(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Bon mercredi matin. Veuillez vous asseoir, s'il
vous plaît.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
débutons nos travaux par la rubrique Déclarations
de députés, et je reconnais Mme la députée de Sanguinet.
Souligner
la Journée de sensibilisation à la sclérodermie
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Merci,
M. le Président. Alors, la sclérodermie,
appelée aussi la maladie qui momifie, est une maladie méconnue et chronique, diagnostiquée chez environ
quatre personnes sur 10 000 habitants.
Elle se caractérise par une
production excessive de collagène et une atteinte grave des petits vaisseaux sanguins,
pouvant affecter tous les organes du
corps humain. Des médecins s'affairent à trouver des pistes de solution afin de
mieux comprendre les mécanismes
pathologiques de cette maladie, afin d'améliorer les traitements et surtout de
poser un diagnostic plus rapidement.
En cette journée de
sensibilisation à l'Assemblée nationale, je tiens à souligner les efforts de
Sclérodermie Québec, dont des représentants
sont ici, dans la salle aujourd'hui. Je les salue. C'est un chef de file dans
le financement de la recherche au
Canada, qui, depuis 30 ans cette année, offre du soutien aux malades, contribue
financièrement à la recherche et informe, sensibilise à cette maladie
les personnes atteintes, le public et les professionnels de la santé. Donc,
M. le Président, je salue les représentants.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Souligner
le 40e anniversaire de l'organisme Le Centre Mechtilde
Mme
Maryse Gaudreault
Mme Gaudreault :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, Le Centre Mechtilde célèbre ses
40 ans de fondation. C'est en
1979 que cette maison d'aide et d'hébergement pour femmes victimes de violence
conjugale ou à risque d'itinérance voyait le jour.
Le
centre porte fièrement son nom en mémoire de soeur Mechtilde, religieuse chez
les Servantes de Jésus-Marie, qui, jusqu'à ses 94 ans, a sillonné les rues de
Hull pour quêter de l'argent pour venir en aide aux personnes défavorisées,
particulièrement aux femmes. Dans le but de poursuivre sa mission
et d'améliorer les conditions des femmes fragilisées, l'organisme a récemment
acheté puis transformé une vieille école en logements communautaires, qui abritent maintenant 31
femmes et six enfants.
Je
souhaite aujourd'hui remercier chaleureusement toutes les personnes
qui, au cours des 40 dernières années, ont fait preuve de courage, de
détermination et de dévouement à offrir l'espoir de lendemains meilleurs aux
femmes victimes de violence conjugale et à leurs enfants. À tous et toutes,
joyeux anniversaire! M. le Président, merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Maskinongé.
Souligner
le 125e anniversaire de l'entreprise Chemise Empire ltée
M.
Simon Allaire
M.
Allaire : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je souhaite mettre en
lumière l'entreprise Chemise Empire, de Louiseville, qui a récemment
soufflé 125 chandelles.
Chemise Empire, c'est
un manufacturier canadien depuis 1894, le chef de file dans la confection de
chemises d'uniformes faites au Canada et
importées. Chemise Empire habille quotidiennement des centaines de milliers de
travailleurs à travers le Canada. Joseph-Édouard Béland, fondateur de
l'entreprise, peut être fier du chemin parcouru. À l'ère de l'industrie du textile, qui n'a pas toujours la
vie facile, l'entreprise a su non seulement maintenir le cap, mais s'adapter et
se moderniser pour être concurrentielle, tout en gardant un esprit familial.
Après quatre générations de la famille Béland à la tête de l'entreprise,
celle-ci a cédé l'entreprise à son directeur général, François Lizotte, en
2017.
À la famille Béland,
à M. Lizotte et aux milliers d'employés qui, au fil du temps, ont permis à
entreprise Chemise Empire d'être et de
demeurer une fierté dans notre territoire, je leur dis bravo et merci! Longue
vie à Chemise Empire! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
Souligner le 50e anniversaire de La Ligue des Noirs du
Québec
M.
David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que je souligne
le 50e anniversaire de La Ligue des Noirs
du Québec. Cet organisme est une voix incontournable contre les injustices
commises envers les communautés noires et un fervent défenseur des
droits de la personne.
In 1979, M. le Président, Dan Philip
helped launch this proud organization, a vanguard in the struggle for human rights, social justice and
community empowerment. Its offices continue to be housed in the riding I am
proud to represent, of D'Arcy-McGee, and Dan continues to serve as its
most worthy and dedicated president.
Plus tôt cette année, j'ai été fier de pouvoir décerner la médaille de
citoyenneté de l'Assemblée nationale dans la circonscription de
D'Arcy-McGee à Dan Philip pour ses réalisations exceptionnelles en matière
d'engagement communautaire. Son travail est
si important pour les membres de diverses communautés noires et, en fait, pour
tous les Québécois et toutes les Québécoises.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. C'est au tour de M. le député de Chauveau.
Souligner
le lancement du livre La Haute-Saint-Charles, Main dans la main
M.
Sylvain Lévesque
M.
Lévesque (Chauveau) : M. le Président, j'ai eu le grand plaisir de participer, vendredi dernier, au lancement
du livre Main dans la main de la société historique de La
Haute-Saint-Charles, un magnifique ouvrage qui nous fait voyager dans le temps, de 1860 à 1960, grâce notamment
aux quelque 200 photos qu'il contient et qui témoigne de petits ou
grands moments de l'histoire de La Haute-Saint-Charles.
Cette
oeuvre est le résultat d'une idée de M. Charles Breton-Demeule, vice-président de la société historique, et d'un travail collectif de bénévoles, autant pour la recherche,
l'écriture et la numérisation des photos. Un merci spécial aux donateurs de
photos, qui, par leur grande générosité, ont grandement contribué à enrichir le
contenu de ce livre en partageant des souvenirs de leurs collections
personnelles.
Félicitations
à M. Mario Lussier, ici présent, président de la société, et son équipe, pour
avoir mené à terme ce projet, qui témoigne de notre passé pour toujours!
Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le député de Laurier-Dorion.
Rendre
hommage à l'ex-député fédéral Osvaldo Nuñez Riquelme
dans le cadre du Mois du patrimoine hispanique
M.
Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Le mois d'octobre est le Mois du patrimoine
hispanique au Québec. Je sais
combien il est important pour les membres de la communauté hispanophone et
des personnes issues des communautés autochtones des Amériques d'investir
tous les domaines de la société québécoise, y compris la politique.
J'aimerais profiter
de l'occasion pour souligner l'apport exceptionnel d'un Québécois qui, comme
moi, est originaire du Chili, Osvaldo Nuñez
Riquelme. Il est devenu, en 1993, le premier député d'origine latino-américaine
élu au Canada, en remportant, sous la bannière du Bloc québécois, la circonscription de Bourassa
à Montréal. M. Nuñez est là avec nous aujourd'hui.
M.
Nuñez était le secrétaire général de la surintendance des banques sous le
gouvernement de M. Salvador Allende lorsque
survient le coup d'État du 11 septembre 1973. Persécuté par la dictature, il a
dû quitter le Chili et repartir de zéro au Québec, qui l'a accueilli. Même s'il a pris sa retraite en 2004, M.
Nuñez continue de s'impliquer activement dans la communauté
latino-américaine. (S'exprime en espagnol).
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de
Chapleau.
Remercier
les électeurs de la circonscription de Chapleau
pour leur confiance envers leur député
M. Mathieu
Lévesque
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci, M. le Président. Hier, nous célébrions le premier anniversaire de
l'élection du gouvernement de la CAQ. Autant pour les collègues que pour moi-même,
cet événement restera à jamais gravé dans nos mémoires. Je sais, d'ores et déjà, qu'aucun
nouvel honneur ou aucune autre victoire ou expérience politique
ne pourra jamais égaler le sentiment de fierté que j'ai ressenti le 1er
octobre dernier.
En cette semaine
de célébration, je tenais à prendre un moment pour remercier les électrices et
les électeurs de la circonscription de Chapleau, vous remercier, vous remercier de l'immense
honneur que vous m'avez fait en m'accordant votre confiance pour vous
représenter à l'Assemblée nationale du Québec.
C'est
en toute humilité que je travaille avec acharnement pour faire avancer les
dossiers des gens de Chapleau, de Gatineau et de l'Outaouais, afin de
mériter votre confiance, et ce, à tous les jours.
Je suis
privilégié de servir au sein de votre gouvernement. Je suis aussi choyé de la confiance que m'a
accordée notre premier ministre. Je l'en remercie, d'ailleurs.
Je tenais également
à remercier ma famille, mes amis, les bénévoles et les collègues qui continuent
à me soutenir dans cette aventure politique, sans qui tout cela ne
serait possible.
Encore une fois, un très grand merci à vous
tous.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais Mme la députée de Berthier.
Souligner le 20e
anniversaire de l'organisme La Maison du pain d'épices
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, M. le Président. Souligner aujourd'hui l'implication d'un organisme de bienfaisance
bien ancré dans la circonscription de Berthier
que je représente, La Maison du pain d'épices, des gens exceptionnels à Saint-Jean-de-Matha, qui célèbrent, cette année,
leur 20e anniversaire, qui ont pour mission de promouvoir l'épanouissement
de nos enfants, une éducation de qualité égalitaire, pédagogique, une
éducation, d'ailleurs, qui est ouverte d'esprit.
C'est en partie en contrant l'analphabétisme que
se réalise La Maison du pain d'épices et de sa guilde. Donc l'organisme promeut l'égalité des chances au niveau scolaire,
la reconnaissance des atouts des enfants d'ici et d'ailleurs ainsi que
leur unicité : Un biscuit et un livre à la fois.
Bravo à toute l'équipe de La Maison de pain
d'épices! Prospérité, beaucoup de succès et encore beaucoup de biscuits. Merci,
M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Féliciter M. Michel
Bernicky, candidat au titre canadien de chauffeur de l'année
M. Donald Martel
M. Martel : Merci, M.
le Président. Au cours d'une longue
carrière qui s'étire sur plus de 50 ans, M. Michel Bernicky, chauffeur de camion professionnel, a sillonné en
long et en large l'Amérique du Nord et a ainsi parcouru plus de 11 millions de kilomètres sans aucun
accident, à bord d'un camion poids lourd.
Véritable
légende au sein de sa profession, M. Bernicky est aussi reconnu pour sa
constance, sa ponctualité, sa fidélité et son assiduité au travail, qui,
lui, ne s'est jamais absenté une seule journée pour cause de maladie.
En 2018,
l'Association du camionnage du Québec lui décernait le titre de Chauffeur de l'année
pour le Québec et il a été mis
en nomination pour le même titre à l'échelle canadienne en 2019.
Au nom de mes
concitoyens de Nicolet-Bécancour, je veux me joindre à son épouse,
Mme Nicole Perreault, ainsi qu'à
son employeur, Transport OSI, et exprimer toute mon admiration à M. Michel
Bernicky pour une carrière admirable. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Comme dernière déclaration, Mme la députée de Fabre.
Souligner la cinquième Semaine
québécoise des
centres communautaires pour aînés
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci, M.
le Président. Je tiens tout d'abord à
saluer M. Guérard, directeur
général de l'Association québécoise
des centres communautaires pour aînés, MM. Surprenant et Gingras ainsi que
Mme Desrosiers. Bienvenue, bienvenue à Québec.
Il me fait
grand plaisir de souligner la cinquième édition de la Semaine québécoise des
centres communautaires pour aînés,
qui a pour thème 50, 60, 70, 80, 90, 101 bonnes raisons pour... obtenir
de l'aide, m'impliquer, m'informer, m'amuser,
me faire du bien. L'AQCCA, c'est 60 centres membres répartis dans 14 régions au
Québec, qui rejoignent plus de 85 000 personnes aînées grâce à l'implication
bénévole de plus de 9 300 personnes dévouées et plus de 330 employés
passionnés.
C'est un
privilège pour moi, M. le Président, aujourd'hui, de remercier ces bénévoles et
ces employés, qui font une réelle différence auprès de nos aînés, qui
sont parfois seuls et dans une position de vulnérabilité.
Bonne Semaine québécoise des centres
communautaires pour aînés! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise
à 10 h 1)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence
de M. Luc Ferland, ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, de M. Luc Ferland, ancien député d'Ungava.
Déclarations
ministérielles
À
la rubrique Déclarations ministérielles, M. le premier ministre, je vais vous
laisser commencer. Je saluerai par la suite.
Publication du rapport de
la Commission d'enquête sur les relations
entre les autochtones et certains services publics
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, je veux saluer l'aîné, Mmes les
grandes chefs, Mmes les chefs, MM. les grands chefs, MM. les chefs, les
représentantes et représentants des Premières Nations et Inuits.
Lundi,
le rapport de la Commission d'enquête sur les relations entre les autochtones
et certains services publics au
Québec a été rendu public. Les constats qui sont faits par les commissaires
sont accablants pour l'État québécois. Le rapport évoque des situations troublantes où des membres des nations
autochtones sont victimes de discrimination. Ce constat évoque des sentiments douloureux. Ce qui est en cause ici, c'est la dignité humaine. Qu'on soit un enfant,
une femme, un homme, qu'on soit
d'origine autochtone ou non, on est tous des êtres humains et on a tous le droit
à notre dignité. Les femmes
autochtones sont celles qui ont subi une large part des préjudices décrits dans
le rapport de la commission. L'État québécois n'en fait pas assez, et cette situation
est indigne de la société québécoise. En conséquence, j'offre aux membres des Premières Nations et aux Inuits du Québec
les excuses les plus sincères de l'ensemble de l'État québécois.
L'État québécois a manqué à son devoir envers vous. Il vous demande aujourd'hui
pardon.
Et
j'ai une pensée toute particulière pour les femmes autochtones qui ont vécu les
tristes événements de Val-d'Or. Je tiens à saluer leur courage. Ces
excuses sont nécessaires. C'est très important, mais ce n'est pas suffisant. On
doit comprendre les raisons qui ont mené à
cette situation et, à
partir de là, on doit changer les
choses. Comme pour le Québec tout entier, on doit faire plus, on doit faire
mieux, on doit le faire avec les membres des Premières Nations et les Inuits.
Comme je le disais dans mon discours inaugural, on doit travailler ensemble à
développer le Québec pour le bien commun de nos nations respectives.
Aujourd'hui, par
cette déclaration, je vous confirme que le Québec va répondre présent. Je
souligne aussi la responsabilité du
gouvernement canadien, pas pour nous décharger de la nôtre, mais pour en
appeler à une collaboration avec les nations autochtones à tous les
instants. À partir de maintenant, le gouvernement va examiner soigneusement chacune des recommandations et travailler de
concert avec les communautés autochtones. Le rapport souligne, à juste
titre, que la méconnaissance de la réalité autochtone est hautement nuisible
aux relations entre nos nations. Il y a trop de
stéréotypes qui sont encore véhiculés à propos des autochtones. On doit
s'efforcer de reconnaître concrètement et au quotidien l'existence des nations avec qui nous partageons le
territoire. On doit apprendre à mieux nous connaître, à mieux
s'apprécier pour mieux se rapprocher.
Les constats de la
commission sont accablants, c'est certain, mais je veux absolument terminer sur
une note d'espoir. On peut et on doit
améliorer nos relations et réunir les conditions qui permettront aux
communautés autochtones et aux Inuits
du Québec de s'épanouir. Il n'y a pas de fatalité, parce
qu'à côté de tous les ratés constatés dans le rapport de la commission
et les drames vécus, il y a des réussites, des réussites de cohabitation
fructueuses entre nos nations respectives
qui montrent que c'est possible. Pour qu'on réussisse, l'État québécois doit absolument
éviter d'imposer ses solutions. Le mot-clé, c'est «respect».
Le
rôle de l'État et de la nation québécoise, c'est d'être aux côtés des nations
autochtones dans les bons comme dans
les moments les plus difficiles. Dans tous les cas, le strict minimum consiste
à respecter la dignité humaine et nos valeurs
profondes. C'est notre devoir. C'est la promesse qu'on doit tous se faire, tous
les élus, tous les employés des services publics et tous les Québécois.
Merci.
(Applaudissements)
Le Président :
...je cède maintenant la parole à M. le chef de l'opposition officielle pour
ses commentaires.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M.
le Président. À mon tour, je salue
les chefs, grands chefs et aînés qui sont parmi nous aujourd'hui. Et je salue la demande de pardon présentée par le premier ministre au nom de l'État québécois envers les peuples autochtones. Je joins ma voix à la sienne afin d'offrir mes
excuses. L'ensemble de la communauté québécoise est interpelée par cette situation. Les constats qui ont été dévoilés lundi dernier
par le président de la commission, M. Jacques Viens, sont plus que troublants. Il y a encore beaucoup
d'ignorance quant aux réalités
autochtones, et en particulier en ce qui touche les femmes autochtones.
• (10 h 10) •
Je tiens à
saluer le travail exceptionnel réalisé par M. Viens et son équipe. Le dépôt de
ce rapport exhaustif et étoffé doit
marquer un tournant dans nos relations avec les communautés autochtones. Nous
devons redonner aux communautés la dignité
qu'elles méritent. Nous nous réjouissons que le gouvernement tende la main aux
nations autochtones. Nous appuyons cette démarche, et vous pouvez
compter sur notre collaboration.
Des gestes
concrets doivent maintenant être posés pour assurer le suivi des 142
recommandations formulées par la commission Viens. En 2019, au Québec,
il est tout à fait inconcevable, inconcevable, de constater encore de telles inégalités sociales dans notre collectivité.
L'État québécois a la responsabilité d'offrir les mêmes services ainsi que le
même environnement à tous les Québécois.
Pour amorcer
cette réconciliation, l'éducation nous apparaît être la meilleure arme afin de
combattre les préjugés. Dans nos écoles, par exemple, il faut bonifier
les connaissances sur les réalités autochtones qui sont transmises. Les
policiers, les infirmiers, infirmières, les enseignants, les travailleurs
sociaux qui sont appelés à travailler auprès des communautés autochtones devraient avoir une meilleure formation afin de
bien répondre aux réalités qui sont vécues. Bref, il faut travailler
avec les Premières Nations et les Inuits afin de promouvoir la réussite
scolaire des jeunes.
Le
gouvernement à lui seul ne peut changer les mentalités. Ça prend l'implication
de l'ensemble des acteurs de notre
société. Ce dossier doit transcender
les partis politiques et la partisanerie. Nous devons tous mettre à
contribution nos efforts pour tendre la main aux nations autochtones,
faire preuve d'une plus grande ouverture, d'inclusion, de sensibilité envers
les réalités de leurs communautés ainsi qu'optimiser et adapter les canaux de communication.
The honorable judge Viens has produced
a solemn and historic public inquiry. It must be the crucial catalyst for action. It was produced most
notably with the courageous and painful participation of many indigenous women
who spoke to him of their terrible
suffering. There is a collective responsibility now to change things and let us
all today embrace that responsibility.
Il est donc de notre devoir d'assurer des services
publics équitables pour tous les hommes et particulièrement toutes
les femmes issus des nations autochtones.
Je
terminerais, moi aussi, en invitant les partis fédéraux, actuellement en campagne électorale, à se prononcer et à s'engager à faire des propositions claires et concrètes pour assurer aux nations autochtones
un travail d'étroite collaboration.
Maintenant,
les paroles que nous formulons aujourd'hui devront se traduire en actions. Je suis, à tout le
moins, optimiste quant au réel désir de chacun d'entre nous de vouloir
améliorer les choses. Merci à toutes et à tous.
Le
Président : Je cède maintenant la parole à Mme
la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour ses commentaires.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. «Kwe.» (S'exprime dans une langue autochtone). Bonjour. «Hi.» Je tiens à saluer les représentants et représentantes, aînés, élus, des Premières Nations, Inuits qui
sont avec nous aujourd'hui et qui nous écoutent.
Au nom de Québec solidaire, je joins ma voix aux excuses formulées par le premier ministre du Québec et je veux assurer mes frères et soeurs autochtones
qu'on va être à leurs côtés. On va être leurs yeux et leurs oreilles jusqu'à ce
que les 142 appels à l'action de la commission
Viens soient mis en oeuvre. Je n'ai rien à leur apprendre aujourd'hui qu'ils ne savent déjà. Ce
que nous dirons aujourd'hui, ils
l'ont déjà entendu. Ce que le rapport contient, ils le vivent au quotidien,
M. le Président.
Les
autochtones nous connaissent. Ils ne nous connaissent pas parce qu'une
commission leur a poliment demandé d'apprendre
à nous connaître. On ne leur a jamais laissé le choix. Ils nous connaissent,
mais nous, qu'est-ce que nous savons d'eux
et d'elles? Bien sûr, ils sont Anishnabe, Attikameks, Micmacs, Mohawks, Innus,
Eeyou, Wendats, Abénaquis, Inuits, Malécites,
Naskapis. On les appelle autochtones pour faire court, Amérindiens pour faire
vieux. Parfois même, nos lois... comme dans nos soupers de famille,
quand personne n'est là pour nous reprendre, on les appelle encore les Indiens.
Nous ne
connaissons pas les autochtones, M. le Président, sauf les autochtones de nos
livres d'histoire, figés dans leurs
maisons longues comme les statues qui les représentent au musée Grévin. Nous ne
connaissons pas les autochtones, sauf lorsqu'ils
s'imposent à notre mémoire, à force de crier, de hurler et de s'indigner, et là
on leur demande de se calmer, de nous offrir la patience et le respect
qu'on leur nie trop souvent.
Nous ne
connaissons pas les autochtones, et on dit que cette ignorance n'est pas de
votre faute, M. le Président, ni
celle du premier ministre, ni même de la mienne. Alors, c'est la faute de qui?
C'est la faute de qui si les bottes de police ont écrasé le visage d'une femme autochtone un soir d'hiver à Val-d'Or?
C'est la faute de qui si Xavier Moushoom a été trimballé dans une quinzaine de familles d'accueil, s'il en a
perdu sa langue? Bien, c'est la faute du système, M. le Président. Notre système cultive l'ignorance et
repousse ce qu'il ne comprend pas. Nous sommes tous et toutes, donc,
responsables de ce monstre que le système a créé.
En se livrant
à la commission Viens, en alimentant de leurs témoignages les 500 pages de
son rapport, les autochtones du
Québec nous ont accordé une confiance que nous n'avons pas toujours méritée. À
nous de leur rendre la pareille. À
nous, les élus du peuple québécois, qui n'avons pas bâti le
système, mais qui en sommes les héritiers et les héritières, à nous de le déconstruire brique par brique, recommandation par recommandation, main dans la main avec ceux et celles qui
en sont victimes. À nous, le peule québécois, à résister au poids de
l'ignorance, à prendre la main maintes fois tendue des peuples qu'on côtoie depuis des
siècles sans les connaître, à accepter d'apprendre non par pitié, mais par
plaisir et curiosité, et découvrir à travers la poésie de Joséphine Bacon, les documentaires
d'Alanis Obomsawin et la musique de
Matiu la beauté et la bonté de ces peuples. Et alors seulement
les excuses du premier ministre, les excuses de ma formation politique et de toutes les autres auront un sens. Et alors seulement
nous pourrons parler de réconciliation, alors seulement lorsque nous
aurons reconnu celle d'autrui, nous pourrons parler de liberté.
La liberté,
écrit la poète innue Naomi Fontaine n'existe pas dans sa langue. C'est un
état qui n'a jamais eu besoin d'être nommé. La seule manière de dire la liberté
en Innu Aimun, c'est en nommant la fin de l'enfermement. Le mot pour
ça, c'est
abego'nagg'nou. Nommer Abego'nagg'nou, admettre notre enfermement, c'est nous rapprocher de sa fin. Merci, M. le Président.
Le
Président : Je cède maintenant
la parole au chef du troisième groupe
d'opposition pour ses commentaires.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, Mmes et MM. les représentants des Premières Nations et des Inuits,
les excuses ne suffiront pas. Je prends la parole au nom de ma formation
politique, bien sûr, mais je peux affirmer aujourd'hui que nous sommes tous d'accord. À l'unanimité, nous regrettons tout le
tort qui a été causé aux peuples autochtones. Tous autant que nous sommes, nous avons pris
connaissance du rapport Viens avec appréhension et consternation. Maintenant,
nous en avons la preuve noir sur blanc, petit à petit s'est érigé un système
insensible et discriminatoire à l'égard des populations autochtones ici, au
Québec, et je n'en suis pas fier. L'État n'a pas suffisamment cherché à
comprendre, l'État n'a pas montré assez
d'ouverture, l'État est trop souvent
demeuré inflexible. L'État a failli. Nous avons failli. Alors que nous aurions dû collaborer, cheminer ensemble
entre nations, nous avons peu à peu creusé un fossé, laissant du même coup trop de personnes sur les lignes de côté, des
aînés, des femmes, surtout des femmes, beaucoup trop d'enfants, souvent aux prises avec
d'immenses difficultés et sans ressources suffisantes pour les aider à les
surmonter.
Le rapport
Viens dresse des constats durs mais lucides. Si nous sommes justes et honnêtes,
et nous le sommes, nous donnerons une
suite favorable et rapide à ces recommandations. Nous ne fermerons pas les yeux
devant l'évidence, aussi difficile
cela soit-il. Oui, les excuses aux membres des Premières Nations et des Inuits
sont opportunes et nécessaires, mais
encore faut-il qu'elles marquent le début d'une nouvelle ère dans les relations
que nous entretenons. Et, en ce sens, nous avons plusieurs devoirs et
responsabilités partagés.
D'abord, à
travers toutes les actions à poser, nous devons en priorité soutenir les femmes
et les filles autochtones, qui sont
les premières victimes d'un système discriminatoire. Nous devons également
faire en sorte de mieux nous connaître, de créer des liens. Nous devons aussi assurer aux Premières Nations et
aux Inuits un accès universel et efficace aux services, que ça soit en matière d'éducation, de justice, de
sécurité publique, de protection de la jeunesse, d'habitation, de santé ou
de services sociaux. Il faudra aussi
inévitablement regarder du côté fédéral et trouver moyen de faire obstacle à la
très désuète et honteuse Loi sur les Indiens du régime canadien.
Je remercie le premier ministre pour ses
excuses, que je sais sincères et senties, et lui demande de s'engager à déposer un plan concret inspiré des conclusions
du rapport Viens. Ma formation
politique sera vigilante, comme elle
l'a été par le passé, que l'on pense notamment à la reconnaissance des nations autochtones
et de leurs droits sous René Lévesque en
1985 ou à la signature de la «Paix des Braves» sous Bernard Landry en 2002.
Nous croyons par ailleurs
qu'il serait opportun que la Protectrice du citoyen fasse un suivi des actions
qui seront entreprises.
Enfin,
j'invite les Premières Nations et les Inuits à nous donner une nouvelle chance. Ensemble,
bâtissons une relation moderne, équitable et respectueuse, une relation de collaboration et basée sur la confiance. Pour l'avenir, pour nos jeunes, c'est souhaitable et c'est possible
aussi. Il faut avoir la volonté et, comme tous mes collègues,
celle-ci m'habite. Elle est partagée.
Je veux qu'on fasse mieux, qu'on réussisse. Je veux qu'on soit fiers de nous.
Merci, M. le Président. Merci de nous croire.
• (10 h 20) •
Le
Président : À ce moment-ci,
je cède également, à nouveau, la parole... non, M. le premier ministre? Alors, voilà.
Et permettez-moi à nouveau de vous souhaiter la bienvenue ici. Représentantes et représentants des Premières
Nations et des Inuits, bienvenue chez vous.
Aujourd'hui, il n'y a pas de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Rapport annuel de la Commission
consultative de l'enseignement privé, plan quinquennal
des investissements universitaires 2019-2024 et cadre de référence, rapport annuel
et plan stratégique 2018-2022 du Conseil supérieur de l'éducation et rapports
annuels du Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études
et du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Je dépose le 18e rapport annuel de
gestion 2018-2019 de la Commission consultative de l'enseignement privé, le plan quinquennal des
investissements universitaires 2019-2024 et le cadre de référence pour la
période du 1er juin 2019 au 31 mai 2024, le rapport annuel
de gestion 2018-2019 et le plan stratégique 2018-2022
du Conseil supérieur de l'éducation, le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études ainsi que le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur.
Le Président : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports annuels du ministère de
la Santé et des Services sociaux, du
CISSS—Chaudière-Appalaches,
des CIUSSS de la Capitale-Nationale
et du Nord-de-l'Île-de-Montréal et rapports sur l'application de la
procédure d'examen des plaintes du CISSS—Abitibi-Témiscamingue
et des CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal
et du Nord-de-l'Île-de-Montréal
Mme
McCann : Merci, M. le Président. Je dépose les rapports annuels de
gestion 2018-2019 du ministère de la Santé et des Services sociaux,
du CISSS de Chaudière-Appalaches, des CIUSSS de la Capitale-Nationale et du Nord-de-l'Île-de-Montréal, les rapports annuels
sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et l'amélioration
de la qualité des services du CISSS de
l'Abitibi-Témiscamingue et du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal ainsi
que le rapport sur l'application de la
procédure d'examen des plaintes, la satisfaction des usagers et le respect de
leurs droits du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal.
Rapports annuels de la Commission
sur les soins de fin de
vie et du Commissaire à la santé et au bien-être
Enfin, je
dépose le rapport annuel d'activité de la Commission sur les soins de fin de
vie, du 1er avril 2018 au 31 mars 2019,
et le rapport annuel de gestion 2018-2019 du Commissaire à la santé et au
bien-être. Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation
Rapport annuel de la Société du
parc industriel et portuaire de Bécancour
M.
Fitzgibbon : M. le Président, je dépose le rapport
annuel 2018-2019 de la Société du parc industriel et portuaire de
Bécancour. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel de
Financement-Québec
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, je dépose le rapport
d'activité 2018-2019 de Financement-Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président : Ce document est également déposé. M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil
du trésor.
Rapports annuels du Centre de
services partagés et
de l'Autorité des marchés publics
M.
Dubé : Alors, M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du Centre de services partagés du Québec et le
rapport annuel d'activité 2018-2019 de l'Autorité des marchés publics.
Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. le ministre des Transports.
Rapport annuel de la Société des
traversiers accompagné d'une
lettre du président-directeur général de la société
M.
Bonnardel : M. le
Président, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 de la Société
des traversiers du Québec accompagné d'une lettre de son président-directeur
général.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Justice.
Rapport annuel du ministère de
la Justice
Mme LeBel : M. le
Président, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du ministère
de la Justice. Merci.
Le
Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie.
Rapport annuel des Offices jeunesse internationaux
Mme
Girault : M. le Président, je dépose le rapport annuel 2018-2019 de LOJIQ, Les Offices jeunesse internationaux
du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Rapport
annuel de La Financière agricole
M. Lamontagne : Oui, M.
le Président. Je dépose le rapport annuel 2018-2019 de La Financière
agricole du Québec. Merci.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre du Tourisme.
Rapport
annuel du ministère du Tourisme
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du ministère du Tourisme du Québec. Merci, M.
le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Rapport
annuel de RECYC-QUÉBEC
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose, au nom de mon
collègue le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques, le rapport annuel 2018-2019 de RECYC-QUÉBEC.
Le Président :
Ce document est également déposé.
Dépôt
de rapports de commissions
Modification
à la composition de commissions parlementaires
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions, je
dépose le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale qui s'est réuni le
1er octobre 2019 afin de procéder à une modification à la composition
des commissions parlementaires.
M. le premier
vice-président et député des Chutes-de-la-Chaudière.
Motion
proposant d'adopter la modification
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le Président, du consentement de
l'Assemblée pour déroger à l'article 129 du règlement et à
l'article 4.4 des règles de fonctionnement, je présente la motion
suivante :
«Que la modification
à la composition des commissions telle que prévue au rapport du comité
directeur de la Commission de l'Assemblée nationale soit adoptée.»
Mise
aux voix
Le Président :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
• (10 h 30) •
Le Président :
Adopté.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de dépôt de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole au chef de l'opposition officielle.
Aide
aux sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à la suite
des inondations printanières de 2019
M.
Pierre Arcand
M. Arcand :
Merci, M. le Président. Depuis maintenant plus de cinq mois, plusieurs foyers
du Québec sont sévèrement touchés suite aux
inondations du printemps. Pour une municipalité comme Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
c'est 6 000 familles qui crient à l'aide.
Hier, ma collègue députée de Vaudreuil
a posé une question en Chambre, et la vice-première ministre s'est levée
en nous répondant qu'elle était présente et que tout se déroulait rondement.
Or, la vérité sur le terrain est tout autre. M. le Président, l'eau n'a pas
passé par-dessus la digue. Elle a cédé parce que l'entretien était déficient,
et c'est la responsabilité des autorités
municipales et du gouvernement du Québec. M. le Président, les
6 000 familles ont interpelé le
premier ministre à plusieurs reprises. Elles lui demandent de se rendre sur
place pour rencontrer les gens, entendre leur réalité et comprendre
leurs difficultés. Les 6 000 familles demandent de l'aide directement
au premier ministre.
Est-ce
que le premier ministre peut reconnaître que les citoyens vivent une grave
injustice, cesser de faire la sourde oreille et rencontrer enfin les
gens de Sainte-Marthe-sur-le-Lac?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. M. le Président, j'ai demandé, hier soir, une mise
à jour des dossiers de Sainte-Marthe.
Ce que je peux révéler au chef de l'opposition officielle, c'est que 1 449 dossiers ont été déposés à Sainte-Marthe. Il y a 84 %
des dossiers qui ont déjà reçu un premier
versement, et, dans les 16 % des dossiers qui restent, donc
221 dossiers, nous sommes en attente de documents de la part des
familles.
Donc,
M. le Président, ce qu'on a fait à Sainte-Marthe,
c'est sans commune mesure avec la lenteur qu'on avait vécue en 2017.
Donc, M. le Président, je pense que mes deux collègues font le maximum pour que
les sinistrés de Sainte-Marthe soient compensés le plus rapidement possible, et
on va continuer de suivre le dossier de très près.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, le premier ministre ne peut pas juste répondre que tout va
bien, que la situation est parfaite. Les sinistrés se sentent épuisés,
plusieurs nous ont même avoué être en dépression. C'est un drame qui est historique, c'est une immense évacuation. Et le
premier ministre, on nous a dit, les sinistrés nous l'ont dit, il a refusé à au
moins 10 reprises de rencontrer les sinistrés.
Alors, je repose la
question au premier ministre : Peut-il se montrer à la hauteur et répondre
à l'appel des 6 000 familles de Sainte-Marthe?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, il y a au moins deux ministres qui ont rencontré les
sinistrés au cours des dernières semaines. Moi, je l'ai fait il y a
quelques mois.
Ce qu'on sait, M. le Président, c'est qu'actuellement, entre autres, il y a des personnes à Sainte-Marthe qui n'ont même pas été sinistrées, mais qui veulent déménager. M. le Président, le gouvernement du Québec gère l'argent des Québécois,
on ne peut pas aller compenser des gens qui n'ont pas été sinistrés. La digue
va être reconstruite. Moi, je veux rassurer les gens de Sainte-Marthe que les
travaux vont être faits à temps pour que, l'année prochaine, il n'y ait
pas d'inondation à Sainte-Marthe.
Donc, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M.
Legault : ...je pense qu'on
gère le plus rapidement possible les dossiers avec l'argent qu'on a, des Québécois.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, la job d'un premier ministre, ce n'est pas de mettre des bottes en caoutchouc pour aller
prendre des photos dans l'eau le lendemain du drame. Là, il y a 6 000 familles...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M.
Arcand : ...qui sont dans une situation
urgente. C'est une erreur qui ne relève pas d'eux, et ce sont eux qui
doivent en payer les frais.
Quelle
solution propose le premier ministre à ces familles, qui devront composer avec les
défis de l'automne et le froid de l'hiver qui approche?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le chef de l'opposition officielle, vous l'avez bien entendu,
vient de dire : Il y a 6 000 personnes
qui attendent. Je m'excuse, là, mais ce n'est pas vrai, c'est faux. Il y a actuellement 84 % des dossiers qui
ont déjà reçu des paiements, il reste 221 dossiers où
on attend des informations des familles. On ne peut quand même pas rembourser sans aucune preuve à l'appui. C'est sans commune mesure
avec ce qui a été fait en 2017, on a agi rapidement puis on va continuer de le faire, M. le Président. Mais qu'on arrête de dire qu'il
y a 6 000 familles qui
n'ont pas eu de réponse, il en reste 221...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...puis 221 pour qui on attend les informations.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : En tout cas, ce n'est pas l'information qu'a la députée de
Vaudreuil, qui est en contact avec les sinistrés.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Arcand :
Si le premier ministre n'est pas capable d'organiser une rencontre rapidement
sur le terrain, peut-être qu'on pourrait
l'aider. Je l'invite à nous accompagner, dans un esprit qui n'est pas partisan.
Le premier ministre accepte-t-il
notre invitation?
Des voix :
...
Le Président : S'il vous plaît! La parole appartient maintenant au premier
ministre. Je vous demande d'être
attentifs tant aux questions qu'aux réponses. Vous connaissez très bien
les règles, alors appliquons-les.
M. le premier
ministre, votre réponse.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, 40 millions de dollars ont déjà été versés, 40 millions
de dollars. On parle du printemps, là. Ça ne
s'est jamais vu, de répondre aussi rapidement, de rembourser aussi rapidement.
Il reste 221 dossiers, pour lesquels on attend des informations.
M. le Président, tous
les dossiers sont suivis, il y a un sous-ministre qui est là à temps plein pour
s'assurer qu'il n'y a aucun délai qui est causé par le gouvernement. Ça, c'est
de l'action, M. le Président.
Le
Président : Question
principale, Mme la députée de Saint-Laurent. Vous êtes la seule à qui
appartient la parole.
Organisation
et gouvernance scolaires
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : M. le Président, depuis janvier 2018, c'est assez clair, hein, l'abolition des commissions scolaires, ça vise, en fait, à centraliser les décisions en
matière scolaire dans les mains de fonctionnaires ici, à Québec,
au complexe G.
En
moins de 24 heures après le dépôt du projet de loi qui vise à
abolir les commissions scolaires, la Coalition
avenir Québec a réussi à mettre plusieurs partenaires inquiets
et à générer de vives, vives critiques. La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a dit la
chose suivante : «...il s'agit [clairement] d'un brassage inutile de
structures qui [n'apporte] aucune
amélioration des services offerts aux élèves.» Il y a ici, évidemment, des
craintes. Plus de pouvoirs aux mains
du ministre de l'Éducation, sans égard aux spécificités locales ou régionales.
Pour la Fédération des commissions
scolaires, bien, évidemment, aucune valeur ajoutée pour les élèves.
Est-ce que le ministre
est prêt à reculer?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, on agite encore des épouvantails, on essaie de faire peur aux gens. Ce
n'est pas une centralisation, c'est
la plus grande opération de décentralisation de prise de décision gouvernementale des dernières années.
Alors, il va y avoir plus
de services aux élèves, moins de bureaucratie, plus d'argent qui va se rendre
pour embaucher des professionnels qui changent des vies au quotidien. En
économisant nos 45 millions sur quatre ans, on va être capables d'embaucher plus de 160 professionnels,
des gens qui font la différence dans la vie des enfants en difficulté, des gens qui, dans le dernier mandat libéral, se faisaient pointer la
porte, parce qu'ils ont mis à la porte des professionnels.
Nous, on en a embauché beaucoup plus que ce
qu'ils ont mis à la porte. On réduit la bureaucratie, on décentralise
la prise de décision, on implique les
gens sur le terrain dans toutes les décisions d'ordre pédagogique, on augmente
les services directs aux élèves. Et, bien
sûr, l'opposition s'oppose, mais
c'est ce qu'on s'attendait d'eux.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : C'est pas mal plus le premier ministre qui en a mis à la porte lorsqu'il était ministre
de l'Éducation, mais quand même.
Ça, ici, c'est le plan de la CAQ, la photo du ministre, son plan, et ça,
monsieur, c'est marqué : Centre de services...
Le
Président : Je veux simplement
vous dire que ce n'est pas un... Mme
la députée de Saint-Laurent, seulement pour vous
dire que ce n'est pas un tableau didactique, alors tout simplement de ne pas...
Une voix : ...
Le Président : Non, non,
mais, monsieur... Non. Merci, merci, merci. Monsieur... Oui, mais... Oui?
M. Tanguay : Mon point, mon point, c'est, la règle de base,
attendez qu'on vous fasse, de l'autre côté, un rappel au règlement.
Ceci dit, M. le Président, sur le fond des choses, la jurisprudence nous démontre qu'un tableau
didactique est pour faire comprendre.
Et, la députée, ce n'est pas un tableau... elle ne montrait pas
un tableau, elle a un document auquel elle se réfère, M. le Président.
Le
Président : Merci.
Non, mais... Merci, M. le leader du gouvernement. Permettez-moi... J'ai exprimé un point de vue,
vous l'avez entendu. Je préside. Le président dit de faire attention à ce
tableau, il n'est pas didactique. Je fais des rappels au règlement lorsque je le juge nécessaire, M. le leader de l'opposition officielle, c'est comme ça. Merci, M. le leader...
Une voix : ...
Le Président : Oui, M. le... Non,
je pense qu'on peut tout de suite aller... Non, je...
Des voix : ...
Le Président : M. le leader
du gouvernement, très rapidement.
M. Jolin-Barrette : Oui, très rapidement, M. le Président. Sur la question de l'application de nos règles, j'espère que le
député de LaFontaine
et leader de l'opposition officielle ne met pas en doute votre autorité relativement à l'application du...
Le Président : O.K. Merci.
Vous savez, lorsqu'il y a des...
Des voix : ...
Le
Président : Non, écoutez-moi.
S'il vous plaît! Lorsque des points de règlement sont rappelés par la
présidence, ils le seront d'un côté comme de l'autre, soyez-en assurés.
Pour
l'instant, nous sommes à la suite de la question de la députée
de Saint-Laurent. Mme la
députée, votre question.
Mme Rizqy : Aïe! Allo! On parle ici de la réussite éducative.
Est-ce qu'on pourrait peut-être, là, en donner... faire de ça une priorité
puis arrêter de faire de la procédurite? M. le Président, ici...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Est-ce qu'on peut garder la façon de faire?
Est-ce qu'on peut être attentifs?
Est-ce qu'on peut revenir au calme? Je pense que vous entendez comme moi peu de
choses, pas suffisamment. On
est à la question, vous la complétez pour une réponse, s'il vous plaît, Mme la
députée de Saint-Laurent. Votre collaboration aussi.
Mme
Rizqy : Si la CSN dit la
chose suivante : «...un risque
réel d'accentuer les disparités entre
les écoles par des mesures qui ne [tiendront] pas compte des [réalités]
régionales», êtes-vous prêts à reculer?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Eh là là! hein,
les reculs, les moratoires, les pas de côté, tout sauf faire avancer le Québec.
Ce sont les mots qu'on entend toujours : Êtes-vous prêts à reculer?
Êtes-vous prêts à suspendre? Êtes-vous prêts à faire un moratoire? Bien non.
Nous, on est prêts à avancer.
On a réfléchi
à notre réforme. Le document qu'elle montre, c'est un document
qu'on a rendu public en janvier 2018,
qui a servi de base à davantage de consultations, c'est un document qui a été bonifié, et
le projet de loi qu'on a
déposé hier est une version améliorée de ce document-là, suite aux consultations, aux rencontres qu'on a faites avec les gens sur le terrain, un document... Notre projet
de loi suscite de l'espoir dans la population
et dans les équipes-écoles...
• (10 h 40) •
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...qui pensent qu'enfin
on va les écouter.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : On continue. Parmi
les partenaires, Centrale des
syndicats du Québec : «En quoi cette transformation
améliorera-t-elle la réussite éducative de nos enfants, de nos jeunes et des
adultes? Seront-ils mieux formés au terme de
[ce] parcours? Cette réforme permettra-t-elle une plus grande égalité des
chances pour [chacun] et [chacune], peu importe le milieu, la condition
sociale ou économique?»
Tous vos
partenaires vous demandent de reculer. On sait que vous aimez ça, foncer dans
le mur, mais, s'il vous plaît, écoutez vos partenaires.
Le Président : Vous vous
adressez toujours à la présidence. M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : M. le Président, on
aurait été surpris que le Parti libéral approuve l'élimination des postes de
commissaire, quand on sait que, bien souvent, c'est leur club-école. Alors,
bien souvent, c'est là...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! C'est une notion... M. le leader de
l'opposition officielle, je vous laisse la
parole dans un instant. Je veux seulement vous rappeler, vous le ferez
potentiellement, il y a une notion de
respect qui est essentielle ici. Les propos blessants, évitez les propos
blessants. Alors, je vous demande aussi... je vous demande à tous...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Est-ce qu'on pourrait avoir de
l'attention quelques minutes? Respect, évitez les propos blessants,
collaboration, attention. Mais ceci est extrêmement important.
M. le leader de l'opposition officielle, je vous
laisse aller.
M. Tanguay :
M. le Président, vous avez très bien dit, c'est extrêmement important. Qu'il
les retire, ses propos.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
«club-école» n'est pas prévu dans les propos non parlementaires.
Deuxièmement, écoutez, si ça choque le Parti libéral de faire
référence, hein, à des élus scolaires, M.
le Président, je pense qu'il y
a une problématique. Le ministre de l'Éducation fait référence à une situation
de fait, alors...
Des voix : ...
Le
Président : Écoutez,
non, je vais... Dans ce cas-ci, je
pense qu'il y a une question
de contexte dans ce qui est dit. Je
dis et je continue à dire que ce sont des propos blessants. Je demande la collaboration du ministre et je vous demande de retirer ces propos, et je vous
demande de retirer ces propos.
M.
Roberge : M. le Président, par respect pour vous, je retire mes propos. Ceci dit, je pense
que mes collègues de l'opposition
officielle font ce qu'on appelle, en
psychologie, de la projection, ils tentent d'imputer à d'autres leurs propres
défauts. Alors, ce qui s'est passé dans la
réforme de la santé, ça a été une centralisation, où on a eu un ministre qui
s'est attaqué à
la gouvernance régionale, qui s'est arrogé le pouvoir de nommer les membres du
C.A. Nous allons faire le contraire de
ça, on va laisser les régions se gouverner, et le gouvernement ne nommera personne sur les C.A. ni les directions générales...
Le Président : En terminant.
M. Roberge : ...on va faire le
contraire de la réforme Barrette.
Le
Président : Question principale. Encore une fois, attention, on se nomme par nos titres. Vous
connaissez les règles, alors on les applique. Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Accès à Internet haute
vitesse en région
Mme
Dominique Anglade
Mme Anglade : Le ministre de
l'Éducation du Québec, M. le Président.
M. le Président, on va changer de sujet. La
vitalité de nos régions est essentielle et elle dépend beaucoup de l'accès à Internet
haute vitesse. Or, il existe encore,
au Québec, plusieurs régions, plusieurs foyers qui n'ont pas
accès à Internet haute vitesse.
Le dernier gouvernement avait lancé 91 projets pour connecter 100 000 foyers, et plusieurs de ces projets
restaient à annoncer. On avait
demandé au ministre de nous présenter son plan de match par rapport à ces
91 projets et de nous présenter la suite. Or, depuis le moment où
on a fait cette demande, on attend. On attend, la FQM attend, les régions
attendent, puis les députés en arrière du ministre attendent.
Alors, ma
question est assez simple, on avait 91 projets lancés sous l'ancien
gouvernement : Où en est-on? Quel est le plan de match du ministre?
Et est-ce qu'il peut le déposer en cette Chambre?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : M. le Président, une question que je vais répondre le
plus clairement possible. La députée de Saint-Henri—Sainte-Anne me
précède probablement d'une semaine, parce que je vais faire un point de presse
sur ça la semaine prochaine.
Effectivement,
81 contrats dans le Québec branché 1. Je dois avouer que ça a été
long à contractualiser. On a fini la semaine passée de signer ces contrats-là,
qui vont permettre de connecter 110 000 foyers québécois sur les
340 000 qui ne sont pas connectés.
Au même
moment, nous allons lancer, la semaine prochaine, un programme, que je vais
annoncer proprement, où on va, comme gouvernement, financer à 100 %
certains projets pour les 230 000 foyers qui restent, qui ne seront
pas couverts par le programme fédéral qui a
été annoncé sous l'ancien gouvernement. Nous allons annoncer qu'on va connecter
probablement 50 000, 75 000 personnes sur ce programme-là.
Après ça, il y a deux programmes fédéraux pour lesquels
on travaille : le CRTC qui a annoncé des fonds de 750 millions, pour lequel nous devrions avoir, au Québec, notre
proportion démographique, soit 25 %, et le programme de
1,7 milliard, qui, on l'espère, va être reconduit, dépendant du
gouvernement qui va être élu.
Alors, nous sommes... nous avons engagé...
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : ...nous avons
engagé, finalement, au FQM et au...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, il y a quelqu'un qui a dit la chose
suivante : Il y a 18 projets qui ont été signés, sur les 91, et il y a 40 projets qui vont
être signés dans les prochaines semaines. Ça, c'était le ministre de l'Économie
au mois d'avril. Mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, ça fait
six mois, alors qu'il parlait de deux semaines.
Quand il
m'annonce qu'il va dire quelque chose là-dessus la semaine prochaine, est-ce
que ça va être multiplié par 10, par 15, le temps pour déployer ces
projets-là?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : Le 19 octobre 2018, quand j'ai pris la fonction de
ministre de l'Économie, la première chose que j'ai faite, c'est de regarder l'état du Québec branché 1.
Québec branché 1, ça a été lancé, je pense, quelque part en 2017. Je ferais état à la
ministre... l'ancienne ministre de l'Économie que, quand je suis arrivé en
poste, il y avait 10 ou 15 de ces contrats
qui avaient été écrits, alors je peux vous dire que la performance du
gouvernement depuis l'arrivée au pouvoir est supérieure à la vôtre quand
vous étiez dans votre position.
Cela
étant dit, il faut comprendre aussi qu'on parle des télécommunications, on
parle des Bell, des Vidéotron, des Telus,
des Cogeco, et plusieurs couvrent le Canada. Donc, une partie du problème
venait du Parti libéral, puis une partie du problème vient avec le fait
que ces compagnies-là ont une multitude de projets à faire.
Le Président :
En terminant.
M.
Fitzgibbon : Donc, de ne pas signer un contrat en l'espace de deux
semaines était normal. Et on voulait le faire dans l'ordre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, la semaine dernière, le premier ministre a
dit devant tous les représentants de la FQM que tous les Québécois
seraient branchés à Internet haute vitesse en 2022. Questionné par un journaliste
sur la promesse de son premier ministre de
brancher l'ensemble du Québec d'ici 2022, la réponse du ministre : C'est
physiquement impossible pour 2022.
Qui dit vrai?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M.
Fitzgibbon : Je suis très confortable qu'à la fin... d'ici la fin de
2020... Il faut comprendre que le programme du fédéral, il ne sera pas disponible avant plusieurs mois. Je suis très
confiant, en parlant à tous les opérateurs de télécoms du Québec, qu'ils vont
travailler avec nous pour connecter les 240 000 non branchés,
qu'avant la fin de 2020 nous serions en mesure d'avoir tous les contrats
signés.
Et
la rapidité à laquelle on va connecter les gens est en fonction de la vitesse à
laquelle les télécoms vont le faire. Notre
désir, c'est de connecter le Québec au complet, mais le cheval, quand il veut
aller à l'eau, il ne faut pas le pousser, il faut qu'il aille à l'eau
lui-même. Alors, je ne sais pas si on va être capable de convaincre les «telcos»...
Le Président :
En terminant.
M.
Fitzgibbon : ...de faire le branchement, mais, une chose qui est sûre,
les contrats vont être signés pour l'ensemble du Québec.
Le Président :
Question principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Crédit
d'impôt pour solidarité
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, 40 000 Québécois
parmi les plus démunis, qui ont des contraintes sévères, qui ne peuvent pas travailler,
n'ont pas accès au crédit d'impôt solidarité auquel ils ont droit, la
Protectrice du citoyen nous l'a dit
dans son dernier rapport. Mon collègue de Rimouski a proposé quelque chose de
relativement simple pour corriger cette injustice : rendre automatique le
versement de ces sommes cruciales dans la vie de ces personnes démunies.
Hier,
on a déposé une motion, qui a été refusée par le gouvernement. J'aimerais que
le premier ministre m'explique pourquoi
il a choisi d'occulter cette proposition importante de la Protectrice du
citoyen qui touche les personnes les plus démunies de notre société.
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Évidemment, nous partageons avec mon collègue du
troisième parti d'opposition les mêmes préoccupations quant au sort des
personnes vulnérables.
Il
faut savoir que les personnes qui reçoivent des prestations de solidarité
sociale, ont effectivement des contraintes sévères à l'emploi, c'est des personnes qui sont démunies, qui n'ont pas
les outils pour réclamer le crédit d'impôt pour solidarité. On a mis en place beaucoup de mesures d'aide pour les
accompagner, des rencontres de sensibilisation avec les groupes sociaux.
Il faut aussi
rappeler qu'il faut trouver une solution à un problème créé en 2011 par les
libéraux. Le versement automatique du
crédit d'impôt pour solidarité sociale était en place et en vigueur jusqu'en
2011. Maintenant, les prestataires doivent compléter un rapport d'impôt.
Moi, je suis
sensible à la solution proposée par notre collègue de Rimouski. Je suis en
discussion avec mon collègue des Finances. On va trouver des solutions,
on va aider ceux qui sont vraiment dans le besoin. Merci, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M.
Pascal Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, moi, je ne cherche pas de coupable, je cherche à ce que le
chèque qui est dû à ces personnes
puisse se rendre. C'est mécanique, c'est technique, c'est bureaucratique. Le
premier ministre n'aime pas ça; nous
non plus. On est capables de régler ça cette semaine pour
40 000 personnes. J'ai besoin de l'engagement du gouvernement, du premier ministre à savoir que ce
sera corrigé rapidement et que les 40 000 citoyens qui doivent
remplir des rapports d'impôt — c'est compliqué, on connaît leurs conditions
difficiles — puissent
avoir droit à ce crédit d'impôt solidarité qui fait la différence dans
leur vie.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Alors, merci pour la question. Nous avons pris acte du
rapport de la Protectrice du citoyen. C'est
extrêmement important, c'est clair que nous devons agir. Nous sommes déjà au
travail, le ministre du Travail, Revenu Québec, Finances.
Et, quant au
débat sur la motion, la motion exigeait une réaction immédiate, et nous ne
pouvions souscrire à cette demande parce que nous sommes déjà au
travail, mais ça demande un peu plus de temps. Mais, oui, le rapport de la Protectrice
du citoyen est clair, et nous allons agir.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, j'ai besoin d'être
convaincu de la part du premier
ministre lui-même,
qui n'aime pas la bureaucratie puis qui est plutôt volontaire dans son action politique.
Si vous êtes capable d'abolir les commissions
scolaires avec un projet de loi, vous êtes capable d'abolir pour 40 000 personnes des règles contraignantes, pour des gens
qui en ont véritablement besoin. Réglons ça cette semaine. J'aimerais entendre
le premier ministre nous le dire.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M.
Legault : M. le Président, je veux rassurer le chef du troisième
groupe d'opposition, on est d'accord avec sa proposition, donc, que ces
40 000 personnes puissent avoir accès au crédit d'impôt solidarité.
Maintenant,
on a annoncé hier que la mise à jour de l'automne sera faite le 7 novembre
et on essaie de travailler pour que ce soit inclus dans cette mise à
jour, sinon ce sera dans le budget du printemps. Mais on a le même objectif.
D'ailleurs, si
le chef avait accepté notre amendement, ce serait réglé, mais malheureusement
le PQ a refusé l'amendement qu'on a fait pour remplacer le mot
«immédiatement» par «le plus vite possible».
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Sherbrooke.
Réforme de la gouvernance
scolaire
Mme
Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, M. le Président. Hier, le ministre de l'Éducation a
déposé un projet de loi qui vient jouer dans les structures des commissions
scolaires pour les transformer en centres de services, et, en le lisant, on
comprend assez vite ça va être quoi,
les nouveaux pouvoirs du ministre. Notamment, il se donne le droit de jouer
dans les territoires des commissions scolaires pour les fusionner, et, oui, ça
ouvre une porte immense à la centralisation, comme on l'a vu en santé.
Mais il y a
quelque chose que je ne comprends pas encore. C'est quoi, les fameux pouvoirs
qui vont être remis dans les mains des équipes-écoles? Parce qu'on nous a
vendu une réforme qui servait à remettre le pouvoir entre les mains des personnes qui
connaissent les élèves par leurs noms, et, de ce que je comprends des réponses
du ministre, ces personnes-là vont
conserver exactement les mêmes pouvoirs qu'avant, sauf qu'ils n'auront plus
besoin de faire approuver leurs
décisions. Bref, on brasse encore les structures pour donner plus de pouvoirs
au ministre, mais ça donne quoi pour améliorer
les conditions de travail dans les écoles? Ça donne quoi pour réduire les inégalités?
Ça donne quoi pour lutter contre le décrochage?
Ça donne quoi pour
les élèves?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je veux remercier ma collègue pour ses questions, elles sont
très pertinentes.
Donc,
est-ce qu'il est question de fusionner les territoires? Absolument pas. Il n'y
a aucun pouvoir, dans ce projet de
loi là, pour le gouvernement ou le ministre de fusionner des territoires. Il y
a 72 commissions scolaires : 60 francophones, neuf anglophones, trois dédiées à nos communautés
autochtones. Alors, les neuf anglophones seront transformées en centres de services anglophones, les 60 francophones
seront transformées en centres de services francophones. Il n'y a pas de
fusions territoriales qui sont prévues là.
Ensuite, on
dit : Mais quels sont les pouvoirs qui sont transférés directement aux
écoles? Question pertinente encore. L'adoption du projet éducatif, lequel est
très important parce qu'on peut choisir, dans le projet éducatif, des éléments de la grille-matières, des éléments
d'art, quels sont les cours d'art qui sont offerts dans les écoles, et
plusieurs choses qu'on a dans le
projet éducatif. Le plan de lutte à
l'intimidation, en ce moment, qui n'est pas choisi par le conseil, qui n'est pas adopté par le conseil d'établissement. Donc, des choses très, très, très concrètes.
Puis je remercie ma collègue de m'avoir permis de préciser ces éléments
très porteurs dans le projet de loi.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Ce sont des choses
qui sont déjà faites dans les écoles et qui devaient être
approuvées ailleurs. Elles seront encore faites dans les écoles, comme
elles le sont déjà. On n'a pas besoin de brasser des organigrammes pour embaucher des professionnels comme le dit le ministre.
On nous promet depuis des années des réorganisations dans les différents réseaux, dont la santé, qui vont offrir des meilleurs
services aux Québécois, puis on n'a
rien vu de ça encore. Moi, je n'y
crois pas, les Québécois n'y croient pas. Ça fait longtemps qu'on sait que ça
ne marche pas, le brassage de structures, pour améliorer les services.
On ne peut pas régler un problème en...
Le Président :
M. le ministre à l'Éducation, à vous la parole.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Écoutez, M. le Président, bon, ma collègue n'y croit pas.
Fort bien. Je pense qu'il y a beaucoup de Québécois qui attendaient la fin des
élections scolaires, la fin des postes de commissaire, la fin d'une centralisation
à l'échelle régionale.
Contrairement à ce
qu'a fait le précédent ministre de la Santé, on n'abolit pas la structure
régionale, comme je viens de le préciser,
mais on décentralise la prise de décision davantage vers les écoles. Pourquoi
ça peut aider à la réussite des
élèves? Bien, d'abord, quand on économise 45 millions, qu'on le retourne
dans les écoles, ça permet d'embaucher des professionnels, bien oui, des
professionnels sur le terrain, ça aide à la réussite...
Le Président :
En terminant.
M.
Roberge : ...et d'impliquer
les gens qui sont sur le terrain dans la prise de décision, ça aussi, ça aide à
la réussite.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Le ministre
calcule les coûts de cette réforme-là de
la même manière qu'il a calculé le
coût des maternelles quatre ans, sur le coin d'une table, M. le Président. Quand on regarde la planification des coûts, on constate que le ministre en a oublié pas mal. Comme il avait oublié les
corridors, il a oublié les coûts de la transition. C'est comme acheter
une maison en oubliant les coûts du notaire puis du déménagement.
Comment
on peut faire confiance au ministre
de l'Éducation pour estimer les coûts
d'une réforme après le fiasco comptable des maternelles quatre ans?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, ma collègue manque d'arguments pour s'attaquer à la réforme
et la transformation des commissions scolaires en centres de services. Maintenant,
elle s'attaque aux services directs aux élèves, de nos tout-petits de quatre
ans.
Le plan de déploiement des maternelles quatre
ans est un plan qui fonctionne. On avait à peu près 400 classes l'an dernier, on en a augmenté de presque 65 % en une seule année. On répond aux besoins
des élèves, on sert des élèves qui,
l'an dernier, n'avaient pas accès à aucun service. Et, dans certains cas, des
élèves qui étaient dans des garderies libèrent des places en garderie pour
libérer les listes d'attente, vont en maternelle quatre ans. C'est un succès
sur toute la ligne, M. le Président.
Des voix : ...
Le Président : Question
principale. La parole n'appartient qu'au député de La Pinière.
Compensation aux
détenteurs de permis de taxi
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président,
nous sommes la seule formation politique qui a dit, depuis son dépôt, que le projet de
loi n° 17
sur le taxi était injuste et qui a exigé des bonifications majeures,
injuste d'abord parce que c'est une expropriation et que les règles
d'expropriation sont actuellement bafouées.
Dans les
faits, c'est comme une maison. Avec la CAQ, une personne qui a acheté sa maison
250 000 $ en 2014 et
dont la valeur a baissé aujourd'hui à
220 000 $, la CAQ va le rembourser 220 000 $ et lui faire
perdre 30 000 $. Une autre qui
l'a achetée 100 000 $ il y a 20 ans et qui vaut aujourd'hui
220 000 $, bien, la CAQ va lui donner 100 000 $ et lui
faire perdre 120 000 $.
Est-ce que c'est juste? Non, parce que la CAQ a changé les règles du jeu. M. le
Président, la CAQ impose une perte à tous les propriétaires de taxi.
Est-ce que le
ministre s'engage à ce que cette perte soit équivalente pour tout le monde sur
un territoire donné?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, initialement, le député de La Pinière souhaitait qu'on
rembourse la valeur comptable, la valeur
initialement payée. C'est ce qu'on a décidé de faire. On a bien vu, bien
compris qu'il y avait des cas particuliers,
des gens qui ont payé des permis extrêmement cher. À 200 000 $, ils
se verront rembourser cette somme au complet. Il y en a qui ont payé des
permis 40 000 $, ils se verront rembourser cette somme au complet.
Il y a une
somme, dans le 760 millions, dédiée à des cas plus particuliers, plus
spécifiques, plus ardus. Il y a des propriétaires
de taxi qui ont acheté des permis voilà 25, 30 ans et qui n'ont plus le
papier pour confirmer le coût d'achat. On va supporter et aider ces
propriétaires de permis.
Alors, de
dire aujourd'hui qu'on abandonne les gens, c'est faux, qu'on abandonne ces
propriétaires qui ont, oui, investi
des sommes importantes dans ce modèle qu'on connaît aujourd'hui, c'est faux. On
va aider ces gens, rembourser le capital investi initialement, sécuriser
leur investissement et les accompagner surtout dans le futur avec cette loi.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, clairement le mot «justice»
n'existe pas dans le vocabulaire du ministre. C'est aussi injuste, aussi, par la manière de payer la compensation au
propriétaire de taxi qui devient un exproprié. Imaginez, M. le Président, la CAQ propose, à date, de payer
la compensation sur une période de sept ans. Qui accepterait, en vendant
sa maison, de se faire payer sur sept ans? Personne.
Est-ce que le
ministre s'engage à payer l'éventuelle compensation d'un seul coup, un seul et
immédiat versement?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel :
La seule chose que le député de La Pinière souhaite, c'est de ramener
l'industrie du taxi dans la rue, c'est ça qu'il a dit exactement, la seule
chose qu'il souhaite.
Encore
une fois, mon bureau est ouvert. On discute avec l'industrie. Les sommes sont
importantes, près de 808 millions de dollars seront dédiés directement à
l'industrie du taxi. On est une des seules législations à donner des sommes
pour compenser l'industrie du taxi.
• (11 heures) •
Aujourd'hui, on paie la valeur
comptable, une valeur initialement payée. On a tenu compte des cas spécifiques
de tous les propriétaires, ceux qui ont
acheté voilà 25, 30 ans et ceux qui ont acheté un permis voilà juste deux,
trois ans. Donc, faites-nous confiance, on discute avec eux puis on va trouver
la meilleure des solutions pour rembourser cette somme le plus rapidement
possible.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le
Président, personne ne peut faire
confiance au ministre là-dessus, c'est clair aujourd'hui. Au dépôt du projet de loi n° 17, pas un mot sur le transport adapté, zéro, complètement oublié. Nous avons été, là aussi, la première formation, face au démantèlement de l'industrie
traditionnelle du taxi, à exiger que les secteurs du transport adapté et des contrats gouvernementaux soient réservés à l'industrie
traditionnelle du taxi. Ça fait des mois que la CAQ nous annonce des amendements
qui n'arrivent pas.
Est-ce
que le ministre s'engage à déposer
ces amendements d'ici la fin de cette semaine en commission parlementaire?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Vous savez, M. le Président, tous les ministres du Transport du Parti libéral,
dans les quatre dernières années, n'ont jamais levé le petit doigt pour
l'industrie du taxi, jamais levé le petit doigt pour le transport rémunéré de personnes, projet pilote par projet
pilote. Aujourd'hui, on a pris un engagement d'assurer la pérennité de l'industrie du taxi dans le futur, d'assurer, là,
qu'il y aura un modèle spécifique pour eux dans les 40, 50 prochaines
années, et d'assurer que tout le monde y trouvera sa place, au Québec.
Au bénéfice de qui? Au bénéfice du client. Plus de transparence, plus de compétitivité, et d'assurer un service partout à
Québec... au Québec, pardon, dans les régions où il n'y a pas de service
de taxi, où il n'y a pas de transport rémunéré de personnes.
Le Président :
Question principale, M. le député de Bonaventure.
Stratégie du gouvernement
en matière de foresterie
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, après que le premier ministre nous ait dit que le troisième
lien était bon pour l'environnement, après que le ministre de l'Environnement
nous ait dit que le projet GNL Québec était bon pour l'environnement, nous voici maintenant avec le
ministre de la Forêt qui nous dit que plus on coupe d'arbres, plus c'est
bon pour l'environnement. La levée de
boucliers a été immédiate. Tous les scientifiques et les intervenants crédibles
dans le domaine ont dénoncé les raccourcis du ministre.
La
réalité, c'est que le ministre veut augmenter de 1 million de mètres
cubes, soit de 10 %, les coupes forestières dans les forêts matures et qu'il invoque des raisons
pseudo-environnementales. C'est plutôt le contraire qui va se passer parce qu'un arbre mature capte plus de carbone
qu'un arbre qui vient d'être planté et qui va prendre des décennies à rendre
le même service. De plus, les impacts sur
les écosystèmes de la faune, de la flore n'ont même pas été pris en
considération et pourraient être
irréversibles. L'approche du ministre ne semble se fonder que sur les avis
scientifiques du lobby des industriels forestiers.
Est-ce
que le ministre peut revenir sur sa décision et inclure dans son analyse le
point de vue des scientifiques qui ont remis en question son approche?
Le Président :
M. le ministre des Forêts, des Faunes et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
M. le Président, premièrement, merci de me permettre de me lever en Chambre
pour répondre à une question, parce
que ce n'est pas souvent que ça arrive. Donc, première chose, j'aimerais dire
une chose importante. J'espère qu'il
y a du monde qui ont eu la chance de découvrir Woodrise en fin de semaine...
cette semaine, je veux dire. Il se passe un événement international ici, qui est des bâtiments en bois, et ça,
dans notre stratégie au niveau de la CAQ, au niveau pas juste de la CAQ,
mais de l'ensemble du ministère, c'est de travailler à développer les bâtiments
de bois.
Première
chose que j'aimerais dire à mon collègue, si on veut développer des bâtiments
de bois, il va falloir faire de la coupe de bois pour être capable de faire des
structures en bois, des bâtiments, des ponts, etc., et on est un chef de file
dans ce domaine-là. Je peux vous dire une
chose, hier, j'avais le gala, justement, de Woodrise et j'étais avec des spécialistes
de l'Université
Laval, j'étais avec des gens de
FPInnovations, il y avait différents intervenants aussi d'autres
milieux. Et je peux vous dire une chose, qu'ils appuient totalement la
façon qu'on amène notre démarche.
Et
il y a quelque chose qu'il est important de comprendre là-dedans. Si on ne se fie seulement qu'à un article de journal
pour prendre une position de ce type-là, je peux vous comprendre d'avoir peut-être
une vision différente. Mais il y a une chose, une chose qu'on a
continuellement dite et répétée...
Le
Président : En terminant.
M. Dufour :
...la sylviculture doit autant s'additionner à la coupe de forêt.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Écoutez, M. le Président, un article qui fait référence à de nombreux
scientifiques.
Ceci
étant dit, M. le Président, le ministre doit savoir que, dans la loi, le principe de
résidualité oblige théoriquement les industriels
à s'approvisionner en premier lieu chez les propriétaires privés et, par la suite, combler le déficit d'approvisionnement dans les forêts
publiques.
Au
lieu de vouloir subventionner le transport du bois, qui est en moyenne à
250 kilomètres des moulins et qui génère
des GES, pourquoi ne pas soutenir un approvisionnement sur les
terres privées qui sont à proximité des usines de transformation?
Le Président :
M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : M. le
Président, je pense
qu'on a fait déjà une grosse action cette année. On a augmenté les budgets
au niveau, justement, des forêts privées. Donc, c'est quelque chose qui n'avait pas été fait dans le passé depuis nombre d'années.
Donc, je pense qu'on a déjà fait une action en ce sens-là.
L'autre
élément aussi, on travaille sur tout l'aspect des bois de culturation, les
petits bois, donc on pourrait maximiser la qualité de notre forêt.
Mais
il reste une chose, et ça, c'est important que mon collègue
le comprenne, c'est qu'il faut avoir une harmonisation entre la coupe
forestière et la sylviculture. Est-ce
qu'on a du travail à faire sur notre
sylviculture pour qu'elle soit compétente pour générer une forêt additionnelle pour le futur? Oui, ça, j'en suis
convaincu, qu'on a encore du travail à faire sur cet aspect-là. Mais,
pour le reste...
Le Président :
En terminant.
M. Dufour : ... jusqu'à présent, je peux dire une chose : le travail
qui se fait sur le terrain se fait très
bien.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier est
claire, elle priorise un aménagement écosystémique qui consiste à assurer le maintien
de la biodiversité et de la viabilité des écosystèmes en diminuant les écarts entre les forêts aménagées et
les forêts naturelles. Le ministre a mentionné vouloir subventionner le remplacement des forêts de sapins par des
forêts d'épinettes, ce qui s'avère être une destruction écosystémique à grande
échelle.
Le ministre va-t-il
respecter la loi et reculer face à ses orientations?
Le Président :
M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
M. le Président, deux choses. Premièrement, il faut quand même mettre ça
dans une perspective logique. Ce n'est pas du mur-à-mur qu'on veut faire au
niveau de Québec, premièrement.
Et,
deuxième affaire, peut-être que le collègue ne le sait pas, mais on travaille
justement sur notre fameuse loi. Le
parti de l'opposition officielle doit le reconnaître, là, il y avait eu la loi
qu'on appelait... le projet de loi n° 161 sur les habitats fauniques. Et,
parallèlement à tout ce travail-là qui se fait pour l'industrie ou, sans dire
pour l'industrie, pour la foresterie
du bois, il reste tout l'aspect faunique. Et justement on veut déposer un
projet de loi qui est mort au feuilleton dans l'autre législation, on
veut déposer un projet de loi, au printemps prochain, qui va s'harmoniser...
Le Président :
En terminant.
M. Dufour :
...avec la foresterie et tout l'aspect du développement forestier.
Le Président :
Question principale, M. le député de Pontiac.
Fermeture des services d'urgence du Centre Cloutier-du
Rivage
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, il y a quelques semaines, j'ai parlé à la ministre
de la Santé de la fermeture de l'urgence
Cloutier-du Rivage. Depuis notre échange, le CIUSSS et certains médecins se
sont prononcés pour le projet. D'autres
médecins, accompagnés d'infirmières et de préposés, se sont prononcés contre le
projet, et une pétition a été signée par des milliers de citoyens contre
la fermeture.
Jusque-là, ça va, M. le Président. Mais la
Dre Janique Dion, la médecin de Cloutier-du Rivage qui est inquiète
pour ses patients, a parlé publiquement, et
je la cite : «La clinique qu'ils offrent, c'est une très bonne idée, mais
n'enlevez pas [...] le seul [...]
sans rendez-vous de [...] la région...» Et pour ça, M. le Président, voici le
courriel qu'elle a reçu du CIUSSS : Dre Dion. Nous
n'encourageons pas les sorties médiatiques. Poursuivre vos actions relève
davantage de la campagne de salissage
qu'autre chose. Si vous désirez poursuivre votre implication à titre de chef
ajointe de l'urgence de Shawinigan, vous devez cesser toute cabale et
intervention externe dans ce dossier.
M. le
Président, je dépose son courriel et je demande à la ministre : Pourquoi
le CIUSSS tente-t-il de faire taire ceux qui s'expriment simplement au
nom de leurs patients?
Document déposé
Le Président : Consentement
pour le dépôt du document? Consentement. Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
M. le Président, il faut se recamper dans l'objectif de ce projet, qui est de
donner des bons services à la population qui reçoit ces services à Cloutier-du
Rivage.
Alors, il y a effectivement eu des débats dans
la communauté, mais, M. le Président, moi, je veux rassurer la population
que les services vont être au rendez-vous. C'est
sûr qu'il y a une transformation qui se fait parce que les médecins qui travaillaient à
Cloutier-du Rivage, on en a besoin dans les urgences de Mauricie et Centre-du-Québec.
Alors, on va avoir des infirmières praticiennes
spécialisées qui vont venir donner des services à la population et d'autres professionnels. Ce seront donc des
services plus complets. Les infirmières
praticiennes spécialisées vont donner
des services courants, des services sans rendez-vous, des services avec rendez-vous. Il y aura un médecin également sur place, et les services vont être donnés dans les
règles de l'art pour cette population dont il faut prendre soin, M. le Président.
Le Président : En terminant.
Mme McCann : Cette population a
beaucoup de besoins.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député.
M. André Fortin
M. Fortin : M.
le Président, si la track était ici,
la ministre est là, elle est à côté parce qu'on lui parle de représailles. Elle
nous parle de son programme, elle nous parle de services, mais la ministre
elle-même nous disait : L'époque des représailles
est révolue. Sentez-vous à l'aise, parlez. Ça change actuellement, je ne vous
dis pas que ça va changer, ça change.
La ministre disait : On est dans un contexte de bienveillance pour les citoyens, pour les patients, pour le
personnel.
Est-ce qu'elle peut garantir aujourd'hui au Dre
Dion que c'est la dernière fois qu'elle va faire face à des représailles
et que personne d'autre, pas une infirmière, pas un préposé, ne va en avoir
aussi?
Le Président : Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
M. le Président, effectivement, je l'ai dit, nous devons écouter le personnel,
les intervenants, et ça comprend tous
les intervenants. Alors, il n'y a pas de représailles. Les gens doivent
s'exprimer, et nous devons les écouter,
engager un dialogue. Mais nous devons avoir l'objectif commun de donner les
services, de donner accès à de bons services à la population, et ça doit
être l'objectif commun.
Alors,
il peut y avoir débat, mais nous devons nous assurer de... ces services soient
en rendez-vous pour la population qui va à Cloutier-Du Rivage.
• (11 h 10) •
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député.
M. André Fortin
M. Fortin : M. le Président, il y a quelque chose qui ne
marche pas au CIUSSS de la Mauricie-et-Centre-du-Québec. Là, juste dans les dernières semaines, on a fermé
une urgence. On a avancé faussement que les embauches étaient faites à
cette urgence-là. On a dit aux citoyens que ça ne valait pas la peine de signer
une pétition.
Les médecins et les
employés font face à des représailles que la ministre refuse, refuse de dire à
tous ces gens-là que ça n'arrivera pas
encore, que ce n'est pas correct. On a été forcé de retirer un questionnaire
sur les habitudes sexuelles des
parents à venir. On envoie la police chez un employé pour lui dire de retourner
au travail. Il serait temps que la ministre ait une discussion avec son
P.D.G.
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle McCann
Mme McCann :
M. le Président, la discussion a eu lieu entre le sous-ministre et le P.D.G.,
et d'envoyer la police chez un
employé est absolument inacceptable, intolérable. On ne tolérera pas. Il n'y a
pas un gestionnaire qui peut faire cette action-là, d'envoyer des
policiers chez un intervenant.
Alors,
M. le Président, il y a des excuses qui ont été présentées à cet employé, c'est
inacceptable, un rappel qui a été
fait, et à l'ensemble du réseau : il n'est pas question qu'on envoie des
policiers au domicile d'un intervenant. On doit respecter nos
intervenants, et ça n'arrivera plus, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
Question principale. La parole n'appartient qu'à la députée de Verdun.
Financement du milieu culturel
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
M. le Président, hier, j'ai questionné le gouvernement sur un sujet très
important : l'équité fiscale, la
juste taxation des géants du Web, qui représente au moins 120 millions de
dollars pour notre culture, nos médias. Plutôt que de répondre sur le sujet, la
ministre a préféré parler de publicité faite sur Facebook. Elle a d'ailleurs
affirmé que les publicités payées sur
Facebook, je la cite, «ce n'est pas à la CAQ que ça se passe». En quelques
minutes à peine, j'ai été en mesure
de recenser plus d'une soixantaine de publicités payées par la CAQ et ses
députés sur Facebook, et ça, uniquement
depuis juin. Le président du Conseil du trésor, il est à la CAQ, le ministre
de la Famille, il est à la CAQ, le député
de Vachon, que je vois, il est à la CAQ.
Est-ce que, dans un
premier temps, la ministre peut rectifier ce qu'elle a dit hier et, dans un
deuxième temps, répondre à la question : Oui ou non, elle travaille pour aller chercher 120 millions de dollars pour la culture au Québec?
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'à la ministre de la Culture et des Communications. Votre réponse.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Oui, merci, M. le Président. Écoutez,
pas plus tard que cette semaine, le Parti
libéral a pris un autre 466 $
de publicité sur les GAFA. Si vous voulez que je vous donne des noms et qu'on
joue à ce jeu-là, madame, le Parti libéral
du Québec a dépensé, lors de sa dernière année de mandat, 6 millions de
dollars en publicité sur les GAFA. On n'a pas de leçons à tirer de vous.
Et,
cela dit, M. le Président, j'aimerais profiter de l'occasion... Elle pourrait
regarder aussi sa collègue juste à côté, la députée de...
Le Président :
...tout le temps, on ne s'interpelle pas. Merci.
Mme Roy :
Voilà. Alors, je l'invite à regarder sa collègue la députée de Maurice-Richard, ex-ministre de la Culture, qui a acheté récemment un autre 520 $ de
publicité sur Facebook, envoyé en Californie. Alors, comme ça, on pourrait
s'échanger la balle longtemps, Mme la députée.
Mais,
vous savez, ce qui est important aujourd'hui... Je pense qu'il faut élever le
débat. Ce qui est important, notre gouvernement,
votre gouvernement, fera une annonce très importante cet après-midi concernant
l'avenir de la presse écrite au
Québec. Depuis des années, depuis des années, la presse est mise à mal.
Aujourd'hui, nous allons régler ces problèmes.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : M. le
Président, j'ai donné l'occasion à la
ministre de faire amende honorable. Honnêtement, elle n'est même pas capable de
faire ça. La preuve a été faite, M. le Président, et je vais déposer la liasse
de toutes les publicités faites par la CAQ.
Mais, enfin, est-ce qu'elle peut répondre? Le 120 millions
de dollars, est-ce qu'elle va aller le chercher? Le premier
ministre en a parlé tout à l'heure. Il va y avoir, donc, une mise à jour économique
en novembre. Est-ce qu'elle va se battre pour aller chercher l'argent
de la culture? Parce que, jusqu'à présent, c'est un silence radio de son côté.
Documents
déposés
Le
Président : Consentement pour le dépôt du document? Il y a consentement. Réponse de la ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Oui, merci. M.
le Président, vous savez que nous travaillons très sérieusement, mes collègues,
le gouvernement, pour trouver une solution pérenne et équitable à
la crise que vivent les médias, la presse écrite, depuis des années déjà. Vous savez, ça fait des années que ça dure.
Aucun gouvernement n'a osé s'y attaquer de front. Nous le faisons.
Nous travaillons. Nous agissons. Et il y aura d'importantes annonces faites tout à
l'heure relativement à cette crise des médias.
Et naturellement nous avons entendu la commission parlementaire. Nous avons
entendu tous ces groupes qui sont venus nous voir. Et je pense que les
solutions vont satisfaire.
Des voix : ...
Mme Roy : Ça n'intéresse pas tout
le monde, les solutions, semble-t-il.
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Roy : Les solutions
que nous allons annoncer cet après-midi...
Le Président : En terminant.
Mme Roy : ...vont vraiment
aider de façon pérenne les médias.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales. Merci à tous.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) : À la rubrique Motions sans préavis, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition,
soit M. le député de Jonquière.
Demander
à la Commission d'accès à l'information d'enquêter sur la
fuite de renseignements personnels et médicaux par certains
membres de l'Ordre des pharmaciens du Québec
M. Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Je sollicite
le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Pontiac, le député de Jean-Lesage, le député de Chomedey, la députée de Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale demande à la Commission d'accès à l'information d'enquêter
sur la fuite de renseignements personnels et médicaux par certains
membres de l'Ordre des pharmaciens du Québec;
«Que l'Ordre
des pharmaciens collabore pleinement avec la commission dans le cadre de
cette enquête, notamment pour la transmission de toute information nécessaire
à la conduite de cette enquête;
«Que cette motion devienne un ordre de l'Assemblée
nationale.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Consentement, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée? Oui, M. le leader du troisième groupe
d'opposition.
M. Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. Je vous
demande d'appeler le vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, le vote par appel nominal est demandé. Ça va
pour tout le monde?
Mise aux voix
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure),
M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay), M. Girard
(Groulx), Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne),
Mme Roy (Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard
(Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly),
Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque
(Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete
(Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Lacombe (Papineau),
Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet
(Trois-Rivières), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau),
M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal
(Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Rousselle
(Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun),
Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
Le Vice-Président (M. Picard) : Que les
députés contre veuillent bien se lever. Est-ce qu'il y a des abstentions?
M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Picard) : La motion est adoptée. Maintenant, je reconnais un membre du groupe formant
le gouvernement...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Oui, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Il a du tonus. M. le Président, j'aimerais
que la copie de la motion soit envoyée à la Commission d'accès à
l'information ainsi qu'à l'Ordre des pharmaciens, s'il vous plaît.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Ce sera fait, M. le leader du troisième groupe d'opposition. Donc, je suis maintenant
prêt à reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement. Mme la ministre
de la Culture et des Communications.
Rendre hommage à M. Pierre Nadeau, journaliste, et
offrir des condoléances à sa famille et à ses proches
Mme Roy : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de Verdun, le
député de Rosemont,
la députée de Gaspé, le
député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Qu'à
l'occasion de son décès, l'Assemblée nationale du Québec rende hommage à
M. Pierre Nadeau, l'un des plus grands journalistes de sa
génération;
«Qu'elle souligne la contribution de
M. Nadeau au journalisme tant au Québec qu'à l'international;
«Qu'elle reconnaisse le rôle déterminant qu'il a
joué dans la carrière de plusieurs journalistes [au] Québec;
«Qu'elle
rappelle que M. Nadeau était chevalier de l'Ordre national du Québec,
officier de l'Ordre du Canada et récipiendaire de la Médaille d'honneur
de l'Assemblée nationale;
«Qu'elle transmette ses condoléances à sa
famille, à ses proches, à ses collègues ainsi qu'à ses nombreux admirateurs
partout au Québec;
«Qu'enfin, elle observe un moment de recueillement
[à] sa mémoire.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes par
intervenant, en commençant par la
ministre de la Culture et des Communications, la députée de Verdun, le député
de Rosemont et la députée de Gaspé.
Le Vice-Président (M. Picard) :
...donc, on débute avec Mme la ministre.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci. M. le Président, j'aimerais d'abord saluer la famille de M. Nadeau,
qui est aujourd'hui avec nous dans nos tribunes. Bienvenue. Vous êtes
chez vous ici. J'aimerais aujourd'hui souligner...
(Applaudissements)
Mme Roy :
Eh bien, j'aimerais aujourd'hui souligner la perte d'un grand communicateur,
M. Pierre Nadeau, qui nous a quittés le 3 septembre dernier et qui
était l'un des journalistes les plus aimés au Québec.
À
Radio-Canada, il a tenu la barre de la série des Caméra, 1962 à 1970, et
d'émissions comme Le point, Télémag, Le 60, Pierre
Nadeau rencontre, L'Observateur et L'Évènement, certaines
obtenant des audiences phénoménales.
Il a
également produit plusieurs émissions pour TVA et ce qui s'appelait alors
Radio-Québec avant de contribuer au Grand
journal de TQS, où j'ai d'ailleurs eu le privilège de le connaître et de
découvrir un homme affable, toujours généreux. Il donnait des conseils
aux jeunes journalistes et il nous impressionnait beaucoup.
Travailleur
acharné, Pierre Nadeau avait une foi inébranlable en l'utilité de sa
profession, ce qui le rendait très crédible
auprès des téléspectateurs. Ses entrevues mémorables et ses reportages-chocs
nous ont éclairés sur des enjeux nationaux
et internationaux parfois fort complexes. Son charisme, son intelligence et son
professionnalisme l'ont hissé au
sommet de sa profession, lui valant l'estime des milieux journalistes en
Europe, aux États-Unis et au Canada, naturellement.
Citoyen du
monde, il croyait profondément que la prise de conscience pouvait améliorer
l'humanité. Il a servi le Québec en tant que délégué général à Boston en
1994 avant de rentrer au Québec et de retourner dans le monde de l'information. Fait chevalier de l'Ordre national
du Québec en 1992, Pierre Nadeau recevait, en 2016, la Médaille d'honneur
de l'Assemblée nationale.
J'aimerais,
M. le Président, qu'ensemble nous transmettions nos plus sincères condoléances
aux membres de la famille de
M. Nadeau ainsi qu'aux Québécoises et aux Québécois qui l'ont aimé et
admiré tout au long de sa prolifique carrière. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Merci. Je
cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Merci, M. le Président. À mon tour de joindre ma voix pour cet hommage rendu à
la mémoire du grand Pierre Nadeau,
décédé le 3 septembre dernier. Mes premières pensées vont évidemment vers
les membres de sa famille, qui sont
présents avec nous aujourd'hui dans les tribunes et qui sont visités par le
deuil une deuxième fois en si peu
de temps. J'ose espérer qu'ils ont pu
trouver du réconfort dans les innombrables témoignages qui ont suivi l'annonce
de cette triste nouvelle. À leur
façon, des générations de Québécois ont tenu à partager votre peine, à vous
témoigner leur soutien. Et permettez-moi, au nom de l'opposition
officielle, de vous offrir nos plus sincères condoléances.
Je ne ferai
pas ici l'énumération des accomplissements de M. Nadeau, le temps qui
m'est accordé n'y rendrait pas justice.
Mais ses accomplissements
professionnels, ils se résument en un mot, dans une noble profession : le
journalisme. Si les commentaires ont
été si élogieux, les anecdotes si élégantes, c'est parce que M. Nadeau
était l'incarnation du journalisme avec un grand J, un modèle pour ses
pairs, une véritable institution pour le Québec. Le nom de Pierre Nadeau,
c'était l'invitation à l'excellence.
Au fil des
années, il a été le témoin fidèle de notre vie collective. Il a raconté tous
les méandres et a témoigné de nos plus
grands succès. Comme des millions de Québécois, j'ai ce sentiment de l'avoir
connu personnellement par l'entremise
de mon téléviseur. Pendant de nombreuses années, il a fait partie de notre
quotidien, de nos vies. Il nous a fait découvrir le monde en nous le
racontant, en nous l'interprétant avec une vision québécoise et canadienne, et
ce, en rencontrant, jour après jour, les plus hauts standards de sa profession.
Ces dernières années, affligé par la
maladie, il vivait en retrait de l'oeil du public. Mais ce que nous révèlent
tous les témoignages des dernières
semaines, c'est que, même 13 ans après avoir quitté les ondes, il occupait
toujours une place de choix dans le coeur des Québécois, à l'image d'un
parent éloigné pour qui on conserve une très grande affection.
Aux
membres de sa famille, vous qui l'avez partagé avec le public québécois toutes
ces années, je tiens à vous remercier. Mais le plus grand des
remerciements, il va à sa mémoire. Merci pour tout, M. Pierre Nadeau.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je cède la parole à M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Salutations à la famille de M. Nadeau.
Beaucoup
de choses ont été dites, depuis le 3 septembre, à propos de Pierre Nadeau,
des choses vraies. On a dit, par
exemple, que c'était un pionnier du
journalisme moderne, ce qui est tout
à fait vrai. J'ajouterais à ça une
expression. Ça a été aussi un ouvreur
de portes sur le monde, un éclaireur sur la voie de la connaissance, de la
curiosité, de la perspicacité, qui sont, quant à moi, les plus belles
qualités des grands journalistes.
Permettez-moi,
comme ancien journaliste, de dire aussi et de répéter ce qui a été dit de
M. Nadeau, c'est que c'était un
extraordinaire mentor. Plusieurs des journalistes de ma génération sont devenus justement
journalistes un peu, beaucoup
grâce à M. Nadeau. C'est sur ce point que je veux revenir avec une
anecdote.
Quelque
part en 2002, je venais d'être nommé chroniqueur à La Presse, on me
dit : Tu pourrais aller faire deux ou trois chroniques-semaine le matin à ce qui s'appelait à l'époque
Info 690. Je n'étais déjà pas trop assuré. Je glissais un peu sur la glace toute fraîche de ma nouvelle
profession, et, pour ajouter un peu à mon déséquilibre, on me dit : Fais-toi-z-en
pas, tu vas travailler avec Pierre
Nadeau. Bon, jusque-là, tout va bien. Et le patron d'Info 690, probablement pour m'asséner le coup de
grâce, me dit : Tu sais, Vincent, pour tes premières chroniques, tu
devrais aller en studio avec M. Nadeau plutôt que de le faire au téléphone.
• (11 h 30) •
Bon,
je trouvais, à l'époque, que ça m'en mettait beaucoup sur les épaules, de me
retrouver soudainement, moi, jeune
chroniqueur un peu blanc-bec devant ce géant du journalisme québécois. On
m'avait dit : Vas-y parce que tu vas découvrir un homme chaleureux. Et effectivement j'ai découvert un homme
chaleureux. Mais, en fait, j'ai redécouvert l'homme que je voyais dans ma
télévision, que j'entendais dans les médias depuis des années et des années. M. Nadeau
avait cette capacité extraordinaire de
transformer une aura tellement impressionnante en une présence bienveillante.
Mais il ne l'a pas fait qu'avec moi.
Je ne parle pas de moi ici, je parle
de ce que M. Nadeau a fait à tout le
monde dans cette salle et à tous les Québécois et Québécoises qui
ont eu l'occasion et la chance de l'entendre. Jamais
M. Nadeau n'a profité de cette aura
impressionnante pour prendre qui que
ce soit de haut; il nous a ouvert les
yeux sur un monde, il nous a éclairés, il nous a amenés ailleurs. Et, en
ce sens, c'est le lot des plus grands, M. le Président. C'est vrai en sport,
c'est vrai en politique, c'est vrai en journalisme.
M.
Nadeau a assurément laissé son nom en tête de liste des plus grands au Québec,
et je profite de l'occasion ici pour offrir, au nom de ma formation politique et, je suis persuadé, au nom de tout le monde en cette salle, mes plus sincères
condoléances à la famille de M. Nadeau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je reconnais maintenant Mme la députée de Gaspé.
Mme
Méganne Perry Mélançon
Mme
Perry Mélançon : M. le Président, membres de la famille de M. Nadeau, le 3 septembre dernier, une voix
s'est éteinte, une voix pour le moins
unique, facilement reconnaissable parmi toutes les autres, une voix
chaleureuse qui inspire la confiance.
Pierre Nadeau, le grand journaliste, nous a quittés, au terme d'un parcours
exceptionnel, après avoir fait partie du quotidien des Québécois et des Québécoises
pendant des décennies.
Depuis,
on a beaucoup vanté ses mérites, avec raison. Pierre Nadeau a
été un modèle pour nombre de journalistes et de correspondants qui ont
suivi ses traces. Il était aussi à l'aise en studio que sur le terrain et
n'avait peur de rien, paraît-il. Il menait
ses entrevues avec humanité, élégance et de façon très rigoureuse, par respect
pour ses téléspectateurs. Il savait
raconter, expliquer, dans un langage soutenu, irréprochable, mais également
accessible pour tous. Le gouvernement
de M. Parizeau a eu bien raison de le nommer
délégué du Québec à Boston en 1994. Quelle fierté d'être
représentés à l'étranger par Pierre Nadeau! Un personnage d'une telle
envergure, d'une telle classe nous a fait honneur.
Aujourd'hui,
c'est avec reconnaissance que nous lui rendons hommage. M. Nadeau laissera
un souvenir impérissable et
continuera d'être une référence dans le domaine. Ses proches peuvent être très
fiers de son héritage, et, au nom de
ma formation politique, nous leur souhaitons, à notre tour, toutes nos
plus sincères condoléances, et bon courage à vous. Merci, M. le
Président.
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce que cette motion est adoptée? Adopté.
Donc, je vous demanderais de vous lever pour une minute de silence en mémoire
de M. Nadeau.
• (11 h 33
—
11 h 34)
•
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Veuillez vous asseoir. Je reconnais maintenant un membre du groupe
formant l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Laurent.
Souligner la Journée mondiale des enseignant-e-s
Mme Rizqy :
M. le Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Sherbrooke, la
députée de Joliette,
le député de Chomedey et la
députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle qu'en 1994,
l'UNESCO désigna le 5 octobre de chaque année comme journée mondiale des
enseignantes et des enseignants afin de souligner leur dévouement qui permet d'assurer
une éducation équitable, inclusive et de qualité;
«Qu'elle invite la population à souligner
l'excellence du travail des enseignantes et des enseignants du Québec;
«Qu'elle
rappelle que chaque jour, des milliers d'enseignants offrent un enseignement de
qualité aux enfants dans nos écoles;
«Qu'elle
souligne l'importance de valoriser la profession, tant pour attirer des futurs
enseignants [mais aussi] pour retenir ceux qui sont déjà en poste;
«Qu'elle
demande au gouvernement de rendre la profession d'enseignant attirante et faire
la promotion d'une [...] qualité [d'enseignement supérieure];
«Qu'elle
demande au gouvernement de s'engager à améliorer les conditions de travail des
enseignants dans le cadre de la négociation qui s'amorce afin qu'elles soient
à la hauteur de leur rôle dans la société;
«Qu'enfin, elle
rappelle au gouvernement caquiste son engagement d'offrir un meilleur salaire
de départ aux enseignants en abolissant les six premiers échelons de l'échelle
salariale.»
Merci, M. le Président,
et bonne journée mondiale des enseignantes et enseignants.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Donc, nous allons procéder au vote par appel
nominal. Ça va pour tous?
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme St-Pierre
(Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit
(Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé
(Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone (Marquette).
M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Chassé (Châteauguay), M. Girard (Groulx),
Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay
(Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque (Chauveau),
Mme Lachance (Bellechasse), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles),
Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe
(Papineau), Mme Proulx
(Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), M. Lafrenière (Vachon),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond
(Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin
(Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière
(Gatineau), M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval),
M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie
(Sherbrooke), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Bérubé (Matane-Matapédia),
M. Ouellet (René-Lévesque), M. Roy (Bonaventure), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
Le
Vice-Président (M. Picard) : Que les députés contre veuillent
bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Picard) : La motion est adoptée. Oui, M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. À ceux qui sont touchés également par cette motion. Nous
vous prions de l'envoyer, ladite motion adoptée unanimement, aux
différents syndicats d'enseignants.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Ça sera fait, M. le leader de
l'opposition officielle. Maintenant, je reconnais maintenant un membre
du deuxième groupe d'opposition, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Demander
au gouvernement de déposer un projet de réforme
de la Loi sur la santé et la sécurité du travail
M. Leduc : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement
avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, le député
de Vimont, le député de Bonaventure, le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale
constate que de 2014 à 2018, le nombre de victimes d'accidents du travail ou de
maladies professionnelles est passé de 88 046 à 103 406;
«Qu'elle prenne acte qu'en 2018, 226 personnes sont
mortes d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle;
«Qu'elle
souligne que les mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la
sécurité au travail couvrent uniquement 26,1 % des travailleurs;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement, conformément à la motion adoptée unanimement
le 15 mai 2019, de respecter ses
engagements et de déposer d'ici la fin de la présente session parlementaire son
projet de réforme de la Loi sur la santé et la sécurité du travail.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Consentement, sans débat. Est-ce que cette motion
est adoptée? Adoptée? M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Désolé du délai, M. le Président. On va vous demander de procéder à un vote par
appel nominal.
Mise
aux voix
Le
Vice-Président (M. Picard) : Donc, est-ce que ça va pour MM. et
Mme les whips? Ça va? Donc, nous allons procéder au vote par appel
nominal. Que les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke),
M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau), M. Zanetti
(Jean-Lesage).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Chassé (Châteauguay), M. Girard (Groulx), Mme McCann
(Sanguinet), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel
(Granby), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), Mme Laforest (Chicoutimi), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe
(Papineau), Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond),
Mme IsaBelle (Huntingdon), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford),
Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux
(Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière
(Gatineau), M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval),
M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic).
M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
M. Ouellet (René-Lévesque), M. Roy
(Bonaventure), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Ouellette
(Chomedey), Mme Fournier (Marie-Victorin).
Le Vice-Président (M. Picard) : Que les
députés contre veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. La motion est adoptée.
Avis touchant les travaux
des commissions
À la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra
les consultations particulières sur le projet de loi n° 27, Loi concernant
principalement l'organisation gouvernementale en matière d'économie et
d'innovation, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
1 h 30 min ainsi que de 15 à 18 heures, à la salle du
Conseil législatif;
La Commission
de la santé et des services sociaux entreprendra les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 31,
Loi modifiant principalement la Loi sur la pharmacie afin de favoriser l'accès
à certains services, aujourd'hui,
après les affaires courantes pour une durée de 45 minutes et de 15 à
17 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'aménagement du territoire
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant principalement
l'encadrement des inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le
remplacement de la dénomination de la
Régie du logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement et
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives concernant le domaine
municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau ;
La Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres
dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux
élèves âgés de 4 ans, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à 18 heures, à la salle
Pauline-Marois.
Voilà,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le
leader. Pour ma part, je vous avise que la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs se réunira en séance de travail
aujourd'hui, de 18 heures à 19 heures, à la salle RC.161, afin d'organiser les
travaux de la commission.
À la
rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée... Ça va?
Affaires du
jour
La période des affaires courantes étant terminée, nous allons
maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui. Alors, M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article 23 du feuilleton...
Projet de
loi n° 14
Adoption
Le Vice-Président (M. Picard) : À l'article 23
du feuilleton, M. le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale propose l'adoption
du projet de loi n° 14, Loi favorisant la transformation numérique de
l'administration publique. Y a-t-il des interventions? M. le ministre.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président.
Vous savez, M. le Président, dans ma carrière politique, donc, dans un peu plus d'une douzaine d'années à l'Assemblée
nationale, j'ai eu l'occasion de déposer un certain nombre de projets de loi. J'ai même, M. le Président, dans
l'opposition, fait franchir une étape à un de ces projets de loi là, l'adoption
sur le principe. Ça
s'était arrêté là. Alors, aujourd'hui, M. le Président, je pense que j'ai
toutes les raisons d'être optimiste quant au fait que le projet de loi n° 14 pourrait être
adopté par l'Assemblée nationale. Et je vous avoue que c'est un sujet de
fierté, fierté parce qu'effectivement
ce sera la première fois que je fais adopter un projet de loi à l'Assemblée
nationale, mais fierté en raison aussi de ce que le projet de loi n° 14 va
nous permettre de faire au gouvernement du Québec dans une perspective
de transformation numérique.
Vous savez, M. le Président,
la transformation numérique, c'est un immense chantier, un immense chantier qui
se bute à certains obstacles. Un de ces obstacles-là est
la façon, actuellement, dont, au gouvernement du Québec, la loi structure la responsabilité quant aux données qui
sont confiées au gouvernement du Québec et quant à la façon dont ces données-là peuvent être transmises d'une
organisation à l'autre. Donc, ce cloisonnement-là fait en sorte que le
gouvernement du Québec a peu ou pas de chances de réussir une
transformation numérique.
J'ai eu l'occasion de le
répéter en cette Chambre, en commission parlementaire, et le projet de loi
n° 14 est une solution...
Et je le répète, M. le Président, parce que c'est important, oui, le projet de
loi n° 14 est une solution, mais c'est une solution
temporaire. Je le dis et je le répète. Et j'ai apprécié, d'ailleurs, la
ministre de la Justice, qui nous a déjà annoncé
que ce chantier-là s'amorcerait sous peu, chantier qui consiste à réformer la
loi d'accès à l'information, qui est la façon pérenne d'assurer la protection
de nos données, oui, la protection de nos renseignements personnels, oui, mais
cette circulation nécessaire de la donnée, nécessaire à toute
transformation numérique.
• (11 h 50) •
M. le Président, pourquoi la
transformation numérique est-elle nécessaire au gouvernement du Québec, comme
dans toute organisation, toute grande organisation? Bien, je pense qu'il faut
comprendre que cette transformation-là, le gouvernement du Québec ne la fait pas par choix.
Elle lui est imposée par la société. La transformation numérique, on le
vit au quotidien, particulièrement chez les plus jeunes, il faut le dire, pour
qui le téléphone intelligent, la tablette sont pratiquement des extensions de leur corps, tellement c'est rendu un
outil dont ils se servent au quotidien. La rectrice de l'Université
Laval me disait qu'en moyenne un
étudiant à l'Université Laval a trois appareils électroniques dont il se
sert dans le cadre de sa vie quotidienne et
de ses études : le téléphone intelligent, l'ordinateur portable et la
tablette. En moyenne, à peu près
tous les étudiants à l'Université
Laval ont ces trois outils-là, ce qui
a amené cette organisation-là à se
transformer, ce qui a amené l'Université
Laval à être l'université francophone qui produisait le plus de contenu numérique dans le
cadre de sa pédagogie.
Donc,
on voit ces grandes organisations là qui prennent le virage numérique, parce qu'on comprend les avantages, les nombreux avantages de la transformation
numérique dans une perspective de service au client. Je dis «client» au sens
très large, là, j'espère que personne ne va
s'en offusquer, mais ceux qui consomment nos services étant ceux que je désigne
comme les clients et ceux qui sont notre raison d'être, dans le fond.
Alors,
M. le Président, le gouvernement du Québec doit s'inscrire dans cette
mouvance-là d'une façon beaucoup plus
dynamique, d'une façon beaucoup plus intense — intensive, je dirais — parce que... D'abord, le Québec, de par ce
qu'il est, par sa configuration, fait en
sorte que le numérique nous permet d'être au service de nos citoyens au
quotidien, nous permet d'apporter le
service jusqu'au citoyen, nous permet, comme je le dis souvent, j'ai une
expression, de faire en sorte que le
gouvernement du Québec, les services du gouvernement du Québec seront toujours
au bout du pouce. Et ça, pour nos concitoyens, c'est un avantage
incroyable.
Dans une ère où la
vie va vite, où le temps nous manque, nous n'avons plus le temps de nous mettre
en ligne pendant des heures ou, en tout cas,
de nombreuses minutes, voire des heures, pour recevoir un service. Nous n'avons
plus le temps d'attendre au téléphone
qu'un agent se libère pour nous répondre. Nous n'avons plus le temps, dans une
perspective de services, de passer de
trop nombreuses minutes à répéter des informations que le gouvernement a déjà
en sa possession, mais qu'on ne
transmet pas, justement, en raison des cloisons dont je vous parlais, ce qui
fait que la main gauche, la main droite puis le cerveau souvent ne communiquent
pas vraiment bien ensemble. Ça, c'est quand ils communiquent. On n'a plus de temps pour ça, M. le Président, et il n'y
a plus de raisons, il n'y a plus de raison que ces situations-là perdurent.
Il
y a encore des organisations, M. le Président... et ça, ça a été une anecdote à
mon cabinet quand je suis arrivé, parce
qu'une de mes conseillères est sortie en disant : Bien, écoutez, ma fille
vient de m'appeler un peu en panique parce qu'elle doit transmettre des documents à un organisme du gouvernement,
dont je tairai le nom, et cet organisme-là lui a demandé de communiquer
lesdits documents par fax. Et sa fille de répondre : Maman, c'est quoi, un
fax?
Alors, M. le Président, comprenez-vous à quel
point ce que je vous disais, cette transformation numérique là, ce n'est pas un caprice, c'est une nécessité, et à
quel point, M. le Président, on part de loin, parce qu'il y a encore de trop
nombreuses organisations qui utilisent des
moyens de communication dont la place n'est pas sur leur bureau, elle est dans
un musée. C'est ça, la place d'un fax, c'est dans un musée. Et moi, j'ai dit ça
puis j'ai eu plein de communications pour dire : Mais vous ne savez pas ce que vous dites, M. le ministre, ça
n'a pas d'allure. Vous ne pouvez pas nous enlever nos fax, parce que, sinon, on
est complètement démunis. Mais je le crois, M. le Président, je le crois. Je
crois que ces organisations-là sont
démunies, mais peut-être pas au sens où elles l'entendent, parce que ce qui
prouve qu'elles sont démunies, c'est le fait qu'on utilise encore ce
genre de moyen de communication là. Il y a une génération entière qui ne sait
même pas de quoi on parle quand on parle
d'un fax. Il y a une génération qui se dit : Bien voyons, je ne sais même
pas comment je peux opérer ça.
Remarquez,
il y a peut-être des avantages, M. le Président, parce que ces technologies-là
sont tellement désuètes que les nouveaux hackers ne savent pas comment
les craquer. C'est tellement vieux qu'ils ne savent pas comment ça marche. Non, mais je dis ça à la blague, M. le
Président, mais, en même temps, je pense qu'il faut en rire, mais ce n'est pas
drôle.
Donc, M. le
Président, il y a une transformation numérique importante à faire. Qu'est-ce
que le projet de loi n° 14 va
nous permettre? Bien, d'abord, comme je l'ai mentionné, le projet de loi
n° 14, l'essence du projet de loi n° 14, c'est de permettre
cette communication-là d'information entre différentes entités du gouvernement.
Bien sûr,
on ne veut pas le faire de n'importe quelle façon, comme j'ai dit. Il y a
aussi un volet très important, puis je pense qu'il y a une sensibilité
particulière par les temps qui courent, sur la protection de nos données et nos
renseignements personnels.
Les Québécois, comme le reste des citoyens de la planète, on vu
des organisations, dont ce n'est pas
mon but de faire leur procès ici aujourd'hui, mais, quand
même, abuser de la confiance des
gens, collecter de l'information sous des prétextes de services ou d'interaction
avec les citoyens pour ensuite revendre cette information-là, ce qui n'était évidemment par le but premier
quand ces informations-là leur ont été communiquées. Et les citoyens se sont
sentis trahis. Les citoyens ont senti qu'on
s'immisçait dans leur vie privée, on allait au plus profond de leur intimité
par ces moyens-là.
Donc, évidemment,
il y a un volet extrêmement important sur la protection des données et des
renseignements personnels de nos concitoyens. J'écoutais des panélistes, lundi, dire : Est-ce que
la vie privée existe encore? Bien évidemment
que la vie privée existe encore. Est-ce que
les moyens technologiques qui sont déployés pourraient représenter une
intrusion dans la vie privée des
gens? Absolument. Est-ce
qu'on doit encadrer ça et empêcher ce
phénomène-là d'intrusion dans la vie privée de nos concitoyens ou d'une utilisation,
je dirais, malveillante, voire même inappropriée, sans parler de malveillance, mais juste inappropriée, de leurs
renseignements? Bien sûr que cette situation-là peut prévaloir
dans différentes organisations, et bien sûr
qu'on doit réglementer ça, encadrer ça et faire en sorte que ça n'arrive
pas. Donc, le projet de loi n° 14 relève, je pense, ces deux défis-là,
le défi de la mobilité de la donnée, tout en assurant un niveau de protection adéquat à l'information qui sera
communiquée d'une organisation à l'autre.
Le projet de loi n° 14 prévoit évidemment
de mettre en... de garder en place, c'est-à-dire, M. le Président, les mesures
qui sont déjà mises en place par la loi d'accès à l'information. J'ai dit
tantôt, et je le pense sincèrement, cette
loi-là doit être réformée. Par contre, il
faut se garder de la tentation de
jeter le bébé avec l'eau du bain. Tout n'est pas mauvais dans la loi de
l'accès à l'information. Il y a encore des dispositions là-dedans qui sont
d'actualité, qui sont essentielles et qu'on devra préserver, sur la protection
des données et des renseignements personnels, sur le rôle d'un organisme
neutre qui sert de chien de garde à l'application de la loi et à la protection des données et des
renseignements personnels. Donc, il
y a différents éléments comme ça, M. le Président, qui m'apparaissent fondamentaux
de conserver dans notre réflexion.
Maintenant,
il faut bonifier certaines dispositions de la loi. Le projet de loi n° 14,
je pense, va nous servir aussi à
évaluer jusqu'à quel point ces mesures-là sont efficaces. Je pense, entre
autres, à une mesure qui est l'évaluation des risques. C'est une mesure nouvelle qui est amenée par le projet de loi
n° 14. C'est des choses qui ne se faisaient pas dans le passé sur
le risque inhérent à l'utilisation des données par de multiples organisations.
Mon collègue
de La Pinière en a fait mention dans ses interventions, puis je suis quand
même d'accord avec lui, même si je ne
partage pas tous les tenants et les aboutissants de son propos, mais
effectivement le gouvernement du Québec est appelé à retenir les services ou à collaborer — moi, j'aime mieux le terme
«collaborer» — avec des
organismes qui sont externes au
périmètre du gouvernement du Québec. Donc, il faut se poser ces questions-là,
de quelle façon on gère ça. C'est
prévu dans le projet de loi n° 14, c'est prévu de par l'application de la
loi d'accès à l'information. On a bonifié ça, je dois le dire, à la
suggestion du député de La Pinière en s'assurant que des audits de
conformité puissent être faits sur ces
entreprises-là qui feraient affaire éventuellement avec le gouvernement du
Québec, dans un certain cadre, parce qu'il était important, pour nous, de ne pas priver les petites entreprises de
travailler en collaboration et en cocréation avec le gouvernement du
Québec, dans cette tendance qui est assez... qui est nouvelle, mais qui est
porteuse de beaucoup de bénéfices pour le gouvernement du Québec, donc, la
cocréation avec des plus petites entreprises.
Donc, je
pense qu'il fallait trouver un équilibre entre la volonté de s'assurer que nos
partenaires sont des partenaires qui
sont crédibles, qui ont des bonnes pratiques, qui comprennent les enjeux
éthiques de l'utilisation des données et qu'ils les maîtrisent, qu'ils les mettent en application, mais notre capacité
aussi à faire affaire avec de plus petites entreprises puis ne pas donner tous les contrats du
gouvernement aux géants des technologies de l'information de ce monde. Donc,
ça, je pense qu'on a réussi à trouver une solution et un équilibre qui
est intéressant.
• (12 heures) •
Autre chose,
M. le Président, il va être nécessaire, comme je disais, de faire une
évaluation des risques, de faire approuver cette évaluation des risques
là par la Commission d'accès à l'information et aussi de rendre publiques non seulement l'évaluation
qui a été faite, mais l'utilisation qui a été faite des données dans le cadre
du projet de ressources informationnelles. Donc, ça, c'est nouveau aussi
et ça amène plus de transparence. Parce qu'il a toujours été possible pour
deux organisations de s'échanger des
données, mais c'était un processus qui était extrêmement bureaucratique, très
lourd, très long, très complexe dont la finalité n'était pas toujours
claire, mais surtout les ententes n'étaient jamais rendues publiques. Donc, la finalité contractuelle de ça
ou des ententes de ça n'était jamais rendue publique. Là, il y aura,
annuellement, un rapport qui va être
déposé qui va permettre aux citoyens de voir quelles sont les évaluations de
risques qui ont été faites, les
évaluations potentielles, quelle utilisation a été faite des données dans le
cadre du projet en ressources informationnelles. Donc, il y a un élément de transparence, et en général un élément de
transparence comme celui-là amène un plus haut niveau de conscience pour les gestionnaires dans l'utilisation qu'ils
vont faire des ressources qui leur sont fournies parce que, dans le
fond, ils savent qu'ils vont passer à travers le prisme du regard du public et
de la Commission d'accès à l'information.
Donc, ça amène, je dirais, un plus haut niveau de conscience dans la gestion
efficace, efficiente et responsable des outils qui leur sont confiés,
notamment les données et les renseignements personnels des Québécois.
Donc, je ne
veux pas m'étendre à outrance, M. le Président, je pense qu'il y a eu beaucoup
de débats, beaucoup de choses qui ont
été dites ici et en commission parlementaire. Je voudrais peut-être conclure en
quelques remerciements : d'abord,
mes collègues du gouvernement qui ont travaillé avec moi sur la commission
pendant les heures où on a fait l'étude article par article, le député de La Pinière. On a eu des échanges
fructueux, je dirais. Certains les ont qualifiés autrement, mais je pense qu'et le député de La Pinière
et moi savons qu'au fond nous avons l'un pour l'autre le plus grand des
respects et que ce qui a commandé ces discussions-là
était l'intérêt commun et de s'assurer que l'objectif final du projet de loi n° 14 soit rencontré,
c'est-à-dire permettre une transformation numérique ordonnée, cohérente et
sécuritaire du gouvernement du Québec, donc je veux le remercier. Je
veux remercier mon collègue de René-Lévesque aussi, qui a participé à nos travaux, qui a eu une contribution à nos travaux,
qui a déposé des amendements et qui a permis de bonifier le projet de loi
et de faire aujourd'hui que je pense sincèrement que nous allons, je l'espère,
adopter le projet de loi n° 14, un outil important, une pièce maîtresse de la transformation
numérique du gouvernement du Québec. Et là-dessus, M. le Président, je
vais m'arrêter, en remerciant mes collègues pour le travail qui a été accompli.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de commencer... par collégialité,
féliciter le ministre délégué à la
Transformation numérique. Comme il l'a dit, c'est un moment particulier, c'est
son premier projet de loi. Il a été en Chambre
longtemps avant d'en arriver à son premier projet de loi, alors je pense que...
Il peut être certain, je l'affirme ici, M. le Président, qu'il a quelqu'un en face de lui qui comprend son
niveau de satisfaction. Alors, je souligne le travail qui a été fait et
je souligne le fait que ce travail-là a été fait avec sérieux et avec, comme on
dit aujourd'hui dans le langage courant, un
focus très clair sur la finalité du projet de loi, et je le souligne. D'autant
plus, évidemment, que, je l'ai dit à plusieurs
reprises, le fond du projet de loi et la finalité, on est d'accord là-dessus,
puis, bon, je peux vous dire tout de suite que, dépendamment de comment les travaux vont aller, on va appuyer le
projet de loi, c'est assez clair. Alors, c'est là qu'on est rendus
aujourd'hui.
Il est
chanceux, le ministre délégué, aussi parce qu'en face de lui il se retrouve
avec une opposition positive. Puis j'aurai fait attention, puis je pense que le
ministre l'a reconnu dans ses derniers mots, à faire en sorte que les propos
que j'aurai tenus ou les critiques
que j'aurai tenues étaient ciblées, puis on n'est pas allés dans le n'importe
quoi. Puis là je m'en vais me
permettre de faire référence au ministre de l'Éducation, je n'ai pas le choix,
M. le Président. Peut-être qu'à un moment donné il va falloir qu'il
comprenne qu'il fait la même réforme que j'ai faite avec, essentiellement, la
même structure et la même finalité, mais ça
l'amuse beaucoup de faire des références, comme beaucoup de gens le font de ce
côté-là de la Chambre, qui sont malheureuses, mais, que voulez-vous, c'est la
vie parlementaire d'aujourd'hui.
Alors, moi,
je trouve que le ministre délégué a fait du très bon travail. On arrive à la
conclusion de ce travail-là, qui a commencé
par des consultations particulières. Et je pense que je peux dire — là, je vais m'avancer sans mettre des
paroles dans la bouche du ministre — qu'on a peut-être, l'un et
l'autre, une petite déception pour les consultations particulières. On aurait aimé avoir plus de gens. Pas que les gens qui
sont venus n'avaient pas l'envergure nécessaire, au contraire, les gens sont
venus faire des contributions très positives. Mais, pour un sujet aussi
important et à propos dans le temps,
on aurait bénéficié, je pense, d'un peu plus de débats. Mais je reconnais et je
souligne le travail des gens qui sont venus
d'une façon très constructive et très positive pour vraiment
harnacher un enjeu, pour l'amener à bon port aujourd'hui, qui est
celui de la transformation numérique.
Et à cet égard-là je souligne la contribution de
la Commission d'accès à l'information, qui, et je l'ai dit à plusieurs
reprises, à ma grande surprise, est venue en consultations particulières
apporter un éclairage très positif alors que
je m'attendais à ce qu'ils soient très négatifs ou, au plus, neutres. Ça a
excédé mes aspirations. Mais je ne sais pas si le ministre savait que
ça allait être comme ça, mais moi, je peux vous dire une chose, M. le
Président, j'étais presque bouche bée de bonheur face à ces
commentaires-là de la Commission d'accès à l'information.
Alors, ça a
bien commencé, puis je pense que ça a bien continué. On a eu des travaux, en
étude détaillée, qui ont été, là aussi, constructifs. Il y a des
aménagements... Vous savez, c'est un projet de loi qui est court, le projet de
loi n° 14, mais qui a des enjeux
qui sont immenses et qui a nécessité des débats qui ont fait en sorte qu'on a
procédé, d'un commun accord, à des amendements, certaines modifications
qui ont bonifié le projet de loi. Et à cet égard-là j'en suis personnellement
très satisfait.
Vous savez,
M. le Président, souvent, quand je fais cette allocution-là, je fais des
références à mon propre passé. Moi,
il y a un auteur que j'aime beaucoup, que j'aimais beaucoup quand j'étais
enfant, adolescent, c'est Isaac Asimov. Et Isaac Asimov, c'était probablement le premier auteur de science-fiction
qui a vu la puissance de l'information dans un environnement qui, dans
ses thèmes à lui, était robotisé. Mais, quand on lit particulièrement une de
ses trilogies où l'humanité du futur est à
la recherche de l'endroit où on a conservé l'information, c'est assez amusant
de voir que, dans un roman des
années 40‑50, on ait vu, déjà à l'époque, le dépôt central de
l'information de toute l'humanité et l'importance d'avoir ça, et c'est assez intéressant de voir ça.
Et, si dans l'histoire on a souvent dit que l'argent était le nerf de la
guerre, je pense qu'aujourd'hui l'information est le nerf de la guerre.
Et la guerre, ce n'est plus la guerre qu'on a connue. La guerre, c'est autre chose. Et le traitement de
l'information par toutes les organisations, que ce soient nous-mêmes, ou les
gouvernements, ou autres organisations paragouvernementales, ça devient
un enjeu majeur.
Quand j'écoutais le ministre faire son
allocution, lorsqu'il parlait de la circulation de l'information et de la disponibilité, me venait à l'esprit la
Bibliothèque du Congrès américain, où sont essentiellement déposés à peu près
tout ce qui est publié. C'est immense. C'est immense, immense, immense.
Et on voit bien aujourd'hui qu'on est arrivés au jour où on ne peut plus
stocker l'information physiquement. L'information doit être stockée
numériquement parce qu'il y en a trop et il
y en aura toujours de plus en plus avec le développement économique et des
sociétés de par le monde. On arrive là. Puis, comme le ministre l'a dit,
et je suis d'accord avec lui, ce n'est pas juste «on arrive là», on devrait
conjuguer ça au passé, on est arrivés là. On est en retard, et on doit faire en
sorte qu'on puisse se mettre à date. Et essentiellement
le projet de loi n° 14 vient s'adresser à ça, mais à l'échelle du
gouvernement du Québec. Et, comme le ministre l'a dit, puis là je veux m'adresser à ces
deux éléments-là en particulier, il y a deux défis qui sont à relever. Un des
défis, évidemment, est la transmission des
données, ce dont je parlais à l'instant, et aussi la sécurité. La sécurité, je
vais y revenir dans quelques instants.
La critique
que j'ai faite, à date, du projet de loi et que j'ai faite tout le long de son
cheminement, elle n'était pas sévère, elle était plus dans le ton de la
déception, déception étant, évidemment, très relative, M. le Président. D'en
arriver aujourd'hui à déposer et à adopter ce projet de loi là, c'est
déjà un grand pas, c'est quelque chose qu'on doit voir très positivement.
• (12 h 10) •
Mais
évidemment que, quand on embarque sur un chemin, là, on veut arriver vite à
destination puis on souhaite toujours en faire plus. On n'a pas toujours les
moyens de faire ce que l'on veut faire, il faut commencer en quelque part.
Mais, bon, il arrive, à un moment donné,
qu'on se dit au début : Bien, peut-être qu'on aurait pu faire ça à la case
départ. On a appris — ce
n'est pas la première fois que le ministre le dit — que
la ministre de la Justice allait arriver bientôt... Le ministre l'a réaffirmé d'une façon très catégorique, semble-t-il que, dans ce mandat, on
va s'engager dans des travaux de
révision de la loi de l'accès à l'information. Je vais vous dire une chose, M.
le Président, là, j'espère, pour mon propre plaisir politique, que les
travaux vont commencer maintenant. Vraiment, là, si ça, ça se fait, là, c'est
une autre grande avancée. Puis, je vais vous
le dire tout de suite, je ne m'attends pas à ce que ça finisse dans ce
mandat-ci. Si ça se termine dans ce
mandat-ci, c'est parce que c'est la preuve que la société a vraiment changé,
parce qu'on est rendus là. Donc, les appréhensions vont être différentes.
À cet égard-là, M. le Président, laissez-moi
vous parler de la conversation que j'ai eue hier. Ça va intéresser le ministre et même tous les gens qui nous
accompagnent ici, dans la pièce. Je suis de l'âge de ceux qui... je suis d'un
âge où j'ai des jeunes adultes comme
enfants. Et, avec mes garçons, hier, qui sont dans la vingtaine, j'avais une
conversation à cause d'un reportage
que j'ai entendu à la radio, reportage qui faisait état que des jeunes se
passaient des applications, sur un
téléphone cellulaire, qui leur permettaient, en réseau, de savoir où est-ce
qu'ils étaient. Ah! un tel voit que l'autre tel rentre au cinéma à telle heure. Ça, je vais vous dire une chose, M. le
Président, ce n'est pas quelque chose, exactement, qu'on aurait vu dans mon temps. Et, si, dans mon
temps, on avait voulu faire ça avec nos ados ou nos jeunes adultes, ça aurait fait un méchant drame à la maison, on va
dire ça comme ça. Et là, semble-t-il... puis là ça montre à quel point je ne
suis pas de mon temps, ça a l'air que c'est
de même que ça se passe régulièrement et qu'ils sont contents. Alors, j'ai posé
la question à mes deux garçons, j'ai
dit : Écoute, là, c'est votre vie privée, là, qui est comme ça. Ah! c'est
comme ça. Ils vivent de même. Alors,
que l'information... J'ai dit : Tu te rends-u compte que le gouvernement
peut faire... une compagnie, le gouvernement, on peut te profiler? Bien, il
dit : Ah oui! c'est sûr, je suis profilé, je suis profilé, c'est bien
évident, puis là de me répondre, du
tac au tac : Toi aussi, papa. J'ai dit : Oui, mais c'est parce que,
moi, quand vous allez sur Google, vous n'allez
pas trouver grand-chose. Hi! ils ont dit : Regarde bien, tu es profilé
pareil. Et puis c'est vrai, c'est vrai. D'ailleurs, faites-en l'expérience sur vos applications. Sur
vos applications, lorsque vous allez regarder le fil de nouvelles, regardez
l'annonce qui vous apparaît, c'est en
général en lien avec ce que vous avez regardé beaucoup récemment. Alors, moi,
je vais vous en raconter une bonne.
Cet été, j'ai beaucoup regardé les tondeuses parce que... et là, à un moment
donné, il s'est mis à n'apparaître que des annonces de tondeuses en regardant
le fil de nouvelles. Alors, j'ai été obligé d'admettre que, même si je
ne suis pas sur Facebook, bon, j'ai un compte Twitter, et ainsi de suite, je
suis profilé. Et les jeunes d'aujourd'hui, à
ma grande surprise, sont confortables avec cette espèce de diffusion de leurs
données là. Je ne pense pas qu'ils
sont confortables avec la diffusion de tout, mais ils sont certainement plus
confortables que nous autres à une hauteur pas mal différente.
Alors, on
arrive là, et c'est peut-être pour ça que la prochaine révision de la loi
d'accès à l'information va être plus
facile, parce que l'état d'esprit des gens a changé sur une période d'une
vingtaine d'années. Moi, j'ai été impliqué pour la première fois dans
ces dossiers-là, M. le Président, officiellement, là, comme président d'une
organisation professionnelle, en 1996. En
1996, c'était la fin du monde. Je vous le dis, là, la fin du monde. Ça fait
23 ans, et aujourd'hui on est
ailleurs, alors c'est de bon augure. Alors, ça, c'est le lien que je fais avec
les consultations qu'on a faites et le fait qu'on nous annonce une révision qui va permettre au ministre, je le
souhaite, d'aller plus loin dans la mise en application et l'effet
ultime qu'il recherche avec le projet de loi n° 14.
Mais, dans le
projet de loi n° 14, il y a un risque, et je l'ai exprimé à plusieurs
reprises. Il y a un risque au projet de loi n° 14. Rappelons que le projet
de loi, il est construit pour permettre au ministre d'avoir ce qu'on peut
appeler, mais qu'on n'appelle pas comme ça, des projets pilotes. On les
appelle des projets d'intérêts gouvernementaux, des projets d'intérêts gouvernementaux. Je ne reviendrai pas
sur la définition de l'intérêt gouvernemental, on a passé bien, bien, bien du temps là-dessus. Bon, essentiellement, ça nous
intéresse, on le fait, puis je le dis positivement, et on fait une espèce
de projet pilote, un projet pilote qui n'est
pas un projet pilote, mais qui est une espèce d'essai, est-ce qu'on peut
transformer notre façon de
fonctionner pour un secteur de traitement de données x entre au moins deux
entités, plusieurs entités pour voir si l'on peut transférer des
données, comme le ministre l'a dit, en amener une fluidité qui soit appropriée.
Je l'ai dit à
plusieurs reprises, je le redis en
fin de ces travaux-là sur le projet
de loi n° 14, il y a
deux éléments dans ce que le ministre veut faire. Il y a l'élément de la
transmission de données, mais il y a aussi — excusez-moi, M. le Président, je vais prendre une gorgée — l'élément des données à faire circuler. On ne
peut pas faire circuler correctement...
On peut le faire, là, mais l'idéal ne serait pas simplement faire circuler une
donnée, mais faire en sorte que la donnée qui est acquise et stockée
dans l'entité de départ soit acquise et stockée d'une façon telle qu'elle soit reproductible en soi d'un endroit à l'autre, d'une
entité à l'autre, et ça, c'est fondamental. J'ai plusieurs fois fait la blague
désagréable, mais qui ne voulait pas être si méchante que ça, au ministre comme
quoi qu'il ne fallait pas qu'il devienne le ministre de l'Interface, il ne fallait pas que le projet de loi
n° 14 ne serve qu'à faire une interface au citoyen, qui va pouvoir demander des choses extrêmement simples à une base
de données — ça,
c'est très facile à faire — alors que ce qui est le plus utile pour l'État, c'est, au-delà de la
donnée extrêmement simple, que toutes les autres données soient colligées et
stockées d'une façon qui soit cohérente.
Cohérence, ça, ça veut dire, dans ces termes-là, qu'elles soient reproductibles
d'une entité à l'autre et, par la
reproductibilité, on a quelque chose qui devient plus fluide, et ultimement ça
nous amène à ce que tout gouvernement
voudrait avoir, une base de données globale que l'on peut interroger d'une
façon facile et efficace.
Croyez-le ou
non, M. le Président, dans l'organisation que je présidais avant de venir en politique, on avait des bases de données qui étaient substantielles,
substantielles, qui étaient bien construites. Elles venaient de la RAMQ. On
avait des données en miroir, là, pas toutes
les données de la RAMQ, mais des données de ceux que je représentais. Écoutez, là, quand on dit, là... Puis on avait un équipement
performant. Le ministre va aimer ça, cet exemple-là, on avait un équipement qui était, en termes de hardware, là,
pour utiliser le terme consacré... on était très, très, très à date et on était
selon les standards. Faire une requête, là, faire une requête, je veux savoir
si telle chose dans telles conditions donne tel
résultat, O.K., bien là, quand on mettait ça à «enter», là, quand
on faisait la requête, là, bien construite, ça pouvait prendre jusqu'à 36 heures avant que ça sorte. Et ça,
ça signifie quoi, ça, M. le Président? Ça signifie que la base de données que l'on avait, nous, dans notre organisation, qui est infiniment plus petite que celle que le gouvernement peut avoir dans son ensemble,
est tellement grande que, même avec les équipements que l'on a aujourd'hui, ça prend beaucoup de temps, et ce beaucoup de temps là, il
est conditionnel à l'architecture qui est derrière.
Et là je vous
parle de... ce n'est pas comme la chanson, là, je ne vous parle pas d'un autre
temps, là. C'est un autre temps pareil, mais je vous parle d'il y a, essentiellement,
une dizaine d'années. Bon, aujourd'hui, là, ça ne prendrait peut-être
pas 36 heures, ça prendrait probablement 12 heures, peut-être huit heures, mais
les analyses que l'on faisait ne sortaient pas en trois minutes. Alors,
le processeur, là, il tournait parce qu'on avait une mégabanque de données, et
il y avait un défaut dans notre mégabanque
de données. Dans une banque de données, là, il y a des sous-banques, hein,
on va l'appeler comme ça pour que ça soit facile à comprendre. Et c'est là
qu'arrive le problème : quand on doit croiser des données, même si c'est le même sujet, à partir de
sous-banques, là, bien là, là, si ce n'est pas écrit d'une façon cohérente,
au sens informatique du terme, attelez-vous, M. le Président, ça prend du
temps. Ça se fait, mais ça prend du temps.
Ce que
recherche le ministre, puis j'en suis convaincu, que c'est ça qu'il
recherche, c'est de faire en sorte qu'on puisse transmettre la donnée d'une façon fluide, mais aussi qu'à la base
notre base de données soit la plus fonctionnelle, la plus efficace possible. Et ça, je le souhaite,
qu'il réussisse à faire ça. Et, dans le projet de loi n° 14, bien là, ce n'est pas garanti qu'on va arriver là. Et là j'en
arrive à ça. Ça, c'est la faiblesse du projet de loi n° 14.
Ce n'est pas la faiblesse du ministre,
c'est la faiblesse du projet de loi. On a donné un mandat au ministre
de faire des essais pour voir si on pouvait les transposer à grande échelle. Je résume, je résume, là, mais c'est de
ça qu'on parle. Et le ministre, malheureusement
pour lui, ne dispose pas nécessairement de tous les budgets qu'il aurait
souhaités pour faire ça ni de la main-d'oeuvre nécessaire pour le faire.
C'est la raison pour laquelle je le critique sur le fait que j'aurais souhaité
qu'on le fasse à l'interne, mais il
ne peut pas le faire à l'interne si l'ampleur est trop grande parce qu'il n'a pas la main-d'oeuvre. Alors donc, là, il y a un enjeu.
• (12 h 20) •
Alors, est-ce que
les essais que le ministre va faire — et
ce sont des bons essais — vont
faire en sorte qu'on va pouvoir
arriver à la bonne destination, qui est celle que je viens d'exprimer et qui
est commune avec la vision du ministre? Le
temps va le dire. Et la meilleure démonstration de ça, M. le Président, c'est que les essais que le ministre va faire — puis
je ne dis pas ça négativement, c'est positif
ce que je dis, il faut les faire, ces essais-là — les essais qui vont être faits, est-ce que ça va mener à une mise en application à grande
échelle? Rien n'est moins sûr parce qu'il a été clairement démontré, de l'admission du ministre lui-même, puis ce
n'est pas une admission... ce n'était pas un secret, là. Quand on connaît ça un peu puis qu'on voit la structure du projet de loi et sa finalité, à un moment
donné on lève la main : Donc,
ça, ça demande une loi de mise en
application? La réponse, c'est oui pour la plupart des essais. Donc, on arrive
à une étape ultérieure qui, on le
sait, dans la vie parlementaire, peut non... pas nécessairement
être une étape facilitatrice, mais qui peut être un obstacle. Quand on fait un essai qui devient concluant,
qu'on décide après de mettre en application à une grande échelle, il arrive
quoi? Il faut la loi d'application. Donc,
c'est un obstacle, et l'obstacle peut être utilisé pour ne pas dépenser les
sous qui viennent après. Alors là, le
vrai enjeu, pour moi, il est là. L'enjeu, là, il n'est pas dans le projet de loi n° 14. C'est une bonne affaire, le projet de
loi n° 14,
c'est une bonne idée. On n'a pas les moyens de tout essayer. La finalité est
bonne, on n'a pas les moyens de tout
essayer puis on n'a pas les moyens non plus de le mettre en application après.
Alors, ça serait plate, et ça, le
temps le dira, ça serait plate, de façon gouvernementale et politique, qu'on
n'aille pas à après si les essais
sont concluants. Je souhaite au ministre d'avoir le plaisir de faire adopter sa première
loi de mise en application, je lui souhaite. Je pense que celle-là va
lui faire encore plus plaisir que la loi d'aujourd'hui. Mais l'enjeu, il est
là.
Alors, quand
on regarde les deux volets, bien, les deux volets, qui est celui de la sécurité
et celui des projets, là, de la mise
en place de ça... ah! non, je m'excuse, pas la sécurité, mais la loi d'accès à
l'information et la sécurité, ça, ça va dans le même domaine, alors on voit que
ce sont des travaux qui vont, pour l'un, le 14, clairement commencer dans
ce mandat-ci... Bon, je comprends que ça va
commencer pour la révision de la loi d'accès à l'information, mais on voit
aussi surtout que ça nous amène plus
loin en termes de vie parlementaire, et ça, je serais très déçu que ça ne puisse
pas aller jusqu'au bout.
Je
ne peux pas passer à côté de l'enjeu de la sécurité des données personnelles.
Je ne peux pas passer à côté de ça
parce que c'était un des arguments que j'ai utilisés abondamment dans nos
échanges avec le ministre pour qu'on puisse faire ça à l'interne. Vous
savez, puis là je ne le dis pas méchamment, M. le Président, on a tous
entendu ici, à plusieurs reprises, et ceux qui nous écoutent à la maison le
ministre délégué, lorsqu'il était assis de côté-ci de la
Chambre, vilipender, on va dire, le gouvernement sur son incapacité à embaucher des équipes qui soient suffisamment
fortes et compétitives pour faire le
travail à l'interne. Je maintiens encore une chose, M. le Président — puis
je le maintiens par expérience, et c'est par expérience, puis je vais mettre mon
propre bémol à mon argument — je
maintiens qu'une activité faite à l'interne coûte moins cher, peut-être
pas à court, mais certainement à moyen et long terme. Ça, je pense que cet
argument-là est inattaquable. Pourquoi? Parce qu'une entreprise externe
qui fait le développement d'une application, ça lui coûte un montant d'argent x, je vous dirais, qui va être le
même et peut-être même supérieur à l'interne pour toutes sortes de raisons
à propos desquelles je ne ferai pas de
débat. Mais évidemment les compagnies à l'externe, elles sont à but lucratif, et
c'est tout à fait normal. Et un coup qu'on a fait le développement, la partie
lucrative vient essentiellement de ce qui est après le développement, c'est-à-dire la maintenance, et qui
nous amène à des redevances. C'est sur cet aspect-là que le public fait des économies. Sur le développement, il ne fait
pas nécessairement d'économies, alors il faut le regarder dans son ensemble.
Mais, c'est là qu'arrive le bémol :
est-ce qu'on est capables aujourd'hui, dans la philosophie gouvernementale, de
construire une équipe de développement de technologies de l'information
qui soit compétitive? Ça, ça demande une attitude gouvernementale qui est
presque antinomique à la vie gouvernementale, en ce sens qu'on doit se mettre
dans un état d'esprit compétitif. Et compétitif,
ça veut dire aussi payer des gens à la hauteur de la compétition. Et ça, ce
n'est pas toujours ça qu'on arrive à
faire. Alors, la chose que je souhaite, que j'aurais aimé que l'on fasse
nous-mêmes, qu'on n'a pas faite, que
le gouvernement en place actuellement ne fait pas à la hauteur que je
souhaite... va le faire un peu, ça, je le reconnais, avec... dans sa... ce n'est pas dans le projet de
loi n° 14, mais c'est dans les fonctions du ministre par lesquelles il a annoncé son école, là, de technologie numérique, là, cette semaine. Alors, ça, c'est une bonne
chose. Est-ce qu'au bout de la ligne
on aura réussi à développer une
force, une entité gouvernementale qui fonctionne de façon similaire à ce qu'on
voit dans les entreprises privées,
donc la compétition, l'énergie mise de l'avant pour en arriver au développement
de nouvelles applications, qui, à la
limite, pourraient être vendues à l'extérieur du gouvernement? Ça, c'est un
rêve. Je pense que ça va rester un rêve. Alors, on va, je pense, se retrouver tout
le temps dans une situation mitoyenne. Et ça, je pense que le ministre
aurait aimé de disposer d'une force comme
celle-là. Ce n'est pas, je dirais, dans son rôle formel, là, dans son mandat.
Je ne pense pas que ce soit ça
formellement, mais je pense que c'est quelque chose qu'il aurait aimé. Et, dans
ce dossier-là, ça aurait été tellement parfait d'avoir ça.
Alors
là, on se retrouve dans une situation où, malheureusement, puis ça je le dis,
malheureusement, on devra faire affaire
avec des gens de l'extérieur, puis que je respecte, là, la question n'est pas
là, mais là c'est une question de l'efficacité du dollar investi, le dollar investi ici étant public. Mais je maintiens
le bémol que je mets moi-même : est-ce qu'on est capables de le faire? Pas nécessairement. Je
comprends que le ministre a répondu, sur le plan de la sécurité, par les audits
que l'on met en place. Les audits, ce sont
des audits, encore faut-il qu'ils soient bien dessinés, mais je fais confiance
au ministre pour qu'il puisse faire ça.
Sur
la question de la sécurité des données personnelles, bien, on ne peut pas
passer à côté du sujet, évidemment. C'est
un sujet qui est majeur et qui va continuer à l'être dans le futur. Alors, la
sécurité des données personnelles, à date, par rapport à ce gouvernement — puis je ne vise pas le ministre délégué en
soi parce que je ne pense pas que ce soit lui qui soit responsable du blocage que l'on voit de ce gouvernement-là
lorsqu'on veut avoir des mandats d'initiative ou même quand on veut
aborder ce sujet-là — là,
on sent que le gouvernement est défensif sur ce plan-là. Il ne devrait pas être
défensif. Il devrait être transparent le
plus possible. Il devrait accepter les mandats d'initiative que l'on propose.
Pourquoi? Pour au moins donner à la population l'image formelle que le
gouvernement, ce gouvernement a un intérêt pour la protection des données
personnelles.
La
protection des données personnelles, M. le Président, ce n'est pas simplement
une question de serveurs et de locaux — ça, c'est une partie qui est évidente — mais c'est aussi une question de ressources
humaines et de procédures. On a
demandé, nous là, à ce qu'il y ait un mandat d'initiative. Et ne me dites pas,
M. le Président, que ce n'est pas lié au projet de loi n° 14, ça l'est parce que cet enjeu-là, on l'a
débattu pendant les travaux du projet de loi n° 14, pas les mandats,
mais bien l'enjeu de la sécurité des données personnelles. C'est l'enjeu du
futur. Et moi, je suis obligé de constater aujourd'hui,
parce que je suis ça un peu, là, par la bande, parce que c'est un intérêt pour
moi... Écoutez, aujourd'hui, les gens
de l'industrie, et je parle de l'industrie en général, pas simplement
l'industrie informatique, l'industrie en général, celle qui traite des volumes de données qui sont
importants, l'industrie en général aujourd'hui dit deux choses, puis je parle
surtout aux États-Unis, qui sont quand même
les chefs de file, alors ils disent, un : Il est possible, il est possible
de mettre en place des mesures de sécurité presque blindées en matière
de sécurité personnelle, c'est possible. Et aujourd'hui ces gens-là, là, qui réfléchissent à ça, disent : Il est temps que
les gouvernements s'impliquent. Peut-être que, dans le projet de loi n° 14, il y aura un volet sécurité.
Même je pense qu'il va en avoir un, volet sécurité, c'est inévitable, dans les
tests que le ministre... les projets
que le ministre va mettre en place. Mais moi, je souhaite que le ministre garde
ça à l'esprit. Les grandes
entreprises aujourd'hui, particulièrement aux États-Unis, sont rendues au
point, puis c'est un discours qu'on entend de plus en plus fort, de demander
aux gouvernements d'intervenir. Et intervenir, ça veut dire réglementer
pour forcer les entreprises non pas à
acheter le logiciel A, non pas à acheter le type d'expert B, mais de faire en
sorte que les mesures qui sont celles de ce moment-là, les plus
performantes, soient mises en place.
• (12 h 30) •
Dit
différemment, le gouvernement doit obliger un geste vers la sécurité maximale
des données personnelles sans qu'il
n'y ait de «blueprint», là, de modèle absolu pour chacune des entreprises parce
que, dépendamment de l'entreprise, les
enjeux ne sont pas nécessairement les mêmes. Et ça, ça sera un enjeu pour moi,
en ce qui me concerne, de ce siècle-ci, même si j'ai dit, il y a
quelques minutes, qu'on est aujourd'hui dans une génération qui va vieillir,
qui ne semble pas être trop bâdrée par la dissémination de leurs propres
données. Mais je pense que même ces gens-là, parce que je l'ai expérimenté, moi aussi, comme je vous disais, M. le Président, avec les miens, ils ont une limite, là. À un moment donné, il y a des choses qu'ils ne veulent pas que ça circule,
puis là, les données personnelles, on sait à peu près où est-ce que
c'est, là, où il ne faut pas que ça circule, puis en général c'est le genre de
données que le gouvernement met en place.
Alors, sécurité personnelle, il y a un côté
matériel... pas «personnelle» mais des données personnelles, il y a un côté matériel à ça, mais il y a
surtout, surtout, surtout des procédures et des façons de faire à être mises
en place : qui a le droit de faire ceci, où sont... et ainsi de suite. Je ne rentre pas
dans le détail, là, mais, quand on parle à des gens qui ont cette
expertise-là, écoutez, là, ça se résume... ça ne se résume peut-être pas, ça,
ce n'est pas vrai. Après qu'on ait réglé
l'enjeu physique de la gestion des données personnelles, ça devient un enjeu de
ressources humaines et de procédure. C'est bête, là, mais ça revient à ça. Et, quand on
regarde les événements qu'on a vécus l'année dernière, bien, ça a été
souvent ça, les enjeux. Ça a été mixte. Il y a
eu des enjeux de données personnelles et, selon certaines informations, par la bande, que j'ai, il y a
eu aussi des enjeux de... ça ne se dit pas ça, le mot que j'allais utiliser, ça
n'existe pas, mais, si les procédures
ne sont pas contemporaines, qu'on ne les met pas à jour, bien, c'est sûr qu'on
est à risque. Mais ça, je pense que le ministre est d'accord avec ça.
C'est quelque chose de très simple.
Alors, je
pourrais aller encore relativement plus loin, là, rentrer dans le détail du projet de loi n° 14. Je ne le ferai pas parce que c'est un projet
de loi qui est simple. C'est une base
à partir de laquelle un certain nombre de gestes vont se poser pour faire grandir un changement. Alors,
je pense que c'est bien parti, je pense que ça pourrait partir plus fort.
J'ai évoqué les enjeux qu'il reste encore à
résoudre et là je vais inviter le ministre à être prudent. J'ai souhaité qu'il ait les
budgets, je le souhaite encore, mais je vais l'inviter à être prudent.
Pourquoi? La dernière chose que le ministre a de besoin, et tous ceux qui s'intéressent à la donnée informatique, c'est qu'il y ait
un événement malheureux, hein? Ça, c'est la dernière chose qu'on souhaite à quelqu'un
qui entre dans une démarche comme celle-là, qu'il y ait un événement
malheureux, genre fuite de données, genre système qui tombe en panne
pendant trois semaines, et ainsi de suite.
Je lui
souhaite de faire en sorte que ses premiers projets d'intérêt gouvernementaux soient un succès et je peux dire,
M. le Président, que nous serons certainement là le jour où il
faudra aller de l'avant en passant par une éventuelle loi de mise en application. Et, entre les deux,
bien, je pense que le ministre va avoir beaucoup de travail. Il est possible que nous l'interrogions avec une certaine
intensité et qu'on soit à l'affût de tout. C'est normal, c'est la vie parlementaire, mais que le ministre
sache que l'on comprend le bien-fondé de son intention là-dedans et le fait
que, bon, on commence quelque chose qu'il était temps qu'on commence. Alors, je lui
souhaite bonne chance et je termine encore
une fois en le félicitant pour
son premier projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M.
Marissal : Oui. Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de réagir rapidement. On était, à l'étape du principe, plutôt favorables
au p.l. n° 14, parce qu'il est vrai qu'en cette matière de
protection et de maniement des renseignements personnels
le Québec n'est pas tout à fait à la fine pointe,
et on a accumulé du retard au fil des années. C'est vrai. Depuis, par contre,
qu'on a commencé à étudier ce projet
de loi, il y a
un certain nombre de questions qui ont surgi, qui ont resurgi, pour
lesquelles on n'a pas eu beaucoup de réponses.
Et, depuis à peu près
le premier jour de la commission parlementaire sur ce projet
de loi là, j'ai deux impressions.
La première, c'est qu'on met vraiment
la charrue devant les boeufs en nous disant : Faites-vous-en pas, ça va
marcher de même cette fois-ci. La
deuxième, je sens l'empressement du ministre délégué, empressement qui s'explique peut-être par
les quelques années qu'il a passées de ce côté-ci de la
Chambre à critiquer, justement, ce qui se faisait, notamment dans le domaine de
la protection des renseignements personnels et de l'échange de données, de renseignements personnels à travers les
différents ministères et organismes du gouvernement. Ça se peut, je ne lui en tiendrai pas rigueur,
d'avoir développé une certaine impatience et même une irritation par
rapport à plusieurs cas qui ont vraiment marqué l'imaginaire et où vraiment l'État, malheureusement, parce que l'État, c'est nous, et je le dis à
regret, on s'est plantés dans
des projets informatiques. Il y a eu beaucoup, beaucoup de dépassements de
coûts, beaucoup d'histoires d'horreur de logiciels
qui ne marchaient pas, ou qui étaient commandés trop tard, ou avec lesquels on
n'avait pas la formation voulue.
Nos amis du Journal
de Montréal, Journal de Québec et de Québecor en général ont même
créé une filière, depuis quelques
années, qui est, ma foi, assez lucrative au plan de la nouvelle, qui s'appelle Le
bordel informatique. Je ris, mais ce
n'est pas drôle parce que c'est quelque chose qui nous accable un peu tous.
Puis on en était venus, peut-être, et c'est peut-être l'impression du ministre délégué, à... on en était venus à
cette idée qu'on n'est pas capables de gérer ça. Mais, de là à
dire : On n'est pas vraiment capables, ou : L'expérience du passé
démontre qu'on a eu plein de ratés, bien...
Donc, on va
plutôt aller vers le privé puis sous-traiter une immense quantité de données
personnelles, de renseignements
personnels. Le ministre parle lui-même de 80 %. Je veux bien que le
ministre nous dise : Ce sont des renseignements non sensibles ou non délicats, en
bon français. Mais ce qu'on a vu ces derniers temps, avec toutes sortes de fuites, là, chez Desjardins et ailleurs, posons
la question : Qu'est-ce qu'un renseignement sensible ou délicat? Quant
à moi, je souhaiterais que le moins possible
de monde ait le moins possible d'information sur mon compte. Ce n'est pas le
cas.
Alors, si le
ministre nous dit... et il le redisait ce matin dans un article dans Le Soleil :
Ce sera 20 % des données qui
seront détenues par le gouvernement et 80 %, donc, qui seront sous-traitées
vers le privé, donc vers l'infonuagique, vers des géants américains, Amazon, pour ne pas les nommer, les Google
de ce monde, et autres, qui salivent déjà, un petit peu comme des vampires dans une banque de sang, parce qu'il y a
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent à faire avec les données personnelles. Ce n'est pas pour rien que tous ces
géants-là qui sont des champions de la nouvelle économie, qui sont les champions pour faire du fric avec
toutes les nouvelles technologies... ce n'est pas pour rien que ces gens-là
sont déjà à la porte du gouvernement, et en
particulier du ministre délégué. Parce qu'ils savent qu'il y aura évidemment
beaucoup, beaucoup, beaucoup de fric à faire avec ça.
Je pense donc
que, cela dit, cette considération étant faite, on ne peut pas jouer avec ça.
On n'a pas le droit de jouer les
apprentis sorciers avec ça. Et le passé, qui n'est pas particulièrement
glorieux en matière de traitement de données personnelles, et de renseignements au Québec, et de logiciels ou de
données informatiques, ne devrait pas être une excuse, cette fois-ci, pour se
dire : Bien, on ne le fera pas par nous-mêmes, et, ce faisant, on va se
vider de notre expertise, se vider de notre expertise. On l'a vu
ailleurs, dans d'autres ministères, là, par exemple en transport. Une des
catastrophes permanentes au Québec, en
matière de transport, c'est qu'on a vidé le ministère des Transports de son
expertise, ce qui fait qu'on a été obligés de tout sous-traiter
ailleurs, avec ce que l'on connaît comme conséquences.
Ce serait
bien, quand même, qu'on apprenne de nos erreurs à l'occasion puis qu'on ne
reproduise pas la même chose dans le domaine des renseignements
personnels et de l'infonuagique, qui a l'air des fois un peu d'un gadget, c'est-à-dire un «gizmo». Je ne le dis pas
méchamment, mais des fois j'ai l'impression que le ministre, dans son
empressement, est un peu comme un
gamin devant son nouveau train électrique. Puis je sais que c'est fascinant
puis qu'on peut être pris par ça,
mais on a une responsabilité, ici, de protection des renseignements personnels,
qui valent aujourd'hui autant que vos
biens propres et que vos biens tangibles. On ne vous vole plus, là, dans votre
maison, là. Maintenant, on veut vous voler
vos renseignements personnels. Il y a une raison pour celle-ci... il y a une
raison pour ça, c'est qu'il y a une valeur marchande immense associée à
ces renseignements personnels.
Et je trouve
ça léger de dire : On va adopter un projet de loi, je ne vous dis pas
tout, faites-moi confiance, on va faire
des tests. On va faire des tests. J'aurais préféré probablement qu'on commence
par le commencement, c'est-à-dire par
la Commission d'accès à l'information, qui est comme le parapluie, là, de tout
ça. Mais le parapluie est percé, M. le Président.
Le parapluie, il est percé. Ces jours-ci, là, allez vous promener dehors avec
un parapluie percé, là, vous n'allez pas trouver ça le fun. Mais c'est
un peu ça, l'impression que j'ai par rapport à la protection de nos
renseignements personnels. J'ai l'impression
qu'on est devant un cas, pour citer ma mère... ma mère de 85 ans qui est
d'une grande sagesse, qui m'a souvent
dit quand j'étais plus jeune et moins sage moi-même : Il ne faut pas
confondre vitesse et précipitation. Je pense ici qu'on confond vitesse
et précipitation.
• (12 h 40) •
Les cas récents de fuites massives de données,
autant Desjardins, hier cette histoire des pharmaciens qui ont vraisemblablement vendu des infos de leurs clients à des pharmaceutiques, devraient, à tout le moins, ériger d'immenses drapeaux rouges devant nous, à nous
dire : Attention! là, danger, danger!
D'ailleurs,
le ministre lui-même — ça, c'est le même article du Soleil
que je citais tout à l'heure — nous dit qu'ils sont en train, au gouvernement, de créer un centre
de cyberdéfense, quelque chose qui avait été avorté, si je comprends bien, en 2011, qu'on aurait voulu mettre sur pied.
C'est malheureux que ça n'ait pas été fait. Tant mieux si c'est le cas maintenant. Mais tout cela fonctionne sur des
voies parallèles. Moi, j'apprends ça ce matin dans le journal, qu'on aura
un centre de cyberdéfense et qu'on part,
dans ce dossier-là, apparemment, de zéro, puisqu'il faudra former tout notre
monde. Mais, parallèlement à ça, on
va voter ici, vraisemblablement, un projet de loi pour faire des tests avec des
renseignements personnels. Alors,
vous comprendrez que nous avons ici, à Québec solidaire, quelques craintes
réelles, quelques craintes réelles et évidemment quelques doutes sur
l'ordre dans lequel c'est fait.
Au début, si nous étions plutôt en faveur du principe, pas
avec un grand enthousiasme, je dois dire, mais néanmoins pour donner une
chance au coureur, disons que cet enthousiasme en demi-teinte a été grandement
refroidi aussi par trois tentatives, trois
tentatives réelles et positives des partis de l'opposition, les trois,
d'ailleurs, pour essayer d'étudier plus largement le dossier de la
protection des renseignements personnels. Ça a été fait d'abord par mon
collègue de René-Lévesque, qui a demandé un
mandat d'initiative à la CFP, qui a été refusé, platement refusé, dont on n'a
même pas pu débattre sur le fond. Ensuite, dans l'ordre ou dans le désordre, j'ai
moi-même fait une demande de mandat d'initiative, cette fois-ci à la Commission de l'économie,
mandat aussi platement refusé, de façon plus expéditive, sans qu'on n'ait
même pu jamais aborder le fond de l'affaire,
qui était une tentative sincère, sincère, des parlementaires ici, parce que
nous sommes tous et toutes inquiets
de la situation, c'était une tentative sincère d'allumer toutes
les lumières dans toutes les pièces de
la maison pour voir vraiment l'état de la situation et quelle est la situation
actuelle de la protection des renseignements personnels aussi bien au privé que
dans les coops comme Desjardins, qu'au gouvernement. On nous a refusé ça. Et puis, encore là,
comme disait Brel, il y a la manière. C'est la manière dont ça a été fait,
torpillé en moins de 30 minutes : On passe à autre chose, faites-nous
confiance, il y a des projets
de loi qui arrivent, tout va bien,
Madame la Marquise.
Moi, je vous
soumets bien humblement qu'en cette ambiance un peu glauque, là, où on a
l'impression qu'on a vraiment chacun un ou deux «Big Brother» au-dessus de
l'épaule qui veut nos données
personnelles, je ne prétendrais
pas, moi, que ça va super bien, Madame la
Marquise. Je ne pense pas. Et je
ne pense pas que la population
du Québec pense que
ça va très, très, très bien non plus. Parlez-en, par exemple, vous pouvez sûrement trouver plein de monde ici, dans la salle, là... les 3 millions de personnes qui ont vu leurs données personnelles
disparaître dans la brume quelque
part dans la grande fuite de chez
Desjardins. Alors, évidemment que, de voir le ministre aujourd'hui vouloir aller vite avec des projets
pilotes, alors qu'on n'a pas revu les
lois fondamentales, par exemple, de protection de renseignements personnels
au privé et au public, on ne peut pas dire que ça m'inspire la plus grande
confiance.
Ensuite, on
apprend à la pièce qu'il y a quelques morceaux législatifs qui viendront.
Tant mieux. On l'a dit au ministre
des Finances, c'est une bonne idée
que l'idée du verrou sur le crédit, sur le dossier de crédit. C'est certainement une bonne idée, mais ce n'est
pas une fin en soi. C'est un moyen qui existe parmi beaucoup d'autres.
Alors, on va
continuer de marquer notre opposition à un projet de loi qui, ma foi, ne
respecte probablement pas toutes les
balises les plus sécuritaires dans un domaine... Et là je ne suis pas dans une
entreprise d'épouvantails, là, même si
l'Halloween approche, là. La manipulation des renseignements personnels, c'est,
en ce moment dans la population, là,
la plus grande des préoccupations. Et
c'est une préoccupation, je pense, qui ne va que s'accentuer au fil des
années parce qu'il n'y a pas une
semaine, presque pas une journée qui passe sans qu'on apprenne qu'il y ait
de nouvelles fuites. Et franchement,
franchement, je ne suis pas du tout, du tout, du tout rassuré que c'est en
sous-traitant 80 % des renseignements personnels de la population vers des privés, vers des géants de l'informatique... je ne
suis pas du tout convaincu que ça va rassurer la population.
Alors, je m'arrête
là-dessus, M. le Président. Je pense que vous aurez compris que, dans les
circonstances, nous ne pourrons pas appuyer le projet de loi n° 14.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je reconnais
maintenant M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci, M. le Président.
Donc, à mon tour de prendre la parole pour l'adoption finale du projet de loi n° 14. Ça fait un bail,
je vous dirais, M. le Président. On en a parlé au printemps. On a eu
l'opportunité de se voir à l'été et on a terminé à cet automne. Et on
est rendus maintenant à l'étape finale.
Et
effectivement, au départ, nous étions assez à l'aise avec l'orientation du
projet de loi qui visait à favoriser la transformation numérique de l'administration publique. Évidemment, comme
le collègue de la deuxième opposition le soulève, il s'est passé, à travers ce continuum de temps, des événements
qui nous ont amenés à voir le projet de loi d'une autre façon. Évidemment, on a parlé beaucoup de ce
qui s'est passé du côté de chez Desjardins, du côté de Capital One. Mais aussi on s'est intéressés à d'autres joueurs
qui se sont fait un peu prendre la main dans le sac ailleurs dans le monde,
mais qui ont un intérêt ou des intérêts ici,
au Québec. On n'a qu'à penser à Equifax. Pas très loin de chez nous, les gens
de chez Revenu Québec aussi ont été victimes
de fuites de données. Et on apprenait, d'ailleurs, dans les journaux en début
de semaine, que des pharmaciens auraient vendu nos données personnelles à des
pharmaceutiques. En tout cas, du moins, il y avait une valeur quelconque
pour que les pharmaceutiques puissent s'en intéresser.
Bref, ce que
je suis en train de dire, M. le Président, c'est qu'à travers tout ça, à
travers l'évolution de nos travaux, il
y a différents événements dans l'espace public qui sont apparus et qui nous ont
amenés à voir ce projet de loi différemment et à poser d'autres
questions.
Évidemment,
je me mets en directe coordination
avec le député de Québec
solidaire sur les mandats
d'initiative qu'on a demandés pendant
l'été et qu'on n'a pas obtenus, malheureusement, à l'automne, puisque ces mandats d'initiative nous auraient permis, nous, comme parlementaires, d'aller approfondir la situation qui s'est passée ici, au Québec,
et de nous permettre, comme législateurs,
d'avoir un bagage d'outils supplémentaires pour faire notre travail plus adéquatement.
Évidemment,
M. le Président, devant ce genre d'enjeux, les Québécois
et Québécoises ont des attentes excessivement élevées pour la protection de leurs données. Le ministre
en question a, pas juste avec le projet de loi n° 14, donné l'opportunité à son gouvernement de répondre à
plusieurs de ces préoccupations-là, notamment avec le lancement de son centre d'excellence, qui devait ou qui devrait
plutôt relever l'expertise à l'interne, là, de nos fonctionnaires,
fonctionnaires que j'ai rencontrés et qui ont encore plusieurs questions
à poser sur la valeur ajoutée totale de ce centre d'excellence.
Évidemment, le ministre, il va être d'accord
avec moi, on a un enjeu de rétention et de recrutement de notre personnel informatique à l'intérieur même de la
fonction publique. Donc, à travers le projet de loi n° 14, il y a aussi
cette volonté-là que le gouvernement doit maintenir et s'assurer de
relever, c'est-à-dire la compétence interne.
Évidemment,
j'ai été surpris, moi aussi, d'apprendre dans les médias ce matin la volonté du
gouvernement d'aller de l'avant avec
la cybersécurité. Je ne suis pas contre cette vertu-là. Évidemment, dans le
projet de loi n° 14, on en a parlé avec le ministre en question. Il était évident pour nous qu'on devait
regarder cette avenue-là. Et le collègue de Rosemont en faisait mention, en 2011 la partie
gouvernementale de l'époque, l'opposition officielle, le Parti libéral, avait
déjà organisé des pourparlers avec
l'industrie bancaire, mais aussi avec les corps policiers, et, pour des raisons
qui m'échappent, là, malheureusement, on n'est pas allés de l'avant.
Donc,
pourquoi je vous dis ça, M. le Président, c'est qu'au final, dans le projet de
loi n° 14, on fait un certain bout de chemin, mais il y aura encore beaucoup d'autres chemins à parcourir,
et le projet de loi n° 14 ne peut pas les faire seul.
Lorsque je me ramène au printemps, lorsque le
projet de loi a été déposé, M. le Président, on avait le dossier Accès uniQc qui semblait être le premier projet
qui devait être nécessaire pour la mise en oeuvre du p.l. n° 14.
Au début, M. le Président, le
ministre n'a pas voulu connaître les coûts lorsqu'on a soulevé cette question.
On a appris que les coûts pourraient
coûter jusqu'à 300 millions. Donc, M. le Président, le bordel était
vraiment pris. Donc, après avoir... n'a pas voulu connaître les coûts, le ministre a décidé de retourner à la table
à dessin. Donc, pourquoi
je vous dis ça, M. le Président? C'est que, d'entrée de jeu, lorsqu'on a
commencé à parler du p.l. n° 14, on faisait beaucoup
référence à Accès uniQc. Aujourd'hui, M. le
Président, le 2 octobre, je ne
pense pas qu'à travers le projet de
loi n° 14 on faire encore
référence au projet d'Accès uniQc, puisqu'il est présentement sur la
voie de garage en train de se faire réévaluer.
• (12 h 50) •
Pourquoi
je ramène ça dans l'espace public, M.
le Président? C'est que, lors de
l'arrivée du ministre, lors de sa nomination plutôt comme ministre délégué, évidemment on s'est fait un devoir de rappeler sa position
dans l'opposition pour demander une commission d'enquête
sur ce qu'on a appelé ou ce que les médias ont appelé le bordel informatique,
et malheureusement il n'a pas donné suite à notre demande. Il nous a dit que ce
n'était pas... pas que ce n'était pas nécessaire, mais que ce n'était pas là que le gouvernement voulait aller et que ne n'était pas essentiel d'aller de l'avant
là-dessus. Donc, on est effectivement restés dubitatifs à ce sujet et on demeure encore
convaincus qu'on aurait dû faire la lumière sur ce qui s'est passé dans
le cas du bordel informatique.
Cela étant
dit, M. le Président, dans le projet
de loi n° 14,
lorsqu'on a appuyé le principe, nous avions à l'époque, je vous dirais, des
questions, notamment au
niveau de la transparence, notamment
au niveau de la reddition de comptes, parce que,
comme le ministre nous en avait fait mention, ce projet de loi là, n° 14, nous permet de mettre en place des projets pilotes qui vont nous permettre d'évaluer la faisabilité de certaines
orientations gouvernementales ou de projets à portée... ou d'intérêt gouvernemental, et qu'à la conclusion, si effectivement c'est efficace et efficient et tout le monde y gagne, bien, on pourrait
les mettre pratico-pratiques dans le gouvernement.
Il y a plusieurs
amendements qui ont été discutés. Puis je veux le dire, puis
je veux être bien sincère, M. le
Président, certains amendements ont été apportés par le ministre,
d'autres par l'opposition officielle, d'autres par la deuxième opposition, d'autres par la troisième opposition.
On en a tellement jasé que c'est difficile pour moi aujourd'hui de vous dire qui a déposé quoi, parce que, dans certains
cas, c'était proposé par le ministre mais porté par l'opposition officielle.
Mais je veux quand même attirer votre
attention sur trois amendements qui, à notre avis, ont jeté un petit peu plus
de lumière sur la zone d'ombre que nous avions identifiée.
L'amendement
qui a introduit l'article 4.4, et je vais me permettre de le lire, que
maintenant «tout organisme ou toute
personne qui entend obtenir un mandat ou un contrat lié à la réalisation d'un
projet en ressources informationnelles d'intérêt gouvernemental pour
lequel l'utilisation et la communication [des] renseignements personnels
prévues aux articles 3 et 4
s'appliquent doit se soumettre à un audit externe visant le respect des plus
hautes normes et des meilleures pratiques en matière de sécurité de
l'information et de protection[...].
«Le président du Conseil du trésor peut prévoir les
cas [ou] les circonstances où [ce] premier alinéa ne s'applique pas»,
mais devra rendre «publics les critères menant à sa décision».
Donc,
ça, M. le Président, ce que ça veut dire, c'est qu'il y a quelqu'un, une tierce
personne qui va passer... qui va poser,
pardon, un jugement, et, si effectivement le Conseil du trésor trouve que, ce
projet-là en question, l'article 4.1 ne s'applique pas, bien, il
devra rendre public le fondement de sa décision. Donc, ça, pour nous, c'est un
peu plus de transparence quant à
l'utilisation des données ou la façon dont les organisations qui voudront
postuler sur des appels de projets pourront avoir accès à la donnée et
devront effectivement les protéger.
L'article 5
a été remplacé pour rajouter, et le paragraphe suivant, il est extrêmement
important : «Le gouvernement doit
toutefois édicter [les] règles particulières lorsque, pour l'application de
l'article 3, il existe un degré élevé d'attente raisonnable en matière de vie privée, sauf si une
disposition d'une loi ou d'un règlement prévoit déjà une protection.» Et
ça sera publié dans la Gazette officielle.
Donc,
ce que ça veut dire, M. le Président, c'est qu'on s'est assuré de mettre des
critères pour faire cette évaluation de
degré élevé d'attente raisonnable et s'assurer effectivement que, lorsque les
règles seront prises, bien, il y aura une reddition de comptes, et on
aura des standards à atteindre.
L'autre article qu'on
a réussi à amender, M. le Président, c'est l'article 7, et je prends le
temps aussi de lire l'amendement : On
«peut également donner au gouvernement, pour l'application du deuxième alinéa
de l'article 5...» Peut également
donner son avis — pardon — «sur la nature des renseignements personnels
visés par un tel projet, à savoir s'il
existe un degré élevé [d'atteinte] raisonnable en matière de vie privée». Et
ça, c'est la référence que nous faisons à la Commission d'accès sur l'information qui dit : Écoutez, oui, elle
peut effectivement donner son avis, à savoir s'il existe un degré
d'attente raisonnable.
Donc,
on a donné beaucoup plus d'importance à la Commission d'accès à l'information
dans le projet de loi, mais, comme le
collègue de Rosemont en faisait mention tout à l'heure, évidemment on aurait
aimé qu'on adresse la véritable refonte
de la loi à l'accès sur l'information avant d'arriver avec le projet de loi n° 14. Le projet de loi n° 14 permet de suspendre certaines règles, et on a
compris, dans l'espace public, que la ministre de la Justice avait dans ses
cartons un projet de révision de
cette loi. Donc, j'ai bien hâte de voir la suite. On sait que cette loi doit être dépoussiérée, mais
on est absolument d'accord que le travail à faire sera colossal et on espère
qu'il sera fait très promptement pour qu'on puisse, nous, comme parlementaires,
s'y pencher.
Bref,
M. le Président, le temps file. Je voulais juste rappeler à cette
Chambre que, pour nous, nous avions des bémols. On a eu un certain éclairage
qui nous a été apporté à l'intérieur du projet
de loi en question.
Il nous reste encore des zones
grises. Évidemment, il reste encore beaucoup de choses à faire. On
ne donne pas notre confiance aveugle au gouvernement, mais...
Considérant ce qui a été discuté et considérant la volonté du gouvernement de procéder par projets
pilotes, on trouve qu'il manque certaines choses dans le projet de loi n° 14 mais qu'on fait quand même un certain bout
pour permettre au gouvernement et à l'organisation gouvernementale d'avancer. Je pense que la transformation numérique du gouvernement est un enjeu qui nous touche tous et pour lequel
les parlementaires doivent avoir des réponses concrètes à
nos citoyens et citoyennes.
En terminant, avant de donner notre appui à ce projet de loi, M. le Président, je veux juste rappeler une chose au ministre délégué à la Transformation numérique du gouvernement. Il a été beaucoup mention ici, en cette
Chambre, mais aussi dans l'espace
public, de cette volonté de transférer 80 % de nos données en infonuagique. Et on s'est demandé sur quoi ce chiffre tenait, M. le Président. Le
ministre nous a fait beaucoup mention que ça allait être des données qui
n'étaient pas sensibles et que les
données sensibles, donc, 20 % de ces données-là, allaient être sécurisées
et détenues à même les installations du gouvernement du Québec.
Donc,
on a fait une demande d'accès à l'information à deux endroits, soit au Centre
de services partagés du Québec mais
aussi au Conseil du trésor, et on a demandé la somme des données informatiques
générées par le gouvernement du Québec,
ventilées par ministère, organismes et réseaux, types d'hébergement,
catégorisations et certifications de sécurité. Dans les deux demandes d'information qu'on a eues, M. le Président, on
n'a eu aucune information qui nous a été transmise. Ça, ça veut dire, M. le
Président, que le gouvernement ne connaît pas actuellement le volume de données
qu'il possède. Il n'a pas non plus aucune idée de la ventilation de
celles-ci par catégories et niveaux de sécurité.
Alors,
pour nous, il demeure essentiel que, même si on applique le projet de loi
n° 14 et qu'on l'approuve, il y a beaucoup
de choses à faire encore pour nous convaincre que de confier 80 % des
données, sur des chiffres qu'on n'est pas capables d'obtenir... comme
étant une solution adéquate, et essentielle, et primordiale à faire pour la
transformation numérique du gouvernement. Si
ce n'est que pour la seule et unique raison que de sauver de l'argent, c'est la
seule façon, bien, on doit se poser des questions pour protéger les
données.
Évidemment,
M. le Président, nous allons rester dubitatifs suite à cette position-là et
nous allons marteler l'essentiel même
du même message, c'est-à-dire que les données du Québec qui appartiennent aux
Québécois doivent être servies au Québec, sécurisées au Québec par des
entreprises du Québec, ici, sur le territoire du Québec. La nation québécoise
doit être maître de sa destinée, et la protection des données doit lui
appartenir à 100 %. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : M. le Président,
compte tenu de l'heure, est-ce qu'il y aurait consentement pour que mon
intervention ne soit pas scindée et qu'on puisse reprendre le débat à
17 heures?
Le
Vice-Président (M. Picard) : Donc, si vous voulez prendre la
parole, il reste deux minutes avant le début.
Mme Rizqy :
Quelle gentillesse! Merci beaucoup, M. le Président. Bon. Alors, on parle
aujourd'hui du projet de loi
n° 14, qui est la transformation numérique. Évidemment, mon collègue le
député de La Pinière a parlé des différents échanges qu'ils ont eus durant non seulement l'étude détaillée, mais
aussi lors de l'étude article par article. Moi, j'aimerais revenir sur certains éléments, M. le Président.
Parce que la transformation numérique a comme trame de fond quelque
chose de très, très important : le démantèlement de l'État québécois.
Lorsque le
gouvernement s'apprête à confier les données personnelles des Québécois à de
l'entreprise privée, qui plus est,
des entreprises étrangères situées aux États-Unis, au pays de Donald Trump, il
y a fort à s'inquiéter. Et c'est pour
cela que j'invite le ministre délégué à la Transformation numérique à
clairement, là, arrêter, dans ce projet de loi là. Car, évidemment, si nous devons confier nos
données aux entreprises américaines, vous comprendrez que c'est comme si
on se mettait les deux genoux à terre, on
n'est plus maîtres chez nous. Alors, que maîtres chez nous n'est pas un slogan,
c'est un état de fait au Québec depuis les années 1960. Et, pour nous, on
y tient, au Parti libéral du Québec.
On a de l'expertise québécoise, nous avons du
génie québécois, nous sommes en mesure d'avoir notre propre expertise ici afin
de développer notre infonuagique...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée...
Mme Rizqy : ...pas dans les
mains des Américains.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Mme la députée...
Mme Rizqy : Ah! vous voyez,
c'est pour ça...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Mme la députée, je voudrais savoir
si vous allez poursuivre lors de la reprise du débat.
Mme Rizqy : Je vais
recommencer, en plus.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Pas de problème.
Donc, compte tenu de l'heure et afin de permettre cet après-midi le débat sur une
affaire inscrite par les députés
de l'opposition, le présent débat sur l'adoption du projet de loi n° 14 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bonjour. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée réaffirme l'engagement
du Québec de réduire
ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de celles de 1990
et qu'elle demande au gouvernement de ne pas diminuer les efforts
demandés à ce sujet aux entreprises assujetties au système de
plafonnement et d'échange de droits d'émission
Alors, pour
la suite de nos travaux, aux affaires du jour, nous sommes aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition.
Alors, à l'article 41 du feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée de Maurice-Richard présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale réitère
solennellement que l'atteinte des cibles de réduction d'émissions de gaz à
effet de serre est nécessaire à la lutte aux changements climatiques;
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme l'engagement du Québec de réduire ses GES par rapport aux
niveaux de 1990;
«Qu'elle rappelle que le Québec a mis sur pied le système de
plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre;
«Qu'elle souligne qu'en 2014, le Québec a lié son système à
celui de la Californie dans le cadre de la Western Climate Initiative;
«Qu'elle rappelle la
motion adoptée à l'unanimité le 25 septembre dernier déclarant l'urgence
climatique et demandant au gouvernement du
Québec de prendre tous les moyens nécessaires afin de "réduire rapidement
et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre";
«Enfin, que
l'Assemblée nationale demande formellement au gouvernement caquiste de ne pas
diminuer les efforts de réduction d'émissions de gaz à effet de serre demandés
aux entreprises assujetties au [SPEED].»
Je vous informe que la répartition du temps de
parole pour les débats restreints sur la motion inscrite par Mme la députée de Maurice-Richard s'effectuera comme suit : 10 minutes
sont réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique, 53 min 30 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 31 min 52 s sont allouées au
groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 11 min 23 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 10 min 15 s sont allouées au troisième groupe d'opposition.
Chaque député indépendant dispose d'un temps de parole de
1 min 30 s. Toutefois, lorsqu'un seul député indépendant
participe à un débat, il dispose d'un temps de parole de deux minutes.
Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne sont soumises à aucune limite de temps. Enfin, je
vous rappelle, aux députés indépendants, que, s'ils souhaitent
intervenir au cours de ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant
pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Je vous
remercie. Mme la Présidente, j'en profite pour vous faire un petit clin d'oeil
sympathique parce que vous aurez à la relire certainement plus tard, on
dit : SPEDE pour l'acronyme.
Donc, on
est réunis cet après-midi pour discuter, donc, du système de plafonnement et
d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre, qui est plus
communément appelé le SPEDE. Juste pour refaire un petit historique par rapport
à ce système de plafonnement, hein, c'est
dans un règlement de 2011 qu'il a été mis sur pied, avec comme objectif,
dans le fond, vraiment,
de permettre aux entreprises du Québec de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre en mettant en place de façon
annuelle un plafond de droits d'émission contraignant. Puis je me permets de
refaire un historique parce que
c'est un système qui est un peu complexe et qui a mené encore la semaine
dernière à plusieurs échanges un peu confus justement
avec le ministre des Finances, le ministre
de l'Environnement aussi, des débats
qui ont eu lieu. Donc, je pense que c'est important qu'on revienne et
qu'on reparte tous sur le même pied.
Donc, le système de plafonnement, d'échange de
droits d'émission de GES, c'est un principe qui est quand même relativement simple. Quand le gouvernement établit
un droit d'émission pour l'année en cours, en fonction des années précédentes,
des besoins réels des entreprises aussi... et d'année en année, la quantité de droits d'émission diminue pour chacune
des entreprises. Ce qui implique que les entreprises doivent évaluer si elles
préfèrent soit acheter des droits d'émission en provenance d'autres entreprises
ou encore investir de façon à réduire leurs émissions.
Le système
était limité au départ à un nombre relativement petit d'entreprises. Depuis 2015, le nombre d'entreprises s'est élargi de façon importante, puis, en 2021, on en
atteindra l'ensemble des entreprises qui se retrouveront à être concernées puis à faire partie de ce système-là
dans un objectif, notamment, mais dans un objectif important, qui est de
réduire nos gaz à effet de serre et d'atteindre les objectifs que le Québec
s'est donnés en termes de réduction de GES.
La semaine dernière, et c'est ce qui nous amène
ici en ce mercredi après-midi, en ce débat de cette motion du mercredi, la semaine dernière, on apprenait par un journaliste de Radio-Canada, Thomas Gerbet, qui publiait un article, mardi dernier, si ma mémoire
est bonne, sur le plan de réforme que le gouvernement caquiste a
présenté aux entreprises qu'on
appelle les grands pollueurs, qu'il aurait présenté au cours des dernières
semaines, à la mi-septembre... Et donc cet
article révélait, entre autres, que les nouvelles règles d'allocations gratuites
qui ont été présentées récemment au privé, donc, qui ont été présentées aux industries
les plus polluantes de la province, donc, dans ces nouvelles règles là, dans
cette réforme qui est présentée par le ministre de l'Environnement, ces entreprises, les grands pollueurs du Québec,
auraient un effort moindre à faire.
Je vous
souligne, entre autres, là... Puis je donne un exemple, je ne veux pas nécessairement tomber dans le détail, l'objectif, cet après-midi, c'est surtout de s'entendre sur le principe. La
motion, elle revient à un principe de base qui est de ramer tous dans la même
direction, de demander aux entreprises aussi de travailler toutes dans la même direction pour diminuer les GES de
façon générale au Québec. Et, dans ce qui a été présenté aux entreprises, et
j'imagine que le gouvernement aura
l'occasion aujourd'hui de nous expliquer leurs objectifs, comme c'était
rapporté uniquement dans un
article... Mais on a entendu le ministre aussi qui... bien, comme il donnait
des versions contraires, on aura peut-être soit une autre version contraire, soit enfin on fera la lumière sur ces
questions-là, mais notamment ce qui était présenté, c'est : pour les
activités de niveau de risque très élevé, ces entreprises-là n'auraient aucun
effort supplémentaire qui leur serait demandé.
Mardi
dernier, le ministre de l'Environnement s'est défendu toute la journée en
prétendant que tous les grands émetteurs allaient être traités sur un
même pied d'égalité, alors que Radio-Canada, justement, rapportait la preuve contraire, apportait même
la présentation PowerPoint qui avait été présentée à l'effet que les
cimenteries, notamment, auraient
moins d'efforts à faire que les autres. Le lendemain, on se rappellera que le
ministre des Finances parlait d'une aide
nécessaire aux entreprises qui se doivent de conserver leur compétitivité
versus leurs rivaux provenant des États-Unis et de l'Ontario et qu'elles ne seraient pas soumises à une taxation
carbone. Et le ministre de l'Environnement, vendredi en entrevue, a finalement dû revenir sur la
première version qu'il avait donnée, sur ses échanges notamment sur Twitter,
où il soulignait qu'il y avait des erreurs
dans ce qui avait été rapporté par Radio-Canada, a dû rejoindre la version qui
avait été donnée par son collègue des Finances.
Donc, on
verra aujourd'hui la version que nous aurons sur ces questions-là. Mais ce qui
est important, ce qui est important,
Mme la Présidente, là, c'est que toutes les entreprises du Québec fassent leurs
parts pour faire en sorte que nos émissions de gaz à effet de serre
soient réduites et que nous puissions atteindre nos cibles.
• (15 h 10) •
On comprend
bien que, le jour 1 de l'arrivée en place du gouvernement, ils ont
abandonné les cibles de 2020. Et je tiens à le rappeler — parce
qu'ils diront sûrement le contraire l'année prochaine, quand on arrivera en
2020 et qu'on constatera, ô surprise! que
ces cibles ne sont pas atteintes — qu'à leur arrivée en poste au mois d'octobre,
l'année dernière, il y avait des
experts qui mentionnaient qu'il était encore possible, en donnant un coup de
barre et en faisant des efforts supplémentaires, de poursuivre ces
efforts-là, en accélérant, d'atteindre les cibles de réduction des GES pour
2020. Et ce n'est certainement pas en offrant des exemptions supplémentaires aux grands pollueurs qu'on va parvenir à
l'atteinte de ces cibles. Et, quand la CAQ nous dit qu'elle est ambitieuse ou
qu'elle serait ambitieuse, bien, certainement
pas pour ce qui est de la lutte aux changements climatiques. Et là ça
fait, de toute façon, plusieurs exemples, plusieurs démonstrations
qu'on a dans la dernière année, en environnement, en lutte aux changements climatiques, à quel point ça ne semble pas
être le coeur de leurs décisions et que ça ne semble pas être au coeur
de leurs priorités.
D'un
autre côté, le problème qu'on a avec la réforme qui a été présentée jusqu'à maintenant aux entreprises privées... Le problème, ce n'est pas d'aider ces entreprises-là. Il faut les aider à faire la transition. Nous-mêmes
l'avons fait quand on a mis en place
le marché du carbone. Je pense que c'était très louable de ne pas demander à
ces entreprises-là du jour au
lendemain... et ça aurait été irréaliste de leur demander du jour au lendemain
de changer complètement leur façon de faire,
et c'est pourquoi il y a une transition qui a été mise en place. Mais cette
transition-là arrive à un terme, et il faut que ces entreprises-là
fassent des efforts supplémentaires. Elles doivent être des entreprises
socialement responsables et environnementalement
responsables. Et ce qui est donc présenté par la CAQ ne nous amène pas du tout,
dans le fond, dans une dynamique et
dans un paradigme où les grands pollueurs du Québec vont faire les efforts
supplémentaires qui leur sont demandés pour nous permettre d'atteindre
ces cibles.
Ce que j'aurais d'autre à vous dire, Mme la
Présidente, puis c'est toujours sur cette lignée-là, hier, c'était le 1er octobre. On le sait, c'est la date qui marquait
le premier anniversaire du gouvernement caquiste. Ça marquait surtout
une année d'inaction climatique. Et pire, Mme la Présidente, si ce n'était que
de l'inaction, là, ce n'est même pas de l'inaction,
on régresse. Parce que, quand on voit justement les annonces ou les
commentaires qui sont faits à l'emporte-pièce, à savoir que le troisième lien sera un projet de développement durable,
les commentaires qui ont été faits plus tôt, cette semaine, par le ministre responsable de la Forêt,
qu'il allait couper des arbres pour l'atteinte de nos cibles de GES, ça amène à se questionner beaucoup s'ils comprennent non
seulement l'urgence climatique dans laquelle on se trouve — et pourtant ils ont voté pour la motion qui décrétait cette urgence climatique
là — mais
même s'ils arrivent à comprendre comment on va y répondre. Et ce que ça nous dit, ces décisions-là, et cette
réforme est un exemple de plus, c'est qu'il n'y a pas de vision, il n'y a pas de plan. Il y a déjà un an
qui est perdu pour le Québec dans la lutte aux changements climatiques. Et on
se rend compte que toutes ces informations-là qui sortent nous amènent à
conclure qu'on s'éloigne encore davantage des cibles, des objectifs
qu'on s'est fixés.
Et je veux
rappeler... Parce que j'ai entendu le premier ministre le mentionner à
plusieurs reprises et je pense qu'il s'enorgueillit de le dire, mais il
faut être cohérent aussi quand on le dit, il s'est enorgueilli à plusieurs
reprises de dire que le Québec avait une
place enviable en Amérique du Nord, qu'il était le meilleur élève de l'Amérique
du Nord, et c'est effectivement vrai,
au niveau de l'émission des gaz à effet de serre per capita. Et la raison pour
laquelle on y est, c'est parce qu'il y a des efforts qui ont été faits,
considérables, par le Parti libéral du Québec dans les dernières décennies pour
nous permettre justement d'arriver à un niveau d'émissions de GES qui est le
plus faible d'Amérique du Nord. Encore
faut-il continuer les efforts et accélérer encore davantage si on veut
maintenir cette position. On voit que, dans les décisions qui ont été prises dans les derniers mois, c'est de
s'associer aux provinces qui sont les pires élèves du Canada. Ça amène quand même à se questionner énormément
sur la volonté réelle de faire de l'environnement puis de la lutte aux
changements climatiques une priorité.
Moi, ce que je souhaiterais vous rappeler, ce
qui est important, c'est que la réduction des GES, ce n'est pas qu'une question purement environnementale, c'est
une question d'économie. Et il faudra encore parler davantage... et réaliser à quel point les changements climatiques
vont venir avoir une incidence extrêmement importante sur l'économie du Québec, sur les finances du Québec, sur la
santé, sur nos infrastructures, sur notre agriculture, sur le transport
également. Il faut se rappeler que,
dans les dernières données qui sont sorties, l'Amérique du Nord, dont le
Québec, est en train de... va se réchauffer à une vitesse deux fois plus élevée
que la moyenne mondiale. Donc, il y a une triste réalité qui va nous
rattraper rapidement si les actions ne sont pas faites en ce sens.
Et donc, pour
conclure là-dessus, je pense que la motion, elle est très claire. J'invite
l'ensemble des gens à voter pour
cette motion-là et j'invite les députés du gouvernement aussi à continuer de
réfléchir au bilan qu'ils veulent laisser à la fin de leur mandat, dans trois
ans, par rapport à la lutte aux changements climatiques. Il n'y a plus lieu
d'attendre pour agir dans ce
dossier-là, et je les invite à remettre ces dossiers-là au coeur de leurs
priorités et de leur action gouvernementale. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
suis prête à reconnaître un membre du gouvernement. M. le député de
Bourget, je vous cède la parole.
M. Richard Campeau
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, merci à ma collègue de Maurice-Richard de me
donner l'occasion une fois de plus de parler
d'environnement au salon bleu. C'est un sujet qui, bien sûr, gagne en
importance auprès des Québécois
depuis quelques années. Dans mon cas, je dirais que ce n'est pas un sujet qui
gagne en importance. Il était déjà,
depuis longtemps, extrêmement important. Je m'en préoccupais même avec le début
de l'accord de Kyoto en 1997.
J'ai
souvent l'impression, Mme la Présidente, que l'impression qui est laissée, la
perception du public, devrais-je dire, sur
l'environnement, de la part du gouvernement est faussée, est présentée d'une
façon sévère. Lors du dernier budget, on a
quand même mis 1 milliard consacré à l'environnement pour des sujets tels
que les matières résiduelles, le reboisement
et l'électrification des transports. Ce n'est jamais arrivé qu'il y ait autant
d'argent de mis dans ce secteur-là.
Mais,
au-delà des sommes — ce ne sont que des dollars — il y a des engagements, des engagements qu'on a pris nous-mêmes ou des engagements qui
ont été pris par les gouvernements passés. Aujourd'hui, la députée de
Maurice-Richard nous demande de
réaffirmer, en tant que gouvernement, notre intention de respecter ces
avantages... pardon, ces engagements gouvernementaux qui ont été pris
par les gouvernements précédents. Donc, la question est simple. Est-ce qu'un gouvernement... comme gouvernement, on est
d'accord d'atteindre les cibles de réduction de GES, pour 2030, de 37,5 %? Bien,
poser la question, c'est y répondre, bien sûr qu'on est d'accord.
Malheureusement, et contrairement à ce que j'ai entendu auparavant, nous aurons les chiffres de 2020 en 2021, peut-être
même un peu après. Alors, il est difficile de juger où on en sera. Mais, d'ores et déjà, on sait qu'on
sera en deçà des prévisions de 20 %. Par contre, ceci ne change rien au
fait que nous avons des prévisions
pour 2030 et pour 2050 et que ces prévisions-là seront les nôtres, nos actions
seront les nôtres, celles de notre gouvernement.
D'ailleurs,
on avait décidé d'aller vers une cible de 2050 en disant : 2030, c'est
très bien, mais, s'il faut s'arrêter en chemin, ça ne veut rien dire. Le but,
c'est de décarboniser, avec le temps, notre économie, nos habitudes de vie, au
total. Le Pr Normand Mousseau, de l'Université de Montréal, qui est un ami,
mentionnait lors d'une entrevue avec le journaliste Gérald Fillion que
de viser 2050, ce n'est pas de repousser quoi que ce soit, mais c'est de se
concentrer vers 2030, vers 2050, vers une décarbonisation. Il ne faut pas juste
viser à arrêter à 37,5 % de réduction. Il faut viser beaucoup plus loin.
Ça nous donne une direction.
• (15 h 20) •
Le
gouvernement s'est aussi attiré les foudres de certains partis d'opposition
quand on a fait part de contribuer financièrement à l'effort de
réduction des grandes entreprises polluantes du Québec. Encore une fois, je
cite la même personne, le
Pr Mousseau : «Le Fonds vert et le marché du carbone ne sont pas là
pour rapporter de l'argent au gouvernement. Ils sont là pour réduire les GES.» Le Fonds vert est alimenté à partir
de la taxe sur l'essence, est alimenté à partir de la bourse du carbone en grosse partie. Et le but, ce
n'est pas de mettre cet argent-là dans le fonds consolidé. Le but, c'est
de l'utiliser pour baisser les gaz à effet
de serre. On sait que, par le passé... L'idée
du Fonds vert est bonne, mais, par le passé, il
n'a pas toujours
été utilisé d'une façon optimale, loin de là. Et c'est une des choses que nous
devons faire comme gouvernement, utiliser d'une façon optimale le Fonds vert.
Cet argent-là doit être utilisé pour aller réduire les gaz à effet de serre au plus bas coût.
Ce que je veux démontrer maintenant, dans le
fond, c'est la volonté réelle du gouvernement de réduire nos gaz à effet de
serre. Est-ce que nos méthodes vont changer? Sûrement, parce qu'on dit :
Quand on prend les mêmes méthodes, on a les
mêmes résultats. Mais on est en train de passer à côté. Ce serait peut-être le
temps de changer de méthode.
On a souvent
l'idée de la carotte et du bâton. On peut légiférer dans plusieurs domaines et
on voit parfois ce que ça donne. Quand on légifère, on peut réussir à court
terme, mais, à long terme, quand on présente une carotte, c'est-à-dire qu'on présente une façon de procéder, on a un
beaucoup plus gros avantage. Alors, comme un gouvernement qui, on l'a dit
souvent... et c'est un mot que j'aime bien,
«pragmatique», on essaie de trouver des solutions réelles à un problème bien
réel.
Il faut se le
dire, la lutte aux changements climatiques, ce n'est pas une chose simple.
C'est un sujet complexe qui a
tellement de variables à tenir compte, dont la compétitivité des entreprises.
La marge de manoeuvre de certaines entreprises
est bonne. Dans certains cas, elle est plus mince, et il faut en tenir compte.
En adoptant des mesures coercitives, trop coercitives, on risque, comme
dit l'expression, de jeter le bébé avec l'eau du bain. On pourrait faire fi
d'emplois générés payants, importants, dans
différentes régions du Québec. On doit donc faire preuve de jugement, encore
une fois d'une façon pragmatique,
pour accompagner les industries dans leur réduction de gaz à effet de serre
plutôt que de légiférer trop rapidement, trop fortement.
Ceci m'amène
à parler d'un autre aspect de la motion de la députée de Maurice-Richard, soit l'adhésion du Québec au Western Climate Initiative. Je tiens à
vous rappeler, Mme la Présidente, que nos engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre sont à la base
des politiques en environnement. Je me désole du fait qu'on voit encore des gens opposer économie à environnement. J'ai eu
l'occasion de voir à quelques reprises le ministre de l'Économie et de l'Innovation faire différentes présentations où
justement il allie les deux. J'ai eu l'occasion de le remplacer à quelques
reprises, dont vendredi dernier, et j'en ai profité encore une fois pour parler
des deux ensemble, en même temps.
Le Fonds
monétaire international et la Banque mondiale ont reconnu que les changements
climatiques font partie des freins à
la croissance économique. Oui, ça peut être un frein. Mais il faut donc
travailler justement pour que le frein soit
le moins important possible. Dans le cas du Québec, avec notre
hydroélectricité, notre énergie propre en excès, on est extrêmement bien
placés pour prendre même un avantage économique de cette situation. Donc, le
développement du XXIe siècle au Québec se fera en accord avec les
principes de développement durable.
Je crois que, jusqu'à maintenant, on a
montré, dans notre dernière année, qu'on était un gouvernement proactif
et pragmatique, et je ne vois pas pourquoi
la lutte aux changements climatiques serait différente à ce sujet-là. On peut
parler de slogans, de bonnes intentions, mais c'est un sujet trop important
pour se limiter à de belles paroles. Je préfère les belles actions. On doit faire preuve d'éthique, d'une
certaine éthique de responsabilité qui va nous obliger à prendre compte de
l'ensemble de nos obligations à l'égard de
nos concitoyens et à faire des choix qui vont toucher les gens de différents
âges.
La
raison pour laquelle j'aborde ça, c'est que, comme ce n'est pas un sujet
facile, nous devrons faire preuve de leadership.
On a parlé, par exemple, de la bourse du carbone. Il sera temps bientôt de
revoir comment seront redistribuées les
allocations gratuites de crédits carbone après l'échéance de 2023. On y vient
bientôt. Certaines personnes voudraient abolir ce type de mesure. Il y a une expression qu'on appelle les fuites
de carbone. Ça veut dire qu'une entreprise,
par exemple Hydro-Québec,
pourrait changer d'endroit sur la terre pour aller polluer ailleurs. Alors, par
exemple, est-ce qu'on va fermer toutes les cimenteries sous prétexte
qu'elles produisent du CO2 pour les envoyer produire du CO2
ailleurs et nous ramener le ciment ici en utilisant du
pétrole? C'est là qu'il faut agir de façon pragmatique. Ce n'est pas une chose
facile à faire. On ne veut pas en faire un transfert de carbone d'un endroit à
l'autre, la planète n'y gagne rien. Les entreprises qui seraient soumises trop rapidement ou trop
radicalement à des changements législatifs pourraient être fortement tentées de provoquer, comme on appelle, une fuite
de carbone. Alors, le résultat concret ne serait pas... serait réellement contraire à l'intention, et, encore
une fois, il n'y aurait pas de réduction globale, planétaire
d'émissions de gaz à effet de serre. Donc, encore une fois, la planète
n'y gagne rien.
C'est pourquoi une
certaine quantité d'allocations gratuites de crédits carbone est distribuée à
chaque année. C'est une mesure temporaire.
Combien de temps? Difficile à savoir. Quand les autres provinces, les autres
États, les autres pays auront été
dans la même direction que le Québec, peut-être qu'à ce moment-là la façon de
procéder pourra changer. On ne veut
pas déplacer nos problèmes, on veut les régler et on veut les régler en tenant
compte de l'activité économique en même temps.
Nous
avons aussi besoin de l'apport citoyen. En effet, nos habitudes de recyclage et
de consommation doivent changer pour
que la visée de réduction des GES soit atteignable et atteinte. Plus nous
allons vers des réductions importantes et plus l'apport citoyen devient
crucial.
Je
pense réellement, Mme la Présidente, que le Québec est à l'avant-scène de la
lutte aux changements climatiques. On
voudrait tous en faire plus et plus vite, mais nous sommes quand même à
l'avant-scène de la lutte aux changements climatiques. Ça vient des commentaires du ministre de l'Environnement,
qui revenait de New York, à la Climate Week. Ça vient des commentaires
de ce que j'ai entendu de son voyage, parce qu'il va être de retour bientôt, en
France.
Le
27 mars dernier, il y avait la marche pour le climat. Il y avait, sans
compter les autres villes, juste à Montréal, plus de monde que dans toutes les
villes canadiennes réunies. J'y étais avec le ministre de l'Environnement.
Je devrais dire : J'y étais et j'étais
fier de l'être. Il y avait tellement de monde, on a marché 300 mètres en
trois heures. Mais c'est la preuve qu'il y avait beaucoup de monde.
Il
ne faut pas se bercer d'illusions. Le Québec en surface est peut-être grand, au
niveau planétaire on est quand même petit. En population, on est quand
même petit. Notre contribution aux GES est petite et notre contribution à la réduction est petite. Nous n'avons pas un effet
très grand sur la terre. Ceci ne doit pas être une excuse pour ne rien faire,
bien au contraire.
Alors,
concrètement, ça veut dire quoi? Bien, ça veut dire favoriser le développement
technologique et l'innovation dans
l'électrification des transports. Ça veut dire maximiser l'apport du secteur
agroforestier dans la lutte aux changements climatiques. Ça veut dire aussi d'améliorer notre gestion des matières
résiduelles, et pas juste à court terme. Parce que les matières résiduelles, à court terme, assez facile
à régler. À long terme, en tenant compte des marchés et des débouchés,
c'est beaucoup plus complexe.
Encore une fois, je
veux remercier la députée de Maurice-Richard de m'avoir
donné l'occasion de parler d'environnement
aujourd'hui au salon bleu. Contrairement à beaucoup d'autres questions, il
s'agit d'un enjeu qui devrait être unificateur. Quand on parle
d'environnement, on parle de l'héritage qu'on va léguer aux générations
futures. La députée de Maurice-Richard parlait de ramer dans la même direction. Oui, bien sûr. Je pense que
nous n'avons pas le droit d'ignorer le sujet et je rajouterais à
l'intention de tous ici : Nous n'avons pas non plus le droit de traiter ce
sujet avec partisanerie. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
reconnais Mme la députée de Mercier.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Donc, à mon
tour, je voudrais remercier la
députée de Maurice-Richard d'avoir déposé cette motion
aujourd'hui, que ma formation politique va appuyer.
On
le sait, le Québec est loin d'atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre. On est très bons là-dedans, au
Québec, on adopte de beaux objectifs, des beaux plans qui nous permettent soi-disant
d'atteindre les objectifs et les cibles,
mais on n'y arrive pas. Notre problème est que, quand vient le temps justement
d'appliquer avec cohérence, avec vigueur,
avec rigueur ces fameux plans, nos gouvernements reculent, exemptent, nuancent, évitent,
oublient, abandonnent ou font carrément l'inverse de ce qui était
supposé être fait.
On connaît la
chanson, Mme la Présidente. On parle de la CAQ, mais je peux aussi parler des
libéraux et du PQ avant eux. On dirait que
le courage politique se perd quand on arrive au pouvoir, c'est
désolant, et j'espère que nous ne serons pas affublés par le même mot
lorsque notre tour viendra de prendre le pouvoir.
La semaine
dernière, cette Assemblée a adopté, à l'unanimité, une motion historique
déposée par ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, une motion de déclaration d'urgence climatique. Je dois avouer que, pendant
un instant, j'ai
cru que le gouvernement allait nous annoncer quelque chose de beaucoup plus ambitieux. Malheureusement, j'ai été
extrêmement déçue. La déclaration était à peine adoptée que les ministres
faisaient des déclarations absurdes et incongrues, comme par
exemple que le troisième lien, c'est
un bon projet de développement
durable parce qu'il va permettre à
des voitures électriques de circuler
dessus. Que GNL Québec était un bon projet pour le climat. Que couper
plus d'arbres était la chose à faire
pour lutter contre les changements
climatiques. Non, mais, vraiment,
qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre? Face à la jeunesse qui se lève et qui
réclame un avenir, le gouvernement, lui, a choisi les entreprises, et ça, eh bien,
on va s'en rappeler.
Je
vais m'attarder un peu plus longuement sur la fameuse réforme des grands
émetteurs, parce que, parmi les choses qui
ont été annoncées, c'est qu'une
réforme des grands émetteurs allait être encore plus complaisante envers les
gaz à effet de serre qui seraient émis par les grandes industries.
Donc,
qu'est-ce qu'on a appris la semaine passée de cette réforme-là que le
gouvernement s'apprête à mettre sur pied? Pas moins que les trois quarts
des efforts de réduction des gaz à effet de serre des plus grands émetteurs
seront remboursés, et certaines entreprises
vont même être exemptées de l'effort minimal. Ce qu'on a appris aussi, c'est
que le Québec leur donne plus
d'allocations gratuites — ce qu'on appelle les fameux droits de polluer — que ce qu'elles émettent. Elles vont en avoir plus que ce qu'elles émettent.
Gratuites, imaginez. Et cette réforme fera aussi en sorte qu'en 2030 75 % des droits d'émission de CO2 des
entreprises du Québec seront donnés gratuitement aux entreprises. En 2030,
c'est 75 % des entreprises qui vont avoir des droits d'émettre gratuits.
Et ce n'est pas terminé, les entreprises parmi les plus polluantes, par
exemple, les cimenteries, vont se voir accorder un statut spécial qui vont les
exempter... ce statut-là va les exempter d'avoir à faire des réductions.
Donc,
c'est vraiment incroyable, comme je le disais, on se fixe des objectifs, et là,
quand on regarde les actions, et non
pas les paroles, les actions, eh bien, on se désole. Chaque droit d'émission
non payé, c'est de l'argent que le Québec se prive pour faire sa transition écologique et économique. Le Québec a
cruellement besoin d'investir massivement dans les transports en commun, et ça, ça ne se fera pas seulement par des
voeux pieux, mais ça se fera par des investissements, de l'argent, qu'on
n'a pas et qu'on décide de ne pas aller chercher chez les grands pollueurs.
Donc,
le gouvernement, ce qu'il fait, avec cette réforme des grands industriels,
c'est qu'il va priver le Fonds vert d'importantes
sommes. Pourquoi? Parce qu'il a peur. Il a peur de ralentir la compétitivité
des plus grands pollueurs du Québec. J'aimerais savoir d'où vient cette peur,
d'où vient ce manque de courage du gouvernement. Parce que, si on regarde les faits et les chiffres... par exemple, il y a
la Commission de l'écofiscalité du Canada qui notait, en 2015, que le niveau de
pression concurrentielle auquel fait face le Québec est le plus bas de partout
à travers le Canada. Ils disaient même... la commission disait même que seul
1 % de notre PIB est très exposé aux pressions concurrentielles créées par
la tarification carbone — 1 % — si bien que la Commission de l'écofiscalité
du Canada concluait, et je
cite : «Dans l'ensemble, il n'y a [...]
pas lieu[, donc,] pour les milieux d'affaires, de considérer la tarification du
carbone comme une menace économique.»
Donc, il n'y a vraiment
pas de raison de faire des cadeaux aux pollueurs. Même les arguments
économiques de compétitivité que nous
décerne le gouvernement à tous les jours pour justifier son inaction, eh bien,
ils ne tiennent pas la route, ces arguments-là.
Non,
le PIB du Québec ne va pas s'écrouler si les entreprises paient les droits
d'émission, paient la juste part des droits
d'émission comme tous les Québécois. C'est même un principe fondamental qui est
inscrit dans notre Loi sur le développement durable, adoptée par cette
Assemblée en 2006. Donc, c'est le principe qui s'appelle le principe du
pollueur-payeur.
Juste pour m'assurer,
j'ai à peu près combien de temps? Je n'avais pas noté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Votre temps qu'il vous reste?
Mme Ghazal :
Oui. Il me reste combien de temps?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous avez 11 minutes.
Mme
Ghazal : Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, ce que je
disais, c'est qu'en ce moment, avec cette
réforme-là, on n'est pas en train d'appliquer la notion et le principe du
pollueur-payeur, qui n'est pas un principe inventé par Québec solidaire, mais plutôt un principe qui est écrit dans
nos lois qu'on a votées ici, à l'Assemblée nationale, comme je le
disais, depuis fort longtemps, depuis 2006, dans la Loi sur le développement
durable.
Ce
que ça dit, cette notion-là, parce qu'on le mentionne souvent, mais, des fois,
c'est bien de se rappeler ce qui est écrit dans la loi,
pollueurs-payeurs, ce sont les personnes, donc personnes morales aussi
évidemment, qui génèrent de la pollution ou
dont les actions dégradent autrement l'environnement. Ces personnes-là doivent
assumer leur part des coûts, des
mesures de prévention, de réduction et de contrôle des atteintes à la qualité
de l'environnement et de la lutte contre celles-ci.
Donc,
un principe qui n'a presque jamais été appliqué ou très peu. Et, encore là,
avec cette réforme-là, on voit qu'il
est, ce principe-là, voté à l'Assemblée nationale. Eh bien, il est mis en mal
par les actions de ce gouvernement et des gouvernements précédents.
Les
allocations d'émissions gratuites doivent cesser. C'est extrêmement important
si on veut réellement arrêter d'avoir
des plans, des cibles et des objectifs pour ensuite regretter de ne pas les
atteindre et en avoir encore d'autres, plans et objectifs. C'est extrêmement
important de cesser cette pratique injustifiée aujourd'hui, en 2019, si on veut
atteindre nos objectifs.
C'est
pourquoi que je veux déposer ici, à l'Assemblée nationale, un amendement à la
motion, un amendement qui se lit comme suit :
Ajouter, après le troisième alinéa, l'alinéa
suivant :
«Qu'elle
rappelle que les exemptions et les allocations gratuites d'unité d'émission
sont contraires au principe du pollueur-payeur enchâssé dans la Loi sur
le développement durable du Québec depuis son adoption en 2006.»
Donc, on a tous les outils, la tarification
carbone, le fait... le principe de pollueur-payeur qui existe dans notre législation pour faire payer les grands pollueurs,
au lieu que ça soit la société dans son ensemble qui assume ces coûts alors
que les profits vont toujours dans les mêmes poches.
Je voudrais
d'ailleurs rappeler que faire du profit, ce n'est pas un droit, c'est un
privilège, et ce privilège-là auquel ont droit les entreprises, eh bien,
c'est un privilège qui vient avec des responsabilités, donc... alors que, par
exemple, avoir de la nourriture, de l'eau, un toit, une sécurité, un avenir,
ça, ce sont des droits fondamentaux inaliénables.
Le
climat, on le sait aujourd'hui, on ne peut pas l'ignorer, les scientifiques
nous le disent rapport après rapport — encore une fois, je répète, ce n'est pas Québec solidaire qui le dit — le climat menace directement les droits fondamentaux
de centaines de millions de personnes sur la
planète, et nous avons, comme société, une responsabilité envers ces personnes.
Cette
situation exceptionnelle qui est la crise climatique qui nous est exposée,
donc, par les scientifiques commande du
courage, commande du courage politique, le courage de faire face à la menace
climatique et non pas de faire preuve de complaisance face aux grands pollueurs, parce que ça aussi, c'est être
pragmatique. En tout cas, ça l'est en 2019. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée. Je vous rappelle que votre amendement est
déposé sous réserve de la permission de l'auteure de la motion débattue
actuellement.
Je suis prête à reconnaître un membre du... Ah!
M. le député de Jonquière, la parole est à vous.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir de
prendre la parole aujourd'hui sur cette motion. Tant qu'à moi et tant qu'à nous, de ce côté-ci de la Chambre, on aurait
des motions sur la lutte contre la crise climatique à toutes les semaines, à tous les jours, s'il le
faut, parce que c'est certainement le sujet qui nous interpelle comme élus dans notre responsabilité la plus fondamentale, c'est-à-dire de travailler pour le bien commun pour la suite des choses, pour la
suite du monde, et c'est certainement cette responsabilité qui doit nous interpeler le plus. Et nous avons
choisi, en tout cas, en ce qui nous concerne, d'en faire la priorité des
priorités.
Bien sûr, la situation des changements
climatiques, de la crise climatique, de l'urgence climatique est grave. Elle apporte des conséquences, elle amène des
conséquences, elle provoque des coûts énormes, une pression énorme sur les finances publiques, que ce soit sur la
reconstruction de routes, que ce soit en frais de sécurité publique quand il y a des inondations,
que ce soit en réaménagement d'infrastructures de toutes sortes, même en heures supplémentaires chez les employés d'Hydro-Québec qui doivent intervenir pour sécuriser des installations, des infrastructures à chaque année. Donc, les changements
climatiques sont là, sont présents et fortement documentés par la science.
Et, en plus,
la population le constate et a choisi de se mobiliser. La
meilleure preuve, c'est la marche de vendredi dernier aux quatre coins du Québec, qui a rassemblé à peu près
500 000 personnes, ce qui
représente autour de 6 % de la population québécoise, c'est quand même
exceptionnel, Mme la Présidente. On n'a jamais vu de mobilisation aussi
grande pour un enjeu social.
Alors, ça,
c'est le constat. On pourrait en parler longuement. Nous pourrions épiloguer
longuement. Nous pourrions donner de
nombreux exemples, nous pourrions faire référence aux nombreux rapports du
groupe international des experts sur le climat à l'ONU. Mais nous sommes
ici pour discuter d'une motion.
Et, moi,
l'angle que je veux choisir dans cette intervention, c'est celui d'être
optimiste, celui d'être positif. Je ne veux pas tomber dans un discours
catastrophiste, dans un discours apocalyptique, je veux plutôt regarder les
solutions. Et la bonne nouvelle, Mme
la Présidente, c'est que ces solutions existent. Ces solutions sont devant
nous. Puis, encore plus, le Québec est le territoire le mieux placé, le
mieux positionné pour devenir un leader mondial en termes de transition écologique, de transition énergétique, en termes
de champion de l'économie verte. Alors, ces solutions existent. Mais, pour y arriver, pour y arriver, il faut éviter de
culpabiliser, d'utiliser la... d'être moralisateur, un ton moralisateur. Il
faut, au contraire, travailler dans un esprit d'adhésion et de
conviction envers la population.
Donc, d'un
côté, ça ne sert à rien de dire, par exemple, comme le gouvernement le fait trop
souvent : Ah! nous avons un
troisième lien qui va être vert. Ah! nous avons une politique forestière qui va
permettre d'agrandir les territoires de
coupes, et donc ça va nous permettre de sauver des GES. Ce n'est pas aussi
simple que ça. Il y a des enjeux sur lesquels on ne peut plus être des deux côtés de la clôture en même temps,
certainement celui du troisième lien et certainement celui aussi du projet de GNL Québec, sur lequel je ne
m'étendrai pas longtemps, mais où c'est certainement, à l'heure actuelle,
dans le portrait économique et politique du
Québec, le projet le plus frappant en termes de véritables choix, en termes
de positionnement réel en matière de lutte
contre la crise climatique. Donc, on ne peut pas verdir éternellement des
projets qui ne le sont pas et qui vont plomber davantage un bilan
carbone dont il faut se sortir.
De l'autre
côté, ce n'est pas mieux non plus d'être dans un modèle de confrontation.
Alors, moi, quand j'entends mes
collègues de Québec solidaire qui disent : L'année prochaine, si on n'est
pas satisfaits, si nous, Québec... bien, pas moi, là, mais je me cite... je les cite eux, là, comme
si... Et ils disent : Bien, nous, si on n'est pas satisfaits l'année
prochaine du plan de match ou du plan
d'action sur les changements climatiques du gouvernement, on va faire un
blocage parlementaire. Bien non. Ça, c'est la voie directe vers la confrontation,
c'est la voie directe vers la polarisation puis c'est la voie directe vers le fait qu'on va
exclure au lieu d'inclure. Puis, dans le domaine des changements climatiques, s'il y
a un secteur où on doit avoir la plus grande adhésion de la population,
si on doit avoir une plus grande solidarité, c'est certainement dans le secteur des changements climatiques et des solutions qui sont devant nous, pas en
faisant la promotion de la confrontation. Alors, Mme la Présidente, là-dessus, autant faire du verdissement de façon
exagérée comme le fait le gouvernement... autant la confrontation, de l'autre
côté, n'est pas la bonne voie en cette matière.
Donc,
je regarde la motion de la députée de Maurice-Richard. C'est sûr
qu'on va être favorables à ça, c'est sûr, c'est une évidence, mais... Et même l'amendement proposé par la députée
de Mercier, je n'ai aucun problème avec ça, c'est juste que ça ne dit pas grand-chose. C'est un constat, c'est juste
dénoncer, affirmer, faire des voeux pieux. Donc, on ne peut pas être contre ça. Moi, c'est sûr que je vais appuyer cette
motion, de la même manière qu'on ne peut pas être contre la tarte aux
pommes, Mme la Présidente.
Alors, moi, ce que je
souhaite, c'est qu'on soit capables d'adopter une motion qui va avoir un
élément de nouveauté, un élément de
nouveauté. Vous savez que nous avons déposé, de ce côté-ci, le projet de loi n° 194 sur le respect des obligations climatiques du Québec, comme ça se fait dans
plein de pays à travers le monde. Le Royaume-Uni, qui n'est pas Cuba,
là, a adopté, en 2008, une loi semblable. Les pays scandinaves l'ont fait
aussi.
Alors,
étant quelqu'un de pragmatique, moi aussi — parce
que c'est un mot qui est populaire — je
fais la proposition de retirer
un morceau de mon projet de loi n° 194, de l'amener
en motion là-dessus, et je pense que le gouvernement devrait l'appuyer, c'est ce qu'on appelle le budget
carbone. Le budget carbone, là, c'est comme un budget, puis
je vois le ministre des Finances qui est là, je pense qu'il sait très bien
c'est quoi, un budget, il aime ça, le déposer une fois par année... Alors, je pense qu'on est
rendu à une étape dans la lutte contre la crise climatique où le ministre
de l'Environnement ou un autre ministre
de ce gouvernement, de n'importe quel gouvernement, déposerait, une
fois par année, un budget
carbone avec le chemin pour atteindre nos cibles de 2030 et nos cibles de 2050.
C'est comme dans les années 90, quand
le gouvernement de Lucien Bouchard a dit : On doit atteindre
le déficit zéro. On avait une loi contre le déficit zéro... c'est-à-dire pour atteindre le déficit zéro, contre les déficits, et on avait un
chemin pour y parvenir, puis le budget nous permettait
de voir comment on allait y arriver, le budget annuel du gouvernement du Québec. Alors, c'est la même chose, mais en
matière de gaz à effet de serre.
Présentement, le dernier inventaire rendu public par le gouvernement, l'inventaire des GES, nous dit que, pour 2016, on a 78,6 mégatonnes équivalant CO2. Alors, partons de cette base, et, à chaque année, le ministre
de l'Environnement dépose son budget carbone pour qu'on ait
la transparence, l'information, l'heure juste sur l'atteinte du chemin,
l'atteinte de notre cible, voir si on
est dans la bonne direction sur ce chemin, pour atteindre moins 37,5 % de
ce bilan carbone sur la base de 1990
pour 2030, et ensuite pour 2050. Le Royaume-Uni, justement, le fait, ce budget
carbone. Et, autre élément, il pourrait être... il devrait être validé
par une entité indépendante qui s'appelle le Vérificateur général.
Motion
d'amendement
Donc,
ma motion d'amendement, Mme la
Présidente... je vois que vous avez hâte que je termine, parce qu'on
achève :
Que la motion de la
députée de Maurice-Richard soit amendée en ajoutant, à la
fin du dernier alinéa, ce qui suit — j'ouvre les guillemets : «et de préparer
un budget carbone dans lequel il est précisé la quantité maximale de gaz à
effet de serre pouvant être émis dans l'ensemble du Québec au cours de
la prochaine année». Fin de l'amendement.
Alors,
Mme la présidente, je vais déposer cet amendement, qui peut s'ajouter sans
aucun problème à la motion originale, mais aussi à la motion telle
qu'amendée par la proposition de la députée de Mercier. Alors, voilà, Mme la
Présidente, c'est ce que je dépose comme amendement. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, je vous
rappelle que votre amendement est déposé sous réserve de la permission
de l'auteure de la motion que nous débattons actuellement.
Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre du gouvernement. M. le ministre des
Finances, la parole est à vous.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Combien de temps?
• (15 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Il reste au gouvernement... je vous dis ça dans quelques secondes... 35 minutes.
M.
Girard (Groulx) : O.K. Bon. Mais c'est un plaisir d'intervenir sur
cette motion, et je tiens à mentionner d'emblée
que nous supportons cette motion, et, bien
sûr, nous réitérons que l'atteinte
des cibles est importante, que nous croyons au système de plafonnement des échanges, mais j'aimerais me
concentrer sur le dernier paragraphe : «Enfin,
que l'Assemblée nationale demande formellement au gouvernement caquiste
de ne pas diminuer les efforts de réduction d'émissions de gaz à effet de serre
demandés aux entreprises assujetties au SPEDE...»
Alors, j'aimerais clarifier ce
paragraphe, parce que notre gouvernement demande aux entreprises d'augmenter
leur effort. Je veux être bien clair :
notre gouvernement, Mme la Présidente, demande d'augmenter les efforts. Ça,
c'est important, parce qu'il ne faut
pas se fier à ce qui est écrit nécessairement, ou ce qui est perçu, ou ce qu'on
veut voir, il faut regarder les
faits. Le gouvernement précédent allouait... avait des allocations très
généreuses de permis, et nous proposons de réduire ces allocations
doucement, et je vais expliquer pourquoi.
J'aimerais revenir sur c'est quoi, la bourse du carbone.
C'est important, parce qu'on a un débat au Canada où le gouvernement fédéral a proposé une taxe sur le
carbone. Alors, lorsqu'il y a une taxe, on fixe le prix, Mme la Présidente,
et les émissions
fluctuent. Or, la bourse, c'est le contraire, on fixe le niveau d'émissions, et
c'est le prix qui fluctue. Et, en passant, la dernière adjudication de
droit de polluer était à 23 $ la tonne au Québec.
Et cette distinction-là est importante parce qu'une bourse,
en principe, amène une meilleure allocation des ressources. C'est grâce à... l'idée, c'est que ceux qui ont un coût
marginal de polluer plus élevé vont acheter les droits de polluer chez les
producteurs qui auront des coûts de réduction moindres, et donc c'est plus
efficace. Et donc, dans un monde idéal, nous aurions une bourse avec le
plus de participants possible.
Et, bien que notre
bourse soit exemplaire, je dois le souligner, Mme la Présidente, un de ses
éléments de faiblesse, c'est le peu de
membres de la bourse. Et c'est pour ça que, à chaque fois que j'ai le privilège
de représenter le gouvernement dans
le reste du Canada et que je rencontre mes homologues les ministres des
Finances des autres provinces, je me
garde toujours un petit cinq minutes pour leur vanter les mérites de la bourse
du carbone, parce que nous aimerions qu'ils joignent cette bourse et que
nous puissions échanger, entre nous, ces permis de polluer. Bon.
Alors, on parle ici, dans ce dernier paragraphe sur lequel
je veux me concentrer, où nous augmentons les efforts qui sont demandés
aux entreprises, on parle des grands pollueurs, des grandes industries, mais...
c'est important de dire que ces industries-là
ont déjà fait un effort. Ce n'est pas parce qu'on est une industrie qui émet
des gaz à effet de serre qu'on n'est pas un bon citoyen. Je tiens à le
dire. Ces industries-là ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre, depuis 1990, de 23 %, Mme la Présidente. Et,
puisque le Québec, en moyenne, a réduit ses émissions de 10 %, vous
comprendrez, Mme la Présidente, que,
si tout le monde avait fait comme ces grandes industries, nous serions à moins
23 %. Or, nous sommes à moins
10 %. C'est le secteur des transports qui a mal fait. Le résidentiel, lui,
a fait sa part, les grands émetteurs ont
fait leur part. C'est important de le dire, parce que ce n'est pas parce qu'on
est une industrie qui émet des gaz à effet de serre qu'on est un mauvais citoyen. Au contraire, ces industries-là
ont fait des efforts, et maintenant nous leur demandons plus d'efforts, d'où mon plaisir à supporter cette
motion, parce que c'est un peu de la tarte aux pommes, il n'est pas question
de diminuer les efforts de réduction d'émissions de gaz à effet de serre
demandés aux entreprises.
Bon. Je peux vous donner quelques chiffres. En 2017, on
parlait de 18,4 tonnes de gaz carbonique, c'était 23 % de nos
émissions, et le gouvernement précédent avait fait une allocation extrêmement
généreuse aux entreprises.
Et là
pourquoi est-ce qu'on parle d'allocations aujourd'hui, en octobre 2019, alors que le sujet des allocations, qui a amené tout ce débat, ce sont les allocations
aux entreprises pour la période 2024‑2030? Eh bien, c'est simple, Mme la Présidente, c'est parce
qu'il faut faire les choses dans
l'ordre, c'est-à-dire que, dans la bourse du carbone, on peut transiger
trois ans à l'avance. Alors, on peut
transiger les permis 2024 dès 2021. Or, pour transiger en 2021, il faut que le gouvernement édicte des règlements en 2020. Pour édicter ces règlements
en 2020, bien, il faut consulter les entreprises en 2019, et c'est ce
que nous faisons. Et c'est comme ça qu'il faut procéder parce qu'on...
Le gouvernement est là, bien sûr, dans l'intérêt supérieur du Québec, mais les entreprises
contribuent à cet intérêt supérieur, car leurs emplois, leurs profits
donnent des impôts, et ces impôts permettent d'offrir des services en santé,
éducation.
Et donc 2019,
consultation, 2020, règlements, 2021, première transaction sur l'horizon 2024‑2030, d'où la nécessité de donner des
allocations aux entreprises.
Et pourquoi aidons-nous les grands émetteurs,
les grands pollueurs? Eh bien, tout simplement parce que ces entreprises-là sont dans un monde compétitif.
L'économie québécoise est une économie ouverte. Nous transigeons avec nos
amis des autres provinces canadiennes. Nous
transigeons avec le nord-est des États-Unis, avec le monde. Mais le problème,
c'est que nos principaux partenaires ne
tarifient pas le carbone. L'Ontario s'est retirée, à notre grand regret, de la
bourse du carbone. Le nord-est des
États-Unis ne tarifie pas le carbone. Or, une grande part de notre commerce est
avec ces juridictions.
Nous devons
donc aider nos entreprises pour qu'elles puissent demeurer compétitives et
éviter des délocalisations. Par
exemple, une entreprise à Gatineau sujette à la bourse du carbone pourrait
déménager à Ottawa parce que l'Ontario s'est
retirée. Alors, on ne veut pas ça. Même chose à Hawkesbury et Grenville. Toutes
les entreprises vivent dans un monde compétitif, et notre rôle, c'est de
les aider à prospérer au bénéfice de tous.
Et, bien sûr, nous devons les aider à réduire
leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous avons de nombreux programmes pour ça, et c'est d'ailleurs pour ça
que j'étais très fier, et je le dis souvent à mes enfants : Nous avons
augmenté le budget du ministère de...
de la mission environnement. Le portefeuille Environnement a été augmenté dans
le dernier budget de 51 %, Mme
la Présidente. Vous n'entendrez pas ça chez mes collègues de la deuxième ou de
la troisième opposition. Je me permets de le rappeler. Oui, dans le
dernier budget, 51 % d'augmentation.
Alors,
comment ça marche, les allocations dites gratuites, les allocations aux
entreprises, ces permis de polluer qu'on
leur donne? Alors, nous avons des cibles de réduction de gaz à effet de serre.
Étant donné notre grand objectif de réduire
nos émissions de 37,5 % en 2030, ces cibles déclinent dans le temps, et
nous devons donc réduire l'allocation de... Puisqu'il y a moins de permis de polluer qui sont disponibles ou moins
de crédits carbone disponibles dans la bourse, le prix augmente. Pour
compenser les entreprises, les aider à être compétitives, nous leur donnons un
certain montant d'allocations gratuites.
Or, le gouvernement précédent était extrêmement
généreux. Nous voulons amorcer une transition vers moins d'allocations ou permis de polluer et donc nous
réduisons l'ensemble des permis pour les grands émetteurs de 3,4 % par
année. 3,4 % l'an 1, 3,4 % l'an 2, et on décline.
• (16 heures) •
Il y a,
par contre, une petite particularité. C'est que, du 3,4 %, 2,4 % sera
mis en consigne pour cinq ans, où l'entreprise qui aura payé aura la possibilité d'investir dans la réduction de ses
gaz à effet de serre via la modernisation de ses procédés. À l'échéance de cinq ans, s'il n'y a pas eu
investissement pour réduire les... la consigne se transformera en taxe. L'autre
1 % est un coût net pour l'entreprise. Alors, cette réduction de
3,4 % des permis de polluer gratuits, évidemment, est un effort
supplémentaire par rapport au gouvernement précédent. Et donc, lorsque la
motion dit qu'il faut... on demande formellement au gouvernement de ne pas diminuer les efforts de réduction de gaz à effet de serre, c'est exactement ce que nous faisons. Alors, c'est pourquoi
nous supportons la motion.
Alors, nous
voulons atteindre nos cibles. Nous voulons que les entreprises
aient une prévisibilité dans les efforts qui seront nécessaires. Nous voulons que nos entreprises
demeurent compétitives. C'est pourquoi nous les aidons avec divers programmes
et des allocations de permis. Et, bien
sûr, nous aimerions avoir beaucoup
plus de participants dans
cette bourse de carbone.
J'aimerais
revenir sur... parce que toute cette discussion émane d'un article qui était relativement bien informé.
Lorsque j'ai lu l'article, je me suis demandé si le journaliste avait participé
aux consultations privées des entreprises. Il
était relativement bien informé, mais il y avait une information qui ne tenait
pas debout là-dedans ou qui disait que nous allions exclure l'industrie X, l'industrie Y et
l'industrie Z, et c'est faux, Mme la Présidente. Toutes les industries
devront faire un effort. Au minimum,
l'allocation de permis de polluer non tarifés sera de 2,34 %, en moyenne,
3,4 %, mais au minimum 2,34 %.
Alors, nous
supportons cette motion parce que nous voulons continuer d'aider les
entreprises à réduire leurs gaz à
effet de serre. Elles ont fait des efforts notables avec 23 %... les
grands émetteurs ont 23 % de réduction depuis 1990, et c'est avec, oui, divers programmes que nous les
aidons à réformer leurs processus, réduire leurs émissions, mais notamment,
dans la bourse du carbone, avec des
allocations dites gratuites ou non tarifées, mais qui vont diminuer autour de
3,4 %.
Donc, je
répète que le gouvernement va continuer d'augmenter les efforts de réduction
d'émissions de gaz à effet de serre demandés aux entreprises assujetties
à la bourse du carbone. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant,
je suis prête à reconnaître un membre de l'opposition. M. le député de
Robert-Baldwin, la parole est à vous.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci. Je peux parler? Merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de prendre
la parole sur ce sujet important, mais intéressant aussi. En tout cas,
pour moi, il est très intéressant, mais très important.
Alors, je vais couvrir un certain nombre de
points. Je vous dirais en partant que je me réjouis du fait que le gouvernement ainsi que le deuxième groupe
d'opposition, le troisième groupe d'opposition ont dit qu'ils sont d'accord
avec la motion. Donc, c'est très bien parce
que je pense que c'est important. C'est une motion que... ce n'est pas... on
a... Plusieurs de nos collègues ont
dit que c'était de la tarte aux pommes. Mais, vous savez, des fois, c'est
plaisant d'avoir un peu de tarte aux
pommes, c'est-à-dire on a besoin qu'on se rappelle tous collectivement de ce
qu'on a fait, du chemin parcouru et
de ce qu'il reste encore à faire. Donc, pour nous, cette motion, évidemment,
est très intéressante, très utile. Et le fait qu'il semblerait qu'un
grand nombre de parlementaires sont favorables, c'est encore mieux.
Alors,
pourquoi c'est important et c'est
utile de rappeler ce qui est écrit, ce qui est décrit dans la motion?
Certaines... quelques éléments. Je
vais peut-être vous surprendre un peu, Mme la Présidente, en vous disant qu'à mon avis,
oui, oui, il y a urgence climatique. Ce n'est pas une invention de
quelques radicaux. Non, non, ça existe bel et bien, il y a
urgence climatique. On n'a pas besoin de paniquer. Moi, je ne fais pas partie
de ceux qui pensent qu'il faut paniquer tout de suite. D'ailleurs, quand on panique, généralement, on ne fait pas
les bonnes choses. Mais il faut agir. Il faut agir et il faut que ces
actions-là soient importantes et puissent avoir un effet.
Les changements climatiques, ce n'est pas quelque chose qui va nous arriver
dans quelques années. Les changements
climatiques sont déjà là.
Déjà, maintenant, en 2019, il y a des effets très réels,
très concrets. Et ces effets-là sont irréversibles. On ne va pas revenir
comme ce qu'on était avant. Donc, il va falloir au minimum s'adapter à ces changements climatiques qui sont déjà présents dans notre vie. Et ces changements climatiques, ils vont s'accélérer si on ne fait rien. Bien sûr, nous avons, au Québec,
un certain nombre d'outils qui nous permettent de faire quelque chose. Et donc on va continuer de travailler dans cette direction-là.
Ce qu'il faut
dire aussi, ce qui va peut-être surprendre certains de nos collègues,
c'est que notre système économique
au Québec, au Canada, en Amérique du Nord, dans les pays occidentaux, dans
l'OCDE, sur la planète, le système économique qui est basé sur la consommation d'hydrocarbures,
ce système-là n'est pas viable à long terme. Donc, je
répète, le système
n'est pas viable à long terme. Alors,
si tout ce qu'on fait, c'est de repousser des décisions importantes à prendre,
et on remet à plus tard, on ne va pas sauver l'économie si, dans le processus,
on finit par affaiblir la planète.
Donc, un
système économique basé sur la production et consommation d'hydrocarbures n'est
pas viable. Donc, il faut s'adapter et il faut faire la transition à une
économie décarbonisée. Et ça, il faut le faire et il faut le faire le plus rapidement possible, sans précipitation, mais il
faut le faire le plus rapidement possible. C'est évidemment un énorme défi, particulièrement au Québec avec notre
géographie, avec l'étendue du territoire, notre climat actuel. C'est
certainement un très grand défi. Mais
moi, je le vois aussi comme étant une très grande opportunité. Voilà une
opportunité pour nous de transformer notre économie vers une économie qui est
plus durable, qui est moins carbonique, et donc plus viable à long
terme.
M. le
ministre nous a mentionné, et je suis d'accord, que le Québec, c'est une petite
économie dans le contexte mondial et
très ouverte, donc très dépendante du commerce international. Donc, nos
entreprises doivent compétitionner dans le marché mondial. Et donc on
doit être toujours très conscients de notre position compétitive pour que ces
entreprises-là puissent continuer de bien opérer et de poursuivre leur
développement dans l'économie mondiale.
Cependant,
puisque le modèle actuel n'est pas viable à long terme, il me semble que ça ne
serait pas dans l'intérêt public de
retarder les décisions importantes qu'on a à prendre parce que ce système-là
n'est pas viable. Alors, il faut déjà commencer
la transition, il faut déjà miser sur les nouveaux secteurs, les nouvelles
entreprises, les nouvelles technologies. Mais ça ne veut pas dire qu'on va abandonner ce
que certains ont qualifié comme étant la vieille économie, on ne va pas abandonner la vieille économie, mais il faut
accélérer d'ores et déjà la transition vers la nouvelle économie. Ça peut se
faire. Nous avons des outils pour ce faire.
Nous avons le savoir-faire. Nous avons, je pense, aussi la volonté politique.
C'est question peut-être de canaliser un peu
plus cette volonté politique pour qu'on puisse avancer plus rapidement dans
ce grand virage, un grand virage qui est à
mon avis non seulement nécessaire, mais aussi inévitable. Il faut le faire. Ça
veut dire... Vous ne pouvez pas faire de
faveur à personne, d'essayer de les
protéger, parce que, dans tous les cas, probablement dans 10 ans, ce qui n'est pas très loin, le prix des
hydrocarbures va être tellement élevé, parce qu'il y aura à ce moment-là tellement de restrictions à leur
utilisation, les prix seront tellement élevés que, si on attend 10 ans pour
faire cette transition, là, on va être vraiment dans une très, très
grande difficulté.
• (16 h 10) •
Alors,
quels sont ces outils-là que nous avons, au Québec? Un de ces outils,
évidemment, comme c'est mentionné dans
la motion et comme M. le ministre l'a aussi mentionné et les collègues aussi,
c'est le SPEDE, donc le système de plafonnement
et échange. Il y a plusieurs façons d'adresser cette question. Dans certains
endroits, il y a une taxe directe sur le carbone, comme c'est le cas en
Colombie-Britannique, par exemple. Ça semble bien fonctionner là-bas aussi. Il y a déjà eu des bourses de carbone, donc des
systèmes de plafonnement et échange dans certains pays européens. Ça avait moins bien fonctionné là-bas. Celui que nous
avons mis en place au Québec, et ça, depuis déjà quelques années, semble fonctionner très bien, à tel point qu'en
2014 on s'est lié avec la Californie pour faire ce qu'on appelait à l'époque
et ce qu'on appelle toujours le Western Climate Initiative. Donc, on a élargi
pas mal cette bourse-là pour inclure non seulement
des entreprises québécoises, mais aussi des entreprises de la Californie. Ça a
donné beaucoup plus de profondeur à
ce système de plafonnement et échange parce que, comme dans tous les marchés,
une des grandes difficultés, bien sûr, c'est la liquidité, c'est le nombre de
participants, et, si c'est un marché qui est très, très petit, bon, il ne va
pas performer aussi bien que si on est dans un marché plus grand, plus
profond, avec plus de liquidités.
Notre gouvernement, à
l'époque, avait aussi travaillé d'arrache-pied pour continuer d'étendre cette
fameuse Western Climate Initiative, et nous
avons réussi, nous avons réussi à convaincre l'Ontario à se joindre aussi à ce mouvement-là.
En 2016, 2017, surtout, 2017, on avait beaucoup travaillé en collaboration avec
le gouvernement de l'Ontario. Alors, quand
on nous dit, souvent, que le gouvernement précédent a été un gouvernement
antinationaliste, qu'on n'avait pas
les intérêts du Québec à coeur, etc., moi, je n'en reviens tout simplement pas
parce que ce que nous avions fait
dans ces années-là, en ayant une très bonne collaboration avec l'Ontario, nous
avons créé vraiment un bloc central, Québec-Ontario,
qui avait un pouvoir, une véritable influence dans l'intérêt de la fédération
canadienne, la dernière fois que cela
avait été fait, c'était il y a très longtemps. Nous avons donc reconstitué ce
bloc central. Il y avait même des réunions de conseils des ministres
conjoints Québec-Ontario.
Donc,
c'était une position de force, que nous avions au Québec. C'était une position
de leadership, que nous avions au
Québec. Ça a donné plusieurs résultats concrets, dont notamment de convaincre
l'Ontario à se joindre à la Western Climate Initiative, qui avait encore
davantage donné de profondeur à ce marché. Enfin, qui allait le faire, parce
que, malheureusement, le gouvernement qui a pris la place, qui s'est succédé à
celui de Mme Wynne, ce gouvernement-là a
décidé de faire marche arrière et de se retirer de ce marché-là. Ce qui est
très dommage parce qu'en même temps ça devrait nous donner quelques leçons quant à ce qui se passe ailleurs et quant au
manque de cohérence et au manque de conviction de la part de certains gouvernements, que ce soit au Canada, que ce soit
aux États-Unis, qui sont encore dans un mode de déni en ce qui concerne les changements climatiques et en ce qui
concerne l'adoption de mesures efficaces et de mesures prouvées et qui
fonctionnent.
Donc,
c'est ce que nous avions fait avant. C'était prévu, bien sûr, que... Là, on
peut parler un peu plus spécifiquement du
SPEDE, donc le dernier paragraphe de la motion, comme M. le ministre l'a
si bien mentionné. Donc, c'était déjà prévu que, bon, ce système-là devait évoluer dans le temps, c'est clair. Donc,
en 2014, c'était le... on se joignait à la Californie. Une autre phase
importante dans l'évolution... Parce que, bien sûr, depuis le début, depuis
2013, il y avait très peu d'industries qui
étaient assujetties à ce régime-là. Avec le temps, ce nombre d'industries et
d'entreprises a pris de l'expansion.
En
2015, en 2015, je me rappelle très bien... Vous savez, Mme la Présidente, ma
mère me dit souvent que j'ai une très
grande qualité, mais qui des fois peut être... ça peut devenir pas une si
grande qualité, c'est que j'ai une bonne mémoire. Je me rappelle, je me rappelle beaucoup de choses. Et je me
rappelle très bien qu'en 2015, par exemple — là, je divague un petit peu, mais c'est important de le mentionner, ça me fait
du bien — c'était
l'année où, dans ce processus de...
où, donc, ce marché du carbone allait s'étendre à d'autres secteurs, d'autres
entreprises, d'autres industries. 2015, les distributeurs d'essence deviennent assujettis au SPEDE, donc sont inclus
dans l'application de ce système, 2015. Donc, ça faisait partie de la progression du déploiement de ce régime-là. Et je
me rappelle très bien qu'à l'époque nos collègues, à l'époque la deuxième opposition, le parti
politique qui est présentement au gouvernement, les grands cris qu'ils
poussaient à ce moment-là en
disant : Ah! les libéraux, tout ce qu'ils font, c'est de taxer. Encore des
taxes! Ils vont taxer les citoyens, blablabla.
Donc, je ne pense pas qu'ils comprenaient très bien à l'époque ou alors... Je
m'excuse, je pense qu'ils comprenaient très
bien où on voulait aller, mais ils avaient plutôt choisi de mettre l'accent sur
le fait que ce système-là allait ajouter trois ou quatre cents au litre
d'essence et que cela était une très mauvaise idée.
Dans
le contexte de lutte aux changements climatiques, dans le contexte de ce que
j'avais dit au tout début de mon intervention, que ces changements-là sont
réels, ces changements-là sont inévitables, et qu'il va falloir décarboniser
notre économie, et qu'une économie basée sur
la consommation et la production d'hydrocarbures n'est pas viable à long terme,
une telle approche, une telle négation de la
nécessité d'avoir cette augmentation du prix des hydrocarbures me semblait, à
l'époque, déjà surprenante et elle est
toujours surprenante. Et ça, il va falloir qu'on fasse très attention parce que
moi, je crois fermement, je crois fermement que pour changer les
comportements, pour que les agents économiques puissent s'adapter à la nouvelle réalité, il faut changer de comportements, et,
pour changer de comportements, les incitatifs directs financiers sont
les plus efficaces.
Moi,
je crois fermement à l'économie de marché. Je crois fermement aux décisions qui
sont prises en tenant considération des prix
relatifs des biens et des services. Et donc, pour qu'un tel système puisse
jouer son rôle pleinement, il faut
que le prix du bien ou du service puisse inclure aussi ce qu'on appelle les
externalités, donc toutes les conséquences néfastes, la pollution, et autres choses, d'où la nécessité de faire
augmenter les prix des hydrocarbures. Si on fait ça et si on fait ça comme il faut, on va réussir à changer
les comportements, et donc on va réussir à délaisser l'économie basée
sur les hydrocarbures pour transitionner
vers une économie beaucoup plus sobre en carbone, et donc beaucoup plus durable
à long terme.
• (16 h 20) •
Alors, ce processus
de graduellement étendre la bourse du carbone aux différents secteurs, aux
différentes entreprises va se poursuivre, et le tout va culminer en 2021. Donc,
il y aura encore de plus en plus d'entreprises et de secteurs qui vont être assujettis à cette bourse-là. C'était déjà prévu
depuis le début que, bien sûr, pour mettre cela en marche, certains pollueurs, certaines entreprises allaient
avoir des allocations gratuites, mais qu'éventuellement cela devrait aussi
diminuer et éventuellement se terminer complètement, et donc que le marché joue
son rôle pleinement.
Bon,
là, maintenant, le gouvernement propose certaines modifications à ce
processus-là. Je pense qu'on aura le temps d'en discuter, tous les
détails de ces changements-là. Je ne pense pas que ce soit maintenant...
(Interruption)
Excusez-moi. Je ne pense pas que ce soit maintenant ici le moment de faire
cela. On aura le temps de le faire. La méthode qui est préconisée par le
gouvernement, dont M. le ministre a fait un peu allusion, à notre avis,
fait en sorte que... cette histoire de créer
une espèce de fonds pendant cinq ans, à notre avis, cette méthode-là n'est
peut-être pas la plus efficace. Ça va peut-être retarder un certain
nombre de décisions. Mais ça, c'est des choses qui peuvent se discuter. Nous sommes d'accord que le système doit
évoluer. C'est déjà prévu, qu'il allait évoluer. On pourra se parler sur
les détails de ce qui est proposé. Je pense qu'on pourrait l'améliorer.
Mais,
dans ce contexte-là, j'aimerais aussi mentionner peut-être en terminant que
pour ce qui est de... quelle est la stratégie qu'on devrait adopter pour
permettre aux entreprises québécoises qui, présentement, sont de gros
pollueurs, comment est-ce qu'on pourrait les
aider à cette transition écologique parce que je suis bien conscient qu'on ne
peut pas... Ce ne serait pas utile
non plus de mettre en place des mesures qui vont faire en sorte qu'ils vont
devoir fermer la porte. Ce n'est pas
ce qu'on veut, non plus. On veut faciliter la transition. Et là, peut-être, il
y a d'autres mesures qu'on peut considérer, des mesures d'aide directe.
Des
fois, on dit : Ah! mais il faudrait faire attention parce que les accords
de commerce international disent qu'on ne
peut pas donner des subventions directes. Mais, si cela est fait dans un cadre
de transition écologique, si cela est fait dans un cadre d'adaptation aux
changements climatiques, je pense qu'on est un peu plus à l'aise et un peu
moins sujets à ces contestations
internationales dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Donc, je
pense qu'on peut faire ça et je pense
qu'on devrait aller dans cette direction-là plutôt que d'avoir des plans de
cinq ans avec un fonds. Je pense que ce serait peut-être plus utile.
Aussi,
ce serait peut-être aussi intéressant de regarder la taxation des entreprises
et pour leur donner une autre aide directe pour faciliter leur
transition écologique.
Voilà,
Mme la Présidente. Je pense que mon temps achève. Je vous remercie de votre
attention comme de celle de tous les
collègues. Je suis encouragé par le fait que nous semblons tous être d'accord
avec cette motion. Nous reconnaissons
tous, donc, l'ampleur du problème des changements climatiques et nous allons
continuer à travailler ensemble avec le gouvernement pour proposer les
meilleures solutions.
Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup, M. le député.
Maintenant, la parole est à Mme la députée de Bellechasse. Je vous
informe qu'il reste 25 minutes de temps de parole au gouvernement.
Mme Stéphanie
Lachance
Mme Lachance :
Merci, Mme la Présidente. Comme plusieurs d'entre vous, j'imagine, j'ai été
touchée, vendredi dernier, de
constater la mobilisation des jeunes Québécois envers l'environnement. Quand on
s'implique en politique, c'est bien
sûr pour changer les choses, pour améliorer la société, pour léguer un monde
meilleur aux générations futures. Alors, évidemment, de savoir que les
jeunes se mobilisent aussi nombreux, c'est inspirant, c'est rassurant.
Le
25 septembre dernier, nous avons ici, en cette Chambre, voté en faveur d'une
motion reconnaissant l'urgence climatique.
Je suis fière d'appartenir à un gouvernement pragmatique, qui prend la lutte
aux changements climatiques au sérieux et qui est en mode action, qui
comprend que l'environnement et l'économie ne sont pas en opposition.
Oui,
nous, nous sommes déjà en action. Nous sommes déjà l'État qui émet le moins de
gaz à effet de serre par habitant en
Amérique du Nord, mais nous pouvons faire mieux. Vendredi dernier, notre
premier ministre a publié une lettre
à la jeunesse québécoise, une lettre inspirante dans laquelle il expliquait sa
vision pour un avenir vert. Je le cite : «...pour réussir, nous
devons rassembler tous les Québécois. Nous devons mettre nos différences de côté,
écouter nos concitoyens, comprendre et respecter la réalité propre [de] chaque
région. Nous devons tous travailler dans la même direction, comme un seul grand
peuple.»
Bien, je suis
heureuse de prendre part à cette discussion et, tout comme le premier ministre,
je crois que nous devons le faire dans un
climat d'ouverture. Il faut travailler ensemble, c'est ce que les Québécois
attendent de nous. Il faut travailler
dans l'ouverture. Dans sa lettre, le premier ministre tendait la main aux jeunes. Aujourd'hui, c'est à tous les parlementaires que je
tends la main.
Mme la Présidente, j'aimerais vous parler maintenant de la réforme du Fonds vert. Le ministre de l'Environnement l'a annoncé en juin dernier, comme promis, notre gouvernement souhaite recentrer les mesures prises et financées par le Fonds vert sur des mesures qui peuvent concrètement et rapidement
apporter plus de bénéfices au Québec dans sa lutte
aux changements climatiques. Nous voulons que chaque dollar soit judicieusement investi pour servir nos objectifs
climatiques, relever le défi climatique et
favoriser le développement économique. Avec le Fonds vert, les libéraux ont
mis 4 milliards sur la table, ils ont
invité les ministères et les organismes à proposer des programmes de réduction
des gaz à effet de serre puis ils les ont laissés à eux-mêmes : pas
d'indicateur, pas de suivi, peu de réduction de GES. Les Québécois nous ont élus pour faire le ménage, pour
recentrer nos actions, c'est la priorité que nous nous sommes donnée.
Mme la Présidente, permettez-moi de vous donner
un exemple concret de la mauvaise gestion du Fonds vert avant notre arrivée. Le 17 mars 2016, le ministre des Finances de
l'époque, le député actuel de Robert-Baldwin, décrivait ainsi un des nouveaux programmes de son Plan
économique du Québec : «Instauration du crédit d'impôt RénoVert : un
crédit d'impôt remboursable temporaire pour des rénovations écoresponsables.
«Afin de
stimuler l'économie à court terme en soutenant l'emploi dans le secteur de la
rénovation résidentielle et de
promouvoir le développement durable, le crédit RénoVert, un nouveau crédit
d'impôt remboursable pour la réalisation de travaux de rénovation
résidentielle écoresponsable, sera instauré sur une base temporaire.»
J'aimerais
vous le faire noter encore davantage, l'utilisation des mots «temporaire» et «à
court terme». Ce n'était pas un
accident. Cela traduisait la volonté du gouvernement libéral d'influencer les
habitudes des propriétaires, d'encourager le secteur de la construction d'une manière temporaire. D'ailleurs, le site
Web de Revenu Québec mentionne aussi : «...RénoVert a été mis en place
temporairement...» C'est donc une mesure à l'essai du gouvernement, et il ne
s'était pas engagé à reconduire le programme indéfiniment.
Au départ, le
coût total du crédit d'impôt remboursable RénoVert était de 341 millions.
Cependant, c'est plus de 504 millions que nous a coûté le
programme, selon les chiffres obtenus par le Contrôleur des finances. C'est
plus de 160 millions de plus. D'où
provient l'argent qui sert à créditer les gens qui ont été admissibles au
programme? Directement du Fonds vert,
Mme la Présidente. C'est ce même Fonds vert dont la gestion a été
qualifiée de «déplorable» par le Commissaire au développement durable le
16 mai dans le rapport du Vérificateur général du Québec.
Étant donné que le secteur de la rénovation se
porte bien, que la stimulation de l'économie recherchée a été réalisée en 2016, ce n'est plus nécessaire
aujourd'hui pour maintenir la croissance économique. Je pense que c'est
évident, ça va de soi, on a pris une bonne décision. Pourtant, les libéraux
étaient fâchés, au mois de mai, que nous ayons décidé de ne pas reconduire leur programme. Ils ont le
droit. Mais là, que les libéraux prennent plaisir à présent à nous sermonner
sur ce que constitue un bon programme de gestion des gaz à effet de serre, je
trouve ça incroyable.
• (16 h 30) •
On coupe certains programmes, on met des
nouveaux programmes sur pied, on regarde ce qui fonctionne, on s'améliore, on s'adapte. Nous avons entendu dire
que le programme RénoVert devait réduire considérablement les gaz à effet de serre et que, conséquemment, on serait
mal servis de s'en départir. Ce qu'on oublie de mentionner, par contre, c'est que des 200 000 tonnes de CO2 qu'on estimait sauver l'année prochaine avec
RénoVert, c'est plus de 80 % des gaz à effet de serre qui auraient été engendrés à l'extérieur du Québec. En
gros, on ne prévoyait pas que les maisons allaient tout à coup arrêter de libérer des GES dans l'atmosphère avec un programme
miracle. Non, ce que l'ancien
gouvernement prévoyait, en fait,
c'est que les rénovations des maisons allaient permettre des économies
d'électricité. Ce n'est pas un concept nouveau. Le problème, c'est que, dans la présentation des chiffres,
165 000 tonnes de CO2 à base de combustibles fossiles auraient
été produites par nos voisins. En épargnant ici, chez nous, de l'énergie, on
peut revendre notre hydroélectricité propre
et ainsi contribuer globalement à la réduction des gaz à effet de serre. En
fait, pour que le concept derrière la réduction du dioxyde de carbone fonctionne convenablement, il faut
des acheteurs pour notre énergie propre, celle qu'on sauve en économisant
de l'électricité.
En lisant dans
le détail du programme RénoVert, on s'aperçoit donc que l'ancien gouvernement
faisait des promesses d'économies d'énergie aux consommateurs, mais
n'avait aucun plan pour la revendre. Nous, ce que nous proposons grâce à nos négociations avec nos voisins, c'est d'agir
concrètement pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre en
revendant nos surplus à ceux qui produisent davantage de gaz à effet de serre.
En faisant un calcul rapide, on s'aperçoit que
des 800 millions de dollars dépensés grâce au Fonds vert en 2017‑2018, c'est presque 20 % de cet argent
qui a servi à financer les 150 millions en crédits d'impôt RénoVert. En
sachant que le gouvernement offre
d'autres programmes qui contribuent à réduire nos émissions de gaz à effet de
serre, il apparaît clair que cet
argent serait mieux investi sous d'autres facettes. L'argent du Fonds vert, ça
sert à quoi, stimuler l'économie? Non.
On veut redistribuer la richesse aux Québécois et Québécoises tout en soutenant
des initiatives qui sont écoprofitables. C'est à ça qu'il doit servir,
le Fonds vert.
Nous avons
décidé de suivre les recommandations du Conseil de la gestion du Fonds vert,
qui supporte l'acquisition des véhicules électriques, l'accompagnement
des grandes entreprises industrielles dans leur transition énergétique, l'adaptation aux changements climatiques. Ce sont
les voitures et les grosses compagnies qui émettent le plus de gaz à effet
de serre. Nous voulons redonner au Fonds
vert son objectif initial pour faire des changements puissants. Les Québécois et
les Québécoises vont constater que leur argent sera utilisé efficacement.
Lorsque le Parti libéral disait, dans son plan
économique officiel en 2005, que «l'instauration [du] RénoVert contribuera à la réduction des émissions de gaz à
effet de serre du secteur résidentiel au Québec», c'était en omettant de préciser que ce serait en vérité uniquement
15 % à 20 % des GES qui auraient peut-être été produits dans notre
province. Tout le reste des émissions
prétendument sauvées relève de la pure spéculation. Plus de 80 % de ces
GES auraient été, on l'espère, gagnés
par le changement de New York ou du New Hampshire du charbon, gaz
vers notre électricité. On oublie carrément
d'expliquer à la population que, sans accord commercial, sans contrat signé
entre les gouvernements du Québec et
ses voisins américains, toutes les prévisions de réduction des gaz à effet de
serre se seraient envolées. Puis ici je ne cherche pas à faire un
mauvais jeu de mots, c'est ça.
L'ancien
gouvernement a profité de la gestion aléatoire du Fonds vert pour redonner à la
classe moyenne à même sa cagnotte, après des années et des années d'austérité.
Aujourd'hui, en plus, il a le culot de nous faire la morale sur nos
programmes de réduction des GES alors que Fonds vert n'a jamais été utilisé à
bon escient.
Mme la
Présidente, il est important de rappeler, parce que certains députés dans
l'opposition aimeraient faire croire le contraire à la population, nous
reconnaissons l'importance d'agir concrètement pour lutter contre les
changements climatiques. En fait, nous
sommes déjà en action. Je vous ai parlé de la réforme du Fonds vert, mais nous
sommes aussi avec le Plan
d'électrification et des changements climatiques. L'élaboration de ce plan est
présentement en cours et s'appuie sur
une vaste consultation, cinq groupes de travail de la société civile qui
regroupent 75 experts membres d'organismes — les rapports
finaux de ces groupes seront disponibles, d'ailleurs, à la fin novembre — une consultation publique en ligne,
une consultation avec les municipalités,
consultation des communautés autochtones, une tournée des ministres — ministre de l'Environnement, ministre de l'Économie, ministre de l'Énergie et
Ressources — couvrant
l'ensemble des régions administratives
du Québec. La priorité doit être d'électrifier au maximum notre économie. C'est
ça, notre grand défi en environnement.
Électrifier le Québec, c'est une
vision qui va permettre à la fois de réduire nos GES et de nous enrichir.
En
conclusion, Mme la Présidente, une meilleure gestion du Fonds vert,
de concert avec un plan d'électrification et des changements climatiques,
visera à transformer l'économie du Québec, protéger la santé et la qualité de
vie des citoyens en développant de façon
juste et encore plus durable les territoires et les milieux de vie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la députée de Bellechasse. Et maintenant je suis
prête à reconnaître le prochain intervenant, qui sera M. le député de Chauveau,
et vous disposez d'un temps de parole de 13 min 12 s
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. À l'instar de ma collègue de Bellechasse, moi aussi, j'ai été
impressionné, effectivement, par la mobilisation des jeunes. Mais pas seulement
des jeunes, il y a eu des gens de tous les âges qui étaient
dans les rues de Montréal, de Québec, des plus grandes villes du Québec,
partout. Et il faut reconnaître que c'est un
sujet, un thème qui prend de plus en
plus d'ampleur au Québec,
et c'est tant mieux. Je crois qu'effectivement la conscientisation se
fait, ça progresse, il y a un cheminement qui se fait. On n'en était pas là il
y a quelques années lorsque j'ai commencé à faire de la politique.
Bien sûr,
l'environnement a toujours été important. Je me rappelle même d'une campagne
fédérale où, à l'époque, Stéphane
Dion avait tenté de mettre l'environnement au-devant de sa campagne, et malheureusement ça n'avait pas été un grand
succès. Pourtant, on le sait que c'est un sujet qui préoccupe les gens, mais
est-ce que c'était le premier sujet qui préoccupait? À l'évidence, dans cette
campagne fédérale là, ça n'avait pas été le cas. Mais on le voit de plus en plus, les jeunes nous le disent, ils nous parlent, ils nous
demandent : S'il vous plaît, posez des gestes, faites quelque chose, comme gouvernement. Et nous en sommes, Mme la Présidente. C'est pour
ça que je suis extrêmement fier aujourd'hui de débattre de la motion de ma collègue de Maurice-Richard, une motion
intéressante, et j'ai bien l'impression que... j'ai l'intention de voter
pour cette motion, je la trouve intéressante.
Par contre, avant d'en arriver à un vote pour,
on doit quand même remettre certains faits, parler de différents éléments sur les GES. Vous comprendrez, on débat,
depuis le début du mandat de la Coalition
avenir Québec, des gaz à effet de serre et des fameuses cibles de 2020. Ces cibles-là, on reçoit des
critiques : Comment allez-vous faire pour l'atteindre? Quels sont vos moyens? Comment allez-vous y arriver? Et les
moyens... On parle de moyens beaucoup. Et évidemment c'est des cibles qui semblent, à l'évidence,
assez difficiles à atteindre dans un an, là. On est à moins d'un an, là,
pour arriver à 2020, on est à quelques mois, là, de 2020.
Ces choix-là, ces difficultés de l'atteindre,
ces cibles-là, pourquoi on en est là? Eh bien, il fallait réduire, de 1990 à 2020, de 20 % sous les cibles 1990. Mais où en sommes-nous? Où en étions-nous?
Moi, les statistiques que j'ai devant
moi, Mme la Présidente, c'est qu'en 2016 nous étions à une réduction de 9,1 %.
9,1 %, c'est 26 ans après 1990. On devait atteindre 20 %, on a
atteint 9,1 %. On n'a même pas atteint la moitié de l'objectif en 26 ans.
Et, pendant ce 26 ans là, nous avons connu
16 ans de gouvernement libéral et 10 ans de gouvernement du Parti québécois.
Je comprends qu'en 1991, en 1992,
1993, la motivation était peut-être moins là. Plus qu'on avançait et on sentait
l'urgence. Parce qu'avant qu'on
déclare l'urgence climatique il faut avoir senti un petit peu de pression
avant, là. Ah! il y a eu des efforts de faits à quelques fois. Oui, je
reconnais qu'il y a... ce n'est pas tout noir, là, mais on n'a même pas atteint
la moitié, Mme la Présidente. C'est quand
même assez impressionnant. Et on nous dit, de l'autre côté : Vous semblez
avoir baissé les bras, comme
gouvernement. Non, au contraire. On n'a pas baissé les bras, c'est plutôt le
contraire. Greenpeace disait, en 2016, que
le gouvernement libéral n'en fait pas assez, n'en fait pas assez pour atteindre
ces cibles-là, et ça a été dénoncé. Et on a même connu, Mme la Présidente — ça, c'est le comble — en 2015‑2016, une hausse des gaz à effet de
serre. Non seulement on ne s'en allait pas vers l'objectif, mais on
reculait.
• (16 h 40) •
Donc, oui,
les critiques, c'est correct. On peut
en prendre, des critiques, puis c'est sain. En démocratie, si tu ne te fais
pas critiquer, peut-être que tu t'assois sur tes lauriers et tu ne bouges
pas. Je peux vous dire que ce n'est pas le cas de ce gouvernement-ci. Mme
la Présidente, on est en action. Et d'ailleurs
un autre élément qui me fait réagir, c'est que j'ai entendu les critiques de l'opposition officielle, et même les autres partis, deuxième et troisième
opposition, sur l'absence du premier ministre au Climate Week à New York. Je sais que, de
notre côté, il y avait la présence notable du ministre de
l'Environnement, du ministre de l'Énergie, qui étaient là, à New York, et il y a
eu un bon accueil, ça a été intéressant. Mais, vous savez, Mme la
Présidente, c'est le fun d'aller dans
ces grandes réunions mondiales là, comme à Paris... Il y a eu
Paris, l'ancien premier ministre est allé. C'est correct d'aller faire un tour dans ces belles
rencontres là, mais encore faut-il qu'il
y ait des retombées. Il ne faut pas faire que de l'image. Il faut poser des
gestes, il faut agir. Puis ça, c'est très,
très, très important de le faire.
Alors, je le sais qu'au-delà de l'image l'actuel gouvernement est commis pour
faire avancer les dossiers.
Aujourd'hui, lorsqu'on parle des gaz à effet de
serre, on est un peu placés pour 2020. On est un peu placés face à l'échec des
précédents gouvernements. Puis je ne veux pas jeter la balle seulement aux
libéraux. Leurs collègues du Parti
québécois les ont grandement aidés aussi. C'est malheureux, c'est triste. On
n'aimerait pas... Honnêtement, en tant que société, là, on aimerait tous se
dire qu'on a atteint nos cibles. Je ne suis pas fier, moi, que... Je ne suis
pas fier de dire aujourd'hui que les libéraux ont échoué en la matière
de nous rendre proche, là... Mettons, à 17 %, 18 %, il reste 1 %
ou 2 % à atteindre, c'est normal que,
dans les deux dernières années, on aurait fait le dernier bout du chemin, tout
à fait normal. Mais on n'en était pas là, Mme la Présidente. Moi,
j'aurais aimé ça que, collectivement, ensemble... Parce qu'au-delà de la partisanerie politique ce que l'on souhaite, c'est
qu'on se donne la main, qu'on travaille ensemble pour un objectif commun. Et l'environnement, ça n'a
rien à voir au Parti libéral, à la CAQ, à Québec solidaire, au PQ, au Parti
démocrate ou républicain américain, parti en
Chine, en Inde, c'est une question qui est internationale, c'est mondial. Et,
vu que c'est mondial, bien, il faut
tous travailler ensemble. Puis malheureusement cet enjeu-là est trop souvent,
trop souvent utilisé à des fins partisanes. On doit travailler ensemble.
Puis c'est pour ça que la motion d'aujourd'hui me semble intéressante. C'est
une motion qui demande de réaffirmer, de réappuyer l'enjeu, de dire qu'on a le
goût de travailler ensemble pour ça. Puis je pense que, oui, effectivement,
c'est ça qu'il faut faire, Mme la Présidente.
Mais, même si
on est d'accord avec ça, il faut quand même rappeler le passé, qu'est-ce qui
s'est mal passé. Parce qu'aujourd'hui
j'entends l'aspect... Puis je ne doute pas... Honnêtement, Mme la Présidente,
je ne doute pas du tout de la parole
de la députée de Maurice-Richard, de ses collègues. Je suis convaincu
qu'elle-même, eux-mêmes, tous, tous ceux qui ont parlé, là, ont des
convictions personnelles. Je n'ai aucun problème. Mais, à la fin, vous savez,
ce n'est pas un individu qu'on juge, c'est une formation politique. Et en même
temps que le gouvernement... l'ancien... l'opposition officielle nous dit ça, on se rappelle tous que, de façon complice, ils
ont appuyé le projet de cimenterie à Port-Daniel, qui est un des projets les
plus... les moins écologiques de l'histoire du Québec, je vais le dire comme
ça. Je comprends que ça crée des emplois pour les Gaspésiens. Ma mère et
mon père sont des Gaspésiens. J'adore la Gaspésie, j'ai passé mon enfance en Gaspésie. Mais, malgré tout, il faut
que les bottines suivent les babines. Quand on tente de dire de l'autre parti
qu'il n'a pas cette conscience environnementale et que, de l'autre côté, on a
fait pire, bien, on est mal placés.
Maintenant,
O.K., on nous demande d'agir. On est là présentement, on a un mandat qui
s'échelonne jusqu'en 2022, on va agir, Mme la Présidente. Alors, c'est
important qu'on regarde tout ça et que la société civile, les partis
politiques, tout le monde, on se
donne la main, qu'on agisse pour le bien de l'environnement, et c'est
exactement, Mme la Présidente, ce que
notre gouvernement entend faire. Notre gouvernement, au-delà de l'image, préfère
de beaucoup, de beaucoup agir plutôt
que de faire des belles petites conférences de presse, de se donner une image verte, changer la couleur de son logo.
Une petite queue rouge, on la rend verte, tu
sais, on change son logo de couleur puis là on est devenu environnemental.
Non, non, ce n'est pas ça qu'on fait. On
travaille concrètement pour l'environnement, pour réduire les gaz à effet de serre.
Puis je vous
donne un autre fait, Mme la
Présidente. En 2018, lors de
l'élection... Ça a duré 39 jours, la campagne électorale. Savez-vous
quand est-ce qu'a eu lieu le premier engagement électoral en matière
d'environnement du Parti libéral? Eh bien, c'est arrivé le 30e jour de la
campagne. Quand c'est une priorité absolue, on en parle la journée 1, la
journée 2, peut-être la journée 3, mais pas la journée 30. Quelque chose de
surprenant.
Alors, c'est aujourd'hui, Mme la Présidente, qu'on se fait interpeler par notre collègue de Maurice-Richard, et on répond
présent à cette motion. Mais au-delà
de ça, au-delà des critiques que j'ai
pu formuler, j'aime aussi être constructif et passer en mode solution. Quand on passe en mode solution... parce que je
l'entends également régulièrement de nos collègues de l'opposition, et c'est de bonne
guerre. C'est ça, la joute politique, c'est d'être capable de critiquer, d'essayer
de faire mal paraître, déraper... bien, puis
avoir une bonne ligne à la TV, puis peut-être même marquer des points, c'est souhaitable. Mais, au-delà de la joute politique,
de se faire accuser que nous n'avons pas de vision, pas de plan, je constate
que c'est tout autre chose. Il y a
un plan très concret en matière de gestion des matières résiduelles. Il y a
une vision très ferme sur
l'électrification des transports. Notre plan est d'électrifier les transports
du Québec, que, de plus en plus, les voitures électriques
vont prendre de la place. On le sait, on est des leaders, on a la chance
d'avoir Hydro-Québec chez nous.
Puis d'ailleurs j'ai fait une mission aux États-Unis,
à Richland, où j'ai parlé d'énergie avec des collègues américains. Ils sont très,
très, très impressionnés de notre
capacité hydroélectrique au Québec. C'est une force que nous avons, on doit en
profiter.
Le premier ministre et le ministre de
l'Environnement ont rappelé également l'importance de transformer nos établissements au Québec, qui actuellement chauffent encore au mazout, d'électrifier nos établissements, que ce soient des hôpitaux, des écoles. Il faut faire ça, Mme
la Présidente.
Le premier ministre aussi et les différents ministres qui travaillent sur le plan économique ont
l'intention de vendre nos ressources énergétiques à nos voisins en
Nouvelle-Angleterre, en Ontario. Bien sûr que ce n'est pas tout réglé, Mme la Présidente. Si c'était aussi facile de signer un contrat comme ça, tout le monde l'aurait fait. Ça prend du travail. Ça prend du temps pour convaincre. Le premier ministre est clairement engagé à ce niveau-là pour vendre nos
ressources parce que, j'en ai parlé
tantôt, c'est un enjeu planétaire. Si on aide les Américains à diminuer leurs
gaz à effet de serre, on vient de
contribuer de façon efficace à la planète. Et c'est ça, le plan du gouvernement
du Québec. Alors, il faut continuer très fort à le faire.
Et je
termine, Mme la Présidente, en vous disant que nos objectifs à nous, en 2030,
on veut avoir diminué, par rapport au passé, de 37,5 %. Le ministère de
l'Environnement a commandé une étude d'une firme montréalaise qui s'appelle Dunsky, et cette firme-là nous dit que
c'est très réaliste d'atteindre ces cibles-là, mais encore faut-il poser les
gestes.
Alors,
Mme la Présidente, moi, je constate le calibre du ministre de l'Environnement,
du premier ministre, l'engagement ferme. Et
je salue tous les jeunes, les moins jeunes qui sont sortis dans la rue, qui veulent
qu'on se batte pour l'environnement.
Et, Mme la Présidente, vous pouvez être sûre que, de ce côté-ci de la Chambre,
vous avez des gens dédiés, vraiment
dévoués à cette cause, et, oui, nous allons travailler pour la réduction des
gaz à effet de serre au Québec. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Chauveau. Et maintenant je vais céder
la parole à l'auteure de cette motion pour sa réplique. Mais, tout d'abord, j'aimerais
connaître votre décision concernant les deux amendements déposés par Mme
la députée de Mercier et M. le député de Jonquière.
Mme Marie
Montpetit (réplique)
Mme Montpetit :
Oui. Je vous remercie, Mme la Présidente, puis je reviendrai sur les propos qui
viennent d'être dits juste après.
J'ai
écouté avec intérêt, là, les deux collègues qui sont intervenus, qui ont déposé
des amendements. Donc, concernant l'amendement
de Québec solidaire, comme il est contraire au principe même du système de plafonnement,
du SPEDE, je ne le retiendrai pas comme amendement.
Et,
concernant l'amendement du Parti québécois sur le budget carbone, c'est un
dossier dont j'avais déjà discuté
avec le député de Lac-Saint-Jean, c'est une idée que j'avais...
de Jonquière, pardon, et que j'avais également moi-même déjà mise de l'avant, donc, évidemment,
j'accepterai cet amendement. Je pense que c'est un amendement qui... Et, si on
avait un budget carbone, et j'espère que le gouvernement ira en ce
sens-là, c'est certainement une des façons, je pense, très efficaces d'atteindre nos cibles de réduction de
GES et de savoir exactement où on s'en va, en s'entendant dans le budget
à chaque fois qu'un projet est présenté, de
mesurer, d'évaluer son impact sur les GES et d'avoir, justement, un suivi en fonction des projets qui sont mis de l'avant dans
le cadre du budget. Donc, ça répond à vos questions, Mme la Présidente?
Parfait.
Je
veux juste revenir sur ce qui a été dit parce que je trouve ça quand même
assez... bien, j'allais dire drôle, mais ce n'est pas drôle, là, je ne trouve
pas ça drôle. En fait, je trouve ça même un peu déplorable et pathétique
d'entendre un collègue qui fait une
allocution de 13 minutes pour parler de l'opposition et de la critique,
alors que, sur ces 13 minutes, il en a passé
11 min 30 s à chialer, et à critiquer, et à attaquer, et à être
sur la défensive. Donc, je l'invite — arroseur arrosé — quand il voudra critiquer nos interventions,
à être lui-même constructif et à faire des propositions. Parce que moins de deux minutes pour faire des propositions,
puis là-dessus je compte ses salutations de départ et ses salutations de fin, donc ça laisse à peu près 12 secondes
pour dire qu'il était bon et que son gouvernement faisait des bonnes actions,
donc ce n'est pas ce que j'appelle des interventions particulièrement
constructives.
Et
je veux aussi revenir sur le fait qu'il parlait du Climate Week et j'ajoute à
ça le fait qu'on a critiqué, oui, que le premier ministre n'était pas présent au Climate Week, oui, qu'il n'était
pas présent non plus à la dernière COP. Je ne sais pas s'il sera à la prochaine. Mais, quand il dit
que c'est bien le fun d'aller dans des événements comme ça puis d'aller faire un tour dans des événements comme ça, je
pense qu'il n'a clairement pas compris la portée de cet événement-là et l'importance d'être présent, comme gouvernement et
comme chef d'un gouvernement, parce que c'est un enjeu, en ce moment, la lutte aux changements climatiques, qui
est mondial, et il faut faire preuve de leadership. Puis le leadership
du Québec a été reconnu à maintes reprises
durant les dernières années. Et, s'il n'a pas compris cet aspect-là, j'imagine
que ça traduit exactement ce que l'on ressent, c'est qu'elle n'a pas été
comprise ni par le ministre de l'Environnement ni par le premier ministre du
Québec. C'est un incontournable d'aller à ces événements-là, et c'est une façon
de démontrer à la face du monde à quel point
c'est important pour notre nation, et c'est d'arriver aussi à aller convaincre
certaines nations qui n'ont pas encore pris cette direction-là.
Et
j'en profite pour lui dire aussi que ce n'est pas juste le fun d'aller faire un
tour, ça sert aussi... puis je profite de l'occasion pour le mentionner
parce que, quand on a posé la question au ministre de l'Environnement la
semaine passée, justement, sur sa
participation, il n'a pas cru bon de souligner et de vanter le fait que le
Québec — et ce
n'est pas rien, ça, Mme la Présidente — a été honoré durant le
Climate Week pour sa contribution en termes de coopération climatique pour un programme que nous, le Parti
libéral du Québec, avons mis en place en 2016, chose que vous n'avez pas
été capables de reconnaître lors d'une motion hier, alors que tous les
fonctionnaires du ministère des Relations internationales
ont travaillé à mettre en place ce programme, les fonctionnaires du ministère
de l'Environnement y ont aussi,
également contribué. Et le Québec a été honoré parmi 670 candidatures, et
ça, ce n'est pas rien. Et ce n'est pas une contribution juste pour le Parti libéral du Québec, c'est le Québec qui
a été honoré. Et c'est le Québec qui a été honoré pour sa contribution à l'international et son
leadership, et ça, j'aurais aimé ça, que vous le souligniez. Et le fait d'avoir
voté — j'en
profite parce que je n'ai pas eu l'occasion de le dire — contre la motion hier, c'est aussi le fait
d'avoir voté contre tout le travail
qui a été fait par tous les fonctionnaires de ces deux ministères-là, par votre
propre fonction publique, qui
s'active depuis des années à tirer le Québec dans cette direction-là. Et ça,
honnêtement, j'ai trouvé ça extrêmement petit et de la petite
partisanerie et je trouve ça bien dommage.
Et, pour ce qui est
de...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien, Mme la députée.
Une députée de votre expérience, vous
savez très bien qu'on ne peut pas imputer des motifs indignes et utiliser ces
termes dans le cadre de vos interventions, alors je vous invite à la
prudence.
Mme Montpetit :
Oui, avec plaisir, Mme la Présidente. Je me suis échappée dans mon
enthousiasme. Mais je réitère que
j'aurais souhaité que le gouvernement vote pour cette motion, et j'espère
qu'ils trouveront une façon de le faire, de souligner le leadership du Québec et le leadership de leur propre
fonction publique et de leurs propres fonctionnaires dans ces deux ministères qui ont mis en place, en
2016, ces deux programmes. Et j'espère qu'ils continueront également
dans cette lignée-là. Et c'est ça avoir du leadership, et c'est ça aller de
l'avant.
Et, pour
continuer sur les critiques qui ont été faites par le collègue,
je veux quand même lui rappeler... puis là j'en cite un parmi tant d'autres, mais Al Gore,
qui n'est quand même pas n'importe qui, qui a reçu un prix Nobel de la
paix... je ne sais pas si, dans son
échelle d'évaluation, ce sera suffisant, comme personne
qui a de la crédibilité, mais qui avait quand même dit, en 2015...
Parce qu'il nous répète qu'on n'a rien fait pour le Québec,
mais, de la même voix, il dit qu'on est
les meilleurs en Amérique du Nord au
niveau des GES. Bien, ce n'est pas
magique, ça. Ce n'est pas magique. Si on est les meilleurs en Amérique du
Nord au niveau de nos GES, c'est
parce qu'il y a des actions qui ont été posées, puis elles
ont été posées par les gens qui étaient en
place, c'est-à-dire les gouvernements précédents. Et qu'est-ce qu'il avait dit,
Al Gore, en 2015? Il avait dit : «Le Québec fait preuve d'un leadership
ambitieux dans les efforts de résoudre la crise climatique. Merci au Québec, reconnu comme un vrai héros dans les solutions à
la crise du climat.» Donc, quand il aura quelqu'un de cette
envergure-là qui viendra dire ça à votre gouvernement, bien là, on
pourra en reparler, puis là on pourra vraiment comparer des pommes avec
des pommes.
Parce que,
pour le moment, moi, ce que j'ai vu depuis un an... bien, en tout cas, à moins qu'il y ait quelque
chose qui m'ait échappé puis
qu'il y ait quelqu'un qui a fait un commentaire positif sur les actions qui ont
été prises par le gouvernement caquiste en
environnement puis en lutte aux changements climatiques, mais ce que j'ai vu,
c'est de l'inaction, et une inaction
qui a été extrêmement critiquée. Et elle n'est pas critiquée seulement par les
oppositions et les gens qui sont de
ce côté-ci de la Chambre, ils sont critiqués par les 500 000 personnes qui
étaient dans la rue. Puis là je dis 500 000, ça, c'est juste Montréal. On ne parle pas de
Québec, puis on ne parle pas de Gatineau, puis on ne parle pas de Sherbrooke,
puis on ne parle pas de l'Abitibi, puis du
Saguenay, puis de Vaudreuil également. Il y avait des gens partout au Québec
pour aller demander au gouvernement de
prendre des actions concrètes, de poser des gestes. On ne parle pas de
l'ensemble des organismes
environnementaux, on ne parle pas non plus de l'ensemble des entreprises qui
demandent des actions. Encore, l'UMQ,
qui disait : Ça va venir nous affecter, les changements climatiques,
faites quelque chose parce que ça va
avoir des impacts extrêmement importants sur l'économie du Québec, et déjà les
impacts sont là. On sort d'une semaine de commission sur les pesticides.
Tous les groupes qui sont venus nous voir nous ont dit : On est déjà
affectés par les changements climatiques,
c'est déjà présent. Donc, c'est notre économie, c'est notre agriculture, c'est
notre transport, c'est nos
infrastructures, c'est la santé des Québécois, on le voit avec les canicules.
Donc, je ne sais pas s'ils ont réalisé tout
ça, s'ils ont bien mesuré l'ampleur de toute cette urgence climatique. Ils ont
voté pour une motion en ce sens-là, mais ce n'est pas suffisant.
Et la lettre
du premier ministre à la jeunesse, on l'a dit, elle aurait pu être écrite il y
a 20 ans. Je ne sais pas s'il pense que l'hydroélectricité, il a
inventé ça, mais on le mentionnait, l'hydroélectricité, bien oui, ça fait la
différence, au Québec, bien oui, ça a été mis en place il y a 60 ans... il
y a 48 ans, par Robert Bourassa. Ce n'est pas nouveau. Il n'y a rien de
nouveau dans cette lettre-là. Donc, je lui souhaite... Puis, s'ils n'ont pas
d'idées de leur côté, on est prêts à
collaborer. On en a proposé, la deuxième opposition en a proposé, la troisième
opposition en a proposé. Il n'y a pas une semaine où il n'y a pas des idées qui ont été proposées en cette Chambre
au gouvernement, qui continue de ne rien faire dans la lutte aux
changements climatiques.
Et ils nous
repoussent ça de fois en fois. Ça devait être le budget. Bien, le budget, il
n'y avait rien. Force a été de constater
qu'il n'y avait rien. Il y avait des investissements pour les routes, et là on
nous parle du troisième lien, on nous parle
de GNL, on nous parle de couper des forêts. Donc, s'ils ont besoin d'idées, de
propositions, il faut qu'ils arrêtent de
pelleter par en avant, on est prêts à travailler là-dessus. Et, sur ce, je vous
invite à voter, évidemment, pour la motion, ce sera la moindre des choses. Et après ça il faudra encore aller plus
loin dans cet exercice-là. Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de Maurice-Richard. Ceci met fin
à ce débat.
Et,
conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion d'amendement
présentée par M. le député de Jonquière
avant de procéder au vote sur la motion principale.
La motion de Mme la députée de Maurice-Richard
se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale réitère solennellement que l'atteinte des cibles de réduction
d'émissions de gaz à effet de serre est nécessaire à la lutte aux changements
climatiques;
«Que l'Assemblée
nationale réaffirme l'engagement du Québec de réduire ses GES par rapport aux
niveaux de 1990;
«Qu'elle rappelle que le Québec a mis sur pied le système de
plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre;
«Qu'elle souligne qu'en 2014, le Québec a lié son système à
celui de la Californie dans le cadre de la Western Climate Initiative;
«Qu'elle rappelle la
motion adoptée à l'unanimité le 25 septembre dernier déclarant l'urgence
climatique et demandant au gouvernement du Québec de prendre tous les moyens nécessaires afin de
"réduire rapidement et drastiquement nos émissions de gaz à
effet de serre"; et
«Enfin, que
l'Assemblée nationale demande formellement au gouvernement caquiste de ne pas diminuer les efforts de réduction d'émissions
de gaz à effet de serre demandés aux entreprises assujetties au SPEDE.»
Maintenant, la motion d'amendement de M. le député
de Jonquière se lit comme suit : Que la motion de la députée de
Maurice-Richard soit amendée en ajoutant à la fin du dernier alinéa ce qui
suit : «et de préparer un budget carbone dans lequel il est précisé la quantité maximale de
gaz à effet de serre pouvant être émis dans l'ensemble du Québec au
cours de la prochaine année».
Je mets
d'abord aux voix la motion d'amendement de M. le député de Jonquière que je
viens tout juste de lire. Alors, cette motion est-elle adoptée? M. le
leader du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Mme la Présidente, je
vous demande d'appeler le vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
C'est très bien. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, je vous demanderais de reporter le vote à
demain, jeudi, lors des affaires courantes.
Votes reportés
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Ce vote
sera reporté à demain, après les affaires courantes.
Alors,
maintenant, pour la suite de nos travaux, je vous recède la parole, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger : Oui.
Alors, je vous demanderais de rappeler l'article 6 du feuilleton.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : À l'article 6 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 1er octobre 2019 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité. Et, au
moment de suspendre nos travaux, M. le député de Jonquière, c'est vous qui
aviez la parole, et il vous restait encore un temps de parole... Oui? Oui, M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Schneeberger :
Mme la Présidente, excusez mon erreur, je vous demanderais d'appeler
l'article 23 du feuilleton. Il y a eu une erreur, excusez-moi.
Projet de loi n° 14
Reprise du débat sur
l'adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. Alors, nous
n'allons pas reprendre le débat sur le projet de loi n° 34 mais
bien sur le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de loi
n° 14, Loi favorisant la transformation
numérique de l'administration publique. Au moment de suspendre, c'était Mme la
députée de Saint-Laurent qui avait la parole. Et il vous reste encore un
temps de parole de 8 min 9 s.
Mme Marwah Rizqy (suite)
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ces huit minutes seront
bien investies pour pouvoir bien faire comprendre
à tout le monde qu'est-ce qui se passe présentement avec le projet de loi
n° 14, qui a comme trame de fond quelque chose de très important.
Alors,
d'entrée de jeu, évidemment, M. le ministre délégué à la Transformation
numérique, nous saluons le travail que
vous faites en voulant vraiment s'assurer d'avoir moins de papier. Ça, on est
contents. Ça, par contre, on est contents.
Toutefois,
j'aimerais que vous calmiez énormément votre ardeur à vouloir confier les
données personnelles des Québécois au privé, et surtout si ce privé, il
est étranger, et encore plus si c'est un privé étranger américain, au pays de
Donald Trump. Vous le savez, ils ont le CLOUD Act, ils ont cette loi qui
permet, évidemment, de demander à une entreprise américaine de prendre l'information située sur
n'importe quel serveur, peu importe le territoire, donc même chez nous ils
pourraient saisir nos données. Bien qu'elles soient cryptées, ces données, vous
me direz, bien, il n'en reste pas
moins qu'on n'y aura plus... accès. Et une des trois règles, en matière
d'informatique, CIA : contrôle de l'information, accessibilité. Alors, si,
advenant... une personne intempestive comme président décidait de faire une
lutte commerciale, après avoir fait
l'ALENA 2.0, décidait que, finalement, on va prendre en grippe les
Québécois et, juste pour les faire suer un peu, on va appliquer une
mesure pour les empêcher d'avoir accès à leurs données ou informations... Ça, Mme
la Présidente, c'est parce que c'est déjà arrivé avec les Américains, avec
d'autres pays.
Alors, nous, évidemment,
on n'a pas envie de mettre ni un genou ni deux genoux devant les Américains. Maîtres
chez nous, ce n'est pas un slogan, c'est notre état de fait, c'est notre esprit,
au Québec, et c'est ce que nous faisons depuis les
années 60.
Nous sommes
en mesure effectivement, M. le
ministre délégué à la Transformation numérique, de faire beaucoup mieux dans notre gestion de données, ça, on est
capables de le faire, mais on peut le faire ici, au Québec. On a les meilleures
universités, nous avons des chercheurs, nous
avons des ingénieurs, nous avons de l'expertise québécoise, et c'est cette
expertise québécoise que nous devons mettre
en avant-scène. On doit profiter de la transformation numérique pour se doter
des meilleures pratiques québécoises, pas étrangères.
Il n'y a personne qui
a envie, aujourd'hui, de savoir que notre numéro d'assurance sociale, notre
adresse personnelle, notre dossier santé,
notre dossier d'éducation soit dans les mains d'entreprises étrangères,
personne. Ça ne nous intéresse pas. Par contre, ce
qui nous intéresse, c'est la protection des données, parce que, tout le monde
le sait, Mme la Présidente, le
XXIe siècle, la donnée, l'information, c'est ça, le pétrole, c'est
l'information, le nerf de la guerre dans
tout, maintenant. Et ce n'est pas par hasard que, lorsqu'on regarde les
entreprises les plus cotées en bourses, ce sont des entreprises qui font quoi? De la gestion de données. Par exemple,
Google, Facebook, qu'est-ce qu'ils vendent? De la donnée. Ce sont des entreprises milliardaires.
Alors, nous, on veut protéger les Québécois, on veut protéger l'information et
l'indépendance du Québec en matière de gestion d'information, oui, Mme la
Présidente. Ici, il est question de souveraineté
informatique, de la souveraineté du Québec parce que, pour nous, c'est
important de contrôler tous les aspects de notre gestion interne.
Tout
le monde au Québec est au courant du scandale de fuite de données, malheureusement, qui est arrivé chez nous, chez Desjardins. Oui, il y a eu un vol de
données. Par la suite, on a entendu un vol de données chez Revenu Québec, on a eu des fuites de données à l'IRIS. Donc, ça, Mme la Présidente, c'est une préoccupation majeure pour l'ensemble des Québécois. Elle a tellement été majeure que nous,
les partis d'opposition, n'avons pas fait une demande mais deux demandes
pour avoir une commission pour se pencher
sur la question de la gestion des données privées et publiques. À notre grand
désarroi, la première fois, nous avons été
convoqués, lors de la Commission des
finances publiques, nous nous sommes
présentés de bonne foi, nous avons établi une liste d'experts afin d'entendre
quels sont les enjeux, quels sont les défis, quelles sont les solutions... Parce que, comprenez-moi bien, Mme la
Présidente, nous sommes entourés de 125 députés, tous très bons, mais il n'y a personne d'entre
nous qui est un expert de la cyberinformation, personne. Ça touche plusieurs volets
et plusieurs aspects, et c'est pour cela qu'il est important
pour nous, les législateurs, les députés,
d'avoir un portrait de la situation global avant de légiférer. Alors,
malheureusement, lors de la première rencontre à la Commission des finances publiques, nous avons reçu la première
fin de non-recevoir. On s'est dit : Ce n'est pas grave, prise 2, il y
aura une autre commission, cette
fois-ci auprès des institutions. Malheureusement, prise 2, on a joué dans
le même film, deuxième fin de non-recevoir.
M. le ministre,
j'attire votre attention parce que qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, c'est
hyperimportant. Les Québécois nous regardent
et s'attendent à ce que nous travaillions de façon non partisane pour protéger
leurs données, pour faire face au
défi du XXIe siècle, le vol d'identité. Et là, maintenant, c'est à vous,
oui, d'arrêter la trame factuelle, la trame
de fond qui se cache derrière le projet de loi n° 14. On ne peut pas
donner des informations personnelles et confidentielles des Québécois à aucune entreprise. Il appartient au
gouvernement, qui collecte des données, de s'assurer de les protéger en
tout temps. Et la meilleure façon de les protéger, Mme la Présidente, ce n'est
certainement pas en confiant la clé de la
maison à un étranger, au contraire. Et moi, je m'attends que... Lorsqu'on se
fait nommer, de façon amicale, «shérif», bien, je m'attends à ce que le
shérif en question garde les clés bien protégées et qu'il s'assure que, lorsque les Québécois sont inquiets, il répond
présent au débat, et qu'il répond présent pour entendre ces inquiétudes, mais
qu'il s'assure que, par la suite, il ne fait
pas de la partisanerie, et qu'il convainc ses pairs au sein du gouvernement
que, oui, nos travaux ici, en
Chambre, nos travaux dans les commissions sont pertinents, et que, non, ce
n'est pas le Conseil exécutif qui peut décider, et que, oui, en
travaillant tous ensemble, on est en mesure d'avoir le meilleur projet de loi.
Le
projet de loi n° 14 met le doigt dans l'engrenage pour la trame factuelle.
Alors, M. le ministre, j'espère que, oui,
vous allez faire en sorte qu'il y aura moins de papier au Québec puis que ça va
aller plus vite, mais j'espère aussi que vous avez bien entendu la mise en garde que nous vous faisons. Au Parti
libéral du Québec, pour nous, il est inconcevable de confier les données personnelles des Québécois
à toute l'entreprise privée, et encore moins des entreprises étrangères.
Alors,
Mme la Présidente, ici il s'agit d'une mise en garde très sérieuse. Alors,
j'espère que le ministre comprend qu'on ne fait pas d'économie sur la démocratie,
qu'on ne fait pas d'économie sur le dos des Québécois, puis que, non, il
n'y en a pas, d'économie à faire, lorsqu'il
est question de la sécurité, puis il n'y en a aucune, économie à faire,
lorsqu'il est question de la
souveraineté du Québec en matière de gestion de ses informations et de ses
institutions. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-Laurent. Je vous rappelle que, lorsque les membres
interviennent dans cette Chambre, ils doivent s'adresser à la présidence.
Maintenant, pour la
prochaine intervention, je vais céder la parole à... Alors, je crois qu'il n'y
a pas d'autre intervenant.
Mise
aux voix
Je vais maintenant
vous demander si le projet de loi n° 14, Loi favorisant la transformation
numérique de l'administration publique, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté sur division.
Maintenant, pour la
suite de nos travaux, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, maintenant, je vous demanderais d'appeler
l'article 6 du feuilleton.
Projet
de loi n° 34
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Là, c'est vrai. À l'article 6
du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 1er octobre
2019 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 34,
Loi visant à simplifier le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité. Et, au moment de suspendre ce débat...
ou plutôt de l'ajourner, c'était M.
le député de Jonquière qui avait la parole. Et je vous recède la parole
aujourd'hui, tout en vous indiquant que vous disposez d'un temps de
parole de 33 min 40 s.
M. Sylvain Gaudreault
(suite)
M.
Gaudreault : Merci, Mme la Présidente, de me permettre de poursuivre
ce débat important sur le principe du
projet de loi n° 34, alors la Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité. C'est un titre approprié parce que c'est vrai que
ça simplifie. Peut-être trop. C'est ça, le problème. Il faudrait le modifier
pour dire : Loi visant à trop
simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité. Si je pouvais faire un
amendement, à ce stade-ci, c'est ça que je dirais, voire même être simpliste
dans la fixation des tarifs d'électricité.
Alors, je vous disais hier, Mme la Présidente,
quand j'ai entamé la première portion de cette allocution, que, sous prétexte de rembourser ce qu'on appelle les
trop-perçus ou les écarts de rendement, le gouvernement, finalement, s'est fait avaler par la machine d'Hydro-Québec,
qui caresse un vieux rêve depuis au moins 20 ans, c'est de se libérer
du contrôle de la régie.
La régie,
elle est là pour protéger les citoyens et les citoyennes, les consommateurs
d'énergie quels qu'ils soient, que ce
soient les consommateurs résidentiels, que ce soient les consommateurs
commerciaux, que ce soient les consommateurs industriels. La Régie de l'énergie, puis j'insiste là-dessus parce que
c'est quand même un critère important dans tout le débat entourant le projet de loi n° 34, la Régie de l'énergie est le chien de garde pour s'assurer que tous
ces consommateurs paient le prix juste, le prix juste, pas un prix fixé
dans une boule de cristal soi-disant sur la croissance de l'indice des prix à la consommation, l'inflation, comme veut le
faire le ministre, mais le prix juste en fonction des revenus requis par
Hydro-Québec et le prix juste pour alimenter, pour fournir ces revenus requis
de la société d'État.
Donc, c'est
tout le mécanisme de la fixation des prix de l'énergie hydroélectrique qui
appartient aux Québécois que ce
projet de loi est en train de venir bousiller. Alors, ce n'est pas rien, Mme la
Présidente, ce n'est pas rien. Il faut en être conscient, là.
Je le disais
hier puis je le répète aujourd'hui : Trouvez-moi la preuve de cette
réforme majeure dans les engagements de
la Coalition avenir Québec. Je vous en ai parlé hier, vous avez eu la nuit pour
faire la recherche. Je suis sûr que vous n'avez rien trouvé parce qu'il n'y en a pas eu, ils n'en ont pas parlé
durant la campagne. On pourrait
prendre un vieux slogan que plusieurs
citoyens avaient utilisé en 2003‑2004, après l'élection du gouvernement Charest, qui était : On n'a pas voté pour ça. Bon, c'est vrai, on n'a pas voté pour ça, l'année
passée, pour modifier la Régie de
l'énergie de façon aussi substantielle que le gouvernement
est en train de le faire. Alors, ça, c'est la première chose.
Pour la
suite, bien, je vous rappelle les trois objectifs de ce projet de loi : abolir les écarts de rendement... Abolir les écarts de rendement. Dans le fond, il ne s'en cache pas, hein, le gouvernement, il dit très bien : On va abolir les écarts de
rendement. Ça, ça veut dire que, dans le futur, quand il va y avoir ce qu'on
appelle aujourd'hui des trop-perçus ou des
écarts de rendement, bien, il n'y
aura pas de possibilité de les rembourser, parce qu'ils abolissent le
mécanisme.
Ils fixent
les tarifs, le gouvernement prétend fixer... Deuxièmement, là, dans le
deuxième objectif du projet de loi, le
gouvernement prétend fixer les tarifs de distribution de façon prévisible.
Hier, vous vous souvenez, je vous ai dit : C'est prévisible... c'est-à-dire que les entreprises,
les consommateurs souhaitent de la prévisibilité. J'en suis. Moi-même, j'aime
ça quand mes choses sont prévisibles dans
mon budget personnel. Mais, dans le cas des tarifs d'hydroélectricité, ce qu'on
nous a dit en commission parlementaire, lors
des auditions, c'est que les consommateurs souhaitent de la prévisibilité dans
un mécanisme qui est fiable, qui est
indépendant, qui est rigoureux, qui est neutre — ça, c'est ce qu'on appelle la régie — et pas
rien que les consommateurs, pas juste les consommateurs, mais aussi ceux et
celles avec qui on fait affaire à l'étranger ou que le gouvernement souhaite faire affaire, que ce soit l'Ontario.
Parce qu'on a entendu à maintes reprises le premier ministre, le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles aussi nous dire sur toutes les tribunes : Nous
voulons devenir la batterie du
nord-est de l'Amérique. Bien, si on veut devenir la batterie du nord-est de
l'Amérique à cause de notre énergie propre, bien, il faut la vendre à
l'extérieur. La vendre à l'extérieur, bien, ça veut dire qu'il faut être
conforme au marché, aux règles du
marché. Dans les règles du marché, bien, il y a cette nécessité d'avoir un
système qui est juste, qui est neutre comme
ça se fait ailleurs, comme ça se fait en Ontario, comme ça se fait dans les
provinces de l'Ouest, comme ça se fait aux
États-Unis, donc d'avoir des instances neutres pour fixer, et j'insiste de
nouveau, le prix juste. Là, ce ne sera plus un prix juste parce que c'est un monopole qui est là avec
Hydro-Québec, et le gouvernement, en retirant les pouvoirs de la régie...
• (17 h 20) •
Il aime bien
nous dire : Non, non, on ne les retire pas, on fait juste les étendre aux
cinq ans. Bien oui. C'est parce que
ça va être juste pour TransÉnergie premièrement, ce ne sera pas Hydro-Québec
Distribution, alors que présentement c'est Hydro-Québec Distribution et
Hydro-Québec TransÉnergie. On retire le pouvoir de contrôle de la régie sur Hydro-Québec Distribution, c'est aux cinq ans,
c'est fixé dans la loi qu'il faut que les tarifs soient conformes ou
proportionnels à l'augmentation de l'indice des prix à la consommation. Bien
là, ce n'est pas une structure indépendante, ça, c'est archipolitisé. Puis en
plus il y a un autre article qui vient nous dire : Dans l'espace de cinq
ans, si Hydro-Québec veut retourner
devant la régie, ils vont pouvoir y aller sur décret du gouvernement. Ça, ça
veut dire quoi, sur décret du gouvernement? Ça veut dire que c'est le
gouvernement qui politiquement, au Conseil des ministres, prend la décision
d'autoriser Hydro-Québec. Alors là, on ne
saura pas trop. Nous, là, les
consommateurs, quels qu'ils soient, industriels, résidentiels, on ne
saura pas trop qui a callé la shot, comme on dit. Est-ce que c'est Hydro-Québec
qui a demandé au gouvernement : Donnez-moi le décret pour aller revoir les
tarifs dans l'espace de cinq ans... ou est-ce que c'est le gouvernement qui va avoir pris l'initiative? Ça, on ne le sait pas. Mais ce qu'on sait, par exemple, c'est que le gouvernement se remet les deux mains dans la fixation
des tarifs, ce qu'on avait réglé avec la création de la régie en 1996, 1997.
Alors, ça,
c'est une réforme fondamentale. Donc, quand on dit : Fixer les... quand le
deuxième objectif du projet
de loi, c'est de fixer les tarifs de distribution de façon prévisible,
ça ne marche pas. L'argument du ministre qui dit : Les entreprises puis les consommateurs aiment avoir de la prévisibilité,
premièrement, moi, je vous mets au défi, quiconque ici, de nous annoncer... de jouer le devin, là, de
faire de la futurologie pour nous dire quel sera le taux d'inflation dans
deux ans, dans trois ans, dans cinq ans. On
peut avoir des perspectives, les économistes font ça, ils sont capables
d'anticiper, mais il y a
tellement d'événements qui peuvent arriver, il y a tellement d'événements
qui peuvent arriver, ce qui fait en sorte
que le taux d'inflation varie selon, par
exemple, le cours du pétrole, selon, par exemple,
des événements socioéconomiques,
sociopolitiques, plutôt, qui peuvent arriver, comme on l'a vu récemment dans
des pays du Moyen-Orient producteurs
de pétrole, comme c'est arrivé, par
exemple, après les événements du
11 septembre, comme ça arrive après des événements climatiques, après des tornades, après des cyclones,
après des catastrophes naturelles ou des situations politiques.
Ça influence le cours de l'inflation. Donc, ce n'est pas vrai qu'on est
prévisible en termes de fixation des tarifs avec ce projet de loi, ce n'est pas vrai. Donc, ça, c'est bien important de le dire. Quand on
parle de prévisibilité, là, les entreprises
nous disent : On veut que ce soit le système qui soit prévisible. Là, on
enlève cette prévisibilité du système.
L'autre élément,
bien, ça, l'autre objectif du projet
de loi, de diminuer le temps et les
coûts de traitement des dossiers par
la régie par rapport à la situation actuelle, bien, ça, c'est juste un aspect
marketing. Oui, c'est lourd, oui, il
y a de la bureaucratie, oui,
parfois c'est long avant qu'une régie rende une décision, mais ce n'est pas une
raison pour jeter le bébé avec l'eau du bain
de la façon dont le gouvernement nous le propose avec le projet de loi n° 34. Ce n'est pas... C'est trop gros, c'est tuer une mouche avec un bazooka.
Je veux dire, il faut être conscient de la lourdeur administrative, de la
lourdeur bureaucratique, mais il faut se
donner les moyens corrects pour diminuer ça, diminuer le papier, diminuer les
temps d'audience, peut-être
nommer plus de régisseurs, peut-être revoir des règles de fonctionnement interne pour
changer ça, mais certainement pas changer le rôle fondamental de la Régie de l'énergie comme le
propose le projet de loi n° 34, Mme la Présidente. Ça, ça n'a pas de
bon sens.
D'ailleurs,
moi, j'aurais bien aimé, lors des auditions de la commission parlementaire, des auditions des groupes, entendre la régie, qu'on puisse les questionner
serré pour savoir c'est où que ça bloque. C'est quoi, le problème? Il vous
manque-tu des régisseurs? Est-ce qu'il vous manque des ressources? Est-ce
qu'on peut augmenter un peu votre
budget? Est-ce qu'on peut être plus efficace en telle mesure, tel
domaine, etc.? Mais, non, la régie n'a pas voulu venir nous rencontrer.
Pourtant, la commission parlementaire l'avait
demandé. La commission parlementaire a dit... la commission sur l'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles, la CAPERN, avait dit à la régie... avait invité la régie
à venir témoigner pour le projet de
loi n° 34, mais c'est la régie elle-même qui a refusé.
Moi, je suis revenu à la charge par après, Mme la Présidente, pour dire : Il faut insister pour que la régie
vienne. L'opposition officielle était d'accord avec nous, la deuxième
opposition aussi, mais le gouvernement a dit : Non, ils ont déjà refusé.
Bien, c'est parce qu'ils auraient pu
réessayer. Puis on ne demandait pas à la régie de venir nous donner son avis
sur l'opportunité politique du projet de loi n° 34,
ce n'est pas ça qu'on demandait.
D'ailleurs,
je parle au passé ou à l'imparfait, mais je serais prêt, là, tout de suite. Si
la régie nous dit : O.K., on va
aller vous rencontrer demain matin, 8 heures, avec la CAPERN, pour venir
parler de ce qu'on... de la manière dont on travaille, des perspectives
économiques en matière d'énergie, de nos lourdeurs administratives, comment on
peut alléger ça, s'ils nous disent,
après-midi, là : On est là demain matin, 8 heures, moi, je vais être
là, pas de problème, puis on est prêts à s'entendre.
Alors, ce n'est pas l'opinion politique de la
régie qu'on veut avoir. Ça, c'est bien important. La régie n'est pas là pour venir nous donner une opinion
politique sur l'opportunité du projet de loi n° 34, ce n'est pas ça qu'on
demande. Le ministre, il aime ça
mêler les affaires, parce qu'il nous a dit : Non, non, la régie ne peut
pas aller donner son opinion, ils nous ont déjà répondu non. C'est parce
que la régie est aussi une institution, quand même, dans le vaste appareil public de l'État, c'est un organisme. Alors, le
ministre pourrait se tenir debout avec nous, avec les oppositions, pour
dire : Oui, on va demander à la
régie de venir nous éclairer un peu plus. Parce que je vous l'ai dit hier,
hein, ce projet de loi, ce n'est
quand même pas simple non plus, là, c'est très complexe comme document. Mais,
bon, la régie n'a pas voulu venir faire ça.
Donc, quand
le ministre nous dit : Un des objectifs du projet de loi, c'est de
diminuer la bureaucratie, diminuer de
tant les coûts par rapport à la situation actuelle, ce n'est pas sérieux. Il
faut que ce soit plus profond que ça. Quand on vient modifier de façon aussi fondamentale le rôle de la régie, il n'y a
personne ici, en tout cas de ce côté-ci de l'Assemblée, qui va croire
que c'est juste pour diminuer les coûts et la bureaucratie à l'intérieur de la
Régie de l'énergie.
Maintenant,
il y a un autre élément sur lequel je veux intervenir, qui est peut-être, à ce
stade-ci, dans le débat sur le projet
de loi n° 34, un peu l'angle mort, qui est un peu le volet qui a été dans
l'ombre du projet de loi n° 34, parce qu'on a beaucoup parlé des tarifs résidentiels, on a
beaucoup parlé des trop-perçus, on a beaucoup parlé du rôle de la régie, mais
moi, je veux vous parler de l'impact de ces
modifications apportées par le projet de loi n° 34 sur les tarifs pour les
grands consommateurs industriels d'énergie, grands consommateurs
industriels d'énergie.
Moi, je viens
d'une région qui est la plus belle, qui s'appelle le Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui s'est développée essentiellement... — Mme la Présidente, vous le savez, vous avez
des racines jeannoises — qui s'est développée essentiellement
sur l'exploitation et la transformation, il faudrait en transformer encore
plus, là, mais sur l'exploitation des ressources naturelles. D'ailleurs, ça va bien
avec le drapeau, que vous connaissez sûrement, que j'aurais pu amener ici, où il y a le vert en haut parce que c'est la
première industrie, c'est la forêt, l'industrie forestière, puis ensuite il y a
le gris qui va dans toutes les
directions du drapeau, un peu comme la croix, là, du drapeau du Québec, le gris
pour l'industrie de l'aluminium, l'industrialisation de la région, puis
il y a le jaune en bas pour l'agriculture. Mais je veux surtout me concentrer sur le vert, l'industrie forestière,
puis le gris, qui est l'aluminium, parce que la région s'est développée sur la base de ces deux industries-là, donc venir
exploiter la forêt pour faire, autrefois, de la pulpe, ensuite des pâtes et
papiers, et ensuite sur l'industrie
de l'aluminium, la transformation de... la production, c'est-à-dire, de
l'aluminium. Avec quoi? Avec un pouvoir extraordinaire qui s'appelle
l'hydroélectricité.
Alcan, là, à
l'origine — aujourd'hui,
c'est Rio Tinto — ne
serait pas venue s'établir à Arvida, qui est dans ma circonscription, s'il n'y avait pas eu
l'hydroélectricité, des rivières majestueuses. Puis même aujourd'hui on
pourrait se dire : Mon Dieu! on aurait dû travailler autrement, il
ne faut pas exclure ce débat-là en soi, là, parce qu'ils sont même propriétaires du fond de la rivière Saguenay, il
faut le faire, mais à l'époque ça marchait comme ça, en tout cas, on pourrait
en rediscuter, mais barrage de Shipshaw,
barrage de Chute-à-Caron. Puis après ça... C'est-à-dire l'industrie forestière,
même avant Alcan, l'industrie forestière s'était établie avec la compagnie
Price en mettant des barrages sur la rivière Chicoutimi,
la rivière Shipshaw, plein de rivières autour des affluents du lac Saint-Jean.
Après ça, justement, Alcan est arrivée en harnachant le Saguenay,
ensuite la Péribonka, et après ça Hydro-Québec s'est installée aussi. Un des
plus grands projets d'Hydro-Québec, inauguré récemment, c'est à la Péribonka.
Mais ces grandes industries, ces grandes entreprises
ont besoin d'hydroélectricité. C'est la même chose en Mauricie, c'est la même
chose en Abitibi, c'est la même chose en Outaouais, dans votre région.
Les grandes entreprises consomment de l'énergie hydroélectrique pour faire fonctionner leurs machines et créer des emplois,
ça crée des emplois. Et nos régions — je n'ai pas nommé la Côte-Nord, mais c'est encore plus vrai, même, sur la
Côte-Nord — nos
régions, donc, sont très dépendantes de ces industries-là pour leur
développement économique.
• (17 h 30) •
Vous savez, des
fois je rencontre des gens de Montréal, j'ai l'impression qu'ils pensent que
l'électricité sort du mur, hein, par
la prise. Je regarde mes collègues ici, je sais qu'ils ne pensent pas ça, mais,
je veux dire, ça vient de nos régions, là, ça vient des rivières du
Saguenay, ça vient de la Manic, on a souligné le 50e anniversaire de la
Manic, là, récemment. Alors, l'énergie provient de nos régions.
Puis les
grandes entreprises du Québec sont attirées par le Québec parce que le coût de
l'énergie, pour les grandes industries,
ça peut représenter, tout dépendant de la matière qui est produite, de
25 % à 70 % de leurs coûts d'exploitation, l'énergie qu'ils
viennent tirer. Donc, c'est extrêmement important comme facteur de
compétitivité, comme facteur de rendement, comme facteur attractif, comme
facteur attractif.
Quand on dit
ça, là, à des gens des régions, là, ils comprennent tout de suite, ils
comprennent tout de suite ce que ça
signifie parce que c'est majeur, c'est fondamental. Le rapport est presque
identitaire, là, c'est de l'appartenance envers nos barrages, nos centrales hydroélectriques qui viennent alimenter les
usines qui sont sur le territoire. Il y en a chez nous, mais il y en a
partout. Et le projet de loi n° 34 vient toucher à ça, vient affecter ça.
Il y a ce
qu'on appelle le tarif L. Je n'ai jamais compris pourquoi, d'ailleurs, la
lettre L, il faudrait que je fouille un peu là-dessus dans l'histoire d'Hydro-Québec. En tout cas, ils
étaient peut-être rendus à cette lettre-là, mais ils l'ont appelé le tarif L. Et le tarif L, c'est
pour la grande puissance, c'est le tarif qui est offert aux grandes
entreprises, aux grandes industries pour s'alimenter en énergie. Alors, le
tarif L, dans le projet de loi n° 34, il est prévu que ce sera le
même tarif qui devra se coller, là,
également au taux de l'inflation moins 35 %, donc il y a un rabais qui est
accordé, ce qui veut dire que le projet
de loi dit : On va augmenter à l'inflation le tarif L à 65 % de
l'inflation. Donc, il y a un rabais de 35 % qui est accordé pour garder une compétitivité, soi-disant, pour
garder l'énergie du Québec qui est propre, qui est renouvelable. Parce que,
vous savez, avec cette énergie-là, pour l'aluminium qui est produit au Québec,
ça fait en sorte que c'est l'aluminium le plus vert au monde parce que c'est de l'énergie renouvelable. Il n'est
pas produit avec du gaz naturel ou avec du mazout. Il est produit avec de l'énergie hydroélectrique
qui est de l'énergie renouvelable. Donc, déjà là, ça nous donne un
caractère extrêmement compétitif sur la scène internationale. Bien, là
où ça ne marche pas, la théorie du ministre par
rapport au prix de
l'inflation, de fixer les tarifs sur la même courbe que l'inflation...
Je vais juste
vous donner une idée, là. Les trois dernières années, à la Régie de l'énergie,
les dernières demandes tarifaires qui
ont été faites par Hydro-Québec Distribution à la Régie de l'énergie, donc, pour
l'année qui commençait le 1er avril
2017, l'année tarifaire, Hydro-Québec avait demandé à la Régie de l'énergie une augmentation, pour le tarif L, de 1,1 %. Pour les autres consommateurs, c'était
1,6 %. Pour le tarif L, donc je répète, Hydro-Québec
avait demandé une augmentation de
1,1 %. La Régie de l'énergie a accordé 0,2 % d'augmentation, donc
beaucoup moins que la demande d'Hydro-Québec. Je suis toujours sur le tarif L.
Savez-vous à combien était l'inflation? 1,6 %. Donc, ce que la régie
a accordé est beaucoup plus bas que le taux
de l'inflation, et même plus bas, et surtout plus bas aussi que ce
qu'Hydro-Québec demandait. Ça, c'est
pour l'année 2017. Pour l'année qui commence, l'année tarifaire qui
commence le 1er avril 2018, Hydro-Québec
a demandé à la régie une augmentation de 1 % du tarif L pour les grandes
industries et 1,3 % pour les autres consommateurs. Pour le tarif L, Hydro... la régie, c'est-à-dire, a
accordé 0 % d'augmentation. Donc, on maintient le tarif qui avait
déjà été accordé l'année précédente et 0,3 % de plus pour les autres
consommateurs qui ne sont pas tarif L, inflation,
2,27 %. Ça veut dire que, si le projet de loi n° 34 avait été en
application, ça aurait été 2,27 % moins 35 % pour le tarif L,
alors que la régie a accordé 0 % pour le tarif L. C'est majeur, Mme la
Présidente.
Pour l'année
qui a commencé, l'année des tarifs qui a commencé le 1er avril 2019,
Hydro-Québec a demandé une
augmentation de 0,6 % pour le tarif L. La régie a accordé la moitié,
0,3 %, pour le tarif L, et l'inflation, 1,49 %. Ça veut dire que, dans ces trois années-là, récentes,
puis là on n'a pas besoin de remonter jusqu'en 2003 ou à Mathusalem, là,
on est dans les années actuelles, 2017, 2018, 2019, ce qui donne une
perspective assez réaliste par rapport où on est présentement, dans tous les cas, ce
qu'Hydro-Québec... ce que la Régie, pardon, de l'énergie a accordé pour le
tarif L est de beaucoup inférieur à
l'inflation, de beaucoup inférieur à l'inflation, et surtout aussi de beaucoup
inférieur à ce qu'Hydro-Québec demandait.
Alors
là, on viendrait enlever ça, ce pouvoir de contrôle de la régie. On viendrait
le mettre juste aux cinq ans, la demande
tarifaire d'Hydro-Québec, puis on dirait : Vous allez vous accoter à
l'inflation, donc augmentation des tarifs d'hydroélectricité pour nos
grandes industries.
Moi,
Mme la Présidente, là, je ne suis pas là pour défendre les multinationales.
Moi, je n'ai jamais été un défenseur des multinationales. Je veux
qu'on leur mette beaucoup de pression, entre autres, pour atteindre des
cibles de réduction de gaz à effet de serre en matière de lutte contre la crise climatique. Je veux qu'on
leur mette beaucoup, beaucoup d'obligations pour des planchers d'emploi dans nos régions. Moi, je me suis battu
pour ça à Jonquière, quand Rio Tinto... bien, Alcan, avant, puis Rio Tinto ont signé l'entente de continuité sur
des investissements pour avoir justement des blocs
énergétiques supplémentaires.
Cette énergie-là, Mme
la Présidente, là, depuis 1964, avec la nationalisation de l'hydroélectricité,
ça nous appartient. Ça nous appartient. Ça fait
qu'il ne faut pas qu'on devienne des colonisés de l'hydroélectricité. Je vous l'ai dit tantôt, en 1924-1926, quand Alcan est venue s'établir
au Saguenay—Lac-Saint-Jean, écoutez, ils ont pris possession du lit de la rivière Saguenay.
Il faut le faire. Ce ne serait pas imaginable, aujourd'hui, que le fond d'une
rivière, à certains endroits à la hauteur
des centrales de Shipshaw, appartienne en propre à une entreprise.
Tu sais, je veux dire, ça serait...
Le gouvernement qui ferait ça aujourd'hui, les gens seraient
dans la rue, j'espère. Même chose avec Price pour la rivière Shipshaw.
Ils sont propriétaires du lit de la rivière. C'est quand même exceptionnel.
Donc,
moi, je veux qu'on ait un rapport de force important face aux grandes entreprises,
qu'on soit exigeants. Mais je suis un
ardent défenseur du développement des régions. Je veux que le Québec
continue d'être compétitif. Parce
qu'on s'est mis des normes aussi, au niveau de la main-d'oeuvre, on veut avoir
une main-d'oeuvre de qualité, qui est bien
payée, puis qu'on va leur donner des assurances santé pour les protéger des
accidents du travail puis un régime, aussi, québécois d'assurance parentale pour nos travailleurs, qui
sont fortement syndiqués. Ça aussi, ça a tout été des batailles gagnées au Québec. Donc, le coût de la
main-d'oeuvre est peut-être plus élevé, sûrement plus élevé qu'ailleurs dans le
monde, dans certains pays de l'hémisphère
sud, par exemple, qui veulent devenir des compétiteurs pour la production
d'aluminium, par exemple. Donc, notre
élément distinctif, nous, c'est d'avoir une énergie qui est compétitive, une
énergie qui est compétitive pour nos
grandes entreprises, pour être capables de les attirer chez nous et faire de la
création d'emplois dans nos régions.
Bien là, ce que je
viens de vous dire, là, si le projet de loi n° 34
s'applique, ça signifie, sur cinq ans, au moins 140 millions de plus dans le tarif L pour nos grandes
entreprises, 140 millions de plus, 140 millions pour payer le
tarif L chez nos grandes
entreprises. Bien, ce 140 millions là, ce n'est pas de l'argent qui sera
investi pour faire du développement technologique, pour faire des
investissements, pour faire des agrandissements, pour faire des nouvelles
installations industrielles. Et qui va payer
en bout de ligne? C'est probablement nos travailleurs, et nos travailleuses,
dans ces industries, et nos régions, parce qu'il va y avoir du
désinvestissement. C'est le risque qu'on a devant nous.
• (17 h 40) •
Et
j'ai juste fait un petit tour du territoire, là. Parce que j'ai entendu des
députés hier s'exprimer, entre autres le député de Nicolet-Bécancour, il y a plein de députés, là, qui sont
concernés par cette question du tarif L, Mme la Présidente. Parce que les entreprises ne sont pas juste
établies dans ma circonscription, là, à Jonquière. Il y en a partout au Québec.
Il y en a partout au Québec. Le député de Beauharnois, par exemple, je ne le
vois pas ici, là, mais il y a la Zinc à Valleyfield. Tout le monde connaît la
Zinc, hein, la Zinc à Valleyfield, bon. Bien, la Zinc, là, elle utilise du
tarif L. Qu'est-ce qu'il va dire, le député de
Beauharnois, à ses électeurs puis à ses électrices quand la
Zinc, là, va dire : Bien, moi,
je suis obligée d'arrêter un peu mes investissements que j'avais prévus parce que
le tarif L vient plomber mon bénéfice? Bravo, le projet de loi n° 34?
Qu'est-ce que
la députée d'Iberville va dire à ses
travailleurs de l'usine Lassonde? Ça, c'est les producteurs de jus à Rougemont qui utilisent du tarif L. Le
député de Nicolet-Bécancour, hein, il nous a dit hier, là, quand on a parlé de
la motion de scission : Ah! moi,
il n'y a personne qui me parle du projet de loi n° 34 à Saint-Célestin,
dans ma circonscription. C'est ça qu'il nous a dit hier, le député de
Nicolet-Bécancour.
Bien,
à Nicolet-Bécancour, là, il y a ABI, hein, de triste mémoire, là, à cause du
conflit très long et interminable, le
lock-out. Bien là, ils recommencent, là, à faire rouler les cuves à l'usine ABI
à Bécancour. Bien, ça, ça va venir générer de l'énergie, justement, là, parce qu'ils étaient au ralenti depuis
plusieurs années, depuis plusieurs mois avec le conflit. Bien là, woups! ils repartent les machines. Je
veux dire, ce n'est pas juste allumer une lumière avec un interrupteur comme
on fait dans le salon chez nous, là, partir
une cuve d'ABI ou d'une aluminerie, là. Ça vient chercher toute une masse
d'énergie.
Alors,
les travailleurs de Nicolet-Bécancour, qui ont été en lock-out pendant
plusieurs mois, j'ai hâte de voir le député
de Nicolet-Bécancour leur dire que finalement c'est peut-être à cause du projet
de loi n° 34 que la compagnie va ralentir des
investissements.
Puis
il y a la députée de Pointe-aux-Trembles, qui est la ministre déléguée à la
Métropole. Vous savez, quand on arrive à Pointe-aux-Trembles, là, par la
40, il y en a de l'industrie. Je peux vous en nommer juste deux, là :
Chimie ParaChem et Suncor, que tout le monde
connaît. Bien, ces entreprises-là, ils ne marchent pas... ce n'est pas du monde
qui pédale sur des roues, là, pour faire
rouler les machines, là, en dessous, là. On n'est pas dans Tintin au pays
des Soviets, là. C'est de
l'énergie qui vient de nos rivières, puis de nos centrales hydroélectriques,
puis d'Hydro-Québec. Ils fonctionnent au tarif L, ces entreprises-là,
Mme la Présidente.
Qu'est-ce
qu'elle va dire, la députée de Pointe-aux-Trembles, à ces travailleurs dans sa
circonscription quand ils vont
dire : Comment ça se fait que la compagnie dans mon comté, elle ralentit
les investissements puis elle va peut-être penser à déménager parce
qu'on est moins compétitif qu'on était avec le tarif L?
Vous connaissez sûrement Sorel comme
moi, le long du Richelieu. Sorel est une ville industrielle lourde. D'ailleurs,
quand je vais à Sorel, moi, ça me fait
beaucoup penser à Jonquière, Valleyfield aussi, parce que c'est des racines de
travailleurs, de travailleuses d'usine, d'industrie. Ça se voit dans le
paysage, dans l'architecture, dans la façon dont les villes sont
construites, des rues droites, des quartiers industriels.
Bien, dans Richelieu,
là, Rio Tinto, Fer et Titane, évidemment, dans la circonscription de Richelieu,
à Sorel, Rio Tinto, Fer et Titane, ce qu'on
appelait Les Forges de Sorel, ce qu'on appelle encore Les Forges de Sorel,
fonctionne avec du tarif L.
Alors,
moi, j'ai hâte de voir le député de Richelieu dire à ses électeurs : Non,
non, la compagnie a choisi de moins investir ou de couper un peu sur les
investissements, la modernisation des équipements parce qu'ils sont moins
compétitifs à cause de l'augmentation du
tarif L. Dû à quoi? Au projet de loi n° 34, Mme la Présidente.
C'est ça qui s'en vient.
Je
pourrais continuer. Dans Verchères, la députée de Verchères doit bien connaître
ArcelorMittal, qui a une usine dans
la circonscription de Verchères. ArcelorMittal, à Verchères — puis on pourrait parler des autres
ArcelorMittal, entre autres sur la
Côte-Nord — fonctionne
avec du tarif L, de l'énergie au tarif L. Kruger, à Trois-Rivières,
Kruger, dans le secteur des pâtes et
papiers, a fait beaucoup d'innovations. Des fois je suis un peu jaloux parce
que j'aimerais ça que Produits forestiers
Résolu soit un petit plus innovateur aussi. Ça, c'est une autre question. Mais
Kruger fonctionne avec le tarif L.
Parlant de Produits
forestiers Résolu, moi, c'est une entreprise que je connais trop bien, j'en ai
une dans ma circonscription, mais, dans la
circonscription de Lac-Saint-Jean, de Roberval, dans la circonscription de
Dubuc, il y a des scieries, des
usines de pâtes et papiers. La différence avec Produits forestiers Résolu,
étant les héritiers de Price, c'est unique, ils ont leur propre centrale hydroélectrique sur la rivière Shipshaw,
mais ça ne fournit pas assez. Ça fournit à peu près à 50 % ou
55 % de leurs besoins, donc ils ont besoin de s'alimenter par Hydro-Québec
avec le tarif L.
Moi,
j'ai hâte de voir le député de Lac-Saint-Jean puis la députée de Roberval
expliquer à leurs travailleurs que Produits
forestiers Résolu, qui a déjà de la misère, parce qu'on s'entend qu'on en
consomme moins qu'avant du papier, là, bien...
de dire : Bien, si la compagnie est obligée de ralentir ses
investissements, c'est parce qu'ils sont moins compétitifs parce que le
tarif L nous coûte plus cher. Bravo! Un gouvernement qui se dit
pragmatique. Bien, moi, là, j'en ai, du pragmatisme
à leur proposer, là, et ce projet de loi est tout sauf pragmatique pour nos
travailleurs, nos travailleuses qui veulent continuer de travailler dans
les régions du Québec.
Alors,
Mme la Présidente, je pense que vous avez compris que nous sommes contre ce
projet de loi. Nous allons nous
battre férocement, fortement — férocement, vous comprenez la
métaphore — on va se
battre fortement contre ce projet de
loi qui est nuisible pour les consommateurs d'hydroélectricité, qu'ils soient
résidentiels ou qu'ils soient commerciaux, qu'ils soient industriels, Mme la Présidente. Et ça vient modifier de
façon inconcevable, inacceptable le rôle d'une institution indépendante
qui vient contrôler un monopole qui s'appelle Hydro-Québec. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie de votre
intervention, M. le député de Jonquière. Et maintenant je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant, et ce sera Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Kathleen Weil
Mme Weil :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de m'inscrire aujourd'hui,
ce soir, dans le débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'hydroélectricité... d'électricité.
Alors,
selon le gouvernement caquiste, cette pièce législative de 22 articles
vise essentiellement trois objectifs, soit la simplification du
processus de fixation des tarifs d'électricité, le remboursement des
trop-perçus cumulés de 1,5 milliard de dollars et l'amélioration de la
prévisibilité des variations tarifaires.
Pour
ce faire, le projet de loi modifie d'abord la Loi sur Hydro-Québec afin de
définir les tarifs de distribution d'électricité
à compter du 1er avril 2020, tarifs qui seraient par la suite indexés
pour les quatre années suivantes. Il prévoit qu'Hydro-Québec puisse demander à la Régie de l'énergie de fixer les
nouveaux tarifs de distribution d'électricité ou de modifier les tarifs existants tous les cinq ans
plutôt qu'annuellement. Il prévoit aussi qu'Hydro-Québec puisse demander
à la régie de modifier les tarifs au cours de la période de cinq ans, à
condition de présenter une demande au ministre.
Actuellement, la loi prévoit qu'Hydro-Québec doit obtenir l'approbation de la Régie de l'énergie pour les projets d'investissement en infrastructures, pour les autres initiatives de réorganisation du réseau de distribution d'électricité ainsi que pour des programmes commerciaux. Le projet de loi retire cette obligation. Par
ailleurs, le projet de loi retire aussi l'obligation actuelle d'établir un mécanisme de réglementation
incitative afin que le distributeur d'électricité et le transporteur
d'électricité réalisent des gains d'efficience.
Ce
projet de loi s'inscrit, beaucoup de députés l'ont
évoqué, s'inscrit évidemment dans un contexte très politique.
Rappelons-nous que ces dernières années, lorsque
la CAQ était dans l'opposition, elle avait fait du remboursement des trop-perçus d'Hydro-Québec son cheval de bataille. La députée de
Saint-Hyacinthe avait même récolté 47 000 signatures pour une pétition qu'elle avait ensuite déposée au
bureau du ministre de l'Énergie de l'époque. La CAQ avait aussi lancé un site Web qui demandait le remboursement sans
équivoque. Il n'y avait personne au Québec qui pouvait se questionner
sur la clarté de la position de la CAQ : rembourser. C'était écrit en
toutes lettres.
Or,
une fois au pouvoir, le gouvernement a commencé à tergiverser. Le premier
ministre ne voulait plus rembourser. Il
a tenté de comparer des pommes et des oranges en disant que le remboursement
s'effectuerait notamment par des baisses de taxes, comme la taxe scolaire. S'en est suivi un tollé puis un recul
du gouvernement qui a mené au projet de loi n° 34 dont nous
débattons aujourd'hui, Mme la Présidente.
Et, pour
convaincre qu'il vous rembourse 1,5 milliard de dollars, le gouvernement
utilise le calcul suivant. Tout d'abord,
il devance le remboursement automatique prévu de 500 millions de dollars
de trop-perçus par Hydro-Québec afin qu'il survienne dès cette année. Ensuite, il
gèle les tarifs d'électricité pour l'année 2020. Ils les indexent à
l'inflation pour les quatre années
suivantes. Le gouvernement fait le calcul que le coût de cette mesure est de
195 millions par année pendant cinq ans, soit environ
1 milliard de dollars.
• (17 h 50) •
Toutefois, l'affaire est loin d'être aussi
simple. Mme la Présidente, si vous lisez, dans un premier temps, les mémoires et les articles de journaux, vous
saisirez tout de suite à quel point ce projet de loi est mal accueilli.
D'ailleurs, je vous dirais, dans mon
vécu de députée, dans les 10 ans que je siège, c'est rare de voir un
projet de loi rabroué, critiqué de
toutes parts et de façon aussi unanime que ce projet de loi. C'est une
véritable avalanche de critiques qui s'abat sur le gouvernement, et tout
y passe.
On s'attaque aux calculs utilisés par le
gouvernement, que l'économiste Michel Girard qualifie, et je cite, de «calculs et de méthodes hautement tordus». Le mot,
ce n'est pas le mien, c'est le sien. On évoque la boule de cristal du ministre de l'Énergie, qui prédit des taux
d'inflation dans le cadre d'un calcul qu'on décrit comme «très théorique». On
questionne les hypothèses du gouvernement
puisque, ces dernières années, Hydro-Québec a connu des hausses de tarif
inférieures à l'inflation. On se demande en
quoi le projet de loi apporte un quelconque bénéfice pour le consommateur.
On attaque le gouvernement de toutes parts pour ses reculs en matière de
transparence et d'imputabilité chez Hydro-Québec
contenus dans le projet de loi. Pire encore, alors que le gouvernement vante
son projet de loi comme étant une barrière
à un éventuel choc tarifaire, on
souligne que la révision aux cinq ans des tarifs d'électricité justement
fait le contraire et ouvre la porte à
un choc tarifaire beaucoup plus important que la révision annuelle de ces mêmes tarifs. Mme la Présidente, c'est mal parti, très mal parti. Regardons donc de plus près
ces critiques.
Le gouvernement prétend que le projet de loi n° 34 opère un remboursement de 1,5 milliard de trop-perçus
d'Hydro-Québec. Or, il ne suffit que de lire l'ensemble des
mémoires présentés en commission
parlementaire et de faire une brève
revue de presse pour comprendre que les divers groupes ont une interprétation
radicalement différente du projet
de loi que celle mise de l'avant par le ministre et le gouvernement.
Je tenais vraiment à rapporter, parce que j'ai
eu l'occasion de lire ces mémoires et de voir les débats et les discussions, et c'est frappant... C'est frappant, les
critiques, et c'est important, dans un contexte où on peut nous critiquer
d'être tout simplement partisans,
d'amener la voix des experts et de ceux qui ont pris la peine de venir en commission parlementaire pour s'exprimer,
de transmettre leurs mots et leurs critiques ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est catégorique dans son mémoire. Elle affirme,
et je cite : «Contrairement à ce
que semblent suggérer les communications d'Hydro-Québec et du gouvernement, le projet de loi n° 34 ne rembourse pas aux Québécois le 1,5 milliard
d'excédents de rendement...» Fin de la citation.
La fédération
nous explique tout d'abord que le versement de 500 millions qui est
prévu en 2020 sera fait à partir de sommes qui appartiennent déjà aux
clients et qui leur auraient été retournées de toute manière sous forme de
baisses tarifaires au cours des deux
ou trois prochaines années. Ainsi donc, on vous redonne ce qu'on vous aurait de toute façon redonné.
Ensuite, le
bénéfice additionnel de 1 milliard
de dollars pour les clients, bénéfice
qui découlerait du gel des tarifs en
2020 et leur indexation à l'inflation pour les quatre années subséquentes,
s'appuie sur une hausse annuelle des tarifs de 1,7 %, ce qui refléterait l'inflation. «Or — toujours selon la fédération, et je cite encore — rien n'est moins certain. Au contraire, plusieurs facteurs portent à
croire que la croissance des tarifs pourrait [bien être] inférieure à
l'inflation. Non seulement est-il possible que le bénéfice de 1 milliard de dollars ne se concrétise pas, [mais] les clients risquent
au contraire de payer davantage que [sous le régime actuel].» Fin de la
citation.
Pire encore,
des analyses réalisées par la FCEI en collaboration avec l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité et Option Consommateurs révèlent que, si un dossier devait être traité
selon le processus habituel devant
la Régie de l'énergie, celui-ci mènerait non pas à une hausse de 1,7 %,
mais plutôt à une baisse des tarifs dès 2020, présentant un avantage économique
de 124 millions par
rapport à ce que propose le projet de loi n° 34. Ces mêmes analyses montrent un avantage économique
de plus de 550 millions sur cinq ans. Qui plus est, Hydro-Québec prévoyait, en 2017, des
hausses de tarifs de l'ordre de 1 % pour les années 2021 à 2023. Alors,
soyons clairs, Mme la Présidente, selon les analyses, les tarifs de la CAQ vont coûter aux consommateurs québécois
550 millions plus cher que ceux déterminés chaque année
par la Régie de l'énergie.
Le projet de
loi prévoit une révision des tarifs d'électricité par la régie tous les cinq
ans — j'en
ai déjà parlé — plutôt
qu'annuellement. Le gouvernement prétend que cela viendra simplifier le processus de fixation des tarifs
et éviter des chocs tarifaires. Il y
a lieu de se demander à qui profitera la simplification. Certainement pas aux consommateurs, selon
Option Consommateurs, qui, dans son mémoire, nous indique «que les ménages
québécois sont mieux servis par un organisme
neutre et indépendant qui concilie les intérêts publics et privés et qui fixe,
à la suite d'un processus objectif et rigoureux, les tarifs et
conditions du distributeur».
Qui plus est, pour ce qui est d'éviter un choc
tarifaire, il y a lieu de se questionner sur la possible correction des tarifs
après cinq ans. La méthode proposée par le gouvernement ne protège pas en soi
les citoyens contre un choc tarifaire et ne fait que possiblement le reporter.
Mme la
Présidente, un autre aspect qui dérange beaucoup évidemment, je pense que
beaucoup en ont parlé, du projet de loi, qui a attiré, donc, beaucoup de
critiques, est le voile d'opacité qu'il jette sur la détermination des tarifs
d'électricité et sur Hydro-Québec. Comme tous les Québécois, je suis très fière
d'Hydro-Québec, qui est un symbole de notre
réussite collective et de notre savoir-faire. Mais je suis aussi consciente
qu'il s'agit d'un monopole et qu'en ce sens il faut être très vigilant afin de
pallier aux effets qu'entraîne l'absence de concurrence. Alors que nous sommes
dans une ère d'amélioration continue en
matière de transparence, il est inexplicable que des mécanismes de redditions
de compte en place depuis des décennies soient abandonnés sans aucune
justification valable.
Si le projet de loi est
adopté tel quel, les reculs en matière de transparence seront nombreux. Un, la
Régie de l'énergie ne pourrait plus exiger
d'Hydro-Québec toute information autre que celle déjà définie dans le projet de
loi n° 34. Deux, Hydro-Québec serait libérée de son
obligation de produire certains résultats financiers exigés jusqu'ici par la
régie. Trois, les objectifs de qualité de service imposés par la Régie
de l'énergie à Hydro-Québec seraient abolis, retirant à Hydro-Québec l'incitatif financier à maintenir ou à améliorer la qualité
de son service à la clientèle. Quatre, il n'y aurait plus de surveillance des programmes commerciaux
d'Hydro-Québec par la régie, comme par exemple les programmes d'incitatifs financiers pour l'efficacité
énergétique. Finalement, les projets d'investissement d'Hydro-Québec ne
seraient plus surveillés par la régie, alors qu'ils ont pourtant un
impact sur les tarifs pendant des décennies.
Mais le comble, Mme la Présidente, c'est que,
dans le cadre d'un projet de loi qui vise le remboursement des trop-perçus, on vient éliminer non seulement le
mécanisme pour empêcher l'accumulation de trop-perçus, mais on vient aussi
supprimer la capacité des citoyens et des groupes de défense du consommateur
d'en prendre conscience parce qu'Hydro-Québec
n'aura plus à les révéler. C'est ce qu'a dit Jean-François Blain, analyste en
énergie pour l'Union des consommateurs,
et je le cite : «On ne pourra plus les détecter puisqu'ils seront à
l'intérieur d'une boîte noire.» Je répète, «boîte noire», parce que je trouve que cette citation explique
exactement le sentiment qu'ont tous ceux qui ont analysé ce projet de
loi, et évidemment notre parti aussi, ceux qui ont eu à se prononcer.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, à ce point-ci, je
me dois de vous demander si vous avez terminé votre intervention.
Mme Weil : Je n'ai pas
terminé. Alors, je pourrais...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, compte tenu de
l'heure, je vais vous demander de reprendre votre intervention lorsque
ce débat sera ramené ici en Chambre.
Ajournement
Et j'ajourne maintenant nos travaux au jeudi
3 octobre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)