On octroie toutes les ressources
du réseau de l'éducation dans les maternelles quatre ans, on demande même aux commissions de faire la promotion du
projet pour attirer plus d'enfants dans les classes, on fait venir des experts
new-yorkais pour se porter à la défense du
projet, on se promène avec le ministre de l'Éducation français, qui est
favorable au projet, mais on visite des écoles privées, sans compter que
les Français n'ont aucun modèle semblable à nos CPE chez nous et qu'ils sont en
train de rendre obligatoire la maternelle à tous les petits de trois ans. Elle
est où, la limite, Mme la Présidente? La CAQ
ne considère pas l'importance pour les enfants de s'épanouir avant d'emprunter
le long parcours scolaire qu'on connaît?
Maintenant,
sur le plan de la faisabilité, dans le contexte actuel de notre réseau de
l'éducation, au Québec, ce projet de
loi là, il ne tient tout simplement pas la route. D'abord, les coûts liés au
déploiement des classes et la construction de nouvelles infrastructures sont faramineux. Les écoles manquent de
locaux. Il y aurait environ 700 locaux vides au Québec actuellement, et ce ne sont pas tous des locaux
qui sont adaptables pour les besoins des tout-petits. La CAQ avait ou a encore
un objectif de 2 600 classes de
maternelle quatre ans, il faudra donc investir dans la construction de
1 300 classes, Mme la Présidente,
qu'en connaissant l'état de nos écoles, au Québec, je ne peux pas croire qu'on
va construire des classes pour un projet qui n'est pas souhaité par les
parents du Québec.
• (17 h 20) •
Le
projet de loi n'est pas réalisable aussi parce qu'on est en pleine pénurie
d'enseignants. Pourquoi les maternelles quatre ans, eux autres, seraient épargnées par cette pénurie-là? Je me
pose la question. Et est-ce qu'on est en train de nous dire... La véritable
question, c'est : Est-ce qu'on est en train de nous dire qu'on va vider
les CPE de leurs éducateurs pour aller
enseigner dans les écoles? Ça, c'est un scénario que beaucoup appréhendent dans
le réseau de la petite enfance. En plus, pour avoir parlé à plusieurs
enseignants du niveau primaire, ils m'ont confié ne pas avoir reçu la formation
nécessaire à l'université pour
s'occuper d'enfants aussi jeunes, d'autant plus que les ratios annoncés dans le
projet de loi sont très élevés, on
parle d'une moyenne d'un enseignant pour 14 enfants, mais ça, ça nous fait
aller jusqu'à, pour certaines classes, un ratio d'un enseignant pour 17 enfants, ce qui n'est vraiment pas
préconisé par les gens qui sont experts en la matière, alors que
nos éducateurs et éducatrices à la petite enfance, eux, ont reçu la formation
adéquate, sont des experts de leur milieu. Puis on sait à quel point c'est un travail qui est exigeant et qui
demande des compétences accrues, Mme
la Présidente. Alors, j'aimerais beaucoup qu'on revalorise
cette profession, plutôt que de leur enlever une partie des jeunes avec
lesquels ils travaillent et desquels ils prennent déjà vraiment bien
soin.
Alors, la détection
des problèmes d'apprentissage, pour moi et pour bien d'autres qui le démontrent
dans les études, elle se fait déjà bien à l'intérieur de nos CPE, puis ça
aurait coûté pas mal moins cher à l'État de déployer des ressources
additionnelles pour dépister les troubles de développement chez nos
tout-petits.
Là,
je pourrais continuer encore longtemps sur le thème de la non-faisabilité, Mme la Présidente. Je pourrais parler, d'ailleurs,
du transport scolaire. Allons-nous laisser nos enfants embarquer dans des
autobus jaunes avec les grandes marches,
avec le chauffeur qui doit garder l'oeil sur la route, s'occuper des jeunes?
Tout l'aspect sécuritaire, c'est très préoccupant. Il y a aussi les
cours d'école. Les cours d'école sont très grandes, ne sont pas adaptées pour
des jeunes de cet âge-là, et surtout il y en
a plusieurs qui sont en très mauvaise condition, Mme la Présidente. Sans parler
du problème que ma collègue de Verdun
mentionnait juste avant moi. Qu'est-ce qu'on fait avec ces jeunes-là durant la
période estivale? On a reçu quelqu'un
qui nous a éclairés en commission
parlementaire, qui se trouve à être
le maire de Gaspé. Il nous dit : Les camps de jour, chez nous, sont en
mode survie, ont de la difficulté à maintenir leurs services, et on va leur
envoyer, en plus de ça, des jeunes de
quatre ans quand ils sont... quand les services sont offerts par des jeunes du
secondaire? Alors, pour moi, ça ne fait absolument aucun sens.
Alors,
bien, là je me sens pressée un peu dans le temps, mais je vais tout simplement
conclure. Mme la Présidente, je suis déçue qu'après toutes ces interventions de
l'opposition, des experts, durant les consultations, après les
arguments solides amenés par ma
collègue de Joliette durant toute l'étude du projet le gouvernement, il ne bronche pas d'un poil, il
n'écoute pas les recommandations et s'enligne toujours droit dans un mur.
Donc, après le démantèlement du réseau de la santé, on assiste maintenant au démantèlement du réseau de l'éducation, du
côté de la CAQ, et puis ça, le Parti
québécois n'adhérera jamais à ça, Mme la Présidente, et c'est pourquoi
nous voterons contre le projet de loi n° 5.
Et, quand je parlais,
tout à l'heure, d'experts en consultations, eh bien, on a des gens très
compétents. M. George Tarabulsy,
professeur de psychologie à l'Université
Laval, qui affirme qu'il n'y a rien
qui nous permet d'affirmer que les
maternelles quatre ans est plus efficace que les CPE. Alors, il vaut mieux
évaluer rigoureusement les impacts, ce qui n'est pas fait chez la CAQ
présentement. Il n'y a aucun plan d'action, Mme la Présidente, aucun plan pour
tout le déploiement des maternelles, chose
qu'on demande ici depuis toujours, là, depuis le début du dépôt du projet de loi. Et, bien évidemment, il faut arrêter de se fier à des modèles
qui ne sont pas semblables, là. L'Ontario, New York, on n'a pas ces modèles de CPE là, donc, effectivement, on ne peut pas se fier au projet de maternelles quatre ans
ailleurs, et voilà. Donc, plus de rigueur.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Gaspé. Maintenant,
je vais céder la parole à M.
le député de Marquette. Et vous disposez, vous aussi, d'un temps de parole de
10 minutes.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai pris la parole durant la prise en considération
et j'ai parlé un peu plus largement, là, du contexte, justement,
des maternelles quatre ans, à l'effet qu'on se retrouve ici aujourd'hui à cause d'une promesse du premier
ministre à l'effet qu'il voulait
mettre de la maternelle mur à mur, la maternelle
quatre ans universelle. Et c'était vraiment
une promesse électorale. Non
seulement c'était une promesse
électorale, Mme la Présidente,
mais c'était... il avait mis son siège en jeu également.
M. le premier ministre, qui est un... il dit à qui bien veut l'entendre
que c'est un homme de parole, qu'il va respecter tous ses engagements et toutes ses promesses, je doute fortement, Mme la Présidente, qu'il va garder cette promesse-là parce que, justement, quand
tu mets ton siège en jeu parce que tu dis que tu vas annoncer
5 000 classes de maternelle quatre ans, et qu'aujourd'hui on a
descendu ça à peu près à 1 200 classes au Québec, évidemment, la
définition, tout simplement, Mme la
Présidente, c'est qu'on n'a pas
respecté cette promesse-là. Et j'ai comme l'impression que ce sera une promesse que M. le premier ministre ne
respectera pas, parce qu'il va rester en Chambre, ici, pareil, il ne quittera pas son siège.
Je vais
parler un peu plus de mon comté, Mme la Présidente, justement, en référence aux
maternelles quatre ans, parce que ma
collègue de Verdun en a parlé, la collègue de Gaspé également en a parlé, a
parlé de sa circonscription. C'est vrai
que, si on regarde sur un aspect plus large les maternelles quatre ans, il y a
des enjeux, mais en même temps il y a des enjeux qui touchent les
circonscriptions qui ne sont pas tous les mêmes. Chez nous, à Dorval, il y a
six CPE, quatre garderies. À Lachine, il y a
six CPE, 17 garderies. Il y a des maternelles quatre ans aussi au
Jardin-des-Saints-Anges, dans un
milieu défavorisé. C'était ça, l'optique, Mme la Présidente, du précédent
gouvernement, d'amener des maternelles quatre
ans dans des zones un peu plus défavorisées, parce qu'on voulait donner une
chance, justement, à tous les enfants d'être
capables d'avoir un développement au même niveau. Ce n'est pas toujours évident
quand des enfants vivent avec une
maman ou un papa monoparental, où on doit travailler, où on n'est pas capable
nécessairement... on n'a pas les sous pour
être capable de sortir nos enfants de la maison et faire des activités où il va
y avoir du développement, à l'extérieur des CPE ou même des garderies, alors, avec des maternelles quatre ans,
on était capable d'amener nos enfants là-bas et espérer, justement, un
développement normal.
Moi, il y a un élément qui était impossible, il
y a un élément qui me dérange énormément... Parce que moi, chez nous, dans mon comté, comme je vous ai
mentionné, Mme la Présidente, on a des infrastructures au niveau des CPE
et des garderies qui sont exceptionnelles,
qui sont exceptionnelles. Le développement est extraordinaire également. Les
gens qui sont là ont à coeur les jeunes, la
sécurité des jeunes, prendre soin des enfants. Et là ce qu'on vient faire,
c'est qu'on vient mettre ces groupes-là,
les CPE, qui ont fait leurs preuves, qui ont fait leurs preuves, vraiment qui
font en sorte que... Les CPE, on est
devenus ici, au Québec, des pionniers, parce qu'on a commencé avec un système
qui était capable d'aider les
parents, un système qui était quand même très abordable pour donner une chance
aux parents d'aller gagner leur vie. Et là on met deux systèmes vraiment en
compétition. Non seulement on les met en compétition, mais là on vient se chercher... on vient se voler des
éléments, on vient se chercher des gens, parce qu'il y a des garderies privées
aussi, dans ce milieu-là, en plus des
CPE. Et là ce qu'on vient faire, en
plus, c'est parce que, là, le ministre... qui dit : Bien là, on va les prendre tôt, alors on va mettre des professionnels
dans les classes de maternelle quatre
ans. Mais là il y a
une pénurie de main-d'oeuvre. On n'est pas capables de trouver les enseignants, justement,
pour enseigner à nos petits bouts de chou dans les maternelles quatre
ans. Alors, qu'est-ce qu'on va faire?
C'est qu'on va aller chercher, on va voler des éducatrices dans des CPE, qui ne sont pas nécessairement
formées pour donner le programme dans une école, mais on va le faire pareil,
on le fait pareil. Et là c'est que ça met...
ça crée une anxiété, ça crée une angoisse envers les dirigeants de ces CPE là,
parce qu'on veut garder nos employés.
Les garderies privées, eux autres, veulent garder leurs petits bouts de chou
avec eux autres, parce que, quand même,
tu développes une certaine affection avec tes jeunes. Et on sait fort bien que...
Plusieurs l'ont dit,
là, je pourrai y revenir un peu plus tard, là, si le temps me le permet, mais plusieurs
ont dit qu'on a besoin de stabilité, dans la vie d'un petit bout de chou
de quatre ans.
La raison,
une des raisons principales, Mme la
Présidente, que le ministre
et le premier ministre a dit en campagne
électorale, c'est qu'il faut les prendre tôt, il faut les prendre tôt. On en
convient, les spécialistes le disent, il faut les prendre tôt. Cependant, comment on a fait pour arriver avec le quatre
ans? Parce que les spécialistes nous disent : Quatre ans, il est déjà trop tard. Alors, on crée
des maternelles quatre ans pour justement les prendre plus tôt, leur donner des professionnels
adéquats pour justement déceler des problèmes de développement chez ces
enfants-là, mais il est déjà trop tard, il
est déjà trop tard. Alors, pourquoi qu'on les met... Si jamais, justement, on veut prendre ces jeunes-là
très tôt, il y a déjà un système qui a fait ses preuves, qui est
extraordinaire, qui s'appelle les CPE. Pourquoi ne pas justement développer un
programme pour aller faire le tour des CPE, en collaboration avec les
éducatrices qui sont là, pour travailler
avec ces enfants-là? Parce qu'on le sait fort bien : dans des CPE, Mme la
Présidente, plusieurs sont pas mal jeunes que quatre ans, ils sont plus jeunes que quatre ans, alors on est
capable de travailler, on est capable de déceler des... la problématique
chez ces jeunes-là.
• (17 h 30) •
Moi, je lève
mon chapeau aujourd'hui, justement, à toutes ces éducatrices-là et ces
éducateurs-là qui travaillent dans des CPE. Ce n'est pas évident, Mme la
Présidente, de travailler avec des enfants de jeune âge. C'est des enfants qui viennent d'un peu partout, ils sont tous
élevés de façons différentes. Chez nous, à la maison, Mme la Présidente, vous
avez des enfants, quand on en a deux en bas
âge, même si c'est nous qui les a élevés, on a de la difficulté, on manque de
patience parfois, et, ces jeunes femmes là
et ces jeunes hommes là, à chaque matin on se lève avec une mission de prendre
soin de nos petits bouts de chou et de les
développer, parce qu'on le fait par le jeu, bien entendu, mais en même temps
il y a des programmes de développement qui
sont extraordinaires, dans des CPE. Alors, je veux juste mentionner que,
du côté ici du salon
bleu, on a à coeur les CPE, on comprend ce que les CPE font. Et je prendrai
l'occasion, justement, de le
mentionner, ma soeur Nicolina qui est directrice, Mme la Présidente, dans une
école pour un CPE, qui fait un travail remarquable, qui a à coeur ses enfants,
elle s'en est approprié, tous les enfants qu'elle a sous la main lui
appartiennent. Et je prends cette occasion-là, justement, pour la
féliciter, et lui dire de ne pas lâcher, et de lui dire également qu'elle est
courageuse.
Je tiens également à
féliciter le quatuor de femmes qu'il y avait sur cette commission-là, qui a
fait un travail remarquable. Je ne veux pas
les nommer, là, parce que
je ne veux pas... Si j'en oublie une, je vais m'en vouloir le restant de la
soirée, Mme la Présidente. Il y a eu quelques gains, quelques gains, notamment
dans les milieux défavorisés. Ils ont priorisé
le... priorisé sur — excusez-moi — le
déploiement. Sur les enfants handicapés également, on va continuer
d'être capable d'avoir un temps
partiel aussi. Parce qu'on
voulait l'enlever, alors on l'a gardé, on s'est battus. Au niveau des rations aussi, un pour 10, ça a été dur, mais en même temps il y a eu de l'ouverture. Et j'espère seulement
que le ministre, qui a décidé justement
de recevoir cet amendement-là, ne l'a pas fait parce qu'il était agacé de se
faire constamment challenger par les femmes
députées qui ont à coeur ces jeunes-là. La reddition de comptes du ministre,
Mme la Présidente, ça, je pense que c'est un enjeu qu'il était
important d'avoir parce que, quand on prend des décisions... Puis, quand
qu'on prend des décisions parce que,
justement, on veut seulement remplir une promesse électorale, et on sait qu'en
bout de ligne, et ça, ça vient de la
bouche du premier ministre, là, c'était initialement supposé coûter 122 000 $ et que le 2 millions de dollars est sorti de la bouche du président...
du premier ministre, Mme la Présidente, c'est inquiétant. Alors, l'ajout,
justement, d'une reddition de comptes du
ministre à chaque année va être capable de nous montrer et va être capable,
finalement, de réaliser que les maternelles quatre ans, ce n'était
peut-être pas la meilleure solution et que, du côté, ici, du salon bleu, on ne
s'est pas élevés pour rien. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Marquette. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Rimouski.
Vous disposez, vous aussi, d'un temps de parole de 10 minutes.
M.
Harold LeBel
M. LeBel :
Merci, Mme la Présidente. Je pense que j'en ai déjà parlé ici il y a plusieurs
années, du temps que j'avais des cheveux.
J'étais chef de cabinet du ministère de... — ça fait longtemps, hein? — j'étais directeur de cabinet de la ministre de la Famille, la députée de Lévis,
Linda Goupil, et j'étais passé, je me souviens, du développement des régions
aux CPE, des CLD aux CPE. Vraiment, au début, je ne connaissais pas trop le
système, mais, les centres de la petite enfance, là, quand tu vois comment ça
fonctionne, puis quand tu vois les services qu'ils donnent, les services
éducatifs, avec des gens formés et
compétents, la formation continue, qui vont chercher les meilleures méthodes au
monde, un système qui est envié par
d'autres dans le reste du Canada, qui est envié dans d'autres pays aussi, quand
tu regardes ça, tu dis : Wow!
Quel système! Puis, quand tu regardes aussi comment les gens se mobilisent pour
monter un CPE... Tout le monde le sait, dans vos comtés vous en avez aussi,
mais c'est se mobiliser, trouver de l'argent, trouver le local, impliquer les
parents. C'est toute une démarche. Tu n'arrives pas un matin, tu bâtis un CPE,
puis c'est comme si c'est réglé de même. Il y a toute une démarche de
mobilisation citoyenne.
D'ailleurs,
les CPE, si le gouvernement du Parti québécois a amené les CPE, il faut donner
quand même le crédit aux groupes
citoyens. Parce qu'avant les CPE c'étaient des garderies communautaires. Les
gens avaient commencé à se mobiliser.
Ce que le gouvernement du Parti québécois a donné, c'est une impulsion en
reconnaissant cette formule-là. Et depuis
ça a fait ses preuves. Et aussi, ceux qui travaillaient dans les garderies
communautaires, au tout début, on les appelait les gardiennes. Je ne sais pas si vous vous rappelez de ça, c'étaient
les gardiennes. Et ça a été toute une bataille de finir par se faire appeler des éducatrices parce qu'on
les considérait comme des gardiennes, elles gardaient des enfants. Mais ce
n'est pas ça, puis on le sait aujourd'hui, que ce n'est pas ça. Les éducatrices
en CPE, c'est des gens qui prennent un service essentiel.
Puis les CPE, ce que
ça a permis aussi, puis ce n'est pas pour rien que beaucoup de municipalités se
sont dit : Ça m'en prend un, ça m'en
prend un, ça a permis à des femmes d'aller sur le marché du travail, ça a aidé
l'économie de plusieurs villes,
plusieurs régions, et c'était important. Et ça nous permet aujourd'hui dans...
Moi, je le vois à Rimouski. Il y a des gens qu'on doit amener travailler
à Rimouski, ils veulent venir s'installer à Rimouski pour travailler dans la
recherche maritime, travailler à l'université, travailler dans des usines,
travailler pour la ville, mais c'est des jeunes familles qui veulent venir s'installer, puis ils ne peuvent pas venir
s'installer parce qu'il n'y a pas de services de garde assez, il n'y a
pas de CPE assez, il n'y a pas assez de places en CPE.
Et
tout le monde se mobilise, tu sais, à Rimouski : La pénurie de places
en garderie s'aggrave à Rimouski. «De plus en plus de parents rimouskois ont de la difficulté à trouver une
place en garderie pour leurs enfants. La pénurie de places touche autant les centres de la petite
enfance que les garderies en milieu familial, au point où des parents remettent
en question leur retour sur le marché du
travail.» Dans une région où on manque de main-d'oeuvre, c'est important. Je
regarde le ministre de l'Emploi puis de la Solidarité sociale, il doit trouver
ça important, lui, il veut s'assurer que le monde soit à l'emploi. Bien, c'est
sûr qu'il y a un lien avec les places en CPE pour qu'il réussisse à livrer sa
mission.
Et
ce n'est pas pour rien qu'à Rimouski... ce n'est pas juste les parents qui se
sont mobilisés pour avoir plus de places,
c'est le monde économique aussi, tu sais? Le maire s'en est mêlé, les agents
de... développement économique s'en est mêlé, parce que ça fait partie
d'une stratégie pour amener du monde travailler à la ville, dans Rimouski.
Même
chose à Rivière-du-Loup. À Rivière-du-Loup, ça a même fait l'effet d'un débat
au conseil municipal, la mairesse qui
dénonce les chiffres que le gouvernement a amenés, qui trouve qu'il manque
beaucoup plus de places que ça. Il faut avoir beaucoup plus d'ambition
pour avoir des places en CPE à Rivière-du-Loup. C'est une ville qui se
développe, c'est une ville qui a besoin de main-d'oeuvre, et la main-d'oeuvre
n'arrivera pas...
Je
fais une parenthèse. Du temps que j'étais au cabinet, une entreprise importante
à Rivière-du-Loup, Premier Tech, qui
devait amener beaucoup de jeunes familles, bien, Premier Tech s'est mobilisée,
avec le ministère, avec les citoyens, pour
réussir à avoir un CPE dans l'entourage, dans le parc industriel, pour que les
gens puissent aller travailler. Ça démontre l'importance de ces places. Bien, à Rivière-du-Loup, la mairesse exhorte
le gouvernement à bouger, à revoir ses chiffres, à faire en sorte qu'il
y ait, dorénavant, plus de places en CPE pour sa ville.
Dans
Kamouraska, dans Kamouraska, «une femme de Saint-Alexandre-de-Kamouraska lance
une pétition pour dénoncer le manque de places dans les services de
garde de la région.
«Andrée-Anne Chamberland se retrouve
actuellement sur la liste d'attente d'une trentaine de services de garde privés et publics. Elle doit retourner au
travail en avril, mais elle craint de devoir repousser son retour sur le marché
du travail faute de place pour son enfant dans une garderie.
«Avec mon conjoint, on est rendus à se demander
qui d'entre nous [...] devra quitter son emploi.
«Au cours [de
la dernière semaine], elle a interpelé le ministère de la Famille pour savoir
si elle était [...] seule dans cette situation. Elle dit s'être fait
répondre qu'il n'y avait pas de pénurie dans la région.»
Bien, il y en
a une, pénurie : Kamouraska, Rivière-du-Loup, même chose pour Rimouski,
même chose pour Matane. Dans une région qui a besoin d'emplois, on a besoin de
notre monde, qu'ils soient en emploi, puis on a besoin d'attirer des
nouvelles familles.
• (17 h 40) •
Une région,
je le dis souvent, qui a une personne sur quatre qui a 65 ans et plus,
bien, on a besoin que des familles viennent
s'installer. Puis, pour que les familles viennent s'installer, on a besoin de
services de garde, on a besoin des CPE. Et là ce qu'on a devant nous, c'est un gouvernement qui s'enligne
tête première dans des maternelles quatre ans puis qui... Pendant
ce temps-là, il y en a une, solution, c'est continuer à soutenir les centres de
la petite enfance, permettre la construction
des centres de la petite enfance, répondre aux besoins des gens, puis répondre
aux administrateurs des CPE,
qui sont prêts à offrir plus de places.
Mais, plutôt qu'on fait ça, le focus,
l'entêtement, c'est sur les maternelles quatre ans. Et pourtant personne
ne demande les maternelles quatre ans,
là. La pétition, ce n'est pas pour les maternelles quatre ans. À Rimouski,
ils ne se battent pas pour avoir des
maternelles quatre ans. À Rivière-du-Loup, la mairesse n'a pas dit :
Amenez-moi des maternelles quatre ans.
Ce qu'elle a dit : C'est des CPE que j'ai besoin, des places en CPE. Mais
non. Je ne sais pas, ils n'entendent pas
la même langue que nous autres, je ne le sais pas trop, là, à la radio, ça ne
passe pas de la même façon, quand on dit «CPE», ils entendent «maternelle quatre ans», je ne le sais pas.
Mais ce n'est pas ce que les gens demandent sur le terrain.
Puis, l'autre
chose où, là, je vais surveiller ça de proche, je n'ai pas les confirmations
exactes, mais, à Rimouski, on a
annoncé... l'ex-gouvernement a annoncé la construction d'un lab-école, un
lab-école qui est important pour nous autres.
Tout le monde est fier qu'on ait ça à Rimouski. Mais là on vient de changer la
donne, parce qu'il faut absolument rajouter
quatre classes de maternelle quatre ans. Le projet, il vient de changer.
Et ce que j'entends, c'est que les classes, c'est 800 000 $ chacune. Le projet, là, vient de grimper de
3,2 millions de plus. Avec ces
3,2 millions, là, il me semble
qu'on aurait pu répondre à des places en CPE
à Rimouski, on aurait pu répondre à d'autres places. Mais,
non, on s'entête à modifier un projet de lab-école qui est très précis. Il
y a un carnet de charges très précis pour le lab-école, on vient rajouter... on
veut y rajouter quatre classes qui vont coûter très cher, parce que... — puis
là les chiffres ont changé souvent — très cher, et qui va faire en sorte que
l'argent va être mis là, dans cette idée-là, et non sur des nouvelles places
en CPE. Ce qu'on me dit, 800 000 $
par classe, 3,2 millions de plus : trois CPE qu'on aurait pu mettre
en place, puis avec beaucoup de... avec les jeunes qui pourraient avoir
des places en CPE.
Puis l'autre
élément, puis là le ministre de l'Éducation doit trouver ça important aussi,
c'est que le lab-école, c'est un concept, et là rajouter quatre classes, ça
change tout le concept. Et on parle d'un concept de lab-école qui était prévu
au début, qui vient de changer et qui ferait
en sorte qu'on n'attendrait pas ou on n'aurait pas les objectifs qui étaient
prévus pour ce projet. C'est sûr que
je vais suivre ça de proche. Si tout ça se confirme, je vais vous dire, on va
parler fort. Si tout ça se confirme,
que le lab-école est en danger ou que ça coûte aussi cher de faire ça et que ça
va reporter le lab-école, on va intervenir, on va intervenir fort.
Bref, vous
voyez l'impact. Il me semble que, si on s'était consacré à continuer à bâtir
autour d'un système qui était... qui
fonctionne, d'un joyau que tout le monde partageait, là... Ce n'était pas une
affaire de partis politiques, tout le monde
trouvait que les CPE... puis tout le monde, encore, quand on parle des CPE, ils
trouvent que c'était une bonne idée. Mais,
si on s'était plutôt engagé à consolider puis à donner des places, ça aurait
aidé des enfants, avec des éducatrices en
garderie qui... en CPE, qui donnent un bon service, qui savent comment faire.
C'est là, c'est prêt, on peut travailler. Ça aurait permis à beaucoup de femmes aussi de retourner sur le marché
du travail, on a de besoin de la main-d'oeuvre, puis ça aurait permis à développer nos communautés avec des bons
services pour accueillir les jeunes familles. C'est ça qu'on voulait, c'est ça que les Québécois
voulaient, c'est ça que les villes voulaient, c'est ça que les parents
voulaient, c'est ça que les intervenants voulaient. Mais ce n'est pas ça
qu'on leur donne. Je trouve ça bien dommage. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Rimouski. Maintenant, je me tourne vers Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
et vous disposez d'un temps de parole de 10 minutes.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Seulement 10 minutes, Mme la Présidente, ce n'est pas
assez de temps, malgré que j'ai partagé à cette Chambre... plusieurs fois, j'ai eu la chance de partager ma
déception par rapport au projet de loi n° 5. Puis je vous dis que le
10 minutes, ce n'est pas assez, alors je ne perdrai pas de temps, hein,
Mme la Présidente. C'est sûr, je vais répéter un peu des commentaires qui ont déjà été partagés ici par mes collègues
de l'opposition officielle ainsi que mes collègues des autres partis de
l'opposition, mais je pense que ça mérite de répéter un peu l'improvisation de
ce projet de loi.
Parce que
c'est important que la population comprenne qu'il y a zéro plan. Il y a zéro
plan pour le déploiement de maternelles
quatre ans, il y a zéro plan pour la mise en place de ce projet de loi. On a
déjà abordé le sujet des coûts qui ont explosé, on va de 1 100...
120 000 $ à 1 million de plus par classe. Le nombre de classes
qui a diminué depuis les promesses
électorales de 5 000 à 3 200, à 2 600, qui est un exemple d'un
gouvernement qui n'a aucune idée comment faire le déploiement de ce plan qui aura un impact majeur sur notre
société, entre autres sur nos enfants, les enfants, les personnes vulnérables, les personnes qui ont
vraiment besoin de nous, surtout ici, à l'Assemblée nationale, pour leur
protéger des plans qui n'ont pas de sens.
On a passé d'un taux de fréquentation qui était
promis de 80 % à moins de 50 %. Et savez-vous quoi, Mme la Présidente? Ces enfants-là ne viennent pas des
20 000 enfants que... Oui, j'encourage le gouvernement à trouver des
places pour ces enfants-là, pour ces familles-là, de rejoindre les
familles, ces familles-là qui seront peut-être en situation de vulnérabilité. Mais les statistiques ont rentré,
puis, on le sait, nous sommes en train de vider notre réseau de services de
garde pour populer la maternelle quatre ans. On sait que 75 % des enfants
qui sont présentement, actuellement, en maternelle
quatre ans, en milieu défavorisé, pas mur à mur, ils viennent de notre réseau
de services de garde, que ce soit CPE
privé, privé subventionné, milieu familial, ou autres. C'est de là ils viennent
ces enfants-là, alors on n'a pas aidé les 20 000 enfants qui
ne sont nulle part. C'était ça, l'objectif.
Et je reflète
les commentaires de mes collègues, il n'y a personne qui m'a demandé à
Westmount—Saint-Louis
pour une maternelle quatre ans. Aucune
personne n'a milité à mon bureau de comté, il n'y a pas un parent qui m'a
envoyé un courriel. Entre autres, on
a fait des sondages, il y a des sondages qui se sont faits par le réseau
actuel, par Léger, puis on sait qu'il
y a seulement un parent sur cinq qui aurait eu un intérêt pour la maternelle
quatre ans. Alors, on ne répond pas aux besoins du terrain.
À Westmount—Saint-Louis, Mme la Présidente, nous avons besoin
de garderies. Nous sommes en train de militer pour ceci, nous avons des parents... on a des listes d'attente de 300 et
400 noms, entre autres, pour la Garderie Fun Academy qui a besoin d'ouvrir
ses portes. C'est ça que le monde demande à Westmount—Saint-Louis. J'ai une file derrière ma
porte pour ceci. Pas une personne qui m'a demandé pour une maternelle quatre
ans. Ils veulent des écoles. Westmount—Saint-Louis
comprend non seulement la ville de Westmount, qui est très reconnue, mais j'ai
aussi le centre-ville de Montréal, Mme la Présidente. On n'a aucune école au
centre-ville de Montréal à part de FACE, qui est une école avec un accès privilégié, qui a un service de l'éducation
qui service une population qui aime les arts, mais on a besoin d'avoir quelque chose pour le terrain. C'est une
population en croissance, nous avons besoin des écoles. Personne encore, à
l'intérieur de ce plan de déploiement pour les écoles... Il n'y a
personne qui a demandé pour des maternelles quatre ans, Mme la Présidente.
Je ne voudrais pas toujours répéter les mêmes
choses que je dis chaque fois que je me lève en Chambre en opposition aux maternelles quatre ans, mais, cette
fois-ci, je pense que j'aimerais parler au nom des enfants handicapés, des enfants ayant des besoins, surtout d'un jeune
âge, parce que je peux parler d'expérience, des fois, le dépistage, difficile
de faire. Puis on veut tous agir tôt, alors
je suis contente que le gouvernement ait l'idée d'agir tôt pour aider ces
enfants-là. Sauf que, selon le gouvernement, une des raisons pour faire le déploiement mur à mur de maternelles quatre ans... Parce que je veux juste répéter, je ne
suis pas contre les maternelles quatre ans, je suis contre le mur-à-mur, je
suis pour le sur-mesure. Mais, si l'initiative de faire ce déploiement-là mur à
mur, c'est pour dépister plus tôt, c'est pour aider ces enfants-là, je peux vous dire par expérience : C'est trop tard.
Quatre ans, c'est trop tard pour aider ces enfants-là. Il faut agir tôt, comme il le mentionne, puis la seule
façon de faire ça, c'est de rejoindre les enfants à partir de 18 mois,
deux ans, ça dépend, le diagnostic,
ça dépend, la difficulté que l'enfant a, mais c'est là qu'il faut
agir. Ça veut dire : il faut amener des ressources et déployer plus
dans le réseau de services de garde. C'était mentionné par mon collègue.
C'est un
service... c'est un réseau qui a fait ses preuves, c'est un réseau qui est
unique mondialement, on fait l'envie de tout le monde. Ce n'est pas pour
rien qu'on a des gens de l'Ontario puis de New York qui sont venus nous voir. Eux, ils nous ont présenté un peu leur plan, mais
c'est eux qui devront s'inspirer de nous, et pas l'inverse. On est uniques
ici, qu'est-ce que nous avons. On a un
réseau qui rejoint les besoins des parents. Quatre parents sur cinq ont
dit : Avoir le choix, j'enverrais mon enfant à un réseau de
services de garde. Pourquoi? Parce je suis comblé, parce qu'il offre qu'est-ce que j'ai besoin. Mais pourquoi ne pas en
mettre plus, de ressources, dans notre réseau de services de garde, pour
dépistage précoce, pour faire l'inclusion
puis l'intégration pour nos enfants handicapés ou les enfants ayant des besoins
particuliers? C'est là où nous devrons mettre nos efforts, notre argent puis
nos actions.
• (17 h 50) •
Puis, si je
parle un peu pour le terrain, on parle d'un déploiement, on parle encore de
l'improvisation. Nous avons un terrain qui n'est pas prêt à accueillir
une maternelle quatre ans. On est en pénurie de professionnels, d'enseignants
et d'éducatrices. On est en train d'encore une fois vider le réseau de services
de garde pour populer le réseau de l'éducation,
mais on n'a aucune idée comment la formation pour ces éducatrices qui vont
devenir professeurs, ça va se faire. On a dit qu'on a peut-être un plan,
ils vont être accueillis. Puis, c'est sûr, c'est bon d'avoir le choix pour ces personnes-là de changer de formation, de changer
d'emploi. Mais ça veut dire quoi à notre réseau de services de garde,
qui a aussi une pénurie de professionnels, qui a aussi une pénurie de
personnel? Eux aussi, ils ont besoin d'avoir des ressources, ils ont besoin
d'avoir quelqu'un qui va militer pour eux.
Le ministre a
fait une annonce de 150 professionnels qu'on va déployer dans le réseau de
l'éducation pour aider nos enfants
qui sont en difficulté. Mais, Mme la Présidente, on a déjà 150 postes qui
sont libres, qui sont disponibles, que le réseau de l'éducation essaie de
combler parce qu'on a un manque de professionnels. On a une pénurie importante,
qui veut dire : même si on va faire le déploiement
de maternelles quatre ans dans le réseau de l'éducation, nous ne serions
pas en mesure de faire un dépistage précoce.
On est en train de faire des fausses promesses. On est en train de faire...
d'amener de l'espoir à ces
parents-là, puis ils vont rentrer dans le réseau, puis ils vont être déçus,
parce qu'eux, dans leur tête, ils sont
en train de penser que «ah, savez-vous quoi, ça se peut que mon enfant va avoir
de l'aide que peut-être je n'aurais pas
eue ailleurs». Mais j'ose croire que, si on a déjà une importante pénurie, ils
vont être déçus, Mme la Présidente, ça va être difficile pour eux
d'avoir un accès. Les listes d'attente vont juste accroître. Ils ne vont pas
diminuer.
It's going to grow. It's going to be
even bigger. So, the promises that we are making with regard to this bill are false promises. We will not be
able to meet the needs of the community with the four-year-old pre-k. We need
to be focusing our efforts elsewhere. That is what it means to do early
intervention.
Early intervention means that we are
going into our day care services. It means that we are providing services there. It means that we are acting
with our children who are 18 months old, two years old. This is when they
need us to support them and help them.
And the best way to do that is in the
day care service network. They are the ones that need this. Not one parent has asked me for a four-year-old
pre-k, and I would understand why : because the whole population doesn't
understand the plan, and the reason
why they don't understand the plan is because there isn't one. There is no
plan. What are we going to do for transportation, transportation to
bring those little children to school?
Mme la Présidente,
c'est des petits, petits, petits enfants dans un milieu qui est très, très,
très grand. Ils vont embarquer sur un
autobus... Puis, si je peux militer pour les écoles dans les régions, les écoles
anglophones, qui, souvent, desservent
une population qui est très,
très vaste, c'est des petits bouts de
chou qui sont sur des autobus pour au-dessus
d'une heure à 1 h 30 min, «one way», pour se rendre à l'école.
Ils vont faire dodo sur ces autobus-là, ils vont tomber en dessous des sièges. On l'a entendu du réseau de
transport. Il nous a clairement dit qu'il y a des particularités de sécurité
qu'on devrait prendre en charge, on ne l'a
pas fait. Ils sont où, les sièges de bébé? Qu'est-ce qu'on va faire pour ces
enfants-là?
De ne pas en parler, des réseaux municipaux qui ne
sont pas prêts pour accueillir ces enfants-là l'été, les parents qui ne
savent pas qu'est-ce qu'ils vont faire pendant les congés scolaires...
Mme la Présidente, je
vais voter contre ce projet de loi. C'est un projet de loi qui n'est pas
réfléchi, c'est une improvisation. Nous n'avons pas de plan. La société en
mérite plus. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Paule Robitaille
Mme
Robitaille : Bonsoir, Mme la Présidente. D'abord, je vais mettre la
table : Le projet de loi prévoit qu'à compter
de l'année scolaire déterminée par le gouvernement «tout enfant ayant atteint
l'âge de quatre ans aura droit au service
de l'éducation préscolaire, rendant ainsi obligatoire l'offre de ce service par
l'ensemble des commissions scolaires selon
le cadre général prévu par la Loi sur l'instruction publique». «Rendant ainsi
obligatoire l'offre de ce service par l'ensemble des commissions
scolaires».
Et
donc ça émane de promesses électorales de la Coalition avenir Québec, hein, où
on a promis, on s'est engagé à instaurer la maternelle quatre ans universelle.
On
a dit que, les coûts, on les estimait à 250 millions de dollars. Lors du
dépôt du projet de loi n° 5, le premier ministre a affirmé plutôt que la maternelle quatre ans pourrait coûter
de 400 à 70 millions de dollars. Comme disait ma collègue de Westmount—Saint-Louis, qui a fait un travail admirable
durant toute l'étude de ce projet de loi, comme ma collègue de
Saint-Laurent, comme ma collègue des Mille-Îles, c'est de l'improvisation. On
ne sait pas où on s'en va. Est-ce qu'on est
prêt à donner un chèque en blanc au gouvernement pour aller de l'avant avec ce
projet-là qui, en tout cas dans comté, ne répond pas du tout, du tout
aux besoins, aux besoins de mon comté?
Je vous le rappelle,
on n'est pas contre les maternelles quatre ans, puis, en fait, la loi actuelle
permet les maternelles quatre ans en milieu
défavorisé. On se souvient que le gouvernement libéral a contribué à son
déploiement lors du dernier mandat avec l'ouverture de
100 nouvelles classes en 2017, 111 nouvelles classes en 2018.
À Montréal-Nord, où se trouve mon comté, Bourassa-Sauvé, il y en a, des maternelles quatre
ans. La CSPI, la commission scolaire Pointe-de-l'Île, en a, des
maternelles quatre ans. Il y a des poches, des zones défavorisées dans Montréal-Nord, on a au moins une vingtaine de
classes de maternelle quatre ans. Et c'est bon, des maternelles quatre ans,
surtout dans les milieux défavorisés. On a des CPE aussi. Mais, on le répète, à
Montréal-Nord...
Moi
non plus, là, à Montréal-Nord, il n'y a personne qui est venu me voir dans mon
bureau de comté pour dire : On a
absolument besoin des maternelles quatre ans. En fait, ce qu'on me dit, à la
CSPI, ce que me disent les parents, c'est que cette idée de maternelle
quatre ans, ça ne répond pas du tout, du tout aux urgences. Et Dieu sait qu'il
y en a, des urgences, dans le système scolaire, à Montréal-Nord. Le nombre
d'élèves est en train d'exploser. On sait que Montréal-Nord, c'est vraiment la
piste d'atterrissage des nouveaux arrivants, et il y a beaucoup de monde qui
arrive à Montréal-Nord. Il y a beaucoup de
jeunes élèves, il y a beaucoup d'élèves au secondaire aussi. Cette année, là,
au début de l'année, on ne l'avait pas prévu, il y a
1 000 élèves de plus que les prévisions nous donnaient au primaire et
au secondaire. Il manque de classes, il
manque d'espace. Il y a un manque criant d'espace. Il y a une pénurie de
main-d'oeuvre, une pénurie d'enseignants. Donc, il y a un manque criant
d'espace, il y a une pénurie d'enseignants.
Et, même si on avait
tout ça, là... Et on a reçu l'aval du gouvernement pour construire plus
d'écoles, mais le problème, c'est quoi?
C'est qu'on n'a même pas assez de terrain. On ne sait même pas où on pourrait
construire les écoles. Et là tout est
tellement en retard qu'en 2022 on n'aura même pas assez de places pour
desservir la demande qui est en train de se créer, et c'est un problème
majeur. Il y a une crise d'espace à Montréal-Nord.
On a tous vu, durant
l'étude du projet de loi... On a vu des reportages à la télé, un entre autres à
Saint-Vincent-Marie, c'est une école de mon
comté, où le professeur d'arts plastiques avait son bureau dans un placard. Je
suis allée à Saint-Vincent-Marie, j'y
vais régulièrement, et ce que je vois, c'est justement un manque d'espace
criant. Oui, il y a le professeur d'arts
plastiques dans un garde-robe, qui a son bureau dans le garde-robe, mais il y a
aussi des instruments de musique qui
sont placés sous l'escalier. Mais, malgré tout, on s'arrange. Henri-Bourassa,
une école secondaire, bien, on
s'arrange avec le manque d'espace. On fait des périodes de repas. On mange de
10 heures... de 11 heures à midi, puis de midi à 1 heure.
On essaie de s'arranger pour faire de la place pour tout le monde. Mais c'est
un problème, et ça va continuer à être un problème.
Imaginez, avec les maternelles quatre ans, il va
falloir qu'on ajoute 100 classes de plus, 100 classes de plus. Ça, ça veut dire aussi des professeurs de plus.
Parce que, bon, il y a ce manque d'espace criant, mais il y a aussi une pénurie
d'enseignants, une pénurie sérieuse d'enseignants. Là, on a suffisamment
d'enseignants. Il manque des professeurs spécialisés,
des enseignants spécialisés, des professionnels, mais on a quand même assez
d'enseignants. Et, si ça continue, on
va en manquer, parce qu'on a besoin de croître et croître. Il y a cette pénurie
d'enseignants là, et on ne sait pas où aller. Il y a 21 postes à combler, de professionnels spécialisés. Donc, il
manque des ergothérapeutes, il manque des profs en éducation
spécialisée.
Et c'est extrêmement difficile. Imaginez, il y a
ce qu'on appelle des classes répit, par exemple. Si l'enfant est turbulent ou
quoi que ce soit, dérange la classe, il peut aller dans une classe répit. Eh
bien, il n'y a pas de professeur, il n'y a pas assez de professeurs pour
s'occuper de ces classes-là, Mme la...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, je me dois de vous
demander si, à ce point-ci, vous avez terminé votre intervention?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Vous n'avez pas terminé.
Ajournement
Alors, je
vais vous inviter à poursuivre lors de la reprise de ce débat, puisque, compte
tenu de l'heure, j'ajourne nos travaux au jeudi 30 octobre, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)