(Treize heures quarante et une
minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon mardi à toutes et tous. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et,
pour la première déclaration, je
cède la parole à M. le député de La Prairie.
Souligner le 10e
anniversaire de l'organisme
La Café Liberté 50 de Saint-Philippe
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais souligner aujourd'hui l'apport d'un organisme de mon
comté, qui fête cette année ses 10 ans d'existence. Le Café
Liberté 50 de Saint-Philippe a été fondé par MM. Maurice Bisson et Gilles Tardif, avec le
but de rassembler et de divertir les personnes âgées de 50 ans et plus en
leur offrant des activités et des sorties.
En fait, le café a commencé avec une vingtaine de membres, compte maintenant plus de 200 membres, et est tellement populaire à
Saint-Philippe, dans mon comté, qu'on va chercher maintenant
des membres de d'autres municipalités. Et je pense que c'est vraiment à saluer, que ce soit
pour des activités d'épluchette de blé d'Inde, des soirées thématiques, des sorties, des danses, mais aussi pour briser
l'isolement des gens, et je pense que ça, c'est vraiment un fait à noter.
Il y a
plusieurs membres du café qui sont
ici aujourd'hui, et j'aimerais... Merci de vous lever... de vous saluer et de vous remercier.
Je vous souhaite un bon 10e anniversaire, et continuez votre très bon travail.
Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député, et
nous vous souhaitons la bienvenue à l'Assemblée nationale.
Pour la prochaine déclaration, je reconnais Mme
la députée de Fabre.
Souligner la Journée
internationale des personnes aînées
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci, Mme la Présidente. Il y a 28 ans, le 1er
octobre 1991, l'Assemblée générale des Nations unies désignait le 1er octobre comme la Journée internationale des
personnes âgées. Par ce geste, l'assemblée reconnaissait ainsi la
contribution des aînés dans la société. Je pense aux aînés de mon comté, aux
aînés du Québec. Cette journée est
l'occasion, pour nous, de passer du temps avec eux, briser leur solitude et
leur dire merci. Que ce 1er octobre nous rappelle d'aller rendre visite à un aîné, un parent, un membre de la
famille, un ami, un voisin ou même un collègue de travail. Ayons une pensée spéciale pour eux, nos
aînés actifs, aussi pour eux qui ont une santé fragile. En cette journée
internationale, ensemble, aimons et célébrons nos aînés. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Fabre. Maintenant, je cède la parole à M.
le député de Borduas.
Souligner le 20e
anniversaire du service de garde Les Petits Dyno-Denis
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi aujourd'hui de souligner les 20 ans des Petits Dyno-Denis, une des installations du CPE des
Frimousses de la Vallée, située à Saint-Denis-sur-Richelieu. D'ailleurs,
plusieurs personnes sont avec nous aujourd'hui dans les tribunes.
Mme la
Présidente, si l'expertise et la qualité des services offerts dans cette
installation rayonnent bien au-delà de
la région, c'est en grande partie grâce à l'implication et au dévouement
exceptionnels de Mmes Véronique St-Germain et Nadia Chicoine. Ces deux
femmes font partie intégrante des Petits Dyno-Denis depuis le commencement, et
leur engagement n'a aucunement diminué au
cours des 20 dernières années. De par leur créativité, leur souhait de
constamment se renouveler et de par
leur volonté de mettre en place des projets porteurs, elles font bien plus que
de s'occuper d'un service de
garde : elles ont créé un véritable milieu qui prépare les enfants de
Saint-Denis-sur-Richelieu à l'école, certes, mais aussi à la vie.
Mme Chicoine, Mme St-Germain, merci pour ces 20
ans d'engagement, et bon 20e anniversaire au CPE des Petits Dyno-Denis! Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Nous vous souhaitons la bienvenue, mesdames, à l'Assemblée nationale.
M. le député de
Nelligan, à vous de faire votre déclaration.
Souligner
le 20e anniversaire de la Salle Pauline-Julien
M.
Monsef Derraji
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Le 21 septembre avait lieu l'inauguration de la 20e
saison de la Salle Pauline-Julien avec la représentation de La Renarde, sur
les traces de Pauline Julien. C'est lors de cette soirée d'envergure que le public a pu apprécier, pour la
toute première fois, les rénovations de la salle avec de nouveaux bancs.
Fondée
en 1999, la Salle Pauline-Julien est un lieu de diffusion à mission francophone
ouvert sur le monde et ses différentes cultures, s'adressant à un large
public de spectateurs. L'offre culturelle professionnelle a doublé, et la Salle Pauline-Julien est aujourd'hui considérée
comme un lieu culturel de haut niveau pour notre communauté, qui a de
quoi être fière de sa salle de spectacle.
Modèle
d'inspiration citoyenne, ce sont aussi plus de 100 bénévoles qui
contribuent activement au rayonnement de
la salle. C'est grâce au travail d'une équipe passionnée, dévouée et
expérimentée menée par Mme Dorion, directrice générale et artistique, que cette salle est devenue un
joyau culturel au coeur de Nelligan.
Bonne 20e saison
et longue vie à la Salle Pauline-Julien!
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous
remercie, M. le député de Nelligan. Et maintenant je reconnais M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Remercier
les électeurs de la circonscription de Rivière-du-Loup—Τémiscouata
pour leur confiance envers leur député
M. Denis
Tardif
M. Tardif : Merci,
Mme la Présidente. Alors, quand j'ai
été élu, le 1er octobre dernier, député
de la circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata, je me suis retrouvé sur le terrain près du vécu quotidien des citoyens
et des citoyennes. Après
un an de mandat, je remercie encore la population de ma circonscription pour leur confiance manifestée à mon égard et envers l'équipe gouvernementale. Ce soutien de
la population, je le sens, entre autres, avec les gens.
Je le sens lors des rencontres avec
les organismes, les entreprises et les conseils municipaux. Les citoyens
et les citoyennes veulent que les choses bougent au Québec,
et nous bougeons pour le mieux-être de ceux-ci.
Ce n'est pas un
travail au sens habituel du terme qu'être député. C'est un privilège qui nous
est donné pour représenter la population à l'Assemblée nationale. Gens du
Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les
Basques, merci de votre confiance. Et mon équipe et moi, nous sommes au coeur
de nos priorités. Merci et à bientôt.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député. Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée de
Saint-Hyacinthe.
Souligner
le leadership de la ville de Saint-Hyacinthe en
matière de préservation du patrimoine religieux
Mme Chantal
Soucy
Mme Soucy :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souligne le leadership exemplaire de la
ville de Saint-Hyacinthe dans la
préservation de son patrimoine religieux.
Le
Journal de Montréal titrait, cet été, Nos églises s'en vont chez le
diable. À Saint-Hyacinthe, c'est tout le contraire. Les exemples de
sauvegarde du patrimoine religieux s'enchaînent depuis plusieurs années avec
les acquisitions du couvent de la Métairie, maintenant transformé en centre
culturel, du monastère et de la chapelle du Précieux-Sang pour y loger le centre d'histoire et les archives de
Saint-Hyacinthe, de même que l'orgue Casavant, Opus 9, récemment restauré, de l'église Notre-Dame-du-Rosaire pour y
installer le musée d'art contemporain et du patrimoine régional, et du boisé du
séminaire pour en faire un parc municipal. Saint-Hyacinthe est devenue un
modèle pour tout le Québec. Le journal La Presse l'a même
surnommée La ville bénie de la préservation.
Bravo à la ville de
Saint-Hyacinthe et longue vie au patrimoine religieux! Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Et maintenant
je cède la parole à Mme la députée de Prévost.
Souligner
la Journée internationale des personnes aînées
Mme
Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Mme la Présidente, en ce 1er octobre,
soulignons la Journée internationale des aînés, qui se déroule sous la
thématique Des chemins de vie à parcourir.
L'autonomie des personnes âgées, leur
participation à la vie sociale, économique et politique sont des éléments
cruciaux pour garantir leur inclusion et réduire les inégalités.
En
cette Journée internationale des aînés, j'invite les Québécoises et les
Québécois à poser des gestes de solidarité intergénérationnels, à lutter contre les stéréotypes et à mettre des
efforts pour créer des environnements inclusifs à tous les âges. Il est important de répondre au désir
légitime des aînés de demeurer actifs et autonomes dans leur communauté
le plus longtemps possible. Un changement
majeur dans notre société à l'égard des personnes aînées est primordial pour
faire du Québec un endroit où il fait bon vieillir. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Prévost. Et la prochaine déclaration sera celle de
M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner
le 150e anniversaire de la municipalité de Baie-des-Sables
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, c'est avec plaisir que je tiens à
souligner le 150e anniversaire de la municipalité de Baie-des-Sables, celle de mes origines
paternelles. La municipalité portait, à l'époque, le nom de canton de McNider,
en l'honneur de Mathew McNider, propriétaire de la seigneurie de Mitis. Et les
premiers colons écossais à s'y établir dénommaient
plutôt la localité sous le nom de Sandy Bay, désignation officielle lors de la
construction de la municipalité en 1859. C'est seulement sous les pressions de
groupes de jeunes francophones militants, incluant mon grand-père, que
les autorités municipales ont accepté la francisation de leur toponyme en 1932.
Située
le long du fleuve Saint-Laurent, la municipalité possède un attrait touristique
indéniable. Entre autres, les fervents
amateurs de randonnée pédestre ou de ski de fond peuvent contempler un paysage
incroyable autant sur les vallons du territoire que sur le fleuve. À
noter également la présence de la Fromagerie du littoral pour déguster de
succulents fromages fermiers dans un décor chaleureux.
En
juillet dernier, après quatre ans de préparatifs, le comité du 150e a présenté
une semaine complète d'activités festives
et commémoratives, et ce, au grand plaisir de tous. Une grande réussite! À tous
les Baie-des-Sabliens et toutes les
Baies-des-Sabliennes, à mon tour maintenant de vous souhaiter un excellent 150e anniversaire.
Merci, Mme la Présidente.
• (13 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député. Et
la prochaine déclaration sera celle de M. le député de Bourget.
Souligner
le 20e anniversaire des Services communautaires Cyprès
M.
Richard Campeau
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner aujourd'hui le
20e anniversaire des Services communautaires
Cyprès, qui oeuvre dans l'est de Montréal. Cet organisme vise à venir en aide
aux gens qui vivent avec des problèmes de santé mentale et qui désirent
obtenir du soutien au quotidien pour améliorer leur qualité de vie.
De
nombreux travailleurs offrent un
suivi dans leur milieu de vie et favorisent le développement de nombreux
aspects de la vie quotidienne. Cette
démarche favorise également un suivi individuel et personnalisé selon les
capacités des individus concernés.
Cyprès offre aussi un programme de sensibilisation au grand public, aux
entreprises et aux groupes communautaires sur la santé mentale. La santé
mentale est un enjeu important dans l'est de Montréal, et ce type de
ressource est nécessaire pour assurer le bon suivi des bénéficiaires.
Joyeux
anniversaire au Cyprès! Félicitations à ceux qui font du Cyprès une ressource irremplaçable.
Salutations particulières à M. Mario
Blais et son équipe ainsi qu'aux membres du conseil d'administration.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député. Et maintenant,
pour clore cette rubrique de déclarations de députés, je cède la parole
à Mme la députée d'Argenteuil.
Rendre
hommage à Mme Monique Filion
pour son parcours de vie inspirant
Mme Agnès
Grondin
Mme
Grondin : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je dédie ma
déclaration à une femme remarquable, une femme généreuse, solide,
élégante, qui a toujours démontré sa capacité d'adaptation, son ouverture sur
le monde, une femme fière, une femme libre,
une femme qui, depuis toujours, laisse traîner à ses côtés au moins trois livres
qu'elle lit en parallèle, un de philosophie, un d'histoire et un roman, une
femme curieuse, douée, sensible, qui adore débattre de sujets
d'actualité touchant la science, la technologie ou la politique, notamment avec
ses petits-enfants.
Puisqu'aujourd'hui
est le jour de mon anniversaire, je me fais un cadeau en rendant hommage à
cette grande dame qui m'a toujours
confortée dans mes choix, Monique Filion, ma mère. C'est grâce à toi que j'ai
l'honneur de représenter notre belle région à l'Assemblée nationale.
Merci, maman. Je t'aime tendrement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée.
Ceci met fin à la
rubrique des déclarations de députés, et je suspends nos travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 13 h 53)
(Reprise à 14 h 2)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, bonjour. C'est avec tristesse que nous avons appris le
décès de M. Michel Létourneau, député d'Ungava de 1994 à 2007, et de
M. Antoine Drolet, député de Portneuf de 1970 à 1973. Nous
allons nous recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière pour
leurs familles et leurs proches.
Je vous remercie. Veuillez
vous asseoir.
Présence du consul général de France à Québec, M.
Frédéric Sanchez
Mmes
et MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, du consul général de France à Québec, M. Frédéric Sanchez, à
l'occasion de sa visite de prise de poste. Bienvenue.
Nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À
la rubrique Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je vous demande d'appeler
l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 40
Le Président : À
l'article a du feuilleton, M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur présente le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. M. le ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien,
M. le Président. Il me fait donc plaisir de déposer le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Ce
projet de loi vise principalement à revoir l'organisation et la gouvernance des
commissions scolaires, qui deviennent des
centres de services scolaires administrés par un conseil d'administration
composé de parents, de représentants de la communauté et de membres de
leur personnel.
Le projet de loi établit des processus
électoraux distincts pour l'élection des membres parents d'un élève et des
membres représentants de la communauté au
conseil d'administration, selon que le centre de services scolaire soit
francophone ou anglophone. Pour les
centres de services scolaires francophones, ces membres sont élus par les
parents et les élèves siégeant à ce
titre, selon le cas, aux conseils d'établissement des écoles, des centres de
formation professionnelle et des centres
d'éducation des adultes, alors que, pour les centres de services scolaires
anglophones, ces membres sont élus au suffrage
universel. Le projet de loi établit le processus applicable pour l'élection des
membres du conseil d'administration des
centres de services scolaires francophones dans la Loi sur l'instruction
publique et il modifie la Loi sur les élections scolaires afin d'y prévoir le processus applicable aux membres des
conseils d'administration des centres de services scolaires anglophones.
Le projet de loi modifie la
composition des conseils d'établissement des écoles ainsi que certaines de
leurs fonctions, prévoit la création
d'un comité d'engagement pour la réussite des élèves et révise certaines
fonctions du comité de parents et du comité de répartition des
ressources.
Le projet de loi impose aux membres des conseils d'administration et des conseils d'établissement l'obligation de suivre une formation
élaborée par le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
En
ce qui concerne le cadre déontologique, le projet de loi prévoit que le conseil
d'administration d'un centre de services
scolaire anglophone doit se doter d'un code d'éthique et de déontologie
applicable à certaines catégories de ses membres. Les normes d'éthique et de déontologie applicables aux membres
des conseils d'administration des centres de services scolaires francophones et aux membres représentant le personnel
des centres de services scolaires anglophones sont plutôt déterminées
par un règlement du ministre.
Le projet de loi
permet notamment au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
d'imposer des regroupements de services et de déterminer des objectifs ou des
cibles portant sur l'administration, l'organisation ou le fonctionnement d'un ou de l'ensemble des centres de services
scolaires, d'obtenir plus aisément les résultats des élèves aux épreuves qu'il impose au primaire et au
secondaire et de communiquer avec les employés des centres de services
scolaires et les parents du réseau scolaire.
Le projet de
loi contient également diverses mesures dont notamment l'abolition du comité
des affaires religieuses, le retrait
de certaines mentions dans la Loi sur l'instruction publique liées au
cheminement spirituel, l'obligation pour un centre
de services scolaire d'obtenir l'autorisation du ministre pour acquérir un
immeuble, un droit de péremption en faveur
des centres de services scolaires, un pouvoir octroyé aux centres de services
scolaires de suspendre le paiement de
taxes en cas de sinistre et une simplification des démarches d'inscription des
élèves dans un autre centre de services scolaire que celui du territoire
de résidence.
Enfin, le projet de loi comporte diverses
dispositions transitoires et de concordance.
(Applaudissements)
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. En premier lieu, vous me permettrez de souligner un fait. Un article
de Radio-Canada, sous la plume de Mathieu Dion, publié à
4 h 6, ce matin, sur le site de Radio-Canada, est intitulé Voici
comment les commissions
scolaires seront transformées, et inclut plusieurs détails. Nous
allons, M. le Président, prendre le temps de lire le projet de loi et de vérifier jusqu'à quel point auront été respectés nos droits de parlementaire d'être les premiers mis au fait de ce que l'article nous propose de
lire, à savoir les détails du projet
de loi. Et nous aurons l'occasion,
le cas échéant, sous réserve — c'est le droit que nous protégeons — de vous revenir après analyse, mais il y a d'ores et
déjà un questionnement quant au respect ou non de ce qui est un principe clairement
établi, la prérogative et la souveraineté
parlementaires.
Alors, sous
réserve de ce que je viens de vous préciser, M. le Président, il est d'usage,
et vous me permettrez, de demander au leader du gouvernement, puisqu'il s'agit
d'un projet de loi important, qui touche à la démocratie notamment, de
nous confirmer qu'il y aura tenue de commission parlementaire avec une
consultation de type élargi.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bon, M. le
Président, pour la deuxième partie de l'intervention du leader de l'opposition
officielle, je peux confirmer qu'il y aura des consultations particulières.
Pour la
première partie de son intervention, je l'invite à faire ses représentations au
moment approprié, à la rubrique appropriée
de notre règlement. Alors, M. le Président, on va attendre ses autres
commentaires, au leader de l'opposition officielle.
Mise
aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
• (14 h 10) •
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le premier
ministre.
Rapport
annuel du ministère du Conseil exécutif
M.
Legault : Oui. M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère du Conseil exécutif.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Sécurité publique.
Rapports
annuels du ministère de la Sécurité publique,
de la Sûreté du Québec et du Bureau du coroner
Mme
Guilbault : Merci, M. le
Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du ministère
de la Sécurité publique ainsi que les rapports annuels 2018-2019 de
la Sûreté du Québec et du Bureau du coroner.
Le Président : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports
annuels de l'Institut de cardiologie de Montréal, de certains
CISSS, du CRSSS—Baie-James,
de certains CIUSSS, de
l'Institut Philippe-Pinel de Montréal et du CUSM
Mme
McCann : Merci, M. le Président. Alors, je dépose les rapports annuels
de gestion 2018-2019 de l'Institut de cardiologie de Montréal, des centres intégrés de santé et de services
sociaux des Îles, de Lanaudière, de la Montérégie-Est, des Laurentides, du Centre régional de santé et de
services sociaux de la Baie-James, des centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux de l'Estrie-Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke, du Saguenay—Lac-Saint-Jean, du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, du
Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal, de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de
l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel et du Centre
universitaire de santé McGill.
Rapports sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes de l'Institut de
cardiologie de Montréal, de certains CISSS, du CRSSS—Baie-James, de certains
CIUSSS, du CUSM, du CHUM et de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal
Je
dépose également les rapports annuels 2018-2019 de l'application de la
procédure d'examen des plaintes et l'amélioration de la qualité des
services de l'Institut de cardiologie de Montréal, des CISSS des Îles, de
Lanaudière, de Chaudière-Appalaches, de
Montérégie-Ouest, des Laurentides, du Centre régional de santé et de services
sociaux de la Baie-James, des CIUSSS
de l'Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, et du
Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, de
la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et du Centre universitaire de santé McGill,
les rapports annuels 2018-2019 du commissaire
local aux plaintes et à la qualité des services du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal et de l'Institut national de psychiatrie légale
Philippe-Pinel, ainsi que le rapport annuel 2018-2019 sur l'application du
régime d'examen des plaintes et de
l'amélioration de la qualité des services du Centre intégré de santé et de
services sociaux de la Montérégie-Est.
Rapports annuels sur l'application du chapitre II de la Loi
visant à lutter contre la
maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation
de vulnérabilité, et sur l'Entente-cadre nationale et déploiement des
processus d'intervention concertés pour lutter contre la
maltraitance envers les personnes aînées
Enfin,
je dépose les rapports annuels 2018-2019 de la Loi visant à lutter contre
la maltraitance envers les aînés et
toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité,
chapitre II — Politique
de lutte contre la maltraitance, et de l'Entente-cadre
nationale et déploiement des processus d'intervention concertés pour lutter
contre la maltraitance envers les personnes aînées. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
Rapport annuel du ministère de l'Économie et de
l'Innovation
M.
Fitzgibbon : M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère de l'Économie et de l'Innovation.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre des Finances.
Rapports annuels du ministère des Finances et
de l'Autorité des marchés financiers
M.
Girard (Groulx) : M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère des Finances ainsi que le rapport
annuel 2018-2019 de l'Autorité des marchés financiers. Merci, M. le
Président.
Le
Président : Ces documents sont déposés. M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil
du trésor.
Rapport annuel du Secrétariat du Conseil du trésor
M.
Dubé : Alors, M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du Secrétariat du Conseil du trésor. Merci.
Le
Président : Ce document est déposé. M. le ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration et ministre
responsable de la Langue française.
Rapports annuels du ministère de l'Immigration, de la
Francisation
et de l'Intégration, et de l'Office québécois de la langue
française et de la Commission de toponymie
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration ainsi que
le rapport annuel de gestion 2018-2019 de l'Office québécois de la langue
française et de la Commission de toponymie.
Le Président :
Ces documents sont déposés. Mme la ministre de la Justice.
Rapport annuel du Tribunal
administratif du Québec
Mme
LeBel : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du Tribunal administratif du Québec.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Rapports annuels du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries
et de l'Alimentation, et de la Commission de
protection du territoire agricole
M.
Lamontagne : M. le Président, je dépose les rapports annuels de
gestion 2018-2019 du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et de la Commission de protection du territoire agricole du
Québec.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre des Transports.
Rapport annuel du ministère des Transports
M.
Bonnardel : M. le Président, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère des Transports.
Le Président :
Ce document est également déposé. M. le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles.
Rapport annuel du ministère de l'Énergie
et des Ressources naturelles
M. Julien :
Oui, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Rapports annuels du ministère des Forêts, de la Faune
et des Parcs, et du Forestier en chef
M. Dufour :
M. le Président, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du
ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ainsi que le rapport
d'activité 2018-2019 du Forestier en chef. Merci, M. le Président.
Le
Président : Ces documents sont déposés. M. le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Rapport annuel du Tribunal administratif du travail
M. Boulet :
M. le Président, je dépose le rapport annuel 2018-2019 du Tribunal
administratif du travail. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre de la Culture et des Communications.
Rapports annuels du Conseil du patrimoine culturel, du
Musée d'art contemporain de
Montréal, du Musée de la civilisation, du Musée national des beaux-arts du
Québec,
du Conseil des arts et des lettres et ses appendices, et de la Société de
développement des entreprises culturelles
Mme Roy :
Merci, M. le Président. Alors, je dépose les rapports annuels 2018-2019 du
conseil du patrimoine du Québec, du Musée d'art contemporain de Montréal, du Musée de la
civilisation, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Conseil des arts
et des lettres du Québec et son appendice ainsi que de la Société de
développement des entreprises culturelles. Merci, M. le Président.
Le
Président : Ces documents sont déposés. M. leader du
gouvernement.
Rapport annuel du ministère de
l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Je dépose, au nom
de mon collègue le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques, le rapport annuel de gestion 2018-2019 du
ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques.
Réponses à des pétitions
Et,
M. le Président, je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions
présentées en Chambre le 30 mai par les députés de Soulanges, Repentigny et de
Chauveau, le 3 juin par le député de Laurier-Dorion et le 5 juin par
la députée de Sherbrooke.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Rapport annuel d'Élections Québec et de la Commission
de la représentation électorale
Pour
ma part, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019
d'Élections Québec et de la Commission de la représentation électorale.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
J'ai
reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition
conformément à l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce
préavis.
Il n'y a pas dépôt de rapports de
commissions ni dépôt de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la
période de questions et de réponses orales. Je cède la parole au chef de
l'opposition officielle.
Stratégie gouvernementale en matière
d'éducation
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le
Président, ça fait maintenant un an que le gouvernement caquiste est au
pouvoir. Ça fait un an que
le premier ministre fait des choix, et je pense qu'ils sont assez révélateurs.
Que ce soit en santé, que ce soit la question de la pénurie de main-d'oeuvre ou encore dans l'important dossier de
l'environnement, rien ne s'est vraiment amélioré.
Mais
c'est dans... le dossier des maternelles quatre ans qui illustre le mieux la
première année de la Coalition avenir Québec, parce que, c'est ça, M. le Président, le
plus triste, les maternelles quatre ans, ça peut être un bon outil, mais la CAQ est en train de rater complètement le bateau en imposant du mur-à-mur,
et ça, coûte que coûte. Pendant ce temps-là, ce sont les services aux élèves qui écopent. La rentrée
scolaire de nos enfants a été une catastrophe cette année. Ça ne fait aucun
sens que des remplaçants remplacent des
remplaçants, et ça, c'est quand les élèves ont une classe et une école. M. le
Président, ce sont les citoyens du
Québec qui sont pénalisés. Ce que je demande aujourd'hui au premier ministre,
c'est d'utiliser son gros bon sens,
d'investir tous ses efforts et l'argent des contribuables aux bonnes places, et
non dans des corridors à 2 millions, comme il nous l'a dit la
semaine dernière. Le premier ministre doit revoir ses priorités, faire un plan.
Est-ce qu'il
peut s'engager auprès des parents à ce que leurs enfants aient, comme ils le
méritent, une école, une classe et un professeur?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, là où je suis d'accord avec le chef de l'opposition
officielle, c'est qu'il y a eu des gros
problèmes de planification au cours des dernières années concernant les
enseignants qu'on a besoin, concernant les classes qu'on a besoin. Le ministre de l'Éducation est en train de
s'assurer que, graduellement, on va être capable de mettre en place toutes les classes qu'on a besoin, qu'on
va s'assurer d'avoir tous les enseignants qu'on a besoin. Ce n'est pas simple, ça prend quatre années d'université pour
avoir un enseignant diplômé. Donc, on ne peut pas réparer en quelques mois le dégât qui a été laissé par le gouvernement
libéral. Mais, M. le Président, je peux vous assurer qu'on fait tout ce qu'il
est possible de faire pour que tous les
enfants aient une classe, tous les enfants aient un enseignant et ajouter, là
où c'est possible de le faire, des maternelles quatre ans pour permettre
à plus d'enfants de réussir.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Arcand
M. Arcand : M. le Président,
le premier ministre l'a vu hier, tout ce qu'il fait actuellement, c'est de
transférer des enfants d'un programme
en CPE à un programme à l'école. Même les intervenantes en petite enfance n'en
revenaient pas. Elles ont dit hier : On n'en voit plus, de
complémentarité. Le premier ministre a la lubie de remplir une promesse
électorale.
M. le Président, le premier ministre
est comptable. Qu'est-ce qui est plus rentable selon lui : investir des
millions pour l'ajout des corridors ou bonifier les services offerts à
nos jeunes?
• (14 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, malheureusement, le Québec a un taux de diplomation qui est
plus bas que celui de nos voisins. Il
y a actuellement 27 % des enfants qui ont des difficultés d'apprentissage.
La majorité ont le potentiel de
réussir, mais la majorité ne réussit pas. Pour réussir, il faut agir tôt. Ça
veut dire qu'il faut dépister le problème plus jeune, il faut commencer à donner des services plus jeunes. C'est pour
ça qu'on a ajouté des orthophonistes. Puis, oui, ça prend des enseignants idéalement pour aider ces enfants dès l'âge de
quatre ans. C'est ce qu'on est capables... C'est ce qu'on est en train de faire, puis je pense qu'on va voir
dans les prochaines années des améliorations grâce...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...aux gestes qu'on pose pour nos enfants.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le
Président, des enfants n'ont pas de
classe actuellement, d'autres n'ont pas de professeur, et des parents paient présentement jusqu'à
1 500 $ pour les lunchs, pour que leurs enfants dînent à l'école. Et,
au même moment, le premier ministre flambe des millions durement gagnés par les Québécois
sur une promesse qui est totalement
irréaliste.
Pourquoi
le premier ministre ne répond-il pas aux besoins des familles qui lui
demandent de l'aide plutôt que de financer une telle folie
bureaucratique?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M.
le Président, une classe de maternelle quatre ans ne coûte pas plus cher
qu'une classe de maternelle cinq ans
ou qu'une classe de première année. Et, contrairement à ce que dit le chef de
l'opposition officielle, il n'est pas question
de faire passer avant les besoins des classes actuelles les maternelles quatre
ans. Par contre, là où c'est possible de
le faire, pour améliorer les services qu'on donne aux enfants, on ajoute des
maternelles quatre ans. Je suis convaincu que ça va aider plus d'enfants
à réussir. Ça devrait être un objectif que tout le monde a ici, dans cette
Chambre.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
M. le Président, le premier ministre aime ça, les sondages. Alors, en fin de
semaine, une majorité de Québécois ont envoyé un signal clair contre le
mur-à-mur de la CAQ. Les maternelles quatre ans doivent être une plus-value, un outil de plus pour la société, pas
une obsession, pas un écran de fumée. Vous devez vous assurer que tous nos
enfants ont une école, une classe, un professeur, parce que c'est ça, l'égalité
des chances.
Pourquoi rejetez-vous
le gros bon sens?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, actuellement, il y a seulement 10 % des enfants qui ont
quatre ans qui ont accès à la
maternelle quatre ans. Pourtant, on le voyait dans le sondage en fin de
semaine, il y a déjà 38 % des parents qui voudraient envoyer leurs enfants dans une maternelle quatre
ans. M. le Président, contrairement au Parti libéral, nous, on va faire de
l'éducation la priorité au Québec.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Impact de l'implantation
de la maternelle quatre ans sur les services de garde
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : En tout cas, pour
que ce soit la priorité, encore faut-il que vous remédiiez au gros problème de
planification que vous avez créé en n'ayant aucun plan de déploiement pour les
maternelles quatre ans.
M.
le Président, ça fait un an qu'eux autres parlent d'urgence pour rejoindre
environ 20 000 enfants qui ne sont dans aucun service de garde, subventionné ou non subventionné, qui ne
sont dans aucun CPE. Qu'est-ce qu'ils ont fait concrètement pour rejoindre ces 20 000 enfants? Ça se résume
en un mot : rien. Puis c'est sans surprise qu'on a appris
qu'effectivement 70 % des enfants qui ont intégré la maternelle quatre ans
proviennent des services de garde.
Alors, c'est
quoi, le plan, maintenant, pour véritablement atteindre l'objectif puis
rejoindre ces 20 000 enfants? Parlez-moi pas des inscrits, vous avez manqué votre cible cette année.
Mais, pour 2020, c'est quoi, votre plan pour rejoindre ceux qui n'ont
aucun service?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Alors, M. le Président, ma collègue se base sur des chiffres
qui sont parcellaires, qui viennent d'on ne sait où. Est-ce une source fiable? On va le savoir dans les
prochaines semaines. Mais une chose est certaine, quand on déploie l'offre, les enfants y trouvent leur
compte, puis les familles inscrivent leurs enfants. Il y a plusieurs endroits
où on a refusé des demandes d'inscription.
Parce que les parents croient dans ce service-là, à raison, ils savent que
c'est un excellent service.
Ma collègue est toujours obsédée dans cette idée
d'opposer les bonnes idées. Si un enfant va en maternelle quatre ans, pour elle, c'est terrible, ça pénalise
les CPE. Ne voit-elle pas que, si un parent choisit la maternelle quatre ans,
parce qu'on lui offre cette option d'un service de grande qualité, et que s'il
était à la maison, bien, voilà une offre exceptionnelle? S'il était en CPE,
bien, on vient de libérer une place. Ce n'est pas compliqué. Si le parent
était...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M.
Roberge : ...avait une place
en CPE et qu'il choisit, «il choisit»... Je sais que vous ne voulez pas la
liberté de choix, mais nous, on est
pour ça. Si les parents choisissent la maternelle quatre ans, eh bien,
ça vient faire une place pour des dizaines de milliers de parents qui
sont dans l'attente. Il n'y a pas de problème là.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la
députée de Saint-Laurent. Vous êtes la seule à avoir la parole.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Le ministre de l'Éducation refuse de répondre à ma question : Qu'est-ce qu'il fait concrètement pour ces enfants qui ont... Il y en a 20 000...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : ...M. le
Président, le ministre de l'Éducation vient de répondre à la question. On ne
peut pas prêter des intentions au ministre de l'Éducation, alors que je l'ai
entendu, j'ai entendu le doux timbre de sa voix, répondre à la question,
M. le Président.
Le Président : Merci. Mme la
députée, continuez votre question, s'il vous plaît.
Mme
Rizqy : Il faut croire que c'est comme le reste, ce n'est jamais
clair. Alors, les 20 000 enfants qui ne sont dans aucun service, c'est quoi, son plan de match
pour essayer de les rejoindre, pour s'assurer d'atteindre l'objectif que
tout le monde partage, aider les enfants qui n'ont aucun service? Alors, c'est
quoi, votre plan?
Parce qu'en
attendant il faut toujours vous faire des dessins : 1,3 million, on
peut avoir un CPE pour 80 enfants, puis, pour le même prix, c'est rendu
des maternelles de classe...
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : M. le Président, selon les données parcellaires qu'elle met
en lumière, elle dit qu'il y aurait à peu près 30 % des enfants qui sont en ce moment en maternelle quatre
ans, puis c'est à valider, mais qui ne viendraient pas du réseau de services de garde éducatifs à l'enfance.
Considérant qu'il y a plus de 7 000 enfants qui ont fait la
maternelle quatre ans, bien,
30 %, ça veut dire plus de 2 000 enfants, avec notre offre de
service, en ce moment... plus de 2 000 enfants qui, l'an passé, n'étaient dans aucun service de
garde éducatif, cette année ont le service exceptionnel avec enseignante,
éducatrice, spécialiste qui sont là, avec un
programme extraordinaire pour les aider à réussir. Et elle n'est pas
satisfaite. Mais qu'est-ce qu'elle voulait pour ces enfants qui
n'avaient pas de service et qui n'en auraient pas...
Le Président : En terminant.
M.
Roberge : ...si on avait eu autant pas d'ambition que vous?
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Les 20 000 enfants qui n'ont pas de service, bien,
c'est des laissés-pour-compte parce que le ministre refuse d'agir. Le ministre, là, nous parle de ces
maternelles quatre ans de luxe, à 1,3 million, qui vont, au fond, juste
déplacer les enfants des CPE vers ces maternelles quatre ans de luxe.
Mais, pendant ce temps-là, pour le même prix, on a une CPE complète avec
80 enfants. Alors, s'il vous plaît, déposez-nous un plan avec comme
objectif d'atteindre les 20 000 enfants qui n'ont aucun service. Eux
autres aussi, ils ont le droit d'avoir un ministre.
Des voix :
...
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation, vous êtes le seul à avoir la parole. On se le
rappelle.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, on vient d'apprendre que, dans la bouche de
ma collègue, la réussite scolaire, c'est un luxe. Ça ne va pas très, très bien. Heureusement, ce n'est pas elle
et eux qui prennent les décisions. Et, depuis des heures, ma collègue, qui essaie de nous faire la leçon
aujourd'hui, se bat contre un article de loi dans le projet de loi sur les
maternelles quatre ans, se bat pour
un article de loi qui vient doubler l'offre de service. Il y a des enfants qui
ont accès à la maternelle quatre ans
à demi-temps. On veut l'offrir à temps plein. Ils font des mesures dilatoires
pour perdre du temps pour qu'on n'adopte pas ce projet de loi là.
C'est...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vais vous demander encore une fois... Et ça démarre bien. C'est le début
de la semaine. Deux instants. Je vais vous demander d'être prudents dans les
propos que vous utilisez. Je veux vous
rappeler le fait qu'on s'adresse à la présidence. Soyez prudents dans le ton,
dans les termes également, que les choses aillent bien et qu'on gagne notre temps à poser des
questions. M. le ministre, vous le savez, le message s'adresse à tous, à
vous aussi.
M.
Roberge : C'est très important
d'adopter cet article de loi et toute la loi pour qu'on puisse déployer le
service à temps plein pour tous.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Impact des pesticides sur
la santé publique et l'environnement
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. La semaine dernière,
lors des consultations sur l'impact des pesticides sur la santé, nous avons entendu des témoignages
bouleversants. Une chercheuse est venue nous raconter avoir fait une fausse
couche après avoir travaillé dans un champ qui venait d'être arrosé avec des
pesticides, alors qu'elle l'ignorait.
Nous avons rencontré M. Giard, un agriculteur, et M. Chouinard, un agronome,
tous deux atteints de la maladie de
Parkinson, qui, aujourd'hui, ne peuvent plus travailler à cause de leur
maladie. Des médecins sont venus rapporter des cas de cancer, de maladies neurodégénératives, des problèmes
d'infertilité, des maladies infantiles. Et savez-vous, M. le Président, ce qui s'ajoute aux drames de ces
personnes? C'est l'incertitude. À l'heure actuelle, ces personnes se demandent
si ce sont les pesticides qui les ont
rendues malades, et, à l'heure actuelle, on ne peut répondre avec certitude. M.
le Président, un moyen simple de
répondre à ces questions cruciales serait de donner accès aux chercheurs à
l'ensemble des données d'utilisation des pesticides.
Alors, ma question
est simple : Est-ce que le gouvernement peut s'engager aujourd'hui à
rendre publiques l'ensemble des données non nominatives sur les pesticides?
• (14 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, je remercie ma collègue pour sa question. Toute la question
de la gestion des pesticides, de l'utilisation des pesticides au Québec, M. le
Président, d'abord,
nous sommes très sensibles à cette question-là et
nous comprenons très bien les préoccupations de la population. J'ai passé, moi, l'été sur le terrain à me
promener aux quatre coins du Québec
pour rencontrer les agriculteurs, rencontrer les agricultrices, rencontrer les
gens qui travaillent dans les réseaux
Agriconseils pour connaître un peu leurs enjeux ou leurs suggestions. Et puis,
suite aux travaux de la semaine
passée, le rapport qui va être fourni par la commission, je peux vous assurer, M. le Président, qu'une multitude d'actions vont être entreprises ou continuées
pour s'assurer de diminuer le risque associé aux pesticides.
Quant
aux données qui peuvent être disponibles, j'ai donné instruction à mon ministère,
pas plus tard que la semaine passée, à la lumière des informations selon
lesquelles il y a des informations dans le passé qui avaient... que le gouvernement précédent avait refusé de remettre à l'institut de santé du Québec,
j'ai donné l'instruction pour s'assurer que toute demande d'information
pour des informations que nous avons colligées, qui sont disponibles...
Le Président : En terminant.
M. Lamontagne : ...leur soient
remises et puis qu'un protocole soit mis en place pour s'assurer que...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Merci pour... le ministre pour sa réponse,
mais j'aimerais ça avoir un petit peu plus de détails là-dessus. Je
comprends que vous répondrez aux demandes.
Ce qu'on vous
demande et ce qui a été demandé par l'ensemble des groupes qui ont été présents
la semaine dernière, leur demande,
elle était claire, c'est de faire comme d'autres endroits l'ont fait dans le
monde, c'est d'avoir un registre, qui
est présentement disponible, qui est présentement... qui n'est pas accessible,
mais qui est disponible, et de le rendre disponible pour l'ensemble des
chercheurs du Québec.
Et donc je
demande simplement que le cadenas soit déverrouillé. C'est un gouvernement qui
se dit transparent, alors qu'il rende les données...
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
M. le Président, il me fait plaisir de répondre à ma collègue parce qu'il y a quelques cadenas, effectivement, qui avaient été
laissés verrouillés par le précédent gouvernement. Et il y en a un, entre
autres, là, dont j'ai trouvé la clé la semaine
passée, c'est les rapports qui avaient été déposés il y a quelques... dans le
passé, en 2016, 2017, qui touchaient
des résidus de pesticides sur les aliments, qui touchaient les résidus de
pesticides sur les produits
biologiques, que le précédent gouvernement, pour une raison qu'on ignore, avait
refusé de rendre publics. Alors, je me suis assuré, M. le Président, de
rendre tous ces documents-là publics.
Et il y a
une demande aussi qui a été faite la semaine passée, de la part de l'INSPQ,
pour avoir accès à des documents...
Le Président : En terminant.
M. Lamontagne :
...que ça leur avait été refusé dans le passé. Je leur ai donné notre plein
support, ils vont avoir toutes les informations qui sont nécessaires.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Le ministre fait encore la démonstration qu'il n'a aucune proactivité. Ça fait
un an qu'il est en place, il faut tout le temps qu'on lui demande quelque chose
pour qu'il le fasse. Il travaille à la pièce.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Montpetit : Donc, ce qu'on
lui demande bien clairement, c'est de nous indiquer qu'il rendra toutes les données disponibles, accessibles, d'ici la fin de
l'année pour tous les chercheurs qui vont vouloir répondre à une question
importante, à savoir : Est-ce que les
pesticides ont un impact ou non sur la santé de la population et sur les
agriculteurs? Et qu'il réponde à la demande que nous avons faite de faire
une étude épidémiologique nationale sur ces questions.
Des voix : ...
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture, vous êtes le seul à avoir la parole. S'il vous plaît! On
évite les commentaires, on écoute attentivement.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
M. le Président, en tout respect, c'est quand même à tout le moins intéressant d'entendre ma collègue me parler de transparence. C'est quand même extraordinaire parce que, M. le Président, les décisions
que j'ai à prendre aujourd'hui, les instructions
que j'ai à donner jusqu'à aujourd'hui, là, c'est toujours des informations qui étaient disponibles, qui avaient été colligées
dans le passé, sous l'ancien gouvernement. Et, pour des raisons qu'on ignore, le gouvernement
libéral précédent avait refusé de rendre ces informations-là disponibles.
Alors, ce
dont je me suis engagé, la semaine passée, M. le Président, tout ce qui
est sous la gouverne du ministère de
l'Agriculture, toute information qui sera colligée dans le futur, qui sera prête à être diffusée, nous
nous engageons à faire tout à fait le contraire de ce qu'ils ont fait...
Le Président : En terminant.
M. Lamontagne : ...c'est-à-dire
les rendre publiques, M. le Président.
Le Président : Question principale...
Des voix : ...
Le
Président : Question
principale, Mme la députée de Mercier. Vous êtes la seule à avoir la parole à ce moment-ci.
Projet
de loi concernant le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : M. le Président,
la CAQ avait promis de mettre le couvercle sur la marmite des trop-perçus d'Hydro-Québec. Maintenant, la marmite est en train de lui exploser entre
les mains. Le gouvernement se vante souvent d'être une coalition, eh bien, là, il est en train de réussir à avoir
toute une coalition contre son projet
de loi. Il réussit à mettre d'accord l'IRIS et les lobbys patronaux,
les groupes de défense des consommateurs et les grands industriels.
Tout un exploit, M. le Président! Les critiques des groupes sont tellement sévères que le règlement
m'empêche de vous les lire. Son projet de loi est un échec monumental.
Deux choix
s'offrent à lui : s'enfoncer encore davantage ou avoir l'humilité
de le retirer. Est-ce que le ministre
de l'Énergie va faire le bon choix?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui, merci, M. le Président. Effectivement, on a eu des consultations il y a maintenant deux semaines, et certains groupes étaient
en accord avec la proposition et certains groupes étaient...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Julien : ...et certains groupes étaient effectivement en désaccord avec le projet
de loi. Nous, on réitère que c'est
un projet
de loi, en réalité, qui est fort
simple, que certains tentent de rendre plus complexe. Ce qu'on dit aux gens,
c'est qu'en 2020 ce sera un gel de
tarif chez Hydro-Québec et, pour les années subséquentes, ça sera
augmenté à l'inflation.
Je réitère,
là, quand je posais la question à tous les groupes qui se sont présentés :
Quel est le risque pour la clientèle, pour le consommateur? Ils
n'avaient pas de réponse parce qu'il n'y en a pas, de risque pour la clientèle,
pour le consommateur, parce que, désormais,
les tarifs seront prévisibles, avec une stabilité dans le temps. On réitère
que, quand on retourne dans
l'historique, 15 ans, 40 ans, cinq ans, la hausse tarifaire chez
Hydro-Québec autorisée par la régie était supérieure à l'inflation. Donc, on donne de la prévisibilité, on donne une stabilité, et, dans
cinq ans, il y aura une cause tarifaire. Donc, il n'y a aucune
responsabilité...
Le Président : En terminant.
M. Julien : ...de perdue par la
régie, il y a une période plus longue, en fin de compte, pour les...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Le ministre nous
dit qu'il veut faire ça simple, il n'arrête pas de nous répéter qu'il veut que l'établissement des tarifs d'Hydro-Québec soit
simple, simple, simple. Je veux bien que ce soit simple, M. le Président,
mais moi, je préfère encore plus que ce soit juste pour tout le monde qui paie
sa facture d'Hydro-Québec.
Est-ce que le ministre va reconnaître que son
projet de loi est tout simplement mauvais et qu'il le retire?
Le
Président : M. le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. M. le Président, j'ai bien entendu aussi certains groupes parler du juste
prix, donc des causes tarifaires qui,
bon an, mal an... 1 500 questions, plusieurs mois de travail pour
arriver à ce qu'ils qualifient de juste prix. À titre d'exemple, en 2014, une hausse de 4,3 %, près de trois fois
l'inflation, et a posteriori, quand les prévisions ne se sont pas
avérées, des écarts de rendement de 160 millions de dollars. Alors, le
juste prix, moi, je ne le vois pas, là.
Nous, ce qu'on dit
aux gens, c'est que, dorénavant la pression va être sur Hydro-Québec.
Hydro-Québec va connaître dorénavant ses revenus et devra ajuster sa
performance du meilleur qu'ils le peuvent. Ça...
Le Président :
En terminant.
M. Julien :
...on transfère le risque, et le risque n'est plus aux consommateurs, il est
chez Hydro-Québec.
Le Président :
Une deuxième complémentaire, Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Quand la CAQ était dans l'opposition, elle se plaignait que les tarifs augmentaient
trop. La vérité, c'est que, si la
Régie de l'énergie n'était pas là et qu'elle ne faisait pas son travail une
fois par année, eh bien, ça aurait été
pire. Avec son projet de loi, le ministre fait sauter le seul barrage qui
contenait les ardeurs d'Hydro-Québec. Les tarifs vont augmenter. Ça, c'est exactement le contraire que de mettre de
l'argent dans les poches des familles, c'est en mettre encore plus.
Est-ce que le
ministre va se rendre à l'évidence et retirer son projet de loi?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
M. le Président, j'entends ce que ma collègue nous mentionne, mais je ne suis
pas d'accord, mais pas du tout.
Historiquement, les hausses tarifaires autorisées par la régie ont été
supérieures à l'inflation, cinq ans, 15 ans, 40 ans, supérieures à l'inflation. On vient
donner une prévisibilité. Et le gel de 2020, c'est un impact de
200 millions, en fin de compte, d'économie par rapport à
l'inflation. C'est ce qu'on va donner à la clientèle. Et finalement c'est ce mécanisme-là de simplification de la tarification,
ce seul mécanisme là, qui permet de retourner le sommaire des écarts de
plus de 500 millions, dès janvier...
Le Président :
En terminant.
M. Julien :
...à l'ensemble de la clientèle. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de Jonquière.
Compétences du Québec en matière d'environnement
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. M. le Président, jeudi dernier, à la veille d'une marche historique pour
le climat, la Cour d'appel a rendu un jugement grave de conséquence pour
l'autonomie du Québec en matière environnementale.
Je
vous rappelle que, le 28 mai, l'Assemblée nationale a adopté ici, à
l'unanimité, une motion à l'effet que tout projet pouvant avoir un impact
environnemental doit être soumis à la loi québécoise sur la qualité de
l'environnement. Or, la Cour d'appel dit exactement le contraire : le port
de Québec n'a pas à obtenir l'autorisation de la part du gouvernement du
Québec.
Résultat,
on a une enclave fédérale où le Québec n'aura pas le dernier mot sur son projet
d'agrandissement. Les impacts
environnementaux, eux, par exemple, ils vont se foutre pas mal de l'enclave fédérale.
En Colombie-Britannique, ils ont
décidé dans la journée même de porter en appel un jugement similaire, puis le
Québec s'est même déclaré intervenant devant la Cour suprême sur ce
dossier.
Est-ce
que le gouvernement peut confirmer s'il portera ce jugement en appel pour faire
respecter les droits de la nation québécoise?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
M. le Président, que ce soit en matière d'environnement ou en toute autre
matière que nous considérons être une
compétence provinciale, le Québec sera de la partie. Pour ce qui est de ce
jugement particulier là, on est en train d'étudier notre position, effectivement.
Mais on est intervenus dans de nombreux dossiers où nous avons fait valoir, effectivement, cette compétence et où on
est convaincus que c'est de notre ressort de pouvoir décider d'une telle
question, M. le Président.
• (14 h 40) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Alors, je comprends qu'on va voir si le gouvernement du Québec va aller en
appel de cette décision, mais ce qui
est le plus troublant, là, c'est que le port de Québec ne se contente pas de
s'extraire des lois québécoises, il cogne
à la porte aussi pour avoir des subventions du gouvernement du Québec pour son
agrandissement. Ça, c'est ce qu'on appelle vouloir le beurre puis
l'argent du beurre.
Est-ce
que le gouvernement du Québec va refuser toute aide financière au port de
Québec tant qu'il ne se soumettra pas aux lois provinciales
d'environnement?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Nous allons étudier cette question-là en temps et lieu, M. le Président, puis
on pourra revenir avec une réponse
quand on aura pris notre décision par rapport à ce dossier-là particulier.
Naturellement, si on décide d'intervenir et qu'on décide de contester
cette décision, on pourra prendre, en termes d'investissement, par la suite les
décisions appropriées, mais on va faire valoir les compétences du Québec à
chaque fois qu'on va pouvoir le faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. Bien, M. le Président, je suis assez étonné parce qu'on sent du flou,
hein? On ne sent pas un gouvernement
qui veut se tenir fort pour l'environnement du Québec, pour les lois
environnementales du Québec, face à
une décision de la Cour d'appel qui vient dire que nos lois ne s'appliquent pas
dans les enclaves fédérales, alors que le même gouvernement l'a fait
pour le jugement de la Colombie-Britannique.
Alors,
est-ce que le gouvernement va enfin se tenir debout pour défendre les lois sur
l'environnement du Québec? C'est ça, la question, M. le Président. C'est
très important de le savoir.
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
M. le Président, effectivement, mon collègue l'a souligné, puis je suis
contente qu'il le fasse, quand on a
des raisons d'intervenir, que c'est important pour le Québec d'intervenir et
qu'on défend nos compétences, on est là. On l'a fait pour le jugement de
la Colombie-Britannique, c'est exact.
Ce
dossier-là particulièrement, je ne ferai pas part de ma décision et de ma
réflexion dans cette Chambre, mais la réflexion est sérieuse, M. le
Président, puis on va y voir.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Verdun.
Impôt sur le revenu des géants du Web
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Merci, M. le Président. Les géants du Web comme Facebook et Google accaparent
80 % des revenus publicitaires
de nos médias québécois sans devoir payer un seul sou en impôt au Québec. C'est
un cas flagrant d'inéquité fiscale qui devrait inquiéter le ministre des
Finances.
Alors
que tous les groupes entendus en commission parlementaire sur l'avenir des médias s'entendent sur le fait
d'imposer dès maintenant les revenus des géants du Web, le gouvernement, lui, tergiverse, nous parle d'attendre le rapport de l'OCDE, nous parle d'attendre que 120 pays
agissent. Quel manque de leadership, M. le
Président! Au fédéral, en pleine élection,
les partis politiques se sont engagés
à taxer les géants du Web. Le gouvernement de la CAQ est clairement
isolé dans son inertie.
Le
gouvernement va-t-il entendre raison et imposer les revenus des géants du Web
par souci d'équité envers nos entreprises médiatiques?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Alors, M. le Président, nous imposons déjà la TVQ sur les
biens intangibles. Et nous avons un
projet pilote sur les biens tangibles pour la TVQ. Et le projet pilote a un
succès très mitigé, c'est-à-dire qu'on va devoir chercher d'autres
solutions.
J'étais très
heureux de voir que les partis fédéraux se sont engagés, mais, pour la nature
de leurs engagements, ça ressemble étrangement à ce qui a déjà été dit,
c'est-à-dire qu'on a besoin d'une solution internationale et que cette solution va venir par les propositions de l'OCDE,
que nous attendons incessamment. Et ensuite il y aura des actions au niveau international, notamment avec une taxation des
revenus des géants du Web, de l'impôt des sociétés et la possibilité
aussi d'un impôt minimum.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, lorsque nous étions au gouvernement,
nous n'avons pas hésité. Nous avons
agi en imposant la perception de la TVQ sur Netflix et les autres fournisseurs
de services numériques. Ce sont à peu
près 60 millions de dollars par année que nous pouvons maintenant
réinvestir dans la culture et dans nos médias.
Alors, encore
une fois, comme ma collègue a bien dit, pourquoi le gouvernement refuse-t-il
d'agir en taxant les géants du Web? Nous avons les outils. Nous pouvons
le faire maintenant.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Eh oui! Nous avons les outils et nous parlons de l'impôt
des sociétés et des multinationales. Alors,
M. le Président, si le Québec décidait de taxer des multinationales, il faudrait
passer par l'impôt des sociétés et non le
concept de la taxation des revenus, tel qu'il est proposé en France
actuellement, comme mesure transitoire.
Et donc ce que nous faisons, nous
attendons une solution internationale à un problème global. Cette solution
arrivera éminemment. Et ça nous fera plaisir de collaborer avec le
gouvernement fédéral pour imposer justement ces géants du Web.
Le Président : Deuxième complémentaire,
Mme la députée de Verdun.
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Ça ne tient pas la route, M. le Président. Le silence de la députée de
Montarville est inquiétant. Taxer les
géants du Web, ça représente 120 millions de dollars pour la culture au
Québec. Après une année de phrases creuses,
après une année d'envolées lyriques au sujet du nationalisme, la CAQ ne propose
rien, alors que nos entreprises culturelles et médiatiques font face à
une compétition déloyale de la part d'entreprises qui viennent de Californie.
Qu'attendez-vous? On peut le faire, vous devriez...
Le Président : Mme la
ministre de la Culture et des Communications.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Oui, M. le Président. L'indignation de ma collègue de Verdun me fait bien
sourire parce que cette crise-là est causée, entre autres, par l'exode
des revenus publicitaires. Mais savez-vous que, sur Facebook, il y a une application excessivement intéressante qui nous
permet de voir quels sont les partis politiques qui achètent de la publicité
sur Facebook? Bien, savez-vous que ce n'est
pas à la CAQ que ça se passe? Ce n'est pas au Parti québécois, ce n'est pas
à Québec solidaire, c'est au Parti libéral.
Quand on fouille sur cette application, on découvre que le Parti libéral du
Québec, en trois mois, entre juin et
septembre, a dépensé en publicité sur les GAFA 5 330 $,
5 330 $, M. le Président, en trois mois, qui ne sont pas
allés... qui ne sont pas allés dans les poches...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Roy : ...de nos
médias locaux...
Le Président : En terminant.
Mme Roy : ...chez nos
journaux locaux, nos entreprises...
Le Président : Question
principale.
Des voix :
...
Le Président : Question
principale, M. le député de Jean-Lesage. Vous êtes le seul à avoir la parole.
Des voix : ...
Le Président : Silence, s'il
vous plaît! Qu'on soit attentif aux questions.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Ressources
allouées à la protection de la jeunesse
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Je vous remercie,
M. le Président. L'urgence de la situation dans le réseau de la DPJ n'est plus à démontrer. Ça fait des années que le milieu
dénonce le manque de ressources qu'on donne aux gens qui s'occupent des enfants les plus vulnérables du Québec, dont
certains de leurs représentants sont ici, avec nous, aujourd'hui.
270 millions, ça, c'est ce qui manquait au lendemain du drame de
Granby. Le gouvernement a ajouté 47 millions dans le réseau, c'est seulement 17 % des sommes manquantes. Et,
pendant ce temps sur la colline Parlementaire à Québec, on prévoit, on anticipe
des surplus qui pourraient atteindre 8 milliards de dollars.
Pourquoi le
gouvernement ne met-il que 17 % de ce dont les enfants ont besoin, alors
qu'il est plein aux as? Et pourquoi est-ce qu'il rit?
Le Président : M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : M. le Président,
je n'ai pas entendu la question, mais je remercie le député de Jean-Lesage...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Carmant : ...de parler de ce
sujet qui, évidemment, me tient grandement à coeur.
Écoutez, ce
n'est pas 47 millions qu'on a injectés, on a injecté un premier 18 millions qui a été clé dans l'évolution
de la situation. M. le Président, chaque semaine, chaque semaine, je reçois les listes d'attente des DPJ
du Québec, toutes les
DPJ du Québec. Ce 18 millions, ce qu'il a permis de faire, c'est de consolider
les équipes en place, d'engager des gens qui étaient plus séniors pour encadrer
les équipes en place, pour arrêter cette fuite de personnel que l'on voyait auparavant.
Et qu'est-ce
qui s'est passé entre le 23 juin 2019 et le 8 septembre 2019? La
liste d'attente a baissé de 3 800 à 2 500, M. le Président. Le 47 millions qu'on a injecté, il va commencer à agir maintenant
parce que les recrutements des plus jeunes
vont débuter maintenant. Et on compte bien, au cours de la prochaine
année, vider cette liste d'attente et donner enfin l'espoir que les DPJ
avaient besoin. J'ai visité toutes les DPJ du Québec...
Le Président : En terminant.
M. Carmant : ...cette année, M.
le Président. On va les aider.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Pas de commentaire. On continue à être attentif. La question
vient du député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : La diminution des
listes d'attente, ça bouge aussi en fonction du temps de l'année. Tout ce qui arrive là n'est pas attribuable à l'argent que
vous avez mis. Vous avez mis 17 % de ce qu'il manque pour prendre soin des
enfants au Québec.
Je répète la
question, comme vous ne l'aviez pas entendue : Pourquoi est-ce que vous
n'avez mis que 17 % de ce dont les enfants ont besoin, alors que le
gouvernement est plein aux as?
Le
Président : M. le délégué à la Santé et aux Services sociaux.
Je vous demande de vous adresser toujours à la présidence. Petit rappel
pour tout le monde.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
M. le Président, ce qu'il faut comprendre, c'est que nous, on a une approche
globale dans tous les sujets qu'on
touche. Et, au niveau de la Santé, on a une approche préventive. D'accord, la
DPJ, c'est rendu la salle d'urgence des services sociaux, mais on veut
casser ce mode-là, on veut agir en amont, en prévention.
Agir
tôt, en bout de ligne, c'est 88 millions. La négligence chez les
0-5 ans, c'est une cause majeure de signalement à la DPJ. On veut arrêter ça avec Agir tôt, où les
jeunes vont être encadrés, les familles vont être encadrées, les compétences
parentales vont être améliorées, M. le
Président. Donc, on veut vraiment agir en amont et prévenir le nombre de
signalements, qui est exagéré. Et n'oublions pas ce que le premier
ministre a voulu faire...
• (14 h 50) •
Le Président :
En terminant.
M. Carmant :
...la mise sur pied de la commission Laurent, M. le Président, un autre...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
On salue évidemment la mise sur pied de la commission Laurent. Mais là il y a
une situation d'urgence de manque de
ressources à régler, et 17 %, c'est insuffisant. Les gouvernements mettent
l'argent là où ils trouvent que c'est le plus important. Quand le gouvernement
décide d'uniformiser les taxes scolaires, ça coûte près de 900 millions de
dollars au trésor québécois.
Doit-on
comprendre que, pour la CAQ, aider les propriétaires, c'est 19 fois plus
important que de venir en aide aux enfants les plus vulnérables du
Québec?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
M. le Président, en janvier dernier, là, je me suis assis avec toutes les DPJ
du Québec. C'était la première fois
que ça se faisait. Cet été, j'ai visité toutes les DPJ. J'ai rencontré des
milliers d'intervenants. C'est la première fois que ça se faisait. Je ne comprends pas pourquoi on dit qu'on ne
trouve pas ça important. Et là on est en train de régler le
problème, M. le Président. Encore une fois, on ne peut pas faire ça en une
semaine, en un mois.
Je
vais m'assurer de recevoir en octobre... si ça peut rassurer les gens de
l'APTS, je vais m'assurer de recevoir la liste des embauchements qui ont été faits pendant l'année jusqu'à
présent. On va s'assurer que les postes sont comblés. On va
s'assurer que l'argent soit récurrent, 65 millions récurrents,
88 millions pour Agir tôt. On va s'occuper des familles d'accueil...
Le Président :
En terminant.
M. Carmant :
...on va s'occuper des centres jeunesse, M. le Président.
Le Président :
Question principale, madame...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Attentifs aux questions, sans commentaire. Mme la députée de Fabre.
Prestations
d'aide sociale versées aux personnes handicapées
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
M. le Président, la colère gronde depuis plusieurs mois du côté des parents
d'enfants adultes handicapés qui sont
hébergés dans une ressource intermédiaire. Le plan de lutte à la pauvreté de
notre précédent gouvernement
protégeait toutes les personnes handicapées avec son revenu de base garanti.
Toutefois,
avec l'arrivée du gouvernement caquiste, cette mesure ne protège plus l'ensemble
de ces personnes. Actuellement, il manque toujours un règlement
à la Gazette officielle pour appliquer l'augmentation de la prestation de
solidarité sociale à toutes les personnes handicapées du Québec, un règlement
attendu depuis janvier 2019.
6 780 personnes handicapées et vulnérables
sont oubliées, M. le Président. Le 1er mai dernier, le ministre
de la Solidarité sociale disait : Ce règlement est présentement en
analyse, et nous le publierons en temps opportun. Presque six mois plus
tard, toujours rien. 6 780 personnes vulnérables qui attendent toujours.
Je demande, M. le
Président, au ministre : Pourquoi un tel délai?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Évidemment, on est extrêmement sensibles au sort des
personnes en situation de handicap, les personnes qui ont des contraintes
sévères à l'emploi et qui reçoivent des prestations de solidarité sociale.
Ma
collègue sait très bien qu'on a formé un comité, formé des comités
représentatifs des personnes en situation de handicap, qui vont nous transmettre des recommandations d'ici le mois
de décembre cette année afin de revoir de fond en comble le Programme de
revenu de base et répondre aux besoins et aux préoccupations des personnes qui
sont vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, l'heure n'est plus aux comités. C'est l'argent qui
manque. Alors, je demande une réponse d'humanité ce matin. Joanne Morin était
déjà préoccupée pour son fils Émile en mars dernier. Émile habite dans
une ressource intermédiaire. Il vit avec le syndrome d'Asperger et souffre de
troubles anxieux et compulsifs.
J'ai
rencontré le ministre le 7 juin et le 7 septembre et insisté pour
qu'il confirme enfin l'augmentation prévue de la prestation de
solidarité sociale. M. le Président, Mme Morin attend toujours.
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
M. Blais : M. le
Président, nous avons augmenté la
prestation du soutien aux familles, laquelle n'avait pas été touchée
depuis 1980. 1980, on n'avait pas touché au soutien aux familles. C'est une
allocation annuelle, et il y avait 3 600 personnes au Québec qui
attendaient pour cette allocation. En injectant 7,8 millions de dollars,
ça a permis aux 20 000 familles qui recevaient cette
prestation d'avoir une augmentation et aux 3 600 familles qui étaient
en attente depuis toutes ces années de pouvoir obtenir une subvention.
De plus, il y a des sommes d'argent qui seront...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...injectées prochainement pour les proches aidants pour mieux les soutenir. Et
nous allons aussi faire des maisons...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
Je parle de la prestation de solidarité sociale. Je m'adresse au ministre de la
Solidarité sociale. Danielle Gaudet est mère
d'un homme de 44 ans et d'une femme de 36 ans, tous deux ayant un
handicap intellectuel et physique.
Elle lance un appel à l'aide. Quand ils sortent, ils ont besoin d'un
accompagnateur. Il faut le payer. Ils se déplacent tous deux en fauteuil
roulant et sont inaptes au travail.
Danielle
Gaudet attend toujours. 6 777 autres personnes fragiles attendent
toujours. Je veux entendre de l'humanité de la part du ministre de la
Solidarité sociale.
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. J'aimerais informer ma collègue de Vimont que le projet
de règlement du ministère de la Santé
et Services sociaux est en prépublication à la Gazette officielle du Québec.
Et par ailleurs ma collègue de Vimont sait très bien...
Des voix :
...
Le Président :
Députée de Fabre, M. le ministre.
M. Boulet :
...de Fabre, excusez-moi, sait très bien que nous sommes extrêmement actifs
dans ce dossier-là. D'ailleurs, le
1er janvier 2019, la prestation de solidarité sociale a augmenté de façon
considérable. Et le programme de revenu
de base, il y a des augmentations qui s'échelonnent sur une période de cinq
ans. Le 12 décembre dernier, on a investi des sommes
considérables...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet : ...pour venir en
aide aux personnes vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Vaudreuil.
Aide
aux sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à la
suite des inondations printanières de 2019
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
J'ai répondu à l'appel de détresse des sinistrés de Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
des sinistrés qui ont besoin d'être
entendus et qui ont besoin d'aide. Rappelons qu'ils ont été victimes
d'inondations il y a plus de cinq mois, le 27 avril dernier, alors que la digue a cédé, une digue
entretenue par la municipalité, qui devait faire l'objet de travaux de renforcement depuis plusieurs mois par le
gouvernement. Ce n'est pas l'eau qui a passé par-dessus la digue, mais bien la
digue qui a lâché, faute d'entretien. C'est
cinq pieds d'eau en moins d'une heure qui a envahi 2 500 résidences
qui ont dû être évacuées d'urgence en laissant tout derrière eux;
6 000 sinistrés qui ont tout perdu, M. le Président. C'est
incroyable de se promener dans les rues et de se dire que cette catastrophe
aurait pu être évitée. Les gens se sentent abandonnés.
Qu'attend la ministre pour répondre à la
population de Sainte-Marthe en détresse?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Merci pour la
question. Ça nous permet de refaire le point sur la situation
effectivement exceptionnelle de Sainte-Marthe-sur-le-Lac. On en a déjà parlé à
plusieurs reprises ici.
Donc, il y a
plusieurs enjeux à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, mais, pour ce qui est de
l'indemnisation des victimes, je veux
rassurer tout le monde sur le fait qu'énormément de gens ont déjà eu droit à un
premier versement d'aide financière. Donc, ça, c'est la bonne nouvelle.
Il reste des
cas effectivement d'exception. La situation, je l'ai dit, elle est
exceptionnelle. Donc, on est en train de
travailler sur une mesure spéciale dont ma collègue des Affaires municipales a
déjà eu l'occasion de parler ici aussi pour répondre justement à cette
situation qui est très particulière, qui n'est pas admissible au programme
régulier d'indemnisation. Donc, on travaille
sur une mesure parallèle pour répondre à ces cas-là. Mais c'est important de
préciser, M. le Président, que ce
soit dans le cas de ceux qui étaient éligibles à l'indemnisation, disons,
standard, que ce soit dans le cas de
la décision qui a été prise pour la réparation et le renforcement de la digue,
que ce soit dans la proactivité à répondre aux besoins des gens sur le
terrain, on a d'ailleurs encore des équipes qui sont sur place à Sainte-Marthe
pour être capable de répondre directement
sur place, j'estime que notre gouvernement a été proactif depuis le début et
continue de l'être...
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
...même si les caméras n'y sont plus.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Étant donné qu'il s'agit d'une construction entretenue par la municipalité, qui
a été en attente d'une autorisation
du ministère, le gouvernement a la responsabilité d'agir rapidement et surtout
de pleinement les compenser. Ça fait
plus de cinq mois, M. le Président, et, s'il n'y a pas eu de victimes au mois
d'avril, malheureusement la détresse humaine a maintenant eu gain de
cause.
Qu'attend la ministre pour agir?
Le Président : Mme la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui. Alors, je remercie ma collègue pour la question, considérant qu'on parle
des digues, évidemment. Nous avons
travaillé en étroite collaboration avec mon collègue à l'Environnement, puis
vous êtes tout à fait au fait qu'on n'a pas juste été à la réparation de la
digue de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, on est allé encore plus loin pour les
endroits comme Pointe-Calumet et Deux-Montagnes.
Alors,
qu'est-ce qu'on a fait? Au contraire, au lieu de réparer une digue, on prend
les précautions et on travaille, justement
avant qu'il y ait d'autres catastrophes qui arrivent, on travaille pour les
autres endroits, pour vérifier justement si la sécurité des citoyens, par
rapport aux digues qui vont être réparées, qui vont être rehaussées, sera
sécuritaire pour tout le monde.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols :
Ça fait plus de cinq mois que les sinistrés de Sainte-Marthe demandent de
rencontrer le premier ministre pour
exposer leur situation. Des enfants qui ont changé de maison, qui ont changé
d'école, qui font des crises d'angoisse
à répétition et en plus de l'inquiétude et de l'impuissance de leurs parents.
Mais le premier ministre ne les a pas rencontrés. D'ailleurs, j'ai mis
en ligne une vidéo avec un cri du coeur d'une famille sinistrée.
Comment ce gouvernement
peut rester insensible à ces 6 000 sinistrés?
• (15 heures) •
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. Bien, on est évidemment
très sensibles à la situation de ces sinistrés. La députée de Vaudreuil sait très bien que j'ai rencontré le groupe de
gens en question, avec elle, même, et avec sa collègue d'Acadie. Donc, nous sommes au fait. Le premier
ministre s'est rendu à Sainte-Marthe. On est plusieurs à avoir rencontré
le groupe de gens en question. Et c'est
parce que nous sommes sensibles à leur situation et pleinement conscients de la
particularité de leur situation qu'on
est en train de travailler à la mise en place d'une mesure particulière pour
répondre à ce besoin très spécifique.
Il n'empêche que, pour toutes les personnes qui étaient éligibles à
l'indemnisation standard, je répète que, sur 1 600 dossiers
reçus, environ, plus de 1 200 ont déjà eu accès à un premier versement...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault : ...et on est à près de 40 millions d'aide
financière qui a été versée pour les gens de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Donc, on agit, M. le Président.
Le Président :
Question principale, M. le député de La Pinière.
Amélioration
de la sécurité sur l'autoroute 50 dans le secteur de Gatineau
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le
Président, il y a
un problème de sécurité sur cinq kilomètres de l'autoroute 50 en sortant de
Gatineau, plusieurs accidents, malheureusement plusieurs morts. La solution du ministre : un projet pilote de glissière à câbles, comme si c'était
une nouveauté, mais, non, c'est une vieille technologie. Peter Mah, l'expert du
ministère des Transports de l'Alberta, a
dit : Ce n'est pas une bonne solution, on la rejetterait. Érick Abraham,
de Polytechnique, dit : Ce n'est même pas une solution adaptée pour
ce genre d'endroit.
Pire,
pour l'installer, il y a une norme industrielle, il faut que les voies de
circulation à contresens soient séparées d'une distance minimale de six mètres. Là-bas, il y a zéro mètre. Il n'y
a exactement aucun endroit en Amérique du Nord où une glissière à câbles
a été installée sans la séparation.
Alors, M. le
Président, est-ce que le ministre peut nous dire pourquoi il a choisi de faire
de Québécoises et de Québécois les cobayes
d'une expérimentation, la première installation en Amérique du Nord en dessous
des normes de l'industrie?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, ça prend du culot pour se lever, du côté du Parti libéral, qui
a été au pouvoir pendant 15 ans, dont
les quatre dernières années, de 2014 à 2018, il y a eu quatre ministres
des Transports, aucun n'a levé le petit doigt pour sécuriser la 50.
Nous
avons retiré de la directive des grands travaux de Gatineau à L'Ange-Gardien
une portion de six kilomètres. Et, contrairement à ce que vous dites, dans l'Oregon, oui, ça se fait, cette glissière de
sécurité. Et, avant toute chose, pour moi,
il est important de sécuriser le réseau, et on prendra tous les moyens
nécessaires pour assurer de sauver une vie. Et on dépensera toutes les sommes possibles, encore une fois, pour sécuriser le réseau et sauver toutes les vies possible. Merci.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales. Merci à tous.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Motions
sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à
la rubrique des motions sans préavis. Et je comprends qu'il y aurait une entente pour permettre à un membre du gouvernement et à un membre du deuxième
groupe d'opposition d'inverser l'ordre
de présentation de leurs motions. Alors, il y a consentement? Alors, M. le premier ministre, la parole est
à vous.
Rendre
hommage à M. Jacques Chirac, ex-premier ministre
et président de la République française, et offrir des
condoléances à sa famille et à ses proches
M. Legault : Oui, Mme
la Présidente, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de débattre la motion suivante conjointement
avec le chef de l'opposition officielle, la cheffe du deuxième groupe
d'opposition, le chef du troisième groupe, et la députée de Marie-Victorin, et
le député de Chomedey. Donc, la motion se lit ainsi :
«Que l'Assemblée
nationale du Québec exprime sa profonde tristesse à la suite de l'annonce du
décès de M. Jacques Chirac, ancien premier ministre et président de la
République française;
«Qu'elle
rende hommage au parcours exceptionnel et aux réalisations de ce président de
la [Ve] République, qui a également assumé les rôles de premier ministre
et de maire de Paris;
«Qu'elle
salue ce grand ami du Québec et offre ses plus sincères condoléances à sa
famille, à ses proches, ainsi qu'au peuple français;
«Qu'enfin, les
membres de cette Assemblée observent une minute de silence en sa mémoire.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
premier ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, il y a consentement pour un débat de trois minutes par intervenant, en
commençant par le premier ministre, le chef de l'opposition officielle,
la cheffe du deuxième groupe d'opposition et le chef du troisième groupe
d'opposition.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Alors, M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, le 26 septembre dernier, le Québec a perdu un
fidèle allié, un ami. Jacques Chirac
a été maire de Paris, premier ministre, président de la République française
et, dans toutes ces fonctions, il a
toujours marché aux côtés du Québec. Il ne manquait jamais une occasion de
venir nous visiter ou nous recevoir. Il
a été aussi une grande figure de la francophonie et il a toujours
travaillé avec le Québec pour nous
aider à promouvoir nos intérêts sur
la scène mondiale. Il a aussi eu un rôle dans le mouvement contre la guerre en
Irak, à laquelle il a eu le courage de dire non.
Dans
les derniers jours, en France, on a vu autant des partisans que des anciens
adversaires lui rendre hommage. Je pense que ça montre toute la grandeur
du personnage.
Une
des choses qui ressort particulièrement, c'est sa proximité avec les gens.
C'était un homme accessible, un homme qui comprenait la réalité des
Français. Son franc-parler lui a parfois joué des tours, mais ça faisait partie
du personnage attachant que les Français ont aimé.
Ici, au Québec, on se
souvient surtout de l'allié indéfectible qui a marqué l'histoire de la relation
directe et privilégiée entre nos deux
nations. Il a été un témoin du développement du Québec dans une période
charnière de notre histoire; il a vu
défiler les premiers ministres Bourassa, Lévesque, Johnson, Parizeau, Bouchard,
Landry et Charest. Et, à travers tous
les grands changements et tous les grands débats de cette époque, il est
toujours resté à nos côtés, il a toujours continué de soutenir la nation
québécoise.
Un
moment qui est venu à l'esprit de beaucoup de Québécois, quand on a appris son
décès, c'est le référendum de 1995.
Ce que le président Chirac nous a dit à ce moment-là, c'est qu'il reconnaissait
le droit des Québécois de choisir eux-mêmes leur destin. Il nous a dit que le
Québec est une nation distincte capable de s'assumer. Peu importe le résultat
du référendum, on savait que la France
serait derrière nous, et c'est ce qui s'est passé. C'est autant un appui au
nationalisme de Bourassa qu'à celui de Lévesque et de Parizeau. C'est un
appui aux Québécois.
Aujourd'hui,
pour honorer la mémoire du président Chirac, on a le devoir de cultiver
cette grande amitié à laquelle il s'est
dédié. On a le devoir d'être l'ami indéfectible de la France, l'ami qu'il a été
pour nous, les amis indéfectibles, donc, du peuple français.
Donc,
au nom de tous les Québécois, j'offre mes sympathies à sa famille, à ses
proches, à toute la nation française. Merci, M. Chirac. Le Québec
se souvient de vous.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
premier ministre. Maintenant, je cède la parole à M. le chef de
l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Merci, Mme la
Présidente. Jacques Chirac, c'était évidemment un monument de la politique
française, plusieurs ex-premiers
ministres l'ont d'ailleurs souligné lors de ses funérailles. La diversité,
d'ailleurs, des représentants qui ont assisté à ses funérailles témoigne jusqu'à
quel point il a marqué le paysage politique sur la scène internationale.
Les chefs politiques de plus de 80 pays ont assisté à cette cérémonie.
Moi-même,
j'ai eu la chance de croiser M. Chirac à quelques reprises au fil du
temps. La première fois, c'était à
Paris, en 1981. M. Chirac était alors maire de Paris, et je travaillais
dans le secteur des communications, et on avait échangé, à ce moment-là, sur, entre autres, un projet qui
aujourd'hui nous rend très fiers. Le projet, c'était celui de TV5. TV5, c'est
arrivé en 1984. C'est la grande chaîne de
télé de la francophonie. Et, soit dit en passant, c'est un des trois grands
réseaux de télévision dans le monde.
M. Chirac
était un homme de convictions également. On l'a vu avec sa position, vous en
avez parlé, M. le premier ministre, lors de la guerre en Irak. Il avait
refusé d'engager la France dans le conflit.
En 1986, M. Chirac était venu. Moi, à
l'époque, je travaillais à la station CKAC, à Montréal. M. Chirac était
accompagné de M. Bourassa, il
était alors premier ministre sous le gouvernement de François Mitterrand,
et M. Chirac avait répondu aux questions des auditeurs pendant de
longs moments. Il était donc très, très près des Québécois.
• (15 h 10) •
Fait
cocasse, il avait, à ce moment-là, rencontré Charles Aznavour, qui était
dans les studios et qui avait un problème majeur avec le fisc français, il avait d'ailleurs quitté la France pour
aller s'établir en Suisse, et
M. Chirac avait dit quelque
chose dans le style : Je suis prêt à vous donner l'absolution, mais ne
péchez plus, s'il vous plaît. Alors, c'est le genre de discussion...
parce qu'il avait beaucoup le sens, entre autres, de l'humour.
Le
Québec et la France ont eu cette relation privilégiée, on en a parlé. Je
rappelle également comment il était habile sur le plan politique. En 1995, dans une
entrevue avec Larry King, il avait dit, à propos du référendum : Si les gens votent pour le oui, nous allons reconnaître ce
fait, mais évidemment je ne veux pas me mêler des affaires du Québec. Alors, évidemment, les gens qui étaient en faveur de la souveraineté ont pris ça pour
un appui, les fédéralistes étaient moins sûrs. Alors, il a bien pesé ses
mots à ce moment-là.
Vous
avez vu que de nombreux Français ont défilé devant le cercueil de
M. Chirac pour lui rendre hommage. Je tiens à dire également qu'il a toujours reconnu que la politique, c'était un mode de
vie extrêmement exigeant, qui demandait d'ailleurs beaucoup de compromis sur le
plan personnel et familial. Et, moi qui est né à Saint-Hyacinthe, il s'est
passé un événement aussi, à
un moment donné, c'est lorsque la
Faculté de médecine vétérinaire a offert au président Chirac un chien qu'il a appelé Maskou. C'était un chien...
un labrador, mais qui venait de notre Faculté de médecine vétérinaire, l'école de médecine vétérinaire de
Saint-Hyacinthe. Et aujourd'hui Maskou est inhumé dans les jardins de l'Élysée,
en plus.
Alors,
M. Chirac a dédié sa vie au
peuple français. Je salue son apport à la politique. M. Chirac demeure
présent dans nos mémoires, et je
conserverai toujours des souvenirs uniques de ces occasions où j'ai eu le
privilège d'échanger avec lui. Encore
une fois, les Québécois l'ont beaucoup aimé. Nous étions, en fait, plus pour
lui que des lointains cousins. Et j'offre donc mes sympathies aujourd'hui à
Bernadette, son épouse, à ses enfants et à toute la nation française. Merci
infiniment.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le chef
de l'opposition officielle. Et maintenant je cède la parole à Mme la
cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme
la Présidente. Alors, à mon tour, au
nom de ma formation politique, d'exprimer mes condoléances au peuple français et, bien sûr, à la famille de
M. Jacques Chirac, ancien premier
ministre et président de la
République française.
Bon,
c'est connu, on n'a pas tout à fait la même tangente politique, on a souvent pas
été d'accord, la liste pourrait être longue, mais on n'est pas là pour
ça, aujourd'hui, on est plutôt pour honorer sa mémoire.
Ce
que le Québec doit à Jacques Chirac, Mme la Présidente, c'est immense. Ce qu'il a fait pour notre peuple, notre État, c'est précieux. En politique
internationale, avoir des alliés de la trempe de M. Chirac, avoir des
alliés d'importance comme la France, c'est capital. En fait, il était
plus qu'un allié, plusieurs l'ont souligné, c'était un ami du Québec.
En 1995, alors que le Québec
s'approchait de son émancipation, Jacques Chirac n'a pas hésité, il a donné
l'appui à la démarche. Et ça, c'était important. Et, la démarche
souverainiste, on s'en souvient, cet appui-là était majeur. Il a réitéré à plusieurs
reprises qu'il allait bel et bien
reconnaître un Québec pays, advenant un référendum gagnant. Je me
rappelle qu'obtenir l'appui d'un pays
comme la France, bien, c'était pas mal inespéré, ça faisait du bien pour les
indépendantistes, bien sûr. Et cet appui était sincère. Jacques Chirac
marchait véritablement dans les traces de son illustre prédécesseur, le
général de Gaulle.
On
se souvient aussi d'un homme qui a pris une décision très importante,
en 2003, celui de s'opposer à la guerre en Irak. Plus que de ne pas y engager la France, il s'y est opposé. Alors,
c'était une décision courageuse, une décision audacieuse.
Je
salue donc sa mémoire, de ce grand Français ami des Québécois
et Québécoises. Et je réitère mes condoléances, au nom de ma formation politique, à la
famille, et aux amis, et à l'ensemble du peuple français. Et espérons, Mme la Présidente, que la prochaine fois où le Québec frappera à la porte de l'histoire
avec son projet d'indépendance nationale, nous puissions compter sur
quelqu'un, un grand homme comme M. Chirac. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Maintenant, je cède la parole à M.
le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme la
Présidente, au nom du Parti québécois, ce n'est pas sans émotion que nous rendons hommage au président Chirac. Il y a
les politiciens et il y a les hommes d'État. Jacques Chirac faisait
indiscutablement partie de la seconde catégorie. La France et le monde viennent
tout juste de faire leurs adieux solennels à cet homme charismatique
dont les qualités humaines ont été amplement saluées.
Jacques Chirac a marqué le monde, oui. Il
a, entre autres, refusé d'engager les troupes françaises en Irak. Et soulignons également son engagement
en faveur du droit des femmes, sa fierté de faire partie de la francophonie,
son combat pour l'abolition de la peine de mort, l'étendue de sa culture et son immense intérêt
pour celle d'autrui, ses prises de position contre le racisme et l'antisémitisme, son cri du coeur à propos de
l'urgence climatique dès 2002 — il
était beaucoup plus près
de nous qu'on croyait — son
souci de rétablir la justice sociale, de résorber la fracture qui éloignait les
Français les uns des autres.
Jacques Chirac trouvait son aise partout,
en toutes circonstances, évidemment dans sa chère Corrèze comme ailleurs dans le monde. Durant toute sa carrière,
il a su conserver une étonnante proximité avec le peuple. Il aimait les
Français, et ceux-ci le lui rendaient très bien parce qu'ils ressentaient sa
sincérité, son intérêt pour l'humain d'abord. Souvenons-nous cette fameuse
phrase : J'aime manger des pommes.
Jacques
Chirac croyait profondément à la liberté, c'était un authentique
gaulliste, après tout, la sienne et celle des autres, la liberté d'être et de choisir. Pour conserver cette liberté
qui lui était si chère, il savait qu'il devait la doubler de
détermination et de courage. C'est assurément ce pourquoi il aurait reconnu
sans équivoque un Québec indépendant. À ses
yeux, un peuple assez déterminé, assez courageux pour choisir sa liberté mérite
respect et reconnaissance. Et il a inventé cette formule :
Non-ingérence et non-indifférence.
Et, Mme la Présidente, soyez sûre d'une chose, le soir du 30 octobre 1995, lorsqu'il
observait, avec Philippe Séguin, l'écran de sa télévision pour
obtenir le résultat au Québec, et un communiqué était juste à côté de sa main,
pour les indépendantistes que nous sommes,
c'est encore des frissons, aujourd'hui. Il n'appuyait pas que le nationalisme québécois, il appuyait son indépendance, il appuyait la création d'un nouveau pays fraternel
avec la France, qui jouerait un rôle pour l'humanité.
Au nom de mes
collègues du Parti québécois, je salue la mémoire de M. Chirac, M. le
maire, M. le premier ministre,
M. le président. Et j'adresse à sa famille, notamment
sa femme Bernadette, sa fille Claude, à ses proches et à tout le peuple de
France, mes plus sincères condoléances. Il aura bien servi sa patrie et ne sera
pas oublié. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Alors, cette motion est adoptée? Adopté.
Je vous invite
à vous lever pour vous joindre à moi pour observer une minute de silence à la
mémoire de M. Jacques Chirac.
• (15 h 19 — 15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie. Vous pouvez prendre place.
Alors, nous
en sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis. Et je vais céder la parole à un membre du
troisième groupe d'opposition, et ce sera M. le député de Rimouski.
M. LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la députée de
Fabre, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Chomedey, la députée
de Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale enjoigne le gouvernement du Québec à rendre automatique
la prestation du crédit d'impôt pour solidarité à tous les prestataires de l'aide de
dernier recours, sans qu'ils et elles aient à en faire la demande chaque
année.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement. Pour la prochaine motion, je vais céder
la parole à un membre du deuxième groupe d'opposition. Et je vous cède la
parole, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Je demande le
consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de Joliette, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée nationale souligne la contribution et l'implication des travailleuses
et travailleurs, ainsi que des élu-e-s des commissions scolaires du Québec
dans le système scolaire;
«Qu'elle souligne l'importance de leur travail et
de leurs actions pour la réussite éducative des jeunes et pour assurer
l'équité dans l'éducation;
«Qu'elle
demande au gouvernement de s'engager à ce que toute réforme en éducation
implique l'ensemble des actrices et acteurs qui ont à coeur la réussite
de nos enfants;
«Finalement,
que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de tenir des consultations
générales sur le projet de Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaire.» Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Pour la prochaine motion, je vais céder la parole à Mme la
députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Je sollicite donc le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
député de Chomedey :
«Attendu que
le Québec a su bénéficier de la volonté des gouvernements précédents pour
développer une expertise recherchée à travers le monde en matière de
lutte aux changements climatiques;
«Que
l'Assemblée nationale souligne que le Québec a récemment été honoré par
l'Organisation des Nations unies, parmi
670 candidatures, pour son Programme de coopération climatique
internationale créé en 2016 pour contribuer aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre et
d'adaptation des pays francophones particulièrement vulnérables aux
impacts des changements climatiques;
«Qu'elle reconnaisse le leadership à
l'international dont a fait preuve le précédent gouvernement en matière
environnementale.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement.
Pour la prochaine motion, je cède la parole à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Exiger du gouvernement
fédéral le transfert des sommes réclamées par le
gouvernement du Québec en santé au cours de son prochain mandat
Mme Fournier :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec
la ministre de la Santé et des Services sociaux, le député de Pontiac, le
député de Jean-Lesage, le député de Jonquière et le député de Chomedey,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exige du prochain gouvernement canadien qu'il s'engage à
combler le déséquilibre dans les
investissements en santé en transférant au Québec l'ensemble des sommes
réclamées par le gouvernement du Québec et ce, à l'intérieur de [son]
prochain mandat.»
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Alors, il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Un instant. Ah! Mme la
députée, excusez-moi. Vous voulez intervenir?
Mme Fournier :
Il n'y a pas de problème, Mme la Présidente. C'est que j'aimerais que le
libellé de cette motion puisse être transmis aux chefs des différents
partis politiques en lice dans la présente élection fédérale.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Et ce sera fait.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions.
Et, avant de céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement, je vous demande de quitter l'enceinte du salon
bleu en silence, s'il vous plaît. M. le leader adjoint.
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'aménagement du territoire
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16,
Loi visant principalement
l'encadrement des inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le
remplacement de la dénomination de la Régie du logement et l'amélioration
de ses règles de fonctionnement et modifiant
la Loi sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions
législatives concernant le domaine
municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et
de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 33, Loi modifiant le Code du travail concernant le maintien des
services essentiels dans les services publics et les secteurs public et
parapublic, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à
21 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 17, Loi concernant le transport rémunéré de personnes par
automobile, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi
sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de
l'éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans, aujourd'hui, jusqu'à 18 heures... aujourd'hui,
pardon, de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle Pauline-Marois.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, M. le leader adjoint du gouvernement. Pour ma part, je vous avise que la Commission de
l'aménagement du territoire se réunira en séance de travail le mercredi
2 octobre, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle RC.171,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'une pétition
concernant le dépôt de garantie lors de la signature d'un bail de logement.
Je
vous avise aussi que la Commission des transports et de l'environnement se
réunira en séance de travail le mercredi
2 octobre, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle RC.161,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'une
pétition concernant l'interdiction d'objets de plastique à usage unique.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant à la rubrique des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée. Et je crois, M. le leader
de l'opposition officielle, que vous souhaitez intervenir.
M. Tanguay : Oui. Vous avez raison,
Mme la Présidente, je souhaite intervenir. Et je pense que beaucoup de gens à la maison qui s'intéressent au
dossier du projet de loi n° 39 vont être intéressés par les échanges que
nous aurons dans les prochaines secondes.
Lors du dépôt du projet de loi qui vise à modifier le mode
de scrutin, le projet de loi n° 39, je me suis levé et j'ai demandé au leader du gouvernement
s'il acceptait, parce que nous le demandons, d'avoir des consultations
générales sur un sujet qui touche le
coeur même de notre démocratie et qui, je dirais, fait rage depuis plusieurs jours,
pour ne pas dire plusieurs semaines.
Systématiquement, suite à ces échanges-là, Mme la
Présidente, habituellement un courriel nous est envoyé, du
leader du gouvernement, nous est transmis pour nous demander une proposition de
liste ou pour qu'on commence à discuter
là-dessus. On m'indique que c'est une première, il n'y a pas eu, curieusement,
d'échange à ce niveau-là. Et l'on sait,
Mme la Présidente, que tout le reste va en découler, si on prend une semaine,
deux semaines, trois semaines, il faut réellement
s'attarder... surtout si, et je pense que ça s'enligne pour ça, le leader du
gouvernement donne raison à la ministre qui est marraine du projet de loi n° 39 et qui, elle, souhaite
aussi des consultations générales, des consultations élargies en la
matière.
Alors, Mme la Présidente, j'aimerais savoir du leader du
gouvernement : Est-ce qu'on peut recevoir aujourd'hui
la confirmation que nous aurons des
consultations générales et que l'on puisse donc faire avancer ce dossier-là?
Parce que qui dit consultations
générales dit évidemment des décisions qui devront être prises dans les
prochains jours et qui seront tributaires... et qui nous donneront la
piste d'atterrissage finale en termes de processus législatif. Voilà.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
leader. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je peux informer le leader de l'opposition
officielle que nous lui reviendrons bientôt.
Je tiens à rappeler que l'opposition officielle souhaite des consultations
générales et que le deuxième groupe d'opposition souhaite avoir des
consultations particulières. Donc, ils auront tous de nos nouvelles bientôt.
Cela étant dit, Mme la Présidente, ça n'empêche pas le Parti
libéral de manifester les groupes qu'il souhaiterait
entendre éventuellement, que ce soit dans une consultation générale ou
particulière.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est
très bien. Alors, ceci répond à votre question? Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme Melançon : À mon tour, maintenant, Mme
la Présidente, de vous demander... Je vais avoir deux demandes.
La
toute première demande, le 27 août dernier, ça fait 35 jours, donc,
le député de La Pinière a adressé à la Commission
des transports et de l'environnement une demande de mandat d'initiative
concernant le bureau de projet du troisième
lien. Je vous rappelle qu'en vertu de notre règlement, aux articles 120 et
149, chaque commission sectorielle peut
se saisir de tout sujet ou de toute question qu'elle désire approfondir dans
les domaines de sa compétence. Donc, on
attend toujours une proposition de date de la part du gouvernement afin que les
députés de cette commission puissent discuter de son bien-fondé en
séance de travail. On aimerait obtenir un retour. Premier point.
Deuxième point, concernant une
autre question de mandat d'initiative qui a été déposé par notre collègue la
députée de Westmount—Saint-Louis
conjointement avec le député de Marquette, qu'on a adressé à la Commission de
la santé et des
services sociaux le 11 septembre dernier, concernant les services offerts
aux personnes autistes, notamment lorsqu'elles atteignent l'âge adulte, donc l'âge de la majorité, à ce jour on n'a pas
reçu non plus d'indication de la part du cabinet du leader du gouvernement quant à une proposition de
date pour une séance de travail. On aimerait aussi obtenir un éclairage
à ce sujet. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous remercie, Mme la leader adjointe. Maintenant, M. le leader du gouvernement.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, il y aura des échanges entre les groupes
parlementaires, mais, très certainement, ce que je peux dire à la députée de
Verdun, c'est que ça sera prochainement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Et maintenant, M. le leader
du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui. Merci, Mme la Présidente. J'aimerais
m'inscrire aussi derrière la proposition de la députée leader adjointe
de l'opposition officielle parce que nous aussi, au Parti québécois, nous avons
placé une demande de mandat d'initiative le
29 mars 2019 sur l'indépendance des chercheurs oeuvrant au sein des
différents centres de recherche du Québec.
Donc, considérant, Mme la Présidente, des discussions et des réflexions qui se
passent présentement au sein de la commission sur les pesticides et
considérant aussi la volonté du ministre de l'Économie de vouloir intégrer à
même Investissement Québec le Centre de
recherche industriel du Québec, nous trouvons encore plus qu'opportun
l'opportunité d'étudier cette
véritable indépendance à mettre de l'avant pour notre recherche au Québec. Et
nous demandons donc d'avoir des discussions avec le leader parlementaire
pour la tenue d'une séance de travail pour se saisir de ce mandat.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader. M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, nous allons échanger avec le
troisième groupe d'opposition. Et, en ce qui concerne les mandats d'initiative, je crois que les différentes
commissions parlementaires se sont saisies de nombreux mandats depuis un an, je crois au nombre de six.
Alors, je pense qu'il y a beaucoup de travail parlementaire qui est effectué
par les différentes commissions.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie. Y a-t-il d'autres demandes
de renseignement? Il n'y en a pas. Alors,
moi, pour ma part, je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par
les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la
députée de Maurice-Richard. Et cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
nationale réitère solennellement que l'atteinte des cibles de réduction
d'émissions de gaz à effet de serre est nécessaire à la lutte aux
changements climatiques;
«Que
l'Assemblée nationale réaffirme l'engagement du Québec de réduire ses GES par
rapport aux niveaux de 1990;
«Qu'elle
rappelle que le Québec a mis sur pied le système de plafonnement et d'échange
de droits d'émission de gaz à effet de serre (SPEDE);
«Qu'elle
souligne qu'en 2014, le Québec a lié son système à celui de la Californie dans
le cadre de la Western Climate Initiative;
«Qu'elle rappelle la motion adoptée à
l'unanimité le 25 septembre dernier déclarant l'urgence climatique et demandant au gouvernement du Québec de prendre
tous les moyens nécessaires afin de "réduire rapidement et drastiquement
nos émissions de gaz à effet de serre"»; et enfin
«Que
l'Assemblée nationale demande formellement au gouvernement caquiste de ne pas
diminuer les efforts de réduction d'émissions de gaz à effet de serre
demandés aux entreprises assujetties au SPEDE.»
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons passer aux affaires du jour.
Et je vous recède la parole, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Alors, merci, Mme la Présidente. Alors, pour débuter nos affaires du jour, je
vous demanderais d'appeler l'article 6 du feuilleton.
Affaires du jour
Projet de loi n° 34
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie. À
l'article 6 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 26 septembre 2019 sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs
de distribution d'électricité. Et, au moment d'ajourner notre débat, M. le
député de René-Lévesque, c'est vous
qui aviez la parole. Et vous aviez utilisé 13 min 46 s de votre
temps de parole. Alors, vous allez poursuivre aujourd'hui, j'imagine. Et
je vous cède la parole.
M.
Martin Ouellet (suite)
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je serai
bref pour terminer mon allocution. Lorsque j'ai terminé mon allocution, la semaine passée, je faisais référence à cette
décision du gouvernement de la CAQ de revenir en arrière sur une
décision qui avait été prise, après la campagne, de ne pas vouloir compenser
les trop-perçus. On se souvient que, lorsque
la partie gouvernementale aujourd'hui était dans l'opposition, on avait fait
des récriminations sur le gouvernement
libéral pour dire que c'étaient des trop-perçus puis que c'était de l'argent
qui appartenait aux citoyens du Québec.
Une campagne de communication s'était par la suite mise en branle pour essayer
d'obtenir le remboursement de ces
trop-perçus. Après la nomination du nouveau gouvernement, le premier ministre
nous a avoué que ce n'était pas une
promesse de campagne et qu'il n'était pas question que le gouvernement de la
CAQ allait rembourser les trop-perçus. Or, par la suite, volte-face, le
gouvernement s'est engagé à rembourser une partie des trop-perçus.
Ce qu'on a dans le projet de loi, Mme la
Présidente, c'est un remboursement partiel, c'est-à-dire c'est inscrit qu'environ 500 millions des 1,5 milliard
seront retournés dans les poches des Québécois et des Québécoises, mais pour
ce qui est du milliard supplémentaire, nous
pourrons douter, dans le temps, de la véritable volonté de le remettre
directement dans les poches des contribuables.
Mme la
Présidente, je vous ai parlé jeudi dernier du mécanisme mis en place par le
gouvernement pour fixer les tarifs et je vous parle aujourd'hui de cette
volonté de rembourser les trop-perçus. Mme la Présidente, à la lumière de mes
interventions, il est devenu évident pour nous que, dans ce projet de loi, il y
a deux principes fondamentaux pour lesquels nous sommes en total accord,
désaccord. Je m'explique.
Le premier
principe. Oui, le Parti québécois est d'accord pour rembourser les trop-perçus.
500 millions, c'est bien peu. Il manque 1 milliard, et ce
n'est pas dans le projet de loi en question que nous allons le trouver.
Deuxième
chose, Mme la Présidente. Dans ce projet de loi en question, on instaure de
nouveaux mécanismes de fixation des tarifs, et ça, malheureusement, Mme
la Présidente, ce n'était pas la bonne chose à faire.
Motion
de scission
Alors, conformément à l'article 241 du règlement
de l'Assemblée nationale, je veux déposer une motion de scission que je vais
lire comme suit :
«Qu'en vertu
de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité, soit scindé
en deux projets de loi : un premier intitulé Loi sur le remboursement des trop-perçus
d'Hydro-Québec, comprenant les articles 20, 21 et 22, à l'exception des mots
«à l'exception des articles 1 à 4, des
paragraphes 2° et 3° de l'article 6, et des articles 8 à 10 et 18, qui entrent
en vigueur le 1er avril 2020»; un
second intitulé Loi modifiant le processus d'établissement des tarifs de
distribution d'électricité, comprenant les articles 1 à 19 et l'article
22.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
René-Lévesque. Alors, votre motion de scission est déposée.
Je suspends
donc nos travaux afin que les membres de l'Assemblée puissent en prendre
connaissance. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 50)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et, avant de poursuivre et
d'entendre les arguments suite au
dépôt de cette motion de scission, je vous informe que trois débats de fin de
séance se tiendront aujourd'hui : le premier débat, sur une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, concerne l'improvisation
du gouvernement caquiste dans le dossier du développement de la maternelle quatre ans au détriment des CPE; le deuxième débat, sur une
question adressée par Mme la députée de Maurice-Richard au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, concerne le refus de
faire une étude longitudinale sur les
effets des pesticides; le troisième débat, sur une question adressée par M. le député de Robert-Baldwin au ministre
des Finances, concerne l'absence de volonté du gouvernement caquiste de taxer
les GAFAM.
Débat
sur la recevabilité
Alors, je
suis maintenant prête à entendre vos arguments. Et je cède la
parole à M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, comme je le disais
dans mon exposé, à notre oeil à nous, nous
croyons que le projet de loi n° 34 contient plus d'un principe, celui en lien avec
la révision du processus de tarification d'Hydro-Québec et celui en lien avec le remboursement des
trop-perçus accumulés par Hydro-Québec au fil des ans. Ces deux principes sont,
par ailleurs, contradictoires.
Le premier est un brassage de
structures et s'attaque aux pouvoirs de la Régie de l'énergie, et ce,
afin d'imposer une hausse des tarifs aux clients d'Hydro-Québec. Ce projet
de loi vise par ailleurs la tarification de la distribution d'hydroélectricité
pour le futur, un élément qui nous apparaissait essentiel.
Le
deuxième principe est une mesure financière en faveur de ces mêmes clients qui
ont payé près de 1,5 milliard
de dollars en trop. Le projet de loi impose le remboursement de ces
trop-perçus. Il vise donc à corriger une situation passée, ce qui est bien
différent du reste du projet de loi, qui vise les tarifs futurs. Malheureusement, cette mesure est annulée par la hausse des tarifs que le gouvernement souhaite imposer de l'autre main en diminuant les
pouvoirs de la Régie de l'énergie.
La jurisprudence parlementaire
est constante en matière de recevabilité sur une motion de scission. Et, pour déterminer si un projet de loi comprend plus
d'un principe, le président Pinard a ainsi statué, en 1997, que les conditions
suivantes ont été élaborées par la jurisprudence : «...chaque partie du projet
de loi scindé doit pouvoir être considérée distinctement;
chaque partie du projet de loi scindé doit constituer plus d'une modalité; les projets de loi qui résulteraient de la
scission doivent constituer des projets
de loi cohérents en eux-mêmes.» Le
président Pinard poursuivait, le 3 juin 1998 : «...un principe est un élément essentiel du projet de loi par rapport à une simple modalité qui, elle, est [...] accessoire à un
principe.» De plus, «chaque série de mesures [doit former] un tout cohérent
[et] peut exister distinctement», citait le président Brouillet le
1er juin 1995.
Ces
critères ont été répétés maintes et maintes fois, y compris par la décision
rendue par notre première vice-présidente,
la députée de Saint-Hyacinthe, le 27 février dernier au sujet du projet de loi n° 1. En appliquant ces critères à la motion d'aujourd'hui, nous vous
soumettons que la présente motion de scission est recevable. Chaque partie du projet de
loi ne constitue pas une fraction
d'un tout, le tout constituant le principe, notamment en raison à la fois
de leur nature contradictoire, tel
qu'expliqué précédemment, et de leur effet décalé dans le temps, l'un visant le
futur, l'autre corrige une situation
du passé. Ces deux projets de loi constituent des projets de loi cohérents en
eux-mêmes, avec des objectifs bien distincts.
Ainsi,
l'un vise à rembourser les clients d'Hydro-Québec
alors que l'autre vise à leur imposer
une hausse des tarifs. J'ajoute que
le remboursement des trop-perçus par Hydro-Québec n'est pas un simple accessoire à une révision du processus de tarification. Il s'agit d'une mesure autonome
avec une incidence financière pour la société
d'État. Qui plus est, elle est
en complète contradiction avec les hausses annoncées des tarifs d'Hydro-Québec
décidées par le gouvernement.
Enfin,
tous les éléments contenus dans le projet
de loi initial sont intégralement
redistribués dans le projet de loi
proposé, sans y rajouter aucun élément nouveau, ce que vous constatez à la
lecture du libellé de la motion.
Nous
soumettons donc que cette motion de scission est recevable conformément à notre
jurisprudence parlementaire. En
anticipation des représentations de
la partie gouvernementale, permettez-moi de vous rappeler que l'intention de
l'auteur du projet de loi n'est pas
suffisante pour déterminer la recevabilité d'une motion de scission, comme le
rappelaient les propos de la
présidente Fatima Houda-Pepin dans sa décision du 18 mai 2011. Dans le
même sens, le président Claude Pinard indiquait, le 3 juin 1998,
qu'«agir autrement ferait en sorte que l'article 241 de notre règlement
serait inapplicable et qu'aucun projet de
loi ne pourrait faire l'objet d'une scission puisqu'il serait très étonnant que
l'auteur d'un projet de loi ne considère pas [...] toutes les parties de
son projet de loi forment un tout absolument essentiel».
Je
porte également à votre attention la décision du 11 décembre 2007,
toujours par la présidente Fatima Houda-Pepin, qui statuait que le fait que le projet de loi ne porte
que sur un secteur d'activité, comme la tarification d'Hydro-Québec en l'espèce, ne signifie pas en soi qu'il n'y a qu'un
principe. Nous vous avons plutôt démontré non seulement que notre motion
proposait bel et bien deux principes, mais qu'ils sont plus contradictoires que
leur objectif.
Vous
remarquez, Mme la Présidente, que la motion de scission reprend
l'article 22 pour l'entrée en vigueur dans les deux projets de loi avec une légère modification. Cette pratique est
compatible avec nos pratiques comme le rappelait le président
François Gendron dans sa décision du 27 mai 2004. Il mentionnait
que «la présidence doit déclarer recevable une motion de scission qui adapterait l'article d'entrée en vigueur aux
projets de loi qui [en] résulteraient de la scission. D'ailleurs, dans tous les projets de loi, il y a
uniquement un article d'entrée en vigueur et la présidence a toujours déclaré
recevable une motion qui inclut cet article dans tous les projets de loi qui
résultent de la scission.»
Enfin,
le président François Gendron rappellera également, dans sa décision du
15 avril 2015, que «le but d'une motion de scission est de favoriser la libre expression des députés afin
qu'ils puissent s'exprimer et voter sur chacun des projets de loi qui en
résulteraient plutôt que de le faire sur un tout alors qu'ils pourraient être
en accord avec l'une [ou l'autre] des
parties, mais en désaccord avec l'autre. Le rôle de la présidence à cette
étape-ci est de vérifier si les conditions prévues au règlement sont
remplies pour permettre un débat à ce sujet. Ensuite, à l'issue de ce débat, il
appartiendra à l'Assemblée nationale de se prononcer sur l'opportunité ou non
de scinder le projet de loi tel [qu'il est] proposé.»
Je vous soumets que
ce principe est d'autant plus important que, dans le cas devant nous, nous
avons droit à deux principes en totale
contradiction, où les députés se voient offrir un faux dilemme. Nous ne
pourrons pas, comme députés, adopter
le remboursement des trop-perçus d'Hydro-Québec sans non plus adopter une
mesure à l'effet contraire, soit la
hausse des tarifs d'électricité et l'affaiblissement des pouvoirs de la Régie
de l'énergie. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie de vos
arguments de recevabilité. Je suis maintenant prête à reconnaître un
prochain intervenant, et ce sera M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Oui. Alors, Mme la Présidente, alors, ce que nous demande le député de
René-Lévesque aujourd'hui, ce n'est
absolument pas faisable, parce que, dans ce cas-ci, au niveau du projet de loi n° 34, une motion de scission,
c'est comme, je dirais, une voiture, le moteur et la transmission. Lui, il nous
dit : On va séparer les deux, et la voiture va continuer à avancer.
Ça ne marche pas du tout.
Ce
projet de loi là, il fait en sorte que... ce qui est amené par mon collègue,
c'est que ça donne de la prévisibilité et,
en même temps, ça va geler les tarifs l'an prochain, c'est-à-dire que, sur
plusieurs années, c'est 500 millions que les contribuables vont y
gagner. Alors, c'est la forme de remboursement qu'on y fait. Et aussi ça va
indiquer... ce qui est important là-dedans,
au futur, on va être prévisibles. Les citoyens n'auront plus de surprises quant
à l'augmentation d'une année ou l'autre. D'ailleurs, il l'avait dit en
2014. Alors, ce projet de loi là ne peut pas être scindé en deux. Mme la
Présidente, je vous demande de refuser d'accepter cette scission. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, M. le leader adjoint du gouvernement. Alors, s'il n'y a pas d'autres arguments de recevabilité,
je vais suspendre nos travaux afin que nous puissions analyser ces arguments
et vous revenir avec une décision suite à cette analyse.
Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise à 16 h 48)
Décision
de la présidence
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous reprenons nos travaux, et je suis maintenant
prête à rendre ma décision sur la recevabilité de la motion de scission
présentée par M. le leader du troisième groupe d'opposition.
Par le biais
de cette motion, il propose de diviser le projet de loi en deux parties, soit
une première qui concerne le remboursement
des trop-perçus et une seconde qui concerne la réforme du processus de fixation
des tarifs d'électricité. Selon lui, la première partie vise à remédier à une
situation passée, alors que la seconde vise à implanter une réforme pour
l'avenir.
En se basant
sur les critères établis par la jurisprudence, il rappelle que, pour juger de
la recevabilité d'une motion de
scission, la présidence doit analyser les principes qui sont contenus dans le
projet de loi. Selon lui, une motion de scission doit être déclarée recevable
lorsque les projets de loi proposés traitent de principes différents qui
peuvent être considérés
distinctement. De plus, les dispositions de chaque projet doivent former un
ensemble cohérent et ne pas être de simples modalités.
À ce sujet,
il fait valoir que les deux idées maîtresses visées par le projet de loi ne
peuvent être considérées comme de simples modalités, et ce, même si
elles pourraient être regroupées sous un même thème.
Il allègue
finalement que, puisque la motion de scission remplit tous les autres critères
de recevabilité d'une telle motion, elle doit être déclarée recevable.
Pour sa part,
le leader adjoint du gouvernement affirme que le projet de loi forme un tout
indissociable et ne contient qu'un
seul et même principe. Selon lui, le projet de loi garantit une prévisibilité
des tarifs d'Hydro-Québec pour l'avenir. Et, pour cette raison, il est
d'avis que le projet de loi ne peut être scindé.
• (16 h 50) •
D'emblée, je
remercie les leaders pour leurs arguments. Je rappelle d'abord que la
jurisprudence parlementaire a
plusieurs fois reconnu qu'un projet de loi doit comporter plus d'un principe
pour qu'une motion de scission soit déclarée recevable. De plus, chaque projet de loi résultant de la scission doit
être cohérent, complet et pouvoir vivre indépendamment l'un de l'autre.
La présidence
a aussi mentionné à plusieurs
occasions que l'analyse de la recevabilité d'une motion de scission ne peut être fondée sur l'objectif
poursuivi par son auteur. Il faut plutôt en analyser les dispositions pour déterminer s'il contient ou non plus d'un principe.
À la lumière
de ces critères, je dois maintenant décider s'il peut être scindé de la manière
prévue dans la motion de
scission présentée par M. le député de René-Lévesque.
Après lecture
des dispositions du projet de loi et analyse, je constate la présence de plus
d'un principe dans le projet de loi.
La manière dont la motion de scission propose de scinder le projet de loi en
deux, soit un premier projet de loi qui concerne le remboursement des
trop-perçus et un second qui concerne la réforme du processus de fixation des
tarifs d'électricité, est conforme à la
jurisprudence parlementaire. Je rappelle que ce n'est pas parce que des
principes peuvent être regroupés sous un même thème qu'ils doivent être
considérés comme de simples modalités.
J'y arrive.
Une fois que l'on constate qu'un projet de loi contient plusieurs principes, il
reste à déterminer si la manière dont
les articles sont répartis dans les différents projets de loi résultant de la
scission en fait des projets de loi distincts, cohérents en eux-mêmes et
qui peuvent être considérés de manière autonome.
En l'espèce,
je constate que les deux projets de loi qui résulteraient de la scission sont
cohérents, complets et peuvent vivre indépendamment l'un de l'autre,
comme le prévoit la jurisprudence.
Comme l'a
mentionné le leader du troisième groupe d'opposition, il est vrai que
l'article 22 du projet de loi se retrouverait,
au moins en partie, dans les deux projets de loi issus de la scission. Tel que
l'a établi la jurisprudence, cela n'a
toutefois pas pour effet de rendre la motion irrecevable puisque cet article
d'entrée en vigueur est cohérent avec chacun des projets de loi.
Et,
considérant ce qui précède, j'en viens donc à la conclusion que la motion de
scission respecte les critères énoncés par
la jurisprudence et, en conséquence, je déclare la motion de scission présentée
par M. le député de René-Lévesque recevable.
Débat sur la motion
Alors,
en vertu de l'article 241 du règlement, cette motion fait maintenant
l'objet d'un débat restreint de deux heures. Je vous informe que la répartition du temps de parole pour de débat
restreint s'effectuera comme suit : 58 min 30 s sont
allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement; 34 min 51 s sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle;
12 min 27 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition;
11 min 12 s sont allouées au troisième groupe d'opposition; et chaque député indépendant
dispose d'un temps de parole de 1 min 30 s. Et, toutefois,
lorsqu'un seul député indépendant participe à un débat, il dispose d'un
temps de parole de deux minutes.
Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les groupes indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Et enfin
je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au
cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Et je suis prête à
céder la parole au prochain intervenant, et ce sera la ministre responsable
de...
M.
Caire :
De plein d'affaires.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui. J'ai toujours de la difficulté avec votre
titre.
M.
Caire :
Transformation numérique gouvernementale, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Voilà, de la transformation
numérique de l'État. Je vous cède la parole.
M.
Caire :
Je ne vous en veux pas, Mme la Présidente. Moi-même, je me suis pratiqué à dire
mon propre titre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est vrai que j'ai de la misère avec
celui-là.
M.
Éric Caire
M.
Caire : Mme la Présidente, d'abord, nous prenons acte de
votre décision. Nous comprenons que la présidence juge la motion recevable, bien évidemment, et
votre décision ne peut être contestée. Donc, si, législativement, le projet
de loi peut être scindé, selon la décision
de la présidence, est-ce que la cohérence de l'action gouvernementale a la même
latitude?
Mme
la Présidente, j'aimerais peut-être faire un petit peu d'histoire ici pour
expliquer pourquoi aujourd'hui mon collègue
le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles a déposé le projet de loi
n° 34. Tout ça a débuté avec un projet
de loi qu'on a qualifié à l'époque de projet de loi mammouth parce qu'il
touchait à peu près à tout ce qui pouvait être du périmètre gouvernemental, où le gouvernement libéral a suspendu
une clause qui contraignait la Régie de l'énergie à tenir compte des trop-perçus dans les demandes qu'Hydro-Québec faisait en matière d'augmentation de ses tarifs. Et
donc, nécessairement, cette disposition législative introduite par le parti...
le gouvernement libéral faisait en sorte qu'Hydro-Québec, et
là-dessus mon collègue a été assez éloquent, dans le fond, n'avait aucune
espèce d'obligation de performance,
puisque la seule chose qu'Hydro-Québec avait à faire, c'est de définir ses
coûts et augmenter 8,2 % — c'est ça, cher collègue — 8,2 %
pour aller chercher son bénéfice.
Le
résultat de tout ça, encore là, la démonstration a été très claire, c'est une
surfacturation, une surtarification des clients d'Hydro-Québec, contre laquelle
la Régie de l'énergie ne pouvait rien faire, parce que la loi disait : À
partir de maintenant, ne tenez plus
compte de ça dans vos évaluations. Donc, ça, M. le Président, pour mettre en
contexte, là, ça a été mis dans une loi adoptée par le gouvernement libéral
majoritaire. Donc, moi, ça me fait toujours un peu rire quand j'entends
l'opposition nous dire que, nous, on va affaiblir la régie, on va aller jouer
dans les pouvoirs de la régie, alors qu'il
n'en est rien. Il n'en est rien, mais par contre, du côté de l'opposition
officielle, on a vraiment enlevé à la régie un pouvoir d'aller chercher
le juste prix pour les consommateurs.
Donc,
qu'est-ce qui s'est passé suite à ça? Évidemment une augmentation des
trop-perçus par Hydro-Québec qui a amené la Coalition avenir Québec à l'époque
à dénoncer la situation et qui nous amène aujourd'hui au projet de loi de
mon collègue, qui dit : Nous allons
vous rembourser ces trop-perçus. Le leader du troisième groupe d'opposition
dit : On peut faire vivre ces
deux projets de loi là séparément. Dans l'objectif de la cohésion
gouvernementale, cette affirmation-là ne tient pas la route. Pourquoi?
Que fait le projet de loi? Dans un premier temps, il prend un 500 millions
de dollars qu'Hydro-Québec a dans ses
coffres pour rembourser immédiatement les consommateurs. Dans un deuxième
temps, on va geler les tarifs.
Et
là j'écoutais l'opposition interroger mon collègue en disant : C'est le
projet de loi d'Hydro-Québec. Bien, ou Hydro-Québec est dans une
dynamique sadomaso que je ne comprends pas, ou l'opposition est dans le champ.
Vous comprendrez que j'opte personnellement
pour la deuxième option, parce que je ne vois pas l'intérêt d'Hydro-Québec de dire que c'est à son avantage que le gouvernement
dise : Pour l'année 2020, vous allez geler les tarifs. Je ne vois pas en
quoi ça sert Hydro-Québec. Moi, je pense que
ça sert les consommateurs, par contre. Le gel tarifaire sert les consommateurs,
va faire en sorte qu'il n'y aura pas
d'augmentation de tarifs, et donc, de ce fait, comme l'expliquait mon collègue
le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles, c'est un montant d'argent que les contribuables
québécois vont garder dans leurs poches, à hauteur de 200 millions.
Là, on arrive
au coeur de la proposition du Parti québécois qui veut scinder le projet de loi
en deux en disant : Oui, mais là
vous allez jouer dans les pouvoirs de la régie. Ce que le collègue a expliqué,
et qui m'apparaît être très clair, puis, je pense,
qui est compréhensible par tout le monde, c'est que la seule chose qui change,
c'est le délai dans les causes tarifaires.
Alors, contrairement au Parti libéral qui, lui, par législation, a imposé à la
régie de ne pas tenir compte des surplus qui auraient pu être engrangés par Hydro du fait d'une estimation,
disons, jovialiste de leurs coûts et du pourcentage de bénéfices qu'ils
doivent faire, du fait qu'on a dit expressément à la régie : Ne tenez pas
compte de ça parce que le gouvernement veut
engranger ces surplus-là, parce que le gouvernement en a besoin pour rétablir
l'équilibre budgétaire — ça, c'est ce qu'on nous
disait — ça,
c'est jouer dans les pouvoirs de la régie, on ne fait pas ça ici, là. On est
loin de ça. On dit : On veut de la prévisibilité.
• (17 heures) •
Et pourquoi le projet
de loi doit être gardé dans sa forme actuelle? C'est que non seulement il
permet aux consommateurs d'avoir un
remboursement des trop-perçus, mais en plus il permet à ces mêmes consommateurs
d'avoir une prévisibilité. Donc, moi, l'année prochaine, je ne me pose pas de
question sur mon compte d'Hydro. Est-ce que ça va être un montant x, plus un pourcentage, plus quel
pourcentage? Comment ça va se déterminer? Au final, c'est quoi, la facture que je vais recevoir? Ce n'est pas
compliqué, c'est l'inflation. Vous regardez quel est le montant de l'inflation,
c'est ça qui est votre augmentation. Et généralement le pouvoir d'achat, il
suit ça aussi, l'inflation. Donc, pour les consommateurs, ça veut dire de la
prévisibilité et pas de choc tarifaire.
Qu'est-ce qu'un choc
tarifaire, M. le Président? Bien, c'est quand le gouvernement libéral, qui
s'était engagé effectivement à ce qu'il n'y en ait pas, permet, par le
processus que nous connaissons tous, à ce qu'Hydro-Québec augmente d'au-dessus de 4 % ses tarifs
d'électricité, alors que vous comprendrez que l'inflation était loin de ça et
donc les augmentations de salaire
aussi. Ça, c'est un choc tarifaire. Ça, c'est une mauvaise nouvelle pour les
consommateurs. Et ça, c'est le legs
du Parti libéral. Ça, c'est jouer dans la Régie de l'énergie. Ça, c'est
vraiment intervenir dans le processus. Ce
n'est pas ça qu'on fait. Nous, on dit : Au lieu de le faire à chaque
année, on va le faire aux cinq ans. Entre les deux, c'est l'inflation.
Prévisibilité, pas de choc tarifaire pour les consommateurs; ça, M. le
Président, c'est se soucier du consommateur.
Maintenant,
pour Hydro-Québec, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'Hydro-Québec
aussi dit : Voici c'est quoi,
mes revenus. Là, il n'est pas question annuellement d'aller devant la Régie de
l'énergie dire : Bien, écoute, moi, je pense que mes coûts, cette année, là, ça va être à peu près ça. Ça fait
qu'à peu près ça plus 8,2 %, puis ça, bien, c'est la facture qu'on va envoyer aux consommateurs. Est-ce
que vous êtes efficaces? Est-ce que vous êtes efficients? Est-ce que vous avez
revu vos processus? Est-ce que vous vous êtes arrangés pour les diminuer, ces
coûts-là? Pourquoi? Pourquoi je ferais
ça? J'ai juste à prendre mes coûts, rajouter 8,2 %, puis c'est ça qui est
la tarification. Alors que là, M. le Président, en disant : Vous
êtes à l'inflation, c'est ça, vos revenus l'année prochaine, puis vous avez des
objectifs de rendement à rencontrer, donc
arrangez-vous à l'interne pour que vos processus soient optimaux, pour que vos
façons de faire soient optimales puis pour aller chercher de
l'efficacité et de l'efficience...
Puis,
on s'entend, M. le Président, que, dans les dernières années, des articles qui
parlent d'Hydro-Québec et de situation
qui sont problématiques sur le temps supplémentaire, sur un paquet de choses,
là, je... L'idée, ici, n'est pas de faire
le procès d'Hydro-Québec, bien évidemment, mais de mettre en lumière le fait
que ce qu'il y a dans ce projet de loi là, au contraire, est extrêmement contraignant pour Hydro-Québec au bénéfice
des consommateurs et des clients d'Hydro-Québec.
Donc, M. le
Président, de notre point de vue, ce projet de loi là, c'est un projet de loi
qui est un tout et qui est cohérent avec
l'action que nous voulons poser dans la perspective de rembourser, oui, les
clients d'Hydro-Québec, mais de
s'assurer aussi qu'à court, moyen et long terme les Québécois seront capables
de prévoir ce qu'il va y avoir sur leurs factures d'électricité, ils ne seront pas empêtrés dans des chocs
tarifaires ou des factures qu'ils n'avaient pas vu arriver et que c'est
Hydro-Québec qui a maintenant le fardeau de s'assurer que ses coûts d'exploitation sont sous contrôle et que
cette facture-là, elle n'est pas transférée aux contribuables.
Donc, M. le Président,
j'ai beaucoup de difficulté à comprendre la logique de mes collègues de la
troisième opposition. J'imagine qu'ils sont d'accord
avec le remboursement des trop-perçus,
mais je ne comprends pas l'opposition à
ce qu'on veut faire, d'avoir une augmentation des tarifs à l'inflation et de
continuer les causes tarifaires, mais de les faire aux 60 mois au lieu de les faire aux 12 mois. Je ne
comprends pas cette logique-là et je ne voterai pas en faveur de cette
motion-là.
<655
>655
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci. D'autres interventions?
M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie le député de René-Lévesque de nous avoir présenté cette motion de scission.
Je
vais commencer, M. le Président, en tout début, par vous dire que j'ai... ceci
dit, je suis quand même un peu ambivalent face à la motion de scission parce que
c'est un projet de loi qui, selon nous, est un projet de loi qui est mal ficelé du début jusqu'à la fin. En même temps, je
comprends l'intérêt du député de René-Lévesque et de la troisième opposition
de proposer que les Québécois sont en droit de recevoir le 500 millions, comme nous l'avons entendu il
y a de cela deux semaines, et démontrer que ce 500 millions allait de toute façon être remboursé sur une période de trois à cinq
ans, grâce au mécanisme de remboursement mis en application depuis 2017. Ceci dit, c'est la prérogative du gouvernement de lancer le message que le 500 millions peut et pourrait être ou va être remboursé dès le
début de l'année 2020. Tant mieux. Nous ne nous y opposons pas, au contraire. Ça fait partie d'une partie,
pas de la totalité, d'une partie des promesses de ce gouvernement face au projet de loi n° 34.
Ceci dit, le projet de loi... la motion de scission demande de séparer les deux volets qui
composent le projet de loi n° 34. Ces deux volets sont les suivants : le premier est le gel des
tarifs d'électricité et le remboursement des trop-perçus de la part d'Hydro-Québec à ses clients,
et le deuxième est la modification des pouvoirs de la Régie de l'énergie et donc de
son affaiblissement réglementaire.
Et c'est là
où j'ai une ambivalence, parce que la deuxième partie, qui est la modification des pouvoirs de la Régie
de l'énergie, n'a jamais fait partie des débats, n'a jamais
fait partie des enjeux soulevés par la Coalition
avenir Québec au cours des dernières
années. Jeudi dernier, là, je vous faisais un peu une revue historique,
là, de quelle façon ce débat s'est
tenu à travers les deux, trois dernières années, en fait depuis même 2015, et
en aucun cas la Coalition avenir
Québec, que ce soit par la bouche de votre collègue députée de Saint-Hyacinthe
ou notre ancienne feue collègue députée d'Arthabaska,
en aucun cas le débat sur la simplification du processus réglementaire ou de
l'application du travail effectué par la régie n'a jamais été démontré
ou amené ici, à l'Assemblée nationale, comme débat.
Donc, si je
reviens au premier volet, qui est celui du gel des tarifs et le remboursement
des trop-perçus de la part d'Hydro-Québec
à ses clients, j'aimerais être clair au niveau des objectifs principaux de ce
projet de loi là. Nous désirons tous,
M. le Président, comme je vous l'ai mentionné, que les citoyens reçoivent leur
remboursement, tel que demandé par la
Coalition avenir Québec, qu'ils soient cohérents avec leur propre promesse, une
chose qui a été difficile d'en arriver là. Je vous en ai fait la nomenclature jeudi dernier, entre les va-et-vient,
les on avance, on recule, on ne sait pas, hein, on se corrige, etc., jusqu'au
12 juin dernier. Je vous rappelle, au niveau du remboursement des
trop-perçus et le gel des tarifs d'hydroélectricité...
Bien, en fait, je vous reviens sur les différentes présentations lors des
audiences du projet de loi n° 34, l'unanimité
des différents groupes. Et, cet après-midi, le ministre de l'Énergie s'est
levé pour répondre à une question de ma
collègue de la deuxième opposition en disant qu'il y avait quelques groupes qui
soutenaient sa thèse, qui soutenaient son
argumentaire. En effet, si on peut résumer à quelques groupes... deux groupes
sur une quinzaine de groupes, déjà,
deux, c'est plus qu'un, donc on peut utiliser le pluriel lorsqu'on identifie
deux groupes plutôt qu'un.
Mais, quand
on regarde ça de plus proche, on se rend compte que les deux groupes étaient un
peu mal placés, le premier groupe
étant Hydro-Québec, qui était la première présentation il y a
deux semaines exactement. Et le deuxième groupe, qui était aussi la deuxième présentation, était un organisme,
l'Association de l'industrie électrique du Québec. Et, comme je vous
l'ai mentionné jeudi dernier, autant le ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles, autant Hydro-Québec sont membres de cette association-là, et, tout au
plus, Hydro-Québec est également membre du conseil d'administration d'Hydro-Québec. Donc, oui, je confirme qu'il y avait deux
groupes, mais disons qu'ils étaient un peu peinturés dans le coin, comme on dit en bon québécois,
dans leur argumentaire ou, en fait, dans leur positionnement sur cet
enjeu-là.
• (17 h 10) •
Si je vous
refais de nouveau un petit contexte historique, d'où on est partis pour arriver
là aujourd'hui, au 12 juin, avec le dépôt du projet de loi n° 34, bien, c'est de vous rappeler que c'est votre
ancienne collègue de la Coalition
avenir Québec, députée d'Arthabaska, qui avait lancé ce débat en 2015, notamment.
Elle demandait à l'époque une diminution de 10 %... Attendez, je vais vous
citer un article de 2017 qui disait... Elle réclamait, grâce à une
pétition de 40 000 signataires, une baisse immédiate des
tarifs d'hydroélectricité de 10 % pour compenser pour l'existence de
trop-perçus. Et tout ça a été repris,
par la suite, là, en 2017 par l'actuelle vice-présidente de l'Assemblée,
députée de Saint-Hyacinthe, à multiples reprises, qui a interpelé notre
actuel chef de notre formation politique, qui était anciennement ministre de
l'Énergie et Ressources naturelles
également, sur l'existence de ces trop-perçus. Tout ça a été corroboré
également par la Vérificatrice générale.
Et il y a des gestes qui ont été posés. Il y a des projets de loi qui ont... Il
y a des mécanismes qui ont été implantés pour graduellement rembourser, en partie ou en totalité éventuellement, les
trop-perçus. Oui, pendant une
certaine période de temps, ce mécanisme-là a été suspendu
parce que le gouvernement précédent avait décidé de prioriser le retour
à l'équilibre budgétaire. Et donc le
mécanisme de remboursement avait été suspendu jusqu'en 2017, et, à partir de
2017, ce mécanisme-là a été remis, disons, a été réactivé à ce
moment-là.
Jeudi
dernier, en résumé, là, je vous ai fait un peu la nomenclature de toutes les
prises de position, les citations de
divers collègues sur la question des promesses. En fait, il y en a même une qui
m'a échappée la semaine dernière, qui était
celle que, quand le premier ministre, suite à... Aujourd'hui, on souligne — je vais vous laisser peut-être utiliser le
mot «célébrer», je vais plutôt dire «souligner» — aujourd'hui marque la date du premier
anniversaire de ce gouvernement. Bien,
quelque temps... Je vois le député de
Nicolet-Bécancour applaudir, bien oui. Il faut se rappeler des commentaires
de l'actuel premier ministre,
ou de son équipe, qui remettaient rapidement en cause la volonté de rembourser ces
trop-perçus, en fait remettaient en
cause leur propre promesse. Parce qu'au lendemain de l'élection, en fait, il
essayait de faire croire aux Québécois
de... en leur disant : Bien, nous n'avons jamais promis ça pendant la campagne électorale, nous n'avons jamais prononcé, pendant la campagne électorale, pendant les six, sept semaines de campagne, que nous allions rembourser à même, si on peut dire, le budget du Québec ces
trop-perçus. Il a même, à un moment
donné, laissé sous-entendre que, de rembourser les trop-perçus à
même le budget du Québec, bien ça affecterait les autres engagements et donc
l'offre de service ou le financement des services du gouvernement lors du prochain budget. Et j'en passe.
Je vous ai
donné une situation, la semaine dernière, d'une porte-parole du premier ministre qui est encore en poste aujourd'hui, Nadia Talbot, qui a dit pour la première fois,
et je pense que c'était le 8 novembre 2018... où elle confirmait
que, pour le premier ministre, le remboursement des trop-perçus n'était pas
quelque chose de réalisable.
Par la suite,
bien, je vous l'ai expliqué, est venu d'autres façons de peut-être
se sortir un peu de ce cul-de-sac, le gouvernement a essayé d'autres
façons de sortir un peu de ce cul-de-sac en disant, bien, que l'unification ou,
en fait, l'uniformisation de la taxe
scolaire à travers le Québec, qui était un projet de loi qui a été adopté
ici, à l'Assemblée nationale, plus les crédits d'impôt offerts aux familles, notamment, c'était, ça, une forme de
remboursement des trop-perçus auprès des familles.
Mais
les Québécois ne sont pas dupes, et ont continué à mettre la pression sur ce
gouvernement, malgré la lune de miel, ont continué à mettre la pression sur ce gouvernement pour lui
rappeler ses belles paroles, pour lui rappeler les actions
que cette formation
politique, que la Coalition avenir Québec a posées par le passé, que ce soit la
pétition lancée par votre collègue de
Saint-Hyacinthe... notre collègue de Saint-Hyacinthe, que ce soit la pétition
antérieure lancée par l'ancienne députée
d'Arthabaska, que ce soient les nombreuses prises de parole publiques, les
questions posées ici, etc., même, je dirais,
le dépôt des pétitions en papier, et... Mais les Québécois ne sont pas dupes,
et ils ont continué à mettre la pression. Les organisations, aussi, qui représentent les consommateurs ont
continué à mettre la pression. La Fédération canadienne des contribuables a elle-même lancé, au mois de
février, une pétition pour justement continuer à mettre la pression sur le
gouvernement afin qu'il respecte son propre engagement.
Comme
je vous l'ai mentionné, jeudi dernier, est venu par la suite le moment pour
nous, l'ensemble des parlementaires, de retourner dans
notre circonscription au début du mois de mars, lors de la relâche
parlementaire, et c'est là où je pense que,
tous et chacun, on a vu jusqu'à quel point les Québécois se sentaient...
étaient frustrés qu'un des engagements-phares de ce nouveau gouvernement
était laissé pour compte et que leur confiance retrouvée dans le gouvernement était tout soudainement, très
rapidement et de façon sans scrupule remise en question et laissée aux
oubliettes. Et ça, les Québécois ont
été très frustrés par ça et l'ont exprimé, et je pense que ça a eu de l'impact
à l'intérieur du caucus du
gouvernement, et c'est la raison pour laquelle le premier
ministre et le ministre
de l'Énergie ont été obligés de retourner à la table à dessin.
Et c'est là
que je vous ai mentionné les paroles du premier ministre, lorsqu'il a
dit : Bien, je vais convoquer le P.D.G. d'Hydro-Québec, on va en parler puis on va essayer de trouver
une solution. Je pense qu'à ce
moment-là ça a été une démonstration de quelle façon, quand que la population
s'exprime, ne lâche pas le morceau, en fait met en pleine face du gouvernement ses propres paroles en disant : Bien, vous nous avez promis et là
vous essayez de nous berner en nous disant que de nous présenter
d'autres actions du gouvernement pour essayer de contourner ou, en fait, de
nous laisser sur l'impression que c'est ça,
le remboursement des trop-perçus, bien, c'est un constat, c'est
une autre démonstration que, quand la population s'organise, elle est capable de faire reculer le gouvernement et le premier ministre. Et c'est ce qui est arrivé à partir du mois de mars, lorsque le premier ministre s'est engagé à parler avec le P.D.G. d'Hydro-Québec, il l'a dit : Je vais voir, je vais
m'asseoir avec lui, et on va trouver une solution.
Bien,
regardez, M. le Président, selon moi, c'est là où une partie de la
justification du député de René-Lévesque,
par rapport à sa motion de scission, fait du sens. Parce qu'une chose, c'est le remboursement des trop-perçus, puis une autre
chose, c'est la révision du cadre réglementaire de la Régie de l'énergie et de même
l'affaiblissement réglementaire de la
Régie de l'Énergie. Et c'est là où toutes les organisations qui sont venues
nous voir nous ont fait cette... si on peut dire, ont soulevé ce drapeau
rouge pour dire : Faites attention!
Et c'est là
où, malgré l'estime, et malgré l'expérience du député de La Peltrie ici, c'est là où je dis : En aucun cas, au cours des dernières années,
ce débat n'a jamais été amené ici, à l'Assemblée nationale, même pas
publiquement. Même pas publiquement.
Alors, aujourd'hui, il se lève et nous pointe du doigt, pointe du
doigt les oppositions, fait référence à un projet de loi mammouth, etc., mais en aucun cas, malgré le fait qu'ils étaient à la deuxième opposition ici, en aucun cas ils n'ont
soulevé la question de l'affaiblissement, ou l'importance,
ou la nécessité d'affaiblir la Régie de l'énergie comme étant un enjeu primordial. Et, selon moi, et ça,
c'est l'interprétation que je fais suite aux 15 différentes présentations que nous avons eues il y a deux semaines sur le projet de loi n° 34, c'est que malheureusement le premier ministre a dû faire un deal, il a dû faire un deal, il a dû devoir concéder,
en échange à Hydro-Québec... concéder une demande d'Hydro-Québec, en échange de quoi ils allaient pouvoir lui
fournir une supposée solution au remboursement des trop-perçus. Puis je dis
bien supposée, parce que, comme je l'ai
mentionné ici jeudi, plusieurs groupes remettent en question ce supposé
remboursement du milliard, pas du
500 millions, du milliard à compléter, remettent en question ce supposé
calcul, remettent en question si les Québécois vont réellement voir la
couleur de leur argent à la fin de la journée, malgré les cinq ans.
• (17 h 20) •
Et pourquoi,
moi, je fais référence à Hydro-Québec? Et, comme je l'ai mentionné, ce projet
de loi est un projet de loi rédigé
par Hydro-Québec au bénéfice d'Hydro-Québec. Quand le leader du gouvernement
ici se lève, et il s'est levé jeudi
dernier, suite à une intervention de mon leader ici, de notre leader, pour...
en fait, je vais même faire référence à une question que j'ai posée ici mercredi dernier, et le leader s'est
levé pour répondre à ma question, et il a terminé son intervention en
disant : C'est dans l'intérêt des Québécois que nous avons rédigé, proposé
et déposé ce projet de loi.
Loin de là, M. le Président. Ce n'est en aucun cas dans l'intérêt des Québécois. C'est Option Consommateurs, c'est l'Union
des consommateurs qui l'ont répété ici, ce n'est pas dans l'intérêt des Québécois.
Au contraire, ils risquent même, à cause de
l'affaiblissement réglementaire à la Régie de l'énergie, les consommateurs
risquent même d'avoir des augmentations de tarifs, et même le ministre
l'a reconnu en sortant des audiences qu'il pourrait y avoir des augmentations de tarifs supérieures à l'inflation. Il l'a reconnu, il l'a dit en
entrevue. Donc, la problématique ici, sur ce projet de loi, c'est justement,
entre autres, l'affaiblissement réglementaire de la Régie de l'énergie.
Et ça, c'est
inquiétant, parce que partout dans le monde, dans une société démocratique, lorsqu'il y a un monopole d'État, il faut nécessairement qu'il
y ait un tribunal administratif et un organisme de réglementation
qui encadre ce monopole, qui a
l'obligation de s'assurer que le monopole n'abuse pas de son pouvoir,
justement, face aux consommateurs. Vous savez, comme l'ensemble des parlementaires ici, à chaque année, nous
recevons des cas de comté, des cas de circonscription.
Pour les collègues de l'opposition qui... ou
même les collègues, l'ensemble des collègues qui font partie de cette 42e législature pour la première fois,
qui n'ont jamais été élus auparavant, vous l'avez peut-être, sûrement, vécu au
printemps dernier, lorsqu'arrive le moment
où Hydro-Québec débranche certains clients pour non-paiement, pour x raisons.
Et nous recevons ces citoyens dans nos
circonscriptions. C'est notre obligation, c'est notre responsabilité d'agir à
titre d'intermédiaire, de pouvoir les
référer correctement auprès d'Hydro-Québec. Je concède qu'Hydro-Québec fait du
mieux que possible pour justement
accommoder ces clients et trouver des ententes de remboursement, mais, quand
les clients viennent nous voir, quand
ces citoyens viennent nous voir au bureau de circonscription, lorsqu'ils nous
appellent, on sent à chaque fois un sentiment de
détresse. On sent à chaque fois un sentiment d'impuissance, d'impuissance face
à un monopole d'État où ils sentent qu'ils
ne représentent qu'un numéro, qu'un chiffre à la fin de la journée. Et donc ils
viennent voir leur élu provincial
pour les aider à faire entendre leur voix. Et ça, je fais référence à tous ces
citoyens, ces citoyennes à travers le
Québec qui annuellement viennent nous voir, dans certains cas, même, vivent de
l'abus ou même une certaine forme d'intimidation de la part
d'Hydro-Québec.
Et ça, c'est
causé parce que les consommateurs n'ont pas d'autre alternative. C'est un
monopole. Lorsqu'un monopole est créé, il faut qu'il y ait nécessairement,
donc, un organisme réglementaire qui surveille ce monopole, qui s'assure que
l'appétit, que la gourmandise de ce monopole est encadrée, et gérée, et même,
jusqu'à un certain point, est stoppée.
Et nous l'avons démontré, nous avons la preuve au cours des dernières années,
M. le Président, parce qu'Hydro-Québec a continuellement fait des demandes, au cours des quatre, cinq dernières
années, qui étaient supérieures à 1,5 %, 1,6 %, même 1,7 %
d'augmentation des tarifs d'hydroélectricité lorsqu'Hydro-Québec déposait son
dossier tarifaire auprès de la Régie
de l'énergie. Et nous avons eu, en moyenne, au cours des quatre, cinq dernières
années, M. le Président, des hausses d'à
peu près 0,8 %, 0,7 %, 0,8 %, 0,9 % de hausses tarifaires.
Et c'est là une démonstration, c'est une belle démonstration, que, lorsqu'un
tribunal administratif, lorsqu'un
organisme réglementaire fonctionne bien... Est-ce qu'il fonctionne parfaitement? Non. Mais, lorsqu'il fonctionne
bien, c'est qu'il est capable de prendre autant les arguments du monopole
d'État, il est capable de prendre les
arguments aussi des différentes institutions qui font affaire avec
Hydro-Québec, également de la part
des consommateurs, et qu'il est capable d'arriver à un juste prix, à une juste
augmentation tarifaire sur une base annuelle.
Et c'est là
où le deuxième volet du projet de loi n° 34 est, selon nous,
dangereux. Il est, selon nous, très inquiétant. Il est, selon nous, même une façon déguisée... En enlevant, si on peut dire,
ce chien de garde, en le mettant en cage face au monopole qu'est
Hydro-Québec, c'est une façon déguisée de donner un chèque en blanc au monopole
et enfin de récompenser Hydro-Québec, et, on
va se le dire, dans la trame de cette histoire-là, c'est de récompenser
Hydro-Québec pour avoir aidé le
premier ministre et sa formation politique à se dépêtrer du trou dans lequel
ils se sont eux-mêmes mis au lendemain
de l'élection, il y a exactement un an, en commençant à démentir leurs propres
promesses faites au cours des trois, quatre années précédentes.
Donc, pour
qui est fait ce projet de loi là? Il est fait par Hydro-Québec à l'avantage
d'Hydro-Québec parce qu'en aucun cas le ministre ou quelconque porte-parole n'a
réussi à démontrer que les Québécois vont voir la couleur de leur argent en l'appliquant, ce projet de loi là. Nous
sommes en faveur que les Québécois se fassent rembourser. Au contraire, nous le demandons. Nous talonnons le gouvernement.
Nous talonnons le ministre et le premier ministre sur leur propre parole. Si le projet de loi propose en partie de
rembourser les 500 millions dès 2020, nous sommes en faveur, mais nous
demandons également que les Québécois voient
l'entièreté de leur argent, et pas juste une partie de leur argent, pas juste
un tiers de leur argent, voient l'entièreté de l'argent qui a été promis.
Mais,
deuxièmement, laissons de côté... Et il y a des organismes qui nous ont fait
cette proposition-là, ils nous ont
dit : Si vous trouvez que le processus est trop lourd de la part de la
Régie de l'énergie, qu'il est trop contraignant, qu'il est trop, peut-être, dispendieux, qu'il est trop,
peut-être, long, bien, revoyons de fond en comble le mandat de la Régie de l'énergie, ne l'affaiblissons pas. Est-ce qu'on
peut rendre plus optimal le processus réglementaire? Certainement. C'est
pour ça que je vous ai concédé... Est-ce que
le processus, actuellement, est parfait? Non, il ne l'est pas. Mais
actuellement, au moins, les gens, David, le citoyen, à la fin de la
journée, les regroupements de consommateurs, les regroupements d'industriels qui font affaire... et qui dépendent
du service offert par Hydro-Québec, bien, au moins, ils ont ce recours
actuellement. Au moins, ils ont ce mécanisme, pour eux, de pouvoir se battre
contre Goliath lorsque c'est nécessaire.
Et, lorsque
le ministre nous fait la démonstration... lorsqu'il inclut dans ce projet de
loi là un élément qui n'a jamais été débattu, qui n'a jamais été amené dans le
débat public, non plus à l'extérieur de cette Chambre, c'est qu'il est en train
de donner un chèque en blanc à Hydro-Québec et qu'il est en train,
essentiellement, de lui permettre de pouvoir justement reporter à chaque cinq ans l'obligation de déposer un
dossier tarifaire, donc l'obligation d'ouvrir ses livres et de justifier pourquoi certains projets sont financés
et certains projets sont mis de l'avant, à quel coût, et justifier des hausses
tarifaires également.
Je vais vous
lire des notes explicatives, M. le Président, du projet de loi en question,
justement, qui fait référence au
volet de l'affaiblissement réglementaire. «Le projet de loi retire par ailleurs
les obligations pour Hydro-Québec de faire autoriser par la Régie de l'énergie les projets d'investissement en
infrastructures et les autres initiatives de réorganisation du réseau de distribution d'électricité et de lui
soumettre pour approbation ses programmes commerciaux. Il retire également
l'obligation imposée à la Régie de l'énergie d'établir un mécanisme de
réglementation incitative assurant la réalisation de gains d'efficience
par le distributeur d'électricité et le transporteur d'électricité.» Donc, on
retire à Hydro-Québec l'obligation d'aller
de l'avant, d'aller devant la Régie de l'énergie pour certains projets. Si ce
n'est pas une perte de pouvoir, M. le Président, c'est quoi? C'est quoi?
En plus, en
retirant les auditions annuelles devant la régie, il y a une possibilité de
perte de contrôle des dépenses d'Hydro-Québec
qui vont se refléter dans la facture des citoyens annuellement. M. le
Président, je sais que le ministre nous répète à tue-tête que le
mécanisme employé ou présenté par le projet de loi n° 34 va mettre
l'odieux sur le dos d'Hydro-Québec, va
mettre, si on peut dire, les risques, va transférer le risque sur le dos
d'Hydro-Québec. En fait, c'est qu'au lieu d'avoir à justifier ses
projets à l'avance, il va lui dire : Regardez, vous avez telle cagnotte,
développez des projets. Si ça marche, tant
mieux. Si ça ne marche pas, tant pis. De toute façon, vous avez ce budget-là,
et arrangez-vous avec ça. Au lieu d'avoir à justifier à l'avance pourquoi tel
projet est plus rentable, pourquoi tel projet est plus nécessaire, pourquoi tel projet est au bénéfice des
consommateurs. Et c'est là où son argumentaire fait fausse route. Selon
l'Association québécoise de
production d'énergie renouvelable, retirer le droit de regard de la régie, ce
serait comme donner une carte blanche à Hydro-Québec. Je vous parlais,
je vous expliquais de quelle façon Hydro-Québec est un monopole, et, à ce niveau-là, nous, vous,
moi, l'ensemble des consommateurs à la maison, nous nous sentons un peu comme
David contre Goliath à ce niveau-là.
• (17 h 30) •
Le premier objectif... Attendez. Même plusieurs
sont venus nous dire lors des audiences, comme l'Union des consommateurs, M. le Président, ils nous ont
carrément demandé, ce n'est pas moins de régie qu'on a besoin, c'est plus
de régie. Il est clair que le projet de loi
n° 34 est contraire à l'intérêt des consommateurs d'électricité et
représente un affront direct contre l'indépendance d'une institution
impartiale comme la Régie de l'énergie.
Le premier
objectif du projet de loi n° 34, qui est supposément la simplification du
processus de fixation des tarifs, vise
en réalité à réduire le pouvoir d'examen de la régie sur les activités de
distribution d'Hydro-Québec. En ce qui concerne les deux autres objectifs, c'est-à-dire remettre les trop-perçus et
permettre une meilleure prévisibilité, regardez, le ministre de l'Énergie a un excellent collègue qui est
responsable du ministère des Finances. Et on a eu cette discussion-là lors de
la semaine des audiences, M. le
Président, c'est impossible de prévoir, au-delà de 12 mois, quelle sera
l'évolution des taux d'intérêt, quelle sera l'évolution aussi de
l'inflation. Alors, de justifier que ça va amener une plus grande prévisibilité
que d'assujettir la hausse des tarifs sur
une base annuelle, de l'assujettir sur une croissance de l'inflation sur une période de cinq ans,
en fait, c'est rire des Québécois, disons-le.
Parce qu'aucun économiste réputé ne va vous
confirmer qu'il est capable de prédire c'est quoi, la hausse de l'inflation, au cours des quatre, cinq prochaines
années, parce qu'il y a beaucoup trop d'intrants, parce qu'il y a beaucoup
trop de facteurs, parce que ce sont... et encore plus aujourd'hui, avec une économie mondialisée, c'est encore plus difficile de pouvoir regarder sur une période de
quatre à cinq ans, en fait, d'avoir une boule de cristal et de pouvoir
prétendre qu'on aide les Québécois à avoir une meilleure
prévisibilité en déterminant la hausse des tarifs sur une période de quatre à
cinq ans basée sur la hausse de
l'inflation. Et de plus, nous l'avons vu au cours des dernières années, la
hausse des tarifs a été la moitié
moindre que la hausse de l'inflation. Donc, ça, je l'ai dit et je le répète, si
le projet de loi n° 34 avait été mis en application il y a de cela quatre à cinq ans, les Québécois auraient eu
le double de l'augmentation sur la hausse de leur... le double de
l'augmentation des tarifs sur leurs factures de consommation à domicile.
C'est là que, M. le Président, je reprends... en fait, je remets en pleine face ces paroles auprès du
député de La Peltrie, parce que, pendant des années, il s'est levé ici,
en Chambre, il a reproché au gouvernement précédent de dire que c'était une taxe déguisée, que c'était une façon d'aller chercher
encore plus... Le député de Granby le faisait, le député de Nicolet-Bécancour est ici avec nous, ils se targuaient, ils se
félicitaient et ils nous répétaient en pleine face que toutes les actions qu'on posait, c'était pour aller
chercher encore plus d'argent dans la poche des Québécois. Je vous répète texto
le verbatim de ces arguments : C'est
une taxe déguisée, M. le Président, c'est une façon d'aller chercher encore plus
d'argent dans la poche des Québécois; au contraire, il faudrait aller
alléger, il faudrait donner un allègement, du non-fiscal aux familles. C'était ça, la base de leur
argumentaire. Et aujourd'hui ils nous arrivent avec un projet de loi qui va chercher encore plus
d'argent dans la poche des Québécois, et qu'ils essaient de faire croire aux
Québécois... ils essaient de... ils prétendent qu'au contraire il va
servir à rembourser le 1,5 milliard de trop-perçus.
Je reviens, je reviens à ma conclusion, M. le
Président. Ce n'est pas un projet de loi qui est dans l'intérêt des Québécois, c'est un projet de loi rédigé par et
pour Hydro-Québec uniquement. Et les Québécois ont encore beaucoup d'attentes.
Peut-être que, dans les sondages, la formation politique,
la Coalition avenir Québec est encore très haut, au niveau des sondages,
mais, quand les Québécois vont voir, et constatent, et s'intéresser encore plus
à ce projet de loi, ils vont constater qu'ils sont en train de se
faire passer un sapin, M. le
Président. Je le dis de façon très
respectueuse. Parce que, oui, c'est
un projet de loi technique, M. le
Président, ce n'est peut-être
pas un projet de loi qui est à la portée de tous, et le ministre peut impressionner des gens en sortant des
tableaux à gauche et à droite pour faire une démonstration que seul lui comprend, c'est là où moi-même, mes
collègues des oppositions, nous
efforçons à démontrer qu'ultimement les Québécois n'y verront que du
feu, ne verront jamais la couleur de leur argent à travers ce projet de loi là.
Et ce qui est
encore plus dangereux, c'est l'affaiblissement de la Régie de l'énergie. C'est là où j'ai un profond malaise avec ce projet de loi là. Qu'on
débatte ici du remboursement, du mécanisme, de la façon d'émettre un chèque
auprès des Québécois, de peut-être
interpeler le président du Conseil du
trésor, enfin, de reprendre les
paroles du premier ministre
actuel, de la députée de Saint-Hyacinthe, qui demandait à l'époque que le remboursement se fasse directement à
partir du Conseil du trésor, bien, aujourd'hui, je reprends ces mêmes paroles
et je dis : Mais, plutôt que d'essayer d'impressionner
les Québécois ou, en fait, de les berner à travers une
interprétation douteuse d'un mécanisme qui, à la fin, ne démontre
aucunement...
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le député de Nicolet-Bécancour?
M.
Martel : ...au député
de Laval-des-Rapides d'être rapide... «d'être rapide»!
M. Polo : Rapide? Oui, oui,
donnez-moi 2 min 30 s.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Martel : ...d'être plus rapide, mais de faire attention au
vocabulaire qu'il utilise. Je pense qu'il y a des termes
antiparlementaires.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
M. le député de Laval-des-Rapides, je vous demanderais d'être très prudent.
J'ai laissé passer parce que c'est au gouvernement à invoquer le règlement,
mais vous avez...
M.
Polo : Oui, je vais être rapide. Il me reste deux minutes, puis je
vais terminer mon argumentaire.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Vous êtes toujours sur la ligne, là, mais vous la franchissez à l'occasion.
Allez-y, continuez.
M.
Polo : Oui, c'est bon. Bien,
M. le Président, je termine en vous disant, et je vous
répète : Je suis ambivalent face
à cette motion de scission. Ceci dit, elle a des assises qui sont quand même
importantes, qu'il faut débattre. Et moi, j'invite le ministre de l'Énergie,
j'invite ce gouvernement à prendre un pas de recul, que ce soit à scinder
en partie ou même à reconsidérer le
dépôt de ce projet de loi là, parce
que, comme je l'ai mentionné, oui, on
veut tous et on souhaite tous le remboursement des trop-perçus, mais pas au détriment d'un tribunal administratif, pas au détriment d'une institution qui accomplit son travail du
mieux possible.
Est-ce que
ça peut être amélioré? Certainement. Mais faisons attention lorsque
nous parlons de simplification parce
que
l'extrême simplification devient simpliste. Et, dans une société démocratique, nous avons un monopole d'État qui
affiche, année après année, une gourmandise
à vouloir augmenter les tarifs d'hydroélectricité. Ce n'est pas en
affaiblissant la Régie de l'énergie,
mais plutôt en consolidant, en consolidant, ses recours que nous allons nous
assurer que nos concitoyens,
citoyennes, qui se sentent comme David face à Goliath face à Hydro-Québec, sont
défendus du mieux possible, et que
nous pouvons, nous, comme parlementaires, également faire notre travail et
porter leur voix lorsqu'ils sentent qu'ils se sentent abusés de la part
d'Hydro-Québec. Merci beaucoup, M. le Président.
• (17 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Mercier et je vous indique que votre
groupe parlementaire dispose de 12 min 46 s.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, M. le Président. Donc, je l'ai dit à plusieurs reprises, notamment lors
de l'adoption de principe, et je vais le
répéter encore aujourd'hui, le projet de loi n° 34 sur les tarifs
d'Hydro-Québec est un mauvais projet de
loi pour les Québécois et les Québécoises, et le gouvernement devrait avoir le
courage de le reconnaître et de le retirer.
Maintenant,
je dois intervenir sur la motion de scinder le projet de loi, et ma formation
politique, évidemment, appuie cette
motion. On appuie cette motion parce que le projet de loi traite de deux sujets
totalement différents : un, les trop-perçus
ou ce qu'on appelle les écarts de rendement d'Hydro-Québec, et, deux, le
processus d'établissement des tarifs, qui
est la responsabilité de la Régie de l'énergie, qui, jusqu'à aujourd'hui, le
faisait annuellement. Et, si on s'est retrouvés aujourd'hui dans cette situation-là, avec ces trop-perçus qu'a dénoncés
très vigoureusement le gouvernement lorsqu'il était dans l'opposition, ce n'est certainement pas... la cause de ça, de
ces trop-perçus, n'est certainement pas le processus de tarification d'Hydro-Québec, des tarifs
d'Hydro-Québec, et encore moins à cause de la Régie de l'énergie. Et ça, le
gouvernement le sait très bien, que ça n'a
rien à voir. C'est même plutôt le contraire. Si le gouvernement veut vraiment
que les trop-perçus soient remboursés aux
Québécois et aux Québécoises, il devrait plutôt protéger la Régie de l'énergie,
le chien de garde des clients d'Hydro-Québec
et qui est leur principal défenseur face au monopole qui est Hydro-Québec.
Cette
dernière, d'ailleurs, la Régie de l'énergie, elle a mis en place un mécanisme
lorsqu'elle s'est aperçue que ces trop-perçus s'accumulaient année après
année. Elle a mis en place un mécanisme qu'on appelle le mécanisme de
remboursement des trop-perçus ou plutôt, le terme plus exact, le mécanisme de
traitement des écarts de rendement, et elle
a mis ça en 2014, et ce mécanisme-là n'a jamais vu le jour, tout d'abord parce
que le gouvernement précédent, il tenait
tellement à atteindre l'équilibre budgétaire qu'il a préféré que la majorité
des trop-perçus lui soient plutôt versés en dividendes plutôt qu'ils soient retournés dans les poches des Québécois
et Québécoises. Et, une fois ces années d'austérité, ces sombres années d'austérité terminées, eh bien,
les Québécois et Québécoises allaient prochainement toucher enfin à ces
trop-perçus. On allait voir le fruit de ces trop-perçus par ce mécanisme de
remboursement très bientôt.
Mais
là le projet de loi n° 34 arrive et il met fin à ce mécanisme de
remboursement. C'est un manque flagrant de logique, puisque l'objectif du gouvernement,
ce qu'il nous dit avec son projet de loi n° 34, c'est que les
trop-perçus, le 1,5 milliard,
soient remboursés, mais il y avait un mécanisme qui a été mis en place pour que
ça puisse voir le jour, et il est éliminé du projet de loi. C'est écrit
dans un des articles.
Donc,
si le gouvernement veut être logique avec lui-même et dire : Oui, je veux
que cet argent-là soit retourné aux Québécois,
puisque c'est ce que je demandais quand j'étais dans l'opposition, et c'est ce
que je veux maintenir, et je veux continuer
à le faire, eh bien, il devrait lui-même rembourser cet argent-là aux Québécois
directement au lieu de modifier le processus d'établissement des tarifs.
Parce
que, selon le rapport de la Vérificatrice générale de 2018 à 2019, le total des
écarts de rendement, donc... c'est-à-dire
le rapport, le dernier rapport général de la vérificatrice... Excusez-moi. Le
rapport de la Vérificatrice générale 2018-2019 établissait que les
écarts de rendement entre 2005 et 2017 s'établissaient à 1,5 milliard et qu'Hydro-Québec a versé en dividendes au
gouvernement du Québec 1,1 milliard de dollars. Donc, si on suit cette
logique-là, les trop-perçus, si on
veut que les Québécois puissent les toucher, ils ne sont plus dans les coffres
d'Hydro-Québec, mais ils sont maintenant rendus dans les coffres du
gouvernement.
Pour le remboursement
de 500 millions qui sont contenus dans le projet de loi, c'est loin d'être
un cadeau puisqu'il s'agit de l'argent du
compte d'écart, qui, de toute façon, allait être retourné aux Québécois. On
fait ce processus-là, cet exercice-là
de remboursement du compte d'écart aux deux, trois ans, et les Québécois
allaient pouvoir y toucher. Donc, c'est loin d'être un cadeau,
c'est-à-dire p.l. n° 34 ou pas, cet argent-là allait
être retourné.
En ce qui
concerne le 1 milliard de dollars, le fait de geler les tarifs au niveau
de l'inflation, eh bien, c'est un choix totalement arbitraire. Ça peut
paraître logique, bien oui, c'est l'inflation, donc ça serait logique, mais
c'est arbitraire. Premièrement,
on ne peut pas savoir, dans les prochaines années... déterminer avec assurance
quel sera le taux de l'inflation aux
prochaines années. Et le fait que, finalement, avec ce calcul-là, si on fait
des estimations, ça va être 1 milliard qui va retourner aux Québécois, c'est des allégations du ministre, qui,
selon les experts qu'on a entendus en commission, ne se concrétiseront pas. D'ailleurs, selon les calculs de M. Jean-François Blain,
donc, un expert en tarification d'Hydro-Québec
qui a fait beaucoup de... qui est
intervenu souvent à la Régie de
l'énergie en faisant des causes
tarifaires, c'est 978 millions
de dollars que le projet de loi coûterait aux clients ou, si on incluait les 500 millions, 478. Donc, on est bien, bien loin des économies de 1 milliard
qui sont promises par le gouvernement et par son projet de loi.
Donc,
nous, ce qu'on dit, c'est que, si le gouvernement ne veut pas rembourser les trop-perçus, eh bien,
qu'il assume son choix et dise clairement
aux Québécois que «désolé, je ne pourrais pas honorer ma
promesse même si j'avais déchiré ma
chemise quand j'étais dans l'opposition, je ne peux pas le faire». Et il doit dire clairement
qu'il ne pourra pas faire ce qu'il
reprochait au gouvernement précédent de ne pas faire. Donc, qu'il le dise clairement,
qu'il l'assume au lieu d'arriver avec
des tours de passe-passe en nous disant : Bien, je vais les rembourser,
alors que ce n'est pas vrai, comme nous l'ont dit beaucoup d'intervenants et des experts, et, en plus, d'en
profiter pour faire d'une pierre deux coups et de réduire la...
d'affaiblir la Régie de l'énergie.
Donc,
s'il veut vraiment simplifier le processus de tarification des tarifs d'Hydro-Québec, il devrait plutôt... au lieu de jeter le bébé avec l'eau du bain, il
devrait peut-être revoir... écouter ce que les experts ont dit, de
quelle façon on peut le simplifier,
ou peut-être même écouter l'avis de la régie. Malheureusement, il n'a pas voulu appuyer les demandes de l'opposition que l'Assemblée
nationale somme la Régie de l'énergie à venir en commission pour donner son avis sur le projet
de loi. En affaiblissant la régie,
donc, qui ne pourra pas faire son travail de surveillance et de tempérance de
la gourmandise d'Hydro-Québec, eh bien, ce sont tous les Québécois qui
vont être perdants.
Tous
les groupes, qu'ils soient des experts en énergie, des groupes de défense de
consommateurs, même des gens du
patronat et des industriels nous l'ont dit, ce projet de loi va à l'encontre
des intérêts des Québécois, va à l'encontre de l'intérêt du bien commun. Premièrement, il y a un effet important qui est sur les ménages à faibles revenus, dont on parle peu quand on
parle du projet de loi n° 34, et donc moi, ici, je vais le faire au nom de
ma formation politique. On sait que
les personnes les plus vulnérables vivent dans des logements moins bien isolés,
et donc leurs factures d'Hydro-Québec
coûtent plus cher, et ils n'ont pas non plus les moyens de faire des
rénovations. Il faut que nos lois qu'on vote ici, à l'Assemblée nationale, tiennent
compte de cette réalité et les corrigent plutôt que de les empirer, comme le
fait le projet de loi n° 34. La régie permet de protéger, donc, des clients les plus vulnérables,
ceux qu'on rencontre dans nos bureaux de député. Par exemple, la régie a permis, à travers les années, de
s'assurer que le calcul des frais d'administration sur les factures en retard soit calculé à
partir de la date d'échéance de la facture d'Hydro-Québec, et non pas de la
date de facturation. Donc, ces ménages à faibles revenus ont vu leurs factures être allégées, et ça, c'est grâce au travail de
la Régie de l'énergie. Si elle fait son travail uniquement aux cinq ans, elle ne pourra pas faire... elle ne
pourra pas se pencher sur ce genre de dossiers.
Il
en va de même aussi pour l'établissement des tarifs, tout simplement. L'Union des
consommateurs, par exemple, intervient souvent pour maintenir les factures
d'électricité les plus basses possible et s'assure également
que les conditions de service
tiennent compte de la vulnérabilité des moins bien nantis. Eh bien,
ils ne pourront plus faire ce travail-là, puisqu'il va être extrêmement espacé dans le temps.
Bref,
le projet de loi n° 34 aura pour résultat, comme le mentionne l'IRIS, l'Institut de recherche et
d'informations socioéconomiques, dans
son mémoire, de retirer un acquis important aux consommateurs, soit la
possibilité d'avoir une analyse experte et indépendante sur la
tarification d'Hydro-Québec, donc les Québécois vont perdre ça.
Il
y a d'autres effets, aussi, importants, notamment sur l'environnement et sur
notre transition énergétique qui ne pourra pas seulement se concentrer sur
l'électrification des transports. Il est très important que notre
hydroélectricité, que le gouvernement veut vendre à l'étranger pour
permettre aux autres États d'atteindre, d'arriver, eux aussi, à leur transition énergétique... eh bien, il faut que,
l'hydroélectricité, les tarifs soient concurrentiels par rapport à d'autres
formes d'énergie qui vont à
l'encontre de la transition énergétique, comme le gaz naturel, par exemple, qui
n'est ni une énergie renouvelable ni
une énergie de transition, comme le disent tous les experts et tous les
scientifiques. Donc, c'est important aussi, pour le marché québécois...
C'est important pour le marché québécois face au marché international.
C'est
important aussi d'enlever les mains des politiciens dans ce processus. On le
sait, ce sont des... Il y a beaucoup de technicalités, beaucoup de
subtilités. Ça prend des experts. Il faut laisser les experts faire leur
travail. Et il faut surtout éviter de
revenir en arrière, comme dans le temps où on voyait des politiciens, par
exemple, en campagne électorale, avant,
donc, la naissance de la Régie de l'énergie, dire : Bien, je fais une
promesse, je vais baisser les tarifs d'Hydro-Québec, alors que c'était totalement irréaliste et pas
logique puisqu'il faut que les tarifs soient basés sur les coûts réels, et non
pas soient seulement une promesse
électorale. Et c'était l'objectif du travail de la Régie de l'énergie. Et là on
est en train de l'affaiblir et de
renforcer encore plus le travail de mettre, si on veut, main basse... que les
politiciens mettent main basse sur Hydro-Québec, et que tout ça devienne
dans une boîte noire, et que ça ne soit pas fait de façon transparente et
indépendante, ce que la Régie de l'énergie permettait.
• (17 h 50) •
Donc,
si je veux terminer, je pense qu'il me reste encore deux minutes, M. le
Président. Ce qui est important, c'est... Les principes derrière lesquels le
gouvernement devrait se fonder, ce ne sont pas uniquement les principes de
simplification du processus : ça
coûte cher, la Régie de l'énergie, donc il faut réduire ça. Vous savez, notre
démocratie aussi coûte cher. On ne va pas, quand même, changer de système
démocratique parce qu'on trouve que ça coûte cher. Ça a une raison. C'est important que ce genre de processus ait
lieu, que la tarification d'Hydro-Québec par la Régie de l'énergie soit faite
de façon indépendante pour qu'au final non
seulement que ça soit simple... Ce n'est pas ça, le plus important, mais le
plus important, c'est que les
Québécois et Québécoises paient un tarif juste, un tarif raisonnable, et qu'ils
soient gagnants, alors qu'avec ce projet de loi ils sont totalement
perdants.
Et
donc je demande... C'est pour cette raison que ma formation politique trouve
qu'il faut qu'on scinde ce projet de
loi, pour discuter non pas des... c'est-à-dire pour qu'on compare des pommes
avec des pommes et des oranges avec des
oranges. Donc, ce sont deux sujets totalement différents, les trop-perçus
d'Hydro-Québec, le processus de tarification, qui devraient être discutés de façon totalement séparée puisqu'ils n'ont
absolument aucun rapport. Les deux sujets n'ont absolument aucun lien entre eux. Il ne faut pas induire les Québécois en
erreur. Il faut faire les choses de façon rigoureuse, de façon juste, et dire les choses telles qu'elles
sont. Donc, discutons des trop-perçus et discutons à un autre moment, dans
un autre projet de loi, de la tarification,
du processus de tarification par Hydro-Québec. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée de Mercier.
D'autres interventions? M. le député de Jonquière. Et je vous indique
que votre groupe dispose de 11 min 30 s.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Ça tombe bien, on est le
1er octobre. Donc, il y a un an aujourd'hui, ce gouvernement était porté aux commandes des
affaires de l'État. Et, en ce
1er octobre, un an plus tard, je vous mets au défi, M. le Président, de me trouver à quel moment, durant cette campagne électorale, la Coalition avenir Québec a pris l'engagement
de modifier de façon substantielle le rôle de la Régie de l'énergie, de modifier de façon substantielle cette institution neutre, indépendante, créée il
y a plus de 20 ans par cette Assemblée nationale pour fixer des tarifs d'énergie de façon indépendante, pour
trouver le prix juste, pour être à la fois aussi une institution d'écoute, d'analyse des citoyens sur un
ensemble d'enjeux qui touchent l'énergie. À quel moment, là, durant cette campagne électorale, le parti qui forme aujourd'hui le gouvernement a pris l'engagement
de faire ça?
Alors, sous
couvert de tricoter un soi-disant remboursement de trop-perçus parce
que, dans des élans ici, à l'Assemblée nationale, avec une pétition
portée par la députée de Saint-Hyacinthe... sous couvert de faire ça, bien, finalement,
par la porte d'en arrière, ce gouvernement vient modifier de façon importante le rôle,
les fonctions mêmes d'un tribunal ou d'une instance quasi judiciaire
indépendante, qui s'appelle la Régie de l'énergie. Ce n'est pas rien, M. le
Président. Ce n'est pas rien. Et jamais ce parti qui forme aujourd'hui le gouvernement
ne nous a parlé de ça en campagne électorale, jamais. Alors, c'est pour ça qu'on arrive aujourd'hui, de ce côté-ci, avec une motion de scission. On utilise les
outils que nous avons à l'Assemblée nationale.
Le gouvernement veut modifier le rôle de la régie?
Soit. Mais on va le faire correctement. On va le faire avec ouverture, avec une commission parlementaire
là-dessus seulement. Est-ce que la Régie de l'énergie est parfaite? La réponse,
c'est non. Est-ce que la Régie de l'énergie
est vraiment orientée vers la transition énergétique, vers une économie verte
et les énergies renouvelables suffisamment?
Non. On pourrait le voir. Est-ce que la Régie de l'énergie pourrait être plus
efficace dans le traitement de ses demandes?
Sûrement. Mais ça, c'est un projet de loi en soi. L'idée de rembourser ce
qu'on appelle des écarts de rendement ou le
solde actuel des comptes d'écart de 500 millions de dollars — on verra d'ailleurs si c'est
réellement 500 millions — ça, c'est une autre chose. Ça, c'est une
autre chose.
Avec cette motion de scission, M. le Président,
on tend la main au gouvernement. Faisons un bout ensemble. Adoptons le premier bout sur le remboursement du
500 millions venant du solde du compte d'écart. On s'entend là-dessus.
On est capables d'avancer. Mais modifier le
rôle de la régie, c'est une autre affaire. C'est un autre principe. D'autant
plus que, dans ce volet-là, ce qui
est l'absurde de la situation, dans le volet de modifier de façon importante le
rôle de la régie, c'est qu'ils
viennent, les membres du gouvernement puis le ministre en particulier, ils
viennent abandonner le mécanisme de
traitement des écarts de rendement, ce qu'on appelle le MTER. Donc, la
situation absurde va faire en sorte que, dans le futur, en se collant à
l'inflation comme veut le faire le ministre, on va créer des trop-perçus qui ne
pourront plus être remboursés par le futur.
Elle est là, la passe du coyote. Elle est là-dedans. Alors, ça, c'est un tout
autre débat, M. le Président. C'est un tout autre débat. Deux projets de
loi différents en un seul.
Alors, moi, je tends la main. Moi, je suis
d'accord pour dire : Entendons-nous sur le 500 millions. Dans le fond, cette motion
de scission ouvre la porte au gouvernement pour se sortir honorablement d'un projet de loi dans lequel il s'est fait
embarquer par la machine d'Hydro-Québec. C'est en plein ça.
La machine
d'Hydro-Québec, on la connaît, elle est grosse. On a fait des débats ici, de
multiples reprises. Vous étiez là, M.
le Président, je le sais. Souvenez-vous, vous étiez assis ici, à mes côtés.
Souvenez-vous du débat sur les contrats d'Hydro-Québec, qu'Hydro-Québec rende publics ses contrats. Ça a pris un
ordre de l'Assemblée nationale, M. le Président, pour les obtenir. Puis, à un moment donné, les camions ont reculé dans
la cour intérieure avec des palettes de contrats d'Hydro-Québec, parce
que l'Assemblée nationale s'est tenue debout.
Hydro-Québec,
c'est l'État dans l'État. On aime beaucoup Hydro-Québec, mais c'est un
monopole. Il faut garder un bras de
distance. Alors que, le gouvernement, ce qu'il est en train de faire, c'est
qu'il met les deux mains dans la fixation des tarifs, ce qu'on avait
réussi à régler en créant la régie il y a plus de 20 ans.
Par ce deuxième volet du projet de loi, qui est
de modifier le rôle de la régie, le gouvernement est en train de créer une exception en Amérique du Nord. Parce que
les tarifs d'énergie ailleurs au Canada, aux États-Unis également, sont
fixés par des instances indépendantes. Bien, nous autres, là, on recule, on
recule dans les côtes, comme on disait chez nous, pour dire comment on recule
avec ce projet de loi. Ça va faire en sorte qu'on va devenir une exception où, finalement, on n'aura plus, à tout le moins, cette
apparence de neutralité et d'indépendance que nous garantissait la régie,
par un gouvernement qui vient dire : On va se mettre les deux mains
dedans.
Alors, c'est
pour ça qu'on a déposé cette motion de scission, M. le Président, pour
dire : Dans ce projet de loi, d'un
point de vue technique, il y a deux projets de loi, il y a deux idées. Ça,
c'est comme les fameux omnibus, là, en affaires municipales, où on se retrouve avec un paquet d'affaires en même temps.
Bien là, dans ce projet de loi là, il y en a deux. Il y a le remboursement du 500 millions à partir
du solde d'écart de rendement... du compte d'écart, et il y a les modifications
du rôle de la régie, pour lesquelles ce parti ne nous a rien dit durant la
campagne électorale.
D'ailleurs,
j'essaie de comprendre la logique du ministre, qui nous dit : Pour les
cinq prochaines années, on va se coller
à l'inflation. C'est tout à fait arbitraire. Pourquoi l'inflation? Pourquoi
pas, je ne sais pas moi, l'augmentation du prix de l'essence à l'année?
Pourquoi pas, peu importe, là, la température moyenne à chaque hiver? Puis là
on va se coller à ça. Non. Le
ministre, il a tiré un prix, là, dans une boîte de Cracker Jack, puis il est
tombé sur l'inflation. Mais c'est quoi, le lien causal? Quand ce qu'il est important d'obtenir, c'est un prix
juste pour tous les consommateurs — c'est ça, qui est important — le ministre nous dit, de façon arbitraire, sans lien de
causalité : Bien, nous, on va prendre l'inflation. J'essaie de
comprendre cette logique-là. On n'est pas capable de l'obtenir, la réponse.
Moi, j'ai rarement vu, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le député...
M. Gaudreault : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le député, il est maintenant
18 heures, et nous avons trois débats de fin de séance à tenir. Mais
vous pourrez poursuivre à la reprise des travaux, à 19 h 30.
Je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 2)
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Picard) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder aux trois
débats de fin de séance. Le premier
débat, qui se fera entre Mme la
députée de Saint-Laurent et M. le ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur, concerne l'improvisation du gouvernement caquiste dans le dossier du développement de la maternelle quatre ans au détriment
des CPE.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et le député a ensuite une réplique de deux minutes.
Mme la députée de Saint-Laurent, les cinq prochaines minutes sont pour vous.
Impact
de l'implantation de la maternelle
quatre ans sur les services de garde
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous comprendrez que j'ai l'impression que, dans le dossier des
maternelles quatre ans, on avance vraiment
dans le brouillard. Depuis le mois de février, tous les partis d'opposition
sont en train d'essayer de comprendre où est-ce que le ministre de
l'Éducation s'en va dans ce dossier-là.
Initialement,
on lui a dit clairement : Avant d'ajouter les maternelles quatre ans mur à
mur au Québec, ça serait intéressant d'avoir un plan, un plan de déploiement pour savoir :
Où allons-nous mettre les nouvelles classes de maternelle quatre ans? Il nous a dit à de maintes
reprises : Inquiétez-vous pas, ça s'en vient. Ça s'en vient au mois de
février, ça s'en vient au mois de mars, ça s'en vient au mois d'avril puis le
mois de mai. Au mois de mai, c'étaient les consultations. Et là on a eu
plusieurs questions, mais toujours pas de plan de déploiement.
On a entendu
certains spécialistes nous dire : Ça serait intéressant de savoir comment
les tout-petits de quatre ans vont se
rendre à l'école dans les autobus jaunes, car certains d'entre eux glissent en
dessous des bancs. Donc, il y a un enjeu de sécurité.
On a aussi
parlé des ratios dans les classes parce qu'on sait qu'en CPE ou en service de
garde, milieu familial ou régi, c'est un ratio d'un pour 10, donc une
éducatrice spécialisée à la petite enfance pour 10 enfants de quatre ans. Or, nous, c'était une préoccupation, évidemment. Et on
s'attendait, lors du dépôt final du projet de loi et qu'on serait rendu
en étude article par article, que le ministre de l'Éducation aurait entendu
toutes les préoccupations.
On lui a dit d'entrée de jeu : Il y a déjà
au Québec une pénurie d'enseignants. Juste pour le réseau de l'école secondaire, on parle de 3 600 enseignants à
trouver pour les cinq prochaines années. Ça, c'est sans compter le ministère
de l'Éducation qui n'est pas capable de nous
dire combien il en manque présentement pour le niveau primaire pour les cinq prochaines années. Et là, si on ajoute les
maternelles quatre ans, bien, il nous manque, en tout et partout, environ
4 000 enseignants ainsi que ressources
additionnelles. Mais ça, le ministre de l'Éducation, à chaque fois, nous
dit : Vous sortez des
épouvantails, vous faites peur. M. le Président, c'est sûr que ça fait peur,
poser des questions auxquelles on n'a jamais de réponse, où est-ce qu'on
ne veut pas chercher les réponses.
Mais, si on
revient à l'essence même de ce projet de loi, quel était l'objectif? Pour
reprendre les termes du ministre de
l'Éducation ainsi que du premier ministre lui-même, il y a une urgence au
Québec, une urgence d'offrir des services aux 20 000 enfants qui, eux, n'ont pas de services ni en CPE ni en
service de garde subventionné, ou non subventionné, ou en milieu familial. Il faut retrouver ces
20 000 enfants. Ça, M. le Président, nous sommes d'accord, bien
évidemment. Mais savez-vous quoi? À
la rentrée scolaire, il y a eu de nouveaux enfants qui ont fréquenté les
maternelles quatre ans.
Alors,
d'entrée de jeu, au mois d'août, nous avons posé la question au ministre de
l'Éducation : Combien d'enfants qui
ont fait l'admission cet automne à l'école maternelle quatre ans proviennent du
bassin de 20 000 enfants qui n'ont droit à aucun service? Estomaqués, nous découvrons que le ministre de
l'Éducation n'a pas fait ses devoirs et ne connaît pas le chiffre mais,
évidemment, s'est engagé à nous revenir avec un chiffre. Nous attendons
toujours ce chiffre.
Par contre,
en fin de semaine, il y a eu un sondage qui a été dévoilé dans La Presse,
où est-ce qu'on découvre que la
moitié des commissions scolaires ont quand même fait le travail pour savoir
d'où proviennent les enfants qui maintenant sont dans les maternelles quatre ans. Sans surprise pour nous, nous avons découvert qu'effectivement c'est 70 % d'entre
eux qui proviennent des réseaux de CPE, des services de garde.
Vous
comprendrez notre étonnement, hein, car on s'attendait à ce que le ministre de
l'Éducation fasse un effort supplémentaire
pour aller rejoindre les enfants qui, eux, n'ont droit à aucun service
présentement. C'est son devoir à lui, c'est
sa responsabilité à lui d'identifier ceux qui n'ont aucun service, d'aller les
rejoindre et de les encourager à fréquenter un service, que ce soit le CPE, le
service de garde ou la maternelle quatre ans, parce qu'à la fin de la journée,
M. le Président, c'est quand même
pour eux qu'on bâtit en ce moment, à coups de millions de dollars, des
classes pour 11 enfants en moyenne.
Alors, j'ai
une question excessivement simple : Quel est le plan, pour 2020, pour
rejoindre ces 20 000 enfants sans aucun service?
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, je vous cède la
parole pour les cinq prochaines minutes.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Alors, il me fait plaisir de répondre à cette
question aujourd'hui, mais je me souviens que, jeudi dernier, quand même le
mentionner, ma collègue nous avait convoqués pour un débat de fin de séance, et les membres de sa formation politique,
le Parti libéral, sont arrivés en retard, ils n'étaient pas prêts, ils
n'étaient pas à leur affaire, le débat de fin de séance a commencé
beaucoup plus tard, une vingtaine de minutes. J'ai attendu, et finalement, pour
ma collègue, ce n'était pas important. Après m'avoir convoqué en débat de fin
de séance, elle est venue me dire finalement
qu'elle avait mieux à faire, elle est partie, elle avait d'autres choses à
faire. Alors, ce soir, je suis content
de voir que, maintenant qu'elle me convoque pour un débat de fin de séance,
elle est là pour tenir le débat de fin de séance.
Mais là elle
est allée dans toutes les directions : pénurie, Agir tôt, déploiement des
maternelles quatre ans et, son thème
préféré, opposer le réseau de services de garde éducatifs à l'enfance et la
maternelle quatre ans. C'est une lubie chez
elle, mais aussi chez d'autres collègues de l'opposition. Il faut absolument
opposer l'offre de services puis penser que, si on ouvre une maternelle, c'est sûr que c'est contre une garderie.
Si on ouvre une garderie, bien, c'est sûr que c'est contre une maternelle. Je ne sais pas qu'est-ce
qu'elle pense des CLSC versus les cliniques privées versus les hôpitaux.
Elle doit penser que, si on ouvre un
hôpital, c'est contre les CLSC, puis, si on ouvre un CLSC, c'est contre les GMF
parce que, manifestement, chaque fois qu'il y a une offre de services
publics, là, pour elle, c'est sûr qu'on vole des enfants quelque part.
Bien, j'ai
hâte que, de l'autre côté, on se mette à voir l'offre de services comme une
solution, l'offre d'un choix aux
parents comme quelque chose qui s'impose, parce que de notre côté, ici, c'est
ce qu'on veut faire puis c'est ce qu'on va faire. On s'est engagés, en campagne
électorale, et même depuis 2015, à
déployer l'offre de maternelle quatre
ans, un service de grande
qualité, avec une enseignante, une éducatrice à demi-temps, un duo de feu
complémentaire, avec deux gens qui ont des formations différentes, mais qui
permettent de répondre de manière admirable aux besoins des jeunes, tout ce monde-là épaulé par des
spécialistes, des professionnels, des orthophonistes, des orthopédagogues, des
psychoéducateurs qui sont capables de faire
un suivi continu des enfants pour ne plus les échapper, pour être sûr qu'ils
arrivent bien préparés au début de la
maternelle. Parce que ce qu'on constate, c'est que, ces dernières années, les
enfants arrivent de moins en moins prêts à la maternelle cinq ans.
• (18 h 10) •
Donc, on a un
problème quelque part entre les 0-4 ans si on arrive toujours plus
vulnérable à l'âge de cinq ans. Et,
M. le Président, le statu quo nous fait reculer sur la préparation des enfants
à l'âge de cinq ans en maternelle. Pendant ce temps-là, nos voisins, en
Ontario et ailleurs en Amérique du Nord, ont implanté, même s'il y avait des
garderies éducatives avec, à l'intérieur de
ces garderies-là, des gens qui ont des formations, des techniques d'éducation à
l'enfance, là, même si on avait des
réseaux comme ça, ils ont implanté une maternelle quatre ans et ils ont vu les
résultats augmenter rapidement chez
les enfants de première année, deuxième année, troisième année et quatrième
année. Ça s'est fait très rapidement.
On a tout de suite vu qu'un meilleur accompagnement, un dépistage précoce, une
intervention rapide, bien, ce n'est
pas surprenant, mais ça a été constaté, mesuré, que ça a un impact sur la
réussite des jeunes. Et c'est ce qu'on veut, la réussite des jeunes.
Maintenant,
je vais fournir une explication à ma collègue qui nous dit, là, à partir d'un
sondage plus ou moins fiable de
données parcellaires, que, là, oh! scandale, parmi les plus de
7 000 enfants qui sont en ce moment, là, aujourd'hui, en maternelle quatre ans, parmi ces plus de
7 000 enfants-là, bien, il y en aurait peut-être à peu près, selon
ces données, 5 000 qui parviendraient du réseau des services
de garde éducatifs, pas juste les CPE, là, de tous, tous les réseaux, et
2 000 qui ne proviendraient de nulle part, qui n'étaient pas dans les
réseaux. Bien, moi, je dis : C'est formidable pour ces 2 000 enfants là!
2 000 enfants, ce n'est pas rien, là. C'est 2 000 vies
qu'on change, là. Bien, c'est formidable pour ces 2 000 là qui, l'an passé, n'étaient nulle part dans notre
réseau de services de garde éducatifs à l'enfance. Bravo! Puis je suis
tellement content qu'on ait ouvert, cette année, plus de 650 places.
Et,
pour les 5 000 autres, est-ce que c'est grave de savoir que, l'an
passé, ils étaient en milieu familial, ou en privé subventionné, ou en CPE? Bien, pas du tout, M. le
Président. Si les parents étaient dans ces réseaux-là puis ils ont choisi la
maternelle quatre ans parce qu'on leur a offert le choix, tant mieux pour les parents et tant mieux pour les autres
parents qui, à cause de ce choix-là, auront accès à une place et quitteront
enfin la liste d'attente.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Votre droit de réplique, Mme la députée de Saint-Laurent. Deux minutes.
Mme Marwah Rizqy (réplique)
Mme Rizqy : C'est quand
même drôle de voir le ministre de l'Éducation tenter de défendre son obstination, son
entêtement. Il n'y a plus personne qui le croit. Il n'y a plus personne qui
croit sincèrement qu'un projet de maternelle quatre ans va atteindre l'objectif,
c'est-à-dire rejoindre les enfants les plus vulnérables, ceux qui n'ont aucun
service. Savez-vous pourquoi, M. le Président? Parce qu'il n'a jamais fait ses
devoirs.
Il est parti avec un projet
de loi mal ficelé, de toute évidence, puis maintenant, rendu à l'automne, il
réalise qu'effectivement nous avions
raison de vous dire qu'il manquait des enseignants. Nous avions tous raison de
vous dire qu'effectivement, si vous commencez à aller chercher les éducatrices des réseaux de CPE
pour venir les prendre et les amener dans les maternelles quatre ans, vous
dépouillez un réseau qui fonctionne très
bien. Donc, vous pouvez affaiblir
un réseau dont les parents veulent parce que la réalité, c'est la
suivante : quand le ministre de l'Éducation prétend qu'il y
a des listes d'attente de maternelle
quatre ans, bien, c'est dire le contraire de la vérité aux Québécois
parce que la véritable liste d'attente, elle est
pour les CPE.
M. le Président, maternelle quatre ans, on en veut, mais on le veut correctement, de
façon intelligente. S'il prétend qu'il
y a une urgence de se battre pour les
20 000 enfants qui n'ont le droit à aucun service, bien, qu'il devienne
ce ministre
de l'Éducation, un superhéros, puis
qu'il les identifie et qu'il aille les rejoindre. C'est ça, sa véritable
mission qu'il devrait faire au lieu de toujours prétendre qu'il travaille fort parce que,
jusqu'à présent, M. le Président, on passe d'improvisation à improvisation dans le dossier des maternelles quatre
ans. Et pendant ce temps-là, quand on apprend l'explosion de coûts,
c'est rendu un dérapage financier, les maternelles quatre ans.
Alors,
s'il veut être conséquent, pour une classe de maternelle quatre ans, nous avons
l'équivalent d'un CPE. La différence,
M. le Président, c'est la suivante : une maternelle quatre
ans, il y a 11 enfants en moyenne, et ici nous avons
80 enfants dans un CPE.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous allons maintenant procéder au second
débat entre Mme la députée de Maurice-Richard et M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation concernant le refus de faire une étude longitudinale sur les
effets des pesticides. Mme la députée de Maurice-Richard, vous avez la
parole pour les cinq prochaines minutes.
Impact des pesticides sur la santé publique et
l'environnement
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Alors, j'ai
posé des questions, en Chambre ce matin, sur l'accès aux données, notamment
en lien avec les pesticides, pour favoriser la recherche au Québec
sur l'impact des pesticides sur la santé des Québécois. Le ministre a
donné plusieurs réponses qui, dans certains cas, se contredisaient, puis je voulais vraiment lui donner l'occasion
d'expliquer clairement ses intentions parce
qu'il nous a annoncé certaines
choses. Puis je l'invite vraiment
de tout coeur à mesurer son ton puis ses attaques parce que
j'aimerais avoir un échange constructif avec lui. Je viens de bonne foi
et j'aimerais ça, avoir des réponses. Et je pense que, quand on n'a rien à se reprocher, on n'a pas besoin d'être sur la
défensive. Donc, je l'invite vraiment à éviter la partisanerie dans cet échange parce
que je pense que ça n'a vraiment pas sa place quand il est question de la santé
des Québécois. Puis je trouvais malheureux l'échange qu'on avait eu ce matin et
les réponses qui m'ont été faites.
Donc,
oui, c'est un dossier qui est extrêmement important. On a appris beaucoup de
choses la semaine dernière, durant la
commission sur les pesticides, avec les nombreuses consultations qui ont été
tenues. Ce qui est ressorti de façon limpide et unanime des différents groupes,
c'est que l'état des connaissances sur les risques des pesticides sur la
santé sont insuffisants à l'heure actuelle
et qu'il y a non seulement un besoin, mais il y a une véritable volonté d'avoir
des études robustes sur la toxicité des pesticides, volonté et nécessité aussi.
Le ministre, ce
matin, a parlé, puis là c'est là que je souhaiterais qu'il puisse clarifier
vraiment son intention, il a parlé de rendre
des données disponibles à l'INSPQ, si c'est ce que j'ai compris, mais il a dit
d'autres choses aussi. C'est pour ça
que je veux le clarifier. L'INSPQ nous a mentionné elle-même, lors des consultations,
qu'elle ne faisait pas de recherche.
Donc, ce n'est pas suffisant si son intention est de rendre les données
disponibles seulement à l'INSPQ. Donc, j'aimerais bien qu'il clarifie
cet aspect-là. Est-ce que c'est seulement pour l'INSPQ ou pour l'ensemble des
chercheurs du Québec? Moi, j'ai déjà eu beaucoup de questions qui m'ont été
posées dans les dernières heures.
Il
a dit aussi qu'il... il a dit qu'il rendrait les données disponibles à ceux et
celles qui en feraient la demande, mais il a
terminé sa dernière intervention en disant qu'il s'engageait à rendre publiques
toutes les données. Donc, déjà, on a deux informations aussi à ce
niveau-là, entre la première réponse et la troisième, qui se contredisent.
Donc,
mon intervention va être très courte, là, j'ai quatre questions pour lui, qu'il
peut prendre en note, qui sont assez simples, donc à savoir :
Est-ce que les données, il les rend disponibles seulement à l'Institut national
de santé publique ou est-ce qu'il les rend
disponibles pour tous, pour tous les chercheurs qui en feront la demande?
Est-ce qu'elles seront rendues
disponibles à la demande ou est-ce qu'elles seront rendues publiques, comme il
s'est engagé à le faire dans sa
dernière intervention? Est-ce que ce sont vraiment toutes les données,
c'est-à-dire les données du MAPAQ ainsi que celles du ministère de l'Environnement? Donc, est-ce que son collègue le
ministre de l'Environnement a donné la même directive au sein de son ministère? Et, en quatrième, est-ce qu'il va
accéder à la demande urgente qui a été faite aussi par plusieurs groupes la semaine dernière, mais dans
les semaines précédentes aussi, à savoir commander une étude nationale épidémiologique sur l'impact des pesticides sur la
santé des Québécois pour qu'on puisse enfin dissiper le doute sur certains
liens de causalité ou, au contraire, confirmer ces liens de causalité et prendre
des décisions politiques qui s'imposent? Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, je vous cède la parole. Vous
avez cinq minutes.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Ma collègue de Maurice-Richard peut être rassurée, là, c'est toujours
au bénéfice des citoyens qui nous écoutent que je vais donner toujours
les meilleures réponses possible aux interrogations qu'elle peut avoir,
et c'est certain que j'apprécie qu'elle fasse la même chose.
D'abord,
je veux revenir... La semaine passée, il y a eu des travaux très, très importants qui se
sont passés à l'Assemblée
nationale, à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles, là, tout le travail sur la question des pesticides. On a
au-dessus de, je pense, 75 mémoires qui ont été déposés. Je pense qu'il y a
26 intervenants qui ont été convoqués par la commission dont ma collègue
fait partie. Et puis il y a beaucoup
de commentaires qui ont été mentionnés, tout
aussi intéressants les uns que les autres. Et, à travers tout ça, je dois vous
dire que moi, j'ai suivi d'abord les travaux de la commission avec intérêt,
grand intérêt, mais aussi je vais accorder autant
d'intérêt, sinon davantage aux observations puis aux conclusions que la
commission va faire suite à ces travaux. Puis je le fais dans un contexte où les conclusions de ce qu'on a
entendu la semaine passée, M. le
Président, tout ce qui va
pouvoir m'alimenter puis alimenter le ministère que je dirige dans notre
démarche qui vise à toujours assurer une meilleure
sécurité, une meilleure sécurité pour les citoyens et citoyennes du Québec, mais en même temps le meilleur usage possible de tous les produits qu'on peut
utiliser contre les ennemis des cultures, bien, je peux vous dire, moi, je suis
ouvert à toute demande et toute action, là,
qui vont aller dans ce sens-là. Alors, je suis ouvert, je suis... D'abord, là,
je ne suis fermé à rien. Tout est
ouvert sur la table. J'ai entrepris plusieurs actions au sein de mon ministère.
J'attends le rapport de la commission pour donner suite, naturellement,
à plusieurs des observations et des conclusions du rapport.
• (18 h 20) •
Alors,
je veux rassurer ma collègue, là, qu'en tout temps ce qu'elle va avoir du
ministre de l'Agriculture, là, c'est une
collaboration qui vise à faire avancer cette situation-là, qui est un défi, là,
pour la société québécoise, O.K.? Puis tout ça, ça s'inscrit vraiment
dans... Mon approche puis l'approche de notre gouvernement, là, c'est basé sur
trois choses, M. le Président : on va
parler de transparence, on va parler d'action puis on va parler de
collaboration. Puis, quand j'utilise ces
mots-là, là, je veux dire, sans vouloir faire de partisanerie, mais je ne sais
pas si c'est des mots qui sont familiers avec ma collègue, O.K., mais il reste
une chose, là, quand on dit : transparence, action et puis collaboration,
juste au point de vue de la
transparence, bien, pour moi, l'idée de rendre publiques des données qui sont
prêtes à être rendues publiques, pour moi, c'est primordial.
Alors,
j'ai demandé cet été, dans les derniers temps, j'ai dit à mes collègues, j'ai
dit : Écoutez, trouvez-moi, là, tout
ce qui pourrait traîner, s'il y en a encore, sur les tablettes du ministère,
des documents qui auraient dû être rendus publics, de l'information qui aurait dû être rendue publique puis qui ne
l'a pas été. Puis, à ma grande surprise, bien, encore là, tu sais, il y
a trois documents, hein, qu'on a trouvés. Un premier, c'est le sommaire de
gestion 2011‑2026 du Plan de surveillance
des contaminants dans les produits alimentaires vendus au Québec; un deuxième
rapport, c'est le Plan de surveillance des résidus et des
pesticides dans les fruits et légumes frais vendus au Québec; puis le
troisième, bien, c'est le Profil de
contamination des aliments d'appellation biologique. Bien, ce que j'ai dit,
là, j'ai dit tout de suite : On rend ça public, ces documents-là.
Ça a été rendu public il y a quelques semaines.
L'autre
instruction que j'ai donnée aussi, j'ai dit : Que ce soient, des fois, là,
des... Quand les informations sont colligées,
ont été traitées puis sont prêtes à être publiées, on n'a pas à attendre une
date anniversaire, dans un an, deux ans, trois ans, là, en fonction d'un processus administratif. Si
l'information est disponible puis qu'elle peut être utile sur le terrain
pour faire avancer les choses, il faut rendre cette information-là, qui est
disponible.
L'autre
chose aussi, c'est que, la semaine passée, bien, on apprend qu'il y a un des...
qui étaient à l'audition de la commission, qui ont manifesté, qui avaient fait
des demandes pour avoir de l'information au INSPQ puis que ces demandes-là
leur avaient été refusées. Encore là, on fait des recherches, ça se passe en
2016. J'ai dit : Écoutez, toute l'information
qu'ils veulent avoir, c'est de leur transmettre l'information, mais s'assurer
d'un protocole avec eux que, dans le futur, s'ils ont besoin
d'information, leur fournir l'information. Et puis ça, ça va aller pour tous
les groupes.
Toutes
les initiatives, M. le Président, peuvent être mises de l'avant pour faire en
sorte d'assurer davantage la sécurité des
citoyens du Québec, des citoyennes du Québec. C'est des initiatives auxquelles
je vais souscrire, c'est des initiatives auxquelles mon ministère va
souscrire. Et puis je dois vous dire, M. le Président, que ça s'inscrit
vraiment, encore là, dans un objectif de
transparence, un objectif d'action puis un objectif de collaboration avec tous
les acteurs dans le domaine.
Alors, je veux
rassurer ma collègue puis je veux rassurer les citoyens et citoyennes qu'ils
ont mon entière collaboration. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je cède la
parole à Mme la députée de Maurice-Richard
pour les deux prochaines minutes.
Mme Marie Montpetit
(réplique)
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Mais je vais être très brève, là. Je m'attendais,
dans un exercice justement de grande transparence, à avoir des réponses
plus précises. J'informe le ministre que je le requestionnerai là-dessus. Je l'informe qu'il aura des questions
de la part des journalistes, l'intention... et je l'informe des questions qui
lui seront posées parce que je n'ai
pas plus de réponses à savoir quelles données, à qui ni comment elles vont être
transférées ni quand elles vont être
transférées. Je lui ai posé quatre questions qui étaient quand même assez
circonscrites, à savoir justement si
c'était seulement l'INSPQ ou pour tous. Est-ce que c'était à la demande aussi d'aller les rendre publiques? J'aimerais qu'il prenne le temps d'y réfléchir davantage,
si ce n'est fait, et qu'il soit prêt à y répondre quand on lui reposera
la question. Également, à savoir s'il veut continuer dans la lignée du gouvernement
transparent, j'imagine qu'il aura l'occasion
d'en parler avec son collègue le ministre
de l'Environnement, ministère
au sein duquel, vous n'êtes pas sans savoir,
il y a énormément de données au niveau de l'utilisation des
pesticides au Québec. Donc, il faudra que ces données-là soient
rendues disponibles également.
Je
n'ai pas entendu de réponse par rapport à l'importance de faire une recherche
épidémiologique nationale pour répondre
aux préoccupations, aux inquiétudes des citoyens non plus. Et je veux juste lui
rappeler et je l'invite à retourner voir l'extrait de sa réponse aujourd'hui, je ne sais pas si c'était un excès d'enthousiasme ou si c'était vraiment son intention, et je souhaite que ce soit son intention, où il a bien dit
qu'il rendrait publiques et non seulement disponibles à la demande, il a dit qu'il s'engageait à rendre
publiques toutes les données en lien avec les pesticides au Québec.
Donc, je le prends au mot et j'espère
que ces données-là seront publiques, c'est-à-dire sur un registre public, disponibles pour tous les
chercheurs et disponibles autant celles du ministère de l'Environnement que celles du MAPAQ. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Nous allons maintenant procéder au
troisième débat entre M. le député de Robert-Baldwin et M.
le ministre des Finances concernant
l'absence de volonté du gouvernement
caquiste de taxer les GAFAM. M. le député de Robert-Baldwin, cinq minutes.
Impôt
sur le revenu des géants du Web
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, je salue le ministre des Finances et les collègues qui sont
encore ici. Vous aussi, M. le Président, bien sûr.
Donc, plus tôt cet
après-midi, nous avons parlé de la question de taxation des géants du Web. Mais
j'aimerais aborder cette question sous deux
angles. Il y a un aspect court terme à cette question, et puis il y a un aspect
un peu plus fondamental à long terme.
L'aspect
court terme de cette question, c'est la crise à laquelle nos médias font face
puisque les revenus publicitaires de
nos médias ont énormément diminué puisque la plupart des... qu'un très grand
nombre des annonceurs, maintenant, choisissent
d'utiliser ces géants-là, Google, Facebook, etc., pour placer leur publicité
plutôt que d'utiliser les journaux traditionnels
et les canaux traditionnels. Cela, donc, donne une problématique
particulièrement grave pour nos médias. Et donc il y a d'ailleurs une commission parlementaire qui se penche sur
cet enjeu-là, et donc nous cherchons des solutions, nous cherchons des
moyens de compenser, des moyens d'aider ces médias-là. Ça, c'est l'enjeu à
court terme.
Il
y a l'enjeu à plus long terme,
l'enjeu plus fondamental de la taxation des géants du Web qui, par toutes
sortes de mécanismes, de situations,
réussissent à ne pas payer l'impôt sur le revenu dans les différentes
juridictions où ils opèrent, et j'y arriverai.
Maintenant,
pour ce qui est de, donc, l'enjeu à court terme, ce qui nous concerne pour nos
médias, je pense que la question ici,
c'est une question de : Est-ce
qu'on peut agir rapidement? Déjà, le
gouvernement, le précédent gouvernement, avait pris un
pas dans la bonne direction en forçant la perception de la TVQ, la taxe de
vente, aux services comme Netflix et tous les autres. Il y a maintenant
une quarantaine, je pense, de ces services qui perçoivent la taxe de vente.
Donc, il y a déjà 60 millions à peu près, 60 millions de
dollars par année qui sont générés par la perception de la TVQ.
On nous disait aussi
à l'époque, quand on a commencé à regarder cette chose, que c'était difficile,
que c'était impossible, que ça ne marcherait
pas, que le Québec tout seul ne pourrait pas faire ça. Et pourtant
on a poussé, on a poussé et on l'a fait, et ça fonctionne.
Alors,
ce qu'on suggère maintenant, c'est qu'on fasse un peu la même approche, c'est-à-dire qu'on prenne les devants, que
le Québec prenne les devants et qu'il mette en place une
chose comme ce qui se fait présentement en France, donc une taxe temporaire,
une taxe temporaire de 3 % sur les revenus de ces grandes entreprises là.
C'est loin d'être idéal, j'en
conviens. Ce ne serait pas simple à mettre en place, mais c'est surtout le
signal que ça envoie, qu'à mon avis
c'est un signal très important qu'au Québec nous sommes sérieux, et que nous voulons aller de
l'avant avec ça, et que nous reconnaissons
qu'il y a une inéquité là qu'il faut régler. Et bien sûr
qu'à plus long terme cette situation doit être réglée de façon
multinationale. On comprend ça très bien.
Je
connais très bien le travail qui est fait à l'OCDE par
M. Pascal Saint-Amans et son groupe. Et, vraiment, ils sont plus proches maintenant d'une solution
globale qu'ils l'étaient il y a un an ou qu'ils étaient il y a
trois ans. Donc, on commence à voir
un peu les contours d'une solution internationale permanente et très bien. Et
je suis sûr que le ministre
des Finances aussi est très, très intéressé par ces travaux-là.
Le point qu'on
voulait faire aujourd'hui, c'est que, bon, ça, c'est dans un monde idéal, mais,
dans le monde concret, réel d'aujourd'hui, envoyer un message important à nos médias qu'on se préoccupe de leur situation
et qu'on est prêts à mettre en place d'une mesure temporaire, mais une mesure quand même
importante, et que nous... pourrait aider
ces médias-là. Je pense que ça serait très important du point de vue des messages qu'on envoie, qu'on est prêts à soutenir nos
médias.
Donc,
moi, j'encourage fortement le ministre
des Finances à penser à mettre en place une telle taxe temporaire. On
comprend très bien que ça ne pourrait pas être permanent, mais
temporaire, et donc le signal que Québec envoie est un signal fort. Merci, M. le
Président.
• (18 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. M. le ministre des
Finances, je vous cède la parole et je vous rappelle que vous disposez de
cinq minutes.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, merci, M. le Président. Et c'est un honneur de
prendre la parole en ce premier anniversaire de l'élection de notre gouvernement
et d'avoir un débat avec l'ancien ministre des Finances et député de Robert-Baldwin sur cette question importante. Et j'aimerais adresser immédiatement... je n'avais pas prévu d'en parler,
mais, puisque ça a été souligné par le
député de Robert-Baldwin, pour ce qui est de l'aide aux médias, évidemment, il
y a urgence, et nous travaillons
intensément à trouver une solution pérenne, mais cette solution-là ne passe pas
par la taxation des GAFA. Le jour où il y aura taxation des GAFA, ça
fera partie de l'impôt des sociétés et ça appartiendra au fonds consolidé.
Pour ce qui est de la
volonté de taxer les GAFA, bien, nous avons cette volonté, bien sûr, mais nous
avons la volonté de le faire en
collaboration avec le gouvernement fédéral. L'OCDE, il y a plus de
120 pays qui travaillent là-dessus, et évidemment il y aura une recommandation au G20 pour trouver une solution
dans le respect des règles et principes de la fiscalité internationale, mais de nos propres règles de fiscalité, M. le
Président. C'est un sujet extrêmement important. On parle de l'érosion de la base fiscale et du transfert des bénéfices.
C'est un problème international, et c'est un problème qui concerne, oui, les multinationales
américaines, mais, bien sûr, il y a d'autres multinationales qui font du
transfert de bénéfices. Et cette érosion de la base fiscale, c'est un
problème international, et c'est pour ça que ça nous prend une solution globale
qui passe par le G20. Et, comme mon collègue le mentionnait, l'OCDE fera
recommandation au G20 fin 2019. On a une solution, en 2020, qui sera en
application pour l'ensemble des juridictions.
Alors,
quelles sont les solutions qui sont conceptualisées? D'abord, contrer le
transfert des bénéfices, M. le Président.
On parle d'un impôt minimum, imposer un taux d'imposition minimum à ces
entreprises-là, et c'est extrêmement sérieux,
et nous allons découvrir que plusieurs entreprises multinationales ne paient pas un impôt minimum.
Alors, ça, c'est important.
Mais
je vais revenir à ce qui est l'essentiel de la discussion que nous avons aujourd'hui, c'est-à-dire la répartition de l'assiette fiscale. On doit trouver une solution qui permettra
d'imposer les revenus sur la base de l'activité dans une juridiction
donnée. Ceci implique que les pays doivent s'entendre entre eux sur une
formule, la même formule pour tous, de répartition de ces
revenus.
Et,
si le Québec et le Canada... Avec ce que me suggère le député de
Robert-Baldwin, d'abord, on violerait nos propres principes de ne pas faire de la double imposition. Ensuite, on
exposerait les multinationales canadiennes à se faire imposer dans les pays étrangers.
Et, bien sûr, on s'expose à des représailles lorsqu'on
fait cavalier seul dans un domaine de la fiscalité internationale.
Alors,
je veux faire un petit retour sur les principes de fiscalité. La taxe de vente est basée sur le principe de la destination : là où il y
a une transaction, il y a
taxation. C'est pourquoi le Québec a le pouvoir d'imposer la TVQ sur les biens intangibles de ces multinationales. On le fait déjà. C'est bien. On aimerait le faire aussi sur les
biens tangibles, on a un projet pilote qui ne fonctionne pas, ça
nous prendra une nouvelle solution. Donc, le principe de destination à la taxe
de vente, on le fait déjà, ça fonctionne pour les intangibles, ça ne
fonctionne pas pour les tangibles.
Au
niveau de l'impôt des sociétés et l'impôt des particuliers, c'est basé sur le
principe de résidence, d'établissement stable. Or, ces entreprises ne
sont pas des entreprises canadiennes. Alors, on ne peut pas renier nos propres
principes. Et nos principes sur l'impôt des
entreprises, c'est quoi, M. le Président? C'est que nous taxons les profits des
entreprises qui ont un établissement
stable ici, au Canada. Or, pour utiliser le concept de destination de taxe de
vente, de taxer des revenus d'une entreprise multinationale au Québec, nous
allons devoir faire ça en collaboration avec le fédéral, en collaboration
avec les autres juridictions
internationales. Nous allons devoir le faire de façon adéquate, en
collaboration avec nos partenaires, parce que c'est extrêmement
important, et il faut respecter les principes de fiscalité internationale.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre des Finances.
M. le député de Robert-Baldwin, votre droit de réplique, deux
minutes.
M. Carlos
J. Leitão (réplique)
M. Leitão :
Très bien, M. le Président, merci. Bien sûr qu'il faut respecter les principes
de taxation internationale, qu'il
faut être prudent, bien sûr qu'il faut être prudent, bien sûr qu'il faut agir
de concert avec nos partenaires, nos partenaires commerciaux, nos partenaires économiques soit en Amérique du Nord soit en Europe, bien sûr. D'ailleurs, le travail de l'OCDE, en ce qui concerne le transfert de bénéfices, le travail qui se
fait autour du projet BEPS est extrêmement important. Et donc, oui, j'encourage le ministre à
continuer ce travail-là et de poursuivre dans cette direction.
Ce dont on
parle ici, c'était d'une solution temporaire dans le contexte de la crise que
vivent nos médias. On parle ici d'un projet, une charge temporaire sur
le revenu brut de ces entreprises-là, revenu brut généré par les activités publicitaires au Québec. Donc, je pense que
c'est quelque chose qui peut se faire. Je comprends que ce n'est pas
simple, je comprends qu'il faudrait qu'on soit prudents à cet égard-là,
mais je pense aussi que ça enverrait un signal très fort, un signal que le Québec est prêt à agir à
l'intérieur de sa juridiction. Et, encore une fois, j'encourage le ministre
à poursuivre cela, sachant très bien
que la solution finale, la solution permanente, elle, doit être de concert avec
nos partenaires et devrait être
appliquée dans les principaux pays tout en même temps, on comprend ça. Mais de
façon temporaire, pour aider les médias
locaux en ce qui concerne la perte de revenus publicitaires, je pense qu'il y a
des choses que le gouvernement du
Québec peut faire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Robert-Baldwin.
Cela met fin aux débats de fin de séance, et je
suspends les travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 38)
(Reprise à 19 h 30)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Bonsoir, chers collègues. Vous pouvez prendre
place.
Projet de loi n° 34
Adoption du principe
Poursuite du débat sur la
motion de scission
Et nous
allons maintenant poursuivre le débat sur la motion de scission
présentée par M. le leader du troisième
groupe d'opposition dans le cadre de l'adoption de principe du projet de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité.
Et, au moment de suspendre nos travaux, M. le
député de Jonquière, c'est vous qui aviez la parole. Et je vous indique que
votre formation politique dispose d'un temps de parole de
3 min 26 s.
M. Sylvain Gaudreault
(suite)
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Au moment de la suspension
des travaux, je vous disais que j'avais rarement vu un projet de loi
susciter autant l'adhésion contre lui dans cette Assemblée. On pourrait nommer plusieurs
groupes qui sont venus témoigner en commission
parlementaire. L'immense majorité,
l'immense majorité des groupes
sont contre le projet de loi, et notamment trois d'entre eux, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Option
consommateur et l'Association
québécoise des consommateurs industriels d'électricité qui ont publié ensemble,
ensemble un communiqué de presse le 25 septembre 2019, demandant quoi, Mme
la Présidente, demandant quoi? Demandant la
scission du projet de loi n° 34, exactement comme la proposition qui est
devant nous ce soir, c'est-à-dire un volet
pour le remboursement du 500 millions et un deuxième volet pour la
question de la modification en profondeur du rôle de la Régie de
l'énergie.
Alors, ce
n'est pas juste le Parti québécois, le député de René-Lévesque et notre
formation politique qui font cette demande de scission. Nous le faisons d'un
point de vue parlementaire, mais il ne faut jamais oublier que ceux et celles
qui sont les premiers concernés, c'est-à-dire toute la gamme de consommateurs,
que ce soient les consommateurs résidentiels, les consommateurs
industriels, mais aussi les consommateurs commerciaux... demandent exactement
ça, demandent exactement ça. Et je répète ce
que je disais tout à l'heure, Mme la Présidente : donnons-nous la chance
d'avancer correctement. Nous offrons,
ici, la possibilité au gouvernement de dire oui pour le remboursement
du 500 millions sur la base
du solde actuel des comptes d'écart, mais l'autre volet sur la modification de
la régie, bien, c'est un autre projet. C'est complètement un autre
projet.
D'ailleurs,
Mme la Présidente, je pense qu'une des raisons pour lesquelles nous proposons
également cette motion de scission du
projet de loi, c'est pour préserver, au fond, aussi les droits de tous les
parlementaires. Il arrive souvent qu'on se retrouve avec des projets de loi où
il y a différents éléments qui sont dans le même projet de loi. Et là on
s'aperçoit qu'on est favorable à une
portion et défavorable à l'autre portion. Donc, ça nous met dans une position,
comme parlementaire, où on est à
cheval entre deux principes, où on doit faire des choix qui sont déchirants, où
on n'est pas capable de prendre un vote
correct au nom de nos électeurs et de nos électrices, parce qu'il y a deux
principes qui s'opposent dans le même projet de loi. C'est une forme de piège pour les
parlementaires que nous sommes. Donc, nous, en proposant cette motion de
scission, on permet d'assouplir, on
permet de donner une chance, on permet à tous les parlementaires qui sont ici,
des deux côtés de la Chambre, de
dire : Bien, oui, on est favorables à un volet qui peut être celui du
remboursement de 500 millions, mais, par contre, sur la question de la
modification de la régie, là, c'est une tout autre histoire, et nous nous opposons
à cela.
Alors, c'est
pour ça que je demande aux parlementaires de voter aujourd'hui pour cette
motion de scission. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Jonquière.
Et je suis maintenant prête à reconnaître le
prochain intervenant. Et j'aperçois M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors,
j'imagine que c'est vous, le prochain intervenant. Et la parole est à
vous.
M. Éric Girard
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je suis
très content de venir débattre, là, de la Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité.
Vous savez,
Mme la Présidente, les Québécoises et les Québécois ont élu le gouvernement de
la CAQ parce qu'ils avaient le désir
de mettre en place un gouvernement qui avait à coeur de faire de la politique
autrement. Si, pour nous, faire de la politique autrement, c'est en premier
lieu de simplifier la vie de citoyens, c'est aussi assurer une meilleure utilisation des fonds publics, Mme la Présidente.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n° 34 répond à ces deux objectifs.
Non seulement le projet de loi proposé va simplifier la facturation d'électricité pour tous les citoyens, mais il permet aussi d'alléger le coût
des tâches administratives, Mme la Présidente. Et ça, c'est très important
aussi pour nous.
Si on analyse
attentivement les décisions rendues par la Régie de l'énergie au cours des
dernières années, 15 ans, Mme la Présidente, 15 ans, on s'aperçoit que,
plus souvent qu'autrement, l'augmentation des tarifs suit la courbe de
l'inflation presque à l'identique. On a un tableau ici qui le démontre très
bien sur 15 ans.
Mme la
Présidente, ce type de vérification administrative redondante, bureaucratique
et coûteuse est exactement ce qui
alourdit les activités du secteur public, et notre gouvernement entend bien
faire le nécessaire pour que les fonds publics
soient utilisés de façon judicieuse. Pourquoi les Québécoises et les Québécois
financeraient, à coup de millions, année
après année, des vérifications administratives qui ne sont souvent que des
formalités quand on sait que la décision rendue est, la plupart du
temps, connue d'avance?
Pour quelle
raison les citoyens du Québec devraient souscrire à un régime de tarification
d'électricité qui, par le passé, les a
fait trop payer? C'est à cette tâche que s'est affecté mon estimé collègue le
ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles. Quand on connaît le bilan des anciens gouvernements, on comprend
pourquoi ils tentent de ralentir le processus en voulant scinder le
projet de loi n° 34.
Vendredi
dernier, dans cette même Chambre, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré relatait l'inaction des gouvernements précédents dans le dossier de la
productivité dans le secteur public. Permettez-moi, Mme la Présidente,
de vous remettre en contexte. Le Parti québécois a présenté, au début des
années 2000, un plan visant, entre autres, à améliorer
la productivité des employés du secteur public. Vous vous en doutez bien, cela
passe inévitablement par une optimisation
des procédés administratifs. En soi, c'est un objectif louable et sain de la
part d'une administration de vouloir améliorer
ses processus. Cependant, imaginez-vous donc, Mme la Présidente, que le Parti
libéral avait aussi présenté un document tout en point semblable sous le
gouvernement de M. Couillard.
Ce que je
comprends, ce qu'on comprend, Mme la Présidente, c'est que, pendant des années,
les mesures visant à améliorer la
productivité du secteur public ont été ignorées. Pendant des années, les
Québécoises et les Québécois n'en ont
pas eu pour leur argent, Mme la Présidente. Les cas flagrants d'immobilisme ou
de gaspillage éhonté de fonds publics ont été un peu trop nombreux au
Québec. Je pense, entre autres, au cafouillage d'Accès uniQc, que mon confrère
au Secrétariat du Conseil du trésor a dû
démêler dans la dernière année. Je pense aussi à la gestion plus que déficiente
du Fonds vert, qui, toujours sous la gouverne du gouvernement libéral,
aura forcé une réévaluation importante ou même l'abandon de plusieurs projets
de lutte aux changements climatiques.
Bref, ce que l'on propose avec le projet de loi
n° 34, Mme la Présidente, c'est de s'assurer que l'argent des Québécoises et des Québécois ne soit pas dilapidé
dans des vérifications stériles et la multiplication des structures. Soyez
assurée, Mme la Présidente, que nous
travaillons d'arrache-pied pour que le mode de facturation d'Hydro-Québec soit
juste et équitable. Mais surtout nous
travaillons pour éviter que ces ressources-là soient utilisées pour nourrir une
machine administrative alors qu'elle
pourrait servir à améliorer les services à la population. On parle de quelques
millions par année en vérification à
la régie, c'est cher payé pour se coller sur le taux d'inflation au bout de la
ligne. Et je rappelle encore le fameux tableau, et les chiffres sont là,
preuve à l'appui.
• (19 h 40) •
En
simplifiant la facturation d'Hydro-Québec, on simplifie la vie de nos
concitoyens, c'est important, ça, mais aussi
celle des entreprises, qui pourront planifier à moyen terme les augmentations
tarifaires et donc le coût réel de leurs opérations. On sait, Mme la
Présidente, dans un monde où la planification stratégique d'une entreprise peut
faire la différence entre la profitabilité
ou la perte de rentabilité, une facturation plus en phase avec la réalité des
gestionnaires et des entrepreneurs ne pourra que contribuer à améliorer
la prospérité du Québec.
Je vous
parle, depuis tantôt, de dédoublements administratifs
et de vérifications superflues. Permettez-moi de vous rappeler comment, jusqu'à
maintenant, les tarifs d'électricité étaient déterminés au Québec. Chaque
année, c'est la Régie de l'énergie
qui a la responsabilité de réguler les tarifs. Chaque année, Hydro-Québec doit
se présenter devant celle-ci pour
plaider des hausses de tarifs. Comment les choses se déroulent à partir de là?
Hydro-Québec doit présenter une évaluation des coûts qu'il prévoit générer
tout au long de l'année à venir pour fournir l'électricité à leur clientèle.
Une fois l'évaluation présentée, la Régie de
l'énergie met en marche un processus qui s'étire sur plusieurs mois au cours
desquels plusieurs organismes et experts sont consultés, un peu comme on
le fait ici, au Parlement, pendant les consultations particulières et l'étude des projets de loi. Durant ces
consultations-là, on parle de près de huit mois. Les rencontres avec ces différents acteurs visent à ajuster les
demandes de la société d'État pour les mettre en conciliation avec la réalité
des consommateurs et des industriels.
Une fois le processus terminé, la régie donne l'aval à Hydro-Québec pour une
augmentation révisée.
Malheureusement, ce
processus est aux prises avec certains défauts. Non seulement il demande
beaucoup de ressources à la régie — comme on le disait plus tôt, il s'étire sur
plusieurs mois, on parle de près de huit mois — mais il représente aussi une dépense récurrente importante. Mme la Présidente,
je l'ai mentionné plus tôt, mais il est pertinent de le rappeler, le coût annuel de ce processus est
de plusieurs millions de dollars. Pour ce prix-là, on s'achète une paix d'esprit et un semblant de transparence, mais
est-ce qu'on répond vraiment aux besoins des Québécois et Québécoises? Mme la Présidente, je le répète encore une
fois : Est-ce qu'on répond vraiment aux besoins des Québécoises et des
Québécois? Je pense qu'on a la réponse.
Ce que j'essaie de
vous dire, Mme la Présidente, c'est que nous répétons annuellement un processus
qui nous donne, sur une ligne du temps, un
résultat qui est presque toujours le même : La recommandation d'augmenter
les tarifs d'électricité au même rythme que l'indice des prix à la
consommation. On a un historique de 15 ans qui le prouve, Mme la Présidente. Et ça n'a pas été fait à la
légère, ce travail-là, c'est un travail rigoureux avec des données fiables
basées sur 15 ans, et ils sont démontrés.
J'aimerais
vous rappeler, Mme la Présidente, aussi, qu'un article du quotidien La
Presse avait soulevé, en janvier dernier, une observation du Centre
sur la productivité et la prospérité des Hautes Études commerciales, qui
remettait entièrement en question le rôle de
la régie dans le processus de tarification d'électricité compte tenu de l'écart
historiquement si étroit entre l'inflation et les tarifs d'électricité.
Au
gouvernement, Mme la Présidente, nous n'irons pas jusqu'à promouvoir le retrait
de la régie de ce processus. Je vous
ai mentionné plus tôt pourquoi nous croyons qu'elle y occupe une place
importante. Dans ce projet de loi là, il n'est aucunement question d'affaiblir la Régie de l'énergie. Ce que nous
souhaitons, c'est de s'appuyer sur les chiffres qui sont devant nous et de prendre la décision de réduire
la fréquence du processus pour réduire son poids administratif et financier.
Le
projet de loi n° 34 prévoit un cycle quinquennal comportant une
évaluation devant la régie, suivi de quatre années d'augmentation des
tarifs indexés à l'inflation.
Mme
la Présidente, au cours des 15 dernières années, les Québécois auraient
épargné 2,4 milliards si le processus d'évaluation avait été laissé de
côté pour laisser les tarifs suivre l'inflation, comme la mesure que nous
proposons. Et, lors des
consultations, plusieurs groupes nous l'ont mentionné, Mme la Présidente, les
consommateurs auraient été doublement gagnants si un autre gouvernement
avait pensé à instaurer cette mesure plus tôt. Et on n'en serait pas là.
Nous
croyons, Mme la Présidente, qu'il est
temps d'aller de l'avant et de prendre des décisions pragmatiques pour redonner
aux Québécoises et aux Québécois autant en simplifiant la tarification de leur électricité qu'en limitant, autant que possible, les dépenses administratives
inutiles, parce que nous savons que nous ne sommes pas à l'abri
d'imprévus aussi qui pourraient
bousculer les activités d'Hydro-Québec, comme le verglas de 1998, par exemple. Alors, nous incluons, dans le projet de loi, la possibilité de
tenir une évaluation d'urgence à la demande d'Hydro-Québec.
Mme la Présidente,
les mesures que nous envisageons avec le projet de loi n° 34
sur la simplification de la tarification d'Hydro-Québec sont responsables et représentent un pas
important sur deux chantiers différents qui sont chers au gouvernement, soit l'utilisation responsable des fonds publics et la réduction du
fardeau économique des consommateurs. Mme la Présidente, c'est simple,
on parle de près de 1,5 milliard de dollars sous forme de remises et
d'économies : l'abolition du mécanisme de traitement des écarts de
rendement, on remet 500 millions de dollars aux clients d'Hydro-Québec maintenant; un gel tarifaire pour
l'année 2020; la fixation des tarifs selon le taux d'inflation pour les années 2021 à 2024, près de 1 milliard
d'économies sur cinq ans. C'est de la prévisibilité, Mme la Présidente. Je
pense, c'est important aussi et je
pense qu'on sait tous qu'est-ce que ça veut dire, de la prévisibilité. C'est
important pour des citoyens lorsqu'ils font leur budget, c'est important
pour des entrepreneurs aussi lorsqu'ils font leur budget.
Mme
la Présidente, ce projet de loi est un projet équilibré, et j'espère que nos
collègues de l'opposition seront des alliés sur ces deux chantiers et que nous
pourrons faire avancer les travaux du projet de loi n° 34
sans subir d'autres manoeuvres
politiques du genre, qui, au bout du compte, nuisent, elles aussi, à la
productivité et l'efficience du travail des élus. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Lac-Saint-Jean,
mais il faudrait que vous évitiez d'imputer
des motifs indignes aux membres de cette Assemblée, s'il vous plaît. Alors,
j'imagine que c'est l'intervention que vous vouliez faire, M. le leader
du troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Oui. Merci, Mme la Présidente. J'écoutais d'une oreille attentive, j'ai
laissé le collègue terminer son plaidoyer.
Évidemment, les différentes dispositions qui nous permettent, dans notre
règlement, je vous dirais, d'aborder un
débat sur un autre angle, là, ne doivent jamais être perçues comme étant des
mesures dilatoires, mais une façon de faire avancer le débat. La motion de scission permet à notre formation
politique de dire oui à une certaine partie et de travailler sur la deuxième partie. Donc, d'affubler notre
travail de mesures dilatoires, je pense que c'est porter préjudice aux outils
et aux règles de notre Parlement. Merci.
• (19 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader du
troisième groupe d'opposition. Et maintenant, pour la prochaine
intervention, je cède la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel : Merci, Mme la Présidente. Très heureux de pouvoir
m'exprimer sur l'important projet de loi n° 34.
Dans
un premier temps, j'ai eu une petite pensée pour mon collègue de
Laval-des-Rapides. Je pense qu'il m'a fait
le plus beau compliment qu'il ne pouvait pas imaginer aujourd'hui. Avant la
petite dérive verbale à la fin, là, le collègue de Laval-des-Rapides, il a dit : Vous avez écouté la population.
C'est l'image qu'on veut donner, et vous nous avez fait un très, très
beau compliment. Je veux vous remercier vraiment du fond du coeur.
Les enjeux soulevés
par les oppositions, ils sont extrêmement louables, et le collègue faisait
référence aux... Excusez-moi, je me suis mêlé dans mes notes.
Donc,
c'est ça, on est contents de parler du projet de loi. C'est un enjeu qu'on a
soulevé lorsque nous étions dans l'opposition,
et on faisait notre rôle, et je pense qu'on l'a bien rempli. Et mes collègues
de l'opposition savent très bien que
le remboursement des tarifs d'hydroélectricité ne faisait pas partie de notre
cadre de financement pour la campagne électorale. Mais, par respect pour
les contribuables, puis comme le collègue de Laval-des-Rapides le mentionnait,
on a écouté les contribuables. Je me
souviens qu'on avait... le premier
ministre avait ça en tête, puis dire :
Y aurait-u moyen de trouver... d'être
équitables? On l'a dénoncé, et il a donné le mandat au ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles
de trouver un processus, un projet qui ferait en sorte qu'on pourrait retourner
le 1,5 milliard.
Et je me souviens que
le collègue ministre, quand il nous a fait une première présentation au Conseil
des ministres... pas au Conseil des
ministres, mais au caucus des députés, moi, j'ai trouvé vraiment que c'était une
bonne idée, on y allait
graduellement, on faisait profiter les contribuables et c'était quelque chose,
je trouvais, de structurant. Et de scinder le projet de loi en deux, à mon
avis, ce n'est pas comprendre l'objectif du projet de loi. Il y a deux
objectifs fondamentaux : il y a
une façon de rationaliser, une façon d'optimiser les services de l'État et,
dans un deuxième temps, de faire
économiser les contribuables. Et je pense que le projet de loi que nous
présentons va nous permettre exactement ça.
De
quoi qu'on parle exactement? Si on regarde ça de façon très réaliste, là, les
15 dernières années, tu as, d'un côté,
Hydro-Québec. Hydro-Québec, c'est une société d'État, mais c'est quand même des
données publiques, c'est une société qui appartient au gouvernement du
Québec. Eux ont fait des présentations à tous les ans pour avoir une augmentation des tarifs d'électricité. De l'autre
côté, ils présentaient ça à la régie et... eux aussi, c'est un organisme
public, et eux décidaient s'ils
acceptaient la proposition d'Hydro-Québec ou ils proposaient quelque chose de
plus raisonnable.
Quand
on regarde les 15 années... puis je pense qu'on peut le faire sur cinq
ans. Puis mon collègue mentionnait : Même si on le fait sur 40 ans, on regarde les tangentes : si,
par exemple, on était allés au niveau de l'IPC, on arriverait à un montant, et, si on y va en fonction de la
régie, on arrive à un autre montant. Sincèrement, qu'on regarde sur une période
de cinq ans, qu'on regarde sur une période
de 15 ans ou de 40 ans, les tarifs proposés par la régie sont
toujours un petit peu supérieurs que
si on était allés au niveau de l'IPC. Ça fait qu'il y a une logique de
dire : On va y aller au niveau de l'IPC pour les prochaines années.
La
proposition qu'on fait pour arriver à ça, on dit : Première année, on gèle
les tarifs d'électricité, tout le monde, on gèle les tarifs d'électricité. Je pense que, sincèrement, ce n'est
pas une mauvaise nouvelle pour aucun contribuable du Québec, on gèle la première année. Deuxième année,
troisième année, quatrième année... deux, trois, quatre, cinq, on y va
en fonction de l'indice des prix à la consommation.
J'entendais,
tout à l'heure, mon collègue de Jonquière, dit : Où est-ce qu'ils ont pris
ça, se baser sur l'IPC? Je pense qu'il le reprendrait, cet argument-là,
c'est la logique. Si un contribuable a une augmentation de salaire qui équivaut
à l'IPC, ce qu'on voit quand même assez
régulièrement, et les tarifs d'électricité augmentent en fonction de l'IPC,
bien, on peut dire que le
contribuable ne s'appauvrit pas en fonction des tarifs d'électricité. Par
contre, si les tarifs d'électricité sont plus élevés, c'est-à-dire que,
si l'IPC est plus élevé que l'augmentation salariale, bien là, on va avoir un
problème.
Le gel qu'on mentionne, il va profiter pendant
cinq ans, parce que, la première année, on gèle, et ce gel-là, le fait de ne
pas augmenter, c'est avantageux sur les cinq ans. C'est un peu comme si on
négociait une convention collective avec
des employés de l'État puis on leur disait : Première année, on vous gèle,
puis, les quatre autres prochaines années, vous allez avoir une augmentation en fonction de l'indice des prix à la
consommation. Je suis convaincu que les syndiqués diraient : On est très perdants, parce que,
la première année qu'on n'a pas d'augmentation va suivre les quatre autres. Donc, à la fin, si l'IPC, par exemple, prenons ça simple, c'est à 2 %, au bout de cinq ans, on est à
10 %. Si on gèle la première année plus les intérêts composés puis on donne l'IPC les quatre prochaines
années, on arrive à 8 %. Donc, pendant cinq ans, pendant la durée de la convention collective, les
employés vont s'appauvrir. Donc, je ne peux pas voir comment ça ne peut
pas être un avantage pour les contribuables.
Et
ce qu'on offre de plus, c'est une prévisibilité sur cinq ans. Donc, à la fois Hydro-Québec... Vous connaissez à peu près l'ampleur de vos budgets pour les cinq prochaines
années, puis, le contribuable, on vous dit : Vous n'aurez pas de surprise
dans deux ans, dans trois ans. Ça va être une augmentation en fonction de l'indice des prix à la
consommation.
J'ai participé à une
bonne partie de la commission parlementaire puis j'entendais les oppositions,
dans leur période de questions, dans les interventions qu'ils ont faites tantôt,
dire : C'est épouvantable, tout
le monde est contre ce projet
de loi là. Il y a eu des groupes qui sont venus, en majorité, qui étaient
contre. Je suis d'accord.
Par
contre, de mémoire, il me semble qu'il y en a trois qui sont venus puis qui
étaient d'accord, dont la Ligue des contribuables. Sincèrement, là, déposer un projet de loi puis dire que la Ligue des contribuables est d'accord
avec ça, moi, ça fait presque sept ans que je suis ici, là, je n'ai pas
vu ça souvent.
Mais, au-delà de ça,
quand on entendait les oppositions dire : Tout le monde est contre ça,
moi, quand je me promène à Saint-Célestin ou
dans la MRC de Bécancour, honnêtement, il n'y a personne qui m'a parlé de ça. De dire
que c'est épouvantable, vous faites l'unanimité contre, personne ne m'a
parlé de ça.
Par contre,
tu sais, quand on retourne dans nos comtés, tout le monde, les députés, on
a un petit côté vaniteux, hein, on
aime ça, même qu'on soit dans l'opposition — j'ai été dans l'opposition pendant six ans au gouvernement — on
aime ça toujours
se vanter un petit peu. Vous savez quoi, Mme la Présidente? Moi, je
vais me servir de ce projet de loi là pour
dire aux gens, dans mon comté : Vous savez ce qu'on est en train de faire
avec les tarifs d'électricité? Vous vous souvenez qu'il y a
eu des augmentations très grandes, plus que l'indice des coûts à la
consommation? Nous, là, premier mandat, première année, on gèle les
tarifs d'électricité. Les quatre années suivantes, ça va être l'indice des prix
à la consommation. Vous savez quoi? Les gens, ils disent : Méchante bonne
idée!
Ça fait que,
quand les oppositions martèlent — pour
faire un jeu de mots — que
c'est unanime, tout le monde
est contre ça, je regrette, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai que tout le
monde est contre ça.
Tantôt, je
l'ai mentionné un petit peu, mais, vous savez, moi, je trouve qu'il y a
un côté rationnel de dire : Dans cinq
ans, on va faire une réévaluation de tout ça. Vous savez, Mme la Présidente, j'ai mentionné tantôt qu'Hydro-Québec,
c'est un organisme public. La régie,
c'est un organisme public aussi. C'est des fonds publics, qu'on paie
de différentes façons, qui se
rencontrent une fois par année pour discuter des tarifs d'électricité. Vous
savez, Mme la Présidente, pour préparer le dossier, là, Hydro-Québec,
ça lui prend huit mois. Ça coûte 15 millions par année. Hydro-Québec...
Puis là je
vous reviens aux 15 ans, là. Quand on fait le parallèle sur les 15 ans puis on
regarde la différence, on dit : Cristi,
il n'y en a pas, de différence. Malgré ça, on accepte de payer... qu'Hydro-Québec paie 15 millions par année, pendant cinq ans, 75 millions. Je regarde le président du Conseil du trésor pour être sûr que je ne me trompe pas... 75 millions. Ça prend huit mois. Des ressources d'Hydro-Québec travaillent pendant huit mois pour aller devant la régie puis
dire : Nous, on pense que
l'augmentation, cette année, devrait être semblable à l'IPC. Puis la régie donne,
comme réponse, presque dans la
totalité du temps : Nous, on pense, puis on vous a entendus, que
l'augmentation devrait être semblable à l'IPC. On dépense
15 millions par année. On utilise les ressources d'Hydro-Québec pendant
huit mois.
• (20 heures) •
Vous savez c'est quoi, le... Huit mois,
15 millions, ça a l'air gros, mais c'est gros. Ils doivent répondre à 1 500 questions, probablement toujours
les mêmes, à tous les ans. Il y a huit mois de préparation. Puis ça, ça va
s'appliquer pour la prochaine année.
Donc, il va avoir un délai pratiquement de 20 mois entre le moment où on
commence à regarder ça puis
dire : Nous, on pense que, dans l'année d'application, dans 20 mois,
les tarifs devraient être ça. Donc, évidemment, cet argent-là, ça
revient année après année, après années.
Évidemment,
il y a une espèce de sacro-sainte attitude de ne pas changer les choses.
Désolé, mais ce n'est pas ce qu'on a
promis aux Québécois. On a promis aux Québécois d'être un gouvernement plus
efficace, de regarder les choses comme
elles sont. Et, oui, s'il y a des changements à apporter, on va les apporter.
Est-ce qu'on veut par cette décision-là abolir le mandat de la régie? Pas du tout. La régie va continuer de
travailler. Elle a des mandats très importants. Notamment, elle va pouvoir s'occuper très correctement des
plaintes de contribuables, qu'on gère souvent chacun dans nos bureaux. Elle va pouvoir analyser les grands projets,
consacrer la compétence de ses ressources à analyser les grands projets. Et
vous avez vu un peu le discours du premier ministre, comment qu'on veut être
agressif au niveau de notre stratégie électrique. Je pense que la régie ne
manquera pas de travail.
Donc, le
mandat qu'on donne à Hydro-Québec, c'est : Soyez efficaces. Respectez la
capacité de payer des citoyens. Par
contre, on ne demande pas à Hydro-Québec de financer des projets de production
d'électricité qu'on n'a pas besoin. Quand
nos adversaires nous accusent de politiser Hydro-Québec, moi, je pense que la
plus grande politisation, c'est de dire
à Hydro-Québec : Tu vas financer des projets de production d'électricité,
tu vas acheter de l'électricité même si ça coûte moins cher puis même si
on n'en a pas besoin.
Donc, moi, je
pense que, si on veut garder l'originalité du projet, il ne faut pas le
scinder. C'est sûr que je vais voter
en fonction de garder le projet de loi intact. Et je veux vous répéter, Mme la
Présidente, ma très grande fierté de m'associer à ce projet-là. Merci
beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Nicolet-Bécancour. Et maintenant je vais céder la parole à M. le
député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Est-ce
que je peux savoir combien de temps il reste à notre formation
politique?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui. Il vous reste 22 min 54 s.
M. Laframboise : Parfait. Parce que je voudrais partager mon
temps, évidemment, avec notre excellent ministre des Ressources naturelles, qui s'occupe d'Hydro-Québec, responsable
d'Hydro-Québec. Donc, il fait un excellent travail. Vous savez, trop
souvent, là, on se demande... Parce qu'avant, dans un passé pas tellement
lointain, il était conseiller municipal à la
ville de Québec, notre ministre. Et il faisait un excellent travail à éteindre
les feux à Québec. Et là, maintenant, on
lui demande de gérer Hydro-Québec, ce qu'il fait très, très bien. Là,
c'est-à-dire, il le gère comme ministre, c'est-à-dire qu'Hydro-Québec
est une entité indépendante.
Donc, tout ça
pour vous dire que, le projet de loi n° 24 qui vise à simplifier le
processus d'établissement des tarifs, je vous dirais, pour les citoyens
qui nous écoutent, on ne peut pas être en désaccord avec ça. Pourquoi je vous
dis ça? D'abord, parce qu'il faut... Il faut
éclaircir une chose, Mme la Présidente. Les trop-perçus, présentement, à tort
ou à raison, dans les médias, c'est
comme considéré comme étant une erreur de facturation, tu sais. C'est ça qui
est triste, parce que les citoyens,
des fois, vont penser : Bien là, ils nous doivent de l'argent parce que,
finalement, ils nous en ont trop chargé. Ce n'est pas ça, des
trop-perçus. Les trop-perçus, c'est la différence entre les coûts de
distribution d'électricité prévus par Hydro au début
d'une année financière et le coût réel. Ça fait que, dans le fond, bien,
c'était... Ils s'adressaient à la Régie de l'énergie puis ils disent :
Voici, cette année ou l'an prochain, on prévoit que les coûts de distribution
vont être x millions de dollars. Puis
là, finalement, à la fin de l'année, on s'aperçoit que ça a coûté moins cher
que prévu, donc, ce qu'on a considéré comme étant des trop-perçus.
C'est important parce que le précédent gouvernement
a décidé d'affecter la totalité des écarts de rendement d'Hydro-Québec au budget de l'État, je vais vous revenir tantôt, parce
que c'était un choix du gouvernement. Alors qu'il a sabré, évidemment, dans les services aux citoyens,
le gouvernement libéral a décidé, lui, de prendre en plus les trop-perçus
puis de les conserver plutôt que d'avoir une
procédure différente, qui avait été négociée dès 2014. J'aurai la chance de vous le dire, mais il y avait déjà une procédure
de partage des trop-perçus qui était prévue dans la loi puis que le
gouvernement libéral a décidé de
suspendre. Donc, le gouvernement a suspendu cette formule de distribution des
trop-perçus. C'est un choix politique, mais c'est important parce que,
souvent...
Et ce qui est le cas, le fameux
1,5 milliard de dollars, bien, c'est des trop-perçus par le gouvernement
libéral. C'est ça, la réalité, que le
gouvernement libéral a décidé de conserver... Et ça, Mme la Présidente, ça a eu
un effet pervers, c'est-à-dire que ça
a affecté l'image d'Hydro-Québec. C'est-à-dire que le fait que la majorité des
citoyens, puis encore aujourd'hui,
comme je vous disais tantôt, pensent que ces trop-perçus-là, c'était une erreur
de facturation, bien, c'est comme si
la population avait commencé à mettre en doute Hydro-Québec, qui est un
fleuron, là. Je pense que, Mme la Présidente, il n'y a pas un député ici, à l'Assemblée nationale, qui ne peut pas
dire qu'Hydro-Québec n'est pas un fleuron du Québec. Ma collègue de Saint-François a eu la chance de
vous faire un exposé mercredi passé, donc je ne reviendrai pas là-dessus,
mais c'est quand même un fleuron. Et on ne devrait pas, quand on pense à
Hydro-Québec, juste penser tarification.
Donc,
peut-être, ce qui s'est passé, c'est qu'au cours des quatre, cinq dernières
années, en tout cas, du dernier mandat du
gouvernement libéral, les citoyens du Québec, à cause de ces trop-perçus-là,
ont vu d'un mauvais oeil Hydro-Québec, à
cause de la tarification. Mais il ne faut jamais oublier qu'Hydro-Québec est
une machine économique, là, il faut comprendre,
là, que c'est une machine économique qui doit nous rendre fiers parce que c'est
de l'énergie propre. Puis, Hydro-Québec,
on doit penser à Hydro-Québec avec fierté, parce que nous sommes la province
canadienne qui émet le moins de gaz à
effet de serre par habitant, et de loin, dans les meilleures sociétés en
Amérique du Nord, à cet effet, et ce, en grande partie à cause
d'Hydro-Québec, qui produit depuis des décennies, ça, puis, bien avant que
l'environnement puis le climat deviennent
des enjeux partout à travers le monde, Hydro-Québec produisait de l'énergie
propre et renouvelable. Puis souvent
nos voisins qui nous regardent nous disent : Ah! vous êtes chanceux, vous
avez Hydro-Québec. Ce n'est pas une
chance, là, les Québécois ont fait un choix, ont décidé collectivement de
nationaliser l'électricité au Québec, c'est une grande décision qui a été prise par les gouvernements précédents, et
aujourd'hui on en récolte les bénéfices. C'est ça, la réalité.
Puis pourquoi
je vous dis ça, Mme la Présidente? Parce qu'à titre d'exemple, une facture
d'électricité de 100 $ au
Québec, au moment où on se parle, un citoyen de Vancouver paierait 160 $,
à Toronto, 185 $, à Charlottetown, 236 $. Puis ça, c'est au Canada, là. Quand on regarde aux
États-Unis, la même facture de 100 $, ce serait 392 $ à San
Francisco, 427 $ à New York puis
442 $ à Boston. Donc, quand on regarde les tarifs, la tarification
d'électricité, donc, il faut que les Québécois soient fiers
d'Hydro-Québec, là. Il ne faut pas arrêter, à cause des quatre dernières années
libérales où on a mis à mal l'image
d'Hydro-Québec... Hydro-Québec est l'une des plus... bien, c'est la société la
plus performante en Amérique du Nord. Donc, ça, c'est la réalité dans
laquelle on vit.
Donc,
évidemment, vous avez compris que, ce matin, tout comme mes collègues, quand on
a lu l'article publié par
Radio-Canada, là, au sujet qu'il y avait un front commun, là, des partis
d'opposition pour qu'il y ait une scission du projet de loi n° 34, là, je veux dire, je suis tombé en bas de ma
chaise, là, même si j'étais assis assez bas, Mme la Présidente. Je vous donne... Parce que des fois j'ai mal aux
reins un peu, ça fait que je ne suis pas assis trop haut, là, mais il reste que
je suis quand même tombé en bas de ma
chaise, pour dire : Bien là, les partis d'opposition à Québec ont décidé
qu'ils vont scinder en deux le projet
de loi pour diviser le pouvoir de tarification de la Régie de l'énergie puis
des écarts de rendement, faire...
alors que tout va ensemble, là. Je pense que — c'est pour ça que je veux laisser un peu de
temps à mon collègue le ministre des Ressources naturelles pour vous
expliquer — on
ne peut pas diviser ça. Le rendement d'Hydro-Québec avec la Régie de l'énergie, la modification, il faut que ce soit fait
ensemble dans un même projet de loi. Et tout ça, pourquoi? Parce qu'en 2014 la Régie de l'énergie avait
introduit le fameux mécanisme de traitement des écarts de rendement en vertu
des dispositions de la loi. Ce mécanisme prévoyait partager à parts égales les
écarts de rendement entre les consommateurs et Hydro-Québec. L'objectif était déjà... Dès 2014, on s'était aperçus
qu'il y avait un écart de rendement, le fameux trop-perçu, il y en avait
un, et la régie avait décidé : Bon, bien, il faudrait qu'on en remette aux
Québécois. Puis c'est correct.
• (20 h 10) •
Par contre, le gouvernement libéral a décidé de
suspendre ces mesures-là. Donc, c'était un choix de l'ancien gouvernement libéral de suspendre les mesures.
Donc, évidemment, parce qu'il était en pleine restriction budgétaire, il
voulait conserver tous les sous, donc c'est pour ça qu'aujourd'hui on
est à rediscuter du 1,5 milliard de dollars. C'est 1,5 milliard que le gouvernement libéral a conservé puis n'a pas
remis aux Québécois. Donc, il y aurait pu au moins en avoir la moitié qui soit remise aux Québécois, ça
n'a pas été décidé comme ça. Et là, évidemment, nous, bien, l'objectif du projet de loi, vous avez tous compris, c'est
qu'on remet le 1,5 milliard aux Québécois, on leur remet, puis on établit
un mécanisme des plus simples, que va nous expliquer le ministre des Ressources
naturelles.
Mais tout ça
pour vous dire que, Mme la Présidente, je suis fier aujourd'hui de me lever, à
côté du ministre des Ressources
naturelles, qui fait un excellent travail depuis son passage du milieu
municipal, là, au milieu... ici, à Québec, pour être capable de faire
comprendre aux citoyens... Il faut tous ensemble être capables de dire à nos
Québécois et nos Québécoises qui nous
écoutent : Il ne faut pas nuire à l'image d'Hydro-Québec, c'est le fleuron
du Québec, il ne faut pas nuire à
l'image. La tarification est un problème à cause des trop-perçus puis que... du
fait que le gouvernement libéral n'a pas respecté la loi puis a décidé de suspendre
la loi... Quand je dis «n'a pas respecté», Mme la Présidente, je vais être
honnête, il a suspendu la loi pour ne pas qu'il y ait une partie, la moitié,
qui soit retournée aux Québécois.
Cette ère-là
est passée, on a un nouveau gouvernement, qui a décidé de redonner l'argent
aux Québécois, on s'était engagés en campagne électorale... Puis moi, je suis fier aujourd'hui de me lever pour supporter le projet
de loi n° 34 puis appuyer le ministre des Ressources naturelles, qui fait de cet objectif-là du gouvernement sa tâche principale, puis vous aurez mon
entier appui, M. le ministre. Puis je vous laisse le temps qu'il reste pour
être capable d'expliquer ça aux Québécois. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Blainville.
Et je crois qu'il est temps d'entendre M. le ministre de l'Énergie et
des Ressources naturelles. Vous disposez de 14 minutes.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : 14 minutes. Merci, Mme la Présidente. Je vais tenter
d'utiliser ces 14 minutes au meilleur escient qu'il m'est possible. Alors, on a beaucoup discuté
depuis quelques semaines sur le projet de loi n° 34. On a beaucoup entendu
parler du p.l. n° 34
par les groupes d'opposition, qui ont mentionné que c'était... unanimement,
tous les groupes rencontrés étaient
contre. Moi, j'ai assisté à toutes les rencontres. J'y étais, j'ai eu grand
plaisir de le faire, parce que je pense que c'étaient des échanges intéressants. Moi, j'ai compté trois groupes en
appui, j'ai compté trois, quatre groupes, en réalité, qui appuyaient
avec certaines modifications potentielles, et j'ai effectivement compté
plusieurs groupes, six, sept, huit groupes, opposés au p.l. n° 34.
Et je peux comprendre que certains groupes
d'intérêt, Mme la Présidente, soient contre le projet de loi n° 34, puisque ces groupes, à chaque année, à chaque
année, vont à la cause tarifaire, où on passe d'innombrables heures à discuter,
1 500 questions, des frais,
pour Hydro-Québec, de 10 millions à 15 millions par année, pour, à
terme, Mme la Présidente, arriver à quoi? On l'a démontré, hein, on a
pris les 15 dernières années, si on avait appliqué l'inflation comme
hausse tarifaire dans les 15 dernières
années, les Québécois auraient payé 2,4 milliards de moins. On a regardé
les cinq dernières années, parce que
nous autres, on module sur cinq ans. Prenons les cinq dernières années.
L'inflation dans les cinq dernières années,
Mme la Présidente, 5,2 %, inflation cumulative, hausse tarifaire,
5,6 %. Même dans les cinq dernières années, on n'a pas battu non
plus l'inflation.
J'entends mon
collègue de Laval-des-Rapides dire : Oui, mais, dans les quatre
dernières... Eux, ils ont tellement essayé de se rattraper dans les quatre
dernières pour les hausses tarifaires, qui, en 2014, étaient près de trois fois
l'inflation. Ça, à la fin, là, quand
on dit que ça suit l'inflation, c'est : oui, ça suit l'inflation, mais le
modèle actuel fait en sorte qu'il y a
des ponctuations importantes : une année, 4,3 %; une année,
2,9 %; une année, 0,4 %; une année... bon. Alors, comme clients, on
observe que c'est l'inflation sur la longue route, mais on ne sait jamais à
quoi s'attendre. Nous, notre
gouvernement, on dit: Simplifier, on dit : Dorénavant, la clientèle va
savoir à quoi s'attendre. On va donner de la prévisibilité à ceux qui
doivent payer, effectivement, l'hydroélectricité.
Alors, pour
la première année, 2020, un gel tarifaire, gel tarifaire, pas
d'augmentation. Si je consomme comme l'an dernier, je paie la même facture que
l'an dernier. Et les quatre années suivantes, ça sera à l'inflation. Là, des
gens nous ont dit : On va trop
payer si on paie l'inflation. On va trop payer si on paie l'inflation? Alors,
je demandais toujours : Oui, va trop payer... Pourtant, le passé, ce n'est
pas ce que ça nous dit, Mme la
Présidente, mais, après cinq ans, on
retourne en cause tarifaire puis, si
on s'est écarté de la réalité, on va apporter le correctif après cinq ans de
manière momentanée. Ça veut dire que, pour les cinq premières années, je
fais un gel tarifaire, puis quatre ans à l'inflation, puis ça, c'est de
l'intérêt composé. Sur ces cinq ans-là, je vais avoir augmenté en moyenne de 70 %
de l'inflation, je vais avoir monté beaucoup moins que l'inflation, et après
cinq ans on va regarder si on s'est trompé. Mais le passé nous démontre clairement qu'on ne s'est pas trompé, le passé
nous démontre clairement que, si on avait appliqué ça, cette formule-là, la
clientèle aurait été gagnante.
J'ai bien
aimé l'exemple de mon collègue de Nicolet-Bécancour tout à l'heure, j'ai bien
aimé ça. J'ai déjà négocié, moi, les
conventions collectives à la ville de Québec, puis je parlais tantôt avec mon
collègue, ici, qui va avoir à négocier celle de la fonction publique. Si
on arrivait puis on disait : Aïe! je négocie, première année, gel de
salaire, puis, les quatre prochaines,
inflation au coût de la vie. Il n'y a pas un employé qui va acheter ça.
Pourquoi? Bien, voyons donc! Ça n'a
pas de bon sens, ce n'est pas assez, vous ne me payez pas assez cher, vous me
payez moins que le coût de la vie. Ce
qu'on offre à la clientèle actuellement, en termes de coûts, c'est ça, c'est un
gel, puis après ça à l'inflation. Ce qui serait bon pour la
rémunération, parce que les gens nous diraient : Voyons donc, ça ne suit
pas l'inflation... Parce que mon collègue de
Jonquière disait : On a pris ça dans un chapeau,
l'inflation. Écoutez, là, l'inflation, c'est une mesure reconnue qui suit le coût de la vie. Nous autres, ce qu'on
vient dire aux gens : Ça va être prévisible, ça va être au coût de la vie,
vous allez le savoir trois mois à l'avance
avant la tarification, puis on va corriger après cinq ans. Alors, si on offrait
une augmentation salariale comparable à celle-là, les employés
diraient : Bien, voyons donc, je me fais avoir, et on offre la même chose en termes de coûts, puis il y a des
gens qui pensent que ce n'est pas un bon deal? Bien, voyons, Mme la
Présidente, c'est faire preuve de mauvaise foi. Si c'est bon d'un bord, ça doit
être bon de l'autre.
Maintenant,
je viendrais sur le principe de la scission amené par le député de Jonquière,
qui, en soi, est inapplicable, hein?
J'accepte qu'on en discute, mais je vais expliquer pourquoi c'est inapplicable.
Mais je me souviens le fondement même
de cette scission-là. Il y a un groupe qui est arrivé puis il a dit :
Donnez-nous le 500 millions, puis continuons de faire la tarification sous l'ancien modèle. Là, le
député de Jonquière a dit : Oh! Êtes-vous en train de nous dire qu'on
pourrait faire du saucisson avec le
projet de loi? Puis là, à toutes les fois, à tous les jours après ça, pendant
la consultation, il ramenait son
saucisson, puis là je me disais : Oh!... Le saucissonnage, excusez-moi,
pour faire du saucisson. Alors là, j'écoutais ça, je me suis dit : Je pense que le député
de Jonquière va nous amener une motion de scission. Je voyais ça gros comme
ça, ça s'en venait, là. Je me disais :
Il a mordu à ça, là, puis ça s'en vient, puis, pour moi, on va avoir une motion
de scission, puis on va discuter pendant deux heures de la motion de
scission.
• (20 h 20) •
Alors, pourquoi ce n'est pas applicable, Mme la
Présidente? C'est assez simple en soi. Le 500 millions de remboursement, Mme la Présidente, c'est l'effet de
la loi, c'est l'effet de la loi. C'est impossible, si on ne modifie pas la
façon de tarifer pour la simplifier, de
faire le remboursement de 500 millions, c'est impossible. Le
500 millions, on appelle ça un
compte d'écart. Le compte d'écart, c'est un compte, c'est comme une provision
comptable. Alors, c'est : Hydro-Québec a l'obligation de mettre dans un compte un montant pour faire face à
des éventualités. Ce montant-là est pris à même la clientèle, puis actuellement il représente un peu
plus de 500 millions, puis, à la fermeture du compte d'écart, on va rembourser la totalité du compte d'écart. En
janvier, si c'est rendu à 530 millions, ce sera 530 millions qui vont
être remis. On le sait, que c'est plus que 500 millions à l'heure
actuelle.
Ce compte
d'écart là, c'est une obligation qu'Hydro-Québec a de maintenir ce compte
d'écart là, considérant le mode de
tarification actuel avec le mécanisme d'écart de rendement. On rappelle comment
ça fonctionne actuellement, ça peut
être un peu complexe, mais on va essayer de le verbaliser de manière simple.
Hydro-Québec dépose ses coûts, il y a
des discussions sur la hauteur des coûts, puis ils ont le droit à 8,2 %
au-dessus de ça. Alors, Hydro-Québec n'est aucunement motivé à être plus
efficient parce qu'il sait que ses coûts plus 8,2 %, c'est ce qu'il va
obtenir comme revenus. Mais là il dit, dans
ses coûts, il dit : Écoutez, j'ai des risques, moi, j'ai des risques, par
exemple, que je fasse faire... une
tempête, qu'il y ait des coûts supplémentaires. Là, la régie dit : Vous
avez bien raison, on va vous permettre d'avoir une provision dans le
modèle actuel, c'est le 500 millions, pour faire face à ces risques-là. Si
on conserve le modèle actuel de tarification basé sur les écarts de rendement,
Hydro-Québec n'a pas le droit de vider son compte d'écart de rendement. Il n'a pas le droit. Il ne peut pas. Il
ne peut pas retourner la somme. Quand je dis que le retour de la somme,
au mois de janvier, de 500 millions est
l'effet de la modification de la loi, c'est à partir du moment où on dit :
Écoutez, on change le modèle, on
simplifie ça, Hydro-Québec, l'an prochain, vos revenus vont être gelés, puis
les années subséquentes ça va être à
l'inflation, et dorénavant vous allez gérer votre risque, et vous avez
d'affaire à être performants, parce que c'est ça que... c'est connu comme ça,
ça va être ça, vos revenus, vous gérez votre risque. Hydro-Québec a dit :
O.K., je vais gérer mon risque. Et
là, puisqu'on change, on change la méthode de tarification pour la simplifier,
elle a le droit de libérer les sommes qui étaient provisionnées sous
l'ancien mécanisme.
Alors, quand
quelqu'un dit : On va faire une scission à cause que quelqu'un en
commission parlementaire a trouvé que
c'était une bonne idée, légalement ça ne se peut pas, puisque le
500 millions de compte d'écart, je le répète, est l'effet de la modification et de la simplification de la
tarification. C'est juste ça. Alors, nous, quand on simplifie ça, le corollaire,
c'est qu'on peut effectivement fermer le
compte d'écart, et on peut le retourner à l'ensemble de la clientèle dès
janvier 2020. Alors, il n'y a
pas de scission possible, on ne peut pas le retourner si on ne fait pas la
modification de la tarification. C'est assez
simple. Alors, quelqu'un dit : Oui, mais retournez-les quand... Bien, non,
on n'a pas le droit, pas le droit de le retourner.
Alors, pour terminer, Mme la Présidente... il me
reste combien de temps?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Trois minutes.
M. Julien : Trois minutes. Alors,
pour terminer, rappelons, en fin de compte, le p.l. n° 34,
que certains disent qu'il n'est pas
avantageux. Mon collègue de Nicolet-Bécancour a parfaitement raison. Je suis
allé voir un match de football, moi,
dimanche dernier, là, à l'Université Laval. Il y avait du monde, là, puis je
dis : Je vais aller prendre un bon bain de foule. Les gens ne m'ont
pas dit que ça n'avait pas d'allure de geler les tarifs d'Hydro-Québec puis de
les augmenter à l'inflation pour les années suivantes. Les gens aiment ça,
cette prévisibilité-là. Comme mentionnait mon collègue, honnêtement, on est l'endroit au monde où on paie le moins cher
l'électricité et on va donner la garantie que, l'an prochain, ça va être gelé puis, les années suivantes, ça va
être à l'inflation. Je pense que la clientèle trouve que ça a bien du bon sens.
Le projet de loi, il est simple, le projet
de loi est simple : on retourne 500 millions en janvier, on gèle les
tarifs, et après ça c'est à l'inflation.
Nous, on
travaille, Mme la Présidente, notre gouvernement, on travaille pour les
citoyens. J'ai beaucoup de respect pour
les groupes d'intérêts. J'ai beaucoup de respect pour les groupes d'intérêts
qui se présentent en commission parlementaire
pour défendre un modèle qui leur sied bien. Je comprends ça. Je ne suis pas
bête, là, je comprends, je dis : Bien,
oui, c'est sûr que, bon an, mal an, c'est intéressant pour vous, ce modèle-là.
Mais à terme, là, notre gouvernement, on
travaille pour les citoyens du Québec. Et ce que les citoyens du Québec
veulent, c'est de la prévisibilité. Ce que les citoyens du Québec veulent, c'est payer, en fin de compte, un tarif
raisonnable d'Hydro-Québec, et c'est ce qu'on va leur offrir avec le
p.l. n° 34 avec grande fierté. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M.
le ministre. Maintenant,
je vais céder la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, et il
vous reste 1 min 6 s.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci, Mme
la Présidente. Alors, je n'ai pas
grand-chose à dire sur les saucissons, mais il me fait plaisir
d'intervenir en appui à la motion du député de René-Lévesque.
Il est
évident pour nous que ce projet de
loi compte deux volets, soit celui
des remboursements tant promis, et promis, et promis par le gouvernement,
et bien sûr le volet qui concerne la Régie de l'énergie.
Alors,
nous souhaitons, nous aussi, que les Québécois reçoivent les remboursements maintes fois promis
par la CAQ, mais nous croyons
fondamentalement que les pouvoirs qui sont retirés à la Régie de l'énergie comportent un risque réel
d'augmentation des tarifs à long terme pour les Québécois. Nous allons donc
appuyer cette motion de scission. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, cela met fin au débat
restreint de deux heures sur la motion de scission présentée par M. le leader
du troisième groupe
d'opposition, et je mets maintenant aux voix la motion, qui se lit comme
suit :
«Qu'en vertu
de l'article 241 du règlement de l'Assemblée
nationale, le projet de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité, soit scindé en deux projets de loi : un premier intitulé Loi sur
le remboursement des trop-perçus d'Hydro-Québec, comprenant les articles 20, 21 et 22, à
l'exception des mots "à l'exception
des articles 1 à 4, des paragraphes 2° et 3° de l'article 6,
et des articles 8 à 10 et 18, qui entrent en vigueur
le 1er avril 2020"; un second intitulé Loi modifiant le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité, comprenant les articles 1 à 19
et l'article 22.»
Cette motion est-elle adoptée? M. le leader du troisième
groupe d'opposition.
M.
Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais de faire un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous avons une demande de vote par appel nominal.
Et que l'on appelle les députés, et je suspends
nos travaux quelques instants.
• (20 h 28 — 20 h 37) •
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vais mettre aux voix la motion de
scission présentée par M. le leader du troisième groupe d'opposition, qui se
lit comme suit :
«Qu'en vertu de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet
de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de
distribution d'électricité, soit
scindé en deux projets de loi : un premier intitulé Loi sur le remboursement des trop-perçus
d'Hydro-Québec, comprenant les articles 20, 21 et 22, à
l'exception des mots "à
l'exception des articles 1 à 4, des paragraphes 2° et 3° de l'article 6, et des
articles 8 à 10 et 18, qui entrent en vigueur le 1er avril
2020"; un second intitulé Loi modifiant le processus d'établissement des
tarifs de distribution d'électricité, comprenant les articles 1 à 19 et
l'article 22.»
Et que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard
(Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé), Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), Mme Labrie (Sherbrooke), M. Fontecilla (Laurier-Dorion),
Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Zanetti (Jean-Lesage).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Maintenant, que les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
• (20 h 40) •
La Secrétaire adjointe : M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay),
M. Girard (Groulx), Mme McCann (Sanguinet), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel
(Granby), M. Lévesque (Chauveau), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose),
Mme Hébert (Saint-François), Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond
(Richelieu), M. Bachand (Richmond),
Mme IsaBelle (Huntingdon), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Girard (Lac-Saint-Jean),
Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière
(Gatineau), M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval),
M. Provençal (Beauce-Nord).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Maintenant, y a-t-il des abstentions? Alors, pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 40
Contre : 58
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est rejetée.
Et, pour la poursuite de nos travaux, je vais
céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Schneeberger :
Alors, on continue, on continue sur le projet de loi.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vais suspendre deux secondes. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 43)
(Reprise à 20 h 44)
Poursuite du débat sur
l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité. Et la prochaine
intervention sera celle de M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de parler du projet de loi n° 34. Beaucoup de choses ont déjà été dites par plusieurs de nos
collègues ici, à l'Assemblée. Alors, c'est à mon tour, et je commencerais en disant que ce projet de loi, oui, en effet, il est simple, comme M. le ministre l'a mentionné, mais il n'est pas
bon, à mon avis, Mme la
Présidente. Et pourquoi
est-ce qu'il n'est pas bon? Parce que ce projet, en fin de compte, ce projet de loi, en fin de compte, semble simplifier beaucoup le processus d'établissement de tarifs, mais, en fin de
compte, ça rend les choses pas mal
plus complexes. Et au lieu d'amener de la prévisibilité, ça va
amener le contraire, ça va être beaucoup plus difficile. Je vais
essayer d'expliquer un peu cela.
Alors, la
première chose, c'est que, dans le projet
de loi, on va avoir un gel tarifaire
en 2020. 2020, gel des tarifs d'hydroélectricité, et ça, c'est vendu ou c'est transmis aux Québécois comme étant une très
bonne nouvelle. Mais qui peut être
contre un gel des tarifs? Tout le
monde veut le gel des tarifs. Sauf
que, Mme la Présidente, sauf que, si on avait laissé le système actuel d'établissement des tarifs, en 2020 ça ne serait pas un gel des
tarifs, ce serait une réduction des tarifs. Donc, ce n'est pas vrai que les Québécois, les clients d'Hydro-Québec vont bénéficier
d'un gel parce que, si on ne faisait pas ça, ce serait une
réduction de tarifs qu'ils bénéficieraient.
Deuxièmement, on nous dit aussi qu'après 2020 il va avoir une indexation à l'inflation.
Ça aussi, ça nous est dit comme étant une très bonne nouvelle. Indexer
l'inflation, qui peut être contre ça? Moi, je suis contre ça, par exemple, parce que ce n'est pas une
bonne nouvelle, parce qu'encore une
fois, si on laissait le système d'établissement des tarifs actuels, fort probablement, dans les années à venir, l'augmentation
des tarifs serait inférieure au taux d'inflation. Et pourquoi? Je vais y
arriver, pourquoi est-ce que je pense que ce serait inférieur au taux
d'inflation.
Mais avant
d'y arriver, je vais vous parler un
petit peu d'inflation, parce que,
là aussi, on nous dit que c'est une très bonne affaire de lier les
tarifs d'hydroélectricité au taux d'inflation parce que ça va le rendre beaucoup
plus prévisible. On fait de la
prévisibilité. Qui peut être contre la prévisibilité? «Fine», très bien, sauf que cela implique qu'on est
capables de prévoir le taux d'inflation. Ah! il n'y a rien de moins probable, Mme
la Présidente, que d'être capable de prévoir quel sera le taux d'inflation
l'année prochaine, l'année d'après, l'année d'après, surtout dans le contexte économique que nous vivons aujourd'hui. Le taux
d'inflation est extrêmement difficile à prévoir. Nous sommes dans une...
Il y a une vieille, une très vieille loi en
économie, c'est la courbe de Phillips, «the Phillips curve», c'est une relation
entre le taux de chômage et le taux
d'inflation. C'est une relation qui est bien documentée dans toute la
littérature économique et qui se
tient depuis des décennies. Et tout simplement, c'est-à-dire, quand le taux de
chômage baisse, le taux d'inflation augmente,
il y a de la pression sur le taux d'inflation; et le contraire, quand le taux
de chômage augmente, généralement il y a une pression à la baisse sur
l'inflation. Là, maintenant, nous sommes en situation, en Amérique du Nord, au
Canada, au Québec, où le taux de
chômage est à des niveaux historiquement bas. Cela veut dire que les pressions
inflationnistes sont très fortes.
Pour l'instant, le taux d'inflation tel que mesuré par l'IPC est sous contrôle.
Les banques centrales font toutes sortes de cabrioles pour essayer de
garder ce taux d'inflation sous contrôle, mais les pressions inflationnistes sont très fortes. Alors,
malin est celui qui peut dire qu'en 2020 ou 2021 le taux d'inflation va être de
1,5 %. Je ne sais pas, et on ne
peut pas être certains. Ça peut être 1,7 %, ça peut être 2 %, ça peut
être 3 %. Les pressions inflationnistes sont très fortes. Tout ce qui se passe au Moyen-Orient,
récemment on a vu, les attaques terroristes en Arabie saoudite qui ont beaucoup diminué la production de pétrole, l'effet
que cela a eu sur les prix du pétrole brut dans les marchés mondiaux. Ça
n'a pas duré longtemps, mais ça a eu une forte hausse et, ça aussi, ça crée des
pressions inflationnistes.
Alors, on ne
peut pas vraiment, on ne veut pas vraiment être si certains que ça que le taux
d'inflation, d'ici un an, deux ans,
trois ans, va être similaire à celui qu'on a vécu au cours des dernières
années. Les banques centrales ont une politique
monétaire qui est très atypique et qui sont très préoccupées par toutes sortes
de mouvements structurels dans les
économies des pays de l'OCDE, surtout les plus grands, aux États-Unis, au
Japon, dans l'Union européenne. Alors, la politique monétaire est très, très atypique, et donc quel sera l'effet
de ça sur le taux d'inflation? C'est impossible à prévoir aussi.
• (20 h 50) •
Alors, quand
on nous dit que : Dorénavant, soyez tranquilles, pas de problème, les tarifs d'hydroélectricité vont être indexés au taux d'inflation, donc il y aura de la prévisibilité, non, il n'y aura
pas de prévisibilité parce qu'on ne peut pas prévoir le taux d'inflation avec un tel degré de certitude. Donc,
c'est une mauvaise chose de faire ça. Mais d'une façon plus fondamentale, mais pourquoi est-ce qu'on
lierait, pourquoi est-ce qu'on ferait cette équation entre tarifs d'électricité
et taux d'inflation? Ça ne va pas ensemble
du tout. Ce n'est pas le taux d'inflation qui génère ou qui met de la pression
sur les coûts d'Hydro-Québec dans ce
qui nous concerne. Hydro-Québec, c'est une utilité publique réglementée et un
monopole, comme on dit en bon latin,
«a regulated public utility». Et les tarifs d'une utilité publique réglementée,
ces tarifs-là sont déterminés par l'organisme réglementaire, tenant en
considération le coût de production et le coût de distribution de l'électricité, et ces coûts de production et de
distribution ont un lien extrêmement faible ou presque pas de lien du tout avec le taux global de l'inflation. Ça dépend des
investissements de l'utilité publique, ça dépend de ses coûts de production,
de ses coûts de distribution, ça dépend de
sa capacité de production. Ça n'a rien à voir avec le taux d'inflation,
absolument rien à voir avec le taux
d'inflation. Et donc, encore là, ce serait une très mauvaise chose de lier le
taux des tarifs, la détermination des tarifs au taux d'inflation, qui
est beaucoup plus général que cela.
Ce qui est
particulièrement important dans le cas d'Hydro-Québec, c'est que ses tarifs
dans les années précédentes ont
reflété en effet les investissements que l'entreprise avait faits dans la
production d'énergie et, oui, énergie éolienne qui avait été mandatée,
oui, tout à fait, par le gouvernement de l'époque. Donc, ça a ajouté de la
pression aux coûts et ça a été reflété dans
le processus tarifaire, absolument. Cette augmentation de production
d'électricité par l'éolien, c'était vu de plusieurs... il y a plusieurs
facteurs qui peuvent très bien justifier une telle activité. Un de ces
facteurs-là, c'est l'excellente
interconnexion entre l'hydroélectricité et l'éolien. Ce sont deux méthodes de
produire de l'électricité qui sont complémentaires, et au Québec nous
avons la chance de pouvoir avoir les deux. Donc, quand on a une vision à long
terme, je ne pense pas qu'il y a de difficulté à faire cette adéquation-là, et
aussi d'un point de vue de développement économique
régional. C'est très facile, de Québec ou de Montréal, de dire toutes sortes de
choses contre la production d'électricité
par l'éolien, mais, quand vous allez dans les régions, quand vous parlez aux
personnes qui sont dans les régions du
Québec, cette activité-là était une source de développement économique régional
très importante. Donc, il faut tenir cela en considération aussi.
Alors, ça,
oui, ça a contribué à augmenter les coûts d'Hydro-Québec, bien sûr, et ça a été
reflété dans les tarifs. Quand on regarde quelle devrait être
l'évolution des tarifs à partir de maintenant, à partir de 2018‑2019, il n'y a
pas, il n'y a plus de ces grands projets là. On ne parle pas non plus qu'on va
faire de très grandes nouvelles constructions, nouveaux barrages non plus. Donc, les coûts de production et le coût de
distribution d'Hydro-Québec, pour les années à venir, vont être soit très, très
stables ou vont même diminuer, surtout si on est capables d'augmenter la... de
bien utiliser les surplus qu'on a et
de vendre ailleurs, et donc d'augmenter la cadence des ventes. Donc, les
tarifs, en temps normal, avec la
méthode qui existe présentement, ces tarifs-là devraient même diminuer quand on
regarde l'évolution des choses. Donc,
les lier dorénavant au taux d'inflation, à notre avis, c'est complètement
illogique et surtout c'est au détriment des consommateurs, au détriment des clients d'Hydro-Québec. Alors, voilà,
Mme la Présidente, à notre avis, c'est la plus grande faille de ce
projet de loi, c'est cette tentative de lier les tarifs d'hydroélectricité au
taux d'inflation.
En plus de
ça, dans la réforme proposée par le projet de loi n° 34,
le travail de la Régie de l'énergie serait, dans l'optique du gouvernement, simplifié, donc c'est-à-dire qu'il n'y aurait
plus d'évaluation annuelle des coûts de production et distribution pour établir les tarifs par la
régie, puisque ça se ferait automatiquement au taux d'inflation. Or, le rôle
d'un régisseur comme la Régie de
l'énergie est extrêmement important, encore une fois, dans le contexte d'une
utilité publique réglementée qui a un monopole. C'est tout à fait
normal, c'est tout à fait souhaitable que les tarifs d'hydroélectricité soient
déterminés chaque année par la Régie de l'énergie, qui, elle, va faire l'étude
nécessaire. Oui, ça coûte de l'argent. Bien
oui, ça coûte de l'argent de faire ces études-là, ça coûte de l'argent de faire
ces analyses-là, mais ce processus, aussi,
est un processus qui est très public. Il y a des audiences publiques, donc le
public est au courant, Hydro-Québec doit
venir justifier ses propositions d'augmentation de tarifs. Donc, dans un monde
où, justement, il y a beaucoup de cynisme de la part de la population, d'être capable d'avoir un processus public
comme celui-là, d'établir les tarifs d'hydroélectricité, à mon avis, c'est un très grand recul de maintenant
faire ça seulement aux cinq ans. Parce que ce qui est proposé dans le
projet de loi, c'est que la régie, donc, reverrait les tarifs
d'hydroélectricité seulement aux cinq ans.
Et là, donc,
non seulement il y a un problème de transparence et un problème de confiance de
la population dans le système, mais il y a un très grand risque, un très grand
risque que, si on fait ça seulement aux cinq ans, d'avoir un choc
tarifaire. Parce que, si la régie doit ajuster les tarifs d'Hydro seulement aux
cinq ans, ça se peut... dépendamment de l'évolution
du taux d'inflation, qui, encore une fois, comme j'ai dit tantôt, c'est
extrêmement imprévisible d'avance, ça se pourrait très bien qu'une forte hausse soit nécessaire à la cinquième
année. Alors, le gouvernement, quoi, peut-être qu'il pourrait étaler ça, je ne sais pas, mais le réel
risque... ou le risque d'un choc tarifaire est très réel, et donc ça, c'est
tout le contraire d'un régime de
prévisibilité parce qu'il y a toute cette possibilité que ça pourrait arriver,
un choc tarifaire, à la fin de la période.
Je pense que
le système que nous avons présentement, c'est un système qui fonctionne. C'est
un système qui est relativement similaire à ce qui se passe ailleurs en
Amérique du Nord quand il y a une autorité publique réglementée qui a un monopole. C'est un système qui est démocratique.
C'est un système qui est efficace. C'est un système où il y a une bonne séparation entre l'entreprise, le gouvernement et
le régisseur, qui opère de façon indépendante. Et de vouloir maintenant
chambouler tout ça, à mon avis, moi, je n'ai pas vu vraiment quel est
l'objectif, où est-ce qu'on veut aller avec ça. On nous dit que c'est pour faciliter le transfert aux clients de
500 millions de dollars. Moi, je pense que ce transfert-là pourrait se faire à l'intérieur du régime actuel.
Et, en tous les cas, 500 millions, ce n'est pas le 1,5 milliard dont
il est question.
• (21 heures) •
Après ça, comme j'ai dit tantôt, le fait
d'indexer les tarifs... L'indexation, ce n'est pas un remboursement de trop-perçus, c'est une indexation et surtout
indexée à un barème qui, lui, il est imprévisible. Donc, il y a beaucoup,
beaucoup de questions au sujet de ce
projet de loi. Et, quand on regarde les groupes qui sont venus en commission
parlementaire et qui ont exprimé leur
opinion quant au bien-fondé ou pas de ce projet de loi, force est de constater
qu'une très grande majorité était
contre le projet de loi, Mme la Présidente. Bien sûr, Hydro-Québec, elle, était
favorable. Il y avait un autre groupe
qui y était aussi favorable, l'Association de l'industrie électrique du Québec.
Mais après ça, Mme la Présidente, tous les groupes les plus représentatifs de
la société civile étaient défavorables, que ce soient les groupes de protection
des consommateurs, que ce soient les entités
patronales ou du monde des affaires, la FCEI, les chambres de commerce, tous les
autres groupes, de grands utilisateurs industriels, tout le monde décrie un peu
ce projet de loi.
Essentiellement,
ce qui fait défaut, c'est cette perte, donc, d'établir... le fait qu'on met fin
à l'établissement annuel des tarifs
dans un contexte d'un processus transparent et public, c'est cette perte de
transparence qui est décriée par tout le monde et parce que, dans ces
auditions publiques qui déterminaient les tarifs, Hydro-Québec était obligée de
fournir beaucoup d'information, beaucoup
d'information concernant ses coûts, beaucoup d'information concernant ses
intentions quant à l'avenir. Et,
quand on a une entreprise de la taille d'Hydro-Québec, qui a, encore une fois,
un monopole, je pense, c'est important que cette information-là soit transmise
au public. Le gouvernement, oui, le ministre a toujours un canal de
communication avec l'entreprise, donc le ministre, oui, il peut être au courant
des intentions d'Hydro-Québec, mais, la population, elle, la meilleure opportunité qu'elle avait d'avoir cette
information, c'était à travers les auditions de la Régie de l'énergie. Et donc, à mon avis, c'est cette
partie-là qui est vraiment... que je trouve le plus difficile à accepter, dans
ce projet de loi, le fait qu'on tasse un petit peu la Régie de l'énergie et
qu'on perd toute cette information-là. Je pense, dans une société
démocratique, cela est important, cela est nécessaire. Et donc on va perdre ça,
et ça, c'est très dommage.
Donc, nous,
on va continuer de travailler, en commission parlementaire, on va essayer
d'amener des modifications, des
amendements pour essayer de bonifier ce projet de loi. Je ne sais pas si le
ministre sera ouvert à certaines dispositions de changement ou pas, mais nous, on va continuer de travailler de façon
constructive pour améliorer ce projet de loi, on verra bien où cela va nous amener. Mais c'est très important de
maintenir, à notre avis, maintenir le système, maintenir la Régie de l'énergie,
qu'elle puisse, année après année, établir les tarifs de l'électricité selon
les véritables coûts de production et
de distribution et pas liés au taux d'inflation, qui, lui, a très peu de liens
directs avec la production d'électricité. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Robert-Baldwin. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député
de Jonquière.
M. Sylvain
Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui, merci, Mme la Présidente. J'ai l'impression que c'est le jour de la marmotte
parce qu'on a eu l'occasion de
s'exprimer sur ce projet de loi tout à l'heure, bien que c'était dans le
contexte procédurier d'une motion de scission,
mais il reste qu'il y a un peu de redite, qui est quand même utile dans les
circonstances parce qu'on a un projet de
loi devant nous qui est important, un projet de loi qui vient transformer de
façon radicale une institution qui existe depuis 1996, la première loi instituant la régie, 1996, mise en application de
la régie en 1997. Il y a eu des modifications successives par la suite, notamment en 2000, notamment en
2014, mais il reste que globalement la régie travaille de façon intense depuis au-dessus de 20 ans pour créer ce
nécessaire... cette nécessaire distance entre le monopole qu'est Hydro-Québec
et la fixation des tarifs selon un prix juste. Parce que tout ce qui compte
ici, si on prétend vraiment parler au nom des consommateurs,
si on prétend vraiment parler au nom des Québécois et Québécoises, c'est de
leur donner la garantie, autant au
niveau de la perception que du réel, d'avoir
le prix le plus juste possible dans la fourniture d'un service important,
essentiel qu'est l'électricité, considérant
que ce fournisseur, ce producteur, ce distributeur, ce transporteur d'énergie
est un monopole, un monopole qui nous
appartient, c'est important de le préciser, Mme la Présidente, qui
appartient à l'ensemble des Québécois
depuis 1944, mais qui a pris une expansion importante dans les années 60
sous l'impulsion de la nationalisation
de l'hydroélectricité, comme on le sait. On n'est pas ici pour faire un
cours d'histoire. Mais il reste que ce monopole appartient aux Québécois,
mais il faut être capable de se donner des outils institutionnels, des outils
législatifs nous permettant de contrôler son risque à l'embonpoint
naturel.
On a, avec Hydro-Québec, une machine importante qui s'est développé une culture organisationnelle, qui s'est développé des
ressources professionnelles, qui s'est développé des compétences au fil du
temps. C'est normal et c'est souhaitable,
c'est correct, parce qu'Hydro-Québec a aussi été une vitrine technologique sur
le plan international importante. Ça
nous a permis également, en bonne partie, de contrôler notre économie. Ça a
permis également, avec Hydro-Québec, de faire du développement des régions, je ne me
souviens plus de quel collègue en parlait tout à l'heure, peut-être le collègue
de Robert-Baldwin, mais qui faisait
référence à ce volet important d'Hydro-Québec qui est le développement des
régions. Je viens d'une région où il y a des installations et des
infrastructures importantes d'Hydro-Québec, je sais c'est quoi, Mme la Présidente. Donc, tout ça, on l'aime. Tout
ça, on l'apprécie. Tout ça, on est contents et on veut que ça devienne
de plus en plus fort parce qu'on est dans une
période de notre histoire où on doit nécessairement faire un passage vers les
énergies renouvelables, vers la transition énergétique, vers la transition
écologique. Et, pour ça, Hydro-Québec, c'est un
des champions mondiaux de la transition énergétique, à cause de l'expertise
qu'on a développée au fil du temps en matière d'énergies renouvelables, en
matière d'hydroélectricité, plus récemment en matière d'éolien. Hydro-Québec va
aussi dans tout le côté de l'énergie
solaire, etc., l'efficacité énergétique, évidemment. Donc, c'est une machine
gigantesque, et c'est ça, le but de
mon propos, c'est une machine gigantesque, avec des ressources professionnelles
énormes, mais, quand on vient fixer
des tarifs, il faut être capable de se donner un moyen démocratique,
institutionnel de contrôler cette machine. Et c'est là qu'intervient la
Régie de l'énergie, qui a des ressources.
D'ailleurs,
parenthèse, on a demandé à la Régie de l'énergie de venir témoigner en
commission parlementaire, la commission parlementaire sur l'agriculture,
l'énergie et les ressources naturelles, la CAPERN a demandé... a invité la Régie de l'énergie. Malheureusement, elle a
refusé de venir témoigner en commission parlementaire, sous prétexte que
c'est une instance quasi judiciaire qui n'a
pas à se mêler d'opportunité politique d'une mesure ou d'une autre. Mais,
enfin, on aurait pu discuter là-dessus, mais moi, j'aurais voulu surtout
les entendre sur l'aspect procédurier, sur l'aspect des tendances en matière
d'énergie.
Mais tout ça pour dire que, comme ressource
professionnelle indépendante, comme ressource de régie en soi, indépendante d'Hydro-Québec, elle permet à des
groupes de citoyens, elle permet à des citoyens, elle permet à des associations
qui représentent des consommateurs, que ce soient des consommateurs
industriels, que ce soient des consommateurs
résidentiels, que ce soient des consommateurs commerciaux, d'être traités sur
un pied d'égalité face à une structure imposante. Ça, c'est ce que
permet la régie.
• (21 h 10) •
Et là on fait
face à un gouvernement qui a brandi de façon importante, avec une pétition, en
2017, le remboursement de ce qu'on
appelle les trop-perçus. Alors, évidemment, avec son arrivée au pouvoir, il
fallait bien qu'ils s'attendent à ce qu'ils
se fassent ramener cet argument qu'ils ont fait valoir à coups de pétitions, à
coups de signatures, de rembourser les trop-perçus. Alors, on a contribué à ça, moi le premier; d'autres
associations qui ont lancé d'autres
pétitions, je pense à la fédération
des contribuables, par exemple, du Canada, qui ont lancé une autre pétition pour que le
gouvernement respecte ce qu'il avait
dit en 2017 à grands coups de publicité, de marketing. Je vois encore la députée de
Saint-Hyacinthe aller déposer
des caisses et des caisses de pétitions au bureau du ministre de l'Énergie de l'époque, le député qui est aujourd'hui chef de l'opposition officielle.
Et ça a été couvert à grands coups de médias, là. Donc, évidemment, il faudrait
que le gouvernement, aujourd'hui, s'attende à voir ce... à être mis, hein, le
visage là-dedans, là, pour dire : Bien, regardez ce que
vous avez fait en 2017. Alors, il faut le
réaliser, donc. C'est correct, sauf qu'une fois arrivés au pouvoir ils se sont
aperçus que c'était peut-être un
petit peu plus complexe que ce qu'ils
disaient. Donc, juste là-dessus, on pourrait épiloguer longuement.
Mais ce qui est arrivé, c'est que, pour
atteindre cet objectif, pour atteindre cet objectif de remboursement des trop-perçus, moi, ce que je subodore, Mme la Présidente, ce que je pense, c'est qu'il
y a eu un jeu de ping-pong entre le ministère,
le ministère de l'Énergie et des
Ressources naturelles, le gouvernement, le Conseil exécutif en particulier, sûrement, et la société d'État pour dire : Bien, jusqu'où
on peut aller de part et d'autre pour donner l'impression de rembourser les
trop-perçus?, mais on va en profiter pour faire des changements. On a
essayé de diviser ça, on a essayé de démêler les
pommes des oranges avec la motion de scission de tout à l'heure, elle a été
rejetée. O.K. Mais, au-delà du remboursement des trop-perçus, moi, je vois encore le visage réjoui des représentants
d'Hydro-Québec quand le ministre a déposé le projet de loi et ensuite dans son point de presse. Sous
prétexte de rembourser les trop-perçus, là, Hydro-Québec vient changer clairement, par ce projet de loi, le processus
d'audition, le processus indépendant de la Régie de l'énergie. Le ministre
peut bien dire : Ce n'est pas vrai, on
le maintient... Bien oui. D'un an il s'en va aux cinq ans, et collé à
l'inflation. Ensuite, ce n'est que TransÉnergie, et donc beaucoup de perte
d'information. Et, dans les années entre l'année 1 et l'année 5,
disons, bien, Hydro-Québec pourrait
retourner devant la régie avec décret du gouvernement. Donc, ça, Mme la
Présidente, vous savez ce que ça veut
dire, ça veut dire que ça devient purement politique. Sur la demande
d'Hydro-Québec ou sur la demande du
gouvernement, ils vont s'entendre, l'un et l'autre, et, avec un décret, bang!
ils vont retourner devant la régie pour rejouer... mettre les deux mains
dans la fixation des tarifs. Alors, c'est ça que ça veut dire.
Et on le sait
bien, tout le monde le dit ici, là, il y en a plusieurs qui ont fait référence
à ça en disant : Ah! c'est lourd. Ah!
c'est des milliers d'heures qu'Hydro-Québec passe devant la Régie de l'énergie,
hein, pour essayer de faire passer ça comme étant de la bureaucratie
inutile. Mais d'avoir le prix juste, Mme la Présidente, ça demande des efforts.
Ça demande de contrôler Hydro-Québec, ça demande de répondre à des questions,
ça demande des ressources.
Est-ce que
c'est trop lourd? Peut-être. Moi, je suis prêt à l'accepter puis à le
reconnaître. Mais on va regarder juste ça,
pas au détriment de... tu sais, de jeter le bébé avec l'eau du bain, là, puis
que, là, c'est toute l'indépendance de la régie qui va y passer, en tout cas en bonne partie, en bonne partie. Là, je
trouve que c'est un peu fort de café, d'aller jusque-là.
Donc, c'est
là-dedans qu'on est, Mme la Présidente, avec ce projet de loi, c'est là-dedans
qu'on est en partie, parce qu'il y a
beaucoup, beaucoup de choses dans le ce projet de loi. Donc, finalement, en
disant : On remplit un engagement... même pas un engagement, mais
on remplit une intervention forte qu'on a faite, quand on était dans
l'opposition, de rembourser les trop-perçus,
sous prétexte de cela, finalement, c'est tout le mécanisme de fixation des
tarifs qui va être revu. Moi, je ne
veux pas me répéter, Mme la Présidente, mais je me répète quand même, dans le
sens que... Trouvez-moi... Je vous
mets au défi, Mme la Présidente. Je sais que vous êtes une personne rigoureuse,
vous êtes une personne sensible, vous êtes une personne à la quête de la vérité,
qui n'est pas soumise aux «fake news», Mme la Présidente, je sais ça parce
que vous avez le même nom de famille que
moi, alors je sais de quel bois vous vous chauffez. Et je vous mets au défi de
me trouver, dans la campagne électorale de
l'année passée, l'engagement ou la promesse électorale de la Coalition avenir
Québec qu'ils allaient changer de façon substantielle la Régie de l'énergie,
trouvez-moi ça. Ça n'existe pas, Mme la Présidente.
Et c'est fondamental, c'est majeur,
c'est majeur, de changer le pouvoir de la régie, de changer le rôle de la
régie. Je le répète : Sous couvert de
rembourser les trop-perçus, ils changent le rôle de la régie de façon
fondamentale. Je ne sais pas combien de temps qu'il va falloir le dire.
C'est sûr
qu'en allant au football le ministre, il ne se fait pas interpeler par les spectateurs
sur le pouvoir de la Régie de
l'énergie, non. Moi non plus. Je ne vais pas au football, mais, quand je me
promène, chez moi, les gens ne m'interpellent pas là-dessus, ils ne
m'appellent pas, là, pour me dire : Je n'en dors plus la nuit, la régie va
perdre son rôle puis son pouvoir. C'est sûr,
les gens ne font pas ça. Quoique ça m'est arrivé vendredi à la marche sur le
climat. Il y avait quand
même
500 000 personnes, je ne sais pas si le ministre était là, peut-être,
ou à Québec ou ailleurs, là n'est pas mon propos, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a
des gens, par exemple, qui m'ont reconnu, à la marche, puis ça, c'est
vrai, je dois le dire. Spontanément, ils sont venus me voir puis ils ont
dit : M. Gaudreault, vous êtes le député du Parti québécois sur la question du projet
de loi n° 34 sur la Régie de l'énergie, on compte sur
vous, ça n'a pas de bon sens, ce que le gouvernement est en train de faire sur la Régie de l'énergie.
Je me suis fait dire ça, je me suis fait dire ça. Vous savez, des fois, là, il faut faire attention, parce qu'on
entend juste ce qu'on veut entendre, là, hein? Ça fait que, quand le ministre dit :
Je suis allé voir le football, il n'y a personne qui m'a parlé de ça,
puis je ne sais plus c'est quel autre député qui a dit : Il n'y a personne qui m'interpelle là-dessus, on
entend bien ce qu'on veut entendre. Mais, oui, ça interpelle un certain nombre de groupes, il y a quand même
eu plusieurs personnes qui sont venues nous rencontrer en commission parlementaire, on en reparlera tout à l'heure, Mme la
Présidente, mais ça interpelle pas mal de monde.
Et moi,
j'haïs ça, ce réflexe-là, que je ne qualifierai pas ici, mais que j'aurais le
goût de qualifier, qui commence par
les trois lettres p-o-p et qui dit : Parce que les gens ne m'en parlent
pas quand je vais au football, ce n'est pas un sujet important,
ça fait qu'on passe le grand trait sur la Régie de l'énergie puis sur une institution démocratique. Moi, là, bien franchement, il n'y a personne
qui me parle des débats qu'on fait ici un mardi soir à 21 h 15. Ah! O.K.
Bien, on va abolir le salon bleu, il
n'y a personne qui me parle de ça. Bien oui, mais, Mme la Présidente, ce n'est pas comme ça qu'on construit un État fort puis des institutions
fortes. Voyons donc! Souvent, c'est par après qu'on va s'en apercevoir.
Là, ce que le
ministre est en train de faire, là, il faut qu'il soit
conscient qu'il va y avoir des conséquences, qu'il va y avoir des
conséquences là-dessus dans quelques années. Et ça, tout le monde est venu nous
le dire... bien, tout le monde... pas mal de monde, pas mal de monde. Moi, j'ai
fait une bonne partie des consultations, il y
a une journée que je n'ai pas pu faire, là, pour toutes sortes de
raisons, mais j'ai un collègue qui m'a remplacé, puis j'ai eu des comptes rendus,
puis tous les groupes, presque, presque, Mme la Présidente... Unanimité? Non. C'est sûr qu'Hydro-Québec, ils sont morts
de rire. Ils sont venus nous rencontrer en commission parlementaire : Oui, oui, oui, c'est parfait, c'est la meilleure
invention depuis le pain tranché, ce projet de loi là, puis il faut aller de l'avant. Mais, à part Hydro-Québec, là, puis un autre groupe, là,
sur les entrepreneurs en électricité, il n'y en a pas beaucoup. Tous les autres,
puis des groupes importants, sont venus dire que ça n'avait pas
d'allure. Puis je vais vous en citer quelques-uns tantôt, je vais vous citer
des passages.
Donc, moi,
là, je ne me laisserai pas emporter par des arguments qui disent : Je suis
allé voir un match de football, personne ne m'a parlé de ça. C'est sûr. Mais mon travail
ici, moi, il est plus sérieux que ça. Notre travail qu'on a à faire, là, on
pense aux générations futures, on pense à nos institutions, on pense à cette
bataille qu'on a eu à faire dans les années 90, jusqu'en
1996, pour être capables de se doter d'une institution qui garde une
distance face à un monopole qui s'appelle Hydro-Québec.
• (21 h 20) •
Donc, le projet de loi de ce gouvernement nous dit... Trois objectifs, essentiellement. Puis ça, c'est les documents mêmes du gouvernement qui le disent, là,
parce qu'on a eu... je tiens à remercier le ministre, là, il nous a accordé un briefing technique sur le projet de loi, parce que c'est
vrai, je veux dire, c'est assez complexe, là. Je vous invite à regarder,
Mme la Présidente, juste pour le fun, là, parce que je sais que... justement,
je connais votre rigueur proverbiale, mais il
y a un article, là, je veux dire, ça
ressemble à un sudoku, c'est vraiment...
l'article 4, avec l'annexe I, là, ce ne sont que des tableaux avec des tarifs puis des sommes, ça
ressemble à un rapport d'impôt, pour vous dire comme c'est plate, là. Alors, c'est vraiment, là... c'est vraiment
complexe, là, on est bien conscients de ça, là, tu sais, on est bien conscients
de ça, là, de ce projet de loi là.
Alors, on a
eu un briefing technique, dans lequel le ministre dit, dans ses documents, là,
de briefing technique, que les
objectifs sont d'abolir les écarts de rendement... Abolir les écarts de
rendement. Dans le fond, ils le disent eux-mêmes. Ils sont assez
transparents, là, je reconnais ça, là. Abolir les écarts de rendement. Donc,
ça, ça veut dire qu'il n'y en aura plus,
d'écart de rendement. On va vous faire accroire qu'on va les rembourser
présentement, là, ça, en soi, c'est un débat,
puis après ça on les abolit, ça fait qu'on va arrêter d'en parler là. Les
futurs écarts de rendement, on va les garder dans les poches
d'Hydro-Québec. C'est ça que ça veut dire, abolir les écarts de rendement.
Deuxièmement, mettre en place un mécanisme
permettant la fixation des tarifs de distribution d'électricité prévisibles. Le «prévisibles» ici, là, il est bien
placé. Il parle de tarifs de distribution d'électricité prévisibles, le s, il
est là, par rapport aux... il s'accorde avec «tarifs» et non pas avec le
mécanisme, alors que ce qu'on est venu nous dire en commission parlementaire, les auditions, quand le ministre nous dit,
puis d'autres intervenants, là, j'en entendais plein tantôt, là, du côté du gouvernement... Ils nous
disent : Les entrepreneurs, les entreprises veulent de la prévisibilité.
Oui, c'est vrai, ça, on l'entend souvent, ils veulent de la prévisibilité, je
suis bien d'accord avec ça. Mais la prévisibilité dont on parle, dont les groupes qui sont venus nous
rencontrer parlent, c'est une prévisibilité sur le processus, la prévisibilité
de savoir qu'on va être capable de plaider, la prévisibilité de savoir
que ça va être le prix juste qui va nous être proposé parce qu'on va avoir une instance indépendante, la
prévisibilité d'une instance qui sera crédible sur le plan international,
parce que le marché de l'énergie se transige au niveau international, qu'on
signe des ententes, des contrats avec les États-Unis puis ailleurs.
Puis
en plus ce gouvernement n'arrête pas dire qu'il veut devenir la batterie de
l'Amérique du nord-est, du nord-est de
l'Amérique. Bien là, ça va être beau, d'essayer d'aller vendre notre énergie à
l'Ontario puis ailleurs, si on n'a pas de mécanisme prévisible indépendant alors que nos clients potentiels, ils
en ont, eux. On va avoir l'air fins. Dans ma région, on dit : On va avoir l'air simples. Bien oui,
c'est ça, on va avoir l'air simples, parce que le gouvernement est en train de
modifier un processus indépendant qui existe ailleurs, chez les clients qu'on
cible, Hydro One, par exemple, puis nous, bien, on va faire exception
puis on va l'enlever. Alors, ça, en soi...
Donc,
la prévisibilité dont parle le ministre, il nous dit ça, il dit : Moi, j'ai entendu
en commission parlementaire des groupes qui sont bien contents qu'il va y
avoir de la prévisibilité, ça ne marche pas, son affaire. D'abord, sur le fond
même, sur le plan de l'inflation, le député
de Robert-Baldwin, que j'apprécie bien, nous l'a bien expliqué tout à l'heure avec son bagage d'économiste. À moins d'avoir une boule de cristal,
puis, encore, là, ce n'est pas une garantie, mais, à moins d'avoir une boule de
cristal, on ne peut pas déterminer ce que sera l'inflation dans les prochaines
années, c'est trop dépendant,
justement, de ce qui peut arriver sur les marchés, par exemple, du pétrole,
dans plein de domaines, même des événements
sociopolitiques, les enjeux climatiques qu'on connaît présentement, qui vont
faire hausser les prix des denrées, des matières, des biens de
consommation. Donc, ça vient changer les choses.
Alors, ce n'est pas
une prévisibilité... Je le répète : La prévisibilité dont nous ont parlé
les groupes, c'est la prévisibilité du
système, s'assurer d'avoir un système qui est prévisible en termes
d'indépendance, de rigueur, en termes d'autonomie, en termes de capacité
d'écoute, de règles de justice naturelle, pour entendre les groupes qui vont
venir plaider devant la régie. Alors, c'est
cette prévisibilité-là que les groupes sont venus nous dire qu'ils souhaitaient
avoir avec le... dans le marché de l'énergie.
Et,
troisième objectif, selon le document du ministre : diminuer le temps et
les coûts relatifs à l'actuel processus de fixation des tarifs de distribution d'électricité — ça aussi, on peut dire que ça répond à un
principe ou à une manière de faire
qui commence par les trois lettres que je vous disais tout à l'heure — donc de diminuer le temps et les coûts relatifs
à l'actuel processus de fixation des tarifs de distribution d'électricité,
comme si on n'était pas capable d'agir, par ailleurs, pour alléger le processus réglementaire, alléger
la bureaucratie, comme si on disait : Ça coûte trop cher, ça ne prend pas
de temps, donc on jette le bébé avec
l'eau du bain. C'est plus compliqué que ça, Mme la Présidente, c'est plus
compliqué que ça. Et je constate que
ce gouvernement utilise souvent cet argument-là au détriment
d'une véritable construction d'institutions qui sont fortes, une véritable procédure qui est
équitable pour nos divers intervenants, Mme la Présidente.
Je
voudrais aller dans les présentations qu'on a eues en commission
parlementaire. Je vous ai dit qu'on a reçu plusieurs
groupes qui étaient très critiques à l'égard du projet de loi du ministre. On a
eu des épisodes assez cocasses où on a eu vraiment
des témoins, là, qui sont venus nous rencontrer, très professionnels,
compétents, qui connaissent ça, qui
connaissent ça parce que c'est des gens qui sont habitués d'aller devant la
régie, des gens qui sont des passionnés de ces enjeux-là et qui nous ont
expliqué bien des choses.
Donc,
je peux vous citer quelques groupes au hasard, des mémoires. Je pense,
ça va être utile de savoir ce qu'ils ont
dit. Je pense à, par
exemple, au hasard, là, l'AQLPA,
l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique,
je vous cite juste un passage de leur
mémoire, Mme la Présidente. À la
page 7, ils nous disent : «...le projet de loi n° 34
n'amènera aucun remboursement net aux Québécois, mais au contraire, sur les
cinq années prévues — le
gel, les cinq années qui suivent, là, avec
l'inflation, donc — provoquera
une hausse tarifaire supérieure à celle qui serait survenue sans le projet de loi n° 34.» Ils nous disent
un petit peu plus loin, deux paragraphes plus loin : «...l'augmentation
tarifaire pendant cinq ans résultant
de ce projet de loi demeurera malgré [tout] élevée, étant nettement supérieure
à celle qui résulterait des
mécanismes tarifaires actuels sans le projet de loi n° 34.» Alors, pour
votre gouverne, là, l'ALPQA est une organisation qui plaide souvent à
titre de groupe intéressé devant la régie, qui connaît bien cette instance-là,
Mme la Présidente.
Une
autre citation d'un groupe qui est venu nous rencontrer, et vous ne pourrez pas
dire que c'est du monde qui ne connaissent
pas ça, là, la Chaire de gestion du secteur de l'énergie des HEC Montréal,
M. Sylvain Audette, professeur
invité, et M. Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire, qui nous ont
dit, écoutez bien : «Nous avons identifié plusieurs problèmes dans ce mémoire avec le projet de loi
actuel. Ces problèmes sont pour le moment théoriques ou virtuels, mais ils
renferment une série de risques à ne pas prendre, dans l'intérêt public. Ces
problèmes futurs pourraient potentiellement éloigner le cadre
réglementaire de l'important article 5 de la loi actuelle, largement
reconnu à travers le monde. Ces problèmes
seront autour d'un rendement jugé déraisonnable pour le monopole public, des tarifs
injustes entre les catégories de
consommateur, et pourraient empêcher des actions importantes à poser dans
l'intérêt public pour assurer une transition énergétique. Dans cinq ans,
s'ils ne sont pas contrôlés à temps, ils seront alors des problèmes politiques
encore plus importants que la crise récente
des "trop-perçus", avec aucune régie à blâmer cette fois-ci.» Puis je
pourrais continuer sur leur mémoire.
Alors, ça, c'est des gens indépendants, là, c'est des gens qui travaillent à la
Chaire de gestion du secteur de l'énergie aux HEC Montréal, Mme la
Présidente.
Et il me reste
combien de temps, à peu près? Une minute? Merci.
Donc,
c'est quand même une mise en garde importante que ces gens-là nous disent. Dans
le fond, qu'est-ce qu'ils nous
disent, si on décode, si on traduit leurs propos, c'est que présentement le
projet de loi qu'on a, le projet de loi n° 34, il est bien beau dans sa forme, il donne plein
d'arguments au ministre pour dire que ça va conduire à des baisses de tarifs,
que ça allège le processus réglementaire,
tout ça, dans sa forme, comme il est là, mais, attention, il cache des vices
qui vont apparaître dans les années
futures, il cache des risques que l'intérêt public ne devrait pas prendre, Mme
la Présidente. Alors, je pense qu'il faut écouter ces gens-là.
D'autres
groupes qui sont venus nous rencontrer également, et je sais que ça, ça
concerne plusieurs de nos collègues députés parce qu'il y a des entreprises qui
font de la transformation alimentaire dans chacune de nos circonscriptions,
en tout cas les
circonscriptions peut-être un peu plus rurales ou qui ont de la production
agricole, de la production agroalimentaire, donc, le Conseil de la
transformation alimentaire du Québec, on s'entend que c'est des gens aussi...
Oui?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le député, à ce point-ci, je me dois de
vous demander si vous avez terminé
votre intervention. Vous disposez encore d'un temps de parole de
24 minutes, mais, pour ce soir, c'est terminé. Est-ce que vous
allez désirer poursuivre lors de la prochaine... la reprise de ce débat?
M. Gaudreault : Je vais... Oui.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est très bien.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux au mercredi 2 octobre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 30)